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+ La mythologie grecque, c'est-à-dire l'ensemble organisé des mythes provenant de la Grèce antique, se développe au cours d'une très longue période allant de la civilisation mycénienne jusqu'à la domination romaine. La rencontre entre les Grecs et les Romains coïncide avec celle de la mythologie grecque et de la mythologie romaine : la première exerce une forte influence sur la seconde, qui ne s'y réduit pas pour autant. Longtemps après la disparition des religions grecque et romaine, la mythologie grecque est utilisée comme sujet d'inspiration par les artistes, et continue à l'être de nos jours.
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+ La mythologie grecque nous est parvenue grâce à un vaste ensemble de textes dont les plus anciens sont les épopées d'Homère et les poèmes d'Hésiode, principalement la Théogonie, mais aussi par les arts picturaux comme la céramique ou par les monuments sacrés. L'ensemble de ces sources présente des généalogies et des récits qui forment un système doté d'une cohérence limitée. Les mythes grecs témoignent de la représentation que les anciens Grecs se faisaient du monde. Néanmoins, le statut de la mythologie grecque est complexe, car la mythologie dépasse le cadre de la religion. Les personnages et les événements mythiques rapportés par la tradition étaient pour les Grecs, du moins dans leurs grandes lignes, des réalités historiques relevant d'un passé lointain et servaient donc de base de travail aux historiens antiques. Dans le même temps, la mythologie fournit une ample source d'inspiration à la littérature et aux arts grecs antiques.
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+ La religion grecque était fondée sur des rituels pratiqués en commun, mais ne reposait pas sur un texte sacré ou sur des dogmes, et il n'existait pas non plus de littérature proprement religieuse[1]. Des textes comme la Théogonie d'Hésiode et les épopées d'Homère ne sont donc pas des textes sacrés : ce sont des œuvres littéraires proposant une vision parmi d'autres de la création du monde et des généalogies divines, mais elles ne se proposent pas de dicter ce qu'il faudrait obligatoirement croire. Le lien entre littérature et religion s'établit plutôt par la composition de textes destinés à être déclamés lors de cérémonies religieuses (par exemple les hymnes de Pindare et, de façon plus indirecte, les textes des tragédies, comédies et drames satyriques, puisque les représentations théâtrales sont liées au culte de Dionysos). Les dieux et héros mythologiques pouvaient être évoqués dans des contextes non immédiatement liés au culte proprement dit. Mais il faut garder à l'esprit que la société grecque antique ne connaît aucune séparation entre un domaine propre à la religion et le reste de la société : au contraire, la religion est présente de manière diffuse dans tous les aspects de la vie sociale et politique[2].
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+ L'absence de dogme ou de canon religieux n'est bien sûr pas synonyme d'absence de croyance. En Grèce antique, la piété (eusebeia), l'une des principales notions de la religion grecque antique, suppose de révérer les mêmes divinités que l'ensemble de la communauté : en introduire de nouvelles est un acte d'impiété, à moins que la cité ne les accepte officiellement, et il est tout aussi impie d'endommager les représentations des dieux ou leurs propriétés ou de parodier les rituels[3]. Mais dans le même temps, plusieurs cosmogonies et théogonies coexistent sans que cela ne pose de problème (Homère présente dans l’Iliade Océan et Téthys comme le couple primordial, tandis que la Théogonie d'Hésiode place le Chaos, puis Éros et Gaïa, aux origines du monde et qu'une secte comme l'orphisme propose encore une autre interprétation). Et la comédie grecque antique de l'époque classique peut librement représenter dieux et héros sous des traits grotesques en leur prêtant un comportement bouffon.
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+ Toutes les divinités ayant reçu un culte en Grèce antique n'ont pas fait l'objet de récits mythiques. Certaines, comme la déesse Hestia, en sont pratiquement absentes[4]. De même, ni la place d'une divinité ou d'un héros dans la hiérarchie des puissances divines, ni l'abondance des récits qui lui sont consacrés, ne reflètent nécessairement l'importance réelle de son culte : ainsi Asclépios, quoique très inférieur à des divinités telles que son père Apollon, disposait d'un sanctuaire à Épidaure dont la renommée s'étendait à l'ensemble du monde grec[5]. Enfin, alors que la différence de statut entre les dieux et les héros est assez appuyée dans les récits, les cultes rendus à des héros (les cultes héroïques) différaient assez peu, dans leurs modalités, de ceux rendus aux dieux[6].
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+ À l'époque archaïque et encore à l'époque classique, la poésie est le domaine par excellence de l'évocation des mythes : au sein de la société grecque, les poètes restent les voix les mieux autorisées à relater les récits fondateurs de la mythologie[7]. Lorsque l'historien Hérodote évoque les origines de la religion grecque dans son Enquête, c'est vers eux qu'il se tourne : « Quelle est l'origine de chacun de ces dieux ? Ont-ils toujours existé ? Quelles formes avaient-ils ? Voilà ce que les Grecs ignoraient hier encore, pour ainsi dire. Car Hésiode et Homère ont vécu, je pense, quatre cents ans tout au plus avant moi ; or ce sont leurs poèmes qui ont donné aux Grecs la généalogie des dieux et leurs appellations, distingué les fonctions et les honneurs qui appartiennent à chacun, et décrit leurs figures »[8]. Les poètes comme Homère et Hésiode ont donc nettement influencé la représentation que les Grecs se faisaient de leurs dieux et des origines du monde, même s'ils ne remplissaient pas une charge à proprement parler religieuse. Mais les mythes sont présents de manière diffuse dans tous les genres littéraires : ils sont évoqués aussi bien par les dramaturges que par les orateurs, les historiens et les philosophes.
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+ Dès Homère, chaque auteur évoque les mythes selon ses propres critères artistiques, le public auquel il s'adresse et le contexte dans lequel il s'inscrit, avec une très grande liberté d'invention et de remodelage[9]. Dans l’Iliade, le précepteur d'Achille est un humain, Phénix, et non le centaure Chiron comme dans d'autres versions. Lorsqu'au chant XIX Phénix raconte à Achille le mythe de la chasse du sanglier de Calydon[10], il l'adapte afin de faire de Méléagre, le principal protagoniste de son récit, un anti-modèle victime de son tempérament colérique, afin de montrer à Achille qu'il a tort de persister dans sa propre colère en refusant de revenir au combat[11]. La tragédie grecque représente souvent les héros de manière anachronique, car elle est un moyen pour la cité de réfléchir sur sa société et ses institutions[12]. Ainsi, dans Les Euménides, Eschyle, en relatant la purification d'Oreste après le parricide qu'il a commis, l'utilise pour élaborer un récit étiologique expliquant les origines du tribunal de l'Aréopage athénien.
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+ Les textes sont loin d'être les seuls vecteurs de la mythologie grecque : celle-ci est également très présente dans les arts figurés tels que la céramique et la sculpture. À toutes les époques, les Grecs vivent entourés de représentations qui s'y rattachent, qu'il s'agisse des monuments et des statues de l'espace public, ou des objets de la vie quotidienne dans leur espace privé. Les représentations figurées mettant en scène des sujets mythologiques ne doivent pas être considérées comme de simples illustrations des textes : bien au contraire, elles adaptent leur sujet au contexte et au public auquel elles se destinent, et inventent souvent des variantes qui ne sont pas attestées par ailleurs dans les textes. Les vases destinés à recevoir le vin, par exemple, représentent eux-mêmes des banquets ou des scènes mythologiques liées à Dionysos, qui ne peuvent être comprises que si on les replace dans ce contexte du banquet grec[13] ; ils mettent volontiers en scène des figures comme les satyres, qui sont assez peu présents par ailleurs dans les textes, mais qui apparaissent très souvent sur les vases dans des scènes typiques[14]. Ainsi, les arts figurés disposent eux aussi d'une grande liberté d'innovation ou de réinvention des mythes, et mettent en place leurs propres codes et conventions pour les représenter.
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+ En Grèce antique, il n'y a pas de distinction tranchée entre les événements relevant du mythe (qui, pour l'historien contemporain, relèvent de la fiction) et les événements historiques (qui nous paraissent les seuls réels). L'évhémerisme considère que les dieux et héros seraient en fait d'anciens personnages réels, qui eurent leur temporalité historique (théorie du mythographe grec Évhémère, IIIe siècle av. J.C.). Par ailleurs, la chronologie figurant sur la Chronique de Paros, une inscription du IIIe siècle av. J.-C., fait se succéder dans une même continuité le règne de Cécrops, le premier roi légendaire d'Athènes, puis le déluge de Deucalion, la guerre de Troie, etc. et des événements historiques comme la bataille de Platées, en indiquant leurs dates dans la computation athénienne. Les premiers historiens, les logographes, qui écrivent dès la fin de l'époque archaïque et le début de l'époque classique, comme Acousilaos, par exemple, se contentent de rapporter les traditions et les généalogies locales des différentes cités dans le but de les faire connaître, sans en critiquer beaucoup le contenu[15]. Les atthidographes, auteurs d'histoires de l'Attique, prennent davantage de distance et rationalisent parfois les éléments merveilleux des récits.
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+ L'un des premiers historiens à opérer une véritable sélection critique des mythes est Hécatée de Milet, au début du Ve siècle av. J.-C. Il opère un choix parmi ce qu'a transmis la tradition et en donne un exposé systématique, cohérent, en prose, en enlevant les éléments qui lui paraissent invraisemblables : il réduit à vingt le nombre des filles de Danaos, qui en possède cinquante dans la tradition à laquelle il s'oppose, et il fait de Cerbère un simple serpent à la piqûre fatale, mais il conserve certains éléments merveilleux comme les unions entre dieux et mortelles[16]. Hérodote, dans l’Enquête, rapporte les traditions dont il a entendu parler et fait état des différentes versions contradictoires, sans toujours se prononcer sur leur véracité[17]. Mais lui aussi rapporte des versions rationalisées de certains récits : l'enlèvement d'Io qui ouvre l’Enquête, par exemple, est une anecdote historique où il n'y a ni interventions divines ni métamorphose[18]. Thucydide évoque les actions des souverains mythiques tels que Minos, Pélops ou Agamemnon en les ramenant sur le même plan que les réalités historiques de son temps et en ignorant leurs aspects merveilleux, mais, pour lui, ces personnages sont aussi historiques que Périclès[19].
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+ L'attitude des historiens demeure tout aussi prudente jusqu'à l'époque romaine. Au Ier siècle av. J.-C., Diodore de Sicile fait une plus grande place au légendaire et s'attache plutôt à rapporter les différentes traditions sans prétendre les rationaliser. Au IIe siècle, Plutarque, au début de la Vie de Thésée, l'une des rares Vies parallèles à traiter d'une figure légendaire, compare le passé lointain aux pays lointains arides et inaccessibles évoqués par les géographes, puis déclare : « […] je souhaite que la légende, épurée par la raison, se soumette à elle et prenne l'aspect de l'histoire. Mais si parfois, dans son orgueil, elle ne se soucie guère d'être crédible et refuse de s'accorder avec la vraisemblance, je solliciterai l'indulgence des lecteurs, et les prierai d'accueillir de bonne grâce ces vieux récits »[20]. Cette volonté d'épurer le mythe par la raison (le logos) témoigne de l'influence de Platon ; mais la prudence de Plutarque envers les mythes n'est nullement le signe d'une méfiance envers la religion en général, puisqu'il fait preuve d'une foi profonde et exerce un temps la charge de prêtre d'Apollon à Delphes[21].
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+ De manière générale, les historiens grecs conservent une attitude prudente en face des mythes, qu'il s'agisse d'y croire ou de ne pas y croire. Paul Veyne, qui s'intéresse au problème complexe de la croyance dans Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, rappelle toute la distance qui sépare les historiens antiques de l'histoire telle qu'elle s'élabore par la suite (fondée sur l'étude et la critique des sources) : « Il arrive parfois qu'un historien ancien signale que ses « autorités » présentent des divergences sur quelque point, ou même qu'il déclare renoncer à savoir quelle était la vérité sur ce point, tant les versions diffèrent. Mais ces manifestations d'esprit critique ne constituent pas un appareil de preuves et de variantes, qui sous-tendrait tout son texte, à la manière de l'appareil de références qui couvre le bas de toutes nos pages d'histoire : ce sont uniquement des endroits désespérés ou douteux, des détails suspects. L'historien ancien croit d'abord et ne doute que sur les détails où il ne peut plus croire »[22].
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+ À toutes les époques, les mythes sont aussi un enjeu politique. Les orateurs attiques s'y réfèrent et les emploient comme des arguments dans leurs discours, en les choisissant ou en les adaptant selon les circonstances[23]. Dans le Panégyrique, Isocrate évoque le mythe de l'autochtonie des Athéniens pour justifier leur prétention à la supériorité sur les autres cités[24], et, dans le Philippe, adressé à Philippe II de Macédoine, il rappelle la parenté entre les ancêtres du roi macédonien et les cités grecques pour le convaincre de leur venir en aide[25]. Les inscriptions consignant des décrets d'alliances entre cités témoignent du même genre de recours aux généalogies mythiques comme argument dans les accords diplomatiques entre deux cités[26].
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+ Dès l'époque archaïque, les philosophes s'écartent parfois beaucoup des récits les plus répandus, beaucoup parce qu'ils proposent leurs propres systèmes, eux-mêmes fortement imprégnés de religion : Pythagore est ainsi, au VIe siècle av. J.-C., le fondateur du pythagorisme. D'autres se montrent plus critiques et à la limite de l'impiété, tel Anaxagore poursuivi en justice à Athènes au Ve siècle av. J.-C. pour avoir affirmé que le soleil était une pierre incandescente[3]. Platon oppose parfois le muthos considéré comme récit mensonger et le discours rationnel (le logos) qui doit guider le philosophe[27] ; mais cette opposition est loin d'être systématique et ne se retrouve pas dans tous ses dialogues[28]. Platon lui-même, dont la pensée s'inscrit par ailleurs dans la continuité de la religion traditionnelle[29], ne rejette pas le concept de muthos conçu comme récit et ne s'interdit nullement d'y recourir. Loin de supprimer totalement les mythes de son œuvre, il en invente de nouveaux qui font partie intégrante de ses démonstrations philosophiques et consistent soit en des allégories destinées à mieux faire comprendre une argumentation (comme l'allégorie de la caverne), soit en des récits élaborés sur le modèle des mythes anciens dont ils reprennent les thèmes et les fonctions, et qui permettent de rendre compte de la composante non rationnelle de certains sujets[30]. C'est dans ce contexte que s'inscrivent par exemple le mythe d'Er au livre X de La République et les différents récits du Banquet, dont le mythe de l'androgynie placé dans la bouche d'Aristophane. Platon utilise aussi le mythe à des fins politiques, par exemple en élaborant le mythe de l'Atlantide qui met en scène une Athènes idéalisée, conforme aux vœux politiques de Platon, luttant victorieusement contre une Atlantide qui incarne tout ce que Platon réprouve dans la thalassocratie athénienne de son temps[31].
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+ Les Grecs connaissaient plusieurs cosmogonies, c'est-à-dire des récits relatant la naissance et la mise en ordre progressive du cosmos, le monde organisé[32]. Celle que nous connaissons le mieux, car elle nous est parvenue en entier, est celle que compose Hésiode dans la Théogonie et selon laquelle existe (ou apparaît) d'abord Chaos, puis Éros et Gaïa (Terre), laquelle engendre Ouranos (Ciel), Pontos (Flot marin) et d'autres divinités, tandis que Chaos en engendre d'autres, les différentes lignées donnant peu à peu naissance, au fil des générations, à toutes les divinités incarnant les aspects fondamentaux de la nature (Hélios, Séléné), aux divinités souveraines (Cronos puis Zeus), mais aussi à des êtres monstrueux qui sont ensuite éliminés ou enfermés par les dieux ou les héros (la plupart des enfants de Nyx, mais aussi Typhée et sa progéniture).
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+ Mais nous connaissons aussi l'existence d'autres cosmogonies. Au chant XIV de l’Iliade, Héra feint de rendre visite à Océan et Téthys, qu'elle qualifie de « père et mère des dieux »[33], ce qui peut constituer une allusion à une cosmogonie différente où Océan et Téthys seraient les deux divinités originelles. L'orphisme, courant religieux qui se plaçait à l'écart des pratiques traditionnelles du culte et se plaçait sous le patronage du poète mythique Orphée, a développé, au moins à partir de l'époque classique[34], plusieurs cosmogonies propres à son système de pensée. Nous n'en avons qu'une connaissance lacunaire, mais nous savons qu'elles plaçaient à l'origine du monde la Nuit ou le Temps, qui engendre un œuf donnant à son tour naissance à Phanès ou bien à Éros[35]. L'orphisme accorde également une place beaucoup plus grande à Dionysos, qui est mis à mort, cuit et mangé par les Titans avant d'être ressuscité[36]. On attribuait aussi une cosmogonie à Musée, un autre poète mythique souvent associé à Orphée. À l'époque archaïque, plusieurs poètes, comme le Crétois Épiménide, le Lacédémonien Alcman ou l'Argien Acousilaos, ainsi que des philosophes présocratiques comme Phérécyde de Syros, composent d'autres cosmogonies[37].
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+ Une anthropogonie (de anthrôpos, « homme », et gonos, « création ») est un récit de l'apparition de l'humanité. Tout comme les Grecs possédaient plusieurs cosmogonies, ils connaissaient plusieurs anthropogonies. Les poèmes mythologiques les mieux conservés restent relativement vagues sur ce sujet. Dans les épopées d'Homère, aucune indication n'est donnée sur les origines de l'humanité, et les dieux ne se sentent pas responsables de l'existence des mortels : ils se contentent de répondre aux manifestations de leur piété, tandis que Zeus exerce les fonctions de juge des mortels et de médiateur entre dieux et mortels[38]. Hésiode, dans la Théogonie, n'explique pas la création des hommes : ils apparaissent dans son poème au moment du partage de Mékôné et de la ruse de Prométhée, récit qui explique surtout les modalités du sacrifice, l'une des pratiques cultuelles fondamentales de la religion grecque. Dans Les Travaux et les Jours[39], Hésiode relate le mythe des races, décrivant plusieurs humanités (plusieurs genos) composées chacune d'un métal différent, la première, la race d'or, remontant au règne de Cronos ; mais son récit a moins pour objet la création de ces humanités que leurs vertus et la dégradation progressive de leurs conditions de vie, ce qui apparente plutôt ce récit aux origines du mythe de l'âge d'or[40]. Il existait par ailleurs une tradition sur l'origine de l'humanité nommée mythe de l'autochtonie, selon lequel les premiers hommes étaient directement sortis de la terre. Ce mythe était utilisé par les Athéniens, qui s'en servaient à l'époque classique pour justifier leur supériorité sur les autres cités[41], mais aucune source ne présente clairement de récit selon lequel ce serait toute l'humanité qui aurait été créée de cette façon.
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+ Les sources de la mythologie restent donc obscures sur la création des tout premiers hommes, mais la plupart s'accordent sur les noms des ancêtres de l'humanité actuelle : Deucalion et Pyrrha[42], qui survivent au déluge et font renaître des humains à partir des pierres, comme le rapporte Pindare dans la neuvième Olympique[43]. Mais il s'agit d'une renaissance de l'humanité plutôt que de ses origines premières, et la façon dont les hommes apparaissent avant le déluge de Deucalion est beaucoup moins claire[42].
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+ Si nous ne possédons pas de récit bien conservé sur l'apparition des hommes, la création de la femme fait l'objet de son propre mythe, celui de Pandore, évoquée par Hésiode dans la Théogonie et Les Travaux et les Jours[44]. Dans la Théogonie, Pandore est créée par Zeus pour châtier les hommes après la ruse de Prométhée qui leur a donné le feu. Son nom grec, Pandora, signifie « don de tous les dieux » : Héphaïstos la façonne dans de la terre et chacun des dieux est invité à lui faire présent d'une qualité physique ou d'un vêtement. Mais Pandore est un piège car, sous sa belle apparence, elle n'apporte que des soucis aux hommes ; dans Les Travaux et les Jours, c'est elle qui soulève le couvercle de la jarre où sont gardés maux et maladies et devient responsable de leur propagation dans le monde entier, ce qui explique la condition misérable des hommes. Le mythe de Pandore véhicule l'idéologie misogyne qui était celle de la société grecque antique[45], mais il représente aussi un changement dans la condition humaine, car l'arrivée de Pandora coïncide avec l'apparition de l'obligation pour les humains de travailler pour vivre, travail et fécondité devenant les deux aspects principaux de la condition humaine contemporaine[46].
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+ Les divinités et héros de la mythologie grecque évoluent dans le monde réel tel que se le représentaient les Grecs, mais aussi dans plusieurs lieux situés hors du monde ou aux limites du monde, qu'il s'agisse des résidences des divinités ou bien de l'au-delà.
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+ Les divinités grecques les plus importantes résident sur l'Olympe[47]. Cette représentation de l'Olympe comme demeure des divinités olympiennes est déjà très présente dans les principales œuvres poétiques de l'époque archaïque : l’Iliade et l’Odyssée, puis les poèmes d'Hésiode et les Hymnes homériques, œuvres qui influencent durablement la représentation des dieux grecs. L'Olympe où résident les dieux chez Homère et Hésiode est à la fois un lieu réel, le mont Olympe en Grèce du nord, et une demeure céleste située très haut dans le ciel : ces deux représentations coexistent, non sans entraîner quelques hésitations et incohérences de détail, l'essentiel consistant à affirmer une séparation entre cette demeure des dieux et le reste du monde[47]. Mais tous les dieux grecs ne résident pas sur l'Olympe, loin de là : un grand nombre de divinités résident sur terre ou dans la mer[48].
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+ Dès l'époque archaïque, la littérature grecque ancienne aborde la question de l'au-delà et distingue plusieurs lieux susceptibles d'accueillir les âmes des défunts après la mort[49].
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+ Les Enfers sont le principal au-delà en Grèce ancienne. Chez Homère, ils sont nommés l'« Hadès », du nom du dieu Hadès, qui y réside et y règne sur les morts en compagnie de son épouse Perséphone. L’Odyssée situe l'Hadès aux confins du monde, au-delà du fleuve Okéanos, près du pays des Cimmériens (nom d'un peuple réel). Ulysse, au chant XI, ne s'aventure qu'au seuil de l'Hadès et se contente de dialoguer avec les ombres qu'il fait venir en leur offrant un sacrifice. Dès Homère, les morts sont imaginés comme des ombres immatérielles et sans force qui errent dans l'Hadès pour l'éternité. Plusieurs passages de l’Iliade[50] mentionnent l'existence d'un fleuve, le Styx, que l'âme du mort doit franchir avant de se mêler aux autres ombres, mais l’Odyssée et Hésiode ne parlent pas de cette condition. Plusieurs personnages assurent le rôle de passeur entre le monde des vivants et celui des morts. Au chant XXIV de l’Odyssée, c'est le dieu Hermès qui conduit aux Enfers les âmes des prétendants de Pénélope. L'autre passeur des morts le plus fréquent est le nocher Charon. Charon n'est pas mentionné dans la littérature archaïque et apparaît pour la première fois sur une peinture de l'Hadès par Polygnote au Ve siècle av. J.-C. connue seulement par une description qu'en donne Pausanias[51]. À partir de cette époque, il est représenté sous les traits d'un vieillard posté dans une barque et qui fait franchir aux morts le fleuve qui coule à l'entrée des Enfers.
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+ Un autre lieu de l'au-delà est le Tartare. L’Iliade situe le Tartare dans les profondeurs extrêmes de la terre, aussi loin sous l'Hadès que l'Hadès est loin du ciel ; le Tartare est fermé par un seuil de bronze et des portes de fer, et Zeus menace d'y enfermer les dieux qui s'opposeraient à lui[52]. Dans la Théogonie d'Hésiode, les Titans, à l'issue de leur bataille contre les dieux, sont capturés par les Hécatonchires qui les enferment dans le Tartare et en deviennent les gardiens[53]. La Théogonie contient, juste après, une description du Tartare, dont la géographie est assez confuse : elle place le Tartare tantôt sous la terre, tantôt dans un endroit indéterminé aux limites du monde[54]. Il semble que l'Hadès et le Tartare aient parfois été confondus dans certains textes par la suite[55].
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+ En dehors des Enfers et du Tartare, la pensée grecque se représente aussi un au-delà heureux, qui apparaît sous plusieurs formes et sous plusieurs noms. Dans l’Odyssée, le dieu marin Protée prédit à Ménélas qu'il n'est pas destiné à mourir, mais à vivre éternellement dans les Champs Élysées, où il n'y a ni neige ni pluie[56]. Un tel sort semble réservé à de très rares mortels. Dans une autre épopée du Cycle troyen, l’Éthiopide (connue seulement par le résumé qu'en donne Proclus), le héros Achille, après sa mort, est emmené par sa mère Thétis vers un endroit nommé l'Île Blanche[57], qui apparaît ensuite comme un séjour heureux. Un autre endroit jouant le même rôle de séjour éternel agréable est les Îles des Bienheureux. Ces îles sont évoquées pour la première fois par Hésiode dans un passage de son mythe des races dans Les Travaux et les Jours[58], où il écrit qu'au moins une partie de la race des héros y séjourne après la mort. Par la suite, la tradition littéraire tend à s'écarter d'Homère (chez qui tous les morts partagent le même sort dans l'Hadès, y compris les héros de la guerre de Troie[59]) et à considérer que des héros comme Achille bénéficient d'une vie après la mort plus heureuse que celle du commun des mortels[60].
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+ La caractéristique la plus visible des dieux tels que les Grecs se les représentaient est l'anthropomorphisme : l'apparence physique des dieux, leurs actions et leurs sentiments paraissent très proches de ceux des mortels. Hérodote emploie au sujet des dieux l'adjectif paradoxal anthropophues, « de nature humaine »[61]. Cependant, cet anthropomorphisme et cette proximité entre les dieux et les hommes n'est qu'apparente : comme le montre Françoise Frontisi-Ducroux dans un article du recueil Corps des dieux[62], la religion grecque ne cesse de mettre en évidence l'écart qui sépare les dieux et les humains. Le corps des dieux est lui-même surhumain[63] : lorsqu'ils sont évoqués dans l'épopée, ils ont une taille gigantesque, un poids colossal ou au contraire impossiblement léger. Dans leur corps coule non pas du sang mais de l'ichor, et les blessures ne mettent pas leur vie en péril puisqu'ils sont immortels (athanatoi)[64]. Les dieux ne consomment pas la même nourriture que les mortels : le nectar et l'ambroisie sont leur nourriture d'immortalité[65]. Les épopées d'Homère évoquent aussi une langue des dieux différente de celles des mortels[66]. Ce caractère surhumain est mis en valeur par les matières précieuses utilisées pour les statues, par exemple chryséléphantines[67].
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55
+ Si les dieux les plus fameux, les divinités olympiennes, sont anthropomorphes, ce n'est pas le cas de toutes les divinités : les dieux fleuves sont souvent représentés sous la forme de taureaux, et de nombreuses idoles des dieux n'ont pas l'apparence d'êtres vivants[68]. L'apparence surhumaine des dieux est la manifestation de leur statut supérieur et de leur omnipotence : « Les dieux peuvent tout »[69].
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+ Tout comme il existait plusieurs théogonies relatant leur naissance, il existait plusieurs généalogies des divinités grecques. Les manuels consacrés à la religion grecque antique et à la mythologie grecque ont fréquemment recours[70] à la version présentée par la Théogonie d'Hésiode, la plus complète à nous être parvenue.
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59
+ Dans sa Théogonie, Hésiode décrit la naissance des dieux au fil de générations successives, dont il développe tour à tour les différentes branches en y intercalant des épisodes narratifs qui anticipent parfois sur la suite de son développement. Les tout premiers êtres qui forment l'univers ne sont pas issus d'une reproduction sexuée : Chaos, Éros et Gaïa (la Terre) apparaissent spontanément, et Gaïa engendre seule Ouranos (le Ciel)[71]. Gaïa et Ouranos s'unissent pour former le premier couple divin, et ils donnent naissance à douze Titans, six fils et six filles. Parmi ces titans, Cronos joue un rôle décisif dans la généalogie divine. Cronos prend le pouvoir en châtrant son père Ouranos, dont les organes génitaux, tombés dans l'océan, donnent notamment naissance à Aphrodite[72]. Par la suite, Cronos s'unit à sa sœur Rhéa, qui donne naissance à Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et enfin Zeus[73], qui forment chez Hésiode la première génération des divinités olympiennes. Zeus prend le pouvoir à son tour, cette fois définitivement[74], et c'est lui qui, en s'unissant à plusieurs divinités, enfante la seconde génération des dieux de l'Olympe : Athéna (fille de Zeus seul : elle sort de son crâne après qu'il a avalé Métis)[75], Apollon et Artémis (enfants de Zeus et de Léto)[76], Arès (fils de Zeus et d'Héra)[77], Hermès (fils de Zeus et de Maïa)[78] et Dionysos (fils de Zeus et de la mortelle Sémélé)[79]. Héphaïstos est engendré par Héra seule, par défi envers Zeus[80].
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+ Homère, dans l’Iliade et l’Odyssée, diverge d'Hésiode sur plusieurs détails, qui ont aussi beaucoup influencé les représentations les plus courantes de la généalogie des dieux. Ainsi, dans l’Iliade, Zeus est l'aîné des dieux de l'Olympe[81], alors qu'il est le cadet des enfants de Cronos dans la Théogonie[82]. Dans les épopées homériques, Aphrodite est, elle aussi, une fille de Zeus[83], et sa mère est Dioné[84].
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+ La conception de l'histoire du monde des Grecs anciens plaçait, entre l'apparition de l'humanité et l'époque présente, un âge héroïque où avaient vécu des hommes mortels, mais plus grands, plus forts et, de façon générale, dotés de qualités supérieures à celles des hommes du présent : c'étaient les héros, issus directement ou indirectement d'unions entre des divinités et des humains[85]. L'âge héroïque était considéré comme ayant réellement existé ; il ne s'étendait pas sur une très longue période, seulement quelques générations, et n'était pas pensé comme très éloigné dans le passé[85], puisque les héros étaient considérés comme les fondateurs des dynasties royales de nombreuses cités grecques[86]. Les héros sont conçus de différentes manières selon que l'on considère la façon dont ils étaient honorés dans le culte ou bien les différentes évocations littéraires dont ils font l'objet.
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+ Les héros font l'objet d'un culte héroïque : comme le culte des morts, ce culte se développe autour du tombeau du héros, mais, contrairement à un mort ordinaire, un héros est, de fait, honoré comme une puissance divine à part entière, qui peut rendre des oracles ou accorder protection ou guérison à qui vient le prier[87]. À l'époque historique, certaines personnes réelles, distinguées de leur vivant par leurs exploits, font après leur mort l'objet d'un culte héroïque (c'est le cas, par exemple, du général Brasidas)[85]. Une grande partie des cultes héroïques se cantonnent à des localités précises (un village, une cité, une région) et sont inconnus ailleurs ; seuls quelques-uns sont connus dans toute la Grèce, le plus fameux de tous restant Héraclès[88].
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+ Dans la poésie archaïque, Hésiode, dans Les Travaux et les Jours, élabore un mythe des races où il intercale les héros comme une race à part entière de demi-dieux venue après les trois premières races métalliques (d'or, d'argent et de bronze) et avant l'humanité de l'époque présente, qu'il qualifie de race du fer ; il caractérise les héros par leur bravoure et leur justesse, et évoque leurs exploits pendant la guerre des sept chefs contre Thèbes et pendant la guerre de Troie. Le mythe hésiodique a fait l'objet de nombreuses études mythologiques[89].
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+ Dans les épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, les héros sont dépeints comme plus forts que les hommes du temps présent, mais inéluctablement mortels : Achille et Ulysse se voient ainsi prophétiser leur mort. L’Iliade et l’Odyssée présentent déjà deux conceptions différentes de l'héroïsme : Achille recherche la gloire et l'obtient par ses exploits militaires, tandis qu'Ulysse ne convoite que le retour dans son pays et recourt avant tout à la parole et à la ruse, la mètis, pour parvenir à ses fins[90]. Par ailleurs, chez Homère, le terme de héros est parfois employé de façon assez générale pour désigner des personnages nobles ou remarquables par leur talent[91].
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+ À cette époque et aux époques postérieures, les différents genres littéraires s'approprient les figures de l'âge héroïque et en donnent de multiples interprétations. Ainsi, la tragédie grecque athénienne de l'époque classique se concentre sur les malheurs des grandes lignées héroïques comme les Atrides et les Labdacides pour évoquer des problèmes religieux, politiques et philosophiques.
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+ Les récits se rapportant aux héros trouvent souvent leur cohérence dans leur lien avec une cité, dont ils relatent la fondation et l'histoire de la dynastie royale[92]. Les héros se répartissent ainsi en grandes familles, souvent nommées d'après le héros qui est à leur origine (Labdacos et les Labdacides, Pélops et les Pélopides, Cécrops et les Cécropides, etc.). Le destin de ces grandes lignées est plus ou moins étroitement lié à celui d'une ou plusieurs cités.
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+ L'histoire de Thèbes a fait l'objet de plusieurs ensembles de récits sur lesquels nous sommes bien renseignés[93]. Thèbes est fondée par un Phénicien, Cadmos ; une autre légende associée à sa fondation ou à sa refondation est celle des jumeaux Amphion et Zéthos, qui en élèvent les remparts. L'histoire de Thèbes est surtout indissociable de celle de Labdacos et des Labdacides, dont font partie Laïos et Jocaste et leur fils Œdipe, qui, à son insu, tue son père et épouse sa mère. Les enfants de l'inceste entre Œdipe et Jocaste interviennent dans d'autres récits, principalement celui de la querelle fratricide entre les deux fils, Étéocle et Polynice, qui est à l'origine de la guerre des sept chefs puis de l'expédition des Épigones. Dès l'époque archaïque, l'histoire des Labdacides était relatée par quatre épopées, aujourd'hui perdues, qui formaient le Cycle thébain.
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+ La lignée de Tantale, roi d'Asie Mineure, est à l'origine de plusieurs familles héroïques importantes[94]. Pélops, fils de Tantale, s'installe en Élide, dans le Péloponnèse, où il a de nombreux descendants, les Pélopides, qui règnent sur plusieurs cités du Péloponnèse. Parmi les enfants de Pélops figurent Atrée et Thyeste, ainsi que les descendants d'Atrée, les Atrides. Les deux fils d'Atrée, Agamemnon et Ménélas, sont fameux pour leur rôle dans la guerre de Troie.
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+ L'histoire d'Athènes[95], peu évoquée dans les textes les plus anciens et qui semble avoir pris forme plus tard, vers le début de l'époque classique[96], trouve ses origines dans le mythe des autochtones, hommes nés directement de la terre : le premier est Érichthonios, mais c'est aussi le cas de Cécrops, fondateur de la cité. Plusieurs générations après viennent Égée puis son fils Thésée, auquel sont attribués de nombreux exploits.
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+ Plusieurs ensembles de récits mettent en scène des héros d'origines diverses prenant part à une entreprise collective[97]. Ainsi, la chasse au sanglier de Calydon rassemble plusieurs héros autour de Méléagre pour traquer et abattre le sanglier monstrueux. Plus connue, car évoquée par plusieurs épopées et tragédies, la quête de la Toison d'or entreprise par Jason rassemble de nombreux héros dans l'équipage des Argonautes qui, à bord du navire Argo, voyagent jusqu'en Colchide. L'ensemble narratif le plus vaste dans cette catégorie est celui de la guerre de Troie.
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83
+ Un vaste ensemble de récits et de personnages se rattachent à la guerre de Troie[98]. L'enlèvement d'Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte, par le Troyen Pâris, débouche sur l'organisation d'une grande expédition militaire menée par le frère de Ménélas, Agamemnon, rassemblant des rois venus de toute la Grèce, qui assiègent Troie pendant dix ans. Les premières œuvres littéraires connues de la littérature grecque ancienne, l’Iliade et l’Odyssée, deux épopées que les Anciens attribuaient à Homère, se rapportent à ce mythe : l’Iliade relate la querelle entre Agamemnon et le héros Achille pendant la dixième année de la guerre, tandis que l’Odyssée détaille le long et périlleux retour chez lui d'Ulysse après la fin de la guerre, dont elle raconte a posteriori plusieurs épisodes. En plus des épopées d'Homère, plusieurs autres ont été composées par d'autres auteurs à l'époque archaïque. Regroupées sous le nom de Cycle troyen, elles racontaient l'ensemble de la guerre, de ses origines à ses conséquences lointaines ; aujourd'hui perdues à l'exception de quelques fragments, elles nous sont surtout connues par des résumés ou des réécritures plus récentes[99].
84
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+ Il est notable que les Anciens mêlaient les événements de leur mythologie à ceux de leur histoire. Ainsi, l’Iliade et l’Odyssée étaient considérées comme historiques. Le Grec Évhémère semble avoir été le premier à émettre l'hypothèse que les récits mythologiques sont des déformations de faits historiques réels. Les très nombreuses recherches archéologiques des XIXe et XXe siècles ont voulu conforter et affiner cette approche. L'ouvrage de Robert Graves, Les Mythes grecs, récapitule les éléments en faveur de cette hypothèse. La question de la continuité entre le temps des dieux et le temps des hommes, apparemment difficile à résoudre, semble pouvoir s'expliquer par des phénomènes de synthèse, de simplification et de symbolisation d'événements concrets (conquêtes, rituels, etc.). Les événements décrits dans les différentes théogonies se déroulent donc dans un temps apparemment parallèle à celui de l'humanité, dont les durées ne sont pas transposables.
86
+
87
+ En plus de son utilisation constante dans les arts et les sciences humaines comme la psychanalyse et son complexe d'Œdipe, la mythologie grecque fournit des récits très riches sur lesquels sont basés la plupart des problématiques et des thèmes de la littérature occidentale, que l'on peut encore apprécier aujourd'hui.
88
+
89
+ L'interprétation des mythes grecs reprend sa place dans le monde actuel notamment avec l'étude de ces mythes au collège permettant une analyse des textes plus précise et une initiation à l'interprétation des mythes.
90
+
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+ Si les Grecs eux-mêmes ont très tôt entamé une réflexion sur leurs récits mythologiques, ce n'est que dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec le développement des sciences humaines, que la mythologie se constitue en une discipline à ambition scientifique, une « science des mythes » : c'est ce que Marcel Detienne nomme, dans son livre éponyme, « l'invention de la mythologie »[100]. L'émergence de l'anthropologie, parallèlement à la découverte par les ethnologues de nombreux peuples possédant eux aussi des mythologies complexes, amène les chercheurs à s'interroger sur l'histoire des religions et à publier les premières études de mythologie comparée. À une époque où les Grecs anciens sont considérés comme supérieurs aux peuplades tenues pour primitives, la science des mythes se trouve confrontée à une sorte de scandale de la pensée, qu'énonce par exemple Friedrich Max Müller : « les poètes de la Grèce ont une aversion instinctive pour tout ce qui est excessif ou monstrueux. Or, les Grecs attribuent à leurs dieux des choses qui feraient frissonner le plus sauvage des Peaux-Rouges[101]… » Il s'agissait donc d'expliquer les éléments qui, dans les mythes grecs, paraissaient absurdes et immoraux, en contradiction avec l'image qu'avait alors la Grèce antique, celle du peuple détenteur de la Raison par excellence[102].
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+ Plusieurs écoles d'interprétation des mythes se développent alors. Friedrich Max Müller explique l'apparition des mythes par un modèle linguistique selon lequel les mythes se seraient développés naturellement au cours de l'apparition et de l'évolution du langage : les noms donnés aux forces de la nature au cours de la Préhistoire sont ensuite pris par erreur pour des noms propres et se trouvent alors personnifiés sous la forme de divinités et de héros[103]. Selon Müller, les mythes trouvent donc leur origine dans des métaphores renvoyant aux puissances de la nature ; Müller développe une interprétation « solaire » expliquant l'ensemble des mythes par des références au soleil et à la lumière, tandis qu'Adalbert Kuhn préfère les expliquer par l'impression laissée sur les peuples préhistoriques par les phénomènes naturels violents tels que les orages et les tempêtes. Les historiens britanniques des religions, Edward Tylor puis Andrew Lang, proposent une approche radicalement différente, qui vise à comparer la mythologie grecque à celle de peuples non pas antiques mais contemporains, comme les Indiens d'Amérique du Nord ou les aborigènes australiens, et qui propose une vision évolutionniste de l'histoire, au sein de laquelle le mythe est un stade du développement de la pensée[104].
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95
+ En 1825, Karl Otfried Müller publie Prolégomènes à une connaissance scientifique de la mythologie, ouvrage dans lequel il propose une méthode d'étude historique de la mythologie fondée sur le rassemblement des différentes sources d'un mythe et l'étude de leurs rapports entre elles, par exemple les poètes et les mythographes qui s'inspirent les uns des autres au fil des siècles. Müller espère ainsi remonter à un noyau primitif du mythe, derrière lequel il pense retrouver la trace d'événements historiques réels plus ou moins déformés[105]. Les travaux de Müller permettent aux mythologues d'accorder une attention plus rigoureuse aux contextes précis, géographiques, historiques, culturels et religieux, dans lesquels se développent les mythes.
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+ Plusieurs nouveaux courants d'interprétation de la mythologie grecque se développent au cours du XXe siècle.
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+ Au cours de ses premières décennies, les historiens de la religion grecque prêtent une attention nouvelle aux rites et aux liens qu'ils entretiennent avec les récits mythiques. Les chercheurs britanniques regroupés sous le nom d'école de Cambridge développent plusieurs théories divergentes à ce sujet. Selon Jane Harrison, le rite précède le mythe et permet d'expliquer les étrangetés présentes dans les récits mythologiques ; Jane Harrison publie plusieurs études portant sur les rites d'initiation et les rites de passage[106], qui font l'objet en France, durant la même période, d'études comme celles d'Arnold van Gennep. James George Frazer, dans Le Rameau d'or (The Golden Bough), considère au contraire que le mythe précède le rite et que ce dernier permet de réactiver les puissances vitales évoquées par le mythe[107]. Par la suite, Jane Harrison elle-même et les auteurs qui poursuivent les recherches dans ce domaine, comme Bronisław Malinowski, Edmund Leach, Walter Burkert et plus tard Georges Dumézil, mettent davantage en valeur la complémentarité du mythe et du rite au sein d'un contexte socioculturel donné et montrent que, selon les cas, les relations entre les deux varient énormément[107].
100
+
101
+ Dans la seconde moitié du siècle, des avancées décisives, comme le déchiffrement du linéaire B dans le domaine mycénien, l'approfondissement de l'étude du Proche-Orient ancien (Anatolie, Mésopotamie) et l'élaboration de nouvelles méthodes de recherche, contribuent à renouveler profondément l'étude de la mythologie grecque.
102
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+ Le structuralisme, dont l'un des grands représentants est Claude Lévi-Strauss qui publie Anthropologie structurale en 1958, abandonne l'idée de remonter à un noyau primitif d'un mythe et considère au contraire un mythe comme l'ensemble de ses variantes, qu'il s'agit d'étudier en les comparant les unes aux autres. Lévi-Strauss met en avant dans ses travaux l'idée que les mythes constituent une forme de pensée à part entière, un moyen de réflexion sur le monde et sur la société[108]. Si Lévi-Strauss propose une interprétation structuraliste du mythe d'Œdipe dans Anthropologie structurale, la plupart de ses travaux portent sur les mythologies d'Amérique du Nord et du Sud ; mais sa méthode exerce par la suite une influence notable sur les chercheurs dans le domaine grec, notamment Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne.
104
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+ Au tournant du XXIe siècle, historiens et anthropologues abandonnent peu à peu l'idée d'une grille de lecture univoque qui permettrait d'expliquer l'ensemble des mythes grecs, et tentent de saisir leur rôle au sein de la société grecque ancienne en adoptant des approches pluridisciplinaires, mêlant littérature, histoire, histoire des religions, anthropologie et psychologie.
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+ Plusieurs types de sources antiques sont intéressants pour l'étude de la mythologie grecque.
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+ Les sources iconographiques, fournies par les innombrables représentations figurées qui ornent les objets et les édifices produits par la culture grecque antique, sont consultables dans des sommes telles que le Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae.
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+ Pour ce qui est des sources écrites, signalons d'une part l'épigraphie, d'autre part la littérature antique :
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+ Depuis l'Antiquité, la mythologie grecque n'a pas cessé d'exercer une influence considérable sur les arts et les lettres, mais aussi plus généralement la culture de nombreuses régions du monde.
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+ En Europe de l'Ouest, la mythologie grecque est connue au Moyen Âge de manière souvent indirecte, par l'intermédiaire de libres traductions ou d'adaptations latines des écrivains grecs. Pendant la même période, les savants de l'empire byzantin et du monde arabo-musulman lisent les auteurs grecs dans le texte.
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+ L'étude du grec ancien se répand à nouveau en Europe de l'Ouest à la faveur de la Renaissance, occasionnant des traductions nouvelles qui popularisent massivement les auteurs grecs. La colonisation exporte sur plusieurs continents la culture classique et donne lieu, après la décolonisation, à des réappropriations variées des mythes grecs aux Amériques, en Asie, en Afrique ou en Océanie[109].
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+ La mythologie grecque occupe une place importante dans « l'Antiquité imaginaire » dépeinte par la fiction sur différents supports[110]. Longtemps associée à une culture académique, la mythologie grecque inspire également la culture populaire, mais sous des formes différentes. À partir de la fin du XIXe siècle, la mythologie grecque est présente au cinéma dès ses débuts, à travers le genre du péplum[111]. La mythologie fournit les sujets de la majorité des péplums situés en Grèce antique, au contraire de la Rome antique que le cinéma aborde surtout par le biais de sujets historiques. Les mythes grecs les plus représentés au cinéma à partir des années 1950 sont les exploits d'Héraclès et la guerre de Troie[112]. La mythologie grecque devient un thème récurrent de chaque nouvelle forme d'art, de la bande dessinée au jeu vidéo. La thématique mythologique est également régulièrement exploité dans le cadre de la littérature pour la jeunesse[113] sous la forme de fiction comme d'ouvrages documentaires de civilisation[114]. La postérité contemporaine de la mythologie grecque reste extrêmement abondante et variée de nos jours.
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+ La mythologie grecque, c'est-à-dire l'ensemble organisé des mythes provenant de la Grèce antique, se développe au cours d'une très longue période allant de la civilisation mycénienne jusqu'à la domination romaine. La rencontre entre les Grecs et les Romains coïncide avec celle de la mythologie grecque et de la mythologie romaine : la première exerce une forte influence sur la seconde, qui ne s'y réduit pas pour autant. Longtemps après la disparition des religions grecque et romaine, la mythologie grecque est utilisée comme sujet d'inspiration par les artistes, et continue à l'être de nos jours.
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+ La mythologie grecque nous est parvenue grâce à un vaste ensemble de textes dont les plus anciens sont les épopées d'Homère et les poèmes d'Hésiode, principalement la Théogonie, mais aussi par les arts picturaux comme la céramique ou par les monuments sacrés. L'ensemble de ces sources présente des généalogies et des récits qui forment un système doté d'une cohérence limitée. Les mythes grecs témoignent de la représentation que les anciens Grecs se faisaient du monde. Néanmoins, le statut de la mythologie grecque est complexe, car la mythologie dépasse le cadre de la religion. Les personnages et les événements mythiques rapportés par la tradition étaient pour les Grecs, du moins dans leurs grandes lignes, des réalités historiques relevant d'un passé lointain et servaient donc de base de travail aux historiens antiques. Dans le même temps, la mythologie fournit une ample source d'inspiration à la littérature et aux arts grecs antiques.
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+ La religion grecque était fondée sur des rituels pratiqués en commun, mais ne reposait pas sur un texte sacré ou sur des dogmes, et il n'existait pas non plus de littérature proprement religieuse[1]. Des textes comme la Théogonie d'Hésiode et les épopées d'Homère ne sont donc pas des textes sacrés : ce sont des œuvres littéraires proposant une vision parmi d'autres de la création du monde et des généalogies divines, mais elles ne se proposent pas de dicter ce qu'il faudrait obligatoirement croire. Le lien entre littérature et religion s'établit plutôt par la composition de textes destinés à être déclamés lors de cérémonies religieuses (par exemple les hymnes de Pindare et, de façon plus indirecte, les textes des tragédies, comédies et drames satyriques, puisque les représentations théâtrales sont liées au culte de Dionysos). Les dieux et héros mythologiques pouvaient être évoqués dans des contextes non immédiatement liés au culte proprement dit. Mais il faut garder à l'esprit que la société grecque antique ne connaît aucune séparation entre un domaine propre à la religion et le reste de la société : au contraire, la religion est présente de manière diffuse dans tous les aspects de la vie sociale et politique[2].
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+ L'absence de dogme ou de canon religieux n'est bien sûr pas synonyme d'absence de croyance. En Grèce antique, la piété (eusebeia), l'une des principales notions de la religion grecque antique, suppose de révérer les mêmes divinités que l'ensemble de la communauté : en introduire de nouvelles est un acte d'impiété, à moins que la cité ne les accepte officiellement, et il est tout aussi impie d'endommager les représentations des dieux ou leurs propriétés ou de parodier les rituels[3]. Mais dans le même temps, plusieurs cosmogonies et théogonies coexistent sans que cela ne pose de problème (Homère présente dans l’Iliade Océan et Téthys comme le couple primordial, tandis que la Théogonie d'Hésiode place le Chaos, puis Éros et Gaïa, aux origines du monde et qu'une secte comme l'orphisme propose encore une autre interprétation). Et la comédie grecque antique de l'époque classique peut librement représenter dieux et héros sous des traits grotesques en leur prêtant un comportement bouffon.
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+ Toutes les divinités ayant reçu un culte en Grèce antique n'ont pas fait l'objet de récits mythiques. Certaines, comme la déesse Hestia, en sont pratiquement absentes[4]. De même, ni la place d'une divinité ou d'un héros dans la hiérarchie des puissances divines, ni l'abondance des récits qui lui sont consacrés, ne reflètent nécessairement l'importance réelle de son culte : ainsi Asclépios, quoique très inférieur à des divinités telles que son père Apollon, disposait d'un sanctuaire à Épidaure dont la renommée s'étendait à l'ensemble du monde grec[5]. Enfin, alors que la différence de statut entre les dieux et les héros est assez appuyée dans les récits, les cultes rendus à des héros (les cultes héroïques) différaient assez peu, dans leurs modalités, de ceux rendus aux dieux[6].
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+ À l'époque archaïque et encore à l'époque classique, la poésie est le domaine par excellence de l'évocation des mythes : au sein de la société grecque, les poètes restent les voix les mieux autorisées à relater les récits fondateurs de la mythologie[7]. Lorsque l'historien Hérodote évoque les origines de la religion grecque dans son Enquête, c'est vers eux qu'il se tourne : « Quelle est l'origine de chacun de ces dieux ? Ont-ils toujours existé ? Quelles formes avaient-ils ? Voilà ce que les Grecs ignoraient hier encore, pour ainsi dire. Car Hésiode et Homère ont vécu, je pense, quatre cents ans tout au plus avant moi ; or ce sont leurs poèmes qui ont donné aux Grecs la généalogie des dieux et leurs appellations, distingué les fonctions et les honneurs qui appartiennent à chacun, et décrit leurs figures »[8]. Les poètes comme Homère et Hésiode ont donc nettement influencé la représentation que les Grecs se faisaient de leurs dieux et des origines du monde, même s'ils ne remplissaient pas une charge à proprement parler religieuse. Mais les mythes sont présents de manière diffuse dans tous les genres littéraires : ils sont évoqués aussi bien par les dramaturges que par les orateurs, les historiens et les philosophes.
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+ Dès Homère, chaque auteur évoque les mythes selon ses propres critères artistiques, le public auquel il s'adresse et le contexte dans lequel il s'inscrit, avec une très grande liberté d'invention et de remodelage[9]. Dans l’Iliade, le précepteur d'Achille est un humain, Phénix, et non le centaure Chiron comme dans d'autres versions. Lorsqu'au chant XIX Phénix raconte à Achille le mythe de la chasse du sanglier de Calydon[10], il l'adapte afin de faire de Méléagre, le principal protagoniste de son récit, un anti-modèle victime de son tempérament colérique, afin de montrer à Achille qu'il a tort de persister dans sa propre colère en refusant de revenir au combat[11]. La tragédie grecque représente souvent les héros de manière anachronique, car elle est un moyen pour la cité de réfléchir sur sa société et ses institutions[12]. Ainsi, dans Les Euménides, Eschyle, en relatant la purification d'Oreste après le parricide qu'il a commis, l'utilise pour élaborer un récit étiologique expliquant les origines du tribunal de l'Aréopage athénien.
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+ Les textes sont loin d'être les seuls vecteurs de la mythologie grecque : celle-ci est également très présente dans les arts figurés tels que la céramique et la sculpture. À toutes les époques, les Grecs vivent entourés de représentations qui s'y rattachent, qu'il s'agisse des monuments et des statues de l'espace public, ou des objets de la vie quotidienne dans leur espace privé. Les représentations figurées mettant en scène des sujets mythologiques ne doivent pas être considérées comme de simples illustrations des textes : bien au contraire, elles adaptent leur sujet au contexte et au public auquel elles se destinent, et inventent souvent des variantes qui ne sont pas attestées par ailleurs dans les textes. Les vases destinés à recevoir le vin, par exemple, représentent eux-mêmes des banquets ou des scènes mythologiques liées à Dionysos, qui ne peuvent être comprises que si on les replace dans ce contexte du banquet grec[13] ; ils mettent volontiers en scène des figures comme les satyres, qui sont assez peu présents par ailleurs dans les textes, mais qui apparaissent très souvent sur les vases dans des scènes typiques[14]. Ainsi, les arts figurés disposent eux aussi d'une grande liberté d'innovation ou de réinvention des mythes, et mettent en place leurs propres codes et conventions pour les représenter.
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+ En Grèce antique, il n'y a pas de distinction tranchée entre les événements relevant du mythe (qui, pour l'historien contemporain, relèvent de la fiction) et les événements historiques (qui nous paraissent les seuls réels). L'évhémerisme considère que les dieux et héros seraient en fait d'anciens personnages réels, qui eurent leur temporalité historique (théorie du mythographe grec Évhémère, IIIe siècle av. J.C.). Par ailleurs, la chronologie figurant sur la Chronique de Paros, une inscription du IIIe siècle av. J.-C., fait se succéder dans une même continuité le règne de Cécrops, le premier roi légendaire d'Athènes, puis le déluge de Deucalion, la guerre de Troie, etc. et des événements historiques comme la bataille de Platées, en indiquant leurs dates dans la computation athénienne. Les premiers historiens, les logographes, qui écrivent dès la fin de l'époque archaïque et le début de l'époque classique, comme Acousilaos, par exemple, se contentent de rapporter les traditions et les généalogies locales des différentes cités dans le but de les faire connaître, sans en critiquer beaucoup le contenu[15]. Les atthidographes, auteurs d'histoires de l'Attique, prennent davantage de distance et rationalisent parfois les éléments merveilleux des récits.
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+ L'un des premiers historiens à opérer une véritable sélection critique des mythes est Hécatée de Milet, au début du Ve siècle av. J.-C. Il opère un choix parmi ce qu'a transmis la tradition et en donne un exposé systématique, cohérent, en prose, en enlevant les éléments qui lui paraissent invraisemblables : il réduit à vingt le nombre des filles de Danaos, qui en possède cinquante dans la tradition à laquelle il s'oppose, et il fait de Cerbère un simple serpent à la piqûre fatale, mais il conserve certains éléments merveilleux comme les unions entre dieux et mortelles[16]. Hérodote, dans l’Enquête, rapporte les traditions dont il a entendu parler et fait état des différentes versions contradictoires, sans toujours se prononcer sur leur véracité[17]. Mais lui aussi rapporte des versions rationalisées de certains récits : l'enlèvement d'Io qui ouvre l’Enquête, par exemple, est une anecdote historique où il n'y a ni interventions divines ni métamorphose[18]. Thucydide évoque les actions des souverains mythiques tels que Minos, Pélops ou Agamemnon en les ramenant sur le même plan que les réalités historiques de son temps et en ignorant leurs aspects merveilleux, mais, pour lui, ces personnages sont aussi historiques que Périclès[19].
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+ L'attitude des historiens demeure tout aussi prudente jusqu'à l'époque romaine. Au Ier siècle av. J.-C., Diodore de Sicile fait une plus grande place au légendaire et s'attache plutôt à rapporter les différentes traditions sans prétendre les rationaliser. Au IIe siècle, Plutarque, au début de la Vie de Thésée, l'une des rares Vies parallèles à traiter d'une figure légendaire, compare le passé lointain aux pays lointains arides et inaccessibles évoqués par les géographes, puis déclare : « […] je souhaite que la légende, épurée par la raison, se soumette à elle et prenne l'aspect de l'histoire. Mais si parfois, dans son orgueil, elle ne se soucie guère d'être crédible et refuse de s'accorder avec la vraisemblance, je solliciterai l'indulgence des lecteurs, et les prierai d'accueillir de bonne grâce ces vieux récits »[20]. Cette volonté d'épurer le mythe par la raison (le logos) témoigne de l'influence de Platon ; mais la prudence de Plutarque envers les mythes n'est nullement le signe d'une méfiance envers la religion en général, puisqu'il fait preuve d'une foi profonde et exerce un temps la charge de prêtre d'Apollon à Delphes[21].
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+ De manière générale, les historiens grecs conservent une attitude prudente en face des mythes, qu'il s'agisse d'y croire ou de ne pas y croire. Paul Veyne, qui s'intéresse au problème complexe de la croyance dans Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, rappelle toute la distance qui sépare les historiens antiques de l'histoire telle qu'elle s'élabore par la suite (fondée sur l'étude et la critique des sources) : « Il arrive parfois qu'un historien ancien signale que ses « autorités » présentent des divergences sur quelque point, ou même qu'il déclare renoncer à savoir quelle était la vérité sur ce point, tant les versions diffèrent. Mais ces manifestations d'esprit critique ne constituent pas un appareil de preuves et de variantes, qui sous-tendrait tout son texte, à la manière de l'appareil de références qui couvre le bas de toutes nos pages d'histoire : ce sont uniquement des endroits désespérés ou douteux, des détails suspects. L'historien ancien croit d'abord et ne doute que sur les détails où il ne peut plus croire »[22].
26
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27
+ À toutes les époques, les mythes sont aussi un enjeu politique. Les orateurs attiques s'y réfèrent et les emploient comme des arguments dans leurs discours, en les choisissant ou en les adaptant selon les circonstances[23]. Dans le Panégyrique, Isocrate évoque le mythe de l'autochtonie des Athéniens pour justifier leur prétention à la supériorité sur les autres cités[24], et, dans le Philippe, adressé à Philippe II de Macédoine, il rappelle la parenté entre les ancêtres du roi macédonien et les cités grecques pour le convaincre de leur venir en aide[25]. Les inscriptions consignant des décrets d'alliances entre cités témoignent du même genre de recours aux généalogies mythiques comme argument dans les accords diplomatiques entre deux cités[26].
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+ Dès l'époque archaïque, les philosophes s'écartent parfois beaucoup des récits les plus répandus, beaucoup parce qu'ils proposent leurs propres systèmes, eux-mêmes fortement imprégnés de religion : Pythagore est ainsi, au VIe siècle av. J.-C., le fondateur du pythagorisme. D'autres se montrent plus critiques et à la limite de l'impiété, tel Anaxagore poursuivi en justice à Athènes au Ve siècle av. J.-C. pour avoir affirmé que le soleil était une pierre incandescente[3]. Platon oppose parfois le muthos considéré comme récit mensonger et le discours rationnel (le logos) qui doit guider le philosophe[27] ; mais cette opposition est loin d'être systématique et ne se retrouve pas dans tous ses dialogues[28]. Platon lui-même, dont la pensée s'inscrit par ailleurs dans la continuité de la religion traditionnelle[29], ne rejette pas le concept de muthos conçu comme récit et ne s'interdit nullement d'y recourir. Loin de supprimer totalement les mythes de son œuvre, il en invente de nouveaux qui font partie intégrante de ses démonstrations philosophiques et consistent soit en des allégories destinées à mieux faire comprendre une argumentation (comme l'allégorie de la caverne), soit en des récits élaborés sur le modèle des mythes anciens dont ils reprennent les thèmes et les fonctions, et qui permettent de rendre compte de la composante non rationnelle de certains sujets[30]. C'est dans ce contexte que s'inscrivent par exemple le mythe d'Er au livre X de La République et les différents récits du Banquet, dont le mythe de l'androgynie placé dans la bouche d'Aristophane. Platon utilise aussi le mythe à des fins politiques, par exemple en élaborant le mythe de l'Atlantide qui met en scène une Athènes idéalisée, conforme aux vœux politiques de Platon, luttant victorieusement contre une Atlantide qui incarne tout ce que Platon réprouve dans la thalassocratie athénienne de son temps[31].
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+ Les Grecs connaissaient plusieurs cosmogonies, c'est-à-dire des récits relatant la naissance et la mise en ordre progressive du cosmos, le monde organisé[32]. Celle que nous connaissons le mieux, car elle nous est parvenue en entier, est celle que compose Hésiode dans la Théogonie et selon laquelle existe (ou apparaît) d'abord Chaos, puis Éros et Gaïa (Terre), laquelle engendre Ouranos (Ciel), Pontos (Flot marin) et d'autres divinités, tandis que Chaos en engendre d'autres, les différentes lignées donnant peu à peu naissance, au fil des générations, à toutes les divinités incarnant les aspects fondamentaux de la nature (Hélios, Séléné), aux divinités souveraines (Cronos puis Zeus), mais aussi à des êtres monstrueux qui sont ensuite éliminés ou enfermés par les dieux ou les héros (la plupart des enfants de Nyx, mais aussi Typhée et sa progéniture).
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+ Mais nous connaissons aussi l'existence d'autres cosmogonies. Au chant XIV de l’Iliade, Héra feint de rendre visite à Océan et Téthys, qu'elle qualifie de « père et mère des dieux »[33], ce qui peut constituer une allusion à une cosmogonie différente où Océan et Téthys seraient les deux divinités originelles. L'orphisme, courant religieux qui se plaçait à l'écart des pratiques traditionnelles du culte et se plaçait sous le patronage du poète mythique Orphée, a développé, au moins à partir de l'époque classique[34], plusieurs cosmogonies propres à son système de pensée. Nous n'en avons qu'une connaissance lacunaire, mais nous savons qu'elles plaçaient à l'origine du monde la Nuit ou le Temps, qui engendre un œuf donnant à son tour naissance à Phanès ou bien à Éros[35]. L'orphisme accorde également une place beaucoup plus grande à Dionysos, qui est mis à mort, cuit et mangé par les Titans avant d'être ressuscité[36]. On attribuait aussi une cosmogonie à Musée, un autre poète mythique souvent associé à Orphée. À l'époque archaïque, plusieurs poètes, comme le Crétois Épiménide, le Lacédémonien Alcman ou l'Argien Acousilaos, ainsi que des philosophes présocratiques comme Phérécyde de Syros, composent d'autres cosmogonies[37].
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+ Une anthropogonie (de anthrôpos, « homme », et gonos, « création ») est un récit de l'apparition de l'humanité. Tout comme les Grecs possédaient plusieurs cosmogonies, ils connaissaient plusieurs anthropogonies. Les poèmes mythologiques les mieux conservés restent relativement vagues sur ce sujet. Dans les épopées d'Homère, aucune indication n'est donnée sur les origines de l'humanité, et les dieux ne se sentent pas responsables de l'existence des mortels : ils se contentent de répondre aux manifestations de leur piété, tandis que Zeus exerce les fonctions de juge des mortels et de médiateur entre dieux et mortels[38]. Hésiode, dans la Théogonie, n'explique pas la création des hommes : ils apparaissent dans son poème au moment du partage de Mékôné et de la ruse de Prométhée, récit qui explique surtout les modalités du sacrifice, l'une des pratiques cultuelles fondamentales de la religion grecque. Dans Les Travaux et les Jours[39], Hésiode relate le mythe des races, décrivant plusieurs humanités (plusieurs genos) composées chacune d'un métal différent, la première, la race d'or, remontant au règne de Cronos ; mais son récit a moins pour objet la création de ces humanités que leurs vertus et la dégradation progressive de leurs conditions de vie, ce qui apparente plutôt ce récit aux origines du mythe de l'âge d'or[40]. Il existait par ailleurs une tradition sur l'origine de l'humanité nommée mythe de l'autochtonie, selon lequel les premiers hommes étaient directement sortis de la terre. Ce mythe était utilisé par les Athéniens, qui s'en servaient à l'époque classique pour justifier leur supériorité sur les autres cités[41], mais aucune source ne présente clairement de récit selon lequel ce serait toute l'humanité qui aurait été créée de cette façon.
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+ Les sources de la mythologie restent donc obscures sur la création des tout premiers hommes, mais la plupart s'accordent sur les noms des ancêtres de l'humanité actuelle : Deucalion et Pyrrha[42], qui survivent au déluge et font renaître des humains à partir des pierres, comme le rapporte Pindare dans la neuvième Olympique[43]. Mais il s'agit d'une renaissance de l'humanité plutôt que de ses origines premières, et la façon dont les hommes apparaissent avant le déluge de Deucalion est beaucoup moins claire[42].
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+ Si nous ne possédons pas de récit bien conservé sur l'apparition des hommes, la création de la femme fait l'objet de son propre mythe, celui de Pandore, évoquée par Hésiode dans la Théogonie et Les Travaux et les Jours[44]. Dans la Théogonie, Pandore est créée par Zeus pour châtier les hommes après la ruse de Prométhée qui leur a donné le feu. Son nom grec, Pandora, signifie « don de tous les dieux » : Héphaïstos la façonne dans de la terre et chacun des dieux est invité à lui faire présent d'une qualité physique ou d'un vêtement. Mais Pandore est un piège car, sous sa belle apparence, elle n'apporte que des soucis aux hommes ; dans Les Travaux et les Jours, c'est elle qui soulève le couvercle de la jarre où sont gardés maux et maladies et devient responsable de leur propagation dans le monde entier, ce qui explique la condition misérable des hommes. Le mythe de Pandore véhicule l'idéologie misogyne qui était celle de la société grecque antique[45], mais il représente aussi un changement dans la condition humaine, car l'arrivée de Pandora coïncide avec l'apparition de l'obligation pour les humains de travailler pour vivre, travail et fécondité devenant les deux aspects principaux de la condition humaine contemporaine[46].
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+ Les divinités et héros de la mythologie grecque évoluent dans le monde réel tel que se le représentaient les Grecs, mais aussi dans plusieurs lieux situés hors du monde ou aux limites du monde, qu'il s'agisse des résidences des divinités ou bien de l'au-delà.
42
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+ Les divinités grecques les plus importantes résident sur l'Olympe[47]. Cette représentation de l'Olympe comme demeure des divinités olympiennes est déjà très présente dans les principales œuvres poétiques de l'époque archaïque : l’Iliade et l’Odyssée, puis les poèmes d'Hésiode et les Hymnes homériques, œuvres qui influencent durablement la représentation des dieux grecs. L'Olympe où résident les dieux chez Homère et Hésiode est à la fois un lieu réel, le mont Olympe en Grèce du nord, et une demeure céleste située très haut dans le ciel : ces deux représentations coexistent, non sans entraîner quelques hésitations et incohérences de détail, l'essentiel consistant à affirmer une séparation entre cette demeure des dieux et le reste du monde[47]. Mais tous les dieux grecs ne résident pas sur l'Olympe, loin de là : un grand nombre de divinités résident sur terre ou dans la mer[48].
44
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+ Dès l'époque archaïque, la littérature grecque ancienne aborde la question de l'au-delà et distingue plusieurs lieux susceptibles d'accueillir les âmes des défunts après la mort[49].
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47
+ Les Enfers sont le principal au-delà en Grèce ancienne. Chez Homère, ils sont nommés l'« Hadès », du nom du dieu Hadès, qui y réside et y règne sur les morts en compagnie de son épouse Perséphone. L’Odyssée situe l'Hadès aux confins du monde, au-delà du fleuve Okéanos, près du pays des Cimmériens (nom d'un peuple réel). Ulysse, au chant XI, ne s'aventure qu'au seuil de l'Hadès et se contente de dialoguer avec les ombres qu'il fait venir en leur offrant un sacrifice. Dès Homère, les morts sont imaginés comme des ombres immatérielles et sans force qui errent dans l'Hadès pour l'éternité. Plusieurs passages de l’Iliade[50] mentionnent l'existence d'un fleuve, le Styx, que l'âme du mort doit franchir avant de se mêler aux autres ombres, mais l’Odyssée et Hésiode ne parlent pas de cette condition. Plusieurs personnages assurent le rôle de passeur entre le monde des vivants et celui des morts. Au chant XXIV de l’Odyssée, c'est le dieu Hermès qui conduit aux Enfers les âmes des prétendants de Pénélope. L'autre passeur des morts le plus fréquent est le nocher Charon. Charon n'est pas mentionné dans la littérature archaïque et apparaît pour la première fois sur une peinture de l'Hadès par Polygnote au Ve siècle av. J.-C. connue seulement par une description qu'en donne Pausanias[51]. À partir de cette époque, il est représenté sous les traits d'un vieillard posté dans une barque et qui fait franchir aux morts le fleuve qui coule à l'entrée des Enfers.
48
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+ Un autre lieu de l'au-delà est le Tartare. L’Iliade situe le Tartare dans les profondeurs extrêmes de la terre, aussi loin sous l'Hadès que l'Hadès est loin du ciel ; le Tartare est fermé par un seuil de bronze et des portes de fer, et Zeus menace d'y enfermer les dieux qui s'opposeraient à lui[52]. Dans la Théogonie d'Hésiode, les Titans, à l'issue de leur bataille contre les dieux, sont capturés par les Hécatonchires qui les enferment dans le Tartare et en deviennent les gardiens[53]. La Théogonie contient, juste après, une description du Tartare, dont la géographie est assez confuse : elle place le Tartare tantôt sous la terre, tantôt dans un endroit indéterminé aux limites du monde[54]. Il semble que l'Hadès et le Tartare aient parfois été confondus dans certains textes par la suite[55].
50
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51
+ En dehors des Enfers et du Tartare, la pensée grecque se représente aussi un au-delà heureux, qui apparaît sous plusieurs formes et sous plusieurs noms. Dans l’Odyssée, le dieu marin Protée prédit à Ménélas qu'il n'est pas destiné à mourir, mais à vivre éternellement dans les Champs Élysées, où il n'y a ni neige ni pluie[56]. Un tel sort semble réservé à de très rares mortels. Dans une autre épopée du Cycle troyen, l’Éthiopide (connue seulement par le résumé qu'en donne Proclus), le héros Achille, après sa mort, est emmené par sa mère Thétis vers un endroit nommé l'Île Blanche[57], qui apparaît ensuite comme un séjour heureux. Un autre endroit jouant le même rôle de séjour éternel agréable est les Îles des Bienheureux. Ces îles sont évoquées pour la première fois par Hésiode dans un passage de son mythe des races dans Les Travaux et les Jours[58], où il écrit qu'au moins une partie de la race des héros y séjourne après la mort. Par la suite, la tradition littéraire tend à s'écarter d'Homère (chez qui tous les morts partagent le même sort dans l'Hadès, y compris les héros de la guerre de Troie[59]) et à considérer que des héros comme Achille bénéficient d'une vie après la mort plus heureuse que celle du commun des mortels[60].
52
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53
+ La caractéristique la plus visible des dieux tels que les Grecs se les représentaient est l'anthropomorphisme : l'apparence physique des dieux, leurs actions et leurs sentiments paraissent très proches de ceux des mortels. Hérodote emploie au sujet des dieux l'adjectif paradoxal anthropophues, « de nature humaine »[61]. Cependant, cet anthropomorphisme et cette proximité entre les dieux et les hommes n'est qu'apparente : comme le montre Françoise Frontisi-Ducroux dans un article du recueil Corps des dieux[62], la religion grecque ne cesse de mettre en évidence l'écart qui sépare les dieux et les humains. Le corps des dieux est lui-même surhumain[63] : lorsqu'ils sont évoqués dans l'épopée, ils ont une taille gigantesque, un poids colossal ou au contraire impossiblement léger. Dans leur corps coule non pas du sang mais de l'ichor, et les blessures ne mettent pas leur vie en péril puisqu'ils sont immortels (athanatoi)[64]. Les dieux ne consomment pas la même nourriture que les mortels : le nectar et l'ambroisie sont leur nourriture d'immortalité[65]. Les épopées d'Homère évoquent aussi une langue des dieux différente de celles des mortels[66]. Ce caractère surhumain est mis en valeur par les matières précieuses utilisées pour les statues, par exemple chryséléphantines[67].
54
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55
+ Si les dieux les plus fameux, les divinités olympiennes, sont anthropomorphes, ce n'est pas le cas de toutes les divinités : les dieux fleuves sont souvent représentés sous la forme de taureaux, et de nombreuses idoles des dieux n'ont pas l'apparence d'êtres vivants[68]. L'apparence surhumaine des dieux est la manifestation de leur statut supérieur et de leur omnipotence : « Les dieux peuvent tout »[69].
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+ Tout comme il existait plusieurs théogonies relatant leur naissance, il existait plusieurs généalogies des divinités grecques. Les manuels consacrés à la religion grecque antique et à la mythologie grecque ont fréquemment recours[70] à la version présentée par la Théogonie d'Hésiode, la plus complète à nous être parvenue.
58
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+ Dans sa Théogonie, Hésiode décrit la naissance des dieux au fil de générations successives, dont il développe tour à tour les différentes branches en y intercalant des épisodes narratifs qui anticipent parfois sur la suite de son développement. Les tout premiers êtres qui forment l'univers ne sont pas issus d'une reproduction sexuée : Chaos, Éros et Gaïa (la Terre) apparaissent spontanément, et Gaïa engendre seule Ouranos (le Ciel)[71]. Gaïa et Ouranos s'unissent pour former le premier couple divin, et ils donnent naissance à douze Titans, six fils et six filles. Parmi ces titans, Cronos joue un rôle décisif dans la généalogie divine. Cronos prend le pouvoir en châtrant son père Ouranos, dont les organes génitaux, tombés dans l'océan, donnent notamment naissance à Aphrodite[72]. Par la suite, Cronos s'unit à sa sœur Rhéa, qui donne naissance à Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et enfin Zeus[73], qui forment chez Hésiode la première génération des divinités olympiennes. Zeus prend le pouvoir à son tour, cette fois définitivement[74], et c'est lui qui, en s'unissant à plusieurs divinités, enfante la seconde génération des dieux de l'Olympe : Athéna (fille de Zeus seul : elle sort de son crâne après qu'il a avalé Métis)[75], Apollon et Artémis (enfants de Zeus et de Léto)[76], Arès (fils de Zeus et d'Héra)[77], Hermès (fils de Zeus et de Maïa)[78] et Dionysos (fils de Zeus et de la mortelle Sémélé)[79]. Héphaïstos est engendré par Héra seule, par défi envers Zeus[80].
60
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61
+ Homère, dans l’Iliade et l’Odyssée, diverge d'Hésiode sur plusieurs détails, qui ont aussi beaucoup influencé les représentations les plus courantes de la généalogie des dieux. Ainsi, dans l’Iliade, Zeus est l'aîné des dieux de l'Olympe[81], alors qu'il est le cadet des enfants de Cronos dans la Théogonie[82]. Dans les épopées homériques, Aphrodite est, elle aussi, une fille de Zeus[83], et sa mère est Dioné[84].
62
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+ La conception de l'histoire du monde des Grecs anciens plaçait, entre l'apparition de l'humanité et l'époque présente, un âge héroïque où avaient vécu des hommes mortels, mais plus grands, plus forts et, de façon générale, dotés de qualités supérieures à celles des hommes du présent : c'étaient les héros, issus directement ou indirectement d'unions entre des divinités et des humains[85]. L'âge héroïque était considéré comme ayant réellement existé ; il ne s'étendait pas sur une très longue période, seulement quelques générations, et n'était pas pensé comme très éloigné dans le passé[85], puisque les héros étaient considérés comme les fondateurs des dynasties royales de nombreuses cités grecques[86]. Les héros sont conçus de différentes manières selon que l'on considère la façon dont ils étaient honorés dans le culte ou bien les différentes évocations littéraires dont ils font l'objet.
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+ Les héros font l'objet d'un culte héroïque : comme le culte des morts, ce culte se développe autour du tombeau du héros, mais, contrairement à un mort ordinaire, un héros est, de fait, honoré comme une puissance divine à part entière, qui peut rendre des oracles ou accorder protection ou guérison à qui vient le prier[87]. À l'époque historique, certaines personnes réelles, distinguées de leur vivant par leurs exploits, font après leur mort l'objet d'un culte héroïque (c'est le cas, par exemple, du général Brasidas)[85]. Une grande partie des cultes héroïques se cantonnent à des localités précises (un village, une cité, une région) et sont inconnus ailleurs ; seuls quelques-uns sont connus dans toute la Grèce, le plus fameux de tous restant Héraclès[88].
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+ Dans la poésie archaïque, Hésiode, dans Les Travaux et les Jours, élabore un mythe des races où il intercale les héros comme une race à part entière de demi-dieux venue après les trois premières races métalliques (d'or, d'argent et de bronze) et avant l'humanité de l'époque présente, qu'il qualifie de race du fer ; il caractérise les héros par leur bravoure et leur justesse, et évoque leurs exploits pendant la guerre des sept chefs contre Thèbes et pendant la guerre de Troie. Le mythe hésiodique a fait l'objet de nombreuses études mythologiques[89].
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+ Dans les épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, les héros sont dépeints comme plus forts que les hommes du temps présent, mais inéluctablement mortels : Achille et Ulysse se voient ainsi prophétiser leur mort. L’Iliade et l’Odyssée présentent déjà deux conceptions différentes de l'héroïsme : Achille recherche la gloire et l'obtient par ses exploits militaires, tandis qu'Ulysse ne convoite que le retour dans son pays et recourt avant tout à la parole et à la ruse, la mètis, pour parvenir à ses fins[90]. Par ailleurs, chez Homère, le terme de héros est parfois employé de façon assez générale pour désigner des personnages nobles ou remarquables par leur talent[91].
70
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71
+ À cette époque et aux époques postérieures, les différents genres littéraires s'approprient les figures de l'âge héroïque et en donnent de multiples interprétations. Ainsi, la tragédie grecque athénienne de l'époque classique se concentre sur les malheurs des grandes lignées héroïques comme les Atrides et les Labdacides pour évoquer des problèmes religieux, politiques et philosophiques.
72
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73
+ Les récits se rapportant aux héros trouvent souvent leur cohérence dans leur lien avec une cité, dont ils relatent la fondation et l'histoire de la dynastie royale[92]. Les héros se répartissent ainsi en grandes familles, souvent nommées d'après le héros qui est à leur origine (Labdacos et les Labdacides, Pélops et les Pélopides, Cécrops et les Cécropides, etc.). Le destin de ces grandes lignées est plus ou moins étroitement lié à celui d'une ou plusieurs cités.
74
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+ L'histoire de Thèbes a fait l'objet de plusieurs ensembles de récits sur lesquels nous sommes bien renseignés[93]. Thèbes est fondée par un Phénicien, Cadmos ; une autre légende associée à sa fondation ou à sa refondation est celle des jumeaux Amphion et Zéthos, qui en élèvent les remparts. L'histoire de Thèbes est surtout indissociable de celle de Labdacos et des Labdacides, dont font partie Laïos et Jocaste et leur fils Œdipe, qui, à son insu, tue son père et épouse sa mère. Les enfants de l'inceste entre Œdipe et Jocaste interviennent dans d'autres récits, principalement celui de la querelle fratricide entre les deux fils, Étéocle et Polynice, qui est à l'origine de la guerre des sept chefs puis de l'expédition des Épigones. Dès l'époque archaïque, l'histoire des Labdacides était relatée par quatre épopées, aujourd'hui perdues, qui formaient le Cycle thébain.
76
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77
+ La lignée de Tantale, roi d'Asie Mineure, est à l'origine de plusieurs familles héroïques importantes[94]. Pélops, fils de Tantale, s'installe en Élide, dans le Péloponnèse, où il a de nombreux descendants, les Pélopides, qui règnent sur plusieurs cités du Péloponnèse. Parmi les enfants de Pélops figurent Atrée et Thyeste, ainsi que les descendants d'Atrée, les Atrides. Les deux fils d'Atrée, Agamemnon et Ménélas, sont fameux pour leur rôle dans la guerre de Troie.
78
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79
+ L'histoire d'Athènes[95], peu évoquée dans les textes les plus anciens et qui semble avoir pris forme plus tard, vers le début de l'époque classique[96], trouve ses origines dans le mythe des autochtones, hommes nés directement de la terre : le premier est Érichthonios, mais c'est aussi le cas de Cécrops, fondateur de la cité. Plusieurs générations après viennent Égée puis son fils Thésée, auquel sont attribués de nombreux exploits.
80
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81
+ Plusieurs ensembles de récits mettent en scène des héros d'origines diverses prenant part à une entreprise collective[97]. Ainsi, la chasse au sanglier de Calydon rassemble plusieurs héros autour de Méléagre pour traquer et abattre le sanglier monstrueux. Plus connue, car évoquée par plusieurs épopées et tragédies, la quête de la Toison d'or entreprise par Jason rassemble de nombreux héros dans l'équipage des Argonautes qui, à bord du navire Argo, voyagent jusqu'en Colchide. L'ensemble narratif le plus vaste dans cette catégorie est celui de la guerre de Troie.
82
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83
+ Un vaste ensemble de récits et de personnages se rattachent à la guerre de Troie[98]. L'enlèvement d'Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte, par le Troyen Pâris, débouche sur l'organisation d'une grande expédition militaire menée par le frère de Ménélas, Agamemnon, rassemblant des rois venus de toute la Grèce, qui assiègent Troie pendant dix ans. Les premières œuvres littéraires connues de la littérature grecque ancienne, l’Iliade et l’Odyssée, deux épopées que les Anciens attribuaient à Homère, se rapportent à ce mythe : l’Iliade relate la querelle entre Agamemnon et le héros Achille pendant la dixième année de la guerre, tandis que l’Odyssée détaille le long et périlleux retour chez lui d'Ulysse après la fin de la guerre, dont elle raconte a posteriori plusieurs épisodes. En plus des épopées d'Homère, plusieurs autres ont été composées par d'autres auteurs à l'époque archaïque. Regroupées sous le nom de Cycle troyen, elles racontaient l'ensemble de la guerre, de ses origines à ses conséquences lointaines ; aujourd'hui perdues à l'exception de quelques fragments, elles nous sont surtout connues par des résumés ou des réécritures plus récentes[99].
84
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85
+ Il est notable que les Anciens mêlaient les événements de leur mythologie à ceux de leur histoire. Ainsi, l’Iliade et l’Odyssée étaient considérées comme historiques. Le Grec Évhémère semble avoir été le premier à émettre l'hypothèse que les récits mythologiques sont des déformations de faits historiques réels. Les très nombreuses recherches archéologiques des XIXe et XXe siècles ont voulu conforter et affiner cette approche. L'ouvrage de Robert Graves, Les Mythes grecs, récapitule les éléments en faveur de cette hypothèse. La question de la continuité entre le temps des dieux et le temps des hommes, apparemment difficile à résoudre, semble pouvoir s'expliquer par des phénomènes de synthèse, de simplification et de symbolisation d'événements concrets (conquêtes, rituels, etc.). Les événements décrits dans les différentes théogonies se déroulent donc dans un temps apparemment parallèle à celui de l'humanité, dont les durées ne sont pas transposables.
86
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87
+ En plus de son utilisation constante dans les arts et les sciences humaines comme la psychanalyse et son complexe d'Œdipe, la mythologie grecque fournit des récits très riches sur lesquels sont basés la plupart des problématiques et des thèmes de la littérature occidentale, que l'on peut encore apprécier aujourd'hui.
88
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89
+ L'interprétation des mythes grecs reprend sa place dans le monde actuel notamment avec l'étude de ces mythes au collège permettant une analyse des textes plus précise et une initiation à l'interprétation des mythes.
90
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91
+ Si les Grecs eux-mêmes ont très tôt entamé une réflexion sur leurs récits mythologiques, ce n'est que dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec le développement des sciences humaines, que la mythologie se constitue en une discipline à ambition scientifique, une « science des mythes » : c'est ce que Marcel Detienne nomme, dans son livre éponyme, « l'invention de la mythologie »[100]. L'émergence de l'anthropologie, parallèlement à la découverte par les ethnologues de nombreux peuples possédant eux aussi des mythologies complexes, amène les chercheurs à s'interroger sur l'histoire des religions et à publier les premières études de mythologie comparée. À une époque où les Grecs anciens sont considérés comme supérieurs aux peuplades tenues pour primitives, la science des mythes se trouve confrontée à une sorte de scandale de la pensée, qu'énonce par exemple Friedrich Max Müller : « les poètes de la Grèce ont une aversion instinctive pour tout ce qui est excessif ou monstrueux. Or, les Grecs attribuent à leurs dieux des choses qui feraient frissonner le plus sauvage des Peaux-Rouges[101]… » Il s'agissait donc d'expliquer les éléments qui, dans les mythes grecs, paraissaient absurdes et immoraux, en contradiction avec l'image qu'avait alors la Grèce antique, celle du peuple détenteur de la Raison par excellence[102].
92
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93
+ Plusieurs écoles d'interprétation des mythes se développent alors. Friedrich Max Müller explique l'apparition des mythes par un modèle linguistique selon lequel les mythes se seraient développés naturellement au cours de l'apparition et de l'évolution du langage : les noms donnés aux forces de la nature au cours de la Préhistoire sont ensuite pris par erreur pour des noms propres et se trouvent alors personnifiés sous la forme de divinités et de héros[103]. Selon Müller, les mythes trouvent donc leur origine dans des métaphores renvoyant aux puissances de la nature ; Müller développe une interprétation « solaire » expliquant l'ensemble des mythes par des références au soleil et à la lumière, tandis qu'Adalbert Kuhn préfère les expliquer par l'impression laissée sur les peuples préhistoriques par les phénomènes naturels violents tels que les orages et les tempêtes. Les historiens britanniques des religions, Edward Tylor puis Andrew Lang, proposent une approche radicalement différente, qui vise à comparer la mythologie grecque à celle de peuples non pas antiques mais contemporains, comme les Indiens d'Amérique du Nord ou les aborigènes australiens, et qui propose une vision évolutionniste de l'histoire, au sein de laquelle le mythe est un stade du développement de la pensée[104].
94
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95
+ En 1825, Karl Otfried Müller publie Prolégomènes à une connaissance scientifique de la mythologie, ouvrage dans lequel il propose une méthode d'étude historique de la mythologie fondée sur le rassemblement des différentes sources d'un mythe et l'étude de leurs rapports entre elles, par exemple les poètes et les mythographes qui s'inspirent les uns des autres au fil des siècles. Müller espère ainsi remonter à un noyau primitif du mythe, derrière lequel il pense retrouver la trace d'événements historiques réels plus ou moins déformés[105]. Les travaux de Müller permettent aux mythologues d'accorder une attention plus rigoureuse aux contextes précis, géographiques, historiques, culturels et religieux, dans lesquels se développent les mythes.
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+ Plusieurs nouveaux courants d'interprétation de la mythologie grecque se développent au cours du XXe siècle.
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+ Au cours de ses premières décennies, les historiens de la religion grecque prêtent une attention nouvelle aux rites et aux liens qu'ils entretiennent avec les récits mythiques. Les chercheurs britanniques regroupés sous le nom d'école de Cambridge développent plusieurs théories divergentes à ce sujet. Selon Jane Harrison, le rite précède le mythe et permet d'expliquer les étrangetés présentes dans les récits mythologiques ; Jane Harrison publie plusieurs études portant sur les rites d'initiation et les rites de passage[106], qui font l'objet en France, durant la même période, d'études comme celles d'Arnold van Gennep. James George Frazer, dans Le Rameau d'or (The Golden Bough), considère au contraire que le mythe précède le rite et que ce dernier permet de réactiver les puissances vitales évoquées par le mythe[107]. Par la suite, Jane Harrison elle-même et les auteurs qui poursuivent les recherches dans ce domaine, comme Bronisław Malinowski, Edmund Leach, Walter Burkert et plus tard Georges Dumézil, mettent davantage en valeur la complémentarité du mythe et du rite au sein d'un contexte socioculturel donné et montrent que, selon les cas, les relations entre les deux varient énormément[107].
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+ Dans la seconde moitié du siècle, des avancées décisives, comme le déchiffrement du linéaire B dans le domaine mycénien, l'approfondissement de l'étude du Proche-Orient ancien (Anatolie, Mésopotamie) et l'élaboration de nouvelles méthodes de recherche, contribuent à renouveler profondément l'étude de la mythologie grecque.
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+ Le structuralisme, dont l'un des grands représentants est Claude Lévi-Strauss qui publie Anthropologie structurale en 1958, abandonne l'idée de remonter à un noyau primitif d'un mythe et considère au contraire un mythe comme l'ensemble de ses variantes, qu'il s'agit d'étudier en les comparant les unes aux autres. Lévi-Strauss met en avant dans ses travaux l'idée que les mythes constituent une forme de pensée à part entière, un moyen de réflexion sur le monde et sur la société[108]. Si Lévi-Strauss propose une interprétation structuraliste du mythe d'Œdipe dans Anthropologie structurale, la plupart de ses travaux portent sur les mythologies d'Amérique du Nord et du Sud ; mais sa méthode exerce par la suite une influence notable sur les chercheurs dans le domaine grec, notamment Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne.
104
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105
+ Au tournant du XXIe siècle, historiens et anthropologues abandonnent peu à peu l'idée d'une grille de lecture univoque qui permettrait d'expliquer l'ensemble des mythes grecs, et tentent de saisir leur rôle au sein de la société grecque ancienne en adoptant des approches pluridisciplinaires, mêlant littérature, histoire, histoire des religions, anthropologie et psychologie.
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+
107
+ Plusieurs types de sources antiques sont intéressants pour l'étude de la mythologie grecque.
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109
+ Les sources iconographiques, fournies par les innombrables représentations figurées qui ornent les objets et les édifices produits par la culture grecque antique, sont consultables dans des sommes telles que le Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae.
110
+
111
+ Pour ce qui est des sources écrites, signalons d'une part l'épigraphie, d'autre part la littérature antique :
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113
+ Depuis l'Antiquité, la mythologie grecque n'a pas cessé d'exercer une influence considérable sur les arts et les lettres, mais aussi plus généralement la culture de nombreuses régions du monde.
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+ En Europe de l'Ouest, la mythologie grecque est connue au Moyen Âge de manière souvent indirecte, par l'intermédiaire de libres traductions ou d'adaptations latines des écrivains grecs. Pendant la même période, les savants de l'empire byzantin et du monde arabo-musulman lisent les auteurs grecs dans le texte.
116
+
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+ L'étude du grec ancien se répand à nouveau en Europe de l'Ouest à la faveur de la Renaissance, occasionnant des traductions nouvelles qui popularisent massivement les auteurs grecs. La colonisation exporte sur plusieurs continents la culture classique et donne lieu, après la décolonisation, à des réappropriations variées des mythes grecs aux Amériques, en Asie, en Afrique ou en Océanie[109].
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+ La mythologie grecque occupe une place importante dans « l'Antiquité imaginaire » dépeinte par la fiction sur différents supports[110]. Longtemps associée à une culture académique, la mythologie grecque inspire également la culture populaire, mais sous des formes différentes. À partir de la fin du XIXe siècle, la mythologie grecque est présente au cinéma dès ses débuts, à travers le genre du péplum[111]. La mythologie fournit les sujets de la majorité des péplums situés en Grèce antique, au contraire de la Rome antique que le cinéma aborde surtout par le biais de sujets historiques. Les mythes grecs les plus représentés au cinéma à partir des années 1950 sont les exploits d'Héraclès et la guerre de Troie[112]. La mythologie grecque devient un thème récurrent de chaque nouvelle forme d'art, de la bande dessinée au jeu vidéo. La thématique mythologique est également régulièrement exploité dans le cadre de la littérature pour la jeunesse[113] sous la forme de fiction comme d'ouvrages documentaires de civilisation[114]. La postérité contemporaine de la mythologie grecque reste extrêmement abondante et variée de nos jours.
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+ La mythologie (du grec μυθολογία / muthología, de μῦθος / mûthos, « parole », et λόγος / lógos, « discours ») est soit un ensemble de mythes liés à une civilisation, une religion ou un thème particulier, soit l'étude de ces mythes. Les chercheurs qui étudient les mythologies sont appelés « mythologues ».
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+ Comprise comme ensemble de mythes, la notion de mythologie est généralement utilisée pour décrire des ensembles de récits et de figures divines, humaines ou monstrueuses brassés par les systèmes religieux des civilisations anciennes ou de sociétés traditionnelles, éloignées dans l'espace ou dans le temps.
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+ Comprise comme l'étude des mythes, la mythologie remonte également à l'Antiquité, dans la mesure où les Grecs anciens portent très rapidement un regard critique sur leurs propres mythes, ce qui amène à des interprétations liées à une volonté de réécriture réaliste ou moralisante, via des courants tels que l'évhémérisme et la pratique du commentaire allégorique. Mais ce n'est qu'au XIXe siècle que les études mythologiques se constituent en une discipline à prétention scientifique, dans le contexte du développement des sciences sociales, en particulier de l'anthropologie. C'est aussi à ce moment que naît la mythologie comparée, conçue d'abord sur le modèle de la linguistique comparée. De cette évolution sont issus les principaux courants des études mythologiques aux XXe – XXIe siècles, tels l'interprétation ritualiste, l'approche d'inspiration psychanalytique ou structuraliste. L'anthropologue Claude Lévi-Strauss, appliquant sa méthode structurale à l'analyse des mythes, a développé dans les années 1960 une approche originale pour l'époque, d'inspiration holiste et cognitiviste.
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+
7
+ Tout comme la notion de mythe, le terme « mythologie » provient de la Grèce et a d'abord été utilisé dans le contexte de la culture grecque ancienne. Par la suite, les deux notions ont été appliquées à toutes sortes de cultures parfois radicalement différentes. Cela peut poser des problèmes de méthode lorsqu'on étudie ces cultures, dans la mesure où l'emploi de ces notions revient à supposer d'emblée que l'ensemble des religions, cultes et récits ancestraux fonctionnent exactement de la même façon que ceux de la mythologie grecque, alors que des études plus attentives ont révélé souvent des différences profondes d'une culture à l'autre[1]. De plus, on parle généralement des mythologies au pluriel : la question de savoir dans quelle mesure on peut les rassembler sous un concept unifié est un problème complexe, qui relève de la mythologie comparée.
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+ Aujourd'hui, nous parlons couramment de « mythologies » pour désigner les récits religieux des peuples anciens ou exotiques, éloignés dans le temps ou dans l'espace. Le terme est employé de façon extrêmement large, au point d'être parfois synonyme de « folklore ».
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+ Voici pour exemple une liste de « mythologies », par région du monde :
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+ Les mythologies se sont transmises dans le temps et l'espace par différents vecteurs :
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+
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+ De nos jours, bon nombre de mythologies sont encore vivantes, au sens où, indépendamment du problème complexe de la croyance[2], les récits mythiques continuent à se transmettre par l'intermédiaire de ces différents supports et continuent à évoluer au fil des réécritures et de l'apparition de nouvelles variantes.
16
+ Ces différents supports et vecteurs de transmission constituent autant de sources sur lesquels se fondent les mythologues pour délimiter un corpus mythologique afin de l'étudier. Selon l'approche adoptée pour l'étude, on y inclut parfois des œuvres et des développements modernes, considérés comme autant de variantes récentes des mêmes mythes[3].
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+
18
+ Tablette ougaritique relatant le mariage du dieu El et sa progéniture divine (XIVe – XIIIe siècles av. J.-C., Musée du Louvre).
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+ Le dieu égyptien Osiris sur un mur de la tombe TT3 de Deir el-Médineh.
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+ Combat entre Zeus et Typhon sur une hydrie grecque à figures noires (v.550 av. J.-C.).
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+ Statue de Gilgamesh, roi légendaire sumérien serrant un lion contre sa poitrine.
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+ Monolithe dit « Pierre du Soleil » relatant la cosmogonie aztèque (v.1479, Musée national d'anthropologie, Mexico).
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+ Poupées représentant les kachinas, dans la culture des Amérindiens du Sud-Ouest des États-Unis (dessins dans un livre d'anthropologie de 1894).
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+
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+ Statue à Ubud, sur l'île de Bali, représentant Arjuna, un des héros du Mahâbhârata.
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+ Un griot, dépositaire de la tradition orale en Afrique de l'Ouest, ici à Diffa, au Niger.
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+ Le Wagyl, créature du temps du rêve des Aborigènes, sur un panneau du King's Park à Perth (Australie de l'Ouest).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La notion de mythologie fait partie d'un vaste ensemble de termes que le langage courant utilise souvent de façon interchangeable, mais qui ne sont pas synonymes. Le sens donné à ces termes, tout particulièrement au mot mythe, varie considérablement selon que l'on parle de leur usage dans le langage courant ou du sens qu'ils revêtent en tant que notions chez les différents auteurs qui se sont consacrés aux études mythologiques. Les distinctions qui suivent ne peuvent donc être qu'indicatives, mais elles permettent tout de même de distinguer les notions employées par les sciences humaines (mythologie, mythe, folklore) des termes qui correspondent souvent à des genres littéraires (conte, fable, épopée) ou des notions littéraires (fiction).
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+
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+ Les frontières entre la mythologie et des domaines tels que les arts, les sciences et la politique sont particulièrement poreuses. Cela s'explique en partie par le fait qu'aux époques anciennes, les distinctions que nous faisons aujourd'hui entre la religion, l'histoire et les sciences, n'existaient pas ou étaient très différentes. En Grèce, par exemple, la mythologie avait à la fois une valeur religieuse (elle parlait des dieux et de leur culte) et culturelle, en renseignant sur des questions d'ordre philosophique (la création du monde, l'apparition des hommes et des femmes, l'amour, la mort, etc.) et historique (pour les Anciens, des personnages tels que Thésée ou Héraclès avaient réellement existé au même titre que plus tard Solon ou Périclès), mais aussi sur l'histoire des sciences (elle proposait des explications sur l'apparition des sciences et des techniques, attribuées à tel dieu ou à tel héros). Les arts y puisaient leurs sujets, mais on utilisait aussi la mythologie à l'école (les mythes fournissaient des sujets d'exercices de rhétorique), et les hommes politiques et les orateurs incluaient les mythes parmi les exemples qu'ils utilisaient pour illustrer leurs discours. De nos jours, on conçoit plutôt une mythologie comme un ensemble cohérent et refermé sur lui-même, qui relève presque exclusivement de la fiction (on ne lui prête plus de valeur historique ou scientifique, par exemple).
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+ Mais en dehors de ces différences dans les distinctions entre disciplines et domaines de pensée entre les époques anciennes et l'époque contemporaine, les mythologies ont toujours fait l'objet d'utilisations et de réappropriations conscientes dans divers domaines et à des fins très variables.
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+
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+ Dès l'Antiquité, avec les philosophes présocratiques, et aussi dès l'apparition de l'alchimie en Occident, représentée entre autres par Zosime, Pseudo-Démocrite et Olympiodore[7], les mythes sont commentés en un sens philosophique, hermétique ou alchimique[8]. Dans l'optique alchimique, par exemple, tous les récits cosmologiques de la création du monde représentent uniquement le Grand Œuvre, comme en témoigne une très abondante littérature :
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+
46
+ « Ici de suite font la ronde / Les premiers quatre âges du monde, / C'est à savoir l'âge doré, / De ce métal tant honoré, / Sur qui commence l'œuvre fine, / Et sur lequel même elle affine[9]. »
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+ On peut citer, par époque, un auteur emblématique parmi bien d'autres :
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+
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+ Les noms des métaux, par exemple, mais aussi bien d'autres termes alchimiques sont tirés directement de la mythologie gréco-romaine : une intoxication au plomb s'appelle saturnisme ; le cuivre (cuprum) doit son nom à Cypris, surnom de Vénus ; le mercure, au dieu homonyme ; l'hermétisme, à Hermès ; etc.
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+
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+ Les mythologies sont un véritable vivier pour les arts. Dès l'Antiquité, les sources les plus fameuses grâce auxquelles nous connaissons les mythologies sont souvent des œuvres d'art, de l'épopée à la céramique en passant par la sculpture. Très tôt, les artistes, à commencer par les poètes, n'ont pas hésité à se réapproprier les mythes pour proposer leur propre vision de la mythologie dont ils avaient hérité. Au Moyen Âge et à la Renaissance, et jusqu'aux époques modernes et contemporaines, les différentes mythologies n'ont jamais cessé, dans toutes les parties du monde, de susciter d'innombrables reprises, réécritures et réinventions de la part des artistes (voyez par exemple Peinture mythologique). Certaines œuvres sont si bien passées à la postérité qu'elles ont exercé une influence durable sur les mythes qu'elles traitaient (ainsi les tragédies de Sophocle ont beaucoup influencé notre vision de l'histoire d'Œdipe, et la tétralogie de Wagner la représentation des dieux germaniques et nordiques). Inversement, certaines œuvres qui, au départ, étaient de pures inventions littéraires conçues sur le modèle des mythes, se sont si bien intégrées à l'imaginaire collectif qu'elles sont presque considérées comme des mythologies à part entière de nos jours (ainsi la matière de Bretagne médiévale, et en particulier le cycle arthurien, sont, au départ, une création littéraire développée par un nombre croissant d'auteurs, mais constituent à présent la légende arthurienne). De nos jours encore, d'innombrables artistes empruntent leurs sujets aux diverses mythologies ou s'en inspirent.
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+ Mais les mythologies ont aussi constitué de tout temps un enjeu politique crucial. Les hommes politiques convoitant le pouvoir se dotaient ainsi de généalogies prestigieuses (par exemple, vers la fin de la République romaine, la famille de Jules César disait descendre d'Ascagne, fils d'Énée, fils de prince de Troie et fondateur légendaire de Rome dans la mythologie romaine). À une échelle plus large, les interprétations historiques des mythes étaient souvent lourdes d'enjeux politiques. Les traités diplomatiques et les alliances militaires entre cités grecques se fondaient sur des parentés légendaires[15]. À l'époque classique, la guerre de Troie est relue comme un affrontement entre l'Europe et l'Asie dans le contexte des guerres médiques entre les cités grecques et l'empire perse[16]. Au Moyen Âge, les royautés européennes se dotent d'origines prestigieuses : ainsi la royauté française prétend-elle à son tour descendre des Troyens (c'était le sujet de La Franciade, l'épopée en vers que Ronsard avait entreprise à la demande du roi Henri II et qui resta inachevée). Au XVIIe siècle, le naturaliste et professeur Olof Rudbeck (dit « l'Ancien ») compose un volumineux traité patriotique identifiant l'Atlantide platonicienne à la Suède et la langue d'Adam au suédois, afin de glorifier son pays[17] (l'ouvrage suscite rapidement des critiques acerbes, et certains développements sont mentionnés par Diderot dans l'article « Étymologie » de l'Encyclopédie comme exemples d'étymologies fantaisistes).
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+
56
+ Au XIXe siècle, l'essor des nationalismes s'accompagne d'un vif regain d'intérêt pour la mythologie et le folklore, mis en avant comme des éléments importants de l'identité culturelle des peuples, donc des identités nationales. Dans la première moitié du XXe siècle, les mythologies, tout comme l'Antiquité en général, font l'objet de récupérations par les régimes totalitaires naissants qui s'en servent pour édifier l'idéologie sur laquelle ils fondent leur glorification de la nation. Ainsi, le nazisme détourne massivement les recherches en mythologie comparée, en linguistique et en anthropologie pour élaborer son idéologie glorifiant la race aryenne (le terme vient des études sanskrites et de la grammaire comparée, où il désigne au départ un groupe linguistique). Cette récupération détourne en particulier des éléments issus de la mythologie germanique et de la mythologie grecque pour reconstruire un passé idéalisé et une imagerie de propagande.
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+ La mythologie est aussi fréquemment utilisée par les ouvrages d'ésotérisme et par les doctrines élaborées par les sectes, qui l'utilisent dans le cadre de raisonnements pseudo-scientifiques.
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+ Parler de mythologie à propos des religions contemporaines, par exemple de mythologie biblique, a pu être considéré par certains croyants comme une offense envers leur foi, voire une manifestation d'intolérance. En effet, la notion de mythe relève de nos jours de la fiction, ce qui remet en cause la vérité à laquelle prétendent les récits sacrés des religions actuelles. Cela pose le problème des différents « régimes de vérité »[18] propres aux mythes, d'une part, aux croyances religieuses en général, d'autre part, la vérité de la foi n'étant pas nécessairement la vérité historique. Outre les analyses de Paul Veyne à ce sujet dans le domaine grec, le problème de la croyance en histoire des religions a été abordé de manière plus large par Max Weber, avec la notion de désenchantement du monde, et par Rudolf Bultmann, avec la notion de démythologisation qu'il a appliquée aux récits du Nouveau Testament.
61
+
62
+ Cependant, la plupart des livres sacrés des religions contemporaines, qu'elles relèvent du monothéisme ou du polythéisme, s'enracinent dans les religions premières, et les récits qui les soutiennent constituent des mythologies. L'hindouisme est un bon exemple de religion polythéiste qui s'appuie sur une mythologie riche (voyez Mythologie hindoue) remontant à des épopées sanskrites telles que le Mahābhārata ou le Rāmāyana, qui mettent en scène des divinités dont le culte est toujours très vivace de nos jours.
63
+
64
+ En Occident, les récits de la Bible sur la création du monde, de même que les miracles, ont longtemps prétendu à une vérité historique, dont la remise en cause exposait à des accusations d'athéisme. Au XVIIe siècle, Spinoza dut publier le Traité théologico-politique sans nom d'auteur, de crainte des poursuites que son interprétation des Écritures aurait pu lui attirer. Mais au début des années 1870, le déchiffrement des premières tablettes sumériennes et akkadiennes entraîne la redécouverte des récits mésopotamiens sur le Déluge, en particulier l'histoire d'Uta-Napishtim relatée dans l'épopée de Gilgamesh, qui présente des similarités de structure et de détail frappantes avec le récit du Déluge biblique : il devient alors impossible de nier que les récits de l'Ancien Testament n'ont pas été inventés ex nihilo, mais s'inscrivent dans un courant littéraire beaucoup plus ancien qui remonte à la mythologie mésopotamienne[19]. Les récits du Nouveau Testament, de leur côté, posent le problème de l'existence historique de Jésus, que les tenants de la thèse mythiste assimilent à une figure mythologique qui n'aurait pas réellement existé ; cette thèse est cependant très loin de faire l'unanimité parmi les spécialistes du christianisme ancien[20].
65
+
66
+ Depuis le XIXe siècle au moins, un mythologue est un chercheur spécialisé dans les études mythologiques. Dans son sens étymologique, l'adjectif muthologos qualifiait, en grec ancien, une personne qui inventait des récits fabuleux[21] (le mot muthos ayant alors la connotation négative de « récits mensongers »). Cependant, les auteurs, anciens et parfois modernes, qui se sont consacrés au rassemblement et à la compilation des mythes, sont plus couramment appelés mythographes, tandis que le mythologue se propose comme but premier d'étudier les mythes, et non de les transmettre ou de les modifier. Au XIXe siècle, les mythologues étaient souvent philologues de formation. Cependant, le développement progressif de l'anthropologie et son importance croissante dans les études mythologiques ont fait que les mythologues ont à présent plus souvent des formations d'anthropologues.
67
+
68
+ Au sein des études mythologiques, on distingue l'étude des mythes d'un peuple donné (par exemple la mythologie grecque) et la mythologie comparée, qui étudie les relations entre les mythes de différentes cultures.
69
+
70
+ Le professeur de sanskrit Michael Witzel (en) propose dans son ouvrage The Origins of the World’s Mythologies que les grands mythes de l'humanité remontent au paléolithique[22] mais, toutes proportions gardées, on peut faire remonter l'origine de la mythologie comme étude des mythes à l'Antiquité. En Grèce, les Grecs eux-mêmes, par réaction au caractère invraisemblable, voire immoral, de certains mythes, ont commencé à étudier les récits mythiques pour y trouver une signification cachée, souvent afin de rendre compte de ces aspects absurdes, voire les éliminer en élaborant des versions corrigées ou plus vraisemblables des mythes. En effet, à partir du VIe siècle av. J.-C., le mot muthos (« récit ») se trouve progressivement dévalorisé par rapport au mot logos, qui en était à l'origine le synonyme : logos se trouve associé davantage au récit véridique et rationnel, tandis que muthos prend une connotation péjorative et prend le sens de « racontar, récit mensonger ». Ce glissement de sens s'opère sous l'influence des philosophes présocratiques tels que Xénophane de Colophon, qui s'insurgent contre les propos tenus par des poètes comme Homère et Hésiode au sujet des dieux et contre les faiblesses trop humaines qu'ils leur prêtent[23]. Cette remise en cause du contenu des mythes amorce un mouvement qui aboutit soit à les corriger pour les faire correspondre à la dignité et à la perfection des dieux, soit à expliquer leurs absurdités par un sens caché plus satisfaisant.
71
+
72
+ La « rectification » des mythes s'observe chez les poètes et les auteurs en général, et chez les commentateurs. Chez les auteurs eux-mêmes, elle peut devenir une sorte de moteur créatif pour l'élaboration de nouvelles variantes des mythes. Dès l'époque archaïque, le poète Pindare prend explicitement ses distances par rapport aux dires de certains de ses prédécesseurs et affirme qu'il ne faut prêter aux dieux que de belles actions : par exemple, dans la première Olympique, il refuse d'accorder crédit au récit du banquet cannibale au cours duquel les dieux auraient mangé Pélops, fils de Tantale, avant de le ressusciter, et préfère dire à la place que le jeune homme avait été enlevé par Poséidon qui en était tombé amoureux, et que l'histoire du cannibalisme n'est qu'une calomnie répandue par des voisins mal intentionnés[24]. Du côté des commentateurs, les mythographes des époques postérieures entreprennent eux aussi de corriger les mythes : ainsi Palaiphatos, au IVe ou IIIe siècle av. J.-C., rédige des versions rationalisées des mythes ; sa méthode consiste principalement à éliminer tous les éléments merveilleux, qu'il juge contraires à la vraisemblance, et à ramener les récits à des intrigues compatibles avec une supposée vérité historique.
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+
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+ Mais la remise en cause du contenu des mythes donne aussi naissance à l'exégèse des textes qui les relatent. Ainsi, à peu près à la même époque où Xénophane et d'autres critiquent violemment les poètes pour les actions indignes qu'ils prêtent aux dieux, Théagène de Rhégium est le premier à avoir recours à l'allégorie pour justifier Homère et « sauver » le texte tel qu'il est : selon lui, les luttes entre les dieux symbolisent la lutte entre les éléments naturels et d'autres phénomènes cosmiques. Cette interprétation amorce les lectures allégoriques d'Homère et les interprétations philosophiques des mythes, qui se multiplient par la suite.
75
+
76
+ À l'époque classique, Platon formule, dans plusieurs de ses dialogues, des critiques contre les mythes et contre les poètes qui les racontent. Ces remises en cause se font dans des contextes très variés. Dans le Lysis, Ctésippe se moque des récits inventés par Hippothalès en l'honneur de Démocratès, récits évoquant Héraclès et Zeus, et qui ne sont selon lui que des « histoires comme en racontent les vieilles femmes »[25]. Au début du Phèdre, Socrate donne à Phèdre son point de vue sur les mythes et leurs rectifications en prenant pour exemple l'enlèvement de la nymphe Orithye par Borée. Socrate reconnaît qu'il serait banal d'en douter, car beaucoup de gens savants doutent déjà de ce genre d'histoires ; mais, après avoir donné une rapide interprétation du mythe de l'enlèvement d'Orithye en le ramenant à un événement réel mais anecdotique : Orithye serait tombée des rochers à cause du vent et se serait tuée. Il indique que, s'il fallait se lancer dans la rectification de tous les mythes, on se trouverait submergé par un travail bien trop énorme : « Si on est sceptique et si on veut ramener chacun de ces êtres [les créatures merveilleuses des mythes, comme les Gorgones ou Pégase] à la vraisemblance, et cela en faisant usage de je ne sais quelle science grossière, la chose demandera beaucoup de loisir. »[26] Socrate préfère donc s'en remettre à la tradition et s'employer plutôt à se connaître lui-même, selon le précepte de Delphes « Gnothi seauton ».
77
+
78
+ Dans le même temps, Platon a recours dans ses dialogues à des récits qui ressemblent à des mythes. Certains, comme l'allégorie de la caverne, sont plutôt des allégories permettant d'expliquer, de façon imagée, des raisonnements ou des interactions entre notions abstraites. Mais d'autres sont présentés explicitement comme des mythes qui sont supposés se fonder sur des faits réels, par exemple le mythe de l'androgynie raconté par Aristophane dans Le banquet, le mythe d'Er à la fin de La République, ou encore le fameux mythe de l'Atlantide dans le Timée et le Critias. Les commentateurs s'accordent cependant à dire que ces mythes ne sont pas de véritables mythes préexistants qu'il se serait contenté de raconter ou de modifier (par exemple, on ne trouve aucune allusion à l'Atlantide avant Platon), mais des inventions de Platon, des fictions littéraires[27].
79
+
80
+ Au début de la période hellénistique, le mythographe Évhémère donne naissance à l'évhémérisme, un courant de pensée qui part du principe que les dieux étaient au départ des personnages réels, qui ont été divinisés après leur mort. Les mythes donnent alors lieu à des interprétations historiques, qui cherchent à reconstituer des événements réels à partir des récits mythiques, en en supprimant les éléments merveilleux, jugés invraisemblables et expliqués par la divinisation des personnages ou par des déformations du souvenir de l'événement au fil du temps.
81
+
82
+ Après Évhémère, l'étude des mythes consiste longtemps à rechercher un deuxième sens derrière le canevas d'un récit donné : les aventures des dieux, des héros et des créatures mythologiques sont ainsi interprétées comme des allégories représentant les interactions entre les puissances de la nature (interprétations physiques) ou des notions abstraites (interprétations philosophiques). Pendant tout le Moyen Âge, les interprétations de ce genre sont encore le principal expédient pour expliquer des mythes[28].
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+ Au cours des premiers siècles apr. J.-C., le développement du christianisme entraîne une lutte entre les chrétiens et les partisans du paganisme. Dans ce contexte, les auteurs chrétiens utilisent, entre autres, les mythes pour dévaloriser les dieux païens, en reprenant les mêmes arguments déjà utilisés à l'époque classique par les païens eux-mêmes pour rejeter ces récits qui prêtent aux divinités des actes immoraux et honteux. C'est le cas, au IIe siècle, d'auteurs tels que Tertullien, dans le livre II de son traité Ad Nationes (Aux peuples) qui argue du fait que les mythes sont des fables honteuses et absurdes inventées par les philosophes et les poètes pour montrer que les dieux païens sont de faux dieux. Cependant, la mythologie continue d'être enseignée et transmise, car il est nécessaire de la connaître pour comprendre et étudier les œuvres de la culture classique : les auteurs chrétiens se rendent compte très tôt, dès le IIe siècle, qu'ils ne peuvent pas se permettre d'ignorer complètement la culture classique, toute païenne qu'elle soit, car c'est elle qui a développé les sciences, la philosophie et la rhétorique, dont les chrétiens ont besoin pour nourrir leurs propres réflexions[29]. L'attitude dominante des auteurs chrétiens consiste donc à conserver l'héritage antique et à l'utiliser dans l'élaboration d'une littérature proprement chrétienne, écartant ainsi l'accusation d'inculture et d'ignorance utilisée contre les chrétiens par les tenants du paganisme jusqu'à l'époque de Julien au IVe siècle. Ainsi, la mythologie gréco-romaine, bien que méprisée et ramenée au statut de recueil disparate d'histoires absurdes, continue à être transmise après que le christianisme a supplanté le paganisme dans l'empire romain.
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+ Lorsque les mythes ne sont pas rejetés comme immoraux, ils sont récupérés à l'aide d'interprétations allégoriques qui assimilent dieux et héros à des figures chrétiennes. Ainsi, le médiéviste Philippe Walter évoque-t-il la naissance d'une « mythologie chrétienne » qui se développe sur les restes des croyances païennes des mythologies gauloise, celtique ou nordique : « Autour de saint Martin, de son âne ou de son oie, du cerf de saint Hubert, des canards de sainte Brigitte, de saint Christophe et de sa tête de chien, de Valentin et Denis, les martyrs décapités, ou de Bénézt, le constructeur de pont, de sainte Marthe et de la Tarasque, de toutes les vierges noires, une profonde cohérence mythique se dessine. »[30]
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+ À la Renaissance, plusieurs philosophes étudient la mythologie selon des démarches diverses. L'un des recueils de mythes grecs les plus connus au Moyen Âge, la Genealogia deorum gentilium (Généalogie des dieux païens) de Boccace, composée avant 1530, accompagne les récits de mythes d'interprétations allégoriques et philosophiques. En 1532, Georg Pictorius publie la Theologia mythologica, qui s'intéresse également aux mythes dans une perspective allégorique. La Mythologie de l'érudit vénitien Natalis Comes, publiée en 1551, a recours, comme Boccace, à une approche philosophique.
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+ Au début du XVIIIe siècle, le philosophe italien Giambattista Vico publie La Science nouvelle (première édition en 1725). Il y élabore une théorie cyclique de l'Histoire, selon laquelle toute civilisation s'élabore au fil de trois âges : divin, héroïque, humain, avant de retourner à la barbarie dont elle est issue. À peu près au même moment (en 1724), le philosophe français Fontenelle publie un essai De l'origine des fables (le mot « fable » est alors couramment utilisé pour désigner les mythes) où il dénonce l'absurdité des mythes et attribue leur origine à l'ignorance des premiers hommes, source de leur croyance dans le surnaturel. Au début de la seconde moitié du siècle, L'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert adopte une approche similaire dans les articles « Fable » et « Mythologie ». L'apparition de la mythologie est en partie expliquée par une théorie de la communication dans laquelle le mythe, dont le contenu est compris dans une logique d'opposition entre vérité et mensonge, tient beaucoup de la rumeur et aboutit comme elle à l'élaboration d'un savoir faux.
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+ Au début du XIXe siècle, le philosophe allemand Schelling développe une philosophie des mythes dans plusieurs ouvrages à la fin de sa vie[31], dans la continuité de sa réflexion sur l'absolu, Dieu et les religions. Ses réflexions influenceront en partie la philosophie de Heidegger, tandis que Hegel s'en distanciera.
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+ L'étude des mythes au XIXe siècle est sous-tendue par les convictions des mythologues concernant la notion de progrès de la pensée humaine au fil du temps. L'une des théorisations les plus influentes de ce concept est le positivisme d'Auguste Comte, avec sa loi des trois états. Dans cet esprit, les mythes sont représentatifs d'un état ancien et dépassé de la pensée humaine, qui aurait fait place à une pensée rationnelle. Cette théorie conduisait également à une comparaison et à un classement entre les peuples à l'époque contemporaine, les peuples sans écriture et les communautés où l'on observait des mythologies encore vivantes étant considérés comme primitifs et inférieurs à la civilisation occidentale. Cet ethnocentrisme se développe dans le contexte de la colonisation et de l'idéologie colonialiste, et conduit parfois ces chercheurs jusqu'au racisme scientifique. Ces présupposés et les interprétations auxquelles ils conduisent sont remis en cause puis entièrement abandonnés dans la seconde moitié du XXe siècle (l'une des publications importantes dans cette remise en cause étant le livre de Claude Lévi-Strauss La Pensée sauvage). Les mythologues du XIXe siècle ont eu cependant le mérite de poser peu à peu les bases de disciplines telles que l'anthropologie et la sociologie.
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+ À la même époque, un regain d'intérêt se manifeste pour la Grèce antique, considérée comme le lieu de naissance de la raison scientifique. Dans l'esprit des antiquisants d'alors, un « miracle grec » ou un « génie grec » auraient rendu possibles le développement des sciences et le haut degré de civilisation atteint par les anciens Grecs, à la différence de la plupart des autres peuples antiques, conçus comme primitifs. Dans ce contexte, la mythologie grecque représente un paradoxe, voire un « scandale » : comment expliquer en effet la coexistence, chez les anciens Grecs, d'une civilisation scientifiquement brillante et le fait que, selon le mot de Max Müller, « les Grecs attribuent à leurs dieux des choses qui feraient frissonner le plus sauvage des Peaux-Rouges[32] » ? Comme Marcel Detienne l'a montré en 1981 dans L'Invention de la mythologie[33], l'étude des mythes se constitue en science autour de 1850, avec la volonté d'expliquer le caractère absurde et scandaleux des mythes grecs. Ce n'est que progressivement que l'on se rend compte que la mythologie grecque témoigne d'aspects tout aussi « primitifs » que les croyances des peuples sans écriture que les premiers ethnologues et anthropologues commencent à étudier en détail au même moment. La prétendue supériorité des Grecs n'existe donc pas, et les historiens des religions commencent à étudier conjointement les cultes et mythes grecs et ceux d'autres populations anciennes ou de peuples sans écriture contemporains.
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+ Dans le monde anglo-saxon, la notion de progrès est développée par le courant de l'évolutionnisme, dont l'un des fondateurs est l'anthropologue américain Lewis Henry Morgan. L'un des premiers à s'intéresser à la religion et aux mythes dans cette perspective est le britannique Edward Tylor, qui publie La Civilisation primitive (Primitive Culture, 1873-74), ouvrage dans lequel il donne l'une des premières définitions ethnologiques de la notion de culture. Tylor distingue trois stades chronologiques dans le développement de la pensée religieuse : l'animisme, le polythéisme et enfin le monothéisme, qui en constituerait le stade final. Au début du XXe siècle, James George Frazer se rattache également à ce courant de pensée : son ouvrage majeur, Le Rameau d'or (The Golden Bough), paraît pour la première fois en 1890 et connaît de nombreuses rééditions augmentées.
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+ En Allemagne, l'intérêt pour la grammaire et la philologie, au moment où la linguistique se constitue en discipline rigoureuse, conduit au développement de la grammaire comparée, qui aboutit elle-même à la comparaison des pensées religieuses des différents peuples du monde. L'étude du sanscrit, la langue ancienne de l'Inde alors colonisée par la France et l'Angleterre, connaît en Allemagne un succès sans commune mesure en Europe[34] : le sanscrit est alors considéré comme la langue la plus ancienne du monde, la plus précieuse pour l'étude de la famille des langues indo-européennes et la plus susceptible d'apporter une réponse au problème de l'origine des langues. C'est dans ce contexte que le philologue et orientaliste Max Müller fonde la mythologie comparée, où il est l'un des premiers à étudier en détail les relations entre les mythes de différents peuples. Les premières ébauches d'études comparatistes sont rapidement dépassées, notamment à cause des étymologies aventureuses sur lesquelles elles se fondent dans le cadre de la linguistique naissante, mais elles suscitent un intérêt croissant et durable. Max Müller analyse la mythologie en général comme une maladie du langage : selon lui, c'est une mauvaise compréhension de certains énoncés qui donne naissance à des récits fabuleux.
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+ L'intérêt porté au sanscrit s'explique en partie par le fait que les études mythologiques pensent alors pouvoir expliquer les mythes en en retrouvant la version la plus ancienne, « originelle » (en allemand le Urmythus, de même que les philologues de l'époque pouvaient rechercher le Urtext d'une œuvre antique). C'est dans cet esprit que les philologues et les antiquisants rassemblent des quantités de documentation parfois considérables dans le but de reconstituer la formation progressive des cultes et des mythes qui leur sont attachés. La possibilité même de retrouver une « version originelle » d'un mythe, et l'idée selon laquelle retrouver la version première d'un mythe suffirait à l'expliquer, sont remises en cause puis abandonnées au siècle suivant.
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+ En France, après la création de la sociologie par Auguste Comte, la seconde moitié du XIXe siècle voit le développement de l'anthropologie : les œuvres d'Émile Durkheim puis de l'ethnologue Marcel Mauss, qui travaillent sur la notion de fait social et de fait social total, et qui s'intéressent notamment à la place de la religion et de la magie dans les sociétés, contribuent à redéfinir le cadre théorique dans lequel s'inscrivent les études mythologiques. L'archéologue Salomon Reinach se spécialise dans l'histoire des religions : en 1905, dans son ouvrage de vulgarisation sur ce thème, Orpheus, il présente, sur le même plan, les religions païennes antiques et les monothéismes contemporains. Son œuvre la plus achevée, Cultes, mythes et religions, regroupe des conférences et des essais parus dans des publications diverses, et contribue à une approche anthropologique des mythes en les analysant, dans la lignée de Frazer, via les concepts de tabou et la notion de totémisme. Les premières pages de son essai Totems et tabous dressent une rapide synthèse de l'histoire de l'étude des mythes[35].
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+ Les théories de Max Müller influencent plusieurs autres historiens des religions s'intéressant aux mythologies, dont l'historien anglais George William Cox, auquel Stéphane Mallarmé emprunte sa théorie des mythologies pour son livre Les Dieux antiques. Selon Mallarmé, les mythes, fondés sur une origine commune, se seraient constitués au cours des migrations, à mesure que les langues des différentes tribus se différenciaient et donnaient lieu à des malentendus. Des phrases simples comme « le soleil se lève » ou « le temps dévore les jours qui passent », en sanscrit, auraient ainsi donné naissance aux mythes de Zeus et de Chronos[36].
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+ Dans les années 1890-1900, Sigmund Freud fonde la psychanalyse, dont il explore, à la fin de sa carrière, les développements possibles en anthropologie et en histoire des religions. Au cours de ses recherches, il est amené à employer certains mythes comme instruments de réflexion dans l'élaboration de ses modèles de l'appareil psychique, en particulier l'histoire d'Œdipe pour la formulation du fameux complexe d'Œdipe. Il est également amené, dans des ouvrages comme Totem et tabou (1913), à réaliser de véritables interprétations mythologiques doublées d'analyses de la psychologie des sociétés alors dites « primitives ». Ces interprétations ont été fortement contestées au cours des années suivantes : l'interprétation par Freud des mythes d'Œdipe ou de Prométhée ou celle de la Genèse biblique réduisent la signification de ces mythes au seul « code sexuel » selon une logique allégorique. Cette approche a été critiquée par plusieurs mythologues, dont Claude Lévi-Strauss[37], qui en relève notamment le caractère tautologique (Freud ne retrouvant dans le mythe que ce qu'il y a mis lui-même), et Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet[38], qui en dénoncent les erreurs et l'anachronisme. La psychanalyse se constitue malgré tout en une nouvelle approche possible des mythes, qui donne lieu à plusieurs développements distincts.
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+ Les travaux de Carl Gustav Jung, qui développe la théorie de la psychologie analytique, le conduisent à s'intéresser entre autres aux études mythologiques. Selon Jung, la psyché d'un individu est influencée non par sa seule histoire personnelle, mais aussi par les représentations que véhicule sa culture. Jung élabore le concept d'inconscient collectif et la théorie des archétypes, des catégories symboliques brassées par l'inconscient collectif et qui apparaîtraient notamment dans les mythes. Cette théorie s'inscrit dans la lignée des réflexions sur l'imaginaire et ont influencé les travaux de Gaston Bachelard et de Gilbert Durand dans ce domaine. Les concepts jungiens ont fait l'objet de nombreuses critiques (cf. les sous-parties qui leur sont consacrées dans les articles correspondants).
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+ Dans la seconde moitié du siècle, le psychanalyste et pédagogue Bruno Bettelheim, dans son ouvrage Psychanalyse des contes de fées publié en 1976, applique les grands concepts de la psychanalyse freudienne aux contes, dont il distingue le rôle de celui des mythes.
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+ Dans le même temps, le mythologue américain Joseph Campbell développe, avec le monomythe, une approche de mythologie comparée qui n'est pas psychanalytique, mais reste très influencée par les archétypes jungiens, dans la mesure où elle recherche des universaux dans l'ensemble des mythologies du monde et affirme pouvoir les ramener à une structure narrative unique chargée d'une symbolique universelle.
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+ Au XXe siècle, le structuralisme adopte une approche entièrement différente en renonçant à chercher une signification univoque cachée derrière les mythes et en étudiant plutôt la façon dont les différentes versions d'un même récit peuvent s'articuler entre elles, selon des rapports dits de transformation, c'est-à-dire de permutations entre éléments et relations au sein du mythe. Dans cette approche, le mythe a une fonction non pas étiologique (il n'a pas de version originale) mais symbolique : il constitue pour la société qui le produit une ossature indispensable à sa cohésion face à l'ensemble des éléments de son environnement qu'elle n'est pas à même d'expliquer (la mort, la violence, les conflits, le cosmos, etc.). L'analyse structurale en mythologie est lancée en particulier par l'article de Claude Lévi-Strauss « La Structure des mythes » publié en anglais en 1955 puis repris en français sous ce titre dans son ouvrage Anthropologie structurale en 1958. Par rapport aux approches précédentes, cette nouvelle approche présentait l'avantage d'accorder une attention plus rigoureuse aux cultures étudiées. Le mythologue ne tente plus de retrouver ou de reconstruire une version originelle du mythe qui serait supposée l'expliquer[39]. Et surtout, sans nier l'existence de réseaux de significations dans les récits mythiques, le chercheur ne tente plus de ramener le sens d'un récit à une seule signification simpliste[40] (tel récit symbolise le cycle des saisons, tel récit l'accession à l'âge adulte, etc.), mais observe la façon dont différents « codes » s'articulent à l'intérieur d'un même ensemble de variantes (par exemple, le fait qu'on trouve, dans un récit, une plante dotée de connotations bien précises dans la culture en question, ne doit pas empêcher d'intégrer à l'étude d'autres éléments du récit sans rapport avec la botanique). Lévi-Strauss lui-même a développé cette méthode en étudiant la mythologie amérindienne.
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+ L'approche structurale des mythes n'est cependant pas dépourvue de présupposés. Un premier reproche formulé par ses critiques est l'accusation de réduire les mythes à une simple trame narrative, qui est supposée avoir existé telle quelle, hors de tout contexte, sous la forme de récits oraux transmis de génération en génération et d'une communauté à l'autre. Les différences entre les variantes d'un même récit sont étudiées comme autant d'opérations logiques, qui montreraient une « pensée mythique », collective et spontanée, à l'œuvre dans ces récits. Un deuxième reproche adressé au structuralisme est qu'il propose des explications trop intemporelles, qui ne rendraient pas compte de l'évolution historique des mythes (de fait, ce que l'on peut reconstituer des transformations d'un récit au fil du temps dépend beaucoup des sources dont on dispose pour l'étude)[41]. Un troisième reproche consiste à refuser de réduire les mythes à de simple trames de récits détachées de tout contexte d'énonciation[42]. Cette dernière critique a conduit certaines études à prêter davantage attention aux contextes littéraires, artistiques et culturels des différentes évocations des mythes, selon une approche pragmatique.
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+ Après les travaux de Lévi-Strauss, le structuralisme a donné lieu à toutes sortes d'études, notamment, dans le domaine de la mythologie grecque, aux travaux des chercheurs du centre Louis Gernet, à l'EHESS, initiés par Jean-Pierre Vernant et impliquant des chercheurs tels que Pierre Vidal-Naquet, Marcel Detienne ou Françoise Frontisi-Ducroux. Dans le domaine des études classiques, des publications telles que Mythe et pensée chez les Grecs. Études de psychologie historique de Jean-Pierre Vernant (1965) contribuent à renouveler profondément l'approche de la mythologie grecque en l'abordant sous l'angle des systèmes de pensée et en combinant les apports de l'histoire, de l'anthropologie, de la psychologie et de la linguistique.
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+ Grâce aux nouvelles approches développées par le structuralisme et par l'anthropologie historique, les études mythologiques ne se limitent plus à une approche herméneutique des mythes et s'enrichissent beaucoup en se rapprochant de plus en plus de l'anthropologie (ce dont témoignent les travaux récents de chercheurs tels que Claude Calame ou Florence Dupont, très influencés par l'approche anthropologique). Certains chercheurs prennent leurs distances par rapport à l'approche structuraliste et la remettent en cause, pour adopter notamment une approche pragmatique attentive aux contextes divers dans lesquels sont évoqués les figures et les récits mythiques. Les études littéraires des périodes postérieures à l'Antiquité s'intéressent, de leur côté, aux métamorphoses des figures, des récits et des thèmes hérités des mythologies antiques.
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+ Le problème d'un éventuel fondement commun aux différentes mythologies du monde relève de la mythologie comparée.
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+ Le poète et romancier Robert Graves, qui a été profondément influencé par l'étude de James George Frazer Le Rameau d'or, considère que les mythes sont créés par les nombreux besoins culturels[réf. nécessaire]. Les mythes légitiment les fondements culturels d'une tribu, d'une ville ou d'une nation en les reliant à des vérités universelles. Par exemple, les mythes justifient l'occupation d'un territoire par un peuple particulier. Robert Graves suppose que les premières cultures étaient matriarcales et fait remonter de nombreux mythes et rites au culte d'une déesse-mère. Cependant, ces présupposés théoriques lui ont valu des critiques de la part des autres mythologues, et il est considéré plutôt comme un mythographe.
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+ Au XXe siècle, l'un des représentants les plus radicaux de l'idée que tous les mythes ont un fondement commun est Joseph Campbell. Son livre Le Héros aux mille et un visages, paru en 1949, décrit les idées fondamentales qu'il a continué à élaborer jusqu'à sa mort en 1987 et qui forment la théorie du monomythe. Selon Campbell, l'ensemble des mythes peuvent se ramener à un schéma narratif unique, celui du voyage du héros. Cette théorie a suscité de nombreuses critiques de la part des historiens et des anthropologues. En revanche, si son application aux mythologies des peuples anciens ou exotiques pose de nombreux problèmes, la théorie du monomythe a exercé une influence indéniable sur l'élaboration d'œuvres fictives cherchant à revêtir un caractère « mythique », en particulier les films hollywoodiens, l'ouvrage de Campbell ayant fait l'objet d'adaptations à l'attention des scénaristes. Il a donc constitué un outil de création pour les fictions ambitionnant de devenir des mythes contemporains.
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+ Dans les sociétés contemporaines, la notion de mythologie, en lien avec la notion de mythe, est toujours extrêmement vivante et s'est enrichie de plusieurs sens nouveaux.
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+ Dans le domaine culturel, outre les emplois de la notion de mythe pour qualifier des personnages de fiction devenus particulièrement populaires (voyez à Mythe), on en est venu à parler de mythologies pour désigner des univers de fiction particulièrement riches et développés qui prennent les mythologies pour modèle et ambitionnent d'en créer artificiellement de nouvelles. J. R. R. Tolkien, par exemple, ambitionnait de créer une « mythologie pour l'Angleterre » en élaborant la Terre du Milieu[43]. Cependant, contrairement aux mythologies « premières », qui mettent en jeu toutes sortes de notions et de problématiques complexes, ces mythologies nouvelles relèvent clairement de la fiction, parce qu'elles ont un auteur et une origine bien identifiés, et parce qu'elles ne donnent jamais lieu à des croyances religieuses (ce qui ne les empêche pas de proposer, comme toute fiction peut le faire, des réflexions d'ordre moral ou philosophique parfois très élaborées). Ces fictions à ambition mythologique se caractérisent par le fait qu'elles s'inspirent, de manière plus ou moins directe et plus ou moins explicite, des mythologies « premières », via la reprise, le réagencement et la transformation d'éléments qui leur sont empruntés (personnages, peuples et créatures merveilleux, et parfois même intrigues entières, mais aussi parfois, plus indirectement, des thèmes et des questionnements sur les origines du monde). C'est la présence d'éléments de ce genre qui caractérise, par exemple, la fantasy mythique.
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+ L'intérêt persistant pour la mythologie chez les créateurs de fictions contemporains a donné lieu à la création de fictions qui se fondaient non pas seulement, de manière directe, sur les mythologies anciennes ou exotiques, mais aussi, de manière indirecte, sur les études auxquelles avaient donné lieu ces mythologies. Ainsi, de nombreux scénaristes hollywoodiens ont utilisé le livre de Joseph Campbell, Le Héros aux mille et un visages, comme un véritable mode d'emploi pour l'écriture d'histoires à ambition « mythique » supposées atteindre plus facilement un public plus large, et donc remporter un succès plus grand. De fait, certains grands succès de la fin du XXe siècle, comme les films Star Wars ou plus tard Le Roi lion, ont été conçus à l'aide de ce livre. La différence est donc très nette entre ces fictions à ambition mythologique et les mythologies dont elles s'inspirent, puisque ces mythologies contemporaines sont, au moins au départ, l'œuvre de créateurs qui réalisent un travail conscient sur les mythes et utilisent les acquis des études mythologiques pour produire de nouvelles fictions ambitionnant d'égaler leurs modèles au moyen d'univers toujours plus vastes et d'histoires toujours plus nombreuses. Le développement d'un même univers à l'aide de plusieurs histoires utilisant des supports différents (livres, films, BD, etc. mettant à profit les jeux d'intertextualité) apparaît comme l'un des moyens privilégiés par lesquels la fiction tente, en mobilisant les talents de créateurs toujours plus nombreux et en atteignant un public toujours plus large, de passer dans la culture populaire et d'en devenir une référence privilégiée, pour se hausser ainsi au statut de mythologie vivante. L'activité des artistes cherchant consciemment à élaborer des mythologies entières est nommée « mythopoeïa » dans la critique anglo-saxonne, en référence au titre d'un poème de J. R. R. Tolkien composé vers 1931[44].
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+ Dans un sens voisin, on parle de « mythologie personnelle » ou de « mythologie individuelle » à propos de l'univers d'un artiste (écrivain, peintre, cinéaste, etc.) pour désigner les jeux d'échos ou de symboles discernables dans son œuvre, en particulier dans le cas d'artistes contemporains[45] (et cela même lorsque l'artiste en question ne s'attache pas à développer un monde imaginaire cohérent semblable aux « mondes secondaires » de la science-fiction ou de la fantasy). Le terme de mythologie peut être employé soit a posteriori par les commentateurs pour qualifier certains aspects de l'œuvre d'un artiste (on pourra parler, par exemple, de la « mythologie nervalienne »), soit par l'artiste lui-même, de manière délibérée : ainsi, certains artistes contemporains disent élaborer des mythologies individuelles, par exemple Christian Boltanski, qui donne ce titre à une section d'une de ses expositions en 1972. Cette notion est en relation avec celle, un peu différente, de « mythe personnel », introduite dans les études littéraires par une analyse de Charles Mauron en 1963[46], qui baptise ainsi les structures inconscientes qu'il se propose de dégager à partir des métaphores obsédantes présentes dans les textes de plusieurs auteurs, dans une approche critique guidée par la psychanalyse. Dans l'art contemporain, la notion de mythologie personnelle est très liée à celles d'autobiographie et d'autofiction en littérature, et, dans les arts visuels, à celles d'autoportrait ou de photobiographie.
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+ Certaines fictions vont jusqu'à tenter de créer leurs propres mystères en se faisant passer pour vraies ou pour fondées sur des événements réels : il s'agit alors d'un emploi du canular au service de la fiction. Par exemple, certains croient que le film de l'auteur de fiction Clive Barker Candyman est basé sur une histoire vraie, et de nouvelles histoires ont grandi autour du mythe. Il en va de même pour des films comme Le Projet Blair Witch ou d'autres histoires du même type. Lorsque la frontière entre fiction et réalité est entièrement brouillée à dessein par le ou les créateurs de la fiction, cela peut aboutir à ce que le folkloriste américain Richard M. Dorson a qualifié en 1950 de fakelore, c'est-à-dire un folklore créé artificiellement, mais présenté comme authentique.
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+ L'élaboration artificielle de mythologies est aussi utilisée, en sortant du simple cadre d'une fiction, par des mouvements religieux ou philosophiques qui ont recours aux mythes comme instruments d'affirmation de leurs croyances et de leurs valeurs. Par exemple, la wicca, principale représentante de la mouvance du néopaganisme, se réfère à une Grande Déesse fortement inspirée par les études mythologiques du XIXe siècle et par les écrits de mythologues comme Robert Graves sur la supposée existence d'un culte préhistorique universel de la déesse-mère. Cet emploi de mythologies artificielles rejoint la dimension idéologique de la notion de mythologie.
141
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142
+ Le mot de « mythologie » est également employé de nos jours pour se rapporter à un système de valeurs contemporain, rarement remis en question, particulièrement lorsqu'il est vu comme idéologique ou socialement construit (par exemple, « mythologie de l'amour »). Dans les années 1950, le penseur structuraliste français Roland Barthes publia une série d'analyses sémiotiques de tels mythes modernes et du processus de leur création, rassemblées dans son livre Mythologies. L'ouvrage a fait date et suscité plusieurs reprises ou continuations[47].
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+ D'autres articles connexes sont listés dans l'article Mythe.
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+ La mythologie grecque, c'est-à-dire l'ensemble organisé des mythes provenant de la Grèce antique, se développe au cours d'une très longue période allant de la civilisation mycénienne jusqu'à la domination romaine. La rencontre entre les Grecs et les Romains coïncide avec celle de la mythologie grecque et de la mythologie romaine : la première exerce une forte influence sur la seconde, qui ne s'y réduit pas pour autant. Longtemps après la disparition des religions grecque et romaine, la mythologie grecque est utilisée comme sujet d'inspiration par les artistes, et continue à l'être de nos jours.
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+ La mythologie grecque nous est parvenue grâce à un vaste ensemble de textes dont les plus anciens sont les épopées d'Homère et les poèmes d'Hésiode, principalement la Théogonie, mais aussi par les arts picturaux comme la céramique ou par les monuments sacrés. L'ensemble de ces sources présente des généalogies et des récits qui forment un système doté d'une cohérence limitée. Les mythes grecs témoignent de la représentation que les anciens Grecs se faisaient du monde. Néanmoins, le statut de la mythologie grecque est complexe, car la mythologie dépasse le cadre de la religion. Les personnages et les événements mythiques rapportés par la tradition étaient pour les Grecs, du moins dans leurs grandes lignes, des réalités historiques relevant d'un passé lointain et servaient donc de base de travail aux historiens antiques. Dans le même temps, la mythologie fournit une ample source d'inspiration à la littérature et aux arts grecs antiques.
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+ La religion grecque était fondée sur des rituels pratiqués en commun, mais ne reposait pas sur un texte sacré ou sur des dogmes, et il n'existait pas non plus de littérature proprement religieuse[1]. Des textes comme la Théogonie d'Hésiode et les épopées d'Homère ne sont donc pas des textes sacrés : ce sont des œuvres littéraires proposant une vision parmi d'autres de la création du monde et des généalogies divines, mais elles ne se proposent pas de dicter ce qu'il faudrait obligatoirement croire. Le lien entre littérature et religion s'établit plutôt par la composition de textes destinés à être déclamés lors de cérémonies religieuses (par exemple les hymnes de Pindare et, de façon plus indirecte, les textes des tragédies, comédies et drames satyriques, puisque les représentations théâtrales sont liées au culte de Dionysos). Les dieux et héros mythologiques pouvaient être évoqués dans des contextes non immédiatement liés au culte proprement dit. Mais il faut garder à l'esprit que la société grecque antique ne connaît aucune séparation entre un domaine propre à la religion et le reste de la société : au contraire, la religion est présente de manière diffuse dans tous les aspects de la vie sociale et politique[2].
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+ L'absence de dogme ou de canon religieux n'est bien sûr pas synonyme d'absence de croyance. En Grèce antique, la piété (eusebeia), l'une des principales notions de la religion grecque antique, suppose de révérer les mêmes divinités que l'ensemble de la communauté : en introduire de nouvelles est un acte d'impiété, à moins que la cité ne les accepte officiellement, et il est tout aussi impie d'endommager les représentations des dieux ou leurs propriétés ou de parodier les rituels[3]. Mais dans le même temps, plusieurs cosmogonies et théogonies coexistent sans que cela ne pose de problème (Homère présente dans l’Iliade Océan et Téthys comme le couple primordial, tandis que la Théogonie d'Hésiode place le Chaos, puis Éros et Gaïa, aux origines du monde et qu'une secte comme l'orphisme propose encore une autre interprétation). Et la comédie grecque antique de l'époque classique peut librement représenter dieux et héros sous des traits grotesques en leur prêtant un comportement bouffon.
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+ Toutes les divinités ayant reçu un culte en Grèce antique n'ont pas fait l'objet de récits mythiques. Certaines, comme la déesse Hestia, en sont pratiquement absentes[4]. De même, ni la place d'une divinité ou d'un héros dans la hiérarchie des puissances divines, ni l'abondance des récits qui lui sont consacrés, ne reflètent nécessairement l'importance réelle de son culte : ainsi Asclépios, quoique très inférieur à des divinités telles que son père Apollon, disposait d'un sanctuaire à Épidaure dont la renommée s'étendait à l'ensemble du monde grec[5]. Enfin, alors que la différence de statut entre les dieux et les héros est assez appuyée dans les récits, les cultes rendus à des héros (les cultes héroïques) différaient assez peu, dans leurs modalités, de ceux rendus aux dieux[6].
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+ À l'époque archaïque et encore à l'époque classique, la poésie est le domaine par excellence de l'évocation des mythes : au sein de la société grecque, les poètes restent les voix les mieux autorisées à relater les récits fondateurs de la mythologie[7]. Lorsque l'historien Hérodote évoque les origines de la religion grecque dans son Enquête, c'est vers eux qu'il se tourne : « Quelle est l'origine de chacun de ces dieux ? Ont-ils toujours existé ? Quelles formes avaient-ils ? Voilà ce que les Grecs ignoraient hier encore, pour ainsi dire. Car Hésiode et Homère ont vécu, je pense, quatre cents ans tout au plus avant moi ; or ce sont leurs poèmes qui ont donné aux Grecs la généalogie des dieux et leurs appellations, distingué les fonctions et les honneurs qui appartiennent à chacun, et décrit leurs figures »[8]. Les poètes comme Homère et Hésiode ont donc nettement influencé la représentation que les Grecs se faisaient de leurs dieux et des origines du monde, même s'ils ne remplissaient pas une charge à proprement parler religieuse. Mais les mythes sont présents de manière diffuse dans tous les genres littéraires : ils sont évoqués aussi bien par les dramaturges que par les orateurs, les historiens et les philosophes.
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+ Dès Homère, chaque auteur évoque les mythes selon ses propres critères artistiques, le public auquel il s'adresse et le contexte dans lequel il s'inscrit, avec une très grande liberté d'invention et de remodelage[9]. Dans l’Iliade, le précepteur d'Achille est un humain, Phénix, et non le centaure Chiron comme dans d'autres versions. Lorsqu'au chant XIX Phénix raconte à Achille le mythe de la chasse du sanglier de Calydon[10], il l'adapte afin de faire de Méléagre, le principal protagoniste de son récit, un anti-modèle victime de son tempérament colérique, afin de montrer à Achille qu'il a tort de persister dans sa propre colère en refusant de revenir au combat[11]. La tragédie grecque représente souvent les héros de manière anachronique, car elle est un moyen pour la cité de réfléchir sur sa société et ses institutions[12]. Ainsi, dans Les Euménides, Eschyle, en relatant la purification d'Oreste après le parricide qu'il a commis, l'utilise pour élaborer un récit étiologique expliquant les origines du tribunal de l'Aréopage athénien.
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+ Les textes sont loin d'être les seuls vecteurs de la mythologie grecque : celle-ci est également très présente dans les arts figurés tels que la céramique et la sculpture. À toutes les époques, les Grecs vivent entourés de représentations qui s'y rattachent, qu'il s'agisse des monuments et des statues de l'espace public, ou des objets de la vie quotidienne dans leur espace privé. Les représentations figurées mettant en scène des sujets mythologiques ne doivent pas être considérées comme de simples illustrations des textes : bien au contraire, elles adaptent leur sujet au contexte et au public auquel elles se destinent, et inventent souvent des variantes qui ne sont pas attestées par ailleurs dans les textes. Les vases destinés à recevoir le vin, par exemple, représentent eux-mêmes des banquets ou des scènes mythologiques liées à Dionysos, qui ne peuvent être comprises que si on les replace dans ce contexte du banquet grec[13] ; ils mettent volontiers en scène des figures comme les satyres, qui sont assez peu présents par ailleurs dans les textes, mais qui apparaissent très souvent sur les vases dans des scènes typiques[14]. Ainsi, les arts figurés disposent eux aussi d'une grande liberté d'innovation ou de réinvention des mythes, et mettent en place leurs propres codes et conventions pour les représenter.
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+ En Grèce antique, il n'y a pas de distinction tranchée entre les événements relevant du mythe (qui, pour l'historien contemporain, relèvent de la fiction) et les événements historiques (qui nous paraissent les seuls réels). L'évhémerisme considère que les dieux et héros seraient en fait d'anciens personnages réels, qui eurent leur temporalité historique (théorie du mythographe grec Évhémère, IIIe siècle av. J.C.). Par ailleurs, la chronologie figurant sur la Chronique de Paros, une inscription du IIIe siècle av. J.-C., fait se succéder dans une même continuité le règne de Cécrops, le premier roi légendaire d'Athènes, puis le déluge de Deucalion, la guerre de Troie, etc. et des événements historiques comme la bataille de Platées, en indiquant leurs dates dans la computation athénienne. Les premiers historiens, les logographes, qui écrivent dès la fin de l'époque archaïque et le début de l'époque classique, comme Acousilaos, par exemple, se contentent de rapporter les traditions et les généalogies locales des différentes cités dans le but de les faire connaître, sans en critiquer beaucoup le contenu[15]. Les atthidographes, auteurs d'histoires de l'Attique, prennent davantage de distance et rationalisent parfois les éléments merveilleux des récits.
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+ L'un des premiers historiens à opérer une véritable sélection critique des mythes est Hécatée de Milet, au début du Ve siècle av. J.-C. Il opère un choix parmi ce qu'a transmis la tradition et en donne un exposé systématique, cohérent, en prose, en enlevant les éléments qui lui paraissent invraisemblables : il réduit à vingt le nombre des filles de Danaos, qui en possède cinquante dans la tradition à laquelle il s'oppose, et il fait de Cerbère un simple serpent à la piqûre fatale, mais il conserve certains éléments merveilleux comme les unions entre dieux et mortelles[16]. Hérodote, dans l’Enquête, rapporte les traditions dont il a entendu parler et fait état des différentes versions contradictoires, sans toujours se prononcer sur leur véracité[17]. Mais lui aussi rapporte des versions rationalisées de certains récits : l'enlèvement d'Io qui ouvre l’Enquête, par exemple, est une anecdote historique où il n'y a ni interventions divines ni métamorphose[18]. Thucydide évoque les actions des souverains mythiques tels que Minos, Pélops ou Agamemnon en les ramenant sur le même plan que les réalités historiques de son temps et en ignorant leurs aspects merveilleux, mais, pour lui, ces personnages sont aussi historiques que Périclès[19].
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+ L'attitude des historiens demeure tout aussi prudente jusqu'à l'époque romaine. Au Ier siècle av. J.-C., Diodore de Sicile fait une plus grande place au légendaire et s'attache plutôt à rapporter les différentes traditions sans prétendre les rationaliser. Au IIe siècle, Plutarque, au début de la Vie de Thésée, l'une des rares Vies parallèles à traiter d'une figure légendaire, compare le passé lointain aux pays lointains arides et inaccessibles évoqués par les géographes, puis déclare : « […] je souhaite que la légende, épurée par la raison, se soumette à elle et prenne l'aspect de l'histoire. Mais si parfois, dans son orgueil, elle ne se soucie guère d'être crédible et refuse de s'accorder avec la vraisemblance, je solliciterai l'indulgence des lecteurs, et les prierai d'accueillir de bonne grâce ces vieux récits »[20]. Cette volonté d'épurer le mythe par la raison (le logos) témoigne de l'influence de Platon ; mais la prudence de Plutarque envers les mythes n'est nullement le signe d'une méfiance envers la religion en général, puisqu'il fait preuve d'une foi profonde et exerce un temps la charge de prêtre d'Apollon à Delphes[21].
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+ De manière générale, les historiens grecs conservent une attitude prudente en face des mythes, qu'il s'agisse d'y croire ou de ne pas y croire. Paul Veyne, qui s'intéresse au problème complexe de la croyance dans Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, rappelle toute la distance qui sépare les historiens antiques de l'histoire telle qu'elle s'élabore par la suite (fondée sur l'étude et la critique des sources) : « Il arrive parfois qu'un historien ancien signale que ses « autorités » présentent des divergences sur quelque point, ou même qu'il déclare renoncer à savoir quelle était la vérité sur ce point, tant les versions diffèrent. Mais ces manifestations d'esprit critique ne constituent pas un appareil de preuves et de variantes, qui sous-tendrait tout son texte, à la manière de l'appareil de références qui couvre le bas de toutes nos pages d'histoire : ce sont uniquement des endroits désespérés ou douteux, des détails suspects. L'historien ancien croit d'abord et ne doute que sur les détails où il ne peut plus croire »[22].
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+ À toutes les époques, les mythes sont aussi un enjeu politique. Les orateurs attiques s'y réfèrent et les emploient comme des arguments dans leurs discours, en les choisissant ou en les adaptant selon les circonstances[23]. Dans le Panégyrique, Isocrate évoque le mythe de l'autochtonie des Athéniens pour justifier leur prétention à la supériorité sur les autres cités[24], et, dans le Philippe, adressé à Philippe II de Macédoine, il rappelle la parenté entre les ancêtres du roi macédonien et les cités grecques pour le convaincre de leur venir en aide[25]. Les inscriptions consignant des décrets d'alliances entre cités témoignent du même genre de recours aux généalogies mythiques comme argument dans les accords diplomatiques entre deux cités[26].
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+ Dès l'époque archaïque, les philosophes s'écartent parfois beaucoup des récits les plus répandus, beaucoup parce qu'ils proposent leurs propres systèmes, eux-mêmes fortement imprégnés de religion : Pythagore est ainsi, au VIe siècle av. J.-C., le fondateur du pythagorisme. D'autres se montrent plus critiques et à la limite de l'impiété, tel Anaxagore poursuivi en justice à Athènes au Ve siècle av. J.-C. pour avoir affirmé que le soleil était une pierre incandescente[3]. Platon oppose parfois le muthos considéré comme récit mensonger et le discours rationnel (le logos) qui doit guider le philosophe[27] ; mais cette opposition est loin d'être systématique et ne se retrouve pas dans tous ses dialogues[28]. Platon lui-même, dont la pensée s'inscrit par ailleurs dans la continuité de la religion traditionnelle[29], ne rejette pas le concept de muthos conçu comme récit et ne s'interdit nullement d'y recourir. Loin de supprimer totalement les mythes de son œuvre, il en invente de nouveaux qui font partie intégrante de ses démonstrations philosophiques et consistent soit en des allégories destinées à mieux faire comprendre une argumentation (comme l'allégorie de la caverne), soit en des récits élaborés sur le modèle des mythes anciens dont ils reprennent les thèmes et les fonctions, et qui permettent de rendre compte de la composante non rationnelle de certains sujets[30]. C'est dans ce contexte que s'inscrivent par exemple le mythe d'Er au livre X de La République et les différents récits du Banquet, dont le mythe de l'androgynie placé dans la bouche d'Aristophane. Platon utilise aussi le mythe à des fins politiques, par exemple en élaborant le mythe de l'Atlantide qui met en scène une Athènes idéalisée, conforme aux vœux politiques de Platon, luttant victorieusement contre une Atlantide qui incarne tout ce que Platon réprouve dans la thalassocratie athénienne de son temps[31].
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+ Les Grecs connaissaient plusieurs cosmogonies, c'est-à-dire des récits relatant la naissance et la mise en ordre progressive du cosmos, le monde organisé[32]. Celle que nous connaissons le mieux, car elle nous est parvenue en entier, est celle que compose Hésiode dans la Théogonie et selon laquelle existe (ou apparaît) d'abord Chaos, puis Éros et Gaïa (Terre), laquelle engendre Ouranos (Ciel), Pontos (Flot marin) et d'autres divinités, tandis que Chaos en engendre d'autres, les différentes lignées donnant peu à peu naissance, au fil des générations, à toutes les divinités incarnant les aspects fondamentaux de la nature (Hélios, Séléné), aux divinités souveraines (Cronos puis Zeus), mais aussi à des êtres monstrueux qui sont ensuite éliminés ou enfermés par les dieux ou les héros (la plupart des enfants de Nyx, mais aussi Typhée et sa progéniture).
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+ Mais nous connaissons aussi l'existence d'autres cosmogonies. Au chant XIV de l’Iliade, Héra feint de rendre visite à Océan et Téthys, qu'elle qualifie de « père et mère des dieux »[33], ce qui peut constituer une allusion à une cosmogonie différente où Océan et Téthys seraient les deux divinités originelles. L'orphisme, courant religieux qui se plaçait à l'écart des pratiques traditionnelles du culte et se plaçait sous le patronage du poète mythique Orphée, a développé, au moins à partir de l'époque classique[34], plusieurs cosmogonies propres à son système de pensée. Nous n'en avons qu'une connaissance lacunaire, mais nous savons qu'elles plaçaient à l'origine du monde la Nuit ou le Temps, qui engendre un œuf donnant à son tour naissance à Phanès ou bien à Éros[35]. L'orphisme accorde également une place beaucoup plus grande à Dionysos, qui est mis à mort, cuit et mangé par les Titans avant d'être ressuscité[36]. On attribuait aussi une cosmogonie à Musée, un autre poète mythique souvent associé à Orphée. À l'époque archaïque, plusieurs poètes, comme le Crétois Épiménide, le Lacédémonien Alcman ou l'Argien Acousilaos, ainsi que des philosophes présocratiques comme Phérécyde de Syros, composent d'autres cosmogonies[37].
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+ Une anthropogonie (de anthrôpos, « homme », et gonos, « création ») est un récit de l'apparition de l'humanité. Tout comme les Grecs possédaient plusieurs cosmogonies, ils connaissaient plusieurs anthropogonies. Les poèmes mythologiques les mieux conservés restent relativement vagues sur ce sujet. Dans les épopées d'Homère, aucune indication n'est donnée sur les origines de l'humanité, et les dieux ne se sentent pas responsables de l'existence des mortels : ils se contentent de répondre aux manifestations de leur piété, tandis que Zeus exerce les fonctions de juge des mortels et de médiateur entre dieux et mortels[38]. Hésiode, dans la Théogonie, n'explique pas la création des hommes : ils apparaissent dans son poème au moment du partage de Mékôné et de la ruse de Prométhée, récit qui explique surtout les modalités du sacrifice, l'une des pratiques cultuelles fondamentales de la religion grecque. Dans Les Travaux et les Jours[39], Hésiode relate le mythe des races, décrivant plusieurs humanités (plusieurs genos) composées chacune d'un métal différent, la première, la race d'or, remontant au règne de Cronos ; mais son récit a moins pour objet la création de ces humanités que leurs vertus et la dégradation progressive de leurs conditions de vie, ce qui apparente plutôt ce récit aux origines du mythe de l'âge d'or[40]. Il existait par ailleurs une tradition sur l'origine de l'humanité nommée mythe de l'autochtonie, selon lequel les premiers hommes étaient directement sortis de la terre. Ce mythe était utilisé par les Athéniens, qui s'en servaient à l'époque classique pour justifier leur supériorité sur les autres cités[41], mais aucune source ne présente clairement de récit selon lequel ce serait toute l'humanité qui aurait été créée de cette façon.
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+ Les sources de la mythologie restent donc obscures sur la création des tout premiers hommes, mais la plupart s'accordent sur les noms des ancêtres de l'humanité actuelle : Deucalion et Pyrrha[42], qui survivent au déluge et font renaître des humains à partir des pierres, comme le rapporte Pindare dans la neuvième Olympique[43]. Mais il s'agit d'une renaissance de l'humanité plutôt que de ses origines premières, et la façon dont les hommes apparaissent avant le déluge de Deucalion est beaucoup moins claire[42].
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+ Si nous ne possédons pas de récit bien conservé sur l'apparition des hommes, la création de la femme fait l'objet de son propre mythe, celui de Pandore, évoquée par Hésiode dans la Théogonie et Les Travaux et les Jours[44]. Dans la Théogonie, Pandore est créée par Zeus pour châtier les hommes après la ruse de Prométhée qui leur a donné le feu. Son nom grec, Pandora, signifie « don de tous les dieux » : Héphaïstos la façonne dans de la terre et chacun des dieux est invité à lui faire présent d'une qualité physique ou d'un vêtement. Mais Pandore est un piège car, sous sa belle apparence, elle n'apporte que des soucis aux hommes ; dans Les Travaux et les Jours, c'est elle qui soulève le couvercle de la jarre où sont gardés maux et maladies et devient responsable de leur propagation dans le monde entier, ce qui explique la condition misérable des hommes. Le mythe de Pandore véhicule l'idéologie misogyne qui était celle de la société grecque antique[45], mais il représente aussi un changement dans la condition humaine, car l'arrivée de Pandora coïncide avec l'apparition de l'obligation pour les humains de travailler pour vivre, travail et fécondité devenant les deux aspects principaux de la condition humaine contemporaine[46].
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+ Les divinités et héros de la mythologie grecque évoluent dans le monde réel tel que se le représentaient les Grecs, mais aussi dans plusieurs lieux situés hors du monde ou aux limites du monde, qu'il s'agisse des résidences des divinités ou bien de l'au-delà.
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+ Les divinités grecques les plus importantes résident sur l'Olympe[47]. Cette représentation de l'Olympe comme demeure des divinités olympiennes est déjà très présente dans les principales œuvres poétiques de l'époque archaïque : l’Iliade et l’Odyssée, puis les poèmes d'Hésiode et les Hymnes homériques, œuvres qui influencent durablement la représentation des dieux grecs. L'Olympe où résident les dieux chez Homère et Hésiode est à la fois un lieu réel, le mont Olympe en Grèce du nord, et une demeure céleste située très haut dans le ciel : ces deux représentations coexistent, non sans entraîner quelques hésitations et incohérences de détail, l'essentiel consistant à affirmer une séparation entre cette demeure des dieux et le reste du monde[47]. Mais tous les dieux grecs ne résident pas sur l'Olympe, loin de là : un grand nombre de divinités résident sur terre ou dans la mer[48].
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+ Dès l'époque archaïque, la littérature grecque ancienne aborde la question de l'au-delà et distingue plusieurs lieux susceptibles d'accueillir les âmes des défunts après la mort[49].
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+ Les Enfers sont le principal au-delà en Grèce ancienne. Chez Homère, ils sont nommés l'« Hadès », du nom du dieu Hadès, qui y réside et y règne sur les morts en compagnie de son épouse Perséphone. L’Odyssée situe l'Hadès aux confins du monde, au-delà du fleuve Okéanos, près du pays des Cimmériens (nom d'un peuple réel). Ulysse, au chant XI, ne s'aventure qu'au seuil de l'Hadès et se contente de dialoguer avec les ombres qu'il fait venir en leur offrant un sacrifice. Dès Homère, les morts sont imaginés comme des ombres immatérielles et sans force qui errent dans l'Hadès pour l'éternité. Plusieurs passages de l’Iliade[50] mentionnent l'existence d'un fleuve, le Styx, que l'âme du mort doit franchir avant de se mêler aux autres ombres, mais l’Odyssée et Hésiode ne parlent pas de cette condition. Plusieurs personnages assurent le rôle de passeur entre le monde des vivants et celui des morts. Au chant XXIV de l’Odyssée, c'est le dieu Hermès qui conduit aux Enfers les âmes des prétendants de Pénélope. L'autre passeur des morts le plus fréquent est le nocher Charon. Charon n'est pas mentionné dans la littérature archaïque et apparaît pour la première fois sur une peinture de l'Hadès par Polygnote au Ve siècle av. J.-C. connue seulement par une description qu'en donne Pausanias[51]. À partir de cette époque, il est représenté sous les traits d'un vieillard posté dans une barque et qui fait franchir aux morts le fleuve qui coule à l'entrée des Enfers.
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+ Un autre lieu de l'au-delà est le Tartare. L’Iliade situe le Tartare dans les profondeurs extrêmes de la terre, aussi loin sous l'Hadès que l'Hadès est loin du ciel ; le Tartare est fermé par un seuil de bronze et des portes de fer, et Zeus menace d'y enfermer les dieux qui s'opposeraient à lui[52]. Dans la Théogonie d'Hésiode, les Titans, à l'issue de leur bataille contre les dieux, sont capturés par les Hécatonchires qui les enferment dans le Tartare et en deviennent les gardiens[53]. La Théogonie contient, juste après, une description du Tartare, dont la géographie est assez confuse : elle place le Tartare tantôt sous la terre, tantôt dans un endroit indéterminé aux limites du monde[54]. Il semble que l'Hadès et le Tartare aient parfois été confondus dans certains textes par la suite[55].
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+ En dehors des Enfers et du Tartare, la pensée grecque se représente aussi un au-delà heureux, qui apparaît sous plusieurs formes et sous plusieurs noms. Dans l’Odyssée, le dieu marin Protée prédit à Ménélas qu'il n'est pas destiné à mourir, mais à vivre éternellement dans les Champs Élysées, où il n'y a ni neige ni pluie[56]. Un tel sort semble réservé à de très rares mortels. Dans une autre épopée du Cycle troyen, l’Éthiopide (connue seulement par le résumé qu'en donne Proclus), le héros Achille, après sa mort, est emmené par sa mère Thétis vers un endroit nommé l'Île Blanche[57], qui apparaît ensuite comme un séjour heureux. Un autre endroit jouant le même rôle de séjour éternel agréable est les Îles des Bienheureux. Ces îles sont évoquées pour la première fois par Hésiode dans un passage de son mythe des races dans Les Travaux et les Jours[58], où il écrit qu'au moins une partie de la race des héros y séjourne après la mort. Par la suite, la tradition littéraire tend à s'écarter d'Homère (chez qui tous les morts partagent le même sort dans l'Hadès, y compris les héros de la guerre de Troie[59]) et à considérer que des héros comme Achille bénéficient d'une vie après la mort plus heureuse que celle du commun des mortels[60].
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+ La caractéristique la plus visible des dieux tels que les Grecs se les représentaient est l'anthropomorphisme : l'apparence physique des dieux, leurs actions et leurs sentiments paraissent très proches de ceux des mortels. Hérodote emploie au sujet des dieux l'adjectif paradoxal anthropophues, « de nature humaine »[61]. Cependant, cet anthropomorphisme et cette proximité entre les dieux et les hommes n'est qu'apparente : comme le montre Françoise Frontisi-Ducroux dans un article du recueil Corps des dieux[62], la religion grecque ne cesse de mettre en évidence l'écart qui sépare les dieux et les humains. Le corps des dieux est lui-même surhumain[63] : lorsqu'ils sont évoqués dans l'épopée, ils ont une taille gigantesque, un poids colossal ou au contraire impossiblement léger. Dans leur corps coule non pas du sang mais de l'ichor, et les blessures ne mettent pas leur vie en péril puisqu'ils sont immortels (athanatoi)[64]. Les dieux ne consomment pas la même nourriture que les mortels : le nectar et l'ambroisie sont leur nourriture d'immortalité[65]. Les épopées d'Homère évoquent aussi une langue des dieux différente de celles des mortels[66]. Ce caractère surhumain est mis en valeur par les matières précieuses utilisées pour les statues, par exemple chryséléphantines[67].
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+ Si les dieux les plus fameux, les divinités olympiennes, sont anthropomorphes, ce n'est pas le cas de toutes les divinités : les dieux fleuves sont souvent représentés sous la forme de taureaux, et de nombreuses idoles des dieux n'ont pas l'apparence d'êtres vivants[68]. L'apparence surhumaine des dieux est la manifestation de leur statut supérieur et de leur omnipotence : « Les dieux peuvent tout »[69].
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+ Tout comme il existait plusieurs théogonies relatant leur naissance, il existait plusieurs généalogies des divinités grecques. Les manuels consacrés à la religion grecque antique et à la mythologie grecque ont fréquemment recours[70] à la version présentée par la Théogonie d'Hésiode, la plus complète à nous être parvenue.
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+ Dans sa Théogonie, Hésiode décrit la naissance des dieux au fil de générations successives, dont il développe tour à tour les différentes branches en y intercalant des épisodes narratifs qui anticipent parfois sur la suite de son développement. Les tout premiers êtres qui forment l'univers ne sont pas issus d'une reproduction sexuée : Chaos, Éros et Gaïa (la Terre) apparaissent spontanément, et Gaïa engendre seule Ouranos (le Ciel)[71]. Gaïa et Ouranos s'unissent pour former le premier couple divin, et ils donnent naissance à douze Titans, six fils et six filles. Parmi ces titans, Cronos joue un rôle décisif dans la généalogie divine. Cronos prend le pouvoir en châtrant son père Ouranos, dont les organes génitaux, tombés dans l'océan, donnent notamment naissance à Aphrodite[72]. Par la suite, Cronos s'unit à sa sœur Rhéa, qui donne naissance à Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et enfin Zeus[73], qui forment chez Hésiode la première génération des divinités olympiennes. Zeus prend le pouvoir à son tour, cette fois définitivement[74], et c'est lui qui, en s'unissant à plusieurs divinités, enfante la seconde génération des dieux de l'Olympe : Athéna (fille de Zeus seul : elle sort de son crâne après qu'il a avalé Métis)[75], Apollon et Artémis (enfants de Zeus et de Léto)[76], Arès (fils de Zeus et d'Héra)[77], Hermès (fils de Zeus et de Maïa)[78] et Dionysos (fils de Zeus et de la mortelle Sémélé)[79]. Héphaïstos est engendré par Héra seule, par défi envers Zeus[80].
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61
+ Homère, dans l’Iliade et l’Odyssée, diverge d'Hésiode sur plusieurs détails, qui ont aussi beaucoup influencé les représentations les plus courantes de la généalogie des dieux. Ainsi, dans l’Iliade, Zeus est l'aîné des dieux de l'Olympe[81], alors qu'il est le cadet des enfants de Cronos dans la Théogonie[82]. Dans les épopées homériques, Aphrodite est, elle aussi, une fille de Zeus[83], et sa mère est Dioné[84].
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+ La conception de l'histoire du monde des Grecs anciens plaçait, entre l'apparition de l'humanité et l'époque présente, un âge héroïque où avaient vécu des hommes mortels, mais plus grands, plus forts et, de façon générale, dotés de qualités supérieures à celles des hommes du présent : c'étaient les héros, issus directement ou indirectement d'unions entre des divinités et des humains[85]. L'âge héroïque était considéré comme ayant réellement existé ; il ne s'étendait pas sur une très longue période, seulement quelques générations, et n'était pas pensé comme très éloigné dans le passé[85], puisque les héros étaient considérés comme les fondateurs des dynasties royales de nombreuses cités grecques[86]. Les héros sont conçus de différentes manières selon que l'on considère la façon dont ils étaient honorés dans le culte ou bien les différentes évocations littéraires dont ils font l'objet.
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+ Les héros font l'objet d'un culte héroïque : comme le culte des morts, ce culte se développe autour du tombeau du héros, mais, contrairement à un mort ordinaire, un héros est, de fait, honoré comme une puissance divine à part entière, qui peut rendre des oracles ou accorder protection ou guérison à qui vient le prier[87]. À l'époque historique, certaines personnes réelles, distinguées de leur vivant par leurs exploits, font après leur mort l'objet d'un culte héroïque (c'est le cas, par exemple, du général Brasidas)[85]. Une grande partie des cultes héroïques se cantonnent à des localités précises (un village, une cité, une région) et sont inconnus ailleurs ; seuls quelques-uns sont connus dans toute la Grèce, le plus fameux de tous restant Héraclès[88].
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+ Dans la poésie archaïque, Hésiode, dans Les Travaux et les Jours, élabore un mythe des races où il intercale les héros comme une race à part entière de demi-dieux venue après les trois premières races métalliques (d'or, d'argent et de bronze) et avant l'humanité de l'époque présente, qu'il qualifie de race du fer ; il caractérise les héros par leur bravoure et leur justesse, et évoque leurs exploits pendant la guerre des sept chefs contre Thèbes et pendant la guerre de Troie. Le mythe hésiodique a fait l'objet de nombreuses études mythologiques[89].
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+ Dans les épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, les héros sont dépeints comme plus forts que les hommes du temps présent, mais inéluctablement mortels : Achille et Ulysse se voient ainsi prophétiser leur mort. L’Iliade et l’Odyssée présentent déjà deux conceptions différentes de l'héroïsme : Achille recherche la gloire et l'obtient par ses exploits militaires, tandis qu'Ulysse ne convoite que le retour dans son pays et recourt avant tout à la parole et à la ruse, la mètis, pour parvenir à ses fins[90]. Par ailleurs, chez Homère, le terme de héros est parfois employé de façon assez générale pour désigner des personnages nobles ou remarquables par leur talent[91].
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+ À cette époque et aux époques postérieures, les différents genres littéraires s'approprient les figures de l'âge héroïque et en donnent de multiples interprétations. Ainsi, la tragédie grecque athénienne de l'époque classique se concentre sur les malheurs des grandes lignées héroïques comme les Atrides et les Labdacides pour évoquer des problèmes religieux, politiques et philosophiques.
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+ Les récits se rapportant aux héros trouvent souvent leur cohérence dans leur lien avec une cité, dont ils relatent la fondation et l'histoire de la dynastie royale[92]. Les héros se répartissent ainsi en grandes familles, souvent nommées d'après le héros qui est à leur origine (Labdacos et les Labdacides, Pélops et les Pélopides, Cécrops et les Cécropides, etc.). Le destin de ces grandes lignées est plus ou moins étroitement lié à celui d'une ou plusieurs cités.
74
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75
+ L'histoire de Thèbes a fait l'objet de plusieurs ensembles de récits sur lesquels nous sommes bien renseignés[93]. Thèbes est fondée par un Phénicien, Cadmos ; une autre légende associée à sa fondation ou à sa refondation est celle des jumeaux Amphion et Zéthos, qui en élèvent les remparts. L'histoire de Thèbes est surtout indissociable de celle de Labdacos et des Labdacides, dont font partie Laïos et Jocaste et leur fils Œdipe, qui, à son insu, tue son père et épouse sa mère. Les enfants de l'inceste entre Œdipe et Jocaste interviennent dans d'autres récits, principalement celui de la querelle fratricide entre les deux fils, Étéocle et Polynice, qui est à l'origine de la guerre des sept chefs puis de l'expédition des Épigones. Dès l'époque archaïque, l'histoire des Labdacides était relatée par quatre épopées, aujourd'hui perdues, qui formaient le Cycle thébain.
76
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+ La lignée de Tantale, roi d'Asie Mineure, est à l'origine de plusieurs familles héroïques importantes[94]. Pélops, fils de Tantale, s'installe en Élide, dans le Péloponnèse, où il a de nombreux descendants, les Pélopides, qui règnent sur plusieurs cités du Péloponnèse. Parmi les enfants de Pélops figurent Atrée et Thyeste, ainsi que les descendants d'Atrée, les Atrides. Les deux fils d'Atrée, Agamemnon et Ménélas, sont fameux pour leur rôle dans la guerre de Troie.
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+ L'histoire d'Athènes[95], peu évoquée dans les textes les plus anciens et qui semble avoir pris forme plus tard, vers le début de l'époque classique[96], trouve ses origines dans le mythe des autochtones, hommes nés directement de la terre : le premier est Érichthonios, mais c'est aussi le cas de Cécrops, fondateur de la cité. Plusieurs générations après viennent Égée puis son fils Thésée, auquel sont attribués de nombreux exploits.
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+ Plusieurs ensembles de récits mettent en scène des héros d'origines diverses prenant part à une entreprise collective[97]. Ainsi, la chasse au sanglier de Calydon rassemble plusieurs héros autour de Méléagre pour traquer et abattre le sanglier monstrueux. Plus connue, car évoquée par plusieurs épopées et tragédies, la quête de la Toison d'or entreprise par Jason rassemble de nombreux héros dans l'équipage des Argonautes qui, à bord du navire Argo, voyagent jusqu'en Colchide. L'ensemble narratif le plus vaste dans cette catégorie est celui de la guerre de Troie.
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+ Un vaste ensemble de récits et de personnages se rattachent à la guerre de Troie[98]. L'enlèvement d'Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte, par le Troyen Pâris, débouche sur l'organisation d'une grande expédition militaire menée par le frère de Ménélas, Agamemnon, rassemblant des rois venus de toute la Grèce, qui assiègent Troie pendant dix ans. Les premières œuvres littéraires connues de la littérature grecque ancienne, l’Iliade et l’Odyssée, deux épopées que les Anciens attribuaient à Homère, se rapportent à ce mythe : l’Iliade relate la querelle entre Agamemnon et le héros Achille pendant la dixième année de la guerre, tandis que l’Odyssée détaille le long et périlleux retour chez lui d'Ulysse après la fin de la guerre, dont elle raconte a posteriori plusieurs épisodes. En plus des épopées d'Homère, plusieurs autres ont été composées par d'autres auteurs à l'époque archaïque. Regroupées sous le nom de Cycle troyen, elles racontaient l'ensemble de la guerre, de ses origines à ses conséquences lointaines ; aujourd'hui perdues à l'exception de quelques fragments, elles nous sont surtout connues par des résumés ou des réécritures plus récentes[99].
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+ Il est notable que les Anciens mêlaient les événements de leur mythologie à ceux de leur histoire. Ainsi, l’Iliade et l’Odyssée étaient considérées comme historiques. Le Grec Évhémère semble avoir été le premier à émettre l'hypothèse que les récits mythologiques sont des déformations de faits historiques réels. Les très nombreuses recherches archéologiques des XIXe et XXe siècles ont voulu conforter et affiner cette approche. L'ouvrage de Robert Graves, Les Mythes grecs, récapitule les éléments en faveur de cette hypothèse. La question de la continuité entre le temps des dieux et le temps des hommes, apparemment difficile à résoudre, semble pouvoir s'expliquer par des phénomènes de synthèse, de simplification et de symbolisation d'événements concrets (conquêtes, rituels, etc.). Les événements décrits dans les différentes théogonies se déroulent donc dans un temps apparemment parallèle à celui de l'humanité, dont les durées ne sont pas transposables.
86
+
87
+ En plus de son utilisation constante dans les arts et les sciences humaines comme la psychanalyse et son complexe d'Œdipe, la mythologie grecque fournit des récits très riches sur lesquels sont basés la plupart des problématiques et des thèmes de la littérature occidentale, que l'on peut encore apprécier aujourd'hui.
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+
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+ L'interprétation des mythes grecs reprend sa place dans le monde actuel notamment avec l'étude de ces mythes au collège permettant une analyse des textes plus précise et une initiation à l'interprétation des mythes.
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+ Si les Grecs eux-mêmes ont très tôt entamé une réflexion sur leurs récits mythologiques, ce n'est que dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec le développement des sciences humaines, que la mythologie se constitue en une discipline à ambition scientifique, une « science des mythes » : c'est ce que Marcel Detienne nomme, dans son livre éponyme, « l'invention de la mythologie »[100]. L'émergence de l'anthropologie, parallèlement à la découverte par les ethnologues de nombreux peuples possédant eux aussi des mythologies complexes, amène les chercheurs à s'interroger sur l'histoire des religions et à publier les premières études de mythologie comparée. À une époque où les Grecs anciens sont considérés comme supérieurs aux peuplades tenues pour primitives, la science des mythes se trouve confrontée à une sorte de scandale de la pensée, qu'énonce par exemple Friedrich Max Müller : « les poètes de la Grèce ont une aversion instinctive pour tout ce qui est excessif ou monstrueux. Or, les Grecs attribuent à leurs dieux des choses qui feraient frissonner le plus sauvage des Peaux-Rouges[101]… » Il s'agissait donc d'expliquer les éléments qui, dans les mythes grecs, paraissaient absurdes et immoraux, en contradiction avec l'image qu'avait alors la Grèce antique, celle du peuple détenteur de la Raison par excellence[102].
92
+
93
+ Plusieurs écoles d'interprétation des mythes se développent alors. Friedrich Max Müller explique l'apparition des mythes par un modèle linguistique selon lequel les mythes se seraient développés naturellement au cours de l'apparition et de l'évolution du langage : les noms donnés aux forces de la nature au cours de la Préhistoire sont ensuite pris par erreur pour des noms propres et se trouvent alors personnifiés sous la forme de divinités et de héros[103]. Selon Müller, les mythes trouvent donc leur origine dans des métaphores renvoyant aux puissances de la nature ; Müller développe une interprétation « solaire » expliquant l'ensemble des mythes par des références au soleil et à la lumière, tandis qu'Adalbert Kuhn préfère les expliquer par l'impression laissée sur les peuples préhistoriques par les phénomènes naturels violents tels que les orages et les tempêtes. Les historiens britanniques des religions, Edward Tylor puis Andrew Lang, proposent une approche radicalement différente, qui vise à comparer la mythologie grecque à celle de peuples non pas antiques mais contemporains, comme les Indiens d'Amérique du Nord ou les aborigènes australiens, et qui propose une vision évolutionniste de l'histoire, au sein de laquelle le mythe est un stade du développement de la pensée[104].
94
+
95
+ En 1825, Karl Otfried Müller publie Prolégomènes à une connaissance scientifique de la mythologie, ouvrage dans lequel il propose une méthode d'étude historique de la mythologie fondée sur le rassemblement des différentes sources d'un mythe et l'étude de leurs rapports entre elles, par exemple les poètes et les mythographes qui s'inspirent les uns des autres au fil des siècles. Müller espère ainsi remonter à un noyau primitif du mythe, derrière lequel il pense retrouver la trace d'événements historiques réels plus ou moins déformés[105]. Les travaux de Müller permettent aux mythologues d'accorder une attention plus rigoureuse aux contextes précis, géographiques, historiques, culturels et religieux, dans lesquels se développent les mythes.
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+
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+ Plusieurs nouveaux courants d'interprétation de la mythologie grecque se développent au cours du XXe siècle.
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+ Au cours de ses premières décennies, les historiens de la religion grecque prêtent une attention nouvelle aux rites et aux liens qu'ils entretiennent avec les récits mythiques. Les chercheurs britanniques regroupés sous le nom d'école de Cambridge développent plusieurs théories divergentes à ce sujet. Selon Jane Harrison, le rite précède le mythe et permet d'expliquer les étrangetés présentes dans les récits mythologiques ; Jane Harrison publie plusieurs études portant sur les rites d'initiation et les rites de passage[106], qui font l'objet en France, durant la même période, d'études comme celles d'Arnold van Gennep. James George Frazer, dans Le Rameau d'or (The Golden Bough), considère au contraire que le mythe précède le rite et que ce dernier permet de réactiver les puissances vitales évoquées par le mythe[107]. Par la suite, Jane Harrison elle-même et les auteurs qui poursuivent les recherches dans ce domaine, comme Bronisław Malinowski, Edmund Leach, Walter Burkert et plus tard Georges Dumézil, mettent davantage en valeur la complémentarité du mythe et du rite au sein d'un contexte socioculturel donné et montrent que, selon les cas, les relations entre les deux varient énormément[107].
100
+
101
+ Dans la seconde moitié du siècle, des avancées décisives, comme le déchiffrement du linéaire B dans le domaine mycénien, l'approfondissement de l'étude du Proche-Orient ancien (Anatolie, Mésopotamie) et l'élaboration de nouvelles méthodes de recherche, contribuent à renouveler profondément l'étude de la mythologie grecque.
102
+
103
+ Le structuralisme, dont l'un des grands représentants est Claude Lévi-Strauss qui publie Anthropologie structurale en 1958, abandonne l'idée de remonter à un noyau primitif d'un mythe et considère au contraire un mythe comme l'ensemble de ses variantes, qu'il s'agit d'étudier en les comparant les unes aux autres. Lévi-Strauss met en avant dans ses travaux l'idée que les mythes constituent une forme de pensée à part entière, un moyen de réflexion sur le monde et sur la société[108]. Si Lévi-Strauss propose une interprétation structuraliste du mythe d'Œdipe dans Anthropologie structurale, la plupart de ses travaux portent sur les mythologies d'Amérique du Nord et du Sud ; mais sa méthode exerce par la suite une influence notable sur les chercheurs dans le domaine grec, notamment Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne.
104
+
105
+ Au tournant du XXIe siècle, historiens et anthropologues abandonnent peu à peu l'idée d'une grille de lecture univoque qui permettrait d'expliquer l'ensemble des mythes grecs, et tentent de saisir leur rôle au sein de la société grecque ancienne en adoptant des approches pluridisciplinaires, mêlant littérature, histoire, histoire des religions, anthropologie et psychologie.
106
+
107
+ Plusieurs types de sources antiques sont intéressants pour l'étude de la mythologie grecque.
108
+
109
+ Les sources iconographiques, fournies par les innombrables représentations figurées qui ornent les objets et les édifices produits par la culture grecque antique, sont consultables dans des sommes telles que le Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae.
110
+
111
+ Pour ce qui est des sources écrites, signalons d'une part l'épigraphie, d'autre part la littérature antique :
112
+
113
+ Depuis l'Antiquité, la mythologie grecque n'a pas cessé d'exercer une influence considérable sur les arts et les lettres, mais aussi plus généralement la culture de nombreuses régions du monde.
114
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+ En Europe de l'Ouest, la mythologie grecque est connue au Moyen Âge de manière souvent indirecte, par l'intermédiaire de libres traductions ou d'adaptations latines des écrivains grecs. Pendant la même période, les savants de l'empire byzantin et du monde arabo-musulman lisent les auteurs grecs dans le texte.
116
+
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+ L'étude du grec ancien se répand à nouveau en Europe de l'Ouest à la faveur de la Renaissance, occasionnant des traductions nouvelles qui popularisent massivement les auteurs grecs. La colonisation exporte sur plusieurs continents la culture classique et donne lieu, après la décolonisation, à des réappropriations variées des mythes grecs aux Amériques, en Asie, en Afrique ou en Océanie[109].
