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+ Un séisme ou tremblement de terre est une secousse du sol résultant de la libération brusque d'énergie accumulée par les contraintes exercées sur les roches. Cette libération d'énergie se fait par rupture le long d'une faille, généralement préexistante. Plus rares sont les séismes dus à l'activité volcanique ou d'origine artificielle (explosions par exemple). Le lieu de la rupture des roches en profondeur se nomme le foyer ; la projection du foyer à la surface est l'épicentre du séisme. Le mouvement des roches près du foyer engendre des vibrations élastiques qui se propagent, sous la forme de paquets d'ondes sismiques, autour et au travers du globe terrestre. Il produit aussi un dégagement de chaleur par frottement, au point de parfois fondre les roches le long de la faille (pseudotachylites).
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+
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+ Il se produit de très nombreux séismes tous les jours mais la plupart ne sont pas ressentis par les humains. Environ cent mille séismes sont enregistrés chaque année sur la planète[1]. Les plus puissants d'entre eux comptent parmi les catastrophes naturelles les plus destructrices. Les séismes les plus importants modifient la période de rotation de la Terre et donc la durée d’une journée (de l'ordre de la microseconde)[2].
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+ La majorité des séismes se produisent à la limite entre les plaques tectoniques (séismes interplaques) de la terre, mais il peut aussi y avoir des séismes à l'intérieur des plaques (séismes intraplaques). La tectonique des plaques rend compte convenablement de la répartition des ceintures de sismicité à la surface du globe : les grandes ceintures sismiques du globe, caractérisées par la densité géographique des tremblements de terre, sont la ceinture de feu du Pacifique (elle libère 80 % de l'énergie sismique chaque année), la ceinture alpine (15 % de l'énergie annuelle) et les dorsales dans les océans (5 % de l'énergie annuelle)[3].
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+
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+ La science qui étudie ces phénomènes est la sismologie (pratiquée par les sismologues) et l'instrument de mesure principal est le sismographe (qui produit des sismogrammes). L'acquisition et l'enregistrement du signal s'obtiennent dans une station sismique regroupant, outre les capteurs eux-mêmes, des enregistreurs, numériseurs et antennes GPS, pour le positionnement géographique et le temps.
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+
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+ Si le séisme de 1755 à Lisbonne est à l'origine de la naissance de la sismologie, le débat qu'il suscite ne fait pas progresser la connaissance de la genèse des séismes[4].
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+ La simultanéité entre rupture de faille et tremblement de terre est observée et décrite au XIXe siècle par les scientifiques qui lient la formation des principaux séismes à un brusque glissement le long d'une faille au sein de la croûte terrestre et/ou dans la lithosphère sous-jacente. Mais les théories ne parviennent pas trancher quel phénomène est à l'origine de l'autre et ne peuvent expliquer le mécanisme. En 1884, le géologue américain Grove Karl Gilbert propose le premier modèle de « cycle sismique » linéaire et régulier, postulant que les séismes les plus importants ont l'intervalle de récurrence[5] le plus fort[6]. C'est en 1910, après le séisme de 1906 à San Francisco, qu'un géodésien californien, Harry Fielding Reid (en), émet la théorie du rebond élastiquethéorie du rebond élastique. Selon cette théorie, les contraintes déforment élastiquement la croûte de part et d'autre de la faille, provoquant le déplacement asismique des deux blocs séparés par cette zone de rupture potentielle (la faille est alors inactive ou bloquée, et prend du retard par rapport à celles qui l'entourent, le séisme lui permettant de rattraper ce retard selon le rythme de son fonctionnement conçu comme régulier). Ce glissement est bloqué durant les périodes inter-sismiques (entre les séismes), l'énergie s'accumulant par la déformation élastique des roches. Lorsque leur résistance maximale est atteinte (phase cosismique), l'énergie est brusquement libérée et la rupture se produit par le brusque relâchement de contraintes élastiques préalablement accumulées par une lente déformation du sous-sol, ce qui provoque un jeu de la faille. Après un épisode sismique (phase post-sismique caractérisée par des répliques et des réajustements visco-élastiques), les roches broyées de la faille se ressoudent au cours du temps et la faille acquiert une nouvelle résistance. Le dispositif se réarme : la faille « se charge » puis se décharge brusquement par relaxation de contrainte. Reid explique ainsi le cycle sismique (cycle de chargement/déchargement)[7] complété par les différentes périodes sismiques de Wayne Thatcher[8]. Si ce modèle théorique de l'origine des tremblements de terre est encore couramment accepté par la communauté scientifique, il n'explique pas les récurrences sismiques irrégulières comme le révèle les traces laissées par les séismes (géomorphologie, paléosismologie, lichénométrie, dendrochronologie)[9].
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+
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+ Cette théorie est complétée en 1966 en prenant en compte le processus de friction. Les variations des propriétés de friction sur les failles, dues à plusieurs facteurs (faible couplage des deux blocs, déformation asismique, phénomènes transitoires de glissement lent, rôle de fluides, etc. ), expliquent les cycles sismiques irréguliers[10]. Une loi de friction spécifique pour la modélisation des transferts de contrainte, dépendant de la vitesse et du temps de contact entre les deux surfaces, est proposée à la fin des années 1970[11],[12].
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+ Un tremblement de terre est une secousse plus ou moins violente du sol qui peut avoir quatre origines : rupture d'une faille ou d'un segment de faille (séismes tectoniques) ; intrusion et dégazage d'un magma (séismes volcaniques) ; « craquements » des calottes glaciaires se répercutant dans la croûte terrestre (séismes polaires)[13] ; explosion, effondrement d'une cavité (séismes d'origine naturelle ou dus à l'activité humaine)[14]. En pratique on classe les séismes en quatre catégories selon les phénomènes qui les ont engendrés :
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+ Les séismes tectoniques sont de loin les plus fréquents et dévastateurs. Une grande partie des séismes tectoniques a lieu aux limites des plaques, où se produit un glissement entre deux milieux rocheux. Une autre partie a lieu sur le long d'un plan de fragilité existant ou néoformé. Ce glissement, localisé sur une ou plusieurs failles, est bloqué durant les périodes inter-sismiques (entre les séismes) de déplacement asismique des deux blocs séparés par la zone de rupture potentielle (la faille est alors inactive), et l'énergie s'accumule par la déformation élastique des roches[15]. Cette énergie et le glissement sont brusquement relâchés lors des séismes[16]. Dans les zones de subduction, les séismes représentent en nombre la moitié de ceux qui sont destructeurs sur la Terre, et dissipent 75 % de l'énergie sismique de la planète. C'est le seul endroit où on trouve des séismes profonds (de 300 à 645 kilomètres). Au niveau des dorsales médio-océaniques, les séismes ont des foyers superficiels (0 à 10 kilomètres), et correspondent à 5 % de l'énergie sismique totale. De même, au niveau des grandes failles de décrochement, ont lieu des séismes ayant des foyers de profondeur intermédiaire (de 0 à 20 kilomètres en moyenne) qui correspondent à 15 % de l'énergie. Le relâchement de l'énergie accumulée ne se fait généralement pas en une seule secousse, et il peut se produire plusieurs réajustements avant de retrouver une configuration stable. Ainsi, on constate des répliques à la suite de la secousse principale d'un séisme, d'amplitude décroissante, et sur une durée allant de quelques minutes à plus d'un an. Ces secousses secondaires sont parfois plus dévastatrices que la secousse principale, car elles peuvent faire s'écrouler des bâtiments qui n'avaient été qu'endommagés, alors que les secours sont à l'œuvre. Il peut aussi se produire une réplique plus puissante encore que la secousse principale quelle que soit sa magnitude. Par exemple, un séisme de 9,0 peut être suivi d'une réplique de 9,3 plusieurs mois plus tard même si cet enchaînement reste extrêmement rare.
20
+
21
+ Les séismes d'origine volcanique résultent de l'accumulation de magma dans la chambre magmatique d'un volcan. Les sismographes enregistrent alors une multitude de microséismes (trémor) dus à des ruptures dans les roches comprimées ou au dégazage du magma[14]. La remontée progressive des hypocentres (liée à la remontée du magma) est un indice prouvant que le volcan est en phase de réveil et qu'une éruption est imminente.
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+ Les glaciers et la couche de glace présentent une certaine élasticité, mais les avancées différentiées et périodiques (rythme saisonnier marqué) de coulées de glace provoquent des cassures dont les ondes élastiques génèrent des tremblements de terre, enregistrés par des sismographes loin du pôle à travers le monde[13]. Ces « tremblements de terre glaciaires » du Groenland sont caractérisés par une forte saisonnalité. Une étude publiée en 2006 a conclu que le nombre de ces séismes avait doublé de 2000 à 2005, tendance temporelle suggérant un lien avec une modification du cycle hydrologique et une réponse glaciaire à l'évolution des conditions climatiques[13]. Si l'on considère qu'une part du réchauffement climatique est d'origine humaine, une part des causes de ces séismes pourrait être considérée comme induits par l'Homme (voir ci-dessous).
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+ Les séismes d'origine artificielle ou « séismes » de faible à moyenne magnitude sont dus à certaines activités humaines telles que barrages, pompages profonds, extraction minière, explosions souterraines ou nucléaires, ou même bombardements[17]. Ils sont fréquents et bien documentés depuis les années 1960-1970. Par exemple, rien que pour la France et uniquement pour les années 1971-1976, plusieurs séismes ont été clairement attribués à des remplissages de lacs-réservoirs, à l'exploitation de gisements pétrolifères ou aux mines :
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+
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+ Les tremblements de terre engendrent parfois des tsunamis, dont la puissance destructrice menace une part croissante de l'humanité, installée en bordure de mer. Ils peuvent aussi menacer les installations pétrolières et gazières offshore et disperser les décharges sous-marines contenant des déchets toxiques, déchets nucléaires et munitions immergées. On cherche à les prévoir, pour s'en protéger, à l'aide d'un réseau mondial d'alerte, qui se met en place, en Indonésie et Asie du Sud Est notamment.
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+ Dans certains cas, les séismes provoquent la liquéfaction du sol : un sol mou et riche en eau perdra sa cohésion sous l'effet d'une secousse.
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+ Risques de séismes dus aux essais dans les centrales géothermiques :
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+
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+ Un centre de recherche sur les centrales géothermiques, dans le nord-est de la France, expérimente des techniques de géothermie. L’expérience consiste à injecter de l'eau froide dans des poches de magma (2 trous préalablement forés, l'un pour l'entrée de l'eau froide et l'autre pour la sortie de l'eau transformée en vapeur, puis de la récupérer sous forme de vapeur, de la mettre en pression puis de faire tourner une turbine puis produire de l'électricité.
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+
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+ Conséquences de l'expérience :
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+
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+ L'injection d'eau froide dans les poches de magma agissait sur les failles environnantes, l'eau agissait comme lubrifiant et produisait des micro séismes qui pouvaient aller jusqu'à produire des fissures sur les murs des maisons.
38
+
39
+ Même si la Terre est le seul objet céleste où l'on ait mis en évidence une tectonique des plaques, elle n'est pas le seul à subir des vibrations (séismes localisés et oscillations à grande échelle). Ces vibrations peuvent être dues à une autre forme de tectonique (contraction ou dilatation de l'objet) ou à des impacts cosmiques[20].
40
+
41
+ Les missions Apollo ont déposé plusieurs sismomètres à la surface de la Lune. On a enregistré quatre types de séismes, d'origines différentes. Certains sont dus à la libération de contraintes engendrées par les effets de marée, d'autres à des impacts de météorites, d'autres encore à la libération de contraintes d'origine thermique. L'origine des séismes du quatrième type, forts, peu profonds et d'assez longue durée, est inconnue.
42
+
43
+ Le seul autre objet extraterrestre où l'on ait installé un sismomètre est Mars, fin 2018 (sonde InSight). Opérationnel début février 2019, le sismomètre SEIS (développé par l'Institut de physique du globe de Paris) a enregistré son premier séisme martien le 7 avril. Jusqu'à présent ces séismes sont très faibles, sur Terre ils seraient masqués par le bruit sismique des océans.
44
+
45
+ L'étude de Mercure montre la présence d'un grand nombre de failles inverses, caractéristiques d'une contraction globale de la planète (sans doute liée à son refroidissement progressif). La sonde Messenger, notamment, a révélé l'existence de telles failles traversant des cratères d'impacts petits et récents. On en déduit que Mercure est aujourd'hui encore sujette à une tectonique active, très certainement accompagnée de séismes.
46
+
47
+ La surface de Vénus est elle-aussi parcourue par des failles et des plissements. Il est vraisemblable que Vénus soit encore active tectoniquement, mais on n'en a pas la preuve. S'il y a de forts séismes on espère, à défaut de pouvoir les enregistrer directement (faute de sismomètre), en repérer des conséquences atmosphériques.
48
+
49
+ On ne sait rien de l'activité sismique de Jupiter, mais il est plausible qu'elle subisse des oscillations d'échelle planétaire à l'instar de Saturne, dont les oscillations se répercutent sur ses anneaux sous la forme d'ondes observables. Pour Uranus et Neptune on ne sait pas.
50
+
51
+ Depuis le survol de Pluton par la sonde New Horizons en 2014, on sait que cette planète naine a une activité géologique récente (et sans doute actuelle), qui se manifeste notamment par des failles, dont la formation ou la réactivation s'accompagne certainement de séismes. Les contraintes tectoniques peuvent être dues à des cycles de gel (partiel) et refonte de l'eau située en dessous de la croûte de glace.
52
+
53
+ Le soleil lui-même est sujet à des oscillations globales, étudiées par l'héliosismologie. Des oscillations similaires, observables dans d'autres étoiles, sont étudiées par l'astérosismologie.
54
+
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+ L'hypocentre ou foyer sismique peut se trouver entre la surface et jusqu'à sept cents kilomètres de profondeur (limite du manteau supérieur) pour les événements les plus profonds.
56
+
57
+ La puissance d'un tremblement de terre peut être quantifiée par sa magnitude, notion introduite en 1935 par le sismologue Charles Francis Richter[21]. La magnitude se calcule à partir des différents types d'ondes sismiques en tenant compte de paramètres comme la distance à l'épicentre, la profondeur de l'hypocentre, la fréquence du signal, le type de sismographe utilisé, etc. La magnitude est une fonction continue logarithmique[21] : lorsque l'amplitude des ondes sismiques est multipliée par 10, la magnitude augmente d'une unité. Ainsi, un séisme de magnitude 7 provoquera une amplitude dix fois plus importante qu'un événement de magnitude 6, cent fois plus importante qu'un de magnitude 5.
58
+
59
+ La magnitude, souvent appelée magnitude sur l'échelle de Richter, mais de manière impropre, est généralement calculée à partir de l'amplitude ou de la durée du signal enregistré par un sismographe[21]. Plusieurs valeurs peuvent être ainsi calculées (Magnitude locale
60
+
61
+
62
+
63
+
64
+ M
65
+
66
+ L
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+ {\displaystyle M_{L}}
72
+
73
+ , de durée
74
+
75
+
76
+
77
+
78
+ M
79
+
80
+ D
81
+
82
+
83
+
84
+
85
+ {\displaystyle M_{D}}
86
+
87
+ , des ondes de surfaces
88
+
89
+
90
+
91
+
92
+ M
93
+
94
+ S
95
+
96
+
97
+
98
+
99
+ {\displaystyle M_{S}}
100
+
101
+ , des ondes de volumes
102
+
103
+
104
+
105
+
106
+ M
107
+
108
+ B
109
+
110
+
111
+
112
+
113
+ {\displaystyle M_{B}}
114
+
115
+ ). Ces différentes valeurs ne sont pas très fiables dans le cas des très grands tremblements de terre. Les sismologues lui préfèrent donc la magnitude de moment (notée
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ M
121
+
122
+ W
123
+
124
+
125
+
126
+
127
+ {\displaystyle M_{W}}
128
+
129
+ ) qui est directement reliée à l'énergie libérée lors du séisme[21]. Des lois d'échelle relient cette magnitude de moment à la géométrie de la faille (surface), à la résistance des roches (module de rigidité) et au mouvement cosismique (glissement moyen sur la faille).
130
+
131
+ L'intensité macrosismique, qu'il ne faut pas confondre avec la magnitude, caractérise la sévérité de la secousse sismique au sol. Elle se fonde sur l'observation des effets et des conséquences du séisme sur des indicateurs communs en un lieu donné : effets sur les personnes, les objets, les mobiliers, les constructions, l'environnement. Le fait que ces effets soient en petit ou en grand nombre sur la zone estimée est en soi un indicateur du niveau de sévérité de la secousse. L'intensité est généralement estimée à l'échelle de la commune. On prendra par exemple en compte le fait que les fenêtres ont vibré légèrement ou fortement, qu'elles se sont ouvertes, que les objets ont vibré, se sont déplacés ou ont chuté en petit nombre ou en grand nombre, que des dégâts sont observés, en tenant compte des différentes typologies constructives (de la plus vulnérable à la plus résistante à la secousse), les différents degrés de dégâts (du dégât mineur à l'effondrement total de la construction) et si la proportion des dégâts observés est importante ou non (quelques maisons, ou l'ensemble des habitations)[22].
132
+
133
+ Les échelles d'intensité comportent des degrés généralement notés en chiffres romains, de I à XII pour les échelles les plus connues (Mercalli, MSK ou EMS). Parmi les différentes échelles, on peut citer :
134
+
135
+ Les relations entre magnitude et intensité sont complexes. L'intensité dépend du lieu d'observation des effets. Elle décroît généralement lorsqu'on s'éloigne de l'épicentre en raison des atténuations dues à la distance (atténuation géométrique) ou au milieu géologique traversé par les ondes sismiques (atténuation anélastique ou intrinsèque), mais d'éventuels effets de site (écho, amplification locale, par exemple par des sédiments ou dans des pitons rocheux) peuvent perturber les courbes moyennes de décroissance que l'on utilise pour déterminer l'intensité et l'accélération maximale du sol qu'ont à subir les constructions sur les sites touchés, ou qu'ils auront à subir sur un site précis lorsqu'on détermine un aléa sismique.
136
+
137
+ Statistiquement, à 10 kilomètres d'un séisme de magnitude 6, on peut s'attendre à des accélérations de 2 mètres par seconde au carré, des vitesses du sol de 1 mètre par seconde et des déplacements d'une dizaine de centimètres; le tout, pendant une dizaine de secondes[23].
138
+
139
+ Au moment du relâchement brutal des contraintes de la croûte terrestre (séisme), deux grandes catégories d'ondes peuvent être générées. Il s'agit des ondes de volume qui se propagent à l'intérieur de la Terre et des ondes de surface qui se propagent le long des interfaces[24].
140
+
141
+ Dans les ondes de volume, on distingue :
142
+
143
+ Les ondes de surface (ondes de Rayleigh, ondes de Love) résultent de l'interaction des ondes de volume. Elles sont guidées par la surface de la Terre, se propagent moins vite que les ondes de volume, mais ont généralement une plus forte amplitude[24]. Généralement ce sont les ondes de surface qui produisent les effets destructeurs des séismes.
144
+
145
+ Les plus anciens relevés sismiques datent du VIIIe millénaire av. J.‑C.[réf. nécessaire].
146
+
147
+ Tremblements de terre de magnitude au moins égale à 8.
148
+
149
+ Tremblements de terre ayant fait plus de 15 000 morts d'après les estimations des autorités locales, placés dans l'ordre chronologique.
150
+
151
+ L'ancienne méthode chinoise consistait en un vase de bronze comportant huit dragons sur le contour, le Houfeng Didong Yi du chinois Zhang Heng, mis au point en l'an 132 de l'ère commune. Une bille était placée dans la gueule de chaque dragon, prête à tomber dans la gueule d'un crapaud. Lorsqu'un séisme se produisait, la bille d'un des dragons (dépendant de l'endroit où se produisait le séisme) tombait dans la gueule d'un des crapauds. Cela indiquait la direction de l'épicentre du tremblement de terre, et vers où il fallait envoyer les secours.
152
+
153
+ La localisation de l'épicentre par des moyens modernes se fait à l'aide de plusieurs stations sismiques (3 au minimum), et un calcul tridimensionnel. Les capteurs modernes permettent de détecter des événements très sensibles, tels qu'une explosion nucléaire.
154
+
155
+ Le Centre sismologique euro-méditerranéen a quant à lui développé un processus de détection sismique basé sur l'analyse du trafic web et des contenus sur Twitter. La collecte de témoignages et de photos permet en outre de connaître l'intensité des séismes ressentis, et d'apprécier et géolocaliser les dégâts matériels.
156
+
157
+ Les méthodes de prédiction reposent sur une prévision qui spécifie, avec leur incertitude, la position, la taille, la date du séisme, et donne une estimation de la probabilité de son propre succès. La possibilité de la prédiction sismique repose sur l'existence, et la reconnaissance des « précurseurs », signes avant-coureurs d'un séisme[39]. En l'absence de précurseurs fiables, ces méthodes sont accompagnée de non-détections qui entraînent des procès pour les spécialistes et des fausses alarmes qui provoquent une perte de confiance des populations alertées, et éventuellement évacuées à tort. Enfin dans les régions à forte sismicité comme l'Iran, les habitants ne prêtent plus attention aux petits chocs sismiques et aux prédictions de tremblements de terre destructeurs faites[40].
158
+
159
+ Déjà en 1977, alors qu'il recevait une médaille de la Seismological Society of America (en), Charles Richter l'inventeur de l'échelle qui porte son nom commentait : « Depuis mon attachement à la sismologie, j'ai eu une horreur des prédictions et des prédicteurs. Les journalistes et le public bondissent sur la moindre évocation d'un moyen infime de prévoir les séismes, comme des cochons affamés se ruent sur leur mangeoire […] Ces éléments de prédiction sont un terrain de jeu pour les amateurs, les névrosés et les charlatans avides de publicité médiatique[41]. »
160
+
161
+ On peut distinguer trois types de prévisions[42] : la prévision à long terme (sur plusieurs années), à moyen terme (sur plusieurs mois) et à court terme[43] (inférieur à quelques jours).
162
+
163
+ Les prévisions à long terme reposent sur une analyse statistique des failles répertoriées et sur des modèles déterministes ou probabilistes des cycles sismiques. Elles permettent de définir des normes pour la construction de bâtiments, en général sous la forme d'une valeur d'accélération maximale du sol (pga, peak ground acceleration). Certaines failles telles celles de San Andreas en Californie ont fait l'objet d'études statistiques importantes ayant permis de prédire le séisme de Santa Cruz en 1989. Des séismes importants sont ainsi attendus en Californie, ou au Japon (Tokai, magnitude 8.3). Cette capacité prévisionnelle reste cependant du domaine de la statistique, les incertitudes sont souvent très importantes, on est donc encore loin de pouvoir prévoir le moment précis d'un séisme afin d'évacuer à l'avance la population ou la mettre à l'abri.
164
+
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+ Les prévisions à moyen terme sont plus intéressantes pour la population. Les recherches sont en cours pour valider certains outils, comme la reconnaissance de formes (dilatance).
166
+
167
+ Dans l'état actuel des connaissances, on ne peut pas prédire les séismes à court terme, c'est-à-dire déterminer la date et l'heure exacte d'un événement sismique, même si on peut souvent déterminer le lieu d'un futur séisme (une faille active principalement), et quelques autres caractéristiques. Cependant, la recherche fondamentale en sismologie s'emploie à tenter de découvrir des moyens de prédiction scientifiques.
168
+
169
+ D'autres moyens ont été cités : par exemple, certains animaux semblent détecter les tremblements de terre : serpents, porcs, chiens... Deux heures avant un séisme à Yientsin, en 1969, les autorités chinoises ont lancé un avertissement fondé sur l’agitation des tigres, des pandas, des yacks et des cerfs du zoo. Aucune étude scientifique n’a réussi pour le moment à prouver ce phénomène[44].
170
+
171
+ Les prévisions à court terme se basent sur des observations fines de l'évolution de zones à risque. On sait par exemple que les séismes sont souvent précédés de phénomènes de migration de gaz vers la surface[45] (migrations qui peuvent aussi contribuer à « lubrifier » certaines failles géologiques et parfois faciliter des effondrements susceptible d'engendrer un tsunami comme celui du Storrega ; On cherche à mieux comprendre les liens entre lithosphère, atmosphère et ionosphère qui pourraient aider à mieux prévoir certains séismes[46].
172
+
173
+ Les moyens de détection peuvent avoir un coût important, pour des résultats non garantis, du fait de la grande hétérogénéité des signes précurseurs d'un séisme, voire leur absence dans des séismes pourtant de grande ampleur, tels que TangShan ou Michoacan, qui avaient été prévus à moyen terme mais non à court terme.
174
+
175
+ Les gouvernements et autorités locales souhaitent des informations certifiées avant d'évacuer une population des sites suspectés mais les prédicteurs manquent de fiabilité[47]. Les États-Unis utilisent des outils de grande sensibilité autour des points statistiquement sensibles (tels que Parkfield en Californie) : vibrateurs sismiques utilisés en exploration pétrolière, extensomètres à fil d'invar, géodimètres à laser, réseau de nivellement de haute précision, magnétomètres, analyse des puits. Le Japon étudie les mouvements de l'écorce terrestre par GPS[48] et par interférométrie (VLBI), méthodes dites de géodésie spatiale. En Afrique du Sud, les enregistrements se font dans les couloirs des mines d'or, à 2 km de profondeur. La Chine se base sur des études pluridisciplinaires, tels que la géologie, la prospection géophysique ou l'expérimentation en laboratoire.
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+
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+ La surveillance d'anomalies d'émission de radon (et de potentiel électrique) dans les nappes sont évoqués[49], basée sur l'hypothèse qu'avant un séisme le sous-sol pourrait libérer plus de radon (gaz radioactif à faible durée de vie). On a constaté (par exemple en Inde[50]) une corrélation entre taux de radon dans les nappes souterraines et activité sismique. Un suivi en temps réel du radon à coût raisonnable est possible[50]. On a aussi montré dans les Alpes françaises que les variations de niveaux (de plus de 50 mètres) de deux lacs artificiels modifiaient les émissions périphériques de radon[51].
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+ Des recherches récentes soutiennent une possible corrélation entre des modifications de l'ionosphère et la préparation de tremblements de terre, ce qui pourrait permettre des prédictions à court terme[52],[53].
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+ Des fibres optiques sont déjà couramment utilisées par les compagnies pétrogazières (leurs impuretés innées dont des « capteurs virtuels » : à l'extrémité d'une fibre, un « interrogateur » électronique envoie des impulsions-laser et analyse la lumière qui rebondit (rétrodiffusion) ; des anomalies du temps de rétrodiffusion signifie que la fibre s'est étirée ou contractée (ce qui se produit en cas d'exposition à une onde sismique ou une vibration induite à proximité)[54]. Selon B. Biondi (géophysicien de l'Université de Stanford), un « interrogateur » unique peut gérer 40 kilomètres de fibre et contrôler un capteur virtuel tous les deux mètres, des milliards de tels capteurs sont déjà présents dans les lignes de télécommunication dispersées dans le monde, qui pourraient donc être utilisés pour détecter des anomalies fines et améliorer la prédiction sismique[55], en distinguant notamment les ondes P (qui voyagent plus vite mais en faisant peu de dégâts) des onde S (plus lentes et causant plus de dégâts)[54]. On a d'abord cru qu'il fallait les coller à une surface rigide ou les noyer dans du béton mais on a récemment montré que des faisceaux de fibres lâches placés dans un simple tuyaux de plastique suffisent. L'information est de qualité moyenne mais elle peut être acquise sur de vastes territoires et à bas coût[54].
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+ Un séisme ou tremblement de terre est une secousse du sol résultant de la libération brusque d'énergie accumulée par les contraintes exercées sur les roches. Cette libération d'énergie se fait par rupture le long d'une faille, généralement préexistante. Plus rares sont les séismes dus à l'activité volcanique ou d'origine artificielle (explosions par exemple). Le lieu de la rupture des roches en profondeur se nomme le foyer ; la projection du foyer à la surface est l'épicentre du séisme. Le mouvement des roches près du foyer engendre des vibrations élastiques qui se propagent, sous la forme de paquets d'ondes sismiques, autour et au travers du globe terrestre. Il produit aussi un dégagement de chaleur par frottement, au point de parfois fondre les roches le long de la faille (pseudotachylites).
4
+
5
+ Il se produit de très nombreux séismes tous les jours mais la plupart ne sont pas ressentis par les humains. Environ cent mille séismes sont enregistrés chaque année sur la planète[1]. Les plus puissants d'entre eux comptent parmi les catastrophes naturelles les plus destructrices. Les séismes les plus importants modifient la période de rotation de la Terre et donc la durée d’une journée (de l'ordre de la microseconde)[2].
6
+
7
+ La majorité des séismes se produisent à la limite entre les plaques tectoniques (séismes interplaques) de la terre, mais il peut aussi y avoir des séismes à l'intérieur des plaques (séismes intraplaques). La tectonique des plaques rend compte convenablement de la répartition des ceintures de sismicité à la surface du globe : les grandes ceintures sismiques du globe, caractérisées par la densité géographique des tremblements de terre, sont la ceinture de feu du Pacifique (elle libère 80 % de l'énergie sismique chaque année), la ceinture alpine (15 % de l'énergie annuelle) et les dorsales dans les océans (5 % de l'énergie annuelle)[3].
8
+
9
+ La science qui étudie ces phénomènes est la sismologie (pratiquée par les sismologues) et l'instrument de mesure principal est le sismographe (qui produit des sismogrammes). L'acquisition et l'enregistrement du signal s'obtiennent dans une station sismique regroupant, outre les capteurs eux-mêmes, des enregistreurs, numériseurs et antennes GPS, pour le positionnement géographique et le temps.
10
+
11
+ Si le séisme de 1755 à Lisbonne est à l'origine de la naissance de la sismologie, le débat qu'il suscite ne fait pas progresser la connaissance de la genèse des séismes[4].
12
+
13
+ La simultanéité entre rupture de faille et tremblement de terre est observée et décrite au XIXe siècle par les scientifiques qui lient la formation des principaux séismes à un brusque glissement le long d'une faille au sein de la croûte terrestre et/ou dans la lithosphère sous-jacente. Mais les théories ne parviennent pas trancher quel phénomène est à l'origine de l'autre et ne peuvent expliquer le mécanisme. En 1884, le géologue américain Grove Karl Gilbert propose le premier modèle de « cycle sismique » linéaire et régulier, postulant que les séismes les plus importants ont l'intervalle de récurrence[5] le plus fort[6]. C'est en 1910, après le séisme de 1906 à San Francisco, qu'un géodésien californien, Harry Fielding Reid (en), émet la théorie du rebond élastiquethéorie du rebond élastique. Selon cette théorie, les contraintes déforment élastiquement la croûte de part et d'autre de la faille, provoquant le déplacement asismique des deux blocs séparés par cette zone de rupture potentielle (la faille est alors inactive ou bloquée, et prend du retard par rapport à celles qui l'entourent, le séisme lui permettant de rattraper ce retard selon le rythme de son fonctionnement conçu comme régulier). Ce glissement est bloqué durant les périodes inter-sismiques (entre les séismes), l'énergie s'accumulant par la déformation élastique des roches. Lorsque leur résistance maximale est atteinte (phase cosismique), l'énergie est brusquement libérée et la rupture se produit par le brusque relâchement de contraintes élastiques préalablement accumulées par une lente déformation du sous-sol, ce qui provoque un jeu de la faille. Après un épisode sismique (phase post-sismique caractérisée par des répliques et des réajustements visco-élastiques), les roches broyées de la faille se ressoudent au cours du temps et la faille acquiert une nouvelle résistance. Le dispositif se réarme : la faille « se charge » puis se décharge brusquement par relaxation de contrainte. Reid explique ainsi le cycle sismique (cycle de chargement/déchargement)[7] complété par les différentes périodes sismiques de Wayne Thatcher[8]. Si ce modèle théorique de l'origine des tremblements de terre est encore couramment accepté par la communauté scientifique, il n'explique pas les récurrences sismiques irrégulières comme le révèle les traces laissées par les séismes (géomorphologie, paléosismologie, lichénométrie, dendrochronologie)[9].
14
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+ Cette théorie est complétée en 1966 en prenant en compte le processus de friction. Les variations des propriétés de friction sur les failles, dues à plusieurs facteurs (faible couplage des deux blocs, déformation asismique, phénomènes transitoires de glissement lent, rôle de fluides, etc. ), expliquent les cycles sismiques irréguliers[10]. Une loi de friction spécifique pour la modélisation des transferts de contrainte, dépendant de la vitesse et du temps de contact entre les deux surfaces, est proposée à la fin des années 1970[11],[12].
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+ Un tremblement de terre est une secousse plus ou moins violente du sol qui peut avoir quatre origines : rupture d'une faille ou d'un segment de faille (séismes tectoniques) ; intrusion et dégazage d'un magma (séismes volcaniques) ; « craquements » des calottes glaciaires se répercutant dans la croûte terrestre (séismes polaires)[13] ; explosion, effondrement d'une cavité (séismes d'origine naturelle ou dus à l'activité humaine)[14]. En pratique on classe les séismes en quatre catégories selon les phénomènes qui les ont engendrés :
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+ Les séismes tectoniques sont de loin les plus fréquents et dévastateurs. Une grande partie des séismes tectoniques a lieu aux limites des plaques, où se produit un glissement entre deux milieux rocheux. Une autre partie a lieu sur le long d'un plan de fragilité existant ou néoformé. Ce glissement, localisé sur une ou plusieurs failles, est bloqué durant les périodes inter-sismiques (entre les séismes) de déplacement asismique des deux blocs séparés par la zone de rupture potentielle (la faille est alors inactive), et l'énergie s'accumule par la déformation élastique des roches[15]. Cette énergie et le glissement sont brusquement relâchés lors des séismes[16]. Dans les zones de subduction, les séismes représentent en nombre la moitié de ceux qui sont destructeurs sur la Terre, et dissipent 75 % de l'énergie sismique de la planète. C'est le seul endroit où on trouve des séismes profonds (de 300 à 645 kilomètres). Au niveau des dorsales médio-océaniques, les séismes ont des foyers superficiels (0 à 10 kilomètres), et correspondent à 5 % de l'énergie sismique totale. De même, au niveau des grandes failles de décrochement, ont lieu des séismes ayant des foyers de profondeur intermédiaire (de 0 à 20 kilomètres en moyenne) qui correspondent à 15 % de l'énergie. Le relâchement de l'énergie accumulée ne se fait généralement pas en une seule secousse, et il peut se produire plusieurs réajustements avant de retrouver une configuration stable. Ainsi, on constate des répliques à la suite de la secousse principale d'un séisme, d'amplitude décroissante, et sur une durée allant de quelques minutes à plus d'un an. Ces secousses secondaires sont parfois plus dévastatrices que la secousse principale, car elles peuvent faire s'écrouler des bâtiments qui n'avaient été qu'endommagés, alors que les secours sont à l'œuvre. Il peut aussi se produire une réplique plus puissante encore que la secousse principale quelle que soit sa magnitude. Par exemple, un séisme de 9,0 peut être suivi d'une réplique de 9,3 plusieurs mois plus tard même si cet enchaînement reste extrêmement rare.
20
+
21
+ Les séismes d'origine volcanique résultent de l'accumulation de magma dans la chambre magmatique d'un volcan. Les sismographes enregistrent alors une multitude de microséismes (trémor) dus à des ruptures dans les roches comprimées ou au dégazage du magma[14]. La remontée progressive des hypocentres (liée à la remontée du magma) est un indice prouvant que le volcan est en phase de réveil et qu'une éruption est imminente.
22
+
23
+ Les glaciers et la couche de glace présentent une certaine élasticité, mais les avancées différentiées et périodiques (rythme saisonnier marqué) de coulées de glace provoquent des cassures dont les ondes élastiques génèrent des tremblements de terre, enregistrés par des sismographes loin du pôle à travers le monde[13]. Ces « tremblements de terre glaciaires » du Groenland sont caractérisés par une forte saisonnalité. Une étude publiée en 2006 a conclu que le nombre de ces séismes avait doublé de 2000 à 2005, tendance temporelle suggérant un lien avec une modification du cycle hydrologique et une réponse glaciaire à l'évolution des conditions climatiques[13]. Si l'on considère qu'une part du réchauffement climatique est d'origine humaine, une part des causes de ces séismes pourrait être considérée comme induits par l'Homme (voir ci-dessous).
24
+
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+ Les séismes d'origine artificielle ou « séismes » de faible à moyenne magnitude sont dus à certaines activités humaines telles que barrages, pompages profonds, extraction minière, explosions souterraines ou nucléaires, ou même bombardements[17]. Ils sont fréquents et bien documentés depuis les années 1960-1970. Par exemple, rien que pour la France et uniquement pour les années 1971-1976, plusieurs séismes ont été clairement attribués à des remplissages de lacs-réservoirs, à l'exploitation de gisements pétrolifères ou aux mines :
26
+
27
+ Les tremblements de terre engendrent parfois des tsunamis, dont la puissance destructrice menace une part croissante de l'humanité, installée en bordure de mer. Ils peuvent aussi menacer les installations pétrolières et gazières offshore et disperser les décharges sous-marines contenant des déchets toxiques, déchets nucléaires et munitions immergées. On cherche à les prévoir, pour s'en protéger, à l'aide d'un réseau mondial d'alerte, qui se met en place, en Indonésie et Asie du Sud Est notamment.
28
+
29
+ Dans certains cas, les séismes provoquent la liquéfaction du sol : un sol mou et riche en eau perdra sa cohésion sous l'effet d'une secousse.
30
+
31
+ Risques de séismes dus aux essais dans les centrales géothermiques :
32
+
33
+ Un centre de recherche sur les centrales géothermiques, dans le nord-est de la France, expérimente des techniques de géothermie. L’expérience consiste à injecter de l'eau froide dans des poches de magma (2 trous préalablement forés, l'un pour l'entrée de l'eau froide et l'autre pour la sortie de l'eau transformée en vapeur, puis de la récupérer sous forme de vapeur, de la mettre en pression puis de faire tourner une turbine puis produire de l'électricité.
34
+
35
+ Conséquences de l'expérience :
36
+
37
+ L'injection d'eau froide dans les poches de magma agissait sur les failles environnantes, l'eau agissait comme lubrifiant et produisait des micro séismes qui pouvaient aller jusqu'à produire des fissures sur les murs des maisons.
38
+
39
+ Même si la Terre est le seul objet céleste où l'on ait mis en évidence une tectonique des plaques, elle n'est pas le seul à subir des vibrations (séismes localisés et oscillations à grande échelle). Ces vibrations peuvent être dues à une autre forme de tectonique (contraction ou dilatation de l'objet) ou à des impacts cosmiques[20].
40
+
41
+ Les missions Apollo ont déposé plusieurs sismomètres à la surface de la Lune. On a enregistré quatre types de séismes, d'origines différentes. Certains sont dus à la libération de contraintes engendrées par les effets de marée, d'autres à des impacts de météorites, d'autres encore à la libération de contraintes d'origine thermique. L'origine des séismes du quatrième type, forts, peu profonds et d'assez longue durée, est inconnue.
42
+
43
+ Le seul autre objet extraterrestre où l'on ait installé un sismomètre est Mars, fin 2018 (sonde InSight). Opérationnel début février 2019, le sismomètre SEIS (développé par l'Institut de physique du globe de Paris) a enregistré son premier séisme martien le 7 avril. Jusqu'à présent ces séismes sont très faibles, sur Terre ils seraient masqués par le bruit sismique des océans.
44
+
45
+ L'étude de Mercure montre la présence d'un grand nombre de failles inverses, caractéristiques d'une contraction globale de la planète (sans doute liée à son refroidissement progressif). La sonde Messenger, notamment, a révélé l'existence de telles failles traversant des cratères d'impacts petits et récents. On en déduit que Mercure est aujourd'hui encore sujette à une tectonique active, très certainement accompagnée de séismes.
46
+
47
+ La surface de Vénus est elle-aussi parcourue par des failles et des plissements. Il est vraisemblable que Vénus soit encore active tectoniquement, mais on n'en a pas la preuve. S'il y a de forts séismes on espère, à défaut de pouvoir les enregistrer directement (faute de sismomètre), en repérer des conséquences atmosphériques.
48
+
49
+ On ne sait rien de l'activité sismique de Jupiter, mais il est plausible qu'elle subisse des oscillations d'échelle planétaire à l'instar de Saturne, dont les oscillations se répercutent sur ses anneaux sous la forme d'ondes observables. Pour Uranus et Neptune on ne sait pas.
50
+
51
+ Depuis le survol de Pluton par la sonde New Horizons en 2014, on sait que cette planète naine a une activité géologique récente (et sans doute actuelle), qui se manifeste notamment par des failles, dont la formation ou la réactivation s'accompagne certainement de séismes. Les contraintes tectoniques peuvent être dues à des cycles de gel (partiel) et refonte de l'eau située en dessous de la croûte de glace.
52
+
53
+ Le soleil lui-même est sujet à des oscillations globales, étudiées par l'héliosismologie. Des oscillations similaires, observables dans d'autres étoiles, sont étudiées par l'astérosismologie.
54
+
55
+ L'hypocentre ou foyer sismique peut se trouver entre la surface et jusqu'à sept cents kilomètres de profondeur (limite du manteau supérieur) pour les événements les plus profonds.
56
+
57
+ La puissance d'un tremblement de terre peut être quantifiée par sa magnitude, notion introduite en 1935 par le sismologue Charles Francis Richter[21]. La magnitude se calcule à partir des différents types d'ondes sismiques en tenant compte de paramètres comme la distance à l'épicentre, la profondeur de l'hypocentre, la fréquence du signal, le type de sismographe utilisé, etc. La magnitude est une fonction continue logarithmique[21] : lorsque l'amplitude des ondes sismiques est multipliée par 10, la magnitude augmente d'une unité. Ainsi, un séisme de magnitude 7 provoquera une amplitude dix fois plus importante qu'un événement de magnitude 6, cent fois plus importante qu'un de magnitude 5.
58
+
59
+ La magnitude, souvent appelée magnitude sur l'échelle de Richter, mais de manière impropre, est généralement calculée à partir de l'amplitude ou de la durée du signal enregistré par un sismographe[21]. Plusieurs valeurs peuvent être ainsi calculées (Magnitude locale
60
+
61
+
62
+
63
+
64
+ M
65
+
66
+ L
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+ {\displaystyle M_{L}}
72
+
73
+ , de durée
74
+
75
+
76
+
77
+
78
+ M
79
+
80
+ D
81
+
82
+
83
+
84
+
85
+ {\displaystyle M_{D}}
86
+
87
+ , des ondes de surfaces
88
+
89
+
90
+
91
+
92
+ M
93
+
94
+ S
95
+
96
+
97
+
98
+
99
+ {\displaystyle M_{S}}
100
+
101
+ , des ondes de volumes
102
+
103
+
104
+
105
+
106
+ M
107
+
108
+ B
109
+
110
+
111
+
112
+
113
+ {\displaystyle M_{B}}
114
+
115
+ ). Ces différentes valeurs ne sont pas très fiables dans le cas des très grands tremblements de terre. Les sismologues lui préfèrent donc la magnitude de moment (notée
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ M
121
+
122
+ W
123
+
124
+
125
+
126
+
127
+ {\displaystyle M_{W}}
128
+
129
+ ) qui est directement reliée à l'énergie libérée lors du séisme[21]. Des lois d'échelle relient cette magnitude de moment à la géométrie de la faille (surface), à la résistance des roches (module de rigidité) et au mouvement cosismique (glissement moyen sur la faille).
130
+
131
+ L'intensité macrosismique, qu'il ne faut pas confondre avec la magnitude, caractérise la sévérité de la secousse sismique au sol. Elle se fonde sur l'observation des effets et des conséquences du séisme sur des indicateurs communs en un lieu donné : effets sur les personnes, les objets, les mobiliers, les constructions, l'environnement. Le fait que ces effets soient en petit ou en grand nombre sur la zone estimée est en soi un indicateur du niveau de sévérité de la secousse. L'intensité est généralement estimée à l'échelle de la commune. On prendra par exemple en compte le fait que les fenêtres ont vibré légèrement ou fortement, qu'elles se sont ouvertes, que les objets ont vibré, se sont déplacés ou ont chuté en petit nombre ou en grand nombre, que des dégâts sont observés, en tenant compte des différentes typologies constructives (de la plus vulnérable à la plus résistante à la secousse), les différents degrés de dégâts (du dégât mineur à l'effondrement total de la construction) et si la proportion des dégâts observés est importante ou non (quelques maisons, ou l'ensemble des habitations)[22].
132
+
133
+ Les échelles d'intensité comportent des degrés généralement notés en chiffres romains, de I à XII pour les échelles les plus connues (Mercalli, MSK ou EMS). Parmi les différentes échelles, on peut citer :
134
+
135
+ Les relations entre magnitude et intensité sont complexes. L'intensité dépend du lieu d'observation des effets. Elle décroît généralement lorsqu'on s'éloigne de l'épicentre en raison des atténuations dues à la distance (atténuation géométrique) ou au milieu géologique traversé par les ondes sismiques (atténuation anélastique ou intrinsèque), mais d'éventuels effets de site (écho, amplification locale, par exemple par des sédiments ou dans des pitons rocheux) peuvent perturber les courbes moyennes de décroissance que l'on utilise pour déterminer l'intensité et l'accélération maximale du sol qu'ont à subir les constructions sur les sites touchés, ou qu'ils auront à subir sur un site précis lorsqu'on détermine un aléa sismique.
136
+
137
+ Statistiquement, à 10 kilomètres d'un séisme de magnitude 6, on peut s'attendre à des accélérations de 2 mètres par seconde au carré, des vitesses du sol de 1 mètre par seconde et des déplacements d'une dizaine de centimètres; le tout, pendant une dizaine de secondes[23].
138
+
139
+ Au moment du relâchement brutal des contraintes de la croûte terrestre (séisme), deux grandes catégories d'ondes peuvent être générées. Il s'agit des ondes de volume qui se propagent à l'intérieur de la Terre et des ondes de surface qui se propagent le long des interfaces[24].
140
+
141
+ Dans les ondes de volume, on distingue :
142
+
143
+ Les ondes de surface (ondes de Rayleigh, ondes de Love) résultent de l'interaction des ondes de volume. Elles sont guidées par la surface de la Terre, se propagent moins vite que les ondes de volume, mais ont généralement une plus forte amplitude[24]. Généralement ce sont les ondes de surface qui produisent les effets destructeurs des séismes.
144
+
145
+ Les plus anciens relevés sismiques datent du VIIIe millénaire av. J.‑C.[réf. nécessaire].
146
+
147
+ Tremblements de terre de magnitude au moins égale à 8.
148
+
149
+ Tremblements de terre ayant fait plus de 15 000 morts d'après les estimations des autorités locales, placés dans l'ordre chronologique.
150
+
151
+ L'ancienne méthode chinoise consistait en un vase de bronze comportant huit dragons sur le contour, le Houfeng Didong Yi du chinois Zhang Heng, mis au point en l'an 132 de l'ère commune. Une bille était placée dans la gueule de chaque dragon, prête à tomber dans la gueule d'un crapaud. Lorsqu'un séisme se produisait, la bille d'un des dragons (dépendant de l'endroit où se produisait le séisme) tombait dans la gueule d'un des crapauds. Cela indiquait la direction de l'épicentre du tremblement de terre, et vers où il fallait envoyer les secours.
152
+
153
+ La localisation de l'épicentre par des moyens modernes se fait à l'aide de plusieurs stations sismiques (3 au minimum), et un calcul tridimensionnel. Les capteurs modernes permettent de détecter des événements très sensibles, tels qu'une explosion nucléaire.
154
+
155
+ Le Centre sismologique euro-méditerranéen a quant à lui développé un processus de détection sismique basé sur l'analyse du trafic web et des contenus sur Twitter. La collecte de témoignages et de photos permet en outre de connaître l'intensité des séismes ressentis, et d'apprécier et géolocaliser les dégâts matériels.
156
+
157
+ Les méthodes de prédiction reposent sur une prévision qui spécifie, avec leur incertitude, la position, la taille, la date du séisme, et donne une estimation de la probabilité de son propre succès. La possibilité de la prédiction sismique repose sur l'existence, et la reconnaissance des « précurseurs », signes avant-coureurs d'un séisme[39]. En l'absence de précurseurs fiables, ces méthodes sont accompagnée de non-détections qui entraînent des procès pour les spécialistes et des fausses alarmes qui provoquent une perte de confiance des populations alertées, et éventuellement évacuées à tort. Enfin dans les régions à forte sismicité comme l'Iran, les habitants ne prêtent plus attention aux petits chocs sismiques et aux prédictions de tremblements de terre destructeurs faites[40].
158
+
159
+ Déjà en 1977, alors qu'il recevait une médaille de la Seismological Society of America (en), Charles Richter l'inventeur de l'échelle qui porte son nom commentait : « Depuis mon attachement à la sismologie, j'ai eu une horreur des prédictions et des prédicteurs. Les journalistes et le public bondissent sur la moindre évocation d'un moyen infime de prévoir les séismes, comme des cochons affamés se ruent sur leur mangeoire […] Ces éléments de prédiction sont un terrain de jeu pour les amateurs, les névrosés et les charlatans avides de publicité médiatique[41]. »
160
+
161
+ On peut distinguer trois types de prévisions[42] : la prévision à long terme (sur plusieurs années), à moyen terme (sur plusieurs mois) et à court terme[43] (inférieur à quelques jours).
162
+
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+ Les prévisions à long terme reposent sur une analyse statistique des failles répertoriées et sur des modèles déterministes ou probabilistes des cycles sismiques. Elles permettent de définir des normes pour la construction de bâtiments, en général sous la forme d'une valeur d'accélération maximale du sol (pga, peak ground acceleration). Certaines failles telles celles de San Andreas en Californie ont fait l'objet d'études statistiques importantes ayant permis de prédire le séisme de Santa Cruz en 1989. Des séismes importants sont ainsi attendus en Californie, ou au Japon (Tokai, magnitude 8.3). Cette capacité prévisionnelle reste cependant du domaine de la statistique, les incertitudes sont souvent très importantes, on est donc encore loin de pouvoir prévoir le moment précis d'un séisme afin d'évacuer à l'avance la population ou la mettre à l'abri.
164
+
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+ Les prévisions à moyen terme sont plus intéressantes pour la population. Les recherches sont en cours pour valider certains outils, comme la reconnaissance de formes (dilatance).
166
+
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+ Dans l'état actuel des connaissances, on ne peut pas prédire les séismes à court terme, c'est-à-dire déterminer la date et l'heure exacte d'un événement sismique, même si on peut souvent déterminer le lieu d'un futur séisme (une faille active principalement), et quelques autres caractéristiques. Cependant, la recherche fondamentale en sismologie s'emploie à tenter de découvrir des moyens de prédiction scientifiques.
168
+
169
+ D'autres moyens ont été cités : par exemple, certains animaux semblent détecter les tremblements de terre : serpents, porcs, chiens... Deux heures avant un séisme à Yientsin, en 1969, les autorités chinoises ont lancé un avertissement fondé sur l’agitation des tigres, des pandas, des yacks et des cerfs du zoo. Aucune étude scientifique n’a réussi pour le moment à prouver ce phénomène[44].
170
+
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+ Les prévisions à court terme se basent sur des observations fines de l'évolution de zones à risque. On sait par exemple que les séismes sont souvent précédés de phénomènes de migration de gaz vers la surface[45] (migrations qui peuvent aussi contribuer à « lubrifier » certaines failles géologiques et parfois faciliter des effondrements susceptible d'engendrer un tsunami comme celui du Storrega ; On cherche à mieux comprendre les liens entre lithosphère, atmosphère et ionosphère qui pourraient aider à mieux prévoir certains séismes[46].
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+ Les moyens de détection peuvent avoir un coût important, pour des résultats non garantis, du fait de la grande hétérogénéité des signes précurseurs d'un séisme, voire leur absence dans des séismes pourtant de grande ampleur, tels que TangShan ou Michoacan, qui avaient été prévus à moyen terme mais non à court terme.
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+
175
+ Les gouvernements et autorités locales souhaitent des informations certifiées avant d'évacuer une population des sites suspectés mais les prédicteurs manquent de fiabilité[47]. Les États-Unis utilisent des outils de grande sensibilité autour des points statistiquement sensibles (tels que Parkfield en Californie) : vibrateurs sismiques utilisés en exploration pétrolière, extensomètres à fil d'invar, géodimètres à laser, réseau de nivellement de haute précision, magnétomètres, analyse des puits. Le Japon étudie les mouvements de l'écorce terrestre par GPS[48] et par interférométrie (VLBI), méthodes dites de géodésie spatiale. En Afrique du Sud, les enregistrements se font dans les couloirs des mines d'or, à 2 km de profondeur. La Chine se base sur des études pluridisciplinaires, tels que la géologie, la prospection géophysique ou l'expérimentation en laboratoire.
176
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+ La surveillance d'anomalies d'émission de radon (et de potentiel électrique) dans les nappes sont évoqués[49], basée sur l'hypothèse qu'avant un séisme le sous-sol pourrait libérer plus de radon (gaz radioactif à faible durée de vie). On a constaté (par exemple en Inde[50]) une corrélation entre taux de radon dans les nappes souterraines et activité sismique. Un suivi en temps réel du radon à coût raisonnable est possible[50]. On a aussi montré dans les Alpes françaises que les variations de niveaux (de plus de 50 mètres) de deux lacs artificiels modifiaient les émissions périphériques de radon[51].
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+ Des recherches récentes soutiennent une possible corrélation entre des modifications de l'ionosphère et la préparation de tremblements de terre, ce qui pourrait permettre des prédictions à court terme[52],[53].
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+ Des fibres optiques sont déjà couramment utilisées par les compagnies pétrogazières (leurs impuretés innées dont des « capteurs virtuels » : à l'extrémité d'une fibre, un « interrogateur » électronique envoie des impulsions-laser et analyse la lumière qui rebondit (rétrodiffusion) ; des anomalies du temps de rétrodiffusion signifie que la fibre s'est étirée ou contractée (ce qui se produit en cas d'exposition à une onde sismique ou une vibration induite à proximité)[54]. Selon B. Biondi (géophysicien de l'Université de Stanford), un « interrogateur » unique peut gérer 40 kilomètres de fibre et contrôler un capteur virtuel tous les deux mètres, des milliards de tels capteurs sont déjà présents dans les lignes de télécommunication dispersées dans le monde, qui pourraient donc être utilisés pour détecter des anomalies fines et améliorer la prédiction sismique[55], en distinguant notamment les ondes P (qui voyagent plus vite mais en faisant peu de dégâts) des onde S (plus lentes et causant plus de dégâts)[54]. On a d'abord cru qu'il fallait les coller à une surface rigide ou les noyer dans du béton mais on a récemment montré que des faisceaux de fibres lâches placés dans un simple tuyaux de plastique suffisent. L'information est de qualité moyenne mais elle peut être acquise sur de vastes territoires et à bas coût[54].
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+ Le sel de table, sel alimentaire ou sel de cuisine, est composé essentiellement de chlorure de sodium. Il se présente sous différentes formes : gros sel (ou sel gros), sel fin, fleur de sel.
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3
+ Le sel est connu depuis la Préhistoire (voir une des plus anciennes villes préhistoriques d'Europe Solnitsata) pour ses caractéristiques d'assaisonnement et de conservation des aliments. Il était extrait de mines généralement très enfouies dans le sol (mines de roche évaporitique telle que la halite), ou plus facilement de sources salées ou de la mer (saliculture)[1]. Les tessons de briquetages, céramiques utilitaires dans l'extraction de sel (marmites où l'on faisait bouillir la saumure sur des fours à feux de bois et bâtonnets d'argile cuite dont l'assemblage permettait une partie de l'évaporation de cette saumure) sont fréquemment retrouvés jusqu'à l'âge du fer, période qui voit l'apparition d'outillages plus robustes et de plus grande capacité dans lesquels on faisait légèrement chauffer la saumure filtrée et concentrée (l'ethnoarchéologie montre que des croûtes de terre salées et séchées sont lessivées dans un entonnoir filtrant ou un panier par de l'eau de mer puis par de la saumure, de telle sorte que le jus salé arrive à saturation) pour préserver le combustible, l'obtention de grandes quantités de sel par ébullition de saumure consommant trop de bois[2].
4
+
5
+ Il fut également probablement précocement utilisé dans les rites religieux. On connait de tels usages chez les Hébreux (Lv 2,13), les Grecs et les Romains de l'Antiquité. Cet élément naturel a revêtu une grande importance stratégique et économique et a fait l'objet d'un commerce important, parfois sur de grandes distances.
6
+
7
+ On estime que le sel était déjà utilisé et donc extrait, 6 000 ans avant notre ère, au lac salé de Yuncheng, dans le Shanxi[3].
8
+
9
+ Les routes du sel furent les grandes voies de communications et d'échanges depuis l'Antiquité pour l'acheminement du sel, transporté depuis les régions productrices vers les régions qui en étaient dépourvues.
10
+
11
+ Le contrôle de l'approvisionnement en sel fut l'une des clefs de l'expansion militaire de l'Empire romain qui s'en est attribué le monopole. Les armées de conquête de César emportaient avec elles des salaisons qui assuraient une partie de leur approvisionnement. Sans ces salaisons, les armées n'auraient pu avoir recours qu'au pillage des territoires conquis. Cette stratégie limita les résistances et assura une implantation durable de la civilisation romaine.
12
+
13
+ Le rôle du sel comme clef de l'approvisionnement militaire perdura jusqu'à l'invention, à la fin du XVIIIe siècle, de nouvelles techniques de conservation des aliments. Il joua donc un rôle crucial dans les grandes conquêtes maritimes, autorisant le transport de vivres pour des voyages d'exploration aux escales aléatoires.
14
+
15
+ Il a aussi été un moyen d'échange une monnaie ou un impôt, dont en Chine et en Europe comme en témoigne l'étymologie commune des mots « sel » et « salaire » (en latin salarium, somme donnée aux soldats pour l'achat du sel). Le sel sous le nom de « salignon » fut une monnaie d'échange au Tibet et en Éthiopie. Le sel était en France stocké dans des greniers à sel puis des « Dépôts des sels » définis par l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers comme « chambres où le sel est mis en dépôt, dans les pays où il est marchand. La chambre des dépôts est aussi une jurisdiction établie pour connoître des contestations qui peuvent s'élever par rapport à la vente & distribution du sel. Le premier juge de cette chambre s'appelle le président des dépôts ».
16
+
17
+ En France, le sel a été exploité dans des marais salants sur les littoraux méditerranéen et atlantique, peut-être dès la Préhistoire, et à l'aide de fours à sel dans les sauneries gauloises puis gallo-romaines des rivages de la Gaule du nord (ce pourrait être une des origines du nom des saliens) d'où il était acheminé sous forme de pains de sel jusqu'à Rome par les voies romaines, ainsi qu'un jambon ménapien salé ou fumé, fort réputé chez les Romains. En raison de ses vertus de conservation de la viande, du poisson, du beurre et du fromage, le sel devient un ingrédient indispensable aux familles. La religion catholique imposant des jours maigres (sans viande), le poisson séché et conservé dans le sel est très demandé. La salière est commune autant aux familles pauvres que riches. Chez ces derniers, la salière est ornée et constitue un objet de luxe. L'exemple le plus éclatant est sans doute la salière de l'orfèvre italien Benvenuto Cellini que lui commanda le roi François Ier. Au XVIe siècle, l'importance du sel est telle que les dépenses d'une famille de paysans pour ce produit avoisine les 10 % de ses revenus[4].
18
+
19
+ Le sel a été taxé pendant plusieurs siècles via un impôt spécifique appelé gabelle apparue sous Louis IX. Cette taxe devenue permanente, variable suivant les provinces et croissante au point de rendre le prix du sel élevé, est devenue si impopulaire qu'elle a entraîné des exodes ruraux massifs, déclenché des guerres et a participé au déclenchement de la Révolution française[5]. Une route du sel avec l'Italie est encore dans la géographie de la Provence. Les contrebandiers en sel étaient appelés « faux sau(l)niers » et les agents chargés de les traquer, les « gabelous ».
20
+ Les litiges liés au sel et aux « greniers à sel » pouvaient relever des « cas royaux » : causes juridiques relevant de la seule souveraineté royale et donc « réservées à la connaissance des seuls juges royaux, privativement à tous autres juges » (seigneuriaux ou ecclésiastiques, et parfois prévosts qui n'étaient des « juges royaux inférieurs »).
21
+
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+ En 1930, la Marche du sel initiée par Gandhi, pour protester contre le monopole britannique sur le sel, est une étape importante de la marche vers l'indépendance de l'Inde.
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+ Parfois, la toponymie rappelle la présence de sel dans le sol comme dans Lons-le-Saunier ou Salins-les-Bains.
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+ Le sel naturel n'est pas raffiné et contient encore tous ses minéraux naturels. Les sels naturels ont donc des propriétés gustatives et un aspect différent suivant la quantité de minéraux qu'ils contiennent. Ainsi, la fleur de sel ou le sel de mer récolté à la main ont une saveur unique qui change d'une région à une autre.
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+
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+ La fleur de sel ou le sel des marais salants ou le sel gemme non raffinés rentrent dans cette catégorie.
29
+
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+ Le sel non raffiné de mer est plus riche en magnésium (sous forme de chlorure de magnésium) ainsi qu'en oligo-éléments et en fer.
31
+
32
+ Cependant, les sels naturels, contrairement à la plupart des sels industriels, ne sont pas enrichis en iode et n'en contiennent que très peu naturellement[6]. Leur consommation régulière peut donc exposer aux maladies liées à la carence en iode, comme le goitre, des retards de croissance et divers troubles mentaux.
33
+
34
+ Le raffinage permet d'obtenir un sel de la couleur blanche jusqu'ici fréquemment préférée par le consommateur.
35
+ Il est alors composé de NaCl pratiquement pur (99,9 %). Le sel du type raffiné reste le plus employé dans l'alimentation. Environ 7 % du sel raffiné est aussi utilisé comme additif, mais la plus grande partie est destinée aux usages industriels (fabrication du papier, réglage de la teinte des textiles et des tissus, production de savons et détergents). Le sel a une forte valeur marchande.
36
+
37
+ Aujourd'hui, la majeure partie du sel raffiné est préparée à partir du sel gemme extrait des mines de sel. Après que le sel brut a été remonté des mines, on le raffine pour l'épurer et pour faciliter son stockage. La purification comporte habituellement une phase de recristallisation. Durant cette phase, une solution de saumure est traitée avec des produits chimiques qui précipitent les impuretés (en grande partie des sels de magnésium et de calcium). Des étapes multiples d'évaporation permettent alors de rassembler les cristaux purs de chlorure de sodium, qui sont séchés au four ou en autoclave.
38
+
39
+ Des adjuvants, anti-agglomérants et composés fluorés ou iodés, lui sont habituellement rajoutés.
40
+
41
+ Des agents anti-agglomérants et de l'iodure de potassium (pour le sel iodé) sont généralement ajoutés au moment de la phase de séchage. Ces agents sont des produits chimiques hygroscopiques qui absorbent l'humidité évitant le colmatage des cristaux de sel. Les agents anti-agglomérants utilisés sont le phosphate, les carbonates de calcium ou de magnésium, les sels d'acide gras (sels acides), l'oxyde de magnésium, le dioxyde de silicium, l'aluminosilicate de sodium (en) et le silicate tricalcique d'alumino-calcium. Des inquiétudes ont été soulevées concernant les effets toxiques possibles de l'aluminium dans les deux derniers composés, comme l'explique le documentaire Aluminium, notre poison quotidien réalisé en 2011 par Valérie Rouvière. Cependant, l'Union européenne et les États-Unis permettent leur utilisation en quantités limitées. Le sel de raffinage est alors prêt pour l'emballage et la distribution.
42
+
43
+ De plus, depuis quelques années les industriels du secteur enrichissent ou complètent leur sel avec de l'iode (iodure de potassium) et du fluor. L'iode sert à combattre les goitres et à diminuer le crétinisme, le fluor contribue à prémunir des caries en renforçant l'émail. Toutefois, l'excès d'iode et de fluor conduit aussi à de graves maladies.
44
+
45
+ Le sel iodé de table a permis de réduire les insuffisances d'iode dans les pays où il est employé. L'iode est important pour empêcher la production insuffisante des hormones thyroïdiennes (hypothyroïdisme), qui peuvent causer le goitre, le crétinisme chez les enfants, et le myxœdème chez les adultes.
46
+
47
+ Le sel de table est un sel raffiné contenant à 95 % ou plus du chlorure de sodium presque pur, souvent iodé et fluoré. Il contient habituellement des substances qui empêchent le colmatage des cristaux (des agents anti-agglomérants) comme le silicoaluminate de sodium (le nom commun est Tixolex) et une quantité infime de sucre inverti pour empêcher le sel de tourner en une couleur jaune une fois exposé à la lumière du soleil, et pour empêcher une perte d'iode par vaporisation. Il est habituel de mettre quelques grains de riz cru dans les salières pour absorber l'humidité quand les agents anti-agglomérants ne sont pas assez efficaces.
48
+
49
+ Le sel de table est principalement utilisé en cuisine et à table comme condiment, souvent associé au poivre.
50
+
51
+ Le sel de table est maintenant employé partout dans le monde.
52
+
53
+ Le sel de qualité alimentaire est un produit cristallin se composant principalement de chlorure de sodium, provenant de marais salants, de sel gemme ou de saumures provenant de la dissolution de sel gemme et répondant aux spécifications suivantes :
54
+
55
+ En France, la dénomination de vente du sel de qualité alimentaire est « sel alimentaire », « sel de table » ou « sel de cuisine ».
56
+
57
+ Pour celui provenant des marais salants, la dénomination devient « sel marin gris alimentaire », « sel marin gris de table » ou « sel marin gris de cuisine »
58
+ [7].
59
+
60
+ Les sels de table du Canada sont formés des ingrédients suivants: chlorure de sodium, thiosulfate de sodium, iodure de potassium et ferrocyanure de sodium.
61
+ Parfois, le terme chlorure de sodium est remplacé par le mot sel.
62
+
63
+ La fabrication et l'utilisation du sel sont l'une des industries chimiques les plus anciennes. Plusieurs sources de production sont possibles. Récolté dans les marais salants, extrait des mines de sel gemme, produit par dissolution, recristallisé dans des salines ignigènes, le sel connaît plus d’une méthode de production. Il n’a pourtant qu’une seule origine : la mer.
64
+
65
+ Le sel gemme est un dépôt de minerai contenant une grosse concentration de sel comestible. Ces gisements de sel ont été constitués par l'évaporation ancienne de lacs ou de mers intérieures. Ce type de dépôts est appelé évaporite. Chaque gisement a une composition particulière. On peut y trouver de la halite presque pure (NaCl), mais également de la sylvite (KCl) ou du gypse (CaSO4). Ces dépôts peuvent être extraits traditionnellement dans une mine ou par injection d'eau. L'eau injectée dissout le sel, et la solution de saumure peut être pompée à la surface où le sel est récolté.
66
+
67
+ Du sel est également obtenu par évaporation de l'eau de mer, habituellement en bassins peu profonds chauffés par la lumière du soleil ; du sel ainsi obtenu s'est autrefois appelé le sel de compartiment, et s'appelle maintenant souvent sel de mer.
68
+
69
+ Des changements climatiques peuvent affecter certains producteurs de sel de mer s'il y a augmentation de la nébulosité et de la pluviométrie dans certaines régions. À titre d'exemple d'influence de la météorologie, l'été 2007 ayant été très pluvieux, les salines de l'île de Ré n'ont pu récolter que 50 tonnes de sel, soit 2 % de la production moyenne[8]. À l'inverse, l'année 2011 a vu la récolte du sel de Guérande démarrer avec un mois d'avance grâce à des conditions climatiques plus que favorables.
70
+
71
+ Le sel, d'origine marine, peut être extrait directement de la mer, via la saumure, c’est-à-dire d'eau marine évaporée et chargée en sel ou de gisements fossiles (gemme de sel).
72
+
73
+ Récemment la Polynésie Française qui compte un très vaste territoire maritime dispose également de plusieurs productions de sel marins sur les atolls de Rangiroa, Puka Puka et Bora-Bora.
74
+
75
+ L'évaporation de l'eau de la saumure peut-être naturelle ou provoquée par l'homme qui chauffe l'eau salée, comme à Salins-les-Bains. C'est une activité que les Gaulois pratiquaient déjà sur plusieurs sites du nord-ouest de la France, 400 ans avant Jules César, et qui dans ce cas a probablement contribué à la déforestation de ces régions. Ce sel est dit « sel ignigène », c'est-à-dire "né du feu".
76
+
77
+ Le sel permet aussi la conservation des aliments par diminution de l'activité de l'eau. Au Moyen Âge, c'était le principal moyen de conserver les viandes et poissons. Aujourd'hui encore, certaines régions africaines dépourvues d'appareils frigorifiques utilisent le sel pour conserver viandes et poissons, tout comme les consommateurs des pays dits développés trouvent dans le commerce des produits salés : navet salé, hareng saur, morue, etc.
78
+
79
+ En cuisine, le sel permet d'assaisonner les plats. Les Italiens préfèrent le gros sel avec lequel ils relèvent leurs pâtes ; les Belges utilisent plus volontiers le sel fin emballé dans des sachets.
80
+
81
+ Contrairement à une idée reçue, le sel n'est pas un exhausteur de goût, mais il permet de modifier la perception du goût, c'est pour cela qu'il est largement utilisé en cuisine[réf. nécessaire]
82
+
83
+ Les aliments contenant le plus de sel sont les charcuteries et les fromages, ainsi que les préparations cuisinées (plats cuisinés, soupes préparées) des aliments industriels.
84
+
85
+ Le sel joue par ailleurs plusieurs rôles en panification : fermentation, qualités organoleptiques, conservation. Le pain contient donc également beaucoup de sel, mais beaucoup de recettes de pâtisseries incluent également du sel dans leur pâte.
86
+
87
+ Le sel de table peut être « iodé » par addition d'un sel d'iode, cet élément étant nécessaire à la glande thyroïde pour la sécrétion des hormones thyroïdiennes et servant aussi au développement intellectuel. La vente de sel iodé est imposée par la règlementation dans plusieurs pays. Les ions chlorure et sodium contenus dans le sel sont aussi très importants pour le fonctionnement de l'organisme. En effet, ces ions jouent un rôle dans la conduction de l'influx nerveux, dans la contraction des muscles et dans la rétention d'eau dans le corps.
88
+
89
+ En France et dans beaucoup de pays industrialisés, la consommation de sel est trop importante. Cette surconsommation, due également au sel se trouvant dans les préparations industrielles, entraîne de graves problèmes de santé, comme l'hypertension ou l'obésité qui sont la cause de plusieurs dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Il existe d'autres sels (comme le chlorure de potassium KCl, présent dans le sel de table non raffiné mais plus toxique pour les personnes ayant des maladies cardiaques, rénales ou des troubles de pression artérielle) mais peu répandus et plus coûteux.
90
+
91
+ Chez de nombreux animaux, que ce soit les cordés (tétrapodes, poissons); ou bien les insectes et les mollusques par exemple, le sel assure les mêmes fonctions organiques (maintient de l'équilibre osmotique, transport d'ions, voir leur diffusion membranaire au niveau intercellulaire ) que chez l'homme. Souvent, les mammifères sauvages, surtout les herbivores, lèchent les pierres salées ou les salantes naturelles sources de sel.
92
+
93
+ En agriculture, les bovidés, ovidés et autres herbivores ont à disposition des pierres à lécher. Ce besoin est dû à la consommation élevée de calcium à cause de leur régime herbivore. De plus, les bovidés perdent encore plus de sel lors de la traite. C’est pourquoi on leur donne des pierres à sel à lécher pour couvrir leurs besoins.
94
+
95
+ Le chlorure de sodium peut modifier les saveurs primaires ; il diminue l'amer et le sucré, pondère l'acide et participe à l’intensité de l’umami, selon des mécanismes encore mal compris[9].
96
+
97
+ Selon les industriels producteurs[10],
98
+
99
+ « Le chlorure de sodium (NaCl) augmente la sapidité des aliments, c’est-à-dire qu’il intensifie la perception des saveurs. Les ions Na+ stimulent les papilles gustatives tandis que les ions Cl- donnent le goût salé. Le sel rehausse donc la perception de la saveur de certains aliments ayant un profil initialement fade et a ainsi un impact sur le profil global de saveur du produit fini, le rendant généralement plus agréable. Les composés chimiques non volatils sont dissous par la salive et détectés par plusieurs parties de la langue, du palais ou de la gorge. »
100
+
101
+ (extrait d'un Guide de réduction du sodium pour l’industrie alimentaire).
102
+
103
+ On l'utilisait autrefois pour ses propriétés déshydratantes (ammochosie).
104
+
105
+ L'excès de consommation de sel par les habitants des pays développés est établie. Le milieu médical et scientifique (OMS, Inserm, etc.) considère que la consommation de sel dans les pays développés est excessive (pour la France[11], deux fois supérieure aux recommandations de l'OMS[12]) pouvant être responsable de maladies cardiovasculaires et rénales. L'excès de sel provient essentiellement, à hauteur de 80 % des plats cuisinés, soupes et autres produits industrialisés. L'accoutumance au sel pourrait exister dès l'âge des nourrissons par le biais des petits pots et plats pour bébés[13].
106
+
107
+ La quantité de sel absorbée quotidiennement peut être estimée par un interrogatoire diététique précis, mais peut être facilement objectivée par la mesure de la quantité de sodium excrété dans les urines, en l'absence de certaines prises médicamenteuses (notamment les diurétiques) : en situation stable la quantité excrétée est proche de la quantité ingérée.
108
+
109
+ Le sel contient environ 40 % de sodium en poids[14], auquel on attribue la majorité des effets positifs ou négatifs du sel.
110
+
111
+ Les effets néfastes de l'excès de sel sont connus depuis 1969[13]. Le sel, ou chlorure de sodium, agit sur la tension en l'augmentant[15]. Le sel n'est pas l'unique facteur, mais il augmente les risques, favorisant également la rétention d'eau[13]. L'élévation de la pression artérielle augmente le risque d'accident cardiovasculaire, dont principalement l'infarctus. L'abus de sel est donc particulièrement déconseillé aux personnes souffrant d'hypertension artérielle, mais aussi, aux autres personnes. Au contraire, la réduction de l'apport sodé permet la diminution des chiffres tensionnels[16]. la diminution des apports sodés pourrait également, de manière indépendante de la baisse des chiffres tensionnels, diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire[17].
112
+
113
+ L'excès de sel est également mauvais pour les reins : Une consommation excessive de sel augmente le risque d'hypertension artérielle, l'une des principales causes d'insuffisance rénale. Au quotidien, un excès de sel peut également entraîner des complications chez les personnes déjà atteintes d'insuffisance rénale. Les reins malades sont en effet de moins en moins aptes à gérer ce surplus de sel, ce qui peut entraîner une rétention d'eau, elle-même responsable de l'apparition d'une hypertension artérielle[13].
114
+
115
+ En juin 2005, l'Agence européenne de sécurité alimentaire a rappelé que « les niveaux actuels de consommation de sodium sont associés directement à une augmentation de la tension artérielle, facteur de risque de maladies cardio-vasculaires et rénales qui sont les principales causes de morbidité [maladie] et de mortalité en Europe[18]. » La réduction de consommation de sel permet de diminuer l'incidence des affections cardiovasculaires : sur une période de 10-15 ans, les sujets ayant réduit jusqu'à 25-30 % leur consommation de sel ont souffert d'un quart d'événements cardiovasculaires en moins[19].
116
+
117
+ En cas d'insuffisance cardiaque, l'excès de sel augmente le risque de survenue de décompensation et peut conduire parfois à des complications importantes nécessitant une hospitalisation (œdème aigu du poumon).
118
+
119
+ Selon certains auteurs, l'excès de sel entraîne chaque année la mort de 1,6 million (en 2010) de personnes dans le monde[20],[21].
120
+
121
+ Le sel, à petites doses, reste un élément indispensable. Il permet de maintenir une pression artérielle correcte et prévient les troubles liés à une concentration insuffisante de sel dans le sang (hyponatrémie) telle qu'elle se voit dans certains cas de déshydratation. Le besoin minimal physiologique est autour de 2 g /jour[22]. Une consommation trop basse de sel pourrait même majorer le risque de survenue de maladies cardio-vasculaires[23].
122
+
123
+ En mars 2003, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) conclut que la quantité de sel absorbée doit être inférieure à 5 grammes par jour[24].
124
+
125
+ En février 2007, l'OMS rappelle les manières de réduire le risque de maladie cardiovasculaire, notamment « en consommant le moins possible de denrées riches en graisses, en sucre et en sel. »[25].
126
+
127
+ L'habitude d'une consommation excessive de sel proviendrait de son usage intensif pour conserver viandes et salaisons. Cette consommation pouvait aller jusqu'à 30 grammes par jour, entraînant des accidents vasculaires hémorragiques[13]. Mais, malgré l'invention de nouvelles techniques de conservation sans sel (« la chaîne du froid »), l'habitude de manger très salé est restée et sa consommation reste excessive au regard des recommandations des organismes de santé.
128
+
129
+ Les Français consomment en moyenne 10 g de sel par jour[22].
130
+
131
+ Cette surconsommation serait responsable de plus de 75 000 accidents cardiovasculaires et de 25 000 morts chaque année en France[22].
132
+
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+ L'industrie agroalimentaire est accusée d'être responsable de la surconsommation de sel. Depuis de nombreuses années, les industriels ajoutent beaucoup de sel dans les aliments industriels (plats cuisinés, viandes panées, charcuteries, chips, pains, fromages, sauces, etc.), le tout participant à près de 80 % du chlorure de sodium absorbé chaque jour [26]. Les raisons de l'utilisation massive de sel dans les aliments industriels seraient le rehaussement de la perception du goût, le masquage de certaines saveurs, l'alourdissement de la viande en retenant l’eau[27],[22],[13]. Le goût du sel n'est pas inné mais l'agroalimentaire crée cette dépendance dès le plus jeune âge en salant les produits pour enfants. Certaines marques de produits pour bébés ont réagi en proposant des produits sans sel[13].
134
+
135
+ Des recherches de substitution au sel sont menées : remplacement par le glutamate de sodium mais cet exhausteur de goût est soupçonné d'avoir des effets neurotoxiques ; par le chlorure de potassium mais il développe un arrière-goût amer. On recherche actuellement des exhausteurs de goût organiques sans effets indésirables. Une autre approche est de diminuer la taille des particules de sel, ce qui facilite sa dissolution et permet d'alléger les doses[28].
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+
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+ Les principaux pays producteurs mondiaux de sel en 2014[29] :
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+
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+ millions tonnes
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+ Les principaux producteurs mondiaux de sel sont, en 2009 (capacité en millions de tonnes)[30] :
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+ Le sel occupe depuis longtemps une place importante dans la religion et la culture. Au temps des sacrifices brahmaniques, dans les rituels hittites et lors des fêtes tenues par les Sémites et les Grecs à l'époque de la nouvelle lune, le sel était jeté dans un feu où il produisait des bruits de crépitement. Les anciens Egyptiens, Grecs et Romains invoquaient leurs dieux avec des offrandes de sel et d'eau et certains pensent que c'est l'origine de l'eau sainte dans la foi chrétienne. Dans la mythologie aztèque, Huixtocihuatl était une déesse de la fertilité qui présidait sur le sel et l'eau salée.
144
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145
+ Le sel est considéré comme une substance très favorable dans l'hindouisme et est utilisé en particulier dans les cérémonies religieuses comme les créneaux et les mariages. Dans le jaïnisme, les fidèles déposent une offrande de riz cru avec une pincée de sel devant une divinité pour signifier leur dévotion et le sel est saupoudré sur les restes crémés d'une personne avant que les cendres ne soient enterrées. Le sel est censé éloigner les mauvais esprits dans la tradition bouddhiste mahayana, et en revenant à la maison après les funérailles, une pincée de sel est jetée par-dessus l'épaule gauche car cela empêche les mauvais esprits d'entrer dans la maison. Dans le shinto, le sel est utilisé pour la purification rituelle des lieux et des personnes (harae, en particulier le shubatsu), et de petits tas de sel sont placés dans les plats à l'entrée des établissements dans le double but de repousser le mal et d'attirer les clients.
146
+
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+ Dans la Bible hébraïque, il y a trente-cinq versets qui mentionnent le sel. L'une d'entre elles mentionne la femme de Lot, qui fut transformée en colonne de sel lorsqu'elle regarda en arrière les villes de Sodome et Gomorrhe (Genèse 19:26) alors qu'elles étaient détruites. Quand le juge Abimélek détruisit la ville de Sichem, on dit qu'il "sème du sel dessus", probablement comme une malédiction sur quiconque voudrait la ré-inhabituer (Juges 9:45). Le Livre de Job contient la première mention du sel comme condiment. "Est-ce que ce qui est désagréable peut être mangé sans sel? ou est-ce qu'il y a un goût de blanc d'oeuf?" (Job 6:6). Dans le Nouveau Testament, six versets mentionnent le sel. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a qualifié ses disciples de "sel de la terre". L'apôtre Paul a également encouragé les chrétiens à " que votre conversation soit toujours pleine de grâce, assaisonnée de sel " (Colossiens 4:6). Le sel est obligatoire dans le rite de la messe tridentine. Le sel est utilisé dans le troisième élément (qui inclut un Exorcisme) de la consécration celtique (cf. rite galicien) qui est employé dans la consécration d'une église. Le sel peut être ajouté à l'eau "là où il est d'usage" dans le rite catholique romain de l'eau sainte.
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+ Dans le judaïsme, il est recommandé d'avoir un pain salé ou d'ajouter du sel au pain si ce pain n'est pas salé en faisant Kiddush pour le shabbat. Il est de coutume d'étaler du sel sur le pain ou de tremper le pain dans un peu de sel en faisant passer le pain autour de la table après le Kiddush. Pour préserver l'alliance entre leur peuple et Dieu, les Juifs trempent le pain du sabbat dans le sel.
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+ Dans la Wicca, le sel est symbolique de l'élément Terre. On croit aussi qu'il nettoie une zone d'énergies nocives ou négatives. Un plat de sel et un plat d'eau sont presque toujours présents sur un autel, et le sel est utilisé dans une grande variété de rituels et de cérémonies.
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+ Balthazar Picsou [baltazaʁ piksu][n 1] (Scrooge McDuck [skɹuːdʒ məkˈdʌk][n 2] en version originale) est un personnage de fiction de l'univers des canards des studios Disney créé en 1947 par le scénariste-dessinateur Carl Barks[n 3]. Oncle maternel de Donald Duck, d'où son surnom d'« Oncle Picsou »[n 4] (« Uncle Scrooge » en anglais), ce « canard le plus riche du monde » est réputé pour son avarice et son côté aventurier.
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+ Son nom original, Scrooge McDuck, est inspiré du personnage Ebenezer Scrooge de Charles Dickens dans Un chant de Noël. Le « Mc » (abréviation de Mac) apposé à son nom de famille rappelle ses origines écossaises.
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+ En France, c'est sous le nom d'Oncle Harpagon[1], inspiré du personnage central de L'Avare de Molière en raison de son avarice, qu'il apparaît tout d'abord dans Donald et le Secret du donjon[2] en 1949.
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+ Dans les années 1950, il est appelé Oncle Edgar[1] dans plusieurs comic strips[3] ou Oncle Jérémie McDuck[1] en Belgique[4] avant d'adopter définitivement Balthazar Picsou dans une histoire du Journal de Mickey publiée le 21 décembre 1952, Donald et la Lettre au père Noël[5] (Letter To Santa).
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+ Ce nom aurait été choisi par Raymond Calame, rédacteur en chef du Journal de Mickey de l'époque[6]. Le prénom d'Omer lui sera néanmoins attribué dans une histoire publiée en 1956 dans le Journal de Mickey, Oncle Picsou gagne toujours[7] (The Tuckered Tiger).
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+ Dans La Montre de famille[8], on apprend que c'est à son arrivée en Amérique que Picsou, qui s'appelait alors Balthazar McPicsou, décida de supprimer la particule « Mac » de son nom[n 5]. La version française de l'arbre généalogique dessiné par Don Rosa confirme que Picsou et ses deux sœurs, Matilda et Hortense, sont les premiers du clan à avoir « américanisé » leur nom de famille[9]. Dans La Jeunesse de Picsou, Don Rosa donne à Picsou le surnom de Buck McDuck, traduit dans les versions françaises par Buck Picsou, durant ses premières années en Amérique.
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+ Au Québec, dans les comics des éditions Héritage, son nom est « Picsou » alors que « Scrooge » est utilisé sur la couverture[10].
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+
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+ D'abord personnage secondaire dans les bandes dessinées de Donald, il devient vite populaire et se voit gratifié de ses propres aventures, dues en grande majorité à Carl Barks. Il y est souvent accompagné par ses petits-neveux Riri, Fifi et Loulou, membres des Castors Juniors.
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19
+ Au fil des histoires de Barks, des éléments de la vie de Picsou sont petit à petit divulgués, comme l'apparition d'un amour de jeunesse, Goldie O'Gilt, propriétaire d'un saloon à Dawson City à l'époque où Picsou était chercheur d'or au Klondike dans Donald au Klondike[11] (Back to the Klondike) en mars 1953.
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+
21
+ D'autres auteurs ont ajouté à leur tour des éléments biographiques originaux, sans nécessairement se soucier de la cohérence avec les histoires de Barks, mais c'est Don Rosa qui est le premier à créer La jeunesse de Picsou.
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23
+ La seule « biographie » cohérente de Picsou a été développée, écrite et dessinée entre 1991 et 1993 par Don Rosa. Intitulée La Jeunesse de Picsou[12] (The Life and Times of Scrooge McDuck), elle se fonde quasi exclusivement sur les récits de Carl Barks et raconte la vie de Picsou de sa jeunesse en Écosse à la rencontre avec ses neveux à Noël 1947 dans Noël sur le mont Ours, qui constitue la première apparition de Picsou chez Barks (et dans l'absolu).
24
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25
+ Mêlant réalité historique et fiction, la série comporte initialement 12 épisodes, auxquels sont venus s'ajouter plusieurs volumes « bis » et « ter », le tout créant une intrigue d'une grande cohérence avec un souci du détail[n 6].
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27
+ Balthazar Picsou naît en 1867 à Glasgow (Écosse) de Fergus McPicsou et Édith O'Drake. Il a deux sœurs, Matilda et Hortense, qui deviendra la mère de Donald. Il meurt en 1967 à Donaldville (Calisota) à l'âge de 100 ans[n 7].
28
+
29
+ Cependant, la mort de Balthazar Picsou ne vient pas du canon de la série mais bel et bien d'un dessin qu'avait fait Don Rosa pour un fanzine allemand en 1991 lorsqu'on lui a demandé d'imaginer une illustration derrière une simple question : "Hé Daisy ? Qu'est-il arrivé à l'oncle Picsou ?". Certains fans et journalistes ont pris très au sérieux cette illustration et pensent encore aujourd'hui que Picsou meurt effectivement en 1967, là où beaucoup de preuves rentrent en contradiction directe (comme l'utilisation par Picsou de technologies bien ultérieures à 1967).[réf. souhaitée][13]
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+
31
+ Picsou a une jeunesse mouvementée. Il descend de la prestigieuse famille des McPicsou, ruinée au fil des générations. À l'âge de 10 ans, son père lui fabrique un équipement de cireur de chaussures. Par la suite, le jeune Picsou commence à changer de commerce en vendant du bois et de la tourbe (faisant preuve d'ingéniosité pour son âge). À l'âge de 12 ans, il s'embarque pour l'Amérique. Là-bas, il rencontre son oncle John McPicsou, pilote de bateau à vapeur sur le Mississippi, avec qui il cherche l'épave du « Drennan Whyte ». Il s'agit donc de la toute première aventure vécue par Picsou. À la suite d'une attaque des pères Rapetou engagés par le Capitaine Porcin, l'oncle John vend son vapeur au jeune Balthazar. C'est lors de cette période que Balthazar rencontre le grand-père de Géo Trouvetou, Grégoire. Voulant gagner le Colorado, Picsou prend un train qui se fait attaquer par les frères James. Le voyage s'arrête dans les plaines du Montana où il devient cow-boy. Puis il devint prospecteur en Afrique et en Australie. Après avoir rencontré un aborigène, il part pour le Yukon, décidé à devenir l'homme le plus riche du monde. Il y découvre, dans une immense vallée perdue du Klondike, une pépite grosse comme un œuf. À partir de ce moment, l'or devient pour Balthazar une obsession.
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+ Toutefois, d'autres auteurs ont utilisé le personnage après la date de 1967, comme avec la saga des Orbes du millénaire où Picsou apparaît en l'an 2000[14]. D'autres auteurs indiquent pour être cohérent avec Don Rosa que leurs histoires se passent avant 1967. Mais en bande dessinée, les héros sont souvent atemporels et leur définir une date de décès est souvent une cause de casse-tête.
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+ Picsou a amassé une énorme fortune, stockée en grande partie dans son coffre-fort de 30 000 mètres cubes édifié sur la colline Killmotor (anciennement Killmule) à Donaldville. Cependant sa fortune est bien plus vaste que les seules « liquidités » de son coffre (qu'il considère comme des souvenirs de sa jeunesse) car il possède évidemment des comptes bancaires (ainsi que les banques elles-mêmes), des avoirs, actions, etc. Mais parmi les montagnes d'argent accumulées, une pièce joue un rôle à part. Selon les auteurs, la fortune de Picsou est liée soit à la chance, soit à son goût du travail dont le premier sou gagné, le fameux « sou-fétiche », est la représentation. Cette pièce créée par Carl Barks en 1953 est apparue dans On a roulé Picsou[15]. Selon Don Rosa, dans Le Dernier du Clan McPicsou, il s'agit d'un dime (0,10 $) de 1875 — qu'il gagne en cirant les chaussures d'un cantonnier, à Glasgow où cette pièce des États-Unis n'a normalement aucune valeur fiduciaire une fois le taux de change appliqué[16]. D'après Don Rosa, le père de Picsou, après avoir trouvé une pièce étrangère, l'aurait donnée à un cantonnier dénommé Burt pour que ce dernier aille voir Balthazar pour se faire cirer ses chaussures et par la suite, payer celui-ci avec la pièce sans valeur, le but étant d'apprendre la méfiance à Balthazar. Le jeune cireur, se sentant trompé par son premier client, y voit déjà une leçon de la vie et prend la résolution de toujours vérifier ses sous.
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+ Le sou est au centre de nombreuses histoires mettant en scène Miss Tick, et ce, dès la création de ce personnage en décembre 1961, dans La Sorcière du Vésuve[17] (The Midas Touch). La sorcière y achète des pièces touchées par des millionnaires qui, selon elle, ont un pouvoir qui la rendra riche et puissante. Par erreur, Picsou lui vend son sou-fétiche. Il le récupère en échange d'une autre pièce, mais quand elle apprend que c'était le sou-fétiche (ou sou no 1) de Picsou, la sorcière n'a plus qu'une obsession : le récupérer par tous les moyens. Miss Tick s'adjoint parfois l'aide de Madame Mim, personnage conçu pour Merlin l'Enchanteur (1963)[18].
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39
+ Dans Of Ducks and Dimes and Destinies, chapitre 0 de The Life and Times of Scrooge McDuck Companion, de Don Rosa, on apprend que c'est Miss Tick qui a donné le sou-fétiche à Picsou, lors d'un voyage dans le temps[19]. Initialement venue pour le voler à Scrooge enfant, la sorcière se rend compte que sans le sou, Picsou n'aurait plus l'envie dévorante de devenir le plus riche du monde et le sou ne vaudrait alors plus rien pour Miss Tick. Elle se décide donc à lui donner, alors qu'il est inconscient après avoir trop travaillé, avant de revenir dans le présent. Le jeune Picsou se réveillera en se demandant qui a pu lui donner cette pièce américaine en pleine Écosse (dans Le Dernier du Clan McPicsou, on pense que c'est Burt le cantonnier qui aurait donné la pièce à Picsou après s'être fait nettoyer ses chaussures).
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+ Picsou s'est fait de nombreux ennemis au fil du temps. Voici les principaux ennemis dans l'ordre chronologique :
42
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+ Le dessinateur et scénariste Carl Barks dessina les aventures de Donald à partir de 1942. En décembre 1947 dans Le Noël de Donald[20],[21] (Christmas on Bear Mountain), il décide de lui créer un oncle : Scrooge McDuck, aussi immensément riche et entreprenant que Donald est pauvre et malchanceux.
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45
+ Cette première histoire est suivie rapidement par Donald et le Secret du donjon[2] (The Old Castle's Secret). Si la première histoire permet de faire entrer Picsou dans l'univers de Donald en jouant sur le courage du héros, la seconde lui donne une épaisseur qui va garantir son existence. Picsou se voit donner une origine (écossaise) et une histoire familiale avec le château du Clan McPicsou. L'intrigue va devenir un modèle du genre : Picsou part à la quête d'un trésor avec ses neveux et tous ensemble, ils parviennent à résoudre un mystère. Dans les pays lointains, ses aventures sont particulièrement dangereuses et ont inspiré quelques scènes des films de la série Indiana Jones[n 9].
46
+
47
+ Dans les histoires suivantes est mise en avant son avarice, qui se traduit souvent par le misérable salaire de Donald ou l'utilisation de matériel acheté des décennies plus tôt. C'est au début des années 1950 qu'apparaît le gigantesque coffre-fort où il prend des bains d'argent. Néanmoins, au fur et à mesure des histoires, ses mauvais côtés sont compensés par un certain paternalisme envers ses petits-neveux, Riri, Fifi et Loulou qu'il n'hésite cependant pas à exploiter sans aucune contrepartie financière.
48
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49
+ Retour au Klondike[22] (Back to the Klondike), publié en mars 1953, raconte comment il a fait fortune pendant la ruée vers l'or du Klondike à la fin du XIXe siècle. Au cours de cette période, il étrenne une relation amour/haine avec Goldie O'Gilt, propriétaire du Black Jack Saloon de Dawson City[n 10].
50
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51
+ Barks le dessine jusqu'à sa retraite en 1966.
52
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+ Le « Picsou » italien (Zio Paperone ou encore Paperone de' Paperoni) s'est développé dès la fin des années 1940, alors même que son caractère n'avait pas été encore entièrement construit et défini par Barks. Guido Martina, le scénariste le plus prolifique de l'époque, en développe une version très personnelle, qui sera souvent reprise par les autres auteurs italiens jusque dans les années 1970 et 1980 : Picsou prend souvent la tournure d'un véritable escroc, et se bagarre avec Donald de manière bien plus violente que dans les histoires de Barks[23]. Cependant, le dessinateur et scénariste italien Romano Scarpa s'écarte petit à petit du Picsou de Martina, dès la fin des années 1950. Il lui a adjoint une soupirante, Brigitte, que Picsou fuit comme la peste en 1960 et introduit Chris Yéyé (Paperetta Ye-Ye en version italienne), la nièce de Goldie quasiment jamais apparue en France mais très populaire en Italie et au Brésil où elle possède sa propre série, en 1966.
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+
55
+ Dans les années 1970, Daan Jippes, alors éditeur en chef de Donald Duck, l'hebdomadaire hollandais, mécontent de la qualité des productions du Disney Studio de l'époque, décide un « retour aux sources ». Une grande partie des histoires Studio sont écartées tandis que les histoires de Barks sont reprises et rééditées en grand nombre. Daan Jippes demande aux auteurs néerlandais de l'époque de suivre le modèle de Barks, pour ce qui est de la personnalité et de l'univers de Picsou et de tous les personnages qui gravitent autour de lui. Pour ce qui est du dessin, le Donald au long bec de la fin des années 1940 et les premiers Picsou du comic-book Uncle Scrooge sont retenus comme modèle[24]. Avec Fred Milton, Daan Jippes écrit et dessine un nombre d'histoires courtes (environ 10 pages) en conservant à la lettre l'esprit du personnage de Barks. Cette tradition persiste aujourd'hui dans la production néerlandaise avec des auteurs comme Mau Heymans.
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57
+ Les histoires françaises de Picsou n'apparaissent qu'au début des années 1980. Elles sont alors assignées à des auteurs italiens, en particulier Giorgio Cavazzano, et au scénariste Michel Motti. Bien que la production française ait longtemps privilégié l'univers de Mickey, les histoires de Picsou ont été plus nombreuses à partir des années 2000, car plus appréciées des lecteurs.
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+ En 1987 avec Le Fils du soleil[25] (The Son of the Sun), un nouveau dessinateur américain, Keno Don Rosa, apporte un nouvel angle de travail au personnage de Picsou ainsi qu'à ceux de l'univers de Donaldville. Don Rosa a choisi de considérer seulement les histoires de Barks : toutes les aventures qu'il crée sont liées, inspirées ou poursuivent cet univers. Par rapport aux méchants habituels des histoires d'auteurs européens, Don Rosa préfère ainsi utiliser Archibald Gripsou que Crésus Flairsou.
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+ Loin de considérer les personnages de Disney comme des êtres de fiction intemporels, Don Rosa les traite comme des personnages réels mais dessinés sous la forme d'animaux anthropomorphes[n 11]. Il les situe ainsi dans une chronologie qui place toutes leurs aventures dans les années 1940, 1950 et 1960.
62
+
63
+ Néanmoins, même s'il a fait de Barks sa source principale, Don Rosa a renouvelé le personnage de Picsou sur certains aspects. Certaines aventures éloignent Picsou des secteurs de quêtes au trésor barksien, à l’exemple de La Quête du Kalevala, qui s’inspire du Kalevala finlandais. Progressivement, histoire après histoire, et jusqu'à la révélation explicite dans Une lettre de la maison[26] (A Letter from Home) en 2004, Don Rosa a approfondi les sentiments de Picsou, laissant apparaître, au-delà de son avarice et de sa bougonnerie, la solidité du lien familial qui le lie à ses neveux. Don Rosa ira jusqu'à donner une date de mort pour Picsou, à ses 100 ans.
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+ Don Rosa a obtenu deux Prix Eisner pour ce travail.
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+ Paradoxalement, Picsou est très peu apparu au cinéma et à la télévision. Il ne participe ainsi qu'à un ou deux courts-métrages entre les années 1940 et 1970[n 12], mais tient tout de même la vedette du court-métrage Picsou banquier (Scrooge McDuck and Money) en mars 1967 aux côtés de Riri, Fifi et Loulou.
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+ En revanche dans les années 1980, il devient le héros avec Riri, Fifi et Loulou de la série télévisée animée La Bande à Picsou et de son adaptation en long-métrage au cinéma en 1990 : La Bande à Picsou, le film : Le Trésor de la lampe perdue. Ces productions ajoutent les personnages de Flagada Jones, Zaza et Mamie Baba.
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+ On notera également l'adaptation d'Un chant de Noël de Charles Dickens sous le titre Le Noël de Mickey (Mickey's Christmas Carol, en VO) en 1983 dans lequel Picsou tient le rôle d'Ebenezer Scrooge qui a inspiré sa création et à qui il doit son nom original.
72
+
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+ Depuis 1947, Picsou est apparu dans plusieurs milliers d'histoires. Le site INDUCKS recense en 2011 selon les pays et les producteurs[27] :
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+ L'artiste Tuomas Holopainen, membre du groupe Nightwish, a composé un album s'inspirant de La Jeunesse de Picsou. Cet album s'intitule Music Inspired by the Life and Times of Scrooge.
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+ Le sel de table, sel alimentaire ou sel de cuisine, est composé essentiellement de chlorure de sodium. Il se présente sous différentes formes : gros sel (ou sel gros), sel fin, fleur de sel.
2
+
3
+ Le sel est connu depuis la Préhistoire (voir une des plus anciennes villes préhistoriques d'Europe Solnitsata) pour ses caractéristiques d'assaisonnement et de conservation des aliments. Il était extrait de mines généralement très enfouies dans le sol (mines de roche évaporitique telle que la halite), ou plus facilement de sources salées ou de la mer (saliculture)[1]. Les tessons de briquetages, céramiques utilitaires dans l'extraction de sel (marmites où l'on faisait bouillir la saumure sur des fours à feux de bois et bâtonnets d'argile cuite dont l'assemblage permettait une partie de l'évaporation de cette saumure) sont fréquemment retrouvés jusqu'à l'âge du fer, période qui voit l'apparition d'outillages plus robustes et de plus grande capacité dans lesquels on faisait légèrement chauffer la saumure filtrée et concentrée (l'ethnoarchéologie montre que des croûtes de terre salées et séchées sont lessivées dans un entonnoir filtrant ou un panier par de l'eau de mer puis par de la saumure, de telle sorte que le jus salé arrive à saturation) pour préserver le combustible, l'obtention de grandes quantités de sel par ébullition de saumure consommant trop de bois[2].
4
+
5
+ Il fut également probablement précocement utilisé dans les rites religieux. On connait de tels usages chez les Hébreux (Lv 2,13), les Grecs et les Romains de l'Antiquité. Cet élément naturel a revêtu une grande importance stratégique et économique et a fait l'objet d'un commerce important, parfois sur de grandes distances.
6
+
7
+ On estime que le sel était déjà utilisé et donc extrait, 6 000 ans avant notre ère, au lac salé de Yuncheng, dans le Shanxi[3].
8
+
9
+ Les routes du sel furent les grandes voies de communications et d'échanges depuis l'Antiquité pour l'acheminement du sel, transporté depuis les régions productrices vers les régions qui en étaient dépourvues.
10
+
11
+ Le contrôle de l'approvisionnement en sel fut l'une des clefs de l'expansion militaire de l'Empire romain qui s'en est attribué le monopole. Les armées de conquête de César emportaient avec elles des salaisons qui assuraient une partie de leur approvisionnement. Sans ces salaisons, les armées n'auraient pu avoir recours qu'au pillage des territoires conquis. Cette stratégie limita les résistances et assura une implantation durable de la civilisation romaine.
12
+
13
+ Le rôle du sel comme clef de l'approvisionnement militaire perdura jusqu'à l'invention, à la fin du XVIIIe siècle, de nouvelles techniques de conservation des aliments. Il joua donc un rôle crucial dans les grandes conquêtes maritimes, autorisant le transport de vivres pour des voyages d'exploration aux escales aléatoires.
14
+
15
+ Il a aussi été un moyen d'échange une monnaie ou un impôt, dont en Chine et en Europe comme en témoigne l'étymologie commune des mots « sel » et « salaire » (en latin salarium, somme donnée aux soldats pour l'achat du sel). Le sel sous le nom de « salignon » fut une monnaie d'échange au Tibet et en Éthiopie. Le sel était en France stocké dans des greniers à sel puis des « Dépôts des sels » définis par l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers comme « chambres où le sel est mis en dépôt, dans les pays où il est marchand. La chambre des dépôts est aussi une jurisdiction établie pour connoître des contestations qui peuvent s'élever par rapport à la vente & distribution du sel. Le premier juge de cette chambre s'appelle le président des dépôts ».
16
+
17
+ En France, le sel a été exploité dans des marais salants sur les littoraux méditerranéen et atlantique, peut-être dès la Préhistoire, et à l'aide de fours à sel dans les sauneries gauloises puis gallo-romaines des rivages de la Gaule du nord (ce pourrait être une des origines du nom des saliens) d'où il était acheminé sous forme de pains de sel jusqu'à Rome par les voies romaines, ainsi qu'un jambon ménapien salé ou fumé, fort réputé chez les Romains. En raison de ses vertus de conservation de la viande, du poisson, du beurre et du fromage, le sel devient un ingrédient indispensable aux familles. La religion catholique imposant des jours maigres (sans viande), le poisson séché et conservé dans le sel est très demandé. La salière est commune autant aux familles pauvres que riches. Chez ces derniers, la salière est ornée et constitue un objet de luxe. L'exemple le plus éclatant est sans doute la salière de l'orfèvre italien Benvenuto Cellini que lui commanda le roi François Ier. Au XVIe siècle, l'importance du sel est telle que les dépenses d'une famille de paysans pour ce produit avoisine les 10 % de ses revenus[4].
18
+
19
+ Le sel a été taxé pendant plusieurs siècles via un impôt spécifique appelé gabelle apparue sous Louis IX. Cette taxe devenue permanente, variable suivant les provinces et croissante au point de rendre le prix du sel élevé, est devenue si impopulaire qu'elle a entraîné des exodes ruraux massifs, déclenché des guerres et a participé au déclenchement de la Révolution française[5]. Une route du sel avec l'Italie est encore dans la géographie de la Provence. Les contrebandiers en sel étaient appelés « faux sau(l)niers » et les agents chargés de les traquer, les « gabelous ».
20
+ Les litiges liés au sel et aux « greniers à sel » pouvaient relever des « cas royaux » : causes juridiques relevant de la seule souveraineté royale et donc « réservées à la connaissance des seuls juges royaux, privativement à tous autres juges » (seigneuriaux ou ecclésiastiques, et parfois prévosts qui n'étaient des « juges royaux inférieurs »).
21
+
22
+ En 1930, la Marche du sel initiée par Gandhi, pour protester contre le monopole britannique sur le sel, est une étape importante de la marche vers l'indépendance de l'Inde.
23
+
24
+ Parfois, la toponymie rappelle la présence de sel dans le sol comme dans Lons-le-Saunier ou Salins-les-Bains.
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+
26
+ Le sel naturel n'est pas raffiné et contient encore tous ses minéraux naturels. Les sels naturels ont donc des propriétés gustatives et un aspect différent suivant la quantité de minéraux qu'ils contiennent. Ainsi, la fleur de sel ou le sel de mer récolté à la main ont une saveur unique qui change d'une région à une autre.
27
+
28
+ La fleur de sel ou le sel des marais salants ou le sel gemme non raffinés rentrent dans cette catégorie.
29
+
30
+ Le sel non raffiné de mer est plus riche en magnésium (sous forme de chlorure de magnésium) ainsi qu'en oligo-éléments et en fer.
31
+
32
+ Cependant, les sels naturels, contrairement à la plupart des sels industriels, ne sont pas enrichis en iode et n'en contiennent que très peu naturellement[6]. Leur consommation régulière peut donc exposer aux maladies liées à la carence en iode, comme le goitre, des retards de croissance et divers troubles mentaux.
33
+
34
+ Le raffinage permet d'obtenir un sel de la couleur blanche jusqu'ici fréquemment préférée par le consommateur.
35
+ Il est alors composé de NaCl pratiquement pur (99,9 %). Le sel du type raffiné reste le plus employé dans l'alimentation. Environ 7 % du sel raffiné est aussi utilisé comme additif, mais la plus grande partie est destinée aux usages industriels (fabrication du papier, réglage de la teinte des textiles et des tissus, production de savons et détergents). Le sel a une forte valeur marchande.
36
+
37
+ Aujourd'hui, la majeure partie du sel raffiné est préparée à partir du sel gemme extrait des mines de sel. Après que le sel brut a été remonté des mines, on le raffine pour l'épurer et pour faciliter son stockage. La purification comporte habituellement une phase de recristallisation. Durant cette phase, une solution de saumure est traitée avec des produits chimiques qui précipitent les impuretés (en grande partie des sels de magnésium et de calcium). Des étapes multiples d'évaporation permettent alors de rassembler les cristaux purs de chlorure de sodium, qui sont séchés au four ou en autoclave.
38
+
39
+ Des adjuvants, anti-agglomérants et composés fluorés ou iodés, lui sont habituellement rajoutés.
40
+
41
+ Des agents anti-agglomérants et de l'iodure de potassium (pour le sel iodé) sont généralement ajoutés au moment de la phase de séchage. Ces agents sont des produits chimiques hygroscopiques qui absorbent l'humidité évitant le colmatage des cristaux de sel. Les agents anti-agglomérants utilisés sont le phosphate, les carbonates de calcium ou de magnésium, les sels d'acide gras (sels acides), l'oxyde de magnésium, le dioxyde de silicium, l'aluminosilicate de sodium (en) et le silicate tricalcique d'alumino-calcium. Des inquiétudes ont été soulevées concernant les effets toxiques possibles de l'aluminium dans les deux derniers composés, comme l'explique le documentaire Aluminium, notre poison quotidien réalisé en 2011 par Valérie Rouvière. Cependant, l'Union européenne et les États-Unis permettent leur utilisation en quantités limitées. Le sel de raffinage est alors prêt pour l'emballage et la distribution.
42
+
43
+ De plus, depuis quelques années les industriels du secteur enrichissent ou complètent leur sel avec de l'iode (iodure de potassium) et du fluor. L'iode sert à combattre les goitres et à diminuer le crétinisme, le fluor contribue à prémunir des caries en renforçant l'émail. Toutefois, l'excès d'iode et de fluor conduit aussi à de graves maladies.
44
+
45
+ Le sel iodé de table a permis de réduire les insuffisances d'iode dans les pays où il est employé. L'iode est important pour empêcher la production insuffisante des hormones thyroïdiennes (hypothyroïdisme), qui peuvent causer le goitre, le crétinisme chez les enfants, et le myxœdème chez les adultes.
46
+
47
+ Le sel de table est un sel raffiné contenant à 95 % ou plus du chlorure de sodium presque pur, souvent iodé et fluoré. Il contient habituellement des substances qui empêchent le colmatage des cristaux (des agents anti-agglomérants) comme le silicoaluminate de sodium (le nom commun est Tixolex) et une quantité infime de sucre inverti pour empêcher le sel de tourner en une couleur jaune une fois exposé à la lumière du soleil, et pour empêcher une perte d'iode par vaporisation. Il est habituel de mettre quelques grains de riz cru dans les salières pour absorber l'humidité quand les agents anti-agglomérants ne sont pas assez efficaces.
48
+
49
+ Le sel de table est principalement utilisé en cuisine et à table comme condiment, souvent associé au poivre.
50
+
51
+ Le sel de table est maintenant employé partout dans le monde.
52
+
53
+ Le sel de qualité alimentaire est un produit cristallin se composant principalement de chlorure de sodium, provenant de marais salants, de sel gemme ou de saumures provenant de la dissolution de sel gemme et répondant aux spécifications suivantes :
54
+
55
+ En France, la dénomination de vente du sel de qualité alimentaire est « sel alimentaire », « sel de table » ou « sel de cuisine ».
56
+
57
+ Pour celui provenant des marais salants, la dénomination devient « sel marin gris alimentaire », « sel marin gris de table » ou « sel marin gris de cuisine »
58
+ [7].
59
+
60
+ Les sels de table du Canada sont formés des ingrédients suivants: chlorure de sodium, thiosulfate de sodium, iodure de potassium et ferrocyanure de sodium.
61
+ Parfois, le terme chlorure de sodium est remplacé par le mot sel.
62
+
63
+ La fabrication et l'utilisation du sel sont l'une des industries chimiques les plus anciennes. Plusieurs sources de production sont possibles. Récolté dans les marais salants, extrait des mines de sel gemme, produit par dissolution, recristallisé dans des salines ignigènes, le sel connaît plus d’une méthode de production. Il n’a pourtant qu’une seule origine : la mer.
64
+
65
+ Le sel gemme est un dépôt de minerai contenant une grosse concentration de sel comestible. Ces gisements de sel ont été constitués par l'évaporation ancienne de lacs ou de mers intérieures. Ce type de dépôts est appelé évaporite. Chaque gisement a une composition particulière. On peut y trouver de la halite presque pure (NaCl), mais également de la sylvite (KCl) ou du gypse (CaSO4). Ces dépôts peuvent être extraits traditionnellement dans une mine ou par injection d'eau. L'eau injectée dissout le sel, et la solution de saumure peut être pompée à la surface où le sel est récolté.
66
+
67
+ Du sel est également obtenu par évaporation de l'eau de mer, habituellement en bassins peu profonds chauffés par la lumière du soleil ; du sel ainsi obtenu s'est autrefois appelé le sel de compartiment, et s'appelle maintenant souvent sel de mer.
68
+
69
+ Des changements climatiques peuvent affecter certains producteurs de sel de mer s'il y a augmentation de la nébulosité et de la pluviométrie dans certaines régions. À titre d'exemple d'influence de la météorologie, l'été 2007 ayant été très pluvieux, les salines de l'île de Ré n'ont pu récolter que 50 tonnes de sel, soit 2 % de la production moyenne[8]. À l'inverse, l'année 2011 a vu la récolte du sel de Guérande démarrer avec un mois d'avance grâce à des conditions climatiques plus que favorables.
70
+
71
+ Le sel, d'origine marine, peut être extrait directement de la mer, via la saumure, c’est-à-dire d'eau marine évaporée et chargée en sel ou de gisements fossiles (gemme de sel).
72
+
73
+ Récemment la Polynésie Française qui compte un très vaste territoire maritime dispose également de plusieurs productions de sel marins sur les atolls de Rangiroa, Puka Puka et Bora-Bora.
74
+
75
+ L'évaporation de l'eau de la saumure peut-être naturelle ou provoquée par l'homme qui chauffe l'eau salée, comme à Salins-les-Bains. C'est une activité que les Gaulois pratiquaient déjà sur plusieurs sites du nord-ouest de la France, 400 ans avant Jules César, et qui dans ce cas a probablement contribué à la déforestation de ces régions. Ce sel est dit « sel ignigène », c'est-à-dire "né du feu".
76
+
77
+ Le sel permet aussi la conservation des aliments par diminution de l'activité de l'eau. Au Moyen Âge, c'était le principal moyen de conserver les viandes et poissons. Aujourd'hui encore, certaines régions africaines dépourvues d'appareils frigorifiques utilisent le sel pour conserver viandes et poissons, tout comme les consommateurs des pays dits développés trouvent dans le commerce des produits salés : navet salé, hareng saur, morue, etc.
78
+
79
+ En cuisine, le sel permet d'assaisonner les plats. Les Italiens préfèrent le gros sel avec lequel ils relèvent leurs pâtes ; les Belges utilisent plus volontiers le sel fin emballé dans des sachets.
80
+
81
+ Contrairement à une idée reçue, le sel n'est pas un exhausteur de goût, mais il permet de modifier la perception du goût, c'est pour cela qu'il est largement utilisé en cuisine[réf. nécessaire]
82
+
83
+ Les aliments contenant le plus de sel sont les charcuteries et les fromages, ainsi que les préparations cuisinées (plats cuisinés, soupes préparées) des aliments industriels.
84
+
85
+ Le sel joue par ailleurs plusieurs rôles en panification : fermentation, qualités organoleptiques, conservation. Le pain contient donc également beaucoup de sel, mais beaucoup de recettes de pâtisseries incluent également du sel dans leur pâte.
86
+
87
+ Le sel de table peut être « iodé » par addition d'un sel d'iode, cet élément étant nécessaire à la glande thyroïde pour la sécrétion des hormones thyroïdiennes et servant aussi au développement intellectuel. La vente de sel iodé est imposée par la règlementation dans plusieurs pays. Les ions chlorure et sodium contenus dans le sel sont aussi très importants pour le fonctionnement de l'organisme. En effet, ces ions jouent un rôle dans la conduction de l'influx nerveux, dans la contraction des muscles et dans la rétention d'eau dans le corps.
88
+
89
+ En France et dans beaucoup de pays industrialisés, la consommation de sel est trop importante. Cette surconsommation, due également au sel se trouvant dans les préparations industrielles, entraîne de graves problèmes de santé, comme l'hypertension ou l'obésité qui sont la cause de plusieurs dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Il existe d'autres sels (comme le chlorure de potassium KCl, présent dans le sel de table non raffiné mais plus toxique pour les personnes ayant des maladies cardiaques, rénales ou des troubles de pression artérielle) mais peu répandus et plus coûteux.
90
+
91
+ Chez de nombreux animaux, que ce soit les cordés (tétrapodes, poissons); ou bien les insectes et les mollusques par exemple, le sel assure les mêmes fonctions organiques (maintient de l'équilibre osmotique, transport d'ions, voir leur diffusion membranaire au niveau intercellulaire ) que chez l'homme. Souvent, les mammifères sauvages, surtout les herbivores, lèchent les pierres salées ou les salantes naturelles sources de sel.
92
+
93
+ En agriculture, les bovidés, ovidés et autres herbivores ont à disposition des pierres à lécher. Ce besoin est dû à la consommation élevée de calcium à cause de leur régime herbivore. De plus, les bovidés perdent encore plus de sel lors de la traite. C’est pourquoi on leur donne des pierres à sel à lécher pour couvrir leurs besoins.
94
+
95
+ Le chlorure de sodium peut modifier les saveurs primaires ; il diminue l'amer et le sucré, pondère l'acide et participe à l’intensité de l’umami, selon des mécanismes encore mal compris[9].
96
+
97
+ Selon les industriels producteurs[10],
98
+
99
+ « Le chlorure de sodium (NaCl) augmente la sapidité des aliments, c’est-à-dire qu’il intensifie la perception des saveurs. Les ions Na+ stimulent les papilles gustatives tandis que les ions Cl- donnent le goût salé. Le sel rehausse donc la perception de la saveur de certains aliments ayant un profil initialement fade et a ainsi un impact sur le profil global de saveur du produit fini, le rendant généralement plus agréable. Les composés chimiques non volatils sont dissous par la salive et détectés par plusieurs parties de la langue, du palais ou de la gorge. »
100
+
101
+ (extrait d'un Guide de réduction du sodium pour l’industrie alimentaire).
102
+
103
+ On l'utilisait autrefois pour ses propriétés déshydratantes (ammochosie).
104
+
105
+ L'excès de consommation de sel par les habitants des pays développés est établie. Le milieu médical et scientifique (OMS, Inserm, etc.) considère que la consommation de sel dans les pays développés est excessive (pour la France[11], deux fois supérieure aux recommandations de l'OMS[12]) pouvant être responsable de maladies cardiovasculaires et rénales. L'excès de sel provient essentiellement, à hauteur de 80 % des plats cuisinés, soupes et autres produits industrialisés. L'accoutumance au sel pourrait exister dès l'âge des nourrissons par le biais des petits pots et plats pour bébés[13].
106
+
107
+ La quantité de sel absorbée quotidiennement peut être estimée par un interrogatoire diététique précis, mais peut être facilement objectivée par la mesure de la quantité de sodium excrété dans les urines, en l'absence de certaines prises médicamenteuses (notamment les diurétiques) : en situation stable la quantité excrétée est proche de la quantité ingérée.
108
+
109
+ Le sel contient environ 40 % de sodium en poids[14], auquel on attribue la majorité des effets positifs ou négatifs du sel.
110
+
111
+ Les effets néfastes de l'excès de sel sont connus depuis 1969[13]. Le sel, ou chlorure de sodium, agit sur la tension en l'augmentant[15]. Le sel n'est pas l'unique facteur, mais il augmente les risques, favorisant également la rétention d'eau[13]. L'élévation de la pression artérielle augmente le risque d'accident cardiovasculaire, dont principalement l'infarctus. L'abus de sel est donc particulièrement déconseillé aux personnes souffrant d'hypertension artérielle, mais aussi, aux autres personnes. Au contraire, la réduction de l'apport sodé permet la diminution des chiffres tensionnels[16]. la diminution des apports sodés pourrait également, de manière indépendante de la baisse des chiffres tensionnels, diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire[17].
112
+
113
+ L'excès de sel est également mauvais pour les reins : Une consommation excessive de sel augmente le risque d'hypertension artérielle, l'une des principales causes d'insuffisance rénale. Au quotidien, un excès de sel peut également entraîner des complications chez les personnes déjà atteintes d'insuffisance rénale. Les reins malades sont en effet de moins en moins aptes à gérer ce surplus de sel, ce qui peut entraîner une rétention d'eau, elle-même responsable de l'apparition d'une hypertension artérielle[13].
114
+
115
+ En juin 2005, l'Agence européenne de sécurité alimentaire a rappelé que « les niveaux actuels de consommation de sodium sont associés directement à une augmentation de la tension artérielle, facteur de risque de maladies cardio-vasculaires et rénales qui sont les principales causes de morbidité [maladie] et de mortalité en Europe[18]. » La réduction de consommation de sel permet de diminuer l'incidence des affections cardiovasculaires : sur une période de 10-15 ans, les sujets ayant réduit jusqu'à 25-30 % leur consommation de sel ont souffert d'un quart d'événements cardiovasculaires en moins[19].
116
+
117
+ En cas d'insuffisance cardiaque, l'excès de sel augmente le risque de survenue de décompensation et peut conduire parfois à des complications importantes nécessitant une hospitalisation (œdème aigu du poumon).
118
+
119
+ Selon certains auteurs, l'excès de sel entraîne chaque année la mort de 1,6 million (en 2010) de personnes dans le monde[20],[21].
120
+
121
+ Le sel, à petites doses, reste un élément indispensable. Il permet de maintenir une pression artérielle correcte et prévient les troubles liés à une concentration insuffisante de sel dans le sang (hyponatrémie) telle qu'elle se voit dans certains cas de déshydratation. Le besoin minimal physiologique est autour de 2 g /jour[22]. Une consommation trop basse de sel pourrait même majorer le risque de survenue de maladies cardio-vasculaires[23].
122
+
123
+ En mars 2003, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) conclut que la quantité de sel absorbée doit être inférieure à 5 grammes par jour[24].
124
+
125
+ En février 2007, l'OMS rappelle les manières de réduire le risque de maladie cardiovasculaire, notamment « en consommant le moins possible de denrées riches en graisses, en sucre et en sel. »[25].
126
+
127
+ L'habitude d'une consommation excessive de sel proviendrait de son usage intensif pour conserver viandes et salaisons. Cette consommation pouvait aller jusqu'à 30 grammes par jour, entraînant des accidents vasculaires hémorragiques[13]. Mais, malgré l'invention de nouvelles techniques de conservation sans sel (« la chaîne du froid »), l'habitude de manger très salé est restée et sa consommation reste excessive au regard des recommandations des organismes de santé.
128
+
129
+ Les Français consomment en moyenne 10 g de sel par jour[22].
130
+
131
+ Cette surconsommation serait responsable de plus de 75 000 accidents cardiovasculaires et de 25 000 morts chaque année en France[22].
132
+
133
+ L'industrie agroalimentaire est accusée d'être responsable de la surconsommation de sel. Depuis de nombreuses années, les industriels ajoutent beaucoup de sel dans les aliments industriels (plats cuisinés, viandes panées, charcuteries, chips, pains, fromages, sauces, etc.), le tout participant à près de 80 % du chlorure de sodium absorbé chaque jour [26]. Les raisons de l'utilisation massive de sel dans les aliments industriels seraient le rehaussement de la perception du goût, le masquage de certaines saveurs, l'alourdissement de la viande en retenant l’eau[27],[22],[13]. Le goût du sel n'est pas inné mais l'agroalimentaire crée cette dépendance dès le plus jeune âge en salant les produits pour enfants. Certaines marques de produits pour bébés ont réagi en proposant des produits sans sel[13].
134
+
135
+ Des recherches de substitution au sel sont menées : remplacement par le glutamate de sodium mais cet exhausteur de goût est soupçonné d'avoir des effets neurotoxiques ; par le chlorure de potassium mais il développe un arrière-goût amer. On recherche actuellement des exhausteurs de goût organiques sans effets indésirables. Une autre approche est de diminuer la taille des particules de sel, ce qui facilite sa dissolution et permet d'alléger les doses[28].
136
+
137
+ Les principaux pays producteurs mondiaux de sel en 2014[29] :
138
+
139
+ millions tonnes
140
+
141
+ Les principaux producteurs mondiaux de sel sont, en 2009 (capacité en millions de tonnes)[30] :
142
+
143
+ Le sel occupe depuis longtemps une place importante dans la religion et la culture. Au temps des sacrifices brahmaniques, dans les rituels hittites et lors des fêtes tenues par les Sémites et les Grecs à l'époque de la nouvelle lune, le sel était jeté dans un feu où il produisait des bruits de crépitement. Les anciens Egyptiens, Grecs et Romains invoquaient leurs dieux avec des offrandes de sel et d'eau et certains pensent que c'est l'origine de l'eau sainte dans la foi chrétienne. Dans la mythologie aztèque, Huixtocihuatl était une déesse de la fertilité qui présidait sur le sel et l'eau salée.
144
+
145
+ Le sel est considéré comme une substance très favorable dans l'hindouisme et est utilisé en particulier dans les cérémonies religieuses comme les créneaux et les mariages. Dans le jaïnisme, les fidèles déposent une offrande de riz cru avec une pincée de sel devant une divinité pour signifier leur dévotion et le sel est saupoudré sur les restes crémés d'une personne avant que les cendres ne soient enterrées. Le sel est censé éloigner les mauvais esprits dans la tradition bouddhiste mahayana, et en revenant à la maison après les funérailles, une pincée de sel est jetée par-dessus l'épaule gauche car cela empêche les mauvais esprits d'entrer dans la maison. Dans le shinto, le sel est utilisé pour la purification rituelle des lieux et des personnes (harae, en particulier le shubatsu), et de petits tas de sel sont placés dans les plats à l'entrée des établissements dans le double but de repousser le mal et d'attirer les clients.
146
+
147
+ Dans la Bible hébraïque, il y a trente-cinq versets qui mentionnent le sel. L'une d'entre elles mentionne la femme de Lot, qui fut transformée en colonne de sel lorsqu'elle regarda en arrière les villes de Sodome et Gomorrhe (Genèse 19:26) alors qu'elles étaient détruites. Quand le juge Abimélek détruisit la ville de Sichem, on dit qu'il "sème du sel dessus", probablement comme une malédiction sur quiconque voudrait la ré-inhabituer (Juges 9:45). Le Livre de Job contient la première mention du sel comme condiment. "Est-ce que ce qui est désagréable peut être mangé sans sel? ou est-ce qu'il y a un goût de blanc d'oeuf?" (Job 6:6). Dans le Nouveau Testament, six versets mentionnent le sel. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a qualifié ses disciples de "sel de la terre". L'apôtre Paul a également encouragé les chrétiens à " que votre conversation soit toujours pleine de grâce, assaisonnée de sel " (Colossiens 4:6). Le sel est obligatoire dans le rite de la messe tridentine. Le sel est utilisé dans le troisième élément (qui inclut un Exorcisme) de la consécration celtique (cf. rite galicien) qui est employé dans la consécration d'une église. Le sel peut être ajouté à l'eau "là où il est d'usage" dans le rite catholique romain de l'eau sainte.
148
+
149
+ Dans le judaïsme, il est recommandé d'avoir un pain salé ou d'ajouter du sel au pain si ce pain n'est pas salé en faisant Kiddush pour le shabbat. Il est de coutume d'étaler du sel sur le pain ou de tremper le pain dans un peu de sel en faisant passer le pain autour de la table après le Kiddush. Pour préserver l'alliance entre leur peuple et Dieu, les Juifs trempent le pain du sabbat dans le sel.
150
+
151
+ Dans la Wicca, le sel est symbolique de l'élément Terre. On croit aussi qu'il nettoie une zone d'énergies nocives ou négatives. Un plat de sel et un plat d'eau sont presque toujours présents sur un autel, et le sel est utilisé dans une grande variété de rituels et de cérémonies.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Le sel de table, sel alimentaire ou sel de cuisine, est composé essentiellement de chlorure de sodium. Il se présente sous différentes formes : gros sel (ou sel gros), sel fin, fleur de sel.
2
+
3
+ Le sel est connu depuis la Préhistoire (voir une des plus anciennes villes préhistoriques d'Europe Solnitsata) pour ses caractéristiques d'assaisonnement et de conservation des aliments. Il était extrait de mines généralement très enfouies dans le sol (mines de roche évaporitique telle que la halite), ou plus facilement de sources salées ou de la mer (saliculture)[1]. Les tessons de briquetages, céramiques utilitaires dans l'extraction de sel (marmites où l'on faisait bouillir la saumure sur des fours à feux de bois et bâtonnets d'argile cuite dont l'assemblage permettait une partie de l'évaporation de cette saumure) sont fréquemment retrouvés jusqu'à l'âge du fer, période qui voit l'apparition d'outillages plus robustes et de plus grande capacité dans lesquels on faisait légèrement chauffer la saumure filtrée et concentrée (l'ethnoarchéologie montre que des croûtes de terre salées et séchées sont lessivées dans un entonnoir filtrant ou un panier par de l'eau de mer puis par de la saumure, de telle sorte que le jus salé arrive à saturation) pour préserver le combustible, l'obtention de grandes quantités de sel par ébullition de saumure consommant trop de bois[2].
4
+
5
+ Il fut également probablement précocement utilisé dans les rites religieux. On connait de tels usages chez les Hébreux (Lv 2,13), les Grecs et les Romains de l'Antiquité. Cet élément naturel a revêtu une grande importance stratégique et économique et a fait l'objet d'un commerce important, parfois sur de grandes distances.
6
+
7
+ On estime que le sel était déjà utilisé et donc extrait, 6 000 ans avant notre ère, au lac salé de Yuncheng, dans le Shanxi[3].
8
+
9
+ Les routes du sel furent les grandes voies de communications et d'échanges depuis l'Antiquité pour l'acheminement du sel, transporté depuis les régions productrices vers les régions qui en étaient dépourvues.
10
+
11
+ Le contrôle de l'approvisionnement en sel fut l'une des clefs de l'expansion militaire de l'Empire romain qui s'en est attribué le monopole. Les armées de conquête de César emportaient avec elles des salaisons qui assuraient une partie de leur approvisionnement. Sans ces salaisons, les armées n'auraient pu avoir recours qu'au pillage des territoires conquis. Cette stratégie limita les résistances et assura une implantation durable de la civilisation romaine.
12
+
13
+ Le rôle du sel comme clef de l'approvisionnement militaire perdura jusqu'à l'invention, à la fin du XVIIIe siècle, de nouvelles techniques de conservation des aliments. Il joua donc un rôle crucial dans les grandes conquêtes maritimes, autorisant le transport de vivres pour des voyages d'exploration aux escales aléatoires.
14
+
15
+ Il a aussi été un moyen d'échange une monnaie ou un impôt, dont en Chine et en Europe comme en témoigne l'étymologie commune des mots « sel » et « salaire » (en latin salarium, somme donnée aux soldats pour l'achat du sel). Le sel sous le nom de « salignon » fut une monnaie d'échange au Tibet et en Éthiopie. Le sel était en France stocké dans des greniers à sel puis des « Dépôts des sels » définis par l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers comme « chambres où le sel est mis en dépôt, dans les pays où il est marchand. La chambre des dépôts est aussi une jurisdiction établie pour connoître des contestations qui peuvent s'élever par rapport à la vente & distribution du sel. Le premier juge de cette chambre s'appelle le président des dépôts ».
16
+
17
+ En France, le sel a été exploité dans des marais salants sur les littoraux méditerranéen et atlantique, peut-être dès la Préhistoire, et à l'aide de fours à sel dans les sauneries gauloises puis gallo-romaines des rivages de la Gaule du nord (ce pourrait être une des origines du nom des saliens) d'où il était acheminé sous forme de pains de sel jusqu'à Rome par les voies romaines, ainsi qu'un jambon ménapien salé ou fumé, fort réputé chez les Romains. En raison de ses vertus de conservation de la viande, du poisson, du beurre et du fromage, le sel devient un ingrédient indispensable aux familles. La religion catholique imposant des jours maigres (sans viande), le poisson séché et conservé dans le sel est très demandé. La salière est commune autant aux familles pauvres que riches. Chez ces derniers, la salière est ornée et constitue un objet de luxe. L'exemple le plus éclatant est sans doute la salière de l'orfèvre italien Benvenuto Cellini que lui commanda le roi François Ier. Au XVIe siècle, l'importance du sel est telle que les dépenses d'une famille de paysans pour ce produit avoisine les 10 % de ses revenus[4].
18
+
19
+ Le sel a été taxé pendant plusieurs siècles via un impôt spécifique appelé gabelle apparue sous Louis IX. Cette taxe devenue permanente, variable suivant les provinces et croissante au point de rendre le prix du sel élevé, est devenue si impopulaire qu'elle a entraîné des exodes ruraux massifs, déclenché des guerres et a participé au déclenchement de la Révolution française[5]. Une route du sel avec l'Italie est encore dans la géographie de la Provence. Les contrebandiers en sel étaient appelés « faux sau(l)niers » et les agents chargés de les traquer, les « gabelous ».
20
+ Les litiges liés au sel et aux « greniers à sel » pouvaient relever des « cas royaux » : causes juridiques relevant de la seule souveraineté royale et donc « réservées à la connaissance des seuls juges royaux, privativement à tous autres juges » (seigneuriaux ou ecclésiastiques, et parfois prévosts qui n'étaient des « juges royaux inférieurs »).
21
+
22
+ En 1930, la Marche du sel initiée par Gandhi, pour protester contre le monopole britannique sur le sel, est une étape importante de la marche vers l'indépendance de l'Inde.
23
+
24
+ Parfois, la toponymie rappelle la présence de sel dans le sol comme dans Lons-le-Saunier ou Salins-les-Bains.
25
+
26
+ Le sel naturel n'est pas raffiné et contient encore tous ses minéraux naturels. Les sels naturels ont donc des propriétés gustatives et un aspect différent suivant la quantité de minéraux qu'ils contiennent. Ainsi, la fleur de sel ou le sel de mer récolté à la main ont une saveur unique qui change d'une région à une autre.
27
+
28
+ La fleur de sel ou le sel des marais salants ou le sel gemme non raffinés rentrent dans cette catégorie.
29
+
30
+ Le sel non raffiné de mer est plus riche en magnésium (sous forme de chlorure de magnésium) ainsi qu'en oligo-éléments et en fer.
31
+
32
+ Cependant, les sels naturels, contrairement à la plupart des sels industriels, ne sont pas enrichis en iode et n'en contiennent que très peu naturellement[6]. Leur consommation régulière peut donc exposer aux maladies liées à la carence en iode, comme le goitre, des retards de croissance et divers troubles mentaux.
33
+
34
+ Le raffinage permet d'obtenir un sel de la couleur blanche jusqu'ici fréquemment préférée par le consommateur.
35
+ Il est alors composé de NaCl pratiquement pur (99,9 %). Le sel du type raffiné reste le plus employé dans l'alimentation. Environ 7 % du sel raffiné est aussi utilisé comme additif, mais la plus grande partie est destinée aux usages industriels (fabrication du papier, réglage de la teinte des textiles et des tissus, production de savons et détergents). Le sel a une forte valeur marchande.
36
+
37
+ Aujourd'hui, la majeure partie du sel raffiné est préparée à partir du sel gemme extrait des mines de sel. Après que le sel brut a été remonté des mines, on le raffine pour l'épurer et pour faciliter son stockage. La purification comporte habituellement une phase de recristallisation. Durant cette phase, une solution de saumure est traitée avec des produits chimiques qui précipitent les impuretés (en grande partie des sels de magnésium et de calcium). Des étapes multiples d'évaporation permettent alors de rassembler les cristaux purs de chlorure de sodium, qui sont séchés au four ou en autoclave.
38
+
39
+ Des adjuvants, anti-agglomérants et composés fluorés ou iodés, lui sont habituellement rajoutés.
40
+
41
+ Des agents anti-agglomérants et de l'iodure de potassium (pour le sel iodé) sont généralement ajoutés au moment de la phase de séchage. Ces agents sont des produits chimiques hygroscopiques qui absorbent l'humidité évitant le colmatage des cristaux de sel. Les agents anti-agglomérants utilisés sont le phosphate, les carbonates de calcium ou de magnésium, les sels d'acide gras (sels acides), l'oxyde de magnésium, le dioxyde de silicium, l'aluminosilicate de sodium (en) et le silicate tricalcique d'alumino-calcium. Des inquiétudes ont été soulevées concernant les effets toxiques possibles de l'aluminium dans les deux derniers composés, comme l'explique le documentaire Aluminium, notre poison quotidien réalisé en 2011 par Valérie Rouvière. Cependant, l'Union européenne et les États-Unis permettent leur utilisation en quantités limitées. Le sel de raffinage est alors prêt pour l'emballage et la distribution.
42
+
43
+ De plus, depuis quelques années les industriels du secteur enrichissent ou complètent leur sel avec de l'iode (iodure de potassium) et du fluor. L'iode sert à combattre les goitres et à diminuer le crétinisme, le fluor contribue à prémunir des caries en renforçant l'émail. Toutefois, l'excès d'iode et de fluor conduit aussi à de graves maladies.
44
+
45
+ Le sel iodé de table a permis de réduire les insuffisances d'iode dans les pays où il est employé. L'iode est important pour empêcher la production insuffisante des hormones thyroïdiennes (hypothyroïdisme), qui peuvent causer le goitre, le crétinisme chez les enfants, et le myxœdème chez les adultes.
46
+
47
+ Le sel de table est un sel raffiné contenant à 95 % ou plus du chlorure de sodium presque pur, souvent iodé et fluoré. Il contient habituellement des substances qui empêchent le colmatage des cristaux (des agents anti-agglomérants) comme le silicoaluminate de sodium (le nom commun est Tixolex) et une quantité infime de sucre inverti pour empêcher le sel de tourner en une couleur jaune une fois exposé à la lumière du soleil, et pour empêcher une perte d'iode par vaporisation. Il est habituel de mettre quelques grains de riz cru dans les salières pour absorber l'humidité quand les agents anti-agglomérants ne sont pas assez efficaces.
48
+
49
+ Le sel de table est principalement utilisé en cuisine et à table comme condiment, souvent associé au poivre.
50
+
51
+ Le sel de table est maintenant employé partout dans le monde.
52
+
53
+ Le sel de qualité alimentaire est un produit cristallin se composant principalement de chlorure de sodium, provenant de marais salants, de sel gemme ou de saumures provenant de la dissolution de sel gemme et répondant aux spécifications suivantes :
54
+
55
+ En France, la dénomination de vente du sel de qualité alimentaire est « sel alimentaire », « sel de table » ou « sel de cuisine ».
56
+
57
+ Pour celui provenant des marais salants, la dénomination devient « sel marin gris alimentaire », « sel marin gris de table » ou « sel marin gris de cuisine »
58
+ [7].
59
+
60
+ Les sels de table du Canada sont formés des ingrédients suivants: chlorure de sodium, thiosulfate de sodium, iodure de potassium et ferrocyanure de sodium.
61
+ Parfois, le terme chlorure de sodium est remplacé par le mot sel.
62
+
63
+ La fabrication et l'utilisation du sel sont l'une des industries chimiques les plus anciennes. Plusieurs sources de production sont possibles. Récolté dans les marais salants, extrait des mines de sel gemme, produit par dissolution, recristallisé dans des salines ignigènes, le sel connaît plus d’une méthode de production. Il n’a pourtant qu’une seule origine : la mer.
64
+
65
+ Le sel gemme est un dépôt de minerai contenant une grosse concentration de sel comestible. Ces gisements de sel ont été constitués par l'évaporation ancienne de lacs ou de mers intérieures. Ce type de dépôts est appelé évaporite. Chaque gisement a une composition particulière. On peut y trouver de la halite presque pure (NaCl), mais également de la sylvite (KCl) ou du gypse (CaSO4). Ces dépôts peuvent être extraits traditionnellement dans une mine ou par injection d'eau. L'eau injectée dissout le sel, et la solution de saumure peut être pompée à la surface où le sel est récolté.
66
+
67
+ Du sel est également obtenu par évaporation de l'eau de mer, habituellement en bassins peu profonds chauffés par la lumière du soleil ; du sel ainsi obtenu s'est autrefois appelé le sel de compartiment, et s'appelle maintenant souvent sel de mer.
68
+
69
+ Des changements climatiques peuvent affecter certains producteurs de sel de mer s'il y a augmentation de la nébulosité et de la pluviométrie dans certaines régions. À titre d'exemple d'influence de la météorologie, l'été 2007 ayant été très pluvieux, les salines de l'île de Ré n'ont pu récolter que 50 tonnes de sel, soit 2 % de la production moyenne[8]. À l'inverse, l'année 2011 a vu la récolte du sel de Guérande démarrer avec un mois d'avance grâce à des conditions climatiques plus que favorables.
70
+
71
+ Le sel, d'origine marine, peut être extrait directement de la mer, via la saumure, c’est-à-dire d'eau marine évaporée et chargée en sel ou de gisements fossiles (gemme de sel).
72
+
73
+ Récemment la Polynésie Française qui compte un très vaste territoire maritime dispose également de plusieurs productions de sel marins sur les atolls de Rangiroa, Puka Puka et Bora-Bora.
74
+
75
+ L'évaporation de l'eau de la saumure peut-être naturelle ou provoquée par l'homme qui chauffe l'eau salée, comme à Salins-les-Bains. C'est une activité que les Gaulois pratiquaient déjà sur plusieurs sites du nord-ouest de la France, 400 ans avant Jules César, et qui dans ce cas a probablement contribué à la déforestation de ces régions. Ce sel est dit « sel ignigène », c'est-à-dire "né du feu".
76
+
77
+ Le sel permet aussi la conservation des aliments par diminution de l'activité de l'eau. Au Moyen Âge, c'était le principal moyen de conserver les viandes et poissons. Aujourd'hui encore, certaines régions africaines dépourvues d'appareils frigorifiques utilisent le sel pour conserver viandes et poissons, tout comme les consommateurs des pays dits développés trouvent dans le commerce des produits salés : navet salé, hareng saur, morue, etc.
78
+
79
+ En cuisine, le sel permet d'assaisonner les plats. Les Italiens préfèrent le gros sel avec lequel ils relèvent leurs pâtes ; les Belges utilisent plus volontiers le sel fin emballé dans des sachets.
80
+
81
+ Contrairement à une idée reçue, le sel n'est pas un exhausteur de goût, mais il permet de modifier la perception du goût, c'est pour cela qu'il est largement utilisé en cuisine[réf. nécessaire]
82
+
83
+ Les aliments contenant le plus de sel sont les charcuteries et les fromages, ainsi que les préparations cuisinées (plats cuisinés, soupes préparées) des aliments industriels.
84
+
85
+ Le sel joue par ailleurs plusieurs rôles en panification : fermentation, qualités organoleptiques, conservation. Le pain contient donc également beaucoup de sel, mais beaucoup de recettes de pâtisseries incluent également du sel dans leur pâte.
86
+
87
+ Le sel de table peut être « iodé » par addition d'un sel d'iode, cet élément étant nécessaire à la glande thyroïde pour la sécrétion des hormones thyroïdiennes et servant aussi au développement intellectuel. La vente de sel iodé est imposée par la règlementation dans plusieurs pays. Les ions chlorure et sodium contenus dans le sel sont aussi très importants pour le fonctionnement de l'organisme. En effet, ces ions jouent un rôle dans la conduction de l'influx nerveux, dans la contraction des muscles et dans la rétention d'eau dans le corps.
88
+
89
+ En France et dans beaucoup de pays industrialisés, la consommation de sel est trop importante. Cette surconsommation, due également au sel se trouvant dans les préparations industrielles, entraîne de graves problèmes de santé, comme l'hypertension ou l'obésité qui sont la cause de plusieurs dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Il existe d'autres sels (comme le chlorure de potassium KCl, présent dans le sel de table non raffiné mais plus toxique pour les personnes ayant des maladies cardiaques, rénales ou des troubles de pression artérielle) mais peu répandus et plus coûteux.
90
+
91
+ Chez de nombreux animaux, que ce soit les cordés (tétrapodes, poissons); ou bien les insectes et les mollusques par exemple, le sel assure les mêmes fonctions organiques (maintient de l'équilibre osmotique, transport d'ions, voir leur diffusion membranaire au niveau intercellulaire ) que chez l'homme. Souvent, les mammifères sauvages, surtout les herbivores, lèchent les pierres salées ou les salantes naturelles sources de sel.
92
+
93
+ En agriculture, les bovidés, ovidés et autres herbivores ont à disposition des pierres à lécher. Ce besoin est dû à la consommation élevée de calcium à cause de leur régime herbivore. De plus, les bovidés perdent encore plus de sel lors de la traite. C’est pourquoi on leur donne des pierres à sel à lécher pour couvrir leurs besoins.
94
+
95
+ Le chlorure de sodium peut modifier les saveurs primaires ; il diminue l'amer et le sucré, pondère l'acide et participe à l’intensité de l’umami, selon des mécanismes encore mal compris[9].
96
+
97
+ Selon les industriels producteurs[10],
98
+
99
+ « Le chlorure de sodium (NaCl) augmente la sapidité des aliments, c’est-à-dire qu’il intensifie la perception des saveurs. Les ions Na+ stimulent les papilles gustatives tandis que les ions Cl- donnent le goût salé. Le sel rehausse donc la perception de la saveur de certains aliments ayant un profil initialement fade et a ainsi un impact sur le profil global de saveur du produit fini, le rendant généralement plus agréable. Les composés chimiques non volatils sont dissous par la salive et détectés par plusieurs parties de la langue, du palais ou de la gorge. »
100
+
101
+ (extrait d'un Guide de réduction du sodium pour l’industrie alimentaire).
102
+
103
+ On l'utilisait autrefois pour ses propriétés déshydratantes (ammochosie).
104
+
105
+ L'excès de consommation de sel par les habitants des pays développés est établie. Le milieu médical et scientifique (OMS, Inserm, etc.) considère que la consommation de sel dans les pays développés est excessive (pour la France[11], deux fois supérieure aux recommandations de l'OMS[12]) pouvant être responsable de maladies cardiovasculaires et rénales. L'excès de sel provient essentiellement, à hauteur de 80 % des plats cuisinés, soupes et autres produits industrialisés. L'accoutumance au sel pourrait exister dès l'âge des nourrissons par le biais des petits pots et plats pour bébés[13].
106
+
107
+ La quantité de sel absorbée quotidiennement peut être estimée par un interrogatoire diététique précis, mais peut être facilement objectivée par la mesure de la quantité de sodium excrété dans les urines, en l'absence de certaines prises médicamenteuses (notamment les diurétiques) : en situation stable la quantité excrétée est proche de la quantité ingérée.
108
+
109
+ Le sel contient environ 40 % de sodium en poids[14], auquel on attribue la majorité des effets positifs ou négatifs du sel.
110
+
111
+ Les effets néfastes de l'excès de sel sont connus depuis 1969[13]. Le sel, ou chlorure de sodium, agit sur la tension en l'augmentant[15]. Le sel n'est pas l'unique facteur, mais il augmente les risques, favorisant également la rétention d'eau[13]. L'élévation de la pression artérielle augmente le risque d'accident cardiovasculaire, dont principalement l'infarctus. L'abus de sel est donc particulièrement déconseillé aux personnes souffrant d'hypertension artérielle, mais aussi, aux autres personnes. Au contraire, la réduction de l'apport sodé permet la diminution des chiffres tensionnels[16]. la diminution des apports sodés pourrait également, de manière indépendante de la baisse des chiffres tensionnels, diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire[17].
112
+
113
+ L'excès de sel est également mauvais pour les reins : Une consommation excessive de sel augmente le risque d'hypertension artérielle, l'une des principales causes d'insuffisance rénale. Au quotidien, un excès de sel peut également entraîner des complications chez les personnes déjà atteintes d'insuffisance rénale. Les reins malades sont en effet de moins en moins aptes à gérer ce surplus de sel, ce qui peut entraîner une rétention d'eau, elle-même responsable de l'apparition d'une hypertension artérielle[13].
114
+
115
+ En juin 2005, l'Agence européenne de sécurité alimentaire a rappelé que « les niveaux actuels de consommation de sodium sont associés directement à une augmentation de la tension artérielle, facteur de risque de maladies cardio-vasculaires et rénales qui sont les principales causes de morbidité [maladie] et de mortalité en Europe[18]. » La réduction de consommation de sel permet de diminuer l'incidence des affections cardiovasculaires : sur une période de 10-15 ans, les sujets ayant réduit jusqu'à 25-30 % leur consommation de sel ont souffert d'un quart d'événements cardiovasculaires en moins[19].
116
+
117
+ En cas d'insuffisance cardiaque, l'excès de sel augmente le risque de survenue de décompensation et peut conduire parfois à des complications importantes nécessitant une hospitalisation (œdème aigu du poumon).
118
+
119
+ Selon certains auteurs, l'excès de sel entraîne chaque année la mort de 1,6 million (en 2010) de personnes dans le monde[20],[21].
120
+
121
+ Le sel, à petites doses, reste un élément indispensable. Il permet de maintenir une pression artérielle correcte et prévient les troubles liés à une concentration insuffisante de sel dans le sang (hyponatrémie) telle qu'elle se voit dans certains cas de déshydratation. Le besoin minimal physiologique est autour de 2 g /jour[22]. Une consommation trop basse de sel pourrait même majorer le risque de survenue de maladies cardio-vasculaires[23].
122
+
123
+ En mars 2003, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) conclut que la quantité de sel absorbée doit être inférieure à 5 grammes par jour[24].
124
+
125
+ En février 2007, l'OMS rappelle les manières de réduire le risque de maladie cardiovasculaire, notamment « en consommant le moins possible de denrées riches en graisses, en sucre et en sel. »[25].
126
+
127
+ L'habitude d'une consommation excessive de sel proviendrait de son usage intensif pour conserver viandes et salaisons. Cette consommation pouvait aller jusqu'à 30 grammes par jour, entraînant des accidents vasculaires hémorragiques[13]. Mais, malgré l'invention de nouvelles techniques de conservation sans sel (« la chaîne du froid »), l'habitude de manger très salé est restée et sa consommation reste excessive au regard des recommandations des organismes de santé.
128
+
129
+ Les Français consomment en moyenne 10 g de sel par jour[22].
130
+
131
+ Cette surconsommation serait responsable de plus de 75 000 accidents cardiovasculaires et de 25 000 morts chaque année en France[22].
132
+
133
+ L'industrie agroalimentaire est accusée d'être responsable de la surconsommation de sel. Depuis de nombreuses années, les industriels ajoutent beaucoup de sel dans les aliments industriels (plats cuisinés, viandes panées, charcuteries, chips, pains, fromages, sauces, etc.), le tout participant à près de 80 % du chlorure de sodium absorbé chaque jour [26]. Les raisons de l'utilisation massive de sel dans les aliments industriels seraient le rehaussement de la perception du goût, le masquage de certaines saveurs, l'alourdissement de la viande en retenant l’eau[27],[22],[13]. Le goût du sel n'est pas inné mais l'agroalimentaire crée cette dépendance dès le plus jeune âge en salant les produits pour enfants. Certaines marques de produits pour bébés ont réagi en proposant des produits sans sel[13].
134
+
135
+ Des recherches de substitution au sel sont menées : remplacement par le glutamate de sodium mais cet exhausteur de goût est soupçonné d'avoir des effets neurotoxiques ; par le chlorure de potassium mais il développe un arrière-goût amer. On recherche actuellement des exhausteurs de goût organiques sans effets indésirables. Une autre approche est de diminuer la taille des particules de sel, ce qui facilite sa dissolution et permet d'alléger les doses[28].
136
+
137
+ Les principaux pays producteurs mondiaux de sel en 2014[29] :
138
+
139
+ millions tonnes
140
+
141
+ Les principaux producteurs mondiaux de sel sont, en 2009 (capacité en millions de tonnes)[30] :
142
+
143
+ Le sel occupe depuis longtemps une place importante dans la religion et la culture. Au temps des sacrifices brahmaniques, dans les rituels hittites et lors des fêtes tenues par les Sémites et les Grecs à l'époque de la nouvelle lune, le sel était jeté dans un feu où il produisait des bruits de crépitement. Les anciens Egyptiens, Grecs et Romains invoquaient leurs dieux avec des offrandes de sel et d'eau et certains pensent que c'est l'origine de l'eau sainte dans la foi chrétienne. Dans la mythologie aztèque, Huixtocihuatl était une déesse de la fertilité qui présidait sur le sel et l'eau salée.
144
+
145
+ Le sel est considéré comme une substance très favorable dans l'hindouisme et est utilisé en particulier dans les cérémonies religieuses comme les créneaux et les mariages. Dans le jaïnisme, les fidèles déposent une offrande de riz cru avec une pincée de sel devant une divinité pour signifier leur dévotion et le sel est saupoudré sur les restes crémés d'une personne avant que les cendres ne soient enterrées. Le sel est censé éloigner les mauvais esprits dans la tradition bouddhiste mahayana, et en revenant à la maison après les funérailles, une pincée de sel est jetée par-dessus l'épaule gauche car cela empêche les mauvais esprits d'entrer dans la maison. Dans le shinto, le sel est utilisé pour la purification rituelle des lieux et des personnes (harae, en particulier le shubatsu), et de petits tas de sel sont placés dans les plats à l'entrée des établissements dans le double but de repousser le mal et d'attirer les clients.
146
+
147
+ Dans la Bible hébraïque, il y a trente-cinq versets qui mentionnent le sel. L'une d'entre elles mentionne la femme de Lot, qui fut transformée en colonne de sel lorsqu'elle regarda en arrière les villes de Sodome et Gomorrhe (Genèse 19:26) alors qu'elles étaient détruites. Quand le juge Abimélek détruisit la ville de Sichem, on dit qu'il "sème du sel dessus", probablement comme une malédiction sur quiconque voudrait la ré-inhabituer (Juges 9:45). Le Livre de Job contient la première mention du sel comme condiment. "Est-ce que ce qui est désagréable peut être mangé sans sel? ou est-ce qu'il y a un goût de blanc d'oeuf?" (Job 6:6). Dans le Nouveau Testament, six versets mentionnent le sel. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a qualifié ses disciples de "sel de la terre". L'apôtre Paul a également encouragé les chrétiens à " que votre conversation soit toujours pleine de grâce, assaisonnée de sel " (Colossiens 4:6). Le sel est obligatoire dans le rite de la messe tridentine. Le sel est utilisé dans le troisième élément (qui inclut un Exorcisme) de la consécration celtique (cf. rite galicien) qui est employé dans la consécration d'une église. Le sel peut être ajouté à l'eau "là où il est d'usage" dans le rite catholique romain de l'eau sainte.
148
+
149
+ Dans le judaïsme, il est recommandé d'avoir un pain salé ou d'ajouter du sel au pain si ce pain n'est pas salé en faisant Kiddush pour le shabbat. Il est de coutume d'étaler du sel sur le pain ou de tremper le pain dans un peu de sel en faisant passer le pain autour de la table après le Kiddush. Pour préserver l'alliance entre leur peuple et Dieu, les Juifs trempent le pain du sabbat dans le sel.
150
+
151
+ Dans la Wicca, le sel est symbolique de l'élément Terre. On croit aussi qu'il nettoie une zone d'énergies nocives ou négatives. Un plat de sel et un plat d'eau sont presque toujours présents sur un autel, et le sel est utilisé dans une grande variété de rituels et de cérémonies.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Le sel de table, sel alimentaire ou sel de cuisine, est composé essentiellement de chlorure de sodium. Il se présente sous différentes formes : gros sel (ou sel gros), sel fin, fleur de sel.
2
+
3
+ Le sel est connu depuis la Préhistoire (voir une des plus anciennes villes préhistoriques d'Europe Solnitsata) pour ses caractéristiques d'assaisonnement et de conservation des aliments. Il était extrait de mines généralement très enfouies dans le sol (mines de roche évaporitique telle que la halite), ou plus facilement de sources salées ou de la mer (saliculture)[1]. Les tessons de briquetages, céramiques utilitaires dans l'extraction de sel (marmites où l'on faisait bouillir la saumure sur des fours à feux de bois et bâtonnets d'argile cuite dont l'assemblage permettait une partie de l'évaporation de cette saumure) sont fréquemment retrouvés jusqu'à l'âge du fer, période qui voit l'apparition d'outillages plus robustes et de plus grande capacité dans lesquels on faisait légèrement chauffer la saumure filtrée et concentrée (l'ethnoarchéologie montre que des croûtes de terre salées et séchées sont lessivées dans un entonnoir filtrant ou un panier par de l'eau de mer puis par de la saumure, de telle sorte que le jus salé arrive à saturation) pour préserver le combustible, l'obtention de grandes quantités de sel par ébullition de saumure consommant trop de bois[2].
4
+
5
+ Il fut également probablement précocement utilisé dans les rites religieux. On connait de tels usages chez les Hébreux (Lv 2,13), les Grecs et les Romains de l'Antiquité. Cet élément naturel a revêtu une grande importance stratégique et économique et a fait l'objet d'un commerce important, parfois sur de grandes distances.
6
+
7
+ On estime que le sel était déjà utilisé et donc extrait, 6 000 ans avant notre ère, au lac salé de Yuncheng, dans le Shanxi[3].
8
+
9
+ Les routes du sel furent les grandes voies de communications et d'échanges depuis l'Antiquité pour l'acheminement du sel, transporté depuis les régions productrices vers les régions qui en étaient dépourvues.
10
+
11
+ Le contrôle de l'approvisionnement en sel fut l'une des clefs de l'expansion militaire de l'Empire romain qui s'en est attribué le monopole. Les armées de conquête de César emportaient avec elles des salaisons qui assuraient une partie de leur approvisionnement. Sans ces salaisons, les armées n'auraient pu avoir recours qu'au pillage des territoires conquis. Cette stratégie limita les résistances et assura une implantation durable de la civilisation romaine.
12
+
13
+ Le rôle du sel comme clef de l'approvisionnement militaire perdura jusqu'à l'invention, à la fin du XVIIIe siècle, de nouvelles techniques de conservation des aliments. Il joua donc un rôle crucial dans les grandes conquêtes maritimes, autorisant le transport de vivres pour des voyages d'exploration aux escales aléatoires.
14
+
15
+ Il a aussi été un moyen d'échange une monnaie ou un impôt, dont en Chine et en Europe comme en témoigne l'étymologie commune des mots « sel » et « salaire » (en latin salarium, somme donnée aux soldats pour l'achat du sel). Le sel sous le nom de « salignon » fut une monnaie d'échange au Tibet et en Éthiopie. Le sel était en France stocké dans des greniers à sel puis des « Dépôts des sels » définis par l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers comme « chambres où le sel est mis en dépôt, dans les pays où il est marchand. La chambre des dépôts est aussi une jurisdiction établie pour connoître des contestations qui peuvent s'élever par rapport à la vente & distribution du sel. Le premier juge de cette chambre s'appelle le président des dépôts ».
16
+
17
+ En France, le sel a été exploité dans des marais salants sur les littoraux méditerranéen et atlantique, peut-être dès la Préhistoire, et à l'aide de fours à sel dans les sauneries gauloises puis gallo-romaines des rivages de la Gaule du nord (ce pourrait être une des origines du nom des saliens) d'où il était acheminé sous forme de pains de sel jusqu'à Rome par les voies romaines, ainsi qu'un jambon ménapien salé ou fumé, fort réputé chez les Romains. En raison de ses vertus de conservation de la viande, du poisson, du beurre et du fromage, le sel devient un ingrédient indispensable aux familles. La religion catholique imposant des jours maigres (sans viande), le poisson séché et conservé dans le sel est très demandé. La salière est commune autant aux familles pauvres que riches. Chez ces derniers, la salière est ornée et constitue un objet de luxe. L'exemple le plus éclatant est sans doute la salière de l'orfèvre italien Benvenuto Cellini que lui commanda le roi François Ier. Au XVIe siècle, l'importance du sel est telle que les dépenses d'une famille de paysans pour ce produit avoisine les 10 % de ses revenus[4].
18
+
19
+ Le sel a été taxé pendant plusieurs siècles via un impôt spécifique appelé gabelle apparue sous Louis IX. Cette taxe devenue permanente, variable suivant les provinces et croissante au point de rendre le prix du sel élevé, est devenue si impopulaire qu'elle a entraîné des exodes ruraux massifs, déclenché des guerres et a participé au déclenchement de la Révolution française[5]. Une route du sel avec l'Italie est encore dans la géographie de la Provence. Les contrebandiers en sel étaient appelés « faux sau(l)niers » et les agents chargés de les traquer, les « gabelous ».
20
+ Les litiges liés au sel et aux « greniers à sel » pouvaient relever des « cas royaux » : causes juridiques relevant de la seule souveraineté royale et donc « réservées à la connaissance des seuls juges royaux, privativement à tous autres juges » (seigneuriaux ou ecclésiastiques, et parfois prévosts qui n'étaient des « juges royaux inférieurs »).
21
+
22
+ En 1930, la Marche du sel initiée par Gandhi, pour protester contre le monopole britannique sur le sel, est une étape importante de la marche vers l'indépendance de l'Inde.
23
+
24
+ Parfois, la toponymie rappelle la présence de sel dans le sol comme dans Lons-le-Saunier ou Salins-les-Bains.
25
+
26
+ Le sel naturel n'est pas raffiné et contient encore tous ses minéraux naturels. Les sels naturels ont donc des propriétés gustatives et un aspect différent suivant la quantité de minéraux qu'ils contiennent. Ainsi, la fleur de sel ou le sel de mer récolté à la main ont une saveur unique qui change d'une région à une autre.
27
+
28
+ La fleur de sel ou le sel des marais salants ou le sel gemme non raffinés rentrent dans cette catégorie.
29
+
30
+ Le sel non raffiné de mer est plus riche en magnésium (sous forme de chlorure de magnésium) ainsi qu'en oligo-éléments et en fer.
31
+
32
+ Cependant, les sels naturels, contrairement à la plupart des sels industriels, ne sont pas enrichis en iode et n'en contiennent que très peu naturellement[6]. Leur consommation régulière peut donc exposer aux maladies liées à la carence en iode, comme le goitre, des retards de croissance et divers troubles mentaux.
33
+
34
+ Le raffinage permet d'obtenir un sel de la couleur blanche jusqu'ici fréquemment préférée par le consommateur.
35
+ Il est alors composé de NaCl pratiquement pur (99,9 %). Le sel du type raffiné reste le plus employé dans l'alimentation. Environ 7 % du sel raffiné est aussi utilisé comme additif, mais la plus grande partie est destinée aux usages industriels (fabrication du papier, réglage de la teinte des textiles et des tissus, production de savons et détergents). Le sel a une forte valeur marchande.
36
+
37
+ Aujourd'hui, la majeure partie du sel raffiné est préparée à partir du sel gemme extrait des mines de sel. Après que le sel brut a été remonté des mines, on le raffine pour l'épurer et pour faciliter son stockage. La purification comporte habituellement une phase de recristallisation. Durant cette phase, une solution de saumure est traitée avec des produits chimiques qui précipitent les impuretés (en grande partie des sels de magnésium et de calcium). Des étapes multiples d'évaporation permettent alors de rassembler les cristaux purs de chlorure de sodium, qui sont séchés au four ou en autoclave.
38
+
39
+ Des adjuvants, anti-agglomérants et composés fluorés ou iodés, lui sont habituellement rajoutés.
40
+
41
+ Des agents anti-agglomérants et de l'iodure de potassium (pour le sel iodé) sont généralement ajoutés au moment de la phase de séchage. Ces agents sont des produits chimiques hygroscopiques qui absorbent l'humidité évitant le colmatage des cristaux de sel. Les agents anti-agglomérants utilisés sont le phosphate, les carbonates de calcium ou de magnésium, les sels d'acide gras (sels acides), l'oxyde de magnésium, le dioxyde de silicium, l'aluminosilicate de sodium (en) et le silicate tricalcique d'alumino-calcium. Des inquiétudes ont été soulevées concernant les effets toxiques possibles de l'aluminium dans les deux derniers composés, comme l'explique le documentaire Aluminium, notre poison quotidien réalisé en 2011 par Valérie Rouvière. Cependant, l'Union européenne et les États-Unis permettent leur utilisation en quantités limitées. Le sel de raffinage est alors prêt pour l'emballage et la distribution.
42
+
43
+ De plus, depuis quelques années les industriels du secteur enrichissent ou complètent leur sel avec de l'iode (iodure de potassium) et du fluor. L'iode sert à combattre les goitres et à diminuer le crétinisme, le fluor contribue à prémunir des caries en renforçant l'émail. Toutefois, l'excès d'iode et de fluor conduit aussi à de graves maladies.
44
+
45
+ Le sel iodé de table a permis de réduire les insuffisances d'iode dans les pays où il est employé. L'iode est important pour empêcher la production insuffisante des hormones thyroïdiennes (hypothyroïdisme), qui peuvent causer le goitre, le crétinisme chez les enfants, et le myxœdème chez les adultes.
46
+
47
+ Le sel de table est un sel raffiné contenant à 95 % ou plus du chlorure de sodium presque pur, souvent iodé et fluoré. Il contient habituellement des substances qui empêchent le colmatage des cristaux (des agents anti-agglomérants) comme le silicoaluminate de sodium (le nom commun est Tixolex) et une quantité infime de sucre inverti pour empêcher le sel de tourner en une couleur jaune une fois exposé à la lumière du soleil, et pour empêcher une perte d'iode par vaporisation. Il est habituel de mettre quelques grains de riz cru dans les salières pour absorber l'humidité quand les agents anti-agglomérants ne sont pas assez efficaces.
48
+
49
+ Le sel de table est principalement utilisé en cuisine et à table comme condiment, souvent associé au poivre.
50
+
51
+ Le sel de table est maintenant employé partout dans le monde.
52
+
53
+ Le sel de qualité alimentaire est un produit cristallin se composant principalement de chlorure de sodium, provenant de marais salants, de sel gemme ou de saumures provenant de la dissolution de sel gemme et répondant aux spécifications suivantes :
54
+
55
+ En France, la dénomination de vente du sel de qualité alimentaire est « sel alimentaire », « sel de table » ou « sel de cuisine ».
56
+
57
+ Pour celui provenant des marais salants, la dénomination devient « sel marin gris alimentaire », « sel marin gris de table » ou « sel marin gris de cuisine »
58
+ [7].
59
+
60
+ Les sels de table du Canada sont formés des ingrédients suivants: chlorure de sodium, thiosulfate de sodium, iodure de potassium et ferrocyanure de sodium.
61
+ Parfois, le terme chlorure de sodium est remplacé par le mot sel.
62
+
63
+ La fabrication et l'utilisation du sel sont l'une des industries chimiques les plus anciennes. Plusieurs sources de production sont possibles. Récolté dans les marais salants, extrait des mines de sel gemme, produit par dissolution, recristallisé dans des salines ignigènes, le sel connaît plus d’une méthode de production. Il n’a pourtant qu’une seule origine : la mer.
64
+
65
+ Le sel gemme est un dépôt de minerai contenant une grosse concentration de sel comestible. Ces gisements de sel ont été constitués par l'évaporation ancienne de lacs ou de mers intérieures. Ce type de dépôts est appelé évaporite. Chaque gisement a une composition particulière. On peut y trouver de la halite presque pure (NaCl), mais également de la sylvite (KCl) ou du gypse (CaSO4). Ces dépôts peuvent être extraits traditionnellement dans une mine ou par injection d'eau. L'eau injectée dissout le sel, et la solution de saumure peut être pompée à la surface où le sel est récolté.
66
+
67
+ Du sel est également obtenu par évaporation de l'eau de mer, habituellement en bassins peu profonds chauffés par la lumière du soleil ; du sel ainsi obtenu s'est autrefois appelé le sel de compartiment, et s'appelle maintenant souvent sel de mer.
68
+
69
+ Des changements climatiques peuvent affecter certains producteurs de sel de mer s'il y a augmentation de la nébulosité et de la pluviométrie dans certaines régions. À titre d'exemple d'influence de la météorologie, l'été 2007 ayant été très pluvieux, les salines de l'île de Ré n'ont pu récolter que 50 tonnes de sel, soit 2 % de la production moyenne[8]. À l'inverse, l'année 2011 a vu la récolte du sel de Guérande démarrer avec un mois d'avance grâce à des conditions climatiques plus que favorables.
70
+
71
+ Le sel, d'origine marine, peut être extrait directement de la mer, via la saumure, c’est-à-dire d'eau marine évaporée et chargée en sel ou de gisements fossiles (gemme de sel).
72
+
73
+ Récemment la Polynésie Française qui compte un très vaste territoire maritime dispose également de plusieurs productions de sel marins sur les atolls de Rangiroa, Puka Puka et Bora-Bora.
74
+
75
+ L'évaporation de l'eau de la saumure peut-être naturelle ou provoquée par l'homme qui chauffe l'eau salée, comme à Salins-les-Bains. C'est une activité que les Gaulois pratiquaient déjà sur plusieurs sites du nord-ouest de la France, 400 ans avant Jules César, et qui dans ce cas a probablement contribué à la déforestation de ces régions. Ce sel est dit « sel ignigène », c'est-à-dire "né du feu".
76
+
77
+ Le sel permet aussi la conservation des aliments par diminution de l'activité de l'eau. Au Moyen Âge, c'était le principal moyen de conserver les viandes et poissons. Aujourd'hui encore, certaines régions africaines dépourvues d'appareils frigorifiques utilisent le sel pour conserver viandes et poissons, tout comme les consommateurs des pays dits développés trouvent dans le commerce des produits salés : navet salé, hareng saur, morue, etc.
78
+
79
+ En cuisine, le sel permet d'assaisonner les plats. Les Italiens préfèrent le gros sel avec lequel ils relèvent leurs pâtes ; les Belges utilisent plus volontiers le sel fin emballé dans des sachets.
80
+
81
+ Contrairement à une idée reçue, le sel n'est pas un exhausteur de goût, mais il permet de modifier la perception du goût, c'est pour cela qu'il est largement utilisé en cuisine[réf. nécessaire]
82
+
83
+ Les aliments contenant le plus de sel sont les charcuteries et les fromages, ainsi que les préparations cuisinées (plats cuisinés, soupes préparées) des aliments industriels.
84
+
85
+ Le sel joue par ailleurs plusieurs rôles en panification : fermentation, qualités organoleptiques, conservation. Le pain contient donc également beaucoup de sel, mais beaucoup de recettes de pâtisseries incluent également du sel dans leur pâte.
86
+
87
+ Le sel de table peut être « iodé » par addition d'un sel d'iode, cet élément étant nécessaire à la glande thyroïde pour la sécrétion des hormones thyroïdiennes et servant aussi au développement intellectuel. La vente de sel iodé est imposée par la règlementation dans plusieurs pays. Les ions chlorure et sodium contenus dans le sel sont aussi très importants pour le fonctionnement de l'organisme. En effet, ces ions jouent un rôle dans la conduction de l'influx nerveux, dans la contraction des muscles et dans la rétention d'eau dans le corps.
88
+
89
+ En France et dans beaucoup de pays industrialisés, la consommation de sel est trop importante. Cette surconsommation, due également au sel se trouvant dans les préparations industrielles, entraîne de graves problèmes de santé, comme l'hypertension ou l'obésité qui sont la cause de plusieurs dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Il existe d'autres sels (comme le chlorure de potassium KCl, présent dans le sel de table non raffiné mais plus toxique pour les personnes ayant des maladies cardiaques, rénales ou des troubles de pression artérielle) mais peu répandus et plus coûteux.
90
+
91
+ Chez de nombreux animaux, que ce soit les cordés (tétrapodes, poissons); ou bien les insectes et les mollusques par exemple, le sel assure les mêmes fonctions organiques (maintient de l'équilibre osmotique, transport d'ions, voir leur diffusion membranaire au niveau intercellulaire ) que chez l'homme. Souvent, les mammifères sauvages, surtout les herbivores, lèchent les pierres salées ou les salantes naturelles sources de sel.
92
+
93
+ En agriculture, les bovidés, ovidés et autres herbivores ont à disposition des pierres à lécher. Ce besoin est dû à la consommation élevée de calcium à cause de leur régime herbivore. De plus, les bovidés perdent encore plus de sel lors de la traite. C’est pourquoi on leur donne des pierres à sel à lécher pour couvrir leurs besoins.
94
+
95
+ Le chlorure de sodium peut modifier les saveurs primaires ; il diminue l'amer et le sucré, pondère l'acide et participe à l’intensité de l’umami, selon des mécanismes encore mal compris[9].
96
+
97
+ Selon les industriels producteurs[10],
98
+
99
+ « Le chlorure de sodium (NaCl) augmente la sapidité des aliments, c’est-à-dire qu’il intensifie la perception des saveurs. Les ions Na+ stimulent les papilles gustatives tandis que les ions Cl- donnent le goût salé. Le sel rehausse donc la perception de la saveur de certains aliments ayant un profil initialement fade et a ainsi un impact sur le profil global de saveur du produit fini, le rendant généralement plus agréable. Les composés chimiques non volatils sont dissous par la salive et détectés par plusieurs parties de la langue, du palais ou de la gorge. »
100
+
101
+ (extrait d'un Guide de réduction du sodium pour l’industrie alimentaire).
102
+
103
+ On l'utilisait autrefois pour ses propriétés déshydratantes (ammochosie).
104
+
105
+ L'excès de consommation de sel par les habitants des pays développés est établie. Le milieu médical et scientifique (OMS, Inserm, etc.) considère que la consommation de sel dans les pays développés est excessive (pour la France[11], deux fois supérieure aux recommandations de l'OMS[12]) pouvant être responsable de maladies cardiovasculaires et rénales. L'excès de sel provient essentiellement, à hauteur de 80 % des plats cuisinés, soupes et autres produits industrialisés. L'accoutumance au sel pourrait exister dès l'âge des nourrissons par le biais des petits pots et plats pour bébés[13].
106
+
107
+ La quantité de sel absorbée quotidiennement peut être estimée par un interrogatoire diététique précis, mais peut être facilement objectivée par la mesure de la quantité de sodium excrété dans les urines, en l'absence de certaines prises médicamenteuses (notamment les diurétiques) : en situation stable la quantité excrétée est proche de la quantité ingérée.
108
+
109
+ Le sel contient environ 40 % de sodium en poids[14], auquel on attribue la majorité des effets positifs ou négatifs du sel.
110
+
111
+ Les effets néfastes de l'excès de sel sont connus depuis 1969[13]. Le sel, ou chlorure de sodium, agit sur la tension en l'augmentant[15]. Le sel n'est pas l'unique facteur, mais il augmente les risques, favorisant également la rétention d'eau[13]. L'élévation de la pression artérielle augmente le risque d'accident cardiovasculaire, dont principalement l'infarctus. L'abus de sel est donc particulièrement déconseillé aux personnes souffrant d'hypertension artérielle, mais aussi, aux autres personnes. Au contraire, la réduction de l'apport sodé permet la diminution des chiffres tensionnels[16]. la diminution des apports sodés pourrait également, de manière indépendante de la baisse des chiffres tensionnels, diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire[17].
112
+
113
+ L'excès de sel est également mauvais pour les reins : Une consommation excessive de sel augmente le risque d'hypertension artérielle, l'une des principales causes d'insuffisance rénale. Au quotidien, un excès de sel peut également entraîner des complications chez les personnes déjà atteintes d'insuffisance rénale. Les reins malades sont en effet de moins en moins aptes à gérer ce surplus de sel, ce qui peut entraîner une rétention d'eau, elle-même responsable de l'apparition d'une hypertension artérielle[13].
114
+
115
+ En juin 2005, l'Agence européenne de sécurité alimentaire a rappelé que « les niveaux actuels de consommation de sodium sont associés directement à une augmentation de la tension artérielle, facteur de risque de maladies cardio-vasculaires et rénales qui sont les principales causes de morbidité [maladie] et de mortalité en Europe[18]. » La réduction de consommation de sel permet de diminuer l'incidence des affections cardiovasculaires : sur une période de 10-15 ans, les sujets ayant réduit jusqu'à 25-30 % leur consommation de sel ont souffert d'un quart d'événements cardiovasculaires en moins[19].
116
+
117
+ En cas d'insuffisance cardiaque, l'excès de sel augmente le risque de survenue de décompensation et peut conduire parfois à des complications importantes nécessitant une hospitalisation (œdème aigu du poumon).
118
+
119
+ Selon certains auteurs, l'excès de sel entraîne chaque année la mort de 1,6 million (en 2010) de personnes dans le monde[20],[21].
120
+
121
+ Le sel, à petites doses, reste un élément indispensable. Il permet de maintenir une pression artérielle correcte et prévient les troubles liés à une concentration insuffisante de sel dans le sang (hyponatrémie) telle qu'elle se voit dans certains cas de déshydratation. Le besoin minimal physiologique est autour de 2 g /jour[22]. Une consommation trop basse de sel pourrait même majorer le risque de survenue de maladies cardio-vasculaires[23].
122
+
123
+ En mars 2003, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) conclut que la quantité de sel absorbée doit être inférieure à 5 grammes par jour[24].
124
+
125
+ En février 2007, l'OMS rappelle les manières de réduire le risque de maladie cardiovasculaire, notamment « en consommant le moins possible de denrées riches en graisses, en sucre et en sel. »[25].
126
+
127
+ L'habitude d'une consommation excessive de sel proviendrait de son usage intensif pour conserver viandes et salaisons. Cette consommation pouvait aller jusqu'à 30 grammes par jour, entraînant des accidents vasculaires hémorragiques[13]. Mais, malgré l'invention de nouvelles techniques de conservation sans sel (« la chaîne du froid »), l'habitude de manger très salé est restée et sa consommation reste excessive au regard des recommandations des organismes de santé.
128
+
129
+ Les Français consomment en moyenne 10 g de sel par jour[22].
130
+
131
+ Cette surconsommation serait responsable de plus de 75 000 accidents cardiovasculaires et de 25 000 morts chaque année en France[22].
132
+
133
+ L'industrie agroalimentaire est accusée d'être responsable de la surconsommation de sel. Depuis de nombreuses années, les industriels ajoutent beaucoup de sel dans les aliments industriels (plats cuisinés, viandes panées, charcuteries, chips, pains, fromages, sauces, etc.), le tout participant à près de 80 % du chlorure de sodium absorbé chaque jour [26]. Les raisons de l'utilisation massive de sel dans les aliments industriels seraient le rehaussement de la perception du goût, le masquage de certaines saveurs, l'alourdissement de la viande en retenant l’eau[27],[22],[13]. Le goût du sel n'est pas inné mais l'agroalimentaire crée cette dépendance dès le plus jeune âge en salant les produits pour enfants. Certaines marques de produits pour bébés ont réagi en proposant des produits sans sel[13].
134
+
135
+ Des recherches de substitution au sel sont menées : remplacement par le glutamate de sodium mais cet exhausteur de goût est soupçonné d'avoir des effets neurotoxiques ; par le chlorure de potassium mais il développe un arrière-goût amer. On recherche actuellement des exhausteurs de goût organiques sans effets indésirables. Une autre approche est de diminuer la taille des particules de sel, ce qui facilite sa dissolution et permet d'alléger les doses[28].
136
+
137
+ Les principaux pays producteurs mondiaux de sel en 2014[29] :
138
+
139
+ millions tonnes
140
+
141
+ Les principaux producteurs mondiaux de sel sont, en 2009 (capacité en millions de tonnes)[30] :
142
+
143
+ Le sel occupe depuis longtemps une place importante dans la religion et la culture. Au temps des sacrifices brahmaniques, dans les rituels hittites et lors des fêtes tenues par les Sémites et les Grecs à l'époque de la nouvelle lune, le sel était jeté dans un feu où il produisait des bruits de crépitement. Les anciens Egyptiens, Grecs et Romains invoquaient leurs dieux avec des offrandes de sel et d'eau et certains pensent que c'est l'origine de l'eau sainte dans la foi chrétienne. Dans la mythologie aztèque, Huixtocihuatl était une déesse de la fertilité qui présidait sur le sel et l'eau salée.
144
+
145
+ Le sel est considéré comme une substance très favorable dans l'hindouisme et est utilisé en particulier dans les cérémonies religieuses comme les créneaux et les mariages. Dans le jaïnisme, les fidèles déposent une offrande de riz cru avec une pincée de sel devant une divinité pour signifier leur dévotion et le sel est saupoudré sur les restes crémés d'une personne avant que les cendres ne soient enterrées. Le sel est censé éloigner les mauvais esprits dans la tradition bouddhiste mahayana, et en revenant à la maison après les funérailles, une pincée de sel est jetée par-dessus l'épaule gauche car cela empêche les mauvais esprits d'entrer dans la maison. Dans le shinto, le sel est utilisé pour la purification rituelle des lieux et des personnes (harae, en particulier le shubatsu), et de petits tas de sel sont placés dans les plats à l'entrée des établissements dans le double but de repousser le mal et d'attirer les clients.
146
+
147
+ Dans la Bible hébraïque, il y a trente-cinq versets qui mentionnent le sel. L'une d'entre elles mentionne la femme de Lot, qui fut transformée en colonne de sel lorsqu'elle regarda en arrière les villes de Sodome et Gomorrhe (Genèse 19:26) alors qu'elles étaient détruites. Quand le juge Abimélek détruisit la ville de Sichem, on dit qu'il "sème du sel dessus", probablement comme une malédiction sur quiconque voudrait la ré-inhabituer (Juges 9:45). Le Livre de Job contient la première mention du sel comme condiment. "Est-ce que ce qui est désagréable peut être mangé sans sel? ou est-ce qu'il y a un goût de blanc d'oeuf?" (Job 6:6). Dans le Nouveau Testament, six versets mentionnent le sel. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a qualifié ses disciples de "sel de la terre". L'apôtre Paul a également encouragé les chrétiens à " que votre conversation soit toujours pleine de grâce, assaisonnée de sel " (Colossiens 4:6). Le sel est obligatoire dans le rite de la messe tridentine. Le sel est utilisé dans le troisième élément (qui inclut un Exorcisme) de la consécration celtique (cf. rite galicien) qui est employé dans la consécration d'une église. Le sel peut être ajouté à l'eau "là où il est d'usage" dans le rite catholique romain de l'eau sainte.
148
+
149
+ Dans le judaïsme, il est recommandé d'avoir un pain salé ou d'ajouter du sel au pain si ce pain n'est pas salé en faisant Kiddush pour le shabbat. Il est de coutume d'étaler du sel sur le pain ou de tremper le pain dans un peu de sel en faisant passer le pain autour de la table après le Kiddush. Pour préserver l'alliance entre leur peuple et Dieu, les Juifs trempent le pain du sabbat dans le sel.
150
+
151
+ Dans la Wicca, le sel est symbolique de l'élément Terre. On croit aussi qu'il nettoie une zone d'énergies nocives ou négatives. Un plat de sel et un plat d'eau sont presque toujours présents sur un autel, et le sel est utilisé dans une grande variété de rituels et de cérémonies.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Le sel de table, sel alimentaire ou sel de cuisine, est composé essentiellement de chlorure de sodium. Il se présente sous différentes formes : gros sel (ou sel gros), sel fin, fleur de sel.
2
+
3
+ Le sel est connu depuis la Préhistoire (voir une des plus anciennes villes préhistoriques d'Europe Solnitsata) pour ses caractéristiques d'assaisonnement et de conservation des aliments. Il était extrait de mines généralement très enfouies dans le sol (mines de roche évaporitique telle que la halite), ou plus facilement de sources salées ou de la mer (saliculture)[1]. Les tessons de briquetages, céramiques utilitaires dans l'extraction de sel (marmites où l'on faisait bouillir la saumure sur des fours à feux de bois et bâtonnets d'argile cuite dont l'assemblage permettait une partie de l'évaporation de cette saumure) sont fréquemment retrouvés jusqu'à l'âge du fer, période qui voit l'apparition d'outillages plus robustes et de plus grande capacité dans lesquels on faisait légèrement chauffer la saumure filtrée et concentrée (l'ethnoarchéologie montre que des croûtes de terre salées et séchées sont lessivées dans un entonnoir filtrant ou un panier par de l'eau de mer puis par de la saumure, de telle sorte que le jus salé arrive à saturation) pour préserver le combustible, l'obtention de grandes quantités de sel par ébullition de saumure consommant trop de bois[2].
4
+
5
+ Il fut également probablement précocement utilisé dans les rites religieux. On connait de tels usages chez les Hébreux (Lv 2,13), les Grecs et les Romains de l'Antiquité. Cet élément naturel a revêtu une grande importance stratégique et économique et a fait l'objet d'un commerce important, parfois sur de grandes distances.
6
+
7
+ On estime que le sel était déjà utilisé et donc extrait, 6 000 ans avant notre ère, au lac salé de Yuncheng, dans le Shanxi[3].
8
+
9
+ Les routes du sel furent les grandes voies de communications et d'échanges depuis l'Antiquité pour l'acheminement du sel, transporté depuis les régions productrices vers les régions qui en étaient dépourvues.
10
+
11
+ Le contrôle de l'approvisionnement en sel fut l'une des clefs de l'expansion militaire de l'Empire romain qui s'en est attribué le monopole. Les armées de conquête de César emportaient avec elles des salaisons qui assuraient une partie de leur approvisionnement. Sans ces salaisons, les armées n'auraient pu avoir recours qu'au pillage des territoires conquis. Cette stratégie limita les résistances et assura une implantation durable de la civilisation romaine.
12
+
13
+ Le rôle du sel comme clef de l'approvisionnement militaire perdura jusqu'à l'invention, à la fin du XVIIIe siècle, de nouvelles techniques de conservation des aliments. Il joua donc un rôle crucial dans les grandes conquêtes maritimes, autorisant le transport de vivres pour des voyages d'exploration aux escales aléatoires.
14
+
15
+ Il a aussi été un moyen d'échange une monnaie ou un impôt, dont en Chine et en Europe comme en témoigne l'étymologie commune des mots « sel » et « salaire » (en latin salarium, somme donnée aux soldats pour l'achat du sel). Le sel sous le nom de « salignon » fut une monnaie d'échange au Tibet et en Éthiopie. Le sel était en France stocké dans des greniers à sel puis des « Dépôts des sels » définis par l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers comme « chambres où le sel est mis en dépôt, dans les pays où il est marchand. La chambre des dépôts est aussi une jurisdiction établie pour connoître des contestations qui peuvent s'élever par rapport à la vente & distribution du sel. Le premier juge de cette chambre s'appelle le président des dépôts ».
16
+
17
+ En France, le sel a été exploité dans des marais salants sur les littoraux méditerranéen et atlantique, peut-être dès la Préhistoire, et à l'aide de fours à sel dans les sauneries gauloises puis gallo-romaines des rivages de la Gaule du nord (ce pourrait être une des origines du nom des saliens) d'où il était acheminé sous forme de pains de sel jusqu'à Rome par les voies romaines, ainsi qu'un jambon ménapien salé ou fumé, fort réputé chez les Romains. En raison de ses vertus de conservation de la viande, du poisson, du beurre et du fromage, le sel devient un ingrédient indispensable aux familles. La religion catholique imposant des jours maigres (sans viande), le poisson séché et conservé dans le sel est très demandé. La salière est commune autant aux familles pauvres que riches. Chez ces derniers, la salière est ornée et constitue un objet de luxe. L'exemple le plus éclatant est sans doute la salière de l'orfèvre italien Benvenuto Cellini que lui commanda le roi François Ier. Au XVIe siècle, l'importance du sel est telle que les dépenses d'une famille de paysans pour ce produit avoisine les 10 % de ses revenus[4].
18
+
19
+ Le sel a été taxé pendant plusieurs siècles via un impôt spécifique appelé gabelle apparue sous Louis IX. Cette taxe devenue permanente, variable suivant les provinces et croissante au point de rendre le prix du sel élevé, est devenue si impopulaire qu'elle a entraîné des exodes ruraux massifs, déclenché des guerres et a participé au déclenchement de la Révolution française[5]. Une route du sel avec l'Italie est encore dans la géographie de la Provence. Les contrebandiers en sel étaient appelés « faux sau(l)niers » et les agents chargés de les traquer, les « gabelous ».
20
+ Les litiges liés au sel et aux « greniers à sel » pouvaient relever des « cas royaux » : causes juridiques relevant de la seule souveraineté royale et donc « réservées à la connaissance des seuls juges royaux, privativement à tous autres juges » (seigneuriaux ou ecclésiastiques, et parfois prévosts qui n'étaient des « juges royaux inférieurs »).
21
+
22
+ En 1930, la Marche du sel initiée par Gandhi, pour protester contre le monopole britannique sur le sel, est une étape importante de la marche vers l'indépendance de l'Inde.
23
+
24
+ Parfois, la toponymie rappelle la présence de sel dans le sol comme dans Lons-le-Saunier ou Salins-les-Bains.
25
+
26
+ Le sel naturel n'est pas raffiné et contient encore tous ses minéraux naturels. Les sels naturels ont donc des propriétés gustatives et un aspect différent suivant la quantité de minéraux qu'ils contiennent. Ainsi, la fleur de sel ou le sel de mer récolté à la main ont une saveur unique qui change d'une région à une autre.
27
+
28
+ La fleur de sel ou le sel des marais salants ou le sel gemme non raffinés rentrent dans cette catégorie.
29
+
30
+ Le sel non raffiné de mer est plus riche en magnésium (sous forme de chlorure de magnésium) ainsi qu'en oligo-éléments et en fer.
31
+
32
+ Cependant, les sels naturels, contrairement à la plupart des sels industriels, ne sont pas enrichis en iode et n'en contiennent que très peu naturellement[6]. Leur consommation régulière peut donc exposer aux maladies liées à la carence en iode, comme le goitre, des retards de croissance et divers troubles mentaux.
33
+
34
+ Le raffinage permet d'obtenir un sel de la couleur blanche jusqu'ici fréquemment préférée par le consommateur.
35
+ Il est alors composé de NaCl pratiquement pur (99,9 %). Le sel du type raffiné reste le plus employé dans l'alimentation. Environ 7 % du sel raffiné est aussi utilisé comme additif, mais la plus grande partie est destinée aux usages industriels (fabrication du papier, réglage de la teinte des textiles et des tissus, production de savons et détergents). Le sel a une forte valeur marchande.
36
+
37
+ Aujourd'hui, la majeure partie du sel raffiné est préparée à partir du sel gemme extrait des mines de sel. Après que le sel brut a été remonté des mines, on le raffine pour l'épurer et pour faciliter son stockage. La purification comporte habituellement une phase de recristallisation. Durant cette phase, une solution de saumure est traitée avec des produits chimiques qui précipitent les impuretés (en grande partie des sels de magnésium et de calcium). Des étapes multiples d'évaporation permettent alors de rassembler les cristaux purs de chlorure de sodium, qui sont séchés au four ou en autoclave.
38
+
39
+ Des adjuvants, anti-agglomérants et composés fluorés ou iodés, lui sont habituellement rajoutés.
40
+
41
+ Des agents anti-agglomérants et de l'iodure de potassium (pour le sel iodé) sont généralement ajoutés au moment de la phase de séchage. Ces agents sont des produits chimiques hygroscopiques qui absorbent l'humidité évitant le colmatage des cristaux de sel. Les agents anti-agglomérants utilisés sont le phosphate, les carbonates de calcium ou de magnésium, les sels d'acide gras (sels acides), l'oxyde de magnésium, le dioxyde de silicium, l'aluminosilicate de sodium (en) et le silicate tricalcique d'alumino-calcium. Des inquiétudes ont été soulevées concernant les effets toxiques possibles de l'aluminium dans les deux derniers composés, comme l'explique le documentaire Aluminium, notre poison quotidien réalisé en 2011 par Valérie Rouvière. Cependant, l'Union européenne et les États-Unis permettent leur utilisation en quantités limitées. Le sel de raffinage est alors prêt pour l'emballage et la distribution.
42
+
43
+ De plus, depuis quelques années les industriels du secteur enrichissent ou complètent leur sel avec de l'iode (iodure de potassium) et du fluor. L'iode sert à combattre les goitres et à diminuer le crétinisme, le fluor contribue à prémunir des caries en renforçant l'émail. Toutefois, l'excès d'iode et de fluor conduit aussi à de graves maladies.
44
+
45
+ Le sel iodé de table a permis de réduire les insuffisances d'iode dans les pays où il est employé. L'iode est important pour empêcher la production insuffisante des hormones thyroïdiennes (hypothyroïdisme), qui peuvent causer le goitre, le crétinisme chez les enfants, et le myxœdème chez les adultes.
46
+
47
+ Le sel de table est un sel raffiné contenant à 95 % ou plus du chlorure de sodium presque pur, souvent iodé et fluoré. Il contient habituellement des substances qui empêchent le colmatage des cristaux (des agents anti-agglomérants) comme le silicoaluminate de sodium (le nom commun est Tixolex) et une quantité infime de sucre inverti pour empêcher le sel de tourner en une couleur jaune une fois exposé à la lumière du soleil, et pour empêcher une perte d'iode par vaporisation. Il est habituel de mettre quelques grains de riz cru dans les salières pour absorber l'humidité quand les agents anti-agglomérants ne sont pas assez efficaces.
48
+
49
+ Le sel de table est principalement utilisé en cuisine et à table comme condiment, souvent associé au poivre.
50
+
51
+ Le sel de table est maintenant employé partout dans le monde.
52
+
53
+ Le sel de qualité alimentaire est un produit cristallin se composant principalement de chlorure de sodium, provenant de marais salants, de sel gemme ou de saumures provenant de la dissolution de sel gemme et répondant aux spécifications suivantes :
54
+
55
+ En France, la dénomination de vente du sel de qualité alimentaire est « sel alimentaire », « sel de table » ou « sel de cuisine ».
56
+
57
+ Pour celui provenant des marais salants, la dénomination devient « sel marin gris alimentaire », « sel marin gris de table » ou « sel marin gris de cuisine »
58
+ [7].
59
+
60
+ Les sels de table du Canada sont formés des ingrédients suivants: chlorure de sodium, thiosulfate de sodium, iodure de potassium et ferrocyanure de sodium.
61
+ Parfois, le terme chlorure de sodium est remplacé par le mot sel.
62
+
63
+ La fabrication et l'utilisation du sel sont l'une des industries chimiques les plus anciennes. Plusieurs sources de production sont possibles. Récolté dans les marais salants, extrait des mines de sel gemme, produit par dissolution, recristallisé dans des salines ignigènes, le sel connaît plus d’une méthode de production. Il n’a pourtant qu’une seule origine : la mer.
64
+
65
+ Le sel gemme est un dépôt de minerai contenant une grosse concentration de sel comestible. Ces gisements de sel ont été constitués par l'évaporation ancienne de lacs ou de mers intérieures. Ce type de dépôts est appelé évaporite. Chaque gisement a une composition particulière. On peut y trouver de la halite presque pure (NaCl), mais également de la sylvite (KCl) ou du gypse (CaSO4). Ces dépôts peuvent être extraits traditionnellement dans une mine ou par injection d'eau. L'eau injectée dissout le sel, et la solution de saumure peut être pompée à la surface où le sel est récolté.
66
+
67
+ Du sel est également obtenu par évaporation de l'eau de mer, habituellement en bassins peu profonds chauffés par la lumière du soleil ; du sel ainsi obtenu s'est autrefois appelé le sel de compartiment, et s'appelle maintenant souvent sel de mer.
68
+
69
+ Des changements climatiques peuvent affecter certains producteurs de sel de mer s'il y a augmentation de la nébulosité et de la pluviométrie dans certaines régions. À titre d'exemple d'influence de la météorologie, l'été 2007 ayant été très pluvieux, les salines de l'île de Ré n'ont pu récolter que 50 tonnes de sel, soit 2 % de la production moyenne[8]. À l'inverse, l'année 2011 a vu la récolte du sel de Guérande démarrer avec un mois d'avance grâce à des conditions climatiques plus que favorables.
70
+
71
+ Le sel, d'origine marine, peut être extrait directement de la mer, via la saumure, c’est-à-dire d'eau marine évaporée et chargée en sel ou de gisements fossiles (gemme de sel).
72
+
73
+ Récemment la Polynésie Française qui compte un très vaste territoire maritime dispose également de plusieurs productions de sel marins sur les atolls de Rangiroa, Puka Puka et Bora-Bora.
74
+
75
+ L'évaporation de l'eau de la saumure peut-être naturelle ou provoquée par l'homme qui chauffe l'eau salée, comme à Salins-les-Bains. C'est une activité que les Gaulois pratiquaient déjà sur plusieurs sites du nord-ouest de la France, 400 ans avant Jules César, et qui dans ce cas a probablement contribué à la déforestation de ces régions. Ce sel est dit « sel ignigène », c'est-à-dire "né du feu".