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+ La mythologie grecque occupe une place importante dans « l'Antiquité imaginaire » dépeinte par la fiction sur différents supports[110]. Longtemps associée à une culture académique, la mythologie grecque inspire également la culture populaire, mais sous des formes différentes. À partir de la fin du XIXe siècle, la mythologie grecque est présente au cinéma dès ses débuts, à travers le genre du péplum[111]. La mythologie fournit les sujets de la majorité des péplums situés en Grèce antique, au contraire de la Rome antique que le cinéma aborde surtout par le biais de sujets historiques. Les mythes grecs les plus représentés au cinéma à partir des années 1950 sont les exploits d'Héraclès et la guerre de Troie[112]. La mythologie grecque devient un thème récurrent de chaque nouvelle forme d'art, de la bande dessinée au jeu vidéo. La thématique mythologique est également régulièrement exploité dans le cadre de la littérature pour la jeunesse[113] sous la forme de fiction comme d'ouvrages documentaires de civilisation[114]. La postérité contemporaine de la mythologie grecque reste extrêmement abondante et variée de nos jours.
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+ Un animal de compagnie est un animal recevant la protection des humains en échange de sa présence, sa beauté, sa jovialité ou encore pour ses talents (oiseaux chanteurs, parleurs…). En raison de leur très longue présence au côté de l'Homme, ces animaux familiers ont souvent fait l'objet d'une domestication à la suite de leur apprivoisement. Ils se distinguent toutefois de l'animal domestique vivant simplement dans le voisinage de la maison, simple commensale de l'homme comme le chien de travail, et par opposition aux dits « animaux de production » utilisés pour leur viande, leur lait ou leurs œufs, telles les vaches ou les poules. Dans les pays occidentaux, les principaux animaux de compagnie sont le chat et le chien qui, avec le furet, sont des animaux classés comme « carnivores domestiques » et donc soumis à une législation particulière.
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+ Depuis les années 1980[1], on désigne sous le terme « nouveaux animaux de compagnie » (NAC), des espèces qui sont entrées après les années 1970 dans le cercle des animaux de compagnie. Certains de ces animaux, comme le furet ou le lapin, étaient domestiqués depuis longtemps, mais destinés à un autre usage. D'autres sont des animaux exotiques, légalement considérés comme animaux domestiques uniquement dans leur pays d'origine, tandis qu'ailleurs ce sont des individus sauvages qu'il est possible de garder en captivité sous certaines conditions. Depuis le début des années 2000, des animaux de compagnie génétiquement modifiés comme le GloFish font également leur apparition.
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+ La réglementation diffère d'un pays à l'autre, notamment pour les conditions d'acquisition, de détention, d'importation et d'exportation.
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+ Le premier animal de compagnie, le chien, est issu de la domestication du loup. Les chasseurs-cueilleurs ramenant chez eux des louveteaux qu'ils n'ont pas tués le confient probablement à leurs femmes qui les élèvent. D'après le biologiste Ray Coppinger, ce serait peut-être même les loups les plus enhardis qui profitèrent de nos restes, devenant ainsi par la suite de plus dociles compagnons. La mode des animaux de compagnie se développe par la suite dans un contexte colonial (civilisation gréco-romaine, mise en place des empires coloniaux), les colons rapportant des pays conquis des animaux exotiques (singes, perroquets, poissons rouges…) ou de races peu connues en Europe (chats, chiens…)[2].
8
+
9
+ Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris (qui finit à son tour animal de compagnie) en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi, en partie, son rôle utilitaire de prédateur pour plus devenir progressivement un animal de compagnie en Europe[3]. Sous Louis XV, se développe la mode du « chien de manchon », chien d'une fort petite espèce que les dames portent dans leur manchon, et des « animaux de tendresse »[4].
10
+
11
+ Au XIXe siècle, l'animal de compagnie du pauvre est le canari, car il exige peu de nourriture[2].
12
+
13
+ Chez les peuples chasseurs-cueilleurs d'Amazonie, il est fréquent de recueillir de jeunes animaux, tels que le pécari, le cabiai ou l'agouti. Une fois apprivoisés, ils vivent en liberté dans la maison et sont les compagnons de jeu des enfants[5].
14
+
15
+ Dans les sociétés occidentales, les animaux de compagnie sont devenus un véritable phénomène de société, avec le chien et le chat tenant le rôle d'excellence.
16
+
17
+ En 2006, la proportion de foyers possédant un animal familier était de[6] :
18
+
19
+ En 2010, en France, un sondage révèle que 48,7 % des foyers posséderaient au moins un animal de compagnie[8], chiffre en constante baisse comparé à 2006. Soit 59 millions d’animaux familiers en 2010. Si le nombre de chiens (7,59 millions, -2,86 % depuis 2008), petits mammifères (3 millions, -7 % depuis 2008) et poissons (31,58 millions, -13 % depuis 2008) est en baisse, en revanche le nombre de chats (10,96 millions, +2,6 % depuis 2008) et d'oiseaux (6,04 millions, soit 70,6 % de plus qu'en 2008) augmente[8].
20
+
21
+ Le nombre d'oiseaux a retrouvé son niveau d'avant la crise de la grippe aviaire de 2004 qui avait imposé des contraintes d'isolation aux oiseaux de volière, ceux-ci ayant la faveur au détriment de l'oiseau unique en cage. À l'inverse, le poisson rouge unique dans son bocal progresse de 2,8 % entre 2008 et 2010 au détriment de l'aquarium collectif, malgré les campagnes de sensibilisation[8],[9].
22
+
23
+ L'animal de compagnie est un objet d'attachement dont la présence est rassurante. Il rompt la solitude et l'isolement social. C'est une aide précieuse pour certaines catégories sociales, notamment les personnes âgées et les enfants.[réf. nécessaire]
24
+
25
+ En France, en 2010, chiens et chats sont adoptés principalement par des familles de taille moyenne vivant en zone rurale dans une maison avec jardin. Les Français ont moins de chiens, notamment les retraités, car ils désirent désormais pouvoir voyager sans contrainte ou estiment ne pas remplir les conditions pour s'en occuper correctement[8].
26
+
27
+ En 2011, la France regroupe la plus grande population d'animaux de compagnie de l'Union européenne, avec 61,6 millions d'animaux[10].
28
+
29
+ En 2012, en France, on estime que deux foyers sur trois possèdent un animal de compagnie[11].
30
+
31
+ Cette liste est loin d'être exhaustive, car l'acquisition, l'importation et la détention des différentes espèces sont soumises aux réglementations internationales et locales. Elle varie aussi selon les époques et les modes.
32
+
33
+ Par exemple, le perroquet jaco est quasiment menacé à l'état sauvage à cause des importations excessives et du déboisement ; le furet est totalement interdit en Nouvelle-Zélande, où il constitue une espèce invasive ; on ne peut pas maintenir un hérisson commun en captivité en Europe, alors que c'est un animal de compagnie prisé en Amérique ; il faut obtenir un certificat de capacité pour élever un chien de prairie en France ; le poisson rouge en bocal est interdit à Rome[12], l'écureuil de Corée (Tamias sibiricus), est interdit en Europe depuis 2016 car c'est un vecteur de maladie s'il est relâché dans la nature[13]. etc.
34
+
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+ Voir Catégorie : Oiseau de compagnie
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+ Le marché des animaux de compagnie se développe rapidement et touche divers aspects :
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+ En 2013, la valeur marché mondial des animaux de compagnie est estimée à 53 milliards d'euros[16].
40
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41
+ Au Japon, en 2011, le marché des animaux de compagnie est le deuxième au monde après les États-Unis, dont un tiers consacré à l'alimentation. Il est estimé à environ 10 milliards d’euros (1 137 milliards de yens), soit 170 euros (19 000 yens) par foyer japonais et par an. C'est un marché en pleine expansion depuis 2002 pour répondre aux besoins des 29 millions d'animaux de compagnie, nombre qui devrait encore s'accroître avec une préférence pour les petits chiens mais aussi d'autres animaux comme les insectes dont 600 000 individus sont importés par an. Assurances, aliments diététiques, produits de soins et de toilettage connaissent par conséquent un véritable boom[17].
42
+
43
+ En France, en 2009, le marché des animaux de compagnie était estimé à 3,5 milliards d'euros par an. En 2010 les français ont dépensé en moyenne 800 € pour leurs chiens et 600 € pour leurs chats et ils ont acheté sur Internet 2,1 % de l'alimentation animale et 5,9 % des accessoires[18]. En 2016, seulement 6 % des animaux de compagnie sont assurés en France[19] (contre 80 % dans d'autres pays européens), majoritairement les chiens et les chats. En 2014, le coût d'une mutuelle « basique » pour animaux est d'environ 15,80 euros pour un chien et d'environ 11,90 euros pour un chat[20][pertinence contestée].
44
+
45
+ Ce commerce engendre en outre un des plus importants en volume fiduciaire trafic illégal[réf. nécessaire].
46
+
47
+ Les animaux de compagnie peuvent être porteurs de parasites ou infecter d'autres espèces animales voire l'homme (zoonose). Leur détention ou leur passage aux frontières sont très souvent réglementés et des documents officiels avec des certificats vétérinaires peuvent être réclamés au propriétaire par les autorités des pays concernés[21].
48
+
49
+ Une identification des animaux est souvent requise, par baguage, puce électronique sous-cutanée, boucle[22], etc.
50
+
51
+ En France, il faut un certificat de capacité pour l'entretien d'animaux d'espèces non domestiques.
52
+
53
+ Certains spécialistes comme les médecins allergologues de l'ARCAA rappellent que les animaux de compagnie peuvent être impliqués dans les allergies des patients[23]. Par exemple, les urines ou la salive du chat peuvent contenir des allergènes qui entraînent des crises d'Asthme. On parle d'effet cocktail[24] quand un environnement chargé en COV associé aux allergènes de l'animal amplifie le risque de réaction allergique. Pour faire face à ces risques, il convient donc de minimiser les polluants intérieurs si on a un animal chez soi[25]. [pertinence contestée]
54
+
55
+ Les animaux vivants sont susceptibles d'agression, de véhiculer des maladies graves (rage ou la grippe aviaire) ou bien encore de ne pas respecter la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. La réglementation de leurs déplacements diffère selon les pays et il convient de se renseigner auprès des ambassades ou des services de douane[26].
56
+
57
+ En règle générale, pour voyager avec un animal de compagnie, il est prudent de s'assurer qu'il appartient à une espèce ou une race autorisée dans le pays de destination et de retour, être en possession de documents officiels valides attestant sa bonne santé au cours des mois précédents, voire de son identité et sa propriété. Les conditions de contention durant le transport sont également réglementées.
58
+
59
+ Sur le territoire français, sur la voie publique, les races de chiens présumés dangereux (1re et 2e catégories) doivent être tenus en laisse par une personne majeure et être muselés. Ils n’ont pas accès aux transports en commun et aux lieux publics[26]. Les petits animaux (dans un sac ou une cage) ou les chiens guides d'aveugles ont accès aux transports et lieux publics selon certaines conditions[27].
60
+
61
+ En Europe, depuis le 1er octobre 2004, les carnivores domestiques (chiens, chats, furets…) doivent être munis d'un passeport pour pouvoir circuler à l'intérieur de l'Union européenne. Ce document est délivré par un vétérinaire habilité et nécessite, depuis 2011, que l'animal soit identifié par une puce électronique sous-cutanée[28]. Les animaux doivent être vaccinés contre la rage. Certains pays (le Royaume-Uni, l'Irlande, la Suède) exigent en outre que leur niveau de protection contre la rage soit évalué par un test sérologique, de façon à vérifier l'efficacité réelle de la vaccination. Le défaut de passeport peut entraîner selon le cas le retour de l'animal aux frais du propriétaire, la mise en quarantaine, voire l'euthanasie. Hors de l'Union européenne, selon les pays de provenance ou de destination, un titrage sérique des anticorps antirabiques qui doit être fait au moins 3 mois avant le voyage[26].
62
+
63
+ En France, par exemple, seules certaines espèces sont considérées comme des animaux domestiques en droit français, et donc susceptibles d'accompagner un voyageur en bénéficiant d'une certaine tolérance[29], mais au-delà d'un nombre supérieur à 5 spécimens le service des douanes considère qu'il s'agit d'un mouvement à caractère commercial. Il faut aussi noter que l'importation de certains chiens d'attaque est interdite (Staffordshire bull terrier, american Staffordshire terrier, mastiff ou boerbull, tosa, molosses de type dogue correspondant à la description donnée en annexe de l'arrêté du 27 avril 1999) ainsi que l'introduction de carnivores domestiques de moins de 3 mois, pas encore vaccinés contre la rage. Pour tous les animaux, le passage préalable chez un vétérinaire pour obtenir une attestation de bonne santé est indispensable pour éviter la propagation des maladies et des parasites[26].
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+
65
+ Si l'animal de compagnie est un objet d'attachement, il reste un être qu'on abandonne trop facilement ou, pire, que l'on maltraite. Ce phénomène a entraîné en réaction des actions pour la protection des animaux.
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+
67
+ Citons parmi les lois concernant les animaux de compagnie :
68
+
69
+ La première loi en faveur de la protection des animaux, la loi Grammont de 1850, prévoit une amende et même plusieurs jours de prison pour ceux qui maltraitent leurs animaux[30]. La Société protectrice des animaux (SPA), fut reconnue d'utilité publique en 1860 par Napoléon III.
70
+
71
+ En 1976, l'animal acquiert un statut d'être sensible et doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce[30]. En 1978 est proclamée la Déclaration universelle des droits de l’animal à Paris, au siège de l’UNESCO[30].
72
+
73
+ Depuis 1977, il faut un certificat de capacité pour l'entretien d'animaux d'espèces non domestiques[31]. Il existe 3 sortes de capacités non domestiques : élevage, vente/détention/transit, et présentation au public. La détention pour le plaisir de certaines espèces non domestiques est tolérée dans le cadre d'un élevage d'agrément, pour un nombre limité d'individus, s'il s'agit d'espèces ni dangereuses, ni protégées ou réglementées[32].
74
+
75
+ Le 13 novembre 1987, les États membres du Conseil de l'Europe signent, à Strasbourg, la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie. En 1989, la « loi Nallet » (du nom du ministre français de l'Agriculture) double le temps de garde avant euthanasie animale des animaux trouvés (on passe de 4 jours à 8 jours)[30].
76
+
77
+ En 1999 est promulguée la loi relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux : les animaux errants sont moins maltraités, les conditions de vente et de détention sont plus réglementées, la cruauté est davantage punie et l'animal est distingué de l'objet au regard de la loi[30].
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+ Depuis octobre 2000 l'exercice des activités liées aux animaux de compagnie nécessite aussi l'obtention par les personnes d'un certificat de capacité pour les animaux domestiques (CCAD)[33].
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81
+ En France, 100 000 animaux sont abandonnés chaque année, majoritairement durant l'été[34].
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+ La loi fédérale du 4 octobre 2002 introduit un nouvel article 641a au Code civil, qui met fin au statut selon lequel les animaux sont des choses[35].
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+ Voir aussi la Loi fédérale sur la protection des animaux (LPA) du 16 décembre 2005[36]
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+ Un chien affublé d’un manteau qu’on appelle « mon bébé », « mon fils », « ma fille », « ma fifille », pour qui l’on crée un profil sur les réseaux sociaux d’internet, voilà un schéma qui n'étonne pas dans la société occidentale.
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+ Gilles Deleuze, dans son Abécédaire, distingue deux gammes de rapports avec les animaux : les rapports humains et les rapports animaux. Avec l’animal de compagnie l'homme entretient un rapport humain, il projette sa condition sur son compagnon. Au contraire le chasseur ou l'éthologue entretient un rapport animal, il incorpore la condition de l’animal pour mieux approcher le sauvage. L’animal de compagnie est un être sujet contrairement à l’animal d'élevage (ou militaire, de laboratoire) qui est considéré un animal-machine ou animal-objet.
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+ Le premier rapport de l’homme à l’animal est celui de la catégorisation. On détermine le bon soin à porter à l’animal de compagnie en invoquant les arguments de la biologie et de sa nature. Sa nature réifiée dans une catégorie biologique, devient une norme à défendre. Ce rapport est signe d’une domination humaine sur l’animal, en tant qu’être humain je sais ce qu’il y a de mieux pour l’Autre.
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+ L'anthropomorphisme, au contraire, consiste à nier l’animalité. On attribue à l’animal de compagnie une conscience et des désirs humains. Par exemple avec les produits d’alimentation qui prennent une forme appétente pour les humains, des accessoires qui s’accordent avec l’habillement et les modes humaines.
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+ Le syndrome de Noé (animal hoarding en anglais, est une maladie mentale qui consiste à posséder trop d'animaux de compagnie pour s'en occuper correctement.
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+ Sujet qui fait débat, les droits concernant les animaux sont inscrits à la fois dans le Code civil, Code pénal et Code rural. Le statut particulier de l'animal de compagnie oppose radicalement son traitement à celui des animaux d’élevages ou sauvages. Dans le Code civil les lois protègent les animaux domestiques qui sont soumis au régime des biens[37]. Dans le Code rural, l'animal est un être sensible qui doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce[38]. Selon le Code rural, dans le droit relatif aux animaux de compagnie, on entend par animal de compagnie tout animal détenu ou destiné à être détenu par l'homme pour son agrément[39]. Le Code pénal sanctionne les sévices graves ou de nature sexuelle ainsi que tout acte de cruauté sur les animaux domestiques ou apprivoisés ou tenus en captivité[40].
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+ Il existe une convention européenne pour la protection des animaux de compagnie[41].
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103
+ L'abattage de 50 000 chiens en réponse à une épidémie de rage, dans la province chinoise du Yunnan, en juillet 2006, suscite une controverse[42].
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+
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+ Certains penseurs défendent l'idée qu'il serait nécessaire de créer un droit des animaux.
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+ Contrairement aux animaux d’élevage, la norme pour les animaux de compagnie n'est pas l'équarrissage. L’homme a créé différentes pratiques de traitement du corps des animaux de compagnie. Lorsqu'un animal de compagnie meurt l’incinération par le vétérinaire est la voie la plus courante.
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+ On peut laisser la dépouille d’un animal chez un vétérinaire pour une incinération collective, coût entre 15 et 120€ selon le poids de l'animal. L'incinération individuelle doit être effectuée par une société d’incinération. Le coût pour l'enterrement dans un cimetière pour animaux en France comprend le prix du cercueil, de l'inhumation, du caveau et de la redevance annuelle, il s’élève souvent à plusieurs centaines voire milliers d'euros.
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+ Selon l’article L.226-3 du Code rural il est interdit de déposer le corps d’un animal sur la voie publique ou de le jeter dans les ordures ménagères, ni de le jeter dans les égouts ou dans tout type de plan d'eau. Selon article R. 63-1 du Code pénal, l'amende s'élève à 150€ pour ceux qui ne suivent pas la loi. Il est légal d'enterrer un animal dans un espace privé si l'on suit les règles données par le Code rural.
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+ Il existe une quarantaine de cimetières animaliers en France. Le plus connu et le plus ancien est le cimetière d’Asnières. Cette pratique est un bon exemple d'anthropomorphisme : cela permet à l’homme d’offrir à son chien, son chat, ou son lapin un hommage mimétique de la pratique pour les humains. Les pierres tombales, les épitaphes sont des imitations des cimetières humains. La cérémonie de mise en bière, les visites du lieu et les bouquets de fleurs posées sur les petites tombes des animaux sont des actions inspirées des pratiques d’enterrements humains.
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+ Espaces sur internet, sites internet, qui permettent aux propriétaires d'animaux de compagnie d’honorer la mémoire de leurs animaux décédés. Cette alternative au cimetière physique est la plupart du temps gratuite. Ils permettent aux propriétaires de visiter une tombe « virtuelle » de leur animal de compagnie, de publier des commentaires, des photos, de converser avec d'autres individus.
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+ La présence des animaux de compagnie est importante sur les réseaux sociaux de l’internet. Il existe des groupes sur Facebook dédiés aux races de chiens, des profils Instagram (réseau de partage de photographies et images) qui présentent des animaux personnifiés, auxquels on prête souvent une voix et des comptes Twitter qui sont tenus de manière d'un jeu de rôle par le propriétaires, donnant l'illusion d'une communauté d’animaux discutant des humains entre eux. Ces réseaux permettent aux usagers de diffuser de l’information à propos des animaux de compagnie, mais aussi d'utiliser à des fins promotionnelles l'image de leur compagnon, souvent des chats[43], dont les représentations diffusées deviennent iconiques, comme Grumpy Cat ou Choupette.
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+ La natation, c'est-à-dire l'action de nager (Écouter), désigne les méthodes qui permettent aux êtres humains de se mouvoir dans l'eau sans aucune autre force propulsive que leur propre énergie corporelle.
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+ Parmi les activités humaines, la natation regroupe le déplacement à la surface de l'eau et sous l'eau (plongée, mermaiding (en), natation synchronisée, water-polo), le plongeon et divers jeux pratiqués dans l'eau.
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+ Elle se pratique en piscine, en eau libre (lac, mer), ou en eau vive (rivière)[1].
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+ La natation est un sport olympique depuis 1896 pour les hommes et depuis 1912 pour les femmes.
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+ Certaines bactéries nagent dans les fluides, comme par exemple dans les mucus, la lymphe, le sang ou des gels tels que la synovie (spirochètes notamment) au moyens de flagelles ou de cils vibratiles principalement.
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+ De très nombreux animaux, du zooplancton aux grands mammifères, tels que les baleines, ont développé au cours de l'évolution des organes fonctionnels spécialisés (nageoires, pattes palmées, queue surdéveloppée...) ou des stratégies natatoires (vol presque plané chez la raie, ondulation chez les poissons anguiforme ou en forme de lame de couteau[2]), mouvement hélicoïdal chez certains vers (ex : Lumbriculus variegatus dans certaines circonstances), nage saccadée chez la méduse, la daphnie ou le cyclop[3].
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+ Grâce à leur flagelle, les spermatozoïdes humains peuvent nager dans la glaire cervicale et jusqu'à l'ovule, s'il est présent. Chez les organismes marins, ils nagent souvent en pleine eau à la recherche de l'œuf (ovule) le plus proche.
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+ Tous les mouvements pratiqués par des microbes ou animaux pour avancer dans un fluide et notamment dans l'eau obéissent à des règles physiques qui relèvent de la dynamique des fluides[4]. Ils peuvent être aidés par des mucus qui réduisent la friction dans l'eau. De même que les oiseaux en migration volent en bandes à une certaine distance les uns des autres pour optimiser leur vol grâce aux turbulences générées par les ailes de l'oiseau précédent, certains poissons peuvent se déplacer en bancs en bénéficiant des mêmes bénéfices hydrodynamiques[5] ,[6].
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+ Bien qu'il soit possible que les humains aient su nager dès la période préhistorique (il n'existe pas de preuves archéologiques dans ce domaine), les premiers documents à ce sujet datent approximativement de 4 500 avant Jésus Christ[8] et proviennent d'Égypte, de Grèce, d'Assyrie et de Rome. On enseignait la natation aux citoyens romains dès leur enfance : d'un homme peu instruit les Grecs (Platon : Lois III, 689d) et les Romains disaient : « Il ne sait ni lire ni nager. » Aux thermes, les Romains pouvaient nager dans la natation, piscine au sens de nager[pas clair]. Mais cette discipline n'apparaissait pas dans les Jeux Panhelléniques.
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+ En France, c'est surtout à partir des Jeux de 1924 que la discipline sportive en tant que telle et les piscines se développèrent[9]. Non sans opposition, certains craignant ce qu'ils percevaient comme une pratique immorale. Ainsi, la section lyonnaise de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique (LRMP) s'indigne, au début des années 1930, des nageuses du quai Saint-Vincent. À leur demande, le maire, Édouard Herriot, fait procéder à une enquête publique, qui conclut que les nageuses paraissent « suffisamment vêtues pour que leurs exercices ne portent aucune atteinte à la morale publique »[10].
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+ En Suède, Nancy Edberg popularise la natation à Stockholm dès 1847. Elle y donne des cours de natation à des hommes et des femmes, puis, peu après, elle lance des cours de natation destinés aux femmes au Danemark et en Norvège[11]. Ses démonstrations publiques de natation avec ses élèves à partir de 1856 sont probablement parmi les premières démonstrations en Europe[11].
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+ En Allemagne, c'est un homme, Ludwig Christof Rübsamen, professeur de gymnastique athlétique à Giessen (Allemagne), qui y fonde une piscine en 1851 et promeut la natation féminine[12].
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+ Aux États-Unis, une des premières femmes à promouvoir la natation féminine est Kate Bennet, qui ouvre en 1870 une école à Manhattan[13].
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+ Aux Pays-Bas, le premier bassin de natation en plein air date de 1846. Dans ce bassin et ceux qui ouvrent peu après, il y a séparation des sexes : ou bien les bassins sont interdits aux femmes, ou bien ils sont réservés aux hommes la majorité du temps, avec quelques heures par semaine prévus pour une utilisation par les femmes. En 1882, une piscine à ciel ouvert, la piscine Obelt, est construite à Amsterdam ; cette piscine comporte plusieurs bassins dont l'un destiné aux femmes. Y est organisée en 1884 la première épreuve de natation féminine aux Pays-Bas. En 1886, un club de natation féminine est fondé à La Haye, le premier club de ce genre aux Pays-Bas et probablement aussi en Europe continentale. La féderation néerlandaise de natation, fondée en 1888, crée un diplôme de natation en 1890 ; pour cela la fédération commence une formation d'instructeurs de natation ; le premier diplôme de maître nageur, en 1892, est délivré à une femme[14].
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+ La première femme à participer à une épreuve de natation en France, en septembre 1905, est Annette Kellerman, féministe australienne, qui a aussi propagé la natation synchronisée. La première course de natation féminine a lieu en 1906[15].
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+ Le premier championnat féminin de natation se déroule en Écosse en 1892[16].
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+ Le premier record du monde féminin officiel de natation est détenu par la nageuse allemande Martha Gerstung sur le 100 m libre en 1 min 35 s 00, enregistré le 18 octobre 1908 à Magdebourg[17].
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+ Les premiers Jeux olympiques comportant des épreuves féminines de natation au programme, sont les 5e Jeux de 1912 à Stockholm, où l'Australienne Fanny Durack remporte à la fois la médaille d'or et un nouveau record mondial en 100 m libre[18].
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+
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+ La première nageuse de descendance africaine ayant obtenu une médaille olympique est Enith Brigitha de Curaçao, qui, nageant pour les Pays-Bas, a gagné deux médailles de bronze en 100 m et 200 m libres aux Jeux olympiques de 1976 à Montréal[19].
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+
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+ La natation féminine aujourd'hui. Selon une étude européenne, la natation dans les pays de l'Union européenne est populaire chez les deux sexes[20]. Selon la fédération française de natation (FFN), 25 % des femmes (7,5 million) et de 23 % des hommes en 2010 en France pratiquent la natation de loisir. Parmi les pratiquants de la natation sportive en France, les femmes sont substantiellement majoritaires : 55,7 % de femmes contre 44,3 % d'hommes sur les 288.000 licencié(e)s[21]. Pourtant, la natation sportive féminine est beaucoup plus jeune que la masculine[22].
42
+
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+ La natation peut se pratiquer muni du seul maillot de bain, bien que la réglementation chez les compétiteurs permettent l'usage des combinaisons. On peut s'aider aussi de divers accessoires, parmi lesquels :
44
+
45
+ Il n'y a aujourd'hui que quatre techniques de nage normalisées à des fins compétitives par l'institution sportive et enseignées couramment : le papillon, le dos crawlé, la brasse et le crawl. Il existe cependant de nombreux autres styles, dont certains ont été enseignés dans le passé en natation, voire utilisés en compétition sportive[23] :
46
+
47
+ La nage la plus rapide est le crawl, très utilisée en nage libre, mise au point par John Arthur Trudgen en 1873[24] en s'inspirant de la technique utilisée par certains Amérindiens. Au début du XXe siècle apparut le battement de jambes actuel, apparemment issu de l'observation d'indigènes australiens. Cette nage fut appelée « crawl australien » jusqu'au milieu du XXe siècle à peu près. Le sport quant à lui rentra aux Jeux olympiques dès les premiers jeux olympiques en 1896.
48
+
49
+ Les écoles de natation proposent des certifications pour les plus jeunes, dans l'ordre croissant[25] :
50
+
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+ Ensuite, les catégories des compétitions sont les suivantes[26] :
52
+
53
+ Les compétitions maîtres font de la natation un des très rares sports où les compétiteurs peuvent poursuivre leur carrière sans limite jusqu'au niveau mondial. Pratique en pleine extension — à l'image du marathon en athlétisme — la natation maître est l'occasion de très importantes compétitions : les championnats du monde des maîtres ont ainsi réuni en juin 2012 plus de 10 000 nageurs à Riccione, en Italie[27],[28].
54
+
55
+ Il existe aussi des courses en piscines avec accessoires (palmes ou monopalme, tuba, bouteilles d'air), des courses en eau libre avec ou sans accessoires, de la nage en eau libre. L'épreuve de 10 km en eau libre a fait son entrée aux Jeux olympiques de Pékin en 2008. Des épreuves spéciales peuvent être organisées en eau libre, la plus connue est la traversée de la Manche (31 km).
56
+
57
+ Le programme de sécurité aquatique de la croix-rouge canadienne reconnaît six styles de nage soit : crawl, dos crawlé, brasse, dos élémentaire, marinière et le papillon. Le dos élémentaire ne semble pas être enseigné ailleurs dans le monde qu'au Canada. La marinière semble avoir son équivalent sous le nom de brasse indienne. Dans son programme aux enfants, la croix-rouge explique aussi la godille (tête première et pieds premiers) et le rotatif-alternatif (nage très utilisée pour le remorquage en sauvetage). Depuis quelques années, le papillon n'est plus enseigné dans ce programme pour plusieurs raisons[réf. souhaitée]. Le programme est divisé selon l'âge des participants :
58
+
59
+ Il est important de mentionner que pour pouvoir passer d'un cours à un autre, les moniteurs en sécurité aquatique doivent avoir vu l'enfant participant faire au moins trois fois chacun des critères d'évaluations au cours de sa session de natation. Si un moniteur n'est pas sûr de la classification d'un élève, il peut demander de classer l'élève en question dans un niveau plus bas.
60
+
61
+ Pour les enfants de 5 ans et plus :
62
+
63
+ Au Québec, les catégories des compétitions sont[31] :
64
+
65
+ On peut regrouper la pratique compétitive de la natation en trois catégories de sports : les courses, la pratique artistique, et les sports d'opposition pratiqués dans l'eau.
66
+
67
+ Il existe des grilles[32] de temps qui permettent aux nageurs de se qualifier aux championnats nationaux mais aussi internationaux. Pour les nageurs performants, il existe une grille de temps qui permet d'attribuer le statut de nageur de haut niveau. Ce statut permet d'avoir des avantages comme le fait de bénéficier d'un emploi de temps aménagé.
68
+
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+ Les nages de compétition se nagent en bassin de 25 m (petit bassin) et de 50 m (grand bassin).
70
+
71
+ Dans une épreuve de quatre nages (100, 200 ou 400 mètres), l'ordre des nages est le suivant : papillon, dos, brasse et crawl. Dans un relais, l'ordre change : dos, brasse, papillon, crawl afin de permettre au « dossiste » de partir (le départ en dos se fait dans l'eau, les mains sur les poignées situées sous le plot et non par plongeon du plot comme dans les autres nages). La nage 100 mètres quatre nages individuelle ne peut se nager qu'en petit bassin.
72
+
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+ Sur ces 40 épreuves, seules 32 sont disputées aux jeux olympiques. Les 50 mètres en papillon, en dos et en brasse ainsi que le 800 mètres nage libre chez les hommes et le 1 500 mètres nage libre chez les femmes ne font pas partie du programme olympique mais sont disputés dans les autres compétitions, notamment les championnats du monde.
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+ La brasse est la nage la plus réglementée techniquement mais aussi la plus dure à réaliser et la plus "lente", avec notamment l'obligation de réaliser des mouvements simultanés et dans un même plan horizontal, de toucher le mur simultanément avec les deux mains au virage et à l'arrivée et d'alterner un mouvement de bras et un mouvement de jambes dans cet ordre (règle SW 7[33]). Dans toutes les nages, la coulée est limitée avant la ligne des 15 mètres[34]. Sauf en brasse, où la coulée est limitée par le nombre de mouvements, c'est-à-dire un mouvement de dauphin (appelé une ondulation) descendant des jambes, un mouvement de brasse (bras et jambes) et le premier cycle de bras qui doit permettre au nageur de couper la surface. Aussi il n'est pas possible d'évoluer sur toute la durée d'une distance olympique en immersion.
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+ Certains nageurs se rasent les poils (jambes, bras, tête et même sourcils) notamment à cause de la résistance qu'ils exercent, mais aussi parce qu'une légère couche de peau est ôtée et que le nageur a une meilleure sensation de l'eau.
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+ Aux Jeux Olympiques, il existe différentes épreuves officielles de distances différentes : le papillon, le dos, la brasse et le crawl. Il existe aussi une nage qui combine les quatre précédentes: le quatre nages. Pour le 200 mètres quatre nages, aussi appelé QNI, les nageurs font 50 mètres par nage. Alors que pour le 400 mètre QNI, les nageurs font 100 mètres par nage. De plus, aux Jeux Olympiques, les athlètes ont la chance de faire des relais avec leurs coéquipiers. Tous les relais nécessitent 4 personnes : 2 personnes par sexe ou 4 personnes du même sexe. Les relais sont nagés soient entièrement au crawl, donc les quatre athlètes nagent le crawl à tour de rôle. Outre les relais au crawl, il existe aussi des relais au QNI. Chaque athlète effectue une nage. L'ordre du relais QNI est le suivant : dos, brasse, papillon, crawl. [1]
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+ La Paranatation est un programme élaboré dans le but de permettre aux individus présentant un handicap de pouvoir pratiquer la natation de façon compétitive.
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+ Celle-ci « combine une grande variété de handicaps dans trois catégories :
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+ La natation, c'est-à-dire l'action de nager (Écouter), désigne les méthodes qui permettent aux êtres humains de se mouvoir dans l'eau sans aucune autre force propulsive que leur propre énergie corporelle.
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+ Parmi les activités humaines, la natation regroupe le déplacement à la surface de l'eau et sous l'eau (plongée, mermaiding (en), natation synchronisée, water-polo), le plongeon et divers jeux pratiqués dans l'eau.
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+ Elle se pratique en piscine, en eau libre (lac, mer), ou en eau vive (rivière)[1].
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+ La natation est un sport olympique depuis 1896 pour les hommes et depuis 1912 pour les femmes.
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+ Certaines bactéries nagent dans les fluides, comme par exemple dans les mucus, la lymphe, le sang ou des gels tels que la synovie (spirochètes notamment) au moyens de flagelles ou de cils vibratiles principalement.
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+ De très nombreux animaux, du zooplancton aux grands mammifères, tels que les baleines, ont développé au cours de l'évolution des organes fonctionnels spécialisés (nageoires, pattes palmées, queue surdéveloppée...) ou des stratégies natatoires (vol presque plané chez la raie, ondulation chez les poissons anguiforme ou en forme de lame de couteau[2]), mouvement hélicoïdal chez certains vers (ex : Lumbriculus variegatus dans certaines circonstances), nage saccadée chez la méduse, la daphnie ou le cyclop[3].
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+ Grâce à leur flagelle, les spermatozoïdes humains peuvent nager dans la glaire cervicale et jusqu'à l'ovule, s'il est présent. Chez les organismes marins, ils nagent souvent en pleine eau à la recherche de l'œuf (ovule) le plus proche.
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+ Tous les mouvements pratiqués par des microbes ou animaux pour avancer dans un fluide et notamment dans l'eau obéissent à des règles physiques qui relèvent de la dynamique des fluides[4]. Ils peuvent être aidés par des mucus qui réduisent la friction dans l'eau. De même que les oiseaux en migration volent en bandes à une certaine distance les uns des autres pour optimiser leur vol grâce aux turbulences générées par les ailes de l'oiseau précédent, certains poissons peuvent se déplacer en bancs en bénéficiant des mêmes bénéfices hydrodynamiques[5] ,[6].
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+ Bien qu'il soit possible que les humains aient su nager dès la période préhistorique (il n'existe pas de preuves archéologiques dans ce domaine), les premiers documents à ce sujet datent approximativement de 4 500 avant Jésus Christ[8] et proviennent d'Égypte, de Grèce, d'Assyrie et de Rome. On enseignait la natation aux citoyens romains dès leur enfance : d'un homme peu instruit les Grecs (Platon : Lois III, 689d) et les Romains disaient : « Il ne sait ni lire ni nager. » Aux thermes, les Romains pouvaient nager dans la natation, piscine au sens de nager[pas clair]. Mais cette discipline n'apparaissait pas dans les Jeux Panhelléniques.
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+ En France, c'est surtout à partir des Jeux de 1924 que la discipline sportive en tant que telle et les piscines se développèrent[9]. Non sans opposition, certains craignant ce qu'ils percevaient comme une pratique immorale. Ainsi, la section lyonnaise de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique (LRMP) s'indigne, au début des années 1930, des nageuses du quai Saint-Vincent. À leur demande, le maire, Édouard Herriot, fait procéder à une enquête publique, qui conclut que les nageuses paraissent « suffisamment vêtues pour que leurs exercices ne portent aucune atteinte à la morale publique »[10].
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+ En Suède, Nancy Edberg popularise la natation à Stockholm dès 1847. Elle y donne des cours de natation à des hommes et des femmes, puis, peu après, elle lance des cours de natation destinés aux femmes au Danemark et en Norvège[11]. Ses démonstrations publiques de natation avec ses élèves à partir de 1856 sont probablement parmi les premières démonstrations en Europe[11].
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+ En Allemagne, c'est un homme, Ludwig Christof Rübsamen, professeur de gymnastique athlétique à Giessen (Allemagne), qui y fonde une piscine en 1851 et promeut la natation féminine[12].
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+ Aux États-Unis, une des premières femmes à promouvoir la natation féminine est Kate Bennet, qui ouvre en 1870 une école à Manhattan[13].
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+ Aux Pays-Bas, le premier bassin de natation en plein air date de 1846. Dans ce bassin et ceux qui ouvrent peu après, il y a séparation des sexes : ou bien les bassins sont interdits aux femmes, ou bien ils sont réservés aux hommes la majorité du temps, avec quelques heures par semaine prévus pour une utilisation par les femmes. En 1882, une piscine à ciel ouvert, la piscine Obelt, est construite à Amsterdam ; cette piscine comporte plusieurs bassins dont l'un destiné aux femmes. Y est organisée en 1884 la première épreuve de natation féminine aux Pays-Bas. En 1886, un club de natation féminine est fondé à La Haye, le premier club de ce genre aux Pays-Bas et probablement aussi en Europe continentale. La féderation néerlandaise de natation, fondée en 1888, crée un diplôme de natation en 1890 ; pour cela la fédération commence une formation d'instructeurs de natation ; le premier diplôme de maître nageur, en 1892, est délivré à une femme[14].
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+ La première femme à participer à une épreuve de natation en France, en septembre 1905, est Annette Kellerman, féministe australienne, qui a aussi propagé la natation synchronisée. La première course de natation féminine a lieu en 1906[15].
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+ Le premier championnat féminin de natation se déroule en Écosse en 1892[16].
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+ Le premier record du monde féminin officiel de natation est détenu par la nageuse allemande Martha Gerstung sur le 100 m libre en 1 min 35 s 00, enregistré le 18 octobre 1908 à Magdebourg[17].
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+ Les premiers Jeux olympiques comportant des épreuves féminines de natation au programme, sont les 5e Jeux de 1912 à Stockholm, où l'Australienne Fanny Durack remporte à la fois la médaille d'or et un nouveau record mondial en 100 m libre[18].
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+ La première nageuse de descendance africaine ayant obtenu une médaille olympique est Enith Brigitha de Curaçao, qui, nageant pour les Pays-Bas, a gagné deux médailles de bronze en 100 m et 200 m libres aux Jeux olympiques de 1976 à Montréal[19].
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+ La natation féminine aujourd'hui. Selon une étude européenne, la natation dans les pays de l'Union européenne est populaire chez les deux sexes[20]. Selon la fédération française de natation (FFN), 25 % des femmes (7,5 million) et de 23 % des hommes en 2010 en France pratiquent la natation de loisir. Parmi les pratiquants de la natation sportive en France, les femmes sont substantiellement majoritaires : 55,7 % de femmes contre 44,3 % d'hommes sur les 288.000 licencié(e)s[21]. Pourtant, la natation sportive féminine est beaucoup plus jeune que la masculine[22].
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+ La natation peut se pratiquer muni du seul maillot de bain, bien que la réglementation chez les compétiteurs permettent l'usage des combinaisons. On peut s'aider aussi de divers accessoires, parmi lesquels :
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+ Il n'y a aujourd'hui que quatre techniques de nage normalisées à des fins compétitives par l'institution sportive et enseignées couramment : le papillon, le dos crawlé, la brasse et le crawl. Il existe cependant de nombreux autres styles, dont certains ont été enseignés dans le passé en natation, voire utilisés en compétition sportive[23] :
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+ La nage la plus rapide est le crawl, très utilisée en nage libre, mise au point par John Arthur Trudgen en 1873[24] en s'inspirant de la technique utilisée par certains Amérindiens. Au début du XXe siècle apparut le battement de jambes actuel, apparemment issu de l'observation d'indigènes australiens. Cette nage fut appelée « crawl australien » jusqu'au milieu du XXe siècle à peu près. Le sport quant à lui rentra aux Jeux olympiques dès les premiers jeux olympiques en 1896.
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+ Les écoles de natation proposent des certifications pour les plus jeunes, dans l'ordre croissant[25] :
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+ Ensuite, les catégories des compétitions sont les suivantes[26] :
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+ Les compétitions maîtres font de la natation un des très rares sports où les compétiteurs peuvent poursuivre leur carrière sans limite jusqu'au niveau mondial. Pratique en pleine extension — à l'image du marathon en athlétisme — la natation maître est l'occasion de très importantes compétitions : les championnats du monde des maîtres ont ainsi réuni en juin 2012 plus de 10 000 nageurs à Riccione, en Italie[27],[28].
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+ Il existe aussi des courses en piscines avec accessoires (palmes ou monopalme, tuba, bouteilles d'air), des courses en eau libre avec ou sans accessoires, de la nage en eau libre. L'épreuve de 10 km en eau libre a fait son entrée aux Jeux olympiques de Pékin en 2008. Des épreuves spéciales peuvent être organisées en eau libre, la plus connue est la traversée de la Manche (31 km).
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+
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+ Le programme de sécurité aquatique de la croix-rouge canadienne reconnaît six styles de nage soit : crawl, dos crawlé, brasse, dos élémentaire, marinière et le papillon. Le dos élémentaire ne semble pas être enseigné ailleurs dans le monde qu'au Canada. La marinière semble avoir son équivalent sous le nom de brasse indienne. Dans son programme aux enfants, la croix-rouge explique aussi la godille (tête première et pieds premiers) et le rotatif-alternatif (nage très utilisée pour le remorquage en sauvetage). Depuis quelques années, le papillon n'est plus enseigné dans ce programme pour plusieurs raisons[réf. souhaitée]. Le programme est divisé selon l'âge des participants :
58
+
59
+ Il est important de mentionner que pour pouvoir passer d'un cours à un autre, les moniteurs en sécurité aquatique doivent avoir vu l'enfant participant faire au moins trois fois chacun des critères d'évaluations au cours de sa session de natation. Si un moniteur n'est pas sûr de la classification d'un élève, il peut demander de classer l'élève en question dans un niveau plus bas.
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+
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+ Pour les enfants de 5 ans et plus :
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+ Au Québec, les catégories des compétitions sont[31] :
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+ On peut regrouper la pratique compétitive de la natation en trois catégories de sports : les courses, la pratique artistique, et les sports d'opposition pratiqués dans l'eau.
66
+
67
+ Il existe des grilles[32] de temps qui permettent aux nageurs de se qualifier aux championnats nationaux mais aussi internationaux. Pour les nageurs performants, il existe une grille de temps qui permet d'attribuer le statut de nageur de haut niveau. Ce statut permet d'avoir des avantages comme le fait de bénéficier d'un emploi de temps aménagé.
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+
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+ Les nages de compétition se nagent en bassin de 25 m (petit bassin) et de 50 m (grand bassin).
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+
71
+ Dans une épreuve de quatre nages (100, 200 ou 400 mètres), l'ordre des nages est le suivant : papillon, dos, brasse et crawl. Dans un relais, l'ordre change : dos, brasse, papillon, crawl afin de permettre au « dossiste » de partir (le départ en dos se fait dans l'eau, les mains sur les poignées situées sous le plot et non par plongeon du plot comme dans les autres nages). La nage 100 mètres quatre nages individuelle ne peut se nager qu'en petit bassin.
72
+
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+ Sur ces 40 épreuves, seules 32 sont disputées aux jeux olympiques. Les 50 mètres en papillon, en dos et en brasse ainsi que le 800 mètres nage libre chez les hommes et le 1 500 mètres nage libre chez les femmes ne font pas partie du programme olympique mais sont disputés dans les autres compétitions, notamment les championnats du monde.
74
+
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+ La brasse est la nage la plus réglementée techniquement mais aussi la plus dure à réaliser et la plus "lente", avec notamment l'obligation de réaliser des mouvements simultanés et dans un même plan horizontal, de toucher le mur simultanément avec les deux mains au virage et à l'arrivée et d'alterner un mouvement de bras et un mouvement de jambes dans cet ordre (règle SW 7[33]). Dans toutes les nages, la coulée est limitée avant la ligne des 15 mètres[34]. Sauf en brasse, où la coulée est limitée par le nombre de mouvements, c'est-à-dire un mouvement de dauphin (appelé une ondulation) descendant des jambes, un mouvement de brasse (bras et jambes) et le premier cycle de bras qui doit permettre au nageur de couper la surface. Aussi il n'est pas possible d'évoluer sur toute la durée d'une distance olympique en immersion.
76
+
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+ Certains nageurs se rasent les poils (jambes, bras, tête et même sourcils) notamment à cause de la résistance qu'ils exercent, mais aussi parce qu'une légère couche de peau est ôtée et que le nageur a une meilleure sensation de l'eau.
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+ Aux Jeux Olympiques, il existe différentes épreuves officielles de distances différentes : le papillon, le dos, la brasse et le crawl. Il existe aussi une nage qui combine les quatre précédentes: le quatre nages. Pour le 200 mètres quatre nages, aussi appelé QNI, les nageurs font 50 mètres par nage. Alors que pour le 400 mètre QNI, les nageurs font 100 mètres par nage. De plus, aux Jeux Olympiques, les athlètes ont la chance de faire des relais avec leurs coéquipiers. Tous les relais nécessitent 4 personnes : 2 personnes par sexe ou 4 personnes du même sexe. Les relais sont nagés soient entièrement au crawl, donc les quatre athlètes nagent le crawl à tour de rôle. Outre les relais au crawl, il existe aussi des relais au QNI. Chaque athlète effectue une nage. L'ordre du relais QNI est le suivant : dos, brasse, papillon, crawl. [1]
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+ La Paranatation est un programme élaboré dans le but de permettre aux individus présentant un handicap de pouvoir pratiquer la natation de façon compétitive.
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+ Celle-ci « combine une grande variété de handicaps dans trois catégories :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/4038.html.txt ADDED
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+ Le sens premier du mot étoile est celui d'un point lumineux dans le ciel nocturne, et par extension, des figures géométriques représentant des rayons partant d'un centre (voir le symbole de l'étoile). En astronomie, la signification scientifique plus restreinte d'étoile est celle d'un corps céleste plasmatique qui rayonne sa propre lumière par réactions de fusion nucléaire, ou des corps qui ont été dans cet état à un stade de leur cycle de vie, comme les naines blanches ou les étoiles à neutrons[1]. Cela signifie qu'ils doivent posséder une masse minimale pour que les conditions de température et de pression au sein de la région centrale — le cœur — permettent l'amorce et le maintien de ces réactions nucléaires, seuil en deçà duquel on parle d'objets substellaires. Les masses possibles des étoiles s'étendent de 0,085 masse solaire à une centaine de masses solaires. La masse détermine la température et la luminosité de l'étoile.
4
+
5
+ La plupart des étoiles se situent sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell, où les étoiles produisent leur énergie et leur rayonnement par conversion de l'hydrogène en hélium, par des mécanismes de fusion nucléaire comme le cycle carbone-azote-oxygène ou la chaîne proton-proton.
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+ Pendant une grande partie de son existence, une étoile est en équilibre hydrostatique sous l'action de deux forces qui s'opposent : la gravitation, qui tend à contracter et faire s'effondrer l'étoile, et la pression cinétique (avec la pression de rayonnement pour les étoiles massives), régulée et maintenue par les réactions de fusion nucléaire, qui tend au contraire à dilater l'astre. À la fin de cette phase, marquée par la consommation de la totalité de l'hydrogène, les étoiles de la séquence principale se dilatent et évoluent en étoiles géantes, qui obtiennent leur énergie d'autres réactions nucléaires, comme la fusion de l'hélium en carbone et oxygène.
8
+
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+ Une étoile rayonne dans tout le spectre électromagnétique, au contraire de la plupart des planètes[Note 1] (comme la Terre) qui reçoivent principalement l'énergie de l'étoile ou des étoiles autour desquelles elles gravitent.
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+
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+ Le Soleil est une étoile assez typique dont la masse, de l'ordre de 2×1030 kg, est représentative de celle des autres étoiles.
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+
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+ Historiquement, les étoiles sont les points lumineux du ciel visibles uniquement la nuit et fixes les uns par rapport aux autres, par opposition aux planètes qui suivent des trajectoires errantes dans le ciel nocturne au cours de l'année. Les anciens avaient une connaissance approfondie de la répartition des étoiles dans le ciel : ils les utilisaient pour la navigation et attribuaient des noms à certaines d'entre elles ainsi qu'aux formes qu'elles dessinent, les constellations. Cependant ils ignoraient tout de leur nature exacte, pensant souvent qu'il s'agissait d'orifices percés à travers la sphère céleste[Note 2].
14
+
15
+ C'est seulement avec l'essor de l'astronomie moderne que les étoiles ont pu être comprises comme des objets de même nature que le Soleil mais situés à des distances considérablement plus grandes. Cette hypothèse fut énoncée pour la première fois par Giordano Bruno au XVIe siècle avant d'être confirmée expérimentalement en 1838 avec la première mesure de parallaxe réalisée par Friedrich Wilhelm Bessel, ainsi que par les observations spectrométriques effectuées grâce à l'appareil inventé en 1814 par l'opticien Joseph von Fraunhofer.
16
+
17
+ Une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique[2], constitué essentiellement de plasma, et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Durant la majeure partie de son existence, son cœur est le siège de réactions de fusion nucléaire, dont une partie de l’énergie est rayonnée sous forme de lumière ; la matière qui la compose s’en trouve presque complètement ionisée.
18
+
19
+ Le Soleil est l’étoile la plus proche de la Terre, l’énergie qu’il rayonne y permet le développement de la vie. Il apparaît bien plus lumineux que toutes les autres étoiles en raison de sa proximité : la seconde étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est 250 000 fois plus éloignée. Sauf en cas exceptionnel comme une éclipse, les autres étoiles ne sont visibles que la nuit lorsque leur éclat n’est pas noyé par celui du ciel diurne, résultant lui-même de la diffusion de l’éclairement solaire.
20
+
21
+ Les étoiles sont regroupées au sein de galaxies. Une galaxie typique, comme la nôtre, la Voie lactée, contient plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Au sein des galaxies, les étoiles peuvent être liées dans des systèmes multiples (quelques étoiles) ou des amas (plusieurs dizaines à quelques centaines de milliers d’étoiles).
22
+
23
+ La sphère céleste fait également apparaître des groupements d’étoiles, les constellations ; il s’agit en fait d��une illusion optique due à l’effet de projection. Les étoiles composant une constellation sont généralement situées à des distances très différentes de la Terre.
24
+
25
+ Une étoile possède une masse comprise entre 0,07 et 300 fois environ celle du Soleil (elle-même égale à 300 000 fois celle de la Terre, soit environ 2 × 1030 kg). Les astres de masse plus faible ne permettent pas l’amorçage des réactions de fusion nucléaire de l’hydrogène, alors que les étoiles de masse plus élevée sont sujettes à des instabilités entraînant une perte de masse. La durée de vie d’une étoile est essentiellement déterminée par la vitesse à laquelle se produisent les réactions nucléaires : plus la masse de l’étoile est élevée, plus les réactions nucléaires sont rapides et la durée de vie de l’étoile est brève. Les étoiles les plus massives ont une durée de vie de quelques millions d’années seulement, les moins massives, de plus de mille milliards d’années. Une étoile comme le Soleil a une durée de vie de l’ordre de 10 milliards d’années.
26
+
27
+ La formation d’étoiles est due à l’effondrement d’un nuage de gaz et à sa fragmentation possible en plusieurs proto-étoiles, lesquelles s’échauffent à mesure qu’elles se contractent. La température atteint alors une valeur telle que le cœur « s’allume » : l’hydrogène fusionne en hélium, fournissant l’énergie qui arrête l’effondrement. L’étoile entre alors dans la séquence principale dans laquelle elle passe la majeure partie de son existence. L’énergie produite par cette conversion est progressivement évacuée par l’étoile à la fois par convection et par rayonnement et s’échappe finalement de la surface de l’étoile sous forme de rayonnement, de vents stellaires et de neutrinos. Son évolution ultérieure dépend essentiellement de sa masse. Plus celle-ci est élevée, plus l’étoile est en mesure d’amorcer des réactions de fusion avec des éléments chimiques de plus en plus lourds. Elle peut ainsi synthétiser du carbone, puis de l’oxygène, du néon, etc. La quasi-totalité des éléments plus lourds que l’hélium est produite dans les étoiles (on parle de nucléosynthèse stellaire) dans les derniers stades de leur évolution. Si une étoile est suffisamment massive pour synthétiser du fer, alors elle est vouée à connaître une fin paroxystique sous forme de supernova : son cœur implose et ses couches externes sont disloquées par le processus. Le résidu laissé par l’implosion du cœur est un objet extrêmement compact, qui peut être soit une étoile à neutrons, éventuellement détectable sous la forme d’un pulsar, soit un trou noir. Les étoiles moins massives connaissent une fin de vie moins violente : elles perdent peu à peu la majeure partie de leur masse, qui forme par la suite une nébuleuse planétaire, et voient leur cœur se contracter lentement pour former une naine blanche.
28
+
29
+ La nuit, les étoiles apparaissent à l’œil nu sous la forme de points (à cause de leur éloignement) brillants de couleur blanche, parfois aussi rouge, orangée ou bleue — généralement scintillants et sans mouvement apparent immédiat par rapport aux autres objets fixes de la voûte céleste. Le phénomène de scintillation est dû à l’extrême petitesse de la taille angulaire des étoiles (quelques millisecondes d’arc voire moins), qui est inférieure à celle de la turbulence atmosphérique. À l’inverse, les planètes, bien qu’apparaissant comme des points, ont en réalité une taille angulaire suffisante pour ne pas être soumises au phénomène de scintillation. Si les étoiles se déplacent les unes par rapport aux autres, ce mouvement propre est très faible, même pour les étoiles les plus proches, n’excédant pas quelques secondes d’arc par an, ce qui explique leur apparente immobilité les unes par rapport aux autres.
30
+
31
+ Le jour, le Soleil domine et sa lumière, diffusée par la couche atmosphérique, occulte celle des étoiles. Mais l’astre le plus brillant visible depuis la Terre est bien lui-même une étoile.
32
+
33
+ Le Soleil semble beaucoup plus gros que toutes les autres étoiles car celles-ci sont bien plus éloignées : l’étoile la plus proche de la Terre après le Soleil, Proxima du Centaure, est située à environ quatre années-lumière de nous, soit près de 270 000 fois la distance qui nous sépare du Soleil (l’unité astronomique).
34
+
35
+ Selon les conditions d’observation, le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu varie fortement et peut atteindre plusieurs milliers dans les cas les plus favorables. Hormis le Soleil et Sirius — et encore, uniquement dans d’excellentes conditions d’observation — les étoiles sont trop peu brillantes pour être observables en plein jour (sauf lors des éclipses totales de Soleil et lors de phénomènes temporaires comme les novae ou les supernovae). L’éclat des étoiles est quantifié par une grandeur appelée magnitude apparente. Pour des raisons historiques, la magnitude est d’autant plus petite que l’astre est brillant : l’astronome de la Grèce antique Hipparque avait classifié les étoiles en astres de première grandeur pour les plus brillants, seconde grandeur pour les suivants, et ainsi de suite jusqu’à cinquième grandeur. La définition mathématique précise de la magnitude apparente reprend essentiellement cette classification, avec les étoiles les plus brillantes dotées d’une magnitude proche de 0 (à l’exception de Sirius, de magnitude -1,5 et de Canopus, de magnitude -0,7) et les plus faibles d’une magnitude supérieure à 6. Un écart de 1 en magnitude correspond à un rapport de luminosité de 2,5 environ, un écart de 5 à un rapport de 100. Le Soleil a une magnitude apparente de -26,7, c’est-à-dire que vu de la Terre, il est environ 10 milliards de fois plus brillant que Sirius.
36
+
37
+ Les étoiles semblent associées en figures géométriques plus ou moins simples, les constellations ; il s’agit d’un simple effet d’optique. Les structures stellaires réelles sont des amas (rassemblant quelques milliers d’étoiles) ou des galaxies (rassemblant de l’ordre du milliard d’étoiles).
38
+
39
+ L’observation à l’œil nu a été la première forme d’astronomie.
40
+
41
+ Les étoiles sont longtemps restées des points dans le ciel, et ce même vues à travers les plus puissants instruments de grossissement, tels que la lunette astronomique ou le télescope. C'est seulement à partir de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième que la résolution angulaire des meilleurs instruments est devenue inférieure à la seconde d'arc et s'est donc avérée suffisante pour apercevoir des structures autour de certaines étoiles ainsi que pour distinguer ces étoiles comme un disque et non comme un point. Cependant encore de nos jours l'écrasante majorité des étoiles reste inaccessible à une telle observation directe.
42
+
43
+ L'essentiel des observations stellaires se concentrent donc sur des données relatives à leur spectre électromagnétique, leur luminosité ou leur polarisation, mesurées respectivement à l'aide du spectrographe, du photomètre et du polarimètre.
44
+
45
+ Après l’œil, les détecteurs utilisés furent les plaques photographiques puis les détecteurs numériques comme le CCD.
46
+
47
+ L'étude des étoiles comporte aussi celle du Soleil, qui lui peut être observé en détail, mais avec un équipement approprié, notamment de puissants filtres. L'observation du soleil est une activité potentiellement dangereuse pour l'œil et pour le matériel : elle ne doit être pratiquée que par un public averti et compétent.
48
+
49
+ Pour repérer les étoiles et faciliter le travail des astronomes, de nombreux catalogues ont été créés. Parmi les plus célèbres, citons le catalogue Henry Draper (HD) et le Bonner Durchmusterung (BD). Les étoiles y sont rangées par leurs coordonnées, alpha (ascension droite) et delta (déclinaison) et un numéro leur est attribué : par exemple, HD 122653 (célèbre géante de Population II, très déficiente en métaux).
50
+
51
+ Une étoile est caractérisée par différentes grandeurs :
52
+
53
+ La masse est une des caractéristiques les plus importantes d’une étoile. En effet, cette grandeur détermine sa durée de vie ainsi que son comportement pendant son évolution et la fin de sa vie : une étoile massive sera très lumineuse mais sa durée de vie sera réduite.
54
+
55
+ Les étoiles ont une masse comprise entre environ 0,08 et 300 fois la masse du Soleil, soit (très) près de 2 × 1030 kilogrammes (deux milliards de milliards de milliards de tonnes). En dessous de la masse minimale, l’échauffement généré par la contraction gravitationnelle est insuffisant pour démarrer le cycle de réactions nucléaires : l’astre ainsi formé est une naine brune. Au-delà de la masse maximale, la force de gravité est insuffisante pour retenir toute la matière de l’étoile une fois les réactions nucléaires entamées. Jusqu’à peu, on pensait que la masse d’une étoile ne pouvait excéder 120 à 150 fois la masse solaire mais la récente découverte d’une étoile ayant une masse 320 fois supérieure à celle du Soleil a rendu cette hypothèse caduque[3].
56
+
57
+ Les étoiles ayant la plus petite masse observée (1/20e de masse solaire) sont les naines rouges, qui fusionnent très lentement l'hydrogène en hélium.
58
+
59
+ En dessous, il y a les naines brunes qui enclenchent juste la fusion du deutérium à leur formation.
60
+
61
+ La masse d'une étoile est limitée par les circonstances du processus de formation et par sa stabilité sur la séquence principale, essentiellement par le taux d'éjection du vent stellaire.
62
+
63
+ Les étoiles les plus massives ont généralement une masse d'environ 50 à 80 masses solaires.
64
+ Les étoiles encore plus massives sont instables car la gigantesque pression de rayonnement qui règne en leur centre provoque l'expulsion « rapide » de la matière qui les constitue, diminuant ainsi significativement leur masse durant leur « brève » séquence principale.
65
+
66
+ On pense que la première génération d'étoiles de l'Univers, celles de la population III, furent des étoiles principalement géantes, typiquement plus de 100 masses solaires, jusqu'à 1 000 masses solaires. Elles purent exister (et se maintenir durant leur « courte » séquence principale), car leur métallicité était pour ainsi dire nulle et les ions « métalliques » sont bien plus sensibles à la pression de rayonnement que l'hydrogène et l'hélium ionisés. Une bonne partie d'entre elles finissent en hypernovas.
67
+
68
+ En janvier 2004, Stephen Eikenberry de l'université de Californie, a annoncé avoir trouvé l'étoile la plus massive jamais observée : LBV 1806-20. Il s'agit d'une étoile très jeune qui ferait au moins 150 masses solaires. En juillet 2010, une équipe internationale d'astronomes annonce la découverte avec le VLT au Chili de l'étoile R136a1 dans la nébuleuse de la Tarentule qui serait 265 fois plus massive que le Soleil. Selon le professeur Paul Crowther de l'Université de Sheffield elle fait 320 fois la masse du Soleil[4].
69
+
70
+ La détermination de la masse d’une étoile ne peut se faire de façon précise que lorsqu’elle appartient à un système binaire par l’observation de son orbite. La troisième loi de Kepler permet alors de calculer la somme des masses des deux étoiles de la binaire à partir de sa période et du demi-grand axe de l’orbite décrite et de la distance de la Terre à l’étoile double observée. Le rapport des masses est obtenu par la mesure de la vitesse radiale des deux étoiles de la binaire. La connaissance de la somme et du rapport des masses permet de calculer la masse de chaque étoile. C’est la technique la plus précise.
71
+
72
+ D’autres estimations sont possibles pour des étoiles non binaires (simples) en utilisant la détermination spectroscopique de la gravité de surface et la mesure du rayon de l’étoile par interférométrie. Enfin, si l’étoile est observée de façon précise en photométrie et si sa distance, sa composition chimique et sa température effective sont connues, il est possible de la positionner dans un diagramme de Hertzsprung-Russell (noté HR) qui donne immédiatement la masse et l’âge de l’étoile (théorème de Vogt-Russell).
73
+
74
+ Comparativement à notre planète (12 756 km de diamètre), les étoiles sont gigantesques : le Soleil a un diamètre d’environ un million et demi de kilomètres et certaines étoiles (comme Antarès ou Bételgeuse) ont un diamètre des centaines de fois supérieur à ce dernier.
75
+
76
+ Le diamètre d’une étoile n’est pas constant dans le temps : il varie en fonction de son stade d’évolution. Il peut aussi varier régulièrement pour les étoiles variables périodiques (RR Lyrae, Céphéides, Miras, etc.).
77
+
78
+ Des interféromètres comme celui du VLT de l’ESO au Chili ou CHARA en Californie permettent la mesure directe du diamètre des étoiles les plus proches.
79
+
80
+ La composition chimique de la matière d’une étoile ou d’un gaz dans l’Univers est généralement décrit par trois quantités en nombre de masse : X l’hydrogène, Y l’hélium et Z la métallicité. Ce sont des grandeurs proportionnelles satisfaisant la relation : X + Y + Z = 1.
81
+
82
+ La métallicité est la quantité (mesurée en nombre, ou généralement par masse) des éléments plus lourds que l’hélium présents dans l’étoile (ou plutôt sa surface). Le Soleil possède une métallicité (notée Z) de 0,02 : 2 % de la masse du Soleil est composée d’éléments qui ne sont ni de l’hydrogène, ni de l’hélium. Pour le Soleil, ce sont principalement du carbone, de l’oxygène, de l’azote et du fer. Bien que cela semble faible, ces deux pour cent sont pourtant très importants pour évaluer l’opacité de la matière de l’étoile, qu’elle soit interne ou dans son atmosphère. Cette opacité contribue à la couleur, à la luminosité et à l’âge de l’étoile (voir diagramme de Hertzsprung-Russell et théorème de Vogt-Russell).
83
+
84
+ L’opacité est directement liée à la capacité de l’étoile à produire un vent stellaire (cas extrême des étoiles Wolf-Rayet).
85
+
86
+ La magnitude mesure la luminosité d’une étoile ; c’est une échelle logarithmique de son flux radiatif. La magnitude apparente dans un filtre donné (ex. : le visible noté mv), qui dépend de la distance entre l’étoile et l’observateur, se distingue de la magnitude absolue, qui est la magnitude de l’étoile si celle-ci était arbitrairement placée à 10 parsecs de l’observateur. La magnitude absolue est directement liée à la luminosité de l’étoile à condition de tenir compte d’une correction dite bolométrique (notée BC). L’introduction de l’échelle logarithmique des magnitudes vient du fait que l’œil possède une sensibilité également logarithmique, en première approximation (loi de Pogson).
87
+
88
+ La plupart des étoiles paraissent blanches à l’œil nu, parce que la sensibilité de l’œil est maximale autour du jaune. Mais si nous regardons attentivement, nous pouvons noter que de nombreuses couleurs sont représentées : bleu, jaune, rouge (les étoiles vertes n’existent pas). L’origine de ces couleurs resta longtemps un mystère jusqu’à il y a deux siècles[Quand ?], quand les physiciens eurent suffisamment de compréhension sur la nature de la lumière et les propriétés de la matière aux très hautes températures.
89
+
90
+ La couleur permet de classifier les étoiles suivant leur type spectral (qui est en rapport avec la température de l’étoile). Les types spectraux vont du plus violet au plus rouge, c’est-à-dire du plus chaud vers le plus froid. Ils sont classés par les lettres O B A F G K M[Note 3]. Le Soleil, par exemple, est de type spectral G.
91
+
92
+ Mais il ne suffit pas de caractériser une étoile par sa couleur (son type spectral), il faut aussi mesurer sa luminosité. En fait, pour un type spectral donné, la taille de l’étoile est corrélée à sa luminosité, la luminosité étant fonction de la surface — et donc de la taille de l’étoile.
93
+ Les étoiles O et B sont bleues à l’œil comme β Orionis (Rigel) ; les étoiles A sont blanches comme α Canis Majoris (Sirius) ou α Lyrae (Véga) ; les étoiles F et G sont jaunes, comme le Soleil ; les étoiles K sont orange comme α Bootis (Arcturus) ; et enfin les étoiles M sont rouges comme α Orionis (Bételgeuse).
94
+
95
+ On peut définir un indice de couleur, correspondant à la différence de flux photométrique dans deux bandes spectrales dites bandes photométriques (les filtres). Par exemple, le bleu (B) et le visible (V) formeront ensemble l’indice de couleur B-V dont la variation est reliée à la température de surface de l’étoile et donc à son type spectral. Les indices de température les plus utilisés sont le B-V, le R-I et le V-I car ce sont les plus sensibles à la variation de la température.
96
+
97
+ La rotation du Soleil a été mise en évidence grâce au déplacement des taches solaires. Pour les autres étoiles, la mesure de cette vitesse de rotation (plus précisément, la vitesse mesurée est la projection de la vitesse de rotation équatoriale sur la ligne de visée), s’obtient par spectroscopie. Elle se traduit par un élargissement des raies spectrales.
98
+
99
+ Ce mouvement de rotation stellaire est un reliquat de leur formation à partir de l’effondrement du nuage de gaz. La vitesse de rotation dépend de leur âge : elle diminue au cours du temps, sous les effets conjugués du vent stellaire et du champ magnétique qui emportent une partie du moment cinétique de l’astre. Cette vitesse dépend également de leur masse et de leur statut d’étoile simple, binaire ou multiple. Une étoile n’étant pas un corps solide (c’est-à-dire rigide), elle est animée d’une rotation différentielle : la vitesse de rotation dépend de la latitude.
100
+
101
+ En 2011, le Very Large Telescope découvre VFTS 102, l’étoile à la plus grande vitesse de rotation jamais observée (seuls les pulsars peuvent tourner beaucoup plus rapidement), soit plus de deux millions de kilomètres par heure[5].
102
+
103
+ Le spectre d’une source lumineuse et donc d’une étoile est obtenu par des spectrographes qui décomposent la lumière en ses différentes composantes et les enregistrent par le biais de détecteurs (historiquement, des plaques photographiques et aujourd’hui[Quand ?] des détecteurs de type CCD). Cette décomposition de la lumière révèle la distribution de l’énergie lumineuse venant de l’étoile en fonction de la longueur d'onde. Elle permet de mettre en évidence des raies spectrales en émission et/ou en absorption révélant les conditions de température, de pression et d’abondances chimiques des couches externes de l’étoile.
104
+
105
+ Comme le Soleil, les étoiles sont souvent dotées de champs magnétiques. Leur champ magnétique peut avoir une géométrie relativement simple et bien organisée, ressemblant au champ d’un aimant comme le champ magnétique terrestre ; cette géométrie peut être aussi nettement plus complexe et présenter des arches à plus petite échelle. Le champ magnétique du Soleil, par exemple, possède ces deux aspects ; sa composante à grande échelle structure la couronne solaire et est visible lors des éclipses, tandis que sa composante à plus petite échelle est liée aux taches sombres qui maculent sa surface et dans lesquelles les arches magnétiques sont ancrées.
106
+
107
+ Il est possible de mesurer le champ magnétique des étoiles à travers les perturbations que ce champ induit sur les raies spectrales formées dans l’atmosphère de l’étoile (l’effet Zeeman). La technique tomographique d’imagerie Zeeman-Doppler permet en particulier de déduire la géométrie des arches géantes que le champ magnétique dresse à la surface des étoiles.
108
+
109
+ Parmi les étoiles magnétiques[7], on distingue d’abord les étoiles dites « froides » ou peu massives, dont la température de surface est inférieure à 6 500 K et dont la masse ne dépasse pas 1,5 masse solaire - le Soleil fait donc partie de cette classe. Ces étoiles sont « actives », c’est-à-dire qu’elles sont le siège d’un certain nombre de phénomènes énergétiques liés au champ magnétique, par exemple la production d’une couronne, d’un vent (dit vent solaire dans le cas du Soleil) ou d’éruptions. Les taches à la surface du Soleil et des étoiles témoignent également de leur activité ; comme les champs magnétiques, les taches des étoiles peuvent être cartographiées par des méthodes tomographiques. La taille et le nombre de ces taches dépendent de l’activité de l’étoile, elle-même fonction de la vitesse de rotation de l’étoile. Le Soleil, qui effectue un tour complet sur lui-même en 25 jours environ, est une étoile ayant une faible activité cyclique. Le champ magnétique de ces étoiles est produit par effet dynamo.
110
+
111
+ Il existe aussi des étoiles chaudes magnétiques. Mais contrairement aux étoiles froides, qui sont toutes magnétiques (à différents degrés), seule une petite fraction (entre 5 et 10 %) des étoiles chaudes (massives) possède un champ magnétique, dont la géométrie est en général assez simple. Ce champ n’est pas produit par effet dynamo ; il constituerait plutôt une empreinte fossile du magnétisme interstellaire primordial, capturé par le nuage qui va donner naissance à l’étoile et amplifié lors de la contraction de ce nuage en étoile. De tels champs magnétiques ont été baptisés « champs magnétiques fossiles ».
112
+
113
+ À partir des différentes grandeurs mesurées et de simulations issues de différents modèles, il est possible de construire une image de l’intérieur d’une étoile, bien qu’il nous soit presque inaccessible — l’astérosismologie permettant littéralement de sonder les étoiles.
114
+
115
+ En l’état actuel de nos connaissances, une étoile est structurée en différentes régions concentriques, décrites ci-après à partir du centre.
116
+
117
+ Le noyau (ou cœur) est la partie centrale de l’étoile, concentrant une grande partie de la masse de l’astre, dans laquelle se déroulent les réactions thermonucléaires qui dégagent l’énergie nécessaire à sa stabilité. Le noyau est la zone la plus dense et la plus chaude, et, dans le cas du Soleil, atteint la température de 15,7 millions de kelvins. Dans ces conditions extrêmes, la matière se trouve sous forme de plasma ; par effet tunnel, les noyaux d’hydrogène (protons) ou d’autres éléments chimiques atteignent des vitesses leur permettant de vaincre leur répulsion électrique et de fusionner : par exemple, dans les chaînes nucléaires dites proton-proton (ou PP1, PP2…), les protons fusionnent par groupe de quatre pour donner un noyau d’hélium, composé de deux protons et de deux neutrons. Il se produit alors un dégagement d’énergie selon les réactions suivantes :
118
+
119
+ D’autres réactions thermonucléaires existent dans le centre des étoiles et contribuent plus ou moins à la production d’énergie.
120
+
121
+ Une partie de l’énergie dégagée sous forme de photons commence alors un long voyage vers l’extérieur, car un plasma est opaque et la lumière y voyage très difficilement. On estime qu’un photon met plusieurs millions d’années avant d’atteindre la surface de l’étoile par transfert de rayonnement puis par convection vers la surface.
122
+
123
+ L’énergie libérée par les réactions de fusions nucléaires dans le noyau de l’étoile se transmet aux couches externes par rayonnement. Dans les étoiles peu massives et évoluant sur la séquence principale, cette zone radiative est surmontée d’une zone convective externe ; dans les naines rouges, la zone radiative a entièrement disparu au profit de la zone convective. Dans le Soleil, le rayonnement produit dans la partie centrale met près d’un million d’années à traverser la zone radiative au terme d'un mouvement brownien.
124
+
125
+ Au contraire de la zone précédente, l’énergie se transmet par des mouvements macroscopiques de matière : soumise à un gradient de température décroissant vers la surface, le fluide développe une convection de type Rayleigh-Bénard. Cette zone convective est plus ou moins grande : pour une étoile sur la séquence principale, elle dépend de la masse et de la composition chimique ; pour une géante, elle est très développée et occupe un pourcentage important du volume de l’étoile ; pour une supergéante, cette zone peut atteindre les trois quarts du volume de l’étoile, comme pour Bételgeuse. Dans les étoiles de très faible masse (naines rouges) ou dans les protoétoiles en formation de faible masse (étoiles de type T Tauri), la zone convective occupe la totalité du volume de l’étoile ; dans les étoiles plus massives que deux fois la masse du Soleil, la zone convective externe disparaît (laissant la place à la zone radiative) mais la convection subsiste au cœur de l’étoile.
126
+
127
+ C’est dans la zone convective externe que sont produits les champs magnétiques de type dynamo des étoiles froides comme le Soleil et les naines rouges.
128
+
129
+ La photosphère est la partie externe de l’étoile qui produit la lumière visible. Elle est plus ou moins étendue : de moins de 1 % du rayon pour les étoiles naines (quelques centaines de kilomètres) à quelques dixièmes du rayon de l’étoile pour les géantes les plus grandes. La lumière qui y est produite contient toutes les informations sur la température, la gravité de surface et la composition chimique de l’étoile. Pour le Soleil, la photosphère a une épaisseur d’environ 400 kilomètres.
130
+
131
+ La couronne est la zone externe, ténue et extrêmement chaude du Soleil. Elle est due à la présence d’un champ magnétique, produit dans la zone convective ; on peut l’observer lors des éclipses de Soleil. C’est grâce à l’étude de la couronne au XIXe siècle que l’astronome Jules Janssen a découvert l’existence du gaz rare dont le nom fait référence au Soleil (Hélios) : l’hélium. Le fait que la température de la couronne atteigne plusieurs millions de degrés est un problème théorique difficile et non encore complètement résolu. Il est probable que la plupart des étoiles de faible masse (contenant une zone convective externe) possèdent des champs magnétiques et donc des couronnes.
132
+
133
+ Le théorème de Vogt-Russell peut s’énoncer ainsi : si en tous points d’une étoile la connaissance des valeurs de la température, de la densité et de la composition chimique du plasma interne sont suffisantes pour calculer la pression, l’opacité du plasma et le taux d’énergie produit, alors la masse et la composition chimique de l’étoile sont suffisantes pour décrire la structure de celle-ci. Il en résulte les relations masse-rayon ou masse-luminosité des étoiles.
134
+
135
+ La vie d'une étoile peut se décomposer en plusieurs phases principales :
136
+
137
+ Après la phase finale, le résidu de l'étoile est une naine blanche, une étoile à neutrons ou un trou noir.
138
+
139
+ L'analyse spectrale du rayonnement d’une étoile révèle certaines de ses caractéristiques, et par conséquent permet de déterminer le stade d'évolution où elle est parvenue. Le diagramme de Hertzsprung-Russell est souvent utilisé pour situer une étoile au cours de son évolution[8]. Selon leurs masses initiales (souvent exprimées en masses solaires), les étoiles peuvent suivre différentes évolutions[9],[10].
140
+
141
+ Les étoiles naissent, souvent en groupe, à partir de l'effondrement gravitationnel d’un nuage interstellaire de gaz et de poussière[11], comme un nuage moléculaire ou une nébuleuse (telle que la nébuleuse d'Orion ou la nébuleuse de l'Aigle). Elles forment ainsi des amas stellaires.
142
+
143
+ Les nuages moléculaires, s'étendant sur des centaines d'années lumières, peuvent atteindre plusieurs millions de masses solaires[9]. La stabilité d'un nuage est maintenue par des champs magnétiques et des mouvements turbulents, qui lui évitent de s'effondrer sur lui-même[12]. Cependant, dans les régions les plus denses et les plus froides (de l'ordre de 10 K), la stabilité du nuage peut être rompue[9] (parfois lors du passage d'une onde de densité venant d'un bras de galaxie ou d'une supernova). Cette instabilité gravitationnelle déclenche la phase d'effondrement. Il s'agit d'une série de fragmentations et de contractions du nuage en plusieurs blocs, de plus en plus petits et denses, qui finissent par former des protoétoiles enveloppées de nuages opaques de gaz et de poussière[11].
144
+
145
+ La poussière et le gaz autour d’une protoétoile se dispersent et s'aplatissent sous l’effet d’une rotation naissante pour former un disque protostellaire, dans lequel se créent d’éventuelles planètes[11].
146
+
147
+ Au sein de la protoétoile, la contraction de gaz se poursuit et entraîne son échauffement (en convertissant l’énergie gravitationnelle en énergie thermique). Au cours de son échauffement, la protoétoile émet un rayonnement infrarouge avant de devenir visible. Elle entre dans la pré-séquence principale. Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, la protoétoile se manifeste d'abord dans la région des géantes rouges et sa luminosité diminue rapidement, pendant que sa température augmente : elle descend la ligne de Hayashi[9],[13]. Au centre de la protoétoile, lorsque la température atteint environ un million de degrés (10⁶ K), la fusion du deutérium commence (c'est la première fusion nucléaire au sein de la protoétoile)[14]. Puis à une dizaine de millions de degrés (10⁷ K) la température est suffisante pour déclencher la chaîne proton-proton (fusion de l’hydrogène en hélium)[12]. Lors de cette phase la contraction cesse : la pression cinétique due à l’agitation thermique des particules et la pression radiative sont suffisamment importantes pour contrebalancer la pression gravitationnelle. La protoétoile devient alors une étoile à part entière, située sur la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell[9] .
148
+
149
+ Sous l’effet de la contraction, le noyau de l’étoile (sa partie centrale) atteint des valeurs de pression et de température extrêmes, qui vont jusqu’à l’allumage des réactions thermonucléaires (voir plus haut). L’étoile entre alors dans ce qu’on appelle la séquence principale, période pendant laquelle son noyau, initialement et essentiellement constitué d’hydrogène et d’hélium, va progressivement se transformer en hélium.
150
+
151
+ Durant cette période, l’antagonisme énergie libérée / gravitation concourt à la stabilité de l’astre : si le flux d’énergie venant du noyau vient à diminuer, la contraction qui s’ensuit accélère le rythme de production d’énergie qui stoppe la contraction ; inversement, un emballement de la production d’énergie entraîne une dilatation de l’étoile, donc son refroidissement, et l’emballement s’arrête. Ainsi, il en résulte une grande stabilité de l’étoile qui est décrite dans la théorie de la structure interne stellaire sous l’appellation « pic de Gamow »[réf. à confirmer] : c’est une sorte de thermostat stellaire.
152
+
153
+ Plus une étoile est massive, plus elle consomme rapidement son hydrogène. Une grosse étoile sera donc très brillante, mais aura une courte durée de vie. Lorsque le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de rayonnement maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion (supernova, voire hypernova) suivie de la formation d’une étoile à neutrons (pulsar, magnétar, etc.) voire dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile) d’un trou noir.
154
+
155
+ Les astronomes classent les étoiles en utilisant la température effective et la luminosité.
156
+ Cette classification à deux paramètres permet de définir des types spectraux (luminosité) variant de VI à I. Les naines par exemple (dont le Soleil) sont classées V. Parmi ces classes on distingue différentes catégories liées à la température de surface. On distingue ainsi les naines noires, brunes, rouges, jaunes et blanches, les géantes rouges et bleues, les supergéantes rouges, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Si la plupart des étoiles se placent facilement dans l’une ou l’autre de ces catégories, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de phases temporaires. Au cours de son existence, une étoile change de forme et de couleur, et passe d’une catégorie à une autre.
157
+
158
+ Les naines brunes ne sont pas des étoiles, mais des objets substellaires qualifiés parfois d'« étoiles manquées ». Leur masse est située entre celles des petites étoiles et des grosses planètes. En effet, au moins 0,08 masse solaire est nécessaire pour qu’une proto-étoile amorce des réactions thermonucléaires et devienne une véritable étoile. Les naines brunes ne sont pas suffisamment massives pour démarrer ces réactions. Elles peuvent rayonner cependant faiblement par contraction gravitationnelle.
159
+
160
+ Les naines rouges sont de petites étoiles rouges. On les considère comme les plus petites étoiles en tant que telles, car les astres plus petits comme les naines blanches, les étoiles à neutrons et les naines brunes ne consomment pas de carburant nucléaire. La masse des naines rouges est comprise entre 0,08 et 0,8 masse solaire. Leur température de surface entre 2 500 et 5 000 K leur confère une couleur rouge. Les moins massives d’entre elles (au-dessous de 0,35 masse solaire environ) sont entièrement convectives. Ces étoiles brûlent lentement leur carburant, ce qui leur assure une très longue existence. Elles sont les plus abondantes : au moins 80 % des étoiles de notre Galaxie sont des naines rouges.
161
+
162
+ La plus proche voisine du Soleil, Proxima du Centaure, en est une. Il en est de même du second système stellaire le plus proche du Système solaire, l’étoile de Barnard étant aussi une naine rouge.
163
+
164
+ Les naines jaunes sont des étoiles de taille moyenne — les astronomes ne classent les étoiles qu’en naines ou en géantes. Leur température de surface est d’environ 6 000 K et elles brillent d’un jaune vif, presque blanc. À la fin de son existence, une naine jaune évolue en géante rouge, qui en expulsant ses couches externes — déployant alors une nébuleuse —, dévoile une naine blanche.
165
+
166
+ Le Soleil est une naine jaune typique.
167
+
168
+ La phase géante rouge annonce la fin d’existence de l’étoile, qui atteint ce stade lorsque son noyau a épuisé son principal carburant, l’hydrogène : des réactions de fusion de l’hélium se déclenchent, et tandis que le centre de l’étoile se contracte sous l'effet de l'accroissement de sa gravitation interne, ses couches externes gonflent sous l'effet de l'énergie dégagée par la fusion d'Hélium, refroidissent et rougissent. Transformé en carbone et en oxygène, l’hélium s’épuise à son tour et l’étoile s’éteint, sa taille et donc son énergie gravitationnelle étant insuffisante pour déclencher les réactions de fusion de l'oxygène. Les couches externes de l’astre s’éloignent et son centre se contracte, dévoilant une naine blanche.
169
+
170
+ Sur le diagramme HR, au-delà d'une certaine luminosité, les étoiles prennent successivement les noms de géante, de géante lumineuse, de supergéante et d'hypergéante.
171
+ Dans le cas des étoiles géantes, lorsque le noyau d’une géante bleue ne contient plus d’hydrogène, la fusion de l’hélium prend le relais. Ses couches externes enflent et sa température de surface diminue. Elle devient alors selon sa masse une géante rouge ou une supergéante rouge.
172
+
173
+ L’étoile fabrique ensuite des éléments de plus en plus lourds : titane, chrome, fer, cobalt, nickel, etc. À ce stade, les réactions de fusion s’arrêtent et l’étoile devient instable. Elle explose en une supernova et laisse derrière elle un étrange noyau de matière qui demeurera intact et qui deviendra, selon sa masse, une étoile à neutrons ou un trou noir.
174
+
175
+ Les étoiles géantes lumineuses sont des étoiles de classe de luminosité II.
176
+
177
+ Les supergéantes et les hypergéantes sont quant à elles les étoiles les plus massives et lumineuses de l'univers observable.
178
+
179
+ Une étoile variable lumineuse bleue est une hypergéante bleue à luminosité variable qui expulse occasionnellement de grande quantité de matière.
180
+ Elle peut évoluer en étoile Wolf-Rayet et finalement terminer en supernova.
181
+
182
+ Les étoiles Wolf-Rayet sont des étoiles très massives en fin de vie qui expulsent de très grandes quantités de matière sous forme de vents solaires à haute vitesse si intenses qu'ils forment un nuage autour de celle-ci. Ainsi on ne peut observer directement sa surface comme pour les autres étoiles mais seulement la matière qu'elle éjecte. Elles ont une durée de vie très brève de seulement quelques millions d'années, avant d'exploser en supernovæ.
183
+
184
+ Les étoiles de population III sont un type d'étoiles extrêmement massives et lumineuses, observées pour la première fois en 2015 dans la galaxie CR7[15], constituées exclusivement d'éléments légers (hydrogène et hélium, avec peut-être un peu de lithium), qui seraient les premières étoiles formées au commencement de l'Univers, environ 400 millions d'années après le Big Bang.
185
+
186
+ Les naines blanches sont les résidus de l’évolution des étoiles de faible masse (entre ~0,8 et ~5 à 8 masses solaires). Le Soleil ayant (par définition) une masse d’une masse solaire, il finira aussi en naine blanche. Les naines blanches sont des étoiles « mortes » puisqu’elles ne sont plus le lieu de réactions thermonucléaires produisant de la chaleur. Cependant, elles sont initialement très chaudes et de couleur relativement blanche (voir Loi de Wien). Petit à petit, elles se refroidissent par rayonnement, pour devenir des astres froids. Leur taille est environ égale à celle de la Terre.
187
+
188
+ Les naines blanches, comme les étoiles à neutrons sont constituées de matière dégénérée. La densité moyenne d’une naine blanche est telle qu’une cuillère à thé de matière d’une telle étoile aurait, sur Terre, le poids d’un éléphant, soit environ 1 t·cm-3. En fait, dans cette matière, les électrons, étant très proches les uns des autres, commencent alors à se repousser énergiquement. Le facteur principal de la pression provient alors du principe d'exclusion de Pauli ; c’est la pression de dégénérescence qui s’oppose à celle de la gravitation. La naine blanche est donc en équilibre malgré l’absence de fusion nucléaire en son noyau. La pression des électrons peut supporter une masse de 1,44 fois celle du Soleil : c’est la limite de Chandrasekhar.
189
+
190
+ Si une naine blanche devient plus massive (en aspirant la matière d’une autre étoile, par exemple), elle explose en supernova et est largement pulvérisée en nébuleuse. C’est le type Ia des supernovas thermonucléaires.
191
+
192
+ Procyon B et Sirius B sont des naines blanches.
193
+
194
+ Comme une plaque chauffante qu’on éteint, les naines blanches se refroidissent inexorablement. Toutefois, cela se fait très lentement, en raison de leur surface émissive fortement réduite (de la taille d'une planète tellurique) comparée à leur masse (de l'ordre de celle du Soleil). Elles perdent peu à peu leur éclat et deviennent invisibles au bout d’une dizaine de milliards d’années. Ainsi, toute naine blanche se transforme en naine noire.
195
+
196
+ L’Univers, vieux de 13,7 milliards d’années, est encore trop jeune pour avoir produit des naines noires.
197
+
198
+ Après sa mort, le Soleil deviendra une naine blanche puis une naine noire. Ce sort l’attend dans environ 15 milliards d’années.
199
+
200
+ Les étoiles à neutrons sont très petites mais très denses. Elles concentrent la masse d’une fois et demi celle du Soleil dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Ce sont les vestiges d’étoiles très massives de plus de 10 masses solaires dont le cœur s’est contracté pour atteindre des valeurs de densité extraordinairement élevées, comparables à celles du noyau atomique.
201
+
202
+ Lorsqu’une étoile massive arrive en fin de vie, elle s’effondre sur elle-même, en produisant une impressionnante explosion appelée supernova. Cette explosion disperse la majeure partie de la matière de l’étoile dans l’espace tandis que le noyau se contracte et se transforme en une étoile à neutrons[Note 4]. Ces objets possèdent des champs magnétiques très intenses (pour les plus intenses, on parle de magnétar). Le long de l’axe magnétique se propagent des particules chargées, électrons par exemple, qui produisent un rayonnement synchrotron.
203
+
204
+ Le moment cinétique de l’étoile étant conservé lors de l’effondrement du noyau, l’étoile à neutrons possède une vitesse de rotation extrêmement élevée, pouvant atteindre le millier de tours par seconde. Si par chance un observateur sur Terre regarde dans la direction d’une étoile à neutrons et que la ligne de visée est perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile, celui-ci verra alors le rayonnement synchrotron des particules chargées se déplaçant sur les lignes de champ magnétique. Ce phénomène de phare tournant s’appelle le phénomène de pulsar. On trouve des pulsars dans des restes de supernovas, le plus célèbre étant le pulsar de la nébuleuse du Crabe, né de l’explosion d’une étoile massive. Cette supernova fut observée par les astronomes chinois depuis le matin du 4 juillet 1054, en plein jour pendant trois semaines et durant la nuit pendant près de deux ans.
205
+
206
+ Parfois, le noyau de l’étoile morte est trop massif pour devenir une étoile à neutrons. Il se contracte inexorablement jusqu’à former un trou noir.
207
+
208
+ Alors que la plupart des étoiles sont de luminosité presque constante, comme le Soleil qui ne possède pratiquement pas de variation mesurable (environ 0,01 % sur un cycle de 11 ans), la luminosité de certaines étoiles varie de façon perceptible sur des périodes de temps beaucoup plus courtes, parfois de façon spectaculaire.
209
+
210
+ Les étoiles se forment rarement seules. Lorsqu’un nuage de gaz (proto-stellaire) donne naissance à un amas d’étoiles, l’ensemble des étoiles de cet amas ne semble pas se distribuer au hasard, mais semble suivre une loi de distribution dite fonction de masse initiale (abrégé IMF en anglais), dont on sait peu de chose actuellement ; elle rend compte de la proportion d’étoiles en fonction de leur masse. On ne sait pas si cette fonction IMF dépend de la composition chimique du nuage proto-stellaire. La fonction la plus adoptée actuellement a été proposée par Edwin Salpeter et semble donner des résultats satisfaisants pour l’étude des amas de la Galaxie.
211
+
212
+ Les systèmes binaires sont constitués de deux étoiles liées gravitationnellement
213
+ et orbitant l’une autour de l’autre. L’élément le plus brillant est dit primaire et le moins brillant, secondaire. Lorsqu’un système comporte plus de deux composantes il est qualifié de système stellaire multiple.
214
+
215
+ Les systèmes binaires peuvent être détectés par imagerie, lorsque le télescope parvient à résoudre la paire ; dans ce cas la binaire est dite visuelle. Dans d’autres cas, les deux compagnons ne peuvent être résolus, mais le décalage Doppler-Fizeau des raies spectrales permet de détecter le mouvement orbital de l’une ou des deux étoiles. Dans ce cas, la binaire est dite spectroscopique. Si un seul spectre est visible et varie on parle de binaire SB1, si le spectre des deux étoiles est bien visible on parle de binaire SB2. Il est également possible de détecter le mouvement apparent dans le ciel de l’étoile binaire, qui correspond au mouvement orbital de l’étoile primaire si le secondaire est très peu lumineux ; dans ce cas, la binaire est dite astrométrique. On parle enfin de binaire interférométrique lorsque le secondaire est détecté par interférométrie.
216
+
217
+ L’astronomie amateur parle de binaire apparente lorsque deux étoiles éloignées dans l’espace et non liées gravitationnellement se trouvent proches dans le ciel par effet de perspective.
218
+
219
+ Les amas stellaires sont des regroupements locaux d’étoiles liées gravitationnellement et formées en même temps. De ce fait, ils constituent une population de référence pour étudier la durée de vie d’une étoile en fonction de sa taille (voir diagramme de Hertzsprung-Russell). On peut s’en servir pour déterminer l’âge des plus vieilles populations d’étoiles de notre Galaxie.
220
+
221
+ On distingue les amas ouverts (AO) constitués de quelques dizaines à quelques milliers d’étoiles et généralement de forme quelconque et les amas globulaires (AG) constitués de plusieurs milliers à plusieurs millions d’étoiles.
222
+
223
+ Les AO sont jeunes, de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’années. Parmi les plus vieux, M67 (4,6 milliards d’années comme le Soleil) est aussi parmi les plus gros. Dans notre galaxie, les AO sont riches en métaux (typiquement comme le Soleil). Les AG sont de forme sphérique d’où leur nom. Leurs étoiles sont pauvres en métaux et ils comptent parmi les objets les plus vieux de la Galaxie. Ils se répartissent dans le sphéroïde de la Galaxie qu’on appelle le halo. Leur âge est compris entre environ 10 et 13,5 milliards d’années. Omega du Centaure est parmi les plus gros. Sa population stellaire n’est pas unique ce qui montre qu’il a eu une origine étalée dans le temps permettant la formation de plusieurs d’entre elles (au moins trois). Il est considéré comme pouvant être le résidu d’une galaxie naine ayant été capturée par la Voie lactée. NGC 6397 est au contraire un amas à population stellaire unique avec une abondance en métaux d’un centième de celle du Soleil. L’AG le plus pauvre en métaux connu est M92 avec presque un millième de l’abondance solaire.
224
+
225
+ Les associations stellaires sont semblables aux amas, à ceci près qu’elles ne constituent pas un système lié gravitationnellement. Aussi les associations se dispersent-elles au bout d’un certain temps. Exemple d’association : les associations O-B constituées principalement d’étoiles très massives et très chaudes. On peut les considérer comme des petits amas ouverts très jeunes présentant encore beaucoup de gaz ionisé dans le voisinage des étoiles. On les rencontre dans notre Galaxie principalement dans les bras.
226
+
227
+ Une galaxie est un vaste ensemble d’étoiles. Les galaxies diffèrent des amas par leur taille (plusieurs centaines de milliards d’étoiles contre quelques milliers à quelques millions pour les amas stellaires), leur organisation et leur histoire.
228
+
229
+ En observant le ciel nocturne, l’être humain a imaginé que les étoiles les plus brillantes pouvaient constituer des figures. Ces regroupements diffèrent généralement d’une époque à une autre et d’une civilisation à une autre. Les figures devenues traditionnelles, souvent en rapport avec la mythologie grecque, sont appelées constellations.
230
+
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+ Les étoiles d’une constellation n’ont a priori rien en commun, si ce n’est d’occuper, vues de la Terre, une position voisine dans le ciel. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres. Toutefois, l’Union astronomique internationale a défini une liste normalisée des constellations, attribuant à chacune une région du ciel, afin de faciliter la localisation des objets célestes.
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+ Les étoiles peuvent être accompagnées de corps gravitant autour d’elles. Ainsi, le Système solaire est composé d’une étoile centrale, le Soleil, accompagné de planètes, comètes, astéroïdes.
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+ Depuis 1995, plusieurs milliers d'exoplanètes ont été découvertes autour d’autres étoiles que le Soleil, faisant perdre au Système solaire son caractère supposé unique. Tous ces systèmes planétaires sont découverts de façon indirecte. La première étoile autour de laquelle des planètes ont été révélées par des mesures vélocimétriques est 51 Peg (observations réalisées à l’OHP avec le spectrographe ÉLODIE). De nombreux autres systèmes planétaires ont depuis été découverts. En raison des limitations actuelles de détection, ils présentent des caractéristiques semblables, avec des planètes géantes sur des orbites très excentriques : on les nomme des « Jupiter chauds ». La majorité de ces étoiles sont plus riches en métaux que le Soleil. Les statistiques sur ces systèmes planétaires permettent de conclure que le Système solaire n’a pour l’instant pas d’équivalent. Depuis l’espace, la traque des systèmes planétaires par photométrie a commencé avec le satellite CoRoT (CNES). Celui-ci a été relayé en 2009 par le satellite américain Kepler.
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+ République de Namibie
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+ (en) Republic of Namibia
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+ 22° 33′ 47″ sud, 17° 04′ 43″ est
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+ La Namibie, en forme longue la république de Namibie (en anglais : Namibia et Republic of Namibia, en afrikaans : Namibië et Republiek van Namibië, en allemand : Namibia et Republik Namibia), est un pays situé en Afrique australe.
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+
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+ Connue autrefois sous le nom de Sud-Ouest africain, colonie allemande (1884-1915) puis protectorat de l'Afrique du Sud, la Namibie est un État indépendant depuis le 21 mars 1990. Elle est bordée géographiquement à l'ouest par l'océan Atlantique, au nord par l'Angola, au sud par l'Afrique du Sud, à l'est par le Botswana et au nord-est par la Zambie. Sa limite la plus orientale est distante de moins de deux cents mètres du tripoint où se rejoignent les frontières du Zimbabwe, du Botswana et de la Zambie, sur le fleuve Zambèze, à la confluence de la rivière Kwando.
12
+
13
+ Sa densité est la plus faible d'Afrique (avant-dernière au rang mondial).
14
+
15
+ La Namibie est membre de l'ONU, membre de l'Union africaine[2] et est devenue, en 2014, observateur associé à la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) lors du sommet de Dili.
16
+
17
+ La Namibie est située entre l'Angola au nord, le fleuve Orange et l'Afrique du Sud au sud, la côte atlantique à l'ouest, le Botswana à l'est avec, d'est en ouest, le désert du Namib (le plus vieux désert du monde), le plateau central et le désert du Kalahari.
18
+
19
+ On distingue quatre grands secteurs :
20
+
21
+ L'été austral (d'octobre à avril) est la saison des pluies, caractérisée par des chaleurs torrides à l'intérieur des terres (journées pouvant dépasser 45 °C et nuits fraîches) et des températures plus atténuées sur la côte (25 à 30 °C) et les reliefs montagneux.
22
+
23
+ Durant l'hiver austral (de mai à septembre), l'air est souvent frais, avec des températures comprises entre 15 et 20 °C. Il peut faire jusqu'à 25 °C maximum. Sur la côte, il n'est pas rare de voir des températures autour de 10 °C. Les températures à l'intérieur des terres sont variables avec de brusques changements de température en une seule journée. Les nuits d'hiver namibiennes sont réputées être très froides (parfois légèrement négatives). Sur la côte, du fait de la collision de l'air froid du courant de Benguela avec l'air chaud des cellules de Hadley, une brume épaisse apparaît souvent, entre mai et octobre (plus de 180 jours de brouillard épais par an), qui rend la circulation des bateaux difficile et qui explique le grand nombre d'épaves (plus d'un millier) sur la côte des Squelettes.
24
+
25
+ Situé à 42 km à l'est de Windhoek, le principal accès aérien pour la Namibie est l'aéroport international Hosea Kutako. Des vols internationaux en provenance notamment d'Afrique du Sud (Johannesburg, Le Cap...) mais aussi de Zambie, du Zimbabwe et d'Allemagne. La compagnie nationale est Air Namibia.
26
+
27
+ Vers 1500 av. J.-C., les ancêtres des San, les premiers habitants du pays, réalisent des peintures rupestres. Les Bochimans sont ensuite rejoints et repoussés vers le désert du Kalahari par les Khoïkhoïs[3]. Ces derniers sont, à leur tour, refoulés par la vague d'expansion bantoue (localement les Ovambos et les Héréros) dans la seconde moitié du Ier millénaire[4].
28
+
29
+ Les Portugais atteignent Cape Cross dès 1486, ils abordent les côtes de la région à partir de 1550, mais ils préfèrent se fixer plus au nord, dans les territoires qui vont constituer l'Angola.
30
+
31
+ À partir de 1680, des colons néerlandais s'installent sur la côte. Ils vont cependant privilégier la région du Cap et les terres fertiles, plus au sud, dans ce qui deviendra l'Afrique du Sud. Entre 1793 et 1803, les Néerlandais sont chassés par les Britanniques, mais les populations d'Afrikaners restent.
32
+
33
+ En 1793, Walvis Bay, seule rade en eau profonde sur la côte namibienne, est annexée par la Colonie du Cap ; elle sera cédée aux Britanniques en 1878, qui la conserveront jusqu'en 1910. Elle reste la principale voie d'accès maritime à la Namibie.
34
+
35
+ À partir de la fin des années 1820, les missionnaires rhénans (luthériens allemands) établissent les premiers postes missionnaires du territoire. Le village de Wupperthal (en) est ainsi fondé en 1829 par la Mission rhénane. Les missionnaires trouvent le pays occupé par les Héréros et les Namas en guerre constante et cherchent à s'assurer de la protection soit des Britanniques soit des Allemands[5].
36
+
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+ Entre 1836 et 1884, le Transgariep est découvert progressivement par les explorateurs britanniques et allemands. En parallèle, entre 1840 et 1870, les Oorlams du chef Jonker Afrikaner dominent l'Hereroland et le Damaraland.
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+
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+ En 1860, la ville de Keetmanshoop est fondée par des missionnaires et colons allemands.
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+
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+ En 1884, Lüderitz est fondée par un négociant allemand de Brême. Le territoire entre le fleuve Kunene et le fleuve Orange devient le protectorat du Sud-Ouest africain allemand. En 1885, Heinrich Göring devient le gouverneur de la nouvelle colonie allemande et entreprend de signer des traités avec les peuples locaux.
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+ En 1894, Swakopmund est fondée sur la côte atlantique à une cinquantaine de kilomètres au nord de l'enclave britannique de Walvis Bay, seul port en eau profonde de la côte.
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+
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+ En 1904, des autochtones héréros se soulèvent et sont massacrés par les Allemands sous le commandement du général Lothar von Trotha. Des camps de concentration sont créés, à l'instar de ceux installés par les Britanniques en Afrique du Sud, lors de la seconde guerre des Boers[6]. Dans le Sud-Ouest africain, la population herero est ainsi réduite, dans un contexte d'hygiène déplorable, de famines et surtout d'ordre de l’administration coloniale allemande d’extermination de tous les Hereros, de 80 000 à 15 000 individus. Quelque 10.000 Namas ont également été tués. Ce massacre des Héréros et des Namas est considéré comme le premier génocide du XXe siècle[7],[8],[9].
46
+
47
+ En 1915, la colonie allemande est conquise par les troupes de l'Union d'Afrique du Sud lors de la Première Guerre mondiale. En 1920, par décision de la Société des Nations (SDN), le Sud-Ouest africain passe sous mandat britannique et donc de l'Afrique du Sud[10].
48
+
49
+ En 1946, l'Afrique du Sud demande l'annexion du Sud-Ouest africain à l'Organisation des Nations unies, successeur de la SDN.
50
+
51
+ En 1949, la constitution du Sud-Ouest africain est révisée par le gouvernement de Daniel François Malan qui a amené le Parti national au pouvoir en Afrique du Sud un an plus tôt. Une représentation directe du territoire au parlement sud-africain est désormais assurée par six députés et quatre sénateurs alors que la tutelle sur les populations indigènes est désormais du seul ressort du gouvernement de Pretoria.
52
+
53
+ En 1959, le massacre d’Old location, quartier réservé aux Noirs de Windhoek, fait 57 tués lors d'une manifestation de protestation contre la mise en place de l'apartheid. En 1960, en marge de travaux à l'ONU, se constitue d'abord sous forme syndicale, l'Organisation du peuple du Sud-Ouest africain, plus connue sous son acronyme anglaise: SWAPO (South West Africa People's Organization)[11]. Cette organisation s'impose progressivement comme le chef de file pour la résistance à l'occupation sud-africaine et l'accès à l'indépendance.
54
+
55
+ À partir de 1966, l'ONU organise un surveillance extérieure du territoire. L'assemblée générale crée un comité spécial dans le cadre d'une résolution adoptée le 27 octobre[12]. Cette instance gère les relations internationales du territoire ainsi que sa politique de coopération. En 1967, la guérilla de la SWAPO contre la présence sud-africaine débute. En 1968, le Sud-Ouest africain est rebaptisé Namibie par l'ONU. En 1971, la Cour internationale de justice reconnaît l'illégalité de la présence sud-africaine en Namibie.
56
+
57
+ Le 12 septembre 1973, dans sa résolution no 3111, l'Assemblée générale des Nations unies reconnaît à la SWAPO le titre de « représentant unique et authentique du peuple namibien ». À ce moment, John Vorster, le premier ministre d'Afrique du Sud abandonnait les objectifs du rapport Odendaal et décidait, dans le cadre de sa politique de détente avec les pays africains, de s'engager dans la voie de l'autodétermination du territoire « y compris celle de l'indépendance ». Il va ainsi faire de la Namibie un terrain d'expérimentation politique dont il compte réutiliser les résultats pour la Rhodésie du Sud alors dirigée par Ian Smith (des résultats qui servirent de modèle pour l'Afrique du Sud elle-même dans les années 1990).
58
+
59
+ Le 24 avril 1974, l'élection de l'assemblée législative du Sud-Ouest africain est remportée par le parti national du Sud-Ouest africain, déjà vainqueur de cette élection en 1950, 1953, 1955, 1961, 1965 et 1970. Ce sera la dernière élection où seuls les Blancs de Namibie auront le droit de voter.
60
+
61
+ En novembre 1974, l'Assemblée législative du Sud-Ouest africain, dominée par le Parti National du Sud-Ouest africain, invite l'ensemble des autorités du territoire, y compris les autorités tribales et les représentants des partis politiques noirs, à participer aux pourparlers constitutionnels de la conférence de la Turnhalle qui durent deux ans de septembre 1975 à octobre 1977 ; la SWAPO et la SWANU avaient décliné l'invitation.
62
+
63
+ En juillet 1975, le ministre de l'administration et du développement bantou [réf. souhaitée] de John Vorster, Michiel Coenraad Botha, met fin à un projet de délocalisation des tribus Ovaherero dans le Bantoustan du Hereroland dans l'est du pays. Ce faisant, Botha met fin à la mise en œuvre des conclusions du rapport Odendaal.
64
+
65
+ Le 1er septembre 1975, la Conférence constitutionnelle de la Turnhalle commence.
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+
67
+ En avril 1976, Andreas Shipanga, l'un des cofondateurs de la SWAPO, dénonce le népotisme, la corruption et l'inefficacité de la direction du mouvement. Avec 2 000 de ses partisans dont Nathaniel Maxuilili, il tente de s'emparer du quartier général du parti à Lusaka en Zambie. Sam Nujoma est obligé de requérir l'aide du président Kenneth Kaunda pour éviter d'être démis de ses fonctions par la force. Les rebelles sont finalement arrêtés et emprisonnés, et accusés de collusion avec l'Afrique du Sud. Certains sont relâchés au bout de six mois, d'autres sont transférés dans des camps en Tanzanie, d'autres encore disparurent définitivement ; Shipanga n'est lui-même libéré qu'en mai 1978.
68
+
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+ Le 14 août 1976, Dirk Mudge, dirigeant du Parti national du Sud-Ouest africain, appelle les Blancs à rejoindre les Noirs sur le chemin de l'indépendance. Le 16 août, les délégués de la conférence constitutionnelle de la Turnhalle se mettent d'accord sur un gouvernement intérimaire chargé de transformer le territoire en un État indépendant sur le modèle d'une fédération. Le 20 décembre, dans sa résolution no 385, l'Assemblée générale des Nations unies refuse de reconnaître l'évolution interne de la Namibie et apporte « son soutien à la lutte armée » menée « sous la conduite de la SWAPO ».
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+
71
+ Le 18 mars 1977, le principe d'un gouvernement à trois niveaux est adopté à la conférence de la Turnhalle : un pouvoir central, des autorités locales à base ethnique [réf. nécessaire], des autorités municipales. L'Assemblée nationale serait élue au suffrage indirect par l'intermédiaire d'assemblées locales. Le nom du futur État fait l'objet d'un compromis : « Sud-Ouest africain / Namibie », du moins pour la période intérimaire. En mai, les Blancs se prononcent à plus de 60 % pour les propositions de la Turnhalle et acceptent le principe de l'indépendance. En août, la gestion de l'enclave de Walvis Bay (rattachée depuis 1971 aux autorités de la province du Cap) est transférée au gouvernement sud-africain et est ainsi soustraite au processus d'indépendance. En septembre, Dirk Mudge entre en conflit avec la direction du Parti national du Sud-Ouest africain, présidé par A. H. du Plessis, qui souhaite conserver des lois d'apartheid. Mis en minorité de justesse, Mudge et quatre-vingts de ses partisans quittent le parti en octobre et créent le Parti républicain. En octobre, le nouvel administrateur sud-africain, Martinus Steyn, un juge à la réputation de libéral, abroge la loi ségrégationniste sur les mariages mixtes puis celle sur l'immoralité. Les contrôles intérieurs sont supprimés sur tout le territoire à l'exception de la zone diamantifère (où ils sont toujours en vigueur de nos jours[13]) et de la frontière septentrionale. Le 6 novembre, Mudge conclut une alliance avec dix autres mouvements ethniques dont la NUDO de Clemens Kapuuo pour former l'Alliance démocratique de la Turnhalle (Democratic Turnhalle Alliance)(DTA) dont la présidence est confiée à Kapuuo.
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+ Le 27 mars 1978, le président de la DTA, Clemens Kapuuo, est assassiné par des inconnus. La SWAPO, qu'il combattait très durement, est accusée. Cet assassinat provoque de violents affrontements à travers le pays entre Ovambo de la SWAPO et Hereros de la NUDO. Un climat d'insécurité inconnu jusque-là s'installe dans le pays et touche toutes les communautés. Le 4 mai, l'armée sud-africaine lance un raid meurtrier sur un camp d'entraînement de la SWAPO à Cassinga en Angola (867 morts et 464 blessés). Le 29 septembre, les Nations unies votent la résolution 435 exigeant le retrait de l'Afrique du Sud et l'indépendance de la Namibie. En décembre 1978, les premières élections ouvertes aux Blancs et aux Noirs selon le principe « un homme, une voix », boycottées par la SWAPO et non reconnues par les Nations unies, sont remportées par l'Alliance démocratique de la Turnhalle. Une assemblée constituante namibienne est mise en place.
74
+
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+ Le 21 mai 1979, l'ancienne Assemblée constituante du sud-ouest africain, devenue Assemblée nationale du Sud-Ouest Africain, vote la loi sur l'abolition totale de la discrimination raciale[14]. Le jour même, Windhoek devient le siège de l'administration politique du pays (à l'exception encore de la police, de l'armée, de la justice et des affaires étrangères). Le 11 juillet, tous les lieux publics sont ouverts aux populations de couleur et une loi anti-discrimination est promulguée. Les derniers vestiges législatifs de la ségrégation raciale sont ainsi balayés. À la fin de l'année, un accord général est adopté sur la création d'une zone démilitarisée de part et d'autre de la frontière du nord, mais sans succès.
76
+
77
+ En avril 1980, le nouvel administrateur sud-africain, Gerrit Viljoen, promulgue la nouvelle constitution. La police et l'armée locale sont désormais placées sous le contrôle de l'assemblée. Le 1er juillet, le premier gouvernement du Sud-Ouest Africain / Namibie est mis en place avec un conseil des ministres de onze membres présidé par Dirk Mudge.
78
+
79
+ Le 18 janvier 1983, le conseil des ministres namibien démissionne à la suite du refus de l'administrateur sud-africain, Danie Hough, de promulguer une loi relative aux fêtes légales namibiennes. L'Assemblée nationale est dissoute et l'administrateur sud-africain cumule les pouvoirs exécutifs, administratifs et législatifs[15].
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+
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+ En juin 1985, un gouvernement intérimaire et une assemblée sont remis en place par l'Afrique du Sud.
82
+
83
+ En 1988-1989, des accords sont signés sous l'égide des Nations unies pour une transition vers l'indépendance du Sud-Ouest africain/Namibie. En 1989, la SWAPO gagne les premières élections générales auxquelles elle participe.
84
+
85
+ Le 21 mars 1990, la Namibie devient indépendante[16]. Sam Nujoma est le premier président de la Namibie. La SWAPO est majoritaire et ses représentants dirigent, depuis, le pays. En 1992, se déroulent les premières élections municipales post-indépendance. En 1994, l'enclave sud-africaine de Walvis Bay (principal port du pays) est cédée à la Namibie.
86
+
87
+ En 2005, Sam Nujoma passe la main à son successeur Hifikepunye Pohamba. Celui-ci est un fdèle de Sam Nujoma et un des fondateurs de la SWAPO. La SWAPO reste d'ailleurs en position dominante à l'Assemblée nationale. Hifikepunye Pohamba est réélu pour un second mandat en 2009, il devient un des lauréats du prix Mo Ibrahim pour sa gouvernance du pays, puis en décembre 2014, son premier ministre est élu président, et lui succède en 2015[17].
88
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89
+ En 2019, certaines régions de Namibie sont exposées à la pire sécheresse depuis soixante à quatre-vingt-dix ans, alors qu’aucune pluie n’est tombée en deux ans et que la plus grande partie du bétail a péri. Les autorités déclarent en mai l’état de catastrophe naturelle et demandent une aide internationale : « Les moyens de subsistance d’une majorité de Namibiens sont menacés, notamment ceux qui dépendent des activités de l’agriculture », déplorent la première ministre Saara Kuugongelwa-Amadhila[18]. Fin 2019, le président Hage Geingob est réélu pour un second mandat avec un score en baisse. La SWAPO est au pouvoir depuis 1990[19].
90
+
91
+ La chute des cours des matières premières et une sécheresse persistante ont fait reculer le produit intérieur brut (PIB) du pays en 2017 et 2018 et provoqué une augmentation du chômage[19].
92
+
93
+ Selon des chiffres officiels, pour l'année 2005, l'eau et l'électricité sont accessibles à 80 % de la population.
94
+
95
+ Les premières centrales électriques utilisant des ressources renouvelables sont construites par InnoVent dans les années 2010 (solaire et éolien)[20],[21].
96
+
97
+ La principale ressource du pays provient de son sous-sol et de ses nombreuses mines d'uranium, de cuivre, d'argent et de diamants.
98
+
99
+ Ainsi, la production de diamants représente quelque 40 % du produit intérieur brut (PIB), suivie par l'industrie de la pêche. Dans les autres secteurs, la Namibie reste dépendante de son voisin sud-africain.
100
+
101
+ En raison de son patrimoine naturel et de sa faune, la Namibie se caractérise par un secteur de chasse sportive et récréative actif. Cette activité attire de nombreux chasseur étrangers qui perpétuent la culture du trophée[22]. Cette activité est souvent dénoncée pour la menace qu'elle fait peser sur la préservation de la faune et les équilibres environnementaux[23].
102
+
103
+ En 2005, le taux de chômage avoisine 35 %. Un dispositif d'allocation universelle y est expérimenté[24].
104
+
105
+ Le réseau routier namibien[25] est organisé autour d'un axe nord - sud bitumé (6 199 km en 2010) au centre du pays qui se divise à ses deux extrémités en deux axes ouest - est pour rejoindre au nord, l'Angola et la Zambie et au sud, l'Afrique du Sud et le Botswana. Le pays dénombre en 2010, un total de 44 428 km de routes de tous types de révetement.
106
+
107
+ Le pays dispose d'un aéroport international, l'Aéroport international Hosea Kutako de Windhoek[26] situé à 45 km de la capitale.
108
+
109
+ L'établissement public de la Namibian Ports Authority créée en 1994[27], gére les deux principaux ports du pays :
110
+
111
+ La population est majoritairement noire bantoue avec des minorités blanches, afrikaner et allemande (7 %), chinoise (2 %) et des métis (6,5 %). Au total, la population s'élève à environ 2,1 millions d'habitants en 2011 pour 842 000 km2. La Namibie est un des pays les plus arides et les moins peuplés du monde. Elle est le deuxième pays le moins dense au monde après la Mongolie.
112
+
113
+ C'est l'ethnie ovambo qui est majoritaire au sein des bantous et qui monopolise les postes politiques. Des San, de langue khoïsan, forment la population autochtone mais sont très minoritaires, même si les Namaquas sont près de 200 000.
114
+
115
+ Depuis 1990, le pays attire des investisseurs allemands qui s'installent en Namibie pour travailler dans le secteur du tourisme ou du commerce.
116
+
117
+ La langue la plus parlée est l'oshiwambo qui concerne 48 % des locuteurs namibiens (de langue maternelle). La langue khoïkhoï arrive deuxième avec 11 % des locuteurs à égalité avec la langue afrikaans parlée par 11 % de la population. La langue kwangali est parlée par 10 % de la population. En seconde langue, plus de 40 % des Namibiens comprendraient, ou sauraient parler à des degrés divers l'Afrikaans.
118
+
119
+ Quoique l'anglais soit la langue officielle, il n'est parlé que par moins de 1 % de la population en tant que langue maternelle, et 7 % parmi la population blanche, mais il est souvent mal parlé, malgré la scolarisation obligatoire (qui est cependant récente). La langue allemande est aussi présente sur le territoire ; elle est parlée notamment par les descendants des colons germaniques (environ 30 000 personnes), par des immigrés germanophones et elle est aussi parlée en seconde langue par 45 000 Namibiens, surtout dans la région de Swakopmund, Windhoek, et dans la région de Caprivi. Le küchendeutsch est un sabir allemand parlé par 15 000 personnes noires africaines. L'allemand est donc parlé, à des degrés divers, en Namibie, par au moins 100 000 personnes. La présence du portugais sur le sol namibien s'explique par la proximité du pays avec l'Angola. Le portugais serait parlé par environ 15 000 Namibiens, surtout dans la bande de Caprivi, et le long de la frontière angolaise.
120
+
121
+ La Namibie est un pays très hétérogène sur le plan linguistique. En effet, en plus de ces langues d'héritage européen, y coexistent huit langues et plus d'une vingtaine de dialectes principaux (silozi, otjihero, setswana, damara-nama, oshiwambo…).
122
+
123
+ La population est entre 80 et 90 % chrétienne. L'évangélisation débuta en Namibie quatre siècles après que le navigateur portugais Diogo Cão apporta en 1484 la première croix chrétienne à Cape Cross. Plus de 60 % des chrétiens sont protestants luthériens, situation en grande partie due à l'héritage de la colonisation allemande et à l'évangélisation conduite par la Société des missions du Rhin, mais aussi résultat des efforts des missionnaires finlandais implantés dans le nord de la Namibie, qui ont donné naissance à l'Église évangélique luthérienne en Namibie. Une autre partie des chrétiens sont catholiques.
124
+
125
+ La Convention baptiste de Namibie a été officiellement fondée en 1984[28]. En 2016, elle comptait 45 églises et 8 849 membres[29].
126
+
127
+ Les animistes seraient entre 5 et 10 % de la population namibienne. Il y a aussi des musulmans, très minoritaires, et qui sont souvent issus de la communauté indienne, et qui sont tous concentrés dans les grands centres urbains, tout comme les Hindous, eux aussi issus de la communauté indienne.
128
+
129
+ La Namibie compte 0,4 médecins pour mille habitants en 2007[30], concentrés dans les régions urbaines[31]. Son système de santé a commencé à se déployer après l'indépendance et compte de nombreux médecins étrangers[31]. La première formation en médecine du pays a ouvert en 2010 à l'Université de Namibie, alors que l'État envoyait jusque-là des étudiants dans de coûteuses universités étrangères, notamment en Afrique du Sud[31].
130
+
131
+ Selon l'ONUSIDA, la Namibie est confrontée à l'un des taux de VIH / sida les plus élevés du monde, avec 21,3 % des adultes contaminés.
132
+
133
+ Selon des chiffres officiels, pour l'année 2005, le taux d'alphabétisation atteint 80 % et plus de 90 % des enfants sont scolarisés.
134
+
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+ La Namibie compte trois universités[32], toutes basées à Windhoek :
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+ La Namibie est une république parlementaire.
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+ Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Une exception fut faite pour le premier président, qui n'avait pas été élu au suffrage direct pour son premier mandat, car il avait été désigné par l'Assemblée nationale. Il est le chef de l'exécutif.
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+ Le Premier ministre est nommé par le président de la République.
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+ Depuis 2013, la Namibie est divisée en 14 régions :
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+ La Namibie sert régulièrement de cadre à des films d'aventure étrangers. En 1965, le film britannique Les Sables du Kalahari suit les survivants d'un avion écrasé dans le désert namibien, qui affrontent toutes sortes de périls pour tenter de revenir vers la civilisation. Crinière au vent, une âme indomptable, film américain de Sergueï Bodrov (2001), relate une histoire d'amitié entre un jeune garçon et un cheval promis au dur destin des travaillant dans les mines au début du XXe siècle, en Namibie. Le film The King Is Alive, du Danois Kristian Levring, tourné selon l'esthétique du courant du Dogme95, sorti en 2000, met en scène un groupe de touristes égarés dans un désert namibien, coupés du monde et qui entreprennent de monter une pièce de théâtre pour éviter la dégradation des relations humaines au sein du groupe.
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+
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+ Le film sud-africain de 1980 Les dieux sont tombés sur la tête met en scène un acteur namibien, N!xau.
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+ En 2007 sort Namibia (Namibia: The Struggle for Liberation), un film épique réalisé par Charles Burnett et coproduit par la Namibie et les États-Unis ; il retrace la lutte pour l'indépendance du pays à travers le parcours de Sam Nujoma qui fut le premier président du pays à son indépendance. En France, le film est sorti directement en DVD.
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+
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+ En 2012, la Namibie devient le théâtre du tournage du film de Georges Miller, Mad Max: Fury Road, 4e opus de la série.
152
+
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+ L'industrie et la culture cinématographiques proprement namibiennes se développent peu à peu. Fin 2009, l'ONG AfricAvenir lance la Namibian Movie Collection, une collection de films namibiens ou évoquant la Namibie, qui vise à promouvoir et à diffuser le cinéma namibien, en lien avec des institutions comme le Centre culturel franco-namibien[37],[38]. Fin 2012, la collection regroupait cinquante films[38].
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+ L'Autorité de gestion des parcs et de la faune du Zimbabwe (Zimparks) est une agence du gouvernementale du Zimbabwe dont la mission est de gérer les parcs nationaux. À l'origine, ces parcs avaient été créés afin de mettre en valeur les terres improductives. À cette époque l'attention n'était pas prêtée aux projets de conservation du patrimoine. La législation ayant évolué, des moyens furent mis en œuvre tant et si bien que le pays est devenu un leader mondial dans la gestion de la faune.
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+ Autres zones protégées :
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159
+ En plus des neuf aires protégées et des dix parcs nationaux, la Namibie compte 76 conservatoires communautaires sur une superficie de 155 000 km2, l'équivalent de 19 % du territoire. Depuis 1996, la loi permet aux populations de gérer les territoires sur lequel elles vivent. Elles deviennent responsables de la faune, assurent sa sécurité et perçoivent les bénéfices du tourisme. Afin de donner un coup de pouce à la nature, le gouvernement a accéléré le processus en déplaçant au besoin des animaux en provenance des parcs nationaux ou autres réserves vers les conservatoires[39].
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+ La République de Namibie a pour codes :
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+ Swakopmund, Erongo.
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+ Kaokoland.
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+ Sossusvlei.
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+ Château de Duwisib.
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+ Sesriem canyon.
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+
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+ Quivertree Forest, ǁKaras. [réf. souhaitée]
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+ Kolmanskop, ǁKaras.
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+ Lüderitz, ǁKaras.
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+ Windhoek, Khomas.
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+ Twyfelfontein.
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+ Côte des Squelettes.
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+ Parc national d'Etosha.
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+ Waterberg Plateau, Otjozondjupa.
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+ Dunes du désert du Namib.
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+ Un art martial est un style ou une école dont l’enseignement porte principalement sur des techniques de combat, à mains nues et/ou avec arme. Historiquement, cet apprentissage intègre une dimension spirituelle et morale visant à la maîtrise de soi (essentielle, tant pour renoncer au combat s'il est évitable, que pour y faire face dans le cas contraire), et s’enrichit de multiples connaissances (culturelles, philosophiques et médicales, notamment). Ainsi, les arts martiaux visent au développement global de l’individu : externe (force, souplesse), interne (énergie, santé), intellectuel et moral.
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+ Du fait de son histoire, le terme « art martial » est le plus souvent, dans le langage courant, utilisé pour désigner une discipline de combat asiatique, et les arts martiaux les plus populaires en Europe et en Amérique. Ils incluent les arts martiaux japonais, chinois, vietnamiens ou coréens. Cependant, des écoles similaires d’« arts du combat » existent dans de nombreuses régions et cultures, et les arts martiaux, au sens large, englobent aujourd’hui une grande variété de disciplines.
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+ L'histoire des arts martiaux remonte aux premiers âges de l'humanité et se caractérise par un système complexe de diffusion parmi les cultures et les régions du monde.
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+ Les difficultés à cerner le cœur et les limites du concept d’« arts martiaux » sont une problématique essentiellement occidentale. En Asie, ces questions ne se posent pas, chaque pays, chaque langue ayant son propre terme pour désigner sa pratique, voire plusieurs si cela s’avère nécessaire. Par souci de clarté, les ouvrages spécialisés utilisent ainsi, le plus souvent, ces termes « d’origine », retranscrits : Wu Shu pour les arts martiaux chinois, Bujutsu ou Budo pour les arts martiaux japonais, Vo Thuat pour le Viêt Nam, Thaing en birman, etc.
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9
+ La locution française « arts martiaux » est la traduction de l’anglais « martial arts », un néologisme créé vers 1933 pour désigner initialement les techniques de combat du Japon[1]. Toutefois, le terme désigne, à l'origine, le système de combat en Europe, vers 1550. Il est dérivé du latin et signifie arts de Mars, dieu romain de la guerre[2].
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+
11
+ Présents en Asie depuis longtemps, les Occidentaux n’avaient cependant pas appréhendé la richesse des arts martiaux, dont l’enseignement leur restait interdit, caché, et qu’ils assimilaient à des variantes de leur « boxe ». Ainsi, les journalistes occidentaux relatant la célèbre révolte de 1900 en Chine, parlèrent simplement de « boxeurs », d’où le nom « Guerre des Boxers »[3].
12
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+ Mais de leur côté, les Japonais, épris de modernité et voulant cadrer avec la tendance sportive de l’époque, commencèrent vers 1880 à créer les « Budo » actuels (Judo, Kendo, Karatedo, Aïkido…), versions épurées de leurs arts martiaux traditionnels (bu-jutsu ou bu-jitsu), expurgées de leurs techniques les plus dangereuses. En meilleurs termes avec les Occidentaux, désireux de les séduire et de rehausser l’image du Japon, ils leur présentèrent ces « Budo », ouvrant l’Occident à la connaissance des « arts martiaux », comme on commença alors à les nommer…[4]
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15
+ Parce qu’elle est souvent mal, ou incomplètement comprise en Occident, la locution « art martial » donne souvent lieu à discussion, ou prête à critiques et laisse certains pratiquants insatisfaits. Un petit détour par l’étymologie s’impose donc.
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+
17
+ Que ce soit en Chine, au Japon ou au Viêt Nam, par exemple, le sinogramme (pictogramme) qui sera ultérieurement traduit par « martial » est le même : « Wu », en chinois, « Bu » en japonais, « Vo » en vietnamien. Utilisé comme signifiant « guerre », « combat », il représente de façon stylisée un garde avec une lance, et peut se décomposer en deux caractères[5], « arrêter » la « lance », de sorte que son sens est plutôt « celui qui maintient la paix », étant bien entendu que celui qui veut assurer la paix doit être « capable de se battre pour que cette valeur survive »[6]. Il y a donc une double signification : arrêter la lance de l’adversaire, et arrêter sa propre lance[7]. Ainsi se trace un portrait du combattant plus proche de notre notion du « chevaleresque » (avec ce que cela implique de bravoure, d’aspiration à la justice et de rectitude morale) que de l’image du guerrier assoiffé de conflit. On est assez loin, on le voit, des connotations courantes du terme « martial » en français. Venu du latin « Martialis » (de Mars, dieu de la guerre chez les Romains), le terme « martial » est défini par « qui dénote une âme belliqueuse », et renvoie à une idée d’agressivité, de violence assumée, voire souhaitée, l’emploi de la force étant ici préconisé pour résoudre un désaccord.
18
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19
+ De plus, il est utile de s’interroger sur le sens véritable avec lequel il faut entendre le mot « art ». En effet, il n’y a pas vraiment de connotation artistique ou esthétique dans les termes japonais ou chinois d’origine, en dehors des formes ou katas traditionnels qui sont effectivement artistiques. Certains considèrent le mot « art » en son sens premier : « ensemble de moyens, de procédés conscients par lesquels l’homme tend à une certaine fin, cherche à atteindre un certain résultat »[8], tel qu’il est venu du latin : « ars : habileté, métier, connaissance technique »[9], c’est-à-dire sans implication d’esthétisme. Il ne s’agit pas de nier le fait, évident, que de certaines pratiques martiales se dégage un réel plaisir esthétique. D'autres adoptent l'esprit oriental qui associe à leur pratique martiale une forme d'art comme enseigné en faculté des Beaux-Arts, à l'instar de la peinture ou la calligraphie. Leur art résulte alors de la recherche de la perfection, ainsi que de l’harmonie des mouvements devant combiner équilibre, précision, puissance et vitesse, pour un maximum d’efficacité[10]. La dimension physique, technique, du combat est une dimension de l’apprentissage, l’ensemble formant un tout dense et nécessaire.
20
+
21
+ L’adoption unanime d’« art martial » provient donc de la traduction occidentale des kanji japonais. Le mieux est d'en revenir aux langues (Vietnamien, Chinois, Japonais, etc.) et aux contextes d'origine (guerres civiles, lois interdisant le port d'armes, recrutement de jeunes soldats dans l'armée, etc.). Les arts martiaux contribuent donc à embellir la personnalité de leurs pratiquants, tout en renforçant leur équilibre, leur bravoure et leur morale vis-à-vis de la société actuelle.
22
+
23
+ À l’origine, la locution « arts martiaux » ne s’appliquait qu’à des disciplines de combat d’origine japonaise, et c’est encore ainsi qu’on la trouve définie par certains[11],[12]. Cependant, l’usage a fait s’ouvrir cette définition à toutes les disciplines d’origine asiatique, et c’est généralement cette acception que l’on retrouve dans les ouvrages généralistes actuels[13], et dans l’usage courant.
24
+
25
+ Au XXIe siècle, la tendance à l’extension du concept semble se poursuivre, celui-ci se retrouvant parfois associé à une large variété de disciplines de combat, sans plus mentionner de critère d’origine géographique.
26
+ En effet, tous les peuples du monde ont, face aux dangers et aux guerres, développé leurs propres systèmes de combat, que la mondialisation ou les travaux d’historiens ont permis de découvrir et de pratiquer. On parle ainsi d’arts martiaux historiques européens, d’arts martiaux brésiliens, d’arts martiaux tunisiens, etc. Pour certains[Qui ?], cet usage est abusif. Bien que ne remettant pas en cause l’authenticité de ces « arts du combat », ils considèrent l’origine géographique et l’ancrage culturel comme essentiels ou soulignent le fait que la « simple » pratique d’une technique de combat, aussi efficace soit-elle, ne suffit pas à faire d’une discipline un « art martial »[14]. Pour d’autres, la langue est vivante et évolue en fonction de l’usage qu’on en fait. Le débat reste ouvert.
27
+
28
+ L’histoire des arts martiaux remonte aux premiers âges de l’humanité, et se caractérise par un système de diffusion complexe ayant vu s’entremêler les cultures, voyager les techniques et s’échanger les connaissances.
29
+
30
+ À l’origine était la nécessité pour l’Homme de se défendre, lui, ses proches et ses biens. Ainsi se développèrent les premières techniques de combats, différentes selon leurs lieux d’origine car adaptées aux circonstances : climat, environnement naturel, etc. En effet, on ne se bat pas de la même façon selon qu’il fait chaud (vêtements légers, possibilité de sauts et de frappes aériennes) ou froid (vêtements épais, préférence pour un système à base de lutte et de saisies), selon la nature du sol (rizière ou aridité, par exemple), ou le type de « paysage » (végétation, relief)[15].
31
+
32
+ Les traces de ces pratiques sont rares. Les plus anciennes se trouvent en Inde, où les arts martiaux se développèrent précocement[16] : on en trouve mention dans le Rig-Véda, dont la composition remonterait entre 1500 et 900 ans av. J.-C. Et en Chine, par exemple, on a trouvé des poteries et des fresques datant de 1400 avant notre ère, représentant des techniques de combat utilisant poings et pieds[17].
33
+
34
+ Ensuite, les sociétés se structurant, vinrent les guerres. À la guerre, perdre, c’est mourir. En Asie, région du monde à l’origine de la plupart des arts martiaux, les guerres et conflits s’enchaînaient sans répit. Les techniques de combat primitives trouvèrent à se développer, se complexifier et se structurer, jusqu’à atteindre un très haut niveau de technicité. L’idée de stratégie militaire vit le jour. De nombreux récits et légendes relatent ainsi les exploits de grands souverains et guerriers, vainqueurs grâce à leur excellence et leur inventivité au niveau des techniques martiales.
35
+
36
+ Au VIe siècle avant l'ère actuelle, les théories exposées par Sun Tzu, (célèbre — mais peut-être légendaire — stratège) dans son « Art de la guerre » amorcent l’évolution des pratiques martiales vers les arts martiaux[18]. En effet, la Chine d'alors était constituée d’une multitude d’états en guerre quasi permanente. Ces batailles de grande ampleur étaient coûteuses en vies humaines, des paysans enrôlés, pour l’essentiel. Or, la prospérité de chaque pays reposait sur la production agricole par ces mêmes masses paysannes. Toute opération militaire impliquait donc une saignée durable dans la population et les revenus du pays. Pour Sun Tzu, l’important devient donc de limiter au maximum les pertes humaines, l’idéal étant d’amener l’adversaire à concéder sa défaite sans avoir à livrer combat, en prenant avant même l’affrontement un avantage stratégique insurmontable. Au-delà de cet aspect assez « pragmatique », les théories de Sun Tzu intègrent aussi l’influence du Taoïsme et du Yi Jing, important dans le domaine guerrier les notions de vertu et de moralité. Ainsi, alors qu’auparavant maîtriser sans tuer était prendre un risque inutile, le but est maintenant devenu de maîtriser, sans tuer ni se faire tuer, et de le faire avec noblesse[19]...
37
+
38
+ Mais le véritable tournant vers les arts martiaux en tant que tels intervient environ un siècle plus tard, avec la fusion entre pratique martiale et pratique spirituelle, sous l’influence du Bouddhisme, venu d’Inde. Selon la légende, Bodhidharma, un moine indien né à Kanchipuram dans le sud de l'Inde, aurait fondé près de Kottayam, au Kerala, la première école de kalarippayatt, puis serait parti pour la Chine au début du VIe siècle pour y rénover le Bouddhisme en pleine décadence. Le courant réformateur qu’il initia prit le nom de Chan en Chine, et donna naissance au bouddhisme Zen au Japon. À la fin de sa vie, après avoir beaucoup voyagé, il se fixa au monastère de Shaolin. Y constatant que les moines (passant leur temps à recopier des sûtras, pratiquant l’ascèse, etc.) étaient affaiblis, il leur aurait imposé une discipline physique leur permettant de renforcer leur santé et de rétablir une union harmonieuse entre le corps et l’esprit, afin de supporter les longues heures de méditation assise. En guise d’exercice, il leur enseigna des mouvements issus des arts martiaux indiens et chinois, qu’il avait lui-même perfectionnés au cours de ses périlleux voyages[20].
39
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40
+ Si la légende n’est pas historiquement avérée, il n’en reste pas moins que c’est effectivement dans un lent phénomène d’osmose entre connaissances monastiques, pratiques prophylactiques et techniques guerrières que naissent les arts martiaux. À partir du VIe siècle, en Chine, des membres de la caste guerrière, séduits par la nouvelle sagesse du Taoïsme, font retraite dans les monastères et voient tout l’intérêt qu’ils peuvent tirer des techniques de concentration des moines, ainsi que de leurs connaissances spirituelles et médicinales. De leur côté, les moines intègrent certaines pratiques de combat à leur quotidien, tant pour leurs aspects énergétiques qu’afin de pouvoir se défendre contre les pillards. Les deux sphères de préoccupations (combat ou spiritualité) apparemment si différentes vont donc très lentement s’influencer l’une l’autre, jusqu’au plein épanouissement des arts martiaux sous l’influence du Bouddhisme et des techniques venues d’Inde dans son sillage[21].
41
+
42
+ Ainsi se créa un système complet, constitué à la fois d’une spiritualité, d’une pratique de combat, de techniques prophylactiques et de connaissances diverses. Cet enseignement se répandit dans toute l’Asie et se popularisa, suivant les trajets des moines itinérants utilisant leurs techniques de combat pour se défendre des aléas de la route qu’ils prenaient pour diffuser leur discours et leurs savoirs. Les guerres, encore elles, contribuèrent aussi à cette diffusion, au gré des affrontements de « styles », des occupations et des mouvements de populations.
43
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44
+ Les arts martiaux, en tant que systèmes complexes de connaissances, gagnèrent ainsi au cours des siècles suivants toutes les régions de Chine, le Tibet, puis le Sud-est asiatique : Birmanie dès le VIe siècle (Thaing ou Bando, Banshay, Lethwei, Naban), Thaïlande (Krabi krabong, Muay thaï), Laos, puis un peu plus tard la Corée, le Vietnam et le Japon. Se confrontant et s’assimilant aux pratiques locales, ils les firent évoluer et/ou s’y intégrèrent, de sorte qu’on se trouve face à des pratiques de combat en apparence très diversifiées. Ce qui les réunit, c’est, sous l’influence du Bouddhisme, du Taoïsme et du Confucianisme, l’apparition du terme « tao »/« do »/« dao ». Ici se trace la frontière entre arts de la guerre et arts martiaux : la pratique martiale est maintenant considérée comme une « Voie » pour l’accomplissement spirituel de l’individu[22]. Avec cette évolution, certains arts martiaux se détachent insensiblement du combat réel. Alors qu’elles n’étaient auparavant enseignées qu’aux militaires, les techniques de combats se popularisent mais « secret militaire » oblige, les mystifications sont nombreuses, les techniques réellement efficaces restant cachées, accessibles seulement au cercle restreint des élèves les plus assidus et les plus méritants. En outre, l’« entraînement » avec des pairs implique de limiter le risque de blesser l’adversaire, et l’affrontement se ritualise donc, des conventions se mettant en place. L’enseignement se sophistique, et y perd souvent de son applicabilité en situation réelle de combat de survie, s’enjolivant par exemple de techniques impressionnantes, sophistiquées ou esthétiques, mais n’ayant pas de sens, ou l’ayant égaré[23].
45
+
46
+ Enfin, vers le milieu du XXe siècle, certains arts martiaux ont évolué vers la pratique « sportive » : dans le but de pouvoir organiser des compétitions, on en élimina les techniques les plus dangereuses, on édicta des règles strictes pour l’affrontement, on établit des catégories de poids ou d’âge, etc. L’orientation récréative et éducative prend ici le pas sur les aspects d’autodéfense et d’accomplissement personnel.
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48
+ Face aux dangers et aux guerres, tous les peuples du monde ont développé leurs propres arts de combat, que la mondialisation et/ou les travaux d’historiens ont permis de (re)découvrir et, parfois, de pratiquer.
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50
+ L'histoire des arts martiaux européens est extrêmement riche et diverse, remontant à l'antiquité avec le pancrace et le pugilat, mais elle a, plus qu'en Asie, subi la pression de l'évolution des armes à feu. Beaucoup de ces disciplines ont soit disparu, ou ont évolué en sports, telle que l'escrime sportive, la canne, la savate, la boxe. Néanmoins, les formes de lutte ou d'escrime ancienne sont réétudiées aujourd’hui au sein du mouvement des arts martiaux historiques européens. Le combattant médiéval était polyvalent et maîtrisait aussi bien la lutte que le combat à la dague, à l'épée, à l'arme d'hast en armure ou non, en mélangeant des techniques provenant des diverses sous-disciplines. Passé la Renaissance, la lutte est passée de mode dans les hautes classes de la société, qui n'a gardé que l'escrime comme forme de combat valorisée ; cependant elle est restée vivace dans les couches populaires. Ainsi des formes traditionnelles de lutte telle que le gouren breton, la glima scandinave ou la lutte suisse subsistent toujours aujourd’hui. Des systèmes à visée purement militaire telles que le close combat, le systema, le samoz sont nés en Europe et en Russie, et elles font également partie de l'histoire très récente des arts martiaux d'origine européenne.
51
+
52
+ Ailleurs dans le monde, on peut encore mentionner, par exemple, le Lua, très ancien art du combat des îles Hawaï ; la capoeira, d’origine africaine mais s’étant développée essentiellement au Brésil, le moringue né à Madagascar, toutes les autres luttes traditionnelles africaines, etc.
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+ Au sens restreint, le terme « arts martiaux » reste généralement, de par son histoire, appliqué aux arts du combat d’origine asiatique. Il découle de cet ancrage dans une culture et une spiritualité particulière certaines spécificités qui, bien que n’étant pas systématiquement partagées par tous les styles et écoles, méritent néanmoins d’être mentionnées.
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+ Pour un combattant, la survie se joue en une fraction de seconde : pas question donc que la peur ou l’hésitation ne fasse trembler sa main… Au-delà du travail physique, l’entraînement au combat nécessite donc aussi un travail mental : le guerrier doit pouvoir regarder la mort en face, en accepter sereinement l’éventualité, faute de quoi, au moment décisif, l’affolement risque d'aveugler ses facultés. Il doit donc atteindre une disposition d’esprit lucide et sereine, permettant concentration et stratégie dans le combat… et discernement quant aux combats à mener. Ce travail sur soi, sur la maîtrise de soi, sur le sens et la valeur de la vie et de la mort, relève de la sphère de la spiritualité et doit être, on le voit, partie intégrante de la formation du combattant accompli.
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58
+ Chaque art martial possède des valeurs spirituelles et philosophiques qui lui sont propres ; ces valeurs peuvent différer en fonction des styles et des écoles[24], mais, en Asie, on y retrouvera toujours l’influence des courants spirituels dominants : bouddhisme, taoïsme et confucianisme. Dans cet esprit, l’essentiel pour tout être humain est d’atteindre à son accomplissement ou, en d’autres termes, à la Sagesse. Y arriver nécessite un travail long et difficile, où s’approfondit l’expérience de la réalité et de la présence à soi-même[25]. Ainsi, la pratique martiale est considérée comme une Voie (« tao » en chinois, « dao » en vietnamien[22], « dô » en japonais) pour l’accomplissement de l’individu, le travail extérieur devenant le support d’une métamorphose intérieure[26]. L’effort persévérant, permettant d’atteindre l’excellence (sens premier de « Kung-Fu ») en passant par la maîtrise de soi, ne vise pas tant, dans les arts martiaux, à devenir techniquement supérieur qu’à devenir un homme meilleur (même si les deux sont souvent liés).
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+ À cette quête spirituelle est liée un code d’honneur qui, bien au-delà du « fair-play » occidental, lie le pratiquant en art martial pour l’ensemble de ses actes et décisions, tant dans le combat que dans sa vie quotidienne. Il est exigé de lui rectitude et vertu morale dans tous les aspects de son existence. Un célèbre exemple formalisé de ce code d’honneur est le Bushido, au Japon.
61
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+ Si la pratique martiale est une Voie, elle n’est pas la seule, et l’éducation d’un pratiquant en arts martiaux incluait, traditionnellement, d’autres apprentissages nécessaires, de près ou de loin, pour devenir un homme meilleur, et un meilleur combattant : calligraphie, jeu d’échecs, philosophie, littérature, notions poussées de médecine traditionnelle, méditation, etc. Au pur niveau de la pratique martiale, les apports de ces apprentissages sont variés : maîtrise de soi, du geste et de la respiration, stratégie et psychologie du combat, santé par le renforcement du « Qi », connaissance des points vitaux (tant pour mettre l’adversaire hors d’état que pour se soigner), etc. Il reste généralement peu de traces de cette « éducation totale » dans la pratique occidentale des arts martiaux.
63
+
64
+ Par ailleurs, les arts martiaux les plus traditionnels véhiculent encore, pour certains, un riche héritage culturel, témoin de leurs origines respectives via des rites (cérémonial, salutations rituelles, etc.), des traditions (fêtes religieuses ou populaires…) ou des poèmes. Concernant ces derniers, rappelons que l’analphabétisme était largement répandu jusqu’il y a peu, et que la transmission orale était donc la règle. Elle se faisait sous forme de poèmes ou de chants (pour des raisons mnémotechniques) accompagnant l’exécution des enchaînements (« kata », « tao » ou « thao »). De par la volonté de chaque école de garder ses techniques secrètes, ces poèmes travestissaient les instructions techniques, les « enrobaient » dans des récits imagés et légendaires, typiques de leur culture et région d’origine, porteurs de sens et dépositaires de l’« âme » de l’école[27].
65
+
66
+ Contrairement au sport occidental, qui se pratique dans des salles d’entraînement polyvalentes, des gymnases sans âme, la plupart des écoles d’arts martiaux traditionnels disposent d’un lieu consacré à l’enseignement, spécifique et privé, généralement connu en Occident sous son nom japonais : le Dojo (Guan ou Kuan en Chine, Do-jang en coréen, Vo-duong en vietnamien). Il est évident que, selon la forme de pratique ou d’enseignement, ces lieux peuvent être très différents : véritable « institut » pour les écoles ayant pignon sur rue, temple, demeure privée en cas d’enseignement familial, mais aussi simple pièce au décorum restreint ou cour intérieure pour les écoles modestes, voir place publique ou clairière pour les maîtres itinérants… L’important est que ce lieu devienne, du fait de quelques symboles et rituels (orientation géographique, autel, objets symboliques, calligraphie, portrait du maître fondateur, salut, etc.), le « lieu de la Voie », c’est-à-dire, un lieu quasi sacré, de travail et de recueillement, et non un espace de loisir[28],[29].
67
+
68
+ À l’heure actuelle, en Occident mais aussi en Asie, bien des écoles pratiquent, évidemment, dans des « salles de sport » qu’elles partagent avec d’autres disciplines. Mais beaucoup d’entre elles tentent de recréer cet esprit au moyen d’un « décorum » minimal, et en veillant aux aspects comportementaux des élèves (discrétion, courtoisie, politesse, ponctualité…).
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70
+ Beaucoup d’arts martiaux (mais pas tous) utilisent dans leur enseignement des enchaînements de mouvements prédéterminés, à mains nues ou avec arme(s), que l’on nomme « formes » en français, kata dans les arts martiaux japonais, poomsae dans les arts martiaux coréens, « akas » dans les arts martiaux birmans, taolu ou thao dans les arts martiaux chinois, « jurus » dans les arts martiaux indonésiens, thao quyên ou thao binh khi dans les arts martiaux vietnamiens.
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+ La pratique d’un art martial ne peut se limiter à l’étude de ces enchaînements, mais ils sont un important pôle de transmission, car ils constituent une véritable bibliothèque de gestes d’attaque et de défense, liés avec finesse. Permettant d’assimiler et de travailler de techniques et des tactiques en simulant des situations de combat (y compris les plus dangereuses telles que l’affrontement à mains nues contre une arme), ils sont un excellent entraînement ayant des implications directes dans le combat libre. Ils sont aussi bénéfiques pour la concentration, pour la coordination physique et respiratoire et, dans le cas des arts martiaux dits « internes », renforceraient la santé en dynamisant la circulation du Qi. Enfin, chaque école ayant ses propres formes, parfois d’origine très ancienne, ces enchaînements sont souvent imprégnés de culture et de symbolisme, et ils servent ainsi littéralement de mémoire ou de testament, porteurs d’un message, codé sur plusieurs niveaux (tant au niveau de la gestuelle que du « poème » qui souvent les accompagne), inaccessible au débutant.
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+ Certains arts martiaux se pratiquent uniquement à mains nues (le Karaté, par exemple, dont le nom signifie, justement, « art de la main vide »), d’autres concentrent leur pratique sur l’apprentissage d’une seule et unique arme (le Kendo, par exemple), et d’autres écoles, enfin, combinent pratique à mains nues et pratiques des armes (l’Aïkido, pour rester dans les exemples japonais…). Les armes peuvent être extrêmement variées, et la liste serait trop longue à faire ici ; mentionnons, à titre d’exemple, les quatre armes de base en art martial chinois : épée, lance, bâton et sabre.
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+ Popularisé en Occident par la glorieuse « ceinture noire », le système des ceintures n’est cependant pas unanimement partagé par les arts martiaux asiatiques, loin de là. En fait, ce qui est plus caractéristique des arts martiaux asiatiques, traditionnellement étrangers à l’idée de compétition, c’est l’évaluation du niveau des pratiquants par un système de rangs (élève/enseignant/maître) ou de grades : kyu et dan au Japon, duan en Chine, etc. Ce système marque l’évolution de la maîtrise du pratiquant via des « certificats » attribué par le maître ou à la suite de la présentation d’un examen devant un collège d’« experts » pour les niveaux plus avancés. Si certains arts martiaux refusent de marquer le grade par un signe extérieur (l’aïkido, par exemple), beaucoup d’autres ont adopté au XXe siècle le système hérité du Judo, où la ceinture, par sa couleur, symbolise le niveau. Les couleurs, et l’ordre de celles-ci peuvent cependant varier d’une discipline à l’autre[30].
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+ Du point de vue de la sociologie, les représentations sociales des pratiquants d’arts martiaux permettent de comprendre ce dans quoi ceux-ci s’inscrivent actuellement : les loisirs sportifs et plus globalement les valeurs admises au sein de la société dans laquelle vivent les pratiquants. À partir de ce que pensent les pratiquants avancés des arts martiaux, il est possible de comprendre la notion de maître, établir le profil de l’attitude et du comportement de l’étudiant parfait, prôner des vertus qui font des pratiquants un citoyen idéal, ou se prononcer sur la valeur des grades, on voit se dessiner des variations et des différences qui vont au-delà de la critique intergénérationnelle. Ces critiques que l’on associe souvent à un fossé entre les générations sont plutôt un moyen détourné pour parler des changements survenus dans l’univers des arts martiaux. Les représentations sociales des pratiquants d’aujourd’hui sont des indices de la démocratisation des disciplines martiales correspondant aux aspects fonctionnalistes du loisir sportif contemporain[31].
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+ Ce partage des valeurs communes entre les pratiquants peut se nommer le sport commun. Il peut se comprendre comme des expériences communes vécues à côté des institutions sportives comme un phénomène de masse. C’est exactement ce que sont les arts martiaux : des écoles, des clubs aux finalités et aux objectifs divers, qui peuvent prendre des formes allant de la pratique sportive au divertissement ludique de loisir. Toutefois, il importe de ne pas oublier que cette réalité n’a rien de dichotomique et ne se découpe pas uniquement entre les activités de sport et de loisirs, mais se présente plutôt sous la forme de centaines de clubs ou d’écoles, qui se situent à des degrés divers sur une échelle entre deux pôles. Et, à cet égard, la compétition sportive institutionnalisée n’est pas la seule différence. Certes, la forme compétitive est la plus visible et la plus connue, mais il s’agit plutôt de voir la configuration des modes de pratique que permet la démocratisation en récupérant et en institutionnalisant les nouvelles manières de pratiquer des arts martiaux, et, cela, sans nécessairement en faire un sport de compétition. Ne pensons qu’aux divers types de spectacles qui mettent en vedette des performances martiales : par exemple, le Cirque du Soleil a récemment recruté de jeunes québécois spécialistes de kata acrobatique dans sa troupe et continue de chercher d’autres personnes possédant ce genre de talent[31].
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+ Prises dans leur ensemble, les disciplines martiales peuvent prendre des configurations et proposer des objectifs qui varient énormément les uns par rapport aux autres. Les notes d’observations, les entrevues semi-dirigées et les multiples observations participantes (Bernard, 2014) portant sur les clubs et les écoles d’arts martiaux sont les sources d’informations privilégiées qui permettent le classement des dits clubs et écoles sur l’échelle des modes de pratiques. Leur situation sur l’échelle ne signifie en rien que toutes les disciplines portant le même nom se classent au même endroit. Leur position confirme seulement l’existence d’un état de fait montrant que les arts martiaux oscillent entre les pôles que sont le sport et le loisir, ou encore les sports de combat et les loisirs d’inspiration martiale, voire à connotation martiale imaginaire. Il s’agit d’une réalité qui les tiraille, car ces disciplines doivent se soustraire aux attentes des gens qui voudraient les pratiquer et aux modes d’aujourd’hui pour continuer à être actives dans la société. Sans participer à la logique économique et d’offre de services propre à notre société, les arts martiaux pourraient alors demeurer des disciplines plus marginales[31].
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+ Or, on remarque facilement que ces disciplines ne sont pas marginalisées, car, outre les écoles et les clubs d’arts martiaux qui s’affichent dans les villes et villages, on les rencontre à une multitude d’endroits : les sports olympiques, les spectacles de danse, au cinéma, dans les publicités, les émissions pour enfants, les dessins animés, dans les foyers pour personnes âgées en tant que technique de physiothérapie, dans les milieux défavorisés en tant que moyen d’intervention auprès des jeunes en difficulté, dans les programmes de sport-étude pour les élèves des écoles primaires et secondaires, dans les romans, les manga, les bandes dessinées, les vidéoclips, sans oublier les publications et les recherches universitaires qui s’y intéressent, etc.[31].
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+ On peut comprendre la réalité des clubs et des écoles d’arts martiaux comme un grand espace dynamique : un univers du loisir sportif qui tente de satisfaire les multiples exigences d’une clientèle tout aussi variée. Cet espace est également compris comme une échelle graduée, où chacun des échelons se définit comme un point spécifique représentant un mode de pratique. Chaque mode de pratique se compose de caractéristiques qui le situent entre le pôle des activités sportives et celui des activités de loisirs. C’est pourquoi la plupart des écoles possèdent des caractéristiques propres à ces deux sphères sociales. Plus on est dans les extrémités de l’échelle, plus l’activité se définit simplement. Les ambiguïtés s’accumulent du moment où les disciplines offrent un produit diversifié dans le but de satisfaire le plus grand nombre d’attentes possibles. Pour en parler, il devient nécessaire d'utiliser le terme de sport dans ses deux acceptions, stricto sensu (institutions, règlements, compétition) et lato sensu (activités et produits dérivés du sport). Conséquemment, les orientations économiques, politiques et d’enseignements des écoles et des clubs tentent de trouver le juste milieu entre les diverses facettes qui composent la réalité sociale de notre époque[31].
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+ Les différentes disciplines martiales se classent donc sur l’échelle des modes de pratique à l’intérieur de l’univers social des loisirs sportifs à partir de la répartition ou du « dosage » des différentes dimensions qui les composent et les caractérisent. Cette oscillation entre deux pôles se caractérise par les intérêts et les orientations des écoles et des clubs d’arts martiaux, en grande partie assujettis aux attentes et aux désirs des diverses générations de pratiquants qui les fréquentent. Si l’on veut donner une portée plus générale à ces propos, on peut dire que les diverses formes de combats codifiés se positionnent entre les divers pôles que sont 1) la performance sportive et la transmission de valeurs, 2) l’accessibilité à tous et les besoins spécifiques des gens de la région, 3) l’efficacité technique et l’esthétique des mouvements, 4) le désir de rayonner internationalement et le besoin de demeurer une communauté chaleureuse[31].
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+ Comme souligné à de multiples reprises, les frontières du concept d’« art martial » sont floues, et il n’existe pas de stricts critères permettant de déterminer quelle pratique en relève. Au sein même des arts martiaux asiatiques, les différents styles et écoles proposent des pratiques extrêmement dissemblables, et le terme générique d’« arts martiaux » recouvre une grande complexité d’approches : vocation pratique de self-défense, approche spiritualiste, activité de type sportif, méthode axée sur l’interne… À titre d’exemple, la nomenclature mise en place par le gouvernement japonais distingue trois types d’arts martiaux : les « Bujutsu » (techniques guerrières à vocation pratique), les « Budō » (leur évolution fin 19e, non létal), et les « sports martiaux » (héritiers sportifs nés dans les années 1970)[32].
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+ À partir du moment où l’on ouvre l��acceptation du concept « art martial » aux disciplines de combat d’origine non-asiatique, l’hétérogénéité des pratiques augmente encore. Ainsi, la capoeira, à mi-chemin entre danse et art martial, est un bon exemple de la variété de disciplines qu’englobent les arts martiaux.
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+ En outre, un même « bagage » technique peut être pratiqué dans différentes optiques, en fonction de la manière dont le maître l’enseigne et des intentions de l’apprenant : application en combat réel, approche sportive de compétition, entretien de la forme physique et hygiène de vie, travail spirituel, etc. Ainsi, parce que le domaine est complexe et que le terme « art martial » peut servir d’étiquette commune à une large gamme de pratiques, il est intéressant d’étudier de plus près les liens particuliers que les arts martiaux entretiennent avec les systèmes de combat réel, avec le sport, et avec les arts énergétiques.
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+ Il y a des millénaires, en même temps que l’homme développait des techniques de combat lui permettant de se défendre des agresseurs, il chercha à mieux comprendre le fonctionnement de son propre corps dans la santé et la maladie, et développa des remèdes et techniques afin de guérir, de vivre mieux, et plus longtemps. Ainsi, pour ce qui concerne les arts martiaux, furent mis au point, en Inde et en Chine, diverses pratiques corporelles et gymniques à visées thérapeutiques : massage, enchaînements de mouvements, travail de respiration… Ces pratiques de santé furent en bonne partie élaborées, à l’origine, par les femmes, pour préparer et récupérer de leurs grossesses, puis furent aussi adoptées par les vieillards ou les personnes affaiblies afin d’améliorer ou de conserver leur santé. Intégrées dans le cadre spirituel du Taoïsme sous le terme général de « Qi gong », ces gymnastiques thérapeutiques visent, par une parfaite coordination de la respiration avec des mouvements corporels entraînant un massage interne des organes et une activation de points d’énergie, à favoriser la bonne circulation de l’énergie interne et à la renforcer[33]. En termes de médecine chinoise, il s’agit d’équilibrer les forces yin et yang, et de renforcer le Qi. Ce « Qi gong » intéressa bien vite les combattants et pratiquants en arts martiaux, tant pour récupérer après l’effort que pour apprendre à mieux gérer leur énergie pendant le combat, augmentant ainsi leur efficacité. Ainsi, au Ve siècle av. J.-C., Bodhidharma l’intégra au kung-fu qu’il enseigna aux moines du monastère Shaolin.
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+ À cette pratique de techniques gymniques thérapeutiques se mêle intimement un autre savoir de la médecine chinoise, essentiel lui-aussi pour le combattant : la connaissance précises des points vitaux du corps humain permettant, lorsqu’ils sont touchés, massés ou frappés de manière adéquate, de mettre l’adversaire hors d’état de nuire en interrompant l’écoulement du Qi (ou au contraire de réanimer en le rétablissant, les « katsu » japonais, par exemple)[34]. Certains arts martiaux s’élaborèrent ainsi en basant l’essentiel de leur pratique sur cette connaissance de la circulation du Qi et des moyens de l’interrompre[35].
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+ On peut donc, très schématiquement, distinguer :
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+ On entend souvent dire qu’aucun art martial n’est purement interne ou externe, et qu’il s’agit plutôt de deux approches entre lesquelles chacun se situe. Certes, la plupart des styles externes ont intégré un travail énergétique dans leur pratique afin d’améliorer souffle, énergie, coordination, concentration, etc., et des éléments techniques ont été échangés, partagés, intégrés, de part et d’autre. Reste que, bien qu’en partie compatibles et complémentaires, ces approches sont fondamentalement différentes au niveau de la finalité, et donc de la stratégie : les styles externes font confiance dans la force, dans une puissance « explosive », les styles internes cherchent la clef de la science des énergies et parient sur fluidité et extrême précision du mouvement. Des nuances peuvent être apportées en parlant plutôt de styles « durs », « doux », etc.[35].
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+ Cette mise au point quant aux styles internes et externes permet de mieux comprendre le cas un peu particulier du Tai-chi-chuan, « souvent considéré comme une simple gymnastique thérapeutique qui n’aurait d’intérêt que pour les femmes et les vieillards ! »[37] ou « une danse-exercice destinée aux vieilles dames perturbées »[35]… Il est, en effet, essentiellement pratiqué en Occident comme art énergétique à finalité de santé et bien-être et a, dans ce cadre, très généralement perdu de vue son origine et sa finalité martiale. L’immense succès de ce Tai-chi « partiel », « inaccompli » pourrait-on dire, a créé dans les esprits occidentaux une incompréhension et une ambiguïté autour de ce que sont réellement les arts martiaux dits internes, dans leur ensemble.
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+ Les arts martiaux ont pour vocation première d’apprendre des techniques permettant d’immobiliser, de blesser et/ou de tuer l’adversaire, et son enseignement laisse donc une grande place à la recherche de l’efficacité martiale (placement vis-à-vis de l’adversaire, évaluation de la distance, précision et puissance des coups, économie des forces…), héritée d’un savoir-faire traditionnel longuement accumulé et enrichi. Cependant, du fait de l’histoire même des arts martiaux, les techniques véritablement efficaces en combat réel sont parfois perdues, soit qu’elles aient été oubliées ou mystifiées, soit qu’on ait préféré les laisser de côté pour des raisons de sécurité de l’entraînement, ou pour mettre l’accent sur d’autres aspects de l’apprentissage. En outre, sous l’influence spirituelle du bouddhisme et du taoïsme, les arts martiaux ont intégré une dimension morale qui peut s’avérer contradictoire avec les conditions réelles de combat de survie (un contre un, pas d’attaque par surprise ou par derrière, pas de coup sous la ceinture, etc.). Ainsi, ce que proposent aujourd’hui beaucoup d’écoles d’arts martiaux, c’est une approche essentiellement ritualisée du combat[38], avec ce risque que le pratiquant soit dans une certaine illusion quant à sa capacité à réagir en situation réelle.
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+ À l'époque moderne, l’éventualité d’avoir à se battre à mains nues ou à l’arme blanche est improbable, et l’utilisation de ces techniques ne peut survenir qu’en des occasions rares et extrêmes, essentiellement dans les grandes villes où la criminalité urbaine expose à toutes sortes de dangers, ou en cas de guerre. Les principaux lieux où sont encore enseignées de telles techniques de combat « de survie » sont donc bien sûr la police et l’armée. En Asie, les arts martiaux y sont enseignés dans leur version la plus « dure », c’est-à-dire avec comme seul et unique critère une efficacité immédiate (ce qui donna, pour la version occidentale, le « close combat »). Ailleurs dans le monde aussi, certaines techniques forment des systèmes complets et organisés, tels par exemple le Krav-maga israélien ou le Sambo et le Systema russes[39].
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+ Ces techniques, mises au point dans des contextes militaires, ont évolué vers une pratique plus sportive, et sont aujourd’hui disponibles sur le « marché » des arts martiaux. Ce qui les distingue principalement des arts martiaux asiatiques traditionnels, c’est l’absence des composantes spirituelles, morales et culturelles : l’apprentissage se centre uniquement sur des aspects pragmatiques (renforcement physique, assimilation de techniques, stratégie…), et ne vise pas au développement global de l’individu.
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+ Dans son acception moderne, le terme sport apparaît au XIXe siècle pour désigner une activité physique de loisir, régie par des règles, et le plus souvent orientée vers la compétition. Le nouveau mode de vie (et la richesse) induit par la révolution industrielle fait en effet émerger, en Occident, la notion de « loisir » (occupation du temps libre, visée ludique) et la nécessité d’instituer de nouvelles modalités d’exercices en plein air (visée hygiéniste). Cette pratique du « sport » voit le jour dans l’élite sociale européenne, puis gagne la bourgeoisie, et enfin les classes populaires. Les anciennes activités de combat ou de chasse (escrime, lutte, tir à l’arc, équitation…), ayant perdu l’essentiel de leurs raisons d’être, rejoignent d’anciens jeux et activités de « détente » (canotage, vélo, tennis, jeux de ballons…), les deux domaines formant une nouvelle catégorie d’activités de loisirs, développées sur le mode neuf de la « compétition ». Gymnastique et athlétisme sont en vogue. Ce qui caractérise toutes ces nouvelles pratiques, ce qui établit l’existence de ces nouveaux « sports », c’est la codification et la réglementation (règles du jeu, comptage des points, durées, distances, catégories d’âge ou de poids, etc.), puis très vite la naissance de fédérations et l’organisation de compétitions nationales et internationales. Amusement, victoires et exploits sont les nouveaux maîtres-mots[40].
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+ C’est à cette époque, et sous l’influence de cette « mode », que le Japon, désireux de cadrer avec la tendance sportive internationale, transforma ses « bujutsu », arts martiaux japonais traditionnels, en « Budo », pratiques expurgées de tout ce qui était réellement dangereux : judo en 1882, kendo en 1903, kyudo en 1905, karatedo en 1935, aïkibudo en 1930 puis enfin aïkido en 1942[4]. C’est ainsi que les Occidentaux découvrirent les arts martiaux, et que certains arts martiaux (judo, karaté…), développant au XXe siècle une expression de compétition qui leur était originellement étrangère, entrèrent dans la sphère du sport, et plus précisément des « sports de combat », aux côtés de la boxe, de la lutte, de l’escrime, etc. On vit aussi apparaître les « Mixed Martial Arts », dits MMA (littéralement « arts martiaux mixtes »), terme anglophone pour désigner des rencontres interdisciplinaires qui ne sont possibles qu’en combat libre : à l’origine caractérisé par une presque totale absence de règles, le MMA est ensuite devenu un sport à part entière, très encadré et réglementé.
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+ Ce qui distingue, essentiellement, les sports de combat des arts martiaux traditionnels, c’est la finalité : amusement et compétition pour les premiers, développement personnel et « survie » pour les seconds. Il ne s’agit plus de devenir un homme meilleur, mais de prendre part à un « jeu », dont le but est d’être le meilleur dans un système codifié[39]. Ce basculement en entraîne d’autres : l’orientation récréative implique la limitation de la prise de risque, et donc l’élimination des techniques dangereuses, et l’établissement de règles strictes ; la composante culturelle se trouve réduite à sa portion congrue (le vocabulaire technique, grosso modo), et la composante spirituelle disparaît quant à elle totalement.
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+ Reste en partage l’aspect « santé », ainsi que la composante éducative et morale, même si sa portée en est amoindrie dans le « sport ». En effet, le sport ne se limite pas à ses aspects ludiques, il est aussi porteur d’un projet éducatif et moral, souligné par Pierre de Coubertin lors de la recréation des Jeux olympiques en 1896 : en tant qu’activité régie par des règles identiques pour tous, le sport porte des valeurs d’égalité et de justice. En outre, dans le cadre de l’éducation des enfants principalement, le sport s’avère, outre ses aspects de santé et de limitation de la violence, un excellent instrument éducatif en vue de développer le sens moral, l’esprit de groupe et la discipline (consentement volontaire au respect des règles)[40]. La pratique du sport favoriserait donc le bien-vivre ensemble et, par le biais du « fair-play », le développement du sens moral. Cependant, l’injonction morale à la rectitude et à la maîtrise de soi ne concerne le sportif que dans le cadre de sa pratique sportive, tandis qu’elle lie le pratiquant en arts martiaux à l’ensemble des actes de son existence.
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+ Le mètre, de symbole m, est l'unité de longueur du Système international (SI). C'est l'une de ses sept unités de base, à partir desquelles sont construites les unités dérivées (les unités SI de toutes les autres grandeurs physiques).
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5
+ Première unité de mesure du système métrique initial, le mètre (du grec μέτρον / métron, « mesure »[1]) a d'abord été défini comme la 10 000 000e partie d'une moitié de méridien terrestre[a], puis comme la longueur d'un mètre étalon international, puis comme un multiple d'une certaine longueur d'onde et enfin, depuis 1983, comme « la longueur du trajet parcouru par la lumière dans le vide pendant une durée d'un 299 792 458e de seconde »[2].
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+
7
+ « Nous fixons l'unité de mesure à la dix-millionième partie du quart du méridien et nous la nommons mètre ».
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+ Le 11 juillet 1792, dans leur rapport à l'Académie des Sciences sur la nomenclature des mesures linéaires et superficielles[3], Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace, définissent pour la première fois ce qui deviendra près d'un siècle plus tard l'unité de mesure internationale de référence des longueurs.
9
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10
+ Le mot « mètre » était déjà utilisé dans la langue française depuis plus d'un siècle dans des mots composés comme thermomètre (1624, Leurechon[4]) ou baromètre (1666)[5].
11
+
12
+ Le 26 mars 1791, l'Assemblée Nationale, sur la demande de Talleyrand et au vu du rapport de l'Académie des sciences[6], avait voté l'exécution de la mesure d'un arc de méridien de Dunkerque à Barcelone pour donner une base objective à la nouvelle unité de mesure.
13
+
14
+ Les opérations de mesure du méridien entamées en 1792 par Delambre et Méchain n'étant pas encore achevées, en 1793, un premier mètre provisoire doit être adopté. Fondé sur les calculs du méridien par Nicolas-Louis de Lacaille en 1758 et d'une longueur de 3 pieds 11 lignes 44 centièmes, soit 443,44 lignes de la Toise de Paris[7], ce mètre provisoire est proposé en janvier 1793 par Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace[8] et adopté par décret le 1er août 1793 par la Convention[9].
15
+
16
+ Avec le décret du 18 Germinal an III (7 avril 1795)[10], la Convention institue le système métrique décimal et poursuit les mesures du méridien terrestre qui avaient été interrompues fin 1793 par le Comité de Salut public.
17
+
18
+ Le 4 messidor an 7 (22 juin 1799), un mètre-étalon en platine[11] conforme aux nouveaux calculs du méridien est déposé aux Archives de l'Empire et un autre à l'Observatoire Impérial.
19
+
20
+ La loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799)[12] édictée au début du Consulat, institue le mètre définitif.
21
+ Le mètre provisoire fixé dans les lois du 1er août 1793 et du 18 germinal an III est révoqué. Il est remplacé par le mètre définitif, dont la longueur fixée par les mesures du méridien par Delambre et Méchain est de 3 pieds 11 lignes 296 millièmes[13].
22
+
23
+ La République helvétique adopte le système métrique en 1803, peu avant son effondrement. Le 2 avril 1807, Ferdinand Rudolph Hassler soumet sa candidature à la réalisation du relevé côtier des États-Unis, où il avait amené une copie du mètre des Archives en 1805[14],[15],[16],[17].
24
+
25
+ Les Pays-Bas adoptent le mètre à partir de 1816, premier pays à établir durablement le système métrique, suivi par la Grèce en 1836[14].
26
+
27
+ En 1832, Carl Friedrich Gauss qui effectue des travaux sur le champ magnétique terrestre propose d'ajouter la seconde aux unités fondamentales que sont le mètre et le kilogramme sous la forme du système CGS (centimètre, gramme, seconde)[18],[19].
28
+
29
+ La loi du 4 juillet 1837[20] interdit en France à partir de 1840 tous poids et mesures autres que ceux établis par les lois du 18 germinal an III (7 avril 1795) et du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799) constitutives du système métrique décimal.
30
+
31
+ Le 28 juillet 1866, le Congrès des États-Unis autorise l'utilisation du système métrique sur tout le territoire des États-Unis[21],[22].
32
+
33
+ En 1889, la première Conférence générale des poids et mesures (CGPM) redéfinit le mètre comme étant la distance entre deux points sur une barre d'un alliage de 90% de platine et 10% d'iridium. Le mètre étalon est une barre en "X" de 20 x 20 mm de côté et 102 cm de long. Les graduations donnent la longueur du mètre avec une précision de 10 puissance -7, soit un degré de précision trois fois plus grand que celui du mètre des archives de 1799[23].
34
+ Cette barre étalon est conservée au BIPM à Saint-Cloud en France. Trente copies numérotées sont fabriquées et envoyées aux différents pays membres. Cela implique la mise au point d'un appareillage spécial permettant la comparaison des nouveaux étalons entre eux et avec le Mètre des Archives et la définition d'une échelle de température reproductible. Ces travaux donneront lieu à l'invention de l'invar qui vaudra à Charles-Édouard Guillaume, directeur du Bureau international des poids et mesures le prix Nobel de physique en 1920[24].
35
+
36
+ En 1960, la 11e Conférence générale des poids et mesures (CGPM)[25] abroge la définition du mètre en vigueur depuis 1889, fondée sur le prototype international en platine iridié. Elle définit le mètre, unité de longueur du Système international (SI), comme égal à 1 650 763,73 longueurs d'onde dans le vide de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux 2p10 et 5d5 de l'atome de krypton 86.
37
+
38
+ En 1983, la définition du mètre fondée sur l'atome de krypton 86 en vigueur depuis 1960 est abrogée. Le mètre, unité de longueur du SI, est défini par la 17e CGPM[26] comme étant la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de 1/299 792 458 de seconde.
39
+
40
+ A compter du 20 mai 2019, la définition du mètre adoptée à la 26e réunion de la CGPM[27] de novembre 2018 est :
41
+ « Le mètre, symbole m, est l'unité de longueur du SI. Il est défini en prenant la valeur numérique fixée de la vitesse de la lumière dans le vide, c, égale à 299 792 458 lorsqu'elle est exprimée en m s–1, la seconde étant définie en fonction de ΔνCs ».
42
+ Dans cette définition, ΔνCs est la fréquence de la transition hyperfine de l’état fondamental de l’atome de césium 133 non perturbé égale à 9 192 631 770 Hz .
43
+
44
+ Le 8 mai 1790, l'Assemblée nationale constituante se prononce pour la création d'un système de mesure stable, uniforme et simple. Le 19 mai 1790, Condorcet met sur pied une commission, comprenant, outre lui-même, Jean-Charles de Borda, Coulomb, Joseph Louis de Lagrange, Laplace, Lavoisier et Tillet. La commission étudie trois possibilités de mesure :
45
+
46
+ Elle rend son rapport en octobre 1790. La mesure au pendule est abandonnée d'une part à cause des variations de la gravitation terrestre, d'autre part à cause de l'interférence du facteur temps dans la détermination de l’unité de longueur avec le pendule.
47
+
48
+ Le 16 février 1791, sur la proposition de Borda - l'inventeur du pendule et du « cercle répétiteur » qui portent son nom - une commission chargée de fixer la base de l'unité des mesures est constituée. La commission est composée de Borda, Condorcet, Laplace, Lagrange et Monge. Des appareils de mesure géodésique précis et fiables sont nécessaires comme la règle pour les longueurs et le cercle répétiteur pour les angles, avec une précision d'une seconde d'arc, dont Borda est l'inventeur avec Etienne Lenoir.
49
+
50
+ La mesure du cercle équatorial n'est pas retenue. C'est la grandeur du quart du méridien terrestre qui servira de base au nouveau système de mesure. Le rapport final sur le choix d’une unité de mesure présenté le 19 mars 1791 par Condorcet à l’Académie propose que l’unité de longueur, baptisée « mètre », soit égale à la dix millionième partie du quart du méridien terrestre. Il propose que l’on ne mesure pas le quart de méridien tout entier, mais seulement, sur le 45° parallèle et au niveau de la mer, l'arc de neuf degrés et demi qui sépare Dunkerque de Barcelone.
51
+
52
+ Alors que Galilée affirmait l'isochronisme des pendules, Huygens[28] trouve que la période du pendule dépend de l’amplitude de son mouvement pour les grandes oscillations. S'inspirant des recherches de Christopher Wren sur le cycloïde, il munit ses pendules d'arc cycloïdaux qui garantissent l'isochronisme des vibrations en rendant la période indépendante de l’amplitude[29]. Huygens détermine la longueur du pendule qui bat la seconde à 3 pieds, 3 pouces et 3/10 d’un pouce d’Angleterre.
53
+ En 1659, Huygens introduit un paramètre supplémentaire dans le calcul de la période d'un pendule, la pesanteur, dont le pendule devient aussi un instrument de mesure[30].
54
+
55
+ En 1668, le philosophe anglais John Wilkins propose une mesure universelle à unités décimales fondée sur une corrélation entre la longitude et une mesure du temps d'une seconde au pendule. Sa longueur fondamentale était de 38 pouces de Prusse soit de 993,7 mm (1 pouce de Prusse étant égal à 26,15 mm)[31].
56
+
57
+ En 1670 Gabriel Mouton propose un système de mesure décimal utilisant comme unité de mesure une fraction de la circonférence terrestre plutôt que la longueur d'un pendule ou les mesures du corps humain. Sa « virgula geometrica » avait comme longueur la six-cent-millième partie d'un degré d'un arc de méridien (environ 0,18m). Son multiple, la « virga » avait environ la taille de la toise (1,80m)[32].
58
+
59
+ En 1670, Jean Picard fait des mesures identiques de 440 lignes 1/2 d'un pendule battant la seconde à l’île de Heune, Lyon, Bayonne et Sète. En 1671, dans son livre Mesure de la terre, il propose d'abandonner les étalons de mesure matériels comme la toise pour se référer à un original invariable et universel issu de la nature et prouvé par calcul. Il préconise une unité de longueur universelle, le « Rayon astronomique », à savoir la longueur d'un pendule à secondes[33].
60
+
61
+ Mais en 1672, Jean Richer observe à Cayenne, soit à 4 à 5 degrés de l'équateur, qu'un pendule qui bat les secondes y est plus court qu'à Paris d'une ligne et un quart. L'observation est reprise pas Huygens pour qui, si la pesanteur varie en fonction de la latitude, l'étalon de longueur défini par Picard ne peut pas être universel.
62
+
63
+ En 1675, le savant italien Tito Livio Burattini publie Misura Universale, ouvrage dans lequel il renomme la mesure universelle de Wilkins en mètre universel « metro cattolico » et la redéfinit comme étant la longueur d'un pendule qui oscille avec une demi-période d'une seconde, soit environ 993,9 mm actuels.
64
+
65
+ En 1735 M. de Mairan trouve à 1/90 près, la même mesure que Picard, soit 440 lignes 17/30[34].
66
+ En 1747, La Condamine présente à l'Académie des Sciences un Nouveau projet d'une mesure invariable propre à servir de mesure commune à toutes les nations. Constatant que la longueur de la demi-toise est presque la même, à sept lignes près, que celle du pendule qui bat la seconde à l'équateur, il propose d'adopter la longueur du pendule comme demi-toise, le changement étant à peine sensible dans l'usage ordinaire selon lui [35].
67
+
68
+ En 1780, le mathématicien Alexis-Jean-Pierre Paucton publie une Métrologie ou Traité des mesures, poids et monnaies. Au sein d'un système décimal, il détermine une unité de mesure comme 400 000 ème partie d'un degré de méridien et la baptise « métrétes linéaire » en adaptant à la mesure des longueurs le nom d'une unité de mesure grecque et romaine des volumes de liquides[36].
69
+
70
+ L'étude de la Terre précède la physique et contribuera à l'élaboration de ses méthodes. Celle-ci n'est alors qu'une philosophie naturelle dont l'objet est l'observation de phénomènes comme le champ magnétique terrestre, la foudre et la pesanteur[37]. De plus, la détermination de la figure de la Terre constitue à son origine un problème de la plus haute importance en astronomie, dans la mesure où le diamètre de la Terre est l'unité à laquelle toutes les distances célestes doivent être référées[38].
71
+
72
+ En 1667 sous Louis XIV, l’Académie des Sciences conçoit l’idée d’un méridien de départ des longitudes qui passerait au centre des bâtiments du futur observatoire. L'Observatoire royal est situé en dehors de Paris pour faciliter les observations astronomiques. Les académiciens fixent son orientation nord–sud et établissent son axe de symétrie par observation du passage du Soleil pour devenir le méridien de référence pour la France.
73
+ Pour mesurer une partie du méridien, la méthode utilisée depuis la Renaissance, est celle de la triangulation. Au lieu de mesurer des milliers de kilomètres, on mesure les angles d’une suite de triangles adjacents. La longueur d’un seul côté d’un seul triangle, que les arpenteurs appellent "base", permet de connaître toutes les longueurs de tous les triangles. Des opérations géométriques permettent ensuite de déterminer la longueur du méridien[39].
74
+
75
+ En 1669, Jean Picard mesure le premier le rayon terrestre par triangulation. L’arc de méridien de 1°, 11’ et 57”, choisi entre Sourdon et Malvoisine, mesure 68,430 toises de Paris soit 135Km. Rapportée à un degré, cette mesure permet d’établir la longueur d’un méridien par l’abbé Picard pour qui «cette mesure, prise 360 fois donnerait la circonférence entière d’un méridien terrestre».
76
+ Dans son mémoire du 8 février 1681 à Colbert sur la cartographie de la France, Picard propose une mesure sur toute la France de la méridienne de l'Observatoire. Cette mesure devait servir à la fois à mesurer plus exactement la circonférence de la terre qu'à établir une plus juste de la France[40]. Au lieu de cartographier les provinces et assembler ensuite les différentes cartes, Picard propose un châssis général de triangulation de la France qu'on remplirait ensuite avec des cartes plus détaillées. Pour construire ce châssis, Picard propose de reprendre la voie du méridien qu'il avait commencé à mesurer et de mesurer l'axe Dunkerque-Perpignan passant par Paris.
77
+ Picard meurt l'année suivante, fin 1682.
78
+
79
+ Jean-Dominique Cassini reprend le projet en 1683 et se lance dans les mesures de la méridienne entre Dunkerque et Collioure. Mais Colbert meurt en septembre 1683 et Louvois, qui lui succède, arrête les travaux de mesure de Cassini. Il meurt à son tour en 1691. Cassini reprend ses travaux en 1700-1701 sans pouvoir les achever.
80
+ Son fils Jacques Cassini (Cassini II), effectuera cette mesure entre 1713 et 1718. La mesure de l'arc porte sur une distance cinq fois plus longue que celle effectuée par l’abbé Picard, elle est plus précise et sera provisoirement retenue en 1795 par la Convention pour la définition du mètre, la dix millionième partie du quart du méridien terrestre.
81
+
82
+ Dans ses Principia de 1687, Newton affirme que la Terre est aplatie aux pôles de 1/230. En 1690, à cause de sa conception différente de la gravité, Huygens trouve un aplatissement de 1/578 seulement, plus faible que celui de Newton[41].
83
+ Pour vérifier ces théories, l'Académie des Sciences de Paris envoie, sur ordre du roi, deux expéditions géodésiques, l'une au Pérou en 1735-1744 avec La Condamine, Bouguer, Godin et Jussieu[42], et l'autre en Laponie en 1736-1737 avec Maupertuis, Celsius, et Clairaut. La mesure de longueurs d'arcs de méridien à des latitudes différentes doit permettre de déterminer la forme de la Terre. Les mesures de Maupertuis donnent un aplatissement de 1/178, proche de la valeur donnée par Newton et validant, un demi-siècle après la loi de la gravitation, le système newtonien de l'attraction universelle[43].
84
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85
+ En 1739, César-François Cassini de Thury (Cassini III) effectue une nouvelle mesure du méridien de Paris[44] permettant la mise à jour des cartes de France et d'Europe. En 1784, il établit par triangulation, une carte précise de la France[45].
86
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87
+ Dans son célèbre ouvrage Théorie de la Figure de la Terre, Tirée des Principes de l'Hydrostatique publié en 1743, Alexis Claude Clairaut (1713–1765) fait une synthèse des rapports existant entre la pesanteur et la forme de la Terre. Clairaut y expose son théorème qui établit une relation entre la pesanteur mesurée à différentes latitudes et l'aplatissement de la Terre considérée comme un sphéroïde composé de couches concentriques de densités variables[46],[47]. Vers la fin du XVIIIe siècle, les géodésiens cherchent à concilier les valeurs de l'aplatissement tirées des mesures d'arcs méridiens avec celui que donne le sphéroïde de Clairaut tiré de la mesure de la pesanteur[48]. En 1789, Pierre-Simon de Laplace obtient par un calcul prenant en compte les mesures d'arcs méridiens connues à l'époque un aplatissement de 1/279. La gravimétrie lui donne un aplatissement de 1/359. Adrien-Marie Legendre quant à lui trouve à la même époque un aplatissement de 1/305. La Commission des Poids et Mesures adoptera en 1799 un aplatissement de 1/334 en combinant l'arc du Pérou et les données de la méridienne de Delambre et Méchain[48].
88
+
89
+ Le 26 mars 1791, un projet de décret inspiré par Lagrange, Borda, Laplace, Monge et Gondorcet est proposé par Talleyrand. Celui-ci prévoit la mesure d'un arc de méridien de Dunkerque à Barcelone. Six commissaires doivent être nommés à l'Académie des Science pour mener à bien le projet. L'Assemblée adopte ce principe de la grandeur du quart du méridien terrestre comme base du nouveau système de mesures qui sera décimal. Elle mandate la mesure d'un arc de méridien depuis Dunkerque jusqu'à Barcelone.
90
+
91
+ En mai 1792 commence la fabrication des cercles répétiteurs de Borda et Lenoir. À la fin du mois de juin 1792, les deux commissaires Jean-Baptiste Joseph Delambre et Pierre Méchain et leurs opérateurs commencent la mesure du méridien. Elle est divisée en deux zones avec une jonction à Rodez : la partie Nord, de Dunkerque à Rodez était mesurée par Delambre et la partie sud, en remontant de Barcelone à Rodez, par Méchain. Pour les mesures de longueurs des bases des triangles, Delambre et Méchain utilisent les règles de Borda mises au point par Etienne Lenoir. En laiton et en platine, elles sont ajustées sur une toise et mesurent 12 pieds (environ 4m). Pour mesurer les angles, c'est le cercle répétiteur mis au point par Borda et Étienne Lenoir en 1784 qui est utilisé. On mesure la longueur d’un côté du triangle reposant sur un terrain plat, puis on établit par visées les mesures des angles du triangle pour obtenir par des calculs trigonométriques la longueur de tous les côtés du triangle et par projection la distance réelle. La détermination des positions (longitude et latitude) des extrémités du segment de méridien est faite par une mesure astronomique[49].