76
+
77
+ Le sel permet aussi la conservation des aliments par diminution de l'activité de l'eau. Au Moyen Âge, c'était le principal moyen de conserver les viandes et poissons. Aujourd'hui encore, certaines régions africaines dépourvues d'appareils frigorifiques utilisent le sel pour conserver viandes et poissons, tout comme les consommateurs des pays dits développés trouvent dans le commerce des produits salés : navet salé, hareng saur, morue, etc.
78
+
79
+ En cuisine, le sel permet d'assaisonner les plats. Les Italiens préfèrent le gros sel avec lequel ils relèvent leurs pâtes ; les Belges utilisent plus volontiers le sel fin emballé dans des sachets.
80
+
81
+ Contrairement à une idée reçue, le sel n'est pas un exhausteur de goût, mais il permet de modifier la perception du goût, c'est pour cela qu'il est largement utilisé en cuisine[réf. nécessaire]
82
+
83
+ Les aliments contenant le plus de sel sont les charcuteries et les fromages, ainsi que les préparations cuisinées (plats cuisinés, soupes préparées) des aliments industriels.
84
+
85
+ Le sel joue par ailleurs plusieurs rôles en panification : fermentation, qualités organoleptiques, conservation. Le pain contient donc également beaucoup de sel, mais beaucoup de recettes de pâtisseries incluent également du sel dans leur pâte.
86
+
87
+ Le sel de table peut être « iodé » par addition d'un sel d'iode, cet élément étant nécessaire à la glande thyroïde pour la sécrétion des hormones thyroïdiennes et servant aussi au développement intellectuel. La vente de sel iodé est imposée par la règlementation dans plusieurs pays. Les ions chlorure et sodium contenus dans le sel sont aussi très importants pour le fonctionnement de l'organisme. En effet, ces ions jouent un rôle dans la conduction de l'influx nerveux, dans la contraction des muscles et dans la rétention d'eau dans le corps.
88
+
89
+ En France et dans beaucoup de pays industrialisés, la consommation de sel est trop importante. Cette surconsommation, due également au sel se trouvant dans les préparations industrielles, entraîne de graves problèmes de santé, comme l'hypertension ou l'obésité qui sont la cause de plusieurs dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Il existe d'autres sels (comme le chlorure de potassium KCl, présent dans le sel de table non raffiné mais plus toxique pour les personnes ayant des maladies cardiaques, rénales ou des troubles de pression artérielle) mais peu répandus et plus coûteux.
90
+
91
+ Chez de nombreux animaux, que ce soit les cordés (tétrapodes, poissons); ou bien les insectes et les mollusques par exemple, le sel assure les mêmes fonctions organiques (maintient de l'équilibre osmotique, transport d'ions, voir leur diffusion membranaire au niveau intercellulaire ) que chez l'homme. Souvent, les mammifères sauvages, surtout les herbivores, lèchent les pierres salées ou les salantes naturelles sources de sel.
92
+
93
+ En agriculture, les bovidés, ovidés et autres herbivores ont à disposition des pierres à lécher. Ce besoin est dû à la consommation élevée de calcium à cause de leur régime herbivore. De plus, les bovidés perdent encore plus de sel lors de la traite. C’est pourquoi on leur donne des pierres à sel à lécher pour couvrir leurs besoins.
94
+
95
+ Le chlorure de sodium peut modifier les saveurs primaires ; il diminue l'amer et le sucré, pondère l'acide et participe à l’intensité de l’umami, selon des mécanismes encore mal compris[9].
96
+
97
+ Selon les industriels producteurs[10],
98
+
99
+ « Le chlorure de sodium (NaCl) augmente la sapidité des aliments, c’est-à-dire qu’il intensifie la perception des saveurs. Les ions Na+ stimulent les papilles gustatives tandis que les ions Cl- donnent le goût salé. Le sel rehausse donc la perception de la saveur de certains aliments ayant un profil initialement fade et a ainsi un impact sur le profil global de saveur du produit fini, le rendant généralement plus agréable. Les composés chimiques non volatils sont dissous par la salive et détectés par plusieurs parties de la langue, du palais ou de la gorge. »
100
+
101
+ (extrait d'un Guide de réduction du sodium pour l’industrie alimentaire).
102
+
103
+ On l'utilisait autrefois pour ses propriétés déshydratantes (ammochosie).
104
+
105
+ L'excès de consommation de sel par les habitants des pays développés est établie. Le milieu médical et scientifique (OMS, Inserm, etc.) considère que la consommation de sel dans les pays développés est excessive (pour la France[11], deux fois supérieure aux recommandations de l'OMS[12]) pouvant être responsable de maladies cardiovasculaires et rénales. L'excès de sel provient essentiellement, à hauteur de 80 % des plats cuisinés, soupes et autres produits industrialisés. L'accoutumance au sel pourrait exister dès l'âge des nourrissons par le biais des petits pots et plats pour bébés[13].
106
+
107
+ La quantité de sel absorbée quotidiennement peut être estimée par un interrogatoire diététique précis, mais peut être facilement objectivée par la mesure de la quantité de sodium excrété dans les urines, en l'absence de certaines prises médicamenteuses (notamment les diurétiques) : en situation stable la quantité excrétée est proche de la quantité ingérée.
108
+
109
+ Le sel contient environ 40 % de sodium en poids[14], auquel on attribue la majorité des effets positifs ou négatifs du sel.
110
+
111
+ Les effets néfastes de l'excès de sel sont connus depuis 1969[13]. Le sel, ou chlorure de sodium, agit sur la tension en l'augmentant[15]. Le sel n'est pas l'unique facteur, mais il augmente les risques, favorisant également la rétention d'eau[13]. L'élévation de la pression artérielle augmente le risque d'accident cardiovasculaire, dont principalement l'infarctus. L'abus de sel est donc particulièrement déconseillé aux personnes souffrant d'hypertension artérielle, mais aussi, aux autres personnes. Au contraire, la réduction de l'apport sodé permet la diminution des chiffres tensionnels[16]. la diminution des apports sodés pourrait également, de manière indépendante de la baisse des chiffres tensionnels, diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire[17].
112
+
113
+ L'excès de sel est également mauvais pour les reins : Une consommation excessive de sel augmente le risque d'hypertension artérielle, l'une des principales causes d'insuffisance rénale. Au quotidien, un excès de sel peut également entraîner des complications chez les personnes déjà atteintes d'insuffisance rénale. Les reins malades sont en effet de moins en moins aptes à gérer ce surplus de sel, ce qui peut entraîner une rétention d'eau, elle-même responsable de l'apparition d'une hypertension artérielle[13].
114
+
115
+ En juin 2005, l'Agence européenne de sécurité alimentaire a rappelé que « les niveaux actuels de consommation de sodium sont associés directement à une augmentation de la tension artérielle, facteur de risque de maladies cardio-vasculaires et rénales qui sont les principales causes de morbidité [maladie] et de mortalité en Europe[18]. » La réduction de consommation de sel permet de diminuer l'incidence des affections cardiovasculaires : sur une période de 10-15 ans, les sujets ayant réduit jusqu'à 25-30 % leur consommation de sel ont souffert d'un quart d'événements cardiovasculaires en moins[19].
116
+
117
+ En cas d'insuffisance cardiaque, l'excès de sel augmente le risque de survenue de décompensation et peut conduire parfois à des complications importantes nécessitant une hospitalisation (œdème aigu du poumon).
118
+
119
+ Selon certains auteurs, l'excès de sel entraîne chaque année la mort de 1,6 million (en 2010) de personnes dans le monde[20],[21].
120
+
121
+ Le sel, à petites doses, reste un élément indispensable. Il permet de maintenir une pression artérielle correcte et prévient les troubles liés à une concentration insuffisante de sel dans le sang (hyponatrémie) telle qu'elle se voit dans certains cas de déshydratation. Le besoin minimal physiologique est autour de 2 g /jour[22]. Une consommation trop basse de sel pourrait même majorer le risque de survenue de maladies cardio-vasculaires[23].
122
+
123
+ En mars 2003, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) conclut que la quantité de sel absorbée doit être inférieure à 5 grammes par jour[24].
124
+
125
+ En février 2007, l'OMS rappelle les manières de réduire le risque de maladie cardiovasculaire, notamment « en consommant le moins possible de denrées riches en graisses, en sucre et en sel. »[25].
126
+
127
+ L'habitude d'une consommation excessive de sel proviendrait de son usage intensif pour conserver viandes et salaisons. Cette consommation pouvait aller jusqu'à 30 grammes par jour, entraînant des accidents vasculaires hémorragiques[13]. Mais, malgré l'invention de nouvelles techniques de conservation sans sel (« la chaîne du froid »), l'habitude de manger très salé est restée et sa consommation reste excessive au regard des recommandations des organismes de santé.
128
+
129
+ Les Français consomment en moyenne 10 g de sel par jour[22].
130
+
131
+ Cette surconsommation serait responsable de plus de 75 000 accidents cardiovasculaires et de 25 000 morts chaque année en France[22].
132
+
133
+ L'industrie agroalimentaire est accusée d'être responsable de la surconsommation de sel. Depuis de nombreuses années, les industriels ajoutent beaucoup de sel dans les aliments industriels (plats cuisinés, viandes panées, charcuteries, chips, pains, fromages, sauces, etc.), le tout participant à près de 80 % du chlorure de sodium absorbé chaque jour [26]. Les raisons de l'utilisation massive de sel dans les aliments industriels seraient le rehaussement de la perception du goût, le masquage de certaines saveurs, l'alourdissement de la viande en retenant l’eau[27],[22],[13]. Le goût du sel n'est pas inné mais l'agroalimentaire crée cette dépendance dès le plus jeune âge en salant les produits pour enfants. Certaines marques de produits pour bébés ont réagi en proposant des produits sans sel[13].
134
+
135
+ Des recherches de substitution au sel sont menées : remplacement par le glutamate de sodium mais cet exhausteur de goût est soupçonné d'avoir des effets neurotoxiques ; par le chlorure de potassium mais il développe un arrière-goût amer. On recherche actuellement des exhausteurs de goût organiques sans effets indésirables. Une autre approche est de diminuer la taille des particules de sel, ce qui facilite sa dissolution et permet d'alléger les doses[28].
136
+
137
+ Les principaux pays producteurs mondiaux de sel en 2014[29] :
138
+
139
+ millions tonnes
140
+
141
+ Les principaux producteurs mondiaux de sel sont, en 2009 (capacité en millions de tonnes)[30] :
142
+
143
+ Le sel occupe depuis longtemps une place importante dans la religion et la culture. Au temps des sacrifices brahmaniques, dans les rituels hittites et lors des fêtes tenues par les Sémites et les Grecs à l'époque de la nouvelle lune, le sel était jeté dans un feu où il produisait des bruits de crépitement. Les anciens Egyptiens, Grecs et Romains invoquaient leurs dieux avec des offrandes de sel et d'eau et certains pensent que c'est l'origine de l'eau sainte dans la foi chrétienne. Dans la mythologie aztèque, Huixtocihuatl était une déesse de la fertilité qui présidait sur le sel et l'eau salée.
144
+
145
+ Le sel est considéré comme une substance très favorable dans l'hindouisme et est utilisé en particulier dans les cérémonies religieuses comme les créneaux et les mariages. Dans le jaïnisme, les fidèles déposent une offrande de riz cru avec une pincée de sel devant une divinité pour signifier leur dévotion et le sel est saupoudré sur les restes crémés d'une personne avant que les cendres ne soient enterrées. Le sel est censé éloigner les mauvais esprits dans la tradition bouddhiste mahayana, et en revenant à la maison après les funérailles, une pincée de sel est jetée par-dessus l'épaule gauche car cela empêche les mauvais esprits d'entrer dans la maison. Dans le shinto, le sel est utilisé pour la purification rituelle des lieux et des personnes (harae, en particulier le shubatsu), et de petits tas de sel sont placés dans les plats à l'entrée des établissements dans le double but de repousser le mal et d'attirer les clients.
146
+
147
+ Dans la Bible hébraïque, il y a trente-cinq versets qui mentionnent le sel. L'une d'entre elles mentionne la femme de Lot, qui fut transformée en colonne de sel lorsqu'elle regarda en arrière les villes de Sodome et Gomorrhe (Genèse 19:26) alors qu'elles étaient détruites. Quand le juge Abimélek détruisit la ville de Sichem, on dit qu'il "sème du sel dessus", probablement comme une malédiction sur quiconque voudrait la ré-inhabituer (Juges 9:45). Le Livre de Job contient la première mention du sel comme condiment. "Est-ce que ce qui est désagréable peut être mangé sans sel? ou est-ce qu'il y a un goût de blanc d'oeuf?" (Job 6:6). Dans le Nouveau Testament, six versets mentionnent le sel. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a qualifié ses disciples de "sel de la terre". L'apôtre Paul a également encouragé les chrétiens à " que votre conversation soit toujours pleine de grâce, assaisonnée de sel " (Colossiens 4:6). Le sel est obligatoire dans le rite de la messe tridentine. Le sel est utilisé dans le troisième élément (qui inclut un Exorcisme) de la consécration celtique (cf. rite galicien) qui est employé dans la consécration d'une église. Le sel peut être ajouté à l'eau "là où il est d'usage" dans le rite catholique romain de l'eau sainte.
148
+
149
+ Dans le judaïsme, il est recommandé d'avoir un pain salé ou d'ajouter du sel au pain si ce pain n'est pas salé en faisant Kiddush pour le shabbat. Il est de coutume d'étaler du sel sur le pain ou de tremper le pain dans un peu de sel en faisant passer le pain autour de la table après le Kiddush. Pour préserver l'alliance entre leur peuple et Dieu, les Juifs trempent le pain du sabbat dans le sel.
150
+
151
+ Dans la Wicca, le sel est symbolique de l'élément Terre. On croit aussi qu'il nettoie une zone d'énergies nocives ou négatives. Un plat de sel et un plat d'eau sont presque toujours présents sur un autel, et le sel est utilisé dans une grande variété de rituels et de cérémonies.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Une semaine (du latin septimana : « semaine ») est une période de sept jours consécutifs.
2
+
3
+ L'adjectif français correspondant est « hebdomadaire » du latin hebdomadarius signifiant « celui qui est de semaine, semainier »[1], latinisation du mot grec ἑβδομάς. Substantivé (utilisé comme nom), le mot désigne une publication paraissant chaque semaine.
4
+
5
+ Du latin septimanus « relatif au nombre sept » (lui-même de septimus « septième »)[2].
6
+
7
+ Cet adjectf a été utilisé par :
8
+
9
+ Substantivé, il apparaît avec le sens de « semaine » dans le Codex Theodosianus (15, 5, 5) publié sous le règne de l'empereur byzantin (chrétien) Théodose II (401 - règne 408 - 450). Le sénat de Rome prit officiellement connaissance de l’ouvrage le 25 décembre 438 et il entra en vigueur le 1er janvier 439.
10
+
11
+ Nous avons trois problématiques distinctes :
12
+
13
+ Ce nombre, peu utilisé par les Gréco-romains, a une grande importance en numérologie. Dans la tradition hébraïque, il apparaît notamment dans la Génèse (Création du monde, six jours de travail plus un de repos) et à travers la menorah (chandelier à sept branches).
14
+
15
+ En raison de coïncidences historiques, physiques, ésotériques et mathématiques, le sept est parfois considéré comme un « chiffre magique » (voir l'article « Septénaire (symbolisme) ».
16
+
17
+ En Mésopotamie, le chiffre 7 était considéré comme néfaste et il était recommandé de ne rien entreprendre les 7, 14, 21 et 28 du mois. On peut remarquer que 7 jours correspondent approximativement à un « quartier » de lune. 13 semaines constituent une « saison » de 91 jours ; l'année solaire de 365 jours comprend 4 « saisons » plus un jour, soit 52 semaines plus un jour[réf. souhaitée].
18
+
19
+ Par définition, le jour de repos (septième jour de la semaine) vient après les six jours de travail. On se repose après avoir travaillé. La nouvelle semaine de travail commence après ce jour de repos.
20
+
21
+ La tradition hébraïque (reprise par les Chrétiens) commence la semaine le lendemain du Shabbat. De la même manière, la tradition musulmane commence la semaine le jour de Yawm-ul-Ahad (assimilable au dimanche chrétien).
22
+
23
+ L'Organisation internationale de normalisation (ISO) a émis les recommandations suivantes :
24
+
25
+ Division du jour et de la semaine (IXe siècle)
26
+
27
+ Table des matières minérales planétaires, principalement des planètes dominantes (ca. 1569)
28
+
29
+ bracelet (moitié XIXe siècle) et les sept divinités romaines
30
+
31
+ Sur les autres projets Wikimedia :
32
+
33
+ Semaine :
34
+
35
+ Autres périodes :
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+ République du Sénégal
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+
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+ (wo) Réewum Senegaal
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+
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+ (ff) Ndenndaandi Senegaal
6
+
7
+ modifier
8
+
9
+ Le Sénégal, en forme longue la république du Sénégal, est un État d'Afrique de l'Ouest.
10
+
11
+ Il est bordé par l'océan Atlantique à l'Ouest, la Mauritanie au nord-nord-est, le Mali à l'Est-Sud-Est, la Guinée au Sud-Est et la Guinée-Bissau au Sud-Sud-Ouest.
12
+
13
+ La Gambie forme une quasi-enclave dans le Sénégal, pénétrant à plus de 300 km à l'intérieur des terres.
14
+
15
+ Les îles du Cap-Vert sont situées à 560 km de la côte sénégalaise.
16
+
17
+ Le pays doit son nom au fleuve qui le borde à l'est et au nord et qui prend sa source dans le Fouta-Djalon en Guinée. Le climat est tropical et sec avec deux saisons : la saison sèche et la saison des pluies.
18
+
19
+ Le Sénégal fait partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Depuis le 2 avril 2012, le président du pays est Macky Sall. Intégré aux principales instances de la communauté internationale, le Sénégal fait également partie de l'Union africaine (UA), de la Communauté des États sahélo-sahariens (CES), de l'Organisation internationale de la francophonie et de l'Organisation de la coopération islamique.
20
+
21
+ L'explication de l'origine du nom Sénégal reste sujette à débats.
22
+
23
+ Dès 1850, l'abbé David Boilat, quarteron et fils de signare (riche commerçante métisse), y voyait dans ses Esquisses sénégalaises une déformation de l'expression wolof suñu gaal, c'est-à-dire « notre pirogue ». Très populaire, cette version est en général relayée par les médias et favorisée par les autorités dans la mesure où elle met en avant la solidarité nationale.
24
+
25
+ Elle est pourtant contestée depuis les années 1960 et plusieurs autres étymologies ont été avancées, celle, considérée actuellement comme la plus plausible, qui rattache le toponyme à une tribu berbère du Sahara, les Sanhadja.
26
+
27
+ L'actuel territoire du Sénégal a vu se développer plusieurs royaumes dont le Djolof, vassaux des empires successifs du Ghana, du Mali et Songhaï. Après 1591, il subit le morcellement politique ouest-africain consécutif à la bataille de Tondibi. Au XVIIe siècle, plusieurs comptoirs appartenant à différents empires coloniaux européens s'établissent le long de la côte, ils servent de support au commerce triangulaire. La France prend peu à peu l'ascendant sur les autres puissances puis érige Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque en communes françaises régies selon le statut des Quatre communes. Avec la Révolution industrielle, la France désirait construire un chemin de fer afin de les relier et entra en conflit avec le Damel du Cayor, Lat Dior. Ce conflit permit à la France de faire officiellement du Cayor un protectorat en 1886, un an après la fin de la conférence de Berlin. La colonisation de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest est alors amorcée et Saint-Louis, puis Dakar deviendront les deux capitales successives de l'Afrique-Occidentale française créée en 1895. Dakar devient ensuite la capitale de la République sénégalaise au moment de l'indépendance en 1960. Contrairement aux autres anciennes colonies de l'Afrique-Occidentale française (AOF), le Sénégal indépendant moderne est donc le résultat du regroupement d'un territoire peuplé d'anciens citoyens français (les Quatre communes) et d'un territoire peuplé d'anciens indigènes (le reste du pays).
28
+
29
+ Le plus souvent la préhistoire et protohistoire du Sénégal évoquent avant tout les cercles mégalithiques de Sénégambie ou les amas coquilliers artificiels, tels ceux de l'île de Fadiouth.
30
+
31
+ Des bifaces en amande du paléolithique inférieur ont été découverts dans la presqu'île du Cap-Vert, ainsi que d'autres objets en pierre plus élaborés (hachereaux, racloirs) dans la région de Rufisque et au bord des rivières du Sénégal oriental.
32
+
33
+ Au Néolithique, l'outillage se diversifie et la céramique fait son apparition. Les fouilles menées dans les régions côtières ont mis au jour des restes de cuisine qui témoignent d'une importante population de pêcheurs et commerçants (marigot de Khant dans le delta, embouchure du Saloum).
34
+
35
+ La métallurgie se développe à l'époque protohistorique (Ier millénaire av. J.-C.), où l'on retrouve des tombeaux en forme de tumulus. Dans le centre du pays, débordant sur l'actuelle Gambie, on trouve un ensemble de cercles de mégalithes sur un secteur de 100 km sur 250 km. On retrouve ce type d’alignement dans le nord-est de la république centrafricaine.
36
+
37
+ Les peuplements se sont progressivement consolidés pour aboutir à la création des premiers royaumes qui se forment au VIIe siècle, les Toucouleurs fondent le Tekrour, le Royaume du Namandirou, puis le Djolof, avec de lointaines parentés avec l'empire du Ghana. Parmi les différents royaumes, le plus puissant au XIVe siècle était l'empire du Djolof qui regroupait le Cayor, le Baol, les royaumes sérères du Sine et du Saloum, le Waalo, le Fouta-Toro et le Bambouk. Au sud du pays, l'État du Kaabu, puis le Fouladou.
38
+
39
+ Le Djolof était un empire fondé par Ndiadiane Ndiaye, premier bourba (roi) djolof. Il avait été élu comme chef dans ce qui allait devenir le royaume du Oualo, au nord-ouest de l'actuel Sénégal, dans la région du fleuve. Il avait réuni toutes les populations d'ethnie wolof pour fonder cet empire au XIIIe siècle. L'empire s'effondra en 1549, avec la mort du dernier empereur du Djolof, Lélé Fouli Fak, tué par Amary Ngoné Sobel Fall, alors chef de la région du Cayor.
40
+ L'islam est introduit au Sénégal pour la première fois entre le VIIIe siècle et le IXe siècle par le biais des commerçants arabo-berbères. Ils diffusent pacifiquement cette religion et convertissent les Toucouleurs, lesquels la propageront partout au Sénégal. Plus tard, au XIe siècle, les Almoravides, aidés des Toucouleurs, tentent d'islamiser les groupes de religion traditionnelle par le Djihad. C'est l'une des raisons qui entraînent la migration des Sérères vers le Sine Saloum, des Wolofs, des Peuls et des Mandingues, qui étaient tous concentrés au Tekrour. Une légende populaire, chantée par les griots et illustrée par le poète-président Senghor, rattache d'ailleurs la filiation du premier Bourba Djolof Ndiadiane N'Diaye à la dynastie des Almoravides (fondatrice de Marrakech et responsable de l'attaque repoussée par le célèbre « Cid »). L'islam se propage très tôt dans l'empire du Djolof. Mais c'est au XIXe siècle qu'il gagne véritablement l'ensemble des populations, pacifiquement, grâce aux marabouts et leurs confréries tels qu'El Hadji Malick Sy pour la tijaniyya ou Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie mouride, qui émerveillent les populations par leur érudition et leurs miracles. C'est également un moyen pour les populations de s'unir et se protéger contre les ravages que connaissent les royaumes au XIXe siècle (djihads répétés, colonisation forcée).
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+
42
+ Le XIXe siècle est en effet marqué par la chute des royaumes, l'avancée des colons européens ainsi que par la résistance anticoloniale, illustrée par des personnages tels que Aline Sitoé Diatta, Sidya Ndaté Yalla Diop, Oumar Tall, Mamadou Lamine Dramé, Alboury Ndiaye, Alpha Molo, Maba Diakhou Bâ, Ndaté Yalla, Moussa Molo Balde, Djignabo Badji, Lat Dior... La religion catholique se diffuse avec les missionnaires européens à partir du XIXe siècle, en particulier au Sine Saloum et en Casamance.
43
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44
+ Le navigateur Alvise Cadamosto découvre ces terres pour le compte du Portugal entre 1442 et 1456. Les Portugais se lancent alors rapidement dans la traite des Noirs, capturés par la population locale et troqués, mais devront bientôt faire face à la concurrence des négriers britanniques, français et hollandais à travers le Commerce triangulaire.
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+
46
+ Les Hollandais fondent un comptoir sur l'île de Gorée, la France établit en 1659 celui de Saint-Louis qui deviendra la première capitale du Sénégal. En 1677, les Français occupent à leur tour l'île de Gorée (un des principaux centres du commerce des esclaves au Sénégal avec Saint-Louis et le fort de l'île James en Gambie).
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+ Les XVIIIe et XIXe siècles voient l'apogée des signares, de riches commerçantes métisses, centrées à Gorée et à Saint-Louis.
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+ Après l'interdiction de la traite des Noirs par l'Angleterre et la France au début du XIXe siècle, la colonisation proprement dite se fait à la faveur de la mise en œuvre de cette interdiction par ces deux pays, en Gambie et au Sénégal respectivement.
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+ La seconde République de 1848 crée un mandat de député pour Saint Louis. L'ordre colonial s'impose avec Louis Faidherbe, gouverneur du Sénégal (territoire des Quatre communes) de 1854 à 1861 et de 1863 à 1865, qui jette les bases de la future Afrique-Occidentale française (AOF). Respectueux des coutumes indigènes[réf. nécessaire], il étend l'influence française très au-delà du Sénégal, travaille à développer l'économie locale et crée le port de Dakar. La troisième République consacre le statut des quatre communes à Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque.
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+ La conférence de Berlin s'achève le 26 février 1885, les puissances européennes se partagent alors l'Afrique et annexent désormais les royaumes situés à l'intérieur des terres. La colonisation de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest s'achève quelques années plus tard. L'Afrique-Occidentale française (AOF) est créée en 1895. Deux statuts vont alors cohabiter au sein de la population, les habitants des quatre communes sont citoyens Français de plein droit tandis que les populations des territoires nouvellement colonisés seront soumis à l'indigénat. Sous l'influence du député noir Blaise Diagne, un statut particulier peut être choisi par les habitants des quatre communes à partir de 1916. Ces dernières envoient des conscrits pendant les deux conflits mondiaux. En 1919, certains troubles agitent Dakar. Le tirailleur Cheikou Cissé, né au Soudan français et blessé pendant la guerre, est condamné à la peine de déportation perpétuelle et envoyé au bagne de Nouvelle-Calédonie. Mort en 1933, il a fait l'objet d'une lutte de la part des milieux anticolonialistes français (dont le Secours rouge international et la SFIC communiste).
55
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56
+ Après Saint-Louis, Dakar devient, en 1902, la capitale de l'Afrique-Occidentale française. Dans les années 1950, à la fin du régime colonial, les experts s'opposent au modèle agricole Wolof et mouride, jugé trop destructeur pour les sols agricoles, et posent en modèle-type d’intensification agricole vertueuse l’agriculture des Sérères.
57
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58
+ En avril 1959, la République soudanaise (actuel Mali) et le Sénégal fusionnent pour former la Fédération du Mali. Le 20 juin 1960 la fédération devient indépendante à la suite des transferts de pouvoirs convenus dans l'accord signé en France le 4 avril 1960. Cette date est considérée comme le jour officiel d'accession du Sénégal à l'indépendance.
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+ Le 20 août 1960, le Sénégal se retire de la fédération du Mali et proclame son indépendance.
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62
+ Alors que le président du Conseil, Mamadou Dia, incarne le sommet de l’État dans un système parlementaire bicéphale du type de la Quatrième République en France (la politique économique et intérieure pour le gouvernement et la politique extérieure pour la présidence), ses relations avec Senghor s’enveniment peu à peu. En 1962, il est arrêté et accusé de « tentative de coup d’État » avec quatre autres ministres, Valdiodio N'diaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall. Alors que le procureur général ne requiert aucune peine, ils sont condamnés à 20 ans d'emprisonnement au centre spécial de détention de Kédougou.
63
+
64
+ Le procureur général de l'époque, Ousmane Camara, revient sur le déroulement du procès dans une autobiographie publiée en 2010 : « Je sais que cette haute cour de justice, par essence et par sa composition, (ndlr : on y retrouve des députés ayant voté la motion de censure), a déjà prononcé sa sentence, avant même l’ouverture du procès (...) La participation de magistrats que sont le Président (Ousmane Goundiam), le juge d’instruction (Abdoulaye Diop) et le procureur général ne sert qu’à couvrir du manteau de la légalité une exécution sommaire déjà programmée. »[2].
65
+
66
+ De nombreuses personnalités comme Jean-Paul Sartre, le pape Jean XXIII ou encore François Mitterrand demandent leur libération mais Senghor ne décide de les gracier et de les libérer qu'en mars 1974 ; ils sont amnistiés en avril 1976, un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal. Malgré l'annonce de la révision du procès de Mamadou Dia et de ses acolytes par Abdoulaye Wade au début de son premier mandat présidentiel, cet épisode dramatique de l'Histoire du Sénégal reste un sujet délicat car de nombreux politologues et historiens considèrent cet événement comme la première véritable dérive politicienne de la part de Senghor[réf. nécessaire][3],[4],[5].
67
+
68
+ À la suite de cet événement, Léopold Sédar Senghor met en place le 7 mars 1963 un régime présidentiel fort. En 1966, l'UPS devient le seul parti autorisé. Il faut attendre une dizaine d'années avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal en mai 1976. Un mouvement social se déclenche en mai 1968 en faveur de réformes politiques et économiques dans le pays.
69
+
70
+ Le Sénégal et la Gambie s'unissent en 1982 pour former la Confédération de Sénégambie, mais celle-ci ne fut que théorique et n'a jamais été mise en application. Elle est finalement dissoute en 1989.
71
+
72
+ Des affrontements ont lieu depuis 1982 de manière intermittente entre les séparatistes installés dans le Sud de la Casamance et les forces gouvernementales. Après plusieurs tentatives infructueuses, un nouvel accord a été signé à Ziguinchor le 30 décembre 2004[6] entre le ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom et l'abbé Augustin Diamacoune Senghor, chef de la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
73
+
74
+ Un autre foyer de conflit entre des Casamançais et la Guinée-Bissau s'est développé en avril 2007[7].
75
+
76
+ En 1989, la Mauritanie et le Sénégal ont rejeté violemment et respectivement les communautés du pays voisin alors que la plupart étaient nés depuis longtemps dans leur nouveau pays d'adoption et s'étaient bien implantés dans le tissu social et économique. Selon le HCR, des réfugiés sont toujours établis le long du fleuve Sénégal[8]. En 2007, le président de la Mauritanie a déclaré lors de sa campagne, être en faveur du retour de ses compatriotes vivant au Sénégal et au Mali contre leur gré[9].
77
+
78
+ Macky Sall succède à Abdoulaye Wade en 2012, et est réélu pour un deuxième mandat présidentiel en 2019[10].
79
+
80
+ Le Sénégal est l'un des pays les plus stables d'Afrique car il n'y a jamais eu de coup d’État, et le « modèle sénégalais »[11] était souvent mis en avant dans le passé, même si Amnesty International dénonce encore quelques arrestations à caractère politique[12],[13].
81
+
82
+ Le Sénégal est une république démocratique (présence de plusieurs partis politiques). Le régime est semi-présidentiel car à l'indépendance, le Sénégal a adapté le modèle politique français de 1958 comme d'autres pays africains qui étaient membres de l'AOF. La constitution du Sénégal date de 1959, elle a été révisée dès 1960 par Léopold Sédar Senghor à la suite d'un référendum. Plusieurs révisions vont se succéder notamment celle de 1963 qui instaure le régime présidentiel (à cette époque : suppression du Premier ministre) puis celle de 2001 qui ramène le mandat présidentiel de sept ans à cinq ans (le Sénat sera supprimé puis rétabli en 2007).
83
+
84
+ Le président de la République est le chef de l'État, élu au suffrage universel direct pour une durée de cinq ans renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre qui choisit à son tour les ministres de son cabinet et propose leur nomination au président de la République.
85
+
86
+ Le premier président est Léopold Sédar Senghor, leader charismatique et poète de renom. En 1981 son Premier ministre Abdou Diouf prend sa succession, mais en 2000 le Parti démocratique sénégalais l'emporte avec Abdoulaye Wade, réélu en 2007. L'élection présidentielle de 2012 voit la victoire de Macky Sall face à Abdoulaye Wade.
87
+
88
+ L'actuel Parlement du Sénégal est doté d'une seule chambre : l'Assemblée nationale.
89
+
90
+ Instituée le 20 août 1960, l’Assemblée nationale accueille 150 députés, élus au suffrage universel direct pour une durée de cinq ans. Le scrutin est majoritaire à un tour au niveau des départements à concurrence de 90 députés et proportionnel sur une liste nationale à concurrence de 60 députés. L’Assemblée est aujourd’hui présidée par Moustapha Niasse, installé le 31 juillet 2012 à la suite des législatives du 1er, marquées par une très large victoire de la coalition présidentielle Bennoo Bokk Yakar. Les élections législatives sénégalaises de 2007 se sont soldées par une très large victoire de la coalition présidentielle, alors le PDS, mais près des deux tiers des électeurs ne s’étaient pas rendus aux urnes, notamment en raison d’un mot d’ordre de boycott de la part des partis d’opposition.
91
+
92
+ Le Sénat, supprimé en 2001 à la suite d’un référendum constitutionnel, a été rétabli en mai 2007 puis supprimé à nouveau en 2012 après l'élection présidentielle. Les sénateurs étaient au nombre de 100, 35 étaient élus au suffrage indirect dans les départements et les 65 autres étaient désignés par le chef de l’État. Le Sénat a eu comme dernier président Pape Diop, ancien maire de la ville de Dakar.
93
+
94
+ La loi sur la décentralisation, mise en application en janvier 1997, accorde des pouvoirs significatifs aux assemblées régionales.
95
+
96
+ Supprimée en 1992, la Cour suprême du Sénégal avait été remplacée par trois organes spécialisés, la Cour de cassation, le Conseil d'État et le Conseil constitutionnel, assez semblables à leurs homologues français.
97
+
98
+ En août 2008 une loi organique recrée une Cour suprême par la fusion entre la Cour de cassation et le Conseil d'État[14].
99
+
100
+ Le Conseil Constitutionnel comprend cinq membres qui sont nommés par décret pour six ans non renouvelables, dont un président et un vice-président. Il est partiellement renouvelé tous les deux ans, à raison de deux membres au maximum. Son rôle est de contrôler les élections législatives et de vérifier la constitutionnalité des lois et les engagements internationaux.
101
+
102
+ Le Sénégal a aboli la peine de mort le 10 décembre 2004[15]. Les rapports homosexuels sont passibles de peines de prison[16].
103
+
104
+ Il existe une grande diversité linguistique à travers les langues au Sénégal. La Constitution de 2001[17] a reconnu[18] au français le statut de langue officielle et à six langues celui de langues nationales, le wolof — langue parlée par le plus grand nombre de personnes même appartenant à d'autres ethnies — le sérère, le peul (aussi appelé fulfulde ou pular), le mandingue, le soninké et le diola. Cinq autres langues vernaculaires ont été promues peu après : le hassanya, le balante, le mancagne, le noon et le manjaque ; suivies de trois autres langues : le ménik, l’oniyan et le saafi-saafi.
105
+
106
+ Au total, ce sont 21 langues sur 27 répertoriées qui bénéficient du statut de langue nationale au Sénégal[19].
107
+
108
+ Le Sénégal est membre de l'assemblée parlementaire de la francophonie depuis 1967[20] ainsi que de l'organisation internationale de la francophonie depuis 1970[21]. Le français est la langue officielle et de l'administration, parlée par 29 % des Sénégalais [22]. L'enseignement de l'école publique se fait en français. Le wolof, parlé par 93.5 % de la population[23], est la langue qui compte le plus de locuteurs, principalement dans les grands centres urbains. Elle est très utilisée dans le commerce et sert de langue de communication entre personnes parlant des langues différentes. L'arabe est aussi présent dans le pays, il est souvent utilisé par les dignitaires religieux. La plupart des Sénégalais parlant cette langue ont fait des études de théologie islamique.
109
+
110
+ Les régions sénégalaises de Dakar, Diourbel, Fatick, Kaffrine, Kaolack, Kédougou, Kolda, Louga, Matam, Saint-Louis, Sédhiou, Tambacounda, Thiès et de Ziguinchor sont membres de l'Association internationale des régions francophones[24].
111
+
112
+ Le Sénégal a une importante façade maritime à l'ouest avec l'océan Atlantique (530 km de côtes)[25]. Le fleuve Sénégal constitue au nord et au nord-est une frontière avec la Mauritanie et à l'est-sud-est avec le Mali. Au sud-est, la frontière avec la Guinée est traversée par les contreforts de la montage du Fouta-Djalon et au sud-sud-ouest avec la Guinée-Bissau par une forêt tropicale. La Gambie forme une enclave et sépare la région de la Casamance du reste du pays.
113
+
114
+ Le territoire sénégalais est compris entre 12°8 et 16°41 de latitude nord et 11°21 et 17°32 de longitude Ouest. Sa pointe ouest (la presqu'île du Cap-Vert) constitue la partie la plus occidentale de toute l’Afrique continentale. La ville de Dakar qui y est située bénéficie du climat le plus doux du pays.
115
+
116
+ Le pays s’étend sur 196 712 km2[26].
117
+
118
+ Le bassin sédimentaire sénégalais constitue un segment du bassin sénégalo-mauritano-guinéen, vaste bassin côtier de marge continentale passive. Ce bassin sédimentaire est limité à l’est et au sud-est par la chaîne des Mauritanides et au sud, par le Bassin de Bové. Long de 1 300 km, dans son extension maximale (Mauritanie-Guinée-Bissau), ce bassin atteint une largeur maximale d’environ 550 km à la latitude de Dakar.
119
+
120
+ Appuyé sur le Craton ouest-africain, le bassin côtier accumule une puissante série sédimentaire, d’origine principalement marine, qui débute au Trias-Lias et se termine au Miocène. Depuis la limite orientale du bassin, proche de Bakel, les dépôts s’épaississent vers l’ouest, d’abord progressivement, puis, passant une flexure localisée entre 15°30’W et 16°30’W (Spengler et al., 1966[27] ; Latil-Brun et Flicoteaux, 1986[28]), leur épaisseur augmente rapidement, pour atteindre, à Dakar, des épaisseurs de plus de 6 000 mètres à 7 000 mètres (Castelain, 1965[29] ; Spengler et al., 1966). En Casamance, les profondeurs estimées dépasseraient huit mille mètres.
121
+
122
+ Malgré le caractère apparemment subhorizontal des couches, les données de l'exploration pétrolières indiquent une forte structuration et une importante compartimentation des dépôts, dont le Horst de Diass donne un aperçu. Au Sénégal, la série du Mésozoïque-Cénozoïque affleurante se limite aux niveaux stratigraphiques les plus supérieurs, n’interceptant les roches d'âge Campanien que très marginalement alors que le Maastrichtien est mieux exposé dans le Horst de Diass, malgré la présence d’une puissante cuirasse latéritique.
123
+
124
+ Les séries cénozoïques sont plus largement représentées à l’affleurement, exposées dans les falaises de la presqu'île du Cap-Vert et aussi dans la falaise à l’ouest et au sud de Thiès et marginalement dans le Sine, où elles sont surtout connues en puits. Les plus beaux affleurements se localisent à la marge passive atlantique. Au cœur du bassin, la série sédimentaire est masquée par la cuirasse latéritique fini-Tertiaire et, vers le nord-ouest, par les dépôts de sédiments éoliens quaternaires. Dans cette région centrale et orientale, les seuls affleurements tertiaires connus sont limités aux rives du lac de Guiers et à la haute vallée du fleuve Sénégal, dans la région de Matam, les grès du « Continental terminal » (renommé Formation du Saloum en 2009) venant largement sceller et masquer la série marine du Paléogène. En Casamance, il est connu, en forage, que la série marine monte jusque dans le Miocène.
125
+
126
+ Du volcanisme du Miocène apparaît régionalement dispersé dans la presqu’île du Cap-Vert et la région de Thiès ; il est représenté par des laves et des tufs coiffés par la cuirasse ferrugineuse cuirasse latéritique d'âge fini-Pliocène (Crévola, 1994[30]). Le volcanisme quaternaire, polyphasé, est restreint à la pointe de la presqu’île du Cap-Vert.
127
+
128
+ De récentes cartes géologiques du Sénégal (2009) ont été élaborées dans le cadre de la Coopération Sénégal – Union européenne, suivant les procédures du neuvième Fonds européen de Développement (FED) pour le compte de la Direction des Mines et de la Géologie (DMG) et existent aux échelles de 1/500 000 pour les trois quarts du territoire et de 1/200 000 le long du fleuve Sénégal.
129
+
130
+ Le climat est de type désertique dans le Nord, et de type tropical dans le Sud, avec :
131
+
132
+ Les températures suivant les saisons[33] :
133
+
134
+ Sur le littoral, la mer (avec le courant canarien froid) apporte de la fraîcheur, les températures sont de l'ordre de 16 °C à 30 °C mais le centre et l'Est du Sénégal peuvent avoir des températures allant jusqu’à 46 °C.
135
+
136
+ Pendant l'hiver en Europe, le Sénégal devient une destination appréciée permettant de développer une activité touristique.
137
+
138
+ De manière générale, l'Ouest du pays, représenté par le littoral, connaît des températures plus fraîches que l'Est grâce à l'océan. Le centre et l'Est du pays connaissent des températures continentales très chaudes pendant la journée, et fraîches la nuit.
139
+
140
+ Du Nord au Sud, il existe cinq types de domaines climatiques appartenant au climat tropical :
141
+
142
+ En 1960, le premier découpage administratif issu de l'indépendance avait créé une certaine disparité entre les sept régions d'origine – celle du Sénégal oriental étant alors onze fois plus étendue que celle du Cap-Vert[34]. Ce déséquilibre a été corrigé par plusieurs réformes successives et notamment par un décret de 1996, dans le cadre de la politique de décentralisation qui a transféré aux collectivités locales certaines compétences d'abord détenues par le pouvoir central.
143
+
144
+ L'organisation territoriale mise en place en 1996 a subi plusieurs retouches dans l'intervalle, avec la création de la région de Matam en 2001, celle du département de Koungheul en 2006 ou encore, en 2008, l'élection des départements de Kaffrine, Kédougou et Sédhiou en régions à part entière, celle de 10 localités en départements, ainsi que la création de nouvelles communautés rurales et de nombreuses communes.
145
+
146
+ En 2009[35], le Sénégal compte 14 régions, 45 départements, 46 communes d'arrondissement, 113 communes de ville et 370 communautés rurales. Dirigés par un chef, les villages restent les cellules de base de cette organisation. On en dénombrait 13 544 lors du recensement de 1988[36].
147
+
148
+ Les problèmes environnementaux du Sénégal sont variés. Selon le CIA World Factbook, il existe des problèmes pressants en ce qui concerne : la diminution de la faune sauvage menacée par le braconnage, la déforestation, le surpâturage, l'érosion des sols, la désertification et la surpêche.
149
+
150
+ En 2006, le Sénégal comptait encore 45,1% - soit environ 8 673 000 hectares de forêt, dont 18,4% - ou environ 1 598 000 hectares - classés comme forêt primaire. Déjà en 2007, on remarquait que le Sénégal perdait 350 000 hectares de forêt par an en raison de cultures sur brûlis due à la croissance rapide de sa population. Une des conséquences est qu'environ 13% des terres, hébergeant environ 22% de la population, sont désormais considérées comme dégradées. En 2016, on estimait que le couvert forestier de la Casamance aurait disparu d'ici à 2018 si l'exploitation forestière illégale se poursuivait.
151
+
152
+ Les termites (Macrotermitinae) sont redoutés au Sénégal où ils sapent la charpente des habitations, dévastent les champs de canne à sucre ou les cultures vivrières de mil et de sorgho[37].
153
+
154
+ Parcs et réserves naturels représentent 8 % du territoire national[39]. Ils jouent un rôle majeur dans la préservation de l'environnement et contribuent de manière significative à l'essor touristique.
155
+
156
+ Dans ces aires protégées on dénombre au total 169 espèces de mammifères et 540 espèces d'oiseaux.
157
+
158
+ Le Sénégal compte six parcs nationaux : le Parc national du Niokolo-Koba dans l'Est du pays ; le Parc national des oiseaux du Djoudj ; le Parc national de la Langue de Barbarie dans la région de Saint-Louis ; le Parc national des îles de la Madeleine au large de Dakar ; le Parc national du delta du Saloum dans le Sud, ainsi que le Parc national de la Basse-Casamance, fermé depuis quelques années en raison des troubles dans la région.
159
+
160
+ Le pays compte également une trentaine de réserves naturelles de plus petite taille, telles que le Parc forestier et zoologique de Hann à Dakar, la Réserve de Guembeul, la Réserve de Bandia, la Réserve naturelle de Popenguine ou l'Aire marine protégée de Bamboung.
161
+
162
+ La population du Sénégal – qui comptait environ 1 million d'habitants en 1900 et 2,8 millions au moment de l'indépendance en 1960 – s'élevait à 13 508 715 personnes selon le recensement réalisé en 2013[40] .
163
+
164
+ Des projections démographiques établissent la population du Sénégal à 16 209 125 personnes, parmi lesquels 8 140 343 personnes femmes et 8 068 782 personnes hommes. [41].
165
+
166
+ Cette population croît donc très rapidement, avec un taux de fécondité supérieur à quatre enfants par femme.
167
+
168
+ On observe une grande diversité ethnique : Wolofs (51,8 %), Peuls (18,5 %), Sérères (11,5 %), Diolas (4,7 %), Malinkés (3.1 %), Soninkés (2 %) Manjaques (0.6 %) et quelques autres ethnies moins nombreuses et plus localisées, sans compter les Libanais, les Mauritaniens, les Marocains, les Européens et les Chinois, assez présents en milieu urbain[42],[43]. Fin 2007, 16 966 Français étaient inscrits dans les registres consulaires (y compris les binationaux)[44].
169
+
170
+ Depuis longtemps, la population était plutôt concentrée sur la façade atlantique, mais l'exode rural a accru l'inégalité de cette répartition. Désormais, un Sénégalais sur quatre vit dans la presqu'île du Cap-Vert et la capitale est au bord de l'asphyxie.
171
+
172
+ Outre celle de Dakar, les régions les plus urbanisées sont Ziguinchor, Thiès et Saint-Louis. Les moins urbanisées sont celles de Kolda, Matam et Fatick. C'est dans la région de Tambacounda que l'on trouve la plus faible densité (11 habitants au km2).
173
+
174
+ Selon les estimations pour 2017, les centres urbains régionaux de plus de 100 000 habitants sont Touba (529 176) – qui a connu une croissance spectaculaire –, Thiès (2 049 764), Kaolack (1 120 404), M'bour (181 825), Saint-Louis (1 036 009), Ziguinchor (158 370) et Diourbel (1 746 496[45].
175
+
176
+ En 2007, le Sénégal abritait environ 23 800 réfugiés et demandeurs d'asile, dont plus de 20 000 étaient mauritaniens ayant fui la persécution ethnique, ainsi que certains du Liberia, de la Sierra Leone et d’autres pays[46].
177
+
178
+ Si le Sénégal accueille aussi des migrants, nombreux, saisonniers ou non, des pays limitrophes ou lointains[47], une forte communauté sénégalaise vit à l’extérieur du pays.
179
+
180
+ En 2018, plus de 530 000 Sénégalais vivaient à l'extérieur du pays[48]. Cette diaspora représente une ressource essentielle pour le pays, à la fois économique et identitaire. Au début des années 2000, les transferts financiers représentaient entre 5 et 10 % du PIB, soit entre 300 et 500 millions d'euros annuels[49]. En 2017, ces Sénégalais de l’étranger injectaient annuellement dans le pays plus de 2 050 millions d'euros (1 169 milliards de FCFA soit 12,5% du PIB sénégalais), d’après des chiffres extraits du document de Politique nationale de migration du Sénégal (PMNS)[48].
181
+
182
+ Les NTIC favorisent le maintien des liens familiaux et des réseaux traditionnels.
183
+
184
+ Ce sont principalement des hommes jeunes qui s’installent en Europe, surtout en France, ou en Amérique du Nord, notamment au Québec avec un projet de retour vers le pays au bout de quelques années.
185
+
186
+ En 2017, 75% des jeunes sénégalais (originaires principalement du Sud, du Sud-Est et du Nord du pays) souhaitaient quitter le pays[50]. L’accroissement de l’immigration clandestine dans les pires conditions, notamment vers les îles Canaries, est une préoccupation majeure pour le Sénégal et les pays d’accueil. Les plus désespérés veulent ignorer les risques, sensibles à la réussite de quelques-uns, et notamment de personnalités de la diaspora — nées au Sénégal ou de parents sénégalais — particulièrement dans les milieux artistiques ou sportifs.
187
+
188
+ D’abord pays d’émigration rurale soninké et Peuls de la vallée du fleuve Sénégal à destination de la France à partir de l'époque coloniale[51], puis des pays de la sous-région, le Sénégal a connu une émigration plus diverse, originaire à la fois du centre-ouest du pays et des grandes villes, lesquelles ont fait figure de lieux de passage et de transit vers l’international à partir des indépendances[52].
189
+
190
+ L’instabilité politique et économique des pays voisins et la fermeture des frontières européennes ont eu pour effet de modifier le système de migration tournante (ou noria) en une installation plus durable. Le contrôle de plus en plus strict des frontières françaises, à l’origine destination privilégiée, a conduit les flux migratoires à se redéployer vers de nouvelles destinations : en priorité l’Italie, l’Espagne mais aussi les États-Unis[53], le Canada, et plus récemment la Chine[54].
191
+
192
+ Le 15 avril 2010, Human Rights Watch a publié un rapport exhortant les autorités sénégalaises à réglementer toutes les écoles coraniques fréquentées par des dizaines de milliers d'enfants. Ces enfants talibés, estimés à 50 000 garçons, subissent parfois des abus qui les incitent à l'exil[55].
193
+
194
+ Il existe près d'un million d'immigrés guinéens au Sénégal.
195
+
196
+ Cinq villes de grande taille : Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Thiès ont le statut de ville et sont divisées en communes d'arrondissement[56].
197
+
198
+ Jusqu'en 1814, les comptoirs coloniaux ne devaient avoir qu'une fonction commerciale et avaient pour interdiction de développer une activité de production. « Pas même un clou » selon Colbert[60],[61]. À partir de 1814, au contraire les colonies ont une obligation d'autosuffisance, cette obligation est confirmée en 1866[61].
199
+
200
+ Le Sénégal possède la quatrième économie de la sous-région ouest-africaine après le Nigeria, la Côte d'Ivoire et le Ghana. Compte tenu de sa situation géographique et de sa stabilité politique, le Sénégal fait partie des pays africains les plus industrialisés avec la présence de multinationales qui sont majoritairement d'origine française et dans une moindre mesure américaine[réf. nécessaire].
201
+ La main d'œuvre du pays se divise comme ceci : 62,3 % sont consacrés aux services, 21,7 % aux industries et 15,5 % est consacré à l'agriculture [réf. nécessaire].
202
+
203
+ L'économie sénégalaise est principalement tournée vers l'Europe et l'Inde[réf. nécessaire]. Ses principaux partenaires économiques sont la France, l'Inde, et l'Italie. Cependant, depuis plusieurs années, la Chine est un partenaire de plus en plus grandissant comme en témoignent les sommets Chine-Afrique[réf. nécessaire].
204
+
205
+ Comparé aux autres pays du continent africain, le Sénégal est très pauvre en ressources naturelles ; ses principales recettes proviennent de la pêche, du tourisme et des services :
206
+
207
+ Le Sénégal est membre de l'Union économique et monétaire ouest-africaine.
208
+
209
+ En 1994, la monnaie est dévaluée et une politique de libéralisation est activement menée. Le Sénégal essaye de rentrer dans les conditions requises par le Fonds monétaire international (FMI) afin de bénéficier d'un allègement de la dette pour le développement du pays. Depuis 2006, le Sénégal est dans la liste des pays éligibles[63].
210
+
211
+ Les difficultés économiques dues au poids de la dette ont entraîné un renforcement du syndicalisme :
212
+
213
+ L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) créé en décembre 2012 pour lutter contre d’éventuelles tentatives de corruption. Composé de onze personnes nommées par le président de la République.
214
+
215
+ L'aéroport international Léopold-Sédar-Senghor était le principal point d'entrée aérien vers le Sénégal jusqu'à son remplacement le 08 décembre 2017 par l'aéroport Blaise Diagne. Le 25 mai 1971, l'avion supersonique Concorde fait un premier vol de démonstration Paris-Dakar en 2 h 52 (dont 2 h 7 en vol supersonique) et le 21 janvier 1976 ouvre pour la première fois sa ligne commerciale Paris-Dakar-Rio. Le président Senghor assiste à son arrivée à l’aéroport de Dakar ainsi que les premiers passagers supersoniques de l'histoire de l'aviation. Le 1er avril 1982, c'est la fin de la liaison Paris-Rio.
216
+
217
+ Créée en 2000, la compagnie aérienne Air Sénégal International, filiale du groupe Royal Air Maroc, proposait depuis le 23 février 2001 des destinations vers l'Europe et l'Afrique. Membre de l’IATA depuis le 28 mai 2002[65], elle fut sacrée meilleure compagnie aérienne africaine en 2003. À la suite de difficultés financières et de différends entre ses principaux actionnaires, Royal Air Maroc et l'État sénégalais, elle a cependant arrêté tous ses vols le 24 avril 2009[66].
218
+
219
+ Une nouvelle compagnie baptisée Sénégal Airlines, dont l'État sénégalais est actionnaire minoritaire, a été créée en octobre 2009. Cette nouvelle compagnie dessert à partir de Dakar, et à compter du début 2010, une vingtaine de destinations africaines. Senegal Airlines a annoncé en novembre 2009 à l'occasion du salon de Dubai avoir commandé deux Airbus A330 et quatre Airbus A320. Mais en 2016, l'État retire la concession de commerce de la compagnie à cause du déficit budgétaire de l'entreprise.
220
+
221
+ Le réseau routier est bon dans l'ouest, mais se dégrade en allant de plus en plus à l'intérieur du pays. Le réseau de transport est bien développé dans les grandes villes avec des taxis, des bus[67] et/ou des « cars rapides » en plus ou moins bon état. Dans les banlieues et les villes secondaires ce sont des taxis collectifs, des « cars rapides » et des calèches qui servent de transport. À l'intérieur du pays, les taxis-brousse sont utilisés pour se déplacer entre petites villes et villages. Le transport interurbain est assuré par des berlines à sept places, des bus interurbains et des cars blancs appelés Ndiaga Ndiaye qui peuvent être pris en allant dans les gares routières.
222
+
223
+ La gare de Dakar (gare de train) est la plus ancienne du Sénégal. Elle n'offre plus que la liaison Dakar-Thiès pour les voyageurs, la liaison avec Bamako (au Mali) étant désormais réservée au transport de marchandises.
224
+
225
+ Le transport maritime est constitué de chaloupes pour rejoindre l'île de Gorée à partir de Dakar, de la liaison maritime Dakar-Ziguinchor assurée par le Consortium sénégalais d'activités maritimes, de bateaux pour des croisières sur le fleuve Sénégal (comme le Bou El Mogdad). Il est constitué aussi de gros bateaux de transport de marchandises qui bénéficient du Port autonome de Dakar, qui est l'un des trois ports en eau profonde d'Afrique de l'Ouest, et de son terminal pour les conteneurs.
226
+
227
+ réhabilitations ou en constructions :
228
+
229
+ créations pour le futur TER) 870 km
230
+
231
+ Les réseaux sont plus denses à l'Ouest du pays le long du littoral mais la circulation des marchandises et des personnes est particulièrement difficile vers Dakar et la presqu'île du Cap-Vert. Les infrastructures sont plus rares dans le Sénégal oriental et le désenclavement de ces régions constitue également un défi car les moyens de transport restent souvent traditionnels à l'intérieur du pays.
232
+
233
+ De gros efforts sont effectués au niveau des équipements. Ainsi de nombreux projets sont en cours. Par exemple, le futur train express régional qui est en construction et reliera la capitale Dakar au nouvel aéroport international Blaise Diagne. Sa mise en service est prévue fin 2019.
234
+
235
+ Par ailleurs, la construction d'une autoroute à péage entre Dakar et Diamniadio (35 km), terminé le 10 août 2013, permet dorénavant de rallier Dakar à Rufisque en moins de trente minutes. À moyen terme, elle permettra de créer de nouvelles zones d'habitations grâce à ses nombreuses bretelles de sortie afin de désengorger Dakar. Deux autres tronçons autoroutiers sont terminés de Diamniadio à l'aéroport international Blaise-Diagne (aéroport inauguré le 7 décembre 2017) et dudit aéroport à Sindia.
236
+
237
+ D'autres projets sont à l'étude ou en travaux dont l'aménagement de Saint-Louis afin d'en faire un port de cabotage[68] ; l'aménagement du port de Ziguinchor pour recevoir des conteneurs[69] ainsi que la construction de nouveaux tronçons autoroutiers menant vers Thiès puis l'Est et le Sud du pays (ouvertures prévues fin 2018 ; 2019 ; 2020 et ultérieurement de plusieurs sections menant à la constitution d'un réseau de plusieurs centaines de kilomètres d'autoroutes).
238
+
239
+ « La culture est au début et à la fin du développement[70]. »
240
+
241
+ Il existe une grande diversité linguistique à travers les langues au Sénégal. La Constitution de 2001 a reconnu[18] au français le statut de langue officielle et à six langues celui de langues nationales, le wolof — langue parlée par le plus grand nombre de personnes (90 % des Sénégalais) même appartenant à d'autres ethnies — le sérère, le peul, le mandingue, le soninké et le diola. Cinq autres langues vernaculaires ont été promues peu après : le hassanya, le balante, le mancagne, le noon et le manjaque ; suivies de trois autres langues : le ménik, l’oniyan et le saafi-saafi ; d'autres ajouts de langues codifiées sont en cours. Au total ce sont près d'une vingtaine de langues qui pourraient bénéficier du statut de langue nationale au Sénégal.
242
+
243
+ La littérature sénégalaise a longtemps été connue dans le monde surtout à travers Léopold Sédar Senghor, à la fois poète et homme d'État, chantre de la négritude et figure emblématique de la francophonie. Parmi les autres auteurs désormais classiques[71] figurent notamment les romanciers Cheikh Hamidou Kane, Birago Diop, Boubacar Boris Diop, mais aussi Ousmane Sembène qui portera à l'écran quelques-uns de ses propres romans. De leur côté les femmes sont particulièrement actives, voire incisives. En 1979 Aminata Sow Fall, dans « La Grève des bàttu », dépeint dans sa satire politique un petit peuple de mendiants se mobilisant contre le sort qui lui est fait. En 1980, Mariama Bâ décrit avec une grande sensibilité la société polygame dans « Une si longue lettre ». En 1978, Awa Thiam écrit le best-seller, La Parole aux négresses. En 1996, le poète Alioune Badara Coulibaly, proche du poète Léopold Sédar Senghor, publie « Bon anniversaire, Sédar », rendant hommage au chantre de la Négritude pour ses 90 ans. Ce poète est à son cinquième livre de poésie avec le dernier intitulé « Rayons de soleil sur Saint-louis»(2009), en 1997, la romancière Fama Diagne Sène a obtenu le Grand Prix des Lettres du Sénégal avec son roman "Le chant des ténèbres". Plus récemment, Fatou Diome rencontre le succès[72] avec « Le Ventre de l'Atlantique » (2004), un roman qui met en scène, souvent avec humour, les rêves d'évasion des jeunes Sénégalais.
244
+
245
+ Tradition et modernisme, marquent l'architecture du Sénégal. L'habitat traditionnel, sobre et fonctionnel mais plus éphémère, utilise les matériaux locaux (pierre, terre, bois, paille), comme pour les cases peules ou les cases à impluvium casamançaises[73]. La période coloniale a laissé des traces comme à Gorée ou à Saint-Louis, et ces sites figurent aujourd'hui sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Aujourd'hui, l'architecte Pierre Goudiaby Atepa a conçu plusieurs réalisations contemporaines, telle la Porte du Troisième millénaire à Dakar. À noter aussi de nouvelles constructions telles que le tunnel de la corniche ouest et le monument de la Renaissance Africaine, inauguré en 2010. L'autoroute à péage est en cours d'exécution.
246
+
247
+ Les arts plastiques ont été soutenus pendant la période où le président poète L.S. Senghor était au pouvoir à travers le mécénat d'état. Par la suite, ses successeurs ont eu des difficultés à poursuivre cette politique à cause de la crise économique. Diverses initiatives privées se sont développées afin de soutenir les artistes[74]. Ces arts sont à l'honneur à travers le sculpteur Ousmane Sow de renommée internationale et de Kalidou Kassé, artiste peintre.
248
+
249
+ La série de timbres émise sous l’intitulé « Élégance sénégalaise » célèbre ces femmes belles et séduisantes qui impressionnaient déjà les observateurs d’autrefois et inspiraient les poètes : femmes peules au port altier[75], linguères de sang royal, signares fortunées de Sénégal ou de Gorée[76]. Même avec de modestes budgets, le souci de l’apparence perd rarement ses droits au Sénégal : boubous, coiffures et bijoux sont choisis avec soin et fréquemment renouvelés. Qu'ils portent l'habit traditionnel ou le costume, les hommes aussi sont attentifs à leurs tenues. En contrepoint, les tenues décontractées de certains touristes déconcertent parfois.
250
+
251
+ Dans le prolongement des activités anciennes de tissage et de teinture, l’industrie de la mode s’est tout naturellement épanouie dans le pays, avec quelques personnalités de premier plan telles que Collé Ardo Sow, Claire Kane et surtout Oumou Sy, à la fois costumière, styliste, décoratrice et femme d’affaires au rayonnement international[77].
252
+
253
+ Le cinéma sénégalais[78] est l'un des plus anciens d'Afrique. Ses représentants les plus connus sont les cinéastes Ousmane Sembène — également romancier — et Djibril Diop Mambety, auxquels il faut ajouter Tidiane Aw, ou Safi Faye, réalisatrice de films documentaires. Ces productions sont souvent mieux appréciées à l'étranger qu'au Sénégal où beaucoup de salles ont fermé, concurrencées par le marché plus florissant de la vidéo. On remarque également que nombre de films d'origines diverses ont été tournés dans ce pays au climat propice et aux paysages des plus photogéniques.
254
+
255
+ Les grands noms de la musique sénégalaise contemporaine sont : Youssou N'Dour, auteur-compositeur, musicien et interprète de renommée internationale. Baaba Maal est un auteur-compositeur, interprète qui se produit internationalement ainsi que Ismaël Lô auteur-compositeur, interprète Omar Pène auteur-compositeur et interprète et Coumba Gawlo Seck, auteur-compositeur.
256
+
257
+ Djembé, sabar, kora, xalam, tambour d'aisselle et balafon font partie des instruments traditionnels[79] toujours très populaires. Parmi les instruments de percussion, le sabar et le mbalax désignent à la fois l'instrument de musique, un style de musique et une danse. Ce sont des sons typiques de la culture sénégalaise. Thione Seck qui est un auteur-compositeur-interprète de mbalax a su adapter la tradition et la modernité : il est apprécié par des fans de tous âges au Sénégal. Pape Diouf et Ndongo Lô (décédé le 16 janvier 2005), Ismael Lô (appelé Bob Dylan sénégalais)sont également des artistes de l'univers du mbalax. Cheikh Lô, auteur-compositeur, musicien et interprète a su allier le mbalax et des influences reggaes. À noter, Viviane Chidid, meilleure artiste sénégalaise 2006 et reine du mbalax, une des rares artistes féminines à avoir su se faire une place. Les instruments à corde telle que la kora connue dans toute l'Afrique de l'ouest sont à présent connus en dehors du continent à travers des groupes de jazz ou de world musique.
258
+
259
+ Dans « Un grain de vie et d'espérance »[80], la romancière Aminata Sow Fall met en scène la place essentielle occupée par la cuisine sénégalaise dans la culture et la vie quotidienne du pays. La « teranga », ce sens de l’hospitalité cher au cœur des Sénégalais, s'exprime souvent autour d'un plat unique réunissant la famille et les amis. Relativement peu connue à l’étranger en dehors des communautés issues de l'immigration et de quelques restaurants de grandes villes, la cuisine sénégalaise a attiré l'attention des médias avec la publication du livre de Youssou N'Dour, « La cuisine de ma mère »[81], vibrant hommage aux valeurs familiales comme aux plats relevés et longuement mijotés.
260
+
261
+ Cette cuisine présente quelques similitudes avec celles des pays d'Afrique de l'Ouest, mais elle accueille d'autres influences, venues d'Afrique du Nord, du Liban, de France ou du Portugal. Elle fait un large usage du poisson et des céréales (riz et mil) dans les plats nationaux, comme la thiéboudiène, le yassa de poulet, le thiéré, le maffé, la soupe kandia ou cette préparation plus sophistiquée qu’est le mulet farci à la saint-louisienne. Dans un pays majoritairement musulman, le thé, la tisane de kinkeliba et le bissap l’emportent sur les alcools, mais les bières locales – Flag ou Gazelle – et le vin de palme en Casamance ont aussi leurs adeptes.
262
+
263
+ L'éducation au Sénégal est l'une des plus avancées sur le continent[réf. nécessaire]. Le Sénégal peut se targuer d'avoir un enseignement de qualité[82] avec des équivalences de diplômes des universités étrangères les plus prestigieuses tant en France qu'aux États-Unis[réf. nécessaire].
264
+
265
+ Ceci permet également des échanges avec des étudiants qui viennent étudier au Sénégal dans le cadre d'études spécifiques sur le pays ou des étudiants sénégalais qui partent à l'étranger afin de diversifier leurs connaissances dans le cadre de recherche.
266
+
267
+ La population étant très jeune, la demande en formation est très forte sans compter la jeunesse des autres pays africains plus pauvres qui tente de terminer ses études à Dakar.
268
+
269
+ Malgré un taux de réussite au baccalauréat similaire en 2000 (37,67 %) et en 2011 (38,4 %), le nombre de bacheliers est passé dans l'intervalle de 9 000 à 30 000. Et naturellement, 80 % de ces bacheliers ont cherché à s'inscrire à la faculté, « objet de promotion sociale et de fierté, pour lequel les familles et les étudiants sont prêts à réaliser d'énormes sacrifices », explique le chercheur Olivier Provini, qui travaille sur les réformes universitaires africaines[83]. Le problème majeur auquel font face ces nombreux bacheliers est l’expression française : durant tout leur cheminement scolaire, ils doivent jongler entre le français et la langue nationale, le wolof[84].
270
+
271
+ De nouvelles universités publiques ont été créées à Bambey, Thiès et Ziguinchor et les salaires des professeurs ont été revus à la hausse sous la présidence de Abdoulaye Wade. Ce qui a permis de freiner l'exode des cerveaux universitaires et à encourager le retour de certains qui étaient en Europe, aux États-Unis et ailleurs en Afrique[85]. L'université de Kaolack va bientôt ouvrir ses portes également sous la présidence du nouveau président de la république Macky Sall. Cette nouvelle université va permettre le dés-engorgement des autres universités du pays mais aussi l'orientation d'un grand nombre d'étudiants. Ceci va aussi permettre le développement des autres régions du pays.
272
+
273
+ Le Sénégal est membre de l'organisation de la Francophonie (actuellement dirigée par son ancien Président Abdou Diouf, réélu en 2010 à la tête de cette organisation internationale) et est devenu un pays observateur au sein de la communauté des pays de langue portugaise (CPLP). Le Sénégal envisage de devenir membre à part entière de la CPLP[réf. nécessaire] alors que le portugais n'est parlé que par une très faible part de la population. L'inauguration de la deuxième université de Dakar et de celle du Sine Saloum est prévue début 2017.
274
+
275
+ Si vous connaissez le sujet dont traite l'article, merci de le reprendre à partir de sources pertinentes en utilisant notamment les notes de fin de page. Vous pouvez également laisser un mot d'explication en page de discussion (modifier l'article).
276
+
277
+ Le rallye Dakar (ou « Le Dakar », anciennement rallye Paris-Dakar) est un rallye-raid professionnel, qui se dispute chaque année au mois de janvier, principalement sur le continent Africain avec arrivée en banlieue de Dakar sur une belle plage de sable face à l'océan Atlantique. Mais à la suite de morts d'enfants de villageois, la contestation est devenue internationale grâce au CAVAD, Collectif pour les Victimes anonymes du Dakar qui réunit des associations françaises, africaines, portugaises, espagnoles, marocaines, maliennes, guinéennes et sénégalaises.
278
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+ Le football est un sport très apprécié des Sénégalais. L'équipe du Sénégal de football, dont les joueurs sont surnommés les Lions de la Téranga, est affiliée à la Fédération sénégalaise de football et à la FIFA depuis 1962. En 2002, au Mali, elle a manqué de peu la coupe d'Afrique face au Cameroun en finale et demi-finaliste de l'édition 2006. Elle se qualifie à la même année (2002) pour la phase finale de la coupe du monde de la FIFA, organisée en Corée et au Japon. L'équipe du Sénégal bat la France (championne du Monde et d'Europe en titre) en match d'ouverture de la coupe du monde et se qualifie pour la première fois de son histoire en quart de finale de la coupe du monde en battant la Suède 2 buts à 1 et devient par la suite la deuxième équipe d’Afrique à atteindre les quarts de finale après le Cameroun en 1990[86]. Parmi les grands footballeurs sénégalais, on peut citer El-Hadji Diouf, Henri Camara, Khalilou Fadiga, Habib Beye, Tony Sylva, Mamadou Niang, Omar Daf, Ferdinand Coly ou, dans le passé, Jules Bocandé, mais aussi le manager Pape Diouf, ex-président de l'OM.
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+ La lutte sénégalaise est une pratique ancrée dans la tradition. La lutte sénégalaise n'a rien perdu de sa popularité, à travers des combats aussi brefs que spectaculaires. Ce sport est incarné par d'impressionnants champions tels que Yékini, qui, en 2005, l'a emporté sur Tyson, un redoutable adversaire qui avait su conserver le titre pendant près de cinq ans, mais sera battu à deux reprises par un autre poids lourd sénégalais, Sérigne Dia, dit Bombardier. D'importants enjeux économiques sont désormais liés à ce sport. Et les cachets mis en jeu peuvent atteindre de nos jours près de 350 000 000 FCFA, soit 750 000 dollars. Tradition destinée à célébrer la fin des récoltes, la lutte est devenue le sport national, détrônant même le football. Il se pratique partout : clandestinement, sur les terrains vagues, dans des tournois amateurs et dans des championnats professionnels médiatisés. La version sénégalaise, « avec frappe », autorise les coups de poing pour surprendre l'adversaire. Les combattants sont les héritiers d'une culture : ils se préparent en s'aspergeant de potions concoctées selon les recommandations des marabouts.
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+ La boxe a connu ses lettres de gloire avec Battling Siki (1897-1925), champion du monde à 25 ans et premier Africain à remporter un titre mondial de boxe, reste dans toutes les mémoires. Plus près de nous, le Franco-sénégalais Souleymane M’Baye est devenu champion de France WBC des lourds-légers. Léonard Tavarez fut aussi champion de France des poids légers en 1969.Le prometteur Mouhamed Ali Ndiaye évoluant en Italie il est detenteur de plusieurs titres internationaux en petite catégorie.
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+ Le basket-ball est moins prisé que le football, c’est cependant un sport très pratiqué, stimulé par les succès de son équipe nationale de basket-ball, les Lions du Sénégal et des joueurs tels que DeSagana Diop, Boniface N’Dong, El Kabir Pene, Maleye N'Doye, Xan Dalmeida ou Gorgui Sy Dieng qui fut en 2015 pour sa première année avec les lions à l'Afrobasket meilleur pointeur et meilleur rebondeur du tournoi.
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+ Noter que l'équipe fut éliminée en demi-finale par le Nigeria futur vainqueur de la compétition. Sans oublier les braves lionnes (Aya Traoré, Fatou Dieng, Mame-Marie Sy-Diop, Ndèye Sène, Aminata Dièye, Fatoumata Django, Fatou Binetou Thiam, Bineta Diouf, Mame Diodio Diouf, Awa Guèye, Aminata Nar Diop et Coumba Sarr) qui, après la médaille d'argent au Liban aux 6e jeux de la francophonie en septembre 2009, ont remporté en octobre 2009 la 21e coupe d'Afrique des nations (CAN) jouée à Madagascar. Et ont de même remporté la dernière coupe d'Afrique des nations en octobre 2015. Après avoir gagné la CAN de 2015 les lionnes du basket ont eu la promesse de l'état de faire un palais omnisports dont l'inauguration est prévue en début 2017. En 2016 les travaux du palais omnisports sont lancés à Diamniadio.
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+ Les autres sports sont également bien représentés : l'équipe sénégalaise de pêche sportive (Moussa Mbengue, Abdoulaye Kébé, Cyril Calendini, Dominique Dussaut) est devenue championne du monde en 2002 et 2003. Séduits par des conditions météorologiques souvent clémentes et les ressources côtières, les visiteurs viennent nombreux pour pratiquer les sports nautiques tels que la plongée sous-marine ou le surf, et la réputation des Almadies ou de la vague de Ouakam n'est plus à faire. De son côté, l'aviation de loisir – notamment l'ULM – permet une approche inédite des paysages, dans une contrée dépourvue de vraies montagnes. Cap Skirring et le Sine Saloum constituent alors des destinations de choix.
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+ Le skate commence peu à peu à prendre de l'importance avec des associations et tournois et aussi avec la création d'un skate park à Dakar.
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+ Même si les médias au Sénégal bénéficient d’une situation relativement favorable par rapport à d’autres pays africains, leur dépendance à l’égard du pouvoir reste forte[87] et des incidents surviennent occasionnellement, comme ce fut le cas lors de la répression d'une manifestation contre la vie chère en mars 2008[88].
292
+ L'Agence de Presse Sénégalaise (APS), un organisme autonome créé en 1959, détient le monopole de la diffusion des informations distribuées au Sénégal par les agences de presse mondiales. En 2015, le Sénégal se situe à la 71e place – sur 180 pays – du classement mondial de la liberté de la presse établi chaque année par Reporters sans frontières[89].
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+ La presse écrite au Sénégal a débuté au cours du XXe siècle pendant la période coloniale :
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+ Aujourd’hui les principaux titres de la presse sont :
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+ Économique et maniable, la radio constitue aujourd’hui le seul véritable média de masse et le moyen de communication le plus égalitaire au Sénégal[93].
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+ La télévision fait ses débuts au Sénégal en 1963 avec l'aide de l'UNESCO mais les émissions régulières ne débutent véritablement qu'en 1965. Grâce aux satellites, les plus fortunés peuvent capter les chaînes privées internationales, mais l'usage de la télévision reste souvent populaire et collectif.
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+ Selon l'Observatoire sur les Systèmes d'Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal (OSIRIS)[96], le nombre d’utilisateurs d’Internet était de 650 000 en septembre 2007. Au 30 septembre 2007, il y avait 34 907 abonnés, dont 33 584 avec une connexion ADSL. On estime actuellement à plus de 800 le nombre de points d'accès à Internet dans le pays. En avril 2007, 1 921 domaines « .sn » étaient déclarés et 540 sites étaient effectivement en ligne.
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+ Dans un pays où la convivialité et la palabre sont au cœur de la vie familiale et sociale, la téléphonie mobile s’est développée très rapidement. Les deux opérateurs qui se partagent le marché sont la Sonatel (dont les services sont commercialisés depuis 2006 sous la marque Orange) et Tigo. À eux deux, ils comptaient 4 122 867 abonnés le 31 décembre 2007[97]. On n'en dénombrait que 269 088 pour la téléphonie fixe à la même date, mais il faut prendre en compte les 17 000 télécentres disséminés sur tout le territoire[98]. Un troisième opérateur, Expresso, appartenant au soudanais Sudatel a été admis dans le marché et en 2010 un rapport de l'Union internationale des télécommunications et de l'Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a fait état de sept millions cinq cent mille (7,5 millions) abonnés.
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+ Maîtresse d'un homme marié, un feuilleton télévisé sénégalais en wolof, est diffusé depuis le 25 janvier 2019. Il devient un phénomène de société au Sénégal et dans la diaspora sénégalaise en dénonçant les blocages sociétaux liés à la sexualité, la polygamie ou le féminisme, ou en étant dénoncé pour cela par les conservateurs et religieux[99].
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+ L’islamisation du pays date du XIe siècle (voir l’histoire du Sénégal), époque à laquelle les Almoravides conquièrent le Nord du Sénégal. La population sénégalaise est aujourd'hui très majoritairement musulmane (environ 95 %)[100] et pratique un islam sunnite essentiellement de tradition soufie à travers quatre confréries : la Tijaniyya, le mouridisme, la Qadiriyya et le layénisme. L'islam au Sénégal est connu pour sa tolérance et son ouverture à l'altérité. Le Sénégal est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
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+ L’apparition du christianisme est beaucoup plus récente. Aujourd'hui, les chrétiens (catholiques, évangéliques, protestants) représentent 4 % de la population du Sénégal. Finalement, l'animisme 1 %, avec ses rites et ses croyances, est toujours présent et est pratiqué principalement dans le Sud-Est du pays. Ailleurs il cohabite souvent avec les autres religions[101].
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+ Le Sénégal est un modèle en matière de cohabitation pacifique religieuse. Lors des différentes fêtes religieuses, les Sénégalais ont pour habitude d'offrir des repas à leurs voisins pratiquant d'autres religions.
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+ L'accès aux soins de santé au Sénégal reste inégal car le patient doit financer ses propres soins et il y a moins de dispensaires à la campagne. En 2015, l'espérance de vie à la naissance est de 68,6 pour les femmes et de 64,6 ans pour les hommes, soit de 66,7 ans pour la population globale[102] et le taux de prévalence du SIDA est l'un des plus faibles d'Afrique avec 0,9 % de la population séropositive. Selon un rapport de l'OMS le Sénégal est le pays le plus avancé dans l'organisation des soins de santé publique et privée de la sous-région, plus en avance même que certains pays du Maghreb. La faculté de médecine de l'Université Cheikh-Anta-Diop et ses annexes sont dotées d'équipements à la fine pointe de la technologie à l'image des pays européens, permettant ainsi des recherches telles que celles du professeur Souleymane Mboup sur le VIH[103].
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+ Cependant quelques endémies restent préoccupantes, comme le paludisme ou les bilharzioses, et de grandes disparités subsistent dans le pays, si l'on songe par exemple que 70 % des médecins et 80 % des pharmaciens et des dentistes sont installés[104] dans la capitale.
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+ La médecine traditionnelle avec des tradipraticiens reste souvent la solution la moins onéreuse pour les plus démunis.
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+ De nombreuses personnalités de renommée internationale ou ayant eu une influence historique, culturelle sont d'origine sénégalaise ou tout simplement nées au Sénégal. Parmi les plus connues : le Chevalier de Saint-George (musicien éminent à la cour de Louis XVI, grand escrimeur et guerrier engagé dans la Révolution, de mère sénégalaise), les érudits musulmans Oumar Tall, Malick Sy, Ayuba Suleiman Diallo (imam devenu esclave) et Ahmadou Bamba Mbacké, Limamou Laye, ainsi que Ibrahim Niasse, le premier député sénégalais en France Blaise Diagne, ou l'ancien député français puis président du Sénégal et membre de l'Académie française Léopold Sédar Senghor, l'historien physicien et anthropologue Cheikh Anta Diop, Pascal Ndione, les frères Diouf (ex-membres du groupe québécois Les Colocs), ou encore le chanteur Youssou N'Dour, sans oublier le célèbre danseur et chorégraphe Maurice Béjart, quarteron, fils d'un métis de Saint-Louis, Gaston Berger, philosophe créateur de la prospective. L'œuvre de Maurice Béjart est actuellement poursuivie par son élève Germaine Acogny dans le Dialaw. Bineta Diop, née en 1950, est la fondatrice de l'ONG FAS femmes africa solidarité ; elle figure en 2011 au classement Time des 100 personnalités qui font bouger le monde.
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+ Les personnalités politiques françaises Ségolène Royal, Rama Yade ainsi que les rappeurs Didier Awadi, Alioune Badara Thiam dit Akon, les joueurs de football Patrick Vieira et Patrice Évra, le chanteur Ycare, et encore deux membres de Sexion d'Assaut Lefa et Adama Diallo sont nés au Sénégal. Les rappeurs français Booba (de par son père), Disiz, MHD ,16 art, Babass, Alpha 5.20, Dadoo, Mokobé (de par son père), la réalisatrice et scénariste Karine Silla et Sefyu sont d'origine sénégalaise, tout comme les joueurs de foot Gomis, Mamadou Sakho et quelques autres joueurs de l'Équipe de France.
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+ Ordres nationaux :
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+ Ordres ministériels/spécifiques :
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+ Le Sénégal a pour codes :
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+ Du point de vue de la physiologie, les sens sont les systèmes de récepteurs de la perception. Les sens et leur fonctionnement, leur classification, et la théorie épistémologique qui soutient leur étude sont des sujets abordés par plusieurs disciplines, principalement les neurosciences, mais aussi la psychologie cognitive (ou science cognitive), et toutes les philosophies et études sociales telle l’anthropologie ayant trait à la perception.
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+ Il est communément admis en Occident, depuis Aristote que l'être humain possède cinq sens.
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+ La définition la plus largement admise, proposée historiquement par la physiologiste Bessa Vugo, est celle qui fait des sens un système de récepteurs, ou cellules sensitives, capable de capter et de traduire plusieurs formes d'énergie (stimuli) et de les transmettre au système nerveux central sous forme d'influx nerveux. Ces influx nerveux, les sensations proprement dites[2], sont alors interprétés par l'encéphale, ou son équivalent chez les espèces qui en sont dépourvues, pour en permettre la perception. L'influx nerveux est ensuite codé sous forme de potentiels d'actions et l'information transmise à des régions spécialisées du cerveau. Selon le type de stimulation, les centres de traitement du cerveau diffèrent. Il existe en effet une zone spécialisée dans le traitement des stimuli olfactifs, visuels, tactiles, etc.
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+ Selon une définition plus large, l'utilisation des sens équivaut à une forme ou à une autre de communication non verbale et corporelle, selon ce qu'avance Gélard[3], ce qui amène à mieux comprendre les individus et les sociétés selon les manières dont ils mobilisent les leurs, puisque c'est entre autres par les sens que les humains mettent en ordre leur monde.
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+ Il n'y a pas d'accord véritable des neurophysiologistes sur le nombre exact de sens chez l'humain et les autres animaux[4]. La multiplicité des rapports entre le monde sensible et le monde intelligible laisse augurer des difficultés rencontrées dans la recherche d'une définition précise. Un décompte largement répandu mais restreint ordonne le monde sensible selon cinq sens : goût, odorat, ouïe, vue et toucher.
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+ Mais il est admis que la perception sensorielle des animaux est en fait plus vaste. Pour les mammifères, dont l'humain, on peut citer le sens de l'équilibre perçu au moyen des trois canaux semi-circulaires de l'oreille interne, le sens de la proprioception qui nous signale la position relative des membres de notre corps (qui nous permet par exemple, sans utiliser le sens de la vue, d'amener notre index sur le bout du nez), le sens algique ou encore la thermoception[4].
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+ Ces sens et d'autres ne rentrent pas dans les cinq sens couramment connus. Les pigeons ou les dauphins sont capables de percevoir les lignes du champ magnétique terrestres ou ses variations.
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+ Une pseudo-science, la métapsychique, a proposé à différentes époques, un sixième sens qui permettrait la communication entre l'être vivant et d'autres êtres vivants, sans que soient connus les organes de perception, les énergies et mécanismes médiateurs, ou les organes effecteurs, à la source de ces phénomènes.
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+ Mais le terme de sens peut revêtir deux aspects bien différents suivant que l’on soit en présence d'une communication immédiate (donc instinctive) ou médiate (donc rationnelle, scientifique). Malebranche rattachait le monde réel à la raison et le monde sensible à un monde illusoire et trompeur. En fait, les sens ne sont pas uniquement des transducteurs permettant la mesure de paramètres. Toute vision réductionniste assimilant la perception à une configuration cérébrale semble donc illusoire. Les sens sont les instruments de la perception, c'est-à-dire le lien qui relie l'organisme au monde extérieur et qui lui permet de reconnaître, grâce à l'interprétation donnée par la pensée et la connaissance, les informations qui, parmi l'ensemble de celles lui parvenant, pourraient lui être utiles.
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+ Sur une base culturelle et non scientifique, ce ne sont pas toutes les sociétés qui admettent la division du monde selon cinq sens. De plus, chacune peut faire primer l’importance d’un sens sur un autre et associer des valeurs individuelles et sociales différentes aux sens[3].
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+
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+ De par cette définition assez vaste, plusieurs sens peuvent être identifiés. L'inventaire de ces sens peut d'ores et déjà s'enclencher par la définition aristotélicienne retenant ces cinq sens. Aristote, en opposition avec Platon, décrivait l’apprentissage des règles qui gouvernent les rapports physiques des éléments entre eux, la construction des lois universelles, comme fondée sur nos sens. Cette école aristotélicienne sera à l'origine de la doctrine épistémologique de l'empirisme.
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+ Tous les animaux présentent des récepteurs sensoriels leur permettant de percevoir le monde autour d'eux, incluant plusieurs de ceux précités, valables pour les humains. Cependant, les mécanismes et capacités peuvent varier.
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+ Par exemple, les chiens ont un sens de l'odorat plus fin que chez les humains, bien que le mécanisme mis en jeu soit le même. Les mites ont des récepteurs olfactifs sur leurs antennes, et des récepteurs aux vibrations sonores sur leurs ailes. Les cténophores ont un récepteur de l'équilibre (un statocyte) qui fonctionne très différemment des canaux semi-circulaires mammaliens.
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+ La partie la plus importante de l'œil est le globe oculaire qui est le véritable organe de la vue. Le globe oculaire a la forme d'une sphère, et il est formé de trois couches de tissus superposées :
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+ L'électroception (ou électroréception), le plus significatif des sens non-humains, est la capacité à détecter les champs électriques. Beaucoup d'espèces de poissons, requins, raies, peuvent sentir des modifications du champ électrique dans leur proximité immédiate. Certains poissons sentent passivement des changements dans le champ électrique proche ; d'autres génèrent le leur, d'intensité faible, et peuvent sentir la répartition du potentiel sur leur surface corporelle ; d'autres encore utilisent ces capacités de génération et de sensation pour la communication sociale. Les mécanismes permettant la construction d'une représentation spatiale à partir d'infimes différences de potentiel impliquent la comparaison des temps de latence des pics en provenance de chacune des parties du corps.
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+ Le seul ordre de mammifères connu pour présenter la faculté d'électroception est l'ordre des monotrèmes, parmi lesquels l'ornithorynque a le sens le plus développé[5].
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+ Les humains (et probablement les autres mammifères) peuvent détecter les champs électriques indirectement, par le biais de l'effet qu'ils provoquent sur les poils. Par exemple, un ballon électriquement chargé exercera une force d'attraction sur des cheveux, ce qui peut être senti par le toucher, et être identifié comme provenant d'une charge électrique (et non du vent ou autre chose).
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+ La magnétoception est la capacité à détecter des variations de champ magnétique. Elle est couramment observée chez les oiseaux, c'est d'ailleurs ce même sens qui leur permettrait de s'orienter lors de leurs migrations à l'aide du champ magnétique terrestre. La magnétoception est également observée chez des insectes comme les abeilles ainsi que chez certains cétacés.
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+ Une étude très controversée l’infère chez certains mammifères comme les bovidés : les vaches tendraient à orienter l'axe longitudinal de leur corps selon l'axe du magnétisme terrestre. Cette supposée constatation statistique concernerait aussi bien les vaches broutant que les vaches ruminant allongées. On aurait également fait cette constatation chez les cervidés. Ni le mécanisme, ni l'utilité, ni la preuve de ce comportement ne sont actuellement connus[6].
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+ Le toucher fournit des informations par contact de la peau avec la surface des objets. La peau a deux couches, son épaisseur est de un à quatre millimètres selon les parties du corps. Elle est très élastique, ce qui lui permet une certaine plasticité. C'est par la peau que proviennent les sensations du toucher : tactile (reconnaissance de textures), ou même émotionnelle (sensualité...). La première couche superficielle de revêtement s'appelle « épiderme ». La deuxième couche est une partie profonde où se trouvent les terminaisons nerveuses, elle s'appelle « derme ».
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+ Le toucher chez l'humain est le sens le plus fondamental qui apparaît vers le troisième mois de la vie utérine : la peau tactile est le premier-né des organes humains et le plus sensible[7].
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+ L'ouïe ou l'audition est la capacité de percevoir des sons. Elle résulte de la propagation d'ondes longitudinales dans l'atmosphère émises dans une bande de fréquences allant de 20 à 20 000 hertz chez l'Homme (voire jusqu'à 24 000 hertz selon les personnes), puis reçues et adaptées par l'organe de l'audition, l'oreille. Le pavillon de l'oreille externe focalise et amplifie l'onde qui passe dans le conduit et met en vibration le tympan humain. Puis il est transmis par la chaîne d'osselets jusque dans l'oreille interne. Le son est transmis au cerveau par les cellules nerveuses à l'intérieur du limaçon (cochlée) et le nerf auditif (voir Nerf vestibulocochléaire). Il est ensuite analysé et interprété (cf. psychoacoustique).
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+
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+ Particulièrement développée chez certaines espèces animales telles que les chauves-souris et les cétacés, l'écholocalisation est la perception d'un environnement et la localisation d'obstacles à l'aide de l'ouïe, par l'analyse de la réflexion (ou échos) d'ondes sonores ou ultrasonores émises par le sujet.
46
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+ Certains aveugles utilisent l'écholocalisation pour se déplacer dans leur environnement. Ils émettent des sons, que ce soit en tapant avec leur canne, en tapant du pied ou en produisant des clics avec leur bouche[8].
48
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+ La proprioception est la perception du corps. C'est une perception à laquelle les gens ont fréquemment recours sans savoir qu'elle existe.
50
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+ Plus facilement démontrée qu'expliquée, la proprioception est la perception « inconsciente » de l'endroit où se trouvent les différentes parties du corps, et ce à chaque instant (ceci peut être démontré à une personne en lui demandant d'effectuer un mouvement quelconque, comme celui de lever la main, alors qu'elle a les yeux fermés ; la personne en question aura, à chaque instant du mouvement effectué, la connaissance de l'endroit où se trouve la partie du corps déplacée, en l'occurrence sa main ; cette connaissance est permise par la proprioception, puisqu'en principe les autres sens ne peuvent être renseignés à son sujet). Le muscle strié est pourvu de deux organes perceptifs dédiés à la perception du tonus musculaire (ou toniception[réf. nécessaire], qui fait partie de la proprioception) : l’organe tendineux de Golgi et le fuseau neuro-musculaire dont le rôle est d’évaluer la tension du muscle dans lequel ils sont inclus.
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+
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+ Le sens de l'équilibre est principalement lié au système vestibulaire de l'oreille interne. Pour faire simple, les cellules réceptrices ont des cils situés dans une cavité remplie de liquide. Lorsque le liquide bouge sous l'effet d'un changement d'orientation de la tête ou sous l'effet d'une accélération, les cils bougent et les cellules transmettent un signal au système nerveux, renseignant sur les caractéristiques du mouvement.
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+
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+ La langue compte 3000 papilles gustatives formées de cellules spécialisées dans les saveurs de base : acide ou aigre, amer, gras[9], salé, sucré et umami. On croyait autrefois que chaque saveur disposait d'une partie de la langue qui lui aurait été réservée, toutefois des études ont démontré le contraire par application d'une goutte de substance salée ou sucrée au même endroit : le sujet parvenait à reconnaître la saveur quelle que soit la localisation de la goutte, la « cartographie des saveurs » est donc obsolète[10]. Les cellules réceptrices captent les stimulations et transmettent au cerveau les signaux correspondants. Ce qui permet de ressentir le goût.
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+ Le nez est un organe très sensible qui est capable de percevoir des milliers d'odeurs. L'olfaction est le deuxième des sens après le goût à utiliser une réaction moléculaire donc « chimique ». Selon la théorie physiologique actuellement en vigueur, des configurations spécifiques combinant des centaines de cellules olfactives, sont amenées à réagir à une certaine particularité de la molécule odorante. Si on respire par la bouche, l'air passe directement dans la gorge et une toute petite partie arrive alors aux cellules olfactives. Ces cellules vont transmettre des impulsions informatives au nerf olfactif qui envoie un signal électrique au cerveau, lui permettant de reconnaître l'odeur par le système olfactif. Les neurones récepteurs olfactifs diffèrent des autres neurones en cela qu'ils meurent et se régénèrent à intervalles réguliers.
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+ La thermoception est le sens de perception de la chaleur et de l'absence de chaleur (froid) par la peau. C'est le premier sens non identifié explicitement par Aristote. En outre il existe des désaccords subsistant quant au nombre de sens consacrés à ce type de perception, étant donné le fait que les thermorécepteurs cutanés diffèrent sensiblement des thermorécepteurs homéostatiques qui permettent un rétrocontrôle de la température interne du corps.
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+ Le principal exemple de réception polymodale est la nociception : c'est la perception des stimulus lésionnels ou potentiellement lésionnels. Elle est associée à la douleur. Elle peut être regroupée en un à trois sens, ceci dépendant de la méthode de classification. Les trois types de nocicepteurs sont :
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+ Le terme d'existence en soi est ambigu, il recouvre de multiples sens. Dans le langage trivial il désigne le fait d'être, d'être de manière réelle, il est ainsi utilisé dans un usage tout aussi indéterminé chez beaucoup de philosophes comme équivalent au terme d'« être ». Outre le fait d'exister il intervient nous dit le Petit Larousse dans plusieurs expressions courantes pour signaler une durée (une longue existence), au sens de vie (être las de son existence), un mode de vie (changer d'existence), etc.
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5
+ En métaphysique, notamment chez Thomas d'Aquin, il forme avec le terme d'« essence » un couple complémentaire, l'essence serait les idées des choses, ce qu'elles sont « en soi » et l'existence le fait d'être dans la réalité, d'avoir été créées pour les croyants.
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7
+ Cependant, au sens étymologique, « existence » possède une signification plus précise. Existere (en latin archaïque exsistere, soit ex + sistere), « sortir de », « se manifester, se montrer »[1], interprété par certains philosophes comme « être hors de soi », donc être auprès des choses. On lit en effet dans le dictionnaire Gaffiot [2] qu'en latin le verbe exsisto (existo) a deux significations principales. Sens 1 : sortir de , s'élever de, et par dérivation, naître de. Sens 2 : se dresser, se manifester, se montrer. [3] Ce deuxième sens sera évidemment très exploité par Heidegger. Au sens d' « être hors de soi », « existence » ne pourrait s'appliquer qu'à l'homme proprement dit, et nullement aux simples choses : seul l'homme existe. C'est en ce sens que l'existentialisme et Jean-Paul Sartre usent de ce terme. Il en est de même chez Martin Heidegger dans son livre Être et Temps[4] et chez Emmanuel Levinas[5]. L'existence chez Heidegger ne concerne que l'homme ; les choses et les animaux sont simplement là. Dans l'existence, on trouve l'idée de vie, avec ses fragilités et ses incertitudes, mais aussi celle d'un mouvement, d'un « avoir-à-être » ou d'un « faire-place-à-être » (entendu comme exposition à l'être) qui ne concerne que le Dasein.
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+ Être, c'est exister. Ainsi l'existence est-elle quelque chose d'immédiat, qui constitue le commencement de tout.
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+ En ce sens, l'existence est le simple fait d'être, l'être conçu sans détermination aucune, sans prédicat, sans rien : l'être commence par l'indétermination de l'existence, indétermination du fait d'être pur et simple. Ainsi, cette première idée de l'existence nous la ferait concevoir par une connaissance immédiate[Laquelle ?]. De ce point de vue :
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+ La connaissance de ce qu'est l'existence est ainsi issue originellement de l'existence même. Chacun aurait donc un savoir immédiat de l'immédiat. Ces points soulèvent quelques-unes des difficultés fondamentales de la philosophie :
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+ Au sein de cette dernière distinction, on peut estimer que la philosophie a traditionnellement choisi l'être au détriment de l'existence, ce qui se traduit par la formulation d'Aristote : L'objet éternel de toutes les recherches présentes et passées, le point toujours en suspens : qu'est-ce que l'être ? Revient à demander qu'est-ce que la substance ?(Métaphysique, Z, 1, 1028 b 5) À la suite de Platon, la recherche d'Aristote se porte donc sur l'essence, et non sur l'existence, et l'existence serait ainsi occultée : l'existence doit toujours métaphysiquement se penser par rapport à l'essence ; l'essence est la condition d'intelligibilité de l'existence.
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+ De ce point de vue essentialiste, il découle plusieurs conséquences importantes :
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+ Or, cette métaphysique pose un problème très simple : si l'existence dépend à ce point de l'essence (définition, intelligibilité, structure de l'être, raison d'être, etc.) alors pourquoi quelque chose existe-t-il en dehors de l'essence ?
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+ Une réponse est que Dieu a créé les essences et accomplit ce passage du possible au réel que la raison humaine ne parvient pas à penser (voir aussi Platon, Timée). Mais le problème est toujours le même : comment une essence suprême peut-elle poser hors d'elle quelque chose de contingent et d'inférieur, l'existence ?
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+ Face à ces problèmes, on peut vouloir penser l'existence d'une manière autonome, indépendamment de l'essence. C'est le renversement existentiel de la métaphysique : le fait d'exister devient le point de départ de la pensée, ce qui donne sens véritablement à notre expérience. C'est l'existence sans essence, i.e. sans raison et sans hiérarchie.
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+ L'existence, dans la métaphysique occidentale, est en dehors du concept : en ce sens, on ne peut lui reprocher d'avoir ignoré l'existence, puisque l'existence est simplement ce qui échappe à l'essence : l'existence ne se déduit pas du concept, elle n'est pas un prédicat mais une position — ce qui est posé ici et maintenant (cf. Kant).
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+ Mais l'existence est aussi ce qui est individuel, et par conséquent elle relève non du savoir sur ce qui est, mais de la subjectivité. C'est donc l'individu qui est l'existant, et la connaissance de sa réalité passe par sa conscience et par ses actes (sa volonté). Or, c'est cet aspect de l'existence qu'ignore la spéculation métaphysique, à laquelle s'opposent les philosophies qui partent de l'individu, de sa liberté et de ses choix de vie.
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+ La réalité de l'existence peut être appréhendée de manière affective (cf. la sensibilité chez Rousseau), indépendamment de la raison, i.e. que ce qui en est saisi ne se déduit pas de l'essence, n'est pas démontrable, est irréfutable (Nietzsche) et semble donc surtout un phénomène irrationnel. Mais cette conscience affective peut être conçue comme une « humeur » (Stimmung, cf. Heidegger) a priori, i.e. une tonalité de l'existence qui précède la saisie des choses dans leur particularité. Cette tonalité est alors contemporaine de ce qui est appelé « ouverture au monde ».
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+
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+ Dans les philosophies [Lesquelles ?] de l'existence, la liberté est un absolu, l'essence indépassable de l'existence. Mais cette liberté ne peut être son propre fondement, car il y a une facticité originaire de la liberté qui en révèle donc la finitude insurmontable. La liberté est néanmoins l'homme même, son existence et elle définit la condition humaine : nous sommes condamnés à la liberté, nous y sommes jetés, exactement comme nous sommes jetés-là dans le monde.
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+
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+ « Le passé n'existe que par les traces qu'il a laissées dans le présent » (Paul Valéry).
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+ La symphonie oubliée
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+ On sait que, vers la fin de sa vie, Mozart a écrit une symphonie qui n'a jamais été jouée et dont le manuscrit a été perdu.
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+ Cette symphonie existe-elle encore aujourd'hui « quelque part », ou est-elle néant absolu ?
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+
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+ L'être est de nos jours l'objet des sciences, physique, biologie, psychologie, sciences qui opèrent selon un certain nombre de notions dont elles n'éclaircissent pas la signification comme, l'espace, le temps, la perception, le souvenir constate Emmanuel Levinas[6]. Or le naturalisme contemporain réintègre dans l'espace et le temps tous les phénomènes (physiques et subjectifs ) dans une unité conforme aux lois de nature, régie par la loi de causalité. En privilégiant l'existence et en refoulant la vie « tout ce qui est , est soit physique et appartient comme tel à la connexion de la nature physique, soit psychique, mais alors il n'est qu'une simple variable dépendante du physique, tout au plus un fait secondaire qui l'accompagne parallèlement »[7]. Il y aurait une véritable tentation du naturalisme en phénoménologie écrit Jean-Daniel Thumser dans sa thèse[8].
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+
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+ Emmanuel Levinas, s'élève contre cette tendance car pour cet auteur, l'existence ne signifie pas partout la même chose « chaque région de l'être est l'objet d'une ontologie régionale »[9]
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+
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+ Le concept d'existence a connu un renouvellement important grâce aux développements de la logique mathématique avec Frege que Russell a ensuite repris et développé dans un célèbre article On Denoting. Le grand apport de Frege est l'introduction d'un nouveau quantificateur en logique, ∃.
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+ Pour Frege affirmer l'existence d'un objet ne consiste pas à lui attribuer une nouvelle qualité ou prédicat. La phrase « il existe une montagne d'or » ne signifie pas qu'on doive attribuer deux qualités à cette montagne a) qu'elle est en or et b) qu'elle existe. Dire d'un objet qu'il existe n'est donc nullement une prédication selon Frege mais revient à affirmer que l'ensemble des objets qualifiés de « montagne d'or » n'est pas vide.
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+ Du point de vue de la physiologie, les sens sont les systèmes de récepteurs de la perception. Les sens et leur fonctionnement, leur classification, et la théorie épistémologique qui soutient leur étude sont des sujets abordés par plusieurs disciplines, principalement les neurosciences, mais aussi la psychologie cognitive (ou science cognitive), et toutes les philosophies et études sociales telle l’anthropologie ayant trait à la perception.
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+ Il est communément admis en Occident, depuis Aristote que l'être humain possède cinq sens.
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+ La définition la plus largement admise, proposée historiquement par la physiologiste Bessa Vugo, est celle qui fait des sens un système de récepteurs, ou cellules sensitives, capable de capter et de traduire plusieurs formes d'énergie (stimuli) et de les transmettre au système nerveux central sous forme d'influx nerveux. Ces influx nerveux, les sensations proprement dites[2], sont alors interprétés par l'encéphale, ou son équivalent chez les espèces qui en sont dépourvues, pour en permettre la perception. L'influx nerveux est ensuite codé sous forme de potentiels d'actions et l'information transmise à des régions spécialisées du cerveau. Selon le type de stimulation, les centres de traitement du cerveau diffèrent. Il existe en effet une zone spécialisée dans le traitement des stimuli olfactifs, visuels, tactiles, etc.
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+ Selon une définition plus large, l'utilisation des sens équivaut à une forme ou à une autre de communication non verbale et corporelle, selon ce qu'avance Gélard[3], ce qui amène à mieux comprendre les individus et les sociétés selon les manières dont ils mobilisent les leurs, puisque c'est entre autres par les sens que les humains mettent en ordre leur monde.
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+ Il n'y a pas d'accord véritable des neurophysiologistes sur le nombre exact de sens chez l'humain et les autres animaux[4]. La multiplicité des rapports entre le monde sensible et le monde intelligible laisse augurer des difficultés rencontrées dans la recherche d'une définition précise. Un décompte largement répandu mais restreint ordonne le monde sensible selon cinq sens : goût, odorat, ouïe, vue et toucher.
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+ Mais il est admis que la perception sensorielle des animaux est en fait plus vaste. Pour les mammifères, dont l'humain, on peut citer le sens de l'équilibre perçu au moyen des trois canaux semi-circulaires de l'oreille interne, le sens de la proprioception qui nous signale la position relative des membres de notre corps (qui nous permet par exemple, sans utiliser le sens de la vue, d'amener notre index sur le bout du nez), le sens algique ou encore la thermoception[4].
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+ Ces sens et d'autres ne rentrent pas dans les cinq sens couramment connus. Les pigeons ou les dauphins sont capables de percevoir les lignes du champ magnétique terrestres ou ses variations.
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+ Une pseudo-science, la métapsychique, a proposé à différentes époques, un sixième sens qui permettrait la communication entre l'être vivant et d'autres êtres vivants, sans que soient connus les organes de perception, les énergies et mécanismes médiateurs, ou les organes effecteurs, à la source de ces phénomènes.
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+
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+ Mais le terme de sens peut revêtir deux aspects bien différents suivant que l’on soit en présence d'une communication immédiate (donc instinctive) ou médiate (donc rationnelle, scientifique). Malebranche rattachait le monde réel à la raison et le monde sensible à un monde illusoire et trompeur. En fait, les sens ne sont pas uniquement des transducteurs permettant la mesure de paramètres. Toute vision réductionniste assimilant la perception à une configuration cérébrale semble donc illusoire. Les sens sont les instruments de la perception, c'est-à-dire le lien qui relie l'organisme au monde extérieur et qui lui permet de reconnaître, grâce à l'interprétation donnée par la pensée et la connaissance, les informations qui, parmi l'ensemble de celles lui parvenant, pourraient lui être utiles.
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+ Sur une base culturelle et non scientifique, ce ne sont pas toutes les sociétés qui admettent la division du monde selon cinq sens. De plus, chacune peut faire primer l’importance d’un sens sur un autre et associer des valeurs individuelles et sociales différentes aux sens[3].
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+
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+ De par cette définition assez vaste, plusieurs sens peuvent être identifiés. L'inventaire de ces sens peut d'ores et déjà s'enclencher par la définition aristotélicienne retenant ces cinq sens. Aristote, en opposition avec Platon, décrivait l’apprentissage des règles qui gouvernent les rapports physiques des éléments entre eux, la construction des lois universelles, comme fondée sur nos sens. Cette école aristotélicienne sera à l'origine de la doctrine épistémologique de l'empirisme.
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+ Tous les animaux présentent des récepteurs sensoriels leur permettant de percevoir le monde autour d'eux, incluant plusieurs de ceux précités, valables pour les humains. Cependant, les mécanismes et capacités peuvent varier.
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+ Par exemple, les chiens ont un sens de l'odorat plus fin que chez les humains, bien que le mécanisme mis en jeu soit le même. Les mites ont des récepteurs olfactifs sur leurs antennes, et des récepteurs aux vibrations sonores sur leurs ailes. Les cténophores ont un récepteur de l'équilibre (un statocyte) qui fonctionne très différemment des canaux semi-circulaires mammaliens.
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+ La partie la plus importante de l'œil est le globe oculaire qui est le véritable organe de la vue. Le globe oculaire a la forme d'une sphère, et il est formé de trois couches de tissus superposées :
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+
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+ L'électroception (ou électroréception), le plus significatif des sens non-humains, est la capacité à détecter les champs électriques. Beaucoup d'espèces de poissons, requins, raies, peuvent sentir des modifications du champ électrique dans leur proximité immédiate. Certains poissons sentent passivement des changements dans le champ électrique proche ; d'autres génèrent le leur, d'intensité faible, et peuvent sentir la répartition du potentiel sur leur surface corporelle ; d'autres encore utilisent ces capacités de génération et de sensation pour la communication sociale. Les mécanismes permettant la construction d'une représentation spatiale à partir d'infimes différences de potentiel impliquent la comparaison des temps de latence des pics en provenance de chacune des parties du corps.
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+
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+ Le seul ordre de mammifères connu pour présenter la faculté d'électroception est l'ordre des monotrèmes, parmi lesquels l'ornithorynque a le sens le plus développé[5].
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+ Les humains (et probablement les autres mammifères) peuvent détecter les champs électriques indirectement, par le biais de l'effet qu'ils provoquent sur les poils. Par exemple, un ballon électriquement chargé exercera une force d'attraction sur des cheveux, ce qui peut être senti par le toucher, et être identifié comme provenant d'une charge électrique (et non du vent ou autre chose).
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+
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+ La magnétoception est la capacité à détecter des variations de champ magnétique. Elle est couramment observée chez les oiseaux, c'est d'ailleurs ce même sens qui leur permettrait de s'orienter lors de leurs migrations à l'aide du champ magnétique terrestre. La magnétoception est également observée chez des insectes comme les abeilles ainsi que chez certains cétacés.
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+ Une étude très controversée l’infère chez certains mammifères comme les bovidés : les vaches tendraient à orienter l'axe longitudinal de leur corps selon l'axe du magnétisme terrestre. Cette supposée constatation statistique concernerait aussi bien les vaches broutant que les vaches ruminant allongées. On aurait également fait cette constatation chez les cervidés. Ni le mécanisme, ni l'utilité, ni la preuve de ce comportement ne sont actuellement connus[6].
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+ Le toucher fournit des informations par contact de la peau avec la surface des objets. La peau a deux couches, son épaisseur est de un à quatre millimètres selon les parties du corps. Elle est très élastique, ce qui lui permet une certaine plasticité. C'est par la peau que proviennent les sensations du toucher : tactile (reconnaissance de textures), ou même émotionnelle (sensualité...). La première couche superficielle de revêtement s'appelle « épiderme ». La deuxième couche est une partie profonde où se trouvent les terminaisons nerveuses, elle s'appelle « derme ».
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+ Le toucher chez l'humain est le sens le plus fondamental qui apparaît vers le troisième mois de la vie utérine : la peau tactile est le premier-né des organes humains et le plus sensible[7].
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+ L'ouïe ou l'audition est la capacité de percevoir des sons. Elle résulte de la propagation d'ondes longitudinales dans l'atmosphère émises dans une bande de fréquences allant de 20 à 20 000 hertz chez l'Homme (voire jusqu'à 24 000 hertz selon les personnes), puis reçues et adaptées par l'organe de l'audition, l'oreille. Le pavillon de l'oreille externe focalise et amplifie l'onde qui passe dans le conduit et met en vibration le tympan humain. Puis il est transmis par la chaîne d'osselets jusque dans l'oreille interne. Le son est transmis au cerveau par les cellules nerveuses à l'intérieur du limaçon (cochlée) et le nerf auditif (voir Nerf vestibulocochléaire). Il est ensuite analysé et interprété (cf. psychoacoustique).
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+
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+ Particulièrement développée chez certaines espèces animales telles que les chauves-souris et les cétacés, l'écholocalisation est la perception d'un environnement et la localisation d'obstacles à l'aide de l'ouïe, par l'analyse de la réflexion (ou échos) d'ondes sonores ou ultrasonores émises par le sujet.
46
+
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+ Certains aveugles utilisent l'écholocalisation pour se déplacer dans leur environnement. Ils émettent des sons, que ce soit en tapant avec leur canne, en tapant du pied ou en produisant des clics avec leur bouche[8].
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+ La proprioception est la perception du corps. C'est une perception à laquelle les gens ont fréquemment recours sans savoir qu'elle existe.
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+ Plus facilement démontrée qu'expliquée, la proprioception est la perception « inconsciente » de l'endroit où se trouvent les différentes parties du corps, et ce à chaque instant (ceci peut être démontré à une personne en lui demandant d'effectuer un mouvement quelconque, comme celui de lever la main, alors qu'elle a les yeux fermés ; la personne en question aura, à chaque instant du mouvement effectué, la connaissance de l'endroit où se trouve la partie du corps déplacée, en l'occurrence sa main ; cette connaissance est permise par la proprioception, puisqu'en principe les autres sens ne peuvent être renseignés à son sujet). Le muscle strié est pourvu de deux organes perceptifs dédiés à la perception du tonus musculaire (ou toniception[réf. nécessaire], qui fait partie de la proprioception) : l’organe tendineux de Golgi et le fuseau neuro-musculaire dont le rôle est d’évaluer la tension du muscle dans lequel ils sont inclus.
52
+
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+ Le sens de l'équilibre est principalement lié au système vestibulaire de l'oreille interne. Pour faire simple, les cellules réceptrices ont des cils situés dans une cavité remplie de liquide. Lorsque le liquide bouge sous l'effet d'un changement d'orientation de la tête ou sous l'effet d'une accélération, les cils bougent et les cellules transmettent un signal au système nerveux, renseignant sur les caractéristiques du mouvement.
54
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+ La langue compte 3000 papilles gustatives formées de cellules spécialisées dans les saveurs de base : acide ou aigre, amer, gras[9], salé, sucré et umami. On croyait autrefois que chaque saveur disposait d'une partie de la langue qui lui aurait été réservée, toutefois des études ont démontré le contraire par application d'une goutte de substance salée ou sucrée au même endroit : le sujet parvenait à reconnaître la saveur quelle que soit la localisation de la goutte, la « cartographie des saveurs » est donc obsolète[10]. Les cellules réceptrices captent les stimulations et transmettent au cerveau les signaux correspondants. Ce qui permet de ressentir le goût.
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+ Le nez est un organe très sensible qui est capable de percevoir des milliers d'odeurs. L'olfaction est le deuxième des sens après le goût à utiliser une réaction moléculaire donc « chimique ». Selon la théorie physiologique actuellement en vigueur, des configurations spécifiques combinant des centaines de cellules olfactives, sont amenées à réagir à une certaine particularité de la molécule odorante. Si on respire par la bouche, l'air passe directement dans la gorge et une toute petite partie arrive alors aux cellules olfactives. Ces cellules vont transmettre des impulsions informatives au nerf olfactif qui envoie un signal électrique au cerveau, lui permettant de reconnaître l'odeur par le système olfactif. Les neurones récepteurs olfactifs diffèrent des autres neurones en cela qu'ils meurent et se régénèrent à intervalles réguliers.
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+ La thermoception est le sens de perception de la chaleur et de l'absence de chaleur (froid) par la peau. C'est le premier sens non identifié explicitement par Aristote. En outre il existe des désaccords subsistant quant au nombre de sens consacrés à ce type de perception, étant donné le fait que les thermorécepteurs cutanés diffèrent sensiblement des thermorécepteurs homéostatiques qui permettent un rétrocontrôle de la température interne du corps.
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+ Le principal exemple de réception polymodale est la nociception : c'est la perception des stimulus lésionnels ou potentiellement lésionnels. Elle est associée à la douleur. Elle peut être regroupée en un à trois sens, ceci dépendant de la méthode de classification. Les trois types de nocicepteurs sont :
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+ La pâte dentifrice, ou le dentifrice, aussi appelée pâte à dents au Canada francophone, est une pâte appliquée sur une brosse à dents pour le nettoyage des dents, il est un complément au brossage qui peut se faire sans dentifrice, celui-ci est secondaire comparé à l'action mécanique du brossage sur la santé bucco-dentaire.
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+ Le dentifrice contribue à l'hygiène bucco-dentaire de plusieurs manières : il permet d'enlever plus facilement la plaque dentaire, évite la mauvaise haleine, et peut contenir des substances qui préviennent les maladies liées aux dents et aux gencives (comme la gingivite)[1]. Les effets du brossage dentaire dépendent de la manière dont celui-ci est effectué, et non du dentifrice. Actuellement, l'ingrédient le plus important de la plupart des dentifrices est le fluorure. Depuis son introduction, le fluor a permis une diminution significative des caries, grâce à son effet cario-protecteur[réf. nécessaire].
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+ On parlait autrefois de « poudre dentifrique »[2], poudre officinale[3] qui visait à raffermir la gencive et blanchir les dents. Une recette de poudre blanchissante donnée par Louis Joseph Marie Robert (1805) est : Girofle en poudre (dose : un gros), à quoi l'on ajoute de la crème de tartre (dose : un demi-gros), de l'alun calciné (dose : un demi-gros), de la cochenille en poudre (dose : un demi-gros), du sucre (une once), le tout étant à réduire en poudre par porphyrisation[4]. Mais d'autres recettes ajoutaient à la crème de tartre de la pierre ponce, du « corail préparé », de l'« os desséché », à l'époque appliqué non pas à la brosse à dents, qui n'existait pas, mais « au doigt mouillé de vin ».
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+ Le terme dentifrice vient du latin dentrificum, de dens, dentis : « la dent » et fricare : « frotter »[5].
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+ La première référence à une forme de dentifrice se trouve dans un manuscrit égyptien datant du IVe siècle av. J.-C., qui mentionne une mixture à base de sel, de poivre, de feuilles de menthe et de fleurs d'iris[6][source insuffisante]. Les Égyptiens de l'Antiquité, eux, employaient un mélange de cendres et d'argile. Les ingrédients exacts du dentifrice restent inconnus[7], mais il a été rapporté que son goût est « fonctionnel et plaisant à goûter[8]. » Déjà dans l'Antiquité on commence à pratiquer l'hygiène bucco-dentaire en utilisant des bâtonnets fibreux à mâcher, comme le siwak, servant de brosse à dents. Les Grecs et Romains de l'Antiquité étoffent certaines de ces recettes en y ajoutant des ingrédients plus abrasifs tels que de la poudre de pierre ponce, de la poussière de marbre, des coquilles d'huîtres broyées, de la poudre d'os pilé ou calciné[9].
10
+
11
+ Au Moyen-Âge, le dentifrice reste le plus souvent sous la forme d'une poudre avec différents abrasifs, et est appliqué avec un linge. Jusqu'au XVIIe siècle, l'urine humaine ou animale fermentée[10] reste très prisée : elle passe pour avoir un bon effet détergent, désinfectant et de blanchissement des dents[11].
12
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13
+ Au XVIIIe siècle, Furetière évoque, en 1690, des dentifrices secs (poudres à base de minéraux comme des coraux, pierre ponce, sel et alun ; produits animaux comme des coquilles d’œufs, d’escargots et d’écrevisses, corne de cerf et os de sèche ; et produits végétaux comme des racines cuites avec alun et séchées au four) et humides (distillation d’herbes desséchantes et de médicaments astringents) en usage à l'époque[12].
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+
15
+ Les premiers dentifrices en pâte commercialisés dans des pots en porcelaine apparurent au XIXe siècle (Colgate étant la première entreprise à les vendre en masse en 1873), mais ils ne parvinrent pas à vaincre la popularité des poudres avant la Première Guerre mondiale. Alors qu'il vendait à ses patients du dentifrice en pot, qu’il fabriquait lui-même, le dentiste Washington Sheffield (en) s'inspira des peintres qui utilisaient les tubes de peinture en métal pour créer en 1892 le premier dentifrice en tube souple en étain, plus pratique et hygiénique[13]. Samuel Colgate (en) reprit l'idée de Sheffield pour produire en masse et vendre en 1896, les tubes de dentifrice souple en étain et enroulables Colgate Ribbon Dental Creme[14].
16
+
17
+ Divers additifs furent progressivement ajoutés à la pâte. Le fluorure fut ajouté dans le dentifrice durant l'année 1890. Chaque pays détermine une limite maximale à la quantité de fluorure jugée acceptable pour la santé bien que le fluor soit considéré comme étant nocif par plusieurs études[15],[16] et interdit dans certains pays comme la Belgique[17].
18
+
19
+ Au début du XXe siècle, il était conseillé d'utiliser une pâte à base d'eau oxygénée et de bicarbonate de soude. Ce mélange est encore préconisé actuellement pour prévenir- les maladies parodontales. En France, le docteur Pierre Mussot fait réaliser en 1894 par Louis-Maurice Boutet de Monvel une affiche devenue célèbre, ainsi que de grandes publicités murales sur des immeubles hausmanniens dans les années 1920[18], comme celle de Jean Carlu pour la marque Gellé frères.
20
+
21
+ Le fluor est le principal agent actif de la plupart des dentifrices, et contribue à la prévention des caries : il permet la formation d'une couche d'émail moins soluble (la fluorapatite, de formule Ca5[(PO4)3F), et donc moins sensible aux attaques acides qui induisent les caries[19]. Le composé le plus fréquent est le fluorure de sodium. Certaines marques emploient du monofluorophosphate de sodium, du fluorure d'étain ou du fluorure d'amine. Aux États-Unis comme en Europe, pratiquement tous les dentifrices vendus dans le commerce contiennent un de ces agents actifs, dans une proportion de 1 000 à 1 100 ppm. Le fait que ce taux soit relativement constant conduit à penser que les dentifrices bon marché sont tout aussi efficaces que les dentifrices plus onéreux. Dans une étude menée en 1998 sur 38 dentifrices, le magazine américain Consumer Reports jugea l'efficacité de 30 d'entre eux excellente[20].
22
+
23
+ Les dentifrices contiennent en général, mais pas toujours, du laurylsulfate de sodium ou un autre type de sulfate[21]. Le laurylsulfate de sodium est également présent dans d'autres cosmétiques tels que le shampooing, et agit principalement comme agent moussant[21]. À long terme, l'utilisation d'un dentifrice contenant du laurylsulfate de sodium peut provoquer chez certaines personnes l'apparition d'aphtes[21]. Des ingrédients tels que du bicarbonate de sodium, des enzymes, des vitamines, des extraits végétaux, du calcium, des produits de bain de bouche, ou encore de l'eau oxygénée sont souvent ajoutés au mélange de base et mis en valeur par les marques pour leurs effets bénéfiques. Il existe de nombreux goûts de dentifrice, la plupart dérivant de la menthe. Il existe cependant des goûts plus « exotiques » incluant anis, abricot, cannelle, fraise, chewing-gum (principalement destiné aux enfants), citron, fenouil, gingembre, orange, vanille, ou même « sans goût ».
24
+
25
+ Le formaldéhyde, utilisé pour réduire les sensibilités à la douleur en cas de température extrême, n'est plus utilisé aux États-Unis depuis le début des années 1980, mais demeure autorisé dans l'Union européenne.
26
+
27
+ Le dentifrice doit être rejeté après utilisation. Certains types de dentifrice peuvent provoquer des nausées ou la diarrhée s'ils sont ingérés en trop grande quantité. Chez les très jeunes enfants, un empoisonnement aigu au fluorure peut survenir après ingestion d'aussi peu que 1 pour cent d'un tube de pâte dentifrice aromatisée pour enfants.[réf. nécessaire]. Pour les végétariens et les végétaliens, des dentifrices d'origine indienne dépourvus de dérivés animaux ont été introduits dans le commerce.
28
+
29
+ Aujourd'hui[Quand ?], un dentifrice, constitué essentiellement d'eau, est principalement composé d'excipients : agents polissants (abrasifs composés de silice, bicarbonates de sodium ou phosphates de calcium) influençant sa valeur RDA, agents humectants, agents moussants (à base de tensioactifs), agents épaississants, conservateurs, colorants, édulcorants, arômes ; et de principes actifs : anti-caries (à base de fluor), agents antibactériens (triclosan ou chlorhexidine), agents de blanchiment et anti-tartre.
30
+
31
+ Des rayures peuvent être produites à l'aide de deux tubes, un petit tube contenu dans un plus grand, chaque tube contenant une pâte de couleur différente. Lorsque le tube de dentifrice est pressé, les deux pâtes passent à travers un orifice spécialement conçu pour produire le motif à rayures. Ce type de dentifrice a donné lieu à une séquence culte du film Epidemic de Lars von Trier où ce dernier découpe un tube afin d'en découvrir le fonctionnement.
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+
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+ Afin de réduire les coûts de production, il est actuellement courant de remplir les tubes de pâte comportant déjà des rayures. Quand le tube est pressé, les rayures s'écoulent en parallèle et ne se mêlent pas. La pâte à rayures qui sort du tube est simplement une version plus étroite de ce que contient le tube. Le remplissage est effectué à l'aide d'une tête de remplissage multi-buse qui distribue une pâte de couleur différente dans chaque direction. Pour maintenir les rayures parallèles à l'axe du tube, la tête commence en bas et se rétracte au fur et à mesure du remplissage, restant toujours juste au-dessus du niveau de la pâte. Les tubes à deux compartiments sont généralement réservés aux dentifrices contenant deux préparations devant interagir et qui sont ainsi conservées séparées jusqu'au moment de l'utilisation.
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+ De nombreuses marques se sont popularisées depuis la commercialisation du dentifrice au XIXe siècle. Des marques canadiennes populaires incluent Aquafresh, Arm and Hammer, Colgate-Palmolive, Crest et Sensodyne. Certains dentifrices contiennent des effets avérés de manière indépendante et portent le sceau de l'Association dentaire canadienne. Pour connaitre les effets reconnues pour un produit spécifique[22]. Des marques américaines populaires incluent Aim toothpaste, Aquafresh, Arm and Hammer, Close-Up, CloSYSII, Colgate-Palmolive, Crest, Ipana, Macleans, Mentadent, Pepsodent, Sensodyne, Tom's of Maine, Jaan's Paste et Ultra Brite.
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+ En Belgique et en France, elles incluent Buccotherm, Aquafresh, Dors & Déjà, Émail Diamant, Fluocaril, Sanogyl, Sensodyne et Tonigencyl. En Suisse elles incluent Elmex, Meridol, Aronal, Dentamed, Candida, M-Classic, Weleda et Dentofit.
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+ En Allemagne et aux Pays-Bas, elles incluent Denivit, Parodontax, Vademecum, et Signal.
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+ La pâte dentifrice est un fluide de Bingham : il faut exercer une certaine contrainte de cisaillement pour qu'il commence à s'écouler, en dessous de cette limite, il ne s'écoule pas.
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+ De nombreux dentifrices, en raison de leur composition, peuvent négativement interagir avec l'environnement. Les problèmes qu'ils posent sont dû à leur :
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+ Baltimore (prononcé en anglais : /ˈbɔl.tɨˌmɔɹ/[1]) est une ville du Nord-Est des États-Unis située dans l'État du Maryland. Constituant un des plus grands ports maritimes de la côte est, la ville abrite la prestigieuse université Johns-Hopkins et, dans sa banlieue, un campus de l'université du Maryland. Toutefois, un quart de sa population (24,3 % en octobre 2013) vit sous le seuil de pauvreté, ce qui la classe en 56e position des villes les plus pauvres des États-Unis. À noter que 11 % de la population était sans emploi en 2012.
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+ Située au centre de l'État et à l'embouchure de la rivière Patapsco dans la baie de Chesapeake, elle-même donnant sur l'océan Atlantique, c'est la ville la plus peuplée du Maryland, avec 620 961 habitants selon le recensement de 2010[2]. L'agglomération de Baltimore-Towson comptait 2 710 489 habitants en 2010[3], la 20e du pays. Avec Washington située à une soixantaine de kilomètres, elle constitue une vaste aire urbaine de près de 8,2 millions d'habitants. Sa position centrale sur la côte est des États-Unis en a fait historiquement un carrefour entre les États du sud et du nord.
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+ Baltimore possède en outre la spécificité de n'être intégrée à aucun comté, ce qui en fait une ville indépendante depuis sa séparation avec le comté de Baltimore en 1851.
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+ Forte de sa position, la ville s'est développée en tant que port important. Porte d’entrée en Amérique du Nord pour de nombreux immigrants européens, elle exportait autrefois de nombreuses marchandises vers l'Europe. Cette position stratégique lui valut également d’être le lieu d’une importante bataille navale lors de la guerre anglo-américaine de 1812.
10
+ Plus tard, la ville devint un centre naval de premier ordre et se développa également grâce à la sidérurgie. Alors qu'en 1850 Baltimore était la deuxième ville des États-Unis en nombre d'habitants, sa position est aujourd’hui bien différente après une forte baisse démographique depuis les années 1960.
11
+ La ville essaie aujourd’hui de se redresser grâce à de nombreux projets de rénovation urbaine comme dans son port intérieur et grâce à sa culture. La ville est aussi le lieu où sont morts le poète et nouvelliste Edgar Allan Poe et de nombreux autres artistes. Elle accueille également plusieurs équipes sportives concourant dans les plus importantes divisions du pays.
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+
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+ La ville fut nommée d'après Cecilius Calvert Lord de Baltimore, premier gouverneur propriétaire de l'ancienne province du Maryland, qui exista de 1632 à 1776. Cecilius Calvert était le fils de George Calvert, ministre d'État anglais, intronisé baron de Baltimore du domaine baptisé Baltimore Manor, qui lui fut octroyé par Jacques Ier d'Angleterre dans le comté de Longford en Irlande.
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+ Baltimore est également le nom d'une ville côtière au sud-ouest de l'Irlande dans le comté de Cork.
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+ Par ailleurs, on appelle les habitants de Baltimore les Baltimorians en anglais, traduit « Baltimoriens » en français.
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+ Comme toute ville américaine, Baltimore possède son propre drapeau et ses armoiries.
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+ Ils représentent chacun le Battle Monument, un monument situé à Baltimore dédié aux vétérans de la guerre anglo-américaine de 1812. Dans leurs versions en couleur, ils reprennent les coloris jaune et noir de la famille Calvert.
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+ Durant le XVIIe siècle, de nombreuses villes portuaires de la baie de Chesapeake furent fondées sous le nom de Baltimore.
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+ Les terres du Maryland étaient relativement fertiles, ce qui développa rapidement l'activité agricole de la région. Les fermiers furent alors de plus en plus tentés d'exporter leurs productions vers d'autres régions, mais ils devaient parcourir de grandes distances pour les acheminer jusqu'au port le plus proche.
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+ C'est pour répondre à cette demande croissante et à celle des producteurs de tabac que l'assemblée générale de la colonie du Maryland créa le port de Baltimore en 1706. Néanmoins, la reconnaissance officielle de la ville de Baltimore ne fut votée que le 30 juillet 1729.
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+ L'activité portuaire se développa rapidement et la ville, grâce à sa taille importante, devint le siège du comté de Baltimore en 1768. Le commerce fut stimulé par les importations de sucre, la ville présentant l'avantage d'être plus proche des Caraïbes que d'autres ports comme New York ou Boston, ce qui réduisait les temps et coûts de transport. Baltimore fut néanmoins frappée par les tensions anglo-américaines qui menèrent à la révolution américaine. La ville souffrit des embargos et des restrictions que le gouvernement britannique tenta d'imposer. Les Baltimoriens se rangèrent de ce fait en majorité du côté de l'armée continentale lors de la guerre d'indépendance des États-Unis contre l'armée britannique[4]. La ville, foyer d'un sentiment anti-britannique, joua un grand rôle dans la naissance de la révolution américaine. Ainsi la ville accueille le Second Congrès continental de décembre 1776 à février 1777.
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+ À l'indépendance des États-Unis, comme New York, Boston et la capitale fédérale Philadelphie, Baltimore accueille l'une des 4 bourses rivales des États-Unis, même si Philadelphie puis New-York vont tirer leur épingle du jeu financier.
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+ Baltimore a cependant profité des guerres napoléoniennes pour prospérer. En effet, les pays d'Europe qui étaient en guerre avaient besoin d'importer des denrées alimentaires pour subvenir à leurs besoins. L'économie navale de ces mêmes pays fut par ailleurs affaiblie car les bateaux étaient employés à des fins guerrières plutôt qu'à des fins commerciales. La ville fit alors d'énormes profits en vendant et exportant ses productions alimentaires. Français et Britanniques ne tardèrent pas à instaurer un blocus de leurs ports afin de freiner le développement du commerce américain en 1803. Bien qu'en 1809, la France reconnut le pavillon américain, l'Empire britannique continua son opposition, ce qui eut pour conséquence la guerre anglo-américaine de 1812. Durant cette guerre, un amiral britannique déclara « Baltimore est une ville condamnée à mort ». Les Britanniques, la considérant comme un « nid de pirates[5]», tentèrent de l'attaquer à la fois par la terre et la mer en 1814. Cette bataille, connue sous le nom de bataille de Baltimore, se termina par une victoire américaine, la garnison du fort McHenry parvenant à repousser les forces britanniques et à sauver la ville. Elle inspira Francis Scott Key lorsqu'il composa le poème dont le texte fut repris plus tard pour constituer l'hymne national des États-Unis, The Star-Spangled Banner (La bannière étoilée).
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+ La guerre finie, la ville reprit son fructueux commerce extérieur, notamment ses exportations de farine principalement vers les Caraïbes et l'Amérique du Sud. En 1825, les environs de la ville comptaient près de 60 moulins et Baltimore devint la seconde plus grande ville des États-Unis. Afin de contrer la menace que pouvait représenter le tout nouveau canal Érié reliant New York au lac Érié, un important réseau de communication fut construit, composé par exemple de la National Road ou des chemins de fer de la Baltimore and Ohio Railroad.
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+
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+ En 1835, Baltimore est secouée par les « émeutes de la banque », après que des épargnants modestes ont été dépossédés de leurs économies par des banquiers crapuleux. Alors que la population se rassemble pour manifester sa colère et que la tension monte, des miliciens armés par la municipalité ouvrent le feu sur la foule, abattant au moins quinze personnes[6].
38
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39
+ En 1851, Baltimore acquiert le statut de « ville indépendante » après sa séparation avec le comté de Baltimore. Durant la guerre de Sécession, alors que les habitants du Maryland étaient majoritairement nordistes, la population de Baltimore était plutôt du côté des sudistes. Une émeute éclata en 1861 entre les soldats nordistes et les sudistes. Les premiers occupèrent la ville jusqu'à la fin de la guerre. L'économie de Baltimore fut gravement touchée, comme toutes les villes plus ou moins attachées aux sudistes et conquises par les nordistes. Néanmoins, elle retrouva rapidement sa prospérité grâce à son activité portuaire et à l'afflux massif d'Américains en provenance des États du sud ou bien encore d'immigrants européens. La plupart étaient attirés par la promesse de hauts salaires proposés par le secteur industriel qui se développait depuis peu dans la ville, en particulier dans le domaine de l'acier qui prit par la suite une place prépondérante dans l'économie baltimorienne.
40
+
41
+ En 1877 les cheminots de la « B&O » lancent une grève contre réductions des salaires. Le 20 juillet 1877, neuf ouvriers grévistes sont abattus par la milice du Maryland[7],[8]
42
+
43
+ Le 7 février 1904, le grand incendie de Baltimore détruisit près de 1 500 bâtiments, soit la quasi-totalité du centre-ville, en ne faisant qu'une seule victime. Juste après le désastre, les paroles du maire Robert McLane furent reprises dans la presse de Baltimore :
44
+ « Supposer que les âmes de nos concitoyens ne sortiront pas grandies de cette épreuve, c'est supposer qu'ils ne sont pas de véritables Américains. Nous nous devons de travailler à ce qu'on ne se souvienne pas du feu de 1904 comme de la marque d'un déclin mais bien d'un progrès[9] ».
45
+ Il refusa les propositions d'assistance, déclarant : « Étant à la tête de cette municipalité, je ne peux qu'être reconnaissant de la sympathie et de l'assistance matérielle qui nous ont été proposées. Mais à toutes ces propositions, je réponds à peu près en ces termes : Baltimore prendra soin d'elle-même, merci[10] ». La reconstruction fut rapide et permit à la ville de se doter d'un style urbanistique plus moderne.
46
+
47
+ Baltimore tira profit de l'économie de guerre des première et deuxième guerres mondiales. Sa population atteint un pic en 1950 avec 949 708 habitants[11] : elle est alors la 6e ville la plus peuplée des États-Unis. Depuis lors, la population de la ville n'a cessé de décliner, notamment à cause du départ d'une partie des habitants du centre-ville vers les banlieues et de la désindustrialisation massive qui s'opéra lors de la seconde moitié du XXe siècle aux États-Unis. La proportion de population noire de la ville passe de 23,8 % en 1950 à 46,4 % en 1970[12]. Comme dans d'autres villes du pays, des émeutes éclatèrent en avril 1968 à la suite de l'assassinat de Martin Luther King Jr., obligeant l'armée à intervenir. Un total de 11 000 gardes nationaux du Maryland et troupes fédérales est nécessaire pour rétablir le calme[13]. La ville a connu de nouveaux troubles en 1974 lorsque les enseignants, les employés municipaux et les agents de police ont fait grève.
48
+
49
+ Le paysage urbain fut marqué durant le XXe siècle par la construction de nombreux gratte-ciel. Plusieurs plans de rénovation furent également lancés en 1947, dans les années 1970 et 1980, afin de rendre le centre-ville de Baltimore plus attractif. Le port intérieur (Inner Harbor), occupé par une collection d'entrepôts abandonnés, a ainsi été transformé en quartier touristique et de nombreuses activités culturelles ont vu le jour à la suite de la construction du Baltimore Convention Center en 1979, du complexe commercial de l'Harborplace en 1980, de l'aquarium national de Baltimore (plus grande destination touristique du Maryland) en 1981 et d'un nouveau stade de baseball, l'Oriole Park at Camden Yards, en 1992.
50
+
51
+ En avril 2015, la mort de Freddie Gray, alors qu'il était détenu par la police, a conduit à des manifestations et des émeutes induisant l'intervention de la garde nationale.
52
+
53
+ Baltimore se situe au centre de la côte orientale des États-Unis, plus spécifiquement au centre de l'État du Maryland. À 57 kilomètres au sud-ouest se trouve la ville de Washington, capitale du pays. Baltimore appartient à la mégalopole américaine (le BosWash) mais possède la particularité de n'être intégrée à aucun comté.
54
+
55
+ Baltimore s'est construite sur l'estuaire du fleuve Patapsco dans la baie de Chesapeake (elle-même intégrée à l'océan Atlantique). Le plateau du Piedmont (large plateau des États-Unis reliant la chaîne des Appalaches et les plaines de la côte atlantique) divise la ville en deux parties : haute (upper city) et basse (lower city). Certaines parties de la ville sont situées à dix mètres en dessous du niveau moyen de la mer alors que d'autres peuvent être situées à cent cinquante mètres au-dessus de ce dernier[14].
56
+
57
+ Selon le bureau du recensement des États-Unis, la ville de Baltimore possède une superficie totale de 238,5 km2. 209,3 km2 de sa superficie sont situés en surface tandis que 29,2 km2 (12,2  %) sont constitués d'étendues d'eau. Grâce à son climat relativement doux, Baltimore possède une flore variée. La ville se trouve principalement en zone de rusticité 8 (voire 7 à certains endroits)[15].
58
+
59
+ Selon la classification de Köppen, Baltimore est située dans la zone de climat subtropical humide (Cfa)[16],[17]. Sa météorologie est tempérée par la proximité de l'océan et la présence de deux éléments géomorphologiques qui la protègent des conditions atmosphériques extrêmes. Le massif des Appalaches bloque les masses d'air froid en provenance de la région des Grands Lacs tandis que la péninsule de Delmarva protège la région de la plupart des tempêtes tropicales qui frappent la côte.
60
+
61
+ Janvier est le mois le plus froid de l'année, avec des températures moyennes comprises entre 7 °C et −2 °C[18]. Cependant, les masses d'air peuvent apporter des périodes printanières ou de très grands froids provenant de l'Arctique (coldwaves). La plus basse température jamais enregistrée fut de −22 °C en février 1934. Il n'y a généralement pas de températures négatives entre la mi-avril et la fin du mois d'octobre, et la ville connaît en moyenne 194 jours sans gel par an.
62
+
63
+ Juillet est généralement le mois le plus chaud de l'année avec des températures moyennes comprises entre 33 °C en journée et 23 °C pour les minimales nocturnes[18], avec des pointes pouvant atteindre 100 °F soit 38 °C de un à cinq jours en moyennes durant l'été[19]. L'été est une saison très humide et très chaude voire torride, avec des orages nocturnes relativement fréquents. La plus haute température jamais enregistrée fut de 42 °C en juillet 1985 et le 22 juillet 2011. Néanmoins, le climat peut varier d'un quartier à l'autre, en fonction de l'altitude ou de la proximité de l'océan. Certaines zones possèdent un microclimat particulier à cause des activités humaines et des densités élevées.
64
+
65
+ Les précipitations sont nombreuses et régulières tout au long de l'année, comme dans le reste de la côte atlantique des États-Unis. Certains pics peuvent se produire en été et au début de l'automne, durant la saison des orages et des ouragans. Chaque mois, il tombe environ soixante-quinze à cent millimètres de précipitations pour un total annuel moyen d'environ mille cent millimètres[20].
66
+
67
+ L'hiver est habituellement ensoleillé et relativement doux mais des chutes de neige peuvent se produire occasionnellement dans une moyenne annuelle de cinquante-trois centimètres avec une tenue au sol qui peut durer quelques jours. Souvent, cette neige est mélangée à de la pluie, pouvant donner lieu à des pluies verglaçantes. Si la ville ne subit qu'environ deux ou trois épisodes neigeux par hiver, les quartiers nord et ouest, où commence l'influence du climat continental, peuvent recevoir jusqu'entre soixante et quatre-vingt-dix centimètres de précipitations neigeuses par an[21].
68
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69
+ Baltimore est peu menacée par les catastrophes naturelles majeures que peuvent constituer les tornades, les incendies de forêts, les ouragans, les tremblements de terre ou les glissements de terrain. Si les ouragans restent le risque le plus probable, leur puissance baisse souvent lorsqu'ils atteignent les côtes du Maryland[21].
70
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71
+ La ville dispose d'un ensoleillement très élevé avec deux mille cinq cent quatre-vingt-trois heures de soleil par an.
72
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73
+ Si Baltimore fut fondée au XVIIIe siècle, peu de bâtiments subsistent de cette époque. Au XIXe siècle, des architectes de renommée construisirent des bâtiments de la ville comme Benjamin Henry Latrobe avec la cathédrale de Baltimore de style néoclassique, qui fut la première cathédrale romaine catholique des États-Unis. La Phoenix Shot Tower, tour de brique érigée en 1828 et haute de 65,5 mètres, fut la plus haute structure des États-Unis jusqu'en 1846 ; elle est aujourd’hui classée National Historic Landmark[22]. Par ailleurs, de riches marchands se firent construire de nombreux manoirs et de nouveaux quartiers huppés apparurent avec l'extension démographique de la ville et sa réussite économique. La conception et l'aménagement de certains secteurs furent confiés au célèbre paysagiste Frederick Law Olmsted, qui est aussi le concepteur du Central Park de New York. Au cours du XIXe siècle, la ville subit les différentes influences des styles architecturaux en vogue à l'époque[23].
74
+
75
+ En 1904, le grand incendie de Baltimore détruisit la quasi-totalité des bâtiments du centre-ville, même si les monuments les plus symboliques furent épargnés. Tout fut reconstruit dans les deux années qui suivirent avec le souci d'éviter une nouvelle catastrophe. Ainsi, les rues étroites furent élargies, les fils électriques furent enterrés et la pierre fut plus largement utilisée dans la structure des bâtiments[24]. Dans l'histoire de la ville, la reconstruction qui suivit cet incendie fut celle qui façonna le plus la ville telle qu'elle est aujourd’hui.
76
+
77
+ Un premier plan de renouvellement urbain fut entrepris à partir de 1947, 45 000 habitations étant jugées insalubres. Ce chiffre fut réduit à 25 000 en 1955[25].
78
+ Dans les années 1920, mais surtout dans les années 1960 puis 1970, de nombreux gratte-ciel apparurent pour former le panorama actuel de la ville. Le Baltimore Trust Building (aujourd’hui Bank of America Tower) fut l'un des premiers, construit en 1924 en style Art déco. Le Legg Mason Building, haut de 161 mètres, est aujourd’hui le plus haut gratte-ciel de Baltimore. Par ailleurs, le Baltimore World Trade Center est le plus haut bâtiment équilatéralement pentagonal du monde avec cent vingt-trois mètres de hauteur[26].
79
+
80
+ Le renouvellement urbain continua à la fin des années 1970 afin de redonner à la ville une attractivité qu'elle avait perdue. Le vieux quartier portuaire, l'Inner Harbor, a été profondément transformé : les anciens quais et entrepôts ont été remplacés par des structures plus modernes et mieux adaptées à la vocation plus touristique du lieu. D'anciens quartiers, autrefois délaissés, retrouvèrent une certaine popularité par le phénomène de gentrification.
81
+
82
+ Par ailleurs, un stade de baseball baptisé Oriole Park at Camden Yards fut construit en 1992 en remplacement du vieillissant Memorial Stadium, finalement détruit en 2001. Cette nouvelle enceinte est souvent considérée comme l'une des plus belles de la ligue majeure de baseball[36] et a servi d'exemple à d'autres stades.
83
+
84
+ L'une des constructions traditionnelles de la ville sont les maisons accolées, habitations apparues à partir de 1790 dont certaines des premières existent toujours. Si les plus anciennes et les plus prestigieuses sont souvent constituées de briques et d'un escalier en marbre, les plus récentes utilisent aujourd’hui des pierres artificielles. Ces demeures ont retrouvé un certain prestige et de nombreuses ont été restaurées bien que quelques-unes tombent encore en ruine dans certains quartiers[37],[38].
85
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86
+ Outre la Cathédrale de Baltimore, Baltimore comporte de nombreux édifices religieux dont l'un des plus importants est la Cathédrale de Marie Notre Reine
87
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88
+ La ville de Baltimore est administrativement divisée en neuf secteurs géographiques : Northern, Northwestern, Northeastern, Western, Central, East, South, Southwest et Southeast dont chacun d'entre eux, nommé selon sa position cardinale dans les limites de la ville, est assigné à un service différent de la police de Baltimore.
89
+
90
+ L'usage veut aussi que la ville soit souvent divisée en deux parties : Est et Ouest avec l'interstate 83 comme limite entre ces deux zones ou nord et sud, séparées par la Baltimore Street.
91
+
92
+ Le centre-ville, Downtown Baltimore, se situe dans le secteur Central. C'est le quartier des affaires de Baltimore, qui accueille notamment les sièges sociaux de Legg Mason et de Constellation Energy. Le Downtown est aussi le district le plus commerçant et le plus animé de la ville. On y trouve en effet les quartiers de Fells Point et de l'Inner Harbor où se situent entre autres le Baltimore Convention Center et l'Aquarium national de Baltimore. Historiquement, on y trouve relativement peu de logements, mais de 2002 à 2007, la population y a doublé pour atteindre 10 000 habitants. 7 400 logements supplémentaires devraient d'ailleurs y être disponibles d'ici 2012 ainsi que 17 000 nouveaux emplois selon les estimations[39].
93
+
94
+ Le secteur North est un territoire essentiellement résidentiel où l'on trouve notamment la population la plus aisée et en majorité blanche[40], de même que plusieurs universités comme le Loyola College ou l'Université Johns-Hopkins. Il est délimité à l'est par l'Alameda et à l'ouest par la Pimlico Road.
95
+
96
+ Les secteurs Southwestern, Southern et Southeastern sont composés de quartiers mixtes résidentiels et industriels. La population y est multiethnique, principalement ouvrière et à faibles revenus[40]. C'est dans ces quartiers que l'on retrouve la principale communauté hispanique de la ville[40]. Autrefois délabrés, ces quartiers sont en plein essor et connaissent un phénomène de gentrification. Le Southern est délimité à l'est par l'Inner Harbor et à l'ouest par le tracé de la B&O Railroad. Le Southwestern est quant lui situé après Baltimore Street et à l'ouest du downtown et des lignes de la B&O Railroad, alors que le Southeastern est délimité par Orleans Street au nord, l'Inner Harbor à l'est et le port de Baltimore au sud.
97
+
98
+ L'est de la ville regroupe les sections Northeast, East, et Southeast. Le Northeast est fait de quartiers principalement résidentiels et accueille l'Université d'État Morgan. Il est bordé au nord et à l'est par les limites de la ville, à l'ouest par l’Alameda et par Sinclair Lane, Erdman Avenue et la Pulaski Highway au sud. La population de l'Eastern est en majorité afro-américaine[40]. C'est là que se situe l'hôpital Johns-Hopkins et que le taux de criminalité est l'un des plus élevés de la ville. Il est situé entre Sinclair Lane et Erdman Avenue au nord et Orleans Street au sud.
99
+
100
+ L'ouest de la ville se compose des sections Northwestern, Western, et Southwest. Le Northwestern est aussi un quartier résidentiel où est implantée la Morgan State University et délimité par les limites de la ville au nord et à l'ouest et par Pimlico Road à l'est et Gwynns Falls Parkway à son sud. Un temps centre de la communauté juive de Baltimore — c'est là que l'on trouve la quasi-totalité des synagogues de la ville —, il est ensuite devenu presque exclusivement afro-américain[40] après l'exode blanc des années 1960. La section Ouest est située entre Gwynns Falls Parkway au nord, Fremont Avenue et Baltimore Street à l'est. Elle regroupe historiquement les quartiers afro-américains dont elle fut pendant de nombreuses années le centre de la communauté. Aujourd'hui, la plupart des Afro-Américains influents et des classes sociales supérieures ont délaissé ces quartiers pour des villes de la grande banlieue de Baltimore. Ces quartiers sont à présent pauvres et comme l'Eastern Baltimore, ils connaissent un fort taux de criminalité, contrairement aux quartiers nord et huppés de la ville[40].
101
+
102
+ La cité de Baltimore est délimitée par les localités non-incorporées suivantes :
103
+
104
+ Toutes sont situées dans le comté de Baltimore qui entoure la quasi-totalité de Baltimore, sauf Glen Burnie et Brooklyn Park, qui appartiennent au comté d'Anne Arundel à l'extrémité sud de la ville.
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+ À l'origine, Baltimore fut une ville portuaire et commerciale qui profita du dynamisme agricole de sa région. De nombreux échanges commerciaux, notamment de blé, se faisaient avec l'Amérique du Sud et les Caraïbes. En parallèle à cela, de nouvelles activités industrielles comme la construction de bateaux, le transport, et la fabrication de conserves ont diversifié le tissu économique de la ville[42]. En 1893, la Pennsylvania Steel Company installa une aciérie à Baltimore qui fut ensuite reprise par la Bethlehem Steel en 1916 ; l'acier devint alors l'un des moteurs de l'économie de Baltimore[43].
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+ Le grand incendie de Baltimore de 1904 ravagea une grande partie de la ville et son centre économique. Néanmoins tous les dégâts, exclusivement matériels, furent rapidement effacés, à tel point que cette catastrophe a en quelque sorte stimulé l'économie de la métropole. La prospérité économique de la ville continua durant la Première Guerre mondiale — pendant laquelle elle fut un important chantier naval — et jusqu'à la Grande Dépression des années 1930. Baltimore bénéficia encore de l'économie de guerre lors de la Seconde Guerre mondiale : son industrie de l'acier se vit dynamisée par la forte demande en navires. C'est ainsi qu'en 1950, l'industrie sidérurgique de la ville connut son apogée lorsque la Bethlehem Steel employait près de 35 000 ouvriers[43]. Néanmoins, la ville perdit de son attractivité au cours des années 1960 et 1970, ce qui se traduisit par une perte de population en même temps que le nombre d'emplois proposés par le secteur de l'acier se réduisit. Entre 1950 et 1995, les pertes d'emplois dans le secteur industriel furent estimées à 100 000[43].
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110
+ Une grande politique de rénovation urbaine fut alors lancée à la fin des années 1970 avec notamment la construction de l'Harborplace situé dans l'Inner Harbor, d'un aquarium national, d'un Centre de convention ou encore de nombreux musées[44]. Cette politique visait à reconvertir l'économie vers des activités de services, tout particulièrement touristiques et culturelles.
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+ La ville possède trois sièges sociaux d'entreprises classées dans le Fortune 1000. Il s'agit de ceux de la compagnie Constellation Energy (no 119) et des compagnies de gestions d'actifs Legg Mason (no 619) et T. Rowe Price (no 914)[45]. Elle accueille également les bureaux d'US Foods (agroalimentaire) à Columbia et de Black & Decker (matériel de bricolage) à Towson. D'autres entreprises de taille plus restreinte sont implantées à Baltimore ou dans sa proche banlieue, telles que McCormick (agroalimentaire), W. R. Grace (chimie) ou encore Under Armour (habillement).
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+ Baltimore est reconnue pour être spécialisée dans la médecine et les biotechnologies[46]. Au niveau national, elle constitue un pilier dans la recherche scientifique, et elle est tout particulièrement en pointe pour la cartographie du génome humain, grâce à l'hôpital Johns-Hopkins et à son centre hospitalier universitaire rattaché à l'université du Maryland[46]. Le tourisme a connu un fort essor ces dernières années, notamment grâce au renouveau urbain et aux nouvelles attractions qu'il a apportées. La construction navale est toujours un secteur actif, tout comme le commerce maritime ; le port de la ville reste l'un des plus importants des États-Unis[46].
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+ En 2004, Baltimore se situait dans le premier quart des grandes villes américaines créatrices d'emploi. Les principaux secteurs recruteurs étaient l'éducation, la santé, la finance et le tourisme, alors que les plus grosses pertes se situaient dans l'industrie manufacturière et l'information.
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+ Avec la crise économique, le taux de chômage augmenta à 11 % en 2012 et la fermeture d'une usine fit encore grimper le nombre de chômeurs.
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+ Lors des recensements de 1830, 1840 et 1850, Baltimore était la seconde ville la plus peuplée des États-Unis. Elle ne fut dépassée que vers 1860 par Philadelphie en Pennsylvanie.
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+ Après New York, Baltimore fut également la deuxième ville à atteindre les 100 000 habitants (suivie par La Nouvelle-Orléans, Philadelphie et Boston)[47]. Jusqu'aux années 1980, elle figurait parmi les dix villes les plus peuplées du pays ; elle reste aujourd’hui dans les 20 premières (18e en 2005[48]). En 2000, le bureau du recensement des États-Unis classa Baltimore comme l'une des métropoles des États-Unis ayant perdu le plus d'habitants avec Détroit et Washington : environ 84 000 résidents sont partis entre 1990 et 2000, soit 11,5  % de la population totale[48]. Cette perte de population s'explique en grande partie par le déclin du secteur industriel et notamment manufacturier au cours de la seconde moitié du XXe siècle aux États-Unis qui jouait un rôle essentiel dans le tissu économique de Baltimore. La population de la ville baissa en corrélation avec la désindustrialisation, c'est ainsi que près d'un tiers de la population quitta Baltimore entre 1950 et 1995[49]. Cependant, cette perte de population de la ville de Baltimore se fait principalement au profit de sa banlieue, qui n'a cessé de s'agrandir au fil des décennies (si la ville de Baltimore a perdu 17  % de sa population entre 1980 et 2000, celle de sa banlieue a augmenté de 35  %[50]). La tertiarisation de l'économie est encouragée pour contrer cette tendance.
123
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124
+ Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 91,04 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler anglais à la maison, alors que 3,80 % déclare parler l'espagnol, 0,72 % le français, 0,56 % une langue africaine, 0,50 une langue chinoise et 3,38 % une autre langue[55].
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+ L'agglomération de Baltimore-Towson regroupe quant à elle une population de 2,6 millions d'habitants (soit près de la moitié de la population totale du Maryland)[56]. Le recensement des États-Unis de 2000 indiquait pour Baltimore une densité de population de 8 039 habitants/km² et 300 477 logements, soit 1 435,8 logements/km². Il y avait par ailleurs 257 996 ménages, dont 25  % avec un enfant de moins de 18 ans. 26,7  % de ces ménages étaient des couples mariés vivant ensemble, 25  % des femmes vivant seules et 34,9  % constitués d'une personne isolée. La taille moyenne d'un ménage était de 2,42 personnes, 3,16 personnes si l'on ne prend que les familles nucléaires en compte.
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+ Baltimore est une ville aux deux tiers afro-américaine (contre 12,4 % pour l'ensemble des États-Unis), une donnée qui s'explique en partie par la grande migration de la population noire de la première moitié du XXe siècle. Le tiers restant est composé principalement de Blancs. Des minorités ethniques diverses complètent le tableau. Toujours selon le recensement de 2000, 24,8  % des habitants étaient âgés de moins de 18 ans, 10,9  % avaient entre 18 et 24 ans, 29,9  % avaient entre 25 et 44 ans, 21,2  % avaient entre 45 et 64 ans alors que 13,2  % étaient âgés de 65 ou plus. L'âge médian des habitants de Baltimore était de 35 ans, soit sensiblement similaire à celui de l'ensemble des États-Unis (35,3 ans[57]). Pour 100 femmes de tous les âges, on comptait 87,4 hommes et pour 100 femmes de 18 ans et plus, on dénombrait 82,9 hommes.
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+ En 2000, le revenu médian annuel pour un ménage était de 30 078$, dont en moyenne 31 767$ pour un homme et 26 832 pour une femme. Le revenu par tête des habitants de Baltimore était de 16 978$. 22,9  % de la population vivait sous le seuil de pauvreté, dont 30,6  % d'entre eux âgés de moins de 18 ans et 18,0  % âgés de 65 ans et plus. Dans les années 1990, une grande partie de la classe moyenne de la ville a migré dans la proche banlieue de la ville[60]. Ce déplacement de population aisée a fait chuter le revenu médian annuel à Baltimore[60] et en 2000 celui-ci était environ 30  % plus bas que le revenu au niveau national. En 2000, seulement 30  % des emplois disponibles dans la ville étaient occupés par des habitants de Baltimore[60]. En conséquence, la santé économique de la ville n'a qu'un impact limité sur la richesse de sa population.
131
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132
+ Ne faisant partie d'aucun comté depuis sa scission avec le comté de Baltimore en 1851, Baltimore est une ville indépendante. Les villes indépendantes sont toutefois assimilées à des comtés d'un point de vue légal et statistique[62]. Ainsi, le bureau du recensement des États-Unis, qui utilise les comtés comme unité administrative de base pour présenter ses statistiques, compte Baltimore comme un comté à part entière, distinct du comté de Baltimore.
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+ Politiquement, la ville est un bastion reconnu pour le Parti démocrate, qui occupe depuis plus de 150 ans tous les échelons du gouvernement local. La maire de la ville est la démocrate Bernard « Jack » Young depuis le 2 mai 2019, suivant la démission de Catherine E. Pugh, liée aux accusations de corruption par Kaiser Permanente (en) et le réseau de santé de l'Université du Maryland[63].
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+ Le conseil municipal est composé de 14 membres élus pour quatre ans depuis 2002; Par ailleurs, Baltimore possède quarante-sept élus au Sénat du Maryland et douze délégués à la chambre des délégués du Maryland depuis les années 1980. Par ailleurs, la ville employait 15 099 personnes en 2005[64].
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+ Le département de police de Baltimore et plus généralement les premières forces de police à Baltimore apparurent en 1784. Aujourd'hui, les services de police emploient 4 000 personnes et constituent la huitième police municipale des États-Unis pour ce qui est des effectifs[65].
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+ Malgré cela, la criminalité de la ville reste traditionnellement très élevée. Selon des statistiques du FBI de 2003, la criminalité sur les personnes était 2,9 fois supérieure à celle de la moyenne des États-Unis alors que la criminalité contre la propriété l'était de 32  %[66]. Baltimore est par exemple la ville où il y a le plus d'homicides entre Afro-Américains (black on black crime) dans tous les États-Unis et également la 12e ville la plus dangereuse du pays avec 1 754,5 crimes pour 100 000 habitants selon une étude menée par CNN en 2006[67].
141
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142
+ En 1988, David Simon, journaliste au Baltimore Sun City Desk, a vécu une année en immersion au sein de la brigade criminelle de la police de Baltimore. Il en a tiré un livre intitulé Homicide: A Year on the Killing Streets et traduit en français sous le titre Baltimore. Ce livre fut à l'origine de la série NBC Homicide, diffusée de 1993 à 1999. David Simon participa également à la création de la série télévisée Sur écoute, diffusée nationalement par la chaîne HBO de 2002 à 2008, et qui illustre la criminalité et la lutte anti-drogue au sein de Baltimore.
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+ Des habitants de Baltimore vivant dans la rue ont également pris la parole à ce sujet, critiquant radicalement la politique de misère de la ville par le biais du Street Voice, un journal qu'ils produisent et diffusent eux-mêmes gratuitement dans les rues de Baltimore.
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+ En 2015, la ville a enregistré un total de 344 homicides, deuxième record derrière celui enregistré en 1993 alors que la population comptait 100 000 habitants de plus[68].
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+ Les établissements d'enseignement public de Baltimore sont gérés par le Baltimore City Public School System. La vocation première de cette institution est de créer un environnement éducatif efficace pour les élèves issus de ménages à faibles revenus. Plusieurs réformes (Master Plan, Master Plan II) ces dernières années ont conduit à une réduction du nombre d'enfants par classe. Selon certaines études, elles ont permis une amélioration des performances des élèves, notamment en lecture et en mathématiques. Néanmoins, cet organisme souffre de fortes difficultés budgétaires.
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+ Les différents établissements scolaires publics[69] se répartissent en 80 écoles primaires, 57 collèges, 16 high schools (en), 8 écoles spécialisées et 6 écoles d'enseignement alternatif. On dénombre en 2003, 91 738 élèves soit 14,6 élèves par professeur. Le salaire moyen de ces derniers s'élève annuellement à 48 205$ et le budget alloué pour chaque élève à 8 315$. Le Baltimore City College est la 3e plus ancienne école publique des États-Unis, alors que la Western High School est la plus ancienne école publique pour filles du pays. L'agglomération est également dotée de 120 écoles privées ou paroissiales[69].
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+ On compte environ trente établissements d'enseignement supérieur au sein de l'aire urbaine de Baltimore, dont la moitié au-delà des limites de la ville[69].
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+ La Towson State University est le plus grand établissement d'enseignement supérieur de la ville avec 19 758 élèves, le second plus grand du Maryland et le 12e à l'échelle des États-Unis (2007)[70]. Fondée en 1866, elle propose des cursus de niveau bachelor dans 57 domaines et master dans 29 domaines.
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+
156
+ Baltimore possède également une des cinq antennes de l'université du Maryland, fondée en 1807. Sur un campus de 24 hectares composé de 62 bâtiments à l'ouest de la ville, elle accueille près de 5 300 étudiants. Elle offre des cursus dans les domaines de la physique, de l'odontologie, de la gynécologie, de la pharmacie ou du droit[71].
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+ La Morgan State University, fondée en 1867 s'étend sur 58 hectares et accueille 6 600 élèves. De vocation historique à accueillir des étudiants afro-américains, elle dispense des diplômes dans divers domaines, notamment en architecture et en urbanisme.
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+ Il existe d'autres établissements dont les plus notables sont :
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+ Au sein des limites de la ville de Baltimore, il existe trente établissements hospitaliers[72]. En plus des formations que peuvent proposer ces établissements de santé, on compte également deux écoles médicales à reconnaissance internationale : la Johns Hopkins University School et l'University of Maryland School of Medicine.
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+ Le principal hôpital de Baltimore est l'hôpital Johns-Hopkins (Johns Hopkins Hospital). Il est souvent considéré comme l'un des meilleurs hôpitaux du pays notamment dans les domaines de la cancérologie et de l'ophtalmologie, il possède d'ailleurs l'un des centres de recherche contre le cancer les plus avancés au monde. Il s'est vu notamment décerner en 2007, pour la 17e année consécutive, le titre de meilleur hôpital des États-Unis par le magazine U.S. News & World Report[73],[74]. Les autres hôpitaux importants de la ville sont le Sinai Hospital, l'Union Memorial Hospital (spécialisé dans médecine sportive), le Maryland General Hospital, le Bon Secours Hospital, le Mercy Medical Center ou encore le Children's Hospital.
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+
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+ En 2005, l'espérance de vie à la naissance des habitants de Baltimore était de 71,6 ans, soit 67,3 ans pour les hommes et 75,7 ans pour les femmes[75] comparée à 77,3 ans pour l'ensemble des États-Unis[76]. Le taux de mortalité à la naissance en 2003 était quant à lui de 12,8 ‰, soit près du double de la moyenne des États-Unis qui était de 6,8 ‰ la même année alors que le taux de fertilité des femmes entre 15 et 44 ans était de 62,2 ‰ à Baltimore contre 66,1 pour l'ensemble du pays[77].
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+ Le principal musée d'art de Baltimore est le musée d'Art de Baltimore, gratuit et regroupant 90 000 œuvres. Il est composé notamment d'une grande exposition de peintures et sculptures postimpressionnistes, regroupant la plus grande collection mondiale d'œuvres de Matisse et de nombreuses autres de Cézanne, Picasso ou Van Gogh[78]. Il possède aussi une importante ressource d'œuvres d'artistes américains (plus particulièrement d'Andy Warhol) et d'arts océanien et africain.
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170
+ Le Walters Art Museum, une collection privée de près de 30 000 objets[79] ouverte au public dès 1875, est le second musée d'art de la ville, devenu lui aussi gratuit et ouvert à tous. Il est particulièrement riche en ivoireries, bijoux, émaux, bronzes et livres rares. Enfin, l'American Visionary Art Museum est le plus récent des musées d'art de la ville, sur le thème de l'art brut, il regroupe près de 5 000 œuvres et se situe dans le quartier de l'Inner Harbor.
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+ Baltimore possède son propre orchestre symphonique, l'orchestre symphonique de Baltimore, fondé en 1916 et dont la renommée est aujourd’hui internationale. La ville possède aussi sa compagnie d'opéra, la Baltimore Opera Company qui se produit dans la Lyric Opera House. Les styles musicaux qui se sont développés dans la ville sont d'abord la musique classique, puis le jazz et le doo-wop avec l'influence afro-américaine et des personnalités telles qu'Eubie Blake, Billie Holiday, Cab Calloway ou le groupe des Orioles.
173
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+ Le Fort McHenry qui a permis de repousser les forces britanniques et de sauver la ville durant la guerre anglo-américaine de 1812 a depuis été classé monument national & Historic Shrine (c'est le seul lieu de pays à être classé à la fois monument historique et lieu de mémoire).
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+
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+ La maison natale de Babe Ruth, souvent considéré comme l'un des plus grands joueurs de baseball de tous les temps, est accessible au public. Une exposition lui est consacrée ainsi qu'à l'histoire du baseball dans le Maryland. Il en est de même avec la maison qu'habita Edgar Allan Poe de 1832 à 1835.
177
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+ De nombreux autres musées existent à Baltimore, dont un musée maritime, un musée juif, un musée de l'industrie, un musée des travaux publics ou encore un musée sur les premiers chemins de fer de la région. L'un des plus connus est le Maryland Science Center, musée de la science ouvert en 1976 tandis qu'il existe également quelques musées retraçant l'histoire afro-américaine.
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+ Le Druid Hill Park, un des plus grands parcs publics urbains du pays, accueille en son sein le zoo de Baltimore ouvert en 1876 et possédant près de 2 000 animaux ainsi qu'un conservatoire biologique. Ce dernier, construit en 1888 et surnommé The Palm House possède une verrière à la manière de celle du Crystal Palace et regroupe une collection d'espèces végétales tropicales et désertiques. La ville de Baltimore est plus largement renommée pour son aquarium national qui regroupe près de 16 000 spécimens[80] de 560 espèces différentes d'animaux aquatiques, ses 1,6 million de visiteurs en 2005 en font la première attraction touristique du Maryland.
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182
+ La majorité des festivals organisés à Baltimore se déroulent du printemps à l'automne. Le premier à se tenir dans l'année est le Baltimore International Film Festival (Festival international du film de Baltimore) qui dure un mois sur le thème du cinéma. Ensuite, le dernier samedi d'avril, se déroule le Maryland Kite Festival, un concours de cerf-volants faits-maison jugés sur des critères de beauté et de performances de vol. Après, se tiennent en juin le Blues Fest, un festival de musique blues, l’African American Heritage Festival (Festival de l'héritage afro-américain) pendant trois jours dans l'enceinte de l'Oriole Park at Camden Yards et l'Artscape en juillet, un festival en extérieur d'art et de musique d'artistes locaux.
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+ Au mois de mai, le Maryland Deathfest est le grand festival de Death metal des États-Unis, pas loin de 80 groupes internationaux sur 4 jours.
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+ Au mois de septembre se tient le Baltimore Book Festival (festival du livre de Baltimore ainsi que la Maryland State Fair, une fête foraine regroupant aussi pendant une semaine une foire (avec notamment du bétail) et des compétitions équestres. Ensuite en octobre, se déroule le Fells Point Fun Festival dans le quartier historique et portuaire de Fells Point qui consiste en diverses animations de rue notamment de musique, d'art et d'artisanat, des expositions maritimes ainsi que des visites du quartier.
187
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+ Tout au long de la saison estivale se tient également le Showcase of Nations Ethnic Festivals, divers festivals se succédant chacun sur le thème d'une culture différente et la faisant découvrir à travers sa musique, son artisanat ou sa cuisine. Dans le cadre de ces célébrations, un carnaval est aussi organisé en septembre.
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+ Par ailleurs, en décembre sont organisés une parade de bateaux illuminés ainsi qu'un feu d'artifice et diverses animations au sein de la ville pour le Jour de l'an et d'autres fêtes annuelles.
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192
+ Baltimore est un marché important pour les médias. Son principal journal quotidien local est The Baltimore Sun, fondé en 1837 et vendu en moyenne à 121 840 exemplaires en semaine en 2017. Une filiale de Tribune Media, il s'agissait cette année-là du 44e quotidien le plus vendu aux États-Unis[81].
193
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+ En tout, ce sont près de 200 journaux ou magazines locaux qui sont publiés à Baltimore[82], dont The Daily Record, un quotidien, et l'Afro-American un bi-hebdomadaire historique fondé en 1892 par un ancien esclave. Le Baltimore City Paper, un hebdomadaire gratuit populaire, a été acheté, et ensuite fermée, par le Sun (Tribune) en 2017[83].
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+
196
+ Plusieurs stations de télévisions locales sont diffusées à Baltimore et ses environs, respectivement affiliées à différents réseaux nationaux :
197
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198
+ On y trouve également près d'une vingtaine de stations de radio FM et pratiquement autant de stations AM.
199
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200
+ Baltimore apparaît dans diverses œuvres de la culture populaire. Ainsi, au cinéma, des films tels que Le Silence des agneaux, L'Armée des douze singes, Ennemi d'État, Piège de feu, Hairspray, Sexy Dance, Nuits blanches à Seattle, ou encore Die Hard 4 : Retour en enfer se situent et ont été réalisés partiellement ou entièrement à Baltimore. Dans le film La Somme de toutes les peurs, Baltimore est par ailleurs confrontée à une attaque nucléaire[84]. Tous les films du réalisateur John Waters y sont tournés et leurs scénarios s'y déroulent, de même que leurs avant-premières se font toutes au Senator Theatre, l'un des plus anciens cinémas de la ville. Divers épisodes de la série télévisée X-Files : Aux frontières du réel se déroulent à Baltimore ainsi que la totalité des épisodes de Homicide et de Sur écoute. Ces deux séries policières ont rencontré un franc succès et ont reçu de nombreuses récompenses notamment pour leur approche réaliste de la criminalité dans la ville.
201
+
202
+ Dans la littérature, des auteurs natifs de la ville font souvent des références à la ville ou dérouler leurs histoires à Baltimore, comme Nora Roberts ou Tom Clancy. L'auteur suisse Joël Dicker situe aussi une grande partie de son roman Le livre des Baltimore dans cette ville. Baltimore apparaît également dans quelques jeux-vidéo, dans Day of the Tentacle par exemple. Enfin, Baltimore est le titre d'un album de jazz et d'un single de Nina Simone sorti en 1978 (reprise de la chanson de Randy Newman sortie l'année précédente).
203
+
204
+ Baltimore possède une franchise professionnelle de première division pour le baseball, le football américain et le futsal, les autres équipes évoluant à des échelons inférieurs.
205
+
206
+ En baseball, les Orioles de Baltimore ont remporté à trois reprises les Séries mondiales (en 1966, 1970 et 1983) alors que les Ravens de Baltimore, l'équipe actuelle de football américain, a remporté le Super Bowl en 2000, et en 2012.
207
+
208
+ De 1953 à 1983, Baltimore a accueilli la franchise de football américain des Colts (aujourd’hui Colts d'Indianapolis) sous le nom des Baltimore Colts. Durant cette époque, la franchise remporta trois fois le championnat NFL (en 1958, 1959 et 1968) puis une fois le Super Bowl en 1970.
209
+
210
+ Elle posséda également une équipe de basket-ball inscrite en NBA, lorsque la franchise des Bullets (aujourd’hui devenue Wizards de Washington) était établie à Baltimore de 1944 à 1954 puis de 1963 à 1972. L'équipe, en tant que Baltimore Bullets remporta le titre de la BAA (aujourd’hui NBA) en 1948 ainsi que la Conférence Est en 1971.
211
+
212
+ En Lacrosse, le Thunder de Baltimore qui étaient installés à Baltimore de 1987 à 1999 furent champions de la National Lacrosse League en 1987. Ensuite, les Bayhawks de Baltimore furent établis dans la ville de leur création en 2001 à 2006 et gagnèrent la Major League Lacrosse en 2002 et 2005.
213
+
214
+ Au niveau des infrastructures sportives, les principaux matchs de baseball se jouent dans l'Oriole Park at Camden Yards inauguré en 1992 et d'une capacité de 48 876 places[85]. Les matchs de football américain sont quant à eux organisés dans le stade proche de M&T Bank d'une capacité de 71 008 spectateurs et ouvert en 1998[86]. Autrefois, les rencontres de ces deux disciplines se jouaient dans le Memorial Stadium de 53 371 places construit en 1950 et détruit en 2001[87]. Les sports d'intérieur ainsi que des concerts se déroulent dans la Royal Farms Arena, salle omnisports de 11 000 à 13 500 places inaugurée en 1962[88].
215
+
216
+ Baltimore est traversée par les autoroutes inter-États suivantes :
217
+
218
+ Certaines de ces autoroutes ne sont pas directement connectées entre elles mais elles rejoignent toutes l'Interstate 695 (aussi nommée Baltimore Beltway) qui entoure l'agglomération et traverse à son sud le fleuve Patapsco via le pont Francis Scott Key Bridge.
219
+
220
+ L'Interstate 70 s'arrête aux limites de la ville en raison des protestations lancées par les riverains lorsqu'il était prévu qu'elle passe en centre-ville. L'opposition à ces projets de traversée de la ville fut menée par la sénatrice démocrate du Maryland Barbara Mikulski, ce qui força l'administration à changer par la suite ses plans d'aménagement routier. Les seules voies qui traversent le centre-ville de Baltimore sont l'U.S. Route 1, l'U.S. Route 40 et la Baltimore-Washington Parkway. Il existe également deux tunnels, le Fort McHenry Tunnel et le Harbor Tunnel qui permettent respectivement aux Interstate 95 et 895 de traverser la ville souterrainement. La plupart des rues du centre-ville sont à sens unique.
221
+
222
+ Les transports en commun de Baltimore sont opérés par la Maryland Transit Administration (connue aussi en tant que MTA Maryland), administration publique dont le réseau s'étend dans tout l'État du Maryland.
223
+
224
+ Baltimore possède plusieurs modes de transports publics. Son réseau de bus est constitué d'environ 850 véhicules. La ville a aussi une ligne de métro de 24,5 km de long et trois lignes de métro léger qui connectent entre autres le centre-ville à l'aéroport sur un réseau total de 48,3 km.
225
+
226
+ Baltimore est une destination desservie par le couloir nord-est du réseau Amtrak, la ligne ferroviaire la plus utilisée aux États-Unis[89] qui lie Boston (Massachusetts) à Newport News (Virginie). C'est la 8e ville du pays ayant le plus grand nombre de voyageurs en train avec 977 379 passagers en 2005[90].
227
+
228
+ La principale gare de la ville est la Pennsylvania Station, construite en 1911 avec une architecture de style Beaux-Arts. L'aéroport international Thurgood Marshall de Baltimore-Washington possède quant à lui sa propre station qui constitue la seconde grande gare de l'agglomération de Baltimore.
229
+
230
+ Les trains qui desservent Baltimore sont :
231
+
232
+ Baltimore est desservie par l'aéroport international Thurgood Marshall de Baltimore-Washington, qu'elle partage avec Washington. Il est situé à 16 km au sud de la ville sur le territoire de Linthicum dans le comté d'Anne Arundel (Maryland). Inauguré le 24 juin 1950 par le président Harry S. Truman, il s'appelait à l'origine le Friendship International Airport avant d'être renommé sous son nom actuel en 1972 lorsqu'il fut racheté par l'État du Maryland.
233
+
234
+ En nombre de passagers, l'aéroport international Thurgood Marshall est le 24e aux États-Unis avec 20,7 millions de passagers en 2006. En 2007, il assurait huit liaisons régulières internationales et 63 liaisons nationales tout en possédant également une activité cargo[91]. Depuis la ville, l'accès à cet aéroport peut se faire par l'Interstate 95 puis la Baltimore-Washington Parkway (via l'Interstate 195), par le MARC Train, l'Amtrak ou encore le métro léger.
235
+
236
+ Baltimore possède également un second aéroport, le Martin State Airport, réservé exclusivement aux activités d'aviation générale. Les deux aéroports sont toujours opérés par l'État du Maryland par le biais de la Maryland Aviation Administration.
237
+
238
+ Historiquement et de par sa situation côtière, Baltimore a toujours été une ville dont l'activité fut très tournée vers la mer. Le port de Baltimore fut fondé en 1706, précédant même la naissance de la ville. Son activité fut à l'époque principalement commerciale, dans l'exportation de denrées agricoles et l'importation, entre autres, de tabac. À cela s'ajouta également une spécialisation dans la construction navale et dans l'accueil d'immigrés venus d'Europe.
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+ Aujourd'hui, le port continue d'être un des moteurs économiques de Baltimore. Si sa plus ancienne portion, l'Inner Harbor, fut peu à peu transformée en quartier touristique et de loisirs, le port industriel s'est par la suite étendu en périphérie de la ville, au niveau de la jonction entre le fleuve Patapsco et la baie de Chesapeake. Chaque année, près de 30 millions de tonnes de marchandises y transitent et il génère indirectement, selon une estimation de l'administration, plus de 50 000 emplois[92]. Une part importante du trafic est générée par le transport de véhicules et des métaux (acier). En 2002, le port de Baltimore était le 8e port des États-Unis avec 25,7 milions de tonnes de marchandises en transit[93].
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+ Par ailleurs, de nombreuses navettes à usage notamment touristique effectuent des liaisons dans l'estuaire du Patapsco.
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+ Baltimore est jumelée avec plusieurs villes à travers le monde[94] :
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+ Intérieur de l'Hippodrome Theater.
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+ Le Lexington Market vers 1903.
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+ Le Baltimore Convention Center.
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+ Maison d'Edgar Allan Poe.
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+ Vue aérienne du M&T Bank Stadium.
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+ Le quartier du Block.
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+ L'entrée du Fort McHenry.
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+ Port de Baltimore en 1849.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Du point de vue de la physiologie, les sens sont les systèmes de récepteurs de la perception. Les sens et leur fonctionnement, leur classification, et la théorie épistémologique qui soutient leur étude sont des sujets abordés par plusieurs disciplines, principalement les neurosciences, mais aussi la psychologie cognitive (ou science cognitive), et toutes les philosophies et études sociales telle l’anthropologie ayant trait à la perception.
2
+
3
+ Il est communément admis en Occident, depuis Aristote que l'être humain possède cinq sens.
4
+
5
+ La définition la plus largement admise, proposée historiquement par la physiologiste Bessa Vugo, est celle qui fait des sens un système de récepteurs, ou cellules sensitives, capable de capter et de traduire plusieurs formes d'énergie (stimuli) et de les transmettre au système nerveux central sous forme d'influx nerveux. Ces influx nerveux, les sensations proprement dites[2], sont alors interprétés par l'encéphale, ou son équivalent chez les espèces qui en sont dépourvues, pour en permettre la perception. L'influx nerveux est ensuite codé sous forme de potentiels d'actions et l'information transmise à des régions spécialisées du cerveau. Selon le type de stimulation, les centres de traitement du cerveau diffèrent. Il existe en effet une zone spécialisée dans le traitement des stimuli olfactifs, visuels, tactiles, etc.
6
+
7
+ Selon une définition plus large, l'utilisation des sens équivaut à une forme ou à une autre de communication non verbale et corporelle, selon ce qu'avance Gélard[3], ce qui amène à mieux comprendre les individus et les sociétés selon les manières dont ils mobilisent les leurs, puisque c'est entre autres par les sens que les humains mettent en ordre leur monde.
8
+
9
+ Il n'y a pas d'accord véritable des neurophysiologistes sur le nombre exact de sens chez l'humain et les autres animaux[4]. La multiplicité des rapports entre le monde sensible et le monde intelligible laisse augurer des difficultés rencontrées dans la recherche d'une définition précise. Un décompte largement répandu mais restreint ordonne le monde sensible selon cinq sens : goût, odorat, ouïe, vue et toucher.
10
+
11
+ Mais il est admis que la perception sensorielle des animaux est en fait plus vaste. Pour les mammifères, dont l'humain, on peut citer le sens de l'équilibre perçu au moyen des trois canaux semi-circulaires de l'oreille interne, le sens de la proprioception qui nous signale la position relative des membres de notre corps (qui nous permet par exemple, sans utiliser le sens de la vue, d'amener notre index sur le bout du nez), le sens algique ou encore la thermoception[4].
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+
13
+ Ces sens et d'autres ne rentrent pas dans les cinq sens couramment connus. Les pigeons ou les dauphins sont capables de percevoir les lignes du champ magnétique terrestres ou ses variations.
14
+
15
+ Une pseudo-science, la métapsychique, a proposé à différentes époques, un sixième sens qui permettrait la communication entre l'être vivant et d'autres êtres vivants, sans que soient connus les organes de perception, les énergies et mécanismes médiateurs, ou les organes effecteurs, à la source de ces phénomènes.
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+
17
+ Mais le terme de sens peut revêtir deux aspects bien différents suivant que l’on soit en présence d'une communication immédiate (donc instinctive) ou médiate (donc rationnelle, scientifique). Malebranche rattachait le monde réel à la raison et le monde sensible à un monde illusoire et trompeur. En fait, les sens ne sont pas uniquement des transducteurs permettant la mesure de paramètres. Toute vision réductionniste assimilant la perception à une configuration cérébrale semble donc illusoire. Les sens sont les instruments de la perception, c'est-à-dire le lien qui relie l'organisme au monde extérieur et qui lui permet de reconnaître, grâce à l'interprétation donnée par la pensée et la connaissance, les informations qui, parmi l'ensemble de celles lui parvenant, pourraient lui être utiles.
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+
19
+ Sur une base culturelle et non scientifique, ce ne sont pas toutes les sociétés qui admettent la division du monde selon cinq sens. De plus, chacune peut faire primer l’importance d’un sens sur un autre et associer des valeurs individuelles et sociales différentes aux sens[3].
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+
21
+ De par cette définition assez vaste, plusieurs sens peuvent être identifiés. L'inventaire de ces sens peut d'ores et déjà s'enclencher par la définition aristotélicienne retenant ces cinq sens. Aristote, en opposition avec Platon, décrivait l’apprentissage des règles qui gouvernent les rapports physiques des éléments entre eux, la construction des lois universelles, comme fondée sur nos sens. Cette école aristotélicienne sera à l'origine de la doctrine épistémologique de l'empirisme.
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+
23
+ Tous les animaux présentent des récepteurs sensoriels leur permettant de percevoir le monde autour d'eux, incluant plusieurs de ceux précités, valables pour les humains. Cependant, les mécanismes et capacités peuvent varier.
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+
25
+ Par exemple, les chiens ont un sens de l'odorat plus fin que chez les humains, bien que le mécanisme mis en jeu soit le même. Les mites ont des récepteurs olfactifs sur leurs antennes, et des récepteurs aux vibrations sonores sur leurs ailes. Les cténophores ont un récepteur de l'équilibre (un statocyte) qui fonctionne très différemment des canaux semi-circulaires mammaliens.
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+
27
+ La partie la plus importante de l'œil est le globe oculaire qui est le véritable organe de la vue. Le globe oculaire a la forme d'une sphère, et il est formé de trois couches de tissus superposées :
28
+
29
+ L'électroception (ou électroréception), le plus significatif des sens non-humains, est la capacité à détecter les champs électriques. Beaucoup d'espèces de poissons, requins, raies, peuvent sentir des modifications du champ électrique dans leur proximité immédiate. Certains poissons sentent passivement des changements dans le champ électrique proche ; d'autres génèrent le leur, d'intensité faible, et peuvent sentir la répartition du potentiel sur leur surface corporelle ; d'autres encore utilisent ces capacités de génération et de sensation pour la communication sociale. Les mécanismes permettant la construction d'une représentation spatiale à partir d'infimes différences de potentiel impliquent la comparaison des temps de latence des pics en provenance de chacune des parties du corps.
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+
31
+ Le seul ordre de mammifères connu pour présenter la faculté d'électroception est l'ordre des monotrèmes, parmi lesquels l'ornithorynque a le sens le plus développé[5].
32
+
33
+ Les humains (et probablement les autres mammifères) peuvent détecter les champs électriques indirectement, par le biais de l'effet qu'ils provoquent sur les poils. Par exemple, un ballon électriquement chargé exercera une force d'attraction sur des cheveux, ce qui peut être senti par le toucher, et être identifié comme provenant d'une charge électrique (et non du vent ou autre chose).
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+
35
+ La magnétoception est la capacité à détecter des variations de champ magnétique. Elle est couramment observée chez les oiseaux, c'est d'ailleurs ce même sens qui leur permettrait de s'orienter lors de leurs migrations à l'aide du champ magnétique terrestre. La magnétoception est également observée chez des insectes comme les abeilles ainsi que chez certains cétacés.
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+
37
+ Une étude très controversée l’infère chez certains mammifères comme les bovidés : les vaches tendraient à orienter l'axe longitudinal de leur corps selon l'axe du magnétisme terrestre. Cette supposée constatation statistique concernerait aussi bien les vaches broutant que les vaches ruminant allongées. On aurait également fait cette constatation chez les cervidés. Ni le mécanisme, ni l'utilité, ni la preuve de ce comportement ne sont actuellement connus[6].
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+
39
+ Le toucher fournit des informations par contact de la peau avec la surface des objets. La peau a deux couches, son épaisseur est de un à quatre millimètres selon les parties du corps. Elle est très élastique, ce qui lui permet une certaine plasticité. C'est par la peau que proviennent les sensations du toucher : tactile (reconnaissance de textures), ou même émotionnelle (sensualité...). La première couche superficielle de revêtement s'appelle « épiderme ». La deuxième couche est une partie profonde où se trouvent les terminaisons nerveuses, elle s'appelle « derme ».
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+
41
+ Le toucher chez l'humain est le sens le plus fondamental qui apparaît vers le troisième mois de la vie utérine : la peau tactile est le premier-né des organes humains et le plus sensible[7].
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+
43
+ L'ouïe ou l'audition est la capacité de percevoir des sons. Elle résulte de la propagation d'ondes longitudinales dans l'atmosphère émises dans une bande de fréquences allant de 20 à 20 000 hertz chez l'Homme (voire jusqu'à 24 000 hertz selon les personnes), puis reçues et adaptées par l'organe de l'audition, l'oreille. Le pavillon de l'oreille externe focalise et amplifie l'onde qui passe dans le conduit et met en vibration le tympan humain. Puis il est transmis par la chaîne d'osselets jusque dans l'oreille interne. Le son est transmis au cerveau par les cellules nerveuses à l'intérieur du limaçon (cochlée) et le nerf auditif (voir Nerf vestibulocochléaire). Il est ensuite analysé et interprété (cf. psychoacoustique).
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+
45
+ Particulièrement développée chez certaines espèces animales telles que les chauves-souris et les cétacés, l'écholocalisation est la perception d'un environnement et la localisation d'obstacles à l'aide de l'ouïe, par l'analyse de la réflexion (ou échos) d'ondes sonores ou ultrasonores émises par le sujet.
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+
47
+ Certains aveugles utilisent l'écholocalisation pour se déplacer dans leur environnement. Ils émettent des sons, que ce soit en tapant avec leur canne, en tapant du pied ou en produisant des clics avec leur bouche[8].
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49
+ La proprioception est la perception du corps. C'est une perception à laquelle les gens ont fréquemment recours sans savoir qu'elle existe.
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+
51
+ Plus facilement démontrée qu'expliquée, la proprioception est la perception « inconsciente » de l'endroit où se trouvent les différentes parties du corps, et ce à chaque instant (ceci peut être démontré à une personne en lui demandant d'effectuer un mouvement quelconque, comme celui de lever la main, alors qu'elle a les yeux fermés ; la personne en question aura, à chaque instant du mouvement effectué, la connaissance de l'endroit où se trouve la partie du corps déplacée, en l'occurrence sa main ; cette connaissance est permise par la proprioception, puisqu'en principe les autres sens ne peuvent être renseignés à son sujet). Le muscle strié est pourvu de deux organes perceptifs dédiés à la perception du tonus musculaire (ou toniception[réf. nécessaire], qui fait partie de la proprioception) : l’organe tendineux de Golgi et le fuseau neuro-musculaire dont le rôle est d’évaluer la tension du muscle dans lequel ils sont inclus.
52
+
53
+ Le sens de l'équilibre est principalement lié au système vestibulaire de l'oreille interne. Pour faire simple, les cellules réceptrices ont des cils situés dans une cavité remplie de liquide. Lorsque le liquide bouge sous l'effet d'un changement d'orientation de la tête ou sous l'effet d'une accélération, les cils bougent et les cellules transmettent un signal au système nerveux, renseignant sur les caractéristiques du mouvement.
54
+
55
+ La langue compte 3000 papilles gustatives formées de cellules spécialisées dans les saveurs de base : acide ou aigre, amer, gras[9], salé, sucré et umami. On croyait autrefois que chaque saveur disposait d'une partie de la langue qui lui aurait été réservée, toutefois des études ont démontré le contraire par application d'une goutte de substance salée ou sucrée au même endroit : le sujet parvenait à reconnaître la saveur quelle que soit la localisation de la goutte, la « cartographie des saveurs » est donc obsolète[10]. Les cellules réceptrices captent les stimulations et transmettent au cerveau les signaux correspondants. Ce qui permet de ressentir le goût.
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+
57
+ Le nez est un organe très sensible qui est capable de percevoir des milliers d'odeurs. L'olfaction est le deuxième des sens après le goût à utiliser une réaction moléculaire donc « chimique ». Selon la théorie physiologique actuellement en vigueur, des configurations spécifiques combinant des centaines de cellules olfactives, sont amenées à réagir à une certaine particularité de la molécule odorante. Si on respire par la bouche, l'air passe directement dans la gorge et une toute petite partie arrive alors aux cellules olfactives. Ces cellules vont transmettre des impulsions informatives au nerf olfactif qui envoie un signal électrique au cerveau, lui permettant de reconnaître l'odeur par le système olfactif. Les neurones récepteurs olfactifs diffèrent des autres neurones en cela qu'ils meurent et se régénèrent à intervalles réguliers.
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+ La thermoception est le sens de perception de la chaleur et de l'absence de chaleur (froid) par la peau. C'est le premier sens non identifié explicitement par Aristote. En outre il existe des désaccords subsistant quant au nombre de sens consacrés à ce type de perception, étant donné le fait que les thermorécepteurs cutanés diffèrent sensiblement des thermorécepteurs homéostatiques qui permettent un rétrocontrôle de la température interne du corps.
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+ Le principal exemple de réception polymodale est la nociception : c'est la perception des stimulus lésionnels ou potentiellement lésionnels. Elle est associée à la douleur. Elle peut être regroupée en un à trois sens, ceci dépendant de la méthode de classification. Les trois types de nocicepteurs sont :
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+ Du point de vue de la physiologie, les sens sont les systèmes de récepteurs de la perception. Les sens et leur fonctionnement, leur classification, et la théorie épistémologique qui soutient leur étude sont des sujets abordés par plusieurs disciplines, principalement les neurosciences, mais aussi la psychologie cognitive (ou science cognitive), et toutes les philosophies et études sociales telle l’anthropologie ayant trait à la perception.
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+ Il est communément admis en Occident, depuis Aristote que l'être humain possède cinq sens.
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+ La définition la plus largement admise, proposée historiquement par la physiologiste Bessa Vugo, est celle qui fait des sens un système de récepteurs, ou cellules sensitives, capable de capter et de traduire plusieurs formes d'énergie (stimuli) et de les transmettre au système nerveux central sous forme d'influx nerveux. Ces influx nerveux, les sensations proprement dites[2], sont alors interprétés par l'encéphale, ou son équivalent chez les espèces qui en sont dépourvues, pour en permettre la perception. L'influx nerveux est ensuite codé sous forme de potentiels d'actions et l'information transmise à des régions spécialisées du cerveau. Selon le type de stimulation, les centres de traitement du cerveau diffèrent. Il existe en effet une zone spécialisée dans le traitement des stimuli olfactifs, visuels, tactiles, etc.
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+ Selon une définition plus large, l'utilisation des sens équivaut à une forme ou à une autre de communication non verbale et corporelle, selon ce qu'avance Gélard[3], ce qui amène à mieux comprendre les individus et les sociétés selon les manières dont ils mobilisent les leurs, puisque c'est entre autres par les sens que les humains mettent en ordre leur monde.
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+ Il n'y a pas d'accord véritable des neurophysiologistes sur le nombre exact de sens chez l'humain et les autres animaux[4]. La multiplicité des rapports entre le monde sensible et le monde intelligible laisse augurer des difficultés rencontrées dans la recherche d'une définition précise. Un décompte largement répandu mais restreint ordonne le monde sensible selon cinq sens : goût, odorat, ouïe, vue et toucher.
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+ Mais il est admis que la perception sensorielle des animaux est en fait plus vaste. Pour les mammifères, dont l'humain, on peut citer le sens de l'équilibre perçu au moyen des trois canaux semi-circulaires de l'oreille interne, le sens de la proprioception qui nous signale la position relative des membres de notre corps (qui nous permet par exemple, sans utiliser le sens de la vue, d'amener notre index sur le bout du nez), le sens algique ou encore la thermoception[4].
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+ Ces sens et d'autres ne rentrent pas dans les cinq sens couramment connus. Les pigeons ou les dauphins sont capables de percevoir les lignes du champ magnétique terrestres ou ses variations.
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+ Une pseudo-science, la métapsychique, a proposé à différentes époques, un sixième sens qui permettrait la communication entre l'être vivant et d'autres êtres vivants, sans que soient connus les organes de perception, les énergies et mécanismes médiateurs, ou les organes effecteurs, à la source de ces phénomènes.
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+ Mais le terme de sens peut revêtir deux aspects bien différents suivant que l’on soit en présence d'une communication immédiate (donc instinctive) ou médiate (donc rationnelle, scientifique). Malebranche rattachait le monde réel à la raison et le monde sensible à un monde illusoire et trompeur. En fait, les sens ne sont pas uniquement des transducteurs permettant la mesure de paramètres. Toute vision réductionniste assimilant la perception à une configuration cérébrale semble donc illusoire. Les sens sont les instruments de la perception, c'est-à-dire le lien qui relie l'organisme au monde extérieur et qui lui permet de reconnaître, grâce à l'interprétation donnée par la pensée et la connaissance, les informations qui, parmi l'ensemble de celles lui parvenant, pourraient lui être utiles.
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+ Sur une base culturelle et non scientifique, ce ne sont pas toutes les sociétés qui admettent la division du monde selon cinq sens. De plus, chacune peut faire primer l’importance d’un sens sur un autre et associer des valeurs individuelles et sociales différentes aux sens[3].
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+ De par cette définition assez vaste, plusieurs sens peuvent être identifiés. L'inventaire de ces sens peut d'ores et déjà s'enclencher par la définition aristotélicienne retenant ces cinq sens. Aristote, en opposition avec Platon, décrivait l’apprentissage des règles qui gouvernent les rapports physiques des éléments entre eux, la construction des lois universelles, comme fondée sur nos sens. Cette école aristotélicienne sera à l'origine de la doctrine épistémologique de l'empirisme.