92
+ Le 25 novembre 1792, un rapport de l'Académie des sciences à la Convention Nationale donne l'état des travaux en cours[50].
93
+
94
+ À cause des conditions politiques, le travail de mesure du méridien sera retardé et exécuté en deux temps de 1792 à 1793 et de 1795 à 1798. En août 1793, le Comité de Salut Public souhaitant en effet « donner le plus tôt possible l'usage des nouvelles mesures à tous les citoyens en profitant de l'impulsion révolutionnaire », la Convention nationale avait émis un décret instaurant un mètre fondé sur les anciens résultats des mesures de La Condamine en 1735 au Pérou, Maupertuis en 1736 en Laponie et Cassini en 1740 de Dunkerque à Perpignan.
95
+
96
+ Les opérations de mesure du méridien de Delambre et Méchain sont suspendues fin 1793 par le Comité de Salut public. Celui-ci ne voulant donner de fonctions qu'à des hommes « dignes de confiance par leurs vertus républicaines et leur haine du roi », le 23 décembre 1793 (3 nivose an 2), Borda, Lavoisier, Laplace et Delambre sont exclus de la Commission des poids et mesures[51].
97
+ Condorcet, secrétaire de l'Académie Royale des sciences et instigateur du nouveau système de mesure, est arrêté et meurt en prison le 29 mars 1794. Lavoisier est guillotiné le 8 mai 1794.
98
+ Mais, à la faveur de la loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) portée par Prieur de la Côte d'Or, Delambre et Méchain seront à nouveau nommés commissaires chargés des mesures de la méridienne et les travaux pourront reprendre et s'achèveront en 1798[52].
99
+
100
+ Le résultat des mesures de Delambre et Méchain est précis : 551 584,7 toises, avec une erreur remarquable de seulement 8 millionièmes. La longueur du quart de méridien calculée est alors égal à 5 130 740 toises et le mètre égal à 443,295936 lignes.
101
+ La commission spéciale pour le quart du méridien et la longueur du mètre rédige son rapport le 6 floréal an 7 (25 avril 1799)[53].
102
+ Le 4 messidor, l'Institut présente au corps législatif les étalons du mètre et du kilogramme en platine qui sont déposés aux Archives en exécution de l'article II de la loi du 18 germinal an 3 (7 avril 1795).
103
+
104
+ Avec la loi du 19 frimaire an 8 (10 décembre 1799) édictée sous le Consulat, la longueur du mètre provisoire ordonnée dans les lois du 1er août 1793 et du 18 germinal an III (3 pieds 11 lignes 44 centièmes) est remplacée par la longueur définitive fixée par les mesures du méridien par Delambre et Méchain. Elle est désormais de 3 pieds 11 lignes 296 millièmes.
105
+ Le mètre en platine déposé le 4 Messidor précédent au Corps législatif par l’Institut national des Sciences et des Arts est confirmé et devient l'étalon de mesure définitif des mesures de longueur dans toute la République.
106
+
107
+ Le début du XIXe siècle est marqué par l'internationalisation de la géodésie[48]. L'unité de longueur dans laquelle sont mesurées toutes les distances du relevé côtier des États-Unis est le mètre français, dont une copie authentique est conservée dans les archives du Coast Survey Office. Il est la propriété de la Société philosophique américaine, à qui il a été offert par Ferdinand Rudolph Hassler, qui l'avait reçu de Johann Georg Tralles, délégué de la République helvétique au comité international chargé d'établir l'étalon du mètre par comparaison avec la toise, l'unité de longueur utilisée pour la mesure des arcs méridiens en France et au Pérou. Il possède toute l'authenticité de tout mètre d'origine existant, portant non seulement le cachet du Comité mais aussi la marque originale par laquelle il se démarquait des autres étalons lors de l'opération de normalisation. Il est désigné comme le Mètre des Archives[54],[55],[15].
108
+
109
+ Entre 1853 et 1855, le Gouvernement espagnol fait réaliser à Paris par Jean Brunner, un fabricant d'instruments de précision d'origine suisse, une règle géodésique calibrée sur le mètre pour la carte d'Espagne. La traçabilité métrologique entre la toise et le mètre est assurée par la comparaison de la règle géodésique espagnole avec la règle numéro 1 de Borda qui sert de module de comparaison avec les autres étalons géodésiques (voir plus haut la section : les mesures de Delambre et Méchain)[56],[57],[58],[18]. Des copies de la règle espagnole sont effectuées pour la France et l'Allemagne. Ces étalons géodésiques seront employés pour les opérations les plus importantes de la géodésie européenne[59]. En effet, Louis Puissant avait déclaré le 2 mai 1836 devant l'Académie des sciences que Delambre et Méchain avaient commis une erreur dans la mesure de la méridienne de France[60]. C'est pourquoi de 1861 à 1866, Antoine Yvon Villarceau vérifie les opérations géodésiques en huit points de la méridienne. Quelques-unes des erreurs dont étaient entachées les opérations de Delambre et Méchain sont alors corrigées. Entre 1870 et 1894, François Perrier, puis Jean-Antonin-Léon Bassot procèdent à la mesure de la nouvelle méridienne de France[61].
110
+
111
+ Friedrich Wilhelm Bessel est à l'origine des investigations effectuées au XIXe siècle sur la figure de la Terre au moyen de la détermination de l'intensité de la pesanteur par le pendule et de l'utilisation du théorème de Clairaut. Les études qu'il conduit de 1825 à 1828 et sa détermination de la longueur du pendule simple battant la seconde à Berlin sept ans plus tard marquent le début d'une nouvelle ère de la géodésie[62]. En effet, le pendule réversible tel qu'il est utilisé par les géodésiens à la fin du XIXe siècle est en grande partie dû aux travaux de Bessel, car ni Johann Gottlieb Friedrich von Bohnenberger, son inventeur, ni Kater qui l'utilise dès 1818 ne lui apportent les perfectionnements qui résulteront des précieuses indications de Bessel, et qui le convertiront en l'un des plus admirables instruments qu'il sera donné aux scientifiques du XIXe siècle d'employer[62]. De plus, la coordination de l'observation des phénomènes géophysiques dans différents points du globe revêt une importance primordiale et est à l'origine de la création des premières associations scientifiques internationales. Carl Friedrich Gauss, Alexander von Humbolt et Wilhelm Eduard Weber créent le Magnetischer Verein en 1836. La création de cette association est suivie par la fondation de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe centrale en 1863 à l'initiative du général Johann Jacob Baeyer[37]. Le pendule réversible construit par les frères Repsold est utilisé en Suisse dès 1865 par Émile Plantamour pour la mesure de la pesanteur dans six stations du réseau géodésique helvétique. Suivant l'exemple donné par ce pays et sous le patronage de l'Association géodésique internationale, l'Autriche, la Bavière, la Prusse, la Russie et la Saxe entreprennent des déterminations de la pesanteur sur leurs territoires respectifs[62].
112
+
113
+ Le Prototype international du mètre constituera la base du nouveau système international d'unités, mais il n'aura plus aucune relation avec les dimensions de la Terre que les géodésiens s'efforcent de déterminer au XIXe siècle. Il ne sera plus que la représentation matérielle de l'unité du système. Si la métrologie de précision a profité des progrès de la géodésie, celle-ci ne peut continuer à prospérer sans le concours de la métrologie. En effet, toutes les mesures d'arcs terrestres et toutes les déterminations de la pesanteur par le pendule doivent impérativement être exprimées dans une unité commune. La métrologie se doit donc de créer une unité adoptée et respectée par toutes les nations de façon à pouvoir comparer avec la plus grande précision toutes les règles ainsi que tous les battants des pendules employés par les géodésiens. Ceci de manière à pouvoir combiner les travaux effectués dans les différentes nations afin de mesurer la Terre[62].
114
+
115
+ Au XIXe siècle, les unités de longueurs sont définies par des étalons métalliques. En conséquence la question de l'expansion du volume d'un corps sous l'effet de son réchauffement est fondamentale. En effet, les erreurs de température sont proportionnelles à la dilatation thermique de l'étalon. Ainsi, les efforts constamment renouvelés des métrologues pour protéger leurs instruments de mesure contre l'influence perturbatrice de la température révèlent clairement l'importance qu'ils attachent aux erreurs induites par les changements de température. Ce problème a constamment dominé toutes les idées concernant la mesure des bases géodésiques. Les géodésiens sont occupés par la préoccupation constante de déterminer avec précision la température des étalons de longueur utilisés sur le terrain. La détermination de cette variable, dont dépend la longueur des instruments de mesure, a de tout temps été considérée comme si complexe et si importante qu'on pourrait presque dire que l'histoire des étalons géodésiques correspond à celle des précautions prises pour éviter les erreurs de température[63],[59].
116
+
117
+ En 1866, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero offre à la Commission permanente de l'Association géodésique réunie à Neuchâtel deux de ses ouvrages traduits en français par Aimé Laussedat. Il s'agit des rapports des comparaisons de deux règles géodésiques construites pour l'Espagne et l'Egypte, calibrées sur le mètre, entre elles et avec la règle N° 1 de la double-toise de Borda qui sert de module de comparaison avec les autres étalons géodésiques et est alors la référence pour la mesure de toutes les bases géodésiques en France. À la suite de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal, l'Association géodésique deviendra l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe. Le général Johann Jacob Baeyer, Adolphe Hirsch et Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero étant tombés d'accord, ils décident, pour rendre comparables toutes les unités, de proposer à l'Association de choisir le mètre pour unité géodésique, de créer un Mètre prototype international différant aussi peu que possible du Mètre des Archives, de doter tous les pays d'étalons identiques et de déterminer de la manière la plus exacte les équations de tous les étalons employés en géodésie, par rapport à ce prototype ; enfin, pour réaliser ces résolutions de principe, de prier les gouvernements de réunir à Paris une Commission internationale du Mètre[64],[58],[65],[18],[66],[67],[68],[69].
118
+
119
+ L'année suivante la seconde Conférence générale de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe réunie à Berlin recommande de construire un nouveau mètre prototype européen et de créer une commission internationale. Napoléon III crée par décret en 1869 une Commission internationale du mètre qui deviendra la Conférence générale des poids et mesure (CGPM) et lance des invitations aux pays étrangers. Vingt-six pays répondent favorablement. Cette Commission sera en effet convoquée en 1870 ; mais, forcée par la guerre franco-allemande de suspendre ses séances, elle ne pourra les reprendre utilement qu'en 1872[70],[71],[18],[69].
120
+
121
+ Lors de la séance du 12 octobre 1872, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero est élu président du Comité permanent de la Commission internationale du mètre qui deviendra le Comité international des poids et mesures (CIPM)[72],[18]. La présidence du géodésien espagnol sera confirmée lors de la première séance du Comité international des poids et mesures, le 19 avril 1875[73]. Trois autres membres du Comité, Wilhelm Foerster, Heinrich von Wild et Adolphe Hirsch comptent également au nombre des principaux architectes de la Convention du Mètre[18],[69],[74],[75],[76],[77].
122
+
123
+ Le 20 mai 1875, dix-sept états signent à Paris la Convention du Mètre[78] dans le but d'établir une autorité mondiale dans le domaine de la métrologie.
124
+
125
+ Dans ce but, trois structures sont créées. La Convention délègue ainsi à la Conférence générale des poids et mesures (CGPM), au Comité international des poids et mesures (CIPM) et au Bureau international des poids et mesures (BIPM) l'autorité pour agir dans le domaine de la métrologie, en assurant une harmonisation des définitions des différentes unités des grandeurs physiques. Ces travaux mènent à la création en 1960 du Système international d’unités (SI)[19].
126
+
127
+ La Convention est modifiée en 1921. En 2016, elle regroupait 58 États membres et 41 États associés à la conférence générale, comprenant la majorité des pays industrialisés.
128
+
129
+ Le Comité international des poids et mesures (CIPM) est composé de dix-huit personnes, chacune issue d'un État membre différent de la Convention. Sa fonction est de promouvoir l'usage d'unités de mesures uniformes et de soumettre des projets de résolution allant en ce sens à la CGPM. Pour ce faire, elle s'appuie sur les travaux de comités consultatifs.
130
+
131
+ La Conférence générale des poids et mesures (CGPM) est formée de délégués des États membres de la convention et se réunit tous les quatre ans en moyenne pour réviser les définitions des unités de base du Système international d’unités (SI) dont le mètre[79].
132
+
133
+ Le Bureau international des poids et mesures (BIPM), basé à Sèvres non loin de Paris, a pour charge, sous la surveillance du CIPM, la conservation des prototypes internationaux des étalons de mesure, ainsi que la comparaison et l'étalonnage de ceux-ci avec les prototypes nationaux. En effet, lors de la création du BIPM, la comparaison des étalons de platine iridié entre eux et avec le Mètre des Archives implique le développement d'instruments de mesure spéciaux et la définition d'une échelle de température reproductible. Confronté aux conflits provoqués par les difficultés liées à la fabrication des étalons, le président du CIPM, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero intervient auprès de l'Académie des sciences pour éviter qu'elles n'empêchent la création en France d'un organisme international doté des moyens scientifiques nécessaires pour redéfinir les unités du système métrique en fonction du progrès des sciences[80],[81].
134
+
135
+ Il existe une relation entre l'unité de mesure (mètre), l'unité de masse (kilogramme), les unités de surface (mètre carré) et les unités de volume (mètre cube et litre, souvent utilisés pour désigner des volumes ou des quantités de liquides) :
136
+
137
+ Dans certains métiers (archives, terrassement, de construction, etc.), on parle de « mètre linéaire (noté : « ml »). Il s'agit d'un pléonasme, puisque le mètre désigne précisément une longueur de ligne et que la norme NF X 02-003[82] précise qu'on ne doit pas affecter les noms d'unités de qualificatifs qui devraient se rapporter à la grandeur correspondante. Par ailleurs, le symbole mℓ ou mL correspond dans le SI à millilitre, ce qui n'a rien à voir avec une longueur et est une source de confusion. Toutefois, dans ces métiers, l'adjectif « linéaire » est ajouté pour signifier « en ligne droite » ou « horizontalement ».
138
+
139
+ On emploie usuellement pour les gaz le normo mètre cube, anciennement noté « mètre cube normal », qui correspond au volume mesuré en mètres cubes dans des conditions normales de température et de pression. Cette unité n'est pas reconnue par le BIPM. Sa définition varie selon les pays et selon les professions qui l'utilisent.
140
+
141
+ En fait, et de façon générale, « le symbole de l’unité ne doit pas être utilisé pour fournir des informations spécifiques sur la grandeur en question et il ne doit jamais être la seule source d’information sur la grandeur. Les unités ne doivent jamais servir à fournir des informations complémentaires sur la nature de la grandeur ; ce type d’information doit être attaché au symbole de la grandeur et non à celui de l’unité[83]. » (ici le volume). On doit donc dire « volume mesuré en mètres cubes dans les conditions normales de température et de pression », abrégé en « volume normal en mètres cubes ». Tout comme : Ueff = 500 V et non U = 500 Veff (« tension efficace exprimée en volts » et non « volts efficaces »).
142
+
143
+ Le mètre correspond à :
144
+
145
+ De fait, au-delà du milliard de kilomètres on utilise rarement l'unité standard : on lui préfère l'unité astronomique (ua), d'où est déduite l'unité dérivée, le parsec : ceci était nécessaire pour ne pas dénaturer les mesures précises de distance de parallaxe par une réévaluation de l'ua, liée à la valeur de la constante gravitationnelle (G). Cette situation peu œcuménique a été levée par les mesures directes par écho radar sur les planètes.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Naples (en italien Napoli /ˈnapoli/, en napolitain Nàpule) est une ville d'Italie, chef-lieu de la région de Campanie. Elle est la troisième ville d'Italie par sa population et la dix-huitième de l'Union européenne ainsi que respectivement la deuxième (devant Rome) et la neuvième en incluant sa banlieue[2]. C'est aussi la deuxième plus grande cité méditerranéenne en Europe, après Barcelone.
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+ L'histoire de Naples s'étend sur plus de vingt-huit siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l'Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s'étend ensuite rapidement jusqu'à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l'Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l'Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le XIIIe siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d'Europe jusqu'à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.
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+ Au cours des siècles, Naples a aussi été un des grands centres universitaires internationaux. L'université de Naples «Frédéric-II» est la plus ancienne université laïque du monde et la 6e plus ancienne en général. Elle compte également l'université de Naples «L'Orientale», un des plus anciens instituts de langues orientales, ainsi que l'École militaire Nunziatella, une des plus anciennes du monde et une des plus renommées d'Italie. Elle est aussi un des hauts-lieux de la musique (avec l'École napolitaine de musique, à l'origine de l'Opéra bouffe, ou la chanson napolitaine), de l'art et de l'architecture (le Baroque napolitain, l'École du Pausilippe, le Liberty napolitain, le Théâtre napolitain et la Manufacture de Capodimonte) ou encore la cuisine napolitaine (avec les pâtes et surtout la pizza napolitaine comme icône, Naples étant la ville italienne la plus étoilée au Guide Michelin[3]).
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+ La ville est aussi célèbre pour son patrimoine et ses monuments. Le centre historique de Naples (avec ses fontaines, vestiges antiques, palais et plus de 1 000 églises) est ainsi le plus grand centre-ville inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO tandis que le parc national du Vésuve et le Miglio d'oro ont été reconnus réserve de biosphère. De plus, Naples est connue pour ses nombreuses beautés naturelles (Posillipo, Champs Phlégréens, Nisida, Vésuve, etc.), comparables à ceux de Rio de Janeiro[4].
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+ Enfin, elle abrite également la Villa Rosebery (l'une des trois résidences officielles du président de la République italienne), le siège d'un commandement interalliés et interarmées de l'OTAN, ainsi qu'un vaste patrimoine archéologique avec notamment la Naples souterraine ou, à proximité, la ville d'Herculanum, une ancienne banlieue[5].
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+ Naples se trouve au sud-ouest de l'Italie, à 230 km au sud-est de Rome, à mi-chemin entre deux régions volcaniques, celle du Vésuve et celle des Champs Phlégréens, à une altitude de 17 m sur la côte du Golfe de Naples. Située au bord de la mer, Naples a depuis longtemps été un carrefour méditerranéen incontournable et est le point de départ de nombreux ferries pour les îles environnantes mais aussi pour la Sardaigne, la Sicile, les îles Éoliennes, les îles Pontines, la Corse et la Tunisie. Le territoire de Naples est composé de nombreuses collines (Vomero 250 m, Capodimonte 150 m, Posilippo 78 m, Camaldoli, la plus haute atteignant 452 m), mais aussi d’îles (Nisida, Gaiola, Iles Phlégréennes) et de péninsules (baie de Trentaremi) surplombant la mer Tyrrhénienne.
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+ Naples bénéficie d'un climat méditerranéen, avec des étés chauds et secs et des hivers doux et pluvieux, mais toujours rafraîchi par la brise marine. Le reste de l'année est marqué par des épisodes pluvieux généralement courts mais qui peuvent occasionnellement être violents, comme le 15 septembre 2001 (plus de 80 mm) et le 21 juin 2009 (7 cm en 40 minutes). Le soleil brille en moyenne 250 jours par an. La conformation morphologique particulière du territoire de la ville est cependant de nature à garantir que la ville dispose de différents microclimats, avec la possibilité de rencontrer des variations climatiques même importantes en se déplaçant de quelques kilomètres.
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+ L'arrière-pays se compose d'une multitude de villes et faubourgs plus ou moins organisés autour des grands axes routiers et ferroviaires, qui sont parmi les plus denses du pays. Sur la plaine de Caserte se concentrent les principales industries et activités économiques de la région. De nombreuses cités y ont vu le jour, où se concentre une certaine misère sociale.
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+ À l'ouest de la ville se développent les beaux quartiers de Posillipo bordant la mer avec le fameux quai Francesco Caracciolo, le Borgo Santa Lucia et le Castel dell'Ovo offrant une vue panoramique sur toute la baie. À l'est de la ville s'est développé le nouveau quartier des affaires de Naples, le Centro Direzionale, situé entre la gare centrale et le périphérique nord.
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+ À mi-chemin entre deux volcans (Vésuve à l'est et champs Phlégréens à l'ouest), Naples est soumise au risque volcanique. Les 4 millions d'habitants de l'agglomération seraient en danger en cas d'éruption explosive du Vésuve accompagnée de nuées ardentes et de coulées de lave pyroclastique (du même type qu'à Pompéi). En 1984, 40 000 personnes ont dû être évacuées à la suite d'une alerte sur les champs Phlégréens. Afin d'anticiper les risques d'une éruption volcanique, des plans d'évacuation de la ville sont à l'étude, tandis que le volcan et sa chambre magmatique sont soumis à une surveillance scientifique permanente et minutieuse. En cas d'alerte d'éruption imminente, l'immense population de l'agglomération napolitaine aurait au minimum besoin de 4 à 5 jours pour évacuer Naples et ses environs à plus de 30 km du Vésuve.
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+ Naples est aussi soumise au risque sismique, comme en témoignent les destructions causées par le séisme de 1930 et le séisme de 1980 dont les épicentres se situaient dans l'Irpinia.
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+ L'étymologie du nom "Naples" dérive du mot grec Neapolis (Νεάπολις) qui signifie "ville nouvelle". La racine du nom Neapolis fait référence à l’arrivée de nouveaux colons, donc à une époïkie. En fait, c'était une véritable marque de fabrique de l'ère grecque. La ville a absorbé de nouveaux composants et à chaque fois, elle renaissait sous le nom de Neapolis, la "Ville nouvelle" précisément.
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+ Villa Pausilypon.
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+ Le linteau de l'Aerarium (le trésor public).
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+ Bassin d'une laverie.
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+ Théâtre grec.
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+ Anciens murs grecs, place Bellini.
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+ Catacombes de San Gennaro
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Naples fut d'abord fondée au cours du VIIIe siècle avant notre ère sous le nom de Parthénope par la colonie grecque de Cumes. Ce premier établissement fut appelé Palaiopolis (la ville ancienne). Lorsqu'une seconde ville fut fondée vers 500 avant notre ère par de nouveaux colons, cette nouvelle fondation fut appelée Néapolis (nouvelle ville)[6].
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+ Alliée de Rome au IVe siècle av. J.-C., la ville conserve longtemps sa culture grecque et restera la ville la plus peuplée de la botte italique et sans aucun doute sa véritable capitale culturelle.
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+ Elle remplaça Capoue comme capitale de la Campanie après la bataille de Zama, à la suite de la confiscation de citoyenneté et des territoires de cette dernière, par son alliance avec Hannibal avant la bataille de Cannes.
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+ C'est au Castel dell'Ovo que le dernier empereur romain Romulus Augustule fut emprisonné après sa chute.
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+ À la fin de l'empire, la ville résista à l'invasion lombarde et resta rattachée à l'empire byzantin. À la fin du VIe siècle, Naples devient la capitale d'un duché byzantin. En 751, avec la chute de l'exarchat de Ravenne dont il relevait, le duché devint indépendant.
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+ En 1030, pour faire face à la menace byzantine, le duc Serge IV de Naples accueille des Normands dirigés par Rainulf Drengot, dans la cité vassale d'Aversa. Les Normands ne cesseront plus d'accroître leurs possessions en Italie du sud et en 1139, Roger II de Sicile, fondateur du royaume de Sicile, incorpore la ville au royaume.
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+ Charles II d'Anjou, ayant perdu le pouvoir en Sicile au profit de la maison espagnole d'Aragon, fait de Naples la capitale d'un royaume de Sicile, parfois appelé aussi « royaume de Naples ».
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+ Alphonse V d'Aragon, désigné successeur de la reine Jeanne II de Naples qui n'avait pas d'enfants, prit possession de Naples en 1443. La conquête fut très importante du point de vue économique et militaire. Avec les Aragonais, Naples connut un très grand développement culturel et commercial. Alphonse d'Aragon attira les humanistes à sa cour et l'art de la Renaissance fit son irruption à Naples. Brièvement envahie par les Français de Charles VIII en 1495, puis victime d'une alliance franco-espagnole au début du XVIe siècle, Naples et son royaume passèrent à l'Espagne en 1503. Au même titre que l'Espagne, Naples fit partie de l'héritage de Charles Quint, entrant dans l'orbite de l'Empire espagnol. Dès lors, Naples fut gouvernée par un vice-roi directement nommé par le roi d'Espagne. Au milieu du XVIe siècle, le vice-roi Pierre Alvarez de Tolède procède à de nombreux travaux d'urbanisme et d'embellissement de la ville, ouvrant la fameuse Via Toledo, principale artère de Naples, et créant les quartiers espagnols pour loger les soldats de l'armée espagnole. La domination espagnole dura jusqu'en 1707, à l'exception du bref épisode de la République napolitaine.
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+ C'est à Naples, sous la domination aragonaise, que nait l'équitation classique.
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+ En 1707, lors de la guerre de Succession d'Espagne, Naples et son royaume passent à l'Autriche. Cependant dès 1734, le royaume de Naples regagne son indépendance après plus de deux siècles de domination étrangère : cette année, les Espagnols de Charles de Bourbon chassent les Autrichiens et Charles est nommé roi de Naples, s'installant dans la nouvelle capitale. C'est le début d'une période de grand renouveau culturel et artistique pour Naples. Charles est un grand bâtisseur, donnant à la ville et à ses environs de nombreux palais et monuments comme le palais de Capodimonte et le palais de Portici. Il lance en outre les premières fouilles d'une ville romaine disparue, Herculanum. La découverte des vestiges antiques a une grande influence dans le monde des arts, avec le goût du néoclassicisme, dont le palais royal de Caserte est l'un des premiers exemples. Les touristes étrangers fortunés accourent à Naples pour visiter ses monuments antiques et modernes à l'occasion du Grand Tour. La ville devient par ailleurs la capitale incontestée de la musique à cette époque et le Théâtre San Carlo est la plus importante salle d'opéra d'Europe.
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+ En 1758, Charles est rappelé en Espagne pour succéder à son père et laisse le trône de Naples à son fils Ferdinand. Cette année marque donc la division définitive du royaume de Naples d'avec la couronne espagnole. La ville de Naples devient capitale du royaume baptisé par la suite royaume des Deux-Siciles, qui réunit la Sicile et toute la partie continentale de l'Italie méridionale. Ferdinand IV de Bourbon, époux de Marie-Caroline d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, continue sur la lignée de son père.
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+ En 1848, lors du printemps des peuples, le roi de Naples fait bombarder la ville[8].
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+ Du 27 au 30 septembre 1943, lors des Quatre journées de Naples, la population locale se soulève et s'attaque aux forces nazies qui occupent la ville. L'armée allemande est mise en déroute avant l'arrivée des Alliés. Ces actions valent à la ville la Médaille d’or de la valeur militaire.
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+ Après la guerre, la ville s'est affirmée comme le centre politique, économique et social le plus important de l'Italie méridionale, avec la constitution d'une agglomération de plus de 3 millions d'habitants et le développement de nombreuses industries. Naples est classée troisième ville d'Italie, après Milan et Rome pour la puissance économique[9].
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+ Mais le développement de Naples a été freiné par de gros problèmes sociaux. Le taux de chômage avoisine les 25 % de la population active et la pauvreté règne sur près de 32 % de la population. Les activités de la Camorra et la crise des déchets en Campanie ont contribué à ternir l'image de la ville.
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+ Des projets de développement sont toutefois apparus dans les années 1990, comme la création du quartier d'affaires Centro Direzionale achevé en 1995, tout comme la classification la même année du centre historique de Naples à l'UNESCO. Le sommet du G7 de 1994 s'est tenu à Naples. Au XXIe siècle, des travaux de modernisation de certains quartiers sont en cours, avec notamment le développement de nouvelles infrastructures de transport, dont le métro.
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+ Littéralement : « Vois Naples et puis meurs », plus souvent traduite par « Voir Naples et puis mourir » ou « Voir Naples et mourir ».
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+ Les Napolitains utilisent cette expression pour souligner la beauté de leur ville qui est une combinaison unique de grandes beautés monumentales et naturelles. Elle peut aussi faire allusion à l'accomplissement souhaité d'un désir si important qu'au-delà l'existence n'a plus de sens.
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+ Naples, en plus de posséder un patrimoine historique, monumental, artistique, archéologique et culturel de classe mondiale, possède également un patrimoine naturaliste comparable à celui de Hong Kong et de Rio de Janeiro, à tel point que cet élément distinctif est né le célèbre dicton populaire " Voir Naples et puis mourir ".
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+ La ville a une multitude d'espaces verts gratuits: le parc de Capodimonte, une étendue de verdure de 120 hectares qui entoure plusieurs bâtiments du XVIIIe siècle et en particulier le palais du même nom, la Villa Comunale, construite par Carlo Vanvitelli en 1780 pour donner à la noblesse napolitaine une oasis de grand raffinement sur le front de mer agrémenté de fontaines et de statues, ou encore le parc Vergiliano à Piedigrotta, la villa Floridiana, le jardin botanique et le parc régional des Champs Phlégréens.
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+ Le parc Virgiliano de Posillipo offre une vue particulièrement saisissante, permettant d’observer simultanément l’ensemble de la baie de Naples.
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+ Sur la colline de Camaldoli commence le parc métropolitain des collines de Naples (2 215 hectares), qui occupe un cinquième de l'ensemble de la zone municipale jusqu'au parc Poggio ai Colli Aminei.
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+ Naples possède aussi son vignoble, la vigne San Martino, existant depuis plus de six siècles au pied de la chartreuse du même nom sur la colline du Vomero.
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+ Outre les espaces verts, Naples se caractérise également par des zones marines protégées, telles que Nisida, ou le parc submergé de Gaiola, ce dernier constituant un exemple rare en Méditerranée d���un parc archéologique submergé, comprenant la baie de Trentemari, des côtes rocheuses, des plages, des falaises de tuf et des sites archéologiques.
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+ Enfin, à l'est, le volcan Vésuve, l'un des symboles incontestés de la ville, dont le parc naturel a été inscrit par l'UNESCO parmi les réserves mondiales de la biosphère.
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+ « Critères d'inscription Unesco (1995). Naples est l'une des plus anciennes villes d'Europe dont le tissu urbain contemporain conserve les éléments de sa longue histoire riche d'événements. Le tracé de ses rues, la richesse de ses bâtiments historiques datant de nombreuses périodes ainsi que sa situation sur la baie de Naples lui donnent une valeur universelle exceptionnelle sans égale qui a exercé une profonde influence sur une grande partie de l'Europe et au-delà[10]. »
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+ Le centre historique de Naples est le plus étendu d'Italie avec 1 700 ha[11], la ville ayant été du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle la cité la plus peuplée de la péninsule. Naples possède ainsi l'une des plus grandes concentrations au monde de ressources culturelles et de monuments historiques, jalonnant 2800 ans d'histoire. Dans le centre historique, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, se rencontrent notamment 448 églises historiques[12] ainsi que d'innombrables palais historiques, fontaines, vestiges antiques, villas, résidences royales (inclus le palais royal de Caserte, la version napolitaine du château de Versailles, à proximité de Naples).
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+ Les vestiges d'époque romaine sont nombreux dans les sous-sols de la ville et certains complexes souterrains ont été aménagés afin d'être ouverts à la visite. Le patrimoine médiéval de la ville se distingue par l'existence, unique en Italie, d'églises de style gothique d'inspiration française (et en particulier de la variante provençale de l'architecture gothique) qui s'explique par la présence de la dynastie angevine, d'origine française, sur le trône du royaume de Naples entre le XIIIe et le XVe siècle. Le patrimoine de la Renaissance se caractérise par la présence de plusieurs palais et églises bâtis dans un style syncrétique, inspiré des exemples développés à Rome, de Florence et de Lombardie mais aussi de la Catalogne alors que Naples est sous domination aragonaise à la fin du XVe siècle.
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+ Le XVIe siècle voit les premiers grands travaux d'urbanisme, avec, sous l'impulsion du vice-roi espagnol Pedro de Tolède, le percement de la plus grande artère napolitaine, la Via Toledo et la création des nouveaux « Quartiers espagnols » aux portes de la vieille ville. C'est néanmoins principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles que le centre historique Naples gagne son aspect actuel, alors que fleurit le style baroque qui se développe avec une grande vivacité dans la ville, où les chantiers se multiplient. Le baroque napolitain s'incarne dans de grands artistes qui sont peintres, sculpteurs et architectes - avec comme peintres Le Caravage, Ribera, Luca Giordano, Francesco Solimena, les architectes Cosimo Fanzago, Ferdinando Sanfelice, Luigi Vanvitelli, Ferdinando Fuga, les sculpteurs Domenico Andrea Vaccaro et Giuseppe Sanmartino.
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+ La plupart des palais et des églises historiques de Naples ont été construits ou remodelés et redécorés à cette époque, alors que la ville est sous la domination du royaume d'Espagne avant de regagner son statut de capitale en 1734 avec l'arrivée des Bourbons sur le trône. Cette nouvelle indépendance induit la construction de grands monuments auliques, comme le palais de Capodimonte, le célèbre théâtre San Carlo, premier grand opéra de l'histoire, le palais du musée archéologique ou l'immense bâtiment du Real albergo dei Poveri, hospice destiné à recueillir les pauvres et les indigents aux portes de la ville.
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+ De nombreuses villas sont construites sur la côte au nord et au sud de Naples, en bordure de la mer, pour les grandes familles aristocratiques napolitaines mais aussi pour les visiteurs étrangers fortunés, anglais, français ou allemands, qui se rendent dans la ville à l'occasion du Grand Tour. Naples est l'étape finale de ce voyage de formation de l'aristocratie européenne du siècle des Lumières grâce à ses sites et monuments antiques, le site grandiose de sa baie dominée par le Vésuve, sa cour raffinée et sa vie musicale intense (avec des compositeurs de premier plan tels que Alessandro Scarlatti, Pergolèse, Nicola Porpora, Francesco Durante, Leonardo Leo, Leonardo Vinci, Domenico Cimarosa et Giovanni Paisiello). La première moitié du XIXe siècle voit se développer, notamment dans l'architecture des villas (villa Floridiana, Villa Pignatelli), un néoclassicisme palladien et des décors inspirés des fresques romaines retrouvées aux sites tous proches de Pompéi et à Herculanum.
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+ Enfin, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, dans les nouveaux quartiers de Naples qui voient le jour autour du centre-ville ancien se développe un style original inspiré de l'art nouveau, connu en Italie sous le nom de style liberty.
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+ Parmi les monuments et site archéologiques les plus célèbres de Naples, on trouve :
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+ L'écrivain Curzio Malaparte rend dans son roman La peau un hommage à Naples en la décrivant, en 1943, comme « la seule cité antique qui n'ait pas fini comme Rome, comme Babylone, comme Ninive ».
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+ Au cours des siècles, Naples a vu des centaines de couvents, d'églises et de monastères s'élever, à tel point qu'elle lui a valu le surnom de ville aux 500 coupoles.
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+ Aujourd'hui, leur nombre est d'environ un millier, ce qui la place parmi les villes ayant le plus grand nombre d'édifices religieux au monde. Si l'on ne considère que les églises monumentales, leur nombre est particulièrement élevé: elles sont plus de 400 dans le centre historique, parmi lesquelles :
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+ Il existe également d'innombrables édicules sacrés à Naples, des cloîtres monumentaux et des oratoires et chapelles.
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+ Pour son climat doux et pour sa position heureuse au centre d'une baie au charme incontesté, Naples et ses environs ont également depuis l'époque romaine été choisis comme lieu de villégiature. Pour cette raison, il y a quelques centaines de villas dans la ville :
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+ Elles sont nombreuses, et souvent monumentales, à l'image de la fontaine de Neptune, de la fontaine du Géant, de la fontaine de la Duchesse, de la fontaine du Sebeto ou de la fontaine de la Sirène.
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+ Les escaliers historiques et monumentaux de la ville sont très nombreux (plus de 200). Ils constituent un véritable élément distinctif de l'urbanisme napolitain, de différentes formes et tailles, et sont dispersés dans le centre historique: la Pedamentina à San Martino, l'escalier Petraio, l'escalier monumental de Montesanto, celui de Capodimonte...
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+ On trouve également des catacombes et des cimetières historiques à Naples :
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+ Naples, l'une des capitales mondiales de l'art, dispose d'une offre de musées abondante.
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+ Le plus important de tous est le musée archéologique national, considéré comme l'un des plus importants au monde, tant par la qualité que par la quantité des œuvres exposées, principalement celles de l'époque gréco-romaine ; le musée national de Capodimonte, dans le palais du même nom, qui abrite des peintures des plus grands maîtres italiens de la Renaissance au baroque ; le musée national San Martino, qui rassemble des reliques liées à l'histoire de Naples, et le palais royal de Naples.
123
+
124
+ Le théâtre est l’une des traditions artistiques les plus anciennes et les plus connues de la ville; déjà l'empereur Néron a joué au premier siècle de notre ère sur la scène du théâtre romain de Neapolis.
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+
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+ Le siècle d'or du théâtre napolitain moderne était le XVIIIe siècle, date à laquelle furent construits de nombreux théâtres, parmi lesquels le Teatro Real San Carlo, une des salles les plus anciennes (1737) et les plus célèbres au monde.
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+
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+ De nos jours, Naples propose une vaste offre théâtrale, parmi lesquels le Mercadante, le San Ferdinando, l'Augusteo, le Sannazaro, le théâtre Bellini, le Mediterraneo et bien d'autres.
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+
130
+ Grâce à cette tradition séculaire et durable et au grand nombre de théâtres de la ville, Naples a été choisie pour accueillir d’importants événements, tels que le Festival national du théâtre.
131
+
132
+
133
+
134
+ La principale université de Naples est l'université de Naples - Frédéric-II (en italien, Università degli studi di Napoli « Federico II ») qui est la plus ancienne université laïque et d'État au monde et une du plus anciennes en absolu, ayant été fondée en 1224 par l'empereur Frédéric II Stupor mundi.
135
+ Plus récemment, d'autres universités ont été fondées à Naples : la « Seconde Université de Naples » (l'ancienne « Seconde Université de Naples »)[pas clair], la « Parthénope », « L'Orientale » et la « Sœur-Ursule-Benincasa ».
136
+
137
+ L'hôpital Antonio Cardarelli est le plus grand hôpital d'Italie du Sud.
138
+
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+ La municipalité de Naples, auparavant divisée en 21 districts, est maintenant divisée en 10 municipalités d'environ cent mille habitants. Ces 10 municipalità sont elles-mêmes subdivisées en quartiers (30 au total) :
140
+
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+ Habitants recensés (en milliers)
142
+
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+ Naples, à partir du Moyen Âge et surtout du XVIe siècle, était de loin l'une des premières villes d'Europe par sa population. Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, c'était probablement la ville la plus peuplée d'Europe et la deuxième en Méditerranée après Istanbul. Lors du premier recensement de l'État unitaire (1861), Naples était toujours la commune la plus peuplée d'Italie et l'une des premières d' Europe. Au début des années 1930, elle céda la primauté à Milan puis à Rome. Naples perd des habitants depuis plusieurs décennies, au profit des banlieues et d'autres régions italiennes. Malgré cela, la ville a actuellement le plus fort taux de natalité d'Italie avec 10,46 naissances pour 1 000 habitants (la moyenne italienne étant de 9,45 naissances pour 1 000 habitants[15]).
144
+
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+ Pour le reste, la commune de Naples est la plus jeune d'Italie (19% de la population a moins de 14 ans, et 13% a plus de 65 ans), avec un taux de natalité plus élevé que dans d’autres régions du pays et avec un nombre relativement faible d’immigrants.
146
+
147
+ En 2015, il y avait officiellement près de 50 000 étrangers vivant dans la ville de Naples, mais ce chiffre est sous-estimé, Naples étant l'une des plaques tournantes de l'immigration illégale en Europe. La majorité de ceux-ci sont originaires d'Europe de l'Est (Ukraine, Roumanie, Pologne) et d'Asie (Sri Lanka et Chine). Les statistiques montrent que la majorité des immigrés sont des femmes[16]. Voici un tableau qui montre les nationalités les plus fréquentes à Naples en 2014.
148
+
149
+ Naples est un des nœuds routiers et ferroviaires importants du pays.
150
+ Les autoroutes A1 Milan-Rome-Naples, A3 Naples-Salerne et A16 Naples-Foggia relient la ville au reste du pays et de l'Europe. La ville est ceinturée par plusieurs rocades, mais qui ne permettent pas de décongestionner le trafic du centre. La circulation en ville en dehors des grandes artères est difficile et mal organisée.
151
+
152
+ Le réseau ferroviaire se déploie principalement au nord et à l'est de la ville.
153
+ Une ligne du TGV italien (TAV) a été inaugurée en 2007 reliant la gare de Naples-Centrale à Rome puis Florence-Milan, mettant cette dernière à 3 h 30 de voyage seulement. Une autre ligne est actuellement[Quand ?] en construction et reliera Naples à la ville de Bari en passant par le Salento.
154
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+ Le métro de Naples, inauguré en 1993, comprend en 2020 deux lignes, 22 stations et couvre 20 km, mais est appelé à se développer de manière importante au cours des prochaines années.
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+ Le tramway de Naples, très ancien puisque remontant à 1875, comprend un réseau de trois lignes, pour un total de 11,8 km de voies. Il relie le port, la gare centrale et la banlieue est.
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+ L'aéroport de Naples Capodichino est situé à 6 km au nord de Naples, il est classé 5e aéroport italien avec 10,8 millions de passagers en 2019.
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+ Le port de Naples, situé au centre de la Méditerranée et actif depuis l'Antiquité, exerce des fonctions commerciales et de connexion. Possédant 12 km de quais, il est le point départ de nombreux ferrys à destination des îles environnantes et pour les îles principales du pays, ainsi que de bateaux de croisières. Le trafic de marchandises est relativement faible en comparaison avec les autres ports du pays, mais reste actif et stratégique pour le sud du pays.
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+ Avec 6 562 325 passagers en 2016 et 1 306 151 passagers en croisière, il s'agit de l'un des ports les plus importants tant au niveau européen que méditerranéen. La ville est également desservie par le port de Pouzzoles et le port de Mergellina (avec connexion et fonctions touristiques). D'autres petits ports, tels que celui de Nisida, celui de Posillipo, celui de Molosiglio et le petit port de Santa Lucia ont des fonctions exclusivement touristiques.
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+ Naples, étant au centre de certaines des routes méditerranéennes les plus importantes et disposant d'un arrière-pays fertile de deux zones volcaniques, pouvait compter à l'origine sur une économie robuste liée avant tout à l'agriculture, aux matières premières et à l'artisanat.
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+ À l'époque médiévale et moderne, la ville est devenue l'un des grands centres italiens de l'industrie textile, en particulier de la transformation de la soie.
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+ À l'ère industrielle naquit à Naples le premier grand complexe métallurgique du pays, à savoir celui de Pietrarsa, qui connut un développement industriel et économique considérable au cours des vingt années suivantes : en 1860, il employait environ 1 200 personnes. Cependant, après l’unification, l’usine a connu une phase de lente régression jusqu’à la cessation des activités de production vers 1880, tout en maintenant jusqu’en 1975 l’entretien et la réparation des locomotives.
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+ Pour souligner l’importance économique de la ville, il suffit de penser qu’en 1871, dix ans après l’annexion, la province de Naples avait encore un indice d’industrialisation supérieur à celui de Turin. Naples abritait également la Bourse, la Monnaie et le Banco delle Due Sicilie (en).
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+ Pour faire face à l'émergence de l'économie napolitaine, en 1904, dans le contexte du Risanamento di NapoliRisanamento di Napoli, de grands districts industriels ont été créés à l'est et à l'ouest, même si un décollage efficace du secteur ne se produira qu'avec le boom économique. Le PIB européen de Naples est actuellement vingt-sixième (sur 115) en Europe (61,8 milliards de dollars en 2014, soit plus que des pays comme la Slovénie et comparable à des villes comme Zurich ou Copenhague), mais au cinquième rang pour la croissance du taux de chômage pendant la crise et avec l'un des revenus par habitant les plus bas d'Italie.
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+ Malgré quelques brèves périodes d'amélioration, favorisées également par la présence dans la ville d'un artisanat fort (comme l'art des crèches, le travail de la céramique et des porcelaines, la production de bijoux avec du corail et de camées gravés à Torre del Greco, etc.), l’emploi n’a jamais atteint un niveau adéquat, principalement en raison d’investissements publics insuffisants, mais aussi en raison de la présence d’infiltrations mafieuses qui découragent la création de nouvelles entreprises. Les activités illicites napolitaines ont un impact considérable sur l'économie nationale, non sans effets négatifs sur les structures sociales et environnementales de la ville. L'absence d'un véritable développement industriel a fait de Naples un centre important du secteur tertiaire dans les domaines commercial, administratif, financier, des transports, du tourisme et plus récemment de la recherche (Apple et Cisco Systems Academy). Le port de Naples a toujours été un élément de revenu important pour la ville, tandis que le principal centre d’affaires et tertiaire est le Centro Direzionale.
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+ La ville organise chaque année en mars un important tournoi de tennis sur terre battue du circuit ATP Challenger Tour.
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+ XVe siècle :
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+ XVIe siècle :
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+ XVIIe siècle :
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+ XVIIIe siècle :
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+ XIXe siècle :
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+ XXe siècle :
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+ Liste de personnalités liées à la ville de Naples, bien que n'y étant pas nées, soit qu'elles y aient vécu longtemps, soit qu'elles y soient mortes :
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+ Ces films, même des fictions, donnent souvent une idée précise de l'âme de la ville et restent un témoignage exceptionnel sur son histoire:
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La poésie est un genre littéraire très ancien, aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent aussi la prose, et qui privilégient l'expressivité de la forme, les mots disant plus qu'eux-mêmes par leur choix (sens et sonorités) et leur agencement (rythmes, métrique, figures de style). Sa définition se révèle difficile et varie selon les époques, au point que chaque siècle a pu lui trouver une fonction et une expression différente, à quoi s'ajoute l'approche propre à la personnalité de chaque poète.
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+ Poésie s'écrivait jusqu'en 1878 poësie (le tréma marquait une disjonction entre les voyelles o et e). Le terme « poésie » et ses dérivés « poète », « poème » viennent du grec ancien ποίησις (poiesis), le verbe ποιεῖν (poiein) signifiant « faire, créer » : le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, ce que révèlent aussi les termes du Moyen Âge trouvère et troubadour. Le poète, héritier d'une longue tradition orale, privilégie la musicalité et le rythme, d'où, dans la plupart des textes poétiques, le recours à une forme versifiée qui confère de la densité à la langue. Le poète recherche aussi l'expressivité par le poids accordé aux mots comme par l'utilisation des figures de style et au premier chef des images et des figures d'analogie, recherchées pour leur force suggestive.
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+ La poésie s'est constamment renouvelée au cours des siècles avec des orientations différentes selon les époques, les civilisations et les individus. On peut par exemple distinguer le poète artiste soucieux d'abord de beauté formelle, le poète « lyrique » qui cultive le « chant de l'âme », le poète prophète, découvreur du monde et « voyant », ou le poète engagé, sans cependant réduire un créateur à une étiquette simplificatrice[1].
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+ Dans la mesure où il ne reste pas de traces d'une probable poésie orale préhistorique, il est nécessaire de faire débuter l'histoire de la poésie dans les différentes civilisations de l'Antiquité (grecque, égyptienne, indienne...). On notera toutefois que maintes traditions orales, par exemple celle des griots africains, relèvent de la poésie.
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+ Première expression littéraire de l’humanité, utilisant le rythme comme aide à la mémorisation et à la transmission orale, la poésie apparaît d’abord dans un cadre religieux et social en instituant les mythes fondateurs dans toutes les cultures que ce soit avec l’épopée de Gilgamesh, (IIIe millénaire av. J.‑C.) en Mésopotamie, les Vedas, le Rāmāyana ou le Mahabharata indien, la Poésie dans l'Égypte antique, la Bible des Hébreux ou l'Iliade et l'Odyssée des Grecs, l'Énéide des Latins.
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+ Dans l’Antiquité grecque toute expression littéraire est qualifiée de poétique, qu’il s’agisse de l’art oratoire, du chant ou du théâtre : tout « fabricant de texte » est un poète comme l’exprime l’étymologie. Les philosophes grecs cherchent à affiner la définition de la poésie et Aristote dans sa Poétique identifie trois genres poétiques : la poésie épique, la poésie comique et la poésie dramatique[2]. Plus tard les théoriciens de l’esthétique retiendront trois genres : l’épopée, la poésie lyrique et la poésie dramatique (incluant la tragédie comme la comédie), et l’utilisation du vers s’imposera comme la première caractéristique de la poésie, la différenciant ainsi de la prose, chargée de l’expression commune que l’on qualifiera de prosaïque.
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+ Le mot poésie évoluera encore vers un sens plus restrictif en s’appliquant aux textes en vers qui font un emploi privilégié des ressources rhétoriques, sans préjuger des contenus : la poésie sera descriptive, narrative et philosophique avant de faire une place grandissante à l’expression des sentiments.
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+ La poésie fut marquée par l’oralité et la musicalité dès ses origines puisque la recherche de rythmes particuliers, comme l’utilisation des vers, et d’effets sonores, comme les rimes, avait une fonction mnémotechnique pour la transmission orale primitive. Cette facture propre au texte poétique fait que celui-ci est d’abord destiné à être entendu plutôt qu’abordé par la lecture silencieuse.
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+ Placées sous l’égide d’Orphée et d’Apollon musagète, dieu de la beauté et des arts[3], et associées à la muse Érato, musique et poésie sont également étroitement liées par la recherche de l’harmonie et de la beauté, par le Charme, au sens fort de chant magique. Depuis l'essai La Naissance de la tragédie de Nietzsche, on considère que la création poétique hésitera cependant constamment entre l’ordre et l’apaisement apolliniens (qu’explicite Euripide dans Alceste : « Ce qui est sauvage, plein de désordre et de querelle, la lyre d’Apollon l’adoucit et l’apaise ») et la « fureur dionysiaque »[4] qui renvoie au dieu des extases, des mystères, des dérèglements et des rythmes des forces naturelles que l’on découvre par exemple dans le dithyrambe de l’Antiquité grecque[5].
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+ En linguistique, la poésie est décrite comme un énoncé centré sur la forme du message, donc où la fonction poétique est prédominante[6]. Dans la prose au sens général, l’important est le « signifié », elle a un but « extérieur » (la transmission d’informations) et se définit comme une marche en avant que peut symboliser une flèche et que révèle la racine latine du mot qui signifie « avancer ». En revanche, pour la poésie, l’importance est orientée vers la « forme », vers le signifiant, dans une démarche « réflexive », symbolisée par le « vers » qui montre une progression dans la reprise avec le principe du retour en arrière (le vers se « renverse ») que l’on peut représenter par une spirale.
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+ La poésie ne se définit donc pas par des thèmes particuliers mais par le soin majeur apporté au signifiant pour qu’il démultiplie le signifié : l’enrichissement du matériau linguistique prend en effet en compte autant le travail sur les aspects formels que le poids des mots, allant bien au-delà du sens courant du terme « poésie » qui renvoie simplement à la beauté harmonieuse associée à une certaine sentimentalité. L’expression poétique offre cependant au cours de l’Histoire des orientations variées selon la dominante retenue par le poète.
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+ Traditionnellement, la poésie revêt la forme d'un texte versifié obéissant à des règles particulières en termes de métrique, de scansion, de rimes, s'inscrivant ou non dans une forme fixe. Cependant, la poésie moderne s'est affranchie du vers traditionnel, qu'il s'agisse de l'assouplir ou de s'en passer totalement.
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+ La mise en page du texte poétique est traditionnellement fondée sur le principe du retour et de la progression dans la reprise que figure l’utilisation du vers[7] (régulier ou non), même s’il existe des formes métissées comme le poème en prose ou la prose poétique qui reprennent les caractéristiques du texte poétique (d’où leur dénominations) comme l’emploi des images et la recherche de sonorités ou de rythmes particuliers. Ces vers sont souvent regroupés en strophes et parfois organisés dans des poèmes à forme fixe comme le sonnet ou la ballade.
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+ La poésie métrée utilise des vers définis par le nombre de leurs syllabes comme l’alexandrin français, alors que la poésie scandée joue sur la longueur des pieds (et sur leur nombre) comme dans l’hexamètre dactylique grec et latin, ou sur la place des accents comme dans le pentamètre iambique anglais. Le haïku (ou haïkou) japonais, qui a acquis une diffusion internationale, fait traditionnellement appel à trois vers de cinq, sept et cinq syllabes.
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+ Les poètes modernes se libèrent peu à peu de ces règles : par exemple les poètes français introduisent dans la deuxième moitié du XIXe siècle le vers libre puis le verset, et en remettant aussi en cause les conventions classiques de la rime qui disparaît largement au XXe siècle.
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+ Des essais graphiques plus marginaux ont été tentés par exemple par Mallarmé (Un coup de dés jamais n'abolira le hasard), Apollinaire (Calligrammes) ou Pierre Reverdy, en cherchant à parler à l’œil et plus seulement à l’oreille, tirant ainsi le poème du côté du tableau.
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+ L'on ne saurait définir uniquement la poésie par l'utilisation de vers : la forme versifiée a été employée dans des ouvrages que l'on peut considérer comme des romans (tels ceux de Chrétien de Troyes), tandis qu'il existe, en revanche, une poésie en prose. Dès le XVIIIe siècle, apparurent des traductions en français de poèmes étrangers (et de « fausses traductions ») qui utilisèrent la prose plutôt que le vers[8]. Certains commentateurs parlaient de « poèmes en prose » pour désigner des romans tels que les Aventures de Télémaque de Fénelon ou La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette[9]. La naissance du genre du poème en prose en tant que tel est généralement associée à la publication par Aloysius Bertrand de Gaspard de la Nuit ; en effet, ce poète était, selon Yves Vadé, conscient de créer une forme nouvelle[10], même s'il n'utilisait pas le terme de « poèmes » ; c'est ensuite Charles Baudelaire, avec les Petits Poèmes en prose, qui « imposa le poème en prose comme une forme poétique reconnue »[11].
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+ Si la poésie présente souvent une forte densité stylistique, donc un travail particulier sur la langue, tant s'en faut qu'il revête toujours la même forme. On notera ainsi que les règles traditionnelles de versification peuvent varier d'une langue à l'autre, et qu'il est également possible de s'en affranchir. Aussi les éléments qui suivent (métrique, rime, échos phoniques, recherche lexicale, figures de style...) sont-ils des ressources disponibles pour le poète, plutôt que des éléments définitoires de la poésie, d'autant plus qu'ils peuvent également apparaître dans des textes non-poétiques.
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+ L’origine orale et chantée de la po��sie qu’évoquent la lyre d’Orphée ou la flûte d’Apollon marque l’expression poétique qui se préoccupe des rythmes avec le compte des syllabes (vers pairs / vers impairs, « e muet »…) et le jeu des accents et des pauses (césure, enjambement…). La poésie exploite aussi les sonorités particulièrement avec la rime (retour des mêmes sons à la fin d’au moins deux vers avec pour base la dernière voyelle tonique) et ses combinaisons de genre (rimes masculines ou féminines), de disposition (rimes plates, croisées ou embrassées) et de richesse (rimes pauvres, suffisantes ou riches). Elle utilise aussi les reprises de sons dans un ou plusieurs vers (allitérations et assonances), le jeu du refrain (comme dans la ballade ou le Pont Mirabeau d’Apollinaire) ou la correspondance entre le son et le sens avec les harmonies imitatives (exemple fameux : « Pour qui sont ces serpents… », Racine) ou les rimes sémantiques (automne/monotone).
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+ Le poète exploite toutes les ressources de la langue en valorisant aussi les mots par leur rareté et leur nombre limité : on parle parfois de « poésie-télégramme » où chaque mot « coûte » comme dans le sonnet et ses 14 vers ou dans la brièveté extrême du haïku japonais de trois vers, voire du monostiche d'un seul vers. Si le poète peut ainsi rechercher l'intensité de la concision, il peut aussi s'exprimer dans des poèmes longs.
40
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41
+ L’enrichissement passe aussi par la recherche (ou, au contraire, par l'évitement) de sens rares et de néologismes (par exemple « incanter » dans Les Sapins d’Apollinaire, qui, « graves magiciens //Incantent le ciel quand il tonne », ou « aube » associé aux Soleils couchants par Verlaine), par les connotations comme l’Inspiration derrière la figure féminine dans les Pas de Paul Valéry (« Personne pure, ombre divine, / Qu’ils sont doux, tes pas retenus ! ») ou par des réseaux lexicaux tissés dans le poème comme la religiosité dans Harmonie du soir de Baudelaire. Le poète dispose d’autres ressources encore comme la place dans le vers ou dans le poème (« trou de verdure » dans le premier vers du Dormeur du val de Rimbaud auquel répondent les « deux trous rouges au côté droit » du derniers vers) ou les correspondances avec le rythme et les sonorités (« L’attelage suait, soufflait, était rendu… », La Fontaine, Le Coche et la Mouche).
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+ Le poète joue également de la mise en valeur des mots par les figures de style comme les figures d’insistance comme l’accumulation, le parallélisme ou l’anaphore (exemple : « Puisque le juste est dans l’abîme, /Puisqu’on donne le sceptre au crime, / Puisque tous les droits sont trahis, / Puisque les plus fiers restent mornes, /Puisqu’on affiche au coin des bornes / Le déshonneur de mon pays… », Victor Hugo, les Châtiments, II, 5), les figures d’opposition comme le chiasme ou l’oxymore (« le soleil noir de la Mélancolie » Gérard de Nerval), les ruptures de construction comme l’ellipse ou l’anacoluthe (« Exilé sur le sol au milieu des huées, /Ses ailes de géant l’empêchent de marcher », Baudelaire l’Albatros) et bien sûr les figures de substitution comme la comparaison et la métaphore, (de Ronsard et Du Bellay à Jacques Prévert ou Eugène Guillevic en passant par Victor Hugo, Apollinaire, les surréalistes et bien d’autres). L’emploi de l’image est d’ailleurs repéré comme une des marques de l’expression poétique ; un seul exemple emblématique de métaphore filée en rendra compte : « (Ruth se demandait…) Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été / Avait, en s’en allant, négligemment jeté / Cette faucille d’or dans le champ des étoiles » (Victor Hugo, Booz endormi).
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+ La définition de genres poétiques a toujours été discutée en débattant de critères formels et/ou de critères de contenu (d’objet) et, par ailleurs, la poésie moderne en faisant éclater les genres traditionnels (poésie lyrique, épique, engagée, spirituelle, narrative, descriptive…) et en devenant une expression totalisante et libre rend encore plus difficile la catégorisation[12].
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+ Cependant, sans s’enfermer trop dans la terminologie formaliste, on peut observer des « dominantes » clés dans l’expression poétique, Roman Jakobson définissant la dominante comme « l’élément focal d’une œuvre d’art » qui gouverne, détermine et transforme les autres éléments (voir Antoine Compagnon[13]). L’opposition la plus simple se fait entre une orientation vers la forme (orientation « esthétique ») et une orientation vers le contenu (orientation « sémantique »), évidemment sans exclusion de l’autre puisque d’une part il y a sens dès qu’il y a mots et que, d’autre part, il y a expressivité formelle sans cela il n’y aurait pas écriture poétique. Cette dernière orientation multiple et complexe est parfois dite aussi « ontologique » (comme par Olivier Salzar[14]), parce que renvoyant « au sens de l’être considéré simultanément en tant qu’être général, abstrait, essentiel et en tant qu’être singulier, concret, existentiel » (TLF). Son champ très vaste peut à son tour être subdivisé en trois dominantes (définies par le modèle du signe présenté par Karl Bühler : « Le signe fonctionne en tant que tel par ses relations avec l’émetteur, le récepteur et le référent »[15]. Ces trois dominantes, là encore non exclusives, sont la dominante « expressive » ou « émotive » ou lyrique au sens étroit, tournée vers le moi du poète, la dominante « conative », orientée vers le destinataire que le poète veut atteindre en touchant sa conscience et sa sensibilité comme dans la poésie morale et engagée, et la fonction « référentielle », tournée vers un « objet » extérieur, vers le chant du monde dans des perceptions sensibles, affectives ou culturelles comme dans la célébration ou la poésie épique où le poète rend sensible la démesure des mythes.
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+ Mais ce découpage n’est qu’un éclairage : la poésie, plus que tout autre genre littéraire, pâtit de ces approches des « doctes » alors qu’elle est d’abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. En témoigne par exemple une œuvre inclassable comme les Chants de Maldoror de Lautréamont.
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+ Plusieurs courants poétiques, au demeurant fort différents entre eux, et relevant de contextes historiques distincts, insistent sur le travail esthétique et la perfection formelle.
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+ Le souci de la forme est bien sûr constant chez les poètes et des règles prosodiques s’élaborent peu à peu aux XVIe et XVIIe siècles (compte du « e muet », diérèse/synérèse, césure, pureté des rimes…). Cette importance accordée au travail poétique passe par les Grands rhétoriqueurs de la fin du XVe siècle puis la Pléiade et les classiques (« Beauté, mon beau souci », dira François de Malherbe), avant de réapparaître au XIXe siècle en réaction aux effusions et aux facilités de la poésie romantique. Les théoriciens et praticiens de l'art pour l'art, partageant la conviction que « l'art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté », comme le dira au siècle suivant André Gide, défendront les règles traditionnelles (vers syllabique, rimes, poèmes à forme fixes comme le sonnet) avec Théophile Gautier ou les Parnassiens comme Théodore de Banville, Leconte de Lisle ou José-Maria de Heredia. Cette conception esthétique[16] ira même avec Mallarmé jusqu’à un certain hermétisme en cherchant à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » et à relever des défis formels (comme le sonnet en -ixe/-yx de Mallarmé, les Calligrammes d’Apollinaire, etc.) que systématiseront au milieu du XXe siècle les jeux de l'Oulipo et de Raymond Queneau (Cent mille milliards de poèmes), Jacques Roubaud ou Georges Perec. On peut également, au-delà du paradoxe apparent, rattacher à ce courant poétique qui met l’accent sur la « forme », les démarches d'Henri Michaux dont Le Grand Combat (Qui je fus ?, 1927) est écrit dans une langue inventée faite de suggestion sonore, ou encore les expérimentations « lettristes » d’Isidore Isou.
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+ Les impasses de cette poésie coupée de l'âme et parfois très rhétorique seront régulièrement combattues au nom de la souplesse et de la force de la suggestion, par exemple par Paul Verlaine et les poètes symbolistes ou décadentistes de la fin du XIXe siècle, qui revendiqueront une approche moins corsetée de la poésie. Cette conception d’un art libéré des contraintes l’emportera largement au XXe siècle où la poésie deviendra une expression totalisante, au-delà des questions de forme.
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+ Des formes contraintes comme le haïku, bref poème japonais, relèvent de cette préoccupation formelle tout en lui associant une expression lyrique.
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+ Si le mot « poétique » a dans son acception quotidienne le sens d’harmonieux et de sentimental, c’est à l’importance de la poésie lyrique qu’il le doit. Celle-ci, orientée vers le « moi » du poète[17], doit son nom à la lyre qui a appartenu à Orphée et Apollon et qui, dans l’Antiquité, accompagnait les chants qu’on ne distinguait pas alors de la poésie mais ne doit pas se limiter à la petite musique personnelle du poète chantant un des thèmes traditionnels et a priori poétiques comme l’amour, la mort, la solitude, l’angoisse existentielle, la nature ou la rêverie. En effet la poésie a su faire entrer la modernité dans le champ poétique y compris dans ses aspects les plus surprenants ou les plus prosaïques (« Une charogne » chez Baudelaire, la ville industrielle chez Verhaeren et le quotidien trivial chez Verlaine dans ces vers de Cythère, dans Les fêtes galantes, « l’Amour comblant tout, hormis / La faim, sorbets et confitures / Nous préservent des courbatures »…). En fait, la variété des voix est extrême, avec cependant des courants dominants selon les époques, comme le romantisme et le symbolisme au XIXe siècle ou le surréalisme au XXe siècle[18].
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+ Les formes évoluent elles aussi passant par exemple du long poème romantique (À Villequier de Victor Hugo ou les Nuits d’Alfred de Musset) au sonnet régulier de Baudelaire puis aux formes libres des symbolistes et à l’expression jaillissante de l’inconscient avec les Surréalistes avant la spontanéité de l’expression orale de Jacques Prévert dans Paroles par exemple.
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+ La poésie lyrique est pour le poète le canal d’expression privilégiée de sa sensibilité et de sa subjectivité que symbolise le Pélican (Nuit de mai) d’Alfred de Musset. Mais cette poésie va au-delà de la confidence pour exprimer l’humaine condition et Hugo proclame dans la Préface des Contemplations : « Quand je parle de moi, je vous parle de vous ! ». Ce « chant de l’âme », domaine privilégié du « je », auquel adhère cependant le destinataire, s’oppose donc à la poésie descriptive et objective voire rhétorique des Parnassiens ou à la poésie narrative des romans du Moyen Âge et au genre épique qui traite de thèmes héroïques et mythiques avec rythme et couleur ou encore à la poésie d’idées (Lucrèce, Ovide, Voltaire) pour laquelle la forme poétique n’est pas le souci premier.
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+ L’art de la poésie est aussi traditionnellement associé au « don de poésie », c’est-à-dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec les Muses et le sacré, à qui revient le rôle de décodeur de l’invisible[19]. C’est la conception de l’Antiquité représentée par Platon qui fait dire à Socrate (dans Ion) à propos des poètes : « Ils parlent en effet, non en vertu d’un art, mais d’une puissance divine ». Au XVIe siècle, la Pléiade reprendra cette perspective et Ronsard écrira ces vers dans son Hymne de l'Automne : « M’inspirant dedans l’âme un don de poësie, / Que Dieu n’a concédé qu’à l’esprit agité/ Des poignants aiguillons de sa Divinité./ Quand l’homme en est touché, il devient un prophète ») et c’est dans cette lignée que s’inscriront les poètes romantiques et après eux Baudelaire et les poètes symbolistes. Cette fonction particulière du poète trouvera un partisan exemplaire avec Arthur Rimbaud qui dans sa fameuse lettre à Paul Demeny demande au Poète de se faire « voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » et d’être « vraiment voleur de feu », et de trouver « du nouveau, - idées et formes », en évoquant ailleurs « l’alchimie du verbe » qui doit être l’instrument du poète-découvreur.
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+ Après la Première Guerre mondiale et après Apollinaire, défenseur lui aussi de « L’esprit nouveau », les surréalistes, héritiers de cet enthousiasme rimbaldien, confieront à l’image poétique le soin de dépasser le réel et d’ouvrir des « champs magnétiques » novateurs mettant au jour l’inconscient, ce que formulera Louis Aragon dans Le Paysan de Paris en parlant de « l’emploi déréglé et passionnel du stupéfiant image ».
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+ Dans les années 1950-1970, revenant sur cette systématisation de l’image, les poètes s’orienteront davantage vers une poésie-célébration, un chant du monde orphique ou vers une poésie lyrique, chant de l’âme qui fait entendre la voix personnelle des poètes comme celle de Jules Supervielle, René Char ou Yves Bonnefoy.
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+ Pour Saint-John Perse, la poésie est « initiatrice en toute science et devancière en toute métaphysique »[20].
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+ Cependant[21], certains Romantiques et particulièrement Victor Hugo feront entrer le poète dans la Cité en lui attribuant un rôle de guide pour le peuple. De prophète, il devient Messie comme l’expose le célèbre « Fonction du poète » (Les Rayons et les Ombres, 1840) où Victor Hugo définit le poète comme « le rêveur sacré », élu de Dieu « qui parle à son âme », devenu porteur de lumière et visionnaire, « des temps futurs perçant les ombres ». La poésie engagée des Châtiments, à la fois épique et satirique, sera l’étape suivante pour Victor Hugo qui se posera comme l’Opposant à « Napoléon le petit ». Jehan Rictus témoigne avec sa poésie singulière de la vie des pauvres à la fin du XIXe siècle, contrastant avec le naturalisme distancié de Zola.
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+ Les engagements religieux (de Charles Péguy par exemple) ou idéologiques retrouveront au XXe siècle comme un lointain héritage de Ronsard (Discours) ou d’Agrippa d'Aubigné avec Louis Aragon, chantre du communisme (Hourra l’Oural, 1934), Paul Claudel, pétainiste en 1941 (Paroles au Maréchal) ou Paul Éluard (Ode à Staline, 1950) ou encore Jacques Prévert et ses positions anarchisantes dans Paroles (1946-1949).
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+ Les poètes de la Négritude, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor notamment, représentent quant à eux une branche particulière de la poésie francophone du XXe siècle, dont l’engagement et les idées véhiculées, très forts, sont encore assez confidentiels en France. Édouard Glissant, poète du « Tout-Monde » et de la « Philosophie de la relation » en sera le digne fils spirituel au XXIe siècle. Aimé Césaire est le chantre des Antilles, ayant la volonté de « plonger dans la vérité de l’être »[22], hanté par la question du déracinement des descendants d’esclaves (Cahier d'un retour au pays natal). Léopold Sédar Senghor a créé une poésie à vocation universelle ayant l’espérance comme leitmotiv, l’utilisation de la langue française et les références positives à la culture françaises mêlent aux sujets historiques africains qu’il vivifie (Chaka). Il faut ajouter qu'avec et à la suite de ces deux grands poètes négro-africains, d'autres poètes noirs comme Léon-Gontran Damas, membre du mouvement de la Négritude, David Diop, Jacques Rabemananjara ont mis leur poésie au service de la libération de l'homme noir en général et de l'indépendance du continent africain en particulier. Dans l'après-guerre, René Depestre, poète engagé venu d'Haïti, est une voix qui parle de l'homme noir, mais aussi de l'homme universel. Sans oublier Tchicaya U Tam'si & Léopold Congo-Mbemba qui portent très haut l'exigence de la parole souveraine.
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+ Avec L'Honneur des poètes[23], certains poètes participent à la Résistance en publiant clandestinement des œuvres importantes. C’est le cas de Louis Aragon (Les Yeux d’Elsa, 1942 ; La Diane Française, 1944), de Paul Éluard (Poésie et vérité, 1942 ; Au rendez-vous allemand, 1944), de René Char (Feuillets d’Hypnos, 1946) ou de René Guy Cadou (Pleine Poitrine, 1946). Les poètes ne seront d’ailleurs pas épargnés par l’extermination nazie : Robert Desnos mourra au camp de concentration de Theresienstadt et Max Jacob dans le camp de Drancy.
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+ Une autre forme d'engagement se fait jour au XXe siècle, une poésie contestataire, tant sur le plan politique que linguistique. Cet élan, synthétisé sous le nom d’avant-garde, est né avec les Futuristes italiens et russes et le mouvement Dada. Il s'est fondé sur la dénonciation de la liaison entre le pouvoir politique et le langage et s'est développé sous des formes diverses jusqu'à nos jours. Les avant-gardes ont fait évoluer la poésie vers un abandon progressif du vers rimé et mesuré et de la composition en strophes. Cela a commencé avec le « vers libre standard du surréalisme » (Jacques Roubaud) et s'est précipité dans les années 1960 avec une démolition complète, par exemple chez Denis Roche[24].
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+ De ce fait, la situation est plus complexe au XXIe siècle puisque le terme de « poésie » a en fait recouvert des aspects très différents, celle-ci s’étant dégagée d’une forme versifiée facilement identifiable et même du « poème ». On a cherché la poésie à la limite dans une « expression poétique » indépendante du travail des poètes. Néanmoins, la spécificité du texte poétique a demeuré à travers sa densité qui tentait d'exploiter à la fois toutes les possibilités offertes par les spécificités linguistiques. Il est d’ailleurs difficile de traduire un poème dans une autre langue, car la question se pose toujours de savoir s'il faut se préoccuper d’abord du sens ou s'il faut chercher à inventer des équivalences sonores et rythmiques.
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+ Le vers qui tend à s'imposer depuis la fin du XXe siècle est ce que Jacques Roubaud nomme le « vers international libre ». « Il n'est ni compté ni rimé et plus généralement ignore les caractéristiques d'une tradition poétique dans une langue donnée ; il « va à la ligne » en évitant les ruptures syntaxiques trop fortes »[25]. Ses exigences formelles sont faibles. Il est de ce fait plus facile de le traduire à l'heure de la mondialisation. La différence entre la poésie et la prose est ténue. La poésie se fait par « petites proses courtes » mais non narratives. L'absence de narration devenant alors le marqueur du genre poésie[24]. On parle également tout simplement de « texte » ou de « document poétique »[24]. On peut en trouver de nombreux exemples dans les innombrables revues de poésie qui continuent à fleurir, malgré une ambiance peu favorable à leur expression.
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+ La poésie, depuis plus de cinquante ans, n'est que très peu présente dans les journaux et la presse nationale. La diffusion en librairie est de plus en plus restreinte. Elle n'est pas présente non plus à la télévision et on ne choisit plus guère de poètes pour représenter la littérature en France. La poésie perd de son audience, car elle a peu d'importance sur le plan économique, puisque ne se publie que ce qui peut se vendre, d'où la responsabilité de certaines grandes maisons d'éditions.
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+ L'essentiel cependant est ailleurs. Si la poésie aujourd'hui est en effet peu et mal diffusée, si les médias la passent à peu près sous silence, elle est effectivement pratiquée par de très nombreux auteurs - comme en témoignent les publications abondantes et diversifiées des petites maisons d'édition - et lue par beaucoup de lecteurs passionnés. Les revues papier et en ligne jouent à cet égard un rôle décisif. Place de la Sorbonne, par exemple, s'efforce de faire découvrir la poésie vivante dans sa richesse et sa grande diversité, tout en proposant des outils et des éclairages pour mieux la lire. Les blogs ou les très nombreuses lectures ou festivals, comme le Printemps des poètes, le Marché de la poésie ou encore la Journée mondiale de la poésie, témoignent également d'une pratique vivante de la poésie.
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+ L'influence que la poésie exerce sur la production littéraire en général est discrète, voire indirecte, mais réelle. On peut tenir en effet la poésie pour le laboratoire principal où s'élaborent les formes les plus novatrices de l'expression et de la représentation, celles qui bousculent ce que Gustave Flaubert appelle « les formes convenues ». Elle travaille incessamment la langue pour que le désir s'y fraie une voix en s'affranchissant de tout ce qui l'aliène. En cela, le poète contemporain s'inscrit bien dans une démarche rimbaldienne : « Donc le poète est vraiment voleur de feu. Il est chargé de l'humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c'est informe, il donne de l'informe. Trouver une langue » (Arthur Rimbaud, lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871).
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+ Certaines tentatives, s’expriment avec le soutien de la musique. Le slam, de son côté, décline une certaine idée de la poésie. Il est démocratique au sens où il suppose que « tout le monde est virtuellement poète »[26]. Il s'agit néanmoins d'émouvoir l'auditoire par les mots. C'est un art d'improvisation poétique qui retrouverait donc la tradition médiévale perdue de la tenson des troubadours qui était néanmoins un genre de poésie savante. Le slam fait resurgir la rime mais dans un état minimal[27].
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+ De manière plus générale la poésie dialogue avec les autres arts donnant notamment lieu à des « happenings » où les poètes dialoguent avec les musiciens et les peintres. Des clubs de poésie organisent ainsi des rencontres d'artistes où c'est l'improvisation qui doit gouverner, chaque artiste doit répondre à l'improvisation de l'autre sur le moment. Ce type de représentations se fonde notamment sur l'idée d'une appartenance universelle de l'Art c'est-à-dire de 'idée de l'inspiration comme don. Ainsi l'œuvre réalisé dans ce type de happening est-elle collective dans un sens large puisque non seulement elle n'appartient pas à un artiste mais également parce qu'elle est autant l’œuvre des spectateurs que des artistes. Ce type de « happenings » est très développé notamment en Inde et, dans une moindre mesure, en France.
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+ Jacques Roubaud distingue enfin une dernière catégorie de poésie qu'il appelle « vroum-vroum » et consiste en des performances qui se donnent le nom de poésie, mais ne font pas nécessairement appel au langage. Le modèle invoqué est l'Ursonate de Kurt Schwitters qui relève en réalité plutôt de la musique. Or selon l'universitaire et performeur canadien Yan St-Onge, « L’événement contemporain de poésie peut se penser en trois grandes catégories : la lecture de poésie ou ce qu’on appelait traditionnellement un récital ; le spectacle de poésie au sens d’une mise en scène théâtrale avec des comédiens ; et la poésie-performance »[28]. De son côté Serge Martin, dans le sillage de la lecture performée ou lecture-performance, place Charles Pennequin en droite ligne de Ghérasim Luca[29].
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+ Dans la poésie, l’essentiel demeure néanmoins la prise de conscience de la créativité et de la beauté de la langue. Pour l’amateur de poésie, « au commencement est le Verbe » et sa puissance créatrice qui nourrit la mémoire et « transforme la nuit en lumière »[30].
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+ Napoléon François Joseph Charles Bonaparte, né le 20 mars 1811 au palais des Tuileries, à Paris, et mort le 22 juillet 1832 au palais de Schönbrunn, à Vienne, est le fils et l'héritier de Napoléon Ier, empereur des Français, et de sa seconde épouse, Marie-Louise d'Autriche[1].
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+ Prince impérial, il est titré roi de Rome à sa naissance.
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+ En 1814, il est évincé par le Sénat à la suite de la prise de Paris par les armées coalisées et de la première abdication de son père. En 1815, à la fin des Cent-Jours, il est proclamé successeur par son père, lors de la seconde abdication de ce dernier, sous le nom de Napoléon II. L'Assemblée, comme la commission censée régner en son nom, s'abstiennent cependant de proclamer officiellement comme empereur l'héritier impérial qui, âgé de 4 ans, se trouve alors en Autriche. Le « règne » de Napoléon II s'achève au bout de deux semaines lorsque Louis XVIII, soutenu par les armées coalisées, entre dans Paris.
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+ Il porte ensuite le titre de prince de Parme, et enfin celui de duc de Reichstadt qui lui est donné par son grand-père l'empereur d'Autriche.
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+ L'ex-Napoléon II passe le reste de sa vie en Autriche : jusqu'à sa mort à l'âge de 21 ans, il est reconnu par les bonapartistes comme l'héritier du trône impérial.
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+ Son surnom de l'Aiglon lui a été attribué à titre posthume, et a été popularisé par la pièce de théâtre d'Edmond Rostand L'Aiglon, le rôle-titre étant créé le 15 mars 1900 par la tragédienne Sarah Bernhardt.
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+ Le 20 mars 1811, les vœux de Napoléon sont comblés : Marie-Louise d'Autriche lui donne l'héritier qu'il a tant désiré, car c’est pour l'avoir qu’il a divorcé de Joséphine de Beauharnais. Après l'accouchement difficile de Marie-Louise d'Autriche, sa naissance est annoncée par cent un coups de canon dans Paris, comme convenu dans le cas de la naissance d'un garçon (et 21 s'il s'était agi d'une fille)[2].
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+ Son acte de naissance figurant dans un registre spécial indique : « Sa Majesté l'Empereur et Roi nous a déclaré que son intention était que le roi de Rome reçût les prénoms de Napoléon, François, Joseph, Charles. » Napoléon était le prénom de son père, François celui de son grand-père maternel et Charles celui de son grand-père paternel ; quant à Joseph, il peut évoquer Joseph Bonaparte qui fut le parrain de l'enfant avec le grand-duc de Wurtzbourg[3]. Les prénoms de François, Joseph et Charles sont communs au répertoire anthroponymique des deux familles Bonaparte et Habsbourg-Lorraine.
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+ Le fils de l'empereur Napoléon Ier est aussi, par sa mère, doublement l'arrière-petit-neveu de la reine Marie-Antoinette et du roi Louis XVI. Marie-Louise avait en effet pour grand-mère maternelle Marie-Caroline d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, reine consort de Naples et épouse de Ferdinand de Bourbon, petit-fils du roi d'Espagne Philippe V, lui-même petit-fils du roi Louis XIV[4], et pour grand-père paternel l'empereur Léopold II, frère de la reine Marie-Antoinette.
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+ La maison du roi de Rome avait été organisée avant sa naissance. Le choix de la gouvernante se porta, le 22 octobre 1810, sur Louise Charlotte Le Tellier de Louvois-Courtanvaux de Montmirail, qui avait épousé en 1780 le baron puis comte de Montesquiou-Fezensac. Dans le but de préparer le décret et le brevet de nomination de la comtesse de Montesquiou comme gouvernante des enfants de France, on reprit les lettres patentes du 9 avril 1722 nommant Anne Julie Adélaïde de Melun, princesse de Soubise, gouvernante des enfants et petits-enfants de France. La comtesse de Montesquiou gouvernera la maison constituée de sous-gouvernantes, berceuses, nourrices, garçons et filles de garde-robes, écuyers, huissiers, maîtres d'hôtels[5]…
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+ La Constitution du 28 floréal an XII (18 mai 1804) octroie le titre de « prince impérial » au fils aîné de l'empereur et celui de « prince français » aux autres princes dynastes.
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27
+ Le jeune prince reçoit, dès sa naissance, le titre de roi de Rome, en vertu de l'article 7 du sénatus-consulte du 17 février 1810, dont le titre premier était intitulé « de la réunion des États de Rome à l'Empire ». Ce titre rappelait aussi au pape Pie VII que Rome n'était plus que le chef-lieu de l'un des 130 départements français. L'article 10 du sénatus-consulte prévoyait que les empereurs des Français, après avoir été couronnés à Notre-Dame de Paris, le seraient également dans Saint-Pierre de Rome, « avant la dixième année de leur règne ». Ce qui peut laisser entendre que l'Empereur prévoyait peut-être pour lui-même une telle cérémonie par analogie avec le couronnement de Charlemagne en 800, cérémonie à laquelle il aurait pu associer son fils[6]. L'Empereur avait envisagé de faire couronner son fils roi de Rome par le pape, mais la dégradation de ses relations avec ce dernier et la chute de l'Empire français empêchèrent la réalisation de ce projet.
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29
+ Napoléon Ier décida de donner la plus grande solennité au baptême de son fils, dont le cérémonial fut repris de celui ayant servi pour le baptême de Louis Joseph, premier dauphin de France de Louis XVI. Le baptême a lieu le 9 juin 1811 à la cathédrale Notre-Dame de Paris[7][source insuffisante]. Il n'est pas étonnant qu'ait pu paraître en 1811 un ouvrage intitulé : Recherches sur le couronnement des fils aînés des rois, héritiers du trône français et la prestation de fidélité du vivant de leur père[8].
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+ Le titre de roi de Rome impliquait en outre que l'on s'adressât à l'enfant en l'appelant Sire ou Votre Majesté.
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33
+ En outre, Napoléon captait ainsi l'héritage du Saint-Empire romain germanique : en effet, les électeurs avaient la possibilité de désigner un successeur du vivant de l'empereur, et cet héritier recevait le titre de roi des Romains.
34
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35
+ Napoléon a décidé de donner à Rome le statut officiel de seconde ville de l'Empire français, et elle apparaît comme telle sur la médaille des bonnes villes de l'Empire[9].
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37
+ Le titre de roi de Rome permit aux artistes d'associer dans leurs œuvres le fils de Napoléon Ier à la Ville éternelle et à tout ce que le nom de cette dernière avait comme charge symbolique, historique et poétique. Ainsi, le peintre Innocent Louis Goubaud représente le jeune prince, couché dans son berceau, jetant un regard sur Rome ; c'est au Capitole que l'artiste Joseph Odevaere situe l'enfant ; Joseph Antoine Romagnesi réalisa une sculpture de Minerve protégeant l'enfance de S.M. le roi de Rome où la déesse protectrice de Rome couvre l'enfant qui s'appuie sur la Louve de son bouclier. Une médaille gravée par Thomas Mercandetti représente l'enfant assis sur les genoux de la déesse Rome, tenant dans sa main droite la main de justice, avec à ses pieds la louve et les jumeaux Romulus et Rémus[10]. Une des réalisations les plus spectaculaires mettant en scène la naissance du roi de Rome et ayant pour référence la Ville éternelle est la commande passée en septembre 1811 par le Sénat pour l'ameublement de la grande salle du premier étage du palais du Luxembourg : furent commandés les sièges, les couvertures à velours peint représentant des vues de la ville et huit grands panneaux de tentures ; sept des panneaux représentent les sites les plus prestigieux de la ville[11].
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+ À Meudon, Napoléon attribue à son fils le Château-Neuf, construit au début du XVIIIe siècle par le Grand Dauphin. L'empereur songe à en faire « l'école des Rois », où seraient éduqués tous les princes de sa maison destinés à régner sur l'Europe. D'importantes commandes de mobilier sont faites à cette époque. L'héritier de la couronne impériale fera ses premiers pas là où le premier fils de Louis XVI avait effectué sa dernière promenade.
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+ Soucieuse de former dès son plus jeune âge le roi de Rome à la lecture, Mme de Montesquiou, surnommée « maman Quiou » par l'enfant, souhaita débuter au plus tôt l'apprentissage de la lecture ; elle fit appel à la méthode mise au point par Mme de Genlis pour l'éducation des enfants du duc de Chartres. Proche de la méthode syllabique, elle la complétait en associant une image à un son[15].
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+ Par ailleurs, on chercha à développer chez le jeune prince le goût de la lecture et on lui constitua donc une bibliothèque. Quelques mois après sa naissance, le roi de Rome était abonné à plusieurs journaux comme Le Moniteur, Le Journal de l'Empire, La Gazette de France. De nombreux ouvrages sont commandés pour lui donner une solide éducation religieuse, morale, historique et militaire. On peut citer notamment les Anecdotes chrétiennes, les Anecdotes militaires, les Figures de la Bible, les Fastes de la Nation française et des puissances alliées, les vues des Ports de mer de France, le Dictionnaire historique des Grands Hommes.
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+ Du fait de l'importance de l'armée sous le Premier Empire et afin de faire naître chez le roi de Rome le goût des choses militaires, Mme de Montesquiou lui offrit pour son premier anniversaire « un cavalier lancier polonais roulant et mouvant » et on le forma à l'uniformologie très jeune[16].
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+ Mme de Montesquiou tenait néanmoins à diversifier l'éducation de l'héritier de l'Empire français : elle lui fit donc livrer, dès décembre 1811, « un piano à trois octaves, boîte en acajou et touches en ivoire ».
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+ Rétrospectivement, on peut estimer que Napoléon et son fils ont vécu très peu de temps ensemble : la dernière fois qu'il le vit fut le 24 janvier 1814[17], et il l'embrassa – ainsi que l'impératrice – avant d'engager la campagne de France. Ce furent donc de brefs rapports entre un père accaparé par la guerre et un très jeune enfant. Au cours de ces deux années, dix mois et quatre jours (de la naissance de l'enfant jusqu'à la séparation définitive), il y eut cinq moments où la vie commune fut possible :
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+ Cumulées, ces cinq périodes représentaient seulement un an, cinq mois et vingt-deux jours, soit la moitié du laps de temps séparant les mois de mars 1811 et janvier 1814. L'enfant n'ayant commencé à parler qu'aux heures de la campagne de Russie[18], Napoléon n'a donc pu que jouer avec son fils.
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+
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+ Cette courte relation a été relatée par des témoins ou artistes sous une forme qui tranchait avec les principes en vigueur jusqu'alors : c'est généralement le portrait d'un père plutôt aimant et attentionné envers un garçonnet revêtu d'un enjeu dynastique et politique important. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'Empereur bénéficia d'un retour en grâce dans la pensée académique officielle[19] et le souvenir de cette période française du roi de Rome fit l'objet, en France, d'ouvrages historiques ou destinés aux enfants.
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+ Après la campagne de France et la prise de Paris, Marie-Louise et son fils résidèrent à Rambouillet puis à Blois et Napoléon à Fontainebleau[20].
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+ Le 4 avril 1814, Napoléon rédigea un acte d'abdication conditionnelle, réservant les droits de son fils. Le 6 avril 1814, Napoléon dut finalement renoncer à la couronne pour lui et sa descendance, le Sénat refusant de conserver le régime impérial au profit d'une restauration des Bourbons. Le jeune Napoléon ne devint donc pas empereur en avril 1814, entre l'abdication conditionnelle du 4 avril 1814 et l'abdication sans condition du 6 avril 1814. Napoléon fit ses adieux à ses troupes le 20 avril 1814 à Fontainebleau et partit pour l'île d'Elbe, refusant que sa femme et son fils le rejoignissent[20]. Un convoi emmenant Marie-Louise et son fils à Vienne partit le 23 avril 1814.
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+ Par le traité de Fontainebleau du 11 avril 1814 (article 5), le jeune Napoléon fut nommé prince de Parme, étant le fils et l'héritier de la nouvelle duchesse souveraine de Parme et de Plaisance. Cependant, le traité du 10 juin 1817 retira définitivement au fils de Marie-Louise à la fois son titre de prince et ses droits sur Parme qui avaient déjà été remis en cause par l'article 99 de l'acte du congrès de Vienne du 9 juin 1815 et désormais dévolus aux Bourbon-Parme, qui devaient succéder à la duchesse.
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+ Marie-Louise finit par laisser son fils à Vienne pour s'en aller régner à Parme à titre viager. Certains soutinrent que son fils était un bâtard au motif que le mariage de Joséphine avec Napoléon n'avait pas été annulé par le pape en personne.
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+ Sous les Cent-Jours, l'acte additionnel aux constitutions de l'Empire du 22 avril 1815 rendit au fils de Napoléon Ier restauré le titre de prince impérial. À la fin des Cent-Jours, l'abdication faite au palais de l'Élysée le 22 juin 1815 indiquait : « ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils, sous le titre de Napoléon II, empereur des Français »[21]. Cette proclamation est approuvée par le Parlement, Chambre des représentants et Chambre des pairs.
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+ Une commission de gouvernement, présidée par Fouché, se mit en place pour établir — en principe — la régence du nouvel empereur, âgé de quatre ans et qui se trouvait alors à Vienne, mais les actes qu'elle promulgua ne faisaient pas référence à Napoléon II et furent rédigés « au nom du Peuple français » dès le 26 juin 1815. Fouché, censé diriger le pays au nom de Napoléon II, ne se soucia guère de cet enfant absent de France et prit des contacts avec les royalistes en vue de préparer l'avenir. L'avancée des troupes britanniques et prussiennes jusqu'à Paris, après leur victoire à Waterloo, amena la commission à se séparer le 7 juillet 1815, sans avoir réussi à se mettre d'accord sur une proclamation officielle de Napoléon II. Louis XVIII rentra à Paris le lendemain pour y régner à nouveau.
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+ Napoléon II aura été « empereur des Français » durant deux semaines, alors qu'il ne se trouvait pas en France[22]. Ce fut en raison du règne, aussi bref que théorique, de Napoléon II que Louis-Napoléon Bonaparte se proclama empereur des Français sous le nom de Napoléon III.
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+ François Ier d'Autriche traita dans les faits celui qui avait été brièvement proclamé empereur des Français sous le nom de Napoléon II comme un membre de sa famille et il le fit élever parmi les archiducs d'Autriche. Dans la mesure où il fut décidé que le titre de duc de Parme devait revenir aux Bourbons à la mort de l'impératrice Marie-Louise, il fallut décider du statut du fils de Napoléon Ier. De fait, si ce dernier exprima dans son testament le souhait que son fils se souvînt toujours qu'il était né prince français, l'empereur d'Autriche et les membres de sa cour et de son gouvernement firent tout pour éteindre cette identité.
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+ François Ier d'Autriche souhaita donc lui conférer un titre, des armes, des revenus qui lui permettent de tenir son rang à la cour et d'exister sous un nom ne reflétant pas sa filiation. À cette fin, le 22 juillet 1818, il délivra plusieurs lettres patentes. La première érige en duché le domaine de Reichstadt, la deuxième lui attribue le titre de duc de Reichstadt avec le prédicat d'altesse sérénissime, la troisième lui assure ces terres par acte de donation. Il érigea la ville de Reichstadt en duché héréditaire et fixa par quatre lettres patentes impériales du 22 juillet 1818 le titre, les armes, le rang et les revenus de son petit-fils[23]. L'empereur François Ier d'Autriche précisait également que le duc de Reichstadt devait prendre rang, tant à sa Cour que dans l'étendue de l'empire d'Autriche, immédiatement après les princes de sa famille et les archiducs d'Autriche. À la cour, il était appelé « Franz », comme son grand-père[24].
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+ Le 30 août 1818, l'empereur François Ier d'Autriche prit par disposition particulière dans la perspective d'un mariage du duc, la décision d'ériger en majorat ces terres en faveur d'une descendance masculine[25].
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+ Reichstadt était une petite ville de Bohême et s'appelle aujourd'hui Zákupy et fait partie de la République tchèque. Son nom allemand signifie « ville impériale », ce qui peut être compris comme « ville libre » car dépendant directement de l'empereur. Le duché de Reichstadt n'était pas un duché souverain. Son titulaire ne s'y rendit jamais.
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+ Les armes du duc de Reichstadt sont « de gueules à la fasce d'or, à deux lions passants d'or, tournés à droite, l'un en chef et l'autre en pointe ». La lettre patente détaille l'ensemble des armoiries du prince : « l'écu oval posé sur un manteau ducal et timbré d'une couronne de duc ; pour supports, deux griffons de sable, armés, becqués et couronnés d'or, tenant des bannières sur lesquelles sont répétées les armes ducales »[24].
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+ Il fut également chéri par toute sa famille Habsbourg-Lorraine, archiducs et archiduchesses d'Autriche, qui avaient beaucoup de mal à comprendre l'attitude de leur sœur et tante Marie-Louise, retenue trop souvent dans son duché de Parme en plus de ses obligations souveraines par d'autres enfants, nés de son mariage hâtif avec le comte de Neipperg, d'où est issue la branche des princes de Montenuovo.
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+ L'empereur François avait donné l'ordre qu'il ne lui fût pas parlé de son père (appelé « le souverain usurpateur » à la cour autrichienne), mais si le sujet devait être abordé, il ne devait en aucun cas en être dit du mal, l'Empereur et toute la famille impériale d'Autriche ayant conservé leur admiration à l'ennemi vaincu[réf. nécessaire]. Le duc de Reichstadt obtint néanmoins l'autorisation de pouvoir consulter la grande bibliothèque impériale de Vienne, si bien qu'il réapprit le français[réf. nécessaire] en lisant les Lettres de Madame de Sévigné, redécouvrit son père en parcourant les ouvrages sur l'épopée napoléonienne et surtout Le Mémorial de Sainte-Hélène dans lequel Napoléon Ier s'adressait à son fils lorsqu'il aurait seize ans.
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+ La légende du duc de Reichstadt coupé de son père, de son pays et d'un enfant « germanisé » par Metternich est forgée par le poète Barthélemy, mortifié de ne pas avoir été reçu à la Cour de Vienne pour présenter l'épopée de Bonaparte Napoléon en Égypte[20].
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+ Le duc de Reichstadt fut proche de sa tante par alliance l'archiduchesse Sophie, née Sophie de Bavière et épouse de l'archiduc François-Charles. Sophie, qui n'avait que six ans de plus que l'Aiglon, était déjà mère de l'archiduc François-Joseph (futur empereur d'Autriche-Hongrie).
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+ L'archiduchesse Sophie, comme son père le roi Maximilien Ier Joseph de Bavière, qui devait son trône à Napoléon Ier, était une fervente bonapartiste. Sa sœur aînée, la princesse Augusta de Bavière avait épousé, sur ordre de Napoléon, le prince Eugène de Beauharnais, mariage qui se révéla des plus heureux. L'archiduchesse Sophie, comme ses frères et sœurs, avaient une réelle affection pour leur beau-frère. Ce lien dut certainement jouer dans les rapports affectifs de l'archiduchesse Sophie et du duc de Reichstadt[26].
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+ Bien qu'enceinte de plusieurs mois, l'archiduchesse Sophie assista le duc de Reichstadt dans les derniers mois de sa vie. Une rumeur persistante à l'époque voyait en Maximilien, futur empereur du Mexique sous le nom de Maximiliano, le fils de Napoléon II, ce dont Napoléon III aurait été convaincu[27]. Les autres enfants que Sophie mit au monde après Ferdinand-Maximilien auraient bien été ceux de son époux l'archiduc François-Charles.
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+ Le duc de Reichstadt eut plusieurs professeurs chargés de son instruction : Collin pour le latin et le grec, Foresti pour les mathématiques et les éléments de stratégie, Baumgartner pour la physique, la chimie et les sciences naturelles, Pina et Foresti pour l’italien. Deux Français, Podewin et Barthélemy, lui enseignèrent des rudiments de français. Pour la danse, il eut le maître de ballet Philippe Taglioni[28].
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+ Durant l’été 1822, l’empereur François nomma son petit-fils caporal : l’enfant en tira une très grande fierté et, lors du repas familial qui suivit, il apparut en uniforme, prenant place tout au bout de la table, pour laisser la place aux généraux présents. Fin 1826, il prit la décision de devenir officier et il reçut une formation à cet effet. Cette décision est peut-être liée au fait qu’il ait eu libre accès à la bibliothèque impériale, où au sortir de l'adolescence il dévora le Mémorial et autres ouvrages récemment parus au sujet de son père. Le 17 août 1828, son grand-père le nomma capitaine dans son régiment de chasseurs tyroliens. Pour le récompenser, Marie-Louise lui donna le sabre des Pyramides. À la fin du mois de juin 1829, Franz prit part, régulièrement, aux manœuvres de son bataillon, à Mauer. Il fut nommé chef de bataillon au régiment Lamezan-Salins (no 54), au début du mois de juillet 1830. Le 14 juin 1831, il prend son service au régiment d’infanterie hongroise no 60 (colonel Gyulai, puis colonel Wasa).
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+ En juillet 1830, on cria « Vive Napoléon II » dans les rues de Paris.
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+ Au Royaume-Uni des Pays-Bas, les Belges, début novembre 1830, érigeaient leur pays en royaume souverain. On évoqua la candidature du duc de Reichstadt. Mais l’idée allait à l’encontre de la recommandation que Napoléon lui avait faite, de ne jamais oublier qu’il était né prince français.
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+ Fin novembre 1830, le même vent de contestation atteignit la Pologne. Un ancien de la Grande Armée, le général Chlopicki de Necznia, prit le pouvoir, et on cria « Vive Napoléon, roi de Pologne » à Varsovie. L’idée d’aller se mettre au service de ce peuple qui avait fait preuve d’attachement à son père put plaire au fils, qui ne fit pas son chemin malgré une campagne menée jusque dans le salon de Metternich.
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+ Une remarque de Friedrich von Gentz révèle l’état d’esprit qui régnait à cette époque au sujet du duc de Reichstadt : « Le petit Napoléon est un objet de désordre et de peur pour la plupart des cabinets européens. Il faut avoir entendu les conversations des dernières années, pour savoir jusqu’à quel point le nom de cet enfant énervait et effrayait même les ministres les plus habiles et être au courant de tout ce qu’ils inventaient et proposaient pour au moins faire oublier son existence. »
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+ Dès le début de l'année 1832, alors qu'il reprenait son service militaire, son état se dégrada (nombreuses congestions pulmonaires, pneumonie le clouant au lit), les médecins — son médecin personnel le docteur Malfatti, les docteurs Raiman et Vichrer, Vivenot et Turcken appelés pour le suppléer lorsque l'affection s'aggrave — le soignant à tort pour son foie (par incompétence ou malveillance[29] ?) alors qu'il était atteint de la tuberculose. Metternich empêcha sa guérison en refusant qu'il rejoignît sa mère[réf. nécessaire]. Le 15 avril, les médecins le considérèrent comme perdu, ce qui valut à Napoléon II de constater amèrement : « Ma naissance et ma mort, voilà toute mon histoire. Entre mon berceau et ma tombe, il y a un grand zéro ». Sa mère, prévenue, ne le rejoignit à Vienne que le dimanche 24 juin, alors qu'il était déjà mourant. Il s'éteignit le 22 juillet 1832 de la tuberculose, en étouffant dans ses mains une grive qu'il avait apprivoisée[30][source insuffisante].
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105
+ Napoléon II mourut sans alliance ni postérité. Après l’autopsie, le cœur fut placé dans un vase canope, pour être gardé dans la crypte des Augustins (les cœurs de tous les Habsbourg y sont rangés depuis 1864[31]), les viscères étant enfermés dans une urne en argent, scellée dans une boîte métallique, destinée à la crypte de la cathédrale Saint-Étienne. Puis, le duc de Reichstadt, revêtu de son uniforme blanc de colonel du régiment d’infanterie Nassau, fut présenté au public, dans un cercueil habillé de velours rouge, sur une table recouverte d’un drap noir, dans le salon des Laques.
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+ Le corps fut plus tard transporté de nuit, sur une civière tirée par deux barbeaux, et entourée d’officiers à cheval du régiment de Wasa à la chapelle de la Hofburg, où il fut veillé. Devant le catafalque étaient présentées ses armes, ainsi que l’urne contenant son cœur et celle contenant ses entrailles. Des officiers de la Garde formaient le piquet d’honneur. Une foule nombreuse, malgré l’heure tardive, vint défiler devant la dépouille.
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+ Le 27 juillet 1832, selon le cérémonial ancestral prévu pour un archiduc, Napoléon II, après avoir été transporté de la Hofburg, sur le catafalque rouge et or des archiducs, par la Michaelerplatz et l’Augustinerstrasse, jusqu’au Neuermarkt, est descendu dans la crypte des Capucins, la Kapuzinergruft....
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+ Sur le cercueil, une plaque de cuivre ornée d'une croix tréflée portait une inscription en latin, datée du 22 juillet 1832[32] :
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+ « AETERNAE. MEMORIAE IOS. CAR. FRANCISCI. DUCIS. REICHSTADIENSIS NAPOLEONIS. GALL. IMPERATORIS ET MAR. LVDUVICAE. ARCH. AVSTR. FILII NATI. PARISIIS. XX. MART. MDCCCXI. IN. CVNABVLIS REGIS ROMAE. NOMINE. SALVTATI AETATE. OMNIBVS. INGENII. COPORISQVE DOTIBVS FLORENTEM PROCERA. STATVRA. VVLTV. IVVNILITER. DECORSO SINGVLARI. SERMONIS. COMITATE MILITARIBVS. STVDIIS. ET. LABORIBVS MIRE. INTENTVM PHTISIS. TENTATVIT TRISTISSIMA. MORS. RAPVIT. SVBVRBANO. AVGVSTORVM. AD. PVLCHRVM FONTEM PROPE. VINDOBONAM XXII. IVLII. MDCCCXXXII. »
114
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115
+ Ce fut le seul document à mentionner, en Autriche, que le corps enfermé dans ce cercueil était le fils de Napoléon, empereur des Français et, par sa naissance, roi de Rome.
116
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117
+ Soucieux d'améliorer son image aux yeux des Français, Hitler décida en 1940 du rapatriement des cendres de l'Aiglon en France. Une cérémonie funèbre et nocturne eut lieu aux Invalides, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1940, devant une assistance triée sur le volet. Cette cérémonie franco-allemande, conçue pour coïncider avec le 100e anniversaire du retour des cendres de l'Empereur en France, eut lieu dans une atmosphère glaciale, dans tous les sens du terme, en raison de la crise qui avait éclaté entre le Reich et Vichy après le renvoi de Pierre Laval. Goguenards, les Parisiens murmuraient : « Ils nous prennent le charbon et ils nous rendent les cendres ! »[33].
118
+
119
+ Le 18 décembre 1969, le sarcophage[34] est déplacé dans la crypte, sous une dalle de marbre. Le tombeau est dominé par une statue de Pierre Charles Simart représentant Napoléon Ier en Imperator romain[35].
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121
+ Le souvenir du fils de Napoléon se perpétua au travers d'œuvres et d'hommages posthumes.
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+ Napoléon II a porté différentes armoiries correspondant aux statuts qui furent successivement les siens.
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+
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+ Armoiries du roi de Rome.
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+ Armoiries de l'empereur des Français.
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+ Armoiries du duc de Reichstadt, 1818-32.
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+ Variante des armoiries du duc de Reichstadt.
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+ Le Roi de Rome par Henri-Joseph Rutxhiel.
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+ L'Impératrice Marie-Louise veillant sur le sommeil du roi de Rome par Joseph-Boniface Franque.
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+ L'Impératrice Marie-Louise par François Gérard.
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+ Peinture populaire de Napoléon II (Colmar).
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+ Le Duc de Reichstadt en uniforme blanc de colonel, par Moritz Michael Daffinger.
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+ Le Duc de Reichstadt par Pietro Tenerani.
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+ Le Duc de Reichstadt.
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+ Napoléon François Joseph Charles Bonaparte, né le 20 mars 1811 au palais des Tuileries, à Paris, et mort le 22 juillet 1832 au palais de Schönbrunn, à Vienne, est le fils et l'héritier de Napoléon Ier, empereur des Français, et de sa seconde épouse, Marie-Louise d'Autriche[1].
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+ Prince impérial, il est titré roi de Rome à sa naissance.
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+ En 1814, il est évincé par le Sénat à la suite de la prise de Paris par les armées coalisées et de la première abdication de son père. En 1815, à la fin des Cent-Jours, il est proclamé successeur par son père, lors de la seconde abdication de ce dernier, sous le nom de Napoléon II. L'Assemblée, comme la commission censée régner en son nom, s'abstiennent cependant de proclamer officiellement comme empereur l'héritier impérial qui, âgé de 4 ans, se trouve alors en Autriche. Le « règne » de Napoléon II s'achève au bout de deux semaines lorsque Louis XVIII, soutenu par les armées coalisées, entre dans Paris.
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+ Il porte ensuite le titre de prince de Parme, et enfin celui de duc de Reichstadt qui lui est donné par son grand-père l'empereur d'Autriche.
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+ L'ex-Napoléon II passe le reste de sa vie en Autriche : jusqu'à sa mort à l'âge de 21 ans, il est reconnu par les bonapartistes comme l'héritier du trône impérial.
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+ Son surnom de l'Aiglon lui a été attribué à titre posthume, et a été popularisé par la pièce de théâtre d'Edmond Rostand L'Aiglon, le rôle-titre étant créé le 15 mars 1900 par la tragédienne Sarah Bernhardt.
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17
+ Le 20 mars 1811, les vœux de Napoléon sont comblés : Marie-Louise d'Autriche lui donne l'héritier qu'il a tant désiré, car c’est pour l'avoir qu’il a divorcé de Joséphine de Beauharnais. Après l'accouchement difficile de Marie-Louise d'Autriche, sa naissance est annoncée par cent un coups de canon dans Paris, comme convenu dans le cas de la naissance d'un garçon (et 21 s'il s'était agi d'une fille)[2].
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19
+ Son acte de naissance figurant dans un registre spécial indique : « Sa Majesté l'Empereur et Roi nous a déclaré que son intention était que le roi de Rome reçût les prénoms de Napoléon, François, Joseph, Charles. » Napoléon était le prénom de son père, François celui de son grand-père maternel et Charles celui de son grand-père paternel ; quant à Joseph, il peut évoquer Joseph Bonaparte qui fut le parrain de l'enfant avec le grand-duc de Wurtzbourg[3]. Les prénoms de François, Joseph et Charles sont communs au répertoire anthroponymique des deux familles Bonaparte et Habsbourg-Lorraine.
20
+
21
+ Le fils de l'empereur Napoléon Ier est aussi, par sa mère, doublement l'arrière-petit-neveu de la reine Marie-Antoinette et du roi Louis XVI. Marie-Louise avait en effet pour grand-mère maternelle Marie-Caroline d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, reine consort de Naples et épouse de Ferdinand de Bourbon, petit-fils du roi d'Espagne Philippe V, lui-même petit-fils du roi Louis XIV[4], et pour grand-père paternel l'empereur Léopold II, frère de la reine Marie-Antoinette.
22
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23
+ La maison du roi de Rome avait été organisée avant sa naissance. Le choix de la gouvernante se porta, le 22 octobre 1810, sur Louise Charlotte Le Tellier de Louvois-Courtanvaux de Montmirail, qui avait épousé en 1780 le baron puis comte de Montesquiou-Fezensac. Dans le but de préparer le décret et le brevet de nomination de la comtesse de Montesquiou comme gouvernante des enfants de France, on reprit les lettres patentes du 9 avril 1722 nommant Anne Julie Adélaïde de Melun, princesse de Soubise, gouvernante des enfants et petits-enfants de France. La comtesse de Montesquiou gouvernera la maison constituée de sous-gouvernantes, berceuses, nourrices, garçons et filles de garde-robes, écuyers, huissiers, maîtres d'hôtels[5]…
24
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25
+ La Constitution du 28 floréal an XII (18 mai 1804) octroie le titre de « prince impérial » au fils aîné de l'empereur et celui de « prince français » aux autres princes dynastes.
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27
+ Le jeune prince reçoit, dès sa naissance, le titre de roi de Rome, en vertu de l'article 7 du sénatus-consulte du 17 février 1810, dont le titre premier était intitulé « de la réunion des États de Rome à l'Empire ». Ce titre rappelait aussi au pape Pie VII que Rome n'était plus que le chef-lieu de l'un des 130 départements français. L'article 10 du sénatus-consulte prévoyait que les empereurs des Français, après avoir été couronnés à Notre-Dame de Paris, le seraient également dans Saint-Pierre de Rome, « avant la dixième année de leur règne ». Ce qui peut laisser entendre que l'Empereur prévoyait peut-être pour lui-même une telle cérémonie par analogie avec le couronnement de Charlemagne en 800, cérémonie à laquelle il aurait pu associer son fils[6]. L'Empereur avait envisagé de faire couronner son fils roi de Rome par le pape, mais la dégradation de ses relations avec ce dernier et la chute de l'Empire français empêchèrent la réalisation de ce projet.
28
+
29
+ Napoléon Ier décida de donner la plus grande solennité au baptême de son fils, dont le cérémonial fut repris de celui ayant servi pour le baptême de Louis Joseph, premier dauphin de France de Louis XVI. Le baptême a lieu le 9 juin 1811 à la cathédrale Notre-Dame de Paris[7][source insuffisante]. Il n'est pas étonnant qu'ait pu paraître en 1811 un ouvrage intitulé : Recherches sur le couronnement des fils aînés des rois, héritiers du trône français et la prestation de fidélité du vivant de leur père[8].
30
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31
+ Le titre de roi de Rome impliquait en outre que l'on s'adressât à l'enfant en l'appelant Sire ou Votre Majesté.
32
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33
+ En outre, Napoléon captait ainsi l'héritage du Saint-Empire romain germanique : en effet, les électeurs avaient la possibilité de désigner un successeur du vivant de l'empereur, et cet héritier recevait le titre de roi des Romains.
34
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35
+ Napoléon a décidé de donner à Rome le statut officiel de seconde ville de l'Empire français, et elle apparaît comme telle sur la médaille des bonnes villes de l'Empire[9].
36
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37
+ Le titre de roi de Rome permit aux artistes d'associer dans leurs œuvres le fils de Napoléon Ier à la Ville éternelle et à tout ce que le nom de cette dernière avait comme charge symbolique, historique et poétique. Ainsi, le peintre Innocent Louis Goubaud représente le jeune prince, couché dans son berceau, jetant un regard sur Rome ; c'est au Capitole que l'artiste Joseph Odevaere situe l'enfant ; Joseph Antoine Romagnesi réalisa une sculpture de Minerve protégeant l'enfance de S.M. le roi de Rome où la déesse protectrice de Rome couvre l'enfant qui s'appuie sur la Louve de son bouclier. Une médaille gravée par Thomas Mercandetti représente l'enfant assis sur les genoux de la déesse Rome, tenant dans sa main droite la main de justice, avec à ses pieds la louve et les jumeaux Romulus et Rémus[10]. Une des réalisations les plus spectaculaires mettant en scène la naissance du roi de Rome et ayant pour référence la Ville éternelle est la commande passée en septembre 1811 par le Sénat pour l'ameublement de la grande salle du premier étage du palais du Luxembourg : furent commandés les sièges, les couvertures à velours peint représentant des vues de la ville et huit grands panneaux de tentures ; sept des panneaux représentent les sites les plus prestigieux de la ville[11].
38
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39
+ À Meudon, Napoléon attribue à son fils le Château-Neuf, construit au début du XVIIIe siècle par le Grand Dauphin. L'empereur songe à en faire « l'école des Rois », où seraient éduqués tous les princes de sa maison destinés à régner sur l'Europe. D'importantes commandes de mobilier sont faites à cette époque. L'héritier de la couronne impériale fera ses premiers pas là où le premier fils de Louis XVI avait effectué sa dernière promenade.
40
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41
+ Soucieuse de former dès son plus jeune âge le roi de Rome à la lecture, Mme de Montesquiou, surnommée « maman Quiou » par l'enfant, souhaita débuter au plus tôt l'apprentissage de la lecture ; elle fit appel à la méthode mise au point par Mme de Genlis pour l'éducation des enfants du duc de Chartres. Proche de la méthode syllabique, elle la complétait en associant une image à un son[15].
42
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43
+ Par ailleurs, on chercha à développer chez le jeune prince le goût de la lecture et on lui constitua donc une bibliothèque. Quelques mois après sa naissance, le roi de Rome était abonné à plusieurs journaux comme Le Moniteur, Le Journal de l'Empire, La Gazette de France. De nombreux ouvrages sont commandés pour lui donner une solide éducation religieuse, morale, historique et militaire. On peut citer notamment les Anecdotes chrétiennes, les Anecdotes militaires, les Figures de la Bible, les Fastes de la Nation française et des puissances alliées, les vues des Ports de mer de France, le Dictionnaire historique des Grands Hommes.
44
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45
+ Du fait de l'importance de l'armée sous le Premier Empire et afin de faire naître chez le roi de Rome le goût des choses militaires, Mme de Montesquiou lui offrit pour son premier anniversaire « un cavalier lancier polonais roulant et mouvant » et on le forma à l'uniformologie très jeune[16].
46
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+ Mme de Montesquiou tenait néanmoins à diversifier l'éducation de l'héritier de l'Empire français : elle lui fit donc livrer, dès décembre 1811, « un piano à trois octaves, boîte en acajou et touches en ivoire ».
48
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49
+ Rétrospectivement, on peut estimer que Napoléon et son fils ont vécu très peu de temps ensemble : la dernière fois qu'il le vit fut le 24 janvier 1814[17], et il l'embrassa – ainsi que l'impératrice – avant d'engager la campagne de France. Ce furent donc de brefs rapports entre un père accaparé par la guerre et un très jeune enfant. Au cours de ces deux années, dix mois et quatre jours (de la naissance de l'enfant jusqu'à la séparation définitive), il y eut cinq moments où la vie commune fut possible :
50
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51
+ Cumulées, ces cinq périodes représentaient seulement un an, cinq mois et vingt-deux jours, soit la moitié du laps de temps séparant les mois de mars 1811 et janvier 1814. L'enfant n'ayant commencé à parler qu'aux heures de la campagne de Russie[18], Napoléon n'a donc pu que jouer avec son fils.
52
+
53
+ Cette courte relation a été relatée par des témoins ou artistes sous une forme qui tranchait avec les principes en vigueur jusqu'alors : c'est généralement le portrait d'un père plutôt aimant et attentionné envers un garçonnet revêtu d'un enjeu dynastique et politique important. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'Empereur bénéficia d'un retour en grâce dans la pensée académique officielle[19] et le souvenir de cette période française du roi de Rome fit l'objet, en France, d'ouvrages historiques ou destinés aux enfants.
54
+
55
+ Après la campagne de France et la prise de Paris, Marie-Louise et son fils résidèrent à Rambouillet puis à Blois et Napoléon à Fontainebleau[20].
56
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57
+ Le 4 avril 1814, Napoléon rédigea un acte d'abdication conditionnelle, réservant les droits de son fils. Le 6 avril 1814, Napoléon dut finalement renoncer à la couronne pour lui et sa descendance, le Sénat refusant de conserver le régime impérial au profit d'une restauration des Bourbons. Le jeune Napoléon ne devint donc pas empereur en avril 1814, entre l'abdication conditionnelle du 4 avril 1814 et l'abdication sans condition du 6 avril 1814. Napoléon fit ses adieux à ses troupes le 20 avril 1814 à Fontainebleau et partit pour l'île d'Elbe, refusant que sa femme et son fils le rejoignissent[20]. Un convoi emmenant Marie-Louise et son fils à Vienne partit le 23 avril 1814.
58
+
59
+ Par le traité de Fontainebleau du 11 avril 1814 (article 5), le jeune Napoléon fut nommé prince de Parme, étant le fils et l'héritier de la nouvelle duchesse souveraine de Parme et de Plaisance. Cependant, le traité du 10 juin 1817 retira définitivement au fils de Marie-Louise à la fois son titre de prince et ses droits sur Parme qui avaient déjà été remis en cause par l'article 99 de l'acte du congrès de Vienne du 9 juin 1815 et désormais dévolus aux Bourbon-Parme, qui devaient succéder à la duchesse.
60
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61
+ Marie-Louise finit par laisser son fils à Vienne pour s'en aller régner à Parme à titre viager. Certains soutinrent que son fils était un bâtard au motif que le mariage de Joséphine avec Napoléon n'avait pas été annulé par le pape en personne.
62
+
63
+ Sous les Cent-Jours, l'acte additionnel aux constitutions de l'Empire du 22 avril 1815 rendit au fils de Napoléon Ier restauré le titre de prince impérial. À la fin des Cent-Jours, l'abdication faite au palais de l'Élysée le 22 juin 1815 indiquait : « ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils, sous le titre de Napoléon II, empereur des Français »[21]. Cette proclamation est approuvée par le Parlement, Chambre des représentants et Chambre des pairs.
64
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65
+ Une commission de gouvernement, présidée par Fouché, se mit en place pour établir — en principe — la régence du nouvel empereur, âgé de quatre ans et qui se trouvait alors à Vienne, mais les actes qu'elle promulgua ne faisaient pas référence à Napoléon II et furent rédigés « au nom du Peuple français » dès le 26 juin 1815. Fouché, censé diriger le pays au nom de Napoléon II, ne se soucia guère de cet enfant absent de France et prit des contacts avec les royalistes en vue de préparer l'avenir. L'avancée des troupes britanniques et prussiennes jusqu'à Paris, après leur victoire à Waterloo, amena la commission à se séparer le 7 juillet 1815, sans avoir réussi à se mettre d'accord sur une proclamation officielle de Napoléon II. Louis XVIII rentra à Paris le lendemain pour y régner à nouveau.
66
+
67
+ Napoléon II aura été « empereur des Français » durant deux semaines, alors qu'il ne se trouvait pas en France[22]. Ce fut en raison du règne, aussi bref que théorique, de Napoléon II que Louis-Napoléon Bonaparte se proclama empereur des Français sous le nom de Napoléon III.
68
+
69
+ François Ier d'Autriche traita dans les faits celui qui avait été brièvement proclamé empereur des Français sous le nom de Napoléon II comme un membre de sa famille et il le fit élever parmi les archiducs d'Autriche. Dans la mesure où il fut décidé que le titre de duc de Parme devait revenir aux Bourbons à la mort de l'impératrice Marie-Louise, il fallut décider du statut du fils de Napoléon Ier. De fait, si ce dernier exprima dans son testament le souhait que son fils se souvînt toujours qu'il était né prince français, l'empereur d'Autriche et les membres de sa cour et de son gouvernement firent tout pour éteindre cette identité.
70
+
71
+ François Ier d'Autriche souhaita donc lui conférer un titre, des armes, des revenus qui lui permettent de tenir son rang à la cour et d'exister sous un nom ne reflétant pas sa filiation. À cette fin, le 22 juillet 1818, il délivra plusieurs lettres patentes. La première érige en duché le domaine de Reichstadt, la deuxième lui attribue le titre de duc de Reichstadt avec le prédicat d'altesse sérénissime, la troisième lui assure ces terres par acte de donation. Il érigea la ville de Reichstadt en duché héréditaire et fixa par quatre lettres patentes impériales du 22 juillet 1818 le titre, les armes, le rang et les revenus de son petit-fils[23]. L'empereur François Ier d'Autriche précisait également que le duc de Reichstadt devait prendre rang, tant à sa Cour que dans l'étendue de l'empire d'Autriche, immédiatement après les princes de sa famille et les archiducs d'Autriche. À la cour, il était appelé « Franz », comme son grand-père[24].
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+ Le 30 août 1818, l'empereur François Ier d'Autriche prit par disposition particulière dans la perspective d'un mariage du duc, la décision d'ériger en majorat ces terres en faveur d'une descendance masculine[25].
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+ Reichstadt était une petite ville de Bohême et s'appelle aujourd'hui Zákupy et fait partie de la République tchèque. Son nom allemand signifie « ville impériale », ce qui peut être compris comme « ville libre » car dépendant directement de l'empereur. Le duché de Reichstadt n'était pas un duché souverain. Son titulaire ne s'y rendit jamais.
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+ Les armes du duc de Reichstadt sont « de gueules à la fasce d'or, à deux lions passants d'or, tournés à droite, l'un en chef et l'autre en pointe ». La lettre patente détaille l'ensemble des armoiries du prince : « l'écu oval posé sur un manteau ducal et timbré d'une couronne de duc ; pour supports, deux griffons de sable, armés, becqués et couronnés d'or, tenant des bannières sur lesquelles sont répétées les armes ducales »[24].
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+ Il fut également chéri par toute sa famille Habsbourg-Lorraine, archiducs et archiduchesses d'Autriche, qui avaient beaucoup de mal à comprendre l'attitude de leur sœur et tante Marie-Louise, retenue trop souvent dans son duché de Parme en plus de ses obligations souveraines par d'autres enfants, nés de son mariage hâtif avec le comte de Neipperg, d'où est issue la branche des princes de Montenuovo.
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+ L'empereur François avait donné l'ordre qu'il ne lui fût pas parlé de son père (appelé « le souverain usurpateur » à la cour autrichienne), mais si le sujet devait être abordé, il ne devait en aucun cas en être dit du mal, l'Empereur et toute la famille impériale d'Autriche ayant conservé leur admiration à l'ennemi vaincu[réf. nécessaire]. Le duc de Reichstadt obtint néanmoins l'autorisation de pouvoir consulter la grande bibliothèque impériale de Vienne, si bien qu'il réapprit le français[réf. nécessaire] en lisant les Lettres de Madame de Sévigné, redécouvrit son père en parcourant les ouvrages sur l'épopée napoléonienne et surtout Le Mémorial de Sainte-Hélène dans lequel Napoléon Ier s'adressait à son fils lorsqu'il aurait seize ans.
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+ La légende du duc de Reichstadt coupé de son père, de son pays et d'un enfant « germanisé » par Metternich est forgée par le poète Barthélemy, mortifié de ne pas avoir été reçu à la Cour de Vienne pour présenter l'épopée de Bonaparte Napoléon en Égypte[20].
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+ Le duc de Reichstadt fut proche de sa tante par alliance l'archiduchesse Sophie, née Sophie de Bavière et épouse de l'archiduc François-Charles. Sophie, qui n'avait que six ans de plus que l'Aiglon, était déjà mère de l'archiduc François-Joseph (futur empereur d'Autriche-Hongrie).
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+ L'archiduchesse Sophie, comme son père le roi Maximilien Ier Joseph de Bavière, qui devait son trône à Napoléon Ier, était une fervente bonapartiste. Sa sœur aînée, la princesse Augusta de Bavière avait épousé, sur ordre de Napoléon, le prince Eugène de Beauharnais, mariage qui se révéla des plus heureux. L'archiduchesse Sophie, comme ses frères et sœurs, avaient une réelle affection pour leur beau-frère. Ce lien dut certainement jouer dans les rapports affectifs de l'archiduchesse Sophie et du duc de Reichstadt[26].
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+ Bien qu'enceinte de plusieurs mois, l'archiduchesse Sophie assista le duc de Reichstadt dans les derniers mois de sa vie. Une rumeur persistante à l'époque voyait en Maximilien, futur empereur du Mexique sous le nom de Maximiliano, le fils de Napoléon II, ce dont Napoléon III aurait été convaincu[27]. Les autres enfants que Sophie mit au monde après Ferdinand-Maximilien auraient bien été ceux de son époux l'archiduc François-Charles.
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+ Le duc de Reichstadt eut plusieurs professeurs chargés de son instruction : Collin pour le latin et le grec, Foresti pour les mathématiques et les éléments de stratégie, Baumgartner pour la physique, la chimie et les sciences naturelles, Pina et Foresti pour l’italien. Deux Français, Podewin et Barthélemy, lui enseignèrent des rudiments de français. Pour la danse, il eut le maître de ballet Philippe Taglioni[28].
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+ Durant l’été 1822, l’empereur François nomma son petit-fils caporal : l’enfant en tira une très grande fierté et, lors du repas familial qui suivit, il apparut en uniforme, prenant place tout au bout de la table, pour laisser la place aux généraux présents. Fin 1826, il prit la décision de devenir officier et il reçut une formation à cet effet. Cette décision est peut-être liée au fait qu’il ait eu libre accès à la bibliothèque impériale, où au sortir de l'adolescence il dévora le Mémorial et autres ouvrages récemment parus au sujet de son père. Le 17 août 1828, son grand-père le nomma capitaine dans son régiment de chasseurs tyroliens. Pour le récompenser, Marie-Louise lui donna le sabre des Pyramides. À la fin du mois de juin 1829, Franz prit part, régulièrement, aux manœuvres de son bataillon, à Mauer. Il fut nommé chef de bataillon au régiment Lamezan-Salins (no 54), au début du mois de juillet 1830. Le 14 juin 1831, il prend son service au régiment d’infanterie hongroise no 60 (colonel Gyulai, puis colonel Wasa).
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+ En juillet 1830, on cria « Vive Napoléon II » dans les rues de Paris.
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+ Au Royaume-Uni des Pays-Bas, les Belges, début novembre 1830, érigeaient leur pays en royaume souverain. On évoqua la candidature du duc de Reichstadt. Mais l’idée allait à l’encontre de la recommandation que Napoléon lui avait faite, de ne jamais oublier qu’il était né prince français.
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+ Fin novembre 1830, le même vent de contestation atteignit la Pologne. Un ancien de la Grande Armée, le général Chlopicki de Necznia, prit le pouvoir, et on cria « Vive Napoléon, roi de Pologne » à Varsovie. L’idée d’aller se mettre au service de ce peuple qui avait fait preuve d’attachement à son père put plaire au fils, qui ne fit pas son chemin malgré une campagne menée jusque dans le salon de Metternich.
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+ Une remarque de Friedrich von Gentz révèle l’état d’esprit qui régnait à cette époque au sujet du duc de Reichstadt : « Le petit Napoléon est un objet de désordre et de peur pour la plupart des cabinets européens. Il faut avoir entendu les conversations des dernières années, pour savoir jusqu’à quel point le nom de cet enfant énervait et effrayait même les ministres les plus habiles et être au courant de tout ce qu’ils inventaient et proposaient pour au moins faire oublier son existence. »
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+ Dès le début de l'année 1832, alors qu'il reprenait son service militaire, son état se dégrada (nombreuses congestions pulmonaires, pneumonie le clouant au lit), les médecins — son médecin personnel le docteur Malfatti, les docteurs Raiman et Vichrer, Vivenot et Turcken appelés pour le suppléer lorsque l'affection s'aggrave — le soignant à tort pour son foie (par incompétence ou malveillance[29] ?) alors qu'il était atteint de la tuberculose. Metternich empêcha sa guérison en refusant qu'il rejoignît sa mère[réf. nécessaire]. Le 15 avril, les médecins le considérèrent comme perdu, ce qui valut à Napoléon II de constater amèrement : « Ma naissance et ma mort, voilà toute mon histoire. Entre mon berceau et ma tombe, il y a un grand zéro ». Sa mère, prévenue, ne le rejoignit à Vienne que le dimanche 24 juin, alors qu'il était déjà mourant. Il s'éteignit le 22 juillet 1832 de la tuberculose, en étouffant dans ses mains une grive qu'il avait apprivoisée[30][source insuffisante].
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+ Napoléon II mourut sans alliance ni postérité. Après l’autopsie, le cœur fut placé dans un vase canope, pour être gardé dans la crypte des Augustins (les cœurs de tous les Habsbourg y sont rangés depuis 1864[31]), les viscères étant enfermés dans une urne en argent, scellée dans une boîte métallique, destinée à la crypte de la cathédrale Saint-Étienne. Puis, le duc de Reichstadt, revêtu de son uniforme blanc de colonel du régiment d’infanterie Nassau, fut présenté au public, dans un cercueil habillé de velours rouge, sur une table recouverte d’un drap noir, dans le salon des Laques.
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+ Le corps fut plus tard transporté de nuit, sur une civière tirée par deux barbeaux, et entourée d’officiers à cheval du régiment de Wasa à la chapelle de la Hofburg, où il fut veillé. Devant le catafalque étaient présentées ses armes, ainsi que l’urne contenant son cœur et celle contenant ses entrailles. Des officiers de la Garde formaient le piquet d’honneur. Une foule nombreuse, malgré l’heure tardive, vint défiler devant la dépouille.
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+ Le 27 juillet 1832, selon le cérémonial ancestral prévu pour un archiduc, Napoléon II, après avoir été transporté de la Hofburg, sur le catafalque rouge et or des archiducs, par la Michaelerplatz et l’Augustinerstrasse, jusqu’au Neuermarkt, est descendu dans la crypte des Capucins, la Kapuzinergruft....
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+ Sur le cercueil, une plaque de cuivre ornée d'une croix tréflée portait une inscription en latin, datée du 22 juillet 1832[32] :
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+ « AETERNAE. MEMORIAE IOS. CAR. FRANCISCI. DUCIS. REICHSTADIENSIS NAPOLEONIS. GALL. IMPERATORIS ET MAR. LVDUVICAE. ARCH. AVSTR. FILII NATI. PARISIIS. XX. MART. MDCCCXI. IN. CVNABVLIS REGIS ROMAE. NOMINE. SALVTATI AETATE. OMNIBVS. INGENII. COPORISQVE DOTIBVS FLORENTEM PROCERA. STATVRA. VVLTV. IVVNILITER. DECORSO SINGVLARI. SERMONIS. COMITATE MILITARIBVS. STVDIIS. ET. LABORIBVS MIRE. INTENTVM PHTISIS. TENTATVIT TRISTISSIMA. MORS. RAPVIT. SVBVRBANO. AVGVSTORVM. AD. PVLCHRVM FONTEM PROPE. VINDOBONAM XXII. IVLII. MDCCCXXXII. »
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+ Ce fut le seul document à mentionner, en Autriche, que le corps enfermé dans ce cercueil était le fils de Napoléon, empereur des Français et, par sa naissance, roi de Rome.
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+ Soucieux d'améliorer son image aux yeux des Français, Hitler décida en 1940 du rapatriement des cendres de l'Aiglon en France. Une cérémonie funèbre et nocturne eut lieu aux Invalides, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1940, devant une assistance triée sur le volet. Cette cérémonie franco-allemande, conçue pour coïncider avec le 100e anniversaire du retour des cendres de l'Empereur en France, eut lieu dans une atmosphère glaciale, dans tous les sens du terme, en raison de la crise qui avait éclaté entre le Reich et Vichy après le renvoi de Pierre Laval. Goguenards, les Parisiens murmuraient : « Ils nous prennent le charbon et ils nous rendent les cendres ! »[33].
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+ Le 18 décembre 1969, le sarcophage[34] est déplacé dans la crypte, sous une dalle de marbre. Le tombeau est dominé par une statue de Pierre Charles Simart représentant Napoléon Ier en Imperator romain[35].
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+ Le souvenir du fils de Napoléon se perpétua au travers d'œuvres et d'hommages posthumes.
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+ Napoléon II a porté différentes armoiries correspondant aux statuts qui furent successivement les siens.
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+ Armoiries du roi de Rome.
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+ Armoiries de l'empereur des Français.
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+ Armoiries du duc de Reichstadt, 1818-32.
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+ Variante des armoiries du duc de Reichstadt.
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+ Le Roi de Rome par Henri-Joseph Rutxhiel.
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+ L'Impératrice Marie-Louise veillant sur le sommeil du roi de Rome par Joseph-Boniface Franque.
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+ L'Impératrice Marie-Louise par François Gérard.
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+ Peinture populaire de Napoléon II (Colmar).
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+ Le Duc de Reichstadt en uniforme blanc de colonel, par Moritz Michael Daffinger.
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+ Le Duc de Reichstadt par Pietro Tenerani.
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+ Le Duc de Reichstadt.
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+ Naples (en italien Napoli /ˈnapoli/, en napolitain Nàpule) est une ville d'Italie, chef-lieu de la région de Campanie. Elle est la troisième ville d'Italie par sa population et la dix-huitième de l'Union européenne ainsi que respectivement la deuxième (devant Rome) et la neuvième en incluant sa banlieue[2]. C'est aussi la deuxième plus grande cité méditerranéenne en Europe, après Barcelone.
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+ L'histoire de Naples s'étend sur plus de vingt-huit siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l'Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s'étend ensuite rapidement jusqu'à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l'Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l'Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le XIIIe siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d'Europe jusqu'à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.
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+ Au cours des siècles, Naples a aussi été un des grands centres universitaires internationaux. L'université de Naples «Frédéric-II» est la plus ancienne université laïque du monde et la 6e plus ancienne en général. Elle compte également l'université de Naples «L'Orientale», un des plus anciens instituts de langues orientales, ainsi que l'École militaire Nunziatella, une des plus anciennes du monde et une des plus renommées d'Italie. Elle est aussi un des hauts-lieux de la musique (avec l'École napolitaine de musique, à l'origine de l'Opéra bouffe, ou la chanson napolitaine), de l'art et de l'architecture (le Baroque napolitain, l'École du Pausilippe, le Liberty napolitain, le Théâtre napolitain et la Manufacture de Capodimonte) ou encore la cuisine napolitaine (avec les pâtes et surtout la pizza napolitaine comme icône, Naples étant la ville italienne la plus étoilée au Guide Michelin[3]).
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9
+ La ville est aussi célèbre pour son patrimoine et ses monuments. Le centre historique de Naples (avec ses fontaines, vestiges antiques, palais et plus de 1 000 églises) est ainsi le plus grand centre-ville inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO tandis que le parc national du Vésuve et le Miglio d'oro ont été reconnus réserve de biosphère. De plus, Naples est connue pour ses nombreuses beautés naturelles (Posillipo, Champs Phlégréens, Nisida, Vésuve, etc.), comparables à ceux de Rio de Janeiro[4].
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+ Enfin, elle abrite également la Villa Rosebery (l'une des trois résidences officielles du président de la République italienne), le siège d'un commandement interalliés et interarmées de l'OTAN, ainsi qu'un vaste patrimoine archéologique avec notamment la Naples souterraine ou, à proximité, la ville d'Herculanum, une ancienne banlieue[5].
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+ Naples se trouve au sud-ouest de l'Italie, à 230 km au sud-est de Rome, à mi-chemin entre deux régions volcaniques, celle du Vésuve et celle des Champs Phlégréens, à une altitude de 17 m sur la côte du Golfe de Naples. Située au bord de la mer, Naples a depuis longtemps été un carrefour méditerranéen incontournable et est le point de départ de nombreux ferries pour les îles environnantes mais aussi pour la Sardaigne, la Sicile, les îles Éoliennes, les îles Pontines, la Corse et la Tunisie. Le territoire de Naples est composé de nombreuses collines (Vomero 250 m, Capodimonte 150 m, Posilippo 78 m, Camaldoli, la plus haute atteignant 452 m), mais aussi d’îles (Nisida, Gaiola, Iles Phlégréennes) et de péninsules (baie de Trentaremi) surplombant la mer Tyrrhénienne.
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+ Naples bénéficie d'un climat méditerranéen, avec des étés chauds et secs et des hivers doux et pluvieux, mais toujours rafraîchi par la brise marine. Le reste de l'année est marqué par des épisodes pluvieux généralement courts mais qui peuvent occasionnellement être violents, comme le 15 septembre 2001 (plus de 80 mm) et le 21 juin 2009 (7 cm en 40 minutes). Le soleil brille en moyenne 250 jours par an. La conformation morphologique particulière du territoire de la ville est cependant de nature à garantir que la ville dispose de différents microclimats, avec la possibilité de rencontrer des variations climatiques même importantes en se déplaçant de quelques kilomètres.
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+ L'arrière-pays se compose d'une multitude de villes et faubourgs plus ou moins organisés autour des grands axes routiers et ferroviaires, qui sont parmi les plus denses du pays. Sur la plaine de Caserte se concentrent les principales industries et activités économiques de la région. De nombreuses cités y ont vu le jour, où se concentre une certaine misère sociale.
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+ À l'ouest de la ville se développent les beaux quartiers de Posillipo bordant la mer avec le fameux quai Francesco Caracciolo, le Borgo Santa Lucia et le Castel dell'Ovo offrant une vue panoramique sur toute la baie. À l'est de la ville s'est développé le nouveau quartier des affaires de Naples, le Centro Direzionale, situé entre la gare centrale et le périphérique nord.
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+ À mi-chemin entre deux volcans (Vésuve à l'est et champs Phlégréens à l'ouest), Naples est soumise au risque volcanique. Les 4 millions d'habitants de l'agglomération seraient en danger en cas d'éruption explosive du Vésuve accompagnée de nuées ardentes et de coulées de lave pyroclastique (du même type qu'à Pompéi). En 1984, 40 000 personnes ont dû être évacuées à la suite d'une alerte sur les champs Phlégréens. Afin d'anticiper les risques d'une éruption volcanique, des plans d'évacuation de la ville sont à l'étude, tandis que le volcan et sa chambre magmatique sont soumis à une surveillance scientifique permanente et minutieuse. En cas d'alerte d'éruption imminente, l'immense population de l'agglomération napolitaine aurait au minimum besoin de 4 à 5 jours pour évacuer Naples et ses environs à plus de 30 km du Vésuve.
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+ Naples est aussi soumise au risque sismique, comme en témoignent les destructions causées par le séisme de 1930 et le séisme de 1980 dont les épicentres se situaient dans l'Irpinia.
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25
+ L'étymologie du nom "Naples" dérive du mot grec Neapolis (Νεάπολις) qui signifie "ville nouvelle". La racine du nom Neapolis fait référence à l’arrivée de nouveaux colons, donc à une époïkie. En fait, c'était une véritable marque de fabrique de l'ère grecque. La ville a absorbé de nouveaux composants et à chaque fois, elle renaissait sous le nom de Neapolis, la "Ville nouvelle" précisément.
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+ Villa Pausilypon.
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+ Le linteau de l'Aerarium (le trésor public).
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+ Bassin d'une laverie.
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+ Théâtre grec.
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+ Anciens murs grecs, place Bellini.
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+ Catacombes de San Gennaro
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Naples fut d'abord fondée au cours du VIIIe siècle avant notre ère sous le nom de Parthénope par la colonie grecque de Cumes. Ce premier établissement fut appelé Palaiopolis (la ville ancienne). Lorsqu'une seconde ville fut fondée vers 500 avant notre ère par de nouveaux colons, cette nouvelle fondation fut appelée Néapolis (nouvelle ville)[6].
42
+
43
+ Alliée de Rome au IVe siècle av. J.-C., la ville conserve longtemps sa culture grecque et restera la ville la plus peuplée de la botte italique et sans aucun doute sa véritable capitale culturelle.
44
+
45
+ Elle remplaça Capoue comme capitale de la Campanie après la bataille de Zama, à la suite de la confiscation de citoyenneté et des territoires de cette dernière, par son alliance avec Hannibal avant la bataille de Cannes.
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+
47
+ C'est au Castel dell'Ovo que le dernier empereur romain Romulus Augustule fut emprisonné après sa chute.
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+ À la fin de l'empire, la ville résista à l'invasion lombarde et resta rattachée à l'empire byzantin. À la fin du VIe siècle, Naples devient la capitale d'un duché byzantin. En 751, avec la chute de l'exarchat de Ravenne dont il relevait, le duché devint indépendant.
49
+
50
+ En 1030, pour faire face à la menace byzantine, le duc Serge IV de Naples accueille des Normands dirigés par Rainulf Drengot, dans la cité vassale d'Aversa. Les Normands ne cesseront plus d'accroître leurs possessions en Italie du sud et en 1139, Roger II de Sicile, fondateur du royaume de Sicile, incorpore la ville au royaume.
51
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+ Charles II d'Anjou, ayant perdu le pouvoir en Sicile au profit de la maison espagnole d'Aragon, fait de Naples la capitale d'un royaume de Sicile, parfois appelé aussi « royaume de Naples ».
53
+
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+ Alphonse V d'Aragon, désigné successeur de la reine Jeanne II de Naples qui n'avait pas d'enfants, prit possession de Naples en 1443. La conquête fut très importante du point de vue économique et militaire. Avec les Aragonais, Naples connut un très grand développement culturel et commercial. Alphonse d'Aragon attira les humanistes à sa cour et l'art de la Renaissance fit son irruption à Naples. Brièvement envahie par les Français de Charles VIII en 1495, puis victime d'une alliance franco-espagnole au début du XVIe siècle, Naples et son royaume passèrent à l'Espagne en 1503. Au même titre que l'Espagne, Naples fit partie de l'héritage de Charles Quint, entrant dans l'orbite de l'Empire espagnol. Dès lors, Naples fut gouvernée par un vice-roi directement nommé par le roi d'Espagne. Au milieu du XVIe siècle, le vice-roi Pierre Alvarez de Tolède procède à de nombreux travaux d'urbanisme et d'embellissement de la ville, ouvrant la fameuse Via Toledo, principale artère de Naples, et créant les quartiers espagnols pour loger les soldats de l'armée espagnole. La domination espagnole dura jusqu'en 1707, à l'exception du bref épisode de la République napolitaine.
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+ C'est à Naples, sous la domination aragonaise, que nait l'équitation classique.
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+ En 1707, lors de la guerre de Succession d'Espagne, Naples et son royaume passent à l'Autriche. Cependant dès 1734, le royaume de Naples regagne son indépendance après plus de deux siècles de domination étrangère : cette année, les Espagnols de Charles de Bourbon chassent les Autrichiens et Charles est nommé roi de Naples, s'installant dans la nouvelle capitale. C'est le début d'une période de grand renouveau culturel et artistique pour Naples. Charles est un grand bâtisseur, donnant à la ville et à ses environs de nombreux palais et monuments comme le palais de Capodimonte et le palais de Portici. Il lance en outre les premières fouilles d'une ville romaine disparue, Herculanum. La découverte des vestiges antiques a une grande influence dans le monde des arts, avec le goût du néoclassicisme, dont le palais royal de Caserte est l'un des premiers exemples. Les touristes étrangers fortunés accourent à Naples pour visiter ses monuments antiques et modernes à l'occasion du Grand Tour. La ville devient par ailleurs la capitale incontestée de la musique à cette époque et le Théâtre San Carlo est la plus importante salle d'opéra d'Europe.
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+ En 1758, Charles est rappelé en Espagne pour succéder à son père et laisse le trône de Naples à son fils Ferdinand. Cette année marque donc la division définitive du royaume de Naples d'avec la couronne espagnole. La ville de Naples devient capitale du royaume baptisé par la suite royaume des Deux-Siciles, qui réunit la Sicile et toute la partie continentale de l'Italie méridionale. Ferdinand IV de Bourbon, époux de Marie-Caroline d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, continue sur la lignée de son père.
61
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62
+ En 1848, lors du printemps des peuples, le roi de Naples fait bombarder la ville[8].
63
+
64
+ Du 27 au 30 septembre 1943, lors des Quatre journées de Naples, la population locale se soulève et s'attaque aux forces nazies qui occupent la ville. L'armée allemande est mise en déroute avant l'arrivée des Alliés. Ces actions valent à la ville la Médaille d’or de la valeur militaire.
65
+
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+ Après la guerre, la ville s'est affirmée comme le centre politique, économique et social le plus important de l'Italie méridionale, avec la constitution d'une agglomération de plus de 3 millions d'habitants et le développement de nombreuses industries. Naples est classée troisième ville d'Italie, après Milan et Rome pour la puissance économique[9].
67
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+ Mais le développement de Naples a été freiné par de gros problèmes sociaux. Le taux de chômage avoisine les 25 % de la population active et la pauvreté règne sur près de 32 % de la population. Les activités de la Camorra et la crise des déchets en Campanie ont contribué à ternir l'image de la ville.
69
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70
+ Des projets de développement sont toutefois apparus dans les années 1990, comme la création du quartier d'affaires Centro Direzionale achevé en 1995, tout comme la classification la même année du centre historique de Naples à l'UNESCO. Le sommet du G7 de 1994 s'est tenu à Naples. Au XXIe siècle, des travaux de modernisation de certains quartiers sont en cours, avec notamment le développement de nouvelles infrastructures de transport, dont le métro.
71
+
72
+ Littéralement : « Vois Naples et puis meurs », plus souvent traduite par « Voir Naples et puis mourir » ou « Voir Naples et mourir ».
73
+ Les Napolitains utilisent cette expression pour souligner la beauté de leur ville qui est une combinaison unique de grandes beautés monumentales et naturelles. Elle peut aussi faire allusion à l'accomplissement souhaité d'un désir si important qu'au-delà l'existence n'a plus de sens.
74
+
75
+ Naples, en plus de posséder un patrimoine historique, monumental, artistique, archéologique et culturel de classe mondiale, possède également un patrimoine naturaliste comparable à celui de Hong Kong et de Rio de Janeiro, à tel point que cet élément distinctif est né le célèbre dicton populaire " Voir Naples et puis mourir ".
76
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77
+ La ville a une multitude d'espaces verts gratuits: le parc de Capodimonte, une étendue de verdure de 120 hectares qui entoure plusieurs bâtiments du XVIIIe siècle et en particulier le palais du même nom, la Villa Comunale, construite par Carlo Vanvitelli en 1780 pour donner à la noblesse napolitaine une oasis de grand raffinement sur le front de mer agrémenté de fontaines et de statues, ou encore le parc Vergiliano à Piedigrotta, la villa Floridiana, le jardin botanique et le parc régional des Champs Phlégréens.
78
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79
+ Le parc Virgiliano de Posillipo offre une vue particulièrement saisissante, permettant d’observer simultanément l’ensemble de la baie de Naples.
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81
+ Sur la colline de Camaldoli commence le parc métropolitain des collines de Naples (2 215 hectares), qui occupe un cinquième de l'ensemble de la zone municipale jusqu'au parc Poggio ai Colli Aminei.
82
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83
+ Naples possède aussi son vignoble, la vigne San Martino, existant depuis plus de six siècles au pied de la chartreuse du même nom sur la colline du Vomero.
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+ Outre les espaces verts, Naples se caractérise également par des zones marines protégées, telles que Nisida, ou le parc submergé de Gaiola, ce dernier constituant un exemple rare en Méditerranée d���un parc archéologique submergé, comprenant la baie de Trentemari, des côtes rocheuses, des plages, des falaises de tuf et des sites archéologiques.
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+ Enfin, à l'est, le volcan Vésuve, l'un des symboles incontestés de la ville, dont le parc naturel a été inscrit par l'UNESCO parmi les réserves mondiales de la biosphère.
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+ « Critères d'inscription Unesco (1995). Naples est l'une des plus anciennes villes d'Europe dont le tissu urbain contemporain conserve les éléments de sa longue histoire riche d'événements. Le tracé de ses rues, la richesse de ses bâtiments historiques datant de nombreuses périodes ainsi que sa situation sur la baie de Naples lui donnent une valeur universelle exceptionnelle sans égale qui a exercé une profonde influence sur une grande partie de l'Europe et au-delà[10]. »
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+
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+ Le centre historique de Naples est le plus étendu d'Italie avec 1 700 ha[11], la ville ayant été du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle la cité la plus peuplée de la péninsule. Naples possède ainsi l'une des plus grandes concentrations au monde de ressources culturelles et de monuments historiques, jalonnant 2800 ans d'histoire. Dans le centre historique, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, se rencontrent notamment 448 églises historiques[12] ainsi que d'innombrables palais historiques, fontaines, vestiges antiques, villas, résidences royales (inclus le palais royal de Caserte, la version napolitaine du château de Versailles, à proximité de Naples).
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+
93
+ Les vestiges d'époque romaine sont nombreux dans les sous-sols de la ville et certains complexes souterrains ont été aménagés afin d'être ouverts à la visite. Le patrimoine médiéval de la ville se distingue par l'existence, unique en Italie, d'églises de style gothique d'inspiration française (et en particulier de la variante provençale de l'architecture gothique) qui s'explique par la présence de la dynastie angevine, d'origine française, sur le trône du royaume de Naples entre le XIIIe et le XVe siècle. Le patrimoine de la Renaissance se caractérise par la présence de plusieurs palais et églises bâtis dans un style syncrétique, inspiré des exemples développés à Rome, de Florence et de Lombardie mais aussi de la Catalogne alors que Naples est sous domination aragonaise à la fin du XVe siècle.
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+ Le XVIe siècle voit les premiers grands travaux d'urbanisme, avec, sous l'impulsion du vice-roi espagnol Pedro de Tolède, le percement de la plus grande artère napolitaine, la Via Toledo et la création des nouveaux « Quartiers espagnols » aux portes de la vieille ville. C'est néanmoins principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles que le centre historique Naples gagne son aspect actuel, alors que fleurit le style baroque qui se développe avec une grande vivacité dans la ville, où les chantiers se multiplient. Le baroque napolitain s'incarne dans de grands artistes qui sont peintres, sculpteurs et architectes - avec comme peintres Le Caravage, Ribera, Luca Giordano, Francesco Solimena, les architectes Cosimo Fanzago, Ferdinando Sanfelice, Luigi Vanvitelli, Ferdinando Fuga, les sculpteurs Domenico Andrea Vaccaro et Giuseppe Sanmartino.
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+ La plupart des palais et des églises historiques de Naples ont été construits ou remodelés et redécorés à cette époque, alors que la ville est sous la domination du royaume d'Espagne avant de regagner son statut de capitale en 1734 avec l'arrivée des Bourbons sur le trône. Cette nouvelle indépendance induit la construction de grands monuments auliques, comme le palais de Capodimonte, le célèbre théâtre San Carlo, premier grand opéra de l'histoire, le palais du musée archéologique ou l'immense bâtiment du Real albergo dei Poveri, hospice destiné à recueillir les pauvres et les indigents aux portes de la ville.
98
+
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+ De nombreuses villas sont construites sur la côte au nord et au sud de Naples, en bordure de la mer, pour les grandes familles aristocratiques napolitaines mais aussi pour les visiteurs étrangers fortunés, anglais, français ou allemands, qui se rendent dans la ville à l'occasion du Grand Tour. Naples est l'étape finale de ce voyage de formation de l'aristocratie européenne du siècle des Lumières grâce à ses sites et monuments antiques, le site grandiose de sa baie dominée par le Vésuve, sa cour raffinée et sa vie musicale intense (avec des compositeurs de premier plan tels que Alessandro Scarlatti, Pergolèse, Nicola Porpora, Francesco Durante, Leonardo Leo, Leonardo Vinci, Domenico Cimarosa et Giovanni Paisiello). La première moitié du XIXe siècle voit se développer, notamment dans l'architecture des villas (villa Floridiana, Villa Pignatelli), un néoclassicisme palladien et des décors inspirés des fresques romaines retrouvées aux sites tous proches de Pompéi et à Herculanum.
100
+
101
+ Enfin, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, dans les nouveaux quartiers de Naples qui voient le jour autour du centre-ville ancien se développe un style original inspiré de l'art nouveau, connu en Italie sous le nom de style liberty.
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103
+ Parmi les monuments et site archéologiques les plus célèbres de Naples, on trouve :
104
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+ L'écrivain Curzio Malaparte rend dans son roman La peau un hommage à Naples en la décrivant, en 1943, comme « la seule cité antique qui n'ait pas fini comme Rome, comme Babylone, comme Ninive ».
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+
107
+ Au cours des siècles, Naples a vu des centaines de couvents, d'églises et de monastères s'élever, à tel point qu'elle lui a valu le surnom de ville aux 500 coupoles.
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+ Aujourd'hui, leur nombre est d'environ un millier, ce qui la place parmi les villes ayant le plus grand nombre d'édifices religieux au monde. Si l'on ne considère que les églises monumentales, leur nombre est particulièrement élevé: elles sont plus de 400 dans le centre historique, parmi lesquelles :
110
+
111
+ Il existe également d'innombrables édicules sacrés à Naples, des cloîtres monumentaux et des oratoires et chapelles.
112
+
113
+ Pour son climat doux et pour sa position heureuse au centre d'une baie au charme incontesté, Naples et ses environs ont également depuis l'époque romaine été choisis comme lieu de villégiature. Pour cette raison, il y a quelques centaines de villas dans la ville :
114
+
115
+ Elles sont nombreuses, et souvent monumentales, à l'image de la fontaine de Neptune, de la fontaine du Géant, de la fontaine de la Duchesse, de la fontaine du Sebeto ou de la fontaine de la Sirène.
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+ Les escaliers historiques et monumentaux de la ville sont très nombreux (plus de 200). Ils constituent un véritable élément distinctif de l'urbanisme napolitain, de différentes formes et tailles, et sont dispersés dans le centre historique: la Pedamentina à San Martino, l'escalier Petraio, l'escalier monumental de Montesanto, celui de Capodimonte...
118
+
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+ On trouve également des catacombes et des cimetières historiques à Naples :
120
+
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+ Naples, l'une des capitales mondiales de l'art, dispose d'une offre de musées abondante.
122
+ Le plus important de tous est le musée archéologique national, considéré comme l'un des plus importants au monde, tant par la qualité que par la quantité des œuvres exposées, principalement celles de l'époque gréco-romaine ; le musée national de Capodimonte, dans le palais du même nom, qui abrite des peintures des plus grands maîtres italiens de la Renaissance au baroque ; le musée national San Martino, qui rassemble des reliques liées à l'histoire de Naples, et le palais royal de Naples.
123
+
124
+ Le théâtre est l’une des traditions artistiques les plus anciennes et les plus connues de la ville; déjà l'empereur Néron a joué au premier siècle de notre ère sur la scène du théâtre romain de Neapolis.
125
+
126
+ Le siècle d'or du théâtre napolitain moderne était le XVIIIe siècle, date à laquelle furent construits de nombreux théâtres, parmi lesquels le Teatro Real San Carlo, une des salles les plus anciennes (1737) et les plus célèbres au monde.
127
+
128
+ De nos jours, Naples propose une vaste offre théâtrale, parmi lesquels le Mercadante, le San Ferdinando, l'Augusteo, le Sannazaro, le théâtre Bellini, le Mediterraneo et bien d'autres.
129
+
130
+ Grâce à cette tradition séculaire et durable et au grand nombre de théâtres de la ville, Naples a été choisie pour accueillir d’importants événements, tels que le Festival national du théâtre.
131
+
132
+
133
+
134
+ La principale université de Naples est l'université de Naples - Frédéric-II (en italien, Università degli studi di Napoli « Federico II ») qui est la plus ancienne université laïque et d'État au monde et une du plus anciennes en absolu, ayant été fondée en 1224 par l'empereur Frédéric II Stupor mundi.
135
+ Plus récemment, d'autres universités ont été fondées à Naples : la « Seconde Université de Naples » (l'ancienne « Seconde Université de Naples »)[pas clair], la « Parthénope », « L'Orientale » et la « Sœur-Ursule-Benincasa ».
136
+
137
+ L'hôpital Antonio Cardarelli est le plus grand hôpital d'Italie du Sud.
138
+
139
+ La municipalité de Naples, auparavant divisée en 21 districts, est maintenant divisée en 10 municipalités d'environ cent mille habitants. Ces 10 municipalità sont elles-mêmes subdivisées en quartiers (30 au total) :
140
+
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+ Habitants recensés (en milliers)
142
+
143
+ Naples, à partir du Moyen Âge et surtout du XVIe siècle, était de loin l'une des premières villes d'Europe par sa population. Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, c'était probablement la ville la plus peuplée d'Europe et la deuxième en Méditerranée après Istanbul. Lors du premier recensement de l'État unitaire (1861), Naples était toujours la commune la plus peuplée d'Italie et l'une des premières d' Europe. Au début des années 1930, elle céda la primauté à Milan puis à Rome. Naples perd des habitants depuis plusieurs décennies, au profit des banlieues et d'autres régions italiennes. Malgré cela, la ville a actuellement le plus fort taux de natalité d'Italie avec 10,46 naissances pour 1 000 habitants (la moyenne italienne étant de 9,45 naissances pour 1 000 habitants[15]).
144
+
145
+ Pour le reste, la commune de Naples est la plus jeune d'Italie (19% de la population a moins de 14 ans, et 13% a plus de 65 ans), avec un taux de natalité plus élevé que dans d’autres régions du pays et avec un nombre relativement faible d’immigrants.
146
+
147
+ En 2015, il y avait officiellement près de 50 000 étrangers vivant dans la ville de Naples, mais ce chiffre est sous-estimé, Naples étant l'une des plaques tournantes de l'immigration illégale en Europe. La majorité de ceux-ci sont originaires d'Europe de l'Est (Ukraine, Roumanie, Pologne) et d'Asie (Sri Lanka et Chine). Les statistiques montrent que la majorité des immigrés sont des femmes[16]. Voici un tableau qui montre les nationalités les plus fréquentes à Naples en 2014.
148
+
149
+ Naples est un des nœuds routiers et ferroviaires importants du pays.
150
+ Les autoroutes A1 Milan-Rome-Naples, A3 Naples-Salerne et A16 Naples-Foggia relient la ville au reste du pays et de l'Europe. La ville est ceinturée par plusieurs rocades, mais qui ne permettent pas de décongestionner le trafic du centre. La circulation en ville en dehors des grandes artères est difficile et mal organisée.
151
+
152
+ Le réseau ferroviaire se déploie principalement au nord et à l'est de la ville.
153
+ Une ligne du TGV italien (TAV) a été inaugurée en 2007 reliant la gare de Naples-Centrale à Rome puis Florence-Milan, mettant cette dernière à 3 h 30 de voyage seulement. Une autre ligne est actuellement[Quand ?] en construction et reliera Naples à la ville de Bari en passant par le Salento.
154
+
155
+ Le métro de Naples, inauguré en 1993, comprend en 2020 deux lignes, 22 stations et couvre 20 km, mais est appelé à se développer de manière importante au cours des prochaines années.
156
+
157
+ Le tramway de Naples, très ancien puisque remontant à 1875, comprend un réseau de trois lignes, pour un total de 11,8 km de voies. Il relie le port, la gare centrale et la banlieue est.
158
+
159
+ L'aéroport de Naples Capodichino est situé à 6 km au nord de Naples, il est classé 5e aéroport italien avec 10,8 millions de passagers en 2019.
160
+
161
+ Le port de Naples, situé au centre de la Méditerranée et actif depuis l'Antiquité, exerce des fonctions commerciales et de connexion. Possédant 12 km de quais, il est le point départ de nombreux ferrys à destination des îles environnantes et pour les îles principales du pays, ainsi que de bateaux de croisières. Le trafic de marchandises est relativement faible en comparaison avec les autres ports du pays, mais reste actif et stratégique pour le sud du pays.
162
+
163
+ Avec 6 562 325 passagers en 2016 et 1 306 151 passagers en croisière, il s'agit de l'un des ports les plus importants tant au niveau européen que méditerranéen. La ville est également desservie par le port de Pouzzoles et le port de Mergellina (avec connexion et fonctions touristiques). D'autres petits ports, tels que celui de Nisida, celui de Posillipo, celui de Molosiglio et le petit port de Santa Lucia ont des fonctions exclusivement touristiques.
164
+
165
+ Naples, étant au centre de certaines des routes méditerranéennes les plus importantes et disposant d'un arrière-pays fertile de deux zones volcaniques, pouvait compter à l'origine sur une économie robuste liée avant tout à l'agriculture, aux matières premières et à l'artisanat.
166
+
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+ À l'époque médiévale et moderne, la ville est devenue l'un des grands centres italiens de l'industrie textile, en particulier de la transformation de la soie.
168
+
169
+ À l'ère industrielle naquit à Naples le premier grand complexe métallurgique du pays, à savoir celui de Pietrarsa, qui connut un développement industriel et économique considérable au cours des vingt années suivantes : en 1860, il employait environ 1 200 personnes. Cependant, après l’unification, l’usine a connu une phase de lente régression jusqu’à la cessation des activités de production vers 1880, tout en maintenant jusqu’en 1975 l’entretien et la réparation des locomotives.
170
+
171
+ Pour souligner l’importance économique de la ville, il suffit de penser qu’en 1871, dix ans après l’annexion, la province de Naples avait encore un indice d’industrialisation supérieur à celui de Turin. Naples abritait également la Bourse, la Monnaie et le Banco delle Due Sicilie (en).
172
+
173
+ Pour faire face à l'émergence de l'économie napolitaine, en 1904, dans le contexte du Risanamento di NapoliRisanamento di Napoli, de grands districts industriels ont été créés à l'est et à l'ouest, même si un décollage efficace du secteur ne se produira qu'avec le boom économique. Le PIB européen de Naples est actuellement vingt-sixième (sur 115) en Europe (61,8 milliards de dollars en 2014, soit plus que des pays comme la Slovénie et comparable à des villes comme Zurich ou Copenhague), mais au cinquième rang pour la croissance du taux de chômage pendant la crise et avec l'un des revenus par habitant les plus bas d'Italie.
174
+
175
+ Malgré quelques brèves périodes d'amélioration, favorisées également par la présence dans la ville d'un artisanat fort (comme l'art des crèches, le travail de la céramique et des porcelaines, la production de bijoux avec du corail et de camées gravés à Torre del Greco, etc.), l’emploi n’a jamais atteint un niveau adéquat, principalement en raison d’investissements publics insuffisants, mais aussi en raison de la présence d’infiltrations mafieuses qui découragent la création de nouvelles entreprises. Les activités illicites napolitaines ont un impact considérable sur l'économie nationale, non sans effets négatifs sur les structures sociales et environnementales de la ville. L'absence d'un véritable développement industriel a fait de Naples un centre important du secteur tertiaire dans les domaines commercial, administratif, financier, des transports, du tourisme et plus récemment de la recherche (Apple et Cisco Systems Academy). Le port de Naples a toujours été un élément de revenu important pour la ville, tandis que le principal centre d’affaires et tertiaire est le Centro Direzionale.
176
+
177
+ La ville organise chaque année en mars un important tournoi de tennis sur terre battue du circuit ATP Challenger Tour.
178
+
179
+ XVe siècle :
180
+
181
+ XVIe siècle :
182
+
183
+ XVIIe siècle :
184
+
185
+ XVIIIe siècle :
186
+
187
+ XIXe siècle :
188
+
189
+ XXe siècle :
190
+
191
+ Liste de personnalités liées à la ville de Naples, bien que n'y étant pas nées, soit qu'elles y aient vécu longtemps, soit qu'elles y soient mortes :
192
+
193
+ Ces films, même des fictions, donnent souvent une idée précise de l'âme de la ville et restent un témoignage exceptionnel sur son histoire:
194
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195
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/4056.html.txt ADDED
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+
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+
3
+ Naples (en italien Napoli /ˈnapoli/, en napolitain Nàpule) est une ville d'Italie, chef-lieu de la région de Campanie. Elle est la troisième ville d'Italie par sa population et la dix-huitième de l'Union européenne ainsi que respectivement la deuxième (devant Rome) et la neuvième en incluant sa banlieue[2]. C'est aussi la deuxième plus grande cité méditerranéenne en Europe, après Barcelone.
4
+
5
+ L'histoire de Naples s'étend sur plus de vingt-huit siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l'Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s'étend ensuite rapidement jusqu'à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l'Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l'Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le XIIIe siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d'Europe jusqu'à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.
6
+
7
+ Au cours des siècles, Naples a aussi été un des grands centres universitaires internationaux. L'université de Naples «Frédéric-II» est la plus ancienne université laïque du monde et la 6e plus ancienne en général. Elle compte également l'université de Naples «L'Orientale», un des plus anciens instituts de langues orientales, ainsi que l'École militaire Nunziatella, une des plus anciennes du monde et une des plus renommées d'Italie. Elle est aussi un des hauts-lieux de la musique (avec l'École napolitaine de musique, à l'origine de l'Opéra bouffe, ou la chanson napolitaine), de l'art et de l'architecture (le Baroque napolitain, l'École du Pausilippe, le Liberty napolitain, le Théâtre napolitain et la Manufacture de Capodimonte) ou encore la cuisine napolitaine (avec les pâtes et surtout la pizza napolitaine comme icône, Naples étant la ville italienne la plus étoilée au Guide Michelin[3]).
8
+
9
+ La ville est aussi célèbre pour son patrimoine et ses monuments. Le centre historique de Naples (avec ses fontaines, vestiges antiques, palais et plus de 1 000 églises) est ainsi le plus grand centre-ville inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO tandis que le parc national du Vésuve et le Miglio d'oro ont été reconnus réserve de biosphère. De plus, Naples est connue pour ses nombreuses beautés naturelles (Posillipo, Champs Phlégréens, Nisida, Vésuve, etc.), comparables à ceux de Rio de Janeiro[4].
10
+
11
+ Enfin, elle abrite également la Villa Rosebery (l'une des trois résidences officielles du président de la République italienne), le siège d'un commandement interalliés et interarmées de l'OTAN, ainsi qu'un vaste patrimoine archéologique avec notamment la Naples souterraine ou, à proximité, la ville d'Herculanum, une ancienne banlieue[5].
12
+
13
+ Naples se trouve au sud-ouest de l'Italie, à 230 km au sud-est de Rome, à mi-chemin entre deux régions volcaniques, celle du Vésuve et celle des Champs Phlégréens, à une altitude de 17 m sur la côte du Golfe de Naples. Située au bord de la mer, Naples a depuis longtemps été un carrefour méditerranéen incontournable et est le point de départ de nombreux ferries pour les îles environnantes mais aussi pour la Sardaigne, la Sicile, les îles Éoliennes, les îles Pontines, la Corse et la Tunisie. Le territoire de Naples est composé de nombreuses collines (Vomero 250 m, Capodimonte 150 m, Posilippo 78 m, Camaldoli, la plus haute atteignant 452 m), mais aussi d’îles (Nisida, Gaiola, Iles Phlégréennes) et de péninsules (baie de Trentaremi) surplombant la mer Tyrrhénienne.
14
+
15
+ Naples bénéficie d'un climat méditerranéen, avec des étés chauds et secs et des hivers doux et pluvieux, mais toujours rafraîchi par la brise marine. Le reste de l'année est marqué par des épisodes pluvieux généralement courts mais qui peuvent occasionnellement être violents, comme le 15 septembre 2001 (plus de 80 mm) et le 21 juin 2009 (7 cm en 40 minutes). Le soleil brille en moyenne 250 jours par an. La conformation morphologique particulière du territoire de la ville est cependant de nature à garantir que la ville dispose de différents microclimats, avec la possibilité de rencontrer des variations climatiques même importantes en se déplaçant de quelques kilomètres.
16
+
17
+ L'arrière-pays se compose d'une multitude de villes et faubourgs plus ou moins organisés autour des grands axes routiers et ferroviaires, qui sont parmi les plus denses du pays. Sur la plaine de Caserte se concentrent les principales industries et activités économiques de la région. De nombreuses cités y ont vu le jour, où se concentre une certaine misère sociale.
18
+
19
+ À l'ouest de la ville se développent les beaux quartiers de Posillipo bordant la mer avec le fameux quai Francesco Caracciolo, le Borgo Santa Lucia et le Castel dell'Ovo offrant une vue panoramique sur toute la baie. À l'est de la ville s'est développé le nouveau quartier des affaires de Naples, le Centro Direzionale, situé entre la gare centrale et le périphérique nord.
20
+
21
+ À mi-chemin entre deux volcans (Vésuve à l'est et champs Phlégréens à l'ouest), Naples est soumise au risque volcanique. Les 4 millions d'habitants de l'agglomération seraient en danger en cas d'éruption explosive du Vésuve accompagnée de nuées ardentes et de coulées de lave pyroclastique (du même type qu'à Pompéi). En 1984, 40 000 personnes ont dû être évacuées à la suite d'une alerte sur les champs Phlégréens. Afin d'anticiper les risques d'une éruption volcanique, des plans d'évacuation de la ville sont à l'étude, tandis que le volcan et sa chambre magmatique sont soumis à une surveillance scientifique permanente et minutieuse. En cas d'alerte d'éruption imminente, l'immense population de l'agglomération napolitaine aurait au minimum besoin de 4 à 5 jours pour évacuer Naples et ses environs à plus de 30 km du Vésuve.
22
+
23
+ Naples est aussi soumise au risque sismique, comme en témoignent les destructions causées par le séisme de 1930 et le séisme de 1980 dont les épicentres se situaient dans l'Irpinia.
24
+
25
+ L'étymologie du nom "Naples" dérive du mot grec Neapolis (Νεάπολις) qui signifie "ville nouvelle". La racine du nom Neapolis fait référence à l’arrivée de nouveaux colons, donc à une époïkie. En fait, c'était une véritable marque de fabrique de l'ère grecque. La ville a absorbé de nouveaux composants et à chaque fois, elle renaissait sous le nom de Neapolis, la "Ville nouvelle" précisément.
26
+
27
+ Villa Pausilypon.
28
+
29
+ Le linteau de l'Aerarium (le trésor public).
30
+
31
+ Bassin d'une laverie.
32
+
33
+ Théâtre grec.
34
+
35
+ Anciens murs grecs, place Bellini.
36
+
37
+ Catacombes de San Gennaro
38
+
39
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
40
+
41
+ Naples fut d'abord fondée au cours du VIIIe siècle avant notre ère sous le nom de Parthénope par la colonie grecque de Cumes. Ce premier établissement fut appelé Palaiopolis (la ville ancienne). Lorsqu'une seconde ville fut fondée vers 500 avant notre ère par de nouveaux colons, cette nouvelle fondation fut appelée Néapolis (nouvelle ville)[6].
42
+
43
+ Alliée de Rome au IVe siècle av. J.-C., la ville conserve longtemps sa culture grecque et restera la ville la plus peuplée de la botte italique et sans aucun doute sa véritable capitale culturelle.
44
+
45
+ Elle remplaça Capoue comme capitale de la Campanie après la bataille de Zama, à la suite de la confiscation de citoyenneté et des territoires de cette dernière, par son alliance avec Hannibal avant la bataille de Cannes.
46
+
47
+ C'est au Castel dell'Ovo que le dernier empereur romain Romulus Augustule fut emprisonné après sa chute.
48
+ À la fin de l'empire, la ville résista à l'invasion lombarde et resta rattachée à l'empire byzantin. À la fin du VIe siècle, Naples devient la capitale d'un duché byzantin. En 751, avec la chute de l'exarchat de Ravenne dont il relevait, le duché devint indépendant.
49
+
50
+ En 1030, pour faire face à la menace byzantine, le duc Serge IV de Naples accueille des Normands dirigés par Rainulf Drengot, dans la cité vassale d'Aversa. Les Normands ne cesseront plus d'accroître leurs possessions en Italie du sud et en 1139, Roger II de Sicile, fondateur du royaume de Sicile, incorpore la ville au royaume.
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+ Charles II d'Anjou, ayant perdu le pouvoir en Sicile au profit de la maison espagnole d'Aragon, fait de Naples la capitale d'un royaume de Sicile, parfois appelé aussi « royaume de Naples ».
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+ Alphonse V d'Aragon, désigné successeur de la reine Jeanne II de Naples qui n'avait pas d'enfants, prit possession de Naples en 1443. La conquête fut très importante du point de vue économique et militaire. Avec les Aragonais, Naples connut un très grand développement culturel et commercial. Alphonse d'Aragon attira les humanistes à sa cour et l'art de la Renaissance fit son irruption à Naples. Brièvement envahie par les Français de Charles VIII en 1495, puis victime d'une alliance franco-espagnole au début du XVIe siècle, Naples et son royaume passèrent à l'Espagne en 1503. Au même titre que l'Espagne, Naples fit partie de l'héritage de Charles Quint, entrant dans l'orbite de l'Empire espagnol. Dès lors, Naples fut gouvernée par un vice-roi directement nommé par le roi d'Espagne. Au milieu du XVIe siècle, le vice-roi Pierre Alvarez de Tolède procède à de nombreux travaux d'urbanisme et d'embellissement de la ville, ouvrant la fameuse Via Toledo, principale artère de Naples, et créant les quartiers espagnols pour loger les soldats de l'armée espagnole. La domination espagnole dura jusqu'en 1707, à l'exception du bref épisode de la République napolitaine.
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+ C'est à Naples, sous la domination aragonaise, que nait l'équitation classique.
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+ En 1707, lors de la guerre de Succession d'Espagne, Naples et son royaume passent à l'Autriche. Cependant dès 1734, le royaume de Naples regagne son indépendance après plus de deux siècles de domination étrangère : cette année, les Espagnols de Charles de Bourbon chassent les Autrichiens et Charles est nommé roi de Naples, s'installant dans la nouvelle capitale. C'est le début d'une période de grand renouveau culturel et artistique pour Naples. Charles est un grand bâtisseur, donnant à la ville et à ses environs de nombreux palais et monuments comme le palais de Capodimonte et le palais de Portici. Il lance en outre les premières fouilles d'une ville romaine disparue, Herculanum. La découverte des vestiges antiques a une grande influence dans le monde des arts, avec le goût du néoclassicisme, dont le palais royal de Caserte est l'un des premiers exemples. Les touristes étrangers fortunés accourent à Naples pour visiter ses monuments antiques et modernes à l'occasion du Grand Tour. La ville devient par ailleurs la capitale incontestée de la musique à cette époque et le Théâtre San Carlo est la plus importante salle d'opéra d'Europe.
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+ En 1758, Charles est rappelé en Espagne pour succéder à son père et laisse le trône de Naples à son fils Ferdinand. Cette année marque donc la division définitive du royaume de Naples d'avec la couronne espagnole. La ville de Naples devient capitale du royaume baptisé par la suite royaume des Deux-Siciles, qui réunit la Sicile et toute la partie continentale de l'Italie méridionale. Ferdinand IV de Bourbon, époux de Marie-Caroline d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, continue sur la lignée de son père.
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+ En 1848, lors du printemps des peuples, le roi de Naples fait bombarder la ville[8].
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+ Du 27 au 30 septembre 1943, lors des Quatre journées de Naples, la population locale se soulève et s'attaque aux forces nazies qui occupent la ville. L'armée allemande est mise en déroute avant l'arrivée des Alliés. Ces actions valent à la ville la Médaille d’or de la valeur militaire.
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+ Après la guerre, la ville s'est affirmée comme le centre politique, économique et social le plus important de l'Italie méridionale, avec la constitution d'une agglomération de plus de 3 millions d'habitants et le développement de nombreuses industries. Naples est classée troisième ville d'Italie, après Milan et Rome pour la puissance économique[9].
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+ Mais le développement de Naples a été freiné par de gros problèmes sociaux. Le taux de chômage avoisine les 25 % de la population active et la pauvreté règne sur près de 32 % de la population. Les activités de la Camorra et la crise des déchets en Campanie ont contribué à ternir l'image de la ville.
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+ Des projets de développement sont toutefois apparus dans les années 1990, comme la création du quartier d'affaires Centro Direzionale achevé en 1995, tout comme la classification la même année du centre historique de Naples à l'UNESCO. Le sommet du G7 de 1994 s'est tenu à Naples. Au XXIe siècle, des travaux de modernisation de certains quartiers sont en cours, avec notamment le développement de nouvelles infrastructures de transport, dont le métro.
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+ Littéralement : « Vois Naples et puis meurs », plus souvent traduite par « Voir Naples et puis mourir » ou « Voir Naples et mourir ».
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+ Les Napolitains utilisent cette expression pour souligner la beauté de leur ville qui est une combinaison unique de grandes beautés monumentales et naturelles. Elle peut aussi faire allusion à l'accomplissement souhaité d'un désir si important qu'au-delà l'existence n'a plus de sens.
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+ Naples, en plus de posséder un patrimoine historique, monumental, artistique, archéologique et culturel de classe mondiale, possède également un patrimoine naturaliste comparable à celui de Hong Kong et de Rio de Janeiro, à tel point que cet élément distinctif est né le célèbre dicton populaire " Voir Naples et puis mourir ".
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+ La ville a une multitude d'espaces verts gratuits: le parc de Capodimonte, une étendue de verdure de 120 hectares qui entoure plusieurs bâtiments du XVIIIe siècle et en particulier le palais du même nom, la Villa Comunale, construite par Carlo Vanvitelli en 1780 pour donner à la noblesse napolitaine une oasis de grand raffinement sur le front de mer agrémenté de fontaines et de statues, ou encore le parc Vergiliano à Piedigrotta, la villa Floridiana, le jardin botanique et le parc régional des Champs Phlégréens.
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+ Le parc Virgiliano de Posillipo offre une vue particulièrement saisissante, permettant d’observer simultanément l’ensemble de la baie de Naples.
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+ Sur la colline de Camaldoli commence le parc métropolitain des collines de Naples (2 215 hectares), qui occupe un cinquième de l'ensemble de la zone municipale jusqu'au parc Poggio ai Colli Aminei.
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+ Naples possède aussi son vignoble, la vigne San Martino, existant depuis plus de six siècles au pied de la chartreuse du même nom sur la colline du Vomero.
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+ Outre les espaces verts, Naples se caractérise également par des zones marines protégées, telles que Nisida, ou le parc submergé de Gaiola, ce dernier constituant un exemple rare en Méditerranée d���un parc archéologique submergé, comprenant la baie de Trentemari, des côtes rocheuses, des plages, des falaises de tuf et des sites archéologiques.
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+ Enfin, à l'est, le volcan Vésuve, l'un des symboles incontestés de la ville, dont le parc naturel a été inscrit par l'UNESCO parmi les réserves mondiales de la biosphère.
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+ « Critères d'inscription Unesco (1995). Naples est l'une des plus anciennes villes d'Europe dont le tissu urbain contemporain conserve les éléments de sa longue histoire riche d'événements. Le tracé de ses rues, la richesse de ses bâtiments historiques datant de nombreuses périodes ainsi que sa situation sur la baie de Naples lui donnent une valeur universelle exceptionnelle sans égale qui a exercé une profonde influence sur une grande partie de l'Europe et au-delà[10]. »
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+ Le centre historique de Naples est le plus étendu d'Italie avec 1 700 ha[11], la ville ayant été du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle la cité la plus peuplée de la péninsule. Naples possède ainsi l'une des plus grandes concentrations au monde de ressources culturelles et de monuments historiques, jalonnant 2800 ans d'histoire. Dans le centre historique, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, se rencontrent notamment 448 églises historiques[12] ainsi que d'innombrables palais historiques, fontaines, vestiges antiques, villas, résidences royales (inclus le palais royal de Caserte, la version napolitaine du château de Versailles, à proximité de Naples).
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+ Les vestiges d'époque romaine sont nombreux dans les sous-sols de la ville et certains complexes souterrains ont été aménagés afin d'être ouverts à la visite. Le patrimoine médiéval de la ville se distingue par l'existence, unique en Italie, d'églises de style gothique d'inspiration française (et en particulier de la variante provençale de l'architecture gothique) qui s'explique par la présence de la dynastie angevine, d'origine française, sur le trône du royaume de Naples entre le XIIIe et le XVe siècle. Le patrimoine de la Renaissance se caractérise par la présence de plusieurs palais et églises bâtis dans un style syncrétique, inspiré des exemples développés à Rome, de Florence et de Lombardie mais aussi de la Catalogne alors que Naples est sous domination aragonaise à la fin du XVe siècle.
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+ Le XVIe siècle voit les premiers grands travaux d'urbanisme, avec, sous l'impulsion du vice-roi espagnol Pedro de Tolède, le percement de la plus grande artère napolitaine, la Via Toledo et la création des nouveaux « Quartiers espagnols » aux portes de la vieille ville. C'est néanmoins principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles que le centre historique Naples gagne son aspect actuel, alors que fleurit le style baroque qui se développe avec une grande vivacité dans la ville, où les chantiers se multiplient. Le baroque napolitain s'incarne dans de grands artistes qui sont peintres, sculpteurs et architectes - avec comme peintres Le Caravage, Ribera, Luca Giordano, Francesco Solimena, les architectes Cosimo Fanzago, Ferdinando Sanfelice, Luigi Vanvitelli, Ferdinando Fuga, les sculpteurs Domenico Andrea Vaccaro et Giuseppe Sanmartino.
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+ La plupart des palais et des églises historiques de Naples ont été construits ou remodelés et redécorés à cette époque, alors que la ville est sous la domination du royaume d'Espagne avant de regagner son statut de capitale en 1734 avec l'arrivée des Bourbons sur le trône. Cette nouvelle indépendance induit la construction de grands monuments auliques, comme le palais de Capodimonte, le célèbre théâtre San Carlo, premier grand opéra de l'histoire, le palais du musée archéologique ou l'immense bâtiment du Real albergo dei Poveri, hospice destiné à recueillir les pauvres et les indigents aux portes de la ville.
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+ De nombreuses villas sont construites sur la côte au nord et au sud de Naples, en bordure de la mer, pour les grandes familles aristocratiques napolitaines mais aussi pour les visiteurs étrangers fortunés, anglais, français ou allemands, qui se rendent dans la ville à l'occasion du Grand Tour. Naples est l'étape finale de ce voyage de formation de l'aristocratie européenne du siècle des Lumières grâce à ses sites et monuments antiques, le site grandiose de sa baie dominée par le Vésuve, sa cour raffinée et sa vie musicale intense (avec des compositeurs de premier plan tels que Alessandro Scarlatti, Pergolèse, Nicola Porpora, Francesco Durante, Leonardo Leo, Leonardo Vinci, Domenico Cimarosa et Giovanni Paisiello). La première moitié du XIXe siècle voit se développer, notamment dans l'architecture des villas (villa Floridiana, Villa Pignatelli), un néoclassicisme palladien et des décors inspirés des fresques romaines retrouvées aux sites tous proches de Pompéi et à Herculanum.
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+ Enfin, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, dans les nouveaux quartiers de Naples qui voient le jour autour du centre-ville ancien se développe un style original inspiré de l'art nouveau, connu en Italie sous le nom de style liberty.
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+ Parmi les monuments et site archéologiques les plus célèbres de Naples, on trouve :
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+ L'écrivain Curzio Malaparte rend dans son roman La peau un hommage à Naples en la décrivant, en 1943, comme « la seule cité antique qui n'ait pas fini comme Rome, comme Babylone, comme Ninive ».
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+ Au cours des siècles, Naples a vu des centaines de couvents, d'églises et de monastères s'élever, à tel point qu'elle lui a valu le surnom de ville aux 500 coupoles.
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+ Aujourd'hui, leur nombre est d'environ un millier, ce qui la place parmi les villes ayant le plus grand nombre d'édifices religieux au monde. Si l'on ne considère que les églises monumentales, leur nombre est particulièrement élevé: elles sont plus de 400 dans le centre historique, parmi lesquelles :
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+
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+ Il existe également d'innombrables édicules sacrés à Naples, des cloîtres monumentaux et des oratoires et chapelles.
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+ Pour son climat doux et pour sa position heureuse au centre d'une baie au charme incontesté, Naples et ses environs ont également depuis l'époque romaine été choisis comme lieu de villégiature. Pour cette raison, il y a quelques centaines de villas dans la ville :
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+ Elles sont nombreuses, et souvent monumentales, à l'image de la fontaine de Neptune, de la fontaine du Géant, de la fontaine de la Duchesse, de la fontaine du Sebeto ou de la fontaine de la Sirène.
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+ Les escaliers historiques et monumentaux de la ville sont très nombreux (plus de 200). Ils constituent un véritable élément distinctif de l'urbanisme napolitain, de différentes formes et tailles, et sont dispersés dans le centre historique: la Pedamentina à San Martino, l'escalier Petraio, l'escalier monumental de Montesanto, celui de Capodimonte...
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+ On trouve également des catacombes et des cimetières historiques à Naples :
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+ Naples, l'une des capitales mondiales de l'art, dispose d'une offre de musées abondante.
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+ Le plus important de tous est le musée archéologique national, considéré comme l'un des plus importants au monde, tant par la qualité que par la quantité des œuvres exposées, principalement celles de l'époque gréco-romaine ; le musée national de Capodimonte, dans le palais du même nom, qui abrite des peintures des plus grands maîtres italiens de la Renaissance au baroque ; le musée national San Martino, qui rassemble des reliques liées à l'histoire de Naples, et le palais royal de Naples.
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+
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+ Le théâtre est l’une des traditions artistiques les plus anciennes et les plus connues de la ville; déjà l'empereur Néron a joué au premier siècle de notre ère sur la scène du théâtre romain de Neapolis.
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+ Le siècle d'or du théâtre napolitain moderne était le XVIIIe siècle, date à laquelle furent construits de nombreux théâtres, parmi lesquels le Teatro Real San Carlo, une des salles les plus anciennes (1737) et les plus célèbres au monde.
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+ De nos jours, Naples propose une vaste offre théâtrale, parmi lesquels le Mercadante, le San Ferdinando, l'Augusteo, le Sannazaro, le théâtre Bellini, le Mediterraneo et bien d'autres.
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+
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+ Grâce à cette tradition séculaire et durable et au grand nombre de théâtres de la ville, Naples a été choisie pour accueillir d’importants événements, tels que le Festival national du théâtre.
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134
+ La principale université de Naples est l'université de Naples - Frédéric-II (en italien, Università degli studi di Napoli « Federico II ») qui est la plus ancienne université laïque et d'État au monde et une du plus anciennes en absolu, ayant été fondée en 1224 par l'empereur Frédéric II Stupor mundi.
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+ Plus récemment, d'autres universités ont été fondées à Naples : la « Seconde Université de Naples » (l'ancienne « Seconde Université de Naples »)[pas clair], la « Parthénope », « L'Orientale » et la « Sœur-Ursule-Benincasa ».
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+
137
+ L'hôpital Antonio Cardarelli est le plus grand hôpital d'Italie du Sud.