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+ Tous les animaux présentent des récepteurs sensoriels leur permettant de percevoir le monde autour d'eux, incluant plusieurs de ceux précités, valables pour les humains. Cependant, les mécanismes et capacités peuvent varier.
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+ Par exemple, les chiens ont un sens de l'odorat plus fin que chez les humains, bien que le mécanisme mis en jeu soit le même. Les mites ont des récepteurs olfactifs sur leurs antennes, et des récepteurs aux vibrations sonores sur leurs ailes. Les cténophores ont un récepteur de l'équilibre (un statocyte) qui fonctionne très différemment des canaux semi-circulaires mammaliens.
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+ La partie la plus importante de l'œil est le globe oculaire qui est le véritable organe de la vue. Le globe oculaire a la forme d'une sphère, et il est formé de trois couches de tissus superposées :
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+ L'électroception (ou électroréception), le plus significatif des sens non-humains, est la capacité à détecter les champs électriques. Beaucoup d'espèces de poissons, requins, raies, peuvent sentir des modifications du champ électrique dans leur proximité immédiate. Certains poissons sentent passivement des changements dans le champ électrique proche ; d'autres génèrent le leur, d'intensité faible, et peuvent sentir la répartition du potentiel sur leur surface corporelle ; d'autres encore utilisent ces capacités de génération et de sensation pour la communication sociale. Les mécanismes permettant la construction d'une représentation spatiale à partir d'infimes différences de potentiel impliquent la comparaison des temps de latence des pics en provenance de chacune des parties du corps.
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+ Les humains (et probablement les autres mammifères) peuvent détecter les champs électriques indirectement, par le biais de l'effet qu'ils provoquent sur les poils. Par exemple, un ballon électriquement chargé exercera une force d'attraction sur des cheveux, ce qui peut être senti par le toucher, et être identifié comme provenant d'une charge électrique (et non du vent ou autre chose).
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+ La magnétoception est la capacité à détecter des variations de champ magnétique. Elle est couramment observée chez les oiseaux, c'est d'ailleurs ce même sens qui leur permettrait de s'orienter lors de leurs migrations à l'aide du champ magnétique terrestre. La magnétoception est également observée chez des insectes comme les abeilles ainsi que chez certains cétacés.
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+ Une étude très controversée l’infère chez certains mammifères comme les bovidés : les vaches tendraient à orienter l'axe longitudinal de leur corps selon l'axe du magnétisme terrestre. Cette supposée constatation statistique concernerait aussi bien les vaches broutant que les vaches ruminant allongées. On aurait également fait cette constatation chez les cervidés. Ni le mécanisme, ni l'utilité, ni la preuve de ce comportement ne sont actuellement connus[6].
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+ Le toucher fournit des informations par contact de la peau avec la surface des objets. La peau a deux couches, son épaisseur est de un à quatre millimètres selon les parties du corps. Elle est très élastique, ce qui lui permet une certaine plasticité. C'est par la peau que proviennent les sensations du toucher : tactile (reconnaissance de textures), ou même émotionnelle (sensualité...). La première couche superficielle de revêtement s'appelle « épiderme ». La deuxième couche est une partie profonde où se trouvent les terminaisons nerveuses, elle s'appelle « derme ».
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+ Le toucher chez l'humain est le sens le plus fondamental qui apparaît vers le troisième mois de la vie utérine : la peau tactile est le premier-né des organes humains et le plus sensible[7].
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+ L'ouïe ou l'audition est la capacité de percevoir des sons. Elle résulte de la propagation d'ondes longitudinales dans l'atmosphère émises dans une bande de fréquences allant de 20 à 20 000 hertz chez l'Homme (voire jusqu'à 24 000 hertz selon les personnes), puis reçues et adaptées par l'organe de l'audition, l'oreille. Le pavillon de l'oreille externe focalise et amplifie l'onde qui passe dans le conduit et met en vibration le tympan humain. Puis il est transmis par la chaîne d'osselets jusque dans l'oreille interne. Le son est transmis au cerveau par les cellules nerveuses à l'intérieur du limaçon (cochlée) et le nerf auditif (voir Nerf vestibulocochléaire). Il est ensuite analysé et interprété (cf. psychoacoustique).
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+ Particulièrement développée chez certaines espèces animales telles que les chauves-souris et les cétacés, l'écholocalisation est la perception d'un environnement et la localisation d'obstacles à l'aide de l'ouïe, par l'analyse de la réflexion (ou échos) d'ondes sonores ou ultrasonores émises par le sujet.
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+ Certains aveugles utilisent l'écholocalisation pour se déplacer dans leur environnement. Ils émettent des sons, que ce soit en tapant avec leur canne, en tapant du pied ou en produisant des clics avec leur bouche[8].
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+ La proprioception est la perception du corps. C'est une perception à laquelle les gens ont fréquemment recours sans savoir qu'elle existe.
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+ Plus facilement démontrée qu'expliquée, la proprioception est la perception « inconsciente » de l'endroit où se trouvent les différentes parties du corps, et ce à chaque instant (ceci peut être démontré à une personne en lui demandant d'effectuer un mouvement quelconque, comme celui de lever la main, alors qu'elle a les yeux fermés ; la personne en question aura, à chaque instant du mouvement effectué, la connaissance de l'endroit où se trouve la partie du corps déplacée, en l'occurrence sa main ; cette connaissance est permise par la proprioception, puisqu'en principe les autres sens ne peuvent être renseignés à son sujet). Le muscle strié est pourvu de deux organes perceptifs dédiés à la perception du tonus musculaire (ou toniception[réf. nécessaire], qui fait partie de la proprioception) : l’organe tendineux de Golgi et le fuseau neuro-musculaire dont le rôle est d’évaluer la tension du muscle dans lequel ils sont inclus.
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+ Le sens de l'équilibre est principalement lié au système vestibulaire de l'oreille interne. Pour faire simple, les cellules réceptrices ont des cils situés dans une cavité remplie de liquide. Lorsque le liquide bouge sous l'effet d'un changement d'orientation de la tête ou sous l'effet d'une accélération, les cils bougent et les cellules transmettent un signal au système nerveux, renseignant sur les caractéristiques du mouvement.
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+ La langue compte 3000 papilles gustatives formées de cellules spécialisées dans les saveurs de base : acide ou aigre, amer, gras[9], salé, sucré et umami. On croyait autrefois que chaque saveur disposait d'une partie de la langue qui lui aurait été réservée, toutefois des études ont démontré le contraire par application d'une goutte de substance salée ou sucrée au même endroit : le sujet parvenait à reconnaître la saveur quelle que soit la localisation de la goutte, la « cartographie des saveurs » est donc obsolète[10]. Les cellules réceptrices captent les stimulations et transmettent au cerveau les signaux correspondants. Ce qui permet de ressentir le goût.
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+ Le nez est un organe très sensible qui est capable de percevoir des milliers d'odeurs. L'olfaction est le deuxième des sens après le goût à utiliser une réaction moléculaire donc « chimique ». Selon la théorie physiologique actuellement en vigueur, des configurations spécifiques combinant des centaines de cellules olfactives, sont amenées à réagir à une certaine particularité de la molécule odorante. Si on respire par la bouche, l'air passe directement dans la gorge et une toute petite partie arrive alors aux cellules olfactives. Ces cellules vont transmettre des impulsions informatives au nerf olfactif qui envoie un signal électrique au cerveau, lui permettant de reconnaître l'odeur par le système olfactif. Les neurones récepteurs olfactifs diffèrent des autres neurones en cela qu'ils meurent et se régénèrent à intervalles réguliers.
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+ La thermoception est le sens de perception de la chaleur et de l'absence de chaleur (froid) par la peau. C'est le premier sens non identifié explicitement par Aristote. En outre il existe des désaccords subsistant quant au nombre de sens consacrés à ce type de perception, étant donné le fait que les thermorécepteurs cutanés diffèrent sensiblement des thermorécepteurs homéostatiques qui permettent un rétrocontrôle de la température interne du corps.
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+ Le principal exemple de réception polymodale est la nociception : c'est la perception des stimulus lésionnels ou potentiellement lésionnels. Elle est associée à la douleur. Elle peut être regroupée en un à trois sens, ceci dépendant de la méthode de classification. Les trois types de nocicepteurs sont :
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+ Séoul /se.ul/[3] (en coréen : 서울 ; romanisation révisée : Seoul /sʌ.ul/[4] Écouter), officiellement la Ville spéciale de Séoul (hangeul : 서울특별시, hanja : 서울特別市 Écouter), est la capitale et la plus grande ville de la Corée du Sud. Si Séoul reste le siège de l'Assemblée nationale et de la présidence, nombre de ministères et d'institutions nationales ont été transférées dans la ville nouvelle de Sejong, capitale administrative de facto depuis 2013.
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+ Située sur le fleuve Han, au nord-ouest du pays, elle compte une population d'environ onze millions d'habitants intra-muros et 25 620 000 dans son aire urbaine (qui inclut notamment Incheon)[5], ce qui fait d'elle la troisième mégapole la plus peuplée au monde après Tokyo et Mexico, et juste devant New York. En outre, la ville est le lieu de résidence de près de la moitié de la population sud-coréenne. La zone démilitarisée (DMZ) est, quant à elle, à environ 45 kilomètres du centre-ville.
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+ Fondée il y a deux mille ans par le royaume Baekje, l'un des Trois Royaumes de Corée, Séoul est pendant plus de cinq cents ans la capitale du royaume de Joseon. À la fin du XIXe siècle, rompant avec une longue tradition d'isolement, Séoul s'ouvre aux étrangers et notamment aux États-Unis : elle est la première ville d'Asie de l'Est à avoir l'électricité, l'eau courante, le téléphone et un réseau de tramway. Occupée par le Japon de 1910 à 1945 et rebaptisée Gyeongseong, la ville devient la capitale de la République de Corée lors de sa proclamation en 1948. Elle sera gravement endommagée lors des conflits de la Guerre de Corée, dont la bataille de Séoul fut l'un des évènements majeurs : le palais de Gyeongbokgung et sa grande porte sont notamment incendiés. Reconstruite dans les années 1960 et 1970 avec l'aide des États-Unis, elle connaît une forte industrialisation et devient le visage d'une Corée du Sud en voie de modernisation. Depuis les années 1990, Séoul a vu sa population croître de manière importante, notamment grâce à l'afflux de populations venues des campagnes.
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+ Siège des plus grandes entreprises coréennes (les chaebol), dont Samsung, LG et Hyundai, Séoul est considérée comme une ville globale. Son niveau de vie très élevé et son PIB - le quatrième au monde pour une aire urbaine après Tokyo, New York et Los Angeles - en font l'un des principaux centres économiques au monde. Le quartier branché de Gangnam et la Digital Media City concentrent des entreprises dans les nouvelles technologies. La ville compte de nombreux bâtiments à l'architecture futuriste, comme le Dongdaemun Design Plaza et la Lotte Super Tower 123, qui atteint les 555 mètres de hauteur en 2016 et dépasse la N Seoul Tower. Symbole de son rayonnement, Séoul a organisé plusieurs grands évènements internationaux, dont les Jeux asiatiques de 1986, les Jeux olympiques d'été de 1988, la Coupe du monde de football de 2002 et le Sommet du G20 de novembre 2010.
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+ Importante destination touristique, Séoul compte trois monuments classés au patrimoine mondial de l'UNESCO : le palais de Changdeokgung, le sanctuaire de Jongmyo et plusieurs tombes royales de la dynastie Joseon. En raison de sa forte densité de population, plus de trois millions de véhicules y sont comptabilisés, ce qui entraîne des embouteillages quotidiens, même au-delà de minuit. Enfin, en tant que cœur culturel du pays, Séoul est le berceau de la K-pop et de la diffusion de la culture coréenne à travers le monde (hallyu).
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+ En 2018, Séoul a rejoint le mouvement Fab City, suivant l'appel lancé par le maire de Barcelone, Xavier Trias, à ce que toutes les villes du monde deviennent autosuffisantes pour 2054[6].
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+ On pense que les premiers hommes habitaient le long des berges inférieures du fleuve Han pendant le paléolithique, car des ruines préhistoriques ont été déterrées à Amsa-dong (village), Gangdong-gu (district). Avec l'introduction du bronze vers 700 ans av. J.-C., les hommes se sont progressivement dispersés du bassin du fleuve vers les régions intérieures.
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+ L'histoire de Séoul remonte à 18 av. J.-C. Cette année-là, le nouveau royaume de Baekje construisit sa capitale dans la région de Séoul sous le nom de Wiryeseong (위례성 ; 慰禮城). À l'époque où les Trois Royaumes se disputaient l'hégémonie de la Corée, Séoul fut souvent le site où se réglèrent les conflits. On considérait que le royaume qui contrôlait la région aux alentours était capable de contrôler toute la péninsule. C'est pourquoi au XIe siècle le dirigeant de la dynastie Goryeo construisit un palais à Séoul, qui était considérée comme la capitale du Sud. La ville vit changer son nom de Hanyang (한양 ; 漢陽) en Hanseong (한성 ; 漢城) lorsqu'elle devint la capitale de la dynastie Joseon en 1394 (elle fut connue sous ce nom en chinois, Hancheng, jusqu'en octobre 2005, date à laquelle le nom de Shou'er (首爾) fut adopté à la demande du maire de Séoul[7]). Elle fut rebaptisée Gyeongseong (경성 ; 京城 ; Keijō en japonais) lors de l'occupation japonaise et retrouva finalement le nom de Seoul à la libération en 1945. Ce nom avait été utilisé depuis le royaume Silla (57 av. J.-C.-935) ; il provient des mots anciens seobeol ou seorabeol. Tous deux désignaient Gyeongju, alors capitale de Silla, et signifiaient « ville capitale ». Ils furent ensuite translittérés en plusieurs types reflétant les changements progressifs au cours du temps et arrivèrent à Séoul. Le hanja gyeong (京) signifie aussi « capitale » et est utilisé pour représenter Séoul dans les noms des lignes ferroviaires et des autoroutes, par exemple la ligne ferroviaire Gyeongbu (Séoul-Busan) et l'autoroute Gyeongin (Séoul-Incheon).
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+ Vers la fin du XIXe siècle, après des centaines d'années d'isolement, Séoul a ouvert ses portes aux étrangers et a commencé à se moderniser. Elle est devenue la première ville en Asie de l'Est à avoir l'électricité, le tramway, l'eau courante, le téléphone, et le télégraphe. Beaucoup de ces innovations étaient dues au commerce avec les États-Unis. Par exemple, la « Seoul Electric Company », « Seoul Electric Trolley Company », et « Seoul Fresh Spring Water Company » étaient des entreprises aux capitaux américains. En 1904, un citoyen des États-Unis nommé Angus Hamilton a visité la ville et a dit : « Les rues de Séoul sont magnifiques, spacieuses, propres, admirablement faites et bien drainées. Les voies étroites, sales ont été élargies, les gouttières ont été couvertes, les chaussées sont agrandies. Séoul est dans la mesure de devenir la plus importante, la plus intéressante et la plus propre des villes dans l'est ».
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+ En 1905, le Japon établit un protectorat en Corée, à la suite du traité de Portsmouth qui clôt la Guerre russo-japonaise, faisant de Séoul une capitale coloniale. Sous l'occupation japonaise (1910-1945), la ville a été appelée Gyeongseong (en japonais Keijō). Le 1er mars 1919, des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre la colonisation japonaise ; la répression de la manifestation fait 7 500 morts[8].. Le Japanese General Government Building (détruit en 1995) a servi comme siège du Gouvernement colonial japonais. Après la Seconde Guerre mondiale et la libération de la Corée, la ville a pris son nom actuel. Lorsque la République de Corée (Corée du Sud) a été proclamée en 1948, le nouvel état a adopté la ville comme la capitale.
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+ En 1950, la guerre de Corée a éclaté et Séoul a changé quatre fois d'occupants entre les Coréens du nord appuyés par la Chine et les Coréens du sud soutenu par l'ONU lors des batailles de Séoul, la ville a été gravement endommagée pendant cette guerre. Une évaluation des dégâts a montré qu'au moins 191 000 bâtiments, 55 000 maisons, et 1 000 usines étaient en ruines. De plus, une foule de réfugiés du Nord est venue peupler la ville, qui était déjà en pénurie de logements. Avec les afflux de réfugiés, la population était estimée à 2 500 000 personnes à la fin de la guerre.
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+ Avec l'aide des États-Unis, Séoul est devenu le centre d'une reconstruction immense et de modernisation. La croissance économique rapide accomplie pendant l'industrialisation des années 1960 et 1970 a considérablement élevé le niveau de vie des habitants. Les tours de bureaux et les appartements ont commencé à pousser partout dans la ville pendant le boom des constructions des années 1980. La pollution et les embouteillages sont devenus des problèmes majeurs alors que l'urbanisation dans le pays s'accélère et de plus en plus de personnes ont commencé à migrer vers Séoul et ses régions environnantes. En dépit d'une ceinture verte établie autour de la ville pour éviter l'étalement urbain, la zone métropolitaine de Séoul va aussitôt devenir l'une des plus grandes du monde en termes de population et une des plus entassées. Séoul est alors l'une des métropoles les plus chères et les plus polluées au monde[9].
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+ Avant l'ouverture des Jeux olympiques de 1988, les autorités font arrêter de nombreux vagabonds, dont de nombreux enfants, afin de donner à l'étranger une image plus positive de Séoul. Les personnes arrêtées sont envoyées dans des camps où elles subissent de nombreux sévices conduisant certaines d'entre elles à la mort[10].
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+ Pendant les années 1990, la ville a commencé à attirer beaucoup d'ouvriers d'autres pays. Précédemment, presque tous les résidents de Séoul étaient coréens, à l'exception d'une petite minorité chinoise. Aujourd'hui, il est estimé que 200 000 ressortissants étrangers habitent à Séoul. Ceux-ci incluent des travailleurs du Bangladesh, de Chine, d'Inde, d'Indonésie, de Mongolie, du Nigéria, du Pakistan, des Philippines, d'Ouzbékistan et du Viêt Nam. En tant que centre d'affaires, commercial et financier majeur, Séoul a aussi beaucoup de cadres et d'analystes venus d'Amérique du Nord, d'Europe et du Japon. Séoul se classe 7e dans le monde en terme du nombre de sociétés multinationales classées au Fortune Global 500.
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+ En 2020, le maire de la ville depuis 2011, Park Won Soon, est retrouvé mort d'un suicide apparent après avoir été porté disparu pendant quelques heures.[11] Le suicide fait suite à la plainte déposée par une de ses secrétaires pour harcèlement sexuel. [12]
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+ Le centre historique s'est édifié sur un site adossé à la montagne et ouvert vers le fleuve Han, répondant ainsi à des critères géomanciques favorables. La colline de Namsan (la montagne du sud), juste au sud du centre historique, est maintenant un point de repère pratique permettant de repérer le centre ville de presque partout, grâce à sa tour de télévision.
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+ Le Han traverse la ville d'est pour en ouest, en formant un « W », une quarantaine de kilomètres avant son estuaire.
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+ La ville est également traversée par cinq autres cours d'eau : le Seongnae (ko), le Banpo (ko), le Tan (ko) qui prend sa source non loin d'Yongin, le Jungnang (en) qui prend sa source dans le mont Bulgok (불곡산) non loin de la ville de Yangju dont l'un des affluents est le célèbre Cheonggye et l'Anyang (en) qui prend sa source non loin d'Uiwang.
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+ Plus de vingt ponts permettent de franchir le fleuve.
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+ À la fin du premier trimestre 2010, Séoul comptait 10,46 millions d'habitants dont 255 501 étrangers[13].
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+ La densité s'avère particulièrement élevée compte tenu de l'espace conséquent occupé par les montagnes et cours d'eau. La majorité des habitants réside dans des blocs d'appartements pouvant compter jusqu'à plusieurs milliers d'unités, un modèle rendu populaire à la fin des années 1960 pour accompagner l'exode rural parallèle au développement industriel du pays.
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+ Les précédentes explosions démographiques eurent lieu vers la fin de l'occupation Japonaise, puis à la libération, puis au lendemain de la guerre de Corée, en particulier grâce à l'afflux de réfugiés venus du Nord.
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+ Le taux de fécondité à Séoul n'est que de 0,69 enfant par femme en 2019. L’effondrement de la natalité s’expliquerait par un système économique qui multiplie les exclus, une société de plus en plus solitaire et le manque de confiance en l'avenir[14].
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+ Séoul dispose d'un climat continental humide, du même type qu'à New York, avec des étés marqués par leur forte chaleur et leur humidité, et des hivers pouvant être rudes. La température moyenne annuelle est de 12,2 °C. La différence de température entre les saisons est très importante ; ainsi, la température maximale en été totalise en moyenne 30 °C, tandis que les températures minimales hivernales oscillent autour de −8 °C.
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+ Depuis 2011, le maire est Park Won-soonPark Won-soon.
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+ La Corée du Sud a, en 2013, le 12e plus haut produit intérieur brut du monde et Séoul est classée mondialement 7e au nombre de multinationales appartenant au classement Fortune Global 500 :
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+ (récemment divisée en LG et en GS)
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+ Le métro de Séoul (서울 지하철) a été inauguré en 1974. Avec ses 280 km de long réparti sur 9 lignes différentes et ses 291 stations, il est actuellement l'un des plus importants au monde.
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+ Avec plus de 9.8 millions de passagers par jour, il est l'un des métros les plus fréquentés dans le monde[15].
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+ Fonctionnant de 5 h à minuit chaque jour, c'est le moyen de transport le plus rapide dans la capitale.
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+ Séoul possède près de 200 lignes d'autobus.
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+ La flotte de véhicules se répartit en deux types : les bus rouges et les bus standards (de couleur bleue, verte et jaune).
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+ Séoul est traversé par 6 autoroutes majeures qui lient les arrondissements de la ville entre eux et avec la région environnante.
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+ La ville est desservie[3] par deux aéroports : celui d'Incheon (인천 국제공항) (pour les vols internationaux), situé sur une île en face du port de cette ville, et celui de Gimpo (김포 국내공항) (destiné aux vols intérieurs et à certains vols vers la Chine, le Japon et Taïwan[16]).
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+ Les lignes de Korail couvrent la presque totalité du territoire à partir de Séoul. Les principales gares sont :
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+ Cinq gares routières desservent[17] Séoul : Seoul Express Bus Terminal (서울 버스 터미널), Dong Seoul Bus Terminal (동서울 버스 터미널), Sangbong Bus Terminal (상봉 버스 터미널) et Nambu Bus Terminal (남부 버스 터미널). Les routes parcourues par les bus express sont à plus de 60 % des autoroutes et ceux-ci n'effectuent pas d'arrêts à mi-parcours.
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+ La Corée du Sud a important réseau d'abris destiné à faire face à la menace que fait peser la Corée du Nord depuis la guerre entre ces deux pays entre 1950 et 1953.
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+ En mai 2017, elle dispose de 17 501 abris dont 3 321 installations d'évacuation de la sécurité civile tels stations de métro et abris dans les immeubles de bureaux et bâtiments officiels ayant une superficie totale de 23,69 km2 pour la seule ville de Séoul[18].
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+ La restauration du palais de Gyeongbokgung et de la porte Gwanghwamun ont pour but de requalifier le cœur historique de Séoul. Souvent considérée comme une ville sans patrimoine, Séoul est en effet en quête de son identité. À la suite de la démolition du palais du gouvernorat japonais, édifice de style victorien construit durant l'occupation et détruit dans les années 1990, une copie en béton de la porte Gwangamun tenait lieu d'entrée pour le palais royal. Celle-ci était disproportionnée et mal placée. Un grand projet de restauration, actuellement en cours, vise à lui redonner sa forme, son emplacement et son principe constructif en requalifiant également l'enceinte du palais et l'avenue qui lui fait face. Les deux pavillons encadrant la porte seront de nouveau inscrits dans l'enceinte et non plus au milieu de la circulation automobile. Le pavillon de l'ouest, détruit au début du XXe siècle pour faire place au tramway, sera reconstruit à l'identique de son jumeau de l'est. La croissance de Séoul a transformé le paysage urbain en un maillage serré de tours d'habitations et de bureaux.
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+ En 2014 la porte Gwanghwamun a été restaurée.
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+ Détruite par un incendie d'origine criminelle en 2008, Namdaemun (« Grande porte du sud »), de son vrai nom Sungnyemun (« Porte des cérémonies élevées ») est officiellement rouverte le 5 mai 2013, cinq ans après.
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+ On peut également visiter les palais de Changgyeonggung, Deoksugung et Changdeokgung ainsi que le sanctuaire royal de Jongmyo.
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+ À l'occasion du départ des troupes militaires américaines du district de Yongsan, le quartier devait être entièrement remodelé selon un projet d'urbanisme pharaonique.
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+ Un nouveau complexe architectural du nom de Dream Hub aurait dû voir le jour environs de 2016, avec un gratte-ciel emblématique, la Dream Tower (en) s'élevant à 665 mètres de hauteur. Cependant, ce projet a été abandonné en 2013 à la suite des retraits d'investisseurs devant les coûts de construction trop élevés.
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+ DMC est situé dans le quartier de Sangam-dong. Ici aussi, une tour de 640 mètres aurait dû servir d'emblème au quartier. Dénommée Seoul Lite (en), sa construction a commencé en 2009 mais elle a rapidement été interrompue. Il y aura aussi des appartements pour étrangers et divers services modernes. Le 1er juillet 2009, la station "Susaek" de la ligne 6 s'est transformée en "Digital Media City" (ne pas confondre avec la station "Susaek" de la ligne Gyengeui).
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+ Les grands projets d'urbanisme à Séoul se multiplient avec la volonté d'en faire une ville belle et plus agréable à vivre, à rebours de l'urbanisation sauvage effectuée pendant la phase de développement économique intensif du pays.
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+ La capitale coréenne aspire en effet à devenir une mégapole internationale de premier plan et ainsi renforcer son attractivité, notamment avec son titre de capitale mondiale du design en 2010.
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+ Dongdaemun désigne la grande porte Est de Séoul. Aujourd'hui, en 2015, la zone urbaine située au sud de la porte est devenue un quartier branché et touristique de la capitale[19] et la partie connue sous le nom de Marché Dongdaemun est la plus grande zone commerciale de la Corée du Sud.
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+ En 2009 débuta la construction du Dongdaemun Design Plaza, un gigantesque complexe multifonctions conçu par l'architecte irako-britannique Zaha Hadid. Érigé sur le terrain d'un ancien stade de baseball, il était destiné à rénover un quartier laissé peu à peu à l'abandon. À la fois temple du design, centre de congrès et pôle de divertissement, l'édifice a été officiellement inauguré le 21 mars 2014[20] et constitue un symbole majeur du développement urbain de la capitale sud-coréenne.
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+ Le Dongdaemun Design Plaza, temple du design et du divertissement
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+ L'ancien site de l'université nationale de Séoul (fondée en 1946 et transférée en 1975), devenu le parc Marronnier (en).
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+ Des anciennes fortifications, il reste essentiellement les portes de Namdaemun (la grande porte du Sud, trésor national no 1 de la Corée) et de Dongdaemun, la grande porte de l'Est. Namdaemun, construction en bois sur deux niveaux datant de 1398, a brûlé entièrement le 10 février 2008, laissant seul debout le socle en pierre sur lequel était construit la porte.
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+ Parmi les palais du centre : Gyeongbokgung et Deoksugung qui jouxte la place de la mairie.
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+ La chanteuse sud-coréenne Hwangbo est originaire de la ville.
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+ Le groupe sud-coréen BTS formé par Big Hit Entertainment en 2013 y est originaire
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+ Dans la série My First First Love (첫사랑은 처음이라서 en coréen) sur Netflix depuis le 18 avril 2019 , la ville où se déroulent les scènes principales sont à Séoul.
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+ Centre culturel du pays, Séoul compte près de cent musées[21],[22], dont quatre nationaux. Le musée national de Corée est le plus représentatif des musées de Corée du Sud. Créé en 1945 et situé depuis 2005 dans un nouveau bâtiment dans le parc familial de Yongsan[23], ce musée comprend des collections qui couvre toute l'histoire de la Corée depuis la Préhistoire de la Corée, en passant par les époques de constitution des premiers royaumes coréens du « Moyen-Âge », mais aussi de la et jusqu'à la période Joseon, des galeries des beaux-arts coréens (calligraphie, peinture et art bouddhique) et une galerie d'arts asiatiques[24].
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+ Deux autres musées nationaux sont situés sur le terrain du palais de Gyeongbokgung. Il s'agit du musée folklorique national de Corée, qui expose des répliques d'objets historiques pour illustrer l'histoire des traditions et de la vie quotidienne du peuple coréen, et du musée national du palais de Corée (en). Le quatrième musée national, ouvert en 2013, est une branche du Musée national d'art contemporain[25].
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+ Le Leeum (musée d'art Samsung) est un musée privé consacré à l'art traditionnel coréen et à l'art contemporain. Le musée d'art Ilmin (en) et le musée d'art Gansong, sont deux autres musées privés consacrés à l'art coréen. Deux collections d'université ont une renommée mondiale, le musée de l'Université nationale de Séoul[26] (art ancien et préhistoire, folklore, , etc.) et celui de l'Université pour femmes Ewha[27] (céramique : céladons..., paravents, peintures). Le musée Horim[28] possède l'une très belle collection d'art coréen de Séoul (céramique ancienne, peintures) sur deux lieux d'exposition, la nouvelle annexe, le Horim Museum Sinsa [29] qui organise de belles expositions temporaires, pédagogiques, dans un centre d'art flambant neuf, et d'autre part, le bâtiment d'origine, le Horim Museum Sillim[30], plus excentré, bien plus calme aussi, dans Gwanak-gu.
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+ Séoul compte également des musées d'histoire, comme le mémorial de la guerre de Corée (en), qui retrace les différentes guerres impliquant la Corée, le musée de la prison de Seodaemun, ancienne prison construite pendant l'occupation japonaise et qui sert aujourd'hui de musée et de mémorial consacré à cette période, et le musée d'histoire de Séoul consacré à l'histoire de la ville depuis la période Joseon. Enfin, l'Université Yonsei dispose d'un petit musée de la Préhistoire de la Corée, de très grand intérêt, créé par le fondateur de la paléontologie coréenne, le professeur Sohn Pokee.
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+ Parmi les musées thématiques on peut citer le musée du kimchi Pulmuone (en) et le musée du Tteok et des ustensiles de cuisine (en) consacrés à la gastronomie, et le musée d'histoire naturelle de Seodaemun (en).
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+ Séoul comporte un grand nombre d'universités. Les trois principales sont néanmoins l'université nationale de Séoul, l'université Yonsei et l'université de Corée.
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+ Séoul compte aussi d'autres universités très anciennes, comme l'université Sungkyunkwan, fondée en 1398[31].
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+ L’université de Sejong travaille actuellement à la construction d’une langue universelle, l’Unish.
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+ Il y a 2 lycées français à Séoul[32] :
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+ Séoul a accueilli les Jeux olympiques d'été en 1988 ainsi que la Coupe du monde de football, avec le Japon en 2002.
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+ En football, le FC Séoul représente la ville dans la K-League. Il joue au Stade de la Coupe du monde.
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134
+ Séoul a reçu 6 millions de touristes en 2005[35].
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136
+ Séoul est composé de 25 arrondissements municipaux appelés gu (구), qui sont eux-mêmes composés de quartiers appelés dong.
137
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138
+ Séoul est jumelée avec de nombreuses villes dans le monde. L’année où s’est noué le jumelage est indiquée.
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140
+ Note : Paris et Rome ont conclu un accord d'amitié avec Séoul, mais elles ne sont pas jumelées avec elle. Seule Paris est jumelée à Rome et réciproquement.
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+ Par ailleurs, depuis octobre 2005, la ville française d’Issy-les-Moulineaux est jumelée avec le district de Guro de la ville de Séoul[36].
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+ Séoul /se.ul/[3] (en coréen : 서울 ; romanisation révisée : Seoul /sʌ.ul/[4] Écouter), officiellement la Ville spéciale de Séoul (hangeul : 서울특별시, hanja : 서울特別市 Écouter), est la capitale et la plus grande ville de la Corée du Sud. Si Séoul reste le siège de l'Assemblée nationale et de la présidence, nombre de ministères et d'institutions nationales ont été transférées dans la ville nouvelle de Sejong, capitale administrative de facto depuis 2013.
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5
+ Située sur le fleuve Han, au nord-ouest du pays, elle compte une population d'environ onze millions d'habitants intra-muros et 25 620 000 dans son aire urbaine (qui inclut notamment Incheon)[5], ce qui fait d'elle la troisième mégapole la plus peuplée au monde après Tokyo et Mexico, et juste devant New York. En outre, la ville est le lieu de résidence de près de la moitié de la population sud-coréenne. La zone démilitarisée (DMZ) est, quant à elle, à environ 45 kilomètres du centre-ville.
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+ Fondée il y a deux mille ans par le royaume Baekje, l'un des Trois Royaumes de Corée, Séoul est pendant plus de cinq cents ans la capitale du royaume de Joseon. À la fin du XIXe siècle, rompant avec une longue tradition d'isolement, Séoul s'ouvre aux étrangers et notamment aux États-Unis : elle est la première ville d'Asie de l'Est à avoir l'électricité, l'eau courante, le téléphone et un réseau de tramway. Occupée par le Japon de 1910 à 1945 et rebaptisée Gyeongseong, la ville devient la capitale de la République de Corée lors de sa proclamation en 1948. Elle sera gravement endommagée lors des conflits de la Guerre de Corée, dont la bataille de Séoul fut l'un des évènements majeurs : le palais de Gyeongbokgung et sa grande porte sont notamment incendiés. Reconstruite dans les années 1960 et 1970 avec l'aide des États-Unis, elle connaît une forte industrialisation et devient le visage d'une Corée du Sud en voie de modernisation. Depuis les années 1990, Séoul a vu sa population croître de manière importante, notamment grâce à l'afflux de populations venues des campagnes.
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+ Siège des plus grandes entreprises coréennes (les chaebol), dont Samsung, LG et Hyundai, Séoul est considérée comme une ville globale. Son niveau de vie très élevé et son PIB - le quatrième au monde pour une aire urbaine après Tokyo, New York et Los Angeles - en font l'un des principaux centres économiques au monde. Le quartier branché de Gangnam et la Digital Media City concentrent des entreprises dans les nouvelles technologies. La ville compte de nombreux bâtiments à l'architecture futuriste, comme le Dongdaemun Design Plaza et la Lotte Super Tower 123, qui atteint les 555 mètres de hauteur en 2016 et dépasse la N Seoul Tower. Symbole de son rayonnement, Séoul a organisé plusieurs grands évènements internationaux, dont les Jeux asiatiques de 1986, les Jeux olympiques d'été de 1988, la Coupe du monde de football de 2002 et le Sommet du G20 de novembre 2010.
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+ Importante destination touristique, Séoul compte trois monuments classés au patrimoine mondial de l'UNESCO : le palais de Changdeokgung, le sanctuaire de Jongmyo et plusieurs tombes royales de la dynastie Joseon. En raison de sa forte densité de population, plus de trois millions de véhicules y sont comptabilisés, ce qui entraîne des embouteillages quotidiens, même au-delà de minuit. Enfin, en tant que cœur culturel du pays, Séoul est le berceau de la K-pop et de la diffusion de la culture coréenne à travers le monde (hallyu).
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+ En 2018, Séoul a rejoint le mouvement Fab City, suivant l'appel lancé par le maire de Barcelone, Xavier Trias, à ce que toutes les villes du monde deviennent autosuffisantes pour 2054[6].
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+ On pense que les premiers hommes habitaient le long des berges inférieures du fleuve Han pendant le paléolithique, car des ruines préhistoriques ont été déterrées à Amsa-dong (village), Gangdong-gu (district). Avec l'introduction du bronze vers 700 ans av. J.-C., les hommes se sont progressivement dispersés du bassin du fleuve vers les régions intérieures.
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+ L'histoire de Séoul remonte à 18 av. J.-C. Cette année-là, le nouveau royaume de Baekje construisit sa capitale dans la région de Séoul sous le nom de Wiryeseong (위례성 ; 慰禮城). À l'époque où les Trois Royaumes se disputaient l'hégémonie de la Corée, Séoul fut souvent le site où se réglèrent les conflits. On considérait que le royaume qui contrôlait la région aux alentours était capable de contrôler toute la péninsule. C'est pourquoi au XIe siècle le dirigeant de la dynastie Goryeo construisit un palais à Séoul, qui était considérée comme la capitale du Sud. La ville vit changer son nom de Hanyang (한양 ; 漢陽) en Hanseong (한성 ; 漢城) lorsqu'elle devint la capitale de la dynastie Joseon en 1394 (elle fut connue sous ce nom en chinois, Hancheng, jusqu'en octobre 2005, date à laquelle le nom de Shou'er (首爾) fut adopté à la demande du maire de Séoul[7]). Elle fut rebaptisée Gyeongseong (경성 ; 京城 ; Keijō en japonais) lors de l'occupation japonaise et retrouva finalement le nom de Seoul à la libération en 1945. Ce nom avait été utilisé depuis le royaume Silla (57 av. J.-C.-935) ; il provient des mots anciens seobeol ou seorabeol. Tous deux désignaient Gyeongju, alors capitale de Silla, et signifiaient « ville capitale ». Ils furent ensuite translittérés en plusieurs types reflétant les changements progressifs au cours du temps et arrivèrent à Séoul. Le hanja gyeong (京) signifie aussi « capitale » et est utilisé pour représenter Séoul dans les noms des lignes ferroviaires et des autoroutes, par exemple la ligne ferroviaire Gyeongbu (Séoul-Busan) et l'autoroute Gyeongin (Séoul-Incheon).
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+ Vers la fin du XIXe siècle, après des centaines d'années d'isolement, Séoul a ouvert ses portes aux étrangers et a commencé à se moderniser. Elle est devenue la première ville en Asie de l'Est à avoir l'électricité, le tramway, l'eau courante, le téléphone, et le télégraphe. Beaucoup de ces innovations étaient dues au commerce avec les États-Unis. Par exemple, la « Seoul Electric Company », « Seoul Electric Trolley Company », et « Seoul Fresh Spring Water Company » étaient des entreprises aux capitaux américains. En 1904, un citoyen des États-Unis nommé Angus Hamilton a visité la ville et a dit : « Les rues de Séoul sont magnifiques, spacieuses, propres, admirablement faites et bien drainées. Les voies étroites, sales ont été élargies, les gouttières ont été couvertes, les chaussées sont agrandies. Séoul est dans la mesure de devenir la plus importante, la plus intéressante et la plus propre des villes dans l'est ».
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+ En 1905, le Japon établit un protectorat en Corée, à la suite du traité de Portsmouth qui clôt la Guerre russo-japonaise, faisant de Séoul une capitale coloniale. Sous l'occupation japonaise (1910-1945), la ville a été appelée Gyeongseong (en japonais Keijō). Le 1er mars 1919, des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre la colonisation japonaise ; la répression de la manifestation fait 7 500 morts[8].. Le Japanese General Government Building (détruit en 1995) a servi comme siège du Gouvernement colonial japonais. Après la Seconde Guerre mondiale et la libération de la Corée, la ville a pris son nom actuel. Lorsque la République de Corée (Corée du Sud) a été proclamée en 1948, le nouvel état a adopté la ville comme la capitale.
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+ En 1950, la guerre de Corée a éclaté et Séoul a changé quatre fois d'occupants entre les Coréens du nord appuyés par la Chine et les Coréens du sud soutenu par l'ONU lors des batailles de Séoul, la ville a été gravement endommagée pendant cette guerre. Une évaluation des dégâts a montré qu'au moins 191 000 bâtiments, 55 000 maisons, et 1 000 usines étaient en ruines. De plus, une foule de réfugiés du Nord est venue peupler la ville, qui était déjà en pénurie de logements. Avec les afflux de réfugiés, la population était estimée à 2 500 000 personnes à la fin de la guerre.
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+ Avec l'aide des États-Unis, Séoul est devenu le centre d'une reconstruction immense et de modernisation. La croissance économique rapide accomplie pendant l'industrialisation des années 1960 et 1970 a considérablement élevé le niveau de vie des habitants. Les tours de bureaux et les appartements ont commencé à pousser partout dans la ville pendant le boom des constructions des années 1980. La pollution et les embouteillages sont devenus des problèmes majeurs alors que l'urbanisation dans le pays s'accélère et de plus en plus de personnes ont commencé à migrer vers Séoul et ses régions environnantes. En dépit d'une ceinture verte établie autour de la ville pour éviter l'étalement urbain, la zone métropolitaine de Séoul va aussitôt devenir l'une des plus grandes du monde en termes de population et une des plus entassées. Séoul est alors l'une des métropoles les plus chères et les plus polluées au monde[9].
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+ Avant l'ouverture des Jeux olympiques de 1988, les autorités font arrêter de nombreux vagabonds, dont de nombreux enfants, afin de donner à l'étranger une image plus positive de Séoul. Les personnes arrêtées sont envoyées dans des camps où elles subissent de nombreux sévices conduisant certaines d'entre elles à la mort[10].
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+ Pendant les années 1990, la ville a commencé à attirer beaucoup d'ouvriers d'autres pays. Précédemment, presque tous les résidents de Séoul étaient coréens, à l'exception d'une petite minorité chinoise. Aujourd'hui, il est estimé que 200 000 ressortissants étrangers habitent à Séoul. Ceux-ci incluent des travailleurs du Bangladesh, de Chine, d'Inde, d'Indonésie, de Mongolie, du Nigéria, du Pakistan, des Philippines, d'Ouzbékistan et du Viêt Nam. En tant que centre d'affaires, commercial et financier majeur, Séoul a aussi beaucoup de cadres et d'analystes venus d'Amérique du Nord, d'Europe et du Japon. Séoul se classe 7e dans le monde en terme du nombre de sociétés multinationales classées au Fortune Global 500.
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+ En 2020, le maire de la ville depuis 2011, Park Won Soon, est retrouvé mort d'un suicide apparent après avoir été porté disparu pendant quelques heures.[11] Le suicide fait suite à la plainte déposée par une de ses secrétaires pour harcèlement sexuel. [12]
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+ Le centre historique s'est édifié sur un site adossé à la montagne et ouvert vers le fleuve Han, répondant ainsi à des critères géomanciques favorables. La colline de Namsan (la montagne du sud), juste au sud du centre historique, est maintenant un point de repère pratique permettant de repérer le centre ville de presque partout, grâce à sa tour de télévision.
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+ Le Han traverse la ville d'est pour en ouest, en formant un « W », une quarantaine de kilomètres avant son estuaire.
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+ La ville est également traversée par cinq autres cours d'eau : le Seongnae (ko), le Banpo (ko), le Tan (ko) qui prend sa source non loin d'Yongin, le Jungnang (en) qui prend sa source dans le mont Bulgok (불곡산) non loin de la ville de Yangju dont l'un des affluents est le célèbre Cheonggye et l'Anyang (en) qui prend sa source non loin d'Uiwang.
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+ Plus de vingt ponts permettent de franchir le fleuve.
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+ À la fin du premier trimestre 2010, Séoul comptait 10,46 millions d'habitants dont 255 501 étrangers[13].
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+ La densité s'avère particulièrement élevée compte tenu de l'espace conséquent occupé par les montagnes et cours d'eau. La majorité des habitants réside dans des blocs d'appartements pouvant compter jusqu'à plusieurs milliers d'unités, un modèle rendu populaire à la fin des années 1960 pour accompagner l'exode rural parallèle au développement industriel du pays.
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+ Les précédentes explosions démographiques eurent lieu vers la fin de l'occupation Japonaise, puis à la libération, puis au lendemain de la guerre de Corée, en particulier grâce à l'afflux de réfugiés venus du Nord.
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+ Le taux de fécondité à Séoul n'est que de 0,69 enfant par femme en 2019. L’effondrement de la natalité s’expliquerait par un système économique qui multiplie les exclus, une société de plus en plus solitaire et le manque de confiance en l'avenir[14].
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+ Séoul dispose d'un climat continental humide, du même type qu'à New York, avec des étés marqués par leur forte chaleur et leur humidité, et des hivers pouvant être rudes. La température moyenne annuelle est de 12,2 °C. La différence de température entre les saisons est très importante ; ainsi, la température maximale en été totalise en moyenne 30 °C, tandis que les températures minimales hivernales oscillent autour de −8 °C.
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+ Depuis 2011, le maire est Park Won-soonPark Won-soon.
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+ La Corée du Sud a, en 2013, le 12e plus haut produit intérieur brut du monde et Séoul est classée mondialement 7e au nombre de multinationales appartenant au classement Fortune Global 500 :
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+ (récemment divisée en LG et en GS)
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+ Le métro de Séoul (서울 지하철) a été inauguré en 1974. Avec ses 280 km de long réparti sur 9 lignes différentes et ses 291 stations, il est actuellement l'un des plus importants au monde.
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+ Avec plus de 9.8 millions de passagers par jour, il est l'un des métros les plus fréquentés dans le monde[15].
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+ Fonctionnant de 5 h à minuit chaque jour, c'est le moyen de transport le plus rapide dans la capitale.
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+ Séoul possède près de 200 lignes d'autobus.
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+ La flotte de véhicules se répartit en deux types : les bus rouges et les bus standards (de couleur bleue, verte et jaune).
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+ Séoul est traversé par 6 autoroutes majeures qui lient les arrondissements de la ville entre eux et avec la région environnante.
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+ La ville est desservie[3] par deux aéroports : celui d'Incheon (인천 국제공항) (pour les vols internationaux), situé sur une île en face du port de cette ville, et celui de Gimpo (김포 국내공항) (destiné aux vols intérieurs et à certains vols vers la Chine, le Japon et Taïwan[16]).
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+ Les lignes de Korail couvrent la presque totalité du territoire à partir de Séoul. Les principales gares sont :
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+ Cinq gares routières desservent[17] Séoul : Seoul Express Bus Terminal (서울 버스 터미널), Dong Seoul Bus Terminal (동서울 버스 터미널), Sangbong Bus Terminal (상봉 버스 터미널) et Nambu Bus Terminal (남부 버스 터미널). Les routes parcourues par les bus express sont à plus de 60 % des autoroutes et ceux-ci n'effectuent pas d'arrêts à mi-parcours.
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+ La Corée du Sud a important réseau d'abris destiné à faire face à la menace que fait peser la Corée du Nord depuis la guerre entre ces deux pays entre 1950 et 1953.
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+ En mai 2017, elle dispose de 17 501 abris dont 3 321 installations d'évacuation de la sécurité civile tels stations de métro et abris dans les immeubles de bureaux et bâtiments officiels ayant une superficie totale de 23,69 km2 pour la seule ville de Séoul[18].
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+ La restauration du palais de Gyeongbokgung et de la porte Gwanghwamun ont pour but de requalifier le cœur historique de Séoul. Souvent considérée comme une ville sans patrimoine, Séoul est en effet en quête de son identité. À la suite de la démolition du palais du gouvernorat japonais, édifice de style victorien construit durant l'occupation et détruit dans les années 1990, une copie en béton de la porte Gwangamun tenait lieu d'entrée pour le palais royal. Celle-ci était disproportionnée et mal placée. Un grand projet de restauration, actuellement en cours, vise à lui redonner sa forme, son emplacement et son principe constructif en requalifiant également l'enceinte du palais et l'avenue qui lui fait face. Les deux pavillons encadrant la porte seront de nouveau inscrits dans l'enceinte et non plus au milieu de la circulation automobile. Le pavillon de l'ouest, détruit au début du XXe siècle pour faire place au tramway, sera reconstruit à l'identique de son jumeau de l'est. La croissance de Séoul a transformé le paysage urbain en un maillage serré de tours d'habitations et de bureaux.
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+ En 2014 la porte Gwanghwamun a été restaurée.
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+ Détruite par un incendie d'origine criminelle en 2008, Namdaemun (« Grande porte du sud »), de son vrai nom Sungnyemun (« Porte des cérémonies élevées ») est officiellement rouverte le 5 mai 2013, cinq ans après.
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+ On peut également visiter les palais de Changgyeonggung, Deoksugung et Changdeokgung ainsi que le sanctuaire royal de Jongmyo.
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+ À l'occasion du départ des troupes militaires américaines du district de Yongsan, le quartier devait être entièrement remodelé selon un projet d'urbanisme pharaonique.
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+ Un nouveau complexe architectural du nom de Dream Hub aurait dû voir le jour environs de 2016, avec un gratte-ciel emblématique, la Dream Tower (en) s'élevant à 665 mètres de hauteur. Cependant, ce projet a été abandonné en 2013 à la suite des retraits d'investisseurs devant les coûts de construction trop élevés.
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+ DMC est situé dans le quartier de Sangam-dong. Ici aussi, une tour de 640 mètres aurait dû servir d'emblème au quartier. Dénommée Seoul Lite (en), sa construction a commencé en 2009 mais elle a rapidement été interrompue. Il y aura aussi des appartements pour étrangers et divers services modernes. Le 1er juillet 2009, la station "Susaek" de la ligne 6 s'est transformée en "Digital Media City" (ne pas confondre avec la station "Susaek" de la ligne Gyengeui).
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+ Les grands projets d'urbanisme à Séoul se multiplient avec la volonté d'en faire une ville belle et plus agréable à vivre, à rebours de l'urbanisation sauvage effectuée pendant la phase de développement économique intensif du pays.
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+ La capitale coréenne aspire en effet à devenir une mégapole internationale de premier plan et ainsi renforcer son attractivité, notamment avec son titre de capitale mondiale du design en 2010.
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+ Dongdaemun désigne la grande porte Est de Séoul. Aujourd'hui, en 2015, la zone urbaine située au sud de la porte est devenue un quartier branché et touristique de la capitale[19] et la partie connue sous le nom de Marché Dongdaemun est la plus grande zone commerciale de la Corée du Sud.
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+ En 2009 débuta la construction du Dongdaemun Design Plaza, un gigantesque complexe multifonctions conçu par l'architecte irako-britannique Zaha Hadid. Érigé sur le terrain d'un ancien stade de baseball, il était destiné à rénover un quartier laissé peu à peu à l'abandon. À la fois temple du design, centre de congrès et pôle de divertissement, l'édifice a été officiellement inauguré le 21 mars 2014[20] et constitue un symbole majeur du développement urbain de la capitale sud-coréenne.
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+ Le Dongdaemun Design Plaza, temple du design et du divertissement
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+ L'ancien site de l'université nationale de Séoul (fondée en 1946 et transférée en 1975), devenu le parc Marronnier (en).
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+ Des anciennes fortifications, il reste essentiellement les portes de Namdaemun (la grande porte du Sud, trésor national no 1 de la Corée) et de Dongdaemun, la grande porte de l'Est. Namdaemun, construction en bois sur deux niveaux datant de 1398, a brûlé entièrement le 10 février 2008, laissant seul debout le socle en pierre sur lequel était construit la porte.
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+ Parmi les palais du centre : Gyeongbokgung et Deoksugung qui jouxte la place de la mairie.
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+ La chanteuse sud-coréenne Hwangbo est originaire de la ville.
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+ Le groupe sud-coréen BTS formé par Big Hit Entertainment en 2013 y est originaire
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+ Dans la série My First First Love (첫사랑은 처음이라서 en coréen) sur Netflix depuis le 18 avril 2019 , la ville où se déroulent les scènes principales sont à Séoul.
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+ Centre culturel du pays, Séoul compte près de cent musées[21],[22], dont quatre nationaux. Le musée national de Corée est le plus représentatif des musées de Corée du Sud. Créé en 1945 et situé depuis 2005 dans un nouveau bâtiment dans le parc familial de Yongsan[23], ce musée comprend des collections qui couvre toute l'histoire de la Corée depuis la Préhistoire de la Corée, en passant par les époques de constitution des premiers royaumes coréens du « Moyen-Âge », mais aussi de la et jusqu'à la période Joseon, des galeries des beaux-arts coréens (calligraphie, peinture et art bouddhique) et une galerie d'arts asiatiques[24].
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+ Deux autres musées nationaux sont situés sur le terrain du palais de Gyeongbokgung. Il s'agit du musée folklorique national de Corée, qui expose des répliques d'objets historiques pour illustrer l'histoire des traditions et de la vie quotidienne du peuple coréen, et du musée national du palais de Corée (en). Le quatrième musée national, ouvert en 2013, est une branche du Musée national d'art contemporain[25].
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+ Le Leeum (musée d'art Samsung) est un musée privé consacré à l'art traditionnel coréen et à l'art contemporain. Le musée d'art Ilmin (en) et le musée d'art Gansong, sont deux autres musées privés consacrés à l'art coréen. Deux collections d'université ont une renommée mondiale, le musée de l'Université nationale de Séoul[26] (art ancien et préhistoire, folklore, , etc.) et celui de l'Université pour femmes Ewha[27] (céramique : céladons..., paravents, peintures). Le musée Horim[28] possède l'une très belle collection d'art coréen de Séoul (céramique ancienne, peintures) sur deux lieux d'exposition, la nouvelle annexe, le Horim Museum Sinsa [29] qui organise de belles expositions temporaires, pédagogiques, dans un centre d'art flambant neuf, et d'autre part, le bâtiment d'origine, le Horim Museum Sillim[30], plus excentré, bien plus calme aussi, dans Gwanak-gu.
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+ Séoul compte également des musées d'histoire, comme le mémorial de la guerre de Corée (en), qui retrace les différentes guerres impliquant la Corée, le musée de la prison de Seodaemun, ancienne prison construite pendant l'occupation japonaise et qui sert aujourd'hui de musée et de mémorial consacré à cette période, et le musée d'histoire de Séoul consacré à l'histoire de la ville depuis la période Joseon. Enfin, l'Université Yonsei dispose d'un petit musée de la Préhistoire de la Corée, de très grand intérêt, créé par le fondateur de la paléontologie coréenne, le professeur Sohn Pokee.
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+ Parmi les musées thématiques on peut citer le musée du kimchi Pulmuone (en) et le musée du Tteok et des ustensiles de cuisine (en) consacrés à la gastronomie, et le musée d'histoire naturelle de Seodaemun (en).
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+ Séoul comporte un grand nombre d'universités. Les trois principales sont néanmoins l'université nationale de Séoul, l'université Yonsei et l'université de Corée.
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+ Séoul compte aussi d'autres universités très anciennes, comme l'université Sungkyunkwan, fondée en 1398[31].
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+ L’université de Sejong travaille actuellement à la construction d’une langue universelle, l’Unish.
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128
+ Il y a 2 lycées français à Séoul[32] :
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+ Séoul a accueilli les Jeux olympiques d'été en 1988 ainsi que la Coupe du monde de football, avec le Japon en 2002.
131
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132
+ En football, le FC Séoul représente la ville dans la K-League. Il joue au Stade de la Coupe du monde.
133
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134
+ Séoul a reçu 6 millions de touristes en 2005[35].
135
+
136
+ Séoul est composé de 25 arrondissements municipaux appelés gu (구), qui sont eux-mêmes composés de quartiers appelés dong.
137
+
138
+ Séoul est jumelée avec de nombreuses villes dans le monde. L’année où s’est noué le jumelage est indiquée.
139
+
140
+ Note : Paris et Rome ont conclu un accord d'amitié avec Séoul, mais elles ne sont pas jumelées avec elle. Seule Paris est jumelée à Rome et réciproquement.
141
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142
+ Par ailleurs, depuis octobre 2005, la ville française d’Issy-les-Moulineaux est jumelée avec le district de Guro de la ville de Séoul[36].
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+ La séparation des pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire est un principe fondamental des démocraties représentatives. Au contraire, les régimes dictatoriaux recherchent une concentration des pouvoirs. Ces pouvoirs sont influencés par des contre-pouvoirs (associatifs, syndicats professionnels, lobbies, presses, opinion publique...). L'indépendance et la séparation de ces pouvoirs est un idéal délicat quand bien même la bonne volonté est à l'œuvre. Dans sa constitution les grandes lignes de la séparation des pouvoirs sont définies répartissant les fonctions ou missions de l'État, en confiant leur exercice exclusif à différents corps ou élus, spécifiant les règles de leurs indépendances, et les moyens de protection des pressions.
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+ Certaines instances consultatives d'état, plus ou moins indépendantes, par exemple en France le Conseil d’État, le Médiateur de la République, le Défenseur des droits, la Cour des comptes ou l'INSEE, ont aussi pour rôle de tempérer préventivement ou curativement, rechercher des solutions à des problèmes précis, donner de la hauteur aux dialogues entre parties, élaborer des quantifications, préparer des évolutions des règles. La séparation des pouvoirs ne concerne donc pas que l'État au sens strict, mais d'une manière générale tout organe chargé de trancher entre plusieurs parties, afin d'éviter les collusions et les conflits d'intérêts, et qui doit donc rechercher l'impartialité dans ses décisions.
4
+
5
+ La séparation des pouvoirs a été dans un premier temps théorisée par Aristote puis par John Locke et enfin reprise par Montesquieu. Toutefois, compte tenu des différences de régimes politiques que ces deux derniers connaissent - le premier étant en Angleterre (régime politique : Monarchie parlementaire), le second en France (régime politique : Monarchie absolue) - Montesquieu, après un voyage en Angleterre, va « importer » sa version de la séparation des pouvoirs.
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7
+ La classification de Montesquieu définie dans De l'esprit des lois concerne en effet la limitation du pouvoir par le pouvoir « pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » :
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+ Ce principe de séparation qui ne s'applique qu'au pouvoir politique, a remplacé le principe plus ancien et plus large de séparation qui distinguait et hiérarchisait dans l'ensemble de la vie sociale les fonctions religieuses ou spirituelles (culte, enseignement, culture, assistance) qui étaient attribuées au Clergé, les fonctions politiques (justice, armée, administration) qui étaient exercées par la Noblesse, et les fonctions économiques et financières. Cette séparation des trois ordres, qui existait chez les Gaulois ou les Romains, était l'expression d'une tradition constitutionnelle antérieure, la tripartition dans les sociétés indo-européennes.
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11
+ Ainsi, comme le remarque Simone Goyard-Fabre, Montesquieu n'a pas spécialement théorisé la notion de séparation des pouvoirs, puisqu'il parle en réalité de limitation du pouvoir par le pouvoir[1].
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+ La Constitution française, est l'une des rares où l'exécutif est mentionné avant le législatif, par contre les constitutions belge et suisse respectent la norme. En revanche, le judiciaire est invariablement le « troisième pouvoir » : à cet effet, Montesquieu considère le pouvoir judiciaire comme « la bouche de la loi », en deçà des pouvoirs exécutif et législatif.
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+ Les expressions « quatrième pouvoir » et « cinquième pouvoir » sont parfois utilisées pour qualifier respectivement les institutions telles que le pouvoir médiatique et le pouvoir monétaire.
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+ Les philosophes ont conclu à la nécessité de la séparation des pouvoirs afin de lutter contre l'oppression.
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+
19
+ Platon dans son livre La République estime que les gouvernements offrent cinq types de base (quatre étant des formes existantes et l'une étant la forme idéale de Platon, qui existe « seulement dans la parole ») :
20
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+ « Le législateur ne doit pas constituer de pouvoirs qui ne s’équilibrent pas du fait de leur mélange. […] La totale liberté et l’indépendance à l’égard de toute autorité sont inférieures à une autorité que d’autres autorités limitent et mesurent. » Lois, III, 693b, 698b.
22
+
23
+ Aristote (-384 à -322) compara, dans La Politique, les constitutions des différentes nations aux différentes époques de l'histoire. Il cherche à introduire plus de rationalité pour organiser la cité grecque. Comme son maître Platon, il était en partie un idéaliste, puisqu'il souhaitait créer une cité idéale ; mais sa méthode de travail reste fondée sur l'observation du réel (il était donc également un réaliste), ce qui lui permet de classer les différentes constitutions des cités, afin de les analyser et de les comparer.
24
+
25
+ « Dans tout État, il est trois parties, dont le législateur, s'il est sage, s'occupera, par-dessus tout, à bien régler les intérêts. Ces trois parties une fois bien organisées, l'État tout entier est nécessairement bien organisé lui-même ; et les États ne peuvent différer réellement que par l'organisation différente de ces trois éléments »[2].
26
+
27
+ Aristote distingue ainsi trois parties de l'État :
28
+
29
+ L'apport d'Aristote n'est pas de proposer un mode de répartition des compétences dans l'État, mais de distinguer des composantes de celui-ci, afin de mieux comprendre son fonctionnement et pour qu'il soit bien organisé.
30
+
31
+ Cette répartition tripartite est une simple distinction fonctionnelle. Les pouvoirs sont intellectuellement classifiés mais en réalité aucunement séparés :
32
+
33
+ La philosophie d'Aristote et Platon n'eut donc qu'une influence limitée sur la théorie de la séparation des pouvoirs. Leur philosophie illustre plutôt les prémisses de la balance des pouvoirs.
34
+
35
+ Bien qu'il soit trop tôt pour parler de séparation des pouvoirs au sens strict, certaines périodes politiques romaines paraissaient avoir réalisé une saine distinction des pouvoirs. Le gouvernement romain, spécialement du gouvernement de la République romaine, avait une constitution mixte, un seul État avec des éléments de ces trois formes de gouvernement à la fois : la monarchie (sous la forme de ses dirigeants élus, les consuls), l'aristocratie (représentée par le Sénat), et de la démocratie (sous la forme d'assemblées populaires, tels que les comices centuriates). Dans une constitution mixte, chacune des trois branches du gouvernement vérifie les points forts et compense les faiblesses des deux autres.
36
+
37
+ Selon Montesquieu, « les lois de Rome avaient sagement divisé la puissance publique en un grand nombre de magistratures, qui se soutenaient, s’arrêtaient et se tempéraient l’une l’autre ; et, comme elles n’avaient, toutes, qu’un pouvoir borné, chaque citoyen était bon pour y parvenir. » - Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, chapitre XI.
38
+
39
+ La balance des pouvoirs était une théorie médiévale anglaise selon laquelle le modèle anglais était l'un des meilleurs régimes car l'un des plus stables. La raison en était que la formation politique de la curia regis (cour du roi) représentait l'ensemble des institutions : le roi, accompagné de quelques conseillers juges, les lords et les représentants des bourgs et comtés (circonscriptions rurales et urbaines) : c'est-à-dire une répartition équilibrée entre le roi, les nobles et le peuple.
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+
41
+ Cette théorie va être reprise entre les deux révolutions anglaises (milieu XVIIe siècle) par les philosophes des Lumières pour expliquer la distribution des pouvoirs entre ces trois organes de l'État.
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+
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+ Au XVIIe siècle, en Angleterre, les institutions font face à des crises (les deux révolutions : Première Révolution anglaise 1641-1649 et Glorieuse Révolution 1688-1689), car le parlement, qui émerge lentement, s'oppose au roi qui tente de réaffirmer l'absolutisme. Ce faisant, le parlement désigne son homme de main Oliver Cromwell pour réorganiser les rangs de l'armée. Mais, face au refus du Parlement de juger le roi, Cromwell prend le pouvoir et instaure une dictature, qui amène à la condamnation à mort de Charles Ier par le Parlement croupion (Rump Parliament), réduit à une simple chambre d'enregistrement des actes ministériels.
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+
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+ Petit à petit, l'idée d'une certaine séparation des pouvoirs apparaît, car l'on ne veut pas :
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+ La théorie médiévale de la balance des pouvoirs est alors reprise et réutilisée pour justifier une certaine séparation entre le législatif et l'exécutif.
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+
49
+ À partir de cela, John Locke (1632-1704) va élaborer la première théorie d'une distribution (plutôt qu'une véritable séparation) des pouvoirs.
50
+
51
+ Son analyse est clairement liée au contexte historique de la rédaction de ses essais. Il justifie la Glorieuse Révolution (1688-1689), dirigée contre l’absolutisme des Stuart et qui a permis la limitation du pouvoir royal au profit du parlement anglais. Il plaide pour une monarchie qu'il qualifie de « contractuelle » (c'est-à-dire « constitutionnelle » au sens anglo-saxon, puisqu'il était l'un des premiers théoriciens du contrat social).
52
+
53
+ L'un des principaux axes de son œuvre est une réflexion sur les moyens étatiques pour établir la liberté des citoyens, en particulier les libertés économiques. Pour lui, la liberté ne peut exister que grâce à la conjonction de deux facteurs :
54
+
55
+ John Locke, dans son second Traité du gouvernement civil (1690), a d'abord introduit trois formes de pouvoirs. Il distinguait :
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+
57
+ Traitant « Du pouvoir législatif, exécutif et confédératif d'un État » au chapitre XII, il constate « que le pouvoir législatif, et le pouvoir exécutif, se trouvent souvent séparés » et il place le premier au-dessus du second[3]. Il commence le chapitre suivant en indiquant que « quand le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont en différentes mains, comme cela se trouve dans toutes les monarchies modérées, et dans tous les gouvernements modérés... ».
58
+
59
+ L'aspect intéressant est la dichotomie du pouvoir exécutif entre d'une part un pouvoir gouvernemental (appelé exécutif) qui exécute les lois et qui n'a pas d'attributions dans les domaines de la représentation étrangère et de la guerre, et d'autre part le pouvoir du chef de l'État (appelé fédératif) qui représente et fédère la nation pour assurer la paix et établir des bonnes relations avec les nations étrangères, la séparation entre un pouvoir exécutif qui gouverne et un pouvoir exécutif qui règne.
60
+
61
+ La doctrine de Locke (tout comme celle de Montesquieu par la suite) n'est pas celle d'une véritable séparation des pouvoirs et ce, pour deux raisons :
62
+
63
+ Montesquieu n'admet pas non plus une séparation, mais une simple distinction ou distribution des pouvoirs entre les puissances.
64
+
65
+ L'œuvre politique principale de Montesquieu (1689-1755), président à mortier au Parlement de Bordeaux, est De l'Esprit des lois publiée en 1748 et sur laquelle il travaillait depuis 1734. Sa réflexion repose de façon très importante sur une analyse des régimes politiques des sociétés antiques et exotiques, mais il pose une définition très empirique des lois juridiques comme « des rapports nécessaires dérivant de la nature des choses ».
66
+
67
+ Il récuse l'absolutisme de Louis XIV qui consiste, selon lui, en la centralisation et la concentration de tous les pouvoirs dans les mains d'un seul. Au contraire, son analyse l'amène à justifier un modèle de société où les nobles, comme lui, retrouveraient un plus grand rôle politique.
68
+
69
+ Pour contribuer à sa théorie, Montesquieu prit pour exemple la monarchie britannique, dans laquelle se développait le parlementarisme depuis quelques années (Livre XI). Cependant, il n'a fait qu'étudier sommairement ce système monarchique[réf. nécessaire] ; de nombreuses erreurs de fait sont présentes dans son œuvre .
70
+
71
+ Le but de cette distinction est d'empêcher qu'une seule personne ou un groupe restreint de personnes concentrent excessivement en leurs mains tous les pouvoirs de l'État : « C'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites »[4].
72
+
73
+ Son objectif est d'instaurer la liberté ; celle-ci sera mieux à même d'être effective dans un système modéré. La séparation des pouvoirs est donc un moyen pour arriver à cette fin.
74
+
75
+ Il propose donc de distribuer les pouvoirs à différents organes, pour que les pouvoirs des uns limitent les pouvoirs des autres. Ces organes pouvant avoir des intérêts non convergents, il estime que les droits des sujets sont mieux garantis. L'établissement d'un régime despotique devient également plus difficile (quoique non impossible).
76
+
77
+ Reprenant Locke, il opère une distinction tripartite appelée Trias Politica :
78
+
79
+ « Il y a, dans chaque État, trois sortes de pouvoir : la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du choix des gens et la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil. […] Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de liberté ; […] il n'y a point encore de liberté, si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice ».
80
+
81
+ Au sein du pouvoir législatif, Montesquieu a par ailleurs théorisé la division du pouvoir législatif en deux chambres (bicamérisme).
82
+ Pour lui, le bicamérisme est une condition essentielle à la théorie de l'équilibre des pouvoirs, c'est-à-dire lorsque « le pouvoir arrête le pouvoir».
83
+
84
+ Sa théorie fait plutôt référence à une distribution des pouvoirs qui assure un équilibre entre les institutions. Ces puissances vont « de concert » : les organes sont séparés mais leurs fonctions peuvent être partagées (séparation organique mais non fonctionnelle).
85
+
86
+ Chacun d'entre eux a à la fois la faculté de statuer et d'empêcher : « J'appelle faculté de statuer, le droit d'ordonner par soi-même ou de corriger ce qui a été ordonné par un autre. J'appelle faculté d'empêcher, le droit de rendre nulle une résolution prise par quelqu'un d'autre ».
87
+
88
+ Dans l'esprit de Montesquieu, seule la puissance de juger doit être séparée des autres pouvoirs, car la justice doit être indépendante. Cela permet d'éviter le risque toujours présent d'un retour au despotisme (absolutisme royal), vu que l'exécutif et le législatif ne sont pas séparés mais simplement distribués entre le roi et les chambres.
89
+
90
+ Toutefois, Montesquieu préconise que le pouvoir judiciaire ne soit pas une institution permanente. En effet, « la puissance de juger ne doit pas être donnée à un sénat permanent, mais exercée par des personnes tirées du corps du peuple, dans certains temps de l'année, de la manière prescrite par la loi, pour former un tribunal qui ne dure qu'autant que la nécessité le requiert »[5].
91
+
92
+ Ainsi, Montesquieu envisageait :
93
+
94
+ N.B. : Il faut rappeler qu'en France sous l'Ancien Régime, il n'y avait pas comme en Angleterre un parlement national, mais des parlements qui étaient d'abord et essentiellement des cours de justice de dernier ressort, sans pouvoir législatif autre que celui de faire une synthèse de la jurisprudence dans leur ressorts. Composés exclusivement de magistrats professionnels titulaires de charges inamovibles, ces parlements n'avaient aucun caractère de représentativité et exerçaient leur pouvoir en vertu d'une délégation de l'autorité royale. À la fin du règne de Louis XIV et pendant le règne de Louis XV, il existait chez les membres des différents parlements de France un mouvement puissant, appelé fronde parlementaire ou jansénisme parlementaire, qui exigeait la fusion de tous les parlements en un parlement unique et qui revendiquait un pouvoir législatif qui s'exercerait au nom de la nation française.
95
+
96
+ L'exemple qu'il choisit pour illustrer ses propos est la Grande-Bretagne, où le Roi, la chambre des Communes et la chambre des Lords participent à la fonction législative mais la chambre des Communes est la seule à statuer, tandis que les deux autres pouvoirs empêchent.
97
+
98
+ De plus, selon lui, la Grande-Bretagne est une quasi république, car la puissance judiciaire se contenterait d'être la bouche du roi en raison de son inexistence institutionnelle permanente (la fonction de juge est exercée par des jurys renouvelés) : « Des trois pouvoirs, celui de juger est en quelque façon nul ». Cela est faux historiquement, puisqu'il y a eu de grandes constructions jurisprudentielles en Grande-Bretagne .
99
+
100
+ « Il y a dans chaque état trois sortes de pouvoirs, la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, & la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil.
101
+
102
+ Par la premiere, le prince ou le magistrat fait des lois pour un temps ou pour toujours, & corrige ou abroge celles qui sont faites. Par la seconde, il fait la paix ou la guerre, envoie ou reçoit des ambassades, établit la sureté, prévient les invasions. Par la troisieme il punit les crimes, ou juge les différents des particuliers. On appellera cette derniere la puissance de juger ; & l’autre, simplement la puissance exécutrice de l’état. »
103
+
104
+ — De l'esprit des lois, Livre XI[6].
105
+
106
+ Montesquieu argumente que chaque Pouvoir ne devrait exercer que ses propres fonctions, c'était assez explicite ici:
107
+
108
+ « Lorsque dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n’y a point de liberté ; parce qu’on peut craindre que le même monarque ou le même sénat ne fasse des lois tyranniques, pour les exécuter tyranniquement.
109
+
110
+ Il n’y a point encore de liberté, si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative & de l’exécutrice. Si elle étoit jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie & la liberté des citoyens seroit arbitraire ; car le juge seroit législateur. Si elle étoit jointe à la puissance exécutrice, le juge pourroit avoir la force d’un oppresseur.
111
+
112
+ Tout seroit perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçoient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, & celui de juger les crimes ou les différents des particuliers. »
113
+
114
+ — De l'esprit des lois, Livre XI[6]
115
+
116
+ La séparation des pouvoirs exige une source différente de légitimation, ou un acte différent de légitimation provenant de la même source, pour chacune des puissances distinctes. Si le pouvoir législatif nomme les pouvoirs exécutif et judiciaire, comme l'a indiqué Montesquieu, il n'y aura pas de séparation ou de partage des pouvoirs, puisque le pouvoir de nomination comporte le pouvoir de révoquer.
117
+
118
+ « La puissance exécutrice doit être entre les mains d’un monarque ; parce que cette partie du gouvernement, qui a presque toujours besoin d’une action momentanée, est mieux administrée par un que par plusieurs ; au lieu que ce qui dépend de la puissance législative, est souvent mieux ordonné par plusieurs, que par un seul.
119
+
120
+ Que s’il n’y avoit point de monarque, & que la puissance exécutrice fût confiée à un certain nombre de personnes tirées du corps législatif, il n’y auroit plus de liberté ; parce que les deux puissances seroient unies, les mêmes personnes ayant quelquefois, & pouvant toujours avoir part à l’une & à l’autre. »
121
+
122
+ — De l'esprit des lois, Livre XI[6]
123
+
124
+ Le but de Montesquieu est de faire du juge, et donc des intermédiaires, une institution permanente, une puissance visible ayant une vraie marge de manœuvre en ce qui concerne l'application de la loi, justifiant cette position par le fait que les lois sont complexes et qu'il faut articuler les différents droits.
125
+
126
+ Mais même Montesquieu lui-même reconnaît que cette nouvelle catégorie de pouvoir n'est pas l'égale des deux autres. �� Qui ne voit, messieurs, à la lecture de ce passage que Montesquieu n'a fait qu'une subdivision de la puissance exécutrice en « puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens et puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit civil. » C'est cette seconde qu'il appelle puissance de juger ou pouvoir judiciaire et certes ce n'est pas un troisième pouvoir primitif indépendant et distinct du pouvoir exécutif »[7].
127
+
128
+ En ce qui concerne les libertés individuelles, la conception de Montesquieu se limitait surtout au respect de la loi et plus particulièrement des privilèges (« lois privées »). Les nobles et autres corps intermédiaires étant ceux qui avaient le plus d'intérêt à la sauvegarde des libertés, il leur revenait de les protéger contre l'absolutisme royal (idée reprise de la philosophie de Locke, pour qui le propriétaire [terrien], ayant le plus de liberté, est celui le mieux à même de défendre la liberté de tous ; il justifiait donc par là même le fait que seul les propriétaires pussent voter, c'est-à-dire l'usage du suffrage censitaire).
129
+
130
+ Sa vision n'a donc rien de démocratique, puisque l'objectif de sa pensée est un retour à une société archaïque où les nobles auraient le pouvoir (l'analyse sociologique de la philosophie de Montesquieu a notamment été faite par Althusser , voir infra). L'aboutissement de la distinction des puissances est donc, pour lui, la décentralisation (retour au pouvoir des seigneurs locaux au détriment du roi). Cette idée d'un mode de répartition du pouvoir à différents niveaux territoriaux a souvent été reprise, notamment par Tocqueville.
131
+
132
+ Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est au carrefour des philosophies. Grandement influencé par les philosophes classiques, en particulier Hobbes, Locke et Montesquieu , ainsi que par Machiavel, il est aussi un précurseur de l'idée révolutionnaire.
133
+
134
+ Il en résulte une philosophie hybride toute en nuances.
135
+
136
+ Son point de départ est une réflexion sur la nature de la souveraineté.
137
+
138
+ Rousseau préconisa également le rejet du cumul de la fonction exécutive et législative par un même organe : « il n'est pas bon que celui qui fait les lois les exécute, ni que le corps du peuple détourne son attention des vues générales pour les donner aux objets particuliers »[8].
139
+
140
+ Il fit une étude plus poussée sur les formes d'imbrication des composantes de l'État dans l'une de ses dernières œuvres, Considérations sur le gouvernement de Pologne, qu'il écrivit entre 1771 et 1772 pour le compte de propriétaires terriens polonais qui souhaitaient établir une constitution[9].
141
+
142
+ Il se posa la question de savoir par quels moyens éviter la dictature (confusion des pouvoirs au profit de l'exécutif), c'est-à-dire comment conserver la puissance législative.
143
+
144
+ Pour étayer sa théorie, il analysa le régime de la Pologne. Selon lui, deux moyens furent utilisés en Pologne :
145
+
146
+ Par conséquent, « la puissance exécutive, ainsi divisée et passagère, sera plus subordonnée à la législative ».
147
+
148
+ Néanmoins, il ne recommanda pas ce système, car selon lui « si [les parties de l'exécutif] sont trop séparées, elles manqueront de concert, et bientôt, se contrecarrant mutuellement, elles useront presque toutes leurs forces les unes contre les autres, jusqu'à ce qu'une d'entre elles ait pris l'ascendant et les domine toutes... ».
149
+
150
+ Ainsi, s'il est impossible de gouverner à cause de la trop grande fragmentation du puissance exécutive, l'un des détenteurs de cette puissance s'imposera comme pouvoir unificateur sur tous les autres et ce sera alors la dictature.
151
+
152
+ Rousseau prôna ainsi le modèle :
153
+
154
+ Rousseau prend pour point de départ de son analyse le fait qu'il est nécessaire d'éviter la dictature . Il ne prend donc pas en compte le danger inverse des régimes d'assemblée (confusion des pouvoirs au profit du législatif), car l'assemblée est détentrice de la volonté générale, qui, par postulat, ne peut mal faire[réf. nécessaire].
155
+
156
+ Il ne prône pas un démembrement de la souveraineté entre différents pouvoirs indépendants, mais une simple séparation des fonctions qui résulte d'une nécessité pratique : le fait que les fonctions d'exécution ne peuvent être confiées à l'ensemble des citoyens. Toutefois, le groupe restreint chargé de ces fonctions, le gouvernement, doit rester subordonné à l'assemblée , seule souveraine ; il ne s'agit donc pas d'un véritable pouvoir pour Rousseau[réf. nécessaire].
157
+
158
+ Au début du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, Henri Saint Jean de Bolingbroke (1678-1751) donne une valeur constitutionnelle (donc s'imposant aux différentes institutions étatiques, en particulier le roi) au principe d'indépendance mutuelle des pouvoirs (couronne, chambre des communes et chambre des lords). Cette théorie sera reprise par la suite par les colons américains lorsqu'ils élaboreront la Constitution fédérale des États-Unis.
159
+
160
+ Cependant ce n'était encore qu'un simple principe, pas une théorie juridique d'une véritable séparation des pouvoirs étatiques. L'abbé Sieyès, dans la manière dont il a rédigé les textes constitutionnels sous la Révolution française (Constitutions de 1791 et 1793), et à sa suite, des spécialistes du droit public de la seconde moitié du XIXe, comme Léon Duguit ou Adhémar Esmein, ont élaboré une telle théorie[10].
161
+
162
+ Reprenant et déformant Montesquieu, il va séparer les trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, en empêchant que les uns aient une influence sur les autres.
163
+
164
+ Deux caractéristiques se recoupent dans ces doctrines :
165
+
166
+ En pratique, cela se traduit par le fait que :
167
+
168
+ Selon le juriste Raymond Carré de Malberg (1861-1935)[réf. nécessaire], la séparation des pouvoirs, telle que redéfinie par Sieyès, n'existe nulle part en pratique (même dans les régimes présidentiels à séparation stricte, voir infra, les États-Unis), car une séparation aussi rigide ne peut fonctionner.
169
+
170
+ Selon lui, la séparation des pouvoirs est conditionnée par leur équilibre entre eux. Dans cette théorie classique, comme les pouvoirs sont complètement séparés, ils ne peuvent se faire équilibre car il n'y a pas de point de contact entre eux (responsabilité gouvernementale ou dissolution de l'assemblée). Un équilibre des pouvoirs supposerait donc que les fonctions exercées soient équivalentes par nature et qu'elles restent ainsi (un pouvoir subordonné ne pouvant jamais arrêter un pouvoir supérieur, les pouvoirs doivent être de force strictement égale si l'on veut un quelconque équilibre).
171
+
172
+ Or, l’activité de faire les lois n’est pas équivalente à celle qui consiste à les exécuter. L’exécution est, par définition, subordonnée à la législation. De même, le pouvoir judiciaire n'a jamais été l'équivalent des deux autres, même dans la conception la plus poussée de Montesquieu.
173
+
174
+ Le modèle typique antique fut simplifié par Thomas Hobbes (1588-1679) : « La différence qui existe entre les Républiques [gouvernements] repose sur celle qui se trouve entre leurs souverains »[11]. Il en résulte une classification tripartite entre :
175
+
176
+ Montesquieu va essayer de présenter une nouvelle classification des régimes politiques. Ce faisant, il va être amené à prendre comme point de départ les gouvernés. Plus précisément, son modèle de classification répond à la question : « les gouvernés peuvent-ils jouir de leurs libertés ? ».
177
+
178
+ Son modèle est donc le suivant :
179
+
180
+ On voit tout de même l'influence des typologies antiques, notamment celles de la constitution romaine antique, dans la classification de Montesquieu. La sous-distinction entre républiques aristocratique et démocratique repose essentiellement sur les gouvernants. En outre, il associe, comme ces deux précédents auteurs, les régimes à un principe.
181
+
182
+ Pour Montesquieu, peu importe le régime choisi, tant que ce n'est pas le despotisme. Cependant,
183
+
184
+ Par conséquent, Montesquieu ne préconise pas une séparation des pouvoirs totale mais une séparation des pouvoirs limitée (que la doctrine qualifiera par la suite de séparation des pouvoirs souple).
185
+
186
+ Néanmoins, avec l'évolution des régimes, on ne peut plus aujourd'hui garder cette classification : on peut difficilement classer dans un même régime les monarchies telles que le Royaume-Uni où le roi est effacé et les monarchies comme le Maroc où le roi au contraire est, de fait, à la tête de l'exécutif. Cependant, on a gardé de cette classification de Montesquieu la distinction entre les régimes de séparation des pouvoirs (connotation positive) et les régimes de confusion des pouvoirs (connotation négative).
187
+
188
+ Le sociologue Max Weber (1864-1920) indique que dans toute science humaine, il y a nécessairement intervention humaine, donc une part d'irrationnel. Cependant, il est possible de déterminer certains schémas, qu'il nomme « idéal-type », qui sont une simplification du réel et ne permettent pas de tout comprendre.
189
+
190
+ Mais classer des régimes politiques, ce n'est donc pas seulement les comprendre, il y a toujours une part de jugement de valeur. En particulier, chez Montesquieu, un « mauvais » régime sera celui où il n'y aura pas de séparation des pouvoirs. Toute la pensée constitutionnelle du XXe siècle sera fondée sur ce postulat qu'un bon régime politique est un régime assurant une séparation équilibrée des pouvoirs.
191
+
192
+ La classification des régimes répond alors à deux questions :
193
+
194
+ Le problème est que souvent ces deux questions sont confondues, alors qu'elles répondent à deux logiques différentes. Ainsi,
195
+
196
+ * En réalité, c'est plutôt le parlement qui domine dans un régime présidentiel de séparation des pouvoirs stricte, car le président a très peu de pouvoirs (d'ailleurs, en anglais, le terme de régime présidentiel est synonyme de « congressional system »).
197
+
198
+ Après Sieyès, on va considérer que la forme de distinction des pouvoirs de Montesquieu était une forme de séparation souple, à l'opposé d'une séparation des pouvoirs stricte ou rigide, qui qualifiait la séparation présentée par Sieyès.
199
+
200
+ Cette différence entre les deux se traduit dans les régimes politiques par une différence entre :
201
+
202
+ Néanmoins cette distinction classique est imparfaite, puisque certains régimes ne peuvent être classés avec ces seuls critères, en particulier à cause de l'évolution des régimes. D'autres catégories sont alors venues se rajouter au couple régime présidentiel / régime parlementaire, mais ces catégories sont critiquables également.
203
+
204
+ Alors qu'au départ, une multitude de critères jouaient pour la distinction entre régimes présidentiels et régimes parlementaires (correspondant respectivement à une séparation stricte ou souple des pouvoirs), on n'en retient aujourd'hui généralement plus que deux : l'absence ou la présence de moyens de révocabilité mutuels, que sont le droit de dissolution (du parlement ou d'une de ses chambres) exercé par l'exécutif et la responsabilité gouvernementale (devant le parlement), c'est-à-dire que l'on ne prend plus en compte que le seul critère de l'indépendance ou interdépendance des pouvoirs.
205
+
206
+ Au XVIIe siècle, la Couronne d'Angleterre connaît une profonde déstabilisation en raison de l'utilisation systématisée de la procédure de l'impeachment (1670-1680) par les parlementaires à l'encontre des ministres du roi qui appliquent sa politique. En riposte, la Couronne va se mettre à acheter les votes des parlementaires pour avoir un groupe de soutien permanent de sa politique (apparition du système des partis politiques). D'abord ne représentant qu'une trentaine de parlementaires sous Charles Ier, la corruption va se généraliser, à tel point que sous le ministère du Lord High Treasurer Robert Walpole (1721-1742), un tiers des chambres (ainsi que les électeurs) seront acquis au roi de la sorte.
207
+
208
+ À partir de ces faits, deux positions vont s'opposer.
209
+
210
+ Ceux qui sont pour le renforcement du gouvernement et estiment qu'il est légitime qu'il ait un soutien au parlement vont prôner un régime parlementaire avec séparation des pouvoirs souple. C'est la position de Robert Walpole (1676-1745) : selon lui, même s'il y a de la corruption, celle-ci n'est pas criminelle. De plus, elle a un énorme avantage : elle permet de donner de l'élasticité ou souplesse à la séparation des pouvoirs car les positions des trois organes du king in parliament (formation politique de la curia regis) sont harmonisées :
211
+
212
+ Par la suite, le gouvernement lui-même deviendra un facteur d'assouplissement, car le cabinet sera conçu comme l'intermédiaire entre la couronne et le parlement.
213
+
214
+ Ce sera la position adoptée par la Grande-Bretagne.
215
+
216
+ Ceux qui sont contre la corruption des parlementaires par la couronne vont adopter une position de séparation des pouvoirs stricte, d'où va résulter le régime présidentiel américain. Elle sera défendue notamment par Henri Saint Jean de Bolingbroke (1678-1751), parlementaire opposé à Walpole. Il donne une valeur constitutionnelle (donc s'imposant aux différentes institutions étatiques, en particulier le roi) au principe d'indépendance mutuelle des pouvoirs (couronne, chambre des communes et chambre des lords). La couronne, par la corruption, devient un danger pour ce principe. Si elle réussissait à obtenir un soutien parlementaire, il y aurait un risque de retour à l'absolutisme (qui a déjà provoqué deux révolutions). Le roi pourrait alors faire adopter toutes les lois qu'il souhaiterait, même à l'encontre de la liberté des sujets.
217
+
218
+ En particulier, il développe une théorie selon laquelle les parlementaires corrompus, au lieu de préserver le principe de représentation du peuple qui est à leur charge en matière de vote de tout nouvel impôt, vont augmenter ceux-ci, car il est dans leur intérêt :
219
+
220
+ Cette théorie, qui ne sera pas appliquée au Royaume-Uni, sera pourtant reprise par les colons des États-Unis où la majorité des contestataires partirent.
221
+
222
+ Dans un régime parlementaire, la séparation des pouvoirs est souple, puisque les pouvoirs ont des moyens d'actions les uns sur les autres (système de poids et contrepoids), notamment la possibilité pour l'exécutif de dissoudre le parlement, qui est la contrepartie de la responsabilité du gouvernement devant le parlement.
223
+
224
+ Le critère principal d'un régime parlementaire est l’existence de moyens d’action réciproques entre l'exécutif et le législatif. Ainsi, ils ont des moyens de révocabilité mutuelle :
225
+
226
+ Ces moyens permettent de résoudre une crise institutionnelle (sans passer par la violence d'un coup d'État), au contraire du régime présidentiel où il est nécessaire qu'il n'y ait pas de crise pour que le régime puisse subsister (ce qui amène à systématiser les compromis).
227
+
228
+ L'objectif principal de Montesquieu est que les pouvoirs s'équilibrent. Chacun peut agir sur l’autre ; les pouvoirs doivent « aller de concert » et « s'arrêter mutuellement » :
229
+
230
+ Les régimes parlementaires sont, de loin, les régimes de séparation des pouvoirs les plus répandus dans le monde, quoique l'on puisse situer leur foyer initial dans l'Europe occidentale. On peut en retrouver ainsi au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suède, en Italie, mais aussi au Japon ou encore au Canada.
231
+
232
+ Le régime parlementaire résulte d’une lente évolution ; il débuta dans la Grande-Bretagne monarchique au XVIIe siècle. On peut dégager deux étapes, qui suivent l'évolution chronologique de l'affaiblissement du pouvoir du roi.
233
+
234
+ Dans le régime parlementaire dualiste, il y a :
235
+
236
+ Dans le régime parlementaire moniste, il n'y a plus que deux organes, le gouvernement et le parlement, car le chef d'État s'est effacé :
237
+
238
+ Ainsi, l'on passe progressivement d'une monarchie absolue à une monarchie modérée (avec respect des lois fondamentales et un certain pouvoir du parlement autonome), puis d'une monarchie modérée à un régime parlementaire, comme l'explique Maurice Duverger[13]. Ces régimes parlementaires eux-mêmes ont évolué. D'une part, ils se sont démocratisés : alors qu'à l'origine la base électorale était limitée (vote censitaire), elle s'est progressivement élargie à toutes les couches de la société (le suffrage universel, direct ou indirect, est aujourd'hui devenu la norme dans les régimes démocratiques). D'autre part, la nature des régimes parlementaires elle-même a évolué, puisque l'on passe de régimes parlementaires dualistes à des régimes monistes.
239
+
240
+ Tout au long de cette évolution, la logique suivie par le parlement était qu'il fallait limiter le pouvoir du roi.
241
+
242
+ Le régime parlementaire dualiste répond à la double question : comment maintenir un Roi, qui par son essence ne peut être responsable de ses actes (à cause de son caractère sacré), et répondre aux exigences de la représentation (concilier roi et représentation populaire) ?
243
+
244
+ Pour répondre à cela, deux mécanismes vont se dégager dans la pratique :
245
+
246
+ Mais ce régime dualiste est un régime transitoire : il est peu durable car les possibilités de conflits au sein de l’exécutif sont grandes et celles-ci ne peuvent être résolues que par l'effacement de l'un des organes (historiquement, le roi). Ainsi, Léon Gambetta (chef du parti républicain aux débuts de la IIIe, à propos du président McMahon, en opposition avec la chambre) disait de ce dernier qu'il lui fallait « se soumettre ou se démettre ».
247
+
248
+ On n'en retrouve donc que peu d'exemples :
249
+
250
+ Le régime parlementaire dualiste laisse alors place à un régime parlementaire moniste, car le premier conduit presque invariablement à l'effacement du chef d'État au profit du chef du Gouvernement. Cela est dû aux deux mécanismes utilisés pour associer un roi inviolable et sacré avec la représentation populaire :
251
+
252
+ Par conséquent, le régime parlementaire moniste est le régime que l'on retrouve dans la majorité des États :
253
+
254
+ En France, le débat entre régime parlementaire dualiste et moniste eut lieu les 27 et 28 mai 1846. Guizot, soutenant la Couronne, disait que : « Le trône n'est pas un fauteuil vide ». Il s'opposait en cela à Thiers, qui souhaitait un régime parlementaire et pour qui « le roi règne mais ne gouverne pas »[14].
255
+
256
+ René Capitant[15] va synthétiser cette classification[16] en associant régimes dualiste et moniste à des modèles pratiques :
257
+
258
+ Dans un régime présidentiel, au contraire, on assiste à une séparation rigide des pouvoirs. Aujourd'hui, on retient surtout le critère fondamental de l'absence de moyens de révocabilité mutuelle entre le législatif et l'exécutif (le couple dissolution / responsabilité). Mais d'autres critères entrent aussi en jeu.
259
+
260
+ Elle se traduit par :
261
+
262
+ Il y a un seul organe pour une seule fonction, ce qui se traduit par une spécialisation organique doublée d'une spécialisation fonctionnelle (un seul organe pour une seule fonction), ces deux spécialisations étant d'application limitée :
263
+
264
+ Ainsi, le régime présidentiel est un régime d’équilibre des pouvoirs : aucun pouvoir ne peut dominer durablement l’autre, car ils se font contrepoids et se freinent. Cependant, le pouvoir qui a le plus de légitimité (celui dont le mode d'élection permet la meilleure représentation du peuple) aura tendance à prédominer sur la scène politique. Contrairement à ce que semble indiquer son nom, ce n’est donc pas un régime qui consacre l’omnipotence du président, puisqu'au contraire l'exécutif peut-être diminué face au législatif.
265
+
266
+ Les causes de l'échec des régimes présidentiels, c'est-à-dire la perte de l'équilibre des pouvoirs, peuvent être de deux ordres :
267
+
268
+ En pratique, il existe peu d'exemples de régimes présidentiels ; il peut s'instaurer :
269
+
270
+ Il n'existe plus aujourd'hui comme exemple pratique de régime présidentiel que les États-Unis. De par l'obligation qui est faite aux différents acteurs de coopérer pour éviter un blocage des institutions, il est nécessaire que chacun accepte des compromis, même avec des adversaires politiques. Cela n'est possible que si deux conditions sont réunies :
271
+
272
+ Le bipartisme quasi intégral qui prévaut aux États-Unis permet la réalisation de ces deux conditions : en effet, les deux principaux partis se présentent avant tout comme de vastes coalitions d'intérêts, non construites autour d'une idéologie particulière ; de plus, du fait du système électoral, les « extrêmes » y ont relativement peu d'influence. Cela permet à l'exécutif d'espérer mener une politique modérée si le législatif passe dans l'opposition.
273
+
274
+ Ainsi, par quatre fois, président de la République et congrès ont eu des bords différents aux États-Unis, sans qu'il y ait pour autant blocage des institutions :
275
+
276
+ N.B. : l'utilisation de l'expression séparation des pouvoirs en référence à la Constitution fédérale des États-Unis (1787) est un anachronisme, puisque celle-ci fut dégagée par Sieyès sous la Révolution française. L'instrument conceptuel de la séparation des pouvoirs n'existait donc pas encore à l'époque ; les Pères fondateurs ont simplement appliqué le principe de la balance des pouvoirs ainsi que celui de l'indépendance mutuelle des pouvoirs dégagé par Bolingbroke (voir supra Bolingbroke).
277
+
278
+ On peut distinguer deux types de régimes ici :
279
+
280
+ Dans le régime de démocratie directe, il n'y a pas de séparation des pouvoirs au sens strict, en tant que le peuple est censé y détenir tous les pouvoirs et qu'il n'y existe pas de parlement ni de gouvernement. C'est la raison pour laquelle Karl Popper s'oppose à la démocratie directe.
281
+
282
+ Cependant, s'il n'existe aujourd'hui aucune démocratie directe (considérée comme un régime impossible à mettre en œuvre dans les sociétés contemporaines complexes par la plupart des penseurs défendant le régime représentatif ou la démocratie libérale, tel par exemple Benjamin Constant), il est à noter que la démocratie athénienne, qui en tant que démocratie directe ne connaissait effectivement pas de séparation institutionnelle des pouvoirs, recourait en revanche a différents dispositifs dans le but de prévenir les dérives possibles du pouvoir populaire (par exemple graphè paranomôn, accusation d'illégalité, procédure par laquelle il était possible de traîner devant la justice un citoyen qui aurait proposé une loi à l'assemblée que l'on estime comme contredisant par ailleurs d'autres lois, la loi en question pouvant alors être annulée et celui qui l'a proposé condamné[20]). De plus, le pouvoir exécutif et judiciaire (mise en œuvre et application des décisions législatives), et donc administratif, ne peut de fait être dans les mains de tous les citoyens, mais doit être, aussi bien pour la plupart des penseurs de la démocratie directe (Castoriadis, penseurs anarchistes...) que lors des expériences historiques de celle-ci (Athènes, Commune de Paris, etc.) délégué à des individus particuliers, qui cependant sont révocables, ont un mandat impératif, ou sont tirées au sort.
283
+
284
+ Il existe néanmoins des démocraties semi directes, qui mélangent à la fois des mécanismes de démocratie directe et indirecte (ces régimes faisant souvent appel également à des mécanismes de démocratie participative). Celles-ci ont alors tendance à faire pencher la balance des pouvoirs en faveur du peuple[réf. nécessaire].
285
+
286
+ Ainsi, en France, « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants [démocratie indirecte] ou par la voie du référendum [démocratie directe] »[21]. Pour autant, contrairement par exemple à la Suisse ou l'Italie, le peuple ne peut avoir l'initiative des référendums, ce qui limite notablement le caractère « direct » du pouvoir qu'il peut exercer par ce biais.
287
+
288
+ Lorsqu'en France il est fait le choix de faire passer une loi référendaire,
289
+
290
+ Les régimes de confusion des pouvoirs, que ce soient des dictatures ou des régimes d'assemblée, sont le plus souvent déconsidérés[réf. nécessaire][Qui ?]. Mais ce n'est pas toujours le cas : certains dictateurs, en jouant sur le populisme, sont au contraire très aimés par le peuple, comme Augusto Pinochet, qui a reçu tout au long de sa carrière politique et après un large soutien de la population chilienne[réf. nécessaire].
291
+
292
+ Néanmoins, n'est pas dictature ou régime d'assemblée tout régime où l'exécutif ou le législatif (respectivement) sont très puissants vis-à-vis de leur poids sur les institutions. Un simple déséquilibre des pouvoirs au profit de l'un ou de l'autre ne suffit pas à caractériser ce type de régimes, il faut véritablement une confusion des pouvoirs. L'un des organes concentre tous les pouvoirs et la séparation entre législatif et exécutif, si elle existe, n'est que purement formelle.
293
+
294
+ Une dictature, au sens juridique classique du terme[23], est la confusion des pouvoirs au profit de l'exécutif, en particulier de son chef.
295
+
296
+ Cette confusion de tous les pouvoirs au profit de l'exécutif peut être établie dans deux cas (subdivisés en cinq hypothèses) :
297
+
298
+ Absence du législatif :
299
+
300
+ Le législatif existe mais n'a aucun pouvoir en pratique (la séparation des pouvoirs est une pure fiction juridique qui ne se traduit pas dans la réalité) :
301
+
302
+ Rejet de la séparation des pouvoirs classique :
303
+
304
+ Rejet de la séparation verticale des pouvoirs (voir infra Tocqueville : la séparation des pouvoirs sur différents niveaux territoriaux) : l'État est centralisé. Les autorités locales mettent en œuvre la politique du pouvoir central, par lequel elles sont étroitement contrôlées. Ces autorités ne sont pas indépendantes (ni décentralisation, ni fédéralisme), même s'il est possible qu'elles le soient en droit.
305
+
306
+ Ce critère de l'absence de pouvoirs locaux forts est la raison pour laquelle aujourd'hui certains refusent de qualifier la Chine de dictature. En effet, quoique les historiens s'accordent à affirmer que Mao Zedong ait été un dictateur, Hu Jintao est président d'une République fortement décentralisée, voire quasi fédérale, où les pouvoirs locaux conduisent le plus souvent leur propre politique, indépendamment des souhaits du pouvoir central. On pourrait donc plus difficilement le qualifier de dictateur, puisqu'il n'y a plus vraiment de pouvoir central omnipotent, même si d'autres critères que cette séparation verticale des pouvoirs entre pouvoir central et pouvoirs locaux (notamment le respect des droits de l'homme qui n'est toujours pas assuré) sont remplis. On parle plutôt alors de régime autoritaire, notion plus générique.
307
+
308
+ Rejet de la séparation des pouvoirs entre différents partis politiques (voir infra Duverger : l'opposition entre majorité et minorité). Deux hypothèses sont envisageables :
309
+
310
+ Ce régime est aussi appelé régime conventionnel, en référence à la Convention nationale. Il naît de la dérive du régime parlementaire.
311
+
312
+ Un législatif monocaméral : ce régime est notamment dû à l'absence d'une seconde chambre parlementaire. Une assemblée unique et souveraine détient la totalité des pouvoirs politiques.
313
+
314
+ Le pouvoir exécutif est subordonné au pouvoir législatif.
315
+
316
+ Pour exemples, on peut citer en France :
317
+
318
+ Pour contre-exemples, on peut citer :
319
+
320
+ Reprenant ce modèle, Philippe Ardant[30] propose une classification qui permet d'incorporer les régimes qui en ont de nombreuses caractéristiques. Ainsi, il distingue :
321
+
322
+ La séparation des pouvoirs, telle qu'on la conçoit aujourd'hui, est une vision juridique de la répartition des fonctions au sein de l'État. Cette vision est attaquée sur deux fronts principaux :
323
+
324
+ La plupart des théoriciens de droit n'imputent plus à Montesquieu la théorie de la séparation des pouvoirs (voir supra, Évolution du concept). Montesquieu n'a été que l'un des penseurs, avec Locke notamment, de la balance des pouvoirs ; la véritable théorie de la séparation des pouvoirs est, elle, due à Sieyès.
325
+
326
+ Ainsi, le juriste Eisenmann parle, quant à lui, du « mythe de la séparation des pouvoirs »[31], dont l'auteur n'est pas Montesquieu mais les juristes qui ont isolé ses propos et ont formulé un « modèle théorique imaginaire ».
327
+
328
+ Telle qu'on la conçoit le plus souvent aujourd'hui, la théorie de la séparation des pouvoirs traite de trois pouvoirs (ou puissances) égaux, c'est-à-dire que l'on se réfère au Trias Politica (voir supra, Introduction). Or, le judiciaire n'a jamais été conçu pour être l'égal des deux autres, si tant est que l'on reconnaisse son existence même (voir infra, Réalité de l'existence d'un pouvoir judiciaire). Pour Montesquieu, la puissance de juger n'est en réalité qu'une sous-catégorie de l'exécutif, puisqu'il s'agit de la « puissance exécutrice [des choses] qui dépendent du droit civil » (voir supra, Montesquieu : reprise de la philosophie de Locke#contenu).
329
+
330
+ Eisenmann critique la théorie de la séparation des pouvoirs telle que définie par les juristes sur ses deux caractéristiques, car Montesquieu n'a jamais conçu :
331
+
332
+ Charles Eisenmann[4] (1903-1980) fonde une analyse sociologique de l'œuvre de Montesquieu[32]. Celui-ci fait un lien entre les puissances et les forces sociales. Ainsi, il y a :
333
+
334
+ Toute l'analyse de Montesquieu tend à démontrer comment les puissances doivent être associées et se partager les fonctions.
335
+
336
+ Montesquieu propose donc une conception politico-sociale du partage du pouvoir, un rapport de force entre les trois puissances, alors que la doctrine [de Sieyès] établit une théorie juridique, par conséquent dénaturée et limitative.
337
+
338
+ Le philosophe Louis Althusser[33] (1918-1990) poursuit l'analyse sociologique d'Eisenmann tout en reprenant la notion d'équilibre de Carré de Malberg (voir supra, Sieyès et les juristes du XIXe siècle).
339
+
340
+ La question pertinente est alors de savoir au profit de qui se fait le partage du pouvoir.
341
+
342
+ Selon Althusser, ce partage se fait au profit :
343
+
344
+ Montesquieu, qui appartient à la noblesse, cherche donc à garantir la pérennité d’une classe décadente qui a perdu ses pouvoirs.
345
+
346
+ La noblesse est donc conçue par Montesquieu à la fois comme le meilleur garant de la liberté et comme le meilleur soutien de la monarchie : « point de monarque, point de noblesse ; point de noblesse, point de monarque, mais on a un despote ».
347
+
348
+ Montesquieu n’est donc pas, comme certains révolutionnaires français l'ont dit, un Républicain favorable au Tiers état et à la seule représentation du peuple. Il est pour une monarchie, mais non despotique.
349
+
350
+ La doctrine d'Althusser permet ainsi de comprendre l'interprétation qui a été faite de la séparation des pouvoirs de Montesquieu sous la Révolution française : la bourgeoisie ne voulant pas partager le pouvoir avec la noblesse, il n'y eut, par conséquent, qu'une seule chambre dans la Constitution de 1791.
351
+
352
+ Tant au niveau des rapports entre l'exécutif et le législatif qu'au niveau de l'existence d'un pouvoir judiciaire, les pouvoirs ne ressemblent guère plus à ce qu'ils avaient été définis auparavant.
353
+
354
+ L'exécutif est désormais celui qui exerce à titre principal la fonction législative :
355
+
356
+ La distinction fonctionnelle entre le législatif et l'exécutif est alors remplacée par celle entre les fonctions de direction de la politique nationale assurée par l'exécutif (« Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation »[34]) et celles de délibération et de contrôle assurées par le parlement.
357
+
358
+ Cette substitution est rendue possible notamment par le phénomène des partis politiques (voir infra, Duverger : l'opposition entre majorité et minorité).
359
+
360
+ La postérité de la doctrine de Montesquieu quant à l'existence d'un troisième pouvoir qui serait judiciaire tient en la reprise qui en a été faite par les révolutionnaires des États-Unis. Il est conçu par eux comme un autre poids ou contrepoids (checks and balances), permettant de limiter le pouvoir des autres organes.
361
+
362
+ En France, les constitutionnalistes ont toujours refusé d'accorder au judiciaire le caractère de pouvoir. Dans la Constitution de la Ve, par exemple, le titre VIII est appelé « De l'autorité judiciaire ». On entend ainsi rejeter tout risque de gouvernement des juges, tel qu'il a pu y en avoir aux États-Unis. En particulier, le contrôle de constitutionnalité a été difficile à mettre en place (comment justifier qu'un juge puisse contrôler une loi, qui est l'expression de la volonté générale ?). L'une des justifications de ce contrôle tient en la théorie du juge-aiguilleur élaborée par Hans Kelsen[réf. nécessaire].
363
+
364
+ La répartition territoriale des pouvoirs et les contre-pouvoirs : Alexis de Tocqueville (1805-1859)
365
+
366
+ La presse, parfois nommé pouvoir d'informer, permet dans les démocraties d'exercer une pression sur les autres pouvoirs en fonction de l'audience rencontrée.
367
+
368
+ Certains, comme Benjamin Constant[35] (1767-1830), estiment que la presse est le vecteur de l'opinion publique, qu'elle en est donc indissociable. Gabriel Tarde[36] (1843-1904), qui est le premier véritable penseur de l'opinion publique en tant que telle, accorde à la presse un rôle structurant.
369
+
370
+ D'autres, comme Paul Lazarsfeld[37] ou W. Phillips Davison[38] (1901-1976) ont dissocié les contre-pouvoirs de la presse (et des médias en général) et de l'opinion publique[39].
371
+
372
+ Régimes parlementaires majoritaires et non majoritaires (appelés aussi régimes de partis).
373
+
374
+ Les régimes présidentiels, on l'a vu, ne sont viables que s'il y a un système de partis souple.
375
+
376
+ Le Directoire : régime d'assemblée ou régime présidentiel (séparation stricte des pouvoirs) ?
377
+
378
+ Même problématique pour la Suisse aujourd'hui.
379
+
380
+ Pour Philippe Lauvaux, seul le critère de la responsabilité du gouvernement devant le parlement est à retenir.
381
+
382
+ ex : Norvège : responsabilité, mais pas de dissolution, pourtant, on le classe dans les régimes parlementaires.
383
+
384
+ C'est d'autant plus vrai que le droit de dissolution est :
385
+
386
+ ex : Israël, la Knesset peut s'autodissoudre. Instabilité gouvernementale mais pas d'usage du droit de dissolution par le gouvernement.
387
+
388
+ Le problème, c'est que dans la même hypothèse, il y a stabilité ou non des gouvernements : ce n'est donc pas un critère exhaustif.
389
+
390
+ La création de la Ve répond au besoin d'une stabilité ministérielle. On pose le postulat de départ que pour qu'il y ait une stabilité, il faut un chef de l'État fort (on refuse le modèle de la Constitution Grévy).
391
+
392
+ Néanmoins, ce postulat ne se vérifie pas en pratique, puisqu'en Allemagne, le chef de l'État est faible mais il y a une grande stabilité ministérielle.
393
+
394
+ Si séparation des pouvoirs il y a, alors le modèle classique du Trias Politica n'est plus adapté (si tant est qu'il l'ai jamais été) à la réalité politique[réf. nécessaire].
395
+
396
+ Alexis de Tocqueville (1805-1859), dans De la démocratie en Amérique[5], va reprendre la séparation des pouvoirs, mais en la modifiant grandement.
397
+
398
+ Les deux premiers pouvoirs, sont, pour lui, issus de la répartition du pouvoir sur plusieurs niveaux territoriaux, dans lesquels on retrouve la séparation des pouvoirs classique (législatif, exécutif et judiciaire). Ensuite, viennent les deux autres [contre]-pouvoirs. Ainsi, on a :
399
+
400
+ Tocqueville est donc à l'origine de l'expression selon laquelle la presse est le quatrième pouvoir[citation nécessaire]. Cependant, il ne faut pas confondre sa vision avec la vision classique : la presse ne fait pas suite au législatif, à l'exécutif et au judiciaire.
401
+
402
+ Par la suite, le fédéralisme sera appelé séparation verticale des pouvoirs, par opposition à la séparation classique horizontale.
403
+
404
+ Selon Maurice Duverger (1917-2014), « la séparation des pouvoirs revêt deux formes principales dans les démocraties occidentales, suivant les modes de relations entre le Parlement et le gouvernement : le régime parlementaire et le régime présidentiel […]. Mais ces dénominations se fondent trop exclusivement sur les rapports juridiques entre Parlement et gouvernement : elles ignorent trop les réalités politiques et notamment le rôle des partis ».
405
+
406
+ Ainsi, la majorité du parlement sera la même que celle du gouvernement, ce dernier sera alors un simple instrument de la politique du parlement ; parler de la séparation des pouvoirs entre parlement et gouvernement dans ce contexte devient absurde.
407
+
408
+ Selon lui, la véritable séparation, ou articulation, se fait entre la majorité et la minorité (qu'elles soient issues de coalitions ou non).
409
+
410
+ Ainsi, à l'intérieur de chaque institution (nationales comme le gouvernement ou le parlement, ou locales, comme un conseil municipal), le parti politique (ou la coalition de partis) qui a la majorité fait passer ses décisions, tandis que la minorité tente de les bloquer. Les partis politiques ont une action transcendante ou verticale, c'est-à-dire qu'ils appliquent une même politique à tous les échelons.
411
+
412
+ Il est surprenant, cependant, qu'il n'ait pas tenu compte de cette nouvelle séparation pour proposer une nouvelle classification des régimes. Il a au contraire préféré reprendre la distinction classique entre régime présidentiel et régime parlementaire, pour y adjoindre une troisième catégorie (voir supra, le régime semi-présidentiel).
413
+
414
+ Maurice Duverger n'est pourtant pas celui qui a théorisé une nouvelle séparation des pouvoirs sur ce modèle, il s'agit d'un constitutionnaliste espagnol qui a repris ses travaux[réf. nécessaire]
415
+
416
+ Le présidentialisme n'est pas une catégorie en soi. C'est le fait pour le président de dominer l'ensemble des institutions.
417
+
418
+ Maurice Duverger a refusé cette nouvelle dénomination qui regroupe dans une même catégorie dictatures et régimes de séparation des pouvoirs. C'est pour cela qu'il a créé la catégorie des régimes semi-présidentiels (voir infra).
419
+
420
+ Maurice Duverger propose une troisième catégorie de régimes, qui fait office de catégorie « fourre-tout » : tous les régimes qui présenteraient les caractéristiques seraient des régimes semi-présidentiels.
421
+
422
+ Trois critères convergent :
423
+
424
+ Cela regrouperait notamment les régimes de l'Allemagne de Weimar (de 1919 à 1933), de la Finlande (jusqu'à la révision de la Constitution de 2000), de la France (Ve République), de l'Islande, de l'Irlande, de l'Autriche, du Portugal et de la plupart des pays européens sortis du communisme dans les années 1990.
425
+
426
+ Cette notion reste très critiquée, cependant, puisque :
427
+
428
+ Le régime semi-présidentiel serait donc une variante du régime parlementaire. Certains, comme Marie-Anne Cohendet ou Jean Gicquel[41], lui préfèrent le terme de « régime parlementaire bireprésentatif » (représentation à la fois par le chef du gouvernement et par le chef de l'État). Cette catégorie regroupe aujourd'hui en Europe, par ordre chronologique de leur constitution : l'Autriche, l'Irlande, l'Islande, la France, le Portugal, la Croatie, la Bulgarie, la Macédoine, la Roumanie, la Slovénie, la Lituanie, la Russie, l'Ukraine, la Pologne et la Finlande. Cette catégorie est donc en nette expansion.
429
+
430
+ Pour ce qui est de la France sous la Ve (hors cohabitations), le terme exact est « régime parlementaire présidentialisé » (la lecture de la Constitution se faisant en faveur d'une extension des pouvoirs du président).
431
+
432
+ Dans la pratique, les régimes parlementaires et présidentiels ne peuvent se conformer totalement aux modèles théoriques. Cependant, on peut tout de même classer les régimes de cette manière, si l'on précise les limites de ces distinctions.
433
+
434
+ Le régime politique américain est un régime de séparation stricte des pouvoirs. Il est aujourd'hui le seul exemple au monde d'un régime présidentiel [7].
435
+
436
+ Ainsi, dans la Constitution américaine, trois pouvoirs (Président, Congrès, Cour suprême) occupent des secteurs définis (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire) sans possibilité de se révoquer mutuellement.
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+
438
+ Il faut cependant préciser que les constituants de 1787 avaient fait une autre lecture : ils partaient du principe que « le pouvoir arrête le pouvoir » et ont effectivement séparé des pouvoirs qui occupent cependant des fonctions concurrentes. Fidèles en cela à Montesquieu, les Pères fondateurs ont donc élaboré un système complexe de poids et de contrepoids qui vient invalider partiellement la thèse de la séparation stricte des pouvoirs.
439
+
440
+ Certains comparent souvent cette constitution avec la constitution française de 1791, car elles instaurent toutes deux un régime présidentiel. Cependant, ces deux constitutions ne sont pas liées : les constituants de 1791 ne se sont pas inspirés de la constitution fédérale américaine (quoi qu'ils se soient inspirés des constitutions fédérées antérieures), car le seul à connaître cette constitution (les moyens de communication de l'époque obligeant) et à appartenir également à la Constituante était le marquis de la Fayette. Or, celui-ci, royaliste, ne participa que très peu aux débats trop houleux de l'assemblée. La raison pour laquelle ces deux constitutions se ressemblent tant est due au fait que les constituants des deux pays ont appliqué les mêmes théories (celles de Locke et Montesquieu). Mais l'objectif n'était pas du tout le même : les Américains souhaitaient instituer un président de la République fort, tandis que les Français, eux, voulaient limiter au maximum les pouvoirs de Louis XVI.
441
+
442
+ Le fédéralisme et l'opposition confédéraliste (guerre de Sécession, rôle de la Cour suprême dans Marbury v. Madison en 1803 et le revirement de jurisprudence en faveur des États fédérés depuis United States v. Lopez en 1995).
443
+
444
+ En France sous la Ve République, il n'y a pas à proprement parler de séparation des pouvoirs, puisqu'un même parti politique peut détenir le pouvoir exécutif et législatif, et contrôler le pouvoir judiciaire sous l'autorité du Ministère public.
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+
446
+ On assiste à un Exécutif bicéphale, où chef de gouvernement et chef de l'État collaborent, l'un prédominant sur l'autre selon qu'il s'agisse d'une période de concordance des majorités ou d'une période de cohabitation.
447
+
448
+ La France est dotée d'un régime parlementaire, la séparation des pouvoirs y est donc quasi inexistante, puisque l'on assiste à une confusion des pouvoirs au profit du président de la République en période normale [8] quand même la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen la consacre en son article 16 : « Toute Société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée n'a point de constitution ».
449
+
450
+ Il faut noter tout d'abord que la Constitution française de 1958 ne parle pas, volontairement, de « pouvoir exécutif », « pouvoir législatif » ou de « pouvoir judiciaire », mais bien des pouvoirs du président de la République ou du Gouvernement (titres II et III), des pouvoirs du Parlement (titre IV) et de l'autorité judiciaire (titre VIII).
451
+
452
+ L'exécutif dispose d'un pouvoir réglementaire autonome : dans un très large domaine, défini par l'article 34 de la constitution, les normes obligatoires de portée générale ne peuvent être édictées que par le parlement et portent le nom de lois. En dehors de ce domaine, le gouvernement, au terme de l'article 37 peut édicter lui-même par décret des normes ou règlements. Il peut aussi édicter des normes dans le domaine de la loi, alors nommées ordonnances, uniquement toutefois lorsque le parlement l'y a habilité.
453
+
454
+ Si les magistrats du siège jouissent d'une certaine indépendance, ceux du parquet restent plus étroitement contrôlés, en matière de carrière, par le pouvoir exécutif. Ainsi, les magistrats du siège peuvent être sanctionnés directement par le conseil de discipline des magistrats du siège, tandis que le conseil de discipline des magistrats de parquet peut seulement proposer des sanctions à l'égard des magistrats du parquet au Ministère de la Justice[42].
455
+
456
+ La collaboration étroite entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif est délicate dans l'autre sens aussi. Le pouvoir législatif, en plus de voter les lois, peut faire obstacle aux actions du pouvoir exécutif (à travers une motion de censure, par exemple). À l'inverse, le pouvoir exécutif, selon certaines procédures, peut faire adopter des lois (et non de simples décrets) sans qu'il y ait ratification par le pouvoir législatif (en France à travers la procédure 49-3 par exemple). Certains considèrent toutefois que la procédure 49-3 n'est pas une véritable entorse à la séparation des pouvoirs, car le Parlement a alors la possibilité de censurer le gouvernement en contrepartie de l'impossibilité d'amender le texte présenté. Il ne s'agirait, sous cet angle, que d'une modification des modalités d'application du principe de séparation des pouvoirs.
457
+
458
+ De plus, le pouvoir législatif peut détenir le pouvoir judiciaire en ce qui concerne le jugement de l'exécutif. La Haute Cour, qui juge et, le cas échéant, prononce la destitution du président de la République, est composée de 24 parlementaires, tandis que la Cour de Justice de la République, compétente en matière de responsabilité pénale des ministres, est composée de 6 députés, 6 sénateurs et 3 membres de la Cour de Cassation.
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+ Enfin, des contestations ont été soulevées lors de la création d'une commission parlementaire d'enquête concernant l'affaire d'Outreau, puisque, en pratique, ces parlementaires ont remis en cause le travail des juges.
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+ Indépendance des juges :
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+ Mais les juges ne forment pas un pouvoir, seulement une autorité.
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+
466
+ L'Église catholique elle-même se prononce sur les contre-pouvoirs pour les approuver[43].
467
+
468
+ Il n'existe pas de séparation des pouvoirs au sens classique dans l'Union européenne. Les fonctions sont partagées parmi les trois institutions principales :
469
+
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+ Les trois institutions doivent collaborer pour élaborer des lois (règlements, directives...). Il n'existe aucun moyen pour pouvoir révoquer l'un des pouvoirs. Cependant, en 1999, le Parlement a réussi à obtenir la démission de l'ensemble de la Commission Santer pour concussion, ce qui pourrait peut-être constituer une ébauche de responsabilité politique de la Commission (qui représenterait l'exécutif ; mais celle-ci s'apparente plus pour l'instant à une responsabilité pénale).
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+
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+ Par contre, la banque centrale européenne a seule le pouvoir d’émission monétaire. À ce titre, elle est théoriquement indépendante du pouvoir politique pour ce qui est le pouvoir de l'argent. Chacune des banques centrales européennes doivent donc emprunter des euros sur les marchés financiers pour contracter leurs dettes souveraines.
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+ août octobre
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+ Septembre est le neuvième mois des calendriers grégorien et julien.
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+ Son nom vient du latin september (de septem, sept) car il était le septième mois de l’ancien calendrier romain.
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+ Le mois de septembre est le dernier mois de l'été et le premier mois de l’automne dans l’hémisphère nord et le premier mois du printemps dans l'hémisphère sud ; l’équinoxe a lieu le 21, le 22, le 23 ou le 24 septembre.
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+ À l’origine dans le calendrier romain dit romuléen qui comprend dix mois[2], septembre (en latin september, de septem, sept et du suffixe bris provenant peut-être du latin ber « porter », ou de l'expression ab imbre, « après les neiges[3] ») est le septième mois de l'année. Les Romains ayant pris l'habitude de personnifier et de déifier tous les faits qu'ils ont du mal à expliquer (tel le cycle annuel), ils rangent d'un côté les « bons » dieux, et de l'autre les « mauvais » dieux, et prennent soin de se mettre sous la protection des premiers, pour se préserver des seconds[4]. Ainsi dans ce calendrier romain, seuls les quatre premiers mois de l'année portent (ou se rapportent) à des dieux protecteurs, dont trois sont en réalité des déesses : Martius (mois de mars) consacré au dieu romain Mars, Aprilis (mois d'avril) consacré à Aphrodite, Maius (mois de mai) en l'honneur de Maia, Iunius (mois de juin) en l'honneur de Junon. Les autres mois avaient-ils moins de valeur que les précédents aux yeux des Romains ou, comme le pense Thomas George Tucker (en), en raison de l'importance accordée aux quatre premiers mois[5] qui commandent la planification des travaux agricoles[6] ? Toujours est-il que les six derniers mois ne sont à cette époque désignés que par le chiffre qui les place et qui permet de les distinguer dans le cours de l'année : Quintilis pour le cinquième mois, Sextilis pour le sixième, September pour septième, October pour le huitième, November pour le neuvième, December pour le dixième. Dans ce contexte, mars est le premier mois de l’année romaine pour honorer le fondateur de Rome Romulus dont le père était le dieu Mars[7] mais également pour honorer le dieu agricole et guerrier[8] : cette divinité romaine préside au printemps, au retour des beaux jours favorables à l'agriculture[9], et inaugure dans le calendrier la nouvelle année qui met un terme à la trêve militaire traditionnelle ouverte d'octobre[10] à la fin février[11]. Selon les traditions relatées par les auteurs latins (Ovide, Varron), le calendrier passe à 12 mois, soit sous Numa Pompilius, soit sous les decemviri vers 450 av. J.-C. et janvier devient le premier mois de ce calendrier dit pompilien afin de rapprocher le début d'année du solstice d'hiver qui met fin à la saison morte et amorce le renouveau solaire. Cependant, les années romaines sont identifiées par la date d'élection des deux consuls, qui prennent leurs fonction le 1er mai et le 15 mars avant 153 av. J.-C.[12]. Le début de l'année consulaire est fixé au 1er janvier lors de la mise en place du calendrier julien en 45 av. J.-C., Jules César le faisant commencer non précisément au solstice d'hiver mais seulement au jour de la nouvelle lune qui suivait directement celui-ci, afin de s'accommoder de la mentalité des Romains, accoutumés à l'année lunaire[13].
12
+
13
+ Au Moyen Âge, les pays de la chrétienté utilisent le calendrier julien et commencent la numérotation de l'année à une fête religieuse importante, le 25 décembre (style de la Nativité de Jésus), le 25 mars (style florentin ou style de l'Annonciation), voire à Pâques (style de Pâques) comme dans certaines régions françaises[14]. Cependant, les calendriers médiévaux continuent à afficher les années selon la coutume romaine, en douze colonnes allant de janvier à décembre. Dès le haut Moyen Âge, les autorités religieuses prévoient les temps liturgiques où il est interdit de célébrer le mariage[15] : cela va, selon les régions, depuis l'Avent jusqu'à l'octave de l'Épiphanie du Seigneur, de la Septuagésime à l'octave de Pâques, du dimanche avant les Rogations au septième jour après la Pentecôte, si bien que le mois de septembre, comme celui d'octobre est une période privilégiée pour les mariages[16]. En France, janvier s'impose comme le 1er mois lorsque le roi Charles IX décide, par l’Édit de Roussillon en 1564, que l’année débuterait désormais le 1er janvier[17]. Le pape Grégoire XIII étend cette mesure à l'ensemble de la chrétienté avec l'adoption en 1582 du calendrier grégorien qui se met en place progressivement dans les États catholiques, lentement dans le reste du monde (la Turquie n'adopte cette réforme qu'en 1926)[18]. Mais même dans les pays chrétiens, l'application de cette réforme reste très inégale. Ainsi pendant plusieurs siècles, il n'est pas rare que deux villages voisins puissent fêter Noël à des semaines d'intervalle, ou que des paysans se révoltent contre les jours de qu'on leur avait « volés » en ajustant le calendrier[19]. En France, l'ordre des quatre derniers mois de l'année du calendrier est en partie conservé dans l’écriture courante des actes jusqu'à la Révolution et même au cours du XIXe siècle : VIIbre, 7bre ou 7bre (septembre), VIIIbre, 8bre ou 8bre (octobre), IXbre, 9bre, 9bre ou 9bre (novembre), Xbre ou 10bre (décembre)[20]. L'étymologie latine du mois de septembre rappelle encore aujourd'hui l'ordre que ce mois tenait dans l'année du calendrier dit pompilien : désormais en neuvième position, il était ainsi « le septième » de l'année[21].
14
+
15
+ Dans de nombreux pays de l'hémisphère nord, septembre est traditionnellement le premier mois de l’année scolaire après les congés estivaux annuels. Outre cette rentrée scolaire, c'est aussi, pour la France, le mois de la seconde session des examens de fin d’année et des admissions à la suite des concours d’entrée des écoles.
16
+
17
+ Dans les pays occidentaux qui regroupent les principales vacances scolaires en été, septembre est le mois de la reprise du travail. Comme celui de janvier, il est également centré sur les problèmes domestiques, et la sociabilité extérieure au foyer se réduit beaucoup, sauf à l'occasion des mariages de plus en plus fréquents malgré l'absence de jours fériés. Dans la seconde quinzaine de septembre, naissent les enfants conçus la nuit de la Saint-Sylvestre[22].
18
+
19
+ C'est aussi le mois de la cueillette des fruits enfin mûrs, des vendanges, des premiers champignons et celui de l'ouverture de la chasse en France. Traditionnellement, on prépare l'hiver en faisant des confitures[23].
20
+
21
+ Les célébrations à date fixe sont recensées dans la section célébrations des éphémérides de septembre ci-dessus.
22
+
23
+ Le 2e samedi de septembre a lieu la journée mondiale des premiers secours, le 3e week-end les journées européennes du patrimoine[24].
24
+
25
+ Durant la dernière semaine de septembre se déroulent la journée maritime mondiale et la journée mondiale des sourds. Au dernier dimanche de septembre est célébré la journée mondiale des rivières[24].
26
+
27
+ Aux États-Unis, le mois du patrimoine hispanique national (en) qui a lieu du 15 septembre au 15 octobre, témoigne de la contribution des Hispaniques et Latino-Américains à la culture américaine.
28
+
29
+ Aux États-Unis et au Canada, le Labor Day (ou fête du Travail) est célébré le premier lundi de septembre. La fête des grands-parents a lieu le premier dimanche de septembre suivant la fête du travail.
30
+
31
+ La journée du respect pour les personnes âgées (敬老の日, Keirō no hi?) est un jour férié au Japon, célébré le troisième lundi du mois de septembre, afin de créer un long week-end.
32
+
33
+ En Colombie, « El día del amor y de la amistad » (le jour de l'amour et de l'amitié) se déroule le troisième samedi du mois de septembre[25].
34
+
35
+ L’Oktoberfest, connue dans les pays francophones sous le nom de fête de la bière, se déroule à Munich en Allemagne. De nos jours, elle commence le premier samedi de la deuxième quinzaine de septembre à midi exactement.
36
+
37
+ De nombreuses voies, places ou sites de pays francophones contiennent une date de ce mois dans leur nom (cf. la liste des toponymes correspondants).
38
+
39
+ Dans la religion catholique, le mois de septembre est dédié à Notre-Dame des Douleurs[26].
40
+
41
+ En septembre avaient lieu plusieurs fêtes religieuses romaines : Furies, Grands jeux romains…
42
+
43
+ Comme dans certains rituels de sorcières, le jour de l'équinoxe est un jour très puissant pour les pratiquants des sciences occultes.
44
+
45
+ Le mois de septembre commence dans le signe zodiacal de la Vierge et se termine dans celui de la Balance à partir du 23 septembre.
46
+
47
+ Ces dictons traditionnels[27], parfois discutables, ne traduisent une réalité que pour les pays tempérés de l'hémisphère nord.
48
+
49
+ Le mois de septembre voit la maturité de nombreux fruits (pommes, poires, prunes, noisettes, mûres..).
50
+
51
+ Un mois de septembre pas trop sec favorise la quantité de la vendange.
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+
53
+ La pluviosité du mois de septembre peut être très différente d'une année à l'autre, sur le territoire métropolitain français.
54
+
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+ Un mois de septembre orageux annonce la proximité d'une météo automnale et hivernale.
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+
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+ Au mois de septembre, il faut se préparer aux semailles et vendanges d'automne mais aussi aux froids de l'hiver.
58
+
59
+ En septembre, les oiseaux migrateurs prennent leur envol pour passer l'hiver dans des régions plus douces.
60
+
61
+ La météo de l'arrière saison est souvent plus agréable que celle du printemps.
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+
63
+ Mais par quelques phénomènes (orages, giboulées..) la météo de l'automne rappelle celle du printemps.
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+
65
+ Chaque année, septembre commence le même jour de la semaine que décembre[29].
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+ La Seconde Guerre mondiale a débuté le 1er septembre 1939 et s'est achevée le 2 septembre 1945.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ 7 (sept) est l'entier naturel qui suit 6 et qui précède 8.
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+
5
+ Le mot sept vient du latin septem « sept », dont la racine se retrouve dans toutes les langues indo-européennes : germanique *sebun (gotique sibun, allemand sieben, anglais seven), vieux slave
6
+ sedmĭ, lituanien septyni[1], celtique *sextan (vieil irlandais secht, gallois saith, breton seiz[2] et sanskrit saptá, tous de l'indo-européen *septm[1],[2]. Les mots arabe sebt et hébreu shabbat signifient tous deux « septième jour ».
7
+
8
+ Le préfixe du Système international pour 10007 est zetta (Z), et pour son inverse zepto (z).
9
+
10
+ En raison de coïncidences historiques, physiques, ésotériques et mathématiques, le chiffre 7 est parfois considéré comme un « chiffre magique » : voir l'article « Septénaire (symbolisme) ».
11
+
12
+ Au départ, divers hindous écrivaient 7 plus ou moins en une boucle comme une courbe qui ressemble à la majuscule J la tête en bas. La contribution principale des Arabes occidentaux, dans les chiffres dits ghûbar[3], fut de créer la ligne plus longue diagonale plutôt que droite, bien qu'ils montrèrent certaines tendances à rendre la caractère plus rectiligne. Les Arabes orientaux développèrent le caractère à partir d'une forme de 6 vers un caractère ressemblant au V majuscule. Les deux formes arabes modernes influencèrent la forme européenne, un glyphe en double boucle constitué d'une ligne horizontale supérieure jointe à sa droite à une ligne descendant vers le coin inférieur gauche, une ligne qui est légèrement incurvée dans certaines variantes du caractère. Comme dans le cas du glyphe européen, les glyphes Khmer pour 7 se développèrent aussi pour ressembler à leur glyphe 1, bien que ce soit d'une manière différente.
13
+
14
+ L'écriture manuelle en Europe, Amérique latine et Nouvelle-Angleterre comporte un petit trait horizontal en travers du grand trait, parfois encore avec la ligne du sommet courbée (« 7 »). Les Khmers ajoutaient souvent une ligne horizontale en dessous du glyphe. Le trait au travers est utile pour clairement différencier le caractère du nombre 1, puisqu'ils peuvent sembler similaires lorsqu'écrits avec certains styles d'écriture manuelle.
15
+
16
+ Sur l'affichage des calculatrices et des montres numériques, 7 est le seul nombre à montrer une variation dans son glyphe. La plupart des calculatrices utilisent trois segments, mais sur certaines, 7 est affiché avec quatre segments.
17
+
18
+ La graphie « 7 » n'est pas la seule utilisée dans le monde ; un certain nombre d'alphabets — particulièrement ceux des langues du sous-continent indien et du Sud-Est asiatique — utilisent des graphies différentes.
19
+
20
+ Le sept latin vient des chiffres arabes, qui sont en fait originaires de l'Inde (le chiffre 7 en Gurmukhî a exactement la même graphie). Les Arabes utilisent des chiffres hindous réinterprétés.
21
+
22
+ Sept est le quatrième nombre premier ; il est jumeau avec 5 et cousin avec 11 et 3.
23
+
24
+ Sept est le 2e nombre de Mersenne premier et le 2e nombre double de Mersenne : 23 – 1 = 222–1 – 1, ainsi que l'exposant du 4e nombre de Mersenne premier : 27 – 1 = 127.
25
+
26
+ En base dix, 7 est un nombre premier long car 1/7 = 0,142857142… or le nombre 999 999/7 = 142 857 est cyclique.
27
+
28
+ Sept est le plus petit nombre brésilien car 7 = 1112, donc 7 est également le plus petit nombre premier brésilien.
29
+
30
+ Sept est aussi un nombre de Newman-Shanks-Williams, un nombre de Woodall, un nombre chanceux, un nombre de Carol, un nombre premier sûr et un nombre premier super-singulier.
31
+
32
+ Un polygone à sept côtés est un heptagone. Les n-gones réguliers pour n ≤ 6 peuvent être construits par la règle et le compas seuls, à la différence de l'heptagone. Les nombres figurés représentant les heptagones sont appelés nombres heptagonaux. Sept est aussi un nombre hexagonal centré et nombre pyramidal hexagonal.
33
+
34
+ Il existe sept groupes de frises, les groupes des symétries du plan dont le sous-groupe de translations est monogène infini.
35
+
36
+ Les puissances entières successives de 7 sont : 1, 7, 49, 343, 2 401…
37
+
38
+
39
+
40
+ Dans un grand nombre de langues du monde entier, 7 s'écrit sous la forme 5+2 ou 2+5. (système quinaire)
41
+
42
+ Exemple: en langue khmer 7 se dit pram pii (5+2).
43
+
44
+ Les sept arts libéraux (ou septivium) regroupés en trivium : grammaire, rhétorique, dialectique et quadrivium : arithmétique, géométrie, astronomie, musique, formèrent pendant des siècles la base de tout enseignement.
45
+
46
+ Le chiffre sept est également :
47
+
48
+ Les Sept arts sont une classification des arts proposée par Étienne Souriau.
49
+
50
+ Le groupe des Sept, artistes canadiens réunis en 1911.
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+ Les sept statues de l'hémicycle du Sénat à Paris.
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+ Les Sept Merveilles du monde[a] constituent l’ensemble des sept œuvres architecturales et artistiques considérées comme les plus extraordinaires du monde antique. L'origine de la liste est méconnue, mais ces œuvres correspondent toutes à des réalisations qui excèdent largement les proportions communes, montrant qu'architectes et bâtisseurs d'époques très anciennes étaient capables, à force de labeur et d’ingéniosité, d’ouvrages monumentaux exceptionnels (en grec : thaumasia). La popularité des monuments a suivi l’influence politique et économique des cités, et la construction d’un élément architectural imposant a vu consacrer cette prédominance (Memphis, Éphèse, Halicarnasse, Rhodes, Babylone, Olympie et Alexandrie).
2
+ Ces sept œuvres sont : la pyramide de Khéops à Gizeh en Égypte, les Jardins suspendus de Babylone, la statue de Zeus à Olympie, le temple d'Artémis à Éphèse, le mausolée d'Halicarnasse, le colosse de Rhodes et le phare d'Alexandrie.
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+
4
+ De ces sept réalisations ne subsiste aujourd'hui que la pyramide de Khéops.
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+ Seules trois merveilles n'appartiennent pas au monde hellénique (deux en Égypte et une à Babylone) et deux d'entre elles se situent en Grèce au sens contemporain du terme (celles d’Olympie et de Rhodes). Elles sont toutes autour du bassin méditerranéen, comprises dans les territoires conquis par Alexandre le Grand, et les plus orientales ne sont pas situées très loin d’Alexandrie[2]. Comme ces ouvrages ont été édifiés près de la mer, la liste a probablement été constituée à partir de récits de grands voyageurs, souvent des érudits. Ce sont des ouvrages particuliers et non des villes ou des sites naturels. Par rapport aux réalisations grecques, de taille modeste mais très élaborées, elles sont gigantesques et laissent une forte impression.
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8
+ L'historien grec Hérodote (Ve siècle av. J.-C.) est le premier à décrire des réalisations qui lui avaient paru extraordinaires, et l’une d'elles au moins s’est trouvée, par la suite, rangée au nombre des merveilles, la pyramide de Khéops[3]. Mais il ne la mentionne pas comme associée à d’autres « merveilles », ce qui laisse supposer qu'aucune liste canonique n’était encore constituée[4].
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+ Leurs dates de construction, approximatives pour la plupart, s'étendent sur plusieurs siècles, entre environ 2560 av. J.-C. pour la pyramide de Khéops et le début du IIIe siècle av. J.-C. pour le phare d’Alexandrie, considéré comme le plus récent. De nos jours, la merveille de Memphis existe encore, alors que toutes les autres ont disparu, après avoir souffert des incendies, des intempéries, des séismes, et aussi de la main de l’homme. Leur existence est attestée par des témoins archéologiques, exception faite des jardins suspendus de Babylone, dont il ne subsiste aucune trace et dont la réalité historique est mise en doute.
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+ Le fonds commun le plus ancien a été transmis par Philon de Byzance, différent de son célèbre homonyme. Cependant, la liste ne s’est pas imposée tout de suite et a subi au fil du temps de multiples modifications. Jean-Pierre Adam n'en dénombre pas moins de dix-neuf variantes entre le IIe siècle av. J.-C. et le XIVe siècle[5]. Ce dont on est le mieux assuré, c'est que la liste qui nous intéresse n'a pu être établie définitivement avant l’érection du colosse de Rhodes, merveille régulièrement citée, ce qui implique qu'elle n'est pas antérieure au début du IIIe siècle av. J.-C. D’un autre côté, Antipater de Sidon, poète grec dont on situe la mort à la fin du IIe siècle av. J.-C., a écrit une épigramme contenant la mention la plus ancienne d’une liste complète. La composition de la liste doit donc se situer entre ces deux dates.
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+ La liste d’Antipater[6] est l’une des trois qui concordent avec celle de Philon :
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+
16
+ « J'ai contemplé
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+ le rempart de la superbe Babylone où peuvent courir les chars,
18
+ le Zeus des bords de l’Alphée,
19
+ les jardins suspendus,
20
+ le colosse d’Hélios,
21
+ l'énorme travail des hautes pyramides,
22
+ l’opulent tombeau de Mausole ;
23
+ mais quand je vis la maison d’Artémis qui s’élance jusqu'aux nues, tout le reste fut éclipsé, et je dis : « Hormis le sublime Olympe, l’œil d’Hélios vit-il jamais une chose semblable ! »
24
+
25
+ Entre la période d’Hérodote et la liste de Philon, quelques auteurs ont mentionné ou décrit des réalisations étonnantes comme étant des « Merveilles du monde ».
26
+
27
+ Callimaque, poète et polygraphe grec de la fin du IIIe siècle av. J.-C., est célèbre en son temps et s’est fixé à Alexandrie où il tient un rôle important à la Bibliothèque. De son œuvre comportant, selon la Souda, près de 800 ouvrages — dont un catalogue de la Bibliothèque constitué de 120 livres, les Tableaux (Pinakes) — ne nous sont parvenus, entiers, que 6 hymnes et 63 épigrammes[7]. Nous ne disposons pour le reste que de rares fragments de poésies diverses — principalement des iambes — et de quelques citations par des auteurs anciens. La Bibliothèque alexandrine et le Musée sont alors un centre culturel en effervescence. Des érudits y passent au crible les manuscrits dont ils assurent la conservation, les commentaires, la diffusion et la correction des copies. On les considère comme de « véritables fondateurs de la science philologique moderne »[8]. Nous connaissons ainsi leur goût des codex, des bibliographies, des catalogues, des listes, des scholies…
28
+ Une épigramme fragmentaire trouvée sur un papyrus d’Oxyrhynchos nous apprend que le poète aurait bien parlé du Zeus de Phidias et indique la hauteur du trône. Strabon connaissait ce poème et y fait allusion : « Certains auteurs donnent les dimensions de la statue et Callimaque même les cite dans un poème en vers iambiques »[9]. Il dit aussi : « L’œuvre de Charès de Lindos, le colosse de Rhodes, duquel l’auteur des vers iambiques dit que sa hauteur est de sept fois dix pieds » ce qui pourrait faire allusion au même poète, qu'il admirait.
29
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30
+ S’il n'est pas possible de prouver qu’il est le créateur de la liste des Merveilles — selon Jean-Pierre Adam, « divers indices font même penser que les principes qui la régissent ont été conçus dans une autre partie du monde »[8] —, Callimaque connaissait de nombreux monuments célèbres et les a chantés dans une poésie qui s’est perdue.
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32
+ Un papyrus du IIe siècle av. J.-C., de la même époque qu’Antipater, parmi les manuscrits grecs trouvés au Fayoum, région archéologique au sud-ouest du Caire, laisse voir parmi d’autres textes un bref fragment intitulé Ta hepta the [amata] (le titre est tronqué) où sont cités les Pyramides, le temple d’Éphèse et le tombeau d’Halicarnasse[10].
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+ Diodore de Sicile, historien compilateur grec du Ier siècle av. J.-C., nous parle des deux endroits décrits par Hérodote[11], à savoir les pyramides de Memphis et la ville de Babylone, et écrit une vingtaine de lignes sur son « jardin suspendu ». On trouve chez les Anciens soit le pluriel, soit le singulier, pour désigner les Jardins [kremastos kèpos ou paradeisos (qui a donné « paradis »)] ; mais sans doute que le pluriel est simplement une conséquence des terrasses élevées l’une au-dessus de l’autre.
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36
+ Vitruve, architecte romain du Ier siècle av. J.-C., auteur d’une somme considérable sur l’architecture, apparaît avoir entendu parler des Sept Merveilles puisque, dans un paragraphe qui lui est consacré, il rappelle que le Mausolée en fait partie : « Au milieu d’une vaste enceinte, est érigé le Mausolée ou tombeau de ce roi, d’un art si exquis qu’on le compte parmi les Sept Merveilles du monde… »[12]. Cependant, ce spécialiste évoque à peine l’Artémision et les murailles de Babylone, dont les jardins suspendus sont ignorés. Quand il évoque Rhodes et le siège fait par Démétrios Poliorcète, il ne mentionne pas le colosse. Ce Romain semble méconnaître, voire dédaigner les réalisations du monde grec. On peut même « envisager que, si Vitruve s’est plu à parler ainsi du mausolée d’Halicarnasse, il le faisait parce que Auguste avait choisi ce modèle pour son propre mausolée sur le Champ-de-Mars »[13].
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38
+ Strabon, géographe grec de la fin du Ier siècle av. J.-C., confirme que, de son temps, une liste existait déjà, proche de celle que reprend Philon de Byzance. Ainsi, il parle du Mausolée : « C’est à Halicarnasse que fut construit le tombeau de Mausole, ouvrage rangé au nombre des Sept Merveilles du monde… »[14] ; puis du rempart de Babylone : « Sur le sommet de ce rempart, il a été fait un passage assez large pour que deux quadriges s’y croisent. On comprend qu’un tel ouvrage ait été rangé au nombre des Sept Merveilles du monde, sans oublier le jardin suspendu »[15].
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+ Quinte-Curce, qui vécut pendant le règne de l’empereur Claude, eut l’occasion en écrivant sa Vie d’Alexandre, au moment de l’évocation du séjour du jeune conquérant à Babylone, de décrire ses célèbres jardins[16], ce qui constitue, avec celui de Diodore, un des deux documents les plus importants sur cet ensemble botanique.
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+ Pline l'Ancien, qui vécut lui aussi au Ier siècle, sous Claude puis sous Néron, est l’auteur d’une Histoire naturelle monumentale. Esprit curieux et universel, il n’a pas hésité à s’intéresser à tout ce qui pouvait instruire ses contemporains et les étonner — il est sur ce point le continuateur romain de Callimaque et de la paradoxographie. Il nous parle, dans son livre XXXVI consacré aux pierres, de cinq des sept ouvrages canoniques, cette fois avec le Phare, mais sans rien de Babylone et peu de Rhodes[17]. C’est au livre XXXIV-18 que Pline nous renseigne sur la statue rhodienne mais pour la décrire sous la forme d’un géant abandonné à terre et désarticulé.
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44
+ Pausanias, géographe grec du IIe siècle, dit le Périégète, est l'auteur d’un panorama de la Grèce, « témoin irremplaçable de la Grèce à l’époque romaine, avant les destructions du IIIe siècle »[7]. Ce grand voyageur s’est limité aux « merveilles » de la Grèce continentale et nous n’avons pu récupérer que sa description, heureusement très instructive, du Zeus olympien[18].
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+ Philon de Byzance est le seul auteur ancien qui a écrit un texte entièrement consacré aux Sept Merveilles du Monde. Si on ne trouve pas chez lui la description du Phare, c'est que ce dernier n’avait pas encore supplanté le rempart babylonien qui, en contrepartie, est inclus. Il est à l’origine de la popularité de ces monuments.
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+ Il n’y a plus, aujourd’hui, de philologues qui croient encore que le « Philon de Byzance de la Liste » soit l’ingénieur grec, auteur d’un ouvrage essentiel pour nos connaissances sur les techniques anciennes. C’est à la fin du XVIIIe siècle qu’un nommé Fabricius mit le premier en doute la personnalité de Philon, argumentant que ses descriptions techniques sommaires n’avaient aucune affinité avec les connaissances du mécanicien renommé. Dans l’Antiquité, le nom de « Philon » était courant, comme était bien connue la ville de Byzance. Selon Jean-Pierre Adam, il a été dénombré pas moins d’une soixantaine de Philon, dont dix-neuf ont écrit, et parmi eux, Philon d’Héraclée qui fit un traité sur les Merveilles de Scythie, au Ve siècle. Le document n’ayant aucun repère chronologique, les spécialistes qui se sont penchés successivement sur le texte, ont tout de suite été persuadés que cet auteur était loin du style du « vrai Philon » et qu’il était d'une façon certaine un rhéteur appartenant à une école byzantine que ces philologues ont pu dater entre le IVe et le VIe siècle tout au plus, particulièrement en raison d’habitudes d’écriture[b] spécifiques à des écoles de période bien définie[c].
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+ Il n'en existe qu’une copie unique, datant du Xe siècle, selon l’examen du manuscrit et de la calligraphie, mais pas plus loin que la première moitié de ce siècle. Sa présence a été attestée dans un monastère du mont Athos et il devait s’y trouver encore entre le XIVe et le XVe siècle, à peu près l’époque où on suppose qu’il est entré à l’université de Heidelberg, peut-être par l’intermédiaire de l’abbaye de Sponheim, fournisseur habituel de ses manuscrits[19].
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+ En 1623, lors de la guerre du Palatinat, la ville de Heidelberg, foyer protestant, fut prise par Maximilien de Bavière, chef de la Ligue catholique. Le Pape en profita pour se faire transporter à grands frais la Bibliothèque palatine à Rome. Leo Allatius qui veilla au convoi, eut, en qualité de bibliothécaire de la Vaticane, la tâche de procéder à un catalogue détaillé. Il était donc bien placé pour être le premier à découvrir l’intérêt du document de Philon, texte inscrit sous l’intitulé Palatinus 398.
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+ En 1640, philologue de formation, Allatius, pour avoir l’honneur de l’editio princeps, le fait publier dans la hâte avec sa propre traduction latine, une édition que finalement les spécialistes jugent médiocre. Un Français, Boessius[d], helléniste averti qui, au cours d'une mission diplomatique auprès du Saint-Siège[e], avait repéré le texte vingt-huit ans plus tôt et y avait travaillé pour son loisir, pense alors que sa traduction est bien meilleure et la fait éditer en 1661 parmi un recueil de miscellanées. Mais son texte est trahi par un nombre déplorable de fautes d’impression qui le rendent inintelligible.
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56
+ En 1797, la France révolutionnaire défait l’armée pontificale et emporte en butin cinq cents manuscrits. Le Palatinus 398 arrive ainsi à Paris. Un érudit nommé F.J. Bast, qui parcourt le codex, tombe lui aussi sur le fameux texte de Philon et publie en 1805, sans le texte de fond, des notes critiques.
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+ En 1816, après l’exil de Napoléon, le Saint-Siège réclame ses œuvres d’art et la partie de sa bibliothèque. De son côté, l'université de Heidelberg n’a pas oublié non plus et demande la restitution des volumes qui lui furent jadis prélevés par le Vatican. Finalement, le Palatinus 398 fit son retour à l’université allemande, où il est encore aujourd’hui.
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60
+ Le texte a pour titre « Péri tôn hépta théamatôn » [À propos des sept merveilles] et représente un ensemble de six feuillets : un prologue et, pour chaque Merveille, un paragraphe. La dernière phrase du sixième paragraphe, pas tout à fait terminé, sur l’Artémision, est tronquée : elle marque d'ailleurs la fin du document et, ainsi, le texte du Mausolée, le septième annoncé, manque et n’a pas été retrouvé. Chaque description, de longueur inégale, ne dépasse pas quelques dizaines de lignes. Comme les deux premières éditions avaient été boudées, un certain Orelli, à Leipzig, procéda, en 1816, à une édition enrichie et enfin apte à la consultation. Elle contient la transcription grecque de Boessius et sa traduction latine, quelque peu corrigées et abondamment annotées. Mais, de nos jours, c’est l’édition Hercher de 1863 qui prévaut, car elle a été établie en respectant les critères scientifiques[20]. Cette édition comporte toujours une seule traduction, faite en latin.
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+ Le jugement de Jean-Pierre Adam est sévère : « ce merveilleux de pacotille qu’il substitue aux détails techniques que nous attendions »[21]. Si les contemporains de Philon ont pu rêver, ses descriptions sont pour nous, en effet, dépourvues d’attrait et ne s’éloignent pas de ce que nous lisons habituellement dans une brochure touristique. De toute manière, on ne pouvait guère s’attendre, de la part d’un simple compilateur, à un récit de grand voyageur ou à un reportage vécu. Il s’agit simplement d’un exercice de style d’une inspiration courte, puisée çà et là chez divers auteurs. Philon nous apparaît donc comme un rhéteur habile mais un écrivain peu captivé par son sujet, lequel est prétexte à développer, sous un style châtié et de belles envolées lyriques, des lieux communs et des préceptes moraux.
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+ Ouvrage pratiquement contemporain du Colosse, cette tour-fanal apparaît seulement dans les listes tardives, généralement en remplacement du rempart de Babylone, et termine la liste canonique adoptée jusqu'à nos jours. Sa renommée semble due à son rôle utilitaire et au style singulier de sa construction et elle est érigée pour honorer la mémoire de Ptolémée Sôter qui développe Alexandrie. La cité, alors centre culturel avec son musée et sa bibliothèque, n’est certainement pas étrangère à la popularité de cet édifice. Mais il a fallu attendre un hasard de l’époque de la Renaissance pour retrouver cet ouvrage définitivement intégré à la liste des Merveilles[22].
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+ L’Artémision d’Éphèse du VIe siècle av. J.-C., qui est incendié en -356 par Érostrate, n’a jamais fait partie d’une quelconque sélection de monuments privilégiés car à cette époque, si ce temple était déjà universellement admiré, aucun texte ne parlait de listes de merveilles ; et lorsqu’une d’entre elles devint populaire, ce premier temple avait depuis longtemps disparu pour faire place à un second, rehaussé mais construit à l’identique[23],[24]. Pline l’Ancien, qui ne peut avoir vu que le dernier des deux, a lui-même, dans son récit[25], confondu l’un et l’autre : « De ces colonnes, trente-six sont sculptées et l’une l’a été par Scopas et l’architecte qui présida à l’ouvrage fut Chersiphron. » L’architecte construit bien le premier temple mais le sculpteur ne travaille au second qu'au moins deux siècles plus tard.
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+ Les Pyramides, pour la plupart des auteurs principaux, Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Pline l'Ancien et aussi Philon, forment une merveille dans leur ensemble. Pline écrivait : « Les trois autres dont la renommée est universelle et que tous les navigateurs du fleuve ont l’habitude de voir… »[26]. Ces trois sœurs qui ont toutes leur angle sud-est parfaitement aligné et leur porte d’entrée sur le côté nord ont autrefois paru indissociables.
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+ La liste définitive a consacré la pyramide de Khéops, parce qu’elle est évidemment la plus ancienne, la plus complexe, voire la plus ésotérique, mais surtout parce que, aux yeux de l’arpenteur, elle dépasse — mais de très peu — celle de Khephren. Curieusement, pour un visiteur arrivant de tous côtés — excepté du nord —, c’est cette dernière qui semble, grâce à une légère élévation du terrain, la plus haute ; à tel point que les chroniques arabes les ont parfois confondues[27]. Khéops est le premier essai tâtonnant — et par imitation de celle de Snefrou, à Meidoum — d’une architecture poussée à l’extrême et, aussi, selon certains spécialistes d’architecture, la pyramide qui présente le plus d'anomalies de structure interne[28].
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+ Khephren, qui a le mieux résisté, a conservé son revêtement sommital et fait pour ainsi dire figure de « pyramide générique ». Sa silhouette plus élancée a été inspirée directement par l’équerre égyptienne : deux triangles rectangles — de côtés en proportion 3,4 et 5 — accolés verticalement par leur base lui donnent sa pente[29]. De son côté, Mykérinos, la plus soignée, est généralement dédaignée. Cette dernière pyramide, selon Strabon, « de dimensions bien moindres que les deux autres, se trouve cependant avoir coûté beaucoup plus cher en construction »[30], mais, en contrepartie, selon Diodore, elle séduit davantage car elle « se distingue par l’art qui a présidé à sa construction et par la beauté de ses pierres »[31]. Il y a enfin le Sphinx, dont aucun visiteur, à l’exception de Pline l’Ancien, n’a noté la présence : « Le Sphinx, plus admirable peut-être [que les Pyramides] et sur lequel on a gardé le silence ».
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+ Selon la légende la mieux suivie, Artémise II aurait elle-même décidé de construire pour son époux et frère le splendide monument qui aurait consacré son amour conjugal. L’assertion de Pline que l’on trouve dans sa fameuse description du Mausolée[32] a généralement prévalu. Cette version n’a jamais fait l’unanimité. Déjà, Vitruve avait écrit que c’est Mausole lui-même qui entreprit cette construction à sa propre gloire posthume[33]. Ce prince suivait en cela une tradition de vanité très répandue à son époque chez les souverains[34]. On ne compte plus, en effet, les tombeaux monumentaux érigés en Asie Mineure et notamment en Lycie. De son côté, Lucien consacre à Mausole un chapitre de son Dialogue des morts, le peignant comme un homme orgueilleux et très fier de s’être fait construire le plus beau tombeau de la terre[35]. André Coutin écrit : « Le tombeau triomphal qu’il avait décidé d’élever était inachevé à sa mort… »[36], et Jean-Pierre Adam, d'autre part, écrit : « On remarque […] que Pline, contrairement à Vitruve, fait du Mausolée une œuvre due à l’initiative d’Artémise ; ce en quoi, du reste, il se trompe… »[37]. Chacun dans son ouvrage respectif accrédite donc spontanément cette seconde opinion mais sans toutefois en donner une plus longue explication.
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+ L’historien Sainte-Croix avait auparavant nettement tranché : « Que de temps n’a pas dû coûter la construction d’un pareil monument ? Cependant, Artémise survécut à peine deux ans à son mari. Dans un aussi court espace de temps cet édifice aurait-il été terminé […] comme le dit Pline ? Cela me paraît difficile à croire et je pense plutôt que cet auteur a pris pour l’année de la mort de Mausole celle où l’on commença à bâtir son tombeau. Dans cette hypothèse, Mausole lui-même aura projeté ce grand ouvrage deux ans avant de mourir ; il y aura fait travailler, et Artémise, en l’achevant, en aurait eu toute la gloire »[38].
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+ Une réalisation d’un tel raffinement et d’un tel gigantisme n’a pas pu s’improviser juste après un décès, surtout que la veuve, durant les deux courtes années de son autorité, dépensa du temps et de l’argent à défendre sa cité contre Rhodes et à contre-attaquer et punir les insulaires. Les artistes renommés choisis pour l'ouvrage, dispersés et venus de fort loin, ont dû être retenus longtemps à l'avance pour être réunis. Comme il est peu commun, d’autre part, qu’une épouse soit à ce point exaltée qu’elle ait songé à la manière d’enterrer son conjoint encore en vie, il est plus vraisemblable que Mausole, lui-même un grand bâtisseur, ait désiré contempler « de ses yeux » le reflet de sa puissance. Cependant, il reste possible que les époux inséparables eussent tous deux souhaité être réunis dans la mort. Dans l’hypogée, on retrouva un reliquaire et un sarcophage qui pouvait être celui de la reine, l'usage carien imposant alors aux hommes l’incinération[39]. En admettant même la légende qui veut que l'achèvement de la statuaire se soit fait tardivement et au compte des artistes, on peut avancer qu’Artémise eût pu très bien en avoir été maître d’ouvrage quand son époux était très occupé, et qu'elle le fût naturellement pendant son veuvage pour la continuation des travaux. C’est peut-être une des raisons de la persistance de ce point de vue.
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+ Babylone, dont il ne reste presque rien, a livré, avec les Jardins, la Merveille la plus énigmatique. Si la tour colossale, peut-être celle dénoncée par les récits bibliques et considérée longtemps comme mythique, est bien décrite sur place par Hérodote, les Jardins, célébrés par plusieurs chroniqueurs, restèrent invisibles aux yeux de cet historien[40] ; tandis que Ctésias au IVe siècle av. J.-C.[41], capable de passer en revue toutes les curiosités babyloniennes, construites ou relevées un siècle et demi à peine auparavant, les ignore complètement. Leur trace n’a pas été non plus retrouvée par les archéologues qui avaient pourtant mis au jour l’enceinte et la base de cette même tour appelée « Etemenanki ». Pas davantage de jardins sur les tablettes mésopotamiennes où l’on voit des plans de la ville et de ses principaux monuments. Les compilateurs latins, Ampelius du IIe siècle, qui a pourtant écrit sur Sémiramis et le rempart de Babylone, et Hygin du Ier siècle, dans son Septem opera mirabilia[42], ont donné le palais de Cyrus en lieu et place des Jardins suspendus. Les seules représentations qui nous en suggèrent une idée viennent des bas-reliefs de Ninive avec des terrasses à végétation, soutenues généralement par des colonnes à chapiteau. Nous sommes donc loin des voûtes nécessaires pour supporter un étagement important. Et si aucun auteur ne paraît avoir vu ces jardins, aucun n’indique le nombre de terrasses ; et tous ne sont pas d'accord sur la description de leur système hydraulique, leur emplacement et le maître d’ouvrage[43].
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+ Le cellier voûté de la porte d’Ishtar, dégagé par l’Allemand Koldewey à la fin du XIXe siècle, n’a pu, par ses trop modestes dimensions, représenter la plateforme d’un jardin royal important. Il est en tout cas difficile de concevoir que l’espace de verdure aussi réduit du « véritable » jardin (un carré de 120 m de côté) ait été l’élément qui accrochât l’œil, adossé à un rempart lui-même célébré comme une merveille, imposant et interminable, dont la longueur était, si l’on en croit les Anciens, plus d’une fois et demie le tour de la ville de Paris[f]. Cependant, le tracé retrouvé de la dernière cité fit état, lors des récentes fouilles, d’une enceinte extérieure de 11,3 km pour une intérieure de 6 km.
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+ Le savoir-faire des jardiniers et des fontainiers de la Mésopotamie n’étant plus à démontrer, il fait peu de doute que les jardins-oasis ont proliféré dans cette région pendant des siècles, se sont améliorés, montrant des aspects multiples, au gré des souverains et des modes. Quoi qu’il en soit, au fil du temps, s’est probablement imprégnée dans la mémoire des voyageurs parvenus au terme d’un parcours harassant à travers une contrée désertique, la fantastique vision de chevelures de forêts et de vergers flottant au-dessus des murailles[44], et les imaginations ont ensuite échafaudé le mythe.
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+ Enfin, tous les écrits réunis à son sujet montrent une seule chose qui soit certaine : cette ville dont on a constamment vanté, avec les plus flatteurs superlatifs, les murailles, les portes d’airain, le pont sur le fleuve, la galerie sous le fleuve, les quais, les deux palais, le temple de Marduk, les statues, la ziggourat, la citerne, les jardins, etc.[45] fut assurément à elle seule une vraie merveille : « Elle est si magnifique que nous n’en connaissons pas une qu’on puisse lui comparer. », écrivait Hérodote (I, 178).
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+ Le principal obstacle pour figurer les Sept Merveilles est l’insuffisance des informations qui nous sont parvenues. Les Jardins suspendus de Babylone, qui sont tout à la fois aisés et impossibles à reconstituer, en sont l’exemple le plus significatif. On peut, d'autre part, facilement concevoir qu’à l’époque de Pline les secrets de la construction de la pyramide de Khéops aient été perdus après tant de siècles. Parmi tous les auteurs qui ont parlé des pyramides, aucun n’en a donné une hauteur approchante. Jean-Pierre Adam remarque que les Anciens sont en défaut sur toutes les mesures de points inaccessibles. Pour les pyramides, une illusion d’optique — créée probablement par la course des arêtes — fait généralement apparaître la hauteur très proche d’un des côtés de la base, lequel la représente en réalité une fois et demie. Pline, qui croyait sans doute la méthode de Thalès de Milet connue depuis le VIe siècle av. J.-C.[46], a entériné de bonne foi les dimensions qu’on lui a transmises. Si cet auteur était soucieux de donner des mesures, il doit parfois s’en passer : le tombeau de Mausole est légèrement plus court d’un côté que de l’autre et la hauteur de son dernier étage est sensiblement égale à celle de l’étage en dessous. Les imprécisions des hauteurs du Phare sont encore plus déroutantes. De simplement « haut » pour Strabon à « très élevé » chez Jules César, son premier étage, aux yeux des chroniqueurs arabes, gagne une dizaine de mètres en un siècle, de Massoudi (Xe siècle) à Ibn al-Dayg (1165), alors que le deuxième étage les gagne sur le même Massoudi avec El-Makrisi au XVe siècle. La hauteur totale du Phare varie en absolu entre 102 mètres (Massoudi) et 225 mètres (Ibn Joubère)[47]. Les effondrements et les réparations ou reconstructions des parties hautes à différentes périodes ont encore mieux embrouillé les dimensions originales.
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+ Chez Pline, il n'y a aucune indication sur les sculptures ornementales du mausolée d'Halicarnasse et leur implantation, tout comme celles de l’Artémision pour lesquelles il avoue son désintérêt : « Les autres ornements du temple rempliraient par leurs descriptions plusieurs livres ; mais ils n'ont rien de commun avec l'histoire de la nature. »[25]. Cela a mis et met toujours dans l’embarras tous les essais de restitution. L’attitude du colosse de Rhodes tant de fois contemplé n’a jamais fait l'objet d'une description. Et ainsi retrouve-t-on une multitude de dessins le représentant dans des positions les plus singulières, dont le spectaculaire et impossible enjambement qui a eu du succès jusqu’au cinéma[48]. À l'inverse, Pausanias, qui est pratiquement le seul à s’absorber dans une ekphrasis, dépeint le Zeus d’Olympie et sa décoration avec minutie, mais sans jamais donner une seule dimension : « Je sais que plusieurs auteurs ont consigné dans leurs écrits la hauteur et la largeur de la statue de Zeus Olympien, mais je me méfierais de ceux qui l'ont mesurée, car les dimensions qu'ils donnent paraissent bien au-dessous de l'idée qu'on s'en forme en voyant la statue de ses propres yeux »[49]. En revanche, la science archéologique donne de meilleures précisions.
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+ La liste des Merveilles doit probablement une part de sa célébrité à ce chiffre mystique. Cette notion, qui ne s’est pas formée bien sûr avec ces seuls monuments, aurait été transmise, selon Jean-Pierre Adam[50], par le courant philosophique pythagoricien. Les séries et les nombres premiers ont toujours fait l’objet d’une attention particulière. L’École pythagoricienne qui s’adonna aux spéculations ésotériques fut fermement critiquée par les tenants d’Aristote qui l'avait lui-même combattue dans son ouvrage La métaphysique, mais elle revint à la mode à l’époque de Cicéron avec l’école néo-pythagoricienne. Cependant, la superstition du chiffre magique serait plutôt venue d’Asie Mineure, comme semblerait le confirmer un traité ionien De hebdomadis qui lui est consacré. Ceci pourrait expliquer dans la « liste des Merveilles » le nombre supérieur de réalisations d’Asie Mineure, donc extérieures à la Grèce proprement dite[51]. Par la suite, le chiffre « 7 » eut un succès qui ne se démentit jamais dans tous les domaines et on ne compte plus les groupes de sept éléments. Même Isaac Newton ne repoussait pas l’irrationnel et, quand il eut découvert la décomposition de la lumière blanche, trouva l’idée de faire d’une infinité de teintes un ensemble de sept couleurs qu’on trouve dans l’arc-en-ciel.
93
+
94
+ En dehors du monde gréco-romain, Babylone, Thèbes et Ecbatane eurent droit à quelques nominations. Le monde romain devait déjà beaucoup à la culture hellénique, dont il avait copié des œuvres essentielles, et réagit diversement aux monuments grecs qui suscitaient une admiration universelle. H. Schott, qui consacra en 1891 une thèse sur les « Merveilles », constitua trois catégories et classa dans la deuxième toutes les réalisations romaines en y englobant des listes allant jusqu’à la trentaine de monuments. « Il va de soi que ces versions [romaines] sont tardives et manifestent la volonté de dresser un panégyrique de Rome face à la Grèce »[4].
95
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96
+ D’abord, Pline l'Ancien admet les merveilles grecques et les décrit sans réticence. D’un goût éclectique et d’un jugement avisé, il y mêle aussi des monuments peu cités : les obélisques et le Sphinx égyptiens ; le temple de Cyzique[g] et, à considérer ses vestiges, il fut le plus colossal jamais érigé ; les labyrinthes d’Égypte, de Crète, de Lemnos, d’Étrurie, et aussi les Jardins suspendus de Thèbes. Un sursaut de chauvinisme bien compréhensible lui fait dire à propos de Rome, ville bien pourvue en monuments spectaculaires : « Sic quoque terrarum orbem victum ostendere » [là aussi, elle a vaincu le monde entier]. Et comme les Romains, dans le domaine de la construction gigantesque, demeurent inégalables, il ne lui a pas été difficile d’ajouter dix-huit merveilles de la ville éternelle, où le Capitole et le Colisée ont une place de choix.
97
+
98
+ Parmi ceux qui ont pu diffuser la liste chez les Latins, Varron, écrivain polygraphe, respecté des Anciens, apparaît le plus vraisemblable. S'il ne reste rien de ses écrits, ceux-ci ont été abondamment commentés. Il écrivit un ouvrage avec le chiffre « 7 » comme sujet principal : Hebdomades, où pratiquement toutes les catégories étaient représentées, y compris les Sept Merveilles du monde, puisque Aulu-Gelle, auteur du IIe siècle, juge, non sans une pointe de jalousie, cette énumération : « Tels sont les faits que Varron, par de soigneuses recherches, a rassemblés sur ce nombre ; mais il ajoute d'autres remarques frivoles et puériles : par exemple, qu'il y a sept merveilles dans le monde »[52].
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100
+ Le mausolée d'Halicarnasse, gravure de Maarten van Heemskerck, XVIe siècle.
101
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102
+ Le colosse de Rhodes tel que représenté dans The Book of Knowledge (1911).
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104
+ Le phare d'Alexandrie, reconstitution tridimensionnelle basée sur une étude de 2006.
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Les Sept Merveilles du monde[a] constituent l’ensemble des sept œuvres architecturales et artistiques considérées comme les plus extraordinaires du monde antique. L'origine de la liste est méconnue, mais ces œuvres correspondent toutes à des réalisations qui excèdent largement les proportions communes, montrant qu'architectes et bâtisseurs d'époques très anciennes étaient capables, à force de labeur et d’ingéniosité, d’ouvrages monumentaux exceptionnels (en grec : thaumasia). La popularité des monuments a suivi l’influence politique et économique des cités, et la construction d’un élément architectural imposant a vu consacrer cette prédominance (Memphis, Éphèse, Halicarnasse, Rhodes, Babylone, Olympie et Alexandrie).
2
+ Ces sept œuvres sont : la pyramide de Khéops à Gizeh en Égypte, les Jardins suspendus de Babylone, la statue de Zeus à Olympie, le temple d'Artémis à Éphèse, le mausolée d'Halicarnasse, le colosse de Rhodes et le phare d'Alexandrie.
3
+
4
+ De ces sept réalisations ne subsiste aujourd'hui que la pyramide de Khéops.
5
+
6
+ Seules trois merveilles n'appartiennent pas au monde hellénique (deux en Égypte et une à Babylone) et deux d'entre elles se situent en Grèce au sens contemporain du terme (celles d’Olympie et de Rhodes). Elles sont toutes autour du bassin méditerranéen, comprises dans les territoires conquis par Alexandre le Grand, et les plus orientales ne sont pas situées très loin d’Alexandrie[2]. Comme ces ouvrages ont été édifiés près de la mer, la liste a probablement été constituée à partir de récits de grands voyageurs, souvent des érudits. Ce sont des ouvrages particuliers et non des villes ou des sites naturels. Par rapport aux réalisations grecques, de taille modeste mais très élaborées, elles sont gigantesques et laissent une forte impression.
7
+
8
+ L'historien grec Hérodote (Ve siècle av. J.-C.) est le premier à décrire des réalisations qui lui avaient paru extraordinaires, et l’une d'elles au moins s’est trouvée, par la suite, rangée au nombre des merveilles, la pyramide de Khéops[3]. Mais il ne la mentionne pas comme associée à d’autres « merveilles », ce qui laisse supposer qu'aucune liste canonique n’était encore constituée[4].
9
+
10
+ Leurs dates de construction, approximatives pour la plupart, s'étendent sur plusieurs siècles, entre environ 2560 av. J.-C. pour la pyramide de Khéops et le début du IIIe siècle av. J.-C. pour le phare d’Alexandrie, considéré comme le plus récent. De nos jours, la merveille de Memphis existe encore, alors que toutes les autres ont disparu, après avoir souffert des incendies, des intempéries, des séismes, et aussi de la main de l’homme. Leur existence est attestée par des témoins archéologiques, exception faite des jardins suspendus de Babylone, dont il ne subsiste aucune trace et dont la réalité historique est mise en doute.
11
+
12
+ Le fonds commun le plus ancien a été transmis par Philon de Byzance, différent de son célèbre homonyme. Cependant, la liste ne s’est pas imposée tout de suite et a subi au fil du temps de multiples modifications. Jean-Pierre Adam n'en dénombre pas moins de dix-neuf variantes entre le IIe siècle av. J.-C. et le XIVe siècle[5]. Ce dont on est le mieux assuré, c'est que la liste qui nous intéresse n'a pu être établie définitivement avant l’érection du colosse de Rhodes, merveille régulièrement citée, ce qui implique qu'elle n'est pas antérieure au début du IIIe siècle av. J.-C. D’un autre côté, Antipater de Sidon, poète grec dont on situe la mort à la fin du IIe siècle av. J.-C., a écrit une épigramme contenant la mention la plus ancienne d’une liste complète. La composition de la liste doit donc se situer entre ces deux dates.
13
+
14
+ La liste d’Antipater[6] est l’une des trois qui concordent avec celle de Philon :
15
+
16
+ « J'ai contemplé
17
+ le rempart de la superbe Babylone où peuvent courir les chars,
18
+ le Zeus des bords de l’Alphée,
19
+ les jardins suspendus,
20
+ le colosse d’Hélios,
21
+ l'énorme travail des hautes pyramides,
22
+ l’opulent tombeau de Mausole ;
23
+ mais quand je vis la maison d’Artémis qui s’élance jusqu'aux nues, tout le reste fut éclipsé, et je dis : « Hormis le sublime Olympe, l’œil d’Hélios vit-il jamais une chose semblable ! »
24
+
25
+ Entre la période d’Hérodote et la liste de Philon, quelques auteurs ont mentionné ou décrit des réalisations étonnantes comme étant des « Merveilles du monde ».
26
+
27
+ Callimaque, poète et polygraphe grec de la fin du IIIe siècle av. J.-C., est célèbre en son temps et s’est fixé à Alexandrie où il tient un rôle important à la Bibliothèque. De son œuvre comportant, selon la Souda, près de 800 ouvrages — dont un catalogue de la Bibliothèque constitué de 120 livres, les Tableaux (Pinakes) — ne nous sont parvenus, entiers, que 6 hymnes et 63 épigrammes[7]. Nous ne disposons pour le reste que de rares fragments de poésies diverses — principalement des iambes — et de quelques citations par des auteurs anciens. La Bibliothèque alexandrine et le Musée sont alors un centre culturel en effervescence. Des érudits y passent au crible les manuscrits dont ils assurent la conservation, les commentaires, la diffusion et la correction des copies. On les considère comme de « véritables fondateurs de la science philologique moderne »[8]. Nous connaissons ainsi leur goût des codex, des bibliographies, des catalogues, des listes, des scholies…
28
+ Une épigramme fragmentaire trouvée sur un papyrus d’Oxyrhynchos nous apprend que le poète aurait bien parlé du Zeus de Phidias et indique la hauteur du trône. Strabon connaissait ce poème et y fait allusion : « Certains auteurs donnent les dimensions de la statue et Callimaque même les cite dans un poème en vers iambiques »[9]. Il dit aussi : « L’œuvre de Charès de Lindos, le colosse de Rhodes, duquel l’auteur des vers iambiques dit que sa hauteur est de sept fois dix pieds » ce qui pourrait faire allusion au même poète, qu'il admirait.
29
+
30
+ S’il n'est pas possible de prouver qu’il est le créateur de la liste des Merveilles — selon Jean-Pierre Adam, « divers indices font même penser que les principes qui la régissent ont été conçus dans une autre partie du monde »[8] —, Callimaque connaissait de nombreux monuments célèbres et les a chantés dans une poésie qui s’est perdue.
31
+
32
+ Un papyrus du IIe siècle av. J.-C., de la même époque qu’Antipater, parmi les manuscrits grecs trouvés au Fayoum, région archéologique au sud-ouest du Caire, laisse voir parmi d’autres textes un bref fragment intitulé Ta hepta the [amata] (le titre est tronqué) où sont cités les Pyramides, le temple d’Éphèse et le tombeau d’Halicarnasse[10].
33
+
34
+ Diodore de Sicile, historien compilateur grec du Ier siècle av. J.-C., nous parle des deux endroits décrits par Hérodote[11], à savoir les pyramides de Memphis et la ville de Babylone, et écrit une vingtaine de lignes sur son « jardin suspendu ». On trouve chez les Anciens soit le pluriel, soit le singulier, pour désigner les Jardins [kremastos kèpos ou paradeisos (qui a donné « paradis »)] ; mais sans doute que le pluriel est simplement une conséquence des terrasses élevées l’une au-dessus de l’autre.
35
+
36
+ Vitruve, architecte romain du Ier siècle av. J.-C., auteur d’une somme considérable sur l’architecture, apparaît avoir entendu parler des Sept Merveilles puisque, dans un paragraphe qui lui est consacré, il rappelle que le Mausolée en fait partie : « Au milieu d’une vaste enceinte, est érigé le Mausolée ou tombeau de ce roi, d’un art si exquis qu’on le compte parmi les Sept Merveilles du monde… »[12]. Cependant, ce spécialiste évoque à peine l’Artémision et les murailles de Babylone, dont les jardins suspendus sont ignorés. Quand il évoque Rhodes et le siège fait par Démétrios Poliorcète, il ne mentionne pas le colosse. Ce Romain semble méconnaître, voire dédaigner les réalisations du monde grec. On peut même « envisager que, si Vitruve s’est plu à parler ainsi du mausolée d’Halicarnasse, il le faisait parce que Auguste avait choisi ce modèle pour son propre mausolée sur le Champ-de-Mars »[13].
37
+
38
+ Strabon, géographe grec de la fin du Ier siècle av. J.-C., confirme que, de son temps, une liste existait déjà, proche de celle que reprend Philon de Byzance. Ainsi, il parle du Mausolée : « C’est à Halicarnasse que fut construit le tombeau de Mausole, ouvrage rangé au nombre des Sept Merveilles du monde… »[14] ; puis du rempart de Babylone : « Sur le sommet de ce rempart, il a été fait un passage assez large pour que deux quadriges s’y croisent. On comprend qu’un tel ouvrage ait été rangé au nombre des Sept Merveilles du monde, sans oublier le jardin suspendu »[15].
39
+
40
+ Quinte-Curce, qui vécut pendant le règne de l’empereur Claude, eut l’occasion en écrivant sa Vie d’Alexandre, au moment de l’évocation du séjour du jeune conquérant à Babylone, de décrire ses célèbres jardins[16], ce qui constitue, avec celui de Diodore, un des deux documents les plus importants sur cet ensemble botanique.
41
+
42
+ Pline l'Ancien, qui vécut lui aussi au Ier siècle, sous Claude puis sous Néron, est l’auteur d’une Histoire naturelle monumentale. Esprit curieux et universel, il n’a pas hésité à s’intéresser à tout ce qui pouvait instruire ses contemporains et les étonner — il est sur ce point le continuateur romain de Callimaque et de la paradoxographie. Il nous parle, dans son livre XXXVI consacré aux pierres, de cinq des sept ouvrages canoniques, cette fois avec le Phare, mais sans rien de Babylone et peu de Rhodes[17]. C’est au livre XXXIV-18 que Pline nous renseigne sur la statue rhodienne mais pour la décrire sous la forme d’un géant abandonné à terre et désarticulé.
43
+
44
+ Pausanias, géographe grec du IIe siècle, dit le Périégète, est l'auteur d’un panorama de la Grèce, « témoin irremplaçable de la Grèce à l’époque romaine, avant les destructions du IIIe siècle »[7]. Ce grand voyageur s’est limité aux « merveilles » de la Grèce continentale et nous n’avons pu récupérer que sa description, heureusement très instructive, du Zeus olympien[18].
45
+
46
+ Philon de Byzance est le seul auteur ancien qui a écrit un texte entièrement consacré aux Sept Merveilles du Monde. Si on ne trouve pas chez lui la description du Phare, c'est que ce dernier n’avait pas encore supplanté le rempart babylonien qui, en contrepartie, est inclus. Il est à l’origine de la popularité de ces monuments.
47
+
48
+ Il n’y a plus, aujourd’hui, de philologues qui croient encore que le « Philon de Byzance de la Liste » soit l’ingénieur grec, auteur d’un ouvrage essentiel pour nos connaissances sur les techniques anciennes. C’est à la fin du XVIIIe siècle qu’un nommé Fabricius mit le premier en doute la personnalité de Philon, argumentant que ses descriptions techniques sommaires n’avaient aucune affinité avec les connaissances du mécanicien renommé. Dans l’Antiquité, le nom de « Philon » était courant, comme était bien connue la ville de Byzance. Selon Jean-Pierre Adam, il a été dénombré pas moins d’une soixantaine de Philon, dont dix-neuf ont écrit, et parmi eux, Philon d’Héraclée qui fit un traité sur les Merveilles de Scythie, au Ve siècle. Le document n’ayant aucun repère chronologique, les spécialistes qui se sont penchés successivement sur le texte, ont tout de suite été persuadés que cet auteur était loin du style du « vrai Philon » et qu’il était d'une façon certaine un rhéteur appartenant à une école byzantine que ces philologues ont pu dater entre le IVe et le VIe siècle tout au plus, particulièrement en raison d’habitudes d’écriture[b] spécifiques à des écoles de période bien définie[c].
49
+
50
+ Il n'en existe qu’une copie unique, datant du Xe siècle, selon l’examen du manuscrit et de la calligraphie, mais pas plus loin que la première moitié de ce siècle. Sa présence a été attestée dans un monastère du mont Athos et il devait s’y trouver encore entre le XIVe et le XVe siècle, à peu près l’époque où on suppose qu’il est entré à l’université de Heidelberg, peut-être par l’intermédiaire de l’abbaye de Sponheim, fournisseur habituel de ses manuscrits[19].
51
+
52
+ En 1623, lors de la guerre du Palatinat, la ville de Heidelberg, foyer protestant, fut prise par Maximilien de Bavière, chef de la Ligue catholique. Le Pape en profita pour se faire transporter à grands frais la Bibliothèque palatine à Rome. Leo Allatius qui veilla au convoi, eut, en qualité de bibliothécaire de la Vaticane, la tâche de procéder à un catalogue détaillé. Il était donc bien placé pour être le premier à découvrir l’intérêt du document de Philon, texte inscrit sous l’intitulé Palatinus 398.
53
+
54
+ En 1640, philologue de formation, Allatius, pour avoir l’honneur de l’editio princeps, le fait publier dans la hâte avec sa propre traduction latine, une édition que finalement les spécialistes jugent médiocre. Un Français, Boessius[d], helléniste averti qui, au cours d'une mission diplomatique auprès du Saint-Siège[e], avait repéré le texte vingt-huit ans plus tôt et y avait travaillé pour son loisir, pense alors que sa traduction est bien meilleure et la fait éditer en 1661 parmi un recueil de miscellanées. Mais son texte est trahi par un nombre déplorable de fautes d’impression qui le rendent inintelligible.
55
+
56
+ En 1797, la France révolutionnaire défait l’armée pontificale et emporte en butin cinq cents manuscrits. Le Palatinus 398 arrive ainsi à Paris. Un érudit nommé F.J. Bast, qui parcourt le codex, tombe lui aussi sur le fameux texte de Philon et publie en 1805, sans le texte de fond, des notes critiques.
57
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58
+ En 1816, après l’exil de Napoléon, le Saint-Siège réclame ses œuvres d’art et la partie de sa bibliothèque. De son côté, l'université de Heidelberg n’a pas oublié non plus et demande la restitution des volumes qui lui furent jadis prélevés par le Vatican. Finalement, le Palatinus 398 fit son retour à l’université allemande, où il est encore aujourd’hui.
59
+
60
+ Le texte a pour titre « Péri tôn hépta théamatôn » [À propos des sept merveilles] et représente un ensemble de six feuillets : un prologue et, pour chaque Merveille, un paragraphe. La dernière phrase du sixième paragraphe, pas tout à fait terminé, sur l’Artémision, est tronquée : elle marque d'ailleurs la fin du document et, ainsi, le texte du Mausolée, le septième annoncé, manque et n’a pas été retrouvé. Chaque description, de longueur inégale, ne dépasse pas quelques dizaines de lignes. Comme les deux premières éditions avaient été boudées, un certain Orelli, à Leipzig, procéda, en 1816, à une édition enrichie et enfin apte à la consultation. Elle contient la transcription grecque de Boessius et sa traduction latine, quelque peu corrigées et abondamment annotées. Mais, de nos jours, c’est l’édition Hercher de 1863 qui prévaut, car elle a été établie en respectant les critères scientifiques[20]. Cette édition comporte toujours une seule traduction, faite en latin.
61
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62
+ Le jugement de Jean-Pierre Adam est sévère : « ce merveilleux de pacotille qu’il substitue aux détails techniques que nous attendions »[21]. Si les contemporains de Philon ont pu rêver, ses descriptions sont pour nous, en effet, dépourvues d’attrait et ne s’éloignent pas de ce que nous lisons habituellement dans une brochure touristique. De toute manière, on ne pouvait guère s’attendre, de la part d’un simple compilateur, à un récit de grand voyageur ou à un reportage vécu. Il s’agit simplement d’un exercice de style d’une inspiration courte, puisée çà et là chez divers auteurs. Philon nous apparaît donc comme un rhéteur habile mais un écrivain peu captivé par son sujet, lequel est prétexte à développer, sous un style châtié et de belles envolées lyriques, des lieux communs et des préceptes moraux.
63
+
64
+ Ouvrage pratiquement contemporain du Colosse, cette tour-fanal apparaît seulement dans les listes tardives, généralement en remplacement du rempart de Babylone, et termine la liste canonique adoptée jusqu'à nos jours. Sa renommée semble due à son rôle utilitaire et au style singulier de sa construction et elle est érigée pour honorer la mémoire de Ptolémée Sôter qui développe Alexandrie. La cité, alors centre culturel avec son musée et sa bibliothèque, n’est certainement pas étrangère à la popularité de cet édifice. Mais il a fallu attendre un hasard de l’époque de la Renaissance pour retrouver cet ouvrage définitivement intégré à la liste des Merveilles[22].
65
+
66
+ L’Artémision d’Éphèse du VIe siècle av. J.-C., qui est incendié en -356 par Érostrate, n’a jamais fait partie d’une quelconque sélection de monuments privilégiés car à cette époque, si ce temple était déjà universellement admiré, aucun texte ne parlait de listes de merveilles ; et lorsqu’une d’entre elles devint populaire, ce premier temple avait depuis longtemps disparu pour faire place à un second, rehaussé mais construit à l’identique[23],[24]. Pline l’Ancien, qui ne peut avoir vu que le dernier des deux, a lui-même, dans son récit[25], confondu l’un et l’autre : « De ces colonnes, trente-six sont sculptées et l’une l’a été par Scopas et l’architecte qui présida à l’ouvrage fut Chersiphron. » L’architecte construit bien le premier temple mais le sculpteur ne travaille au second qu'au moins deux siècles plus tard.
67
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68
+ Les Pyramides, pour la plupart des auteurs principaux, Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Pline l'Ancien et aussi Philon, forment une merveille dans leur ensemble. Pline écrivait : « Les trois autres dont la renommée est universelle et que tous les navigateurs du fleuve ont l’habitude de voir… »[26]. Ces trois sœurs qui ont toutes leur angle sud-est parfaitement aligné et leur porte d’entrée sur le côté nord ont autrefois paru indissociables.
69
+
70
+ La liste définitive a consacré la pyramide de Khéops, parce qu’elle est évidemment la plus ancienne, la plus complexe, voire la plus ésotérique, mais surtout parce que, aux yeux de l’arpenteur, elle dépasse — mais de très peu — celle de Khephren. Curieusement, pour un visiteur arrivant de tous côtés — excepté du nord —, c’est cette dernière qui semble, grâce à une légère élévation du terrain, la plus haute ; à tel point que les chroniques arabes les ont parfois confondues[27]. Khéops est le premier essai tâtonnant — et par imitation de celle de Snefrou, à Meidoum — d’une architecture poussée à l’extrême et, aussi, selon certains spécialistes d’architecture, la pyramide qui présente le plus d'anomalies de structure interne[28].
71
+
72
+ Khephren, qui a le mieux résisté, a conservé son revêtement sommital et fait pour ainsi dire figure de « pyramide générique ». Sa silhouette plus élancée a été inspirée directement par l’équerre égyptienne : deux triangles rectangles — de côtés en proportion 3,4 et 5 — accolés verticalement par leur base lui donnent sa pente[29]. De son côté, Mykérinos, la plus soignée, est généralement dédaignée. Cette dernière pyramide, selon Strabon, « de dimensions bien moindres que les deux autres, se trouve cependant avoir coûté beaucoup plus cher en construction »[30], mais, en contrepartie, selon Diodore, elle séduit davantage car elle « se distingue par l’art qui a présidé à sa construction et par la beauté de ses pierres »[31]. Il y a enfin le Sphinx, dont aucun visiteur, à l’exception de Pline l’Ancien, n’a noté la présence : « Le Sphinx, plus admirable peut-être [que les Pyramides] et sur lequel on a gardé le silence ».
73
+
74
+ Selon la légende la mieux suivie, Artémise II aurait elle-même décidé de construire pour son époux et frère le splendide monument qui aurait consacré son amour conjugal. L’assertion de Pline que l’on trouve dans sa fameuse description du Mausolée[32] a généralement prévalu. Cette version n’a jamais fait l’unanimité. Déjà, Vitruve avait écrit que c’est Mausole lui-même qui entreprit cette construction à sa propre gloire posthume[33]. Ce prince suivait en cela une tradition de vanité très répandue à son époque chez les souverains[34]. On ne compte plus, en effet, les tombeaux monumentaux érigés en Asie Mineure et notamment en Lycie. De son côté, Lucien consacre à Mausole un chapitre de son Dialogue des morts, le peignant comme un homme orgueilleux et très fier de s’être fait construire le plus beau tombeau de la terre[35]. André Coutin écrit : « Le tombeau triomphal qu’il avait décidé d’élever était inachevé à sa mort… »[36], et Jean-Pierre Adam, d'autre part, écrit : « On remarque […] que Pline, contrairement à Vitruve, fait du Mausolée une œuvre due à l’initiative d’Artémise ; ce en quoi, du reste, il se trompe… »[37]. Chacun dans son ouvrage respectif accrédite donc spontanément cette seconde opinion mais sans toutefois en donner une plus longue explication.
75
+
76
+ L’historien Sainte-Croix avait auparavant nettement tranché : « Que de temps n’a pas dû coûter la construction d’un pareil monument ? Cependant, Artémise survécut à peine deux ans à son mari. Dans un aussi court espace de temps cet édifice aurait-il été terminé […] comme le dit Pline ? Cela me paraît difficile à croire et je pense plutôt que cet auteur a pris pour l’année de la mort de Mausole celle où l’on commença à bâtir son tombeau. Dans cette hypothèse, Mausole lui-même aura projeté ce grand ouvrage deux ans avant de mourir ; il y aura fait travailler, et Artémise, en l’achevant, en aurait eu toute la gloire »[38].
77
+
78
+ Une réalisation d’un tel raffinement et d’un tel gigantisme n’a pas pu s’improviser juste après un décès, surtout que la veuve, durant les deux courtes années de son autorité, dépensa du temps et de l’argent à défendre sa cité contre Rhodes et à contre-attaquer et punir les insulaires. Les artistes renommés choisis pour l'ouvrage, dispersés et venus de fort loin, ont dû être retenus longtemps à l'avance pour être réunis. Comme il est peu commun, d’autre part, qu’une épouse soit à ce point exaltée qu’elle ait songé à la manière d’enterrer son conjoint encore en vie, il est plus vraisemblable que Mausole, lui-même un grand bâtisseur, ait désiré contempler « de ses yeux » le reflet de sa puissance. Cependant, il reste possible que les époux inséparables eussent tous deux souhaité être réunis dans la mort. Dans l’hypogée, on retrouva un reliquaire et un sarcophage qui pouvait être celui de la reine, l'usage carien imposant alors aux hommes l’incinération[39]. En admettant même la légende qui veut que l'achèvement de la statuaire se soit fait tardivement et au compte des artistes, on peut avancer qu’Artémise eût pu très bien en avoir été maître d’ouvrage quand son époux était très occupé, et qu'elle le fût naturellement pendant son veuvage pour la continuation des travaux. C’est peut-être une des raisons de la persistance de ce point de vue.
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+ Babylone, dont il ne reste presque rien, a livré, avec les Jardins, la Merveille la plus énigmatique. Si la tour colossale, peut-être celle dénoncée par les récits bibliques et considérée longtemps comme mythique, est bien décrite sur place par Hérodote, les Jardins, célébrés par plusieurs chroniqueurs, restèrent invisibles aux yeux de cet historien[40] ; tandis que Ctésias au IVe siècle av. J.-C.[41], capable de passer en revue toutes les curiosités babyloniennes, construites ou relevées un siècle et demi à peine auparavant, les ignore complètement. Leur trace n’a pas été non plus retrouvée par les archéologues qui avaient pourtant mis au jour l’enceinte et la base de cette même tour appelée « Etemenanki ». Pas davantage de jardins sur les tablettes mésopotamiennes où l’on voit des plans de la ville et de ses principaux monuments. Les compilateurs latins, Ampelius du IIe siècle, qui a pourtant écrit sur Sémiramis et le rempart de Babylone, et Hygin du Ier siècle, dans son Septem opera mirabilia[42], ont donné le palais de Cyrus en lieu et place des Jardins suspendus. Les seules représentations qui nous en suggèrent une idée viennent des bas-reliefs de Ninive avec des terrasses à végétation, soutenues généralement par des colonnes à chapiteau. Nous sommes donc loin des voûtes nécessaires pour supporter un étagement important. Et si aucun auteur ne paraît avoir vu ces jardins, aucun n’indique le nombre de terrasses ; et tous ne sont pas d'accord sur la description de leur système hydraulique, leur emplacement et le maître d’ouvrage[43].
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+ Le cellier voûté de la porte d’Ishtar, dégagé par l’Allemand Koldewey à la fin du XIXe siècle, n’a pu, par ses trop modestes dimensions, représenter la plateforme d’un jardin royal important. Il est en tout cas difficile de concevoir que l’espace de verdure aussi réduit du « véritable » jardin (un carré de 120 m de côté) ait été l’élément qui accrochât l’œil, adossé à un rempart lui-même célébré comme une merveille, imposant et interminable, dont la longueur était, si l’on en croit les Anciens, plus d’une fois et demie le tour de la ville de Paris[f]. Cependant, le tracé retrouvé de la dernière cité fit état, lors des récentes fouilles, d’une enceinte extérieure de 11,3 km pour une intérieure de 6 km.
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+ Le savoir-faire des jardiniers et des fontainiers de la Mésopotamie n’étant plus à démontrer, il fait peu de doute que les jardins-oasis ont proliféré dans cette région pendant des siècles, se sont améliorés, montrant des aspects multiples, au gré des souverains et des modes. Quoi qu’il en soit, au fil du temps, s’est probablement imprégnée dans la mémoire des voyageurs parvenus au terme d’un parcours harassant à travers une contrée désertique, la fantastique vision de chevelures de forêts et de vergers flottant au-dessus des murailles[44], et les imaginations ont ensuite échafaudé le mythe.
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+ Enfin, tous les écrits réunis à son sujet montrent une seule chose qui soit certaine : cette ville dont on a constamment vanté, avec les plus flatteurs superlatifs, les murailles, les portes d’airain, le pont sur le fleuve, la galerie sous le fleuve, les quais, les deux palais, le temple de Marduk, les statues, la ziggourat, la citerne, les jardins, etc.[45] fut assurément à elle seule une vraie merveille : « Elle est si magnifique que nous n’en connaissons pas une qu’on puisse lui comparer. », écrivait Hérodote (I, 178).
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+ Le principal obstacle pour figurer les Sept Merveilles est l’insuffisance des informations qui nous sont parvenues. Les Jardins suspendus de Babylone, qui sont tout à la fois aisés et impossibles à reconstituer, en sont l’exemple le plus significatif. On peut, d'autre part, facilement concevoir qu’à l’époque de Pline les secrets de la construction de la pyramide de Khéops aient été perdus après tant de siècles. Parmi tous les auteurs qui ont parlé des pyramides, aucun n’en a donné une hauteur approchante. Jean-Pierre Adam remarque que les Anciens sont en défaut sur toutes les mesures de points inaccessibles. Pour les pyramides, une illusion d’optique — créée probablement par la course des arêtes — fait généralement apparaître la hauteur très proche d’un des côtés de la base, lequel la représente en réalité une fois et demie. Pline, qui croyait sans doute la méthode de Thalès de Milet connue depuis le VIe siècle av. J.-C.[46], a entériné de bonne foi les dimensions qu’on lui a transmises. Si cet auteur était soucieux de donner des mesures, il doit parfois s’en passer : le tombeau de Mausole est légèrement plus court d’un côté que de l’autre et la hauteur de son dernier étage est sensiblement égale à celle de l’étage en dessous. Les imprécisions des hauteurs du Phare sont encore plus déroutantes. De simplement « haut » pour Strabon à « très élevé » chez Jules César, son premier étage, aux yeux des chroniqueurs arabes, gagne une dizaine de mètres en un siècle, de Massoudi (Xe siècle) à Ibn al-Dayg (1165), alors que le deuxième étage les gagne sur le même Massoudi avec El-Makrisi au XVe siècle. La hauteur totale du Phare varie en absolu entre 102 mètres (Massoudi) et 225 mètres (Ibn Joubère)[47]. Les effondrements et les réparations ou reconstructions des parties hautes à différentes périodes ont encore mieux embrouillé les dimensions originales.
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+ Chez Pline, il n'y a aucune indication sur les sculptures ornementales du mausolée d'Halicarnasse et leur implantation, tout comme celles de l’Artémision pour lesquelles il avoue son désintérêt : « Les autres ornements du temple rempliraient par leurs descriptions plusieurs livres ; mais ils n'ont rien de commun avec l'histoire de la nature. »[25]. Cela a mis et met toujours dans l’embarras tous les essais de restitution. L’attitude du colosse de Rhodes tant de fois contemplé n’a jamais fait l'objet d'une description. Et ainsi retrouve-t-on une multitude de dessins le représentant dans des positions les plus singulières, dont le spectaculaire et impossible enjambement qui a eu du succès jusqu’au cinéma[48]. À l'inverse, Pausanias, qui est pratiquement le seul à s’absorber dans une ekphrasis, dépeint le Zeus d’Olympie et sa décoration avec minutie, mais sans jamais donner une seule dimension : « Je sais que plusieurs auteurs ont consigné dans leurs écrits la hauteur et la largeur de la statue de Zeus Olympien, mais je me méfierais de ceux qui l'ont mesurée, car les dimensions qu'ils donnent paraissent bien au-dessous de l'idée qu'on s'en forme en voyant la statue de ses propres yeux »[49]. En revanche, la science archéologique donne de meilleures précisions.
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+ La liste des Merveilles doit probablement une part de sa célébrité à ce chiffre mystique. Cette notion, qui ne s’est pas formée bien sûr avec ces seuls monuments, aurait été transmise, selon Jean-Pierre Adam[50], par le courant philosophique pythagoricien. Les séries et les nombres premiers ont toujours fait l’objet d’une attention particulière. L’École pythagoricienne qui s’adonna aux spéculations ésotériques fut fermement critiquée par les tenants d’Aristote qui l'avait lui-même combattue dans son ouvrage La métaphysique, mais elle revint à la mode à l’époque de Cicéron avec l’école néo-pythagoricienne. Cependant, la superstition du chiffre magique serait plutôt venue d’Asie Mineure, comme semblerait le confirmer un traité ionien De hebdomadis qui lui est consacré. Ceci pourrait expliquer dans la « liste des Merveilles » le nombre supérieur de réalisations d’Asie Mineure, donc extérieures à la Grèce proprement dite[51]. Par la suite, le chiffre « 7 » eut un succès qui ne se démentit jamais dans tous les domaines et on ne compte plus les groupes de sept éléments. Même Isaac Newton ne repoussait pas l’irrationnel et, quand il eut découvert la décomposition de la lumière blanche, trouva l’idée de faire d’une infinité de teintes un ensemble de sept couleurs qu’on trouve dans l’arc-en-ciel.
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+ En dehors du monde gréco-romain, Babylone, Thèbes et Ecbatane eurent droit à quelques nominations. Le monde romain devait déjà beaucoup à la culture hellénique, dont il avait copié des œuvres essentielles, et réagit diversement aux monuments grecs qui suscitaient une admiration universelle. H. Schott, qui consacra en 1891 une thèse sur les « Merveilles », constitua trois catégories et classa dans la deuxième toutes les réalisations romaines en y englobant des listes allant jusqu’à la trentaine de monuments. « Il va de soi que ces versions [romaines] sont tardives et manifestent la volonté de dresser un panégyrique de Rome face à la Grèce »[4].
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+ D’abord, Pline l'Ancien admet les merveilles grecques et les décrit sans réticence. D’un goût éclectique et d’un jugement avisé, il y mêle aussi des monuments peu cités : les obélisques et le Sphinx égyptiens ; le temple de Cyzique[g] et, à considérer ses vestiges, il fut le plus colossal jamais érigé ; les labyrinthes d’Égypte, de Crète, de Lemnos, d’Étrurie, et aussi les Jardins suspendus de Thèbes. Un sursaut de chauvinisme bien compréhensible lui fait dire à propos de Rome, ville bien pourvue en monuments spectaculaires : « Sic quoque terrarum orbem victum ostendere » [là aussi, elle a vaincu le monde entier]. Et comme les Romains, dans le domaine de la construction gigantesque, demeurent inégalables, il ne lui a pas été difficile d’ajouter dix-huit merveilles de la ville éternelle, où le Capitole et le Colisée ont une place de choix.
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+ Parmi ceux qui ont pu diffuser la liste chez les Latins, Varron, écrivain polygraphe, respecté des Anciens, apparaît le plus vraisemblable. S'il ne reste rien de ses écrits, ceux-ci ont été abondamment commentés. Il écrivit un ouvrage avec le chiffre « 7 » comme sujet principal : Hebdomades, où pratiquement toutes les catégories étaient représentées, y compris les Sept Merveilles du monde, puisque Aulu-Gelle, auteur du IIe siècle, juge, non sans une pointe de jalousie, cette énumération : « Tels sont les faits que Varron, par de soigneuses recherches, a rassemblés sur ce nombre ; mais il ajoute d'autres remarques frivoles et puériles : par exemple, qu'il y a sept merveilles dans le monde »[52].
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+ Le mausolée d'Halicarnasse, gravure de Maarten van Heemskerck, XVIe siècle.
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102
+ Le colosse de Rhodes tel que représenté dans The Book of Knowledge (1911).
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+ Le phare d'Alexandrie, reconstitution tridimensionnelle basée sur une étude de 2006.
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Les Sept Merveilles du monde[a] constituent l’ensemble des sept œuvres architecturales et artistiques considérées comme les plus extraordinaires du monde antique. L'origine de la liste est méconnue, mais ces œuvres correspondent toutes à des réalisations qui excèdent largement les proportions communes, montrant qu'architectes et bâtisseurs d'époques très anciennes étaient capables, à force de labeur et d’ingéniosité, d’ouvrages monumentaux exceptionnels (en grec : thaumasia). La popularité des monuments a suivi l’influence politique et économique des cités, et la construction d’un élément architectural imposant a vu consacrer cette prédominance (Memphis, Éphèse, Halicarnasse, Rhodes, Babylone, Olympie et Alexandrie).
2
+ Ces sept œuvres sont : la pyramide de Khéops à Gizeh en Égypte, les Jardins suspendus de Babylone, la statue de Zeus à Olympie, le temple d'Artémis à Éphèse, le mausolée d'Halicarnasse, le colosse de Rhodes et le phare d'Alexandrie.
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+
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+ De ces sept réalisations ne subsiste aujourd'hui que la pyramide de Khéops.
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6
+ Seules trois merveilles n'appartiennent pas au monde hellénique (deux en Égypte et une à Babylone) et deux d'entre elles se situent en Grèce au sens contemporain du terme (celles d’Olympie et de Rhodes). Elles sont toutes autour du bassin méditerranéen, comprises dans les territoires conquis par Alexandre le Grand, et les plus orientales ne sont pas situées très loin d’Alexandrie[2]. Comme ces ouvrages ont été édifiés près de la mer, la liste a probablement été constituée à partir de récits de grands voyageurs, souvent des érudits. Ce sont des ouvrages particuliers et non des villes ou des sites naturels. Par rapport aux réalisations grecques, de taille modeste mais très élaborées, elles sont gigantesques et laissent une forte impression.
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+
8
+ L'historien grec Hérodote (Ve siècle av. J.-C.) est le premier à décrire des réalisations qui lui avaient paru extraordinaires, et l’une d'elles au moins s’est trouvée, par la suite, rangée au nombre des merveilles, la pyramide de Khéops[3]. Mais il ne la mentionne pas comme associée à d’autres « merveilles », ce qui laisse supposer qu'aucune liste canonique n’était encore constituée[4].
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+
10
+ Leurs dates de construction, approximatives pour la plupart, s'étendent sur plusieurs siècles, entre environ 2560 av. J.-C. pour la pyramide de Khéops et le début du IIIe siècle av. J.-C. pour le phare d’Alexandrie, considéré comme le plus récent. De nos jours, la merveille de Memphis existe encore, alors que toutes les autres ont disparu, après avoir souffert des incendies, des intempéries, des séismes, et aussi de la main de l’homme. Leur existence est attestée par des témoins archéologiques, exception faite des jardins suspendus de Babylone, dont il ne subsiste aucune trace et dont la réalité historique est mise en doute.
11
+
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+ Le fonds commun le plus ancien a été transmis par Philon de Byzance, différent de son célèbre homonyme. Cependant, la liste ne s’est pas imposée tout de suite et a subi au fil du temps de multiples modifications. Jean-Pierre Adam n'en dénombre pas moins de dix-neuf variantes entre le IIe siècle av. J.-C. et le XIVe siècle[5]. Ce dont on est le mieux assuré, c'est que la liste qui nous intéresse n'a pu être établie définitivement avant l’érection du colosse de Rhodes, merveille régulièrement citée, ce qui implique qu'elle n'est pas antérieure au début du IIIe siècle av. J.-C. D’un autre côté, Antipater de Sidon, poète grec dont on situe la mort à la fin du IIe siècle av. J.-C., a écrit une épigramme contenant la mention la plus ancienne d’une liste complète. La composition de la liste doit donc se situer entre ces deux dates.
13
+
14
+ La liste d’Antipater[6] est l’une des trois qui concordent avec celle de Philon :
15
+
16
+ « J'ai contemplé
17
+ le rempart de la superbe Babylone où peuvent courir les chars,
18
+ le Zeus des bords de l’Alphée,
19
+ les jardins suspendus,
20
+ le colosse d’Hélios,
21
+ l'énorme travail des hautes pyramides,
22
+ l’opulent tombeau de Mausole ;
23
+ mais quand je vis la maison d’Artémis qui s’élance jusqu'aux nues, tout le reste fut éclipsé, et je dis : « Hormis le sublime Olympe, l’œil d’Hélios vit-il jamais une chose semblable ! »
24
+
25
+ Entre la période d’Hérodote et la liste de Philon, quelques auteurs ont mentionné ou décrit des réalisations étonnantes comme étant des « Merveilles du monde ».
26
+
27
+ Callimaque, poète et polygraphe grec de la fin du IIIe siècle av. J.-C., est célèbre en son temps et s’est fixé à Alexandrie où il tient un rôle important à la Bibliothèque. De son œuvre comportant, selon la Souda, près de 800 ouvrages — dont un catalogue de la Bibliothèque constitué de 120 livres, les Tableaux (Pinakes) — ne nous sont parvenus, entiers, que 6 hymnes et 63 épigrammes[7]. Nous ne disposons pour le reste que de rares fragments de poésies diverses — principalement des iambes — et de quelques citations par des auteurs anciens. La Bibliothèque alexandrine et le Musée sont alors un centre culturel en effervescence. Des érudits y passent au crible les manuscrits dont ils assurent la conservation, les commentaires, la diffusion et la correction des copies. On les considère comme de « véritables fondateurs de la science philologique moderne »[8]. Nous connaissons ainsi leur goût des codex, des bibliographies, des catalogues, des listes, des scholies…
28
+ Une épigramme fragmentaire trouvée sur un papyrus d’Oxyrhynchos nous apprend que le poète aurait bien parlé du Zeus de Phidias et indique la hauteur du trône. Strabon connaissait ce poème et y fait allusion : « Certains auteurs donnent les dimensions de la statue et Callimaque même les cite dans un poème en vers iambiques »[9]. Il dit aussi : « L’œuvre de Charès de Lindos, le colosse de Rhodes, duquel l’auteur des vers iambiques dit que sa hauteur est de sept fois dix pieds » ce qui pourrait faire allusion au même poète, qu'il admirait.
29
+
30
+ S’il n'est pas possible de prouver qu’il est le créateur de la liste des Merveilles — selon Jean-Pierre Adam, « divers indices font même penser que les principes qui la régissent ont été conçus dans une autre partie du monde »[8] —, Callimaque connaissait de nombreux monuments célèbres et les a chantés dans une poésie qui s’est perdue.
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32
+ Un papyrus du IIe siècle av. J.-C., de la même époque qu’Antipater, parmi les manuscrits grecs trouvés au Fayoum, région archéologique au sud-ouest du Caire, laisse voir parmi d’autres textes un bref fragment intitulé Ta hepta the [amata] (le titre est tronqué) où sont cités les Pyramides, le temple d’Éphèse et le tombeau d’Halicarnasse[10].
33
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34
+ Diodore de Sicile, historien compilateur grec du Ier siècle av. J.-C., nous parle des deux endroits décrits par Hérodote[11], à savoir les pyramides de Memphis et la ville de Babylone, et écrit une vingtaine de lignes sur son « jardin suspendu ». On trouve chez les Anciens soit le pluriel, soit le singulier, pour désigner les Jardins [kremastos kèpos ou paradeisos (qui a donné « paradis »)] ; mais sans doute que le pluriel est simplement une conséquence des terrasses élevées l’une au-dessus de l’autre.
35
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36
+ Vitruve, architecte romain du Ier siècle av. J.-C., auteur d’une somme considérable sur l’architecture, apparaît avoir entendu parler des Sept Merveilles puisque, dans un paragraphe qui lui est consacré, il rappelle que le Mausolée en fait partie : « Au milieu d’une vaste enceinte, est érigé le Mausolée ou tombeau de ce roi, d’un art si exquis qu’on le compte parmi les Sept Merveilles du monde… »[12]. Cependant, ce spécialiste évoque à peine l’Artémision et les murailles de Babylone, dont les jardins suspendus sont ignorés. Quand il évoque Rhodes et le siège fait par Démétrios Poliorcète, il ne mentionne pas le colosse. Ce Romain semble méconnaître, voire dédaigner les réalisations du monde grec. On peut même « envisager que, si Vitruve s’est plu à parler ainsi du mausolée d’Halicarnasse, il le faisait parce que Auguste avait choisi ce modèle pour son propre mausolée sur le Champ-de-Mars »[13].
37
+
38
+ Strabon, géographe grec de la fin du Ier siècle av. J.-C., confirme que, de son temps, une liste existait déjà, proche de celle que reprend Philon de Byzance. Ainsi, il parle du Mausolée : « C’est à Halicarnasse que fut construit le tombeau de Mausole, ouvrage rangé au nombre des Sept Merveilles du monde… »[14] ; puis du rempart de Babylone : « Sur le sommet de ce rempart, il a été fait un passage assez large pour que deux quadriges s’y croisent. On comprend qu’un tel ouvrage ait été rangé au nombre des Sept Merveilles du monde, sans oublier le jardin suspendu »[15].
39
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40
+ Quinte-Curce, qui vécut pendant le règne de l’empereur Claude, eut l’occasion en écrivant sa Vie d’Alexandre, au moment de l’évocation du séjour du jeune conquérant à Babylone, de décrire ses célèbres jardins[16], ce qui constitue, avec celui de Diodore, un des deux documents les plus importants sur cet ensemble botanique.
41
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42
+ Pline l'Ancien, qui vécut lui aussi au Ier siècle, sous Claude puis sous Néron, est l’auteur d’une Histoire naturelle monumentale. Esprit curieux et universel, il n’a pas hésité à s’intéresser à tout ce qui pouvait instruire ses contemporains et les étonner — il est sur ce point le continuateur romain de Callimaque et de la paradoxographie. Il nous parle, dans son livre XXXVI consacré aux pierres, de cinq des sept ouvrages canoniques, cette fois avec le Phare, mais sans rien de Babylone et peu de Rhodes[17]. C’est au livre XXXIV-18 que Pline nous renseigne sur la statue rhodienne mais pour la décrire sous la forme d’un géant abandonné à terre et désarticulé.
43
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44
+ Pausanias, géographe grec du IIe siècle, dit le Périégète, est l'auteur d’un panorama de la Grèce, « témoin irremplaçable de la Grèce à l’époque romaine, avant les destructions du IIIe siècle »[7]. Ce grand voyageur s’est limité aux « merveilles » de la Grèce continentale et nous n’avons pu récupérer que sa description, heureusement très instructive, du Zeus olympien[18].
45
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46
+ Philon de Byzance est le seul auteur ancien qui a écrit un texte entièrement consacré aux Sept Merveilles du Monde. Si on ne trouve pas chez lui la description du Phare, c'est que ce dernier n’avait pas encore supplanté le rempart babylonien qui, en contrepartie, est inclus. Il est à l’origine de la popularité de ces monuments.
47
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48
+ Il n’y a plus, aujourd’hui, de philologues qui croient encore que le « Philon de Byzance de la Liste » soit l’ingénieur grec, auteur d’un ouvrage essentiel pour nos connaissances sur les techniques anciennes. C’est à la fin du XVIIIe siècle qu’un nommé Fabricius mit le premier en doute la personnalité de Philon, argumentant que ses descriptions techniques sommaires n’avaient aucune affinité avec les connaissances du mécanicien renommé. Dans l’Antiquité, le nom de « Philon » était courant, comme était bien connue la ville de Byzance. Selon Jean-Pierre Adam, il a été dénombré pas moins d’une soixantaine de Philon, dont dix-neuf ont écrit, et parmi eux, Philon d’Héraclée qui fit un traité sur les Merveilles de Scythie, au Ve siècle. Le document n’ayant aucun repère chronologique, les spécialistes qui se sont penchés successivement sur le texte, ont tout de suite été persuadés que cet auteur était loin du style du « vrai Philon » et qu’il était d'une façon certaine un rhéteur appartenant à une école byzantine que ces philologues ont pu dater entre le IVe et le VIe siècle tout au plus, particulièrement en raison d’habitudes d’écriture[b] spécifiques à des écoles de période bien définie[c].
49
+
50
+ Il n'en existe qu’une copie unique, datant du Xe siècle, selon l’examen du manuscrit et de la calligraphie, mais pas plus loin que la première moitié de ce siècle. Sa présence a été attestée dans un monastère du mont Athos et il devait s’y trouver encore entre le XIVe et le XVe siècle, à peu près l’époque où on suppose qu’il est entré à l’université de Heidelberg, peut-être par l’intermédiaire de l’abbaye de Sponheim, fournisseur habituel de ses manuscrits[19].
51
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52
+ En 1623, lors de la guerre du Palatinat, la ville de Heidelberg, foyer protestant, fut prise par Maximilien de Bavière, chef de la Ligue catholique. Le Pape en profita pour se faire transporter à grands frais la Bibliothèque palatine à Rome. Leo Allatius qui veilla au convoi, eut, en qualité de bibliothécaire de la Vaticane, la tâche de procéder à un catalogue détaillé. Il était donc bien placé pour être le premier à découvrir l’intérêt du document de Philon, texte inscrit sous l’intitulé Palatinus 398.
53
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54
+ En 1640, philologue de formation, Allatius, pour avoir l’honneur de l’editio princeps, le fait publier dans la hâte avec sa propre traduction latine, une édition que finalement les spécialistes jugent médiocre. Un Français, Boessius[d], helléniste averti qui, au cours d'une mission diplomatique auprès du Saint-Siège[e], avait repéré le texte vingt-huit ans plus tôt et y avait travaillé pour son loisir, pense alors que sa traduction est bien meilleure et la fait éditer en 1661 parmi un recueil de miscellanées. Mais son texte est trahi par un nombre déplorable de fautes d’impression qui le rendent inintelligible.
55
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56
+ En 1797, la France révolutionnaire défait l’armée pontificale et emporte en butin cinq cents manuscrits. Le Palatinus 398 arrive ainsi à Paris. Un érudit nommé F.J. Bast, qui parcourt le codex, tombe lui aussi sur le fameux texte de Philon et publie en 1805, sans le texte de fond, des notes critiques.
57
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58
+ En 1816, après l’exil de Napoléon, le Saint-Siège réclame ses œuvres d’art et la partie de sa bibliothèque. De son côté, l'université de Heidelberg n’a pas oublié non plus et demande la restitution des volumes qui lui furent jadis prélevés par le Vatican. Finalement, le Palatinus 398 fit son retour à l’université allemande, où il est encore aujourd’hui.
59
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60
+ Le texte a pour titre « Péri tôn hépta théamatôn » [À propos des sept merveilles] et représente un ensemble de six feuillets : un prologue et, pour chaque Merveille, un paragraphe. La dernière phrase du sixième paragraphe, pas tout à fait terminé, sur l’Artémision, est tronquée : elle marque d'ailleurs la fin du document et, ainsi, le texte du Mausolée, le septième annoncé, manque et n’a pas été retrouvé. Chaque description, de longueur inégale, ne dépasse pas quelques dizaines de lignes. Comme les deux premières éditions avaient été boudées, un certain Orelli, à Leipzig, procéda, en 1816, à une édition enrichie et enfin apte à la consultation. Elle contient la transcription grecque de Boessius et sa traduction latine, quelque peu corrigées et abondamment annotées. Mais, de nos jours, c’est l’édition Hercher de 1863 qui prévaut, car elle a été établie en respectant les critères scientifiques[20]. Cette édition comporte toujours une seule traduction, faite en latin.
61
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62
+ Le jugement de Jean-Pierre Adam est sévère : « ce merveilleux de pacotille qu’il substitue aux détails techniques que nous attendions »[21]. Si les contemporains de Philon ont pu rêver, ses descriptions sont pour nous, en effet, dépourvues d’attrait et ne s’éloignent pas de ce que nous lisons habituellement dans une brochure touristique. De toute manière, on ne pouvait guère s’attendre, de la part d’un simple compilateur, à un récit de grand voyageur ou à un reportage vécu. Il s’agit simplement d’un exercice de style d’une inspiration courte, puisée çà et là chez divers auteurs. Philon nous apparaît donc comme un rhéteur habile mais un écrivain peu captivé par son sujet, lequel est prétexte à développer, sous un style châtié et de belles envolées lyriques, des lieux communs et des préceptes moraux.
63
+
64
+ Ouvrage pratiquement contemporain du Colosse, cette tour-fanal apparaît seulement dans les listes tardives, généralement en remplacement du rempart de Babylone, et termine la liste canonique adoptée jusqu'à nos jours. Sa renommée semble due à son rôle utilitaire et au style singulier de sa construction et elle est érigée pour honorer la mémoire de Ptolémée Sôter qui développe Alexandrie. La cité, alors centre culturel avec son musée et sa bibliothèque, n’est certainement pas étrangère à la popularité de cet édifice. Mais il a fallu attendre un hasard de l’époque de la Renaissance pour retrouver cet ouvrage définitivement intégré à la liste des Merveilles[22].
65
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66
+ L’Artémision d’Éphèse du VIe siècle av. J.-C., qui est incendié en -356 par Érostrate, n’a jamais fait partie d’une quelconque sélection de monuments privilégiés car à cette époque, si ce temple était déjà universellement admiré, aucun texte ne parlait de listes de merveilles ; et lorsqu’une d’entre elles devint populaire, ce premier temple avait depuis longtemps disparu pour faire place à un second, rehaussé mais construit à l’identique[23],[24]. Pline l’Ancien, qui ne peut avoir vu que le dernier des deux, a lui-même, dans son récit[25], confondu l’un et l’autre : « De ces colonnes, trente-six sont sculptées et l’une l’a été par Scopas et l’architecte qui présida à l’ouvrage fut Chersiphron. » L’architecte construit bien le premier temple mais le sculpteur ne travaille au second qu'au moins deux siècles plus tard.
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+ Les Pyramides, pour la plupart des auteurs principaux, Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Pline l'Ancien et aussi Philon, forment une merveille dans leur ensemble. Pline écrivait : « Les trois autres dont la renommée est universelle et que tous les navigateurs du fleuve ont l’habitude de voir… »[26]. Ces trois sœurs qui ont toutes leur angle sud-est parfaitement aligné et leur porte d’entrée sur le côté nord ont autrefois paru indissociables.
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+ La liste définitive a consacré la pyramide de Khéops, parce qu’elle est évidemment la plus ancienne, la plus complexe, voire la plus ésotérique, mais surtout parce que, aux yeux de l’arpenteur, elle dépasse — mais de très peu — celle de Khephren. Curieusement, pour un visiteur arrivant de tous côtés — excepté du nord —, c’est cette dernière qui semble, grâce à une légère élévation du terrain, la plus haute ; à tel point que les chroniques arabes les ont parfois confondues[27]. Khéops est le premier essai tâtonnant — et par imitation de celle de Snefrou, à Meidoum — d’une architecture poussée à l’extrême et, aussi, selon certains spécialistes d’architecture, la pyramide qui présente le plus d'anomalies de structure interne[28].
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+ Khephren, qui a le mieux résisté, a conservé son revêtement sommital et fait pour ainsi dire figure de « pyramide générique ». Sa silhouette plus élancée a été inspirée directement par l’équerre égyptienne : deux triangles rectangles — de côtés en proportion 3,4 et 5 — accolés verticalement par leur base lui donnent sa pente[29]. De son côté, Mykérinos, la plus soignée, est généralement dédaignée. Cette dernière pyramide, selon Strabon, « de dimensions bien moindres que les deux autres, se trouve cependant avoir coûté beaucoup plus cher en construction »[30], mais, en contrepartie, selon Diodore, elle séduit davantage car elle « se distingue par l’art qui a présidé à sa construction et par la beauté de ses pierres »[31]. Il y a enfin le Sphinx, dont aucun visiteur, à l’exception de Pline l’Ancien, n’a noté la présence : « Le Sphinx, plus admirable peut-être [que les Pyramides] et sur lequel on a gardé le silence ».
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+ Selon la légende la mieux suivie, Artémise II aurait elle-même décidé de construire pour son époux et frère le splendide monument qui aurait consacré son amour conjugal. L’assertion de Pline que l’on trouve dans sa fameuse description du Mausolée[32] a généralement prévalu. Cette version n’a jamais fait l’unanimité. Déjà, Vitruve avait écrit que c’est Mausole lui-même qui entreprit cette construction à sa propre gloire posthume[33]. Ce prince suivait en cela une tradition de vanité très répandue à son époque chez les souverains[34]. On ne compte plus, en effet, les tombeaux monumentaux érigés en Asie Mineure et notamment en Lycie. De son côté, Lucien consacre à Mausole un chapitre de son Dialogue des morts, le peignant comme un homme orgueilleux et très fier de s’être fait construire le plus beau tombeau de la terre[35]. André Coutin écrit : « Le tombeau triomphal qu’il avait décidé d’élever était inachevé à sa mort… »[36], et Jean-Pierre Adam, d'autre part, écrit : « On remarque […] que Pline, contrairement à Vitruve, fait du Mausolée une œuvre due à l’initiative d’Artémise ; ce en quoi, du reste, il se trompe… »[37]. Chacun dans son ouvrage respectif accrédite donc spontanément cette seconde opinion mais sans toutefois en donner une plus longue explication.
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+ L’historien Sainte-Croix avait auparavant nettement tranché : « Que de temps n’a pas dû coûter la construction d’un pareil monument ? Cependant, Artémise survécut à peine deux ans à son mari. Dans un aussi court espace de temps cet édifice aurait-il été terminé […] comme le dit Pline ? Cela me paraît difficile à croire et je pense plutôt que cet auteur a pris pour l’année de la mort de Mausole celle où l’on commença à bâtir son tombeau. Dans cette hypothèse, Mausole lui-même aura projeté ce grand ouvrage deux ans avant de mourir ; il y aura fait travailler, et Artémise, en l’achevant, en aurait eu toute la gloire »[38].
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+ Une réalisation d’un tel raffinement et d’un tel gigantisme n’a pas pu s’improviser juste après un décès, surtout que la veuve, durant les deux courtes années de son autorité, dépensa du temps et de l’argent à défendre sa cité contre Rhodes et à contre-attaquer et punir les insulaires. Les artistes renommés choisis pour l'ouvrage, dispersés et venus de fort loin, ont dû être retenus longtemps à l'avance pour être réunis. Comme il est peu commun, d’autre part, qu’une épouse soit à ce point exaltée qu’elle ait songé à la manière d’enterrer son conjoint encore en vie, il est plus vraisemblable que Mausole, lui-même un grand bâtisseur, ait désiré contempler « de ses yeux » le reflet de sa puissance. Cependant, il reste possible que les époux inséparables eussent tous deux souhaité être réunis dans la mort. Dans l’hypogée, on retrouva un reliquaire et un sarcophage qui pouvait être celui de la reine, l'usage carien imposant alors aux hommes l’incinération[39]. En admettant même la légende qui veut que l'achèvement de la statuaire se soit fait tardivement et au compte des artistes, on peut avancer qu’Artémise eût pu très bien en avoir été maître d’ouvrage quand son époux était très occupé, et qu'elle le fût naturellement pendant son veuvage pour la continuation des travaux. C’est peut-être une des raisons de la persistance de ce point de vue.
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+ Babylone, dont il ne reste presque rien, a livré, avec les Jardins, la Merveille la plus énigmatique. Si la tour colossale, peut-être celle dénoncée par les récits bibliques et considérée longtemps comme mythique, est bien décrite sur place par Hérodote, les Jardins, célébrés par plusieurs chroniqueurs, restèrent invisibles aux yeux de cet historien[40] ; tandis que Ctésias au IVe siècle av. J.-C.[41], capable de passer en revue toutes les curiosités babyloniennes, construites ou relevées un siècle et demi à peine auparavant, les ignore complètement. Leur trace n’a pas été non plus retrouvée par les archéologues qui avaient pourtant mis au jour l’enceinte et la base de cette même tour appelée « Etemenanki ». Pas davantage de jardins sur les tablettes mésopotamiennes où l’on voit des plans de la ville et de ses principaux monuments. Les compilateurs latins, Ampelius du IIe siècle, qui a pourtant écrit sur Sémiramis et le rempart de Babylone, et Hygin du Ier siècle, dans son Septem opera mirabilia[42], ont donné le palais de Cyrus en lieu et place des Jardins suspendus. Les seules représentations qui nous en suggèrent une idée viennent des bas-reliefs de Ninive avec des terrasses à végétation, soutenues généralement par des colonnes à chapiteau. Nous sommes donc loin des voûtes nécessaires pour supporter un étagement important. Et si aucun auteur ne paraît avoir vu ces jardins, aucun n’indique le nombre de terrasses ; et tous ne sont pas d'accord sur la description de leur système hydraulique, leur emplacement et le maître d’ouvrage[43].
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+ Le cellier voûté de la porte d’Ishtar, dégagé par l’Allemand Koldewey à la fin du XIXe siècle, n’a pu, par ses trop modestes dimensions, représenter la plateforme d’un jardin royal important. Il est en tout cas difficile de concevoir que l’espace de verdure aussi réduit du « véritable » jardin (un carré de 120 m de côté) ait été l’élément qui accrochât l’œil, adossé à un rempart lui-même célébré comme une merveille, imposant et interminable, dont la longueur était, si l’on en croit les Anciens, plus d’une fois et demie le tour de la ville de Paris[f]. Cependant, le tracé retrouvé de la dernière cité fit état, lors des récentes fouilles, d’une enceinte extérieure de 11,3 km pour une intérieure de 6 km.
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+ Le savoir-faire des jardiniers et des fontainiers de la Mésopotamie n’étant plus à démontrer, il fait peu de doute que les jardins-oasis ont proliféré dans cette région pendant des siècles, se sont améliorés, montrant des aspects multiples, au gré des souverains et des modes. Quoi qu’il en soit, au fil du temps, s’est probablement imprégnée dans la mémoire des voyageurs parvenus au terme d’un parcours harassant à travers une contrée désertique, la fantastique vision de chevelures de forêts et de vergers flottant au-dessus des murailles[44], et les imaginations ont ensuite échafaudé le mythe.
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+ Enfin, tous les écrits réunis à son sujet montrent une seule chose qui soit certaine : cette ville dont on a constamment vanté, avec les plus flatteurs superlatifs, les murailles, les portes d’airain, le pont sur le fleuve, la galerie sous le fleuve, les quais, les deux palais, le temple de Marduk, les statues, la ziggourat, la citerne, les jardins, etc.[45] fut assurément à elle seule une vraie merveille : « Elle est si magnifique que nous n’en connaissons pas une qu’on puisse lui comparer. », écrivait Hérodote (I, 178).
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+ Le principal obstacle pour figurer les Sept Merveilles est l’insuffisance des informations qui nous sont parvenues. Les Jardins suspendus de Babylone, qui sont tout à la fois aisés et impossibles à reconstituer, en sont l’exemple le plus significatif. On peut, d'autre part, facilement concevoir qu’à l’époque de Pline les secrets de la construction de la pyramide de Khéops aient été perdus après tant de siècles. Parmi tous les auteurs qui ont parlé des pyramides, aucun n’en a donné une hauteur approchante. Jean-Pierre Adam remarque que les Anciens sont en défaut sur toutes les mesures de points inaccessibles. Pour les pyramides, une illusion d’optique — créée probablement par la course des arêtes — fait généralement apparaître la hauteur très proche d’un des côtés de la base, lequel la représente en réalité une fois et demie. Pline, qui croyait sans doute la méthode de Thalès de Milet connue depuis le VIe siècle av. J.-C.[46], a entériné de bonne foi les dimensions qu’on lui a transmises. Si cet auteur était soucieux de donner des mesures, il doit parfois s’en passer : le tombeau de Mausole est légèrement plus court d’un côté que de l’autre et la hauteur de son dernier étage est sensiblement égale à celle de l’étage en dessous. Les imprécisions des hauteurs du Phare sont encore plus déroutantes. De simplement « haut » pour Strabon à « très élevé » chez Jules César, son premier étage, aux yeux des chroniqueurs arabes, gagne une dizaine de mètres en un siècle, de Massoudi (Xe siècle) à Ibn al-Dayg (1165), alors que le deuxième étage les gagne sur le même Massoudi avec El-Makrisi au XVe siècle. La hauteur totale du Phare varie en absolu entre 102 mètres (Massoudi) et 225 mètres (Ibn Joubère)[47]. Les effondrements et les réparations ou reconstructions des parties hautes à différentes périodes ont encore mieux embrouillé les dimensions originales.
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+ Chez Pline, il n'y a aucune indication sur les sculptures ornementales du mausolée d'Halicarnasse et leur implantation, tout comme celles de l’Artémision pour lesquelles il avoue son désintérêt : « Les autres ornements du temple rempliraient par leurs descriptions plusieurs livres ; mais ils n'ont rien de commun avec l'histoire de la nature. »[25]. Cela a mis et met toujours dans l’embarras tous les essais de restitution. L’attitude du colosse de Rhodes tant de fois contemplé n’a jamais fait l'objet d'une description. Et ainsi retrouve-t-on une multitude de dessins le représentant dans des positions les plus singulières, dont le spectaculaire et impossible enjambement qui a eu du succès jusqu’au cinéma[48]. À l'inverse, Pausanias, qui est pratiquement le seul à s’absorber dans une ekphrasis, dépeint le Zeus d’Olympie et sa décoration avec minutie, mais sans jamais donner une seule dimension : « Je sais que plusieurs auteurs ont consigné dans leurs écrits la hauteur et la largeur de la statue de Zeus Olympien, mais je me méfierais de ceux qui l'ont mesurée, car les dimensions qu'ils donnent paraissent bien au-dessous de l'idée qu'on s'en forme en voyant la statue de ses propres yeux »[49]. En revanche, la science archéologique donne de meilleures précisions.
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+ La liste des Merveilles doit probablement une part de sa célébrité à ce chiffre mystique. Cette notion, qui ne s’est pas formée bien sûr avec ces seuls monuments, aurait été transmise, selon Jean-Pierre Adam[50], par le courant philosophique pythagoricien. Les séries et les nombres premiers ont toujours fait l’objet d’une attention particulière. L’École pythagoricienne qui s’adonna aux spéculations ésotériques fut fermement critiquée par les tenants d’Aristote qui l'avait lui-même combattue dans son ouvrage La métaphysique, mais elle revint à la mode à l’époque de Cicéron avec l’école néo-pythagoricienne. Cependant, la superstition du chiffre magique serait plutôt venue d’Asie Mineure, comme semblerait le confirmer un traité ionien De hebdomadis qui lui est consacré. Ceci pourrait expliquer dans la « liste des Merveilles » le nombre supérieur de réalisations d’Asie Mineure, donc extérieures à la Grèce proprement dite[51]. Par la suite, le chiffre « 7 » eut un succès qui ne se démentit jamais dans tous les domaines et on ne compte plus les groupes de sept éléments. Même Isaac Newton ne repoussait pas l’irrationnel et, quand il eut découvert la décomposition de la lumière blanche, trouva l’idée de faire d’une infinité de teintes un ensemble de sept couleurs qu’on trouve dans l’arc-en-ciel.
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+ En dehors du monde gréco-romain, Babylone, Thèbes et Ecbatane eurent droit à quelques nominations. Le monde romain devait déjà beaucoup à la culture hellénique, dont il avait copié des œuvres essentielles, et réagit diversement aux monuments grecs qui suscitaient une admiration universelle. H. Schott, qui consacra en 1891 une thèse sur les « Merveilles », constitua trois catégories et classa dans la deuxième toutes les réalisations romaines en y englobant des listes allant jusqu’à la trentaine de monuments. « Il va de soi que ces versions [romaines] sont tardives et manifestent la volonté de dresser un panégyrique de Rome face à la Grèce »[4].
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+ D’abord, Pline l'Ancien admet les merveilles grecques et les décrit sans réticence. D’un goût éclectique et d’un jugement avisé, il y mêle aussi des monuments peu cités : les obélisques et le Sphinx égyptiens ; le temple de Cyzique[g] et, à considérer ses vestiges, il fut le plus colossal jamais érigé ; les labyrinthes d’Égypte, de Crète, de Lemnos, d’Étrurie, et aussi les Jardins suspendus de Thèbes. Un sursaut de chauvinisme bien compréhensible lui fait dire à propos de Rome, ville bien pourvue en monuments spectaculaires : « Sic quoque terrarum orbem victum ostendere » [là aussi, elle a vaincu le monde entier]. Et comme les Romains, dans le domaine de la construction gigantesque, demeurent inégalables, il ne lui a pas été difficile d’ajouter dix-huit merveilles de la ville éternelle, où le Capitole et le Colisée ont une place de choix.
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+ Parmi ceux qui ont pu diffuser la liste chez les Latins, Varron, écrivain polygraphe, respecté des Anciens, apparaît le plus vraisemblable. S'il ne reste rien de ses écrits, ceux-ci ont été abondamment commentés. Il écrivit un ouvrage avec le chiffre « 7 » comme sujet principal : Hebdomades, où pratiquement toutes les catégories étaient représentées, y compris les Sept Merveilles du monde, puisque Aulu-Gelle, auteur du IIe siècle, juge, non sans une pointe de jalousie, cette énumération : « Tels sont les faits que Varron, par de soigneuses recherches, a rassemblés sur ce nombre ; mais il ajoute d'autres remarques frivoles et puériles : par exemple, qu'il y a sept merveilles dans le monde »[52].
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+ Le mausolée d'Halicarnasse, gravure de Maarten van Heemskerck, XVIe siècle.
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102
+ Le colosse de Rhodes tel que représenté dans The Book of Knowledge (1911).
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+ Le phare d'Alexandrie, reconstitution tridimensionnelle basée sur une étude de 2006.
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+ La mer Baltique est une mer intracontinentale et intérieure de 364 800 km2 située dans le Nord de l'Europe et reliée à l'océan Atlantique par la mer du Nord. Elle communique au sud-ouest avec la mer du Nord par le Cattégat et le Skagerrak. Trois golfes principaux intègrent cet espace : le golfe de Botnie au nord, le golfe de Finlande à l'est et le golfe de Riga au sud-est.
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+ Les pays riverains sont :
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+ Ces pays riverains, ainsi que la mer proprement dite, font l'objet, depuis 2009, d'une « stratégie de la Commission européenne en faveur du développement de la région de la mer Baltique »[1], incluant un effort de dépollution de la Baltique et un système commun de surveillance maritime.
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+ Le nom de « mer Baltique » apparaît pour la première fois au XIe siècle, sous la plume du chroniqueur allemand Adam de Brême qui parle de Mare Balticum (dans l'Antiquité, Tacite l'appelle « mer des Suèves » (Mare Suebicum) et Ptolémée « océan des Sarmates » d'après les peuples du même nom. L'étymologie du mot Balticum est incertaine, mais il pourrait provenir du germanique belt (ceinture), Adam de Brême comparant la mer en question à une ceinture dans le même passage (« Balticus, eo quod in modum baltei longo tractu per Scithicas regiones tendatur usque in Greciam »). Toutefois, dans son Histoire naturelle, Pline l'Ancien mentionne une île qui aurait existé dans la même région, appelée Baltia ou Balcia. D'autres origines possibles ont été évoquées notamment la racine indo-européenne *bhel (blanc, clair) ou le dieu Baldr de la mythologie nordique.
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+ Différentes variations à partir de Balticum sont utilisées dans la plupart des langues romanes et slaves, ainsi qu'en anglais. En revanche, dans les langues germaniques (à l'exception de l'anglais), elle est appelée « mer de l'Est » (Østersøen en danois, Ostsee en allemand, Östersjön en suédois). Le finnois utilise un calque du suédois : Itämeri, qui signifie également « mer de l'Est ». En revanche, en estonien, elle est appelée « mer de l'Ouest » (Läänemeri).
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+ Anciennement lac proglaciaire d'eau douce (le lac proglaciaire Baltique) et donc non rattachée à l’océan mondial de l’époque, la mer Baltique devient une mer lorsque les glaciers opprimant les reliefs qui les entourent alors se retirent et rendent alors possible l’élévation des terres autour (par un phénomène d’isostasie, c’est-à-dire que les terres longtemps opprimées se relèvent dans un mouvement de levier lorsque plus rien ne les oppresse). Alors se créent les deux Belts (Grand Belt et Petit Belt). La Baltique est alors intégrée à l’océan mondial et se salinise. Mais tout ce qui est aujourd’hui sous l’eau ne l’était pas à l’époque, et reste aujourd’hui un paysage glaciaire simplement recouvert d’une assez mince pellicule d’eau, la mer Baltique étant une mer peu profonde. Ce phénomène d’isostasie (qui pourrait augmenter avec la fonte des glaciers scandinaves) provoque aussi localement l’apparition de « jardins d’écueils » ou Skærgård. Ce sont de minuscules îlots ou de petits archipels qui apparaissent avec le temps, couplée à l’apparition d'îles réelles. En 130 ans, 130 nouvelles îles sont par exemple apparues au large de la ville de Vaasa (Finlande), posant des problèmes de navigation.
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+ La Baltique est formée de grands bassins (bassin de la mer de Botnie, au nord des îles d’Åland notamment) reliés entre eux par des seuils de haut-fonds, et d’îles (îles du Danemark et d’Åland). Sa profondeur maximale est de 459 m dans la fosse de Landsort, dans le bassin Ouest-Gotland, au large de l’île de Gotland et proche des côtes suédoises.
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+ Sa superficie est de 364 800 km2[2].
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+ L'Organisation Hydrographique Internationale détermine les limites de la mer Baltique de la façon suivante[3] :
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+ La profondeur moyenne de la mer Baltique est de 55 mètres. La marée est très faible (environ 30 centimètres) et parfois masquée par les oscillations climatiques (seiches hydrodynamiques, ondes de tempêtes).
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+ La Baltique est une mer peu salée (10 pour mille contre 35 pour mille dans le reste des océans). En effet, les apports d’eau douce des fleuves sont très importants au moment de la fonte des neiges et l’évaporation naturelle est seulement égale ou un peu supérieure aux précipitations directes. La variation annuelle de la salinité représente le négatif des régimes fluviaux. Autrement dit, lors de l’étiage des fleuves, en février, la salinité de la mer est maximale ; alors qu’elle est minimale quand les fleuves ont un débit fort, en mai, à la fonte des neiges. De manière générale, les eaux de l’Est et de surface sont plus faiblement salées (détroits danois : 10 ‰, golfe de Botnie : 5 ‰).
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+ L’amplitude thermale des eaux est importante : en été 16 °C dans le Sud, 12 °C dans le golfe de Botnie ; en hiver, la banquise recouvre le fond des golfes de Botnie et de Finlande, ainsi que de nombreuses côtes, globalement tout ce qui se trouve au nord de l’île de Gotland au large de Stockholm.
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27
+ Les courants subissent largement les effets du vent. De manière générale, ils suivent un mouvement senestre (sens inverse du mouvement des aiguilles d’une montre). Le courant longeant la péninsule scandinave sort de la Baltique vers la mer du Nord. C’est un courant de surface faiblement salé. Il atteint son débit maximal au printemps. Un biseau plus salé venant de la mer du Nord plonge alors dans la Baltique créant un courant plus profond qui longe les côtes méridionales.
28
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29
+ Des seuils freinent le renouvellement des eaux et le remaniement des fonds. En effet, il faut près de trente ans pour assurer le renouvellement total des eaux. Les êtres vivants (végétaux et animaux, dont le plancton) ne communiquent pas non plus beaucoup avec les autres mers. Ces seuils favorisent, pendant une grande partie de l’année, le ralentissement des courants thermohalins. L’appauvrissement en faune et en flore de la mer peut s’expliquer par cette stabilité mais aussi par son taux de salinité (certaines espèces ne supportent absolument pas le sel et ne peuvent pas y vivre, tandis que d’autres espèces qui ne vivent qu’en eau salée ne peuvent pas y vivre non plus). On compte en effet moins d’une centaine d’espèces[Quoi ?] vivant dans la mer Baltique (84 environ). L’absence de houle et de courants facilite le comblement des cuvettes ; en effet, au-dessous de 10 à 20 mètres, les particules fines s’agrègent et s’accumulent dans les dépressions vaseuses.
30
+
31
+ La Baltique est la mer la plus jeune de la planète. Sa naissance est associée à la fonte de l'inlandsis scandinave, il y a 15 000 à 8 000 ans. Aux premières époques de son extension, elle était probablement une étendue d'eau douce qui s'est réduite avec le surélèvement des terrains géologiques ou isostasie. Ce phénomène de retrait maritime attestant le poids de la calotte glaciaire qui la recouvrait continue encore aujourd'hui dans le Nord.
32
+
33
+ La salinité de l'eau en surface est variable selon la distance aux détroits danois, elle reste faible dans le golfe de Botnie à la fonte des glaces et neige. Protégée des influences océaniques, elle subit de fortes variations thermiques. En hiver, les golfes de Botnie et de Riga sont généralement pris par la banquise. En été, la température de l'eau tourne autour de 15 °C.
34
+
35
+ La mer Baltique est mentionnée il y a près de 2 000 ans dans la Germania de Tacite, qui la nomme Mare Suebicum. Il voit cette mer comme une partie de l'océan qui entoure le monde.
36
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37
+ Dès cette époque, des voies de commerces sont ouvertes notamment pour le commerce de l'ambre que l'on trouve en quantité sur les côtes de la Baltique et qui est vendue dans tout l'Empire romain. Les fourrures et les peaux sont également des produits d'exportation. L'Empire romain exporte des objets en céramique, du vin et de l'huile en utilisant ces mêmes routes commerciales.
38
+
39
+ L'essentiel des voies de cabotage et de navigation est contrôlé par les peuples germaniques du Ier siècle au VIe siècle. Puis, au VIIe siècle, les peuples slaves prennent le contrôle de la partie orientale de la mer, puis occidentale au VIIIe siècle. Les Wendes multiplient les raids de pillages dans les régions bordières. Les peuples dits lituaniens, les Prussiens ou Borusses, les Korse ou Coures, les Lituaniens, les Lettons et Semigalles s'installent sur ses rivages, respectivement en Prusse, en Courlande, en Lituanie, en Lettonie... La seconde partie du siècle suivant voit un essor maritime sans précédent des peuples scandinaves, notamment suédois et danois, sous la qualification erronée de vikings. Le terme désigne une piraterie endémique qui, en réalité, ne reprend qu'après 930. Les pirates wendes écument la mer Baltique. Les populations finnoises, soient les Lives, Tchoudes, Ingres, Caréliens et Tavastes, et estoniennes, sont plus actives sur le golfe de Riga.
40
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41
+ Au terme d'une longue lutte militaire, face à la piraterie wende, le royaume du Danemark contrôle les détroits aux Xe et XIe siècles. L'essor commercial en Baltique est encore entravé par la piraterie slave lorsque le roi danois Valdemar Ier déplace sa capitale de Roskilde au château de Copenhague en 1157. Les marchands danois, assurés du soutien du pouvoir royal, entreprennent de contrôler l'espace maritime de la Baltique. Ils fondent des succursales, en particulier Dantzig sur les bords de la Vistule. La pacification militaire s'opère, et, en 1182, Canut VI est suzerain de la Poméranie et du Mecklembourg. Il contrôle des parties de l'Empire romain germanique, Hambourg, Lübeck et le Holstein.
42
+
43
+ Valdemar le Victorieux peut contempler au milieu de son règne une Baltique danoise, à l'exception de l'île de Gotland indépendante et de la Livonie des chevaliers teutoniques. Il a annexé le Lauenbourg, la petite Poméranie, le Samland et l'île Oesel. L'Estonie est placée sous hégémonie danoise par les Danois à la suite d'une croisade pendant laquelle ils fondent Stralsund et Reval. C'est durant la sanglante campagne estonienne que le Dannebrog ou drapeau danois tombe du ciel, dit la légende royale. Mais le vieux Valdemar II, à l'orée de sa disparition en 1241, voit déjà s'amorcer un rapide déclin de son emprise maritime exceptionnelle.
44
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45
+ L'intérêt marchand allemand était éveillé depuis un siècle. En 1159, les marchands de Brême s'installent aux bouches de la Dvina, où ils fondent tardivement Riga en 1200. La Livonie est un débouché des produits venus de Russie centrale. Pour assimiler sa population, elle est convertie par croisade militaire. Les chevaliers porte-glaive forment l'ordre dominant de 1201 à 1237. Ils construisent des châteaux-forts, des couvents, ainsi que des villes de commerce. Les chevaliers teutoniques de Prusse avec lesquels ils fusionnent pour former l'ordre des chevaliers teutoniques imitent leur action violente et répressive au sud, en fondant Koenigsberg en 1255 sur la Pregel et Marienbourg en 1280 sur le Nogat. Partout, la conquête militaire élimine sans pitié les récalcitrants ou assujettit les populations restantes au servage. La seule possibilité des survivants serfs est de trouver un pauvre refuge urbain. L'autorité conquérante, contrainte de nourrir par charité chrétienne une foule misérable qu'elle avait appauvrie, rationalise la production et fait appel à une élite de cultivateurs et d'artisans libres. Attiré par les offres de terres ou d'échoppes sans concurrence, des colons arrivent de Frise, de Hollande, de Flandres et de Brabant, apportant leurs techniques et spécialités.
46
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+ La mer Baltique joue, durant le Moyen Âge, un rôle essentiel en tant que voie de transport et de commerce en Europe. Les villes situées dans le voisinage de la Baltique et du Rhin s'unissent dans une alliance, la Hanse, et accumulent d'énormes richesses.
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+ Au départ, l'île de Gotland mi-allemande mi-wende a résisté à l'emprise danoise. Elle prend contact avec une association dirigée par des évangélisateurs et commerçants de Lübeck.
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+ Les villes hanséatiques les plus importantes de la mer Baltique sont Lübeck, Wismar, Rostock, Stralsund, Greifswald, Stettin, Danzig, Königsberg, Memel, Riga, Reval et Novgorod. La Hanse, association de défense des marchands allemands et de leur libre circulation, n'a aucun statut légal et encore moins étatique dans l'Empire allemand. Elle se permet simplement de faire une guerre économique et si besoin, une guerre maritime pour faire fléchir les royaumes.
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+ Lors de la Guerre de Trente Ans, la Suède essaie de s'étendre sur l'autre rive de la Baltique. À l'issue de ce conflit, la Suède gagne des territoires sur la rive sud de la mer Baltique qui resteront longtemps sa propriété (voir l'article consacré à la Poméranie suédoise).
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+ La Russie parvient, elle, à obtenir un accès à la Baltique au cours des guerres nordiques. Pierre le Grand fait bâtir Saint-Pétersbourg, qu'il considère comme étant une « porte sur le monde » pour la Russie.
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+ La mer Baltique est presque fermée, donc très sensible aux pollutions. Elle a été un important champ de bataille lors de la Première Guerre mondiale et lors de la Seconde Guerre mondiale, qui ont toutes deux laissé des séquelles environnementales et historiques graves. Non seulement de nombreux navires y ont coulé avec leurs charges toxiques de munitions, mais après ces deux guerres, des centaines de milliers de tonnes d’obus conventionnels et chimiques rassemblés en Europe y ont été immergés. En temps de paix, elle fut une destination d’entraînement d’été pour les navires-écoles, notamment allemands tel que l’ex-voilier Grossherzogin Elisabeth (devenu français), par exemple.
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+ Ensuite, ce sont l'agriculture et l'industrie lourde développées par le bloc de l'Est qui polluent la mer Baltique. Ainsi, les fleuves côtiers des Pays baltes — passés sous contrôle soviétique après la Seconde Guerre mondiale — amènent une pollution considérable, y compris radioactive, avant que le nuage de Tchernobyl ne survole et contamine cette zone. De nombreux foies et reins de poissons et mammifères marins dépassent les teneurs réputées admissibles pour plusieurs métaux lourds, et on trouve de nombreux polluants organiques dans leur chair. La Baltique contient une zone morte parmi les plus importantes au monde, qui s’est formée en moins de dix ans dans la région du Skagerrak.
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+ Le gouvernement suédois a lancé des alertes sanitaires sur les poissons de la Baltique, et notamment les poissons gras comme le saumon ou le hareng, qui contiennent de fortes concentrations de « polluants organiques persistants », des polluants qui s'accumulent dans l'organisme et ne s'éliminent jamais, comme la dioxine, les pesticides ou les PCB[4].
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+ Mais cette pollution se transmet au saumon d'élevage produit en Norvège, un pays qui n'est pas riverain de la Baltique, par le biais des croquettes de farine de poisson utilisées pour nourrir le saumon d'élevage norvégien, fabriquées (entre autres au Danemark et en Suède) à partir de poissons gras de la mer Baltique comme des anguilles des sables[4].
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+ Les populations de cabillauds ont considérablement diminué ces dernières années en mer Baltique et la Suède envisage en 2019 d'en suspendre la pêche. Au contraire, la Commission européenne fixe pour 2019 un taux de capture de 50 % supérieur à ce que les scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) recommandent[5].
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+ Le 19 juin 2011, l'équipe de plongée suédoise Ocean X affirme avoir détecté, sur une image sonar floue, la présence d'un objet non naturel d'origine inconnue au centre de la mer de Botnie. Le groupe a revisité le site l'année suivante dans l'intention d'obtenir une image plus claire, mais a prétendu en avoir été empêché par une "'interférence électrique mystérieuse". Certains journaux à sensation ont spéculé sur l'existence d'un OVNI submergé. Un consensus d'experts et de scientifiques affirme que l'image montre très probablement une formation géologique naturelle.
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+ Une commission « HELCOM » gère la convention d’Helsinki signée en 1974 et en vigueur depuis 1980, pour la protection du milieu marin dans la zone mer Baltique, associant les pays baltes dans cet objectif. Sa mission est équivalente à celle de la commission OSPAR qui traite, elle, de l’Atlantique du Nord-Est. Ces deux commissions travaillent notamment à évaluer l’ampleur des problèmes posés par les munitions non explosées immergées.
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71
+ La convention d’Helsinki a été mise à jour en 1992 mais n'est en vigueur que depuis 2000. La Commission d’Helsinki (HELCOM) en reste le bras exécutif. Elle rassemble neuf pays (Allemagne, Danemark, Estonie, Russie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Pologne et Suède et l’UE).
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+
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+ Le WWF International avait en février 2005 alerté sur le fait que la plupart des poissons de la Baltique étaient si pollués qu’ils ne devraient normalement pas pouvoir être vendus sur le marché européen[6],[7]. Fin août 2008, le WWF félicite la Lituanie et la Lettonie pour la lutte faite à la pêche illégale des morues, mais en alertant sur le fait que les actions des neuf gouvernements baltes n’ont néanmoins pas suffi : ni la convention d’Helsinki de 1974 sur la protection de l’environnement marin de la zone de la mer ni le plan d’actions de 2007 pour réduire la pollution n’ont atteint leurs objectifs.
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+
75
+ Il y aurait même en Baltique sept des dix zones mortes les plus importantes de la planète. Une explosion d’algues (eutrophisation), l’été 2008, a encore dégradé la situation. Le WWF a produit un rapport évaluant les performances des pays selon six critères : biodiversité, poissons, substances dangereuses, transport maritime, eutrophisation (apport excessif d’azote et de phosphore notamment), et développement d’un système intégré de gestion de l’utilisation de la mer. L’Allemagne et le Danemark sont les mieux placés mais avec un score encore moyen, alors que Pologne et Russie sont classés en dernière place[8].
76
+
77
+ Le plan d’action pour la Baltique de novembre 2007 vise le retour d'un bon état écologique de l’environnement marin avant 2021. Il comprend des actions régionales ou nationales et des mesures ne pouvant être prises qu’au niveau de l’UE (pêche, agriculture, contrôle des produits chimiques) ou même au niveau mondial (transport maritime).
78
+
79
+ La Suède et la Finlande ont bilatéralement décidé le 19 mai 2009 de créer un nouveau fonds international pour l’amélioration de l’environnement en Mer Baltique[9], ouvert à tous les pays riverains, afin de concrétiser les engagements du plan d’action pour la mer Baltique de novembre (HELCOM, 2007). Il pourra financer des projets en amont, par exemple pour déphosphorer les effluents urbains ou agricoles. 50 millions de couronnes suédoises (SEK) sont prévues pour 2009.
80
+
81
+ La Commission européenne doit le 10 juin 2009 proposer une stratégie pour la région de la mer Baltique encourageant les États membres, régions, institutions financières et organisations gouvernementales et non gouvernementales intéressées à mettre en œuvre un développement plus soutenable de cette zone.
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+
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+ Les pays riverains de la mer Baltique sont (dans l'ordre alphabétique) :
84
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+ Ces neuf pays, ainsi que la Norvège et l'Union européenne, se sont regroupés au sein du Conseil des États de la mer Baltique.
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+ La population riveraine s'élève à 85 millions d'habitants environ.
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+ Les plus importantes villes côtières, par nombre d'habitants :
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+ Parmi les fleuves se jetant dans la mer Baltique, se trouvent (dans le sens des aiguilles d'une montre à partir d'Öresund) :
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+ La Baltique est peu poissonneuse, et de manière générale de flore et faune pauvres. Cela est dû au phénomène d'eutrophisation.
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+ Au Moyen Âge, la puissante ligue hanséatique s'est établie autour de la Baltique.
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+ À la chute de l'URSS, de nouvelles routes maritimes se sont ouvertes. Aujourd'hui, la Baltique intègre l'espace européen à part enti��re. Elle est sillonnée en permanence par deux mille navires, soit 15 % du fret maritime mondial[10]. Le golfe de Finlande est ainsi devenu une grande voie de transport de pétrole (20 millions de tonnes dans les années 1990, plus de 100 millions de tonnes en 2005) à cause de la présence de Primorsk, grand port exportateur de pétrole russe.
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+ République de Serbie
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+
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+ (sr-Cyrl) Република Сpбија
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+
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+ (sr-Latn) Republika Srbija
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+
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+ 44° 48′ N, 20° 23′ E
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+ modifier
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+ La Serbie /sɛʁ.bi/, en forme longue la république de Serbie, en serbe : Srbija /sř̩.bi.ja/ et Republika Srbija, en serbe en écriture cyrillique : Сpбија et Република Сpбија, est un État des Balkans occidentaux et de l’Europe du Sud, parfois située en Europe centrale[3] ; son régime politique est de type démocratie parlementaire monocamérale. La Serbie est frontalière de la Roumanie à l'est-nord-est, de la Bulgarie au sud-est, de la Macédoine du Nord au sud-sud-est, du Kosovo au sud (la Serbie ne reconnait qu'une frontière avec l'Albanie, car le Kosovo n'est reconnu ni par la Serbie ni par l'ONU), du Monténégro au sud-ouest, de la Bosnie-Herzégovine à l'ouest, de la Croatie au nord-ouest et de la Hongrie au nord-nord-ouest. Sa capitale est Belgrade.
12
+
13
+ Les populations slaves, dont les Serbes, s’installèrent au début du VIIe siècle dans la région des Balkans. Auparavant, la population était constituée d'Illyriens, de Grecs Macédoniens et Thraces, et de petites ethnies montagnardes. Au Moyen Âge, un puissant État serbe se constitua progressivement, qui atteignit son apogée au XIVe siècle, sous le règne de l'Empereur Stefan Dušan. Aux XIVe et XVe siècles, la Serbie fut progressivement conquise par les Ottomans et le pays resta en leur possession jusqu’au XIXe siècle.
14
+
15
+ À la suite de deux soulèvements contre les Turcs, le premier en 1804, le second en 1815, une principauté de Serbie fut créée, autonome vis-à-vis de la Sublime Porte en 1830, officiellement indépendante en 1878. La principauté devint Royaume de Serbie en 1882. Après la Première Guerre mondiale, se constitua progressivement un rassemblement de tous les Slaves du sud autour de la monarchie serbe : le royaume des Serbes, Croates et Slovènes fut proclamé en 1918 et il prit le nom de royaume de Yougoslavie en 1929. Après la Seconde Guerre mondiale, la Serbie devint une unité fédérée au sein de la république fédérative socialiste de Yougoslavie. Les années 1990 sont marquées par la dissolution progressive de la Yougoslavie. En 2006, la Serbie est redevenue totalement indépendante après que le Monténégro a décidé de quitter l’union de Serbie-et-Monténégro.
16
+
17
+ Le 17 février 2008, le Kosovo, qui était jusqu’alors une province autonome au sein de la république de Serbie sous l'égide des Nations unies avec sa résolution 1244, a déclaré unilatéralement son indépendance. Cette indépendance contestée par la Serbie[4] n’est reconnue ni par l’Organisation des Nations unies, ni par l’Union européenne.
18
+
19
+ Le 22 décembre 2009, la Serbie effectue une demande d'adhésion formelle à l'Union européenne[5]. Le 12 octobre 2011, la Commission européenne octroie officiellement le statut de candidat à la Serbie[6]. La Serbie est militairement neutre[7],[8].
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+
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+ La Serbie est le plus étendu et le plus peuplé des États issus de la Yougoslavie[9].
22
+
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+ La Serbie, en incluant le Kosovo, s’étend sur une superficie de 88 361 km2, ce qui la place au 113e rang mondial. Elle possède 2 027 km de frontières, soit 241 km avec la Croatie, 302 km avec la Bosnie-Herzégovine, 203 km avec le Monténégro, 221 km avec la Macédoine du Nord, 115 km avec l’Albanie, 318 km avec la Bulgarie, 476 km avec la Roumanie et 151 km avec la Hongrie ; elle est ainsi, après la Russie et l'Allemagne, et avec la France, le troisième pays d’Europe qui compte le plus de pays limitrophes en Europe. Sans le Kosovo, la Serbie couvre une superficie de 77 474 km2, ce qui la place au 125e rang mondial[1].
24
+
25
+ La Serbie est composée de deux ensembles distincts. Au nord, la Voïvodine (en serbe : Војводина et Vojvodina), se trouve dans la grande plaine de Pannonie, qui est géographiquement située en Europe centrale. La Voïvodine est séparée de la Serbie centrale par la Save et le Danube. La plus grande partie de la Serbie centrale et du Kosovo-et-Métochie est couverte de montagnes basses ou moyennes. Au centre, à l’ouest et au sud-ouest du pays, ces montagnes appartiennent aux Alpes dinariques ; à l’est, elles appartiennent aux Carpates, aux monts du Grand Balkan et aux Monts Rhodopes. Le mont Midžor, qui s’élève à 2 156 m, est situé dans le massif de la Stara Planina ; c’est le point culminant de l’est de la Serbie. Parmi les montagnes les plus importantes du pays, on peut citer les monts Tara, les monts Zlatibor, les monts Kopaonik et le massif de la Fruška gora. Le mont Djeravica, quant à lui, situé au Kosovo-et-Métochie, s’élève à 2 656 m.
26
+
27
+ En 2007, les terres arables couvraient une superficie de 3 095 006 ha, soit 30 950 km2 (hors Kosovo)[10] ; les forêts couvrent une superficie de 25 625 km2, soit 27 % du territoire[11].
28
+
29
+ Tous les cours d’eau de Serbie appartiennent à trois bassins versants : celui de la mer Noire, celui de la mer Adriatique et celui de la mer Égée. Le plus vaste de ces bassins est celui de la mer Noire, qui couvre une superficie de 81 261 km2, soit 92 % du territoire du pays. Le bassin, dans son ensemble, est drainé par un seul fleuve, le Danube, qui se jette dans la mer Noire. Le bassin de drainage de la mer Adriatique couvre une superficie de 4 500 km2, soit 5 % du territoire de la Serbie. Il comprend la moitié occidentale du Kosovo-et-Métochie et il est principalement drainé par une rivière, le Drin blanc, qui rencontre le Drin noir en Albanie pour former le Drin, qui se jette dans la mer Adriatique. Une autre partie, de plus faible étendue, est drainée par la rivière Crni Kamen-Radika, au sud de la région de Gora (en). Le dernier bassin, celui de la mer Égée couvre une superficie de 2 650 km2, soit 3 % du territoire de la Serbie. Il est situé au sud du pays, près des frontières avec la République de Macédoine et la Bulgarie. Ce bassin est drainé par trois rivières : le Lepenac, la Pčinja et la Dragovištica. Les deux premières se jettent dans le Vardar en Macédoine, et la troisième se jette dans la Strymon en Bulgarie. Ces deux rivières se jettent ensuite dans la mer Égée.
30
+
31
+ Les cours d’eau navigables les plus longs de Serbie sont le Danube (588 km), la Save (206 km), la Tisa (168 km) et la Velika Morava (sur 185 km). Parmi les autres rivières importantes du pays, on peut citer la Zapadna Morava (308 km), la Južna Morava (295 km), l’Ibar (272 km), la Drina (220 km) et le Timok (202 km)[12].
32
+
33
+ Le lac le plus étendu du pays est le réservoir hydroélectrique du Đerdap (en serbe : Ђердапско језеро et Đerdapsko jezero), qui s’étend sur 253 km2, suivi du lac Vlasina, qui s’étend sur 16 km2[12].
34
+
35
+ Le climat de la Serbie peut être décrit comme un climat continental modéré, avec des caractéristiques plus ou moins accusées en fonction de la localisation, du relief, de la présence ou non de rivières, de la végétation ou de l’urbanisation[13]. Le nord du pays possède un climat nettement continental, avec des hivers froids et des étés chauds et humides, tandis que le sud, plus près de la mer Adriatique, connaît des étés chauds et secs et des automnes et des hivers relativement froids, avec d’importantes chutes de neige. C’est ainsi que la Voïvodine possède un climat continental influencé par les masses d’air venues de l’Europe du Nord et de l’Europe de l'Ouest, tandis que le sud et le sud-ouest du pays subissent une influence méditerranéenne, elle-même modérée par les Alpes dinariques et d’autres chaînes de montagnes qui contribuent à rafraîchir les masses d’air chaud. Les hivers sont ainsi particulièrement rudes dans la région du Sandžak en raison des montagnes qui entourent ce plateau[14].
36
+
37
+ Pour la période 1961-1990, la température moyenne annuelle a été de 10,9 °C jusqu’à une altitude de 300 m. Les régions situées entre 300 et 500 m ont connu une température moyenne de 10,0 °C et, au-dessus de 1 000 m, une température moyenne de 6,0 °C[13]. Le mois de juillet est le mois le plus chaud de l’année, avec une température moyenne comprise entre 11 et 22 °C ; plus précisément, les régions situées à moins de 300 m d’altitude bénéficient d’une température moyenne comprise entre 20,0 et 22 °C, tout comme certains secteurs du sud de la Serbie situés à des altitudes entre 400 et 500 m. Au-dessus de 1 000 m d’altitude, les températures moyennes du mois de juillet sont comprises entre 11,0 et 16 °C[15]. Les températures les plus basses de la période 1961-1990 ont été mesurées en janvier ; elles étaient comprises entre −35,6 °C (à Sjenica) et −21,0 °C (à Belgrade)[15]. Depuis le commencement des mesures, la température la plus élevée enregistrée en Serbie a été de 44,3 °C le 22 juillet 1939 à Kraljevo et la température la plus basse a été de −39,5 °C ; elle a été mesurée le 13 janvier 1985 à Karajukića Bunari, sur le plateau de Pešter, dans le district de Raška[15].
38
+
39
+ En moyenne, les précipitations annuelles augmentent avec l’altitude. Dans les régions peu élevées, elles sont comprises entre 540 et 820 mm. Au-dessus de 1 000 m, elles sont comprises entre 700 et 1 000 mm, et, sur certains sommets du sud-ouest de la Serbie, elles peuvent atteindre jusqu’à 1 500 mm. Dans la plus grande partie du pays, le maximum de précipitations se concentre dans les mois les plus chauds de l’année ; en revanche, au sud-ouest du pays, l’automne est la saison la plus arrosée. Le mois de juin est le mois le plus pluvieux, avec 12 ou 13 % du total annuel. Février et octobre sont les mois les plus secs. La neige tombe surtout de novembre à mars, avec un maximum en janvier[13]. Depuis le début des mesures, l’année la plus sèche a été l’an 2000, avec seulement 223,1 mm de précipitations à Kikinda ; 1937 a été l’année la plus pluvieuse, avec un maximum de 1 324,5 mm mesuré à Loznica[Lequel ?]. Un record mensuel de précicipations a été enregistré en juin 1954 à Sremska Mitrovica, avec 308,9 mm ; le 10 octobre 1955, il est tombé 211,1 mm d’eau à Negotin[16].
40
+
41
+ L’ensoleillement annuel est compris entre 1 500 et 2 200 heures.
42
+
43
+ Les régions de Serbie n’ont pas de statut officiel, même si certains districts administratifs leur doivent leur dénomination. Les régions situées dans la plaine pannonienne sont délimitées par les cours d’eau ; d’autres sont délimitées par des montagnes. En fait, définies par la tradition autant que par le relief, elles ne possèdent pas toujours de frontières nettement établies ; elles sont même souvent amenées à se chevaucher. Beaucoup d’entre elles possèdent un nom serbe formé à partir de la structure suivante : po+(nom d’une rivière)+je. C’est ainsi que, au nord de la Serbie centrale, la région de Podunavlje, doit son nom au Danube (en serbe : Дунав et Dunav), la région de Podrinje s’étend le long de la Drina ou encore celle de Pomoravlje le long de la Morava. D’autres portent le nom d’une montagne, comme les régions de Zlatibor ou de Kopaonik.
44
+
45
+ En 2003, les espaces naturels protégés de Serbie couvrent 5 % du territoire du pays. La Serbie comptait 5 parcs nationaux, 120 réserves naturelles, 20 parcs naturels et environ 470 sites naturels protégés[17]. Les cinq parcs nationaux correspondent à la Catégorie II de l’UICN[12].
46
+
47
+ Huit sites de Serbie sont inscrits sur la liste Ramsar pour la conservation des zones humides[19], dont deux ont été ajoutés en 2007[20].
48
+
49
+ Les archéologues ont mis au jour de nombreuses traces d’occupation humaine remontant à la Préhistoire. L’un des sites les plus anciens retrouvés en Serbie est celui de Lepenski Vir, près du Danube, dans l’actuel parc national de Đerdap (Djerdap), près des Portes de Fer. Dans ses parties les plus anciennes, le village, entièrement planifié, date du mésolithique (vers 8000 av. J.-C.)[21],[22]. Cette culture aurait atteint son apogée entre 5300 et 4800 av. J.-C. Outre les vestiges des habitations et quelques objets usuels, de nombreuses sépultures ont été retrouvées sur le site.
50
+
51
+ La Serbie abrite d’autres sites préhistoriques. C’est ainsi qu’en 1908, une équipe d’archéologues dirigée par Miloje Vasić a effectué des fouilles à Vinča, près de Belgrade, mettant au jour des vestiges datant de la période néolithique ; compte tenu de l’importance de ces découvertes, le site a donné son nom à une culture qui s’est développée le long du Danube entre 6000 et 3000 av. J.-C. : la culture de Vinča[23],[24]. D’autres découvertes caractéristiques de cette culture ont été effectuées dans de nombreux sites de Serbie, notamment à Divostin (près de Kragujevac), à Potporanj (près de Vršac), à Selevac (près de Smederevska Palanka) et à Pločnik (près de Prokuplje). D’autres vestiges du néolithique appartiennent à la culture de Starčevo (6200 - 5 600 av. J.C.), qui doit son nom à la ville de Starčevo, dans la municipalité de Pančevo[25].
52
+
53
+ Parmi les tribus slaves en expansion à partir du IVe siècle de notre ère, on trouve les Serbes blancs ou aujourd’hui Sorabes qui migrèrent d’abord vers l’ouest à travers la Pologne et la République tchèque actuelles. Leurs descendants vivent aujourd’hui en Lusace, à l’est de l’Allemagne, plus exactement entre l’Elbe et la Saale, dans ce qui était jadis la Grande-Moravie. Cette région, s’appelle la « Serbie blanche », le blanc symbolisant l’ouest chez les Slaves. Au VIIe siècle, à l’époque de l’Empereur byzantin Héraclius, la majeure partie des serbes blancs migra en plusieurs vagues entre 610-641 et, au XIIe siècle, vers la région centrale des Balkans où ils assimilèrent les Grecs, les Valaques et les Illyriens locaux, donnant ainsi naissance au peuple serbe.
54
+
55
+ Plusieurs principautés serbes furent fondées au IXe siècle mais se disloquèrent à la fin du XIIe siècle. Le processus de christianisation fut engagé par les moines Cyrille et Méthode, qui évangélisèrent tous les peuples slaves de la Grande-Moravie, y compris la Serbie, et qui inventèrent l’alphabet cyrillique à partir des lettres grecques. Les premiers prénoms chrétiens, comme Stefan ou Petar firent alors leur apparition.
56
+
57
+ Un Empire serbe fut constitué à la fin du XIIe siècle, sous la dynastie des Nemanjić. L’apogée territorial de la Serbie médiévale fut atteint au XIVe siècle, sous le règne de l’empereur Stefan Dušan. Cet empire disparut après la conquête ottomane. En 1371, un des rois de Serbie, Vukašin Mrnjavčević, perdit, contre les Ottomans, la bataille de la Maritsa, ce qui entraîna la vassalisation de ses terres et la soumission de son fils Marko Mrnjavčević. La Serbie de Lazar s’effondra lors de la bataille de Kosovo Polje en 1389 ; le prince Lazar y perdit la vie. Le pays fut définitivement incorporé à l’Empire ottoman après la chute de Smederevo, en 1459.
58
+
59
+ Entre 1459 et 1804, la Serbie ottomane subit trois invasions autrichiennes destinées à annexer ces terres à l’Empire d'Autriche.
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61
+ Une première révolte des Serbes eut lieu entre 1804 et 1813. Elle fut dirigée par Georges Petrović, surnommé Karageorges (« Georges le Noir »). Une seconde révolte eut lieu en 1815, sous la conduite de Miloš Ier Obrenović, qui aboutit à l’autonomie de la Principauté de Serbie, officiellement reconnue par la Sublime Porte le 12 décembre 1830. Après qu’il eut lui-même visité la Serbie autonome, le poète français Alphonse de Lamartine fit découvrir aux romantiques la culture serbe ; en 1833, il fit graver une inscription sur le site de Ćele kula (en serbe cyrillique : Ћеле Кула), la « tour aux crânes », élevée par les Ottomans qui y incrustèrent les crânes des soldats serbes morts à la bataille du mont Čegar (en) (19 mai 1809) : « Qu’ils laissent subsister ce monument ! Il apprendra à leurs enfants ce que vaut l’indépendance d’un peuple, en leur montrant à quel prix leurs pères l’ont payée. »[26]
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+ Malgré cela, les Turcs persécutèrent encore les Serbes dans les territoires qu’ils gardaient sous leur contrôle. Les massacres des Ottomans sur les Serbes ont inspiré à Victor Hugo, grand défenseur du peuple serbe, un célèbre discours, Pour la Serbie, écrit en 1876[27]. Ce discours est aujourd’hui considéré comme l’un des actes fondateurs de l’idée européenne[28]. L'année 1876 voit aussi, dès janvier, l'identité des serbes, alliés des russes, se cristalliser lors d'une insurrection bosniaque, qui débouche sur un conflit militaire entre la Russie et l'Empire ottoman[29], remporté par la première.
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+ En 1878, le Congrès de Berlin accorda son indépendance à la Serbie et, en 1882, le prince Milan IV Obrenović devint roi de Serbie sous le nom de Milan Ier ; son fils, Alexandre Ier lui succéda mais à la faveur de son assassinat en 1903, la dynastie des Karađorđević remplaça sur le trône celle des Obrenović.
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+ Lors de son arrivée sur le trône en 1903. Pierre Ier de Serbie, prince francophile et admirateur de la pensée de John Stuart Mill, mit en place la constitution la plus démocratique et la plus libérale d'Europe après celle de Grande-Bretagne. Elle s'inspirait aussi de la constitution de 1888, abrogée par Alexandre Ier de Serbie en 1889.
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+ Cette liberté fit éclore un foisonnement culturel qui fit de Belgrade un phare de liberté pour tous les Serbes des Balkans, ainsi que pour les Croates et les Slovènes qui souffraient dans l'Empire d'Autriche-Hongrie et qui rêvaient d'une Yougoslavie démocratique. Certains milieux réactionnaires à Vienne n'attendaient que l'occasion d'écraser le piémont serbe avant qu'il ne contamine les esprits de tous les Slaves du sud de l'Empire[31].
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+ La Serbie reçut le surnom de berceau de la démocratie dans les Balkans modernes[31]. Ce régime de liberté se maintiendra jusqu'au début de la Première Guerre mondiale en 1914. Lors de la mise en place du régime yougoslave en 1921, la France poussa Pierre Ier à instaurer un régime plus centralisateur et plus autoritaire dans le but de lutter contre le risque de contamination communiste : la démocratie avait vécu. La constitution de 1903 restera la référence de tous les mouvements démocratiques dans la Yougoslavie royaliste d'entre les deux guerres ainsi que dans la Yougoslavie communiste de Josip Broz Tito[31].
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+ Depuis 1878, la Bosnie-Herzégovine était occupée par l’empire d'Autriche-Hongrie, qui l’annexa en 1908, annexion mal vécue par les populations slaves notamment les Serbes qui refusaient cette occupation et souhaitaient la réunification avec le Royaume de Serbie ou d’autres pays slaves. L’idéal de nombreux jeunes gens serbes de Bosnie était le mouvement Jeune Italie, qui s’était donné pour but la libération des territoires occupés par les Autrichiens. En 1914, le double assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et de son épouse Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, à Sarajevo, le 28 juin 1914 par Gavrilo Princip, fut l’événement prétexte qui déclencha la Première Guerre mondiale. En 1915, le royaume fut envahi par les puissances centrales lors de la campagne de Serbie. Mais le pays fut finalement libéré en 1918 par l’armée serbe soutenue par les forces alliées, dont l’armée d’Orient française, menée par le maréchal Louis Franchet d'Espèrey.
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+ Les organisateurs de l’attentat contre le prince François-Ferdinand étaient de jeunes nationalistes yougoslaves, des serbes de Bosnie et des Musulmans[31], qui effectuaient leurs études à Belgrade[32]. Membres de l’organisation Jeune Bosnie (Млада Босна / Mlada Bosna), ils contactèrent la Main Noire (Црна рука / Crna ruka), une société secrète soutenue discrètement par le gouvernement serbe[33] ; leur intention était d’obtenir des armes pour leur projet d’attentat. Le lieutenant-colonel Dragutin Dimitrijević « Apis », chef des services secrets serbes et de la Main Noire aurait reçu l’ordre de faire annuler l’attentat[33]. Après les guerres balkaniques de 1912 et 1913, le gouvernement de Nikola Pašić voulait la paix, hésitant à s’unir avec le Monténégro du roi Nicolas Ier, en raison de l’opposition que l’Autriche-Hongrie aurait alors manifestée. Des notes diplomatiques échangées entre la Russie et la Serbie témoignent de cette hésitation[34]
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+ Les trois étudiants serbes, Gavrilo Princip, Trifko Grabež et Nedeljko Čabrinović, passèrent à l’action le matin de la fête de Vidovdan. Une première tentative, effectuée par Čabrinović, échoua ; la seconde, effectuée par Gavrilo Princip, eut pour résultat la mort de l’archiduc François-Ferdinand. Les diplomates autrichiens considérèrent l’attentat comme une provocation directe de la Serbie ; selon l’historien Dušan T. Bataković, l’assassinat constituait pour Vienne « le prétexte longtemps attendu d’une guerre avec la Serbie »[33]. Dans l’Autriche-Hongrie de cette époque se développait une forte propagande contre les Serbes, notamment vis-à-vis des Slaves vivant dans l’Empire[réf. nécessaire]. Le 23 juillet 1914, bien que l’implication du gouvernement serbe ne fut pas prouvée[réf. nécessaire], l’Autriche lança à la Serbie un ultimatum en dix points. Belgrade accepta l’ultimatum[35], à l’exception du sixième point, exigeant l’envoi d’enquêteurs autrichiens dans le pays[35],[33] ; sur ce point particulier, considérant que « ce serait une violation de la Constitution et de la loi sur la procédure criminelle », la Serbie proposait de s’en remettre à une juridiction pénale internationale ou à l’arbitrage des Grandes puissances[35]. Quelques jours plus tard, l’Autriche-Hongrie affirma qu’une attaque serbe avait eu lieu contre ses troupes près de la ville de Kovin[réf. nécessaire]. Le 28 juillet 1914, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Leopold Berchtold, déclara la guerre à la Serbie[36]. Le 1er août, l’Empire allemand déclara la guerre à la Russie, qui avait déjà mobilisé ses troupes, puis, le 3 août, à la France, alliée de la Russie. La Première Guerre mondiale avait commencé. Le Royaume du Monténégro, invité à rester neutre, s’engagea aux côtés de la Serbie, le gouvernement de Cetinje déclarant : « Le destin de la Serbie est aussi notre destin. »[33]
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+ Les troupes autrichiennes d'invasion de la Serbie étaient commandées par le Slovène Oskar Potiorek, qui se trouvait dans la voiture de l’archiduc François-Ferdinand au moment de son assassinat. La première attaque autrichienne eut lieu le 12 août 1914, entre la Save et la Drina, dans la région de Šabac. Les forces autrichiennes comptaient trois divisions, soit 220 000 soldats au total, bien entraînés, bien équipés[réf. nécessaire]. En face, l’armée serbe, manquant de munitions pour l’artillerie, était commandée par le voïvode Radomir Putnik, un général expérimenté.
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+ Le premier affrontement important entre les deux armées eut lieu du 16 au 20 août 1914, au mont Cer, non loin de la frontière avec la Bosnie-Herzégovine. Les Serbes étaient commandés par le général Stepa Stepanović. Cette victoire serbe contraignit les Austro-Hongrois à se replier de l’autre côté de la Drina ; ce fut la première victoire alliée de la Première Guerre mondiale[33]. Les pertes furent importantes dans les deux camps : les Autrichiens perdirent environ 25 000 hommes et 5 000 soldats furent faits prisonniers ; les Serbes, quant à eux, avaient perdu environ 16 000 soldats[33]. Malgré l’importance des pertes, cette victoire renforça le moral des troupes serbes.
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+ Les Russes insistèrent ensuite pour que la Serbie attaque à son tour les Autrichiens. L’armée serbe passa alors en Syrmie, une région aujourd’hui située dans la province serbe Voïvodine et, à l’époque, appartenant à l’Empire d’Autriche-Hongrie. Une armée serbe arriva le 25 septembre 1914 jusqu’à Pale, en Bosnie-Herzégovine ; Sarajevo fut évacué. En revanche, après la défaite de Glasinac, l’armée serbe, à son tour, dut retraverser la Drina[33].
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+ La deuxième offensive autrichienne commença le 6 novembre 1914, avec des moyens plus importants que lors de la première attaque. Les Serbes, de leur côté, manquaient de munitions et, notamment, de pièces d’artillerie. Les Serbes durent se replier, abandonnant Belgrade et la vallée de la Kolubara. Le général Potiorek s’empara alors de la capitale serbe et des plans de découpage du pays furent préparés[33]. Dans cette période difficile, le général Živojin Mišić prit le commandement de la Première Armée serbe ; le roi Pierre Ier, malgré son âge, allait sur le front soutenir le moral des soldats.
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+ Des munitions, promises par la France, finirent par arriver, transitant par la Grèce. Le 3 décembre 1914, Mišić donna le signal de la contre-offensive. L’armée austro-hongroise dut reculer et Belgrade fut reprise le 15 décembre. Cette contre-offensive porte le nom de « bataille de la Kolubara », d’après la rivière de la Kolubara, près de laquelle se déroula le combat le plus important de cette campagne militaire. Les Serbes firent prisonniers 333 officiers et plus de 42 000 soldats ; ils s’emparèrent également d’un important matériel militaire autrichien. Tout le territoire du Royaume de Serbie fut libéré. En récompense de son succès dans cette bataille, Živojin Mišić fut élevé au rang de voïvode[33].
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+ À partir du mois de décembre 1914, la Serbie connut une période d’accalmie. Le pays, qui avait réussi à repousser deux offensives autrichiennes, en retira un grand prestige auprès de ses alliés. En 1915, en France, une « journée serbe » fut célébrée dans les écoles[33].
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+ En 1915, la conquête de la Serbie était d’un intérêt stratégique majeur pour les Empires centraux. En octobre 1914, l’Empire ottoman avait attaqué la Russie et était devenu l’allié de l’Autriche-Hongrie et de l’Empire allemand. Allemands et Autrichiens souhaitaient établir une liaison terrestre avec Istanbul ; pour réaliser ce projet, ils devaient battre les Serbes. L’écrasement de la Serbie devenait d’autant plus urgent que les Turcs, notamment après la bataille de Sarıkamış (22 décembre 1914-17 janvier 1915) et la première offensive de Suez (28 janvier-3 février 1915), étaient en difficulté. L’alliance avec la Bulgarie était une des pièces maîtresse du projet : le 6 septembre 1915, la Bulgarie signa un traité d’alliance avec les Empires centraux qui promirent au tsar Ferdinand Ier la Macédoine ainsi qu’une bonne partie de la Serbie.
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+ La stratégie d’invasion de la Serbie prit forme et la direction des opérations fut confiée à August von Mackensen, qui s’était déjà illustré sur le front russe. Le 5 octobre 1915 l’offensive fut lancée au nord, et les Austro-Allemands prirent Belgrade le 9. Ils progressent alors vers le sud tout en rencontrant une vive résistance de la part des Serbes. Le 14 octobre, les Bulgares passèrent à leur tour à l’offensive. L’aide promise par les alliés anglais et français de la Serbie, en provenance de Salonique, n’arrivait pas[33]. Comme l’armée serbe était attaquée de tous côtés et menacée d’encerclement et de destruction (ce qui était le plan de Mackensen), le général Radomir Putnik donna l’ordre de se replier vers l’Albanie. Son plan était de gagner Durazzo, sur l’Adriatique et, de là, de rejoindre Corfou ; l’armée serbe, réorganisée, devait ensuite se rendre à Salonique, où se trouvaient déjà les Anglais et les Français.
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+ Commence alors un épisode de la campagne de Serbie que la mémoire collective serbe nomme « le Golgotha albanais »[33]. De fait, la traversée de l’Albanie s’effectua dans des conditions particulièrement difficiles. Les montagnes étaient déjà enneigées et les soldats harassés et affamés devaient passer des cols à 2 500 mètres sous des températures extrêmes. Avec les soldats, marchaient également de nombreux réfugiés ; le roi Pierre Ier suivait le convoi. Outre les conditions climatiques difficiles, les Serbes étaient régulièrement attaqués par les clans albanais[33]. En décembre, les troupes serbes finirent par atteindre les rives de l’Adriatique, alors occupées par l’Italie ; puis elles furent évacuées par bateau à Corfou, particulièrement aidées par les soldats français.
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+ D’abord neutre, le Royaume de Yougoslavie est envahi par l’Allemagne nazie en 1941 à la suite du coup d’État du général Dušan Simović. La Serbie est attaquée par les Allemands le 6 avril 1941 ; Belgrade et d’autres grandes villes serbes sont bombardées. Un État fasciste satellite de l’Allemagne, l’État indépendant de Croatie englobant la majeure partie de l’actuelle Bosnie-Herzégovine, est institué, tandis que la Serbie est sous administration militaire allemande avec à sa tête le « gouvernement de salut national » du général Milan Nedić.
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+ Un double mouvement de résistance s’organise : celui des tchetniks, très majoritairement serbe, fidèle au roi et au gouvernement exilé à Londres et dirigé par le Serbe Draža Mihailović, et celui des partisans communistes, multi-ethnique et dirigés par le Croate Josip Broz, dit Tito. Le 16 avril 1944, la capitale de la Serbie est bombardée par les Alliés, particulièrement par les Anglais et Américains, provoquant la mort d’environ 4 500 civils. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Yougoslavie et l'Albanie sont les seuls pays à se libérer sans l’intervention de l’Armée rouge sur son sol. Les Alliés, qui avaient d’abord misé sur Draža Mihailović, l’abandonnent après les conférences de Téhéran et de Yalta au profit de Tito, qui prend le pouvoir en 1945.
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+ Une nouvelle Yougoslavie, fédérale et communiste, est formée. La République socialiste de Serbie en est l’une des six Républiques fédérées.
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+ Après la mort de Josip Broz Tito en 1980, alors que le communisme était en perte de vitesse, le nationalisme longtemps contenu et canalisé par le pouvoir central, devint un produit de substitution pratique pour maintenir la légitimité des dirigeants des six républiques fédérées. En « surfant » sur le nationalisme serbe, Slobodan Milošević, alors numéro deux de la Yougoslavie, profite de la montée des tensions au Kosovo-et-Métochie pour se faire élire président de la Serbie en mai 1989. La Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance le 25 juin 1991, suivies en 1992 par la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine. Les populations serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine refusant de quitter la Yougoslavie, puis demandant leur rattachement à la Serbie, un conflit militaire éclate : les guerres de Yougoslavie (1992-1995). Officiellement, ce sont des affrontements entre Républiques, mais pratiquement, sur le terrain, les militaires de chaque « camp » s’en prennent aux populations civiles du « camp d’en face » et évitent de s’affronter entre eux. Pour la JNA et la Yougoslavie, il s’agit d’une série de sécessions inconstitutionnelles, légitimement réprimées par l’armée fédérale.
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+ Dans la nouvelle Yougoslavie fédérale de 1992, il ne reste que la Serbie et le Monténégro. Mais en Serbie même, la région de Métochie, plus connue sous le nom de « Kosovo Polje » (Champ des Merles), où la Serbie avait jadis montré son courage face à l’Empire ottoman, était au fil des siècles devenue une enclave à majorité musulmane, de langue albanaise, en territoire slave ; en 1999, les Serbes représentent 10 % de la population de cette région autonome (98 % en 1455[37]), dont la majorité albanaise revendique à son tour l’indépendance. Le gouvernement de Slobodan Milošević, qui avait commencé ici sa métamorphose du communisme vers le nationalisme, intervient brutalement pour supprimer l’autonomie de cette région : la guerre éclate entre les autorités serbes et l’UCK albanophone. La violence et les déplacements de populations sont suivis par l’intervention de l’OTAN lors de la guerre du Kosovo.
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107
+ En 1999, le Parlement de la République fédérale de Yougoslavie vote en faveur de l'entrée de la RFY dans l'union Russie-Biélorussie[38].
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+ En octobre 2000, Slobodan Milošević et son gouvernement sont renversés.
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+ Le 4 février 2003, la Yougoslavie restreinte cesse définitivement son existence : le Parlement accepte la création d’une nouvelle fédération aux liens très lâches, limitée aux deux États restants, sous le nom de Serbie-et-Monténégro. À la suite de l’indépendance du Monténégro, proclamée le 3 juin 2006, le Parlement serbe adopte dès le 5 juin 2006 une déclaration faisant officiellement de l’État serbe le « successeur » de l’ancien État commun de Serbie-et-Monténégro, ce qui équivaut de facto à proclamer l’indépendance de la Serbie et à reconnaître celle du Monténégro. Le 15 juin 2006, l’ex-ministre fédéral des Affaires étrangères Vuk Drašković, devenu ministre des Affaires étrangères de Serbie, reconnaît officiellement l’indépendance du Monténégro et signe le 22 juin, avec son homologue monténégrin, un protocole d’accord pour l’établissement de relations diplomatiques entre les deux États.
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113
+ Quant au Kosovo, son statut reste en suspens : occupé par la KFOR, c’est déjà un État albanais sur le terrain, mais officiellement, il fait encore partie de la Serbie. Celle-ci propose une large autonomie, l’UÇK revendique toujours l’indépendance et la réunion avec l’Albanie.
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+ Le 17 février 2008, les Kosovars albanophones (environ 90 % de la population du Kosovo) proclament unilatéralement l’indépendance du Kosovo. Les Serbes du Kosovo, ainsi que la Serbie, s’opposent farouchement à cette indépendance estimée illégale en raison entre autres de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies qui soutient « la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Serbie au Kosovo-et-Métochie ». En octobre 2008, l'Assemblée générale des Nations-Unies autorise la saisine de la Cour internationale de justice pour trancher la question de la légalité de cette indépendance.
116
+ La Serbie a sur ce point de vue le soutien d'un grand nombre de pays des Nations-unies en premier lieu, la Russie, la Chine, le Brésil, l'Argentine, la Grèce et l'Espagne tandis qu'une autre partie de la communauté internationale guidée par les États-Unis suivis de l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie, a reconnu le nouvel État. Les Serbes du Kosovo-et-Métochie, majoritaires au nord de Kosovska Mitrovica, refusent l'indépendance, sans pour autant réclamer leur rattachement à la Serbie, ce qui équivaudrait à une reconnaissance de jure d'un Kosovo détaché de la Serbie.
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+ Le 22 décembre 2009, la Serbie effectue une demande d'adhésion formelle à l'Union européenne[5].
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+ Le 25 octobre 2010, le Conseil des ministres fait franchir une première étape vers l'adhésion en annonçant la transmission de la candidature à la Commission européenne. Cette décision fait suite à la volonté d'apaisement des relations avec le Kosovo, que la Serbie a manifestée en signant à l'ONU une résolution appelant au « dialogue »[39].
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+ Le 1er mars 2012, les 27 pays de l'Union européenne ont décidé d'octroyer à la Serbie le statut de candidat[40].
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+ La Serbie compte 7 120 666 habitants (recensement de 2011). La diaspora serbe résulte de départs volontaires ou de migrations forcées, voire d'expulsions violentes (voir migrations serbes). Il y a actuellement 3,5 à 4 millions de Serbes de la diaspora dans le monde, sur 12 à 13 millions de Serbes dans le monde, un Serbe sur trois ne vit pas en Serbie, dont 4 millions ont la nationalité serbe[41].
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+ Les recensements serbes ont hérité des catégories mises en place pendant la période yougoslave. Ces catégories sont appelées nationalités et elles recouvrent un sens ethnique de la nation. Les citoyens sont amenés à choisir une seule nationalité lors de ces recensements. Les nationalités sont associées à des groupes ethno-linguistiques (Serbes, Hongrois, Roms, Yougoslaves, Albanais, Ruthènes…), mais il existe toutefois une nationalité associée à une religion (Musulmans, constituée de Slaves musulmans).
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+ Sur un total de 10 120 666 habitants (Kosovo inclus), la Serbie comptait, en 2002, 8 902 838 Serbes, soit 82,86 % de la population[42].
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+ La Serbie, de même que les autres États issus de l'ex-Yougoslavie, a hérité des frontières délimitées par la période titiste, incluant les deux « Provinces autonomes » du Kosovo et de la Voïvodine. La Constitution communiste yougoslave de février 1974 donnait à ces deux provinces une autonomie totale vis-à-vis de la Serbie proprement dite « la centrale », ainsi qu'une représentation directe, à « égalité de droits », dans les instances fédérales.
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+ Slobodan Milošević a mis fin à cette autonomie, en Voïvodine en 1988 par un coup d'État connu sous le nom de « révolution des yaourts »[43], et, en mars 1989, au Kosovo, par un coup de force militaro-policier, officiellement appelé « suspension de l'autonomie du Kosovo ». La Constitution de la République de Serbie, entrée en vigueur en 1990 alors que Milošević en était le président, entérinait cette double annexion, rétablissant pour le Kosovo l'ancienne appellation, supprimée en 1968 de « Kosovo-et-Métochie » (en serbe : Косово и Метохија) et Kosovo i Metohija – en serbe, Kosovo signifie le « Pays des merles » et Métochie, mot d'origine grecque, désigne les possessions territoriales de l'Église.
133
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134
+ Avant l'adoption de la nouvelle constitution en 2006, les douze élus de la minorité hongroise réclamaient un retour à une plus grande autonomie, refusée par Belgrade et les 108 autres élus de Voïvodine, qui, précisément, alléguaient le projet de nouvelle Constitution pour la Serbie. Et, de fait, la nouvelle constitution fut adoptée par référendum en octobre 2006[44]. De leur côté, une majorité d'Albanais du Kosovo, en application supposée du texte de 1974, réclamait l'indépendance ; proclamée une première fois en octobre 1991 à l'issue d'un référendum parallèle tenu en septembre, elle ne fut pas reconnue par la communauté internationale. La résolution 1244 du 10 juin 1999 reconnaît l'appartenance du Kosovo à la République fédérale de Yougoslavie dont la Serbie est l'État successeur ; par ailleurs, cette résolution présentait le statut de la province comme provisoire. Depuis ce texte, le Kosovo est géré par la MINUK (UNMIK en anglais), administration de l'ONU et, en vertu des accords de Kumanovo, occupée par la KFOR, soit 18 000 hommes venus des pays de l'OTAN.
135
+
136
+ Le 17 février 2008, le Kosovo déclare unilatéralement son indépendance, mais celle-ci est contestée par la Serbie[4] et n’est pas reconnue par l’Organisation des Nations unies. La communauté internationale, quant à elle, est très divisée sur la question[4].
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138
+ Le pays est constitué de trois parties à statut distinct.
139
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140
+ La Serbie centrale (en serbe : Централна Србија et Centralna Srbija), qui s'étend sur 55 968 km2[45], ne dispose d'aucun statut officiel ; elle désigne communément la partie de la République de Serbie qui se trouve en dehors de la Voïvodine et du Kosovo.
141
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142
+ Au nord du pays, se trouve la province autonome de Voïvodine (en serbe : Аутономна Покрајина Војводина et Autonomna Pokrajina Vojvodina), qui s'étend sur 21 506 km2[45]. Cette province dispose d'une Assemblée[46] et d'un gouvernement[47]. Les dernières élections provinciales ont eu lieu le 11 mai 2008.
143
+
144
+ Au sud du pays, se trouve le Kosovo-et-Métochie (en serbe : Косово и Метохија et Kosovo i Metohija), de jure province autonome de Serbie[48], mais qui de facto a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008. Cette indépendance n’a été reconnue ni par l’Organisation des Nations unies, ni par l’Union européenne. La région couvre couvre une superficie de 10 887 km2[45].
145
+
146
+ Voïvodine
147
+
148
+ Serbie centrale
149
+
150
+ Kosovo-et-Métochie[49]
151
+
152
+ La municipalité (au singulier : општина et opština, au pluriel : општине et opštine[50]) constitue l’unité fondamentale de l’autonomie locale. L’ensemble du territoire de la Serbie est divisé en 194 municipalités : 120 pour la Serbie centrale, 29 pour le Kosovo-et-Métochie, au sud, et 45 pour la Voïvodine, au nord[45]. La municipalité porte généralement le nom de la plus grande ville ou de la plus grande localité du secteur. En revanche, certaines villes importantes comme Belgrade, Novi Sad, Kragujevac et Niš, sont elles-mêmes divisées en plusieurs municipalités. Pour établir une analogie à considérer avec précaution, les municipalités serbes peuvent être comparées aux départements français, sauf dans les grandes villes, où elles ressemblent un peu aux arrondissements des grandes villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, par exemple). La municipalité dispose d’une assemblée (en serbe : скупштина општине et skupština opštine), élue pour quatre ans lors des élections locales, ainsi que d’un président (en serbe : председник општине et predsednik opštine), lui aussi élu pour quatre ans par l'assemblée municipale.
153
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+ Les municipalités serbes sont regroupées à l'intérieur de 29 « districts » (au singulier : округ et okrug, et au pluriel : окрузи et okruzi), 17 en Serbie centrale, 7 en Voïvodine, 5 au Kosovo[45]. La Ville de Belgrade constitue un district à elle seule. Ces districts sont des centres régionaux où s’exerce l’autorité de l’État. Ce sont des divisions administratives qui ne disposent pas d’une assemblée. En revanche, ils abritent diverses institutions étatiques.
155
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156
+ La « communauté locale » (en serbe : Месна заједница et Mesna zajednica) est la plus petite unité administrative de la Serbie. Le plus souvent, ces communautés locales coïncident avec une « localité » dont elles portent le nom. Dans les zones rurales, certains villages faiblement peuplés peuvent être regroupés au sein d'une même communauté locale ; dans ce cas, la communauté locale est un peu l'équivalent d'un canton français ; elle porte alors le nom de la localité la plus importante de son secteur. En revanche, dans les zones les plus peuplées, une même localité peut être divisée en plusieurs communautés locales ; c'est notamment le cas dans les villes. Ces communautés sont gouvernées par des « conseils » (en serbe : савети et saveti) élus aux élections locales.
157
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158
+ En janvier 2007, la Serbie, dans son ensemble, comptait officiellement 6 168 « localités » (en serbe : насеље et naselje, au pluriel : насеља et naselja), dont 4 252 en Serbie centrale, 467 en Voïvodine et 1 449 au Kosovo et Metohjia[45]. Ces localités sont, pour la plupart d'entre elles, regroupées au sein d'une municipalité. Le plus souvent, elles correspondent à des localités rurales, communément appelées « villages » (en serbe : село et selo, au pluriel : села et sela). Mais un petit nombre d'entre elles sont officiellement définies comme des « localités urbaines » (en serbe : Градска насеља et Gradska naselja), communément appelées « villes » ; en 2007, on en comptait 207 dans toute la Serbie, dont 129 en Serbie centrale, 52 en Voïvodine et 26 au Kosovo[45]. Le statut de localité urbaine n'est pas lié au nombre des habitants ; il a été officiellement obtenu au cours de l'histoire du pays et, plus récemment, par décision administrative. En outre, la loi sur l'organisation territoriale de la République de Serbie, votée le 28 décembre 2007, définit 24 « villes » ou « cités » (au singulier : Град / Grad ; au pluriel : Градови / Gradovi)[51]. Ces cités disposent d’une assemblée et d’un budget particuliers.
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+ En 2008, la population de Priština, au Kosovo, était évaluée à 206 686 habitants.
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162
+ La Serbie a eu son indépendance en 2006 après sécession du Monténégro.
163
+
164
+ La République de Serbie est une république démocratique représentative parlementaire, où le Président de la République de Serbie est le chef de l'État et le Premier ministre est le chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement. Le pouvoir législatif est exercé conjointement par le gouvernement et par l'Assemblée nationale de la République de Serbie. Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Le système politique de la Serbie se caractérise par le multipartisme. Il existe actuellement 342 partis dans le pays[53].
165
+
166
+ La Serbie est militairement neutre depuis l'adoption d'une résolution en ce sens par le Parlement serbe, en 2007[54]. Les autorités serbes réaffirment régulièrement leur attachement à la neutralité militaire du pays, à l'image du président Nikolić en 2014[55],ou du président Vucic en 2019[56].
167
+
168
+ L'actuel drapeau de la Serbie a été adopté le 2 février 2008 ; c'est un drapeau tricolore conçu selon le modèle des couleurs panslaves mais en en inversant l'ordre : rouge en haut, bleu au milieu, blanc en bas, en trois bandes horizontales de taille identique. L'hymne national serbe, Bože Pravde, a été écrit, en 1872, par Jovan Đorđević, sur une musique de Davorin Jenko ; les paroles ont été légèrement adaptées depuis[57].
169
+
170
+ Le Parlement de Serbie, qui représente le pouvoir législatif, est constitué d'une chambre unique, appelée Assemblée nationale de la République de Serbie (en serbe : Народна скупштина Републике Србије et Narodna skupština Republike Srbije). L'Assemblée est composée de 250 députés, élus au suffrage universel direct et à scrutin de liste tous les quatre ans. Le pouvoir exécutif est exercé par le Gouvernement de la Serbie (en serbe : Владе Србије et Vlade Srbije), qui se compose du Président du gouvernement, ou « premier ministre » (en serbe : Председник Владе et Predsednik Vlade) et des ministres (Министри et Ministri). Le chef du gouvernement est proposé au Président de la République par le Parlement. Après sa nomination et après la formation du gouvernement, le Parlement doit leur accorder sa confiance.
171
+
172
+ Des élections législatives ont eu lieu le 21 janvier 2007. À la suite de ces élections, un gouvernement est formé le 15 mai 2007 par le Premier ministre Vojislav Koštunica. Le 8 mars 2008, Vojislav Koštunica annonce la démission de son gouvernement, à la suite de la crise gouvernementale provoquée par la déclaration d'indépendance du Kosovo[58],[59]. De nouvelles élections législatives anticipées ont lieu le 11 mai 2008, en même temps que les élections locales, déjà prévues à cette date. Elles voient la victoire relative d'une coalition pro-européenne formée par le Président Boris Tadić. Un nouveau Premier ministre issu de cette coalition, Mirko Cvetković, gouverne avec le soutien du Parti socialiste de Serbie à partir du 7 juillet 2008.
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+
174
+ Le 5 avril 2012, le président Tadić démissionne quelques mois avant la fin de son mandat, afin d'organiser l'élection présidentielle, à laquelle il est candidat, en même temps que les législatives. Tomislav Nikolić, du parti progressiste serbe (scission du parti radical serbe) est élu président le 20 mai 2012 et nomme en juillet à la tête du gouvernement Ivica Dačić, chef du parti socialiste de Serbie, qui a rallié la nouvelle majorité de droite. Le 16 mars 2014, des élections anticipées renforcent cette majorité, qui place à la présidence du gouvernement Aleksandar Vučić, le chef du parti progressiste.
175
+
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+ Le 24 avril 2016, Aleksandar Vučić est réélu avec la majorité absolue, ce qui lui permet de gouverner de mettre fin à la coalition avec le parti socialiste[60].
177
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178
+ Selon les termes de la constitution serbe de 2006, le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Le Président de la République représente la nation. En 2004 est créée la Chancellerie nationale du Président de la République (en serbe : Народна канцеларија председника Републике et Narodna kancelarija predsednika Republike), une institution qui permet aux citoyens de communiquer directement avec le chef de l'État[61].
179
+
180
+ Boris Tadić (parti démocrate) est élu président pour un deuxième mandat le 3 février 2008[62]. Il annonce sa démission début avril 2012 ; une élection présidentielle a lieu le 6 mai 2012, au même moment que les élections législatives et locales. Entre-temps, c'est Slavica Đukić Dejanović qui est présidente par interim. Le nouveau président élu est Tomislav Nikolić (parti progressiste serbe), qui bat au second tour Boris Tadić.
181
+
182
+ Au cours de son histoire la Serbie a développé trois grandes alliances géostratégiques :
183
+
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+ Aujourd'hui encore ces tendances de fond sont présentes dans la vie politique serbe, avec le Parti démocrate et le Parti radical serbe qui orientent la politique étrangère de la Serbie respectivement vers l'ouest et vers l'est. Le Parti démocrate de Serbie était jusqu'à la crise du Kosovo le parti charnière des coalitions gouvernementales, place qu'il pourrait se faire ravir par le Parti socialiste de Serbie[64].
185
+
186
+ L'État serbe a succédé de facto à l'État yougoslave qui siégeait à l'ONU comme membre fondateur depuis le 26 juin 1945 ; la Serbie a en effet hérité des représentations diplomatiques de l'ancienne Yougoslavie. Le 22 septembre 1992, la République fédérale de Yougoslavie (RFY, « troisième Yougoslavie ») est exclue de l’Assemblée générale des Nations unies, cette dernière ne reconnaissant pas la nouvelle République comme le successeur de la République fédérative socialiste de Yougoslavie (mais comme seulement un des successeurs parmi ses six anciennes composantes), lui laissant la possibilité de présenter sa candidature en son nom propre. La République fédérale de Yougoslavie est finalement admise le 1er novembre 2000 (résolution A/RES/55/12). Elle est devenue Serbie-et-Monténégro le 4 février 2003. À la suite de la partition du pays entre la Serbie et le Monténégro le 3 juin 2006, la Serbie a conservé le statut d'État membre sous le nom de République de Serbie en tant qu'État successeur reconnu de jure de l'union[65], tandis que le Monténégro l'est devenu le 28 juin 2006. Cette situation n'est pas unique puisque la Russie a elle aussi hérité du siège de l'ancienne URSS (membre fondateur le 24 octobre 1945), mais contrairement à la Serbie, la Russie a été reconnue de jure par l'ONU comme la continuité de l'ex-URSS, à la suite de la lettre datée du 24 décembre 1991 par laquelle le Président de la Fédération de Russie, Boris Eltsine, a informé le Secrétaire général que la Fédération de Russie, avec l’appui des onze pays membres de la Communauté des États indépendants, succédait à l’Union soviétique au Conseil de sécurité et dans tous les autres organes de l’ONU[66].
187
+
188
+ La Serbie a une économie de marché émergente dans la tranche de revenu supérieure-moyenne[67]. Selon le Fonds monétaire international, Serbe PIB nominal
189
+ en 2018 est officiellement estimé à 50,651 milliards de dollars, soit 7,243 dollars par habitant, parité de pouvoir d'achat
190
+ Le PIB s'élevait à 122,759 milliards de dollars, soit 17,555 dollars par habitant[68]. L’économie est dominée par services qui représente 67,9% du PIB, suivi de l’industrie avec 26,1% du PIB et de l’agriculture avec 6% du PIB.[69]
191
+
192
+ La monnaie officielle de la Serbie est Dinar serbe] (ISO code: RSD), et la banque centrale est Banque nationale de Serbie.
193
+
194
+ La Bourse de Belgrade est la seule bourse du pays, avec une capitalisation boursière de 8,65 milliards de dollars et BELEX15
195
+ comme indice principal représentant les 15 valeurs les plus liquides[70].
196
+
197
+ L’économie a été affectée par la crise économique mondiale. Après presque une décennie de forte croissance économique (moyenne de 4,45% par an), la Serbie est entrée en récession en 2009 avec une croissance négative de −3% et à nouveau en 2012 et 2014 avec −1% et −1,8%, respectivement[71]. La population active s'élève à 3,2 millions d'habitants, dont 56% dans le secteur des services, 28,1% dans l'industrie et 15,9% dans l'agriculture[72].
198
+
199
+ Depuis 2000, la Serbie a attiré plus de 40 milliards de dollars en l'investissement étranger direct (IDE)[73]. Les entreprises de premier ordre qui investissent comprennent: Fiat Chrysler Automobiles, Siemens, Bosch, Philip Morris, Michelin, Coca-Cola, Carlsberg et d'autres[74]. Dans le secteur de l'énergie, les géants de l'énergie russes, Gazprom et Lukoil sont de gros investisseurs[75]. Dans le secteur de la métallurgie, les géants chinois de l'acier et du cuivre, Hesteel et Zijin Mining ont acquis des complexes clés[76].
200
+
201
+ La balance commerciale de la Serbie est défavorable: les importations dépassent les exportations de 25%. Les exportations de la Serbie ont toutefois enregistré une croissance soutenue au cours des deux dernières années, atteignant 19,2 milliards de dollars en 2018[77].
202
+ Le pays a conclu des accords de libre-échange avec Accord de libre-échange avec l'AELEet l'ALECE , un régime commercial préférentiel avec l'Union européenne, le Système généralisé de préférences avec les États-Unis et des accords de libre-échange individuels avec la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et la Turquie[78].
203
+
204
+ La monnaie de la Serbie est le dinar serbe (srpski dinar), hormis au Kosovo qui a adopté l'euro.
205
+
206
+ Selon les estimations de 2007, l'agriculture représentait 12,3 % de l'activité économique de la Serbie, l'industrie 24,2 % et les services 63,5 %[85].
207
+
208
+ Vers la fin des années 1980, au début du processus de « transition économique », la situation économique de la Serbie était favorable. Mais elle a été gravement affectée par les sanctions économiques des Nations unies en 1992-1995 et par les dommages causés aux infrastructures et à l'industrie par les raids aériens de l'OTAN en 1999. Ces difficultés ont été encore accentuées par la perte des marchés de la Yougoslavie et du SEV principalement récupérés par des grandes entreprises européennes. Les problèmes économiques actuels s'expriment par un taux de chômage élevé (20 % en 2005). Ils peuvent être attribués à un certain manque de réformes économiques.
209
+
210
+ Après le départ de Slobodan Milošević en octobre 2000, la croissance économique du pays fut importante (6,3 % en 2006). Le pays s'attend à un taux de croissance élevé pour les années à venir. Par ses résultats économiques, la Serbie a parfois été surnommée « le tigre balkanique », en référence aux « tigres » de l'Asie de l'Est. Néanmoins, le PIB du pays est toujours bien en dessous du niveau de 1990. En 2006, il était estimé à 47,77 milliards de dollars américain, soit 5 713 dollars américain par habitant. Le taux de croissance du PIB était de 5,9 % en 2005.
211
+
212
+ La Serbie s'était préparée à adhérer à l'Union européenne, son partenaire commercial le plus important[86],[87],[88]. Elle a un déficit élevé de son commerce extérieur. Sa dette est de 20 milliards de dollars américain (soit 2 500 € par habitant), contre 35 milliards pour la Croatie, 30 pour la Slovénie et 64 pour la Hongrie[89].
213
+
214
+ La BERD prévoit une croissance de 3,1 % en 2009 pour les pays de la zone balkanique, elle était de 6,2 % en 2007 et 6,5 % en 2008. Cette diminution est bien entendu due à la crise économique de 2007-2008[90].
215
+
216
+ Aleksandar Vučić accelère la libéralisation de l'économie dès son arrivée aux plus hautes fonctions, en 2012, comme vice-président du gouvernement[91].
217
+
218
+ En 2015, sont annoncés de très importants investissements des Émirats arabes unis dans le pays portant notamment sur la construction d'un quartier d'affaires de 750 000 m2 sur la Save. Ils font suite à l'acquisition de milliers d’hectares de terres agricoles en Voïvodine par la Fondation Al-Dahra, à l'achat, en 2013, de la JAT, le transporteur aérien serbe, renommé Air Serbia, par la société émiratie Etihad Airways et à un contrat d'achat d'armes entre Emirates Advanced Research and Technology Holding (EARTH) et la société Yugoimport SDPR, concernant le développement de missiles air-sol[92].
219
+
220
+ L'État serbe subventionne massivement les entreprises étrangères installées dans le pays, ce qui pénalise parfois l'économie. Par exemple, l'entreprise sud-coréenne Yura délocalise en septembre 2018 sa production en Albanie après avoir touché 7 000 euros d'aides publiques pour chaque emploi créé dans son usine serbe[91].
221
+
222
+ 10 575 700 000 USD (combustibles minéraux 18,9 % ; produits chimiques et dérivés 13,6 % ; machines et appareils 10,3 % ; équipement de transport 8,2 % ; métaux de base 7,6 % ; textiles et habillement 4,4 % ; produits alimentaires 4,0 % ; papier et dérivés 3,2 %)[93].
223
+
224
+ 4 553 400 000 USD (métaux de base 15,4 % ; produits alimentaires 14,7 % ; produits chimiques et dérivés 8,8 % ; produits plastiques, caoutchouc et dérivés 6,4 % ; machines et appareils 4,9 % ; textiles et habillement 4,3 % ; équipement de transport 2,6 %)[93].
225
+
226
+ La Russie et la Serbie n'ont pas de barrières douanières. Cette politique entre les deux États a été signée entre la Yougoslavie et l'Union des républiques socialistes soviétiques dont les deux pays sont les héritiers. Les accords signés à l'époque sont encore en vigueur jusqu'en 2012. Des pourparlers sont en cours dans le but de prolonger ces accords. FIAT, qui profite déjà de la manne à Kragujevac, pourrait voir arriver Volkswagen, qui envisage également la construction d'une usine[94].
227
+
228
+ Agriculture auto suffisante :
229
+
230
+ Au début des années 1990 la Serbie est frappée par les sanctions économiques dues à la politique de Milosevic, pendant 10 ans, la Serbie n'importe pas d'engrais ni d'insecticides[95]. Les sanctions en 10 ans ruinent les agriculteurs et les obligent aussi à se passer des engrais chimiques. Au début des années 2000, une fois les sanctions tombées les agriculteurs serbe n'ont plus les moyens et ont d'ailleurs perdu le réflexe de produire avec les engrais chimiques et autres insecticides non-biologiques, donc pendant 20 ans la terre serbe n'a pas été touchée par la pollution agricole[95].
231
+
232
+ Cette situation fait de la terre de Serbie, la terre la plus bio d'Europe[95]. Le ministère serbe de l'Agriculture a déclaré que dans trois ans, 75 % des terres agricoles en Serbie, soit 650 000 hectares, pourront être utilisées pour la production bio[95]. Le marché Kalenic, à Belgrade, est le centre de distribution principale de la production Bio en Serbie, mais des chaînes de distribution industrielle ont également investi en Serbie comme la « compagnie Royal eco food », basée à Belgrade, qui produit des spécialités serbes bio[95].
233
+
234
+ Objectif de 27 % d'énergie renouvelable en Serbie.[réf. nécessaire]
235
+
236
+ Les deux premières fermes éoliennes de Serbie débutent la production d'électricité dans les communes de Kovin[96] et Kovačica[97].
237
+
238
+ D'ici à la fin de l'année 2019, les deux projets, financés par le privé, permettront de fournir l'équivalent de 180 000 foyers.
239
+ [réf. nécessaire]
240
+
241
+ Plusieurs complexes industriels : sidérurgie, automobile (Zastava, Fiat Kragujevac, Iveco, Fabrika Automobila Priboj, Ikarbus, industrie Utva, construction de tracteurs et de machines agricoles Industrija Motora i Traktora et Rakovica, de pneus (Tigar Pirot), etc.
242
+
243
+ Dans le cadre du projet South Stream, près de 30 milliards de m3 de gaz russe et d'Asie centrale devraient être acheminés chaque année en Europe. Gazprom a fait de la Serbie une de ses priorités dans la région[98]. En effet, la Serbie est le pays à la plus grande partie du tracé sur son territoire, soit plus de 400 km sur une longueur totale d'environ 900 km, pour la partie terrestre, pour le tronçon passant à plus de 2 km de profondeur par endroits sous la mer Noire il sera d'environ 900 km. En Serbie, à Banatski Dvor, devrait également être construit un réservoir de gaz souterrain[99], capable de contenir environ 300 millions de m³, de quoi fournir tous les pays d'Europe de l'Ouest pendant une certaine période en cas de coupure du réseau. L'accord prévoit que le gazoduc serbe aura une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an au moins[100]. Pour construire et entretenir l'infrastructure de South Stream en Serbie, les sociétés Srbijagaz (Serbie) et Gazexport, une filiale de Gazprom (Russie), ont prévu de créer une coentreprise[101]. Une fois le trace terminé, en 2013, l'importance énergétique de la Serbie sera plus importante pour l'UE que l'Ukraine aujourd'hui, alors que l'importance de l'Ukraine sera moindre. La Serbie, dépendant du soutien de Moscou pour le Kosovo, apparaît en effet pour la Russie comme un partenaire beaucoup plus fiable que l'Ukraine, qui, elle, a tendance à se tourner vers les États-Unis[102]. Le Parlement de Serbie a vote le lundi 8 septembre 2008 à 12 h, l'adoption du projet South Stream[63]. Le 24 décembre 2008 à Moscou, la Serbie et la Russie ratifient trois accords de partenariat énergétique signés en janvier et Gazprom obtient une part majoritaire dans NIS[103],[104].
244
+
245
+ La Serbie a négocié avec la Russie pour obtenir le prix du gaz naturel le moins cher d'Europe. Le prix du mètre cube de gaz en Serbie varie entre 0,30 et 0,39 euros, alors qu'il est de 0,65 en France ou de 0,64 en Allemagne ou encore le plus cher est en Suède de 1 17 € le mètre cube[105].
246
+
247
+ La ville serbe de Kragujevac, avec Zastava, est un centre de production automobile aujourd'hui modeste, avec 11 000 voitures produites, contre 220 000 en 1989 du temps de la Yougoslavie socialiste[106], ce qui en faisait le premier centre automobile du pays, devant les usines Renault de Novo mesto et Volkswagen de Sarajevo. La Yugo était le véhicule le plus produit. En septembre 2008, Fiat a investi 700 millions d'euros et le gouvernement de la Serbie 200 millions d'euros dans la rénovation de l'usine Zastava. Le monstre industriel issu de ces investissements produira 300 000 véhicules (véhicules individuels (FIAT classe A et B), mais aussi autocars et camions Iveco) par an, à destination de la Serbie pour seulement 10 %. Le reste de la production sera destiné à l'exportation dans l'UE et surtout en Russie, avec laquelle la Serbie a des accords de libre-échange.
248
+
249
+ En août 2010, l'équipementier automobile sud-coréen Yura Corporation lance la construction d'une nouvelle usine qui produira des pièces détachées de voitures électriques dans la ville de Niš. Yura Corporation compte parmi ses principaux clients les constructeurs sud-coréens Hyundai et Kia. Elle investit environ 15 millions d'euros (19,2 millions de dollars). L'usine, qui emploie 1 500 personnes, commence sa production en mai 2011[107].
250
+
251
+ La Serbie compte 500 000 fonctionnaires, en tenant compte des fonctionnaires de police, l'armée, la santé, l'éducation et tous les fonctionnaires administratifs (28 000 à eux seuls) pour 7,5 millions d'habitants (sans le Kosovo). Le gouvernement du président Boris Tadić prévoit de réduire encore le nombre de fonctionnaires, pour respecter l'accord conclu avec le FMI à la suite des prêts de 3 milliards d'euros obtenus par son gouvernement[108].
252
+
253
+ La notion de culture serbe (en serbe cyrillique et serbe latin : Српска култура et Sprska kultura) se rapporte à la culture de la Serbie et, plus généralement, à celle de tous les Serbes vivant sur le territoire de l'ex-Yougoslavie et ailleurs dans le monde. Un Serbe sur trois ne vit pas en Serbie et il y a 12 millions de Serbes dans le monde (voir Diaspora serbe). Elle a subi une forte influence de la part de la Tradition, notamment dans les arts, dans l'artisanat et dans la musique. Cette culture traditionnelle s'est formée au Moyen Âge, via l'influence de l'Empire byzantin et celle de l'Église orthodoxe. Lors des cinq siècles de la présence ottomane, elle a été préservée dans les traditions familiales (voir Slava) et dans les monastères, tout en continuant de se développer dans les régions contrôlées par les Habsbourg (voir Confins militaires) et la République de Raguse (voir Monténégro). Au début du XIXe siècle, après le premier et le second soulèvement serbe contre les Turcs, elle a connu un nouvel essor avec une importante influence de la culture occidentale. Cette occidentalisation ultrarapide fut grandement due à l'importante minorité serbe de l'Empire d'Autriche qui modernisa l'appareil d'État au cours du XIX. Après 1945 pendant la République fédérale socialiste de Yougoslavie, elle a subi l'influence du titisme via son programme d'autogestion. Le titisme, régime de type socialiste, avait la particularité d'être ouvert vers l'extérieur, elle continua donc à recevoir simultanément, l'influence de la culture occidentale, tout en conservant une forte imprégnation de sa culture traditionnelle orthodoxe.
254
+
255
+ Les chrétiens orthodoxes représentent en Serbie plus de 90 % des croyants (sans le Kosovo). On date la conversion des Serbes entre 867 et 870, et c’est dans cette période que l’on constate une explosion des prénoms chrétiens parmi les Serbes sous le règne du souverain Mutimir qui lui portait encore un prénom slave. L'Orthodoxie, en grec Ορθοδοξία, en français, la foi droite (ou christianisme orthodoxe) descend en droite ligne des premières communautés chrétiennes fondées par les apôtres de Jésus dans les provinces orientales de l'Empire romain et comptant quelque 200 millions de fidèles. Elle est organisée en de nombreuses Églises territoriales (et non nationales) qui forment ensemble l'« Église orthodoxe » ou « Communion orthodoxe » fidèle à la théologie des sept conciles du premier millénaire chrétien et au droit canon qui en découle. Jusqu'au schisme de 1054, les Églises d'occident (Église catholique comprise) aussi furent orthodoxes, c'est-à-dire conformes à la théologie et au droit canon des sept conciles du premier millénaire.
256
+
257
+ Il y a aussi une communauté musulmane d'environ 180 000 personnes[109] principalement concentrée au Sandjak. L'identité des musulmans dans le Sandjak est divisée, certains se disent Bosniaques, d'autres Musulmans (nationalité) et certains partiellement comme Serbes ou Montenégrins.
258
+
259
+ La communauté catholique est représentée par la minorité hongroise 293 299 personnes[109] du nord de la voïvodine.
260
+
261
+ Les premiers Juifs arrivèrent sur le territoire de l'actuelle République de Serbie à l'époque de l'Empire romain. Mais les communautés juives des Balkans ne prirent de l'importance qu'à la fin du XVe siècle, lorsque les Juifs, fuyant l'Inquisition en Espagne et au Portugal, trouvèrent refuge dans les régions contrôlées par les Ottomans et notamment en Serbie, alors en grande partie sous domination turque. Les communautés s'y développèrent jusqu'à la Première Guerre mondiale, mais elles furent presque complètement anéanties dans l'Holocauste de la Seconde Guerre mondiale. La communauté juive de Serbie compte actuellement moins de 800 membres.
262
+
263
+ Le protestantisme est aussi présent en Serbie. Selon un recensement réalisé en 2002, la part de chrétiens protestants représente 1,1 % de la population. Le protestantisme est surtout présent chez les Slovaques et les Allemands de Voïvodine.
264
+
265
+ La constitution de 2006 fait du serbe la langue officielle de la Serbie (article 10)[48].
266
+
267
+ Même si certains linguistes utilisent encore parfois le terme de serbo-croate pour définir la langue parlée en Serbie, au Monténégro, en Bosnie-Herzégovine et en Croatie, officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue serbe, bosniaque ou croate. Les locuteurs de ces diverses langues se comprennent spontanément, sans traducteur ; la séparation et la définition de ces langues est donc historique et politique. En revanche, d'une langue à l'autre, on peut noter des différences partielles dans le lexique ou la morphologie (certaines conjugaisons ou déclinaisons varient). Il y a surtout une différence d'alphabet : il est cyrillique et latin en Serbie, au Monténégro et dans la République serbe de Bosnie, mais seulement latin en Croatie et dans la Fédération croato-musulmane de Bosnie-Herzégovine. En Serbie, le cyrillique est utilisé par les journaux de référence comme Politika ; les journaux en alphabet latin sont des journaux plus généralistes et populaires, comme Blic ; il caractérise aussi des journaux d'opposition ou progressistes comme Danas. L'administration serbe, quant à elle, privilégie l'alphabet cyrillique[110], tout en utilisant aussi l'alphabet latin[111]. Le cyrillique est également l'alphabet officiel du Patriarcat de Serbie.
268
+
269
+ L'administration de la province de Voïvodine reconnaît officiellement six langues : le serbe, le hongrois, le slovaque, le roumain, le croate et le ruthène pannonien[112]. Toutes ces langues sont utilisées dans le gouvernement provincial. Le serbe est employé dans tous les gouvernements municipaux de la province. Les langues des minorités sont choisies par telle ou telle municipalité, au niveau local. Le serbe cyrillique a été retenu par les 45 municipalités de la province, tandis que le serbe en alphabet latin est officiel dans 23 municipalités sur 45. Le hongrois est langue officielle dans 29 municipalités, le slovaque dans 12, le roumain dans 9 et le ruthène dans 6. Le croate est langue officielle dans une municipalité. Ni le tchèque ni le bunjevac (un dialecte chtokavien), langues minoritaires, ne sont officiellement reconnus qu'au niveau de la Voïvodine. D'autres langues sont également officiellement reconnues dans les municipalités de Serbie centrale, comme le bosnien (Sjenica, Tutin, Novi Pazar, Prijepolje, Priboj, Nova Varoš), le bulgare (Dimitrovgrad, Bosilegrad) et l'albanais (Bujanovac, Medveđa, Preševo)[113].
270
+
271
+ Sur le territoire de la Serbie, il existe plusieurs sites d'installation humaine préhistorique, la vallée de la Morava étant un lieu de passage naturel pour l'homme entre l'Europe et l'Asie Mineure (Turquie). Le site paléolithique le plus célébré en Serbie est celui de Lepenski Vir. Il existe en Serbie plusieurs sites datant de l'Empire romain et de l'Empire byzantin, la ville de Sirmium romaine puis byzantine, Gamzigrad sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et Justiniana Prima sont les sites incontournables.
272
+
273
+ De tous les monuments serbes du Moyen Âge, les plus nombreux sont les églises et les monastères. Ils sont pour la plupart ornés de fresques, décrivant la vie des souverains serbes ou des scènes de la vie des Saints, notamment ceux de l'Église orthodoxe serbe. Sur le plan architectural, l'œuvre la plus originale de l'art serbe est le monastère de Studenica (1190), qui a servi de modèle pour les monastères de Mileševa, de Sopoćani et de Visoki Dečani. L'une des œuvres majeures de la peinture serbe médiévale est sans doute la Fresque de l'Ange blanc du monastère de Mileševa ; caractéristique de la « période latine » de l'art byzantin, elle a été exécutée par des peintres grecs anonymes, venus de Constantinople, de Nicée et de Thessalonique.
274
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275
+ L'iconographie est un des éléments culturels principaux de l'art dans la Serbie médiévale.
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277
+ L'influence de l'art des romains d'orient devient après la prise de Constantinople par les croisés en 1202, prépondérante. En effet, les artistes byzantins ont abandonné Constantinople car les croisés faisaient peu état de l'art préférant piller la ville plutôt que de créer de nouvelles œuvres. Une partie d'entre eux trouva refuge en Serbie où ils étaient très recherchés pour leurs qualités par la noblesse serbe et l'église orthodoxe serbe, l'exil des artistes grecs permit aux artistes serbes d'acquérir leurs techniques. Cette influence grecque est perceptible dans les monastères de Église de la Vierge de Leviša et Gračanica tous classés sur la Liste du patrimoine mondial en péril de l'UNESCO en raison des destructions commises par les musulmans kosovars albanais lors des troubles de 2004 au Kosovo.
278
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279
+ Le monastère de Visoki Dečani a été construit entre 1330 et 1350 ; il a été réalisé dans le style roman, donc d'influence latine. Ses murs sont couverts de portraits qui décrivent des épisodes du Nouveau Testament. Derrière l'iconostase de l'église, se trouve le sarcophage du roi Stefan Uroš III Dečanski.
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+ Beaucoup d'artistes serbes du XIXe siècle, ont effectué leurs études en France et en Allemagne. Ils ont alors été influencés par le style avant-gardiste. Parmi les artistes du début du XXe siècle, on peut citer Nadežda Petrović, dont le style est caractéristique du fauvisme et Sava Šumanović, influencé par le cubisme. Le XXe siècle a connu d'autres peintres de premier plan comme Milan Konjović, Marko Čelebonović, Petar Lubarda, Vladimir Veličković et Mića Popović. Le Musée national de Belgrade possède une importante section consacrée à la peinture yougoslave, et notamment à la peinture serbe ; elle comprend plus de 6 000 œuvres du XVIIe siècle au XXe siècle[114].
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+ La Serbie est également réputée pour ses peintres naïfs, comme Janko Brašić, Sava Sekulić, Martin Jonaš et Zuzana Halupova. La ville de Jagodina, dans la Serbie centrale possède un important Musée d'art naïf ; on peut également signaler le Musée d'art naïf de Kovačica.
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+ Le début de la littérature serbe correspond à l'introduction de l'alphabet cyrillique par les saints Cyrille et Méthode aux IXe siècle. Parmi les textes médiévaux, on retiendra un texte écrit en alphabet glagolitique datant XIe siècle, qui traite des Soins aux blessures, ainsi qu'un texte politique et religieux du XIIe siècle, l'Évangile de Miroslav (en serbe : Мирослављево Јеванђеље et Miroslavljevo Jevanđelje, qui évoque Miroslav, prince du Hum et frère de Stefan Nemanja. Ce manuscrit, qui date de 1180 et qui est conservé au Musée national de Belgrade, a été inscrit en 2005 sur la liste Mémoire du monde de l'UNESCO[115],[116].
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+ Pendant la période turque, du XVe siècle au XVIIIe siècle, la littérature serbe se caractérise par son lyrisme épique.
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+ Dès le XVIIIe siècle, l'écrivain Dositej Obradović (1742-1811) renonça au slavon, la « langue savante », et choisit d'utiliser le serbe comme langue littéraire. Les Serbes le considèrent comme le premier grand auteur ayant écrit dans la langue de leur pays.
290
+ Au XIXe siècle, l'écrivain et le linguiste Vuk Stefanović Karadžić modernise la langue serbe et pose ainsi les fondations de la littérature moderne ; il est l'auteur du slogan : « Écris comme tu parles » (en serbe « Пиши као што говориш »).
291
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292
+ Parmi les auteurs du XIXe siècle, on peut citer Branko Radičević, Petar II Petrović-Njegoš, Đura Jakšić et Jovan Jovanović Zmaj et, parmi ceux du XXe siècle, Ivo Andrić, Miloš Crnjanski, Meša Selimović, Dobrica Ćosić, Danilo Kiš et Milorad Pavić, aujourd'hui Milan Rakić, Jovan Dučić, Desanka Maksimović, Miodrag Pavlović et Vasko Popa.
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294
+ Les Serbes sont particulièrement amateurs de théâtre. Joakim Vujić est le réformateur du théâtre serbe contemporain. En 1835, il rénove le style Knjažesko-srbski à Kragujevac. Parmi les autres figures du théâtre serbe on peut citer Jovan Sterija Popović, au XIXe siècle, et Branislav Nušić, au XXe siècle. Depuis 1967, se tient à Belgrade le festival du BITEF. Parmi les théâtres les plus importants du pays, on peut signaler le Théâtre national, le Théâtre dramatique yougoslave ou encore l'Atelier 212, tous trois situés à Belgrade. Novi Sad possède également une scène de premier plan, le Théâtre national serbe. Parmi les hommes et femmes de théâtre serbe, on peut citer Bojan Stupica, le fondateur du Théâtre dramatique yougoslave ; en tant qu'architecte, il a dessiné la nouvelle salle de l'Atelier 212. Mira Trailović et Jovan Ćirilov, tous deux dramaturges et metteurs en scène, sont les fondateurs du BITEF. Parmi les auteurs dramatiques contemporains, on peut signaler Dušan Kovačević, Lioubomir Simović et Biljana Srbljanović.
295
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296
+ Le cinéma serbe est l'un des plus importants d'Europe et il figure assurément parmi les meilleurs en Europe du Sud et en Europe centrale. Avant 1945 il n'a produit que 12 longs métrages. Après la Seconde Guerre mondiale, il s'est fait connaître sur la scène internationale, avec les réalisateurs Goran Marković, Aleksandar Petrović, Dušan Makavejev, Slobodan Šijan, Goran Paskaljević. Le réalisateur serbe le plus célèbre est Emir Kusturica, qui a obtenu deux palmes d'or au Festival de Cannes pour les films Papa est en voyage d'affaires en 1985 et Underground en 1995. Pendant le tournage de La vie est un miracle (2004), dans lequel la ligne de chemin de fer du Huit de Šargan (en serbe : Шарганска осмица et Šarganska osmica) joue un rôle essentiel, il a particulièrement apprécié la région de Mokra Gora ; il y a fait bâtir le « village en bois » de Küstendorf[117] ; en janvier 2008, s'y est déroulé le premier Festival international du film et de la musique de Küstendorf[118]. Depuis 1971, Belgrade accueille un important Festival du film (en serbe : Београдски међународни филмски фестивал et Beogradski međunarodni filmski festival, FEST)[119]. L’essentiel de l’industrie du cinéma serbe se trouve à Belgrade.
297
+
298
+ Parmi les acteurs renommés de la première moitié du XXe siècle, on peut citer Ilija Stanojević (1859-1930), qui, en 1911, réalisa également le premier film muet de Serbie, ou encore Žanka Stokić (1887-1947) et le tragédien Dobrica Milutinović (1880-1956). Parmi les acteurs et actrices de la « nouvelle vague serbe », on peut signaler Miodrag Petrović Čkalja, Pavle Vujisić, Zoran Radmilović, Danilo Stojković, Dragan Nikolić, Milena Dravić, Velimir Bata Živojinović, Ljubiša Samardžić, Mira Banjac, Bora Todorović, Miki Manojlović, Lazar Ristovski et Mirjana Karanović.
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300
+ L'instrument de musique le plus populaire en Serbie est la gusla, introduit au XIe siècle, les bardes serbes jouaient de la gusla et chantaient les épopées des rois et empereurs serbes disparus. Aujourd'hui plus qu'un instrument de musique, elle est un symbole de la culture et la mémoire serbe. L'autre instrument de musique utilisé au Moyen Âge était la flûte. En Voïvodine et aux confins militaires, les Serbes utilisaient plutôt la tamboura et la cornemuse. Depuis le XXe siècle les instruments les plus utilisés dans la musique populaire sont l'accordéon et la trompette. Le trompettiste le plus populaire de Serbie ainsi que dans tous les Balkans est Boban Marković.
301
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302
+ Belgrade accueille chaque année un Festival international de musique (BEMUS) ; consacré essentiellement à la musique savante, il a accueilli des formations internationales, comme l'orchestre philharmonique de Vienne ou les orchastres philharmoniques de Los Angeles, Berlin, Saint-Pétersbourg et Munich ; il a également invité l'Academy of St Martin in the Fields ou le Kronos Quartet et des artistes comme Herbert von Karajan et Zubin Mehta, Mstislav Rostropovitch et Mischa Maisky, Sviatoslav Richter et Martha Argerich, Yehudi Menuhin et Maxime Venguerov[120].
303
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304
+ La musique traditionnelle reste populaire en Serbie, comme en témoigne le succès du Festival international de trompette de Guca[121]. Sur la scène internationale, on la retrouve dans les chansons d'Emir Kusturica and The No Smoking Orchestra et de Goran Bregović, qui se servent aussi de musiques serbes folkloriques et de musique tzigane serbe. Dans le domaine du jazz, Bojan Z utilise la même base pour ses chansons. Dans les dernières décennies et dans tous les Balkans, s'est développé un genre musical appelé turbo folk, qui mêle des éléments serbes folkloriques à de la musique orientale et à des éléments de la musique tzigane. En évoluant, il est devenu une sorte de pop à la façon balkanique. La chanteuse Svetlana Ražnatović est une égérie du turbo folk.
305
+
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+ Parmi les groupes de rock célèbres, on peut citer Riblja Čorba[122], Ekatarina Velika (la « Grande Catherine »), Partibrejkers, Van Gog et Bajaga i instruktori.
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+ La Serbie est également présente sur la scène du Hip-hop international, avec le groupe Beogradski sindikat ou encore, plus récemment, avec le groupe VIP et avec des rappeurs comme Škabo et Marčelo[123] et, surtout, avec le label Bassivity Music[124].
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310
+ Sur le plan de la variété, Marija Šerifović a remporté le Concours Eurovision de la chanson 2007[125] et, à ce titre, Belgrade a organisé le Concours Eurovision de la chanson 2008[126]. Par ailleurs, en 2010, le chanteur Milan Stanković a participé au concours de l'Eurovision en interprétant sa chanson Ovo Je Balkan (Ce sont les Balkans !).
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+ Les sports populaires en Serbie sont: le football, le basketball, le water-polo, le volleyball, le handball et le tennis.
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+ Belgrade a accueilli les Universiade d'été de 2009. Le marathon de Belgrade est la manifestation sportive la plus importante de Serbie.
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+ La Serbie participe pour la première fois aux Jeux olympiques de 1912. Par la suite, les athlètes serbes faisaient partie de l'équipe du Royaume de SCS / Yougoslavie / RSFY renommée Serbie-et-Monténégro pour ses trois dernières années d'existence). Résultats des représentants de l'Union étatique de Serbie-et-Monténégro de 1992 à 2006. sont comptés comme des partitions de fédérations sportives de Serbie. Depuis 2006, c'est-à-dire les Jeux olympiques d'été de 2008, les athlètes de Serbie jouent dans l'équipe nationale de Serbie.
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+ La Serbie est également performante dans les sports collectifs :
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+ Les plats serbes sont en grande partie composés de viandes de porc, volailles, et dans une moindre mesure de bœuf, de légumes et fruits comme le poivron, la tomate, l'oignon, l'ail, la prune, la pastèque, la pomme de terre.
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+ Medenjaci, gâteaux au miel.
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+ Palačinke - Les crêpes.
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+ Burek avec fromage.
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+ Ćevapčići en préparation.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ En Serbie, les jours fériés sont définis par la loi sur les fêtes nationales et autres fêtes en République de Serbie (en serbe : Zakon o državnim i drugim praznicima u Republici Srbiji). Les fêtes suivantes sont observées sur tout le territoire national[127] :
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+ En 2018, 3,4 millions de touristes ont visité la Serbie, soit une augmentation de 11% par rapport à 2017[128].
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+ Un certain nombre de grandes villes serbes offrent aux touristes de nombreuses possibilités. Belgrade offre les ressources d'une grande capitale internationale, avec de nombreux musées, des édifices, publics ou privés, qui illustrent principalement l'architecture des XIXe et XXe siècles. La capitale serbe est également réputée pour ses festivals, comme le Festival international du film (FEST)[129], le Festival international de théâtre (BITEF)[130], le Festival d'été (BELEF)[131] ou le Festival international de musique (BEMUS)[132]. Belgrade est particulièrement réputée pour la qualité de sa vie nocturne, avec des clubs ouverts jusqu'à l'aube un peu partout dans la ville ; le long des rives de la Save et du Danube se succèdent de nombreuses barges (splavovi) qui sont parmi les lieux les plus appréciés des noctambules[133],[134],[135]. D'autres villes du pays offrent aussi des ressources en musées, en architecture et en festivals, comme Novi Sad, la capitale de la Voïvodine, avec son Festival EXIT[136], ou encore la petite ville de Guča qui accueille chaque année un Festival international de trompette[137]. La Serbie possède aussi quelques villes thermales fréquentées, comme Vrnjačka Banja, Sokobanja et Niška Banja.
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+ Outre l'architecture des villes, la Serbie peut également intéresser les amateurs d'histoire et d'architecture. Le site romain de Felix Romuliana, où est né et a été enterré l'empereur Galère, a été inscrit en 2007 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO[138]. Le pays conserve surtout un grand nombre de monastères orthodoxes serbes, datant pour la plupart du Moyen Âge. Quelques-uns d'entre eux figurent sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, comme le monastère de Sopoćani, près de Novi Pazar, qui a été inscrit en même temps que les ruines de la ville médiévale de Stari Ras[139], ou le monastère de Studenica[140]. D'autres monastères ou ensembles religieux, appartenant à l'histoire de l'Église orthodoxe serbe, se trouvent au Kosovo. Parmi les édifices dont l'importance a été reconnue internationalement, il convient de citer le monastère de Gračanica, celui de Visoki Dečani ou encore le Patriarcat de Peć et l'église de la Vierge de Leviša, tous inscrits sur la liste du patrimoine mondial[141]. Vu l'instabilité de la région, ces monuments ont été placés sur la liste du patrimoine mondial en péril[141]. D'autres monastères, qui ne sont pas inscrits au patrimoine mondial, offrent un intérêt certain, comme celui de Mileševa, qui abrite une des fresques anciennes les plus célèbres de Serbie, la Fresque de l'Ange blanc.
339
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+ La Serbie offre aussi un nombre important de sites pour les amateurs de nature, en particulier les espaces protégés que constituent les cinq parcs nationaux du pays, celui de Đerdap, celui des Monts Kopaonik, celui des Monts Tara, celui des Monts Šar et celui de la Fruška gora. Les sites Ramsar pour la conservation des zones humides[19] constituent également un lieu d'attraction, comme celui du lac Vlasina. Les monts Golija, ont été désignés comme une réserve de biosphère dans le cadre du programme sur l'homme et la biosphère de l'UNESCO[142]. Outre ces sites, on peut signaler d'autres curiosités, comme la Deliblatska peščara, en Voïvodine, qui constitue la plus vaste zone sablonneuse d'Europe[143], ou encore le monument naturel de Đavolja varoš (la « ville du Diable »), près de la ville de Kuršumlija[144].
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+ Les débuts du système éducatif serbe remontent aux XIe et XIIe siècle, avec la création des premiers collèges catholiques à Titel et à Bač), en Voïvodine. L'éducation prit également son essor avec la fondation de nombreux monastères orthodoxes serbes, comme ceux de Sopoćani, de Studenica ou du Patriarcat de Peć. La première université de Serbie a été fondée à Belgrade en 1808, au moment de la première révolte contre les Turcs ; créée sous le nom de Haute école ou Grande école (en serbe : Велика школа et Velika škola), est le précurseur de l'actuelle université de Belgrade. En revanche, la plus ancienne faculté située à l'intérieur des frontières actuelles de la Serbie a été fondée en 1778 à Sombor, qui faisait alors partie de l'Empire d'Autriche ; elle était connue sous le nom de Norma et constituait le premier collège slave de professeurs en Europe du Sud[145]. L'actuel système éducatif serbe est régi par le Ministère serbe de l'Éducation.
343
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344
+ En Serbie, l'instruction commence à l'école maternelle à partir de 3 ans. Puis, à partir de 6 ou 7 ans, vient l’école élémentaire (en serbe : основна школа et osnovna škola), pour une durée de huit ans, école élémentaire qui, grosso modo, correspond à l'école élémentaire et au collège français (jusqu’à la fin de la quatrième)[146]. Au terme de ces huit années, une bifurcation s’opère. Certains élèves s’orientent vers le lycée (en serbe : гимназија et gimnazija), où ils suivent des études générales en quatre ans, avec un début de spécialisation entre les langues et les sciences sociales d’une part et les mathématiques et les sciences naturelles d’autre part. À l’issue des études secondaires, d’autres élèves s’orientent vers une école professionnelle (en serbe : стручна школа et stručna škola), qui tout en assurant un enseignement général offrent un enseignement plus spécialisé ; les études dans ces écoles durent elles aussi quatre ans. D’autres, enfin, entrent dans une école « vocationnelle » (en serbe : занатска школа et zanatska škola) ; les études n’y durent que trois ans et elles sont plus spécialisées, notamment dans les domaines du commerce et de l’artisanat.
345
+
346
+ Les études supérieures s’effectuent dans des écoles supérieures, dans les facultés des universités serbes ou encore dans les diverses Académies d’art. Les « écoles supérieures » (en serbe : виша школа et viša škola) proposent des études supérieures courtes, en deux ans, à peu à la manière des colleges américains. La Serbie possède plusieurs universités, parmi lesquelles on peut citer l’université de Belgrade, l’université de Niš, l’université de Kragujevac et l’université de Novi Sad. Le cursus universitaire s’est récemment adapté au processus de Bologne, qui met en place un système à trois niveaux, licence, master, doctorat[147]. La Serbie possède également de nombreux établissements d’enseignement supérieur privés.
347
+
348
+ En 2019[148] :
349
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350
+ La Serbie possède début 2012, 69 533 noms de domaine .RS (dont 44 374 .RS, 17 545 .CO.RS, 2 986 .ORG.RS, 1 309 .EDU.RS, 3 070 .IN.RS, 41 .AC.RS, 208 .GOV.RS).
351
+
352
+ Le 27 janvier 2012, le .cрб, équivalent en serbe cyrillique du .RS en serbe latin, sera accessible. La mise à jour pour passer en .cрб se fera en deux étapes, d'abord les .RS pourront passer en .cрб jusqu'au 27 juillet puis l'ouverture sera générale.
353
+
354
+ En 2019, la Serbie possédait 45 220 km de routes asphaltées, auxquelles s’ajoutaient 24 860 km de routes bétonnées[151]. Elle dispose également de 3 808 km de voies ferrées, dont 1 196 sont électrifiées (31,4 %)[152] ; l’ensemble du réseau ferroviaire est géré par l’entreprise publique des Chemins de fer de Serbie. Le corridor privilégié pour le transport routier et ferroviaire est la vallée de la Morava, qui permet d’éviter les régions les plus montagneuses de la Serbie centrale.
355
+
356
+ Sur le plan routier, le pays est traversé par les routes européennes E65, E70, E75 et E80, ainsi que par les routes européennes secondaires E662, E761, E763, E771 et E851. Sur la plus grande partie de leur parcours, la route E70, qui, en Serbie, va de Šid à Belgrade, et la route E75, qui, en Serbie, relie Subotica à Vranje en passant par Belgrade et Niš, sont de type autoroutier. En 2018, la Serbie comptait officiellement 2 029 544 voitures, 125 761 camions et 9 268 autobus[153].
357
+
358
+ Le transport fluvial est également représenté en Serbie. Outre le Danube, qui parcourt 588 km en Serbie et qui relie l’Europe centrale à la mer Noire, la Save, la Morava et la Tisa, ainsi que d’autres rivières encore, sont totalement ou partiellement navigables. Parmi les voies navigables, on peut encore citer le canal Danube-Tisa-Danube, qui traverse la province autonome de Voïvodine[151].
359
+
360
+ La Serbie dispose en outre de trois aéroports internationaux, l’aéroport Nikola-Tesla de Belgrade, l’aéroport Constantin-le-Grand de Niš et l'aéroport de Morava de Lađevci (Kraljevo). En 2019, l’aéroport Nikola-Tesla a accueilli 6 200 000 passagers[154]. La compagnie aérienne nationale porte le nom d'Air Serbia[155].
361
+
362
+ La Serbie a pour codes :
363
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/5361.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,364 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ République de Serbie
2
+
3
+ (sr-Cyrl) Република Сpбија
4
+
5
+ (sr-Latn) Republika Srbija
6
+
7
+ 44° 48′ N, 20° 23′ E
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ La Serbie /sɛʁ.bi/, en forme longue la république de Serbie, en serbe : Srbija /sř̩.bi.ja/ et Republika Srbija, en serbe en écriture cyrillique : Сpбија et Република Сpбија, est un État des Balkans occidentaux et de l’Europe du Sud, parfois située en Europe centrale[3] ; son régime politique est de type démocratie parlementaire monocamérale. La Serbie est frontalière de la Roumanie à l'est-nord-est, de la Bulgarie au sud-est, de la Macédoine du Nord au sud-sud-est, du Kosovo au sud (la Serbie ne reconnait qu'une frontière avec l'Albanie, car le Kosovo n'est reconnu ni par la Serbie ni par l'ONU), du Monténégro au sud-ouest, de la Bosnie-Herzégovine à l'ouest, de la Croatie au nord-ouest et de la Hongrie au nord-nord-ouest. Sa capitale est Belgrade.
12
+
13
+ Les populations slaves, dont les Serbes, s’installèrent au début du VIIe siècle dans la région des Balkans. Auparavant, la population était constituée d'Illyriens, de Grecs Macédoniens et Thraces, et de petites ethnies montagnardes. Au Moyen Âge, un puissant État serbe se constitua progressivement, qui atteignit son apogée au XIVe siècle, sous le règne de l'Empereur Stefan Dušan. Aux XIVe et XVe siècles, la Serbie fut progressivement conquise par les Ottomans et le pays resta en leur possession jusqu’au XIXe siècle.
14
+
15
+ À la suite de deux soulèvements contre les Turcs, le premier en 1804, le second en 1815, une principauté de Serbie fut créée, autonome vis-à-vis de la Sublime Porte en 1830, officiellement indépendante en 1878. La principauté devint Royaume de Serbie en 1882. Après la Première Guerre mondiale, se constitua progressivement un rassemblement de tous les Slaves du sud autour de la monarchie serbe : le royaume des Serbes, Croates et Slovènes fut proclamé en 1918 et il prit le nom de royaume de Yougoslavie en 1929. Après la Seconde Guerre mondiale, la Serbie devint une unité fédérée au sein de la république fédérative socialiste de Yougoslavie. Les années 1990 sont marquées par la dissolution progressive de la Yougoslavie. En 2006, la Serbie est redevenue totalement indépendante après que le Monténégro a décidé de quitter l’union de Serbie-et-Monténégro.
16
+
17
+ Le 17 février 2008, le Kosovo, qui était jusqu’alors une province autonome au sein de la république de Serbie sous l'égide des Nations unies avec sa résolution 1244, a déclaré unilatéralement son indépendance. Cette indépendance contestée par la Serbie[4] n’est reconnue ni par l’Organisation des Nations unies, ni par l’Union européenne.
18
+
19
+ Le 22 décembre 2009, la Serbie effectue une demande d'adhésion formelle à l'Union européenne[5]. Le 12 octobre 2011, la Commission européenne octroie officiellement le statut de candidat à la Serbie[6]. La Serbie est militairement neutre[7],[8].
20
+
21
+ La Serbie est le plus étendu et le plus peuplé des États issus de la Yougoslavie[9].
22
+
23
+ La Serbie, en incluant le Kosovo, s’étend sur une superficie de 88 361 km2, ce qui la place au 113e rang mondial. Elle possède 2 027 km de frontières, soit 241 km avec la Croatie, 302 km avec la Bosnie-Herzégovine, 203 km avec le Monténégro, 221 km avec la Macédoine du Nord, 115 km avec l’Albanie, 318 km avec la Bulgarie, 476 km avec la Roumanie et 151 km avec la Hongrie ; elle est ainsi, après la Russie et l'Allemagne, et avec la France, le troisième pays d’Europe qui compte le plus de pays limitrophes en Europe. Sans le Kosovo, la Serbie couvre une superficie de 77 474 km2, ce qui la place au 125e rang mondial[1].
24
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+ La Serbie est composée de deux ensembles distincts. Au nord, la Voïvodine (en serbe : Војводина et Vojvodina), se trouve dans la grande plaine de Pannonie, qui est géographiquement située en Europe centrale. La Voïvodine est séparée de la Serbie centrale par la Save et le Danube. La plus grande partie de la Serbie centrale et du Kosovo-et-Métochie est couverte de montagnes basses ou moyennes. Au centre, à l’ouest et au sud-ouest du pays, ces montagnes appartiennent aux Alpes dinariques ; à l’est, elles appartiennent aux Carpates, aux monts du Grand Balkan et aux Monts Rhodopes. Le mont Midžor, qui s’élève à 2 156 m, est situé dans le massif de la Stara Planina ; c’est le point culminant de l’est de la Serbie. Parmi les montagnes les plus importantes du pays, on peut citer les monts Tara, les monts Zlatibor, les monts Kopaonik et le massif de la Fruška gora. Le mont Djeravica, quant à lui, situé au Kosovo-et-Métochie, s’élève à 2 656 m.
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+ En 2007, les terres arables couvraient une superficie de 3 095 006 ha, soit 30 950 km2 (hors Kosovo)[10] ; les forêts couvrent une superficie de 25 625 km2, soit 27 % du territoire[11].
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+ Tous les cours d’eau de Serbie appartiennent à trois bassins versants : celui de la mer Noire, celui de la mer Adriatique et celui de la mer Égée. Le plus vaste de ces bassins est celui de la mer Noire, qui couvre une superficie de 81 261 km2, soit 92 % du territoire du pays. Le bassin, dans son ensemble, est drainé par un seul fleuve, le Danube, qui se jette dans la mer Noire. Le bassin de drainage de la mer Adriatique couvre une superficie de 4 500 km2, soit 5 % du territoire de la Serbie. Il comprend la moitié occidentale du Kosovo-et-Métochie et il est principalement drainé par une rivière, le Drin blanc, qui rencontre le Drin noir en Albanie pour former le Drin, qui se jette dans la mer Adriatique. Une autre partie, de plus faible étendue, est drainée par la rivière Crni Kamen-Radika, au sud de la région de Gora (en). Le dernier bassin, celui de la mer Égée couvre une superficie de 2 650 km2, soit 3 % du territoire de la Serbie. Il est situé au sud du pays, près des frontières avec la République de Macédoine et la Bulgarie. Ce bassin est drainé par trois rivières : le Lepenac, la Pčinja et la Dragovištica. Les deux premières se jettent dans le Vardar en Macédoine, et la troisième se jette dans la Strymon en Bulgarie. Ces deux rivières se jettent ensuite dans la mer Égée.
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+ Les cours d’eau navigables les plus longs de Serbie sont le Danube (588 km), la Save (206 km), la Tisa (168 km) et la Velika Morava (sur 185 km). Parmi les autres rivières importantes du pays, on peut citer la Zapadna Morava (308 km), la Južna Morava (295 km), l’Ibar (272 km), la Drina (220 km) et le Timok (202 km)[12].
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+ Le lac le plus étendu du pays est le réservoir hydroélectrique du Đerdap (en serbe : Ђердапско језеро et Đerdapsko jezero), qui s’étend sur 253 km2, suivi du lac Vlasina, qui s’étend sur 16 km2[12].
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+ Le climat de la Serbie peut être décrit comme un climat continental modéré, avec des caractéristiques plus ou moins accusées en fonction de la localisation, du relief, de la présence ou non de rivières, de la végétation ou de l’urbanisation[13]. Le nord du pays possède un climat nettement continental, avec des hivers froids et des étés chauds et humides, tandis que le sud, plus près de la mer Adriatique, connaît des étés chauds et secs et des automnes et des hivers relativement froids, avec d’importantes chutes de neige. C’est ainsi que la Voïvodine possède un climat continental influencé par les masses d’air venues de l’Europe du Nord et de l’Europe de l'Ouest, tandis que le sud et le sud-ouest du pays subissent une influence méditerranéenne, elle-même modérée par les Alpes dinariques et d’autres chaînes de montagnes qui contribuent à rafraîchir les masses d’air chaud. Les hivers sont ainsi particulièrement rudes dans la région du Sandžak en raison des montagnes qui entourent ce plateau[14].
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+ Pour la période 1961-1990, la température moyenne annuelle a été de 10,9 °C jusqu’à une altitude de 300 m. Les régions situées entre 300 et 500 m ont connu une température moyenne de 10,0 °C et, au-dessus de 1 000 m, une température moyenne de 6,0 °C[13]. Le mois de juillet est le mois le plus chaud de l’année, avec une température moyenne comprise entre 11 et 22 °C ; plus précisément, les régions situées à moins de 300 m d’altitude bénéficient d’une température moyenne comprise entre 20,0 et 22 °C, tout comme certains secteurs du sud de la Serbie situés à des altitudes entre 400 et 500 m. Au-dessus de 1 000 m d’altitude, les températures moyennes du mois de juillet sont comprises entre 11,0 et 16 °C[15]. Les températures les plus basses de la période 1961-1990 ont été mesurées en janvier ; elles étaient comprises entre −35,6 °C (à Sjenica) et −21,0 °C (à Belgrade)[15]. Depuis le commencement des mesures, la température la plus élevée enregistrée en Serbie a été de 44,3 °C le 22 juillet 1939 à Kraljevo et la température la plus basse a été de −39,5 °C ; elle a été mesurée le 13 janvier 1985 à Karajukića Bunari, sur le plateau de Pešter, dans le district de Raška[15].
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+ En moyenne, les précipitations annuelles augmentent avec l’altitude. Dans les régions peu élevées, elles sont comprises entre 540 et 820 mm. Au-dessus de 1 000 m, elles sont comprises entre 700 et 1 000 mm, et, sur certains sommets du sud-ouest de la Serbie, elles peuvent atteindre jusqu’à 1 500 mm. Dans la plus grande partie du pays, le maximum de précipitations se concentre dans les mois les plus chauds de l’année ; en revanche, au sud-ouest du pays, l’automne est la saison la plus arrosée. Le mois de juin est le mois le plus pluvieux, avec 12 ou 13 % du total annuel. Février et octobre sont les mois les plus secs. La neige tombe surtout de novembre à mars, avec un maximum en janvier[13]. Depuis le début des mesures, l’année la plus sèche a été l’an 2000, avec seulement 223,1 mm de précipitations à Kikinda ; 1937 a été l’année la plus pluvieuse, avec un maximum de 1 324,5 mm mesuré à Loznica[Lequel ?]. Un record mensuel de précicipations a été enregistré en juin 1954 à Sremska Mitrovica, avec 308,9 mm ; le 10 octobre 1955, il est tombé 211,1 mm d’eau à Negotin[16].
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+ L’ensoleillement annuel est compris entre 1 500 et 2 200 heures.
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+ Les régions de Serbie n’ont pas de statut officiel, même si certains districts administratifs leur doivent leur dénomination. Les régions situées dans la plaine pannonienne sont délimitées par les cours d’eau ; d’autres sont délimitées par des montagnes. En fait, définies par la tradition autant que par le relief, elles ne possèdent pas toujours de frontières nettement établies ; elles sont même souvent amenées à se chevaucher. Beaucoup d’entre elles possèdent un nom serbe formé à partir de la structure suivante : po+(nom d’une rivière)+je. C’est ainsi que, au nord de la Serbie centrale, la région de Podunavlje, doit son nom au Danube (en serbe : Дунав et Dunav), la région de Podrinje s’étend le long de la Drina ou encore celle de Pomoravlje le long de la Morava. D’autres portent le nom d’une montagne, comme les régions de Zlatibor ou de Kopaonik.
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+ En 2003, les espaces naturels protégés de Serbie couvrent 5 % du territoire du pays. La Serbie comptait 5 parcs nationaux, 120 réserves naturelles, 20 parcs naturels et environ 470 sites naturels protégés[17]. Les cinq parcs nationaux correspondent à la Catégorie II de l’UICN[12].
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+ Huit sites de Serbie sont inscrits sur la liste Ramsar pour la conservation des zones humides[19], dont deux ont été ajoutés en 2007[20].
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+ Les archéologues ont mis au jour de nombreuses traces d’occupation humaine remontant à la Préhistoire. L’un des sites les plus anciens retrouvés en Serbie est celui de Lepenski Vir, près du Danube, dans l’actuel parc national de Đerdap (Djerdap), près des Portes de Fer. Dans ses parties les plus anciennes, le village, entièrement planifié, date du mésolithique (vers 8000 av. J.-C.)[21],[22]. Cette culture aurait atteint son apogée entre 5300 et 4800 av. J.-C. Outre les vestiges des habitations et quelques objets usuels, de nombreuses sépultures ont été retrouvées sur le site.
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+ La Serbie abrite d’autres sites préhistoriques. C’est ainsi qu’en 1908, une équipe d’archéologues dirigée par Miloje Vasić a effectué des fouilles à Vinča, près de Belgrade, mettant au jour des vestiges datant de la période néolithique ; compte tenu de l’importance de ces découvertes, le site a donné son nom à une culture qui s’est développée le long du Danube entre 6000 et 3000 av. J.-C. : la culture de Vinča[23],[24]. D’autres découvertes caractéristiques de cette culture ont été effectuées dans de nombreux sites de Serbie, notamment à Divostin (près de Kragujevac), à Potporanj (près de Vršac), à Selevac (près de Smederevska Palanka) et à Pločnik (près de Prokuplje). D’autres vestiges du néolithique appartiennent à la culture de Starčevo (6200 - 5 600 av. J.C.), qui doit son nom à la ville de Starčevo, dans la municipalité de Pančevo[25].
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+ Parmi les tribus slaves en expansion à partir du IVe siècle de notre ère, on trouve les Serbes blancs ou aujourd’hui Sorabes qui migrèrent d’abord vers l’ouest à travers la Pologne et la République tchèque actuelles. Leurs descendants vivent aujourd’hui en Lusace, à l’est de l’Allemagne, plus exactement entre l’Elbe et la Saale, dans ce qui était jadis la Grande-Moravie. Cette région, s’appelle la « Serbie blanche », le blanc symbolisant l’ouest chez les Slaves. Au VIIe siècle, à l’époque de l’Empereur byzantin Héraclius, la majeure partie des serbes blancs migra en plusieurs vagues entre 610-641 et, au XIIe siècle, vers la région centrale des Balkans où ils assimilèrent les Grecs, les Valaques et les Illyriens locaux, donnant ainsi naissance au peuple serbe.
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+ Plusieurs principautés serbes furent fondées au IXe siècle mais se disloquèrent à la fin du XIIe siècle. Le processus de christianisation fut engagé par les moines Cyrille et Méthode, qui évangélisèrent tous les peuples slaves de la Grande-Moravie, y compris la Serbie, et qui inventèrent l’alphabet cyrillique à partir des lettres grecques. Les premiers prénoms chrétiens, comme Stefan ou Petar firent alors leur apparition.
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+ Un Empire serbe fut constitué à la fin du XIIe siècle, sous la dynastie des Nemanjić. L’apogée territorial de la Serbie médiévale fut atteint au XIVe siècle, sous le règne de l’empereur Stefan Dušan. Cet empire disparut après la conquête ottomane. En 1371, un des rois de Serbie, Vukašin Mrnjavčević, perdit, contre les Ottomans, la bataille de la Maritsa, ce qui entraîna la vassalisation de ses terres et la soumission de son fils Marko Mrnjavčević. La Serbie de Lazar s’effondra lors de la bataille de Kosovo Polje en 1389 ; le prince Lazar y perdit la vie. Le pays fut définitivement incorporé à l’Empire ottoman après la chute de Smederevo, en 1459.
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+ Entre 1459 et 1804, la Serbie ottomane subit trois invasions autrichiennes destinées à annexer ces terres à l’Empire d'Autriche.
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+ Une première révolte des Serbes eut lieu entre 1804 et 1813. Elle fut dirigée par Georges Petrović, surnommé Karageorges (« Georges le Noir »). Une seconde révolte eut lieu en 1815, sous la conduite de Miloš Ier Obrenović, qui aboutit à l’autonomie de la Principauté de Serbie, officiellement reconnue par la Sublime Porte le 12 décembre 1830. Après qu’il eut lui-même visité la Serbie autonome, le poète français Alphonse de Lamartine fit découvrir aux romantiques la culture serbe ; en 1833, il fit graver une inscription sur le site de Ćele kula (en serbe cyrillique : Ћеле Кула), la « tour aux crânes », élevée par les Ottomans qui y incrustèrent les crânes des soldats serbes morts à la bataille du mont Čegar (en) (19 mai 1809) : « Qu’ils laissent subsister ce monument ! Il apprendra à leurs enfants ce que vaut l’indépendance d’un peuple, en leur montrant à quel prix leurs pères l’ont payée. »[26]
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+ Malgré cela, les Turcs persécutèrent encore les Serbes dans les territoires qu’ils gardaient sous leur contrôle. Les massacres des Ottomans sur les Serbes ont inspiré à Victor Hugo, grand défenseur du peuple serbe, un célèbre discours, Pour la Serbie, écrit en 1876[27]. Ce discours est aujourd’hui considéré comme l’un des actes fondateurs de l’idée européenne[28]. L'année 1876 voit aussi, dès janvier, l'identité des serbes, alliés des russes, se cristalliser lors d'une insurrection bosniaque, qui débouche sur un conflit militaire entre la Russie et l'Empire ottoman[29], remporté par la première.
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+ En 1878, le Congrès de Berlin accorda son indépendance à la Serbie et, en 1882, le prince Milan IV Obrenović devint roi de Serbie sous le nom de Milan Ier ; son fils, Alexandre Ier lui succéda mais à la faveur de son assassinat en 1903, la dynastie des Karađorđević remplaça sur le trône celle des Obrenović.
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+ Lors de son arrivée sur le trône en 1903. Pierre Ier de Serbie, prince francophile et admirateur de la pensée de John Stuart Mill, mit en place la constitution la plus démocratique et la plus libérale d'Europe après celle de Grande-Bretagne. Elle s'inspirait aussi de la constitution de 1888, abrogée par Alexandre Ier de Serbie en 1889.
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+ Cette liberté fit éclore un foisonnement culturel qui fit de Belgrade un phare de liberté pour tous les Serbes des Balkans, ainsi que pour les Croates et les Slovènes qui souffraient dans l'Empire d'Autriche-Hongrie et qui rêvaient d'une Yougoslavie démocratique. Certains milieux réactionnaires à Vienne n'attendaient que l'occasion d'écraser le piémont serbe avant qu'il ne contamine les esprits de tous les Slaves du sud de l'Empire[31].
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+ La Serbie reçut le surnom de berceau de la démocratie dans les Balkans modernes[31]. Ce régime de liberté se maintiendra jusqu'au début de la Première Guerre mondiale en 1914. Lors de la mise en place du régime yougoslave en 1921, la France poussa Pierre Ier à instaurer un régime plus centralisateur et plus autoritaire dans le but de lutter contre le risque de contamination communiste : la démocratie avait vécu. La constitution de 1903 restera la référence de tous les mouvements démocratiques dans la Yougoslavie royaliste d'entre les deux guerres ainsi que dans la Yougoslavie communiste de Josip Broz Tito[31].
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+ Depuis 1878, la Bosnie-Herzégovine était occupée par l’empire d'Autriche-Hongrie, qui l’annexa en 1908, annexion mal vécue par les populations slaves notamment les Serbes qui refusaient cette occupation et souhaitaient la réunification avec le Royaume de Serbie ou d’autres pays slaves. L’idéal de nombreux jeunes gens serbes de Bosnie était le mouvement Jeune Italie, qui s’était donné pour but la libération des territoires occupés par les Autrichiens. En 1914, le double assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et de son épouse Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, à Sarajevo, le 28 juin 1914 par Gavrilo Princip, fut l’événement prétexte qui déclencha la Première Guerre mondiale. En 1915, le royaume fut envahi par les puissances centrales lors de la campagne de Serbie. Mais le pays fut finalement libéré en 1918 par l’armée serbe soutenue par les forces alliées, dont l’armée d’Orient française, menée par le maréchal Louis Franchet d'Espèrey.
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+ Les organisateurs de l’attentat contre le prince François-Ferdinand étaient de jeunes nationalistes yougoslaves, des serbes de Bosnie et des Musulmans[31], qui effectuaient leurs études à Belgrade[32]. Membres de l’organisation Jeune Bosnie (Млада Босна / Mlada Bosna), ils contactèrent la Main Noire (Црна рука / Crna ruka), une société secrète soutenue discrètement par le gouvernement serbe[33] ; leur intention était d’obtenir des armes pour leur projet d’attentat. Le lieutenant-colonel Dragutin Dimitrijević « Apis », chef des services secrets serbes et de la Main Noire aurait reçu l’ordre de faire annuler l’attentat[33]. Après les guerres balkaniques de 1912 et 1913, le gouvernement de Nikola Pašić voulait la paix, hésitant à s’unir avec le Monténégro du roi Nicolas Ier, en raison de l’opposition que l’Autriche-Hongrie aurait alors manifestée. Des notes diplomatiques échangées entre la Russie et la Serbie témoignent de cette hésitation[34]
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+ Les trois étudiants serbes, Gavrilo Princip, Trifko Grabež et Nedeljko Čabrinović, passèrent à l’action le matin de la fête de Vidovdan. Une première tentative, effectuée par Čabrinović, échoua ; la seconde, effectuée par Gavrilo Princip, eut pour résultat la mort de l’archiduc François-Ferdinand. Les diplomates autrichiens considérèrent l’attentat comme une provocation directe de la Serbie ; selon l’historien Dušan T. Bataković, l’assassinat constituait pour Vienne « le prétexte longtemps attendu d’une guerre avec la Serbie »[33]. Dans l’Autriche-Hongrie de cette époque se développait une forte propagande contre les Serbes, notamment vis-à-vis des Slaves vivant dans l’Empire[réf. nécessaire]. Le 23 juillet 1914, bien que l’implication du gouvernement serbe ne fut pas prouvée[réf. nécessaire], l’Autriche lança à la Serbie un ultimatum en dix points. Belgrade accepta l’ultimatum[35], à l’exception du sixième point, exigeant l’envoi d’enquêteurs autrichiens dans le pays[35],[33] ; sur ce point particulier, considérant que « ce serait une violation de la Constitution et de la loi sur la procédure criminelle », la Serbie proposait de s’en remettre à une juridiction pénale internationale ou à l’arbitrage des Grandes puissances[35]. Quelques jours plus tard, l’Autriche-Hongrie affirma qu’une attaque serbe avait eu lieu contre ses troupes près de la ville de Kovin[réf. nécessaire]. Le 28 juillet 1914, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Leopold Berchtold, déclara la guerre à la Serbie[36]. Le 1er août, l’Empire allemand déclara la guerre à la Russie, qui avait déjà mobilisé ses troupes, puis, le 3 août, à la France, alliée de la Russie. La Première Guerre mondiale avait commencé. Le Royaume du Monténégro, invité à rester neutre, s’engagea aux côtés de la Serbie, le gouvernement de Cetinje déclarant : « Le destin de la Serbie est aussi notre destin. »[33]
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+ Les troupes autrichiennes d'invasion de la Serbie étaient commandées par le Slovène Oskar Potiorek, qui se trouvait dans la voiture de l’archiduc François-Ferdinand au moment de son assassinat. La première attaque autrichienne eut lieu le 12 août 1914, entre la Save et la Drina, dans la région de Šabac. Les forces autrichiennes comptaient trois divisions, soit 220 000 soldats au total, bien entraînés, bien équipés[réf. nécessaire]. En face, l’armée serbe, manquant de munitions pour l’artillerie, était commandée par le voïvode Radomir Putnik, un général expérimenté.
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+ Le premier affrontement important entre les deux armées eut lieu du 16 au 20 août 1914, au mont Cer, non loin de la frontière avec la Bosnie-Herzégovine. Les Serbes étaient commandés par le général Stepa Stepanović. Cette victoire serbe contraignit les Austro-Hongrois à se replier de l’autre côté de la Drina ; ce fut la première victoire alliée de la Première Guerre mondiale[33]. Les pertes furent importantes dans les deux camps : les Autrichiens perdirent environ 25 000 hommes et 5 000 soldats furent faits prisonniers ; les Serbes, quant à eux, avaient perdu environ 16 000 soldats[33]. Malgré l’importance des pertes, cette victoire renforça le moral des troupes serbes.
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+ Les Russes insistèrent ensuite pour que la Serbie attaque à son tour les Autrichiens. L’armée serbe passa alors en Syrmie, une région aujourd’hui située dans la province serbe Voïvodine et, à l’époque, appartenant à l’Empire d’Autriche-Hongrie. Une armée serbe arriva le 25 septembre 1914 jusqu’à Pale, en Bosnie-Herzégovine ; Sarajevo fut évacué. En revanche, après la défaite de Glasinac, l’armée serbe, à son tour, dut retraverser la Drina[33].
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+ La deuxième offensive autrichienne commença le 6 novembre 1914, avec des moyens plus importants que lors de la première attaque. Les Serbes, de leur côté, manquaient de munitions et, notamment, de pièces d’artillerie. Les Serbes durent se replier, abandonnant Belgrade et la vallée de la Kolubara. Le général Potiorek s’empara alors de la capitale serbe et des plans de découpage du pays furent préparés[33]. Dans cette période difficile, le général Živojin Mišić prit le commandement de la Première Armée serbe ; le roi Pierre Ier, malgré son âge, allait sur le front soutenir le moral des soldats.
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+ Des munitions, promises par la France, finirent par arriver, transitant par la Grèce. Le 3 décembre 1914, Mišić donna le signal de la contre-offensive. L’armée austro-hongroise dut reculer et Belgrade fut reprise le 15 décembre. Cette contre-offensive porte le nom de « bataille de la Kolubara », d’après la rivière de la Kolubara, près de laquelle se déroula le combat le plus important de cette campagne militaire. Les Serbes firent prisonniers 333 officiers et plus de 42 000 soldats ; ils s’emparèrent également d’un important matériel militaire autrichien. Tout le territoire du Royaume de Serbie fut libéré. En récompense de son succès dans cette bataille, Živojin Mišić fut élevé au rang de voïvode[33].
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+ À partir du mois de décembre 1914, la Serbie connut une période d’accalmie. Le pays, qui avait réussi à repousser deux offensives autrichiennes, en retira un grand prestige auprès de ses alliés. En 1915, en France, une « journée serbe » fut célébrée dans les écoles[33].
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+ En 1915, la conquête de la Serbie était d’un intérêt stratégique majeur pour les Empires centraux. En octobre 1914, l’Empire ottoman avait attaqué la Russie et était devenu l’allié de l’Autriche-Hongrie et de l’Empire allemand. Allemands et Autrichiens souhaitaient établir une liaison terrestre avec Istanbul ; pour réaliser ce projet, ils devaient battre les Serbes. L’écrasement de la Serbie devenait d’autant plus urgent que les Turcs, notamment après la bataille de Sarıkamış (22 décembre 1914-17 janvier 1915) et la première offensive de Suez (28 janvier-3 février 1915), étaient en difficulté. L’alliance avec la Bulgarie était une des pièces maîtresse du projet : le 6 septembre 1915, la Bulgarie signa un traité d’alliance avec les Empires centraux qui promirent au tsar Ferdinand Ier la Macédoine ainsi qu’une bonne partie de la Serbie.
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+ La stratégie d’invasion de la Serbie prit forme et la direction des opérations fut confiée à August von Mackensen, qui s’était déjà illustré sur le front russe. Le 5 octobre 1915 l’offensive fut lancée au nord, et les Austro-Allemands prirent Belgrade le 9. Ils progressent alors vers le sud tout en rencontrant une vive résistance de la part des Serbes. Le 14 octobre, les Bulgares passèrent à leur tour à l’offensive. L’aide promise par les alliés anglais et français de la Serbie, en provenance de Salonique, n’arrivait pas[33]. Comme l’armée serbe était attaquée de tous côtés et menacée d’encerclement et de destruction (ce qui était le plan de Mackensen), le général Radomir Putnik donna l’ordre de se replier vers l’Albanie. Son plan était de gagner Durazzo, sur l’Adriatique et, de là, de rejoindre Corfou ; l’armée serbe, réorganisée, devait ensuite se rendre à Salonique, où se trouvaient déjà les Anglais et les Français.
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+ Commence alors un épisode de la campagne de Serbie que la mémoire collective serbe nomme « le Golgotha albanais »[33]. De fait, la traversée de l’Albanie s’effectua dans des conditions particulièrement difficiles. Les montagnes étaient déjà enneigées et les soldats harassés et affamés devaient passer des cols à 2 500 mètres sous des températures extrêmes. Avec les soldats, marchaient également de nombreux réfugiés ; le roi Pierre Ier suivait le convoi. Outre les conditions climatiques difficiles, les Serbes étaient régulièrement attaqués par les clans albanais[33]. En décembre, les troupes serbes finirent par atteindre les rives de l’Adriatique, alors occupées par l’Italie ; puis elles furent évacuées par bateau à Corfou, particulièrement aidées par les soldats français.
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+ D’abord neutre, le Royaume de Yougoslavie est envahi par l’Allemagne nazie en 1941 à la suite du coup d’État du général Dušan Simović. La Serbie est attaquée par les Allemands le 6 avril 1941 ; Belgrade et d’autres grandes villes serbes sont bombardées. Un État fasciste satellite de l’Allemagne, l’État indépendant de Croatie englobant la majeure partie de l’actuelle Bosnie-Herzégovine, est institué, tandis que la Serbie est sous administration militaire allemande avec à sa tête le « gouvernement de salut national » du général Milan Nedić.
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+ Un double mouvement de résistance s’organise : celui des tchetniks, très majoritairement serbe, fidèle au roi et au gouvernement exilé à Londres et dirigé par le Serbe Draža Mihailović, et celui des partisans communistes, multi-ethnique et dirigés par le Croate Josip Broz, dit Tito. Le 16 avril 1944, la capitale de la Serbie est bombardée par les Alliés, particulièrement par les Anglais et Américains, provoquant la mort d’environ 4 500 civils. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Yougoslavie et l'Albanie sont les seuls pays à se libérer sans l’intervention de l’Armée rouge sur son sol. Les Alliés, qui avaient d’abord misé sur Draža Mihailović, l’abandonnent après les conférences de Téhéran et de Yalta au profit de Tito, qui prend le pouvoir en 1945.
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+ Une nouvelle Yougoslavie, fédérale et communiste, est formée. La République socialiste de Serbie en est l’une des six Républiques fédérées.
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+ Après la mort de Josip Broz Tito en 1980, alors que le communisme était en perte de vitesse, le nationalisme longtemps contenu et canalisé par le pouvoir central, devint un produit de substitution pratique pour maintenir la légitimité des dirigeants des six républiques fédérées. En « surfant » sur le nationalisme serbe, Slobodan Milošević, alors numéro deux de la Yougoslavie, profite de la montée des tensions au Kosovo-et-Métochie pour se faire élire président de la Serbie en mai 1989. La Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance le 25 juin 1991, suivies en 1992 par la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine. Les populations serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine refusant de quitter la Yougoslavie, puis demandant leur rattachement à la Serbie, un conflit militaire éclate : les guerres de Yougoslavie (1992-1995). Officiellement, ce sont des affrontements entre Républiques, mais pratiquement, sur le terrain, les militaires de chaque « camp » s’en prennent aux populations civiles du « camp d’en face » et évitent de s’affronter entre eux. Pour la JNA et la Yougoslavie, il s’agit d’une série de sécessions inconstitutionnelles, légitimement réprimées par l’armée fédérale.
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+ Dans la nouvelle Yougoslavie fédérale de 1992, il ne reste que la Serbie et le Monténégro. Mais en Serbie même, la région de Métochie, plus connue sous le nom de « Kosovo Polje » (Champ des Merles), où la Serbie avait jadis montré son courage face à l’Empire ottoman, était au fil des siècles devenue une enclave à majorité musulmane, de langue albanaise, en territoire slave ; en 1999, les Serbes représentent 10 % de la population de cette région autonome (98 % en 1455[37]), dont la majorité albanaise revendique à son tour l’indépendance. Le gouvernement de Slobodan Milošević, qui avait commencé ici sa métamorphose du communisme vers le nationalisme, intervient brutalement pour supprimer l’autonomie de cette région : la guerre éclate entre les autorités serbes et l’UCK albanophone. La violence et les déplacements de populations sont suivis par l’intervention de l’OTAN lors de la guerre du Kosovo.
106
+
107
+ En 1999, le Parlement de la République fédérale de Yougoslavie vote en faveur de l'entrée de la RFY dans l'union Russie-Biélorussie[38].
108
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109
+ En octobre 2000, Slobodan Milošević et son gouvernement sont renversés.
110
+
111
+ Le 4 février 2003, la Yougoslavie restreinte cesse définitivement son existence : le Parlement accepte la création d’une nouvelle fédération aux liens très lâches, limitée aux deux États restants, sous le nom de Serbie-et-Monténégro. À la suite de l’indépendance du Monténégro, proclamée le 3 juin 2006, le Parlement serbe adopte dès le 5 juin 2006 une déclaration faisant officiellement de l’État serbe le « successeur » de l’ancien État commun de Serbie-et-Monténégro, ce qui équivaut de facto à proclamer l’indépendance de la Serbie et à reconnaître celle du Monténégro. Le 15 juin 2006, l’ex-ministre fédéral des Affaires étrangères Vuk Drašković, devenu ministre des Affaires étrangères de Serbie, reconnaît officiellement l’indépendance du Monténégro et signe le 22 juin, avec son homologue monténégrin, un protocole d’accord pour l’établissement de relations diplomatiques entre les deux États.
112
+
113
+ Quant au Kosovo, son statut reste en suspens : occupé par la KFOR, c’est déjà un État albanais sur le terrain, mais officiellement, il fait encore partie de la Serbie. Celle-ci propose une large autonomie, l’UÇK revendique toujours l’indépendance et la réunion avec l’Albanie.
114
+
115
+ Le 17 février 2008, les Kosovars albanophones (environ 90 % de la population du Kosovo) proclament unilatéralement l’indépendance du Kosovo. Les Serbes du Kosovo, ainsi que la Serbie, s’opposent farouchement à cette indépendance estimée illégale en raison entre autres de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies qui soutient « la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Serbie au Kosovo-et-Métochie ». En octobre 2008, l'Assemblée générale des Nations-Unies autorise la saisine de la Cour internationale de justice pour trancher la question de la légalité de cette indépendance.
116
+ La Serbie a sur ce point de vue le soutien d'un grand nombre de pays des Nations-unies en premier lieu, la Russie, la Chine, le Brésil, l'Argentine, la Grèce et l'Espagne tandis qu'une autre partie de la communauté internationale guidée par les États-Unis suivis de l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie, a reconnu le nouvel État. Les Serbes du Kosovo-et-Métochie, majoritaires au nord de Kosovska Mitrovica, refusent l'indépendance, sans pour autant réclamer leur rattachement à la Serbie, ce qui équivaudrait à une reconnaissance de jure d'un Kosovo détaché de la Serbie.
117
+
118
+ Le 22 décembre 2009, la Serbie effectue une demande d'adhésion formelle à l'Union européenne[5].
119
+
120
+ Le 25 octobre 2010, le Conseil des ministres fait franchir une première étape vers l'adhésion en annonçant la transmission de la candidature à la Commission européenne. Cette décision fait suite à la volonté d'apaisement des relations avec le Kosovo, que la Serbie a manifestée en signant à l'ONU une résolution appelant au « dialogue »[39].
121
+
122
+ Le 1er mars 2012, les 27 pays de l'Union européenne ont décidé d'octroyer à la Serbie le statut de candidat[40].
123
+
124
+ La Serbie compte 7 120 666 habitants (recensement de 2011). La diaspora serbe résulte de départs volontaires ou de migrations forcées, voire d'expulsions violentes (voir migrations serbes). Il y a actuellement 3,5 à 4 millions de Serbes de la diaspora dans le monde, sur 12 à 13 millions de Serbes dans le monde, un Serbe sur trois ne vit pas en Serbie, dont 4 millions ont la nationalité serbe[41].
125
+
126
+ Les recensements serbes ont hérité des catégories mises en place pendant la période yougoslave. Ces catégories sont appelées nationalités et elles recouvrent un sens ethnique de la nation. Les citoyens sont amenés à choisir une seule nationalité lors de ces recensements. Les nationalités sont associées à des groupes ethno-linguistiques (Serbes, Hongrois, Roms, Yougoslaves, Albanais, Ruthènes…), mais il existe toutefois une nationalité associée à une religion (Musulmans, constituée de Slaves musulmans).
127
+
128
+ Sur un total de 10 120 666 habitants (Kosovo inclus), la Serbie comptait, en 2002, 8 902 838 Serbes, soit 82,86 % de la population[42].
129
+
130
+ La Serbie, de même que les autres États issus de l'ex-Yougoslavie, a hérité des frontières délimitées par la période titiste, incluant les deux « Provinces autonomes » du Kosovo et de la Voïvodine. La Constitution communiste yougoslave de février 1974 donnait à ces deux provinces une autonomie totale vis-à-vis de la Serbie proprement dite « la centrale », ainsi qu'une représentation directe, à « égalité de droits », dans les instances fédérales.
131
+
132
+ Slobodan Milošević a mis fin à cette autonomie, en Voïvodine en 1988 par un coup d'État connu sous le nom de « révolution des yaourts »[43], et, en mars 1989, au Kosovo, par un coup de force militaro-policier, officiellement appelé « suspension de l'autonomie du Kosovo ». La Constitution de la République de Serbie, entrée en vigueur en 1990 alors que Milošević en était le président, entérinait cette double annexion, rétablissant pour le Kosovo l'ancienne appellation, supprimée en 1968 de « Kosovo-et-Métochie » (en serbe : Косово и Метохија) et Kosovo i Metohija – en serbe, Kosovo signifie le « Pays des merles » et Métochie, mot d'origine grecque, désigne les possessions territoriales de l'Église.
133
+
134
+ Avant l'adoption de la nouvelle constitution en 2006, les douze élus de la minorité hongroise réclamaient un retour à une plus grande autonomie, refusée par Belgrade et les 108 autres élus de Voïvodine, qui, précisément, alléguaient le projet de nouvelle Constitution pour la Serbie. Et, de fait, la nouvelle constitution fut adoptée par référendum en octobre 2006[44]. De leur côté, une majorité d'Albanais du Kosovo, en application supposée du texte de 1974, réclamait l'indépendance ; proclamée une première fois en octobre 1991 à l'issue d'un référendum parallèle tenu en septembre, elle ne fut pas reconnue par la communauté internationale. La résolution 1244 du 10 juin 1999 reconnaît l'appartenance du Kosovo à la République fédérale de Yougoslavie dont la Serbie est l'État successeur ; par ailleurs, cette résolution présentait le statut de la province comme provisoire. Depuis ce texte, le Kosovo est géré par la MINUK (UNMIK en anglais), administration de l'ONU et, en vertu des accords de Kumanovo, occupée par la KFOR, soit 18 000 hommes venus des pays de l'OTAN.
135
+
136
+ Le 17 février 2008, le Kosovo déclare unilatéralement son indépendance, mais celle-ci est contestée par la Serbie[4] et n’est pas reconnue par l’Organisation des Nations unies. La communauté internationale, quant à elle, est très divisée sur la question[4].
137
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138
+ Le pays est constitué de trois parties à statut distinct.
139
+
140
+ La Serbie centrale (en serbe : Централна Србија et Centralna Srbija), qui s'étend sur 55 968 km2[45], ne dispose d'aucun statut officiel ; elle désigne communément la partie de la République de Serbie qui se trouve en dehors de la Voïvodine et du Kosovo.
141
+
142
+ Au nord du pays, se trouve la province autonome de Voïvodine (en serbe : Аутономна Покрајина Војводина et Autonomna Pokrajina Vojvodina), qui s'étend sur 21 506 km2[45]. Cette province dispose d'une Assemblée[46] et d'un gouvernement[47]. Les dernières élections provinciales ont eu lieu le 11 mai 2008.
143
+
144
+ Au sud du pays, se trouve le Kosovo-et-Métochie (en serbe : Косово и Метохија et Kosovo i Metohija), de jure province autonome de Serbie[48], mais qui de facto a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008. Cette indépendance n’a été reconnue ni par l’Organisation des Nations unies, ni par l’Union européenne. La région couvre couvre une superficie de 10 887 km2[45].
145
+
146
+ Voïvodine
147
+
148
+ Serbie centrale
149
+
150
+ Kosovo-et-Métochie[49]
151
+
152
+ La municipalité (au singulier : општина et opština, au pluriel : општине et opštine[50]) constitue l’unité fondamentale de l’autonomie locale. L’ensemble du territoire de la Serbie est divisé en 194 municipalités : 120 pour la Serbie centrale, 29 pour le Kosovo-et-Métochie, au sud, et 45 pour la Voïvodine, au nord[45]. La municipalité porte généralement le nom de la plus grande ville ou de la plus grande localité du secteur. En revanche, certaines villes importantes comme Belgrade, Novi Sad, Kragujevac et Niš, sont elles-mêmes divisées en plusieurs municipalités. Pour établir une analogie à considérer avec précaution, les municipalités serbes peuvent être comparées aux départements français, sauf dans les grandes villes, où elles ressemblent un peu aux arrondissements des grandes villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, par exemple). La municipalité dispose d’une assemblée (en serbe : скупштина општине et skupština opštine), élue pour quatre ans lors des élections locales, ainsi que d’un président (en serbe : председник општине et predsednik opštine), lui aussi élu pour quatre ans par l'assemblée municipale.
153
+
154
+ Les municipalités serbes sont regroupées à l'intérieur de 29 « districts » (au singulier : округ et okrug, et au pluriel : окрузи et okruzi), 17 en Serbie centrale, 7 en Voïvodine, 5 au Kosovo[45]. La Ville de Belgrade constitue un district à elle seule. Ces districts sont des centres régionaux où s’exerce l’autorité de l’État. Ce sont des divisions administratives qui ne disposent pas d’une assemblée. En revanche, ils abritent diverses institutions étatiques.
155
+
156
+ La « communauté locale » (en serbe : Месна заједница et Mesna zajednica) est la plus petite unité administrative de la Serbie. Le plus souvent, ces communautés locales coïncident avec une « localité » dont elles portent le nom. Dans les zones rurales, certains villages faiblement peuplés peuvent être regroupés au sein d'une même communauté locale ; dans ce cas, la communauté locale est un peu l'équivalent d'un canton français ; elle porte alors le nom de la localité la plus importante de son secteur. En revanche, dans les zones les plus peuplées, une même localité peut être divisée en plusieurs communautés locales ; c'est notamment le cas dans les villes. Ces communautés sont gouvernées par des « conseils » (en serbe : савети et saveti) élus aux élections locales.
157
+
158
+ En janvier 2007, la Serbie, dans son ensemble, comptait officiellement 6 168 « localités » (en serbe : насеље et naselje, au pluriel : насеља et naselja), dont 4 252 en Serbie centrale, 467 en Voïvodine et 1 449 au Kosovo et Metohjia[45]. Ces localités sont, pour la plupart d'entre elles, regroupées au sein d'une municipalité. Le plus souvent, elles correspondent à des localités rurales, communément appelées « villages » (en serbe : село et selo, au pluriel : села et sela). Mais un petit nombre d'entre elles sont officiellement définies comme des « localités urbaines » (en serbe : Градска насеља et Gradska naselja), communément appelées « villes » ; en 2007, on en comptait 207 dans toute la Serbie, dont 129 en Serbie centrale, 52 en Voïvodine et 26 au Kosovo[45]. Le statut de localité urbaine n'est pas lié au nombre des habitants ; il a été officiellement obtenu au cours de l'histoire du pays et, plus récemment, par décision administrative. En outre, la loi sur l'organisation territoriale de la République de Serbie, votée le 28 décembre 2007, définit 24 « villes » ou « cités » (au singulier : Град / Grad ; au pluriel : Градови / Gradovi)[51]. Ces cités disposent d’une assemblée et d’un budget particuliers.
159
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160
+ En 2008, la population de Priština, au Kosovo, était évaluée à 206 686 habitants.
161
+
162
+ La Serbie a eu son indépendance en 2006 après sécession du Monténégro.
163
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164
+ La République de Serbie est une république démocratique représentative parlementaire, où le Président de la République de Serbie est le chef de l'État et le Premier ministre est le chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement. Le pouvoir législatif est exercé conjointement par le gouvernement et par l'Assemblée nationale de la République de Serbie. Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Le système politique de la Serbie se caractérise par le multipartisme. Il existe actuellement 342 partis dans le pays[53].
165
+
166
+ La Serbie est militairement neutre depuis l'adoption d'une résolution en ce sens par le Parlement serbe, en 2007[54]. Les autorités serbes réaffirment régulièrement leur attachement à la neutralité militaire du pays, à l'image du président Nikolić en 2014[55],ou du président Vucic en 2019[56].
167
+
168
+ L'actuel drapeau de la Serbie a été adopté le 2 février 2008 ; c'est un drapeau tricolore conçu selon le modèle des couleurs panslaves mais en en inversant l'ordre : rouge en haut, bleu au milieu, blanc en bas, en trois bandes horizontales de taille identique. L'hymne national serbe, Bože Pravde, a été écrit, en 1872, par Jovan Đorđević, sur une musique de Davorin Jenko ; les paroles ont été légèrement adaptées depuis[57].