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+
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+ La municipalité de Naples, auparavant divisée en 21 districts, est maintenant divisée en 10 municipalités d'environ cent mille habitants. Ces 10 municipalità sont elles-mêmes subdivisées en quartiers (30 au total) :
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+
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+ Habitants recensés (en milliers)
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+
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+ Naples, à partir du Moyen Âge et surtout du XVIe siècle, était de loin l'une des premières villes d'Europe par sa population. Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, c'était probablement la ville la plus peuplée d'Europe et la deuxième en Méditerranée après Istanbul. Lors du premier recensement de l'État unitaire (1861), Naples était toujours la commune la plus peuplée d'Italie et l'une des premières d' Europe. Au début des années 1930, elle céda la primauté à Milan puis à Rome. Naples perd des habitants depuis plusieurs décennies, au profit des banlieues et d'autres régions italiennes. Malgré cela, la ville a actuellement le plus fort taux de natalité d'Italie avec 10,46 naissances pour 1 000 habitants (la moyenne italienne étant de 9,45 naissances pour 1 000 habitants[15]).
144
+
145
+ Pour le reste, la commune de Naples est la plus jeune d'Italie (19% de la population a moins de 14 ans, et 13% a plus de 65 ans), avec un taux de natalité plus élevé que dans d’autres régions du pays et avec un nombre relativement faible d’immigrants.
146
+
147
+ En 2015, il y avait officiellement près de 50 000 étrangers vivant dans la ville de Naples, mais ce chiffre est sous-estimé, Naples étant l'une des plaques tournantes de l'immigration illégale en Europe. La majorité de ceux-ci sont originaires d'Europe de l'Est (Ukraine, Roumanie, Pologne) et d'Asie (Sri Lanka et Chine). Les statistiques montrent que la majorité des immigrés sont des femmes[16]. Voici un tableau qui montre les nationalités les plus fréquentes à Naples en 2014.
148
+
149
+ Naples est un des nœuds routiers et ferroviaires importants du pays.
150
+ Les autoroutes A1 Milan-Rome-Naples, A3 Naples-Salerne et A16 Naples-Foggia relient la ville au reste du pays et de l'Europe. La ville est ceinturée par plusieurs rocades, mais qui ne permettent pas de décongestionner le trafic du centre. La circulation en ville en dehors des grandes artères est difficile et mal organisée.
151
+
152
+ Le réseau ferroviaire se déploie principalement au nord et à l'est de la ville.
153
+ Une ligne du TGV italien (TAV) a été inaugurée en 2007 reliant la gare de Naples-Centrale à Rome puis Florence-Milan, mettant cette dernière à 3 h 30 de voyage seulement. Une autre ligne est actuellement[Quand ?] en construction et reliera Naples à la ville de Bari en passant par le Salento.
154
+
155
+ Le métro de Naples, inauguré en 1993, comprend en 2020 deux lignes, 22 stations et couvre 20 km, mais est appelé à se développer de manière importante au cours des prochaines années.
156
+
157
+ Le tramway de Naples, très ancien puisque remontant à 1875, comprend un réseau de trois lignes, pour un total de 11,8 km de voies. Il relie le port, la gare centrale et la banlieue est.
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+
159
+ L'aéroport de Naples Capodichino est situé à 6 km au nord de Naples, il est classé 5e aéroport italien avec 10,8 millions de passagers en 2019.
160
+
161
+ Le port de Naples, situé au centre de la Méditerranée et actif depuis l'Antiquité, exerce des fonctions commerciales et de connexion. Possédant 12 km de quais, il est le point départ de nombreux ferrys à destination des îles environnantes et pour les îles principales du pays, ainsi que de bateaux de croisières. Le trafic de marchandises est relativement faible en comparaison avec les autres ports du pays, mais reste actif et stratégique pour le sud du pays.
162
+
163
+ Avec 6 562 325 passagers en 2016 et 1 306 151 passagers en croisière, il s'agit de l'un des ports les plus importants tant au niveau européen que méditerranéen. La ville est également desservie par le port de Pouzzoles et le port de Mergellina (avec connexion et fonctions touristiques). D'autres petits ports, tels que celui de Nisida, celui de Posillipo, celui de Molosiglio et le petit port de Santa Lucia ont des fonctions exclusivement touristiques.
164
+
165
+ Naples, étant au centre de certaines des routes méditerranéennes les plus importantes et disposant d'un arrière-pays fertile de deux zones volcaniques, pouvait compter à l'origine sur une économie robuste liée avant tout à l'agriculture, aux matières premières et à l'artisanat.
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+
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+ À l'époque médiévale et moderne, la ville est devenue l'un des grands centres italiens de l'industrie textile, en particulier de la transformation de la soie.
168
+
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+ À l'ère industrielle naquit à Naples le premier grand complexe métallurgique du pays, à savoir celui de Pietrarsa, qui connut un développement industriel et économique considérable au cours des vingt années suivantes : en 1860, il employait environ 1 200 personnes. Cependant, après l’unification, l’usine a connu une phase de lente régression jusqu’à la cessation des activités de production vers 1880, tout en maintenant jusqu’en 1975 l’entretien et la réparation des locomotives.
170
+
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+ Pour souligner l’importance économique de la ville, il suffit de penser qu’en 1871, dix ans après l’annexion, la province de Naples avait encore un indice d’industrialisation supérieur à celui de Turin. Naples abritait également la Bourse, la Monnaie et le Banco delle Due Sicilie (en).
172
+
173
+ Pour faire face à l'émergence de l'économie napolitaine, en 1904, dans le contexte du Risanamento di NapoliRisanamento di Napoli, de grands districts industriels ont été créés à l'est et à l'ouest, même si un décollage efficace du secteur ne se produira qu'avec le boom économique. Le PIB européen de Naples est actuellement vingt-sixième (sur 115) en Europe (61,8 milliards de dollars en 2014, soit plus que des pays comme la Slovénie et comparable à des villes comme Zurich ou Copenhague), mais au cinquième rang pour la croissance du taux de chômage pendant la crise et avec l'un des revenus par habitant les plus bas d'Italie.
174
+
175
+ Malgré quelques brèves périodes d'amélioration, favorisées également par la présence dans la ville d'un artisanat fort (comme l'art des crèches, le travail de la céramique et des porcelaines, la production de bijoux avec du corail et de camées gravés à Torre del Greco, etc.), l’emploi n’a jamais atteint un niveau adéquat, principalement en raison d’investissements publics insuffisants, mais aussi en raison de la présence d’infiltrations mafieuses qui découragent la création de nouvelles entreprises. Les activités illicites napolitaines ont un impact considérable sur l'économie nationale, non sans effets négatifs sur les structures sociales et environnementales de la ville. L'absence d'un véritable développement industriel a fait de Naples un centre important du secteur tertiaire dans les domaines commercial, administratif, financier, des transports, du tourisme et plus récemment de la recherche (Apple et Cisco Systems Academy). Le port de Naples a toujours été un élément de revenu important pour la ville, tandis que le principal centre d’affaires et tertiaire est le Centro Direzionale.
176
+
177
+ La ville organise chaque année en mars un important tournoi de tennis sur terre battue du circuit ATP Challenger Tour.
178
+
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+ XVe siècle :
180
+
181
+ XVIe siècle :
182
+
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+ XVIIe siècle :
184
+
185
+ XVIIIe siècle :
186
+
187
+ XIXe siècle :
188
+
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+ XXe siècle :
190
+
191
+ Liste de personnalités liées à la ville de Naples, bien que n'y étant pas nées, soit qu'elles y aient vécu longtemps, soit qu'elles y soient mortes :
192
+
193
+ Ces films, même des fictions, donnent souvent une idée précise de l'âme de la ville et restent un témoignage exceptionnel sur son histoire:
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/4057.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,199 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ La National Aeronautics and Space Administration (en français : l'Administration nationale de l'aéronautique et de l'espace), plus connue sous son acronyme NASA, est l'agence gouvernementale responsable de la majeure partie du programme spatial civil des États-Unis. La recherche aéronautique relève également du domaine de la NASA. Depuis sa création le 29 juillet 1958, la NASA joue mondialement un rôle dominant dans le domaine du vol spatial habité, de l'exploration du Système solaire et de la recherche spatiale. Parmi les réalisations les plus marquantes de l'agence figurent les programmes spatiaux habités Apollo, la navette spatiale américaine, la station spatiale internationale (en coopération avec plusieurs pays), les télescopes spatiaux comme Hubble et Kepler, l'exploration de Mars par les sondes spatiales Viking, MER et Curiosity, ainsi que celle de Jupiter, Saturne et Pluton par les sondes Pioneer, Voyager, Galileo, Cassini-Huygens et New Horizons.
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+ La NASA est créée le 29 juillet 1958 pour administrer et réaliser les projets relevant de l'astronautique civile, jusque-là pris en charge par les différentes branches des forces armées des États-Unis, afin de rattraper l'avance prise par l'Union soviétique. La NASA reprend à cette époque les centres de recherche du NACA, jusque-là tourné vers la recherche dans le domaine de l'aéronautique. Elle est dotée en 2019 d'un budget de 21,5 milliards de dollars américains et emploie directement environ 17 300 personnes (22 000 avec le Jet Propulsion Laboratory) ainsi qu'un grand nombre de sous-traitants répartis entre dix centres spatiaux situés principalement dans les États du Texas, de Californie et de Floride, de l'Alabama, de Virginie et de Washington. Les missions marquantes en cours sont l'achèvement et l'exploitation de la Station spatiale internationale, l'utilisation et la réalisation de plusieurs télescopes spatiaux dont le télescope spatial James-Webb, les sondes spatiales OSIRIS-REx, Mars 2020, New Horizons et Mars Science Laboratory déjà lancées ou sur le point d'être lancées. La NASA joue également un rôle fondamental dans les recherches en cours sur le changement climatique.
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+ Le programme spatial habité de la NASA est depuis 2009 en cours de restructuration à la suite du retrait de la navette spatiale américaine en 2011 et de l'abandon du programme Constellation confronté à des problèmes de conception et de financement. La présidence de Barack Obama, suivant les recommandations de la commission Augustine, décide d'abandonner le projet de retour d'astronautes sur le sol lunaire à l'horizon 2020 au profit d'une démarche d'exploration plus progressive qui doit être précédée par des recherches poussées notamment dans le domaine de la propulsion. Dans cette optique sont mis en chantier le développement du lanceur lourd Space Launch System et de la capsule associée Orion dans le cadre du programme Artemis, Pour pallier l'absence de système de desserte de la station spatiale après le retrait de la navette spatiale, la NASA s'appuie au cours de la décennie 2010 sur le secteur privé qui doit prendre en charge la desserte en orbite basse de la Station spatiale internationale.
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+ En 1955, les États-Unis et l'URSS annoncent, chacun de leur côté, qu'ils lanceront un satellite artificiel dans le cadre des travaux scientifiques prévus pour l'année géophysique internationale (juillet 1957-décembre 1958)[2]. Aux États-Unis, le développement du satellite et de son lanceur est confié au programme Vanguard, confié à une équipe de la marine des États-Unis, mais le projet lancé tard et trop ambitieux enchaîne les échecs. Le 4 octobre 1957, l'Union soviétique est le premier pays à placer en orbite le satellite Spoutnik 1. C'est un choc pour les responsables et l'opinion publique américains, jusqu'alors persuadés de la supériorité technique des États-Unis. L'armée de l'Air et l'armée de Terre américaine ont à cette époque également des programmes spatiaux qui exploitent les travaux réalisés autour des missiles balistiques intercontinentaux : c'est l'équipe de Wernher von Braun, travaillant pour le compte de l'armée de terre, et associé au Jet Propulsion Laboratory qui parvient finalement à lancer le premier satellite américain, Explorer 1, le 1er février 1958 grâce au lanceur Juno I développé à partir d'un missile balistique Redstone[3].
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+ Le président américain Dwight D. Eisenhower finit par être convaincu qu'il est nécessaire de créer une agence spatiale consacrée aux projets spatiaux pour fédérer les efforts dispersés entre les différents centres de recherche militaires et civils[a]. Dès novembre 1957 un sous-comité du Sénat américain auditionne des spécialistes pour déterminer l'état d'avancement du programme de missiles américains et identifier l'origine de l'avance prise par les ingénieurs soviétiques. En février 1958 le comité Purcell est mis sur pied pour déterminer l'organisation de la future agence spatiale. Plusieurs solutions sont étudiées dont la création d'une agence « ab nihilo », le transfert de cette nouvelle activité à l'ARPA, organisme de recherche militaire interarmes nouvellement constitué ou la prise en charge du domaine par la Commission à l'énergie atomique (AEC), agence chargée des développements civils et militaires liés à l'atome. Finalement une majorité se dégage pour faire de la NACA (National Advisory Committee on Aeronautics, c'est-à-dire le comité consultatif national pour l'aéronautique) le noyau de l'agence spatiale. La NACA est une agence de recherche tournée vers l'aéronautique mais qui s'est fortement engagée au cours des années 1950 dans le programme de missiles par des travaux dans le domaine de l'aérodynamique, de la propulsion et des matériaux. Près de 50% de son activité touche à l'époque au spatial. La loi créant la NASA est approuvée par le Congrès en juillet 1958 et le décret d'application du National Aeronautics and Space Act est signé par le président le 29 juillet 1958[4].
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+ La NASA reprend les centres de recherche de la NACA. À l'époque la NACA emploie environ huit mille personnes et dispose d'un budget annuel de cent millions de dollars américains. Le plus grand de ces centres est le centre de recherche Langley qui emploie plus de 3 000 personnes et dont les axes de recherche portent sur l'aérodynamique, les structures et la mise en œuvre opérationnelle des avions et des lanceurs. Le centre de recherche Ames qui emploie 1 450 personnes a également une activité polyvalente mais les travaux portent plus particulièrement sur l'aérodynamisme à vitesses élevées. Le centre de recherche Lewis (nommé en 1981 centre de recherche Glenn) emploie 2 700 personnes qui se consacrent plus particulièrement aux recherches sur la propulsion aérospatiale. Il existe d'autres petits établissements spécialisés. Le siège de la NASA, comme celui de la NACA, est à Washington[5].
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+ Le programme Vanguard développé par la marine américaine et les projets de l'armée de l'air (essentiellement les premiers travaux sur le moteur F-1, trois projets de satellites et deux sondes lunaires en préparation) sont transférés à la NASA dès la création de l'agence spatiale. Par contre le transfert des deux entités de l'armée de terre - le Jet Propulsion Laboratory (JPL) et l'Army Ballistic Missile Agency (de von Braun) - qui sont à l'origine du premier succès spatial américain se heurtent à la résistance des responsables militaires. Ces derniers argumentent que ces deux entités œuvrent essentiellement sur des projets militaires. Finalement un compromis est adopté. Le JPL est transféré à la NASA à condition d'achever en parallèle la mise au point du missile balistique Sergeant. Les équipes de von Braun continuent à être rattachées à l'armée de terre. Elles seront finalement transférées à la NASA en juillet 1960[6]. Deux nouveaux établissements sont créés : ce sont en 1959 le centre de vol spatial Goddard implanté à quelques kilomètres de l'agglomération de Washington et spécialisé dans les missions scientifiques (observation de la Terre, Soleil, astronomie, astrophysique) et en 1961 le Manned Spacecraft Center (rebaptisé en 1973 Centre spatial Lyndon B. Johnson) qui prend en charge le programme spatial habité et qui est situé à compter de 1963 à Houston (Texas).
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+ Le premier projet de vol habité développé par la NASA est le programme Mercury, qui démarre en 1958 avant même la création de l'agence, qui doit permettre le lancement du premier américain dans l'espace. Le 5 mai 1961, Alan Shepard effectue un premier vol de quinze minutes dans la capsule Freedom 7 : mais ce n'est qu'un simple vol suborbital car la NASA ne dispose pas à l'époque d'un lanceur suffisamment puissant. Le président John F. Kennedy annonce le lancement du programme Apollo dans son discours du 25 mai 1961, essentiellement pour reconquérir le prestige américain mis à mal par les succès de l'astronautique soviétique, à une époque où la guerre froide entre les deux superpuissances bat son plein. La NASA mandatée par le président Kennedy, doit poser un homme sur la Lune avant la fin de la décennie. Il faut attendre la mission Mercury-Atlas 6 du 20 février 1962 pour que John Glenn devienne le premier astronaute américain à boucler une orbite autour de la Terre. Trois autres vols habités ont lieu en 1962 et en 1963[7].
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+ Lorsque le programme Mercury s'achève en 1963, des aspects importants du vol spatial, nécessaires pour mener à bien les vols lunaires, ne sont toujours pas maîtrisés. Les dirigeants de la NASA lancent le programme Gemini destiné à acquérir ces techniques sans attendre la mise au point du vaisseau très sophistiqué de la mission lunaire. Ce programme intermédiaire doit remplir trois objectifs :
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+ Le vaisseau spatial Gemini, qui doit initialement être une simple version améliorée de la capsule Mercury, devient un vaisseau sophistiqué de 3,5 tonnes (contre 1 tonne environ pour le vaisseau Mercury), capable de voler avec deux astronautes durant deux semaines. La capsule Gemini est lancée par un lanceur Titan II, missile de l'armée de l'air américaine reconverti en lanceur. Le programme rencontre toutefois des problèmes de mise au point. Mais fin 1963, tout est rentré dans l'ordre et deux vols sans équipage ont lieu en 1964 et début 1965. Le premier vol habité Gemini 3 emporte les astronautes Virgil Grissom et John Young le 23 mars 1965. Au cours de la mission suivante, l'astronaute Edward White réalise la première sortie dans l'espace américaine. Huit autres missions, émaillées d'incidents sans conséquence, s'échelonnent jusqu'en novembre 1966 : elles permettent de mettre au point les techniques de rendez-vous spatial et d'amarrage, de réaliser des vols de longue durée (Gemini 7 reste près de 14 jours en orbite) et d'effectuer de nombreuses autres expériences. À l'issue du programme Gemini, les États-Unis ont rattrapé leur retard sur l'URSS[8].
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+ Dans le domaine des lanceurs, la NASA développe pour le programme Apollo la famille de lanceurs Saturn. Le modèle le plus puissant, Saturn V, permet de placer 118 tonnes en orbite basse, un record jamais égalé depuis. Il est conçu pour lancer les deux vaisseaux de l'expédition lunaire : le vaisseau Apollo et le module lunaire Apollo chargé de transporter les astronautes à la surface de la Lune. Une partie de la réussite du programme Apollo a pour origine la mise au point d'un nouveau type de propulsion utilisant l'hydrogène liquide dont la mise au point a débuté à la fin des années 1950 dans le cadre du développement de l'étage Centaur.
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+ Deux accidents graves surviennent au cours du programme Apollo : l'incendie au sol du vaisseau spatial Apollo 1 dont l'équipage périt brûlé et qui entraîne un report de près de deux ans du calendrier et l'explosion du réservoir à oxygène du vaisseau spatial Apollo 13 dont l'équipage survit en utilisant le module lunaire comme vaisseau de secours. Pour atteindre la Lune, une méthode audacieuse de rendez-vous orbital lunaire est retenue, qui nécessite de disposer de deux vaisseaux spatiaux dont le module lunaire destiné à l'alunissage. Le lanceur géant Saturn V de 3 000 tonnes est développée pour lancer les véhicules de l'expédition lunaire. Le programme utilise un budget considérable (135 milliards de dollars américains valeur 2005) et mobilise jusqu'à quatre cent mille personnes.
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+ Le 21 juillet 1969, l'objectif est atteint par deux des trois membres d'équipage de la mission Apollo 11, Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Cinq autres missions se posent par la suite sur d'autres sites lunaires et y séjournent jusqu'à trois jours. Ces expéditions permettent de rapporter 382 kilogrammes de roches lunaires et de mettre en place plusieurs batteries d'instruments scientifiques. Les astronautes ont effectué des observations in situ au cours d'excursions sur le sol lunaire d'une durée pouvant atteindre 8 heures, assistés à partir d'Apollo 15 par un véhicule tout-terrain, le rover lunaire Apollo. Les six missions qui ont aluni ont rapporté de nombreuses données scientifiques.
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+ Parallèlement au programme Apollo, la NASA lance plusieurs programmes pour affiner sa connaissance du milieu spatial et du terrain lunaire. Ces informations sont nécessaires pour la conception des engins spatiaux et préparer les atterrissages sur la Lune. En 1965, trois satellites Pegasus sont placés en orbite par un lanceur Saturn I afin d'évaluer le danger représenté par les micrométéorites ; les résultats seront utilisés pour dimensionner la protection des vaisseaux Apollo. Les sondes spatiales Ranger (1961-1965), après une longue série d'échecs, ramènent à compter de fin 1964, une série de photos de bonne qualité de la surface lunaire qui permettent d'identifier des sites propices à l'atterrissage[9]. Le programme Lunar Orbiter, composé de cinq sondes qui sont placées en orbite autour de la Lune en 1966-1967, complète ce travail : une couverture photographique de 99 % du sol lunaire est réalisée, la fréquence des micrométéorites dans la banlieue lunaire est déterminée et l'intensité du rayonnement cosmique est mesurée. Le programme permet également de valider le fonctionnement du réseau de télémétrie. Les mesures effectuées indiquent que le champ gravitationnel lunaire est beaucoup moins homogène que celui de la Terre rendant dangereuses les orbites à basse altitude. Le phénomène, sous-estimé par la suite, réduit à 10 km l'altitude de l'orbite du module lunaire d'Apollo 15 dont l'équipage est endormi, alors que la limite de sécurité est fixée à 15 km pour disposer d'une marge suffisante par rapport aux reliefs[10]. Le 2 juin 1966, la sonde Surveyor 1 effectue le premier alunissage en douceur sur la Lune fournissant des informations précieuses et rassurantes sur la consistance du sol lunaire (le sol est relativement ferme) ce qui permet de dimensionner le train d'atterrissage du module lunaire.
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+ Malgré la priorité accordée au programme Apollo et �� l'exploration de la Lune, la NASA lance également à cette époque plusieurs missions vers les autres planètes du Système solaire. Les sondes spatiales dans les années 1960 sont de petites tailles et rudimentaires et il faudra attendre la décennie suivante pour disposer de sondes capables d'investigations scientifiques approfondies. Leur fiabilité est faible, aussi sont-elles généralement envoyées par paire. En 1962 la mission Mariner 2 devient la première sonde spatiale à effectuer un survol d'une autre planète (Vénus). Mariner 4 réussit le premier survol de la planète Mars en 1964. Trois autres sondes Mariner réussissent un survol de Vénus en 1967 et deux de Mars en 1969.
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+ Dans le domaine du vol habité la période de compétition acharnée avec l'URSS prend fin au début des années 1970 avec la dernière mission Apollo et l'abandon par les Soviétiques de leur programme lunaire habité. Un réchauffement des relations avec l'URSS est scellé symboliquement par le vol soviéto-américain du projet Apollo-Soyouz en 1975. Dans ce nouveau contexte, en l'absence d'enjeu international, le président américain Richard Nixon et le Congrès américain refusent de prolonger l'effort financier consenti pour le programme Apollo : le budget de l'agence spatiale qui avait culminé à 4,4 % du budget fédéral en 1965 va rapidement retomber. La station spatiale Skylab, un projet de station spatiale conçu à moindre frais en recyclant des composants du programme Apollo, est lancée. Trois équipages vont l'occuper successivement en 1973-1974 en ayant recours pour leur lancement au stock restant de lanceurs Saturn IB et de vaisseaux Apollo. Mais la station est ensuite abandonnée faute de budget et est détruite en rentrant dans l'atmosphère en 1979.
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+ La NASA qui plaide pour un programme spatial habité ambitieux doit se limiter au projet de la navette spatiale, un engin réutilisable dont l'objectif est d'abaisser fortement le coût de la mise en orbite. Le feu vert est arraché aux décideurs en 1972 en intégrant dans le cahier des charges de la navette les besoins du département de la défense des États-Unis et en révisant à la baisse les ambitions initiales du programme. Le développement, plus long que prévu, va se prolonger jusqu'au début de la décennie suivante.
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+ Columbia, première des quatre navettes spatiales, effectue son premier vol le 12 avril 1981. Le projet est un grand succès technique mais les coûts opérationnels des navettes s'avèrent beaucoup plus élevés que ce qui est prévu. La catastrophe de Challenger le 28 janvier 1986 remet en cause le dogme du tout navette et les lanceurs classiques, qui ont été abandonnés, doivent être remis en fonction. La navette abandonne en particulier le lancement des satellites commerciaux.
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+ Alors que les relations avec l'Union soviétique se dégradent à nouveau, le président Ronald Reagan demande en avril 1983 à la NASA de lancer un projet de station spatiale consacrée à la recherche scientifique et qui soit occupée en permanence. Il annonce le 25 janvier 1984, au cours de son discours sur l'état de l'Union, la volonté des États-Unis d'entreprendre sa construction en coopération avec d'autres pays[12]. Le coût du projet est alors estimé à huit milliards de dollars américains.
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+ La course à l'espace entre les deux puissances spatiales touche également l'exploration planétaire. L'Union soviétique réussit avec la sonde Venera 7 (1970) le premier atterrissage sur une autre planète du Système solaire. La NASA de son côté choisit de privilégier pour son programme d'exploration la planète Mars qui, contrairement à Vénus, abrite peut-être la vie et qui peut faire l'objet dans le futur d'une mission habitée. Alors que l'URSS consacre tout un programme à Vénus, la NASA ne lance au cours de la décennie qu'une seule mission double vers cette planète : le projet Pioneer Venus, à l'étude depuis 1965, subit plusieurs reports dus aux réductions budgétaires avant de recevoir le feu vert en 1975 et d'être lancé en 1978. Le projet, qui est une réussite, comporte d'une part 4 sondes atmosphériques d'autre part un orbiteur qui transmet des données jusqu'en 1992.
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+ Au milieu des années 1960, la NASA travaille sur une mission ambitieuse vers la planète Mars, le projet Voyager, qui se révèle trop complexe et trop cher. À la place sont développées les sondes spatiales Mariner 8 et Mariner 9 qui sont lancées en 1971. Le lanceur de Mariner 8 a une défaillance mais Mariner 9 atteint Mars en 1972 et devient la première sonde spatiale à se placer en orbite autour d'une autre planète. Mais pour répondre à la question de la vie sur Mars il faut faire parvenir une sonde jusqu'au sol martien pour que celle-ci puisse effectuer des mesures directes. Les deux sondes programme Viking sont lancées vers Mars : le programme comporte deux atterrisseurs et deux orbiteurs et constitue le premier projet d'exploration planétaire. Le lancement planifié en 1973 est reporté à 1975 en raison de restrictions budgétaires et de dépassements des coûts de développements. Les deux atterrisseurs parviennent sur le sol martien en 1976 et transmettent des données jusqu'en 1982. De leur côté les orbiteurs fonctionnent bien au-delà de la durée de vie prévue jusqu'en 1980.
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+ Dans le cadre du plan d'exploration à long terme de Mars, le projet Viking doit être suivi d'un orbiteur chargé d'étudier le climat de Mars et d'un rover mobile (astromobile). Pour des raisons à la fois financières et politiques, ces projets ne sont débloqués que dans les années 1990 avec l'orbiteur Mars Observer et dans les années 2000 avec les astromobiles Spirit et Opportunity.
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+ La seule planète interne à ne pas avoir été explorée au début des années 1970 est Mercure. La NASA décide de développer Mariner 10 dans ce but. La sonde est lancée en 1973 et achève sa mission en 1975 après avoir effectué comme prévu trois survols de la planète. Mariner 10 est la première sonde spatiale à utiliser la technique de l'assistance gravitationnelle.
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+ À la fin des années 1960, la NASA envisage également de lancer des sondes vers les planètes externes. Un alignement de ces planètes, très rare, doit se produire à la fin des années 1970 permettant à une seule sonde spatiale d'effectuer un survol des quatre planètes externes. Cet événement est à l'origine du projet Grand Tour Suite ou Outer Planets Grand Tour Project qui prévoit le lancement de quatre à cinq sondes. Mais ce projet trop coûteux est abandonné en 1970 et remplacé début 1972 par le programme Voyager (qui n'a rien de commun avec le programme éponyme vers Mars). À l'époque les astronomes ignorent si une sonde peut franchir intacte la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter et si le champ magnétique de Jupiter, particulièrement puissant, présente un risque pour le fonctionnement d'un engin spatial. Pour répondre à ces interrogations le projet des sondes Pioneer 10 et Pioneer 11 est mis sur pied dès 1968. Pioneer 10 est lancée en 1972 et est la première sonde spatiale à survoler Jupiter en décembre 1973. Une année après la sonde jumelle Pioneer 11 quitte à son tour la Terre en avril 1973 et survole Jupiter fin 1974 avant d'effectuer le premier survol de Saturne en 1979. La reconnaissance effectuée par les sondes Pioneer a préparé la voie pour les sondes Voyager 1 et Voyager 2 toutes les deux lancées en 1977. Voyager 1 atteint Jupiter en 1979, Saturne en 1980 et collecte énormément de données inédites. Voyager 2 survole ces deux planètes en 1979 et 1981 et parvient à boucler le Grand Tour en passant près d'Uranus en 1986 et de Neptune en 1989. Les sondes Voyager comptent parmi les projets les plus réussis de la NASA.
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+ À la fin des années 1970, la situation de la NASA se dégrade fortement. Après l'achèvement du programme Apollo de nombreux salariés doivent quitter l'agence et les moyens financiers qui subsistent sont en grande partie absorbés par le projet de la navette spatiale. Les responsables politiques ne s'intéressent pas au programme spatial. Dans ces conditions peu de missions nouvelles voient le jour.
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+ En 1974 un projet appelé initialement Jupiter Orbiter / Probe (JOP) et baptisé plus tard Galileo est proposé mais il ne commence à être financé qu'en 1977. La sonde doit être lancée en 1982 par la navette spatiale mais le retard pris dans la mise au point de la navette repousse son lancement jusqu'en 1986 ; le gouvernement Reagan envisage à un moment d'annuler le programme alors que l'engin est achevé à 90 % et il faut des pressions officielles très importantes pour le sauver. L'accident de Challenger repousse son lancement jusqu'en 1989 et la sonde atteint le système de Jupiter en 1995 où elle démarre sa mission qui s'achève en 2003. La seconde mission conçue à la fin des années 1970 et au début des années 1980 est la sonde VOIR (Venus Orbiting Imaging Radar) qui doit effectuer une cartographie de la planète Vénus grâce à son radar. De nouvelles réductions budgétaires aboutissent à son annulation. Une autre sonde scientifique à destination du Soleil International Solar Polar Mission est annulée à la même époque. Pour les remplacer des expériences scientifiques américaines sont placées sur la sonde européenne jumelle Ulysses. En 1979 la sonde de la NASA qui doit être lancée vers la comète de Halley, en même temps que la sonde européenne Giotto, est également annulée.
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+ En 1983 une nouvelle stratégie reposant sur la réalisation de sondes à coûts modérés est mise en place par la NASA. Quatre missions sont proposées : une mission VOIR simplifiée, un orbiteur martien, la sonde Comet Rendezvous Asteroid Flyby (CRAF) et la sonde Saturn Orbiter / Titan Probe (SOTP). La sonde VOIR est reconfigurée avec une charge utile réduite à un unique instrument et utilisant des pièces de rechange des sondes précédentes. La nouvelle sonde qui a été renommée Magellan doit être lancée en 1988 mais ne le sera finalement qu'en 1989 à la suite de l'accident de Challenger. Magellan remplit avec succès sa mission en effectuant une cartographie à haute résolution du sol de Vénus entre 1990 et 1992.
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+ Ronald Reagan annonce en 1983 le lancement de l'Initiative de défense stratégique puis en 1984 la construction de la station spatiale Freedom, noyau de la future Station spatiale internationale. Dans les années qui suivent le budget consacré aux sondes spatiales est en hausse. Au titre du budget 1984 est lancé le développement de Mars Geoscience/Climatology Orbiters (MGCO), qui devient plus tard Mars Observer et qui doit prendre la suite du programme Viking et de la sonde Mariner 9. Le lancement programmé pour 1990 est repoussé à 1992 à cause de l'accident de Challenger. Malheureusement le contact avec la sonde est perdu au moment où celle-ci va s'insérer en orbite autour de Mars. À cette date, c'est l'erreur la plus coûteuse du programme des sondes spatiales de la NASA et c'est la première sonde qui subit un échec depuis 1967. Sa mission est en grande partie reprise par les sondes Mars Global Surveyor et 2001 Mars Odyssey lancées à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Une troisième sonde, Mars Climate Orbiter, qui doit compléter la couverture des deux engins précédents, est un échec.
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+ Dans le cadre du budget 1990, des fonds sont dégagés pour les projets Cassini-Huygens (anciennement SOTP) et la sonde spatiale CRAF à destination d'une comète. L'augmentation des coûts de la station spatiale et de fortes contraintes budgétaires obligent en 1991 à restreindre la charge utile de CRAF à deux instruments puis la sonde elle-même est annulée en 1993. Cassini est par contre construite et lancée en 1997. La sonde réalise avec succès sa collecte de données dans le système de Saturne qu'elle atteint en 2004. Une autre mission marquante de cette époque est le télescope spatial Hubble qui avait été construit dès 1977 et devait initialement être lancé en 1986.
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+ Le changement politique en Russie permet de mettre en place un accord de coopération spatiale entre les États-Unis et la Russie ratifié fin 1992 par les présidents George Bush et Boris Eltsine : des astronautes américains peuvent effectuer des séjours de longue durée dans la station Mir. La NASA, qui met en application l'accord comme une répétition des vols vers la future station spatiale, règle 400 millions de dollars américains de coût de séjour à l'agence spatiale russe. Plusieurs missions se succèdent entre 1995 et 1998 au cours desquelles onze astronautes américains passent 975 jours à bord de la station Mir vieillissante. À neuf reprises, les navettes spatiales américaines ravitaillent la station Mir et assurent la relève des équipages.
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+ Fin 1993, la Russie devient également un acteur majeur du programme de la Station spatiale internationale qui jusqu'à présent n'a pu démarrer faute de consensus sur son financement. L'agence spatiale russe doit fournir quatre modules pressurisés tandis que ses vaisseaux participeront au ravitaillement et à la relève des équipages. La nouvelle mouture de la station spatiale doit comporter deux sous-ensembles : la partie américaine héritée du projet Freedom et la partie russe basée sur « Mir 2 » successeur prévu de Mir. Le feu vert pour le lancement de la construction est donné en 1998.
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+ La NASA avec Lockheed Martin développe un prototype de navette à l'échelle ½. Le X-33 est un engin mono-étage, entièrement réutilisable. Il incorpore un moteur à tuyère aerospike sans divergent. Mais en février 2001, après avoir dépensé 1,3 milliard de dollars américains, le projet est abandonné.
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+ Au début des années 1990 deux sondes spatiales de la NASA très coûteuses (près d'un milliard de dollars américains chacune) essuient des échecs. La mission Mars Observer échoue complètement, tandis qu'un problème d'antenne limite fortement le volume des données transmises par la sonde Galileo. Dans les sphères politiques, les projets d'exploration solaire qui nécessitent de longs développements et comportent une part de risque non négligeable sont désormais considérés avec méfiance et il est demandé à la NASA de réduire le budget consacré à chaque mission. L'Administrateur de la NASA Daniel Goldin adopte à cette époque le slogan « faster, better, cheaper » (plus vite, mieux, moins cher) qui se traduit notamment par la mise sur pied du programme Discovery : les missions Discovery sont plus petites et plus spécialisées, emportent moins d'instruments scientifiques mais en contrepartie sont moins chères, moins complexes et sont donc développées plus rapidement. Les deux premières sondes de ce programme sont lancées en 1996 : NEAR doit approcher une comète et Mars Pathfinder est un démonstrateur technologique. Au cours de la même décennie sont également lancées la sonde lunaire Lunar Prospector en 1998 et Stardust en 1999.
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+ Le nouveau slogan est également appliqué aux programmes existants. À la suite de l'échec de Mars Observer, il est décidé d'envoyer de nouvelles sondes vers Mars. À compter de 1994 et pour les 10 années à venir une nouvelle sonde doit partir tous les 26 mois. Mars Global Surveyor qui reprend une grande partie des instruments de Mars Observer est la première à être lancée en 1996 : la mission est un succès et la sonde fournit des données jusqu'en 2006. Mais les missions suivantes Mars Climate Orbiter (1998) et Mars Polar Lander (1999) sont toutes deux des échecs. Le dogme du « faster, better, cheaper » est remis en cause. La mission suivante 2001 Mars Odyssey (2001) est un succès mais désormais les sondes spatiales sont mieux financées.
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+ À la fin des années 1980, la NASA tente de lancer à côté de la station spatiale Freedom d'autres projets importants bloqués depuis longtemps. Les critiques de la NASA à la suite de l'accident de la navette Challenger sont en partie contrebalancées dans le public par le rôle joué par l'agence spatiale dans la confirmation du trou dans la couche d'ozone qui avait été découvert en 1985. Dans ce contexte, la NASA décide de faire de l'observation de la Terre une composante majeure de son programme : le projet « Mission to planet Earth » (Mission pour la planète Terre) est proposé en 1987 et mis en place officiellement en 1990. Son noyau est constitué par le Earth Observing System (EOS) ; celui-ci doit débuter par le lancement de deux gros satellites sophistiqués. Pour des raisons budgétaires, le programme est revu au début des années 1990 : trois satellites de taille moyenne doivent désormais constituer le cœur de EOS. Le satellite Terra est lancé en 1999, Aqua en 2002 et Aura en 2004. Toutefois, le premier engin spatial dont la mission répond aux préoccupations environnementales à l'origine de Mission to planet Earth est le satellite UARS. Lancé en 1991, il permet à la NASA de fournir des données clés sur la destruction de la couche d'ozone et est chargé de vérifier l'application par les États du protocole de Montréal, qui proscrit l'utilisation des gaz destructeurs. Les autres missions importantes de EOS sont les satellites TOPEX/Poseidon, lancé en 1992, et Tropical Rainfall Measuring Mission (TRMM), lancé en 1997 et dont les contributions confirment la place essentielle du satellite dans la prévision des phénomènes météorologiques et en particulier de ses manifestations les plus violentes. Au début des années 1990, les préoccupations concernant le réchauffement climatique prennent le pas sur les travaux qui concernent la couche d'ozone. Le point de départ des recherches sur le sujet est une série de travaux effectués au début des années 1970 pour répondre aux préoccupations environnementales soulevées par la fréquence prévisionnelle très élevée des lancements de la navette spatiale américaine qui sont susceptibles d'affecter la composition de la stratosphère. Des lois sont passées au Congrès américain en 1975 et 1977 élargissant le domaine d'intervention de la NASA à la recherche environnementale. Une nouvelle classe de satellites d'observation de la Terre est mise en œuvre à compter de 1972 avec le lancement du Earth Resources Technology Satellite (ERTS), baptisé plus tard Landsat 1. Les sondes Viking ont cartographié en 1976 pratiquement l'ensemble de la planète Mars pour identifier des sites propices à l'atterrissage. La méthode de recherche utilisée, qui jusque-là n'est appliquée qu'aux autres planètes, va être mise en œuvre pour la première fois pour l'observation de la Terre avec le satellite Seasat lancé en 1978. Dans les années 1980, émergent de nouvelles théories, qui assimilent la Terre à un système global. Émergent également des travaux de recherche comparative entre les planètes, effectués dans le cadre des missions robotiques sur le sol martien et des survols de Vénus par les sondes Mariner dans les années 1960. Il apparaît alors essentiel de réaliser des missions d'exploration scientifique de la Terre pour définir des modèles globaux, ce qui conduit à la mise sur pied du « Earth Science Program » (Programme de Science de la Terre)[13],[14],[15],[16],[17].
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+ Pour explorer l'univers proche et lointain, la NASA lance un certain nombre de satellites scientifiques et de télescopes spatiaux dont OAO (1972-1981), HEAO (1977-1979 ), IRAS (1983), FUSE (1999-2007) et STEREO (depuis 2006). L'étude du fond diffus cosmologique est au cœur des missions lancées vers 1989 avec COBE (1989-1993) et WMAP (depuis 2001).
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+ Dans le cadre de son plan Great Observatory Programs, la NASA lance quatre télescopes spatiaux pour étudier l'univers lointain dans toutes les gammes d'ondes importantes. Le télescope spatial Hubble lancé en 1990 couvre la lumière visible, l'ultraviolet et le rayonnement infrarouge. Le Compton Gamma-Ray Observatory spécialisé dans l'astronomie gamma est lancé en 1991, suivi par le télescope à rayons X Chandra en 1999 et enfin le télescope infrarouge télescope spatial Spitzer en 2003. Ces derniers sont en cours de remplacement par des télescopes encore plus puissants : le Fermi Gamma-ray Space Telescope (2008) et le télescope spatial James-Webb (en 2021).
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+ La décennie 2000 est exceptionnelle pour l'activité d'exploration du Système solaire par les engins de la NASA avec le lancement de 12 sondes interplanétaires et la préparation de trois autres missions qui sont lancées en 2011. Cela résulte en partie de la décision prise au cours de la décennie précédente de réaliser des missions plus modestes mais plus nombreuses. L'exploration de Mars est au cœur de cette activité : l'orbiteur 2001 Mars Odyssey (2001) est suivi par les deux astromobiles MER (Spirit et Opportunity) (2003), l'orbiteur MRO (2005), l'atterrisseur Phoenix (2007) tandis que le rover de Mars Science Laboratory, le plus gros budget de la décennie initialement programmé en 2009, est repoussé en 2011. Toutes les missions sont des succès et font progresser de manière significative notre connaissance de la planète Mars. L'orbiteur Messenger (2004) est chargé d'étudier pour la première fois de manière détaillée la planète Mercure. Les petits corps ne sont pas oubliés avec l'impacteur Deep Impact (2004) lancé vers une comète et l'orbiteur Dawn (2007) qui est chargé d'explorer les deux plus grands corps de la ceinture d'astéroïdes. Le seul échec de la décennie est à imputer à la petite sonde CONTOUR (2002) chargée de survoler plusieurs comètes et sans doute victime d'une défaillance de son système de propulsion. Pour les planètes extérieures, la mission de la sonde Cassini-Huygens envoyée vers le système saturnien la décennie précédente est un succès total. New Horizons (2006) est lancée dans un voyage à très long cours qui doit l'amener à proximité de Pluton en 2015. Enfin dans le cadre du programme Constellation deux missions de reconnaissance sont lancées vers la Lune, l'orbiteur Lunar Reconnaissance Orbiter (2009) et l'impacteur LCROSS (2009).
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+ La navette spatiale Columbia se désintègre le 1er février 2003 entraînant le décès de son équipage et une interruption de 29 mois des missions des navettes spatiales. Les problèmes logistiques engendrés par cet arrêt conduisent à un arrêt temporaire des travaux d'assemblage de la Station spatiale internationale et à une réduction de l'équipage permanent qui l'occupe. En réaction à cet accident le président des États-Unis George W. Bush rend public le 15 janvier 2004 les nouveaux objectifs à long terme assignés au programme spatial américain dans le domaine de l'exploration du Système solaire et des missions habitées qui est formalisé à travers le plan programme Vision for Space Exploration. La définition de cette stratégie est dictée par deux motivations :
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+ La NASA décide parallèlement au programme Constellation de faire appel au privé pour le ravitaillement et la relève des équipages de la Station spatiale internationale en attendant la disponibilité des composants du programme Constellation : deux sociétés sont sélectionnées en 2006 et 2008 dans le cadre du programme COTS. Mais leur engagement porte uniquement sur le ravitaillement de la station. Le relève des équipages repose toujours sur le lanceur Ares I et du vaisseau Orion dont la date de disponibilité recule de plus en plus. La viabilité du programme Constellation et les choix techniques effectués sont de plus en plus contestés. Le président Barack Obama nouvellement élu en 2008 demande à la commission Augustine, créée pour la circonstance, d'évaluer le programme spatial habité américain. Celle-ci souligne le manque d'ambition du programme Constellation, dont les objectifs sont proches du programme Apollo. Le financement n'est manifestement pas suffisant (il manque 3 milliards de dollars américains par an). Le lanceur Ares I, disponible trop tardivement, est jugé de peu d'intérêt. Le comité estime que la NASA doit s'appuyer de manière plus importante sur les opérateurs privés pour tout ce qui relève de l'orbite basse — lanceur, vaisseau cargo et capsule habitée — et se concentrer sur les objectifs situés au-delà de l'orbite basse. Le comité suggère de prolonger l'utilisation de la navette spatiale au-delà de 2010. Prenant le contre-pied du plan lancé par le président Bush, le comité recommande la prolongation jusqu'à 2020 de la durée de vie de la Station spatiale internationale pour rentabiliser l'investissement effectué. En matière d'objectifs, le rapport confirme l'intérêt de l'exploration de Mars en tant que but du programme spatial habité mais approuve la nécessité d'une étape intermédiaire qui peut être l'exploration de la Lune ou un certain nombre de destinations intermédiaires comme les points de Lagrange, les lunes de Mars, le survol d'un objet géocroiseur (flexible path). Enfin le comité fait un certain nombre de constats sur l'organisation de la NASA, suggérant des améliorations dans ce domaine[18]. Le président Obama prenant en compte les conclusions du comité décident pratiquement l'annulation du programme Constellation début 2010 avec des aménagements destinés à limiter l'incidence sur l'emploi au sein de la NASA. Cet abandon est confirmé par le président le 11 octobre 2010 dans le cadre de la validation du « NASA Authorization Act 2010 »[19].
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+ Le début des années 2010 est marqué par la crise économique mondiale qui touche sévèrement les États-Unis. Le budget de la NASA régresse fortement entre 2011 et 2013 avant d'entamer un rétablissement à compter de 2014 et de connaître une embellie dans la deuxième moitié de la décennie : le budget de l'année 2018 s'élève à 20,7 milliards de dollars américains[20]. Ces années sont également marqués par les succès des missions scientifiques et les errements du programme spatial habité.
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+ Durant la première moitié de la décennie, la crise budgétaire conjuguée à l'explosion du coût du très ambitieux télescope spatial James-Webb qui est passé de 3 milliards de dollars américains en 2005, à 10 milliards de dollars américains en 2018 viennent réduire les sommes disponibles pour les autres missions scientifiques. L'agence spatiale doit renoncer dès 2011 à un premier projet vers la lune Europe Jupiter Europa Orbiter et la sélection de la mission suivante du programme New Frontiers est suspendue. La cadence des lancements des missions à bas coût du programme Discovery, qui est théoriquement de moins de 2 ans, est elle-même ralentie : après une mission en 2011, InSight est sélectionnée pour un lancement en 2016 (elle est finalement repoussée à 2018, pour des raisons techniques). La dernière mission lancée vers les planètes externes (Juno en 2011) n'a aucun successeur. Toutefois l'embellie économique que connait les Etats-Unis au milieu de la décennie s'accompagne de la relance de projets et d'une augmentation sensible du budget de la NASA. La mission Europa Clipper vers la lune Europe se concrétise et deux missions du programme Discovery à destination d'astéroïdes sont approuvées en 2017 : Lucy et Psyché. Les sélections pour le programme New Frontiers reprennent. Après avoir étudié un projet commun avec l'Agence spatiale européenne, la NASA décide de lancer le développement d'un successeur à Mars Science Laboratory, baptisé Mars 2020 qui doit recueillir des carottes du sol martien pour une future mission de retour d'échantillons martiens qui n'est ni planifiée ni financée.
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+ La décennie est également marquée par une série ininterrompue de succès de missions scientifiques. La sonde spatiale Dawn démontre brillamment les capacités d'un moteur ionique en se plaçant successivement en orbite autour des deux principaux corps de la ceinture d'astéroïdes Vesta (2011) et Cérès (2015) jusque là inexplorés et en collectant de nombreuses données. New Horizons après un transit de près de 10 ans survole le système plutonien qui se révèle très différent et beaucoup plus intéressant que supposé. Mars Science Laboratory (Curiosity) dépose avec succès un astromobile de près d'une tonne qui enchaîne les découvertes sur le sol de Mars. Le télescope Kepler, lancé en 2009, découvre plus de 2 500 exoplanètes ouvrant de toutes nouvelles perspectives dans le domaine de l'astronomie et suscitant de nouveaux projets de mission.
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+ Le programme spatial habité très influencé par les responsables politiques se poursuit début 2010 sans véritable stratégie à long terme. L'abandon de la Station spatiale internationale, source de coûts récurrents, est évoqué mais régulièrement repoussé. Pour desservir la station spatiale internationale sans dépendre de la Russie, la NASA confie, dans le cadre de son programme Commercial Crew Development, le développement d'un vaisseau assurant la relêve des équipages américains[21]. En 2014 la NASA sélectionne les vaisseaux CST-100 de Boeing pour 4,2 milliards de dollars et le Crew Dragon de SpaceX qui reçoit 2,6 milliards de dollars avec un premier vol programmé en 2017[22]. Les deux projets prennent du retard et le premier vol avec équipage (Crew Dragon) n'a lieu qu'en mai 2019.
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+ L'arrêt du programme Constellation n'a pas entraîné la fin des programmes ambitieux et couteux. La NASA poursuit la construction du vaisseau Orion et lance le développement d'un nouveau lanceur lourd baptisé Space Launch System qui ponctionne lourdement le budget de l'agence spatiale et dont le premier vol doit intervenir à la fin de la décennie. Mais ce programme n'a plus de véritable objectif après l'abandon d'une mission vers un astéroïde qui devait être une étape intermédiaire avant l'arrivée de l'homme sur Mars dans le cadre de la stratégie du Flexible Path[23],[24]. malgré l'étude d'un projet de station spatiale lunaire Lunar Orbital Platform-Gateway. Début 2017, la NASA précise la stratégie de son programme spatial habité dans la perspective de l'abandon de la Station spatiale internationale. Elle annonce le développement d'une station spatiale placée en orbite lunaire baptisée Deep Space Gateway (DSG). Celle-ci doit être assemblée à partir de composants transportés par le futur lanceur lourd SLS et doit être desservie par le vaisseau Orion. On évoque un retour des astronautes sur le sol lunaire pour 2028 et la station doit servir de tremplin à long terme pour des missions martiennes mais ces projets ne sont pas assurés de disposer de ressources financières nécessaires[25],[26]
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+ Début 2019, à quelques mois du cinquantième anniversaire de la mission Apollo 11, le président américain Donald Trump demande à la NASA de ramener des astronautes à la surface de la Lune dès 2024 soit quatre ans avant l'échéance vaguement fixée jusque là par l'agence spatiale[27]. Pour répondre à cette exigence, malgré l'absence de budget à la hauteur de ce nouvel enjeu, la NASA lance le programme Artemis [28]. Le programme repose sur les composants en cours de développement (SLS, Orion) ou déjà prévus (Deep Space Gateway). Pour tenir le planning, l'agence spatiale sous-traite complètement à l'industrie la conception et la réalisiont du vaisseau lunaire HLS qui doit déposer les hommes sur la Lune ainsi que les missions robotiques qui doivent servir d'éclaireur[29].
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+ La NASA consacre environ un quart de ses ressources financières aux activités purement scientifiques. Celles-ci se répartissent entre quatre thèmes qui par ordre de budget décroissant sont :
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+ Environ 20 % du budget est consacré aux activités de support : gestion des centres spatiaux, maintenance et réalisation d'équipements. La recherche aéronautique, activité d'origine de l'agence, pèse relativement peu (quelques % du budget). Enfin près de 50 % du budget est consacrée directement ou indirectement au vol spatial habité. Cette partie de l'activité est particulièrement fluctuante.
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+ Le programme spatial habité de la NASA est début 2010 en pleine restructuration après l'annulation du programme Constellation et l'arrêt confirmé des navettes spatiales fin 2010. La NASA va devoir durant quelques années s'appuyer lourdement sur ses partenaires pour poursuivre le programme de la Station spatiale internationale et en particulier sur l'agence spatiale russe. Le programme COTS n'a pas encore débouché et n'est manifestement pas prêt à temps pour ravitailler la Station spatiale internationale fin 2010. Prenant acte des problèmes de développement rencontrés par le vaisseau Orion, la NASA décide de confier début 2010 à des opérateurs privés la relève des équipages : elle sélectionne le 1er février dans le cadre du programme CCDev les sociétés Boeing et Sierra Nevada Corporation : ces deux sociétés doivent développer un moyen de transport (vaisseau spatial et lanceur) permettant d'amener les astronautes à bord de la Station spatiale internationale et d'assurer leur retour sur Terre. La construction des lanceurs du programme Constellation est arrêté mais le développement du vaisseau Orion se poursuit début 2010.
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+ Le programme scientifique représente 26 % du budget de 2011 soit un peu plus de 5 milliards de dollars américains. Sauf pour ce qui relève de la défense nationale, il est construit sous l'égide du United States House Committee on Science, Space, and Technology (Comité des sciences, de l'espace et des technologies de la Chambre des représentants des États-Unis).
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+ Pour 2014 la NASA consacre 1,346 milliards de dollars américains soit 7,6 % de son budget aux missions d'exploration du Système solaire. Début 2015 l'essentiel de ce budget est consacré aux 10 sondes spatiales en opération ou en transit et aux trois missions en cours de développement. Ce budget est ventilé entre :
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+ Le programme des planètes extérieures (Outer Planets Program) se limite début 2015 à la mission Cassini-Huygens, lancée en 1997 qui étudie Saturne et ses lunes depuis 2004. Cette mission très ambitieuse (3,3 milliards de dollars américains dont 2,6 pris en charge par la NASA) menée en coopération avec l'Agence spatiale européenne est prolongée jusqu'en 2017. Une autre mission extrêmement sophistiquée, Europa Clipper est en phase de développement depuis 2017 et son financement estimé à 3,1 milliards de dollars américains n'est pas encore bouclé. Son objectif est l'étude de la lune Europe[33].
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+ La planète Mars fait l'objet d'un programme distinct. Pas moins de cinq missions sont en cours. 2001 Mars Odyssey est un orbiteur qui étudie depuis 2002 la géologie de Mars et recherche en particulier la présence de traces d'eau. Mars Reconnaissance Orbiter est un orbiteur lourd (plus de 2 tonnes), embarque une caméra particulièrement puissante, qui est entrée en service en 2006 et dont la mission principale est d'établir une cartographie détaillée de Mars. Les astromobiles MER, Spirit et Opportunity poursuivent leur mission d'exploration au sol entamée en 2004 qui est prolongée de nombreuses fois. Mars Science Laboratory emporte l'astromobile Curiosity de 775 kg (contre 185 kg pour les astromobiles MER) qui arpente depuis 2012 le cratère Gale avec 70 kg d'instruments scientifiques. C'est le projet le plus complexe et le plus coûteux (2,5 milliard de dollars américains) des dix dernières années. Il doit aider les scientifiques à déterminer si la vie a pu exister sur Mars et à affiner l'étude du climat et de la géologie de la planète. MAVEN (Mars Atmosphere and Volatile EvolutioN) est un orbiteur en orbite autour de Mars depuis 2014 pour étudier son atmosphère. L'astromobile Mars 2020 qui reprend l'architecture de Curiosity sera lancé en juillet 2020. Sa mission est de choisir et collecter des échantillons pour une future mission de retour d'échantillons actuellement ni planifiée ni budgétée[34].
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+ Le programme New Frontiers regroupe des missions ambitieuses dont le coût est néanmoins inférieur à 700 millions de dollars américains. La première mission de ce programme, New Horizons, est lancée en 2006 afin d'étudier Pluton qu'elle a atteint en 2015, avant de survoler un objet de Kuiper aux confins du Système solaire. Juno, dont le lancement a lieu en 2011, doit se placer sur une orbite polaire autour de Jupiter pour étudier son champ magnétique. La mission de retour d'échantillon d'astéroïde OSIRIS-REx est lancé en 2016. Faute de budget, aucune autre mission n'est sélectionnée. Un appel d'offres doit être lancé fin 2016 pour une nouvelle mission[35].
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+ À côté des missions complexes, coûteuses et longues à mettre au point mais de ce fait rares, la NASA développe dans le cadre du programme Discovery des missions dont le coût doit être inférieur à 425 millions USD et dont le délai de développement ne doit pas excéder 36 mois. Le nombre d'instruments scientifiques est réduit et le développement est confié à une seule équipe. Les missions Discovery opérationnelles sont la sonde Messenger, lancée en 2008, qui achève sa mission autour de Mercure en 2015, Dawn lancé en 2007 qui est placé successivement en orbite autour des astéroïdes Vesta puis Cérès pour les étudier et l'orbiteur lunaire LRO lancé en 2009. Les missions en cours de développement sont l'atterrisseur martien InSight qui est lancé en 2018 et sonde l'intérieur de cette planète et l'instrument STROFIO embarqué à bord de la sonde spatiale BepiColombo de l'Agence spatiale européenne à destination de Mercure. La prochaine mission devra être sélectionnée en 2016[36].
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+ Début 2019, la NASA prévoit de lancer le télescope spatial James-Webb en mars 2021. Les fonds affectés à l'astronomie spatiale en 2014 représentent 7,5 % du budget soit 1 326 millions de dollars américains. Ils se répartissent entre plusieurs programmes[38] :
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+ Le télescope spatial Hubble est le plus connu des télescopes spatiaux de la NASA : bien que lancé en 1990 il doit rester en activité encore plusieurs années grâce à la dernière opération de maintenance effectuée à l'aide de la navette spatiale en 2009. Pour les études portant sur l'histoire de l'univers il est assisté par le télescope infrarouge Spitzer lancé en 2003 qui doit être rejoint en 2021 par le JWST : ce télescope infrarouge doté d'un miroir primaire de 6,5 mètres de diamètre est un projet international lourd de 8,8 milliards de dollars américains. Celle-ci a également une participation majeure dans le télescope européen Herschel lancé en 2009. Le deuxième projet en cours, SOFIA, est un télescope infrarouge aéroporté développé avec l'agence spatiale allemande et installé à bord d'un Boeing 747[45].
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+ Plusieurs observatoires spatiaux de la NASA recueillent des données permettant de répondre à des questions fondamentales sur les origines de l'univers : Chandra télescope à rayons X lancé en 1999 et GLAST observatoire de rayons gamma développé avec plusieurs autres agences spatiales et lancé en 2008. La NASA a également participé à l'observatoire européen Planck lancé en 2009 qui étudie le fond diffus cosmologique dans le domaine des micro-ondes. La NASA développe en 2016 la mission WFIRST[46].
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+ Le télescope Kepler, lancé en 2009 est consacré à la recherche d'exoplanètes. La NASA utilise également pour cette recherche le télescope terrestre W. M. Keck dont elle est l'un des propriétaires. Deux autres missions sont à l'étude : SIM observatoire spatial utilisant les techniques d'interférométrie et un instrument spécial qui équipe le télescope terrestre Large Binocular Telescope[47].
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+ Plusieurs télescopes toujours actifs ont contribué à la mise au point de nouvelles technologies : Swift est un observatoire en ondes gamma lancé en 2004. WMAP étudie depuis 2001 le fond diffus cosmologique dans le domaine des micro-ondes. GALEX est un télescope ultraviolet lancé en 2003. Enfin la NASA est un coparticipant du télescope rayons X japonais Suzaku lancé en 2005. WISE, lancé en décembre 2009 pour une mission de 6 mois, effectue une cartographie des sources infrarouges à la recherche des galaxies les moins lumineuses, des étoiles froides situées dans la banlieue terrestre et des astéroïdes qui se trouvent dans le Système solaire. NuSTAR pour la détection des trous noirs par observation du rayonnement X est lancé en 2012. La NASA fournit le spectromètre du télescope japonais Hitomi (ASTRO-H) lancé en 2016[48]. Un petit télescope consacré à la détection d'exoplanètes TESS est lancé en 2018.
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+ Début 2010 la NASA dispose de dix-sept satellites opérationnels consacrés à l'étude du Soleil, de l'héliosphère et de la magnétosphère en comptant MMS en 2015. Le budget 2014 représente 641 millions de dollars américains soit 3,6 % du budget total[49].
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+ L'observatoire solaire ACE lancé en 1993 étudie l'ensemble des radiations et participe à la surveillance de l'activité solaire. SoHO mission conjointe avec l'ESA lancée en 1995 est le principal observatoire utilisé pour la météorologie spatiale et doit rester en activité jusqu'en 2013. Installé au point de Lagrange L1 ce satellite a également découvert un grand nombre de comètes. GEOTAIL n'est plus opérationnel mais ses données sont en cours d'analyse. Le satellite WIND lancé en 1994 étudie le vent solaire et la magnétosphère depuis le point de Lagrange L1 et doit rester en exploitation jusqu'en 2013. TIMED lancé en 2001 étudie l'influence du Soleil sur la thermosphère et la mésosphère terrestres, doit rester en activité jusqu'en 2014. RHESSI lancé en 2002 est réservé pour l'étude des éruptions solaires en activité jusqu'en 2017. Les sondes Voyager participent également à l'étude de l'héliosphère[50].
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+ Plusieurs missions regroupées sous l'intitulé Live with a star sont principalement chargées d'étudier l'interaction entre l'activité solaire et l'atmosphère terrestre. L'observatoire solaire SDO a été lancé début 2010. Les satellites jumeaux RBSP lancés en 2012 doivent étudier les mécanismes à l'œuvre dans les ceintures de Van Allen. Deux missions sont en cours de développement dans le cadre du programme : SPP, qui est lancé en 2018, étudie le Soleil à faible distance (10 rayons solaires) tandis que Solar Orbiter, projet mené par l'agence spatiale européenne, doit étudier les interactions entre la surface solaire, la couronne solaire et l'héliosphère intérieure depuis une distance de 45 rayons solaires. DSX est un petit satellite destiné à mettre au point des méthodes permettant de minorer l'influence des éruptions solaires sur les satellites. BARREL désigne un ensemble d'expériences scientifiques embarquées sur des ballons-sondes de 2013 à 2016 pour compléter les données recueillies par les satellites RBSP[51].
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+ Le comportement du plasma solaire est étudié par plusieurs missions. Les deux satellites jumeaux STEREO en activité depuis 2007 étudient notamment les éjections de masse coronale. La NASA a embarqué trois instruments sur le satellite japonais Hinode (Solar B) lancé en 2006 qui étudie la relation entre la couronne solaire et le champ magnétique du Soleil. Le satellite MMS lancé en 2015 étudie les reconnexions du champ magnétique à proximité de la magnétosphère terrestre[52].
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+ La thématique comporte également des missions caractérisées par un cycle de développement court (Small et Medium Explorer). IBEX, lancé en 2008, étudie l'interaction entre le vent solaire et les vents solaires des autres étoiles. TWINS B complète depuis 2008 les observations réalisées par le satellite jumeau TWINS A lancé en 2006 et fournit une image tridimensionnelle de la magnétosphère terrestre. Les cinq petits satellites THEMIS (Time History of Events and Macroscale Interactions during Substorms) lancés en 2007 ont permis de mieux comprendre les mécanismes à l'œuvre dans les tempêtes de la magnétosphère. CINDI (Coupled Ion-Neutral Dynamics Investigation) est une expérience scientifique embarquée sur un satellite de la US Air Force qui étudie le rôle des ions neutres sur la formation des champs électriques dans la haute atmosphère terrestre. AIM lancé en 2007 étudie la formation des nuages de haute altitude dans les régions polaires. Deux petites missions IRIS étudie le transfert d'énergie entre la couronne solaire et le vent solaire et lancé en 2013[53].
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+
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+ Début 2010 la NASA dispose de dix-huit satellites opérationnels consacrés à l'étude de la Terre et du climat. L'agence développe et lance les satellites CYGNSS en 2016, GRACE-FO en 2018 et ICESat-2 en 2018. D'autre part les satellites SWOT (2021), PACE (2022) et NISAR (2022) sont en phase de spécifications. Le budget 2014 représente 1 828 millions de dollars américains soit 10,4 % du budget total[54].
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+ La NASA dispose d'importantes équipes de chercheurs dont les travaux portent sur la modélisation du système Terre et qui exploitent les données recueillies par les différents moyens spatiaux et aéroportés mis en œuvre par la NASA. Celle-ci possède le plus important système de stockage informatique de données scientifiques de la planète qui doit absorber les plusieurs téraoctets de données produits chaque jour par les satellites. Pour ses activités la NASA dispose de trois super-ordinateurs (Pleiades, Merope et Endeavour) comportant en tout 170 000 processeurs. Dans le cadre de ces recherches des campagnes de mesure sont menées avec des engins aériens avec et sans équipage. Les activités principales portent sur le cycle du carbone, la modélisation du système Terre, l'évolution de la couche d'ozone, la fourniture de références géodésiques Ces activités de recherche et la logistique associée représente 25 % du budget de la NASA (457 millions de dollars américains) consacré aux sciences de la Terre[55].
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+ Les missions du programme Earth Systematic Missions ont pour objectif d'effectuer des collectes systématiques de données qui sont ensuite redistribuées à un grand nombre d'utilisateurs internes et externes. Une quinzaine de satellites sont actuellement opérationnels[56] :
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+ Plusieurs satellites et instruments sont à des stades divers de développement. ICESat-2 doit prendre le relais en 2018 de ICESat tombé en panne en 2010 pour la mesure des calottes de glace polaires. Des campagnes de mesures aéroportées seront assurées par la NASA pour assurer la continuité entre la fin de vie de et le lancement du nouveau satellite. Le spectromètre Stratospheric Aerosol and Gas Experiment (Sage III), qui mesure la distribution verticale de l'ozone et des aérosols dans l'atmosphère terrestre est installé en 2017 dans la Station spatiale internationale. Grace-Follow-On prend la suite du projet germano-américain GTACE. Les deux satellites de cette mission, dont le lancement en 2018, doivent poursuivre la mesure des variations du champ de gravité terrestre. SWOT (lancement en 2021) est une mission franco-américaine qui à l'aide de mesures altimétriques doit permettre de mesurer avec une très haute résolution la circulation océanique et effectuer un recensement détaillé des eaux de surface sur les continents. La NASA travaille sur trois projets relatifs à l'inventaire des ressources terrestres par l'imagerie : l'instrument TIR-FF doit assurer la continuité des mesures de l'instrument équivalent embarqué sur Landsat 8 ; des améliorations sont à l'étude pour les instruments embarqués sur Landsat 9 (lancement en 2023) ; un projet de recherche plus fondamental est entamé pour les instruments de Landsat 10. Deux satellites doivent être également développés. PACE (lancement en 2022) doit mesurer la couleur de l'océan ce qui permet de déterminer les caractéristiques biologiques et biochimiques de celui-ci et ainsi mieux maîtriser le cycle du carbone et la réponse des perturbations sur le climat de la Terre. NISAR (lancement en 2022) est un satellite américano-indien équipé de deux radars qui doit fournir des informations très précises sur des processus complexes comme les perturbations écologiques, l'effondrement de la banquise, les tremblements de terre, etc[56]...
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+
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+ La Station spatiale internationale est utilisée comme support pour différents instruments : Hyperspectral Imager for the Coastal Ocean (HICO) installé en 2014 est un spectromètre imageur utilisé pour étudier les eaux côtières, RapidScat également installé en 2014 remplace en partie l'instrument du satellite QuikSCAT qui mesurait la vitesse des vents au-dessus des océans. Cloud Aerosol Transport System (CATS) qui fonctionne depuis février 2015 est un lidar expérimental qui mesure la distribution verticale des aérosols dans l'atmosphère terrestre. Lightning Imaging Sensor (LIS) qui doit être placé en orbite début 2016 prend le relais de l'instrument équivalent embarqué à bord du satellite TRMM pour l'observation des éclairs dans l'atmosphère terrestre. L'instrument TSIS-1 à bord de la Station spatiale internationale en décembre 2017 doit poursuivre la mesure de l'irradiance du Soleil actuellement prise en charge par un instrument équipant le satellite SORCE[57].
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+
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+ D'autres instruments doivent être lancés à bord de satellites commerciaux ou d'engins spatiaux développés par d'autres agences spatiale. Ce sont TSIS-2 qui doit prendre la suite de TSIS-1 vers 2020, Radiation Budget Instrument (RBI) qui doit être installé à bord du satellite JPSS-2 lancé en 2022 pour mesurer le budget radiatif de la Terre, Ozone Mapping and Profiler Suite-Limb Profiler (OMPS-LIMB) également lancé sur ce satellite, CLARREO doit permettre de détecter rapidement les variations climatiques. D'autres missions recommandées par le rapport scientifique annuel sont en cours d'évaluation : Active Sensing of CO2 Emissions over Nights, Days, and Seasons (ASCENDS), GEOstationary Coastal and Air Pollution Events (GEO-CAPE) ; ACE et HyspIR[58].
146
+
147
+ Le programme Earth System Science Pathfinder qui dispose d'un budget de 267,7 millions de dollars américains regroupe des missions à coût modéré et aux objectifs scientifiques plus ciblés que le programme Earth Systematic Missions[59]. Ce programme comprend les projets en développement suivants :
148
+
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+ Par ailleurs plusieurs satellites de ce programme sont opérationnels[59] :
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+ Les données collectées par les satellites d'observation de la Terre sont traitées, stockées et redistribuées dans le cadre du projet Earth Observing System Data and Information System (EOSDIS) auquel est alloué en 2014 un budget de 179 millions de dollars américains[60]. Par ailleurs la NASA dispose d'un programme de recherche pour la mise au point de nouveaux instruments (60 millions de dollars américains)[61] et le développement d'applications reposant sur les données collectées par ses satellites (35 millions de dollars américains)[62].
152
+
153
+ Le programme Space Technology a pour objectif de mettre au point des concepts avancés applicables au spatial. Ces recherches sont lancées et financées, entre autres, par plusieurs programmes d'encouragement à l'innovation qui concernent des équipes internes ou des partenaires ou sociétés externes. Le programme est doté d'un budget en 2014 de 575 millions $ soit 3,3 % du total[63].
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+ Pour ses missions d'exploration du Système solaire la NASA a plusieurs projets consacrés à la propulsion spatiale dont le financement est rattaché à celui des sondes spatiales. L'agence met au point le moteur ionique à xénon Next (NASA's Evolutionary Xenon Thruster) dans le cadre d'un programme qui devrait aboutir en 2013. L'agence a également un programme d'étude sur le propulseur à effet Hall[64],[65]. Le générateur thermoélectrique à radioisotope est une alternative aux cellules photovoltaïques utilisée lorsque l'énergie solaire n'est pas suffisante (mission vers les planètes extérieures). La NASA étudie une version beaucoup plus efficace grâce à l'utilisation du cycle de Stirling (programme ASRG Advanced Stirling Radioisotope Generator) qui pourra être utilisé par des sondes spatiales lancées à compter de 2014-2016[64].
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+ La NASA est le principal centre de recherche aérospatiale américain. Le budget affecté en 2011 à cette activité est de 566 millions de dollars américains soit 3,2 % du budget total. Ces fonds sont répartis entre cinq programmes de recherche[66] :
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+ La NASA travaille sur le futur système de contrôle du trafic aérien américain NextGen Air Transportation System qui doit permettre de faire face à l'augmentation du nombre de vols dans l'espace aérien américain. L'agence spatiale travaille, entre autres, sur les dispositifs capables de détecter automatiquement les situations dangereuses (risque de collision en vol) et la conception d'un poste de pilotage d'avion optimisant le travail de l'équipage et sa capacité à faire face rapidement aux événements à risque.
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+ Ce programme concerne la recherche des stratégies d'automatisation du choix des routes aériennes dans le cadre du futur système de contrôle du trafic aérien américain NextGen.
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+ Plusieurs thèmes font partie de ce programme : mise au point des techniques de voilure tournante, mise au point d'une boîte à outils permettant de concevoir la voilure des futurs avions volant à vitesse subsonique en optimisant les émissions sonores et les performances. Outils de conception du fuselage et de la voilure des avions supersoniques. Recherche sur le vol hypersonique (vitesse supérieure à Mach 5) avec des applications dans le domaine spatial (rentrée atmosphérique, atterrissage sur Mars).
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+ Ce programme concerne la mise à disposition de moyens d'essais : souffleries, bancs d'essais aéronautiques.
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+ Recherche sur de nouveaux concepts d'aéronefs permettant de réduire simultanément la quantité de carburant consommé, le bruit et les émissions de gaz. Insertion de drones dans le trafic aérien.
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+ La NASA est une organisation directement contrôlée par l'exécutif. L'agence spatiale est dirigée par un administrateur qui est désigné par le président des États-Unis après consultation et accord du Sénat américain. Son rôle est d'implémenter les choix du président et il joue donc un rôle majeur dans la définition des principaux programmes spatiaux de l'agence spatiale. Le changement de président entraîne le changement de l'administrateur. L'administrateur actuel, nommé par Donald Trump en septembre 2017 à la suite de son accès à la présidence des États-Unis, est Jim Bridenstine, un ancien membre de la chambre des représentants du parti des républicains. Le président nomme également l'administrateur adjoint et le responsable des finances qui n'ont eux pas de rôle majeur dans l'orientation du programme spatial. L'implémentation de la stratégie de la NASA et le contrôle de sa mise en œuvre par les différents centres de la NASA incombe aux responsables des cinq directions (directorate) qui ne sont pas choisis en fonction de leur orientation politique et conservent donc leur poste lors des changements d’administrateur. Ces cinq directions sont[67] :
170
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+ Ces services, qui comprennent également le bureau de l'administrateur (Administrator's Staff Offices ) et le bureau de l'inspection générale (OIG : Office of Inspector General) sont rassemblés au siège de la NASA qui se trouve à Washington, D.C. (district de Columbia)[68].
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+ La NASA comporte dix centres spatiaux qui emploient directement environ 17 500 personnes auxquelles s'ajoutent 6 000 personnes au Jet Propulsion Laboratory fin 2018[69] ainsi qu'un grand nombre de sous-traitants sur site :
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+ Le centre de vol spatial Goddard, situé à environ dix kilomètres au nord-est de Washington, D.C. dans l'État du Maryland, est le plus important centre de recherche de la NASA et emploie environ dix mille personnes en incluant les sous-traitants. L'établissement est responsable du développement et de la gestion des télescopes et observatoires spatiaux développés par la NASA ainsi que sur la plupart des satellites d'observation de la Terre. L'établissement gère également le Wallops Flight Facility d'où sont lancés des ballons-sondes, des fusées-sondes et de petits satellites scientifiques pour ces derniers à l'aide de lanceurs légers.
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+ Le Jet Propulsion Laboratory (JPL), situé près de Los Angeles en Californie, est responsable du développement et de la gestion opérationnelle de la majorité des sondes spatiales de la NASA, de certains satellites d'observation de la Terre ainsi que d'instruments embarqués sur les satellites scientifiques en orbite terrestre. Le JPL gère également les 3 groupes d'antennes situés en Australie, Espagne et Californie du Deep Space Network qui est utilisé pour les communications avec les sondes spatiales. Créé dans les années 1930 pour étudier la propulsion des fusées, à l'origine de son appellation, c'est une coentreprise entre la NASA et le Caltech.
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+
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+ Le centre spatial Lyndon B. Johnson (anciennement le MSC, Manned Spacecraft Center) situé près de Houston au Texas, est chargé de la conception et la qualification des engins spatiaux habités (station spatiale, vaisseaux spatiaux), de l'entraînement des astronautes et du suivi des missions à partir de leur décollage. Parmi les installations présentes sur le site, on trouve le centre de contrôle de mission des missions habitées (station spatiale internationale, navette spatiale), des simulateurs de vol et des équipements destinés à simuler les conditions spatiales et utilisés pour tester les composants livrés par les fournisseurs de la NASA. Le centre gère l'établissement de White Sands Test Facility au Nouveau-Mexique qui est utilisé pour tester différents équipements faisant essentiellement partie du programme de la navette spatiale.
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+ Le centre de vol spatial Marshall (George C. Marshall Space Flight Center ou MSFC) situé près de Huntsville dans l'Alabama est spécialisé dans la propulsion des lanceurs civils et des vaisseaux spatiaux. Aujourd'hui le centre Marshall est responsable de la propulsion des lanceurs et vaisseaux du programme Artemis. Le centre est responsable du centre d'assemblage de Michoud où est assemblé le lanceur SLS. Il gère également le programme de sondes lunaires. Cette ancienne installation de l'armée de Terre (Redstone Arsenal) autrefois dirigée par Wernher von Braun a mis au point la famille de lanceurs Saturn[70].
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+ Le centre de recherche Ames est un établissement ancien (1939) situé en Californie au cœur de la Silicon Valley. Initialement connu pour ses souffleries utilisées notamment pour mettre au point la forme de la capsule Apollo, l'établissement est aujourd'hui spécialisé dans l'informatique embarquée sur les vaisseaux et sondes, les supercalculateurs, la gestion du trafic aérien ainsi que l'exobiologie. Le centre est responsable de quelques programmes spatiaux comme les sondes lunaires LCROSS, LADEE, le télescope spatial Kepler et le télescope de l'observatoire stratosphérique pour l'astronomie infrarouge SOFIA[71].
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+ Le Centre de recherche Langley situé en Virginie est le plus ancien des centres de la NASA (1917). On y effectue des recherches sur l'aérodynamisme des avions à l'aide de plusieurs souffleries. Les chercheurs de Langley travaillent également sur le changement climatique[72].
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+ Le centre de recherche Glenn, situé près de Cleveland dans l'Ohio, est traditionnellement spécialisé dans la mise au point des techniques de propulsion (cryogénique, électrique)[73].
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+ Le centre de recherche en vol Neil A. Armstrong situé dans le désert des Mojaves en Californie est utilisé pour effectuer des tests en vol atmosphérique. C'est également le site d'atterrissage de secours pour la navette spatiale lorsque les conditions atmosphériques ne sont pas favorables à Kennedy.
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+ Le centre spatial John C. Stennis situé dans le Mississippi rassemble plusieurs bancs d'essais utilisés pour tester les moteurs-fusées développés pour les différents programmes.
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+ Le centre spatial Kennedy (KSC), situé sur Merritt Island en Floride, est le site d'où décolle les lanceurs vers la Station spatiale internationale. Au cœur du centre spatial, le complexe de lancement 39 comporte 2 aires de lancement et un immense bâtiment d'assemblage, le VAB (hauteur 140 mètres), dans lequel les lanceurs sont préparés. Plusieurs plateformes de lancement permettent de transporter les lanceurs jusqu'au site de lancement. Le centre spatial Kennedy jouxte la base de lancement de Cap Canaveral d'où sont lancés les sondes spatiales de la NASA.
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+ Le budget de la NASA fait partie des dépenses discrétionnaires du budget des États-Unis c'est-à-dire que son montant n'est pas reconduit d'année en année comme c'est le cas de celui des dépenses obligatoires (Sécurité sociale, Medicaid, Medicare, intérêts de la dette), mais qu'il est discuté chaque année et qu'il fait l'objet d'arbitrages qui dépendent de l'enveloppe budgétaire globale disponible et des sommes allouées aux autres dépenses discrétionnaires. En 2018 le budget fédéral était de 4 100 milliards US$ (20% du PNB américain) dont environ les deux tiers pour les dépenses obligatoires et un tiers pour les dépenses discrétionnaires. Généralement la moitié des dépenses discrétionnaires sont affectées à la Défense (623 milliards de dollars américains en 2018), l'autre moitié (639 milliards de dollars en 2018) étant partagée entre de nombreux postes budgétaires (éducation, justice, science) dont celui de la NASA qui oscille d'une année à l'autre autour de 20 milliards de dollars américains. Le processus qui aboutit à la fixation du budget de la NASA est similaire à celui des autres agences contrôlées par le gouvernement américain. L'année fiscale aux États-Unis débute en octobre (le budget 2020 s'applique donc à partir d'octobre 2019). Le budget est défini de manière détaillée l'année précédente (dans le cas cité en 2018) après plusieurs allers-retours entre la NASA, la présidence des États-Unis et le Bureau de la gestion et du budget. La Maison Blanche soumet normalement sa proposition budgétaire (President's Budget Request) en février (2019 dans l'exemple cité). Ce document de plus de 800 pages fournit de manière très détaillée l'ensemble des dépenses de l'agence spatiale. Le Congrès américain, après définition de l'enveloppe budgétaire globale, discute de son affectation au sein de comités et sous-comités spécialisés. Il fournit une contre-proposition qui, dans le cas de la NASA, porte uniquement sur les programmes principaux. Cette proposition fait l'objet d'allers-retours entre les deux chambres (Sénat américain et Chambre des représentants) avant d'être votée. Le président signe le budget à l'issue de ce processus[74]. Si le déroulement de ce processus est nominal, ce dernier acte intervient avant le 1er octobre début de l'année fiscale. Si aucun accord n'est intervenu à cette date, un arrêt des activités gouvernementales aux États-Unis peut intervenir (government shutdown). Dans ce cas, la NASA doit cesser toute activité hormis les services essentiels préservant les missions en cours (habitées ou robotiques). Toutefois, dans la mesure ou plus de 70% du budget est dépensé sous forme de contrats passés avec des sociétés extérieures, celles-ci peuvent continuer à travailler en utilisant les avances financières reçues[75].
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+ La NASA est loin d'avoir le monopole du programme spatial américain. L'activité spatiale américaine civile et militaire est répartie entre plusieurs agences. Parmi celles-ci la NASA ne dispose que du deuxième budget par ordre d'importance[76] :
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+ La natation, c'est-à-dire l'action de nager (Écouter), désigne les méthodes qui permettent aux êtres humains de se mouvoir dans l'eau sans aucune autre force propulsive que leur propre énergie corporelle.
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+ Parmi les activités humaines, la natation regroupe le déplacement à la surface de l'eau et sous l'eau (plongée, mermaiding (en), natation synchronisée, water-polo), le plongeon et divers jeux pratiqués dans l'eau.
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+ Elle se pratique en piscine, en eau libre (lac, mer), ou en eau vive (rivière)[1].
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+ La natation est un sport olympique depuis 1896 pour les hommes et depuis 1912 pour les femmes.
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+ Certaines bactéries nagent dans les fluides, comme par exemple dans les mucus, la lymphe, le sang ou des gels tels que la synovie (spirochètes notamment) au moyens de flagelles ou de cils vibratiles principalement.
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+ De très nombreux animaux, du zooplancton aux grands mammifères, tels que les baleines, ont développé au cours de l'évolution des organes fonctionnels spécialisés (nageoires, pattes palmées, queue surdéveloppée...) ou des stratégies natatoires (vol presque plané chez la raie, ondulation chez les poissons anguiforme ou en forme de lame de couteau[2]), mouvement hélicoïdal chez certains vers (ex : Lumbriculus variegatus dans certaines circonstances), nage saccadée chez la méduse, la daphnie ou le cyclop[3].
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+ Grâce à leur flagelle, les spermatozoïdes humains peuvent nager dans la glaire cervicale et jusqu'à l'ovule, s'il est présent. Chez les organismes marins, ils nagent souvent en pleine eau à la recherche de l'œuf (ovule) le plus proche.
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+
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+ Tous les mouvements pratiqués par des microbes ou animaux pour avancer dans un fluide et notamment dans l'eau obéissent à des règles physiques qui relèvent de la dynamique des fluides[4]. Ils peuvent être aidés par des mucus qui réduisent la friction dans l'eau. De même que les oiseaux en migration volent en bandes à une certaine distance les uns des autres pour optimiser leur vol grâce aux turbulences générées par les ailes de l'oiseau précédent, certains poissons peuvent se déplacer en bancs en bénéficiant des mêmes bénéfices hydrodynamiques[5] ,[6].
18
+
19
+ Bien qu'il soit possible que les humains aient su nager dès la période préhistorique (il n'existe pas de preuves archéologiques dans ce domaine), les premiers documents à ce sujet datent approximativement de 4 500 avant Jésus Christ[8] et proviennent d'Égypte, de Grèce, d'Assyrie et de Rome. On enseignait la natation aux citoyens romains dès leur enfance : d'un homme peu instruit les Grecs (Platon : Lois III, 689d) et les Romains disaient : « Il ne sait ni lire ni nager. » Aux thermes, les Romains pouvaient nager dans la natation, piscine au sens de nager[pas clair]. Mais cette discipline n'apparaissait pas dans les Jeux Panhelléniques.
20
+
21
+ En France, c'est surtout à partir des Jeux de 1924 que la discipline sportive en tant que telle et les piscines se développèrent[9]. Non sans opposition, certains craignant ce qu'ils percevaient comme une pratique immorale. Ainsi, la section lyonnaise de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique (LRMP) s'indigne, au début des années 1930, des nageuses du quai Saint-Vincent. À leur demande, le maire, Édouard Herriot, fait procéder à une enquête publique, qui conclut que les nageuses paraissent « suffisamment vêtues pour que leurs exercices ne portent aucune atteinte à la morale publique »[10].
22
+
23
+ En Suède, Nancy Edberg popularise la natation à Stockholm dès 1847. Elle y donne des cours de natation à des hommes et des femmes, puis, peu après, elle lance des cours de natation destinés aux femmes au Danemark et en Norvège[11]. Ses démonstrations publiques de natation avec ses élèves à partir de 1856 sont probablement parmi les premières démonstrations en Europe[11].
24
+
25
+ En Allemagne, c'est un homme, Ludwig Christof Rübsamen, professeur de gymnastique athlétique à Giessen (Allemagne), qui y fonde une piscine en 1851 et promeut la natation féminine[12].
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+ Aux États-Unis, une des premières femmes à promouvoir la natation féminine est Kate Bennet, qui ouvre en 1870 une école à Manhattan[13].
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+ Aux Pays-Bas, le premier bassin de natation en plein air date de 1846. Dans ce bassin et ceux qui ouvrent peu après, il y a séparation des sexes : ou bien les bassins sont interdits aux femmes, ou bien ils sont réservés aux hommes la majorité du temps, avec quelques heures par semaine prévus pour une utilisation par les femmes. En 1882, une piscine à ciel ouvert, la piscine Obelt, est construite à Amsterdam ; cette piscine comporte plusieurs bassins dont l'un destiné aux femmes. Y est organisée en 1884 la première épreuve de natation féminine aux Pays-Bas. En 1886, un club de natation féminine est fondé à La Haye, le premier club de ce genre aux Pays-Bas et probablement aussi en Europe continentale. La féderation néerlandaise de natation, fondée en 1888, crée un diplôme de natation en 1890 ; pour cela la fédération commence une formation d'instructeurs de natation ; le premier diplôme de maître nageur, en 1892, est délivré à une femme[14].
30
+
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+ La première femme à participer à une épreuve de natation en France, en septembre 1905, est Annette Kellerman, féministe australienne, qui a aussi propagé la natation synchronisée. La première course de natation féminine a lieu en 1906[15].
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+
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+ Le premier championnat féminin de natation se déroule en Écosse en 1892[16].
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+ Le premier record du monde féminin officiel de natation est détenu par la nageuse allemande Martha Gerstung sur le 100 m libre en 1 min 35 s 00, enregistré le 18 octobre 1908 à Magdebourg[17].
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+ Les premiers Jeux olympiques comportant des épreuves féminines de natation au programme, sont les 5e Jeux de 1912 à Stockholm, où l'Australienne Fanny Durack remporte à la fois la médaille d'or et un nouveau record mondial en 100 m libre[18].
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+ La première nageuse de descendance africaine ayant obtenu une médaille olympique est Enith Brigitha de Curaçao, qui, nageant pour les Pays-Bas, a gagné deux médailles de bronze en 100 m et 200 m libres aux Jeux olympiques de 1976 à Montréal[19].
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+
41
+ La natation féminine aujourd'hui. Selon une étude européenne, la natation dans les pays de l'Union européenne est populaire chez les deux sexes[20]. Selon la fédération française de natation (FFN), 25 % des femmes (7,5 million) et de 23 % des hommes en 2010 en France pratiquent la natation de loisir. Parmi les pratiquants de la natation sportive en France, les femmes sont substantiellement majoritaires : 55,7 % de femmes contre 44,3 % d'hommes sur les 288.000 licencié(e)s[21]. Pourtant, la natation sportive féminine est beaucoup plus jeune que la masculine[22].
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+ La natation peut se pratiquer muni du seul maillot de bain, bien que la réglementation chez les compétiteurs permettent l'usage des combinaisons. On peut s'aider aussi de divers accessoires, parmi lesquels :
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+
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+ Il n'y a aujourd'hui que quatre techniques de nage normalisées à des fins compétitives par l'institution sportive et enseignées couramment : le papillon, le dos crawlé, la brasse et le crawl. Il existe cependant de nombreux autres styles, dont certains ont été enseignés dans le passé en natation, voire utilisés en compétition sportive[23] :
46
+
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+ La nage la plus rapide est le crawl, très utilisée en nage libre, mise au point par John Arthur Trudgen en 1873[24] en s'inspirant de la technique utilisée par certains Amérindiens. Au début du XXe siècle apparut le battement de jambes actuel, apparemment issu de l'observation d'indigènes australiens. Cette nage fut appelée « crawl australien » jusqu'au milieu du XXe siècle à peu près. Le sport quant à lui rentra aux Jeux olympiques dès les premiers jeux olympiques en 1896.
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+
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+ Les écoles de natation proposent des certifications pour les plus jeunes, dans l'ordre croissant[25] :
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+ Ensuite, les catégories des compétitions sont les suivantes[26] :
52
+
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+ Les compétitions maîtres font de la natation un des très rares sports où les compétiteurs peuvent poursuivre leur carrière sans limite jusqu'au niveau mondial. Pratique en pleine extension — à l'image du marathon en athlétisme — la natation maître est l'occasion de très importantes compétitions : les championnats du monde des maîtres ont ainsi réuni en juin 2012 plus de 10 000 nageurs à Riccione, en Italie[27],[28].
54
+
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+ Il existe aussi des courses en piscines avec accessoires (palmes ou monopalme, tuba, bouteilles d'air), des courses en eau libre avec ou sans accessoires, de la nage en eau libre. L'épreuve de 10 km en eau libre a fait son entrée aux Jeux olympiques de Pékin en 2008. Des épreuves spéciales peuvent être organisées en eau libre, la plus connue est la traversée de la Manche (31 km).
56
+
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+ Le programme de sécurité aquatique de la croix-rouge canadienne reconnaît six styles de nage soit : crawl, dos crawlé, brasse, dos élémentaire, marinière et le papillon. Le dos élémentaire ne semble pas être enseigné ailleurs dans le monde qu'au Canada. La marinière semble avoir son équivalent sous le nom de brasse indienne. Dans son programme aux enfants, la croix-rouge explique aussi la godille (tête première et pieds premiers) et le rotatif-alternatif (nage très utilisée pour le remorquage en sauvetage). Depuis quelques années, le papillon n'est plus enseigné dans ce programme pour plusieurs raisons[réf. souhaitée]. Le programme est divisé selon l'âge des participants :
58
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+ Il est important de mentionner que pour pouvoir passer d'un cours à un autre, les moniteurs en sécurité aquatique doivent avoir vu l'enfant participant faire au moins trois fois chacun des critères d'évaluations au cours de sa session de natation. Si un moniteur n'est pas sûr de la classification d'un élève, il peut demander de classer l'élève en question dans un niveau plus bas.
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+
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+ Pour les enfants de 5 ans et plus :
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+ Au Québec, les catégories des compétitions sont[31] :
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+ On peut regrouper la pratique compétitive de la natation en trois catégories de sports : les courses, la pratique artistique, et les sports d'opposition pratiqués dans l'eau.
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+
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+ Il existe des grilles[32] de temps qui permettent aux nageurs de se qualifier aux championnats nationaux mais aussi internationaux. Pour les nageurs performants, il existe une grille de temps qui permet d'attribuer le statut de nageur de haut niveau. Ce statut permet d'avoir des avantages comme le fait de bénéficier d'un emploi de temps aménagé.
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+
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+ Les nages de compétition se nagent en bassin de 25 m (petit bassin) et de 50 m (grand bassin).
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+ Dans une épreuve de quatre nages (100, 200 ou 400 mètres), l'ordre des nages est le suivant : papillon, dos, brasse et crawl. Dans un relais, l'ordre change : dos, brasse, papillon, crawl afin de permettre au « dossiste » de partir (le départ en dos se fait dans l'eau, les mains sur les poignées situées sous le plot et non par plongeon du plot comme dans les autres nages). La nage 100 mètres quatre nages individuelle ne peut se nager qu'en petit bassin.
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+
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+ Sur ces 40 épreuves, seules 32 sont disputées aux jeux olympiques. Les 50 mètres en papillon, en dos et en brasse ainsi que le 800 mètres nage libre chez les hommes et le 1 500 mètres nage libre chez les femmes ne font pas partie du programme olympique mais sont disputés dans les autres compétitions, notamment les championnats du monde.
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+ La brasse est la nage la plus réglementée techniquement mais aussi la plus dure à réaliser et la plus "lente", avec notamment l'obligation de réaliser des mouvements simultanés et dans un même plan horizontal, de toucher le mur simultanément avec les deux mains au virage et à l'arrivée et d'alterner un mouvement de bras et un mouvement de jambes dans cet ordre (règle SW 7[33]). Dans toutes les nages, la coulée est limitée avant la ligne des 15 mètres[34]. Sauf en brasse, où la coulée est limitée par le nombre de mouvements, c'est-à-dire un mouvement de dauphin (appelé une ondulation) descendant des jambes, un mouvement de brasse (bras et jambes) et le premier cycle de bras qui doit permettre au nageur de couper la surface. Aussi il n'est pas possible d'évoluer sur toute la durée d'une distance olympique en immersion.
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+ Certains nageurs se rasent les poils (jambes, bras, tête et même sourcils) notamment à cause de la résistance qu'ils exercent, mais aussi parce qu'une légère couche de peau est ôtée et que le nageur a une meilleure sensation de l'eau.
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+ Aux Jeux Olympiques, il existe différentes épreuves officielles de distances différentes : le papillon, le dos, la brasse et le crawl. Il existe aussi une nage qui combine les quatre précédentes: le quatre nages. Pour le 200 mètres quatre nages, aussi appelé QNI, les nageurs font 50 mètres par nage. Alors que pour le 400 mètre QNI, les nageurs font 100 mètres par nage. De plus, aux Jeux Olympiques, les athlètes ont la chance de faire des relais avec leurs coéquipiers. Tous les relais nécessitent 4 personnes : 2 personnes par sexe ou 4 personnes du même sexe. Les relais sont nagés soient entièrement au crawl, donc les quatre athlètes nagent le crawl à tour de rôle. Outre les relais au crawl, il existe aussi des relais au QNI. Chaque athlète effectue une nage. L'ordre du relais QNI est le suivant : dos, brasse, papillon, crawl. [1]
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+ La Paranatation est un programme élaboré dans le but de permettre aux individus présentant un handicap de pouvoir pratiquer la natation de façon compétitive.
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+ Celle-ci « combine une grande variété de handicaps dans trois catégories :
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+ La National Aeronautics and Space Administration (en français : l'Administration nationale de l'aéronautique et de l'espace), plus connue sous son acronyme NASA, est l'agence gouvernementale responsable de la majeure partie du programme spatial civil des États-Unis. La recherche aéronautique relève également du domaine de la NASA. Depuis sa création le 29 juillet 1958, la NASA joue mondialement un rôle dominant dans le domaine du vol spatial habité, de l'exploration du Système solaire et de la recherche spatiale. Parmi les réalisations les plus marquantes de l'agence figurent les programmes spatiaux habités Apollo, la navette spatiale américaine, la station spatiale internationale (en coopération avec plusieurs pays), les télescopes spatiaux comme Hubble et Kepler, l'exploration de Mars par les sondes spatiales Viking, MER et Curiosity, ainsi que celle de Jupiter, Saturne et Pluton par les sondes Pioneer, Voyager, Galileo, Cassini-Huygens et New Horizons.
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+ La NASA est créée le 29 juillet 1958 pour administrer et réaliser les projets relevant de l'astronautique civile, jusque-là pris en charge par les différentes branches des forces armées des États-Unis, afin de rattraper l'avance prise par l'Union soviétique. La NASA reprend à cette époque les centres de recherche du NACA, jusque-là tourné vers la recherche dans le domaine de l'aéronautique. Elle est dotée en 2019 d'un budget de 21,5 milliards de dollars américains et emploie directement environ 17 300 personnes (22 000 avec le Jet Propulsion Laboratory) ainsi qu'un grand nombre de sous-traitants répartis entre dix centres spatiaux situés principalement dans les États du Texas, de Californie et de Floride, de l'Alabama, de Virginie et de Washington. Les missions marquantes en cours sont l'achèvement et l'exploitation de la Station spatiale internationale, l'utilisation et la réalisation de plusieurs télescopes spatiaux dont le télescope spatial James-Webb, les sondes spatiales OSIRIS-REx, Mars 2020, New Horizons et Mars Science Laboratory déjà lancées ou sur le point d'être lancées. La NASA joue également un rôle fondamental dans les recherches en cours sur le changement climatique.
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+ Le programme spatial habité de la NASA est depuis 2009 en cours de restructuration à la suite du retrait de la navette spatiale américaine en 2011 et de l'abandon du programme Constellation confronté à des problèmes de conception et de financement. La présidence de Barack Obama, suivant les recommandations de la commission Augustine, décide d'abandonner le projet de retour d'astronautes sur le sol lunaire à l'horizon 2020 au profit d'une démarche d'exploration plus progressive qui doit être précédée par des recherches poussées notamment dans le domaine de la propulsion. Dans cette optique sont mis en chantier le développement du lanceur lourd Space Launch System et de la capsule associée Orion dans le cadre du programme Artemis, Pour pallier l'absence de système de desserte de la station spatiale après le retrait de la navette spatiale, la NASA s'appuie au cours de la décennie 2010 sur le secteur privé qui doit prendre en charge la desserte en orbite basse de la Station spatiale internationale.
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+ En 1955, les États-Unis et l'URSS annoncent, chacun de leur côté, qu'ils lanceront un satellite artificiel dans le cadre des travaux scientifiques prévus pour l'année géophysique internationale (juillet 1957-décembre 1958)[2]. Aux États-Unis, le développement du satellite et de son lanceur est confié au programme Vanguard, confié à une équipe de la marine des États-Unis, mais le projet lancé tard et trop ambitieux enchaîne les échecs. Le 4 octobre 1957, l'Union soviétique est le premier pays à placer en orbite le satellite Spoutnik 1. C'est un choc pour les responsables et l'opinion publique américains, jusqu'alors persuadés de la supériorité technique des États-Unis. L'armée de l'Air et l'armée de Terre américaine ont à cette époque également des programmes spatiaux qui exploitent les travaux réalisés autour des missiles balistiques intercontinentaux : c'est l'équipe de Wernher von Braun, travaillant pour le compte de l'armée de terre, et associé au Jet Propulsion Laboratory qui parvient finalement à lancer le premier satellite américain, Explorer 1, le 1er février 1958 grâce au lanceur Juno I développé à partir d'un missile balistique Redstone[3].
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+ Le président américain Dwight D. Eisenhower finit par être convaincu qu'il est nécessaire de créer une agence spatiale consacrée aux projets spatiaux pour fédérer les efforts dispersés entre les différents centres de recherche militaires et civils[a]. Dès novembre 1957 un sous-comité du Sénat américain auditionne des spécialistes pour déterminer l'état d'avancement du programme de missiles américains et identifier l'origine de l'avance prise par les ingénieurs soviétiques. En février 1958 le comité Purcell est mis sur pied pour déterminer l'organisation de la future agence spatiale. Plusieurs solutions sont étudiées dont la création d'une agence « ab nihilo », le transfert de cette nouvelle activité à l'ARPA, organisme de recherche militaire interarmes nouvellement constitué ou la prise en charge du domaine par la Commission à l'énergie atomique (AEC), agence chargée des développements civils et militaires liés à l'atome. Finalement une majorité se dégage pour faire de la NACA (National Advisory Committee on Aeronautics, c'est-à-dire le comité consultatif national pour l'aéronautique) le noyau de l'agence spatiale. La NACA est une agence de recherche tournée vers l'aéronautique mais qui s'est fortement engagée au cours des années 1950 dans le programme de missiles par des travaux dans le domaine de l'aérodynamique, de la propulsion et des matériaux. Près de 50% de son activité touche à l'époque au spatial. La loi créant la NASA est approuvée par le Congrès en juillet 1958 et le décret d'application du National Aeronautics and Space Act est signé par le président le 29 juillet 1958[4].
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+ La NASA reprend les centres de recherche de la NACA. À l'époque la NACA emploie environ huit mille personnes et dispose d'un budget annuel de cent millions de dollars américains. Le plus grand de ces centres est le centre de recherche Langley qui emploie plus de 3 000 personnes et dont les axes de recherche portent sur l'aérodynamique, les structures et la mise en œuvre opérationnelle des avions et des lanceurs. Le centre de recherche Ames qui emploie 1 450 personnes a également une activité polyvalente mais les travaux portent plus particulièrement sur l'aérodynamisme à vitesses élevées. Le centre de recherche Lewis (nommé en 1981 centre de recherche Glenn) emploie 2 700 personnes qui se consacrent plus particulièrement aux recherches sur la propulsion aérospatiale. Il existe d'autres petits établissements spécialisés. Le siège de la NASA, comme celui de la NACA, est à Washington[5].
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+ Le programme Vanguard développé par la marine américaine et les projets de l'armée de l'air (essentiellement les premiers travaux sur le moteur F-1, trois projets de satellites et deux sondes lunaires en préparation) sont transférés à la NASA dès la création de l'agence spatiale. Par contre le transfert des deux entités de l'armée de terre - le Jet Propulsion Laboratory (JPL) et l'Army Ballistic Missile Agency (de von Braun) - qui sont à l'origine du premier succès spatial américain se heurtent à la résistance des responsables militaires. Ces derniers argumentent que ces deux entités œuvrent essentiellement sur des projets militaires. Finalement un compromis est adopté. Le JPL est transféré à la NASA à condition d'achever en parallèle la mise au point du missile balistique Sergeant. Les équipes de von Braun continuent à être rattachées à l'armée de terre. Elles seront finalement transférées à la NASA en juillet 1960[6]. Deux nouveaux établissements sont créés : ce sont en 1959 le centre de vol spatial Goddard implanté à quelques kilomètres de l'agglomération de Washington et spécialisé dans les missions scientifiques (observation de la Terre, Soleil, astronomie, astrophysique) et en 1961 le Manned Spacecraft Center (rebaptisé en 1973 Centre spatial Lyndon B. Johnson) qui prend en charge le programme spatial habité et qui est situé à compter de 1963 à Houston (Texas).
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+ Le premier projet de vol habité développé par la NASA est le programme Mercury, qui démarre en 1958 avant même la création de l'agence, qui doit permettre le lancement du premier américain dans l'espace. Le 5 mai 1961, Alan Shepard effectue un premier vol de quinze minutes dans la capsule Freedom 7 : mais ce n'est qu'un simple vol suborbital car la NASA ne dispose pas à l'époque d'un lanceur suffisamment puissant. Le président John F. Kennedy annonce le lancement du programme Apollo dans son discours du 25 mai 1961, essentiellement pour reconquérir le prestige américain mis à mal par les succès de l'astronautique soviétique, à une époque où la guerre froide entre les deux superpuissances bat son plein. La NASA mandatée par le président Kennedy, doit poser un homme sur la Lune avant la fin de la décennie. Il faut attendre la mission Mercury-Atlas 6 du 20 février 1962 pour que John Glenn devienne le premier astronaute américain à boucler une orbite autour de la Terre. Trois autres vols habités ont lieu en 1962 et en 1963[7].
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+ Lorsque le programme Mercury s'achève en 1963, des aspects importants du vol spatial, nécessaires pour mener à bien les vols lunaires, ne sont toujours pas maîtrisés. Les dirigeants de la NASA lancent le programme Gemini destiné à acquérir ces techniques sans attendre la mise au point du vaisseau très sophistiqué de la mission lunaire. Ce programme intermédiaire doit remplir trois objectifs :
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+ Le vaisseau spatial Gemini, qui doit initialement être une simple version améliorée de la capsule Mercury, devient un vaisseau sophistiqué de 3,5 tonnes (contre 1 tonne environ pour le vaisseau Mercury), capable de voler avec deux astronautes durant deux semaines. La capsule Gemini est lancée par un lanceur Titan II, missile de l'armée de l'air américaine reconverti en lanceur. Le programme rencontre toutefois des problèmes de mise au point. Mais fin 1963, tout est rentré dans l'ordre et deux vols sans équipage ont lieu en 1964 et début 1965. Le premier vol habité Gemini 3 emporte les astronautes Virgil Grissom et John Young le 23 mars 1965. Au cours de la mission suivante, l'astronaute Edward White réalise la première sortie dans l'espace américaine. Huit autres missions, émaillées d'incidents sans conséquence, s'échelonnent jusqu'en novembre 1966 : elles permettent de mettre au point les techniques de rendez-vous spatial et d'amarrage, de réaliser des vols de longue durée (Gemini 7 reste près de 14 jours en orbite) et d'effectuer de nombreuses autres expériences. À l'issue du programme Gemini, les États-Unis ont rattrapé leur retard sur l'URSS[8].
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+ Dans le domaine des lanceurs, la NASA développe pour le programme Apollo la famille de lanceurs Saturn. Le modèle le plus puissant, Saturn V, permet de placer 118 tonnes en orbite basse, un record jamais égalé depuis. Il est conçu pour lancer les deux vaisseaux de l'expédition lunaire : le vaisseau Apollo et le module lunaire Apollo chargé de transporter les astronautes à la surface de la Lune. Une partie de la réussite du programme Apollo a pour origine la mise au point d'un nouveau type de propulsion utilisant l'hydrogène liquide dont la mise au point a débuté à la fin des années 1950 dans le cadre du développement de l'étage Centaur.
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+ Deux accidents graves surviennent au cours du programme Apollo : l'incendie au sol du vaisseau spatial Apollo 1 dont l'équipage périt brûlé et qui entraîne un report de près de deux ans du calendrier et l'explosion du réservoir à oxygène du vaisseau spatial Apollo 13 dont l'équipage survit en utilisant le module lunaire comme vaisseau de secours. Pour atteindre la Lune, une méthode audacieuse de rendez-vous orbital lunaire est retenue, qui nécessite de disposer de deux vaisseaux spatiaux dont le module lunaire destiné à l'alunissage. Le lanceur géant Saturn V de 3 000 tonnes est développée pour lancer les véhicules de l'expédition lunaire. Le programme utilise un budget considérable (135 milliards de dollars américains valeur 2005) et mobilise jusqu'à quatre cent mille personnes.
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+ Le 21 juillet 1969, l'objectif est atteint par deux des trois membres d'équipage de la mission Apollo 11, Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Cinq autres missions se posent par la suite sur d'autres sites lunaires et y séjournent jusqu'à trois jours. Ces expéditions permettent de rapporter 382 kilogrammes de roches lunaires et de mettre en place plusieurs batteries d'instruments scientifiques. Les astronautes ont effectué des observations in situ au cours d'excursions sur le sol lunaire d'une durée pouvant atteindre 8 heures, assistés à partir d'Apollo 15 par un véhicule tout-terrain, le rover lunaire Apollo. Les six missions qui ont aluni ont rapporté de nombreuses données scientifiques.
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+ Parallèlement au programme Apollo, la NASA lance plusieurs programmes pour affiner sa connaissance du milieu spatial et du terrain lunaire. Ces informations sont nécessaires pour la conception des engins spatiaux et préparer les atterrissages sur la Lune. En 1965, trois satellites Pegasus sont placés en orbite par un lanceur Saturn I afin d'évaluer le danger représenté par les micrométéorites ; les résultats seront utilisés pour dimensionner la protection des vaisseaux Apollo. Les sondes spatiales Ranger (1961-1965), après une longue série d'échecs, ramènent à compter de fin 1964, une série de photos de bonne qualité de la surface lunaire qui permettent d'identifier des sites propices à l'atterrissage[9]. Le programme Lunar Orbiter, composé de cinq sondes qui sont placées en orbite autour de la Lune en 1966-1967, complète ce travail : une couverture photographique de 99 % du sol lunaire est réalisée, la fréquence des micrométéorites dans la banlieue lunaire est déterminée et l'intensité du rayonnement cosmique est mesurée. Le programme permet également de valider le fonctionnement du réseau de télémétrie. Les mesures effectuées indiquent que le champ gravitationnel lunaire est beaucoup moins homogène que celui de la Terre rendant dangereuses les orbites à basse altitude. Le phénomène, sous-estimé par la suite, réduit à 10 km l'altitude de l'orbite du module lunaire d'Apollo 15 dont l'équipage est endormi, alors que la limite de sécurité est fixée à 15 km pour disposer d'une marge suffisante par rapport aux reliefs[10]. Le 2 juin 1966, la sonde Surveyor 1 effectue le premier alunissage en douceur sur la Lune fournissant des informations précieuses et rassurantes sur la consistance du sol lunaire (le sol est relativement ferme) ce qui permet de dimensionner le train d'atterrissage du module lunaire.
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+ Malgré la priorité accordée au programme Apollo et �� l'exploration de la Lune, la NASA lance également à cette époque plusieurs missions vers les autres planètes du Système solaire. Les sondes spatiales dans les années 1960 sont de petites tailles et rudimentaires et il faudra attendre la décennie suivante pour disposer de sondes capables d'investigations scientifiques approfondies. Leur fiabilité est faible, aussi sont-elles généralement envoyées par paire. En 1962 la mission Mariner 2 devient la première sonde spatiale à effectuer un survol d'une autre planète (Vénus). Mariner 4 réussit le premier survol de la planète Mars en 1964. Trois autres sondes Mariner réussissent un survol de Vénus en 1967 et deux de Mars en 1969.
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+ Dans le domaine du vol habité la période de compétition acharnée avec l'URSS prend fin au début des années 1970 avec la dernière mission Apollo et l'abandon par les Soviétiques de leur programme lunaire habité. Un réchauffement des relations avec l'URSS est scellé symboliquement par le vol soviéto-américain du projet Apollo-Soyouz en 1975. Dans ce nouveau contexte, en l'absence d'enjeu international, le président américain Richard Nixon et le Congrès américain refusent de prolonger l'effort financier consenti pour le programme Apollo : le budget de l'agence spatiale qui avait culminé à 4,4 % du budget fédéral en 1965 va rapidement retomber. La station spatiale Skylab, un projet de station spatiale conçu à moindre frais en recyclant des composants du programme Apollo, est lancée. Trois équipages vont l'occuper successivement en 1973-1974 en ayant recours pour leur lancement au stock restant de lanceurs Saturn IB et de vaisseaux Apollo. Mais la station est ensuite abandonnée faute de budget et est détruite en rentrant dans l'atmosphère en 1979.
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+ La NASA qui plaide pour un programme spatial habité ambitieux doit se limiter au projet de la navette spatiale, un engin réutilisable dont l'objectif est d'abaisser fortement le coût de la mise en orbite. Le feu vert est arraché aux décideurs en 1972 en intégrant dans le cahier des charges de la navette les besoins du département de la défense des États-Unis et en révisant à la baisse les ambitions initiales du programme. Le développement, plus long que prévu, va se prolonger jusqu'au début de la décennie suivante.
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+ Columbia, première des quatre navettes spatiales, effectue son premier vol le 12 avril 1981. Le projet est un grand succès technique mais les coûts opérationnels des navettes s'avèrent beaucoup plus élevés que ce qui est prévu. La catastrophe de Challenger le 28 janvier 1986 remet en cause le dogme du tout navette et les lanceurs classiques, qui ont été abandonnés, doivent être remis en fonction. La navette abandonne en particulier le lancement des satellites commerciaux.
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+ Alors que les relations avec l'Union soviétique se dégradent à nouveau, le président Ronald Reagan demande en avril 1983 à la NASA de lancer un projet de station spatiale consacrée à la recherche scientifique et qui soit occupée en permanence. Il annonce le 25 janvier 1984, au cours de son discours sur l'état de l'Union, la volonté des États-Unis d'entreprendre sa construction en coopération avec d'autres pays[12]. Le coût du projet est alors estimé à huit milliards de dollars américains.
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+ La course à l'espace entre les deux puissances spatiales touche également l'exploration planétaire. L'Union soviétique réussit avec la sonde Venera 7 (1970) le premier atterrissage sur une autre planète du Système solaire. La NASA de son côté choisit de privilégier pour son programme d'exploration la planète Mars qui, contrairement à Vénus, abrite peut-être la vie et qui peut faire l'objet dans le futur d'une mission habitée. Alors que l'URSS consacre tout un programme à Vénus, la NASA ne lance au cours de la décennie qu'une seule mission double vers cette planète : le projet Pioneer Venus, à l'étude depuis 1965, subit plusieurs reports dus aux réductions budgétaires avant de recevoir le feu vert en 1975 et d'être lancé en 1978. Le projet, qui est une réussite, comporte d'une part 4 sondes atmosphériques d'autre part un orbiteur qui transmet des données jusqu'en 1992.
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+ Au milieu des années 1960, la NASA travaille sur une mission ambitieuse vers la planète Mars, le projet Voyager, qui se révèle trop complexe et trop cher. À la place sont développées les sondes spatiales Mariner 8 et Mariner 9 qui sont lancées en 1971. Le lanceur de Mariner 8 a une défaillance mais Mariner 9 atteint Mars en 1972 et devient la première sonde spatiale à se placer en orbite autour d'une autre planète. Mais pour répondre à la question de la vie sur Mars il faut faire parvenir une sonde jusqu'au sol martien pour que celle-ci puisse effectuer des mesures directes. Les deux sondes programme Viking sont lancées vers Mars : le programme comporte deux atterrisseurs et deux orbiteurs et constitue le premier projet d'exploration planétaire. Le lancement planifié en 1973 est reporté à 1975 en raison de restrictions budgétaires et de dépassements des coûts de développements. Les deux atterrisseurs parviennent sur le sol martien en 1976 et transmettent des données jusqu'en 1982. De leur côté les orbiteurs fonctionnent bien au-delà de la durée de vie prévue jusqu'en 1980.
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+ Dans le cadre du plan d'exploration à long terme de Mars, le projet Viking doit être suivi d'un orbiteur chargé d'étudier le climat de Mars et d'un rover mobile (astromobile). Pour des raisons à la fois financières et politiques, ces projets ne sont débloqués que dans les années 1990 avec l'orbiteur Mars Observer et dans les années 2000 avec les astromobiles Spirit et Opportunity.
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+ La seule planète interne à ne pas avoir été explorée au début des années 1970 est Mercure. La NASA décide de développer Mariner 10 dans ce but. La sonde est lancée en 1973 et achève sa mission en 1975 après avoir effectué comme prévu trois survols de la planète. Mariner 10 est la première sonde spatiale à utiliser la technique de l'assistance gravitationnelle.
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+ À la fin des années 1960, la NASA envisage également de lancer des sondes vers les planètes externes. Un alignement de ces planètes, très rare, doit se produire à la fin des années 1970 permettant à une seule sonde spatiale d'effectuer un survol des quatre planètes externes. Cet événement est à l'origine du projet Grand Tour Suite ou Outer Planets Grand Tour Project qui prévoit le lancement de quatre à cinq sondes. Mais ce projet trop coûteux est abandonné en 1970 et remplacé début 1972 par le programme Voyager (qui n'a rien de commun avec le programme éponyme vers Mars). À l'époque les astronomes ignorent si une sonde peut franchir intacte la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter et si le champ magnétique de Jupiter, particulièrement puissant, présente un risque pour le fonctionnement d'un engin spatial. Pour répondre à ces interrogations le projet des sondes Pioneer 10 et Pioneer 11 est mis sur pied dès 1968. Pioneer 10 est lancée en 1972 et est la première sonde spatiale à survoler Jupiter en décembre 1973. Une année après la sonde jumelle Pioneer 11 quitte à son tour la Terre en avril 1973 et survole Jupiter fin 1974 avant d'effectuer le premier survol de Saturne en 1979. La reconnaissance effectuée par les sondes Pioneer a préparé la voie pour les sondes Voyager 1 et Voyager 2 toutes les deux lancées en 1977. Voyager 1 atteint Jupiter en 1979, Saturne en 1980 et collecte énormément de données inédites. Voyager 2 survole ces deux planètes en 1979 et 1981 et parvient à boucler le Grand Tour en passant près d'Uranus en 1986 et de Neptune en 1989. Les sondes Voyager comptent parmi les projets les plus réussis de la NASA.
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+ À la fin des années 1970, la situation de la NASA se dégrade fortement. Après l'achèvement du programme Apollo de nombreux salariés doivent quitter l'agence et les moyens financiers qui subsistent sont en grande partie absorbés par le projet de la navette spatiale. Les responsables politiques ne s'intéressent pas au programme spatial. Dans ces conditions peu de missions nouvelles voient le jour.
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+ En 1974 un projet appelé initialement Jupiter Orbiter / Probe (JOP) et baptisé plus tard Galileo est proposé mais il ne commence à être financé qu'en 1977. La sonde doit être lancée en 1982 par la navette spatiale mais le retard pris dans la mise au point de la navette repousse son lancement jusqu'en 1986 ; le gouvernement Reagan envisage à un moment d'annuler le programme alors que l'engin est achevé à 90 % et il faut des pressions officielles très importantes pour le sauver. L'accident de Challenger repousse son lancement jusqu'en 1989 et la sonde atteint le système de Jupiter en 1995 où elle démarre sa mission qui s'achève en 2003. La seconde mission conçue à la fin des années 1970 et au début des années 1980 est la sonde VOIR (Venus Orbiting Imaging Radar) qui doit effectuer une cartographie de la planète Vénus grâce à son radar. De nouvelles réductions budgétaires aboutissent à son annulation. Une autre sonde scientifique à destination du Soleil International Solar Polar Mission est annulée à la même époque. Pour les remplacer des expériences scientifiques américaines sont placées sur la sonde européenne jumelle Ulysses. En 1979 la sonde de la NASA qui doit être lancée vers la comète de Halley, en même temps que la sonde européenne Giotto, est également annulée.
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+ En 1983 une nouvelle stratégie reposant sur la réalisation de sondes à coûts modérés est mise en place par la NASA. Quatre missions sont proposées : une mission VOIR simplifiée, un orbiteur martien, la sonde Comet Rendezvous Asteroid Flyby (CRAF) et la sonde Saturn Orbiter / Titan Probe (SOTP). La sonde VOIR est reconfigurée avec une charge utile réduite à un unique instrument et utilisant des pièces de rechange des sondes précédentes. La nouvelle sonde qui a été renommée Magellan doit être lancée en 1988 mais ne le sera finalement qu'en 1989 à la suite de l'accident de Challenger. Magellan remplit avec succès sa mission en effectuant une cartographie à haute résolution du sol de Vénus entre 1990 et 1992.
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+ Ronald Reagan annonce en 1983 le lancement de l'Initiative de défense stratégique puis en 1984 la construction de la station spatiale Freedom, noyau de la future Station spatiale internationale. Dans les années qui suivent le budget consacré aux sondes spatiales est en hausse. Au titre du budget 1984 est lancé le développement de Mars Geoscience/Climatology Orbiters (MGCO), qui devient plus tard Mars Observer et qui doit prendre la suite du programme Viking et de la sonde Mariner 9. Le lancement programmé pour 1990 est repoussé à 1992 à cause de l'accident de Challenger. Malheureusement le contact avec la sonde est perdu au moment où celle-ci va s'insérer en orbite autour de Mars. À cette date, c'est l'erreur la plus coûteuse du programme des sondes spatiales de la NASA et c'est la première sonde qui subit un échec depuis 1967. Sa mission est en grande partie reprise par les sondes Mars Global Surveyor et 2001 Mars Odyssey lancées à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Une troisième sonde, Mars Climate Orbiter, qui doit compléter la couverture des deux engins précédents, est un échec.
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+ Dans le cadre du budget 1990, des fonds sont dégagés pour les projets Cassini-Huygens (anciennement SOTP) et la sonde spatiale CRAF à destination d'une comète. L'augmentation des coûts de la station spatiale et de fortes contraintes budgétaires obligent en 1991 à restreindre la charge utile de CRAF à deux instruments puis la sonde elle-même est annulée en 1993. Cassini est par contre construite et lancée en 1997. La sonde réalise avec succès sa collecte de données dans le système de Saturne qu'elle atteint en 2004. Une autre mission marquante de cette époque est le télescope spatial Hubble qui avait été construit dès 1977 et devait initialement être lancé en 1986.
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+ Le changement politique en Russie permet de mettre en place un accord de coopération spatiale entre les États-Unis et la Russie ratifié fin 1992 par les présidents George Bush et Boris Eltsine : des astronautes américains peuvent effectuer des séjours de longue durée dans la station Mir. La NASA, qui met en application l'accord comme une répétition des vols vers la future station spatiale, règle 400 millions de dollars américains de coût de séjour à l'agence spatiale russe. Plusieurs missions se succèdent entre 1995 et 1998 au cours desquelles onze astronautes américains passent 975 jours à bord de la station Mir vieillissante. À neuf reprises, les navettes spatiales américaines ravitaillent la station Mir et assurent la relève des équipages.
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+ Fin 1993, la Russie devient également un acteur majeur du programme de la Station spatiale internationale qui jusqu'à présent n'a pu démarrer faute de consensus sur son financement. L'agence spatiale russe doit fournir quatre modules pressurisés tandis que ses vaisseaux participeront au ravitaillement et à la relève des équipages. La nouvelle mouture de la station spatiale doit comporter deux sous-ensembles : la partie américaine héritée du projet Freedom et la partie russe basée sur « Mir 2 » successeur prévu de Mir. Le feu vert pour le lancement de la construction est donné en 1998.
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+ La NASA avec Lockheed Martin développe un prototype de navette à l'échelle ½. Le X-33 est un engin mono-étage, entièrement réutilisable. Il incorpore un moteur à tuyère aerospike sans divergent. Mais en février 2001, après avoir dépensé 1,3 milliard de dollars américains, le projet est abandonné.
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+ Au début des années 1990 deux sondes spatiales de la NASA très coûteuses (près d'un milliard de dollars américains chacune) essuient des échecs. La mission Mars Observer échoue complètement, tandis qu'un problème d'antenne limite fortement le volume des données transmises par la sonde Galileo. Dans les sphères politiques, les projets d'exploration solaire qui nécessitent de longs développements et comportent une part de risque non négligeable sont désormais considérés avec méfiance et il est demandé à la NASA de réduire le budget consacré à chaque mission. L'Administrateur de la NASA Daniel Goldin adopte à cette époque le slogan « faster, better, cheaper » (plus vite, mieux, moins cher) qui se traduit notamment par la mise sur pied du programme Discovery : les missions Discovery sont plus petites et plus spécialisées, emportent moins d'instruments scientifiques mais en contrepartie sont moins chères, moins complexes et sont donc développées plus rapidement. Les deux premières sondes de ce programme sont lancées en 1996 : NEAR doit approcher une comète et Mars Pathfinder est un démonstrateur technologique. Au cours de la même décennie sont également lancées la sonde lunaire Lunar Prospector en 1998 et Stardust en 1999.
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+ Le nouveau slogan est également appliqué aux programmes existants. À la suite de l'échec de Mars Observer, il est décidé d'envoyer de nouvelles sondes vers Mars. À compter de 1994 et pour les 10 années à venir une nouvelle sonde doit partir tous les 26 mois. Mars Global Surveyor qui reprend une grande partie des instruments de Mars Observer est la première à être lancée en 1996 : la mission est un succès et la sonde fournit des données jusqu'en 2006. Mais les missions suivantes Mars Climate Orbiter (1998) et Mars Polar Lander (1999) sont toutes deux des échecs. Le dogme du « faster, better, cheaper » est remis en cause. La mission suivante 2001 Mars Odyssey (2001) est un succès mais désormais les sondes spatiales sont mieux financées.
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+ À la fin des années 1980, la NASA tente de lancer à côté de la station spatiale Freedom d'autres projets importants bloqués depuis longtemps. Les critiques de la NASA à la suite de l'accident de la navette Challenger sont en partie contrebalancées dans le public par le rôle joué par l'agence spatiale dans la confirmation du trou dans la couche d'ozone qui avait été découvert en 1985. Dans ce contexte, la NASA décide de faire de l'observation de la Terre une composante majeure de son programme : le projet « Mission to planet Earth » (Mission pour la planète Terre) est proposé en 1987 et mis en place officiellement en 1990. Son noyau est constitué par le Earth Observing System (EOS) ; celui-ci doit débuter par le lancement de deux gros satellites sophistiqués. Pour des raisons budgétaires, le programme est revu au début des années 1990 : trois satellites de taille moyenne doivent désormais constituer le cœur de EOS. Le satellite Terra est lancé en 1999, Aqua en 2002 et Aura en 2004. Toutefois, le premier engin spatial dont la mission répond aux préoccupations environnementales à l'origine de Mission to planet Earth est le satellite UARS. Lancé en 1991, il permet à la NASA de fournir des données clés sur la destruction de la couche d'ozone et est chargé de vérifier l'application par les États du protocole de Montréal, qui proscrit l'utilisation des gaz destructeurs. Les autres missions importantes de EOS sont les satellites TOPEX/Poseidon, lancé en 1992, et Tropical Rainfall Measuring Mission (TRMM), lancé en 1997 et dont les contributions confirment la place essentielle du satellite dans la prévision des phénomènes météorologiques et en particulier de ses manifestations les plus violentes. Au début des années 1990, les préoccupations concernant le réchauffement climatique prennent le pas sur les travaux qui concernent la couche d'ozone. Le point de départ des recherches sur le sujet est une série de travaux effectués au début des années 1970 pour répondre aux préoccupations environnementales soulevées par la fréquence prévisionnelle très élevée des lancements de la navette spatiale américaine qui sont susceptibles d'affecter la composition de la stratosphère. Des lois sont passées au Congrès américain en 1975 et 1977 élargissant le domaine d'intervention de la NASA à la recherche environnementale. Une nouvelle classe de satellites d'observation de la Terre est mise en œuvre à compter de 1972 avec le lancement du Earth Resources Technology Satellite (ERTS), baptisé plus tard Landsat 1. Les sondes Viking ont cartographié en 1976 pratiquement l'ensemble de la planète Mars pour identifier des sites propices à l'atterrissage. La méthode de recherche utilisée, qui jusque-là n'est appliquée qu'aux autres planètes, va être mise en œuvre pour la première fois pour l'observation de la Terre avec le satellite Seasat lancé en 1978. Dans les années 1980, émergent de nouvelles théories, qui assimilent la Terre à un système global. Émergent également des travaux de recherche comparative entre les planètes, effectués dans le cadre des missions robotiques sur le sol martien et des survols de Vénus par les sondes Mariner dans les années 1960. Il apparaît alors essentiel de réaliser des missions d'exploration scientifique de la Terre pour définir des modèles globaux, ce qui conduit à la mise sur pied du « Earth Science Program » (Programme de Science de la Terre)[13],[14],[15],[16],[17].
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+ Pour explorer l'univers proche et lointain, la NASA lance un certain nombre de satellites scientifiques et de télescopes spatiaux dont OAO (1972-1981), HEAO (1977-1979 ), IRAS (1983), FUSE (1999-2007) et STEREO (depuis 2006). L'étude du fond diffus cosmologique est au cœur des missions lancées vers 1989 avec COBE (1989-1993) et WMAP (depuis 2001).
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+ Dans le cadre de son plan Great Observatory Programs, la NASA lance quatre télescopes spatiaux pour étudier l'univers lointain dans toutes les gammes d'ondes importantes. Le télescope spatial Hubble lancé en 1990 couvre la lumière visible, l'ultraviolet et le rayonnement infrarouge. Le Compton Gamma-Ray Observatory spécialisé dans l'astronomie gamma est lancé en 1991, suivi par le télescope à rayons X Chandra en 1999 et enfin le télescope infrarouge télescope spatial Spitzer en 2003. Ces derniers sont en cours de remplacement par des télescopes encore plus puissants : le Fermi Gamma-ray Space Telescope (2008) et le télescope spatial James-Webb (en 2021).
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+ La décennie 2000 est exceptionnelle pour l'activité d'exploration du Système solaire par les engins de la NASA avec le lancement de 12 sondes interplanétaires et la préparation de trois autres missions qui sont lancées en 2011. Cela résulte en partie de la décision prise au cours de la décennie précédente de réaliser des missions plus modestes mais plus nombreuses. L'exploration de Mars est au cœur de cette activité : l'orbiteur 2001 Mars Odyssey (2001) est suivi par les deux astromobiles MER (Spirit et Opportunity) (2003), l'orbiteur MRO (2005), l'atterrisseur Phoenix (2007) tandis que le rover de Mars Science Laboratory, le plus gros budget de la décennie initialement programmé en 2009, est repoussé en 2011. Toutes les missions sont des succès et font progresser de manière significative notre connaissance de la planète Mars. L'orbiteur Messenger (2004) est chargé d'étudier pour la première fois de manière détaillée la planète Mercure. Les petits corps ne sont pas oubliés avec l'impacteur Deep Impact (2004) lancé vers une comète et l'orbiteur Dawn (2007) qui est chargé d'explorer les deux plus grands corps de la ceinture d'astéroïdes. Le seul échec de la décennie est à imputer à la petite sonde CONTOUR (2002) chargée de survoler plusieurs comètes et sans doute victime d'une défaillance de son système de propulsion. Pour les planètes extérieures, la mission de la sonde Cassini-Huygens envoyée vers le système saturnien la décennie précédente est un succès total. New Horizons (2006) est lancée dans un voyage à très long cours qui doit l'amener à proximité de Pluton en 2015. Enfin dans le cadre du programme Constellation deux missions de reconnaissance sont lancées vers la Lune, l'orbiteur Lunar Reconnaissance Orbiter (2009) et l'impacteur LCROSS (2009).
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+ La navette spatiale Columbia se désintègre le 1er février 2003 entraînant le décès de son équipage et une interruption de 29 mois des missions des navettes spatiales. Les problèmes logistiques engendrés par cet arrêt conduisent à un arrêt temporaire des travaux d'assemblage de la Station spatiale internationale et à une réduction de l'équipage permanent qui l'occupe. En réaction à cet accident le président des États-Unis George W. Bush rend public le 15 janvier 2004 les nouveaux objectifs à long terme assignés au programme spatial américain dans le domaine de l'exploration du Système solaire et des missions habitées qui est formalisé à travers le plan programme Vision for Space Exploration. La définition de cette stratégie est dictée par deux motivations :
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+ La NASA décide parallèlement au programme Constellation de faire appel au privé pour le ravitaillement et la relève des équipages de la Station spatiale internationale en attendant la disponibilité des composants du programme Constellation : deux sociétés sont sélectionnées en 2006 et 2008 dans le cadre du programme COTS. Mais leur engagement porte uniquement sur le ravitaillement de la station. Le relève des équipages repose toujours sur le lanceur Ares I et du vaisseau Orion dont la date de disponibilité recule de plus en plus. La viabilité du programme Constellation et les choix techniques effectués sont de plus en plus contestés. Le président Barack Obama nouvellement élu en 2008 demande à la commission Augustine, créée pour la circonstance, d'évaluer le programme spatial habité américain. Celle-ci souligne le manque d'ambition du programme Constellation, dont les objectifs sont proches du programme Apollo. Le financement n'est manifestement pas suffisant (il manque 3 milliards de dollars américains par an). Le lanceur Ares I, disponible trop tardivement, est jugé de peu d'intérêt. Le comité estime que la NASA doit s'appuyer de manière plus importante sur les opérateurs privés pour tout ce qui relève de l'orbite basse — lanceur, vaisseau cargo et capsule habitée — et se concentrer sur les objectifs situés au-delà de l'orbite basse. Le comité suggère de prolonger l'utilisation de la navette spatiale au-delà de 2010. Prenant le contre-pied du plan lancé par le président Bush, le comité recommande la prolongation jusqu'à 2020 de la durée de vie de la Station spatiale internationale pour rentabiliser l'investissement effectué. En matière d'objectifs, le rapport confirme l'intérêt de l'exploration de Mars en tant que but du programme spatial habité mais approuve la nécessité d'une étape intermédiaire qui peut être l'exploration de la Lune ou un certain nombre de destinations intermédiaires comme les points de Lagrange, les lunes de Mars, le survol d'un objet géocroiseur (flexible path). Enfin le comité fait un certain nombre de constats sur l'organisation de la NASA, suggérant des améliorations dans ce domaine[18]. Le président Obama prenant en compte les conclusions du comité décident pratiquement l'annulation du programme Constellation début 2010 avec des aménagements destinés à limiter l'incidence sur l'emploi au sein de la NASA. Cet abandon est confirmé par le président le 11 octobre 2010 dans le cadre de la validation du « NASA Authorization Act 2010 »[19].
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+ Le début des années 2010 est marqué par la crise économique mondiale qui touche sévèrement les États-Unis. Le budget de la NASA régresse fortement entre 2011 et 2013 avant d'entamer un rétablissement à compter de 2014 et de connaître une embellie dans la deuxième moitié de la décennie : le budget de l'année 2018 s'élève à 20,7 milliards de dollars américains[20]. Ces années sont également marqués par les succès des missions scientifiques et les errements du programme spatial habité.
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+ Durant la première moitié de la décennie, la crise budgétaire conjuguée à l'explosion du coût du très ambitieux télescope spatial James-Webb qui est passé de 3 milliards de dollars américains en 2005, à 10 milliards de dollars américains en 2018 viennent réduire les sommes disponibles pour les autres missions scientifiques. L'agence spatiale doit renoncer dès 2011 à un premier projet vers la lune Europe Jupiter Europa Orbiter et la sélection de la mission suivante du programme New Frontiers est suspendue. La cadence des lancements des missions à bas coût du programme Discovery, qui est théoriquement de moins de 2 ans, est elle-même ralentie : après une mission en 2011, InSight est sélectionnée pour un lancement en 2016 (elle est finalement repoussée à 2018, pour des raisons techniques). La dernière mission lancée vers les planètes externes (Juno en 2011) n'a aucun successeur. Toutefois l'embellie économique que connait les Etats-Unis au milieu de la décennie s'accompagne de la relance de projets et d'une augmentation sensible du budget de la NASA. La mission Europa Clipper vers la lune Europe se concrétise et deux missions du programme Discovery à destination d'astéroïdes sont approuvées en 2017 : Lucy et Psyché. Les sélections pour le programme New Frontiers reprennent. Après avoir étudié un projet commun avec l'Agence spatiale européenne, la NASA décide de lancer le développement d'un successeur à Mars Science Laboratory, baptisé Mars 2020 qui doit recueillir des carottes du sol martien pour une future mission de retour d'échantillons martiens qui n'est ni planifiée ni financée.
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+ La décennie est également marquée par une série ininterrompue de succès de missions scientifiques. La sonde spatiale Dawn démontre brillamment les capacités d'un moteur ionique en se plaçant successivement en orbite autour des deux principaux corps de la ceinture d'astéroïdes Vesta (2011) et Cérès (2015) jusque là inexplorés et en collectant de nombreuses données. New Horizons après un transit de près de 10 ans survole le système plutonien qui se révèle très différent et beaucoup plus intéressant que supposé. Mars Science Laboratory (Curiosity) dépose avec succès un astromobile de près d'une tonne qui enchaîne les découvertes sur le sol de Mars. Le télescope Kepler, lancé en 2009, découvre plus de 2 500 exoplanètes ouvrant de toutes nouvelles perspectives dans le domaine de l'astronomie et suscitant de nouveaux projets de mission.
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+ Le programme spatial habité très influencé par les responsables politiques se poursuit début 2010 sans véritable stratégie à long terme. L'abandon de la Station spatiale internationale, source de coûts récurrents, est évoqué mais régulièrement repoussé. Pour desservir la station spatiale internationale sans dépendre de la Russie, la NASA confie, dans le cadre de son programme Commercial Crew Development, le développement d'un vaisseau assurant la relêve des équipages américains[21]. En 2014 la NASA sélectionne les vaisseaux CST-100 de Boeing pour 4,2 milliards de dollars et le Crew Dragon de SpaceX qui reçoit 2,6 milliards de dollars avec un premier vol programmé en 2017[22]. Les deux projets prennent du retard et le premier vol avec équipage (Crew Dragon) n'a lieu qu'en mai 2019.
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+ L'arrêt du programme Constellation n'a pas entraîné la fin des programmes ambitieux et couteux. La NASA poursuit la construction du vaisseau Orion et lance le développement d'un nouveau lanceur lourd baptisé Space Launch System qui ponctionne lourdement le budget de l'agence spatiale et dont le premier vol doit intervenir à la fin de la décennie. Mais ce programme n'a plus de véritable objectif après l'abandon d'une mission vers un astéroïde qui devait être une étape intermédiaire avant l'arrivée de l'homme sur Mars dans le cadre de la stratégie du Flexible Path[23],[24]. malgré l'étude d'un projet de station spatiale lunaire Lunar Orbital Platform-Gateway. Début 2017, la NASA précise la stratégie de son programme spatial habité dans la perspective de l'abandon de la Station spatiale internationale. Elle annonce le développement d'une station spatiale placée en orbite lunaire baptisée Deep Space Gateway (DSG). Celle-ci doit être assemblée à partir de composants transportés par le futur lanceur lourd SLS et doit être desservie par le vaisseau Orion. On évoque un retour des astronautes sur le sol lunaire pour 2028 et la station doit servir de tremplin à long terme pour des missions martiennes mais ces projets ne sont pas assurés de disposer de ressources financières nécessaires[25],[26]
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+ Début 2019, à quelques mois du cinquantième anniversaire de la mission Apollo 11, le président américain Donald Trump demande à la NASA de ramener des astronautes à la surface de la Lune dès 2024 soit quatre ans avant l'échéance vaguement fixée jusque là par l'agence spatiale[27]. Pour répondre à cette exigence, malgré l'absence de budget à la hauteur de ce nouvel enjeu, la NASA lance le programme Artemis [28]. Le programme repose sur les composants en cours de développement (SLS, Orion) ou déjà prévus (Deep Space Gateway). Pour tenir le planning, l'agence spatiale sous-traite complètement à l'industrie la conception et la réalisiont du vaisseau lunaire HLS qui doit déposer les hommes sur la Lune ainsi que les missions robotiques qui doivent servir d'éclaireur[29].
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+ La NASA consacre environ un quart de ses ressources financières aux activités purement scientifiques. Celles-ci se répartissent entre quatre thèmes qui par ordre de budget décroissant sont :
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+ Environ 20 % du budget est consacré aux activités de support : gestion des centres spatiaux, maintenance et réalisation d'équipements. La recherche aéronautique, activité d'origine de l'agence, pèse relativement peu (quelques % du budget). Enfin près de 50 % du budget est consacrée directement ou indirectement au vol spatial habité. Cette partie de l'activité est particulièrement fluctuante.
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+ Le programme spatial habité de la NASA est début 2010 en pleine restructuration après l'annulation du programme Constellation et l'arrêt confirmé des navettes spatiales fin 2010. La NASA va devoir durant quelques années s'appuyer lourdement sur ses partenaires pour poursuivre le programme de la Station spatiale internationale et en particulier sur l'agence spatiale russe. Le programme COTS n'a pas encore débouché et n'est manifestement pas prêt à temps pour ravitailler la Station spatiale internationale fin 2010. Prenant acte des problèmes de développement rencontrés par le vaisseau Orion, la NASA décide de confier début 2010 à des opérateurs privés la relève des équipages : elle sélectionne le 1er février dans le cadre du programme CCDev les sociétés Boeing et Sierra Nevada Corporation : ces deux sociétés doivent développer un moyen de transport (vaisseau spatial et lanceur) permettant d'amener les astronautes à bord de la Station spatiale internationale et d'assurer leur retour sur Terre. La construction des lanceurs du programme Constellation est arrêté mais le développement du vaisseau Orion se poursuit début 2010.
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+ Le programme scientifique représente 26 % du budget de 2011 soit un peu plus de 5 milliards de dollars américains. Sauf pour ce qui relève de la défense nationale, il est construit sous l'égide du United States House Committee on Science, Space, and Technology (Comité des sciences, de l'espace et des technologies de la Chambre des représentants des États-Unis).
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+ Pour 2014 la NASA consacre 1,346 milliards de dollars américains soit 7,6 % de son budget aux missions d'exploration du Système solaire. Début 2015 l'essentiel de ce budget est consacré aux 10 sondes spatiales en opération ou en transit et aux trois missions en cours de développement. Ce budget est ventilé entre :
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+ Le programme des planètes extérieures (Outer Planets Program) se limite début 2015 à la mission Cassini-Huygens, lancée en 1997 qui étudie Saturne et ses lunes depuis 2004. Cette mission très ambitieuse (3,3 milliards de dollars américains dont 2,6 pris en charge par la NASA) menée en coopération avec l'Agence spatiale européenne est prolongée jusqu'en 2017. Une autre mission extrêmement sophistiquée, Europa Clipper est en phase de développement depuis 2017 et son financement estimé à 3,1 milliards de dollars américains n'est pas encore bouclé. Son objectif est l'étude de la lune Europe[33].
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+ La planète Mars fait l'objet d'un programme distinct. Pas moins de cinq missions sont en cours. 2001 Mars Odyssey est un orbiteur qui étudie depuis 2002 la géologie de Mars et recherche en particulier la présence de traces d'eau. Mars Reconnaissance Orbiter est un orbiteur lourd (plus de 2 tonnes), embarque une caméra particulièrement puissante, qui est entrée en service en 2006 et dont la mission principale est d'établir une cartographie détaillée de Mars. Les astromobiles MER, Spirit et Opportunity poursuivent leur mission d'exploration au sol entamée en 2004 qui est prolongée de nombreuses fois. Mars Science Laboratory emporte l'astromobile Curiosity de 775 kg (contre 185 kg pour les astromobiles MER) qui arpente depuis 2012 le cratère Gale avec 70 kg d'instruments scientifiques. C'est le projet le plus complexe et le plus coûteux (2,5 milliard de dollars américains) des dix dernières années. Il doit aider les scientifiques à déterminer si la vie a pu exister sur Mars et à affiner l'étude du climat et de la géologie de la planète. MAVEN (Mars Atmosphere and Volatile EvolutioN) est un orbiteur en orbite autour de Mars depuis 2014 pour étudier son atmosphère. L'astromobile Mars 2020 qui reprend l'architecture de Curiosity sera lancé en juillet 2020. Sa mission est de choisir et collecter des échantillons pour une future mission de retour d'échantillons actuellement ni planifiée ni budgétée[34].
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+ Le programme New Frontiers regroupe des missions ambitieuses dont le coût est néanmoins inférieur à 700 millions de dollars américains. La première mission de ce programme, New Horizons, est lancée en 2006 afin d'étudier Pluton qu'elle a atteint en 2015, avant de survoler un objet de Kuiper aux confins du Système solaire. Juno, dont le lancement a lieu en 2011, doit se placer sur une orbite polaire autour de Jupiter pour étudier son champ magnétique. La mission de retour d'échantillon d'astéroïde OSIRIS-REx est lancé en 2016. Faute de budget, aucune autre mission n'est sélectionnée. Un appel d'offres doit être lancé fin 2016 pour une nouvelle mission[35].
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+ À côté des missions complexes, coûteuses et longues à mettre au point mais de ce fait rares, la NASA développe dans le cadre du programme Discovery des missions dont le coût doit être inférieur à 425 millions USD et dont le délai de développement ne doit pas excéder 36 mois. Le nombre d'instruments scientifiques est réduit et le développement est confié à une seule équipe. Les missions Discovery opérationnelles sont la sonde Messenger, lancée en 2008, qui achève sa mission autour de Mercure en 2015, Dawn lancé en 2007 qui est placé successivement en orbite autour des astéroïdes Vesta puis Cérès pour les étudier et l'orbiteur lunaire LRO lancé en 2009. Les missions en cours de développement sont l'atterrisseur martien InSight qui est lancé en 2018 et sonde l'intérieur de cette planète et l'instrument STROFIO embarqué à bord de la sonde spatiale BepiColombo de l'Agence spatiale européenne à destination de Mercure. La prochaine mission devra être sélectionnée en 2016[36].
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+ Début 2019, la NASA prévoit de lancer le télescope spatial James-Webb en mars 2021. Les fonds affectés à l'astronomie spatiale en 2014 représentent 7,5 % du budget soit 1 326 millions de dollars américains. Ils se répartissent entre plusieurs programmes[38] :
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+ Le télescope spatial Hubble est le plus connu des télescopes spatiaux de la NASA : bien que lancé en 1990 il doit rester en activité encore plusieurs années grâce à la dernière opération de maintenance effectuée à l'aide de la navette spatiale en 2009. Pour les études portant sur l'histoire de l'univers il est assisté par le télescope infrarouge Spitzer lancé en 2003 qui doit être rejoint en 2021 par le JWST : ce télescope infrarouge doté d'un miroir primaire de 6,5 mètres de diamètre est un projet international lourd de 8,8 milliards de dollars américains. Celle-ci a également une participation majeure dans le télescope européen Herschel lancé en 2009. Le deuxième projet en cours, SOFIA, est un télescope infrarouge aéroporté développé avec l'agence spatiale allemande et installé à bord d'un Boeing 747[45].
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+ Plusieurs observatoires spatiaux de la NASA recueillent des données permettant de répondre à des questions fondamentales sur les origines de l'univers : Chandra télescope à rayons X lancé en 1999 et GLAST observatoire de rayons gamma développé avec plusieurs autres agences spatiales et lancé en 2008. La NASA a également participé à l'observatoire européen Planck lancé en 2009 qui étudie le fond diffus cosmologique dans le domaine des micro-ondes. La NASA développe en 2016 la mission WFIRST[46].
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+ Le télescope Kepler, lancé en 2009 est consacré à la recherche d'exoplanètes. La NASA utilise également pour cette recherche le télescope terrestre W. M. Keck dont elle est l'un des propriétaires. Deux autres missions sont à l'étude : SIM observatoire spatial utilisant les techniques d'interférométrie et un instrument spécial qui équipe le télescope terrestre Large Binocular Telescope[47].
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+ Plusieurs télescopes toujours actifs ont contribué à la mise au point de nouvelles technologies : Swift est un observatoire en ondes gamma lancé en 2004. WMAP étudie depuis 2001 le fond diffus cosmologique dans le domaine des micro-ondes. GALEX est un télescope ultraviolet lancé en 2003. Enfin la NASA est un coparticipant du télescope rayons X japonais Suzaku lancé en 2005. WISE, lancé en décembre 2009 pour une mission de 6 mois, effectue une cartographie des sources infrarouges à la recherche des galaxies les moins lumineuses, des étoiles froides situées dans la banlieue terrestre et des astéroïdes qui se trouvent dans le Système solaire. NuSTAR pour la détection des trous noirs par observation du rayonnement X est lancé en 2012. La NASA fournit le spectromètre du télescope japonais Hitomi (ASTRO-H) lancé en 2016[48]. Un petit télescope consacré à la détection d'exoplanètes TESS est lancé en 2018.
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+ Début 2010 la NASA dispose de dix-sept satellites opérationnels consacrés à l'étude du Soleil, de l'héliosphère et de la magnétosphère en comptant MMS en 2015. Le budget 2014 représente 641 millions de dollars américains soit 3,6 % du budget total[49].
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+ L'observatoire solaire ACE lancé en 1993 étudie l'ensemble des radiations et participe à la surveillance de l'activité solaire. SoHO mission conjointe avec l'ESA lancée en 1995 est le principal observatoire utilisé pour la météorologie spatiale et doit rester en activité jusqu'en 2013. Installé au point de Lagrange L1 ce satellite a également découvert un grand nombre de comètes. GEOTAIL n'est plus opérationnel mais ses données sont en cours d'analyse. Le satellite WIND lancé en 1994 étudie le vent solaire et la magnétosphère depuis le point de Lagrange L1 et doit rester en exploitation jusqu'en 2013. TIMED lancé en 2001 étudie l'influence du Soleil sur la thermosphère et la mésosphère terrestres, doit rester en activité jusqu'en 2014. RHESSI lancé en 2002 est réservé pour l'étude des éruptions solaires en activité jusqu'en 2017. Les sondes Voyager participent également à l'étude de l'héliosphère[50].
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+ Plusieurs missions regroupées sous l'intitulé Live with a star sont principalement chargées d'étudier l'interaction entre l'activité solaire et l'atmosphère terrestre. L'observatoire solaire SDO a été lancé début 2010. Les satellites jumeaux RBSP lancés en 2012 doivent étudier les mécanismes à l'œuvre dans les ceintures de Van Allen. Deux missions sont en cours de développement dans le cadre du programme : SPP, qui est lancé en 2018, étudie le Soleil à faible distance (10 rayons solaires) tandis que Solar Orbiter, projet mené par l'agence spatiale européenne, doit étudier les interactions entre la surface solaire, la couronne solaire et l'héliosphère intérieure depuis une distance de 45 rayons solaires. DSX est un petit satellite destiné à mettre au point des méthodes permettant de minorer l'influence des éruptions solaires sur les satellites. BARREL désigne un ensemble d'expériences scientifiques embarquées sur des ballons-sondes de 2013 à 2016 pour compléter les données recueillies par les satellites RBSP[51].
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+ Le comportement du plasma solaire est étudié par plusieurs missions. Les deux satellites jumeaux STEREO en activité depuis 2007 étudient notamment les éjections de masse coronale. La NASA a embarqué trois instruments sur le satellite japonais Hinode (Solar B) lancé en 2006 qui étudie la relation entre la couronne solaire et le champ magnétique du Soleil. Le satellite MMS lancé en 2015 étudie les reconnexions du champ magnétique à proximité de la magnétosphère terrestre[52].
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+ La thématique comporte également des missions caractérisées par un cycle de développement court (Small et Medium Explorer). IBEX, lancé en 2008, étudie l'interaction entre le vent solaire et les vents solaires des autres étoiles. TWINS B complète depuis 2008 les observations réalisées par le satellite jumeau TWINS A lancé en 2006 et fournit une image tridimensionnelle de la magnétosphère terrestre. Les cinq petits satellites THEMIS (Time History of Events and Macroscale Interactions during Substorms) lancés en 2007 ont permis de mieux comprendre les mécanismes à l'œuvre dans les tempêtes de la magnétosphère. CINDI (Coupled Ion-Neutral Dynamics Investigation) est une expérience scientifique embarquée sur un satellite de la US Air Force qui étudie le rôle des ions neutres sur la formation des champs électriques dans la haute atmosphère terrestre. AIM lancé en 2007 étudie la formation des nuages de haute altitude dans les régions polaires. Deux petites missions IRIS étudie le transfert d'énergie entre la couronne solaire et le vent solaire et lancé en 2013[53].
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+ Début 2010 la NASA dispose de dix-huit satellites opérationnels consacrés à l'étude de la Terre et du climat. L'agence développe et lance les satellites CYGNSS en 2016, GRACE-FO en 2018 et ICESat-2 en 2018. D'autre part les satellites SWOT (2021), PACE (2022) et NISAR (2022) sont en phase de spécifications. Le budget 2014 représente 1 828 millions de dollars américains soit 10,4 % du budget total[54].
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+ La NASA dispose d'importantes équipes de chercheurs dont les travaux portent sur la modélisation du système Terre et qui exploitent les données recueillies par les différents moyens spatiaux et aéroportés mis en œuvre par la NASA. Celle-ci possède le plus important système de stockage informatique de données scientifiques de la planète qui doit absorber les plusieurs téraoctets de données produits chaque jour par les satellites. Pour ses activités la NASA dispose de trois super-ordinateurs (Pleiades, Merope et Endeavour) comportant en tout 170 000 processeurs. Dans le cadre de ces recherches des campagnes de mesure sont menées avec des engins aériens avec et sans équipage. Les activités principales portent sur le cycle du carbone, la modélisation du système Terre, l'évolution de la couche d'ozone, la fourniture de références géodésiques Ces activités de recherche et la logistique associée représente 25 % du budget de la NASA (457 millions de dollars américains) consacré aux sciences de la Terre[55].
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+ Les missions du programme Earth Systematic Missions ont pour objectif d'effectuer des collectes systématiques de données qui sont ensuite redistribuées à un grand nombre d'utilisateurs internes et externes. Une quinzaine de satellites sont actuellement opérationnels[56] :
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+ Plusieurs satellites et instruments sont à des stades divers de développement. ICESat-2 doit prendre le relais en 2018 de ICESat tombé en panne en 2010 pour la mesure des calottes de glace polaires. Des campagnes de mesures aéroportées seront assurées par la NASA pour assurer la continuité entre la fin de vie de et le lancement du nouveau satellite. Le spectromètre Stratospheric Aerosol and Gas Experiment (Sage III), qui mesure la distribution verticale de l'ozone et des aérosols dans l'atmosphère terrestre est installé en 2017 dans la Station spatiale internationale. Grace-Follow-On prend la suite du projet germano-américain GTACE. Les deux satellites de cette mission, dont le lancement en 2018, doivent poursuivre la mesure des variations du champ de gravité terrestre. SWOT (lancement en 2021) est une mission franco-américaine qui à l'aide de mesures altimétriques doit permettre de mesurer avec une très haute résolution la circulation océanique et effectuer un recensement détaillé des eaux de surface sur les continents. La NASA travaille sur trois projets relatifs à l'inventaire des ressources terrestres par l'imagerie : l'instrument TIR-FF doit assurer la continuité des mesures de l'instrument équivalent embarqué sur Landsat 8 ; des améliorations sont à l'étude pour les instruments embarqués sur Landsat 9 (lancement en 2023) ; un projet de recherche plus fondamental est entamé pour les instruments de Landsat 10. Deux satellites doivent être également développés. PACE (lancement en 2022) doit mesurer la couleur de l'océan ce qui permet de déterminer les caractéristiques biologiques et biochimiques de celui-ci et ainsi mieux maîtriser le cycle du carbone et la réponse des perturbations sur le climat de la Terre. NISAR (lancement en 2022) est un satellite américano-indien équipé de deux radars qui doit fournir des informations très précises sur des processus complexes comme les perturbations écologiques, l'effondrement de la banquise, les tremblements de terre, etc[56]...
142
+
143
+ La Station spatiale internationale est utilisée comme support pour différents instruments : Hyperspectral Imager for the Coastal Ocean (HICO) installé en 2014 est un spectromètre imageur utilisé pour étudier les eaux côtières, RapidScat également installé en 2014 remplace en partie l'instrument du satellite QuikSCAT qui mesurait la vitesse des vents au-dessus des océans. Cloud Aerosol Transport System (CATS) qui fonctionne depuis février 2015 est un lidar expérimental qui mesure la distribution verticale des aérosols dans l'atmosphère terrestre. Lightning Imaging Sensor (LIS) qui doit être placé en orbite début 2016 prend le relais de l'instrument équivalent embarqué à bord du satellite TRMM pour l'observation des éclairs dans l'atmosphère terrestre. L'instrument TSIS-1 à bord de la Station spatiale internationale en décembre 2017 doit poursuivre la mesure de l'irradiance du Soleil actuellement prise en charge par un instrument équipant le satellite SORCE[57].
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+
145
+ D'autres instruments doivent être lancés à bord de satellites commerciaux ou d'engins spatiaux développés par d'autres agences spatiale. Ce sont TSIS-2 qui doit prendre la suite de TSIS-1 vers 2020, Radiation Budget Instrument (RBI) qui doit être installé à bord du satellite JPSS-2 lancé en 2022 pour mesurer le budget radiatif de la Terre, Ozone Mapping and Profiler Suite-Limb Profiler (OMPS-LIMB) également lancé sur ce satellite, CLARREO doit permettre de détecter rapidement les variations climatiques. D'autres missions recommandées par le rapport scientifique annuel sont en cours d'évaluation : Active Sensing of CO2 Emissions over Nights, Days, and Seasons (ASCENDS), GEOstationary Coastal and Air Pollution Events (GEO-CAPE) ; ACE et HyspIR[58].
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+
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+ Le programme Earth System Science Pathfinder qui dispose d'un budget de 267,7 millions de dollars américains regroupe des missions à coût modéré et aux objectifs scientifiques plus ciblés que le programme Earth Systematic Missions[59]. Ce programme comprend les projets en développement suivants :
148
+
149
+ Par ailleurs plusieurs satellites de ce programme sont opérationnels[59] :
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+
151
+ Les données collectées par les satellites d'observation de la Terre sont traitées, stockées et redistribuées dans le cadre du projet Earth Observing System Data and Information System (EOSDIS) auquel est alloué en 2014 un budget de 179 millions de dollars américains[60]. Par ailleurs la NASA dispose d'un programme de recherche pour la mise au point de nouveaux instruments (60 millions de dollars américains)[61] et le développement d'applications reposant sur les données collectées par ses satellites (35 millions de dollars américains)[62].
152
+
153
+ Le programme Space Technology a pour objectif de mettre au point des concepts avancés applicables au spatial. Ces recherches sont lancées et financées, entre autres, par plusieurs programmes d'encouragement à l'innovation qui concernent des équipes internes ou des partenaires ou sociétés externes. Le programme est doté d'un budget en 2014 de 575 millions $ soit 3,3 % du total[63].
154
+
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+ Pour ses missions d'exploration du Système solaire la NASA a plusieurs projets consacrés à la propulsion spatiale dont le financement est rattaché à celui des sondes spatiales. L'agence met au point le moteur ionique à xénon Next (NASA's Evolutionary Xenon Thruster) dans le cadre d'un programme qui devrait aboutir en 2013. L'agence a également un programme d'étude sur le propulseur à effet Hall[64],[65]. Le générateur thermoélectrique à radioisotope est une alternative aux cellules photovoltaïques utilisée lorsque l'énergie solaire n'est pas suffisante (mission vers les planètes extérieures). La NASA étudie une version beaucoup plus efficace grâce à l'utilisation du cycle de Stirling (programme ASRG Advanced Stirling Radioisotope Generator) qui pourra être utilisé par des sondes spatiales lancées à compter de 2014-2016[64].
156
+
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+ La NASA est le principal centre de recherche aérospatiale américain. Le budget affecté en 2011 à cette activité est de 566 millions de dollars américains soit 3,2 % du budget total. Ces fonds sont répartis entre cinq programmes de recherche[66] :
158
+
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+ La NASA travaille sur le futur système de contrôle du trafic aérien américain NextGen Air Transportation System qui doit permettre de faire face à l'augmentation du nombre de vols dans l'espace aérien américain. L'agence spatiale travaille, entre autres, sur les dispositifs capables de détecter automatiquement les situations dangereuses (risque de collision en vol) et la conception d'un poste de pilotage d'avion optimisant le travail de l'équipage et sa capacité à faire face rapidement aux événements à risque.
160
+
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+ Ce programme concerne la recherche des stratégies d'automatisation du choix des routes aériennes dans le cadre du futur système de contrôle du trafic aérien américain NextGen.
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+
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+ Plusieurs thèmes font partie de ce programme : mise au point des techniques de voilure tournante, mise au point d'une boîte à outils permettant de concevoir la voilure des futurs avions volant à vitesse subsonique en optimisant les émissions sonores et les performances. Outils de conception du fuselage et de la voilure des avions supersoniques. Recherche sur le vol hypersonique (vitesse supérieure à Mach 5) avec des applications dans le domaine spatial (rentrée atmosphérique, atterrissage sur Mars).
164
+
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+ Ce programme concerne la mise à disposition de moyens d'essais : souffleries, bancs d'essais aéronautiques.
166
+
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+ Recherche sur de nouveaux concepts d'aéronefs permettant de réduire simultanément la quantité de carburant consommé, le bruit et les émissions de gaz. Insertion de drones dans le trafic aérien.
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+
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+ La NASA est une organisation directement contrôlée par l'exécutif. L'agence spatiale est dirigée par un administrateur qui est désigné par le président des États-Unis après consultation et accord du Sénat américain. Son rôle est d'implémenter les choix du président et il joue donc un rôle majeur dans la définition des principaux programmes spatiaux de l'agence spatiale. Le changement de président entraîne le changement de l'administrateur. L'administrateur actuel, nommé par Donald Trump en septembre 2017 à la suite de son accès à la présidence des États-Unis, est Jim Bridenstine, un ancien membre de la chambre des représentants du parti des républicains. Le président nomme également l'administrateur adjoint et le responsable des finances qui n'ont eux pas de rôle majeur dans l'orientation du programme spatial. L'implémentation de la stratégie de la NASA et le contrôle de sa mise en œuvre par les différents centres de la NASA incombe aux responsables des cinq directions (directorate) qui ne sont pas choisis en fonction de leur orientation politique et conservent donc leur poste lors des changements d’administrateur. Ces cinq directions sont[67] :
170
+
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+ Ces services, qui comprennent également le bureau de l'administrateur (Administrator's Staff Offices ) et le bureau de l'inspection générale (OIG : Office of Inspector General) sont rassemblés au siège de la NASA qui se trouve à Washington, D.C. (district de Columbia)[68].
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+
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+ La NASA comporte dix centres spatiaux qui emploient directement environ 17 500 personnes auxquelles s'ajoutent 6 000 personnes au Jet Propulsion Laboratory fin 2018[69] ainsi qu'un grand nombre de sous-traitants sur site :
174
+
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+ Le centre de vol spatial Goddard, situé à environ dix kilomètres au nord-est de Washington, D.C. dans l'État du Maryland, est le plus important centre de recherche de la NASA et emploie environ dix mille personnes en incluant les sous-traitants. L'établissement est responsable du développement et de la gestion des télescopes et observatoires spatiaux développés par la NASA ainsi que sur la plupart des satellites d'observation de la Terre. L'établissement gère également le Wallops Flight Facility d'où sont lancés des ballons-sondes, des fusées-sondes et de petits satellites scientifiques pour ces derniers à l'aide de lanceurs légers.
176
+
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+ Le Jet Propulsion Laboratory (JPL), situé près de Los Angeles en Californie, est responsable du développement et de la gestion opérationnelle de la majorité des sondes spatiales de la NASA, de certains satellites d'observation de la Terre ainsi que d'instruments embarqués sur les satellites scientifiques en orbite terrestre. Le JPL gère également les 3 groupes d'antennes situés en Australie, Espagne et Californie du Deep Space Network qui est utilisé pour les communications avec les sondes spatiales. Créé dans les années 1930 pour étudier la propulsion des fusées, à l'origine de son appellation, c'est une coentreprise entre la NASA et le Caltech.
178
+
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+ Le centre spatial Lyndon B. Johnson (anciennement le MSC, Manned Spacecraft Center) situé près de Houston au Texas, est chargé de la conception et la qualification des engins spatiaux habités (station spatiale, vaisseaux spatiaux), de l'entraînement des astronautes et du suivi des missions à partir de leur décollage. Parmi les installations présentes sur le site, on trouve le centre de contrôle de mission des missions habitées (station spatiale internationale, navette spatiale), des simulateurs de vol et des équipements destinés à simuler les conditions spatiales et utilisés pour tester les composants livrés par les fournisseurs de la NASA. Le centre gère l'établissement de White Sands Test Facility au Nouveau-Mexique qui est utilisé pour tester différents équipements faisant essentiellement partie du programme de la navette spatiale.
180
+
181
+ Le centre de vol spatial Marshall (George C. Marshall Space Flight Center ou MSFC) situé près de Huntsville dans l'Alabama est spécialisé dans la propulsion des lanceurs civils et des vaisseaux spatiaux. Aujourd'hui le centre Marshall est responsable de la propulsion des lanceurs et vaisseaux du programme Artemis. Le centre est responsable du centre d'assemblage de Michoud où est assemblé le lanceur SLS. Il gère également le programme de sondes lunaires. Cette ancienne installation de l'armée de Terre (Redstone Arsenal) autrefois dirigée par Wernher von Braun a mis au point la famille de lanceurs Saturn[70].
182
+
183
+ Le centre de recherche Ames est un établissement ancien (1939) situé en Californie au cœur de la Silicon Valley. Initialement connu pour ses souffleries utilisées notamment pour mettre au point la forme de la capsule Apollo, l'établissement est aujourd'hui spécialisé dans l'informatique embarquée sur les vaisseaux et sondes, les supercalculateurs, la gestion du trafic aérien ainsi que l'exobiologie. Le centre est responsable de quelques programmes spatiaux comme les sondes lunaires LCROSS, LADEE, le télescope spatial Kepler et le télescope de l'observatoire stratosphérique pour l'astronomie infrarouge SOFIA[71].
184
+
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+ Le Centre de recherche Langley situé en Virginie est le plus ancien des centres de la NASA (1917). On y effectue des recherches sur l'aérodynamisme des avions à l'aide de plusieurs souffleries. Les chercheurs de Langley travaillent également sur le changement climatique[72].
186
+
187
+ Le centre de recherche Glenn, situé près de Cleveland dans l'Ohio, est traditionnellement spécialisé dans la mise au point des techniques de propulsion (cryogénique, électrique)[73].
188
+
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+ Le centre de recherche en vol Neil A. Armstrong situé dans le désert des Mojaves en Californie est utilisé pour effectuer des tests en vol atmosphérique. C'est également le site d'atterrissage de secours pour la navette spatiale lorsque les conditions atmosphériques ne sont pas favorables à Kennedy.
190
+
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+ Le centre spatial John C. Stennis situé dans le Mississippi rassemble plusieurs bancs d'essais utilisés pour tester les moteurs-fusées développés pour les différents programmes.
192
+
193
+ Le centre spatial Kennedy (KSC), situé sur Merritt Island en Floride, est le site d'où décolle les lanceurs vers la Station spatiale internationale. Au cœur du centre spatial, le complexe de lancement 39 comporte 2 aires de lancement et un immense bâtiment d'assemblage, le VAB (hauteur 140 mètres), dans lequel les lanceurs sont préparés. Plusieurs plateformes de lancement permettent de transporter les lanceurs jusqu'au site de lancement. Le centre spatial Kennedy jouxte la base de lancement de Cap Canaveral d'où sont lancés les sondes spatiales de la NASA.
194
+
195
+ Le budget de la NASA fait partie des dépenses discrétionnaires du budget des États-Unis c'est-à-dire que son montant n'est pas reconduit d'année en année comme c'est le cas de celui des dépenses obligatoires (Sécurité sociale, Medicaid, Medicare, intérêts de la dette), mais qu'il est discuté chaque année et qu'il fait l'objet d'arbitrages qui dépendent de l'enveloppe budgétaire globale disponible et des sommes allouées aux autres dépenses discrétionnaires. En 2018 le budget fédéral était de 4 100 milliards US$ (20% du PNB américain) dont environ les deux tiers pour les dépenses obligatoires et un tiers pour les dépenses discrétionnaires. Généralement la moitié des dépenses discrétionnaires sont affectées à la Défense (623 milliards de dollars américains en 2018), l'autre moitié (639 milliards de dollars en 2018) étant partagée entre de nombreux postes budgétaires (éducation, justice, science) dont celui de la NASA qui oscille d'une année à l'autre autour de 20 milliards de dollars américains. Le processus qui aboutit à la fixation du budget de la NASA est similaire à celui des autres agences contrôlées par le gouvernement américain. L'année fiscale aux États-Unis débute en octobre (le budget 2020 s'applique donc à partir d'octobre 2019). Le budget est défini de manière détaillée l'année précédente (dans le cas cité en 2018) après plusieurs allers-retours entre la NASA, la présidence des États-Unis et le Bureau de la gestion et du budget. La Maison Blanche soumet normalement sa proposition budgétaire (President's Budget Request) en février (2019 dans l'exemple cité). Ce document de plus de 800 pages fournit de manière très détaillée l'ensemble des dépenses de l'agence spatiale. Le Congrès américain, après définition de l'enveloppe budgétaire globale, discute de son affectation au sein de comités et sous-comités spécialisés. Il fournit une contre-proposition qui, dans le cas de la NASA, porte uniquement sur les programmes principaux. Cette proposition fait l'objet d'allers-retours entre les deux chambres (Sénat américain et Chambre des représentants) avant d'être votée. Le président signe le budget à l'issue de ce processus[74]. Si le déroulement de ce processus est nominal, ce dernier acte intervient avant le 1er octobre début de l'année fiscale. Si aucun accord n'est intervenu à cette date, un arrêt des activités gouvernementales aux États-Unis peut intervenir (government shutdown). Dans ce cas, la NASA doit cesser toute activité hormis les services essentiels préservant les missions en cours (habitées ou robotiques). Toutefois, dans la mesure ou plus de 70% du budget est dépensé sous forme de contrats passés avec des sociétés extérieures, celles-ci peuvent continuer à travailler en utilisant les avances financières reçues[75].
196
+
197
+ La NASA est loin d'avoir le monopole du programme spatial américain. L'activité spatiale américaine civile et militaire est répartie entre plusieurs agences. Parmi celles-ci la NASA ne dispose que du deuxième budget par ordre d'importance[76] :
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+ L’art est une activité, le produit de cette activité ou l'idée que l'on s'en fait s'adressant délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l'intellect. On peut affirmer que l'art est le propre de l'humain ou de toute autre conscience, en tant que découlant d'une intention, et que cette activité n'a pas de fonction pratique définie. On considère le terme « art » par opposition à la nature « conçue comme puissance produisant sans réflexion »[1], et à la science « conçue comme pure connaissance indépendante des applications »[1].
2
+
3
+ Effectivement, les définitions de ce concept varient largement selon les époques et les lieux, et aucune d'entre elles n'est universellement acceptée. Ainsi, pour Marcel Mauss[2], « un objet d'art, par définition, est l'objet reconnu comme tel par un groupe ». C'est pourquoi les collections de productions artistiques peuvent être classées et appréciées diversement selon les cultures, les auteurs, les institutions et les époques.
4
+
5
+ En Europe, depuis la fin du XVIIIe siècle[3], ce terme recouvre principalement les produits dits des « beaux arts » tels que la sculpture, l'architecture, les arts graphiques (dont la peinture ou le dessin), et aussi la musique, la danse, la poésie (à prendre au sens classique du terme, le mot poésie désignant à la fois la poésie lyrique, qui correspond au sens moderne de la poésie, la poésie tragique, c'est-à-dire le théâtre et la poésie épique) et la littérature. On y ajoute depuis, parmi d'autres, l'image en mouvement (le cinéma, la télévision, l'art numérique), le spectacle vivant (le théâtre, le mime), la photographie, la bande dessinée, et, plus largement encore, la mode, bien que celle-ci soit plus couramment associée au domaine de l'artisanat de par son usage et sa fonctionnalité. La classification des arts n'est toutefois pas universelle et rechercher une classification unanime semble impossible[4], voire un anachronisme[5].
6
+
7
+ Cette conception de l'art comme activité autonome, comme production par des artistes d'objets que l'on s'accorde à trouver beaux d'après une préférence de goût, date des XVIIIe et XIXe siècles. Mais on considère souvent que l'art moderne et contemporain ont délaissé le cantonnement aux seules notions de beau ou de style intemporel pour plus généralement chercher à interpeller voire 'déranger' l'observateur, par exemple par la transgression ou la rupture[6].
8
+
9
+ Au XXIe siècle, on assiste à la fois à la prolifération de la notion d'art (absorbant les civilisations anciennes, intégrant différents supports et obligeant à parler d'« arts », le tout avec des productions en expansion planétaire exponentielle[réf. nécessaire]) et en même temps à son dépassement par la civilisation du tout-écran, qui mêle tout. Un tel phénomène incite à donner des repères et à ne pas appliquer la notion occidentale d'« art » à l'ensemble de ce qui a une visée esthétique sur tous les continents. Pour ce faire, il importe d'établir la chronologie et la géographie des productions dans une histoire générale de la production humaine[note 1].
10
+
11
+ Le mot français « art » dérive du latin ars, artis qui signifie « habileté, métier, connaissance technique ». Selon le Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 50, « Ars peut également signifier « métier, talent », mais aussi « procédé, ruse, manière de se conduire » et seulement tardivement « création d'œuvres », terme traduisant le grec tekhnè. La signification du terme art s'est historiquement déplacée du moyen vers le résultat obtenu ». Voir aussi Dominique Chateau, « Art »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), dans Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, dir. Barbara Cassin, Seuil, Dictionnaires le Robert, 2004 (ISBN 2-02-030730-8) (extraits en ligne).
12
+
13
+ Depuis au moins l'Antiquité, la philosophie s'interroge sur la nature de l'art.
14
+
15
+ Platon dans l'Ion et l'Hippias majeur ou Aristote dans la Poétique s'interrogent sur l'art en tant que beau. Toutefois, l'esthétique antique diffère parfois notablement des esthétiques postérieures et le mot grec τέχνη (technè), qui est l'équivalent le plus proche du français art, désigne dans la Grèce antique l'ensemble des activités soumises à certaines règles. Il englobe donc à la fois des savoirs, des arts et des métiers. Les muses grecques ne sont pas toutes associées aux arts tels qu'ils seront définis par la suite et la poésie, par exemple, n'est pas une « technè »[réf. nécessaire].
16
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17
+ La civilisation romaine ne distingue pas non plus clairement le domaine de l'art de celui des savoirs et des métiers bien que Cicéron et Quintilien y aient contribué par leurs réflexions. Ainsi, chez Galien, le terme d'« art » désigne un ensemble de procédés servant à produire un certain résultat :
18
+
19
+ « Ars est systema præceptorum universalium, verorum, utilium, consentientium, ad unum eumdemque finem tendentium[7]. »
20
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21
+ « L'art est le système des enseignements universels, vrais, utiles, partagés par tous, tendant vers une seule et même fin. »
22
+
23
+ Dans cette acception du mot, qui a prévalu jusqu'à la fin du Moyen Âge, l'art s'oppose à la fois à la science conçue comme pure connaissance, indépendante des applications, et à la nature qui produit sans réfléchir[7]. À l'idée de règle de production s'ajoute la considération de l'effort requis dans cette activité. Lorsque le mot est employé, il lui est généralement attaché une épithète qui le précise pour former des expressions telles que « arts libéraux », « arts mécaniques », « art militaire », etc.[7]. Et s'il arrive parfois que les arts libéraux soient visés par l'emploi du mot non qualifié « ars », on est encore bien loin du sens contemporain ; l'astronomie était un « art libéral » tandis que le spectacle de « theatrica » restait un « art mécanique »[8].
24
+
25
+ Jusqu'à la Renaissance, il n'y a pas de différence précise entre l'artiste et l'artisan : on appelle « artiste » un artisan dont la production est d'une qualité exceptionnelle. La différence ne commencera à devenir plus précise que lorsque les artistes commenceront à s'émanciper des corporations pour faire allégeance aux académies et à la commande nobiliaire[9]. C'est alors que le sens maintenant familier du mot « art » commence à se dégager : non seulement de nombreuses techniques s'en séparent, mais de plus, après la découverte des règles de la perspective, l'aspect visuel y prendra une importance croissante.
26
+
27
+ C'est du siècle des Lumières que date la notion d'art aujourd'hui communément admise. Partant d'une réflexion sur les sens et le goût, une conception basée sur l'idée de beauté finit par s'établir. Avec Emmanuel Kant émerge une théorie de l'art définissant l'esthétique, dont les principes seront repris par le mouvement romantique. L'importance de l'observation de règles passe alors au second plan tandis que l'intention de l'artiste, qui vise nos sens et nos émotions, devient primordiale.
28
+
29
+ Mais le XXe siècle, par ses pratiques et ses idéologies, remet en question tout ce qui avait pu être retenu au siècle précédent. Il conteste en particulier l'existence d'une essence de l'art qui se retrouverait à travers les âges et les civilisations, et donc le rêve d'une définition universelle. Il souligne également le caractère parfois ambigu du rapport entre « beauté » et « art », par exemple lorsque l'œuvre d'art représente la nature de manière effrayante, voire repoussante[10].
30
+
31
+ C'est pourquoi le discours européen contemporain sur l'art comporte un risque d'anachronisme dans la mesure où, selon ce discours, l'art impliquerait une intention qui n'existe pas forcément en d'autres époques ou en d'autres lieux. L'Art préhistorique par exemple, se réfère à des éléments artistiques comme des peintures ou des sculptures, mais aucun texte ne précise si ces éléments étaient destinés à la contemplation, à des célébrations rituelles ou à d'autres usages. Dans certaines cultures (par exemple indienne ou chinoise), de tels textes existent, mais il est difficile de déterminer dans quelle mesure les concepts utilisés, notamment ceux traduits en français par les mots « juste » ou « beau », sont identifiables à ceux utilisés en Occident[10]. L'introduction d'une hypothèse d'art inconscient ou involontaire pourrait permettre de contourner ce type de difficultés.
32
+
33
+ On donne souvent des listes plus ou moins complètes de domaines constitutifs de l'art, en notant ce qu'à la suite de Wittgenstein on appelle des « ressemblances familiales » : l'art devient alors un ensemble de pratiques et de résultats qui partagent un certain nombre de traits, bien qu'aucun d'entre eux ne soit universel[11].
34
+
35
+ La liste classique des arts, telle que proposée au XIXe siècle par Hegel dans Esthétique ou philosophie de l'art, continue pour certains de servir de référence[4]. Elle indique, sans se vouloir pourtant exhaustive, que les principaux arts sont au nombre de cinq : architecture, sculpture, peinture, musique, poésie. Par combinaison ou par prolongement, on parvient à développer indéfiniment cette liste en y ajoutant, par exemple, la danse, le cinéma (souvent nommé « septième art »), la bande dessinée, l'opéra, la photographie, etc.
36
+
37
+ Les différentes conceptions de l'art et les difficultés de l'aborder dans sa globalité[12] se répercutent sur les conceptions de son histoire.
38
+
39
+ Dans sa conception la plus classique, l'histoire de l'art s'est constituée au XIXe siècle en adoptant sans questionnement le progressisme et les valorisations de son temps. Dans cette optique naturaliste, qui considère l'art comme une constante de l'humain, elle décrit les instances qui dévoilent l'« essence » de l'art à travers les différentes époques.
40
+
41
+ Mais cette hypothèse d'une autonomie des phénomènes artistiques et de leur développement intelligible a été progressivement délaissée au profit d'une vision beaucoup plus contextualisée et sociale. Comme le note Antoine Hennion, « La méthode de la sociologie de l'art et celle de l'histoire de l'art s'opposent l'une à l'autre », la première tend à éliminer ce que la seconde essaie au contraire d'épaissir[13]. Dans ce cadre, l'histoire de l'art ne peut évidemment se construire qu'en tenant compte des évolutions de la notion d'art et elle est par conséquent sans cesse à reconstruire.
42
+
43
+ Une autre difficulté est liée au fait que relater les évolutions de l'art nécessite de procéder à des regroupements, le plus souvent par aires géographiques et par périodes historiques. Or la pertinence de telles délimitations est toujours à relativiser : à quel moment, par exemple, séparer l'Antiquité tardive du Moyen Âge ? Faut-il présenter l'art de l'Égypte ptolémaïque aux côtés de celui de l'antiquité grecque ? Ou encore, si l'on convient de considérer la poésie comme un art, faut-il ou non présenter les poèmes de Léopold Sédar Senghor du côté des arts africains ?
44
+
45
+ Conséquences de ces divergences de vues, les querelles sur la classification des arts sont nombreuses[4] en histoire de l'art et en esthétique. Claude Roy résume ainsi ce pluralisme de la notion d'art :
46
+
47
+ « La notion d’art, qu’il s’agisse de l’art nègre, de l’art crétois ou de l’art impressionniste, reste à la fois imprécise, ineffable et irritante. L’art, c’est ce qui maintient vivante l’idole morte en tant qu’idole. L’art c’est ce qui dans un objet continue à servir quand il ne sert plus à rien[14]. »
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49
+ Si l'on considère que l'art consiste à bâtir, à sculpter, à réaliser des motifs ornementaux, l'existence d'un art préhistorique semble indiscutable. En revanche, si l'on voit dans l'art une sorte de luxe destiné aux musées et aux expositions, il est probable que les premiers peuples n'y aient jamais songé[15]. Enfin, si l'on considère, plus généralement, que l'art consiste à s'adresser aux sens et aux émotions de ceux qui en sont les spectateurs, il est difficile de ne pas qualifier d'artistes les auteurs d'un certain nombre de productions préhistoriques, comme les célèbres fresques de la grotte de Lascaux.
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51
+ Quelle était la fonction exacte des sculptures et des peintures réalisées par ces artistes ? Nous ne le savons pas avec certitude, même si les hypothèses de fonctions rituelles, magiques, symboliques ou d'enseignement ont souvent été envisagées. Le travail de l'artiste aurait alors probablement eu comme visée première une efficacité « pratique », sans exclure pour autant une certaine recherche esthétique[15].
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53
+ L'Afrique recèle d'innombrables arts locaux qui reflètent une grande variété de cultures qui ne cessent d'évoluer au fil du temps. Ces créations ont été considérées comme de véritables objets d’art surtout à partir du début du XXe siècle, notamment sous l’influence des peintres cubistes. La découverte de cet art a alors notablement influencé l'art moderne occidental[16].
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+ De nos jours, la plupart des œuvres africaines appartiennent à des collectionneurs privés, car, dans le passé, les musées ont négligé cet art. Depuis, les cotes pour des objets anciens authentiques se sont envolées[note 2], et l’UNESCO en est venu à interdire depuis le début des années 1990 l'exportation de masques et de statues en dehors du continent africain[16].
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+ Le masque en bois, qui représente le plus souvent un esprit a longtemps été considéré comme l’objet typique qui symbolisait le mieux l’art africain. Mais progressivement d'autres formes sont venues au jour et en 1966 eut lieu le premier festival mondial des Arts nègres de Dakar, présentant au monde la richesse de l'art africain, avec des artistes comme Ousman Sow, Assane N'Noye, Paul Ahyi ou Ashira Olatunde[16].
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+ Depuis 1989, une biennale d'art africain contemporain se tient régulièrement à Dakar[17].
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+ En Afrique du Nord, avec l'arrivée de l'islam à partir du VIIe siècle, l'art musulman succède à l'art qui prévalait dans l'Antiquité tardive[18], ainsi la Grande Mosquée de Kairouan (en Tunisie), élevée vers 670 et dont l'état actuel date du IXe siècle, compte parmi les chefs-d'œuvre de l'art des premiers siècles de l'islam[19].
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+ L'exemple du continent asiatique montre bien la difficulté d'établir des classifications d'histoire de l'art basées sur des continents et des périodes historiques.
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+ Comment présenter avec une certaine cohérence un ensemble aussi large et aussi hétérogène que celui qui réunit :
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+ La culture olmèque, entre 1200 av. J.-C. et 400 av. J.-C.[20], première des grandes civilisations de la Mésoamérique, est particulièrement connue pour la richesse iconographique et la qualité technique de son art, qui fut une référence et un héritage pour toutes les cultures postérieures. L’art olmèque se manifeste par une grande maîtrise de la sculpture et de la ciselure. Les artistes olmèques élaboraient leur art dans l’argile, la pierre et le bois ainsi que sur quelques peintures rupestres.
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+ L'art maya se développe durant la période préclassique (2000 av. J.-C. à 250 apr. J.-C.)[21],[22], lors de l'Époque I et II. Il reçut les influences de la civilisation olmèque. D'autres civilisations mésoaméricaines, incluant Teotihuacan et les Toltèques, l'affectèrent et il atteignit son apogée durant la période de la civilisation classique ou Époque III (environ 200 à 900 apr. J.-C.). Les Mayas sont célèbres pour leur utilisation du jade, de l'obsidienne et du stuc.
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+ Les artisans aztèques (1300-1519) excellaient dans l'art du masque en pierre, hérité des Toltèques, dont on faisait un usage funéraire ou religieux. Ils revêtaient de peintures les parois de leurs temples et de leurs palais.
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+ L'Art amérindien est la forme d'art originaire d'Amérique du Nord. Aucune des langues autochtones d'Amérique du Nord n’a, semble-t-il, de mot correspondant au concept occidental d’art. Pourtant, les objets conçus par ses artisans sont aujourd’hui considérés comme des œuvres d’art à part entière.
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+ Bien que celle-ci soit géographiquement située en Afrique, l'Art de l'Égypte antique, né il y a environ cinq mille ans, est l'une des principales sources de l'art en Europe. Il combine des règles strictes de régularité géométrique et une observation aiguë de la nature. Ses œuvres n'étaient pas destinées à être admirées par les vivants. On les plaçait dans les tombes des rois, puis progressivement dans celles de personnages de moindre importance sociale, afin d'aider l'âme des défunts à rester vivante[23].
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+ Mais l'art européen doit aussi beaucoup à l'Art de la Grèce antique. Dans ses premiers temps, aux alentours du Xe siècle av. J.-C., il est extrêmement sobre et géométrique. Par la suite, il s'inspire considérablement des règles établies par l'art égyptien, notamment en peinture et en sculpture.
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+ Aux alentours du VIe siècle av. J.-C. se produisit une véritable révolution artistique : Les artistes commencent à s'affranchir des règles de l'art égyptien, qui imposaient de représenter chaque partie d'un ensemble (d'un corps humain par exemple) sous son angle le plus reconnaissable, au prix parfois de positions peu vraisemblables de l'ensemble. S'affranchissant de ces règles, ils se permettent de représenter un pied de face ou de cacher un bras sur un personnage représenté de profil : leurs peintures et leurs sculptures deviennent ainsi moins stéréotypées, plus naturelles[24].
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+ Vers la fin du VIe siècle av. J.-C., les artistes grecs sont toujours de simples artisans, mais un public de plus en plus nombreux s'intéresse à leurs œuvres. On compare les mérites des différentes écoles d'art, des maîtres des différentes cités. Certains d'entre eux, comme Praxitèle deviennent extrêmement célèbres. Un peu plus tard survient une autre évolution : alors que jusqu'ici les artistes s'efforçaient d'éviter de donner à leurs visages une expression trop précise, on commence alors à leur faire exprimer des sentiments et le règne d'Alexandre le Grand voit l'apparition d'un art du portrait[24] que l'Art de la Rome antique reprendra et développera plus encore.
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+ L’art médiéval couvre un ensemble large de temps et de lieux, sur plus de mille ans d'histoire de l'art en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Cela inclut de nombreux mouvements de l'art et périodes, art régional ou national, genres, renaissances, métiers d'artistes, et les artistes eux-mêmes.
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+ Les historiens de l'Art classifient l'art médiéval en périodes et mouvements principaux, les relations entre ces périodes sont parfois plus subtiles. Ceux-ci sont l'Art celtique, l'Art paléochrétien, l'Art des migrations, l'Art préroman et l'Art roman, l'Art gothique et l'Art byzantin. En plus de cela, chaque « nation » ou culture au Moyen Âge avait son propre style artistique et ceux-ci ont une existence individuelle, comme l'Art anglo-saxon, l'Art viking ou l'Art Islamique en Espagne (pour exemple l'Alhambra).
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+ L'art médiéval comporte de nombreuses techniques, comme la mosaïque et la sculpture.
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+ L'immense majorité de l'art qui nous est parvenu de cette période relève du domaine du religieux et renvoie à un cadre qui incorpore à la fois une pensée théologique ou cosmogonique et des fonctions proprement liturgiques. À cet aspect strictement religieux, il convient encore d'ajouter une dimension sociale ou civique. Ainsi, une œuvre pourra être étudiée et comprise sous ces différents aspects : un contenu proprement théologique qui s'exprimera souvent par des choix iconologiques de la part du ou des créateurs ; une fonction liturgique ou cérémonielle concrète qui sera une contrainte matérielle de l'œuvre, définissant parfois sa forme, sa structure ou ses dimensions ; une fonction publique d'exaltation du commanditaire, du donateur ou du récipiendaire.
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+ Pour les historiens, l’époque moderne – on dit parfois les « Temps modernes » ��� couvre la période historique qui commence avec la fin du Moyen Âge. Les historiens français la font se terminer avec la Révolution française. Cette convention spécifiquement française ne sera pas utilisée dans ce chapitre, dans lequel on a préféré utiliser la convention internationale qui fait se terminer l'époque moderne 75 ans avant le présent.
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+ On fait habituellement commencer la Renaissance artistique en Italie au XVe siècle[25]. Les Italiens nomment cette période le quattrocento. Elle se prolonge au XVIe siècle où elle atteint alors, dans de nombreux pays d'Europe, son apogée. Si elle redécouvre la mythologie et l'art antique, elle ne constitue pourtant pas un retour en arrière : les techniques nouvelles, le nouveau contexte politique, social et scientifique permettent aux artistes d'innover[26]. On redécouvre et on perfectionne considérablement la perspective. On développe la technique de la peinture à l'huile. Alors qu'au Moyen Âge la création artistique était essentiellement tournée vers Dieu et la religion chrétienne, c'est l'homme que la Renaissance artistique place au centre de ses préoccupations. Pour la première fois, l'art pénètre dans la sphère du privé : les œuvres ne sont plus seulement commandées par le pouvoir religieux ou séculier ; elles entrent dans les maisons bourgeoises[25].
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+ On appelle habituellement « baroque » le style qui a succédé à la Renaissance au début du XVIIe siècle, mais ce mot n'a été employé que bien plus tard, par des auteurs qui trouvaient ce style grotesque et qui estimaient que les éléments de l'art antique n'auraient jamais du être employés autrement qu'à la manière des Grecs et des Romains[27]. L'architecture baroque utilise plus de courbes et de volutes, elle se lance dans le grandiose, comme dans le cas du palais de Versailles[note 3] qui sera imité dans toute l'Europe. La peinture utilise plus de couleurs et de lumière. La musique de cette époque voit apparaître l'opéra. Ce mouvement atteint son apogée dans l'Europe catholique des années 1700[28].
96
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+ Dans le courant du XVIIIe siècle, d'abord en Angleterre, on commence à remettre en question les habitudes du classicisme. Certains connaisseurs, souhaitant se distinguer des autres, sont en recherche d'originalité, notamment dans le domaine de l'architecture qui cherche une nouvelle inspiration jusque vers la Chine et l'art gothique. À la fin du siècle et au début du suivant, le romantisme s'efforcera de réhabiliter le sentiment face à la raison : des artistes comme Turner évoquent, à travers leur représentations de la nature, les émotions de l'humain face aux puissances qui le dépassent[29].
98
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+ Ce rejet des traditions donne naissance à de nombreux mouvements, dont chacun se pare comme d'un étendard d'un nouveau nom en « -isme »[30] (réalisme, naturalisme, impressionnisme, symbolisme…). Il a aussi pour conséquence une complexité plus grande des rapports entre les artistes et les acheteurs d'œuvres d'art: L'artiste ne souhaite plus nécessairement s'adapter aux goûts de ses clients. S'il le fait, il a parfois le sentiment de faire des concessions humiliantes. Mais s'il préfère travailler dans un splendide isolement, il risque d'être réduit à la misère[31]. Bientôt certains artistes en viennent à se considérer comme appartenant à une espèce différente et à afficher avec vigueur leur mépris des conventions et de la respectabilité. Au XIXe siècle, le gouffre se creuse entre les artistes à succès et les non-conformistes, qui furent surtout appréciés après leur mort[31].
100
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101
+ L'Art moderne naît à la fin du XIXe siècle et au début XXe siècle. Il voit apparaître en peinture les figures de Picasso,Malevitch,Matisse, Miro, Max Ernst et de nombreux mouvements comme le surréalisme, l'Oulipo, la Nouvelle Vague. Des architectes comme Frank Lloyd Wright osent privilégier l'organisation des pièces à l'ornement des façades et abandonnent le dogme de la symétrie[32].
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+ En France, avec la modernité, les peintres se détachent peu à peu du système des salons et de l'emprise de la bourgeoisie. Les grands collectionneurs contemporains, les galeries et les critiques jouent un rôle important. Le marché de l'art s'internationalise.
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+ Marcel Duchamp représente l'objecteur fondateur de l'art conceptuel. Il ne se rattache pas plus à ses précurseurs que son intention n'est d'établir un art de l'objet. Ce qu'il cherche au contraire c'est sortir de l'art. Pourtant les ready-made de Duchamp (dont il est le concepteur) et ses objets cinétiques apportent une nouvelle dimension à la conscience esthétique, ainsi qu'une immense contribution à l'historiographie de la sculpture moderne, bien contre sa volonté[34].
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+ Dans le domaine de la peinture, un pas décisif est franchi dans les années 1910 lorsque Kandinsky ose l'art abstrait, qui ne représente pas des sujets ou des objets du monde naturel, réel ou imaginaire, mais seulement des formes et des couleurs pour elles-mêmes.
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+ À cette époque, même lorsqu'ils ne renoncent pas aussi radicalement à la représentation d'un sujet, de nombreux artistes estiment que ce qui compte en art, c'est d'abord la forme, le sujet ne venant qu'en second[35]. Ils sont en recherche perpétuelle de nouveauté. Avec le surréalisme, ils cherchent même à créer quelque chose de plus vrai que la réalité elle-même[36], à tenter d'atteindre une « réalité supérieure »[37].
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+ Plus on se rapproche de notre époque et plus il devient difficile[note 4], au milieu des modes éphémères, de distinguer les réalisations qui, par leur influence, relèvent de l'histoire de l'art[38]. Quelques grandes lignes de l'art de l'époque contemporaine[note 5] semblent cependant pouvoir être tracées.
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+ En peinture, à partir des années 1950, certains artistes concentrent leurs recherches sur l'acte physique de peindre et réalisent des œuvres abstraites en peignant, égouttant ou projetant de la couleur sur la toile. La structure du tableau résulte alors de l'intuition de l'artiste, mais aussi des divers comportements de la couleur (coulures…). Peindre apparaît alors comme un moment d'existence irréfléchi et pulsionnel et l'œuvre est un témoignage du corps vivant, en action et en mouvement dans l'instant. Ce mouvement sera dénommé tachisme, expressionnisme abstrait ou encore action painting aux États-Unis. L'Américain Jackson Pollock se fera particulièrement remarquer par cette technique. Il n'est pas sans évoquer la calligraphie chinoise dans sa recherche d'un jaillissement rapide et spontané[38].
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+ Beaucoup d'artistes contemporains sont fascinés par les effets de « texture » et renoncent à l'emploi de la peinture pour d'autres matières, dans des productions qui se situent parfois à mi-chemin de la peinture et de la sculpture. Le Op Art, notamment avec Vasarely, accorde un intérêt particulier à l'interaction des formes et des couleurs visant à produire des sensations de relief ou de mouvement[38]. Plus près de nous encore, dans les années 1960, le Happening, le Fluxus, (Joseph Beuys, Wolf Vostell, Nam June Paik), et l'Art vidéo. Pop Art utilise des symboles populaires et prend en compte l'influence de la publicité, des magazines, des bandes dessinées et de la télévision dans les sociétés de consommation. Par des techniques industrielles, il remet en cause le principe d'unicité d'une œuvre d'art. Ainsi Andy Warhol reproduit les siennes par centaines, parfois même par milliers.
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+ Plus généralement, l'art contemporain est traversé par les concepts et les thèmes qui agitent la société contemporaine: la dématérialisation de l'œuvre (Yves Klein), l'écologie profonde (Hundertwasser), la propagande visuelle et la publicité (Warhol), l'entreprise œuvre d'art ou vice-versa (Hybert), la fascination pour la révolution technique et les biotechnologies (Eduardo Kac), la chirurgie esthétique et la re-création corporelle de soi (Orlan).
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+ Toutefois, la course effrénée à la nouveauté et le triomphe du modernisme conduisaient les non-conformistes à une contradiction : « Fallait-il être non-conformiste comme tout le monde ? »[39] Ceci explique peut-être qu'on assiste depuis la fin des années 1970 à un retour du figuratif et à l'apparition d'une autre attitude, plus que d'un (encore) nouveau style, parfois dénommée post-modernisme. L'ère post-moderne est l'occasion d'une multiplication des mouvements et tendances artistiques : (Appropriation, Bad Painting, Figuration libre, Néo-géo, Trans-avant-garde, Art corporel, Art numérique, Bio-art, Netart, Esthétique relationnelle, Art urbain, Cyberart, etc.
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+ Jean Prouvé (1901-1984), est un architecte et un designer autodidacte français. Au cours des années 1930, il collabore avec l'agence d'architecture dirigée par Marcel Lods et Eugène Beaudouin pour des bâtiments considérés comme précurseurs de l'architecture moderne en France : la cité de la Muette à Drancy ou la Maison du peuple à Clichy. Réalisateur également de mobilier, ses réalisations « sculptures dans l’espace quotidienne » – chaises, lits Antony, bibliothèques, bureaux Compas – sont exemplaires et figurent aujourd’hui parmi les plus cotés du XXe siècle (un fauteuil Kangourou s'est vendu 152 449 €, une bibliothèque peut valoir jusqu’à 160 000 €).
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+ Le sculpteur Remus Botarro (né en 1946, en Roumanie), il travaille à Vienne et à Paris. Auteur de monuments publics dans plusieurs capitales en Europe, il est aussi l'inventeur du concept auquel il a donné le nom de « l'Habitat de l'Avenir » ; le concept Botarro consiste à transformer l'espace immobilier habité en une œuvre d'art unique dans sa création, en harmonie et en relation étroite avec son occupant, lui conférant ainsi une valeur d'exception.
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+ L'art d'Océanie comprend les productions, anciennes ou contemporaines, des peuples de Mélanésie, de Micronésie, de Polynésie, ainsi que celles des peuples traditionnels d’Australie et de Nouvelle-Zélande et d'autres îles du Pacifique. En revanche, on ne classe pas dans cette cat��gorie les productions des artistes australiens et néo-zélandais d'origine occidentale[40].
126
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+ Son histoire débute lorsque la première vague de migrants, venus d'Asie du Sud-Est, s'installe en Australie et en Nouvelle-Guinée, il y a probablement environ 50 000 ans. Les plus anciennes œuvres d'art qu'on ait retrouvées d'eux sont des figures de pierre, des mortiers et des pilons ornés de motifs zoomorphes mêlés à des figures anthropomorphes[40].
128
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+ Vers 1500 av. J.-C. apparaît la civilisation Lapita (du nom d'un site archéologique de Nouvelle-Calédonie)[41]. Il s'agit d'une civilisation originale, notamment pour ses décors à poterie, qui semble être apparue sur les îles Bismarck, au Nord-Est de la Nouvelle-Guinée. Elle est associée aux peuples austronésiens qui allaient conquérir l'Océanie éloignée à partir de l'Océanie proche, à l'origine du groupe linguistique océanien. Plusieurs centaines de sites archéologiques lapita ont été retrouvés dans une aire allant de la Nouvelle-Guinée jusqu'aux îles Samoa (archipel de Bismarck, îles Salomon, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, Fidji, Tonga, Samoa, Wallis-et-Futuna).
130
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+ Dans chaque archipel, cette culture s’est adaptée à son milieu particulier et a connu son évolution propre, mais elle n'a pas perdu pour autant son unité. L'ensemble des îles du Pacifique a ainsi conservé une certaine homogénéité culturelle[40].
132
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+ Les Aborigènes sont de remarquables peintres, sur écorce dans le nord des Territoires du Nord, sur tissu et toile dans la partie centrale du désert. Actuellement reconnu comme beaux-arts, aussi bien qu'être utilitaire et décoratif, on pense que l'art indigène australien est la tradition continue la plus ancienne de l'art dans le monde. Les exemples les plus anciens de l'expression artistique ont lieu plus de 30 000 années[42].
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+ Il y a trois modèles régionaux d'Art des Aborigènes d'Australie. Premièrement : figures géométriques gravées, telles que des cercles, des cercles concentriques, des arcs, des voies animales et des points - en Australie centrale, en Tasmanie, le Kimberleys, et Victoria. Le deuxième est le modèle figuratif simple des silhouettes peintes ou gravées qui sont trouvées au Queensland. La troisième forme est les peintures figuratives complexes, telles que l'art de rayon X, qui montre les organes internes des humains et des animaux. Ce sont communs à la région du terre d'Arnhem[42].
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+ Les dessins et figures qu'ils peignent ont tous une signification bien particulière liée à la mythologie du rêve et pouvant être assimilés à une forme d'écriture. À l'exception des peintures rupestres, la plupart des œuvres aborigènes étaient éphémères : peintures corporelles, dessins sur le sable, peintures végétales au sol.
138
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+ À partir des années 1970, les Aborigènes ont abordé la peinture acrylique sur toile. Les œuvres aborigènes évoquent souvent le temps du rêve qui relate le mythe de la Création selon leur culture. Ce mouvement d'art - le Western Desert Art Movement - est devenu l'un des mouvements d'art les plus significatifs du XXe siècle[42]. En 2007, le tableau d'Emily Kame Kngwarreye, Earth's Creation s'est vendu pour l'équivalent de 671 000 euros.
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+ Des exemples d'Art rupestre peuvent être trouvés dans les parcs publics et même dans les villes principales : comme au Parc national Ku-ring-gai Chase à Sydney. Les Parcs nationaux d'Uluṟu-Kata Tjuṯa et Kakadu, en Territoire du Nord, sont classés sur la liste de l'UNESCO en tant que patrimoine culturel et présentent une histoire des techniques et du comportement illustrée par des peintures[43],[44],[45].
142
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+ L'Australie a produit beaucoup d'artistes notables à partir des traditions occidentales et indigènes depuis 1788. Le caractère sacré de la terre est un thème commun trouvé dans les deux histoires d'art. Les origines de l'art occidental australien sont souvent associées à l'école de Heidelberg des années 1880-1890[46]. Des artistes comme Arthur Streeton, Frederick McCubbin et Tom Roberts se sont efforcés de donner une image plus vraie de la lumière en Australie. L’Australie a eu une école de peinture importante dès les premiers jours de la colonisation européenne et possède des peintres de réputation internationale. On peut citer : le Surréalisme de Sidney Nolan, Arthur Boyd et Russell Drysdale ; l'avant-garde de Brett Whiteley ; les peintres/sculpteurs William Dobell et Norman Lindsay ; les peintres de paysages Albert Namatjira et Lloyd Rees ainsi que le photographe moderne Max Dupain. Chacun a aidé à définir le caractère des arts visuels australiens[47].
144
+
145
+ La philosophie de l'art désigne à la fois l'intérêt presque constant des philosophes pour l'art depuis l'Antiquité et une discipline plus ou moins conçue comme autonome depuis la fin du XVIIIe siècle[48]. Pour l'historien de la philosophie Michel Blay, il convient de distinguer deux approches de la philosophie de l'Art. D'une part elle recouvre tout le corpus des textes philosophiques qui, depuis l'Antiquité grecque, abordent la question de l'esthétique (de Platon à Kant en somme) ; d'autre part il s'agit de la discipline née avec Schelling au début du XIXe siècle.
146
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+ L'apport de l'antiquité tourne autour de la notion de « mimésis », avec Platon dans Sophiste, et surtout avec Aristote, dans sa Poétique. La mimésis est selon lui l'art de représenter la réalité; l'Art serait donc représentation du réel et du Beau. Cependant, c'est avec la mise à l'écart du concept de mimésis que « la première théorie de l'art comme activité du génie émerge chez Kant ». En plus de distinguer les différents arts, Kant permet de déplacer le principe intime du caractère artistique vers le pôle de la réception, l'assimilant à l'idée esthétique en tant qu'expression de l'entendement et de l'imagination.
148
+
149
+ Dans son cours intitulé Philosophie de l'art (1802-1803), Schelling rejette le nom d'esthétique et annonce que seule la philosophie est à même de développer une « vraie science de l'art ». Un autre grand nom concernant la philosophie de l'art est celui d'Hegel, qui, dans son Esthétique (1828-1829) montre que le but de cette discipline est le Beau et l'Art, entendus comme distincts de la religion et de la philosophie. La période moderne est dominée par deux courants majeurs[49]. Le premier, représenté par Adorno pose la question de l'autonomie de l'art, notamment vis-à-vis du social. Theodor W. Adorno, héritier de la pensée de Karl Marx, conclut que sans le social l'art ne peut exister. Le second courant est celui de l'esthétique analytique. Il pose le problème de la définition de l'art. Les usages du mot sont analysés par Ludwig Wittgenstein alors que son fonctionnement comme pratique est étudié par Nelson Goodman.
150
+
151
+ Le début du XVIIIe siècle voit l'émergence d'une conscience de l'art, comme le siècle précédent avait révélé la conscience du sujet. Née de la modernité philosophique, l'esthétique reste une discipline philosophique qui malgré ses tentatives ne s'est pas émancipée en science de l'art.
152
+ Ce n'est que par simplification qu'on s'accorde à dire que l'esthétique (philosophie des sens et de l'art) est une réflexion sur l'art, car l'objet de cette réflexion n'est pas donné d'avance. De fait ce sont les pratiques artistiques elles-mêmes qui sont devenues réflexives et de nos jours il n'est guère possible de séparer l'œuvre d'art du discours qui la fonde : « esthétique » et « artistique » sont deux adjectifs pratiquement interchangeables[réf. nécessaire].
153
+
154
+ Cependant, à l'origine du terme, se trouve Alexandre Baumgarten, l'auteur à qui l'esthétique doit son nom, qui avait considéré « l'art esthétique »[50]. Selon son idée, la beauté fournissait l'occasion à la connaissance perceptible de parvenir à son accomplissement parfait : un art du beau était l’équivalent de la théorie bâtie sur la causalité. Une médiation s'effectuait par ce troisième terme, « la beauté », introduit entre art et esthétique.
155
+
156
+ Tout comme le regard moderne s'est exercé à découvrir un certain art primitif, l'esthétique a découvert des précurseurs chez des auteurs anciens. Par exemple le dialogue de Platon Hippias majeur porte traditionnellement le sous-titre De la beauté et il est devenu un texte canonique de l'esthétique. Alors il n'est guère étonnant de trouver qu'il anticipe certaines questions dont on débat encore de nos jours. Les textes issus des civilisations non européennes peuvent aussi être soumis à une pareille lecture et, de cette manière, on reconstruit aussi, par exemple, une esthétique chinoise ou indienne.
157
+
158
+ Tant qu'on concevait l'art comme une activité réglée, le besoin d'un système pour juger de ses résultats ne se faisait pas sentir. Ce n'est que rétrospectivement que les divers Arts poétiques écrits depuis l'antiquité sont devenus représentatifs d'une esthétique normative. La Querelle des Anciens et des Modernes montre qu'en fait le caractère conventionnel des normes ou règles était bien perçu. La première ébauche de l'esthétique a été une tentative de naturaliser l'art, et cette tentation reste toujours vivace.
159
+
160
+ C'est à Emmanuel Kant que l'on doit la solution de compromis qui, sous une forme ou une autre, est actuellement en cours. Selon son idée originale, « le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne les règles à l'art »[51]. Si la beauté, ou plutôt l'idée de beauté, intemporelle et universellement valable, liait l'art au discours qui le concerne, l'innovation (artistique ou esthétique) pose problème. Accepter l'apparition de génies, définis par leur « talent naturel », ouvre la voie au changement ; l'art reste une activité soumise à certaines règles, mais celles-ci peuvent changer. L'esthétique qui était réduite par Baumgarten à la perception se développe en jugement sur le perçu.
161
+
162
+ Ce jugement ne s'appuie cependant pas sur des concepts définis. Le « Beau » est universel sans concept. C'est dire au fond que c'est l'œuvre géniale qui donne un nouvel aperçu sur le « Beau ». L'œuvre belle n'est pas réductible à un concept, mais constitue une Idée esthétique, qui donne à penser, bien qu'elle soit inexponible (accessible seulement par l'intuition), et qu'elle transcende donc l'entendement. Kant interprète le sentiment esthétique comme le fruit d'un rapport inconceptualisable entre nos facultés, l'intuition, l'imagination et la raison. C'est dire que le « Beau » s'enracine dans l'unité profonde de la personne humaine, à laquelle l'expérience n'a pas accès. De plus, et Hegel le critiquera, Kant accorde un primat du « Beau » naturel sur le Beau artistique. Ou plutôt, le génie humain fait partie de la nature. Enfin Kant ne résume pas la valeur d'une œuvre d'art à la seule beauté, puisqu'il développe une analytique du sublime. Est sublime ce qui dépasse l'imagination humaine, et suscite par là même une réaction de l'intelligence comme de la volonté humaine. Aussi grande ou puissante que soit une réalité de la nature, nous la dépassons par l'Idée de l'infini, et surtout par notre résolution morale.
163
+
164
+ De l'approche kantienne, on peut dériver une bonne partie des vues et pratiques artistiques ultérieures. On notera plus particulièrement l'idiosyncrasie de ceux qu'une partie de la société accepte comme grands artistes, la transgression conçue comme acte esthétique ou les manifestes et autres programmes par lesquels les mouvements artistiques modernes s'affirment[note 6].
165
+
166
+ Cette façon de procéder en instaurant un troisième terme, beauté, génie, culture ou autre, entre ce que l'on nomme « art » et ce que l'on appelle « esthétique » parvient tout au plus à différer le problème, car à chaque fois revient la question ; qu'est-ce que la beauté, le génie ou la culture ? Comment s'accorde-t-on sur la validité de la réponse ? Que l'art propose ses œuvres à une esthétique ou que l'esthétique circonscrive le domaine de l'art, il y a là une circularité que l'on évite difficilement sans faire appel aux dimensions historiques et sociales de ces phénomènes.
167
+
168
+ Sans que la distinction soit claire, on peut soutenir que les théories de l'art traitent ce sujet d'une manière plus générale que l'esthétique. Par exemple une théorie sociologique de l'art a été proposée par Pierre Bourdieu[52], une théorie sémiologique par Nelson Goodman[53], etc. Un même auteur présente parfois les deux approches, par exemple Hegel qui considère l'esthétique dans un cours spécial, tandis que sa philosophie affirme que l'art est une forme en déperdition[54].
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170
+ Le projet inachevé de Theodor W. Adorno est paru sous le titre Théorie esthétique. Un point de distinction utile est de noter qu'une esthétique peut être normative, ce qu'une théorie ne saurait être. L'énigme de l'art, qui est son propre, se retrouve aujourd'hui être également l'objet d'étude de celui-ci à l'époque contemporaine :
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+ « Toutes les œuvres d'art, et l'art en général sont des énigmes. Le fait que les œuvres disent quelque chose et en même temps le cachent, place le caractère énigmatique sous l'aspect du langage. (...) L'exemple typique de cela c'est celui, avant tous les autres arts, de la musique, qui est à la fois énigme et chose très évidente. Il n'y a pas à résoudre, il s'agit seulement de déchiffrer sa structure. Mais le caractère énigmatique ne constitue pas le dernier mot des œuvres; au contraire, toute œuvre authentique propose également la solution de son énigme insoluble[55]. »
173
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+ Le seul point sur lequel les théories de l'art s'accordent est qu'il s'agit d'un fait humain, et d'une pratique sociale. Deux grandes alternatives sont possibles selon qu'on accorde à cette pratique un rôle subordonné ou autonome. Envisager la subordination est une approche réductionniste; elle propose généralement une vue de l'art comme communication - représentation ou expression. Dans l'autonomie, que l'on compare à celle des jeux, l'art se propose comme « activité autotélique », c'est-à-dire sans autre but que lui-même, ce que résume la célèbre formule de « l'art pour l'art ». Les artistes et ceux qui gravitent autour de l'art ont de bonnes raisons pour défendre des conceptions de ce type et leurs stratégies théoriques ont souvent recours à une des deux options opposées : renvoyer à une ontologie propre - l'art serait lié à l'aspect spécifique de l'être - ou, paradoxalement, se faire nominaliste en insistant qu'il y a des œuvres d'art, mais non « de l'art »[56]. Les réductionnismes, issus principalement d'autres milieux, tiennent généralement que c'est par exagération qu'on arrive à ces vues-limites.
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+ Parmi les philosophes contemporains, Martin Heidegger[57] dit se mettre à l'écoute de l'art et des artistes pour se laisser dire quelque chose de leur énigme. Ce faisant il s'est orienté dans une méditation sur « L'Origine de l'œuvre d'art », qui n'est pas à comprendre comme une recherche dans le passé mais comme l'affirmation que l'art est lui-même origine et création du monde. Ce travail va de pair avec une destruction de toute la tradition.
177
+
178
+ Pour Guy Debord, la société capitaliste de consommation est devenue au XXe siècle une société de la publicité, de l'image et de la représentation qu'il appelle la société du spectacle. L'artiste y a un rôle particulier; il peut soit contribuer à la prolifération infinie et aliénante de nouvelles images, perpétuant de fait activement le modèle, soit se situer en porte-à-faux par une attitude critique.
179
+
180
+ Aujourd'hui, l’art établit une relation qui permet d’englober dans une même interaction, dans un même échange, une œuvre, son créateur et le récepteur, le destinataire de cette œuvre (spectateur, auditeur, etc.)[58]. Les différentes formes que peuvent revêtir cette médiation concrétisent certaines relations entre l’homme et la nature, c’est-à-dire entre un esprit humain et son environnement. Une pensée à la fois consciente et inconsciente, individuelle et collective, un esprit libre et imaginatif communique avec le monde extérieur. Hegel, dans ses Leçons sur l'esthétique, a tenté de définir la transcendance de cette relation en posant a priori, que : « Le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature [puisqu’il] dégage des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et instable la vérité contenue dans les apparences, pour la doter d’une réalité plus haute créée par l’esprit lui-même[59]. »
181
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+ Chercher la vérité derrière l’apparence. Peut-on envisager finalité plus captivante ? L’art devient alors le prolongement de l’action. Cette philosophie de l’action, développée notamment par Hannah Arendt[60], émerge quand le geste artistique devient l’expérience d’une relation particulière. Aussi l’art ne cherche-t-il pas à imiter ou à reproduire, mais à traduire une réalité métasensible. Il peut alors faire poindre le spirituel dans le champ de l’expérience commune.
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+ En art du moins, la forme n'est donc pas un principe étranger au contenu, et qui y serait imprimé du dehors, mais la loi de son développement, devenue transparente. Elle n'est pas pensée par le spectateur, ce qui voudrait dire qu'elle est de l'ordre du concept, et donc étrangère à la perception proprement dite, qu'elle ne se donne pas à voir.
185
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+ Paul Valéry pouvait écrire que « la belle architecture tient de la plante. La loi de croissance doit se sentir. De même la loi de ménagement des ouvertures. – Une fenêtre ne doit pas être un trou percé comme par un vilebrequin dans une planche, mais être comme l'aboutissement de lois internes, comme la muqueuse et les modelés des orifices naturels ».
187
+
188
+ Avant d'être transcrite dans la notation, la mélodie existe comme déploiement même du son, exploitation de certaines possibilités insoupçonnées de ce matériau. La couleur ne remplit pas l'espace impressionniste, mais en est la vibration. La poésie ne consiste pas à imposer à la langue une signification préétablie ni à produire des bouts-rimés. Elle laisse plutôt la parole aux mots eux-mêmes, comme si elle n'était le discours de personne. Il s'agit de révéler un mouvement inhérent à une dimension sensible du monde. L'art donne à voir comment le sensible s'engendre : le regard du peintre demande à la lumière, aux ombres, à la couleur « Comment ils s'y prennent pour faire qu'il y ait soudain quelque chose, et cette chose ? » (L'œil et l'esprit, Maurice Merleau-Ponty).
189
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+ L'art ne se contente donc pas de copier la nature. Pour autant, il ne se détourne pas d'elle, mais remonte jusqu'à la source. Dans la peinture de Cézanne, rappelle Merleau-Ponty, il ne s'agit jamais de la couleur en tant que simulacre des couleurs de la nature, mais de la dimension de couleur, où notre cerveau et l'univers se rejoignent. L'artiste est sensuel, il aime saisir la personnalité propre, le visage des choses et des matières, comme le petit morceau de mur jaune dont parle Proust à propos de Vermeer.
191
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+ C'est justement parce que la nature morte n'est pas la pomme, mais la représentation de la pomme, que pour la première fois je puis la voir au lieu de la penser ou de la croquer, considérer son aspect, et non son essence ou son utilité. C'est en ce sens que l'art déréalise son objet, comme le souligne Jean-Paul Sartre[61], à la suite de Kant. La mer est pour le peintre impressionniste une surface colorée, une apparence, et non le milieu de vie des organismes marins. Dans Qu'est-ce que la littérature ?, le même Sartre peut, sans contradiction, montrer que c'est la poésie qui constitue pour la première fois le mot en objet, en chose, quand il n'était auparavant qu'un organe d'exploration du monde, comme les antennes des insectes.
193
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+ C'est que « l'art de voir (au sens dessin et peinture) est opposé au voir qui reconnaît les objets » (Paul Valéry). Le visible est sensuel, lui aussi : tenu ainsi à distance, il brille pourtant des feux de nos propres désirs.
195
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+ Être attentif au sensible, c'est encore, comme nous y invite Henri Focillon dans sa Vie des formes (1934), étudier les possibilités propres d'un matériau, comme le bois, la pierre, le fil d'encre en calligraphie. Prenons pourtant ici le mot « matériau » en un sens plus large : l'architecture gothique est tout autant faite de lumière, ou de verticalité, que de pierre. D'un point de vue esthétique, le temps et l'espace eux-mêmes sont l'étoffe de l'expérience, comme une langue celle de la pensée. Ce ne sont pas seulement des formes abstraites. Et, certes, l'art ne se contente pas d'explorer les soubassements de l'expérience sensible, il tire de la connaissance intime de cette logique, ou de cette géométrie, des structures et des effets insoupçonnés d'abord.
197
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198
+ La notion de « représentation » dépend de la question que l'on se pose au début de la problématique et au commencement de l'art lui-même. Elle prend un sens tout particulier si l'on veut saisir le sens de l'œuvre d'art, et son rapport à la beauté. L'œuvre de l'art est une forme de « re-présentation », c’est-à-dire qu'elle présente autrement la réalité de l'univers. L'œuvre d'art ne vit pas de son rapport plus ou moins adéquat au réel, mais des affects qu'elle produit ; par exemple, les toiles de Munch ne représentent pas une forme de tristesse, mais produisent un sentiment, une émotion, qui pour certains s'appelle la tristesse, pour d'autres l'abomination. C'est peut-être parce qu'elle est productrice d'affects, et qu'elle est à elle seule un « univers », que l'œuvre d'art est belle (l'art contemporain est beau quand on a accroché à l'initiation que l'artiste cherche à nous procurer). Ou alors, comme le fait Arthur Danto, il faut écarter la beauté qui, pour les anciens n'était qu'un critère de conformité de l'œuvre aux jugements esthétique. C'est ce qu'il explique, à travers l’analyse de certaines œuvres contemporaines[62].
199
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200
+ C'est la grande difficulté des arts de notre époque : ils sont souvent liés par des directions intellectuelles et des expérimentations qui ne peuvent pas être lisibles directement et sans connaissance de leur genèse : ce sont des friches de découvertes qui deviendront peut-être de vraies œuvres aux yeux des machines humanisées (post-futurisme).
201
+
202
+ Jamais une œuvre jeune n'est comprise sans avoir assimilé sa généalogie. Cependant on remarquera que le terme d'« art » est trop couramment appliqué à toute médiatisation spectaculaire, et cela à son détriment.
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204
+ Les médiations artistiques dépassent et transcendent tous les problèmes de la connaissance du monde. L’étude des phénomènes physiques et l’évolution des technologies y jouent un rôle important, puisqu’elles influencent souvent les outils de création. Une expérimentation artistique, parallèle à l’expérimentation scientifique, vient ainsi fonder l’élaboration d’une nouvelle esthétique, soutenue par la place croissante des techniques dans la vie quotidienne.
205
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206
+ L'art pourrait donc servir à reproduire des concepts éternels conçus ou imaginés par la seule contemplation. L'origine de l'art provient bien de la connaissance des idées et des choses, mais transcende cette connaissance pour la présenter autrement, devenant de ce fait représentation. Si tant est que l'art se fixe des objectifs (ce qui va bien sûr contre sa nature), un des buts marquants de l'art serait donc de communiquer la connaissance profonde acquise non seulement par les sens, mais aussi par l'esprit. L'art de pure imitation sera toujours très loin du vrai : l'œuvre ne peut être aussi belle que la chose réelle ; elle est d'un autre ordre, et n'en saisira jamais qu'une toute petite partie. L'imitation de la nature ne traduit jamais son niveau de beauté, cependant que la représentation artistique dévoile un absolu propre à l'artiste, une vérité de notre espace naturel et inimitable puisque personnel.
207
+
208
+ Mais cette production n'est pas obligatoirement de nature volontaire. Contrairement aux autres productions humaines, l'acte de création se situe le plus souvent hors du champ de la conscience. Il nous permet d'accéder à une communication du spirituel, de l'intemporel, de l'universel. Nietzsche pense également que l'art doit servir à masquer ou à embellir tout ce qui est laid dans la nature humaine[63]. Pourtant, aujourd'hui, certains arts nés de la modernité, tel le cinéma, cherchent autant à embellir la nature humaine, qu'à mettre en évidence toute sa noirceur dans l'espoir peut être d'en extraire les germes de l'incompréhension et de l'intolérance.
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+ Le cinéma, en limite de l'art, donne à voir des crédibilités quotidiennes, qui mettent à jour, comme le roman, mais en plus restreint, une expérience humaine que nous ne saurions découvrir autrement.
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212
+ Cette logique conduit l’art vers une nécessité, vécue de l’intérieur par l'artiste. La musique, plus que « l’art d’organiser les sons » reflète l’expression d’une entité sonore « autre », d’une forme irréelle et non conceptualisable de la communication ; elle est une imagination totale, qui réunit à la fois de nouvelles représentations et une conception neuve de leur construction. Comme les autres arts, elle exprime le rationnel et l'irrationnel, mais en s'écartant du mythe ou de la magie.
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+ Tous les processus créatifs opèrent, par l’esprit même qui les guide, une catharsis qui garantit un dépassement des limites posées à la connaissance du monde. La symbiose sensorielle qui nourrit l’action créatrice n’est que la forme élémentaire de la représentation qui infère l’imaginaire.
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+ En tant qu’approche différente, plus tournée vers l’esprit que vers la pensée, l’art doit inéluctablement déboucher sur le prolongement de l’œuvre d’une nature dominatrice et confinée à des transformations évolutionnistes. Tentant de s’affranchir de ces limites de la pensée humaine, l’art retrouve la substance spirituelle, quasi mystique, quasi magique, de la création. Cette volonté d’apaiser notre soif de connaissance n’est pas obligatoirement malsaine. Mythe et magie ne sont pas foncièrement des échappatoires aux manques de rationalité des événements qui nous entourent, même s’ils sont, pour certains, des aveux de faiblesse, des limitations transfigurées.
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+ Ils peuvent parfois marquer aussi la recherche d’une spiritualité absente. L’art en revanche est lui toujours une nécessité d’exprimer le monde de cette façon-là. Il ne cherche pas à remplacer la réalité par une autre entité de meilleure consistance ; il ne cherche pas non plus à transgresser des limites inhérentes à notre nature, mais il cherche à les transcender. L’art cherche à utiliser le monde des sens pour pénétrer dans un monde de l’esprit, ou peut-être même dans celui de l’âme. Ce faisant, l’art cherche l’immanent derrière le permanent. Il essaye de prouver que le potentiel humain ne se réduit pas à la transformation, mais qu’il a conquis la dimension de la création.
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ ainsi que les références en Art premier, Histoire culturelle, Anthropologie de l'art, Économie de la culture, Enseignement de l'art, etc.
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+ Édimbourg /edɛ̃buʁ/[1] (Edinburgh /ˈɛdɪnb(ə)ɹə/[2],[3] Écouter en anglais britannique, Dùn Èideann /ˈt̪uːnˈeːtʲən̪ˠ/[4] en gaélique écossais, Embra, Edinburrie, Edinburra et Edimbra en scots) est une ville d'Écosse au Royaume-Uni.
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+ Elle est sa capitale depuis 1532, ainsi que le siège du Parlement écossais depuis le rétablissement de celui-ci en 1999. Sa population était de 457 830 habitants en 2005 (c’est la deuxième ville d’Écosse derrière Glasgow).
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+ Ses habitants s'appellent les Édimbourgeois. Depuis 1329, Édimbourg possède officiellement le statut de cité. Elle a aussi le statut de council area (depuis le 31 mars 1996) et de région de lieutenance, après avoir eu celui de district au sein de la région du Lothian (du 15 mai 1975 au 31 mars 1996) dont elle était le siège.
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+ Elle est dominée par son château dont les fondations remontent au VIIe siècle mais c’est à partir du XIe siècle que fut construite cette résidence royale avant de devenir une forteresse redoutable au XVIe siècle. Édimbourg fut affranchie en 1329 et s’entoura de murailles au XVe siècle. Après la défaite de Flodden (1513) contre les Anglais, les bourgeois de la ville décidèrent de construire à titre préventif une seconde enceinte baptisée le mur de Flodden. Après l’unification des Parlements d’Écosse et d’Angleterre (1707), la ville perdit de son importance politique mais resta un important centre économique et culturel. En plus du Château, Édimbourg compte de nombreux lieux intéressants comme le Royal Botanic Garden, les cathédrales Saint-Gilles (presbytérienne), Sainte-Marie (épiscopalienne) et Sainte-Marie (catholique), la National Gallery, Charlotte Square, le Scott Monument ou encore le National Museum of Scotland. Le palais de Holyrood (Holyrood Palace) est la résidence officielle de la reine lorsqu’elle séjourne dans la ville. Les districts de la vieille et de la nouvelle ville sont classés patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1995.
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+ Édimbourg est célèbre pour son festival, le plus grand du monde, qui dure trois semaines en août et propose de nombreux spectacles de qualité dans toutes les disciplines.
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+ C'est le deuxième plus grand centre financier du Royaume-Uni (après Londres) .et les attractions historiques et culturelles de la ville en ont fait la deuxième destination touristique la plus populaire du Royaume-Uni, attirant 1,75 million de visiteurs étrangers en 2016. La ville accueille l'une des plus prestigieuses universités d’Europe et du monde, l’université d’Édimbourg, pionnière dans l’informatique, la géologie, la chimie et la médecine. À Édimbourg se situe également la bibliothèque nationale d’Écosse (National Library of Scotland) qui est la plus importante bibliothèque d’Écosse (et l’une des plus grandes du Royaume-Uni).
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+ La ville est construite sur des collines volcaniques qui fournissent chacune un point de vue différent sur la ville. Alors que la cité s'est construite autour de l'imposant Castle Rock, on dit souvent que la ville moderne est construite sur sept collines, à savoir Calton Hill, Corstorphine Hill, Craiglockhart Hill, Braid Hill, Blackford Hill, Arthur's Seat et Castle Rock, donnant lieu à des allusions aux sept collines de Rome.
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+ La topographie de la ville offre plusieurs collines permettant d'avoir de larges panoramas sur Édimbourg et ses environs.
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+ Au sud-est du centre-ville, domine Arthur’s Seat (le siège d’Arthur ou parfois le siège de l’archer). Il surplombe le palais de Holyrood ainsi que la vieille ville (Old Town) toute proche. Ce crag, est un ensemble de cheminées volcaniques du principal volcan sur lequel Édimbourg est construite. Le volcan s’est effondré et a basculé sur le côté, laissant ces collines comme les sites les plus élevés à des kilomètres à la ronde. Arthur’s seat fait désormais partie du parc de Holyrood, à l’origine propriété du monarque en tant que partie du palais de Holyrood. Il fait partie des sites d’intérêt scientifique en matière de géologie du Royaume-Uni (Site of special scientific interest, ou SSSI en anglais). Arthur’s Seat et le parc de Holyrood offrent un panorama sur toute la région d'Édimbourg ainsi qu'un endroit de détente particulièrement apprécié des habitants de la ville.
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+ Au nord-est, surplombant le centre-ville, se trouve Calton Hill. À son sommet se dressent différents bâtiments, dont deux observatoires, une tour en la mémoire de Horatio Nelson, le Royal High School (qui aurait dû abriter le Parlement à une époque), et le Monument national d'Écosse, dont le modèle est le Parthénon d’Athènes, mais qui reste inachevé. Le surnom Athènes du Nord donné à Édimbourg vient entre autres de ce monument. Calton Hill accueille les festivités de Beltane chaque 1er mai.
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+ Blackford Hill est la troisième et la plus au sud des hauteurs de la ville.
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+ Le centre historique d'Édimbourg est divisé en deux parties par les Jardins de Princes Street. Au sud de ces jardins se trouve la vieille ville (quartier de Old Town), dominée par le château, perché au sommet d’un ancien crag volcanique. L’axe majeur de la vieille ville, le Royal Mile, suit l’arête du crag en descendant lentement vers le palais de Holyrood à l'est. Au nord des jardins, se trouve la Nouvelle ville (quartier de New Town). Ces jardins se trouvent à l’ancien emplacement de marécages et de la rivière Nor'Loch, qui servait autrefois de douves au château.
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+ À l’ouest du château se trouve le quartier financier, abritant de nombreuses banques et compagnies d'assurances. La construction qui attire sans doute le plus l’œil est le bâtiment circulaire construit en grès et qui abrite le Centre International de Conférence.
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+ La topographie de la ville est marquée par le « crag et sa queue », qui se sont formés pendant l'ère glaciaire lorsque les glaciers ont érodé le sol tendre autour d'un bloc de roches volcaniques plus dures. La colline qui en a résulté a été la plus ancienne partie de la ville à se développer, en étant tout d'abord fortifiée puis en devenant le château que l'on peut voir aujourd'hui. La ville s'est ensuite étendue en descendant le long de l'arête qui part du château. Cet emplacement était facile à défendre, entouré de marécages au sud et d'un lac, le Nor Loch au nord. L'accès à la voie principale était barré au moyen de murailles aujourd'hui quasiment disparues.
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+ La vieille ville a préservé sa physionomie médiévale ainsi que de nombreux bâtiments datant de la Réforme. Elle est délimitée sur un côté par le château, d'où l'artère principale (le Royal Mile) descend. Des ruelles appelées closes ou wynds comme Mary King's Close, et qui partent du Royal Mile descendent de part et d'autre de la colline. De larges places marquent l'emplacement des marchés ou entourent les principaux bâtiments publics, comme autour de la cathédrale Saint-Gilles ou le palais de justice par exemple. Les autres lieux dignes d'intérêt proches du Royal Mile sont le musée royal d'Écosse, le collège royal de chirurgie, l’université d’Édimbourg. La conception de la ville, typique de vieux quartiers de beaucoup de cités d’Europe du Nord, est particulièrement pittoresque à Édimbourg, du fait de son château perché au sommet du crag.
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33
+ Les restrictions imposées par le manque d'espace dû à l'étroitesse de l'arête sur laquelle est construite la vieille ville font d'Édimbourg l'une des premières cités à construire de véritables tours d'habitation. Les logements multi-étages sont la norme depuis le XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, il y avait environ 50 000 habitants dans Old Town, et comme la population a pendant longtemps été réticente à s'installer hors des murs de la ville, le besoin en logement s'est fait de plus en plus important et les bâtiments se sont agrandis. Cependant, beaucoup de ceux-ci furent détruits dans le grand incendie de 1824 et ensuite reconstruits sur les fondations d'origine. Mais cela a provoqué des changements au niveau du sol avec la création de nombreux passages sous la vieille ville.
34
+ Depuis, la population de Old Town a considérablement diminué, n’atteignant plus que 2 000 à 4 000 personnes selon les sources[5]. Il y a actuellement 8 000 habitants dans la vieille ville[6],[7].
35
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36
+ La nouvelle ville est apparue au XVIIIe siècle comme solution aux problèmes de surpopulation dans la vieille ville. Jusqu'alors la ville s'était développée sur le flanc de la colline descendant du château. En 1766, un concours, lancé afin de tracer la nouvelle ville, fut remporté par James Craig, un architecte de 22 ans. Son idée était de créer un plan ordonné et rigide, ce qui correspondait aux idées de rationalité de l’époque des lumières. L’artère principale était George Street, qui suit la crête naturelle au nord de la vieille ville. De chaque côté de George Street on trouve deux autres artères importantes : Princes Street et Queen Street. Princes Street est devenue depuis la principale rue commerçante d'Édimbourg et quelques bâtiments d'architecture georgienne y subsistent. Reliant ces trois axes entre eux, toute une série de rues perpendiculaires ont été tracées. À l'est et à l'ouest de George Street, on trouve respectivement les places de St Andrew's Square et Charlotte Square. Cette dernière a été dessinée par Robert Adam et est considérée comme un des plus beaux exemples d'architecture georgienne de Grande-Bretagne. La résidence officielle du premier ministre d’Écosse, Bute House, est visible sur le côté nord de Charlotte square.
37
+
38
+ Entre Old Town et New Town se trouvait le Nor'Loch qui servait autrefois, d'approvisionnement en eau et de décharge. Il fut drainé dans les années 1820. Certains plans montrent qu'un canal aurait été envisagé, mais on créa à la place les jardins de Princes Street.
39
+ L'excès de terre issu de la construction des bâtiments combla une partie de la petite vallée formée par la rivière, créant ainsi The Mound, qui est l'esplanade où se trouvent désormais le National Gallery of Scotland et la Royal Scottish Academy. Les tunnels menant à la gare de Waverley toute proche, passent sous le Mound.
40
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41
+ Le succès de la nouvelle ville fut tel qu'elle s'est largement agrandie. Le plan très structuré ne s'est pourtant pas maintenu et une disposition des rues plus pittoresque s'est installée dans les quartiers créés par la suite.
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43
+ Leith qui est le port d'Édimbourg, est toujours considéré comme une entité séparée de la ville, et sa fusion avec celle-ci en 1920 a été à l’origine d’un fort ressentiment. Encore aujourd'hui le siège parlementaire est celui de la circonscription d'Édimbourg Nord et Leith. Avec le développement de Leith, Édimbourg a attiré de nombreuses compagnies maritimes qui offrent désormais des croisières vers la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas. Leith accueille l'ancien yacht de la reine, le Britannia désormais à la retraite, amarré derrière le grand centre commercial d'Ocean Terminal.
44
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45
+ L’aéroport d’Édimbourg (code AITA : EDI • code OACI : EGPH), situé dans le quartier de Turnhouse, à 8 km à l’ouest de la ville, est la principale porte d’entrée internationale de la ville. L’aéroport est géré par BAA plc, qui gère également les aéroports d’Heathrow, de Gatwick, de Stansted (tous les trois dans la région de Londres), de Glasgow, d’Aberdeen et de Southampton. L’aéroport dessert de nombreuses destinations nationales et internationales et voit passer plus de 8 millions de passagers par an. Les prévisions estiment que ce chiffre pourrait être de 26 millions d’ici 2030[8]. Un plan de développement pour accompagner la croissance du trafic a été publié en mai 2005 indiquant que le terminal d’Édimbourg devrait être agrandi. La possibilité de la création d’une troisième piste d’atterrissage est à l’étude.
46
+
47
+ En 2006, il a été décidé de construire un réseau de tramway à Edimbourg.Les travaux ayant pris du retard, ce réseau n'a été inauguré qu'en 2014. Il compte pour le moment une seule ligne, mais 2 autres sont prévues qui relieront l’aéroport international se situant à l’ouest de la ville, Princes Street dans le centre, les quartiers de Leith, Granton et Western Harbour[9].
48
+
49
+ Pourtant, comme beaucoup d’autres villes de Grande-Bretagne, Édimbourg possédait un tramway au début du XXe siècle, circulant jusque dans les quartiers de Leith et de Portobello, mais le service a été abandonné en 1956.
50
+
51
+ Édimbourg possède un large réseau de bus, desservant tous les quartiers de la ville et ses banlieues. Afin de désengorger le centre-ville de la circulation, de nombreux stationnements à la périphérie de la ville sont mis à la disposition des automobilistes pour les inciter à prendre le bus.
52
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53
+ La Lothian Buses est la principale compagnie de bus d’Édimbourg[10]. Elle dessert également certaines parties de l’East Lothian et du Midlothian. La Lothian buses est la seule compagnie de bus publique d’Écosse, détenue à 91 % par la ville d’Édimbourg et les 9 % restant par les régions de l’East Lothian, du Midlothian, et du West Lothian.
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+ Une navette permet de relier l’aéroport international au centre-ville[11].
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+ La gare de Waverley est la principale gare d’Édimbourg. Située dans le centre-ville, tout près des jardins de Princes Street, elle est utilisée par 13 millions de voyageurs par an. Elle est la principale gare sur la East Coast Main Line, qui relie Londres et Aberdeen, et le point de départ ou le terminus de nombreuses lignes en Écosse. La East Coast et la Virgin Trains font la liaison d’Édimbourg à Londres, la principale destination au départ d'Édimbourg; la CrossCountry relie Aberdeen au sud-ouest de l'Angleterre et First Transpennine Express dessert Manchester. La First ScotRail assure les liaisons en Écosse, ainsi que le train de nuit en voitures-lits Caledonian Sleeper pour Londres.
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+ Édimbourg est dotée d’un réseau ferroviaire urbain assez limité. L’Edinburgh Cross-City Line parcourt la ville d’est en ouest reliant les gares d’Edinburgh Park à l’ouest à celles de Haymarket et de Wayverley dans le centre et de Brunstane et Newcraighall à l’est.
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+ L'A720, également appelée Edinburgh City Bypass, est une des plus importantes routes nationales d’Écosse. Servant de boulevard périphérique, elle n’entoure la ville que par le sud, Édimbourg étant située au bord de la mer. Partent de l’A720 :
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+ L'Edinburgh City Bypass est une 2 × 2 voies tout du long, et est équipée de bandes d'arrêt d’urgence.
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+ Édimbourg connaît un climat océanique, marqué par des hivers modérés et des étés frais. L'humidité est importante toute l'année (240 jours de pluie en moyenne), et le temps est souvent changeant (averses suivies d'éclaircies). Les brouillards sont fréquents.
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+ L'origine du nom de la ville viendrait du brittonique Din Eidyn (le fort d'Eydin, voir article dun), la ville n'étant alors qu'un fort au sommet d'une colline. Des sources romaines du Ier siècle, parlent des Votadini, comme la tribu bretonne régnant sur la région (la Bretagne étant le nom que les Romains donnent à la Grande-Bretagne). Cette origine est confirmée par le poème Y Gododdin, peut-être composé aux environs de 600 (manuscrit du XIIIe siècle), qui décrit des guerriers festoyant dans le grand fort d'Eidin.
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+ Après le siège des Angles de Bernicie, la ville devient Edin-burh, qui pourrait venir de l’anglo-saxon Edwin's fort (le fort d'Edwin). Ce fort tirerait lui-même son nom d'Edwin, roi de Northumbrie au VIIe siècle, mais l’apparition possible du nom avant l’existence même du roi aurait tendance à contredire cette thèse. La partie burgh signifie forteresse ou groupe de bâtiments, et donc par extension une ville. Ce mot est à rapprocher de l’allemand Burg, du latin parcus et du grec ancien πύργος ou púrgos. On peut faire remonter ce mot jusqu’au chaldéen perach signifiant croissance, une ville étant un groupe de bâtiments qui grandit depuis le sol.
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+ La preuve de l’existence d’une ville en tant qu'entité séparée du fort apparaît dans une charte du début du XIIe siècle, probablement en 1124. Le roi David Ier accorde alors des terres à l’église de Holyrood d'Édimbourg. Cela laisse penser que la ville commença réellement à se développer entre 1018 (quand le roi Malcolm II sécurisa la région des Lothians contre les attaques des Northumbriens) et 1124.
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+ Le bénéficiaire de la charte est l'Ecclisie Sancte Crucis Edwinesburgensi (Église Sainte-Croix d’Édimbourg en latin), ce qui pourrait signifier que ceux qui ont écrit cette charte pensaient qu'Edwin était la source originale du nom de la ville et auraient donc décidé de le latiniser. Mais une autre hypothèse est que le mot se serait modifié au cours des 600 années précédentes pour y intégrer un « w ». Dans tous les cas, cela allait changer rapidement de nouveau ; en 1170, le Roi Guillaume le Lion utilise Edenesburch dans une charte (en latin de nouveau) confirmant l’octroi de terre par David Ier.
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+ Des documents du XIVe siècle mentionnent la ville sous sa forme actuelle. Bien que l'on trouve parfois les orthographes Edynburgh et Edynburghe, elles ne sont que de simples variantes de l’orthographe actuelle.
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+ La ville est affectueusement surnommée la vieille enfumée en Scots, du fait des fumées noires qui s’échappaient des nombreuses cheminées, formant un nuage autour de la ville[12].
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+ Elle est également appelée l'Athènes du Nord pour différentes raisons.
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+ Le XVIIIe siècle, période des Lumières écossaises, a beaucoup joué dans l’attribution de ce surnom. Des figures phares telles que David Hume et Adam Smith faisaient rayonner la ville en ce temps-là. Ayant perdu de son importance politique, certains espéraient qu’Édimbourg pourrait un jour rivaliser avec des centres culturels tels que Londres, comme Athènes ou Rome auparavant. Un autre facteur de ressemblance est la présence d'architecture néoclassique, particulièrement celle des bâtiments de William Henry Playfair. Mais l’appellation Athènes du nord est discréditée depuis qu’un écrivain a facétieusement surnommé Édimbourg la Reykjavik du Sud[13].
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+ Édimbourg a également été connue sous le nom de Dunedin, dérivant de son nom gaélique Dùn Eideann. Dunedin, en Nouvelle-Zélande, était à l’origine nommée New-Edinburgh et est toujours surnommée l’Édimbourg du Sud.
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+ Les poètes Robert Burns et Robert Fergusson appellent parfois la ville Edina dans leurs œuvres. Ben Jonson la décrit comme « l’autre œil de Grande-Bretagne » (Britain’s other eye), et Sir Walter Scott l’appelle Impératrice du Nord.
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+ Certains Écossais appellent la ville de façon informelle Embra.
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+ Des Hommes se sont installés dans la région d’Édimbourg au moins depuis l'âge du bronze, en laissant des traces de constructions primitives en pierre sur Holyrood, la colline de Craiglockhart et les collines de Pentland par exemple. La culture locale fut influencée durant l'âge de fer par Hallstatt et la Tène, les cultures celtes de l'Europe centrale. Les Romains arrivèrent dans le Lothian au début du premier millénaire de notre ère. Ils découvrirent une tribu celte dont ils notèrent le nom Votadini, probablement la version latinisée du nom par lequel ils s'appelaient.
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+ Avant le VIIe siècle de notre ère, les Votadini ou les Gododdin qui étaient probablement leurs descendants, construisirent un château-fort connu sous le nom de Din Eidyn ou Etin, très certainement dans les limites de l'actuelle Édimbourg. Bien que l'emplacement du château-fort Eidyn ou Etin n'ait pas été repéré, les chercheurs admirent qu'il se trouva soit sur le rocher du château actuel, soit sur le trône d'Arthur ou la colline de Calton.
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+ Les Angles du royaume de Bernicia eurent une influence significative dans ce qui deviendrait successivement Bernicie, Northumbrie, l'Angleterre et finalement le sud-est de l'Écosse, notamment en 638 quand la forteresse des Gododdin fut assiégée par des forces loyales au roi Oswald de Northumbrie. Que cette bataille marquât ou non le passage du contrôle du bastion d'Etin des Celtes de Brythonic aux Northumbrians, c'est à ce moment que la région d’Édimbourg passa aux Northumbrians. Le chroniqueur anglais Siméon de Durham mentionna « qu'il existait une église à Edwineburch en 854 qui passa sous l'autorité de l'évêque de Lindisdane. Loin d'être exclusive, cette influence perdura plus de trois siècles. On n'était pas encore en 950 quand, pendant le règne d'Indulf, le fils de Constantine II, la ville, désignée à ce moment dans la chronique Pictish sous le nom du « oppidum Éden », tomba sous la dépendance des Écossais et finalement resta sous leur juridiction ». Durant ces temps de loi anglo-saxonne, dans ce qui est maintenant l’Écosse du sud-est, quand le nom de la ville acquit son suffixe germanique « burgh », les fondements de la langue que nous connaissons aujourd'hui comme l'écossais furent jetés.
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+ Au XIIe siècle, Édimbourg, bien établie sur le célèbre rocher du château façonné par deux millions d'années d'activité glaciaire, devint l'une des premières municipalités royales écossaises. Fondé au milieu du XIIe siècle, un Burgh de souveraineté distinct, connu comme Canongate et tenu par l'abbaye de Holyrood, s'est développé vers l'est. Au cours du Moyen Âge tardif, Édimbourg se développa rapidement et continua à s'épanouir économiquement et culturellement au cours de la Renaissance. Elle fut au cœur de la réforme en Écosse et des guerres de l'alliance une centaine d'années plus tard.
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+ En 1603, le roi Jacques VI d’Écosse hérita du trône d'Angleterre, unissant les deux royaumes en une union personnelle connue sous le nom d'Union des couronnes. L’Écosse est restée un royaume souverain avec le Parlement d'Écosse à Édimbourg. Le roi James VI investit Londres où il établit sa cour, maintenant sa juridiction en Écosse à travers son Conseil privé qui ne reçut que des instructions écrites et exécuta sa volonté. En dépit de la promesse de venir tous les trois ans, il ne revint à Édimbourg qu'une fois, en 1617.
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+ Les conflits entre les alliés presbytériens et les Épiscopaliens menèrent en 1639 aux guerres des évêques, conflit initial des guerres des trois royaumes. Pendant la troisième guerre civile anglaise, Édimbourg a été prise par les forces de Commonwealth d'Oliver Cromwell antérieurement à la défaite finale de Charles II à la bataille de Worcester.
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+ À Édimbourg, un mur défensif construit au XVIe siècle principalement comme protection contre une invasion anglaise à la suite de la défaite de James IV à la bataille de Flodden et de ce fait appelé le mur de Flodden, marque toujours les frontières de la ville au XVIIe siècle. Les terrains disponibles pour le développement étant restreints, les maisons montèrent plutôt en hauteur. Les bâtiments de 11 étages furent courants et il y eut des bâtiments records hauts de 14 ou même 15 étages, une version précoce du gratte-ciel d'aujourd'hui. Plusieurs des structures en pierre peuvent encore être vues aujourd'hui dans la vieille ville.
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+ En 1706 et 1707, les actes de l'union furent passés par les Parlements d'Angleterre et d’Écosse unissant les deux royaumes dans le royaume de Grande-Bretagne. Par conséquent, le Parlement d’Écosse a fusionné avec le Parlement d'Angleterre pour former le Parlement de Grande-Bretagne, qui s'établit à Westminster à Londres. Cette union fut combattue par beaucoup d’Écossais et ceci provoqua des émeutes dans la ville.
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+ Tôt, et certainement depuis le XIVe siècle, Édimbourg (comme d'autres municipalités royales d’Écosse) utilisa les armoiries de nombreuses manières, y compris dans les sceaux. En 1732, Lord Lyon, Roi des armoiries, accorda formellement l' « accomplissement » ou les « armoiries ». Ces armoiries furent utilisées par le conseil municipal d’Édimbourg jusqu'à la réorganisation de l'administration locale en Écosse en mai 1975, quand elle fut remplacée par le Conseil de District de la ville d’Édimbourg, et de nouvelles armoiries, basées sur d'antérieures, furent créées en 1996. D'autres réorganisations de l'administration locale intervinrent lors de la formation du Conseil de la Ville d’Édimbourg, et les armoiries furent encore modifiées.
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+ Pendant le soulèvement des Jacobites de 1745, Édimbourg a été brièvement occupée par des forces jacobites avant leur marche sur l'Angleterre. Après leur défaite finale à la bataille de Culloden, près d'Inverness, il y eut une période de représailles et de pacification, principalement dirigées contre les montagnards catholiques. À Édimbourg le monarque de Hanovre tenta de gagner la faveur en soutenant les nouvelles extensions au nord du château, nommant des rues en l'honneur du roi et de sa famille ; George Street, Frederick Street, Hannovre Street et Princes Street, nommées en l'honneur des deux fils de George III.
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+ La ville fut au cœur des Lumières d'Écosse. Des célébrités du continent furent vues dans les rues de la ville, parmi elles de fameux écossais tels que David Hume, Walter Scott, Robert Adam, David Wilkie, Robert Burns, James Hutton et Adam Smith. Édimbourg est devenue un centre culturel important, lui valant le surnom d'Athènes du Nord à cause du style gréco-romain de l'architecture de la ville nouvelle, ainsi qu'à l'élévation de l'élite intellectuelle écossaise qui domina de plus en plus la pensée à la fois écossaise et européenne.
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+ Au XIXe siècle, Édimbourg, comme beaucoup de villes, s'industrialisa, mais ne se développa pas aussi rapidement que la deuxième ville d’Écosse, Glasgow, qui la dépassa comme plus grande ville dans le pays, profitant considérablement de la prépondérance de l'Empire britannique.
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+ L'acte d’Écosse de 1998, entré en vigueur en 1999, établit un Parlement écossais délégué et un exécutif écossais, renommé Gouvernement écossais en 2012, tous deux basés à Édimbourg, responsables du gouvernement d’Écosse, avec des domaines réservés tels que la défense, la fiscalité et les affaires étrangères demeurant sous la responsabilité de Westminster.
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+ Depuis la réforme de 1996, Édimbourg constitue l'une des 32 subdivisions de l'Écosse. En effet, la ville d'Édimbourg a un gouvernement sous forme d'autorité unitaire comme désigné par le Local Government, etc. (Scotland) Act 1994, donnant aux grandes villes écossaises plus d'autonomie que les grandes villes anglaises.
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+ La ville d'Édimbourg est administrée par 59 membres (58 conseillers et le Lord Provost) qui forment ensemble le Conseil de la ville d'Édimbourg (The City of Edinburgh Council). Ils sont responsables de la gestion des services publics tels que les logements, la planification urbaine, les transports urbains, l'entretien des parcs, la maintenance de la voirie, la propreté urbaine, le développement économique local et le renouvellement urbain. À ces fins, la ville d'Édimbourg est divisée en 17 districts. La ville d'Édimbourg est actuellement le deuxième plus grand employeur de la région avec un total de 18 617 employés[14].
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+ Au niveau municipal, le City Council (équivalent du conseil municipal en France) comprend 58 conseillers élus par les électeurs de la ville pour un mandat de cinq ans. Le conseil se réunit mensuellement à l'hôtel de ville pour prendre les décisions sur les questions importantes et la gestion de la ville. Ils préparent et votent le budget de la ville chaque année.
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+ Le conseil est présidé par le Lord Provost (équivalent du maire), Frank Ross du Scottish National Party depuis 2017.
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+ Depuis les élections locales du 4 mai 2017, la répartition des sièges est la suivante[15] :
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+ En tant que capitale de l’Écosse, Édimbourg abrite le siège du Parlement, du gouvernement écossais et les principaux bureaux du gouvernement écossais.
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+ Au Parlement écossais, la ville est représentée par six membres (Members of the scottish Parliament, MSPs) élus des circonscriptions d’Édimbourg centre, est et Musselburgh, nord et Leith, ouest, Pentlands et sud. En outre, la région des Lothians dont fait partie Édimbourg élit neuf représentants à la proportionnelle, dont sept pour la seule ville d’Édimbourg. Par conséquent, celle-ci est représentée par treize membres au total.
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+ Au Parlement du Royaume-Uni, la ville est représentée par cinq députés à la Chambre des communes, élus dans les cinq circonscriptions d’Édimbourg est, nord et Leith, ouest, sud et sud-ouest. Avec la redéfinition des circonscriptions en 2005, le siège d’Édimbourg Pentlands est devenu plus largement celui d’Édimbourg sud-ouest. Édimbourg centre a été partagé entre les autres circonscriptions.
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+ Édimbourg est jumelée avec :
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+ L’Office Général des Registres (General Register Office for Scotland) estimait la population d'Édimbourg en 2005 à 457 830 habitants[16]. Une augmentation si l’on se réfère aux chiffres du recensement de 2001 qui établissait la population d’Édimbourg à 448 624 habitants. La population serait partagée entre 218 008 hommes et 235 662 femmes. Alors que la population d’Édimbourg vieillit, la large proportion de jeunes étudiants dans les universités de la ville permet en quelque sorte de pallier ce problème démographique. Le nombre d'habitants de la ville devrait croître dans les vingt prochaines années pour atteindre 500 000 habitants d'ici 2024[17]. Édimbourg possède aussi l'une des populations les plus qualifiées d’Europe, avec plus de diplômés d'université par habitant que n'importe quelle autre ville européenne.
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136
+ L’université d’Édimbourg a été fondée par une charte royale en 1583, et est ainsi la quatrième plus ancienne université d’Écosse. Le Old College bâti sur South Bridge, date des années 1820. Mais l’institution continuant à croître en nombre d’élèves, de nouveaux bâtiments furent construits autour de George Square où l’université demeure; ces expansions sont toujours en cours en 2006.
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138
+ Le Collège royal de chirurgie (Royal College of Surgeons) et le Collège Royal de médecine (Royal College of Physicians) ont également été créés par chartes royales, respectivement en 1506 et 1681. La Trustees Drawing Academy of Edinburgh fut fondée en 1760, avant de devenir en 1907 l'Edinburgh College of Art (école d'art). La Queen Margaret University, fondée en 1875 en tant qu'école pour filles est aujourd'hui spécialisée dans les soins médicaux, les médias et les affaires.
139
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140
+ Dans les années 1960, apparaissent l'université Heriot-Watt et le Napier Technical College. L'histoire de Heriot-Watt remonte à 1821, lorsque fut ouverte une école d'éducation technique pour la classe ouvrière. Heriot-Watt, situé à Riccarton à l'ouest de la ville, possède une solide réputation dans le domaine de l'ingénierie et fait partie des 4 meilleures universités mondiales en géosciences pétrolières. Le Napier College fut renommé Napier Polytechnic dans les années 1980, et obtint le statut d'université en 1992. L'université Napier (Napier University) possède désormais plusieurs campus dans les quartiers sud et ouest de la ville.
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142
+ On trouve d'autres écoles offrant un enseignement supérieur à Édimbourg. Celles-ci sont entre autres, le Telford College, ouvert en 1968, le Stevenson College, ouvert en 1970. L'École écossaise d'agriculture (Scottish Agricultural College) possède également un campus au sud de la ville.
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+ Édimbourg abrite des Lycées prestigieux, dont le Royal High School, considéré comme le plus vieux de la ville, et le Donaldson's College, destiné aux enfants sourds. Parmi les établissements privés, on peut signaler l'Edinburgh Academy, le Fettes College, George Heriot's (fondé en 1628), George Watson's College, Stewart's Melville College et Merchiston Castle School.
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+ Édimbourg possède deux clubs professionnels de football : Hibernians FC et Heart of Midlothian FC, communément appelés Hibs et Hearts, les deux équipes évoluent dans la Scottish Premier League. On trouve à Édimbourg d’autres clubs, semi-professionnels tels que Edinburgh University, Spartans (en) ou Edinburgh City. Bien qu’Édimbourg soit la capitale, l’équipe d’Écosse de football joue à Hampden Park à Glasgow. Deux anciens clubs professionnels, aujourd'hui disparus, étaient basés à Édimbourg : Leith Athletic et St Bernard's.
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+ L’équipe professionnelle de rugby des Edinburgh Gunners joue en Celtic League au stade de Murrayfield.
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+ L’équipe nationale de rugby à XV est basée à Murrayfield. Les matchs internationaux sont joués dans ce stade, propriété du Scottish Rugby Union (Murraylfield est aussi utilisé pour différents événements comme des concerts).
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+ Les Edinburgh Capitals sont une des plus grandes équipes de hockey sur glace du Royaume-Uni. Le club joue ses matchs à domicile à la patinoire de Murrayfield. Ils sont actuellement les seuls représentants écossais parmi l’élite.
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154
+ Rugby à XIII
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+ L'équipe possède une équipe de rugby à XIII, les Aigles d'Edimburg. Le club organise régulièrement des tournois de rugby à IX et reçoit des équipes étrangères en test-match, comme l'équipe italienne des Saluzzo Roosters en 2018[18].
157
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+ Édimbourg a accueilli différents événements sportifs internationaux, dont les Jeux du Commonwealth britannique en 1970 et les Jeux du Commonwealth en 1986. Pour les jeux de 1970, la ville fit construire des installations aux standards olympiques dont la piscine (Royal Commonwealth pool) et le stade de Meadowbank.
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+ Édimbourg a toujours été l'une des villes les plus prospères de Grande-Bretagne. Depuis 1999 et l'implantation du Parlement écossais dans la ville, Édimbourg possède une bonne santé économique grâce aux effets de cette décentralisation et à l'augmentation des embauches due à l'arrivée de services gouvernementaux[19] qui ont attiré un grand nombre d'entreprises. Les taux de chômage sont parmi les plus bas du Royaume-Uni (aux alentours de 2,4 %[20]) et les taux de création d'emploi parmi les plus hauts. La population d'Édimbourg croît rapidement, principalement grâce à l’immigration, principalement en provenance du reste du Royaume-Uni. Cette forte croissance apporte cependant une forte pression sur la ceinture verte, en particulier à l'ouest de la ville où le développement d'entreprises et des habitations est intense.
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+ Le budget de la ville pour 2006 est de 847,7 millions de livres sterling, tandis que les dépenses annuelles représentent environ un milliard de livres sterling. Le budget de la ville provient du gouvernement central à hauteur de 55 %, pour 25 % des impôts locaux (Council Tax) et pour 20 % des taxes sur les entreprises[21].
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+ L’économie d’Édimbourg est largement basée sur le secteur des services, principalement autour du tourisme, des services financiers, de l'éducation et de la recherche en haute technologie. La Bank of Scotland (Banque d’Écosse), fondée en 1695 par une loi du Parlement britannique et qui fait désormais partie du Lloyds Banking Group, a conservé son siège à Édimbourg. La Royal Bank of Scotland (Banque Royale d’Écosse) est elle fondée en 1747 et est désormais la 5e banque mondiale par capitalisation boursière. En 2005, elle a déménagé dans son nouveau siège à l'ouest de la ville. Édimbourg est le deuxième plus grand centre financier du Royaume-Uni après Londres et le cinquième en Europe. Même si la ville n'a pas de Bourse, elle a joué un rôle important dans l'Histoire des bourses de valeurs.
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+ La New Town et le centre-ville ont traditionnellement toujours abrité les sièges sociaux de nombreuses entreprises. Cependant, avec les besoins modernes, beaucoup ont déménagé. Immédiatement à l'ouest du centre-ville se situe le quartier de la bourse (Exchange business district), qui accueille désormais les sièges des sociétés employant un grand nombre de personnes dans la ville telles que Scottish Widows, Standard Life, Clydesdale Bank…
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+ Edinburgh Park est un parc d’activité à l'ouest de la ville, près de l'aéroport. Avec l'ouverture du siège de la Royal Bank of Scotland, ce sont près de 20 000 personnes qui travaillent dans les faubourgs ouest d'Édimbourg.
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+ De nos jours les centres commerciaux sont importants. Le St James Centre et le Princes Mall ont ouvert la voie dans la partie est du centre ville dans les années 1970, puis le Cameron Toll dans les années 1980. Plus récemment, de grands centres commerciaux se sont développés à l'extérieur du centre ville et dans les banlieues de la ville, tels que Ocean Terminal à Leith ou Gyle près de Edinburgh Park.
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+ Le brassage de la bière est une industrie traditionnelle de la ville. Avec la fermeture de la brasserie Fountainbridge en 2005, la Caledonian Brewery est désormais la plus grande brasserie d’Édimbourg.
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+ Le secteur du tourisme est un des principaux soutiens de l’économie de la ville. Édimbourg est la principale destination des touristes en Écosse et la seconde dans le Royaume-Uni après Londres, et son importance grandit un peu plus chaque année, soutenue par la croissance de l’aéroport d’Édimbourg et un réseau ferroviaire reliant bien la ville au reste du royaume. Le Festival international d’Édimbourg attire chaque année un nombre important de visiteurs ainsi que la fête de Hogmanay au Nouvel An. Les festivals d’Édimbourg du mois d’août doublent la population et génèrent à eux seuls un revenu de 135 millions de livres sterling dans l’économie de la ville[22].
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+ Un autre élément de l'industrie du tourisme est le tourisme d'affaires qui est un autre contributeur majeur à l'économie de la ville.
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+ Le 12 mars 2004, Édimbourg s'est vue attribuer le statut de Fairtrade City, pour son engagement dans la promotion du commerce équitable[23].
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+ Édimbourg est particulièrement renommée pour son festival international de théâtre, opéra, musique et danse qui a lieu tous les étés au mois d'août et qui rassemble près d'un million de personnes. Mais en réalité, un certain nombre d'autres festivals se tiennent en même temps et ne comptent pas pour peu dans l'affluence que connaît la ville. Il s'agit en particulier du Fringe, festival d'arts festifs qui attire désormais plus de monde que le festival originel, du festival du film, de celui du livre et du Edinburgh Military Tattoo, grande compétition de musique militaire.
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+ Édimbourg possède trois musées de grande importance :
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+ Le Festival d’Édimbourg est un ensemble de festivals ayant lieu en chaque année en août dans la ville. Ses différentes composantes sont :
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+ Hogmanay est la fête du Nouvel An à Édimbourg. Les célébrations liées au passage à la nouvelle année ont lieu du 31 décembre jusqu’au 2 janvier. Concerts celtiques ou pop-rock, jeux de lumière, danse traditionnelle, cornemuses et bars en plein air : la traditionnelle Hogmanay propose un marathon festif. En 2015, c'est le célèbre groupe écossais Biffy Clyro qui assurera le concert de clôture d'Hogmanay.
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+ Le festival de Beltane, tous les ans le 1er mai, sur la colline de Calton Hill.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Cathédrale et château de Durham (1986) · Châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l'ancienne principauté de Gwynedd (1986) · Gorge d'Ironbridge (1986) · Parc de Studley Royal avec les ruines de l'abbaye de Fountains (1986) · Stonehenge, Avebury et sites associés (1986) · Frontières de l’Empire romain (Mur d'Hadrien, Mur d'Antonin) (1987) (avec l'Allemagne) · Palais de Blenheim (1987) · Palais de Westminster, l'abbaye de Westminster et l'église Sainte-Marguerite (1987) · Ville de Bath (1987) · Cathédrale, abbaye Saint-Augustin et église Saint-Martin à Canterbury (1988) · Tour de Londres (1988) · Vieille ville et Nouvelle ville d'Edimbourg (1995) · Maritime Greenwich (1997) · Cœur néolithique des Orcades (1999) · Paysage industriel de Blaenavon (2000) · Ville historique de St George et les fortifications associées, aux Bermudes��(2000) · New Lanark (2001) · Saltaire (2001) · Usines de la vallée de la Derwent (2001) · Jardins botaniques royaux de Kew (2003) · Liverpool – Port marchand (2004) · Paysage minier des Cornouailles et de l'ouest du Devon (2006) · Pont-canal et canal de Pontcysyllte (2009) · Pont du Forth (2015) · Ensemble des grottes de Gorham (2016) · Le District des Lacs anglais (2017) · Observatoire de Jodrell Bank (2019)
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+ Chaussée des Géants et sa côte (1986) · Île d'Henderson (1988) · Îles de Gough et Inaccessible (1995) · Littoral du Dorset et de l'est du Devon (2001)
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+ Île de St Kilda (1986)
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+ Le nationalisme est un principe politique[1] qui est né à la fin du XVIIIe siècle, tendant à légitimer l'existence d'un État-nation pour chaque peuple (initialement par opposition à la royauté, régime politique qui en France sera ensuite nommé Ancien Régime). Ce principe politique s'est progressivement imposé en Europe au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les historiens ne présentent pas ce nationalisme, en général, comme une idéologie, car il est peu et mal argumenté ou justifié par des intellectuels. Depuis son avènement il est en revanche facilement présenté comme une évidence dans la vie politique et sociale[2].
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+ Ce terme désigne aussi des mouvements politiques déclarant vouloir exalter une nation sous toutes ses formes (État, culture, religion, ethnie, langue, histoire, traditions, préférence nationale pour l'emploi, etc.), par opposition aux autres nations et populations. Cette deuxième variante du mouvement s'est développée à partir de la fin du XIXe siècle, vers 1870 : chauvine et xénophobe, elle trouvait alors ses militants principalement dans la petite bourgeoisie[3],[4],[5].
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+ Le nationalisme apparaît aussi, à partir du milieu du XIXe siècle, comme un sentiment national plus ou moins répandu et exalté au sein de la population d'un pays, et s'invitant (surtout au XXe siècle) au sein de multiples doctrines ou idéologies politiques, allant du communisme (par exemple le concept de patriotisme anti-impérialiste de Mao Tsé-Toung) et du fascisme (concept de Totalitarisme anticapitaliste de Benito Mussolini) jusqu'aux démocraties parlementaires, en passant par la Troisième Internationale léniniste ; de même, il a souvent servi de justification aux épurations ethniques du XXe siècle[6]. Cette omniprésence s'explique peut-être parce que le sentiment national est devenu « puissamment mobilisateur », comme l'avaient compris dès le printemps des peuples de 1848 certains conseillers de dynasties européennes[7],[8].
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+ Selon Bénéi[9], le nationalisme se définit comme « un principe ou une idéologie supposant une correspondance entre unités politique et nationale ». Cet auteur insiste sur l’abstraction de l’idée, qui en soi ne relève pratiquement pas du concret : il s’agit d’une relation de multiples ordres entre un groupe socioculturel auto-identifié et un État. Le nationalisme a cependant ceci de concret qu’il peut s’apparenter au sentiment en raison de la charge émotive qu’il entraine quasi automatiquement.
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+ Dès l’Antiquité, il existe un sentiment d'appartenance commune à des entités politiques ou morales.
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+ On peut citer en exemple :
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+ Ces exemples font référence à des entités historiques et/ou morales, et non à des nations au sens moderne.
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+ L'existence d'un « nationalisme » au Moyen Âge est controversée, en particulier parce que l'historiographie récente montre comment l'État-nation, en tant que tel, n'est réellement apparu qu'avec la Révolution française et l'émergence de l'« ère des nationalismes » au XIXe siècle. Selon Eric Hobsbawm, utiliser le terme de « nationalisme » avant cela (pour qualifier par exemple la fierté des élites des empires chinois, grec, aztèque ou inca telle qu'elle apparaît dans les sources anciennes) est donc un anachronisme, une projection a posteriori d'un sentiment identitaire moderne, sur une réalité antérieure à son émergence. Ainsi, Eric Hobsbawm affirme qu'il ne faut pas confondre le sentiment national avec d'autres variantes du sentiment d'appartenance collective, nommés sentiments « protonationaux », qui « n'avaient pas -ou n'ont pas- de relation nécessaire avec l'unité d'organisation politique territorial […] », et évoque les difficultés de connaître « les sentiments des illettrés qui formaient l'écrasante majorité de la population mondiale avant le XXe siècle », soulignant que l'on ne dispose d'informations que sur la fraction instruite de la population, et qu'il est illégitime de généraliser de l'élite aux masses, ou de confondre le nationalisme avec un « nationalisme de noblesse »[12].
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+ Certains auteurs, tels Gaines Post, avaient cependant soutenu l'hypothèse d'une ébauche de nationalisme au XIIIe et XIVe siècles, avec le début de la construction des États territoriaux (Royaume d'Angleterre, de France et d'Espagne) liée, selon eux, à l'apparition d'un sentiment de patriotisme (patria communis) unissant les sujets et le souverain dans une même allégeance. En tout état de cause, si nationalisme il y avait, celui-ci différait fortement du nationalisme moderne : l'éclatement du système juridique et linguistique français diffère ainsi largement des conditions modernes du jacobinisme.
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+ D'après Raoul Girardet, « le mot, vraisemblablement d'origine britannique (l'adjectif nationalist est mentionné dans la langue anglaise dès 1715), n'apparaît qu'à l'extrême fin du XVIIIe siècle, et pour désigner essentiellement les excès du patriotisme jacobin »[13]. Le nationalisme est un phénomène apparu clairement au XVIIIe siècle et ayant conquis les esprits et tous les degrés de la politique mondiale entre les XVIIIe et XXe siècles. Cet élargissement s'est accompagné d'une diversification de ses manifestations et d'évolutions au cours du temps dans chaque lieu où il s'est manifesté. Les historiens, dans une volonté de synthèse, ont eu à choisir entre retracer l'évolution temporelle du nationalisme, en évoquant chaque région du monde et en soulignant ses constantes (c'est le choix de Benedict Anderson qui insiste sur les imitations entre politiques nationalistes qui se multiplient au cours du temps), et entre proposer une typologie du nationalisme, mettant ainsi en valeur les dépendances et indépendances de ses manifestations envers les situations historiques de ses apparitions (c'est le choix de Raoul Girardet et d'Ernest Gellner). Certains ont choisi une voix médiane où les détails historiques soulignent une typologie proposée : c'est le choix d'Eric Hobsbawm qui utilise la typologie de Miroslav Hroch.
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+
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+ L'historien français Jacques Bainville, dans son Histoire de trois générations (1918), réfléchit aux causes profondes de la Grande Guerre. Il fait remonter à la Révolution française et à son exaltation quasi religieuse de la « Nation » le processus de développement des idéologies nationalistes et les illusions françaises sur la bienveillance naturelle qu'auraient les nationalismes européens entre eux[14][source insuffisante].
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+ Nombre d'historiens[15] s'accordent sur le fait que le nationalisme peut être considéré comme une volonté d'organiser la société suivant des principes en adéquation avec l'économie libérale naissante au XVIe siècle. Ils refusent toutefois de le considérer comme une simple conséquence mécanique de l'économie, montrant que sa mise en place, d'une région à l'autre du monde, a été très influencée par les dynamiques politiques locales et par les fonctionnements sociaux propres aux diverses populations. L'historien Bernard Michel, spécialiste de l'Europe centrale, considère que la diversité est telle qu'une vision synthétique de l'ensemble du nationalisme à l'échelle du monde, voire simplement d'un continent, est de peu d'efficacité et que « l'étude comparative des nationalismes prend tout son sens là où les réalités sont comparables »[16]. Eric Hobsbawm souligne que ce lien entre nationalisme et économie libérale n'est pas du tout envisagé par les théories libérales du XIXe siècle qui, au contraire, considèrent les nations et leurs pouvoirs centralisés comme des freins au développement d'une économie mondiale que les économistes appellent de leurs vœux[17]. Ernest Gellner montre que si une économie agraire peut se satisfaire d'une société où l'écriture et le savoir sont le privilège d'une minorité, et où l'ensemble de la société est multiplement cloisonné, l'économie industrielle a besoin d'une homogénéité de la population et d'une interchangeabilité des individus (une « entropie sociale »), d'où la nécessité d'un large partage de l'écriture, du savoir, d'un langage commun et d'un égalitarisme[18].
24
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+ Ces mêmes historiens insistent sur le rôle de la presse écrite et des publications diverses dans les prises de conscience par les individus qu'ils font partie d'une communauté d'intérêts (au sens de préoccupations, et pas seulement d'intérêts économiques) : peu importe le contenu des publications, leur seule existence étant l'élément central d'une propagande nationaliste. Les différentes publications ne sont pas seulement des expressions d'une communauté d'intérêts, elles contribuent à forger cette communauté[19]. De ce fait, et du fait de ses intérêts économiques, le rôle de la bourgeoisie lettrée a été moteur dans toute construction d'un nationalisme : souvent il s'agit d'une coalition entre la petite aristocratie foncière, les universitaires et la bourgeoisie. Des différences notables sont observées suivant les régions du monde : par exemple le rôle nationaliste hongrois a été joué par l'aristocratie industrieuse magyare dans l'Empire austro-hongrois, en la quasi-absence d'une bourgeoisie ; « les lecteurs du polonais » étant dans un cas semblable[20]. « Ce qui […] a rendu les nouvelles communautés imaginables, c'est l'interaction à demi fortuite, mais explosive, entre un système de production et de rapports de production (le capitalisme), une technique de communication (l'imprimé) et la fatalité de la diversité linguistique »[21].
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27
+ Benedict Anderson souligne l'importance des découpages administratifs (qui sont géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.) qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels, ce qui ne veut pas dire que tous ont tout accepté de cet héritage. Par exemple, en Amérique du Sud, les actuels pays hispanophones sont peu ou prou découpés suivant les frontières administratives tracées par la couronne espagnole ; l'Inde et l'Indonésie ne sont aujourd'hui des entités unifiées qu'à la suite des découpages administratifs de leurs colonisateurs respectifs qui ont ainsi créé, malgré eux, des horizons aux représentations nationales chez leurs indépendantistes respectifs, et lesquels ont, après l'indépendance, joué de rapports de forces entre eux pour arriver à définir précisément leurs nations. Les États-Unis constituant une notable exception, au terme de leurs 150 années de travail d’expansion et d'unification[22]. L'historien note qu'après l'effondrement « du vieux monde socialiste », « les lignes de fragmentations [de l'URSS en États] ont remarquablement suivi la carte des structures territoriales et administratives instaurées par Lénine, Staline et Khrouchtchev, plutôt que celles des communautés ethniques rivales »[23].
28
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29
+ En s’inspirant de la psychanalyse Pierre de Senarclens a souligné que les nationalistes expriment un besoin de dignité, qui s’affirme par une défense ombrageuse leur identité collective. Leur quête de reconnaissance comprend l’envie d’appartenir à une communauté de haut lignage historique, chargée d’assumer une destinée exceptionnelle, sous l’égide de dirigeants hors pair. Leur demande comprend le besoin d’une communauté harmonieuse, dont seraient exclus ceux qui sont soupçonnés de contrarier ce projet, position qui entretient nécessairement des tendances agressives. Discours d’affirmation identitaire, la défense de la nation porte toujours en elle des ferments de sectarisme, de haine et de fanatisme, même lorsqu’elle se justifie en se définissant comme « patriotique ».
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+ Les sociétés agraires[24], suivant la terminologie d'Ernest Gellner, sont les sociétés non-industrielles et sont structurés par certaines classifications des individus, vécues comme naturelles, soutenues par une économie et des cultures fonctionnant en harmonie. La description générale est : une population illettrée multiplement cloisonnée verticalement par le lieu de vie, la corporation de métier (statut social), la religion ; une élite souvent lettrée cloisonnée horizontalement par la strate d'appartenance (pouvoir, religion ou autre) et le statut atteint au sein de celle-ci. Les cloisonnements verticaux correspondent à des populations localisées et ayant à peu près le même statut social, mais séparées par des différences vécues comme majeures et se manifestant parfois par des différences de langues parlées (la langue pouvant changer d'un village à l'autre, les corporations ayant parfois des langues spécifiques et un savoir-faire nécessitant un très long apprentissage) et dont les langues n'ont qu'un sens local (pas de mot pour désigner les abstractions coutumières des élites)[24]. « Les langues vernaculaires non écrites représentent toujours un ensemble de variantes communiquant entre elles avec des degrés divers de facilité ou de difficulté »[25]. Les cloisonnements horizontaux correspondent à des strates de la société qui sont non-localisées (en tout cas moins localisées que la population illettrée) qui exigent de ses membres la connaissance d'une langue spécifique parmi celles en cours (langue de cour, d'administration, de création littéraire, de l'enseignement religieux, de langue liturgique, langues des enseignements primaire, secondaire ou universitaire[26]) et un apprentissage ou une cooptation ; et acquérir le tout nécessitait parfois une vie entière de labeur[24].
32
+
33
+ Les langues y sont associées à des fonctions sociales, pas à des populations (d'ailleurs les noms de plusieurs futurs nationalités signifient paysan), les langues populaires sont multiples et non transcrites, en général. « Il serait aussi incongru pour les maîtres des domaines de parler le langage de leurs paysans que de labourer les terres ou de garder les bestiaux »[26].
34
+
35
+ Les cultures sont multiples dans ce système : cultures religieuses, de corporatismes, administratives (liées à l’État), liée à un village, etc. La reproduction d'une culture (son enseignement) n'est pas une affaire d’État, mais l'affaire de la strate sociale concernée. L'individu n'éprouve pas, en général, le besoin de se définir identitairement de manière précise par rapport à l'une d'elles et est attaché à plusieurs cultures, parfois même à plusieurs d'entre elles que l'on aurait aujourd'hui tendance à considérer comme concurrentes (y compris le choix de la langue d'expression quand plusieurs langues coexistent pour un même niveau culturel). À part les clercs, les corporations culturelles n'ont pas une pratique politique de leur culture : nulle prétention à une hégémonie ni même à une expansion. Les frontières (matérielles et sociales) culturelles, linguistiques et politiques sont distinctes. Les petites communautés paysannes vivent centrées sur elles-mêmes, sur leurs besoins économiques locaux. L’État a « intérêt à prélever l'impôt, �� maintenir la paix et pas beaucoup plus »[24].
36
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37
+ Ces cloisonnements multiples, que l'on peut détailler jusque dans le mode de reproduction des différentes strates, ont été vécus comme naturels et n'ont donné lieu à aucune tentative de révolution, sinon des jacqueries, du moins jusqu'à l’avènement de l'économie industrielle et du nationalisme. Les sociétés agraires ont été le mode de vie normal durant plus de cinq mille ans[24].
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39
+ Exemples : les cités-États de l'Antiquité, le Moyen Âge occidental, la Chine pré-industrielle, , etc.[24].
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+ Les sentiments d'appartenance à un groupe, qui ont existé dans ces sociétés, sont étudiés par Eric Hobsbawm. Il en ressort que si les illettrés ont laissé peu de traces de leurs avis, ils n'ont que rarement manifesté des sentiments d'appartenance comparables au nationalisme. Les identités revendiquées, et liées à une collectivité, étaient parfois religieuses, tribales ou ethniques, rarement linguistiques (et dans ce cas comme critère secondaire). Par exemple, au XIXe siècle, les premiers parmi les migrants vers les États-Unis que l'on classerait comme Albanais, ne se déclaraient pas comme Albanais. Ce qui est compris c'est qu'aux XIXe – XXe siècles les activistes nationalistes ont cherché à fédérer et à s'appuyer sur des identités collectives diverses qui n'étaient pas nationalistes (proto-nationalistes), avec des succès variés puisque, par exemple, les sentiments tribaux ont été parfois fort réticents à se fondre dans le nationalisme[25].
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+ Les origines de la société industrielle sont sujets de débats d'érudits, « il en sera très probablement ainsi longtemps encore »[27]. Cette société est caractérisée, entre autres, par un haut niveau de productivité (et la croyance en l'accroissement continuel de cette productivité) nécessitant une division du travail en perpétuel changement, et cela sur un rythme soutenu. Ce changement touche aussi bien le rôle économique de l'individu que sa position au sein de la société. Déjà Adam Smith soulignait la précarité de la richesse des bourgeois : la mobilité professionnelle et même sociale touchent parfois l'individu au cours de sa vie, elles sont certaines d'une génération à l'autre. Une société fonctionnant sur cette mobilité ne peut pas s'accorder avec les cloisonnements de l'époque pré-industrielle : l'interchangeabilité des individus devient nécessaire, et un égalitarisme en est la conséquence. La communication du savoir et des savoir-faire est gage d'accroissement de la productivité, de « progrès », elle doit être précise et capable de descriptions formelles (techniques) adressées, hors contexte, à une personne anonyme : la langue devient un outil de communication universel, et non pas local ou réservé à une sorte de tribu sociale, elle devient aussi dé-ritualisée et dé-sacralisée, par contre elle devient écrite (si elle ne l'était pas avant), strictement codifiée et sa codification largement répandue et enseignée afin qu'elle joue son rôle[27].
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+ Selon Gellner, cette culture homogène, marquée par la modernisation, l’industrialisation et le nationalisme laïc, doit être produite par la scolarisation, notamment primaire[28]. L'éducation de l'individu, pour qu'il soit mobile au sein de la société, doit lui permettre de lire la langue répandue, et d'avoir des compétences de bases assez larges pour pouvoir s'adapter à un large éventail de rôles sociaux. Les connaissances sont aussi désacralisées et largement accessibles : pour accéder à une spécialité l'heure n'est plus, comme dans les sociétés non industrielles, aux études de toute une vie, ni aux rituels sacrés d'une corporation. Ainsi, puisque la reproduction culturelle n'est plus en lien avec des corporations sociales, l'éducation est organisée par la plus large corporation possible : l'État. L'éducation d’État est ainsi la garantie de l'interchangeabilité des individus, et l'enseignement devient l'enjeu essentiel de l’État, et sa principale dépense financière : l'unité culturelle de la société est un impératif d’État. « Le monopole de l'éducation légitime est maintenant plus important et plus décisif que le monopole de la violence légitime »[27].
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+ Le nationalisme consiste à réclamer ce fonctionnement de la société, par opposition au fonctionnement des sociétés non industrielles.
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+ Ernest Gellner étudie son modèle de la société industrielle en évoquant les différentes situations initiales possibles (coexistence de populations initialement distinguables) et les aboutissements possibles (scission de la nation, fusion des populations, etc.) et détaille l'égalitarisme, la quasi-interchangeabilité et la mobilité sociale des individus, qu'il nomme « entropie sociale », nécessaires pour le bon fonctionnement économique de la société, et qui deviennent des normes morales[29].
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+ Toutefois, la perspective de Gellner a soulevé de nombreux contre-exemples avec les années, notamment des situations où un fort sentiment de nationalisme accompagne une industrialisation faible ou, inversement, une industrialisation poussée s’accompagne d’un nationalisme religieux. Cela n’empêche pas les États-nations de s’inspirer de certaines de ses idées, pour ce qui est entre autres du lien « entre scolarisation de masse et culture de sentiments d’appartenance nationale »[9].  Sur cette idée, des penseurs comme Bourdieu et Passeron conçoivent l’éducation comme une stratégie de la part des États pour moduler les comportements sociaux afin de reproduire certaines dynamiques de pouvoir, de classes par exemple[30]. Toutefois, cette perspective exclut l'agentivité des citoyens et citoyennes ordinaires, c'est-à-dire leur propre pouvoir d’agir.
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+ Si on considère en général[réf. nécessaire] que le nationalisme est apparu d'abord en Europe occidentale, avec en premier lieu le nationalisme romantique, Ernest Gellner soutient qu'une des premières manifestations culturelles de la transition vers la société industrielle est la Réforme protestante qui a consacré l'universalisation du sacerdoce et « constitue une préfiguration des attitudes et des traits sociaux qui, selon [son] modèle, produisent la période nationaliste »[31]. Benedict Anderson pense, lui, que la réforme protestante et le « capitalisme de l'imprimé » ont profité l'un de l'autre pour accroître leurs audiences respectives[32].
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+ Benedict Anderson soutient que le nationalisme a d'abord émergé dans les colonies européennes sur le continent américain, en lien avec la création d'une communauté linguistique via les progrès de l'imprimerie, focalisant ainsi l'attention sur les guerres d'indépendance en Amérique du Sud et l'indépendance des États-Unis qu'il considère comme la première création d'une nation.
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+ « Voici donc l'énigme : pourquoi est-ce précisément les communautés créoles[33] qui acquirent si tôt le sentiment de former une nation – bien avant la plus grande partie de l'Europe ? Pourquoi ces provinces coloniales, qui rassemblaient généralement de fortes populations opprimées et non hispanophones, ont-elles donné naissance à des créoles qui redéfinirent sciemment ces populations comme autant de ressortissants d'une même nation ?[34] »
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+ L'historien répond lui-même à sa question : cela vient des découpages administratifs (géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.), créés et entretenus par la métropole, et volontairement distincts d'elle, qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer très tôt des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels[35].
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+ En dehors des causes permettant l'émergence du nationalisme, Benedict Anderson insiste sur le rôle des imitations dans les élaborations des politiques nationalistes officielles, au point que certaines semblent machiavéliques (russification forcée sous Alexandre III de Russie, par exemple), d'autres artificielles et inconsistantes (dans l'Empire d'Autriche-Hongrie, le nationalisme hollandais dans sa colonie indonésienne)[36].
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+ Le nationalisme n'a cessé de se manifester depuis le XVIIIe siècle, se présentant d'abord dans les textes et idées pour finalement intervenir puissamment dans le domaine politique. Outre le continent américain, l’Europe du XIXe siècle est un des principaux lieux d'expression politique du nationalisme : surtout à partir du printemps des peuples de 1848, les mouvements nationalistes sont parties prenantes des événements politiques européens, et une bonne partie des États y sont devenus des États-nations dès 1918. Ceux d'Europe centrale, après un entre-deux-guerres où la protection des minorités nationales sous l'égide de la SDN donnera des résultats peu convaincants, se retrouveront envahis sous des prétextes nationalistes, et déchiquetés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils attendront la chute du mur de Berlin, en 1989, qui signe la fin de la période soviétique en Europe, pour renouer officiellement avec des préoccupations nationalistes (alors que durant la période soviétique, et sans que ce soit officiellement admis, des nationalismes se sont manifestés à tous les niveaux politiques en Europe de l'Est)[37]. Au XXe siècle les colonies d'Asie et d'Afrique ont développé des nationalismes amenant aux décolonisations. La conscience nationaliste, dit Bénéi[9], va de pair avec la lutte contre les dirigeants coloniaux, afin de reconquérir les droits humains sous le signe de l’indépendantisme. Dans tous les cas, nombre d'historiens[réf. nécessaire] admettent la typologie de Hroch distinguant trois phases.
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+ Selon Eric Hobsbawm, à partir des années 1870, en Europe et ailleurs, le nationalisme change sur trois points essentiels : il n'y a plus de seuil minimal du nombre de personnes pour qu'un groupe se considérant comme une nation revendique le droit à un État et un territoire ; l'ethnie et la langue deviennent des critères centraux, voire les seuls, pour légitimer une nation ; le thème de la nation, de la patrie, du drapeau subit un glissement politique « vers la droite ». Certaines confusions apparaissent entre les notions de nations, races, langues et religions (par exemple l'antisémitisme n'acquit son caractère racial que vers 1880, il était avant surtout religieux, et race et nation sont utilisés comme « des quasi-synonymes », avec une idée d'hérédité). Les raisons de ses changements importants seraient multiples, notamment le contexte guerrier, la crise économique de la seconde industrialisation et la démocratisation de la vie politique dans un nombre croissant d'États (sans que cela fût une contribution facilement compréhensible)[3].
66
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67
+ En accord avec nombre d'historiens[38], Eric Hobsbawm note que « l'élément politico-idéologique est évident dans le processus de construction de la langue » qui peut aller jusqu'à « la création ou l'invention de nouvelles langues », « la politique de la langue devient un exercice de formation de la société » et que « l'importance symbolique des langues prévaut sur leur utilisation effective », et aussi que les différentes classes sociales se sentent différemment concernées par ce thème, les plus fervents activistes venant de la couche intermédiaire modeste socialement mais instruite, en bref la « petite bourgeoisie ». Il insiste sur l'utilisation des structures étatiques (école, administration, armée) par des pouvoirs nationaux, parfois dès les années 1860, pour imposer une langue unique et standardisée (parfois quasiment inventée) à des populations aux parlés diversifiés, mais ne s'y opposant pas (malgré d'amers souvenirs d'enfance de certains intellectuels)[3].
68
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+ À ce sujet, les avis des historiens divergent quant à leur lien avec le nationalisme.
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+ Benedict Anderson souligne que la nation inspire surtout l'amour, un amour qui « va souvent jusqu'au sacrifice », le nationalisme pensant en termes de « destin historique » alors que le racisme rêve de « domination éternelle » et trouve son origine dans les idéologies de classes, « surtout dans les prétentions des dirigeants à la divinité, et chez les aristocraties », dans un but de répression et de domination intérieures ; ce qui se retrouve aussi dans le racisme des « bourgeois gentilshommes » des empires coloniaux européens, alors que dans les mouvements nationalistes des décolonisations les manifestations de haine envers les colons sont très rares[39]. Cet historien affirme que « des puissants [...] menacés d'être exclus, ou marginalisés » dans les communautés nationales ont développé des « nationalismes officiels » « calqués sur les nationalismes populaires largement spontanés » mais qui furent des « politiques conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires »[8].
72
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73
+ L'historien Bernard Michel soutient qu'au XIXe siècle en Europe centrale, le nationalisme a permis le développement de réseaux de sociabilité nationaux concurrents et pacifiques[40], et n'est pas responsable de conflits armés (aux exceptions près des révolutions de 1848 et de la longue guerre entre les Hongrois et l'armée impériale de l'Empire d'Autriche), mais que ceux-ci ont été déclenchés par des puissances impériales (puis au XXe siècle par des États à caractère totalitaire), les haines entre nationalités étant entretenues par les États voulant détourner le mécontentement populaire ou par les mouvements pangermanistes. Le seul conflit purement nationaliste étant la Première Guerre mondiale, entre Français et Allemands[41].
74
+
75
+ En ce qui concerne l'Europe, l'historienne Anne-Marie Thiesse[42] affirme qu'après une première phase libérale-nationale où les idées libérales sont inspirées de la Révolution française, le printemps des peuples de 1848 met en lumière la problématique du territoire de chaque nation et donc les futurs conflits entre elles, notamment du fait de ce qui sera plus tard appelé les minorités nationales ; ceci étant visible dès cette époque par l'opposition entre le pangermanisme et le panslavisme. L'historienne souligne aussi le fait que certains pouvoirs monarchiques et certaines mouvances nationalistes comprennent qu'ils doivent s'associer pour assurer leur avenir respectif (ces monarques semblant peu ébranlables et les idées nationales s'avérant « puissamment mobilisatrices »). Elle rapporte également l'émergence de divisions au sein des mouvements nationalistes, entre « conservateurs, libéraux modérés ou avancés… ». L'unité allemande de 1871 en est un aboutissement[7].
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+ De son côté, Eric Hobsbawm affirme que « les liens entre racisme et nationalisme sont évidents », et souligne les confusions de cette époque entre nation et race, associés à des idées d'hérédité et de pureté raciale, linguistique, etc. L'historien ne trouve pas surprenant que le nationaliste ait « rapidement gagné du terrain entre 1870 et 1914 » : les changements sociaux et politiques, le grand nombre de migrations augmentant le nombre de frictions entre groupes, la situation internationale ont fourni de multiples occasions de manifester de l'hostilité envers des étrangers, la démocratisation de la politique y contribuant. « Dans les puissances et les États-nations établis, le zèle patriotique des couches [sociales] intermédiaires était plus que bienvenu pour les gouvernants engagés dans l'expansion impériale et les rivalités nationales contre d'autres États »[3]. Cet avis est similaire à celui des historiens Jean-Claude Caron et Michel Vernus[43].
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+ Ernest Gellner affirme que le nationalisme est une vision égoïste de la politique, que la satisfaction de certains nationalistes implique la frustration des autres, et que l'unité politique territoriale ne devient ethniquement homogène que si on tue, expulse ou assimile tous les non-nationaux[44].
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+ En ce qui concerne la France, Gérard Noiriel répertorie des rixes et violences entre ouvriers à la fin du XIXe siècle et constate que s'il y a toujours eu des violences entre ouvriers locaux et ceux venant d'ailleurs, considérer de manière systématique que ailleurs c'est un pays étranger date du milieu des années 1880 : avant, pour les ouvriers, venir d'un pays étranger ou d'une autre région française était équivalent. Toutefois l'historien note que l'on manque d'éléments pour étayer cette analyse[45]. Dans ce contexte de crise économique de la seconde industrialisation et au sujet de la désignation des problèmes et des solutions, l'historien note aussi l'effet boule de neige entre la presse à la recherche de lecteurs, les politiciens à la recherche d'électeurs (la troisième république est établie depuis la fin de l'année 1870) et les ouvriers pouvant se plaindre, et il conclut que « la presse construit les stéréotypes sur lesquels vont s'appuyer les acteurs du champ politique pour élaborer leurs discours » et qu'à cette époque « un large accord existe […] pour affirmer qu'il faut protéger les Français de la concurrence des étrangers »[46].
82
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83
+ Le philosophe israélien Yoram Hazony critique pour sa part la connotation négative du terme nationalisme, qu'il estime confondue avec l'impérialisme. Selon lui, cette doctrine serait positive dans le sens où elle se limiterait à « vouloir vivre dans un monde constitué de nations indépendantes » sans volonté d'hégémonie. Il l'oppose à l’« impérialisme libéral », qu'il définit comme la volonté de certains gouvernementaux occidentaux de deconstruire les souverainetés nationales, d'abord chez eux mais aussi de l'imposer au reste du monde, si besoin par la force, citant les exemples de la Yougoslavie, de l'Irak, de la Libye ou encore de l'Afghanistan[47].
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+ Le politologue Denis Monière classe le nationalisme sous deux typologies[48] :
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+ Pierre-André Taguieff distingue trois formes principales de nationalisme[49] :
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+ Le nationalisme contemporain en France peut se subdiviser en deux courants principaux :
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+ Au XXe siècle, le nationalisme se conjoint à l'anti-impérialisme pour former des mouvements de libération nationale.
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+ On peut situer dans ce courant :
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+ Quand l’entité dominante est un État, on parlera, suivant le degré d’autonomie souhaité, de régionalisme, d’autonomisme, de séparatisme (à connotation négative) ou de sécessionnisme.
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+ Le souverainisme s'oppose au fédéralisme. En Europe, l'euroscepticisme est une forme de souverainisme, ainsi que le mouvement souverainiste du Québec en Amérique du Nord.
98
+
99
+ Maurice Charland a caractérisé un « nationalisme technologique » comme une tendance vers la construction et la légitimation de l’État-nation par des systèmes de transport et de communication financés et parrainés par les pouvoirs publics[52]. Harold Innis, théoricien de la communication, amorce une réflexion sur le nationalisme technologique et sur la relation économique qui unit le Canada urbain au Canada rural, idées sur lesquelles s'appuie sa théorie des principales ressources[53].
100
+
101
+ Dans l’étude des nationalismes, de nouvelles approches permettent de comprendre les mouvements sociaux et politiques. Parmi elles :
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+ Le XIXe siècle voit le développement de l'idée nationale allemande et l'unification de l’Empire allemand autour de la dynastie prussienne.
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+ L'idée de l'unité des populations germanophones datait de fin du XVIIIe siècle, le théologien Johann Gottfried Herder en étant un de ses plus notables théoriciens. Toutefois, entre le temps de l'émergence des idées et l'unité politique, il se passera près d'un siècle, la dynastie de Prusse refusant en 1848 de recevoir la couronne impériale des mains des représentants du peuple réunis à Francfort. La création d'Empire allemand se fait finalement sous l'égide du chancelier Otto von Bismarck, qui impose l'unification des États germaniques « par le haut » (par les monarques) après la guerre de 1870.
106
+
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+ C'est en Prusse que se développe le plus tôt un sentiment national allemand. Battue par Napoléon Ier, la Prusse est affaiblie et cherche à se relever : elle cherchera dès lors à regrouper autour d'elle (quitte à combattre l'Autriche pour cela) le maximum d'États allemands. Stein, ministre d'État prussien de 1804 à 1808 et Hardenberg, ministre des Affaires étrangères de 1804 à 1806, réforment l'État prussien ; Scharnhorst et Gneisenau, général et maréchal prussiens, réorganisent l'armée prussienne de 1807 à 1813 et y insufflent l'idée du sacrifice pour le salut commun des États germaniques.
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+ C'est autour de la Prusse que se regroupent les patriotes allemands dans cette guerre patriotique et nationale que l'on appelle très vite les guerres de libération (Befreiungskriege). Apparaissent alors toute une série de libelles et de textes réclamant la constitution d'un État allemand groupant tous les peuples parlant la langue allemande, incluant au besoin des peuples en dehors de ce qui était jusqu'en 1806 le Saint-Empire. Ainsi se développe le Volkstum, rassemblement de tous les hommes de même langue, de même culture.
110
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111
+ Au début du XIXe siècle, on disait ainsi que « la Prusse n'était pas un pays qui avait une armée, mais une armée qui avait un pays »[57]. En effet, sur les 7 à 8 000 officiers de l'armée prussienne, en 1806, plus d'un millier d'entre eux étaient étrangers[57]. Les étrangers étaient encore plus nombreux dans les armées de Frédéric le Grand (règne de 1740 à 1786), l'armée ayant été partiellement « nationalisée » sous Frédéric-Guillaume III (1797-1840) à la suite des réformes de Gneisenau et Clausewitz[57].
112
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113
+ Il n'y a cependant pas un, mais trois nationalismes très différents en Allemagne : l'un aristocratique (pour lequel l'être humain commençait au baron, comme disait Metternich), le deuxième bourgeois-conservateur, et le troisième populaire-romantique, manifesté au Parlement de Francfort (considéré comme « dangereux » par les aristocrates). Il faudra un siècle pour les unifier et les concrétiser par des mesures politiques : progressivement, la liberté de circulation au sein des États allemands est instaurée, un traité des laissez-passer (1850) étant signé entre la majorité des États, suivi d'un autre en 1865 (non signé par la Prusse) qui abolit la nécessité des passeports, et enfin d'une loi de 1867 négociée sous l'égide de Bismarck qui supprime les restrictions à la liberté de circulation visant les « classes dangereuses ».
114
+
115
+ L'identité binationale en Autriche-Hongrie crée une situation particulière dans cet État, Empire central en Europe. Les germanophones et les Magyars étant les communautés linguistiquement, culturellement, socialement, économiquement et politiquement dominantes, l'Empire est ressenti par les autres peuples regroupés sous l'autorité des Habsbourg et de l'aristocratie autrichienne et hongroise, comme un État étranger à eux et oppresseur. De ce fait, le XIXe siècle voit la naissance ou l'affirmation de sentiments nationaux opposés aux Habsbourg, centrifuges et/ou irrédentistes, avec la « Renaissance nationale » tchèque (publication du Dictionnaire tchéquo-allemand dans les années 1840 par Josef Jungmann) et le Panslavisme chez les autres slaves de l'Empire, tandis qu'Italiens et Roumains regardent respectivement vers l'Italie et la Roumanie auxquelles ils espèrent être un jour rattachés. Cette situation mènera à la dissolution de cet empire à l'issue de la Première Guerre mondiale.
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+ En France, le concept de nation est hérité de la Révolution française.
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+ On vit en effet apparaître, au début de la Révolution, une société, le Club de 1789, plutôt modéré, qui se réclamait du patriotisme. Une autre société, que François Perrault décrit comme beaucoup plus radicale, apparut par la suite (1792) : la Société patriotique du Luxembourg.
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+ Il en découle une politique dont les objectifs sont essentiellement l'indépendance, l'unité et la prospérité de sa propre nation et de son peuple. Le nationalisme base l'identité d'un individu sur son rapport à une nation.
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+ Le XIXe siècle voit le développement de l'idée nationale italienne et l'unification de l’État italien autour de la dynastie de Piémont-Sardaigne.
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+ Le nationalisme moderne japonais se développe d'abord durant l'Ère Meiji (1867-1912). À ce moment-là il est défensif, visant à préserver l'indépendance du Japon face à la menace du colonialisme occidental symbolisé par la politique de la canonnière menée par le commodore Perry en 1853 et par les traités inégaux de 1858. Ce nationalisme devient expansionniste sous l'ère Shōwa. Il est basé alors sur la supériorité de la race nipponne, le monarchisme, le militarisme et l’expansionnisme.
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+ Les nationalistes irlandais s'organisent et créeront en 1905 le Sinn Féin et l'IRA (parties revendiquant l'indépendance, l'IRA utilisera la violence pour se faire connaître…). Pendant la Première Guerre mondiale, les Irlandais se révolteront et la répression sera féroce.
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+ Quoique les idéologies nationales du Pays de Galles et de l'Écosse n'aient pas atteint le degré de violence précité, ces deux autres nations formant l'État plurinational de Grande-Bretagne ont également développé des nationalismes ; celui d'Écosse échoue en 1930, là où il réussira en 1997 concernant la souveraineté autonomique, en se réformant considérablement (le visage du nationalisme écossais contemporain est bien différent des années 1930).
130
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+ Dans l'Empire russe, multinational, les Slaves orientaux sont majoritaires et le régime tsariste, aristocratique et coupé de la population, laisse la plus grande partie de celle-ci dans l'illettrisme. Néanmoins, le sentiment national russe, véhiculé par les instituteurs et les popes, se répand, y compris chez les Biélorusses (alors appelés Russes blancs) et les Ukrainiens (alors appelés Petits-russes). Il est favorisé par la politique impériale de russification qui, en revanche, heurte les autres peuples de l'empire, et notamment ceux d'Europe (Finnois, Baltes, Polonais, Roumains, une partie des Ukrainiens) et du Caucase, mais aussi, dans une moindre mesure, les musulmans d'Asie centrale (révoltes des Basmatchis dans les actuels Ouzbékistan et Turkménistan). Ces peuples développent d'autant plus facilement leurs propres nationalismes, que leur niveau d'instruction est généralement supérieur à celui des masses russes, par exemple en Pologne. L'antisémitisme du régime et les pogroms à répétition suscitent aussi un nationalisme (et les ligues d'auto-défense) chez les Juifs : ce nationalisme est initialement fortement teinté de socialisme (fondation du Bund). Cette situation provoque des courants d'émigration (surtout chez les Juifs) et mènera, à l'issue de la Première Guerre mondiale, à l'indépendance de la Finlande, des pays baltes, de la Pologne, de l'Ukraine, de la Bessarabie, de la Géorgie et de l'Arménie ; le gouvernement bolchevik parviendra à reprendre la Géorgie, l'Arménie et l'Ukraine en 1920-1924, la moitié orientale de la Pologne en 1939, les pays baltes et la Bessarabie en 1940.
132
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133
+ Pour contrôler les nationalismes, l'URSS se constitue en 1922 en État fédéral, mais ce contrôle ne peut fonctionner que dans le cadre d'un communisme dictatorial, et, aussitôt les libertés civiles revenues à l'issue de la perestroïka et de la glasnost, ils ont ressurgi d'autant plus intensément et ont abouti à l'éclatement de l'État soviétique, comme l'avaient d'ailleurs prédit Andreï Amalrik en 1970[58] et Hélène Carrère d'Encausse en 1978[59].
134
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135
+ Le XIXe siècle voit la propagation de l'idée nationale dans les Balkans et chaque peuple, défini par son histoire et sa langue, aspire à l'indépendance vis-à-vis de l'Empire ottoman et à son unification au sein d'un seul État. Albanais, Bulgares, Grecs, slaves de Macédoine, Roumains, Serbes s'émancipent par étapes, mais ils sont instrumentalisés par les grandes puissances qui, de plus, cherchent à ménager l'Empire ottoman ; leurs populations sont imbriquées dans de nombreuses régions et leurs frontières posent des problèmes tranchés parfois arbitrairement par le Congrès de Berlin et par les deux guerres balkaniques, ce qui entretient et parfois exacerbe les tensions nationalistes.
136
+
137
+ Si au début du XIXe siècle les dynamiques de rassemblement prédominent (fondation du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), elles ne profitent pas également à tous (Albanais et Bulgares ne parviennent pas à se regrouper tous). Des ressentiments s'accumulent, qui s'exprimeront durant la Seconde Guerre mondiale (Camp de concentration de Jasenovac) et à partir de 1992 et aboutiront à la fragmentation de la Yougoslavie en pas moins de six ou sept États dont quatre utilisent la même langue mais la dénomment différemment, et dont deux sont à peine plus grands qu'un département français ou une province belge (le Kosovo et le Monténégro).
138
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139
+ À la fin du XIXe siècle, le nationalisme turc se manifeste dans le mouvement Jeune Turc qui, à ses débuts, est surtout réformateur et non xénophobe. En réaction au recul de l'Empire en Europe (face aux États des Balkans) et au nationalisme des Grecs et des Arméniens de l'empire (qui font craindre des pertes territoriales en Anatolie, qui se produisent en 1919), le nationalisme turc devient de plus en plus xénophobe vis-à-vis des minorités de l'Empire et finit par mener, pendant et après la Première Guerre mondiale, à la première grande purification ethnique du XXe siècle : le génocide arménien et grec accompagné, au terme du traité de Lausanne, de l'expulsion de la grande majorité des chrétiens survivants.
140
+
141
+ Ultérieurement, c'est l'affrontement des nationalismes turc (devenu conservateur) et kurde (devenu majoritairement marxiste) qui mènera, en Anatolie orientale, à des conflits armés.
142
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143
+ En dehors de la philosophie des lumières, le XVIIIe siècle européen voit éclore une littérature qui se veut fondée sur des textes populaires, tutoyant la littérature classique et haussant les peuples au rang d'héritiers de dignes traditions culturelles, ce qui s'avérera comme un pas vers une légitimité d'existence politique. Ce nationalisme se développe dans les salons littéraires, dans les maisons d'édition, et, progressivement, dans la bourgeoisie lettrée européenne.
144
+
145
+ En 1763, la publication par James Macpherson des œuvres du barde écossais Ossian suscite un grand enthousiasme : cette poésie gaélique, supposée ancestrale, sera brandie comme une œuvre équivalente à celles d'Homère ou Virgile, et autres grands classiques de la littérature antique. En 1817, une commission d'experts universitaires conclut que ce texte n'a rien d'authentique. Ce texte est le premier du genre (du moins le premier ayant un tel succès) : bien d'autres suivront à travers toute l'Europe, et cela durant tout le XIXe siècle[60],[61]. Dans toute l'Europe littéraire voient le jour des théories sur les peuples et de leur continuité dans le temps. Un des plus notables théoriciens étant Johann Gottfried Herder, synthétisant les idées neuves de son époque telles que : la lutte contre le monolithisme culturel et le despotisme politique, les aspirations au bonheur et à la liberté, le rejet des séparations entre les ordres sociaux, l'élan vers le progrès et la redécouverte de la nature et des traditions. Chaque redécouverte d'une épopée, d'une tradition populaires reçoit le soutien international des lettrés ; du moins jusqu'au milieu du XIXe siècle : après certaines rivalités se font jour entre les différents nationalismes qui ont de plus en plus d'effets politiques[62].
146
+
147
+ Après le Bill of rights limitant le pouvoir du Roi d'Angleterre et la guerre d'indépendance des États-Unis, la Révolution française consacre l'importance politique des sujets d'un roi, en Europe c'est la première prise du pouvoir au nom d'un peuple. Mais son écho sera faible dans les populations européennes. Les guerres napoléoniennes stimuleront, par opposition, les nationalistes européens (à cette époque présents seulement dans une frange restreinte de la population) en les amenant à se poser le problème de l’État comme protecteur, en particulier ceux de langue allemande, mais aussi en Espagne.
148
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+ En 1815, par le traité de Vienne la Sainte-Alliance consacre la toute-puissance des trônes sur le destin des pays et ses membres se liguent contre toute volonté expansionniste de la France. Toutefois deux entorses majeures vont révéler les limites de ce principe dynastique, en novembre 1830 lors d'une conférence réunissant à Londres les grandes puissances (Grande-Bretagne, Russie, Autriche, Prusse et France). L'indépendance de la Belgique, réclamée par des manifestations populaires, en est la première, et semblait sans conséquence stratégique bien qu'encourageant les révisionnistes (nationalistes) de l'ordre de Vienne. Les insurgés grecs contre l'Empire ottoman obtinrent aussi le soutien de ces puissances dynastiques réunies du fait « de leur quête d'intérêts particuliers, le plus souvent rivaux »[63].
150
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151
+ Le printemps des peuples de 1848, impulsé en France à (presque) toute l'Europe, est un ensemble de mouvements nationalistes insurrectionnels aux objectifs assez distincts et en général animés par la classe moyenne et universitaire, mais dans certains cas par une petite noblesse opposée à un pouvoir central dynastique dans lequel elle ne se reconnaît pas (cas magyar). La faiblesse numérique qui découle de l'étroite assise populaire de ces mouvements explique qu'ils n'aient pas résisté longtemps aux répressions des armées fidèles aux dynasties, toutefois le cas de la révolte magyar qui a tenu tête aux armées autrichiennes a permis d'illustrer la solidarité des dynasties contre tout nationalisme : l'Empire de Russie est intervenu dans l'Empire d'Autriche pour mater cette révolte (il faut dire que l'Empire russe avait déjà dû réprimer une révolte polonaise en 1830 et ne voulait pas qu'elle fût ranimée). Ces mouvements relativement populaires ont été l'aboutissement d'une évolution nationaliste des idées dans une part croissante de la population ; leur échec général a semblé définitif à nombre de protagonistes[63].
152
+
153
+ Après le printemps des peuples, et parfois avant (comme pour la Russie), des conseillers de couronnes comprennent que le nationalisme est une puissance avec laquelle il faut compter. En plus de leurs stratégies d’alliances déjà connues, les États cherchent alors à favoriser les nationalismes internes aux royaumes rivaux et à contenir ceux qui pourraient diminuer leur propre puissance[63].
154
+
155
+ Dans le but de fissurer le front uni du traité de Vienne contre la France, Napoléon III déclare officiellement vouloir favoriser le nationalisme à travers l'Europe, ce qu'il fera notamment pour constituer un État italien allié et diminuer la puissance du Pape, tenter de faire éclater l'Empire des Habsbourg (en aidant le nationalisme serbe, entre autres), jouant sur le nationalisme polonais pour contrer de l'intérieur l'Empire russe et la Prusse[63].
156
+
157
+ Sous l'impulsion de Bismarck, la Prusse attire à elle les petits États allemands (germanophones), en se présentant comme puissance protectrice et en s'alliant la bourgeoisie commerçante par le biais de traités commerciaux unifiant le marché. Elle rentre alors en concurrence avec l'Empire des Habsbourg en cherchant à s'allier ses populations germanophones[63].
158
+
159
+ L'Empire russe et celui des Habsbourg aident et se posent en recours de diverses populations sous la domination de l'Empire ottoman, pour mieux le dépecer. La couronne d'Angleterre s'oppose aux nationalismes pour contrer toute nouvelle montée en puissance de la France et limiter l'extension de l'Empire russe qu'elle voit comme un solide concurrent[63].
160
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161
+ Finalement, ces stratégies guerrières favorisent les nationalismes qui se développent et rivalisent les uns avec les autres pour leurs droits au sein des États. La Prusse devient le centre d'un État Allemand où les représentants de la population prennent un poids politique croissant ; l'Italie se constitue laborieusement et suivant le modèle français (le Risorgimento se conclut en 1870) ; sans pour autant avoir tenté de développer un nationalisme qui lui soit propre, l'Empire des Habsbourg semblait inébranlable aux contemporains, mais il se parcellise progressivement en États nationalistes ; sous la crainte de l'éclatement (à la suite de la révolte polonaise de 1863) l'Empire russe se lance dans une russification forcée de ses populations qui exacerbe même les nationalismes latents dans l'Empire et dans lesquels les révolutions russes (de 1905 et 1917) trouveront des appuis[63]. Au croisement de toutes les tensions se trouvent les Balkans : nationalismes d'émancipation, violents et en concurrence les uns avec les autres, intérêts géostratégiques rivaux de toutes les grandes puissances européennes qui soufflent le chaud et le froid, oppositions symboliques (Europe-Asie, oppositions religieuses), imbrications étroites de différentes populations se réclamant de nationalités différentes ce qui rend plus complexe qu'ailleurs le tracé de frontières les séparant (le problème est similaire dans l'Empire des Habsbourg). Cette région sera quasi continuellement le théâtre de guerres au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle : cette « poudrière de l'Europe » donnera un prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale[64].
162
+
163
+ À partir des années 1870 en France, Allemagne, Italie se développe un nationalisme « agressif »[65], différent de celui des révolutions de 1848 : « nourri des bouleversements sociaux et économiques que produisait le déracinement des populations », « il n'est plus un instrument d'émancipation à l'égard de la société d'Ancien Régime […], il est devenu un instrument d'intégration et de mobilisation des populations à une politique impérialiste »[43].
164
+
165
+ En 1914, les nationalismes en Europe sont devenus un rouage social important et pris dans les oppositions entre États, s'opposent les uns aux autres. Durant la Première Guerre mondiale, les États mobiliseront les populations par des arguments nationalistes, et aux différentes étapes de cette guerre, même les pacifistes les plus volontaires (forts rares) ne trouverons pas d'argument anti-nationaliste, seuls Lénine et les Bolcheviks considéreront la paix préférable à la victoire nationaliste. Pour autant, les documents intimes consultables montrent plus une démoralisation chez les soldats qu'une exaltation nationaliste[63].
166
+
167
+ Les politologues Danic et Ian Parenteau relèvent que malgré un « positionnement multiple » du nationalisme sur l'axe gauche-droite, « sur le continent européen les idéologies nationalistes prennent la plupart du temps place à droite du clivage politique, positionnement qui se conjugue suivant la gamme offerte sur cette aile, depuis le centre droit jusqu'à l'extrême droite »[66].
168
+
169
+ Être chinois, avant le XXe siècle, se reconnaît à trois facteurs principaux : être sous l'influence de l'administration de l'Empereur ; avoir des pratiques culturelles chinoises, dont les rites (mariages, funérailles, etc) mais aussi dans les pratiques quotidiennes, comme l'art culinaire ; être de descendance chinoise. Jusqu'à la dynastie mandchoue, une représentation concentrique du monde prévaut : le noyau central est chinois, un premier cercle l'entourant est constitué des « barbares cuits », c'est-à-dire partiellement acculturés, viennent ensuite les « barbares crus » ayant gardés leurs coutumes propres. Dans cet ordre d'idée, on peut devenir chinois, se siniser. Mais les cultures et les pratiques dites chinoises sont multiples et locales : les critères culturels et rituels sont donc locaux. La généalogie chinoise est alors une création a posteriori : quand on se sent chinois, on sinise ses propres ancêtres et être chinois devient un héritage de longue date[67].
170
+
171
+ Le XXe siècle a vu arriver des notions occidentales nouvelles, dont celle de nation qui est alors comprise comme une conception raciale, biologique, au travers des filiations patrilinéaires. L’Empereur est alors vu comme l'ancêtre mythique de la race chinoise. En 1911, à la création de la République de Chine (provisoire) de Sun Yat-sen, ont été reconnues cinq populations distinctes constituant la population chinoise : les Hans (« majoritaires »), les Mandchous, les Mongols, les Tibétains et les Musulmans. Sous le régime communiste, la Chine est officiellement un « État multinational unifié », avec 56 « nationalités » officielles, et le droit à la nationalité est un droit du sang. Le XXe siècle a été dominé par une intelligentsia persuadée que la culture traditionnelle chinoise est archaïque et ne correspond pas aux défis modernes : la nation chinoise s'oppose alors à la tradition culturelle chinoise et ne s'y réfère pas. L'appartenance à une province, à un pays local est de mise, même si la famille a quitté ce lieu ancestral depuis plusieurs générations, et une appartenance provinciale revendiquée correspond à des réseaux d'entre-aides. De manière plus explicite qu'à l'époque impériale, la Chine s'envisage plurielle sur son propre territoire avec des provinces ayant des marges d'initiatives importantes, mais pas dans le domaine politique[67]. Par exemple, si la sinisation de l'ensemble de la population est avancée, nombre d'ethnies officiellement reconnues ont leur propre langue comme langue d'enseignement du primaire au supérieur, mais aussi dans la presse écrite et audio-visuelle, et les cadres doivent apprendre la langue de la province où ils sont en poste[68].
172
+
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+ Traditionnellement, l'exil était regardé comme une trahison. Désormais, ce regard s'est adouci bien qu'à partir de 1980 le droit du sol prévale dans le droit à la nationalité et que la double nationalité soit interdite : on parle de « citoyens étrangers d'ascendance chinoise » et la Chine culturelle semble retrouver du crédit[67].
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+ En juin 1916 éclate la Grande Révolte Arabe dans les provinces de la péninsule arabique jusque-là occupées par l'Empire ottoman. Cette révolte, menée par le chérif de La Mecque Hussein Ben Ali, dura de juin 1916 à octobre 1918. Elle éclata à la suite de la montée du nationalisme arabe dans la région, lui-même alimenté par les Britanniques présents sur place, entre autres l'officier Thomas Edward Lawrence dit Lawrence d'Arabie, et dont les intérêts sont nombreux.
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+ Le nationalisme est un principe politique[1] qui est né à la fin du XVIIIe siècle, tendant à légitimer l'existence d'un État-nation pour chaque peuple (initialement par opposition à la royauté, régime politique qui en France sera ensuite nommé Ancien Régime). Ce principe politique s'est progressivement imposé en Europe au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les historiens ne présentent pas ce nationalisme, en général, comme une idéologie, car il est peu et mal argumenté ou justifié par des intellectuels. Depuis son avènement il est en revanche facilement présenté comme une évidence dans la vie politique et sociale[2].
2
+
3
+ Ce terme désigne aussi des mouvements politiques déclarant vouloir exalter une nation sous toutes ses formes (État, culture, religion, ethnie, langue, histoire, traditions, préférence nationale pour l'emploi, etc.), par opposition aux autres nations et populations. Cette deuxième variante du mouvement s'est développée à partir de la fin du XIXe siècle, vers 1870 : chauvine et xénophobe, elle trouvait alors ses militants principalement dans la petite bourgeoisie[3],[4],[5].
4
+
5
+ Le nationalisme apparaît aussi, à partir du milieu du XIXe siècle, comme un sentiment national plus ou moins répandu et exalté au sein de la population d'un pays, et s'invitant (surtout au XXe siècle) au sein de multiples doctrines ou idéologies politiques, allant du communisme (par exemple le concept de patriotisme anti-impérialiste de Mao Tsé-Toung) et du fascisme (concept de Totalitarisme anticapitaliste de Benito Mussolini) jusqu'aux démocraties parlementaires, en passant par la Troisième Internationale léniniste ; de même, il a souvent servi de justification aux épurations ethniques du XXe siècle[6]. Cette omniprésence s'explique peut-être parce que le sentiment national est devenu « puissamment mobilisateur », comme l'avaient compris dès le printemps des peuples de 1848 certains conseillers de dynasties européennes[7],[8].
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+ Selon Bénéi[9], le nationalisme se définit comme « un principe ou une idéologie supposant une correspondance entre unités politique et nationale ». Cet auteur insiste sur l’abstraction de l’idée, qui en soi ne relève pratiquement pas du concret : il s’agit d’une relation de multiples ordres entre un groupe socioculturel auto-identifié et un État. Le nationalisme a cependant ceci de concret qu’il peut s’apparenter au sentiment en raison de la charge émotive qu’il entraine quasi automatiquement.
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+ Dès l’Antiquité, il existe un sentiment d'appartenance commune à des entités politiques ou morales.
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+ On peut citer en exemple :
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+ Ces exemples font référence à des entités historiques et/ou morales, et non à des nations au sens moderne.
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+ L'existence d'un « nationalisme » au Moyen Âge est controversée, en particulier parce que l'historiographie récente montre comment l'État-nation, en tant que tel, n'est réellement apparu qu'avec la Révolution française et l'émergence de l'« ère des nationalismes » au XIXe siècle. Selon Eric Hobsbawm, utiliser le terme de « nationalisme » avant cela (pour qualifier par exemple la fierté des élites des empires chinois, grec, aztèque ou inca telle qu'elle apparaît dans les sources anciennes) est donc un anachronisme, une projection a posteriori d'un sentiment identitaire moderne, sur une réalité antérieure à son émergence. Ainsi, Eric Hobsbawm affirme qu'il ne faut pas confondre le sentiment national avec d'autres variantes du sentiment d'appartenance collective, nommés sentiments « protonationaux », qui « n'avaient pas -ou n'ont pas- de relation nécessaire avec l'unité d'organisation politique territorial […] », et évoque les difficultés de connaître « les sentiments des illettrés qui formaient l'écrasante majorité de la population mondiale avant le XXe siècle », soulignant que l'on ne dispose d'informations que sur la fraction instruite de la population, et qu'il est illégitime de généraliser de l'élite aux masses, ou de confondre le nationalisme avec un « nationalisme de noblesse »[12].
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+ Certains auteurs, tels Gaines Post, avaient cependant soutenu l'hypothèse d'une ébauche de nationalisme au XIIIe et XIVe siècles, avec le début de la construction des États territoriaux (Royaume d'Angleterre, de France et d'Espagne) liée, selon eux, à l'apparition d'un sentiment de patriotisme (patria communis) unissant les sujets et le souverain dans une même allégeance. En tout état de cause, si nationalisme il y avait, celui-ci différait fortement du nationalisme moderne : l'éclatement du système juridique et linguistique français diffère ainsi largement des conditions modernes du jacobinisme.
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+ D'après Raoul Girardet, « le mot, vraisemblablement d'origine britannique (l'adjectif nationalist est mentionné dans la langue anglaise dès 1715), n'apparaît qu'à l'extrême fin du XVIIIe siècle, et pour désigner essentiellement les excès du patriotisme jacobin »[13]. Le nationalisme est un phénomène apparu clairement au XVIIIe siècle et ayant conquis les esprits et tous les degrés de la politique mondiale entre les XVIIIe et XXe siècles. Cet élargissement s'est accompagné d'une diversification de ses manifestations et d'évolutions au cours du temps dans chaque lieu où il s'est manifesté. Les historiens, dans une volonté de synthèse, ont eu à choisir entre retracer l'évolution temporelle du nationalisme, en évoquant chaque région du monde et en soulignant ses constantes (c'est le choix de Benedict Anderson qui insiste sur les imitations entre politiques nationalistes qui se multiplient au cours du temps), et entre proposer une typologie du nationalisme, mettant ainsi en valeur les dépendances et indépendances de ses manifestations envers les situations historiques de ses apparitions (c'est le choix de Raoul Girardet et d'Ernest Gellner). Certains ont choisi une voix médiane où les détails historiques soulignent une typologie proposée : c'est le choix d'Eric Hobsbawm qui utilise la typologie de Miroslav Hroch.
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+ L'historien français Jacques Bainville, dans son Histoire de trois générations (1918), réfléchit aux causes profondes de la Grande Guerre. Il fait remonter à la Révolution française et à son exaltation quasi religieuse de la « Nation » le processus de développement des idéologies nationalistes et les illusions françaises sur la bienveillance naturelle qu'auraient les nationalismes européens entre eux[14][source insuffisante].
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+ Nombre d'historiens[15] s'accordent sur le fait que le nationalisme peut être considéré comme une volonté d'organiser la société suivant des principes en adéquation avec l'économie libérale naissante au XVIe siècle. Ils refusent toutefois de le considérer comme une simple conséquence mécanique de l'économie, montrant que sa mise en place, d'une région à l'autre du monde, a été très influencée par les dynamiques politiques locales et par les fonctionnements sociaux propres aux diverses populations. L'historien Bernard Michel, spécialiste de l'Europe centrale, considère que la diversité est telle qu'une vision synthétique de l'ensemble du nationalisme à l'échelle du monde, voire simplement d'un continent, est de peu d'efficacité et que « l'étude comparative des nationalismes prend tout son sens là où les réalités sont comparables »[16]. Eric Hobsbawm souligne que ce lien entre nationalisme et économie libérale n'est pas du tout envisagé par les théories libérales du XIXe siècle qui, au contraire, considèrent les nations et leurs pouvoirs centralisés comme des freins au développement d'une économie mondiale que les économistes appellent de leurs vœux[17]. Ernest Gellner montre que si une économie agraire peut se satisfaire d'une société où l'écriture et le savoir sont le privilège d'une minorité, et où l'ensemble de la société est multiplement cloisonné, l'économie industrielle a besoin d'une homogénéité de la population et d'une interchangeabilité des individus (une « entropie sociale »), d'où la nécessité d'un large partage de l'écriture, du savoir, d'un langage commun et d'un égalitarisme[18].
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+ Ces mêmes historiens insistent sur le rôle de la presse écrite et des publications diverses dans les prises de conscience par les individus qu'ils font partie d'une communauté d'intérêts (au sens de préoccupations, et pas seulement d'intérêts économiques) : peu importe le contenu des publications, leur seule existence étant l'élément central d'une propagande nationaliste. Les différentes publications ne sont pas seulement des expressions d'une communauté d'intérêts, elles contribuent à forger cette communauté[19]. De ce fait, et du fait de ses intérêts économiques, le rôle de la bourgeoisie lettrée a été moteur dans toute construction d'un nationalisme : souvent il s'agit d'une coalition entre la petite aristocratie foncière, les universitaires et la bourgeoisie. Des différences notables sont observées suivant les régions du monde : par exemple le rôle nationaliste hongrois a été joué par l'aristocratie industrieuse magyare dans l'Empire austro-hongrois, en la quasi-absence d'une bourgeoisie ; « les lecteurs du polonais » étant dans un cas semblable[20]. « Ce qui […] a rendu les nouvelles communautés imaginables, c'est l'interaction à demi fortuite, mais explosive, entre un système de production et de rapports de production (le capitalisme), une technique de communication (l'imprimé) et la fatalité de la diversité linguistique »[21].
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+ Benedict Anderson souligne l'importance des découpages administratifs (qui sont géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.) qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels, ce qui ne veut pas dire que tous ont tout accepté de cet héritage. Par exemple, en Amérique du Sud, les actuels pays hispanophones sont peu ou prou découpés suivant les frontières administratives tracées par la couronne espagnole ; l'Inde et l'Indonésie ne sont aujourd'hui des entités unifiées qu'à la suite des découpages administratifs de leurs colonisateurs respectifs qui ont ainsi créé, malgré eux, des horizons aux représentations nationales chez leurs indépendantistes respectifs, et lesquels ont, après l'indépendance, joué de rapports de forces entre eux pour arriver à définir précisément leurs nations. Les États-Unis constituant une notable exception, au terme de leurs 150 années de travail d’expansion et d'unification[22]. L'historien note qu'après l'effondrement « du vieux monde socialiste », « les lignes de fragmentations [de l'URSS en États] ont remarquablement suivi la carte des structures territoriales et administratives instaurées par Lénine, Staline et Khrouchtchev, plutôt que celles des communautés ethniques rivales »[23].
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+ En s’inspirant de la psychanalyse Pierre de Senarclens a souligné que les nationalistes expriment un besoin de dignité, qui s’affirme par une défense ombrageuse leur identité collective. Leur quête de reconnaissance comprend l’envie d’appartenir à une communauté de haut lignage historique, chargée d’assumer une destinée exceptionnelle, sous l’égide de dirigeants hors pair. Leur demande comprend le besoin d’une communauté harmonieuse, dont seraient exclus ceux qui sont soupçonnés de contrarier ce projet, position qui entretient nécessairement des tendances agressives. Discours d’affirmation identitaire, la défense de la nation porte toujours en elle des ferments de sectarisme, de haine et de fanatisme, même lorsqu’elle se justifie en se définissant comme « patriotique ».
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+ Les sociétés agraires[24], suivant la terminologie d'Ernest Gellner, sont les sociétés non-industrielles et sont structurés par certaines classifications des individus, vécues comme naturelles, soutenues par une économie et des cultures fonctionnant en harmonie. La description générale est : une population illettrée multiplement cloisonnée verticalement par le lieu de vie, la corporation de métier (statut social), la religion ; une élite souvent lettrée cloisonnée horizontalement par la strate d'appartenance (pouvoir, religion ou autre) et le statut atteint au sein de celle-ci. Les cloisonnements verticaux correspondent à des populations localisées et ayant à peu près le même statut social, mais séparées par des différences vécues comme majeures et se manifestant parfois par des différences de langues parlées (la langue pouvant changer d'un village à l'autre, les corporations ayant parfois des langues spécifiques et un savoir-faire nécessitant un très long apprentissage) et dont les langues n'ont qu'un sens local (pas de mot pour désigner les abstractions coutumières des élites)[24]. « Les langues vernaculaires non écrites représentent toujours un ensemble de variantes communiquant entre elles avec des degrés divers de facilité ou de difficulté »[25]. Les cloisonnements horizontaux correspondent à des strates de la société qui sont non-localisées (en tout cas moins localisées que la population illettrée) qui exigent de ses membres la connaissance d'une langue spécifique parmi celles en cours (langue de cour, d'administration, de création littéraire, de l'enseignement religieux, de langue liturgique, langues des enseignements primaire, secondaire ou universitaire[26]) et un apprentissage ou une cooptation ; et acquérir le tout nécessitait parfois une vie entière de labeur[24].
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+ Les langues y sont associées à des fonctions sociales, pas à des populations (d'ailleurs les noms de plusieurs futurs nationalités signifient paysan), les langues populaires sont multiples et non transcrites, en général. « Il serait aussi incongru pour les maîtres des domaines de parler le langage de leurs paysans que de labourer les terres ou de garder les bestiaux »[26].
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+ Les cultures sont multiples dans ce système : cultures religieuses, de corporatismes, administratives (liées à l’État), liée à un village, etc. La reproduction d'une culture (son enseignement) n'est pas une affaire d’État, mais l'affaire de la strate sociale concernée. L'individu n'éprouve pas, en général, le besoin de se définir identitairement de manière précise par rapport à l'une d'elles et est attaché à plusieurs cultures, parfois même à plusieurs d'entre elles que l'on aurait aujourd'hui tendance à considérer comme concurrentes (y compris le choix de la langue d'expression quand plusieurs langues coexistent pour un même niveau culturel). À part les clercs, les corporations culturelles n'ont pas une pratique politique de leur culture : nulle prétention à une hégémonie ni même à une expansion. Les frontières (matérielles et sociales) culturelles, linguistiques et politiques sont distinctes. Les petites communautés paysannes vivent centrées sur elles-mêmes, sur leurs besoins économiques locaux. L’État a « intérêt à prélever l'impôt, �� maintenir la paix et pas beaucoup plus »[24].
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+ Ces cloisonnements multiples, que l'on peut détailler jusque dans le mode de reproduction des différentes strates, ont été vécus comme naturels et n'ont donné lieu à aucune tentative de révolution, sinon des jacqueries, du moins jusqu'à l’avènement de l'économie industrielle et du nationalisme. Les sociétés agraires ont été le mode de vie normal durant plus de cinq mille ans[24].
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+ Exemples : les cités-États de l'Antiquité, le Moyen Âge occidental, la Chine pré-industrielle, , etc.[24].
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+ Les sentiments d'appartenance à un groupe, qui ont existé dans ces sociétés, sont étudiés par Eric Hobsbawm. Il en ressort que si les illettrés ont laissé peu de traces de leurs avis, ils n'ont que rarement manifesté des sentiments d'appartenance comparables au nationalisme. Les identités revendiquées, et liées à une collectivité, étaient parfois religieuses, tribales ou ethniques, rarement linguistiques (et dans ce cas comme critère secondaire). Par exemple, au XIXe siècle, les premiers parmi les migrants vers les États-Unis que l'on classerait comme Albanais, ne se déclaraient pas comme Albanais. Ce qui est compris c'est qu'aux XIXe – XXe siècles les activistes nationalistes ont cherché à fédérer et à s'appuyer sur des identités collectives diverses qui n'étaient pas nationalistes (proto-nationalistes), avec des succès variés puisque, par exemple, les sentiments tribaux ont été parfois fort réticents à se fondre dans le nationalisme[25].
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+ Les origines de la société industrielle sont sujets de débats d'érudits, « il en sera très probablement ainsi longtemps encore »[27]. Cette société est caractérisée, entre autres, par un haut niveau de productivité (et la croyance en l'accroissement continuel de cette productivité) nécessitant une division du travail en perpétuel changement, et cela sur un rythme soutenu. Ce changement touche aussi bien le rôle économique de l'individu que sa position au sein de la société. Déjà Adam Smith soulignait la précarité de la richesse des bourgeois : la mobilité professionnelle et même sociale touchent parfois l'individu au cours de sa vie, elles sont certaines d'une génération à l'autre. Une société fonctionnant sur cette mobilité ne peut pas s'accorder avec les cloisonnements de l'époque pré-industrielle : l'interchangeabilité des individus devient nécessaire, et un égalitarisme en est la conséquence. La communication du savoir et des savoir-faire est gage d'accroissement de la productivité, de « progrès », elle doit être précise et capable de descriptions formelles (techniques) adressées, hors contexte, à une personne anonyme : la langue devient un outil de communication universel, et non pas local ou réservé à une sorte de tribu sociale, elle devient aussi dé-ritualisée et dé-sacralisée, par contre elle devient écrite (si elle ne l'était pas avant), strictement codifiée et sa codification largement répandue et enseignée afin qu'elle joue son rôle[27].
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+ Selon Gellner, cette culture homogène, marquée par la modernisation, l’industrialisation et le nationalisme laïc, doit être produite par la scolarisation, notamment primaire[28]. L'éducation de l'individu, pour qu'il soit mobile au sein de la société, doit lui permettre de lire la langue répandue, et d'avoir des compétences de bases assez larges pour pouvoir s'adapter à un large éventail de rôles sociaux. Les connaissances sont aussi désacralisées et largement accessibles : pour accéder à une spécialité l'heure n'est plus, comme dans les sociétés non industrielles, aux études de toute une vie, ni aux rituels sacrés d'une corporation. Ainsi, puisque la reproduction culturelle n'est plus en lien avec des corporations sociales, l'éducation est organisée par la plus large corporation possible : l'État. L'éducation d’État est ainsi la garantie de l'interchangeabilité des individus, et l'enseignement devient l'enjeu essentiel de l’État, et sa principale dépense financière : l'unité culturelle de la société est un impératif d’État. « Le monopole de l'éducation légitime est maintenant plus important et plus décisif que le monopole de la violence légitime »[27].
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+ Le nationalisme consiste à réclamer ce fonctionnement de la société, par opposition au fonctionnement des sociétés non industrielles.
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+ Ernest Gellner étudie son modèle de la société industrielle en évoquant les différentes situations initiales possibles (coexistence de populations initialement distinguables) et les aboutissements possibles (scission de la nation, fusion des populations, etc.) et détaille l'égalitarisme, la quasi-interchangeabilité et la mobilité sociale des individus, qu'il nomme « entropie sociale », nécessaires pour le bon fonctionnement économique de la société, et qui deviennent des normes morales[29].
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+ Toutefois, la perspective de Gellner a soulevé de nombreux contre-exemples avec les années, notamment des situations où un fort sentiment de nationalisme accompagne une industrialisation faible ou, inversement, une industrialisation poussée s’accompagne d’un nationalisme religieux. Cela n’empêche pas les États-nations de s’inspirer de certaines de ses idées, pour ce qui est entre autres du lien « entre scolarisation de masse et culture de sentiments d’appartenance nationale »[9].  Sur cette idée, des penseurs comme Bourdieu et Passeron conçoivent l’éducation comme une stratégie de la part des États pour moduler les comportements sociaux afin de reproduire certaines dynamiques de pouvoir, de classes par exemple[30]. Toutefois, cette perspective exclut l'agentivité des citoyens et citoyennes ordinaires, c'est-à-dire leur propre pouvoir d’agir.
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+ Si on considère en général[réf. nécessaire] que le nationalisme est apparu d'abord en Europe occidentale, avec en premier lieu le nationalisme romantique, Ernest Gellner soutient qu'une des premières manifestations culturelles de la transition vers la société industrielle est la Réforme protestante qui a consacré l'universalisation du sacerdoce et « constitue une préfiguration des attitudes et des traits sociaux qui, selon [son] modèle, produisent la période nationaliste »[31]. Benedict Anderson pense, lui, que la réforme protestante et le « capitalisme de l'imprimé » ont profité l'un de l'autre pour accroître leurs audiences respectives[32].
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+ Benedict Anderson soutient que le nationalisme a d'abord émergé dans les colonies européennes sur le continent américain, en lien avec la création d'une communauté linguistique via les progrès de l'imprimerie, focalisant ainsi l'attention sur les guerres d'indépendance en Amérique du Sud et l'indépendance des États-Unis qu'il considère comme la première création d'une nation.
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+ « Voici donc l'énigme : pourquoi est-ce précisément les communautés créoles[33] qui acquirent si tôt le sentiment de former une nation – bien avant la plus grande partie de l'Europe ? Pourquoi ces provinces coloniales, qui rassemblaient généralement de fortes populations opprimées et non hispanophones, ont-elles donné naissance à des créoles qui redéfinirent sciemment ces populations comme autant de ressortissants d'une même nation ?[34] »
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+ L'historien répond lui-même à sa question : cela vient des découpages administratifs (géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.), créés et entretenus par la métropole, et volontairement distincts d'elle, qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer très tôt des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels[35].
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+ En dehors des causes permettant l'émergence du nationalisme, Benedict Anderson insiste sur le rôle des imitations dans les élaborations des politiques nationalistes officielles, au point que certaines semblent machiavéliques (russification forcée sous Alexandre III de Russie, par exemple), d'autres artificielles et inconsistantes (dans l'Empire d'Autriche-Hongrie, le nationalisme hollandais dans sa colonie indonésienne)[36].
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+ Le nationalisme n'a cessé de se manifester depuis le XVIIIe siècle, se présentant d'abord dans les textes et idées pour finalement intervenir puissamment dans le domaine politique. Outre le continent américain, l’Europe du XIXe siècle est un des principaux lieux d'expression politique du nationalisme : surtout à partir du printemps des peuples de 1848, les mouvements nationalistes sont parties prenantes des événements politiques européens, et une bonne partie des États y sont devenus des États-nations dès 1918. Ceux d'Europe centrale, après un entre-deux-guerres où la protection des minorités nationales sous l'égide de la SDN donnera des résultats peu convaincants, se retrouveront envahis sous des prétextes nationalistes, et déchiquetés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils attendront la chute du mur de Berlin, en 1989, qui signe la fin de la période soviétique en Europe, pour renouer officiellement avec des préoccupations nationalistes (alors que durant la période soviétique, et sans que ce soit officiellement admis, des nationalismes se sont manifestés à tous les niveaux politiques en Europe de l'Est)[37]. Au XXe siècle les colonies d'Asie et d'Afrique ont développé des nationalismes amenant aux décolonisations. La conscience nationaliste, dit Bénéi[9], va de pair avec la lutte contre les dirigeants coloniaux, afin de reconquérir les droits humains sous le signe de l’indépendantisme. Dans tous les cas, nombre d'historiens[réf. nécessaire] admettent la typologie de Hroch distinguant trois phases.
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+ Selon Eric Hobsbawm, à partir des années 1870, en Europe et ailleurs, le nationalisme change sur trois points essentiels : il n'y a plus de seuil minimal du nombre de personnes pour qu'un groupe se considérant comme une nation revendique le droit à un État et un territoire ; l'ethnie et la langue deviennent des critères centraux, voire les seuls, pour légitimer une nation ; le thème de la nation, de la patrie, du drapeau subit un glissement politique « vers la droite ». Certaines confusions apparaissent entre les notions de nations, races, langues et religions (par exemple l'antisémitisme n'acquit son caractère racial que vers 1880, il était avant surtout religieux, et race et nation sont utilisés comme « des quasi-synonymes », avec une idée d'hérédité). Les raisons de ses changements importants seraient multiples, notamment le contexte guerrier, la crise économique de la seconde industrialisation et la démocratisation de la vie politique dans un nombre croissant d'États (sans que cela fût une contribution facilement compréhensible)[3].
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+ En accord avec nombre d'historiens[38], Eric Hobsbawm note que « l'élément politico-idéologique est évident dans le processus de construction de la langue » qui peut aller jusqu'à « la création ou l'invention de nouvelles langues », « la politique de la langue devient un exercice de formation de la société » et que « l'importance symbolique des langues prévaut sur leur utilisation effective », et aussi que les différentes classes sociales se sentent différemment concernées par ce thème, les plus fervents activistes venant de la couche intermédiaire modeste socialement mais instruite, en bref la « petite bourgeoisie ». Il insiste sur l'utilisation des structures étatiques (école, administration, armée) par des pouvoirs nationaux, parfois dès les années 1860, pour imposer une langue unique et standardisée (parfois quasiment inventée) à des populations aux parlés diversifiés, mais ne s'y opposant pas (malgré d'amers souvenirs d'enfance de certains intellectuels)[3].
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+ À ce sujet, les avis des historiens divergent quant à leur lien avec le nationalisme.
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+ Benedict Anderson souligne que la nation inspire surtout l'amour, un amour qui « va souvent jusqu'au sacrifice », le nationalisme pensant en termes de « destin historique » alors que le racisme rêve de « domination éternelle » et trouve son origine dans les idéologies de classes, « surtout dans les prétentions des dirigeants à la divinité, et chez les aristocraties », dans un but de répression et de domination intérieures ; ce qui se retrouve aussi dans le racisme des « bourgeois gentilshommes » des empires coloniaux européens, alors que dans les mouvements nationalistes des décolonisations les manifestations de haine envers les colons sont très rares[39]. Cet historien affirme que « des puissants [...] menacés d'être exclus, ou marginalisés » dans les communautés nationales ont développé des « nationalismes officiels » « calqués sur les nationalismes populaires largement spontanés » mais qui furent des « politiques conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires »[8].
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+ L'historien Bernard Michel soutient qu'au XIXe siècle en Europe centrale, le nationalisme a permis le développement de réseaux de sociabilité nationaux concurrents et pacifiques[40], et n'est pas responsable de conflits armés (aux exceptions près des révolutions de 1848 et de la longue guerre entre les Hongrois et l'armée impériale de l'Empire d'Autriche), mais que ceux-ci ont été déclenchés par des puissances impériales (puis au XXe siècle par des États à caractère totalitaire), les haines entre nationalités étant entretenues par les États voulant détourner le mécontentement populaire ou par les mouvements pangermanistes. Le seul conflit purement nationaliste étant la Première Guerre mondiale, entre Français et Allemands[41].
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+ En ce qui concerne l'Europe, l'historienne Anne-Marie Thiesse[42] affirme qu'après une première phase libérale-nationale où les idées libérales sont inspirées de la Révolution française, le printemps des peuples de 1848 met en lumière la problématique du territoire de chaque nation et donc les futurs conflits entre elles, notamment du fait de ce qui sera plus tard appelé les minorités nationales ; ceci étant visible dès cette époque par l'opposition entre le pangermanisme et le panslavisme. L'historienne souligne aussi le fait que certains pouvoirs monarchiques et certaines mouvances nationalistes comprennent qu'ils doivent s'associer pour assurer leur avenir respectif (ces monarques semblant peu ébranlables et les idées nationales s'avérant « puissamment mobilisatrices »). Elle rapporte également l'émergence de divisions au sein des mouvements nationalistes, entre « conservateurs, libéraux modérés ou avancés… ». L'unité allemande de 1871 en est un aboutissement[7].
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+ De son côté, Eric Hobsbawm affirme que « les liens entre racisme et nationalisme sont évidents », et souligne les confusions de cette époque entre nation et race, associés à des idées d'hérédité et de pureté raciale, linguistique, etc. L'historien ne trouve pas surprenant que le nationaliste ait « rapidement gagné du terrain entre 1870 et 1914 » : les changements sociaux et politiques, le grand nombre de migrations augmentant le nombre de frictions entre groupes, la situation internationale ont fourni de multiples occasions de manifester de l'hostilité envers des étrangers, la démocratisation de la politique y contribuant. « Dans les puissances et les États-nations établis, le zèle patriotique des couches [sociales] intermédiaires était plus que bienvenu pour les gouvernants engagés dans l'expansion impériale et les rivalités nationales contre d'autres États »[3]. Cet avis est similaire à celui des historiens Jean-Claude Caron et Michel Vernus[43].
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+ Ernest Gellner affirme que le nationalisme est une vision égoïste de la politique, que la satisfaction de certains nationalistes implique la frustration des autres, et que l'unité politique territoriale ne devient ethniquement homogène que si on tue, expulse ou assimile tous les non-nationaux[44].
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+ En ce qui concerne la France, Gérard Noiriel répertorie des rixes et violences entre ouvriers à la fin du XIXe siècle et constate que s'il y a toujours eu des violences entre ouvriers locaux et ceux venant d'ailleurs, considérer de manière systématique que ailleurs c'est un pays étranger date du milieu des années 1880 : avant, pour les ouvriers, venir d'un pays étranger ou d'une autre région française était équivalent. Toutefois l'historien note que l'on manque d'éléments pour étayer cette analyse[45]. Dans ce contexte de crise économique de la seconde industrialisation et au sujet de la désignation des problèmes et des solutions, l'historien note aussi l'effet boule de neige entre la presse à la recherche de lecteurs, les politiciens à la recherche d'électeurs (la troisième république est établie depuis la fin de l'année 1870) et les ouvriers pouvant se plaindre, et il conclut que « la presse construit les stéréotypes sur lesquels vont s'appuyer les acteurs du champ politique pour élaborer leurs discours » et qu'à cette époque « un large accord existe […] pour affirmer qu'il faut protéger les Français de la concurrence des étrangers »[46].
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+ Le philosophe israélien Yoram Hazony critique pour sa part la connotation négative du terme nationalisme, qu'il estime confondue avec l'impérialisme. Selon lui, cette doctrine serait positive dans le sens où elle se limiterait à « vouloir vivre dans un monde constitué de nations indépendantes » sans volonté d'hégémonie. Il l'oppose à l’« impérialisme libéral », qu'il définit comme la volonté de certains gouvernementaux occidentaux de deconstruire les souverainetés nationales, d'abord chez eux mais aussi de l'imposer au reste du monde, si besoin par la force, citant les exemples de la Yougoslavie, de l'Irak, de la Libye ou encore de l'Afghanistan[47].
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+ Le politologue Denis Monière classe le nationalisme sous deux typologies[48] :
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87
+ Pierre-André Taguieff distingue trois formes principales de nationalisme[49] :
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+ Le nationalisme contemporain en France peut se subdiviser en deux courants principaux :
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+ Au XXe siècle, le nationalisme se conjoint à l'anti-impérialisme pour former des mouvements de libération nationale.
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93
+ On peut situer dans ce courant :
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95
+ Quand l’entité dominante est un État, on parlera, suivant le degré d’autonomie souhaité, de régionalisme, d’autonomisme, de séparatisme (à connotation négative) ou de sécessionnisme.
96
+
97
+ Le souverainisme s'oppose au fédéralisme. En Europe, l'euroscepticisme est une forme de souverainisme, ainsi que le mouvement souverainiste du Québec en Amérique du Nord.
98
+
99
+ Maurice Charland a caractérisé un « nationalisme technologique » comme une tendance vers la construction et la légitimation de l’État-nation par des systèmes de transport et de communication financés et parrainés par les pouvoirs publics[52]. Harold Innis, théoricien de la communication, amorce une réflexion sur le nationalisme technologique et sur la relation économique qui unit le Canada urbain au Canada rural, idées sur lesquelles s'appuie sa théorie des principales ressources[53].
100
+
101
+ Dans l’étude des nationalismes, de nouvelles approches permettent de comprendre les mouvements sociaux et politiques. Parmi elles :
102
+
103
+ Le XIXe siècle voit le développement de l'idée nationale allemande et l'unification de l’Empire allemand autour de la dynastie prussienne.
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105
+ L'idée de l'unité des populations germanophones datait de fin du XVIIIe siècle, le théologien Johann Gottfried Herder en étant un de ses plus notables théoriciens. Toutefois, entre le temps de l'émergence des idées et l'unité politique, il se passera près d'un siècle, la dynastie de Prusse refusant en 1848 de recevoir la couronne impériale des mains des représentants du peuple réunis à Francfort. La création d'Empire allemand se fait finalement sous l'égide du chancelier Otto von Bismarck, qui impose l'unification des États germaniques « par le haut » (par les monarques) après la guerre de 1870.
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+ C'est en Prusse que se développe le plus tôt un sentiment national allemand. Battue par Napoléon Ier, la Prusse est affaiblie et cherche à se relever : elle cherchera dès lors à regrouper autour d'elle (quitte à combattre l'Autriche pour cela) le maximum d'États allemands. Stein, ministre d'État prussien de 1804 à 1808 et Hardenberg, ministre des Affaires étrangères de 1804 à 1806, réforment l'État prussien ; Scharnhorst et Gneisenau, général et maréchal prussiens, réorganisent l'armée prussienne de 1807 à 1813 et y insufflent l'idée du sacrifice pour le salut commun des États germaniques.
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+ C'est autour de la Prusse que se regroupent les patriotes allemands dans cette guerre patriotique et nationale que l'on appelle très vite les guerres de libération (Befreiungskriege). Apparaissent alors toute une série de libelles et de textes réclamant la constitution d'un État allemand groupant tous les peuples parlant la langue allemande, incluant au besoin des peuples en dehors de ce qui était jusqu'en 1806 le Saint-Empire. Ainsi se développe le Volkstum, rassemblement de tous les hommes de même langue, de même culture.
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+ Au début du XIXe siècle, on disait ainsi que « la Prusse n'était pas un pays qui avait une armée, mais une armée qui avait un pays »[57]. En effet, sur les 7 à 8 000 officiers de l'armée prussienne, en 1806, plus d'un millier d'entre eux étaient étrangers[57]. Les étrangers étaient encore plus nombreux dans les armées de Frédéric le Grand (règne de 1740 à 1786), l'armée ayant été partiellement « nationalisée » sous Frédéric-Guillaume III (1797-1840) à la suite des réformes de Gneisenau et Clausewitz[57].
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+ Il n'y a cependant pas un, mais trois nationalismes très différents en Allemagne : l'un aristocratique (pour lequel l'être humain commençait au baron, comme disait Metternich), le deuxième bourgeois-conservateur, et le troisième populaire-romantique, manifesté au Parlement de Francfort (considéré comme « dangereux » par les aristocrates). Il faudra un siècle pour les unifier et les concrétiser par des mesures politiques : progressivement, la liberté de circulation au sein des États allemands est instaurée, un traité des laissez-passer (1850) étant signé entre la majorité des États, suivi d'un autre en 1865 (non signé par la Prusse) qui abolit la nécessité des passeports, et enfin d'une loi de 1867 négociée sous l'égide de Bismarck qui supprime les restrictions à la liberté de circulation visant les « classes dangereuses ».
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+ L'identité binationale en Autriche-Hongrie crée une situation particulière dans cet État, Empire central en Europe. Les germanophones et les Magyars étant les communautés linguistiquement, culturellement, socialement, économiquement et politiquement dominantes, l'Empire est ressenti par les autres peuples regroupés sous l'autorité des Habsbourg et de l'aristocratie autrichienne et hongroise, comme un État étranger à eux et oppresseur. De ce fait, le XIXe siècle voit la naissance ou l'affirmation de sentiments nationaux opposés aux Habsbourg, centrifuges et/ou irrédentistes, avec la « Renaissance nationale » tchèque (publication du Dictionnaire tchéquo-allemand dans les années 1840 par Josef Jungmann) et le Panslavisme chez les autres slaves de l'Empire, tandis qu'Italiens et Roumains regardent respectivement vers l'Italie et la Roumanie auxquelles ils espèrent être un jour rattachés. Cette situation mènera à la dissolution de cet empire à l'issue de la Première Guerre mondiale.
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+ En France, le concept de nation est hérité de la Révolution française.
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+ On vit en effet apparaître, au début de la Révolution, une société, le Club de 1789, plutôt modéré, qui se réclamait du patriotisme. Une autre société, que François Perrault décrit comme beaucoup plus radicale, apparut par la suite (1792) : la Société patriotique du Luxembourg.
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+ Il en découle une politique dont les objectifs sont essentiellement l'indépendance, l'unité et la prospérité de sa propre nation et de son peuple. Le nationalisme base l'identité d'un individu sur son rapport à une nation.
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+ Le XIXe siècle voit le développement de l'idée nationale italienne et l'unification de l’État italien autour de la dynastie de Piémont-Sardaigne.
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+ Le nationalisme moderne japonais se développe d'abord durant l'Ère Meiji (1867-1912). À ce moment-là il est défensif, visant à préserver l'indépendance du Japon face à la menace du colonialisme occidental symbolisé par la politique de la canonnière menée par le commodore Perry en 1853 et par les traités inégaux de 1858. Ce nationalisme devient expansionniste sous l'ère Shōwa. Il est basé alors sur la supériorité de la race nipponne, le monarchisme, le militarisme et l’expansionnisme.
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+ Les nationalistes irlandais s'organisent et créeront en 1905 le Sinn Féin et l'IRA (parties revendiquant l'indépendance, l'IRA utilisera la violence pour se faire connaître…). Pendant la Première Guerre mondiale, les Irlandais se révolteront et la répression sera féroce.
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+ Quoique les idéologies nationales du Pays de Galles et de l'Écosse n'aient pas atteint le degré de violence précité, ces deux autres nations formant l'État plurinational de Grande-Bretagne ont également développé des nationalismes ; celui d'Écosse échoue en 1930, là où il réussira en 1997 concernant la souveraineté autonomique, en se réformant considérablement (le visage du nationalisme écossais contemporain est bien différent des années 1930).
130
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+ Dans l'Empire russe, multinational, les Slaves orientaux sont majoritaires et le régime tsariste, aristocratique et coupé de la population, laisse la plus grande partie de celle-ci dans l'illettrisme. Néanmoins, le sentiment national russe, véhiculé par les instituteurs et les popes, se répand, y compris chez les Biélorusses (alors appelés Russes blancs) et les Ukrainiens (alors appelés Petits-russes). Il est favorisé par la politique impériale de russification qui, en revanche, heurte les autres peuples de l'empire, et notamment ceux d'Europe (Finnois, Baltes, Polonais, Roumains, une partie des Ukrainiens) et du Caucase, mais aussi, dans une moindre mesure, les musulmans d'Asie centrale (révoltes des Basmatchis dans les actuels Ouzbékistan et Turkménistan). Ces peuples développent d'autant plus facilement leurs propres nationalismes, que leur niveau d'instruction est généralement supérieur à celui des masses russes, par exemple en Pologne. L'antisémitisme du régime et les pogroms à répétition suscitent aussi un nationalisme (et les ligues d'auto-défense) chez les Juifs : ce nationalisme est initialement fortement teinté de socialisme (fondation du Bund). Cette situation provoque des courants d'émigration (surtout chez les Juifs) et mènera, à l'issue de la Première Guerre mondiale, à l'indépendance de la Finlande, des pays baltes, de la Pologne, de l'Ukraine, de la Bessarabie, de la Géorgie et de l'Arménie ; le gouvernement bolchevik parviendra à reprendre la Géorgie, l'Arménie et l'Ukraine en 1920-1924, la moitié orientale de la Pologne en 1939, les pays baltes et la Bessarabie en 1940.
132
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133
+ Pour contrôler les nationalismes, l'URSS se constitue en 1922 en État fédéral, mais ce contrôle ne peut fonctionner que dans le cadre d'un communisme dictatorial, et, aussitôt les libertés civiles revenues à l'issue de la perestroïka et de la glasnost, ils ont ressurgi d'autant plus intensément et ont abouti à l'éclatement de l'État soviétique, comme l'avaient d'ailleurs prédit Andreï Amalrik en 1970[58] et Hélène Carrère d'Encausse en 1978[59].
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135
+ Le XIXe siècle voit la propagation de l'idée nationale dans les Balkans et chaque peuple, défini par son histoire et sa langue, aspire à l'indépendance vis-à-vis de l'Empire ottoman et à son unification au sein d'un seul État. Albanais, Bulgares, Grecs, slaves de Macédoine, Roumains, Serbes s'émancipent par étapes, mais ils sont instrumentalisés par les grandes puissances qui, de plus, cherchent à ménager l'Empire ottoman ; leurs populations sont imbriquées dans de nombreuses régions et leurs frontières posent des problèmes tranchés parfois arbitrairement par le Congrès de Berlin et par les deux guerres balkaniques, ce qui entretient et parfois exacerbe les tensions nationalistes.
136
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+ Si au début du XIXe siècle les dynamiques de rassemblement prédominent (fondation du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), elles ne profitent pas également à tous (Albanais et Bulgares ne parviennent pas à se regrouper tous). Des ressentiments s'accumulent, qui s'exprimeront durant la Seconde Guerre mondiale (Camp de concentration de Jasenovac) et à partir de 1992 et aboutiront à la fragmentation de la Yougoslavie en pas moins de six ou sept États dont quatre utilisent la même langue mais la dénomment différemment, et dont deux sont à peine plus grands qu'un département français ou une province belge (le Kosovo et le Monténégro).
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+ À la fin du XIXe siècle, le nationalisme turc se manifeste dans le mouvement Jeune Turc qui, à ses débuts, est surtout réformateur et non xénophobe. En réaction au recul de l'Empire en Europe (face aux États des Balkans) et au nationalisme des Grecs et des Arméniens de l'empire (qui font craindre des pertes territoriales en Anatolie, qui se produisent en 1919), le nationalisme turc devient de plus en plus xénophobe vis-à-vis des minorités de l'Empire et finit par mener, pendant et après la Première Guerre mondiale, à la première grande purification ethnique du XXe siècle : le génocide arménien et grec accompagné, au terme du traité de Lausanne, de l'expulsion de la grande majorité des chrétiens survivants.
140
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+ Ultérieurement, c'est l'affrontement des nationalismes turc (devenu conservateur) et kurde (devenu majoritairement marxiste) qui mènera, en Anatolie orientale, à des conflits armés.
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+ En dehors de la philosophie des lumières, le XVIIIe siècle européen voit éclore une littérature qui se veut fondée sur des textes populaires, tutoyant la littérature classique et haussant les peuples au rang d'héritiers de dignes traditions culturelles, ce qui s'avérera comme un pas vers une légitimité d'existence politique. Ce nationalisme se développe dans les salons littéraires, dans les maisons d'édition, et, progressivement, dans la bourgeoisie lettrée européenne.
144
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+ En 1763, la publication par James Macpherson des œuvres du barde écossais Ossian suscite un grand enthousiasme : cette poésie gaélique, supposée ancestrale, sera brandie comme une œuvre équivalente à celles d'Homère ou Virgile, et autres grands classiques de la littérature antique. En 1817, une commission d'experts universitaires conclut que ce texte n'a rien d'authentique. Ce texte est le premier du genre (du moins le premier ayant un tel succès) : bien d'autres suivront à travers toute l'Europe, et cela durant tout le XIXe siècle[60],[61]. Dans toute l'Europe littéraire voient le jour des théories sur les peuples et de leur continuité dans le temps. Un des plus notables théoriciens étant Johann Gottfried Herder, synthétisant les idées neuves de son époque telles que : la lutte contre le monolithisme culturel et le despotisme politique, les aspirations au bonheur et à la liberté, le rejet des séparations entre les ordres sociaux, l'élan vers le progrès et la redécouverte de la nature et des traditions. Chaque redécouverte d'une épopée, d'une tradition populaires reçoit le soutien international des lettrés ; du moins jusqu'au milieu du XIXe siècle : après certaines rivalités se font jour entre les différents nationalismes qui ont de plus en plus d'effets politiques[62].
146
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+ Après le Bill of rights limitant le pouvoir du Roi d'Angleterre et la guerre d'indépendance des États-Unis, la Révolution française consacre l'importance politique des sujets d'un roi, en Europe c'est la première prise du pouvoir au nom d'un peuple. Mais son écho sera faible dans les populations européennes. Les guerres napoléoniennes stimuleront, par opposition, les nationalistes européens (à cette époque présents seulement dans une frange restreinte de la population) en les amenant à se poser le problème de l’État comme protecteur, en particulier ceux de langue allemande, mais aussi en Espagne.
148
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+ En 1815, par le traité de Vienne la Sainte-Alliance consacre la toute-puissance des trônes sur le destin des pays et ses membres se liguent contre toute volonté expansionniste de la France. Toutefois deux entorses majeures vont révéler les limites de ce principe dynastique, en novembre 1830 lors d'une conférence réunissant à Londres les grandes puissances (Grande-Bretagne, Russie, Autriche, Prusse et France). L'indépendance de la Belgique, réclamée par des manifestations populaires, en est la première, et semblait sans conséquence stratégique bien qu'encourageant les révisionnistes (nationalistes) de l'ordre de Vienne. Les insurgés grecs contre l'Empire ottoman obtinrent aussi le soutien de ces puissances dynastiques réunies du fait « de leur quête d'intérêts particuliers, le plus souvent rivaux »[63].
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+ Le printemps des peuples de 1848, impulsé en France à (presque) toute l'Europe, est un ensemble de mouvements nationalistes insurrectionnels aux objectifs assez distincts et en général animés par la classe moyenne et universitaire, mais dans certains cas par une petite noblesse opposée à un pouvoir central dynastique dans lequel elle ne se reconnaît pas (cas magyar). La faiblesse numérique qui découle de l'étroite assise populaire de ces mouvements explique qu'ils n'aient pas résisté longtemps aux répressions des armées fidèles aux dynasties, toutefois le cas de la révolte magyar qui a tenu tête aux armées autrichiennes a permis d'illustrer la solidarité des dynasties contre tout nationalisme : l'Empire de Russie est intervenu dans l'Empire d'Autriche pour mater cette révolte (il faut dire que l'Empire russe avait déjà dû réprimer une révolte polonaise en 1830 et ne voulait pas qu'elle fût ranimée). Ces mouvements relativement populaires ont été l'aboutissement d'une évolution nationaliste des idées dans une part croissante de la population ; leur échec général a semblé définitif à nombre de protagonistes[63].
152
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+ Après le printemps des peuples, et parfois avant (comme pour la Russie), des conseillers de couronnes comprennent que le nationalisme est une puissance avec laquelle il faut compter. En plus de leurs stratégies d’alliances déjà connues, les États cherchent alors à favoriser les nationalismes internes aux royaumes rivaux et à contenir ceux qui pourraient diminuer leur propre puissance[63].
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+ Dans le but de fissurer le front uni du traité de Vienne contre la France, Napoléon III déclare officiellement vouloir favoriser le nationalisme à travers l'Europe, ce qu'il fera notamment pour constituer un État italien allié et diminuer la puissance du Pape, tenter de faire éclater l'Empire des Habsbourg (en aidant le nationalisme serbe, entre autres), jouant sur le nationalisme polonais pour contrer de l'intérieur l'Empire russe et la Prusse[63].
156
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+ Sous l'impulsion de Bismarck, la Prusse attire à elle les petits États allemands (germanophones), en se présentant comme puissance protectrice et en s'alliant la bourgeoisie commerçante par le biais de traités commerciaux unifiant le marché. Elle rentre alors en concurrence avec l'Empire des Habsbourg en cherchant à s'allier ses populations germanophones[63].
158
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159
+ L'Empire russe et celui des Habsbourg aident et se posent en recours de diverses populations sous la domination de l'Empire ottoman, pour mieux le dépecer. La couronne d'Angleterre s'oppose aux nationalismes pour contrer toute nouvelle montée en puissance de la France et limiter l'extension de l'Empire russe qu'elle voit comme un solide concurrent[63].
160
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161
+ Finalement, ces stratégies guerrières favorisent les nationalismes qui se développent et rivalisent les uns avec les autres pour leurs droits au sein des États. La Prusse devient le centre d'un État Allemand où les représentants de la population prennent un poids politique croissant ; l'Italie se constitue laborieusement et suivant le modèle français (le Risorgimento se conclut en 1870) ; sans pour autant avoir tenté de développer un nationalisme qui lui soit propre, l'Empire des Habsbourg semblait inébranlable aux contemporains, mais il se parcellise progressivement en États nationalistes ; sous la crainte de l'éclatement (à la suite de la révolte polonaise de 1863) l'Empire russe se lance dans une russification forcée de ses populations qui exacerbe même les nationalismes latents dans l'Empire et dans lesquels les révolutions russes (de 1905 et 1917) trouveront des appuis[63]. Au croisement de toutes les tensions se trouvent les Balkans : nationalismes d'émancipation, violents et en concurrence les uns avec les autres, intérêts géostratégiques rivaux de toutes les grandes puissances européennes qui soufflent le chaud et le froid, oppositions symboliques (Europe-Asie, oppositions religieuses), imbrications étroites de différentes populations se réclamant de nationalités différentes ce qui rend plus complexe qu'ailleurs le tracé de frontières les séparant (le problème est similaire dans l'Empire des Habsbourg). Cette région sera quasi continuellement le théâtre de guerres au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle : cette « poudrière de l'Europe » donnera un prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale[64].
162
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163
+ À partir des années 1870 en France, Allemagne, Italie se développe un nationalisme « agressif »[65], différent de celui des révolutions de 1848 : « nourri des bouleversements sociaux et économiques que produisait le déracinement des populations », « il n'est plus un instrument d'émancipation à l'égard de la société d'Ancien Régime […], il est devenu un instrument d'intégration et de mobilisation des populations à une politique impérialiste »[43].
164
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165
+ En 1914, les nationalismes en Europe sont devenus un rouage social important et pris dans les oppositions entre États, s'opposent les uns aux autres. Durant la Première Guerre mondiale, les États mobiliseront les populations par des arguments nationalistes, et aux différentes étapes de cette guerre, même les pacifistes les plus volontaires (forts rares) ne trouverons pas d'argument anti-nationaliste, seuls Lénine et les Bolcheviks considéreront la paix préférable à la victoire nationaliste. Pour autant, les documents intimes consultables montrent plus une démoralisation chez les soldats qu'une exaltation nationaliste[63].
166
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167
+ Les politologues Danic et Ian Parenteau relèvent que malgré un « positionnement multiple » du nationalisme sur l'axe gauche-droite, « sur le continent européen les idéologies nationalistes prennent la plupart du temps place à droite du clivage politique, positionnement qui se conjugue suivant la gamme offerte sur cette aile, depuis le centre droit jusqu'à l'extrême droite »[66].
168
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169
+ Être chinois, avant le XXe siècle, se reconnaît à trois facteurs principaux : être sous l'influence de l'administration de l'Empereur ; avoir des pratiques culturelles chinoises, dont les rites (mariages, funérailles, etc) mais aussi dans les pratiques quotidiennes, comme l'art culinaire ; être de descendance chinoise. Jusqu'à la dynastie mandchoue, une représentation concentrique du monde prévaut : le noyau central est chinois, un premier cercle l'entourant est constitué des « barbares cuits », c'est-à-dire partiellement acculturés, viennent ensuite les « barbares crus » ayant gardés leurs coutumes propres. Dans cet ordre d'idée, on peut devenir chinois, se siniser. Mais les cultures et les pratiques dites chinoises sont multiples et locales : les critères culturels et rituels sont donc locaux. La généalogie chinoise est alors une création a posteriori : quand on se sent chinois, on sinise ses propres ancêtres et être chinois devient un héritage de longue date[67].
170
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171
+ Le XXe siècle a vu arriver des notions occidentales nouvelles, dont celle de nation qui est alors comprise comme une conception raciale, biologique, au travers des filiations patrilinéaires. L’Empereur est alors vu comme l'ancêtre mythique de la race chinoise. En 1911, à la création de la République de Chine (provisoire) de Sun Yat-sen, ont été reconnues cinq populations distinctes constituant la population chinoise : les Hans (« majoritaires »), les Mandchous, les Mongols, les Tibétains et les Musulmans. Sous le régime communiste, la Chine est officiellement un « État multinational unifié », avec 56 « nationalités » officielles, et le droit à la nationalité est un droit du sang. Le XXe siècle a été dominé par une intelligentsia persuadée que la culture traditionnelle chinoise est archaïque et ne correspond pas aux défis modernes : la nation chinoise s'oppose alors à la tradition culturelle chinoise et ne s'y réfère pas. L'appartenance à une province, à un pays local est de mise, même si la famille a quitté ce lieu ancestral depuis plusieurs générations, et une appartenance provinciale revendiquée correspond à des réseaux d'entre-aides. De manière plus explicite qu'à l'époque impériale, la Chine s'envisage plurielle sur son propre territoire avec des provinces ayant des marges d'initiatives importantes, mais pas dans le domaine politique[67]. Par exemple, si la sinisation de l'ensemble de la population est avancée, nombre d'ethnies officiellement reconnues ont leur propre langue comme langue d'enseignement du primaire au supérieur, mais aussi dans la presse écrite et audio-visuelle, et les cadres doivent apprendre la langue de la province où ils sont en poste[68].
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+ Traditionnellement, l'exil était regardé comme une trahison. Désormais, ce regard s'est adouci bien qu'à partir de 1980 le droit du sol prévale dans le droit à la nationalité et que la double nationalité soit interdite : on parle de « citoyens étrangers d'ascendance chinoise » et la Chine culturelle semble retrouver du crédit[67].
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+ En juin 1916 éclate la Grande Révolte Arabe dans les provinces de la péninsule arabique jusque-là occupées par l'Empire ottoman. Cette révolte, menée par le chérif de La Mecque Hussein Ben Ali, dura de juin 1916 à octobre 1918. Elle éclata à la suite de la montée du nationalisme arabe dans la région, lui-même alimenté par les Britanniques présents sur place, entre autres l'officier Thomas Edward Lawrence dit Lawrence d'Arabie, et dont les intérêts sont nombreux.
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+ Le nationalisme est un principe politique[1] qui est né à la fin du XVIIIe siècle, tendant à légitimer l'existence d'un État-nation pour chaque peuple (initialement par opposition à la royauté, régime politique qui en France sera ensuite nommé Ancien Régime). Ce principe politique s'est progressivement imposé en Europe au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les historiens ne présentent pas ce nationalisme, en général, comme une idéologie, car il est peu et mal argumenté ou justifié par des intellectuels. Depuis son avènement il est en revanche facilement présenté comme une évidence dans la vie politique et sociale[2].
2
+
3
+ Ce terme désigne aussi des mouvements politiques déclarant vouloir exalter une nation sous toutes ses formes (État, culture, religion, ethnie, langue, histoire, traditions, préférence nationale pour l'emploi, etc.), par opposition aux autres nations et populations. Cette deuxième variante du mouvement s'est développée à partir de la fin du XIXe siècle, vers 1870 : chauvine et xénophobe, elle trouvait alors ses militants principalement dans la petite bourgeoisie[3],[4],[5].
4
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5
+ Le nationalisme apparaît aussi, à partir du milieu du XIXe siècle, comme un sentiment national plus ou moins répandu et exalté au sein de la population d'un pays, et s'invitant (surtout au XXe siècle) au sein de multiples doctrines ou idéologies politiques, allant du communisme (par exemple le concept de patriotisme anti-impérialiste de Mao Tsé-Toung) et du fascisme (concept de Totalitarisme anticapitaliste de Benito Mussolini) jusqu'aux démocraties parlementaires, en passant par la Troisième Internationale léniniste ; de même, il a souvent servi de justification aux épurations ethniques du XXe siècle[6]. Cette omniprésence s'explique peut-être parce que le sentiment national est devenu « puissamment mobilisateur », comme l'avaient compris dès le printemps des peuples de 1848 certains conseillers de dynasties européennes[7],[8].
6
+
7
+ Selon Bénéi[9], le nationalisme se définit comme « un principe ou une idéologie supposant une correspondance entre unités politique et nationale ». Cet auteur insiste sur l’abstraction de l’idée, qui en soi ne relève pratiquement pas du concret : il s’agit d’une relation de multiples ordres entre un groupe socioculturel auto-identifié et un État. Le nationalisme a cependant ceci de concret qu’il peut s’apparenter au sentiment en raison de la charge émotive qu’il entraine quasi automatiquement.
8
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9
+ Dès l’Antiquité, il existe un sentiment d'appartenance commune à des entités politiques ou morales.
10
+
11
+ On peut citer en exemple :
12
+
13
+ Ces exemples font référence à des entités historiques et/ou morales, et non à des nations au sens moderne.
14
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15
+ L'existence d'un « nationalisme » au Moyen Âge est controversée, en particulier parce que l'historiographie récente montre comment l'État-nation, en tant que tel, n'est réellement apparu qu'avec la Révolution française et l'émergence de l'« ère des nationalismes » au XIXe siècle. Selon Eric Hobsbawm, utiliser le terme de « nationalisme » avant cela (pour qualifier par exemple la fierté des élites des empires chinois, grec, aztèque ou inca telle qu'elle apparaît dans les sources anciennes) est donc un anachronisme, une projection a posteriori d'un sentiment identitaire moderne, sur une réalité antérieure à son émergence. Ainsi, Eric Hobsbawm affirme qu'il ne faut pas confondre le sentiment national avec d'autres variantes du sentiment d'appartenance collective, nommés sentiments « protonationaux », qui « n'avaient pas -ou n'ont pas- de relation nécessaire avec l'unité d'organisation politique territorial […] », et évoque les difficultés de connaître « les sentiments des illettrés qui formaient l'écrasante majorité de la population mondiale avant le XXe siècle », soulignant que l'on ne dispose d'informations que sur la fraction instruite de la population, et qu'il est illégitime de généraliser de l'élite aux masses, ou de confondre le nationalisme avec un « nationalisme de noblesse »[12].
16
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+ Certains auteurs, tels Gaines Post, avaient cependant soutenu l'hypothèse d'une ébauche de nationalisme au XIIIe et XIVe siècles, avec le début de la construction des États territoriaux (Royaume d'Angleterre, de France et d'Espagne) liée, selon eux, à l'apparition d'un sentiment de patriotisme (patria communis) unissant les sujets et le souverain dans une même allégeance. En tout état de cause, si nationalisme il y avait, celui-ci différait fortement du nationalisme moderne : l'éclatement du système juridique et linguistique français diffère ainsi largement des conditions modernes du jacobinisme.
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+ D'après Raoul Girardet, « le mot, vraisemblablement d'origine britannique (l'adjectif nationalist est mentionné dans la langue anglaise dès 1715), n'apparaît qu'à l'extrême fin du XVIIIe siècle, et pour désigner essentiellement les excès du patriotisme jacobin »[13]. Le nationalisme est un phénomène apparu clairement au XVIIIe siècle et ayant conquis les esprits et tous les degrés de la politique mondiale entre les XVIIIe et XXe siècles. Cet élargissement s'est accompagné d'une diversification de ses manifestations et d'évolutions au cours du temps dans chaque lieu où il s'est manifesté. Les historiens, dans une volonté de synthèse, ont eu à choisir entre retracer l'évolution temporelle du nationalisme, en évoquant chaque région du monde et en soulignant ses constantes (c'est le choix de Benedict Anderson qui insiste sur les imitations entre politiques nationalistes qui se multiplient au cours du temps), et entre proposer une typologie du nationalisme, mettant ainsi en valeur les dépendances et indépendances de ses manifestations envers les situations historiques de ses apparitions (c'est le choix de Raoul Girardet et d'Ernest Gellner). Certains ont choisi une voix médiane où les détails historiques soulignent une typologie proposée : c'est le choix d'Eric Hobsbawm qui utilise la typologie de Miroslav Hroch.