169
+
170
+ Le Parlement de Serbie, qui représente le pouvoir législatif, est constitué d'une chambre unique, appelée Assemblée nationale de la République de Serbie (en serbe : Народна скупштина Републике Србије et Narodna skupština Republike Srbije). L'Assemblée est composée de 250 députés, élus au suffrage universel direct et à scrutin de liste tous les quatre ans. Le pouvoir exécutif est exercé par le Gouvernement de la Serbie (en serbe : Владе Србије et Vlade Srbije), qui se compose du Président du gouvernement, ou « premier ministre » (en serbe : Председник Владе et Predsednik Vlade) et des ministres (Министри et Ministri). Le chef du gouvernement est proposé au Président de la République par le Parlement. Après sa nomination et après la formation du gouvernement, le Parlement doit leur accorder sa confiance.
171
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172
+ Des élections législatives ont eu lieu le 21 janvier 2007. À la suite de ces élections, un gouvernement est formé le 15 mai 2007 par le Premier ministre Vojislav Koštunica. Le 8 mars 2008, Vojislav Koštunica annonce la démission de son gouvernement, à la suite de la crise gouvernementale provoquée par la déclaration d'indépendance du Kosovo[58],[59]. De nouvelles élections législatives anticipées ont lieu le 11 mai 2008, en même temps que les élections locales, déjà prévues à cette date. Elles voient la victoire relative d'une coalition pro-européenne formée par le Président Boris Tadić. Un nouveau Premier ministre issu de cette coalition, Mirko Cvetković, gouverne avec le soutien du Parti socialiste de Serbie à partir du 7 juillet 2008.
173
+
174
+ Le 5 avril 2012, le président Tadić démissionne quelques mois avant la fin de son mandat, afin d'organiser l'élection présidentielle, à laquelle il est candidat, en même temps que les législatives. Tomislav Nikolić, du parti progressiste serbe (scission du parti radical serbe) est élu président le 20 mai 2012 et nomme en juillet à la tête du gouvernement Ivica Dačić, chef du parti socialiste de Serbie, qui a rallié la nouvelle majorité de droite. Le 16 mars 2014, des élections anticipées renforcent cette majorité, qui place à la présidence du gouvernement Aleksandar Vučić, le chef du parti progressiste.
175
+
176
+ Le 24 avril 2016, Aleksandar Vučić est réélu avec la majorité absolue, ce qui lui permet de gouverner de mettre fin à la coalition avec le parti socialiste[60].
177
+
178
+ Selon les termes de la constitution serbe de 2006, le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Le Président de la République représente la nation. En 2004 est créée la Chancellerie nationale du Président de la République (en serbe : Народна канцеларија председника Републике et Narodna kancelarija predsednika Republike), une institution qui permet aux citoyens de communiquer directement avec le chef de l'État[61].
179
+
180
+ Boris Tadić (parti démocrate) est élu président pour un deuxième mandat le 3 février 2008[62]. Il annonce sa démission début avril 2012 ; une élection présidentielle a lieu le 6 mai 2012, au même moment que les élections législatives et locales. Entre-temps, c'est Slavica Đukić Dejanović qui est présidente par interim. Le nouveau président élu est Tomislav Nikolić (parti progressiste serbe), qui bat au second tour Boris Tadić.
181
+
182
+ Au cours de son histoire la Serbie a développé trois grandes alliances géostratégiques :
183
+
184
+ Aujourd'hui encore ces tendances de fond sont présentes dans la vie politique serbe, avec le Parti démocrate et le Parti radical serbe qui orientent la politique étrangère de la Serbie respectivement vers l'ouest et vers l'est. Le Parti démocrate de Serbie était jusqu'à la crise du Kosovo le parti charnière des coalitions gouvernementales, place qu'il pourrait se faire ravir par le Parti socialiste de Serbie[64].
185
+
186
+ L'État serbe a succédé de facto à l'État yougoslave qui siégeait à l'ONU comme membre fondateur depuis le 26 juin 1945 ; la Serbie a en effet hérité des représentations diplomatiques de l'ancienne Yougoslavie. Le 22 septembre 1992, la République fédérale de Yougoslavie (RFY, « troisième Yougoslavie ») est exclue de l’Assemblée générale des Nations unies, cette dernière ne reconnaissant pas la nouvelle République comme le successeur de la République fédérative socialiste de Yougoslavie (mais comme seulement un des successeurs parmi ses six anciennes composantes), lui laissant la possibilité de présenter sa candidature en son nom propre. La République fédérale de Yougoslavie est finalement admise le 1er novembre 2000 (résolution A/RES/55/12). Elle est devenue Serbie-et-Monténégro le 4 février 2003. À la suite de la partition du pays entre la Serbie et le Monténégro le 3 juin 2006, la Serbie a conservé le statut d'État membre sous le nom de République de Serbie en tant qu'État successeur reconnu de jure de l'union[65], tandis que le Monténégro l'est devenu le 28 juin 2006. Cette situation n'est pas unique puisque la Russie a elle aussi hérité du siège de l'ancienne URSS (membre fondateur le 24 octobre 1945), mais contrairement à la Serbie, la Russie a été reconnue de jure par l'ONU comme la continuité de l'ex-URSS, à la suite de la lettre datée du 24 décembre 1991 par laquelle le Président de la Fédération de Russie, Boris Eltsine, a informé le Secrétaire général que la Fédération de Russie, avec l’appui des onze pays membres de la Communauté des États indépendants, succédait à l’Union soviétique au Conseil de sécurité et dans tous les autres organes de l’ONU[66].
187
+
188
+ La Serbie a une économie de marché émergente dans la tranche de revenu supérieure-moyenne[67]. Selon le Fonds monétaire international, Serbe PIB nominal
189
+ en 2018 est officiellement estimé à 50,651 milliards de dollars, soit 7,243 dollars par habitant, parité de pouvoir d'achat
190
+ Le PIB s'élevait à 122,759 milliards de dollars, soit 17,555 dollars par habitant[68]. L’économie est dominée par services qui représente 67,9% du PIB, suivi de l’industrie avec 26,1% du PIB et de l’agriculture avec 6% du PIB.[69]
191
+
192
+ La monnaie officielle de la Serbie est Dinar serbe] (ISO code: RSD), et la banque centrale est Banque nationale de Serbie.
193
+
194
+ La Bourse de Belgrade est la seule bourse du pays, avec une capitalisation boursière de 8,65 milliards de dollars et BELEX15
195
+ comme indice principal représentant les 15 valeurs les plus liquides[70].
196
+
197
+ L’économie a été affectée par la crise économique mondiale. Après presque une décennie de forte croissance économique (moyenne de 4,45% par an), la Serbie est entrée en récession en 2009 avec une croissance négative de −3% et à nouveau en 2012 et 2014 avec −1% et −1,8%, respectivement[71]. La population active s'élève à 3,2 millions d'habitants, dont 56% dans le secteur des services, 28,1% dans l'industrie et 15,9% dans l'agriculture[72].
198
+
199
+ Depuis 2000, la Serbie a attiré plus de 40 milliards de dollars en l'investissement étranger direct (IDE)[73]. Les entreprises de premier ordre qui investissent comprennent: Fiat Chrysler Automobiles, Siemens, Bosch, Philip Morris, Michelin, Coca-Cola, Carlsberg et d'autres[74]. Dans le secteur de l'énergie, les géants de l'énergie russes, Gazprom et Lukoil sont de gros investisseurs[75]. Dans le secteur de la métallurgie, les géants chinois de l'acier et du cuivre, Hesteel et Zijin Mining ont acquis des complexes clés[76].
200
+
201
+ La balance commerciale de la Serbie est défavorable: les importations dépassent les exportations de 25%. Les exportations de la Serbie ont toutefois enregistré une croissance soutenue au cours des deux dernières années, atteignant 19,2 milliards de dollars en 2018[77].
202
+ Le pays a conclu des accords de libre-échange avec Accord de libre-échange avec l'AELEet l'ALECE , un régime commercial préférentiel avec l'Union européenne, le Système généralisé de préférences avec les États-Unis et des accords de libre-échange individuels avec la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et la Turquie[78].
203
+
204
+ La monnaie de la Serbie est le dinar serbe (srpski dinar), hormis au Kosovo qui a adopté l'euro.
205
+
206
+ Selon les estimations de 2007, l'agriculture représentait 12,3 % de l'activité économique de la Serbie, l'industrie 24,2 % et les services 63,5 %[85].
207
+
208
+ Vers la fin des années 1980, au début du processus de « transition économique », la situation économique de la Serbie était favorable. Mais elle a été gravement affectée par les sanctions économiques des Nations unies en 1992-1995 et par les dommages causés aux infrastructures et à l'industrie par les raids aériens de l'OTAN en 1999. Ces difficultés ont été encore accentuées par la perte des marchés de la Yougoslavie et du SEV principalement récupérés par des grandes entreprises européennes. Les problèmes économiques actuels s'expriment par un taux de chômage élevé (20 % en 2005). Ils peuvent être attribués à un certain manque de réformes économiques.
209
+
210
+ Après le départ de Slobodan Milošević en octobre 2000, la croissance économique du pays fut importante (6,3 % en 2006). Le pays s'attend à un taux de croissance élevé pour les années à venir. Par ses résultats économiques, la Serbie a parfois été surnommée « le tigre balkanique », en référence aux « tigres » de l'Asie de l'Est. Néanmoins, le PIB du pays est toujours bien en dessous du niveau de 1990. En 2006, il était estimé à 47,77 milliards de dollars américain, soit 5 713 dollars américain par habitant. Le taux de croissance du PIB était de 5,9 % en 2005.
211
+
212
+ La Serbie s'était préparée à adhérer à l'Union européenne, son partenaire commercial le plus important[86],[87],[88]. Elle a un déficit élevé de son commerce extérieur. Sa dette est de 20 milliards de dollars américain (soit 2 500 € par habitant), contre 35 milliards pour la Croatie, 30 pour la Slovénie et 64 pour la Hongrie[89].
213
+
214
+ La BERD prévoit une croissance de 3,1 % en 2009 pour les pays de la zone balkanique, elle était de 6,2 % en 2007 et 6,5 % en 2008. Cette diminution est bien entendu due à la crise économique de 2007-2008[90].
215
+
216
+ Aleksandar Vučić accelère la libéralisation de l'économie dès son arrivée aux plus hautes fonctions, en 2012, comme vice-président du gouvernement[91].
217
+
218
+ En 2015, sont annoncés de très importants investissements des Émirats arabes unis dans le pays portant notamment sur la construction d'un quartier d'affaires de 750 000 m2 sur la Save. Ils font suite à l'acquisition de milliers d’hectares de terres agricoles en Voïvodine par la Fondation Al-Dahra, à l'achat, en 2013, de la JAT, le transporteur aérien serbe, renommé Air Serbia, par la société émiratie Etihad Airways et à un contrat d'achat d'armes entre Emirates Advanced Research and Technology Holding (EARTH) et la société Yugoimport SDPR, concernant le développement de missiles air-sol[92].
219
+
220
+ L'État serbe subventionne massivement les entreprises étrangères installées dans le pays, ce qui pénalise parfois l'économie. Par exemple, l'entreprise sud-coréenne Yura délocalise en septembre 2018 sa production en Albanie après avoir touché 7 000 euros d'aides publiques pour chaque emploi créé dans son usine serbe[91].
221
+
222
+ 10 575 700 000 USD (combustibles minéraux 18,9 % ; produits chimiques et dérivés 13,6 % ; machines et appareils 10,3 % ; équipement de transport 8,2 % ; métaux de base 7,6 % ; textiles et habillement 4,4 % ; produits alimentaires 4,0 % ; papier et dérivés 3,2 %)[93].
223
+
224
+ 4 553 400 000 USD (métaux de base 15,4 % ; produits alimentaires 14,7 % ; produits chimiques et dérivés 8,8 % ; produits plastiques, caoutchouc et dérivés 6,4 % ; machines et appareils 4,9 % ; textiles et habillement 4,3 % ; équipement de transport 2,6 %)[93].
225
+
226
+ La Russie et la Serbie n'ont pas de barrières douanières. Cette politique entre les deux États a été signée entre la Yougoslavie et l'Union des républiques socialistes soviétiques dont les deux pays sont les héritiers. Les accords signés à l'époque sont encore en vigueur jusqu'en 2012. Des pourparlers sont en cours dans le but de prolonger ces accords. FIAT, qui profite déjà de la manne à Kragujevac, pourrait voir arriver Volkswagen, qui envisage également la construction d'une usine[94].
227
+
228
+ Agriculture auto suffisante :
229
+
230
+ Au début des années 1990 la Serbie est frappée par les sanctions économiques dues à la politique de Milosevic, pendant 10 ans, la Serbie n'importe pas d'engrais ni d'insecticides[95]. Les sanctions en 10 ans ruinent les agriculteurs et les obligent aussi à se passer des engrais chimiques. Au début des années 2000, une fois les sanctions tombées les agriculteurs serbe n'ont plus les moyens et ont d'ailleurs perdu le réflexe de produire avec les engrais chimiques et autres insecticides non-biologiques, donc pendant 20 ans la terre serbe n'a pas été touchée par la pollution agricole[95].
231
+
232
+ Cette situation fait de la terre de Serbie, la terre la plus bio d'Europe[95]. Le ministère serbe de l'Agriculture a déclaré que dans trois ans, 75 % des terres agricoles en Serbie, soit 650 000 hectares, pourront être utilisées pour la production bio[95]. Le marché Kalenic, à Belgrade, est le centre de distribution principale de la production Bio en Serbie, mais des chaînes de distribution industrielle ont également investi en Serbie comme la « compagnie Royal eco food », basée à Belgrade, qui produit des spécialités serbes bio[95].
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+ Objectif de 27 % d'énergie renouvelable en Serbie.[réf. nécessaire]
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236
+ Les deux premières fermes éoliennes de Serbie débutent la production d'électricité dans les communes de Kovin[96] et Kovačica[97].
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+ D'ici à la fin de l'année 2019, les deux projets, financés par le privé, permettront de fournir l'équivalent de 180 000 foyers.
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+ [réf. nécessaire]
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+ Plusieurs complexes industriels : sidérurgie, automobile (Zastava, Fiat Kragujevac, Iveco, Fabrika Automobila Priboj, Ikarbus, industrie Utva, construction de tracteurs et de machines agricoles Industrija Motora i Traktora et Rakovica, de pneus (Tigar Pirot), etc.
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+ Dans le cadre du projet South Stream, près de 30 milliards de m3 de gaz russe et d'Asie centrale devraient être acheminés chaque année en Europe. Gazprom a fait de la Serbie une de ses priorités dans la région[98]. En effet, la Serbie est le pays à la plus grande partie du tracé sur son territoire, soit plus de 400 km sur une longueur totale d'environ 900 km, pour la partie terrestre, pour le tronçon passant à plus de 2 km de profondeur par endroits sous la mer Noire il sera d'environ 900 km. En Serbie, à Banatski Dvor, devrait également être construit un réservoir de gaz souterrain[99], capable de contenir environ 300 millions de m³, de quoi fournir tous les pays d'Europe de l'Ouest pendant une certaine période en cas de coupure du réseau. L'accord prévoit que le gazoduc serbe aura une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an au moins[100]. Pour construire et entretenir l'infrastructure de South Stream en Serbie, les sociétés Srbijagaz (Serbie) et Gazexport, une filiale de Gazprom (Russie), ont prévu de créer une coentreprise[101]. Une fois le trace terminé, en 2013, l'importance énergétique de la Serbie sera plus importante pour l'UE que l'Ukraine aujourd'hui, alors que l'importance de l'Ukraine sera moindre. La Serbie, dépendant du soutien de Moscou pour le Kosovo, apparaît en effet pour la Russie comme un partenaire beaucoup plus fiable que l'Ukraine, qui, elle, a tendance à se tourner vers les États-Unis[102]. Le Parlement de Serbie a vote le lundi 8 septembre 2008 à 12 h, l'adoption du projet South Stream[63]. Le 24 décembre 2008 à Moscou, la Serbie et la Russie ratifient trois accords de partenariat énergétique signés en janvier et Gazprom obtient une part majoritaire dans NIS[103],[104].
244
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+ La Serbie a négocié avec la Russie pour obtenir le prix du gaz naturel le moins cher d'Europe. Le prix du mètre cube de gaz en Serbie varie entre 0,30 et 0,39 euros, alors qu'il est de 0,65 en France ou de 0,64 en Allemagne ou encore le plus cher est en Suède de 1 17 € le mètre cube[105].
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+ La ville serbe de Kragujevac, avec Zastava, est un centre de production automobile aujourd'hui modeste, avec 11 000 voitures produites, contre 220 000 en 1989 du temps de la Yougoslavie socialiste[106], ce qui en faisait le premier centre automobile du pays, devant les usines Renault de Novo mesto et Volkswagen de Sarajevo. La Yugo était le véhicule le plus produit. En septembre 2008, Fiat a investi 700 millions d'euros et le gouvernement de la Serbie 200 millions d'euros dans la rénovation de l'usine Zastava. Le monstre industriel issu de ces investissements produira 300 000 véhicules (véhicules individuels (FIAT classe A et B), mais aussi autocars et camions Iveco) par an, à destination de la Serbie pour seulement 10 %. Le reste de la production sera destiné à l'exportation dans l'UE et surtout en Russie, avec laquelle la Serbie a des accords de libre-échange.
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+ En août 2010, l'équipementier automobile sud-coréen Yura Corporation lance la construction d'une nouvelle usine qui produira des pièces détachées de voitures électriques dans la ville de Niš. Yura Corporation compte parmi ses principaux clients les constructeurs sud-coréens Hyundai et Kia. Elle investit environ 15 millions d'euros (19,2 millions de dollars). L'usine, qui emploie 1 500 personnes, commence sa production en mai 2011[107].
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+ La Serbie compte 500 000 fonctionnaires, en tenant compte des fonctionnaires de police, l'armée, la santé, l'éducation et tous les fonctionnaires administratifs (28 000 à eux seuls) pour 7,5 millions d'habitants (sans le Kosovo). Le gouvernement du président Boris Tadić prévoit de réduire encore le nombre de fonctionnaires, pour respecter l'accord conclu avec le FMI à la suite des prêts de 3 milliards d'euros obtenus par son gouvernement[108].
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+ La notion de culture serbe (en serbe cyrillique et serbe latin : Српска култура et Sprska kultura) se rapporte à la culture de la Serbie et, plus généralement, à celle de tous les Serbes vivant sur le territoire de l'ex-Yougoslavie et ailleurs dans le monde. Un Serbe sur trois ne vit pas en Serbie et il y a 12 millions de Serbes dans le monde (voir Diaspora serbe). Elle a subi une forte influence de la part de la Tradition, notamment dans les arts, dans l'artisanat et dans la musique. Cette culture traditionnelle s'est formée au Moyen Âge, via l'influence de l'Empire byzantin et celle de l'Église orthodoxe. Lors des cinq siècles de la présence ottomane, elle a été préservée dans les traditions familiales (voir Slava) et dans les monastères, tout en continuant de se développer dans les régions contrôlées par les Habsbourg (voir Confins militaires) et la République de Raguse (voir Monténégro). Au début du XIXe siècle, après le premier et le second soulèvement serbe contre les Turcs, elle a connu un nouvel essor avec une importante influence de la culture occidentale. Cette occidentalisation ultrarapide fut grandement due à l'importante minorité serbe de l'Empire d'Autriche qui modernisa l'appareil d'État au cours du XIX. Après 1945 pendant la République fédérale socialiste de Yougoslavie, elle a subi l'influence du titisme via son programme d'autogestion. Le titisme, régime de type socialiste, avait la particularité d'être ouvert vers l'extérieur, elle continua donc à recevoir simultanément, l'influence de la culture occidentale, tout en conservant une forte imprégnation de sa culture traditionnelle orthodoxe.
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+ Les chrétiens orthodoxes représentent en Serbie plus de 90 % des croyants (sans le Kosovo). On date la conversion des Serbes entre 867 et 870, et c’est dans cette période que l’on constate une explosion des prénoms chrétiens parmi les Serbes sous le règne du souverain Mutimir qui lui portait encore un prénom slave. L'Orthodoxie, en grec Ορθοδοξία, en français, la foi droite (ou christianisme orthodoxe) descend en droite ligne des premières communautés chrétiennes fondées par les apôtres de Jésus dans les provinces orientales de l'Empire romain et comptant quelque 200 millions de fidèles. Elle est organisée en de nombreuses Églises territoriales (et non nationales) qui forment ensemble l'« Église orthodoxe » ou « Communion orthodoxe » fidèle à la théologie des sept conciles du premier millénaire chrétien et au droit canon qui en découle. Jusqu'au schisme de 1054, les Églises d'occident (Église catholique comprise) aussi furent orthodoxes, c'est-à-dire conformes à la théologie et au droit canon des sept conciles du premier millénaire.
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+ Il y a aussi une communauté musulmane d'environ 180 000 personnes[109] principalement concentrée au Sandjak. L'identité des musulmans dans le Sandjak est divisée, certains se disent Bosniaques, d'autres Musulmans (nationalité) et certains partiellement comme Serbes ou Montenégrins.
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+ La communauté catholique est représentée par la minorité hongroise 293 299 personnes[109] du nord de la voïvodine.
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+ Les premiers Juifs arrivèrent sur le territoire de l'actuelle République de Serbie à l'époque de l'Empire romain. Mais les communautés juives des Balkans ne prirent de l'importance qu'à la fin du XVe siècle, lorsque les Juifs, fuyant l'Inquisition en Espagne et au Portugal, trouvèrent refuge dans les régions contrôlées par les Ottomans et notamment en Serbie, alors en grande partie sous domination turque. Les communautés s'y développèrent jusqu'à la Première Guerre mondiale, mais elles furent presque complètement anéanties dans l'Holocauste de la Seconde Guerre mondiale. La communauté juive de Serbie compte actuellement moins de 800 membres.
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+ Le protestantisme est aussi présent en Serbie. Selon un recensement réalisé en 2002, la part de chrétiens protestants représente 1,1 % de la population. Le protestantisme est surtout présent chez les Slovaques et les Allemands de Voïvodine.
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+ La constitution de 2006 fait du serbe la langue officielle de la Serbie (article 10)[48].
266
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+ Même si certains linguistes utilisent encore parfois le terme de serbo-croate pour définir la langue parlée en Serbie, au Monténégro, en Bosnie-Herzégovine et en Croatie, officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue serbe, bosniaque ou croate. Les locuteurs de ces diverses langues se comprennent spontanément, sans traducteur ; la séparation et la définition de ces langues est donc historique et politique. En revanche, d'une langue à l'autre, on peut noter des différences partielles dans le lexique ou la morphologie (certaines conjugaisons ou déclinaisons varient). Il y a surtout une différence d'alphabet : il est cyrillique et latin en Serbie, au Monténégro et dans la République serbe de Bosnie, mais seulement latin en Croatie et dans la Fédération croato-musulmane de Bosnie-Herzégovine. En Serbie, le cyrillique est utilisé par les journaux de référence comme Politika ; les journaux en alphabet latin sont des journaux plus généralistes et populaires, comme Blic ; il caractérise aussi des journaux d'opposition ou progressistes comme Danas. L'administration serbe, quant à elle, privilégie l'alphabet cyrillique[110], tout en utilisant aussi l'alphabet latin[111]. Le cyrillique est également l'alphabet officiel du Patriarcat de Serbie.
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+ L'administration de la province de Voïvodine reconnaît officiellement six langues : le serbe, le hongrois, le slovaque, le roumain, le croate et le ruthène pannonien[112]. Toutes ces langues sont utilisées dans le gouvernement provincial. Le serbe est employé dans tous les gouvernements municipaux de la province. Les langues des minorités sont choisies par telle ou telle municipalité, au niveau local. Le serbe cyrillique a été retenu par les 45 municipalités de la province, tandis que le serbe en alphabet latin est officiel dans 23 municipalités sur 45. Le hongrois est langue officielle dans 29 municipalités, le slovaque dans 12, le roumain dans 9 et le ruthène dans 6. Le croate est langue officielle dans une municipalité. Ni le tchèque ni le bunjevac (un dialecte chtokavien), langues minoritaires, ne sont officiellement reconnus qu'au niveau de la Voïvodine. D'autres langues sont également officiellement reconnues dans les municipalités de Serbie centrale, comme le bosnien (Sjenica, Tutin, Novi Pazar, Prijepolje, Priboj, Nova Varoš), le bulgare (Dimitrovgrad, Bosilegrad) et l'albanais (Bujanovac, Medveđa, Preševo)[113].
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271
+ Sur le territoire de la Serbie, il existe plusieurs sites d'installation humaine préhistorique, la vallée de la Morava étant un lieu de passage naturel pour l'homme entre l'Europe et l'Asie Mineure (Turquie). Le site paléolithique le plus célébré en Serbie est celui de Lepenski Vir. Il existe en Serbie plusieurs sites datant de l'Empire romain et de l'Empire byzantin, la ville de Sirmium romaine puis byzantine, Gamzigrad sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et Justiniana Prima sont les sites incontournables.
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+ De tous les monuments serbes du Moyen Âge, les plus nombreux sont les églises et les monastères. Ils sont pour la plupart ornés de fresques, décrivant la vie des souverains serbes ou des scènes de la vie des Saints, notamment ceux de l'Église orthodoxe serbe. Sur le plan architectural, l'œuvre la plus originale de l'art serbe est le monastère de Studenica (1190), qui a servi de modèle pour les monastères de Mileševa, de Sopoćani et de Visoki Dečani. L'une des œuvres majeures de la peinture serbe médiévale est sans doute la Fresque de l'Ange blanc du monastère de Mileševa ; caractéristique de la « période latine » de l'art byzantin, elle a été exécutée par des peintres grecs anonymes, venus de Constantinople, de Nicée et de Thessalonique.
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+ L'iconographie est un des éléments culturels principaux de l'art dans la Serbie médiévale.
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+ L'influence de l'art des romains d'orient devient après la prise de Constantinople par les croisés en 1202, prépondérante. En effet, les artistes byzantins ont abandonné Constantinople car les croisés faisaient peu état de l'art préférant piller la ville plutôt que de créer de nouvelles œuvres. Une partie d'entre eux trouva refuge en Serbie où ils étaient très recherchés pour leurs qualités par la noblesse serbe et l'église orthodoxe serbe, l'exil des artistes grecs permit aux artistes serbes d'acquérir leurs techniques. Cette influence grecque est perceptible dans les monastères de Église de la Vierge de Leviša et Gračanica tous classés sur la Liste du patrimoine mondial en péril de l'UNESCO en raison des destructions commises par les musulmans kosovars albanais lors des troubles de 2004 au Kosovo.
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+ Le monastère de Visoki Dečani a été construit entre 1330 et 1350 ; il a été réalisé dans le style roman, donc d'influence latine. Ses murs sont couverts de portraits qui décrivent des épisodes du Nouveau Testament. Derrière l'iconostase de l'église, se trouve le sarcophage du roi Stefan Uroš III Dečanski.
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+ Beaucoup d'artistes serbes du XIXe siècle, ont effectué leurs études en France et en Allemagne. Ils ont alors été influencés par le style avant-gardiste. Parmi les artistes du début du XXe siècle, on peut citer Nadežda Petrović, dont le style est caractéristique du fauvisme et Sava Šumanović, influencé par le cubisme. Le XXe siècle a connu d'autres peintres de premier plan comme Milan Konjović, Marko Čelebonović, Petar Lubarda, Vladimir Veličković et Mića Popović. Le Musée national de Belgrade possède une importante section consacrée à la peinture yougoslave, et notamment à la peinture serbe ; elle comprend plus de 6 000 œuvres du XVIIe siècle au XXe siècle[114].
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+ La Serbie est également réputée pour ses peintres naïfs, comme Janko Brašić, Sava Sekulić, Martin Jonaš et Zuzana Halupova. La ville de Jagodina, dans la Serbie centrale possède un important Musée d'art naïf ; on peut également signaler le Musée d'art naïf de Kovačica.
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+ Le début de la littérature serbe correspond à l'introduction de l'alphabet cyrillique par les saints Cyrille et Méthode aux IXe siècle. Parmi les textes médiévaux, on retiendra un texte écrit en alphabet glagolitique datant XIe siècle, qui traite des Soins aux blessures, ainsi qu'un texte politique et religieux du XIIe siècle, l'Évangile de Miroslav (en serbe : Мирослављево Јеванђеље et Miroslavljevo Jevanđelje, qui évoque Miroslav, prince du Hum et frère de Stefan Nemanja. Ce manuscrit, qui date de 1180 et qui est conservé au Musée national de Belgrade, a été inscrit en 2005 sur la liste Mémoire du monde de l'UNESCO[115],[116].
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+ Pendant la période turque, du XVe siècle au XVIIIe siècle, la littérature serbe se caractérise par son lyrisme épique.
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+ Dès le XVIIIe siècle, l'écrivain Dositej Obradović (1742-1811) renonça au slavon, la « langue savante », et choisit d'utiliser le serbe comme langue littéraire. Les Serbes le considèrent comme le premier grand auteur ayant écrit dans la langue de leur pays.
290
+ Au XIXe siècle, l'écrivain et le linguiste Vuk Stefanović Karadžić modernise la langue serbe et pose ainsi les fondations de la littérature moderne ; il est l'auteur du slogan : « Écris comme tu parles » (en serbe « Пиши као што говориш »).
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+
292
+ Parmi les auteurs du XIXe siècle, on peut citer Branko Radičević, Petar II Petrović-Njegoš, Đura Jakšić et Jovan Jovanović Zmaj et, parmi ceux du XXe siècle, Ivo Andrić, Miloš Crnjanski, Meša Selimović, Dobrica Ćosić, Danilo Kiš et Milorad Pavić, aujourd'hui Milan Rakić, Jovan Dučić, Desanka Maksimović, Miodrag Pavlović et Vasko Popa.
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294
+ Les Serbes sont particulièrement amateurs de théâtre. Joakim Vujić est le réformateur du théâtre serbe contemporain. En 1835, il rénove le style Knjažesko-srbski à Kragujevac. Parmi les autres figures du théâtre serbe on peut citer Jovan Sterija Popović, au XIXe siècle, et Branislav Nušić, au XXe siècle. Depuis 1967, se tient à Belgrade le festival du BITEF. Parmi les théâtres les plus importants du pays, on peut signaler le Théâtre national, le Théâtre dramatique yougoslave ou encore l'Atelier 212, tous trois situés à Belgrade. Novi Sad possède également une scène de premier plan, le Théâtre national serbe. Parmi les hommes et femmes de théâtre serbe, on peut citer Bojan Stupica, le fondateur du Théâtre dramatique yougoslave ; en tant qu'architecte, il a dessiné la nouvelle salle de l'Atelier 212. Mira Trailović et Jovan Ćirilov, tous deux dramaturges et metteurs en scène, sont les fondateurs du BITEF. Parmi les auteurs dramatiques contemporains, on peut signaler Dušan Kovačević, Lioubomir Simović et Biljana Srbljanović.
295
+
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+ Le cinéma serbe est l'un des plus importants d'Europe et il figure assurément parmi les meilleurs en Europe du Sud et en Europe centrale. Avant 1945 il n'a produit que 12 longs métrages. Après la Seconde Guerre mondiale, il s'est fait connaître sur la scène internationale, avec les réalisateurs Goran Marković, Aleksandar Petrović, Dušan Makavejev, Slobodan Šijan, Goran Paskaljević. Le réalisateur serbe le plus célèbre est Emir Kusturica, qui a obtenu deux palmes d'or au Festival de Cannes pour les films Papa est en voyage d'affaires en 1985 et Underground en 1995. Pendant le tournage de La vie est un miracle (2004), dans lequel la ligne de chemin de fer du Huit de Šargan (en serbe : Шарганска осмица et Šarganska osmica) joue un rôle essentiel, il a particulièrement apprécié la région de Mokra Gora ; il y a fait bâtir le « village en bois » de Küstendorf[117] ; en janvier 2008, s'y est déroulé le premier Festival international du film et de la musique de Küstendorf[118]. Depuis 1971, Belgrade accueille un important Festival du film (en serbe : Београдски међународни филмски фестивал et Beogradski međunarodni filmski festival, FEST)[119]. L’essentiel de l’industrie du cinéma serbe se trouve à Belgrade.
297
+
298
+ Parmi les acteurs renommés de la première moitié du XXe siècle, on peut citer Ilija Stanojević (1859-1930), qui, en 1911, réalisa également le premier film muet de Serbie, ou encore Žanka Stokić (1887-1947) et le tragédien Dobrica Milutinović (1880-1956). Parmi les acteurs et actrices de la « nouvelle vague serbe », on peut signaler Miodrag Petrović Čkalja, Pavle Vujisić, Zoran Radmilović, Danilo Stojković, Dragan Nikolić, Milena Dravić, Velimir Bata Živojinović, Ljubiša Samardžić, Mira Banjac, Bora Todorović, Miki Manojlović, Lazar Ristovski et Mirjana Karanović.
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300
+ L'instrument de musique le plus populaire en Serbie est la gusla, introduit au XIe siècle, les bardes serbes jouaient de la gusla et chantaient les épopées des rois et empereurs serbes disparus. Aujourd'hui plus qu'un instrument de musique, elle est un symbole de la culture et la mémoire serbe. L'autre instrument de musique utilisé au Moyen Âge était la flûte. En Voïvodine et aux confins militaires, les Serbes utilisaient plutôt la tamboura et la cornemuse. Depuis le XXe siècle les instruments les plus utilisés dans la musique populaire sont l'accordéon et la trompette. Le trompettiste le plus populaire de Serbie ainsi que dans tous les Balkans est Boban Marković.
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302
+ Belgrade accueille chaque année un Festival international de musique (BEMUS) ; consacré essentiellement à la musique savante, il a accueilli des formations internationales, comme l'orchestre philharmonique de Vienne ou les orchastres philharmoniques de Los Angeles, Berlin, Saint-Pétersbourg et Munich ; il a également invité l'Academy of St Martin in the Fields ou le Kronos Quartet et des artistes comme Herbert von Karajan et Zubin Mehta, Mstislav Rostropovitch et Mischa Maisky, Sviatoslav Richter et Martha Argerich, Yehudi Menuhin et Maxime Venguerov[120].
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304
+ La musique traditionnelle reste populaire en Serbie, comme en témoigne le succès du Festival international de trompette de Guca[121]. Sur la scène internationale, on la retrouve dans les chansons d'Emir Kusturica and The No Smoking Orchestra et de Goran Bregović, qui se servent aussi de musiques serbes folkloriques et de musique tzigane serbe. Dans le domaine du jazz, Bojan Z utilise la même base pour ses chansons. Dans les dernières décennies et dans tous les Balkans, s'est développé un genre musical appelé turbo folk, qui mêle des éléments serbes folkloriques à de la musique orientale et à des éléments de la musique tzigane. En évoluant, il est devenu une sorte de pop à la façon balkanique. La chanteuse Svetlana Ražnatović est une égérie du turbo folk.
305
+
306
+ Parmi les groupes de rock célèbres, on peut citer Riblja Čorba[122], Ekatarina Velika (la « Grande Catherine »), Partibrejkers, Van Gog et Bajaga i instruktori.
307
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308
+ La Serbie est également présente sur la scène du Hip-hop international, avec le groupe Beogradski sindikat ou encore, plus récemment, avec le groupe VIP et avec des rappeurs comme Škabo et Marčelo[123] et, surtout, avec le label Bassivity Music[124].
309
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310
+ Sur le plan de la variété, Marija Šerifović a remporté le Concours Eurovision de la chanson 2007[125] et, à ce titre, Belgrade a organisé le Concours Eurovision de la chanson 2008[126]. Par ailleurs, en 2010, le chanteur Milan Stanković a participé au concours de l'Eurovision en interprétant sa chanson Ovo Je Balkan (Ce sont les Balkans !).
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+ Les sports populaires en Serbie sont: le football, le basketball, le water-polo, le volleyball, le handball et le tennis.
313
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314
+ Belgrade a accueilli les Universiade d'été de 2009. Le marathon de Belgrade est la manifestation sportive la plus importante de Serbie.
315
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+ La Serbie participe pour la première fois aux Jeux olympiques de 1912. Par la suite, les athlètes serbes faisaient partie de l'équipe du Royaume de SCS / Yougoslavie / RSFY renommée Serbie-et-Monténégro pour ses trois dernières années d'existence). Résultats des représentants de l'Union étatique de Serbie-et-Monténégro de 1992 à 2006. sont comptés comme des partitions de fédérations sportives de Serbie. Depuis 2006, c'est-à-dire les Jeux olympiques d'été de 2008, les athlètes de Serbie jouent dans l'équipe nationale de Serbie.
317
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318
+ La Serbie est également performante dans les sports collectifs :
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320
+ Les plats serbes sont en grande partie composés de viandes de porc, volailles, et dans une moindre mesure de bœuf, de légumes et fruits comme le poivron, la tomate, l'oignon, l'ail, la prune, la pastèque, la pomme de terre.
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+ Medenjaci, gâteaux au miel.
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+ Palačinke - Les crêpes.
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+ Burek avec fromage.
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+ Ćevapčići en préparation.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ En Serbie, les jours fériés sont définis par la loi sur les fêtes nationales et autres fêtes en République de Serbie (en serbe : Zakon o državnim i drugim praznicima u Republici Srbiji). Les fêtes suivantes sont observées sur tout le territoire national[127] :
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334
+ En 2018, 3,4 millions de touristes ont visité la Serbie, soit une augmentation de 11% par rapport à 2017[128].
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336
+ Un certain nombre de grandes villes serbes offrent aux touristes de nombreuses possibilités. Belgrade offre les ressources d'une grande capitale internationale, avec de nombreux musées, des édifices, publics ou privés, qui illustrent principalement l'architecture des XIXe et XXe siècles. La capitale serbe est également réputée pour ses festivals, comme le Festival international du film (FEST)[129], le Festival international de théâtre (BITEF)[130], le Festival d'été (BELEF)[131] ou le Festival international de musique (BEMUS)[132]. Belgrade est particulièrement réputée pour la qualité de sa vie nocturne, avec des clubs ouverts jusqu'à l'aube un peu partout dans la ville ; le long des rives de la Save et du Danube se succèdent de nombreuses barges (splavovi) qui sont parmi les lieux les plus appréciés des noctambules[133],[134],[135]. D'autres villes du pays offrent aussi des ressources en musées, en architecture et en festivals, comme Novi Sad, la capitale de la Voïvodine, avec son Festival EXIT[136], ou encore la petite ville de Guča qui accueille chaque année un Festival international de trompette[137]. La Serbie possède aussi quelques villes thermales fréquentées, comme Vrnjačka Banja, Sokobanja et Niška Banja.
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+ Outre l'architecture des villes, la Serbie peut également intéresser les amateurs d'histoire et d'architecture. Le site romain de Felix Romuliana, où est né et a été enterré l'empereur Galère, a été inscrit en 2007 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO[138]. Le pays conserve surtout un grand nombre de monastères orthodoxes serbes, datant pour la plupart du Moyen Âge. Quelques-uns d'entre eux figurent sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, comme le monastère de Sopoćani, près de Novi Pazar, qui a été inscrit en même temps que les ruines de la ville médiévale de Stari Ras[139], ou le monastère de Studenica[140]. D'autres monastères ou ensembles religieux, appartenant à l'histoire de l'Église orthodoxe serbe, se trouvent au Kosovo. Parmi les édifices dont l'importance a été reconnue internationalement, il convient de citer le monastère de Gračanica, celui de Visoki Dečani ou encore le Patriarcat de Peć et l'église de la Vierge de Leviša, tous inscrits sur la liste du patrimoine mondial[141]. Vu l'instabilité de la région, ces monuments ont été placés sur la liste du patrimoine mondial en péril[141]. D'autres monastères, qui ne sont pas inscrits au patrimoine mondial, offrent un intérêt certain, comme celui de Mileševa, qui abrite une des fresques anciennes les plus célèbres de Serbie, la Fresque de l'Ange blanc.
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+ La Serbie offre aussi un nombre important de sites pour les amateurs de nature, en particulier les espaces protégés que constituent les cinq parcs nationaux du pays, celui de Đerdap, celui des Monts Kopaonik, celui des Monts Tara, celui des Monts Šar et celui de la Fruška gora. Les sites Ramsar pour la conservation des zones humides[19] constituent également un lieu d'attraction, comme celui du lac Vlasina. Les monts Golija, ont été désignés comme une réserve de biosphère dans le cadre du programme sur l'homme et la biosphère de l'UNESCO[142]. Outre ces sites, on peut signaler d'autres curiosités, comme la Deliblatska peščara, en Voïvodine, qui constitue la plus vaste zone sablonneuse d'Europe[143], ou encore le monument naturel de Đavolja varoš (la « ville du Diable »), près de la ville de Kuršumlija[144].
341
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342
+ Les débuts du système éducatif serbe remontent aux XIe et XIIe siècle, avec la création des premiers collèges catholiques à Titel et à Bač), en Voïvodine. L'éducation prit également son essor avec la fondation de nombreux monastères orthodoxes serbes, comme ceux de Sopoćani, de Studenica ou du Patriarcat de Peć. La première université de Serbie a été fondée à Belgrade en 1808, au moment de la première révolte contre les Turcs ; créée sous le nom de Haute école ou Grande école (en serbe : Велика школа et Velika škola), est le précurseur de l'actuelle université de Belgrade. En revanche, la plus ancienne faculté située à l'intérieur des frontières actuelles de la Serbie a été fondée en 1778 à Sombor, qui faisait alors partie de l'Empire d'Autriche ; elle était connue sous le nom de Norma et constituait le premier collège slave de professeurs en Europe du Sud[145]. L'actuel système éducatif serbe est régi par le Ministère serbe de l'Éducation.
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+ En Serbie, l'instruction commence à l'école maternelle à partir de 3 ans. Puis, à partir de 6 ou 7 ans, vient l’école élémentaire (en serbe : основна школа et osnovna škola), pour une durée de huit ans, école élémentaire qui, grosso modo, correspond à l'école élémentaire et au collège français (jusqu’à la fin de la quatrième)[146]. Au terme de ces huit années, une bifurcation s’opère. Certains élèves s’orientent vers le lycée (en serbe : гимназија et gimnazija), où ils suivent des études générales en quatre ans, avec un début de spécialisation entre les langues et les sciences sociales d’une part et les mathématiques et les sciences naturelles d’autre part. À l’issue des études secondaires, d’autres élèves s’orientent vers une école professionnelle (en serbe : стручна школа et stručna škola), qui tout en assurant un enseignement général offrent un enseignement plus spécialisé ; les études dans ces écoles durent elles aussi quatre ans. D’autres, enfin, entrent dans une école « vocationnelle » (en serbe : занатска школа et zanatska škola) ; les études n’y durent que trois ans et elles sont plus spécialisées, notamment dans les domaines du commerce et de l’artisanat.
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+ Les études supérieures s’effectuent dans des écoles supérieures, dans les facultés des universités serbes ou encore dans les diverses Académies d’art. Les « écoles supérieures » (en serbe : виша школа et viša škola) proposent des études supérieures courtes, en deux ans, à peu à la manière des colleges américains. La Serbie possède plusieurs universités, parmi lesquelles on peut citer l’université de Belgrade, l’université de Niš, l’université de Kragujevac et l’université de Novi Sad. Le cursus universitaire s’est récemment adapté au processus de Bologne, qui met en place un système à trois niveaux, licence, master, doctorat[147]. La Serbie possède également de nombreux établissements d’enseignement supérieur privés.
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+ En 2019[148] :
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+ La Serbie possède début 2012, 69 533 noms de domaine .RS (dont 44 374 .RS, 17 545 .CO.RS, 2 986 .ORG.RS, 1 309 .EDU.RS, 3 070 .IN.RS, 41 .AC.RS, 208 .GOV.RS).
351
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352
+ Le 27 janvier 2012, le .cрб, équivalent en serbe cyrillique du .RS en serbe latin, sera accessible. La mise à jour pour passer en .cрб se fera en deux étapes, d'abord les .RS pourront passer en .cрб jusqu'au 27 juillet puis l'ouverture sera générale.
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+
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+ En 2019, la Serbie possédait 45 220 km de routes asphaltées, auxquelles s’ajoutaient 24 860 km de routes bétonnées[151]. Elle dispose également de 3 808 km de voies ferrées, dont 1 196 sont électrifiées (31,4 %)[152] ; l’ensemble du réseau ferroviaire est géré par l’entreprise publique des Chemins de fer de Serbie. Le corridor privilégié pour le transport routier et ferroviaire est la vallée de la Morava, qui permet d’éviter les régions les plus montagneuses de la Serbie centrale.
355
+
356
+ Sur le plan routier, le pays est traversé par les routes européennes E65, E70, E75 et E80, ainsi que par les routes européennes secondaires E662, E761, E763, E771 et E851. Sur la plus grande partie de leur parcours, la route E70, qui, en Serbie, va de Šid à Belgrade, et la route E75, qui, en Serbie, relie Subotica à Vranje en passant par Belgrade et Niš, sont de type autoroutier. En 2018, la Serbie comptait officiellement 2 029 544 voitures, 125 761 camions et 9 268 autobus[153].
357
+
358
+ Le transport fluvial est également représenté en Serbie. Outre le Danube, qui parcourt 588 km en Serbie et qui relie l’Europe centrale à la mer Noire, la Save, la Morava et la Tisa, ainsi que d’autres rivières encore, sont totalement ou partiellement navigables. Parmi les voies navigables, on peut encore citer le canal Danube-Tisa-Danube, qui traverse la province autonome de Voïvodine[151].
359
+
360
+ La Serbie dispose en outre de trois aéroports internationaux, l’aéroport Nikola-Tesla de Belgrade, l’aéroport Constantin-le-Grand de Niš et l'aéroport de Morava de Lađevci (Kraljevo). En 2019, l’aéroport Nikola-Tesla a accueilli 6 200 000 passagers[154]. La compagnie aérienne nationale porte le nom d'Air Serbia[155].
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+ La Serbie a pour codes :
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+ La reproduction est un processus biologique qui permet la production de nouveaux organismes d'une espèce à partir d'individus préexistants de cette espèce. Avec la nutrition, c'est une des grandes fonctions partagées par tous les organismes vivants, assurant, selon une vision finaliste, la continuité de l'espèce qui, sans reproduction, meurt et s'éteint, mais la survie de l'espèce est un concept scientifique obsolète.
2
+
3
+ La reproduction peut être couplée à un système de dispersion dans l'espace. Il s'agit de systèmes permettant de coloniser de nouveaux biotopes, et d'augmenter les chances de survie des espèces.
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+
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+ Pour certains auteurs, le terme reproduction serait à réserver à la seule reproduction sexuée[1],[2],[3]. Or, dans la littérature[4], le terme recouvre généralement la reproduction sexuée et la multiplication végétative appelée souvent reproduction asexuée.
6
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7
+ La reproduction, souvent considérée comme une évidence au sein du vivant, pose en fait des questions évolutives multiples. La fréquence relative des évènements de reproduction sexuée et asexuée varie en effet selon les espèces. Les biologistes observent en fait un continuum entre reproduction sexuée exclusive et reproduction asexuée exclusive, avec tous les intermédiaires possibles[5].
8
+
9
+ Avec des variations dépendant du contexte, des individus, populations et espèces (de faune, flore, fonge ou bactéries), il existe un coût de reproduction[6], correspondant grossièrement aux ressources, énergétiques notamment, que l'individu ou l'espèce alloue à la reproduction. Ces coûts semblent jouer un rôle important dans les processus de sélection naturelle, qu'on peut par exemple analyser selon un modèle coût/avantage. Dans certains cas, les adultes meurent en quelque sorte « au profit » de leur progéniture après avoir produit un grand nombre d'œufs (les saumons après la ponte par exemple). Dans d'autres cas, comme les grands mammifères, les adultes produisent peu de petits, mais consacrent beaucoup d'énergie à les élever et les protéger, au moins dans les premiers temps de leur vie.
10
+
11
+ La reproduction sexuée est assurée par la fécondation, c'est-à-dire par fusion des gamètes mâle et femelle donnant un œuf (ou zygote)[7],[2],[3],[8]. Cette reproduction non à l'identique permet le maintien d'une diversité génétique au sein des populations, car elle assure le brassage génétique.
12
+
13
+ La reproduction asexuée[9],[10] (appelée aussi multiplication asexuée ou reproduction végétative) désigne tous les autres moyens de multiplication où n'interviennent ni gamète ni fécondation. Dans ce cas, le sexe des parents et des descendants[incompréhensible] reste identique, car seule la mitose assure la transmission de l'information génétique aux nouvelles cellules. C'est une forme de clonage naturel. Cependant, les descendants résultant de cette reproduction sont similaires, mais pas identiques à leur géniteur, car les mutations sont transmises par les cellules reproductrices d'une génération à l'autre et s'accumulent au cours du temps, donnant également une grande variabilité. Il n'y a donc pas de reproduction (à l'identique) de l'individu à strictement parler selon une vision fixiste qui imprègne encore la mentalité actuelle, mais uniquement une reproduction des gènes[11],[12].
14
+
15
+ La survie de l'espèce, sa pérennité ou sa continuité[13] sont des concepts scientifiques obsolètes, les espèces n'ayant pas de finalité biologique autre que celle de transmettre et de multiplier des gènes[14].
16
+
17
+ Les biologistes sont de plus en plus conduits à considérer que les individus ne sont pas une fin en soi, qu'ils ne se reproduisent pas pour assurer la pérennité de leur espèce, mais qu'ils « sont des artifices inventés par les gènes pour se reproduire » car la seule chose qui persiste au cours des temps, c'est l'information génétique[15].
18
+
19
+ Cette reproduction fait référence à la rencontre d'individus de types sexuels différents (mâle et femelle, MATa et MATα, + et -) ou, seulement de cellules de types différents. Elle n'implique pas forcément d'accouplement ou de copulation, car des organismes immobiles comme les plantes, les champignons, les moules, sont aussi capables de reproduction. La reproduction n'est partagée que par les espèces eucaryotes, ce qui permet chez elles le brassage génétique.
20
+
21
+ Dans une même espèce, les individus ont quasiment le même nombre de gènes (35 000 chez les humains par exemple). En revanche, les versions de ces gènes (les allèles) ne sont pas les mêmes. C'est pour cela que chaque individu est différent. Chez les espèces eucaryotes, la reproduction est l'occasion de brasser, ou de mélanger ces allèles entre deux individus, en général de sexes opposés. Cela produit une nouvelle combinaison d'allèles, donc un nouveau génome. Ceci permet l'évolution des populations, et si l'environnement venait à se modifier (réchauffement du climat, nouveau parasite…), ces nouvelles combinaisons pourront être favorisées par la sélection naturelle.
22
+
23
+ À chaque génération ou cycle de reproduction, on retrouve au niveau cellulaire les mêmes étapes :
24
+
25
+ « Dès lors, on peut se demander dans quelles conditions le sexe crée plus de génotypes avantageux qu'il n'en détruit. De plus, dans certains cas, la création de génotypes avantageux peut s'accompagner d'un coût (fardeau de recombinaison et de ségrégation[16] ».
26
+
27
+ On peut toutefois remarquer que :
28
+
29
+ Une reproduction faisant intervenir la méiose et la fécondation ne reproduit pas à l'identique le patrimoine génétique des parents. Un enfant n'a pas les combinaisons d'allèles que son père ou sa mère mais un mélange des deux.
30
+
31
+ La reproduction sexuée permet en effet la transmission des gènes d'une génération à l'autre mais en induisant de la variabilité génétique. C'est le brassage génétique qui permet une évolution de l'information génétique (indispensable à long terme pour permettre aux espèces de s'adapter par la sélection du milieu selon la vision évolutionniste de Darwin).
32
+
33
+ Il y a deux types de reproduction chez le phasme[17] :
34
+
35
+ La plupart des espèces connaissent cependant ces deux modes de reproduction.
36
+
37
+ L’escargot[19] est une espèce hermaphrodite, c'est-à-dire qu’il est à la fois mâle et femelle. Il possède des organes génitaux mâles et femelles, cependant les organes mâles arrivent à maturité en premier.  Il ne peut pas s’autoféconder, la fécondation doit être croisée : chaque reproducteur féconde ses gamètes femelles avec les gamètes mâles de son partenaire.
38
+
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+ Durant les préludes amoureux, les deux escargots se titillent les antennes et se piquent mutuellement avec de fins dards en calcaire afin d’activer la sécrétion de sperme. Cependant certains spécimens envoient trop de coups, ce qui nuit à la santé et à la fertilité du partenaire.
40
+
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+ L’accouplement dure entre huit et douze heures. Environ dix jours plus tard, les deux géniteurs pondent chacun de leur côté après avoir creusé un trou dans de la terre meuble.
42
+
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+ La reproduction permet d’assurer la survie des espèces au cours du temps. Aussi, certains événements ou certains facteurs du milieu qui agissent sur la reproduction vont avoir un impact sur la dynamique et le maintien des populations. Les espèces vont parfois même adopter des stratégies reproductives afin d’optimiser l’occupation d’un milieu.
44
+
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+ La survie de l'espèce devant être assurée constamment, face à des environnements différents, l'évolution a sélectionné une variété de stratégies différentes[20]. En voici les deux descriptions extrêmes :
46
+
47
+ Par exemple, chez les vertébrés, l'élan a une stratégie K : peu de descendants, allaitement… En revanche, la grenouille est caractérisée par une stratégie R : beaucoup de descendants et de mortalité, aucun soin aux jeunes.
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+
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+ La reproduction d'une espèce peut dépendre des variations de la population d'une autre espèce. C'est le cas des harfangs des neiges et des lemmings .
50
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+ Les lemmings jouent des rôles écologiques importants dans l’écosystème de l’Île Bylot. Ils sont les proies principales de plusieurs prédateurs comme le Harfang des neiges. Ils influencent également la végétation de la toundra en dispersant les graines et en ravageant les plantes par leur broutement intensif. La population de lemmings évolue de manière cyclique. Si les conditions sont bonnes, les lemmings peuvent se reproduire et avoir plusieurs portées par année. Ainsi, leur population augmente jusqu’à ce qu’il n’y ait plus suffisamment de plantes pour soutenir l’ensemble des individus de la population. À ce moment, la population décline, la végétation se régénère et le cycle reprend. Sur l’Île Bylot, l’intervalle de temps entre deux pics d’abondance dans la population de lemmings est de 3 à 4 ans[21].
52
+
53
+ Le Harfang des neiges est un prédateur que l’on retrouve périodiquement sur l’Île Bylot. Le Harfang des neiges vit principalement dans les zones herbeuses et découvertes de la toundra arctique il se nourrit surtout de petits mammifères comme les lemmings. Bien que le Harfang des neiges soit reconnu comme étant un oiseau migrateur, ses mouvements migratoires sont très imprévisibles, influencés par les fluctuations dans l’abondance de sa proie principale, le lemming.[22]
54
+
55
+ Le harfang s'adapte aux variations du Lemmings. Comme le Harfang des neiges a de la difficulté à chasser d’autres mammifères arctiques, comme le Lièvre arctique (Lepus arcticus), sa reproduction est largement affectée par la fluctuation des populations de lemmings. La femelle pond un œuf tous les deux jours, ce qui fait que les oisillons éclosent avec le même intervalle. Le nid contient donc des jeunes de tailles très différentes. Si la quantité de proies ne permet pas de nourrir tous les oisillons, les plus jeunes et les plus petits ne peuvent pas se mesurer à leurs aînés et finissent par mourir de faim. En période d'abondance de nourriture, une femelle harfang pond jusqu'à douze œufs, contre seulement quatre quand les proies se font rares. Quand il y a trop peu de nourriture, les harfangs ne pondent pas du tout et, dans ce cas, les femelles ne construisent même pas de nid.[23]
56
+
57
+ Depuis 1946, l’utilisation des insecticides fait de produits organochlorés tel que le DDT, l’aldrine et la dieldrine est arrivé jusqu’aux faucons pèlerins.[24]
58
+
59
+ Elles ont engendré une perturbation sur la reproduction de ceux-ci, ce qui a entrainé une baisse d’œufs pondu de la part des faucons pèlerins, et une modification de l’épaisseur de la coquille des œufs qui s’est mise à diminuer depuis 1953 puis c’est stabilisé jusqu’en 1964 pour ensuite augmenter jusqu’en 1990 où l’épaisseur de la coquille repris son apparence et épaisseur normale.
60
+
61
+ Ces insecticides augmentent également le taux des bébés faucons qui meurent ayant eu un contact très jeune avec ces produits[25].
62
+
63
+ Après avoir passé plusieurs années en mer, les saumons adultes reviennent dans leurs rivières natales pour se reproduire : ce sont donc des poissons migrateurs. Ils naissent en eau douce, rejoignent la mer pour grandir et reviennent en rivière pour se reproduire.
64
+
65
+ L’extinction du saumon atlantique met en évidence l’effet néfaste des barrages. Tout obstacle physique présent dans un cours d’eau peut perturber plus ou moins gravement les déplacements des poissons, notamment ceux vers les zones de reproduction[26].
66
+
67
+ À partir du milieu des années 1990, les barrages sont aménagés avec création ou amélioration des dispositifs de franchissement (passes à poisson).
68
+
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+ Chez de nombreuses espèces, animales ou végétales, les organismes adultes (aptes à se reproduire) sont immobiles : plantes, champignons, huître, corail… Les systèmes de reproduction sont alors couplés à des systèmes de dispersion des jeunes organismes :
70
+
71
+ Comme ces jeunes structures sont petites et légères, le transport est passif. Il est assuré par le vent, les courants d'eau, ou encore grâce à d'autres espèces.
72
+
73
+ Que ce soit pour la reproduction sexuée ou la multiplication végétative, l'hérédité n'est possible que si le support de l'information génétique (l'ADN) est dupliqué et transmis au nouvel organisme. Cela est possible dans tous les cas grâce à la réplication de l'ADN, qui précède généralement toute division cellulaire comme la mitose ou la méiose. Le mode de réplication de l'ADN est universel dans le monde vivant : c'est le mode semi-conservatif.
74
+
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+ Le produit d'une reproduction réussie peut ne pas appartenir à la même espèce, stricto sensu. En effet, certaines espèces différenciées depuis peu de temps à l'échelle du temps restent assez voisines pour que la procréation sexuée reste possible, même si le produit (hybride) est rarement fertile. Le cas est bien connu :
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+ Le phénomène peut même prendre une extension spectaculaire, avec des variations importantes dans la structure génétique (modification importante dans le nombre et la structure des chromosomes) et la forme et les caractéristiques de l'hybride :
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1
+ Serpents
2
+
3
+ Sous-ordre
4
+
5
+ Classification phylogénétique
6
+
7
+ Les serpents (du latin serpentes), formant le sous-ordre des Serpentes (prononcer « serpentèces »), sont des reptiles carnivores au corps très allongé et dépourvus de membres apparents. Comme tous les squamates, ce sont des vertébrés amniotes caractérisés par un tégument recouvert d'écailles, imbriquées les unes sur les autres et protégées par une couche cornée épaisse, et par une thermorégulation assurée par trois mécanismes, l'ectothermie, la poïkilothermie et le bradymétabolisme. Ils sont aussi appelés plus rarement Ophidiens (du grec ὄφεις / ópheis).
8
+
9
+ Les serpents ont comme caractéristiques spécifiques d'avoir une langue bifide, des yeux sans paupière, un crâne articulé et des mâchoires mobiles qui facilitent l'ingestion de proies. Ils partagent la disparition des pattes avec deux autres groupes de vertébrés tétrapodes : les amphisbènes, d'autres squamates, et les gymnophiones, qui appartiennent au groupe des lissamphibiens.
10
+
11
+ Au cours de leur longue évolution qui remonte au Crétacé, les serpents ont perfectionné plusieurs modes de locomotion apode ainsi que leur système de préhension des proies, ce qui leur a permis de conquérir les biotopes les plus variés et d'occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires.
12
+
13
+ Le nom vernaculaire « serpent » est issu du latin serpens, signifiant « animal qui se traîne », participe présent du verbe serpĕre, « se traîner ». L'équivalent grec, qui lui est apparenté, est le verbe ἕρπω / herpô (d'où les termes d'herpétologie, d'herpétologue et d'herpétophobie), de même sens[1]. L’affaiblissement de la sifflante initiale, aboutissant à une aspiration, est une caractéristique du grec ancien. Les termes grec et latin se rattachent à une racine indo-européenne °serp- qui est sans doute un élargissement de °ser- « aller, couler » (racine qui se retrouve dans le nom sérum)[2].
14
+
15
+ L'ordre des Serpentes paraît dans la dixième édition de l'ouvrage Systema naturae du naturaliste Linné édité en 1758[3]. Dans son Essai d'une classification naturelle des reptiles paru en 1800, le naturaliste Brongniart identifie quatre ordres de reptiles : les chelonia (tortues), les sauria comprenant les lézards et les crocodiliens, les batrachia (batraciens) et les ophidia (serpents au sens large, incluant toutes les espèces fossiles plus proches des serpents actuels)[4]. Brongniart crée le sous-ordre des ophidiens en s'appuyant sur la racine grecque ὄφεις óphis (issu de l'indo-européen h₁ógʷʰis, serpent de la mythologie indo-européenne)[5] qui se retrouve dans les termes ophiophagie, ophiophobie, ophiologie et Ophioglossaceae[6].
16
+
17
+ Les serpents sont des reptiles dépourvus de pattes, même s'ils ne sont pas les seuls. En effet, les amphisbènes et certains lézards apodes comme les orvets présentent également cette particularité[7]. Leur corps est cylindrique et de forme allongée bien que la silhouette soit très variable selon les espèces. Par exemple, le serpent arboricole Imantodes cenchoa a une silhouette gracile et élancée tandis que le python à queue courte Python curtus a un aspect plus ramassé[8].
18
+
19
+ La taille des serpents est également très variable selon les espèces. Certains serpents aveugles de la famille des Typhlopidae peuvent mesurer une dizaine de centimètres à l'âge adulte[9] tandis que l'Anaconda vert (Eunectes murinus) et le Python réticulé (Broghammerus reticulatus) se disputent le titre de plus grand serpent, le premier étant le plus lourd[10] (les adultes peuvent atteindre un poids de 250 kg[11]) et le second étant vraisemblablement le plus long (avec une taille maximale de 9 à 10 m[12]). Ces records sont toutefois à considérer avec circonspection, les observations les plus impressionnantes datant généralement de plusieurs décennies et ayant vraisemblablement été déformées au cours du temps[13]. Les très grandes espèces de serpents vivent majoritairement dans les zones les plus chaudes du globe, où la température élevée permet de réchauffer efficacement un gros corps et où les proies sont abondantes[9].
20
+
21
+ Bien que la section transversale des serpents soit globalement cylindrique, il existe des disparités entre espèces. Ainsi, on distingue quatre grands types de sections[8] :
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Le Python fouisseur du Mexique (Loxocemus bicolor) a un mode de vie fouisseur et un corps cylindrique[14].
26
+
27
+ Drymarchon corais a une section triangulaire.
28
+
29
+ La Vipère du Gabon (Bitis gabonica), comme les autres grosses vipères, a une section aplatie dorsalement.
30
+
31
+ Le boa arboricole Corallus hortulanus a une section aplatie latéralement.
32
+
33
+ Il existe un rapport étroit entre la taille et la silhouette d'un serpent et son mode de vie. Ainsi, les serpents arboricoles ont généralement un corps allongé et mince, avec une queue préhensile et un corps aplati latéralement qui leur fournit une rigidité suffisante pour se déplacer de branche en branche[15]. Les espèces fouisseuses ont quant à elles un corps cylindrique, court et avec une tête peu distincte du corps[16]. Enfin, beaucoup d'espèces aux mœurs aquatiques ont les yeux et les narines placées en haut du crâne, ce qui leur permet de les garder émergés lorsqu'elles nagent à la surface de l'eau[17].
34
+
35
+ La ceinture scapulaire est toujours absente du squelette des serpents, sinon chez certains ophidiens tels que les Boïdés qui présentent des vestiges de ceinture pelvienne (qui peut servir d'organe excitateur lors de l'accouplement). La colonne vertébrale est constituée d'un grand nombre de vertèbres (160 à 400) très bien articulées les unes par rapport aux autres ; les ondulations du corps sont donc possibles grâce à cette structure d'une part et d'autre part grâce à l'existence de muscles latéraux qui présentent la particularité d'avoir leurs insertions apophysaires opposées fort éloignées les unes des autres (jusqu'à 30 vertèbres d'écart). La bouche peut se distendre au passage des proies qu'ils capturent. Cette grande ouverture buccale est rendue possible car d'une part le carré est une baguette allongée qui s'articule très en arrière du neurocrâne ; d'autre part la rotation du carré autour de son articulation éloigne très nettement la mandibule (mâchoire inférieure très flexible pouvant aller pratiquement dans tous les sens) de la mâchoire supérieure (liée aux os du crâne de façon lâche). Par ailleurs un muscle puissant (le « depressor mandibulae ») tendu entre la région temporale et l'extrémité postérieure de la mandibule contribue à abaisser encore plus ventralement cette dernière. De ce fait, les serpents sont capables d'avaler des proies énormes : dans l'estomac d'un python de cinq mètres on a trouvé un léopard (préalablement étouffé). Par ailleurs, les glandes salivaires sécrètent assez de salive pour faciliter l'ingestion des proies en les lubrifiant. L’estomac produit un suc extrêmement acide capable de dissoudre même les dents. Remarquez qu'en dessous de 10 °C, le processus digestif ne peut fonctionner efficacement et le serpent doit régurgiter sa proie ; la température idéale pour la digestion est de 30 °C. C'est pourquoi le serpent cherche à atteindre cette température, en se chauffant au soleil par exemple lorsqu'il vient de se nourrir.
36
+
37
+ Le corps des serpents est recouvert d'écailles. Comme chez les autres squamates et contrairement par exemple aux poissons, celles-ci sont des zones épaissies de l'épiderme et non des écailles individualisées[18]. Les écailles peuvent avoir toutes sortes de tailles, de formes, de textures et de dispositions, y compris au sein d'une même espèce.
38
+
39
+ La forme, le nombre et la disposition des écailles permettent de différencier les différentes espèces de serpents[19]. En particulier, les différentes écailles de la tête sont généralement caractéristiques d'une espèce, ainsi que le nombre de rangées d'écailles dorsales (dans le sens de la largeur) et le nombre d'écailles ventrales (dans le sens de la longueur)[20].
40
+
41
+ La Vipère velue (Atheris hispida) a des écailles allongées et pointues.
42
+
43
+ Le Serpent à tentacules (Erpeton tentaculatum) a deux appendices sur le museau.
44
+
45
+ Langaha madagascariensis a des écailles qui forment un long rostre.
46
+
47
+ Les écailles ont plusieurs fonctions[21]. En premier lieu, elles offrent une protection mécanique contre l'usure de la peau. Cette protection est particulièrement importante, puisque l'usure de l'épiderme est très rapide chez ces animaux qui se déplacent en rampant. Les écailles permettent également sans doute de limiter la déshydratation, même si cette capacité est mal connue et peut-être surestimée. Elles peuvent également faciliter le déplacement, des écailles lisses permettant de réduire les frottements dans la végétation et le sable tandis que des écailles plus rugueuses permettent de s'accrocher plus facilement[22]. Les serpents à groin, comme ceux du genre Heterodon, ont une écaille rostrale retroussée qui leur permet de creuser[23]. De plus, elles peuvent avoir une fonction de camouflage, des écailles proéminentes permettant de briser la ligne de contours de la tête de l'animal aux yeux d'éventuels proies ou prédateurs[24].
48
+
49
+ Certains serpents, notamment la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), la Couleuvre de Moïla (Rhagerhis moilensis) et diverses couleuvres du genre Psammophis polissent leurs écailles dorsales et ventrales grâce à un liquide visqueux sécrété non loin des narines. Ce polissage a probablement pour fonction de limiter l'évaporation transcutanée en recouvrant les écailles de lipides, mais pourrait également être un moyen de communication chimique[25].
50
+
51
+ Les serpents peuvent présenter à peu près toutes les couleurs existantes. Certains serpents ont une couleur unie tandis que d'autres ont des motifs très complexes. La coloration est d'ailleurs un critère de d��termination des espèces bien que la variabilité au sein d'une même population, voire chez un même individu à différents moments de sa vie, puisse être très importante[26].
52
+
53
+ La couleur est déterminée en premier lieu par les pigments contenus dans les chromatophores présents entre le derme et l'épiderme[26]. Elle dépend également des caractéristiques physiques des écailles (épidermicule ornée d'épines ou de crêtes microscopiques) qui peuvent produire des phénomènes d'iridescence et d'effet Tyndall[27].
54
+
55
+ Bel exemple d'homochromie, la couleuvre Opheodrys aestivus a une couleur de fond verte presque unie.
56
+
57
+ Rhabdophis tigrinus a quant à elle des motifs complexes.
58
+
59
+ Lampropeltis getulus a des motifs annelés.
60
+
61
+ Le Boa arc-en-ciel Epicrates cenchria a des écailles très iridescentes.
62
+
63
+ La couleur des serpents peut varier au cours de la vie chez un même individu. Ainsi, certaines espèces peuvent changer de couleur au cours d'une même journée, à la manière des caméléons, mais d'autres changent de couleur sur le plus long terme[28]. Ainsi, la couleur des jeunes individus peut être très différente de la couleur des adultes[29].
64
+
65
+ La couleur des serpents joue un rôle important puisqu'elle leur permet de se camoufler aux yeux des prédateurs et des proies potentielles. Ainsi, les serpents arboricoles sont généralement verts[15], les serpents terrestres assortis au substrat[30], etc.
66
+
67
+ Les jeunes Rhynchophis boulengeri sont gris…
68
+
69
+ … tandis que les adultes sont vert vif.
70
+
71
+ Selon leur type de denture, on peut distinguer cinq catégories de serpents :
72
+
73
+ Dans les deux derniers cas le serpent envenime sa proie avant de l'ingérer ; dans tous les cas le venin est expulsé des glandes (qui sont parfois très volumineuses par rapport à l'animal) par la contraction des muscles mandibulaires adducteurs. C'est également une action musculaire qui entraîne lors de la morsure le redressement des crochets horizontaux au repos.
74
+
75
+ Les serpents ont une respiration pulmonaire. L'appareil respiratoire est constitué d'un poumon gauche atrophié ou absent, excepté chez les boas et les pythons. Le poumon droit est en revanche hypertrophié. Ce poumon droit est tripartite, avec un poumon trachéen (supplément de capacité respiratoire qui peut aider le serpent à respirer tout en avalant une grosse proie), un poumon bronchial vascularisé et un poumon sacculaire non vascularisé (cette partie règle l'équilibre hydrostatique des serpents aquatiques)[31].
76
+
77
+ De façon générale, les serpents ont une très mauvaise vue : le champ visuel d’un animal se déplaçant au ras du sol étant par ailleurs limité, certains serpents se dressent sur leur corps quand ils chassent ; ils se repèrent dans leur milieu en sentant les odeurs et les déplacements d'air grâce à leur langue bifide. Les performances olfactives sont difficiles à évaluer car elles sont fréquemment associées à d'autres sensibilités sensorielles : vue, détection des phéromones par un organe sensoriel pair particulier dans la cavité buccale des Squamates : l'organe chimio-sensible de Jacobson. Les extrémités de la langue bifide pénètrent dans chacune des deux cavités de l'organe de Jacobson, situé dans le palais. Les boïdés et certains vipéridés, les crotales, ont quant à eux une image thermique de leur proie. Ils sont sensibles aux radiations infrarouges et peuvent percevoir les plus infimes changements de température[32].
78
+
79
+ L'audition, sens peu développé chez les serpents, est assurée par l'oreille interne qui capte les vibrations du sol en contact direct avec la tête, ces vibrations étant transmises par les mâchoires à l'os carré, puis à l'osselet et au cerveau. L'absence d'oreille externe et une oreille moyenne très réduite suggère que leur perception des vibrations aériennes est réduite[33].
80
+
81
+ Lors de l'accouplement, le mâle enroule sa queue autour de celle de sa partenaire et introduit son hémipénis dans la fente cloacale de la femelle. L'accouplement peut durer plusieurs heures[34].
82
+
83
+ La fécondation est interne et différée. La plupart des serpents sont ovipares mais quelques-uns sont ovovivipares (vipères en France), surtout dans les régions froides : l'ovoviviparité est probablement une adaptation nécessaire là où la période estivale est courte. Ainsi la femelle peut mieux régler la température de développement des petits que si elle pondait simplement ses œufs dans le sol. La durée de gestation est liée à la température, donc à la durée d'insolation, et varie de 2 à 4,5 mois[35]. Dans les régions tempérées, les femelles pondent leurs œufs à la fin de l'été, et sont parfois incapables de se nourrir suffisamment avant l'hibernation[36].
84
+
85
+ Accouplement de couleuvres Pantherophis obsoletus, l'hémipénis rose étant visible sous la partie antérieure de la queue.
86
+
87
+ Dans un nœud de vipères ou de couleuvres, la femelle est prise d'assaut par plusieurs mâles qui s'enroulent les uns avec les autres.
88
+
89
+ Nœud de serpents, agrégats rencontrés surtout en d��but d'hivernage, favorisant une certaine cohérence sociale et les futurs accouplements.
90
+
91
+ Les serpents, marins ou terrestres se déplacent par reptation, c'est-à-dire qu'ils utilisent l'ensemble de leur corps pour se mouvoir. Les serpents dont le corps est important (comme chez les serpents à sonnettes) peuvent également se déplacer en ligne droite en alternant un mouvement avant de la peau et un ancrage des écailles du ventre qui sont orientées vers l'extrémité postérieure, suivi d'un mouvement vers l'avant de la partie interne du corps.
92
+ Dans des lieux plus exigus, certaines espèces utilisent des mouvements d'accordéon ou télescopiques : le serpent ancre son extrémité postérieure par quelques courbes horizontales, étend son corps puis ancre à nouveau son extrémité antérieure et tire la partie arrière vers l'avant. La forme la plus spécialisée de reptation est le roulement ou zigzag latéral qui n'est utilisable que sur des substrats mous et chauds tel que le sable dans le désert. L'animal recourbe son corps en S, pour ne toucher le sable qu'en deux endroits, puis il fait progressivement « glisser » ces deux points de contact le long de son corps, vers l'arrière, en avançant vers l'avant : le déplacement est alors latéral par rapport à l'axe du corps.
93
+ La vitesse des serpents se situe en général autour d'un maximum de 6 km/h, les mambas constituant une exception notable (bien que les témoignages divergent, il a été attesté que ces serpents atteignent 12 km/h et prétendu de façon moins vérifiable que certains d'entre eux ont été chronométrés à 20 voire 30 km/h)[réf. nécessaire].
94
+
95
+ Les serpents sont tous zoophages (carnivores). Les serpents utilisent, de façon générale, deux types de chasse : soit ils pratiquent l'embuscade, soit ils maraudent. Le serpent s'approche lentement de sa proie une fois qu'il l'a repérée puis il s’arrête à une certaine distance. La tête du serpent joue un rôle important lors de l’attaque : il la projette en avant au moment de saisir la proie tout en ouvrant les mâchoires et frappe ainsi sa proie très violemment. Les espèces arboricoles (comme certains boas) ont une approche différente : ils se laissent pendre à une branche et se laissent choir sur leurs proies. Comme chez la plupart des Squamates, l'ingestion de proies de très forte taille relativement au prédateur est l'aboutissement de l'évolution de la mâchoire : la rupture de l'arc jugalo-quadrato-jugal a rendu possible la « libération » de l'os carré, devenu mobile relativement au crâne. Le cinétisme intra-crânien se manifeste « par l'intermédiaire de deux processus différents : d'une part, la mobilité propre du carré (streptostylie) par rapport à la boîte crânienne, dorsalement, et à la mâchoire inférieure, ventralement ; d'autre part, la mobilité de la portion antérieure du dermocrâne par rapport à la portion postorbitaire »[37].
96
+
97
+ Les serpents peuvent avaler une grande quantité de nourriture en une seule fois et sont capables de jeûner pendant de nombreux jours à la suite de cela. Un Python réticulé a survécu pendant 2 ans ½ sans s’alimenter. Il arrive très fréquemment que le serpent jeûne en captivité. On a constaté que les serpents ne s’alimentent pas pendant la période qui précède la mue. Les jeunes serpents ont besoin de se nourrir plus souvent.
98
+
99
+ Les serpents procèdent de quatre manières différentes suivant les espèces afin de donner le coup de grâce :
100
+ les constricteurs étouffent leur proie ; la plupart des espèces inoculent un venin neurotoxique ; les serpents minutes ingèrent directement leur proie. Une majorité de couleuvres ont une salive toxique et utilisent aussi la constriction.
101
+
102
+ La mise à mort par constriction est la plus primitive. Boas, pythons et certaines couleuvres maintiennent leur victime dans leurs mâchoires et enroulent leur corps autour d’elle en la comprimant afin de l'étouffer. Certains cobras africains, tels que Naja nigricollis et Naja mossambica, ainsi que certains cobras asiatiques sont des serpents cracheurs, c'est-à-dire qu'ils peuvent projeter leur venin à plusieurs mètres grâce à une spécialisation des crochets à venin.
103
+
104
+ Qualifiés à tort d'animaux « à sang froid », les serpents sont des animaux ectothermes, poïkilothermes et bradymétaboliques. La thermorégulation des serpents terrestres étant assurée par héliothermie, exposition au soleil qui permet le réchauffement du sang ou par thigmothermie, capacité à capter de la chaleur sous abri par conduction thermique[38].
105
+
106
+ Les serpents muent régulièrement, les jeunes serpents au moins une fois par mois, les adultes entre 3 et 4 fois par an. Certaines mues sont aussi caractéristiques de périodes bien définies, la naissance (une semaine environ), après la période d’hibernation ou avant la fécondation. Lors de la mue appelée aussi exuviation, les serpents cherchent un endroit adapté (lieu humide pour favoriser le renouvellement[39] de la « peau » et supports rugueux pour la détacher). Ils abandonnent en quelques minutes leur exuvie (la « peau » morte) en s'en échappant par une fente qui débute au bout du museau : l'écaille rostrale frottée sur un support rugueux se détache en premier, puis l'animal contracte progressivement ses muscles latéraux et se contorsionne afin de sortir de son fourreau corné et faciliter son retournement le long de son corps, centimètre par centimètre, à la manière d'une chaussette que l'on retire[40]. Un serpent en bonne santé mue d'un seul tenant (la couche cornée des écailles se désquame en une seule fois) et abandonne sur place son exuvie qui reproduit fidèlement tous les détails du tégument (écailles, dessins, cicatrices)[41].
107
+
108
+ L'ophiophagie est le fait de capturer et consommer des serpents, certains mammifères, oiseaux ou autres reptiles sont des prédateurs sténophages d'autres des prédateurs opportunistes.
109
+
110
+ Au cours de leur évolution, « les serpents ont pu occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires, et tous les biotopes, depuis les déserts sableux jusqu'aux forêts inondées et aux torrents de montagne »[42].
111
+
112
+ Les serpents retrouvés en Tasmanie sont tous venimeux. Cet État australien n'abrite que trois espèces de serpents[43].
113
+
114
+ Dans la classification phylogénétique qui remplace aujourd'hui la classification classique, le terme de reptile est devenu obsolète. D'après la classification phylogénétique, les ’serpents' appartiennent au groupe des Squamates.
115
+
116
+ Cependant, ce sont bien les herpétologues qui étudient les serpents.
117
+
118
+ Plus de 3 500 espèces de serpents sont recensées dans le monde[44]. Treize espèces vivent en France, quatre vipères et neuf couleuvres[31]. Près de 515 espèces sont venimeuses[45].
119
+ N.B. : la systématique des reptiles et squamates étant en pleine mutation, les classifications proposées peuvent différer selon les sources et les moments.
120
+
121
+ Selon The Reptile Database (février 2017):
122
+
123
+ Note: les anciennes familles Dipsadidae, Natricidae et Pseudoxenodontidae sont aujourd'hui des sous-familles de Colubridae.
124
+
125
+
126
+
127
+ Acrochordus arafurae, un Acrochordidae
128
+
129
+ Anilius scytale, un Aniliidae
130
+
131
+ Anomochilus weberi, un Anomochilidae
132
+
133
+ Corallus caninus, un Boidae
134
+
135
+ Casarea dussumieri, un Bolyeriidae
136
+
137
+ Cylindrophis ruffus, un Cylindrophiidae
138
+
139
+ Siphlophis compressus, un Dipsadidae
140
+
141
+ Ophiophagus hannah, un Elapidae
142
+
143
+ Cerberus schneiderii, un Homalopsidae
144
+
145
+ Malpolon monspessulanus, un Lamprophiidae
146
+
147
+ Loxocemus bicolor, un Loxocemidae
148
+
149
+ Natrix natrix, un Natricidae
150
+
151
+ Pareas margaritophorus, un Pareatidae
152
+
153
+ Pseudoxenodon macrops, un Pseudoxenodontidae
154
+
155
+ Python brongersmai, un Pythonidae
156
+
157
+ Tropidophis melanurus, un Tropidophiidae
158
+
159
+ Melanophidium khairei, un Uropeltidae
160
+
161
+ Bothriechis schlegelii, un Viperidae
162
+
163
+ Achalinus formosanus, un Xenodermatidae
164
+
165
+ Xenopeltis unicolor, un Xenopeltidae
166
+
167
+ Leptotyphlops macrolepis, un Leptotyphlopidae
168
+
169
+ Rhinotyphlops schinzi, un Typhlopidae
170
+
171
+ Selon ITIS : (24 familles)
172
+
173
+ Phylogénie des familles actuelles de squamates (en dehors du clade Toxicofera) d'après Wiens et al., 2012[46] et Zeng et Wiens, 2016[47] :
174
+
175
+ Dibamidae
176
+
177
+ Diplodactylidae
178
+
179
+ Carphodactylidae
180
+
181
+ Pygopodidae
182
+
183
+ Eublepharidae
184
+
185
+ Sphaerodactylidae
186
+
187
+ Gekkonidae
188
+
189
+ Phyllodactylidae
190
+
191
+ Scincidae
192
+
193
+ Xantusiidae
194
+
195
+ Cordylidae
196
+
197
+ Gerrhosauridae
198
+
199
+ Gymnophthalmidae
200
+
201
+ Teiidae
202
+
203
+ Lacertidae
204
+
205
+ Rhineuridae
206
+
207
+ Bipedidae
208
+
209
+ Blanidae
210
+
211
+ Cadeidae
212
+
213
+ Amphisbaenidae
214
+
215
+ Trogonophiidae
216
+
217
+ Serpentes
218
+
219
+ Anguimorpha
220
+
221
+ Iguania
222
+
223
+
224
+
225
+ Phylogénie des familles actuelles de serpents, d'après Wiens et al., 2012[46] et Zeng et Wiens, 2016[47] :
226
+
227
+ Leptotyphlopidae
228
+
229
+ Gerrhopilidae
230
+
231
+ Typhlopidae
232
+
233
+ Xenotyphlopidae
234
+
235
+ Anomalepididae
236
+
237
+ Aniliidae
238
+
239
+ Tropidophiidae
240
+
241
+ Uropeltidae
242
+
243
+ Anomochilidae
244
+
245
+ Cylindrophiidae
246
+
247
+ Xenopeltidae
248
+
249
+ Loxocemidae
250
+
251
+ Pythonidae
252
+
253
+ Boidae
254
+
255
+ Bolyeriidae
256
+
257
+ Xenophidiidae
258
+
259
+ Acrochordidae
260
+
261
+ Xenodermatidae
262
+
263
+ Pareatidae
264
+
265
+ Viperidae
266
+
267
+ Homalopsidae
268
+
269
+ Colubridae
270
+
271
+ Elapidae
272
+
273
+ Lamprophiidae
274
+
275
+ Les fossiles de serpents sont rares car leurs squelettes sont généralement petits et fragiles. Cependant, des spécimens de 150 millions d'années, facilement identifiables comme des serpents, mais avec des structures squelettiques de lézards, ont été découverts en Amérique du Sud (Tetrapodophis, fossile avec quatre pattes) et en Afrique. L'anatomie comparée et une récente étude au synchrotron sur l’holotype d’Eupodophis descouensi, confirme que les serpents descendent des lézards terrestres[48].
276
+
277
+ Les serpents ne présentant aucune trace osseuse de membres antérieurs ou postérieurs existent depuis au moins 85 millions d'années (Dinilysia patagonica). Pour autant, les pythons et les boas - groupes primitifs parmi les serpents modernes - ont des membres postérieurs vestigiaux : sur leur extérieur subsistent des minuscules éperons pelviens qui leur permettent de se saisir lors de l'accouplement. Les Leptotyphlopidae et les Typhlopidae possèdent également des vestiges de la ceinture pelvienne ayant une fonction d'excitation tactile avant l'accouplement[49].
278
+
279
+ Les membres antérieurs sont inexistants chez tous les serpents. Ceci est causé par l'évolution des gènes HOX qui régulent la morphogenèse des membres. Le squelette axial de l'ancêtre commun des serpents avait, comme la plupart des tétrapodes, des spécialisations régionales au niveau des vertèbres cervicales, thoraciques, de la région lombaire et caudale. Tôt dans l'évolution des serpents, l'expression des gènes Hox agissant sur le squelette axial responsable du développement du thorax est devenu prédominant. Les côtes se trouvent exclusivement sur les vertèbres thoraciques. Le cou, les vertèbres lombaires et pelviennes sont très réduites en nombre (seulement 2 à 10 vertèbres lombaires et pelviennes sont présentes), tandis que les vertèbres caudales forment une queue bien moins développée que le thorax. Cette queue est encore assez importante chez de nombreuses espèces et est modifiée chez certaines espèces arboricoles et aquatiques.
280
+
281
+ Les serpents modernes se sont largement diversifiés au cours du paléocène. Cela s'est produit lors de la radiation évolutive des mammifères, à la suite de l'extinction des dinosaures. Les colubridés, l'un des groupes les plus communs de serpent, s'est particulièrement diversifié grâce à la prédation de rongeurs, un groupe de mammifères particulièrement prospère. Il y a plus de 3500[50] espèces de serpents, s'étendant depuis le cercle polaire arctique en Scandinavie et jusqu'au sud en Australie et Tasmanie. On les retrouve sur tous les continents (à l'exception de l'Antarctique), dans la mer, et jusqu'à une altitude de 4 900 m dans les montagnes de l'Himalaya. Ils sont absents dans de nombreuses îles (comme l'Irlande, l'Islande ou la Nouvelle-Zélande)[51].
282
+
283
+ Au moins 421 000 envenimements et 20 000 morts sont causés par des morsures de serpent chaque année et les nombres pourraient s'élever jusqu'à 1 841 000 envenimements et 94 000 morts[52],[53]. Les régions les plus touchées sont l'Asie du Sud, l'Asie du Sud-Est et l'Afrique subsaharienne.
284
+
285
+ De nombreux serpents sont tués par les insecticides, sont écrasés sur les routes (phénomène dit de roadkill[54],[55]) ou dans les champs par les engins ou encore directement par l'homme en raison de la crainte qu'ils suscitent. Leurs populations en déclin s'expliquent également par la destruction des zones naturelles, la fragmentation des habitats et l'abandon progressif des activités agropastorales (pâturage, coupe du bois) qui entraîne la fermeture de leur milieu de vie[56].
286
+
287
+ Dans de nombreux pays, les populations de serpents semblent rapidement et fortement régresser (de nombreuses espèces ont disparu sur une grande partie de leur aire naturelle de répartition). Une étude internationale[57] publiée en juin 2010, ayant porté sur cinq pays, suggère un déclin préoccupant ; sur 17 populations étudiées représentant huit espèces, en Australie, France, Italie, Nigeria et Royaume-Uni, onze ont été décimées (jusqu’à 90 % de régression), ces dernières décennies. Parmi les autres, seules cinq sont restées stables et une a légèrement et localement augmenté. Plusieurs populations semblent avoir connu un effondrement accéléré en 1998 (année la plus chaude depuis la révolution industrielle, ce qui laisse penser aux auteurs que le dérèglement climatique pourrait être l'une des causes du problème).
288
+
289
+ Face à ces menaces, plusieurs programmes de préservation des serpents sont lancés, tel celui de l'Arche de la nature au Mans en 2006[58].
290
+
291
+ Les terrariophiles qualifiés de « généralistes » possèdent différents types de reptiles, parfois aussi des amphibiens, des insectes. Mais souvent, le terrariophile se spécialise dans un certain type d'animaux, par exemple les terrariophiles herpétologues spécialisés dans les serpents. La mode des NAC a créé une terrariophilie de masse basée sur le commerce d'espèces exotiques maintenues en captivité par des néophytes qui manquent de connaissances sur la biologie des espèces[59].
292
+
293
+ La symbolique du serpent est l'une des plus profondes et complexes. Il n'est guère de cultures et de mythologies qui n'aient leur Grand Serpent, presque toujours marin et ambigu, sinon ambivalent.
294
+
295
+ Serpents et dragons, amphisbènes, basilics, guivres, hydres, chimères, les monstres ophidiens sont présents sous de nombreuses formes dans presque tous les folklores. Ils y jouent deux rôles principaux : celui de gardien (légendes de la Toison d'or, de saint Georges) ou d'initiateur (Fáfnir et Sigurd).
296
+
297
+ Le « Grand Serpent », le Trimégiste, cosmogonique ou cosmique, n'a cessé de hanter l'imaginaire des hommes, de Ras Shamra au Loch Ness ; il cristallise les peurs, les angoisses, les désirs, les espoirs[réf. nécessaire]. On remarquera d'ailleurs que la figure serpentine est souvent présente dans les « hallucinations », chamaniques ou non, provoquées par des plantes psychotropes[60].
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+
299
+ Selon une légende, le serpent ne peut être regardé en face, comme le Soleil dont il semble l'antagoniste parce que le serpent qui a les paupières soudées ne cille pas ni ne semble jamais dormir. Opposé au « Feu Primal », il est cependant fortement associé à la Terre à cause de son mode de déplacement.
300
+
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+ Selon le texte biblique au commencement, le serpent ne rampait pas, il parlait avec Adam et Ève mais c’est la malédiction de Dieu qui lui enleva ses pieds (Gen.3:14).
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+ Puisque chthonien et rival de la lumière primale, il est associé au monde des morts et de la nuit[réf. nécessaire] ; certainement aussi parce que son corps étrangement froid semble se passer de la chaleur de la vie. Puisqu'il connaît les secrets de l'après-vie et qu'il est une figure de patience, il devient symbole de toute sagesse et de gnose [réf. nécessaire]; il est souvent le hiérophante du héros perdu (comme Sigurd encore ainsi que Marduk). Il possède un savoir inquiétant et mystérieux, essentiel et vital, capable de révéler l'avenir et le passé[réf. nécessaire]. Il est aussi associé à l'Eau parce que ses écailles le rapprochent du poisson (sinon que comme tous les reptiles elles sont soudées contrairement aux poissons) et par sa reptation qui le fait se mouvoir comme une vague mouvante[réf. nécessaire]. Il est l'être qui se joue des catégories topiques, semblable de corps et de régime qu'il habite dans l'eau ou sur terre [réf. nécessaire]; rien d'étonnant alors que plusieurs mythes l'aient doté d'ailes. Le Grand Serpent porteur de connaissance, évoque un autre porteur de lumière, Lucifer.
304
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+ Dans le Gnosticisme le symbole du Serpent ramène à la symbolique de la peau et de cette mue que l'homme subit et qu’il quitte afin de devenir éveillé, il est de plus dans toutes les cultures, le symbole de la Connaissance Divine. La mue du Serpent symbolise également le dualisme de la matière et de l'esprit donc plus particulièrement de l'âme et du corps.
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+
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+ Le serpent est aussi l'animal qui se régénère puisque la saison venue il mue, il change de peau : il fait peau neuve. Il représente l'une des plus vieilles aspirations chimériques à la jeunesse éternelle, rajeuni ou plutôt jamais mort. Les Alchimistes pensent que la pierre philosophale est logée dans sa tête oblongue.
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+ Il semble souvent s'opposer à un dieu, au Dieu, à l'aigle, symbole de Zeus olympien qui affronte Typhon, le Satan qui s'oppose au Dieu biblique, Marduk et Tiamat, Thor pêchant Jörmungand, Thraetona et Azi Dahaka en Iran, Apollon et Python, Héraclès et l'Hydre de Lerne, Saint Georges et le Dragon.
310
+
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+ Toutes les traditions ont des reptiles titanesques et volants qui mêlent la puissance physique à l'intelligence, tandis que d'autres opposent au travers du serpent et du héros salvateur, la domination de l'esprit sur le corps, ou la domination de l'homme sur la nature, ou sa nature sauvage.
312
+
313
+ L'art martial du serpent symbolise du serpent : Fluidité, rapidité. Les mains (telles la tête du serpent) sont « dressées et prêtes à mordre ». Les bouts des doigts y frappent directement les points vitaux.
314
+
315
+ Cette symbolique souvent maléfique est en partie à l'origine de beaucoup de croyances populaires et fausses qui entourent les serpents : légendes des serpents qui têtent les vaches[61] ou qui s'approchent des bébés pour boire le lait dans leur gorge, allant même jusqu'à mettre leur queue dans la bouche du nouveau-né pour l'empêcher de pleurer afin de téter la nourrice endormie[62] ; mythe des serpents qui hypnotisent[63] leurs proies[64].
316
+
317
+ Symbole chtonien, une croyance populaire tenace veut en faire des animaux froids, gluants et visqueux. En réalité ce sont des animaux poïkilothermes, au corps sec (leur tégument est dépourvu de glandes sudoripares et muqueuses) et doux (écailles en continuité les unes avec les autres)[65].
318
+
319
+ Dans l'iconographie antique le caducée, attribut de Mercure porte deux serpents, tandis que le bâton d'Esculape n'en porte qu'un seul. On trouve aussi le serpent dans les représentations d'Apollon terrassant Python ou d'Hercule enfant en train d'étrangler un serpent ou adulte combattant Achéloüs métamorphosé en serpent. Une des plus célèbres représentations du serpent dans l'art est le groupe sculpté dit du Laocoon[66], illustration d'un épisode de l'Iliade qui inspira le titre d'un ouvrage de Lessing. La chevelure de Méduse est formée d'un nœud grouillant de vipères, que l'on retrouve sur le bouclier de Persée son vainqueur. Les figures allégoriques de l'envie[67] sont également représentées avec une chevelure de serpents.
320
+
321
+ Les textes ont fourni aux peintres historiques matière à des épisodes où le serpent figure de façon prééminente, notamment la mort d'Eurydice, piquée par un serpent et celle de Cléopâtre, qui se suicide en se laissant mordre par un aspic.
322
+
323
+ Dans l'iconographie chrétienne, le serpent est un symbole ambigu. Il apparaît dans les illustrations du récit de la tentation d'Adam et Ève (Nahash) où il symbolise le tentateur, le mal, le péché ainsi que l'avènement de la mort. Par extension il devient un attribut de Lilith[68]. Il figure également dans les représentations de Moïse changeant en serpent la verge d'Aaron, ou l'épisode du serpent d'airain[69].
324
+
325
+ Saint Jean l'évangéliste est parfois représenté tenant la coupe de poison qui se transforme en serpents lorsqu'il la bénit[70].
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+ Lorsque le serpent apparaît foulé aux pieds (par exemple les représentations de la Vierge de l'Immaculée Conception, il représente le mal écrasé par la foi, de même que dans le bestiaire sculpté des cathédrales où il est associé aux crapauds, mais il est aussi, avec le miroir, un des attributs de la Prudence.
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+ Dieu du panthéon hindou, Shiva porte une guirlande de serpents autour du cou.
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+ Le serpent apparaît également dans les représentations de Bouddha protégé par le Naga.
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+ En matière de mode, le serpent a été utilisé en bijou, comme la reine Cléopâtre qui le portait en diadème, en ceinturon ou autour du cou ; cette iconographie est reprise dans le film homonyme de 1963 avec l'actrice Elizabeth Taylor. La chroniqueuse de mode Diana Vreeland le portait en bijou, avec des yeux en rubis. Dans les années 2010, il est autant utilisé dans des bijouteries de luxe (la créatrice Aurélie Bidermann ou la marque Bulgari) que de prêt-à-porter (H&M)[71].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Serpents
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+
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+ Sous-ordre
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+
5
+ Classification phylogénétique
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+
7
+ Les serpents (du latin serpentes), formant le sous-ordre des Serpentes (prononcer « serpentèces »), sont des reptiles carnivores au corps très allongé et dépourvus de membres apparents. Comme tous les squamates, ce sont des vertébrés amniotes caractérisés par un tégument recouvert d'écailles, imbriquées les unes sur les autres et protégées par une couche cornée épaisse, et par une thermorégulation assurée par trois mécanismes, l'ectothermie, la poïkilothermie et le bradymétabolisme. Ils sont aussi appelés plus rarement Ophidiens (du grec ὄφεις / ópheis).
8
+
9
+ Les serpents ont comme caractéristiques spécifiques d'avoir une langue bifide, des yeux sans paupière, un crâne articulé et des mâchoires mobiles qui facilitent l'ingestion de proies. Ils partagent la disparition des pattes avec deux autres groupes de vertébrés tétrapodes : les amphisbènes, d'autres squamates, et les gymnophiones, qui appartiennent au groupe des lissamphibiens.
10
+
11
+ Au cours de leur longue évolution qui remonte au Crétacé, les serpents ont perfectionné plusieurs modes de locomotion apode ainsi que leur système de préhension des proies, ce qui leur a permis de conquérir les biotopes les plus variés et d'occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires.
12
+
13
+ Le nom vernaculaire « serpent » est issu du latin serpens, signifiant « animal qui se traîne », participe présent du verbe serpĕre, « se traîner ». L'équivalent grec, qui lui est apparenté, est le verbe ἕρπω / herpô (d'où les termes d'herpétologie, d'herpétologue et d'herpétophobie), de même sens[1]. L’affaiblissement de la sifflante initiale, aboutissant à une aspiration, est une caractéristique du grec ancien. Les termes grec et latin se rattachent à une racine indo-européenne °serp- qui est sans doute un élargissement de °ser- « aller, couler » (racine qui se retrouve dans le nom sérum)[2].
14
+
15
+ L'ordre des Serpentes paraît dans la dixième édition de l'ouvrage Systema naturae du naturaliste Linné édité en 1758[3]. Dans son Essai d'une classification naturelle des reptiles paru en 1800, le naturaliste Brongniart identifie quatre ordres de reptiles : les chelonia (tortues), les sauria comprenant les lézards et les crocodiliens, les batrachia (batraciens) et les ophidia (serpents au sens large, incluant toutes les espèces fossiles plus proches des serpents actuels)[4]. Brongniart crée le sous-ordre des ophidiens en s'appuyant sur la racine grecque ὄφεις óphis (issu de l'indo-européen h₁ógʷʰis, serpent de la mythologie indo-européenne)[5] qui se retrouve dans les termes ophiophagie, ophiophobie, ophiologie et Ophioglossaceae[6].
16
+
17
+ Les serpents sont des reptiles dépourvus de pattes, même s'ils ne sont pas les seuls. En effet, les amphisbènes et certains lézards apodes comme les orvets présentent également cette particularité[7]. Leur corps est cylindrique et de forme allongée bien que la silhouette soit très variable selon les espèces. Par exemple, le serpent arboricole Imantodes cenchoa a une silhouette gracile et élancée tandis que le python à queue courte Python curtus a un aspect plus ramassé[8].
18
+
19
+ La taille des serpents est également très variable selon les espèces. Certains serpents aveugles de la famille des Typhlopidae peuvent mesurer une dizaine de centimètres à l'âge adulte[9] tandis que l'Anaconda vert (Eunectes murinus) et le Python réticulé (Broghammerus reticulatus) se disputent le titre de plus grand serpent, le premier étant le plus lourd[10] (les adultes peuvent atteindre un poids de 250 kg[11]) et le second étant vraisemblablement le plus long (avec une taille maximale de 9 à 10 m[12]). Ces records sont toutefois à considérer avec circonspection, les observations les plus impressionnantes datant généralement de plusieurs décennies et ayant vraisemblablement été déformées au cours du temps[13]. Les très grandes espèces de serpents vivent majoritairement dans les zones les plus chaudes du globe, où la température élevée permet de réchauffer efficacement un gros corps et où les proies sont abondantes[9].
20
+
21
+ Bien que la section transversale des serpents soit globalement cylindrique, il existe des disparités entre espèces. Ainsi, on distingue quatre grands types de sections[8] :
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Le Python fouisseur du Mexique (Loxocemus bicolor) a un mode de vie fouisseur et un corps cylindrique[14].
26
+
27
+ Drymarchon corais a une section triangulaire.
28
+
29
+ La Vipère du Gabon (Bitis gabonica), comme les autres grosses vipères, a une section aplatie dorsalement.
30
+
31
+ Le boa arboricole Corallus hortulanus a une section aplatie latéralement.
32
+
33
+ Il existe un rapport étroit entre la taille et la silhouette d'un serpent et son mode de vie. Ainsi, les serpents arboricoles ont généralement un corps allongé et mince, avec une queue préhensile et un corps aplati latéralement qui leur fournit une rigidité suffisante pour se déplacer de branche en branche[15]. Les espèces fouisseuses ont quant à elles un corps cylindrique, court et avec une tête peu distincte du corps[16]. Enfin, beaucoup d'espèces aux mœurs aquatiques ont les yeux et les narines placées en haut du crâne, ce qui leur permet de les garder émergés lorsqu'elles nagent à la surface de l'eau[17].
34
+
35
+ La ceinture scapulaire est toujours absente du squelette des serpents, sinon chez certains ophidiens tels que les Boïdés qui présentent des vestiges de ceinture pelvienne (qui peut servir d'organe excitateur lors de l'accouplement). La colonne vertébrale est constituée d'un grand nombre de vertèbres (160 à 400) très bien articulées les unes par rapport aux autres ; les ondulations du corps sont donc possibles grâce à cette structure d'une part et d'autre part grâce à l'existence de muscles latéraux qui présentent la particularité d'avoir leurs insertions apophysaires opposées fort éloignées les unes des autres (jusqu'à 30 vertèbres d'écart). La bouche peut se distendre au passage des proies qu'ils capturent. Cette grande ouverture buccale est rendue possible car d'une part le carré est une baguette allongée qui s'articule très en arrière du neurocrâne ; d'autre part la rotation du carré autour de son articulation éloigne très nettement la mandibule (mâchoire inférieure très flexible pouvant aller pratiquement dans tous les sens) de la mâchoire supérieure (liée aux os du crâne de façon lâche). Par ailleurs un muscle puissant (le « depressor mandibulae ») tendu entre la région temporale et l'extrémité postérieure de la mandibule contribue à abaisser encore plus ventralement cette dernière. De ce fait, les serpents sont capables d'avaler des proies énormes : dans l'estomac d'un python de cinq mètres on a trouvé un léopard (préalablement étouffé). Par ailleurs, les glandes salivaires sécrètent assez de salive pour faciliter l'ingestion des proies en les lubrifiant. L’estomac produit un suc extrêmement acide capable de dissoudre même les dents. Remarquez qu'en dessous de 10 °C, le processus digestif ne peut fonctionner efficacement et le serpent doit régurgiter sa proie ; la température idéale pour la digestion est de 30 °C. C'est pourquoi le serpent cherche à atteindre cette température, en se chauffant au soleil par exemple lorsqu'il vient de se nourrir.
36
+
37
+ Le corps des serpents est recouvert d'écailles. Comme chez les autres squamates et contrairement par exemple aux poissons, celles-ci sont des zones épaissies de l'épiderme et non des écailles individualisées[18]. Les écailles peuvent avoir toutes sortes de tailles, de formes, de textures et de dispositions, y compris au sein d'une même espèce.
38
+
39
+ La forme, le nombre et la disposition des écailles permettent de différencier les différentes espèces de serpents[19]. En particulier, les différentes écailles de la tête sont généralement caractéristiques d'une espèce, ainsi que le nombre de rangées d'écailles dorsales (dans le sens de la largeur) et le nombre d'écailles ventrales (dans le sens de la longueur)[20].
40
+
41
+ La Vipère velue (Atheris hispida) a des écailles allongées et pointues.
42
+
43
+ Le Serpent à tentacules (Erpeton tentaculatum) a deux appendices sur le museau.
44
+
45
+ Langaha madagascariensis a des écailles qui forment un long rostre.
46
+
47
+ Les écailles ont plusieurs fonctions[21]. En premier lieu, elles offrent une protection mécanique contre l'usure de la peau. Cette protection est particulièrement importante, puisque l'usure de l'épiderme est très rapide chez ces animaux qui se déplacent en rampant. Les écailles permettent également sans doute de limiter la déshydratation, même si cette capacité est mal connue et peut-être surestimée. Elles peuvent également faciliter le déplacement, des écailles lisses permettant de réduire les frottements dans la végétation et le sable tandis que des écailles plus rugueuses permettent de s'accrocher plus facilement[22]. Les serpents à groin, comme ceux du genre Heterodon, ont une écaille rostrale retroussée qui leur permet de creuser[23]. De plus, elles peuvent avoir une fonction de camouflage, des écailles proéminentes permettant de briser la ligne de contours de la tête de l'animal aux yeux d'éventuels proies ou prédateurs[24].
48
+
49
+ Certains serpents, notamment la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), la Couleuvre de Moïla (Rhagerhis moilensis) et diverses couleuvres du genre Psammophis polissent leurs écailles dorsales et ventrales grâce à un liquide visqueux sécrété non loin des narines. Ce polissage a probablement pour fonction de limiter l'évaporation transcutanée en recouvrant les écailles de lipides, mais pourrait également être un moyen de communication chimique[25].
50
+
51
+ Les serpents peuvent présenter à peu près toutes les couleurs existantes. Certains serpents ont une couleur unie tandis que d'autres ont des motifs très complexes. La coloration est d'ailleurs un critère de d��termination des espèces bien que la variabilité au sein d'une même population, voire chez un même individu à différents moments de sa vie, puisse être très importante[26].
52
+
53
+ La couleur est déterminée en premier lieu par les pigments contenus dans les chromatophores présents entre le derme et l'épiderme[26]. Elle dépend également des caractéristiques physiques des écailles (épidermicule ornée d'épines ou de crêtes microscopiques) qui peuvent produire des phénomènes d'iridescence et d'effet Tyndall[27].
54
+
55
+ Bel exemple d'homochromie, la couleuvre Opheodrys aestivus a une couleur de fond verte presque unie.
56
+
57
+ Rhabdophis tigrinus a quant à elle des motifs complexes.
58
+
59
+ Lampropeltis getulus a des motifs annelés.
60
+
61
+ Le Boa arc-en-ciel Epicrates cenchria a des écailles très iridescentes.
62
+
63
+ La couleur des serpents peut varier au cours de la vie chez un même individu. Ainsi, certaines espèces peuvent changer de couleur au cours d'une même journée, à la manière des caméléons, mais d'autres changent de couleur sur le plus long terme[28]. Ainsi, la couleur des jeunes individus peut être très différente de la couleur des adultes[29].
64
+
65
+ La couleur des serpents joue un rôle important puisqu'elle leur permet de se camoufler aux yeux des prédateurs et des proies potentielles. Ainsi, les serpents arboricoles sont généralement verts[15], les serpents terrestres assortis au substrat[30], etc.
66
+
67
+ Les jeunes Rhynchophis boulengeri sont gris…
68
+
69
+ … tandis que les adultes sont vert vif.
70
+
71
+ Selon leur type de denture, on peut distinguer cinq catégories de serpents :
72
+
73
+ Dans les deux derniers cas le serpent envenime sa proie avant de l'ingérer ; dans tous les cas le venin est expulsé des glandes (qui sont parfois très volumineuses par rapport à l'animal) par la contraction des muscles mandibulaires adducteurs. C'est également une action musculaire qui entraîne lors de la morsure le redressement des crochets horizontaux au repos.
74
+
75
+ Les serpents ont une respiration pulmonaire. L'appareil respiratoire est constitué d'un poumon gauche atrophié ou absent, excepté chez les boas et les pythons. Le poumon droit est en revanche hypertrophié. Ce poumon droit est tripartite, avec un poumon trachéen (supplément de capacité respiratoire qui peut aider le serpent à respirer tout en avalant une grosse proie), un poumon bronchial vascularisé et un poumon sacculaire non vascularisé (cette partie règle l'équilibre hydrostatique des serpents aquatiques)[31].
76
+
77
+ De façon générale, les serpents ont une très mauvaise vue : le champ visuel d’un animal se déplaçant au ras du sol étant par ailleurs limité, certains serpents se dressent sur leur corps quand ils chassent ; ils se repèrent dans leur milieu en sentant les odeurs et les déplacements d'air grâce à leur langue bifide. Les performances olfactives sont difficiles à évaluer car elles sont fréquemment associées à d'autres sensibilités sensorielles : vue, détection des phéromones par un organe sensoriel pair particulier dans la cavité buccale des Squamates : l'organe chimio-sensible de Jacobson. Les extrémités de la langue bifide pénètrent dans chacune des deux cavités de l'organe de Jacobson, situé dans le palais. Les boïdés et certains vipéridés, les crotales, ont quant à eux une image thermique de leur proie. Ils sont sensibles aux radiations infrarouges et peuvent percevoir les plus infimes changements de température[32].
78
+
79
+ L'audition, sens peu développé chez les serpents, est assurée par l'oreille interne qui capte les vibrations du sol en contact direct avec la tête, ces vibrations étant transmises par les mâchoires à l'os carré, puis à l'osselet et au cerveau. L'absence d'oreille externe et une oreille moyenne très réduite suggère que leur perception des vibrations aériennes est réduite[33].
80
+
81
+ Lors de l'accouplement, le mâle enroule sa queue autour de celle de sa partenaire et introduit son hémipénis dans la fente cloacale de la femelle. L'accouplement peut durer plusieurs heures[34].
82
+
83
+ La fécondation est interne et différée. La plupart des serpents sont ovipares mais quelques-uns sont ovovivipares (vipères en France), surtout dans les régions froides : l'ovoviviparité est probablement une adaptation nécessaire là où la période estivale est courte. Ainsi la femelle peut mieux régler la température de développement des petits que si elle pondait simplement ses œufs dans le sol. La durée de gestation est liée à la température, donc à la durée d'insolation, et varie de 2 à 4,5 mois[35]. Dans les régions tempérées, les femelles pondent leurs œufs à la fin de l'été, et sont parfois incapables de se nourrir suffisamment avant l'hibernation[36].
84
+
85
+ Accouplement de couleuvres Pantherophis obsoletus, l'hémipénis rose étant visible sous la partie antérieure de la queue.
86
+
87
+ Dans un nœud de vipères ou de couleuvres, la femelle est prise d'assaut par plusieurs mâles qui s'enroulent les uns avec les autres.
88
+
89
+ Nœud de serpents, agrégats rencontrés surtout en d��but d'hivernage, favorisant une certaine cohérence sociale et les futurs accouplements.
90
+
91
+ Les serpents, marins ou terrestres se déplacent par reptation, c'est-à-dire qu'ils utilisent l'ensemble de leur corps pour se mouvoir. Les serpents dont le corps est important (comme chez les serpents à sonnettes) peuvent également se déplacer en ligne droite en alternant un mouvement avant de la peau et un ancrage des écailles du ventre qui sont orientées vers l'extrémité postérieure, suivi d'un mouvement vers l'avant de la partie interne du corps.
92
+ Dans des lieux plus exigus, certaines espèces utilisent des mouvements d'accordéon ou télescopiques : le serpent ancre son extrémité postérieure par quelques courbes horizontales, étend son corps puis ancre à nouveau son extrémité antérieure et tire la partie arrière vers l'avant. La forme la plus spécialisée de reptation est le roulement ou zigzag latéral qui n'est utilisable que sur des substrats mous et chauds tel que le sable dans le désert. L'animal recourbe son corps en S, pour ne toucher le sable qu'en deux endroits, puis il fait progressivement « glisser » ces deux points de contact le long de son corps, vers l'arrière, en avançant vers l'avant : le déplacement est alors latéral par rapport à l'axe du corps.
93
+ La vitesse des serpents se situe en général autour d'un maximum de 6 km/h, les mambas constituant une exception notable (bien que les témoignages divergent, il a été attesté que ces serpents atteignent 12 km/h et prétendu de façon moins vérifiable que certains d'entre eux ont été chronométrés à 20 voire 30 km/h)[réf. nécessaire].
94
+
95
+ Les serpents sont tous zoophages (carnivores). Les serpents utilisent, de façon générale, deux types de chasse : soit ils pratiquent l'embuscade, soit ils maraudent. Le serpent s'approche lentement de sa proie une fois qu'il l'a repérée puis il s’arrête à une certaine distance. La tête du serpent joue un rôle important lors de l’attaque : il la projette en avant au moment de saisir la proie tout en ouvrant les mâchoires et frappe ainsi sa proie très violemment. Les espèces arboricoles (comme certains boas) ont une approche différente : ils se laissent pendre à une branche et se laissent choir sur leurs proies. Comme chez la plupart des Squamates, l'ingestion de proies de très forte taille relativement au prédateur est l'aboutissement de l'évolution de la mâchoire : la rupture de l'arc jugalo-quadrato-jugal a rendu possible la « libération » de l'os carré, devenu mobile relativement au crâne. Le cinétisme intra-crânien se manifeste « par l'intermédiaire de deux processus différents : d'une part, la mobilité propre du carré (streptostylie) par rapport à la boîte crânienne, dorsalement, et à la mâchoire inférieure, ventralement ; d'autre part, la mobilité de la portion antérieure du dermocrâne par rapport à la portion postorbitaire »[37].
96
+
97
+ Les serpents peuvent avaler une grande quantité de nourriture en une seule fois et sont capables de jeûner pendant de nombreux jours à la suite de cela. Un Python réticulé a survécu pendant 2 ans ½ sans s’alimenter. Il arrive très fréquemment que le serpent jeûne en captivité. On a constaté que les serpents ne s’alimentent pas pendant la période qui précède la mue. Les jeunes serpents ont besoin de se nourrir plus souvent.
98
+
99
+ Les serpents procèdent de quatre manières différentes suivant les espèces afin de donner le coup de grâce :
100
+ les constricteurs étouffent leur proie ; la plupart des espèces inoculent un venin neurotoxique ; les serpents minutes ingèrent directement leur proie. Une majorité de couleuvres ont une salive toxique et utilisent aussi la constriction.
101
+
102
+ La mise à mort par constriction est la plus primitive. Boas, pythons et certaines couleuvres maintiennent leur victime dans leurs mâchoires et enroulent leur corps autour d’elle en la comprimant afin de l'étouffer. Certains cobras africains, tels que Naja nigricollis et Naja mossambica, ainsi que certains cobras asiatiques sont des serpents cracheurs, c'est-à-dire qu'ils peuvent projeter leur venin à plusieurs mètres grâce à une spécialisation des crochets à venin.
103
+
104
+ Qualifiés à tort d'animaux « à sang froid », les serpents sont des animaux ectothermes, poïkilothermes et bradymétaboliques. La thermorégulation des serpents terrestres étant assurée par héliothermie, exposition au soleil qui permet le réchauffement du sang ou par thigmothermie, capacité à capter de la chaleur sous abri par conduction thermique[38].
105
+
106
+ Les serpents muent régulièrement, les jeunes serpents au moins une fois par mois, les adultes entre 3 et 4 fois par an. Certaines mues sont aussi caractéristiques de périodes bien définies, la naissance (une semaine environ), après la période d’hibernation ou avant la fécondation. Lors de la mue appelée aussi exuviation, les serpents cherchent un endroit adapté (lieu humide pour favoriser le renouvellement[39] de la « peau » et supports rugueux pour la détacher). Ils abandonnent en quelques minutes leur exuvie (la « peau » morte) en s'en échappant par une fente qui débute au bout du museau : l'écaille rostrale frottée sur un support rugueux se détache en premier, puis l'animal contracte progressivement ses muscles latéraux et se contorsionne afin de sortir de son fourreau corné et faciliter son retournement le long de son corps, centimètre par centimètre, à la manière d'une chaussette que l'on retire[40]. Un serpent en bonne santé mue d'un seul tenant (la couche cornée des écailles se désquame en une seule fois) et abandonne sur place son exuvie qui reproduit fidèlement tous les détails du tégument (écailles, dessins, cicatrices)[41].
107
+
108
+ L'ophiophagie est le fait de capturer et consommer des serpents, certains mammifères, oiseaux ou autres reptiles sont des prédateurs sténophages d'autres des prédateurs opportunistes.
109
+
110
+ Au cours de leur évolution, « les serpents ont pu occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires, et tous les biotopes, depuis les déserts sableux jusqu'aux forêts inondées et aux torrents de montagne »[42].
111
+
112
+ Les serpents retrouvés en Tasmanie sont tous venimeux. Cet État australien n'abrite que trois espèces de serpents[43].
113
+
114
+ Dans la classification phylogénétique qui remplace aujourd'hui la classification classique, le terme de reptile est devenu obsolète. D'après la classification phylogénétique, les ’serpents' appartiennent au groupe des Squamates.
115
+
116
+ Cependant, ce sont bien les herpétologues qui étudient les serpents.
117
+
118
+ Plus de 3 500 espèces de serpents sont recensées dans le monde[44]. Treize espèces vivent en France, quatre vipères et neuf couleuvres[31]. Près de 515 espèces sont venimeuses[45].
119
+ N.B. : la systématique des reptiles et squamates étant en pleine mutation, les classifications proposées peuvent différer selon les sources et les moments.
120
+
121
+ Selon The Reptile Database (février 2017):
122
+
123
+ Note: les anciennes familles Dipsadidae, Natricidae et Pseudoxenodontidae sont aujourd'hui des sous-familles de Colubridae.
124
+
125
+
126
+
127
+ Acrochordus arafurae, un Acrochordidae
128
+
129
+ Anilius scytale, un Aniliidae
130
+
131
+ Anomochilus weberi, un Anomochilidae
132
+
133
+ Corallus caninus, un Boidae
134
+
135
+ Casarea dussumieri, un Bolyeriidae
136
+
137
+ Cylindrophis ruffus, un Cylindrophiidae
138
+
139
+ Siphlophis compressus, un Dipsadidae
140
+
141
+ Ophiophagus hannah, un Elapidae
142
+
143
+ Cerberus schneiderii, un Homalopsidae
144
+
145
+ Malpolon monspessulanus, un Lamprophiidae
146
+
147
+ Loxocemus bicolor, un Loxocemidae
148
+
149
+ Natrix natrix, un Natricidae
150
+
151
+ Pareas margaritophorus, un Pareatidae
152
+
153
+ Pseudoxenodon macrops, un Pseudoxenodontidae
154
+
155
+ Python brongersmai, un Pythonidae
156
+
157
+ Tropidophis melanurus, un Tropidophiidae
158
+
159
+ Melanophidium khairei, un Uropeltidae
160
+
161
+ Bothriechis schlegelii, un Viperidae
162
+
163
+ Achalinus formosanus, un Xenodermatidae
164
+
165
+ Xenopeltis unicolor, un Xenopeltidae
166
+
167
+ Leptotyphlops macrolepis, un Leptotyphlopidae
168
+
169
+ Rhinotyphlops schinzi, un Typhlopidae
170
+
171
+ Selon ITIS : (24 familles)
172
+
173
+ Phylogénie des familles actuelles de squamates (en dehors du clade Toxicofera) d'après Wiens et al., 2012[46] et Zeng et Wiens, 2016[47] :
174
+
175
+ Dibamidae
176
+
177
+ Diplodactylidae
178
+
179
+ Carphodactylidae
180
+
181
+ Pygopodidae
182
+
183
+ Eublepharidae
184
+
185
+ Sphaerodactylidae
186
+
187
+ Gekkonidae
188
+
189
+ Phyllodactylidae
190
+
191
+ Scincidae
192
+
193
+ Xantusiidae
194
+
195
+ Cordylidae
196
+
197
+ Gerrhosauridae
198
+
199
+ Gymnophthalmidae
200
+
201
+ Teiidae
202
+
203
+ Lacertidae
204
+
205
+ Rhineuridae
206
+
207
+ Bipedidae
208
+
209
+ Blanidae
210
+
211
+ Cadeidae
212
+
213
+ Amphisbaenidae
214
+
215
+ Trogonophiidae
216
+
217
+ Serpentes
218
+
219
+ Anguimorpha
220
+
221
+ Iguania
222
+
223
+
224
+
225
+ Phylogénie des familles actuelles de serpents, d'après Wiens et al., 2012[46] et Zeng et Wiens, 2016[47] :
226
+
227
+ Leptotyphlopidae
228
+
229
+ Gerrhopilidae
230
+
231
+ Typhlopidae
232
+
233
+ Xenotyphlopidae
234
+
235
+ Anomalepididae
236
+
237
+ Aniliidae
238
+
239
+ Tropidophiidae
240
+
241
+ Uropeltidae
242
+
243
+ Anomochilidae
244
+
245
+ Cylindrophiidae
246
+
247
+ Xenopeltidae
248
+
249
+ Loxocemidae
250
+
251
+ Pythonidae
252
+
253
+ Boidae
254
+
255
+ Bolyeriidae
256
+
257
+ Xenophidiidae
258
+
259
+ Acrochordidae
260
+
261
+ Xenodermatidae
262
+
263
+ Pareatidae
264
+
265
+ Viperidae
266
+
267
+ Homalopsidae
268
+
269
+ Colubridae
270
+
271
+ Elapidae
272
+
273
+ Lamprophiidae
274
+
275
+ Les fossiles de serpents sont rares car leurs squelettes sont généralement petits et fragiles. Cependant, des spécimens de 150 millions d'années, facilement identifiables comme des serpents, mais avec des structures squelettiques de lézards, ont été découverts en Amérique du Sud (Tetrapodophis, fossile avec quatre pattes) et en Afrique. L'anatomie comparée et une récente étude au synchrotron sur l’holotype d’Eupodophis descouensi, confirme que les serpents descendent des lézards terrestres[48].
276
+
277
+ Les serpents ne présentant aucune trace osseuse de membres antérieurs ou postérieurs existent depuis au moins 85 millions d'années (Dinilysia patagonica). Pour autant, les pythons et les boas - groupes primitifs parmi les serpents modernes - ont des membres postérieurs vestigiaux : sur leur extérieur subsistent des minuscules éperons pelviens qui leur permettent de se saisir lors de l'accouplement. Les Leptotyphlopidae et les Typhlopidae possèdent également des vestiges de la ceinture pelvienne ayant une fonction d'excitation tactile avant l'accouplement[49].
278
+
279
+ Les membres antérieurs sont inexistants chez tous les serpents. Ceci est causé par l'évolution des gènes HOX qui régulent la morphogenèse des membres. Le squelette axial de l'ancêtre commun des serpents avait, comme la plupart des tétrapodes, des spécialisations régionales au niveau des vertèbres cervicales, thoraciques, de la région lombaire et caudale. Tôt dans l'évolution des serpents, l'expression des gènes Hox agissant sur le squelette axial responsable du développement du thorax est devenu prédominant. Les côtes se trouvent exclusivement sur les vertèbres thoraciques. Le cou, les vertèbres lombaires et pelviennes sont très réduites en nombre (seulement 2 à 10 vertèbres lombaires et pelviennes sont présentes), tandis que les vertèbres caudales forment une queue bien moins développée que le thorax. Cette queue est encore assez importante chez de nombreuses espèces et est modifiée chez certaines espèces arboricoles et aquatiques.
280
+
281
+ Les serpents modernes se sont largement diversifiés au cours du paléocène. Cela s'est produit lors de la radiation évolutive des mammifères, à la suite de l'extinction des dinosaures. Les colubridés, l'un des groupes les plus communs de serpent, s'est particulièrement diversifié grâce à la prédation de rongeurs, un groupe de mammifères particulièrement prospère. Il y a plus de 3500[50] espèces de serpents, s'étendant depuis le cercle polaire arctique en Scandinavie et jusqu'au sud en Australie et Tasmanie. On les retrouve sur tous les continents (à l'exception de l'Antarctique), dans la mer, et jusqu'à une altitude de 4 900 m dans les montagnes de l'Himalaya. Ils sont absents dans de nombreuses îles (comme l'Irlande, l'Islande ou la Nouvelle-Zélande)[51].
282
+
283
+ Au moins 421 000 envenimements et 20 000 morts sont causés par des morsures de serpent chaque année et les nombres pourraient s'élever jusqu'à 1 841 000 envenimements et 94 000 morts[52],[53]. Les régions les plus touchées sont l'Asie du Sud, l'Asie du Sud-Est et l'Afrique subsaharienne.
284
+
285
+ De nombreux serpents sont tués par les insecticides, sont écrasés sur les routes (phénomène dit de roadkill[54],[55]) ou dans les champs par les engins ou encore directement par l'homme en raison de la crainte qu'ils suscitent. Leurs populations en déclin s'expliquent également par la destruction des zones naturelles, la fragmentation des habitats et l'abandon progressif des activités agropastorales (pâturage, coupe du bois) qui entraîne la fermeture de leur milieu de vie[56].
286
+
287
+ Dans de nombreux pays, les populations de serpents semblent rapidement et fortement régresser (de nombreuses espèces ont disparu sur une grande partie de leur aire naturelle de répartition). Une étude internationale[57] publiée en juin 2010, ayant porté sur cinq pays, suggère un déclin préoccupant ; sur 17 populations étudiées représentant huit espèces, en Australie, France, Italie, Nigeria et Royaume-Uni, onze ont été décimées (jusqu’à 90 % de régression), ces dernières décennies. Parmi les autres, seules cinq sont restées stables et une a légèrement et localement augmenté. Plusieurs populations semblent avoir connu un effondrement accéléré en 1998 (année la plus chaude depuis la révolution industrielle, ce qui laisse penser aux auteurs que le dérèglement climatique pourrait être l'une des causes du problème).
288
+
289
+ Face à ces menaces, plusieurs programmes de préservation des serpents sont lancés, tel celui de l'Arche de la nature au Mans en 2006[58].
290
+
291
+ Les terrariophiles qualifiés de « généralistes » possèdent différents types de reptiles, parfois aussi des amphibiens, des insectes. Mais souvent, le terrariophile se spécialise dans un certain type d'animaux, par exemple les terrariophiles herpétologues spécialisés dans les serpents. La mode des NAC a créé une terrariophilie de masse basée sur le commerce d'espèces exotiques maintenues en captivité par des néophytes qui manquent de connaissances sur la biologie des espèces[59].
292
+
293
+ La symbolique du serpent est l'une des plus profondes et complexes. Il n'est guère de cultures et de mythologies qui n'aient leur Grand Serpent, presque toujours marin et ambigu, sinon ambivalent.
294
+
295
+ Serpents et dragons, amphisbènes, basilics, guivres, hydres, chimères, les monstres ophidiens sont présents sous de nombreuses formes dans presque tous les folklores. Ils y jouent deux rôles principaux : celui de gardien (légendes de la Toison d'or, de saint Georges) ou d'initiateur (Fáfnir et Sigurd).
296
+
297
+ Le « Grand Serpent », le Trimégiste, cosmogonique ou cosmique, n'a cessé de hanter l'imaginaire des hommes, de Ras Shamra au Loch Ness ; il cristallise les peurs, les angoisses, les désirs, les espoirs[réf. nécessaire]. On remarquera d'ailleurs que la figure serpentine est souvent présente dans les « hallucinations », chamaniques ou non, provoquées par des plantes psychotropes[60].
298
+
299
+ Selon une légende, le serpent ne peut être regardé en face, comme le Soleil dont il semble l'antagoniste parce que le serpent qui a les paupières soudées ne cille pas ni ne semble jamais dormir. Opposé au « Feu Primal », il est cependant fortement associé à la Terre à cause de son mode de déplacement.
300
+
301
+ Selon le texte biblique au commencement, le serpent ne rampait pas, il parlait avec Adam et Ève mais c’est la malédiction de Dieu qui lui enleva ses pieds (Gen.3:14).
302
+
303
+ Puisque chthonien et rival de la lumière primale, il est associé au monde des morts et de la nuit[réf. nécessaire] ; certainement aussi parce que son corps étrangement froid semble se passer de la chaleur de la vie. Puisqu'il connaît les secrets de l'après-vie et qu'il est une figure de patience, il devient symbole de toute sagesse et de gnose [réf. nécessaire]; il est souvent le hiérophante du héros perdu (comme Sigurd encore ainsi que Marduk). Il possède un savoir inquiétant et mystérieux, essentiel et vital, capable de révéler l'avenir et le passé[réf. nécessaire]. Il est aussi associé à l'Eau parce que ses écailles le rapprochent du poisson (sinon que comme tous les reptiles elles sont soudées contrairement aux poissons) et par sa reptation qui le fait se mouvoir comme une vague mouvante[réf. nécessaire]. Il est l'être qui se joue des catégories topiques, semblable de corps et de régime qu'il habite dans l'eau ou sur terre [réf. nécessaire]; rien d'étonnant alors que plusieurs mythes l'aient doté d'ailes. Le Grand Serpent porteur de connaissance, évoque un autre porteur de lumière, Lucifer.
304
+
305
+ Dans le Gnosticisme le symbole du Serpent ramène à la symbolique de la peau et de cette mue que l'homme subit et qu’il quitte afin de devenir éveillé, il est de plus dans toutes les cultures, le symbole de la Connaissance Divine. La mue du Serpent symbolise également le dualisme de la matière et de l'esprit donc plus particulièrement de l'âme et du corps.
306
+
307
+ Le serpent est aussi l'animal qui se régénère puisque la saison venue il mue, il change de peau : il fait peau neuve. Il représente l'une des plus vieilles aspirations chimériques à la jeunesse éternelle, rajeuni ou plutôt jamais mort. Les Alchimistes pensent que la pierre philosophale est logée dans sa tête oblongue.
308
+
309
+ Il semble souvent s'opposer à un dieu, au Dieu, à l'aigle, symbole de Zeus olympien qui affronte Typhon, le Satan qui s'oppose au Dieu biblique, Marduk et Tiamat, Thor pêchant Jörmungand, Thraetona et Azi Dahaka en Iran, Apollon et Python, Héraclès et l'Hydre de Lerne, Saint Georges et le Dragon.
310
+
311
+ Toutes les traditions ont des reptiles titanesques et volants qui mêlent la puissance physique à l'intelligence, tandis que d'autres opposent au travers du serpent et du héros salvateur, la domination de l'esprit sur le corps, ou la domination de l'homme sur la nature, ou sa nature sauvage.
312
+
313
+ L'art martial du serpent symbolise du serpent : Fluidité, rapidité. Les mains (telles la tête du serpent) sont « dressées et prêtes à mordre ». Les bouts des doigts y frappent directement les points vitaux.
314
+
315
+ Cette symbolique souvent maléfique est en partie à l'origine de beaucoup de croyances populaires et fausses qui entourent les serpents : légendes des serpents qui têtent les vaches[61] ou qui s'approchent des bébés pour boire le lait dans leur gorge, allant même jusqu'à mettre leur queue dans la bouche du nouveau-né pour l'empêcher de pleurer afin de téter la nourrice endormie[62] ; mythe des serpents qui hypnotisent[63] leurs proies[64].
316
+
317
+ Symbole chtonien, une croyance populaire tenace veut en faire des animaux froids, gluants et visqueux. En réalité ce sont des animaux poïkilothermes, au corps sec (leur tégument est dépourvu de glandes sudoripares et muqueuses) et doux (écailles en continuité les unes avec les autres)[65].
318
+
319
+ Dans l'iconographie antique le caducée, attribut de Mercure porte deux serpents, tandis que le bâton d'Esculape n'en porte qu'un seul. On trouve aussi le serpent dans les représentations d'Apollon terrassant Python ou d'Hercule enfant en train d'étrangler un serpent ou adulte combattant Achéloüs métamorphosé en serpent. Une des plus célèbres représentations du serpent dans l'art est le groupe sculpté dit du Laocoon[66], illustration d'un épisode de l'Iliade qui inspira le titre d'un ouvrage de Lessing. La chevelure de Méduse est formée d'un nœud grouillant de vipères, que l'on retrouve sur le bouclier de Persée son vainqueur. Les figures allégoriques de l'envie[67] sont également représentées avec une chevelure de serpents.
320
+
321
+ Les textes ont fourni aux peintres historiques matière à des épisodes où le serpent figure de façon prééminente, notamment la mort d'Eurydice, piquée par un serpent et celle de Cléopâtre, qui se suicide en se laissant mordre par un aspic.
322
+
323
+ Dans l'iconographie chrétienne, le serpent est un symbole ambigu. Il apparaît dans les illustrations du récit de la tentation d'Adam et Ève (Nahash) où il symbolise le tentateur, le mal, le péché ainsi que l'avènement de la mort. Par extension il devient un attribut de Lilith[68]. Il figure également dans les représentations de Moïse changeant en serpent la verge d'Aaron, ou l'épisode du serpent d'airain[69].
324
+
325
+ Saint Jean l'évangéliste est parfois représenté tenant la coupe de poison qui se transforme en serpents lorsqu'il la bénit[70].
326
+
327
+ Lorsque le serpent apparaît foulé aux pieds (par exemple les représentations de la Vierge de l'Immaculée Conception, il représente le mal écrasé par la foi, de même que dans le bestiaire sculpté des cathédrales où il est associé aux crapauds, mais il est aussi, avec le miroir, un des attributs de la Prudence.
328
+
329
+ Dieu du panthéon hindou, Shiva porte une guirlande de serpents autour du cou.
330
+ Le serpent apparaît également dans les représentations de Bouddha protégé par le Naga.
331
+
332
+ En matière de mode, le serpent a été utilisé en bijou, comme la reine Cléopâtre qui le portait en diadème, en ceinturon ou autour du cou ; cette iconographie est reprise dans le film homonyme de 1963 avec l'actrice Elizabeth Taylor. La chroniqueuse de mode Diana Vreeland le portait en bijou, avec des yeux en rubis. Dans les années 2010, il est autant utilisé dans des bijouteries de luxe (la créatrice Aurélie Bidermann ou la marque Bulgari) que de prêt-à-porter (H&M)[71].
333
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Serpents
2
+
3
+ Sous-ordre
4
+
5
+ Classification phylogénétique
6
+
7
+ Les serpents (du latin serpentes), formant le sous-ordre des Serpentes (prononcer « serpentèces »), sont des reptiles carnivores au corps très allongé et dépourvus de membres apparents. Comme tous les squamates, ce sont des vertébrés amniotes caractérisés par un tégument recouvert d'écailles, imbriquées les unes sur les autres et protégées par une couche cornée épaisse, et par une thermorégulation assurée par trois mécanismes, l'ectothermie, la poïkilothermie et le bradymétabolisme. Ils sont aussi appelés plus rarement Ophidiens (du grec ὄφεις / ópheis).
8
+
9
+ Les serpents ont comme caractéristiques spécifiques d'avoir une langue bifide, des yeux sans paupière, un crâne articulé et des mâchoires mobiles qui facilitent l'ingestion de proies. Ils partagent la disparition des pattes avec deux autres groupes de vertébrés tétrapodes : les amphisbènes, d'autres squamates, et les gymnophiones, qui appartiennent au groupe des lissamphibiens.
10
+
11
+ Au cours de leur longue évolution qui remonte au Crétacé, les serpents ont perfectionné plusieurs modes de locomotion apode ainsi que leur système de préhension des proies, ce qui leur a permis de conquérir les biotopes les plus variés et d'occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires.
12
+
13
+ Le nom vernaculaire « serpent » est issu du latin serpens, signifiant « animal qui se traîne », participe présent du verbe serpĕre, « se traîner ». L'équivalent grec, qui lui est apparenté, est le verbe ἕρπω / herpô (d'où les termes d'herpétologie, d'herpétologue et d'herpétophobie), de même sens[1]. L’affaiblissement de la sifflante initiale, aboutissant à une aspiration, est une caractéristique du grec ancien. Les termes grec et latin se rattachent à une racine indo-européenne °serp- qui est sans doute un élargissement de °ser- « aller, couler » (racine qui se retrouve dans le nom sérum)[2].
14
+
15
+ L'ordre des Serpentes paraît dans la dixième édition de l'ouvrage Systema naturae du naturaliste Linné édité en 1758[3]. Dans son Essai d'une classification naturelle des reptiles paru en 1800, le naturaliste Brongniart identifie quatre ordres de reptiles : les chelonia (tortues), les sauria comprenant les lézards et les crocodiliens, les batrachia (batraciens) et les ophidia (serpents au sens large, incluant toutes les espèces fossiles plus proches des serpents actuels)[4]. Brongniart crée le sous-ordre des ophidiens en s'appuyant sur la racine grecque ὄφεις óphis (issu de l'indo-européen h₁ógʷʰis, serpent de la mythologie indo-européenne)[5] qui se retrouve dans les termes ophiophagie, ophiophobie, ophiologie et Ophioglossaceae[6].
16
+
17
+ Les serpents sont des reptiles dépourvus de pattes, même s'ils ne sont pas les seuls. En effet, les amphisbènes et certains lézards apodes comme les orvets présentent également cette particularité[7]. Leur corps est cylindrique et de forme allongée bien que la silhouette soit très variable selon les espèces. Par exemple, le serpent arboricole Imantodes cenchoa a une silhouette gracile et élancée tandis que le python à queue courte Python curtus a un aspect plus ramassé[8].
18
+
19
+ La taille des serpents est également très variable selon les espèces. Certains serpents aveugles de la famille des Typhlopidae peuvent mesurer une dizaine de centimètres à l'âge adulte[9] tandis que l'Anaconda vert (Eunectes murinus) et le Python réticulé (Broghammerus reticulatus) se disputent le titre de plus grand serpent, le premier étant le plus lourd[10] (les adultes peuvent atteindre un poids de 250 kg[11]) et le second étant vraisemblablement le plus long (avec une taille maximale de 9 à 10 m[12]). Ces records sont toutefois à considérer avec circonspection, les observations les plus impressionnantes datant généralement de plusieurs décennies et ayant vraisemblablement été déformées au cours du temps[13]. Les très grandes espèces de serpents vivent majoritairement dans les zones les plus chaudes du globe, où la température élevée permet de réchauffer efficacement un gros corps et où les proies sont abondantes[9].
20
+
21
+ Bien que la section transversale des serpents soit globalement cylindrique, il existe des disparités entre espèces. Ainsi, on distingue quatre grands types de sections[8] :
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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25
+ Le Python fouisseur du Mexique (Loxocemus bicolor) a un mode de vie fouisseur et un corps cylindrique[14].
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+ Drymarchon corais a une section triangulaire.
28
+
29
+ La Vipère du Gabon (Bitis gabonica), comme les autres grosses vipères, a une section aplatie dorsalement.
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31
+ Le boa arboricole Corallus hortulanus a une section aplatie latéralement.
32
+
33
+ Il existe un rapport étroit entre la taille et la silhouette d'un serpent et son mode de vie. Ainsi, les serpents arboricoles ont généralement un corps allongé et mince, avec une queue préhensile et un corps aplati latéralement qui leur fournit une rigidité suffisante pour se déplacer de branche en branche[15]. Les espèces fouisseuses ont quant à elles un corps cylindrique, court et avec une tête peu distincte du corps[16]. Enfin, beaucoup d'espèces aux mœurs aquatiques ont les yeux et les narines placées en haut du crâne, ce qui leur permet de les garder émergés lorsqu'elles nagent à la surface de l'eau[17].
34
+
35
+ La ceinture scapulaire est toujours absente du squelette des serpents, sinon chez certains ophidiens tels que les Boïdés qui présentent des vestiges de ceinture pelvienne (qui peut servir d'organe excitateur lors de l'accouplement). La colonne vertébrale est constituée d'un grand nombre de vertèbres (160 à 400) très bien articulées les unes par rapport aux autres ; les ondulations du corps sont donc possibles grâce à cette structure d'une part et d'autre part grâce à l'existence de muscles latéraux qui présentent la particularité d'avoir leurs insertions apophysaires opposées fort éloignées les unes des autres (jusqu'à 30 vertèbres d'écart). La bouche peut se distendre au passage des proies qu'ils capturent. Cette grande ouverture buccale est rendue possible car d'une part le carré est une baguette allongée qui s'articule très en arrière du neurocrâne ; d'autre part la rotation du carré autour de son articulation éloigne très nettement la mandibule (mâchoire inférieure très flexible pouvant aller pratiquement dans tous les sens) de la mâchoire supérieure (liée aux os du crâne de façon lâche). Par ailleurs un muscle puissant (le « depressor mandibulae ») tendu entre la région temporale et l'extrémité postérieure de la mandibule contribue à abaisser encore plus ventralement cette dernière. De ce fait, les serpents sont capables d'avaler des proies énormes : dans l'estomac d'un python de cinq mètres on a trouvé un léopard (préalablement étouffé). Par ailleurs, les glandes salivaires sécrètent assez de salive pour faciliter l'ingestion des proies en les lubrifiant. L’estomac produit un suc extrêmement acide capable de dissoudre même les dents. Remarquez qu'en dessous de 10 °C, le processus digestif ne peut fonctionner efficacement et le serpent doit régurgiter sa proie ; la température idéale pour la digestion est de 30 °C. C'est pourquoi le serpent cherche à atteindre cette température, en se chauffant au soleil par exemple lorsqu'il vient de se nourrir.
36
+
37
+ Le corps des serpents est recouvert d'écailles. Comme chez les autres squamates et contrairement par exemple aux poissons, celles-ci sont des zones épaissies de l'épiderme et non des écailles individualisées[18]. Les écailles peuvent avoir toutes sortes de tailles, de formes, de textures et de dispositions, y compris au sein d'une même espèce.
38
+
39
+ La forme, le nombre et la disposition des écailles permettent de différencier les différentes espèces de serpents[19]. En particulier, les différentes écailles de la tête sont généralement caractéristiques d'une espèce, ainsi que le nombre de rangées d'écailles dorsales (dans le sens de la largeur) et le nombre d'écailles ventrales (dans le sens de la longueur)[20].
40
+
41
+ La Vipère velue (Atheris hispida) a des écailles allongées et pointues.
42
+
43
+ Le Serpent à tentacules (Erpeton tentaculatum) a deux appendices sur le museau.
44
+
45
+ Langaha madagascariensis a des écailles qui forment un long rostre.
46
+
47
+ Les écailles ont plusieurs fonctions[21]. En premier lieu, elles offrent une protection mécanique contre l'usure de la peau. Cette protection est particulièrement importante, puisque l'usure de l'épiderme est très rapide chez ces animaux qui se déplacent en rampant. Les écailles permettent également sans doute de limiter la déshydratation, même si cette capacité est mal connue et peut-être surestimée. Elles peuvent également faciliter le déplacement, des écailles lisses permettant de réduire les frottements dans la végétation et le sable tandis que des écailles plus rugueuses permettent de s'accrocher plus facilement[22]. Les serpents à groin, comme ceux du genre Heterodon, ont une écaille rostrale retroussée qui leur permet de creuser[23]. De plus, elles peuvent avoir une fonction de camouflage, des écailles proéminentes permettant de briser la ligne de contours de la tête de l'animal aux yeux d'éventuels proies ou prédateurs[24].
48
+
49
+ Certains serpents, notamment la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), la Couleuvre de Moïla (Rhagerhis moilensis) et diverses couleuvres du genre Psammophis polissent leurs écailles dorsales et ventrales grâce à un liquide visqueux sécrété non loin des narines. Ce polissage a probablement pour fonction de limiter l'évaporation transcutanée en recouvrant les écailles de lipides, mais pourrait également être un moyen de communication chimique[25].
50
+
51
+ Les serpents peuvent présenter à peu près toutes les couleurs existantes. Certains serpents ont une couleur unie tandis que d'autres ont des motifs très complexes. La coloration est d'ailleurs un critère de d��termination des espèces bien que la variabilité au sein d'une même population, voire chez un même individu à différents moments de sa vie, puisse être très importante[26].
52
+
53
+ La couleur est déterminée en premier lieu par les pigments contenus dans les chromatophores présents entre le derme et l'épiderme[26]. Elle dépend également des caractéristiques physiques des écailles (épidermicule ornée d'épines ou de crêtes microscopiques) qui peuvent produire des phénomènes d'iridescence et d'effet Tyndall[27].
54
+
55
+ Bel exemple d'homochromie, la couleuvre Opheodrys aestivus a une couleur de fond verte presque unie.
56
+
57
+ Rhabdophis tigrinus a quant à elle des motifs complexes.
58
+
59
+ Lampropeltis getulus a des motifs annelés.
60
+
61
+ Le Boa arc-en-ciel Epicrates cenchria a des écailles très iridescentes.
62
+
63
+ La couleur des serpents peut varier au cours de la vie chez un même individu. Ainsi, certaines espèces peuvent changer de couleur au cours d'une même journée, à la manière des caméléons, mais d'autres changent de couleur sur le plus long terme[28]. Ainsi, la couleur des jeunes individus peut être très différente de la couleur des adultes[29].
64
+
65
+ La couleur des serpents joue un rôle important puisqu'elle leur permet de se camoufler aux yeux des prédateurs et des proies potentielles. Ainsi, les serpents arboricoles sont généralement verts[15], les serpents terrestres assortis au substrat[30], etc.
66
+
67
+ Les jeunes Rhynchophis boulengeri sont gris…
68
+
69
+ … tandis que les adultes sont vert vif.
70
+
71
+ Selon leur type de denture, on peut distinguer cinq catégories de serpents :
72
+
73
+ Dans les deux derniers cas le serpent envenime sa proie avant de l'ingérer ; dans tous les cas le venin est expulsé des glandes (qui sont parfois très volumineuses par rapport à l'animal) par la contraction des muscles mandibulaires adducteurs. C'est également une action musculaire qui entraîne lors de la morsure le redressement des crochets horizontaux au repos.
74
+
75
+ Les serpents ont une respiration pulmonaire. L'appareil respiratoire est constitué d'un poumon gauche atrophié ou absent, excepté chez les boas et les pythons. Le poumon droit est en revanche hypertrophié. Ce poumon droit est tripartite, avec un poumon trachéen (supplément de capacité respiratoire qui peut aider le serpent à respirer tout en avalant une grosse proie), un poumon bronchial vascularisé et un poumon sacculaire non vascularisé (cette partie règle l'équilibre hydrostatique des serpents aquatiques)[31].
76
+
77
+ De façon générale, les serpents ont une très mauvaise vue : le champ visuel d’un animal se déplaçant au ras du sol étant par ailleurs limité, certains serpents se dressent sur leur corps quand ils chassent ; ils se repèrent dans leur milieu en sentant les odeurs et les déplacements d'air grâce à leur langue bifide. Les performances olfactives sont difficiles à évaluer car elles sont fréquemment associées à d'autres sensibilités sensorielles : vue, détection des phéromones par un organe sensoriel pair particulier dans la cavité buccale des Squamates : l'organe chimio-sensible de Jacobson. Les extrémités de la langue bifide pénètrent dans chacune des deux cavités de l'organe de Jacobson, situé dans le palais. Les boïdés et certains vipéridés, les crotales, ont quant à eux une image thermique de leur proie. Ils sont sensibles aux radiations infrarouges et peuvent percevoir les plus infimes changements de température[32].
78
+
79
+ L'audition, sens peu développé chez les serpents, est assurée par l'oreille interne qui capte les vibrations du sol en contact direct avec la tête, ces vibrations étant transmises par les mâchoires à l'os carré, puis à l'osselet et au cerveau. L'absence d'oreille externe et une oreille moyenne très réduite suggère que leur perception des vibrations aériennes est réduite[33].
80
+
81
+ Lors de l'accouplement, le mâle enroule sa queue autour de celle de sa partenaire et introduit son hémipénis dans la fente cloacale de la femelle. L'accouplement peut durer plusieurs heures[34].
82
+
83
+ La fécondation est interne et différée. La plupart des serpents sont ovipares mais quelques-uns sont ovovivipares (vipères en France), surtout dans les régions froides : l'ovoviviparité est probablement une adaptation nécessaire là où la période estivale est courte. Ainsi la femelle peut mieux régler la température de développement des petits que si elle pondait simplement ses œufs dans le sol. La durée de gestation est liée à la température, donc à la durée d'insolation, et varie de 2 à 4,5 mois[35]. Dans les régions tempérées, les femelles pondent leurs œufs à la fin de l'été, et sont parfois incapables de se nourrir suffisamment avant l'hibernation[36].
84
+
85
+ Accouplement de couleuvres Pantherophis obsoletus, l'hémipénis rose étant visible sous la partie antérieure de la queue.
86
+
87
+ Dans un nœud de vipères ou de couleuvres, la femelle est prise d'assaut par plusieurs mâles qui s'enroulent les uns avec les autres.
88
+
89
+ Nœud de serpents, agrégats rencontrés surtout en d��but d'hivernage, favorisant une certaine cohérence sociale et les futurs accouplements.
90
+
91
+ Les serpents, marins ou terrestres se déplacent par reptation, c'est-à-dire qu'ils utilisent l'ensemble de leur corps pour se mouvoir. Les serpents dont le corps est important (comme chez les serpents à sonnettes) peuvent également se déplacer en ligne droite en alternant un mouvement avant de la peau et un ancrage des écailles du ventre qui sont orientées vers l'extrémité postérieure, suivi d'un mouvement vers l'avant de la partie interne du corps.
92
+ Dans des lieux plus exigus, certaines espèces utilisent des mouvements d'accordéon ou télescopiques : le serpent ancre son extrémité postérieure par quelques courbes horizontales, étend son corps puis ancre à nouveau son extrémité antérieure et tire la partie arrière vers l'avant. La forme la plus spécialisée de reptation est le roulement ou zigzag latéral qui n'est utilisable que sur des substrats mous et chauds tel que le sable dans le désert. L'animal recourbe son corps en S, pour ne toucher le sable qu'en deux endroits, puis il fait progressivement « glisser » ces deux points de contact le long de son corps, vers l'arrière, en avançant vers l'avant : le déplacement est alors latéral par rapport à l'axe du corps.
93
+ La vitesse des serpents se situe en général autour d'un maximum de 6 km/h, les mambas constituant une exception notable (bien que les témoignages divergent, il a été attesté que ces serpents atteignent 12 km/h et prétendu de façon moins vérifiable que certains d'entre eux ont été chronométrés à 20 voire 30 km/h)[réf. nécessaire].
94
+
95
+ Les serpents sont tous zoophages (carnivores). Les serpents utilisent, de façon générale, deux types de chasse : soit ils pratiquent l'embuscade, soit ils maraudent. Le serpent s'approche lentement de sa proie une fois qu'il l'a repérée puis il s’arrête à une certaine distance. La tête du serpent joue un rôle important lors de l’attaque : il la projette en avant au moment de saisir la proie tout en ouvrant les mâchoires et frappe ainsi sa proie très violemment. Les espèces arboricoles (comme certains boas) ont une approche différente : ils se laissent pendre à une branche et se laissent choir sur leurs proies. Comme chez la plupart des Squamates, l'ingestion de proies de très forte taille relativement au prédateur est l'aboutissement de l'évolution de la mâchoire : la rupture de l'arc jugalo-quadrato-jugal a rendu possible la « libération » de l'os carré, devenu mobile relativement au crâne. Le cinétisme intra-crânien se manifeste « par l'intermédiaire de deux processus différents : d'une part, la mobilité propre du carré (streptostylie) par rapport à la boîte crânienne, dorsalement, et à la mâchoire inférieure, ventralement ; d'autre part, la mobilité de la portion antérieure du dermocrâne par rapport à la portion postorbitaire »[37].
96
+
97
+ Les serpents peuvent avaler une grande quantité de nourriture en une seule fois et sont capables de jeûner pendant de nombreux jours à la suite de cela. Un Python réticulé a survécu pendant 2 ans ½ sans s’alimenter. Il arrive très fréquemment que le serpent jeûne en captivité. On a constaté que les serpents ne s’alimentent pas pendant la période qui précède la mue. Les jeunes serpents ont besoin de se nourrir plus souvent.
98
+
99
+ Les serpents procèdent de quatre manières différentes suivant les espèces afin de donner le coup de grâce :
100
+ les constricteurs étouffent leur proie ; la plupart des espèces inoculent un venin neurotoxique ; les serpents minutes ingèrent directement leur proie. Une majorité de couleuvres ont une salive toxique et utilisent aussi la constriction.
101
+
102
+ La mise à mort par constriction est la plus primitive. Boas, pythons et certaines couleuvres maintiennent leur victime dans leurs mâchoires et enroulent leur corps autour d’elle en la comprimant afin de l'étouffer. Certains cobras africains, tels que Naja nigricollis et Naja mossambica, ainsi que certains cobras asiatiques sont des serpents cracheurs, c'est-à-dire qu'ils peuvent projeter leur venin à plusieurs mètres grâce à une spécialisation des crochets à venin.
103
+
104
+ Qualifiés à tort d'animaux « à sang froid », les serpents sont des animaux ectothermes, poïkilothermes et bradymétaboliques. La thermorégulation des serpents terrestres étant assurée par héliothermie, exposition au soleil qui permet le réchauffement du sang ou par thigmothermie, capacité à capter de la chaleur sous abri par conduction thermique[38].
105
+
106
+ Les serpents muent régulièrement, les jeunes serpents au moins une fois par mois, les adultes entre 3 et 4 fois par an. Certaines mues sont aussi caractéristiques de périodes bien définies, la naissance (une semaine environ), après la période d’hibernation ou avant la fécondation. Lors de la mue appelée aussi exuviation, les serpents cherchent un endroit adapté (lieu humide pour favoriser le renouvellement[39] de la « peau » et supports rugueux pour la détacher). Ils abandonnent en quelques minutes leur exuvie (la « peau » morte) en s'en échappant par une fente qui débute au bout du museau : l'écaille rostrale frottée sur un support rugueux se détache en premier, puis l'animal contracte progressivement ses muscles latéraux et se contorsionne afin de sortir de son fourreau corné et faciliter son retournement le long de son corps, centimètre par centimètre, à la manière d'une chaussette que l'on retire[40]. Un serpent en bonne santé mue d'un seul tenant (la couche cornée des écailles se désquame en une seule fois) et abandonne sur place son exuvie qui reproduit fidèlement tous les détails du tégument (écailles, dessins, cicatrices)[41].
107
+
108
+ L'ophiophagie est le fait de capturer et consommer des serpents, certains mammifères, oiseaux ou autres reptiles sont des prédateurs sténophages d'autres des prédateurs opportunistes.
109
+
110
+ Au cours de leur évolution, « les serpents ont pu occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires, et tous les biotopes, depuis les déserts sableux jusqu'aux forêts inondées et aux torrents de montagne »[42].
111
+
112
+ Les serpents retrouvés en Tasmanie sont tous venimeux. Cet État australien n'abrite que trois espèces de serpents[43].
113
+
114
+ Dans la classification phylogénétique qui remplace aujourd'hui la classification classique, le terme de reptile est devenu obsolète. D'après la classification phylogénétique, les ’serpents' appartiennent au groupe des Squamates.
115
+
116
+ Cependant, ce sont bien les herpétologues qui étudient les serpents.
117
+
118
+ Plus de 3 500 espèces de serpents sont recensées dans le monde[44]. Treize espèces vivent en France, quatre vipères et neuf couleuvres[31]. Près de 515 espèces sont venimeuses[45].
119
+ N.B. : la systématique des reptiles et squamates étant en pleine mutation, les classifications proposées peuvent différer selon les sources et les moments.
120
+
121
+ Selon The Reptile Database (février 2017):
122
+
123
+ Note: les anciennes familles Dipsadidae, Natricidae et Pseudoxenodontidae sont aujourd'hui des sous-familles de Colubridae.
124
+
125
+
126
+
127
+ Acrochordus arafurae, un Acrochordidae
128
+
129
+ Anilius scytale, un Aniliidae
130
+
131
+ Anomochilus weberi, un Anomochilidae
132
+
133
+ Corallus caninus, un Boidae
134
+
135
+ Casarea dussumieri, un Bolyeriidae
136
+
137
+ Cylindrophis ruffus, un Cylindrophiidae
138
+
139
+ Siphlophis compressus, un Dipsadidae
140
+
141
+ Ophiophagus hannah, un Elapidae
142
+
143
+ Cerberus schneiderii, un Homalopsidae
144
+
145
+ Malpolon monspessulanus, un Lamprophiidae
146
+
147
+ Loxocemus bicolor, un Loxocemidae
148
+
149
+ Natrix natrix, un Natricidae
150
+
151
+ Pareas margaritophorus, un Pareatidae
152
+
153
+ Pseudoxenodon macrops, un Pseudoxenodontidae
154
+
155
+ Python brongersmai, un Pythonidae
156
+
157
+ Tropidophis melanurus, un Tropidophiidae
158
+
159
+ Melanophidium khairei, un Uropeltidae
160
+
161
+ Bothriechis schlegelii, un Viperidae
162
+
163
+ Achalinus formosanus, un Xenodermatidae
164
+
165
+ Xenopeltis unicolor, un Xenopeltidae
166
+
167
+ Leptotyphlops macrolepis, un Leptotyphlopidae
168
+
169
+ Rhinotyphlops schinzi, un Typhlopidae
170
+
171
+ Selon ITIS : (24 familles)
172
+
173
+ Phylogénie des familles actuelles de squamates (en dehors du clade Toxicofera) d'après Wiens et al., 2012[46] et Zeng et Wiens, 2016[47] :
174
+
175
+ Dibamidae
176
+
177
+ Diplodactylidae
178
+
179
+ Carphodactylidae
180
+
181
+ Pygopodidae
182
+
183
+ Eublepharidae
184
+
185
+ Sphaerodactylidae
186
+
187
+ Gekkonidae
188
+
189
+ Phyllodactylidae
190
+
191
+ Scincidae
192
+
193
+ Xantusiidae
194
+
195
+ Cordylidae
196
+
197
+ Gerrhosauridae
198
+
199
+ Gymnophthalmidae
200
+
201
+ Teiidae
202
+
203
+ Lacertidae
204
+
205
+ Rhineuridae
206
+
207
+ Bipedidae
208
+
209
+ Blanidae
210
+
211
+ Cadeidae
212
+
213
+ Amphisbaenidae
214
+
215
+ Trogonophiidae
216
+
217
+ Serpentes
218
+
219
+ Anguimorpha
220
+
221
+ Iguania
222
+
223
+
224
+
225
+ Phylogénie des familles actuelles de serpents, d'après Wiens et al., 2012[46] et Zeng et Wiens, 2016[47] :
226
+
227
+ Leptotyphlopidae
228
+
229
+ Gerrhopilidae
230
+
231
+ Typhlopidae
232
+
233
+ Xenotyphlopidae
234
+
235
+ Anomalepididae
236
+
237
+ Aniliidae
238
+
239
+ Tropidophiidae
240
+
241
+ Uropeltidae
242
+
243
+ Anomochilidae
244
+
245
+ Cylindrophiidae
246
+
247
+ Xenopeltidae
248
+
249
+ Loxocemidae
250
+
251
+ Pythonidae
252
+
253
+ Boidae
254
+
255
+ Bolyeriidae
256
+
257
+ Xenophidiidae
258
+
259
+ Acrochordidae
260
+
261
+ Xenodermatidae
262
+
263
+ Pareatidae
264
+
265
+ Viperidae
266
+
267
+ Homalopsidae
268
+
269
+ Colubridae
270
+
271
+ Elapidae
272
+
273
+ Lamprophiidae
274
+
275
+ Les fossiles de serpents sont rares car leurs squelettes sont généralement petits et fragiles. Cependant, des spécimens de 150 millions d'années, facilement identifiables comme des serpents, mais avec des structures squelettiques de lézards, ont été découverts en Amérique du Sud (Tetrapodophis, fossile avec quatre pattes) et en Afrique. L'anatomie comparée et une récente étude au synchrotron sur l’holotype d’Eupodophis descouensi, confirme que les serpents descendent des lézards terrestres[48].
276
+
277
+ Les serpents ne présentant aucune trace osseuse de membres antérieurs ou postérieurs existent depuis au moins 85 millions d'années (Dinilysia patagonica). Pour autant, les pythons et les boas - groupes primitifs parmi les serpents modernes - ont des membres postérieurs vestigiaux : sur leur extérieur subsistent des minuscules éperons pelviens qui leur permettent de se saisir lors de l'accouplement. Les Leptotyphlopidae et les Typhlopidae possèdent également des vestiges de la ceinture pelvienne ayant une fonction d'excitation tactile avant l'accouplement[49].
278
+
279
+ Les membres antérieurs sont inexistants chez tous les serpents. Ceci est causé par l'évolution des gènes HOX qui régulent la morphogenèse des membres. Le squelette axial de l'ancêtre commun des serpents avait, comme la plupart des tétrapodes, des spécialisations régionales au niveau des vertèbres cervicales, thoraciques, de la région lombaire et caudale. Tôt dans l'évolution des serpents, l'expression des gènes Hox agissant sur le squelette axial responsable du développement du thorax est devenu prédominant. Les côtes se trouvent exclusivement sur les vertèbres thoraciques. Le cou, les vertèbres lombaires et pelviennes sont très réduites en nombre (seulement 2 à 10 vertèbres lombaires et pelviennes sont présentes), tandis que les vertèbres caudales forment une queue bien moins développée que le thorax. Cette queue est encore assez importante chez de nombreuses espèces et est modifiée chez certaines espèces arboricoles et aquatiques.
280
+
281
+ Les serpents modernes se sont largement diversifiés au cours du paléocène. Cela s'est produit lors de la radiation évolutive des mammifères, à la suite de l'extinction des dinosaures. Les colubridés, l'un des groupes les plus communs de serpent, s'est particulièrement diversifié grâce à la prédation de rongeurs, un groupe de mammifères particulièrement prospère. Il y a plus de 3500[50] espèces de serpents, s'étendant depuis le cercle polaire arctique en Scandinavie et jusqu'au sud en Australie et Tasmanie. On les retrouve sur tous les continents (à l'exception de l'Antarctique), dans la mer, et jusqu'à une altitude de 4 900 m dans les montagnes de l'Himalaya. Ils sont absents dans de nombreuses îles (comme l'Irlande, l'Islande ou la Nouvelle-Zélande)[51].
282
+
283
+ Au moins 421 000 envenimements et 20 000 morts sont causés par des morsures de serpent chaque année et les nombres pourraient s'élever jusqu'à 1 841 000 envenimements et 94 000 morts[52],[53]. Les régions les plus touchées sont l'Asie du Sud, l'Asie du Sud-Est et l'Afrique subsaharienne.
284
+
285
+ De nombreux serpents sont tués par les insecticides, sont écrasés sur les routes (phénomène dit de roadkill[54],[55]) ou dans les champs par les engins ou encore directement par l'homme en raison de la crainte qu'ils suscitent. Leurs populations en déclin s'expliquent également par la destruction des zones naturelles, la fragmentation des habitats et l'abandon progressif des activités agropastorales (pâturage, coupe du bois) qui entraîne la fermeture de leur milieu de vie[56].
286
+
287
+ Dans de nombreux pays, les populations de serpents semblent rapidement et fortement régresser (de nombreuses espèces ont disparu sur une grande partie de leur aire naturelle de répartition). Une étude internationale[57] publiée en juin 2010, ayant porté sur cinq pays, suggère un déclin préoccupant ; sur 17 populations étudiées représentant huit espèces, en Australie, France, Italie, Nigeria et Royaume-Uni, onze ont été décimées (jusqu’à 90 % de régression), ces dernières décennies. Parmi les autres, seules cinq sont restées stables et une a légèrement et localement augmenté. Plusieurs populations semblent avoir connu un effondrement accéléré en 1998 (année la plus chaude depuis la révolution industrielle, ce qui laisse penser aux auteurs que le dérèglement climatique pourrait être l'une des causes du problème).
288
+
289
+ Face à ces menaces, plusieurs programmes de préservation des serpents sont lancés, tel celui de l'Arche de la nature au Mans en 2006[58].
290
+
291
+ Les terrariophiles qualifiés de « généralistes » possèdent différents types de reptiles, parfois aussi des amphibiens, des insectes. Mais souvent, le terrariophile se spécialise dans un certain type d'animaux, par exemple les terrariophiles herpétologues spécialisés dans les serpents. La mode des NAC a créé une terrariophilie de masse basée sur le commerce d'espèces exotiques maintenues en captivité par des néophytes qui manquent de connaissances sur la biologie des espèces[59].
292
+
293
+ La symbolique du serpent est l'une des plus profondes et complexes. Il n'est guère de cultures et de mythologies qui n'aient leur Grand Serpent, presque toujours marin et ambigu, sinon ambivalent.
294
+
295
+ Serpents et dragons, amphisbènes, basilics, guivres, hydres, chimères, les monstres ophidiens sont présents sous de nombreuses formes dans presque tous les folklores. Ils y jouent deux rôles principaux : celui de gardien (légendes de la Toison d'or, de saint Georges) ou d'initiateur (Fáfnir et Sigurd).
296
+
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+ Le « Grand Serpent », le Trimégiste, cosmogonique ou cosmique, n'a cessé de hanter l'imaginaire des hommes, de Ras Shamra au Loch Ness ; il cristallise les peurs, les angoisses, les désirs, les espoirs[réf. nécessaire]. On remarquera d'ailleurs que la figure serpentine est souvent présente dans les « hallucinations », chamaniques ou non, provoquées par des plantes psychotropes[60].
298
+
299
+ Selon une légende, le serpent ne peut être regardé en face, comme le Soleil dont il semble l'antagoniste parce que le serpent qui a les paupières soudées ne cille pas ni ne semble jamais dormir. Opposé au « Feu Primal », il est cependant fortement associé à la Terre à cause de son mode de déplacement.
300
+
301
+ Selon le texte biblique au commencement, le serpent ne rampait pas, il parlait avec Adam et Ève mais c’est la malédiction de Dieu qui lui enleva ses pieds (Gen.3:14).
302
+
303
+ Puisque chthonien et rival de la lumière primale, il est associé au monde des morts et de la nuit[réf. nécessaire] ; certainement aussi parce que son corps étrangement froid semble se passer de la chaleur de la vie. Puisqu'il connaît les secrets de l'après-vie et qu'il est une figure de patience, il devient symbole de toute sagesse et de gnose [réf. nécessaire]; il est souvent le hiérophante du héros perdu (comme Sigurd encore ainsi que Marduk). Il possède un savoir inquiétant et mystérieux, essentiel et vital, capable de révéler l'avenir et le passé[réf. nécessaire]. Il est aussi associé à l'Eau parce que ses écailles le rapprochent du poisson (sinon que comme tous les reptiles elles sont soudées contrairement aux poissons) et par sa reptation qui le fait se mouvoir comme une vague mouvante[réf. nécessaire]. Il est l'être qui se joue des catégories topiques, semblable de corps et de régime qu'il habite dans l'eau ou sur terre [réf. nécessaire]; rien d'étonnant alors que plusieurs mythes l'aient doté d'ailes. Le Grand Serpent porteur de connaissance, évoque un autre porteur de lumière, Lucifer.
304
+
305
+ Dans le Gnosticisme le symbole du Serpent ramène à la symbolique de la peau et de cette mue que l'homme subit et qu’il quitte afin de devenir éveillé, il est de plus dans toutes les cultures, le symbole de la Connaissance Divine. La mue du Serpent symbolise également le dualisme de la matière et de l'esprit donc plus particulièrement de l'âme et du corps.
306
+
307
+ Le serpent est aussi l'animal qui se régénère puisque la saison venue il mue, il change de peau : il fait peau neuve. Il représente l'une des plus vieilles aspirations chimériques à la jeunesse éternelle, rajeuni ou plutôt jamais mort. Les Alchimistes pensent que la pierre philosophale est logée dans sa tête oblongue.
308
+
309
+ Il semble souvent s'opposer à un dieu, au Dieu, à l'aigle, symbole de Zeus olympien qui affronte Typhon, le Satan qui s'oppose au Dieu biblique, Marduk et Tiamat, Thor pêchant Jörmungand, Thraetona et Azi Dahaka en Iran, Apollon et Python, Héraclès et l'Hydre de Lerne, Saint Georges et le Dragon.
310
+
311
+ Toutes les traditions ont des reptiles titanesques et volants qui mêlent la puissance physique à l'intelligence, tandis que d'autres opposent au travers du serpent et du héros salvateur, la domination de l'esprit sur le corps, ou la domination de l'homme sur la nature, ou sa nature sauvage.
312
+
313
+ L'art martial du serpent symbolise du serpent : Fluidité, rapidité. Les mains (telles la tête du serpent) sont « dressées et prêtes à mordre ». Les bouts des doigts y frappent directement les points vitaux.
314
+
315
+ Cette symbolique souvent maléfique est en partie à l'origine de beaucoup de croyances populaires et fausses qui entourent les serpents : légendes des serpents qui têtent les vaches[61] ou qui s'approchent des bébés pour boire le lait dans leur gorge, allant même jusqu'à mettre leur queue dans la bouche du nouveau-né pour l'empêcher de pleurer afin de téter la nourrice endormie[62] ; mythe des serpents qui hypnotisent[63] leurs proies[64].
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+
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+ Symbole chtonien, une croyance populaire tenace veut en faire des animaux froids, gluants et visqueux. En réalité ce sont des animaux poïkilothermes, au corps sec (leur tégument est dépourvu de glandes sudoripares et muqueuses) et doux (écailles en continuité les unes avec les autres)[65].
318
+
319
+ Dans l'iconographie antique le caducée, attribut de Mercure porte deux serpents, tandis que le bâton d'Esculape n'en porte qu'un seul. On trouve aussi le serpent dans les représentations d'Apollon terrassant Python ou d'Hercule enfant en train d'étrangler un serpent ou adulte combattant Achéloüs métamorphosé en serpent. Une des plus célèbres représentations du serpent dans l'art est le groupe sculpté dit du Laocoon[66], illustration d'un épisode de l'Iliade qui inspira le titre d'un ouvrage de Lessing. La chevelure de Méduse est formée d'un nœud grouillant de vipères, que l'on retrouve sur le bouclier de Persée son vainqueur. Les figures allégoriques de l'envie[67] sont également représentées avec une chevelure de serpents.
320
+
321
+ Les textes ont fourni aux peintres historiques matière à des épisodes où le serpent figure de façon prééminente, notamment la mort d'Eurydice, piquée par un serpent et celle de Cléopâtre, qui se suicide en se laissant mordre par un aspic.
322
+
323
+ Dans l'iconographie chrétienne, le serpent est un symbole ambigu. Il apparaît dans les illustrations du récit de la tentation d'Adam et Ève (Nahash) où il symbolise le tentateur, le mal, le péché ainsi que l'avènement de la mort. Par extension il devient un attribut de Lilith[68]. Il figure également dans les représentations de Moïse changeant en serpent la verge d'Aaron, ou l'épisode du serpent d'airain[69].
324
+
325
+ Saint Jean l'évangéliste est parfois représenté tenant la coupe de poison qui se transforme en serpents lorsqu'il la bénit[70].
326
+
327
+ Lorsque le serpent apparaît foulé aux pieds (par exemple les représentations de la Vierge de l'Immaculée Conception, il représente le mal écrasé par la foi, de même que dans le bestiaire sculpté des cathédrales où il est associé aux crapauds, mais il est aussi, avec le miroir, un des attributs de la Prudence.
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+ Dieu du panthéon hindou, Shiva porte une guirlande de serpents autour du cou.
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+ Le serpent apparaît également dans les représentations de Bouddha protégé par le Naga.
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+ En matière de mode, le serpent a été utilisé en bijou, comme la reine Cléopâtre qui le portait en diadème, en ceinturon ou autour du cou ; cette iconographie est reprise dans le film homonyme de 1963 avec l'actrice Elizabeth Taylor. La chroniqueuse de mode Diana Vreeland le portait en bijou, avec des yeux en rubis. Dans les années 2010, il est autant utilisé dans des bijouteries de luxe (la créatrice Aurélie Bidermann ou la marque Bulgari) que de prêt-à-porter (H&M)[71].
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+ Leptailurus serval
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+ Genre
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+ Répartition géographique
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+ LC  : Préoccupation mineure
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+ Statut CITES
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+ Le serval (Leptailurus serval) est une espèce de félins de la sous-famille des félinés.
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+ Le serval est la seule espèce du genre Leptailurus. Des analyses d'ADN ont montré que le serval descend du même ancêtre que le lion, mais qu'il constitue une lignée unique n'ayant pas de rapports proches avec d'autres espèces de félins, bien qu'il présente quelques points communs avec le guépard. Cependant, d'autres études indiquent que le serval est proche du chat doré africain ainsi que du caracal[1].
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+
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+ Sa longueur est d’environ 85 à 112 cm, et celle de sa queue de l’ordre de 30 à 50 cm. Il mesure de 54 à 66 cm au garrot. Son poids est de 9 à 16 kg chez les femelles, de 12 à 26 kg chez les mâles.
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+
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+ Il a de longues pattes et une tête élancée ; ses oreilles sont à la fois longues et larges en comparaison avec sa tête et ont la particularité d'être arrondies. Les oreilles du serval et son long cou lui permettent d'entendre et de voir au-dessus des hautes herbes de la savane.
22
+
23
+ L'aspect de sa fourrure est variable : bien que la plupart des servals arborent des points ou taches à la manière des guépards, certains n'ont pour marques apparentes que quelques taches au-dessus des yeux et des anneaux autour de la queue.
24
+
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+ La longévité moyenne du serval est de 20 ans.
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+ Des servals noirs, atteints de mélanisme, ont été observés dans la nature et en captivité.
28
+
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+ Il existe de rares servals blancs (atteints de leucistisme), mais aucun n'a encore été observé dans la nature, et il n'en a été répertorié que quatre en captivité. Le premier est né dans les années 1990 au Canada et mourut à l'âge de deux semaines. Les trois autres, des mâles, Kongo (mort), Tongo et Pharaoh, sont nés au zoo d'Easy Street en 1997 et 1999.
30
+
31
+ Le serval fait partie des félins capables de ronronner ; le ronronnement se produit à l'inspiration et à l'expiration[2]. Le serval est également capable de cracher, grogner et miauler.
32
+
33
+ Ce chat serval, assez commun en Afrique, vit principalement dans les savanes humides. Comme les servals ont besoin de cours d'eau dans leur territoire, on ne les trouve pas dans les demi-déserts ou les steppes arides. Le serval est capable d'escalader et de nager, mais il le fait rarement.
34
+
35
+ Il peut uriner 30 fois par heure pour marquer son territoire.
36
+
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+ Le serval est carnivore, il se nourrit d'autres mammifères tels que les rongeurs (comme le rat), les lapins, les damans, les antilopes naines (ourébis, dik-diks, steenbok), et d'oiseaux, ainsi que d'insectes et de grenouilles[3]. Le serval s'attaque peu aux grandes proies, 90 % de ses proies pèsent moins de 200 grammes[4].
38
+
39
+ Le serval mange rapidement, et si sa proie est trop grosse, elle peut parfois lui obstruer la gorge, ce qui le force à régurgiter. Les petits animaux sont dévorés entiers. Chez les gros, il mange la viande et les petits os, mais laisse sur place les organes, la peau, les sabots ou le bec.
40
+
41
+ Afin de chasser plus efficacement dans la savane, le serval a de très longues pattes (les plus longues chez les félins, par rapport à la taille du corps). Il peut courir jusqu'à 80 km/h. Ses longues pattes et son cou lui permettent également de regarder par-dessus les hautes herbes, tandis que ses oreilles larges entendent les proies même quand elles se déplacent sous terre. En chasse, le serval peut rester immobile pendant près de 15 minutes, les yeux fermés en écoutant les proies aux alentours.
42
+
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+ Après avoir localisé sa proie, en général au crépuscule, et souvent grâce à son ouïe, le serval bondit avec dextérité. Il fait des sauts de quatre mètres de long, et de plus d'un mètre de haut avant de frapper sa victime avec ses pattes antérieures. Sa capacité à sauter lui permet d'attraper des oiseaux en vol[5]. Ses sauts peuvent parfois atteindre trois mètres de haut ou six mètres de longueur. Le serval est un chasseur très efficace, réussissant près de 50 % de ses tentatives (avec un taux de succès global de 67 % par nuit de chasse), tandis que la plupart des félins ne réussissent qu'environ une tentative d'assaut sur dix[4].
44
+
45
+ Le serval joue souvent avec sa proie pendant plusieurs minutes avant de la manger. La plupart du temps, il défend farouchement sa nourriture contre les autres prédateurs qui tenteraient de la lui prendre, les mâles étant souvent plus agressifs que les femelles.
46
+
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+ La femelle serval a une période de gestation de 66 à 77 jours, soit entre 2 mois et 2 mois et demi. Une ou deux fois par an, elle met bas une portée de deux ou trois petits. Ils sont élevés dans des lieux abrités comme les tanières abandonnées de cochons de terre (oryctéropes). Si un tel endroit idéal ne peut être trouvé, un espace entre des arbrisseaux ou encore un nid d'herbes peuvent s'avérer suffisants.
48
+
49
+ Les servals, comme les guépards, sont généralement amicaux et faciles à domestiquer. Les Anciens Égyptiens l'adoraient comme un dieu au même titre que les chats. Certains d'entre eux sont domestiqués et s'attachent beaucoup à leur maître. Ils n'acceptent pas facilement de changer de maître ou d'accueillir de nouveaux venus, et peuvent devenir farouches quand ils sont séparés de leurs maîtres.
50
+
51
+ Les servals sont parfois la proie des léopards. Mais l'homme est bien plus dangereux pour eux. Les servals ont été beaucoup chassés pour leur fourrure. On peut encore les trouver en Afrique de l'Est et de l'Ouest, mais ils ont disparu de la province du Cap en Afrique du Sud et sont de plus en plus rares au nord du Sahara ; bien qu'ils aient été annoncés disparus, quelques spécimens subsistent encore au Maroc[6].
52
+
53
+ Le serval est répertorié par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction dans l'Annexe II, avec la mention « non menacé d'extinction actuellement, mais pourrait l'être si le commerce n'est pas strictement contrôlé »[7].
54
+
55
+ Ce mammifère est représenté par 18 sous-espèces :
56
+
57
+ Le croisement d'un chat domestique (Felis silvestris catus) et d'un serval est à l'origine d'une race de chats, le Savannah. Cette nouvelle race a vu le jour en 1986.
58
+
59
+ La descendance directe du chat domestique et du serval n'est pas considérée comme un Savannah, cette qualification n'étant attribuée qu'à partir de la troisième génération (descendant du descendant du descendant du serval et du chat domestique).
60
+
61
+ Le serval peut également être croisé avec le caracal. Le croisement d'un serval mâle et d'un caracal femelle est appelé « servical », tandis que le croisement d'un caracal mâle et d'un serval femelle est appelé « caraval ».
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63
+ L'ashera est un croisement entre un chat domestique, un serval et un chat-léopard du Bengale[8].
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+ L'esclavage est un système juridique et social qui applique le droit de propriété aux individus, dits esclaves. Par opposition un individu ne faisant pas l'objet d'un tel droit de propriété est dit libre. Le propriétaire d'un esclave est quant à lui appelé maître. L'esclavagisme caractérisme quand à lui une société dont le fonctionnement est basé de manière prépondérante sur l'esclavage[1]. Défini comme un « outil animé » par Aristote[2], l’esclave se distingue du serf, du captif ou du forçat (conditions voisines dans l'exploitation) par l'absence d'une personnalité juridique propre[3]. Des règles (coutumes, lois…) variables selon le pays et l’époque considérés, fixent les conditions par lesquelles on devient esclave ou on cesse de l'être, quelles limitations s'imposent au maître, quelles marges de liberté et protection légale l'esclave conserve, quelle humanité (quelle âme, sur le plan religieux) on lui reconnaît, etc. L'affranchissement d'un esclave (par son maître ou par l'autorité d'un haut placé) fait de lui un affranchi, qui a un statut proche de celui de l'individu ordinaire.
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+ Les traites négrières orientales, dont la transsaharienne (dite « traite arabe »), et la traite négrière transatlantique vers le continent américain sont les plus importantes des pratiques esclavagistes du fait de leur durée (respectivement onze et quatre siècles), de leur ampleur (plusieurs dizaines de millions d'individus réduits à l'état d'esclaves en tout), et de leur impact sociologique, culturel et économique tant dans les régions esclavagistes qu'en Afrique, où se trouvaient les trois grands lieux du trafic d'esclaves : Tombouctou, Zanzibar et Gao.
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7
+ Ponctuellement condamné depuis l'Antiquité (par des autorités morales et parfois politiques), formellement interdit concernant tout peuple chrétien, ou non, connu ou à découvrir, par le pape Paul III en 1537 et 252 ans plus tard par les différentes déclarations des droits de l'homme, l'esclavage n'a été aboli que tardivement. Il est aujourd'hui officiellement interdit (via par exemple le pacte international relatif aux droits civils et politiques) mais le travail forcé, la traite des êtres humains, la servitude pour dettes, le mariage forcé et l'exploitation sexuelle commerciale sont des pratiques souvent assimilées à de l'esclavage.
8
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9
+ Un esclave est un individu privé de sa liberté ou d'une partie de celle-ci par les règles en vigueur dans le pays et l’époque considérés. Il est un instrument économique sous la dépendance d'un maître, pouvant être vendu ou acheté. L'esclavage se différencie du servage par son statut de « propriété », et en conséquence par la privation de ses libertés fondamentales.
10
+
11
+ Le terme moderne « esclavage » vient du latin médiéval sclavus : le mot « esclave » serait apparu au haut Moyen Âge à Venise[4], où la plupart des esclaves étaient des Slaves des Balkans (alors appelés Esclavons, terme issu du grec médiéval Σκλαβηνοί / Sklaviní, pluriel de Σκλαβηνός / Sklavinós), dont certains furent vendus jusqu'en Espagne musulmane où ils sont connus sous le nom de Saqāliba[5].
12
+
13
+ Rome pratiquant l'esclavage, comme d'autres peuples antiques, le latin disposait d'un terme pour désigner l'esclave : servus, qui a conduit aux termes « servile » et « servitude », relatifs à l'esclave et à sa condition. Ce mot a aussi donné naissance aux termes « serf » du Moyen Âge et aux modernes « service » et « serviteur ».
14
+
15
+ Plusieurs textes internationaux ont tenté de définir la notion d'esclavage.
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+
17
+ Dans son ouvrage Qu'est-ce que l'esclavage ? Une histoire globale, l'historien Olivier Grenouilleau propose une définition de l'esclavage autour de quatre caractères se combinant, selon les cas, de manières différentes :
18
+
19
+ L'esclavage interne par opposition à l'esclavage externe, se caractérise par la réduction en esclavage des membres d'une communauté (religieuse, étatique, lignagère ou autre).
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+ L'esclavage interne, pouvant être assimilé à l'esclavage pour dettes ou à cette forme amoindrie que l'on nomme servitude pour dettes, résulte de la possibilité de vendre ses enfants en esclavage, de se vendre soi-même ou d'être réduit en cette condition pour cause de dettes insolvables. A contrario, l'esclavage externe est celui qui a pour source ultime la guerre. À l’exception possible des Aztèques, il n'existerait aucun exemple de société qui pratiquerait l'esclavage interne sans pratiquer aussi l'esclavage de guerre. L'esclavage interne n'est donc pas un cas particulier de l'esclavage en général[10].
22
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23
+ Ni l'Europe chrétienne, ni le monde arabo-musulman n'ont pratiqué l'esclavage interne[réf. nécessaire]. En revanche, à l'époque précoloniale des traites négrières, les deux considéraient légitimes de se pourvoir en esclaves en Afrique[11]. La traite négrière à La Rochelle par exemple marque l'Ouest de la France et participe au développement de la France tout entière. Cependant, ce développement dépend de cette traite extérieure avec L’Afrique et l’Amérique. Des navires négriers partent de La Rochelle et effectuent le commerce triangulaire tous les jours[12]. Ils partent de La Rochelle avec des produits manufacturés en direction de l'Afrique où ils échangent des esclaves et ils repartent vers les Amériques où ils font le même commerce. Ce trafic génère des richesses. Des hôtels particuliers sont créés, comme celui d'Aimé Benjamin Fleuriau. Il a été construit de 1740 à 1750, selon la mode parisienne (un corps central encadré de deux ailes autour d’une cour fermée par un grand portail) par Jean Regnaud de Beaulieu. L’hôtel est situé dans la rue Fleuriau du nom de Louis Benjamin Fleuriau, fils du planteur, conseiller municipal de la ville et député. Il était un bienfaiteur de la ville. Cet hôtel est par la suite changé en Musée, le Musée du Nouveau Monde. Il a été fondé en 1982, à la suite d’un souhait de Michel Crépeau, ancien maire de la Rochelle, de 1971 à 1999.
24
+
25
+ Il est fréquent au cours de l'Histoire que la réduction en esclavage soit le sort réservé aux prisonniers de guerre. Cette dernière est ainsi souvent un facteur de recrudescence de la pratique esclavagiste. En atteste l'afflux d'esclaves à Rome à la suite de ses différentes campagnes militaires victorieuses (guerres puniques, guerre des Cimbres, guerre des Gaules[13]) ou le maintien de l'esclavage dans la péninsule Ibérique à la suite des luttes que se livrent Arabes et chrétiens du VIIIe siècle au XVe siècle. Dans la période contemporaine, la guerre du Darfour est un exemple des liens entre esclavage et conflits guerriers.
26
+
27
+ Les razzias, pratiquées par des pirates ou des corsaires au service d'une entité politique, sont un autre moyen d'approvisionnement en marchandise humaine. Dans la Rome antique, la piraterie méditerranéenne alimente un commerce florissant qui possède ses intermédiaires spécialisés et ses places de commerce comme l'île de Délos. La piraterie des Barbaresques (Algériens notamment) et ses nombreuses razzias sur les côtes européennes de la mer Méditerranée restera pour sa part active jusqu'au XIXe siècle.
28
+
29
+ Lors des différentes traites au cours de l'histoire, la capture des esclaves est fréquemment assurée par des groupes n'utilisant pas eux-mêmes les esclaves ou seulement en proportion limitée. Si les lançados portugais, actifs sur le sol africain, ont approvisionné les navires négriers, leur participation à l'alimentation du commerce triangulaire fut par exemple minoritaire. La grande majorité de l'approvisionnement des places de commerce d'esclaves était le fait d'États côtiers, de chefs locaux ou de marchands eux-mêmes africains, dont l'activité s'est progressivement centrée sur le trafic d'esclaves.
30
+
31
+ De la même manière, durant l'Antiquité grecque, les marchands d'esclaves achetaient les captifs à des intermédiaires, souvent non grecs, dont les modalités d'approvisionnement nous restent largement inconnues[14]. La capture des esclaves était donc dans une large mesure « externalisée » par des sociétés esclavagistes en mesure d'établir un système durable d'échange marchand d'humains avec les sociétés qui les fournissaient en main-d'œuvre servile.
32
+
33
+ Le Code de Hammurabi (environ 1750 av. J.-C.), texte de lois babylonien, mentionne pour la Mésopotamie des sanctions juridiques conduisant à l'esclavage comme la répudiation de ses parents par un enfant adopté[15].
34
+
35
+ Sous la République romaine, certaines infractions entraînent la déchéance des droits civiques (capitis deminutio maxima) : les déserteurs et les citoyens qui se sont dérobés au cens peuvent ainsi être vendus comme esclaves par un magistrat, en dehors de Rome toutefois[16]. Sous l'Empire romain, la condamnation aux mines (ad metalla) est l'une des peines les plus redoutées.
36
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37
+ Aux États-Unis, à l'époque de l'esclavage, les Noirs libres peuvent être condamnés à l'esclavage pour un ensemble d'infractions juridiques assez larges : l'accueil d'un esclave fugitif, le fait de rester sur le territoire de certains États, telle la Virginie, un an après son émancipation.
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+ L'esclavage touche historiquement les populations les plus fragiles et en premier lieu les enfants. Le sort de l'enfant abandonné le conduisait ainsi souvent à l'esclavage en Mésopotamie et plus tard en Grèce et à Rome[17]. Dans ces deux dernières civilisations antiques, le « droit d'exposition » autorise l'abandon d'un enfant, le plus souvent devant un bâtiment public, un temple par exemple. L'enfant recueilli est soumis à l'arbitraire de son « bienfaiteur » et échappe rarement à l'esclavage.
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41
+ Quand il n'est pas abandonné, l'enfant peut aussi être vendu. Des contrats de vente d’enfants, datant de la troisième dynastie d'Ur, indiquent que la pratique semble être répandue au sein des civilisations mésopotamiennes[15].
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43
+ La servitude pour dette résulte d'une procédure, parfois encadrée juridiquement, qui consistait à s'acquitter d'une créance par l'abandon de la propriété de soi à son créancier. Fréquente parmi les paysans pauvres athéniens, au point d'être interdite par Solon au VIe siècle av. J.-C., elle constitue l'une des formes d'esclavage qui persistent dans la période contemporaine.
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+ La transmission héréditaire du statut d'esclave est historiquement récurrente. Les modalités et le degré de formalisation des règles de transmission sont cependant variables. Durant la période romaine classique, ce statut s'hérite par la mère, sans qu'aucune attention ne soit portée à la condition du père[18]. On nomme « verna » un esclave de naissance.
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+ À compter d'Omar, dans la seconde moitié du VIIe siècle, un des courants du droit musulman considère que l'enfant d'une esclave est libre si le propriétaire est le père de l'enfant. La « mère d'enfant » — le titre est officiel — est libérée à la mort de son maître[19]. La législation islamique se situe sur ce point dans la continuité des législations mésopotamiennes qui nous sont parvenues : un père libre et veuf qui épouse une esclave peut même faire de l'enfant qui naîtrait de cette union son héritier s'il l'a expressément adopté. La descendance d'une mère libre et d'un esclave est automatiquement libre[20].
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+ Aux États-Unis, si la législation est mouvante dans le temps et, surtout, différenciée selon les États, la transmission de la condition d'esclave par la mère est très largement dominante. Les premiers textes en attestant sont le statut du Maryland de 1664 et le code virginien de 1705[21]. La loi a parfois répondu aux rares cas d'union entre femmes libres et esclaves en imposant aux enfants de servir le maître de leur père, à vie ou pour une durée déterminée[22].
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51
+ Les fonctions de l'esclavage ont fortement varié selon les sociétés et les périodes historiques. En premier lieu, on opère traditionnellement une distinction sur la base de l'importance tenue par les esclaves dans l'économie générale des rapports de production et des relations symboliques. On désigne ainsi une société dont les esclaves occupent une fonction indispensable à son fonctionnement global sous les termes de « société esclavagiste » (slave society), pour la distinguer des « sociétés à esclaves » (society with slaves), qui emploient des esclaves sans en faire un maillon indispensable de leur système économique et social. L'historiographie considère généralement les sociétés antiques grecques[23] et romaines, les systèmes économiques et sociaux des Antilles[24] et du Brésil durant la période coloniale (du XVIIe siècle au XIXe siècle) et du Sud des États-Unis avant la guerre de Sécession comme des exemples de sociétés esclavagistes. À l'inverse, le Moyen Âge occidental ou le monde arabe, qui connaissent l'esclavage, sont considérées comme des sociétés à esclaves et non comme des sociétés esclavagistes[25].
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53
+ Les esclaves ont rempli au cours de l'histoire une large palette de métiers et de fonctions sociales. Dans les sociétés antiques, les esclaves sont ainsi présents dans l'ensemble des secteurs de l'économie, sans qu'aucun métier ne leur soit réservé en propre. Ils peuvent exercer le métier de pédagogue ou de médecin, sont très présents dans les secteurs qui nécessitent la manipulation de l'argent, la banque en particulier[26], mais aussi dans l'artisanat (ateliers de céramique). Le cas fait cependant figure d'exception : il est fréquent au cours de l'histoire que des esclaves aient été exclus de certaines professions, et confinés dans les travaux considérés comme les plus dégradants.
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+ On peut distinguer, au cours de l'Histoire, un certain nombre d'usages récurrents de l'esclavage. Dans le secteur primaire, l'utilisation dans les mines et les carrières et comme main d'œuvre agricole, notamment dans l'économie de plantation, est commune à une grande partie des sociétés esclavagistes. L'esclavage domestique ainsi que l’esclavage sexuel sont, peut-être plus encore que l'utilisation strictement économique des esclaves, largement représentés tout au long de l'histoire humaine. Enfin, l'utilisation par l'État est fréquente pour l'accomplissement de tâches de travaux publics et de voirie. L'emploi d'esclaves à des fins militaires ou de police publique, plus rare, est une des caractéristiques saillantes de la civilisation musulmane.
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+ Dans l'Antiquité, les esclaves sont indispensables au fonctionnement des carrières qui fournissent les matériaux des grands ensembles architecturaux des grandes cités romaines ou grecques.
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+ À Athènes, les esclaves sont les principaux extracteurs des mines d'argent du Laurion, nécessaires à la stabilité monétaire de la cité grecque[27]. Lauffer estime même que près de 30 000 esclaves ont pu travailler dans ces seules mines et leurs moulins de traitement[28]. Sous l'Empire, à Rome, la condamnation aux mines (ad metalla) fait partie des sanctions juridiques les plus redoutées. Au Moyen Âge, les esclaves sont utilisés, à Gênes par exemple, dans l'exploitation des salines[29]. Dans les colonies espagnoles d'Amérique, les esclaves noirs mais surtout indiens sont massivement utilisés dans les mines d'or, d'argent et de cuivre. Les Portugais importeront de leur côté des esclaves noirs pour l'exploitation des riches gisements aurifères brésiliens du Minas Gerais, découverts à la fin du XVIIe siècle.
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+ Souvent lié à de grands domaines, l'esclavage agricole se développa massivement dans l'Antiquité. À Athènes, il dominait dans les exploitations dont les besoins en main-d'œuvre dépassaient les seules forces d'une famille[30]. À Sparte, les hilotes, dont le statut était proche de celui d'esclave, fournissaient l'essentiel de l'approvisionnement de la cité. À la fin de la République, les grandes oliveraies et les grands vignobles de l'Italie centrale utilisaient quasi exclusivement des esclaves[31] ; l’ergastule était une des modalités de gestion de la population d'esclaves considérée comme la plus dangereuse. C'est de ces régions à forte concentration en esclaves, notamment le Sud de la péninsule et la Sicile, dans des zones pratiquant un élevage extensif, que partirent les grandes révoltes serviles auxquelles fut confrontée la République.
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+ Malgré le développement du servage en Occident à partir du VIIIe siècle, l'esclavage resta présent dans le monde rural, notamment au sein des domaines agricoles des monastères[32].
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+ Dans le monde arabe, l'emploi à grande échelle des esclaves sur les domaines agricoles est bien présent, notamment en Irak au IXe siècle, où vivaient dans l'esclavage plusieurs dizaines de milliers d'esclaves noirs d'Afrique de l'Est. De la même façon, les sultanats de la péninsule Arabique et de la côte est africaine pratiquaient l'esclavage, notamment pour la production de produits agricoles (sésame, céréales, etc.). Au XIXe siècle, c'est une société de plantation qui se développa également dans le sultanat de Zanzibar à la suite de l'explosion de la demande en clou de girofle[33]. En Mésopotamie, les esclaves sont notamment utilisés pour la culture de la canne à sucre, fortement consommatrice de main-d'œuvre.
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+ Après les croisades, l'Europe reprit ce mode d'organisation du travail dans les régions où elle tenta d'importer cette culture, notamment dans la péninsule Ibérique et dans les îles méditerranéennes. L'exportation de cette économie de plantation par les Portugais dans les îles Atlantiques (îles Canaries, Sao Tomé), puis par eux et les Espagnols sur le continent américain, s'inscrit dans la continuité de ce déplacement vers l'ouest ; ce système devient caractéristique de la colonisation américaine, qui se tourne presque immédiatement vers l’esclavage pour l'exploitation du sol. La culture de la canne à sucre fut ainsi à l'origine de la traite négrière qui se mit en place au XVIe siècle. Puis, le développement des cultures du café, du tabac, du coton, etc., soutiendra, dans l'Amérique du Sud, du Centre et du Nord le niveau de la demande en main-d'œuvre servile.
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+ S'il n'a pas une fonction directement économique, l'esclavage domestique permet aux propriétaires de dégager un temps libre (l'otium) indispensable aux activités sociales, politiques et artistiques. Il est très répandu à Rome et à Athènes, où même les citoyens pauvres possèdent souvent un esclave domestique. Ainsi, selon Finley, à Athènes, tout homme, financièrement en mesure d’avoir des esclaves, en possède au moins un. Il s'agit le plus souvent d'un homme à tout faire, qui le suit dans tous ses déplacements et, en fonction de ses ressources, d’une femme, astreinte aux tâches ménagères[34].
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+ Quasiment absent du monde agricole, l'esclave est au contraire omniprésent dans la sphère domestique arabe. La division sexuelle du travail est, comme dans l'Antiquité gréco-romaine, nettement marquée : là où les hommes servaient de jardiniers, gardiens et homme à tout faire, les femmes occupaient les fonctions de nourrices, femme de chambre, couturières ou cuisinières[35].
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+ La grande majorité des « petits Blancs », les paysans pauvres des Antilles françaises, possédaient eux aussi un esclave destiné aux tâches domestiques. Dans les couches les plus aisées de la société blanche ou noire, l'esclavage domestique revêt souvent une fonction ostentatoire. On évalue qu’à l'apogée de l'empire assyrien, une famille aisée de Babylone possède en moyenne de trois à cinq esclaves[36]. Au Xe siècle, un calife de Bagdad, sous la dynastie Abbasside, ne possède pas moins de 10 000 esclaves[37].
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+ L'exploitation du corps des femmes pour des fonctions reproductives ou de plaisir constitue un motif récurrent de réduction en esclavage. Les récits mythologiques antiques sont un indice du caractère commun que revêtait cet esclavage sexuel. Le cycle troyen mentionne à plusieurs reprises cette forme d'esclavage ; c'est notamment le sort réservé par les Achéens aux femmes troyennes après la prise de la cité d'Asie Mineure. L'esclavage sexuel est de fait largement répandu dans l'Antiquité, par le biais de la prostitution[38] mais aussi à travers les relations entretenues entre maîtres et esclaves des deux sexes ; les témoignages semblent indiquer que ces dernières n'étaient pas rares à Rome[39].
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+ Dans le monde arabe, l'exploitation sexuelle constitue pour Gordon Murray « la raison la plus courante d'acquérir des esclaves »[40]. Le statut de concubine est ainsi réservé aux seules esclaves[41] ; en cas d’enfantement, ces dernières étaient protégées de la vente et pouvaient se voir accorder un affranchissement[42]. Dans les maisons musulmanes les plus aisées, la surveillance des femmes dans les harems est confiée à un ou plusieurs eunuques, qui constituent une autre incarnation du pouvoir accordé au maître sur les fonctions de reproduction de ses esclaves. La dynastie musulmane des Séfévides ou les sultans de Constantinople entretinrent des harems de grande dimension dont le fonctionnement influa de manière notable sur la vie politique[43]. Plus généralement, harems et concubinage constituaient deux éléments fondamentaux de la société patriarcale.
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+ Si aucun statut équivalent à celui de concubine n'existait dans la chrétienté, l'exploitation sexuelle des esclaves des colonies américaines était fréquente comme en atteste le nombre élevé des métissages qui obligea souvent les autorités à se pencher sur le statut des enfants nés de ce type d'union.
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+ Ils sont la propriété de l'État et assurent les tâches d'intérêt général. Les esclaves sont donc employés comme ouvriers (pour les travaux de voirie), secrétaires ou comptables dans les administrations essentielles au bon fonctionnement des différents services publics ou encore la surveillance des égouts et des bâtiments publics. Les premières apparitions de services de pompiers remontent aux temps égyptiens mais Rome a réutilisé ce principe avec des esclaves. Les pompiers romains (vigiles urbani) étaient très souvent appelés au feu dans les incendies criminels ou accidentels (notamment dans les immeubles romains, dénommés insula).
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+ Dans la mythologie grecque, pour ne pas vouloir payer les dieux Apollon et Poséidon qui lui ont construit la célèbre enceinte de sa ville, le roi de Troie Laomédon, après les avoir considérés comme ouvriers, traite ainsi les deux dieux comme esclaves et est prêt à leur lier les pieds, les vendre au loin ou leur trancher les oreilles[44] !
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+ Depuis l'Antiquité, l'esclave est en grande majorité traité de façon inhumaine parce qu'il n'est pas tout à fait considéré comme un être humain mais se situe juste à la lisière entre l'animal et l'humain[9],[45]
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+ Plutarque : « les coups ou les mauvais traitements… ne sont bons que pour les esclaves et non les hommes libres »
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+ Quintillien : « Quant à frapper les élèves, c'est une pratique… honteuse et faite pour les esclaves, et ce qu'on accordera s'il s'agissait d'un autre âge,- vraiment injurieuse »
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+ Si plus tard - pour autant que les colons en tiennent compte-, le Code noir de 1685 appliqué aux colonies de l'ancien régime octroie enfin l'humanité morale et religieuse aux esclaves, il ne leur accorde aucune personnalité politique et juridique[45] et n'oublie pas de réglementer les peines corporelles à leur infliger allant du fouet, au marquage au fer rouge, à la castration en passant par la mutilation (oreilles, nez, mains, jambes…) et jusqu'à la peine de mort[46].
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+ « Selon Victor Schoelcher, un esclave était soldé au bout de trois années de travail. Après cela, il pouvait mourir de besoin ou sous les coups »[47].
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+ Les réseaux commerciaux ont évolué en fonction de la demande en esclaves qui s'est longtemps confondue avec les grands centres économiques et politiques. Dans l'Antiquité, les réseaux commerciaux sont tournés vers la Grèce, Carthage puis l'Empire romain. Si un trafic est attesté dès la période archaïque, c'est l'augmentation de la demande au VIe siècle av. J.-C. qui entraîne semble-t-il le développement d'un circuit commercial de grande ampleur[48].
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+ Le coût d'un esclave sous Rome était de 10 mois de salaire pour un ouvrier moyen (80 sesterces) soit 800 sesterces, pour acquérir un esclave[49].
97
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98
+ Des marchés, alimentés par des trafiquants spécialisés, fournissaient une main-d'œuvre barbare directement dans les places grecques (Corinthe, Chypre, Délos, Athènes…). À Rome, un marché se tenait au cœur de la ville, sur le Forum, près du temple des Dioscures[50].
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100
+ Au cours du Moyen Âge, la traite s'oriente vers l'Afrique du Nord, la Mésopotamie et l'Europe méditerranéenne (Italie, Catalogne, Crète, Chypre, Majorque…). Les principales routes commerciales trouvent leurs sources en Afrique subsaharienne et les régions européennes non christianisées (traite des Slaves païens et chrétiens depuis les Balkans). À titre d'exemple, en 1259, Bernat de Berga, évêque d'Elne, en Roussillon, lègue dans son testament huit esclaves, dont deux chrétiens et six païens[51].
101
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102
+ Après l'exploration des côtes africaines au XVe siècle, le Portugal entame une traite tournée vers les îles Atlantiques et la péninsule Ibérique. À l'époque moderne, ce commerce européen des esclaves évolue vers une forme transatlantique connue sous le nom de commerce triangulaire, qui perdure du XVIe siècle au XIXe siècle[52]. Les estimations du nombre de déportés varient, selon les auteurs, de 11 millions (pour Olivier Pétré-Grenouilleau[53]) à 50 millions (pour Victor Bissengué[54]).
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+ Les coûts élevés de l'importation de nouveaux esclaves aux États-Unis puis son interdiction débouchèrent sur le développement accéléré du commerce de la location d'esclave[55].
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+ Le commerce arabe des esclaves est resté actif de l'Antiquité à l'époque moderne. Ses zones d'approvisionnement traditionnelles sont l'Afrique noire (traite subsaharienne), les régions de la mer Noire ou la côte orientale de l'Afrique (Zanzibar). Les ramifications de ce trafic semblent rayonner, bien que sans doute dans des proportions réduites, jusqu'en Extrême-Orient : on retrouve ainsi au XIIIe siècle des traces d'esclaves noirs sur la route de la soie[56].
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+ Cependant la traite arabe ne se limite pas à la traite des Noirs. Tout au long du Moyen Âge, de l’époque moderne et jusqu'au XIXe siècle, la région d'Alger en particulier fournit les marchés nord africains et proches orientaux (turcs notamment), en esclaves provenant d'Europe méditerranéenne mais parfois aussi de contrées aussi lointaines que l'Islande. Ainsi durant la régence d'Alger (époque précédant la conquête de l'Algérie par la France), les prisonniers chrétiens sont vendus comme esclaves au marché d'Alger.
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110
+ Pour ce qui est de la traite organisée par les Africains eux-mêmes, dite « traite intra-africaine », les traces écrites quasi inexistantes jusqu'au XIXe siècle rendent difficile une évaluation quantitative crédible.
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+ Les formes actuelles de l'esclavage répondent aux mêmes caractéristiques, notamment les réseaux de proxénétisme, tournés vers les lieux de consommation.
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+ La question de la rentabilité de l’esclavage émerge au XVIIIe siècle avec la pensée économique préclassique et classique. Arguant de la supériorité du travail libre, les physiocrates et Adam Smith ont à cette époque contesté la valeur économique de l'esclavage. On trouve aussi trace de cette argumentation chez certains penseurs des Lumières et, plus tard, au sein des anti-esclavagistes. Le physiocrate Dupont de Nemours résume l’ensemble des arguments avancés à l’appui de cette thèse quand il déclare que « l'arithmétique politique commence à prouver […] que des ouvriers libres ne coûteraient pas plus, seraient plus heureux, n'exposeraient point aux mêmes dangers et feraient le double de l’ouvrage »[57]. Suivant ce point de vue, la productivité est induite par l'intérêt du travailleur libre pour son travail, et par l'absence de coût d'achat et de surveillance. Pour reprendre le raisonnement de Smith, le salaire remplace avantageusement les frais d'entretien et d'achat qui incombent aux propriétaires[58].
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+ Un des arguments les plus couramment avancés pointe ainsi le coût de surveillance et d'entretien des esclaves : les abolitionnistes, tels Victor Schœlcher, font état de l'insécurité qui règne dans les colonies esclavagistes et de la charge financière qui en résulte pour les États métropolitains sous forme d'envoi et d'entretien de troupes nombreuses, ainsi que d'indemnités à verser aux propriétaires dont les biens sont détruits à l'occasion de révoltes d'esclaves.
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+ S'ajoutent aussi des arguments que l'on qualifierait aujourd'hui de macroéconomiques. Pour les physiocrates français, le développement d'un marché intérieur est indissociable du développement du travail salarié. C'est ce qui pousse les plus audacieux d’entre eux à réclamer la suppression des avantages des planteurs coloniaux qui pénalisent les cultivateurs métropolitains de betterave sur le marché du sucre.
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+ Enfin, l'esclavage a été dénoncé comme un frein à l'innovation technique, le dynamisme industrieux des États du Nord des États-Unis étant pointé face à l’apparente stagnation de l'industrie des États du Sud.
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+ Pour une grande part, l'affirmation de la supériorité économique du travail libre sur l'esclavage est restée sans fondement empirique. Adam Smith s'appuie pour la justifier sur « l'expérience de tous les temps et de tous les pays »[59], sans toutefois qu'aucune comparaison autre que spéculative ne vienne étayer son raisonnement.
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+ Dans les années 1860, le développement de la cliométrie a relancé aux États-Unis le débat sur la rentabilité de l'esclavage. L'irrationalité du système esclavagiste, à bout de souffle face au développement du capitalisme du nord du pays, était alors communément admise. Outre le faible développement industriel du Sud, l'un des indices de cette crise constituait pour les défenseurs de cette thèse l'augmentation du prix des esclaves, interprétée comme une hausse du prix du travail.
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+ L'approche cliométrique a renouvelé, non sans polémiques, les conclusions traditionnellement retenues à ce sujet. La question de la rentabilité de l'esclavage aux États-Unis ne fait aujourd'hui aucun doute, et seul son taux est encore discuté. Le taux de profit des planteurs serait, pour Meyer de 5 à 8 %, avec des pics de 10 à 13 % en Caroline du Sud ou en Alabama[60]. Robert Fogel et Stanley Engerman l'estiment pour leur part à « 10 % du prix de marché des esclaves », soit un niveau comparable à celui des investissements des industriels du Nord des États-Unis[61]. Les études américaines insistent notamment sur le fait que l'esclave est non seulement une force de travail mais aussi un investissement : pour Conrad et Meyer, l'augmentation du prix des esclaves était au contraire un indice de la croissance du marché. Fogel a par ailleurs souligné que le Sud avait développé une industrie « domaniale », dynamique bien que dépendante des productions agricoles, à travers la transformation des matières premières (sucreries, égreneuses de coton, trieuses de riz, scierie, etc.)[62].
127
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128
+ S'agissant des plantations françaises des Antilles à l’apogée du prix du sucre, Paul Butel estime que le taux de profit des planteurs oscille entre 15 et 20 %[63].
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130
+ En 1944, l'historien Eric Williams (qui devint par la suite Premier ministre de Trinité-et-Tobago) publie l'ouvrage classique, Capitalisme et esclavage, dans lequel il approche la question essentiellement à partir de l'angle économique. Selon lui, la traite négrière et le modèle d'économie de plantation des Caraïbes aurait permis l'accumulation primitive nécessaire à l'industrialisation de l'Angleterre[64]. Au bout d'un moment, l'esclavage serait devenu non-rationnel d'un point de vue économique et capitaliste ; cette raison structurelle expliquerait, selon lui, l'abrogation de l'esclavage, davantage que la volonté idéaliste et humanitaire des penseurs des Lumières[64]. Le livre mettait ainsi en pièces l'historiographie traditionnelle (Reginald Coupland (en) ou G. M. Trevelyan) qui célébrait les héros idéalistes de l'abolition, affirmant qu'il s'agissait avant tout d'une question économique. Quoique discutée, la thèse eut une influence importance[64]. En 1940, Coupland pouvait ainsi soutenir, dans la Cambridge History of the British Empire (en), que l'abolition britannique de l'esclavage s'était faite à l'encontre des intérêts économiques, grâce à l'influence des penseurs humanistes ; en 1965, John D. Hargreaves (en), dans la New Cambridge Modern History (en), devait au contraire affirmer que les abolitionnistes marchaient de pair avec les intérêts économiques abolitionnistes[64]. Par la suite, toutefois, l'historiographie a revu nettement à la baisse l'importance économique de l'esclavage antillais en ce qui regarde l'accumulation primitive anglaise, bien que la réfutation du récit idéaliste demeure largement partagée[64].
131
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132
+ À Rome, les esclaves se sont révoltés plusieurs fois, notamment ceux qui ont suivi Spartacus, un ancien gladiateur qui fut tué avec ses compagnons lors de la troisième guerre servile (entre 73 et 71 av. J.-C.). Seuls les esclaves malades, ou infirmes furent libérés ou abandonnés par leurs maîtres.
133
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+ Le marronnage était le nom donné à la fuite d'un esclave hors de la propriété de son maître en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes à l'époque coloniale. Le fuyard lui-même était appelé « marron » ou « nègre Marron », « negmarron » voire « cimarron » (d'après le terme espagnol d'origine).
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+ Aux Antilles, si l'esclave marron recherché était intercepté, une récompense était remise au preneur par le propriétaire et la loi du 3 octobre 1671 permet qu'on coupe les jarrets du fuyard[65] ; celle du 12 juin 1704 rappelle qu'on lui coupe les oreilles et qu'on le marque au fer de la fleur de lys, et la condamnation à mort a lieu « a la troisieme foiz qu'ils ont esté marons »[66]. Dans leurs tentatives d'évasion (ou de sédition), certains esclaves noirs ont pu bénéficier de la complicité de Blancs, comme l'indique un arrêt du Conseil supérieur[67] de l'île Martinique aux Antilles du 26 juillet 1710 visant à les juger[68].
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+ À Rome, l’affranchissement peut se dérouler de quatre façons différentes :
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+ Malgré cet affranchissement, l'esclave n'a pas tous les droits d'un citoyen romain, seul son fils en bénéficiera.
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+ En droit positif, la prohibition de l'esclavage humain est contenue dans les articles 4 de la convention européenne des droits de l'homme et de la Déclaration universelle des droits de l'homme, l'article 8 du pacte international relatif aux droits civils et politiques de l'ONU, dans la convention de Genève de 1926, de New York de 1956, de l'OIT de 1930 et 1936.
143
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+ L'esclavage n'étant pas prohibé par l’islam, les pays musulmans hésitèrent et tardèrent encore plus que les Européens à l'abolir : Albert Londres, dans Pêcheurs de perles, signale du trafic régulier d'esclaves en Arabie en 1925.
145
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146
+ Le Pakistan a été le dernier pays à abolir l'esclavage, en 1992, ce qui est très tardif au regard des normes internationales. Sa législation reste incomplète et ne s'est pas accompagnée de moyens de contrôle de sa mise en œuvre[69].
147
+
148
+ L’Arabie saoudite n'a aboli l’esclavage qu'en 1962, comme son voisin le Yémen. L'un de ses autres voisins, le sultanat d'Oman, ne le fera qu'en 1970.
149
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150
+ À la fin du XIXe siècle, on vend à Marrakech près de 8 000 esclaves par an issus d'Afrique subsaharienne, le plus grand marché aux esclaves du Maroc[70]. En 1920, le protectorat français limite ce marché et c’est en 1922 qu’il y abolit officiellement l’esclavage[71].
151
+
152
+ Au début du XXIe siècle, le Maroc fait encore partie des pays où il y a le plus d'esclaves au monde[72].
153
+
154
+ L’abolition de l'esclavage en Tunisie a commencé par la libération des esclaves blancs sous la pression des pays européens, au début du XIXe siècle. Elle s'est poursuivie par la fermeture du marché aux esclaves en 1842 par le Bey de Tunis. L'esclavage est officiellement aboli le 28 janvier 1846 par Ahmed Ier Bey[73], la Tunisie devenant ainsi le premier pays arabo-musulman abolitionniste. Néanmoins, du fait de la persistance de l’esclavage durant la Régence, il faudra attendre le protectorat français pour imposer une véritable abolition de l'esclavage (sous peine de sanctions pécuniaires et pénales) par décret d'Ali III Bey, le 28 mai 1890 — décision parue le lendemain au Journal officiel[74].
155
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156
+ En Mauritanie, en dépit de son abolition officielle - très tardive au regard des normes internationales - en 1981, l'esclavage est une pratique qui persiste, concernant entre 10 et 20 % d'une population totale de 3,4 millions d'habitants[75],[76], soit 340 000 à 680 000 esclaves. Toutefois, le 8 août 2007, le Parlement du pays a adopté une loi criminalisant l'esclavage, désormais puni de dix ans d'emprisonnement[77].
157
+
158
+ Lors du congrès de Vienne, le 8 février 1815, la traite négrière (c'est-à-dire le commerce des esclaves, l'achat et le transport d'êtres humains revendus comme esclaves dans l'empire colonial) est en théorie abolie en Angleterre, France, Autriche, Prusse, Portugal, Russie, Espagne, Suède sous la pression de l'Angleterre anti-esclavagiste (pression de la quadruple alliance), pays qui proclament que « la traite répugne aux principes généraux de la morale et de l'Humanité ».
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+
160
+ Mais la suppression officielle de la traite ne signifie pas pour autant sa fin réelle. En effet la traite continue dans les colonies en France, en Espagne et au Portugal sous forme clandestine. Ainsi en 1820, 40 000 esclaves auraient quitté l'Afrique vers les îles du Sud des États-Unis et surtout du Brésil, qui en importait environ 20 000 par an entre 1820 et 1823 puis 10 000 environ entre 1823 et 1852. Ce commerce étant en théorie illicite, le sort des esclaves s'aggrava encore. Ils étaient en effet transportés dans les pires conditions et jetés par-dessus le bord lorsque le négrier croisait un navire de guerre britannique. Mais les peuples de certains pays européens, alertés par des sociétés anti-esclavagistes comme l'Angleterre et quelques écrivains comme André-Daniel Laffon de Ladebat ou encore associations comme le « Comité pour l'abolition de la traite des Noirs et de l'esclavage », étaient de plus en plus émus par le sort des esclaves. Divers gouvernements européens accordèrent donc aux Britanniques le droit de visite en 1831 et en 1833, ce qui leur permit d'exercer légalement la police des mers contre les négriers.
161
+
162
+ L'esclavage en tant que tel sera finalement aboli en 1833 en Angleterre et 1847 dans la colonie suédoise de Saint-Barthélemy.
163
+
164
+ A travers les siècles, les bulles pontificales condamnent régulièrement l'esclavage, montrant ainsi qu'elles sont peu suivies d'effet : en 1435, le pape Eugène IV condamne l’esclavage des indigènes des Canaries ou en 1839, Grégoire XVI condamne explicitement l’esclavage des Africains, aidant ainsi à l’abolition dans les pays catholiques où elle n’était pas déjà intervenue.
165
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166
+ Le Brésil a été le dernier pays d'Amérique à abolir l'esclavage, en 1888, par la Loi d'or (Lei Áurea), sans compensation pour les propriétaires. Cette loi fut signée par la Princesse régente Isabelle, pendant l'absence à l'étranger de son père, l'Empereur Dom Pedro II[78].
167
+
168
+ L'esclavage est aboli au Chili en 1823[79].
169
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170
+ Dans la société féodale, les serfs faisaient juridiquement partie du fonds, de sorte que lorsqu'un territoire était vendu, ils l'étaient avec lui. Par ailleurs, nul vassal ne pouvait diminuer la valeur de son fonds au préjudice de son suzerain, faute de quoi la partie diminuée devait être restituée au suzerain et ce dans l'état antérieur. De ce fait, nul ne pouvait affranchir un serf sans l'assentiment de son seigneur, et de suzerain en suzerain, seul le roi avait le pouvoir d'affranchir des personnes, moyennant une juste compensation[81].
171
+
172
+ Une première ordonnance de Louis X, du 2 juillet 1315, « portant affranchissement des serfs du domaine du roi, moyennant finance »[82], pose le principe que « selon le droit de nature, chacun doit naistre franc », et donc, « nous considerants que nostre royaume est dit, et nommé le royaume des francs, et voullants que la chose en vérité soit accordant au nom », dispose que par tout le royaume « telles servitudes soient ramenées à franchise », c'est-à-dire peuvent toujours être rachetées, contre juste dédommagement des ayants-droit.
173
+
174
+ L’Ordonnance de mars 1685 sur les esclaves des îles de l'Amérique entre cependant en contradiction en légalisant l’esclavage (cf code noir).
175
+
176
+ Ce n'est que par l'ordonnance du 10 août 1779 que la servitude personnelle est supprimée par Louis XVI sur toutes les terres dépendant de la couronne[83] ; regrettant de ne pouvoir cependant étendre cette mesure sur tout le royaume, « nos finances ne nous permettant pas de racheter ce droit des mains des seigneurs, et retenu par les égards que nous aurons dans tous les temps pour les lois de la propriété ». Il dispose cependant que le fait pour un serf d'établir domicile dans un lieu franc emporte affranchissement de sa personne, supprimant de ce fait le droit de suite qui autorisait jusque-là les seigneurs à réclamer leurs biens. Il dispose en outre que les seigneurs voulant faire de même seront dispensés de l'autorisation royale jusque-là nécessaire « à cause de l'abrégement ou diminution que lesdits affranchissements paraîtront opérer dans les fiefs tenus de nous ».
177
+
178
+ L’Assemblée nationale de 1790 avait réaffirmé par deux fois (décret du 8 mars[84] et du 12 octobre 1790) la légalité de l’esclavage et ce n’est que confrontée à la révolte des esclaves des colonies (Saint-Domingue notamment) que la Convention décrète son abolition en 1794[85]. Nombre de dirigeants girondins étaient opposés à l'esclavage mais leur base politique était en grande partie constituée de la bourgeoisie commerçante des ports de la côte ouest, vigoureusement opposée à une mesure mettant ses profits en péril. En conséquence, les Girondins n'étaient pas immédiatement disposés à mettre leurs idées en pratique. En revanche, les classes populaires qui soutenaient les Jacobins n'avaient aucun intérêt matériel à la poursuite de l'esclavage et pouvaient s'identifier aux souffrances des Noirs[86].[citation nécessaire]
179
+
180
+ Les mobiles pratiques de cette mesure n'excluent pas toute considération de principe, comme en témoigne l'emploi au cours du débat de l'expression de « crime de lèse-humanité »[87]. Cependant le décret sera abrogé par Napoléon Bonaparte, qui, le 20 mai 1802, rétablit l'esclavage « conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789 »[88] sous l'influence, notamment, du traité d'Amiens.
181
+
182
+ De retour de l'île d'Elbe en 1815, Napoléon décrète l'abolition de la traite des esclaves, qui aligne la France sur la décision que vient de prendre le congrès de Vienne. Mais sa décision n'est nullement humaniste puisqu'elle n'a pour seul but que de se concilier la Grande-Bretagne. Sa résolution est confirmée par le traité de Paris le 20 novembre 1815.
183
+
184
+ L'ordonnance du 8 janvier 1817 signée par Louis XVIII interdit la traite des esclaves dans les colonies françaises, cependant la traite continue de manière plus clandestine.
185
+
186
+ La France attendra 1848, année qui voit Victor Schœlcher faire adopter définitivement le décret d'abolition pour ce qui concerne les Colonies. Le 5 mars, 250 000 esclaves des Colonies françaises devaient être émancipés[89].
187
+
188
+ Le décret du 25 avril 1848 a accordé aux Français résidant à l'étranger possesseurs d'esclaves un délai pour se défaire de cette « possession ». Ce délai a été prorogé par une loi du 11 février 1851 et a expiré le 27 avril 1858[90]. Cette loi a été prise car certains états esclavagistes ont exigé des maîtres qui émancipaient leurs esclaves les ramènent en Afrique.
189
+
190
+ Néanmoins l'esclavage a perduré de fait dans les colonies sous la forme du « travail forcé », pratique qui consistait à réquisitionner de force des travailleurs indigènes pour l’administration coloniale ou pour des entrepreneurs privés[91]. Le travail forcé a été aboli en 1946 (loi Houphouët-Boigny du 11 avril 1946).
191
+
192
+ En 1865, les États-Unis promulguèrent le 13e amendement interdisant l'esclavage, sauf en « punition d’un crime dont le coupable aura été dûment condamné ». Ce texte permet la criminalisation des anciens esclaves dans les États de l'ancienne Confédération[92].
193
+
194
+ La question de l'esclavage avait conduit Abraham Lincoln à en promettre l'abolition s'il était élu. Son élection amena les États du Sud à demander la sécession. Celle-ci leur fut refusée car elle aurait privé les caisses fédérales de l'essentiel de ses impôts, d'où la guerre civile, dite guerre de Sécession, qui s'ensuivit et fut le conflit le plus meurtrier de toute l'histoire du pays. Il est à noter que le Texas avait déjà fait sécession d'avec le Mexique quand celui-ci avait, lui aussi, aboli un peu plus tôt l'esclavage.
195
+
196
+ Le 9 septembre 2016, pour le 45e anniversaire de la mutinerie de la prison d'Attica, a lieu une grève d'une partie des 2,4 millions de prisonniers-travailleurs aux États-Unis, 40 prisons sur 27 états, ils sont payés quelques centimes de l'heure ou pas du tout. Ils sont fédérés, pour se défendre, au sein d'un syndicat aux revendications anarchistes nommé IWW[93],[94],[95].
197
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198
+ En 1822, le Liberia est fondé par une société américaine de colonisation (American Colonization Society, « la société nationale d'Amérique de colonisation »), pour y installer des esclaves noirs libérés. En 1931, le journaliste George Schuyler publie Slaves Today : A Story of Liberia, roman dénonçant la perpétuation de l'esclavage domestique dans le pays[96]. La même année, la Société des Nations (SDN) condamne les conditions de travail forcé imposées aux autochtones par les Américano-Libériens pour le compte de multinationales de l’industrie du caoutchouc. Le scandale contraint le gouvernement à la démission. En 1936, le nouveau gouvernement interdit le travail forcé.
199
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200
+ Au Bhoutan, l'esclavage est aboli en même temps que le servage par le roi Jigme Dorji Wangchuck en 1956[97],[98].
201
+
202
+ L'esclavage en Chine impériale a revêtu de nombreuses formes au cours de l'Histoire. Plus modérée que l'esclavage aux États-Unis ou dans le monde arabe, la mentalité chinoise considère ses esclaves comme à mi-chemin entre l'humain et l'objet (半人,半物, bànrén, bànwù)[99].
203
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204
+ Les empereurs ont à plusieurs reprises tenté d'interdire l'esclavage privé car les esclaves étaient plus dévoués à leur maître qu'à leur souverain. Ils pouvaient devenir des meurtriers si leur maître le leur ordonnait. Les esclaves privés étaient devenus dangereux pour la société. L'esclavage fut à plusieurs reprises aboli, jusqu'à la loi de 1909[100],[99], pleinement entérinée en 1910[101], bien que la pratique de l'esclavage ait perduré jusqu'au moins 1949[102].
205
+
206
+ Selon Alexandra David-Néel, « une sorte d'esclavage » subsistait encore, dans les années 1950, dans maintes parties du Tibet. Attachés à une famille particulière, les esclaves en constituaient une grande partie de la domesticité. Cet esclavage, qui n'était pas légal, reposait sur la coutume, laquelle, au Tibet, avait force quasiment de loi[103]. L'existence de cet esclavage ancillaire avait déjà été signalée par sir Charles Alfred Bell pour la vallée de Chumbi au début du XXe siècle[104].
207
+
208
+ À partir de 1959, année du départ en exil du 14e dalaï-lama, le gouvernement chinois mit en place au Tibet une série de réformes, notamment l' « abolition du servage et de l'esclavage »[105].
209
+
210
+ Depuis 2009, une « Journée d'émancipation des serfs au Tibet » célèbre la fin du servage et de l'esclavage au Tibet[106].
211
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212
+ Au Népal, chez les Nyinbas, des populations tibétophones, les esclaves furent émancipés par décret gouvernemental en 1926[107].
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214
+ Par glissement sémantique, certaines situations sont assimilées aujourd'hui à de l'esclavage moderne :
215
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216
+ Selon les chiffres de l'Indice mondial de l'esclavage (Global Slavery Index 2014)[114] élaboré par la fondation Walk Free (en), une ONG internationale ayant son siège social à Perth (Australie), le monde comptait en 2014 près de 36 millions de personnes prisonnières d'une forme ou d'une autre d'esclavage moderne (ce chiffre s'élève en 2019 à 40 millions selon l’Organisation internationale du travail (OIT) et la Rapporteuse spéciale sur les nouvelles formes d’esclavage[115]) : travail forcé, traite d'êtres humains, servitude pour dettes, mariage forcé et exploitation sexuelle[116],[117]. Tous les 167 pays étudiés compteraient des esclaves au sens moderne du terme. Les deux continents comptant le plus d'esclaves seraient l'Asie et l'Afrique : l’Inde (14,3 millions de victimes de l'esclavage), la Chine (3,2 millions), le Pakistan (2,1), l’Ouzbékistan (1,2), la Russie (1,1) ; puis le Nigeria, la République démocratique du Congo, l’Indonésie, le Bangladesh et la Thaïlande[117]. En pourcentage de la population, les pays comptant le plus d'esclaves seraient la Mauritanie (4 % ; l'esclavage y est héréditaire, les Maures noirs étant esclaves des Maures blancs de génération en génération), l’Ouzbékistan (3,97 %), Haïti, le Qatar, l’Inde, le Pakistan, la République démocratique du Congo, le Soudan, la Syrie, et la Centrafrique[117].
217
+
218
+ Cet indice est toutefois très controversé. Selon les chercheurs Andrew Guth, Robyn Anderson, Kasey Kinnard et Hang Tran, l'examen des méthodes de l'Indice révèle d'importantes et graves faiblesses, et soulève des interrogations quant à sa validité et son applicabilité. De plus, la publicité accordée à l'Indice conduit à l'utilisation de données erronées dans la culture populaire et par des organes et organismes de presse reconnus ainsi que par des revues universitaires et des responsables politiques[118].
219
+
220
+ En 2017, la fondation Alliance87[119] dont le rapport[120] basé sur ceux de l'Organisation international du travail[121] des Nations unies et de l'ONG Walk Free Foundation (en), en partenariat avec l'Organisation internationale des migrations, indique qu'en 2016, 40 millions de personnes restent victimes de l'esclavage (par travail ou mariage forcés) de par le monde, que 71 % sont de sexe féminin et 25 % des enfants.
221
+
222
+ Le statut d'esclave est soutenu par le Centre de recherches et de fatwas de Daech qui a établi que ces pratiques existaient déjà au Moyen Âge, avant que l'esclavage ne soit aboli[122]. Selon un document daté du 16 octobre 2014, présenté par l'agence de presse Iraqi news[123], l'État islamique aurait fixé le prix de vente des femmes yésides ou chrétiennes, comme esclaves, entre 35 et 138 euros. « Une fillette âgée de un à neuf ans coûterait 200 000 dinars (soit 138 euros), une fille de dix à vingt ans 150 000 dinars (104 euros), une femme entre vingt et trente ans 100 000 dinars (69 euros), une femme entre trente et quarante ans 75 000 dinars (52 euros) et une femme âgée de quarante à cinquante ans 50 000 dinars (35 euros) ». Le document mentionne l'interdiction « d'acheter plus de trois femmes », sauf pour les « Turcs, les Syriens ou les Arabes du Golfe »[124].
223
+
224
+ En 2016, grâce au soutien du prix Carmignac du photojournalisme, le photojournaliste Narciso Contreras (en) produit les premières preuves photographiques du trafic d'esclaves en Libye, dont sont victimes notamment les migrants africains qui tentent de rejoindre l'Europe[125],[126],[127].
225
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226
+ Le prix des esclaves noirs de Libye était de 350 dinars soit 220 euros[128].
227
+
228
+ En novembre 2017, des journalistes de la chaîne américaine CNN filment des scènes de vente de migrants comme esclaves. L'Organisation des Nations unies condamne une situation « inhumaine ». La Libye promet une enquête[129]. Le Canada a accueilli plus de 750 anciens esclaves de Libye[130].
229
+
230
+ La pauvreté et l'instabilité politique en Afrique centrale, les importantes flux migratoires incontrôlés dues aux conflits armés (Soudan, Somalie, Ouganda, République Démocratique du Congo…), ainsi que les richesses des sols de Centre-Afrique, ont entraîné l'apparition d'organisations minières illégales exploitant des centaines de milliers de clandestins souvent mineurs dans les mines de cobalt[131], ou pratiquant l'« esclavage sexuel » et le « travail forcé » dans les mines d'or et de diamant[132],[133],[134].
231
+
232
+ La justice s'applique difficilement dans cette région du monde, et il est difficile d'identifier les causes exactes de cet esclavage moderne ni la gravité de la situation. Cependant, bien que les responsables directs soient les communautés armées locales, leur trafic existe grâce aux entreprises occidentales ou asiatiques (automobile, téléphonie, joaillerie…), qui achètent à des prix intéressants[réf. nécessaire][135] le cobalt, l'or et les diamants, indispensables à l'économie mondiale de la micro-informatique et du luxe, tout comme le trafic d'esclaves existait auparavant pour fournir des denrées et des biens de consommation plus modestes (sucre, coton…).
233
+
234
+ Le cas des mines africaines n'est qu'un exemple d'un certain nombre d'organisations mondiales qui exploitent les Hommes au profit des économies occidentale, asiatique ou russe (comme hier, au profit des économies occidentale, arabe ou asiatique). En effet, la Corée du Nord est notamment connue pour exporter ses travailleurs forcés aux quatre coins du monde[136],[137]. L'exploitation des clandestins dans les chantiers au Qatar au Moyen Orient[138] ou encore dans les tanneries espagnoles, fournisseurs du luxe de grandes marques[139], sont encore d'autres exemples d'exploitation humaine moderne. Finalement, la valeur générée par tous ces travailleurs forcés ou esclaves, parfois mineurs, se retrouve, du fait de la mondialisation, dans les biens de consommation, la nourriture, les mobiliers et immobiliers des millions de personnes des catégories sociales les plus aisées du monde.
235
+
236
+ Il existe un débat pour dire que la gestation pour autrui (GPA) relève de l'esclavage. Les arguments en ce sens sont que (1) la mère porteuse ou gestatrice subit des restrictions de sa liberté d'agir, y compris dans sa vie personnelle, (2) l'enfant est l'objet d'un contrat qui sera remis contre une rémunération, (3) des gamètes peuvent éventuellement être acquises. La philosophe Sylviane Agacinski, par exemple, voit dans la GPA "une forme inédite d'esclavage" qui "s'approprie l'usage des organes d'une femme et le fruit de cet usage" [140].
237
+
238
+ Des jours de commémoration de l'abolition existent notamment en France dans toutes les anciennes colonies.
239
+
240
+ 2006 marque l'année de la reconnaissance de la responsabilité historique de l'État français à propos de l'esclavage, dont les victimes seront dorénavant commémorées tous les 10 mai. Ce jour est également l'anniversaire de l'adoption de la loi Taubira, étape de la démarche mémorielle touchant à l'esclavage, qu'elle qualifie en particulier de « crime contre l'humanité ».
241
+
242
+ La place réservée dans la mémoire collective à certaines personnalités est également notable, ainsi les « nègres marrons » et la mulâtresse Solitude (vers 1772-1802), figure historique de la résistance des esclaves noirs en Guadeloupe et héroïne d'un roman du même nom d'André Schwarz-Bart, paru en 1972.
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+ Severus Rogue (Severus Snape en anglais) est un personnage fictif créé par la romancière britannique J. K. Rowling pour la série Harry Potter.
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+ Professeur à l'école de magie de Poudlard et directeur de la maison des Serpentard, il y est depuis des années un maître de la préparation des potions redouté et particulièrement partial, avant d'être nommé par Albus Dumbledore au poste de professeur de défense contre les forces du Mal, qu'il désire depuis longtemps. Après la mort de Dumbledore, il devient directeur de l'école durant une année sous le règne de Voldemort.
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+ Personnage sombre, aigri et amer, il a une personnalité complexe, ambiguë et assez indéchiffrable ; il a un physique peu engageant et un ton sarcastique. Il est également décrit comme un élève et un homme très brillant, mais montre une antipathie et une animosité particulières envers le héros dès l'arrivée de ce dernier à Poudlard, s'ingéniant à le ridiculiser tout en le sauvant plusieurs fois de situations dangereuses. Au fil des années, leurs deux personnalités se heurtent de plus en plus et la relation entre le professeur et l'élève se détériore au point que Harry Potter en arrive à douter de la loyauté de Rogue et à le considérer comme un ennemi majeur.
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9
+ Incarnant selon certains universitaires « la figure la plus trouble et ambivalente de la résistance », son rôle dans l'intrigue est difficile à interpréter pour le lecteur, qui est fréquemment entraîné sur de fausses pistes. La nature de sa loyauté et de ses motivations est donc une question cruciale de la série, dont la réponse est donnée seulement à la fin du septième et dernier roman.
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11
+ Severus Rogue est interprété au cinéma par Alan Rickman.
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+ Lorsqu'il est enfant, Rogue est négligé par ses parents[2] ; il est alors chétif, avec les cheveux mal coupés et portant des vêtements débraillés[3]. Il conserve cette apparence à l'adolescence, où il est décrit comme étant maigre et noueux, avec un nez crochu et un teint blafard, comme s'il vivait continuellement dans l'obscurité[S 1]. À l'âge adulte, Rogue est mince, avec les cheveux noirs et gras, tombant en rideaux sur son visage. Il a le teint « cireux » et les dents jaunâtres[4],[5], et ses yeux noirs sont vides et froids « comme l'entrée d'un tunnel »[5],[6]. Il porte toujours une longue cape et un manteau noirs qui lui donnent l'apparence d'une chauve-souris[5],[7]. Par ailleurs, la marque des ténèbres figure sur son avant-bras gauche, mais n'est pas toujours visible.
14
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15
+ Dans l'intrigue, Rogue est un personnage aimant la solitude[S 1]. Il est détesté par la grande majorité de ses élèves et ne recherche aucun soutien auprès des autres protagonistes[5],[S 1]. Il est amer, froid, sarcastique et cruel[5], et sa manière d'enseigner est basée sur les brimades et l'intimidation[2]. C'est un sorcier néanmoins très intelligent et clairvoyant. Sa voix est généralement douce (« à peine plus élevée qu'un murmure »[6]). Il attend de ses élèves qu'ils travaillent en silence et consciencieusement, et punit quiconque déroge à cette règle (en particulier les élèves de la maison Gryffondor)[S 2], bien qu'il fasse partie des professeurs n'ayant généralement aucun besoin de crier ni de menacer les élèves pour obtenir le silence pendant leurs cours[S 3],[6]. Il méprise particulièrement Harry Potter, mais son comportement laisse parfois entrevoir sa curiosité à son égard et un instinct protecteur vis-à-vis de lui et de ses amis, qu'il secourt à plusieurs reprises[8],[9]. Rogue affiche un comportement posé et il est rarement embarrassé par une situation. Cette attitude distante et impassible contraste pourtant avec un caractère parfois brutal, notamment envers le héros[10].
16
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17
+ Fasciné dès l'adolescence par la magie noire[5], c'est un spécialiste en potions (une discipline considérée par nature comme fallacieuse[S 4]). Afin de perfectionner ses préparations, il annote son propre manuel scolaire lorsqu'il est étudiant, et devient professeur dans ce domaine à Poudlard, une fois adulte. Il est à l'origine du maléfice sectumsempra[10], destiné à creuser de profondes entailles sur le corps d'une personne (il met également au point le sortilège permettant de soigner ces blessures[11]). En outre, c'est un bon legilimens (c'est-à-dire qu'il est apte à lire dans l'esprit ou dans les pensées d'une autre personne) et un « occlumens parfait »[S 5] (apte à dissimuler ses propres pensées face à un legilimens très puissant).
18
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19
+ Le nom complet de Severus Rogue (Severus Snape en anglais) porte une connotation de sévérité et de rigueur, et souligne le caractère du personnage[2],[S 2].
20
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21
+ Severus est un mot latin signifiant « sévère »[2]. On peut aussi le rapprocher du verbe anglais to sever (« couper, rompre »). Blandine Le Callet soulève dans ce prénom une allusion possible à la dynastie des Sévères et aux cinq empereurs ayant régné sur l'Empire romain aux IIe siècle et IIIe siècle[S 6]. J. K. Rowling précise cependant en 2020 avoir été surtout influencée par le nom de la rue qu'elle empruntait régulièrement pour se rendre au travail, la Severus Road, London SW11[12].
22
+
23
+ Son nom anglais Snape se rapproche du verbe to snap (« claquer, se casser net, rompre, se moquer ») ; du verbe to snipe (« critiquer » ou « attaquer » quelqu'un sournoisement) ainsi que du mot snake (« serpent »). C'est aussi le nom de plusieurs emplacements géographiques existants, notamment celui d'un village du Suffolk[13], et celui d'un village du nord du Yorkshire, près du mur d'Hadrien (ou mur de Sévère) abritant le château de Snape[2]. Ce dernier village, réputé aussi pour le tissage de sa laine[S 7], aurait influencé J. K. Rowling pour choisir le nom du personnage[S 7] : dans le livre, il est révélé que la maison familiale de Rogue est située à l'Impasse du Tisseur (Spinner's end), près d'une rivière et d'une usine désaffectée[14].
24
+
25
+ « Rogue », la traduction du nom choisie par Jean-François Ménard, peut avoir un rapport avec le mot anglais rogue, qui signifie « gredin, scélérat, coquin ». Le mot français « rogue », peu courant[S 2], livre une connotation plus proche de l'arrogance et de la rudesse[2]. L'éventuel lien entre le nom du personnage Snape et sa localisation dans l'histoire n'a donc pas été retenu dans la version française des romans[S 7].
26
+
27
+ Né le 9 janvier 1960[15], Severus Rogue est le fils d'un Moldu, Tobias Rogue, et d'une sorcière dite de « sang-pur » du nom d'Eileen Prince[16]. C'est donc un sorcier de « sang-mêlé », tout comme Voldemort[17]. Il grandit dans une petite ville industrielle, à un endroit nommé l'Impasse du Tisseur[3]. Enfant esseulé, il fréquente le même quartier que la petite Lily Evans[18], une sorcière née-Moldue avec laquelle il sympathise[3]. Eileen Prince semble être une mère négligente, tandis que Tobias Rogue est un homme violent et méprisant. Les deux adultes se disputent beaucoup[3] et Rogue ne reçoit de sa famille ni tendresse, ni affection[19].
28
+
29
+ Rogue est élève à Poudlard dans les années 1970, en même temps que Lily, mais également que Sirius Black, Remus Lupin, Peter Pettigrow et James Potter[20]. Lors de la cérémonie de répartition, Lily est envoyée à Gryffondor tandis que Rogue est envoyé à Serpentard[3]. C'est un élève très studieux et particulièrement doué en potions ; il simplifie la préparation d'un grand nombre d'entre elles en annotant son propre manuel[7]. Au cours de cette période, il se surnomme le « Prince de sang-mêlé », faisant référence au nom de famille de sa mère[16].
30
+
31
+ James Potter et Sirius Black ont un penchant pour la moquerie et Rogue en est régulièrement victime[20]. Vers la fin de ses études, Rogue, lors d'une humiliation publique que lui fait subir James, manque de respect à Lily en la traitant de « sang-de-bourbe », alors que celle-ci prend sa défense[3]. Esseulé et profondément malheureux d'être définitivement rejeté par son amie, Rogue est de plus en plus attiré par les forces obscures. Après ses études, il décide de rejoindre le camp de Voldemort[3], tandis que James Potter et Lily Evans se marient et rejoignent l'ordre du Phénix fondé par Albus Dumbledore.
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+ Plus tard, Rogue est amené à entendre une partie de la prophétie de Sibylle Trelawney, et transmet ce qu'il a entendu à Voldemort[21], ce qui entraîne indirectement la mort de James et Lily Potter[3].
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+ Dans Harry Potter à l'école des sorciers, Rogue, devenu professeur de potions, fait la connaissance de Harry Potter et constate avec dégoût la forte ressemblance physique entre le garçon et son père, James[3]. Pour cette raison, il lui manifeste une hostilité viscérale et immédiate, en rabaissant ce qu'il présume à tort être de la vanité dans le caractère de Harry. Il fait également preuve d'un favoritisme constant envers les élèves de Serpentard, notamment envers Drago Malefoy[6]. Il est rapidement soupçonné par Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger de chercher à s'emparer de la pierre philosophale dans le but de restaurer Lord Voldemort[22],[23], mais aussi d'avoir essayé de faire tomber Harry de son balai lors d'un match de quidditch[22]. Le lecteur apprend par Albus Dumbledore que James Potter avait un jour sauvé la vie de Rogue[24] et que celui-ci aurait au contraire cherché à s’acquitter de sa dette en sauvant Harry, qui se trouvait lors du match sous l'emprise d'un sortilège de Quirinus Quirrell[24]. Dumbledore manifeste en outre toute sa confiance au professeur de potions, ce que Harry ne comprend pas en raison de l'injustice et de la cruauté dont ce dernier fait preuve en permanence.
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+ Rogue est de plus en plus frustré de n'avoir pu obtenir le poste de professeur de défense contre les forces du Mal, et manifeste dans Harry Potter et la Chambre des secrets une hostilité particulière envers le nouveau titulaire du poste, Gilderoy Lockhart, qui de son côté se montre pédant, prétentieux, vaniteux et incompétent[25]. Face aux événements inquiétants qui menacent Poudlard, Rogue ne cache pas ses soupçons à propos de Harry et de son comportement étrange, tout en reconnaissant la faible probabilité que le garçon soit coupable[26].
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+ Le nouveau professeur de défense contre les forces du Mal dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban est Remus Lupin, que Rogue semble mépriser encore davantage que ses prédécesseurs, à cause de l'ancienne amitié entre Lupin et James Potter, et en outre parce que Lupin est un loup-garou[27],[28]. Rogue, à la demande de Dumbledore, lui prépare néanmoins la potion Tue-Loup lui permettant de garder le contrôle de lui-même pendant sa transformation[29]. C'est également lui qui remplace Lupin lorsque celui-ci est incapable d'assurer ses cours. Ulcéré par cette situation, Rogue fait en sorte que les élèves devinent la nature de Lupin[27] ; ces informations ne sont décryptées que par Hermione Granger, qui les conservera cependant pour elle[30]. Rogue finit néanmoins par le préciser explicitement devant les élèves en fin d'année, incitant Lupin à présenter sa démission[31]. Lorsqu'il se retrouve face à Sirius Black, présenté tout au long du roman comme un criminel en fuite, Rogue tente de le livrer aux Détraqueurs[28]. Il se fait cependant assommer au préalable par Harry, Ron et Hermione à l'unisson[28]. Plus tard, il transporte Hermione, légèrement blessée, Ron, inconscient à cause d'un mauvais sort, et Harry, évanoui après qu'il a dû faire face aux Détraqueurs en tentant de sauver Black, à l'infirmerie[32]. Lorsqu'il s'aperçoit de la fuite de Black, il entre dans une colère violente[32].
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+ Dans Harry Potter et la Coupe de feu, le lecteur apprend que Rogue a été un mangemort, avant de changer de camp dans le but d'espionner Voldemort au service de Dumbledore[33]. Durant l'année, il suspecte Harry de voler dans son armoire personnelle et le menace d'utiliser sur lui un élixir de vérité[34]. Fin juin, alors qu'il sent la Marque des Ténèbres le brûler, Rogue ne se rend pas à l'appel de Voldemort, qui vient de reprendre forme humaine[35]. Alors que l'ordre du Phénix se reforme, Rogue se voit confier par Dumbledore une mission[35] qui reste secrète jusqu'à la fin du septième tome[3].
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+ Après Noël, dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Dumbledore demande à Rogue de donner des cours particuliers d'occlumancie à Harry, afin qu'il puisse fermer son esprit aux intrusions possibles de Voldemort[36]. Mais les leçons s'avèrent quasiment inutiles, puisque ni Harry Potter et ni Rogue ne sont capables de contrôler leur colère vis-à-vis de l'autre. En voulant échapper à l'une de ses intrusions, Harry parvient cependant à entrer quelques instants dans l'esprit de Rogue et découvrir que ce dernier a vécu une enfance difficile auprès de parents qui se disputaient régulièrement[19]. Rogue ne tient pas compte de l'incident, estimant cette réaction de défense comme un progrès notable[19]. Lors d'une autre leçon, Harry, se retrouvant seul quelques instants dans la pièce, entre dans la pensine que Rogue a laissée derrière lui, et devient le témoin d'une scène de souvenir se déroulant à Poudlard, lorsque Rogue, adolescent, se fait brimer par James Potter et Sirius Black[20]. Il voit également sa mère Lily intervenir en faveur de Rogue, puis celui-ci la traiter de « sang-de-bourbe »[20]. Rogue surprend alors Harry dans la pensine, le réprimande violemment, puis met définitivement fin aux leçons d'occlumancie[20]. En fin d'année, alors que Harry se rend dans le bureau de Dolores Ombrage et qu'il est interrogé par celle-ci sur ses activités suspectes relatives à l'Armée de Dumbledore, le garçon avertit Rogue de l'une de ses visions (sous forme de message codé) comme quoi Voldemort détiendrait Sirius prisonnier au Département des Mystères[37]. Rogue simule l'incompréhension devant l'intérêt soudain d'Ombrage[37], mais vérifie ensuite la présence de Black au square Grimmaurd[38]. Lorsqu'il s'aperçoit de la disparition de Harry et de ses amis, Rogue devine que le garçon est tombé dans le piège de Voldemort et qu'il s'est rendu au Ministère[38]. Il avertit les membres de l'ordre du Phénix afin qu'ils aillent à son secours[38].
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+ Avant le début de l'année scolaire que relate Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, Rogue prête un « Serment Inviolable » avec Narcissa Malefoy, jurant de « protéger son fils Drago, de l'arrêter dans sa mission si le danger devenait trop grand et d'accomplir sa mission à sa place s'il venait à faillir », Voldemort ayant confié au garçon une mission dont on ignore encore la nature[14]. D'autre part, Rogue obtient, à la surprise générale, le poste tant convoité de professeur de défense contre les forces du Mal[39]. Au début de l'année, Harry trouve dans un placard un vieux manuel de potions ayant appartenu à un mystérieux « Prince de sang-mêlé » dont les annotations l'aident à progresser dans cette matière[7]. Hermione, contrairement à Harry, est intriguée par ce personnage instruit et inconnu dont elle redoute que les sorts ne soient dangereux, et découvre à la fin de l'année qu'il s'agit de Rogue, auquel ce manuel a appartenu une vingtaine d'années auparavant[16]. Celui-ci avait fait référence au nom de jeune fille de sa mère, Eileen Prince, et à son statut de sang-mêlé[16]. À la fin du livre, à la suite d'une intrusion de mangemorts à Poudlard, Albus Dumbledore se retrouve à la merci de Drago Malefoy qui ne peut se résoudre à tuer le vieil homme, comme le lui a demandé Voldemort[40]. Rogue tue alors Dumbledore sous les yeux horrifiés et impuissants de Harry[40]. Le garçon tente de rattraper Rogue pour l’affronter, mais ce dernier l'empêche de combattre et s'enfuit de Poudlard en emmenant Drago Malefoy avec lui[10].
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+ Rogue ne reste pas longtemps en fuite ; dès l'été suivant, dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, Voldemort prend le pouvoir parmi la population magique de Grande-Bretagne et nomme le professeur de potions directeur de Poudlard, où une atmosphère de terreur s'installe. Il suffit d'une visite clandestine de Harry à Poudlard pour mettre l'école en ébullition[41]. Rogue tente de le trouver en premier et interroge Minerva McGonagall, qu'il soupçonne de vouloir le couvrir[42]. McGonagall, qui à ce moment précis accompagne le garçon caché sous sa cape d'invisibilité, affronte Rogue et, épaulée par d'autres professeurs, l'oblige à fuir[42]. Quelques heures plus tard, alors que l'école est assiégée par les mangemorts, Rogue retrouve Voldemort dans la cabane hurlante. Ce dernier imagine que Rogue est le véritable maître de la baguette de sureau, ayant tué Albus Dumbledore, son ancien propriétaire[43], et décide donc de le tuer par l'intermédiaire de son serpent Nagini, afin de s'approprier les pouvoirs de la baguette[43]. Harry, Ron et Hermione, qui assistent au meurtre en étant cachés, se dévoilent à Rogue juste après le départ du mage noir[43]. À l'agonie, le professeur confie à Harry ses souvenirs, qui lui permettent de prouver sa véritable allégeance et d'expliquer au garçon en quoi consiste le plan de Dumbledore pour vaincre Voldemort[3],[43]. Juste avant de mourir, Rogue demande à Harry de le regarder dans les yeux[43].
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+ Severus Rogue apparaît pour la première fois dans le chapitre 7 de Harry Potter à l'école des sorciers (1997) et demeure présent dans chacun des tomes de la série. Le personnage et le héros, lors de leur première rencontre, se situent dans la Grande salle de Poudlard avec les autres professeurs et élèves, et Rogue croise le regard de Harry, qui éprouve aussitôt une vive douleur à l'emplacement de sa cicatrice[4], ce qui le pousse à associer Rogue à Voldemort, et donc à l'appréhender de manière négative[S 2]. De son côté, le professeur semble par la suite éprouver satisfaction à le punir cruellement[6], et apparaît même comme le « stéréotype du professeur injuste »[S 3],[S 8].
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+ Dans une entrevue accordée à Lindsey Fraser en 2000, J. K. Rowling précise que son institutrice de l'école de Tutshill, Sylvia Morgan, plaçait les élèves selon l'opinion qu'elle se faisait de leur intelligence[44]. Rowling a ajouté que le personnage de Severus Rogue lui avait été inspiré « par un grand nombre de personnes », et que cette institutrice était « sans aucun doute l'une d'elles »[S 9],[44].
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+ Le biographe Sean Smith considère également que John Nettleship, l'ancien professeur de chimie de Rowling aux classes supérieures — qui était également l'employeur de sa mère —, est un évident « point de départ » du personnage[S 10], et l'intéressé s'est reconnu sous ces traits[S 10],[45]. Sans avoir précisé qu'il s'agissait de Nettleship, Rowling a dit avoir particulièrement « détesté » l'un de ses professeurs de collège qui était, selon elle, « un véritable tyran »[46]. Dans une autre interview datant de 1999, elle a précisé que Rogue, professeur éminemment « sadique », était « vaguement basé » sur l'un des professeurs qu'elle a eu[47]. Rogue aurait néanmoins été pour elle l'un de ses personnages les plus plaisants à écrire[48],[49].
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+ Le doute sur la loyauté de Rogue plane constamment au cours de l'intrigue, tant parmi les autres protagonistes que chez le lecteur. Seul le personnage d'Albus Dumbledore lui accorde une confiance totale dès le début de l'histoire, pour des raisons qu'il garde secrètes et que le lecteur ne découvre qu'à la fin du dernier livre. Dumbledore laisse simplement entendre à Minerva McGonagall qu'il a « une raison indiscutable » de lui faire confiance[S 11]. Tout au long du récit, J. K. Rowling amène le lecteur à suivre l'intrigue du point de vue du principal protagoniste et à obtenir les informations telles qu'elles lui sont présentées[S 2]. Cependant, dans une interview de 1999, elle fait aussi allusion au rôle important de Rogue, suggérant que les lecteurs devraient « garder un œil » sur ce personnage dont « les apparences sont trompeuses »[47].
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+ À partir du troisième tome[S 12], le lecteur est un peu plus éclairé sur la raison qui pousse le personnage à agir durement envers le héros : la ressemblance physique de ce dernier avec son père, James Potter, qui était en conflit avec Rogue durant leur jeunesse[S 12]. Rogue est soumis à un désir de vengeance, dont le garçon fait les frais, mais il montre à plusieurs reprises qu'il est aussi capable de mettre ses ressentiments de côté, en secourant plusieurs fois Harry Potter et ses amis. Les informations fournies sont ainsi contradictoires et le personnage « gagne en complexité »[S 12].
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+ Harry Potter, de son côté, se contente de haïr son professeur, qui s'emploie à lui rappeler inlassablement la nature arrogante et persécutrice de son père, ce que le garçon réfute avec force[S 2]. Ainsi, bien que certains personnages fiables et amicaux s'emploient à interpréter les agissements de Rogue sous des aspects plus positifs[S 2], Harry se ferme simplement à leurs points de vue et à leurs arguments, qui ne correspondent pas à l'image qu'il s'en est fait[S 2]. De nombreux élèves répandent également une rumeur selon laquelle le professeur de potions souhaiterait obtenir le poste de professeur de défense contre les forces du Mal, non pas pour apprendre aux élèves à se défendre, mais parce qu'il vénère ces forces obscures[S 2]. La plupart des élèves pensent d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle le poste lui est longtemps refusé[S 2].
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+ Le lecteur apprend dans le tome suivant que Rogue a été mangemort, et d'autres personnages sont persuadés qu'il demeure fidèle à Voldemort[33]. Au fil du récit, J. K. Rowling amène son héros et le lecteur à douter de plus en plus de la loyauté de Rogue, malgré le fait qu'Albus Dumbledore, figure de sagesse, n'aura jamais aucun doute sur sa fidélité[S 13]. Lorsque Harry demande à Dumbledore ce qui lui permet d'affirmer que Rogue n'est pas du côté de Voldemort, Dumbledore lui répond simplement : « c'est une affaire entre le professeur Rogue et moi-même »[33]. Dans l'Ordre du Phénix, Dumbledore voit un espoir de rapprocher Rogue et Harry par le biais des leçons particulières d'occlumancie. Mais l'élève et le professeur n'arrivent pas à mettre leur haine réciproque de côté. La colère du garçon l'amène même à évoquer très brièvement avec Rogue le rôle que ce dernier tient auprès de Voldemort, en tant qu'informateur, ce que Rogue ne nie pas (il se montre même satisfait que Harry ait abordé le sujet)[19]. Au cours de l'année, Ron évoque l'éventualité que Rogue puisse, au lieu de chercher à aider Harry, tenter de faciliter la tâche de Voldemort à l'insu du directeur[50]. La diabolisation de Rogue atteint donc son apogée lorsque, à la fin du sixième roman, il tue Dumbledore, avant de prendre sa place en tant que directeur de Poudlard. Par l'intermédiaire de Rogue, Rowling fait ainsi le choix de priver son héros de sa protection la plus sûre et la plus évidente aux yeux du lecteur[S 14].
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+ Dans le chapitre « Le récit du Prince » du dernier tome, les souvenirs que Rogue communique à Harry juste avant de mourir éclaircissent les mystères qui l'enveloppent depuis le début de l'histoire. Le garçon apprend ainsi que Rogue était un voisin et ami d'enfance de sa mère (Lily Evans), et qu'il en est tombé amoureux[3]. À dix-sept ans, celle-ci lui a préféré son rival James Potter. Rogue, lorsqu'il était mangemort, s'est rapproché d'Albus Dumbledore afin d'essayer de protéger Lily de Voldemort, en sachant que celui-ci avait décidé de tuer les époux Potter et leur fils[3]. Les précautions de Dumbledore n'ayant pas suffi, ce dernier a ensuite manipulé Rogue, qui était rongé par la profonde tristesse et le remords, en lui faisant comprendre qu'il était dorénavant de son devoir de se racheter en protégeant le fils de Lily, seul survivant de l'attaque. En échange, Rogue a fait promettre à Dumbledore de ne jamais communiquer à qui que ce soit ses motivations et ses sentiments pour Lily[3]. C'est en partie ce serment qui a tenu Dumbledore au silence et nourri l’ambiguïté autour de Rogue tout au long de l'intrigue.
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+ Étant condamné à la suite de sa manipulation maladroite d'un horcruxe, Dumbledore avait fait promettre à Rogue de le tuer au moment voulu, plutôt que de laisser Drago Malefoy — qui était chargé par Voldemort de le faire — devenir un assassin[3]. Dumbledore souhaitait également, par cette demande, faire que Rogue devienne le propriétaire légitime de la baguette de sureau[51].
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+ Rogue apprend sur le tard, horrifié, que le plan de Dumbledore pour vaincre Voldemort consistait finalement à sacrifier Harry Potter, qui contenait en lui une part de l'âme de Voldemort (un horcruxe)[3],[S 15]. Il était cependant contraint, de par sa promesse, de mener le plan à son terme et de ne livrer la vérité à Harry Potter qu'au tout dernier moment, c'est-à-dire une fois que les autres horcruxes auraient été détruits[3]. Après la mort de Dumbledore, Rogue était également tenu de ne jamais informer Harry qu'il combattait à ses côtés, puisque la connexion encore existante entre l'esprit du garçon et celui de Voldemort aurait pu amener ce dernier à comprendre et déjouer le plan[3]. Rogue a donc guidé discrètement Harry Potter jusqu'à l'épée de Gryffondor à l'aide de son patronus (dont la forme est identique à celui de Lily Potter), afin que le garçon puisse détruire les horcruxes[3].
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+ Rogue est, dès l'enfance, fasciné par la magie noire qui, selon l'écrivain Sigrun Strunk, lui offre une forme d’échappatoire lorsqu'il ne peut trouver conseils et sécurité auprès de son entourage[S 2]. Alors qu'il est un jeune garçon timide, esseulé mais fier, la magie noire est pour lui une façon d'essayer de gagner du pouvoir et de l'influence sur les autres, et de gagner l'estime des gens « bien nés »[S 2],[S 16]. Cependant, c'est à une enfant née-Moldue, Lily Evans, que le jeune Rogue s'attache le plus. J. K. Rowling explique l'attitude de Rogue ainsi : « […] Comme beaucoup de personnes faibles et vulnérables […], il est devenu membre de quelque chose de grand, de puissant et d’impressionnant [...] il était tellement aveuglé par la magie noire qu’il pensait que Lily trouverait impressionnant qu’il devienne un Mangemort[52] ». Mais au lieu d'être impressionnée par les capacités de Rogue, Lily redoute cette part d'ombre[3].
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+ À l'adolescence, Rogue est tiraillé entre suivre ses principes ou suivre ses sentiments[S 17]. Il est amoureux de Lily, mais semble penser à cet âge que cet amour est honteux[S 2]. Selon Sigrun Strunk, il est de première importance, pour le jeune Rogue, de se comporter en public selon les normes des sorciers qu'il trouve influents, et donc de se montrer méprisant envers tout sorcier issu d'une famille de Moldus (ce qu'il a l'extrême maladresse de faire à cet âge, même contre Lily[20]), puisque afficher publiquement de l’affection pour une fille issue d'une telle famille signifierait perdre l'estime des personnes puissantes à ses yeux[S 2].
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+ Au contact de Lily, Rogue change progressivement d'opinion sur l'importance de la « pureté » du sang chez les sorciers, convaincu que cela n'a en définitive aucune importance[3]. Il demeure néanmoins incapable d'avouer ce qu'il ressent pour Lily. Il choisit même d'apprendre très tôt l'art de l'occlumancie, afin que ses sentiments ne soient connus de quiconque[S 2]. Cette mesure d'auto-protection s’avérera extrêmement précieuse par la suite pour Albus Dumbledore qui, grâce à la rédemption de Rogue et à son soutien après le meurtre de Lily par Voldemort, parviendra ainsi à dissimuler ses intentions aux yeux du mage noir (un puissant legilimens), à la cause duquel Rogue feint de rester fidèle[S 2]. Comme elle le présente dans son essai Harry Potter ou les chemins insolites de la résistance, Sabine Delzescaux pense que Rogue représente « l'un des principaux artisans de la résistance contre Voldemort »[S 14]. Il joue un rôle crucial d'agent double : il doit conserver la confiance de Voldemort, être dans ses confidences, l'influencer autant que possible et informer l'ordre du Phénix de ses intentions, tout en faisant croire à Voldemort qu'il agit de la même manière en sa faveur. Il y parvient avec succès. Ainsi, chaque dirigeant sait que Rogue est dans les confidences du camp ennemi, et chaque dirigeant est convaincu de sa loyauté (Voldemort est certain de pouvoir deviner les pensées de chaque individu, y compris celles de Rogue, et Dumbledore, qui a été mis dans les confidences de Rogue, est fondamentalement convaincu du pouvoir de l'amour)[S 2].
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+ Par ailleurs, Dumbledore aurait souhaité que Rogue devienne professeur de défense contre les forces du Mal beaucoup plus tôt dans sa carrière[S 2], puisque Rogue, qui désire depuis longtemps enseigner cette discipline, est selon toute probabilité la personne la mieux placée pour le faire[S 2] : il connaît à la fois l'attrait que les forces du Mal peuvent exercer sur un être humain, et les facultés qu'il faut maîtriser pour s'en défendre[S 2]. Néanmoins, la « malédiction » touchant le poste[Note 1] aurait contraint Dumbledore à attendre les événements de l'été précédant Harry Potter et le Prince de sang-mêlé pour l'y nommer. Le directeur devinait que Rogue serait — après l'avoir tué selon leur accord[3] — nommé par Voldemort pour prendre sa place en tant que directeur de Poudlard[Note 2], et que l'ancien mangemort assurerait ainsi, à sa manière, la protection des élèves[3].
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+ « — Je vous avais dit de vous débarrasser de toute émotion ! — Ah oui ? Eh bien, je trouve ça très difficile en ce moment, gronda Harry. — Alors, vous deviendrez une proie facile pour le Seigneur des Ténèbres ! […] Les idiots qui portent fièrement leur cœur en bandoulière, qui sont incapables de contrôler leurs émotions, qui se complaisent dans les souvenirs les plus tristes et se laissent facilement provoquer — les gens faibles, en d'autres termes — n'ont aucune chance de résister à ses pouvoirs ! »
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+ — Harry et Rogue, leçon d'occlumancie,Harry Potter et l'Ordre du Phénix, chapitre 24.
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+ D'après les professeurs Catherine et David Deavel[54],[55], le talent de Rogue pour l'occlumancie révélerait à la fois sa force et sa faiblesse de caractère[S 18]. Car bien que cette capacité permette de duper et de vaincre indirectement Voldemort, cela empêche également Rogue d'être apprécié et considéré de son vivant pour son dévouement et son courage auprès des autres personnages[S 5] : il est seul et détesté de tous. Son interprète Alan Rickman pense même que Rogue désire être « l'opposé du type de personne que les gens respectent […] »[S 16]. Il cache ses sentiments, aussi bien l'amour que la souffrance. Selon Sigrun Strunk, aucun autre personnage, pas même Dumbledore, n'est en mesure de comprendre à quel point la mort de Lily Potter l'a affecté[S 2],[3]. Les professeurs Deavel pensent qu'il garderait aussi en lui, en partie, la même conviction que Voldemort selon laquelle les personnes qui agissent en étant guidées par leurs sentiments sont faibles ; c'est ce qu'il ferait comprendre à Harry Potter pendant leur première leçon d'occlumancie[S 19] (extrait ci-contre). L'auteure Marianne Chaillan donne néanmoins une interprétation différente de ce passage : selon elle, Rogue souhaiterait, plutôt que de dénigrer ceux qui éprouvent des émotions, faire comprendre au garçon que se laisser submerger par la souffrance comme il pourrait être tenté de le faire — sentiment que Rogue pourrait aisément comprendre et partager — reviendrait à se livrer trop facilement à Voldemort et à ce qu'il symbolise : le « rejet de la vie sous prétexte de la souffrance »[S 20].
82
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83
+ J. K. Rowling suggère qu'en dissimulant ainsi ses émotions, Rogue aurait volontairement placé sa vie entre parenthèses[S 2] : c'est un être froid, aux yeux qui « ne reflètent que sa mort intérieure ». Dans un article du Point intitulé Rogue, le plus beau de tous les salauds, la philosophe Edwige Chirouter met en avant le fait que Rogue « reste dans les limbes, dans son ressentiment »[S 16]. Il agit comme un homme « prisonnier du passé et de sa blessure »[S 16]. Sabine Delzescaux partage ce point de vue en disant que Rogue représente la figure de la haine et du ressentiment[S 14]. Dans son essai To Sir with Love (contenu dans le livre Mapping the World of Harry Potter[S 21]), Joyce Millman suggère qu'en cela, Rogue pourrait être dérivé d'une tradition de héros byroniens, tels que Heathcliff dans Les Hauts de Hurlevent[S 21]. Par ailleurs, la première question que Rogue pose à Harry — « Qu'est-ce que j'obtiens quand j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise ? » — ferait référence à sa mère Lily, aux remords et à la douleur provoquée par sa disparition : l'asphodèle, de la famille des liliacées (ou des lys, Lily en anglais), signifierait « regret du passé », tandis que l'armoise serait le symbole de l'absence, d'après certains botanistes[S 4],[56].
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+ L'écrivain Isabelle Smadja pense que Rogue pourrait également être considéré comme une figure paternelle ambivalente pour le héros, en possédant « la sévérité d'un père, sans en avoir l'indulgence »[S 22]. À ce titre, il peut être rapproché de sa consœur Minerva McGonagall, qui fait preuve d'autant de sévérité, d'exigence et de froideur, à la différence majeure que cette dernière demeure impartiale[S 2]. De son côté, Rogue revoit James Potter à travers Harry, mais sa haine pour le père du garçon se retrouve compensée par l’amour indéfectible qu'il éprouve encore pour sa mère. Dans leur essai, les professeurs Deavel disent que Rowling refuse de limiter l'amour à quelque chose de « purement rhétorique et sentimental » dans son œuvre[S 23] : Rogue ne choisirait pas de protéger Harry Potter et les autres ennemis de Voldemort par affection pour eux, mais parce-qu'il pense agir ainsi pour leur bien, et selon ce que Lily aurait elle-même décidé de faire pour eux[S 17].
86
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87
+ Pour Sabine Delzescaux, Rogue est la figure la plus ambiguë et énigmatique de la série, dans la mesure où il fait le choix de ne pas porter le « masque de la vertu », en œuvrant en secret sous une haine apparente[S 14]. Ainsi, le lecteur ne sait jamais quels sentiments l’animent, ni même s’il se positionne, fondamentalement, au service de la mort ou de la vie[S 14]. Les seules émotions que Rogue exprime sont celles de la haine et du dégoût : envers lui-même[3], envers Harry Potter, mais également envers Dumbledore, qui lui fait promettre de devenir son assassin aux yeux de ses alliés[3],[40], et qui a pris secrètement la décision de condamner Harry, que Rogue s'était engagé à protéger[S 2],[3]. Il ressent des émotions conflictuelles tout au long du récit, mais sa capacité à agir à plusieurs reprises pour le Bien, malgré son aversion, témoigne de la puissance de son amour envers Lily[S 24]. Pour Marianne Chaillan, Rogue, par sa capacité à aimer, est humain avant tout, et se rend vulnérable ; il a choisi ce chemin après la mort de Lily[S 25]. Plutôt que de se tourner vers l'obscurité et la magie noire, il trouve « une forme de salut » dans le fait de protéger la personne la plus chère aux yeux de celle qu'il aime toujours[S 16],[S 26]. Cet amour, qui était au départ égoïste[S 5], a fondamentalement transformé Rogue à partir du moment où il s'est engagé à combattre Voldemort[S 18],[S 27],[S 28]. Même si Rogue et Harry se détestent mutuellement et que Rogue n'éprouvera jamais aucune affection pour le fils de Lily, le garçon trouve en ce personnage glacial et ambigu l'un de ses protecteurs les plus efficaces et les plus puissants[3],[S 14]. Par ailleurs, il est le seul à qui Rogue accepte « d'offrir » ses souvenirs avant de mourir ; le seul à savoir ce qu'il a réellement ressenti pour sa mère, et fait pour lui[S 29]. Mathilde Cesbron (journaliste du Point) et Sigrun Strunk se rejoignent sur le fait que l'opinion de Harry Potter était en définitive très importante aux yeux de Rogue[S 2],[S 29], qui souhaitait une reconnaissance de sa part, et l'a finalement obtenue[S 29],[57] : dix-neuf ans après la mort du professeur, Harry dit à son fils Albus Severus qu'il porte notamment le nom d'un Serpentard et « sans doute l'homme le plus courageux [qu'il ait] jamais rencontré »[58].
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+ Bien que le personnage ne soit pas considéré comme « aimable », Rogue a rapidement gagné en popularité auprès des fans, à un niveau qui a surpris J. K. Rowling[48] (pour qui quelqu'un comme Rogue mérite autant l'admiration que la désapprobation[S 29]). En 2011, MTV organise un sondage public permettant aux admirateurs de voter pour le meilleur personnage de Harry Potter ; Rogue a été élu premier[S 30]. La même année, Rogue se classe une nouvelle fois en première position parmi les meilleurs personnages de la série dans un sondage public organisé par la maison d'édition Bloomsbury[S 31] ; de même qu'en 2016, dans un sondage organisé par le magazine Empire[S 32].
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+ Le site IGN a affirmé que Rogue a eu « un impact considérable sur la série »[S 33]. Jenny Sawyer, de The Christian Science Monitor, commente le développement du personnage, affirmant que Rogue est le seul protagoniste qui ait véritablement un choix à faire et qui a des difficultés à faire ce qui est juste, et donc le seul à faire face à une « crise intérieure absolue »[S 34]. Elle pense que la popularité du personnage est due à son cheminement moral et au conflit intérieur qu'il subit, car c’est la lutte du héros et la rédemption coûteuse de Rogue qui importent vraiment : « le personnage cherchait la résolution. Et c’est précisément ce besoin de résolution — notre désir de connaître le véritable Rogue et de comprendre ses choix — qui en fait le personnage le plus convaincant de l'épopée Potter »[S 34]. Stephen Fry, le narrateur britannique des livres audio de la série, a déclaré en 2003 que « la plupart des personnages comme Rogue sont difficiles à aimer mais ont une sorte d’ambiguïté […], [Rogue] a quelque chose de triste au fond de lui, il est solitaire, et c'est fascinant de penser qu'il est sur le point de devenir le méchant… avant que l'on se rende compte qu'il n'est pas si mauvais »[59].
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+ Malgré le peu d'informations fournies sur le personnage avant la fin de la série, certaines théories ont été suggérées de longue date par une minorité d'admirateurs sur les véritables motivations de Rogue[47],[60]. En 1999, après la publication de Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, une question a été posée à Rowling concernant la possibilité que Rogue soit amoureux, et que cela puisse constituer un motif de rédemption de son personnage[47]. Rowling a été très surprise de cette remarque à ce moment précis du récit, en ajoutant qu'elle ne pourrait être plus explicite à ce sujet qu'après la publication du septième tome[47]. Elle se souvient également d'une femme qui, juste après la publication du troisième livre, a soupçonné que Rogue soit amoureux de Lily[60]. Elle s'est alors demandé ce qui avait pu la trahir dans l'écriture de ce tome[60].
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+ La révélation finale sur la loyauté de Rogue dans Harry Potter et les Reliques de la Mort a été perçue de manière positive par les admirateurs et les critiques. Daniel Radcliffe, qui interprète Harry Potter dans les adaptations cinématographiques, s'est dit ravi de constater que sa théorie, selon laquelle Rogue finirait par devenir « une sorte de héros tragique », s'est avérée exacte[S 35]. La romancière de fantasy Elizabeth Hand écrit dans le Washington Post que « le solitaire tant décrié, Rogue, n'apparaît véritablement que dans la dernière partie des Reliques de la Mort, mais quand il le fait, le livre devient le sien : le destin de Rogue, plus que celui de Voldemort, et peut-être même plus que celui de Harry, est le plus déchirant, surprenant et satisfaisant de toutes les réalisations de Rowling »[S 36].
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+ Marianne Chaillan, auteure du livre Harry Potter à l'école de la philosophie, considère que Severus Rogue est « sans aucun doute l'un des plus beaux personnages de la saga »[S 37], tandis que la philosophe Edwige Chirouter estime qu'un personnage comme Rogue est « très bénéfique pour un jeune public », qui est ainsi poussé à se questionner sur ce qui fait d'un être humain quelqu'un de « bon ou méchant », ainsi qu'à faire preuve de tolérance et d'ouverture d'esprit face à la complexité[S 29]. Elle estime aussi que par son acte « sublime » et son sacrifice, Rogue « transcende ce que l'immense majorité des hommes est capable de faire »[S 16]. Sabine Delzescaux note cependant que « l’acte de résistance » de Rogue demeure ambivalent et s'instaure davantage sur son sentiment de culpabilité que sur des principes éthiques[S 14]. Ainsi, s'il n'avait pas aimé Lily Potter, Rogue n'aurait probablement pas cherché à protéger son fils. Rowling confirme d'ailleurs cette idée[61], tout en revendiquant l'aspect héroïque de son personnage : « Je pense […] que c'est un héros, mais un héros imparfait. Un anti-héros, peut-être. Ce n'est pas un homme très agréable dans bien des domaines. Il reste plutôt cruel, une brute remplie d’amertume – et pourtant il a aimé, il a été loyal, et, pour finir, il a sacrifié sa vie pour cet amour. C’est plutôt héroïque ! »[52].
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+ En 2000, Tim Roth est un temps envisagé pour interpréter le personnage au cinéma[S 38]. C'est finalement Alan Rickman, un autre acteur britannique, qui obtient le rôle selon le souhait de J. K. Rowling[62].
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+ L'acteur a été charmé par le premier livre (qu'il a lu lors de la pré-production du film[63]), mais souhaitait connaître plus en profondeur le personnage pour se considérer en mesure de l'interpréter[62]. Dans une interview de 2006, Alan Rickman déclare que J. K. Rowling lui a révélé, avant même le début de tournage du premier film, un détail précis sur Rogue[64], afin de l'aider à mieux comprendre la complexité du personnage[62]. Rowling lui avait fait promettre de garder le secret sur le contenu de leur conversation. Rickman a toujours mis un point d'honneur à respecter cette promesse[65], même après la sortie du dernier film où tous les secrets de l'intrigue ont été révélés au grand public. D'après Chris Columbus, réalisateur des deux premiers films, la performance d'Alan Rickman s'est basée depuis le départ sur cette fameuse conversation avec l'auteure[66].
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103
+ En 2011, Rickman a estimé que Rogue était un personnage « intéressant » à interpréter[67] : « sa concentration est totale parce qu'il sait qu'il a une tâche à accomplir »[67]. La même année, Rowling a laissé entendre à Daniel Radcliffe, lors d'un entretien filmé, qu'Alan Rickman avait appris très tôt que son personnage était amoureux de Lily Potter et qu'il savait également pourquoi son personnage se montrait parfois cruel envers Harry[68]. Trois jours après la mort de l'acteur, en janvier 2016, J. K. Rowling a finalement révélé à une internaute curieuse le sujet de leur discussion ː « J'ai révélé à Alan ce qui se cachait derrière le mot "toujours"[69] » (en référence au chapitre Le récit du Prince).
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+ « Parfois, un réalisateur disait à Alan comment aborder une scène, et il répondait qu'il ne pouvait pas. En y repensant, on se rend compte qu'il y avait toujours quelque chose, un regard, une expression, un sentiment qui annonçait ce qui allait suivre… Alan occupe une place importante dans ces films et y apporte une émotion incommensurable[65]. »
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+ — David Heyman en 2015.
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+ Après la sortie du dernier film, Télérama considère Alan Rickman comme « l’acteur le plus ensorcelant » de la série[70]. Mathilde Cesbron estime quant à elle que Rickman a su conférer à Rogue une « stature shakespearienne »[S 1].
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+ Dans les films, Alan Rickman porte une redingote bleu nuit cintrée lui arrivant aux genoux, d'un style inspiré par l'univers de Dickens et des tenues universitaires traditionnelles aux tissus épais et très foncés[71]. Alan Rickman, qui estime que le costume doit être à l'image de la « vie très maîtrisée » d'un personnage qui « vit entre des limites très étroites, aussi bien physiques qu'émotionnelles », consulte la costumière Judianna Makovsky au début de la production pour qu'elle imagine un ensemble comportant des manches très serrées et beaucoup de boutons[65],[71]. Le personnage porte également une longue cape noire traînant au sol et volant dans son dos. La traîne de la cape, visible sur certaines scènes, est allongée et divisée pour former deux petites fourches, à la manière d'une langue bifide de serpent, pour donner l'impression que le personnage se déplace en « ondulant »[71]. Alan Rickman a souhaité porter ce même costume du premier au dernier film[71].
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+
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+ Alan Rickman est doublé en versions francophones par les comédiens Claude Giraud (version française) et Daniel Picard (version québécoise)[72],[73].
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+
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+ Dans les scènes des souvenirs de Rogue, le personnage adolescent est joué par Alec Hopkins (Harry Potter et l'Ordre du Phénix) et le personnage enfant par Benedict Clarke (Harry Potter et les Reliques de la Mort).
116
+
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+ J. K. Rowling a participé au développement de la pièce de théâtre Harry Potter et l'Enfant maudit, en donnant des idées pour une huitième histoire. La pièce a été écrite par Jack Thorne en 2016 et mise en scène par John Tiffany.
118
+
119
+ Dix-neuf ans après les événements de Harry Potter et les Reliques de la Mort, le fils de Drago Malefoy, Scorpius, est propulsé dans une réalité alternative en utilisant le retourneur de temps. Dans cette réalité, Voldemort a gagné la bataille de Poudlard et Severus Rogue a survécu[74]. Pour parvenir à s'échapper, Scorpius prend contact avec le professeur, lui explique les événements et son rôle dans la première réalité, et lui demande son aide[75]. Rogue est également allié avec Hermione Granger, qui est dans cette réalité la cheffe des rebelles, recherchée par les autorités[76].
120
+
121
+ Dans cette huitième histoire, par le biais de Scorpius, Rogue a ainsi connaissance du deuxième prénom choisi par Harry Potter pour son fils (Albus Severus), et s'en montre ému et fier[74],[77].
122
+
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+ Severus Rogue est interprété sur scène par Paul Bentall (à Londres) en 2016 et 2017[78] et par Byron Jennings (à Broadway) en 2018[79].
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+
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+ Sources primaires
126
+
127
+ Sources secondaires
128
+
129
+ Sur les autres projets Wikimedia :
130
+
131
+ L'école des sorciers (1997)
132
+
133
+ La Chambre des secrets (1998)
134
+
135
+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
136
+
137
+ La Coupe de feu (2000)
138
+
139
+ L'Ordre du Phénix (2003)
140
+
141
+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
142
+
143
+ Les Reliques de la Mort (2007)
144
+
145
+ L'Enfant maudit (2016)
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+ Séville (en espagnol : Sevilla) est une ville du Sud de l’Espagne, capitale de la province de Séville et de la communauté autonome d’Andalousie[1].
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+ Quatrième ville du pays, elle accueille une population de 689 434 habitants en 2017, sur un total de 1 535 379 habitants dans son unité urbaine. Située au centre d'une riche région agricole, traversée par le fleuve Guadalquivir et connectée à un important réseau de communication, la cité est le cœur économique, politique et culturel de l’Andalousie, et constitue l’une des plus importantes villes du pays mais aussi de l'Europe du Sud.
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+ C’est également une ville au passé prestigieux, dotée d'un patrimoine artistique d’une grande richesse, ce qui en fait une des destinations touristiques les plus prisées d’Europe. Ses monuments, les nombreux artistes qui y sont nés ou y ont œuvré, son histoire glorieuse, ses fêtes traditionnelles, mais aussi son climat, contribuent à sa renommée.
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+ Située dans le Sud-Ouest de l'Espagne, Séville bénéficie d'un emplacement privilégié, largement ouvert vers l'extérieur et qui s'appuie sur deux caractéristiques géographiques majeures.
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+ D'une part, la cité est traversée par le Guadalquivir, navigable jusqu’à la capitale andalouse. Le fleuve lui offre un accès à la mer, distante de 70 km, ce qui explique sa place prépondérante dans l'histoire d'une ville qui s'est construite par et autour de lui. Voie de communication essentielle, le Guadalquivir a permis le développement d'un commerce fluvial encore actif à ce jour, et qui connut son apogée au moment de la constitution de l'Empire espagnol. À noter que depuis 1948, le Guadalquivir, dévié pour éviter les inondations, longe la ville par l'ouest. Le cours d'eau qui traverse Séville, et sur lequel se trouve le port fluvial, est une darse, appelée canal Alphonse-XIII[2].
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+
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+ D'autre part, Séville domine la vega (plaine) du Guadalquivir, la Campiña sevillana. Cette vaste étendue de plaines légèrement ondulées est exploitée depuis des siècles pour sa fertilité qui a contribué à la richesse de la ville. Cultures céréalières, maraîchères, oléicoles, ou encore élevage de bétail (toros braves notamment), n'ont cessé d'être développés sur ces terres qui continuent à faire vivre la région.
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+ Cette position enviable offre à Séville une franche ouverture vers les régions limitrophes, sur lesquelles s'étend son influence : l’Aljarafe, l'Alcor et les sierras nord et sud de la province.
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+ La ville, desservie par un réseau de communications dense, se trouve à 125 km de Cadix, 140 km de Cordoue, 219 km de Malaga, 250 km de Grenade, 541 km de Madrid et 1 046 km de Barcelone.
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+ Située dans le Sud de l'Espagne, non loin du continent africain, Séville bénéficie d'un climat très nettement méditerranéen, tout en subissant des influences continentales[3].
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+ Sa position modérément éloignée de la mer, dans la vaste plaine du Guadalquivir, lui permet de jouir d'un climat relativement doux et clément tout au long de l'année. La température moyenne annuelle s'établit à 19,2 °C (minimales :13,0 °C ; maximales :+25,4 °C). Néanmoins, Séville connaît des étés particulièrement longs et torrides, avec des températures maximales moyennes atteignant ou dépassant les 25 °C de mai à octobre. Les pics de températures sont atteints entre juin et septembre, à une période où le mercure dépasse ou atteint constamment la barre des 30 °C, voire plus avec une température minimale de 20 °C. Le maximum enregistré est de 46,6 °C[4], tandis que le minimum est de −5,5 °C[4].
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+ L’ensoleillement est l’un des plus élevés du pays, avec une durée de plus de 3 000 heures par année.
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+
25
+ Une température de 44,8 °C a été relevée le 5 septembre 2016 à la station de Sevilla San Pablo, ce qui constitue un nouveau record mensuel, l'ancien record de 42,6 °C ayant été pulvérisé de plus de 2 °C[5].
26
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27
+ Le régime pluviométrique de la capitale andalouse correspond également à celui d'un climat méditerranéen, avec 538,8 mm en moyenne par an. Néanmoins on compte 50,5 jours de pluie par an. Les précipitations se concentrent sur la période d'octobre à avril avec en décembre 7,5 jours de pluie. Les chutes de pluie sont en revanche quasiment nulles au cœur de l'été : on compte 0,2 jour de pluie en juillet et 0,5 en août.
28
+
29
+ La neige est un phénomène exceptionnel en ville. Le 10 janvier 2010, après 56 ans sans chutes de neige, elle recouvre la ville et ses alentours, mais avec moins d’intensité qu’à l’occasion précédente, le 2 février 1954[6].
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33
+ Le nom de Sevilla provient du toponyme ibère I-Spal (Isfân en carthaginois a donné l'Hispania romaine, l'Isfâniya arabe, Espana médiévale) romanisé sous la forme Hispalis, devenu ichbillia Isbaliya/Isbiliya/Ishbalyia/Isbilyia au VIIIe siècle[a].
34
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35
+ La devise de Séville est « NO 8 DO ». Le 8 représente ici un écheveau de laine, madeja en espagnol. La phrase se lit donc : no madeja do, contraction de No me ha dejado (« elle ne m’a pas laissé »). Cette formule fait référence au roi Alphonse X le Sage, lequel, chassé du pouvoir par son fils Sanche, futur Sanche IV, en 1282, se réfugie à Séville, l’une des très rares villes de sa couronne à lui être restées fidèles face à son fils rebelle. Il y meurt en 1284. Cette devise figure sur le drapeau municipal.
36
+
37
+ Le blason, quant à lui, représente le roi Ferdinand III de Castille, conquérant de la ville en 1248, entouré de saint Isidore et de son frère saint Léandre qui furent tous deux archevêques de Séville aux VIe et VIIe siècles. La devise de la cité figure au bas du blason[11].
38
+
39
+ Selon la légende, Séville est fondée par les Tartessiens autour du VIIIe siècle av. J.-C., sous le nom de Ispal ou Spal (selon les sources latines). Le premier site de peuplement stable a été localisé au bord du Guadalquivir, sur un petit promontoire, aujourd’hui connu sous le nom de Cuesta del Rosario. C’est à cet endroit que le fleuve cesse d’être navigable pour les grandes embarcations.
40
+
41
+ La ville est ensuite peuplée par les Phéniciens et les Grecs.
42
+
43
+ Séville se retrouve au cœur de la Deuxième guerre punique : les Carthaginois s'en emparent en -216. La bataille d'Ilipa permet aux Romains de la conquérir en -206.
44
+
45
+ La ville est rebaptisée Hispalis et est reconstruite. Son tempérament mouvant amène néanmoins les Romains à fonder une autre cité à proximité : Itálica, qui devient la ville résidentielle, tandis qu'Hispalis conserve ses fonctions commerciales.
46
+
47
+ Jules César la dote d'une nouvelle enceinte en -49, puis l'élève en -45 au rang de colonie romaine. Elle devient alors une cité importante, dominant toute la Bétique.
48
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49
+ Au moment des Grandes invasions, Séville est conquise successivement par les Vandales en 426, puis par les Suèves en 441.
50
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51
+ Ces derniers seront néanmoins chassés par les Wisigoths après la bataille de la rivière Órbigo en 456.
52
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53
+ Les Wisigoths sont chassés de Gaule par les Francs en 507. Commence alors une lente mais déterminante conquête de la péninsule ibérique, sur laquelle les Goths avaient commencé à prendre leurs marques au siècle précédent.
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55
+ Hispalis est rebaptisée Spali, et se retrouve au centre des conflits qui déchirent le royaume :
56
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57
+ La cité s'exprime désormais à travers la culture, dont elle devient un des plus brillants foyers d'Occident, grâce à l'action de saint Léandre et saint Isidore, les deux plus illustres archevêques de Séville, qui développent notamment la bibliothèque. Jacques Fontaine parle même d'une « renaissance isidorienne »[12].
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+ Quelques mois à peine après l'invasion des troupes musulmanes dans la péninsule ibérique en avril 711, Moussa Ibn Noçaïr parvient à conquérir Séville. La ville occupe le cœur de l'activité politique d'Al-Andalus avant que la capitale ne se fixe définitivement à Cordoue. Les premiers temps de l'Islam à Séville sont bénéfiques. La ville retrouve assez rapidement sa prospérité passée par la mise en valeur des campagnes alentour et le retour en grâce des Juifs, persécutés par les Wisigoths.
60
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61
+ L'arrivée à Cordoue d'Abd al-Rahman Ier, qui fonde l'émirat omeyyade en 756, marque le début d'une longue période de révoltes vis-à-vis du pouvoir central. Les entreprises successives de rébellion seront à chaque fois étouffées par les troupes émirales, de manière plus ou moins violente. Ces soulèvements réguliers sont néanmoins le signe de la difficulté pour le pouvoir cordouan d'imposer correctement son autorité. Le premier grand chantier entrepris, dans une cité qui se développe à un rythme soutenu, est celui de la construction de la grande mosquée, à partir de 829-830, à l'emplacement actuel de l'église du Salvador. Cette époque est également marquée par les incursions dévastatrices et répétées des Vikings, qui pénètrent jusqu'à Séville par le Guadalquivir. La première de ces incursions, en 844, est marquée par un bilan désastreux. Les autorités décident dès lors la construction de chantiers navals et la constitution d'une flotte, qui permet de repousser les tentatives d'incursion postérieures. Si Séville prospère économiquement et culturellement à la fin du IXe siècle, elle subit de plein fouet les conséquences d'une guerre ouverte opposant différents clans cherchant à accaparer le pouvoir dans la cité. Les vainqueurs de cette crise, les Banu Hadjdjadj, cherchent à se soustraire à la domination des émirs, avant de se soumettre en 902.
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+ L'arrivée sur le trône d'Abd al-Rahman III en 912 signe le retour en force de Séville dans le giron cordouan. La fermeté de l'émir, autoproclamé calife en 929, permet d'affermir le pouvoir des omeyyades dans la ville, dont les velléités rebelles sont matées, et les murailles abattues en guise de châtiment. Elle conserve toutefois un rôle non négligeable dans le dispositif militaire de l'État cordouan et continue son développement. Les premières pierres de ce qui deviendra plus tard l'actuel alcazar sont posées au Xe siècle. La chute du Califat en 1031 libère Séville de sa tutelle musulmane. Surgissent alors dans tout Al Andalus des taïfas. Celle de Séville est l'une des plus puissantes et absorbe peu à peu nombre de territoires voisins. Sous la dynastie des Abbadides, la cité connaît une période d'apogée culturelle. La cour des souverains sévillans est le lieu d'une intense activité artistique et littéraire, marquée par un raffinement dont la renommée traverse rapidement le Guadalquivir.
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+ Face au danger que représentent les troupes d'Alphonse VI de Castille après la prise de Tolède en 1085, Abbad III al-Mutamid décide de faire appel à l'émir almoravide Youssef Ibn Tachfin. Après plusieurs interventions, il envahit Al Andalus à partir de 1090. Séville tombe en 1091. L'échec des Almoravides, incapables de s'incorporer dans la population autochtone, et de plus en plus en difficulté face aux royaumes du nord de l'Espagne, entraîne le débarquement des Almohades en 1147. La construction d'une nouvelle grande mosquée est décidée par le calife Abu Yaqub Yusuf en 1172. Son minaret, la Giralda, édifiée entre 1184 et 1198, témoigne de l'architecture de l'époque. Par ailleurs, l'alcázar est réhabilité et la muraille est reconstruite et dotée de puissants éléments défensifs, dont la Torre del Oro. La décomposition progressive du pouvoir almohade commença à la suite de la Bataille de Las Navas de Tolosa en 1212. La ville finit par être conquise par Ferdinand III de Castille, lors du siège de Séville[13] après 18 mois de siège et d'offensives tant terrestres que fluviales.
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+ Après la conquête opérée par Ferdinand III de Castille (siège de Séville pendant 18 mois), les rois et le clergé catholique veulent peu à peu remodeler la ville : destruction de la mosquée, remplacée par une cathédrale (que l'on veut l'une des plus vastes de la chrétienté), construction de nouveaux palais, d'églises et de couvents. En revanche la judería change peu. Si la capitale du royaume de Castille est Burgos, la cour est en fait itinérante, et de nombreux souverains prennent plaisir à séjourner plus ou moins durablement à Séville (dont Alphonse X le Sage, Pierre Ier le Cruel). Cela stimule l'activité du bâtiment, l'artisanat d'art, la vie culturelle. Grâce à l'irrigation développée par les Arabes, les campagnes de la région sont florissantes. Comme les navires de l'époque ont un faible tirant d'eau, on peut embarquer à Séville pour les navigations océanes (Vespucci, Magellan). La cité est débordante de vie, et Isabelle la Catholique crée une Bourse du commerce en 1503. On a peut-être exagéré l'importance de Séville en lui attribuant alors 400 000 habitants, mais, même si elle n'en comporte que 200 000, c'est l'une des plus grandes villes du monde de cette époque.
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69
+ Ce qu'on entend habituellement par « Siècle d'or » s'étend du règne de Charles Quint à celui de Philippe IV. Le bilan pour Séville est contrasté. En points défavorables : l'ensablement progressif du Guadalquivir, qui entraîne un transfert à Cadix d'une bonne partie du trafic maritime, le départ des juifs et des musulmans. En points favorables : l'existence d'une université fondée en 1504, des travaux commandés par les rois, l'existence d'une brillante école de peinture, où l'on distingue trois générations : Roela et Pacheco à la première, Herrera le Vieux et Zurbaran à la deuxième, Murillo à la troisième. Vélasquez est né à Séville dans ce milieu porteur. Cette école de peinture doit beaucoup à des commandes de monastères, ce qui suggère l'existence d'une vie religieuse intense et une certaine richesse, grâce à des donations faites aux institutions religieuses et aux revenus tirés de propriétés foncières.
70
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71
+ Le déclin du XVIIIe siècle est relatif. Il semble bien que Cadix, où est transféré l'entrepôt du commerce colonial ainsi que la Casa de contratación (chambre de commerce) locale, marque beaucoup de points dans la compétition avec Séville, et l'ampleur des constructions baroques à Cadix en témoigne.
72
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73
+ Néanmoins, Séville n'est pas délaissée et elle reçoit une belle manufacture de tabac, due à l'architecte Sebastión Van der Borcht. Le tabac arrive d'Amérique, et on voit que Séville bénéficie de retombées du commerce atlantique. Cette manufacture emploie autour de 5 000 ouvrières.
74
+ La fabrique commande à Domingo Martínez huit peintures qui relatent les défilés de chars organisés dans la ville à l'occasion de la commémoration de l'avènement sur le trône de Ferdinand VI et Marie-Barbara de Portugal en 1746, dont Le Char de la remise des portraits des Rois à la Mairie, Le Char du feu et Le Char de l'annonce de la mascarade. Elles sont conservées au musée des beaux-arts de Séville[14].
75
+
76
+ Par ailleurs, le roi Charles III crée une fabrique de canons qui, pour l'époque, utilise une technologie avancée. Il y a des métiers textiles (laine, soie) et une fabrication importante de porcelaine. On est certain que la population de Séville au XVIIIe siècle était de 100 000 habitants, ce qui est beaucoup. Séville est alors une ville de sociétés savantes, de bibliothèques et de savoir encyclopédique.
77
+
78
+ Les troupes françaises prennent la ville en 1810. Durant l'occupation de Séville, entre janvier 1810 et août 1812, l'armée française met en œuvre une spoliation systématique des biens ecclésiastiques : le patrimoine artistique des églises et monastères est particulièrement visé. Des tableaux de Herrera le vieux, Zurbarán, Roelas, Pacheco, et surtout de Murillo, peintre auquel Soult s'intéresse tout particulièrement, sont enlevés de leurs lieux d'origine, et emmenés à l'Alcazar de Séville. L'église de l'hôpital de la Charité, le couvent Saint-François ou la cathédrale sont privés entièrement de leurs œuvres précieuses.
79
+
80
+ Une fois à l'Alcazar, Eusebio Herrera, un fonctionnaire collaborant avec les troupes françaises, les redirige vers d'autres lieux. Un total de 999 tableaux aurait donc été saisis par les troupes françaises : une sélection est envoyée au musée royal de Madrid, 150 d'entre eux – les plus beaux – partent directement au Louvre. Soult et d'autres officiers ou fonctionnaires français se serviront également au passage. Des œuvres de Murillo présentes dans Séville, seules celles conservées au couvent des capucins échapperont aux Français, déplacées par les moines préventivement à Cadix jusqu'à la fin de la guerre[15].
81
+
82
+ L'Exposition ibéro-américaine de 1929, longtemps repoussée, notamment à cause de la Première Guerre mondiale, marque l'entrée de Séville dans le XXe siècle.
83
+
84
+ Après la guerre civile, le régime franquiste fait installer le camp de concentration La Corchuela dans un parc périurbain au sud de la ville. Environ 1 500 prisonniers y furent exploités et soumis aux travaux forcés entre 1940 et 1943[16].
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+
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+ 1928
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+ 1932
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+ La ville accueille l'Exposition universelle de 1992, année faste pour l'Espagne puisque cette même année, Madrid est désignée capitale européenne de la culture et Barcelone accueille les Jeux olympiques d'été.
101
+
102
+ Séville abrite l'Institut de prospective technologique du Centre commun de recherche de l'Union européenne[17].
103
+
104
+ La commune de Séville est le centre d'une agglomération qui s'étend sur 146 km2, et regroupe 1 535 379 habitants, ce qui en fait la quatrième agglomération d'Espagne[18].
105
+
106
+ Selon l'Institut espagnol de la statistique (INE), la ville en elle-même comptait 700 169 habitants en 2013, la plaçant également au quatrième rang des villes espagnoles en termes de population, après Madrid, Barcelone et Valence.
107
+
108
+ Ces indications chiffrées sont révélatrices du dynamisme de la ville qui attire, en raison de facteurs divers, de nombreux Espagnols et étrangers. Centre de l'agglomération, Séville voit néanmoins se développer autour d'elle des cités dortoirs, peuplées de travailleurs qui se rendent dans la capitale pour travailler, mais résident à l'extérieur. Cette situation explique en partie les problèmes de transports importants observés depuis plusieurs années, et le développement de lignes de tramway (dont la première ligne est entrée en service le 28 octobre 2007) et de métro, dont la première relie depuis 2009 l'est à l'ouest en passant sous le Guadalquivir.
109
+
110
+ Selon le dernier recensement complet mené par l'IAE, en 2001, une part très nettement majoritaire de la population est employée dans le secteur tertiaire, stimulé notamment par l'activité touristique. 80,60 % de la population active travaille dans ce secteur. Le secteur secondaire représente encore 17,73 % des actifs ; le secteur de la construction monopolise 39,05 % des emplois du secondaire, soit 6,92 % du total de la population active sévillane. Quant aux emplois liés à l'agriculture et à la pêche, ils ne représentent plus que 1,68 % des actifs de la ville.
111
+
112
+ Séville est une ville avec un faible taux de population étrangère. En 2017, le 95,6 % de la population de Séville est d'origine espagnole[19], dont 75,3% sont nés dans ou autour de la ville[20].
113
+
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+ Les nationalités étrangères les plus courantes sont :
115
+
116
+ L'article 140 de la Constitution, la loi 7/1985 du 2 avril 1985 portant sur les bases du régime local, ainsi que le Statut d'autonomie pour l'Andalousie définissent les attributions des municipalités et du maire. Les articles 22 et 23 de la loi de 1985 précisent par ailleurs le fonctionnement des deux assemblées d'élus chargées de la gestion de la ville, le conseil municipal et le conseil de gouvernement local.
117
+
118
+ La mairie (ayuntamiento) regroupe l'ensemble des services municipaux. Elle est installée dans l'hôtel de ville, un bâtiment du XVIe siècle, située sur les places Neuve et Saint-François.
119
+
120
+ Il détient le pouvoir exécutif local et a autorité sur l’ensemble des services administratifs et financiers de la ville, qu’il est chargé de diriger. La loi de 1985 lui donne notamment compétence en matière de gestion économique et financière, emploi public, police municipale… Ces compétences sont précisées par l'article 92 du Statut d'autonomie andalou[21].
121
+
122
+ Le conseil municipal (Pleno) est composé de l’ensemble des 31 conseillers (concejales) désignés à l'issue des élections municipales. Il est présidé par le maire et dispose d'un grand nombre d'attributions. Il est chargé de l'élection du premier magistrat, et son éventuelle destitution, le contrôle de l'action municipale, l'approbation des projets et règlements municipaux, du budget. Les travaux du conseil municipal sont étudiés et préparés en commissions. Les sessions ordinaires ont lieu le troisième jeudi de chaque mois, à l’exception du mois d’août[22].
123
+
124
+ Le conseil de gouvernement local (Junta de Gobierno local) constitue un organe plus resserré. Présidé par le maire, il se compose de conseillers municipaux désignés par ce dernier, à hauteur maximale d’un tiers du total des élus municipaux. Lors de ces réunions hebdomadaires, dont les délibérations sont tenues secrètes, les membres de ce conseil politique élaborent, discutent et approuvent les projets qui seront ensuite débattus en conseil municipal : projets de règlements, budget… Ils statuent également sur l’offre d’emplois publics à la mairie[23].
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+
126
+ AP : Alianza Popular (droite) • CA : Convocatoria por Andalucía (gauche régionaliste) • IU : Izquierda Unida (gauche) • LV : Los Verdes (gauche écologiste) • PA : Partido andalucista (gauche régionaliste) • PCE : Partido Comunista español (communiste) • PDL : Partido Demócrata Liberal (centre-droit) • PL : Partido Liberal (droite) • PP : Partido Popular (droite) • PSA : Partido Socialista de Andalucía (gauche régionaliste) • PSOE : Partido Socialista Obrero Español (socialiste) • UCD : Unión de Centro Democrático (centre-droit)
127
+
128
+ Le 14 juillet 2005, le « Règlement des juntes municipales de districts » (Reglamento Orgánico de las Juntas Municipales de Distritos) a divisé Séville en onze districts[24],[25]. Chacun des districts est organisé par une junte municipale de district qui possède son délégué et ses bureaux administratifs.
129
+
130
+ Même si le règlement de 2005 a défini très précisément leurs limites, la notion de quartier est, à Séville, plus souvent historique et culturelle qu'administrative et reste donc floue. Le sentiment d'appartenance des habitants influe sensiblement sur la définition des quartiers de la ville qui sont souvent constitués autour des anciennes paroisses dans le centre historique. Leur nombre et leurs frontières évolue logiquement avec le temps et la transformation de la ville. La structure du centre historique est particulièrement difficile à cerner. On y distingue de grands ensembles ou zones (Macarena, Santa Cruz…), eux-mêmes divisées en sous-unités, sans que cela ne soit tout à fait bien établi d'un point de vue légal. On trouvera ainsi à la Macarena les quartiers de Santa Marina ou San Julián, ou encore le quartier de Santa Ana à Triana, autour des églises éponymes.
131
+
132
+ La capitale andalouse est connectée à un important réseau de communications, la reliant par voies routière, aérienne et ferroviaire à l’ensemble de l’Andalousie, de la péninsule ibérique et au reste de l’Europe. L’Expo ’92 a joué un rôle primordial dans le développement des infrastructures de transports, le président du gouvernement Felipe González, sévillan d’origine, ayant activement appuyé cette politique de désenclavement de la cité. Par ailleurs, la municipalité et le gouvernement andalou ont mis en place un réseau très dense de transports urbains par autobus. La première ligne de tramway a été inaugurée en octobre 2007 entre la plaza Nueva et le Prado de San Sebastián. De plus, la première ligne de métro est entrée en service le 2 avril 2009.
133
+
134
+ Séville dispose d'un aéroport situé à quelque 10 km du centre de la ville : l'Aéroport de Sevilla San Pablo. Totalement restructuré et agrandi à l’occasion de l'Expo '92, le terminal est désormais relié aux principaux aéroports du pays (Barcelone, Madrid, Palma, Bilbao…) et d'Europe (Paris, Londres…). Quoique placé dans l'ombre du grand aéroport international de Málaga, San Pablo a reçu, en 2017, 5 108 807 passagers, dont 46,6 % en provenance de l’étranger[27].
135
+
136
+ En prévision de l’Expo ’92, Séville s’est vu accorder la première ligne à grande vitesse espagnole (AVE), reliant la ville à Madrid, via Cordoue. La très moderne gare de Séville-Santa Justa a été bâtie afin d’accueillir les nouvelles rames de l’AVE, et fut inaugurée par le roi Juan Carlos peu avant l’Exposition. La gare est desservie quotidiennement par une trentaine de trains à grande vitesse, qui ont transporté 3 969 600 passagers en 2015[28]. Néanmoins, la configuration des lignes classiques espagnoles ne permet pas à l’heure actuelle de relier directement Séville à toutes les grandes villes espagnoles. Seules quelques agglomérations sont connectées à elle, telles Madrid, Barcelone ou Valence.
137
+
138
+ En revanche, la Renfe et le gouvernement andalou ont développé un excellent réseau régional, unissant les plus importantes localités de la province et de la communauté. D’autre part, Séville bénéficie d’un service de Cercanías (réseau de banlieue) qui la connecte régulièrement avec les communes de son aire métropolitaine.
139
+
140
+ Séville jouit d'un raccordement optimal au réseau routier (autovías, voies rapides) et autoroutier (autopistas, autoroutes payantes) national, qui relie la capitale andalouse aux principales villes du pays. Vers les villes andalouses, la ville, ceinte de rocades (SE-30, SE-40…) et de voies d'accès (A-8002…), est desservie par l'AP-4 (Séville - Cadix) et l'A-92 (Séville-Almería par Grenade), mais également par l'A-47 et l'A-49. Ces deux dernières infrastructures routières la relient au Portugal, par Rosal de la Frontera et par Huelva et Ayamonte, respectivement. Les liaisons avec le reste de l'Espagne sont assurées par l'autoroute A-66 (Gijón - Salamanque - Mérida - Séville) et l'A-4 (Séville - Cordoue - Madrid).
141
+
142
+ Le transport en autocar est bien plus utilisé en Espagne que dans d’autres pays d’Europe, comme la France[29]. Séville est dotée de deux gares routières, gare routière du Prado de San Sebastián et gare routière de Séville-Plaza de Armas), d’où sont assurées des liaisons avec toute l’Andalousie, l’Espagne, le Portugal et l’Europe.
143
+
144
+ La municipalité, la diputación et la communauté autonome ont organisé un vaste réseau de transports urbains.
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+
146
+ L'entreprise Tussam gère une cinquantaine de lignes d’autobus qui déservent la ville. Dans un souci de protection de l'environnement, la moitié des bus roulent au gaz naturel[30].
147
+
148
+ Le Consorcio de Transportes del Área Metropolitana de Sevilla (Consortium de transport de l'aglomeration de Séville) gère une centaine de lignes reliant Séville à sa banlieue[31].
149
+
150
+ Il y a deux gares routières (Plaza de Armas et Prado de San Sebastián) qui relient Séville à d'autres villes d'Espagne et de l'étranger.
151
+
152
+ En 2003, en coopération avec le Ministère des Transports, le Gouvernement andalou et la ville ont engagé les travaux de construction de la première ligne de métro sévillane. Cette initiative répond aux besoins croissants de transport dans l'agglomération, prise dans les embouteillages quotidiens. Projetée dans les années 1970, puis abandonnée peu de temps après pour des raisons techniques et financières, cette ligne a finalement vu le jour en avril 2009. Elle devrait être complétée par d'autres liaisons souterraines durant les années suivantes.
153
+
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+ Toujours dans le souci d'optimiser le système de transports, une ligne de tramway, baptisée MetroCentro a été construite sur 2,2 km à travers le centre de la ville (entre la gare de San Bernardo et la plaza Nueva). Elle a été inaugurée le 28 octobre 2007 et prolongée en avril 2011[32]. Créée pour désengorger le centre historique en interdisant la circulation sur l'Avenida de la Constitución, elle a motivé le déplacement de la principale plaque tournante du réseau de bus (auparavant à la Puerta de Jerez) plus au nord sur le parcours du tram, au Prado de San Sebastián.
155
+
156
+ C'est également par souci de désengorgement du centre que plusieurs dizaines de kilomètres de pistes cyclables ont été mis en place ces dernières années. En parallèle, la ville a installé en 2007, par l'intermédiaire de l'entreprise SEVICI de nombreux points de location de vélos, dont le nombre ne cesse d'augmenter : en 2011, 2 500 bicyclettes sont disponibles sur 250 points de location à travers la ville[33],[34].
157
+
158
+ L’activité économique de Séville ne saurait être détachée du contexte géographique et urbain de la ville. La capitale de l’Andalousie est le centre d’une vaste agglomération, dont la croissance soutenue témoigne de l’attractivité de la ville et de ses alentours, qui bénéficient en retour de l’attraction qu’exerce le chef-lieu, en voyant s’installer de nombreux habitants mais aussi de vastes zones industrielles et commerciales.
159
+
160
+ Le climat et l’art de vivre sévillans sont des facteurs d’attractivité pour une ville dotée d’un excellent réseau de communications, et jouissant d’un emplacement géographique privilégié. Séville se situe ainsi à la tête des villes andalouses dans le domaine économique[35].
161
+
162
+ Les infrastructures dont dispose la ville contribuent à la croissance d'une économie dominée par le secteur des services, mais dans laquelle l'industrie tient encore une place non négligeable.
163
+
164
+ Le développement économique de la cité et de son aire urbaine s’explique par la présence d’infrastructures fondamentales pour la circulation des biens et des personnes, mais également pour l’évolution des entreprises et de leurs activités. Leur création a accompagné la croissance de l’agglomération sévillane.
165
+
166
+ Outre le réseau de transports optimal la desservant (voir supra), Séville dispose du seul port fluvial de la péninsule ibérique, situé à 80 km de l’embouchure du Guadalquivir. Ce complexe portuaire offre un accès à l’Atlantique et à la Méditerranée, et permet des échanges de marchandises entre le sud de l'Espagne (Andalousie, Estrémadure) et l’Europe, le Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Le port a subi ces dernières années d’importants travaux de restructuration et d’agrandissement. Le tonnage annuel s’élevait à 5,3 millions de tonnes de marchandises en 2006.
167
+
168
+ Séville possède par ailleurs un Centre de transport de marchandises. Ce complexe, situé à l’est de la ville, est connecté aux réseaux ferroviaire et routiers, lesquels lui permettent un accès aux zones portuaire et aéroportuaire.
169
+
170
+ Séville s’étant tournée depuis une quinzaine d’années vers la promotion du tourisme d'affaires, elle s'est pourvue à cet effet d'un Palais des congrès. Celui-ci accueille divers foires et congrès, et s’est hissé au troisième rang espagnol en termes de fréquentation annuelle, laquelle s’élève à un million de visiteurs.
171
+
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+ Enfin, décidés à renforcer la dimension technologique et industrielle de l'activité économique de la ville, les pouvoirs publics ont procédé à l'implantation de zones industrielles et de technopôles. Non loin, Dos Hermanas accueille la plus grande zone industrielle andalouse, tandis qu’Alcalá de Guadaíra possède la plus vaste surface industrielle de la communauté. À Séville ont par ailleurs été aménagés deux technopoles de haute qualité :
173
+
174
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
175
+
176
+ La ville de Séville et son agglomération ont, de par leur situation au cœur de la plaine du Guadalquivir, maintenu une activité agricole dynamique, l’industrie agroalimentaire y est florissante. Néanmoins, la région s’est depuis longtemps tournée vers l’avenir, en investissant massivement dans les activités industrielles, favorisées par les infrastructures existantes, et, de plus en plus, vers les services et les nouvelles technologies. Séville concentrait, en 2004, 31 % des grandes entreprises andalouses et 128 des 6 000 plus grandes entreprises nationales[36]. L’agglomération comptait en 2005 une population active de 471 947 personnes, dont 329 471 (69,81 %) pour la ville centre.
177
+
178
+ À travers ses technopôles et son tissu d’entreprises innovantes, la capitale andalouse s’est hissée parmi les toutes premières villes espagnoles en termes de recherche et développement. À cela s’ajoute l’activité scientifique et technologique des universités de la ville, dont certains laboratoires et centres de recherche travaillent en étroite liaison avec le milieu socio-économique local. Ainsi, le Parque Científico Tecnológico Cartuja regroupe des acteurs privés et publics dans divers domaines de recherche.
179
+
180
+ Les principaux axes de recherche et d’innovation s’articulent autour des télécommunications, des nouvelles technologies, des biotechnologies (en relation avec les spécificités agricoles locales), de l’environnement ou encore des énergies renouvelables.
181
+
182
+ Deux universités publiques sont implantées à Séville. Ces deux établissements regroupent environ 80 000 étudiants répartis sur les différents campus dont disposent les facultés[40]. L'université de Séville (Universidad de Sevilla) — communément appelée la Hispalense —, est l'université la plus ancienne de la ville. Elle fut fondée en 1505 par une bulle du pape Jules II. Elle accueille environ 70 000 étudiants dans ses nombreuses facultés, écoles et instituts, couvrant la plupart des champs disciplinaires, depuis les lettres aux sciences de la santé en passant par les technologies ou les arts. Le siège de l'université est sis dans l'ancienne fabrique Royale de Tabac, un édifice du XVIIIe siècle, qui accueille également les facultés de lettres, et de sciences humaines. Les autres structures sont établies dans les diverses installations de l'établissement, aux quatre coins de la ville[41].
183
+
184
+ L'université Pablo de Olavide est une petite université publique fondée en 1997. Construite à l'écart du centre, elle accueille environ 8 600 étudiants, notamment dans les domaines des sciences juridiques, économiques et sociales, des humanités et des sciences du vivant. Elle entretient par ailleurs des liens très étroits avec l'Amérique latine[42].
185
+
186
+ La fondation Universidad Fernando III, parrainée par la fondation San Pablo et les Jésuites, eu pour projet de créer la première université privée d’Andalousie, l’université Fernando III. Le projet fut approuvé en mars 2007 par le Parlement d'Andalousie, mais chaque entité a finalement décidé de créer sa propre université privée.
187
+
188
+ L'université privé CEU Fundación San Pablo Andalucía fut fondé par la fondation San Pablo en 2008[43], à partir de l'expérience de son centre d’études supérieures à Madrid. Le campus est situé à Bormujos, dans l'agglomération sévillane[44]. Elle accueille environ 3000 étudiants[45].
189
+
190
+ Pour sa part, les Jésuites ont fondé l'université Loyola Andalucía en 2010, ayant son siège au campus Palmas Altas, à côté du Pont du Centenaire[46], dans un bâtiment conçu par l'architecte britannique Richard Rogers. En 2012, un autre campus a été créé à Cordoue. Elle accueille environ 2300 étudiants.
191
+
192
+ Par ailleurs, le gouvernement andalou a fondé en 1994 la Universidad Internacional de Andalucía, qui possède quatre sites répartis sur le territoire de la communauté, dont un à Séville. Cet établissement propose des formations absentes des enseignements dispensés par les universités de la région[47].
193
+
194
+ Séville est une ville de plaine, dont l'altitude moyenne s'élève à 7 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle n'a donc pas connu les difficultés urbanistiques qui caractérisent le développement des villes au relief plus accidenté. L'horizontalité de la ville est renforcée par la faible élévation générale des bâtiments, surtout dans le centre. En dépit de la présence de tours d'habitation dans les quartiers modernes, les hauts immeubles, du type gratte-ciel, sont quasiment absents, une règle implicite d'urbanisme proscrivant de dépasser en hauteur la Giralda (98 m). Cette règle orale est menacée par des projets de construction dans le quartier de Bellavista[48] et surtout par la construction de la Tour Sevilla, gratte-ciel de 178 m, qui verra le jour d'ici à fin 2015 - début 2016 dans le quartier de la Cartuja[49],[50].
195
+
196
+ L'urbanisme de cette cité vieille de plus de deux mille ans conserve les traces du passage des différents peuples qui l'ont occupée. Son extension sur les deux rives du Guadalquivir s’est faite progressivement, avec une accélération évidente à partir du XXe siècle. Parcs, larges avenues, vastes places entourent un secteur historique immense, qui conserve un habitat local à la personnalité marquée. Six ponts sont construits à Séville en 130 ans, entre 1852 et 1980, et six également entre 1988 et 1992, en seulement 5 ans.
197
+
198
+ Le centre historique constitue le cœur de la ville, c'est lui qui a le plus évolué, et qui a été le plus marqué par le passage du temps. Il se caractérise par une trame urbaine héritée de l’époque médiévale. La plupart des quartiers du centre ont conservé les rues et ruelles escarpées, et de largeur réduite pour préserver du soleil. L'habitat traditionnel y est très resserré et la présence imposante de monuments historiques de tous types et époques influence profondément la morphologie de la ville, qui s'est construite autour d'eux.
199
+
200
+ Le percement d'avenues et l'aménagement de grandes places aux XIXe et XXe siècles restructurent le centre historique et permet de mieux l'irriguer et d'en faciliter la circulation. Ces chantiers font de Séville une ville moderne, et étendent la surface de la ville, longtemps retenue dans le périmètre de l'ancienne muraille. Malgré ces campagnes de modernisation, le trafic demeure difficile, en raison de la configuration générale du centre, en rues étroites. Une autre caractéristique essentielle de l'urbanisme sévillan est l'existence de nombreux parcs et jardins, et de la présence d'orangers sur la majeure partie des voies publiques. Séville constitue donc encore une magnifique mosaïque urbaine, entourant le patrimoine historique d'un réseau de rues étroites, alternant avec des places aérées et des voies plus larges qui drainent la circulation automobile.
201
+
202
+ C'est à compter du XIXe siècle, et surtout du XXe siècle, que la ville commence réellement à déborder du périmètre de la muraille. S'établissent alors progressivement des quartiers de plus en plus nombreux et éloignés. Ce développement est marqué par l'édification du secteur du parc de María Luisa à l’occasion de l'Exposition ibéro-américaine de 1929 : jardins, pièces d’eau, grandes places, théâtre, pavillons nationaux, et nouveaux quartiers (El Porvenir, San Bernardo…) prennent dès lors leur place au sud du centre historique. La construction dès le XIXe siècle de ponts sur le Guadalquivir constitue elle aussi un formidable facteur de développement urbain : elle ouvre le centre sur la rive droite du fleuve (Triana), qui s'est considérablement étendue depuis[51]. Le désenclavement du centre n'a cependant été rendu possible qu'avec le percement d'une longue ceinture de cours entourant le centre (les Rondas), qui représente en quelque sorte une frontière symbolique entre la partie historique et la ville nouvelle.
203
+
204
+ La deuxième moitié du XXe siècle est dominée par deux projets d'aménagement urbain majeurs. Le premier d'entre eux est l'édification à partir des années 1960 de grandes cités, dont l'objet est d'absorber l'accroissement de la population (Las 3000 viviendas, Los Remedios, les Polígonos…). Le deuxième projet voit le jour avec la tenue de l'Exposition universelle de 1992, qui amène les autorités locales et nationales à engager la construction de nouvelles infrastructures de transport et de nouveaux quartiers, le réaménagement des quais, la restauration et la réhabilitation d'un grand nombre de zones et de monuments du cœur historique de la ville, sans compter la création du site propre de l'Exposition. Les quais du canal Alphonse-XIII sont depuis lors devenus une longue promenade fleurie, qui a rendu son fleuve à la ville[52].
205
+
206
+ Le Guadalquivir, au bord duquel Séville voit le jour, joue un rôle primordial dans la croissance de la ville. Le fleuve, avec son accès à l'océan Atlantique et, par le détroit de Gibraltar, à la mer Méditerranée, est pendant longtemps la principale voie commerciale de la ville. De plus, Séville, par son pont de barques[53] est pendant plusieurs siècles le seul point du sud de l'Andalousie où la traversée du fleuve est possible.
207
+
208
+ L'accroissement de la population et la nécessité de développer les communications avec l'ouest du pays (notamment avec Huelva et sa province) et avec le Portugal motivent dès 1852 la construction de ponts par-dessus le Guadalquivir.
209
+
210
+ La morphologie du fleuve change à plusieurs reprises pendant le XXe siècle, d'abord par le creusement d'un canal créant un raccourci au sud de la ville, puis par la déviation complète du fleuve quelques centaines de mètres à l'ouest de la ville, rendue nécessaire par les graves inondations touchant régulièrement la ville[2], transformant le fleuve d'origine en une darse reliée au nouveau fleuve par le sud. Ces modifications motivent bien entendu la création de nombreux nouveaux ponts.
211
+
212
+ Pour l'Exposition universelle de 1992, afin notamment d'améliorer l'image de la ville, la darse est partiellement rouverte et ses quais deviennent un lieu de promenade privilégié des Sévillans. À cette occasion, six nouveaux ponts voient le jour, dont le style architectural parfois avant-gardiste contribue à donner une image moderne à la ville.
213
+
214
+ Il existe à Séville un habitat traditionnel, semblable en de très nombreux points à celui du reste de l'Andalousie[54]. Il était la règle avant les grandes vagues d’urbanisation des années 1960 et postérieures. On retrouve encore ces constructions typiques, tantôt modestes, tantôt luxueuses dans le centre historique de la ville et les quartiers alentour.
215
+
216
+ La demeure populaire sévillane, que l'on retrouve principalement dans les quartiers tels que la Macarena ou San Vicente se caractérise par sa faible élévation. Organisée autour d'un petit patio, elle comprend rarement plus d'un ou deux étages. Les pièces sont petites et sombres. Elle est surmontée d'un toit en terrasse, appelé azotea, au plan à peine incliné, du fait de la faible pluviométrie locale. Une autre formule de logement dans le domaine de l'habitat populaire est incarnée par les corrales de vecinos. Il s'agit d'immeubles collectifs, organisés autour d'un vaste patio, sur lequel s'ouvrent plusieurs appartements. Très en vogue parmi les classes sociales les plus défavorisées aux siècles passés, les corrales tendent à disparaître de nos jours, quoiqu'il en subsiste plusieurs dizaines à travers les différents quartiers de la ville[55].
217
+
218
+ À côté de cet habitat populaire se sont multipliés les édifices cossus, plus élevés, et à l'architecture plus ostentatoire, à base de moulures, balcons à consoles ou en encorbellement (oriels)… Ces maisons sont souvent très colorées et situées dans les zones les plus opulentes de Séville, aménagées dans le centre (zone de la plaza Nueva et de l'avenue de la Constitution, plaza de San Bernardo…) aux XIXe et XXe siècles.
219
+
220
+ Comme dans toute l'Andalousie, il existe des caractéristiques communes à ces bâtisses, quel que soit leur degré de richesse. Le patio, élément fondamental, est présent dans toutes les maisons. Ses dimensions et sa décoration sont variables et généralement déterminées en fonction de la taille du bâtiment. Censé apporter l'ombre et la fraîcheur en plein été, il est un lieu de vie et de rencontres. Les patios sont toujours ornés de plantes et de fleurs, et les plus confortables d’entre eux peuvent être agrémentés d'une fontaine. La chaux est un autre élément incontournable de la maison sévillane. Qu’elle soit humble ou opulente, faite de briques ou de pierres, la demeure est régulièrement chaulée, afin d’assurer une blancheur éclatante aux façades. On remarque cependant qu'à Séville, contrairement à ce qui se passe dans le reste de l'Andalousie, les façades sont rarement unicolores. L'habitat sévillan se distingue de par sa tendance à égayer les édifices, notamment sur les encadrements — très souvent saillants — des fenêtres et des portes, et sur la partie basse des murs. Les couleurs habituellement choisies — rouge sang de taureau et ocre — sont plus vives et offrent un net contraste avec le blanc, mettant ainsi en valeur les différents éléments de la façade. Les fenêtres sont souvent de taille réduite, afin de limiter au maximum la pénétration de la chaleur dans les pièces. Elles sont ornées de grilles en fer forgé. Enfin, on ne saurait omettre les azulejos, carreaux de faïence assemblés en panneaux, placés à la base des murs. Ils reproduisent des motifs géométriques, végétaux ou historiés plus ou moins raffinés. Peints de couleurs vives, ils occupent une place de choix dans les maisons sévillanes.
221
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+ Avec l'accélération de la construction de logements depuis quelques décennies dans les nouveaux quartiers, l'habitat traditionnel de la ville a tendance à s'effacer, au profit de bâtiments fonctionnels de grande capacité d'accueil. Souvent néanmoins, les façades restent peintes de blanc, pour préserver une certaine unité urbaine. Dans le centre, les constructions nouvelles s'intègrent en règle générale au bâti déjà existant.
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+ L'histoire urbaine locale est marquée par le goût des jardins, qui se manifeste sous la forme de patios, squares et autres parcs. Cette préoccupation pour les espaces verts s'est maintenue jusqu'à aujourd'hui : nombreuses sont les zones de promenade aménagées dans la ville et ses alentours. Dans le droit chemin de la tradition andalouse, ces lieux de verdure mêlent harmonieusement l'élément végétal et l'élément aquatique, ce qui en fait des lieux de repos et de fraîcheur recherchés en période estivale.
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+ Le plus célèbre des parcs sévillans est sans doute le parc de María Luisa. Le domaine sur lequel il s'étend appartenait autrefois aux jardins du Palais de San Telmo. Il fut offert à la ville en 1893 par l'infante Louise Fernande de Bourbon, Duchesse de Montpensier, puis transformé peu à peu en un vaste parc boisé, parsemé de fontaines, étangs, pavillons, et alternant les plantations à l’anglaise avec des îlots d’inspiration hispano-mauresque. Planté d’une variété d’espèces considérables, il est peuplé par plusieurs espèces d’oiseaux, poissons et batraciens. Il fut complètement restructuré à l'occasion de l’Exposition ibéro-américaine de 1929. On y implanta alors une partie des pavillons nationaux, autour de ruelles et de places, dont les plus emblématiques sont : la Plaza de España et la Plaza de América.
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+ Les jardins de l'Alcazar forment également un des grands espaces de verdure de Séville. Aménagés à l'arrière de l'ensemble palatin, ils ont été plantés et organisés au fil des siècles. Abrités au sein des murailles du palais, ils sont disposés en terrasses, et présentent des variations d'influences, de styles, de végétation, en fonction des secteurs[56]. De l'autre côté de l'enceinte des palais, auxquels ils appartenaient jusqu'en 1911, ont été aménagés les jardins de Murillo et la promenade de Catalina de Ribera. Richement boisés et fleuris, ils ont été décorés de divers éléments architecturaux, dont un monument dédié à Christophe Colomb[57].
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+ Séville possède un patrimoine architectural d'une ampleur considérable. Elle est en cela une des plus riches cités européennes. Ses églises, palais et édifices divers en font une ville d'art de premier ordre, et une destination privilégiée des touristes.
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+ Séville est une ville éminemment imprégnée par la religion, comme en témoignent le nombre très élevé de lieux de culte. Parmi les plus célèbres :
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+ La richesse de la ville a permis aux hommes de pouvoir et aux institutions laïques et ecclésiastiques de bâtir de somptueuses demeures. Parmi les plus spectaculaires édifices civils de la ville se distinguent plusieurs palais :
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+ D'autres bâtiments civils sont dignes d'être mentionnés :
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+ Séville conserve quelques vestiges de son enceinte fortifiée :
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+ L’opulence passée de Séville a légué à celle-ci un patrimoine artistique d’une ampleur exceptionnelle. Couvents, églises, confréries, monarques et nobles ont dépensé des fortunes en constructions et en œuvres d’art. La folie artistique qui s’est emparée de Séville entre le XVIe et le XVIIIe siècle a favorisé le développement d’une école sévillane reconnue, dont l’origine remonte au bas Moyen Âge. Les mécènes ont attiré les grands maîtres gothiques et baroques de la peinture, de la sculpture et des arts décoratifs : Zurbarán, Valdés Leal, Velázquez, Murillo, Herrera el Viejo, Herrera el Mozo, Pedro Millán, Juan Martínez Montañés, Juan de Mesa, etc. Les liens étroits tissés entre l’Espagne et les mondes flamand et germanique ont stimulé les échanges culturels et la venue de maîtres de l’Europe du Nord. Les œuvres de ces artistes peuvent encore être admirées de nos jours dans les lieux de culte et les palais, mais également dans les musées de la ville.
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242
+ Il n’existe pas à Séville de grand musée d’art de stature internationale, à l'inverse de Madrid, où sont concentrées les imposantes collections de la Couronne espagnole et de l'État. Les musées de la capitale andalouse, sans que cela puisse remettre en cause leur importance, sont orientés vers la mise en valeur du patrimoine local et régional: patrimoine artistique, culturel ou ethnologique. Parmi ces musées, pour la plupart gérés par le gouvernement autonome, trois sont consacrés à l’art et à l’archéologie, et se hissent au palmarès des plus grandes galeries nationales de leurs catégories.
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+ Le plus important des musées de la ville est sans conteste le musée des Beaux-Arts de Séville, où sont tout particulièrement représentées la peinture et la sculpture. Logé dans un somptueux monastère du XVIIIe siècle, il abrite l'une des toutes premières collections de peinture d'Espagne[59]. Ses collections, qui couvrent l’histoire de l'art du Moyen Âge au XXe siècle, mettent en valeur les productions de l’école de peinture locale, dont les plus prestigieuses réalisations appartiennent à la période baroque. Les toiles de Francisco de Zurbarán et de Bartolomé Esteban Murillo en constituent les chefs-d’œuvre, aux côtés de tableaux d’autres grands maîtres espagnols (Diego Vélasquez, José de Ribera, El Greco…) et européens (Lucas Cranach, Joos van Cleve…) et les contemporains Eugenio Hermoso, Vázquez Díaz, Zuloaga[60].
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+ Dans le registre des musées d’art figurent également le Musée archéologique et le Centre andalou d’art contemporain, deux musées de premier plan au niveau national dans leurs domaines de compétences. Le premier, fondé en 1867, est installé depuis 1946 dans un pavillon de l’Exposition ibéro-américaine de 1929, sur la Plaza de América, au cœur du parc de María Luisa. Y est conservée l’une des plus importantes collections archéologiques d’Espagne, constituée de plus de 60 000 pièces provenant de chantiers de fouilles andalous, de confiscations de biens ecclésiastiques menées au XIXe siècle (les desamortizaciones) et de diverses collections publiques et privées. Les collections comprennent principalement des objets d'époques préhistorique, protohistorique, tartessienne, romaine, mais également wisigothique et musulmane : sculptures, mosaïques, céramiques, pièces d’orfèvrerie, objets du quotidien, objets votifs et mortuaires… Deux trésors de la civilisation tartessienne y sont notamment renfermés : le trésor du Carambolo et celui d’Ébora[61]. Le Centre andalou d’art contemporain (CAAC) a, quant à lui, été institué en 1990 par le gouvernement régional. Implanté depuis 1997 dans l’ancien monastère de la Cartuja, à proximité du site de l'Expo 92, il se consacre à la recherche, à la promotion, à la diffusion et à la conservation dans le domaine de la création artistique contemporaine. En plus d’une importante collection permanente, le CAAC organise régulièrement des expositions temporaires[62].
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+ Enfin, il existe à Séville un ensemble de musées plus modestes, dont la vocation est de mettre en valeur certains aspects de la culture et de l’histoire locales. Ainsi, l’ethnologie et la culture populaire andalouse bénéficient d’une vitrine au sein du musée des Arts et Cultures populaires, installé dans le pavillon mudéjar, face au Musée archéologique. Voué à la conservation et à l’exposition de la mémoire populaire régionale, il offre aux visiteurs un vaste ensemble d’objets représentatifs de la société, du mode de vie et du quotidien andalous : habillement, mobilier, outillage agricole, photos et gravures anciennes[63]… Deux aspects incontournables du patrimoine culturel sévillan font l’objet d’une promotion muséographique : la tauromachie, à laquelle est consacré le Musée taurin situé aux arènes de la Maestranza, et le flamenco, à l’honneur dans un musée qui lui est entièrement consacré. Le Musée naval, qui occupe la Tour de l'or, traite quant à lui de la navigation, une des activités centrales de l’histoire de Séville. D’autres musées et salles d’exposition complètent le panorama culturel local, à l’image du musée des Carrosses et du Musée militaire.
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+ Séville, fréquentée jadis par des dramaturges de l’importance de Tirso de Molina, Cervantes et Lope de Vega, est depuis longtemps une ville de théâtre. Elle s’est également tournée plus récemment vers l’opéra. Propriété de la ville, le théâtre Lope de Vega, baptisé du nom de l’illustre dramaturge du Siècle d’or, occupe le Pavillon de Séville, conçu à l’occasion de l'Exposition ibéro-américaine de 1929 pour abriter un théâtre et un casino. Les représentations théâtrales d’œuvres du répertoire classique espagnol et européen composent l’essentiel des représentations, mais la salle accueille également des projections cinématographiques dans le cadre du festival du cinéma européen, ainsi que des concerts de musique et des spectacles de danse[64]. Le Théâtre de la Maestranza fut pour sa part créé à l'occasion de l'Expo 92 et inauguré par la reine Sophie en 1991. Il figure désormais dans le peloton de tête des opéras espagnols. La programmation, de 180 spectacles annuels, fait alterner des représentations d'opéra, de théâtre, de danse et de musique classique[65].
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+ La création contemporaine n’est pas absente de cette ville très ancrée dans la tradition. En témoigne l’existence du Teatro central, où se produisent divers auteurs et compagnies de théâtre, danse, musique au répertoire essentiellement contemporain et actuel, en collaboration avec des institutions culturelles locales (Centre de théâtre andalou, Ballet flamenco d’Andalousie, etc.) et d’autres théâtres. Ces caractéristiques en font une des principales scènes expérimentales d’Espagne, et un outil pour la diffusion et la promotion de la création contemporaine dans le domaine des arts de la scène[66]. Aux côtés du Théâtre central existent plusieurs salles plus modestes, où se donnent des représentations de tous types.
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+ Il est à noter d’autre part que la présence d’une importante population juvénile et estudiantine a entraîné depuis longtemps l’émergence de salles de concerts de musique actuelle (rock, hip-hop, musique électronique…), officielles ou plus alternatives, tendance sans doute provoquée ou accentuée par le phénomène de la movida. Séville demeure toutefois moins dynamique que sa voisine Grenade, qui propose une offre plus étoffée[67]. Enfin, Séville est le berceau de plusieurs interprètes musicaux de styles divers : La Mala Rodríguez et Dogma Crew (hip hop), Triana et Smash (rock progressif), Narco (rap et metal), Parachokes (rock), Reincidentes (punk rock)[68].
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+ Séville est une ville de fêtes, profanes et sacrées. Marquée par une intense religiosité, elle célèbre tout au long de l'année divers saints patrons locaux. La plus célèbre et la plus importante festivité chrétienne est la fameuse Semaine sainte, qui forme avec la non moins renommée Feria de Abril, le cycle des Fiestas Primaverales, les Fêtes de Printemps, les plus populaires et fréquentées. C’est à cette période de l'année que les réjouissances battent leur plein[71].
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+ La Semana Santa de Séville est la plus fameuse d'Espagne. Elle attire des centaines de milliers de croyants et de non-croyants (600 000 selon des estimations de 1999[72]) qui viennent admirer les processions des 57 confréries de la ville. La Semaine sainte a lieu du dimanche des Rameaux (Domingo de Ramos) au dimanche de Pâques (Domingo de Resurrección), et atteint son paroxysme lors de la Madrugá, dans la nuit du jeudi au vendredi saint, quand sortent les congrégations les plus emblématiques de Séville. Elle donne lieu à une grande animation dans la ville, dont les hôtels, bars et restaurants ne désemplissent pas.
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+ La Romería del Rocío constitue le deuxième grand rendez-vous du calendrier festif religieux local. Cinq confréries sévillanes participent à ce grand pèlerinage qui conduit vers la basilique du Rocío, à Almonte dans la province de Huelva, des centaines de milliers de fidèles de toute l’Andalousie venus à pied, à cheval ou en calèche vénérer l'image de la Vierge qui est sortie de l’église les dimanche et lundi de Pentecôte. Les confréries sévillanes partent pour Huelva le mercredi précédant la manifestation, pour rejoindre sur les routes et chemins leurs coreligionnaires.
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+ Le saint patron de la ville est célébré à l'occasion du Día de San Fernando le 30 mai. Les sévillans fêtent saint Ferdinand III de Castille, le souverain qui reprit la ville aux musulmans en 1248. Son corps est exposé à la population dans la chapelle royale de la cathédrale, où il repose. Une messe est célébrée en son honneur ; elle est suivie d’une procession menée par la corporation des ingénieurs de la ville, dont saint Ferdinand est le patron. Une fête similaire a lieu à la saint Clément, le 23 novembre, jour anniversaire de la conquête de Séville. À cette occasion, le conseil municipal, précédé par le maire qui porte l’épée du saint, effectue une procession, cette fois à l’intérieur de la cathédrale[73].
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+ Le Día del Corpus représente un autre moment fort de la vie liturgique. La Fête-Dieu est célébrée depuis le Moyen Âge avec une grande ferveur. Après la messe célébrée en la cathédrale, un long cortège mettant à l'honneur le Saint-Sacrement prend possession des rues de la ville, recouvertes de thym et de romarin, au son des cloches de la Giralda et d’orchestres. Toutes les autorités civiles, militaires et religieuses de la capitale andalouse y prennent part : archevêché, mairie, université, police, armée, confréries, chapitre cathédral. Une course de taureaux est organisée à l’occasion.
265
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+ La Virgen de los Reyes est célébrée le 15 août. Cette fête est organisée en l'honneur de la Vierge des Rois, patronne de Séville et de son archidiocèse depuis 1946. Sa statue, qui aurait été commandée par Ferdinand III après un rêve, trône au centre de la chapelle royale. Cette même statue aurait accompagné le saint lors de son entrée triomphale dans Séville. Toujours est-il que la sainte effigie est emmenée en procession le matin du quinze août, accompagnée par les autorités religieuses et le conseil municipal[74].
267
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268
+ La Inmaculada Concepción (Immaculée Conception) est fêtée dans toute l'Espagne, le 8 décembre, en l'honneur de la conception de la Vierge-Marie exempte de la tache du péché originel. À Séville, cette tradition est vécue avec une ferveur particulière. Outre les messes, la manifestation la plus populaire a lieu sur la Plaza del Triunfo où se regroupent les tunas de la ville pour entamer des chants en honneur de Marie de Nazareth[75]. Il convient également de signaler l'existence de Los Seises, un groupe de dix enfants (à l'origine six, d'où leur nom) âgés entre 9 et 12 ans, dont l'existence remonte au milieu du XVe siècle. Ils forment un petit groupe de danse et de chant très apprécié, chargé d’accompagner la procession du Corpus Christi et de la Inmaculada.
269
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270
+ La Feria de Abril est la grande fête populaire de Séville, organisée depuis 1847. Des dizaines de milliers d'autochtones et de visiteurs évoluent sur le Real de la Feria, vaste esplanade décorée et illuminée. Y sont regroupées des centaines de casetas : des baraques colorées, où l’on boit, mange et danse jusqu’à épuisement, au rythme de la sévillane. La journée, le Real est le théâtre d’un défilé équestre informel, et des corridas sont données chaque soir.
271
+
272
+ La Velá de Santiago y Santa Ana remonte vraisemblablement, quant à elle, au XIIIe siècle. Ces festivités ont lieu annuellement autour du 25 juillet. Elles mêlent le profane au religieux. Aux célébrations liturgiques s'ajoute en effet la fête populaire, qui s’installe au bord de la darse du Guadalquivir, dans la calle Betis, à Triana. Des casetas sont montées à cet emplacement, pour permettre à tous de s’abreuver et de se restaurer. Diverses réjouissances sont organisées durant ces quelques jours.
273
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274
+ Séville est un des hauts lieux de la tauromachie espagnole. Berceau de nombreux toreros et capitale d’une des plus fameuses régions d’élevage de toros bravos, elle est un des plus éminents foyers de l’afición en Espagne. Se produire à la Maestranza est le rêve de tout matador, et les triomphes en ces lieux sont gages d’un avenir prometteur.
275
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276
+ Les arènes de Séville, les plus anciennes d’Espagne après celles de Ronda, sont classées en première catégorie[76]. Construites à partir du XVIIIe siècle, elles sont la propriété de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla, une corporation nobiliaire, composée de descendants de la noblesse andalouse, et fondée par Charles II, en 1670, à partir d’anciennes confréries chevaleresques médiévales. Son rôle était de former à la cavalerie de guerre les officiers de l’armée espagnole, et d’habiliter ces derniers à intégrer les rangs. Ses activités originelles sont clairement liées à l’équitation.
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278
+ Elle se consacre aujourd’hui à diverses actions de bienfaisance, de mécénat artistique et culturel, ainsi qu’à la promotion de la pratique équestre et de la tauromachie. En ce sens, elle soutient l’école de tauromachie de la ville. Elle est placée sous le haut patronage du roi, Hermano Mayor, depuis le règne de Philippe V, qui lui accorda plusieurs privilèges[77].
279
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280
+ La Real Maestranza délègue l’organisation des spectacles taurins à un prestataire privé, l’Empresa Pagés, tenue par la famille Canorea. Totalisant environ 35 spectacles annuels (ce qui fait de la Maestranza les deuxièmes arènes d'Espagne, après Madrid), la saison taurine se déroule selon un calendrier traditionnel, dont le commencement est marqué par la corrida du dimanche de Pâques (Domingo de Resurrección), la plus prestigieuse de l’année. Une à deux semaines plus tard se tient la Feria de Abril, constituée d’une série d’une vingtaine de spectacles taurins sur deux semaines. La deuxième partie du cycle coïncide avec la semaine de Farolillos, la Feria de Abril à proprement parler. Une fois la feria achevée, l'activité des arènes perd en intensité. Un cycle de novilladas dominicales a lieu en mai et juin, puis deux courses de taureaux se tiennent à des dates importantes du calendrier liturgique de la ville, pour le Corpus Christi (Fête Dieu), et au 15 août, en honneur de la Virgen de los Reyes. Plus tard, le dernier week-end de septembre a lieu la Feria de San Miguel, qui compte de deux à trois corridas selon les années. Enfin, la corrida de la Virgen del Pilar, le 12 octobre, vient clore la saison.
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+ La tradition tauromachique est très ancienne à Séville, et surtout très bien implantée. La ville et ses alentours ont vu naître de nombreux toreros, qui ont contribué au rayonnement taurin de la cité. Plusieurs peñas (clubs) taurins rassemblent les aficionados sévillans, tandis que la ville regorge de références à la tauromachie (rues baptisées de noms de toreros, statues…).
283
+
284
+ Les arènes, d'une capacité de 12 500 places, accueillent un public métissé, de connaisseurs, connus pour leur tendance toreriste. Célèbres pour les silences méprisants qu'elles préfèrent aux huées, ces arènes sont également réputées pour leur propension à se livrer entièrement aux matadors qui l’honorent d’une grande faena. La récompense suprême est octroyée aux toreros ayant coupé un minimum de trois trophées : le triomphateur sort alors par l’illustre Puerta del Príncipe, qui lui assure honneur et renommée.
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+ Le bar est un lieu incontournable de la vie sociale sévillane. Les débits de boissons sont légion, tant dans le centre, que dans les quartiers périphériques. Ils sont un point de rencontre entre les habitants d'une rue, les habitués, les employés du secteur et les gens de passage. Une grande majorité de sévillans se rend dans les cafés aux heures du déjeuner, de l'apéritif (deux coutumes qui ont conservé toute leur vigueur), des repas, ou aux moments des pauses au travail. Les établissements sont souvent bondés à midi et, surtout dans la partie historique, le soir, en période de week-end essentiellement.
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+ La tradition du tapeo est très largement répandue dans toute l'Espagne. Toutefois, Séville est réputée pour l’intensité de cette pratique, qui consiste à naviguer de bar en bar, en famille, entre amis, ou entre collègues, afin de partager un rafraîchissement et quelques tapas. Le vin et la bière y sont les breuvages de loin les plus consommés, vendus à un prix modique. Le tout est communément accompagné de tapas, ou de simples cacahuètes, pistaches, pipas, altramuces (lupins) ou olives. Cette coutume du bar appartient au rituel que tous les autochtones accomplissent à une fréquence plus ou moins élevée. Le dîner au restaurant ne répond pas à un usage aussi répandu qu'en France, ou que dans le nord du pays. Les tabernas (tavernes), cervecerías (brasseries), et autres bars concentrent les foules jusqu’à tard le soir. Parmi les zones les plus courues peuvent être citées la Plaza del Salvador, la Calle Adriano (plus généralement les alentours des arènes), le quartier de Santa Cruz (notamment la calle Mateos Gago), le quartier de l’église Santa Catalina ou encore Triana.
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+ Plus tard dans la soirée, certaines rues et places reçoivent les amateurs de fête, qui se rassemblent dans les bars de nuit et discothèques. Le quartier de Triana, et notamment la Calle Betis, au bord de la darse du Guadalquivir, est certainement l'un des plus fréquentés, pour ses bars de nuit ou ses tablaos. Les noctambules amateurs de bars s'agglutinent également sur la plaza de la Alfalfa et ses alentours. Le quartier de l'Arenal attire les férus des boîtes de nuit, lesquels se retrouvent en été aux abords du parc de María Luisa, où abondent les discothèques en plein air. Enfin, la jeunesse plus portée par la musique et l'ambiance alternatives tend à se concentrer le long d'une promenade, la Alameda de Hércules.
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+ Une autre pratique nocturne reste très prisée des jeunes sévillans : la botellona. Cette tradition bien implantée parmi les jeunes dont les moyens ne leur permettent pas de consommer dans les débits de boissons, consiste à acheter au supermarché des bouteilles d'alcool, pour les consommer ensuite en pleine rue, lors d'un botellón, regroupement spontané et improvisé, pouvant réunir au même endroit de quelques individus à plusieurs centaines de personnes. Le gouvernement andalou, à l'instar d’autres communautés autonomes, a toutefois décidé en 2006 de réglementer la tenue des botellones, pour limiter la gêne occasionnée au voisinage, et lutter contre l'alcoolisme[78]. Les municipalités sont depuis lors autorisées à prohiber la tenue de botellones sur la voie publique, et à mettre en place des enceintes à ciel ouvert spécialement affectés à cet usage : les botellódromes, qui connaissent désormais une affluence imposante[79].
293
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294
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
295
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+ La gastronomie populaire sévillane est fortement influencée par la cuisine méditerranéenne, à base de poissons, d’huile d’olive, de nombreux fruits et légumes. Elle accorde également une large place aux produits régionaux des provinces voisines : charcuteries, viande de porc, de taureau… Elle se distingue par la simplicité des mets que l’on préfère généralement cuisinés nature, grillés ou sautés : les plats élaborés ou en sauce, si prisés des basques ou des navarrais, pour lesquels la cuisine est une institution, connaissent un écho plus limité.
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+ Au premier rang de la gastronomie sévillane figurent les productions régionales, qui rentrent souvent dans la composition des tapas :
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+ Parmi les mets les plus fréquents se retrouvent :
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+ Les pâtisseries, généralement issues de la tradition orientale, sont fort prisées à Séville. Les plus fameuses trouvent leurs origines dans les très nombreux couvents de la ville, dont certains continuent à les produire et à les commercialiser :
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+ La confiture d'écorces d'oranges amères est également très prisée. Une autre spécialité très appréciée au petit déjeuner est la tostaíta, simple pain grillé, frotté à l’ail puis arrosé d’huile d’olive. On lui ajoute ensuite, selon les goûts, divers ingrédients : jambon, tomate…
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306
+ Les principales personnalités écrivant des poèmes en Al-Andalus comprennent des rois, visires, princes, califes et gouvernants de tout type; des docteurs,et autres connus simplement comme des poètes ou érudits[80].
307
+ Ce sont entre autres Wallada, Ibn Saïd, l'abadí Al Mutamid ibn Abbad de Séville, Ibn Ammar de Taïfa de Séville; Abd al-Rahman V de Cordoue; Ibn Abd Rabbih, Ibn Zeydoun, al Ramadi ou Ibn Hazm de Cordoue.
308
+
309
+ La ville de Séville possède de très nombreux équipements sportifs construits durant les dernières décennies. Outre les installations de proximité, destinées à l'usage de la population, Séville possède trois stades de grande capacité, où évoluent les équipes locales, et sont organisés des évènements sportifs ou culturels nationaux et internationaux. Le stade Benito Villamarín, inauguré en 1997 et inachevé (il reste 1/4 pour le finir), accueille les matchs de l'équipe de football du Real Betis Balompié. Actuellement, il dispose de 55 000 places. Le stade Ramón-Sánchez-Pizjuán date de 1958. Il est utilisé par l'équipe du Séville FC et compte 45 500 places. Enfin, en 1999 fut inauguré le Stade olympique de la Cartuja, un équipement omnisports de 72 000 places, qui accueille divers évènements sportifs et culturels.
310
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311
+ À la suite de l'Exposition universelle de 1992, et la déprime qui s'est alors emparée de la ville, la municipalité a, entre autres mesures de relance de l'économie locale, lancé un plan de promotion et de développement de la dimension sportive de la ville, intitulé Sevilla, la ciudad del deporte (Séville, la ville du sport).
312
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+ La ville a alors présenté sa candidature à l'organisation des Jeux olympiques de 2004, sans succès, la taille modeste de la cité et la récente tenue des Jeux olympiques à Barcelone en 1992 l'ayant disqualifiée dès le départ. Le même scénario s'est reproduit pour les Jeux olympiques de 2008.
314
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315
+ Néanmoins, en 1995 est engagé le projet de construction du stade olympique de La Cartuja, qui voit le jour en 1999, avec une inauguration par le roi d'Espagne. Ce nouvel équipement avait pour objectif de promouvoir l'image sportive de la ville et de permettre l'organisation de grands événements sportifs d'envergure internationale. Depuis 1999 ont eu lieu en ces lieux les championnats du monde d'athlétisme 1999, la finale de la Copa del Rey (en 1999 et 2001), la finale de la coupe de l'UEFA (en 2003), le championnat du monde de supercross (en 2003), la finale de la Coupe Davis (en 2004 et en 2011) ainsi que divers matchs de la sélection de football espagnole.
316
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317
+ Par ailleurs, la ville a accueilli les événements suivants : les championnats d'Europe de natation en 1997, le mondial de gymnastique rythmique en 1998, la coupe du monde d'aviron et de canoë-kayak en 2001, les championnats du monde d'aviron en 2002, la Coupe du monde de golf 2004 et des matchs de la phase préliminaire du championnat du monde de handball masculin 2013[81].
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+
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+ Plusieurs équipes sportives sévillanes évoluent dans les compétitions nationales, les plus célèbres d'entre elles étant les équipes de football locales, le Séville FC & le Real Betis Balompié, deux clubs rivaux dont les rencontres déchaînent les passions.
320
+
321
+ Séville s'illustre dans d'autres disciplines avec des équipes telles que le C.D. Universidad de Sevilla (hockey en salle), le club de rugby Universidad de Sevilla (rugby à XV), El Monte Ciencias CR (rugby à XV), ou encore le Club Baloncesto Sevilla "Cajasol" (basket-ball).
322
+
323
+ Pacte d'Amitié et de Coopération signé avec Rome (Rome n'est jumelée qu'avec Paris, et ce, réciproquement)
fr/537.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,165 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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3
+ La banane est le fruit ou la baie dérivant de l’inflorescence du bananier. Les bananes sont des fruits très généralement stériles issus de variétés domestiquées. Seuls les fruits des bananiers sauvages et de quelques cultivars domestiques contiennent des graines. Les bananes sont généralement jaunes avec des taches brunâtres lorsqu'elles sont mûres et vertes quand elles ne le sont pas.
4
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5
+ Les bananes constituent un élément essentiel du régime alimentaire dans certaines régions[Lesquelles ?], comme en Ouganda, qui offrirait une cinquantaine de variétés de ce fruit[3].
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7
+ Le mot « banane » est dérivé du portugais, lui-même emprunté au bantou de Guinée, dans l’expression en portugais rapportée en 1602 « Figueira Banana » (« figuier portant bananes »)[4]. Elle est appelée « figue », en créole, à La Réunion et aux Antilles.
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+ Les formes sauvages Musa acuminata et Musa balbisiana qui donnent les bananes actuelles se rencontrent encore aujourd’hui dans une grande partie du Sud-Est asiatique, de l’Inde à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. On retrouve dans ces régions des bananiers sauvages riches en graines et pauvres en pulpe dans les milieux ouverts (clairières, lisières des forêts)[5].
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+ Le centre de domestication primaire semble être les hautes terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée, il y a 6 950 à 6 440 ans avec M. Acuminata. Des traces de production bananière pour une consommation humaine datant d'environ de cette époque[6] en Nouvelle-Guinée. Leur diffusion s'est rapidement étendue dans une zone qui va de l'Inde au sud de la Chine via la Birmanie, de Taïwan jusqu'au nord de l'Australie et la Polynésie via les Philippines, l'Indonésie et la Nouvelle-Guinée. Des preuves archéologiques de la culture du bananier se trouvent en Malaisie en 3 000 avant notre ère, au Pakistan en 2 500 avant notre ère, dans le centre de l’Inde 600 ans avant notre ère et au Laos 500 ans avant notre ère. La diffusion en Afrique des plantains AAB daterait de 4 500 ans avant notre ère en Ouganda et de 2 750 à 2 300 au Cameroun. À l'Île de Pâques son introduction daterait de 1 200 de notre ère. La première apparition au Moyen-Orient date de 300 de notre ère.
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+ Une hypothèse récente est que la domestication des bananiers Eumusa s'est produite, il y a environ 10 000 ans, dans les hautes terres de Nouvelle-Guinée. La variété Musa acuminata banksii, à l’origine de la plupart de celles qui sont cultivées aujourd’hui, y serait née et se serait ensuite répandue en Asie du Sud-Est où elle se serait hybridée avec les variétés locales[7].
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+ Un centre secondaire de biodiversité se trouve en Afrique de l'est avec le groupe des bananiers triploïdes des hautes-terres de l'est africain dit Groupe Mutika/Lujugira (AAA-EA).
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+ Une légende indienne rapporte que la banane Musa ×paradisiaca était originaire de l'île de Ceylan, paradis terrestre duquel furent chassés Adam et Ève, leurs corps couverts de feuilles de bananier. Linné a d'ailleurs donné le nom de Musa paradisiaca au « Bananier du Paradis » (banane plantain) et celui de Musa sapientum au « Bananier des sages » (banane dessert), nommé aussi « figuier du Paradis » ou « figuier d'Adam ». Cette légende est en fait issue d'une tradition syrienne qui fait de la banane un fruit du paradis d'autant plus symbolique que lorsqu'elle est coupée, les fibres de sa tranche semblent dessiner une croix[8]. Marco Polo aurait nommé ce fruit « pomme du Paradis »[9].
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+ « On retrouve la trace de la banane pour la première fois dans un texte bouddhiste datant de 600 ans avant Jésus-Christ. Selon certains auteurs, Alexandre le Grand l'aurait découverte lors d'une expédition dans la vallée de l'Indus, en 327 avant Jésus-Christ. Pour d'autres, le bénéfice revient à Marco Polo, lors de son voyage en Chine. »[10]
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+ Le bananier a été introduit en Afrique de l’Est, en Chine, en Mélanésie, dans le Pacifique Sud à partir du commencement de l’ère chrétienne. Sa culture commence à Madagascar vers 500 de notre ère. Il fut importé en Méditerranée (Afrique du nord et Espagne) par les Arabes à partir de 650. Début XVIe siècle les Portugais l’implantent dans les Canaries et de là en 1516 le frère Tomas de Berlanga prélève des rejets dans le cloître des franciscains près de Las Palmas et les transporte à Hispaniola.
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+ À la fin du XIXe siècle la culture du bananier devint un enjeu économique important influant même des choix politiques internationaux.
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+ 1870 voit les premières importations de bananes (variété Gros Michel) aux États-Unis depuis l’Amérique centrale, notamment la Jamaïque. La rentabilité du marché amène des entrepreneurs américains à investir dans le marché et à ouvrir des plantations industrielles de bananiers. Dès 1871, Minor Cooper Keith fait établir une liaison par chemin de fer avec le Costa Rica et y implante les premières plantations à grande échelle. En 1899, il créa la United Fruit Company qui devint une puissance néocoloniale au pouvoir politique énorme pendant 70 ans. En 1911, un soulèvement populaire contre le gouvernement du Honduras voit l'intervention de l'armée des États-Unis. La raison officielle invoquée pour cette intervention est la protection des « travailleurs américains » de la United Fruit Company, qui a fait de ce pays son principal fournisseur de bananes. Entre 1930 et 1940, la United Fruit Company inclut la Colombie et l’Équateur dans ses exportateurs. Des coups d’État, dont celui au Guatemala en 1954, sont télécommandés par les États-Unis pour défendre les intérêts de la compagnie.
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27
+ Cette puissance économique combinée à la menace militaire américaine transforme les fragiles États d'Amérique centrale en « républiques bananières » (l'expression vient de là), dont l'indépendance n'est plus qu'un simulacre. Cette hégémonie américaine a par ailleurs suscité la naissance du syndicalisme d'Amérique du Sud et l'engagement des premiers groupes tiers-mondistes[11].
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+
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+ Les exportations (essentiellement la variété « Gros Michel »[12]) au début du XXe siècle sont assurées par les navires à vapeur produisant du froid dans les cales. Le mode de transport par navire reefer s'impose dans les années 1950 alors que la demande des marchés développés s'accroît au nord.
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+
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+ L'année 1974 est marquée par les « guerres de la banane ». L'Union des pays exportateurs de bananes (en) veut prendre le contrôle du commerce bananier mais doit céder face aux grandes compagnies qui conservent leur position oligopolistique[13].
32
+
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+ Les années 1970 à 1990 voient les armateurs accumuler d'importantes capacités de transport en ligne pour s'adapter au mieux à la massification et à la conteneurisation des exportations bananières en défiant la concurrence. Le mode de transport bascule dans les années 1990 du navire reefer vers le conteneur à 55 %.
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+
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+ Le commerce international de la banane a triplé entre les années 1970 et 2010 et est caractérisé par une forte concentration de ses acteurs : en 2010, cinq pays (l'Équateur, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala et les Philippines) représentent 83 % des exportations alors que le commerce mondial est dominé par cinq grands groupes (Chiquita Brands International, Dole Fruit Company, Del Monte Foods, Fyffes et Grupo Noboa [Bonita]).
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+
37
+ Les gaines foliaires forment un pseudo-tronc, au centre duquel émerge l'inflorescence qui est un épi complexe constitué d'un pédoncule sur lequel les fleurs sont arrangées en grappes nodales, chaque grappe étant protégée par une feuille modifiée (large bractée florale généralement richement colorée, appelée spathe) qui se détache éventuellement, le tout formant une « main » (ou « patte ») de bananes. Le nombre de fleurs par nœud varie de 5 à 15 et le nombre de nœuds par inflorescence peut varier entre 5 et 20. Chaque fleur, trimère et zygomorphe, est composée d'un périanthe de 5 tépales jaunâtres dont 5 sons soudés et 1 libre ; de l'androcée constitué de 5 ou 6 étamines (chez les fleurs femelles, ces étamines sont réduites à des staminodes) ; du pistil formé de 3 carpelles et d'un ovaire infère (chez les fleurs mâles, ce pistil est petit et parfois transformé en nectaires)[14].
38
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39
+ La banane est une baie allongée légèrement incurvée, souvent regroupée sur le bananier en grappes nommées « régimes » dont il est facile de la détacher. Le fruit est constitué d'une « peau » (épicarpe[15] jaune, vert ou rouge, selon les espèces et le niveau de maturité, recouvrant une zone sous-épidermique chlorophyllienne) et d'une pulpe (mésocarpe à grosses cellules ovoïdes amylifères, donnant à la chair un goût sucré et une consistance généralement fondante, et endocarpe entourant les ovules avortés). Les cavités carpellaires médianes comportent les ovules et leurs placentas, ainsi que des poils microscopiques mous amylacés[16].
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+ La cueillette de banane est fait 6 à 7 mois après la plantation.
42
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+ La banane sauvage est une baie polycarpique, c'est-à-dire contenant de nombreux pépins anguleux durs. Les variétés commerciales sont souvent triploïdes stériles produisant ainsi des baies parthénocarpiques formées sans fécondation ne contenant donc pas de graines (si on fend cette « banane domestique » dans le sens de la longueur, on observe une série longitudinale de petits points noirs qui sont des ovules non fécondés). L’arôme principal de banane est l’acétate d’isoamyle.
44
+
45
+ La chair du fruit est généralement blanc crème. Les bananes mûres sont riches en sucres. Elles sont très nourrissantes (90 kcal/100 g) et très digestes en raison de leur faible teneur en graisses.
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+ Fruit climactérique, les bananes sont cueillies vertes dans les plantations, aussi appelées bananeraies. Moins fragiles que les bananes mûres, elles supportent mieux le transport. Elles sont immédiatement acheminées vers les centres de distribution (marchés d’exportation), où le processus de maturation est parfois activé en ajoutant aux fruits de l’éthylène qui est fabriqué par la plante elle-même en conditions naturelles[17].
48
+
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+ Le mot « banane » ou « fausse banane » désigne également les fruits des plantes du genre Ensete.
50
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+ L'ouverture de la banane est beaucoup plus facile si on la pince par le bas. En effet près de la tige elle est beaucoup plus solidement attachée. Ainsi la banane ne tombe pas au moindre coup de vent.
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+ La banane est une bonne source de potassium, bien que moins riche que ce qui est habituellement cru (86e meilleure source[18]).
54
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+ Bien que le bananier puisse atteindre une taille relativement grande (9 mètres), ce n’est pas un arbre. En effet, il ne forme pas un tronc ligneux. Le pseudo-tronc est en réalité formé par les pétioles des feuilles. Ceux-ci se recouvrent partiellement et constituent une structure portante, un « faux tronc ». Les pétioles portent à leur extrémité un grand limbe allongé avec au centre une nervure médiane. Les feuilles peuvent atteindre 4 m de long et 1 m de large. La tige du bananier est très courte et entièrement souterraine. Elle apparaît sur un rhizome, qui produit régulièrement de nouvelles tiges. Le rhizome porte une masse importante de racines longues et fines, situées juste sous la surface du sol.
56
+
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+ La floraison se produit au bout de sept mois et les fruits sont mûrs quatre mois plus tard. Après la floraison, la tige ayant porté l'inflorescence se dessèche mais en même temps, la tige souterraine forme des rejets latéraux. Ce sont ceux-ci qui donneront de nouvelles tiges capables de fleurir.
58
+
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+ Après environ un an et demi, le bananier est capable de fleurir. La tige souterraine forme alors une inflorescence qui se développe au travers du « faux-tronc » creux pour apparaître au centre des feuilles. Au début, l’inflorescence est dressée mais, sous l’effet du poids, elle va rapidement devenir pendante. Les fleurs qui apparaissent à l’extrémité de l’inflorescence (donc en dessous) sont mâles, celles situées plus vers le début de l’axe (donc au-dessus) sont femelles. Ces dernières vont donner naissance aux bananes. Entre les fleurs mâles et les femelles, il peut encore y avoir des fleurs stériles. Sur l’axe de l’inflorescence, les fleurs sont implantées en plusieurs rangées doubles transversales. Chaque rangée double est protégée par une bractée pourpre. Chaque jour, une bractée va s’enrouler et tomber, libérant ainsi les fleurs qui pourront être pollinisées. Les fleurs fécondées donneront naissance aux fruits. Dans la nature, ce sont les chauves-souris qui assurent la pollinisation. Chaque régime peut comporter jusqu’à 200 fruits. Les bananes sont généralement vendues sous forme de « mains », correspondant chacune à une double rangée de fleurs femelles.
60
+
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+ Dans les variétés cultivées, la fructification est très généralement parthénocarpique, il n'y a donc pas de pollinisation et les ovaires se transforment en fruits ne contenant pas de pépins.
62
+
63
+ La sélection par l’homme a permis au fil des siècles de créer les variétés consommées de nos jours. Plusieurs équipes de recherche développent actuellement des programmes d’amélioration variétale du bananier à travers le monde, comme l'Université catholique de Louvain (Belgique), le Cirad aux Antilles françaises, l’Embrapa au Brésil, la FHIA au Honduras, le CARBAP au Cameroun et de nombreux autres organismes en Inde, au Viêt Nam, en Afrique… Selon les écoles, les stratégies d’amélioration sont variées, mais reposent toutes plus ou moins sur des biotechnologies modernes. Elles permettent de créer de nouvelles variétés plus résistantes aux parasites et ravageurs de cette culture. La recherche internationale sur le bananier est fédérée par l’INIBAP, une organisation internationale membre du CGIAR. L’INIBAP gère entre autres une banque de gènes du bananier, stockée in vitro à Louvain (Belgique) ainsi qu’une base de données sur les ressources génétiques du bananier appelée Musa Germplasm Information System (MGIS[22]). Le système d’information sur les ressources génétiques de Musa contient une information détaillée et standardisée sur les accessions détenues par de nombreuses banques de gènes autour du monde.
64
+
65
+ Avant 2002, le genre Musa était divisé en cinq sections : Eumusa, Rhodochlamys, Callimusa, Australimusa, Ingentimusa. En 2002 des études génétiques ont ramené à seulement trois sections selon la numération chromosomique : section Eumusa regroupant Rhodochlamys x = 11, section Callimusa regroupant Australimusa x = 10, section Ingentimusa x = 7 pour la seule espèce M. ingens.
66
+
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+ La section Eumusa principalement avec M. acuminata et M. balbisiana est à l’origine de la majorité des bananiers cultivés pour leurs fruits dans le monde. On y retrouve des variétés sauvages, diploïdes et fertiles, des variétés ancestrales, également diploïdes mais assez fortement stériles pour que leurs fruits soient consommables (très peu de graines dans les fruits), et de nombreuses variétés cultivées, triploïdes et stériles.
68
+
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+ Dans la même section Eumusa, il existe aussi quelques hybrides de distribution restreinte issus de M. schizocarpa participant à quelques cultivars alimentaires parthénocarpiques en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
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+ La section Callimusa a donné des variétés cultivées localement comme le « Groupe Fe'i » peut-être issu de M. maclayi, lolodensis, peekelii ou troglodytarum connu seulement en Polynésie aux fruits à chair orange avec un taux élevé de bêta-carotène ou comme quelques hybrides d'autres espèces (par exemple M. jackeyi) de la même section ainsi que M. textilis, cultivée aux Philippines pour la production de fibres.
72
+
73
+ Le type sauvage diploïde de M. acuminata (AAs) pousse dans les régions tropicales humides de Nouvelle-Guinée, Bornéo, Indonésie, Indochine, Golfe du Bengale. Ses fruits sont comestibles quoique peu charnus et contenant beaucoup de graines. Il était probablement plus recherché comme aliment pour ses cormes, fleurs et jeunes pousses que pour ses fruits par les habitants des régions côtières de Malaisie. C'est probablement les sous-espèces banksii ou errans qui furent d'abord domestiquées pour leurs fruits d'une part parce que ce sont les seules présentant une parthénocarpie naturelle motivant leur multiplication en culture d'autre part parce que leurs génomes ont été identifiés chez pratiquement tous les bananiers di- et triploïdes. Leurs diffusions entraînèrent une hybridation avec d'autres sous-espèces particulièrement malaccensis et zebrina ce qui produisit des plants dioïques à stérilité femelle plus ou moins prononcée dû aux anomalies d'appariements des différentes formules chromosomiques ou des plants triploïdes AAA (3n = 33), dont les fruits étaient encore plus développés, plus charnus et plus sucrés. Ces formes triploïdes ont évidemment été cultivées préférentiellement et ont donné les variétés modernes de bananes dessert. Vers 1920, des programmes d'amélioration ont abouti à la création de tétraploïdes AAAA (4n = 44).
74
+
75
+ M. balbisiana type sauvage diploïde (BBs) est originaire de régions subtropicales à période sèche marquée de Nouvelle-Guinée, Philippines, sud de la Chine, Golfe du Bengale. Ce type sauvage donne des fruits non comestibles à nombreuses graines et n'est jamais parthénocarpique. Des formes cultivées de M. acuminata diploïdes et parthénocarpiques furent accidentellement pollinisées par M. balbisiana donnant des hybrides naturelles diploïdes AB (2n = 22) à stérilité femelle encore plus marquée et donc plus de fruits apyrènes. Un processus de polyploïdisation donna des formes triploïdes AAB (3n = 33). Depuis le début du XXe siècle, l'hybridation contrôlée permit l'obtention de triploïdes ABB et de tétraploïdes AABB (4n = 44).
76
+
77
+ La très grande majorité des bananes consommées de nos jours sont issues de ces deux espèces sauvages M. acuminata et M. balbisiana seuls ou hybridées. D'une façon générale le génome chloroplastique est d'hérédité maternelle et le génome mitochondrial d'hérédité paternelle. Plusieurs systèmes sont proposés pour la dénomination correcte des espèces cultivées :
78
+
79
+ La phylogénie des bananiers cultivés est complexe, les clones d'un même sous-groupe descendant les uns des autres par dérives génétiques progressives car ils sont sujets à des mutations somatiques relativement fréquentes, ce qui rend d'ailleurs aussi sa multiplication in vitro assez délicate. Sur le terrain, l'observation de 15 descripteurs morphologiques en rapport avec les 2 espèces M. acuminata et M. balbisiana permet de préjuger la structuration génomique des variétés, mais cette identification reste partielle car l'analyse génétique est parfois en contradiction avec l'observation in vivo. Elles sont ainsi classées en groupes selon leur constitution génétique et leur niveau de ploïdie, parfois en divisions ou sous-divisions, puis en sous-groupes rassemblant les variétés dérivant les unes des autres et enfin en types. Par exemple, dans le groupe AABB on trouve le sous-groupe Pisang awak, dans lequel se trouve le type Isla comprenant les variétés 'Isla Del Alto Huallaga', 'Isla Guayaquil', 'Isla Maleño', 'Isla Nacional', 'Isla De Tingo María', 'Isla Vaporino', 'Isleño'
80
+
81
+ Les plantes issues de M. acuminata et M. balbisiana et leurs hybrides sont désignés par deux à quatre lettres permettant de connaître leur ascendance et leur degré de ploïdies :
82
+
83
+ Groupe AA (diploïdes)
84
+
85
+ Groupe AAA (triploïdes)
86
+
87
+ Groupe AAAA (tétraploïdes)
88
+
89
+ Groupe AAAB (tétraploïdes)
90
+
91
+ Groupe AABB (tétraploïdes)
92
+
93
+ Groupe ABBB (tétraploïdes)
94
+
95
+ Groupe BBBB (tétraploïdes)
96
+
97
+ Groupe BBB (triploïdes)
98
+
99
+ Groupe ABB (triploïdes) (bananes à cuire) - résiste à la sécheresse et au sigatoka
100
+
101
+ Groupe AAB (triploïdes)
102
+
103
+ Groupe AB (diploïdes)
104
+
105
+ Groupe BB (diploïdes) - fruits non comestibles, cultivés pour les feuilles ou la nourriture animale
106
+
107
+ Autres génomes fournissant des bananes comestibles
108
+
109
+ Le bananier cultivé en plantations traditionnelles demande un sol bien drainé, profond et légèrement acide. La culture est exigeante en éléments minéraux. Une pluviométrie annuelle d'environ 1 200 mm et des températures supérieures à 15 °C sont nécessaires. Le bananier est une plante pérenne, le cycle végétatif dure environ un an. Après la récolte du régime, la pousse principale périclite, c'est à partir d'un rejet latéral qu'un nouveau cycle de culture redémarre grâce à la technique de bouturage. La plantation préexistante est détruite, les plantes lacérées sur place et la parcelle replantée plus loin. En cours de cycle, des rejets, qu'il faut supprimer, apparaissent continuellement. On en garde cependant un tous les trois mois de manière à pouvoir récolter régulièrement un nouveau régime (tous les trois mois). Les souches produisent pendant cinq ans. Au-delà, il faut replanter à partir d'un rejet latéral prélevé sur un plant sain.
110
+
111
+ Cette méthode de reproduction par multiplication végétative a deux inconvénients majeurs : une faible diversité des variétés cultivées, d'où des risques accrus de parasitose, et la propagation par les rejets de parasites (notamment les nématodes). Les plantations industrielles ont donc tendance à utiliser une autre technique : le vitroplant (plant obtenu in vitro en laboratoire aseptisé à partir d'un « plant-mère » désinfecté et cultivé sur un milieu nutritif stérile). Ainsi le bananier, planté sur un sol préalablement assaini par des techniques de rotation culturale ou de jachère est indemne de parasites. Cela permet une meilleure productivité (l'homogénéité variétale favorise l'augmentation du nombre de cycles réalisés entre deux replantations) et l'épandage de nématicide est réduit de 50 %. Par contre, cette technique de clonage menace la diversité génétique et fait dire à certains scientifiques que le bananier cultivé tel qu'on le connaît risque de disparaître.
112
+
113
+ Parmi les bananiers comestibles, seul le bananier nain, Musa acuminata 'Dwarf Cavendish', se prête facilement à être cultivé en pots. Cette variété reste relativement petite, 2 m au maximum. La plante demande beaucoup d'eau, beaucoup de nourriture, une forte humidité atmosphérique et beaucoup de lumière. Le bananier nain n'est pas trop sensible aux basses températures et supporte jusqu’à un minimum de 10 °C durant l’hiver. D'autres bananiers sauvages peuvent être cultivés de la même manière. Musa textilis (qui fournit des fibres textiles) et Musa basjoo conviennent à une serre de petite dimension mais leurs fruits ne sont pas comestibles.
114
+
115
+ Une nouvelle hybride de hasard Helen's Hybrid issu de M. sikkimensis et M. (AB) 'Ney Poovan' découvert récemment produit des fruits comestibles bien qu'avec des graines et sa souche résiste à des températures inférieurs à −12 °C. Il est originaire d'un petit village près de Kalimpong à 1 500 m d'altitude en Inde. L'horticulteur Ganesh Mani Pradhan remarqua ce bananier dans le jardin de leur cuisinière, Hélène. Comme pour sikkimensis, il a une nervure centrale rouge foncé et le revers des feuilles rougeâtre. Les pétioles sont glauques recouverts plus ou moins d'une pruine blanchâtre.
116
+
117
+ La culture de la banane sous serre a été développée en Islande entre les années 1940 et 1960, mais en 2017 il n'y reste plus qu'une seule bananeraie en activité.
118
+
119
+ Les bananes figurent incontestablement parmi les fruits tropicaux les plus importants. En 1992, la production totale s’élevait à 66 millions de tonnes (bananes et bananes plantains) ; elle n’était dépassée que par la production d’agrumes. En 2013, la production atteint 130 millions de tonnes (dont 66 millions en circulation), le commerce international de ce fruit tropical s’élevant à 7 milliards de dollars par an, ce qui fait de la banane la huitième culture alimentaire mondiale et la quatrième dans les pays les moins avancés selon la FAO[23].
120
+
121
+ Le marché oligopolistique (oligopole à frange) de la banane est libéralisé depuis 2006. Les exportations connaissent en conséquence des mutations rapides et récentes. Trois grandes destinations d'exportations de bananes par transport reefer subsistent :
122
+
123
+ Pour donner un aperçu succinct en 2008 des dépendances économiques engendrées par l'économie bananière libéralisée, l'Amérique latine exporte 10,3 millions de tonnes de bananes, alors que l'Asie exporte 1,9 million.
124
+
125
+ Le marché mondial de la banane est dominé à 60 % par trois multinationales américaines :
126
+
127
+ En 2005, 87 % du marché mondial est concentré dans quatre multinationales (Chiquita, Dole, Del Monte, Fyffes) et une entreprise internationale (Grupo Noboa, détenu par Álvaro Noboa, détenteur de la marque Bonita), qui ont adopté des stratégies de processus (intégration verticale à l'exception de la phase productive[24]), d'expansion (participation, fusion-acquisition, alliance, diversification, localisation) et de positionnement (de coût et de marché par produit, selon son prix et sa qualité)[25].
128
+
129
+ Au niveau macroéconomique, la part du prix final — payé par le consommateur — qui revient dans le pays producteur est de 10 à 20 %. La part des hommes et des femmes qui travaillent dans les plantations est de 1,5 à 3 %. Au Guatemala par exemple, la plupart des salariés de l'industrie de la banane ne gagnent pas le salaire minimum légal de 5 dollars par jour.
130
+
131
+ Bien que l'économie bananière soit dominée par des plantations de moyenne et grande taille, il existe une dizaine de milliers de petits producteurs qui continuent de fournir le marché international.
132
+
133
+ En termes de valeur de production, les bananes desserts et plantains se situent au quatrième rang des plantes alimentaires d’importance au niveau mondial. 90 % de la production est consommée localement principalement avec les bananes à cuire représentant 25 % de la production mondiale de bananes. Les bananes exportées sont placées au quatrième rang des produits de base au niveau mondial et au troisième rang en tant que fruit (derrière l'orange et le raisin).
134
+
135
+ La production est assurée à 50 % par un seul sous-groupe de bananes cultivées appelé Cavendish[26] qui est victime dans certains pays asiatiques de la « maladie de Panama »[27]. La maladie qui frappe la Cavendish constitue un avertissement et il serait bon de songer à lui trouver une remplaçante au cas où elle devrait subir le même sort que la variété « Gros Michel », elle aussi attaquée par un champignon, et disparue des étals depuis 1960.
136
+
137
+ Plus de 400 millions de personnes de 120 pays en développement dépendent de la banane, à la fois comme aliment de base et comme produit important pour le commerce local et international. De plus, les exportations de la banane sont une source de devises essentielle à l'économie de pays africains et américains, au point qu'elle y est qualifiée d'« or vert »[31].
138
+
139
+ En 1993, des quotas ont été fixés par région de production pour l’accès au marché de l’Union européenne mais, depuis, celle des Caraïbes a diminué au profit de l’Afrique, en particulier le Cameroun. En février 2006, une révision pour réduire le commerce des licences n'a pas porté ses fruits.
140
+
141
+ La France est nette importatrice de bananes, d'après les Douanes françaises.
142
+
143
+ En 2014 ont été exportées mensuellement en moyenne 25 000 tonnes et importées 48 000 tonnes, avec un prix moyen observé à la frontière de 650 €/t[32].
144
+
145
+ Dans les pays producteurs, les bananes dessert et bananes plantain constituent une ressource alimentaire importante pour plus de 400 millions d'habitants des pays tropicaux de la planète[33]. Au niveau mondial, les bananes et les bananes plantain sont la quatrième denrée alimentaire de base, derrière le riz, le blé, et le maïs[34]. Deux autres atouts majeurs font de la banane un élément alimentaire vital dans de nombreuses zones rurales pauvres : sa haute valeur nutritionnelle (riches en vitamines A, C et B6, par exemple), et sa production sans interruption pendant toute l'année.
146
+
147
+ Dans les pays importateurs, même si la sécurité alimentaire des consommateurs ne dépend pas de la disponibilité de la banane, le fruit se trouve sur les étals toute l'année. En 2003, selon la FAO, les Suédois en consommaient 19 kg par habitant et par an, les Danois, 14 kg, et les Norvégiens, 13 kg.
148
+
149
+ La banane est le troisième fruit consommé en France (part de marché en 2010 : 12,2 %) derrière la pomme (22,6 %) et l'orange (12,3 %)[35].
150
+
151
+ Une banane pouvant être consommée avec la peau a été développée par une firme agroalimentaire japonaise cette banane, appelée « Mongee » est née des scientifiques de D&T Farm.[36].
152
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153
+ La fleur de banane (babafigue) est également consommée par exemple à La Réunion en accompagnement du carry.
154
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157
+ Il existe trois grands types de banane d’un point de vue alimentaire : les bananes dessert, les bananes à cuire (parmi lesquelles les bananes plantains occupent une place prépondérante) et les bananes à bière (en Afrique la bière de banane (kasiksi) de productions artisanale ou industrielle).
158
+
159
+ La banane est un fruit très énergétique (90 kilo calories/100 g) et très riche en potassium, dont elle peut couvrir les besoins quotidiens. Nutritive, facile à digérer, elle est riche en glucides, phosphore, calcium, vitamines A, B et C. Son apport en fer est faible (moins de 5 % de l'apport quotidien pour un homme adulte) et il s'agit de fer non héminique qui est mal absorbé. Son goût est dû à l'acétate d’isoamyle. Elle est aussi vendue sous forme de nectar.
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+
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+ L'index glycémique de la banane est assez élevé lorsque celle-ci devient très mûre. Son apport calorique est de 93,6 pour 100 grammes[38].
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+ Milena Rodrigues Boniolo a testé la poudre de pelure de banane comme support de filtration des métaux lourds ou radionucléides de l’industrie nucléaire dans l’eau, et les usines d’engrais (cadmium contaminant naturel des phosphates). Cette poudre ajoutée à l’eau fortement mélangée durant 40 minutes en extrait environ 65 % des métaux lourds, l’opération pouvant être répétée. Sa charge négative lui permet de fixer les ions métalliques positifs[39].
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+ (fr) République des Seychelles
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+ (crs) Repiblik Sesel
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+ (en) Republic of Seychelles
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+ 4° 37′ S, 55° 27′ E
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+ Les Seychelles, en forme longue la république des Seychelles, en anglais Seychelles et Republic of Seychelles, en créole seychellois Sesel et Repiblik Sesel, est un archipel de 115 îles (dont une artificielle), situé dans l'ouest de l'océan Indien et rattaché au continent africain. Toutes ces îles sont regroupées en un État dont la capitale est la ville de Victoria sur l'île principale de Mahé.
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+ Les premiers à visiter l'archipel furent probablement des marchands arabes, mais les premiers comptes rendus écrits furent réalisés en 1501 par l'explorateur portugais Vasco de Gama. Ce dernier donna à l'archipel le nom d'Amirantes, qui désigne aujourd'hui la partie comprenant les îles granitiques des Seychelles. La même année, pour la première fois, les Seychelles étaient dessinées sur une carte tracée par l'italien Alberto Cantino. La première description des rivages seychellois, avant tout établissement humain, fut écrite sur place du 19 au 30 janvier 1609 par le marin John Jourdan du bateau britannique Ascension. Ce dernier, après avoir franchi le cap de Bonne-Espérance, avait remonté la côte orientale de l'Afrique avant de mettre le cap au NNE, ce qui l'amena à la pointe nord de l'archipel granitique : il y décrit sommairement les îles actuelles de Mahé, North, Silhouette, Praslin et ses îles voisines et relève un total de plus de trente îles grandes et petites et proches les unes des autres. Enfin, le 3e jour, le bateau mouilla l'ancre à l'abri de l'île Sainte Anne (face au futur port de Victoria), sur laquelle l'équipage trouve sur les hauteurs verdoyantes de l'eau en abondance (aujourd'hui déboisée et aride).
14
+
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+ Entre l'Afrique et l'Asie, les îles furent utilisées par des pirates avant l'arrivée des Français. En novembre 1743, le gouverneur de l'Isle de France (l'île Maurice actuelle) Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais envoie les capitaines Lazare Picault et Jean Grossen prendre possession de l'archipel au nom de la France. Ils nommèrent l'île principale de l'archipel « Mahé » en l'honneur du gouverneur de l'Isle de France. Les Français occupèrent, dès 1756, les principales îles de l'archipel qu'ils baptisèrent « Séchelles » en honneur à Jean Moreau de Séchelles, alors contrôleur général des finances de Louis XV.
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+
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+ En 1781, le Français Mathurin Barbaron, corsaire du Roi, né le 20 juillet 1737 à Lorient, fils de Jean Barbaron chirurgien de marine (né à Fajolles, Tarn-et-Garonne) et Louise Lorans (2e épouse), aborde l'île de Mahé par l'anse qui porte désormais son nom. Les jardins du grand domaine Barbaron en sont aussi une référence. Les îles, perdues par la France en 1811, pendant les guerres napoléoniennes, passèrent officiellement sous le contrôle du Royaume-Uni en 1814.
18
+
19
+ À partir de 1916, lors de la Première Guerre mondiale, l'armée des Seychelles s'engage aux côtés des Britanniques par l'envoi d'un corps expéditionnaire de 796 hommes, dont 358 ne reverront jamais leur pays (cimetière militaire du Mont-Fleuri à Victoria). Ce corps expéditionnaire représente le plus gros effort de toutes les colonies britanniques, en proportion des hommes valides engagés sous le drapeau britannique (près de 6 %).
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+
21
+ Depuis le 29 juin 1976[4], les Seychelles forment un État indépendant, membre du Commonwealth et de la Francophonie.
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+
23
+ En 1977, un avocat, France-Albert René, alors Premier ministre, prend le pouvoir. Devenu président (de 1977 à 2004), il instaure un parti unique, socialiste à tendance marxiste. Depuis lors, les Seychelles se définissent comme révolutionnaires et tiers-mondistes. Toujours en place en 1991, le président René a, sous les pressions (discours de La Baule, 20 juin 1990), accepté d'engager son pays sur la voie du multipartisme et d'un certain libéralisme, autorisant notamment davantage de privatisations. Il quitte la présidence en 2004, à 69 ans, cédant sa place à James Michel, qui est réélu le 30 juillet 2006.
24
+
25
+ L'élection présidentielle de mai 2011 voit la réélection du président Michel qui remporte 55,4 % des suffrages exprimés, contre 41,4 % à Wavel Ramkalawan[5]. Il se présente une troisième et dernière fois à l'élection présidentielle de 2015, remportant le scrutin avec 50,15 % des suffrages exprimés contre 49,85 % à son adversaire, Wavel Ramkalawan. Mais il est contraint d'attendre le second tour de l'élection, alors qu'il avait été élu dès le premier tour aux élections précédentes[6].
26
+
27
+ À la suite de la défaite de son parti Lepep (issu de l'ancien parti unique) aux élections législatives de septembre 2016, James Michel annonce sa démission de son poste de président de la République en septembre 2016[7]. Le 16 octobre suivant, il est remplacé par son vice-président, Danny Faure[8]. Une période de cohabitation commence entre ce nouveau président et un Parlement contrôlé par l'opposition à l'ex-parti unique (qui était au pouvoir depuis 1977)[9].
28
+
29
+ L'archipel des Seychelles se situe au nord-est de l'île de Madagascar, celle-ci étant séparée de la capitale Victoria, sur l'île de Mahé, par une distance de 1 059 km.
30
+
31
+ Les îles qui forment le cœur de l'archipel (Mahé, Praslin, La Digue) reposent sur le plateau des Seychelles, un microcontinent de type ni corallien ni volcanique, son soubassement étant granitique. On peut en voir de magnifiques affleurements à la fameuse plage Anse Source d'Argent dans l'île de la Digue. D'autres îles (Aldabra, la plus grande des îles de l'archipel) sont de type corallien.
32
+
33
+ Le point culminant des Seychelles est le morne Seychellois (906 mètres) situé sur l'île principale de Mahé.
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+
35
+ Les Seychelles sont composées de 115 îles et îlots dont 40 sont granitiques et le reste coralliens.
36
+
37
+ À cent kilomètres au nord de Mahé se trouve l'île aux Oiseaux, une zone protégée qui est le refuge des oiseaux de mer. Elle n'abrite que quelques bungalows, insérés dans des cocoteraies, et un belvédère, aménagé pour observer le ballet des 112 espèces recensées sur l'île.
38
+
39
+ Les Seychelles sont une république présidentielle. Le président actuel est Danny Faure depuis le 16 octobre 2016. Les Seychelles sont membres du Commonwealth[10].
40
+
41
+ Le tourisme est la principale ressource des Seychelles. La pêche thonière industrielle est développée, Port-Victoria est le premier port de transbordement de thon de l'océan Indien. Une conserverie existe sur place. Plusieurs programmes immobiliers apportent des devises au pays, le plus important et le plus surprenant est certainement Eden Island (île artificielle construite sur des comblements).
42
+
43
+ Les secteurs de l'offshore et de la zone franche se sont beaucoup développés ces dix dernières années ; la juridiction n'est pas inscrite sur les listes de l'OCDE. La SIBA (Seychelles International Business Authority) a pour mission de réguler les différentes dispositions gouvernementales et de contrôler les professionnels de l'offshore.
44
+
45
+ En octobre 2008, les Seychelles sont touchées par la crise financière internationale au point de se trouver dans une situation économique de quasi-faillite[11].
46
+
47
+ Le 16 avril 2009, le Club de Paris et la république des Seychelles sont convenus d'une annulation nominale de 45 % du stock de dette. Les Seychelles se sont engagées à mettre en œuvre les réformes économiques requises au titre du programme soutenu par le Fonds monétaire international (FMI)[12].
48
+
49
+ Avec une population estimée à 92 430 habitants en 2015[13], les Seychelles ont une croissance démographique positive (0,8 %), tirée par l'immigration et une natalité dynamique. La population des Seychelles devrait donc dépasser 100 000 habitants dès 2018.
50
+
51
+ À l'exception de pêcheurs venant des îles alentours, les Seychelles n'avaient pas de population indigène lors de l'arrivée des premiers Européens, entre 1580 et 1750.
52
+
53
+ 98 % des Seychellois sont donc des descendants d'immigrés : Européens (Français, Portugais, Anglais), Africains, Indiens et Chinois sont les plus représentés.
54
+
55
+ Aujourd'hui, les Seychellois sont dans leur grande majorité métis d'origine européenne et africaine[14] et principalement catholiques.
56
+
57
+ Les Seychelles ont trois langues officielles (selon l'article 4 de la constitution) :
58
+
59
+ Les Seychelles sont membres de l’Organisation internationale de la Francophonie et de l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie[17],[18].
60
+
61
+ La ville de Victoria est également membre de l’Association internationale des Maires francophones[19].
62
+
63
+ Les Seychelles participent de plus aux différentes éditions des Jeux de la Francophonie[20].
64
+
65
+ Suivant le recensement de 2010[21], 76,2 % de la population est catholique, 6,1 % est anglicane, 2,4 % est hindoue et 1,6 % est musulmane.
66
+
67
+ Le diocèse de Port-Victoria érigé en 1892, relève directement du Saint-Siège.
68
+
69
+ Dernière semaine d'octobre : Festival du créole
70
+
71
+ Bien que les Seychelles ne regorgent pas d'innombrables monuments, la capitale Victoria dispose tout de même de quelques lieux dignes d'intérêt, comme la cathédrale catholique de l'Immaculée-Conception et la cathédrale anglicane Saint-Paul, la tour de l'Horloge (Clock Tower)[22], le musée national d'histoire de Victoria (Victoria National Museum of History), le jardin botanique de Victoria (Victoria Botanical Gardens (en)).
72
+
73
+ À Praslin, le principal lieu touristique est la vallée de Mai, classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1983. C'est une forêt préhistorique abritant le cocotier de mer qui produit le célèbre fruit : le coco-fesse.