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+ L'historien français Jacques Bainville, dans son Histoire de trois générations (1918), réfléchit aux causes profondes de la Grande Guerre. Il fait remonter à la Révolution française et à son exaltation quasi religieuse de la « Nation » le processus de développement des idéologies nationalistes et les illusions françaises sur la bienveillance naturelle qu'auraient les nationalismes européens entre eux[14][source insuffisante].
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+ Nombre d'historiens[15] s'accordent sur le fait que le nationalisme peut être considéré comme une volonté d'organiser la société suivant des principes en adéquation avec l'économie libérale naissante au XVIe siècle. Ils refusent toutefois de le considérer comme une simple conséquence mécanique de l'économie, montrant que sa mise en place, d'une région à l'autre du monde, a été très influencée par les dynamiques politiques locales et par les fonctionnements sociaux propres aux diverses populations. L'historien Bernard Michel, spécialiste de l'Europe centrale, considère que la diversité est telle qu'une vision synthétique de l'ensemble du nationalisme à l'échelle du monde, voire simplement d'un continent, est de peu d'efficacité et que « l'étude comparative des nationalismes prend tout son sens là où les réalités sont comparables »[16]. Eric Hobsbawm souligne que ce lien entre nationalisme et économie libérale n'est pas du tout envisagé par les théories libérales du XIXe siècle qui, au contraire, considèrent les nations et leurs pouvoirs centralisés comme des freins au développement d'une économie mondiale que les économistes appellent de leurs vœux[17]. Ernest Gellner montre que si une économie agraire peut se satisfaire d'une société où l'écriture et le savoir sont le privilège d'une minorité, et où l'ensemble de la société est multiplement cloisonné, l'économie industrielle a besoin d'une homogénéité de la population et d'une interchangeabilité des individus (une « entropie sociale »), d'où la nécessité d'un large partage de l'écriture, du savoir, d'un langage commun et d'un égalitarisme[18].
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+ Ces mêmes historiens insistent sur le rôle de la presse écrite et des publications diverses dans les prises de conscience par les individus qu'ils font partie d'une communauté d'intérêts (au sens de préoccupations, et pas seulement d'intérêts économiques) : peu importe le contenu des publications, leur seule existence étant l'élément central d'une propagande nationaliste. Les différentes publications ne sont pas seulement des expressions d'une communauté d'intérêts, elles contribuent à forger cette communauté[19]. De ce fait, et du fait de ses intérêts économiques, le rôle de la bourgeoisie lettrée a été moteur dans toute construction d'un nationalisme : souvent il s'agit d'une coalition entre la petite aristocratie foncière, les universitaires et la bourgeoisie. Des différences notables sont observées suivant les régions du monde : par exemple le rôle nationaliste hongrois a été joué par l'aristocratie industrieuse magyare dans l'Empire austro-hongrois, en la quasi-absence d'une bourgeoisie ; « les lecteurs du polonais » étant dans un cas semblable[20]. « Ce qui […] a rendu les nouvelles communautés imaginables, c'est l'interaction à demi fortuite, mais explosive, entre un système de production et de rapports de production (le capitalisme), une technique de communication (l'imprimé) et la fatalité de la diversité linguistique »[21].
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+ Benedict Anderson souligne l'importance des découpages administratifs (qui sont géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.) qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels, ce qui ne veut pas dire que tous ont tout accepté de cet héritage. Par exemple, en Amérique du Sud, les actuels pays hispanophones sont peu ou prou découpés suivant les frontières administratives tracées par la couronne espagnole ; l'Inde et l'Indonésie ne sont aujourd'hui des entités unifiées qu'à la suite des découpages administratifs de leurs colonisateurs respectifs qui ont ainsi créé, malgré eux, des horizons aux représentations nationales chez leurs indépendantistes respectifs, et lesquels ont, après l'indépendance, joué de rapports de forces entre eux pour arriver à définir précisément leurs nations. Les États-Unis constituant une notable exception, au terme de leurs 150 années de travail d’expansion et d'unification[22]. L'historien note qu'après l'effondrement « du vieux monde socialiste », « les lignes de fragmentations [de l'URSS en États] ont remarquablement suivi la carte des structures territoriales et administratives instaurées par Lénine, Staline et Khrouchtchev, plutôt que celles des communautés ethniques rivales »[23].
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+ En s’inspirant de la psychanalyse Pierre de Senarclens a souligné que les nationalistes expriment un besoin de dignité, qui s’affirme par une défense ombrageuse leur identité collective. Leur quête de reconnaissance comprend l’envie d’appartenir à une communauté de haut lignage historique, chargée d’assumer une destinée exceptionnelle, sous l’égide de dirigeants hors pair. Leur demande comprend le besoin d’une communauté harmonieuse, dont seraient exclus ceux qui sont soupçonnés de contrarier ce projet, position qui entretient nécessairement des tendances agressives. Discours d’affirmation identitaire, la défense de la nation porte toujours en elle des ferments de sectarisme, de haine et de fanatisme, même lorsqu’elle se justifie en se définissant comme « patriotique ».
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+ Les sociétés agraires[24], suivant la terminologie d'Ernest Gellner, sont les sociétés non-industrielles et sont structurés par certaines classifications des individus, vécues comme naturelles, soutenues par une économie et des cultures fonctionnant en harmonie. La description générale est : une population illettrée multiplement cloisonnée verticalement par le lieu de vie, la corporation de métier (statut social), la religion ; une élite souvent lettrée cloisonnée horizontalement par la strate d'appartenance (pouvoir, religion ou autre) et le statut atteint au sein de celle-ci. Les cloisonnements verticaux correspondent à des populations localisées et ayant à peu près le même statut social, mais séparées par des différences vécues comme majeures et se manifestant parfois par des différences de langues parlées (la langue pouvant changer d'un village à l'autre, les corporations ayant parfois des langues spécifiques et un savoir-faire nécessitant un très long apprentissage) et dont les langues n'ont qu'un sens local (pas de mot pour désigner les abstractions coutumières des élites)[24]. « Les langues vernaculaires non écrites représentent toujours un ensemble de variantes communiquant entre elles avec des degrés divers de facilité ou de difficulté »[25]. Les cloisonnements horizontaux correspondent à des strates de la société qui sont non-localisées (en tout cas moins localisées que la population illettrée) qui exigent de ses membres la connaissance d'une langue spécifique parmi celles en cours (langue de cour, d'administration, de création littéraire, de l'enseignement religieux, de langue liturgique, langues des enseignements primaire, secondaire ou universitaire[26]) et un apprentissage ou une cooptation ; et acquérir le tout nécessitait parfois une vie entière de labeur[24].
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+ Les langues y sont associées à des fonctions sociales, pas à des populations (d'ailleurs les noms de plusieurs futurs nationalités signifient paysan), les langues populaires sont multiples et non transcrites, en général. « Il serait aussi incongru pour les maîtres des domaines de parler le langage de leurs paysans que de labourer les terres ou de garder les bestiaux »[26].
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+ Les cultures sont multiples dans ce système : cultures religieuses, de corporatismes, administratives (liées à l’État), liée à un village, etc. La reproduction d'une culture (son enseignement) n'est pas une affaire d’État, mais l'affaire de la strate sociale concernée. L'individu n'éprouve pas, en général, le besoin de se définir identitairement de manière précise par rapport à l'une d'elles et est attaché à plusieurs cultures, parfois même à plusieurs d'entre elles que l'on aurait aujourd'hui tendance à considérer comme concurrentes (y compris le choix de la langue d'expression quand plusieurs langues coexistent pour un même niveau culturel). À part les clercs, les corporations culturelles n'ont pas une pratique politique de leur culture : nulle prétention à une hégémonie ni même à une expansion. Les frontières (matérielles et sociales) culturelles, linguistiques et politiques sont distinctes. Les petites communautés paysannes vivent centrées sur elles-mêmes, sur leurs besoins économiques locaux. L’État a « intérêt à prélever l'impôt, �� maintenir la paix et pas beaucoup plus »[24].
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+ Ces cloisonnements multiples, que l'on peut détailler jusque dans le mode de reproduction des différentes strates, ont été vécus comme naturels et n'ont donné lieu à aucune tentative de révolution, sinon des jacqueries, du moins jusqu'à l’avènement de l'économie industrielle et du nationalisme. Les sociétés agraires ont été le mode de vie normal durant plus de cinq mille ans[24].
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+ Exemples : les cités-États de l'Antiquité, le Moyen Âge occidental, la Chine pré-industrielle, , etc.[24].
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+ Les sentiments d'appartenance à un groupe, qui ont existé dans ces sociétés, sont étudiés par Eric Hobsbawm. Il en ressort que si les illettrés ont laissé peu de traces de leurs avis, ils n'ont que rarement manifesté des sentiments d'appartenance comparables au nationalisme. Les identités revendiquées, et liées à une collectivité, étaient parfois religieuses, tribales ou ethniques, rarement linguistiques (et dans ce cas comme critère secondaire). Par exemple, au XIXe siècle, les premiers parmi les migrants vers les États-Unis que l'on classerait comme Albanais, ne se déclaraient pas comme Albanais. Ce qui est compris c'est qu'aux XIXe – XXe siècles les activistes nationalistes ont cherché à fédérer et à s'appuyer sur des identités collectives diverses qui n'étaient pas nationalistes (proto-nationalistes), avec des succès variés puisque, par exemple, les sentiments tribaux ont été parfois fort réticents à se fondre dans le nationalisme[25].
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+ Les origines de la société industrielle sont sujets de débats d'érudits, « il en sera très probablement ainsi longtemps encore »[27]. Cette société est caractérisée, entre autres, par un haut niveau de productivité (et la croyance en l'accroissement continuel de cette productivité) nécessitant une division du travail en perpétuel changement, et cela sur un rythme soutenu. Ce changement touche aussi bien le rôle économique de l'individu que sa position au sein de la société. Déjà Adam Smith soulignait la précarité de la richesse des bourgeois : la mobilité professionnelle et même sociale touchent parfois l'individu au cours de sa vie, elles sont certaines d'une génération à l'autre. Une société fonctionnant sur cette mobilité ne peut pas s'accorder avec les cloisonnements de l'époque pré-industrielle : l'interchangeabilité des individus devient nécessaire, et un égalitarisme en est la conséquence. La communication du savoir et des savoir-faire est gage d'accroissement de la productivité, de « progrès », elle doit être précise et capable de descriptions formelles (techniques) adressées, hors contexte, à une personne anonyme : la langue devient un outil de communication universel, et non pas local ou réservé à une sorte de tribu sociale, elle devient aussi dé-ritualisée et dé-sacralisée, par contre elle devient écrite (si elle ne l'était pas avant), strictement codifiée et sa codification largement répandue et enseignée afin qu'elle joue son rôle[27].
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+ Selon Gellner, cette culture homogène, marquée par la modernisation, l’industrialisation et le nationalisme laïc, doit être produite par la scolarisation, notamment primaire[28]. L'éducation de l'individu, pour qu'il soit mobile au sein de la société, doit lui permettre de lire la langue répandue, et d'avoir des compétences de bases assez larges pour pouvoir s'adapter à un large éventail de rôles sociaux. Les connaissances sont aussi désacralisées et largement accessibles : pour accéder à une spécialité l'heure n'est plus, comme dans les sociétés non industrielles, aux études de toute une vie, ni aux rituels sacrés d'une corporation. Ainsi, puisque la reproduction culturelle n'est plus en lien avec des corporations sociales, l'éducation est organisée par la plus large corporation possible : l'État. L'éducation d’État est ainsi la garantie de l'interchangeabilité des individus, et l'enseignement devient l'enjeu essentiel de l’État, et sa principale dépense financière : l'unité culturelle de la société est un impératif d’État. « Le monopole de l'éducation légitime est maintenant plus important et plus décisif que le monopole de la violence légitime »[27].
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+ Le nationalisme consiste à réclamer ce fonctionnement de la société, par opposition au fonctionnement des sociétés non industrielles.
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+ Ernest Gellner étudie son modèle de la société industrielle en évoquant les différentes situations initiales possibles (coexistence de populations initialement distinguables) et les aboutissements possibles (scission de la nation, fusion des populations, etc.) et détaille l'égalitarisme, la quasi-interchangeabilité et la mobilité sociale des individus, qu'il nomme « entropie sociale », nécessaires pour le bon fonctionnement économique de la société, et qui deviennent des normes morales[29].
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+ Toutefois, la perspective de Gellner a soulevé de nombreux contre-exemples avec les années, notamment des situations où un fort sentiment de nationalisme accompagne une industrialisation faible ou, inversement, une industrialisation poussée s’accompagne d’un nationalisme religieux. Cela n’empêche pas les États-nations de s’inspirer de certaines de ses idées, pour ce qui est entre autres du lien « entre scolarisation de masse et culture de sentiments d’appartenance nationale »[9].  Sur cette idée, des penseurs comme Bourdieu et Passeron conçoivent l’éducation comme une stratégie de la part des États pour moduler les comportements sociaux afin de reproduire certaines dynamiques de pouvoir, de classes par exemple[30]. Toutefois, cette perspective exclut l'agentivité des citoyens et citoyennes ordinaires, c'est-à-dire leur propre pouvoir d’agir.
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+ Si on considère en général[réf. nécessaire] que le nationalisme est apparu d'abord en Europe occidentale, avec en premier lieu le nationalisme romantique, Ernest Gellner soutient qu'une des premières manifestations culturelles de la transition vers la société industrielle est la Réforme protestante qui a consacré l'universalisation du sacerdoce et « constitue une préfiguration des attitudes et des traits sociaux qui, selon [son] modèle, produisent la période nationaliste »[31]. Benedict Anderson pense, lui, que la réforme protestante et le « capitalisme de l'imprimé » ont profité l'un de l'autre pour accroître leurs audiences respectives[32].
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+ Benedict Anderson soutient que le nationalisme a d'abord émergé dans les colonies européennes sur le continent américain, en lien avec la création d'une communauté linguistique via les progrès de l'imprimerie, focalisant ainsi l'attention sur les guerres d'indépendance en Amérique du Sud et l'indépendance des États-Unis qu'il considère comme la première création d'une nation.
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+ « Voici donc l'énigme : pourquoi est-ce précisément les communautés créoles[33] qui acquirent si tôt le sentiment de former une nation – bien avant la plus grande partie de l'Europe ? Pourquoi ces provinces coloniales, qui rassemblaient généralement de fortes populations opprimées et non hispanophones, ont-elles donné naissance à des créoles qui redéfinirent sciemment ces populations comme autant de ressortissants d'une même nation ?[34] »
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+ L'historien répond lui-même à sa question : cela vient des découpages administratifs (géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.), créés et entretenus par la métropole, et volontairement distincts d'elle, qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer très tôt des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels[35].
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+ En dehors des causes permettant l'émergence du nationalisme, Benedict Anderson insiste sur le rôle des imitations dans les élaborations des politiques nationalistes officielles, au point que certaines semblent machiavéliques (russification forcée sous Alexandre III de Russie, par exemple), d'autres artificielles et inconsistantes (dans l'Empire d'Autriche-Hongrie, le nationalisme hollandais dans sa colonie indonésienne)[36].
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+ Le nationalisme n'a cessé de se manifester depuis le XVIIIe siècle, se présentant d'abord dans les textes et idées pour finalement intervenir puissamment dans le domaine politique. Outre le continent américain, l’Europe du XIXe siècle est un des principaux lieux d'expression politique du nationalisme : surtout à partir du printemps des peuples de 1848, les mouvements nationalistes sont parties prenantes des événements politiques européens, et une bonne partie des États y sont devenus des États-nations dès 1918. Ceux d'Europe centrale, après un entre-deux-guerres où la protection des minorités nationales sous l'égide de la SDN donnera des résultats peu convaincants, se retrouveront envahis sous des prétextes nationalistes, et déchiquetés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils attendront la chute du mur de Berlin, en 1989, qui signe la fin de la période soviétique en Europe, pour renouer officiellement avec des préoccupations nationalistes (alors que durant la période soviétique, et sans que ce soit officiellement admis, des nationalismes se sont manifestés à tous les niveaux politiques en Europe de l'Est)[37]. Au XXe siècle les colonies d'Asie et d'Afrique ont développé des nationalismes amenant aux décolonisations. La conscience nationaliste, dit Bénéi[9], va de pair avec la lutte contre les dirigeants coloniaux, afin de reconquérir les droits humains sous le signe de l’indépendantisme. Dans tous les cas, nombre d'historiens[réf. nécessaire] admettent la typologie de Hroch distinguant trois phases.
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+ Selon Eric Hobsbawm, à partir des années 1870, en Europe et ailleurs, le nationalisme change sur trois points essentiels : il n'y a plus de seuil minimal du nombre de personnes pour qu'un groupe se considérant comme une nation revendique le droit à un État et un territoire ; l'ethnie et la langue deviennent des critères centraux, voire les seuls, pour légitimer une nation ; le thème de la nation, de la patrie, du drapeau subit un glissement politique « vers la droite ». Certaines confusions apparaissent entre les notions de nations, races, langues et religions (par exemple l'antisémitisme n'acquit son caractère racial que vers 1880, il était avant surtout religieux, et race et nation sont utilisés comme « des quasi-synonymes », avec une idée d'hérédité). Les raisons de ses changements importants seraient multiples, notamment le contexte guerrier, la crise économique de la seconde industrialisation et la démocratisation de la vie politique dans un nombre croissant d'États (sans que cela fût une contribution facilement compréhensible)[3].
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+ En accord avec nombre d'historiens[38], Eric Hobsbawm note que « l'élément politico-idéologique est évident dans le processus de construction de la langue » qui peut aller jusqu'à « la création ou l'invention de nouvelles langues », « la politique de la langue devient un exercice de formation de la société » et que « l'importance symbolique des langues prévaut sur leur utilisation effective », et aussi que les différentes classes sociales se sentent différemment concernées par ce thème, les plus fervents activistes venant de la couche intermédiaire modeste socialement mais instruite, en bref la « petite bourgeoisie ». Il insiste sur l'utilisation des structures étatiques (école, administration, armée) par des pouvoirs nationaux, parfois dès les années 1860, pour imposer une langue unique et standardisée (parfois quasiment inventée) à des populations aux parlés diversifiés, mais ne s'y opposant pas (malgré d'amers souvenirs d'enfance de certains intellectuels)[3].
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+ À ce sujet, les avis des historiens divergent quant à leur lien avec le nationalisme.
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+ Benedict Anderson souligne que la nation inspire surtout l'amour, un amour qui « va souvent jusqu'au sacrifice », le nationalisme pensant en termes de « destin historique » alors que le racisme rêve de « domination éternelle » et trouve son origine dans les idéologies de classes, « surtout dans les prétentions des dirigeants à la divinité, et chez les aristocraties », dans un but de répression et de domination intérieures ; ce qui se retrouve aussi dans le racisme des « bourgeois gentilshommes » des empires coloniaux européens, alors que dans les mouvements nationalistes des décolonisations les manifestations de haine envers les colons sont très rares[39]. Cet historien affirme que « des puissants [...] menacés d'être exclus, ou marginalisés » dans les communautés nationales ont développé des « nationalismes officiels » « calqués sur les nationalismes populaires largement spontanés » mais qui furent des « politiques conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires »[8].
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+ L'historien Bernard Michel soutient qu'au XIXe siècle en Europe centrale, le nationalisme a permis le développement de réseaux de sociabilité nationaux concurrents et pacifiques[40], et n'est pas responsable de conflits armés (aux exceptions près des révolutions de 1848 et de la longue guerre entre les Hongrois et l'armée impériale de l'Empire d'Autriche), mais que ceux-ci ont été déclenchés par des puissances impériales (puis au XXe siècle par des États à caractère totalitaire), les haines entre nationalités étant entretenues par les États voulant détourner le mécontentement populaire ou par les mouvements pangermanistes. Le seul conflit purement nationaliste étant la Première Guerre mondiale, entre Français et Allemands[41].
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+ En ce qui concerne l'Europe, l'historienne Anne-Marie Thiesse[42] affirme qu'après une première phase libérale-nationale où les idées libérales sont inspirées de la Révolution française, le printemps des peuples de 1848 met en lumière la problématique du territoire de chaque nation et donc les futurs conflits entre elles, notamment du fait de ce qui sera plus tard appelé les minorités nationales ; ceci étant visible dès cette époque par l'opposition entre le pangermanisme et le panslavisme. L'historienne souligne aussi le fait que certains pouvoirs monarchiques et certaines mouvances nationalistes comprennent qu'ils doivent s'associer pour assurer leur avenir respectif (ces monarques semblant peu ébranlables et les idées nationales s'avérant « puissamment mobilisatrices »). Elle rapporte également l'émergence de divisions au sein des mouvements nationalistes, entre « conservateurs, libéraux modérés ou avancés… ». L'unité allemande de 1871 en est un aboutissement[7].
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+ De son côté, Eric Hobsbawm affirme que « les liens entre racisme et nationalisme sont évidents », et souligne les confusions de cette époque entre nation et race, associés à des idées d'hérédité et de pureté raciale, linguistique, etc. L'historien ne trouve pas surprenant que le nationaliste ait « rapidement gagné du terrain entre 1870 et 1914 » : les changements sociaux et politiques, le grand nombre de migrations augmentant le nombre de frictions entre groupes, la situation internationale ont fourni de multiples occasions de manifester de l'hostilité envers des étrangers, la démocratisation de la politique y contribuant. « Dans les puissances et les États-nations établis, le zèle patriotique des couches [sociales] intermédiaires était plus que bienvenu pour les gouvernants engagés dans l'expansion impériale et les rivalités nationales contre d'autres États »[3]. Cet avis est similaire à celui des historiens Jean-Claude Caron et Michel Vernus[43].
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+ Ernest Gellner affirme que le nationalisme est une vision égoïste de la politique, que la satisfaction de certains nationalistes implique la frustration des autres, et que l'unité politique territoriale ne devient ethniquement homogène que si on tue, expulse ou assimile tous les non-nationaux[44].
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+ En ce qui concerne la France, Gérard Noiriel répertorie des rixes et violences entre ouvriers à la fin du XIXe siècle et constate que s'il y a toujours eu des violences entre ouvriers locaux et ceux venant d'ailleurs, considérer de manière systématique que ailleurs c'est un pays étranger date du milieu des années 1880 : avant, pour les ouvriers, venir d'un pays étranger ou d'une autre région française était équivalent. Toutefois l'historien note que l'on manque d'éléments pour étayer cette analyse[45]. Dans ce contexte de crise économique de la seconde industrialisation et au sujet de la désignation des problèmes et des solutions, l'historien note aussi l'effet boule de neige entre la presse à la recherche de lecteurs, les politiciens à la recherche d'électeurs (la troisième république est établie depuis la fin de l'année 1870) et les ouvriers pouvant se plaindre, et il conclut que « la presse construit les stéréotypes sur lesquels vont s'appuyer les acteurs du champ politique pour élaborer leurs discours » et qu'à cette époque « un large accord existe […] pour affirmer qu'il faut protéger les Français de la concurrence des étrangers »[46].
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+ Le philosophe israélien Yoram Hazony critique pour sa part la connotation négative du terme nationalisme, qu'il estime confondue avec l'impérialisme. Selon lui, cette doctrine serait positive dans le sens où elle se limiterait à « vouloir vivre dans un monde constitué de nations indépendantes » sans volonté d'hégémonie. Il l'oppose à l’« impérialisme libéral », qu'il définit comme la volonté de certains gouvernementaux occidentaux de deconstruire les souverainetés nationales, d'abord chez eux mais aussi de l'imposer au reste du monde, si besoin par la force, citant les exemples de la Yougoslavie, de l'Irak, de la Libye ou encore de l'Afghanistan[47].
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+ Le politologue Denis Monière classe le nationalisme sous deux typologies[48] :
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+ Pierre-André Taguieff distingue trois formes principales de nationalisme[49] :
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+ Le nationalisme contemporain en France peut se subdiviser en deux courants principaux :
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+ Au XXe siècle, le nationalisme se conjoint à l'anti-impérialisme pour former des mouvements de libération nationale.
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+ On peut situer dans ce courant :
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+ Quand l’entité dominante est un État, on parlera, suivant le degré d’autonomie souhaité, de régionalisme, d’autonomisme, de séparatisme (à connotation négative) ou de sécessionnisme.
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97
+ Le souverainisme s'oppose au fédéralisme. En Europe, l'euroscepticisme est une forme de souverainisme, ainsi que le mouvement souverainiste du Québec en Amérique du Nord.
98
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+ Maurice Charland a caractérisé un « nationalisme technologique » comme une tendance vers la construction et la légitimation de l’État-nation par des systèmes de transport et de communication financés et parrainés par les pouvoirs publics[52]. Harold Innis, théoricien de la communication, amorce une réflexion sur le nationalisme technologique et sur la relation économique qui unit le Canada urbain au Canada rural, idées sur lesquelles s'appuie sa théorie des principales ressources[53].
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+ Dans l’étude des nationalismes, de nouvelles approches permettent de comprendre les mouvements sociaux et politiques. Parmi elles :
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+ Le XIXe siècle voit le développement de l'idée nationale allemande et l'unification de l’Empire allemand autour de la dynastie prussienne.
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+ L'idée de l'unité des populations germanophones datait de fin du XVIIIe siècle, le théologien Johann Gottfried Herder en étant un de ses plus notables théoriciens. Toutefois, entre le temps de l'émergence des idées et l'unité politique, il se passera près d'un siècle, la dynastie de Prusse refusant en 1848 de recevoir la couronne impériale des mains des représentants du peuple réunis à Francfort. La création d'Empire allemand se fait finalement sous l'égide du chancelier Otto von Bismarck, qui impose l'unification des États germaniques « par le haut » (par les monarques) après la guerre de 1870.
106
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+ C'est en Prusse que se développe le plus tôt un sentiment national allemand. Battue par Napoléon Ier, la Prusse est affaiblie et cherche à se relever : elle cherchera dès lors à regrouper autour d'elle (quitte à combattre l'Autriche pour cela) le maximum d'États allemands. Stein, ministre d'État prussien de 1804 à 1808 et Hardenberg, ministre des Affaires étrangères de 1804 à 1806, réforment l'État prussien ; Scharnhorst et Gneisenau, général et maréchal prussiens, réorganisent l'armée prussienne de 1807 à 1813 et y insufflent l'idée du sacrifice pour le salut commun des États germaniques.
108
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+ C'est autour de la Prusse que se regroupent les patriotes allemands dans cette guerre patriotique et nationale que l'on appelle très vite les guerres de libération (Befreiungskriege). Apparaissent alors toute une série de libelles et de textes réclamant la constitution d'un État allemand groupant tous les peuples parlant la langue allemande, incluant au besoin des peuples en dehors de ce qui était jusqu'en 1806 le Saint-Empire. Ainsi se développe le Volkstum, rassemblement de tous les hommes de même langue, de même culture.
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+ Au début du XIXe siècle, on disait ainsi que « la Prusse n'était pas un pays qui avait une armée, mais une armée qui avait un pays »[57]. En effet, sur les 7 à 8 000 officiers de l'armée prussienne, en 1806, plus d'un millier d'entre eux étaient étrangers[57]. Les étrangers étaient encore plus nombreux dans les armées de Frédéric le Grand (règne de 1740 à 1786), l'armée ayant été partiellement « nationalisée » sous Frédéric-Guillaume III (1797-1840) à la suite des réformes de Gneisenau et Clausewitz[57].
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+ Il n'y a cependant pas un, mais trois nationalismes très différents en Allemagne : l'un aristocratique (pour lequel l'être humain commençait au baron, comme disait Metternich), le deuxième bourgeois-conservateur, et le troisième populaire-romantique, manifesté au Parlement de Francfort (considéré comme « dangereux » par les aristocrates). Il faudra un siècle pour les unifier et les concrétiser par des mesures politiques : progressivement, la liberté de circulation au sein des États allemands est instaurée, un traité des laissez-passer (1850) étant signé entre la majorité des États, suivi d'un autre en 1865 (non signé par la Prusse) qui abolit la nécessité des passeports, et enfin d'une loi de 1867 négociée sous l'égide de Bismarck qui supprime les restrictions à la liberté de circulation visant les « classes dangereuses ».
114
+
115
+ L'identité binationale en Autriche-Hongrie crée une situation particulière dans cet État, Empire central en Europe. Les germanophones et les Magyars étant les communautés linguistiquement, culturellement, socialement, économiquement et politiquement dominantes, l'Empire est ressenti par les autres peuples regroupés sous l'autorité des Habsbourg et de l'aristocratie autrichienne et hongroise, comme un État étranger à eux et oppresseur. De ce fait, le XIXe siècle voit la naissance ou l'affirmation de sentiments nationaux opposés aux Habsbourg, centrifuges et/ou irrédentistes, avec la « Renaissance nationale » tchèque (publication du Dictionnaire tchéquo-allemand dans les années 1840 par Josef Jungmann) et le Panslavisme chez les autres slaves de l'Empire, tandis qu'Italiens et Roumains regardent respectivement vers l'Italie et la Roumanie auxquelles ils espèrent être un jour rattachés. Cette situation mènera à la dissolution de cet empire à l'issue de la Première Guerre mondiale.
116
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+ En France, le concept de nation est hérité de la Révolution française.
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+ On vit en effet apparaître, au début de la Révolution, une société, le Club de 1789, plutôt modéré, qui se réclamait du patriotisme. Une autre société, que François Perrault décrit comme beaucoup plus radicale, apparut par la suite (1792) : la Société patriotique du Luxembourg.
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+ Il en découle une politique dont les objectifs sont essentiellement l'indépendance, l'unité et la prospérité de sa propre nation et de son peuple. Le nationalisme base l'identité d'un individu sur son rapport à une nation.
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+ Le XIXe siècle voit le développement de l'idée nationale italienne et l'unification de l’État italien autour de la dynastie de Piémont-Sardaigne.
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+ Le nationalisme moderne japonais se développe d'abord durant l'Ère Meiji (1867-1912). À ce moment-là il est défensif, visant à préserver l'indépendance du Japon face à la menace du colonialisme occidental symbolisé par la politique de la canonnière menée par le commodore Perry en 1853 et par les traités inégaux de 1858. Ce nationalisme devient expansionniste sous l'ère Shōwa. Il est basé alors sur la supériorité de la race nipponne, le monarchisme, le militarisme et l’expansionnisme.
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+ Les nationalistes irlandais s'organisent et créeront en 1905 le Sinn Féin et l'IRA (parties revendiquant l'indépendance, l'IRA utilisera la violence pour se faire connaître…). Pendant la Première Guerre mondiale, les Irlandais se révolteront et la répression sera féroce.
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+ Quoique les idéologies nationales du Pays de Galles et de l'Écosse n'aient pas atteint le degré de violence précité, ces deux autres nations formant l'État plurinational de Grande-Bretagne ont également développé des nationalismes ; celui d'Écosse échoue en 1930, là où il réussira en 1997 concernant la souveraineté autonomique, en se réformant considérablement (le visage du nationalisme écossais contemporain est bien différent des années 1930).
130
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131
+ Dans l'Empire russe, multinational, les Slaves orientaux sont majoritaires et le régime tsariste, aristocratique et coupé de la population, laisse la plus grande partie de celle-ci dans l'illettrisme. Néanmoins, le sentiment national russe, véhiculé par les instituteurs et les popes, se répand, y compris chez les Biélorusses (alors appelés Russes blancs) et les Ukrainiens (alors appelés Petits-russes). Il est favorisé par la politique impériale de russification qui, en revanche, heurte les autres peuples de l'empire, et notamment ceux d'Europe (Finnois, Baltes, Polonais, Roumains, une partie des Ukrainiens) et du Caucase, mais aussi, dans une moindre mesure, les musulmans d'Asie centrale (révoltes des Basmatchis dans les actuels Ouzbékistan et Turkménistan). Ces peuples développent d'autant plus facilement leurs propres nationalismes, que leur niveau d'instruction est généralement supérieur à celui des masses russes, par exemple en Pologne. L'antisémitisme du régime et les pogroms à répétition suscitent aussi un nationalisme (et les ligues d'auto-défense) chez les Juifs : ce nationalisme est initialement fortement teinté de socialisme (fondation du Bund). Cette situation provoque des courants d'émigration (surtout chez les Juifs) et mènera, à l'issue de la Première Guerre mondiale, à l'indépendance de la Finlande, des pays baltes, de la Pologne, de l'Ukraine, de la Bessarabie, de la Géorgie et de l'Arménie ; le gouvernement bolchevik parviendra à reprendre la Géorgie, l'Arménie et l'Ukraine en 1920-1924, la moitié orientale de la Pologne en 1939, les pays baltes et la Bessarabie en 1940.
132
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133
+ Pour contrôler les nationalismes, l'URSS se constitue en 1922 en État fédéral, mais ce contrôle ne peut fonctionner que dans le cadre d'un communisme dictatorial, et, aussitôt les libertés civiles revenues à l'issue de la perestroïka et de la glasnost, ils ont ressurgi d'autant plus intensément et ont abouti à l'éclatement de l'État soviétique, comme l'avaient d'ailleurs prédit Andreï Amalrik en 1970[58] et Hélène Carrère d'Encausse en 1978[59].
134
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+ Le XIXe siècle voit la propagation de l'idée nationale dans les Balkans et chaque peuple, défini par son histoire et sa langue, aspire à l'indépendance vis-à-vis de l'Empire ottoman et à son unification au sein d'un seul État. Albanais, Bulgares, Grecs, slaves de Macédoine, Roumains, Serbes s'émancipent par étapes, mais ils sont instrumentalisés par les grandes puissances qui, de plus, cherchent à ménager l'Empire ottoman ; leurs populations sont imbriquées dans de nombreuses régions et leurs frontières posent des problèmes tranchés parfois arbitrairement par le Congrès de Berlin et par les deux guerres balkaniques, ce qui entretient et parfois exacerbe les tensions nationalistes.
136
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+ Si au début du XIXe siècle les dynamiques de rassemblement prédominent (fondation du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), elles ne profitent pas également à tous (Albanais et Bulgares ne parviennent pas à se regrouper tous). Des ressentiments s'accumulent, qui s'exprimeront durant la Seconde Guerre mondiale (Camp de concentration de Jasenovac) et à partir de 1992 et aboutiront à la fragmentation de la Yougoslavie en pas moins de six ou sept États dont quatre utilisent la même langue mais la dénomment différemment, et dont deux sont à peine plus grands qu'un département français ou une province belge (le Kosovo et le Monténégro).
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+ À la fin du XIXe siècle, le nationalisme turc se manifeste dans le mouvement Jeune Turc qui, à ses débuts, est surtout réformateur et non xénophobe. En réaction au recul de l'Empire en Europe (face aux États des Balkans) et au nationalisme des Grecs et des Arméniens de l'empire (qui font craindre des pertes territoriales en Anatolie, qui se produisent en 1919), le nationalisme turc devient de plus en plus xénophobe vis-à-vis des minorités de l'Empire et finit par mener, pendant et après la Première Guerre mondiale, à la première grande purification ethnique du XXe siècle : le génocide arménien et grec accompagné, au terme du traité de Lausanne, de l'expulsion de la grande majorité des chrétiens survivants.
140
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+ Ultérieurement, c'est l'affrontement des nationalismes turc (devenu conservateur) et kurde (devenu majoritairement marxiste) qui mènera, en Anatolie orientale, à des conflits armés.
142
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143
+ En dehors de la philosophie des lumières, le XVIIIe siècle européen voit éclore une littérature qui se veut fondée sur des textes populaires, tutoyant la littérature classique et haussant les peuples au rang d'héritiers de dignes traditions culturelles, ce qui s'avérera comme un pas vers une légitimité d'existence politique. Ce nationalisme se développe dans les salons littéraires, dans les maisons d'édition, et, progressivement, dans la bourgeoisie lettrée européenne.
144
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+ En 1763, la publication par James Macpherson des œuvres du barde écossais Ossian suscite un grand enthousiasme : cette poésie gaélique, supposée ancestrale, sera brandie comme une œuvre équivalente à celles d'Homère ou Virgile, et autres grands classiques de la littérature antique. En 1817, une commission d'experts universitaires conclut que ce texte n'a rien d'authentique. Ce texte est le premier du genre (du moins le premier ayant un tel succès) : bien d'autres suivront à travers toute l'Europe, et cela durant tout le XIXe siècle[60],[61]. Dans toute l'Europe littéraire voient le jour des théories sur les peuples et de leur continuité dans le temps. Un des plus notables théoriciens étant Johann Gottfried Herder, synthétisant les idées neuves de son époque telles que : la lutte contre le monolithisme culturel et le despotisme politique, les aspirations au bonheur et à la liberté, le rejet des séparations entre les ordres sociaux, l'élan vers le progrès et la redécouverte de la nature et des traditions. Chaque redécouverte d'une épopée, d'une tradition populaires reçoit le soutien international des lettrés ; du moins jusqu'au milieu du XIXe siècle : après certaines rivalités se font jour entre les différents nationalismes qui ont de plus en plus d'effets politiques[62].
146
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147
+ Après le Bill of rights limitant le pouvoir du Roi d'Angleterre et la guerre d'indépendance des États-Unis, la Révolution française consacre l'importance politique des sujets d'un roi, en Europe c'est la première prise du pouvoir au nom d'un peuple. Mais son écho sera faible dans les populations européennes. Les guerres napoléoniennes stimuleront, par opposition, les nationalistes européens (à cette époque présents seulement dans une frange restreinte de la population) en les amenant à se poser le problème de l’État comme protecteur, en particulier ceux de langue allemande, mais aussi en Espagne.
148
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149
+ En 1815, par le traité de Vienne la Sainte-Alliance consacre la toute-puissance des trônes sur le destin des pays et ses membres se liguent contre toute volonté expansionniste de la France. Toutefois deux entorses majeures vont révéler les limites de ce principe dynastique, en novembre 1830 lors d'une conférence réunissant à Londres les grandes puissances (Grande-Bretagne, Russie, Autriche, Prusse et France). L'indépendance de la Belgique, réclamée par des manifestations populaires, en est la première, et semblait sans conséquence stratégique bien qu'encourageant les révisionnistes (nationalistes) de l'ordre de Vienne. Les insurgés grecs contre l'Empire ottoman obtinrent aussi le soutien de ces puissances dynastiques réunies du fait « de leur quête d'intérêts particuliers, le plus souvent rivaux »[63].
150
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151
+ Le printemps des peuples de 1848, impulsé en France à (presque) toute l'Europe, est un ensemble de mouvements nationalistes insurrectionnels aux objectifs assez distincts et en général animés par la classe moyenne et universitaire, mais dans certains cas par une petite noblesse opposée à un pouvoir central dynastique dans lequel elle ne se reconnaît pas (cas magyar). La faiblesse numérique qui découle de l'étroite assise populaire de ces mouvements explique qu'ils n'aient pas résisté longtemps aux répressions des armées fidèles aux dynasties, toutefois le cas de la révolte magyar qui a tenu tête aux armées autrichiennes a permis d'illustrer la solidarité des dynasties contre tout nationalisme : l'Empire de Russie est intervenu dans l'Empire d'Autriche pour mater cette révolte (il faut dire que l'Empire russe avait déjà dû réprimer une révolte polonaise en 1830 et ne voulait pas qu'elle fût ranimée). Ces mouvements relativement populaires ont été l'aboutissement d'une évolution nationaliste des idées dans une part croissante de la population ; leur échec général a semblé définitif à nombre de protagonistes[63].
152
+
153
+ Après le printemps des peuples, et parfois avant (comme pour la Russie), des conseillers de couronnes comprennent que le nationalisme est une puissance avec laquelle il faut compter. En plus de leurs stratégies d’alliances déjà connues, les États cherchent alors à favoriser les nationalismes internes aux royaumes rivaux et à contenir ceux qui pourraient diminuer leur propre puissance[63].
154
+
155
+ Dans le but de fissurer le front uni du traité de Vienne contre la France, Napoléon III déclare officiellement vouloir favoriser le nationalisme à travers l'Europe, ce qu'il fera notamment pour constituer un État italien allié et diminuer la puissance du Pape, tenter de faire éclater l'Empire des Habsbourg (en aidant le nationalisme serbe, entre autres), jouant sur le nationalisme polonais pour contrer de l'intérieur l'Empire russe et la Prusse[63].
156
+
157
+ Sous l'impulsion de Bismarck, la Prusse attire à elle les petits États allemands (germanophones), en se présentant comme puissance protectrice et en s'alliant la bourgeoisie commerçante par le biais de traités commerciaux unifiant le marché. Elle rentre alors en concurrence avec l'Empire des Habsbourg en cherchant à s'allier ses populations germanophones[63].
158
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159
+ L'Empire russe et celui des Habsbourg aident et se posent en recours de diverses populations sous la domination de l'Empire ottoman, pour mieux le dépecer. La couronne d'Angleterre s'oppose aux nationalismes pour contrer toute nouvelle montée en puissance de la France et limiter l'extension de l'Empire russe qu'elle voit comme un solide concurrent[63].
160
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161
+ Finalement, ces stratégies guerrières favorisent les nationalismes qui se développent et rivalisent les uns avec les autres pour leurs droits au sein des États. La Prusse devient le centre d'un État Allemand où les représentants de la population prennent un poids politique croissant ; l'Italie se constitue laborieusement et suivant le modèle français (le Risorgimento se conclut en 1870) ; sans pour autant avoir tenté de développer un nationalisme qui lui soit propre, l'Empire des Habsbourg semblait inébranlable aux contemporains, mais il se parcellise progressivement en États nationalistes ; sous la crainte de l'éclatement (à la suite de la révolte polonaise de 1863) l'Empire russe se lance dans une russification forcée de ses populations qui exacerbe même les nationalismes latents dans l'Empire et dans lesquels les révolutions russes (de 1905 et 1917) trouveront des appuis[63]. Au croisement de toutes les tensions se trouvent les Balkans : nationalismes d'émancipation, violents et en concurrence les uns avec les autres, intérêts géostratégiques rivaux de toutes les grandes puissances européennes qui soufflent le chaud et le froid, oppositions symboliques (Europe-Asie, oppositions religieuses), imbrications étroites de différentes populations se réclamant de nationalités différentes ce qui rend plus complexe qu'ailleurs le tracé de frontières les séparant (le problème est similaire dans l'Empire des Habsbourg). Cette région sera quasi continuellement le théâtre de guerres au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle : cette « poudrière de l'Europe » donnera un prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale[64].
162
+
163
+ À partir des années 1870 en France, Allemagne, Italie se développe un nationalisme « agressif »[65], différent de celui des révolutions de 1848 : « nourri des bouleversements sociaux et économiques que produisait le déracinement des populations », « il n'est plus un instrument d'émancipation à l'égard de la société d'Ancien Régime […], il est devenu un instrument d'intégration et de mobilisation des populations à une politique impérialiste »[43].
164
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165
+ En 1914, les nationalismes en Europe sont devenus un rouage social important et pris dans les oppositions entre États, s'opposent les uns aux autres. Durant la Première Guerre mondiale, les États mobiliseront les populations par des arguments nationalistes, et aux différentes étapes de cette guerre, même les pacifistes les plus volontaires (forts rares) ne trouverons pas d'argument anti-nationaliste, seuls Lénine et les Bolcheviks considéreront la paix préférable à la victoire nationaliste. Pour autant, les documents intimes consultables montrent plus une démoralisation chez les soldats qu'une exaltation nationaliste[63].
166
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167
+ Les politologues Danic et Ian Parenteau relèvent que malgré un « positionnement multiple » du nationalisme sur l'axe gauche-droite, « sur le continent européen les idéologies nationalistes prennent la plupart du temps place à droite du clivage politique, positionnement qui se conjugue suivant la gamme offerte sur cette aile, depuis le centre droit jusqu'à l'extrême droite »[66].
168
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169
+ Être chinois, avant le XXe siècle, se reconnaît à trois facteurs principaux : être sous l'influence de l'administration de l'Empereur ; avoir des pratiques culturelles chinoises, dont les rites (mariages, funérailles, etc) mais aussi dans les pratiques quotidiennes, comme l'art culinaire ; être de descendance chinoise. Jusqu'à la dynastie mandchoue, une représentation concentrique du monde prévaut : le noyau central est chinois, un premier cercle l'entourant est constitué des « barbares cuits », c'est-à-dire partiellement acculturés, viennent ensuite les « barbares crus » ayant gardés leurs coutumes propres. Dans cet ordre d'idée, on peut devenir chinois, se siniser. Mais les cultures et les pratiques dites chinoises sont multiples et locales : les critères culturels et rituels sont donc locaux. La généalogie chinoise est alors une création a posteriori : quand on se sent chinois, on sinise ses propres ancêtres et être chinois devient un héritage de longue date[67].
170
+
171
+ Le XXe siècle a vu arriver des notions occidentales nouvelles, dont celle de nation qui est alors comprise comme une conception raciale, biologique, au travers des filiations patrilinéaires. L’Empereur est alors vu comme l'ancêtre mythique de la race chinoise. En 1911, à la création de la République de Chine (provisoire) de Sun Yat-sen, ont été reconnues cinq populations distinctes constituant la population chinoise : les Hans (« majoritaires »), les Mandchous, les Mongols, les Tibétains et les Musulmans. Sous le régime communiste, la Chine est officiellement un « État multinational unifié », avec 56 « nationalités » officielles, et le droit à la nationalité est un droit du sang. Le XXe siècle a été dominé par une intelligentsia persuadée que la culture traditionnelle chinoise est archaïque et ne correspond pas aux défis modernes : la nation chinoise s'oppose alors à la tradition culturelle chinoise et ne s'y réfère pas. L'appartenance à une province, à un pays local est de mise, même si la famille a quitté ce lieu ancestral depuis plusieurs générations, et une appartenance provinciale revendiquée correspond à des réseaux d'entre-aides. De manière plus explicite qu'à l'époque impériale, la Chine s'envisage plurielle sur son propre territoire avec des provinces ayant des marges d'initiatives importantes, mais pas dans le domaine politique[67]. Par exemple, si la sinisation de l'ensemble de la population est avancée, nombre d'ethnies officiellement reconnues ont leur propre langue comme langue d'enseignement du primaire au supérieur, mais aussi dans la presse écrite et audio-visuelle, et les cadres doivent apprendre la langue de la province où ils sont en poste[68].
172
+
173
+ Traditionnellement, l'exil était regardé comme une trahison. Désormais, ce regard s'est adouci bien qu'à partir de 1980 le droit du sol prévale dans le droit à la nationalité et que la double nationalité soit interdite : on parle de « citoyens étrangers d'ascendance chinoise » et la Chine culturelle semble retrouver du crédit[67].
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+ En juin 1916 éclate la Grande Révolte Arabe dans les provinces de la péninsule arabique jusque-là occupées par l'Empire ottoman. Cette révolte, menée par le chérif de La Mecque Hussein Ben Ali, dura de juin 1916 à octobre 1918. Elle éclata à la suite de la montée du nationalisme arabe dans la région, lui-même alimenté par les Britanniques présents sur place, entre autres l'officier Thomas Edward Lawrence dit Lawrence d'Arabie, et dont les intérêts sont nombreux.
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1
+ Le sens moderne de nation est assez proche de celui de peuple, mais ajoute souvent l'idée d'État (souhaité, autonome ou indépendant)[1]. En effet, un peuple peut se concevoir, ou non, en tant que nation, et, à ce titre, se doter, ou non, de la structure d'un État.
2
+
3
+ Ce terme n'est pas défini juridiquement, toutefois l'usage en politique internationale en fait un équivalent d'État souverain. Par exemple, la charte de l'ONU « fixe les droits et les obligations des États Membres » et « le Préambule de la Charte des Nations Unies exprime les idéaux et les buts communs de tous les peuples dont les gouvernements se sont réunis pour former l'Organisation des Nations Unies »[2].
4
+
5
+ Le mot « nation » vient du latin natio, qui dérive du verbe nascere « naître » (supin : natum). Le terme latin natio désigne les petits d'une même portée, et signifie aussi « groupe humain de la même origine »[3]. Chez Cicéron, le terme natio est utilisé aussi pour désigner une « peuplade », un « peuple » ou une « partie d'un peuple »[4].
6
+
7
+ Pour le Nouveau dictionnaire universel des synonymes de la langue française de François Guizot (1822) : « un peuple est une multitude d'hommes, vivant dans le même pays et sous les mêmes lois. Une nation est une multitude d'hommes, ayant la même origine, vivant dans le même État et sous les mêmes lois[5]. ». Deux notions différencient ainsi pour l'auteur la nation du peuple : l'État et l'origine.
8
+
9
+ Pour Le Petit Robert, une nation est « un groupe humain constituant une communauté politique, établie sur un territoire défini (…) et personnifiée par une autorité souveraine ».
10
+
11
+ Pour le Dictionnaire historique de la langue française[6], qui présente un long article : « La notion moderne de nation émerge véritablement au XVIIIe siècle: avec la Révolution la nation devient une entité politique identique au tiers état (1789, Sieyès), au peuple révolutionnaire, et prend sa définition de personne juridique constituée par l'ensemble des individus composant l’État. »
12
+
13
+ Pour le Dictionnaire de la langue française, la nation est un « ensemble de personnes vivant sur un territoire commun, conscient de son unité (historique, culturelle, etc.) et constituant une entité politique[7] ».
14
+
15
+ Pour le Dictionnaire Hachette, « la nation est une communauté humaine caractérisée par la conscience de son identité historique ou culturelle, et souvent par l'unité linguistique ou religieuse. »[réf. nécessaire] « C'est aussi une communauté, définie comme entité politique, réunie sur un territoire et organisée institutionnellement en État. »[réf. nécessaire]
16
+
17
+ Au sens moderne du terme, « nation » a une signification à dominante politique. Le terme peut désigner un État (comme dans l'expression « Organisation des Nations unies ») ou un peuple ayant l'objectif politique de maintenir ou d'instituer un État, ou du moins de se constituer en structure politique autonome. Dans cette seconde signification, une nation est en pratique un peuple dont une partie au moins des membres a des prétentions nationalistes.
18
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19
+ Les nationalistes bretons, juifs, corses, basques, flamands, kurdes, écossais, algériens, catalans ou québécois ont ainsi revendiqué un État pour leur population de référence, certains finissant par l'obtenir.
20
+
21
+ Par exemple, la Chambre des communes du Canada a voté, le 27 novembre 2006, à une majorité écrasante, en faveur d'une motion qui reconnait que « les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni »[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14],[15],[16],[17],[18],[19],[20], cette démarche se voulant surtout symbolique. Au Canada anglais, les critiques ont fusé et beaucoup[Qui ?] craignaient que cela donne un nouvel élan aux souverainistes québécois.
22
+
23
+ Dans le but d'obtenir un État ou des droits spécifiques, les groupes se présentant comme une « nation » ont souvent tenté de définir la dite « nation », et donc de la légitimer, par des critères historiques.
24
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25
+ L'optique des sciences sociales amène à regarder de manière critique l'idée de nation. Le concept même de nation est arbitraire, et donc, la définition dépendra de l'émetteur de cette même définition. Les agents intéressés à en produire une définition arrêtée sont généralement les mêmes agents qui sont impliqués dans cette définition, c'est-à-dire les nationalistes eux-mêmes. Selon Hobsbawm, « la “nation” telle qu'elle est conçue par le nationalisme peut être reconnue à titre prospectif, alors que la nation réelle ne peut être reconnu qu'a posteriori »[21]. Dans une position de type interprétatif, Benedict Anderson[22] propose de parler de communauté politique imaginée. L'approche que choisit d'adopter Anderson défie alors le caractère objectif souvent attribué à l'idée de la nation. Cette communauté a des éléments géographiques avec des frontières plus ou moins variables, mais son élément principal réside dans les caractéristiques qui font que telles personnes sont incluses ou non : Max Weber et Christian Giordano[23] parlent alors d'une « communauté partiellement ouverte vers l’extérieur parce qu’il est inacceptable [dans son imaginaire] que n’importe quel membre du genre humain en fasse partie ».
26
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27
+ Il existe deux modèles principaux pour étudier le concept de la nation, conçus à partir des expériences nationales françaises et allemandes.
28
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29
+ Le premier est issu de la philosophie allemande du début du XIXe siècle, défendu par exemple par Johann Gottlieb Fichte, selon lequel les membres d'une nation ont en commun des caractéristiques telles que la langue, la religion, la culture, l'histoire, voire les origines ethniques, tout cela les différenciant des membres des autres nations[24].
30
+
31
+ Le second, lié à la Révolution française, provient de la philosophie française du XVIIIe siècle et des Lumières et insiste par contre sur la volonté du « vivre ensemble », la nation étant alors le résultat d'un acte d'autodéfinition. C'est ainsi la vision d'Ernest Renan[24].
32
+
33
+ Le premier modèle est parfois nommé « objectif », et le deuxième, « subjectif »[25]. Dès lors, certains préféreront faire la distinction entre nation civique et nation ethnique[26].
34
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35
+ Les analyses actuelles des historiens français sont plutôt basées sur des études socio-historiques de la constitution du sentiment d'identité nationale, en essayant d'en cerner les différents mécanismes individuels et collectifs, conscients et inconscients, volontairement construits et involontaires. Il semble, à l'issue de certaines de ces études, que l'État y joue souvent un rôle moteur, que les communications, en particulier économiques, soient déterminantes[24].
36
+
37
+ Le terme « nation » n'est pas défini juridiquement. La théorie classique du droit international ne reconnait comme sujet que l'État souverain. Si le terme est parfois utilisé, en Europe, en préambule d'actes de fonction constitutionnelle, telle la Constitution française du 4 octobre 1958, il ne joue aucun rôle juridique.
38
+
39
+ S'agissant de la France, la dénomination de la personne morale de droit public est « l’État français » — expression à ne pas confondre avec l'utilisation juridiquement confusionnelle qui en a été faite à la période dite du « Régime de Vichy » — : lorsqu'il s'agit par exemple de condamner « la France » à verser des indemnités, que ce soit en droit international ou en droit interne par exemple à un particulier, c'est l'expression « l'État français » que l'on trouve dans les décisions juridictionnelles.
40
+
41
+ Le peuple, dans l'organisation des pouvoirs c'est (en France) la notion qui désigne au nom de quoi la justice est rendue (« Au nom du peuple français ») ; le pouvoir juridictionnel ne s'exerce pas au nom de l'État personne morale, mais directement au nom de la collectivité de fait des individus qui en sont ressortissants.
42
+
43
+ La nation est au sens constitutionnel, en France, la notion juridique désignant au nom de quoi est exercé le pouvoir législatif — d'où la dénomination actuelle de l'Assemblée nationale, anciennement Chambre des députés. Car selon la perspective politique à la française, en tant que mise en œuvre à titre juridique notamment par la Constitution actuelle de la République française, la nation est un ensemble de citoyens détenant la puissance politique.
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45
+ Dans les langues romanes, le terme nation est indigène et semble avoir été longtemps utilisé pour désigner le lieu de naissance, que ce soit un bourg ou un territoire plus étendu. On note aussi une utilisation pour désigner un groupe de personnes ayant une « souche commune » (nation peut prendre le sens actuel de corporation : la nation des étudiants ou de commerçants établis dans une ville, comme les Nations de Bruxelles regroupant les corps des métiers et négoces). Le sens moderne liant une population et un État, sens courant en français depuis le début du XIXe siècle, n'est admis dans les langues européennes qu'au début du XXe siècle. Mais d'une langue à l'autre il y a une grande différence dans la chronologie des variations de sens et les sens divers admis simultanément. Un dictionnaire hollandais de 1913 souligne la spécificité de l'utilisation française du mot qui désigne alors les gens appartenant à un même État même s'ils ne parlent pas la même langue. En allemand, le terme est importé du latin et donc a longtemps été limité à un usage intellectuel, et au XVIIIe siècle il désigne un ensemble de personnes partageant les mêmes coutumes, mœurs et lois, ce qui ne correspond pas à une répartition géographique vu l'émiettement des communautés linguistiques, et autres, en Europe centrale à cette époque (c'est encore un peu le cas au début du XXIe siècle). En allemand, toujours au XVIIIe siècle, le terme désignant les peuples vivants sur le même territoire est Volk, mais des glissements de sens sont observés entre nation et Volk, et parfois le terme nation désigne des personnes de même condition sociale ou appartenant à une même association ou corporation. Enfin, il est observé que le terme de nation a longtemps été évité dans les discours des présidents américains car il était chargé d'une idée d’État centralisateur et donc lourd de sens pour les États fédérés, il lui était préféré les termes « peuple », « Union », « Confédération », « notre terre commune », etc.[27]
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+ La chercheuse latino-américaine Mónica Quijada[28] propose une explication à la dichotomie entre nation ethnique et nation civique. En effet, elle rappelle que, dans la considération de la nation ethnique, le sentiment national est antérieur au sentiment d'État-Nation. Au contraire, dans la conception de la nation civique, l'individu est perçu comme un membre individuel de la nation.
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+ Pour certains pays, la distinction entre la nation au sens ethnique et au sens civique n’est -officiellement- pas nécessaire : ainsi pour la France, l'Allemagne ou le Japon (jusqu'en 1997, année où l'existence de la minorité ethnique Aïnous a été reconnue), la question de l'identité ethnique ne se pose pas. Ces pays se définissent comme étant un État-nation, étant entendu que « toute nation est par définition multiculturelle, le problème politique étant de savoir si la diversité culturelle, en termes de religion, de différences sociales, d'appartenance nationale, est susceptible d'être transcendée par un projet commun[29],[30] ».
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+ Cependant, le terme nation peut occasionner une ambiguïté lorsqu’il s’agit de pays tels que le Canada. Évoquer la dichotomie ethnique/civique (nation civique / nation ethnique) est susceptible de matérialiser, de donner un sens, de valoriser (non sans risque d'ailleurs) ce qui est d’une part la citoyenneté, et d’autre part l’ethnicité[31].
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+ Avant le XVIIIe siècle, le terme « nation » est essentiellement utilisé dans un sens proche de l'étymologie latine « groupe humain de la même origine », où le mot origine ne doit pas être compris comme obligatoirement dans le sens de origine de naissance et souvent sans connotation politique développée. La politique était alors plus du ressort des rois, des princes et des religions que des sujets[32].
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+ Saint Paul est appelé l'« apôtre des nations »[33]. En effet, dans la Bible « Nation » désigne les peuples infidèles et idolâtres, par opposition aux chrétiens ou aux Juifs.
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+ La faculté des arts de l'ancienne université de Paris, use du terme pour classer, suivant leur origine, les membres qui la composent. On distingue quatre nations : de France, de Picardie, de Normandie et de Germanie[32].
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+ Plus tard, le « Collège des Quatre-Nations », qui correspond à l’actuel palais de l’Institut, est ainsi dénommé en hommage aux « nations » rattachées au royaume par les traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659) : Alsace, Artois, Pignerol, Roussillon (et Cerdagne)[32].
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+ Durant cette période les mots nation et peuple ont des sens partisans vis-à-vis de la politique intérieure française : désignant la population revendiquant légitimement le pouvoir, les membres de ce peuple seront, suivant les opinions des historiens du moment, les membres de l'aristocratie ou ceux des roturiers (en particulier les bourgeois) ; en discutant respectivement de leur légitimité, de leurs origines, de leur histoire, voire de leur composition.
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+ Au cours du XVIIIe siècle, le terme prend une connotation politique dominante.
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+ Des historiens au service du Roi commencent à rapporter les hauts faits de la « nation française ». Surtout Henri de Boulainvilliers développe une histoire de la noblesse en affirmant qu'elle descend des Francs, peuple victorieux dans ses conquêtes, ce qui lui permet d'affirmer que « la noblesse est un privilège naturel et incommunicable d'autre manière que par la naissance » ; et Boulainvilliers critique Philippe le Bel d'avoir anobli des roturiers, ce qui aurait corrompu la noblesse. À ses yeux la noblesse incarne la nation. Gabriel Bonnot de Mably critique radicalement ce point de vue en soutenant qu'après la conquête franque, les différents peuples soumis, en particulier les Gaulois, se sont peu à peu mêlés pour ne faire qu'un. C'est le début de l'opposition entre la conception aristocratique de la nation (que l'on appellerait aujourd'hui « ethnique », et sur le « droit du sang ») et la conception des philosophes des Lumières (plus « assimilationniste », avec les Gaulois comme ancêtres)[24]. Cette opposition est aussi fortement politique puisque la noblesse s'identifie à la nation, c'est-à-dire au pouvoir, alors que la bourgeoisie, à travers les philosophes, en identifiant l'ensemble de la population à la nation, affirme la légitimité de l'intervention des roturiers dans le débat politique.
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+ La théorie des climats est parfois brandie pour expliquer le bienfondé du « droit du sol » (par l'abbé Dubos, entre autres). Jean-Jacques Rousseau met en avant l'unité du peuple à travers le contrat social que ses membres sont appelés à signer. Sous la plume de philosophes la Nation devient l'expression politique du peuple français. À la suite de la brochure « Qu'est-ce que le Tiers-État ? » de Emmanuel-Joseph Sieyès, la Révolution française officialisa ce sens en l'incluant notamment dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Cette version de la nation, devenue la version officielle, a été pour la bourgeoisie un moyen de justifier l'abolition des privilèges de l'aristocratie[24].
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+ En réaction à l'invasion des États allemands par les troupes de Napoléon 1er, et par opposition à la version française qui pouvait justifier l'assimilation des peuples germains à la nation française, des écrivains allemands développèrent des définitions des mots « peuple » et « nation » rejetant l'universalisme français. La définition allemande du peuple se base sur une unité de langue, de coutume, d'origine, etc : nul contrat collectif comme chez Rousseau, nul mélange des peuples d'origine, au contraire les origines sont exaltées. On dit aujourd'hui qu'il s'agit d'une définition « ethnique » du peuple (mot à peu près synonyme de nation) où l'État est vu avec méfiance comme un élément artificiel pouvant corrompre le naturel de la nation : l'organisation politique est plutôt envisagée dans de petites dimensions de telle sorte qu'il puisse y avoir une « présence physique du peuple », ce qui d'ailleurs est un point commun avec Rousseau. Il n'est pas question d'une suprématie d'une race sur une autre, mais plutôt de coexistence de peuples (ainsi définis) sans hiérarchie, bien que certains auteurs valorisent les races pures par rapport aux races mélangées[24].
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+ Le romantisme allemand et la naissance des universités allemandes contribua à enrichir cette conception par de multiples travaux d'études dans diverses peuples européens et non européens (par Wilhelm von Humboldt notamment), par des travaux historiques, philologiques, etc. C'est dans cet esprit que naît en Allemagne la Volkskunde : science du peuple, début de l'ethnographie. Les études du droit valorisent les us-et-coutumes, et à l'État est opposé l'« esprit du peuple », identité collective inconsciente venue du fond des âges. Par la suite, certains auteurs valorisent au contraire l'État comme « donnant un corps à la communauté du peuple » et lui donnant « la capacité d'agir »[24].
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+ Les deux conceptions du peuple et de la nation évoluent au cours du XIXe siècle, et s'influencent l'une l'autre ; en particulier vers 1830-1840 les historiens français apprécient ces méthodes de travail basées sur les études des témoignages, des archives. Augustin Thierry réhabilite l'explication des particularités historiques par la race plutôt que par le climat : à propos de l'Irlande par exemple il dit que « la persistance de deux nations ennemies sur le même sol [...] dérive[nt] comme d'un fond inépuisable de cette hostilité originelle : l'antipathie de race survivant à toutes les révolutions des mœurs, des lois et du langage, se perpétuant à travers les siècles [...] ». Cet historien reste préoccupé par la politique intérieure française dans son souci d'identifier la nation au Tiers-État durant la période de la seconde restauration, et acceptant l'origine franque de la noblesse, et l'origine gauloise du Tiers-État, il décrit la France comme « deux nations sur la même terre », ne nie pas la fusion progressive des différents peuples qui vivaient il y a « bien des siècles » et appelle les historiens à réconcilier les différentes parties de la nation en racontant la « véritable histoire de France » qui exalte son « héros » : « la nation tout entière; tous les aïeux [devant] y figurer tour à tour »[24].
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+ Jules Michelet met plus de trente-cinq ans à écrire son Histoire de France, qu'il aurait pourtant conçue tout entière dans « un moment, l'éclair de juillet ». Son œuvre foisonnante est vue aujourd'hui comme un chef-d'œuvre d'anthropomorphisme et se trouve souvent caricaturée par sa propre phrase :
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+ « L'Angleterre est un empire, l'Allemagne un pays, une race ; la France est une personne. »
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+ Il tente une synthèse des différentes définitions de nation et de peuple : il admet l'existence de races, mais progressivement unifiées en un seul peuple au fil des siècles, bien que toujours marquées par des caractères décrits comme des stéréotypes ; les principaux processus historiques unifiant les différents peuples sont les guerres (« il en est des nations comme de l'individu, il connaît et distingue sa personnalité par la résistance de ce qui n'est pas elle, il connaît le moi par le non-moi. »), la « civilisation » vue comme une « victoire de soi sur soi » par le progrès et la « fusion intime des races » qui permet de vaincre les particularismes. Michelet n'a pas de tendance au passéisme : à ses yeux l'unification de la nation est un processus toujours en cours, le développement industriel contribue au progrès démocratique et les classes populaires sont le ferment de l'identité nationale[34]. Il exalte le comportement révolutionnaire du peuple, et voit dans sa capacité à transformer les nationalités (races) en nation une mission historique de libération de l'humanité. De l'œuvre volumineuse de Michelet, chacun retient ce qui l'arrange : les uns le culte de la nation-personne (développé par Michelet sous la forme : l'esprit, la tête = Paris, les membres = les provinces) ; les autres la dimension sociale et la vision dynamique de l'identité nationale[24].
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+ Les notions de peuple et de nation cessent d'être un sujet de polémique entre Français. La nation allemande constituée et l'annexion de l'Alsace-Lorraine transformeront le plus grand nombre des intellectuels français, en particulier les historiens, en porte-parole de la communauté nationale. Les historiens français rejettent les anciennes querelles et se veulent des rassembleurs de tous les Français autour de la mémoire collective, leur passé, et des combattants face à l'adversaire allemand.
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+ Fustel de Coulanges et Ernest Renan, par exemple, mettent en avant la thèse de la « volonté collective » pour s'opposer à la thèse des historiens allemands.
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+ Dans Qu'est-ce qu'une nation ? (1882) Renan formule l'idée qu'une nation repose sur un passé commun et sur une volonté d'association :
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+ « Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir… »
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+ Une évolution similaire se fait jour chez les historiens allemands, avec par exemple Mommsen comme héraut. C'est cette crispation autour de ces définitions qui a justifié l'idée qu'il y avait une définition française et une définition allemande de la nation, bien distinctes et incompatibles[35].
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+ L'universalisme révolutionnaire, le peuple (au sens de classes populaires, ferment de la nation pour Michelet), le suffrage universel sont rejetés dans les discours comme responsables de la Commune et de la défaite de 1870. Le déterminisme historique, la continuité des traditions, la monarchie[36] sont valorisés dans les écrits. Par exemple, Ernest Renan écrit que les classes populaires sont semblables à « des frelons impatronisés dans une ruche qu'ils n'ont pas construite » et que « l'âme d'une nation ne se conserve pas sans un collège officiellement chargé de le garder. Une dynastie est la meilleure solution pour cela ». La thèse de Taine des « caractères nationaux », version historisante de la race, gagne en prestige[35].
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+ L'Alsace-Lorraine est l'exercice de style obligatoire pour tous les historiens français et allemands de cette époque. Les historiens allemands (dont Mommsen) évoquent des données « objectives » pour justifier que ces territoires font partie de la nation allemande : l'unité de la langue, des coutumes, voire de la race. Les principaux arguments que les historiens français trouveront à opposer sont des arguments de démocratie, issus de la conception révolutionnaire, notamment l'idée du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Ainsi, dans sa célèbre conférence de 1882, Ernest Renan, fraichement converti aux arguments démocratiques[37], écrit que la nation est « un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de la vie », et Fustel de Coulanges déclare que si l'Alsace est allemande de langue et de race, elle est française par le « sentiment de la patrie », et que depuis 1789 elle a suivi « toutes nos destinées, elle a vécu de notre vie »[35].
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+ Si les historiens français opposent aux conceptions allemandes des contre-exemples tels que la Suisse et la Belgique qui dérogent à l'unité de langue et de coutume, les Allemands montrent que les thèses de la nation-personne et de la « volonté générale » impliquent l'oppression des minorités récalcitrantes[35].
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+ Dans cette polémique entre les historiens des deux pays où le terme nation sert à légitimer la revendication de l'Alsace-Lorraine, la nation est considérée comme un état acquis, une réalité constatée tournée vers le passé, et non plus comme un processus en cours. Il s'agit dès lors de déterminer la juste et rigoureuse (et pourquoi pas éternelle) définition[38] de cet état de faits et de valoriser les liens avec les ancêtres (liens généalogiques et symboliques). Cette valorisation de nos filiations avec nos ancêtres a préparé des arguments au nationalisme et au racisme qui apparaissent sur la scène politique, aidés par la crise économique qui frappe le pays : ses courants de pensées présentent les français comme la « race-résultat » d'un processus historique et biologique s'étalant sur dix siècles[39], et le thème « à bas les étrangers » apparaît dans les campagnes électorales, notamment du fait de Maurice Barrès[35].
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+ La nation est un thème brandi par nombre de mouvements politiques et sous la plume de multiples auteurs (par exemple George Montandon[40]) soit par esprit revanchard vis-à-vis de l'Allemagne, soit en se réclamant du nationalisme, voire du racisme, et ce jusqu'en 1945[24].
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+ De nouvelles méthodes de travail universitaire s'imposent et modifient la manière d'appréhender le thème de la nation dans le monde intellectuel, en particulier en droit où s'élabore une définition technique de la nation ; en histoire s'impose une vision ethniste du peuple et de la nation[24].
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+ Une définition juridique de la nation s'ébauche, notamment sous la plume d'Adhémar Esmein qui écrit « l'État est la personnification juridique d'une nation ; c'est le sujet et le support de l'autorité publique », puis, entre autres, avec Carré de Malberg qui voit dans la nation une « collectivité invisible de citoyens » ; « un corps intemporel qui survit à la succession des générations[24] ». Cette approche sera confortée par la création de la Société des Nations en 1919 et par le développement du droit international.
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105
+ Il émerge à partir des dernières années du XIXe siècle une vague d'historiens issus du moule universitaire qui s'est lentement mis en place dans le dernier tiers du siècle. Ces universitaires forment des pôles d'études diversifiées et spécialisées, se soumettent à des normes professionnelles, des méthodes de travail et d'archivage, et en viennent à critiquer le « dilettantisme » des générations précédentes. Ils resteront toutefois dans une posture de glorification de la patrie française et en opposition complète avec la pensée allemande[24].
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+ Les historiens, travaillant de manière collective et en collectant les informations et analyses de chacun suivant sa spécialité, œuvrent à réécrire l'histoire de la France dans un souci d'« objectivité » en suivant la « méthode historique » : ils ne cherchent pas à définir la nation, mais à « consolider la mémoire nationale ». Ainsi, Ernest Lavisse publie-t-il son Histoire de France entre 1901 et 1914. Cette publication arrête sa chronologie au règne de Louis XIV en se voulant consensuelle (entre Français) et au service de la patrie, en confondant souvent le « point de vue national » et le « point de vue universel[24] ».
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+ Le premier tome du Lavisse commence par un exposé de la géographie de la France, disant « la France est là dès le départ, avant l'histoire, dans ses contours, son territoire, son caractère ». C'est là une illustration d'une vision statique de l'identité de la France, qui se poursuit dans des considérations sur la persistance du « tempérament national » malgré les bouleversements dus à l'industrialisation et à l'urbanisme, ajoutant que « l'homme a été chez nous le disciple longtemps fidèle au sol. L'étude du sol contribuera à nous éclairer sur le caractère des mœurs et les tendances des habitants[24] ».
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+ Vers 1913, André Siegfried, historien et sociologue, pionnier de la sociologie électorale, propose ainsi des explications sur le vote des électeurs dans l'ouest de la France par des considérations sur « l'enracinement » et cherche à « deviner par là les tempéraments politiques divers des races et des classes », disant que « quand on en a découvert la clef, l'évolution du passé s'éclaire en même temps que, dans une certaine mesure, le lendemain se laisse pressentir ». Vers 1921, Arnold van Gennep définit la nationalité comme « la conscience d'une permanence autour d'un noyau d'origine ». Vers 1937, Maurice Halbwachs affirme la persistance de « traits d'origine » venant des « êtres collectifs » des différentes populations des régions françaises[24].
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+ Ces visions de l'identité française, à l'opposé de celle de Michelet qui voyait la nation comme une permanente dialectique des différences vers un avenir commun, figent ainsi les « ethnies » qui composent la nation et amènent Siegfried, par exemple, à dire qu'en « politique, les Normands ne sont pas Français » (1913) et plus tard que l'assimilation des Slaves et des Méditerranéens est difficile du fait de « la résistance instinctive de civilisations trop différentes, notamment en ce qui concerne la conception même de l'individu, de la famille ou du clan » (1946). Ces thèses alimenteront celles considérant que les immigrés font peser une menace sur l'identité française[24].
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+ Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, le thème de la nation évoque souvent le nationalisme et rappelle le fascisme et le nazisme, et est touché d'un certain discrédit aux yeux des historiens[41]. À part quelques publications isolées sur ce thème (la fin de la publication du Lavisse, Raymond Aron en 1962, etc.), le sujet n'est plus abordé, sauf s'il concerne les revendications nationalistes dans les colonies ou les mouvements régionalistes (et dans ces cas, le sujet est encore abordé de manière polémique). Les thèmes d'études qui en sont les plus proches sont interdisciplinaires et souvent dictés par une vision marxiste de la société : transnationaux, ils parlent d'économie, des classes sociales[24]...
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+ Dans les années 1980, le thème de la nation retrouve une certaine légitimité : les causes en sont peut-être la construction du marché de l'Europe, la vigueur retrouvée de partis nationalistes, de partis d'extrême-droite européens et l'éclatement de l'Union des républiques socialistes soviétiques. Dans les études socio-historiques qui se développent alors, les nations étudiées sont les États-nations, et la recherche essaie de cerner les intérêts et conflits sociaux, ainsi que les moyens mis en œuvre dans l'élaboration de la nation et son appartenance ou non comme entités naturelles à l'individu. Dans certaines de ces études, l'État et les échanges économiques sont désignés comme des éléments décisifs dans la construction du sentiment identitaire des individus. Ces études tendent à se mettre dans une perspective comparatiste par l'intervention de chercheurs de nationalités différentes. D'origines diverses, on trouve, dans ce mouvement de pensées, Eric Hobsbawm, Norbert Élias, Benedict Anderson, Ernest Gellner, etc. En France, on retrouve sur ce terrain Pierre Bourdieu, Jean-Loup Amselle, Dominique Schnapper, Gérard Noiriel, etc[24]. En 1990, Edgar Morin, constatait que la « théorie générale de la nation reste à écrire »[42].
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+ Dans les années 90, est apparu le néologique nationisme pour marquer une distance avec le concept politique de nation, et surtout de sa pathologie, le nationalisme. Divers penseurs issus de disciplines, pays, ou itinéraires philosophiques différents, l'utilisent pour désigner une approche anthropologique, et apaisée, du fait national : la nation est comprise comme étant une réalité culturelle et sociologique universelle, un mode d’organisation économique, social, politique.[réf. nécessaire] Pierre-André Taguieff l'avait proposé dès 2003[43], il est aussi utilisé par Emmanuel Todd, Régis Debray, Hubert de Champris, Alain Finkielkraut[44], Pierre Manent[45], Marc Chevier[46], Henri Temple[47],[48],[49].
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+ Dans les années 1980 et 1990, de grands phénomènes mondiaux amènent des changements sur la conception de la nation, soit la globalisation et la chute de l'Union soviétique. De plus en plus de spécialistes en sciences sociales affirment que le concept de la nation est appelé à disparaitre, pour laisser place à celui du transnationalisme. Sur ce point, Giordano dit qu'une des caractéristiques principales de ce phénomène est que les individus, voire les groupes, arrivent à facilement à la fois se rattacher à une identité culturelle et à franchir une frontière nationale, de manière nomade (bien que cela ne soit vrai pour des groupes sociaux défavorisés)[23]. Zygmunt Bauman ajoute, pour clarifier cette idée du transnationalisme, que les sociétés deviennent plus fluides, voire se liquéfient[50].
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+ Cette conception du transnationalisme est défiée durant les années 2000 et 2010 par un balancement vers son opposition. Cette période est plutôt marquée par un renouveau de l'idée de la nation, en raison de deux phénomènes rapportés par Giordano, soit la montée des mouvements régionalistes et celle du populisme nationaliste[23].
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+ Fin 2018, un ouvrage collectif publié sous la direction d'Éric Anceau et Henri Temple aboutit à la conclusion unanime des 12 auteurs, que « les nations sont des rocs »[51]. Le transnationalisme n'est pas l'apanage de l'Europe moderne : il a toujours existé comme phénomène culturel ou psychologique. Le transnationalisme n'implique pas, bien au contraire, le supra ou le post nationalisme qui veulent faire disparaître la riche diversité créative des nations. Cet ouvrage insiste sur les dimensions géographiques[52],historiques[53], économiques[54], psychosociologiques[55], juridiques[56], politistes[57] et rationalistes[58] de la réalité des nations et sur l'adhésion par la personne à sa nation.
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+ Seuls l'anglais et le français sont les langues de travail
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+ L’Organisation des Nations unies (ONU) est une organisation internationale regroupant 193 États. La Charte des Nations unies est adoptée le 26 juin 1945 par 51 États, en remplacement de la Société des Nations. Elle entre officiellement en vigueur le 24 octobre 1945.
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+ Les objectifs premiers de l'organisation sont le maintien de la paix et la sécurité internationale. Pour les accomplir, elle promeut la protection des droits de l'homme, la fourniture de l'aide humanitaire, le développement durable et la garantie du droit international.
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+ La Charte définit six organes principaux : l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, le Conseil de tutelle, la Cour internationale de justice et le Secrétariat. Le système des Nations unies inclut plus largement des programmes, fonds, institutions spécialisées et apparentées.
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+ Les six langues officielles sont l'anglais, l'arabe, l'espagnol, le français, le mandarin et le russe. Le Secrétariat des Nations unies ne reconnait que l'anglais et le français comme langue de travail, le Conseil économique et social des Nations unies reconnait l'anglais, l'espagnol et le français, et le reste des organes de l'ONU utilisent les six langues officielles.
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+ Depuis 2017, le secrétaire général des Nations unies est le Portugais António Guterres.
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+ Avant l'ONU, d'autres organisations internationales ont œuvré pour la paix dans le monde. L'action de l'Union interparlementaire, créée en 1889, et du Bureau international de la paix, créé en 1891, a contribué à l'instauration de la Cour permanente d'arbitrage (tribunal de La Haye) en 1899[3]. Après la guerre, elles soutiennent la création de l'Organisation internationale du travail et de la Société des Nations.
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+ La Société des Nations est fondée en 1919 avec la signature du traité de Versailles : son but est de conserver la paix. Elle est active entre 1919 et 1939 (de jure jusqu'en 1946). Mais sa crédibilité est éprouvée par la Seconde Guerre mondiale. Pour pallier cet échec, et afin d'institutionnaliser un nouvel espace de dialogue international, le président américain Franklin Delano Roosevelt souhaite la création d'une nouvelle organisation.
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+ Les premières bases de l'architecture internationale d'après-guerre sont posées le 14 août 1941 avec la signature de la Charte de l'Atlantique par le président des États-Unis et le premier ministre du Royaume-Uni. Les deux dirigeant « sont convaincus que toutes les nations du monde […] devront finir par renoncer à l'usage de la violence. […] En attendant l'institution d'un système permanent de sécurité générale établi sur des bases plus larges, il est essentiel de désarmer ces nations »[4]. Cette déclaration est complétée en septembre par la signature de neuf États européens[Note 1] occupés ou en guerre contre l'Allemagne nazie, ainsi que par les Forces françaises libres.
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21
+ La Déclaration des Nations unies fut signée le 1er janvier 1942 à Washington DC par 26 États[Note 2] se battant contre les forces de l'Axe. C'est la première fois que l'expression « Nations unies », dont la paternité est attribuée à Roosevelt, est utilisée ; elle désigne alors l'engagement des signataires à contribuer ensemble à l'effort de guerre et à ne pas signer de paix séparée avec l'Axe[5].
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23
+ Mais ça n'est qu'avec les conférences de Moscou et Téhéran que la Chine, les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni reconnaissent formellement « la nécessité d'établir aussitôt que possible, en vue de la paix et de la sécurité internationales, une organisation internationale fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous les États pacifiques »[6]. Les quatre États se rencontrèrent ensuite à deux reprises, lors des conférences de Dumbarton Oaks et de Yalta, afin d'adopter une proposition de traité. Pour ne pas reproduire l'échec de la Société des Nations, il fut convenu que la nouvelle organisation devait être structurée autour d'un noyau dur d'États détenant une puissance objective et disposant d'un droit de véto[7]. Finalement, ces cinq pays furent ceux considérés comme les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : les États-Unis, la France, l'URSS (remplacée par la Russie en 1991), la Chine[Note 3] et le Royaume-Uni.
24
+
25
+ Le 21 juin 1945, les États ayant signé la Déclaration des Nations unies et déclaré la guerre à l'Allemagne et au Japon avant mars 1945 sont invités à participer à la conférence de San Francisco[5]. La rencontre s'achève le 26 juin avec la signature de la Charte des Nations unies.
26
+
27
+ L'ONU a été officiellement fondée à San Francisco le 24 octobre 1945 avec la ratification de la Charte des Nations unies[8]. Elle réunit des États pour prévenir les conflits armés et se préserver des violences de la Première et la Seconde Guerres mondiales qui « deux fois en l'espace d'une vie humaine ont infligé à l'humanité d'indicibles souffrances »[9].
28
+
29
+ Le siège provisoire des Nations unies était situé à Londres ; l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité s'y réunissent pour la première fois en janvier 1946. Le 1er février, le Norvégien Trygve Lie devient le premier Secrétaire général des Nations unies. La première résolution, adoptée le 24 janvier, est relative à la découverte de l'atome : l'Assemblée générale recommande d'en éliminer l'usage militaire et d'en développer l'usage civil[10].
30
+
31
+ Le conflit israélo-palestinien fut l'un des premiers dossiers majeurs de l'organisation. En 1946, le transfert du mandat d'administration britannique de la Palestine aux Nations unies donne lieu à la première mission d'observation de l'organisation avec l'envoi du médiateur Folke Bernadotte en Palestine. Assassiné en septembre 1947 à Jérusalem, il est remplacé par son bras-droit Ralph Bunche. Le mois suivant, l'Assemblée générale adopte le plan de partage de la Palestine, refusé par les États arabes. La première guerre israélo-arabe, faisant suite à la proclamation d'indépendance d'Israël, s'achève après la signature d'un cessez-le-feu entre Israël et les États arabes le 7 janvier 1949 sous les auspices de Ralph Bunche. La trêve donne lieu à la première opération de maintien de la paix des Nations unies qui est déployée en 1949 avec l'ONUST.
32
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33
+ C'est le début de la guerre civile grecque en 1947 qui démontre rapidement les dissensions au sein du Conseil de sécurité. Les antagonismes entre les États-Unis et l'URSS verrouillent son action[11]. En 1948, le bloc soviétique s'abstient sur le vote de la déclaration universelles des droits de l'homme et, à partir de 1949, l'ambassadeur russe auprès des Nations unies pratique la politique de la chaise vide pour contester la reconnaissance de la Chine nationaliste (gouvernement de Taïwan) au lieu de la Chine communiste (gouvernement de Pékin). Or, le Conseil de Sécurité adopte le 27 juin 1950 une résolution autorisant à soutenir par la force la Corée du Sud contre l'invasion du Nord ; la séance, qui a lieu en l'absence de l'URSS, ouvre la voie à des opérations militaires sans réserves[12]. Cet évènement marque une évolution dans la pratique du droit de véto : l'absence d'un membre permanent du Conseil de sécurité ne bloque pas de facto l'adoption d'une résolution, il faut que son ambassadeur vote formellement contre. L'URSS s'est donc rendu compte qu'il était dans son intérêt de siéger.
34
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35
+ En 1952, le siège des Nations unies est déménagé à New York. L'année suivante, le Suédois Dag Hammarskjöld est élu Secrétaire général par l'Assemblée Générale : son mandat débute le 10 avril 1953 et s'achève à sa mort le 18 septembre 1961.
36
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37
+ Son mandat est marqué par une importante évolution des opérations de maintien de la paix avec l'introduction d'instruments coercitifs. En 1956, le déploiement de la Force d'urgence des Nations unies (FUNU) en Égypte pour endiguer la crise du canal de Suez marque ainsi un premier tournant : c'est la première mission d'interposition armée[13]. Dans ce prolongement, le déploiement de l'Opération des Nations unies au Congo (ONUC) est d'une plus grande envergure : 20 000 casques bleus sont mobilisés au Congo, contre 6 000 en Égypte[14],[15]. Le mandat de l'ONUC est le premier à briser le principe de neutralité du maintien de la paix et les Nations unies rencontrent des difficultés tactiques, financières et humaines sur le terrain : 250 membres du personnel sont tués, dont le Secrétaire général. L'expérience est un traumatisme pour l'institution, autant chez les fonctionnaires que les États-membres, et laisse place à une période relativement non-interventionniste jusqu'en 1989[16].
38
+
39
+ La fin du mandat d'Hammarskjöld est également marquée par la décolonisation et l'élargissement significatif des Nations unies[17]. Le 30 septembre 1960 passe ainsi de 82 à 99 États membres : sur les 17 nouveaux entrants, 16 sont des États africains nouvellement indépendants. En tout, entre 1960 et 1970, 46 nouveaux États-membres rejoignent l'organisation. En pleine guerre froide, ces derniers contribuent largement à fonder le mouvement des non-alignés et le groupe des 77.
40
+
41
+ En 1964, U-Thant supervise le déploiement des casques bleus à Chypre. L'UNFICYP, toujours active, est la plus longue opération de maintien de la paix de l'histoire des Nations unies.
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+ En 1965, l'Assemblée générale vote la création du Programme des Nations unies pour le développement et, en 1972, celle du Programme des Nations unies pour l'environnement.
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+ Néanmoins, l'ONU est restée pendant très longtemps paralysée durant la guerre froide. Les deux superpuissances, les États-Unis et l'URSS, paralysèrent l'Organisation des Nations unies en usant de leur droit de veto (il fut utilisé 242 fois en 45 ans). Pour tenter de contrer cette paralysie, la résolution Acheson fut adoptée à l'initiative des États-Unis ; elle permettait à l'Assemblée d'émettre des recommandations aux États membres de l'ONU. Cependant, celle-ci ne fut que très peu utilisée en pratique[18],[19].
46
+
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+ Le 3 décembre 1991, l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali est élu Secrétaire général par l'Assemblée Générale des Nations unies. Son mandat débute le 1er janvier 1992 et s'achève le 31 décembre 1996. Pour la première fois de l'histoire onusienne, il invite les chefs d'États et de gouvernements à siéger à la place de leur représentants pour une réunion du Conseil de sécurité le 31 janvier 1992. Ce sommet permet de préparer l'Agenda pour la paix, publié le 17 juin 1992 : il s'agit d'un plan présentant la diplomatie préventive, de rétablissement et de maintien de la paix de l'ONU rénovée.
48
+
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+ La décennie des années 1990 est marquée par la fin de la guerre froide et l'éclatement du bloc de l'Est : 30 nouveaux États membres intègrent l'organisation. Pour endiguer des conflits naissants, des mandats sont votés pour déployer des opérations de maintien de la paix en Yougoslavie, au Rwanda, en Somalie et en Angola.
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+ Le 17 décembre 1996, Kofi Annan est élu secrétaire général par l'Assemblée générale. Sous son mandat, les États-membres adoptent les objectifs du millénaire pour le développement et les statuts de la Cour pénale internationale.
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+ À l'occasion du Sommet mondial de 2005, les États-membres réaffirment l'importance accordée par l'ONU à la promotion du développement, du maintien de la paix, des droits de l'homme et de la sécurité mondiale. Ils adoptent également le principe de la responsabilité de protéger : elle est mobilisée pour la première fois par le Conseil de sécurité en 2011, pour répondre à la guerre civile libyenne.
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+
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+ Le 16 octobre 2006, Ban-Ki Moon est élu secrétaire général par l'Assemblée générale : son mandat débute le 1er janvier 2008 et s'achève le 31 décembre 2016. Les objectifs du développement durable sont adoptés en 2015 et succèdent aux objectifs du millénaire pour le développement.
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+
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+ Depuis 2012 et l'adhésion du Soudan du Sud, l'ONU compte 193 États membres. La même année, la Palestine se voit octroyer le statut d'observateur.
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+ Depuis 2017, le secrétaire général des Nations unies est le Portugais António Guterres.
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+
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+ Alors que la Société des Nations n'était qu'un espace de dialogue où les diplomates pouvaient se rencontrer pour établir des consensus, l'ONU peut, avec le Conseil de sécurité, prendre des décisions concrètes. Celles-ci peuvent déboucher, par exemple, sur l'autorisation d'employer une force armée – les « Casques bleus » – pour maintenir ou rétablir la paix.
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+
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+ Selon l'article 1 de sa Charte, l'ONU s'efforce d'être un lieu où se construit un avenir meilleur pour tous les êtres humains, et ce à travers quatre objectifs[20] :
64
+
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+ L'ONU n'est pas un gouvernement mondial et ne légifère donc pas. Cependant, ses résolutions donnent une légitimité aux interventions des États et sont de plus en plus appliquées dans le droit national et international. Toutes ces actions se pérennisent au travers de la signature de traités ou conventions internationales entre les nations.[incompréhensible]
66
+
67
+ Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale adopte la déclaration universelle des droits de l'homme. Il ne s'agit pas d'un traité : le texte n'a pas une valeur juridique en soi. Néanmoins, il constitue une source d'inspiration pour la promotion, le développement et l'exercice des droits de l'homme[22]. C'est-à-dire qu'elle a produit des effets politiques.
68
+
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+ Ainsi, la déclaration a inspiré neuf principaux traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, et dont l'application est surveillée par un comité d'experts onusien[23] : la ratification par un État l'engage à en appliquer les dispositions[20].
70
+
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+ Ce bloc est complété par neuf protocoles facultatifs[23].
72
+
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+ Sous l'influence du Rapport sur les limites de la croissance et à l'issue de la Conférence des Nations unies sur l'environnement de Stockholm en juin 1972, l'Assemblée générale vote la création du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Son siège est à Nairobi au Kenya.
74
+
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+ En 1983, le Secrétariat général mandate une Commission mondiale sur l’environnement et le développement, présidée par l'ancienne première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland[24]. Son rapport, publié en 1987, définit le développement durable comme la capacité à satisfaire les besoins présents tout en en garantissant les besoins futurs : il est caractérisé par une dimension économique, sociale et environnementale[24].
76
+
77
+ Ces travaux préparent le sommet de la Terre de Rio de 1992 à l'issue duquel les États membres adoptent la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (COP). Le protocole de Kyoto est adopté à la COP3, en 1997, et l'accord de Paris sur le climat est adopté à la COP21, en 2015.
78
+
79
+ L'Organisation des Nations unies comprend six organes principaux[25] :
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+
81
+ Le Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) est placé sous l'égide de l'Assemblée générale et a un rôle consultatif concernant les questions de coopération économique et sociale internationales ; deux types de commissions : les Commissions techniques, comme la commission du développement durable ; les Commissions régionales, comme la CEE-ONU, (UNECE), qui participe à des travaux de standardisation comme les spécifications techniques sur le commerce électronique.
82
+
83
+ En plus de ces six organes principaux, l'ONU compte 15 agences spécialisées[26].
84
+
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+ Enfin, elle compte 5 organisations apparentées[26] :
86
+
87
+ L'ensemble forme le système des Nations unies.
88
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+ Depuis l'adhésion du Monténégro en 2006 et de la République du Soudan du Sud en 2011, l'ONU compte désormais la quasi-totalité des États du monde, soit 193 sur les 197 qu'elle reconnaît – les quatre États reconnus mais non membres étant la Palestine (depuis le 29 novembre 2012) et le Vatican (à travers le Saint-Siège) qui ont un statut d'observateur, ainsi que les îles Cook et Nioué[Note 4]. Le Vatican est toutefois le seul État pleinement souverain et reconnu par les Nations unies bien qu'il n'en soit pas membre, et il n'existe aucun obstacle à son adhésion si les autorités vaticanes souhaitent un jour rejoindre l'organisation.
90
+
91
+ Cependant, certaines entités prétendant à un statut d'État (principalement la République de Chine ayant pour territoire Taïwan, le Kosovo et la République sahraouie qui ne sont reconnus que par certains pays, et le Somaliland ou le Tibet qui ne sont officiellement reconnus par aucun État), ou formant des nations (comme l'Autorité palestinienne avant le 30 novembre 2012) ne sont pas représentées à l'ONU. Ainsi, contrairement à sa dénomination, c'est le statut d'État et non de Nation qui permet l'accès à l'Organisation.
92
+
93
+ Il existe six langues officielles utilisées par l'Organisation des Nations unies. Il s'agit de l'anglais, de l'arabe, du chinois (mandarin), de l'espagnol, du français et du russe[27]. Ces langues sont utilisées lors des réunions des différents organes de l'ONU, en particulier à l'Assemblée générale (Article 51 de son règlement intérieur) et au Conseil de sécurité. Les six langues officielles servent également à la diffusion de documents officiels. Tant que les documents ne sont pas disponibles dans les six langues officielles, ils ne sont pas publiés. Cependant, le Secrétariat des Nations unies n'utilise que deux langues de travail : l'anglais et le français.
94
+
95
+ Le financement de l'Organisation des Nations unies et de ses agences spécialisées est assuré par 3 types d'instruments[28] :
96
+
97
+ Le budget ordinaire des Nations unies (environ 5 milliards d'euros en 2013-2014[29]), est établi tous les deux ans, sur les contributions obligatoires fixées par l'Assemblée générale. À la demande des États-Unis, le niveau maximum de la plus grosse contribution a été fixé à 22 % (le seuil minimal est quant à lui 0,001 % du budget global)[30]. Tous les trois ans, le barème des contributions est révisé par l'Assemblée générale.
98
+
99
+ Depuis plusieurs années les Nations unies connaissent des problèmes financiers. Ils sont principalement dus aux arriérés de paiement des États membres parmi lesquels le plus grand débiteur est les États-Unis avec 61 % du total en 1999[31]. Les contributions obligatoires ne sont pas toujours remplies à temps par les autres États membres. Seuls 31 États sur 192 l'ont fait en février 2007[32]. L'ONU étant de plus en plus souvent engagée dans des opérations de maintien de la paix dans le monde (objectifs qui n'étaient pas formellement prévus dans sa Charte), cela a un impact important sur son budget en raison du coût élevé de ces interventions. Néanmoins il s'agit d'un budget séparé du budget ordinaire. Dans ce domaine également les États-Unis partagent 62 % de la dette avec un autre pays. Cet état de fait a été évoqué dans un bulletin de session du sénat belge en 1998[33] ainsi que dans la section « affaires étrangères » d'un projet de loi de finances du sénat français en 2001[34]. De nombreux États souhaitent une réforme en profondeur des Nations unies[réf. souhaitée].
100
+
101
+ Selon le barème 2013-2015[35], les principaux contributeurs sont : les États-Unis (22 %), le Japon (10,833 %), la France (8,593 %), l'Allemagne (7,1741 %), le Royaume-Uni (5,179 %), la République populaire de Chine (5,148 %), l'Italie (4,448 %), le Canada (2,984 %), l'Espagne (2,973 %) et le Brésil (2,934 %).
102
+
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+ Selon le barème 2016-2018[35], adopté par la résolution 70/245 de l'Assemblée générale, les principaux États contributeurs sont : les États-Unis (22 %), le Japon (9,68 %), la République populaire de Chine (7,921 %), l'Allemagne (6,389 %), la France (4,859 %), le Royaume-Uni (4,463 %), le Brésil (3,823 %), la Fédération de Russie (3,088 %), le Canada (2,921 %) et l'Australie (2,337 %).
104
+
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+ Le siège des Nations unies est à New York et bénéficie du régime d'extraterritorialité. C'est-à-dire que, par exemple, aucun membre de la sécurité américaine ne peut y entrer sans la permission du Secrétaire général.
106
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107
+ À la demande des parlementaires américains, il fut construit à New York le long de l'East River sur un terrain acquis grâce à une donation de John Davison Rockefeller Junior. Il a été inauguré le 9 janvier 1951.
108
+
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+ Cinq des six organes principaux de l'ONU sont situés à New York : seule la Cour internationale de justice (CIJ) siège à La Haye aux Pays-Bas. Il existe trois sièges subsidiaires des Nations unies à Genève (ouvert en 1946), Vienne (ouvert en 1980) et Nairobi (ouvert en 1996).
110
+
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+ De nombreuses agences importantes des Nations unies ont leur siège à Genève, siège européen de l'ONU qui a hérité du siège de l'ancienne Société des Nations (SDN), où se déroulent toujours deux tiers des activités du système des Nations unies[réf. nécessaire] :
112
+
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+ À Berne, en Suisse, se trouve l'Union postale universelle (UPU).
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+ D'autres agences sont situées ailleurs dans le monde, dont :
116
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117
+ Dans son ouvrage No Enchanted Palace. The End of Empire and the Ideological Origins of United Nations, l'historien anglais Mark Mazower défend soutient que les Nations Unies, comme la Société des Nations avant elle, ne sont pas sorties d'une vision libérale immaculée des droits universels, mais sont plutôt une manifestation de « l'internationalisme impérial » de l'époque victorienne, une extension organisationnelle et idéologique de l'Empire britannique. Il prend pour exemples notamment Jan Smuts, l'homme politique sud-africain, qu'il décrit comme un partisan de la supériorité raciale blanche, et Sir Alfred Zimmern, la principale voix britannique de l'internationalisme libéral. Tous deux appartenaient à un groupe plus large d'élites qui tentaient de « consolider un ordre mondial libéral compatible avec l'empire et l'hégémonie anglo-américaine ». Selon Mazower, Smuts croyait que la ligue assurerait « le leadership blanc du monde », agirait comme un instrument pour une « mission civilisatrice mondiale » et soutiendrait le leadership impérial britannique[36].
118
+
119
+ Néanmoins, le fait de s'appuyer sur d'anciennes figures de l'époque de la Société des Nations signifie, pour G. John Ikenberry, passer à côté de l'évolution de l'ONU alors que les rébellions coloniales des années 50 et 60 ont transformé l'Assemblée générale en la voix du « Sud global ». D'autres participants aux origines des Nations unies étaient mus par des buts différents et la Charte des Nations Unies a finalement affirmé l'égalité raciale et des aspirations similaires ont été énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948[36].
120
+
121
+ En novembre 2001, le mensuel Le Monde diplomatique publie un article de l'écrivain et journaliste néo-zélandais Nicky Hager (en), expliquant notamment la façon dont les États-Unis ont profité de la localisation de la Conférence de San Francisco (acte fondateur de l'organisation en avril 1945) sur leur territoire pour espionner massivement les diplomates présents dans leurs communications avec leur capitale respective. « Recueillis par les compagnies télégraphiques, leurs télégrammes, cryptés, furent décodés par des officiers opérant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, puis transmis aux négociateurs américains. Ce fut un succès total... »[37].
122
+
123
+ L'avenir de l'ONU passe de plus en plus par une réforme en profondeur de son fonctionnement. Jusqu'à maintenant, elle fut repoussée, mais le problème du budget, en particulier de sa dette, et celui du fonctionnement du Conseil de sécurité avec l'arrivée de nouveaux membres permanents et l'extension de son domaine de compétence, deviennent de plus en plus pressants. Durant son mandat, l'ancien secrétaire général, Kofi Annan, a commandé de nombreuses études sur les voies à suivre pour réformer l'organisation. Mais, par manque de consensus au sein des membres permanents du Conseil de sécurité, elles sont pour l'instant restées lettre morte. En particulier, John R. Bolton, représentant permanent des États-Unis en août 2005, soutient une position ne faisant pas l'unanimité et gèle ainsi les possibilités de réforme.
124
+
125
+ Le 7 mars 2006, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a proposé, dans un rapport à l'Assemblée générale, aux États membres une vaste réforme de l'administration de l'ONU, attendue par les dirigeants mondiaux après que l'Organisation eut été secouée par une série de scandales. M. Annan a présenté une série de mesures allant de la délocalisation de certains services au renforcement du système de passation des marchés. Celui-ci a été ces dernières années mis à mal par le scandale du programme « pétrole contre nourriture » de l'ONU en Irak et lorsqu'une enquête interne a découvert des pratiques contestables dans le secteur du maintien de la paix, ayant occasionné des dizaines de millions de dollars de pertes pour l'Organisation.
126
+
127
+ Intitulé « Investir dans l'Organisation des Nations unies pour lui donner les moyens de sa vocation mondiale », ce rapport de 48 pages reconnaît l'inadaptation des structures administratives actuelles aux défis que l'ONU est censée relever chaque jour, 61 ans après sa création. Il souligne l'augmentation vertigineuse, depuis la fin de la guerre froide, des activités de terrain de l'ONU, notamment des opérations de maintien de la paix, qui représentent plus de 50 % des dépenses totales de l'ONU (en 2004-2005), soit presque de 10 milliards de dollars américains (près de trois fois le budget ordinaire)[38], sans tenir compte des agences onusiennes (Unicef, PAM, PNUD…), qui ont leur propre budget. M. Annan propose de « refondre complètement l'ensemble du secrétariat, ses règles, sa structure, ses rouages, pour qu'il soit mieux adapté aux réalités d'aujourd'hui » et de « remettre entièrement à neuf » l'ensemble de l'organisation.
128
+
129
+ L'organisation s'est montrée largement impuissante lors de drames récents : échec de la prévention et de la protection en 1994 au Rwanda lors du terrible génocide des Tutsis qui s'est soldé par 800 000 morts. Incapacité également de prévenir et de stopper les conflits en ex-Yougoslavie de 1991 à 1995, et particulièrement d'assurer la protection des enclaves musulmanes de Bosnie-Herzégovine. Le massacre de Srebrenica (juillet 1995), pour lequel la qualification de génocide est en débat, s'est déroulé dans l'incapacité des 400 Casques bleus néerlandais d'intervenir.
130
+
131
+ En 2010, lorsqu'un séisme provoqua un désastre humanitaire à Haïti, l'ONU s'est montrée incapable de coordonner l'aide rapidement, c'est finalement l'armée américaine qui jouera un rôle clé. L'organisation internationale avait été dépassée à peine un mois auparavant lors de la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques, les États-Unis et la Chine avaient alors conclu des accords seuls[39].
132
+
133
+ L'ONU est très souvent critiquée pour son inaction, certains conflits se produisant sans aucune intervention de sa part. Dans une interview menée par ARTE, la journaliste Celhia de Lavarène, ancienne employée de l'organisation, dénonce les raisons de cet immobilisme, parmi lesquelles les nominations de personnes non compétentes et les copinages avec des pays enfreignant les droits de l'homme[40].
134
+
135
+ D'après la spécialiste en relations internationales Anne-Cécile Robert, les principes fondateurs des Nations unies sont violés par des pays siégeant au conseil de sécurité de l'ONU, notamment dans les cas de la Yougoslavie, de l'Irak et de la Libye[41].
136
+
137
+ En 2009, d'après des câbles émanant du département d’État révélés par Wikileaks, les États-Unis ont massivement collecté des informations relatives à des diplomates de l'ONU, en particulier nord-coréens, cubains et syriens : emails, mots de passe Internet et intranet, numéros de cartes bancaires, numéros de cartes de fidélité de compagnies aériennes, plannings de travail, empreintes digitales, portraits, ADN, scanners de l'iris, etc[42].
138
+
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+ En tant qu'organisation internationale majeure, l'ONU apparait régulièrement dans de nombreuses œuvres. De plus, la Journée des Nations unies est célébrée le 24 octobre de chaque année[43].
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+ Seuls l'anglais et le français sont les langues de travail
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+ L’Organisation des Nations unies (ONU) est une organisation internationale regroupant 193 États. La Charte des Nations unies est adoptée le 26 juin 1945 par 51 États, en remplacement de la Société des Nations. Elle entre officiellement en vigueur le 24 octobre 1945.
6
+
7
+ Les objectifs premiers de l'organisation sont le maintien de la paix et la sécurité internationale. Pour les accomplir, elle promeut la protection des droits de l'homme, la fourniture de l'aide humanitaire, le développement durable et la garantie du droit international.
8
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9
+ La Charte définit six organes principaux : l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, le Conseil de tutelle, la Cour internationale de justice et le Secrétariat. Le système des Nations unies inclut plus largement des programmes, fonds, institutions spécialisées et apparentées.
10
+
11
+ Les six langues officielles sont l'anglais, l'arabe, l'espagnol, le français, le mandarin et le russe. Le Secrétariat des Nations unies ne reconnait que l'anglais et le français comme langue de travail, le Conseil économique et social des Nations unies reconnait l'anglais, l'espagnol et le français, et le reste des organes de l'ONU utilisent les six langues officielles.
12
+
13
+ Depuis 2017, le secrétaire général des Nations unies est le Portugais António Guterres.
14
+
15
+ Avant l'ONU, d'autres organisations internationales ont œuvré pour la paix dans le monde. L'action de l'Union interparlementaire, créée en 1889, et du Bureau international de la paix, créé en 1891, a contribué à l'instauration de la Cour permanente d'arbitrage (tribunal de La Haye) en 1899[3]. Après la guerre, elles soutiennent la création de l'Organisation internationale du travail et de la Société des Nations.
16
+
17
+ La Société des Nations est fondée en 1919 avec la signature du traité de Versailles : son but est de conserver la paix. Elle est active entre 1919 et 1939 (de jure jusqu'en 1946). Mais sa crédibilité est éprouvée par la Seconde Guerre mondiale. Pour pallier cet échec, et afin d'institutionnaliser un nouvel espace de dialogue international, le président américain Franklin Delano Roosevelt souhaite la création d'une nouvelle organisation.
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19
+ Les premières bases de l'architecture internationale d'après-guerre sont posées le 14 août 1941 avec la signature de la Charte de l'Atlantique par le président des États-Unis et le premier ministre du Royaume-Uni. Les deux dirigeant « sont convaincus que toutes les nations du monde […] devront finir par renoncer à l'usage de la violence. […] En attendant l'institution d'un système permanent de sécurité générale établi sur des bases plus larges, il est essentiel de désarmer ces nations »[4]. Cette déclaration est complétée en septembre par la signature de neuf États européens[Note 1] occupés ou en guerre contre l'Allemagne nazie, ainsi que par les Forces françaises libres.
20
+
21
+ La Déclaration des Nations unies fut signée le 1er janvier 1942 à Washington DC par 26 États[Note 2] se battant contre les forces de l'Axe. C'est la première fois que l'expression « Nations unies », dont la paternité est attribuée à Roosevelt, est utilisée ; elle désigne alors l'engagement des signataires à contribuer ensemble à l'effort de guerre et à ne pas signer de paix séparée avec l'Axe[5].
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23
+ Mais ça n'est qu'avec les conférences de Moscou et Téhéran que la Chine, les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni reconnaissent formellement « la nécessité d'établir aussitôt que possible, en vue de la paix et de la sécurité internationales, une organisation internationale fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous les États pacifiques »[6]. Les quatre États se rencontrèrent ensuite à deux reprises, lors des conférences de Dumbarton Oaks et de Yalta, afin d'adopter une proposition de traité. Pour ne pas reproduire l'échec de la Société des Nations, il fut convenu que la nouvelle organisation devait être structurée autour d'un noyau dur d'États détenant une puissance objective et disposant d'un droit de véto[7]. Finalement, ces cinq pays furent ceux considérés comme les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : les États-Unis, la France, l'URSS (remplacée par la Russie en 1991), la Chine[Note 3] et le Royaume-Uni.
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25
+ Le 21 juin 1945, les États ayant signé la Déclaration des Nations unies et déclaré la guerre à l'Allemagne et au Japon avant mars 1945 sont invités à participer à la conférence de San Francisco[5]. La rencontre s'achève le 26 juin avec la signature de la Charte des Nations unies.
26
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27
+ L'ONU a été officiellement fondée à San Francisco le 24 octobre 1945 avec la ratification de la Charte des Nations unies[8]. Elle réunit des États pour prévenir les conflits armés et se préserver des violences de la Première et la Seconde Guerres mondiales qui « deux fois en l'espace d'une vie humaine ont infligé à l'humanité d'indicibles souffrances »[9].
28
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29
+ Le siège provisoire des Nations unies était situé à Londres ; l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité s'y réunissent pour la première fois en janvier 1946. Le 1er février, le Norvégien Trygve Lie devient le premier Secrétaire général des Nations unies. La première résolution, adoptée le 24 janvier, est relative à la découverte de l'atome : l'Assemblée générale recommande d'en éliminer l'usage militaire et d'en développer l'usage civil[10].
30
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31
+ Le conflit israélo-palestinien fut l'un des premiers dossiers majeurs de l'organisation. En 1946, le transfert du mandat d'administration britannique de la Palestine aux Nations unies donne lieu à la première mission d'observation de l'organisation avec l'envoi du médiateur Folke Bernadotte en Palestine. Assassiné en septembre 1947 à Jérusalem, il est remplacé par son bras-droit Ralph Bunche. Le mois suivant, l'Assemblée générale adopte le plan de partage de la Palestine, refusé par les États arabes. La première guerre israélo-arabe, faisant suite à la proclamation d'indépendance d'Israël, s'achève après la signature d'un cessez-le-feu entre Israël et les États arabes le 7 janvier 1949 sous les auspices de Ralph Bunche. La trêve donne lieu à la première opération de maintien de la paix des Nations unies qui est déployée en 1949 avec l'ONUST.
32
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33
+ C'est le début de la guerre civile grecque en 1947 qui démontre rapidement les dissensions au sein du Conseil de sécurité. Les antagonismes entre les États-Unis et l'URSS verrouillent son action[11]. En 1948, le bloc soviétique s'abstient sur le vote de la déclaration universelles des droits de l'homme et, à partir de 1949, l'ambassadeur russe auprès des Nations unies pratique la politique de la chaise vide pour contester la reconnaissance de la Chine nationaliste (gouvernement de Taïwan) au lieu de la Chine communiste (gouvernement de Pékin). Or, le Conseil de Sécurité adopte le 27 juin 1950 une résolution autorisant à soutenir par la force la Corée du Sud contre l'invasion du Nord ; la séance, qui a lieu en l'absence de l'URSS, ouvre la voie à des opérations militaires sans réserves[12]. Cet évènement marque une évolution dans la pratique du droit de véto : l'absence d'un membre permanent du Conseil de sécurité ne bloque pas de facto l'adoption d'une résolution, il faut que son ambassadeur vote formellement contre. L'URSS s'est donc rendu compte qu'il était dans son intérêt de siéger.
34
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35
+ En 1952, le siège des Nations unies est déménagé à New York. L'année suivante, le Suédois Dag Hammarskjöld est élu Secrétaire général par l'Assemblée Générale : son mandat débute le 10 avril 1953 et s'achève à sa mort le 18 septembre 1961.
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37
+ Son mandat est marqué par une importante évolution des opérations de maintien de la paix avec l'introduction d'instruments coercitifs. En 1956, le déploiement de la Force d'urgence des Nations unies (FUNU) en Égypte pour endiguer la crise du canal de Suez marque ainsi un premier tournant : c'est la première mission d'interposition armée[13]. Dans ce prolongement, le déploiement de l'Opération des Nations unies au Congo (ONUC) est d'une plus grande envergure : 20 000 casques bleus sont mobilisés au Congo, contre 6 000 en Égypte[14],[15]. Le mandat de l'ONUC est le premier à briser le principe de neutralité du maintien de la paix et les Nations unies rencontrent des difficultés tactiques, financières et humaines sur le terrain : 250 membres du personnel sont tués, dont le Secrétaire général. L'expérience est un traumatisme pour l'institution, autant chez les fonctionnaires que les États-membres, et laisse place à une période relativement non-interventionniste jusqu'en 1989[16].
38
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39
+ La fin du mandat d'Hammarskjöld est également marquée par la décolonisation et l'élargissement significatif des Nations unies[17]. Le 30 septembre 1960 passe ainsi de 82 à 99 États membres : sur les 17 nouveaux entrants, 16 sont des États africains nouvellement indépendants. En tout, entre 1960 et 1970, 46 nouveaux États-membres rejoignent l'organisation. En pleine guerre froide, ces derniers contribuent largement à fonder le mouvement des non-alignés et le groupe des 77.
40
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+ En 1964, U-Thant supervise le déploiement des casques bleus à Chypre. L'UNFICYP, toujours active, est la plus longue opération de maintien de la paix de l'histoire des Nations unies.
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+ En 1965, l'Assemblée générale vote la création du Programme des Nations unies pour le développement et, en 1972, celle du Programme des Nations unies pour l'environnement.
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+ Néanmoins, l'ONU est restée pendant très longtemps paralysée durant la guerre froide. Les deux superpuissances, les États-Unis et l'URSS, paralysèrent l'Organisation des Nations unies en usant de leur droit de veto (il fut utilisé 242 fois en 45 ans). Pour tenter de contrer cette paralysie, la résolution Acheson fut adoptée à l'initiative des États-Unis ; elle permettait à l'Assemblée d'émettre des recommandations aux États membres de l'ONU. Cependant, celle-ci ne fut que très peu utilisée en pratique[18],[19].
46
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+ Le 3 décembre 1991, l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali est élu Secrétaire général par l'Assemblée Générale des Nations unies. Son mandat débute le 1er janvier 1992 et s'achève le 31 décembre 1996. Pour la première fois de l'histoire onusienne, il invite les chefs d'États et de gouvernements à siéger à la place de leur représentants pour une réunion du Conseil de sécurité le 31 janvier 1992. Ce sommet permet de préparer l'Agenda pour la paix, publié le 17 juin 1992 : il s'agit d'un plan présentant la diplomatie préventive, de rétablissement et de maintien de la paix de l'ONU rénovée.
48
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+ La décennie des années 1990 est marquée par la fin de la guerre froide et l'éclatement du bloc de l'Est : 30 nouveaux États membres intègrent l'organisation. Pour endiguer des conflits naissants, des mandats sont votés pour déployer des opérations de maintien de la paix en Yougoslavie, au Rwanda, en Somalie et en Angola.
50
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+ Le 17 décembre 1996, Kofi Annan est élu secrétaire général par l'Assemblée générale. Sous son mandat, les États-membres adoptent les objectifs du millénaire pour le développement et les statuts de la Cour pénale internationale.
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+ À l'occasion du Sommet mondial de 2005, les États-membres réaffirment l'importance accordée par l'ONU à la promotion du développement, du maintien de la paix, des droits de l'homme et de la sécurité mondiale. Ils adoptent également le principe de la responsabilité de protéger : elle est mobilisée pour la première fois par le Conseil de sécurité en 2011, pour répondre à la guerre civile libyenne.
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+
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+ Le 16 octobre 2006, Ban-Ki Moon est élu secrétaire général par l'Assemblée générale : son mandat débute le 1er janvier 2008 et s'achève le 31 décembre 2016. Les objectifs du développement durable sont adoptés en 2015 et succèdent aux objectifs du millénaire pour le développement.
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+ Depuis 2012 et l'adhésion du Soudan du Sud, l'ONU compte 193 États membres. La même année, la Palestine se voit octroyer le statut d'observateur.
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+ Depuis 2017, le secrétaire général des Nations unies est le Portugais António Guterres.
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+ Alors que la Société des Nations n'était qu'un espace de dialogue où les diplomates pouvaient se rencontrer pour établir des consensus, l'ONU peut, avec le Conseil de sécurité, prendre des décisions concrètes. Celles-ci peuvent déboucher, par exemple, sur l'autorisation d'employer une force armée – les « Casques bleus » – pour maintenir ou rétablir la paix.
62
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+ Selon l'article 1 de sa Charte, l'ONU s'efforce d'être un lieu où se construit un avenir meilleur pour tous les êtres humains, et ce à travers quatre objectifs[20] :
64
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+ L'ONU n'est pas un gouvernement mondial et ne légifère donc pas. Cependant, ses résolutions donnent une légitimité aux interventions des États et sont de plus en plus appliquées dans le droit national et international. Toutes ces actions se pérennisent au travers de la signature de traités ou conventions internationales entre les nations.[incompréhensible]
66
+
67
+ Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale adopte la déclaration universelle des droits de l'homme. Il ne s'agit pas d'un traité : le texte n'a pas une valeur juridique en soi. Néanmoins, il constitue une source d'inspiration pour la promotion, le développement et l'exercice des droits de l'homme[22]. C'est-à-dire qu'elle a produit des effets politiques.
68
+
69
+ Ainsi, la déclaration a inspiré neuf principaux traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, et dont l'application est surveillée par un comité d'experts onusien[23] : la ratification par un État l'engage à en appliquer les dispositions[20].
70
+
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+ Ce bloc est complété par neuf protocoles facultatifs[23].
72
+
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+ Sous l'influence du Rapport sur les limites de la croissance et à l'issue de la Conférence des Nations unies sur l'environnement de Stockholm en juin 1972, l'Assemblée générale vote la création du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Son siège est à Nairobi au Kenya.
74
+
75
+ En 1983, le Secrétariat général mandate une Commission mondiale sur l’environnement et le développement, présidée par l'ancienne première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland[24]. Son rapport, publié en 1987, définit le développement durable comme la capacité à satisfaire les besoins présents tout en en garantissant les besoins futurs : il est caractérisé par une dimension économique, sociale et environnementale[24].
76
+
77
+ Ces travaux préparent le sommet de la Terre de Rio de 1992 à l'issue duquel les États membres adoptent la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (COP). Le protocole de Kyoto est adopté à la COP3, en 1997, et l'accord de Paris sur le climat est adopté à la COP21, en 2015.
78
+
79
+ L'Organisation des Nations unies comprend six organes principaux[25] :
80
+
81
+ Le Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) est placé sous l'égide de l'Assemblée générale et a un rôle consultatif concernant les questions de coopération économique et sociale internationales ; deux types de commissions : les Commissions techniques, comme la commission du développement durable ; les Commissions régionales, comme la CEE-ONU, (UNECE), qui participe à des travaux de standardisation comme les spécifications techniques sur le commerce électronique.
82
+
83
+ En plus de ces six organes principaux, l'ONU compte 15 agences spécialisées[26].
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+ Enfin, elle compte 5 organisations apparentées[26] :
86
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87
+ L'ensemble forme le système des Nations unies.
88
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+ Depuis l'adhésion du Monténégro en 2006 et de la République du Soudan du Sud en 2011, l'ONU compte désormais la quasi-totalité des États du monde, soit 193 sur les 197 qu'elle reconnaît – les quatre États reconnus mais non membres étant la Palestine (depuis le 29 novembre 2012) et le Vatican (à travers le Saint-Siège) qui ont un statut d'observateur, ainsi que les îles Cook et Nioué[Note 4]. Le Vatican est toutefois le seul État pleinement souverain et reconnu par les Nations unies bien qu'il n'en soit pas membre, et il n'existe aucun obstacle à son adhésion si les autorités vaticanes souhaitent un jour rejoindre l'organisation.
90
+
91
+ Cependant, certaines entités prétendant à un statut d'État (principalement la République de Chine ayant pour territoire Taïwan, le Kosovo et la République sahraouie qui ne sont reconnus que par certains pays, et le Somaliland ou le Tibet qui ne sont officiellement reconnus par aucun État), ou formant des nations (comme l'Autorité palestinienne avant le 30 novembre 2012) ne sont pas représentées à l'ONU. Ainsi, contrairement à sa dénomination, c'est le statut d'État et non de Nation qui permet l'accès à l'Organisation.
92
+
93
+ Il existe six langues officielles utilisées par l'Organisation des Nations unies. Il s'agit de l'anglais, de l'arabe, du chinois (mandarin), de l'espagnol, du français et du russe[27]. Ces langues sont utilisées lors des réunions des différents organes de l'ONU, en particulier à l'Assemblée générale (Article 51 de son règlement intérieur) et au Conseil de sécurité. Les six langues officielles servent également à la diffusion de documents officiels. Tant que les documents ne sont pas disponibles dans les six langues officielles, ils ne sont pas publiés. Cependant, le Secrétariat des Nations unies n'utilise que deux langues de travail : l'anglais et le français.
94
+
95
+ Le financement de l'Organisation des Nations unies et de ses agences spécialisées est assuré par 3 types d'instruments[28] :
96
+
97
+ Le budget ordinaire des Nations unies (environ 5 milliards d'euros en 2013-2014[29]), est établi tous les deux ans, sur les contributions obligatoires fixées par l'Assemblée générale. À la demande des États-Unis, le niveau maximum de la plus grosse contribution a été fixé à 22 % (le seuil minimal est quant à lui 0,001 % du budget global)[30]. Tous les trois ans, le barème des contributions est révisé par l'Assemblée générale.
98
+
99
+ Depuis plusieurs années les Nations unies connaissent des problèmes financiers. Ils sont principalement dus aux arriérés de paiement des États membres parmi lesquels le plus grand débiteur est les États-Unis avec 61 % du total en 1999[31]. Les contributions obligatoires ne sont pas toujours remplies à temps par les autres États membres. Seuls 31 États sur 192 l'ont fait en février 2007[32]. L'ONU étant de plus en plus souvent engagée dans des opérations de maintien de la paix dans le monde (objectifs qui n'étaient pas formellement prévus dans sa Charte), cela a un impact important sur son budget en raison du coût élevé de ces interventions. Néanmoins il s'agit d'un budget séparé du budget ordinaire. Dans ce domaine également les États-Unis partagent 62 % de la dette avec un autre pays. Cet état de fait a été évoqué dans un bulletin de session du sénat belge en 1998[33] ainsi que dans la section « affaires étrangères » d'un projet de loi de finances du sénat français en 2001[34]. De nombreux États souhaitent une réforme en profondeur des Nations unies[réf. souhaitée].
100
+
101
+ Selon le barème 2013-2015[35], les principaux contributeurs sont : les États-Unis (22 %), le Japon (10,833 %), la France (8,593 %), l'Allemagne (7,1741 %), le Royaume-Uni (5,179 %), la République populaire de Chine (5,148 %), l'Italie (4,448 %), le Canada (2,984 %), l'Espagne (2,973 %) et le Brésil (2,934 %).
102
+
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+ Selon le barème 2016-2018[35], adopté par la résolution 70/245 de l'Assemblée générale, les principaux États contributeurs sont : les États-Unis (22 %), le Japon (9,68 %), la République populaire de Chine (7,921 %), l'Allemagne (6,389 %), la France (4,859 %), le Royaume-Uni (4,463 %), le Brésil (3,823 %), la Fédération de Russie (3,088 %), le Canada (2,921 %) et l'Australie (2,337 %).
104
+
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+ Le siège des Nations unies est à New York et bénéficie du régime d'extraterritorialité. C'est-à-dire que, par exemple, aucun membre de la sécurité américaine ne peut y entrer sans la permission du Secrétaire général.
106
+
107
+ À la demande des parlementaires américains, il fut construit à New York le long de l'East River sur un terrain acquis grâce à une donation de John Davison Rockefeller Junior. Il a été inauguré le 9 janvier 1951.
108
+
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+ Cinq des six organes principaux de l'ONU sont situés à New York : seule la Cour internationale de justice (CIJ) siège à La Haye aux Pays-Bas. Il existe trois sièges subsidiaires des Nations unies à Genève (ouvert en 1946), Vienne (ouvert en 1980) et Nairobi (ouvert en 1996).
110
+
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+ De nombreuses agences importantes des Nations unies ont leur siège à Genève, siège européen de l'ONU qui a hérité du siège de l'ancienne Société des Nations (SDN), où se déroulent toujours deux tiers des activités du système des Nations unies[réf. nécessaire] :
112
+
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+ À Berne, en Suisse, se trouve l'Union postale universelle (UPU).
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+ D'autres agences sont situées ailleurs dans le monde, dont :
116
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117
+ Dans son ouvrage No Enchanted Palace. The End of Empire and the Ideological Origins of United Nations, l'historien anglais Mark Mazower défend soutient que les Nations Unies, comme la Société des Nations avant elle, ne sont pas sorties d'une vision libérale immaculée des droits universels, mais sont plutôt une manifestation de « l'internationalisme impérial » de l'époque victorienne, une extension organisationnelle et idéologique de l'Empire britannique. Il prend pour exemples notamment Jan Smuts, l'homme politique sud-africain, qu'il décrit comme un partisan de la supériorité raciale blanche, et Sir Alfred Zimmern, la principale voix britannique de l'internationalisme libéral. Tous deux appartenaient à un groupe plus large d'élites qui tentaient de « consolider un ordre mondial libéral compatible avec l'empire et l'hégémonie anglo-américaine ». Selon Mazower, Smuts croyait que la ligue assurerait « le leadership blanc du monde », agirait comme un instrument pour une « mission civilisatrice mondiale » et soutiendrait le leadership impérial britannique[36].
118
+
119
+ Néanmoins, le fait de s'appuyer sur d'anciennes figures de l'époque de la Société des Nations signifie, pour G. John Ikenberry, passer à côté de l'évolution de l'ONU alors que les rébellions coloniales des années 50 et 60 ont transformé l'Assemblée générale en la voix du « Sud global ». D'autres participants aux origines des Nations unies étaient mus par des buts différents et la Charte des Nations Unies a finalement affirmé l'égalité raciale et des aspirations similaires ont été énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948[36].
120
+
121
+ En novembre 2001, le mensuel Le Monde diplomatique publie un article de l'écrivain et journaliste néo-zélandais Nicky Hager (en), expliquant notamment la façon dont les États-Unis ont profité de la localisation de la Conférence de San Francisco (acte fondateur de l'organisation en avril 1945) sur leur territoire pour espionner massivement les diplomates présents dans leurs communications avec leur capitale respective. « Recueillis par les compagnies télégraphiques, leurs télégrammes, cryptés, furent décodés par des officiers opérant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, puis transmis aux négociateurs américains. Ce fut un succès total... »[37].
122
+
123
+ L'avenir de l'ONU passe de plus en plus par une réforme en profondeur de son fonctionnement. Jusqu'à maintenant, elle fut repoussée, mais le problème du budget, en particulier de sa dette, et celui du fonctionnement du Conseil de sécurité avec l'arrivée de nouveaux membres permanents et l'extension de son domaine de compétence, deviennent de plus en plus pressants. Durant son mandat, l'ancien secrétaire général, Kofi Annan, a commandé de nombreuses études sur les voies à suivre pour réformer l'organisation. Mais, par manque de consensus au sein des membres permanents du Conseil de sécurité, elles sont pour l'instant restées lettre morte. En particulier, John R. Bolton, représentant permanent des États-Unis en août 2005, soutient une position ne faisant pas l'unanimité et gèle ainsi les possibilités de réforme.
124
+
125
+ Le 7 mars 2006, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a proposé, dans un rapport à l'Assemblée générale, aux États membres une vaste réforme de l'administration de l'ONU, attendue par les dirigeants mondiaux après que l'Organisation eut été secouée par une série de scandales. M. Annan a présenté une série de mesures allant de la délocalisation de certains services au renforcement du système de passation des marchés. Celui-ci a été ces dernières années mis à mal par le scandale du programme « pétrole contre nourriture » de l'ONU en Irak et lorsqu'une enquête interne a découvert des pratiques contestables dans le secteur du maintien de la paix, ayant occasionné des dizaines de millions de dollars de pertes pour l'Organisation.
126
+
127
+ Intitulé « Investir dans l'Organisation des Nations unies pour lui donner les moyens de sa vocation mondiale », ce rapport de 48 pages reconnaît l'inadaptation des structures administratives actuelles aux défis que l'ONU est censée relever chaque jour, 61 ans après sa création. Il souligne l'augmentation vertigineuse, depuis la fin de la guerre froide, des activités de terrain de l'ONU, notamment des opérations de maintien de la paix, qui représentent plus de 50 % des dépenses totales de l'ONU (en 2004-2005), soit presque de 10 milliards de dollars américains (près de trois fois le budget ordinaire)[38], sans tenir compte des agences onusiennes (Unicef, PAM, PNUD…), qui ont leur propre budget. M. Annan propose de « refondre complètement l'ensemble du secrétariat, ses règles, sa structure, ses rouages, pour qu'il soit mieux adapté aux réalités d'aujourd'hui » et de « remettre entièrement à neuf » l'ensemble de l'organisation.
128
+
129
+ L'organisation s'est montrée largement impuissante lors de drames récents : échec de la prévention et de la protection en 1994 au Rwanda lors du terrible génocide des Tutsis qui s'est soldé par 800 000 morts. Incapacité également de prévenir et de stopper les conflits en ex-Yougoslavie de 1991 à 1995, et particulièrement d'assurer la protection des enclaves musulmanes de Bosnie-Herzégovine. Le massacre de Srebrenica (juillet 1995), pour lequel la qualification de génocide est en débat, s'est déroulé dans l'incapacité des 400 Casques bleus néerlandais d'intervenir.
130
+
131
+ En 2010, lorsqu'un séisme provoqua un désastre humanitaire à Haïti, l'ONU s'est montrée incapable de coordonner l'aide rapidement, c'est finalement l'armée américaine qui jouera un rôle clé. L'organisation internationale avait été dépassée à peine un mois auparavant lors de la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques, les États-Unis et la Chine avaient alors conclu des accords seuls[39].
132
+
133
+ L'ONU est très souvent critiquée pour son inaction, certains conflits se produisant sans aucune intervention de sa part. Dans une interview menée par ARTE, la journaliste Celhia de Lavarène, ancienne employée de l'organisation, dénonce les raisons de cet immobilisme, parmi lesquelles les nominations de personnes non compétentes et les copinages avec des pays enfreignant les droits de l'homme[40].
134
+
135
+ D'après la spécialiste en relations internationales Anne-Cécile Robert, les principes fondateurs des Nations unies sont violés par des pays siégeant au conseil de sécurité de l'ONU, notamment dans les cas de la Yougoslavie, de l'Irak et de la Libye[41].
136
+
137
+ En 2009, d'après des câbles émanant du département d’État révélés par Wikileaks, les États-Unis ont massivement collecté des informations relatives à des diplomates de l'ONU, en particulier nord-coréens, cubains et syriens : emails, mots de passe Internet et intranet, numéros de cartes bancaires, numéros de cartes de fidélité de compagnies aériennes, plannings de travail, empreintes digitales, portraits, ADN, scanners de l'iris, etc[42].
138
+
139
+ En tant qu'organisation internationale majeure, l'ONU apparait régulièrement dans de nombreuses œuvres. De plus, la Journée des Nations unies est célébrée le 24 octobre de chaque année[43].
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3
+ Seuls l'anglais et le français sont les langues de travail
4
+
5
+ L’Organisation des Nations unies (ONU) est une organisation internationale regroupant 193 États. La Charte des Nations unies est adoptée le 26 juin 1945 par 51 États, en remplacement de la Société des Nations. Elle entre officiellement en vigueur le 24 octobre 1945.
6
+
7
+ Les objectifs premiers de l'organisation sont le maintien de la paix et la sécurité internationale. Pour les accomplir, elle promeut la protection des droits de l'homme, la fourniture de l'aide humanitaire, le développement durable et la garantie du droit international.
8
+
9
+ La Charte définit six organes principaux : l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, le Conseil de tutelle, la Cour internationale de justice et le Secrétariat. Le système des Nations unies inclut plus largement des programmes, fonds, institutions spécialisées et apparentées.
10
+
11
+ Les six langues officielles sont l'anglais, l'arabe, l'espagnol, le français, le mandarin et le russe. Le Secrétariat des Nations unies ne reconnait que l'anglais et le français comme langue de travail, le Conseil économique et social des Nations unies reconnait l'anglais, l'espagnol et le français, et le reste des organes de l'ONU utilisent les six langues officielles.
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13
+ Depuis 2017, le secrétaire général des Nations unies est le Portugais António Guterres.
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+ Avant l'ONU, d'autres organisations internationales ont œuvré pour la paix dans le monde. L'action de l'Union interparlementaire, créée en 1889, et du Bureau international de la paix, créé en 1891, a contribué à l'instauration de la Cour permanente d'arbitrage (tribunal de La Haye) en 1899[3]. Après la guerre, elles soutiennent la création de l'Organisation internationale du travail et de la Société des Nations.
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17
+ La Société des Nations est fondée en 1919 avec la signature du traité de Versailles : son but est de conserver la paix. Elle est active entre 1919 et 1939 (de jure jusqu'en 1946). Mais sa crédibilité est éprouvée par la Seconde Guerre mondiale. Pour pallier cet échec, et afin d'institutionnaliser un nouvel espace de dialogue international, le président américain Franklin Delano Roosevelt souhaite la création d'une nouvelle organisation.
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+ Les premières bases de l'architecture internationale d'après-guerre sont posées le 14 août 1941 avec la signature de la Charte de l'Atlantique par le président des États-Unis et le premier ministre du Royaume-Uni. Les deux dirigeant « sont convaincus que toutes les nations du monde […] devront finir par renoncer à l'usage de la violence. […] En attendant l'institution d'un système permanent de sécurité générale établi sur des bases plus larges, il est essentiel de désarmer ces nations »[4]. Cette déclaration est complétée en septembre par la signature de neuf États européens[Note 1] occupés ou en guerre contre l'Allemagne nazie, ainsi que par les Forces françaises libres.
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21
+ La Déclaration des Nations unies fut signée le 1er janvier 1942 à Washington DC par 26 États[Note 2] se battant contre les forces de l'Axe. C'est la première fois que l'expression « Nations unies », dont la paternité est attribuée à Roosevelt, est utilisée ; elle désigne alors l'engagement des signataires à contribuer ensemble à l'effort de guerre et à ne pas signer de paix séparée avec l'Axe[5].
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23
+ Mais ça n'est qu'avec les conférences de Moscou et Téhéran que la Chine, les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni reconnaissent formellement « la nécessité d'établir aussitôt que possible, en vue de la paix et de la sécurité internationales, une organisation internationale fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous les États pacifiques »[6]. Les quatre États se rencontrèrent ensuite à deux reprises, lors des conférences de Dumbarton Oaks et de Yalta, afin d'adopter une proposition de traité. Pour ne pas reproduire l'échec de la Société des Nations, il fut convenu que la nouvelle organisation devait être structurée autour d'un noyau dur d'États détenant une puissance objective et disposant d'un droit de véto[7]. Finalement, ces cinq pays furent ceux considérés comme les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : les États-Unis, la France, l'URSS (remplacée par la Russie en 1991), la Chine[Note 3] et le Royaume-Uni.
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+ Le 21 juin 1945, les États ayant signé la Déclaration des Nations unies et déclaré la guerre à l'Allemagne et au Japon avant mars 1945 sont invités à participer à la conférence de San Francisco[5]. La rencontre s'achève le 26 juin avec la signature de la Charte des Nations unies.
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27
+ L'ONU a été officiellement fondée à San Francisco le 24 octobre 1945 avec la ratification de la Charte des Nations unies[8]. Elle réunit des États pour prévenir les conflits armés et se préserver des violences de la Première et la Seconde Guerres mondiales qui « deux fois en l'espace d'une vie humaine ont infligé à l'humanité d'indicibles souffrances »[9].
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29
+ Le siège provisoire des Nations unies était situé à Londres ; l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité s'y réunissent pour la première fois en janvier 1946. Le 1er février, le Norvégien Trygve Lie devient le premier Secrétaire général des Nations unies. La première résolution, adoptée le 24 janvier, est relative à la découverte de l'atome : l'Assemblée générale recommande d'en éliminer l'usage militaire et d'en développer l'usage civil[10].
30
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31
+ Le conflit israélo-palestinien fut l'un des premiers dossiers majeurs de l'organisation. En 1946, le transfert du mandat d'administration britannique de la Palestine aux Nations unies donne lieu à la première mission d'observation de l'organisation avec l'envoi du médiateur Folke Bernadotte en Palestine. Assassiné en septembre 1947 à Jérusalem, il est remplacé par son bras-droit Ralph Bunche. Le mois suivant, l'Assemblée générale adopte le plan de partage de la Palestine, refusé par les États arabes. La première guerre israélo-arabe, faisant suite à la proclamation d'indépendance d'Israël, s'achève après la signature d'un cessez-le-feu entre Israël et les États arabes le 7 janvier 1949 sous les auspices de Ralph Bunche. La trêve donne lieu à la première opération de maintien de la paix des Nations unies qui est déployée en 1949 avec l'ONUST.
32
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33
+ C'est le début de la guerre civile grecque en 1947 qui démontre rapidement les dissensions au sein du Conseil de sécurité. Les antagonismes entre les États-Unis et l'URSS verrouillent son action[11]. En 1948, le bloc soviétique s'abstient sur le vote de la déclaration universelles des droits de l'homme et, à partir de 1949, l'ambassadeur russe auprès des Nations unies pratique la politique de la chaise vide pour contester la reconnaissance de la Chine nationaliste (gouvernement de Taïwan) au lieu de la Chine communiste (gouvernement de Pékin). Or, le Conseil de Sécurité adopte le 27 juin 1950 une résolution autorisant à soutenir par la force la Corée du Sud contre l'invasion du Nord ; la séance, qui a lieu en l'absence de l'URSS, ouvre la voie à des opérations militaires sans réserves[12]. Cet évènement marque une évolution dans la pratique du droit de véto : l'absence d'un membre permanent du Conseil de sécurité ne bloque pas de facto l'adoption d'une résolution, il faut que son ambassadeur vote formellement contre. L'URSS s'est donc rendu compte qu'il était dans son intérêt de siéger.
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+ En 1952, le siège des Nations unies est déménagé à New York. L'année suivante, le Suédois Dag Hammarskjöld est élu Secrétaire général par l'Assemblée Générale : son mandat débute le 10 avril 1953 et s'achève à sa mort le 18 septembre 1961.
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+ Son mandat est marqué par une importante évolution des opérations de maintien de la paix avec l'introduction d'instruments coercitifs. En 1956, le déploiement de la Force d'urgence des Nations unies (FUNU) en Égypte pour endiguer la crise du canal de Suez marque ainsi un premier tournant : c'est la première mission d'interposition armée[13]. Dans ce prolongement, le déploiement de l'Opération des Nations unies au Congo (ONUC) est d'une plus grande envergure : 20 000 casques bleus sont mobilisés au Congo, contre 6 000 en Égypte[14],[15]. Le mandat de l'ONUC est le premier à briser le principe de neutralité du maintien de la paix et les Nations unies rencontrent des difficultés tactiques, financières et humaines sur le terrain : 250 membres du personnel sont tués, dont le Secrétaire général. L'expérience est un traumatisme pour l'institution, autant chez les fonctionnaires que les États-membres, et laisse place à une période relativement non-interventionniste jusqu'en 1989[16].
38
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39
+ La fin du mandat d'Hammarskjöld est également marquée par la décolonisation et l'élargissement significatif des Nations unies[17]. Le 30 septembre 1960 passe ainsi de 82 à 99 États membres : sur les 17 nouveaux entrants, 16 sont des États africains nouvellement indépendants. En tout, entre 1960 et 1970, 46 nouveaux États-membres rejoignent l'organisation. En pleine guerre froide, ces derniers contribuent largement à fonder le mouvement des non-alignés et le groupe des 77.
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+ En 1964, U-Thant supervise le déploiement des casques bleus à Chypre. L'UNFICYP, toujours active, est la plus longue opération de maintien de la paix de l'histoire des Nations unies.
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+ En 1965, l'Assemblée générale vote la création du Programme des Nations unies pour le développement et, en 1972, celle du Programme des Nations unies pour l'environnement.
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+ Néanmoins, l'ONU est restée pendant très longtemps paralysée durant la guerre froide. Les deux superpuissances, les États-Unis et l'URSS, paralysèrent l'Organisation des Nations unies en usant de leur droit de veto (il fut utilisé 242 fois en 45 ans). Pour tenter de contrer cette paralysie, la résolution Acheson fut adoptée à l'initiative des États-Unis ; elle permettait à l'Assemblée d'émettre des recommandations aux États membres de l'ONU. Cependant, celle-ci ne fut que très peu utilisée en pratique[18],[19].
46
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+ Le 3 décembre 1991, l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali est élu Secrétaire général par l'Assemblée Générale des Nations unies. Son mandat débute le 1er janvier 1992 et s'achève le 31 décembre 1996. Pour la première fois de l'histoire onusienne, il invite les chefs d'États et de gouvernements à siéger à la place de leur représentants pour une réunion du Conseil de sécurité le 31 janvier 1992. Ce sommet permet de préparer l'Agenda pour la paix, publié le 17 juin 1992 : il s'agit d'un plan présentant la diplomatie préventive, de rétablissement et de maintien de la paix de l'ONU rénovée.
48
+
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+ La décennie des années 1990 est marquée par la fin de la guerre froide et l'éclatement du bloc de l'Est : 30 nouveaux États membres intègrent l'organisation. Pour endiguer des conflits naissants, des mandats sont votés pour déployer des opérations de maintien de la paix en Yougoslavie, au Rwanda, en Somalie et en Angola.
50
+
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+ Le 17 décembre 1996, Kofi Annan est élu secrétaire général par l'Assemblée générale. Sous son mandat, les États-membres adoptent les objectifs du millénaire pour le développement et les statuts de la Cour pénale internationale.
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53
+ À l'occasion du Sommet mondial de 2005, les États-membres réaffirment l'importance accordée par l'ONU à la promotion du développement, du maintien de la paix, des droits de l'homme et de la sécurité mondiale. Ils adoptent également le principe de la responsabilité de protéger : elle est mobilisée pour la première fois par le Conseil de sécurité en 2011, pour répondre à la guerre civile libyenne.
54
+
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+ Le 16 octobre 2006, Ban-Ki Moon est élu secrétaire général par l'Assemblée générale : son mandat débute le 1er janvier 2008 et s'achève le 31 décembre 2016. Les objectifs du développement durable sont adoptés en 2015 et succèdent aux objectifs du millénaire pour le développement.
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+
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+ Depuis 2012 et l'adhésion du Soudan du Sud, l'ONU compte 193 États membres. La même année, la Palestine se voit octroyer le statut d'observateur.
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+ Depuis 2017, le secrétaire général des Nations unies est le Portugais António Guterres.
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+
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+ Alors que la Société des Nations n'était qu'un espace de dialogue où les diplomates pouvaient se rencontrer pour établir des consensus, l'ONU peut, avec le Conseil de sécurité, prendre des décisions concrètes. Celles-ci peuvent déboucher, par exemple, sur l'autorisation d'employer une force armée – les « Casques bleus » – pour maintenir ou rétablir la paix.
62
+
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+ Selon l'article 1 de sa Charte, l'ONU s'efforce d'être un lieu où se construit un avenir meilleur pour tous les êtres humains, et ce à travers quatre objectifs[20] :
64
+
65
+ L'ONU n'est pas un gouvernement mondial et ne légifère donc pas. Cependant, ses résolutions donnent une légitimité aux interventions des États et sont de plus en plus appliquées dans le droit national et international. Toutes ces actions se pérennisent au travers de la signature de traités ou conventions internationales entre les nations.[incompréhensible]
66
+
67
+ Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale adopte la déclaration universelle des droits de l'homme. Il ne s'agit pas d'un traité : le texte n'a pas une valeur juridique en soi. Néanmoins, il constitue une source d'inspiration pour la promotion, le développement et l'exercice des droits de l'homme[22]. C'est-à-dire qu'elle a produit des effets politiques.
68
+
69
+ Ainsi, la déclaration a inspiré neuf principaux traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, et dont l'application est surveillée par un comité d'experts onusien[23] : la ratification par un État l'engage à en appliquer les dispositions[20].
70
+
71
+ Ce bloc est complété par neuf protocoles facultatifs[23].
72
+
73
+ Sous l'influence du Rapport sur les limites de la croissance et à l'issue de la Conférence des Nations unies sur l'environnement de Stockholm en juin 1972, l'Assemblée générale vote la création du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Son siège est à Nairobi au Kenya.
74
+
75
+ En 1983, le Secrétariat général mandate une Commission mondiale sur l’environnement et le développement, présidée par l'ancienne première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland[24]. Son rapport, publié en 1987, définit le développement durable comme la capacité à satisfaire les besoins présents tout en en garantissant les besoins futurs : il est caractérisé par une dimension économique, sociale et environnementale[24].
76
+
77
+ Ces travaux préparent le sommet de la Terre de Rio de 1992 à l'issue duquel les États membres adoptent la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (COP). Le protocole de Kyoto est adopté à la COP3, en 1997, et l'accord de Paris sur le climat est adopté à la COP21, en 2015.
78
+
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+ L'Organisation des Nations unies comprend six organes principaux[25] :
80
+
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+ Le Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) est placé sous l'égide de l'Assemblée générale et a un rôle consultatif concernant les questions de coopération économique et sociale internationales ; deux types de commissions : les Commissions techniques, comme la commission du développement durable ; les Commissions régionales, comme la CEE-ONU, (UNECE), qui participe à des travaux de standardisation comme les spécifications techniques sur le commerce électronique.
82
+
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+ En plus de ces six organes principaux, l'ONU compte 15 agences spécialisées[26].
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+ Enfin, elle compte 5 organisations apparentées[26] :
86
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87
+ L'ensemble forme le système des Nations unies.
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+
89
+ Depuis l'adhésion du Monténégro en 2006 et de la République du Soudan du Sud en 2011, l'ONU compte désormais la quasi-totalité des États du monde, soit 193 sur les 197 qu'elle reconnaît – les quatre États reconnus mais non membres étant la Palestine (depuis le 29 novembre 2012) et le Vatican (à travers le Saint-Siège) qui ont un statut d'observateur, ainsi que les îles Cook et Nioué[Note 4]. Le Vatican est toutefois le seul État pleinement souverain et reconnu par les Nations unies bien qu'il n'en soit pas membre, et il n'existe aucun obstacle à son adhésion si les autorités vaticanes souhaitent un jour rejoindre l'organisation.
90
+
91
+ Cependant, certaines entités prétendant à un statut d'État (principalement la République de Chine ayant pour territoire Taïwan, le Kosovo et la République sahraouie qui ne sont reconnus que par certains pays, et le Somaliland ou le Tibet qui ne sont officiellement reconnus par aucun État), ou formant des nations (comme l'Autorité palestinienne avant le 30 novembre 2012) ne sont pas représentées à l'ONU. Ainsi, contrairement à sa dénomination, c'est le statut d'État et non de Nation qui permet l'accès à l'Organisation.
92
+
93
+ Il existe six langues officielles utilisées par l'Organisation des Nations unies. Il s'agit de l'anglais, de l'arabe, du chinois (mandarin), de l'espagnol, du français et du russe[27]. Ces langues sont utilisées lors des réunions des différents organes de l'ONU, en particulier à l'Assemblée générale (Article 51 de son règlement intérieur) et au Conseil de sécurité. Les six langues officielles servent également à la diffusion de documents officiels. Tant que les documents ne sont pas disponibles dans les six langues officielles, ils ne sont pas publiés. Cependant, le Secrétariat des Nations unies n'utilise que deux langues de travail : l'anglais et le français.
94
+
95
+ Le financement de l'Organisation des Nations unies et de ses agences spécialisées est assuré par 3 types d'instruments[28] :
96
+
97
+ Le budget ordinaire des Nations unies (environ 5 milliards d'euros en 2013-2014[29]), est établi tous les deux ans, sur les contributions obligatoires fixées par l'Assemblée générale. À la demande des États-Unis, le niveau maximum de la plus grosse contribution a été fixé à 22 % (le seuil minimal est quant à lui 0,001 % du budget global)[30]. Tous les trois ans, le barème des contributions est révisé par l'Assemblée générale.
98
+
99
+ Depuis plusieurs années les Nations unies connaissent des problèmes financiers. Ils sont principalement dus aux arriérés de paiement des États membres parmi lesquels le plus grand débiteur est les États-Unis avec 61 % du total en 1999[31]. Les contributions obligatoires ne sont pas toujours remplies à temps par les autres États membres. Seuls 31 États sur 192 l'ont fait en février 2007[32]. L'ONU étant de plus en plus souvent engagée dans des opérations de maintien de la paix dans le monde (objectifs qui n'étaient pas formellement prévus dans sa Charte), cela a un impact important sur son budget en raison du coût élevé de ces interventions. Néanmoins il s'agit d'un budget séparé du budget ordinaire. Dans ce domaine également les États-Unis partagent 62 % de la dette avec un autre pays. Cet état de fait a été évoqué dans un bulletin de session du sénat belge en 1998[33] ainsi que dans la section « affaires étrangères » d'un projet de loi de finances du sénat français en 2001[34]. De nombreux États souhaitent une réforme en profondeur des Nations unies[réf. souhaitée].
100
+
101
+ Selon le barème 2013-2015[35], les principaux contributeurs sont : les États-Unis (22 %), le Japon (10,833 %), la France (8,593 %), l'Allemagne (7,1741 %), le Royaume-Uni (5,179 %), la République populaire de Chine (5,148 %), l'Italie (4,448 %), le Canada (2,984 %), l'Espagne (2,973 %) et le Brésil (2,934 %).
102
+
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+ Selon le barème 2016-2018[35], adopté par la résolution 70/245 de l'Assemblée générale, les principaux États contributeurs sont : les États-Unis (22 %), le Japon (9,68 %), la République populaire de Chine (7,921 %), l'Allemagne (6,389 %), la France (4,859 %), le Royaume-Uni (4,463 %), le Brésil (3,823 %), la Fédération de Russie (3,088 %), le Canada (2,921 %) et l'Australie (2,337 %).
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+
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+ Le siège des Nations unies est à New York et bénéficie du régime d'extraterritorialité. C'est-à-dire que, par exemple, aucun membre de la sécurité américaine ne peut y entrer sans la permission du Secrétaire général.
106
+
107
+ À la demande des parlementaires américains, il fut construit à New York le long de l'East River sur un terrain acquis grâce à une donation de John Davison Rockefeller Junior. Il a été inauguré le 9 janvier 1951.
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+
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+ Cinq des six organes principaux de l'ONU sont situés à New York : seule la Cour internationale de justice (CIJ) siège à La Haye aux Pays-Bas. Il existe trois sièges subsidiaires des Nations unies à Genève (ouvert en 1946), Vienne (ouvert en 1980) et Nairobi (ouvert en 1996).
110
+
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+ De nombreuses agences importantes des Nations unies ont leur siège à Genève, siège européen de l'ONU qui a hérité du siège de l'ancienne Société des Nations (SDN), où se déroulent toujours deux tiers des activités du système des Nations unies[réf. nécessaire] :
112
+
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+ À Berne, en Suisse, se trouve l'Union postale universelle (UPU).
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+ D'autres agences sont situées ailleurs dans le monde, dont :
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+
117
+ Dans son ouvrage No Enchanted Palace. The End of Empire and the Ideological Origins of United Nations, l'historien anglais Mark Mazower défend soutient que les Nations Unies, comme la Société des Nations avant elle, ne sont pas sorties d'une vision libérale immaculée des droits universels, mais sont plutôt une manifestation de « l'internationalisme impérial » de l'époque victorienne, une extension organisationnelle et idéologique de l'Empire britannique. Il prend pour exemples notamment Jan Smuts, l'homme politique sud-africain, qu'il décrit comme un partisan de la supériorité raciale blanche, et Sir Alfred Zimmern, la principale voix britannique de l'internationalisme libéral. Tous deux appartenaient à un groupe plus large d'élites qui tentaient de « consolider un ordre mondial libéral compatible avec l'empire et l'hégémonie anglo-américaine ». Selon Mazower, Smuts croyait que la ligue assurerait « le leadership blanc du monde », agirait comme un instrument pour une « mission civilisatrice mondiale » et soutiendrait le leadership impérial britannique[36].
118
+
119
+ Néanmoins, le fait de s'appuyer sur d'anciennes figures de l'époque de la Société des Nations signifie, pour G. John Ikenberry, passer à côté de l'évolution de l'ONU alors que les rébellions coloniales des années 50 et 60 ont transformé l'Assemblée générale en la voix du « Sud global ». D'autres participants aux origines des Nations unies étaient mus par des buts différents et la Charte des Nations Unies a finalement affirmé l'égalité raciale et des aspirations similaires ont été énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948[36].
120
+
121
+ En novembre 2001, le mensuel Le Monde diplomatique publie un article de l'écrivain et journaliste néo-zélandais Nicky Hager (en), expliquant notamment la façon dont les États-Unis ont profité de la localisation de la Conférence de San Francisco (acte fondateur de l'organisation en avril 1945) sur leur territoire pour espionner massivement les diplomates présents dans leurs communications avec leur capitale respective. « Recueillis par les compagnies télégraphiques, leurs télégrammes, cryptés, furent décodés par des officiers opérant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, puis transmis aux négociateurs américains. Ce fut un succès total... »[37].
122
+
123
+ L'avenir de l'ONU passe de plus en plus par une réforme en profondeur de son fonctionnement. Jusqu'à maintenant, elle fut repoussée, mais le problème du budget, en particulier de sa dette, et celui du fonctionnement du Conseil de sécurité avec l'arrivée de nouveaux membres permanents et l'extension de son domaine de compétence, deviennent de plus en plus pressants. Durant son mandat, l'ancien secrétaire général, Kofi Annan, a commandé de nombreuses études sur les voies à suivre pour réformer l'organisation. Mais, par manque de consensus au sein des membres permanents du Conseil de sécurité, elles sont pour l'instant restées lettre morte. En particulier, John R. Bolton, représentant permanent des États-Unis en août 2005, soutient une position ne faisant pas l'unanimité et gèle ainsi les possibilités de réforme.
124
+
125
+ Le 7 mars 2006, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a proposé, dans un rapport à l'Assemblée générale, aux États membres une vaste réforme de l'administration de l'ONU, attendue par les dirigeants mondiaux après que l'Organisation eut été secouée par une série de scandales. M. Annan a présenté une série de mesures allant de la délocalisation de certains services au renforcement du système de passation des marchés. Celui-ci a été ces dernières années mis à mal par le scandale du programme « pétrole contre nourriture » de l'ONU en Irak et lorsqu'une enquête interne a découvert des pratiques contestables dans le secteur du maintien de la paix, ayant occasionné des dizaines de millions de dollars de pertes pour l'Organisation.
126
+
127
+ Intitulé « Investir dans l'Organisation des Nations unies pour lui donner les moyens de sa vocation mondiale », ce rapport de 48 pages reconnaît l'inadaptation des structures administratives actuelles aux défis que l'ONU est censée relever chaque jour, 61 ans après sa création. Il souligne l'augmentation vertigineuse, depuis la fin de la guerre froide, des activités de terrain de l'ONU, notamment des opérations de maintien de la paix, qui représentent plus de 50 % des dépenses totales de l'ONU (en 2004-2005), soit presque de 10 milliards de dollars américains (près de trois fois le budget ordinaire)[38], sans tenir compte des agences onusiennes (Unicef, PAM, PNUD…), qui ont leur propre budget. M. Annan propose de « refondre complètement l'ensemble du secrétariat, ses règles, sa structure, ses rouages, pour qu'il soit mieux adapté aux réalités d'aujourd'hui » et de « remettre entièrement à neuf » l'ensemble de l'organisation.
128
+
129
+ L'organisation s'est montrée largement impuissante lors de drames récents : échec de la prévention et de la protection en 1994 au Rwanda lors du terrible génocide des Tutsis qui s'est soldé par 800 000 morts. Incapacité également de prévenir et de stopper les conflits en ex-Yougoslavie de 1991 à 1995, et particulièrement d'assurer la protection des enclaves musulmanes de Bosnie-Herzégovine. Le massacre de Srebrenica (juillet 1995), pour lequel la qualification de génocide est en débat, s'est déroulé dans l'incapacité des 400 Casques bleus néerlandais d'intervenir.
130
+
131
+ En 2010, lorsqu'un séisme provoqua un désastre humanitaire à Haïti, l'ONU s'est montrée incapable de coordonner l'aide rapidement, c'est finalement l'armée américaine qui jouera un rôle clé. L'organisation internationale avait été dépassée à peine un mois auparavant lors de la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques, les États-Unis et la Chine avaient alors conclu des accords seuls[39].
132
+
133
+ L'ONU est très souvent critiquée pour son inaction, certains conflits se produisant sans aucune intervention de sa part. Dans une interview menée par ARTE, la journaliste Celhia de Lavarène, ancienne employée de l'organisation, dénonce les raisons de cet immobilisme, parmi lesquelles les nominations de personnes non compétentes et les copinages avec des pays enfreignant les droits de l'homme[40].
134
+
135
+ D'après la spécialiste en relations internationales Anne-Cécile Robert, les principes fondateurs des Nations unies sont violés par des pays siégeant au conseil de sécurité de l'ONU, notamment dans les cas de la Yougoslavie, de l'Irak et de la Libye[41].
136
+
137
+ En 2009, d'après des câbles émanant du département d’État révélés par Wikileaks, les États-Unis ont massivement collecté des informations relatives à des diplomates de l'ONU, en particulier nord-coréens, cubains et syriens : emails, mots de passe Internet et intranet, numéros de cartes bancaires, numéros de cartes de fidélité de compagnies aériennes, plannings de travail, empreintes digitales, portraits, ADN, scanners de l'iris, etc[42].
138
+
139
+ En tant qu'organisation internationale majeure, l'ONU apparait régulièrement dans de nombreuses œuvres. De plus, la Journée des Nations unies est célébrée le 24 octobre de chaque année[43].
140
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+ L’Organisation du traité de l'Atlantique nord[a] (en anglais : North Atlantic Treaty Organization) est l'organisation politico-militaire mise en place par les pays signataires du traité de l'Atlantique nord afin de pouvoir remplir leurs obligations de sécurité et de défense collectives. Elle est le plus souvent désignée par son acronyme OTAN (en anglais : NATO) mais aussi fréquemment nommée l’Alliance atlantique ou l'Alliance nord atlantique, plus rarement l’Alliance euro-atlantique ou l’Alliance transatlantique[5], ou parfois, encore plus brièvement, simplement l’Alliance.
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+ Le texte de ce traité, signé le 4 avril 1949, établit le Conseil de l'Atlantique nord (CAN), et lui donne mission de mettre en place l'organisation nécessaire à son application. Le choc provoqué par le déclenchement de la guerre de Corée conduit le CAN à décider fin 1950 la création d'une organisation militaire intégrée permanente, qui constitue encore actuellement la marque distinctive de l'OTAN et lui assure des capacités militaires qu'aucune autre alliance de défense ne possède. Sous le vocable OTAN, l'usage a prévalu d'englober l'alliance juridiquement conclue par les pays signataires du traité de l'Atlantique nord, et l'organisation civile et militaire mise en place pour en rendre opérants les objectifs. La France toutefois a fait exception en décidant en 1966, tout en restant membre de l'Alliance atlantique, de quitter l'organisation militaire intégrée, dont elle est redevenue membre à part entière en 2009.
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+ L'Alliance voit le jour dans le contexte général des débuts de la guerre froide et plus spécifiquement pendant le blocus de Berlin exercé par les Soviétiques. Elle a pour vocation initiale d'assurer la sécurité de l'Europe occidentale en instaurant un couplage fort avec les États-Unis, seul moyen aux yeux des Européens après la Seconde Guerre mondiale de se prémunir contre toute tentative expansionniste de l'Union soviétique. Selon le mot de son premier secrétaire général, Lord Ismay, le rôle de l'OTAN consiste à « garder les Russes à l'extérieur, les Américains à l'intérieur et les Allemands sous tutelle »[b]. L'OTAN constitue le noyau dur du bloc de l'Ouest. Entre 1955 et 1991, l'adversaire désigné de l'OTAN est le pacte de Varsovie formé par les Soviétiques à la suite de l'adhésion de la RFA à l'Alliance atlantique et à son réarmement. L'OTAN s'organise donc pour faire face à cette menace par la définition de concepts stratégiques touchant notamment les questions relatives aux armes nucléaires, par la planification coordonnée entre tous ses membres de leurs moyens militaires, et par des commandements intégrés par zone géographique, dont le SHAPE est de loin le plus important.
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+ Depuis la dissolution de l'URSS et la fin de la guerre froide en 1991, l'Alliance atlantique a perduré malgré la disparition de sa principale raison d'être initiale. Elle a procédé à son élargissement à d'anciens pays du bloc de l'Est et d'anciennes républiques de l'Union soviétique. Elle a pris en compte de nouvelles crises et menaces comme les conflits nationalistes dans l'ex-Yougoslavie, l'essor du terrorisme international ou la prolifération des armes de destruction massive, en conséquence de quoi l'OTAN a revu en profondeur son concept stratégique et son organisation civile et militaire à plusieurs reprises. Elle a développé une politique systématique de partenariats en Europe et dans le monde, au titre de laquelle les pays de l'Alliance ont établi depuis 1994 un partenariat pour la paix (PPP) avec la Russie, les pays de sa zone d'influence et avec les pays neutres d'Europe occidentale. L'OTAN a aussi mis en place en 2002 avec l'UE une relation privilégiée, l'Identité européenne de sécurité et de défense (IESD), qui permet à cette dernière de bénéficier de moyens de l'OTAN pour certaines opérations entrant dans le cadre de sa politique de sécurité et de défense commune.
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+ Le siège de l'OTAN, initialement situé à Londres puis à Paris (dans les locaux désormais occupés par l'université Paris-Dauphine - PSL) se trouve depuis 1966 à Haren (Bruxelles), et son principal commandement militaire, le SHAPE, initialement installé à Rocquencourt (France), se trouve aujourd'hui à Maisières (Mons), également en Belgique.
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+ Le Conseil de l'Atlantique nord (CAN) tient sa première session à Washington en septembre 1949 et jette les bases d'une organisation pour l'essentiel constituée de comités chargés de rechercher un consensus entre les membres sur les différents sujets politiques, techniques et militaires qui relèvent de sa compétence et de coordonner les plans de défense des pays membres. Il apparaît rapidement nécessaire de mettre en place une organisation permanente. En février 1952, le CAN en session à Lisbonne procède à une restructuration de l’Alliance qui devient une organisation permanente dont le siège est établi à Paris[c]. Lord Ismay devient le premier secrétaire général de l'OTAN.
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+ Une première Conférence des parlementaires de l’OTAN se tient à Paris en juillet 1955, devenue depuis novembre 1966 l’Assemblée parlementaire de l’OTAN.
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+ Le déclenchement de la guerre de Corée précipite les décisions : le 19 décembre 1950, le CAN nomme le général Dwight D. Eisenhower qui jouit d'un prestige considérable acquis pendant la Seconde guerre mondiale, commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR). Le 2 avril 1951, le commandement allié en Europe devient opérationnel et le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (le SHAPE) s'établit à Rocquencourt, près de Paris[d]. Les pays membres mettent à disposition des commandements de l'OTAN tout ou partie de leurs forces, dont elles continuent d'assurer directement le coût. Pour faire pièce à l'énorme supériorité, au moins en termes quantitatifs, des forces soviétiques conventionnelles, l'OTAN élabore dans les années 1950 des plans qui conduisent à une augmentation sensible des forces occidentales, quoique les objectifs affichés soient rarement atteints. La France en particulier dégarnit ses moyens militaires sur le front européen au profit des forces engagées dans la guerre d'Algérie. De même, les États-Unis réduisent leurs effectifs en Europe pendant la guerre du Vietnam.
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+ Les États-Unis déploient de nombreuses forces en Europe pendant toute la durée de la guerre froide, placées sous l'autorité du Commandement des forces des États-Unis en Europe (EUCOM), dont le général commandant est aussi le SACEUR. Numériquement la plus importante, sa composante terrestre est la 7e armée ; sa composante navale est la sixième flotte qui opère en mer Méditerranée ; la composante aérienne de l'USAFE comprend la 3rd Air Force (en) au Royaume-Uni, la 17th Air Force (en) basée en Allemagne de l'Ouest et la 16th Air Force (en) en Espagne, disposant dans les années 1960 d'environ 2 000 avions[6],[7],[8].
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+ Dans les années 1960, afin de réduire les effectifs présents sur le sol européen, les Américains y « pré-positionnent » du matériel et se dotent de capacités de transport aérien leur permettant d'amener des États-Unis en Europe de gros effectifs en cas de crise. Pour démontrer leurs capacités, ils organisent d'importants exercices comme en 1963 l'opération Big Lift lors de laquelle 14 500 soldats américains sont acheminés par avion des États-Unis en Allemagne en 64 heures[10].
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+ En 1957, 71 000 militaires américains sont stationnés en France. La France se retire de l'OTAN en 1967, conduisant au déplacement vers d'autres pays membres de l'OTAN des quelque 30 000 militaires encore présents au milieu des années 1960.
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+ Dès 1950, les Américains veulent que la RFA contribue à sa propre défense et donc rejoigne l'Alliance. La France continue de craindre la résurgence d'un État allemand fort qui dominerait l'Europe, et s'oppose donc au réarmement allemand. Face à l'insistance américaine et aux impératifs économiques et financiers, la France prend l'initiative de créer une Communauté européenne de défense, la CED, dont la RFA serait membre, dans un cadre lui offrant plus de garanties. Un accord est trouvé après plus de deux années de négociations, mais le Parlement français rejette finalement la CED en août 1954. Dès lors, l'adhésion de la RFA à l'Alliance, devenue inévitable, se concrétise en mai 1955. Elle s'assortit d'un plan de réarmement visant à constituer en quelques années une armée, la Bundeswehr, forte de 495 000 hommes, devenue dans les années suivantes la composante la plus importante des forces conventionnelles de l'OTAN sur le front d'Europe centrale[11]. En réaction immédiate, l'Union soviétique forme le pacte de Varsovie, alliance militaire avec sept de ses États satellites.
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+ Durant la guerre froide, trois autres États rejoignent l'Alliance, la Grèce et la Turquie en 1952 pour en renforcer le flanc sud et l'Espagne de l'après-Franco en 1982, qui contribuait précédemment à l'OTAN par des accords bilatéraux avec les États-Unis.
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+ Les deux alliances mobilisent des moyens militaires conventionnels considérables pendant toute la guerre froide. Le pacte de Varsovie jouit en la matière d'une supériorité numérique significative ; en termes qualitatifs, l'OTAN possède en revanche un avantage certain. Au début des années 1980, les forces armées des pays du pacte de Varsovie comptent environ 5,7 millions d'hommes, dont 4 millions face à l'OTAN ; les forces permanentes des pays de l'OTAN se composent de 4,4 millions d'hommes dont quelque 2,6 millions stationnés en Europe. Les forces les plus importantes sont massées de part et d'autre de la frontière entre les deux Allemagnes : sur ce front, le « pacte » aligne 95 divisions, plus de 25 000 chars et 4 500 avions, tandis que l'OTAN compte 35 divisions équipées de 7 600 chars et 2 000 avions[12].
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+ Le nucléaire est au centre de l'histoire de l'OTAN. La dissuasion nucléaire est un axe dominant de la stratégie atlantique face à l'importante force conventionnelle du bloc de l'Est. Fondée essentiellement sur les armes nucléaires des États-Unis, elle constitue ce qui est communément appelé le parapluie nucléaire américain au bénéfice des Européens. Sa crédibilité fait l'objet de débats et de doutes tout au long de la guerre froide, notamment de la part de la France mais aussi du Royaume-Uni qui se dotent d'une force de dissuasion nucléaire en propre.
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+ L'arme nucléaire ne fait pas tout de suite l'objet d'un déploiement opérationnel après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. La définition de sa doctrine d'emploi et la mise au point des vecteurs capables de la rendre employable dans des conditions opérationnelles aboutissent en 1954 avec le déploiement en Europe des premières armes nucléaires. Jusque-là seuls les Américains pouvaient agiter la menace de l'emploi des armes nucléaires, ce qui est fait lors du blocus de Berlin en 1948-1949 : des bombardiers stratégiques B-29 du Strategic Air Command sont dépêchés en Angleterre, geste purement politique, car ils ne sont pas équipés de bombes atomiques. Des bombes nucléaires complètes y sont stockées à partir de 1954, sans que les Britanniques obtiennent des Américains mieux qu'un engagement de concertation sur leur emploi[13].
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+ De leur côté les Britanniques développent dans les années 1950 leurs propres capacités nucléaires. Kennedy est hostile au développement de forces nucléaires indépendantes par les pays européens. Sous la pression américaine, les Britanniques acceptent lors du sommet de Nassau en décembre 1962 de se fournir dorénavant auprès des États-Unis pour leurs armes stratégiques et de mettre l'ensemble de leurs moyens nucléaires à disposition de l'OTAN, mais ils conservent toutefois leur indépendance quant à la décision finale d'emploi[e],[14],[15]. Depuis lors, le Royaume-Uni joue volontairement de l'ambigüité quant à son degré d'indépendance concernant le choix des cibles potentielles de ses armes nucléaires, estimant qu'un second centre de décision améliore la dissuasion des Occidentaux en complexifiant singulièrement la tâche des stratèges soviétiques, selon la même logique d'indépendance que celle poursuivie par la France, qui se voit proposer d'entrer dans les accords de Nassau, ce que de Gaulle refuse en janvier 1963[16]. Kennedy puis Johnson doivent aussi faire face à la pression des Allemands pour accéder au nucléaire et des autres membres de l'OTAN pour être mieux associés aux décisions relatives au « parapluie nucléaire ». Aussi les Américains poursuivent-ils leur projet de force nucléaire multilatérale (en) (MLF) au sein de l'OTAN, évoqué pour la première fois fin 1960 lors d'une réunion du CAN, sans réussir à créer un consensus sur ses modalités. En parallèle, se développent dans un cadre onusien les négociations relatives au contrôle de la prolifération nucléaire avec les Soviétiques qui ne veulent à aucun prix que l'Allemagne accède à l'arme nucléaire. La MLF est définitivement enterrée fin 1965, ce qui permet de débloquer les négociations relatives au TNP[17],[18].
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+ Quoique les États-Unis possèdent pour encore plusieurs années une supériorité stratégique écrasante sur l'Union soviétique, le lancement de Spoutnik 1 en octobre 1957 par une fusée R-7 Semiorka utilisable comme missile nucléaire intercontinental marque symboliquement la fin d'une ère durant laquelle les Européens se sentaient couverts par la doctrine américaine des représailles nucléaires massives, rendue crédible par la présence de soldats américains sur leur sol, exposés à une éventuelle attaque soviétique. Les années 1960 voient donc se développer un débat sur la crédibilité du parapluie nucléaire américain et sur la révision par les États-Unis de leur stratégie de représailles massives au profit de celle de la réponse flexible assortie du renforcement des forces conventionnelles que McNamara propose à l'OTAN, notamment lors d'une réunion du CAN le 5 mai 1962 à Athènes[19]. Les pays européens de l'OTAN sont plutôt réticents pour plusieurs raisons : d'une part le renforcement de leurs forces conventionnelles risque d'illustrer aux yeux des Soviétiques le peu de détermination des Occidentaux à utiliser l'arme nucléaire, d'autre part le partage des tâches proposé aboutit à laisser le contrôle de tout le nucléaire entre les mains des Américains et à cantonner les Européens dans un rôle secondaire tout en exigeant d'eux un effort de financement de la défense considérable voire irréaliste[20]. À la faveur du départ de la France de l'organisation militaire intégrée et d'un accord sur le niveau de forces conventionnelles requis, un consensus s'établit en décembre 1967 sur l'adoption par l'OTAN d'un nouveau concept stratégique intégrant la doctrine de réponse flexible.
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+ Une adaptation de l'organisation de l'OTAN est rendue nécessaire par le départ de la France de l'organisation militaire intégrée ; le groupe des Plans Nucléaires (NPG) est alors créé en décembre 1966 pour permettre un processus de consultation sur la doctrine nucléaire au sein de l'OTAN, sans la France[21],[16]
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+ En 1974, la déclaration du CAN sur les relations atlantiques acte que les forces nucléaires de la France et du Royaume-Uni sont en mesure de jouer un rôle dissuasif propre qui contribue au renforcement global de la dissuasion de l’Alliance[22].
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+ Le déploiement de missiles de portée intermédiaire et d'armes nucléaires tactiques commence en 1955 en Allemagne de l'Ouest, en 1957 en Italie et en 1958 en France[f],[g],[24]. Le déploiement s'accélère dans les années 1960, le pic est atteint en 1971 avec 7 300 munitions nucléaires pour tous les types de vecteur nucléaire disponibles (obus, missiles sol-sol et sol-air, charges de profondeur, etc.) stockées dans sept pays de l'OTAN[h]. Poursuivant une politique d'association plus importante des forces armées non-américaines de l'OTAN à la dissuasion nucléaire à partir du début des années 1960, environ 35 à 40 % de ces armes sont gérées par des forces non-américaines, sous « double clé » en partage nucléaire avec les États-Unis, équipées de dispositif de sécurité et d'armement. En raison de sa position en première ligne, l'Allemagne de l'Ouest accueille une proportion très importante de ces armes nucléaires tactiques. À la fin des années 1970 et dans les années 1980, des retraits successifs ramènent leur nombre à moins de 4 000 armes lorsque le bloc de l'Est s'effondre en 1990/1991 et à 480 armes en 1994, ces dernières étant désormais exclusivement des bombes B61 larguées par avion[25],[26],[27],[28].
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+ Nucléaire intermédiaire : l'introduction de nouveaux missiles de portée intermédiaire SS-20 par les Soviétiques à la fin années 1970, dans un contexte général de guerre fraîche entre l'Est et l'Ouest après plus d'une décennie de détente est à l'origine de la crise des euromissiles. Le 12 décembre 1979 les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’OTAN prennent une « double » décision qui combine le déploiement en Europe de missiles MGM-31 Pershing et BGM-109G Gryphon américains, et un effort parallèle et complémentaire de maîtrise des armements avec les Soviétiques, visant à éviter que de tels déploiements s’avèrent nécessaires. Mitterrand appuie fortement cette décision. Les déploiements vont commencer, mais un accord d'élimination complète de ces missiles de portée intermédiaire, le traité INF, intervient fin 1987.
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+ Nucléaire tactique : L'OTAN rencontre de grandes difficultés pour définir une doctrine d'emploi des armes tactiques qui fasse consensus, ne serait-ce que par crainte des énormes destructions et pertes humaines qu'elles pourraient engendrer sur le sol même des pays européens membres de l'OTAN, au premier rang desquels l'Allemagne de l'Ouest. Aussi l'OTAN réduit-il fortement dans les années 1980 ses stocks d'armes tactiques, de manière unilatérale, même en plein bras de fer avec Moscou sur les missiles de portée intermédiaire[29]. En mai 1990, le président George H. W. Bush annonce l’annulation des programmes de modernisation des obus d’artillerie nucléaire déployés en Europe et du successeur du missile nucléaire à courte portée Lance. Il souhaite que des négociations sur les missiles nucléaires à courte portée des États-Unis et de l’Union soviétique commencent peu après la signature d’un traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE)[30],[31].
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+ Les relations entre la France et l'OTAN ont toujours été complexes : d'un côté la France a fortement poussé à la fondation de l'Alliance atlantique, à l'implication directe des États-Unis dans la défense de l'Europe et a bénéficié d'aides économiques et militaires importantes des États-Unis pendant toute la IVe République ; d'un autre côté, l'OTAN a peu ou pas pris en compte les intérêts de la France, notamment en Indochine et en Algérie, et surtout a généré un sentiment d'impuissance du pays face à l'hégémonie américaine au sein de l'Organisation, et suscité une envie d'indépendance nationale plus forte. Avec le retour au pouvoir de Charles de Gaulle, à la faveur de la crise de mai 1958, la nouvelle politique étrangère d'indépendance provoque de vives tensions au sujet de l'OTAN et de la force de dissuasion nucléaire française entre la France et les États-Unis.
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+ Le 17 septembre 1958, de Gaulle envoie un mémorandum au président américain Dwight Eisenhower et au Premier ministre britannique Harold Macmillan, dans lequel il demande la création d'un directorat tripartite de l'OTAN. Ni les Américains, ni les autres membres de l'OTAN ne veulent donner satisfaction à la France. Bien que lors de la crise de Berlin et de la crise des missiles de Cuba, Paris montre sa solidarité atlantique, de Gaulle demeure convaincu de la nocivité de la bipolarisation des relations internationales autour des blocs de l'Ouest et de l'Est et du risque pour la France de s'en remettre pour sa sécurité au seul parapluie nucléaire américain. En juin 1959, contrairement aux autres pays membres de l'OTAN, la France s'oppose à l'installation sur le territoire français d'armes nucléaires américaines, faute d'avoir le contrôle de leur emploi.
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+ Le 9 septembre 1965, de Gaulle annonce lors d'une conférence de presse le retrait du commandement intégré de l'OTAN au plus tard pour 1969. Cette décision est confirmée par une lettre adressée au président américain, Lyndon B. Johnson, le 7 mars 1966, l'informant que, si la France envisage de rester partie au Traité de Washington, elle « se propose de recouvrer sur son territoire l'entier exercice de sa souveraineté (...), de cesser sa participation aux commandements « intégrés » et de ne plus mettre de forces à la disposition de l'OTAN »[32],[33]. La France demeure toutefois membre de l'Alliance atlantique : un échange de lettres avec la RFA règle la question du maintien des forces françaises en Allemagne (FFA), et un accord est conclu en 1967 entre les généraux Ailleret et Lemnitzer (SACEUR) qui définit le rôle des forces armées françaises en coopération avec l'OTAN en cas de conflit ouvert entre les deux blocs[34].
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+ Le siège de l'OTAN quitte alors Paris pour Bruxelles en décembre 1966 pour le centre du terrain de l'ancien aérodrome de Haren (surnommé abusivement du nom de la commune voisine d'Evere). Le SHAPE (« Grand Quartier général des puissances alliées en Europe ») est transféré le 16 octobre 1967 de Rocquencourt, près de Paris, à Casteau, près de Mons en Belgique, dans les locaux d'une ancienne infrastructure militaire belge. Le Quartier général des forces alliées en Europe centrale (AFCENT), actuellement (Allied Joint Force Command Brunssum (en)), est transféré de Fontainebleau à Brunssum aux Pays-Bas dans une ancienne mine de charbon. Celui des forces aériennes en Europe centrale (AAFCE (en)), actuellement (AIRCENT), est transféré de Fontainebleau à Ramstein en Allemagne. Celui des forces terrestres en Europe centrale (LANDCENT), dénommé par la suite Quartier général des forces alliées à Heidelberg et clôturé en 2013, est transféré de Fontainebleau à Heidelberg.
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+ Les premières années de l'OTAN sont dominées par les considérations de défense, toutefois sa dimension politique se traduit par la réaffirmation périodique de la solidarité atlantique. Le 13 décembre 1956, le CAN approuve les recommandations contenues dans le « rapport du Comité des Trois sur la coopération non militaire au sein de l’OTAN »[35]. Les chefs d'État et de gouvernement réunis à Paris du 16 au 19 décembre 1957 pour un premier sommet de l'OTAN réaffirment les principes et les buts de l’Alliance atlantique[36].
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+ Les limites du rôle politique de l'Alliance sont toutefois mises en évidence durant la période de forte tensions de la guerre froide de 1958 à 1963 où les décisions les plus importantes sont prises par les États-Unis, parfois en y associant les Britanniques et les Français en particulier sur la question de Berlin, les autres membres de l'OTAN étant le plus souvent simplement informés. Par exemple, lors de sa session de décembre 1958, le CAN « s’associe aux vues exprimées par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni au sujet de Berlin et du droit des Occidentaux d’y demeurer »[37].
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+ Les Européens font entendre leur voix en faveur de la détente et le 14 décembre 1967 le CAN approuve le rapport Harmel sur les futures tâches de l’Alliance[38]. Pour Pierre Harmel, ministre belge des Affaires extérieures, les pays individuels de l'OTAN ont le droit d'établir et d'entretenir des contacts bilatéraux avec « l'autre côté ». Une telle approche n'est nullement contraire à la loyauté à l'Alliance occidentale, laquelle doit maintenir sa force de frappe militaire. Le renoncement à l'ancien modèle conflictuel et la croyance à une détente durable sont des éléments neufs et témoignent d'une conscience européenne grandissante. L'approbation du rapport Harmel par le conseil de l'OTAN est un jalon important dans les relations Est-Ouest. C'est ainsi qu'à partir de 1969 l’Ostpolitik de rapprochement avec l'Est menée par Willy Brandt, chancelier de la RFA, jette les bases de la normalisation qui se concrétisera par la démolition du mur de Berlin vingt ans plus tard.
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+ En mai 1972 au cours d'une session ministérielle du CAN à Bonn, les ministres décident d’entreprendre des négociations multilatérales liées aux préparatifs d’une Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Les pays qui font partie de la structure militaire intégrée de l’OTAN proposent de tenir des entretiens exploratoires multilatéraux sur des réductions mutuelles et équilibrées de forces (MBFR). À la suite du coup d'État de 1974 à Chypre, l'OTAN demande le retrait des officiers grecs. La Grèce quitte les structures militaires de l'Alliance le 14 août 1974 à la suite de l'invasion turque de Chypre, elle réintègre ceux-ci le 20 octobre 1980 après la levée du véto turc[39].
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+ Le 26 juin 1974, réunis à Bruxelles pour un deuxième sommet, les chefs de gouvernement des pays de l’OTAN signent la « Déclaration sur les relations atlantiques »[40]. L'habitude est prise de réunir beaucoup plus fréquemment les chefs d'État et de gouvernement des pays membres de l'OTAN : dix sommets se tiennent de 1974 à 1991, année de la fin de la guerre froide.
66
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67
+ Le 17 février 1987, s'ouvrent à Vienne des discussions entre les pays de l’OTAN et les pays signataires du Pacte de Varsovie relatives aux modalités de conduite des négociations sur les forces conventionnelles en Europe.
68
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+ La fin de la guerre froide en 1991, consécutive à la chute du mur de Berlin en 1989, à l'écroulement de l'URSS et à la dissolution du pacte de Varsovie, l'adversaire « naturel » de l'Alliance atlantique, pose la question du devenir de l'Alliance : selon les critères habituels des relations internationales, elle aurait dû disparaître faute d'adversaire, mais elle va réussir à assurer sa pérennité grâce à la solidité du lien qui unit ses membres, à la crainte de la plupart des Européens de devoir assurer leur sécurité sans les États-Unis et en se trouvant très rapidement de nouvelles missions[41].
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+ Les États-Unis et les Européens souhaitent que l'Alliance atlantique demeure le pilier de la sécurité en Europe dans une vision atlantique. George H. W. Bush rencontre François Mitterrand par deux fois pour tenter d'en définir le nouveau modèle de fonctionnement[i],[42],[43]. Les deux présidents sont d'accord sur la nécessité de pérenniser l'Alliance et de la transformer en profondeur à cet effet, mais peinent à trouver un terrain d'entente sur les modalités précises[44],[45],[46]. Le Royaume-Uni milite aussi très activement pour le maintien de l'Alliance, parce qu'elle a fait ses preuves, permet des économies d'échelle et évite que l'Allemagne ne se retrouve en position d'hégémonie en Europe[47].
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+ Le sommet de l'OTAN qui se tient à Londres les 5 et 6 juillet 1990 prend acte de la fin de la guerre froide, de la réunification de l'Allemagne et du rôle que peut jouer à l'avenir une Alliance atlantique rénovée. Mitterrand déclare que « l'heure est venue d'établir en Europe où tous et chacun sont intéressés à la sécurité de ce continent, de nouvelles relations. Il me semble que l'OTAN en s'adaptant, peut jouer un rôle très utile dans cette évolution »[48],[49],[50].
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+ La guerre du Golfe d'août 1990 à février 1991 favorise le maintien de la cohésion occidentale durant cette période chaotique en Europe et au Moyen-Orient, et contribue au rapprochement franco-américain ; mais la France paie le prix de sa quasi-absence des structures de l'OTAN depuis 1966 et voit son influence demeurer faible sur les choix que vont faire adopter les Américains et les Anglais[j],[51].
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+ Au sommet de Rome en novembre 1991[52], l'OTAN définit un nouveau concept stratégique et multiplie les ouvertures vers les pays d'Europe centrale, sans pour autant ouvrir la porte de leur adhésion à l'OTAN. Il s'agit aussi de ménager Moscou et de tenter d'établir de bonnes relations avec la Fédération de Russie qui se substitue à l'Union soviétique fin 1991. Les dirigeants de l'Alliance jouent la carte d'une approche multilatérale de la sécurité en Europe, autour de l'Alliance, de la CSCE et de l'Union européenne en voie de se doter d'institutions compétentes en matière de politique étrangère, de sécurité et, à plus long terme, de défense[k]. Ils prennent aussi soin de rappeler que cette sécurité dépend de l'engagement des États-Unis et que l'OTAN est la seule alliance militaire à disposer d'engagements contractuels entre ses membres et d'un potentiel militaire commun pour l'action aussi bien que pour la consultation[52]. François Mitterrand continue d'apporter le soutien de la France au maintien de l'Alliance et à une nouvelle définition stratégique de son rôle au motif que la disparition du bloc soviétique ne signifie pas la fin de tous les périls. Mitterrand prend toutefois ses distances avec l'exercice d'un rôle politique par l'Alliance, qu'il réserve à chaque pays et à l'Union européenne selon les dispositions du traité de Maastricht[53],[54],[55],[56],[57],[58].
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+ Gorbatchev et Kohl se mettent d'accord le 16 juillet 1990 pour que l'Allemagne réunifiée fasse partie de l'OTAN et, en contrepartie, confirme son renoncement à l'arme nucléaire[59], levant ainsi les derniers obstacles à la réunification de l'Allemagne qui intervient formellement le 3 octobre 1990 par incorporation des Länder de l'ex-RDA[60]. L'accord prévoit aussi qu'aucune troupe de l'OTAN ne sera stationnée sur le territoire de l'ex-RDA, aussi longtemps qu'y seront des troupes soviétiques ; les Russes s'engagent à ce que leurs troupes quittent le territoire allemand dans un délai de trois ou quatre ans au maximum ; au-delà de cette période, les forces intégrées de l'OTAN pourront y stationner à condition de ne pas avoir de porteurs nucléaires. Enfin, l'Allemagne réunifiée s'engage à ramener à 370 000 hommes ses forces armées, fortes en 1990 de 545 000 hommes en RFA et 170 000 en ex-RDA[61].
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+ Parallèlement, les négociations dites « 2+4 » entre les quatre puissances occupantes de l'Allemagne, la RFA et la RDA aboutissent à un accord sur la reconnaissance par toutes les parties des frontières issues de la Seconde Guerre mondiale, en particulier celle entre la Pologne et l'Allemagne réunifiée[62],[63].