74
+
75
+ À La Digue, la principale attraction se trouve au sud de l'île avec les tortues géantes des Seychelles, les plus grosses tortues terrestres du monde. L'île est célèbre pour sa plage d'Anse Source d'Argent. Sur cette île, les moyens de transports à moteur sont limités, le vélo reste donc le moyen privilégié pour s'y déplacer. On accède à La Digue principalement par bateau depuis la baie de Sainte-Anne à Praslin.
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+ Le désir de sauvegarder la biodiversité seychelloise a conduit le pays à créer de nombreuses zones protégées.
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+ Le Taj Mahal (en devanagari ताजमहल, en persan تاج محل qui signifie « la couronne du palais ») est situé à Agra, au bord de la rivière Yamuna, dans l'État de l'Uttar Pradesh, en Inde[1]. C'est un mausolée de marbre blanc construit par l'empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam[2], aussi connue sous le nom de Mumtaz Mahal, qui signifie en persan « la lumière du palais ». Elle meurt le 17 juin 1631 en donnant naissance à leur quatorzième enfant alors qu'elle accompagnait son mari pendant une campagne militaire. Elle trouve une première sépulture sur place dans le jardin Zainabad à Burhanpur. La construction du mausolée commence en 1631 et est achevée dans sa plus grande partie en 1648[3]. Son époux, mort le 31 janvier 1666, est inhumé auprès d'elle.
6
+
7
+ Le Taj Mahal est considéré comme un joyau de l'architecture moghole, un style qui combine des éléments architecturaux des architectures islamique, iranienne, ottomane et indienne[4],[5].
8
+
9
+ Il est considéré que l'architecte principal fut Ustad Ahmad Lahauri[6],[7] de Lahore[k 1].
10
+
11
+ Le Taj Mahal est situé dans le nord de l'Inde, dans l'État d'Uttar Pradesh, à Agra. Le mausolée est édifié au sud d'un méandre de la Yamuna, affluent du Gange, à l'est du centre-ville, dans une zone relativement peu urbanisée hormis sur son côté sud où le site est adjacent au quartier de Kaserat Bazar.
12
+
13
+ Le Taj Mahal est élevé sur la rive droite de la Yamuna, parmi les pavillons d'agrément, les jardins des princes et des dignitaires de la Cour d'Agra, alors capitale de l'empire moghol.
14
+
15
+ Il est situé au fond d'un jardin ornemental rectangulaire (de 580 par 305 mètres) clos par une enceinte percée sur chaque côté de quatre portes dont trois sont fausses. Le jardin est parcouru par quatre canaux en croix pourvus de jets d'eaux et de fontaines (le mausolée s'y reflète lorsque les fontaines ne coulent pas), canaux accompagnés tout au long de pavés de marbre, et au centre d'un bassin central, au niveau du chahâr sû. Les enceintes ouest, sud et est comportent en guise de porte un pavillon monumental en grès rouge incrusté d'une mosaïque géométrique de marbre blanc, leur disposition symétrique reprenant celle traditionnelle des mosquées persanes avec leur cour à quatre iwans. La porte principale (Darwaza-i Rauza haute de 30 mètres) qui se dresse au centre du mur sud de l’avant-cour comporte un grand iwan central, flanqué d'iwans latéraux. Encadrée de quatre tours octogonales, la porte est prolongée du côté nord de galeries doubles à arcades polylobées[8]
16
+
17
+ Le monument est construit en utilisant des matériaux provenant de diverses régions de l'Inde et d'autres régions d'Asie. Plus de 1 000 éléphants auraient été employés pour transporter les matériaux de construction durant l'édification. Le marbre blanc est extrait du Rajasthan, le jaspe vient du Pendjab, la turquoise et la malachite du Tibet, le lapis-lazuli du Sri Lanka, le corail de la mer Rouge, la cornaline de Perse et du Yémen, l'onyx du Deccan et de Perse, les grenats du Gange et du Bundelkund, l'agate du Yémen et de Jaisalmer, le cristal de roche de l'Himalaya. En tout, vingt-huit types de pierres fines ou ornementales polychromes ont été utilisés pour composer les motifs de cette marqueterie de pierre incrustés dans le marbre blanc.
18
+
19
+ Le Taj Mahal est érigé sur des fondations qui doivent supporter 25 tonnes par mètre carré. Elles sont faites de pilotis en acajou placés dans des puits alimentés par la rivière Yamuna et remplis de gravats et de mortier. Les changements de cours de la rivière, son eau pompée en amont par l'industrie et l'agriculture font baisser son niveau, mettant à sec des poteaux qui deviennent plus cassants, plus fragiles et ont tendance à se désagréger[9].
20
+
21
+ Le plan octogonal du mausolée est typique du palais iranien Hacht Behecht et évoque les huit jardins du paradis. Cet édifice de 60 mètres de côté se dresse sur une terrasse en grès rouge elle-même surhaussée par une plate-forme quadrangulaire en marbre de 95,16 mètres de côté et sept mètres de hauteur. Les quatre minarets autonomes (originalité de ce monument) de 42 mètres de hauteur placés aux coins de cette plate-forme, s'inclinent vers l'extérieur de telle sorte qu'en cas de séisme, ils s'écroulent dans la direction opposée au tombeau. Constitués de trois étages rythmés par de petits balcons circulaires, ils sont surmontés d'un chhatri. Les quatre façades identiques du tombeau comportent un grand iwan central flanqué d'iwans latéraux plus petits disposés sur deux étages. La même disposition aux angles en fait un édifice octogonal[10].
22
+
23
+ Le dôme central du tombeau, haut de 74 mètres et légèrement bulbeux, repose sur un tambour. Sa forme en bouton de lotus inversé est surmontée d'un pinacle en bronze décoré d'un kalash, symbole hindouiste, et d'un croissant de lune, symbole islamique lui-même surmonte d'une plaque estampée du nom d'Allah[11]. Ce dôme est flanqué de quatre dômes plus petits appelés chhatris. Deux édifices en grès rouge, coiffés de trois coupoles en marbre blanc, bordent symétriquement le mausolée : à la gauche une mosquée qui a été construite afin de sanctifier l'endroit et fournir un lieu de culte aux pèlerins. À droite une réplique symétrique exacte de la mosquée, connue sous le nom de jawab (« réponse »), destinée à maintenir la symétrie architecturale mais qui n'est pas employée comme mosquée car elle n'est pas orientée vers La Mecque. Enfin, à l'avant du monument se trouvait le Chahar bagh (« quatre jardins ») traditionnel persan planté d'arbres symbolisant l'Éden et où poussaient des fleurs en abondance. Le vice-roi britannique Lord Curzon a remplacé ce jardin par des pelouses typiquement britanniques. Les deux allées principales parcourues par les canaux délimitent quatre carrés coupés par des allées secondaires, en quatre parties égales. Les deux allées principales sont doublées d'avenues plantées de cyprès et bordées de verdure et de parterres de fleurs. Elles sont de plus divisées en sept parties égales par des promenades secondaires agrémentées de ruisseaux bordés d’étroits chemins, dont le pavé est composé de petits cailloux polis[12].
24
+
25
+ La chambre funéraire centrale est une pièce octogonale contenant les deux cénotaphes en marbre translucide de l'empereur et de l'impératrice, couverts d'inscriptions en caractères arabes finement ciselés, entrelacés d'incrustations de fleurs en mosaïque constituées de pierres précieuses (lapis-lazuli, agate, jaspe, cornaline, onyx). Entourés initialement d'une grille en or massif, cette dernière a été remplacée par des claustra de marbre (appelés Jali) incrustés de pierres précieuses. La crypte souterraine abrite les corps enveloppés de linceul du couple qui sont orientés vers le nord et couchés sur le côté droit, tournés ainsi vers La Mecque. Cette chambre funéraire est entourée de quatre pièces octogonales à deux étages qui communiquent avec elle par des corridors[13].
26
+
27
+ Joyau le plus parfait de l'art musulman en Inde, il est l'un des chefs-d'œuvre universellement admirés du patrimoine de l'humanité. Le complexe du Taj Mahal est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983 et est l'une des sept nouvelles merveilles du monde dans un classement de 2007[14].
28
+
29
+ Sa construction commence en 1632. Cependant, il demeure une incertitude sur la date exacte de la fin des travaux. Le chroniqueur officiel de Shâh Jahân, Abdul Hamid Lahori indique que le Taj Mahal est achevé à la fin de 1643 ou au début de 1644. Mais à l'entrée principale une inscription indique que la construction s'est achevée en 1648. L'État de l'Uttar Pradesh, qui a célébré officiellement le 350e anniversaire de l'édifice en 2004, affirme quant à lui que les travaux se sont achevés en 1654. Parmi les 20 000 personnes qui ont travaillé sur le chantier, on trouve des maîtres artisans venus d'Europe et d'Asie centrale.
30
+ Il est considéré que l'architecte principal fut Ustad Ahmad Lahauri[6],[7] de Lahore[k 1].
31
+
32
+ La légende d'une planification par Shâh Jahân de la construction d'une réplique symétrique du Taj Mahal sur la rive gauche reste vivace. En marbre noir cette fois-ci, les deux bâtiments auraient été reliés par un pont. Il semble que le premier à avoir émis cette idée soit le joaillier Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689) qui se rendit plusieurs fois aux Indes à la recherche de pierres et qui raconte avoir assisté à plusieurs stades de la construction du bâtiment. Bien que ses écrits soient une source historique importante pour la connaissance du pays à cette époque, il semble qu'en l'occurrence il se soit laissé abuser. Il y prétend que le renversement de Shâh Jahân par son fils empêcha le démarrage des travaux. Il est peu probable cependant qu'ils aient été envisagés, le trésor impérial ne l'aurait pas permis. Cet état des finances impériales fut d'ailleurs un des détonateurs de la lutte pour sa succession. De plus, contrairement au marbre blanc que l'on trouve en abondance au Rajasthan, donc à peu de distance et à un prix très bas, même encore aujourd'hui, on ne trouve pas de marbre noir, en tous cas pas dans les quantités nécessaires, en Inde, ce qui aurait rendu les coûts de construction impossibles à assumer. Enfin, des fouilles en face du Taj, sur l'autre rive du fleuve ont bien révélé des structures, mais il s'agit des restes du Mehtab Bagh, un jardin moghol ; le Taj Mahal se reflétait sur le plan d'eau d'un immense bassin situé dans ce jardin, ce qui a peut-être donné naissance au mythe du « second Taj ».
33
+
34
+ Dans son article The Myth of the Taj Mahal and a new theory of its symbolic meaning (Art Bulletin, Vol LXI, no 1, mars 1979, travaux exposés dans le documentaire The Mystery of the Taj Mahal, Ron Johnston, 1999), l'historien Wayne Begley de l'université de l'Iowa, fait une étude approfondie de la signification symbolique du Taj Mahal. Il suggère que le mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ qui se trouve dans la même ville, par exemple — ne se trouve pas au centre du jardin, mais trône au fond du complexe.
35
+
36
+ Wayne Begley met en avant la présence sur les bâtiments du complexe de vingt-deux passages du Coran, dont quatorze sourates complètes, en calligraphies de pierres noires incrustées dans le marbre blanc. Si la présence de parties du Coran paraît tout à fait naturelle, le choix des textes semble caractériser avec insistance les lieux comme une image du paradis. Ainsi le porche qui permet d'accéder au jardin porte la calligraphie de la sourate 89 qui se termine par : « Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis », le seul passage où Allah s'adresse au croyant par un commandement direct. Les calligraphies présentes sur le bâtiment principal ont pour sujets principaux la plaine du jugement dernier et les plaisirs du paradis, choix dont on sait qu'ils ont été faits de concert par l'empereur, le calligraphe et l'architecte et qui paraissent curieux à l'historien pour un mausolée qui célèbre l'amour que l'empereur portait à son épouse.
37
+
38
+ L'historien montre aussi que le plan de la plaine du paradis tel qu'il apparaît dans l'exemplaire illustré du Futuhat Al Maqqia - Les Illuminations de La Mecque - du maître soufi Ibn Arabi qui appartenait à la bibliothèque de Jahângîr, le père de Shâh Jahân, se superpose de façon confondante avec le plan du complexe, en particulier le mausolée occupant la place du trône de Dieu. De plus, le plan des jardins qui mènent au Taj Mahal suit la description du paradis avec ses quatre rivières d'eau, lait, vin et miel. À l'origine, avant la transformation opérée par les Britanniques, ils abritaient un verger comme décrit par le Coran.
39
+
40
+ Wayne Begley s'appuie ensuite sur la personnalité de l'empereur pour continuer sa démonstration. Shâh Jahân était, suivant sa description basée sur les textes, un despote imbu de sa personne, sa naissance dans l'an mil du calendrier musulman l'avait persuadé de son importance, et il avait tendance à s'identifier à l'homme parfait du soufisme, au maître de l'univers, qui afficha et affirma « sa » légitimité du pouvoir moghol, sur un pays qui ne partageait pas majoritairement la même religion que lui, en construisant « sa » version du paradis sur terre. Le complexe serait alors, plutôt qu'un mausolée destiné à une épouse chérie, une invention du XVIIe siècle romantique répétée à l'envi, un instrument de pouvoir, comme a pu l'être le château de Versailles construit au cours du même siècle.
41
+
42
+ Pour laisser le dernier mot à Wayne Begley : « Le Taj, un bâtiment sans précédent, est probablement une des plus puissantes images de la Majesté Divine jamais créées. Sa beauté architecturale constitue la contrepartie formelle de notre concept mental le plus exalté, celui d'une divinité sans forme... Sa beauté relative est peut-être la manifestation de l'intention délibérée de refléter la Beauté absolue de Dieu. »
43
+
44
+ Suivant la thèse développée par Purushottam Nagesh Oak, Shâh Jahân n'aurait pas construit le bâtiment, mais aurait acheté au raja Jai Singh de Jaipur un palais de grès rouge, l'aurait recouvert de marbre et transformé en tombeau pour son épouse. Fondateur, en 1964, de l'Institute for Rewriting Indian History (Institut pour une Réécriture de l'Histoire de l'Inde), il expose dans son livre « Taj Mahal - The True Story » un argumentaire en 110 points affirmant que le Taj Mahal n'est pas, ou plutôt, n'a pas toujours été le mausolée que l'on connaît, mais qu'il fut, avant d'être transformé par l'empereur, un palais et un temple dédié à Shiva, le Tejomahalay (s'il est possible que les deux ne soient pas exclusifs). Cette hypothèse n'a pas reçu de reconnaissance de la part de la communauté scientifique.
45
+
46
+ En 2000, La Cour suprême de l'Inde a rejeté la requête de Purushottam Nagesh Oak de déclarer qu'un roi Hindou a construit le Taj Mahal[k 2],[15].
47
+
48
+ Oak affirme que l'origine du Taj Mahal (ainsi que Stonehenge et la Cité du Vatican), ainsi que d'autres monuments historiques de l'Inde actuellement attribuées aux sultans musulmans ont été créés par les Hindous[16].
49
+ Oak est considéré comme un illuminé par les chercheurs pour ses opinions Hindou-centriques[17].
50
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+ En 1942, le gouvernement érige un échafaudage pour anticiper les attaques aériennes de la Luftwaffe et plus tard des forces aériennes du Japon. Durant la guerre indo-pakistanaise de 1965 et 1971, des échafaudages sont encore érigés pour induire en erreur les pilotes[réf. souhaitée]. La sécurité est renforcée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et à la menace d'une guerre avec le Pakistan voisin. Des mesures préventives sont envisagées pour couvrir le monument avec une toile kaki afin d'éviter la réverbération du soleil qui le rend visible à 40 km à la ronde ce qui pouvait en faire une cible potentielle[18].
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+ Les menaces les plus récentes proviennent de la pollution environnementale sur les bords de la rivière Yamuna avec les pluies acides et le nuage brun d’Asie, ce qui fait régulièrement virer le marbre blanc au jaune ou au brun et attaque les incrustations précieuses[19] dues à la raffinerie de Mathura[20]. Pour lutter contre la pollution, le gouvernement indien a mis en place une Zone Taj Trapèze (TTZ) de 10 400 km2 autour du monument afin de réduire le trafic des voitures et les émissions industrielles[21].
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+ Des plans sont conçus pour prodiguer régulièrement une couche d'argile - qui absorbe la poussière accumulée une fois séchée puis nettoyée - à la structure de marbre. Le coût total est évalué à 230 000 $, l'opération devant être renouvelée tous les deux ou trois ans[22].
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+ Chaque année, le monument attire de deux à quatre millions de touristes, dont 200 000 étrangers. Un système de prix est mis en place avec un tarif d'entrée faible pour les Indiens et un prix vingt-cinq fois plus élevé pour les étrangers[23]. En octobre 2000, le prix est triplé afin de réduire la surfréquentation touristique[24]. Les touristes visitent principalement le site lors des mois plus frais d'octobre, novembre et décembre. Le trafic routier est limité près du Taj Mahal, les touristes devant soit marcher à partir du parking réservé aux bus de tourisme ou l'une des trois entrées du site (Est-Sud-Ouest), soit recourir aux services des chameliers présents ou aux auto-rickshaws électriques. La cour nord, appelée « Khawasspuras », est restaurée pour être utilisée en tant que nouvel office de tourisme.
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+ Les historiens de l'art présentent parfois le mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ comme un « brouillon » du Taj Mahal, ce qui explique qu'il soit appelé « petit Taj » dans la littérature touristique[25].
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le Taj Mahal avec la réflexion dans le plan d'eau
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+ Le porche d'entrée principale et les galeries de l'enceinte
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+ Le Taj Mahal dans la brume
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+ Le Taj Mahal vu des jardins
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+ Le Taj Mahal vu du Fort Rouge
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+ La mosquée à gauche du Taj Mahal
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+ La réplique de la mosquée à droite (Jawab)
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+ La décoration des murs extérieurs du mausolée
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+ Cénotaphes de Shâh Jahân et de Mumtaz Mahal
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+ Calligraphies sur la façade du mausolée
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+ En 1906
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+ En 1942
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+ L'intérieur
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Fort d'Agra (1983) · Grottes d'Ajanta (1983) · Grottes d'Ellora (1983) · Taj Mahal (1983) · Ensemble de monuments de Mahabalipuram (1984) · Temple du Soleil à Konârak (1984) · Églises et couvents de Goa (1986) · Ensemble monumental de Hampi (1986) · Ensemble monumental de Khajuraho (1986) · Fatehpur-Sikri (1986) · Ensemble de monuments de Pattadakal (1987) · Grottes d'Elephanta (1987) · Les grands temples vivants Chola (1987) · Monuments bouddhiques de Sânchî (1989) · Qutb Minar et ses monuments, Delhi (1993) · Tombe de Humayun, Delhi (1993) · Chemins de fer de montagne en Inde (1999) · Ensemble du temple de la Mahabodhi à Bodhgaya (2002) · Abris sous-roche du Bhimbetka (2003) · Gare Chhatrapati Shivaji (anciennement gare Victoria) (2004) · Parc archéologique de Champaner-Pavagadh (2004) · Ensemble du Fort Rouge (2007) · Jantar Mantar (2010) · Forts de colline du Rajasthan (2013) · Rani-ki-Vav à Patan (2014) · Site archéologique Nalanda Mahavihara (université de Nalanda) à Nalanda, Bihar (2016) · L'œuvre architecturale de Le Corbusier (avec six autres pays) (2016) · Ville historique d'Ahmedabad (2017) · Ensembles néo-gothique victorien et Art déco de Mumbai (2018) · Cité de Jaipur, Rajasthan (2019)
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+ Parc national de Kaziranga (1985) · Parc national de Keoladeo (1985) · Sanctuaire de faune de Manas (1985) · Parc national des Sundarbans (1987) · Parcs nationaux de Nanda Devi et de la Vallée des fleurs (1988) · Ghâts occidentaux (2012) · Aire de conservation du Parc national du Grand Himalaya (2014)
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+ Parc national de Khangchendzonga (2016)
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+ Œuvres principales
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+ William Shakespeare est un dramaturge, poète et acteur anglais baptisé le 26 avril 1564 et mort le 23 avril 1616[N 1]. Surnommé « le Barde » ou le « Barde d'Avon »[1], ou le « Barde immortel », il est souvent considéré comme le plus grand écrivain de la langue anglaise et le plus grand dramaturge de tous les temps. Son œuvre, traduite dans de nombreuses langues, se compose de 39 pièces, 154 sonnets et quelques poèmes supplémentaires, dont certains ne lui sont pas attribués de manière certaine.
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+ Originaire de Stratford-upon-Avon, dans le Warwickshire, Shakespeare se marie à 18 ans avec Anne Hathaway, avec qui il a trois enfants. À une date inconnue entre 1585 et 1592, il entame sa carrière d'acteur et auteur à succès à Londres au sein des Lord Chamberlain's Men, une troupe dont il est actionnaire. Il semble s'être retiré à Stratford vers 1613 pour y mourir trois ans plus tard. Il ne subsiste guère de traces de l'homme Shakespeare, ce qui a engendré de nombreuses spéculations concernant son apparence physique, sa sexualité, sa religion. Des théories marginales avancent que son œuvre a été en réalité écrite par un autre.
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+ Shakespeare rédige la majeure partie de ses pièces entre 1589 et 1613. Les premières sont surtout des comédies et des pièces historiques, puis il se consacre davantage aux tragédies comme Hamlet, Othello, Le Roi Lear et Macbeth. À la fin de sa vie, il rédige des tragi-comédies et collabore avec d'autres dramaturges. De son vivant, bon nombre de ses pièces sont publiées dans des ouvrages bon marché de qualité variable. En 1623, deux de ses amis éditent le Premier Folio, un recueil qui comprend presque toute son œuvre théâtrale sous une forme définitive. Dans sa préface, Ben Jonson prédit correctement le caractère intemporel de Shakespeare, dont les pièces continuent à être mises en scène, adaptées, redécouvertes et réinterprétées au fil des siècles dans des contextes culturels et politiques variés.
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+ William Shakespeare est le fils de John Shakespeare (vers 1531-1601) et Mary Arden (vers 1537-1608). Son père, originaire de Snitterfield dans le Warwickshire, est un gantier prospère établi à Stratford-upon-Avon où il occupe la charge d'alderman, tandis que sa mère est la fille d'un riche propriétaire terrien de Wilmcote[2]. Né à Stratford, William Shakespeare est baptisé le 26 avril 1564. Sa date de naissance exacte est inconnue. Une tradition qui trouve son origine dans une erreur commise par le critique George Steevens au XVIIIe siècle la situe le 23 avril. Cette date est reprise par de nombreux biographes, séduits par la coïncidence avec la Saint-Georges, fête du saint patron de l'Angleterre, ainsi qu'avec le jour de la mort du dramaturge en 1616[3],[4]. William est le troisième des huit enfants des Shakespeare et l'aîné des fils qui survivent à la petite enfance[5].
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+ La plupart des biographes de Shakespeare considèrent qu'il est probablement scolarisé à la King's New School (en) de Stratford, bien qu'aucun registre de présence ne subsiste de cette époque[6],[7],[8]. Cette grammar school a été fondée par une charte royale d'Édouard VI en 1553[9] et se situe à moins de 500 mètres de la maison de John Shakespeare. Les écoles anglaises sont de qualité variable, mais elles partagent le même programme par décret royal[10],[11]. Il repose principalement sur l'étude intensive de la grammaire du latin classique et de la littérature latine[12].
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+ William Shakespeare est âgé de dix-huit ans lorsqu'il se marie avec Anne Hathaway, la fille d'un yeoman de Shottery (en), âgée de vingt-six ans. Le consistoire du diocèse de Worcester émet un certificat de mariage le 27 novembre 1582, qui autorise la célébration des noces après seulement une publication des bans au lieu de trois. Le lendemain, deux voisins de Hathaway certifient qu'il n'existe aucun empêchement légal à cette union[13],[14]. Cette précipitation s'explique par l'état de Hathaway, qui accouche six mois plus tard d'une fille, Susanna (en), baptisée le 26 mai 1583[15]. Des jumeaux, Hamnet et Judith (en), naissent un an et demi plus tard et sont baptisés le 2 février 1585[16]. Hamnet meurt à l'âge de onze ans de causes inconnues ; il est enterré à Stratford le 11 août 1596[17].
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+ Après la naissance des jumeaux, Shakespeare disparaît presque complètement des documents d'époque pendant sept ans, jusqu'à sa réapparition comme figure établie du petit monde du théâtre londonien en 1592. Sa seule mention dans les sources pour cette période figure dans les documents concernant un procès tenu au Queen's Bench de Westminster entre fin 1588 et fin 1589[18]. Les biographes du dramaturge rapportent de nombreuses histoires apocryphes censées avoir eu lieu pendant ces « années perdues » de sa vie[19]. Le premier d'entre eux, Nicholas Rowe (1674-1718), rapporte une légende de Stratford selon laquelle Shakespeare se serait enfui à Londres pour échapper à la justice après avoir été surpris braconnant sur les terres de Thomas Lucy (en). Il aurait pris sa revanche plus tard en composant un poème calomnieux contre Lucy[20]. Une autre légende affirme que Shakespeare aurait fait son entrée dans le monde du théâtre comme valet d'écurie[21]. John Aubrey (1626-1697) rapporte qu'il aurait été maître d'école quelque part à la campagne[22], une idée reprise au XXe siècle à la suite de la découverte d'un certain « William Shakeshafte » dans les légataires du testament d'Alexander Hoghton, un propriétaire catholique du Lancashire[23],[24]. Aucune de ces légendes n'est fondée sur davantage que des racontars et des hypothèses qui ne font pas consensus ; Shakeshafte est un patronyme courant dans le Lancashire[25],[26].
18
+
19
+ La date et la manière dont débute la carrière d'acteur et d'écrivain de Shakespeare sont inconnues. Il est suffisamment connu en 1592 pour être la cible de Robert Greene. Dans son pamphlet Greene's Groats-Worth of Wit (en), publié à titre posthume, Greene accuse à mots couverts Shakespeare de n'être qu'un touche-à-tout médiocre, qui a l'outrecuidance de vouloir rivaliser avec Christopher Marlowe, Thomas Nashe ou lui-même, des dramaturges établis sortis d'Oxford et de Cambridge[27],[28],[29]. Il s'agit de la toute première allusion à l'œuvre théâtrale de Shakespeare, qui pourrait avoir débuté à n'importe quelle date entre le milieu des années 1580 et l'attaque de Greene[30],[31],[32].
20
+
21
+ À partir de 1594, les pièces de Shakespeare sont exclusivement interprétées par les Lord Chamberlain's Men, une compagnie d'acteurs à laquelle il appartient et qui devient rapidement la plus populaire de Londres[33]. Après la mort de la reine Élisabeth Ire, en 1603, son successeur Jacques Ier devient le mécène de la troupe, qui se rebaptise les King's Men[34]. Plusieurs membres de la compagnie s'associent en 1599 pour faire construire leur propre théâtre dans le quartier de Southwark, au sud de la Tamise : le Globe. Ils prennent également le contrôle du Blackfriars Theatre (en) en 1608. Les archives montrent que Shakespeare tire des bénéfices substantiels de son association avec la troupe[35]. En 1597, il est en mesure de racheter la deuxième plus grande maison de Stratford, New Place[36].
22
+
23
+ Les pièces écrites par Shakespeare commencent à être publiées au format in-quarto en 1594. Son nom apparaît sur les pages de titre à partir de 1598, signe d'une certaine popularité[37],[38],[39]. Il continue à se produire comme acteur, y compris dans des pièces d'autres auteurs, jouant ainsi dans Every Man in His Humour (en) (1598) et Sejanus His Fall (en) (1603) de Ben Jonson[40]. En revanche, il ne figure pas dans la distribution de Volpone en 1605, ce qui est interprété par certains biographes comme la preuve de la fin de sa carrière d'acteur[30]. Néanmoins, le Premier Folio de 1623 affirme qu'il fait partie des rôles principaux de toutes ses pièces, dont certaines n'ont commencé à être jouées qu'après 1605, sans que l'on sache les rôles qu'il interprète[41]. En 1610, John Davies de Hereford (en) affirme que le « bon Will » jouait les rôles « royaux[42] » Un siècle plus tard, Nicholas Rowe rapporte la tradition selon laquelle il interprétait le spectre du roi (en) dans Hamlet. D'autres rôles lui sont attribués ultérieurement : Adam dans Comme il vous plaira, le chœur dans Henri V[43],[44]. Les spécialistes remettent en question les sources de ces informations[45].
24
+
25
+ Durant toute sa carrière, Shakespeare partage son temps entre Londres et Stratford. En 1596, il réside dans la paroisse de St. Helen's à Bishopsgate[40],[46]. Il déménage à Southwark avant 1599, année de la fondation du Globe[40],[47], puis retourne vivre de l'autre côté de la Tamise avant 1604. Cette année-là, il loue un appartement à un huguenot français dans un quartier au nord de la cathédrale Saint-Paul qui comprend plusieurs belles maisons[48],[49].
26
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27
+ Nicholas Rowe est le premier à affirmer que Shakespeare prend sa retraite pour aller passer à Stratford les dernières années de sa vie, une affirmation reprise par Samuel Johnson[50],[40]. Cependant, l'idée de prendre sa retraite n'est pas courante au début du XVIIe siècle[51]. De fait, un document de 1635 indique qu'il est encore actif sur les planches à Londres en 1608[52]. Cependant, l'épidémie de peste bubonique qui frappe Londres l'année suivante entraîne de fréquentes fermetures pour les théâtres de la ville (ils sont fermés pendant plus de 60 mois entre mai 1603 et février 1610), ce qui réduit les opportunités de travailler pour les acteurs[53],[54],[55].
28
+
29
+ La présence de Shakespeare à Londres est encore attestée entre 1611 et 1614[50]. En 1612, il est appelé à témoigner dans l'affaire Bellott v. Mountjoy[56],[57]. En mars de l'année suivante, il achète une porterie de l'ancien prieuré de Blackfriars[58]. À partir de novembre 1614, il passe plusieurs semaines à Londres chez son gendre John Hall (en)[59]. Il rédige moins de pièces à partir de 1610 et aucune ne lui est attribuée après 1613[60]. Ses trois dernières sont le fruit d'une collaboration, probablement avec John Fletcher, son successeur comme dramaturge attitré des King's Men[61],[62].
30
+
31
+ William Shakespeare meurt le 23 avril 1616 à l'âge de 52 ans, un mois après avoir établi son testament (en), dans lequel il se décrit comme « en parfaite santé ». Les circonstances de son décès ne sont rapportées par aucune source d'époque. Un demi-siècle plus tard, le vicaire de Stratford John Ward (en) rapporte qu'il aurait été pris de fièvre à la suite d'une soirée trop arrosée avec Michael Drayton et Ben Jonson et qu'il en serait mort[63],[64].
32
+
33
+ Sa femme et ses deux filles lui survivent. L'aînée, Susanna, s'est mariée au docteur John Hall en 1607, tandis que Judith a épousé un marchand de vin, Thomas Quiney (en), deux mois avant la mort de son père[65]. Susanna hérite de la majeure partie des biens de Shakespeare, qu'elle est censée transmettre intacts à l'aîné de ses éventuels fils[66],[67]. Les Quiney ont trois enfants qui meurent sans descendance[68],[69]. Les Hall n'ont qu'une fille, Elizabeth (en), qui meurt en 1670 sans avoir eu d'enfant de ses deux maris. Sa mort marque l'extinction de la descendance du dramaturge[70],[71].
34
+
35
+ Shakespeare est inhumé dans le chancel de l'église de la Sainte-Trinité de Stratford-upon-Avon deux jours après sa mort[72],[73]. Sa tombe porte l'épitaphe suivante :
36
+
37
+ Mon ami, pour l’amour du Sauveur, abstiens-toi
38
+ De creuser la poussière déposée sur moi.
39
+ Béni soit l’homme qui épargnera ces pierres
40
+ Mais maudit soit celui violant mon ossuaire
41
+
42
+ Good friend, for Jesus' sake forbear,
43
+ To dig the dust enclosed here.
44
+ Blest be the man that spares these stones,
45
+ But cursed be he that moves my bones.
46
+
47
+ À une date inconnue entre 1616 et 1623, un monument funéraire (en) est édifié en sa mémoire sur le mur nord du chancel. Il comprend une sculpture à son effigie et une plaque dont le texte le compare à Nestor, Socrate et Virgile[74].
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+ Il est difficile de dégager une chronologie exacte des pièces de Shakespeare[75],[76]. Les plus anciennes remontent au début des années 1590, une période de grande popularité pour le théâtre historique : il s'agit de Richard III et des trois parties de Henri VI. Certains éléments suggèrent que Titus Andronicus, La Comédie des erreurs, La Mégère apprivoisée et Les Deux Gentilshommes de Vérone appartiennent aussi à la première moitié des années 1590[77],[75]. Les premières pièces historiques de Shakespeare, qui s'appuient principalement sur l'édition de 1587 de la chronique de Raphael Holinshed[78], offrent une interprétation dramatique des conséquences néfastes d'un gouvernement faible ou corrompu et constituent peut-être une défense des origines de la maison Tudor[79]. Elles témoignent de l'influence d'autres dramaturges élisabéthains, notamment Thomas Kyd et Christopher Marlowe, mais aussi du théâtre médiéval et des pièces de Sénèque[80],[81],[82]. La Comédie des erreurs est également d'inspiration antique, mais aucune source n'a été identifiée pour La Mégère apprivoisée, qui s'inspire peut-être d'un conte populaire[83],[84]. Cette pièce, qui raconte la soumission à un homme d'une femme à l'esprit libre, est jugée problématique par les critiques et les publics du début du XXIe siècle[85].
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+ Les premières comédies de Shakespeare, d'inspiration antique ou italienne, avec leurs intrigues parallèles bien réglées et leurs passages comiques millimétrés, laissent place au milieu des années 1590 à des comédies à l'atmosphère plus romantique, généralement préférées par la critique[86]. Le Songe d'une nuit d'été mélange ainsi romance, magie féérique et comique bas du front[87]. Le Marchand de Venise, tout aussi romantique, offre un personnage problématique en la personne de l'usurier juif Shylock, qui reflète l'antisémitisme de la société élisabéthaine[88],[89]. Les traits d'esprit de Beaucoup de bruit pour rien, les décors pastoraux de Comme il vous plaira et l'ambiance festive de La Nuit des rois viennent compléter l'inventaire des grandes comédies de Shakespeare[90]. Après le lyrisme de Richard II, une pièce presque entièrement versifiée, Shakespeare introduit des éléments comiques en prose dans les deux parties de Henri IV et Henri V. Ses personnages deviennent plus complexes et il alterne adroitement scènes humoristiques et sérieuses, en vers ou en prose[91],[92],[93]. Deux tragédies encadrent cette période fertile : Roméo et Juliette (vers 1595), l'une de ses pièces les plus célèbres, qui traite de l'adolescence, l'amour et la mort[94],[95], et Jules César (vers 1599), inspirée par la traduction des Vies parallèles de Plutarque par Thomas North (en), qui introduit un nouveau type de tragédie dans lequel les différents thèmes de prédilection de Shakespeare (politique, personnages, introspection, événements contemporains) commencent à s'alimenter les uns les autres[96],[97].
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+ Vers le début du XVIIe siècle, Shakespeare rédige une série de « pièces à problèmes » : Mesure pour mesure, Troïlus et Cressida et Tout est bien qui finit bien. Cette période voit également la production de ses plus célèbres tragédies[98],[99]. Ces textes, qui comptent parmi les plus acclamés du dramaturge, tournent généralement autour d'un personnage principal dont la ruine est causée par un défaut de caractère fondamental[100]. Dans Hamlet, c'est l'indécision du protagoniste, illustrée par sa célèbre tirade « To be, or not to be », qui entraîne sa perte[101]. Dans Othello, c'est la jalousie du héros, encouragée par le machiavélique Iago, qui le pousse à tuer sa femme qui est pourtant innocente[102],[103]. Dans Le Roi Lear, le vieux roi commet l'erreur d'abdiquer ses pouvoirs, mettant en branle une série d'événements qui aboutissent, avec une inéluctable cruauté, à la torture du comte de Gloucester et la mort de sa fille préférée, Cordelia[104],[105],[106]. Dans Macbeth, la plus courte et la plus dense des tragédies de Shakespeare[107], c'est une insatiable ambition qui pousse Macbeth et sa femme à assassiner le roi légitime avant d'être anéantis par leur culpabilité[108]. Les dernières grandes tragédies de Shakespeare, Antoine et Cléopâtre et Coriolan, sont considérées comme ses meilleures par le poète et critique T. S. Eliot[109],[110],[111].
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+ Dans ses dernières années, Shakespeare se tourne vers la romance et la tragicomédie. Il achève trois autres grandes pièces : Cymbeline, Le Conte d'hiver et La Tempête, ainsi que Périclès, prince de Tyr, écrite avec un collaborateur anonyme. Ces quatre pièces sont plus sérieuses que les comédies des années 1590, mais elles sont également moins sombres que les tragédies précédentes de Shakespeare, en s'achevant sur la réconciliation des ennemis et le pardon d'erreurs potentiellement tragiques[112]. Certains critiques y ont vu un changement de philosophie d'un Shakespeare plus âgé, mais il s'agit peut-être simplement du reflet des modes du moment[113],[114],[115]. Les deux dernières pièces connues de Shakespeare, Henri VIII et Les Deux Nobles Cousins, sont le résultat d'une collaboration, vraisemblablement avec John Fletcher[116].
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+ Les troupes pour lesquelles Shakespeare écrit ses premières pièces ne sont pas identifiées avec certitude. La page de titre de l'édition de 1594 de Titus Andronicus indique cette pièce a été jouée par trois compagnies différentes[117]. Après l'épidémie de peste de 1592-1593, c'est la troupe de Shakespeare, les Lord Chamberlain's Men, qui interprète ses textes au Theatre et au Curtain, deux salles du quartier londonien de Shoreditch[118]. L'écrivain Leonard Digges rapporte que le public s'y précipite pour assister aux représentations de la première partie de Henri IV[119]. En conflit avec leur propriétaire, les Lord Chamberlain's Men font raser le Theatre et en utilisent les poutres pour fonder leur propre salle, le Globe, à Southwark. Il s'agit du tout premier théâtre fondé par des acteurs pour des acteurs[120],[121]. Il ouvre ses portes à l'automne 1599 et l'une des premières pièces qui y est jouée est le Jules César de Shakespeare. La plupart de ses chefs-d'œuvre suivants sont écrits pour le Globe, de Hamlet à Othello en passant par Le Roi Lear[120],[122],[123].
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+ En 1603, les Lord Chamberlain's Men deviennent les King's Men et entretiennent dès lors une relation particulière avec le roi Jacques Ier. Les sources d'époque sont parcellaires, mais il est certain qu'ils interprètent sept pièces de Shakespeare à la cour entre le 1er novembre 1604 et le 31 octobre 1605, dont Le Marchand de Venise à deux reprises[44]. À partir de 1608, la troupe se produit au Blackfriars en hiver et au Globe en été[124]. Le Blackfriars étant une salle couverte, il permet à Shakespeare d'introduire des effets spéciaux plus élaborés, qui correspondent également au goût du public pour les masques à la mise en scène élaborée. Ainsi, il fait apparaître le dieu Jupiter assis sur un aigle et entouré d'éclairs dans Cymbeline[125],[126]. Ces effets spéciaux ne sont pas sans danger : le 29 juin 1613, lors d'une représentation de Henri VIII, un tir de canon met le feu au chaume du Globe et l'incendie qui s'ensuit réduit le théâtre en cendres. Cet incident représente l'un des rares cas où l'on puisse dater une représentation de Shakespeare au jour près[127].
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+ La troupe de Shakespeare comprend plusieurs acteurs célèbres, parmi lesquels Richard Burbage et William Kempe. C'est Burbage qui créée les premiers rôles de plusieurs de ses pièces, dont Richard III, Hamlet, Othello et Le Roi Lear[128]. Kempe est quant à lui un acteur comique populaire, qui interprète notamment le domestique Pierre dans Roméo et Juliette et l'agent de police Dogberry (en) dans Beaucoup de bruit pour rien[129],[130]. Il est remplacé vers 1600 par Robert Armin, qui joue Touchstone dans Comme il vous plaira et le bouffon dans Le Roi Lear, entre autres[131].
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+ Après l’interrègne (1642-1660), pendant lequel le théâtre est interdit, les troupes de la Restauration puisent dans l'œuvre des dramaturges de la génération précédente : Beaumont et Fletcher sont extrêmement populaires, mais également Ben Jonson et William Shakespeare. Leurs œuvres sont souvent adaptées de manière radicale, à l'image du Roi Lear de Nahum Tate qui reçoit une fin heureuse. Jusqu'au XIXe siècle, les pièces de Shakespeare sont interprétées dans des costumes contemporains. À l'époque victorienne, les représentations théâtrales sont en revanche marquées par une recherche de reconstitution d'époque[132], les artistes ayant une fascination pour le réalisme historique. La mise en scène de Gordon Craig pour Hamlet en 1911 inaugure son influence cubiste, avec un décor épuré constitué de simples niveaux, des teintes monochromes étendues sur des praticables de bois combinés pour se soutenir entre eux. Bien que cette utilisation de l'espace scénique ne soit pas nouvelle, c'est la première fois qu'un metteur en scène l'utilise pour Shakespeare[133]. En 1936, Orson Welles monte un Macbeth novateur à Harlem, transposant non seulement l'époque de la pièce mais aussi n'employant que des acteurs afro-américains. Ce spectacle très controversé replace l'action dans les Antilles avec un roi aux prises avec la magie vaudoue. De nombreuses mises en scène ultérieures choisissent de transposer l'action de pièces de Shakespeare dans un monde très contemporain et politique.
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+ En 1623, deux membres des King's Men, Henry Condell et John Heminges, publient le Premier Folio, un recueil de 36 pièces de Shakespeare, dont 18 sont imprimées pour la première fois[134]. Les autres ont été éditées avant cette date au format in-quarto, plus petit et moins prestigieux[135]. Rien ne permet d'affirmer que Shakespeare ait autorisé la publication de ces in-quarto, décrits dans le Premier Folio comme « des copies volées et clandestines[136] ». Le dramaturge n'envisageait en fait probablement pas que son œuvre subsiste d'une manière ou d'une autre, et sans la publication du Premier Folio par ses amis après sa mort, elle serait vraisemblablement tombée dans l'oubli.
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+ En 1909, le bibliographe Alfred William Pollard introduit l'expression « mauvais quarto » pour décrire certains des textes parus avant 1623 qui se caractérisent par la qualité médiocre de leur contenu. Adapté, paraphrasé ou mélangé, leur texte pourrait être en partie une reconstitution tirée des souvenirs d'un membre du public ou d'un acteur de la troupe[135],[136],[137]. Lorsque plusieurs versions d'une même pièce subsistent, elles présentent toujours des différences. Ces différences peuvent provenir d'erreur de copie ou d'impression, de notes prises par les acteurs ou les membres du public, ou même des brouillons de Shakespeare[138],[139]. Il est plausible que le dramaturge ait revu le texte de certaines pièces comme Hamlet, Troïlus et Cressida et Othello après leur parution au format in-quarto. Dans le cas du Roi Lear, les différences entre l'in-quarto de 1608 et le Premier Folio sont telles que les éditeurs du Oxford Shakespeare ont choisi de publier les deux textes l'un après l'autre au lieu de les combiner[140].
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+ Les 36 pièces de Shakespeare publiées dans le Premier Folio y sont réparties en trois catégories : 14 comédies, 10 pièces historiques et 12 tragédies[141]. Trois pièces supplémentaires, non reprises dans le Premier Folio, sont traditionnellement ajoutées au canon shakespearien, les critiques s'accordant à considérer qu'il a contribué en grande partie à leur écriture : Les Deux Nobles Cousins, Périclès, prince de Tyr et Édouard III[142],[143].
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+ En 1875, le critique Edward Dowden (en) introduit une nouvelle catégorie, celle des romances, où il classe quatre comédies tardives : Périclès, prince de Tyr, Cymbeline, Le Conte d'hiver et La Tempête. Le terme de « romance » reste couramment employé pour les décrire, même si certains auteurs préfèrent parler de tragi-comédies[144],[145]. En 1896, Frederick S. Boas (en) distingue quatre autres pièces, Tout est bien qui finit bien, Mesure pour mesure, Troïlus et Cressida et Hamlet, qu'il décrit comme des pièces à problème[146]. Il considère en effet que ces pièces ne sont ni strictement des comédies, ni strictement des tragédies[147]. Cette classification, amplement débattue par les spécialistes de Shakespeare, reste en usage pour trois de ces quatre pièces, Hamlet étant définitivement considérée comme une tragédie[148],[149],[150].
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+ Publiés en 1609, les Sonnets sont la dernière œuvre non-dramatique de Shakespeare à avoir été éditée. Ces 154 poèmes, méditations profondes sur la nature de l'amour, la passion, la procréation, la mort et le passage du temps, ont vraisemblablement été composés sur une longue période de temps à destination d'un public restreint[151],[152]. L'écrivain Francis Meres les évoque en 1598, et l'année suivante, deux d'entre eux sont publiés sans l'autorisation de Shakespeare dans le recueil Le Pèlerin passionné[153],[154],[155]. L'ordre de l'édition de 1609 ne correspond sans doute pas à la volonté de Shakespeare, qui semble avoir considéré ces poèmes comme appartenant à deux séries distinctes : l'une décrit une violente passion pour une femme mariée au teint mat, tandis que l'autre dépeint un amour contrarié pour un jeune homme blond. La question de l'identité de ces deux personnes est ardemment débattue, tout comme celle du narrateur des poèmes, qui n'est pas forcément censé être Shakespeare[156],[152]. Une autre question non résolue est celle de l'identité du « monsieur W. H. » à qui est dédiée l'édition de 1609[157].
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+ En 1593-1594, alors que les théâtres de Londres sont fermés pour cause de peste, Shakespeare publie deux poèmes narratifs, Vénus et Adonis et Le Viol de Lucrèce, qu'il dédie au comte de Southampton Henry Wriothesley. Le sexe est un thème commun aux deux poèmes : dans Vénus et Adonis, l'innocent Adonis rejette les avances de la déesse Vénus, tandis que dans Le Viol de Lucrèce, un Tarquin lubrique viole la vertueuse Lucrèce[158]. Inspirés des Métamorphoses d'Ovide, ces deux textes illustrent la culpabilité et la confusion morale qu'engendrent une luxure débridée[159],[160]. Ils rencontrent un franc succès et sont réédités à plusieurs reprises du vivant de leur auteur. Un troisième poème narratif, A Lover's Complaint, apparaît à la fin de la première édition des Sonnets. Exprimant le désespoir d'une jeune femme abandonnée par son amant, il est généralement attribué à Shakespeare, bien que sa paternité ait été ponctuellement remise en cause à partir du début du XIXe siècle[154],[161],[162]. Enfin, The Phoenix and the Turtle (en), paru en 1601 en supplément au poème Love's Martyr de Robert Chester (en), est une lamentation allégorique sur la mort du phénix et de son amante, la colombe.
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+ Les premières pièces de Shakespeare sont rédigées comme les autres pièces de l'époque. Ses personnages s'expriment d'une manière stylisée qui n'émerge pas naturellement de leur caractérisation ou des besoins de l'intrigue[163]. La poésie du texte repose sur des métaphores filées et des concepts complexes, avec de nombreux artifices rhétoriques. Ils sont davantage faits pour être déclamés que dits. Ainsi, certains critiques estiment que les diatribes grandioses de Titus Andronicus paralysent l'action et que les vers des Deux Gentilshommes de Vérone sont trop guindés[164],[165].
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+ Shakespeare ne tarde pas à plier les normes stylistiques à ses propres fins. Ainsi, la tirade introductive de Richard III s'inspire fondamentalement du discours du Vice dans les pièces chrétiennes du Moyen Âge, mais la conscience de soi dont fait preuve le personnage de Richard annonce les monologues des pièces ultérieures de Shakespeare[166],[167]. Il n'existe pas de démarcation nette pour ce passage d'un style traditionnel à un style plus libre et le dramaturge combine les deux tout au long de sa carrière, ce dont témoigne le plus clairement Roméo et Juliette[168]. Lorsqu'il rédige cette pièce, ainsi que Richard II et Le Songe d'une nuit d'été, Shakespeare produit une poésie plus naturelle et moins guindée, dans laquelle comparaisons et métaphores sont au service de l'intrigue.
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+ Sa forme poétique de prédilection est le vers blanc non rimé en pentamètres iambiques, avec dix syllabes par vers et une syllabe sur deux accentuée. Dans ses premières pièces, il tend à faire commencer et finir ses phrases dans les limites de chaque vers, quitte à engendrer une certaine monotonie[169]. Au fur et à mesure qu'il développe sa maîtrise du vers blanc, il commence à jouer avec le rythme de ses phrases dans des pièces comme Jules César ou Hamlet, dans laquelle les phrases hachées reflètent le trouble qui règne dans l'esprit du prince[170].
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+ Après Hamlet, Shakespeare développe encore sa variété stylistique, notamment dans les passages les plus chargés d'émotion de ses tragédies tardives[171]. Il a recours à plusieurs techniques : enjambements, pauses irrégulières et variations marquées dans la structure et la longueur de ses phrases[172]. Dans Macbeth, par exemple, les répliques enchaînent les métaphores et les comparaisons sans point d'ancrage commun, mettant l'auditeur au défi de reconstituer le sens des propos[172]. Les romances tardives, avec leurs retournements de situation et leur approche spéciale du passage du temps, inspirent une autre variation stylistique : phrases longues et courtes s'opposent, les propositions s'enchaînent, le sujet et l'objet échangent de position, des mots sont omis. Tous ces effets donnent une impression de spontanéité au texte[173].
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+ Le génie poétique de Shakespeare est avant tout lié à sa vision concrète du théâtre[174]. Comme tous les dramaturges de l'époque, il s'inspire d'histoires provenant de sources comme Plutarque ou Holinshed[175], mais il retravaille chaque intrigue pour proposer plusieurs centres d'intérêt et présenter autant de points de vue que possible au public. Grâce à cette méthode, les pièces de Shakespeare peuvent être traduites, abrégées ou réinterprétées sans perdre leur conflit central[176]. Ses progrès comme écrivain l'amènent à offrir des motivations plus claires et plus variées à ses personnages, ainsi que des manières de parler distinctes. Il ne renie pas pour autant complètement le style de ses débuts. Dans ses romances tardives, il revient sciemment à une diction plus artificielle pour mettre l'accent sur le caractère illusoire du théâtre[177],[178].
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+ L'influence de Shakespeare sur le théâtre moderne est considérable. Il joue un rôle crucial dans le développement du potentiel dramatique d'éléments comme la caractérisation des personnages, l'intrigue, la langue et le genre[179]. Ainsi, les histoires d'amour n'étaient pas considérées comme un sujet valable pour une tragédie avant Roméo et Juliette[180]. Les monologues servaient principalement à transmettre des informations au public ; Shakespeare les utilise pour explorer l'esprit des personnages[181]. Au XIXe siècle, les poètes romantiques tentent de produire de nouvelles pièces en vers sur le modèle de Shakespeare, sans grand succès : selon le critique George Steiner, toutes les pièces en vers de langue anglaise produites entre Coleridge et Tennyson ne sont que « de piètres variations sur les thèmes shakespeariens[182] ».
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+ L'œuvre de Shakespeare est aussi une influence pour des romanciers comme Thomas Hardy, William Faulkner et Charles Dickens. Les monologues des personnages de Herman Melville doivent beaucoup à ceux de Shakespeare : le capitaine Achab de Moby Dick est un héros tragique[183]. Plus de 20 000 œuvres musicales présentent un lien avec Shakespeare, parmi lesquelles les opéras de Giuseppe Verdi Macbeth, Otello et Falstaff, dont la réputation critique rivalise avec celle des pièces qui les ont inspirés[184]. De nombreux peintres, notamment des courants romantique et préraphaélite, ont également puisé dans l'œuvre du dramaturge[185]. Au-delà du monde des arts, le psychanalyste Sigmund Freud s'est inspiré des personnages de Shakespeare, notamment Hamlet, pour développer ses théories sur la nature humaine[186].
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+ L'usage que fait Shakespeare de la langue anglaise contribue au développement de sa forme moderne[187]. Il est l'auteur le plus cité dans le Dictionary of the English Language de Samuel Johnson (1755), l'un des premiers dictionnaires de langue anglaise[188]. De nombreux mots et expressions passés dans le langage courant apparaissent pour la première fois dans l'œuvre de Shakespeare, comme « one fell swoop » ou « good riddance[189] ». L'anglais est couramment désigné par la périphrase « langue de Shakespeare ».
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+ L'influence de Shakespeare ne se limite pas au monde anglophone. Il est populaire en Allemagne dès le XVIIIe siècle auprès des auteurs du classicisme de Weimar, et Christoph Martin Wieland est le premier à produire une traduction intégrale de son œuvre théâtrale dans une autre langue, dès les années 1760[190],[191]. En France, il exerce une influence notable sur Honoré de Balzac, certains allant même jusqu'à parler de plagiat s'agissant du Père Goriot et du Roi Lear[192]. Selon l'Index Translationum, avec un total de 4 281 traductions, il est le troisième écrivain le plus traduit au monde après Agatha Christie et Jules Verne[193].
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+ Il existe plus de 400 films adaptés des pièces de Shakespeare[194]. De 1978 à 1985, la BBC produit des adaptations de 37 pièces de Shakespeare pour la télévision : The Complete Dramatic Works of William Shakespeare. Cet ensemble unique, joué par quelques-uns des meilleurs comédiens britanniques (Derek Jacobi, Anthony Quayle, John Gielgud, etc.), est très fidèle aux textes originaux et propose des mises en scène inspirées de la tradition théâtrale anglaise[195].
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+ De son vivant, l'œuvre de Shakespeare est l'objet de commentaires élogieux, mais il n'est pas pour autant considéré comme un génie[196],[197]. Dans le Premier Folio, Ben Jonson le décrit comme « l'âme de notre époque, la joie de notre scène », mais il remarque ailleurs que « Shakespeare manquait d'art ». Durant la Restauration et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les idées antiques sont à la mode et Shakespeare trouve donc moins grâce aux yeux des critiques que Jonson ou John Fletcher[198]. Ainsi, Thomas Rymer lui reproche de mélanger le comique au tragique. L'opinion de Rymer prévaut pendant plusieurs décennies, jusqu'à ce que les critiques du XVIIIe siècle prennent en considération Shakespeare pour lui-même et décèlent ce qu'ils appellent son génie naturel. Sa réputation s'accroît avec la parution des éditions critiques de Samuel Jonson et Edmond Malone, parues en 1765 (The Plays of William Shakespeare) et 1790 respectivement[199],[200]. En 1769, l'acteur David Garrick organise un jubilé pour Shakespeare dans sa ville natale de Stratford qui marque une étape dans le développement d'un véritable culte autour du dramaturge, la « bardolâtrie[201] ». À l'aube du XIXe siècle, sa position comme poète national de l'Angleterre est assurée[202]. Il bénéficie également d'une solide réputation à l'étranger après avoir été loué par des auteurs comme Voltaire (Lettres philosophiques, 1734), Goethe (Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, 1795-1796), Stendhal (Racine et Shakespeare, 1823-1825) et Victor Hugo (préface de Cromwell, 1827, et l'essai William Shakespeare, 1864)[203].
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+ Au XIXe siècle, l'admiration pour Shakespeare confine à l'adoration[204]. Il est loué par les romantiques comme Samuel Taylor Coleridge et Auguste Schlegel[205] et l'époque victorienne voit ses pièces interprétées dans des mises en scène grandioses[206]. Le dramaturge George Bernard Shaw se moque de ce qu'il appelle la « bardolâtrie » et affirme que le naturalisme de dramaturges comme Henrik Ibsen a rendu Shakespeare obsolète[207]. Néanmoins, le courant moderniste du début du XXe siècle ne rejette pas ses œuvres, bien au contraire : ses pièces sont mises à contribution par le théâtre d'avant-garde. Elles sont mises en scène aussi bien par les expressionnistes allemands que par les futuristes russes, et Bertolt Brecht développe l'idée du théâtre épique en s'inspirant de Shakespeare. T. S. Eliot prend le contrepied de la critique de Shaw en déclarant que c'est précisément le caractère « primitif » de Shakespeare qui le rend moderne[208].
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+ Le courant du new criticism, inspiré par Eliot et des critiques comme G. Wilson Knight (en), propose une lecture plus attentive de l'imagerie de Shakespeare. De nouvelles approches apparaissent dans les années 1950 et annoncent les études postmodernes de Shakespeare[209]. Toutes sortes de courants se penchent sur son œuvre, parmi lesquels structuralisme, féminisme, néo-historicisme, African-American studies et queer studies[210],[211].
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+ Des théories marginales concernant la paternité des œuvres attribuées à Shakespeare circulent depuis le milieu du XIXe siècle[212]. Parmi les noms avancés comme le véritable auteur de ses pièces et poèmes, les plus populaires sont Francis Bacon, Christopher Marlowe et le comte d'Oxford Edward de Vere[213]. Cette idée suscite une certaine curiosité chez le grand public, mais les milieux universitaires considèrent de manière quasiment unanime qu'il n'existe aucune raison valable de remettre en doute la paternité des œuvres de Shakespeare[214],[215],[216].
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+ La vie publique de Shakespeare est celle d'un fidèle de l'Église d'Angleterre : c'est la religion dans laquelle il se marie, ses enfants sont baptisés et il est enterré[217]. Cependant, ses croyances intimes sont sources de débats et certains chercheurs affirment que des membres de sa famille sont catholiques, une foi alors interdite en Angleterre[218]. De fait, sa mère, Mary Arden, est issue d'une famille catholique dévote. Une déclaration de foi catholique signée par son père John a été découverte en 1757 dans le plafond de son ancienne maison de Henley Street, mais ce document est aujourd'hui perdu et son authenticité fait débat[219],[220]. John Shakespeare est rapporté avoir manqué la messe en 1591, et la fille du dramaturge, Susanna, figure dans une liste de fidèles de Stratford n'ayant pas reçu l'euchariste à Pâques en 1606[221],[222],[223]. En ce qui concerne Shakespeare lui-même, il ne subsiste aucune indication permettant d'établir sa foi intime. Diverses lectures de ses pièces y ont vu des preuves de son catholicisme, de son protestantisme ou de son absence de foi, sans jamais trouver d'indice concluant[224],[225].
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+ L'orientation sexuelle de Shakespeare est un sujet débattu. Il est certain qu'il s'est marié avec Anne Hathaway et qu'ils ont eu trois enfants. Après sa mort, certains lecteurs, considérant les sonnets de Shakespeare comme autobiographiques, y ont vu la preuve de son amour pour un jeune homme, et donc d'une possible bisexualité. D'autres n'y voient cependant que l'expression d'une amitié intense[226],[227],[228].
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+ L'apparence physique de Shakespeare n'est décrite dans aucune source d'époque, et rien ne permet d'affirmer qu'il ait fait faire son portrait. Les deux seules représentations du dramaturge susceptibles de donner une idée de son apparence sont le portrait Droeshout, paru en frontispice du Premier Folio, dont Ben Jonson affirme qu'il représente bien son modèle[229], et son monument funéraire à Stratford. À partir du XVIIIe siècle, la grande popularité de Shakespeare s'est traduite par une recherche de portraits du dramaturge, allant de l'identification erronée de portraits d'autres individus à la production de faux portraits[230].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le shampooing ou shampoing[1], est un produit cosmétique présenté généralement sous forme de liquide, crème, solide ou poudre, formulé à partir de substances tensioactives permettant de nettoyer la chevelure et éventuellement de traiter le cheveu.
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+ Outre la présence de produits chimiques avérés ou suspectés néfastes pour l'environnement, il a été montré que l'utilisation trop fréquente de shampooing a une action décapante sur le sébum, huile naturellement produite par le cuir chevelu.
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+ Le mot shampoo date en anglais de 1762, où il avait le sens de « masser ». Le mot était emprunté à l'anglo-indien « shampoo », qui venait à son tour du hindi chāmpo (चाँपो /tʃãːpoː/), l'impératif de chāmpnā (चाँपना /tʃãːpnaː/), « huiler, masser les muscles », et qui était dérivé lui-même du mot sanskrit / hindi chāmpnā (चाँपना /tʃãːpnaː/), désignant les fleurs de la plante Michelia champaca (famille des Magnoliaceae) traditionnellement utilisées pour faire des huiles odorantes pour cheveux. Les Indiens s'en servaient pour s'enduire les cheveux et les faire briller.
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+ Kasey Hebert fut le premier producteur connu de shampooing et c'est à lui qu'on en attribue actuellement l'origine. Il vendait son premier shampooing, « Shaempoo » dans les rues de Londres, sa ville natale.
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+ Le terme et le service ont été présentés par Sake Dean Mahomed (en), né à Patna en Inde, qui ouvrit à Brighton en 1814 un bain shampooinant sous le nom de Bains de vapeur indiens de Mahomed[2]. Ses bains ressemblaient à des bains turcs où les clients recevaient un traitement indien de champi, c'est-à-dire de shampooing, ou des massages thérapeutiques. Son service fut apprécié ; il reçut cette haute distinction d'être fait Chirurgien Shampouineur de George IV comme de Guillaume IV.
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+ La peau est un organe très important qui est chargée de laisser passer la transpiration, tout en empêchant les corps étrangers de pénétrer dans l'organisme. Ces corps étrangers incluent poussières, microbes et molécules toxiques. Le corps étant constitué à 80 % d'eau, la peau doit se prémunir du dessèchement (qui se traduit par des gerçures voire des crevasses). C'est pour cela que la sueur s'accompagne d'une sécrétion d'un corps gras : le sébum. Il permet donc à la peau de maintenir son taux d'humidité, et donc de rester douce, souple et intègre. Malheureusement, comme tout corps gras, le sébum a tendance à s'imprégner des corps étrangers en contact avec la peau. S'il n'est pas évacué, il se forme à la surface de la peau une couche épaisse et noirâtre de sébum mélangé de poussières, de bactéries et de substances plus ou moins toxiques : c'est la crasse. Devenir crasseux pose des problèmes d'hygiène (multiplication des bactéries et odeurs associées), et de salissures des vêtements (cf. cols de chemises).
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+ Au niveau du cuir chevelu, le sébum protège également les cheveux en enduisant les écailles et surtout l'espace entre les écailles d'un film protecteur. Ce film a deux intérêts :
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+ Au fil des jours, le sébum va s'accumuler dans les cheveux, surtout dans les parties proches du cuir chevelu. Les mouvements des cheveux contribuent également à l'étalement de ce sébum. Plus la quantité de sébum augmente, plus le film devient épais. Les cheveux deviennent « gras » et ont tendance à se coller entre eux, s'alourdir, donnant un effet « mouillé » inesthétique. Selon les profils de peau, la production de sébum est plus ou moins abondante.
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21
+ Le lavage de base se fait à l'eau (solvant). Mais l'eau seule ne se mélangeant pas avec un corps gras, il est nécessaire d'y ajouter un agent dispersant (détergeant), lui permettant de dissoudre le sébum (et les saletés incrustées) des cheveux et du cuir chevelu. Le shampooing s'applique en massant sur les cheveux mouillés, ce qui permet d'augmenter mécaniquement l'efficacité du lavage. On masse le cuir chevelu sans trop frotter les cheveux. Il est inutile d'attendre qu'il agisse et il est déconseillé de faire 2 lavages successifs car l'agression du second lavage sera beaucoup plus forte. Pour faciliter le lavage, il est recommandé d'utiliser de l'eau chaude (augmentation du pouvoir solvant de l'eau), cependant, la chaleur dilatant les pores et stimulant les glandes sébacées, le cuir chevelu peut répondre en produisant davantage de sébum.
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+ Il faut rincer abondamment pour limiter les résidus de shampooing dans les cheveux.
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+ La fréquence normale du lavage des cheveux devrait-être tous les 2 à 3 jours. Pour les cheveux secs ou longs, les lavages devront être espacés (1 fois par semaine), tandis que pour les cheveux gras, réduire la fréquence risque de stresser davantage le cuir chevelu qui va graisser encore plus vite.
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+ Le lavage a deux conséquences : assécher le cheveu et irriter le cuir chevelu.
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29
+ Le problème de la peau, c'est qu'elle est elle-même constituée de cellules dont la paroi est constituée de lipides. Pour faire une image, si on schématise à l'extrême, nos cellules sont littéralement des bulles de graisses contenant de l'eau. Toute la difficulté réside alors dans la capacité du détergeant à dissoudre le sébum sans dissoudre la paroi cellulaire. Actuellement aucun détergent n'est parfaitement sélectif. C'est pourquoi tous les détergents des shampooings sont dits irritants : ils altèrent les cellules de l'épiderme en créant des irritations (destruction de cellules ou désolidarisation de cellules) qui deviennent des brèches notamment pour les différents produits chimiques en contact avec la peau. Le rôle du fabricant de shampooing lavant à base de détergent va être de trouver un produit peu irritant, puis de lui ajouter des agents permettant de limiter les potentielles irritations.
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+
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+ C'est pourquoi également, tous les shampooings sont porteur de règles de sécurités en cas de réaction allergiques ou de projection dans les yeux. Il est aussi recommandé de changer régulièrement de marque de shampooing pour varier les produits appliqués et limiter la sensibilisation du cuir chevelu.
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33
+ Si on enlève trop régulièrement le sébum par des shampooings, le cuir chevelu va se dessécher, conduisant souvent ce dernier à augmenter la production de sébum pour compenser. Outre la présence de produits chimiques avérés ou suspectés néfastes pour l'environnement, il a été montré que l'utilisation fréquente de shampooing a une action décapante sur le sébum, huile naturellement produite par le cuir chevelu. Ceci conduit à une sur-activation des glandes sébacées, ce qui graisse alors plus rapidement les racines des cheveux. Selon Michelle Hanjani, une dermatologue de l'université de Columbia, une diminution graduelle de l'utilisation du shampooing permettrait de faire diminuer progressivement la production de sébum et réduirait donc l'aspect graisseux du cuir chevelu[3].
34
+
35
+ Le shampooing est souvent l'étape principale du traitement du cheveu. Il en existe d'autres, complémentaires ou à visées esthétiques :
36
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+ Bien que cette approche paraisse peu attirante dans un premier temps, de plus en plus de personnes tentent l'expérience en utilisant d'autres techniques de lavage[4] :
38
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39
+ Selon les types de cheveux, certaines formulations sont déconseillées et d'autres conseillées. Les informations donnés ici sont à titre indicatif et peuvent être combinées.
40
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+ Les cheveux normaux sont sains, brillants, sans fourches ou cassures. Les shampooing pour cheveux normaux sont censés être les plus neutres au niveau de la formulation.
42
+
43
+ Les cheveux sont secs car ils ne sont pas assez graissés par le sébum. Trois facteurs peuvent expliquer cela :
44
+
45
+ Les shampooings pour cheveux secs contiendront donc :
46
+
47
+ Cependant, l'effet naturellement détergeant du shampooing nécessitera d'appliquer un soin de graissage sous forme de masque pour plus d'efficacité. Ceci est d'autant plus vrai pour les cheveux ondulés et crépus (le masque gras est indispensable).
48
+
49
+ Les cheveux fragiles ou abîmés (fourches, cassures, etc.) sont souvent ternes. Les deux causes de cette fragilité sont :
50
+
51
+ Ces cheveux vont avoir besoin d'une armure de protection qui va les protéger et les lisser. Actuellement les shampooings les plus efficaces utilisent des formulations à base de silicone et de corps gras, qui va les protéger plus efficacement.
52
+
53
+ Attention, malgré les formules marketing, il n'existe pas de shampooing réparateur. Toute partie du cheveu endommagée le restera jusqu'à sa coupe. Le but du shampooing est de colmater les brèches (avec du silicone essentiellement).
54
+
55
+ Les cheveux ayant tendance à friser sont des cheveux sensible à l'humidité qui va les faire onduler (friser). Pour limiter l'impact de l'humidité, le silicone peut être une bonne solution.
56
+
57
+ Les cheveux fins une fois lavés créent souvent un effet « manque de volume ». En effet les cheveux en se frottant créent naturellement de l'électricité statique (charges négatives), lors du shampooing, les tensioactifs anioniques vont neutraliser ces charges négatives et les cheveux vont moins se repousser, d'où la perte de volume. La solution est donc de rajouter les agents chargés négativement (notamment sous la forme d'agents cationiques), pour recréer du volume. Les cheveux fins ont également une tendance à se dessécher plus vite, d'où une formulation des shampooing moins intense en silicone. Une autre raison est que le silicone en excès peut alourdir le cheveu, et particulièrement les cheveux fins.
58
+
59
+ Les cheveux gras sont souvent la conséquence d'un excès de sébum. Les shampooings pour cheveux gras auront donc des agents détergents plus puissants (pour éliminer la graisse). Cependant, ces shampooings ont tendance à irriter et dessécher le cuir chevelu… qui va avoir tendance à sécréter encore plus de sébum (cercle vicieux). Ces shampooings vont éviter d'utiliser du silicone (qui empêche le sébum de pénétrer contribuant à rendre le cheveu plus gras).
60
+
61
+ Les cheveux colorés ont tendance à se ternir (oxydation de la couleur), et ses écailles ont tendance à s'ouvrir (affaiblissant le cheveu et augmentant l'oxydation). Il est donc nécessaire d'avoir un soin qui va :
62
+
63
+ En cas de pellicules, deux causes peuvent exister :
64
+
65
+ Les shampooings anti-poux font partie des solutions médicamenteuses permettant de luter contre la pédiculose du cuir chevelu.
66
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+ Pour les animaux de compagnie ou de concours, des shampooings spécifiques évitent notamment des irritations et plaques rouges. En effet, la peau des chiens et chats a un pH différent de la peau humaine.
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+ Dans l'Égypte antique, le shampoing était fait d'acide citrique, un peu de savon et de l'eau[6].
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+ Des temps anciens à ce jour, les Indiens ont utilisé différentes formules de shampooings en se servant de plantes comme le neem, l'acacia Concinna ou la noix de lavage, le henné, le bael, la bacopa monnieri, le fenugrec, le babeurre, l'amla, l'aloès et l'amande en combinaison avec quelques composantes aromatiques comme le santal, le jasmin, le curcuma, la rose et le musc.
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+ Dans les premiers temps du shampooing, les coiffeurs anglais faisaient bouillir des paillettes de savon dans de l'eau avec des plantes afin de donner lustre et fragrance aux cheveux.
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+ À l'origine, les premiers shampooings étaient à base de savon noir et de cristaux de soude ; tous deux contiennent des tensioactifs (détersifs). Ils laissaient souvent un dépôt blanchâtre. Les cheveux pouvaient rapidement devenir poisseux et emmêlés. Il faudra attendre le shampooing moderne, celui que nous connaissons aujourd'hui, pour régler ces problèmes. Une formule améliorée a d'abord été proposée au cours des années 1930 avec Drene, le premier shampooing synthétique (et non-savonneux). Puis, Eugène Schueller, de L'Oréal lance en 1931 un shampooing à base de matières synthétiques, le Platinosel, qui laisse les cheveux propres et soyeux. En 1934, c'est au tour de Dop, premier shampooing grand public[7].
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+ Les shampooings professionnels diffèrent peu des shampooings grand public. Ils possèdent quelques atouts cependant :
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+ Aux agents détergents, le fabricant va ajouter des éléments de conservation (pour éviter que le shampooing ne se dégrade), et des agents « commerciaux », non liés directement au shampooing mais facilitant sa vente (colorants, parfums, texture , etc.).
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+ Les agents détergents utilisés ont une mousse éphémère, il leur est fréquemment ajouté des agents moussants (détergents peu efficaces mais moussant beaucoup) pour que la mousse soit plus généreuse et surtout plus durable.
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+ La composition des shampooings suit le format définit par l'International Nomenclature of Cosmetic Ingredients (INCI)[8].
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+ De nos jours[Quand ?], un shampooing contient :
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+ Les shampooings, en raison de leur concentration en tensioactifs, colorants, parfums et substances biocides sont à éviter dans le milieu naturel.
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+ Des personnes développent des allergies aux shampooings ou à certains de leurs composants, en particulier semble-t-il au laurylsulfate de sodium (sodium lauryl sulfate, SDS) dont on sait au moins depuis les années 1990 qu'il est un irritant pouvant causer des dermatites et un prurit[9] (plus ou moins selon l'âge et la personne)[9],[10],[11].
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+ Selon l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA), le NTP (National Toxicology Program, United States Department of Health and Human Services) et le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) ainsi que la CTFA (Cosmetic, Toiletry and Fragrance Association), ou encore l'American Cancer Society, le SLES (Sodium lauryl ether sulfate, dénomination INCI : sodium laureth sulfate) n'est pas cancérigène en dépit d'une rumeur qui a circulé à la fin des années 1990[12].
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+ Le SLES est réputé légèrement moins irritant que le SDS, mais pourrait être dangereux car non métabolisable par le foie[réf. nécessaire].
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+ Au-delà d'une certaine dose, le SDS est facteur d'ulcères aphteux ; référencé dans certains pays comme « rongeur de plaie »[13],[14], mais certains fabricants pourraient le préférer aux SLES (qui sont moins irritants) en raison d'un moindre coût.
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+ Certaines souches de poux ont développé des résistances aux shampooings antipoux[15] et ces derniers pourraient peut-être accroître le risque de leucémie aiguë de l'enfant[16].
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+ Les shampooings contiennent des ingrédients qui, s'ils ne sont pas adaptés au cheveu, au cuir chevelu et au mode de vie (fréquence de lavages) de leurs utilisateurs, peuvent avoir des effets indésirables. Ces effets indésirables sont souvent :
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+ Souvent les utilisateurs critiquent ces produits alors que leur usage nominal ne pose pas de problème, apparemment... selon les dires des fabricants (propos polémiques). Les critiques sont aussi formulées par les producteurs « biologiques » pour jouer sur la peur collective (pré-existante parmi les consommateurs) quant à l'utilisation des produits chimiques (et donc accroître leur marché). Il faut faire attention car certains produits « biologiques » peuvent être également très agressifs (notamment en cas d'allergie).
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+ Les conservateurs sont obligatoires (législation) notamment pour empêcher les shampooings de moisir. Cependant les conservateurs sont agressifs. Il existe actuellement trois familles de conservateurs :
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+ Les silicones ont la réputation d'assécher le cheveu. C'est vrai et c'est faux. Dans la réalité, le silicone crée une barrière autour du cheveu pour le protéger. De plus, cette barrière est douce, lisse, brillante et soyeuse et empêche le cheveu de friser ; ce qui en fait sa popularité. Le problème principal est que le silicone part difficilement au lavage, alourdit le cheveu et, en tant que barrière, il va empêcher le sébum de graisser le cheveu. Finalement, le cheveu va se dessécher et donc se dégrader plus rapidement. Il existe un risque supplémentaire, c'est que le silicone emprisonne dans le cheveu les agents détergents ou d'autres agents agressifs, accélérant sa détérioration.
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+ Les silicones ne sont pas naturellement biodégradables. Ils sont aussi particulièrement difficiles à enlever, s'accumulant shampooing après shampooing, et alourdissant le cheveu (et l'étouffant davantage).
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+ En fait, il existe aujourd'hui plusieurs variétés de silicones. Certains s'enlèvent très facilement, et peuvent être partiellement biodégradables, notamment s'ils sont accompagnés d'agents biodégradants. Voici quelques silicones utilisés et leurs « statut » :
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+ De manière générale, il est conseillé de n'utiliser du silicone que lors d'occasions exceptionnelles. Si ces occasions sont rapprochées (notamment pour des raisons professionnelles), on préférera des silicones qui s'enlèvent facilement.
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+ Les sulfates font polémique parce qu'ils sont détergents…, mais c'est aussi la raison qui fait qu'on les emploie. Certains sont plus agressifs. Mais si les lavages ne sont pas trop rapprochés et que le sujet n'est pas trop sensible, ils ne posent pas de problème. Sinon, des formules lavantes moins efficaces, mais sans sulfates arrivent de plus en plus sur le marché pour satisfaire à la demande grandissante.
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+ Le mouvement no poo (de l'anglais : no shampoo) consiste à arrêter l'utilisation du shampooing dit « chimique » pour le remplacer par des produits naturels, ayant moins de conséquences sur la santé et l'environnement.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le shampooing ou shampoing[1], est un produit cosmétique présenté généralement sous forme de liquide, crème, solide ou poudre, formulé à partir de substances tensioactives permettant de nettoyer la chevelure et éventuellement de traiter le cheveu.
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7
+ Outre la présence de produits chimiques avérés ou suspectés néfastes pour l'environnement, il a été montré que l'utilisation trop fréquente de shampooing a une action décapante sur le sébum, huile naturellement produite par le cuir chevelu.
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9
+ Le mot shampoo date en anglais de 1762, où il avait le sens de « masser ». Le mot était emprunté à l'anglo-indien « shampoo », qui venait à son tour du hindi chāmpo (चाँपो /tʃãːpoː/), l'impératif de chāmpnā (चाँपना /tʃãːpnaː/), « huiler, masser les muscles », et qui était dérivé lui-même du mot sanskrit / hindi chāmpnā (चाँपना /tʃãːpnaː/), désignant les fleurs de la plante Michelia champaca (famille des Magnoliaceae) traditionnellement utilisées pour faire des huiles odorantes pour cheveux. Les Indiens s'en servaient pour s'enduire les cheveux et les faire briller.
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+ Kasey Hebert fut le premier producteur connu de shampooing et c'est à lui qu'on en attribue actuellement l'origine. Il vendait son premier shampooing, « Shaempoo » dans les rues de Londres, sa ville natale.
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13
+ Le terme et le service ont été présentés par Sake Dean Mahomed (en), né à Patna en Inde, qui ouvrit à Brighton en 1814 un bain shampooinant sous le nom de Bains de vapeur indiens de Mahomed[2]. Ses bains ressemblaient à des bains turcs où les clients recevaient un traitement indien de champi, c'est-à-dire de shampooing, ou des massages thérapeutiques. Son service fut apprécié ; il reçut cette haute distinction d'être fait Chirurgien Shampouineur de George IV comme de Guillaume IV.
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15
+ La peau est un organe très important qui est chargée de laisser passer la transpiration, tout en empêchant les corps étrangers de pénétrer dans l'organisme. Ces corps étrangers incluent poussières, microbes et molécules toxiques. Le corps étant constitué à 80 % d'eau, la peau doit se prémunir du dessèchement (qui se traduit par des gerçures voire des crevasses). C'est pour cela que la sueur s'accompagne d'une sécrétion d'un corps gras : le sébum. Il permet donc à la peau de maintenir son taux d'humidité, et donc de rester douce, souple et intègre. Malheureusement, comme tout corps gras, le sébum a tendance à s'imprégner des corps étrangers en contact avec la peau. S'il n'est pas évacué, il se forme à la surface de la peau une couche épaisse et noirâtre de sébum mélangé de poussières, de bactéries et de substances plus ou moins toxiques : c'est la crasse. Devenir crasseux pose des problèmes d'hygiène (multiplication des bactéries et odeurs associées), et de salissures des vêtements (cf. cols de chemises).
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+ Au niveau du cuir chevelu, le sébum protège également les cheveux en enduisant les écailles et surtout l'espace entre les écailles d'un film protecteur. Ce film a deux intérêts :
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+ Au fil des jours, le sébum va s'accumuler dans les cheveux, surtout dans les parties proches du cuir chevelu. Les mouvements des cheveux contribuent également à l'étalement de ce sébum. Plus la quantité de sébum augmente, plus le film devient épais. Les cheveux deviennent « gras » et ont tendance à se coller entre eux, s'alourdir, donnant un effet « mouillé » inesthétique. Selon les profils de peau, la production de sébum est plus ou moins abondante.
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+ Le lavage de base se fait à l'eau (solvant). Mais l'eau seule ne se mélangeant pas avec un corps gras, il est nécessaire d'y ajouter un agent dispersant (détergeant), lui permettant de dissoudre le sébum (et les saletés incrustées) des cheveux et du cuir chevelu. Le shampooing s'applique en massant sur les cheveux mouillés, ce qui permet d'augmenter mécaniquement l'efficacité du lavage. On masse le cuir chevelu sans trop frotter les cheveux. Il est inutile d'attendre qu'il agisse et il est déconseillé de faire 2 lavages successifs car l'agression du second lavage sera beaucoup plus forte. Pour faciliter le lavage, il est recommandé d'utiliser de l'eau chaude (augmentation du pouvoir solvant de l'eau), cependant, la chaleur dilatant les pores et stimulant les glandes sébacées, le cuir chevelu peut répondre en produisant davantage de sébum.
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+ Il faut rincer abondamment pour limiter les résidus de shampooing dans les cheveux.
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+ La fréquence normale du lavage des cheveux devrait-être tous les 2 à 3 jours. Pour les cheveux secs ou longs, les lavages devront être espacés (1 fois par semaine), tandis que pour les cheveux gras, réduire la fréquence risque de stresser davantage le cuir chevelu qui va graisser encore plus vite.
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+ Le lavage a deux conséquences : assécher le cheveu et irriter le cuir chevelu.
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+ Le problème de la peau, c'est qu'elle est elle-même constituée de cellules dont la paroi est constituée de lipides. Pour faire une image, si on schématise à l'extrême, nos cellules sont littéralement des bulles de graisses contenant de l'eau. Toute la difficulté réside alors dans la capacité du détergeant à dissoudre le sébum sans dissoudre la paroi cellulaire. Actuellement aucun détergent n'est parfaitement sélectif. C'est pourquoi tous les détergents des shampooings sont dits irritants : ils altèrent les cellules de l'épiderme en créant des irritations (destruction de cellules ou désolidarisation de cellules) qui deviennent des brèches notamment pour les différents produits chimiques en contact avec la peau. Le rôle du fabricant de shampooing lavant à base de détergent va être de trouver un produit peu irritant, puis de lui ajouter des agents permettant de limiter les potentielles irritations.
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+ C'est pourquoi également, tous les shampooings sont porteur de règles de sécurités en cas de réaction allergiques ou de projection dans les yeux. Il est aussi recommandé de changer régulièrement de marque de shampooing pour varier les produits appliqués et limiter la sensibilisation du cuir chevelu.
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+ Si on enlève trop régulièrement le sébum par des shampooings, le cuir chevelu va se dessécher, conduisant souvent ce dernier à augmenter la production de sébum pour compenser. Outre la présence de produits chimiques avérés ou suspectés néfastes pour l'environnement, il a été montré que l'utilisation fréquente de shampooing a une action décapante sur le sébum, huile naturellement produite par le cuir chevelu. Ceci conduit à une sur-activation des glandes sébacées, ce qui graisse alors plus rapidement les racines des cheveux. Selon Michelle Hanjani, une dermatologue de l'université de Columbia, une diminution graduelle de l'utilisation du shampooing permettrait de faire diminuer progressivement la production de sébum et réduirait donc l'aspect graisseux du cuir chevelu[3].
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+ Le shampooing est souvent l'étape principale du traitement du cheveu. Il en existe d'autres, complémentaires ou à visées esthétiques :
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+ Bien que cette approche paraisse peu attirante dans un premier temps, de plus en plus de personnes tentent l'expérience en utilisant d'autres techniques de lavage[4] :
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+ Selon les types de cheveux, certaines formulations sont déconseillées et d'autres conseillées. Les informations donnés ici sont à titre indicatif et peuvent être combinées.
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+ Les cheveux normaux sont sains, brillants, sans fourches ou cassures. Les shampooing pour cheveux normaux sont censés être les plus neutres au niveau de la formulation.
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+ Les cheveux sont secs car ils ne sont pas assez graissés par le sébum. Trois facteurs peuvent expliquer cela :
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+ Les shampooings pour cheveux secs contiendront donc :
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+ Cependant, l'effet naturellement détergeant du shampooing nécessitera d'appliquer un soin de graissage sous forme de masque pour plus d'efficacité. Ceci est d'autant plus vrai pour les cheveux ondulés et crépus (le masque gras est indispensable).
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+ Les cheveux fragiles ou abîmés (fourches, cassures, etc.) sont souvent ternes. Les deux causes de cette fragilité sont :
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+ Ces cheveux vont avoir besoin d'une armure de protection qui va les protéger et les lisser. Actuellement les shampooings les plus efficaces utilisent des formulations à base de silicone et de corps gras, qui va les protéger plus efficacement.
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+ Attention, malgré les formules marketing, il n'existe pas de shampooing réparateur. Toute partie du cheveu endommagée le restera jusqu'à sa coupe. Le but du shampooing est de colmater les brèches (avec du silicone essentiellement).
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+ Les cheveux ayant tendance à friser sont des cheveux sensible à l'humidité qui va les faire onduler (friser). Pour limiter l'impact de l'humidité, le silicone peut être une bonne solution.
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+ Les cheveux fins une fois lavés créent souvent un effet « manque de volume ». En effet les cheveux en se frottant créent naturellement de l'électricité statique (charges négatives), lors du shampooing, les tensioactifs anioniques vont neutraliser ces charges négatives et les cheveux vont moins se repousser, d'où la perte de volume. La solution est donc de rajouter les agents chargés négativement (notamment sous la forme d'agents cationiques), pour recréer du volume. Les cheveux fins ont également une tendance à se dessécher plus vite, d'où une formulation des shampooing moins intense en silicone. Une autre raison est que le silicone en excès peut alourdir le cheveu, et particulièrement les cheveux fins.
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+ Les cheveux gras sont souvent la conséquence d'un excès de sébum. Les shampooings pour cheveux gras auront donc des agents détergents plus puissants (pour éliminer la graisse). Cependant, ces shampooings ont tendance à irriter et dessécher le cuir chevelu… qui va avoir tendance à sécréter encore plus de sébum (cercle vicieux). Ces shampooings vont éviter d'utiliser du silicone (qui empêche le sébum de pénétrer contribuant à rendre le cheveu plus gras).
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+ Les cheveux colorés ont tendance à se ternir (oxydation de la couleur), et ses écailles ont tendance à s'ouvrir (affaiblissant le cheveu et augmentant l'oxydation). Il est donc nécessaire d'avoir un soin qui va :
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+ En cas de pellicules, deux causes peuvent exister :
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+ Les shampooings anti-poux font partie des solutions médicamenteuses permettant de luter contre la pédiculose du cuir chevelu.
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+ Pour les animaux de compagnie ou de concours, des shampooings spécifiques évitent notamment des irritations et plaques rouges. En effet, la peau des chiens et chats a un pH différent de la peau humaine.
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+ Dans l'Égypte antique, le shampoing était fait d'acide citrique, un peu de savon et de l'eau[6].
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+ Des temps anciens à ce jour, les Indiens ont utilisé différentes formules de shampooings en se servant de plantes comme le neem, l'acacia Concinna ou la noix de lavage, le henné, le bael, la bacopa monnieri, le fenugrec, le babeurre, l'amla, l'aloès et l'amande en combinaison avec quelques composantes aromatiques comme le santal, le jasmin, le curcuma, la rose et le musc.
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+ Dans les premiers temps du shampooing, les coiffeurs anglais faisaient bouillir des paillettes de savon dans de l'eau avec des plantes afin de donner lustre et fragrance aux cheveux.
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+ À l'origine, les premiers shampooings étaient à base de savon noir et de cristaux de soude ; tous deux contiennent des tensioactifs (détersifs). Ils laissaient souvent un dépôt blanchâtre. Les cheveux pouvaient rapidement devenir poisseux et emmêlés. Il faudra attendre le shampooing moderne, celui que nous connaissons aujourd'hui, pour régler ces problèmes. Une formule améliorée a d'abord été proposée au cours des années 1930 avec Drene, le premier shampooing synthétique (et non-savonneux). Puis, Eugène Schueller, de L'Oréal lance en 1931 un shampooing à base de matières synthétiques, le Platinosel, qui laisse les cheveux propres et soyeux. En 1934, c'est au tour de Dop, premier shampooing grand public[7].
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+ Les shampooings professionnels diffèrent peu des shampooings grand public. Ils possèdent quelques atouts cependant :
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+ Aux agents détergents, le fabricant va ajouter des éléments de conservation (pour éviter que le shampooing ne se dégrade), et des agents « commerciaux », non liés directement au shampooing mais facilitant sa vente (colorants, parfums, texture , etc.).
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+ Les agents détergents utilisés ont une mousse éphémère, il leur est fréquemment ajouté des agents moussants (détergents peu efficaces mais moussant beaucoup) pour que la mousse soit plus généreuse et surtout plus durable.
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+ La composition des shampooings suit le format définit par l'International Nomenclature of Cosmetic Ingredients (INCI)[8].
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+ De nos jours[Quand ?], un shampooing contient :
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+ Les shampooings, en raison de leur concentration en tensioactifs, colorants, parfums et substances biocides sont à éviter dans le milieu naturel.
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+ Des personnes développent des allergies aux shampooings ou à certains de leurs composants, en particulier semble-t-il au laurylsulfate de sodium (sodium lauryl sulfate, SDS) dont on sait au moins depuis les années 1990 qu'il est un irritant pouvant causer des dermatites et un prurit[9] (plus ou moins selon l'âge et la personne)[9],[10],[11].
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+ Selon l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA), le NTP (National Toxicology Program, United States Department of Health and Human Services) et le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) ainsi que la CTFA (Cosmetic, Toiletry and Fragrance Association), ou encore l'American Cancer Society, le SLES (Sodium lauryl ether sulfate, dénomination INCI : sodium laureth sulfate) n'est pas cancérigène en dépit d'une rumeur qui a circulé à la fin des années 1990[12].
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+ Le SLES est réputé légèrement moins irritant que le SDS, mais pourrait être dangereux car non métabolisable par le foie[réf. nécessaire].
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+ Au-delà d'une certaine dose, le SDS est facteur d'ulcères aphteux ; référencé dans certains pays comme « rongeur de plaie »[13],[14], mais certains fabricants pourraient le préférer aux SLES (qui sont moins irritants) en raison d'un moindre coût.
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+ Certaines souches de poux ont développé des résistances aux shampooings antipoux[15] et ces derniers pourraient peut-être accroître le risque de leucémie aiguë de l'enfant[16].
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+ Les shampooings contiennent des ingrédients qui, s'ils ne sont pas adaptés au cheveu, au cuir chevelu et au mode de vie (fréquence de lavages) de leurs utilisateurs, peuvent avoir des effets indésirables. Ces effets indésirables sont souvent :
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+ Souvent les utilisateurs critiquent ces produits alors que leur usage nominal ne pose pas de problème, apparemment... selon les dires des fabricants (propos polémiques). Les critiques sont aussi formulées par les producteurs « biologiques » pour jouer sur la peur collective (pré-existante parmi les consommateurs) quant à l'utilisation des produits chimiques (et donc accroître leur marché). Il faut faire attention car certains produits « biologiques » peuvent être également très agressifs (notamment en cas d'allergie).
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+ Les conservateurs sont obligatoires (législation) notamment pour empêcher les shampooings de moisir. Cependant les conservateurs sont agressifs. Il existe actuellement trois familles de conservateurs :
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+ Les silicones ont la réputation d'assécher le cheveu. C'est vrai et c'est faux. Dans la réalité, le silicone crée une barrière autour du cheveu pour le protéger. De plus, cette barrière est douce, lisse, brillante et soyeuse et empêche le cheveu de friser ; ce qui en fait sa popularité. Le problème principal est que le silicone part difficilement au lavage, alourdit le cheveu et, en tant que barrière, il va empêcher le sébum de graisser le cheveu. Finalement, le cheveu va se dessécher et donc se dégrader plus rapidement. Il existe un risque supplémentaire, c'est que le silicone emprisonne dans le cheveu les agents détergents ou d'autres agents agressifs, accélérant sa détérioration.
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+ Les silicones ne sont pas naturellement biodégradables. Ils sont aussi particulièrement difficiles à enlever, s'accumulant shampooing après shampooing, et alourdissant le cheveu (et l'étouffant davantage).
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+ En fait, il existe aujourd'hui plusieurs variétés de silicones. Certains s'enlèvent très facilement, et peuvent être partiellement biodégradables, notamment s'ils sont accompagnés d'agents biodégradants. Voici quelques silicones utilisés et leurs « statut » :
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+ De manière générale, il est conseillé de n'utiliser du silicone que lors d'occasions exceptionnelles. Si ces occasions sont rapprochées (notamment pour des raisons professionnelles), on préférera des silicones qui s'enlèvent facilement.
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+ Les sulfates font polémique parce qu'ils sont détergents…, mais c'est aussi la raison qui fait qu'on les emploie. Certains sont plus agressifs. Mais si les lavages ne sont pas trop rapprochés et que le sujet n'est pas trop sensible, ils ne posent pas de problème. Sinon, des formules lavantes moins efficaces, mais sans sulfates arrivent de plus en plus sur le marché pour satisfaire à la demande grandissante.
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+ Le mouvement no poo (de l'anglais : no shampoo) consiste à arrêter l'utilisation du shampooing dit « chimique » pour le remplacer par des produits naturels, ayant moins de conséquences sur la santé et l'environnement.
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+ Shanghai (chinois : 上海 ; pinyin : Shànghǎi ; Wade : Shang⁴hai³ ; cantonais Jyutping : Soeng⁶hoi² ; cantonais Yale : Seuhnghói ; litt. « sur la mer », EFEO : Chang-haï, prononciation ; shanghaïen : Zanhe) est une des municipalités autonomes chinoises situées sur le fleuve Huangpu près de l'embouchure du Yangzi Jiang, dans l'Est de la Chine.
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+ Elle est remarquable par sa taille démesurée. Elle est la ville la plus peuplée de Chine avec plus de 24,15 millions d'habitants selon les limites administratives chinoises (en population urbaine 2015[3])[4]. Elle est également l'une des plus grandes mégapoles du monde. Certains géographes estiment même qu'il s'agit de la ville la plus peuplée du monde avec environ 80 millions d'habitants si, au lieu de tenir compte des limites administratives, est prise en compte l’agglomération humaine[5]). Cette population agglomérée correspond à presque deux fois celle de l'agglomération de Tokyo (souvent présentée comme la plus grande ville du monde) et l'équivalent de la population allemande (qui est pourtant l’État le plus peuplé de l’Union européenne).
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+ L'autre caractéristique de Shanghai est sa place majeure dans l'économie mondiale. L'émergence de la ville comme centre financier de l'Asie-Pacifique a d'abord eu lieu dans les années 1920 et 1930, concomitamment au développement des concessions européennes. La ville servait alors de porte d'entrée à la Chine. Shanghai connut également à cette époque un formidable essor culturel qui a beaucoup contribué à son aura mythique et fantasmatique[6]. Le quartier du Bund sur la rive gauche du Huangpu est le témoin de cet âge d'or. Mais la guerre sino-japonaise, puis l'avènement de la République populaire de Chine ont entrainé la mise en sommeil de ce rôle de connexion entre la Chine et le monde et par conséquent une période de stagnation pour Shanghai. Au tournant des années 2000, la ville a repris son développement extraordinaire à la suite de la réouverture de la Chine sur le monde initiée par Deng Xiaoping. Shanghai est redevenue la fenêtre de la Chine sur le monde. La ville profite simultanément de la rapide croissance économique chinoise et de son insertion croissante dans la mondialisation.
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+ Elle est aujourd'hui l'une des métropoles les plus puissantes du monde au même titre que Singapour ou Sydney. Lujiazui, le quartier de gratte-ciels de Pudong face au Bund est la cristalisation de cette puissance retrouvée.
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+ La transcription « Shanghai » est souvent prononcée /ʃɑ̃.gaj/ ou /ʃɑ̃n.gaj/ en français (on voit moins souvent les graphies Shangaï[7] ou Shanghaï[8], Changaï et Chang-Hai[9]), mais en chinois mandarin le nom 上海 se prononce shàng hǎi /ʂɑŋ.xaɪ/ - avec tonèmes : /ʂɑŋ˥˩.xaɪ˨˩˦ /. En dialecte shanghaïen, le nom de la ville se prononce zanhe /zɑ̃he/.
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+ Au temps de la concession française, le nom français de la ville s'écrivait « Changhaï »[10] en cohérence avec la transcription de l'EFEO.
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+ Les deux sinogrammes dans le nom « Shanghai » (上, shàng ; et 海, hǎi) signifient littéralement « sur, au-dessus de, en haut, monter » et « mer » . La première apparition de cette dénomination remonte à la dynastie Song (XIe siècle), époque à laquelle il existe déjà une confluence et une ville à cet endroit. Il y a des différends sur la façon dont ce nom doit être interprété, mais l'histoire locale officielle a toujours dit que cela signifie « le cours supérieur de la mer ». Une traduction tout à fait neutre donnerait donc "Haute-Mer".
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+ À cause du changement du littoral, les historiens chinois ont conclu que durant la dynastie Tang, Shanghai était littéralement sur la mer, d'où l'origine du nom[11]. Une autre lecture, en particulier en mandarin standard, suggère également le sens de « aller sur la mer », qui est cohérent avec le statut de port de la ville. Un nom plus poétique pour Shanghai intervertit l'ordre des deux caractères, Hǎishàng (海上), et il est souvent utilisé pour les termes liés à l'art et la culture de Shanghai.
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+ Shanghai est communément abrégée en chinois par Hù (沪). Ce caractère apparaît sur toutes les plaques d'immatriculation des véhicules provenant de la municipalité. En effet, chaque province chinoise peut être désignée par un seul caractère chinois, que l'on retrouve sur les plaques d'immatriculation, ou encore dans les dénominations des lignes autoroutières ou ferroviaires.
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+ Hù (沪) est dérivé de Hu Du (沪渎), le nom de l'ancien village de pêche qui se tenait pendant la dynastie Tang au confluent de la rivière Suzhou et du fleuve Huangpu[12]. Le sinogramme Hu est souvent combiné avec le sinogramme Sōng (淞) (de l'ancien nom de la rivière Suzhou) pour former le surnom Sōng Hù (淞沪). Par exemple, l'attaque japonaise de Shanghai en août 1937 est communément appelée la Bataille de Songhu. Un autre ancien nom pour Shanghai était Hua Ting (华亭), qui est maintenant le nom d'un luxueux hôtel de la ville[12].
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+ Un autre surnom commun est Shēn (申) qui vient du nom de Chunshen Jun (春申君), un noble et héros local du royaume de Chu au cours du IIIe siècle av. J.-C., dont le territoire incluait Shanghai. Les équipes sportives et les journaux utilisent souvent le sinogramme Shēn (申) dans leurs noms. Shanghai est également appelée Shēnchéng (申城, « la cité de Shēn »).
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+ En Occident, Shanghai est également surnommée la « Perle de l'Orient » ou le « Paris de l'Orient ».
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+ Shanghai est située sur le fleuve Huangpu, et se compose donc de deux parties distinctes, Puxi et Pudong (qui signifient respectivement à l'ouest et à l'est du Pu). Elle se trouve à 611 km au nord-nord-est de Fuzhou, à 690 km à l'est de Wuhan, à 1 069 km au sud-sud-est de Pékin et à 1 213 km au nord-est de Canton. La ville s'est développée tout d'abord exclusivement à Puxi mais depuis 1990[Quand ?], sous l'impulsion du gouvernement, Pudong est devenu une zone de construction de hautes technologies où les entreprises et autres gratte-ciels se multiplient.
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+ L'avenue Nanjing (cinq kilomètres) fut autrefois la grande artère de la concession dite étrangère. Elle est considérée maintenant comme le vrai centre de Shanghai et elle offre souvent dans sa partie est, près du fleuve, le spectacle d'une indescriptible cohue de piétons.
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+ Le paysage urbain se transforme rapidement depuis quelques années. Des quartiers entiers, comme celui de Dun Hui Fang, sont rasés pour être reconstruits. Les expulsions concernent des dizaines de milliers de personnes depuis le milieu des années 1990 et un total de 20 millions de mètres carrés d'habitations ont été démolis[13]. Les habitants reçoivent en échange de leur départ une compensation dérisoire et sont confrontés aux méthodes violentes et illégales des sociétés de démolition ou de la police[13].
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+ Selon le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) paru en 2019, si les émissions mondiales de CO2 demeurent aux niveaux actuels, Shanghai pourrait faire face à une élévation du niveau de la mer de 2,6 millimètres par an dans la deuxième moitié du XXIe siècle (soit un total de 13 cm), bien au-dessus de ce qui est attendu en moyenne dans le monde. En conséquence, la valeur des biens menacés devrait atteindre 1 700 milliards de dollars d'ici 2070[14].
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+ Shanghai est situé dans un vaste delta, formé par l'embouchure du fleuve Yangzi Jiang qui se jette dans la mer de Chine orientale. Les basses terres qui se trouvent des deux côtés du fleuve sont composées de lœss d'alluvions, qui est formé par les sédiments du Yangzi. Construit de boue, sillonné de canaux et de barrages, le delta est l'une des zones les plus fertiles de Chine, et également son principal fournisseur de coton.
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+ La formation de la terre est probablement due au remplissage d'une ancienne partie de la mer, et les nombreuses petites montagnes sur les îles de la région étaient à l'origine de vraies îles. La formation du delta a renvoyé Shanghai, une ville portuaire à l'origine construite sur la mer, à 30 km à l'intérieur des terres.
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+ Shanghai bénéficie d'un climat subtropical humide. Les étés sont très chauds et humides et les hivers sont doux mais peuvent être parfois froids. En été, les températures peuvent facilement dépasser les 35 °C avec un taux d'humidité très important qui donnera un ressenti indice de chaleur pouvant dépasser les 45 °C ; de plus les températures baissent peu la nuit. De fortes averses très chaudes peuvent se produire, combinées à des températures élevées. Le record de chaleur est de 39,9 °C le 6 et le 8 août 2013, néanmoins un record de 40,8 °C fut enregistrée le 7 août 2013 à l'aéroport international hongqiao, et le record de froid est de −10,1 °C le 19 janvier 1977.
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+ La ville de Shanghai ne s'est pas toujours appelée Shanghai. Jusqu'à la dynastie Sui (581-618), elle était appelée "village de Hua Ting" (華亭鎮). Elle prit ensuite le nom de "préfecture de Huating" avant d'être désignée sous son nom actuel à partir de la dynastie Song (960-1234).
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+ Étant donnée sa situation stratégique à l'embouchure du Yangzi Jiang, au centre de la Chine, et la proximité avec des villes aux productions artisanales réputées (Suzhou, Hangzhou), Shanghai est devenue très tôt un lieu d'intenses échanges économiques.
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+ Au milieu du XIXe siècle, la ville est, à l'échelle de la Chine, un centre administratif de moyenne importance. Elle est peuplée d'environ 200 000 habitants et son marché jouit d'un rayonnement régional indéniable.[16]
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+ Cependant, ce n'est qu'après les guerres de l'opium et la présence étrangère que le développement économique de la ville a pris l'envergure qui a fait sa réputation.
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+ Pendant la première guerre de l'opium, les forces britanniques ont temporairement tenu la ville. Américains et Français suivront, précédant les Russes et les Japonais. La guerre a cessé en 1842 avec le traité de Nankin, établissant l'ouverture commerciale des ports chinois, dont Shanghai. Les Britanniques vainqueurs y aménagent l'un des cinq ports ouverts qui leur seront alors concédés. Avec le traité du Bogue, en 1843, et le traité sino-américain de Wangxia, en 1844, des nations étrangères ont eu le droit de s'établir sur le territoire chinois : c'est le début des concessions étrangères.
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+ La petite enclave française de Shanghai s'est établie sur une zone marécageuse en 1849. Elle fut à la fois un havre pour les réfugiés de toutes les nationalités et un lieu de culture et de plaisirs.
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+ Avec la révolte des Taiping en 1850, Shanghai fut occupée par une triade associée au mouvement appelé Société des Petites Épées. La guerre faisant rage dans les campagnes, de nombreux Chinois se réfugièrent dans la ville, qui leur était théoriquement inaccessible : en 1854, de nouvelles lois permirent aux Chinois d'y acquérir des terrains, provoquant une inflation immobilière. Cette année-là eut également lieu la première réunion du conseil municipal de Shanghai, afin de gérer les concessions étrangères établies de facto. En 1863, les concessions américaine et britannique se rejoignirent pour former la Concession internationale, alors que les Français restèrent autonomes dans leur propre concession.
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+ En mars 1854, l'empire chinois a signé un accord avec les Européens présents dans les concessions leur demandant de construire rapidement de nombreux logements, une grande partie de la ville ayant été détruite par une révolte[17]. C'est ainsi que se construiront les lilongs, jusqu'en 1949.
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+ Jeu, opium et prostitution sont alors les activités les plus lucratives de cette ville qualifiée alors de « plus grand bordel du monde ». Son parrain le plus connu, Du Yuesheng, menait ses trafics en collaborant étroitement avec la police de la concession française.
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+ Après la guerre sino-japonaise de 1894-1895, le traité de Shimonoseki permit aux Japonais de s'ajouter aux forces occupantes. Ils établirent à Shanghai les premières usines de la ville.
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+ Cette période d'occupation a profondément marqué l'identité culturelle de la ville, tout en contribuant dans les années 1920 et 1930 à l'essor des arts, cinéma, théâtre, et la naissance du premier groupe de jazz chinois. En 1920, on y recensait un million d'habitants, dont vingt six mille huit cents étrangers de nationalités diverses. Ils façonnèrent les rues à leur goût, mêlant les styles néogothique, classique, victorien, Art déco... La chanteuse et actrice Zhou Xuan, fille de Weiwei Wang, était sans doute la figure la plus emblématique de cette période. C'est aussi à Shanghai que fut créé le Parti communiste chinois en 1921 et qu'ont été organisées les premières grèves ouvrières. La plupart, coolies et ouvriers, demeurèrent dans la pauvreté et vinrent grossir les rangs du Parti communiste chinois. En 1927, dans le cadre de l'expédition du Nord de pacification de la Chine, les ouvriers chinois, mobilisés par les communistes, prirent Shanghai aux seigneurs de la guerre avant même l'arrivée des troupes gouvernementales. Tchang Kaï-chek, inquiet de la mobilisation réussie par les communistes, décida de se retourner contre ses alliés et lança les triades contre les ouvriers, déclenchant le massacre de Shanghai, qui signa le début de la guerre civile chinoise.
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+ Sous le régime de la République de Chine, Shanghai devint une ville spéciale en 1927, et une municipalité en mai 1930. Elle fut alors le centre financier de l'Asie, où les dollars mexicains par exemple s'échangeaient en masse après la crise boursière de 1929. La marine japonaise bombarda la ville le 28 janvier 1932, officiellement pour réprimer les protestations étudiantes ayant suivi l'incident de Mandchourie, déclenchant la « guerre de Shanghai ».
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+ À compter du mois d'août 1937, à l'aube de la seconde guerre sino-japonaise, Shanghai fut soumise par la marine et l'armée nippones à une série de bombardements qui entraînèrent la mort et l'évacuation de plusieurs milliers de civils. Disposant de forces terrestres et navales bien supérieures à l'armée chinoise, les troupes impériales prirent possession de la ville en novembre (bataille de Shanghai), puis se dirigèrent vers Nankin où elles se livrèrent à un terrible carnage (massacre de Nankin).
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+ Selon les travaux de l'historien Zhiliang Su, au moins 149 « maisons de confort » hébergeant des esclaves sexuelles furent établies à Shanghai pendant l'occupation nipponne[18].
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+ En 1938, Shanghai fut considérée comme le cinquième port mondial[19]; les plus grandes firmes occidentales y étaient désormais représentées.
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, Shanghai devint temporairement un centre pour les réfugiés d'Europe : c'était alors la seule ville ouverte inconditionnellement aux Juifs. En 1941, sous pression de leurs alliés nazis, les Japonais reçurent les réfugiés juifs dans un ghetto, où les maladies pullulaient[20],[21]. L'immigration juive fut finalement stoppée par les Japonais le 21 août 1941.
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+ Les Japonais prirent le contrôle total de la Concession Internationale à la suite de sa déclaration de guerre aux Etats Unis d'Amérique le 8 décembre 1941. Durant l'occupation japonaise, les citoyens des pays Alliés travaillant pour l'administration municipale demeurèrent à leur poste jusqu'en février 1943, date à laquelle ils furent internés. Quant à la concession française, elle resta sous le contrôle de la France jusqu'au 30 juillet 1943, date à laquelle le consul général de France transféra, sur ordre Vichy, l'administration civile de celle-ci au maire de Shanghai entièrement dévoué à la cause des occupants japonais. Mais les troupes françaises du "Détachement Français de Changhaï" (ancienne graphie de Shanghai) - alias DFC - restèrent sur place et en armes jusqu'au 9 mars 1945 où elles furent désarmées et internées par les Japonais, comme toutes les autres unités françaises de Chine (ce, simultanément à celles stationnées en Indochine). Ses tirailleurs Indochinois furent d'ailleurs perméables à la propagande japonaise et plus de la moitié d'eux fera cause commune avec les ex-gardes du Bataillon de Supplétifs Tonkinois et passèrent, le 21 juillet 1945, sous l'autorité militaire des Japonais.
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+ Entre 1942 et 1945, sous l'effet combiné de la corruption du Gouvernement de Nankin et de l'occupation japonaise, le nombre de banques atteint 300, soit le double de celui de 1936[22].
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+ Durant la guerre, le conseil municipal des concessions étrangères fut aboli deux fois, à quelques mois d'intervalle, par deux gouvernements ennemis. En février 1943, le gouvernement du Royaume-Uni signa avec la République de Chine un traité acceptant le principe d'une rétrocession. En juillet de la même année, les Japonais rétrocédèrent le conseil municipal au gouvernement collaborateur de Wang Jingwei. Après la guerre, une commission de liquidation fut mise en place pour gérer la rétrocession à la République de Chine.
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+ Les huit années d'occupation, puis la victoire, en 1949, de Mao Zedong sur les troupes du général Tchang Kaï-chek précipitèrent le déclin de la ville.
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+ Après la victoire des communistes, la ville a été considérée comme le symbole du capitalisme étranger, elle sommeillait, et le monde l'avait presque oubliée[réf. souhaitée], avant d'être revalorisée à la suite du mouvement de réformes de Deng Xiaoping.
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+ Autrefois tête de pont des puissances coloniales dans une Chine agonisante, Shanghai est devenue le premier centre industriel du pays, en même temps que l'une des plus grandes métropoles du monde.
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+ Pendant la Révolution culturelle, Shanghai connut des troubles politiques et sociaux : à la fin décembre 1966, la municipalité fut renversée. Les plus importantes grèves de l'histoire de la ville[23] paralysèrent la vie économique. Les rebelles et les gardes rouges désiraient mettre en place un système semblable à la Commune de Paris. Le bilan de la Révolution culturelle fut considérable : 150 000 logements furent confisqués rien qu'à Shanghai[24]. Entre 1968 et 1976, un million de Shanghaiens furent ruralisés de force[25].
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+ Au début des années 1990, en une décennie, la « Perle de l'Orient » est redevenue un centre économique de première importance, qui compte en 2005 pour 20 % de la production industrielle nationale pour seulement 1,5 % de la population. Elle se destine aujourd'hui à devenir le centre financier de la Chine, grâce au quartier de Lujiazui.
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+ Le 26 février 2002, Chen Liangyu (46 ans) a été élu maire de Shanghai par les délégués de la cinquième session du 11e Congrès du peuple de la Municipalité de la grande métropole de l'Est de la Chine. Il est ensuite devenu Secrétaire du Parti de la Municipalité autonome en octobre 2002, à la place de Huang Ju. Ce poste particulièrement important va habituellement de pair avec un siège au Bureau politique du Parti. C’est le cas pour Chen Liangyu depuis le XVIe Congrès du Parti communiste chinois. En septembre 2006, Chen Liangyu est limogé à la suite d'un scandale de corruption.
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+ Avant cela, le 3 décembre 2002, la métropole chinoise a été désignée pour organiser l'Exposition universelle de 2010, qui se tient donc, pour la première fois depuis 151 ans, dans un pays en voie de développement. Depuis l'Exposition universelle de 2010, rien ne semble arrêter le développement de Shanghai. Parmi les grandes métamorphoses, le district de Pudong dont la superficie devrait doubler dans les cinq prochaines années, passant de 520 km2 à 1 210 km². Avec la création d'un jardin digne de Central Park et un opéra prévu pour 2015, ce quartier d'affaires veut aussi devenir le poumon vert de la ville et un temple de la culture. Sur les dix nouvelles lignes de métro qui desserviront Shanghai en 2012, cinq passeront par ce district. Le réseau, 510 kilomètres au total, se hissera alors parmi les trois plus longs du monde.
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+ En 2013 y survient l'apparition de l'influenzavirus A sous-type H7N9.
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+ La clique de Shanghai est le nom donné à un groupe d’officiels du Parti communiste chinois qui ont dû leur promotion à leur appartenance à l’administration municipale de Shanghai sous l’égide de l’ancien maire de Shanghai et président Jiang Zemin[26].
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+ Depuis le 21 juillet 2020, le maire de Shanghai est Gong Zheng, né en 1960 et originaire de Suzhou[27].
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+ La municipalité de Shanghai est un territoire administratif ayant le statut provincial : elle comprend plusieurs districts comprenant le centre-ville historique de Shanghai et des villes-nouvelles en satellite.
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+ Le territoire compte environ 23 millions d'habitants dans son agglomération d'après le recensement de 2010. Shanghai comptait 16,7 millions d'habitants en 2000[28].
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104
+ La municipalité de Shanghai exerce sa juridiction sur dix-sept subdivisions de districts.
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+ Huit districts sont situés dans le Puxi, i.e. à l'ouest du Huangpu, zone urbaine centrale de Shanghai :
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+ Un district gouverne principalement le Pudong, i.e. à l'est du Huangpu :
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+ Les sept districts restants correspondent à des banlieues, à des villes satellites et à des zones rurales éloignées du centre urbain :
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+ L'île de Chongming, située dans l'estuaire du Yangzi Jiang (Chang Jiang), est gouvernée par un seul district :
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+ Ces districts sont eux-mêmes divisés (en 2003) en 220 subdivisions de niveau canton, comprenant 114 bourgs, 3 cantons et 103 sous-districts.
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+ La population de la municipalité de Shanghai est de 27 058 479 habitants. D'après la population totale de la municipalité, Shanghai est la seconde plus grande municipalité de la République populaire de Chine, après Chongqing[29] et devant Pékin[30]. En RPC, une municipalité (直辖市 en pinyin: zhíxiáshì) est une ville avec un statut équivalent aux provinces chinoises.
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+ Le recensement de 2000 positionnait la population de Shanghai à 16,738 millions, dont 3,871 millions de migrants. Par rapport au recensement de 1990, la population totale avait augmenté de 3,396 millions d'individus, soit une croissance de 25,5 %. Les hommes représentent 51,4 % et les femmes 48,6 % de la population. 12,2 % des Shanghaïens sont âgés de 0 à 14 ans, 76,3 % entre 15 et 64 et 11,5 % ont plus de 65 ans.
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+ En 2017, l'espérance de vie était de 83,37 ans (80,98 pour les hommes et 85,85 pour les femmes). La même année, le revenu moyen annuel des résidents de Shanghai était de 85 582 yuans.[31]
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+ En 2017, on comptait 163 363 étrangers dans la métropole chinoise alors qu'une année plus tôt ils étaient 175 674. Il convient de signaler que, pour des raisons politiques, le Shanghai Municipal Statistics Bureau ne considère pas les Taïwanais comme des ressortissants étrangers.
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+ L'Université Fudan est l'une des universités de premier plan en République populaire de Chine. Elle a été fondée par le jésuite Joseph Ma Xiangbo en 1905 sous le nom de Collège catholique Fudan. Ma Xiangbo lui donne ce nom d'après une citation des classiques confucéens. En 1917, elle est transformée en université privée. Au début de la guerre anti-japonaise en 1937, l'université est transférée à Chongqing, à l'intérieur de la Chine. Elle prend son nom actuel en 1946 quand elle revient à Shanghai. Elle fusionne avec l'université l'Aurore en 1952, après le départ des jésuites.
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+ L'École normale supérieure de l'Est de la Chine, ou plus simplement ECNU, est l'une des plus prestigieuses universités en Chine. Fondée en 1951 à Shanghai, elle fut la première école normale supérieure de la République populaire de Chine. Le premier établissement sino-américain d'enseignement supérieur - Université de New York à Shanghai (NYU Shanghai) – a été cocréé par l'Université de New York et l'ECNU.
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+ L'Université Tongji est l'une des plus célèbres universités chinoises de Shanghai. Elle a été fondée en 1907 à l'initiative du Consul Général allemand Wilhelm Knappe comme une école allemande médicale et dirigée par le médecin Erich Paulun. En 1923, elle devient une université et en 1937 elle est déménagée à cause de la guerre, d'abord dans la province de Zhejiang. Lorsque le front approche, elle déménage vers la province de Jiangxi, puis Yunnan, et plus tard même pour le Sichuan. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle revient de nouveau à Shanghai, en 1946.
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+ L'Université des études internationales de Shanghai est une institution importante dans le pays. Elle est issue de l'Institut des langues étrangères de Shanghai, fondé en 1949. Depuis 1983, l'Université entretient une coopération active avec l'Université de Heidelberg. Depuis 2002 il existe un programme allemand des affaires, qui a été conçu conjointement avec l'Université de Bayreuth.
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+ Voici une liste des autres principaux instituts et universités présentes à Shanghai :
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+ Les écoles internationales sont également nombreuses à Shanghai. Il en existe 3 types[33] : les écoles publiques chinoises internationales (réservées aux enfants de nationalité chinoise), les écoles privées chinoises (acceptant à la fois les enfants chinois et étrangers) et enfin les écoles internationales qui sont principalement à destination des étrangers. Parmi ces dernières on peut notamment citer :
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+ La langue officielle de Shanghai, comme dans l'ensemble de la Chine est le chinois mandarin. Cependant, la langue historiquement parlée est, dans le delta du Yangzi Jiang (长江) et les régions environnantes, le wu. La variété parlée à Shanghai est le shanghaïen.
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138
+ Les campagnes de promotion du mandarin et la scolarité effectuée exclusivement en mandarin conduisent à un recul progressif de l'usage du dialecte. Celui-ci reste cependant largement utilisé dans la communication informelle. Il est à noter dans le domaine de la communication informelle le basculement du shanghaïen vers le mandarin chez la jeune génération de Shanghaïens, qui ne maîtrise guère plus la langue locale, ou de façon erratique.
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+ Certaines lignes de bus proposent des annonces en chinois mandarin, en shanghaïen et en anglais.
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142
+ Shanghai possède d'importantes infrastructures sportives. Le stade de Shanghai peut ainsi accueillir 80 000 personnes et constitue le troisième plus grand stade en Chine[34]. Il a été utilisé au cours des jeux olympiques d'été de 2008 pour accueillir plusieurs matchs du tournoi de football. Le stade de Hongkou compte quant à lui 31 000 places.
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144
+ En 2005, la SMP subventionne un vaste chantier pour construire le plus grand Skate Park au monde: le SMP Park (ou SMP Skate Park). Ce dernier, d'une superficie totale de 13 700 m2 regroupe 4 zones de glisse dont une zone de compétition vaste de 2 000 m2 visant à accueillir des compétitions internationales.
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146
+ La ville organise également chaque année les Masters de Shanghai, une compétition de tennis masculin, qui fait partie des Masters 1000 de l'ATP World Tour depuis 2009, au même titre que les Masters de Madrid, Masters de Monte-Carlo ou encore Masters de Paris-Bercy. Chaque année, les meilleurs joueurs de tennis mondiaux se retrouvent donc en octobre pour s'affronter dans la salle du Qizhong Forest Sports City Arena.
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+ Depuis 2010, Shanghai accueille également la seconde étape de la Ligue de diamant avec le meeting Shanghai Golden Grand Prix. Cette ligue réunit les meilleurs athlètes du monde qui, au cours de 14 meeting dans le monde, s'affrontent pour engranger le plus de points possibles et gagner en fin de saison un diamant de 4 carats d'une valeur d'environ 80 000 dollars.
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+ La ville possède également plusieurs clubs sportifs professionnels qui évoluent dans les principales compétitions sportives du pays :
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+ La ville a longtemps été l'un des principaux centres de production textile de la République populaire de Chine. Les autres secteurs manufacturiers importants comprennent la fabrication de produits chimiques et pharmaceutiques, les véhicules (notamment des navires), les machines, l'acier, le papier et les produits d'impression. En outre, la ville produit à grande échelle des systèmes électriques et électroniques ainsi que des équipements tels que les ordinateurs, les radios et les appareils photo.
153
+
154
+ Avec le début de réformes économiques chinoises au début des années 1980, Shanghai a d'abord été dépassée par certaines provinces du sud, telles que Guangdong. Avec le début des années 1990, grâce à l'action du gouvernement par l'intermédiaire de Jiang Zemin, les investissements ont fortement augmenté à Shanghai, dans le but d'établir un nouveau centre économique en Asie orientale.
155
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156
+ Hong Kong constitue le principal rival de Shanghai dans le titre honorifique de plus grand centre économique en Chine. Hong Kong possède l'avantage d'une plus grande expérience, notamment dans le secteur bancaire. Shanghai a des liens plus étroits avec l'arrière-pays chinois et le gouvernement central de Pékin. De plus, Shanghai possède plus de terrains pour accueillir les nouveaux investissements, alors qu'à Hong Kong, l'espace est très limité.
157
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158
+ Fondée en 1990 à Shanghai, la Bourse de Shanghai représente aujourd'hui la bourse la plus importante en Chine continentale. Depuis 1991, la croissance économique à Shanghai est à deux chiffres. La ville est donc la seule région de Chine dans ce cas sur une telle durée. La croissance économique annuelle à Shanghai était, en 2006, d'environ 12 %. Le PIB pour 2006 s'élèvait à 1,03 billions de yuans (environ 128,8 milliards de dollars). Le PIB par habitant était d'environ 7 000 dollars (la moyenne chinoise se situe à 1 800 dollars) et constitue le troisième plus élevé du pays, derrière Hong Kong et Macao. En 2010, le PIB par habitant était prévu à 10 000 dollars[35].
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160
+ En 1984, à Anhui, une coentreprise avec le constructeur automobile Volkswagen constitue la première usine automobile construite avec une marque occidentale. Volkswagen Shanghai représente une part de marché d'environ 60 % sur les véhicules étrangers en Chine, ce qui est en baisse constante en raison d'une concurrence accrue. Les droits d'importation élevés sur les voitures étrangère les rendent encore plus chères. Ainsi, après l'adhésion à l'OMC de la République populaire de Chine, la conférence de l'APEC en 2001 a réduit progressivement les droits à l'importation.
161
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162
+ Shanghai traduit l'envol économique de la Chine. Un dollar sur vingt du PIB chinois provient de cette ville et 1/5 des exportations du pays - qui ont augmenté de 500 % en valeur réelle entre 1992 et 2008 - transite par sa zone portuaire.
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164
+ Le 5 août 2002, le nouveau maire de Shanghai, Chen Liangyu a déclaré qu'il voulait « faire de sa ville, dans les trois années à venir, le centre du marché financier intérieur, des circulations des capitaux et de gestion de fonds, et l'un des centres financiers internationaux les plus importants pour une durée de dix à vingt ans. »
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+ Cela dépend directement de la réforme du système financier chinois, encore très archaïque, mené par les autorités centrales de Pékin.
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+ Shanghai est également un centre important de raffineries de pétrole. La plus grande aciérie de Chine, et l'une des plus modernes, se situe à Baoshan, en bord de mer. La ville est donc sujette à une pollution importante[36] sous la forme de nuages de fumée de soufre que les usines émettent en permanence. Environ quatre millions de tonnes d'eaux usées industrielles et domestiques non filtrée sont versées quotidiennement dans le fleuve Huangpu, la principale source d'eau potable de la ville, et dans le canal de Suzhou dont les eaux sont fréquemment noires et nauséabondes. Un autre problème est le chômage, qui est supérieur à Shanghai par rapport à d'autres grandes villes du pays.
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170
+ Shanghai est connu pour sa prospérité intimement liée à son ouverture sur le monde et les échanges croisés avec l'Occident. Celle-ci se reflète par une architecture diverse, mêlant des temples traditionnels de la vielle-ville, aux monuments occidentaux sur le Bund, jusqu'au gratte-ciels de Pudong. Shanghai représente ainsi cette cohabitation culturelle et historique à travers le temps ainsi qu'une ouverture d'esprit bien distincte des autres provinces chinoises.
171
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172
+ Le Bund est considéré comme la "collection architecturale des dix-milles nations" (en chinois : 万国博览建筑群) avec la richesse des bâtiments de type occidental, marquant le passé de l'ouverture de Shanghai.
173
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174
+ De nombreux quartiers comme l'ancienne concession française marque un style d'architecture hybride, caractérisé par des bâtiments en pierre, dit du style Shikumen, que l'on retrouve dans ces traditionnels quartiers shanghaïens appelés des lilongs.
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176
+ Le long du fleuve Huangpu, le Bund fait face désormais au quartier d'affaires de Lujiazui à Pudong, quartier de tous les superlatifs du Shanghai moderne et international, avec ses gratte-ciels dont les plus hauts sont la Perle de l'Orient, la Tour Jintao, le Shanghai World Financial Center ainsi que la Tour Shanghai, ouverte au public en 2015, qui est depuis le plus haut gratte-ciel de Chine. De manière générale, il y aurait actuellement 5 000 tours, dont 120 gratte-ciels de plus chaque année, et 20 000 chantiers permanents[réf. nécessaire] dans l'ensemble de la ville.
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178
+ Une maquette géante de la ville est visible au centre d'exposition de la planification urbaine de Shanghai sur la Place du Peuple. Elle donne une idée de la valeur de prestige accordée au développement immobilier à Shanghai. En 2006, un appartement de la Tomson Riviera, située à Pudong, s'est vendu pour 190 millions de yuans, soit environ 19 millions d'euros[13].
179
+ Toutefois, il convient d'ajouter un bémol face à cet engouement spéculatif. Le taux d'occupation des bureaux est très bas dans la ville. Certains analystes redoutent une bulle immobilière comparable à la bulle japonaise des années 1980. En Chine, l'immobilier est une des activités les plus opaques, ce qui explique la fragilité du secteur qui pourrait éclater si la croissance économique montre des signes de ralentissement. Enfin, la multiplication des gratte-ciel fait peser un danger sur le sol de la ville. Les spécialistes constatent que depuis 1921, le sol de la métropole s'affaisse[37]à une vitesse estimée à 1,5 cm par an[38]. Un tiers des affaissements des constructions dans le centre-ville est dû à ces grandes tours, d'après le Bureau de la planification de la ville de Shanghai[37].
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181
+ Enfin, la traversée du fleuve Huangpu, séparant Shanghai entre Puxi (ouest de Huangpu) et Pudong (est de Huangpu) a permis la construction de remarquables ponts, comme le pont de Nanpu et le pont de Yangpu, qui se situent parmi les plus longs du monde avec respectivement plus de 400 m et plus de 600 m de portée. Le pont de Lupu, quant à lui, est le deuxième plus long pont en arc du monde, avec 550 m de portée.
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183
+ De plus, le 1er décembre 2005 a été inauguré le plus long pont du monde, le pont de Donghai, qui relie la ville au nouveau port de Shanghai-Yangshan en eau profonde sur les îles Yangshan.
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+ Dans le centre de Shanghai, pr��s de l'hôtel de ville et de la rue de Nankin, la plus célèbre artère commerciale, se trouvent le musée de Shanghai, l'opéra de Shanghai et le centre d'exposition de la planification urbaine de Shanghai. L'autre artère principale de Shanghai est le Bund et son prolongement sur les rives du fleuve Huangpu.
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+ Au cœur de la vieille-ville, le jardin Yuyuan (ou jardin du mandarin Yu) est le plus beau jardin chinois traditionnel de Shanghai.
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+ Le quartier historique de la concession française, autour de l'actuelle rue Huaihai, est transformé en quartier tendance, notamment autour de Xintiandi ou encore Tianzifang.
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+ En ce qui concerne les religions asiatiques, on trouve trois principaux temples : le temple de Jing'an, le temple du Bouddha de jade et le temple du dieu de la ville, ce dernier se situant près du jardin Yuyuan.
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+ Plusieurs églises catholiques sont situées à l'intérieur de la ville, comme la cathédrale Saint-Ignace, l'église Saint-Joseph, l'église Saint-François-Xavier, l'église orthodoxe Saint-Nicolas, l'église Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus et l'église Saint-Pierre, mais également assez loin en dehors de l'agglomération, avec la basilique de She Shan, lieu de pèlerinage marial fort fréquenté. Shanghai est la ville où l'on voit le plus d'églises catholiques. L'église Notre-Dame-de-Lourdes de Pudong est l'une des cent dix églises catholiques de l'agglomération de Shanghai. Construite en 1896-1899 dans l'est de la ville par les jésuites français, elle a été rénovée en 2010. L'église de l'Immaculée-Conception de Zhang Pu se trouve également en dehors du centre de la ville.
194
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195
+ Shanghai compte également plusieurs mosquées, parmi lesquelles celle de Songjiang, la plus ancienne, celle du jardin au pêcher (小桃园清真寺), la plus grande, celle de Huxi (沪西清真寺), celle de Pudong (浦东清真寺), ou celle de Fuzhou Road (福佑路清真寺)[39].
196
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+ Maison du thé (Lao Shanghai)
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+ Vue de la cathédrale Saint-Ignace
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201
+ Mosquée Xiaotaoyuan
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203
+ Temple Longhua
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205
+ Les bâtiments d'architecture occidentale sur le Bund
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207
+ Le Muséum d'histoire naturelle de Shanghaï dans un édifice d'architecture moderne construit en 2015
208
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209
+ La cuisine de Shanghai est en partie tournée vers les crustacés, coquillages et les poissons, de mer ou d'eau douce, du fait de sa position géographique. Ainsi, le crabe poilu de Shanghai (shàng hǎi máo xiè, 上海毛蟹) est une célèbre spécialité délicate, prisée pour les qualités aphrodisiaques des ovaires du crabe femelle.
210
+
211
+ Cette cuisine se caractérise par l'utilisation du vin de cuisine qui sert à mariner les poissons ou le poulet. Une fois saoulée, la viande est cuite rapidement ou servie crue. Une autre particularité de la cuisine dans cette région est l'utilisation à quantité presque égale du sucre et de la sauce soja. Bien qu'abondamment utilisé, le sucre ne donne pas de goût particulièrement sucré aux plats, mais sert à rehausser le goût, comme dans les « travers de porc en sauce aigre-douce » 'táng cù páigǔ, 糖醋排骨).
212
+
213
+ La cuisine de Shanghai est également réputée pour la cuisson « braisée en rouge » (hóng shāo, 紅燒), qui consiste à faire cuire à feu doux viandes et légumes. L'utilisation de sauce soja ou de sucre permet alors d'obtenir la fameuse couleur rouge.
214
+
215
+ Les habitants de la ville de Shanghai sont réputés pour manger de petites portions. Par exemple, les bouchées à la vapeur (小笼包 / 小籠包, xiǎolóng bāo) sont beaucoup plus petites que leurs cousines baozi (包子) que l'on trouve ailleurs en Chine.
216
+
217
+ Voici une liste de spécialités de la cuisine de Shanghai :
218
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219
+ Et aussi : musée national de Shanghai, musée de Shanghai, musée des Beaux-Arts de Shanghai, centre de sculpture de Shanghai, musée Lu Xun de Shanghai (dans le parc Lu Xun), le Mémorial du siège du 1er Congrès du Parti communiste chinois de Shanghai.
220
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221
+ Le Centre Pompidou pourrait ouvrir un site consacré à l'art moderne à Shanghai.
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223
+ L'imprimerie, introduite par les missionnaires protestants, avait fait de Shanghai un centre majeur de l'édition. Un lectorat nombreux dû à un taux d'alphabétisation élevé favorisait le développement de la littérature populaire. La langue de wu est ainsi introduite dans les dialogues des romans, et le roman Haishang hua liezhuan (Fleurs de Shanghai, 1894) de Han Bangqing (en) est même entièrement écrit dans cette langue. Le « roman de courtisanes » de son côté est souvent lié à la ville de Shanghai, à l'instar du Haishang fanhua meng (Rêves de splendeur shanghaienne, 1898-1906) de Sun Yusheng. Dans ce genre de roman, le romantisme habituel des histoires d'amour se mêle parfois au réalisme de la vie urbaine, mâtiné d'un exotisme occidental issu des concessions[42].
224
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225
+ À la fin de l'Empire apparaît à Shanghai un courant littéraire appelé école des canards mandarins et des papillons, produisant une littérature populaire à thématique amoureuse. Les romans de cette école, dont l'appellation est à l'origine péjorative, racontent dans la traditions des romans populaires antérieurs les aventures compliquées de couples d'amoureux (symbolisés par les canards mandrins et les papillons), généralement un jeune homme au talent méconnu et une jeune fille à la beauté éthérée. Après la suppression des examens impériaux en 1905, cette littérature était produite par des lettrés cherchant à vivre de leur plume. Si les intellectuels méprisaient ce genre, la petite bourgeoisie en était friande. Le Fantôme de la poire de jade (1911) de Xu Zhenya (zh) est un exemple type de ce genre de romans, qui a ses prolongements au cinéma et qui perdure jusque dans les années 1930[43]. Cheng Xiaoqing (zh) est quant à lui le premier écrivain spécialisé dans le genre policier, avec son héros Huosang, imitation de Sherlock Holmes[44].
226
+
227
+ Après le mouvement du 4 mai 1919, la « Nouvelle Littérature », dont Pékin est le fer de lance depuis 1915, a des répercussions à Shanghai. Elle est ainsi le siège de la Société Création, fondée au Japon en 1921 par Guo Moruo et Yu Dafu, qui mettent en avant un individualisme romantique et rebelle, influencé par la poésie occidentale. Mais c'est avant tout avec l'école néosensationniste que l'esprit de Shanghai (le haipai (en)) trouve son expression dans la littérature. Liu Na'ou, fondateur du groupe, Mu Shiying et Shi Zhecun en sont les principaux représentants. Écrivains bohèmes, les néosensationnistes fréquentent cafés, dancings et cinémas et trouvent leur inspiration dans la modernité urbaine. Ils innovent dans le domaine des techniques et procédés littéraires, s'inspirant du cinéma et d'exemples venus du Japon ou d'Occident. Les recherches formelles et la volonté de se tenir à l'écart des problèmes politiques et sociaux des modernistes suscitent l'hostilité des écrivains engagés, généralement à gauche[45].
228
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229
+ La politique répressive des seigneurs de la guerre avait conduit durant les années 1920 nombre d'écrivains à quitter Pékin pour se réfugier à Shanghai, comme Lu Xun en 1927. La ville était ainsi devenue un haut lieu de la littérature engagée, comme l'illustre la conversion au marxisme du groupe Création. Après le massacre des communistes par le Guomindang en avril 1927, les intellectuels de gauche tentent de s'organiser. La Ligue des écrivains de gauche est ainsi créée en 1930, sous l'égide de Lu Xun. Regroupant essentiellement des militants, la Ligue, tout comme d'autres organisations similaires, s'attache à promouvoir une littérature prolétarienne et révolutionnaire. L'exemple le plus achevé de cette tendance est le roman Minuit (1933) de Mao Dun, dans lequel est racontée la lutte entre capitalistes nationaux et compradores, et la défaite des premiers. La modernité de Shanghai s'y montre sous un aspect négatif. L'épisode le plus fameux de la brutalité de la répression du Guomindang envers les écrivains engagés est celui de l'exécution de cinq écrivains communistes, les cinq martyrs de la Ligue des écrivains de gauche, en 1931[46],[47].
230
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231
+ Avec le déclenchement de la guerre sino-japonaise (1937), les écrivains sont nombreux à quitter Shanghai. Parmi ceux qui restent, certains se compromettent avec le régime collaborateur de Wang Jingwei, comme Liou Na'ou et Mu Shiying, tous deux assassinés en 1939-1940 dans des circonstances mal élucidées. Des reproches de collaboration sont aussi adressés après la guerre à Zhang Ailing (alias Eileen Chang) et Su Qing, les deux écrivains les plus représentatifs de cette période. Le nom d'Eileen Chang est étroitement associé à la ville de Shanghai, où elle est née. Cependant Shanghai n'est que peu présente dans son œuvre, la ville n'y apparaît que dans quelques nouvelles de nature intimiste. Dans ses écrits, Su Qing aborde sans fard la vie quotidienne et conjugale d'un point de vue féminin. Toutes deux attestent la place nouvelle que les femmes ont acquise dans la vie littéraire[48].
232
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233
+ Après 1949, beaucoup d'écrivains ont la prudence de délaisser la création littéraire pour lui préférer la recherche ou la traduction, activités politiquement moins compromettantes. La vie shanghaïenne est toutefois un sujet abordé par Zhou Erfu, l'auteur d'un roman-fleuve en quatre volumes, Shanghai de zaochen (Le Matin de Shanghai), qui suit les traces du Minuit de Mao Dun : le roman montre comment les capitalistes de Shanghai cherchent à s'accommoder du régime communiste. Le sujet vaut au roman d'être condamné pendant la Révolution culturelle (les deux derniers volumes ne paraissent qu'après 1979). Durant la Révolution culturelle Shanghai est d'ailleurs le quartier général des gauchistes les plus radicaux, autour de Jiang Qing, l'épouse de Mao[49] : c'est le « groupe de Shanghai », plus tard appelé Bande des quatre. Une critique de Yao Wenyuan, l'un des « Quatre », contre la pièce La Destitution de Hai Rui de Wu Han, parue dans un journal de Shanghai en 1965, avait servi de prélude au déclenchement de la Révolution culturelle[50]. Les intellectuels, ici comme ailleurs, ont alors leur part de persécutions et d'exils, voire de suicides, comme celui de Fu Lei, célèbre traducteur. Ba Jin, qui vit à Shanghai, a laissé des souvenirs de cette période dans ses mémoires[49].
234
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235
+ La légende du Shanghai d'avant-guerre, occultée en Chine même après 1949, se perpétue dans le recueil de l'écrivain Bai Xianyong, exilé à Taiwan. Dans son recueil de nouvelles Gens de Taipei (1971), les personnages se souviennent du Shanghai magnifié de leur vie avant l'exil. La ville y est aussi présentée comme la capitale d'un monde déchu. Avec les années 1990, deux écrivaines shanghaiennes, Chen Danyan et Cheng Naishan explorent à nouveau la passé de la ville pour le mettre en miroir avec le présent. Ce retour au passé est aussi l'occasion d'un exotisme facile, fait de sexe et de violence, dont les romans Mengui (Shanghai Triad) de Li Xiao et Shanghai wangshi (Les Triades de Shanghai, inspiré du précédent) de Bi Feiyu sont des exemples. Le cinéma y trouve son compte, avec le film de Zhang Yimou Shanghai Triad, adapté du roman de Li Xiao, ou celui de Hou Hsiao-hsien, Les Fleurs de Shanghai, adaptation du roman de Han Bangqing. En revanche, c'est avec un personnage ordinaire, dans une histoire romantique et mélancolique, que Wang Anyi trace un portrait de la ville entre 1945 et 1985 : son roman Le Chant des regrets éternels (1995) est considéré comme l'un des meilleurs romans jamais écrits sur Shanghai. Plus récemment se sont fait connaître les « belles écrivaines », Wei Hui et Mian Mian. Wei Hui est l'auteur du roman autobiographique Shanghai Baby, où le cosmopolitisme traditionnel de Shanghai se mêle au narcissisme de l'héroïne. Ce même cosmopolitisme se retrouve dans Les Bonbons chinois de Mian Mian, roman explorant les milieux marginaux de la ville[51].
236
+
237
+ La Condition humaine d'André Malraux se déroule dans le décor de la ville. Soutenu par les étrangers des concessions, le parti nationaliste du Guomindang de Tchang Kaï chek s'apprête à écraser les communistes chinois dans la ville. Tableau historique du conflit interne chinois et réflexions sur la guerre.
238
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239
+ Stéphane Fière dépeint, dans La Promesse de Shanghai, le destin d'un paysan contemporain arrivant à Shanghai pour y devenir manœuvre.
240
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241
+ Le journaliste Albert Londres écrit La guerre à Shanghai, avant un dernier reportage, fatal, sur les mafias de la ville.
242
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243
+ La suite de Shanghai (Tohubohu éditions) de Bruno Birolli, qui comportent déjà deux romans Le music-hall des espions (2017) et Les terres du Mal (2019), se déroulent dans le monde des services secrets et reconstituent Shanghai pendant les années 1930.
244
+
245
+ Noël Coward rédige en 1930 Private Lives.
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247
+ L'Empire du soleil, de J. G. Ballard relate la prise de Shanghai par les troupes japonaises, au lendemain de Pearl Harbor. Un enfant de la ville passe trois années dans un camp de détention.
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249
+ Un détective enquête sur une mystérieuse disparition dans la concession française de Shanghai, sous la plume de Kasuo Ishiguro, dans Quand nous étions orphelins.
250
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251
+ L'album de Tintin Le Lotus bleu dépeint notamment la lutte des chinois pour leur indépendance, avec les enjeux du marché de l'opium en toile de fond.
252
+
253
+ Shanghai est le lieu de naissance de l'industrie cinématographique du cinéma chinois[52].
254
+
255
+ Shanghai, ville de cinéma, a inspiré les cinéastes.
256
+
257
+ Quelques acteurs/actrices shanghainais connus en Chine :
258
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259
+ Quelques autres films où le décor (réel) de Shanghai à diverses époques joue un rôle majeur :
260
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261
+ En revanche, non seulement La Dame de Shanghai, d'Orson Welles (1946), ne se déroule pas à Shanghai, mais le rapport du film avec la ville est on ne peut plus lointain.
262
+
263
+ Shanghai comprend de nombreux parcs et jardins, par example:
264
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265
+ En 2019, le métro de Shanghai comprend 15 lignes (lignes 1 à 13 et ligne 16 et 17)[53]. Il s'agit du plus grand réseau de métro au monde, en termes de longueurs des voies.
266
+
267
+ Depuis le 31 décembre 2009, Shanghai possède également un tramway.
268
+
269
+ Deux lignes de chemin de fer classiques se croisent à Shanghai, Pékin-Shanghai (京沪) et Shanghai-Hangzhou (沪杭). Depuis les années 2010, les grandes lignes à grande vitesse prennent également départ de Shanghai vers toutes les grandes villes chinoises via le réseau à grande vitesse, suivant notamment les lignes LGV Pékin - Shanghai, LGV Shanghai - Hangzhou, LGV Shanghai - Kunming, LGV Shanghai - Nankin, etc.
270
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271
+ Ces lignes ferroviaires desservent les principales gares à Shanghai : gare de Shanghai, gare de Shanghai-Hongqiao, gare de Shanghai-Ouest et gare de Shanghai-Sud.
272
+
273
+ Depuis le 1er janvier 2004, la ligne de Transrapid, un train à sustentation magnétique (maglev), relie la centre-ville à Longyang Road au nouvel aéroport international de Pudong[54]. Ce train est ainsi la ligne commerciale la plus rapide au monde (431 km/h).
274
+
275
+ La 2e compagnie aérienne chinoise est basée sur les aéroports de Shanghai : China Eastern Airlines.
276
+
277
+ L'aéroport international de Shanghai-Hongqiao qui se trouve dans le Puxi (ouest du Pu), dans le quartier de Hongqiao, autrefois principal aéroport, aujourd'hui majoritairement consacré aux vols intérieurs et aux vols internationaux et régionaux de l'Asie-Pacifique : Séoul, Tokyo, Macao, Taiwan et Hong Kong. Le terminal 2 de l'aéroport s'intègre dans le pôle multimodal de Hongqiao, relié directement à la gare de Shanghai-Hongqiao qui accueille les trains à grande vitesse des grandes lignes chinoises.
278
+
279
+ Il est relié à l'aéroport international de Shanghai-Pudong[54] par la ligne 2 du métro qui le dessert depuis 2010. L'aéroport international de Pudong dessert principalement les vols internationaux avec actuellement deux terminaux et deux satellites et cinq pistes d'atterrissage.
280
+
281
+ Il existe un grand nombre de compagnies de taxis à Shanghai. Ceux-ci sont aisément reconnaissables à leurs lumineux rouges ou verts indiquant leur disponibilité. Ils sont de plus en plus concurrencés par les voitures de tourisme avec chauffeurs utilisant principalement l'application Didi Chuxing.
282
+
283
+ La route nationale chinoise 318 (ou G318), d'une longueur de 5 476 kilomètres, relie la ville à la frontière népalaise.
284
+
285
+ La ville est quadrillée de voies rapides surélevées, l'autoroute surélevée Yan'an et l'autoroute surélevée Nord-Sud par exemple.
286
+
287
+ Après avoir dépassé le port de Rotterdam en 2003, celui de Hong Kong en 2004, et celui de Singapour en 2005, Shanghai est devenu le port le plus actif du monde, aussi bien en termes de tonnage total traité qu'en nombre de conteneurs[55]. Le port est très engorgé, malgré l'ouverture de l'avant-port de Yangshan, avec une croissance annuelle de son trafic de 30 % : en 2008, Shanghai enregistrait un trafic de 508 millions de tonnes, contre 650 millions de tonnes en 2010. La croissance du trafic conteneurisé a été plus faible avec 28 millions d'EVP (Équivalent Vingt Pieds) en 2008 contre 29 millions en 2010.
288
+
289
+ Une bonne partie du trafic s'effectue avec l'intérieur du pays, par les 5 000 kilomètres navigables du Yangzi Jiang : les bateaux peuvent aller de Shanghai jusqu'à Chongqing.
290
+
291
+ Ne pouvant plus s'étendre, en 2000/2001, il fut décidé de construire un nouveau port en eau profonde sur les îles Yangshan au large de Shanghai. Ce nouveau port devant être relié au quartier de Guoyuan par un pont gigantesque — le pont de Donghai — le plus long du monde ondulant en pleine mer sur pas moins de 32,5 kilomètres avant d'atteindre son objectif, afin de suivre les hauts-fonds capables de soutenir les fondations.
292
+
293
+ S'il s'agit d'un pont, pas moins de 470 piliers, et 15 portuaires, ont été posés dont certains à cent mètres de profondeur, d'un coût de 14 à 15 milliards d'euros.
294
+
295
+ Selon le quotidien financier The Financial Times, daté du 3 juillet 2006, l'opérateur public du port de Shanghai, le Shanghai International Ports Group, voudrait à présent s'étendre à l'étranger, via des acquisitions en Europe, en Asie et aux États-Unis. L'un des responsables de son conseil d'administration a cependant reconnu que les projets pourraient se heurter à des oppositions politiques.
296
+
297
+ Pudong.
298
+
299
+ Temple du Buddha de Jade.
300
+
301
+ La rue de Nankin.
302
+
303
+ Vue panoramique du Pudong depuis le Bund.
304
+
305
+ Shanghai de nuit.
306
+
307
+ Le quartier d'affaires Lujiazui ; sur la gauche, la perle de l'Orient.
308
+
309
+ Quartier commercial de Tianzifang
310
+
311
+ Quartier de Xintiandi
312
+
313
+ Vue sur le pont Lupu
314
+
315
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+ Shanghai (chinois : 上海 ; pinyin : Shànghǎi ; Wade : Shang⁴hai³ ; cantonais Jyutping : Soeng⁶hoi² ; cantonais Yale : Seuhnghói ; litt. « sur la mer », EFEO : Chang-haï, prononciation ; shanghaïen : Zanhe) est une des municipalités autonomes chinoises situées sur le fleuve Huangpu près de l'embouchure du Yangzi Jiang, dans l'Est de la Chine.
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+ Elle est remarquable par sa taille démesurée. Elle est la ville la plus peuplée de Chine avec plus de 24,15 millions d'habitants selon les limites administratives chinoises (en population urbaine 2015[3])[4]. Elle est également l'une des plus grandes mégapoles du monde. Certains géographes estiment même qu'il s'agit de la ville la plus peuplée du monde avec environ 80 millions d'habitants si, au lieu de tenir compte des limites administratives, est prise en compte l’agglomération humaine[5]). Cette population agglomérée correspond à presque deux fois celle de l'agglomération de Tokyo (souvent présentée comme la plus grande ville du monde) et l'équivalent de la population allemande (qui est pourtant l’État le plus peuplé de l’Union européenne).
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+ L'autre caractéristique de Shanghai est sa place majeure dans l'économie mondiale. L'émergence de la ville comme centre financier de l'Asie-Pacifique a d'abord eu lieu dans les années 1920 et 1930, concomitamment au développement des concessions européennes. La ville servait alors de porte d'entrée à la Chine. Shanghai connut également à cette époque un formidable essor culturel qui a beaucoup contribué à son aura mythique et fantasmatique[6]. Le quartier du Bund sur la rive gauche du Huangpu est le témoin de cet âge d'or. Mais la guerre sino-japonaise, puis l'avènement de la République populaire de Chine ont entrainé la mise en sommeil de ce rôle de connexion entre la Chine et le monde et par conséquent une période de stagnation pour Shanghai. Au tournant des années 2000, la ville a repris son développement extraordinaire à la suite de la réouverture de la Chine sur le monde initiée par Deng Xiaoping. Shanghai est redevenue la fenêtre de la Chine sur le monde. La ville profite simultanément de la rapide croissance économique chinoise et de son insertion croissante dans la mondialisation.
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+ Elle est aujourd'hui l'une des métropoles les plus puissantes du monde au même titre que Singapour ou Sydney. Lujiazui, le quartier de gratte-ciels de Pudong face au Bund est la cristalisation de cette puissance retrouvée.
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+ La transcription « Shanghai » est souvent prononcée /ʃɑ̃.gaj/ ou /ʃɑ̃n.gaj/ en français (on voit moins souvent les graphies Shangaï[7] ou Shanghaï[8], Changaï et Chang-Hai[9]), mais en chinois mandarin le nom 上海 se prononce shàng hǎi /ʂɑŋ.xaɪ/ - avec tonèmes : /ʂɑŋ˥˩.xaɪ˨˩˦ /. En dialecte shanghaïen, le nom de la ville se prononce zanhe /zɑ̃he/.
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+ Au temps de la concession française, le nom français de la ville s'écrivait « Changhaï »[10] en cohérence avec la transcription de l'EFEO.
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+ Les deux sinogrammes dans le nom « Shanghai » (上, shàng ; et 海, hǎi) signifient littéralement « sur, au-dessus de, en haut, monter » et « mer » . La première apparition de cette dénomination remonte à la dynastie Song (XIe siècle), époque à laquelle il existe déjà une confluence et une ville à cet endroit. Il y a des différends sur la façon dont ce nom doit être interprété, mais l'histoire locale officielle a toujours dit que cela signifie « le cours supérieur de la mer ». Une traduction tout à fait neutre donnerait donc "Haute-Mer".
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+ À cause du changement du littoral, les historiens chinois ont conclu que durant la dynastie Tang, Shanghai était littéralement sur la mer, d'où l'origine du nom[11]. Une autre lecture, en particulier en mandarin standard, suggère également le sens de « aller sur la mer », qui est cohérent avec le statut de port de la ville. Un nom plus poétique pour Shanghai intervertit l'ordre des deux caractères, Hǎishàng (海上), et il est souvent utilisé pour les termes liés à l'art et la culture de Shanghai.
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+ Shanghai est communément abrégée en chinois par Hù (沪). Ce caractère apparaît sur toutes les plaques d'immatriculation des véhicules provenant de la municipalité. En effet, chaque province chinoise peut être désignée par un seul caractère chinois, que l'on retrouve sur les plaques d'immatriculation, ou encore dans les dénominations des lignes autoroutières ou ferroviaires.
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+ Hù (沪) est dérivé de Hu Du (沪渎), le nom de l'ancien village de pêche qui se tenait pendant la dynastie Tang au confluent de la rivière Suzhou et du fleuve Huangpu[12]. Le sinogramme Hu est souvent combiné avec le sinogramme Sōng (淞) (de l'ancien nom de la rivière Suzhou) pour former le surnom Sōng Hù (淞沪). Par exemple, l'attaque japonaise de Shanghai en août 1937 est communément appelée la Bataille de Songhu. Un autre ancien nom pour Shanghai était Hua Ting (华亭), qui est maintenant le nom d'un luxueux hôtel de la ville[12].
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+ Un autre surnom commun est Shēn (申) qui vient du nom de Chunshen Jun (春申君), un noble et héros local du royaume de Chu au cours du IIIe siècle av. J.-C., dont le territoire incluait Shanghai. Les équipes sportives et les journaux utilisent souvent le sinogramme Shēn (申) dans leurs noms. Shanghai est également appelée Shēnchéng (申城, « la cité de Shēn »).
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+ En Occident, Shanghai est également surnommée la « Perle de l'Orient » ou le « Paris de l'Orient ».
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+ Shanghai est située sur le fleuve Huangpu, et se compose donc de deux parties distinctes, Puxi et Pudong (qui signifient respectivement à l'ouest et à l'est du Pu). Elle se trouve à 611 km au nord-nord-est de Fuzhou, à 690 km à l'est de Wuhan, à 1 069 km au sud-sud-est de Pékin et à 1 213 km au nord-est de Canton. La ville s'est développée tout d'abord exclusivement à Puxi mais depuis 1990[Quand ?], sous l'impulsion du gouvernement, Pudong est devenu une zone de construction de hautes technologies où les entreprises et autres gratte-ciels se multiplient.
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+ L'avenue Nanjing (cinq kilomètres) fut autrefois la grande artère de la concession dite étrangère. Elle est considérée maintenant comme le vrai centre de Shanghai et elle offre souvent dans sa partie est, près du fleuve, le spectacle d'une indescriptible cohue de piétons.
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+ Le paysage urbain se transforme rapidement depuis quelques années. Des quartiers entiers, comme celui de Dun Hui Fang, sont rasés pour être reconstruits. Les expulsions concernent des dizaines de milliers de personnes depuis le milieu des années 1990 et un total de 20 millions de mètres carrés d'habitations ont été démolis[13]. Les habitants reçoivent en échange de leur départ une compensation dérisoire et sont confrontés aux méthodes violentes et illégales des sociétés de démolition ou de la police[13].
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33
+ Selon le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) paru en 2019, si les émissions mondiales de CO2 demeurent aux niveaux actuels, Shanghai pourrait faire face à une élévation du niveau de la mer de 2,6 millimètres par an dans la deuxième moitié du XXIe siècle (soit un total de 13 cm), bien au-dessus de ce qui est attendu en moyenne dans le monde. En conséquence, la valeur des biens menacés devrait atteindre 1 700 milliards de dollars d'ici 2070[14].
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+ Shanghai est situé dans un vaste delta, formé par l'embouchure du fleuve Yangzi Jiang qui se jette dans la mer de Chine orientale. Les basses terres qui se trouvent des deux côtés du fleuve sont composées de lœss d'alluvions, qui est formé par les sédiments du Yangzi. Construit de boue, sillonné de canaux et de barrages, le delta est l'une des zones les plus fertiles de Chine, et également son principal fournisseur de coton.
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+ La formation de la terre est probablement due au remplissage d'une ancienne partie de la mer, et les nombreuses petites montagnes sur les îles de la région étaient à l'origine de vraies îles. La formation du delta a renvoyé Shanghai, une ville portuaire à l'origine construite sur la mer, à 30 km à l'intérieur des terres.
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+ Shanghai bénéficie d'un climat subtropical humide. Les étés sont très chauds et humides et les hivers sont doux mais peuvent être parfois froids. En été, les températures peuvent facilement dépasser les 35 °C avec un taux d'humidité très important qui donnera un ressenti indice de chaleur pouvant dépasser les 45 °C ; de plus les températures baissent peu la nuit. De fortes averses très chaudes peuvent se produire, combinées à des températures élevées. Le record de chaleur est de 39,9 °C le 6 et le 8 août 2013, néanmoins un record de 40,8 °C fut enregistrée le 7 août 2013 à l'aéroport international hongqiao, et le record de froid est de −10,1 °C le 19 janvier 1977.
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+ La ville de Shanghai ne s'est pas toujours appelée Shanghai. Jusqu'à la dynastie Sui (581-618), elle était appelée "village de Hua Ting" (華亭鎮). Elle prit ensuite le nom de "préfecture de Huating" avant d'être désignée sous son nom actuel à partir de la dynastie Song (960-1234).
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+ Étant donnée sa situation stratégique à l'embouchure du Yangzi Jiang, au centre de la Chine, et la proximité avec des villes aux productions artisanales réputées (Suzhou, Hangzhou), Shanghai est devenue très tôt un lieu d'intenses échanges économiques.
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+ Au milieu du XIXe siècle, la ville est, à l'échelle de la Chine, un centre administratif de moyenne importance. Elle est peuplée d'environ 200 000 habitants et son marché jouit d'un rayonnement régional indéniable.[16]
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+ Cependant, ce n'est qu'après les guerres de l'opium et la présence étrangère que le développement économique de la ville a pris l'envergure qui a fait sa réputation.
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+ Pendant la première guerre de l'opium, les forces britanniques ont temporairement tenu la ville. Américains et Français suivront, précédant les Russes et les Japonais. La guerre a cessé en 1842 avec le traité de Nankin, établissant l'ouverture commerciale des ports chinois, dont Shanghai. Les Britanniques vainqueurs y aménagent l'un des cinq ports ouverts qui leur seront alors concédés. Avec le traité du Bogue, en 1843, et le traité sino-américain de Wangxia, en 1844, des nations étrangères ont eu le droit de s'établir sur le territoire chinois : c'est le début des concessions étrangères.
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+ La petite enclave française de Shanghai s'est établie sur une zone marécageuse en 1849. Elle fut à la fois un havre pour les réfugiés de toutes les nationalités et un lieu de culture et de plaisirs.
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+ Avec la révolte des Taiping en 1850, Shanghai fut occupée par une triade associée au mouvement appelé Société des Petites Épées. La guerre faisant rage dans les campagnes, de nombreux Chinois se réfugièrent dans la ville, qui leur était théoriquement inaccessible : en 1854, de nouvelles lois permirent aux Chinois d'y acquérir des terrains, provoquant une inflation immobilière. Cette année-là eut également lieu la première réunion du conseil municipal de Shanghai, afin de gérer les concessions étrangères établies de facto. En 1863, les concessions américaine et britannique se rejoignirent pour former la Concession internationale, alors que les Français restèrent autonomes dans leur propre concession.
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+ En mars 1854, l'empire chinois a signé un accord avec les Européens présents dans les concessions leur demandant de construire rapidement de nombreux logements, une grande partie de la ville ayant été détruite par une révolte[17]. C'est ainsi que se construiront les lilongs, jusqu'en 1949.
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+ Jeu, opium et prostitution sont alors les activités les plus lucratives de cette ville qualifiée alors de « plus grand bordel du monde ». Son parrain le plus connu, Du Yuesheng, menait ses trafics en collaborant étroitement avec la police de la concession française.
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60
+ Après la guerre sino-japonaise de 1894-1895, le traité de Shimonoseki permit aux Japonais de s'ajouter aux forces occupantes. Ils établirent à Shanghai les premières usines de la ville.
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+ Cette période d'occupation a profondément marqué l'identité culturelle de la ville, tout en contribuant dans les années 1920 et 1930 à l'essor des arts, cinéma, théâtre, et la naissance du premier groupe de jazz chinois. En 1920, on y recensait un million d'habitants, dont vingt six mille huit cents étrangers de nationalités diverses. Ils façonnèrent les rues à leur goût, mêlant les styles néogothique, classique, victorien, Art déco... La chanteuse et actrice Zhou Xuan, fille de Weiwei Wang, était sans doute la figure la plus emblématique de cette période. C'est aussi à Shanghai que fut créé le Parti communiste chinois en 1921 et qu'ont été organisées les premières grèves ouvrières. La plupart, coolies et ouvriers, demeurèrent dans la pauvreté et vinrent grossir les rangs du Parti communiste chinois. En 1927, dans le cadre de l'expédition du Nord de pacification de la Chine, les ouvriers chinois, mobilisés par les communistes, prirent Shanghai aux seigneurs de la guerre avant même l'arrivée des troupes gouvernementales. Tchang Kaï-chek, inquiet de la mobilisation réussie par les communistes, décida de se retourner contre ses alliés et lança les triades contre les ouvriers, déclenchant le massacre de Shanghai, qui signa le début de la guerre civile chinoise.
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64
+ Sous le régime de la République de Chine, Shanghai devint une ville spéciale en 1927, et une municipalité en mai 1930. Elle fut alors le centre financier de l'Asie, où les dollars mexicains par exemple s'échangeaient en masse après la crise boursière de 1929. La marine japonaise bombarda la ville le 28 janvier 1932, officiellement pour réprimer les protestations étudiantes ayant suivi l'incident de Mandchourie, déclenchant la « guerre de Shanghai ».
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66
+ À compter du mois d'août 1937, à l'aube de la seconde guerre sino-japonaise, Shanghai fut soumise par la marine et l'armée nippones à une série de bombardements qui entraînèrent la mort et l'évacuation de plusieurs milliers de civils. Disposant de forces terrestres et navales bien supérieures à l'armée chinoise, les troupes impériales prirent possession de la ville en novembre (bataille de Shanghai), puis se dirigèrent vers Nankin où elles se livrèrent à un terrible carnage (massacre de Nankin).
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+ Selon les travaux de l'historien Zhiliang Su, au moins 149 « maisons de confort » hébergeant des esclaves sexuelles furent établies à Shanghai pendant l'occupation nipponne[18].
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+ En 1938, Shanghai fut considérée comme le cinquième port mondial[19]; les plus grandes firmes occidentales y étaient désormais représentées.
71
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, Shanghai devint temporairement un centre pour les réfugiés d'Europe : c'était alors la seule ville ouverte inconditionnellement aux Juifs. En 1941, sous pression de leurs alliés nazis, les Japonais reçurent les réfugiés juifs dans un ghetto, où les maladies pullulaient[20],[21]. L'immigration juive fut finalement stoppée par les Japonais le 21 août 1941.
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+ Les Japonais prirent le contrôle total de la Concession Internationale à la suite de sa déclaration de guerre aux Etats Unis d'Amérique le 8 décembre 1941. Durant l'occupation japonaise, les citoyens des pays Alliés travaillant pour l'administration municipale demeurèrent à leur poste jusqu'en février 1943, date à laquelle ils furent internés. Quant à la concession française, elle resta sous le contrôle de la France jusqu'au 30 juillet 1943, date à laquelle le consul général de France transféra, sur ordre Vichy, l'administration civile de celle-ci au maire de Shanghai entièrement dévoué à la cause des occupants japonais. Mais les troupes françaises du "Détachement Français de Changhaï" (ancienne graphie de Shanghai) - alias DFC - restèrent sur place et en armes jusqu'au 9 mars 1945 où elles furent désarmées et internées par les Japonais, comme toutes les autres unités françaises de Chine (ce, simultanément à celles stationnées en Indochine). Ses tirailleurs Indochinois furent d'ailleurs perméables à la propagande japonaise et plus de la moitié d'eux fera cause commune avec les ex-gardes du Bataillon de Supplétifs Tonkinois et passèrent, le 21 juillet 1945, sous l'autorité militaire des Japonais.
75
+
76
+ Entre 1942 et 1945, sous l'effet combiné de la corruption du Gouvernement de Nankin et de l'occupation japonaise, le nombre de banques atteint 300, soit le double de celui de 1936[22].
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+
78
+ Durant la guerre, le conseil municipal des concessions étrangères fut aboli deux fois, à quelques mois d'intervalle, par deux gouvernements ennemis. En février 1943, le gouvernement du Royaume-Uni signa avec la République de Chine un traité acceptant le principe d'une rétrocession. En juillet de la même année, les Japonais rétrocédèrent le conseil municipal au gouvernement collaborateur de Wang Jingwei. Après la guerre, une commission de liquidation fut mise en place pour gérer la rétrocession à la République de Chine.
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+ Les huit années d'occupation, puis la victoire, en 1949, de Mao Zedong sur les troupes du général Tchang Kaï-chek précipitèrent le déclin de la ville.
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+ Après la victoire des communistes, la ville a été considérée comme le symbole du capitalisme étranger, elle sommeillait, et le monde l'avait presque oubliée[réf. souhaitée], avant d'être revalorisée à la suite du mouvement de réformes de Deng Xiaoping.
83
+
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+ Autrefois tête de pont des puissances coloniales dans une Chine agonisante, Shanghai est devenue le premier centre industriel du pays, en même temps que l'une des plus grandes métropoles du monde.
85
+
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+ Pendant la Révolution culturelle, Shanghai connut des troubles politiques et sociaux : à la fin décembre 1966, la municipalité fut renversée. Les plus importantes grèves de l'histoire de la ville[23] paralysèrent la vie économique. Les rebelles et les gardes rouges désiraient mettre en place un système semblable à la Commune de Paris. Le bilan de la Révolution culturelle fut considérable : 150 000 logements furent confisqués rien qu'à Shanghai[24]. Entre 1968 et 1976, un million de Shanghaiens furent ruralisés de force[25].
87
+
88
+ Au début des années 1990, en une décennie, la « Perle de l'Orient » est redevenue un centre économique de première importance, qui compte en 2005 pour 20 % de la production industrielle nationale pour seulement 1,5 % de la population. Elle se destine aujourd'hui à devenir le centre financier de la Chine, grâce au quartier de Lujiazui.
89
+
90
+ Le 26 février 2002, Chen Liangyu (46 ans) a été élu maire de Shanghai par les délégués de la cinquième session du 11e Congrès du peuple de la Municipalité de la grande métropole de l'Est de la Chine. Il est ensuite devenu Secrétaire du Parti de la Municipalité autonome en octobre 2002, à la place de Huang Ju. Ce poste particulièrement important va habituellement de pair avec un siège au Bureau politique du Parti. C’est le cas pour Chen Liangyu depuis le XVIe Congrès du Parti communiste chinois. En septembre 2006, Chen Liangyu est limogé à la suite d'un scandale de corruption.
91
+
92
+ Avant cela, le 3 décembre 2002, la métropole chinoise a été désignée pour organiser l'Exposition universelle de 2010, qui se tient donc, pour la première fois depuis 151 ans, dans un pays en voie de développement. Depuis l'Exposition universelle de 2010, rien ne semble arrêter le développement de Shanghai. Parmi les grandes métamorphoses, le district de Pudong dont la superficie devrait doubler dans les cinq prochaines années, passant de 520 km2 à 1 210 km². Avec la création d'un jardin digne de Central Park et un opéra prévu pour 2015, ce quartier d'affaires veut aussi devenir le poumon vert de la ville et un temple de la culture. Sur les dix nouvelles lignes de métro qui desserviront Shanghai en 2012, cinq passeront par ce district. Le réseau, 510 kilomètres au total, se hissera alors parmi les trois plus longs du monde.
93
+
94
+ En 2013 y survient l'apparition de l'influenzavirus A sous-type H7N9.
95
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96
+ La clique de Shanghai est le nom donné à un groupe d’officiels du Parti communiste chinois qui ont dû leur promotion à leur appartenance à l’administration municipale de Shanghai sous l’égide de l’ancien maire de Shanghai et président Jiang Zemin[26].
97
+
98
+ Depuis le 21 juillet 2020, le maire de Shanghai est Gong Zheng, né en 1960 et originaire de Suzhou[27].
99
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100
+ La municipalité de Shanghai est un territoire administratif ayant le statut provincial : elle comprend plusieurs districts comprenant le centre-ville historique de Shanghai et des villes-nouvelles en satellite.
101
+
102
+ Le territoire compte environ 23 millions d'habitants dans son agglomération d'après le recensement de 2010. Shanghai comptait 16,7 millions d'habitants en 2000[28].
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+
104
+ La municipalité de Shanghai exerce sa juridiction sur dix-sept subdivisions de districts.
105
+
106
+ Huit districts sont situés dans le Puxi, i.e. à l'ouest du Huangpu, zone urbaine centrale de Shanghai :
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+
108
+ Un district gouverne principalement le Pudong, i.e. à l'est du Huangpu :
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110
+ Les sept districts restants correspondent à des banlieues, à des villes satellites et à des zones rurales éloignées du centre urbain :
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+ L'île de Chongming, située dans l'estuaire du Yangzi Jiang (Chang Jiang), est gouvernée par un seul district :
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114
+ Ces districts sont eux-mêmes divisés (en 2003) en 220 subdivisions de niveau canton, comprenant 114 bourgs, 3 cantons et 103 sous-districts.
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116
+ La population de la municipalité de Shanghai est de 27 058 479 habitants. D'après la population totale de la municipalité, Shanghai est la seconde plus grande municipalité de la République populaire de Chine, après Chongqing[29] et devant Pékin[30]. En RPC, une municipalité (直辖市 en pinyin: zhíxiáshì) est une ville avec un statut équivalent aux provinces chinoises.
117
+
118
+ Le recensement de 2000 positionnait la population de Shanghai à 16,738 millions, dont 3,871 millions de migrants. Par rapport au recensement de 1990, la population totale avait augmenté de 3,396 millions d'individus, soit une croissance de 25,5 %. Les hommes représentent 51,4 % et les femmes 48,6 % de la population. 12,2 % des Shanghaïens sont âgés de 0 à 14 ans, 76,3 % entre 15 et 64 et 11,5 % ont plus de 65 ans.
119
+
120
+ En 2017, l'espérance de vie était de 83,37 ans (80,98 pour les hommes et 85,85 pour les femmes). La même année, le revenu moyen annuel des résidents de Shanghai était de 85 582 yuans.[31]
121
+
122
+ En 2017, on comptait 163 363 étrangers dans la métropole chinoise alors qu'une année plus tôt ils étaient 175 674. Il convient de signaler que, pour des raisons politiques, le Shanghai Municipal Statistics Bureau ne considère pas les Taïwanais comme des ressortissants étrangers.
123
+
124
+ L'Université Fudan est l'une des universités de premier plan en République populaire de Chine. Elle a été fondée par le jésuite Joseph Ma Xiangbo en 1905 sous le nom de Collège catholique Fudan. Ma Xiangbo lui donne ce nom d'après une citation des classiques confucéens. En 1917, elle est transformée en université privée. Au début de la guerre anti-japonaise en 1937, l'université est transférée à Chongqing, à l'intérieur de la Chine. Elle prend son nom actuel en 1946 quand elle revient à Shanghai. Elle fusionne avec l'université l'Aurore en 1952, après le départ des jésuites.
125
+
126
+ L'École normale supérieure de l'Est de la Chine, ou plus simplement ECNU, est l'une des plus prestigieuses universités en Chine. Fondée en 1951 à Shanghai, elle fut la première école normale supérieure de la République populaire de Chine. Le premier établissement sino-américain d'enseignement supérieur - Université de New York à Shanghai (NYU Shanghai) – a été cocréé par l'Université de New York et l'ECNU.
127
+
128
+ L'Université Tongji est l'une des plus célèbres universités chinoises de Shanghai. Elle a été fondée en 1907 à l'initiative du Consul Général allemand Wilhelm Knappe comme une école allemande médicale et dirigée par le médecin Erich Paulun. En 1923, elle devient une université et en 1937 elle est déménagée à cause de la guerre, d'abord dans la province de Zhejiang. Lorsque le front approche, elle déménage vers la province de Jiangxi, puis Yunnan, et plus tard même pour le Sichuan. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle revient de nouveau à Shanghai, en 1946.
129
+
130
+ L'Université des études internationales de Shanghai est une institution importante dans le pays. Elle est issue de l'Institut des langues étrangères de Shanghai, fondé en 1949. Depuis 1983, l'Université entretient une coopération active avec l'Université de Heidelberg. Depuis 2002 il existe un programme allemand des affaires, qui a été conçu conjointement avec l'Université de Bayreuth.
131
+
132
+ Voici une liste des autres principaux instituts et universités présentes à Shanghai :
133
+
134
+ Les écoles internationales sont également nombreuses à Shanghai. Il en existe 3 types[33] : les écoles publiques chinoises internationales (réservées aux enfants de nationalité chinoise), les écoles privées chinoises (acceptant à la fois les enfants chinois et étrangers) et enfin les écoles internationales qui sont principalement à destination des étrangers. Parmi ces dernières on peut notamment citer :
135
+
136
+ La langue officielle de Shanghai, comme dans l'ensemble de la Chine est le chinois mandarin. Cependant, la langue historiquement parlée est, dans le delta du Yangzi Jiang (长江) et les régions environnantes, le wu. La variété parlée à Shanghai est le shanghaïen.
137
+
138
+ Les campagnes de promotion du mandarin et la scolarité effectuée exclusivement en mandarin conduisent à un recul progressif de l'usage du dialecte. Celui-ci reste cependant largement utilisé dans la communication informelle. Il est à noter dans le domaine de la communication informelle le basculement du shanghaïen vers le mandarin chez la jeune génération de Shanghaïens, qui ne maîtrise guère plus la langue locale, ou de façon erratique.
139
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+ Certaines lignes de bus proposent des annonces en chinois mandarin, en shanghaïen et en anglais.
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142
+ Shanghai possède d'importantes infrastructures sportives. Le stade de Shanghai peut ainsi accueillir 80 000 personnes et constitue le troisième plus grand stade en Chine[34]. Il a été utilisé au cours des jeux olympiques d'été de 2008 pour accueillir plusieurs matchs du tournoi de football. Le stade de Hongkou compte quant à lui 31 000 places.
143
+
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+ En 2005, la SMP subventionne un vaste chantier pour construire le plus grand Skate Park au monde: le SMP Park (ou SMP Skate Park). Ce dernier, d'une superficie totale de 13 700 m2 regroupe 4 zones de glisse dont une zone de compétition vaste de 2 000 m2 visant à accueillir des compétitions internationales.
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+ La ville organise également chaque année les Masters de Shanghai, une compétition de tennis masculin, qui fait partie des Masters 1000 de l'ATP World Tour depuis 2009, au même titre que les Masters de Madrid, Masters de Monte-Carlo ou encore Masters de Paris-Bercy. Chaque année, les meilleurs joueurs de tennis mondiaux se retrouvent donc en octobre pour s'affronter dans la salle du Qizhong Forest Sports City Arena.
147
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+ Depuis 2010, Shanghai accueille également la seconde étape de la Ligue de diamant avec le meeting Shanghai Golden Grand Prix. Cette ligue réunit les meilleurs athlètes du monde qui, au cours de 14 meeting dans le monde, s'affrontent pour engranger le plus de points possibles et gagner en fin de saison un diamant de 4 carats d'une valeur d'environ 80 000 dollars.
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+ La ville possède également plusieurs clubs sportifs professionnels qui évoluent dans les principales compétitions sportives du pays :
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+ La ville a longtemps été l'un des principaux centres de production textile de la République populaire de Chine. Les autres secteurs manufacturiers importants comprennent la fabrication de produits chimiques et pharmaceutiques, les véhicules (notamment des navires), les machines, l'acier, le papier et les produits d'impression. En outre, la ville produit à grande échelle des systèmes électriques et électroniques ainsi que des équipements tels que les ordinateurs, les radios et les appareils photo.
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+ Avec le début de réformes économiques chinoises au début des années 1980, Shanghai a d'abord été dépassée par certaines provinces du sud, telles que Guangdong. Avec le début des années 1990, grâce à l'action du gouvernement par l'intermédiaire de Jiang Zemin, les investissements ont fortement augmenté à Shanghai, dans le but d'établir un nouveau centre économique en Asie orientale.
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+
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+ Hong Kong constitue le principal rival de Shanghai dans le titre honorifique de plus grand centre économique en Chine. Hong Kong possède l'avantage d'une plus grande expérience, notamment dans le secteur bancaire. Shanghai a des liens plus étroits avec l'arrière-pays chinois et le gouvernement central de Pékin. De plus, Shanghai possède plus de terrains pour accueillir les nouveaux investissements, alors qu'à Hong Kong, l'espace est très limité.
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+
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+ Fondée en 1990 à Shanghai, la Bourse de Shanghai représente aujourd'hui la bourse la plus importante en Chine continentale. Depuis 1991, la croissance économique à Shanghai est à deux chiffres. La ville est donc la seule région de Chine dans ce cas sur une telle durée. La croissance économique annuelle à Shanghai était, en 2006, d'environ 12 %. Le PIB pour 2006 s'élèvait à 1,03 billions de yuans (environ 128,8 milliards de dollars). Le PIB par habitant était d'environ 7 000 dollars (la moyenne chinoise se situe à 1 800 dollars) et constitue le troisième plus élevé du pays, derrière Hong Kong et Macao. En 2010, le PIB par habitant était prévu à 10 000 dollars[35].
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160
+ En 1984, à Anhui, une coentreprise avec le constructeur automobile Volkswagen constitue la première usine automobile construite avec une marque occidentale. Volkswagen Shanghai représente une part de marché d'environ 60 % sur les véhicules étrangers en Chine, ce qui est en baisse constante en raison d'une concurrence accrue. Les droits d'importation élevés sur les voitures étrangère les rendent encore plus chères. Ainsi, après l'adhésion à l'OMC de la République populaire de Chine, la conférence de l'APEC en 2001 a réduit progressivement les droits à l'importation.
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162
+ Shanghai traduit l'envol économique de la Chine. Un dollar sur vingt du PIB chinois provient de cette ville et 1/5 des exportations du pays - qui ont augmenté de 500 % en valeur réelle entre 1992 et 2008 - transite par sa zone portuaire.
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164
+ Le 5 août 2002, le nouveau maire de Shanghai, Chen Liangyu a déclaré qu'il voulait « faire de sa ville, dans les trois années à venir, le centre du marché financier intérieur, des circulations des capitaux et de gestion de fonds, et l'un des centres financiers internationaux les plus importants pour une durée de dix à vingt ans. »
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+ Cela dépend directement de la réforme du système financier chinois, encore très archaïque, mené par les autorités centrales de Pékin.
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+ Shanghai est également un centre important de raffineries de pétrole. La plus grande aciérie de Chine, et l'une des plus modernes, se situe à Baoshan, en bord de mer. La ville est donc sujette à une pollution importante[36] sous la forme de nuages de fumée de soufre que les usines émettent en permanence. Environ quatre millions de tonnes d'eaux usées industrielles et domestiques non filtrée sont versées quotidiennement dans le fleuve Huangpu, la principale source d'eau potable de la ville, et dans le canal de Suzhou dont les eaux sont fréquemment noires et nauséabondes. Un autre problème est le chômage, qui est supérieur à Shanghai par rapport à d'autres grandes villes du pays.
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+ Shanghai est connu pour sa prospérité intimement liée à son ouverture sur le monde et les échanges croisés avec l'Occident. Celle-ci se reflète par une architecture diverse, mêlant des temples traditionnels de la vielle-ville, aux monuments occidentaux sur le Bund, jusqu'au gratte-ciels de Pudong. Shanghai représente ainsi cette cohabitation culturelle et historique à travers le temps ainsi qu'une ouverture d'esprit bien distincte des autres provinces chinoises.
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+ Le Bund est considéré comme la "collection architecturale des dix-milles nations" (en chinois : 万国博览建筑群) avec la richesse des bâtiments de type occidental, marquant le passé de l'ouverture de Shanghai.
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+ De nombreux quartiers comme l'ancienne concession française marque un style d'architecture hybride, caractérisé par des bâtiments en pierre, dit du style Shikumen, que l'on retrouve dans ces traditionnels quartiers shanghaïens appelés des lilongs.
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+ Le long du fleuve Huangpu, le Bund fait face désormais au quartier d'affaires de Lujiazui à Pudong, quartier de tous les superlatifs du Shanghai moderne et international, avec ses gratte-ciels dont les plus hauts sont la Perle de l'Orient, la Tour Jintao, le Shanghai World Financial Center ainsi que la Tour Shanghai, ouverte au public en 2015, qui est depuis le plus haut gratte-ciel de Chine. De manière générale, il y aurait actuellement 5 000 tours, dont 120 gratte-ciels de plus chaque année, et 20 000 chantiers permanents[réf. nécessaire] dans l'ensemble de la ville.
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+ Une maquette géante de la ville est visible au centre d'exposition de la planification urbaine de Shanghai sur la Place du Peuple. Elle donne une idée de la valeur de prestige accordée au développement immobilier à Shanghai. En 2006, un appartement de la Tomson Riviera, située à Pudong, s'est vendu pour 190 millions de yuans, soit environ 19 millions d'euros[13].
179
+ Toutefois, il convient d'ajouter un bémol face à cet engouement spéculatif. Le taux d'occupation des bureaux est très bas dans la ville. Certains analystes redoutent une bulle immobilière comparable à la bulle japonaise des années 1980. En Chine, l'immobilier est une des activités les plus opaques, ce qui explique la fragilité du secteur qui pourrait éclater si la croissance économique montre des signes de ralentissement. Enfin, la multiplication des gratte-ciel fait peser un danger sur le sol de la ville. Les spécialistes constatent que depuis 1921, le sol de la métropole s'affaisse[37]à une vitesse estimée à 1,5 cm par an[38]. Un tiers des affaissements des constructions dans le centre-ville est dû à ces grandes tours, d'après le Bureau de la planification de la ville de Shanghai[37].
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+ Enfin, la traversée du fleuve Huangpu, séparant Shanghai entre Puxi (ouest de Huangpu) et Pudong (est de Huangpu) a permis la construction de remarquables ponts, comme le pont de Nanpu et le pont de Yangpu, qui se situent parmi les plus longs du monde avec respectivement plus de 400 m et plus de 600 m de portée. Le pont de Lupu, quant à lui, est le deuxième plus long pont en arc du monde, avec 550 m de portée.
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+ De plus, le 1er décembre 2005 a été inauguré le plus long pont du monde, le pont de Donghai, qui relie la ville au nouveau port de Shanghai-Yangshan en eau profonde sur les îles Yangshan.
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+ Dans le centre de Shanghai, pr��s de l'hôtel de ville et de la rue de Nankin, la plus célèbre artère commerciale, se trouvent le musée de Shanghai, l'opéra de Shanghai et le centre d'exposition de la planification urbaine de Shanghai. L'autre artère principale de Shanghai est le Bund et son prolongement sur les rives du fleuve Huangpu.
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+ Au cœur de la vieille-ville, le jardin Yuyuan (ou jardin du mandarin Yu) est le plus beau jardin chinois traditionnel de Shanghai.
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+ Le quartier historique de la concession française, autour de l'actuelle rue Huaihai, est transformé en quartier tendance, notamment autour de Xintiandi ou encore Tianzifang.
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+ En ce qui concerne les religions asiatiques, on trouve trois principaux temples : le temple de Jing'an, le temple du Bouddha de jade et le temple du dieu de la ville, ce dernier se situant près du jardin Yuyuan.
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+ Plusieurs églises catholiques sont situées à l'intérieur de la ville, comme la cathédrale Saint-Ignace, l'église Saint-Joseph, l'église Saint-François-Xavier, l'église orthodoxe Saint-Nicolas, l'église Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus et l'église Saint-Pierre, mais également assez loin en dehors de l'agglomération, avec la basilique de She Shan, lieu de pèlerinage marial fort fréquenté. Shanghai est la ville où l'on voit le plus d'églises catholiques. L'église Notre-Dame-de-Lourdes de Pudong est l'une des cent dix églises catholiques de l'agglomération de Shanghai. Construite en 1896-1899 dans l'est de la ville par les jésuites français, elle a été rénovée en 2010. L'église de l'Immaculée-Conception de Zhang Pu se trouve également en dehors du centre de la ville.
194
+
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+ Shanghai compte également plusieurs mosquées, parmi lesquelles celle de Songjiang, la plus ancienne, celle du jardin au pêcher (小桃园清真寺), la plus grande, celle de Huxi (沪西清真寺), celle de Pudong (浦东清真寺), ou celle de Fuzhou Road (福佑路清真寺)[39].
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+
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+ Maison du thé (Lao Shanghai)
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+ Vue de la cathédrale Saint-Ignace
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201
+ Mosquée Xiaotaoyuan
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203
+ Temple Longhua
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205
+ Les bâtiments d'architecture occidentale sur le Bund
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+ Le Muséum d'histoire naturelle de Shanghaï dans un édifice d'architecture moderne construit en 2015
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209
+ La cuisine de Shanghai est en partie tournée vers les crustacés, coquillages et les poissons, de mer ou d'eau douce, du fait de sa position géographique. Ainsi, le crabe poilu de Shanghai (shàng hǎi máo xiè, 上海毛蟹) est une célèbre spécialité délicate, prisée pour les qualités aphrodisiaques des ovaires du crabe femelle.
210
+
211
+ Cette cuisine se caractérise par l'utilisation du vin de cuisine qui sert à mariner les poissons ou le poulet. Une fois saoulée, la viande est cuite rapidement ou servie crue. Une autre particularité de la cuisine dans cette région est l'utilisation à quantité presque égale du sucre et de la sauce soja. Bien qu'abondamment utilisé, le sucre ne donne pas de goût particulièrement sucré aux plats, mais sert à rehausser le goût, comme dans les « travers de porc en sauce aigre-douce » 'táng cù páigǔ, 糖醋排骨).
212
+
213
+ La cuisine de Shanghai est également réputée pour la cuisson « braisée en rouge » (hóng shāo, 紅燒), qui consiste à faire cuire à feu doux viandes et légumes. L'utilisation de sauce soja ou de sucre permet alors d'obtenir la fameuse couleur rouge.
214
+
215
+ Les habitants de la ville de Shanghai sont réputés pour manger de petites portions. Par exemple, les bouchées à la vapeur (小笼包 / 小籠包, xiǎolóng bāo) sont beaucoup plus petites que leurs cousines baozi (包子) que l'on trouve ailleurs en Chine.
216
+
217
+ Voici une liste de spécialités de la cuisine de Shanghai :
218
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219
+ Et aussi : musée national de Shanghai, musée de Shanghai, musée des Beaux-Arts de Shanghai, centre de sculpture de Shanghai, musée Lu Xun de Shanghai (dans le parc Lu Xun), le Mémorial du siège du 1er Congrès du Parti communiste chinois de Shanghai.
220
+
221
+ Le Centre Pompidou pourrait ouvrir un site consacré à l'art moderne à Shanghai.
222
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223
+ L'imprimerie, introduite par les missionnaires protestants, avait fait de Shanghai un centre majeur de l'édition. Un lectorat nombreux dû à un taux d'alphabétisation élevé favorisait le développement de la littérature populaire. La langue de wu est ainsi introduite dans les dialogues des romans, et le roman Haishang hua liezhuan (Fleurs de Shanghai, 1894) de Han Bangqing (en) est même entièrement écrit dans cette langue. Le « roman de courtisanes » de son côté est souvent lié à la ville de Shanghai, à l'instar du Haishang fanhua meng (Rêves de splendeur shanghaienne, 1898-1906) de Sun Yusheng. Dans ce genre de roman, le romantisme habituel des histoires d'amour se mêle parfois au réalisme de la vie urbaine, mâtiné d'un exotisme occidental issu des concessions[42].
224
+
225
+ À la fin de l'Empire apparaît à Shanghai un courant littéraire appelé école des canards mandarins et des papillons, produisant une littérature populaire à thématique amoureuse. Les romans de cette école, dont l'appellation est à l'origine péjorative, racontent dans la traditions des romans populaires antérieurs les aventures compliquées de couples d'amoureux (symbolisés par les canards mandrins et les papillons), généralement un jeune homme au talent méconnu et une jeune fille à la beauté éthérée. Après la suppression des examens impériaux en 1905, cette littérature était produite par des lettrés cherchant à vivre de leur plume. Si les intellectuels méprisaient ce genre, la petite bourgeoisie en était friande. Le Fantôme de la poire de jade (1911) de Xu Zhenya (zh) est un exemple type de ce genre de romans, qui a ses prolongements au cinéma et qui perdure jusque dans les années 1930[43]. Cheng Xiaoqing (zh) est quant à lui le premier écrivain spécialisé dans le genre policier, avec son héros Huosang, imitation de Sherlock Holmes[44].
226
+
227
+ Après le mouvement du 4 mai 1919, la « Nouvelle Littérature », dont Pékin est le fer de lance depuis 1915, a des répercussions à Shanghai. Elle est ainsi le siège de la Société Création, fondée au Japon en 1921 par Guo Moruo et Yu Dafu, qui mettent en avant un individualisme romantique et rebelle, influencé par la poésie occidentale. Mais c'est avant tout avec l'école néosensationniste que l'esprit de Shanghai (le haipai (en)) trouve son expression dans la littérature. Liu Na'ou, fondateur du groupe, Mu Shiying et Shi Zhecun en sont les principaux représentants. Écrivains bohèmes, les néosensationnistes fréquentent cafés, dancings et cinémas et trouvent leur inspiration dans la modernité urbaine. Ils innovent dans le domaine des techniques et procédés littéraires, s'inspirant du cinéma et d'exemples venus du Japon ou d'Occident. Les recherches formelles et la volonté de se tenir à l'écart des problèmes politiques et sociaux des modernistes suscitent l'hostilité des écrivains engagés, généralement à gauche[45].
228
+
229
+ La politique répressive des seigneurs de la guerre avait conduit durant les années 1920 nombre d'écrivains à quitter Pékin pour se réfugier à Shanghai, comme Lu Xun en 1927. La ville était ainsi devenue un haut lieu de la littérature engagée, comme l'illustre la conversion au marxisme du groupe Création. Après le massacre des communistes par le Guomindang en avril 1927, les intellectuels de gauche tentent de s'organiser. La Ligue des écrivains de gauche est ainsi créée en 1930, sous l'égide de Lu Xun. Regroupant essentiellement des militants, la Ligue, tout comme d'autres organisations similaires, s'attache à promouvoir une littérature prolétarienne et révolutionnaire. L'exemple le plus achevé de cette tendance est le roman Minuit (1933) de Mao Dun, dans lequel est racontée la lutte entre capitalistes nationaux et compradores, et la défaite des premiers. La modernité de Shanghai s'y montre sous un aspect négatif. L'épisode le plus fameux de la brutalité de la répression du Guomindang envers les écrivains engagés est celui de l'exécution de cinq écrivains communistes, les cinq martyrs de la Ligue des écrivains de gauche, en 1931[46],[47].
230
+
231
+ Avec le déclenchement de la guerre sino-japonaise (1937), les écrivains sont nombreux à quitter Shanghai. Parmi ceux qui restent, certains se compromettent avec le régime collaborateur de Wang Jingwei, comme Liou Na'ou et Mu Shiying, tous deux assassinés en 1939-1940 dans des circonstances mal élucidées. Des reproches de collaboration sont aussi adressés après la guerre à Zhang Ailing (alias Eileen Chang) et Su Qing, les deux écrivains les plus représentatifs de cette période. Le nom d'Eileen Chang est étroitement associé à la ville de Shanghai, où elle est née. Cependant Shanghai n'est que peu présente dans son œuvre, la ville n'y apparaît que dans quelques nouvelles de nature intimiste. Dans ses écrits, Su Qing aborde sans fard la vie quotidienne et conjugale d'un point de vue féminin. Toutes deux attestent la place nouvelle que les femmes ont acquise dans la vie littéraire[48].
232
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233
+ Après 1949, beaucoup d'écrivains ont la prudence de délaisser la création littéraire pour lui préférer la recherche ou la traduction, activités politiquement moins compromettantes. La vie shanghaïenne est toutefois un sujet abordé par Zhou Erfu, l'auteur d'un roman-fleuve en quatre volumes, Shanghai de zaochen (Le Matin de Shanghai), qui suit les traces du Minuit de Mao Dun : le roman montre comment les capitalistes de Shanghai cherchent à s'accommoder du régime communiste. Le sujet vaut au roman d'être condamné pendant la Révolution culturelle (les deux derniers volumes ne paraissent qu'après 1979). Durant la Révolution culturelle Shanghai est d'ailleurs le quartier général des gauchistes les plus radicaux, autour de Jiang Qing, l'épouse de Mao[49] : c'est le « groupe de Shanghai », plus tard appelé Bande des quatre. Une critique de Yao Wenyuan, l'un des « Quatre », contre la pièce La Destitution de Hai Rui de Wu Han, parue dans un journal de Shanghai en 1965, avait servi de prélude au déclenchement de la Révolution culturelle[50]. Les intellectuels, ici comme ailleurs, ont alors leur part de persécutions et d'exils, voire de suicides, comme celui de Fu Lei, célèbre traducteur. Ba Jin, qui vit à Shanghai, a laissé des souvenirs de cette période dans ses mémoires[49].
234
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235
+ La légende du Shanghai d'avant-guerre, occultée en Chine même après 1949, se perpétue dans le recueil de l'écrivain Bai Xianyong, exilé à Taiwan. Dans son recueil de nouvelles Gens de Taipei (1971), les personnages se souviennent du Shanghai magnifié de leur vie avant l'exil. La ville y est aussi présentée comme la capitale d'un monde déchu. Avec les années 1990, deux écrivaines shanghaiennes, Chen Danyan et Cheng Naishan explorent à nouveau la passé de la ville pour le mettre en miroir avec le présent. Ce retour au passé est aussi l'occasion d'un exotisme facile, fait de sexe et de violence, dont les romans Mengui (Shanghai Triad) de Li Xiao et Shanghai wangshi (Les Triades de Shanghai, inspiré du précédent) de Bi Feiyu sont des exemples. Le cinéma y trouve son compte, avec le film de Zhang Yimou Shanghai Triad, adapté du roman de Li Xiao, ou celui de Hou Hsiao-hsien, Les Fleurs de Shanghai, adaptation du roman de Han Bangqing. En revanche, c'est avec un personnage ordinaire, dans une histoire romantique et mélancolique, que Wang Anyi trace un portrait de la ville entre 1945 et 1985 : son roman Le Chant des regrets éternels (1995) est considéré comme l'un des meilleurs romans jamais écrits sur Shanghai. Plus récemment se sont fait connaître les « belles écrivaines », Wei Hui et Mian Mian. Wei Hui est l'auteur du roman autobiographique Shanghai Baby, où le cosmopolitisme traditionnel de Shanghai se mêle au narcissisme de l'héroïne. Ce même cosmopolitisme se retrouve dans Les Bonbons chinois de Mian Mian, roman explorant les milieux marginaux de la ville[51].
236
+
237
+ La Condition humaine d'André Malraux se déroule dans le décor de la ville. Soutenu par les étrangers des concessions, le parti nationaliste du Guomindang de Tchang Kaï chek s'apprête à écraser les communistes chinois dans la ville. Tableau historique du conflit interne chinois et réflexions sur la guerre.
238
+
239
+ Stéphane Fière dépeint, dans La Promesse de Shanghai, le destin d'un paysan contemporain arrivant à Shanghai pour y devenir manœuvre.
240
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241
+ Le journaliste Albert Londres écrit La guerre à Shanghai, avant un dernier reportage, fatal, sur les mafias de la ville.
242
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243
+ La suite de Shanghai (Tohubohu éditions) de Bruno Birolli, qui comportent déjà deux romans Le music-hall des espions (2017) et Les terres du Mal (2019), se déroulent dans le monde des services secrets et reconstituent Shanghai pendant les années 1930.
244
+
245
+ Noël Coward rédige en 1930 Private Lives.
246
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247
+ L'Empire du soleil, de J. G. Ballard relate la prise de Shanghai par les troupes japonaises, au lendemain de Pearl Harbor. Un enfant de la ville passe trois années dans un camp de détention.
248
+
249
+ Un détective enquête sur une mystérieuse disparition dans la concession française de Shanghai, sous la plume de Kasuo Ishiguro, dans Quand nous étions orphelins.
250
+
251
+ L'album de Tintin Le Lotus bleu dépeint notamment la lutte des chinois pour leur indépendance, avec les enjeux du marché de l'opium en toile de fond.
252
+
253
+ Shanghai est le lieu de naissance de l'industrie cinématographique du cinéma chinois[52].
254
+
255
+ Shanghai, ville de cinéma, a inspiré les cinéastes.