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+ La question de l'élargissement est au cœur des débats géopolitiques de l'Alliance depuis 1990[64],[65]. En 1990 et 1991, les dirigeants occidentaux donnent à Gorbatchev l'assurance que l'OTAN ne s'étendra pas à l'est, car ils ne souhaitent pas se mettre en opposition avec l'Union soviétique dont l'évolution est encore incertaine[66], et veulent mener à bien les négociations en cours sur le désarmement en Europe (FCE) et ne pas risquer de remettre en cause la ratification de l'accord START II[64].
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+ Dans le contexte de la désintégration de l'Union soviétique fin 1991, l'Alliance ne veut cependant pas ignorer le souhait des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) de recevoir une assurance de sécurité absolue envers la Russie voisine : lors du sommet de Rome, elle propose d'établir des relations plus institutionnelles de consultation et de coopération sur des questions politiques et de sécurité avec ces pays et les invite à se joindre aux ministres des Affaires étrangères à Bruxelles en décembre 1991 afin de mettre en place le Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA)[64], premier jalon du processus d'élargissement. Cette instance de dialogue et de coopération, conçue pour mettre un point final à la guerre froide en Europe, n'est aux yeux de la plupart des PECO qu'un succédané, loin de répondre à leur demande d'intégration dans l'OTAN afin de pouvoir bénéficier d'une garantie réelle de sécurité, engageant les États-Unis, bien supérieure à ce que les seuls Européens pourraient leur apporter dans ce domaine.
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+ La nouvelle administration Clinton hésite et gagne du temps par la mise en place du Partenariat pour la Paix (PPP) en janvier 1994 à l'occasion du sommet de Bruxelles, qui propose à la Russie et aux PECO un accord-cadre bilatéral de coopération militaire, adaptable au cas par cas, mais qui ne constitue pas une garantie de sécurité[l]. Boris Eltsine met en garde les Occidentaux contre de nouvelles adhésions à l'OTAN que réclament plusieurs pays d'Europe centrale et orientale, en réaffirmant qu'un tel élargissement pourrait provoquer une « déstabilisation politique et militaire »[67]. Sans enthousiasme, la plupart des pays concernés adhèrent au PPP, et la Russie elle-même y souscrit le 22 juin 1994, bien qu'elle ne bénéficie pas d'un statut privilégié qu'elle appelait de ses vœux afin de continuer d'être reconnue comme une grande puissance, légitime à bénéficier d'une zone d'influence, la protégeant à ses frontières comme en son temps l'UR.
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+ C'est finalement en 1995 que l'Alliance décide d'entamer concrètement le processus d'adhésion, en commençant par conduire une étude détaillée des conditions et modalités des futures adhésions, en ouvrant des discussions bilatérales en 1996 avec les pays candidats et en menant de longues négociations avec la Russie[64]. La solution finalement adoptée en 1997 consiste à conclure d'une part un accord privilégié avec la Russie, sous la forme de l'Acte fondateur entre l'OTAN et la Russie[68], et d'autre part à accepter en décembre 1997 les demandes d'adhésion de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque. En parallèle, l’ancien Conseil de coopération nord-atlantique est remplacé par le Conseil de partenariat euro-atlantique, institution qui unifie la gouvernance mise en place par le CCNA et le PPP et offre à chaque partenaire une grande flexibilité dans le choix de son niveau de coopération avec l'OTAN. Le Partenariat pour la Paix est également renforcé : l'accent est mis sur la consultation politique et l'accroissement du rôle des Partenaires dans la prise de décisions opérationnelle : à ce double effet, les Partenaires ont la faculté d'établir des missions diplomatiques auprès de l'OTAN, et d'intégrer du personnel à la structure de commandement de l'OTAN.
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+ Au terme des procédures de ratification, ces trois anciens pays satellites de l'URSS deviennent membres de l'OTAN en mars 1999. Une pause est ensuite observée dans l'élargissement de l'Alliance qui tourne pour un temps son attention vers une adaptation de sa stratégie et de ses missions pour faire face aux nouvelles menaces — notamment terroristes — à l'aube des années 2000. En complément de sa politique d'élargissement, qui ne peut concerner que des pays d'Europe selon ses statuts, l'Alliance développe des partenariats avec d'autres pays : en 1994, elle lance le dialogue méditerranéen, initiative de coopération entre l'OTAN et sept pays de la rive sud de la Méditerranée, dont Israël et l'Égypte.
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+ « L’Acte Fondateur sur les Relations, la Coopération et la Sécurité Mutuelles entre l'OTAN et la Fédération de Russie », signé à Paris le 27 mai 1997, crée le Conseil Conjoint Permanent OTAN-Russie qui est chargé de mettre en œuvre les consultations et coopérations dans les domaines prévus dans cet Acte et rappelle quelques principes tels que le respect de la souveraineté et de l’indépendance nationale, de l’intégrité territoriale, le règlement pacifique des différends, le droit pour chaque État de choisir ses moyens pour assurer sa Défense nationale.
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+ L'Acte stipule également que « les dispositions du présent Acte ne donnent ni à l'OTAN ni à la Russie, (…), un droit de veto sur les actions de l'autre partie », ce qui entre les lignes inclut l'élargissement de l'OTAN à de nouveaux membres à part entière, et ce d'autant plus clairement que, par cet Acte, les membres de l'OTAN « réitèrent qu'ils n'ont aucune intention, aucun projet et aucune raison de déployer des armes nucléaires sur le territoire de nouveaux membres ». Enfin, l'Acte développe en détail l'engagement des deux parties à parvenir à un accord sur l'adaptation du traité FCE de 1990 au nouveau contexte de sécurité en Europe[68].
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+ L'opposition de la Russie à l'élargissement de l'OTAN demeure malgré tout très forte : le ministre russe des Affaires étrangères, Evgueni Primakov, déclare en juillet 1997 que l'élargissement de l'OTAN est une « faute majeure, peut-être la plus grosse depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », tout en appelant à la bonne application de l'Acte fondateur[69].
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+ Toujours à la recherche d'une politique d'équilibre entre les différentes parties en Europe de l'Est, l'OTAN signe également en mai 1997 une charte de partenariat avec l'Ukraine, souhaitée par les dirigeants ukrainiens pour faire pendant à l'Acte fondateur des relations OTAN-Russie. Cette charte n'en a cependant pas l'ampleur car elle ne donne pas à l'Ukraine un statut particulier comparable à celui de la Russie dans le dialogue sur la sécurité avec les Occidentaux[70].
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+ La France se montre active dans la définition de l'avenir de l'Alliance au lendemain de la guerre froide, et surtout elle participe aux opérations militaires de l'OTAN en ex-Yougoslavie lors de la guerre en Bosnie, en 1993, ce qui lui fait prendre conscience de la nécessité de se coordonner étroitement avec les autres forces de l'OTAN présentes et ce d'autant plus que les Européens n'ont pas les moyens de se passer du support, aérien et logistique notamment, des Américains. Mitterrand accepte tacitement cette situation mais ne souhaite pas toucher au dogme gaulliste de l'indépendance de la France, ce pour quoi Chirac a davantage de légitimité en raison de sa forte filiation gaulliste revendiquée. En décembre 1995, il décide que la France réintègre le Comité militaire et que de nombreux officiers français participent dorénavant aux instances de l'OTAN. Toutefois, ses efforts pour obtenir un rôle majeur pour la France ne sont pas couronnés de succès, Washington refusant de confier le commandement sud de l'OTAN, à Naples, à la France[51]. La cohabitation de 1997 à 2002 avec Lionel Jospin bloque le processus[71]. Ces négociations marquent le début d'une évolution de la politique française héritée du gaullisme.
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+ Les années 1990 sont celles d'une certaine euphorie dans les relations internationales qui se traduit par une chute des budgets consacrés à la Défense. Entre 1990 et 2000, la part des dépenses de Défense dans le PIB des quatre plus grandes nations européennes passe de 3,15 % à 2,18 %, soit une baisse de presque un tiers ; pour les États-Unis, la baisse est encore plus importante, les dépenses passant sur la même période de 5,6 % à 3,1 % du PIB, soit une chute de 45 %[72].
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+ La disparition de la menace aux frontières de l'Est de l'Europe entraîne le retrait de la majeure partie des forces de combats étrangères stationnées en Allemagne durant la guerre froide. Les FFA sont dissoutes en 1993, puis après le rapatriement en France de la 1re division blindée courant 1999, il ne reste plus outre-Rhin que l'état-major, deux régiments et un bataillon des services de la brigade franco-allemande (relevant de l'Eurocorps), soit 3 300 Français, et un groupe de chasseurs, soit 1 100 hommes, en garnison à Sarrebourg. Toujours en 1999, les Américains, Belges, Britanniques, Italiens et Néerlandais ne déploient plus en Allemagne que quelque 110 000 hommes au total[73].
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+ Le format de l'Armée française est réduit de 548 000 hommes en 1990 à 394 000 hommes en 2000. L'Armée belge passe elle de 106 000 hommes en 1990 à 35 668 au 1er janvier 2010[74]. Au Royaume-Uni, la Royal Navy qui en 1989 représentait 589 000 tonnes, dont 153 bâtiments de combat, chacun d'un tonnage supérieur à 2 000 tonnes était tombé au 1er janvier 2006 à 470 500 tonnes (le gros du tonnage étant assuré par les navires de soutien), dont seulement 63 bâtiments de combat hauturiers[75].
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+ Paradoxalement, l'OTAN entreprend ses premières opérations militaires après la fin de l'affrontement entre les deux blocs de l'Ouest et de l'Est. Elle intervient en Europe, mais en dehors des frontières de ses membres, ce qui constitue une interprétation large du traité d'origine. En 1999 toujours, l'OTAN engage ses forces dans sa première grande opération militaire, participant à la guerre du Kosovo en bombardant la Yougoslavie pendant onze semaines (du 24 mars 1999 au 10 juin 1999), lors de l'opération Allied Force. Cette opération fut motivée par le massacre de Račak.
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+ Les attentats du 11 septembre 2001 et la déclaration, par le président George W. Bush, d'une « guerre contre le terrorisme », modifient la donne et font jouer à l'OTAN un nouveau rôle. Elle compte désormais s'engager dans cette « guerre » atypique, qui n'oppose pas un État contre un État, mais un groupe d'États à un réseau hétérogène d'organisations terroristes islamistes, souvent désignés, de façon métonymique, par le nom d'Al-Qaïda. L'islamisme remplace ainsi le communisme comme principale menace du « monde libre ». Cette situation va donc entraîner une nouvelle phase d'adaptation de l'OTAN à l'évolution de son environnement et des menaces auxquelles elle doit faire face. Le sommet de Prague en novembre 2002 prend une série de décisions : poursuite de l'élargissement de l'OTAN et développement des partenariats notamment avec l'Europe et avec la Russie, élargissement de la zone d'intervention au monde entier et des domaines de compétences en matière de renseignement ou à la cybersécurité, adaptation des moyens militaires, confirmation de l'engagement des pays membres à renforcer leurs capacités militaires. Ces orientations sont confirmées par les sommets suivants, qui se succèdent au rythme inhabituel d'un par an, à Istanbul en 2004, Bruxelles en 2005, Riga en 2006 puis Bucarest en 2008.
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+ Si un accord existe sur ces grandes orientations, les relations entre les Américains et, selon les cas, les Français ou un petit noyau de pays européens sont difficiles pendant le premier mandat de George W. Bush, en raison essentiellement de la décision américaine de passer outre sur la question irakienne, mais aussi du refus des Européens de faire évoluer l'Alliance vers une alliance globale, mondiale. En constituant des coalitions au cas par cas et hors du cadre de l'OTAN en Afghanistan et en Irak pour les deux guerres les plus importantes de la décennie, les États-Unis appliquent leur nouvelle doctrine « la mission détermine la coalition » déstabilisent l'Alliance et font passer l'OTAN au second plan. L'année 2003 est celle de la mésalliance atlantique et de prises de position fortement anti-européennes de plusieurs très hauts responsables américains. Pourtant l'Alliance atlantique demeure la seule institution permettant à l'Amérique de faire exister ce lien stratégique avec l'Europe auquel elle ne veut pas renoncer, et réciproquement le seul cadre crédible d'organisation de la sécurité de l'Europe[76].
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+ Durant son second mandat toutefois un rapprochement s'opère à l'occasion des sommets de Bruxelles et de Riga spécifiquement organisés dans ce but. L'intérêt des États-Unis se porte pourtant de plus en plus vers l'Asie, et l'OTAN n'est plus aussi majeur dans la politique américaine, d'autant que la participation des Européens aux opérations menées en Afghanistan demeure en dessous de leur attente[77].
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+ Plusieurs centaines de militaires français sont présents dans les commandements suprêmes, à Mons (Belgique) et à Norfolk (États-Unis)[51]. La France participe alors à toutes les opérations de l'OTAN (Kosovo en 1999 et Afghanistan). Elle est même le 4e contributeur de l'OTAN en termes de forces[51].
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+ En juin 2008, à l'occasion de la présentation du Livre blanc sur la défense, Nicolas Sarkozy franchit l'ultime étape en confirmant le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, avec toutefois une restriction symboliquement importante : la France ne siègera pas au groupe des Plans nucléaires[78],[79]. Ce retour s'accompagne de l'attribution à un officier général français d'un grand commandement militaire de l'OTAN[80].
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+ En décembre 2002, l'Union européenne (UE) signe avec l'OTAN un partenariat stratégique, l'Identité européenne de sécurité et de défense (IESD). Dans le même temps, l'OTAN prépare son élargissement concomitant avec celui de l'UE elle-même.
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+ Le 29 mars 2004, l'Alliance accueille sept nouveaux pays, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie, portant ainsi à vingt-six le nombre de ses membres. Ce sont des États militairement peu puissants, mais trois d'entre eux, les pays baltes, sont d'anciennes républiques soviétiques, et les autres d'anciens États satellites du pouvoir soviétique, Slovénie exceptée. Ces États doivent réformer leur organisation militaire en profondeur, accepter les standards de l'OTAN, développer les « capacités politico-militaires afin de pouvoir intervenir sur des crises et conflits différents d'une agression armée classique » (Lieutenant-colonel Francisco Stoicafnec).
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+ À la suite des révolutions de couleur survenues en Géorgie (révolution des Roses) puis en Ukraine (révolution orange), ces deux autres anciens États soviétiques ont fait part de leur volonté d'adhérer à l'Alliance. Lors du sommet de Bucarest de 2008, la France et l'Allemagne, désireuses de ménager Moscou, s'opposent aux États-Unis qui y sont favorables ; le communiqué final réaffirme un accord de principe de l'Alliance, mais n'ouvre pas la porte du Plan d'action pour l'adhésion (MAP) à ces deux pays ce qui équivaut à un renvoi sine die de leur adhésion[81].
126
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+ En avril 2009, à l'occasion du sommet de l'OTAN à Strasbourg et à Kehl, qui célèbre le 60e anniversaire de l'OTAN et voit d'importantes manifestations antimilitaristes et anticapitalistes, est annoncée l'adhésion de l'Albanie et de la Croatie, ce qui porte le nombre d'États membres à vingt-huit.
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+ Dans les années 2000, l'OTAN poursuit le développement d'initiatives de partenariats avec des pays hors d'Europe mais qui présentent à un titre ou à un autre un intérêt stratégique dans une vision élargie de la sécurité des membres de l'Alliance. L’Initiative de coopération d'Istanbul, lancée en 2004, s'adresse aux pays du golfe Persique. Des relations de coopération sont développées au cas par cas avec des pays alliés des États-Unis dans le monde comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon ou la Corée du Sud, qui participent à la FIAS en Afghanistan[82].
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+ La dissuasion nucléaire : à la fin de la guerre froide, les États-Unis diminuèrent drastiquement le nombre de leurs armes nucléaires tactiques entreposées sur le sol des pays de l'OTAN en Europe, le ramenant de plusieurs milliers à quelques centaines ; dans les années 2000, il resterait entre 150 et 200 charges nucléaires B-61, entreposées dans cinq pays, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie, les Pays-Bas et la Turquie, après le retrait de ces armes de Grèce en 2001 et du Royaume-Uni à partir de 2004. Les principales raisons du maintien des NSNW (Armes nucléaires non stratégiques) en Europe une fois la guerre froide terminée avaient été le souci de ne pas compromettre la cohésion et la solidarité entre Alliés et le besoin de maintenir une garantie nucléaire résiduelle. Les Russes conservent plusieurs milliers de ces armes, arguant de plusieurs facteurs de déséquilibre en leur défaveur, comme les forces nucléaires de la France et du Royaume-Uni, la supériorité conventionnelle des pays de l'OTAN et leur situation de quasi-encerclement par les pays de l'Alliance, aux portes de leurs frontières, ce qui n'est pas le cas des États-Unis[83],[84].
132
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133
+ La protection contre les armes NBC : après l'accord, conclu au sommet de Prague en 2002, visant à renforcer les capacités de défense de l'Alliance contre les armes de destruction massive (ADM) et contre les menaces nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques (NRBC), l'OTAN met en place en 2003 et 2004 un bataillon multinational de défense NRBC et divers moyens de prévention, d'éducation et de lutte contre ces risques.
134
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+ La défense antimissile : le concept stratégique de l'OTAN, actualisé lors du sommet de Washington pour le 50e anniversaire de l'Alliance en 1999, affirme la nécessité d'améliorer les moyens de défense de l'Alliance contre les risques et les menaces potentielles de prolifération des armes NBC et de leurs vecteurs, y compris par des travaux sur une défense antimissile[m],[85]. Au sommet de Prague en 2002, les membres de l'Alliance se mettent d'accord pour mettre en place un dispositif OTAN antimissile de théâtre (ALTBMD) et décident de lancer une étude de faisabilité concernant la défense antimissile balistique territoriale. En 2003, le Conseil OTAN-Russie se saisit du sujet afin que soient évalués les niveaux possibles d’interopérabilité des systèmes antimissile de théâtre de l’OTAN et de la Russie. La mise en œuvre du dispositif OTAN antimissile de théâtre prend un tour concret en 2006 et aboutit à un premier déploiement opérationnel en 2010.
136
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137
+ En parallèle, une orientation complémentaire est prise en 2008 lors du sommet de Bucarest visant à intégrer le système antimissile de l'OTAN et la composante européenne du système de défense antimissile de territoire des États-Unis (GMD) que les Américains souhaitent implanter en Pologne et en République tchèque. Face à l'hostilité de la Russie et aux réticences de plusieurs alliés européens au premier rang desquels la France, le président Obama abandonne ce projet en septembre 2009 au profit d'une nouvelle approche, dite EPAA, qui permet à la nouvelle administration américaine de renouer le dialogue avec la Russie sur ces questions de dissuasion nucléaire et de défense antimissile[86],[87].
138
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+ À la fin des années 1990, les relations entre l'OTAN et la Russie traversent une crise sous le double effet de la concrétisation de l'élargissement de l'OTAN et plus encore de l'intervention militaire de l'OTAN dans le conflit au Kosovo sans l'accord de la Russie. Début 2000, Vladimir Poutine succède à Eltsine à la tête de la Russie. Pragmatique, conscient des faiblesses de la Russie et de ce que l'Alliance est appelée à demeurer la principale alliance politico-militaire en Europe, il s'engage sur la voie de la normalisation des relations avec l'OTAN qui se conclut par la déclaration de Rome de mai 2002 relative à un partenariat stratégique entre les deux parties et à l'instauration du Conseil OTAN-Russie (COR)[n],[88].
140
+
141
+ Cette relance des relations entre la Russie et l'OTAN intervient au moment où l'Alliance négocie activement la poursuite de son extension vers l'est de l'Europe et dans le Caucase, que la Russie continue de condamner à de nombreuses reprises durant toute la décennie[89]. Ainsi, peu après le sommet de l'OTAN d'avril 2008 à Bucarest, Poutine déclare « qu'élargir l'OTAN, c'est ériger de nouveaux murs de Berlin »[90]. Sergueï Lavrov estimant que l'OTAN s'étend « toujours plus près de la frontière russe », affirme que ce déploiement est « la source de tous les problèmes systémiques qui ont surgi dans les relations que la Russie entretient avec les États-Unis et l'Union européenne »[91].
142
+
143
+ Jugeant que la politique de l'Alliance menace ses intérêts géopolitiques et s'estimant en particulier visée par le projet de bouclier antimissile mis en place par les États-Unis, la Russie manifeste son mécontentement en suspendant le 12 décembre 2007 l'application sur le traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), alors que George W. Bush avait dénoncé le traité ABM en juin 2002.
144
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+ De 2002 à 2008, certaines coopérations concrètes se mettent en place : la Russie, par exemple, apporte une contribution dans les domaines de la logistique et de la formation aux actions de la FIAS en Afghanistan. L'action militaire menée par la Russie en Georgie en 2008 provoque une interruption de ces coopérations, dont la reprise est décidée lors du sommet tenu à Strasbourg-Kehl en avril 2009[92]. Ces évènements témoignent aussi de ce que la Russie considère que l'adhésion de la Géorgie — comme de l'Ukraine — à l'Alliance atlantique constituerait un véritable casus belli[93].
146
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+ Les menaces continuent de s'éloigner de l'Europe au début des années 2000, avec la fin des conflits dans l'ex-Yougoslavie et une relation stabilisée avec la Russie. Les pays européens poursuivent donc la décroissance de leurs budgets et effectifs militaires commencée au début des années 1990. La France met fin au service militaire national. Il n'en est pas de même pour les États-Unis qui mènent durant cette décennie 2000 deux guerres majeures, en Afghanistan puis en Irak. Les effectifs des pays européens de l'OTAN diminuent de presque 600 000 hommes de 2000 à 2010 malgré l'arrivée de nouveaux membres depuis 1999. Le personnel civil et militaire passe de 2,5 a 1,1 % de la population active entre 1990 et 2010.
148
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149
+ La question qui se pose alors aux Alliés est de savoir si, pour faire face à des menaces de moins en moins localisées au sein ou en bordure de ses frontières, l’OTAN doit ou non intervenir partout dans le monde ? Les Alliés tranchent le débat, lors d’une réunion tenue à Reykjavik les 14 et 15 mai 2002, en décidant d’intervenir au-delà de la zone de responsabilité habituelle : l’engagement en Afghanistan à partir de 2003 est la conséquence de cette décision[94].
150
+
151
+ L’OTAN prend la direction de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan le 11 août 2003. Créée en vertu d'un mandat de l'ONU, la FIAS se trouve face à une mission longue et difficile qui mobilise des effectifs considérables. À partir de 2011, la responsabilité de la sécurité est progressivement transférée aux forces afghanes. Le processus de transition s'achève à la fin de l'année 2014, terme de la mission de la FIAS.
152
+
153
+ Lors du sommet de Prague en 2002, l'OTAN crée une force de réaction rapide et réorganise ses structures de commandement autour du Commandement Opérations (ACO) et du Commandement Transformation (ACT). L'OTAN annonce que la force de réaction rapide est devenue pleinement opérationnelle à l'occasion du sommet de Riga en 2006. Elle consiste alors en une force interarmées (terre, air, mer) multinationale de 25 000 hommes, comprenant une brigade d'armée de terre, une force aéronavale et une composante aérienne capable d’effectuer 200 sorties de combat par jour. Elle peut être déployée en cinq jours et soutenir des opérations pendant 30 jours, ou davantage si elle est réapprovisionnée. Placée sous l’autorité du Commandant suprême des Forces alliées en Europe (SACEUR), elle est en mesure de mener toute la gamme des missions de l’Alliance, depuis les opérations de secours en cas de catastrophe ou de maintien de la paix jusqu’aux opérations de combat les plus intenses[95],[96].
154
+
155
+ Depuis le début des années 2010, le fait géopolitique majeur est pour l'Alliance le regain de tensions en Europe même avec la réémergence de la Russie sur la scène internationale. L'Alliance entreprend donc depuis lors un nouveau cycle de révision de sa stratégie et de ses plans de défense. Elle poursuit à petits pas son élargissement avec l'adhésion du Monténégro devenue effective en juin 2017. À cette même date, trois pays, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord et la Géorgie sont candidats à l'adhésion, sans qu'une échéance précise n'en soit définie[97].
156
+
157
+ Au sommet de Lisbonne fin 2010, l'Alliance adopte un nouveau concept stratégique, toujours actuel en 2016[98], qui :
158
+
159
+ Dans le contexte de la crise économique mondiale des années 2008 et suivantes, l'OTAN assure aussi son avenir en réduisant son train de vie dans ses organismes tant civils que militaires et en développant sa communication publique, par exemple en créant une chaîne de télévision (NATO TV Channel). D'importantes réformes de structure sont menées à bien dans les années 2010-2012 qui réduisent sensiblement les effectifs civils et militaires des organismes de l'OTAN. L'OTAN impulse aussi une initiative de « défense intelligente » qui vise à développer les coopérations multinationales afin de renforcer les capacités de défense des États européens par la recherche de synergies, d'économies d'échelle et d'évitement de doublons. L'Union européenne et l'OTAN développent également leur coopération institutionnelle dans un objectif de mise en cohérence de leurs plans d'action de renforcement des capacités de défense et de conduite d'opérations de gestion de crise.
160
+
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+ La baisse constante des dépenses de défense des pays européens depuis la fin de la guerre froide est stoppée à partir de 2014 qui enregistre encore une baisse mais moins importante que les années précédentes (-1 % contre plus de -2 % chacune des cinq années précédentes). La tendance est clairement inversée en 2015 avec une hausse de 0,6 % et en 2016 avec une prévision de hausse de 3 %[102].
162
+
163
+ Le programme ALTBMD de l'OTAN est opérationnel depuis 2011 dans une première version. Il dote l’OTAN d’une capacité de théâtre contre des missiles balistiques à courte portée. Seul le système de commandement et de contrôle est financé et développé en commun par l’Alliance afin d’intégrer et de rendre interopérable les systèmes de missiles de chacun des pays de l'OTAN qui y participent, dont la France.
164
+
165
+ Au sommet de Lisbonne, l'OTAN donne une place beaucoup plus considérable que par le passé à la défense antimissile (BMD), en affirmant que « le but d’une capacité de défense antimissile de l'OTAN est d’assurer la couverture totale et la protection de l'ensemble des populations, du territoire et des forces des pays européens de l’OTAN contre la menace croissante que représente la prolifération des missiles balistiques ». L'opportunité d'un tel accroissement du niveau d'ambition est fournie aux Européens par le programme « European Phased Adaptive Approach (EPAA) » américain qui leur apporte le bénéfice du système Aegis et ne laisse à leur charge que son interconnexion avec le système ALTBMD de l'OTAN. Les contributions américaines consistent notamment en un radar en Turquie, quatre navires dotés du système Aegis (déployés à partir de 2014 depuis la base navale espagnole de Rota (en)), en un site Aegis ashore en Roumanie (opérationnel depuis 2016). Un deuxième site américain Aegis ashore est en cours de construction en Pologne[103].
166
+
167
+ À l'occasion du sommet de Varsovie en 2016, l'OTAN « déclare la capacité opérationnelle initiale de défense antimissile balistique (BMD) territoriale de l'OTAN », qui combine les moyens américains avec ceux fournis par les Européens, dont la mise en œuvre intégrée sera assurée par le système C2 de l'OTAN dont les fonctionnalités existantes de défense de théâtre (ALTBMD) seront étendues d'ici 2018 à la défense de territoire (BMD) afin de permettre un contrôle politique collectif des alliés.
168
+
169
+ Selon l'OTAN, ce système BMD de l'OTAN vise à parer les menaces résultant du développement par des pays comme l'Iran de missiles à courte ou moyenne portée susceptibles d'atteindre l'Europe et notamment son flanc sud ; il ne menace pas la force de dissuasion nucléaire de la Russie, du fait qu'il ne possède pas de capacité d'interception de ses missiles stratégiques. Les dirigeants russes ne partagent pas ce point de vue et continuent de dénoncer la politique antimissile de l'OTAN.
170
+
171
+ La défense antimissile est aussi un sujet sensible dans les relations entre l'OTAN et la France, par crainte que la prolifération de systèmes antimissile en réponse aux plans de l'OTAN et des États-Unis ne réduise la capacité de sa force de dissuasion nucléaire à atteindre ses cibles potentielles et donc la crédibilité de sa dissuasion nucléaire qui demeure un pilier de sa doctrine de défense.
172
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173
+ Les relations se sont progressivement tendues durant la décennie en cours. Le sujet de discorde principal et permanent est l'installation du bouclier anti-missile de l'OTAN. Mais la crise ukrainienne et la guerre civile syrienne qui marquent le retour de la Russie au premier plan de la diplomatie mondiale aggravent fortement les différends. Ces tensions se développent sur fond de réarmement des Russes et de l'OTAN après des années de baisse des dépenses militaires[104],[105].
174
+
175
+ La crise ukrainienne : en mars 2014, la crise ukrainienne connaît un développement important avec le rattachement de facto de la Crimée et du port stratégique de Sébastopol à la Russie. Le 17 mars, le Conseil de l'Atlantique nord (CAN) déclare « que le prétendu référendum qui a eu lieu le 16 mars en République autonome ukrainienne de Crimée est illégal et illégitime »[106]. Le 1er avril 2014, l'OTAN suspend toute coopération pratique, tant civile que militaire, avec la Russie[107]. Le sommet de l'OTAN au pays de Galles en septembre 2014 condamne les actions de la Russie en Ukraine[108]. Toutefois trois réunions du Conseil OTAN-Russie se sont tenues en 2016[109]. L'OTAN poursuit le partenariat avec l'Ukraine, mais il n'est plus question d'envisager une adhésion à un terme prévisible[110].
176
+
177
+ Concernant la Géorgie, sa demande d'adhésion continue d'être examinée mais sans qu'aucun calendrier précis ne soit affiché et sans qu'elle ne soit invitée à participer au plan d'action pour l'adhésion afin de ne pas aggraver les relations avec la Russie.
178
+
179
+ Le désarmement : la Russie avait suspendu en décembre 2007 son adhésion au traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), tout en continuant de participer au Groupe consultatif commun qui se réunit régulièrement à Vienne pour faire le point sur l’application de ce traité FCE. En mars 2015, la Russie suspend également sa participation à ce groupe. Depuis 2014, l'OTAN a fait état à plusieurs reprises de ce qu'elle estime être des violations du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (traité FNI) de 1988 par la Russie.
180
+
181
+ Américains et Russes ont conclu en 2010 le traité New START de contrôle des armes nucléaires stratégiques. Concernant les armes nucléaires tactiques, le statu quo des années 2000 prévaut ; l'option dite « Global Zero » d'élimination de toutes ces armes par l'OTAN et la Russie, mise en avant par Barack Obama, ne fait pas consensus au sein des pays membres de l'OTAN et fait l'objet de négociations avec les Russes, sans qu'aucun progrès ne soit enregistré, en raison notamment des désaccords relatifs à la défense antimissile[111],[112],[113].
182
+
183
+ La baisse des dépenses de Défense des pays membres de l'OTAN, amorcée depuis la fin de la guerre froide, se poursuit au cours des années 2010. L'écart est important entre les Européens et les États-Unis dont l'effort de dépense exprimé en pourcentage du PIB est entre 2014 et 2016 en moyenne deux fois et demi plus élevé que celui de leurs alliés européens de l'OTAN. Cette différence s'explique en partie par le rôle mondial des États-Unis et leur engagement dans les guerres d'Afghanistan et d'Irak. Les États-Unis continuent d'être à un niveau de dépenses militaires très supérieur à tous les grands pays industrialisés occidentaux ce qui entretient tout à la fois leur poids prépondérant au sein de l'Alliance et leur demande que les Européens en fassent davantage pour leur sécurité. En 2015, alors que les États-Unis représentent 45,9 % du PNB des membres de l'OTAN, leur budget de la Défense compte pour 71,9 % du total de ses membres[115].
184
+
185
+ Lors du sommet de 2014 au pays de Galles, les 28 États membres de l'OTAN s'engagent à dépenser 2 % de leur PIB à l'horizon 2024 au titre de la défense, et à consacrer 20 % de cet effort à l'investissement dans les futurs équipements militaires[116]. En 2016, l'objectif des 2 % est loin d'être atteint puisque cinq pays seulement respectent cette norme : les États-Unis, la Grèce, le Royaume-Uni, l'Estonie et la Pologne. La France se rapproche de cet objectif contrairement à beaucoup de pays de l'UE auxquels elle demande régulièrement de contribuer davantage à la Défense de l'Europe et aux opérations extérieures dont elle assume à ses yeux une part disproportionnée. L'évolution du contexte international conduit cependant à une stabilisation des dépenses de Défense des Européens depuis 2014. L'année 2016 marque une légère inversion de tendance avec une augmentation de 3,8 % en termes réels (environ 10 milliards de dollars des États-Unis) des dépenses militaires des Européens soit 0,2 point de PIB[117]. Pour autant, l'Administration Trump accentue début 2017 la pression sur les alliés européens pour qu'ils augmentent leurs dépenses militaires plus rapidement. Donald Trump saisit l'occasion du mini-sommet du 25 mai 2017 à Bruxelles pour rappeler cette exigence[118],[119].
186
+
187
+ En 2014, l'OTAN annonce le renforcement de sa Force de réaction (NRF)[120], en créant en son sein une force « fer de lance » baptisée « force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation » (VJTF). Ce renforcement de la force de réaction rapide est une des mesures prises dans le cadre du plan d'action « réactivité » (RAP)[121] adopté par les Alliés pour répondre à leur analyse de l'évolution de l'environnement de sécurité[122]. Toujours dans l'objectif de renforcer la capacité de réaction rapide de l'OTAN, le sommet de Bruxelles en 2018 entérine une « initiative pour la disponibilité opérationnelle » par laquelle les Alliés seront en mesure d'ici 2020 de mobiliser 30 bataillons mécanisés, 30 escadrons aériens et 30 navires de combat dans un délai de 30 jours[123].
188
+
189
+ L'OTAN compte trente membres, vingt-huit pays européens et deux pays nord-américains. Le processus d'adhésion est régi par l'article 10 du traité de l'Atlantique nord qui limite les futurs membres aux seuls « États européens ». Comptant initialement douze membres fondateurs, l'OTAN s’élargit durant la période de la guerre froide en accueillant la Grèce et la Turquie en 1952, l'Allemagne de l'Ouest en 1955 (accords de Paris), puis l'Espagne en 1982. Depuis l'effondrement du bloc de l'Est marquant la fin de la guerre froide, douze pays d'Europe de l'Est ont rejoint l'OTAN en trois vagues entre 1999 et 2009. En juin 2017, le Monténégro devient le 29e État membre de l'OTAN, puis le 27 mars 2020, la Macédoine du Nord en devient le 30e État membre[124].
190
+
191
+ L'Alliance a lancé le Plan d'action pour l'adhésion (MAP) en avril 1999, au sommet de Washington, pour aider les pays candidats dans leurs préparatifs[125]. Le seul pays qui participe actuellement au MAP est la Bosnie-Herzégovine, depuis avril 2010.
192
+ L'Ukraine et la Géorgie, dont l'adhésion a été considérée un temps, ne font pas partie du MAP, en raison notamment de l'opposition de la Russie.
193
+
194
+ Le Partenariat pour la paix (PPP) : l'OTAN a signé de nombreux accords de coopération avec la plupart des États européens non membres et tous les pays de la CEI. Ce sont des accords bilatéraux et extrêmement souples : chaque État souhaitant participer au partenariat décide, en collaboration avec les États membres, du niveau de collaboration qu'il souhaite entreprendre avec l'OTAN. L'objectif est avant tout de maintenir des échanges d'informations avec les anciens États membres de l'URSS.
195
+
196
+ Le seul État européen qui ne fait pas partie du PPP, en plus des micro-États (Andorre, Liechtenstein, Monaco, Saint-Marin et Vatican), est Chypre.
197
+
198
+ D'autres partenariats, généralement plus distendus, existent : c'est le cas par exemple du dialogue méditerranéen qui réunit la Mauritanie, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Jordanie, Israël et l'Égypte.
199
+
200
+ L'OTAN est en 2016 organisé autour :
201
+
202
+ L'organisation de 2016 est le résultat de réformes entreprises en 2010 et 2011 qui ont visé à simplifier la structure, réduire les coûts et l'adapter à l'évolution des menaces auxquelles l'OTAN doit être en mesure de répondre, telles que définies lors de la dernière révision de sa stratégie militaire, également en 2010.
203
+
204
+ Le Conseil est l'organe principal de décision. Il s'agit du seul organe instauré par le traité de l'Atlantique nord (article 9) en 1949 et il possède l'autorité de mettre en place des entités subsidiaires, s'il l'estime nécessaire. Il est composé de représentants permanents des États membres (ayant rang d'ambassadeurs), il se réunit au moins une fois par semaine sous la présidence du secrétaire général de l'OTAN. Il prend ses décisions à l'unanimité. Les représentants permanents agissent sur instructions de leur pays, et rendent compte aux autorités nationales des positions des autres gouvernements. Parallèlement aux réunions des représentants permanents, les ministres des Affaires étrangères et ceux de la Défense se réunissent deux fois par an[126].
205
+
206
+ Enfin, tous les deux ans environ, les chefs d'État et de gouvernement des pays membres se réunissent en sommet de l'OTAN. Les sommets les plus récents se sont tenus en 2014 à Newport au pays de Galles, en 2016 à Varsovie et en 2018 à Bruxelles. Le statut et le degré d'importance des décisions du Conseil de l'Atlantique nord sont les mêmes qu'elles soient prises aux niveaux des représentants permanents, des ministres ou des chefs d'État ou de Gouvernement.
207
+
208
+ Le Conseil s'appuie sur un ensemble de Comités qui assurent la préparation de ses réunions et du processus de prise de décision.
209
+
210
+ Tandis que le Conseil de l'Atlantique nord est l'autorité ultime au sein de l'OTAN, le NPG (en anglais : Nuclear Planning Group (en)) est l'organe de haut niveau chargé des questions nucléaires au sein de l'Alliance. Le NPG examine les questions politiques spécifiques liées aux forces nucléaires et des questions plus larges comme la maîtrise des armes nucléaires et la prolifération nucléaire. Tous les membres, à l'exception de la France, font partie du NPG, indépendamment du fait qu'ils détiennent ou non des armes nucléaires. Le NPG a été fondé en décembre 1966 pour permettre un processus de consultation sur la doctrine nucléaire au sein de l'OTAN, au moment où la France quittait la structure militaire intégrée de l'OTAN. Il s'appelait initialement le comité des questions de défense nucléaire[127]
211
+
212
+ Le Comité militaire (CM) est la plus haute instance militaire de l'OTAN. Il est la principale source de conseils pour le Conseil de l’Atlantique nord et le groupe des Plans nucléaires, et contribue à l'élaboration des politiques et concepts stratégiques. Il fournit également des orientations stratégiques aux deux commandements stratégiques : le Commandement allié Opérations et le Commandement allié Transformation[128]. Le Comité militaire se compose d’officiers de haut rang des pays membres de l’OTAN qui servent en qualité de représentants militaires (MILREP). Périodiquement, le Comité militaire se réunit au niveau des chefs d'état-major des armées. La France n'a pas siégé à ce comité de 1966 à 1995, date à laquelle le Président Chirac décide que la France reprenne en partie sa place dans les institutions militaires de l'OTAN sans pour autant rejoindre le commandement militaire intégré. Élu parmi les chefs d'état-major de la défense des pays de l'OTAN pour un mandat de trois ans, le président actuel du comité militaire est le Air Chief Marshal britannique Stuart Peach (en)[129].
213
+
214
+ Chaque pays membre de l'OTAN est représenté par une délégation au siège de l'Organisation, qui participe au processus de consultation, afin de permettre à l'Alliance de prendre des décisions ou de mener des actions collectivement. Elle est dirigée par un ambassadeur ou une ambassadrice (aussi appelé(e) « représentant(e) permanent(e) »). De taille variable, les délégations sont principalement composées de fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères et de la Défense, qui siègent[130]. Madame Muriel Domanech est, depuis septembre 2019, ambassadrice, représentante permanente de la France auprès de l'OTAN[131]. Le vice-amiral d'escadre Eric Chaperon est depuis septembre 2017 le représentant militaire de la France auprès de l'OTAN[132],[133]. Il cumule ce poste avec celui de chef de la représentation militaire française auprès du Comité militaire de l'Union européenne.
215
+
216
+ Le secrétaire général de l'OTAN est le plus haut fonctionnaire international de l'Alliance. Il est chargé de piloter le processus de consultation et de prise de décision de l'Alliance et de faire en sorte que les décisions soient exécutées. Il préside le Conseil de l'Atlantique nord, dirige le Secrétariat international et représente l'Alliance à l'extérieur. Depuis le 1er octobre 2014[134], cette fonction est occupée par Jens Stoltenberg, ancien Premier ministre de Norvège.
217
+
218
+ Le Secrétariat international (SI) a un effectif d’environ 1 000 personnes, toutes ressortissantes de pays membres de l'OTAN. Il fournit des avis, des orientations et un soutien administratif aux délégations des pays auprès de l’OTAN, depuis le siège de l'OTAN à Bruxelles. Il contribue à la mise en œuvre de toutes les décisions prises par les comités, à tous les niveaux[135].
219
+
220
+ L'Assemblée parlementaire de l'OTAN a été fondée en 1955 pour amener les parlementaires à prendre part au débat sur les questions transatlantiques[136]. Bien que totalement indépendante de l'Organisation, l'Assemblée constitue un lien entre l'OTAN et les parlements de ses pays membres. L'Assemblée compte 266 parlementaires issus des 30 pays membres de l'Alliance. Chaque délégation, dont la composition numérique est fonction de la population du pays, reflète les couleurs politiques du parlement national, représentant ainsi un large éventail d'opinions politiques[137]. Dix-huit députés et sénateurs français y participent[138]. À leurs côtés, les délégués de quatorze pays associés européens et de quatre pays associés méditerranéens ainsi que des observateurs de sept autres pays participent aux travaux de l'Assemblée.
221
+
222
+ La structure permanente de l'OTAN (par opposition aux moyens apportés ponctuellement par les États membres dans le cadre d'opérations comme l'ISAF en Afghanistan) comprend des agences et de nombreux comités (politiques, financiers, techniques) qui sont dédiés au soutien du commandement politique et militaire de l'OTAN. Les agences de l'OTAN constituent un mécanisme vital pour l'acquisition et le maintien des capacités collectives de l'OTAN. Au sommet de Lisbonne, en 2010, les chefs d'État et de gouvernement des pays de l'OTAN sont convenus de rationaliser les 14 agences autour de trois thèmes programmatiques majeurs : acquisition, soutien, et information et communication, et de ramener à environ 85 les quelque quatre cents comités. Cette réforme a abouti en 2012[139]. En juillet 2012, quatre nouveaux organismes, reprenant les fonctions et responsabilités des agences existantes, ont été créés[140] :
223
+
224
+ Cette structure permanente de soutien emploie environ 10 000 personnes, civils ou militaires.
225
+
226
+ Durant la guerre froide, l'organisation militaire de l'OTAN reposait principalement sur une division géographique, au plus haut niveau de laquelle existait le Commandement allié pour l'Europe (ACE) identifié le plus souvent sous le nom de son quartier général, le SHAPE, et le Commandement allié pour l'Atlantique (ACLANT) auxquels treize quartiers généraux étaient subordonnés.
227
+
228
+ Avec la réorganisation de 2003, toute la fonction opérationnelle est concentrée en un seul commandement : le Commandement allié des opérations (Allied Command for Operations - ACO), par fusion des anciens commandements Europe (ACE) et Atlantique (ACLANT)[142]. Son quartier général, le « SHAPE » (Supreme Headquarters Allied Powers in Europe, Grand Quartier général des puissances alliées en Europe) est basé à Mons, en Belgique. Le Commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) est un commandement dual car il dirige non seulement l'ACO mais aussi le Commandement des forces des États-Unis en Europe[143][144]. Le Commandement allié des opérations dirige alors trois état-majors interarmées basés à Brunssum (Pays-Bas), à Oeiras dans la banlieue de Lisbonne (Portugal) et à Naples (Italie) et six états-majors de composante (air, terre, mer) :
229
+
230
+ Cette réorganisation s'accompagne de la création du Commandement allié pour la transformation (ACT, Allied Command Transformation) situé dans la base navale de Norfolk (Virginie, États-Unis), utilisant les infrastructures de l'ancien Commandement allié Atlantique (ACLANT). L'ACT dirige les efforts militaires visant à adapter les forces de l'Alliance à un environnement en mutation rapide.
231
+
232
+ Les deux commandements « ACO » et « ACT » sont tous deux rattachés au Comité militaire (MC) de l'OTAN.
233
+
234
+ Faisant suite à l'adoption d'un nouveau concept stratégique au sommet de Lisbonne en 2010, une nouvelle réorganisation est initiée en 2011 qui vise à réduire les coûts et à améliorer la capacité de l'OTAN à faire face avec rapidité et flexibilité à des menaces diversifiées partout dans le monde. Les suppressions et regroupements de formations décidés, qui touchent surtout l'ACO, sont opérationnels depuis 2013, réduisant de 10 à 6 le nombre de quartiers-généraux majeurs et de 13 000 à 8 800 leurs effectifs[145].
235
+
236
+ La structure de commandement de l'OTAN[146],[147] s'appuie d'une part sur des structures permanentes multinationales propres à l'OTAN et d'autre part sur des états-majors organisés et préparés par certains de ses États membres pour intervenir dans le cadre des opérations conduites par l'OTAN. La plupart d'entre eux peuvent aussi être mobilisés pour conduire des opérations de l'Union européenne.
237
+
238
+ Placée sous l'autorité du Comité militaire, l'organisation militaire de l'OTAN est principalement constituée[148],[149],[150] :
239
+
240
+ Les structures rattachées à l'ACO comprennent[148],[149] :
241
+
242
+ Lors du sommet du pays de Galles en 2014, l’OTAN adopte un « plan d’action pour la réactivité (RAP) » afin de renforcer sa posture de dissuasion et de défense de l’Alliance en assurant une présence avancée à ses frontières Est et Sud-Est[156]. Parmi les mesures adoptées, figure l'établissement de huit petits quartiers généraux, appelés « unité d’intégration des forces OTAN (NFIU) »[157].
243
+
244
+ Le sommet de Bruxelles en 2018 entérine le renforcement de la structure de commandement de l'OTAN par la création d'un nouveau commandement basé à Norfolk aux États-Unis pour aider à protéger les routes de communication maritimes entre l’Amérique du Nord et l’Europe et d'un autre commandement basé à Ulm en Allemagne pour améliorer le mouvement de troupes et d’équipements au sein de l’Europe[158],[159].
245
+
246
+ Le dispositif militaire de l'OTAN est entièrement repensé au début des années 2000, le besoin n'étant plus d'être capable de faire face à une attaque massive des armées du Pacte de Varsovie sur le territoire européen, mais de pouvoir projeter hors du territoire de ses membres des forces capables de répondre à des situations de crise. Le nouveau dispositif, appelé Force de réaction de l'OTAN (NATO Response Force - NRF), est adopté en 2003 et devient opérationnel l'année suivante. Lors du sommet du pays de Galles, en 2014, il est décidé de renforcer la NRF en créant, en son sein, une « force fer de lance » baptisée « force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation » (VJTF)[160].
247
+
248
+ La Force de réaction de l’OTAN (NRF) est une force multinationale à haut niveau de préparation, regroupant des éléments des forces terrestres, aériennes, maritimes et d'opérations spéciales qui peuvent être déployés rapidement : sa composante VJTF peut déployer ses éléments de tête dans un délai de deux à trois jours.
249
+
250
+ Le fonctionnement de la NRF repose sur les notions de rotation et de pays-cadre. À tour de rôle, les pays membres de l'OTAN mettent à disposition de la Force de réaction de l'OTAN des états-majors et des unités pour une durée de douze mois.
251
+
252
+ La défense aérienne et antimissile intégrée de l'OTAN (NIAMD) est une mission permanente, en temps de paix comme en période de crise ou de conflit, qui a pour objectif de protéger les pays de l'Alliance contre toute menace ou attaque aérienne ou de missile. Cette mission de police du ciel de l’OTAN nécessite un système de surveillance et de contrôle aériens (ASACS), une structure de commandement et de contrôle aériens (C2 Air), des aéronefs disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et depuis 2015 des systèmes anti-missiles. Depuis sa création en 1961, le système OTAN de défense aérienne intégrée est la seule capacité opérationnelle de l’Alliance, pour laquelle les autorités nationales ont délégué à l’OTAN, à titre permanent, le pouvoir de défendre les pays de l’Alliance et pour laquelle des ressources nationales étaient employées dans le cadre d'une structure C2 de l'OTAN[161],[162].
253
+
254
+ Dans ce cadre, les pays baltes dont les forces armées sont très limitées, bénéficient depuis 2004 d'une couverture aérienne permanente de l'OTAN, dénommée Baltic Air Policing. À fin 2017, dix-sept États membres avaient participé à une ou plusieurs des rotations de trois ou quatre mois organisées pour assurer cette mission[163],[164],[165],[166].
255
+
256
+ Outre ses moyens de commandement, l'OTAN dispose de quelques moyens opérationnels en propre. Ce sont essentiellement trois entités multinationales à caractère directement opérationnel rattachés à l'ACO :
257
+
258
+ Pour chaque opération conduite par l'OTAN, les moyens militaires nécessaires sont apportés par les états membres et les pays partenaires de l'OTAN, au cas par cas, en fonction des besoins et de la volonté de chaque État d'y participer ou non.
259
+
260
+ Une douzaine de pays de l'OTAN partagent l'utilisation de la Heavy Airlift Wing (HAW) créée en 2009 pour le transport aérien stratégique qui dispose de trois McDonnell Douglas C-17 Globemaster III sur la base aérienne de Pápa en Hongrie.
261
+
262
+ En 2014, à la suite de nombreuses dissolutions et rapatriement d'unités, l'Armée américaine n'a plus en Europe comme unités de combat que la 173e brigade parachutiste en Italie et le 2e régiment de cavalerie[173]. Le quartier-général du 5e corps d'armée a été désactivé en 2013, et de nombreux rapatriements et suppressions d'unités sont prévus jusqu'en 2016[174].
263
+
264
+ Le Royaume-Uni qui avait déployé la majorité de ses forces blindées au sein de la British Army of the Rhine stationnée dans le nord de l'Allemagne de l'Ouest, a vu son contingent baisser depuis la fin de la guerre froide. En 2013, il est prévu le retrait total des forces britanniques en Allemagne d'ici 2019[175].
265
+
266
+ de l'OTAN2016 et 2017
267
+
268
+ Le financement de l'Otan est négocié entre pays membres tous les deux ans. Les pays membres supportent de manière directe ou indirecte les frais de fonctionnement de l’OTAN et le coût de la mise en œuvre de ses politiques et activités ; la comptabilité de l'Otan est opaque sur certains points comme les opérations secrètes[176],[177].
269
+
270
+ Les contributions directes couvrent les dépenses de l'Alliance qui servent les intérêts communs de ses membres et qui n’incombent à aucun d’entre eux en particulier. Les contributions des États membres sont calculées selon une formule de partage des coûts fondée sur leur revenu national brut. Les cinq principaux contributeurs sont, dans l'ordre décroissant de leur participation financière, les États-Unis, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie. La France est donc le 3e contributeur aux budgets de l’OTAN[122],[178].
271
+
272
+ Ce financement commun alimente les trois principaux budgets gérés par l'OTAN :
273
+
274
+ Mds US$
275
+
276
+ Chaque État membre de l'OTAN supporte en plus les coûts liés aux opérations de l'OTAN auxquelles il choisit de participer. Ces contributions sont les plus importantes. Un État membre fait par exemple une contribution indirecte lorsqu'il décide d'affecter des équipements ou des forces à une opération militaire OTAN et assume le coût de cette décision.
277
+
278
+ Lors du sommet de 2014 au pays de Galles, les 28 États membres de l'OTAN se sont engagés à consacrer au moins 2 % de leur PIB aux dépenses militaires à l'horizon 2024. En 2017, seuls la Grèce, l'Estonie, le Royaume-Uni, la Pologne et les États-Unis respectent déjà cette règle[177]. Les dépenses de défense des États-Unis représentent de manière constante depuis 2010 plus de 70 % des dépenses de défense des pays de l'OTAN : selon les données publiées par l'OTAN, le budget militaire des États-Unis s'élève en 2017 à 683 milliards de dollars, soit 72 % du budget total de défense des États membres[179]. Ce déséquilibre leur donne un poids prépondérant dans les décisions[177] et traduit la faiblesse de l'effort de défense des États européens et leurs hésitations à bâtir une défense européenne moins dépendante des États-Unis.
279
+
280
+ Depuis le début de son existence, l'OTAN a élaboré puis régulièrement mis à jour sous le vocable général de « concept stratégique » des documents publics ou non qui décrivent ses missions de sécurité fondamentales, identifient les caractéristiques essentielles de son environnement de sécurité et fournissent des directives pour l'adaptation de ses forces militaires[180]. Ces concepts stratégiques sont validés au moins par le Conseil de l'Atlantique nord en session ministérielle et depuis la fin de la guerre froide par les chefs d'État et de gouvernement dans le cadre d'un sommet de l'OTAN.
281
+
282
+ Le concept stratégique adopté au sommet de Lisbonne en 2010 est le septième depuis la création de l'Alliance. Il ressort du document public le décrivant une grande continuité de la stratégie de l'OTAN en matière de dissuasion nucléaire et d'autre part des initiatives nouvelles en matière de défense antimissile, de lutte contre le terrorisme et la cybercriminalité[98]. L'accent est également mis sur le développement des capacités de gestion de crise.
283
+
284
+ Dans un contexte financier encore marqué par la crise de l'automne 2008, l'OTAN décide simultanément de refondre son organisation afin de réduire fortement ses effectifs qui passeront de 17 000 avant 2009, à moins de 13 000 en 2010, avec des options pour l'avenir allant de 9 500 à 7 500 personnels[181].
285
+
286
+ 2 Validation par le comité des plans de défense. Depuis la sortie de la France de l'organisation militaire intégrée, les pays membres se réunissaient sans la France sur les questions militaires. Au niveau ministériel, le comité des plans de défense était pour ces questions l'équivalent du Conseil de l'Atlantique nord. Il a été supprimé en 2010, après le retour de la France en 2009 dans l'organisation militaire de l'OTAN.
287
+
288
+ Initialement, la planification stratégique de l'OTAN concerne les forces conventionnelles et prévoyaient 96 divisions et 9 000 avions en 1954. L’arrivée des premières armes nucléaires tactiques a lieu en octobre 1953, le troisième concept stratégique adopté en 1956 introduit les armes nucléaires stratégiques selon la doctrine des représailles massives et envisageaient 28 divisions en 1961[182]. Avec la montée en puissance de l'arsenal nucléaire soviétique, les doutes émergent de plus en plus quant à la crédibilité de cette doctrine. Faisant suite à la crise de Suez qui voit s'opposer fortement des membres majeurs de l'OTAN, en parallèle de l'actualisation de sa stratégie militaire, l'Alliance jette les bases d'une coopération plus poussée en matière de politique étrangère y compris hors de la zone de l'Atlantique nord[183].
289
+
290
+ À partir de 1961, les Américains poussent à l'adoption d'un nouveau concept stratégique selon la doctrine de la réponse flexible, sans qu'un consensus ne puisse s'établir en raison des réticences de beaucoup de pays européens, la France en tête. Le grand débat stratégique occupe une place considérable au sein des instances décisionnelles de l'OTAN et des gouvernements alliés[184].
291
+
292
+ Le retrait français en 1966 crée l'occasion de réorganiser le fonctionnement de l'OTAN, de donner plus de poids aux alliés européens majeurs que sont le Royaume-Uni et la RFA, et de trouver un compromis pour l'adoption d'un nouveau concept stratégique qui entérine les principes de la réponse flexible. Ce quatrième concept, souple par nature, reste en vigueur jusqu'à la fin de la guerre froide.
293
+
294
+ Pendant la période de la guerre froide, la menace principale perçue par les alliés est que les Soviétiques, qui disposent d'une supériorité au moins quantitative forte relative aux forces conventionnelles, lancent une offensive majeure pour conquérir l'Europe occidentale. Face à cette menace, l'OTAN a successivement adopté trois postures stratégiques en matière d'emploi des forces conventionnelles[185] :
295
+
296
+ L'effondrement du bloc soviétique et la disparition de la menace principale que représentait le Pacte de Varsovie conduit à une révision en profondeur de la stratégie de l'OTAN afin de l'adapter à un nouvel environnement géo-politique et à l'émergence de nouvelles menaces. Trois concepts stratégiques ont été successivement adoptés depuis 1991, le dernier en date en novembre 2010 lors du sommet de Lisbonne.
297
+
298
+ Dans le monde multipolaire actuel, le rôle et les missions de l'OTAN sont devenus multiples et sortent donc du traditionnel espace euratlantique. Cependant, l'OTAN n'a pas vocation à se substituer à l'ONU et à ses Casques bleus : selon les déclarations de son secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, l'OTAN n'a pas vocation à devenir une organisation mondiale de défense : « nous n’avons pas besoin d’une OTAN à vocation mondiale. Ce n’est pas l’enjeu de notre transformation. Le type d’OTAN qu'il nous faut — et que nous mettons en place avec succès — c’est une Alliance qui défend ses membres contre les menaces planétaires : le terrorisme, la dissémination des armes de destruction massive et les États faillis »[186].
299
+
300
+ Les stratégies de la nouvelle OTAN sont fortement influencées par l'accroissement du risque terroriste — notamment depuis l'attaque du 11 septembre 2001 sur les États-Unis —, la dissémination avérée ou potentielle des armes nucléaires — liée par exemple au programme nucléaire iranien —, et la multiplication des foyers de crise requérant des moyens de réaction rapide :
301
+
302
+ Pendant la guerre froide, l'OTAN n'aura mené aucune opération militaire, ce que ses membres analysent comme la démonstration que l'Alliance est une expérience réussie de sécurité et de dissuasion collectives, qu'il convient de préserver dans le monde du début des années 1990 dans lequel tous les dangers et toutes les incertitudes n'ont pas disparu.
303
+
304
+ Mais les missions et l'organisation des moyens militaires de l'OTAN évoluent nécessairement fortement puisque la menace principale n'est plus celle d'une attaque des armées du pacte de Varsovie sur le territoire de ses membres, mais celle résultant de crises ou de guerres limitées à leur périphérie voire dans des zones géographiques plus lointaines dès lors que leurs intérêts vitaux seraient menacés. Cet élargissement du champ d'intervention de l'OTAN à des missions nouvelles au-delà du strict cadre défensif du territoire de ses membres se traduit à partir du début des années 1990 par l'engagement de ses moyens militaires hors de leurs frontières. Il ne s'agit pour autant pas de la transformation de l'OTAN en une organisation de sécurité globale à vocation mondiale, la France en particulier s'y refusant clairement[55],[187].
305
+
306
+ La guerre en Bosnie-Herzégovine, le premier des conflits qui font suite à l'éclatement de la république fédérative socialiste de Yougoslavie, est le premier champ opérationnel d'intervention de l'OTAN à partir de 1993. Puis l'OTAN intervient à partir de 1999 au Kosovo où stationne toujours début 2017 la KFOR, force de maintien de la paix de l'OTAN sous mandat de l'ONU.
307
+
308
+ Au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001, le Conseil de l'Atlantique nord invoque pour la première fois dans son histoire l’article 5 du traité de Washington[188] en déclarant que l’attaque contre les États-Unis était une attaque dirigée contre eux tous[189]. À ce titre, l'OTAN mène depuis 2001 des opérations maritimes en Méditerranée et dans l'océan Indien.
309
+
310
+ Cependant, plusieurs des opérations militaires majeures conduites par les États-Unis en coalition avec d'autres pays ne l'ont pas été dans le cadre de l'OTAN :
311
+
312
+ Début 2017, l'OTAN est principalement engagé en Afghanistan, au Kosovo et dans des opérations navales en Méditerranée[190].
313
+
314
+ ONU
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+
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+ (Serbie)
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+
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+ Adopté le 14 octobre 1953, le drapeau de l’OTAN est composé d’une rose des vents blanche à quatre directions accompagnée de quatre lignes radiales blanches sur un fond bleu foncé.
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+ Le premier mémorial européen honorant la mémoire des soldats morts ou blessés lors d'opérations de l'OTAN a été inauguré le 25 février 2012 à Fréthun dans le Pas-de-Calais[214],[215].
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+ Le mot nature est un terme polysémique (c’est-à-dire qu'il a plusieurs sens) : il peut signifier la composition et la matière d'une chose (ce qu'elle est, son essence), l'origine et le devenir d'une chose, l'ensemble du réel indépendant de la culture humaine, ou l'ensemble des systèmes et des phénomènes naturels[1].
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+ Au sens commun, la nature peut regrouper :
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11
+ Face au constat des répercussions négatives des activités humaines sur l'environnement biophysique et la perte accélérée de naturalité et de biodiversité au cours des dernières décennies, la protection de la nature et des milieux naturels, la sauvegarde des habitats et des espèces, la mise en place d'un développement durable et raisonnable et l'éducation à l'environnement sont devenues des demandes pour une grande partie des citoyens de la plupart des pays industrialisés. Les principes de l'éthique environnementale, de nouvelles lois et des chartes de protection de l'environnement fondent le développement d'une idéologie culturelle humaine en relation avec la biosphère.
12
+
13
+ Si l'étymologie du terme « nature » est relativement bien connue, l'évolution de son sens est beaucoup plus complexe à déterminer, et ce terme a connu des significations très différentes voire contradictoires pendant son histoire[1].
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15
+ Le mot nature est attesté en français depuis 1119[2]. Il vient du latin natura, qui désignait « le cours des choses ; le caractère naturel, la constitution, la qualité ; l'univers » et littéralement « naissance ». Le terme vient lui-même du participe passé nasci (« être né »)[1]. Si ce terme signifie essentiellement le « caractère inné » au IIe siècle avant notre ère, le latin classique, notamment par le biais de Cicéron, va l'enrichir de tous les sens du terme grec phusis, beaucoup plus complexe et obscur et dont il devient la traduction en philosophie latine[1].
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17
+ Comme le dit Merleau-Ponty[3][source insuffisante], « le mot latin « nature » vient de nascor, « naître, vivre » ; il évoque donc ce qui existe depuis la naissance, ce qui est dans son état natif, sans modifications. Ce mot est la traduction latine du mot grec phusis, du verbe phuein, dérivé de la racine phu qui désigne la croissance végétale. Phuein, c'est l'éclosion, ce qui se manifeste en révélant ce qui était contenu dans la semence; ainsi, le phuein, c'est le propre de la plante qui croît à partir de soi-même, qui a son centre de changement à l'intérieur et non pas à l'extérieur, comme une pierre ». Pour Merleau-Ponty, cette parenté de la phusis et du végétal fait que « est nature ce qui a un sens, sans que ce sens ait été posé par la pensée. C'est l'autoproduction d'un sens ».
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+
19
+ Cette étymologie indique que les anciens grecs et romains avaient une conception dynamique, « vitaliste » de la nature[1], conception selon laquelle le vivant n'est pas réductible aux lois physico-chimiques de la matière[4]. Pour les grecs de l'antiquité, Aristote en particulier, la nature est une puissance d'engendrement des êtres, mais cette puissance n'est pas séparée des choses elles-mêmes, elle leur est « immanente » : « chaque être naturel a en soi-même un principe de mouvement et de repos »[5].
20
+
21
+ Aristote énumère cependant plusieurs définitions différentes de la nature, et introduit une opposition entre le naturel et l'artificiel : le naturel est ce qui est produit par la phusis, ce qui existe par soi-même, l'artificiel est ce qui est produit par la technè, par l'action et le travail humain. C'est cette opposition qui sera plus tard reprise dans la philosophie romaine par Cicéron à travers l'opposition nature/culture[1].
22
+
23
+ Cette notion vitaliste s'est estompée au XVIIe siècle où le mot devient synonyme d'univers matériel, réglé par des lois[1]. C'est ainsi que Fontenelle, après Descartes, dira que « la nature est en grand ce qu'une montre est en petit »[6]. Mais si cette vision mécaniste de la nature reste encore largement répandue, elle a été critiquée par Engels dans son Anti-Dühring[7] : pour lui il faut concevoir la nature, aussi bien sur terre que dans l'univers comme un processus évolutif, historique et dialectique : rien dans la nature ne reste identique à soi, tout change et se transforme en permanence (Voir Darwin et l'évolution des espèces; la théorie du Big Bang; Alfred Wegener et la dérive des continents, etc.).
24
+
25
+ Dans l'usage commun et religieux, la nature a longtemps été présentée dichotomiquement en Europe, comme ce qui est autour de l'Homme, qui n'est pas lui (opposé à la culture), et qui est animé par des processus ou des forces qui lui échappent[réf. souhaitée] vu de façon horizontale, puis lors du Moyen Âge et avec l'arrivée de la pensé industrielle, une hiérarchie entre l'homme et la nature s'impose, l'homme est au-dessus de la nature, jusqu'à arriver à un stade d'opposition à la nature[8]. À présent, avec les progrès scientifiques, il est généralement considéré comme acquis que l'espèce humaine soit parmi d'autres dans la nature. Les sciences et notamment l'écologie montrent que la nature (co-)évolue dans le temps et l'espace, selon des dynamiques complexes, incluant celles de l'évolution des espèces, la sélection naturelle, et que les forces animées ou détournées par l'être humain ou d'autres espèces sont devenues capables de modifier les grands processus naturels planétaires.
26
+
27
+ Dans l'interprétation des philosophies animistes ou religieuses, la nature est présentée comme manifestant l'équivalent d'une volonté autonome ou d'un sens déterminé. Ainsi, celle-ci se vengera de ce qu'on lui fait de mal, ou au contraire rendra au centuple le bien qu'on lui fait. Certains actes sont considérés comme contre nature. Ces expressions laissent penser que des cultures de l'homme contemporain accordent une valeur particulière à la Nature, d'ordre éthique, d'ordre moral ou d'ordre naturel, qu'il s'y inclut ou non.
28
+
29
+ La nature est perçue par les sens et est pensée de façon variable selon les espèces et les individus inclus[réf. souhaitée]. Du point de vue philosophique, la distinction se fait simplement entre la nature, la nature des espèces et la représentation de la nature humaine (Homo sapiens). Le raisonnement confine, limite et précise donc par défaut la capacité humaine et l'envergure à accorder, à reconnaître et à considérer à la valeur de l'exercice.
30
+
31
+ La représentation de la « nature humaine » correspond logiquement aux philosophies humaines existantes et aux cultures humaines possibles.
32
+
33
+ La « philosophie de la nature » est un sujet d'apparence inexplorable par l'être vivant, malgré de multiples miroitements perceptibles.
34
+
35
+ D'une certaine façon, on peut dire que le christianisme, suivant la tradition biblique et judaïque, a désacralisé la nature, qui fut alors associée à celle d’une transcendance divine, extérieure à l'homme[1]. Le mot même de « nature » n'apparaît jamais dans la Bible[1].
36
+
37
+ Dans la Genèse, la nature est présentée dans le récit de la Création, comme l'œuvre d'un Dieu créateur :
38
+
39
+ La Création se poursuit tout au long de « six jours ». Le sixième jour, Dieu crée l'homme et la femme :
40
+
41
+ La nature est alors présentée comme un accès à l’Écriture sainte.
42
+
43
+ Actuellement, pour les catholiques, la nature est l'appellation laïque de création.
44
+
45
+ Saint Augustin, reprenant la tradition philosophique grecque, voit dans les créatures deux types de nature : l'essence (essentia) et la substance (substantia). Pour lui, « même le plus ignorant lit dans le monde ». Les clés d'accès aux Écritures sont alors les quatre sens de l'Écriture.
46
+
47
+ La littérature allégorique du Moyen Âge faisait appel à plusieurs de ces sens pour l'interprétation des textes. Alain de Lille (1114-1203) écrivit par exemple deux poèmes (Anticlaudianus et De planctu Naturae) dont le principal personnage est « Nature », qui est une figure emblématique des lois du monde créé par Dieu. Il précise que ces poèmes doivent être lus à trois niveaux : au sens littéral (pour l'entendement puéril), au sens moral, ou au sens allégorique[9].
48
+
49
+ Une autre illustration de ces représentations de la nature se trouve dans la série des tapisseries de La Dame à la licorne, qui est toute chargée d'allégories[10].
50
+
51
+ L’idée sous-jacente est que la nature ne fait rien au hasard, mais est soumise à un commandement divin.
52
+
53
+ Le transcendantalisme, né au XIXe siècle, suit le principe selon lequel la nature est un être divin, apprenant à l'homme la raison et la beauté[1]. Les transcendantalistes trouvent dans la nature une source d'expériences et d'aventures indispensables au développement intellectuel et spirituel de l'Homme.
54
+
55
+ Cette idée prévaut jusqu’à l'apparition de la conception moderne de la science (Galilée).
56
+
57
+ Nouvelles représentations
58
+
59
+ Avec Galilée et Descartes, une nouvelle représentation du monde apparaît avec une nouvelle hiérarchie. Descartes rejette la philosophie scolastique :
60
+
61
+ Dans sa philosophie, Descartes introduisit des rapports radicalement nouveaux entre la l'homme et la nature, divisant le monde entre « res extensa » (les choses, donc la nature, passive) et « res cogitans » (l'esprit, donc l'Homme et Dieu, actifs et pourvus d'une intentionnalité)[1].
62
+
63
+ Avec l’âge classique au XVIIe siècle, et la naissance de la science moderne, on assiste ainsi à l’invention d'une nouvelle représentation de la nature. Cette représentation est le résultat de la croyance de beaucoup de philosophes des XVIIe et XVIIIe siècles, selon lesquels la nature était gouvernée par une loi universelle, la gravitation. On perçoit une extension des limites du monde connu à d'autres planètes. Le monde s'étend alors au système solaire dont on connaît les « lois » d'évolution qu'il est possible de décrire sous une forme mathématique.
64
+
65
+ La méthode expérimentale permit de faire progresser la connaissance de l’histoire « naturelle » (i.e. des sciences naturelles). Ce qui a fait dire à Maurice Merleau-Ponty « Ce ne sont pas les découvertes scientifiques qui ont provoqué le changement de l’idée de Nature. C’est le changement de l’idée de Nature qui a permis ces découvertes »[12].
66
+
67
+ Émancipation de la pensée
68
+
69
+ L'époque moderne a aussi inventé la liberté de pensée (cogito ergo sum, dit Descartes), il devient possible de parler publiquement d'athéisme.
70
+
71
+ L’intervention divine devient alors plus abstraite, confinée au mystère de la foi. Ainsi, certaines formes d'empirisme ne rejettent pas la notion de foi et de religion, au contraire : la méthode expérimentale du physicien et chimiste irlandais Robert Boyle, par exemple, s'appuie sur une foi vécue dans l'expérimentation scientifique.
72
+
73
+ Descartes rejette la conception aristotélicienne de la nature, l'existence de Dieu étant perçue sur un plan purement métaphysique. Une nouvelle conception de l’homme apparut au XVIIIe siècle, un homme qui s'appuie davantage sur la raison et sur l'expérience pour comprendre le monde. Au XIXe siècle, la notion même de métaphysique s'estompe presque complètement, submergée par les idéologies.
74
+
75
+ Spinoza reviendra sur les propos de Descartes qu'il récuse notamment à travers son expression Deus sive Natura (« Dieu, c'est-à-dire la Nature »). Spinoza, dans Le Traité théologico-politique et l'Éthique identifie Dieu à une Nature « nécessaire », divinité infinie et immanente qui fait un avec la nature. La substance universelle se compose ainsi aussi bien du corps que de l'esprit.
76
+
77
+ La conception de l'homme, développée par Descartes, est tardive en Occident, mais également inédite dans l’histoire du monde. Les sciences humaines n’héritent pas d’un domaine vacant car l’« homme n’existait pas ».
78
+
79
+ Mais cette émancipation partielle de l'humanité n'a pas pour autant supprimé toute forme de croyance. Pendant les Lumières, alors que les pratiques religieuses sont souvent perçues comme des superstitions par les philosophes, la conception populaire d'une sacralisation de la nature prit une emphase toute particulière. Ainsi, la croyance en un dieu créateur est très présente à travers le déisme : Voltaire ne croyait-il pas en un dieu créateur, qui aurait abandonné l'humanité à son triste destin ? Cette croyance poussée à l'extrême engendra le culte de la Raison et de l'Être suprême. Il est significatif de constater que dans ce contexte de déchristianisation, parmi les fêtes civiques, c'est la fête de la nature qui aura réellement du succès.
80
+
81
+ Évolutions sémantiques et esthétiques
82
+
83
+ Ce changement de représentation se fit à la faveur d'un changement linguistique majeur : l'apparition du français classique[13].
84
+
85
+ Ainsi, le mot physique, qui étymologiquement, en grec, signifie la nature dans son ensemble (phusika), changea de sens pour prendre un sens presque exclusivement scientifique.
86
+
87
+ Un autre corollaire fut une évolution de la sensibilité esthétique. La hiérarchie des genres de la peinture classique, par exemple, accordait peu d'importance au paysage. Celui-ci occupa à partir du XIXe siècle une place beaucoup plus importante.
88
+
89
+ La conception cartésienne de la nature n'a pas pour autant supprimé le sens que donnent les naturalistes à ce mot. L'histoire des sciences naturelles montre que l'interaction des êtres vivants entre eux et avec leur milieu a été une préoccupation constante de beaucoup de scientifiques, qui a pris une importance croissante jusqu'à l'avènement d'une écologie plus holistique, dont la naissance peut se situer vers le XVIIIe siècle. Elle illustre la diversité des thèmes étudiés en écologie, et de façon plus générale dans les sciences naturelles.
90
+
91
+ Une étude de 2020[1] suggère qu'il existe actuellement quatre sens principaux au terme « nature », irréductibles les uns aux autres :
92
+
93
+ La notion de nature porte donc en elle des questions philosophiques, à travers les rapports que l'homme entretient avec le milieu naturel et l'environnement, ses conceptions de la vie sociale, et les multiples sens qu'il est possible d'attribuer au mot nature dans les représentations sociales.
94
+
95
+ Le mot nature a donc conservé des sens multiples (polysémie). Les préoccupations environnementales actuelles montrent combien il importe d'identifier ces sens et leurs finalités dans chaque contexte particulier : suivant la définition utilisée, le rapport de l'Humanité à la « nature » n'est pas le même, et l'idée de « conservation de la nature » change d'objet, d'objectifs et de méthodes[1].
96
+
97
+ La nature recouvre les réalités suivantes :
98
+
99
+ La Terre est la seule planète connue pour abriter la vie et ses caractéristiques naturelles font l'objet de nombreuses recherches scientifiques. Au sein du Système solaire, c'est la troisième la plus proche du Soleil ; c'est la plus grande planète tellurique et la cinquième plus grande de toutes. Ses principales caractéristiques climatiques sont la présence de deux grandes régions polaires, deux zones tempérées relativement étroites et une vaste région équatoriale tropicale à subtropicale[14][réf. à confirmer]. Les précipitations varient considérablement selon l'endroit, de plusieurs mètres d'eau par année à moins d'un millimètre[réf. nécessaire]. 71 % de la surface de la Terre est recouverte d'océans d'eau salée. Le reste est constitué de continents et d'îles[réf. nécessaire], la majeure partie des terres habitées se trouvant dans l'hémisphère Nord[pertinence contestée].
100
+
101
+ La Terre a évolué grâce à des processus géologiques et biologiques qui ont laissé des traces des conditions originales. La surface extérieure est divisée en plusieurs plaques tectoniques qui migrent progressivement. L'intérieur reste actif, avec une épaisse couche de manteau en convection et un noyau rempli de fer qui génère un champ magnétique. Ce noyau de fer est composé d'une phase interne solide et d'une phase externe fluide. Le mouvement de convection dans le noyau génère des courants électriques par dynamo qui, à leur tour, génèrent le champ géomagnétique[réf. nécessaire].
102
+
103
+ Les conditions atmosphériques ont été considérablement modifiées par rapport aux conditions d'origine par la présence de formes de vie[15], ce qui crée un équilibre écologique qui stabilise les conditions de surface. Malgré les grandes variations régionales du climat selon la latitude et d'autres facteurs géographiques, le climat mondial moyen à long terme est assez stable pendant les périodes interglaciaires[16], et les variations d'un degré ou deux de la température moyenne mondiale ont eu historiquement des effets majeurs sur l'équilibre écologique et sur la géographie de la Terre[17],[18].
104
+
105
+ Voir :
106
+
107
+ Le caractère imprécis de la définition même de « Nature » entretient une ambiguïté dans la relation entre Hommes et Nature[1].
108
+
109
+ La biosphère terrestre étant de plus en plus marquée par l'empreinte de l'Homme, il devient de plus en plus difficile d'y trouver des espaces purement « naturels » au sens de « dépourvus d'influence humaine ». La nature au sens le plus strict est refoulée d'une part vers le bas, dans le sous-sol lointain et les grands fonds océaniques, et d'autre part vers le haut, dans l'espace intersidéral. Les phénomènes climatiques eux-mêmes ne sont plus considérés comme indépendants de l'activité humaine.
110
+
111
+ D'un autre côté, le concept est souvent employé dans un sens dérivé pour désigner des espaces aménagés par l'homme mais dans lesquels une large place est réservée à des peuplements végétaux et animaux ; c'est ainsi qu'on peut parler de nature à propos d'une forêt, même si elle est cultivée et exploitée depuis des siècles, et qu'on qualifie même de parcs naturels des territoires où s'exercent des activités agricoles intensives dotées de moyens mécaniques et chimiques modernes. Dans ce cas, le qualificatif naturel désigne certaines caractéristiques paysagères (variables selon le lieu et sans définition universelle) et n'implique pas l'absence d'artifice humain. Il fait référence à un mode de gestion de l'espace par l'Homme, plutôt qu'à une absence d'intervention humaine.
112
+
113
+ Le mot naturel a également été employé à l'époque coloniale dans un sens équivalent à celui du mot anglais native, c'est-à-dire au sens étymologique, pour désigner les habitants natifs des pays colonisés. Cette appellation, qui ne se voulait pas injurieuse, avait cependant une connotation raciste dans la mesure où elle suggérait que ces hommes vivaient dans des conditions plus « proches de la nature » que les autres. Dans le même ordre d'idées, l'imagination populaire représente souvent les hommes de la Préhistoire comme plus naturels que les hommes d'aujourd'hui, suggérant que la nature correspond à un état primitif dont le progrès amène inéluctablement à s'éloigner.
114
+
115
+ L'idée de nature a été remaniée par la culture urbaine à travers la notion mythique de sauvagerie désignant de manière générale ce qui est extérieur à la civilisation. Le fait que le même mot sauvage soit utilisé d'une part comme un synonyme de naturel et d'autre part pour qualifier des actes particulièrement violents ou cruels (même s'ils sont commis dans des sociétés urbaines avec des moyens techniques sophistiqués) met bien en évidence une certaine tradition idéologique qui place plus ou moins consciemment du côté de la nature ce qui est étranger à la culture dominante et/ou mauvais. Paradoxalement, il se trouve aussi que, dans d'autres contextes, le mot naturel est employé dans la langue populaire comme un synonyme de normal, légitime ou logique ; la Nature, lieu de la sauvagerie, est donc aussi celui du bon sens fondamental et, par voie de conséquence, elle est la source des principes les plus légitimes de l'Homme civilisé.
116
+
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+ Le développement des sciences et des techniques au cours des deux derniers siècles a été, de son côté, largement accompagné par une idéologie d'opposition entre l'Homme et la Nature, la connaissance étant généralement perçue comme un instrument de domination de la Nature plutôt que comme un moyen de vivre en harmonie avec elle. Cette époque a vu aussi se développer la philosophie du droit naturel, dont découlent notamment les droits de l'homme et selon laquelle l'Homme se verrait attribuer par nature des prérogatives immuables ; mais ici le paradoxe n'est qu'apparent, car dans ce contexte la notion de nature est employée dans le sens de nature humaine, et n'implique aucune espèce de « réconciliation » avec la Nature (la promotion des droits de l'homme est d'ailleurs, jusqu'à présent, indépendante de toute préoccupation environnementale)[19].
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+
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+ En fait, la distinction entre l'humain et le naturel repose essentiellement sur des notions historiques et subjectives, voire contradictoires. La question de son bien-fondé universel reste ouverte. La distinction (parfois conçue comme une opposition) a été inspirée et justifiée par le besoin, d'origine religieuse ou découlant de certaines formes d'humanisme, de représenter l'Homme comme un être en-dehors ou au-dessus de la Nature même si par ailleurs l'Homme n'est pas séparable de son environnement naturel avec lequel il est en interaction permanente et dont il ne peut pas plus s'affranchir que n'importe quelle autre espèce vivante[1].
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+
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+ Voir les thèmes suivants :
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+ La forêt, stratégiquement importante pour la fourniture du bois, a fait l'objet d'une protection foncière particulière, renforcée en France depuis Colbert au XVIIe siècle. Récemment, le génome des espèces sauvages ou domestiques a pris une valeur juridique particulière avec une privatisation permise par « marques » de propriété d'hybrides et variétés végétales « créées » (ou isolées) par les semenciers puis les premières autorisations de brevetage du vivant. Mais la faune, la flore, la fonge et les organismes vivant sont encore en France et dans de nombreux pays considéré par le législateur comme res nullius (chose sans propriétaire).
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+
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+ Depuis peu, et au niveau international, ils tendent cependant à être identifiés comme une partie du bien commun, qu'est la biodiversité, source de services écosystémiques ; ce qui donne une « valeur » nouvelle à la nature, notamment marquée en Europe par les directives Habitat ou Oiseaux.
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+
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+ La « Nature » a récemment dans plusieurs pays, dont en France acquis un droit de protection, puis de représentation, assimilable dans une certaine mesure et dans certains cas à celui des droits des « victimes ». Ainsi, les aménageurs doivent prospectivement appliquer le principe « éviter > réduire > compenser » les impacts écologiques lors des grands projets[20]. Et, en cas de pollution ou de catastrophe, le pollueur doit maintenant prendre en charge des compensations et/ou réparations. Théoriquement, cela se fait selon le principe pollueur-payeur, qui reste cependant difficile à appliquer quand la pollution est ancienne ou diffuse.
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+
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+ Le principe de « préjudice écologique » a été en France, en 2012, confirmé par la Cour de Cassation lors du procès de l'Erika.
130
+
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+ La notion de nature renvoie a priori à l’idée d’un domaine ayant ses propres principes de développement, qui serait hors de l’action de l’homme. Or, on réalise aujourd'hui que le changement climatique a une origine anthropique. L’idée de nature n’est donc pas suffisante. Il y a une complémentarité et une interaction entre la nature et les communautés humaines. L’esquisse de cette complémentarité réciproque peut s'éclairer avec la notion de culture écologique.
132
+
133
+ On constate par exemple que les notions de patrimoine naturel et de patrimoine culturel sont intimement liées, en observant le patrimoine mondial de l'UNESCO qui dresse une liste de sites naturels et culturels.
134
+
135
+ La convention de 2007 de l'UNESCO souligne l'interaction des communautés humaines avec la nature, dans la définition qui a été donnée du patrimoine culturel immatériel :
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+
137
+ Voir aussi : Culture et nature
138
+
139
+ La notion de culture recouvre deux sens :
140
+
141
+ Le premier correspond à l’idée de civilisation. Cette idée est aussi ancienne que l'histoire de l'humanité, mais a trouvé une nouvelle signification avec la Philosophie des Lumières. Dans ce sens, la culture est le trait distinctif de l’espèce humaine, associé à ses savoirs et savoir-faire. Cette conception française de la culture serait plutôt individualiste.
142
+
143
+ Le second est le sens allemand, émergeant sous l’influence du romantisme. La culture est la configuration particulière de croyances coutumières, traits matériels, organisations sociales… elle est une totalité singulière, une sphère autonome incommensurables avec d’autres totalités. Cette conception plus collective s'oppose à la conception française.
144
+
145
+ Dans Les Mots et les Choses, Michel Foucault définit l’anthropologie comme l’étude des rapports entre la nature et la culture. Globalement on peut appréhender cette question en distinguant les anthropologies matérialistes et les anthropologies symbolistes.
146
+
147
+ Les anthropologies matérialistes s’intéressent aux fonctions structurantes de la vie matérielle. L’idée sous-jacente est que la nature est un déterminant de base : elle y est définie en termes ethnocentrique, comme étant le moteur de la vie sociale. On y trouve l’anthropologie marxiste des années 1970 en France, pour laquelle la nature est une donnée brute qui peut être appropriée ou transformée, et l’environnement naturel est une précondition de l’environnement économique. On trouve aussi la sociobiologie et l’écologie culturelle, entre lesquelles on souligne un certain parallèle puisque pour les deux, la cause ultime des comportements revient au champ de la nature. Dans tous les cas, pour les anthropologies matérialistes, la culture est une forme particulière d’adaptation à une nature qui serait partout un élément déterminant et conditionnant.
148
+
149
+ Les anthropologies symbolistes s’intéressent aux caractères symboliques de la vie sociale. Elles mettent l’accent sur les aptitudes des hommes à créer un monde de signification et d’intentionnalités dépendant des déterminations brutes de la nature.
150
+
151
+ Dans Anthropologie Structurale 2, Lévi-Strauss dit que l’anthropologie est la discipline qui pense la relation entre la nature et la culture. La dichotomie nature / culture soulevée, l’opposition nature / culture suggère deux possibilités. Soit la culture est ce qui donne un sens à nature (la culture impose sa signification à la nature). Soit la nature détermine les rapports sociaux (la nature donne forme à la culture).
152
+
153
+ La dichotomie nature / culture utilisée comme outil analytique est en partie dérivée de Claude Lévi-Strauss. Il l’a notamment utilisée comme opérateur central pour décoder les mythologies. Celui-ci a été reconnu pertinent par les ethnologues de ces sociétés amérindiennes. La mythologie retrace la construction de la nature sur un fond initial d’indifférenciation culturelle (ainsi, dans les mythes amérindiens, au début les animaux et les hommes avaient la même apparence). Chez Lévi-Strauss, l’opposition, là où elle est pertinente, c’est-à-dire dans les mythes, n’est qu’une façon de mettre une étiquette sur des contrastes.
154
+
155
+ L’écologie culturelle donne un crédit illimité à la nature. L’anthropologie structurale, à ce propos, n’oppose pas une forme d’idéalisme mais aussi un naturalisme, mais un naturalisme de principe. Lévi-Strauss n’a jamais varié dans l’idée que la nature conditionne les opérations intellectuelles, la nature devenant donc une construction empirique. L’étude naturaliste doit permettre de comprendre la structure des groupes culturels. Ce qui intéresse Lévi-Strauss est de rendre compte de la manière dont l’esprit opère dans des contextes culturels et géographiques distincts (ex : les Mythologiques). La mythologie révèle dans une forme épurée les opérations d’un esprit qui n’est plus condamné à mettre en ordre, mais qui peut « jouer » avec les règles de fonctionnement de la pensée.
156
+
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+ La dichotomie nature / culture est une spécificité culturelle occidentale développée en Europe à partir de la Renaissance puis en Occident moderne de Descartes à Darwin, qui s’est répandue dans le monde entier, en même temps que s’accroissait l’influence politique, culturelle et commerciale de l’Occident (Grandes découvertes, colonisation, science occidentale), mais qui n'est pas partagée universellement[1],[21]. Ce paradigme n’est pas simplement un outil analytique parmi d’autres, il est aussi la clef de voûte de l’épistémologie moderne. Ainsi, Philippe Descola dans Par-delà nature et culture (2005) distingue quatre « modes d’identification » qui sont le totémisme, l’animisme, l'analogisme et le naturalisme. Selon lui, seule la société naturaliste (occidentale) produit cette frontière entre soi et autrui à travers l’idée de « nature » dans le sens de « ce qui ne relève pas de la culture », ce qui ne relève pas des traits distinctifs de l’espèce humaine, et des savoirs et savoir-faire humains (une des quatre définitions énumérées plus haut)[1].
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+ Son usage comme outil analytique en ethnologie a parfois été fécond. Toutefois, et Descola l’a montré dans Par-delà nature et culture, l’idée de nature est étrangère à de nombreuses sociétés.
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+ Un art martial est un style ou une école dont l’enseignement porte principalement sur des techniques de combat, à mains nues et/ou avec arme. Historiquement, cet apprentissage intègre une dimension spirituelle et morale visant à la maîtrise de soi (essentielle, tant pour renoncer au combat s'il est évitable, que pour y faire face dans le cas contraire), et s’enrichit de multiples connaissances (culturelles, philosophiques et médicales, notamment). Ainsi, les arts martiaux visent au développement global de l’individu : externe (force, souplesse), interne (énergie, santé), intellectuel et moral.
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+ Du fait de son histoire, le terme « art martial » est le plus souvent, dans le langage courant, utilisé pour désigner une discipline de combat asiatique, et les arts martiaux les plus populaires en Europe et en Amérique. Ils incluent les arts martiaux japonais, chinois, vietnamiens ou coréens. Cependant, des écoles similaires d’« arts du combat » existent dans de nombreuses régions et cultures, et les arts martiaux, au sens large, englobent aujourd’hui une grande variété de disciplines.
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+ L'histoire des arts martiaux remonte aux premiers âges de l'humanité et se caractérise par un système complexe de diffusion parmi les cultures et les régions du monde.
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+
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+ Les difficultés à cerner le cœur et les limites du concept d’« arts martiaux » sont une problématique essentiellement occidentale. En Asie, ces questions ne se posent pas, chaque pays, chaque langue ayant son propre terme pour désigner sa pratique, voire plusieurs si cela s’avère nécessaire. Par souci de clarté, les ouvrages spécialisés utilisent ainsi, le plus souvent, ces termes « d’origine », retranscrits : Wu Shu pour les arts martiaux chinois, Bujutsu ou Budo pour les arts martiaux japonais, Vo Thuat pour le Viêt Nam, Thaing en birman, etc.
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+
9
+ La locution française « arts martiaux » est la traduction de l’anglais « martial arts », un néologisme créé vers 1933 pour désigner initialement les techniques de combat du Japon[1]. Toutefois, le terme désigne, à l'origine, le système de combat en Europe, vers 1550. Il est dérivé du latin et signifie arts de Mars, dieu romain de la guerre[2].
10
+
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+ Présents en Asie depuis longtemps, les Occidentaux n’avaient cependant pas appréhendé la richesse des arts martiaux, dont l’enseignement leur restait interdit, caché, et qu’ils assimilaient à des variantes de leur « boxe ». Ainsi, les journalistes occidentaux relatant la célèbre révolte de 1900 en Chine, parlèrent simplement de « boxeurs », d’où le nom « Guerre des Boxers »[3].
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+
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+ Mais de leur côté, les Japonais, épris de modernité et voulant cadrer avec la tendance sportive de l’époque, commencèrent vers 1880 à créer les « Budo » actuels (Judo, Kendo, Karatedo, Aïkido…), versions épurées de leurs arts martiaux traditionnels (bu-jutsu ou bu-jitsu), expurgées de leurs techniques les plus dangereuses. En meilleurs termes avec les Occidentaux, désireux de les séduire et de rehausser l’image du Japon, ils leur présentèrent ces « Budo », ouvrant l’Occident à la connaissance des « arts martiaux », comme on commença alors à les nommer…[4]
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+ Parce qu’elle est souvent mal, ou incomplètement comprise en Occident, la locution « art martial » donne souvent lieu à discussion, ou prête à critiques et laisse certains pratiquants insatisfaits. Un petit détour par l’étymologie s’impose donc.
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+ Que ce soit en Chine, au Japon ou au Viêt Nam, par exemple, le sinogramme (pictogramme) qui sera ultérieurement traduit par « martial » est le même : « Wu », en chinois, « Bu » en japonais, « Vo » en vietnamien. Utilisé comme signifiant « guerre », « combat », il représente de façon stylisée un garde avec une lance, et peut se décomposer en deux caractères[5], « arrêter » la « lance », de sorte que son sens est plutôt « celui qui maintient la paix », étant bien entendu que celui qui veut assurer la paix doit être « capable de se battre pour que cette valeur survive »[6]. Il y a donc une double signification : arrêter la lance de l’adversaire, et arrêter sa propre lance[7]. Ainsi se trace un portrait du combattant plus proche de notre notion du « chevaleresque » (avec ce que cela implique de bravoure, d’aspiration à la justice et de rectitude morale) que de l’image du guerrier assoiffé de conflit. On est assez loin, on le voit, des connotations courantes du terme « martial » en français. Venu du latin « Martialis » (de Mars, dieu de la guerre chez les Romains), le terme « martial » est défini par « qui dénote une âme belliqueuse », et renvoie à une idée d’agressivité, de violence assumée, voire souhaitée, l’emploi de la force étant ici préconisé pour résoudre un désaccord.
18
+
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+ De plus, il est utile de s’interroger sur le sens véritable avec lequel il faut entendre le mot « art ». En effet, il n’y a pas vraiment de connotation artistique ou esthétique dans les termes japonais ou chinois d’origine, en dehors des formes ou katas traditionnels qui sont effectivement artistiques. Certains considèrent le mot « art » en son sens premier : « ensemble de moyens, de procédés conscients par lesquels l’homme tend à une certaine fin, cherche à atteindre un certain résultat »[8], tel qu’il est venu du latin : « ars : habileté, métier, connaissance technique »[9], c’est-à-dire sans implication d’esthétisme. Il ne s’agit pas de nier le fait, évident, que de certaines pratiques martiales se dégage un réel plaisir esthétique. D'autres adoptent l'esprit oriental qui associe à leur pratique martiale une forme d'art comme enseigné en faculté des Beaux-Arts, à l'instar de la peinture ou la calligraphie. Leur art résulte alors de la recherche de la perfection, ainsi que de l’harmonie des mouvements devant combiner équilibre, précision, puissance et vitesse, pour un maximum d’efficacité[10]. La dimension physique, technique, du combat est une dimension de l’apprentissage, l’ensemble formant un tout dense et nécessaire.
20
+
21
+ L’adoption unanime d’« art martial » provient donc de la traduction occidentale des kanji japonais. Le mieux est d'en revenir aux langues (Vietnamien, Chinois, Japonais, etc.) et aux contextes d'origine (guerres civiles, lois interdisant le port d'armes, recrutement de jeunes soldats dans l'armée, etc.). Les arts martiaux contribuent donc à embellir la personnalité de leurs pratiquants, tout en renforçant leur équilibre, leur bravoure et leur morale vis-à-vis de la société actuelle.
22
+
23
+ À l’origine, la locution « arts martiaux » ne s’appliquait qu’à des disciplines de combat d’origine japonaise, et c’est encore ainsi qu’on la trouve définie par certains[11],[12]. Cependant, l’usage a fait s’ouvrir cette définition à toutes les disciplines d’origine asiatique, et c’est généralement cette acception que l’on retrouve dans les ouvrages généralistes actuels[13], et dans l’usage courant.
24
+
25
+ Au XXIe siècle, la tendance à l’extension du concept semble se poursuivre, celui-ci se retrouvant parfois associé à une large variété de disciplines de combat, sans plus mentionner de critère d’origine géographique.
26
+ En effet, tous les peuples du monde ont, face aux dangers et aux guerres, développé leurs propres systèmes de combat, que la mondialisation ou les travaux d’historiens ont permis de découvrir et de pratiquer. On parle ainsi d’arts martiaux historiques européens, d’arts martiaux brésiliens, d’arts martiaux tunisiens, etc. Pour certains[Qui ?], cet usage est abusif. Bien que ne remettant pas en cause l’authenticité de ces « arts du combat », ils considèrent l’origine géographique et l’ancrage culturel comme essentiels ou soulignent le fait que la « simple » pratique d’une technique de combat, aussi efficace soit-elle, ne suffit pas à faire d’une discipline un « art martial »[14]. Pour d’autres, la langue est vivante et évolue en fonction de l’usage qu’on en fait. Le débat reste ouvert.
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+
28
+ L’histoire des arts martiaux remonte aux premiers âges de l’humanité, et se caractérise par un système de diffusion complexe ayant vu s’entremêler les cultures, voyager les techniques et s’échanger les connaissances.
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+
30
+ À l’origine était la nécessité pour l’Homme de se défendre, lui, ses proches et ses biens. Ainsi se développèrent les premières techniques de combats, différentes selon leurs lieux d’origine car adaptées aux circonstances : climat, environnement naturel, etc. En effet, on ne se bat pas de la même façon selon qu’il fait chaud (vêtements légers, possibilité de sauts et de frappes aériennes) ou froid (vêtements épais, préférence pour un système à base de lutte et de saisies), selon la nature du sol (rizière ou aridité, par exemple), ou le type de « paysage » (végétation, relief)[15].
31
+
32
+ Les traces de ces pratiques sont rares. Les plus anciennes se trouvent en Inde, où les arts martiaux se développèrent précocement[16] : on en trouve mention dans le Rig-Véda, dont la composition remonterait entre 1500 et 900 ans av. J.-C. Et en Chine, par exemple, on a trouvé des poteries et des fresques datant de 1400 avant notre ère, représentant des techniques de combat utilisant poings et pieds[17].
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+
34
+ Ensuite, les sociétés se structurant, vinrent les guerres. À la guerre, perdre, c’est mourir. En Asie, région du monde à l’origine de la plupart des arts martiaux, les guerres et conflits s’enchaînaient sans répit. Les techniques de combat primitives trouvèrent à se développer, se complexifier et se structurer, jusqu’à atteindre un très haut niveau de technicité. L’idée de stratégie militaire vit le jour. De nombreux récits et légendes relatent ainsi les exploits de grands souverains et guerriers, vainqueurs grâce à leur excellence et leur inventivité au niveau des techniques martiales.
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+
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+ Au VIe siècle avant l'ère actuelle, les théories exposées par Sun Tzu, (célèbre — mais peut-être légendaire — stratège) dans son « Art de la guerre » amorcent l’évolution des pratiques martiales vers les arts martiaux[18]. En effet, la Chine d'alors était constituée d’une multitude d’états en guerre quasi permanente. Ces batailles de grande ampleur étaient coûteuses en vies humaines, des paysans enrôlés, pour l’essentiel. Or, la prospérité de chaque pays reposait sur la production agricole par ces mêmes masses paysannes. Toute opération militaire impliquait donc une saignée durable dans la population et les revenus du pays. Pour Sun Tzu, l’important devient donc de limiter au maximum les pertes humaines, l’idéal étant d’amener l’adversaire à concéder sa défaite sans avoir à livrer combat, en prenant avant même l’affrontement un avantage stratégique insurmontable. Au-delà de cet aspect assez « pragmatique », les théories de Sun Tzu intègrent aussi l’influence du Taoïsme et du Yi Jing, important dans le domaine guerrier les notions de vertu et de moralité. Ainsi, alors qu’auparavant maîtriser sans tuer était prendre un risque inutile, le but est maintenant devenu de maîtriser, sans tuer ni se faire tuer, et de le faire avec noblesse[19]...
37
+
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+ Mais le véritable tournant vers les arts martiaux en tant que tels intervient environ un siècle plus tard, avec la fusion entre pratique martiale et pratique spirituelle, sous l’influence du Bouddhisme, venu d’Inde. Selon la légende, Bodhidharma, un moine indien né à Kanchipuram dans le sud de l'Inde, aurait fondé près de Kottayam, au Kerala, la première école de kalarippayatt, puis serait parti pour la Chine au début du VIe siècle pour y rénover le Bouddhisme en pleine décadence. Le courant réformateur qu’il initia prit le nom de Chan en Chine, et donna naissance au bouddhisme Zen au Japon. À la fin de sa vie, après avoir beaucoup voyagé, il se fixa au monastère de Shaolin. Y constatant que les moines (passant leur temps à recopier des sûtras, pratiquant l’ascèse, etc.) étaient affaiblis, il leur aurait imposé une discipline physique leur permettant de renforcer leur santé et de rétablir une union harmonieuse entre le corps et l’esprit, afin de supporter les longues heures de méditation assise. En guise d’exercice, il leur enseigna des mouvements issus des arts martiaux indiens et chinois, qu’il avait lui-même perfectionnés au cours de ses périlleux voyages[20].
39
+
40
+ Si la légende n’est pas historiquement avérée, il n’en reste pas moins que c’est effectivement dans un lent phénomène d’osmose entre connaissances monastiques, pratiques prophylactiques et techniques guerrières que naissent les arts martiaux. À partir du VIe siècle, en Chine, des membres de la caste guerrière, séduits par la nouvelle sagesse du Taoïsme, font retraite dans les monastères et voient tout l’intérêt qu’ils peuvent tirer des techniques de concentration des moines, ainsi que de leurs connaissances spirituelles et médicinales. De leur côté, les moines intègrent certaines pratiques de combat à leur quotidien, tant pour leurs aspects énergétiques qu’afin de pouvoir se défendre contre les pillards. Les deux sphères de préoccupations (combat ou spiritualité) apparemment si différentes vont donc très lentement s’influencer l’une l’autre, jusqu’au plein épanouissement des arts martiaux sous l’influence du Bouddhisme et des techniques venues d’Inde dans son sillage[21].
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+
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+ Ainsi se créa un système complet, constitué à la fois d’une spiritualité, d’une pratique de combat, de techniques prophylactiques et de connaissances diverses. Cet enseignement se répandit dans toute l’Asie et se popularisa, suivant les trajets des moines itinérants utilisant leurs techniques de combat pour se défendre des aléas de la route qu’ils prenaient pour diffuser leur discours et leurs savoirs. Les guerres, encore elles, contribuèrent aussi à cette diffusion, au gré des affrontements de « styles », des occupations et des mouvements de populations.
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+ Les arts martiaux, en tant que systèmes complexes de connaissances, gagnèrent ainsi au cours des siècles suivants toutes les régions de Chine, le Tibet, puis le Sud-est asiatique : Birmanie dès le VIe siècle (Thaing ou Bando, Banshay, Lethwei, Naban), Thaïlande (Krabi krabong, Muay thaï), Laos, puis un peu plus tard la Corée, le Vietnam et le Japon. Se confrontant et s’assimilant aux pratiques locales, ils les firent évoluer et/ou s’y intégrèrent, de sorte qu’on se trouve face à des pratiques de combat en apparence très diversifiées. Ce qui les réunit, c’est, sous l’influence du Bouddhisme, du Taoïsme et du Confucianisme, l’apparition du terme « tao »/« do »/« dao ». Ici se trace la frontière entre arts de la guerre et arts martiaux : la pratique martiale est maintenant considérée comme une « Voie » pour l’accomplissement spirituel de l’individu[22]. Avec cette évolution, certains arts martiaux se détachent insensiblement du combat réel. Alors qu’elles n’étaient auparavant enseignées qu’aux militaires, les techniques de combats se popularisent mais « secret militaire » oblige, les mystifications sont nombreuses, les techniques réellement efficaces restant cachées, accessibles seulement au cercle restreint des élèves les plus assidus et les plus méritants. En outre, l’« entraînement » avec des pairs implique de limiter le risque de blesser l’adversaire, et l’affrontement se ritualise donc, des conventions se mettant en place. L’enseignement se sophistique, et y perd souvent de son applicabilité en situation réelle de combat de survie, s’enjolivant par exemple de techniques impressionnantes, sophistiquées ou esthétiques, mais n’ayant pas de sens, ou l’ayant égaré[23].
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+
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+ Enfin, vers le milieu du XXe siècle, certains arts martiaux ont évolué vers la pratique « sportive » : dans le but de pouvoir organiser des compétitions, on en élimina les techniques les plus dangereuses, on édicta des règles strictes pour l’affrontement, on établit des catégories de poids ou d’âge, etc. L’orientation récréative et éducative prend ici le pas sur les aspects d’autodéfense et d’accomplissement personnel.
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+ Face aux dangers et aux guerres, tous les peuples du monde ont développé leurs propres arts de combat, que la mondialisation et/ou les travaux d’historiens ont permis de (re)découvrir et, parfois, de pratiquer.
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50
+ L'histoire des arts martiaux européens est extrêmement riche et diverse, remontant à l'antiquité avec le pancrace et le pugilat, mais elle a, plus qu'en Asie, subi la pression de l'évolution des armes à feu. Beaucoup de ces disciplines ont soit disparu, ou ont évolué en sports, telle que l'escrime sportive, la canne, la savate, la boxe. Néanmoins, les formes de lutte ou d'escrime ancienne sont réétudiées aujourd’hui au sein du mouvement des arts martiaux historiques européens. Le combattant médiéval était polyvalent et maîtrisait aussi bien la lutte que le combat à la dague, à l'épée, à l'arme d'hast en armure ou non, en mélangeant des techniques provenant des diverses sous-disciplines. Passé la Renaissance, la lutte est passée de mode dans les hautes classes de la société, qui n'a gardé que l'escrime comme forme de combat valorisée ; cependant elle est restée vivace dans les couches populaires. Ainsi des formes traditionnelles de lutte telle que le gouren breton, la glima scandinave ou la lutte suisse subsistent toujours aujourd’hui. Des systèmes à visée purement militaire telles que le close combat, le systema, le samoz sont nés en Europe et en Russie, et elles font également partie de l'histoire très récente des arts martiaux d'origine européenne.
51
+
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+ Ailleurs dans le monde, on peut encore mentionner, par exemple, le Lua, très ancien art du combat des îles Hawaï ; la capoeira, d’origine africaine mais s’étant développée essentiellement au Brésil, le moringue né à Madagascar, toutes les autres luttes traditionnelles africaines, etc.
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+ Au sens restreint, le terme « arts martiaux » reste généralement, de par son histoire, appliqué aux arts du combat d’origine asiatique. Il découle de cet ancrage dans une culture et une spiritualité particulière certaines spécificités qui, bien que n’étant pas systématiquement partagées par tous les styles et écoles, méritent néanmoins d’être mentionnées.
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+ Pour un combattant, la survie se joue en une fraction de seconde : pas question donc que la peur ou l’hésitation ne fasse trembler sa main… Au-delà du travail physique, l’entraînement au combat nécessite donc aussi un travail mental : le guerrier doit pouvoir regarder la mort en face, en accepter sereinement l’éventualité, faute de quoi, au moment décisif, l’affolement risque d'aveugler ses facultés. Il doit donc atteindre une disposition d’esprit lucide et sereine, permettant concentration et stratégie dans le combat… et discernement quant aux combats à mener. Ce travail sur soi, sur la maîtrise de soi, sur le sens et la valeur de la vie et de la mort, relève de la sphère de la spiritualité et doit être, on le voit, partie intégrante de la formation du combattant accompli.
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+ Chaque art martial possède des valeurs spirituelles et philosophiques qui lui sont propres ; ces valeurs peuvent différer en fonction des styles et des écoles[24], mais, en Asie, on y retrouvera toujours l’influence des courants spirituels dominants : bouddhisme, taoïsme et confucianisme. Dans cet esprit, l’essentiel pour tout être humain est d’atteindre à son accomplissement ou, en d’autres termes, à la Sagesse. Y arriver nécessite un travail long et difficile, où s’approfondit l’expérience de la réalité et de la présence à soi-même[25]. Ainsi, la pratique martiale est considérée comme une Voie (« tao » en chinois, « dao » en vietnamien[22], « dô » en japonais) pour l’accomplissement de l’individu, le travail extérieur devenant le support d’une métamorphose intérieure[26]. L’effort persévérant, permettant d’atteindre l’excellence (sens premier de « Kung-Fu ») en passant par la maîtrise de soi, ne vise pas tant, dans les arts martiaux, à devenir techniquement supérieur qu’à devenir un homme meilleur (même si les deux sont souvent liés).
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+ À cette quête spirituelle est liée un code d’honneur qui, bien au-delà du « fair-play » occidental, lie le pratiquant en art martial pour l’ensemble de ses actes et décisions, tant dans le combat que dans sa vie quotidienne. Il est exigé de lui rectitude et vertu morale dans tous les aspects de son existence. Un célèbre exemple formalisé de ce code d’honneur est le Bushido, au Japon.
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+ Si la pratique martiale est une Voie, elle n’est pas la seule, et l’éducation d’un pratiquant en arts martiaux incluait, traditionnellement, d’autres apprentissages nécessaires, de près ou de loin, pour devenir un homme meilleur, et un meilleur combattant : calligraphie, jeu d’échecs, philosophie, littérature, notions poussées de médecine traditionnelle, méditation, etc. Au pur niveau de la pratique martiale, les apports de ces apprentissages sont variés : maîtrise de soi, du geste et de la respiration, stratégie et psychologie du combat, santé par le renforcement du « Qi », connaissance des points vitaux (tant pour mettre l’adversaire hors d’état que pour se soigner), etc. Il reste généralement peu de traces de cette « éducation totale » dans la pratique occidentale des arts martiaux.
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+ Par ailleurs, les arts martiaux les plus traditionnels véhiculent encore, pour certains, un riche héritage culturel, témoin de leurs origines respectives via des rites (cérémonial, salutations rituelles, etc.), des traditions (fêtes religieuses ou populaires…) ou des poèmes. Concernant ces derniers, rappelons que l’analphabétisme était largement répandu jusqu’il y a peu, et que la transmission orale était donc la règle. Elle se faisait sous forme de poèmes ou de chants (pour des raisons mnémotechniques) accompagnant l’exécution des enchaînements (« kata », « tao » ou « thao »). De par la volonté de chaque école de garder ses techniques secrètes, ces poèmes travestissaient les instructions techniques, les « enrobaient » dans des récits imagés et légendaires, typiques de leur culture et région d’origine, porteurs de sens et dépositaires de l’« âme » de l’école[27].
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+ Contrairement au sport occidental, qui se pratique dans des salles d’entraînement polyvalentes, des gymnases sans âme, la plupart des écoles d’arts martiaux traditionnels disposent d’un lieu consacré à l’enseignement, spécifique et privé, généralement connu en Occident sous son nom japonais : le Dojo (Guan ou Kuan en Chine, Do-jang en coréen, Vo-duong en vietnamien). Il est évident que, selon la forme de pratique ou d’enseignement, ces lieux peuvent être très différents : véritable « institut » pour les écoles ayant pignon sur rue, temple, demeure privée en cas d’enseignement familial, mais aussi simple pièce au décorum restreint ou cour intérieure pour les écoles modestes, voir place publique ou clairière pour les maîtres itinérants… L’important est que ce lieu devienne, du fait de quelques symboles et rituels (orientation géographique, autel, objets symboliques, calligraphie, portrait du maître fondateur, salut, etc.), le « lieu de la Voie », c’est-à-dire, un lieu quasi sacré, de travail et de recueillement, et non un espace de loisir[28],[29].
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+ À l’heure actuelle, en Occident mais aussi en Asie, bien des écoles pratiquent, évidemment, dans des « salles de sport » qu’elles partagent avec d’autres disciplines. Mais beaucoup d’entre elles tentent de recréer cet esprit au moyen d’un « décorum » minimal, et en veillant aux aspects comportementaux des élèves (discrétion, courtoisie, politesse, ponctualité…).
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+ Beaucoup d’arts martiaux (mais pas tous) utilisent dans leur enseignement des enchaînements de mouvements prédéterminés, à mains nues ou avec arme(s), que l’on nomme « formes » en français, kata dans les arts martiaux japonais, poomsae dans les arts martiaux coréens, « akas » dans les arts martiaux birmans, taolu ou thao dans les arts martiaux chinois, « jurus » dans les arts martiaux indonésiens, thao quyên ou thao binh khi dans les arts martiaux vietnamiens.
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+ La pratique d’un art martial ne peut se limiter à l’étude de ces enchaînements, mais ils sont un important pôle de transmission, car ils constituent une véritable bibliothèque de gestes d’attaque et de défense, liés avec finesse. Permettant d’assimiler et de travailler de techniques et des tactiques en simulant des situations de combat (y compris les plus dangereuses telles que l’affrontement à mains nues contre une arme), ils sont un excellent entraînement ayant des implications directes dans le combat libre. Ils sont aussi bénéfiques pour la concentration, pour la coordination physique et respiratoire et, dans le cas des arts martiaux dits « internes », renforceraient la santé en dynamisant la circulation du Qi. Enfin, chaque école ayant ses propres formes, parfois d’origine très ancienne, ces enchaînements sont souvent imprégnés de culture et de symbolisme, et ils servent ainsi littéralement de mémoire ou de testament, porteurs d’un message, codé sur plusieurs niveaux (tant au niveau de la gestuelle que du « poème » qui souvent les accompagne), inaccessible au débutant.
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+ Certains arts martiaux se pratiquent uniquement à mains nues (le Karaté, par exemple, dont le nom signifie, justement, « art de la main vide »), d’autres concentrent leur pratique sur l’apprentissage d’une seule et unique arme (le Kendo, par exemple), et d’autres écoles, enfin, combinent pratique à mains nues et pratiques des armes (l’Aïkido, pour rester dans les exemples japonais…). Les armes peuvent être extrêmement variées, et la liste serait trop longue à faire ici ; mentionnons, à titre d’exemple, les quatre armes de base en art martial chinois : épée, lance, bâton et sabre.
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+ Popularisé en Occident par la glorieuse « ceinture noire », le système des ceintures n’est cependant pas unanimement partagé par les arts martiaux asiatiques, loin de là. En fait, ce qui est plus caractéristique des arts martiaux asiatiques, traditionnellement étrangers à l’idée de compétition, c’est l’évaluation du niveau des pratiquants par un système de rangs (élève/enseignant/maître) ou de grades : kyu et dan au Japon, duan en Chine, etc. Ce système marque l’évolution de la maîtrise du pratiquant via des « certificats » attribué par le maître ou à la suite de la présentation d’un examen devant un collège d’« experts » pour les niveaux plus avancés. Si certains arts martiaux refusent de marquer le grade par un signe extérieur (l’aïkido, par exemple), beaucoup d’autres ont adopté au XXe siècle le système hérité du Judo, où la ceinture, par sa couleur, symbolise le niveau. Les couleurs, et l’ordre de celles-ci peuvent cependant varier d’une discipline à l’autre[30].
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+ Du point de vue de la sociologie, les représentations sociales des pratiquants d’arts martiaux permettent de comprendre ce dans quoi ceux-ci s’inscrivent actuellement : les loisirs sportifs et plus globalement les valeurs admises au sein de la société dans laquelle vivent les pratiquants. À partir de ce que pensent les pratiquants avancés des arts martiaux, il est possible de comprendre la notion de maître, établir le profil de l’attitude et du comportement de l’étudiant parfait, prôner des vertus qui font des pratiquants un citoyen idéal, ou se prononcer sur la valeur des grades, on voit se dessiner des variations et des différences qui vont au-delà de la critique intergénérationnelle. Ces critiques que l’on associe souvent à un fossé entre les générations sont plutôt un moyen détourné pour parler des changements survenus dans l’univers des arts martiaux. Les représentations sociales des pratiquants d’aujourd’hui sont des indices de la démocratisation des disciplines martiales correspondant aux aspects fonctionnalistes du loisir sportif contemporain[31].
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+ Ce partage des valeurs communes entre les pratiquants peut se nommer le sport commun. Il peut se comprendre comme des expériences communes vécues à côté des institutions sportives comme un phénomène de masse. C’est exactement ce que sont les arts martiaux : des écoles, des clubs aux finalités et aux objectifs divers, qui peuvent prendre des formes allant de la pratique sportive au divertissement ludique de loisir. Toutefois, il importe de ne pas oublier que cette réalité n’a rien de dichotomique et ne se découpe pas uniquement entre les activités de sport et de loisirs, mais se présente plutôt sous la forme de centaines de clubs ou d’écoles, qui se situent à des degrés divers sur une échelle entre deux pôles. Et, à cet égard, la compétition sportive institutionnalisée n’est pas la seule différence. Certes, la forme compétitive est la plus visible et la plus connue, mais il s’agit plutôt de voir la configuration des modes de pratique que permet la démocratisation en récupérant et en institutionnalisant les nouvelles manières de pratiquer des arts martiaux, et, cela, sans nécessairement en faire un sport de compétition. Ne pensons qu’aux divers types de spectacles qui mettent en vedette des performances martiales : par exemple, le Cirque du Soleil a récemment recruté de jeunes québécois spécialistes de kata acrobatique dans sa troupe et continue de chercher d’autres personnes possédant ce genre de talent[31].
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+ Prises dans leur ensemble, les disciplines martiales peuvent prendre des configurations et proposer des objectifs qui varient énormément les uns par rapport aux autres. Les notes d’observations, les entrevues semi-dirigées et les multiples observations participantes (Bernard, 2014) portant sur les clubs et les écoles d’arts martiaux sont les sources d’informations privilégiées qui permettent le classement des dits clubs et écoles sur l’échelle des modes de pratiques. Leur situation sur l’échelle ne signifie en rien que toutes les disciplines portant le même nom se classent au même endroit. Leur position confirme seulement l’existence d’un état de fait montrant que les arts martiaux oscillent entre les pôles que sont le sport et le loisir, ou encore les sports de combat et les loisirs d’inspiration martiale, voire à connotation martiale imaginaire. Il s’agit d’une réalité qui les tiraille, car ces disciplines doivent se soustraire aux attentes des gens qui voudraient les pratiquer et aux modes d’aujourd’hui pour continuer à être actives dans la société. Sans participer à la logique économique et d’offre de services propre à notre société, les arts martiaux pourraient alors demeurer des disciplines plus marginales[31].
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+ Or, on remarque facilement que ces disciplines ne sont pas marginalisées, car, outre les écoles et les clubs d’arts martiaux qui s’affichent dans les villes et villages, on les rencontre à une multitude d’endroits : les sports olympiques, les spectacles de danse, au cinéma, dans les publicités, les émissions pour enfants, les dessins animés, dans les foyers pour personnes âgées en tant que technique de physiothérapie, dans les milieux défavorisés en tant que moyen d’intervention auprès des jeunes en difficulté, dans les programmes de sport-étude pour les élèves des écoles primaires et secondaires, dans les romans, les manga, les bandes dessinées, les vidéoclips, sans oublier les publications et les recherches universitaires qui s’y intéressent, etc.[31].
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+ On peut comprendre la réalité des clubs et des écoles d’arts martiaux comme un grand espace dynamique : un univers du loisir sportif qui tente de satisfaire les multiples exigences d’une clientèle tout aussi variée. Cet espace est également compris comme une échelle graduée, où chacun des échelons se définit comme un point spécifique représentant un mode de pratique. Chaque mode de pratique se compose de caractéristiques qui le situent entre le pôle des activités sportives et celui des activités de loisirs. C’est pourquoi la plupart des écoles possèdent des caractéristiques propres à ces deux sphères sociales. Plus on est dans les extrémités de l’échelle, plus l’activité se définit simplement. Les ambiguïtés s’accumulent du moment où les disciplines offrent un produit diversifié dans le but de satisfaire le plus grand nombre d’attentes possibles. Pour en parler, il devient nécessaire d'utiliser le terme de sport dans ses deux acceptions, stricto sensu (institutions, règlements, compétition) et lato sensu (activités et produits dérivés du sport). Conséquemment, les orientations économiques, politiques et d’enseignements des écoles et des clubs tentent de trouver le juste milieu entre les diverses facettes qui composent la réalité sociale de notre époque[31].
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+ Les différentes disciplines martiales se classent donc sur l’échelle des modes de pratique à l’intérieur de l’univers social des loisirs sportifs à partir de la répartition ou du « dosage » des différentes dimensions qui les composent et les caractérisent. Cette oscillation entre deux pôles se caractérise par les intérêts et les orientations des écoles et des clubs d’arts martiaux, en grande partie assujettis aux attentes et aux désirs des diverses générations de pratiquants qui les fréquentent. Si l’on veut donner une portée plus générale à ces propos, on peut dire que les diverses formes de combats codifiés se positionnent entre les divers pôles que sont 1) la performance sportive et la transmission de valeurs, 2) l’accessibilité à tous et les besoins spécifiques des gens de la région, 3) l’efficacité technique et l’esthétique des mouvements, 4) le désir de rayonner internationalement et le besoin de demeurer une communauté chaleureuse[31].
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+ Comme souligné à de multiples reprises, les frontières du concept d’« art martial » sont floues, et il n’existe pas de stricts critères permettant de déterminer quelle pratique en relève. Au sein même des arts martiaux asiatiques, les différents styles et écoles proposent des pratiques extrêmement dissemblables, et le terme générique d’« arts martiaux » recouvre une grande complexité d’approches : vocation pratique de self-défense, approche spiritualiste, activité de type sportif, méthode axée sur l’interne… À titre d’exemple, la nomenclature mise en place par le gouvernement japonais distingue trois types d’arts martiaux : les « Bujutsu » (techniques guerrières à vocation pratique), les « Budō » (leur évolution fin 19e, non létal), et les « sports martiaux » (héritiers sportifs nés dans les années 1970)[32].
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+ À partir du moment où l’on ouvre l��acceptation du concept « art martial » aux disciplines de combat d’origine non-asiatique, l’hétérogénéité des pratiques augmente encore. Ainsi, la capoeira, à mi-chemin entre danse et art martial, est un bon exemple de la variété de disciplines qu’englobent les arts martiaux.
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+ En outre, un même « bagage » technique peut être pratiqué dans différentes optiques, en fonction de la manière dont le maître l’enseigne et des intentions de l’apprenant : application en combat réel, approche sportive de compétition, entretien de la forme physique et hygiène de vie, travail spirituel, etc. Ainsi, parce que le domaine est complexe et que le terme « art martial » peut servir d’étiquette commune à une large gamme de pratiques, il est intéressant d’étudier de plus près les liens particuliers que les arts martiaux entretiennent avec les systèmes de combat réel, avec le sport, et avec les arts énergétiques.
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+ Il y a des millénaires, en même temps que l’homme développait des techniques de combat lui permettant de se défendre des agresseurs, il chercha à mieux comprendre le fonctionnement de son propre corps dans la santé et la maladie, et développa des remèdes et techniques afin de guérir, de vivre mieux, et plus longtemps. Ainsi, pour ce qui concerne les arts martiaux, furent mis au point, en Inde et en Chine, diverses pratiques corporelles et gymniques à visées thérapeutiques : massage, enchaînements de mouvements, travail de respiration… Ces pratiques de santé furent en bonne partie élaborées, à l’origine, par les femmes, pour préparer et récupérer de leurs grossesses, puis furent aussi adoptées par les vieillards ou les personnes affaiblies afin d’améliorer ou de conserver leur santé. Intégrées dans le cadre spirituel du Taoïsme sous le terme général de « Qi gong », ces gymnastiques thérapeutiques visent, par une parfaite coordination de la respiration avec des mouvements corporels entraînant un massage interne des organes et une activation de points d’énergie, à favoriser la bonne circulation de l’énergie interne et à la renforcer[33]. En termes de médecine chinoise, il s’agit d’équilibrer les forces yin et yang, et de renforcer le Qi. Ce « Qi gong » intéressa bien vite les combattants et pratiquants en arts martiaux, tant pour récupérer après l’effort que pour apprendre à mieux gérer leur énergie pendant le combat, augmentant ainsi leur efficacité. Ainsi, au Ve siècle av. J.-C., Bodhidharma l’intégra au kung-fu qu’il enseigna aux moines du monastère Shaolin.
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+ À cette pratique de techniques gymniques thérapeutiques se mêle intimement un autre savoir de la médecine chinoise, essentiel lui-aussi pour le combattant : la connaissance précises des points vitaux du corps humain permettant, lorsqu’ils sont touchés, massés ou frappés de manière adéquate, de mettre l’adversaire hors d’état de nuire en interrompant l’écoulement du Qi (ou au contraire de réanimer en le rétablissant, les « katsu » japonais, par exemple)[34]. Certains arts martiaux s’élaborèrent ainsi en basant l’essentiel de leur pratique sur cette connaissance de la circulation du Qi et des moyens de l’interrompre[35].
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+ On peut donc, très schématiquement, distinguer :
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+ On entend souvent dire qu’aucun art martial n’est purement interne ou externe, et qu’il s’agit plutôt de deux approches entre lesquelles chacun se situe. Certes, la plupart des styles externes ont intégré un travail énergétique dans leur pratique afin d’améliorer souffle, énergie, coordination, concentration, etc., et des éléments techniques ont été échangés, partagés, intégrés, de part et d’autre. Reste que, bien qu’en partie compatibles et complémentaires, ces approches sont fondamentalement différentes au niveau de la finalité, et donc de la stratégie : les styles externes font confiance dans la force, dans une puissance « explosive », les styles internes cherchent la clef de la science des énergies et parient sur fluidité et extrême précision du mouvement. Des nuances peuvent être apportées en parlant plutôt de styles « durs », « doux », etc.[35].
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+ Cette mise au point quant aux styles internes et externes permet de mieux comprendre le cas un peu particulier du Tai-chi-chuan, « souvent considéré comme une simple gymnastique thérapeutique qui n’aurait d’intérêt que pour les femmes et les vieillards ! »[37] ou « une danse-exercice destinée aux vieilles dames perturbées »[35]… Il est, en effet, essentiellement pratiqué en Occident comme art énergétique à finalité de santé et bien-être et a, dans ce cadre, très généralement perdu de vue son origine et sa finalité martiale. L’immense succès de ce Tai-chi « partiel », « inaccompli » pourrait-on dire, a créé dans les esprits occidentaux une incompréhension et une ambiguïté autour de ce que sont réellement les arts martiaux dits internes, dans leur ensemble.
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+ Les arts martiaux ont pour vocation première d’apprendre des techniques permettant d’immobiliser, de blesser et/ou de tuer l’adversaire, et son enseignement laisse donc une grande place à la recherche de l’efficacité martiale (placement vis-à-vis de l’adversaire, évaluation de la distance, précision et puissance des coups, économie des forces…), héritée d’un savoir-faire traditionnel longuement accumulé et enrichi. Cependant, du fait de l’histoire même des arts martiaux, les techniques véritablement efficaces en combat réel sont parfois perdues, soit qu’elles aient été oubliées ou mystifiées, soit qu’on ait préféré les laisser de côté pour des raisons de sécurité de l’entraînement, ou pour mettre l’accent sur d’autres aspects de l’apprentissage. En outre, sous l’influence spirituelle du bouddhisme et du taoïsme, les arts martiaux ont intégré une dimension morale qui peut s’avérer contradictoire avec les conditions réelles de combat de survie (un contre un, pas d’attaque par surprise ou par derrière, pas de coup sous la ceinture, etc.). Ainsi, ce que proposent aujourd’hui beaucoup d’écoles d’arts martiaux, c’est une approche essentiellement ritualisée du combat[38], avec ce risque que le pratiquant soit dans une certaine illusion quant à sa capacité à réagir en situation réelle.
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+ À l'époque moderne, l’éventualité d’avoir à se battre à mains nues ou à l’arme blanche est improbable, et l’utilisation de ces techniques ne peut survenir qu’en des occasions rares et extrêmes, essentiellement dans les grandes villes où la criminalité urbaine expose à toutes sortes de dangers, ou en cas de guerre. Les principaux lieux où sont encore enseignées de telles techniques de combat « de survie » sont donc bien sûr la police et l’armée. En Asie, les arts martiaux y sont enseignés dans leur version la plus « dure », c’est-à-dire avec comme seul et unique critère une efficacité immédiate (ce qui donna, pour la version occidentale, le « close combat »). Ailleurs dans le monde aussi, certaines techniques forment des systèmes complets et organisés, tels par exemple le Krav-maga israélien ou le Sambo et le Systema russes[39].
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+ Ces techniques, mises au point dans des contextes militaires, ont évolué vers une pratique plus sportive, et sont aujourd’hui disponibles sur le « marché » des arts martiaux. Ce qui les distingue principalement des arts martiaux asiatiques traditionnels, c’est l’absence des composantes spirituelles, morales et culturelles : l’apprentissage se centre uniquement sur des aspects pragmatiques (renforcement physique, assimilation de techniques, stratégie…), et ne vise pas au développement global de l’individu.
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+ Dans son acception moderne, le terme sport apparaît au XIXe siècle pour désigner une activité physique de loisir, régie par des règles, et le plus souvent orientée vers la compétition. Le nouveau mode de vie (et la richesse) induit par la révolution industrielle fait en effet émerger, en Occident, la notion de « loisir » (occupation du temps libre, visée ludique) et la nécessité d’instituer de nouvelles modalités d’exercices en plein air (visée hygiéniste). Cette pratique du « sport » voit le jour dans l’élite sociale européenne, puis gagne la bourgeoisie, et enfin les classes populaires. Les anciennes activités de combat ou de chasse (escrime, lutte, tir à l’arc, équitation…), ayant perdu l’essentiel de leurs raisons d’être, rejoignent d’anciens jeux et activités de « détente » (canotage, vélo, tennis, jeux de ballons…), les deux domaines formant une nouvelle catégorie d’activités de loisirs, développées sur le mode neuf de la « compétition ». Gymnastique et athlétisme sont en vogue. Ce qui caractérise toutes ces nouvelles pratiques, ce qui établit l’existence de ces nouveaux « sports », c’est la codification et la réglementation (règles du jeu, comptage des points, durées, distances, catégories d’âge ou de poids, etc.), puis très vite la naissance de fédérations et l’organisation de compétitions nationales et internationales. Amusement, victoires et exploits sont les nouveaux maîtres-mots[40].
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+ C’est à cette époque, et sous l’influence de cette « mode », que le Japon, désireux de cadrer avec la tendance sportive internationale, transforma ses « bujutsu », arts martiaux japonais traditionnels, en « Budo », pratiques expurgées de tout ce qui était réellement dangereux : judo en 1882, kendo en 1903, kyudo en 1905, karatedo en 1935, aïkibudo en 1930 puis enfin aïkido en 1942[4]. C’est ainsi que les Occidentaux découvrirent les arts martiaux, et que certains arts martiaux (judo, karaté…), développant au XXe siècle une expression de compétition qui leur était originellement étrangère, entrèrent dans la sphère du sport, et plus précisément des « sports de combat », aux côtés de la boxe, de la lutte, de l’escrime, etc. On vit aussi apparaître les « Mixed Martial Arts », dits MMA (littéralement « arts martiaux mixtes »), terme anglophone pour désigner des rencontres interdisciplinaires qui ne sont possibles qu’en combat libre : à l’origine caractérisé par une presque totale absence de règles, le MMA est ensuite devenu un sport à part entière, très encadré et réglementé.
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+ Ce qui distingue, essentiellement, les sports de combat des arts martiaux traditionnels, c’est la finalité : amusement et compétition pour les premiers, développement personnel et « survie » pour les seconds. Il ne s’agit plus de devenir un homme meilleur, mais de prendre part à un « jeu », dont le but est d’être le meilleur dans un système codifié[39]. Ce basculement en entraîne d’autres : l’orientation récréative implique la limitation de la prise de risque, et donc l’élimination des techniques dangereuses, et l’établissement de règles strictes ; la composante culturelle se trouve réduite à sa portion congrue (le vocabulaire technique, grosso modo), et la composante spirituelle disparaît quant à elle totalement.
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+ Reste en partage l’aspect « santé », ainsi que la composante éducative et morale, même si sa portée en est amoindrie dans le « sport ». En effet, le sport ne se limite pas à ses aspects ludiques, il est aussi porteur d’un projet éducatif et moral, souligné par Pierre de Coubertin lors de la recréation des Jeux olympiques en 1896 : en tant qu’activité régie par des règles identiques pour tous, le sport porte des valeurs d’égalité et de justice. En outre, dans le cadre de l’éducation des enfants principalement, le sport s’avère, outre ses aspects de santé et de limitation de la violence, un excellent instrument éducatif en vue de développer le sens moral, l’esprit de groupe et la discipline (consentement volontaire au respect des règles)[40]. La pratique du sport favoriserait donc le bien-vivre ensemble et, par le biais du « fair-play », le développement du sens moral. Cependant, l’injonction morale à la rectitude et à la maîtrise de soi ne concerne le sportif que dans le cadre de sa pratique sportive, tandis qu’elle lie le pratiquant en arts martiaux à l’ensemble des actes de son existence.
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+ Le Titanic est un paquebot transatlantique britannique qui fait naufrage dans l'océan Atlantique Nord en 1912 à la suite d'une collision avec un iceberg, lors de son voyage inaugural de Southampton à New York. Entre 1 490 et 1 520 personnes trouvent la mort, ce qui fait de cet événement l'une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix et la plus grande pour l'époque.
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+ Paquebot de la White Star Line construit à l'initiative de Joseph Bruce Ismay en 1907, il a été conçu par les architectes Alexander Montgomery Carlisle et Thomas Andrews des chantiers navals Harland & Wolff. Sa construction débute en 1909 à Belfast et se termine en 1912. Il appartient à la classe Olympic avec ses deux sister-ships, l'Olympic et le Britannic, les plus luxueux et les plus grands paquebots jamais construits.
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+ Le Titanic est commandé par le capitaine Edward Smith, qui a sombré avec le navire. Le paquebot transportait certains des gens les plus riches de l'époque, ainsi que des centaines d'émigrants de Grande-Bretagne et d'Irlande et d'ailleurs en Europe qui cherchaient une nouvelle vie aux États-Unis. La coque du Titanic était pourvue de seize compartiments étanches servant à protéger le navire en cas de voies d'eau ou d'avaries importantes, ce qui lui donna la réputation de paquebot « insubmersible » et conduit les médias contemporains à le présenter comme l'un des navires les plus sûrs.
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+ Le 14 avril 1912, quatre jours après le commencement de son voyage inaugural, il heurte un iceberg à 23 h 40 (heure locale) et coule le 15 avril 1912 à 2 h 20 au large de Terre-Neuve. Le drame met en évidence l'insuffisance des règles de sécurité de l'époque, notamment le nombre insuffisant de canots de sauvetage et les carences dans les procédures d'évacuation d'urgence. Le puissant émetteur TSF du bord a permis d'appeler à l'aide, mais dans des conditions controversées, qui s'ajoutent à une polémique financière. Des conférences internationales seront par la suite organisées, entraînant des changements de réglementation encore en vigueur un siècle après la catastrophe.
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+ L'épave du Titanic est localisée le 1er septembre 1985 par le professeur Robert Ballard. Elle gît à 3 843 mètres de profondeur à 650 km au sud-est de Terre-Neuve. L'histoire du paquebot a marqué les mémoires, et suscité la publication de nombreux ouvrages (historiques ou de fiction) et la réalisation de longs métrages dont le film du même nom Titanic de James Cameron, sorti en 1997 et ayant entraîné un important regain d'intérêt pour le paquebot et son histoire. Les médias s'intéressent à nouveau au navire à l'occasion du centenaire de son naufrage, en avril 2012.
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+ Durant l'année 1907, pour concurrencer le Lusitania et le Mauretania, deux rapides paquebots de la Cunard Line, Lord William James Pirrie, associé de la société du chantier naval Harland & Wolff à Belfast, et Joseph Bruce Ismay, directeur général de la compagnie maritime White Star Line, prennent la décision de construire une série de trois paquebots capables de surpasser en confort, sécurité et élégance ceux des autres compagnies maritimes concurrentes, qu'elles soient britanniques ou allemandes[3],[4]. Leurs noms, Olympic, Titanic et Gigantic (nom évoqué avant qu'il ne soit rebaptisé Britannic) sont choisis par la suite[5]. La rencontre eut lieu autour d'un dîner au domicile londonien de lord Pirrie (à Downshire House, dans le quartier chic de Belgravia).
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+ Les plans de l'Olympic et du Titanic[6] (la construction du Gigantic devant débuter plus tard) sont dessinés dans les bureaux d'études des chantiers navals Harland & Wolff sur Queen's Island à Belfast, en Irlande du Nord[7]. À la tête des opérations se trouvent Alexander Montgomery Carlisle, directeur général des chantiers navals et responsable des aménagements, de la décoration et des dispositifs de sauvetage des paquebots et Thomas Andrews, chef du département Dessin et architecte naval[8]. Au départ en retraite d'Alexander Montgomery Carlisle, en 1910, Thomas Andrews prend sa place et devient ainsi directeur général des chantiers et de la conception[d 1].
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+ Ce départ en retraite de l'architecte est provoqué par une réunion entre Lord Pirrie, Ismay et Carlisle sur le nombre de canots de sauvetage : Carlisle voulait 66 canots de sauvetage ; nonobstant les qualités et défauts de la conception du système des cloisons étanches, l'architecte était au courant qu'une fabrication humaine ne saurait être insubmersible. Un refus lui étant signifié, il claque la porte des chantiers[9].
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+ Le 31 juillet 1908, Joseph Bruce Ismay approuve le projet lors d'un déplacement à Belfast et signe une lettre d'accord avec les chantiers navals[8]. Aucun contrat officiel n'est signé, les liens entre les deux firmes étant très forts depuis plusieurs décennies[d 2]. Conscient de l'importance de l'événement, Pirrie engage le photographe Robert Welch qui est chargé d'immortaliser les moments forts de la construction dans l'avancement des travaux. La qualité n'est pas négligée, et les meilleurs matériaux sont commandés[d 3].
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+ Ce sont les chantiers Harland & Wolff, à Belfast, qui sont chargés de la construction du paquebot. Celui-ci est mis en cale à côté de son sister-ship, le RMS Olympic, mis en chantier quatre mois plus tôt.
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+ À l'automne 1908, les plans sont achevés et les approvisionnements spéciaux ainsi que les équipements non réalisables par les chantiers Harland & Wolff sont commandés. Lord Pirrie fait agrandir les chantiers navals, notamment par la construction d'un immense portique qui est le plus grand échafaudage du monde à l'époque (256 m de long, 28,50 m de large et 52,60 m de haut ainsi que des grues de 69,50 m)[c 1]. Le 16 décembre 1908, la quille constituée de nombreuses pièces de l'Olympic est posée sur la cale de construction no 2. Elle porte le numéro de chantier 400, la 400e commande reçue par Harland and Wolff[b 1],[c 2].
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+ Le 22 mars 1909, la quille du Titanic identique à l'Olympic est posée sur la cale no 3, le numéro de chantier étant le 401[d 4]. Les travaux avancent très vite et deux ans plus tard, au printemps 1911, la coque du Titanic est achevée. Elle est constituée de 2 000 tôles de 2,5 à 3,8 cm d'épaisseur, 3,00 m de long et 2,00 m de haut maintenues par 3 millions de rivets[10],[d 3]
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+ L'Olympic est lancé le 20 octobre 1910 et le Titanic le 31 mai 1911, jour de l'anniversaire de Lord Pirrie qui assiste à la mise à l'eau du paquebot en présence de 100 000 personnes : les employés des chantiers et leurs familles, des visiteurs, quelques personnalités et la presse sont présents[c 3]. Pour aider le Titanic à « glisser » dans l'eau, 20 tonnes de suif, d'huile de vidange, de graisse de baleine et de savon sont étalées sur 2 cm d'épaisseur le long des cales[11]. Le navire n'est pas baptisé avec la traditionnelle bouteille de champagne : c'est une habitude au sein des chantiers, Pirrie considérant qu'un problème dans la cérémonie peut entraîner des superstitions parmi passagers et équipages[d 5],[Note 1].
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+ Le Titanic, après avoir réussi son lancement, est ralenti et stoppé par six ancres, entretemps retenues elles-mêmes par vingt-trois aussières en acier de 80 tonnes chacune, puis il est remorqué et mis au quai d'armement par cinq remorqueurs[d 6]. Après le lancement, invités, représentants de la presse et personnalités sont conviés à un déjeuner donné au Grand Central Hôtel de Belfast. Au menu, pas moins de six plats et cinq desserts ou mises-en-bouche de cuisine française sont servis. Quant à Joseph Bruce Ismay et John Pierpont Morgan[Note 2], ils quittent le repas pour se rendre sur l'Olympic qui doit subir ses essais en mer[d 7].
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+ Entre juin 1911 et mars 1912, plus de 3 000 professionnels (mécaniciens, électriciens, plombiers, ébénistes, peintres, décorateurs, etc.) travaillent et équipent le Titanic des dernières techniques navales et l'aménagent avec des éléments décoratifs et un mobilier somptueux. Le 18 septembre 1911, on annonce la date du voyage inaugural du paquebot, le 20 mars 1912[d 8].
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+ Mais, le 20 septembre, à la suite d'une collision entre le croiseur de la Royal Navy, Hawke et l'Olympic lors de sa cinquième traversée transatlantique, le Titanic doit être déplacé et mis en cale sèche. Une partie des 14 000 ouvriers travaillant à sa construction sont affectés aux travaux de réparation de la coque de l'Olympic, ce qui retarde considérablement la construction du paquebot[c 4]. La White Star Line reporte le voyage inaugural au 10 avril. Le 30 novembre, une fois les réparations de la coque de l'Olympic terminées, celui-ci reprend son service et le Titanic rejoint son quai où son armement se poursuit. En janvier 1912, on installe les 4 cheminées et le 3 février, les 3 imposantes hélices de bronze, boulonnées sur un moyeu d'acier, sont posées sur le navire (2 hélices latérales tripales bâbord et tribord de 38 tonnes et de 7,20 m de diamètre, 1 hélice centrale quadripale de 22 tonnes et de 5,20 m de diamètre). Le 24 mars 1912, le Titanic est immatriculé à Liverpool, son port d'attache, bien qu'il ne navigue jamais dans les eaux de celui-ci[Note 3],[d 9].
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+ Le 2 avril 1912, 78 chauffeurs et soutiers ainsi que 41 officiers et membres d'équipage se trouvent à bord. À 6 h, le Titanic quitte son dock, tiré par quatre remorqueurs appartenant à la Red Funnel Line, sous le commandement d'Edward Smith, précédemment commandant de l'Olympic[d 10]. Toute la journée, le Titanic procède à des essais de vitesse et de manœuvrabilité (arrêts d'urgence sur son erre, mesures des qualités manœuvrières à différentes vitesses). Durant ces essais, le navire montre qu'il peut stopper sur une distance de seulement trois fois sa longueur[d 11].
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+ À midi, les ingénieurs, les représentants du chantier et les représentants du ministère du commerce britannique l'inaugurent, en déjeunant dans la salle à manger de première classe. Après d'autres essais, le Titanic rentre à Belfast vers 18 h. Le nouveau paquebot ayant rempli toutes les exigences du gouvernement britannique, Francis Carruthers, inspecteur du Board of Trade, signe le certificat de navigabilité no 131428, valable pour une durée d'un an[d 12]. Vers 20 h, le paquebot vire de bord et met le cap sur Southampton où il est attendu dans la nuit du 3 au 4 avril[d 13].
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+ Après avoir parcouru les 570 milles qui l'en séparent, le Titanic arrive, peu avant minuit, au port de Southampton où six remorqueurs de la Red Funnel Line l'attendent. Le navire accoste le quai no 44. Pour accueillir les nouveaux navires, le port de la ville a dû subir de nombreux travaux[c 5]. Durant l'escale, les cheminées sont repeintes ainsi que le flanc bâbord de la coque. Une fois achevé, le Titanic a coûté 1,5 million de livres soit 7,5 millions de dollars américains à l'époque (150 millions au début des années 2000)[b 1].
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+ Le 10 avril 1912, à 12 h 15, le Titanic appareille de Southampton en Angleterre avec à son bord 953 passagers dont 31 trans-Manche et 889 membres d'équipage. On ne compte pas moins de quarante nationalités présentes à bord du navire. Lors de son départ, il manque de peu de heurter le paquebot City of New York amarré au quai 38[e 1]. Les remous causés par les hélices du Titanic font rompre les amarres du City of New York, et ce dernier se rapproche rapidement du Titanic jusqu'à une distance de deux mètres[e 1]. Le commandant Edward Smith donne alors l'ordre de mettre les machines « arrière toute », ce qui a pour effet de repousser le New York[e 1]. Le Titanic quitte enfin Southampton avec une heure de retard[c 6]. À 18 h 35, le Titanic étant arrivé à Cherbourg en Normandie, 24 passagers trans-Manche débarquent et 274 embarquent, principalement des 1re classes. Cependant le Titanic reste en rade car son tirant d'eau ne lui permet pas de venir à quai[e 2]. Ce sont donc, comme pour les autres paquebots, deux transbordeurs de la White Star Line, le Nomadic et le Traffic, qui se chargent de transborder les 274 passagers qui embarquent sur le Titanic[e 2],[c 7]. À 20 h 10, le paquebot appareille de Cherbourg pour Queenstown (aujourd'hui Cobh) en Irlande[12].
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+ Le 11 avril 1912, à 11 h 30, le Titanic arrive à Queenstown où débarquent sept passagers tandis que 120 embarquent[d 14], en grande majorité des passagers de 3e classe émigrant vers les États-Unis. À 13 h 30, le RMS Titanic quitte Queenstown pour New York avec à son bord 1 324 passagers et 889 membres d'équipage[Note 4],[d 15]. Il est parfois dit qu'Edward Smith envisageait de prendre sa retraite après cette traversée et qu'il ne devait par conséquent assurer le commandement du Titanic que pour cette unique fois[e 3]. Il est cependant parfois considéré que Smith n'avait encore rien décidé[d 16] : des sources laissent en effet penser que la White Star souhaitait qu'il assure également le commandement du Gigantic, dont la mise en service était prévue pour 1914[a 1].
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+ Le 12 avril 1912, à 19 h 45, le Titanic reçoit un message de La Touraine lui signalant un brouillard dense, une couche de glace épaisse, des icebergs et un navire abandonné sur plusieurs points de l'Atlantique Nord. Ce message est immédiatement remis au commandant Edward Smith[d 17].
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+ Dans la journée du 13 avril 1912, le Titanic reçoit plusieurs messages lui signalant des icebergs, des growlers (petits icebergs d'un mètre par cinq) et quelques champs de glace. Dans l'après-midi, un incendie est éteint dans la salle des chaudières no 5. Il faisait rage depuis plusieurs jours (peut-être depuis le 2 avril) et avait été décelé le jour du départ. Il ne s'agissait pas d'un fait inhabituel sur les navires de l'époque mais celui-ci était d'une rare intensité (dû à un coup de grisou sur un charbon de faible qualité livré à cause d'une grève des mineurs) et une douzaine d'hommes ont été nécessaires pour le maîtriser mais ce feu de charbon a pu fragiliser les cloisons de cette salle[d 18]. À 22 h 30, le paquebot reçoit un avis du Rappahannock lui signalant un épais champ de glace et plusieurs icebergs ; la réception de ce message est confirmée par un officier[b 2],[c 8].
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+ Le 14 avril 1912 vers 21 h, le Titanic a déjà parcouru 1 451 milles (2 687 kilomètres). Durant cette journée, le Titanic reçoit une dizaine de messages venant de plusieurs navires, parmi lesquels le Baltic et le Californian, lui signalant des avis de glace[14]. À 22 h 55, Cyril Evans, l'opérateur radio du Californian, alors pris dans la glace à 20 milles (environ 36 km) au nord du Titanic, envoie un message à tous les navires alentour, parmi lesquels le Titanic : à bord de ce dernier, Jack Phillips, le radio-télégraphiste, reçoit le message. Il l'interrompt en lui demandant de se taire « Shut up, shut up, I am busy. I am working Cape Race ». L'utilisation des mots « Shut up » était une formule courante parmi les opérateurs radio pour demander poliment aux autres de « garder la ligne libre»[15]. Evans entendra le Titanic pour la dernière fois à 23 h 25 qui communiquait avec Cap Race. Il n'éteindra donc pas la radio à la suite du message de Phillips mais à 23 h 35, soit plus d'une demi-heure plus tard[16]. Étant le seul télégraphiste à bord, il n'avait pas obligation de rester en veille en permanence.
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+ À 23 h 40, par 41° 46′ N et 50° 14′ O[17], alors que le Titanic avance à 22,5 nœuds (41,7 km/h)[18], les veilleurs Frederick Fleet et Reginald Lee installés dans le nid-de-pie du mât avant aperçoivent un iceberg droit devant dans le brouillard et le signalent à la passerelle. Le 1er officier William Murdoch, alors officier de quart, essaie de faire virer le navire vers bâbord et fait stopper les machines et demande une marche arrière toute[c 9]. Quelque 37 secondes plus tard, le navire vire mais heurte l'iceberg par tribord et le choc fait déchirer des tôles et sauter des rivets ouvrant ainsi une voie d'eau dans la coque sous la ligne de flottaison[19]. Les portes étanches sont alors immédiatement fermées par Murdoch afin d'éviter une voie d'eau plus importante. Mais l'eau commence à envahir les cinq premiers compartiments du bateau. Or le Titanic ne peut flotter qu'avec au maximum quatre de ses compartiments remplis d'eau[c 10].
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+ À 0 h 5, le commandant fait enlever les tauds des embarcations et rappeler l'équipage[d 19]. À 0 h 15, le premier appel de détresse est envoyé en signal CQD[20] par TSF sur la longueur d'onde des 600 mètres[21]. À 0 h 25, l'ordre est donné de faire monter les femmes et les enfants en premier dans les canots de sauvetage[b 3]. À 0 h 45, le premier canot est affalé avec 28 passagers contre 65 possibles[b 4],[d 20] et le signal CQD est transformé en SOS[d 21]. Les officiers s'occupent de faire monter les femmes et les enfants en priorité dans les canots, et les première et deuxième classes, étant plus près des canots, y ont plus facilement accès. Mais la capacité des canots n'est que de 1 178 personnes au total[c 11],[Note 5] et il y a environ 2 200 personnes à secourir.
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+ Les canots quittent le Titanic à intervalle régulier, et sont pour la plupart à moitié vides. À bâbord, le second officier Charles Lightoller et le capitaine Edward Smith ne font monter que des femmes et des enfants, alors qu'à tribord le premier officier William Murdoch complète souvent les places vides avec des hommes. Seuls deux des vingt canots partiront à pleine charge. À 2 h 5, le canot pliable D est le dernier mis à la mer avec succès contenant 24 personnes à son bord contre 47 possibles. À intervalles réguliers, jusqu'à 1 h 40, des fusées de détresse sont envoyées. Il en est de même pour les SOS qui sont envoyés jusqu'à 2 h 17, heure à laquelle l'eau atteint la cabine radio[d 22]. Les deux canots restants après 2 h 5, les canots pliables A et B, situés sur le toit du quartier, sont descendus sur le pont des embarcations mais les officiers ne disposant pas de suffisamment de temps, ils partent à la dérive quand l'eau envahit l'avant du pont et des nageurs s'y installent. Environ quarante personnes se trouvant sur ces dernières chaloupes seront récupérés par d'autres canots[b 5],[b 6].
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+ À 2 h 17, l'orchestre s'arrête de jouer juste avant la chute de la cheminée selon la plupart des témoignages. D'autres, comme Archibald Gracie, ont cependant déclaré que les musiciens ont cessé de jouer plus tôt dans la soirée[b 7]. Peu après, la grande verrière se brise en entraînant la destruction du Grand Escalier et donnant accès à l'eau à toutes les pièces de l'avant. À 2 h 18, les lumières du Titanic clignotent une dernière fois puis s'éteignent[22]. Un instant plus tard, le paquebot se brise en deux[c 12]. Alors que la partie avant coule, la partie arrière flotte pendant quelques instants et se remplit d'eau lentement jusqu'à ce qu'elle sombre à 2 h 20[23],[24],[25]. La température de l'eau est alors de −2 °C[b 8]. Aux alentours de 3 h, le canot no 14 commandé par le cinquième officier Harold Lowe arrive sur les lieux du naufrage après avoir vidé ses passagers dans d'autres canots. Arrivant trop tard, il ne tire de l'eau que quatre hommes, dont l'un meurt à bord du canot. Plus tard, à 3 h 30, les passagers des canots aperçoivent les feux du Carpathia[26]. À 5 h 30, le Californian prévenu par le Frankfurt arrive sur les lieux du désastre. Le dernier canot est récupéré à 8 h 30, le deuxième officier Charles Lightoller est le dernier à monter à bord. Le capitaine Arthur Rostron du Carpathia met ensuite le cap sur New York à 10 h 50[c 13].
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+ Durant la matinée du 15 avril, des informations sur le naufrage parviennent mais sans qu’on puisse en vérifier les détails, si bien que les journaux américains restent sur leur réserve. Prudent, le Herald titre : « Le Titanic heurte un iceberg et appelle au secours. Des navires en route »[27]. Seul le Times annonce dans ses premières éditions que le paquebot a très certainement coulé puisqu’on n’a plus rien reçu après les premiers messages[27].
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+ À 8h, une foule de journalistes se presse au bureau de la White Star à New York, au 9 rue Broadway. Devant la presse, le vice-président, Philippe A.S. Franklin se montre rassurant : « Nous avons une confiance absolue dans le Titanic. Nous sommes persuadés que c’est un navire qui ne peut pas couler », ce qui ne l'empêche pas d'envoyer un télégramme alarmant au capitaine Smith : « Attendons anxieusement nouvelles navire et précisions sur sort passagers »[28]. Alors que les proches des naufragés commencent à arriver, la compagnie fait tout pour les rassurer.
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+ À 18h15, lorsqu'un message du paquebot Olympic parvient, c'est le coup de massue. Le Titanic a bien sombré à 2h20 du matin. Le Carpathia, qui aurait recueilli 675 rescapés, se dirige vers New-York[29]. Dès lors, le doute n’est plus permis. Pressé de questions par les journalistes, le vice-président de la White Star se contente dans un premier temps de confirmer le naufrage, sans donner plus de détails. À 21h, il craque : « C'est une catastrophe... On pourrait remplacer le navire, mais jamais les vies humaines »[29].
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+ Trois jours passent et peu de nouvelles parviennent. En manque d’informations, certains journaux s’en prennent au Carpathia. L'Evening Mail dénonce « le silence assourdissant du Caparthia », tandis que le World attaque l’équipage qui « ne veut pas envoyer la liste des disparus »[30].
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+ Le jeudi soir, lorsque le Carpathia arrive enfin à New York, trente mille personnes se massent le long des quais pour le voir arriver[31]. Les rescapés peuvent dès lors être interrogés par les journalistes, ce qui n’empêche pas l’apparition dans la presse de témoignages invraisemblables. On y apprend qu’un passager de deuxième classe serait notamment resté à cheval sur un morceau de glace pendant quatre heures. Une passagère aurait, elle, vu l’iceberg une heure avant la collision[31].
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+ Le naufrage du Titanic fit environ 1 500 morts, le nombre variant entre 1 491 et 1 513[20],[32] victimes. Il y a donc environ 700 rescapés[c 13]. Les membres d'équipage sont les plus touchés puisque 76 % d'entre eux sont morts. 75 % des troisièmes classes ont également trouvé la mort[e 4]. D'une façon plus générale, la principale différence se situe entre les hommes et les femmes. Seules 25 % des femmes sont mortes dans le naufrage contre 82 % des passagers masculins. Proportionnellement, les enfants sont davantage victimes que les femmes, 53 des 109 enfants à bord ayant péri, soit 48,6 % d'entre eux[e 4]. Cependant, 70 % des femmes et des enfants ont survécu au naufrage contre un peu plus de 20 % des hommes[33], la règle « les femmes et les enfants d'abord » ayant prévalu, contrairement à la majorité des catastrophes maritimes[34].
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+ Le naufrage du Titanic a de nombreuses causes, tant naturelles qu'humaines. Son bilan, qui est l'un des plus lourds de l'histoire maritime, s'explique également par plusieurs facteurs. Les circonstances du naufrage sont en effet particulières. Il est vrai qu'il est rare de trouver des icebergs dans cette région de l'Atlantique au mois d'avril, mais la présence de nombreuses glaces cette année-là s'explique par un hiver particulièrement doux[35]. Ceci explique que le Titanic, qui navigue pourtant plus au sud que la route conseillée[36], se soit dirigé droit vers un champ de glaces. De plus, la nuit est sombre, sans lune et sans vent, ce qui rend plus difficile le repérage des icebergs[e 5]. Ceci est aggravé par l'absence de jumelles dans le nid-de-pie, à la suite d'une négligence des officiers : selon Frederick Fleet, le veilleur qui a aperçu et signalé l'iceberg, des jumelles auraient peut-être permis de le voir à temps[37].
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+ De plus, les compartiments étanches ne montent pas assez haut pour empêcher la progression de l'eau (ces cloisons transversales sont interrompues à 15 mètres de hauteur par les architectes pour que les passagers puissent emprunter le pont-promenade supérieur[38]), la coque n'est double qu'au fond du navire (ne protégeant que des hauts fonds), et l'acier composant certaines parties de la coque est très cassant à température négative (celle de l'eau la nuit du drame était de −1 à −2 °C)[39] bien qu'il soit le meilleur de l'époque produit dans les fours Martin[40], comme les rivets qui maintiennent les plaques de la coque ensemble (les chantiers Harland and Wolff ont commandé 9 millions de rivets pour le Titanic, le Britannic et l'Olympic mais une pénurie de pièces en acier les ont incités à utiliser des rivets en fer forgé[41]). La vitesse du navire au moment du choc était également trop élevée pour les circonstances (bien qu'en accord avec les règles de navigation de l'époque)[e 6]. Malgré une tentative de la part de la commission américaine qui enquêta sur le naufrage, il n'a pu être prouvé qu'Ismay a poussé le commandant à aller plus vite[e 7]. Enfin, le nombre élevé de morts s'explique par le faible nombre de canots de sauvetage du navire, qui ne pouvaient contenir que 1 178 personnes[b 9], mais aussi par le manque d'organisation dans leur chargement et d'information des passagers. Cette mauvaise organisation aurait rendu des canots supplémentaires peut-être inutiles, puisque les officiers n'ont pas eu le temps de s'occuper des deux derniers canots. Certains canots, comme le no 1[b 10], partent presque vides et refusent de revenir sur les lieux du naufrage. Ceci explique que les canots sont, à la fin, remplis à moins des deux tiers[d 23].
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+ Le désastre est un choc pour la communauté internationale car il prouve à tous que l'homme et ses réussites technologiques peuvent être dépassés par les puissances de la nature à une époque où le progrès scientifique semblait impossible à arrêter[e 8]. Il met également la lumière sur les insuffisances techniques de l'époque : les examens modernes montrent en effet que l'acier de la coque et encore davantage les rivets autres que sur la partie centrale de la coque contiennent trop de soufre et pas assez de manganèse, ce qui les rend trop cassants. La commission britannique de Lord Mersey a fait de nombreuses propositions sur la sécurité en mer, de même que la commission américaine du sénateur Smith. L'attitude jugée désinvolte et insouciante de ceux qui décident de la route et de la vitesse des paquebots a fortement contribué à la perte du navire, selon les deux commissions sur le naufrage[Note 6],[c 14].
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+ Pour éviter qu'une telle catastrophe ne se reproduise, la communauté internationale prend plusieurs mesures. La première est la création de la Patrouille internationale des glaces le 20 janvier 1914. Depuis, aucune mort consécutive à un naufrage dû à un iceberg n'est à déplorer[e 9]. De plus, la procédure à appliquer en cas de collision avec un iceberg est changée. Désormais, il est considéré que les dégâts seront moindres en cas de collision frontale. La chose est prouvée en 1914 lorsque survient la collision du Royal Edward avec un iceberg, qui ne fait aucune victime parmi les 800 passagers[d 24].
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+ Concernant les moyens de communication, il est décrété que la veille radio doit être assurée 24 h/24 sur la longueur d'onde de 600 mètres (500 kHz)[43] (ce qui était le cas sur le Titanic, mais ni sur le Californian ni sur le Carpathia) et devra bénéficier de batteries de secours pour alimenter la station radio de secours[44],[45]. Le mauvais usage des récents progrès de la TSF déclenche dans les mois qui suivent une controverse autour de la société Marconi, dont la puissance des émetteurs avait d'abord été saluée. Cependant, la conséquence la plus importante du naufrage concerne les embarcations de sauvetage. Désormais, tout navire se doit d'être équipé de canots en nombre suffisant. La loi demandait jusqu'alors un équipement selon le tonnage, et n'avait pas suivi la rapide augmentation de la taille des navires. Dès la commission américaine, Ismay déclare que tous les navires de l'IMM Co seront équipés de canots en nombre suffisant[d 25]. Des conférences internationales sur la sécurité en mer se sont tenues en 1914, 1929, 1948 et 1960 et ont notamment rendu obligatoire pour tous les navires de pouvoir être évacués en une demi-heure[c 15].
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+ Le Titanic est long de 269 mètres, large de 28 mètres et haut de 53 mètres, de la quille aux cheminées. Son tonnage brut est d'environ 46 000 tjb, soit 1 000 de plus que l'Olympic[46]. Il nécessite environ 885 membres d'équipage, et peut transporter 2 471 passagers répartis en trois classes[c 16]. Le paquebot transporte également du courrier. C'est pour cette raison qu'il porte le sigle RMS[Note 7],[47]. En tout, le navire a coûté 7,5 millions d'USD (soit 150 millions de dollars des premières années 2000[48]).
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+ Les dix ponts du Titanic permettent de l'élever au rang de plus grand paquebot jamais construit à son époque[20],[49]. Sept de ses ponts (les ponts abritant des cabines destinées aux passagers) sont désignés par des lettres, de A à G (A étant en haut et G en bas). Au-dessus du pont A se trouve le pont des embarcations (ou pont supérieur). Le pont des ballasts sert de base au navire, ainsi qu'aux salles des chaudières et des machines qui s'étendent jusqu'aux ponts Orlop et G. Ces deux ponts comprennent également les cales et les réserves d'eau et de nourriture du navire[50].
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+ Le Titanic, comme ses sister-ships de classe Olympic, est propulsé par une combinaison de deux types de machines. On trouve dans les profondeurs du paquebot 29 chaudières regroupées dans six salles[d 26], qui alimentent en vapeur les machines alternatives à triple expansion situées dans la salle des machines (à l'arrière des salles des chaudières), puis la turbine dans la salle suivante. Les premières actionnent les deux hélices latérales à trois pales du paquebot, tandis que la turbine fait tourner l'hélice centrale à quatre pales. À une vitesse de 21 nœuds, sa consommation est évaluée entre 638 et 737 tonnes de charbon par jour. À 22 nœuds, celle-ci est évaluée de 720 à 808 tonnes par jour, selon les statistiques prises en compte[c 17]. L'énergie électrique nécessaire au fonctionnement des différents équipements du navire est fournie par quatre dynamos de 400 kW[51]. Les fumées de combustion du charbon et la vapeur sont ensuite évacuées par les trois cheminées avant. La quatrième, factice, sert quant à elle à améliorer l'esthétique du paquebot, à l'aération des salles des machines et à évacuer la vapeur des cuisines[b 11],[Note 8].
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+ La passerelle de navigation du Titanic se trouve sur le pont supérieur, à environ 60 mètres de la proue. Elle s'étend sur toute la largeur du navire, et comprend deux timoneries (une fermée et une seulement couverte), deux ailerons de manœuvre, une salle de navigation et la salle des cartes. En arrière de la passerelle se trouvent les quartiers des officiers qui bénéficient de logements proportionnels à leur rang : le commandant Edward Smith bénéficie pour sa part d'une suite avec salon et salle de bains[b 12]. À l'arrière de la première cheminée se trouve une salle de radiotélégraphie sans fil dont la veille est assurée par deux opérateurs radio (Jack Phillips et Harold Bride lors de l'unique traversée du paquebot) dont les quartiers sont attenants[c 18]. Les quartiers des chauffeurs et soutiers se trouvent quant à eux dans la proue du navire, et ceux-ci accèdent à leur lieu de travail par un escalier en colimaçon et un tunnel[c 19].
90
+
91
+ La veille est assurée depuis le nid-de-pie situé sur le mât avant, et le navire dispose également d'une passerelle d'accostage, sur le pont de poupe[b 12]. Une ligne téléphonique permet de communiquer entre le nid-de-pie, la timonerie, la plage arrière, la salle des machines et le compartiment arrière, améliorant la rapidité des manœuvres du navire. Une autre ligne permet à certains passagers de première classe de communiquer avec différents services, notamment les offices[b 13].
92
+
93
+ La coque du Titanic est divisée en seize compartiments étanches[e 10]. La fermeture des douze portes étanches, situées aux endroits où un passage est nécessaire à la bonne marche du navire, peut se faire par le biais d'un interrupteur situé sur la passerelle[c 20]. Elle peut également se faire automatiquement en cas de voie d'eau. Cependant, si les compartiments avant et arrière montent jusqu'aux ponts D à B, les compartiments centraux ne dépassent pas le pont E. Ainsi, il est alors considéré que si deux compartiments adjacents sont inondés, le navire peut rester à flot. Cette limite va jusqu'à quatre compartiments si ce sont les compartiments avant du navire[Note 9],[c 21].
94
+
95
+ Le navire est également équipé d'un double-fond[Note 10]. De plus, huit pompes capables d'évacuer 400 tonnes d'eau par heure se trouvent à bord[52]. Tout ceci entraîne des rumeurs d'une prétendue « insubmersibilité » du navire que la compagnie ne dément pas. Cependant, de telles rumeurs sont loin de ne concerner que le Titanic : la compagnie avait déjà qualifié le Cedric, neuf ans plus tôt, de « pratiquement insubmersible »[c 22]. La rumeur veut également qu'au moment de son lancement, un employé ait déclaré : « Dieu lui-même ne pourrait pas couler ce paquebot »[53].
96
+
97
+ Le Titanic est également équipé de 20 canots de sauvetage : 14 canots d'une capacité de 65 personnes, 2 canots « de secours » pour 40 personnes[Note 11] et 4 radeaux pliables de type Engelhardt ayant également une capacité de 47 personnes. Les 20 canots peuvent ainsi contenir un total de 1 178 personnes, soit un tiers de la capacité du navire[b 9].
98
+ Ce faible nombre est toutefois supérieur à ce que demandent les lois de l'époque qui considèrent que ces canots ont le temps d'effectuer plusieurs navettes entre un gros paquebot qui met du temps à couler et les navires sauveteurs[54]. L'idée de mettre des canots supplémentaires a été envisagée par Alexander Carlisle, l'un des concepteurs du navire, mais Ismay rejeta l'idée, pour ne pas encombrer le pont supérieur, et ne pas affaiblir l'image de fiabilité de la compagnie[Note 12]. Cependant, pour éviter un coût supplémentaire lors d'un éventuel changement de réglementation, Carlisle réussit à convaincre Ismay d'installer des bossoirs de type Welin capables de faire descendre successivement plusieurs canots[d 27]. Lors du naufrage, le 15 avril 1912, les canots de sauvetage n'embarquent que 711 des 2 200 personnes qui se trouvent à bord. Par la suite, les lois sont modifiées pour obliger toutes les compagnies maritimes à avoir des canots de sauvetage en nombre suffisant[d 28], c'est la naissance de la convention internationale SOLAS (Safety of Life at Sea), deux ans après la tragédie.
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+
100
+ Le Titanic présente un luxe et un confort inégalés pour l'époque. Les installations de première classe s'étendent du pont des embarcations au pont E, et comprennent gymnase, fumoir, restaurant à la carte, café véranda, piscine, bains turcs et salon de lecture et de correspondance, ainsi qu'une promenade couverte. Certaines cabines sont équipées de salles de bains, et deux d'entre elles disposent même d'une promenade privée[Note 13],[b 14]. Toutes ces cabines et installations sont reliées par deux somptueux escaliers, celui situé à l'avant étant associé à trois ascenseurs desservant les ponts A à E. La vaste salle à manger de première classe se situe sur le pont D[e 11].
101
+
102
+ Les passagers de deuxième classe ne sont pas en reste et bénéficient de cabines souvent équivalentes à la première classe d'autres navires, à l'arrière des ponts D à G. Un escalier et un ascenseur desservent la totalité de la hauteur du navire, leur donnant accès au pont des embarcations, à leur fumoir (pont B), leur bibliothèque (pont C), et leur salle à manger (pont D). Ils disposent également d'une promenade couverte[e 12].
103
+
104
+ La troisième classe offre également un bon niveau en comparaison des autres navires, avec des cabines proposant de 4 à 8 couchettes, et de petits dortoirs pour les hommes célibataires, à l'avant. Les femmes seules voyagent quant à elles à l'arrière, et les familles sont regroupées au centre. La salle à manger de troisième classe se trouve au pont F et dispose de sa propre cuisine (les deux autres classes partagent la leur), et les passagers disposent de deux espaces communs et d'un fumoir, ainsi que du pont de poupe[e 12].
105
+
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+ Sur les 1 316 passagers, 325 font partie de la première classe, 285 de la seconde et la dernière accueille 706 personnes. 922 passagers embarquent à Southampton (Angleterre), 274 à Cherbourg (France) et 120 à Queenstown (Irlande).
107
+
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+ La première classe accueille les passagers les plus fortunés du navire. Il s'agit d'hommes d'affaires, d'artistes, de hauts gradés militaires et de politiciens entre autres. Ils sont souvent accompagnés de nombreux bagages et d'un ou plusieurs domestiques[d 29]. Un certain nombre de personnalités voyagent en première classe pour la traversée inaugurale du Titanic, à commencer par Joseph Bruce Ismay, président de l'international Mercantile Marine Company et de la White Star Line[a 2] et Thomas Andrews, le concepteur du navire[a 3]. Tous deux voyagent dans le but d'observer les défauts que pourrait présenter le navire. L'homme le plus riche à bord est John Jacob Astor IV, colonel, écrivain, inventeur et propriétaire d'hôtels américains[a 4]. D'autres grandes fortunes se trouvent également à bord, comme Benjamin Guggenheim ou Margaret Brown, ainsi que des lettrés tels que Jacques Futrelle[a 5] et Archibald Gracie[a 6], ou encore des sportifs tels que Richard Norris Williams[a 7]. Archibald Butt, l'aide de camp du président américain William Howard Taft, fait également la traversée à bord du Titanic pour rentrer aux États-Unis préparer les élections présidentielles de l'automne suivant[a 8]. John Pierpont Morgan, milliardaire américain propriétaire de nombreux trusts, ainsi que du navire, devait également faire la traversée, mais préfère finalement fêter son anniversaire en compagnie de sa maîtresse à Aix-les-Bains[a 9].
109
+
110
+ La deuxième classe, plus hétéroclite, comprend des entrepreneurs, des enseignants, des ecclésiastiques et, parfois, des immigrants aisés, ou de retour dans leur pays d'origine[55]. Le confort dont ils disposent égale souvent la première classe de paquebots contemporains. Parmi eux se trouve notamment Lawrence Beesley, un universitaire britannique qui dresse, après le naufrage, un compte rendu détaillé des événements dans son ouvrage The Loss of s.s. Titanic[a 10]. Une famille attire également l'attention, la famille Hoffman. Pour leurs compagnons de voyage, il s'agit d'un père aimant et de ses deux enfants en bas-âge, mais il apparaît après le naufrage et la mort du père qu'il s'agissait de la famille Navratil. Michel Navratil avait enlevé ses enfants à son épouse au début du mois d'avril dans l'espoir de vivre une nouvelle vie en Amérique. L'histoire de ces « orphelins du Titanic » fait le tour du monde[a 11].
111
+
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+ La troisième classe, enfin, est la classe de l'immigration. Les gens qui voyagent à bord sont souvent en famille, parfois par groupes d'une dizaine de personnes, à l'image de la famille Sage composée de onze membres[56]. Ils viennent de nombreuses régions du monde, que ce soit de Scandinavie, d'Europe de l'Est, d'Irlande et parfois même d'Asie[e 13]. Avant l'embarquement et à leur arrivée à New York, ils font l'objet de stricts contrôles sanitaires et sont rigoureusement séparés des autres passagers. La réglementation américaine est en effet très stricte pour éviter toute contamination[d 30].
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+ Lucy Duff Gordon.
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+ George Dunton Widener.
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+ Archibald Butt.
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+ Margaret Brown.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Parmi les 889 personnes constituant l'équipage du Titanic, 66 appartiennent à l'équipage de pont (officiers, matelot, veilleurs, quartier-maîtres)[b 15], 325 sont des mécaniciens (soutiers appelés gueules noires, chauffeurs, graisseurs, m��caniciens tous interdits de contact avec les passagers)[b 16], et 471 hommes et 23 femmes font partie du personnel hôtelier du navire (commissaires, stewards, opérateurs radio, etc.)[b 17],[b 18].
125
+
126
+ Le Titanic est commandé par Edward Smith qui, par sa popularité, est affecté aux traversées inaugurales des grands navires de la White Star Line depuis 1904[c 23]. Son commandant en second, Henry Wilde, a été muté à bord à la veille du départ, entraînant un décalage dans la hiérarchie de l'état-major du navire[a 12]. Ceci permet d'avoir un état-major expérimenté, les trois plus hauts gradés du navire ayant servi précédemment sur l'Olympic[57]. Les officiers sont à la tête de l'équipage de pont, qui est chargé de diriger le navire et veiller à sa bonne marche. Ils sont assistés par les quartiers-maîtres, chargés de tenir la barre, les veilleurs, postés dans le nid-de-pie et des matelots qui assurent la veille et se chargent de l'entretien des appareils[a 13],[a 14].
127
+
128
+ Le personnel mécanicien travaille pour sa part dans les entrailles du navire. Sous la direction du chef mécanicien Joseph Bell[a 15] s'affairent une vingtaine d'aides-mécaniciens. Aucun d'entre eux ne survit au naufrage[c 24]. Les 29 chaudières du navire sont alimentées par près de 300 chauffeurs et soutiers qui travaillent dans des conditions exécrables[58].
129
+
130
+ Enfin, le personnel hôtelier, qui est le plus divers, est aussi le plus répandu. On trouve une majorité de stewards, accompagnés de quelques hôtesses. Ceux-ci sont affectés à des cabines ou des installations du navire, et se tiennent au service des passagers. Ce personnel comprend également un grand nombre de cuisiniers[a 16]. La direction du personnel hôtelier revient au commissaire de bord Hugh McElroy qui doit également répondre aux doléances des passagers[d 31],[a 17]. Jack Phillips[a 18] et Harold Bride[a 19], les deux opérateurs radio du navire, sont également affiliés à cette catégorie[d 31].
131
+
132
+ Le Titanic emploie également un orchestre formé d'un quintette et d'un trio sous la direction de Wallace Hartley. Les musiciens se produisent en première et deuxième classe, et sont entrés dans la légende pour leur comportement héroïque lors du naufrage[59]. Ils ne font cependant pas partie de l'équipage, et sont comptés comme passagers de seconde classe[60].
133
+
134
+ De nombreux projets d'expéditions pour retrouver le navire englouti ont vu le jour sans connaître le succès pendant de nombreuses années[c 25].
135
+
136
+ L'épave est finalement localisée le 1er septembre 1985 à 1 h 5 par une expédition franco-américaine dirigée par Jean-Louis Michel de l'IFREMER et le Dr Robert D. Ballard de l'Institut océanographique de Woods Hole[61]. Le but original de cette expédition était de couvrir les recherches de deux sous-marins nucléaires américains[Note 14],[d 32]. Elle est localisée à une profondeur de 3 821 m[62], à 41° 43′ 55″ N, 49° 56′ 45″ O, à 650 km au sud-est de Terre-Neuve[b 19]. Le navire est brisé en deux parties qui reposent sur le fond à environ 800 mètres l'une de l'autre, séparées par un champ de débris[e 14]. Lors du naufrage, la coque s'est brisée là où la contrainte (de flexion) était la plus forte, au niveau de la salle des machines et du Grand Escalier arrière[e 15].
137
+
138
+ Le Dr Ballard et son équipe n'ont enlevé aucun objet du site, considérant que cela équivalait à un pillage de tombes[e 16]. Pour le droit maritime international cependant, la récupération des objets est nécessaire pour établir les droits de sauvegarde pour une épave. Dans les années suivant la découverte, le Titanic est l'objet de nombreux arrêts juridiques concernant la propriété des objets et le site du naufrage lui-même. Beaucoup d'objets ont été sauvés et sont exposés au public[e 17]. Les scientifiques affirment que les nombreuses expéditions sur l'épave ont accéléré sa dégradation et estiment qu'elle aura disparu vers 2050[b 20]. Durant l'été 2016, à l'aide d'une technique d'imagerie par rayonnement à neutrons, une équipe de chercheurs de l'Institut Laue-Langevin met en évidence qu'une molécule appelée éctoïne est utilisée par la bactérie Halomonas titanicae dans l'épave du Titanic afin de survivre à la pression osmotique que provoque le sel de l'eau sur ses membranes[63],[64]. Cette bactérie qui ronge les restes du paquebot devrait faire disparaître progressivement l'épave à l'horizon de 2030[65].
139
+
140
+ La découverte et l'étude scientifique de l'épave permettent de mieux comprendre les circonstances exactes du naufrage, tout d'abord en donnant raison aux quelques témoins qui ont affirmé avoir vu le navire se casser en deux juste avant le plongeon final. Plus récemment, en 1996, un sonar a permis de voir les dégâts causés par l'iceberg dans la coque à l'avant du navire. Contrairement à ce que l'on croyait jusqu'alors, ce n'est pas une brèche de 100 mètres de long mais six petites entailles à peine plus épaisses qu'un bras humain, réparties approximativement le long du premier tiers avant du navire, qui ont causé sa perte[d 33]. Une étude plus récente menée par deux chercheurs métallurgistes américains, le Dr Tim Foecke (en) et le Dr Jennifer McCarty (en), s'appuyant sur des analyses scientifiques de pièces (tôles et rivets) extraites de l'épave et sur l'examen des archives des chantiers navals Harland & Wolff conservées à Belfast, met en cause la qualité des rivets utilisés pour fixer les plaques d'acier de la coque à l'avant du navire. En effet, ceux-ci sont en fer et non en acier comme dans la partie centrale, en raison de l'impossibilité des fournisseurs à suivre les rythmes et les quantités imposés par le constructeur. Les auteurs de l'étude supposent que des rivets en acier, plus résistants, auraient peut-être, sinon sauvé le navire, du moins accordé un délai suffisant pour permettre aux secours d'arriver à temps[39],[66]. Cependant, de nouveaux essais réalisés dans différentes conditions par le laboratoire de Woods Hole (États-Unis) en 2010, ont démontré le contraire. L'étude, pour laquelle a notamment été reproduit pour essais un morceau composé de deux plaques d'acier rivetées telles celles qui composaient la coque, a soumis les rivets et les plaques à différentes pressions, et démontré que la structure et la composition de ces derniers n'étaient pas responsables[67].
141
+
142
+ Le centenaire du naufrage du Titanic place l'épave sous la protection de la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de l'UNESCO[68].
143
+
144
+ En août 2019, une nouvelle expédition ayant nécessité trois années de préparation rapporte des images en haute définition de l'épave, démontrant une carcasse affaiblie par la corrosion et les bactéries qui rongent la structure métallique du navire. Selon les estimations, l'épave devrait disparaître totalement dans les décennies à venir[69].
145
+
146
+ Il existe un certain nombre de légendes à propos du Titanic. Certaines ne relèvent probablement que de l'invention ou de la « folie », mais d'autres sont des coïncidences qui ont prêté à polémique[b 21].
147
+
148
+ Ainsi, certains ont relevé l'existence de plusieurs écrits parfois considérés comme prémonitoires. Quatorze ans avant le naufrage, Morgan Robertson écrit Le Naufrage du « Titan ». Après le naufrage du Titanic, ce livre regagne en réputation, apparaissant comme étonnamment prémonitoire et est réédité la même année[c 26]. Il existe en effet de grandes similitudes entre l'histoire du livre et la réalité : le navire, nommé Titan, est le plus imposant au monde et présenté comme insubmersible. De fait, il ne dispose que du nombre minimum de canots de sauvetage requis par la loi. Il heurte un iceberg, coule et la majorité des passagers est victime du naufrage[d 34].
149
+
150
+ De même, le journaliste William Thomas Stead s'engage contre le manque de moyens de sauvetage à bord des paquebots. Dans une nouvelle, il raconte une collision entre deux navires dont les passagers ne sont pas tous sauvés, faute de moyens de sauvetage. Stead conclut : « C'est exactement ce qui se produira si les paquebots sont lancés avec trop peu de canots »[70]. Six ans plus tard, il publie De l'Ancien Monde au Nouveau, nouvelle dans laquelle il raconte un voyage fictif à bord du paquebot (bien réel) Majestic de la White Star Line sous le commandement d'Edward Smith. Au cours de la traversée, le navire s'arrête pour repêcher les naufragés d'un paquebot ayant heurté un iceberg[70]. Le 15 avril 1912, Stead se trouve à bord du Titanic, commandé par Edward Smith, et meurt dans le naufrage.
151
+
152
+ Quelques incidents émaillent la traversée. Lors de son départ de Southampton, le Titanic manque d'entrer en collision avec le New York. Cet événement a entraîné, comme le raconte Lawrence Beesley (passager de seconde classe ayant par la suite raconté son histoire dans un ouvrage), des rumeurs et superstitions parmi les passagers et certains membres d'équipage. Celles-ci sont amplifiées lors de l'escale de Queenstown par l'apparition d'un soutier couvert de suie en haut de la quatrième cheminée. Cependant, il écrit lui-même que ce ne sont que des « superstitions malsaines »[71].
153
+
154
+ D'autres légendes relèvent de la pure affabulation. Selon l'une d'elles, John Jacob Astor IV aurait ramené de son voyage de noces en Égypte une momie qu'il aurait fait charger à bord du Titanic, déclenchant ainsi la colère des dieux[72]. Une variante de la légende veut qu'une momie maudite ait été, après avoir été cachée dans un grenier pendant un certain temps, revendue à un riche Américain qui l'aurait embarquée sur le Titanic, entraînant sa perte. Cependant aucune momie n'est mentionnée dans le manifeste du navire : les historiens s'accordent donc pour dire qu'il ne s'agit là que d'une légende sans le moindre fondement[c 27].
155
+
156
+ L'entreprise chinoise Seven-Star Energy Investment Group investit 170 millions de dollars pour construire une réplique à taille réelle du paquebot qui sera amarrée dans un port sur la rivière Qi d'ici 2020, les travaux ayant commencé en 2016[73]. Cette réplique aura un but touristique et didactique grâce à un musée et un simulateur de naufrage[74]. Le milliardaire australien Clive Palmer a également l’intention de construire une réplique exacte du paquebot[75], le Titanic II, dont la mise en service est prévue pour 2022[76].
157
+
158
+ En 2018, la société OceanGate organise pour des touristes souhaitant visiter l'épave (au prix de 100 000 dollars) des descentes en sous-marin, celles-ci servant en même temps à un scientifique qui cartographie le navire en trois dimensions, afin d'étudier la rapidité avec laquelle il se désagrège[77].
159
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160
+ L'histoire du Titanic a été illustrée dans un très grand nombre de films et de téléfilms. Le premier est Saved from the Titanic, un film américain d'Étienne Arnaud mettant en scène Dorothy Gibson, rescapée du naufrage. Sorti en 1912, il n'en reste aucune trace à la suite de l'incendie des studios où il était entreposé, en 1914[b 22],[d 35]. La même année sort In Nacht und Eis, un film muet allemand[78].
161
+
162
+ En 1943, Joseph Goebbels demande le tournage de Titanic, une superproduction destinée à la propagande nazie, réalisée par Werner Klingler et Herbert Selpin avec Sybille Schmitz et Hans Nielsen[79]. Le tournage est marqué par l'emprisonnement et la mort de son premier réalisateur, Herbert Selpin. Le film ne sort finalement pas en Allemagne, Goebbels craignant de démoraliser la population qui subit de nombreux bombardements britanniques[d 36].
163
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164
+ 1953 voit l'arrivée du paquebot à Hollywood avec la sortie Titanic de Jean Negulesco avec Barbara Stanwyck et Clifton Webb[80]. L'année 1958 voit l'arrivée sur les écrans du film Atlantique, latitude 41° (A Night to Remember), film britannique de Roy Ward Baker avec Kenneth More et Ronald Allen[81]. Adapté du livre La Nuit du Titanic de l'historien Walter Lord, il est réalisé avec l'aide de certains acteurs du drame ce qui en fait un des films les plus proches de la réalité[d 37].
165
+
166
+ En 1979 sort S.O.S. Titanic, téléfilm américano-britannique de William Hale[82].
167
+ L'année suivante sort La Guerre des abîmes (Raise the Titanic), film américain de Jerry Jameson adapté du roman de Clive Cussler, qui est un échec commercial et critique[83].
168
+
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+ En 1989, brève apparition du « Titanic fantomatique » dans le port de New York dans le film SOS Fantômes 2[84].
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+
171
+ En 1996, la mini-série de Robert Lieberman Le Titanic avec Peter Gallagher, Eva Marie Saint et Catherine Zeta-Jones restitue l'histoire du paquebot en deux parties d'une heure vingt chacune. Si l'histoire suit des personnages fictifs, la trame de fond relate certaines anecdotes réelles, comme l'histoire de la famille Allison[Note 15].
172
+
173
+ Le plus célèbre des films concernant le Titanic est le film de James Cameron, Titanic, sorti en 1997. Mettant en scène Leonardo DiCaprio, Kate Winslet et Billy Zane, le film remporte 11 Oscars et 1 845 034 188 $ de box office mondial[85]. Il devient ainsi, pour l'époque, le film ayant engrangé les plus grosses recettes de l'Histoire. Ce film ravive l'intérêt pour le Titanic, entraînant la parution (et parfois la réédition) de nombreux ouvrages, ainsi que des expositions, et la création de nombreux sites internet[d 38]. Cameron produit également, en 2003, le documentaire Les Fantômes du Titanic concernant l'épave du navire[86].
174
+
175
+ En 1999, l'épisode 10 de la première saison de la série Futurama, intitulé Titanic 2 (A flight to remember en VO, nom inspiré du film de Roy Ward Baker, A Night to Remember), s'inspire du naufrage. Dans cet épisode, le Titanic 2 est un vaisseau spatial « inspiré d'un vieux film du XXe siècle » piloté par le capitaine Zapp Brannigan qui voit naître une idylle identique à celle des personnages de Rose et Jack dans le film de James Cameron, mais entre deux robots : le pauvre Bender et une riche duchesse. Ce vaisseau connaît le même sort que le paquebot dont il s'inspire.
176
+
177
+ En 2007, l'épisode spécial Noël de la saison 3 de la série anglaise Doctor Who évoque le Titanic. Dans cet épisode, qui porte le nom d'Une croisière autour de la Terre, le Titanic prend la forme d'un gigantesque paquebot de l'espace.
178
+
179
+ En 2010, l'épisode 12 de la saison 6 (saison 7 pour la numérotation américaine) de Futurama, intitulé Les Mutants révoltants (The Mutants Are Revolting en VO), s'inspire à nouveau du naufrage du Titanic, reprenant librement l'histoire de John Jacob Astor à bord d'un « Land-Titanic », plus grand et unique paquebot terrestre de l'Histoire qui a sombré à « New New York » le 10 avril 2912, après un collision avec une boîte aux lettres.
180
+
181
+ En 2014, dans l'épisode 11 de la première saison de la série Rick et Morty, intitulé Ricksy Business, une attraction touristique est nommée Titanic 2 permet de reproduire des scènes du film de James Cameron
182
+
183
+ En 2012, la série Titanic : de sang et d'acier retrace en 12 épisodes de la construction au lancement du paquebot, tout en décrivant la vie dans Belfast au début du XXe siècle, en prenant de nombreuses libertés historiques.
184
+
185
+ Le naufrage du Titanic a également inspiré de nombreux romans s'inspirant plus ou moins fortement de son histoire.
186
+
187
+ Deux bandes dessinées ont également été écrites sur le sujet.
188
+
189
+ Le Titanic apparaît également dans l'aventure de Picsou, Le Bâtisseur d'empires du Calisota, par Don Rosa, et dans Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec de Jacques Tardi[87].
190
+
191
+ Dans l'album Sophaletta tome 4, d'Erik Arnoux et Dominique Hé Les Larmes de la Tzarine édité chez Glénat en 2000, plusieurs pages se passent à bord du Titanic au cours du naufrage du paquebot.
192
+
193
+ Le Titanic a réussi à s'imposer sur d'autres supports que le papier et les écrans. Ainsi, une comédie musicale a tenu l'affiche entre 1998 et 2000. Des jeux vidéo ont également été bâtis sur et autour de ce sujet, comme Titanic : une aventure hors du temps qui offre une reproduction fidèle du navire[88].
194
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+ L'histoire du Titanic a aussi inspiré une œuvre au compositeur britannique Gavin Bryars, The Sinking of the Titanic (1969). Elle reprend notamment l'hymne Autumn qui a peut-être été joué par les musiciens au moment du naufrage[89]. Une pièce de théâtre de Jean-Pierre Ronfard, Titanic, raconte l'histoire de personnages existant comme Adolf Hitler ou Charlie Chaplin n'ayant jamais été sur le paquebot. Titanic est enfin le titre d'un poème de Benjamin Fondane, dans le recueil Le Mal des Fantômes et a inspiré en tant que thème la célèbre chanson interprétée par Céline Dion My Heart Will Go On.
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+ République de Nauru
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+ Ripublik Naoero
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+ Republic of Nauru
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+ 0° 32′ 51″ S, 166° 55′ 01″ E
10
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+ modifier
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13
+ Nauru, /na.u.ʁu/[5],[6], en forme longue la république de Nauru (en nauruan : Naoero et Ripublik Naoero ; en anglais : Republic of Nauru) est un État insulaire d'Océanie situé en Micronésie, peuplé de 13 649 habitants en 2017 et l'un des plus petits États du monde.
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15
+ Située à 42 kilomètres au sud de l'équateur[7], l'île a une superficie de 21,3 km2 et est formée d'un plateau central peu élevé culminant à 71 mètres au Command Ridge, ceinturé par une étroite plaine côtière. Sur cette plaine se concentrent les logements et les infrastructures industrielles, agricoles, publiques et de transport, l'intérieur des terres étant majoritairement dévolu à l'extraction du minerai de phosphate qui constitue la seule richesse naturelle de Nauru. L'île est distante de 705 kilomètres de Tarawa-Sud, capitale des Kiribati, dans les îles Gilbert, à l'est-nord-est. Le pays n'a pas de capitale officielle[1], toutefois Yaren est désigné de facto comme capitale car le district abrite le Parlement[1]. Par sa superficie, l'île est considérée comme la plus petite république du monde[1]. Sa densité est la plus élevée d'Océanie (9e rang mondial).
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+ L'île, alors peuplée de quelques centaines de Nauruans aux origines micronésiennes et mélanésiennes, est approchée par le navigateur britannique John Fearn en 1798. Elle accède à l'indépendance le 31 janvier 1968. Entre ces deux dates, elle est successivement colonie allemande de 1888 à 1914 puis australienne de 1914 à 1968 avec une période d'occupation japonaise entre 1942 et 1945. Mais ce qui marque le plus profondément la société nauruane, c'est son histoire économique centrée sur le phosphate. Son extraction et son exportation débutent en 1906. Cette ressource, d'abord exploitée au bénéfice des nations colonisatrices de l'île, permet à la population de Nauru d'accéder à un très haut niveau de vie, à partir de l'indépendance en 1968. Cependant, dès les années 1990, l'épuisement des réserves minières, une mauvaise gestion des finances publiques et la dégradation de la santé publique caractérisée par l'apparition de maladies liées à une mauvaise hygiène de vie entraînent une paupérisation de la population et de l'État, aboutissant à une faillite générale.
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+ La population de Nauru est très fortement marquée dans sa structure et sa culture par la colonisation : majoritairement de religion protestante, elle est principalement composée de Nauruans mais comporte une minorité chinoise et quelques Européens et Océaniens. Le nauruan, bien que seule langue officielle de l'île[8], est supplanté par l'anglais dans les relations formelles, il est largement employé dans le commerce, l'administration et les études supérieures. Le dollar australien est resté la monnaie du pays à son indépendance, et le sport national est le football australien.
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+ L'étymologie de « Nauru » est incertaine[9]. L'Allemand Paul Hambruch qui visite l'île au début du XXe siècle indique que Naoero peut être interprété comme la contraction de la phrase a-nuau-a-a-ororo, qui s'écrirait aujourd'hui A nuaw ea arourõ, signifiant « je vais à la plage ». Anáoero entre en 1920 dans le dictionnaire colonial allemand[10].
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+ L'Alsacien Alois Kayser, qui séjourna plus de trente ans sur Nauru au début du XXe siècle et étudia le nauruan, rejeta l'explication de Paul Hambruch pour le motif qu'il manquait le verbe de mouvement rodu, associé au mot « plage ». En effet, les Nauruans considèrent la plage comme le lieu le plus bas géographiquement aussi bien en ce qui concerne la terre que la mer. Ainsi, selon lui, l'absence de ce verbe dans la traduction de Paul Hambruch l'invalide de même que l'étymologie de Naoero et par la même occasion de « Nauru ».
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+ L'île prit différents noms suivant les époques et les empires coloniaux en possession de ce territoire : les premiers colons britanniques l'appelèrent Pleasant Island (« Île Agréable ») ou encore Shank Island, tandis que les colons allemands la nommèrent Nawodo ou Onawero. Finalement, le nom actuel « Nauru » fut créé afin qu'Européens et Nord-Américains aient une appellation commune tandis qu'en nauruan, la langue parlée par les Nauruans, le pays est nommé Naoero[11].
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+ Les événements antérieurs à la colonisation de Nauru à la fin du XIXe siècle sont peu connus faute de sources scripturales et en la quasi-absence de données archéologiques.
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+ Vraisemblablement peuplée à l'origine de Mélanésiens et de Micronésiens, elle connaît l'arrivée d'une seconde vague de migration venant des littoraux chinois via les Philippines, aux alentours de -1200. La société nauruane s'organise alors en douze tribus[12], parlant chacune un dialecte différent du nauruan, la langue originaire de l'île, et vit de la culture des cocotiers, bananiers, pandanus et takamakas[13], et de la pisciculture des poissons-lait dans deux lagunes de l'île[14].
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+ Nauru est approchée par les Européens le 8 novembre 1798 par le capitaine britannique John Fearn[15]. L'île sert alors de refuge à des déserteurs et des contrebandiers[16],[17]. À partir de 1872, des commerçants allemands, ainsi que des missionnaires protestants de Brême s'installent à Nauru. Des missionnaires catholiques de Hambourg arrivent en 1875. En 1878, une guerre civile tribale se déclenche chez les Nauruans au cours de laquelle un tiers de la population disparaît[17],[18]. Le conflit prend fin le 16 avril 1888 lorsque l'Empire allemand annexe Nauru sous prétexte de rétablir la paix[16].
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+ Les Allemands développent tout d'abord la culture du cocotier dont ils exportent le coprah mais la véritable mise en valeur de l'île prend ses sources en 1900 lorsque d'énormes gisements de phosphate sont découverts[12]. L'extraction commence en 1906 ; différentes compagnies minières se succèdent au fil du temps sur l'île. Elles y font venir de nombreux ouvriers étrangers, chinois et océaniens[15]. Dans le même temps, des missionnaires s'installent sur l'île, évangélisent, instruisent et occidentalisent la population[17].
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+ En 1914, Nauru est confisqué par les Alliés, comme le reste des colonies allemandes, lorsque l'Australie prend possession de l'île le 6 novembre 1914[19].
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+ Le statut de Nauru sera un point d'achoppement entre négociateurs de l'Empire britannique. Nauru est revendiquée avec véhémence tant par le gouvernement australien que par celui de Nouvelle-Zélande, au point que l'on sera forcé en mai 1919 de trouver une solution de compromis, faisant du mandat sur cette petite île le seul directement attribué à l'Empire britannique dans le Pacifique par le traité de Versailles[20]. Dans les faits, seule l'Australie administre la colonie[16],[12],[17]. L'extraction du phosphate se poursuit tout au long de la Première Guerre mondiale mais c'est durant l'entre-deux-guerres que la production décolle, la demande des agriculteurs australiens et néo-zélandais s'accroissant[16].
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+ Au début de la Seconde Guerre mondiale, en décembre 1940, Nauru subit des attaques de la marine allemande[21]. Les infrastructures servant à l'exportation du phosphate sont bombardées et cinq minéraliers sont coulés[22]. À partir d'août 1942, l'île, partiellement évacuée par les Occidentaux, est occupée par les Japonais[23]. Ils la fortifient et font construire par des travailleurs forcés une piste d'atterrissage qui sera la base de l'actuel aéroport international de Nauru[24]. Courant 1943, les Américains bombardent l'île dans le cadre de leur reconquête des îles du Pacifique, mais n'y débarquent pas[24]. Les habitants et occupants de Nauru, coupés des lignes d'approvisionnement japonaises, commencent alors à manquer de ravitaillement. Les Japonais décident en conséquence de déporter 1 200 Nauruans dans les îles Truk où ils sont astreints à des travaux forcés. Ceux qui restent sur l'île survivent dans des conditions très précaires[24],[17]. Le 13 septembre 1945, onze jours après la signature des actes de capitulation du Japon, la garnison de Nauru signe sa reddition. L'île repasse alors dans le giron australien[24]. Les derniers déportés des Îles Truk, qui ne sont plus que 737, sont rapatriés sur Nauru le 31 janvier 1946[16],[15].
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+ Les Nations unies réattribuent en 1947 Nauru à l'Empire britannique et son administration à l'Australie[25],[23]. Les exportations de phosphate reprennent[17] mais les Nauruans ne profitent que très peu des retombées économiques. Hammer DeRoburt à la tête d'un groupe de jeunes gens éduqués en Australie devient le porte-parole des revendications des Nauruans, qui consistent à demander plus d'autonomie et une meilleure répartition des bénéfices du phosphate. Un Conseil de gouvernement local est créé fin 1951 avec à sa tête Hammer DeRoburt, futur premier président de Nauru[16],[15]. En 1964, un projet australien de déplacement de la population nauruane sur l'île Frazer puis sur l'île Curtis est abandonné car les Nauruans désirent à terme l'indépendance, ce que leur refuse l'Australie[16].
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+ Nauru devient indépendante sous la forme d'une république le 31 janvier 1968 au terme d'une période de transition durant laquelle les organismes économiques et politiques sont peu à peu transférés aux Nauruans[16]. Aux commandes de l'île et de son économie alors que le cours du phosphate atteint son plus haut niveau dans les années 1970, les Nauruans s'enrichissent considérablement[15]. La population atteint très vite un des plus hauts niveaux de vie du monde et adopte les pratiques d'une société de consommation[15]. Soucieux de préparer l'avenir du pays une fois les réserves de phosphate épuisées, le gouvernement effectue des acquisitions immobilières et foncières à l'étranger[17],[15],[26]. Le mode de vie occidental se révèlera par la suite néfaste pour la santé des Nauruans avec une hausse des cas de certaines maladies (notamment l'obésité et le diabète)[27] et la baisse de l'espérance de vie[28].
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+ En 1989, Nauru porte plainte devant la Cour internationale de justice contre l'Australie, réclamant compensation pour la destruction du centre de l'île provoquée par l'extraction de phosphate[16]. Hors tribunal, l'Australie, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande acceptent de verser plusieurs dizaines de millions de dollars australiens à l'État nauruan[16].
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+ Lorsque les gisements de phosphate s'épuisent au début des années 1990[15], il s'avère que les investissements immobiliers se révèlent infructueux[26] et que les caisses de l'État ont pratiquement été vidées par le détournement de fonds et la corruption[15]. Confrontée à une grave crise économique, l'île voit les présidents se succéder[23], tentant de remplir les caisses de l'État tandis que les saisies se multiplient[15],[26]. N'ayant aucune autre ressource que celle qui est en train de s'épuiser, ils font le choix du blanchiment d'argent[26],[16], de la vente de passeports[15], de l'accueil de réfugiés demandant l'asile en Australie et jugés indésirables dans ce pays (la « solution du Pacifique »)[16], et vraisemblablement du monnayage des votes aux Nations unies[29] à partir du moment où Nauru y adhère en 1999 et à la Commission baleinière internationale lors de son admission en 2005. Depuis 2004, une nouvelle majorité déclare cesser les activités qui font de Nauru un paradis fiscal et lancer des plans de restructuration de l'économie nauruane[30].
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+ En mai 2016, Nauru dépénalise officiellement l'homosexualité[31],[32].
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+ Depuis 2010, un projet de reconstitution des terres arables est en cours, mais n'est toujours pas appliqué : l'idée serait d'acheter de la terre de régions agricoles du Queensland, et la faire venir par étapes par cargos à Nauru, et reboucher les trous des zones d'exploitations du phosphate, en déversant la terre. Mais pour être viable, le projet devra se faire par secteurs, avec un projet de reboisement, pour maintenir la terre, car l'érosion, et la pluie, feraient facilement déverser celle-ci dans la mer. Le projet coûterait plusieurs millions de dollars australiens, et l'objectif serait de reconstruire Nauru telle qu'elle était avant 1885, avec des forêts, et des terres de cultures. Pour être concret, des spécialistes de l'érosion, des topographes et biologistes divers, ainsi que des scientifiques, devraient participer au projet. Les Nauruans de souche refusent de partir vivre en Australie, ou sur une autre île, et nombreux sont convaincus que l'île peut retrouver son aspect d'autrefois[réf. nécessaire].
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+ En 2001, le navire norvégien MV Tampa (en), qui avait secouru 438 réfugiés d'un bateau échoué, recherchait un port en Australie pour les déposer ; c'est devenu un problème international connu sous le nom de Tampa affair (en) lorsque l'Australie a refusé l'accès à ses ports, a fait monter les réfugiés à bord du navire militaire australien HMAS Manoora (L 52) (en) et les a amenés dans deux camps de rétention à Nauru, qui sont ensuite devenus une partie de la Solution du Pacifique du gouvernement Howard. Nauru géra ces centres de rétention, State House et Topside, en échange de plusieurs millions de dollars d'aides financières annuelles en provenance d'Australie[33],[34]. Le gouvernement australien a envoyé dans ces camps, en 2006 et 2007, d'autres demandeurs d'asile, puis ces camps ont été fermés en 2008, avant d'être ouverts à nouveau en août 2012[35]. Dans les mois suivants, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a dénoncé les conditions d'accueil des réfugiés à Nauru, car elles ne respectaient pas les normes internationales[36] ; en 2016, Amnesty International les a qualifiées d'horribles[37] ; fin 2018, le HCR, le Royal Australasian College of Physicians et Médecins sans frontières ont demandé l'évacuation médicale immédiate de tous les réfugiés et demandeurs d’asile de Nauru, en raison de la situation sanitaire critique : 78 cas de tentatives de suicide, de pensées suicidaires et d’automutilation ont été constatés au cours des 11 mois précédents parmi leurs patients à Nauru[38],[39].
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+ Le drapeau national de Nauru, adopté le 31 janvier 1968, consiste en un fond bleu représentant l'océan Pacifique divisé en deux parts égales par une ligne horizontale jaune symbolisant l'équateur. Une étoile blanche à douze pointes situe l'emplacement de l'île par rapport à l’équateur. Les branches de l'étoile symbolisent les douze tribus de Nauru.
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+ La République de Nauru n'est constituée que d'une seule île qui se situe en Océanie, dans l'Ouest de l'océan Pacifique sud. Elle fait partie de l'ensemble régional appelé Micronésie, à 56 kilomètres au sud de l'équateur et sur le 167e méridien est. C'est une île isolée qui n'appartient à aucun sous-ensemble insulaire. La terre la plus proche, la petite île de Banaba, se situe à une distance de 288 kilomètres à l'est, tandis que vers l'ouest-nord-ouest, l'archipel le plus proche, celui des Gilbert se trouve à environ 695 km[40]. Au sud-ouest, les îles Salomon sont à environ 1 100 km[41].
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+ L'île, ancien volcan recouvert de calcaire corallien[42] exondé appelé makatea[43], est grossièrement ovale et constituée d'un plateau central peu élevé occupant environ 80 % de la superficie de l'île. Le point culminant de Nauru est le Command Ridge, avec 71 mètres d'altitude[27]. Ce plateau est constitué de tourelles calcaires entre lesquelles se logeait du minerai de phosphate considéré comme le plus pur au monde[44]. Celui-ci a fait l'objet d'une extraction intensive durant tout le XXe siècle. Cette exploitation, bien qu'ayant enrichi considérablement mais temporairement la population de Nauru, a bouleversé la topographie de l'île, irrémédiablement détruit la forêt tropicale qui se trouvait sur le plateau et endommagé le récif corallien qui fait intégralement le tour de l'île[45].
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+ Une plaine côtière très étroite (120 à 300 m de largeur[27]) fait le tour de l'île. Relativement fertile, elle permet une agriculture vivrière sur les quelques terres arables non construites.
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+ L'hydrographie est quasiment inexistante sur l'île à l'exception de la lagune Buada, un lac qui se trouve sur le plateau et qui accueille sur ses rives quelques cultures et une petite partie de la population.
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+ Le climat est tropical avec une mousson de novembre à février et une période sèche pouvant aller jusqu'à la sècheresse[27],[46]. L'île n'est pas soumise au passage des cyclones car trop proche de l'équateur[47],[27].
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+ La population de Nauru est concentrée sur la bande côtière de l'île, formant un ruban urbain presque continu avec des densités moindres au nord-est. L'unique autre foyer de population est centré autour de la lagune Buada, le reste du centre de l'île étant constitué d'un plateau calcaire rendu inculte et extrêmement aride à la suite de l'exploitation de son phosphate. Il n'y a pas à proprement parler de villes à Nauru, l'État ne dispose pas de capitale.
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+
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+ Le réseau de transport à Nauru adopte une structure relativement simple en raison de la petite taille de l'île qui ne comporte pas de reliefs majeurs. La Island Ring Road, la route circulaire longeant la côte de 12 km, fait le tour de l'île et une autre permet de rejoindre la lagune Buada. Ce réseau est complété par une série de pistes liées à l'extraction minière. Il existe un chemin de fer d'exploitation à voie étroite utilisé dans le passé par l'industrie phosphatière[48]. Nauru, très éloignée des principaux archipels du pacifique, ne dispose pas de ports en eau profonde[49]. Les produits importés doivent donc être amenés à quai par de petites barges tandis que les cargos restent au large. Ceci a conduit à la construction près du port d'Aiwo de deux structures en porte à faux s'avançant en pleine mer permettant de charger les phosphatiers ancrés plus loin[49]. Quelques vols hebdomadaires de la compagnie nationale Our Airline sont assurés depuis l'aéroport international de Nauru, le seul de l'île[50].
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+ L'ile étant très isolée, l'accès aux voyageurs est difficile, et coûteux. Sur place, la vie est très chère, et l'ile n'est pas touristique avec ses paysages de désolation arides et industriels. L'érosion, et les fortes pluies ont balayé ce qui restait de terre fertile à l'intérieur de l'ile. Elle est aussi frappée par la montée des eaux due au réchauffement climatique, ce qui risque d'entraîner à terme des départs de population.
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+ La végétation tropicale est relictuelle sur le littoral et autour de la lagune Buada mais relativement absente au centre de l'île à la suite de l'exploitation minière.
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+ Quelques espèces endémiques ou indigènes se rencontrent sur Nauru mais leur survie est compromise par la destruction de leurs milieux (exploitation minière, pollution) et par l'introduction d'espèces invasives (chien, chat, poule, rat polynésien...)[51].
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+ L'avifaune comprend 27 espèces, dont une seule endémique, la rousserolle de Nauru.
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+ L'environnement marin (en particulier la ceinture de corail qui entoure l'île) a largement été dégradé par les rejets liés à l'exploitation des phosphates et l'urbanisation.
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+ Nauru ne possède pas de division territoriale correspondant aux communes. L'île est divisée en 14 districts regroupés en 8 circonscriptions électorales, mais aucun n'a de chef-lieu[1]. Les districts sont :
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+ Nauru est une démocratie parlementaire[49]. Le Parlement de Nauru est composé de dix-huit membres et est élu tous les trois ans, un chiffre considérable pour un si petit pays, chaque parlementaire représente environ 320 votants[52]. L'assemblée élit un président parmi ses membres, lequel nomme un Cabinet de cinq à six personnes. Le président est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement[49]. Le système politique du pays se rapproche du bipartisme libre, les deux principaux partis étant le Parti démocrate et le Naoero Amo.
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+ Entre 1999 et 2003 une série de votes de défiance et d'élections ont amené René Harris et Bernard Dowiyogo à diriger le pays en alternance. Le 10 mars 2003, à Washington, Bernard Dowiyogo, alors qu'il dirige le pays, meurt à la suite d'une opération cardiaque. Ludwig Scotty est élu président le 29 mai 2003, faisant penser que la période d'instabilité politique va s'achever. Cependant en août 2003, un nouveau vote de défiance est passé et René Harris est de nouveau élu président. À nouveau en minorité en 2004 à la suite de l'état de faillite dramatique de sa république, René Harris est battu une nouvelle fois par Ludwig Scotty, qui déclare l'état d'urgence et dissout le parlement après le rejet de son budget. Marcus Stephen lui succède le 19 décembre 2007, et demeure quatre ans à la tête de l'État, non sans difficulté en raison d'une faible majorité parlementaire.
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+ Le trait dominant de la politique étrangère de Nauru est l'opportunisme. Entré en 1999 à l'ONU et membre de 17 autres organismes internationaux[52], l'État, constamment en quête d'aides lui permettant de sortir la tête de l'eau, monnaye ses votes. C'est ainsi que Nauru est l'un des rares pays à reconnaître Taïwan, pays qui est d'ailleurs le seul à maintenir une ambassade sur place[53]. L'île a aussi voté en faveur de la fin du moratoire sur la chasse à la baleine à la commission baleinière internationale en échange du soutien économique du Japon[54]. Le 15 décembre 2009, Nauru reconnaît l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud moyennant 50 millions de dollars pour financer les besoins essentiels du pays[55]. Le 29 novembre 2012, Nauru a voté contre l'admission de l'État de Palestine en tant qu’État observateur aux Nations unies, avec huit autres pays dont les proches États insulaires des Palaos, des Îles Marshall et des États fédérés de Micronésie[56].
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+ Avec un PIB nominal de 150,8 millions de dollars US en 2015, l'économie de Nauru est l'une des trois plus faibles du monde[57].
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+ Nauru a profité durant 30 ans de la richesse apportée par le phosphate, une ressource dont on savait dès les années 1950 qu'elle serait épuisée au tournant du XXIe siècle. 1974 est une année record pour l'île avec 225 millions d'euros de bénéfices. Le PIB par habitant de Nauru est alors le second du monde après celui de l'Arabie saoudite[52]. Le modèle de développement suivi par l'île à l'indépendance est marqué par un important étatisme économique, les revenus du phosphate collecté par l'entreprise publique Nauru Phosphate Corporation sont engrangés par le Nauru Phosphate Royalties Trust (en) qui place les fonds de manière à fournir à l'île une rente pour le futur[52]. De nombreuses autres entreprises publiques sont lancées telles Air Nauru qui dessert tout le Pacifique et va s'avérer à elle seule un véritable gouffre économique. À la fin des années 1990, l'État emploie 1 600 Nauruans[52].
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+ La production connait un fort déclin à la fin des années 1990, elle passe de 1,67 million de tonnes en 1985-1986 à 162 000 tonnes en 2001-2002. Elle cesse totalement en 2003[58]. En 2006, elle reprend après des travaux de remise à niveau des infrastructures minières menés par une entreprise minière australienne en partenariat avec la RONPHOS, la nouvelle entreprise publique du phosphate à Nauru. L'exploitation primaire devrait être terminée en 2010[58]. Une exploitation secondaire consistant à récupérer le phosphate situé en dessous des pinacles est planifiée. Cette nouvelle forme d'extraction ainsi que la vente de gravier obtenue après concassage et vendu aux petites nations océaniennes voisines devrait assurer à Nauru des rentrées d'argent pour 30 ans. Parallèlement, un programme de réhabilitation des terres est prévu[58].
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+ Pour faire face à ses dettes et couvrir ses besoins les plus urgents, Nauru a recours, à partir de la fin des années 1990, à des solutions parfois à la limite de la légalité. Le pays devient un paradis fiscal et est mis sur la liste noire du Groupe d'action financière en 2000. On compte à l'époque 400 banques fantômes (shell banks) domiciliées à Nauru[59]. Le pays vend aussi des passeports au prix fort, un trafic qui aurait rapporté 7,4 millions de dollars au pays. Ces affaires conduisent les États-Unis à qualifier le pays d'État voyou, Nauru perd toute crédibilité aux yeux de la communauté internationale[59]. Au milieu des années 2000, Nauru adopte une politique financière plus stricte, ce qui lui permet de régulariser sa situation auprès des instances internationales[59]. En janvier 2016, le pays figure sur la liste française des paradis fiscaux[60].
96
+
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+ De 2001 à 2007, Nauru héberge un centre de détention d'immigrés clandestins pour le compte de l’Australie. Ce centre a constitué une manne financière importante, représentant jusqu'à 20 % des revenus de l'île[61]. À la suite de la fermeture de ce centre, le ministre des Affaires étrangères Kieren Keke annonce que Nauru va devoir faire face à « une crise de chômage majeure »[62]. En 2013, Nauru accepte d'accueillir des migrants clandestins refoulés d'Australie, en échange d'une aide financière[63].
98
+
99
+ En 2009, Nauru a l'un des taux de chômage les plus élevés du monde, celui-ci atteignant les 90 %[64]. Ce taux est lié à l'enclavement de l'île et à un abandon des structures industrielles lors de la décolonisation.
100
+
101
+ Selon le CIA World Factbook, 9 267 personnes résident à Nauru, 58 % sont Nauruans, 26 % Océaniens, 8 % Chinois et 8 % Occidentaux[1]. Cependant, le dernier recensement effectué sur Nauru en 2002 donne une population totale de 9 872 et certaines sources estiment que la population de l'île est située en 2007 dans une fourchette de 7 500 à 8 000 résidents en raison du rapatriement de la plupart des travailleurs Gilbertins et Tuvaluans courant 2006[65].
102
+
103
+ En 2011, la population du pays est estimée à 10 084 habitants.[réf. souhaitée]
104
+
105
+ La langue officielle est le nauruan mais l'anglais est très répandu en tant que langue de travail du gouvernement et dans le commerce.
106
+
107
+ Les habitants sont majoritairement chrétiens (deux tiers sont protestants, un tiers catholiques). La constitution octroie la liberté de culte, cependant le gouvernement a restreint ce droit pour deux religions : l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (mormonisme) et l'Église des Témoins de Jéhovah, dont les fidèles sont le plus souvent des employés étrangers travaillant pour la Nauru Phosphate Corporation[66].
108
+
109
+ L'accroissement du niveau de vie au fil du XXe siècle a eu des effets néfastes sur la santé publique. Les Nauruans sont l'une des populations où le taux d'obésité est le plus élevé au monde, et parmi les adultes, 90 % ont un surpoids[67]. Nauru possède le plus fort taux mondial de diabète de type 2 (40 % de la population est affectée)[68]. On constate aussi un fort taux de problèmes rénaux et d'insuffisance cardiaque, l'espérance de vie a chuté à 58 ans pour les hommes et 65 ans pour les femmes[69]. Le Nauru est classé deuxième mondial concernant le pourcentage de fumeurs (tabac : 47 % de la population adulte en 2012)[70].
110
+
111
+ Le taux d'alphabétisation est de 97 %, l'éducation est obligatoire pour les enfants de 6 à 15 ans[71]. Il existe un campus de l'Université du Pacifique Sud sur l'île. Avant que ce dernier ne soit construit, les étudiants devaient se rendre en Australie pour faire des études universitaires.
112
+
113
+ Les Nauruans, longtemps très isolés du monde extérieur, ont élaboré une mythologie et une langue propres. Ils ont développé des jeux de ficelle très sophistiqués, des techniques de pêche et de chasse propres. Les danses et les chants forment une composante importante de la culture.
114
+
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+ Cette culture traditionnelle a été bouleversée par les colonisations successives, l'évangélisation, l'industrialisation et l'entrée de plain-pied dans la société de consommation[17]. Les premiers missionnaires, protestants et catholiques, arrivés au tournant du XXe siècle convertissent l'ensemble des indigènes et poussent à l'abandon des cultes traditionnels ainsi que de certaines pratique sociales[17]. Ils s'attachent parallèlement à recueillir certains éléments de cette culture, posant les premiers jalons de son étude académique et forment les premières élites locales familières avec le monde occidental qui deviendront les pères de l'indépendance nauruane[17],[72].
116
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+ Les différentes compagnies qui se succèdent à la tête de l'exploitation du phosphate nauruan gèrent des bibliothèques et des écoles pour leurs employés étrangers ; australiens, chinois et originaires du Pacifique mais se désintéressent globalement des Nauruans qui ne sont pas intégrés à leur système économique. À l'époque coloniale, l'accueil d'ouvriers immigrés est fait de telle manière qu'ils ont peu d'interactions avec les Nauruans. Ils vivent dans un quartier séparé et sont soumis au couvre-feu. L'Australie qui balaie en 1914 la colonie allemande et a administré l'île jusqu'en 1968 (excepté durant la période japonaise de 1942-45) occupe un statut d'ancienne métropole pour Nauru. C'est là que plusieurs générations de Nauruans sont allés poursuivre leurs études supérieures. Ils ont introduit à leur retour de nombreux éléments de la culture australienne, notamment la pratique du football australien. À l'indépendance, l'État, fort de l'argent du phosphate, dépense sans compter y compris dans le domaine de l'éducation, payant par exemple les études de ses élites à l'étranger, mais peu est fait pour préserver et diffuser la culture endogène de Nauru.
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+ Le roman J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure, de l'écrivain Aymeric Patricot retrace l'histoire de Nauru depuis le début des années 1940 jusqu'aux années 2000 à travers le personnage fictif de Willie, qui devient président de l'île après son indépendance et doit faire face à la raréfaction des ressources de phosphate.
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+ Dans le tome 2 de la bande dessinée Les Vieux Fourneaux de Lupano et Cauuet, l'un des personnages raconte l'histoire de l'exploitation du phosphate à Nauru à travers un spectacle de marionnettes. Dans le tome 5, les conditions de vie des réfugiés dans les centres de rétention sont évoquées.
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+ Dans le roman Daemon de Daniel Suarez, la journaliste Anji Anderson se rend sur l'île de Nauru lors de son tour du monde des paradis fiscaux.
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+ Le dimanche 22 septembre 2019 a été créée au Théâtre de Liège la pièce Sabordage de Nicolas Ancion et du Collectif Mensuel. La pièce raconte l'histoire de Nauru, en tant que telle mais aussi comme métaphore de notre planète.
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+ Dans l’épisode 16 de la saison 5 de la série Madam secretary l’île de Nauru est totalement rayée de la carte par une tempête
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+ Nauru a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Australasie
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+ Îles Ashmore-et-Cartier (Australie) · Australie · Île Christmas (Australie) · Îles Cocos (Australie) · Îles de la mer de Corail (Australie) · Île Norfolk (Australie) · Nouvelle-Zélande
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+ Mélanésie
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+ Fidji · Indonésie (Moluques, Nouvelle-Guinée occidentale) · Nouvelle-Calédonie (France) · Papouasie-Nouvelle-Guinée · Îles Salomon · Timor oriental · Vanuatu
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+ Micronésie
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+ Guam (États-Unis) · Kiribati · Îles Mariannes du Nord (États-Unis) · Îles Marshall · États fédérés de Micronésie · Nauru · Ogasawara (Japon) · Palaos · Wake (États-Unis)
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+ Polynésie
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+ Archipel Juan Fernández (Chili) · Îles Cook · Hawaï (États-Unis) · Îles mineures éloignées des États-Unis (États-Unis) · Niue · Île de Pâques (Chili) · Îles Pitcairn (Royaume-Uni) · Polynésie française (France) · Samoa · Samoa américaines (États-Unis) · Tokelau (Nouvelle-Zélande) · Tonga · Tuvalu · Wallis-et-Futuna (France)
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+ Un navire est un bateau destiné à la navigation maritime, c'est-à-dire prévu pour naviguer au-delà de la limite où cessent de s'appliquer les règlements techniques de sécurité de navigation intérieure et où commencent à s'appliquer les règlements de navigation maritime[1].
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+ Du point de vue du règlement international pour prévenir les abordages en mer : « Le terme « navire » désigne tout engin ou tout appareil de quelque nature que ce soit, y compris les engins sans tirants d'eau, les navions et les hydravions, utilisé ou susceptible d'être utilisé comme moyen de transport sur l'eau. » (règle 3-a)[source insuffisante]
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+ Il existe toutes sortes de navires, que l'on peut classer selon leurs usages, leur taille, leur mode de propulsion principal.
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+ Le gazier LNG Bonny
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+ Le paquebot Queen Mary 2
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+ Le brise-glaces USCGC Healy
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+ Le trois-mâts Dar Pomorza
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+ Le thonier Albatun Dos
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+ Le porte-avions USS Harry S. Truman
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+ Le navire océanographique Pourquoi pas ?
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+ Le navire musée Cutty Sark
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+ Le navire-école argentin "ARA Libertad"
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La combustion du carburant des grands navires, cargos et paquebots (souvent du fioul lourd), est à l'origine d'impacts environnementaux importants, à cause des émissions de gaz à effet de serre (CO2), d'oxydes d'azote et de soufre, et de la production de particules ultrafines[2].
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+ Un navire est un bateau destiné à la navigation maritime, c'est-à-dire prévu pour naviguer au-delà de la limite où cessent de s'appliquer les règlements techniques de sécurité de navigation intérieure et où commencent à s'appliquer les règlements de navigation maritime[1].
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+ Du point de vue du règlement international pour prévenir les abordages en mer : « Le terme « navire » désigne tout engin ou tout appareil de quelque nature que ce soit, y compris les engins sans tirants d'eau, les navions et les hydravions, utilisé ou susceptible d'être utilisé comme moyen de transport sur l'eau. » (règle 3-a)[source insuffisante]
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+ Il existe toutes sortes de navires, que l'on peut classer selon leurs usages, leur taille, leur mode de propulsion principal.
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+ Le gazier LNG Bonny
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+ Le paquebot Queen Mary 2
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+ Le brise-glaces USCGC Healy
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+ Le trois-mâts Dar Pomorza
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+ Le porte-avions USS Harry S. Truman
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+ Le navire océanographique Pourquoi pas ?
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+ Le navire musée Cutty Sark
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+ Le navire-école argentin "ARA Libertad"
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+ La combustion du carburant des grands navires, cargos et paquebots (souvent du fioul lourd), est à l'origine d'impacts environnementaux importants, à cause des émissions de gaz à effet de serre (CO2), d'oxydes d'azote et de soufre, et de la production de particules ultrafines[2].
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+ Homo neanderthalensis
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+ Espèce
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+ L'Homme de Néandertal, ou Néandertalien, est une espèce éteinte du genre Homo, qui a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu'à environ 30 000 ans avant le présent. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage avec l'Homme de Denisova un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans. Cet ancêtre partage lui-même avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans[1],[2],[3]. Les plus anciens Néandertaliens fossiles reconnus comme tels sont ceux de la Sima de los Huesos, datés de 430 000 ans[4],[1].
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+ Depuis sa découverte en 1856, son statut a varié : un temps considéré comme une sous-espèce d'Homo sapiens et nommé en conséquence Homo sapiens neanderthalensis, il est aujourd'hui considéré comme une espèce à part entière nommée Homo neanderthalensis.
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+ Particulièrement bien adapté à un environnement froid, l'Homme de Néandertal était physiquement plus robuste, plus lourd et plus trapu qu’Homo sapiens. La forme oblongue de son crâne se distingue nettement de celle de l'Homme moderne, plus globulaire. Néandertal avait un cerveau un peu plus volumineux en moyenne, mais avec un coefficient d'encéphalisation légèrement moindre.
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+
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+ Premier homme fossile identifié, contemporain d'Homo sapiens, l'Homme de Néandertal a longtemps pâti de jugements négatifs par rapport à l'Homme moderne. Les progrès de l'archéologie préhistorique depuis les années 1960 ont en fait révélé une espèce humaine d'un certain développement culturel. Il maitrisait différentes techniques avancées comme le collage au brai de bouleau, et certains vestiges fossiles datés de moins de 70 000 ans sont considérés comme des sépultures témoignant de rites funéraires.
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+
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+ De nombreux points restent encore à élucider, comme son ascendance précise ainsi que la date et les conditions de son extinction après plus de 400 000 ans d'existence. Les derniers vestiges fossiles ou archéologiques néandertaliens connus sont datés de moins de 30 000 ans, dans le sud de la péninsule Ibérique, en Crimée, et dans le Caucase. Toutefois, ces datations restent débattues au sein de la communauté scientifique.
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+ Le séquençage de l'ADN nucléaire néandertalien réalisé depuis 2006 et publié à partir de 2010 a montré un « flux de gènes » ancien entre les hommes de Néandertal et les hommes modernes d'Eurasie. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,8 et 2,6 % de gènes néandertaliens, acquis par hybridation il y a environ 50 000 ans peu après leur sortie d'Afrique, et plus de 30 % du génome de Néandertal survit dans l'ensemble de la population actuelle à différents endroits de notre génome[5]. Certains gènes néandertaliens auraient été fixés chez l'Homme moderne en raison de leur caractère adaptatif[6].
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+ Deux fossiles de Néandertaliens ont été découverts avant celui auquel on a donné ce nom. En 1829, un crâne d'enfant, Engis 2, fut mis au jour par Philippe-Charles Schmerling à Engis (Belgique). En 1848, un crâne d'adulte fut trouvé à Gibraltar, dans le site de la carrière de Forbes. Si le premier appartenait à un jeune individu sur lequel les traits caractéristiques des Néandertaliens sont moins évidents, le deuxième aurait pu conduire à reconnaître l'existence d'une espèce humaine fossile. Sans doute était-il trop tôt, comme le prouvent d'ailleurs les difficultés pour faire admettre que les os recueillis en 1856 à Neandertal, en Allemagne, correspondaient bien à un homme fossile[7].
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+ Le mot « Néandertalien » est tiré de Neandertal, nom d'une petite vallée située sur le territoire des villes d'Erkrath et de Mettmann, entre Düsseldorf et Wuppertal (Allemagne). Au mois d'août 1856, dans le cadre de l'exploitation d'une carrière, des ouvriers vidèrent une petite cavité de cette vallée, la grotte de Feldhofer. Ils y découvrirent des ossements et un fragment de crâne qu'ils remirent à Johann Carl Fuhlrott, un instituteur d'Elberfeld passionné d'histoire naturelle.
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23
+ Par un heureux hasard, le toponyme Neandertal signifie « vallée de l'homme nouveau ». En effet le nom de Neander a été donné à cette vallée (en allemand tal, anciennement thal) en l’honneur de Joachim Neumann (1650-1680), appelé aussi Joachim Neander, car, suivant un usage familial datant de son grand-père et très courant à l'époque, il avait traduit en grec ancien son patronyme allemand, qui signifie littéralement « homme nouveau ». Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration dans cette vallée, jadis idyllique.
24
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25
+ Comme, à l'époque, le nom de la vallée s'écrivait encore Neanderthal, l'homme qui y fut découvert reçut le nom latin d’Homo neanderthalensis. Ultérieurement, une réforme orthographique de l'allemand a supprimé les h superflus, mais, la nomenclature évitant de revenir sur les formes latinisées, on a continué à écrire Homo neanderthalensis. La graphie française la plus courante, proposée par Henri Vallois en 1952, est Homme de Néandertal, même si l'on trouve parfois Homme de Neandertal, Homme de Néanderthal ou Homme de Neanderthal. En anglais, la forme ancienne Neanderthal est encore très répandue, ce qui peut induire pour la séquence thal une prononciation incorrecte du nom allemand originel[8].
26
+
27
+ Fuhlrott comprend rapidement l'intérêt de la découverte et se rend sur place pour tenter en vain de découvrir d'autres ossements ou des vestiges qui leur seraient associés. Il se rend compte qu'il s'agit d'ossements anciens mais surtout incroyablement primitifs, correspondant à un homme nouveau, d'une « conformation naturelle jusqu'ici inconnue »[9],[10].
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29
+ L'Homme de Néandertal est effectivement le premier homme fossile distinct d'Homo sapiens, et il est découvert avant l'Homme de Cro-Magnon (1868). L'idée même qu'une espèce d'homme distincte de la nôtre ait existé par le passé (et ait disparu) fut d'ailleurs particulièrement difficile à admettre. On se souviendra par exemple que Charles Darwin ne publiera L'Origine des espèces par la sélection naturelle qu'en 1859 et qu'il n'élargira explicitement sa théorie à l'homme qu'en 1871 dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe.
30
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31
+ Malgré des différences importantes avec les os d'hommes modernes, Fuhlrott reconnait dans ses trouvailles des os humains et les soumet à Hermann Schaaffhausen pour un examen complémentaire. Ce dernier présente ses premières conclusions en 1857[11]. Il estime que les ossements datent d'une période antérieure aux Celtes et aux Germains, et sont ceux d'un individu appartenant à l'une des races sauvages du nord-ouest de l'Europe dont parlent les auteurs latins. Tous les chercheurs n'acceptent pas cette interprétation : pour certains, les os ont appartenu à un genre différent du nôtre, sans doute plus proche du singe ; pour d'autres, ils renvoient à un individu pathologique ou frappé de crétinisme ; d'autres encore évoquent même un cosaque ayant déserté les armées russes en 1814.
32
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33
+ Peu à peu les découvertes se multiplient. Viennent d'abord celles de fossiles d'Homo sapiens associés à des vestiges lithiques et à des animaux disparus (dont l'Homme de Cro-Magnon en 1868) ; puis d'autres Homo neanderthalensis, encore en place dans les sédiments (mandibule de la grotte des Fées d'Arcy-sur-Cure en 1859[12]), complets et présentant les mêmes spécificités anatomiques, mais souvent hors contexte archéologique (pas d'ossements d'animaux ou d'outils associés), ce qui rend difficile leur datation et leur interprétation. Parmi les plus spectaculaires, il faut citer les deux squelettes de la Grotte de Spy (région wallonne de Belgique) en 1886 puis la sépulture de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) en 1908. Elles contribuent à faire définitivement accepter l'existence d'une nouvelle espèce d'humain par la communauté scientifique.
34
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35
+ Le nom scientifique Homo neanderthalensis est proposé en 1864 par William King, professeur au Queen's College de Galway en Irlande et ancien élève de Charles Lyell[13]. En 1866, Ernst Haeckel propose le nom surprenant d’Homo stupidus, qui n'est pas retenu en vertu des règles de nomenclature donnant priorité à l'appellation antérieure. Les partisans du rattachement à une sous-espèce parleraient sinon d’Homo sapiens stupidus !
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37
+ Les premières études (et les reconstitutions qui en découlaient) donnèrent de l'Homme de Néandertal une image déformée, accentuant les traits primitifs, voire simiesques. Ce fut le cas de l'étude de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints publiée par Marcellin Boule en 1911 : même s'il s'agissait d'une étude très complète, qui fit référence pendant de nombreuses années, elle présentait un Homme de Néandertal voûté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis[14]. Il fallut presque un siècle à la communauté scientifique pour corriger cette perception influencée par des a priori peu scientifiques.
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39
+ Au début du XXe siècle, certains furent scandalisés par le fait que ces découvertes se détachaient d'une lecture littérale de la Bible[15]. Ils reprochaient au prêtre catholique Jean Bouyssonie, qui découvrit le squelette d'un Néandertalien à la Chapelle-aux-Saints, de soutenir la théorie de l'évolution. Le 22 décembre 1908, la légende d'une caricature de La Lanterne indique : « Les savants prétendent que c’est le crâne du plus ancien homme du Monde. C’est une malveillante insinuation destinée à faire croire que les hommes du Monde descendent du singe ». La caricature montre Jean Bouyssonie en soutane, présentant sa découverte à un savant[16],[17],[18].
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41
+ Le statut phylogénétique de l'homme de Néandertal provoque encore quelques débats. Il s’agit d’un simple problème de définition de l'espèce. Deux sous-espèces peuvent se croiser et avoir une descendance fertile, mais c'est beaucoup plus variable pour deux espèces différentes (par exemple le cheval et l'âne, le tigre et le lion) : certaines le peuvent et d'autres pas. L'infertilité de la descendance prouve l'existence de deux espèces distinctes, mais l'inverse n'est pas vrai (s'il y a deux espèces, la descendance n'est pas nécessairement infertile). On peut rappeler ici qu'il existe une vingtaine de définitions de l'espèce, et que l'isolement reproductif n'est que l'une d'entre elles.
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43
+ Lors de sa dénomination en 1864, l’hypothèse d’une espèce distincte avait été privilégiée. Dans les années 1960, certains spécialistes ont considéré les Néandertaliens comme une sous-espèce d'Homo sapiens, comme le généticien Theodosius Dobzhansky ou encore le biologiste Ernst Mayr, qui déclarait que « jamais plus d'une seule espèce d'homme n'a existé au même moment ». Aujourd’hui, l’idée d’espèces distinctes est à nouveau dominante, notamment grâce aux apports de la génétique.
44
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45
+ Les multiples études paléoanthropologiques effectuées sur les ossements ne permettaient pas de se prononcer clairement sur la classification de l'homme de Néandertal. Des analyses comparées d'ADN nucléaire, extrait d'ossements de Néandertaliens et d'Homo sapiens anciens et modernes, publiées depuis 2010, ont largement contribué à forger un nouveau consensus[19].
46
+
47
+ Des analyses comparées d'ADN mitochondrial, publiées en 1997 puis en 2004, indiquaient une divergence des lignées modernes et néandertaliennes il y a environ 500 000 ans[20],[21], ce qui soutient l'idée de deux espèces différentes.
48
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+ Une analyse publiée en 2006[22],[23] d'une séquence d'ADN mitochondrial de la racine d'une molaire d'un enfant néandertalien, mise au jour dans la grotte Scladina à Sclayn (Belgique) et datant de 100 000 ans, a révélé une grande distance génétique par rapport aux autres séquences connues de Néandertaliens, ce qui semblait montrer une grande diversité génétique de l'espèce à l'époque. Cette diversité semble s'être fortement réduite par la suite, comme le montrent les analyses faites sur les séquences connues entre −42 000 et −29 000 ans, au moment où Néandertal cohabitait avec l’Homo sapiens. Ce constat nourrit la thèse du déclin démographique de Néandertal sur cette période, déclin conduisant, par un phénomène de goulet d'étranglement de population, à la disparition progressive de certains génotypes, donc à l'appauvrissement génétique de l'espèce.
50
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51
+ En 2006, le Projet génome de Néandertal, un programme de séquençage de l'ADN nucléaire de l'homme de Néandertal, a été lancé par l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste, à Leipzig en Allemagne, en collaboration avec la société 454 Life Sciences fabriquant des séquenceurs de gènes à haut débit. L'objectif était de connaitre l'étendue du lien de parenté avec l'homme moderne et d'évaluer l'interfécondité de l'homme de Néandertal et de l'homme moderne.
52
+
53
+ Le Projet génome de Néandertal a permis d'achever le séquençage du génome néandertalien dès 2009. En 2010, des résultats basés sur l'analyse de 4 milliards de paires de bases d'ADN nucléaire, issus d'ossements fossiles de trois Néandertaliens, ont montré que ceux-ci étaient génétiquement plus proches des Homo sapiens eurasiatiques que de ceux d'Afrique subsaharienne[19]. Les auteurs en concluaient que les Néandertaliens auraient contribué à hauteur de 1 à 4 % (en moyenne 2,2 %) au génome des populations d'humains modernes non africaines[19].
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+
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+ En 2012, une étude confirme que Néandertaliens et humains modernes se sont hybridés « quand les humains modernes, porteurs de technologies proches de celles du Paléolithique supérieur, ont rencontré les Néandertaliens alors qu'ils quittaient l'Afrique »[24],[25].
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57
+ En 2016, une information nouvelle a contribué aux débats : alors que les séquençages précédents concernaient l'ADN autosomal (non sexuel), une première description d'un chromosome Y (et donc masculin) néandertalien (provenant de la grotte d'El Sidrón, Espagne, il y a 49 000 ans) a montré de grandes différences avec le chromosome Y humain actuel[26],[27]. Même si des Néandertaliens et des humains modernes se sont hybridés il y a quelque 55 000 ans, l'ADN du chromosome Y néandertalien ne semble pas avoir été transmis aux humains modernes[27]. Ceci va dans le sens d'études antérieures constatant que si les Asiatiques et les Européens actuels ont bien hérité de 1 % à 3 % de leur ADN de leurs ancêtres via des croisements avec des Néandertaliens, leurs chromosomes Y n'en portent pas de traces. Une hypothèse explicative serait que les deux taxons n'étaient pas entièrement compatibles : le sperme des hommes Néandertaliens pourrait avoir été non fécondant pour les femmes "modernes" de leur époque[28]. On a trouvé dans le chromosome Y néandertalien d'El Sidrón des mutations de trois gènes impliqués dans le système immunitaire, dont celui qui produit des antigènes pouvant provoquer une réponse immunitaire aboutissant à une fausse-couche chez les femmes enceintes[28]. Ainsi, même si des hommes néandertaliens et des femmes « modernes » se sont sexuellement unis par le passé, ils n'ont vraisemblablement pas pu obtenir de descendance mâle suffisamment abondante ou viable, ce qui aurait pu hâter « l'extinction » des néandertaliens.
58
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+ Une étude de 2016 exploitant le séquençage de l'ADN nucléaire de spécimens de la Sima de los Huesos (Espagne), datés de 430 000 ans, comparé avec le génome de spécimens d'Homo sapiens, d'Homme de Néandertal et d'Homme de Denisova, a attribué les fossiles de la Sima de los Huesos à l'espèce Homo neanderthalensis, et indiqué que la séparation entre la lignée des hommes modernes et celle des humains archaïques, Dénisoviens et Néandertaliens, a eu lieu entre 550 000 et 760 000 ans avant le présent. La séparation entre Dénisoviens et Néandertaliens est quant à elle estimée entre 381 000 et 473 000 ans. Les fossiles de la Sima de los Huesos étant datés de 430 000 ans, on peut estimer cette dernière séparation à un âge d'environ 450 000 ans[1]. Pour la première fois, les liens entre différents représentants du genre Homo ont pu ainsi être établis.
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+ En 2017, le génome d'une seconde néandertalienne provenant de la grotte de Vindija (Croatie) a été séquencé. L'étude a permis de préciser la proportion d'ADN néandertalien chez les Eurasiens (1,8 à 2,6 %) et confirme l'implication de ces gènes néandertaliens dans la résistance au froid et la sensibilité à certaines maladies[29],[30].
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+ En 2018, la reconstruction de l'histoire génétique des Néandertaliens tardifs se poursuit. Le génome de cinq nouveaux Néandertaliens ayant vécu il y a 39 000 à 47 000 ans a pu être étudié (le nombre de Néandertaliens dont on a séquencé le génome a ainsi doublé)[31]. Ces cinq personnes avaient un génome très similaire à ceux des Néandertaliens tardifs déjà connus, conformément à ce que prédisait leur situation géographique[31]. Et bien que quatre de ces Néandertaliens aient été contemporains des premiers humains modernes en Europe, aucune trace d'apport génétique des hommes modernes n'a pu être décelée[31].
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+ Les apports de gènes néandertaliens chez les humains modernes outrafricains proviennent de contacts, peu après leur sortie d'Afrique, avec des Néandertaliens représentatifs des fossiles européens tardifs (leur dernier ancêtre commun datant d'environ 80 000 ans). Mais ces lignées sont sensiblement plus éloignées de celle d'un Néandertal de l'Altai, qui a divergé il y a environ 140 000 ans et des Dénisoviens qui se sont séparés il y a au moins 400 000 ans[32]. Une autre étude identifie une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[33].
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+ Une nouvelle étude publiée en 2020 analyse l'évolution des chromosomes Y de Néandertaliens tardifs. Cette étude nous renseigne donc sur leurs lignées paternelles. Le signal renvoyé par ces chromosomes Y diffère grandement de celui de l'ADN autosomique. On identifie que les chromosomes Y des Denisoviens auraient divergé il y a environ 700 000 ans d'une lignée partagée par les chromosomes Y humains néandertaliens et modernes alors que l'on sait de ce sont les néandersoviens qui ont divergé de la lignée des humains modernes approximativement à cette date. Les lignées des humains néandertaliens et modernes se seraient alors séparées autour de 370 000 ans. De manière très insolite, on retrouve des résultats similaires avec l'ADN mitochondrial et donc la lignée maternelle, alors que les Néandertaliens anciens de Sima de los Huesos, âgés de 400 ka avaient un ADN mitochondrial plus proche de celui des Dénisoviens. Ces résultats suggèrent un remplacement, chez les Néandertaliens tardifs, des gènes néandertaliens ancestraux par des gènes en provenance de la lignée des humains modernes (Homo sapiens) et ceci seulement pour les pools de gènes uniparentaux, tant mitochondriaux (lignée maternelle) que du chromosome Y (lignée paternelle). Ce résultat révèle des hybridations anciennes avec des humains prémodernes[34].
68
+
69
+ Certaines séquences d'ADN acquises auprès des Néandertaliens ont pu s'avérér bénéfiques, comme celles favorisant l'adaptation au climat froid ou résistance aux maladies. Elles ont été sélectionnées positivement alors que d'audres, délétères, ont été éliminées du génome humain par sélection négative. On trouve aujourd'hui dans le génome humain des allèles dérivés de Néandertaliens qui nous rendent à la fois sensibles ou résistants à certaines maladies[32].
70
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71
+ Parmi les gènes que les néandertaliens nous ont transmis, certains sont associés à des traits phénotypiques ou à des maladies. Ils affectent notamment[32] :
72
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73
+ Cela conforte l'idée « que l'ascendance néandertalienne influe sur le risque de maladie chez les humains actuels, en particulier en ce qui concerne les phénotypes neurologiques, psychiatriques, immunologiques et dermatologiques »[32].
74
+
75
+ L'apparition de l'homme de Néandertal est une question complexe qui dépend notamment de la définition qu'on choisit d'adopter. Avant les Néandertaliens classiques, les fossiles deviennent beaucoup plus rares et les datations moins précises, encourageant de nombreuses théories concurrentes. Cependant l'analyse d'ADN nucléaire de la Sima de los Huesos en 2016 a permis de consolider une première affirmation sur les origines de Néandertal : sa lignée se sépare d'avec Homo sapiens il y a environ 660 000 ans et ses premiers fossiles seraient justement ceux de la Sima datés de 430 000 ans. Ceux-ci présentent de nombreux caractères intermédiaires mais leur dentition est déjà clairement néandertalienne, suggérant une spécialisation initiale de l'appareil masticatoire[35],[36],[4],[1]. Les débats se poursuivent sur l'attribution des autres fossiles de cette période du Pléistocène moyen : Aroeira 3 montre des caractères néandertaliens[37], mais d'autres fossiles sont d'une attribution moins claire. Jean-Jacques Hublin avance un modèle d'accrétion, où des populations successives auraient accumulé progressivement des caractères dérivés pour donner naissance au jeu de caractères commun aux Néandertaliens classiques[38].
76
+
77
+ L'Homme de Néandertal est une espèce dont l'apparition et l'évolution sont connues principalement sur le continent européen. Les Néandertaliens découverts au Moyen-Orient, sur les territoires actuels de l'Irak, de la Syrie (grotte de Dederiyeh[39]), du Liban (Ksar Akil) et d'Israël, ainsi qu’en Asie centrale (Techik-Tach, en Ouzbékistan) et en Sibérie sont à ce jour moins nombreux et plus tardifs, ce qui pourrait être dû à des fouilles moins avancées. En 2007, la répartition géographique des Néandertaliens a été repoussée de 2 000 km vers l'est par rapport au site de Teshik-Tach, le plus oriental connu jusqu'alors. Des fragments osseux de la grotte Okladnikov, dans l'Altaï, jusqu'alors mal référencés, sont désormais attribués à des Néandertaliens après une analyse génétique de leur ADN mitochondrial par l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig. D'après les chercheurs, l'ADN mitochondrial des Néandertaliens de l'Altaï est d'ailleurs plus proche de celui des Néandertaliens de la grotte Scladina, en Belgique, que de celui de l'Ouzbékistan, suggérant plusieurs vagues de migrations et de peuplements de la région. L'équipe du généticien Svante Pääbo a suggéré que la présence de Néandertaliens dans l'Altaï rendait envisageable une extension plus orientale, en Mongolie, voire jusqu'en Chine[40],[41].
78
+
79
+ Les estimations du nombre total de néandertaliens par les paléodémographes présentent une très grande variabilité. L'effectif maximal est évalué à 70 000 néandertaliens. La densité des populations était très faible, de l'ordre de 100 individus pour 10 000 km2, se répartissant en 2 à 3 000 clans de 20 à 35 personnes[42].
80
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81
+ Il y a plus d'un million d'années, quelques groupes humains sont arrivés en Europe et ont laissé des traces sous forme de fossiles et de galets taillés de type oldowayen. Les plus anciens fossiles humains européens datent de 1,2 à 1,5 million d'années et ont été mis au jour en Espagne (Sima del Elefante et Homme d'Orce) et en Bulgarie (Kozarnika). Ils sont cependant trop fragmentaires pour avoir pu être attribués à une espèce précise.
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+ À partir de −700 000 ans, le peuplement de l'Europe se renouvelle avec probablement l'arrivée d'Homo heidelbergensis, porteur de l'industrie acheuléenne. À cette époque, plusieurs espèces appartenant au genre Homo coexistaient en Europe et en Asie. L'une d'elles a évolué pour donner les Néandertaliens.
84
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85
+ Les fossiles européens de cette période sont généralement attribués à Homo heidelbergensis : c’est le cas de l’Homme de Tautavel (−450 000 ans), trouvé dans les Corbières en France, de la mandibule de Mauer (−610 000 ans), trouvée près de Heidelberg en Allemagne, ou du crâne de Petralona trouvé dans la grotte de Petralona en Chalcidique (Grèce) (environ −700 000 ans).
86
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87
+ L’évolution qui conduit au développement d’Homo neanderthalensis, parfois appelée « néandertalisation », est un processus lent et progressif. Elle peut être suivie depuis différents fossiles, qualifiés de « pré-Néandertaliens », jusqu’aux Néandertaliens récents[43].
88
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89
+ Un crâne daté de 400 000 ans, Aroeira 3, découvert en 2014 dans la Grotte d'Aroeira au centre du Portugal, présente un mélange de caractéristiques jamais observé jusqu'alors chez les humains fossiles ; cet individu présente des traits le rendant proche des Néandertaliens mais aussi certains traits plus primitifs évoquant d'autres espèces humaines éteintes en Europe. Il pourrait contribuer à mieux comprendre les lignées d'Europe ayant évolué vers les Néandertaliens[37].
90
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91
+ Les fossiles de Swanscombe (Kent, Angleterre, 400 000 ans), de Steinheim (Allemagne, 300 000 ans) et de la Sima de los Huesos à Atapuerca (Espagne, 430 000 ans) sont plus clairement attribués aux Prénéandertaliens.
92
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93
+ Les restes de trois os longs (humérus, radius, cubitus) du bras gauche d’un individu adulte, de sexe indéterminé, datés d'environ 210 000 ans ont été découverts en septembre 2010 sur une fouille de l'Inrap à Tourville-la-Rivière (Normandie, France). Leur étude a été publiée en octobre 2014[44],[45].
94
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95
+ Les plus anciens fossiles de morphologie néandertalienne presque complète ont des âges compris entre - 250 000 et - 110 000 ans. Parmi eux, on peut citer le crâne de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), vieux de 180 000 ans[46], les restes de La Chaise à Vouthon (Charente), la mandibule de Montmaurin (Haute-Garonne), les crânes de Saccopastore près de Rome en Italie (250 000 ans), ou les nombreux restes de Krapina en Croatie.
96
+
97
+ Les Néandertaliens les plus typiques, dont les caractères dérivés sont les plus marqués, ont des âges compris entre −100 000 et −30 000 ans, date de leur disparition.
98
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99
+ Parmi les fossiles de Néandertaliens classiques, outre les vestiges de Néandertal même (environ −42 000 ans), il faut mentionner les squelettes de La Chapelle-aux-Saints, du Moustier, de La Ferrassie[47], de La Quina, de Saint-Césaire dans le Sud-Ouest de la France ou de Spy en Belgique pour ne citer que les plus complets.
100
+
101
+ Les derniers Néandertaliens connus ont été découverts notamment au Portugal, en Espagne (Zafarraya, −30 000 ans[48],[49]), en Croatie (Vindija, −32 000 ans[50],[51]) et dans le Nord-Ouest du Caucase (Mezmaiskaya, −29 000 ans). Toutes ces dates sont toutefois à considérer avec précaution, les réévaluations successives ayant tendance à vieillir les résultats obtenus par le carbone 14 pour le Paléolithique moyen[52],[53].
102
+
103
+ Des recherches conduites de 1999 à 2005 dans la grotte de Gorham à Gibraltar suggèrent que les Néandertaliens y ont vécu jusqu'à −28 000 ans, voire −24 000 ans[54],[55]. Ils auraient donc longuement cohabité avec les Homo sapiens, présents dans la région depuis 34 000 ans. Ces résultats sont toutefois fortement critiqués, par exemple par Joao Zilhão, de l'université de Bristol[56].
104
+
105
+ En 2011, une équipe internationale publia des travaux concernant le site de Byzovaya, près du cercle Arctique en Russie, où ont été découverts des bifaces taillés typiques de la culture moustérienne, classiquement associée aux Néandertaliens en Europe occidentale. Ces outils datent d'il y a 34 000 à 31 000 ans et sont situés plus de mille kilomètres au nord du site le plus septentrional connu pour l'homme de Néandertal, remettant en question la distribution maximale de celui-ci[57],[58]. Ces conclusions ont toutefois été vivement contestées dans une publication ultérieure[59]. Les auteurs considèrent qu'en l'absence de restes fossiles constituant une preuve directe de la présence néandertalienne à cette latitude et à une date aussi récente, l'hypothèse d'un rattachement de l'industrie lithique de Byzovaya au Paléolithique supérieur demeure la plus parcimonieuse.
106
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+ Les Néandertaliens sont de corpulence souvent très massive et robuste : 90 kg et 1,65 m en moyenne pour les hommes et 70 kg et 1,55 m pour les femmes (des individus auraient atteint 1,90 m)[60]. L'ensemble de leur structure (os épais avec corticale développée) et leurs attaches musculaires laissent supposer une grande force physique. Les règles écologiques de Bergmann (corps plus massif qui réduit la déperdition de chaleur) et d'Allen (membres courts qui réduisent également cette déperdition) s'appliquent parfaitement aux néandertaliens dont l'anatomie est une adaptation aux climats froids[61].
108
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109
+ Les Néandertaliens présentent quelques caractères archaïques, hérités de leur prédécesseur (caractères plésiomorphes), ainsi que des caractères évolués (caractères apomorphes). Les caractères évolués peuvent être partagés avec les Homo sapiens (caractères synapomorphes) ou bien être des caractères dérivés spécifiques (caractères autapomorphes). Seuls ces derniers permettent d'identifier l'espèce lors de l'examen d'un fossile.
110
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111
+ Les traits spécifiques aux Néandertaliens ont souvent été présentés comme des adaptations au froid ; les membres courts et robustes des Néandertaliens trouvent des analogues modernes dans les populations vivant dans les régions proches du pôle. Des facteurs écologiques liés aux avancées glaciaires tels que l'isolement de populations et le faible brassage génétique ont pu favoriser la fixation rapide de ces traits.
112
+
113
+ La rousseur des Néandertaliens a été évoquée à la suite de différentes études mais il semble s'agir de sur-interprétations de résultats scientifiques de la part des médias. Chez les humains, la rousseur est liée à une mutation du gène MC1R (melanocortin-1 receptor) qui régule la production de mélanine[64]. En 2000, une étude a montré que cette mutation pouvait exister depuis 100 000 ans[65]. Certains en ont conclu qu'elle pouvait être apparue chez les Néandertaliens qui l'auraient transmise aux hommes modernes[66], ce que nuancent les auteurs[67].
114
+
115
+ En octobre 2007, un article de la revue Science présente les résultats d'une étude portant sur l'extraction d'ADN fossile de deux spécimens néandertaliens, l'un découvert en Italie (Monti Lessini), l'autre en Espagne (El Sidrón 1252)[68]. Les auteurs ont amplifié et séquencé un fragment du gène MC1R et ont mis en évidence chez les deux individus une mutation inconnue chez l'homme moderne. Toutefois, il est impossible de déterminer si cette mutation était présente sur les deux allèles et donc si elle affectait le phénotype des individus en question. Pour les auteurs, la présence de ces mutations permet d'estimer qu'un pour cent environ des Néandertaliens avait une pigmentation réduite se traduisant par une peau claire et des cheveux roux[69]. Bien que cette proportion soit très limitée, certains médias ont rapporté que les Néandertaliens étaient roux[70],[71].
116
+
117
+ Alors que la plupart des musées présentent des reconstitutions de Néandertaliens avec des yeux bleus ou verts, un teint de peau clair et des cheveux roux correspondant à ce que l'on observe chez les populations modernes sous des latitudes équivalentes à celles de l'Europe, une étude génétique parue en 2012 portant sur les ossements de deux femmes néandertaliennes de Croatie suggère une peau au teint plus foncé, des yeux marron et des cheveux bruns[72].
118
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119
+ Les restes osseux de Néandertaliens, tant en Europe qu'en Asie occidentale, présentent parfois des anomalies qui renseignent sur les lésions organiques survenues de leur vivant et parfois responsables de leur décès. Ces anomalies peuvent être classées en quatre catégories principales[73] :
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+ Les Néandertaliens semblent avoir souffert fréquemment de fractures, en particulier au niveau des côtes (Shanidar IV, « vieillard » de La Chapelle-aux-Saints), du fémur (La Ferrassie 1), de la fibula (La Ferrassie 2 et Tabun 1), de la colonne vertébrale (Kébara 2[74]) et du crâne (Shanidar I, Krapina, Šaľa 1). Ces fractures sont souvent ressoudées et ne montrent pas ou peu de signes d'infection, ce qui suggère que les individus étaient pris en charge au cours de leur période d'invalidité.
122
+
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+ En relation avec des fractures, d'autres traces de traumatismes ont été signalées sur de nombreux squelettes de Néandertaliens. Ils semblent liés à des blessures perforantes, comme chez Shanidar III dont le poumon fut certainement perforé par une blessure entre les côtes 8 et 9. Il peut s'agir d'une attaque intentionnelle ou d'un accident de chasse, mais l'individu survécut à sa blessure durant quelques semaines avant d'être tué par la chute d'un bloc rocheux dans la grotte de Shanidar. D'autres traumatismes correspondent à des coups portés à la tête (Shanidar I et IV[75], Krapina[76]), tous consolidés.
124
+
125
+ L'arthrite est particulièrement répandue chez les Néandertaliens les plus âgés. Elle concerne de façon spécifique les articulations comme les chevilles (Shanidar III), la colonne vertébrale et les hanches (« vieillard » de La Chapelle-aux-Saints[77],[78]), les bras (La Quina 5, Krapina, Feldhofer), les genoux, les doigts et les orteils, le tout en relation étroite avec les maladies articulaires dégénératives (arthrose), qui peuvent aller de la dégénérescence normale, liée à l’usure, jusqu’à la restriction des mouvements, douloureuse et handicapante, et à la déformation. C’est ce qu’on observe à des degrés divers sur les squelettes de Shanidar (I-IV).
126
+
127
+ L'hypoplasie de l'émail dentaire est l'indicateur d'un stress survenu durant le développement des dents. Les striations et les cannelures de l'émail reflètent les périodes de pénurie alimentaire, les traumatismes ou les maladies. Une étude de 669 couronnes dentaires de Néandertaliens a montré des signes d'hypoplasie plus ou moins prononcés sur 75 % d'entre elles[79]. Les carences alimentaires en étaient la cause principale, pouvant aller jusqu'à entraîner la perte des dents. Les dents appartenant aux squelettes les plus âgés présentaient toutes une hypoplasie, particulièrement nette chez le « vieillard »[80] de La Chapelle-aux-Saints et l'individu 1 de La Ferrassie.
128
+
129
+ On trouve occasionnellement sur des squelettes de Néandertaliens des lésions osseuses secondaires liées à une infection des tissus mous du voisinage. Shanidar I présente des traces manifestes de lésions dégénératives de même que La Ferrassie 1, où les lésions sur les deux fémurs, les tibias et les fibulas indiquent une infection systémique ou peut-être un cancer.
130
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131
+ L'aptitude physique à la parole et au langage des Néandertaliens a longtemps été controversée. Les discussions portent, en particulier, sur l'aptitude physique des Néandertaliens au langage, pour laquelle la morphologie de l'os hyoïde est importante[81],[82]. L'os hyoïde est un petit os qui maintient la base de la langue. Il est présent chez tous les mammifères. Très peu d'os hyoïdes de Néandertaliens ont été mis au jour : un premier a été découvert en 1983 à Kébara, sur le mont Carmel en Israël (60 000 ans A.P.) et un autre dans le site d’El Sidron en Espagne (43 000 ans A.P.). Les deux os sont très peu différents de ceux des humains actuels[83],[84],[85]. Des os hyoïdes appartenant à des pré-néandertaliens ont été découverts dans le site de la Sima de los Huesos à Atapuerca en Espagne (430 000 ans A.P.) ; ils ont également des caractéristiques proches de celui des Homo sapiens[86].
132
+
133
+ En outre, au delà de la présence ou non de l'os hyoïde, pour le préhistorien Jean-Paul Demoule, il existe plusieurs éléments permettant d'identifier dans la production d'objets des Homo-erectus tardifs et des premiers Néandertaliens les preuves de la présence d'un « proto-symbolisme » indice probable d'un prélude de langage se situant entre les sons signifiants des chimpanzés et le langage de l'homme moderne[87].
134
+
135
+ Concernant le conduit vocal des Néandertaliens, Philip Lieberman maintient depuis 1971 que ceux-ci ne disposaient pas d'un pharynx de taille suffisante pour produire tous les sons que l'on observe dans les langues du monde. Malgré de nombreuses critiques concernant cette argumentation, cette théorie s'est largement diffusée pendant une trentaine d'années. À la suite d'une longue controverse[88],[89],[90], il semble que les arguments avancés par Lieberman ne soient plus tenables. La reconstruction anatomique du conduit vocal qu'il avait utilisée n'était pas réaliste et ses simulations peu convaincantes. Ce n'est pas la taille du pharynx qui permet de parler mais le contrôle des articulateurs (cordes vocales, langue, mandibule, voile du palais, lèvres). Les nouvelles simulations montrent bien que les Néandertaliens avaient la capacité physique de parler.
136
+
137
+ Une étude publiée en 2007[91] et portant sur l'analyse de l'ADN provenant des restes de deux Néandertaliens découverts à El Sidrón (Espagne) aurait permis d'y détecter la même version du gène FOXP2 (forkhead box P2) que celle présente chez les hommes modernes. Cela pourrait plaider en faveur de l'aptitude des Néandertaliens au langage puisqu'on estime que ce gène joue un rôle important dans le développement des parties du cerveau liées à la maîtrise du langage articulé[92].
138
+
139
+ Après avoir longtemps été considéré comme un être archaïque et encore proche de l'animalité, y compris par une partie de la communauté scientifique, l'Homme de Néandertal commence à apparaître comme un être doté de capacités intellectuelles et de traditions culturelles.
140
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141
+ Le tableau ci-dessous liste un certain nombre de comportements considérés comme modernes et courants chez Homo sapiens ainsi que la fréquence relative de leur mise en œuvre par Homo neanderthalensis[93] :
142
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143
+ L'homme de Néandertal est l'auteur d'un outillage complexe et élaboré, et notamment des industries du Moustérien. Ses méthodes de débitage apportent en outre la preuve de ses capacités d'abstraction et d'anticipation, en particulier en ce qui concerne le débitage Levallois. Les éclats obtenus par cette méthode ou par d'autres pouvaient être utilisés bruts ou bien retouchés, légèrement modifiés sur leurs bords pour obtenir des outils plus spécialisés tels que les racloirs ou les denticulés.
144
+
145
+ Des preuves directes (traces d'adhésif naturel en bitume ou en résine[94]) ou indirectes (répartition des traces d'utilisation) montrent que certains outils étaient utilisés emmanchés. Les manches eux-mêmes, réalisés en matériaux périssables, n'ont pas été conservés. En revanche, des conditions particulièrement favorables ont permis la conservation de quelques objets en bois. Le plus spectaculaire est sans conteste un fragment d'épieu en if fiché dans le thorax d'un éléphant (Elephas antiquus), mis au jour à Lehringen (Basse-Saxe). Dans le même site, daté de l'Eémien (130 000-115 000 ans avant le présent), ont été découverts des éclats Levallois ayant servi à découper de la peau et de la viande[95],[96].
146
+
147
+ Il est probable que les derniers Néandertaliens soient les auteurs du Châtelperronien, un faciès culturel de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur en Europe occidentale. Ce faciès est caractérisé par des comportements longtemps considérés comme propres aux hommes modernes : débitage de lames, utilisation de parure, fabrication d'outils en os, etc.[97],[98].
148
+
149
+ En 1981, l'archéologue Lewis Binford soutient une théorie selon laquelle les premiers hominidés (dont les Néandertaliens) jusqu'au Paléolithique moyen ne pratiquaient que la cueillette ou le charognage passif, seuls les hommes modernes pratiquant la chasse de grand gibier rapide[99]. Cette théorie est aujourd'hui abandonnée.
150
+
151
+ Rares sont les preuves directes de la pratique de chasse aux grands herbivores par les Néandertaliens telles que le fragment d'épieu en if de Lehringen et les lances de Schöningen à la pointe parfois durcie au feu[100] ou des pointes emmanchées en silex ou en os, parfois collées au bitume[94]. En revanche, les sites livrent des accumulations impressionnantes d'ossements de grands mammifères (bison à Coudoulous, Lot et à Mauran, Haute-Garonne ; saïga en Crimée ; bouquetin dans la grotte du Lazaret ; aurochs à La Borde, Lot ; cheval à Saint-Césaire, Charente-Maritime) ; elles sont interprétées comme le résultat de chasses saisonnières, parfois avec utilisation d'avens ou de fondrières comme pièges naturels (technique de « chasse à l'abîme »)[101]. De plus, les analyses biogéochimiques sur le collagène osseux des Néandertaliens et des mammifères associés[102] montrent une alimentation carnée proche de celle du loup, même en période tempérée. Chasseurs de grands mammifères, les Néandertaliens avaient des stratégies (communautés spécialisées dans la chasse de deux ou trois espèces, technique à l'approche ou à la poursuite de proies en fonction de l'âge et du sexe) qui attestent une parfaite connaissance de l'environnement et de l'éco-éthologie des animaux et un savoir-faire technique développé. Enfin les études anatomiques montrent leur adaptation à la chasse : ils étaient en effet trapus et musclés, et pesaient en moyenne 90 kg pour 1,65 m (hommes) et 70 kg pour 1,55 m (femmes)[103].
152
+
153
+ La pratique ponctuelle d'un charognage actif (accès primaire à la carcasse en écartant les prédateurs — hyène des cavernes, loup, lion des cavernes — ou en recherchant les animaux morts dans des pièges naturels) a également été évoquée, notamment pour les grands mammifères (mammouth, rhinocéros laineux)[104],[105].
154
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155
+ Les analyses en paléogénétique réalisées en 2010 dans la grotte d'El Sidrón suggèrent que la société néandertalienne pratique l'exogamie patrilocale[106].
156
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157
+ Certaines constatations de comportements altruistes témoignent de manifestations d'entraide, de solidarité et d'assistance, tel le vieillard retrouvé dans le cimetière de La Chapelle-aux-Saints ou de Shanidar avec un squelette si déformé par la maladie qu'il devait probablement être infirme[107]. Les enfants s'entraînent à la taille d'outils lithiques sur les mêmes sites que les adultes expérimentés[108].
158
+
159
+ Au moins un comportement alimentaire, le bris des os pour en extraire la moelle, a révélé un apprentissage social plutôt que technique dans les niveaux du Pléistocène moyen. Une étude sur les assemblages de ces matériaux provenant de la grotte de Bolomor (es) (Valence, Espagne, MIS 9-5e) et celle de Gran Dolina TD10-1 (Burgos, Espagne, MIS 9) : dans un même groupe, les os ne sont pas brisés aux points les plus faibles, dans une logique d'efficacité, mais suivant un comportement socialement acquis. Au sein d'une même grotte, ces comportements changent au fil des époques ; ceci suggère l'existence possible d'identités culturelles ou de prédispositions comportementales dépendantes des groupes et pourrait servir de marqueur pour les zones d'extension des différents groupes[109].
160
+
161
+ Les analyses génétiques suggèrent que les Néandertaliens de Sibérie vivaient dans des populations relativement isolées de moins de 60 individus. En revanche, les Néandertaliens d'Europe et les humains modernes anciens semblent avoir vécu dans des populations de plus grande taille[110].
162
+
163
+ Les Néandertaliens ont d'abord été considérés comme exclusivement chasseurs carnivores, faisant partie des superprédateurs (mangeant de grands herbivores alors qu’Homo sapiens avait diversifié son alimentation — petit gibier, fruits de mer, poissons d'eau douce et marins). Ce régime alimentaire a parfois été considéré comme l'une des causes de leur extinction[111].
164
+
165
+ En 2010, des analyses de phytolithes piégés dans des plaques de tartre de dents fossilisées néandertaliennes provenant de différents sites ont révélé des traces de plantes fossilisées (palmier-dattier, légumineuses, rhizomes de nénuphar, graminées du genre Triticum ou Hordeum), indiquant un régime alimentaire diversifié et un comportement de chasseur-cueilleur. De plus, certains grains d'amidon retrouvés montrent des processus de cuisson, suggérant que les Néandertaliens, grâce à leur maîtrise du feu, cuisaient ces végétaux en les faisant bouillir. On pensait auparavant que seules les viandes étaient cuites (d'après l'analyse des ossements d’animaux retrouvés dans de nombreux foyers) alors que les végétaux étaient simplement grillés[112]. Les Néandertaliens ont ainsi une alimentation carnée composée essentiellement de grands mammifères mais incluant également des végétaux ou de petits animaux (lagomorphes, oiseaux, mollusques terrestres[113]) lorsque les conditions s'y prêtent. La matière animale et végétale constituent respectivement 80 et 20 % de leur régime alimentaire[114],[115].
166
+
167
+ Des restes de coquillages trouvés dans la grotte de Bajondillo au sud de l'Espagne, montrent que des Néandertaliens mangeaient des fruits de mer en Europe dès 150 000 ans avant le présent[116],[117].
168
+
169
+ En 2012 puis en 2017, l'analyse chimique puis l'identification de restes d’ADN piégés il y a environ 36 000 ans dans la plaque dentaire de Néandertaliens découverts en Belgique et en Italie montrent qu’ils mangeaient notamment du rhinocéros laineux, du mouflon et des champignons. Par contre, chez ceux d'El Sidrón (Espagne), datés d'environ 48 000 ans, seul de l’ADN végétal a été détecté. Il provient de diverses plantes et champignons (pignon de pin et mousse forestière notamment) [118]. Les Néandertaliens semblent aussi avoir utilisé des analgésiques (acide salicylique trouvé dans le saule) et des antibiotiques naturels (Penicillium)[118].
170
+
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+ En 2012, l'analyse chimique de plaques dentaires de cinq Néandertaliens mis au jour à El Sidrón avait déjà montré la présence de composés végétaux amers pouvant provenir de l'achillée millefeuille, dont l'utilisation était déjà présumée précédemment par la présence de pollens dans une tombe néandertalienne à Shanidar, en Irak[119], et la camomille. Il s'agit de plantes sans valeur nutritive mais présentant des vertus médicinales ou pouvant servir éventuellement de coupe-faim.
172
+
173
+ En 2019, l'étude des dépôts moustériens de la grotte de Pié Lombard (Tourrettes-sur-Loup, Alpes-Maritimes, France) révèle les restes fossilisés d'au moins 225 lapins de l'espèce Oryctolagus cuniculus, de loin l'espèce animale la plus abondamment représentée sur le site[120].
174
+
175
+ Par ailleurs, les Néandertaliens chassaient des animaux marins tels que le dauphin ou le phoque. Globalement, les découvertes montrent de plus en plus que leur régime alimentaire était qualitativement aussi diversifié que celui des humains anatomiquement modernes[121],[122].
176
+
177
+ S'il est possible qu’Homo heidelbergensis, l'un des ancêtres probables de l'Homme de Néandertal, ait adopté un comportement particulier vis-à-vis de ses morts à Atapuerca, les premières véritables sépultures connues sont néandertaliennes[123]. Les plus anciennes datent d'environ - 100 000 ans et ont été mises au jour au Proche-Orient. Elles se multiplient ensuite et on en trouve en France (La Chapelle-aux-Saints, La Ferrassie, La Quina, Le Moustier, Saint-Césaire), en Belgique (Spy), en Israël (Kébara, Amud), au Kurdistan irakien (Shanidar), en Ouzbékistan (Teshik-Tash). Dans certains cas, elles comprennent des dépôts funéraires (outils lithiques, fragments de faune).
178
+
179
+ L'une des sépultures de Shanidar renfermait un Néandertalien enterré sous une grande dalle. Une grande quantité de pollens de plantes à fleurs était présente autour du corps[124],[125]. Ces pollens ont longtemps été considérés comme la preuve du dépôt de nombreuses fleurs lors de l'enfouissement. Une étude de 1999 a remis en question cette interprétation, citant des phénomènes post-dépositionnels ou l'action de rongeurs pour expliquer l'accumulation de pollens. Cette étude a cependant été fortement contestée[126].
180
+
181
+ Ces sépultures comportent souvent des fosses intentionnelles et sont pratiquement toujours associées à des habitats. Il est peu probable qu'elles n'aient eu qu'un rôle fonctionnel simplement destiné à se débarrasser d'une dépouille, même si leur interprétation en termes de religiosité est sujette à discussion.
182
+
183
+ Les Néandertaliens ont plusieurs types de rites funéraires : sépultures, inhumations en deux temps après décomposition du corps à l'air libre (traces de désarticulation et décharnement à Shanidar VI et VIII, Krapina, Kébara[127], combe Grenal[128]), « culture des ancêtres » (analyses de taphonomie sur des crânes isolés et corps sans tête à Kébara), endocannibalisme (Moula-Guercy en Ardèche[129],[130], Vindija et Krapina en Croatie : stries de fracturation sur os frais)[131].
184
+
185
+ Dans certains sites tels que le Regourdou en Dordogne, des accumulations de crânes d'ours qui semblaient disposés intentionnellement ont été interprétées comme le résultat d'un « culte de l'ours ».
186
+
187
+ Au Regourdou, un squelette d'ours brun reposait sous une dalle monolithe d'un poids de 850 kg, dans une fosse peu profonde. À proximité, le corps d'un Néandertalien était couché sur le côté gauche, la tête vers le nord, en position fœtale. Le crâne manquait, mais il restait la mandibule. L’absence du crâne a également été observée dans le cas de la sépulture néandertalienne de Kébara. D'après E. Bonifay, il s'agissait d'une véritable tombe composée d’une fosse dallée, empierrée et couverte de sable et de cendres de foyer[132],[133]. Cette interprétation a largement été remise en question depuis, les accumulations d'ossements d'ours du Regourdou pouvant être liés à des phénomènes taphonomiques liés à l'occupation de la cavité par des ours hibernants[134].
188
+
189
+ Plus généralement, l'existence du culte de l'ours, évoquée récemment par l'écrivain Jean M. Auel, est aujourd'hui contestée par de nombreux scientifiques. Les cr��nes d'ours sont extrêmement résistants et peuvent être déplacés par des phénomènes naturels jusqu'à acquérir des positions évoquant une organisation volontaire mais en fait seulement due au hasard[réf. à confirmer][135].
190
+
191
+ La présence de traces de désarticulation, de décharnement, de fracturation intentionnelle ou de calcination sur certains os de Néandertaliens a été interprétée comme un témoignage de la pratique du cannibalisme. Des ossements de sites tels que l'abri Moula[136], en Ardèche ou Krapina[137],[138],[139] en Croatie présentent de telles traces de découpe. Il est toutefois difficile de démontrer s'il s'agit de cannibalisme plutôt que d'un traitement post mortem des dépouilles dans le cadre d'un rite funéraire. Les fragments d'os de Krapina présentent des marques comparables à celles de sépultures secondaires d'une nécropole du XIVe siècle découverte dans le Michigan, correspondant à l'ablation de la chair sur une dépouille partiellement décomposée. Certains os crâniens du site des Pradelles à Marillac-le-Franc présentent des traces de découpe correspondant sans doute au prélèvement du cuir chevelu par scalpation.
192
+
193
+ Le crâne de Néandertalien découvert dans la grotte Guattari (Mont Circé, Italie) a longtemps été considéré comme une preuve irréfutable de rituel anthropophagique : il aurait été déposé dans un cercle de pierre après que le trou occipital avait été élargi pour consommer le cerveau. Des examens approfondis ont montré que le cercle de pierre était probablement naturel et que l'élargissement du trou occipital avait été causé par une hyène, ce que confirme la présence de traces de dents en différents points du crâne[140],[141].
194
+
195
+ Cependant, des os humains ont été découverts intentionnellement cassés dans le but d'exploiter la moelle. Ainsi dans la grotte de l'Hyène à Arcy-sur-Cure (Yonne), des os humains étaient mélangés sans aucune distinction aux os d'animaux ayant servi de nourriture, le tout encerclant le principal lieu de vie[142]. Ces découvertes permettent de retenir l'hypothèse du cannibalisme comme fort probable, sans pouvoir trancher s'il s'agit d'un endocannibalisme ou d'un exocannibalisme[143].
196
+
197
+ Au Paléolithique moyen apparaissent également les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques :
198
+
199
+ En 2014, la découverte dans la grotte de Gorham (Gibraltar) de formes géométriques gravées sur une paroi recouverte de sédiments datant de plus de 39 000 ans est annoncée par l'équipe de Clive Finlayson (en). Elles constituent le premier exemple connu d'art pariétal abstrait attribué aux Néandertaliens. Leur réalisation a nécessité plusieurs centaines de passages de la pointe d'un outil de pierre taillée, probablement de silex[148],[149].
200
+
201
+ En février 2018, de nouvelles datations viennent confirmer l'origine néandertalienne de créations artistiques (pourtour de main, réseau de lignes, peinture sur paroi) découvertes dans trois grottes espagnoles (grotte de La Pasiega (es), grotte de Maltravieso (es) et grotte d'Ardales (es)) : plus de 64 800 ans, soit plus de 20 000 ans avant l'arrivée en Europe des premiers hommes modernes. Des coquillages percés et teints, trouvés dans une quatrième grotte, sont encore plus vieux[150],[151],[152],[153]. Néanmoins, un article paru le 21 septembre 2018 remet en cause la datation des grottes de Maltravieso et de La Pasiega en raison du manque de corrélation entre le matériau analysé (des efflorescences de calcite) et le phénomène à dater. Quant aux aplats d'oxydes rouges trouvées à Ardales, rien ne prouve leur origine humaine[154],[155].
202
+
203
+ L'étude des pigments de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Salomon et al. 2008) permet de conclure que les néandertaliens ont utilisé des couleurs sur les peaux (vêtements, tentes) bien avant qu'elles n'aient été utilisées pour les peintures rupestres, et étaient donc capables d'ajouter une dimension symbolique aux objets de leur quotidien. Les mêmes auteurs, et d'autres, notent la grande quantité de pigments remontant au Moustérien de tradition acheuléenne dans les grottes du Pech-de-l'Azé à Carsac-Aillac, Dordogne[156], et à d'autres sites de cette époque.
204
+
205
+ La reconnaissance progressive de la culture néandertalienne remet en cause la primauté culturelle de l'homme moderne : alors que l'on pensait il y a peu que la culture technique et symbolique des Néandertaliens était très nettement inférieure quantitativement et qualitativement à celle de l'Homo sapiens, les découvertes récentes font apparaître que l'Homme de Néandertal avait lui aussi développé certaines techniques évoluées (débitage de lames[157]), et développé ou adopté des traits culturels modernes (sépultures, signes gravés, parures). La thèse du rôle capital de l'arrivée de l'Homo sapiens en Europe et celle d'une corrélation entre l'évolution biologique et l'évolution culturelle expliquant le plus grand développement de l'Homo sapiens par son évolution biologique s'en trouvent donc remises en question.
206
+
207
+ Deux structures annulaires formées par l'accumulation de tronçons de stalagmites ont été découvertes en 1995 dans la grotte de Bruniquel. Ces structures, constituées de presque 400 « spéléofacts », ont été datées en 2016 : 176 500 ± 2 000 ans. Cet âge indique qu'elles sont vraisemblablement l’œuvre de l'homme de Néandertal, et même de néandertaliens « archaïques »[158],[159].
208
+
209
+ En 2020, une équipe internationale a publié une étude décrivant le moulage fossilisé d’un fragment de cordelette torsadée, composée de trois brins eux-mêmes torsadés. Cette découverte a été faite dans l’abri du Maras en Ardèche, daté entre 52 000 et 41 000 ans AP. L’Homme de Néandertal ayant été le seul occupant de ce site, cet artéfact lui a été attribué. Les fibres ont été identifiées comme provenant probablement d’un conifère. C'est la plus ancienne trace de cordage trouvée, la précédente datant de 19 000 ans AP provenant du site Ohalo II[160].
210
+
211
+ Un squelette d'enfant découvert au Portugal a été présenté en 1999 comme un hybride Néandertal/Homo sapiens. Cette hypothèse est fortement discutée en raison des difficultés à identifier les caractères autapomorphiques chez un individu juvénile, alors que la variabilité de la population concernée est mal connue[43].
212
+
213
+ Un squelette d'enfant trouvé en contexte gravettien à Lagar Velho dans la vallée de Lapedo, au centre du Portugal, porterait des caractéristiques des deux espèces[161],[162],[163]. Cet enfant d'environ quatre ans a été inhumé dans une sépulture intentionnelle, il y a 25 000 ans. Il est donc postérieur de quelques milliers d'années aux derniers restes clairement attribuables aux Néandertaliens (entre 30 000 et 40 000 ans avant le présent[164],[165]). Cependant le caractère hybride de cet enfant est très discuté et difficile à établir : les caractères dérivés des deux taxons sont moins marqués chez les individus juvéniles que chez les adultes et la variabilité individuelle des enfants de l’époque est absolument inconnue[43].
214
+
215
+ Une étude de l'université de Chicago publiée en 2006 a permis d'identifier un gène lié à la croissance du cerveau qui aurait été transmis à l'homme moderne par les Néandertaliens et qui est présent chez 70 % des humains actuels[166].
216
+
217
+ Le réexamen (morphologie géométrique, analyse paléogénétique de l'ADN mitochondrial) en 2013 d'une mandibule dite des « amants de Vérone » suggère une hybridation entre un père sapiens et une mère néandertalienne[167].
218
+
219
+ En 2010, le séquençage de 63 % du génome de Néandertal effectué par une équipe de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste coordonnée par Svante Pääbo[19],[168] montre que 1 à 4 % du génome des Homo sapiens non africains provient des Néandertaliens. Les Homo sapiens d'ascendance africaine n'ont, eux, que peu ou pas d'ADN de Néandertal. Cet apport est réparti sur 20 régions génétiques spécifiques aux Homo sapiens.
220
+
221
+ Si chaque Homo sapiens n'a que 1,8 à 2,6 % du génome de Néandertal en lui, en regroupant les différentes séquences éparpillées dans le monde entier, les chercheurs sont parvenus à reconstituer environ 30 % de ce génome[169],[170] .
222
+
223
+ Ces croisements entre Néandertaliens et Homo sapiens eurasiatiques auraient pu survenir il y a 100 000 à 50 000 ans au Proche-Orient[171],[172],[173].
224
+
225
+ Dans le génome de l'homme moderne européen, un gène lié à l'immunité pourrait être issu du génome de l'homme de Néandertal[174],[175],[176]. Cette découverte est confirmée en 2016 par des études qui mettent en évidence ces cas d'introgression : gènes néandertaliens à l'origine de la stimulation immunitaire[177] et des allergies des Hommes modernes[178].
226
+
227
+ En 2014, l'étude du génome d'un Homo sapiens découvert à Kostenki, en Russie, et daté de 37 000 ans avant le présent, confirme encore le métissage et permet d'avancer une date à laquelle l'hybridation aurait eu lieu[179],[180].
228
+
229
+ En 2015, des analyses génétiques révèlent que le fossile Oase 1 avait un ancêtre récent néandertalien, avec un ADN autosomique néandertalien estimé de 5 à 11 %[181].
230
+
231
+ En 2017, une nouvelle étude de Cosimo Posth, de l'Institut Max-Planck, analysant un fémur de Néandertalien vieux de 124 000 ans, montre que cet os contenait déjà des gènes caractéristiques d'Homo sapiens. L'étude conclut que les premiers croisements entre sapiens et Néandertal ont dû avoir lieu il y a 276 000 ans[182].
232
+
233
+ En 2018, l'ADN d'un fragment osseux retrouvé dans la grotte de Denisova, celui d'une adolescente morte vers 13 ans il y a environ 90 000 ans[a], montre qu'elle était l'hybride d'une mère néandertalienne et d'un père dénisovien[183]. C'est la première preuve directe d'un métissage entre espèces humaines.
234
+
235
+ Les derniers Néandertaliens auraient disparu il y a environ 29 000 ans. L'extinction aurait été échelonnée dans le temps selon un gradient régional[164]. Leur disparition a suscité de nombreuses hypothèses[184],[185],[186], certaines faisant intervenir des modèles mathématiques[187] ou économiques[188],[189]. Ce phénomène coïncide avec l'arrivée de groupes d'hommes modernes en Europe depuis le Proche-Orient à partir d'il y a environ 48 000 ans, peut-être à la faveur d'un épisode climatique tempéré de la dernière glaciation. Ces hommes modernes, parfois appelés « Hommes de Cro-Magnon », sont porteurs d'une nouvelle culture matérielle, appelée Aurignacien et caractérisée par la généralisation du débitage lamellaire, l'utilisation du percuteur tendre pour ces débitages et la fabrication d'outils en matières dures animales (notamment des pointes de sagaies en os). Les hommes de l'Aurignacien sont également présumés être les auteurs des plus anciennes œuvres d'art pariétal et mobilier d'Europe.
236
+
237
+ Les Hommes de Néandertal et les Hommes modernes ont probablement cohabité pendant quelques millénaires, même si aucune trace directe d'interaction n'est perceptible dans la culture matérielle.
238
+
239
+ Très récemment, entre 2010 et 2017 ont été mises en relation la disparition de l'Homme de Néandertal autour de 35 000 ans AA (avant aujourd'hui) et l'explosion de la caldera des champs Phlégréens (baie de Naples, Italie)[190]. Des datations de cet événement publiées en 2003 donnent une date de 39 280 ±110 ans BP[191].
240
+
241
+ Cet événement a vu la libération dans l'atmosphère d'un volume de matières volcaniques extrêmement important, d'au moins 300 km3[191]. Le panache de cendres serait monté à plus de 30 km[192] voire 40 km[réf. nécessaire] d'altitude (stratosphère), avant de retomber en un épais manteau[193] recouvrant tout, comparable aux couches de cendres de Pompéi, sur une aire de 3 700 000 km2[194] allant de l'Italie aux steppes asiatiques, tuant toute forme de végétation sur cette zone, ainsi que toute la chaîne trophique en dépendant, grands prédateurs et Homo compris. L'atmosphère globale aurait été assombrie pendant plusieurs années.
242
+
243
+ Les derniers peuplements néandertaliens ayant survécu à cet évènement (présence constatée sur la péninsule Ibérique pendant encore plusieurs millénaires) auraient fini de disparaitre en raison d'un manque de diversité génétique (garante de la viabilité d'une espèce).
244
+
245
+ En 2010, une équipe de paléontologues du département d'évolution humaine de l'Institut Max Planck, à Leipzig (Allemagne), a analysé l'endocrâne (l'empreinte laissée par le cerveau dans la boîte crânienne) de squelettes de néandertaliens. Les résultats ont confirmé les données sur la génétique des néandertaliens acquises grâce au séquençage de leur ADN : le cerveau des Homo sapiens a une forme globulaire caractéristique qui n'existe pas chez Néandertal. Cette différence pourrait influencer l'organisation neuronale et synaptique du cerveau, et donc les capacités cognitives. Par une litote, Jean-Jacques Hublin, le chercheur français qui a dirigé cette étude, émet l'hypothèse que « l'homme de Néandertal ne voyait pas le monde de la même façon que nous » et que son incapacité à créer des liens sociaux complexes serait à l'origine de son extinction[195].
246
+
247
+ Disparition progressive de la population néandertalienne liée à la possibilité d'accouplements féconds mais donnant des hybrides stériles, au moins chez les Néandertaliennes. Une telle hypothèse, émise par le paléontologue finlandais Björn Kurtén[196], demeure difficile à tester.
248
+
249
+ Certaines études suggèrent que les enfants issus d'union entre Néandertaliens et Homo sapiens auraient été moins fertiles, ce qui aurait entraîné une diminution de la proportion de gènes hérités de Neandertal[197].
250
+
251
+ Ont également été évoqués des problèmes d'ordre génétique liés à une forte consanguinité et/ou des mutations spontanées ayant entraîné des maladies congénitales telles que l'hémophilie, le diabète insulino-dépendant ou une forme de stérilité, ayant suffisamment affecté la démographie de la population pour la faire disparaître.
252
+
253
+ Partant de l'observation que les populations néandertaliennes étaient déjà petites avant l'arrivée des humains modernes, une étude publiée en 2019 met en œuvre trois facteurs que la biologie de la conservation identifie comme essentiels pour la persistance d'une petite population, à savoir la consanguinité, l'effet Allee et la stochasticité. Les résultats indiquent que la disparition des Néandertaliens peut avoir résidé dans la petitesse de leur seule population. Ainsi, même s'ils étaient identiques dans leurs traits cognitifs, sociaux et culturels, et même en l'absence de compétition interspécifique, les Néandertaliens couraient un risque d'extinction considérable. En outre, les auteurs suggérent que si les humains modernes ont contribué à la disparition des Néandertaliens, cette contribution n'aurait peut-être rien à voir avec la concurrence des ressources, mais plutôt avec la façon dont les populations entrantes ont restructuré géographiquement les populations résidentes, d'une manière qui a renforcé les effets Allee, et les effets de consanguinité et stochasticité[198].
254
+
255
+ La disparition des Néandertaliens serait liée à l'arrivée des hommes modernes et à la compétition territoriale pour l'exploitation des ressources[199], voire à leur élimination physique par les hommes modernes à l'occasion de conflits violents sur les zones de contact. L'hypothèse s'appuie en particulier sur la concomitance de l'expansion d'Homo sapiens et de la disparition de Néandertal[200] ; les Homo sapiens d'Europe de l'Ouest cohabitant par exemple pendant plusieurs milliers d'années (500 à 5 400 ans suivant les régions) avec les Néandertaliens[189]. Elle se heurte toutefois à l'absence de traces de morts violentes ou de traces de cohabitation prolongée sur un même territoire[201]. En outre on peut objecter que les deux groupes ne devaient pas occuper l'ensemble du territoire européen et que les Néandertaliens avaient une meilleure connaissance de ce territoire et de ses ressources que les nouveaux arrivants[202]. La domestication du chien pour la chasse correspondant approximativement à la période de disparition des Néandertaliens, Pat Shipman a émis l'hypothèse selon laquelle cet événement aurait permis à Homo sapiens de bénéficier d'un net avantage dans sa recherche de nourriture[203],[204].
256
+
257
+ Outre cette hypothèse de l'extinction violente liée à l'homme moderne, les Néandertaliens auraient pu succomber à une maladie mortelle (épidémies) apportée par les Sapiens originaires d'Afrique[205].
258
+
259
+ La trompe d'Eustache néandertalienne, plus courte que celle des Homo sapiens, aurait favorisé des infections de l'oreille à répétition, fragilisant les Néandertaliens et participant à leur disparition[206].
260
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+ Les Néandertaliens ont été dépeints dans la culture populaire, y compris les apparitions dans la littérature, les médias visuels et la comédie. L'archétype des «hommes des cavernes» se moque souvent des Néandertaliens et les décrit comme des personnages primitifs, bossus, brandissant des massues, grognants, des personnages antisociaux mus uniquement par l'instinct animal. « Néandertal » peut également être utilisé comme une insulte[207].
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+ Le Nebraska (/nəˈbɹæskə/[2]) est un État du Centre des États-Unis, situé au cœur de la région des Grandes Plaines et du Midwest. Il est bordé par six États : le Wyoming à l'ouest, le Dakota du Sud au nord, l'Iowa à l'est, le Kansas et le Colorado au sud, et le Missouri au sud-est. Sa capitale est Lincoln et la plus grande ville Omaha, avec une aire urbaine d'environ 900 000 habitants. Traversé par la rivière Missouri, le Nebraska est un État rural et agricole relativement peu peuplé. Ses paysages sont essentiellement composés de vastes prairies dépourvues d'arbres, bien que les premiers contreforts des montagnes Rocheuses vallonnent l'Ouest du territoire, avec des curiosités géologiques comme la Chimney Rock. Son climat connaît de fortes variations de température, entre un été chaud et un hiver rude, ainsi que de nombreuses tornades et tempêtes (Tornado Alley).
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+ Le territoire du Nebraska était peuplé par plusieurs ethnies amérindiennes avant l’arrivée des Européens au début du XVIIIe siècle. Il fait alors partie de la Louisiane française et comporte des comptoirs commerciaux de peaux et fourrures. L'expédition Lewis et Clark le traverse vers 1805. L'État devient par la suite une route de passage vers l'ouest, et la ruée vers l'or en Californie (1848-1856) entraîne son peuplement, notamment par des migrants d'origine allemande ou tchèque. Peu après la fin de la guerre de Sécession, en mars 1867, il est le 37e État admis dans l'Union. Au XXe siècle, il voit sa population refluer en raison de la Grande Dépression et d'une série de tempêtes de poussière (le Dust Bowl).
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+ Aujourd'hui, son économie est marquée par l'importance de l'industrie agroalimentaire, et notamment la production de viande de bœuf, de porc et de maïs. Le Nebraska est l'un des États les plus pauvres des États-Unis, avec de nombreuses réserves indiennes. Il est aussi l'un des plus conservateurs et fidèles au Parti républicain : aucun candidat démocrate à la présidentielle ne l'a emporté dans cet État depuis l'élection présidentielle de 1964. Les principales mises en valeur touristiques du territoire sont la valorisation des anciennes routes vers l'Ouest, telles que la Piste de la Californie, le Pony Express et la Lewis and Clark National Historic Trail.
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9
+ Le Nebraska doit probablement son nom au nom amérindien servant à désigner la rivière Platte (une déformation du mot français plat par les Anglais) qui coule dans cet État. En effet en langue iowa-oto archaïque, les mots Ñí Brásge (otoe contemporain Ñí Bráhge), et en langage Omaha–Ponca les mots Ní Btháska, signifient « eau plate ».
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11
+ Le Nebraska était habité bien avant l'arrivée des pionniers européens par différentes tribus amérindiennes dont les Iowas, les Omahas, les Missourias, les Poncas, les Pawnees, les Otos et différentes branches de la famille des Sioux.
12
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13
+ Le XVIIIe siècle fut l'époque des explorateurs européens pour qui la Louisiane française dont faisait partie intégrante l'actuel Nebraska était en grande partie une terra incognita. En 1714 Étienne de Bourgmont, un Français, fut ainsi le premier Européen à reconnaître l'embouchure de la rivière Platte qu'il appela la rivière Nebraskier.
14
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+ À partir de 1794, le commerce de la fourrure se développa. Cette année-là, Jean-Baptiste Truteau (1748-1827) établit un comptoir commercial sur la rivière Niobrara. En 1820, l'armée américaine établit son premier fort dans l'actuel Nebraska, le fort Atkinson, afin d'assurer la protection des marchands de fourrure qui parcouraient la région. Après les années 1840, le pays est marqué par le passage de la route vers l'Ouest, qui suit le couloir de la rivière Platte, en s'appuyant sur des repères naturels, en particulier des monticules caractérisant des formations géologiques singulières. L'ancien nom indigène francisé, puis hispanisé en Nebraska de ce couloir sert à désigner le territoire connu.
16
+
17
+ Le 30 mai 1854, le Kansas-Nebraska Act proclama la création des territoires du Nebraska et du Kansas, en choisissant le 40e parallèle nord comme ligne de séparation entre ceux-ci. Omaha fut désigné comme la capitale du tout nouveau territoire du Nebraska. Ce territoire est par la suite à plusieurs reprises amputé par les territoires voisins du Dakota, du Washington et du Colorado pour acquérir sa forme définitive en 1867.
18
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19
+ Dans les années 1860, la première vague de jeunes fermiers déferla sur le Nebraska profitant de l’Homestead Act pour s'approprier les terres cédées par les tribus amérindiennes. Beaucoup de ces premiers arrivants construisirent des maisons en terre en raison de l'absence d'arbres dans les prairies du Nebraska.
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+ Le Nebraska devint le 37e État des États-Unis le 1er mars 1867, peu de temps après la fin de la guerre de Sécession.
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23
+ L'agriculture extensive de céréales, ainsi que l'élevage, a marqué l'histoire du pays. La première systématiquement généralisée sans préoccupation de la tenue des sols par une végétation adaptée, reléguant le second sur les sols les plus pauvres ou le chassant, est à l'origine de dégradation accrue de champs épuisés et fragiles, qui, à l'instar des badlands, s'érodent en poussières sous l'action éolienne ou glisse en boues lors des inondations. La crise agricole est dramatique dans les années 1930. L'irrigation automatique de vastes parcelles rondes à partir des nappes phréatiques profondes relance son développement après 1953 et surtout au cours des décennies suivantes. Mais les excès de pompage et la pollution des intrants chimiques commence à toucher l'ensemble des zones aquifères de manière préoccupante.
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+
25
+ D'une superficie de 200 349 km2, le Nebraska est peuplé de 1 796 619 habitants (année 2009). La capitale du Nebraska est Lincoln et la plus grande ville Omaha. L’État s'étend entre 40° et 42° de latitude nord et entre 95° 19' et 104° 03' de longitude ouest. Il a pour unique frontière naturelle la rivière Missouri à l'est, les autres frontières suivant des parallèles ou des méridiens.
26
+
27
+ L'État est essentiellement plat. Toutefois, les premiers contreforts des montagnes Rocheuses vallonnent la partie ouest. Panorama Point, une colline située près de la frontière avec le Wyoming et le Colorado, est le sommet de l'État et culmine à 1 653 mètres. La « partie est » appartient aux Dissected Till Plains, une région aux sols fertiles grâce au lœss qui s'y est accumulé lors de la dernière glaciation. Elle abrite notamment les villes de Lincoln et d'Omaha. Les parties centre et ouest appartiennent aux Grandes Plaines et offrent des terrains de nature variée.
28
+
29
+ Les Sand Hills occupent notamment un bon quart de l'État dans l'Ouest et le Centre de celui-ci. La région est faite de dunes de sable qui se sont formées à la suite du retrait des glaciers continentaux à la fin de la dernière période glaciaire. Une végétation de prairie stabilise les dunes. La fragilité du sol sablonneux y empêche toute forme d'agriculture à l'exception du ranching.
30
+
31
+ L'État abrite entre autres comme curiosité naturelle le Chimney Rock (en français : le rocher cheminée). Il s'agit d'une formation rocheuse sculptée par l'érosion faite d'une colline en forme de cône haute de 150 m que surmonte une aiguille haute de 46 m qui domine toute la plaine environnante et servait autrefois de repère visuel aux pionniers qui empruntaient la piste de l'Oregon.
32
+
33
+ À l'extrême ouest, les Badlands, étendues majoritairement dans le Dakota du Sud, se situent en partie sur l'État.
34
+
35
+ Les cours d'eau qui coulent dans le Nebraska appartiennent tous au bassin versant de la rivière Missouri qui coule à l'est de l'État et dont le cours sert de frontière avec les états voisins du Dakota du Sud, de l'Iowa et du Missouri. La plupart drainent l'état d'ouest en est et suivent en cela l'orientation générale de la pente des terrains depuis les contreforts des Rocheuses jusqu'à la vallée du Missouri. Ainsi du nord au sud coulent de manière parallèle la rivière Niobrara, la rivière Platte et son principal affluent la rivière Loup, et la rivière Republican.
36
+
37
+ Certaines parties du Nebraska sont mal drainées. C'est notamment le cas de l'ouest des Sand Hills : des lacs salés y servent d'exutoire à de modestes cours d'eau.
38
+
39
+ Les principales étendues d'eau du Nebraska sont des lacs artificiels comme le lac McConaughy (en), le lac Harlan County (en) et le lac de Lewis et Clark.
40
+
41
+ La moitié orientale du Nebraska bénéficie d'un climat continental humide (type Dfa selon la classification de Köppen) tandis que la moitié occidentale bénéficie d'un climat continental semi-aride (type BSk selon la classification de Köppen). Les températures sont assez uniformes sur l'ensemble du territoire. Par contre les précipitations varient du simple au double. Celles-ci diminuent graduellement vers l'ouest depuis les abords de la rivière Missouri jusqu'aux premiers contreforts des montagnes Rocheuses. Ainsi, la ville d'Omaha située à l'extrémité est enregistre 746 mm de précipitations par an contre 388 mm pour la ville de Scottsbluff située à l'extrémité ouest. La hauteur annuelle des chutes de neige est comprise quant à elle entre 65 et 90 cm sur une bonne partie du territoire.
42
+
43
+ Le Nebraska est situé sur la Tornado Alley et de ce fait des tornades dévastatrices et de violents orages se produisent régulièrement au printemps et en été.
44
+
45
+ En hiver, lorsque le Chinook, un vent comparable au foehn, souffle depuis les Rocheuses en direction de la plaine, celui-ci fait remonter le thermomètre dans l'Ouest du Nebraska et y rend les mois d'hiver moins rigoureux.
46
+
47
+
48
+
49
+ Le Nebraska compte dix aires protégées gérées par le National Park Service :
50
+
51
+ L'État du Nebraska est divisé en 93 comtés[5].
52
+
53
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini quatre aires métropolitaines et neuf aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État du Nebraska[6].
54
+
55
+ (865 350)
56
+
57
+ (895 151)
58
+
59
+ (3,4 %)
60
+
61
+ (168 563)
62
+
63
+ (168 714)
64
+
65
+ (0,1 %)
66
+
67
+ En 2010, 81,0 % des Nébraskains résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 63,1 % dans une aire métropolitaine et 17,9 % dans une aire micropolitaine. Les aires métropolitaines d'Omaha-Council Bluffs et de Lincoln regroupaient respectivement 40,6 % et 16,5 % de la population de l'État.
68
+
69
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini trois aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État du Nebraska.
70
+
71
+ (902 041)
72
+
73
+ (931 666)
74
+
75
+ (3,3 %)
76
+
77
+ (182 427)
78
+
79
+ (182 649)
80
+
81
+ (0,1 %)
82
+
83
+ L'État du Nebraska compte 530 municipalités[7], dont 16 de plus de 10 000 habitants.
84
+
85
+ La municipalité d'Omaha était la 42e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
86
+
87
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État du Nebraska à 1 934 408 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 5,92 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 1 826 341 habitants[8]. Depuis 2010, l'État connaît la 25e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
88
+
89
+ Avec 1 826 341 habitants en 2010, le Nebraska était le 38e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 0,59 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans l'Ouest du comté de Butler[9].
90
+
91
+ Avec 9,18 hab./km2 en 2010, le Nebraska était le 8e État le moins dense des États-Unis.
92
+
93
+ Le taux d'urbains était de 73,1 % et celui de ruraux de 26,9 %[10].
94
+
95
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 14,2 ‰[11] (14,0 ‰ en 2012[12]) et le taux de mortalité à 8,3 ‰[13] (8,4 ‰ en 2012[14]). L'indice de fécondité était de 2,14 enfants par femme[11] (2,12 en 2012[12]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 5,3 ‰[13] (4,7 ‰ en 2012[14]). La population était composée de 25,14 % de personnes de moins de 18 ans, 9,99 % de personnes entre 18 et 24 ans, 25,52 % de personnes entre 25 et 44 ans, 25,84 % de personnes entre 45 et 64 ans et 13,51 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 36,2 ans[15].
96
+
97
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 42 175) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 35 584) avec un excédent des naissances (83 616) sur les décès (48 032), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 7 322) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 10 357) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 3 035)[16].
98
+
99
+ Selon des estimations de 2013, 92,6 % des Nébraskains étaient nés dans un État fédéré, dont 65,0 % dans l'État du Nebraska et 27,6 % dans un autre État (14,4 % dans le Midwest, 7,0 % dans l'Ouest, 4,8 % dans le Sud, 1,4 % dans le Nord-Est), 0,8 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 6,6 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (57,4 % en Amérique latine, 25,7 % en Asie, 7,3 % en Europe, 7,3 % en Afrique, 1,5 % en Amérique du Nord, 0,7 % en Océanie). Parmi ces derniers, 33,9 % étaient naturalisés américains et 66,1 % étaient étrangers[17],[18].
100
+
101
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 55 000 immigrés illégaux, soit 2,8 % de la population[19].
102
+
103
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 86,12 % de Blancs, 4,54 % de Noirs, 2,16 % de Métis, 1,77 % d'Asiatiques, 1,01 % d'Amérindiens, 0,07 % d'Océaniens et 4,33 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
104
+
105
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (2,02 %), principalement blanche et noire (0,61 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,15 %).
106
+
107
+ Les non-Hispaniques représentaient 90,83 % de la population avec 82,12 % de Blancs, 4,43 % de Noirs, 1,75 % d'Asiatiques, 1,56 % de Métis, 0,81 % d'Amérindiens, 0,05 % d'Océaniens et 0,12 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 9,17 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (7,01 %) et du Guatemala (0,47 %)[15].
108
+
109
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non-Hispaniques à 90,2 %, dont 81,0 % de Blancs, 4,5 % de Noirs, 2,0 % d'Asiatiques et 1,8 % de Métis, et celle des Hispaniques à 9,8 %[21].
110
+
111
+ En 2000, les Nébraskains s'identifiaient principalement comme étant d'origine allemande (38,6 %), irlandaise (13,4 %), anglaise (9,6 %), suédoise (4,9 %), tchèque (4,9 %), américaine (4,5 %), mexicaine (4,2 %), polonaise (3,7 %) et danoise (3,1 %)[22].
112
+
113
+ En 2000, l'État avait la plus forte proportion de personnes d'origine tchèque, la 2e plus forte proportion de personnes d'origine danoise, la 3e plus forte proportion de personnes d'origine suédoise et la 4e plus forte proportion de personnes d'origine allemande.
114
+
115
+ L'État abrite la 39e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 6 100 Juifs en 2013 (8 290 en 1971), soit 0,3��% de la population. Ils se concentraient essentiellement dans les agglomérations d'Omaha-Council Bluffs (5 400) et de Lincoln (600)[23].
116
+
117
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Sioux (23,3 %), Omahas (17,4 %) et Amérindiens du Mexique (3,5 %)[24].
118
+
119
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (76,5 %), du Guatemala (5,1 %) et du Salvador (3,6 %)[25]. Composée à 43,7 % de Blancs, 6,6 % de Métis, 2,2 % d'Amérindiens, 1,2 % de Noirs, 0,2 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 46,0 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 28,1 % des Métis, 24,5 % des Océaniens, 19,7 % des Amérindiens, 4,6 % des Blancs, 2,3 % des Noirs, 1,2 % des Asiatiques et 97,3 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
120
+
121
+ L'État avait la 8e plus forte proportion de personnes originaires du Guatemala (0,47 %).
122
+
123
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Viêtnamiens (24,5 %), Indiens (18,3 %), Chinois (14,6 %), Philippins (8,5 %), Coréens (8,3 %) et Japonais (4,8 %)[26].
124
+
125
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (93,3 %), principalement blanche et noire (28,4 %), blanche et amérindienne (19,2 %), blanche et autre (17,6 %), blanche et asiatique (15,5 %) et noire et amérindienne (3,3 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (6,7 %)[27].
126
+
127
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 45 % des habitants du Nebraska se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 29 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 27 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[29].
128
+
129
+ L'anglais est la langue officielle du Nebraska depuis 1998[30].
130
+
131
+ Selon l'American Community Survey, pour la période 2012-2016, 88,97 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'anglais à la maison, 7,36 % déclare parler l'espagnol, 0,45 % le vietnamien et 3,21 % une autre langue[31].
132
+
133
+ Le Nebraska est un bastion des républicains lors des élections présidentielles américaines. Aucun candidat démocrate à la présidentielle ne l'a emporté dans cet État depuis l'élection présidentielle de 1964 et la victoire du président sortant Lyndon B. Johnson (52,61 %). Lors de l’élection présidentielle de 2004, le président républicain George W. Bush y obtient 65,90 % des voix, contre 32,68 % au candidat démocrate John Kerry.
134
+
135
+ L'électorat de l'État est globalement rural, blanc et conservateur, donc acquis au Parti républicain. Seuls les comtés de Douglas (Omaha), de Lancaster (Lincoln) et de Thurston (majoritairement amérindien) sont à la portée des démocrates[32].
136
+
137
+ Au niveau fédéral, comme tout État américain, le Nebraska élit deux des 100 sénateurs du Sénat des États-Unis mais seulement trois des 435 représentants à la Chambre des représentants des États-Unis (le nombre de sièges est proportionnel à la population avec un minimum de un).
138
+
139
+ Si en 2008, les sénateurs sont le démocrate Ben Nelson et le républicain Chuck Hagel. Celui-ci ne s'est pas représenté en novembre 2008 et le républicain et ancien gouverneur Mike Johanns a été élu (début de mandat en janvier 2009). Deux représentants sont républicains et un est démocrate. Les actuels sénateurs sont les républicains Deb Fischer et Ben Sasse.
140
+
141
+ Comme les autres États américains, le gouvernement du Nebraska se divise en trois branches.
142
+
143
+ Elle est dirigée par un gouverneur élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois. Il est élu en ticket avec un lieutenant-gouverneur qui le remplace en cas de démission, décès ou destitution. Quatre autres fonctions exécutives sont également des fonctions élues.
144
+
145
+ L'actuel gouverneur est le républicain Pete Ricketts.
146
+
147
+ Le Nebraska a la particularité d'être le seul État de l'Union doté d'un parlement monocaméral, depuis les années 1930, les autres États ayant reproduit la forme bicamérale du Congrès des États-Unis. La législature du Nebraska, que les Nebraskans appellent Sénat, est composé de 49 sénateurs. Il est dominé par les républicains. Cependant l'article 7 de la section législative de la Constitution de l'État précise que les sénateurs sont élus sur une base non partisane, ce qui signifie que le jour des élections, aucune mention du parti politique du candidat n'est indiquée sur le bulletin de vote et qu'on peut se présenter sans être affilié à un parti. L'élection à la législature n'est pas précédée de primaires comme dans les autres États et présente la particularité de se faire par un scrutin uninominal à deux tours.
148
+
149
+ Le système judiciaire est unifié avec au sommet une Cour suprême du Nebraska ayant autorité sur toutes les juridictions. Cette cour suprême est composée d'un Chief Justice (président de la cour) et de six autres juges (Associate Justices). Ils sont nommés par le gouverneur selon le Missouri Plan (comme pour les autres juges des juridictions inférieures), une méthode qui combine élection ou désignation sur un panel choisi au mérite.
150
+
151
+ Au niveau local, le poste de gouverneur ainsi que les cinq autres postes élus de l'exécutif sont détenus par des républicains (mais le démocrate et ancien sénateur Ben Nelson a été gouverneur de l'État de 1991 à 1999).
152
+
153
+ Encore légale jusqu'en 2015, la peine de mort n'était plus appliquée depuis qu'en 2008 la Cour suprême du Nebraska avait déclaré que le mode d'exécution par électrocution était contraire à la Constitution de l'État. Le Nebraska était le seul endroit au monde qui utilisait l'électrocution comme seule méthode d'exécution. Cependant les exécutions dans le Nebraska étaient rares (aucune durant les années 2000) et depuis quelques décennies, la question d'un moratoire ou d'une abolition suscite le débat. Le Nebraska a aboli la peine de mort le 27 mai 2015 et est alors devenu le 19e État américain sur 50 à remplacer le châtiment suprême par la prison à vie ; cette décision a été annulée par le referendum du 8 novembre 2016, qui a rétabli la peine de mort, prévue par injection létale[33].
154
+
155
+ En 2004, le PNB de l'État s'élevait à 68 milliards de dollars.
156
+
157
+ L'économie de la région repose essentiellement sur l'agriculture. Les exploitations agricoles produisent de la viande de bœuf, de la viande de porc, du maïs et du soja. Le Nebraska figure depuis la généralisation de l'irrigation à partir des aquifères profonds parmi les états les plus gros producteur de maïs des États-Unis[34].
158
+
159
+ L'intérêt touristique de la région, bien que faible, est alimenté par quelques monuments nationaux.
160
+
161
+ Warren Buffett, troisième fortune mondiale en 2012 (après Bill Gates), vit depuis toujours à Omaha, d'où il contrôle une grande partie de ses activités.
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1
+ Royaume des Pays-Bas
2
+
3
+ Koninkrijk der Nederlanden
4
+
5
+ 52° 22′ nord, 4° 53′ est
6
+
7
+ UTC +1 (HEC) ;
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les Pays-Bas (en néerlandais : Nederland), en forme longue le royaume des Pays-Bas (Koninkrijk der Nederlanden), sont un pays d'Europe de l'Ouest, frontalier avec la Belgique au sud et l'Allemagne à l'est, possédant également une frontière avec la France sur l'île de Saint-Martin (Caraïbes). Monarchie constitutionnelle comptant 17,2 millions d'habitants en 2019, le pays a pour capitale Amsterdam[1], bien que les institutions gouvernementales — exécutif, législatif et judiciaire[7] — siègent à La Haye. Il est administré en quatre territoires autonomes : Aruba, Curaçao, Saint-Martin et le territoire européen[8], lui-même divisé en douze provinces, auxquelles s'ajoutent trois autres communes à statut spécial situées outre-mer (Bonaire, Saba et Saint-Eustache). Géographiquement, le pays dispose de caractéristiques uniques, possédant l'une des altitudes moyennes les plus faibles au monde : environ un quart du territoire en Europe est situé sous le niveau de la mer du Nord, qui le baigne à l'ouest et au nord[9],[10],[11]. 18,41 % de la superficie totale des Pays-Bas est couverte d'eau.
12
+
13
+ Les territoires aujourd'hui rassemblés en tant que Pays-Bas sont dans leur histoire relativement indépendants de tout pouvoir royal centralisé avant le XVIe siècle bien que temporairement inclus dans le Saint-Empire romain germanique. Alors que Charles Quint affirme une unité nationale en 1549, son fils Philippe II voit la révolte des habitants des Pays-Bas contre son autorité lors de la guerre de Quatre-Vingts Ans[12],[13]. La république est alors fondée sur sa défaite[14]. Le nouvel État connaît un siècle d'or[15], lorsqu'il constitue un Empire colonial dont les vestiges sont les territoires caribéens conservés aujourd'hui, portant son rayonnement culturel et artistique à un niveau mondial[16]. Affaibli par les guerres napoléoniennes et la capture de sa flotte navale, le pays devient le royaume de Hollande en 1806 et ne revient pas à un régime républicain lors du départ des Français, en 1815. Il est l'un des premiers États au monde à se doter d'un système parlementaire élu qui n'est pas renversé. À partir de 1848, les Pays-Bas sont gouvernés comme une démocratie parlementaire sous l'influence de Johan Thorbecke, durant le règne de Guillaume II. Avec une longue tradition de tolérance sociale, ils sont généralement vus comme un pays progressiste et novateur, en abolissant la peine de mort en 1870, en autorisant le droit de vote des femmes en 1917 et en décriminalisant relativement tôt l'avortement, la prostitution, l'euthanasie, ainsi que certaines drogues. Le poète français Charles Baudelaire décrit les Pays-Bas en 1868 comme un lieu « où tout est beau, riche, tranquille, honnête », avant d'ajouter : « pays singulier, supérieur aux autres »[17].
14
+
15
+ Restés neutres durant la Première Guerre mondiale et engagés dans le camp des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas signent en 1945 avec la Belgique et le Luxembourg le traité économique d'union douanière du Benelux, négocié pendant le conflit par les gouvernements en exil des trois pays à Londres. Par la suite, dans son histoire contemporaine, le pays devient l'un des membres fondateurs de l'ONU, de l'UE, de l'OTAN, de l'OCDE et de l'OMC. La construction du plan Delta, système de protection des terres contre la mer, l'une des Sept Merveilles du monde moderne, est achevée en 1997, après 47 ans de travaux. En 2001, le pays devient le premier au monde à rendre possible le mariage homosexuel, tandis que l'année suivante, l'euro est adopté comme monnaie en remplacement du florin néerlandais. Figurant dans les années 2010 parmi les États les plus démocratiques et les moins corrompus au monde, les Pays-Bas en sont l'un des pays les plus développés selon le rapport annuel des Nations unies sur l'IDH et le premier concernant le bonheur des enfants d'après l'UNICEF[18]. Le pays est également le deuxième au monde concernant la liberté de la presse selon Reporters sans frontières[19], premier quant à l'équilibre entre vies personnelle et professionnelle selon l'OCDE[20], et « troisième pire paradis fiscal » après les Bermudes et les îles Caïman pour l'ONG Oxfam[21].
16
+
17
+ À l'apogée de l'État bourguignon à la fin de la période médiévale, la partie nord des possessions ducales, dans ce qui est actuellement le territoire belge et néerlandais, est appelé « États de par-deçà » ou « Pays-Bas » pour les distinguer des « États de par-delà » (Bourgogne proprement dite et Franche-Comté). Là est l'origine du terme de la région historique des Pays-Bas, terme qui sera donné au cours des siècles et sous différentes formes et à plusieurs pays sur ce territoire.
18
+
19
+ Le nom du pays fait allusion à son altitude peu élevée et par conséquent à sa lutte permanente contre les eaux. Cependant, pour l'appellation « Hollande��», la signification du nom est « pays creux ». Une synecdoque courante parfois pratiquée par les Néerlandais eux-mêmes désigne les Pays-Bas du nom de Hollande, ainsi que les Néerlandais par les Hollandais et parfois la langue néerlandaise par le hollandais. La Hollande stricto sensu n'est que l'une des régions des Pays-Bas divisée en deux provinces (Hollande-Septentrionale et Hollande-Méridionale), abritant les grandes villes du pays (Amsterdam, La Haye, Rotterdam)[22], et le hollandais une catégorie de dialectes parlés dans ces provinces.
20
+
21
+ Précocement et largement urbanisé par rapport à la moyenne européenne, le pays préserve cependant en son centre une vaste étendue boisée désignée comme son cœur vert. Cette région est généralement associée au Waterland (« Pays de l'eau » en néerlandais), territoire situé au nord d'Amsterdam, composé essentiellement de lacs et de canaux. Le climat des Pays-Bas européens est tempéré océanique, c'est-à-dire présentant un été souvent frais et un hiver marqué. Les îles dans les Caraïbes sont pour la plupart à climat tropical (Saint-Eustache, Saint-Martin), même si Saba et Curaçao sont plus sèches.
22
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23
+ Un quart du territoire néerlandais européen se situe sous le niveau de la mer et atteint même plus de 6,76 mètres en négatif, record en Europe[23]. Or, d'après les scientifiques, les terres de très basse altitude (en dessous de 10 mètres) pourraient être très vite affectées par la montée des océans. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat) considère par ailleurs le delta du Rhin comme l'un des plus vulnérables du monde. Les Pays-Bas entrent pour cette raison dès les années 1980 dans une logique de développement durable[réf. nécessaire]. Les sols aux Pays-Bas sont très fertiles, donc très importants dans l'économie du pays. Le centre du pays alterne forêts et espaces sablonneux, l'est se compose de landes, tandis que le Limbourg, au sud, a un paysage composé de collines calcaires. Le paysage touristique des champs de tulipes est visible essentiellement dans les environs d'Amsterdam et de La Haye (Westland), les visiteurs internationaux se rendant généralement à Lisse.
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+ La lutte contre les eaux est toujours présente : l'aspect du littoral néerlandais est considérablement modifié dans le temps en raison de catastrophes naturelles et de l'intervention humaine, notamment via l'apparition des lacs de bordure. Une perte de terre notable a lieu avec la tempête de 1134, qui créé l'archipel devenu la province de Zélande (Zeeland en néerlandais, « pays de la mer ») dans le Sud-Ouest. Lors de plusieurs inondations mémorables dont celle de la Sainte-Lucie, la mer du Nord envahit la partie centrale du pays en absorbant le lac Flevo pour former le Zuiderzee.
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+ En 1421, l'inondation de la Sainte-Élisabeth fait céder les digues à plusieurs endroits. Ces dernières ne sont alors plus convenablement entretenues car le pays est alors en guerre civile (rivalités entre les Hameçons et les Cabillauds). Cette inondation remplace le polder nouvellement asséché par une véritable mer intérieure. Les terres alors submergées sont encore aujourd'hui sous les eaux. Le célèbre parc national De Biesbosch en fait partie. Les parties qui sont regagnées sur les eaux sont l'île de Dordrecht, l'île de Hoeksche Waard et une pointe dans le Nord-Ouest du Brabant-Septentrional. Le pays doit de nouveau faire face au XVIe siècle à deux grandes inondations qui causent la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes : à la Saint-Félix en 1530 et à la Toussaint 40 ans plus tard.
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+ Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953, de nombreuses digues des provinces de Zélande, de Hollande-Méridionale et du Brabant-Septentrional ne résistent pas à la combinaison des grandes marées et d'une tempête venant du Nord-Ouest. Sur les îles et sur le continent, de vastes zones du pays sont complètement inondées et un millier de personnes tuées. Pour éviter que de pareilles catastrophes se reproduisent, un ambitieux projet est imaginé et mis en œuvre : le plan Delta, construit entre 1950 et 1997, composé de barrages, d'écluses, de digues, et de barrières pour contrer les montées subites d'eau dans le Sud-Ouest des Pays-Bas, pour protéger de larges zones de terre contre la mer. Ce projet vient renforcer l'Houtribdijk et l'Afsluitdijk, digues établies en mer du Nord, à la suite des larges inondations subies par le pays en 1916, dans le cadre des travaux du Zuiderzee. Longues d'environ 30 kilomètres chacune et inaugurées dans les années 1930, la superficie du lac d'eau douce qu'elles créé atteint plus de 110 000 hectares. L'Office des eaux des Pays-Bas surveille en permanence les nombreux cours d'eau du pays. Dès le XIIe siècle, une telle société est mise en place dans le pays pour coordonner les efforts des différents territoires dans la lutte contre les eaux. Avec un budget très important, cette agence découpe les Pays-Bas en 24 districts et a pour objectif la prévention de nouvelles catastrophes (en coordination avec la Rijkswaterstaat, qui gère les infrastructures nationales), et, le cas échéant, la gestion des populations concernées. Les 24 Offices régionaux ordonnent notamment le rehaussement de certaines voies de circulation en campagne pour qu'elles contiennent l'eau en cas de perforation d'une digue, afin que les autorités aient assez de temps pour évacuer les habitants. Cependant, ces dernières investissent en moyenne un milliard d'euros chaque année à l'entretien des systèmes de régulation des eaux, et les nouvelles normes de sécurité sur lesquelles sont construites les digues — les plus strictes au monde — réduisent largement le risque que de nouvelles catastrophes puissent avoir lieu. Les agences de l'eau fonctionnent sous le principe de la démocratie fonctionnelle, leurs membres étant élus dans les zones sur lesquelles elles ont autorité.
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+ Le 24 juin 2015, un tribunal de La Haye impose à l'État de réduire d'ici 2020 de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre, par rapport au niveau de 1990. Le juge donne raison à un collectif de citoyens, en estimant que les gaz rejetés nuisent à la santé publique, et que l'État doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la population. Ce jugement est une première mondiale, mais l'État indique qu'il fera appel[24], tout en réévaluant sa projection de réduction d'émissions de gaz à effet de serre à 16 % d'ici à 2020[25]. En 2018, les États généraux votent une loi obligeant le gouvernement à mettre en œuvre une réduction de 95 % des émissions par rapport au niveau de 1990 d'ici à 2050. Les voitures à essence et au diesel seront également interdites d'ici à 2030[26].
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+ Le mois de juin 2019 a été le plus chaud jamais enregistré aux Pays-Bas[27]
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+ Le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des Pays-Bas[Note 1] est le 4 mai[28]. Les Pays-Bas sont l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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+ Le nombre d'insectes volants aux Pays-Bas a chuté de 75 % depuis les années 1990[29].
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+ Les Pays-Bas sont menacés de disparition à cause de l'élévation du niveau de la mer[30].
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+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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+ En décembre 2018, les Pays-Bas comptait 196 sites dont :
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+ La superficie totale est de 20 605 km2, ce qui représente 13,3 % de la surface terrestre et marine du territoire des Pays-Bas[31].
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+ Idéalement situés en Europe, les Pays-Bas ont d'importantes infrastructures de transport. Le port de Rotterdam est le plus grand d'Europe et l'un des plus importants au monde. Les autres ports importants du pays sont le port d'Amsterdam, le port d'Ems et celui de Vlissingen-Oost. L'arrière-pays de ces ports est composé d'un vaste réseau de rivières, canaux et autres voies navigables. La façade maritime joue donc un rôle important dans l'économie néerlandaise. Les fleuves du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut provenant des pays voisins et aboutissant à la mer du Nord, ont fait durant des siècles, et font toujours, des Pays-Bas une plaque tournante pour les transports intérieurs européens.
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+ L'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, est le plus grand aéroport des Pays-Bas et le troisième européen en nombre de passagers, accueillant chaque année plus de 60 millions de personnes. L'aéroport d'Eindhoven est, depuis 2006, le plus grand aéroport régional aux Pays-Bas, devant l'aéroport de Rotterdam-La Haye. Ce dernier est cependant l'aéroport officiel pour les réceptions diplomatiques. La KLM Royal Dutch Airlines est la compagnie aérienne nationale ; fondée en 1919, elle est la plus vieille compagnie aérienne du monde encore en activité. Ses avions bleus, surnommés les « blue birds », font de nos jours partie de l'identité nationale néerlandaise.
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+ Le vélo est un mode de transport très répandu aux Pays-Bas. Au quotidien, en 2011, il est le mode de transport principal le plus employé (31 %) après la voiture (49 %), mais est majoritaire dans les villes[32]. Les autoroutes du pays sont très utilisées et sans péages. La totalité des voies routières atteint une longueur totale d'environ 116 500 kilomètres.
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+ Le réseau ferroviaire atteint une longueur totale de 2 808 kilomètres et est l'un des plus fréquentés en Europe. Le transporteur national privé, la Nederlandse Spoorwegen (NS), assure les liaisons par rail à travers le pays. Des bus urbains et régionaux sont également largement utilisés par ces transporteurs. Dans le cadre d'un plan européen de voyage à grande vitesse par rail, les Pays-Bas ouvrent la HSL-Zuid en 2009, reliant Amsterdam à la frontière belge. Il s'agit de la seule LGV du pays en activité, que les trains de Thalys, de la High Speed Alliance et d'Eurostar empruntent à destination de la France, de la Belgique, de l'Allemagne et du Royaume-Uni. Une nouvelle ligne à grande vitesse reliant Amsterdam à la frontière allemande, la HSL-Oost, est en projet, visant à supporter l'activité de la ligne de la Betuwe.
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+ Le royaume des Pays-Bas est constitué, depuis la dissolution de la fédération des Antilles néerlandaises le 10 octobre 2010, de quatre territoires autonomes[33] : les Pays-Bas, Aruba, Curaçao et Saint-Martin.
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+ Le royaume des Pays-Bas comprend trois territoires insulaires dans les Antilles : Aruba, Curaçao et Saint-Martin. Les Antilles néerlandaises annoncent dans les années 2000 vouloir réformer leur statut. Un référendum local aux Antilles approuve le changement qui est inscrit et ratifié dans la Constitution du royaume. Les Antilles commencent leur réforme le 1er juillet 2007 : Saint-Martin et Curaçao ont obtenu transitoirement le statut de collectivités reconnues, avant de devenir en octobre 2010 des territoires autonomes dans le royaume, comme Aruba.
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+ Les autres îles des Antilles néerlandaises, Bonaire, Saba et Saint-Eustache (Pays-Bas caribéens) deviennent des municipalités des Pays-Bas à statut particulier. L'administration de ces trois îles est partagée entre l'Office national des Pays-Bas caribéens (en néerlandais, Rijksdienst Caribisch Nederland) et l'administration locale. Ces trois îles, au contraire d'Aruba, Curaçao et Saint-Martin, ont le droit de vote aux élections législatives néerlandaises, les États autonomes disposant de leur propre Parlement et gouvernement. Un gouverneur, nommé sur proposition du Premier ministre insulaire, y représente le monarque.
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+ Les Pays-Bas actuels sont habités durant la dernière période glaciaire.
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+ Par la suite, en évoluant, plusieurs peuples habitent le territoire des actuels Pays-Bas et de la Belgique. Outre les Belgae et les Frisons, les Francs et les Saxons, les Bataves, qui s'établissent sur place[34], sont par la suite assimilés par les Francs saliens.
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+ Jules César conquiert les Pays-Bas autour de l'année 58 av. J.-C., ce qui en fait la frontière nordique de l'Empire romain. Dans la Guerre des Gaules, Jules César ne fait cependant aucune mention des Bataves[35]. La première référence aux Bataves remonte à l'an 12 av. J.-C. ; les Romains construisent les premières villes et introduisent, dans la région, l'écriture. Le Nord des Pays-Bas, qui est en dehors de l'Empire romain et où vivent les Frisons, est également fortement influencée par son puissant voisin méridional.
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+ La civilisation romaine cède la place aux peuples germaniques qui fusionnent avec les habitants pour former trois peuples : les Frisons le long de la côte, les Saxons dans l'Est et les Francs dans le Sud. La fin du royaume des Frisons survient en 734 sur les rives de la Boarn, lorsque les Frisons sont défaits par les Francs, qui occupent la partie occidentale jusqu'à la Lauwers. Les Francs attaquent l'Est du Lauwers en 785, quand Charlemagne bat Widukind.
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+ En 843, par le traité de Verdun, l'Empire franc est divisé en trois : la Francie occidentale (la France), la Francie médiane (Lotharingie) (allant du centre de l'Italie à la Frise) et la Francie orientale (communément nommée Germanie, noyau du futur Saint-Empire romain germanique). Le territoire des Pays-Bas actuels fait alors partie de la Lotharingie, à l'exception de la rive gauche de l'Escaut (actuelle Flandre zélandaise). Celle-ci disparaît rapidement : les terres néerlandaises contemporaines sont annexées par l'Empire germanique (traités de Meerssen et de Ribemont). La plupart des Pays-Bas est occupée par le Viking jutes Rorik de Dorestad aux environs de 840 à 880. La suprématie des Vikings est détruite en 920 quand le roi Henri Ier de Germanie libère Utrecht. Les Pays-Bas sont alors réintégrés dans le Saint-Empire entre les Xe et XIe siècles.
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+ Une grande partie de l'Ouest des Pays-Bas est à peine habitée entre la fin de la période romaine et autour de 1100. Vers 1000, les fermiers flamands et d'Utrecht commencent à acheter les terres marécageuses, à les assécher et à les cultiver. Ce processus se produit rapidement et le territoire inhabité est occupé en quelques générations. Des fermes indépendantes qui ne font pas partie de villages sont construites, ce qui est alors unique en Europe. Avant cette période, la langue et la culture de la majeure partie des individus habitant dans l'actuelle région de Hollande est frisonne, aujourd'hui culturellement plus présente dans la région de Frise occidentale. La conquête de ces nouvelles terres progressant, la région devient la région de Hollande au XIIe siècle. Des villes s'épanouissent, particulièrement dans le comté de Flandre et dans le duché de Brabant. Le Saint-Empire romain germanique ne peut pas maintenir l'unité politique : en plus de l'indépendance croissante des villes, les lois locales transforment les comtés et duchés en royaumes privés. Les divers États féodaux sont dans un état de guerre presque continuel.
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+ Les provinces formant actuellement les Pays-Bas sont progressivement rassemblées, par mariage, achat ou conquête par les ducs de Bourgogne, qui contrôlent aussi, au sud, Anvers, première place boursière mondiale. Cet ensemble de Dix-Sept Provinces passe par héritage à Charles Quint, descendant à la fois des ducs de Bourgogne et des Habsbourg. Marie de Bourgogne, la fille de Charles le Téméraire, épouse l'empereur Maximilien Ier. La Frise, la région d'Utrecht, la région de Groningue et des Ommelanden, la Drenthe et la Gueldre sont rattachées progressivement au domaine des Habsbourg après des décennies de relations conflictuelles avec le duc de Gueldre. Sous le règne de Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique et roi d'Espagne, la région fait partie des 17 provinces des Pays-Bas espagnols qui comprend également la Belgique, le Nord-Pas-de-Calais actuel et une partie de la Picardie.
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+ Lors des XVe et XVIe siècles, Érasme, théologien originaire de Rotterdam, publie divers ouvrages humanistes ; ce nouveau mouvement de pensée, qui met l'homme au centre des préoccupations, est rapidement suivi dans l'Europe entière grâce à l'imprimerie, libre dans le pays.
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+ En janvier 1579, l'indépendance des Provinces-Unies est consacrée par l'Union d'Utrecht. La république ainsi créée comporte un ensemble de sept provinces — plus leurs dépendances — comportant chacune un Parlement ainsi qu'un gouverneur. Ces provinces sont indépendantes les unes des autres, et peuvent lever les impôts ainsi que des armées séparément. La jeune république des Provinces-Unies ne sera reconnue qu'en 1596 par la France et en 1648 par l'Espagne. Dans le Sud des Provinces-Unies, les pays de la Généralité (actuelles provinces de Zélande et du Brabant-Septentrional), sous contrôle du gouvernement central, forment alors un espace stratégique entre les Pays-Bas espagnols au sud, la Belgica Regia[36] (qui deviendra les Pays-Bas autrichiens, la future Belgique) et les Pays-Bas protestants et calvinistes au nord conduits par le pouvoir d'Amsterdam.
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+ Le cas des Provinces-Unies à la fin du XVIe siècle est tout à fait particulier, puisque c'est le jeune stathouder Guillaume d'Orange qui va mener une véritable révolution partie de Bruxelles lors de l'exécution des chefs de la noblesse dressés contre le pouvoir espagnol, aussi appelée la révolte des Gueux. Il en résultera une guerre connue sous le nom de guerre de Quatre-Vingts Ans de 1568 à 1648, conduisant les Néerlandais à l'indépendance de la couronne d'Espagne. Dès lors, les Pays-Bas vont entrer dans la période du « Gouden Eeuw », un âge d'or caractérisé par la prospérité économique et culturelle de la république néerlandaise et par une urbanisation précoce doublée d'un essor démographique soutenu en Hollande et Zélande. Les explorateurs du pays fondent de nombreuses colonies aujourd'hui connues sous d'autres noms, telles que l'Indonésie, l'Afrique du Sud, le Suriname, Taïwan, la Tasmanie ou encore la Nouvelle-Zélande. Avec sa Compagnie néerlandaise des Indes orientales et Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui utilisent la rixdale comme monnaie internationale, l'armada des Pays-Bas est l'une des plus puissantes au monde. Le pays doit cependant parfois céder des territoires aux autres puissances : la Nouvelle-Néerlande (futurs États américains de New York et du New Jersey, perdus à la suite de la signature du traité de Westminster) et la Nouvelle-Hollande d'Australie sont intégrées à l'Empire britannique, la Nouvelle-Hollande brésilienne est rendue aux Portugais, et la Nouvelle-Hollande en Acadie est donnée aux Français après la signature des traités de Nimègue avec le roi Louis XIV.
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+ La métropole bénéficie grandement des colonies, principalement sous l'aspect économique : la ville d'Amsterdam atteint un niveau de vie bien supérieur à celui de Paris, de nombreux individus chassés des autres pays d'Europe pour des raisons religieuses s'installent dans le pays, qui porte l'image d'un État riche et tolérant. L'armée néerlandaise teste également, lors de différents conflits, une nouvelle technique de guerre : lors de la troisième guerre anglo-néerlandaise, les autorités font inonder des terrains fermiers autour d'Amsterdam pour empêcher l'avancée des troupes ennemies et ne pas avoir à se battre frontalement avec une armée à la puissance supérieure. Les agriculteurs recevaient une compensation monétaire pendant le temps de leur hébergement dans la capitale.
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+ Transformé dans un premier temps en république par la révolution batave (menée par les « patriotes »), de 1795 à 1806, et dans un second temps en royaume de Hollande, de 1806 à 1810, le pays est par la suite intégré dans l'Empire français, sous Napoléon. Ce dernier organise en janvier 1795 la capture de la flotte hollandaise au Helder, afin de déstabiliser le pouvoir républicain et finalement placer son frère à la tête du royaume créé en 1806.
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+ En 1815, le Luxembourg est élevé au rang de grand-duché. Guillaume VI d'Orange, fils du stathouder Guillaume V des Provinces-Unies, devient Guillaume Ier, roi des Pays-Bas et grand duc de Luxembourg. Guillaume reçoit le Luxembourg à titre personnel, comme compensation pour la perte de ses territoires allemands (Nassau et Fulda). Un nouveau pays est alors fondé lors du congrès de Vienne de 1815, sous le nom de « royaume uni des Pays-Bas ».
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+ Il rassemble les actuels territoires du Benelux ainsi que les colonies néerlandaises, dont la plus importante est les Indes orientales néerlandaises, l'actuelle Indonésie. Son premier roi est Guillaume d'Orange-Nassau, l'un des vainqueurs de la bataille de Waterloo. Le royaume a deux capitales : Amsterdam et Bruxelles. En 1830, la Belgique se soulève. Peuplée surtout de catholiques, elle supporte mal le règne du protestant Guillaume Ier, mais aussi sa politique d'imposition de la langue néerlandaise comme seule langue officielle. La révolution belge aboutit à la création du nouveau royaume de Belgique (région des Pays-Bas méridionaux), qui intègre également le Luxembourg. La convention de Zonhoven en 1833, met fin officiellement au conflit. Le grand duché reste intégré à la Belgique jusqu'en 1839, date à laquelle sa moitié orientale est érigée en État indépendant, le grand-duché de Luxembourg, membre de la confédération germanique. Ce nouvel État et le royaume des Pays-Bas restent toutefois jusqu'en 1890 en union personnelle, c'est-à-dire partageant le même souverain. Le traité sur le tracé des frontières avec la Belgique date de 1843.
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+ Créé par décret le 19 avril 1839, le royaume des Pays-Bas prospère économiquement. Il se démocratise peu à peu, sous l'impulsion d'une réécriture de sa Constitution en 1848, menée par Johan Rudolf Thorbecke. Il connaît cependant à la fin du XIXe siècle ce qui sera par la suite appelé la « guerre scolaire », conflit politique opposant les écoles publiques et privées. Les Pays-Bas n’abolissent l’esclavage dans leurs colonies qu’en 1863[37]. En 1879 est créé par le pasteur Abraham Kuyper le premier parti politique néerlandais, le Parti antirévolutionnaire. Étant neutre pendant la Première Guerre mondiale, le pays accueille des réfugiés belges persécutés par le Gouvernement général impérial allemand de Belgique. Cependant, en 1915, ce dernier fait installer une clôture électrique à la frontière entre les deux pays, rendant tout passage impossible. En 1917, tous les hommes de plus de 18 ans obtiennent le droit de vote, suivis par les femmes en 1919.
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+ Les Pays-Bas sont envahis par l'Allemagne en mai 1940 sans déclaration de guerre préalable. Cette invasion donne lieu à la bataille des Pays-Bas, au cours de laquelle l'armée néerlandaise est vaincue, et la ville de Rotterdam quasiment rasée par les bombardements. La bataille se solde par la capitulation des forces néerlandaises, et le gouvernement dut s'exiler à Londres. Pieter Gerbrandy, opposé à une domination allemande et partageant l'opinion des Britanniques, est provisoirement nommé Premier ministre par la reine Wilhelmine pour remplacer Dirk Jan de Geer, qui avait préconisé la négociation d'une paix séparée. Le pays développe plusieurs réseaux de résistance face à l'occupant allemand et des milliers de citoyens manifestent à travers le pays pour diverses raisons, comme la grève de février 1941 à Amsterdam pour dénoncer les déportations de Juifs néerlandais vers l'Allemagne. Bien que les mouvements alliés visant à libérer le pays (notamment l'opération Market Garden), commencent dès 1944, les Pays-Bas ne sont totalement libres qu'en mai 1945, après que la population a vécu un hiver de famine tuant près de 20 000 personnes. L'opération Manna est cependant déclenchée du 29 avril au 8 mai 1945 pour parachuter des vivres.
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+ Les soldats néerlandais venus des colonies ou réfugiés en Grande-Bretagne participent aussi au débarquement puis à la bataille de Normandie, avant de se diriger vers les Pays-Bas à la fin de l'année 1944 pour participer à la libération de leur pays et de la Belgique aux côtés des forces étrangères et des réseaux de résistance[38]. Profitant du conflit, Soekarno proclame l'indépendance de l'Indonésie en 1945, avec le soutien du Japon, qui décrète l'indépendance du territoire après l'avoir envahi en 1941. Il s'ensuit un conflit de quatre ans au terme duquel les Pays-Bas sont conduits à reconnaître l'indépendance indonésienne, élément déclencheur du déclin de la puissance commerciale néerlandaise. À la fin de la Seconde Guerre mondiale sont formellement adoptés les accords de coopération économique du Benelux avec la Belgique et le Luxembourg.
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+ Sortant du conflit planétaire ruinés, les Pays-Bas proposent le plan Bakker-Schut aux forces Alliées en guise de réparation de guerre, mais le projet consistant en l'annexion d'une partie de l'Allemagne est rejeté. Les États-Unis font alors bénéficier le royaume du plan Marshall. En 1948, les Pays-Bas approuvent le principe d'une autonomie des Antilles néerlandaises, proclamée en 1954 (État fédéral autonome des Antilles néerlandaises). En 1962, la Nouvelle-Guinée néerlandaise, maintenue un temps sous la coupe néerlandaise, rejoint l'Indonésie et devient sa province de Nouvelle-Guinée occidentale ; ceci intervient après une tentative de débarquement indonésien pour garantir son rattachement et éviter une indépendance de la dite province, puis un passage provisoire sous l'égide de l'autorité exécutive temporaire des Nations unies. En 1975, la Guyane néerlandaise, actuel Suriname, prend son indépendance du royaume. L'île d'Aruba se détache des Antilles néerlandaises en 1986 pour former une entité propre du royaume. En 2002, l'euro remplace le florin néerlandais, et, en 2005, le pays rejette par référendum le projet de traité constitutionnel européen. En 2009, la famille royale est la cible d'un attentat le jour de la fête nationale, faisant sept victimes. Le 10 octobre 2010, les Antilles néerlandaises sont dissoutes, faisant de Curaçao et de Saint-Martin des États autonomes propres comme Aruba avant eux. Bonaire, Saba et Saint-Eustache, qui font alors également partie des Antilles néerlandaises, intègrent le pays européen en tant que municipalités à caractère particulier sous le nom de Pays-Bas caribéens ou îles BES.
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+ La Constitution (Grondwet) actuellement en vigueur a été adoptée en 1815, et révisée plusieurs fois depuis : elle fait état que les Pays-Bas sont une monarchie. La famille royale est de confession protestante réformée. Hommes et femmes peuvent accéder au trône. Après les rois Guillaume Ier (1815-1840), Guillaume II (1840-1849) et Guillaume III (1849-1890), la régente Emma et les reines Wilhelmine (1898-1948), Juliana (1948-1980) et Beatrix (1980-2013), c'est depuis le 30 avril 2013 que le roi Willem-Alexander est le chef de l'État néerlandais. Après lui, le prochain souverain devrait être la princesse Catharina-Amalia, fille aînée du roi Willem-Alexander et princesse d'Orange.
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+ Le monarque est garant de l'unité du pays. Constitutionnellement, le roi a un rôle dans le processus législatif : la signature royale auprès de celle d'au moins un ministre est indispensable pour valider toute loi. Le roi est également président du Conseil d'État (Raad van State), organe qui conseille le gouvernement sur chaque loi et tribunal suprême en matière de droit administratif. Depuis la reine Wilhelmine, les monarques veillent à ne pas paraître montrer une faveur particulière envers une opinion politique.
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+ Autrefois, le pouvoir royal intervenait dans le choix des ministres et du président du Conseil. Actuellement, il est du rôle du président de la Seconde Chambre des États généraux de désigner un « informateur » (étudiant les possibilités de formations) puis un formateur, généralement le chef du parti vainqueur aux élections, et ce dernier dirige les négociations avec les partis politiques. Lorsque les négociations sont terminées, le gouvernement nommé par le roi est la formation bâtie par le Premier ministre, le monarque ne validant que les noms qui lui sont soumis. Lorsqu'un gouvernement perd la confiance du Parlement, le Premier ministre doit présenter sa démission au souverain. Le gouvernement peut également demander au Parlement la destitution du monarque s'il le juge inapte à assumer ses fonctions.
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102
+ Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement, responsable pénal des actions entreprises par le pays. Il est composé de ministres et de secrétaires d'État, les premiers uniquement siégeant au Conseil des ministres. Le gouvernement est présidé par le Premier ministre des Pays-Bas, assisté d'un ou plusieurs vice-Premiers ministres. Depuis 1945, 15 personnes se sont succédé à la tête du gouvernement, Willem Drees, Ruud Lubbers, Wim Kok et Jan Peter Balkenende étant les plus notables.
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104
+ L'actuel Premier ministre, le libéral Mark Rutte, est en fonction depuis le 14 octobre 2010. Il dirige un gouvernement majoritaire à la chambre basse entre le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), l'Appel chrétien-démocrate (CDA), les Démocrates 66 (D'66) et l'Union chrétienne (CU), le cabinet Rutte III. Ses vice-Premiers ministres, Hugo de Jonge, Kajsa Ollongren et Carola Schouten, sont issus des partis avec lesquels il fait alliance. Bien que le Premier ministre soit le premier représentant du pays à l'étranger, il est parfois accompagné du roi.
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106
+ La Seconde Chambre des États généraux étant élue au scrutin proportionnel quasi-intégral[39], les Pays-Bas sont toujours dirigés par un gouvernement de coalition quoique cela ne soit pas une obligation constitutionnelle. Or, depuis longtemps, le corps électoral n'accorde plus la majorité absolue à un parti pour lui permettre de gouverner seul. Le gouvernement a besoin de l'appui de la Seconde Chambre mais peut être minoritaire au Sénat. Le Premier ministre a son bureau au Torentje, bâtiment adjacent au Binnenhof, siège du Parlement, en centre-ville de La Haye. Tous les ministères sont également installés dans la ville. Le gouvernement des Pays-Bas ne siège donc pas dans la capitale, Amsterdam.
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108
+ Les États généraux du royaume des Pays-Bas (en néerlandais Staten-Generaal), sont le Parlement des Pays-Bas.
109
+ Ils comprennent deux chambres : la plus importante, la Seconde Chambre, également dite Chambre des représentants, est la chambre basse du Parlement des Pays-Bas. Elle est élue pour quatre ans. Elle comprend 150 membres élus au suffrage universel direct, au scrutin proportionnel. Elle possède des prérogatives plus importantes que le Sénat. C'est dans la Seconde Chambre que se forment, et tombent, les coalitions de gouvernement. Les ministres sont également politiquement responsables devant celle-ci. Un ministre ou un gouvernement ne peut pas se maintenir sans le soutien d'une majorité à la seconde Chambre, et celle-ci possède trois fonctions principales qui incluent : le contrôle du gouvernement, un rôle de colégislateur (avec le gouvernement et la Première Chambre) et la représentation de la population.
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+ La Première Chambre des États généraux, ou le Sénat, est la chambre haute du Parlement des Pays-Bas. Elle est élue pour quatre ans. Elle comprend 75 membres élus au suffrage universel indirect par les douze provinces du royaume, et les trois territoires insulaires dans les Antilles. La dissolution de la Seconde Chambre entraîne celle de la Première Chambre. La première Chambre dispose de moyens de contrôle de l'exécutif communs avec la Seconde Chambre. Le rôle de la chambre haute dans le vote de la loi est restreint par rapport à celui de la chambre basse. Les projets de loi lui sont transmis après approbation par cette dernière. Elle ne peut pas amender le texte, mais seulement l'approuver ou le rejeter.
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113
+ Le royaume des Pays-Bas est composé de douze provinces et de trois territoires insulaires dans les Antilles. Chaque province est gouvernée par un commissaire du Roi nommé par le souverain — sur recommandation du corps législatif provincial — et par une députation provinciale, élue par ce même corps législatif (les États provinciaux), élu lui-même par le peuple. Comparativement aux provinces du Canada ou aux États des États-Unis, les provinces néerlandaises ne disposent pas de pouvoirs très étendus, bien que chacune d'entre elles possède son Parlement local ; il s’agit de pouvoirs administratifs qui assurent la liaison entre l'État et les communes. L'essentiel des pouvoirs juridiques, politiques et financiers sont exercés par le gouvernement central, et non par les gouvernements provinciaux. Les municipalités, pour leur part, sont dirigées par un conseil élu et un bourgmestre nommé par décret par le souverain en tenant compte de la majorité au conseil municipal et de l'avis de son commissaire dans la dite province. Un bourgmestre est ainsi choisi sur ses capacités à diriger une ville avec ses attributs spécifiques.
114
+
115
+ Les Pays-Bas comptent également une autre strate administrative propre à leur histoire : l'Office des eaux des Pays-Bas est une agence du gouvernement assurant un financement de projets d'infrastructure votés en 24 conseils de districts élus. Ces conseils ont pour but de protéger les terres des problèmes liés à l'eau.
116
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117
+ Les trois États autonomes d'outre-mer disposent quant à eux d'un Premier ministre propre, d'un Parlement local et d'un gouvernement insulaire, traitant de questions moins régaliennes que le gouvernement des Pays-Bas, à qui revient les questions de diplomatie et de défense des îles.
118
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+ Les Pays-Bas sont membres fondateurs de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ils appartiennent à l'Union Benelux et sont soumis à la cour de justice Benelux et la cour européenne des droits de l'homme. Jusqu'en 1940, les Pays-Bas suivaient une politique de neutralité, mais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils s'engagent à la construction de l'Union européenne et au maintien de la paix à travers le monde. De plus, avec la prise d’indépendance de nombreuses colonies du pays, ce dernier possède encore une grande influence dans les régions en développement grâce à une présence accrue de ses ressortissants. Les Pays-Bas contribuent au budget annuel des Nations unies à hauteur de 1,65 %.
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121
+ Le pays est de longue date engagé dans l'aide au développement et dans la défense des droits de l’homme. En 2014, les fonds du pays pour des missions humanitaires a représenté 0,64 % de son PIB. Les Pays-Bas sont fréquemment invités aux sommets du Groupe des vingt, sans en faire partie, bien que la puissance économique du pays soit parmi les 20 premières mondiales.
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123
+ La Haye est devenue au cours du XXe siècle la capitale mondiale du droit. Elle abrite le siège de nombreuses organisations internationales à caractère juridique :
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+ Les Forces armées néerlandaises sont composées de :
126
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+ L'ensemble des forces armées emploie environ 51 000 personnes en 2009. Il s'agit d'une force volontaire, le service militaire étant suspendu mais pas aboli. L'armée néerlandaise est aussi composée d'une force de gendarmerie, la maréchaussée royale. Les Pays-Bas dépensent environ 1,17 % de leur PIB en 2014 à l'entretien de leur défense, soit une dotation de 7 602 033 000 €. Le pays dispose de missiles nucléaires américains dans le cadre du plan de partage de l'OTAN.
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+ Selon l'article no 97 de la Constitution, elles ont pour rôle de « défendre le royaume des Pays-Bas et de défendre ses intérêts dans le monde » et de « protéger et promouvoir la primauté du droit international ». Le pays est actuellement engagé dans la MINUSMA et la coalition internationale en Irak et en Syrie.
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+
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+ Véhicule de soutien léger de l'armée de terre.
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+ Frégate de la classe De Zeven Provinciën.
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+ Escadron en formation.
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+ Forces britanniques sur le pont d'un sous-marin de classe Walrus.
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+
139
+ Au premier janvier 2016, les Pays-Bas comptaient 16 979 120 habitants, contre 16 305 526 habitants en 2005. La population est en constante augmentation, de manière modeste (0,4 % par an en moyenne), et cela essentiellement grâce à l'immigration (Antilles néerlandaises, Turquie, Maroc)[réf. nécessaire]. Avec plus de quatre cents habitants par kilomètre carré, les Pays-Bas font partie des pays les plus densément peuplés d'Europe. La population du pays devrait continuer à augmenter jusqu'en 2060 au moins[40].
140
+
141
+ Outre cela, les Pays-Bas ont l'un des taux de criminalité les plus faibles au monde. En 2016, l'État prévoit de fermer neuf prisons d'ici 2020 faute d'occupants des cellules[41].
142
+
143
+ Dans l’État autonome des Pays-Bas (un des quatre états autonomes du royaume), le néerlandais est la langue officielle[42] utilisée par les services publics et la majorité des habitants pour communiquer entre eux. Cependant, ce n'est pas la Constitution qui définit la langue officielle des Pays-Bas, mais la Algemene wet bestuursrecht[43]. Dans la province de la Frise, le frison est reconnu comme seconde langue officielle pour un usage régional[44]. Vers la fin de la 20e siècle, le limbourgeois est reconnu par l'État comme langue régionale politique et juridique[45] et le bas saxon néerlandais est reconnu comme langue régionale le 10 octobre 2018[46], mais ces deux langues ne sont pas reconnues comme officielles. Dans les trois îles aux Antilles faisant part de l'état autonome des Pays-Bas, en plus du néerlandais, le papiamento et l'anglais sont reconnus comme langues officielles pour un usage régional[47]. D'autres dialectes provinciaux proches de la langue commune et des langues étrangères sont également utilisées. Selon différentes études, les Néerlandais sont parmi les peuples à couramment parler le plus de langues étrangères, notamment l'anglais, l'allemand et le français[48],[49].La plupart des habitants parlent couramment l'anglais[50].
144
+
145
+ Selon les statistiques néerlandaises basées sur une étude effectuée en 2005[51], 42 % des Néerlandais (pratiquant ou non pleinement leur religion) se déclaraient sans religion, 29 % catholiques, 19 % protestants, 5 % musulmans et 5 % d'une autre religion.
146
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+ La communauté islamique regroupe officiellement environ 4,9 % des Néerlandais, contre 9,5 % pour l'Église protestante aux Pays-Bas. La communauté juive néerlandaise ne compte plus que 30 000 membres de nos jours, bien qu'ayant été importante dans le passé.
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+ Le système éducatif néerlandais[52] est plus libre[53] que celui de ses grands voisins européens, tels que la France ou le Royaume-Uni. Il est également particulièrement performant, parfois qualifié de meilleur d'Europe avec ceux des pays scandinaves[54]. Les langues étrangères tiennent une place importante dans l'éducation, d'où la bonne maîtrise de langues étrangères dans le pays. Le système éducationnel est scindé en deux entités : une école primaire de six ans puis un choix entre trois types de collèges, plus ou moins longs dans la durée, variant dans les matières enseignées et ouvrant sur différents types d'éducation universitaire[55].
150
+
151
+ Le pays possède une forte densité d'universités réputées — parmi les cent meilleures universités au niveau mondial[56], l'on trouve sept universités néerlandaises : l'université de Leyde, l'université de Wageningue, l'université Érasme de Rotterdam, l'université de technologie de Delft, l'université d'Amsterdam et l'université de Groningue — souvent fondées au XIXe siècle.
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+
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+ Les grands quotidiens néerlandais les plus lus sont De Telegraaf, Algemeen Dagblad, de Volkskrant, NRC Handelsblad, et Trouw. Het Parool est moins lu mais possède un important passé historique : il a été créé pendant la Seconde Guerre mondiale comme journal d'opposition[57]. Les journaux gratuits Spits et Metro distribués dans les gares et les stations de métro sont également très lus.
154
+
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+ Dans le domaine télévisuel, il existe quatre chaînes publiques, et les principales entreprises qui fournissent la télévision commerciale sont RTL Nederland et SBS6, qui gèrent ensemble sept stations au total. D'autres diffuseurs commerciaux qui ciblent des publics particuliers sont Nickelodeon, Comedy Central et Kindernet.
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+
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+ Dans le domaine de la radio, il existe également un grand nombre de stations. Le radiodiffuseur public NPO, la même entreprise que pour le domaine téléviséB se compose de sept chaînes. Radio Pays-Bas internationale (RNW) est une chaîne diffusée à l'international pour les ressortissants néerlandais installés dans d'autres pays. Radio 538, Sky Radio, et Qmusic sont les principaux acteurs sur le marché commercial.
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+
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+ Aux Pays-Bas, un grand degré de liberté de la presse prévaut sans contrôles sur les publications dans la presse ou les diffusions de radio, télévision et Internet. La loi dispose que quiconque se rend coupable d'injure, de discrimination, d'incitation à la haine sera mis en accusation si une plainte est déposée, mais toute forme de satire est autorisée et ne peut être réprimée. La loi sur les médias prévoit le pluralisme des médias dans le système de radiodiffusion publique. L'autorité compétente peut aussi fixer des limites d'âge pour l'accès à certains médias.
160
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+ Aux Pays-Bas, le football est le sport le plus populaire. L'équipe de football nationale néerlandaise a remporté le Championnat d'Europe de football 1988 et termine deuxième lors des Coupes du monde de 1974, 1978 et 2010. Arrivée troisième lors de la dernière édition, en 2014, la formation néerlandaise est très réputée dans le monde et considérée comme la meilleure équipe n'ayant jamais remporté le tournoi. Ayant développé le « football total » dans les années 1970, elle compte nombre d'anciens joueurs réputés avoir été parmi les meilleurs de leur génération : Johan Cruyff, Dennis Bergkamp, Patrick Kluivert, Edwin van der Sar, Marco van Basten, Ruud Gullit ou encore Arjen Robben sont fréquemment cités. L'actuelle équipe est entraînée par Ronald Koeman. Les Oranjes jouent à domicile à la Johan Cruyff Arena, le plus grand stade du pays. Les autres sports populaires pratiqués en compétition sont le patinage, la natation et le hockey sur gazon. Le cyclisme est ancré dans la culture néerlandaise, et est pratiqué par toutes les couches sociales régulièrement, du fait de l'absence de relief dans le pays, et de l'importance accordée à l'écologie dans la société[58].
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+ Dès la seconde moitié du XIXe siècle, les clubs et les fédérations sportives sont formés. Une figure importante dans l'histoire du sport néerlandais est Pim Mulier, qui met en avant, à la fin du XIXe siècle, un grand nombre de sports jusque-là peu connus aux Pays-Bas et professionnalisés. Il a également été l'initiateur du tour des Onze Villes, une épreuve qui attire à chaque édition de milliers de touristes étrangers, de 200 km de patin à glace naturelle le long des onze grandes villes frisonnes. Depuis, ce sport s'est énormément développé. La première participation des Pays-Bas aux Jeux olympiques remonte à 1900. Depuis, plus de 300 médailles olympiques ont été gagnées par des Néerlandais, dont environ 100 d'or.
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+ La Nederlandse Sport Federatie (nl) (NSF) est l'organisation sportive de coordination des associations sportives néerlandaises et le représentant officiel du pays auprès du Comité international olympique. Amsterdam a accueilli les Jeux olympiques d'été de 1928, et en 1980, les Jeux paralympiques ont eu lieu à Arnhem. Plus récemment, les Pays-Bas ont co-organisés avec la Belgique le Championnat d'Europe de football 2000. En outre, le pays examine une candidature pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2028 à Amsterdam, 100 ans après l'organisation des Jeux de 1928.
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+
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+ Date
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+ Nom français
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+ Nom local
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+
173
+ Remarques
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+
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+ Un moulin décoré pour la fête nationale.
176
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+ Feux traditionnels de Pâques.
178
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+ Carnaval d'automne.
180
+
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+ Saint-Nicolas arrive sur son bateau (avec une soute chargée de cadeaux pour les enfants), ici à Schiedam[N 2].
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+
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+ L'économie des Pays-Bas repose, outre le commerce international, sur les grands groupes néerlandais, la plupart anciens monopoles publics (Damen Group, KPN, Groupe ING, Nederlandse Spoorwegen, TNT Express ou PostNL).
184
+
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+ Pour 2017, la croissance économique du pays est de 3 % du PIB. En 2018, une croissance de 2,9 % est prévue pour un taux de chômage de 3,9 %. Les Pays-Bas sont le 11e pays du monde en termes de PIB par habitant, avec 52 770 dollars américains annuels par tête en moyenne[59]. Le pays est en outre la 17e puissance économique mondiale.
186
+
187
+ Cependant, le temps de travail hebdomadaire moyen par habitant n'est que d'environ 29 heures, et ce pour une productivité plus forte que la moyenne européenne[60].
188
+
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+ L'agriculture est très mécanisée et emploie à peine 4 % de la population active. Les Pays-Bas sont le deuxième pays exportateur[61] de produits agricoles du monde, et le cinquième en prenant en compte tous les produits échangés. L'entreprise de distribution et de production agroalimentaire néerlandaise Unilever, quatrième mondiale dans son domaine d'activités, s'occupe souvent du transport et de l'emballage des produits exportés depuis les Pays-Bas. Elle possède également de nombreuses marques à travers le monde : Lipton, Knorr, Ben & Jerry's, Magnum entre autres. La grande activité de l'agriculture néerlandaise reste l'élevage qui occupe près de la moitié des exploitations. En nombre d'exploitations, l'horticulture et le maraîchage occupent le deuxième rang. Le pays a connu l'une des premières bulles spéculatives au monde : la tulipomanie. Les tulipes, mais plus généralement les fleurs, restent un symbole des Pays-Bas, qui en sont le premier exportateur au monde. Cependant, la plupart des fermes néerlandaises élèvent des vaches, les vaches de race Holstein étant elles aussi un emblème du pays.
190
+
191
+ Environ onze millions de touristes se rendent chaque année aux Pays-Bas, généralement dans l'une des deux provinces de la Hollande (Méridionale ou Septentrionale), le reste du pays étant moins couru. Dix milliards d'euros sont dépensés chaque année par ces visiteurs en souvenirs et autres marchandises. Le tourisme est une source importante de revenus pour le pays. Les destinations les plus appréciées sont Amsterdam, Giethoorn, Volendam, Kinderdijk, Rotterdam et La Haye. Les gens se rendant aux Pays-Bas souhaitent généralement voir des canaux, des maisons avec le pignon en façade et les célèbres moulins, s'ils ne s'y rendent pas pour des affaires (Rotterdam, Amsterdam et La Haye disposent de grands quartiers financiers, siège de nombreuses entreprises néerlandaises ou internationales). Ils sont là aussi pour goûter les bières et les fromages typiques du pays. La côte néerlandaise est visitée principalement par les habitants du pays, même s'il n'est pas impossible d'y croiser des étrangers. En sus du néerlandais, les habitants parlent également en grande majorité l'anglais, la plupart comprennent l'allemand, et se débrouillent parfois en français, ce qui rend la communication aisée. Le pays a en outre l'un des plus forts taux de musées au mètre carré au monde.
192
+
193
+ Le pays est également connu pour le tourisme de la drogue. En effet, certains étrangers se rendent aux frontières, où ils achètent du cannabis dans les coffee shops, chose que les dirigeants voudraient bien faire cesser, c'est-à-dire limiter ce droit aux néerlandais ou fermer les coffee shops se situant aux frontières[62],[63] malgré l'apport conséquent de devises que procure au pays l'existence de ce commerce. La ville de Maastricht, située à la frontière belge, teste depuis 2013 la wietpass, qui n'autorise que les habitants du pays à acheter des substances.
194
+
195
+ Le Rijks d'Amsterdam, qui dispose d'un fonds de plus d'un million d'œuvres, est le musée le plus visité du pays.
196
+
197
+ Entrée du parc de loisirs Efteling (Brabant-Septentrional). Il est, avec 5 millions de visiteurs annuels, l'un des premiers parcs d'attractions en Europe en termes de fréquentation.
198
+
199
+ Les sabots, symbole des Pays-Bas au même titre que les fleurs.
200
+
201
+ Le NEMO (bâtiment vert) avec la réplique du VOC Amsterdam accostée au premier plan dans la ville éponyme. Le musée maritime néerlandais au second plan à droite.
202
+
203
+ Le jardin de Keukenhof. Très visité, il est le plus grand parc floral au monde.
204
+
205
+ La chimie et le raffinage sont concentrés dans le port de Rotterdam, qui n'en a cependant pas l'exclusivité. Il est un port d'importation via le transit vers l'Europe centrale, et de réexport après traitement des denrées. À moindre échelle, le gisement de gaz de Groningue, plus grand d'Europe, permet également d'alimenter les foyers néerlandais et l'export.
206
+
207
+ Les Pays-Bas instaurent durant leur siècle d'or de longues routes commerciales et ouvert des comptoires marchands dans différents pays et l'export de nos jours en est hérité. Les grandes banques néerlandaises et leurs réseaux en sont descendants, appuyés par les infrastructures néerlandaises d'interfaces commerciaux.
208
+
209
+ Le gouvernement expérimente depuis 2014 une économie circulaire autour de la Randstad, avec la participation des plus grandes banques néerlandaises[64].
210
+
211
+ Le secteur néerlandais des nouvelles technologies est notamment représenté par la marque d'électroménager Philips, basée à Eindhoven et l'Institut néerlandais de recherche spatiale, basé à Utrecht. D'autres plus petites sociétés sont implantées dans les régions urbaines néerlandaises, bénéficiant notamment d'une fiscalité leur permettant un développement rapide.
212
+
213
+ Les Pays-Bas sont régulièrement qualifiés de « paradis fiscal qui ne dit pas son nom »[65], en facilitant l'existence de sociétés boîtes aux lettres n'ayant pas d'activité réelle aux Pays-Bas, notamment du fait d'une faille dans le droit néerlandais qui permet à de nombreuses entreprises de pratiquer l'optimisation fiscale. Cette faille permet une double domiciliation d'une entreprise aux Pays-Bas et aux États-Unis, les États-Unis estimant que l'impôt doit être payé aux Pays-Bas et inversement. Ce dispositif sera supprimé le 1er janvier 2020 avec l'entrée en vigueur de la directive européenne anti-évasion fiscale[66].
214
+
215
+ Parmi les entreprises américaines citées pour profiter du système néerlandais et réduire considérablement leur niveau d'imposition figurent Netflix[67], Starbucks[68], Caterpillar, General Electric, Heinz, Nike, Tesla et Uber. Selon Gabriel Zucman, des centaines de milliards de dollars de profits ne sont pas taxés. L'ONG Oxfam classe les Pays-Bas « troisième pire paradis fiscal » après les Bermudes et les îles Caïman
216
+ [69].
217
+ Plusieurs lois sont en cours d'examen aux États généraux pour renforcer la législation financière. Le Premier ministre Mark Rutte cherche notamment à supprimer les failles dans le système d'impôts pour que tous les revenus devant êtres taxés le soient aux taux appropriés. Les lois néerlandaises entendent dès 2019 aller plus loin que ce que la Commission européenne propose en matière de lutte contre l'évasion fiscale[70].
218
+
219
+ Certains bâtiments aux Pays-Bas sont vieux de plus de 1 000 ans. La plupart des administrations ont conservé leurs locaux construits au XVIIe siècle, lors du siècle d'or. Tous les centres-villes du pays sont composés à une très large majorité d'immeubles historiques. Les villes de Rotterdam et d'Eindhoven (bombardées durant la Seconde Guerre mondiale) et les communes du Flevoland (polder stabilisé au XXe siècle) ne possèdent pas d'hyper-centres historiques. Les constructions dans le pays se font principalement avec le même matériau, une brique locale, ce qui donne un aspect d'homogénéité aux banlieues et espaces ruraux du pays.
220
+
221
+ L'éclairage public est allumé alors que le soleil vient de se coucher sur Amsterdam.
222
+
223
+ Centre-ville de Rotterdam, ville candidate à l'Exposition universelle de 2025.
224
+
225
+ Rue commerçante à La Haye.
226
+
227
+ La cathédrale Saint-Martin d'Utrecht de nuit, dominée par sa tour de 112 mètres.
228
+
229
+ Les maisons et bureaux d'anciennes compagnies commerciales sont décorées à l'extérieur de sculptures et de reliefs, montrant la puissance du propriétaire initial à ses visiteurs. Les demeures d'Amsterdam sont souvent étroites mais profondes, avec un jardin partagé à l'arrière. Les pignons à l'avant servaient d'antan à décharger les marchandises arrivant par canal, et des nos jours aux déménagements. Le style néo-classique néerlandais suppose des maisons aux hautes vitres, collées et pas toujours droites, car s'enfonçant dans les eaux. La plupart des châteaux et complexes ayant un cachet sont classés au titre de Rijksmonument (Monument d'État).
230
+
231
+ Le château d'Erp, massif, est l'un des plus anciens du pays.
232
+
233
+ Huis ten Bosch, la résidence du roi à La Haye.
234
+
235
+ Maison d'agriculteur à Dalfsen.
236
+
237
+ Habitations côtières dans le nord du pays.
238
+
239
+ Le château de Haar est aujourd'hui un musée.
240
+
241
+ Bâtiment universitaire à Groningue.
242
+
243
+ Maison dans le village de Grootschermer.
244
+
245
+ La peinture néerlandaise, dite flamande durant l'époque baroque, était principalement matérialisée en les personnes d'Antoon van Dyck, Jan van Eyck, Jérôme Bosch et Pierre Paul Rubens, bien qu'ayant tous des styles différents.
246
+
247
+ Au cours du siècle d'or néerlandais, nombre de peintres atteignent la gloire historique : Rembrandt van Rijn, Johannes Vermeer et Frans Hals vont s'imposer comme les grands maîtres de l'école hollandaise du XVIIe siècle, Pieter de Hooch, Jan van Goyen, Adriaen van Ostade, Willem Claeszoon Heda, les père et fils Van de Velde, Gerrit Berckheyde, Pieter Jansz Saenredam, Jan Steen, Jacob van Ruisdael, Meindert Hobbema suivront. D'autres domaines picturaux sont également servis, par les peintres de l'école caravagesque d'Utrecht par exemple. Plus tard, le pays verra naître le peintre considéré comme le plus grand de tous les temps : Vincent van Gogh. Ses œuvres ont inspiré générations d'artistes, et ses dessins ou toiles ont été vendues à des prix records, mêlant différents styles. Le musée Van Gogh à Amsterdam possède la plupart des réalisations de l'artiste. Au XXe siècle, alors que beaucoup pensaient la peinture néerlandaise appartenir au passé, les peintres Karel Appel, Kees van Dongen, Willem de Kooning ou Piet Mondrian renouvellent le genre et proposent une nouvelle vue sur le monde.Sans oublier le discret mais profond Bram van velde. Paul Gabriël est également largement réputé aux Pays-Bas, car il a peint sur la majorité de ses toiles moulins, polders et champs de fleurs représentatifs du pays.
248
+
249
+ Sont également renommés les carreaux et la faïence de Delft, un art de coloration de la porcelaine au bleu émaillé d'autres couleurs. La plupart des grandes pièces créées par les artisans de Delft sont visibles dans les plus hauts lieux d'Europe, représentant des paysages ou des scènes historiques.
250
+
251
+ Les quatre écrivains néerlandais les plus connus sont sans doute Harry Mulisch, Willem Frederik Hermans, Gerard Reve et Hella Haasse. La Découverte du ciel par Harry Mulisch, s'il n'est pas le roman le plus connu, il est par vote, reconnu comme le meilleur roman néerlandais de tout temps. Le philosophe Baruch Spinoza est en outre considéré comme un grand penseur, influent sur ses contemporains, tout comme le poète Hendrik Marsman.
252
+
253
+ Les Pays-Bas ont un riche passé de musique classique, la langue néerlandaise ayant été fédératrice dans les arts. Bien que situé près de la Scandinavie, le royaume néerlandais a connu un destin différent concernant sa musique traditionnelle, influencée par l'Allemagne, plus proche.
254
+
255
+ Au XXe siècle, la nederpop était le courant musical principal dans le pays même si d'autres styles étaient écoutés. Parmi de nombreux genres musicaux actuels, les Pays-Bas sont le berceau d'une musique électronique connue sous les termes de hardcore et gabber. Le pays est hôte de plusieurs grands festivals d'envergure mondiale, à savoir le Thunderdome, le Sensation, le Mystery Land et l'Amsterdam Dance Event. Aujourd'hui, le principal mouvement musical électronique néerlandais est la Dirty Dutch House, popularisée par des artistes tels qu'Afrojack, Chuckie ou Glowinthedark. Le pays est mondialement renommé pour sa musique électronique : de nombreux artistes majeurs sont néerlandais, et parmi les plus connus se trouvent Angerfist, Tiësto, Hardwell, Armin van Buuren, Vicetone, Showtek, Blasterjaxx, Nicky Romero, Don Diablo, Oliver Heldens ou encore Martin Garrix.
256
+
257
+ Le plus important festival de cinéma aux Pays-Bas est le Festival international du film de Rotterdam (IFFR), mais le Festival du cinéma néerlandais d'Utrecht est celui le plus suivi dans le pays. Le festival international, l'un des plus populaires en Europe ne juge que les deux premiers longs métrages d'un auteur. Un autre festival d'importance internationale est le Festival international du film documentaire d'Amsterdam (IDFA). Il est considéré comme le plus important festival de films documentaires au monde.
258
+
259
+ Le petit déjeuner et le déjeuner néerlandais sont des repas à base de tranches de pain à tartiner avec du fromage, des tranches de viande froide, ou des gourmandises telles que la confiture, le rinse appelstroop (sirop de pomme à tartiner), le pindakaas (beurre d'arachide à tartiner), le hagelslag et vlokken (vermicelles au chocolat à tartiner).
260
+
261
+ Pour le dîner, le plat principal est habituellement composé d'une source de protéines (viande, ou poisson), d'un féculent (pommes de terre, riz ou pâtes) et d'un ou plusieurs légumes verts. Le stamppot, une purée de légumes et de pommes de terre, accompagnée de viande, est une spécialité d'hiver. Il en est de même des frites, accompagnées d'une sauce mayonnaise, quoique plus souvent consommées en été. De nombreuses brasseries servent des frites, en plus des croquettes locales, des fricandelles aux différentes sauces, des soufflés au fromage et d'autres apéritifs chauds. Dans ces lieux, mais aussi dans les gares, il existe des distributeurs automatiques de petits repas chauds.
262
+
263
+ Le pays produit de nombreux fromages, tels le gouda, le leidse kaas (une forme de komijnekaas, fromage au cumin), l'edam ou encore le hollandse gatenkaas (dont le Leerdammer).
264
+
265
+ Beaucoup de spécialités néerlandaises sont méconnues internationalement. Assez célèbres sont les maatjes qui consistent en une dégustation de harengs marinés que l'on tient par la queue avant de les avaler. Les moules et frites sont un plat typiquement néerlandais et belge, la plupart des moules vendues en Belgique venant de Zélande. Les poissons comme la sole ou le haddock sont également très appréciés. Les Pays-Bas sont également un pays de bière, on y trouve l'une des sept fabriques de bières trappistes (La Trappe), les six autres se trouvant en Belgique. Les différentes bières sont Bavaria, Grolsch, Hertog Jan, Amstel, Amsterdam, Heineken, ou encore Dommelsch. Le jenever (genièvre) est un alcool typique des Pays-Bas, décliné en plusieurs parfums tel le cassis ; sur les marchés de Noël à côté des baraques servant du vin chaud, il y a aussi des baraques servant du genièvre chaud.
266
+
267
+ Les Pays-Bas ont une longue tradition de café, par exemple la marque Jacobs Douwe Egberts est distribuée en Europe. Rarement bu noir, le café est soit servi avec de la crème séparée, soit une recette locale est appliquée[71]. Le thé est aussi apprécié des Néerlandais, en raison de circonstances historiques, et se déguste généralement avec le typique appelgebak (sorte de gâteau aux pommes avec de la cannelle) généralement servi avec de la crème chantilly.
268
+
269
+ Il existe de nombreuses pâtisseries dont la plus emblématique est sûrement le spéculoos, un petit biscuit croquant à la cannelle. Comme en Allemagne, la cannelle est très présente dans la pâtisserie néerlandaise, également beaucoup de petits gâteaux secs comme les bredele alsaciens. Une spécialité des Pays-Bas est la gaufrette au caramel, la stroopwafel, qui se fait partout dans le pays et que l'on peut déguster chaude sur les marchés. Les poffertjes, sortes de blinis saupoudrés de sucre glace, sont également très appréciés, tout comme les bonbons au réglisse drops.
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271
+ Les Pays-Bas ont pour codes :
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