256
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257
+ Quelques acteurs/actrices shanghainais connus en Chine :
258
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259
+ Quelques autres films où le décor (réel) de Shanghai à diverses époques joue un rôle majeur :
260
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261
+ En revanche, non seulement La Dame de Shanghai, d'Orson Welles (1946), ne se déroule pas à Shanghai, mais le rapport du film avec la ville est on ne peut plus lointain.
262
+
263
+ Shanghai comprend de nombreux parcs et jardins, par example:
264
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265
+ En 2019, le métro de Shanghai comprend 15 lignes (lignes 1 à 13 et ligne 16 et 17)[53]. Il s'agit du plus grand réseau de métro au monde, en termes de longueurs des voies.
266
+
267
+ Depuis le 31 décembre 2009, Shanghai possède également un tramway.
268
+
269
+ Deux lignes de chemin de fer classiques se croisent à Shanghai, Pékin-Shanghai (京沪) et Shanghai-Hangzhou (沪杭). Depuis les années 2010, les grandes lignes à grande vitesse prennent également départ de Shanghai vers toutes les grandes villes chinoises via le réseau à grande vitesse, suivant notamment les lignes LGV Pékin - Shanghai, LGV Shanghai - Hangzhou, LGV Shanghai - Kunming, LGV Shanghai - Nankin, etc.
270
+
271
+ Ces lignes ferroviaires desservent les principales gares à Shanghai : gare de Shanghai, gare de Shanghai-Hongqiao, gare de Shanghai-Ouest et gare de Shanghai-Sud.
272
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273
+ Depuis le 1er janvier 2004, la ligne de Transrapid, un train à sustentation magnétique (maglev), relie la centre-ville à Longyang Road au nouvel aéroport international de Pudong[54]. Ce train est ainsi la ligne commerciale la plus rapide au monde (431 km/h).
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+
275
+ La 2e compagnie aérienne chinoise est basée sur les aéroports de Shanghai : China Eastern Airlines.
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277
+ L'aéroport international de Shanghai-Hongqiao qui se trouve dans le Puxi (ouest du Pu), dans le quartier de Hongqiao, autrefois principal aéroport, aujourd'hui majoritairement consacré aux vols intérieurs et aux vols internationaux et régionaux de l'Asie-Pacifique : Séoul, Tokyo, Macao, Taiwan et Hong Kong. Le terminal 2 de l'aéroport s'intègre dans le pôle multimodal de Hongqiao, relié directement à la gare de Shanghai-Hongqiao qui accueille les trains à grande vitesse des grandes lignes chinoises.
278
+
279
+ Il est relié à l'aéroport international de Shanghai-Pudong[54] par la ligne 2 du métro qui le dessert depuis 2010. L'aéroport international de Pudong dessert principalement les vols internationaux avec actuellement deux terminaux et deux satellites et cinq pistes d'atterrissage.
280
+
281
+ Il existe un grand nombre de compagnies de taxis à Shanghai. Ceux-ci sont aisément reconnaissables à leurs lumineux rouges ou verts indiquant leur disponibilité. Ils sont de plus en plus concurrencés par les voitures de tourisme avec chauffeurs utilisant principalement l'application Didi Chuxing.
282
+
283
+ La route nationale chinoise 318 (ou G318), d'une longueur de 5 476 kilomètres, relie la ville à la frontière népalaise.
284
+
285
+ La ville est quadrillée de voies rapides surélevées, l'autoroute surélevée Yan'an et l'autoroute surélevée Nord-Sud par exemple.
286
+
287
+ Après avoir dépassé le port de Rotterdam en 2003, celui de Hong Kong en 2004, et celui de Singapour en 2005, Shanghai est devenu le port le plus actif du monde, aussi bien en termes de tonnage total traité qu'en nombre de conteneurs[55]. Le port est très engorgé, malgré l'ouverture de l'avant-port de Yangshan, avec une croissance annuelle de son trafic de 30 % : en 2008, Shanghai enregistrait un trafic de 508 millions de tonnes, contre 650 millions de tonnes en 2010. La croissance du trafic conteneurisé a été plus faible avec 28 millions d'EVP (Équivalent Vingt Pieds) en 2008 contre 29 millions en 2010.
288
+
289
+ Une bonne partie du trafic s'effectue avec l'intérieur du pays, par les 5 000 kilomètres navigables du Yangzi Jiang : les bateaux peuvent aller de Shanghai jusqu'à Chongqing.
290
+
291
+ Ne pouvant plus s'étendre, en 2000/2001, il fut décidé de construire un nouveau port en eau profonde sur les îles Yangshan au large de Shanghai. Ce nouveau port devant être relié au quartier de Guoyuan par un pont gigantesque — le pont de Donghai — le plus long du monde ondulant en pleine mer sur pas moins de 32,5 kilomètres avant d'atteindre son objectif, afin de suivre les hauts-fonds capables de soutenir les fondations.
292
+
293
+ S'il s'agit d'un pont, pas moins de 470 piliers, et 15 portuaires, ont été posés dont certains à cent mètres de profondeur, d'un coût de 14 à 15 milliards d'euros.
294
+
295
+ Selon le quotidien financier The Financial Times, daté du 3 juillet 2006, l'opérateur public du port de Shanghai, le Shanghai International Ports Group, voudrait à présent s'étendre à l'étranger, via des acquisitions en Europe, en Asie et aux États-Unis. L'un des responsables de son conseil d'administration a cependant reconnu que les projets pourraient se heurter à des oppositions politiques.
296
+
297
+ Pudong.
298
+
299
+ Temple du Buddha de Jade.
300
+
301
+ La rue de Nankin.
302
+
303
+ Vue panoramique du Pudong depuis le Bund.
304
+
305
+ Shanghai de nuit.
306
+
307
+ Le quartier d'affaires Lujiazui ; sur la gauche, la perle de l'Orient.
308
+
309
+ Quartier commercial de Tianzifang
310
+
311
+ Quartier de Xintiandi
312
+
313
+ Vue sur le pont Lupu
314
+
315
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Shanghai (chinois : 上海 ; pinyin : Shànghǎi ; Wade : Shang⁴hai³ ; cantonais Jyutping : Soeng⁶hoi² ; cantonais Yale : Seuhnghói ; litt. « sur la mer », EFEO : Chang-haï, prononciation ; shanghaïen : Zanhe) est une des municipalités autonomes chinoises situées sur le fleuve Huangpu près de l'embouchure du Yangzi Jiang, dans l'Est de la Chine.
4
+
5
+ Elle est remarquable par sa taille démesurée. Elle est la ville la plus peuplée de Chine avec plus de 24,15 millions d'habitants selon les limites administratives chinoises (en population urbaine 2015[3])[4]. Elle est également l'une des plus grandes mégapoles du monde. Certains géographes estiment même qu'il s'agit de la ville la plus peuplée du monde avec environ 80 millions d'habitants si, au lieu de tenir compte des limites administratives, est prise en compte l’agglomération humaine[5]). Cette population agglomérée correspond à presque deux fois celle de l'agglomération de Tokyo (souvent présentée comme la plus grande ville du monde) et l'équivalent de la population allemande (qui est pourtant l’État le plus peuplé de l’Union européenne).
6
+
7
+ L'autre caractéristique de Shanghai est sa place majeure dans l'économie mondiale. L'émergence de la ville comme centre financier de l'Asie-Pacifique a d'abord eu lieu dans les années 1920 et 1930, concomitamment au développement des concessions européennes. La ville servait alors de porte d'entrée à la Chine. Shanghai connut également à cette époque un formidable essor culturel qui a beaucoup contribué à son aura mythique et fantasmatique[6]. Le quartier du Bund sur la rive gauche du Huangpu est le témoin de cet âge d'or. Mais la guerre sino-japonaise, puis l'avènement de la République populaire de Chine ont entrainé la mise en sommeil de ce rôle de connexion entre la Chine et le monde et par conséquent une période de stagnation pour Shanghai. Au tournant des années 2000, la ville a repris son développement extraordinaire à la suite de la réouverture de la Chine sur le monde initiée par Deng Xiaoping. Shanghai est redevenue la fenêtre de la Chine sur le monde. La ville profite simultanément de la rapide croissance économique chinoise et de son insertion croissante dans la mondialisation.
8
+
9
+ Elle est aujourd'hui l'une des métropoles les plus puissantes du monde au même titre que Singapour ou Sydney. Lujiazui, le quartier de gratte-ciels de Pudong face au Bund est la cristalisation de cette puissance retrouvée.
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+
11
+ La transcription « Shanghai » est souvent prononcée /ʃɑ̃.gaj/ ou /ʃɑ̃n.gaj/ en français (on voit moins souvent les graphies Shangaï[7] ou Shanghaï[8], Changaï et Chang-Hai[9]), mais en chinois mandarin le nom 上海 se prononce shàng hǎi /ʂɑŋ.xaɪ/ - avec tonèmes : /ʂɑŋ˥˩.xaɪ˨˩˦ /. En dialecte shanghaïen, le nom de la ville se prononce zanhe /zɑ̃he/.
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+ Au temps de la concession française, le nom français de la ville s'écrivait « Changhaï »[10] en cohérence avec la transcription de l'EFEO.
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15
+ Les deux sinogrammes dans le nom « Shanghai » (上, shàng ; et 海, hǎi) signifient littéralement « sur, au-dessus de, en haut, monter » et « mer » . La première apparition de cette dénomination remonte à la dynastie Song (XIe siècle), époque à laquelle il existe déjà une confluence et une ville à cet endroit. Il y a des différends sur la façon dont ce nom doit être interprété, mais l'histoire locale officielle a toujours dit que cela signifie « le cours supérieur de la mer ». Une traduction tout à fait neutre donnerait donc "Haute-Mer".
16
+
17
+ À cause du changement du littoral, les historiens chinois ont conclu que durant la dynastie Tang, Shanghai était littéralement sur la mer, d'où l'origine du nom[11]. Une autre lecture, en particulier en mandarin standard, suggère également le sens de « aller sur la mer », qui est cohérent avec le statut de port de la ville. Un nom plus poétique pour Shanghai intervertit l'ordre des deux caractères, Hǎishàng (海上), et il est souvent utilisé pour les termes liés à l'art et la culture de Shanghai.
18
+
19
+ Shanghai est communément abrégée en chinois par Hù (沪). Ce caractère apparaît sur toutes les plaques d'immatriculation des véhicules provenant de la municipalité. En effet, chaque province chinoise peut être désignée par un seul caractère chinois, que l'on retrouve sur les plaques d'immatriculation, ou encore dans les dénominations des lignes autoroutières ou ferroviaires.
20
+
21
+ Hù (沪) est dérivé de Hu Du (沪渎), le nom de l'ancien village de pêche qui se tenait pendant la dynastie Tang au confluent de la rivière Suzhou et du fleuve Huangpu[12]. Le sinogramme Hu est souvent combiné avec le sinogramme Sōng (淞) (de l'ancien nom de la rivière Suzhou) pour former le surnom Sōng Hù (淞沪). Par exemple, l'attaque japonaise de Shanghai en août 1937 est communément appelée la Bataille de Songhu. Un autre ancien nom pour Shanghai était Hua Ting (华亭), qui est maintenant le nom d'un luxueux hôtel de la ville[12].
22
+
23
+ Un autre surnom commun est Shēn (申) qui vient du nom de Chunshen Jun (春申君), un noble et héros local du royaume de Chu au cours du IIIe siècle av. J.-C., dont le territoire incluait Shanghai. Les équipes sportives et les journaux utilisent souvent le sinogramme Shēn (申) dans leurs noms. Shanghai est également appelée Shēnchéng (申城, « la cité de Shēn »).
24
+
25
+ En Occident, Shanghai est également surnommée la « Perle de l'Orient » ou le « Paris de l'Orient ».
26
+
27
+ Shanghai est située sur le fleuve Huangpu, et se compose donc de deux parties distinctes, Puxi et Pudong (qui signifient respectivement à l'ouest et à l'est du Pu). Elle se trouve à 611 km au nord-nord-est de Fuzhou, à 690 km à l'est de Wuhan, à 1 069 km au sud-sud-est de Pékin et à 1 213 km au nord-est de Canton. La ville s'est développée tout d'abord exclusivement à Puxi mais depuis 1990[Quand ?], sous l'impulsion du gouvernement, Pudong est devenu une zone de construction de hautes technologies où les entreprises et autres gratte-ciels se multiplient.
28
+
29
+ L'avenue Nanjing (cinq kilomètres) fut autrefois la grande artère de la concession dite étrangère. Elle est considérée maintenant comme le vrai centre de Shanghai et elle offre souvent dans sa partie est, près du fleuve, le spectacle d'une indescriptible cohue de piétons.
30
+
31
+ Le paysage urbain se transforme rapidement depuis quelques années. Des quartiers entiers, comme celui de Dun Hui Fang, sont rasés pour être reconstruits. Les expulsions concernent des dizaines de milliers de personnes depuis le milieu des années 1990 et un total de 20 millions de mètres carrés d'habitations ont été démolis[13]. Les habitants reçoivent en échange de leur départ une compensation dérisoire et sont confrontés aux méthodes violentes et illégales des sociétés de démolition ou de la police[13].
32
+
33
+ Selon le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) paru en 2019, si les émissions mondiales de CO2 demeurent aux niveaux actuels, Shanghai pourrait faire face à une élévation du niveau de la mer de 2,6 millimètres par an dans la deuxième moitié du XXIe siècle (soit un total de 13 cm), bien au-dessus de ce qui est attendu en moyenne dans le monde. En conséquence, la valeur des biens menacés devrait atteindre 1 700 milliards de dollars d'ici 2070[14].
34
+
35
+ Shanghai est situé dans un vaste delta, formé par l'embouchure du fleuve Yangzi Jiang qui se jette dans la mer de Chine orientale. Les basses terres qui se trouvent des deux côtés du fleuve sont composées de lœss d'alluvions, qui est formé par les sédiments du Yangzi. Construit de boue, sillonné de canaux et de barrages, le delta est l'une des zones les plus fertiles de Chine, et également son principal fournisseur de coton.
36
+
37
+ La formation de la terre est probablement due au remplissage d'une ancienne partie de la mer, et les nombreuses petites montagnes sur les îles de la région étaient à l'origine de vraies îles. La formation du delta a renvoyé Shanghai, une ville portuaire à l'origine construite sur la mer, à 30 km à l'intérieur des terres.
38
+
39
+ Shanghai bénéficie d'un climat subtropical humide. Les étés sont très chauds et humides et les hivers sont doux mais peuvent être parfois froids. En été, les températures peuvent facilement dépasser les 35 °C avec un taux d'humidité très important qui donnera un ressenti indice de chaleur pouvant dépasser les 45 °C ; de plus les températures baissent peu la nuit. De fortes averses très chaudes peuvent se produire, combinées à des températures élevées. Le record de chaleur est de 39,9 °C le 6 et le 8 août 2013, néanmoins un record de 40,8 °C fut enregistrée le 7 août 2013 à l'aéroport international hongqiao, et le record de froid est de −10,1 °C le 19 janvier 1977.
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43
+ La ville de Shanghai ne s'est pas toujours appelée Shanghai. Jusqu'à la dynastie Sui (581-618), elle était appelée "village de Hua Ting" (華亭鎮). Elle prit ensuite le nom de "préfecture de Huating" avant d'être désignée sous son nom actuel à partir de la dynastie Song (960-1234).
44
+
45
+ Étant donnée sa situation stratégique à l'embouchure du Yangzi Jiang, au centre de la Chine, et la proximité avec des villes aux productions artisanales réputées (Suzhou, Hangzhou), Shanghai est devenue très tôt un lieu d'intenses échanges économiques.
46
+
47
+ Au milieu du XIXe siècle, la ville est, à l'échelle de la Chine, un centre administratif de moyenne importance. Elle est peuplée d'environ 200 000 habitants et son marché jouit d'un rayonnement régional indéniable.[16]
48
+
49
+ Cependant, ce n'est qu'après les guerres de l'opium et la présence étrangère que le développement économique de la ville a pris l'envergure qui a fait sa réputation.
50
+ Pendant la première guerre de l'opium, les forces britanniques ont temporairement tenu la ville. Américains et Français suivront, précédant les Russes et les Japonais. La guerre a cessé en 1842 avec le traité de Nankin, établissant l'ouverture commerciale des ports chinois, dont Shanghai. Les Britanniques vainqueurs y aménagent l'un des cinq ports ouverts qui leur seront alors concédés. Avec le traité du Bogue, en 1843, et le traité sino-américain de Wangxia, en 1844, des nations étrangères ont eu le droit de s'établir sur le territoire chinois : c'est le début des concessions étrangères.
51
+
52
+ La petite enclave française de Shanghai s'est établie sur une zone marécageuse en 1849. Elle fut à la fois un havre pour les réfugiés de toutes les nationalités et un lieu de culture et de plaisirs.
53
+
54
+ Avec la révolte des Taiping en 1850, Shanghai fut occupée par une triade associée au mouvement appelé Société des Petites Épées. La guerre faisant rage dans les campagnes, de nombreux Chinois se réfugièrent dans la ville, qui leur était théoriquement inaccessible : en 1854, de nouvelles lois permirent aux Chinois d'y acquérir des terrains, provoquant une inflation immobilière. Cette année-là eut également lieu la première réunion du conseil municipal de Shanghai, afin de gérer les concessions étrangères établies de facto. En 1863, les concessions américaine et britannique se rejoignirent pour former la Concession internationale, alors que les Français restèrent autonomes dans leur propre concession.
55
+
56
+ En mars 1854, l'empire chinois a signé un accord avec les Européens présents dans les concessions leur demandant de construire rapidement de nombreux logements, une grande partie de la ville ayant été détruite par une révolte[17]. C'est ainsi que se construiront les lilongs, jusqu'en 1949.
57
+
58
+ Jeu, opium et prostitution sont alors les activités les plus lucratives de cette ville qualifiée alors de « plus grand bordel du monde ». Son parrain le plus connu, Du Yuesheng, menait ses trafics en collaborant étroitement avec la police de la concession française.
59
+
60
+ Après la guerre sino-japonaise de 1894-1895, le traité de Shimonoseki permit aux Japonais de s'ajouter aux forces occupantes. Ils établirent à Shanghai les premières usines de la ville.
61
+
62
+ Cette période d'occupation a profondément marqué l'identité culturelle de la ville, tout en contribuant dans les années 1920 et 1930 à l'essor des arts, cinéma, théâtre, et la naissance du premier groupe de jazz chinois. En 1920, on y recensait un million d'habitants, dont vingt six mille huit cents étrangers de nationalités diverses. Ils façonnèrent les rues à leur goût, mêlant les styles néogothique, classique, victorien, Art déco... La chanteuse et actrice Zhou Xuan, fille de Weiwei Wang, était sans doute la figure la plus emblématique de cette période. C'est aussi à Shanghai que fut créé le Parti communiste chinois en 1921 et qu'ont été organisées les premières grèves ouvrières. La plupart, coolies et ouvriers, demeurèrent dans la pauvreté et vinrent grossir les rangs du Parti communiste chinois. En 1927, dans le cadre de l'expédition du Nord de pacification de la Chine, les ouvriers chinois, mobilisés par les communistes, prirent Shanghai aux seigneurs de la guerre avant même l'arrivée des troupes gouvernementales. Tchang Kaï-chek, inquiet de la mobilisation réussie par les communistes, décida de se retourner contre ses alliés et lança les triades contre les ouvriers, déclenchant le massacre de Shanghai, qui signa le début de la guerre civile chinoise.
63
+
64
+ Sous le régime de la République de Chine, Shanghai devint une ville spéciale en 1927, et une municipalité en mai 1930. Elle fut alors le centre financier de l'Asie, où les dollars mexicains par exemple s'échangeaient en masse après la crise boursière de 1929. La marine japonaise bombarda la ville le 28 janvier 1932, officiellement pour réprimer les protestations étudiantes ayant suivi l'incident de Mandchourie, déclenchant la « guerre de Shanghai ».
65
+
66
+ À compter du mois d'août 1937, à l'aube de la seconde guerre sino-japonaise, Shanghai fut soumise par la marine et l'armée nippones à une série de bombardements qui entraînèrent la mort et l'évacuation de plusieurs milliers de civils. Disposant de forces terrestres et navales bien supérieures à l'armée chinoise, les troupes impériales prirent possession de la ville en novembre (bataille de Shanghai), puis se dirigèrent vers Nankin où elles se livrèrent à un terrible carnage (massacre de Nankin).
67
+
68
+ Selon les travaux de l'historien Zhiliang Su, au moins 149 « maisons de confort » hébergeant des esclaves sexuelles furent établies à Shanghai pendant l'occupation nipponne[18].
69
+
70
+ En 1938, Shanghai fut considérée comme le cinquième port mondial[19]; les plus grandes firmes occidentales y étaient désormais représentées.
71
+
72
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, Shanghai devint temporairement un centre pour les réfugiés d'Europe : c'était alors la seule ville ouverte inconditionnellement aux Juifs. En 1941, sous pression de leurs alliés nazis, les Japonais reçurent les réfugiés juifs dans un ghetto, où les maladies pullulaient[20],[21]. L'immigration juive fut finalement stoppée par les Japonais le 21 août 1941.
73
+
74
+ Les Japonais prirent le contrôle total de la Concession Internationale à la suite de sa déclaration de guerre aux Etats Unis d'Amérique le 8 décembre 1941. Durant l'occupation japonaise, les citoyens des pays Alliés travaillant pour l'administration municipale demeurèrent à leur poste jusqu'en février 1943, date à laquelle ils furent internés. Quant à la concession française, elle resta sous le contrôle de la France jusqu'au 30 juillet 1943, date à laquelle le consul général de France transféra, sur ordre Vichy, l'administration civile de celle-ci au maire de Shanghai entièrement dévoué à la cause des occupants japonais. Mais les troupes françaises du "Détachement Français de Changhaï" (ancienne graphie de Shanghai) - alias DFC - restèrent sur place et en armes jusqu'au 9 mars 1945 où elles furent désarmées et internées par les Japonais, comme toutes les autres unités françaises de Chine (ce, simultanément à celles stationnées en Indochine). Ses tirailleurs Indochinois furent d'ailleurs perméables à la propagande japonaise et plus de la moitié d'eux fera cause commune avec les ex-gardes du Bataillon de Supplétifs Tonkinois et passèrent, le 21 juillet 1945, sous l'autorité militaire des Japonais.
75
+
76
+ Entre 1942 et 1945, sous l'effet combiné de la corruption du Gouvernement de Nankin et de l'occupation japonaise, le nombre de banques atteint 300, soit le double de celui de 1936[22].
77
+
78
+ Durant la guerre, le conseil municipal des concessions étrangères fut aboli deux fois, à quelques mois d'intervalle, par deux gouvernements ennemis. En février 1943, le gouvernement du Royaume-Uni signa avec la République de Chine un traité acceptant le principe d'une rétrocession. En juillet de la même année, les Japonais rétrocédèrent le conseil municipal au gouvernement collaborateur de Wang Jingwei. Après la guerre, une commission de liquidation fut mise en place pour gérer la rétrocession à la République de Chine.
79
+
80
+ Les huit années d'occupation, puis la victoire, en 1949, de Mao Zedong sur les troupes du général Tchang Kaï-chek précipitèrent le déclin de la ville.
81
+
82
+ Après la victoire des communistes, la ville a été considérée comme le symbole du capitalisme étranger, elle sommeillait, et le monde l'avait presque oubliée[réf. souhaitée], avant d'être revalorisée à la suite du mouvement de réformes de Deng Xiaoping.
83
+
84
+ Autrefois tête de pont des puissances coloniales dans une Chine agonisante, Shanghai est devenue le premier centre industriel du pays, en même temps que l'une des plus grandes métropoles du monde.
85
+
86
+ Pendant la Révolution culturelle, Shanghai connut des troubles politiques et sociaux : à la fin décembre 1966, la municipalité fut renversée. Les plus importantes grèves de l'histoire de la ville[23] paralysèrent la vie économique. Les rebelles et les gardes rouges désiraient mettre en place un système semblable à la Commune de Paris. Le bilan de la Révolution culturelle fut considérable : 150 000 logements furent confisqués rien qu'à Shanghai[24]. Entre 1968 et 1976, un million de Shanghaiens furent ruralisés de force[25].
87
+
88
+ Au début des années 1990, en une décennie, la « Perle de l'Orient » est redevenue un centre économique de première importance, qui compte en 2005 pour 20 % de la production industrielle nationale pour seulement 1,5 % de la population. Elle se destine aujourd'hui à devenir le centre financier de la Chine, grâce au quartier de Lujiazui.
89
+
90
+ Le 26 février 2002, Chen Liangyu (46 ans) a été élu maire de Shanghai par les délégués de la cinquième session du 11e Congrès du peuple de la Municipalité de la grande métropole de l'Est de la Chine. Il est ensuite devenu Secrétaire du Parti de la Municipalité autonome en octobre 2002, à la place de Huang Ju. Ce poste particulièrement important va habituellement de pair avec un siège au Bureau politique du Parti. C’est le cas pour Chen Liangyu depuis le XVIe Congrès du Parti communiste chinois. En septembre 2006, Chen Liangyu est limogé à la suite d'un scandale de corruption.
91
+
92
+ Avant cela, le 3 décembre 2002, la métropole chinoise a été désignée pour organiser l'Exposition universelle de 2010, qui se tient donc, pour la première fois depuis 151 ans, dans un pays en voie de développement. Depuis l'Exposition universelle de 2010, rien ne semble arrêter le développement de Shanghai. Parmi les grandes métamorphoses, le district de Pudong dont la superficie devrait doubler dans les cinq prochaines années, passant de 520 km2 à 1 210 km². Avec la création d'un jardin digne de Central Park et un opéra prévu pour 2015, ce quartier d'affaires veut aussi devenir le poumon vert de la ville et un temple de la culture. Sur les dix nouvelles lignes de métro qui desserviront Shanghai en 2012, cinq passeront par ce district. Le réseau, 510 kilomètres au total, se hissera alors parmi les trois plus longs du monde.
93
+
94
+ En 2013 y survient l'apparition de l'influenzavirus A sous-type H7N9.
95
+
96
+ La clique de Shanghai est le nom donné à un groupe d’officiels du Parti communiste chinois qui ont dû leur promotion à leur appartenance à l’administration municipale de Shanghai sous l’égide de l’ancien maire de Shanghai et président Jiang Zemin[26].
97
+
98
+ Depuis le 21 juillet 2020, le maire de Shanghai est Gong Zheng, né en 1960 et originaire de Suzhou[27].
99
+
100
+ La municipalité de Shanghai est un territoire administratif ayant le statut provincial : elle comprend plusieurs districts comprenant le centre-ville historique de Shanghai et des villes-nouvelles en satellite.
101
+
102
+ Le territoire compte environ 23 millions d'habitants dans son agglomération d'après le recensement de 2010. Shanghai comptait 16,7 millions d'habitants en 2000[28].
103
+
104
+ La municipalité de Shanghai exerce sa juridiction sur dix-sept subdivisions de districts.
105
+
106
+ Huit districts sont situés dans le Puxi, i.e. à l'ouest du Huangpu, zone urbaine centrale de Shanghai :
107
+
108
+ Un district gouverne principalement le Pudong, i.e. à l'est du Huangpu :
109
+
110
+ Les sept districts restants correspondent à des banlieues, à des villes satellites et à des zones rurales éloignées du centre urbain :
111
+
112
+ L'île de Chongming, située dans l'estuaire du Yangzi Jiang (Chang Jiang), est gouvernée par un seul district :
113
+
114
+ Ces districts sont eux-mêmes divisés (en 2003) en 220 subdivisions de niveau canton, comprenant 114 bourgs, 3 cantons et 103 sous-districts.
115
+
116
+ La population de la municipalité de Shanghai est de 27 058 479 habitants. D'après la population totale de la municipalité, Shanghai est la seconde plus grande municipalité de la République populaire de Chine, après Chongqing[29] et devant Pékin[30]. En RPC, une municipalité (直辖市 en pinyin: zhíxiáshì) est une ville avec un statut équivalent aux provinces chinoises.
117
+
118
+ Le recensement de 2000 positionnait la population de Shanghai à 16,738 millions, dont 3,871 millions de migrants. Par rapport au recensement de 1990, la population totale avait augmenté de 3,396 millions d'individus, soit une croissance de 25,5 %. Les hommes représentent 51,4 % et les femmes 48,6 % de la population. 12,2 % des Shanghaïens sont âgés de 0 à 14 ans, 76,3 % entre 15 et 64 et 11,5 % ont plus de 65 ans.
119
+
120
+ En 2017, l'espérance de vie était de 83,37 ans (80,98 pour les hommes et 85,85 pour les femmes). La même année, le revenu moyen annuel des résidents de Shanghai était de 85 582 yuans.[31]
121
+
122
+ En 2017, on comptait 163 363 étrangers dans la métropole chinoise alors qu'une année plus tôt ils étaient 175 674. Il convient de signaler que, pour des raisons politiques, le Shanghai Municipal Statistics Bureau ne considère pas les Taïwanais comme des ressortissants étrangers.
123
+
124
+ L'Université Fudan est l'une des universités de premier plan en République populaire de Chine. Elle a été fondée par le jésuite Joseph Ma Xiangbo en 1905 sous le nom de Collège catholique Fudan. Ma Xiangbo lui donne ce nom d'après une citation des classiques confucéens. En 1917, elle est transformée en université privée. Au début de la guerre anti-japonaise en 1937, l'université est transférée à Chongqing, à l'intérieur de la Chine. Elle prend son nom actuel en 1946 quand elle revient à Shanghai. Elle fusionne avec l'université l'Aurore en 1952, après le départ des jésuites.
125
+
126
+ L'École normale supérieure de l'Est de la Chine, ou plus simplement ECNU, est l'une des plus prestigieuses universités en Chine. Fondée en 1951 à Shanghai, elle fut la première école normale supérieure de la République populaire de Chine. Le premier établissement sino-américain d'enseignement supérieur - Université de New York à Shanghai (NYU Shanghai) – a été cocréé par l'Université de New York et l'ECNU.
127
+
128
+ L'Université Tongji est l'une des plus célèbres universités chinoises de Shanghai. Elle a été fondée en 1907 à l'initiative du Consul Général allemand Wilhelm Knappe comme une école allemande médicale et dirigée par le médecin Erich Paulun. En 1923, elle devient une université et en 1937 elle est déménagée à cause de la guerre, d'abord dans la province de Zhejiang. Lorsque le front approche, elle déménage vers la province de Jiangxi, puis Yunnan, et plus tard même pour le Sichuan. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle revient de nouveau à Shanghai, en 1946.
129
+
130
+ L'Université des études internationales de Shanghai est une institution importante dans le pays. Elle est issue de l'Institut des langues étrangères de Shanghai, fondé en 1949. Depuis 1983, l'Université entretient une coopération active avec l'Université de Heidelberg. Depuis 2002 il existe un programme allemand des affaires, qui a été conçu conjointement avec l'Université de Bayreuth.
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+ Voici une liste des autres principaux instituts et universités présentes à Shanghai :
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+ Les écoles internationales sont également nombreuses à Shanghai. Il en existe 3 types[33] : les écoles publiques chinoises internationales (réservées aux enfants de nationalité chinoise), les écoles privées chinoises (acceptant à la fois les enfants chinois et étrangers) et enfin les écoles internationales qui sont principalement à destination des étrangers. Parmi ces dernières on peut notamment citer :
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+ La langue officielle de Shanghai, comme dans l'ensemble de la Chine est le chinois mandarin. Cependant, la langue historiquement parlée est, dans le delta du Yangzi Jiang (长江) et les régions environnantes, le wu. La variété parlée à Shanghai est le shanghaïen.
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+ Les campagnes de promotion du mandarin et la scolarité effectuée exclusivement en mandarin conduisent à un recul progressif de l'usage du dialecte. Celui-ci reste cependant largement utilisé dans la communication informelle. Il est à noter dans le domaine de la communication informelle le basculement du shanghaïen vers le mandarin chez la jeune génération de Shanghaïens, qui ne maîtrise guère plus la langue locale, ou de façon erratique.
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+ Certaines lignes de bus proposent des annonces en chinois mandarin, en shanghaïen et en anglais.
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+ Shanghai possède d'importantes infrastructures sportives. Le stade de Shanghai peut ainsi accueillir 80 000 personnes et constitue le troisième plus grand stade en Chine[34]. Il a été utilisé au cours des jeux olympiques d'été de 2008 pour accueillir plusieurs matchs du tournoi de football. Le stade de Hongkou compte quant à lui 31 000 places.
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+ En 2005, la SMP subventionne un vaste chantier pour construire le plus grand Skate Park au monde: le SMP Park (ou SMP Skate Park). Ce dernier, d'une superficie totale de 13 700 m2 regroupe 4 zones de glisse dont une zone de compétition vaste de 2 000 m2 visant à accueillir des compétitions internationales.
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+ La ville organise également chaque année les Masters de Shanghai, une compétition de tennis masculin, qui fait partie des Masters 1000 de l'ATP World Tour depuis 2009, au même titre que les Masters de Madrid, Masters de Monte-Carlo ou encore Masters de Paris-Bercy. Chaque année, les meilleurs joueurs de tennis mondiaux se retrouvent donc en octobre pour s'affronter dans la salle du Qizhong Forest Sports City Arena.
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+ Depuis 2010, Shanghai accueille également la seconde étape de la Ligue de diamant avec le meeting Shanghai Golden Grand Prix. Cette ligue réunit les meilleurs athlètes du monde qui, au cours de 14 meeting dans le monde, s'affrontent pour engranger le plus de points possibles et gagner en fin de saison un diamant de 4 carats d'une valeur d'environ 80 000 dollars.
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+ La ville possède également plusieurs clubs sportifs professionnels qui évoluent dans les principales compétitions sportives du pays :
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+ La ville a longtemps été l'un des principaux centres de production textile de la République populaire de Chine. Les autres secteurs manufacturiers importants comprennent la fabrication de produits chimiques et pharmaceutiques, les véhicules (notamment des navires), les machines, l'acier, le papier et les produits d'impression. En outre, la ville produit à grande échelle des systèmes électriques et électroniques ainsi que des équipements tels que les ordinateurs, les radios et les appareils photo.
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+ Avec le début de réformes économiques chinoises au début des années 1980, Shanghai a d'abord été dépassée par certaines provinces du sud, telles que Guangdong. Avec le début des années 1990, grâce à l'action du gouvernement par l'intermédiaire de Jiang Zemin, les investissements ont fortement augmenté à Shanghai, dans le but d'établir un nouveau centre économique en Asie orientale.
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+ Hong Kong constitue le principal rival de Shanghai dans le titre honorifique de plus grand centre économique en Chine. Hong Kong possède l'avantage d'une plus grande expérience, notamment dans le secteur bancaire. Shanghai a des liens plus étroits avec l'arrière-pays chinois et le gouvernement central de Pékin. De plus, Shanghai possède plus de terrains pour accueillir les nouveaux investissements, alors qu'à Hong Kong, l'espace est très limité.
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+ Fondée en 1990 à Shanghai, la Bourse de Shanghai représente aujourd'hui la bourse la plus importante en Chine continentale. Depuis 1991, la croissance économique à Shanghai est à deux chiffres. La ville est donc la seule région de Chine dans ce cas sur une telle durée. La croissance économique annuelle à Shanghai était, en 2006, d'environ 12 %. Le PIB pour 2006 s'élèvait à 1,03 billions de yuans (environ 128,8 milliards de dollars). Le PIB par habitant était d'environ 7 000 dollars (la moyenne chinoise se situe à 1 800 dollars) et constitue le troisième plus élevé du pays, derrière Hong Kong et Macao. En 2010, le PIB par habitant était prévu à 10 000 dollars[35].
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+ En 1984, à Anhui, une coentreprise avec le constructeur automobile Volkswagen constitue la première usine automobile construite avec une marque occidentale. Volkswagen Shanghai représente une part de marché d'environ 60 % sur les véhicules étrangers en Chine, ce qui est en baisse constante en raison d'une concurrence accrue. Les droits d'importation élevés sur les voitures étrangère les rendent encore plus chères. Ainsi, après l'adhésion à l'OMC de la République populaire de Chine, la conférence de l'APEC en 2001 a réduit progressivement les droits à l'importation.
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+ Shanghai traduit l'envol économique de la Chine. Un dollar sur vingt du PIB chinois provient de cette ville et 1/5 des exportations du pays - qui ont augmenté de 500 % en valeur réelle entre 1992 et 2008 - transite par sa zone portuaire.
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+ Le 5 août 2002, le nouveau maire de Shanghai, Chen Liangyu a déclaré qu'il voulait « faire de sa ville, dans les trois années à venir, le centre du marché financier intérieur, des circulations des capitaux et de gestion de fonds, et l'un des centres financiers internationaux les plus importants pour une durée de dix à vingt ans. »
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+ Cela dépend directement de la réforme du système financier chinois, encore très archaïque, mené par les autorités centrales de Pékin.
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+ Shanghai est également un centre important de raffineries de pétrole. La plus grande aciérie de Chine, et l'une des plus modernes, se situe à Baoshan, en bord de mer. La ville est donc sujette à une pollution importante[36] sous la forme de nuages de fumée de soufre que les usines émettent en permanence. Environ quatre millions de tonnes d'eaux usées industrielles et domestiques non filtrée sont versées quotidiennement dans le fleuve Huangpu, la principale source d'eau potable de la ville, et dans le canal de Suzhou dont les eaux sont fréquemment noires et nauséabondes. Un autre problème est le chômage, qui est supérieur à Shanghai par rapport à d'autres grandes villes du pays.
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+ Shanghai est connu pour sa prospérité intimement liée à son ouverture sur le monde et les échanges croisés avec l'Occident. Celle-ci se reflète par une architecture diverse, mêlant des temples traditionnels de la vielle-ville, aux monuments occidentaux sur le Bund, jusqu'au gratte-ciels de Pudong. Shanghai représente ainsi cette cohabitation culturelle et historique à travers le temps ainsi qu'une ouverture d'esprit bien distincte des autres provinces chinoises.
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+ Le Bund est considéré comme la "collection architecturale des dix-milles nations" (en chinois : 万国博览建筑群) avec la richesse des bâtiments de type occidental, marquant le passé de l'ouverture de Shanghai.
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+ De nombreux quartiers comme l'ancienne concession française marque un style d'architecture hybride, caractérisé par des bâtiments en pierre, dit du style Shikumen, que l'on retrouve dans ces traditionnels quartiers shanghaïens appelés des lilongs.
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+ Le long du fleuve Huangpu, le Bund fait face désormais au quartier d'affaires de Lujiazui à Pudong, quartier de tous les superlatifs du Shanghai moderne et international, avec ses gratte-ciels dont les plus hauts sont la Perle de l'Orient, la Tour Jintao, le Shanghai World Financial Center ainsi que la Tour Shanghai, ouverte au public en 2015, qui est depuis le plus haut gratte-ciel de Chine. De manière générale, il y aurait actuellement 5 000 tours, dont 120 gratte-ciels de plus chaque année, et 20 000 chantiers permanents[réf. nécessaire] dans l'ensemble de la ville.
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+ Une maquette géante de la ville est visible au centre d'exposition de la planification urbaine de Shanghai sur la Place du Peuple. Elle donne une idée de la valeur de prestige accordée au développement immobilier à Shanghai. En 2006, un appartement de la Tomson Riviera, située à Pudong, s'est vendu pour 190 millions de yuans, soit environ 19 millions d'euros[13].
179
+ Toutefois, il convient d'ajouter un bémol face à cet engouement spéculatif. Le taux d'occupation des bureaux est très bas dans la ville. Certains analystes redoutent une bulle immobilière comparable à la bulle japonaise des années 1980. En Chine, l'immobilier est une des activités les plus opaques, ce qui explique la fragilité du secteur qui pourrait éclater si la croissance économique montre des signes de ralentissement. Enfin, la multiplication des gratte-ciel fait peser un danger sur le sol de la ville. Les spécialistes constatent que depuis 1921, le sol de la métropole s'affaisse[37]à une vitesse estimée à 1,5 cm par an[38]. Un tiers des affaissements des constructions dans le centre-ville est dû à ces grandes tours, d'après le Bureau de la planification de la ville de Shanghai[37].
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+ Enfin, la traversée du fleuve Huangpu, séparant Shanghai entre Puxi (ouest de Huangpu) et Pudong (est de Huangpu) a permis la construction de remarquables ponts, comme le pont de Nanpu et le pont de Yangpu, qui se situent parmi les plus longs du monde avec respectivement plus de 400 m et plus de 600 m de portée. Le pont de Lupu, quant à lui, est le deuxième plus long pont en arc du monde, avec 550 m de portée.
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+ De plus, le 1er décembre 2005 a été inauguré le plus long pont du monde, le pont de Donghai, qui relie la ville au nouveau port de Shanghai-Yangshan en eau profonde sur les îles Yangshan.
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+ Dans le centre de Shanghai, pr��s de l'hôtel de ville et de la rue de Nankin, la plus célèbre artère commerciale, se trouvent le musée de Shanghai, l'opéra de Shanghai et le centre d'exposition de la planification urbaine de Shanghai. L'autre artère principale de Shanghai est le Bund et son prolongement sur les rives du fleuve Huangpu.
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+ Au cœur de la vieille-ville, le jardin Yuyuan (ou jardin du mandarin Yu) est le plus beau jardin chinois traditionnel de Shanghai.
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+ Le quartier historique de la concession française, autour de l'actuelle rue Huaihai, est transformé en quartier tendance, notamment autour de Xintiandi ou encore Tianzifang.
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+ En ce qui concerne les religions asiatiques, on trouve trois principaux temples : le temple de Jing'an, le temple du Bouddha de jade et le temple du dieu de la ville, ce dernier se situant près du jardin Yuyuan.
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+ Plusieurs églises catholiques sont situées à l'intérieur de la ville, comme la cathédrale Saint-Ignace, l'église Saint-Joseph, l'église Saint-François-Xavier, l'église orthodoxe Saint-Nicolas, l'église Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus et l'église Saint-Pierre, mais également assez loin en dehors de l'agglomération, avec la basilique de She Shan, lieu de pèlerinage marial fort fréquenté. Shanghai est la ville où l'on voit le plus d'églises catholiques. L'église Notre-Dame-de-Lourdes de Pudong est l'une des cent dix églises catholiques de l'agglomération de Shanghai. Construite en 1896-1899 dans l'est de la ville par les jésuites français, elle a été rénovée en 2010. L'église de l'Immaculée-Conception de Zhang Pu se trouve également en dehors du centre de la ville.
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+ Shanghai compte également plusieurs mosquées, parmi lesquelles celle de Songjiang, la plus ancienne, celle du jardin au pêcher (小桃园清真寺), la plus grande, celle de Huxi (沪西清真寺), celle de Pudong (浦东清真寺), ou celle de Fuzhou Road (福佑路清真寺)[39].
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+ Maison du thé (Lao Shanghai)
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+ Vue de la cathédrale Saint-Ignace
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+ Mosquée Xiaotaoyuan
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203
+ Temple Longhua
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205
+ Les bâtiments d'architecture occidentale sur le Bund
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+ Le Muséum d'histoire naturelle de Shanghaï dans un édifice d'architecture moderne construit en 2015
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+ La cuisine de Shanghai est en partie tournée vers les crustacés, coquillages et les poissons, de mer ou d'eau douce, du fait de sa position géographique. Ainsi, le crabe poilu de Shanghai (shàng hǎi máo xiè, 上海毛蟹) est une célèbre spécialité délicate, prisée pour les qualités aphrodisiaques des ovaires du crabe femelle.
210
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+ Cette cuisine se caractérise par l'utilisation du vin de cuisine qui sert à mariner les poissons ou le poulet. Une fois saoulée, la viande est cuite rapidement ou servie crue. Une autre particularité de la cuisine dans cette région est l'utilisation à quantité presque égale du sucre et de la sauce soja. Bien qu'abondamment utilisé, le sucre ne donne pas de goût particulièrement sucré aux plats, mais sert à rehausser le goût, comme dans les « travers de porc en sauce aigre-douce » 'táng cù páigǔ, 糖醋排骨).
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213
+ La cuisine de Shanghai est également réputée pour la cuisson « braisée en rouge » (hóng shāo, 紅燒), qui consiste à faire cuire à feu doux viandes et légumes. L'utilisation de sauce soja ou de sucre permet alors d'obtenir la fameuse couleur rouge.
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+
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+ Les habitants de la ville de Shanghai sont réputés pour manger de petites portions. Par exemple, les bouchées à la vapeur (小笼包 / 小籠包, xiǎolóng bāo) sont beaucoup plus petites que leurs cousines baozi (包子) que l'on trouve ailleurs en Chine.
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+ Voici une liste de spécialités de la cuisine de Shanghai :
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219
+ Et aussi : musée national de Shanghai, musée de Shanghai, musée des Beaux-Arts de Shanghai, centre de sculpture de Shanghai, musée Lu Xun de Shanghai (dans le parc Lu Xun), le Mémorial du siège du 1er Congrès du Parti communiste chinois de Shanghai.
220
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221
+ Le Centre Pompidou pourrait ouvrir un site consacré à l'art moderne à Shanghai.
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223
+ L'imprimerie, introduite par les missionnaires protestants, avait fait de Shanghai un centre majeur de l'édition. Un lectorat nombreux dû à un taux d'alphabétisation élevé favorisait le développement de la littérature populaire. La langue de wu est ainsi introduite dans les dialogues des romans, et le roman Haishang hua liezhuan (Fleurs de Shanghai, 1894) de Han Bangqing (en) est même entièrement écrit dans cette langue. Le « roman de courtisanes » de son côté est souvent lié à la ville de Shanghai, à l'instar du Haishang fanhua meng (Rêves de splendeur shanghaienne, 1898-1906) de Sun Yusheng. Dans ce genre de roman, le romantisme habituel des histoires d'amour se mêle parfois au réalisme de la vie urbaine, mâtiné d'un exotisme occidental issu des concessions[42].
224
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225
+ À la fin de l'Empire apparaît à Shanghai un courant littéraire appelé école des canards mandarins et des papillons, produisant une littérature populaire à thématique amoureuse. Les romans de cette école, dont l'appellation est à l'origine péjorative, racontent dans la traditions des romans populaires antérieurs les aventures compliquées de couples d'amoureux (symbolisés par les canards mandrins et les papillons), généralement un jeune homme au talent méconnu et une jeune fille à la beauté éthérée. Après la suppression des examens impériaux en 1905, cette littérature était produite par des lettrés cherchant à vivre de leur plume. Si les intellectuels méprisaient ce genre, la petite bourgeoisie en était friande. Le Fantôme de la poire de jade (1911) de Xu Zhenya (zh) est un exemple type de ce genre de romans, qui a ses prolongements au cinéma et qui perdure jusque dans les années 1930[43]. Cheng Xiaoqing (zh) est quant à lui le premier écrivain spécialisé dans le genre policier, avec son héros Huosang, imitation de Sherlock Holmes[44].
226
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227
+ Après le mouvement du 4 mai 1919, la « Nouvelle Littérature », dont Pékin est le fer de lance depuis 1915, a des répercussions à Shanghai. Elle est ainsi le siège de la Société Création, fondée au Japon en 1921 par Guo Moruo et Yu Dafu, qui mettent en avant un individualisme romantique et rebelle, influencé par la poésie occidentale. Mais c'est avant tout avec l'école néosensationniste que l'esprit de Shanghai (le haipai (en)) trouve son expression dans la littérature. Liu Na'ou, fondateur du groupe, Mu Shiying et Shi Zhecun en sont les principaux représentants. Écrivains bohèmes, les néosensationnistes fréquentent cafés, dancings et cinémas et trouvent leur inspiration dans la modernité urbaine. Ils innovent dans le domaine des techniques et procédés littéraires, s'inspirant du cinéma et d'exemples venus du Japon ou d'Occident. Les recherches formelles et la volonté de se tenir à l'écart des problèmes politiques et sociaux des modernistes suscitent l'hostilité des écrivains engagés, généralement à gauche[45].
228
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+ La politique répressive des seigneurs de la guerre avait conduit durant les années 1920 nombre d'écrivains à quitter Pékin pour se réfugier à Shanghai, comme Lu Xun en 1927. La ville était ainsi devenue un haut lieu de la littérature engagée, comme l'illustre la conversion au marxisme du groupe Création. Après le massacre des communistes par le Guomindang en avril 1927, les intellectuels de gauche tentent de s'organiser. La Ligue des écrivains de gauche est ainsi créée en 1930, sous l'égide de Lu Xun. Regroupant essentiellement des militants, la Ligue, tout comme d'autres organisations similaires, s'attache à promouvoir une littérature prolétarienne et révolutionnaire. L'exemple le plus achevé de cette tendance est le roman Minuit (1933) de Mao Dun, dans lequel est racontée la lutte entre capitalistes nationaux et compradores, et la défaite des premiers. La modernité de Shanghai s'y montre sous un aspect négatif. L'épisode le plus fameux de la brutalité de la répression du Guomindang envers les écrivains engagés est celui de l'exécution de cinq écrivains communistes, les cinq martyrs de la Ligue des écrivains de gauche, en 1931[46],[47].
230
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+ Avec le déclenchement de la guerre sino-japonaise (1937), les écrivains sont nombreux à quitter Shanghai. Parmi ceux qui restent, certains se compromettent avec le régime collaborateur de Wang Jingwei, comme Liou Na'ou et Mu Shiying, tous deux assassinés en 1939-1940 dans des circonstances mal élucidées. Des reproches de collaboration sont aussi adressés après la guerre à Zhang Ailing (alias Eileen Chang) et Su Qing, les deux écrivains les plus représentatifs de cette période. Le nom d'Eileen Chang est étroitement associé à la ville de Shanghai, où elle est née. Cependant Shanghai n'est que peu présente dans son œuvre, la ville n'y apparaît que dans quelques nouvelles de nature intimiste. Dans ses écrits, Su Qing aborde sans fard la vie quotidienne et conjugale d'un point de vue féminin. Toutes deux attestent la place nouvelle que les femmes ont acquise dans la vie littéraire[48].
232
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233
+ Après 1949, beaucoup d'écrivains ont la prudence de délaisser la création littéraire pour lui préférer la recherche ou la traduction, activités politiquement moins compromettantes. La vie shanghaïenne est toutefois un sujet abordé par Zhou Erfu, l'auteur d'un roman-fleuve en quatre volumes, Shanghai de zaochen (Le Matin de Shanghai), qui suit les traces du Minuit de Mao Dun : le roman montre comment les capitalistes de Shanghai cherchent à s'accommoder du régime communiste. Le sujet vaut au roman d'être condamné pendant la Révolution culturelle (les deux derniers volumes ne paraissent qu'après 1979). Durant la Révolution culturelle Shanghai est d'ailleurs le quartier général des gauchistes les plus radicaux, autour de Jiang Qing, l'épouse de Mao[49] : c'est le « groupe de Shanghai », plus tard appelé Bande des quatre. Une critique de Yao Wenyuan, l'un des « Quatre », contre la pièce La Destitution de Hai Rui de Wu Han, parue dans un journal de Shanghai en 1965, avait servi de prélude au déclenchement de la Révolution culturelle[50]. Les intellectuels, ici comme ailleurs, ont alors leur part de persécutions et d'exils, voire de suicides, comme celui de Fu Lei, célèbre traducteur. Ba Jin, qui vit à Shanghai, a laissé des souvenirs de cette période dans ses mémoires[49].
234
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+ La légende du Shanghai d'avant-guerre, occultée en Chine même après 1949, se perpétue dans le recueil de l'écrivain Bai Xianyong, exilé à Taiwan. Dans son recueil de nouvelles Gens de Taipei (1971), les personnages se souviennent du Shanghai magnifié de leur vie avant l'exil. La ville y est aussi présentée comme la capitale d'un monde déchu. Avec les années 1990, deux écrivaines shanghaiennes, Chen Danyan et Cheng Naishan explorent à nouveau la passé de la ville pour le mettre en miroir avec le présent. Ce retour au passé est aussi l'occasion d'un exotisme facile, fait de sexe et de violence, dont les romans Mengui (Shanghai Triad) de Li Xiao et Shanghai wangshi (Les Triades de Shanghai, inspiré du précédent) de Bi Feiyu sont des exemples. Le cinéma y trouve son compte, avec le film de Zhang Yimou Shanghai Triad, adapté du roman de Li Xiao, ou celui de Hou Hsiao-hsien, Les Fleurs de Shanghai, adaptation du roman de Han Bangqing. En revanche, c'est avec un personnage ordinaire, dans une histoire romantique et mélancolique, que Wang Anyi trace un portrait de la ville entre 1945 et 1985 : son roman Le Chant des regrets éternels (1995) est considéré comme l'un des meilleurs romans jamais écrits sur Shanghai. Plus récemment se sont fait connaître les « belles écrivaines », Wei Hui et Mian Mian. Wei Hui est l'auteur du roman autobiographique Shanghai Baby, où le cosmopolitisme traditionnel de Shanghai se mêle au narcissisme de l'héroïne. Ce même cosmopolitisme se retrouve dans Les Bonbons chinois de Mian Mian, roman explorant les milieux marginaux de la ville[51].
236
+
237
+ La Condition humaine d'André Malraux se déroule dans le décor de la ville. Soutenu par les étrangers des concessions, le parti nationaliste du Guomindang de Tchang Kaï chek s'apprête à écraser les communistes chinois dans la ville. Tableau historique du conflit interne chinois et réflexions sur la guerre.
238
+
239
+ Stéphane Fière dépeint, dans La Promesse de Shanghai, le destin d'un paysan contemporain arrivant à Shanghai pour y devenir manœuvre.
240
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241
+ Le journaliste Albert Londres écrit La guerre à Shanghai, avant un dernier reportage, fatal, sur les mafias de la ville.
242
+
243
+ La suite de Shanghai (Tohubohu éditions) de Bruno Birolli, qui comportent déjà deux romans Le music-hall des espions (2017) et Les terres du Mal (2019), se déroulent dans le monde des services secrets et reconstituent Shanghai pendant les années 1930.
244
+
245
+ Noël Coward rédige en 1930 Private Lives.
246
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247
+ L'Empire du soleil, de J. G. Ballard relate la prise de Shanghai par les troupes japonaises, au lendemain de Pearl Harbor. Un enfant de la ville passe trois années dans un camp de détention.
248
+
249
+ Un détective enquête sur une mystérieuse disparition dans la concession française de Shanghai, sous la plume de Kasuo Ishiguro, dans Quand nous étions orphelins.
250
+
251
+ L'album de Tintin Le Lotus bleu dépeint notamment la lutte des chinois pour leur indépendance, avec les enjeux du marché de l'opium en toile de fond.
252
+
253
+ Shanghai est le lieu de naissance de l'industrie cinématographique du cinéma chinois[52].
254
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255
+ Shanghai, ville de cinéma, a inspiré les cinéastes.
256
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257
+ Quelques acteurs/actrices shanghainais connus en Chine :
258
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259
+ Quelques autres films où le décor (réel) de Shanghai à diverses époques joue un rôle majeur :
260
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261
+ En revanche, non seulement La Dame de Shanghai, d'Orson Welles (1946), ne se déroule pas à Shanghai, mais le rapport du film avec la ville est on ne peut plus lointain.
262
+
263
+ Shanghai comprend de nombreux parcs et jardins, par example:
264
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265
+ En 2019, le métro de Shanghai comprend 15 lignes (lignes 1 à 13 et ligne 16 et 17)[53]. Il s'agit du plus grand réseau de métro au monde, en termes de longueurs des voies.
266
+
267
+ Depuis le 31 décembre 2009, Shanghai possède également un tramway.
268
+
269
+ Deux lignes de chemin de fer classiques se croisent à Shanghai, Pékin-Shanghai (京沪) et Shanghai-Hangzhou (沪杭). Depuis les années 2010, les grandes lignes à grande vitesse prennent également départ de Shanghai vers toutes les grandes villes chinoises via le réseau à grande vitesse, suivant notamment les lignes LGV Pékin - Shanghai, LGV Shanghai - Hangzhou, LGV Shanghai - Kunming, LGV Shanghai - Nankin, etc.
270
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271
+ Ces lignes ferroviaires desservent les principales gares à Shanghai : gare de Shanghai, gare de Shanghai-Hongqiao, gare de Shanghai-Ouest et gare de Shanghai-Sud.
272
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273
+ Depuis le 1er janvier 2004, la ligne de Transrapid, un train à sustentation magnétique (maglev), relie la centre-ville à Longyang Road au nouvel aéroport international de Pudong[54]. Ce train est ainsi la ligne commerciale la plus rapide au monde (431 km/h).
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+
275
+ La 2e compagnie aérienne chinoise est basée sur les aéroports de Shanghai : China Eastern Airlines.
276
+
277
+ L'aéroport international de Shanghai-Hongqiao qui se trouve dans le Puxi (ouest du Pu), dans le quartier de Hongqiao, autrefois principal aéroport, aujourd'hui majoritairement consacré aux vols intérieurs et aux vols internationaux et régionaux de l'Asie-Pacifique : Séoul, Tokyo, Macao, Taiwan et Hong Kong. Le terminal 2 de l'aéroport s'intègre dans le pôle multimodal de Hongqiao, relié directement à la gare de Shanghai-Hongqiao qui accueille les trains à grande vitesse des grandes lignes chinoises.
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+
279
+ Il est relié à l'aéroport international de Shanghai-Pudong[54] par la ligne 2 du métro qui le dessert depuis 2010. L'aéroport international de Pudong dessert principalement les vols internationaux avec actuellement deux terminaux et deux satellites et cinq pistes d'atterrissage.
280
+
281
+ Il existe un grand nombre de compagnies de taxis à Shanghai. Ceux-ci sont aisément reconnaissables à leurs lumineux rouges ou verts indiquant leur disponibilité. Ils sont de plus en plus concurrencés par les voitures de tourisme avec chauffeurs utilisant principalement l'application Didi Chuxing.
282
+
283
+ La route nationale chinoise 318 (ou G318), d'une longueur de 5 476 kilomètres, relie la ville à la frontière népalaise.
284
+
285
+ La ville est quadrillée de voies rapides surélevées, l'autoroute surélevée Yan'an et l'autoroute surélevée Nord-Sud par exemple.
286
+
287
+ Après avoir dépassé le port de Rotterdam en 2003, celui de Hong Kong en 2004, et celui de Singapour en 2005, Shanghai est devenu le port le plus actif du monde, aussi bien en termes de tonnage total traité qu'en nombre de conteneurs[55]. Le port est très engorgé, malgré l'ouverture de l'avant-port de Yangshan, avec une croissance annuelle de son trafic de 30 % : en 2008, Shanghai enregistrait un trafic de 508 millions de tonnes, contre 650 millions de tonnes en 2010. La croissance du trafic conteneurisé a été plus faible avec 28 millions d'EVP (Équivalent Vingt Pieds) en 2008 contre 29 millions en 2010.
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289
+ Une bonne partie du trafic s'effectue avec l'intérieur du pays, par les 5 000 kilomètres navigables du Yangzi Jiang : les bateaux peuvent aller de Shanghai jusqu'à Chongqing.
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291
+ Ne pouvant plus s'étendre, en 2000/2001, il fut décidé de construire un nouveau port en eau profonde sur les îles Yangshan au large de Shanghai. Ce nouveau port devant être relié au quartier de Guoyuan par un pont gigantesque — le pont de Donghai — le plus long du monde ondulant en pleine mer sur pas moins de 32,5 kilomètres avant d'atteindre son objectif, afin de suivre les hauts-fonds capables de soutenir les fondations.
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+
293
+ S'il s'agit d'un pont, pas moins de 470 piliers, et 15 portuaires, ont été posés dont certains à cent mètres de profondeur, d'un coût de 14 à 15 milliards d'euros.
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+
295
+ Selon le quotidien financier The Financial Times, daté du 3 juillet 2006, l'opérateur public du port de Shanghai, le Shanghai International Ports Group, voudrait à présent s'étendre à l'étranger, via des acquisitions en Europe, en Asie et aux États-Unis. L'un des responsables de son conseil d'administration a cependant reconnu que les projets pourraient se heurter à des oppositions politiques.
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+ Pudong.
298
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+ Temple du Buddha de Jade.
300
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+ La rue de Nankin.
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303
+ Vue panoramique du Pudong depuis le Bund.
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+
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+ Shanghai de nuit.
306
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+ Le quartier d'affaires Lujiazui ; sur la gauche, la perle de l'Orient.
308
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+ Quartier commercial de Tianzifang
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+ Quartier de Xintiandi
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+ Vue sur le pont Lupu
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+ Un manga (漫画?) est une bande dessinée japonaise.
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+
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+ Le mot « manga » est par ailleurs parfois utilisé pour désigner, par extension, une bande dessinée non japonaise respectant les codes des productions populaires japonaises ou pour nommer, par métonymie, d'autres produits visuels rappelant certaines de ces bandes dessinées (dessins animés, style graphique, etc.).
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+
5
+ Les mangas traduits en langue française se lisent généralement dans le sens d'origine (de droite à gauche). En raison du rythme élevé de parution, la plupart des mangas sont dessinés en noir et blanc.
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+ Les deux premiers pays les plus consommateurs de mangas sont le Japon et la France[1],[2],[3],[4],[5].
8
+
9
+ La personne réalisant des mangas est appelée mangaka.
10
+
11
+ Le mot japonais « manga » souvent traduit littéralement par « image dérisoire » ou « dessin non abouti », est composé de « ga » (画), qui désigne la représentation graphique (« dessin », « peinture » ou toute image dessinée — comme l'estampe), et « man » (漫), « involontaire », « divertissant », « sans but », mais aussi « exagérer », « déborder » (qui peut être interprété comme caricature), ainsi qu'« au fil de l'idée ». Ainsi on pourrait aussi bien traduire ce mot par « dessin au trait libre », « esquisse au gré de la fantaisie », « image malhabile » ou tout simplement caricature ou grotesque dans le sens de Léonard de Vinci.
12
+
13
+ Le terme devient courant à partir de la fin du XVIIIe siècle avec la publication d'ouvrages tels que Mankaku zuihitsu (1771) de Kankei Suzuki, Shiji no yukikai (1798) de Kyōden Santō ou Manga hyakujo (1814) de Minwa Aikawa. Également en 1814, Hokusai, futur graveur de La Grande Vague de Kanagawa, donne à ses recueils d'estampes parfois grotesques le titre Hokusai manga. C'est ce dernier ouvrage qui fait connaître le mot en Occident. Il aurait été ainsi choisi pour son analogie avec un terme similaire dans l'ancien temps mais dont l'écriture diffère, et qui décrit la conservation de proies dans les becs des pélicans[6] indiquant des scènes prises sur le vif — comme l'oiseau fondant sur sa proie.
14
+
15
+ Il ne prend le sens précis de « bande dessinée » qu'au cours du XXe siècle, avec l'introduction de celle-ci au Japon. Lorsqu'elle y devient très populaire, après 1945 et grâce à Osamu Tezuka, le terme s'impose pour finir par ne plus désigner qu'elle. C'est ce terme qui a été utilisé à l'étranger (France, États-Unis, Allemagne, etc.), pour caractériser la bande dessinée japonaise, dont il est devenu un synonyme, et parfois grossièrement ramené à un genre.
16
+
17
+ Le mot « manga » est pleinement intégré dans la langue française, comme l'atteste son intégration dans les dictionnaires usuels. Ceux-ci le donnent comme masculin (les mots japonais, eux, n'ont pas de genre grammatical), et c'est le genre qui prédomine largement. Toutefois, la première utilisation du mot en français revient à Edmond de Goncourt en 1895, dans une étude artistique dédiée à Hokusai[7], où il accorde « manga » au féminin pour désigner ce qu'il appela La Mangwa (sic) de l'artiste. Le terme revêtait alors plutôt le sens de « miscellanées », c'est-à-dire un recueil de nature disparate[8]. Depuis cette époque, manga a souvent été employé au féminin, et ce jusqu'à la popularisation de l'usage au masculin dans les années 1990 (notamment par les premiers journaux spécialisés et la télévision)[8]. Mais un argument en faveur de la féminisation du terme pourrait être que la locution équivalente en français, bande dessinée, est déjà de genre féminin. Plus récemment, l'auteur Frédéric Boilet parle de manga au féminin, notamment dans le cadre de son mouvement franco-japonais La Nouvelle Manga[9].
18
+
19
+ Manga s'écrit mangas au pluriel, selon la règle du pluriel des mots étrangers intégrés dans la langue française (les dictionnaires actuels ne donnent d'ailleurs pas le mot comme invariable)[10].
20
+
21
+ Les mangas se lisent originellement de droite à gauche (ce qui correspond au sens de lecture japonais), en commençant par la dernière page. Cela amène une certaine confusion puisque la lecture des mots se fait alors dans le sens inverse de celui des cases (ce qui n'est pas le cas au Japon). Introduits en France en 1978 avec la revue Le cri qui tue, les mangas ne sont publiés dans ce sens que depuis 1995 environ. Toutefois, les éditeurs français ne se plient pas systématiquement à cette spécificité. Certains choisissent alors de simplement retourner les images, ce qui occasionne des incohérences pouvant sembler douteuses (un droitier qui devient gaucher, un coup porté au cœur qui perd son sens). D'autres adaptent entièrement les ouvrages en retournant seulement certaines images, en changeant la mise en page et en redessinant certains éléments graphiques, ce qui a pour mérite de faire correspondre la forme des phylactères avec l'horizontalité des systèmes d'écriture occidentaux (Casterman notamment, dans sa collection Écritures), mais génère toutefois un surcoût significatif.
22
+
23
+ La plupart des éditeurs français ont actuellement adopté le sens de lecture japonais, dans un but d'économie et de respect de l'œuvre. Cela les expose à se couper d'un lectorat plus large (notamment âgé) que les habitués du genre. Depuis son « invention » par Rodolphe Töpffer en 1827, la bande dessinée occidentale a été codifiée pour une lecture exécutée de gauche à droite et le lecteur risque donc de lire la fin d'une action ou d'un gag avant le début. Cependant, la vague de démocratisation qu'a connu le manga en France auprès des jeunes a fait qu'ils sont désormais plus habitués à un autre sens de lecture.
24
+
25
+ Le sens de lecture japonais est également devenu le standard de lecture des mangas aux États-Unis depuis le début des années 2000.
26
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27
+ En 2002 le marché du manga représentait 22,6 % des bénéfices de l'industrie éditoriale japonaise et 38,1 % des livres et magazines publiés au Japon étaient des mangas[11]. Le volume de vente de mangas au Japon représentait quant à lui, en 2006, environ 27 % du total des livres vendus au Japon[12]. Le marché du manga génère ainsi une importante activité économique pour le pays avec un bénéfice de 40,67 milliards de yens pour l'année 2007[13], et il est estimé que près d'un Japonais sur douze lit au moins une fois un manga par semaine[11].
28
+
29
+ La grande popularité des mangas rivalise avec les grands noms de la bande dessinée européenne ; ainsi, les 42 tomes de Dragon Ball se sont vendus à plus de 230 millions d'exemplaires dans le monde[14],[15] et les 95 tomes de One Piece se sont vendus à plus de 430 millions d'exemplaires dans le monde[16], un chiffre qui surpasse celui enregistré par Les Aventures de Tintin avec 24 albums édités à plus de 200 millions d'exemplaires. Rien qu'au Japon, le tirage de One Piece dépasse les 360 millions d'exemplaires à la sortie du tome 86 le 4 août 2017[16].
30
+
31
+ Les mangas sont vendus moins chers au Japon qu'en Europe, leur prix avoisinant les 500 yens (5,23 euros en juillet 2012), alors qu'en France, le prix d'un manga se situe généralement entre 6 et 15 euros selon le format et les éditions. Les mangas publiés dans les magazines de prépublication sont considérés au Japon comme des objets de grande consommation plutôt que comme des objets de valeur. Cependant, des éditions reliées et brochées à l'image de celles paraissant en Occident, sont destinées à être collectionnées et conservées.
32
+
33
+ Depuis son ouverture en novembre 2006, le musée international du manga de Kyoto offre une impressionnante collection de mangas (plus de 300.000 volumes en 2012, sachant que la collection est amenée à évoluer).
34
+
35
+ Le manga, bien que très ancré dans la culture japonaise moderne, trouve ses prémices dans la peinture narrative qui apparaît à l'époque de Nara, avec l'apparition des premiers rouleaux narratifs peints japonais : les emakimono. Ces œuvres associaient en effet des peintures à des textes calligraphiés qui assuraient, ensemble, le récit d'une histoire que l'on découvrait au fur et à mesure que se déroulait le rouleau[17]. Le premier des emakimono, l’E inga kyō (絵因果経?), illustration d'un sûtra, était la copie d'une œuvre chinoise et marquait une nette séparation entre le texte et la peinture. Pourtant, durant l'époque de Heian apparaissent les premiers emakimono de goût japonais (le style yamato-e), dont l'emaki du Genji monogatari datant du XIIe siècle est l'un des plus anciens représentants conservés[18]. Ces derniers faisaient souvent intervenir de courts textes explicatifs après de longues scènes peintes. Les Chōjū-giga, soient « caricatures de la faune », une satire anthropomorphique, sont constitués uniquement de dessins à l'encre[19]. Cette priorité accordée à l'image – qui peut assurer seule la narration – est aujourd'hui une des caractéristiques les plus importantes du manga.
36
+
37
+ De même, lors de la période Edo, les estampes étaient d'abord destinées à l'illustration de livres, mais, très vite, le rapport de force s'inversa et l'on vit l'apparition de « livres à lire » en opposition avec les « livres à regarder », les kusazōshi tels que le kibyōshi. Puis vint la disparition relative des écrits complémentaires et la naissance de l'estampe « indépendante » en une seule illustration, qui est la forme la plus fréquente de l’ukiyo-e. C'est d'ailleurs Katsushika Hokusai (1760-1849), le fondateur de l'estampe de paysage, qui donna son nom au manga (littéralement « dessins grotesques »), nommant ainsi ses célèbres caricatures les Hokusai Manga, qu'il publia de 1814 à 1834 à Nagoya.
38
+
39
+ Enfin, et notamment dans le manga de type shōjo, l'Art nouveau occupe une place prépondérante parmi les influences des mangaka, tout en sachant que ce mouvement a été provoqué en partie par le japonisme en Europe, à la suite de la découverte des estampes par les Occidentaux[20].
40
+
41
+ Pendant la restauration Meiji, à partir de 1868, l’ouverture obligatoire du Japon au commerce extérieur s’accompagne d’une modernisation rapide du pays sous influence occidentale. De nombreux étrangers sont attirés au Japon pour enseigner les sciences et technologies occidentales et de riches Japonais voyagent en Europe. Edo, rebaptisée Tokyo, voit ses rues, éclairées par des réverbères, se peupler de pousse-pousse sans oublier les bicyclettes d'importation. C'est la création du yen et l'interdiction du chonmage (丁髷?, chignon traditionnel) et du port du shin-shintō (新新刀?, sabre). L'usage du kimono et du hakama (pantalon traditionnel) diminue au profit du costume occidental accompagné du chapeau et du parapluie, pour les hommes, et d'une coiffure européenne pour les femmes.
42
+
43
+ Les deux seuls quotidiens existants au début des années 1860 étaient à destination de la colonie étrangère, le Nagasaki Shipping List and Advisor (bihebdomadaire de langue anglaise) et le Kampan Batavia Shinbun (Journal officiel de Batavia). La presse japonaise naît avec le Yokohama Mainichi Shinbun en 1871 et le Tokyo Nichinichi Shinbun en 1872. C'est le Shinbun Nishikie, créé en 1874, qui introduit le premier les estampes dans la presse japonaise.
44
+
45
+ La presse japonaise se transforme aussi sur le modèle de la presse anglo-saxonne avec l’apparition des dessins d’humour sur le modèle américain et des caricatures à la mode britannique à partir de 1874 avec le E-Shinbun Nipponchi, créé par Kanagaki Robun et Kawanabe Kyōsai, et surtout avec le Marumaru Shinbun créé par Fumio Nomura (野村 文夫, Nomura Fumio?) qui a fait une partie de ses études en Grande-Bretagne. Imprimé entre 1877 et 1907, il publie des dessins de Kinkichirō Honda (本多 錦吉郎, Honda Kinkichirō?) et de Kiyochika Kobayashi, créateur d'estampes ukiyo-e, qui fut élève de Charles Wirgman[21].
46
+
47
+ Wirgman fait partie de ces trois Européens qui ont une influence certaine sur l'avenir de la bande dessinée et du manga. Ce caricaturiste anglais arrive à Yokohama en 1861, et l'année suivante il crée un journal satirique, The Japan Punch, dans lequel il publie jusqu'en 1887 nombre de ses caricatures, dans lesquelles il utilise des balloons[22]. Il enseigne en même temps les techniques occidentales de dessin et de peinture à un grand nombre d'artistes japonais comme Takahashi Yuichi[23].
48
+
49
+ Autre caricaturiste, le français Georges Ferdinand Bigot arrive à Yokohama en 1882, il enseigne les techniques occidentales du dessin et de l'aquarelle à l'École militaire de la ville[22]. Parallèlement, il publie des caricatures dans des journaux locaux et édite des recueils de gravure. En 1887, il crée lui aussi une revue satirique, Tôbaé, alors que Wirgman arrête la sienne, dans laquelle il démontre sa maîtrise de la technique narrative en introduisant la succession des dessins dans des cases au sein d'une même page. Il part en Chine en 1894 pour couvrir pour The Graphic de Londres le conflit sino-japonais. De retour en France en 1899, il collabore comme illustrateur pour l'imagerie d'Épinal[24].
50
+
51
+ C'est à cette période qu'un fils d'enseignant hollandais dans une mission de Nagasaki quitte le Japon pour suivre des cours d'art à Paris, où il tente quelques bandes dessinées dans le Chat noir avant de s'exiler aux États-Unis. C'est là que Gustave Verbeck dessine un des strips les plus originaux de l'histoire de la bande dessinée, The Upside-Downs of Little Lady Lovekins and Old Man Muffaroo. Le strip de quatre cases se lit dans le sens normal de lecture de gauche à droite puis l’histoire se continue en retournant tête-bêche le journal et en relisant les cases dans le sens inverse, lady Lovekins se transforme alors en old man Muffaroo, le chapeau de l’une devenant la barbe de l’autre[25].
52
+
53
+ C'est le caricaturiste australien Frank Arthur Nankivell qui travaille pour le Box of Curios (ボックス・オブ・キュリオス, Bokkusu obu kyuriosu?), publié à Yokohama par E. B. Thorne, qui initie Yasuji Kitazawa, qui ne s'appelle pas encore Rakuten Kitazawa, à la caricature. En 1899, il quitte Box of Curios pour rejoindre le Jiji Shinpō (時事新報?) créé par l'intellectuel Yukichi Fukuzawa, désireux de développer le mode satirique au Japon. C’est Kitazawa qui reprend le terme de manga pour désigner ses dessins, il se désigne lui-même comme mangaka (dessinateur de mangas)[26]. Le premier manga considéré comme tel date de 1902. Il s’agit d’une histoire dessinée par Kitazawa dans les pages illustrées du supplément du dimanche du Jiji Shinpō. Kitazawa s’inspire beaucoup de la culture européenne, son premier manga reprend le thème de l’arroseur arrosé[22]. Le supplément du Jiji Shinpō prend rapidement le nom de Jiji Manga (時事漫画?).
54
+
55
+ En 1905, Kitazawa crée son premier magazine le Tokyo Puck (東京パック?) en s'inspirant de l'américain Puck et du Rire français. Ce magazine en couleurs paraît deux à trois fois par mois et contient des textes en japonais, chinois et anglais, des caricatures et un manga en six cases de Kitazawa. Plusieurs fois censuré pour ses caricatures féroces contre le pouvoir, il crée en 1912 deux nouveaux magazines, Rakuten Puck (楽天パック?) et Katei Puck (家庭パック?). Mais c'est en 1908 que Kitazawa innove dans la presse japonaise en publiant Furendo (フレンド?, Amis), un magazine en couleurs exclusivement réservé aux enfants. Devant le succès, il renouvelle l'expérience en 1914 en créant la revue Kodomo no tomo (子供之友?) dans laquelle il dessine L'enfance de Toyotomi Hideyoshi[27]. Ce succès allait marquer le marché des mangas pour longtemps[28]. En 1914 paraît Shōnen Club (少年倶楽部?, Le Club des garçons), en 1923 Shōjo Club (少女倶楽部?, Le Club des filles) et en 1926 Yōnen Club (幼年倶楽部?, Le Club des jeunes enfants)[29]. En 1929, Kitazawa entreprend un long voyage en Europe, en Afrique et aux Amériques. De passage à Paris en 1929, il expose en présence de Léonard Foujita et y reçoit la Légion d'honneur[22].
56
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57
+ À la fin de l'ère Meiji, à l'ère Taishō (1912-1926), Ippei Okamoto (岡本 一平, Okamoto Ippei?) dessine des mangas pour le quotidien Asahi Shinbun. Il est l'un des inspirateurs du mouvement des « Nouveaux représentants progressistes du manga » qui introduit au Japon les comics, entre autres Bringing up Father (La famille Illico) de Geo McManus paraît dans Asahi Gurafu (アサヒグラフ?). Si à cette époque tous les mangas utilisent plus ou moins la bulle, il y a encore beaucoup de texte écrit dans les dessins. Le premier à généraliser l'emploi de la bulle est Katsuichi Kabashima (樺島 勝一, Kabashima Katsuichi?) qui dessine Les Aventures de Shōchan (正チヤンの冒険, Shōchan no bōken?) accompagné de son écureuil dans le premier numéro de Asahi Gurafu en 1923[19],[30].
58
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+ C'est Okamoto qui invente le terme de manga kisha (漫画記者?, journaliste de manga) et qui crée la première association de mangaka appelée Tokyo manga kai (東京漫画会?, Rencontres des mangas de Tokyo) en 1915, qui devient en 1923 le Nihon manga kai (日本漫画会?, Rencontres des mangas du Japon) et en 1942 le Nihon manga hōkōkai (日本漫画奉公会?, Rencontres au service des mangas du Japon) avec pour premier président Kitazawa[31].
60
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+ La satire et la caricature sont féroces envers le pouvoir en place et, en 1925, le gouvernement établit une censure en promulguant une « Loi de préservation de la paix ». La presse japonaise devient « politiquement correcte » mais la publication de mangas se développe. Des magazines féminins comme Shufu no tomo (主婦の友?, L'ami des ménagères) ou Fujin Club (婦人倶楽部?, Le Club des femmes) publient aussi des mangas à destination de leurs lectorats ou pour des mères de familles qui lisent ces mangas à leurs enfants[29].
62
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+ À partir de la guerre sino-japonaise, et comme plus tard aux États-Unis ou en Italie, la presse, y compris les mangas, se met au service de l'État pour soutenir l'effort de guerre. Ainsi le très militariste Norakuro (のらくろ?) de Suihō Tagawa nous montre un chien paresseux engagé dans l'armée impériale, première série longue[19]. C'est comme cela que les Japonais lisent aussi les aventures de Speed Tarō (スピード太郎, Supīdo Tarō?) de Sakō Shishido (宍戸 左行, Shishido Sakō?), qui déjoue toutes sortes de conjurations étrangères, et celles de Dankichi dans Bōken Dankichi (冒険ダン吉?, « Les Aventures de Dankichi ») de Keizō Shimada (島田 啓三, Shimada Keizō?). Ce seront les séries les plus populaires au Japon jusqu'au milieu des années 1940 pendant lesquelles toute la presse ainsi que toutes les activités culturelles et artistiques subissent la censure du gouvernement militaire, ce dernier n'hésitant pas à mobiliser ces milieux à des fins de propagande.
64
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+ Sous l'occupation américaine, les mangakas d'après-guerre subissent l'énorme influence des comic strip qui sont alors traduits et diffusés en grand nombre dans la presse quotidienne japonaise. Sazae-san de Machiko Hasegawa sera le premier grand succès d'après-guerre[19]. Cette génération a vu ses villes rasées, ses pères vaincus, son empereur déchu de sa divinité, et ce que leurs idéologies véhiculaient jeté dans les poubelles de l'Histoire par les vainqueurs[32]. Les bombardiers B29, les avions invulnérables, et les jeeps armées apparaissent dans la vision des futurs mangaka encore adolescents. Après sa défaite, le Japon s'est reconstruit au prix d'un lourd sacrifice ; d'ailleurs dans les mangas apparaît souvent la devise de Shōnen Jump : « Amitié, effort, victoire » (devise choisie par les lecteurs).
66
+
67
+ L'un d'entre eux, influencé par Walt Disney, révolutionnera le genre et donnera naissance au manga moderne : il s'agit du célèbre Osamu Tezuka. C'est en effet Tezuka qui introduira le mouvement dans la bande dessinée japonaise par des effets graphiques comme des traits ou des onomatopées soulignant toutes les actions comportant un déplacement, mais aussi et surtout par l'alternance des plans et des cadrages comme il en est usage au cinéma, rompant ainsi avec une tradition théâtrale, les personnages étant jusque-là toujours représentés en pied, à égale distance et au centre de l'image. On considère généralement Shin-Takarajima (新宝島?, lit. « La nouvelle île au trésor »), parue en 1947, comme marquant le début du manga moderne.
68
+
69
+ L'animation étant la véritable passion de Tezuka, il réalisa la première série d'animation japonaise pour la télévision en janvier 1963, d'après l'une de ses œuvres : Tetsuwan Atom (鉄腕アトム, Tetsuwan Atomu?), plus connue en France sous le nom d'Astro, le petit robot. Finalement, le passage du papier au petit écran devint courant et l'aspect commercial du manga prit de l'ampleur. Tezuka bouleversa le mode d'expression du manga, en explora les différents genres – alors principalement infantiles – et en inventa de nouveaux. Il inspira de nombreux artistes tels que le duo Fujiko Fujio (Obake no Q-tarō, Doraemon), Fujio Akatsuka (Tensai bakabon) et Shōtarō Ishinomori (Cyborg 009, Kamen Rider) qui se succédèrent au Tokiwasō, voire Leiji Matsumoto (Galaxy Express 999)[19].
70
+
71
+ Les années 1960 voient l'émergence de mangas plus dramatiques dans lesquels sont abordés des sujets plus « sérieux » et réalistes, appelés gekiga[19]. Initié par Yoshihiro Tatsumi et Takao Saitō (Golgo 13), le style influencera notamment Sampei Shirato (Ninja bugeichō, Kamui den), Shigeru Mizuki (Kitaro le repoussant) et le duo Tetsuya Chiba/Asao Takamori (Ashita no Joe), la plupart de ces auteurs participant au magazine d'avant-garde Garo[19].
72
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73
+ En 1964 naît l'association des mangaka du Japon (日本漫画家協会, Nihon mangaka kyōkai?), qui décerne des prix annuels à partir de 1972.
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75
+ Dans les années 1970, le manga pour filles, écrit par des femmes (shōjo) se développe à l'initiative du groupe de l'an 24, notamment Moto Hagio (Poe no ichizoku) et Keiko Takemiya (Kaze to ki no uta), puis de Riyoko Ikeda (La Rose de Versailles), Suzue Miuchi (Glass no Kamen), et Yumiko Igarashi et Kyoko Mizuki (Candy Candy)[19]. Mettant en avant les relations psychologiques des personnages, il se détache des mangas pour garçons (shōnen)[19].
76
+
77
+ En 1985, Tezuka Osamu reçoit le prix culturel de Tokyo, et en 1990, un an après sa mort, le Musée d'art moderne de Tokyo lui consacre une exposition. Cet événement marque l'introduction du manga dans l'histoire culturelle japonaise.
78
+
79
+ Ainsi, les mangas « grandissant » en même temps que leurs lecteurs et se diversifiant selon les goûts d'un public de plus en plus important, l'édition du manga représente plus d'un tiers par ses tirages, et près d'un quart par ses revenus, de l'ensemble de l'édition japonaise. En 2008, sur 3,2 milliards de publications vendues au Japon (2 000 milliards de yens), on comptabilisait 669 millions de magazines de manga (21 % des publications) et 478 millions de recueils de manga (15 %), pour un chiffre d'affaires respectif de 211 et 237 milliards de yens (22 % des ventes totales), chiffre relativement stable depuis le début des années 1990[33],[34]. Les hommes de moins de 30 ans lisent environ six mangas par mois, contre trois pour les femmes[33]. La vente de mangas numériques représentait déjà en 2008 3/4 des ventes de livres électroniques avec 35 milliards de yens[33].
80
+
81
+ Le manga va plus loin, il en existe des jeux de cartes, des jouets, des jeux vidéo, des films d'animation et des films ; ces derniers pouvant même être à l'origine d'un manga (comme c'est le cas avec Pokémon qui était à l'origine un jeu vidéo). Il est devenu un véritable phénomène de société puisqu'il touche toutes les classes sociales et toutes les générations, traitant de tous les thèmes imaginables : la vie à l'école, celle du salarié, le sport y compris cérébral tel le jeu de go, l'amour, la guerre, l'épouvante, jusqu'à des séries plus didactiques comme la littérature classique, l'économie et la finance, l'histoire, la cuisine et même le code de la route, dévoilant ainsi ses vertus pédagogiques.
82
+
83
+ La génération des baby-boomers français a pu lire de la BD franco-belge pendant toute son enfance et son adolescence. La génération suivante [réf. souhaitée], s'est jetée sur le manga qui, selon Jean-Marie Bouissou, a vocation à être un produit global[35] en proposant beaucoup de séries propres à intéresser les clientèles les plus diverses par l'âge, le sexe et les goûts, à la différence de la BD mais aussi des comics américains.
84
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85
+ Il existe une volonté de la part du Japon de faire découvrir au reste du monde sa bande dessinée. À la fin de l'année 1970, une rétrospective sur les mangas est organisée au cœur même de Paris, au drugstore Publicis de St-Lazare, à la demande de l'ambassade du Japon si on en croit l'article sur les mangas paru dans le numéro 21 de la revue Phénix de 1972 et rédigé par Claude Moliterni et Kosei Ono[36].
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+ La bande dessinée japonaise est très peu présente dans le monde francophone avant 1978 : quelques planches de Bushidou Muzanden d'Hiroshi Hirata dans Budo Magazine Europe, publication consacrée au judo, en 1969, plusieurs mangas sur les samouraïs traduits et publiés au début des années 1970 dans la nouvelle formule de Budo magazine Europe et l'article « La Bande dessinée japonaise » de Claude Moliterni et Kosei Ono qui lui est consacré en 1972 dans Phénix[37]. En 1978, Atoss Takemoto publie le premier numéro du Cri qui tue, fanzine d'assez mauvaise qualité (impression, choix des bandes). On y retrouve dans les six numéros qui paraissent jusqu'en 1981 Golgo 13 de Takao Saito, Le Système des Super Oiseaux d'Osamu Tezuka, Good bye de Yoshihiro Tatsumi et des histoires de Shōtarō Ishinomori, Fujiko Fujio, Masashi Ueda. Toutes les planches sont adaptées au sens de lecture européen.
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+ En 1979, Kesselring, associé à Takemoto, publie le premier album : Le vent du nord est comme le hennissement d'un cheval noir de Shōtarō Ishinomori. Le format choisi, supérieur à la norme européenne, met peu en valeur les particularités du format japonais, le lettrage est bâclé : comme le premier périodique, le premier album est un échec. En 1982, les éditions Télé-Guide, désireuses de profiter du succès de la série animée Candy, publient avec succès la bande dessinée originelle de Yumiko Igarashi et Kyoko Mizuki dans les douze numéros de Candy Poche. C'est pourtant dans les années 1980 le seul manga adapté en dessin animé à faire l'objet d'une traduction, les autres adaptations étant le fait de studios français, afin d'éviter de payer des droits d'auteurs.
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+ En 1983, le premier volume de Gen d'Hiroshima de Keiji Nakazawa est publié par Les Humanoïdes associés dans la collection « Autodafé », dans une édition correcte, mais qui ne rencontre aucun succès. De même, l’Hiroshima de Yoshihiro Tatsumi édité par Artefact en 1983 ne trouve pas son public. Les éditeurs sont alors refroidis par l'expérience et, dans un contexte de récession, plus aucune bande dessinée japonaise n'est éditée en album jusqu'à Akira, hormis en 1989 chez Albin Michel le premier tome des Secrets de l'économie japonaise en bandes dessinées d'Ishinomori.
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+ Les premiers mangas pornographiques sont traduits, avec la publication chez Idéogram dans les onze numéros de la revue Mutant, de janvier 1985 à janvier 1986, d'Androïde, de Sesaku Kanō et Kazuo Koike et celle dans Rebels no 3 (juin 85) à 9 (janvier 86) de Scorpia de M. Yuu et K. Kazuya.
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+ L'absence de traduction de ce que les spécialistes savent être le premier marché de la bande dessinée suscite cependant les interrogations de Thierry Groensteen en 1985[38] et la publication de divers articles dans Les Cahiers de la bande dessinée.
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+ À partir de mars 1990, encouragé par les chiffres corrects réalisés par le film Akira, Glénat décide de traduire et publier Akira, de Katsuhiro Ōtomo, en fascicules, d'après l'édition colorisée en Amérique. Le renouvellement massif des codes du manga qu'introduit cette œuvre permet au succès d'être cette fois au rendez-vous, et l'édition cartonnée en couleur voit le jour dès la fin de l'année. En décembre 1990, le premier volume de Gen d'Hiroshima fait l'objet d'une nouvelle édition chez Albin Michel, avec le titre Mourir pour le Japon, sans beaucoup plus de succès qu'en 1983. En 1991, Rêves d'enfants, autre série d'Ōtomo, est éditée en 1991 par Les Humanoïdes Associés, avec beaucoup moins de succès qu'Akira (ce qu'on peut expliquer par le fait qu'il n'y a pas d'adaptation animée de ce manga).
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+ En septembre 1990, s'inspirant des exemples étrangers (par exemple Protoculture Addicts au Canada en 1987 et Yamato en Italie en mars 1990), naît Mangazone, le premier fanzine d'information sur la bande dessinée japonaise en France. Il est tiré à 700 exemplaires et connaît huit numéros avant sa disparition en 1994, ses éditeurs préférant se consacrer à leur autre production Scarce[39]. En mars 1991 naît AnimeLand, fanzine luxueux qui remplace Mangazone comme référence francophone[40].
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+ Alors que de plus en plus de voix s'élèvent pour protester contre les animes, toujours plus présents dans les programmes jeunesse, Glénat, une fois Akira achevé, publie d'autres mangas originaux d'animes à succès : Dragon Ball d'Akira Toriyama en février 1993, Ranma ½ de Rumiko Takahashi en février 1994. La réussite de l'entreprise permet à Glénat de traduire d'autres mangas, liés ou non à un anime : Appleseed de Masamune Shirow à partir de juin 1994, puis Orion du même auteur en septembre, Crying Freeman de Ryōichi Ikegami en janvier 1995, Dr Slump de Toriyama et Sailor Moon de Naoko Takeuchi en février, Gunnm de Yukito Kishiro en mars.
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+ En 1994, les éditions Tonkam sont créées et deviennent rapidement le premier grand éditeur français spécialisé dans le manga. Ils publient notamment les séries du groupe CLAMP (RG Veda en juin 1995) et sont les premiers à publier les mangas dans le sens de lecture japonais, à la fois pour des raisons de coût et d'int��grité de l'œuvre[41], disposition qui devient assez rapidement la norme, sauf dans quelques cas particuliers (comme la collection « Écritures » de Casterman).
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+ D'autres éditeurs traditionnels commencent à s'intéresser au manga. Casterman publie d'abord dans sa collection « Manga » créée en janvier 1995 deux bandes dessinées créées au Japon par des auteurs français (Kiro d'Alex Varenne puis en septembre Au Nom de la famille de Jerome Charyn et Joe Staton) avant de publier en septembre Gon de Masashi Tanaka, L'Habitant de l'infini d'Hiroaki Samura et L'Homme qui marche de Jirō Taniguchi. « Casterman manga » accueille de nouveaux titres de qualité jusqu'en 1999, avant d'être remplacée par des collections plus spécialisées par la suite. Dark Horse France publie Outlanders (en) de Johji Manabe (en) de janvier 1995 à janvier 1996. J'ai lu lance également sa collection manga en 1996, avec City Hunter et Fly. Dargaud se lance également en créant la collection Kana avec Angel Dick puis Armagedon de la coréenne Hyun Se Lee[42].
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+ Des éditeurs spécialisés naissent également (en plus de Tonkam déjà cité) : Samouraï Éditions, qui publie des mangas érotiques à partir de 1994 (Ogenki Clinic d'Inui Haruka) puis des mangas plus traditionnels l'année suivante (Vampire Miyu de Narumi Kakinouchi (en) et Toshiki Hirano), l'éphémère Star Comics en janvier 1995 avec Takeru de Buichi Terasawa, Kraken en avril (avant de disparaître l'année suivante) avec l'ambitieux Shang Hai Kaijinzoku de Takuhito Kusanagi puis Les Élémentalistes de Takeshi Okazaki ou encore Vaelber Saga de Nobuteru Yūki.
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+ La vague est lancée : Animeland devient en 1996 avec son vingt-deuxième numéro le premier magazine consacré à l'animation et aux mangas diffusé en kiosque, de plus en plus d'éditeurs se joignent aux précurseurs, tandis que d'autres séries à grand succès sont traduites : d'une petite dizaine en 1994, ce sont plus d'une quarantaine de séries différentes qui sont publiées ou lancées en 1996 (pour 105 albums, par Tonkam, Glénat et J'ai lu principalement), parmi lesquelles Nicky Larson de Tsukasa Hōjō, Fly de Koji Inada, Riku Sanjo et Yuji Horii, Ghost in the Shell de Shirow, Amer Béton de Taiyō Matsumoto, Bastard !! de Kazushi Hagiwara, Le Roi Léo, Astroboy et Blackjack d'Osamu Tezuka. En 1997 apparaissent Détective Conan de Gosho Aoyama, 3×3 Eyes de Yūzō Takada, Sanctuary de Ryōichi Ikegami et Sho Fumimura, Ah! My Goddess de Kōsuke Fujishima, en 1998 Neon Genesis Evangelion de Yoshiyuki Sadamoto, Cat's Eye de Tsukasa Hojo, Kenshin le vagabond de Nobuhiro Watsuki, Yu-Gi-Oh! de Kazuki Takahashi ainsi que les premières réalisations de Naoki Urasawa, en 1999 Ken le Survivant de Tetsuo Hara et Buronson, Captain Tsubasa de Yōichi Takahashi, Cardcaptor Sakura de CLAMP, Slam Dunk de Takehiko Inoue.
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+ Le marché continue à croître à un rythme soutenu : 151 albums en 1998, 200 en 1999[43], 227 en 2000, 269 en 2001[44]. À partir de 1999, Kana s'affirme comme le quatrième grand acteur du secteur. Cependant, alors qu'à cette date les principales séries japonaises à succès des années 1980 et 1990 sont traduites, et qu'elles atteignent parfois d'enviables chiffres de vente (au début du millénaire 120 000 exemplaires par volume de Dragon Ball[43], environ 20 000 pour les séries les plus populaires[44]), que les magazines dédiés vont commencer à se multiplier, que les rencontres d'amateurs ont de plus en plus de succès, qu'Internet va favoriser le développement des mangas, le monde de la bande dessinée tel que le laisse percevoir le Festival d'Angoulême laisse peu de place à cette émergence, et les éditeurs alternatifs lui restent globalement indifférents, laissant inconnu du public le large patrimoine de bandes dessinées d'auteur japonaises, hormis Taniguchi. Des séries plus récentes sont alors traduites, et remportent également un grand succès : en 2000 Hunter × Hunter de Yoshihiro Togashi, Shaman King de Hiroyuki Takei, One Piece d'Eiichirō Oda, en 2001 Great Teacher Onizuka de Tōru Fujisawa, I¨s de Masakazu Katsura, Samurai deeper Kyo d'Akimine Kamijyō, Angel Sanctuary de Kaori Yuki, Monster de Naoki Urasawa, en 2002 Love Hina de Ken Akamatsu, Gunnm Last Order de Kishiro, Fruits Basket de Natsuki Takaya, Naruto de Masashi Kishimoto, Bleach de Tite Kubo.
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+ Le premier festival de bande dessinée et d'animation japonaises, la Japan Expo, est créé en 1999. Il se tient au centre des nouvelles industries et technologies (CNIT) en 2003 et 2004, puis au parc des expositions de Paris-Nord Villepinte, où il attire en 2012 plus de 200 000 personnes.
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+ À partir de 2002, la hausse de la part des bandes dessinées asiatiques dans le marché des nouveautés s'accélère, à la fois en valeur absolue (377 en 2002, 521 en 2003[46], 754 dont 614 mangas en 2004[47]) et relativement (25 % en 2002, 30 % en 2003[46], 36 % en 2004, 42 % en 2005[47], 44 % en 2006, environ 42 % en 2007[48]). Les mangas restent les bandes dessinées asiatiques les plus vendues (les vingt plus gros tirages sont japonais en 2005[réf. souhaitée]), leur coût par tome plus faible et leur périodicité plus régulière que celle des bandes dessinées occidentales leur permet de toucher un public fidélisé, d'autant que les éditeurs peuvent sélectionner les bandes dessinées qui ont déjà passé l'épreuve du public au Japon. La plupart créent des collections dédiées, voire tentent de lancer des mangas « à la française ». En 2003, le tirage des quinze plus grandes séries oscille entre 25 000 et 60 000 (Yu-gi-oh, et Naruto en 2004) exemplaires[46], en 2007 Naruto est imprimé à 220 000 exemplaires, Death Note à 137 000, et le fonds reste attractif (avec Dragon Ball surtout). En valeur, le marché est détenu à 80 % par Pika, Kana et Glénat[47]. En 2003, pour la première fois, un manga obtient un prix au festival d'Angoulême : Quartier lointain, de Taniguchi, pour le prix du scénario. C'est un début de reconnaissance.
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+ En 2005, la forte part des mangas édités dans le marché de la bande dessinée francophone a fait écrire à Gilles Ratier que 2005 avait été en France « l'année de la mangalisation »[47], sans qu'il s'en offusque, contrairement à d'autres acteurs du secteur[Qui ?]. 1 142 bandes dessinées asiatiques (soit 42 % des nouveautés) sont en effet éditées en 2005 dont 937 mangas[47], et 1 418 en 2006 (soit 44 % des nouveautés), dont 1 110 mangas[49]. Les tirages à la nouveauté des bandes dessinées japonaises les plus populaires n'ont plus rien à envier à ceux des bandes dessinées traditionnelles populaires : 130 000 exemplaires pour Naruto, 80 000 pour Samurai deeper Kyo ou Fullmetal Alchemist (de Hiromu Arakawa, traduit à partir de 2005), 70 000 pour Gunnm Last Order, Hunter × Hunter, Yu-Gi-Oh!, Fruits Basket et Shaman King, 65 000 pour Neko Majin de Toriyama, 60 000 pour Air Gear (d'Ōgure Ito, traduit à partir de 2006) et One Piece d'Eiichirō Oda[49]. Début 2006, la France est, avec plus de 13 millions d'exemplaires annuels, le plus gros « consommateur » de mangas au monde après le Japon et devant les États-Unis[50]. Les mangas représentent 26 % du chiffre d'affaires de la bande dessinée et constituent la plus forte progression derrière la fiction jeunesse, se plaçant en deuxième position des secteurs de l'édition les plus dynamiques. De plus, sur le marché français, seulement dix séries mangas concentrent 50 % des ventes[51].
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+ Parallèlement à ce succès populaire, les maisons d'éditions commencent à développer l'édition patrimoniale[52] : Vertige Graphic réédite Gen d'Hiroshima et publie Yoshihiro Tatsumi, un des pères du gekiga à partir de 2003, Ego comme X traduit L'Homme sans talent de Yoshiharu Tsuge en 2004, Cornélius publie Shigeru Mizuki depuis 2006, avec succès puisque NonNonBâ obtient le Prix du meilleur album à Angoulême en 2007, respectabilité qui avalise la forte pénétration de la bande dessinée japonaise sur le marché français. La bande dessinée d'auteur pour adultes, représentée d'abord par Jirō Taniguchi et Naoki Urasawa, se développe à partir de 2002, tandis que les jeunes auteurs les plus novateurs le sont, hormis Taiyō Matsumoto publié dès 1996, à partir de 2005[53]. L'intérêt pour le manga pousse des éditeurs à s'intéresser également aux bandes dessinées coréenne et chinoise.
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+ En 2010, Kana et Glénat sont toujours leaders dans le domaine du manga, fort du succès de Naruto et One Piece qui sont les bandes dessinées les plus vendues de l'année toutes catégories confondues, mais ils perdent du terrain à l'avantage de maisons d'édition comme Pika Édition, Ki-oon ou Kazé, qui se fait une grande place dans le marché depuis son rachat en 2009 par Shōgakukan et Shūeisha[54]. Certains éditeurs comme Tonkam, Panini ou encore Delcourt enregistrent des baisses très importantes, tandis que la petite maison d'édition Doki-Doki enregistre la plus grande progression de l'année[54]. Pluto, Bakuman. et Monster Hunter Orage (par Hiro Mashima) sont les trois nouvelles licences les plus populaires en 2010[55].
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+ En 2011, le trio de tête reste identique, mais Glénat passe largement en tête devant Kana, du fait de la montée des ventes de One Piece et du rythme de parution plus lent (3 tomes par an) de Naruto[56]. Glénat affiche donc une forte hausse (+13,3 %), alors que ses deux concurrents directs Kana et Pika Édition affichent des baisses (-17 % pour Kana et -2,9 % pour Pika)[56]. Kurokawa, Kazé et Ki-oon continuent leurs progressions et représentent à eux trois environ 20 % des ventes de manga en France, avec notamment la fin de Fullmetal Alchemist ou le novateur Les Vacances de Jésus & Bouddha pour Kurokawa, l'arrivée de titres comme Blue Exorcist, Beelzebub ou Toriko pour Kazé et de Judge, Pandora Hearts ou Bride Stories chez Ki-oon, mais également avec l'arrivée d'un catalogue pour les enfants plus important, avec notamment Pokémon Noir et Blanc ou Beyblade: Metal Fusion[56],[57]. Depuis le rachat de Tonkam et Soleil Manga par Delcourt, le groupe représente environ 10 % des ventes de manga en 2011, mais les trois maisons d'édition continuent leur chute[56]. Seuls les petits éditeurs Taifu Comics et Doki-Doki sont à la hausse[56].
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+ Pour autant, le secteur du manga a vu sa croissance s'arrêter et ses ventes diminuer au début des années 2010. De fait, après avoir plus que quadruplé entre 2001 et 2008, les ventes des mangas en France ont marqué un recul de 15 % en volume entre 2008 et 2011[58]. Après deux années propices à la stagnation, 2012 marquait cependant une hausse remarquable du nombre de séries asiatiques sur le sol français. Mais la tendance des sorties s'est inversée en 2013, avec 1 575 titres parus (contre 1 621 en 2012 et 1 520 en 2011). Cependant, dans un marché général de la bande dessinée qui, pour la première fois depuis au moins 17 ans, est en baisse (-7,3 % de sorties), les sorties asiatiques se maintiennent et représentent une part des nouveautés légèrement plus importante (40,7 % du marché, contre 39,4 % l'année précédente). Cette légère baisse s'accompagne en revanche de ventes qui continuent de chuter de manière importante. En effet, alors que le marché général de la bande dessinée a bénéficié d'une hausse de 1,4 % en valeur sur la fin de l'année 2013 (porté par les best-sellers évènementiels que furent les derniers albums d'Astérix, de Blake et Mortimer ou du Chat), le secteur du manga accuse une nouvelle chute de -8,5 % de son chiffre d'affaires, et ce alors qu'il avait déjà connu un recul de -3,8 % l'année précédente[59].
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+ Comme pour les années précédentes, le marché du manga reste marqué par une très forte concentration, tant au niveau des séries à succès (une dizaine de titres représente à elle seule la moitié des tirages de l'ensemble du marché) que des éditeurs. Ainsi, les dix premières séries les plus vendues en 2013 (qui sont, dans l'ordre décroissant d'importance, Naruto, One Piece, Fairy Tail, Black Butler, Bleach, King's Game, L'Attaque des Titans, Judge, Prophecy et Soul Eater) sont portées par seulement cinq éditeurs que l'on identifiera sans surprise comme faisant partie des premiers groupes éditoriaux du secteur : Glénat, Pika Édition, Kana, Ki-oon et Kurokawa[59]. Bien mieux, en 2013, les trois plus importants leaders éditoriaux du marché que sont Glénat, Pika Édition et Kana ont cumulé à eux seuls près de 60 % des ventes[60].
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+ En 2015, la France représente 50 % des ventes de mangas en Europe, tandis que la bande dessinée japonaise emporte environ 40 % du marché en France, chiffre constant depuis plusieurs années. La France est deuxième plus grand consommateur de mangas au monde, derrière le Japon[61],[62] au point que certains éditeurs ont décidé – fait unique – de publier simultanément certains volumes dans les deux langues, japonais et français[63].
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+
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+ Pour une grande partie des séries à succès des années 2000, les rythmes de parution en France rattrapent de plus en plus ceux du Japon et se font donc plus lents tandis que les nouveaux lecteurs se font de plus en plus rares, eu égard au grand nombre de tomes existants à rattraper (Fairy Tail et Bleach en comptent respectivement plus de 40 et 60 tandis que Naruto et One Piece ont déjà atteint les 70 tomes).
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+ Or, au Japon, certaines grandes séries emblématiques des années 2000, arrivées à maturité, commencent à perdre plus de lecteurs qu'elles n'en gagnent. Ainsi, au sein du classement des quinze premières séries au Japon, Naruto est tombé à la cinquième place du fait son rythme de publication moins rapide, et surtout parce que la série n'attire plus autant de nouveaux lecteurs, voire lasse certains anciens lecteurs, au point de connaître une chute de ses ventes d'environ 15 %. Il en va de même pour Hunter × Hunter (8e du fait de son rythme de publication irrégulier), Fairy Tail (9e), Sawako (11e), Gintama (12e), Toriko (13e) ou encore Bleach (15e), qui baissent tous au profit de la nouvelle vague de titres emmenée par L'Attaque des Titans, Kuroko's Basket, Magi, Silver Spoon, disposant tous d'adaptations animées de qualité et mieux étudiées pour soutenir leurs ventes. De même, si Fairy Tail a toujours du succès en France, on constate que le premier volume n'est que 63e au sein du classement par volume, et que la série a vu ses ventes baisser de 8 %, après avoir déjà connu une baisse de 12 % l'année précédente[64].
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+ Les mangas japonais sont très rarement édités directement sous forme de volumes reliés ; ils paraissent tout d'abord de manière découpée dans des magazines de prépublication, des revues spécialisées qui leur sont consacrées[65].
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+ Les rythmes de publication de ces magazines peuvent beaucoup varier, allant de l'hebdomadaire aux publications mensuelles voire trimestrielles[65]. Les séries y sont souvent publiées par chapitres d'une dizaine à une vingtaine de pages[65]. À l'intérieur d'un même magazine, le papier peut parfois changer de couleur, afin de distinguer rapidement les différentes séries les unes des autres.
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+ Ces magazines, bon marché, s'écoulent en grand nombre, c'est-à-dire en millions d'exemplaires pour certains, et se lisent un peu partout. On en retrouve parfois abandonnés dans les trains, les rames de métro, les cafés, etc. Ils alimentent un système de lectures multiples : un même exemplaire serait lu par plusieurs personnes.
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+ Principalement en noir et blanc[66], les premières pages des magazines sont souvent en couleurs, mettant tour à tour à l'honneur l'une de leurs séries vedettes à cet emplacement, souvent de manière que le chapitre en cours soit un début de volume.
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+ Ce n'est que dans un deuxième temps, lorsqu'un manga rencontre un certain succès, qu'il est édité en volumes reliés, similaire à ceux que l'on trouve en France, entamant ainsi une deuxième carrière. Ces volumes reliés sont appelés tankōbon (format poche), bunkōbon (format plus compact, utilisé pour des rééditions) ou wide-ban (format « luxe », plus grand que le format poche). En l'absence de succès auprès du public, une série pourra voir sa parution arrêtée, le mangaka étant prévenu peu avant pour trouver une fin rapide à son histoire et permettre une éventuelle parution en volumes. Certaines revues décident désormais de la fin d'une série dès la fin du second volume, conduisant à des histoires finales en quatre volumes. Dans certains cas, un manga à succès peut se voir adapté en anime (dessin animé).
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+ Les magazines de prépublication hebdomadaires incluent notamment ces titres populaires :
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+ Certains titres atteignent couramment les 400 pages hebdomadaires. Weekly Shōnen Jump était vendu en 1994 à 6 millions d'exemplaires, mais son tirage pour 2008 s'établissait à 2,8 millions d'exemplaires[67].
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+ Techniquement parlant, les mangas sont presque toujours en noir et blanc, ce qui est directement lié au système de prépublication en magazine bon marché.
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+ Les mangas comptent souvent un nombre important de pages (planches). À titre d'exemple, une bande dessinée européenne contiendra une quarantaine de planches quand le manga en comptera plus d'une centaine, voire plus de deux cents. Par ailleurs, le manga est le plus souvent une série en plusieurs volumes. Finalement, le nombre total de planches racontant une histoire dans un manga est beaucoup plus élevé que dans une bande dessinée européenne (même s'il s'agit d'une série). Ceci affecte par conséquent beaucoup la structure du récit et sa narration. D'où les techniques propres au manga.
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+
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+ Le dessin, en général, est moins « statique » que dans les bandes dessinées occidentales. Le manga utilise un découpage temporel proche de celui du cinéma, adoptant souvent ses cadrages et utilisant une décomposition similaire du temps et de l'action. On retrouve souvent une mise en scène comme la plongée ou la contre-plongée. La perspective varie systématiquement d'une image à l'autre.
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+ De nombreux codes graphiques sont utilisés pour symboliser l'état émotionnel ou physique d'un protagoniste. Les personnages ont souvent de grands yeux, ce qui permet de renforcer l'expressivité du visage. L'étonnement est souvent traduit par la chute du personnage ; l'évanouissement, par une croix remplaçant les yeux. Pour traduire l’excitation sexuelle chez un personnage masculin, un saignement de nez plus ou moins important est provoqué. Dans le manga City Hunter (connu à la télévision française sous le nom Nicky Larson), la colère de Kaori (Laura) est souvent traduite par l'apparition inopinée d'une énorme massue qu'elle assène sur la tête de son partenaire (ce gag est si répandu dans les mangas qu'un univers parallèle où seraient stockés les marteaux a été inventé).
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+ Il y a également une utilisation fréquente d'onomatopées relatives aux mouvements, actions ou pensées des personnages. Notons au passage que le japonais est beaucoup plus riche que le français en onomatopées et que leur champ d'application est plus large, incluant des concepts surprenants tels que l'onomatopée du sourire (niko niko (ニコニコ?)), du silence (shiīn (シイーン?)) ou encore du scintillement (pika pika (ピカピカ?), d'où le nom de Pikachu).
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+ Une particularité à noter est que la plupart des personnages ont souvent des traits occidentaux, au-delà du simple tracé des grands yeux des personnages. Un samouraï roux, un exorciste aux yeux bleus ou une écolière blonde n'ont rien d'étonnant pour le lecteur japonais, même s'ils sont censés être japonais ou de culture japonaise. La simple nécessité de distinguer physiquement deux personnages ne suffit pas toujours à expliquer cet aspect de la narration, puisque certains mangakas choisissent de donner à tous leurs personnages un aspect purement japonais, sans que cela pose de problème de compréhension de l'histoire. Certains y voient une façon d'afficher un attrait pour l'Occident, qui apparaît largement ailleurs dans la vie quotidienne au Japon.[réf. nécessaire]
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+ Les décors des scènes sont parfois moins fouillés que pour une bande dessinée occidentale. Cela peut aller jusqu'à faire évoluer les personnages dans un décor blanc. Ce parti pris a pour conséquence de focaliser l'attention du lecteur sur l'histoire en général et sur les dialogues en particulier. On note ainsi une certaine résurgence de l'aspect théâtral. Enfin, les personnages ont souvent des attitudes expressives à outrance : la colère, la jalousie ou la gêne se montrent facilement, alors que cette attitude est plutôt mal vue dans la culture japonaise, où le calme et la retenue sont de rigueur dans les rapports sociaux. Le passage de l'absurde et du comique au sérieux ou au drame, sans aucune transition, fait également partie de la narration, sans jamais susciter d'interrogation de la part du lecteur qui accepte par avance cette convention de lecture.
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+
163
+ Une autre particularité est le jeu de l'auteur avec le lecteur. Ainsi, dans Rough, on peut voir les personnages faire de la publicité pour d'autres mangas de l'auteur, ou bien ramasser des phylactères tombés sur le sol. De manière générale, on peut noter une plus grande liberté quant à l'interaction entre les dessins et leur support (jeu avec les cadres, personnages sortant des cadres, etc.) Dans les mangas destinés à la jeunesse, les kanji, caractères chinois ou sinogrammes, sont souvent accompagnés de furigana pour faciliter la lecture.
164
+
165
+ 1: Esquisse Crayon
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+ 2 : Lineart
168
+
169
+ 3 : Aplat de couleur
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+
171
+ Les mangas sont traditionnellement classifiés en fonction de l'âge et du sexe du lectorat visé. Il existe six classes démographiques :
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173
+ Ces classes démographiques sont indicatives ; de nombreux lecteurs ne les suivent pas, et certains mangas tentent de toucher plusieurs publics à la fois[68].
174
+
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+ Ces démographies sont généralement réutilisées telles quelles par les éditeurs occidentaux afin de créer leurs collections, toutefois les stéréotypes de genre et le rapport à la violence et au sexe n'étant pas les mêmes au Japon et en Occident, il arrive que les éditeurs occidentaux changent la démographie-cible d'un manga[68], typiquement les shōnen romantiques sont reclassés en shōjo. Quelques rares éditeurs occidentaux préfèrent quant à eux totalement ignorer la classification japonaise à l'instar d'Akata[69].
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+ Les mangas reprennent les genres et registres littéraires usuels, du roman d'amour à l'horreur en passant par la science-fiction, et n'hésitent pas à les mélanger. En plus de cela il existe quelques genres typiques des mangas et de ses dérivés, ou dont le nom japonais a pris le pas sur le nom français auprès des éditeurs et des fans :
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+ Les mangas peuvent aussi être classifiés en fonction de leur format de publication.
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+ Le One shot est une histoire qui tient en un seul volume voire un seul chapitre. Le Yonkoma (四コマ?) est un manga en quatre cases, similaire au comic strip. Quant au Webcomic, c'est un manga publié directement sur Internet.
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+ Souvent, les séries à succès sont adaptées en anime, sous forme de séries télévisées mais aussi de jeux vidéo. Mais parfois, ce sont les animes qui sont utilisés pour créer des bandes dessinées, soit simplement inspirées de la version animée (comme c'est le cas pour Neon Genesis Evangelion), soit directement copiées à partir des images animées. Pour cela, on met en page des images extraites de l'œuvre souhaitée, sur lesquelles on ajoute du dialogue. Ces bandes dessinées particulières sont alors appelées animekomikkusu (Anime comics).
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+ De nombreux mangas ont aussi été adaptés en drama (série télévisée), dont certains sont très populaires comme Hana yori dango.
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+ Associés aux mangas, on trouve les artbooks, recueils d'illustrations en couleur et d'images originales, incluant parfois des histoires courtes. De même, du fait de la popularité grandissante des mangas, les produits dérivés sont de plus en plus nombreux : figurines, cahiers, calendriers, porte-clés, peluches, habits, costumes, accessoires, etc. La naissance de ces produits dérivés est généralement associée aux séries Nonki na tōsan (1924) et Norakuro (1931).
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+ On trouve également des jeux de rôle développant un riche univers post-apocalyptique ou de fantasy tels que Mekton Z, Anima, Final Fantasy et Manga BoyZ.
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+ En France, de nombreux festivals appelés conventions ont fait leur apparition ces dernières années. Ces conventions sont des points de rassemblement pour les fans de mangas ou de culture japonaise moderne en général, proposant des projections, des jeux, des spectacles de cosplay et souvent complétées par un espace où se côtoient professionnels (magasins de livres et autres produits) et amateurs (clubs et associations exposant leurs propres œuvres). On compte parmi les conventions les plus connues : Cartoonist, Epitanime, Japan Expo, G.A.M.E. in Paris (France), Tokyo Zone (France), Polymanga (Suisse), etc.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La banane est le fruit ou la baie dérivant de l’inflorescence du bananier. Les bananes sont des fruits très généralement stériles issus de variétés domestiquées. Seuls les fruits des bananiers sauvages et de quelques cultivars domestiques contiennent des graines. Les bananes sont généralement jaunes avec des taches brunâtres lorsqu'elles sont mûres et vertes quand elles ne le sont pas.
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+ Les bananes constituent un élément essentiel du régime alimentaire dans certaines régions[Lesquelles ?], comme en Ouganda, qui offrirait une cinquantaine de variétés de ce fruit[3].
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+ Le mot « banane » est dérivé du portugais, lui-même emprunté au bantou de Guinée, dans l’expression en portugais rapportée en 1602 « Figueira Banana » (« figuier portant bananes »)[4]. Elle est appelée « figue », en créole, à La Réunion et aux Antilles.
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+ Les formes sauvages Musa acuminata et Musa balbisiana qui donnent les bananes actuelles se rencontrent encore aujourd’hui dans une grande partie du Sud-Est asiatique, de l’Inde à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. On retrouve dans ces régions des bananiers sauvages riches en graines et pauvres en pulpe dans les milieux ouverts (clairières, lisières des forêts)[5].
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+
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+ Le centre de domestication primaire semble être les hautes terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée, il y a 6 950 à 6 440 ans avec M. Acuminata. Des traces de production bananière pour une consommation humaine datant d'environ de cette époque[6] en Nouvelle-Guinée. Leur diffusion s'est rapidement étendue dans une zone qui va de l'Inde au sud de la Chine via la Birmanie, de Taïwan jusqu'au nord de l'Australie et la Polynésie via les Philippines, l'Indonésie et la Nouvelle-Guinée. Des preuves archéologiques de la culture du bananier se trouvent en Malaisie en 3 000 avant notre ère, au Pakistan en 2 500 avant notre ère, dans le centre de l’Inde 600 ans avant notre ère et au Laos 500 ans avant notre ère. La diffusion en Afrique des plantains AAB daterait de 4 500 ans avant notre ère en Ouganda et de 2 750 à 2 300 au Cameroun. À l'Île de Pâques son introduction daterait de 1 200 de notre ère. La première apparition au Moyen-Orient date de 300 de notre ère.
12
+
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+ Une hypothèse récente est que la domestication des bananiers Eumusa s'est produite, il y a environ 10 000 ans, dans les hautes terres de Nouvelle-Guinée. La variété Musa acuminata banksii, à l’origine de la plupart de celles qui sont cultivées aujourd’hui, y serait née et se serait ensuite répandue en Asie du Sud-Est où elle se serait hybridée avec les variétés locales[7].
14
+
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+ Un centre secondaire de biodiversité se trouve en Afrique de l'est avec le groupe des bananiers triploïdes des hautes-terres de l'est africain dit Groupe Mutika/Lujugira (AAA-EA).
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17
+ Une légende indienne rapporte que la banane Musa ×paradisiaca était originaire de l'île de Ceylan, paradis terrestre duquel furent chassés Adam et Ève, leurs corps couverts de feuilles de bananier. Linné a d'ailleurs donné le nom de Musa paradisiaca au « Bananier du Paradis » (banane plantain) et celui de Musa sapientum au « Bananier des sages » (banane dessert), nommé aussi « figuier du Paradis » ou « figuier d'Adam ». Cette légende est en fait issue d'une tradition syrienne qui fait de la banane un fruit du paradis d'autant plus symbolique que lorsqu'elle est coupée, les fibres de sa tranche semblent dessiner une croix[8]. Marco Polo aurait nommé ce fruit « pomme du Paradis »[9].
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+
19
+ « On retrouve la trace de la banane pour la première fois dans un texte bouddhiste datant de 600 ans avant Jésus-Christ. Selon certains auteurs, Alexandre le Grand l'aurait découverte lors d'une expédition dans la vallée de l'Indus, en 327 avant Jésus-Christ. Pour d'autres, le bénéfice revient à Marco Polo, lors de son voyage en Chine. »[10]
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+
21
+ Le bananier a été introduit en Afrique de l’Est, en Chine, en Mélanésie, dans le Pacifique Sud à partir du commencement de l’ère chrétienne. Sa culture commence à Madagascar vers 500 de notre ère. Il fut importé en Méditerranée (Afrique du nord et Espagne) par les Arabes à partir de 650. Début XVIe siècle les Portugais l’implantent dans les Canaries et de là en 1516 le frère Tomas de Berlanga prélève des rejets dans le cloître des franciscains près de Las Palmas et les transporte à Hispaniola.
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+ À la fin du XIXe siècle la culture du bananier devint un enjeu économique important influant même des choix politiques internationaux.
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+ 1870 voit les premières importations de bananes (variété Gros Michel) aux États-Unis depuis l’Amérique centrale, notamment la Jamaïque. La rentabilité du marché amène des entrepreneurs américains à investir dans le marché et à ouvrir des plantations industrielles de bananiers. Dès 1871, Minor Cooper Keith fait établir une liaison par chemin de fer avec le Costa Rica et y implante les premières plantations à grande échelle. En 1899, il créa la United Fruit Company qui devint une puissance néocoloniale au pouvoir politique énorme pendant 70 ans. En 1911, un soulèvement populaire contre le gouvernement du Honduras voit l'intervention de l'armée des États-Unis. La raison officielle invoquée pour cette intervention est la protection des « travailleurs américains » de la United Fruit Company, qui a fait de ce pays son principal fournisseur de bananes. Entre 1930 et 1940, la United Fruit Company inclut la Colombie et l’Équateur dans ses exportateurs. Des coups d’État, dont celui au Guatemala en 1954, sont télécommandés par les États-Unis pour défendre les intérêts de la compagnie.
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+
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+ Cette puissance économique combinée à la menace militaire américaine transforme les fragiles États d'Amérique centrale en « républiques bananières » (l'expression vient de là), dont l'indépendance n'est plus qu'un simulacre. Cette hégémonie américaine a par ailleurs suscité la naissance du syndicalisme d'Amérique du Sud et l'engagement des premiers groupes tiers-mondistes[11].
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+
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+ Les exportations (essentiellement la variété « Gros Michel »[12]) au début du XXe siècle sont assurées par les navires à vapeur produisant du froid dans les cales. Le mode de transport par navire reefer s'impose dans les années 1950 alors que la demande des marchés développés s'accroît au nord.
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+
31
+ L'année 1974 est marquée par les « guerres de la banane ». L'Union des pays exportateurs de bananes (en) veut prendre le contrôle du commerce bananier mais doit céder face aux grandes compagnies qui conservent leur position oligopolistique[13].
32
+
33
+ Les années 1970 à 1990 voient les armateurs accumuler d'importantes capacités de transport en ligne pour s'adapter au mieux à la massification et à la conteneurisation des exportations bananières en défiant la concurrence. Le mode de transport bascule dans les années 1990 du navire reefer vers le conteneur à 55 %.
34
+
35
+ Le commerce international de la banane a triplé entre les années 1970 et 2010 et est caractérisé par une forte concentration de ses acteurs : en 2010, cinq pays (l'Équateur, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala et les Philippines) représentent 83 % des exportations alors que le commerce mondial est dominé par cinq grands groupes (Chiquita Brands International, Dole Fruit Company, Del Monte Foods, Fyffes et Grupo Noboa [Bonita]).
36
+
37
+ Les gaines foliaires forment un pseudo-tronc, au centre duquel émerge l'inflorescence qui est un épi complexe constitué d'un pédoncule sur lequel les fleurs sont arrangées en grappes nodales, chaque grappe étant protégée par une feuille modifiée (large bractée florale généralement richement colorée, appelée spathe) qui se détache éventuellement, le tout formant une « main » (ou « patte ») de bananes. Le nombre de fleurs par nœud varie de 5 à 15 et le nombre de nœuds par inflorescence peut varier entre 5 et 20. Chaque fleur, trimère et zygomorphe, est composée d'un périanthe de 5 tépales jaunâtres dont 5 sons soudés et 1 libre ; de l'androcée constitué de 5 ou 6 étamines (chez les fleurs femelles, ces étamines sont réduites à des staminodes) ; du pistil formé de 3 carpelles et d'un ovaire infère (chez les fleurs mâles, ce pistil est petit et parfois transformé en nectaires)[14].
38
+
39
+ La banane est une baie allongée légèrement incurvée, souvent regroupée sur le bananier en grappes nommées « régimes » dont il est facile de la détacher. Le fruit est constitué d'une « peau » (épicarpe[15] jaune, vert ou rouge, selon les espèces et le niveau de maturité, recouvrant une zone sous-épidermique chlorophyllienne) et d'une pulpe (mésocarpe à grosses cellules ovoïdes amylifères, donnant à la chair un goût sucré et une consistance généralement fondante, et endocarpe entourant les ovules avortés). Les cavités carpellaires médianes comportent les ovules et leurs placentas, ainsi que des poils microscopiques mous amylacés[16].
40
+
41
+ La cueillette de banane est fait 6 à 7 mois après la plantation.
42
+
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+ La banane sauvage est une baie polycarpique, c'est-à-dire contenant de nombreux pépins anguleux durs. Les variétés commerciales sont souvent triploïdes stériles produisant ainsi des baies parthénocarpiques formées sans fécondation ne contenant donc pas de graines (si on fend cette « banane domestique » dans le sens de la longueur, on observe une série longitudinale de petits points noirs qui sont des ovules non fécondés). L’arôme principal de banane est l’acétate d’isoamyle.
44
+
45
+ La chair du fruit est généralement blanc crème. Les bananes mûres sont riches en sucres. Elles sont très nourrissantes (90 kcal/100 g) et très digestes en raison de leur faible teneur en graisses.
46
+
47
+ Fruit climactérique, les bananes sont cueillies vertes dans les plantations, aussi appelées bananeraies. Moins fragiles que les bananes mûres, elles supportent mieux le transport. Elles sont immédiatement acheminées vers les centres de distribution (marchés d’exportation), où le processus de maturation est parfois activé en ajoutant aux fruits de l’éthylène qui est fabriqué par la plante elle-même en conditions naturelles[17].
48
+
49
+ Le mot « banane » ou « fausse banane » désigne également les fruits des plantes du genre Ensete.
50
+
51
+ L'ouverture de la banane est beaucoup plus facile si on la pince par le bas. En effet près de la tige elle est beaucoup plus solidement attachée. Ainsi la banane ne tombe pas au moindre coup de vent.
52
+
53
+ La banane est une bonne source de potassium, bien que moins riche que ce qui est habituellement cru (86e meilleure source[18]).
54
+
55
+ Bien que le bananier puisse atteindre une taille relativement grande (9 mètres), ce n’est pas un arbre. En effet, il ne forme pas un tronc ligneux. Le pseudo-tronc est en réalité formé par les pétioles des feuilles. Ceux-ci se recouvrent partiellement et constituent une structure portante, un « faux tronc ». Les pétioles portent à leur extrémité un grand limbe allongé avec au centre une nervure médiane. Les feuilles peuvent atteindre 4 m de long et 1 m de large. La tige du bananier est très courte et entièrement souterraine. Elle apparaît sur un rhizome, qui produit régulièrement de nouvelles tiges. Le rhizome porte une masse importante de racines longues et fines, situées juste sous la surface du sol.
56
+
57
+ La floraison se produit au bout de sept mois et les fruits sont mûrs quatre mois plus tard. Après la floraison, la tige ayant porté l'inflorescence se dessèche mais en même temps, la tige souterraine forme des rejets latéraux. Ce sont ceux-ci qui donneront de nouvelles tiges capables de fleurir.
58
+
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+ Après environ un an et demi, le bananier est capable de fleurir. La tige souterraine forme alors une inflorescence qui se développe au travers du « faux-tronc » creux pour apparaître au centre des feuilles. Au début, l’inflorescence est dressée mais, sous l’effet du poids, elle va rapidement devenir pendante. Les fleurs qui apparaissent à l’extrémité de l’inflorescence (donc en dessous) sont mâles, celles situées plus vers le début de l’axe (donc au-dessus) sont femelles. Ces dernières vont donner naissance aux bananes. Entre les fleurs mâles et les femelles, il peut encore y avoir des fleurs stériles. Sur l’axe de l’inflorescence, les fleurs sont implantées en plusieurs rangées doubles transversales. Chaque rangée double est protégée par une bractée pourpre. Chaque jour, une bractée va s’enrouler et tomber, libérant ainsi les fleurs qui pourront être pollinisées. Les fleurs fécondées donneront naissance aux fruits. Dans la nature, ce sont les chauves-souris qui assurent la pollinisation. Chaque régime peut comporter jusqu’à 200 fruits. Les bananes sont généralement vendues sous forme de « mains », correspondant chacune à une double rangée de fleurs femelles.
60
+
61
+ Dans les variétés cultivées, la fructification est très généralement parthénocarpique, il n'y a donc pas de pollinisation et les ovaires se transforment en fruits ne contenant pas de pépins.
62
+
63
+ La sélection par l’homme a permis au fil des siècles de créer les variétés consommées de nos jours. Plusieurs équipes de recherche développent actuellement des programmes d’amélioration variétale du bananier à travers le monde, comme l'Université catholique de Louvain (Belgique), le Cirad aux Antilles françaises, l’Embrapa au Brésil, la FHIA au Honduras, le CARBAP au Cameroun et de nombreux autres organismes en Inde, au Viêt Nam, en Afrique… Selon les écoles, les stratégies d’amélioration sont variées, mais reposent toutes plus ou moins sur des biotechnologies modernes. Elles permettent de créer de nouvelles variétés plus résistantes aux parasites et ravageurs de cette culture. La recherche internationale sur le bananier est fédérée par l’INIBAP, une organisation internationale membre du CGIAR. L’INIBAP gère entre autres une banque de gènes du bananier, stockée in vitro à Louvain (Belgique) ainsi qu’une base de données sur les ressources génétiques du bananier appelée Musa Germplasm Information System (MGIS[22]). Le système d’information sur les ressources génétiques de Musa contient une information détaillée et standardisée sur les accessions détenues par de nombreuses banques de gènes autour du monde.
64
+
65
+ Avant 2002, le genre Musa était divisé en cinq sections : Eumusa, Rhodochlamys, Callimusa, Australimusa, Ingentimusa. En 2002 des études génétiques ont ramené à seulement trois sections selon la numération chromosomique : section Eumusa regroupant Rhodochlamys x = 11, section Callimusa regroupant Australimusa x = 10, section Ingentimusa x = 7 pour la seule espèce M. ingens.
66
+
67
+ La section Eumusa principalement avec M. acuminata et M. balbisiana est à l’origine de la majorité des bananiers cultivés pour leurs fruits dans le monde. On y retrouve des variétés sauvages, diploïdes et fertiles, des variétés ancestrales, également diploïdes mais assez fortement stériles pour que leurs fruits soient consommables (très peu de graines dans les fruits), et de nombreuses variétés cultivées, triploïdes et stériles.
68
+
69
+ Dans la même section Eumusa, il existe aussi quelques hybrides de distribution restreinte issus de M. schizocarpa participant à quelques cultivars alimentaires parthénocarpiques en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
70
+
71
+ La section Callimusa a donné des variétés cultivées localement comme le « Groupe Fe'i » peut-être issu de M. maclayi, lolodensis, peekelii ou troglodytarum connu seulement en Polynésie aux fruits à chair orange avec un taux élevé de bêta-carotène ou comme quelques hybrides d'autres espèces (par exemple M. jackeyi) de la même section ainsi que M. textilis, cultivée aux Philippines pour la production de fibres.
72
+
73
+ Le type sauvage diploïde de M. acuminata (AAs) pousse dans les régions tropicales humides de Nouvelle-Guinée, Bornéo, Indonésie, Indochine, Golfe du Bengale. Ses fruits sont comestibles quoique peu charnus et contenant beaucoup de graines. Il était probablement plus recherché comme aliment pour ses cormes, fleurs et jeunes pousses que pour ses fruits par les habitants des régions côtières de Malaisie. C'est probablement les sous-espèces banksii ou errans qui furent d'abord domestiquées pour leurs fruits d'une part parce que ce sont les seules présentant une parthénocarpie naturelle motivant leur multiplication en culture d'autre part parce que leurs génomes ont été identifiés chez pratiquement tous les bananiers di- et triploïdes. Leurs diffusions entraînèrent une hybridation avec d'autres sous-espèces particulièrement malaccensis et zebrina ce qui produisit des plants dioïques à stérilité femelle plus ou moins prononcée dû aux anomalies d'appariements des différentes formules chromosomiques ou des plants triploïdes AAA (3n = 33), dont les fruits étaient encore plus développés, plus charnus et plus sucrés. Ces formes triploïdes ont évidemment été cultivées préférentiellement et ont donné les variétés modernes de bananes dessert. Vers 1920, des programmes d'amélioration ont abouti à la création de tétraploïdes AAAA (4n = 44).
74
+
75
+ M. balbisiana type sauvage diploïde (BBs) est originaire de régions subtropicales à période sèche marquée de Nouvelle-Guinée, Philippines, sud de la Chine, Golfe du Bengale. Ce type sauvage donne des fruits non comestibles à nombreuses graines et n'est jamais parthénocarpique. Des formes cultivées de M. acuminata diploïdes et parthénocarpiques furent accidentellement pollinisées par M. balbisiana donnant des hybrides naturelles diploïdes AB (2n = 22) à stérilité femelle encore plus marquée et donc plus de fruits apyrènes. Un processus de polyploïdisation donna des formes triploïdes AAB (3n = 33). Depuis le début du XXe siècle, l'hybridation contrôlée permit l'obtention de triploïdes ABB et de tétraploïdes AABB (4n = 44).
76
+
77
+ La très grande majorité des bananes consommées de nos jours sont issues de ces deux espèces sauvages M. acuminata et M. balbisiana seuls ou hybridées. D'une façon générale le génome chloroplastique est d'hérédité maternelle et le génome mitochondrial d'hérédité paternelle. Plusieurs systèmes sont proposés pour la dénomination correcte des espèces cultivées :
78
+
79
+ La phylogénie des bananiers cultivés est complexe, les clones d'un même sous-groupe descendant les uns des autres par dérives génétiques progressives car ils sont sujets à des mutations somatiques relativement fréquentes, ce qui rend d'ailleurs aussi sa multiplication in vitro assez délicate. Sur le terrain, l'observation de 15 descripteurs morphologiques en rapport avec les 2 espèces M. acuminata et M. balbisiana permet de préjuger la structuration génomique des variétés, mais cette identification reste partielle car l'analyse génétique est parfois en contradiction avec l'observation in vivo. Elles sont ainsi classées en groupes selon leur constitution génétique et leur niveau de ploïdie, parfois en divisions ou sous-divisions, puis en sous-groupes rassemblant les variétés dérivant les unes des autres et enfin en types. Par exemple, dans le groupe AABB on trouve le sous-groupe Pisang awak, dans lequel se trouve le type Isla comprenant les variétés 'Isla Del Alto Huallaga', 'Isla Guayaquil', 'Isla Maleño', 'Isla Nacional', 'Isla De Tingo María', 'Isla Vaporino', 'Isleño'
80
+
81
+ Les plantes issues de M. acuminata et M. balbisiana et leurs hybrides sont désignés par deux à quatre lettres permettant de connaître leur ascendance et leur degré de ploïdies :
82
+
83
+ Groupe AA (diploïdes)
84
+
85
+ Groupe AAA (triploïdes)
86
+
87
+ Groupe AAAA (tétraploïdes)
88
+
89
+ Groupe AAAB (tétraploïdes)
90
+
91
+ Groupe AABB (tétraploïdes)
92
+
93
+ Groupe ABBB (tétraploïdes)
94
+
95
+ Groupe BBBB (tétraploïdes)
96
+
97
+ Groupe BBB (triploïdes)
98
+
99
+ Groupe ABB (triploïdes) (bananes à cuire) - résiste à la sécheresse et au sigatoka
100
+
101
+ Groupe AAB (triploïdes)
102
+
103
+ Groupe AB (diploïdes)
104
+
105
+ Groupe BB (diploïdes) - fruits non comestibles, cultivés pour les feuilles ou la nourriture animale
106
+
107
+ Autres génomes fournissant des bananes comestibles
108
+
109
+ Le bananier cultivé en plantations traditionnelles demande un sol bien drainé, profond et légèrement acide. La culture est exigeante en éléments minéraux. Une pluviométrie annuelle d'environ 1 200 mm et des températures supérieures à 15 °C sont nécessaires. Le bananier est une plante pérenne, le cycle végétatif dure environ un an. Après la récolte du régime, la pousse principale périclite, c'est à partir d'un rejet latéral qu'un nouveau cycle de culture redémarre grâce à la technique de bouturage. La plantation préexistante est détruite, les plantes lacérées sur place et la parcelle replantée plus loin. En cours de cycle, des rejets, qu'il faut supprimer, apparaissent continuellement. On en garde cependant un tous les trois mois de manière à pouvoir récolter régulièrement un nouveau régime (tous les trois mois). Les souches produisent pendant cinq ans. Au-delà, il faut replanter à partir d'un rejet latéral prélevé sur un plant sain.
110
+
111
+ Cette méthode de reproduction par multiplication végétative a deux inconvénients majeurs : une faible diversité des variétés cultivées, d'où des risques accrus de parasitose, et la propagation par les rejets de parasites (notamment les nématodes). Les plantations industrielles ont donc tendance à utiliser une autre technique : le vitroplant (plant obtenu in vitro en laboratoire aseptisé à partir d'un « plant-mère » désinfecté et cultivé sur un milieu nutritif stérile). Ainsi le bananier, planté sur un sol préalablement assaini par des techniques de rotation culturale ou de jachère est indemne de parasites. Cela permet une meilleure productivité (l'homogénéité variétale favorise l'augmentation du nombre de cycles réalisés entre deux replantations) et l'épandage de nématicide est réduit de 50 %. Par contre, cette technique de clonage menace la diversité génétique et fait dire à certains scientifiques que le bananier cultivé tel qu'on le connaît risque de disparaître.
112
+
113
+ Parmi les bananiers comestibles, seul le bananier nain, Musa acuminata 'Dwarf Cavendish', se prête facilement à être cultivé en pots. Cette variété reste relativement petite, 2 m au maximum. La plante demande beaucoup d'eau, beaucoup de nourriture, une forte humidité atmosphérique et beaucoup de lumière. Le bananier nain n'est pas trop sensible aux basses températures et supporte jusqu’à un minimum de 10 °C durant l’hiver. D'autres bananiers sauvages peuvent être cultivés de la même manière. Musa textilis (qui fournit des fibres textiles) et Musa basjoo conviennent à une serre de petite dimension mais leurs fruits ne sont pas comestibles.
114
+
115
+ Une nouvelle hybride de hasard Helen's Hybrid issu de M. sikkimensis et M. (AB) 'Ney Poovan' découvert récemment produit des fruits comestibles bien qu'avec des graines et sa souche résiste à des températures inférieurs à −12 °C. Il est originaire d'un petit village près de Kalimpong à 1 500 m d'altitude en Inde. L'horticulteur Ganesh Mani Pradhan remarqua ce bananier dans le jardin de leur cuisinière, Hélène. Comme pour sikkimensis, il a une nervure centrale rouge foncé et le revers des feuilles rougeâtre. Les pétioles sont glauques recouverts plus ou moins d'une pruine blanchâtre.
116
+
117
+ La culture de la banane sous serre a été développée en Islande entre les années 1940 et 1960, mais en 2017 il n'y reste plus qu'une seule bananeraie en activité.
118
+
119
+ Les bananes figurent incontestablement parmi les fruits tropicaux les plus importants. En 1992, la production totale s’élevait à 66 millions de tonnes (bananes et bananes plantains) ; elle n’était dépassée que par la production d’agrumes. En 2013, la production atteint 130 millions de tonnes (dont 66 millions en circulation), le commerce international de ce fruit tropical s’élevant à 7 milliards de dollars par an, ce qui fait de la banane la huitième culture alimentaire mondiale et la quatrième dans les pays les moins avancés selon la FAO[23].
120
+
121
+ Le marché oligopolistique (oligopole à frange) de la banane est libéralisé depuis 2006. Les exportations connaissent en conséquence des mutations rapides et récentes. Trois grandes destinations d'exportations de bananes par transport reefer subsistent :
122
+
123
+ Pour donner un aperçu succinct en 2008 des dépendances économiques engendrées par l'économie bananière libéralisée, l'Amérique latine exporte 10,3 millions de tonnes de bananes, alors que l'Asie exporte 1,9 million.
124
+
125
+ Le marché mondial de la banane est dominé à 60 % par trois multinationales américaines :
126
+
127
+ En 2005, 87 % du marché mondial est concentré dans quatre multinationales (Chiquita, Dole, Del Monte, Fyffes) et une entreprise internationale (Grupo Noboa, détenu par Álvaro Noboa, détenteur de la marque Bonita), qui ont adopté des stratégies de processus (intégration verticale à l'exception de la phase productive[24]), d'expansion (participation, fusion-acquisition, alliance, diversification, localisation) et de positionnement (de coût et de marché par produit, selon son prix et sa qualité)[25].
128
+
129
+ Au niveau macroéconomique, la part du prix final — payé par le consommateur — qui revient dans le pays producteur est de 10 à 20 %. La part des hommes et des femmes qui travaillent dans les plantations est de 1,5 à 3 %. Au Guatemala par exemple, la plupart des salariés de l'industrie de la banane ne gagnent pas le salaire minimum légal de 5 dollars par jour.
130
+
131
+ Bien que l'économie bananière soit dominée par des plantations de moyenne et grande taille, il existe une dizaine de milliers de petits producteurs qui continuent de fournir le marché international.
132
+
133
+ En termes de valeur de production, les bananes desserts et plantains se situent au quatrième rang des plantes alimentaires d’importance au niveau mondial. 90 % de la production est consommée localement principalement avec les bananes à cuire représentant 25 % de la production mondiale de bananes. Les bananes exportées sont placées au quatrième rang des produits de base au niveau mondial et au troisième rang en tant que fruit (derrière l'orange et le raisin).
134
+
135
+ La production est assurée à 50 % par un seul sous-groupe de bananes cultivées appelé Cavendish[26] qui est victime dans certains pays asiatiques de la « maladie de Panama »[27]. La maladie qui frappe la Cavendish constitue un avertissement et il serait bon de songer à lui trouver une remplaçante au cas où elle devrait subir le même sort que la variété « Gros Michel », elle aussi attaquée par un champignon, et disparue des étals depuis 1960.
136
+
137
+ Plus de 400 millions de personnes de 120 pays en développement dépendent de la banane, à la fois comme aliment de base et comme produit important pour le commerce local et international. De plus, les exportations de la banane sont une source de devises essentielle à l'économie de pays africains et américains, au point qu'elle y est qualifiée d'« or vert »[31].
138
+
139
+ En 1993, des quotas ont été fixés par région de production pour l’accès au marché de l’Union européenne mais, depuis, celle des Caraïbes a diminué au profit de l’Afrique, en particulier le Cameroun. En février 2006, une révision pour réduire le commerce des licences n'a pas porté ses fruits.
140
+
141
+ La France est nette importatrice de bananes, d'après les Douanes françaises.
142
+
143
+ En 2014 ont été exportées mensuellement en moyenne 25 000 tonnes et importées 48 000 tonnes, avec un prix moyen observé à la frontière de 650 €/t[32].
144
+
145
+ Dans les pays producteurs, les bananes dessert et bananes plantain constituent une ressource alimentaire importante pour plus de 400 millions d'habitants des pays tropicaux de la planète[33]. Au niveau mondial, les bananes et les bananes plantain sont la quatrième denrée alimentaire de base, derrière le riz, le blé, et le maïs[34]. Deux autres atouts majeurs font de la banane un élément alimentaire vital dans de nombreuses zones rurales pauvres : sa haute valeur nutritionnelle (riches en vitamines A, C et B6, par exemple), et sa production sans interruption pendant toute l'année.
146
+
147
+ Dans les pays importateurs, même si la sécurité alimentaire des consommateurs ne dépend pas de la disponibilité de la banane, le fruit se trouve sur les étals toute l'année. En 2003, selon la FAO, les Suédois en consommaient 19 kg par habitant et par an, les Danois, 14 kg, et les Norvégiens, 13 kg.
148
+
149
+ La banane est le troisième fruit consommé en France (part de marché en 2010 : 12,2 %) derrière la pomme (22,6 %) et l'orange (12,3 %)[35].
150
+
151
+ Une banane pouvant être consommée avec la peau a été développée par une firme agroalimentaire japonaise cette banane, appelée « Mongee » est née des scientifiques de D&T Farm.[36].
152
+
153
+ La fleur de banane (babafigue) est également consommée par exemple à La Réunion en accompagnement du carry.
154
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+
157
+ Il existe trois grands types de banane d’un point de vue alimentaire : les bananes dessert, les bananes à cuire (parmi lesquelles les bananes plantains occupent une place prépondérante) et les bananes à bière (en Afrique la bière de banane (kasiksi) de productions artisanale ou industrielle).
158
+
159
+ La banane est un fruit très énergétique (90 kilo calories/100 g) et très riche en potassium, dont elle peut couvrir les besoins quotidiens. Nutritive, facile à digérer, elle est riche en glucides, phosphore, calcium, vitamines A, B et C. Son apport en fer est faible (moins de 5 % de l'apport quotidien pour un homme adulte) et il s'agit de fer non héminique qui est mal absorbé. Son goût est dû à l'acétate d’isoamyle. Elle est aussi vendue sous forme de nectar.
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+
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+ L'index glycémique de la banane est assez élevé lorsque celle-ci devient très mûre. Son apport calorique est de 93,6 pour 100 grammes[38].
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+ Milena Rodrigues Boniolo a testé la poudre de pelure de banane comme support de filtration des métaux lourds ou radionucléides de l’industrie nucléaire dans l’eau, et les usines d’engrais (cadmium contaminant naturel des phosphates). Cette poudre ajoutée à l’eau fortement mélangée durant 40 minutes en extrait environ 65 % des métaux lourds, l’opération pouvant être répétée. Sa charge négative lui permet de fixer les ions métalliques positifs[39].
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+ La Sicile (Sicilia /siˈtʃiːlja/ en italien et en sicilien) est la plus grande île méditerranéenne. Depuis 1946, cette île est réunie aux îles éoliennes, Égades, Pélages, Ustica et Pantelleria dans la région autonome d'Italie qui porte son nom et dont elle compose 98 % du territoire.
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+ Avec une superficie de 25 708 kilomètres carrés, c'est la région la plus étendue de l'Italie, et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter deux des dix villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme. La langue officielle est l'italien, mais elle a sa propre langue parlée et écrite, le sicilien.
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+ Le drapeau de la Sicile, la gorgone à trois jambes (Trinacria), représente les trois pointes de l'île, pointe ouest de Trapani-Marsala, pointe nord-est de Messine et pointe sud-est de Syracuse.
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+ L'origine du nom de Sicile est obscur. Il dérive du grec sik pour signifier île de la fertilité. Son ancien nom, Trinacria, renvoie à la forme de type triangulaire de l'île[2].
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11
+ La Sicile est une île d'Italie bordée au nord par la mer Tyrrhénienne et située à l'ouest-sud-ouest de la Calabre méridionale. Au nord-est de l'île et à une trentaine de kilomètres de la côte, se situent les îles Éoliennes, qui constituent un archipel volcanique. Parmi elles, on remarquera l'île de Stromboli, connue pour son volcan, et qui se trouve à 61 kilomètres au nord de la localité de Milazzo.
12
+
13
+ La Sicile est séparée de la péninsule par le détroit de Messine, large d'un peu plus de 3 kilomètres. Elle est aussi baignée à l'est par la mer Ionienne. À 86 km au sud-sud-ouest de la localité de Cava d'Aliga (Libre consortium municipal de Raguse) se situe l'île de Malte. Enfin, à 144 kilomètres à l'ouest-sud-ouest de l'extrémité occidentale de la Sicile se trouve la Tunisie, séparée de la grande île italienne par le canal de Sicile[3].
14
+
15
+ Le relief de l'île est majoritairement composé de collines (61 %), dans le centre et le sud[3]. Les montagnes convrent 25 % du territoire[3], en particulier au nord avec les monts Péloritains, Nébrodes et Madonies, prolongements des Apennins. Il existe de rares plaines (14 %)[3], notamment la plaine de Catane et la Conca d'Oro.
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+
17
+ Ses 1 484 kilomètres de côtes sont majoritairement rocheuses au nord et sableuses au sud, plus variées à l'est[3].
18
+
19
+ Localisée à la rencontre de la plaque eurasienne et de la plaque africaine, la Sicile est célèbre pour ses volcans, notamment l'Etna, l'un des plus actifs du monde, point culminant de l'île à 3 323 mètres[3]. Mais d'autres cratères se rencontrent aussi au nord-est, dans les îles Éoliennes : ce sont le Stromboli et le Vulcano. De ce fait, la Sicile est également exposée aux tremblements de terre, comme à Messine en 1908 ou dans la vallée du Belice en 1968.
20
+
21
+ Surnommée Trinacrie dans l'Antiquité grecque en raison de sa forme triangulaire, sa situation de verrou au centre de la mer Méditerranée lui a toujours conféré une position stratégique. Ceci explique la richesse culturelle de l'île.
22
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23
+ La Sicile possède 238 zones protégées Natura 2000 couvrant 470 000 hectares[3].
24
+
25
+ Les fleuves siciliens sont tous de débit et d'étendue limités. Les cours d'eau apennins au nord sont appelés fiumare, et sont à caractère torrentiel, sauf en été où ils sont presque perpétuellement à sec. Les seules rivières qui atteignent une taille appréciable sont l'Imera méridionale, la plus longue de l'île, et le Simeto, celui-ci ayant le bassin hydrographique le plus étendu. Le fleuve Simeto est aussi connu pour la découverte de l'ambre minéral (simetina).
26
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27
+ Se jettent dans la mer Ionienne le Simeto, l'Alcantara, l'Agrò, le Ciane et l'Anapo ; dans la mer Tyrrhénienne l'Imera septentrionale et le Torto et dans le canal de Sicile le Platani, l'Imera méridionale (ou Salso) et le Belice. À l'exception du lac de Pergusa et du lac de Lentini (semi-artificiel), la Sicile ne comporte pas de lacs naturels[4].
28
+
29
+ À cause de sa position, la région et les îles avoisinantes sont concernées par une intense activité volcanique. Les volcans les plus importants sont : Etna, Stromboli et Vulcano. Ils ont la singularité d'appartenir à trois typologies différentes : éruptions de laves basaltiques entrecoupées de périodes de calme, pour la première typologie ; éruptions continues et fontaines de lave, pour la seconde, dont les caractéristiques ont été prises comme un modèle typologique par des scientifiques dans le domaine, qui ont forgé l'expression type strombolienne pour désigner les activités similaires des volcans terrestres ; enfin typologie de type explosive ou plinienne pour la troisième, caractérisée par de longues périodes de calme apparent et des éruptions violentes.
30
+
31
+ Située au sud de la péninsule italienne, l'île bénéficie d'un climat méditerranéen, aux hivers doux et humides et aux étés chauds et très secs. Au printemps les paysages sont verts et fleuris tandis qu'en été le manque d'eau les rend jaunes et sans fleurs. L'aridité est marquée dans le sud, directement atteint par le sirocco. La Sicile souffre d'ailleurs d'un déficit chronique en eau certaines années en été, occasionnant régulièrement des pénuries et des coupures sur l'île.
32
+
33
+ La Sicile possède une grande diversité climatique du fait de son relief. Sur la côte en été, à Palerme par exemple, le mercure ne descend jamais en dessous des 20 °C la nuit et peut grimper à 35 °C en journée. En hiver, au sommet de l'Etna, il peut faire −3 °C, où les précipitations au sommet sont sous forme de neige, mais sur la côte (toujours à Palerme pour exemple), il peut y faire au même moment 15 °C.
34
+
35
+ La variété des paysages de la Sicile ne permet pas d’attribuer un climat homogène à l’ensemble de l’île. De manière générale, le climat sicilien est doux l'hiver, et chaud l'été. Cela permet à une végétation typiquement méditerranéenne et tropicale de se développer. C'est un climat méditerranéen avec des tonalités africaines. Ainsi, le sirocco est un vent tropical terriblement chaud (plus de 40 °C) et sec, venant du Sud ou du Sud-Est, qui s'abat en été sur la Sicile. Ce vent, naissant dans le désert africain, brûle la Sicile et apporte même parfois du sable du désert du Sahara.
36
+
37
+ Catane est la ville la plus chaude de la Sicile — les étés torrides dépassent les 45 °C — mais avec des hivers plus frais que sur la partie occidentale de l'île. Enna, ville située au centre de la Sicile, possède des étés chauds comme sur la côte mais des hivers frais, à cause de l'altitude de la localité. Il a été mesuré une température exceptionnelle de 48,5 °C à Catenanuova le 10 août 1999[5].
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+ Peuplée de plus de 5 millions d'habitants, la Sicile reste, malgré des vagues successives d'émigration, une région densément peuplée. Sa densité est de 197 habitants/km2, contre 68,7 pour la Sardaigne et 32 pour la Corse.
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57
+ La population se concentre dans les grandes villes, essentiellement sur les côtes nord et est : Palerme (1 million d'habitants), Catane (500 000 habitants), Messine (300 000 habitants), ainsi que dans de multiples bourgs et petites villes à l'habitat groupé. En 2013, les provinces de Catanissetta et d'Enna ne représentait que 5,4 % à et 3,4 % de la population sicilienne. Palerme, Messine et Catane emploient 58,8% de la population active de l'île.
58
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59
+ Terre d'émigration massive vers l'Europe du Nord et vers l'Amérique du XIXe siècle jusque dans les années 1980, la Sicile accueille désormais des populations immigrées, même si celles-ci ne constituent que 3 % du total des habitants de l'île[7]. La Sicile est également devenue une zone de transit pour l'immigration clandestine de l'Afrique vers l'Europe du Nord à partir de Lampedusa.
60
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61
+ En Sicile, l'ascendance pastorale des steppes arrive vers 2 200 avant J.C., en partie en provenance d'Ibérie[12].
62
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63
+ À partir du IIe millénaire av. J.-C., l'île est occupée par trois peuples : les Sicanes, les Sicules et les Élymes.
64
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65
+ Les Sicanes, sans doute d'origine ibérique, étaient implantés dans l'ouest de l'île. Les Sicules, originaires de la péninsule et arrivés postérieurement, s'établirent dans le centre et l'est. Ils donnèrent leur nom à la Sicile qui s'appelait auparavant Trinakie.
66
+
67
+ À côté des Sicules à l'est et des Sicanes à l'ouest, la tradition littéraire indique que la région nord-ouest de l'île était habitée par les Élymes. L'image de ces derniers est plutôt floue et il est difficile d'en déterminer l'origine (attribuée tantôt à l'Anatolie, tantôt à l'Italie péninsulaire). Elle est généralement basée sur la langue et de récentes considérations indiqueraient une filiation italique.
68
+
69
+ Les études génétiques montrent que l'ascendance liée aux fermiers venus d'Iran arrive dans l'île au milieu du deuxième millénaire avant J.C.. Elle est contemporaine de sa propagation précédemment documentée en mer Égée. Ces études montrent également un remplacement de population à grande échelle après l'âge du bronze[12].
70
+
71
+ À partir du VIIIe siècle av. J.-C., les Phéniciens fondent des comptoirs commerciaux en Sicile. Ceux-ci, souvent établis sur des promontoires ou des îles voisines de la côte, sont concentrés à la pointe nord-occidentale comme Palerme, Solonte ou Motyé[13].
72
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73
+ La Colonisation grecque est due à quatre causes principales.
74
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75
+ Les écrits de Thucydide permettent de déduire les dates de fondations des cités :
76
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77
+ Cette chronologie est estimée par les historiens comme relativement fiable. Mais si on la recroise avec l’archéologie, on remarque une marge d’erreur d’environ 20 ans. Pour Naxos, la datation archéologique nous donne une date de fondation aux environs de 750. Et les plus vieilles traces grecques retrouvées vers 756. Aucune information n’est donnée pour Zancle[14].
78
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79
+ La Sicile fut ensuite gouvernée par des princes appelés « tyrans » dont les Denys l'Ancien et Denys le Jeune (qui accueillit le philosophe Platon).
80
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+ La Sicile fut un enjeu dans la guerre du Péloponnèse opposant Athènes à Sparte : en -415, sous l'influence d'Alcibiade, Athènes se lança dans l'expédition de Sicile, profitant des dissensions qui opposaient les cités de l'île : Athènes répondait à l'appel de Ségeste, attaquée par Sélinonte en -416. Syracuse, colonie corinthienne, était alliée de Sélinonte. Ségeste fit appel à Athènes, offrant même de payer les frais d'expédition. À ce moment de la guerre, la perte de l'Eubée, et la défection de nombreux alliés d'Athènes avaient rendu ses approvisionnements en blé précaires. La perspective de couper ceux des alliés siciliens de Sparte, tout en conquérant de nouvelles sources de ravitaillement fut certainement un élément déterminant.
82
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+ L'expédition prit la mer sous le commandement de Nicias, d'Alcibiade et de Lamachos en juin -415. En Sicile, Lamachos fut tué et Nicias resta seul à la tête de l'expédition. L'arrivée à Syracuse de Gylippos, général spartiate, fit perdre aux Athéniens la bataille des retranchements autour de la ville (octobre -414). La flotte athénienne fut emprisonnée dans la rade. Les Athéniens envoyèrent une force de secours commandée par Démosthène et Eurymédon (it). En août -413, la flotte fut défaite à la bataille des Épipoles, puis l'armée fut vaincue sur terre. Athènes perdit plus de deux cents navires dans cette expédition, et cinquante mille hommes (dont sept mille prisonniers des Latomies, carrière de Syracuse).
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+
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+ La Sicile fut un enjeu stratégique et économique important lors des deux premières guerres puniques entre Carthage et l'Empire romain. Elle tomba aux mains des Romains après la victoire du consul C. Lutatius Catulus en -241 aux îles Egates : cette bataille marqua la fin de la première guerre punique qui opposa Rome à Carthage sur le théâtre sicilien. Après cette défaite, Carthage abandonna la Sicile, qui devint une province romaine et assura désormais une partie importante du ravitaillement de Rome en céréales.
86
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87
+ Le roi de Syracuse Hiéron II fut un fidèle allié des Romains pendant la deuxième guerre punique, mais son petit-fils Hiéronyme, choisit en -215 le camp carthaginois. Après une série de victoires d'Hannibal, la prise de Syracuse en -212 annonce le redressement romain et préfigure la défaite carthaginoise. À la veille de l'Empire, la Sicile fut la base de la résistance des derniers Pompéiens menés par Sextus Pompée, fils de Pompée.
88
+
89
+ Au début de la République, la Sicile compte entre 600 000 et 1 000 000 d'habitants, dont une dizaine de citoyens romains seulement. Elle constitue aussi un enjeu économique important. Riche en terres agricoles, la Sicile est pour Rome une importante source de céréales devenant selon l'expression de Caton l'Ancien, « le grenier à blé du peuple romain »[15]. Les céréales sont cultivées dans des Latifundia exploités par une masse d'esclaves.
90
+
91
+ À l'avènement de l'Empire romain (27 av. J.-C.), la Sicile devient une province sénatoriale. Elle fait peu parler d'elle au cours des trois siècles suivants. Elle bénéficie en 212 de l'édit de Caracalla qui accorde la citoyenneté romaine à tous les hommes libres. Elle est rapidement christianisée sans être véritablement touchée par les hérésies des IVe siècle et Ve siècle[16].
92
+
93
+ Après la chute de l'Empire romain, la Sicile fut envahie par les Vandales en 440 apr. J.-C., suivi de la reconquête byzantine en 533 apr. J.-C., jusqu'à la conquête musulmane de 827 à 902.
94
+
95
+ En 535, le général byzantin Bélisaire, après avoir détruit le royaume vandale établi en Afrique du nord, prend Palerme et conquiert le reste de l'île, alors dépendance du royaume ostrogoth d'Italie. La Sicile devint à cette date une province de l'Empire byzantin, puis un thème. Cependant, la puissance bizantine allant déclinante, la Sicile fut attaquée par les forces du calife Othmân ibn Affân en l'an 652 qui quittent l'île peu de temps après. Autour de l'an 700, l'île de Pantelleria est prise par les Arabes.
96
+
97
+ Des accords commerciaux furent contractés avec les Byzantins, ces derniers espérant ainsi que leurs ennemis renonceraient à conquérir l'île. Ils furent donc autorisés à échanger librement des biens dans les ports de Sicile. Malgré ces accords, les flottes musulmanes procédèrent à des attaques répétées en 703, 728, 729, 730, 731, 733 et 734 (ces deux dernières incursions se heurtèrent à une importante résistance des Byzantins).
98
+
99
+ La première véritable expédition de conquête musulmane se déroula en 740, quand le prince Habib, qui avait participé à l'attaque de 728, parvient à s'emparer de Syracuse. Prêts à conquérir toute l'île, les Arabes furent contraints de rentrer en Afrique du nord en raison d'une révolte berbère. En 752, une nouvelle attaque contre Syracuse eut lieu, non pas pour conquérir la cité, mais pour la mettre à sac.
100
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101
+ En 826 Euphemius, amiral de la flotte byzantine en Sicile, se dresse contre l'empereur Michel II. Il offrit la Sicile à Ziadet-Allâh Ier, émir aghlabide de Kairouan qui régnait sur tout l'Ifriqiya, en échange de la vie sauve et d'un poste de général. Asad ibn al-Furât ibn Sinân prend la tête d'une armée composée d'Arabes, de Berbères, d'Andalous, de Crétois et de Perses. Elle était constituée par 10 000 fantassins, 700 cavaliers, 100 navires, ainsi que par la flotte et les cavaliers d'Euphemius. Une première bataille contre les troupes loyales byzantines eut lieu le 15 juillet 827 à Capo Granitola, sur le territoire de Mazara del Vallo, qui se solda par une victoire d'Asad ibn al-Furât ibn Sinân. Conquérant le sud de la Sicile, il assiège Syracuse pendant une année, déjouant une mutinerie, une contre-attaque byzantine depuis Palerme, soutenue par une flotte vénitienne dirigée par le doge Giustiniano Participazio. La peste emporte Asad et contraint les musulmans à lever le siège pour se replier au château de Mineo. Ils échouent devant Castrogiovanni (aujourd'hui Enna), où Euphemius meurt.
102
+
103
+ En 830, ils reçurent en renforts des troupes berbères et andalouses, soit au total 30 000 hommes. Les musulmans ibériques vainquirent les Byzantins commandés par Théodotus en juillet ou août de cette année. Mais à nouveau la peste frappe les rangs musulmans. Les Berbères prennent Palerme après un long siège, en septembre 831. Elle prit le nom de al-Madinah Balharm et devint la capitale de la Sicile musulmane.
104
+
105
+ La conquête du reste de l'île fut très difficile. Les Arabes rencontrèrent de fortes résistances et il fallut encore 70 ans pour s'en emparer en totalité. Messine tomba en 843. Syracuse, résidence des stratèges du thème de Sicile, résista à un long siège et fut prise en 878. La dernière place forte byzantine conquise, Taormine, tomba le 1er août 902. La puissance byzantine ne garda en Sicile qu'une ultime place forte, Rometta, qui ne fut prise que bien plus tard, par les Kalbites en 965, après un siège commencé en 963. Passée au cours du IXe siècle sous domination arabo-berbère[17], la Sicile est, au début du IXe siècle, sous contrôle des Fatimides, conquérants de l'Afrique du Nord appuyés par des Berbères. Durant cette période l'islamisation, l'arabisation et la berbérisation seront d'autant plus radicales qu'une importante vague migratoire berbère suivra les famines qui ravagèrent l'Afrique du Nord de 1004 à 1040.
106
+
107
+ Après l'échec de la tentative de reconquête byzantine en 965, un processus d'arabisation totale du territoire sicilien est mis en place, favorisé par une importante immigration arabe et berbère en provenance d'Afrique du Nord et appuyé sur une politique de développement économique et d'amélioration de la gestion fiscale. La Sicile se conforme alors au modèle économique des principautés d'Orient : production agricole destinée au marché et au palais, en particulier le coton, la soie, et les produits de luxe. Mazara, à l'extrémité sud-ouest de l'île, est alors le port central des échanges en Méditerranée.
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+ Les territoires musulmans de Sicile constituèrent une province de l'émirat des Aghlabides de Kairouan, sunnites maitres de l'Ifriqiya et vassaux du calife abbasside de Bagdad. La Sicile était administrée par un gouverneur, ou wâli, qui résidait à Balharm (Palerme) depuis la conquête de cette ville en 831. Les gouverneurs, dont la forteresse sera sous le comte normand Roger II de Sicile restructurée et agrandie pour former le Palais des Normands, dirigeaient l'administration, l'armée et la justice. Ils nommaient les gouverneurs des principales villes, les juges (cadi, qādi) les plus importants et les arbitres (hakam) compétents pour résoudre les petits litiges privés.
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+ Après l'invasion musulmane, les populations vivant en Sicile étaient constituées principalement de natifs siciliens, Grecs, de juifs sicilien, de quelques perses, et de rares Turcs provenant d'Asie centrale. Les musulmans ne cherchèrent pas à islamiser directement la Sicile, même si indirectement ils utilisèrent toutes les opportunités pour le faire. La partie occidentale de l'île se convertit à environ 50 % « mais une fois que l'île n'est plus sous domination musulmane, redeviennent chrétiens », tandis que la partie orientale resta en grande partie chrétienne. Quelques communautés chrétiennes grecques subsistent à Palerme, Catane et dans le val Demone. Il existait également à cette époque un nombre significatif de Juifs en Sicile. Durant cette période de domination musulmane de près de 250 ans, les chrétiens occupés se virent appliquer le statut juridique de la dhimma, tel que défini par la jurisprudence islamique[18], qui les autorisait à pratiquer leur culte de manière privée et dans les églises déjà existantes[19],[20].
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+ En 909, ‘Ubayd Allâh al-Mahdî, imam chiite des ismaéliens venu de Syrie et prétendant descendre de Mahomet par sa fille Fâtima az-Zahrâ’ et son gendre `Alî ibn Abî Tâlib, renversa les Aghlabides de Kairouan, et fonda la dynastie des Fatimides. Chiite, il contestait la légitimité du calife abbasside de Bagdad, sunnite et rejetait son autorité : il se proclama lui-même calife en 909 à Mahdia, où il établit officiellement sa capitale en 921.
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+ La Sicile devint alors une province de ce califat, un wali pro-Fatimides étant nommé à Palerme, `Alî ibn Ahmad ibn Abî al-Fawâris (qui avait déjà été gouverneur de la Sicile quelques années auparavant sous les Aghlabides).
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+ En 947, le calife fatimide Ismâ‘îl al-Mansûr Billâh avait nommé Hasan ibn `Alî al-Kalbî gouverneur de Sicile. En 948, il lui fut concédé le titre d'émir (amīr). Celui-ci établit alors sur la Sicile sa propre dynastie, les Kalbites (originaires du Yémen), vassale des Fatimides.
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+ La Sicile était partagée à cette époque en trois valli, c'est-à-dire des divisions administratives à la tête desquelles se trouvait un gouverneur nommé par l'émir (le mot valli est dérivé de l'arabe wâli, et non du latin vallis (vallée)). Le vallo de Mazara comprenait toute la partie occidentale de l'île, avec les provinces de Trapani, Agrigente et Palerme (ville de résidence de l'émir) jusqu'aux fleuves Imera septentrionale et Imera méridionale (ou fleuve Salso), le long d'une ligne imaginaire formée par les villes de Termini, Polizzi Generosa et Licata. Le vallo de Mazara faisait environ 11 000 km2 et était le plus grand des trois. Le vallo de Noto comprenait la partie sud-est de l'île, avec les cités de Noto et Syracuse. Le vallo Demone recouvrait la partie nord-est de l'île, autour de la province de Messine. Cette organisation de la Sicile en trois valli subsista bien après les Arabes, jusqu'en 1818.
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+ Au commencement du gouvernement des Kalbites, la Sicile, surtout dans sa partie occidentale, connut une grande prospérité. Les Arabes avaient réalisé des réformes agraires, démantelé les grandes propriétés terriennes (les latifundia) et encouragé la création de petites fermes. Ils avaient également amélioré les systèmes d'irrigation et construit de nouveaux aqueducs. Ils avaient introduit sur l'île l'orange, le citron, la pistache et la canne à sucre. L'île était devenue autosuffisante d'un point de vue alimentaire et exportait même des denrées vers l'Afrique du nord. La Sicile était également une grande région productrice de textiles. Elle était un carrefour et entretenait des relations commerciales avec l'Orient, l'Afrique et les républiques maritimes de la péninsule italienne (Amalfi, Naples, Gaète, Venise).
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+ Palerme, la capitale de l'émirat, aurait compté sous les Kalbites 350 000 habitants, ce qui en aurait fait une des villes les plus importantes d'Europe, la deuxième derrière Cordoue, la capitale du califat ibérique, qui en aurait compté 450 000. En 970, le marchand, voyageur et géographe originaire de Bagdad Ibn Hawqal visita Palerme qu'il décrivit comme la cité des 300 mosquées. Il ne s'agit bien sûr que d'une expression imagée indiquant le grand nombre; et il est probable qu'à cette époque-là, aucune ville européenne, musulmane ou chrétienne, n'atteint les 100 000 habitants – les économies locales étant totalement incapables de subvenir aux besoins journaliers de populations aussi considérables.
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+ La cour kalbite accueillit de nombreux savants, juristes, poètes et linguistes.
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+ L'apogée de l'émirat kalbite fut atteint en 982, date à laquelle l'armée musulmane de Sicile vainquit l'armée impériale envoyée par l'empereur Othon II à la bataille de Stilo, près de Crotone en Calabre. Bien que l'émir Abû-l-Qasim `Alî ibn Hasan trouvât la mort dans cette bataille, un grand nombre d'impériaux furent tués, comme Landolphe IV, prince de Bénévent, Henri Ier d'Augsbourg, le margrave Gunther de Merseburg, l'abbé de Fulda et plusieurs princes d'empire. Othon II dut fuir à la nage et trouva refuge sur un navire grec.
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+ Cependant, après cette bataille, le déclin des Kalbites commença. En effet, si l'éloignement des califes fatimides, qui avaient transporté leur capitale de Madhia au Caire en 973, ville fondée après la conquête de l'Égypte en 969, favorisa une plus grande indépendance, elle rendit également la dynastie sicilienne, qui tirait précisément la légitimité de son pouvoir des Fatimides, plus isolée. Des soulèvements de partisans des Byzantins ou des Zirides d'Afrique du nord ne tardèrent pas à éclater.
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+ Au début du XIe siècle, la Sicile entre dans une période de crise politique grave. L'autorité de l'émir Dja `far II ibn Yûsuf fut contestée en 1015 par son frère Ali, qui est pris et exécuté. En 1019, Palerme se révolta contre les Kalbites. Dja `far est démis pour confier le gouvernement à son autre frère, Ahmad, jugé plus capable de mater le soulèvement. Une quinzaine d'années plus tard, en 1035, une révolte menée par un ziride, `Abd Allâh Abû Hafs, éclata contre Ahmad, vaincu et tué en 1037.
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+ Les querelles dynastiques entre émirats rivaux conduisent à une fragmentation du pouvoir et à un affaiblissement politique dont profitent les Byzantins. En 1037, avec l'aide d'une faction musulmane, les Grecs lancent une nouvelle tentative de reconquête. L'expédition, conduite par le général grec Georges Maniakès comptait trois cents mercenaires normands prêtés par le prince lombard Guaimar IV de Salerne. Elle prit un certain nombre de villes sur la côte orientale et Syracuse tomba en 1040. Cette même année, Katakalôn Kékauménos défendit avec succès la ville de Messine, assiégée par les Arabes. Cependant, les Byzantins durent se retirer en 1042.
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+ Cet épisode précipita la chute des Kalbites. Le dernier représentant de la dynastie, Hasan II as-Samsâm ibn Yûsuf, qui avait repris le pouvoir en 1040, dut malgré la reconquête de la côte orientale de l'île en 1042, quitter la Sicile en 1044, contesté de toutes parts par les princes locaux, les caïds (qā'id), qui régnaient en maîtres sur leurs territoires. Il mourut en exil en 1053.
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+ Après le départ en 1044 du dernier émir de la dynastie des Kalbites, la Sicile était divisée en quatre caïdats. Aucun des caïds n'usurpa le titre d'émir, mais de fait chacun d'entre eux exerça sur son territoire une souveraineté absolue. Les quatre caïdats étaient les suivants :
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+ En 1065 le fils de l'émir ziride de l'Ifriqiya, Ayyûb ibn Tamîm, était devenu le maître d'à peu près toute la Sicile. Il avait hérité en 1062 de Syracuse d'ath-Thumna (tué cette année-là dans une bataille contre les Normands), ainsi que Palerme et Catane, que ce dernier avait lui-même reçu d'Ibn al-Maklatî en 1061. Il ajouta à ses possessions les caïdats de Trapani et de Girgenti en 1065.
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+ En 1068, après le retrait d'Ayyûb, deux caïds se partagèrent ce qui restait de la Sicile musulmane. Ibn `Abbâd, appelé Benavert dans les chroniques occidentales, établit sa capitale à Syracuse. Un certain Hammûd régnait quant à lui à Castrogiovanni (actuelle ville de Enna).
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+ Ces divisions au sein de l'émirat encouragèrent les ambitions des Normands du sud de l'Italie.
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+ Une famille de hobereaux normands (les fils de Tancrède de Hauteville) ayant conquis des terres en Italie méridionale, le pape chargea le plus jeune, Roger, d'envahir la Sicile pour la reconvertir au catholicisme, et lui accorda la souveraineté sur les terres à prendre. La conquête normande de l'île se fit en une trentaine d'années (1060-1090). Le fils de Roger Ier parvint à faire ériger l'île en royaume féodal en 1130. Roger II, admirateur de la culture musulmane, poursuivit la politique de tolérance de ses prédécesseurs. L'administration des rois normands était cosmopolite : elle rassemblait des Grecs, des Lombards, des Anglais et des Arabes. Ce syncrétisme se retrouve dans l'art de cette époque qui combine les apports romans, islamiques et grecs. L'île connut une période de prospérité, notamment dans l'agriculture.
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+ En février 1061, Robert Guiscard et son frère Roger débarquèrent en Sicile, avec la bénédiction du pape Nicolas II, et prirent la ville de Messine. La conquête de l'île fut longue et difficile du fait du petit nombre des troupes normandes – rarement plus d'un millier d'hommes. Ce qui confirme d'ailleurs la faible population musulmane de l'île : comment 1000 hommes auraient-ils pu conquérir Palerme, si celle-ci avait compté 300 000 habitants ? Cependant, les Normands bénéficièrent des divisions des musulmans et du soutien de la population insulaire chrétienne. La conquête de la Sicile fut dévolue plus particulièrement à Roger, désireux de s'y tailler un fief. Il tua dans une bataille le caïd de Syracuse, Palerme et Catane Muhammad ibn Ibrâhim ath-Thumna en 1062 et obtint cette même année le titre de comte de Sicile. L'année suivante à la bataille de Cerami, une petite troupe de chevaliers et de fantassins normands défit une armée musulmane beaucoup plus nombreuse. Cette même année 1063 a lieu le sac de Palerme, sous la direction de l'amiral pisan Giovanni Orlando et avec l'appui terrestre de Roger. En 1068, les Normands furent à nouveau vainqueurs contre les Arabes, à la bataille de Misilmeri. Cette victoire ouvrit le chemin de Palerme et permit d'envisager la conquête de l'ouest de la Sicile.
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+ L'ancienne capitale des gouverneurs et des émirs de Sicile, Palerme, fut prise par le comte Roger en 1072, après 241 années de domination musulmane. Cet évènement ouvrit la voie à la conquête de la totalité de l'île. En 1077, Trapani fut prise à son tour par Roger et son fils Jourdain, puis Taormine en 1079.
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+ Cependant, le caïd de Syracuse, Ibn `Abbâd Benavert, menait une résistance acharnée et en 1081 vainquit le gouverneur de Catane, un musulman converti au christianisme. En 1086, il s'opposa en personne au comte de Sicile devant Syracuse, son fief assiégé. Mais, le 25 mai, il mourut accidentellement. Couvert d'une lourde armure, il chuta et tomba à l'eau, coulant à pic à cause du poids de celle-ci. Syracuse finit par tomber en octobre.
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+ Après cet évènement, le caïd de Castrogiovanni, Hammûd, se soumit à Roger et se convertit au christianisme. Le comte normand lui donna de vastes fiefs en Calabre. La conquête de l'île fut achevée en 1091 avec la prise de Noto, ville où s'étaient réfugiés la veuve et le fils de Benavert. La puissance musulmane en Sicile avait définitivement disparu.
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+ L'histoire normande en Italie méridionale commence au début du XIe siècle avec Rainulf Drengot aventurier et mercenaire devenu vers 1030 comte d'Aversa en Campanie. Le suivit vers 1035 Guillaume Bras-de-Fer, premier des frères Hauteville qui allaient marquer de leur empreinte la région.
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+ En 1059, l'un des frères de Guillaume Bras-de-Fer, Robert Guiscard, fait un pacte avec le pape Nicolas II dans lequel il se déclare formellement son vassal, obtenant en échange le titre de duc d’Apulie, de Calabre et de Sicile, auxquels il faut ajouter aussi l'actuelle Basilicate et une partie de la Campanie et du Molise actuel. Les Normands réussissent très vite à supplanter la noblesse locale, d'origine lombarde, à éliminer la présence byzantine du sud de l'Italie (1071), et se consacrent alors à conquérir la Sicile, alors entre les mains des musulmans. La Sicile est progressivement conquise entre 1060 à 1091 par Robert Guiscard et son frère Roger, qui sera le premier comte normand de l'île. En 1130, l'antipape Anaclet II, alors maître de Rome, investit le fils de ce dernier, Roger II, roi de Sicile et devient son suzerain, ce qui posera un problème politique quand les Hohenstaufen prendront le pouvoir dans le royaume de Sicile, en échange de son soutien contre Innocent II. Par la suite, Innocent II, ayant réussi à réunir des soutiens en Europe, pousse l'empereur Lothaire III à attaquer la Sicile. Bien que progressant rapidement par la défection de nombreux vassaux, ce dernier finit par abandonner, non sans avoir perdu les faveurs du pape, et meurt en traversant les Alpes en 1137. Roger reconquit rapidement les territoires perdus, et son fils, ayant capturé le pape en tendant une embuscade à son armée à Galluccio, il le contraint à la paix de Mignano qui reconnaît les titres de Roger, même s'il faudra attendre 1156 et le traité de Bénévent pour que la papauté se résigne réellement à cette situation.
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+ Les règnes de Roger II (1130-1154) et de son fils et successeur Guillaume Ier (1154-1166) seront consacrés à agrandir leur royaume, notamment en Ifriqiya (autour de Mahdia)1 ou en attaquant l'Empire byzantin, mais avant tout à mater les révoltes incessantes de leurs vassaux ; il faudra en effet attendre la fin de la régence du jeune roi Guillaume II (1166-1171) pour voir celles-ci disparaître. Son règne (1166-1189) est marqué par un rapprochement avec le pape et l'empereur germanique, par le biais d'un mariage entre sa tante Constance et le fils de l'empereur, le futur Henri VI. Les terres d'Afrique perdues, il se tourne vers l’Égypte de Saladin sans succès, puis vers l'Empire Byzantin à la mort de Manuel Comnène, où ses succès lui font menacer Constantinople même avant de faire la paix en 1189. C'est surtout sous le règne de Guillaume Ier et de Guillaume II que seront effectuées en Sicile des traductions de textes grecs fondamentaux par Henri Aristippe, qui participent au mouvement de traduction d'œuvres scientifiques et philosophiques grecques et arabes du XIIe siècle, dans le cadre de la Renaissance du XIIe siècle.
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+ Guillaume II mourant en 1189 sans enfant légitime, les prétendants au trône sont Tancrède de Lecce, bâtard du duc Roger III d'Apulie (un des fils du roi Roger II), Roger d'Andria, noble normand prétendant descendre des Hauteville, et l'empereur Henri VI par le biais de son mariage. C'est ce dernier qui triomphera en 1194 et monta sur le trône sicilien, mettant un terme à la période normande du royaume.
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+ Le trône passa ensuite, par héritage, à la dynastie germanique des Hohenstaufen qui gouverna la région à partir de 1194 et adopta Palerme comme capitale en 1220. C'est par son mariage avec la fille de Roger II que l'empereur Henri VI établit sa souveraineté sur la Sicile. Son fils, l'empereur Frédéric II, passera l'essentiel de son existence dans l'île.
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+ Des conflits entre les Hohenstaufen et la papauté provoquèrent en 1266 la conquête de l'île par Charles Ier, comte d'Anjou et frère du roi de France Louis IX. Celui-ci mécontente les Siciliens en s'installant à Naples et en distribuant des fiefs à des Français. Le 30 mars 1282, le jour de Pâques, des émeutes, les Vêpres siciliennes, provoquées par des taxes excessives et exploitées par Pierre III d'Aragon et Michel VIII Paléologue, provoquèrent le massacre des Français de Sicile puis la conquête de l'île par le roi catalan Pierre III d'Aragon.
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+ La fin du Moyen Âge est une période de crise pour la Sicile : la peste noire dépeuple la région et les luttes de la noblesse créent un climat négatif. L'Inquisition est instaurée en 1487.
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+ La période espagnole est marquée par un relatif déclin de la Sicile. La société est dominée par une aristocratie et une Église qui disposent d'importants privilèges.
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+ Pendant la période révolutionnaire, la Sicile reste aux mains du Bourbon Ferdinand III de Sicile (1759-1816), grâce à la protection britannique alors que les Français sont installés au sud de la péninsule italienne. Les tentatives de réformes aboutissent à la Constitution de 1812 et à l'abolition des privilèges féodaux. Une petite bourgeoisie commence à se former. Mais ces efforts sont anéantis par le retour des Bourbons qui unifièrent les deux royaumes et s'installèrent à Naples. À partir de cette date, plusieurs mouvements de révolte contre la politique réactionnaire des Bourbons (refus d'instituer un gouvernement constitutionnel) échouent. En 1820, les révolutionnaires de Palerme demandent l'autonomie de l'île. La révolution de 1848 est agraire et particulariste.
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+ Après le débarquement de Giuseppe Garibaldi, la Sicile approuve, le 12 octobre 1860, un très contesté plébiscite d'annexion à l'État piémontais — le vote se fait sous la menace de l'armée d'occupation et n'était pas secret. L'année suivante, le 17 mars 1861, l'État piémontais changea son nom en royaume d'Italie et la Sicile devint une partie de l'Italie.
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+ En Sicile et dans le Sud de l'Italie une vaste guérilla populaire (le Brigantaggio (it)) de résistance contre les Piémontais et le nouvel État italien, qui dura plus de 10 ans, donna lieu à une violente répression militaire menée par l'armée italienne. Elle causa dans les premières années des centaines de milliers de morts civils, des milliers de déportés, la destruction de nombreux villages, l'effondrement économique de toutes les régions du Sud et une énorme vague d'émigration sans précédents dans l'histoire de l'île, qui porta des millions de Siciliens à l'étranger.
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+ Avant l'union avec l'Italie, la Sicile a été une des régions les plus riches et développées d'Italie. Palerme et la Conca d'Oro s'enrichissent avec l'exportation d'agrumes, en particulier de citron, et un certain développement industriel et économique voit le jour, soutenu par les deux grandes familles de Palerme, les Florio, représentés à partir de 1891 par Ignazio Florio Jr., l'une des plus grosses fortunes d'Italie, et de l'autre côté par les Whitaker (it), propriétaires de la villa qui deviendra le Grand Hôtel et des Palmes, où Wagner acheva à l'hiver 1881-1882 son dernier opéra, Parsifal. L'influence des Florio est telle que la presse désigne Palerme sous le nom de « Floriopolis », tandis que la haute société européenne de la Belle Époque afflue dans la ville admirer son opulence.
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+ Mais après, la Sicile et tout le sud d'Italie furent ravagés, au profit du Nord, où se créèrent de grandes zones industrielles et urbaines. Les historiens situent la naissance des réseaux de crime organisé à partir de la fin du XIXe siècle, puis leur influence s'étendit partout dans le monde. La mafia fut réprimée au début de l'ère fasciste, mais cela cessa lors des années 1930. Après la Seconde Guerre mondiale, elle profita du débarquement allié en 1943, du marché noir puis de la reconstruction pour opérer une renaissance et se lier à la mafia italo-américaine dans le marché de l'héroïne.
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+ Depuis 1946, la Sicile est une région autonome et a bénéficié de la réforme agraire partielle de 1950-1962, des subsides spéciaux provenant de la Cassa per il Mezzogiorno, du fonds du gouvernement italien pour les régions du Sud, ainsi que plus récemment des aides européennes (objectif I).
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+ Un des plus gros enjeux pour la Sicile est celui de la lutte contre la mafia (ou Cosa Nostra), organisation criminelle socialement enracinée et qui use de son pouvoir à travers tout un réseau clientéliste. Elle s'est distinguée dans les années 1950-1960 par le sac de Palerme. De la fin des années 1970 au début des années 1990, sous la direction du parrain Toto Riina, Cosa Nostra a mené une véritable guerre contre l'État italien, multipliant les assassinats de politiciens, de journalistes, de policiers et de magistrats (en particulier les juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino en 1992). Si la Mafia se fait depuis plus discrète, elle continue de racketter les entreprises par le pizzo et noyaute l'économie à travers de multiples appels d'offres truqués, formant un véritable obstacle au développement de la région.
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+ Par ailleurs, l'île de Lampedusa attire régulièrement l'attention des médias par les boat-people sans-papiers qui y débarquent ou y sont débarqués, puis enfermés dans des centres de détention avant d'être expulsés ou invités à rejoindre le continent et bénéficier d'un statut de réfugié.
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+ La Sicile dispose d'un très riche patrimoine culturel, héritage de son histoire aux multiples influences. Dans l'Odyssée la Sicile s'appelle l'île du soleil.
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+ De nombreuses légendes de la mythologie grecque ont pour cadre la Sicile.
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+ C'est sous cette île, au cours de la gigantomachie, que la déesse Athéna écrase le géant Encelade dont l'haleine de feu sort de l'Etna et dont les mouvements provoquent les séismes. Dans ce volcan, Héphaïstos tenait une forge, aidé par des cyclopes forgerons, et le poète grec Pindare y loge le monstre Typhon. Perséphone y est élevée à Déméter jusqu'à son enlèvement par Hadès près du Lac de Pergusa.
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+ Pays des Cyclopes, deux poèmes en langue grecque du poète sicilien Théocrite aux alentours de 275 av. J.-C., y situe l'histoire du cyclope pasteur Polyphème, amoureux éconduit par la Néréide Galatée qui change le sang de son amant, le berger sicilien Acis, écrasé sous un rocher par le cyclope jaloux, en une rivière (it) portant son nom en Sicile. Ce même Polyphème rencontre dans l'Odyssée d'Homère, Ulysse et ses compagnons fraichement débarqués sur l'île, et est aveuglé par le roi d'Ithaque qui lui crève l'œil pour lui échapper.
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+ L'équipage d'Ulysse revient plus tard dans l'île de Trinacrie, après avoir subit les menaces des monstres marins du détroit de Messine, Charybde et Scylla, que seuls les Argonautes étaient parvenus à franchir avec l'aide d'Héra. Une fois accosté, Ulysse, dûment chapitré à ce sujet au chant XI par le devin Tirésias, interdit à ses hommes de toucher aux troupeaux de bœufs et de moutons d'Hélios, dieu du Soleil. Alors qu'il dort, pourtant, ses hommes affamés abattent des vaches. Hélios réclame vengeance auprès de Zeus qui foudroie le navire d'Ulysse, l'épargnant seul au passage.
196
+
197
+ C'est encore en Sicile que Dédale trouve refuge, auprès du roi Cocalos, pour se soustraire à la vengeance du roi Minos, lequel le retrouve grâce à un défi, celui de faire passer un fil à travers les orifices d'une coquille, que seul l'ingénieux architecte pouvait résoudre, ce qu'il fit en accrochant le fil à une fourmi qui traversa alors tous les orifices de la coquille. Cocalos refusant de livrer Dédale, une guerre entre les deux rois s'engagea jusqu'à la mort du roi de Crète en Sicile, ébouillanté dans son bain par les filles de Cocalos.
198
+
199
+ Auparavant, Héraclès, franchissant le détroit de Messine avec les bœufs de Géryon, traverse la Sicile, où les Nymphes font jaillir pour lui des sources chaudes à Himère et à Égeste, avant qu'il ne vainque le roi Éryx. Liés dans les textes antiques à Solonte, Agyrion, Syracuse, Motyé et Léontinoi[21], il laisse son nom à deux cités, Eraclea Minoa fondée par Sélinonte, et Eraclea da Dorieo, fondée par Dorieus.
200
+
201
+ Les Romains font également de la Sicile un des théâtres de leur mythologie, tel Ovide qui relate l'histoire d'Aréthuse, nymphe transformée par Diane une source souterraine qui jaillit à Ortygie, ou Virgile, selon lequel Énée rencontre près de l'Etna un des marins d'Ulysse, Achæmenide, puis a été accueilli à Drépane par Aceste[21]. Les Romains pensaient que Vulcain se trouvait dans l'île éponyme, au nord de la Sicile.
202
+
203
+ Messine aurait été fondée par le géant légendaire Orion, Ségeste par les rescapés de la guerre de Troie.
204
+
205
+ Le drapeau et l'héraldique de la Région Sicile est un quadrilatère comportant les deux couleurs jaune et rouge, limités par une diagonale reliant le coin haut à gauche à celui du bas à droite, avec au centre un Triskèle représentant trois jambes nues tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et en son milieu le Gorgoneion, visage de Méduse (mythologie)[2].
206
+
207
+ Le drapeau est présent, selon la loi régionale no 1 du 2000[30], dans tous les bâtiments publics régionaux.
208
+
209
+ L'hymne Madreterra (it) a été composé par Vincenzo Spampinato (it) et a été joué pour la première fois par l'Orchestre symphonique sicilienne (it) en 2003. Il s'agit du premier hymne officiel adopté par une région autonome italienne[31].
210
+
211
+ L'hymne a été source de polémiques vu la décision d'écrire le texte officiel en langue italienne au lieu de celle sicilienne.
212
+
213
+ Néanmoins une version en langue sicilienne a été aussi écrite[32].
214
+
215
+ La région souffre comme l'ensemble du Mezzogiorno d'un retard économique, d'un fort taux de chômage (environ 20 % des actifs), ainsi que de l'infiltration mafieuse.
216
+
217
+ En 2006, le produit intérieur brut (PIB) de la Sicile atteint 82 938,6 millions d'euros, et le PIB/habitant est de 16 531,50 euros. Le nombre d'entreprises s'élève à 234 623. En 2012, le PIB était de 84,9 millions d'euros (5,4% du PIB de l'Italie), soit 16 826 euros par habitant, contre 25 600 au niveau de l'ensemble du pays[3].
218
+
219
+ L'économie est majoritairement tertiaire (services publics, et dans une moindre mesure l'intermédiation financière, l'immobilier et le commerce), avec un certain développement de l'agriculture (7 % des emplois) et une faible industrialisation (9,6 % des emplois).
220
+
221
+ En 2012, l'île fournissait 3,3 % des exportations italiennes (issues essentiellement des industries pétrochimique, chimique, agricole et électronique)[3].
222
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223
+ En 2013, le taux de chômage est de 21% contre 12,2% au niveau national[3], touchant principalement les femmes et les jeunes.
224
+
225
+ Palerme et Catane concentrent les principales entreprises siciliennes. Catane accueille le plus vaste parc scientifique régional, l'Etna Valley, spécialisé en informatique et en biotechnologie. Les autres principales zones industrielles sont autour de Messine, Syracuse et Géla, zones dominées par l'industrie pétrochimique, et dans les régions de Mazara del Vallo, Marsala et Trapani, notamment liées aux activités maritimes et viticoles[3].
226
+
227
+ Le tableau indique le PIL (PIB en italien) et le PIL par habitant[33] en Sicile de 2000 à 2009:
228
+
229
+ Le tableau indique le PIB[33], de la Sicile aux prix courants du marché en 2006, exprimé en millions d'euros rapporté aux principales activités économiques :
230
+
231
+ Le patrimoine naturel et culturel de la région fait du tourisme un des secteurs majeurs de l'économie sicilienne, même s'il ne représente que 4 % du PIB régional contre 10,3 % du PIB italien, freiné par le manque d'infrastructures, le ralentissement du tourisme national, et la saisonnalité de la demande également géographiquement concentrée autour de quelques pôles urbains[3]. L'île est en effet dotée d'une offre touristique importante et variée, alliant entre autres tourisme balnéaire (Cefalù, Taormine), naturel (Etna) et culturel (Palerme, Agrigente, Noto…).
232
+
233
+ En 2013, les établissements d'hébergement ont accueilli 4,4 millions de personnes pour des séjours moyens de 3,3 nuits. Les Italiens composent la majorité de ces touristes (55,48 %)[3].
234
+
235
+ L'agriculture garde un poids déterminant dans l'économie sicilienne, en employant 10 % des actifs, contre 4,1 % au niveau national[35].
236
+
237
+ L'île a des terres riches et fertiles (volcaniques et/ou argilo-calcaires) qui produisent vin, huile d'olive, légumes, blé, amandes, grenades, agrumes (en particulier les citrons, les mandarines telles celles de Croceverde Giardini, ou encore la bergamote et le papyrus).
238
+
239
+ Près de 1 734 200 hectares de terre sont cultivés soit 67 % de la superficie de l'île dont, en 2013, 301 000 consacrés à la culture des céréales, 156 000 à celle des oliviers, 129000 à la viticulture et 86 000 hectares à la culture des agrumes[3]. Les légumes et les primeurs sont les cultures à plus haute valeur ajoutée.
240
+
241
+ Actuellement, Syracuse est le seul endroit en Europe où l'on peut trouver du papyrus à l'égyptienne.
242
+
243
+ La pêche tient également une place importante dans les localités maritimes. La pêche au thon est une des activités majeures.
244
+
245
+ L'espadon est l'un des mets préférés des Siciliens. Quelques villages pratiquent encore la pêche traditionnelle (appelée chasse) dans le détroit de Messine[35].
246
+
247
+ La Sicile possède le plus grand vignoble italien[36], avec une production annuelle de 8 millions d’hectolitres de vin sur 180 000 hectares, et une vingtaine de cépages autochtones plantés[37].
248
+
249
+ Déjà, les Phéniciens, avec les Grecs, y auraient inventé la vinification entre le Xe et le VIIIe siècle av. J.-C.[36]. Puis, Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle témoigne de la renommée à l'époque de Jules César du mamertin de Messine et cite comme de moins grande qualité le potulan et le vin de Tanrominium, ainsi qu'un vin doux d'aluntium[38]. Les Byzantins puis les musulmans, développent la culture de la vigne, ces derniers introduisant le zibibbo. Les Normands poursuivent cette culture, à l'instar de la vinerie de l'abbaye Santa Anastasia fondée par Roger de Hauteville en 1101[39].
250
+
251
+ En 1773, le marchand anglais John Woodhouse découvre le vin de Marsala auquel il ajoute de l'alcool pour l'exporter dans le monde entier, suivi de plusieurs compatriotes, comme la famille Whitaker[39].
252
+
253
+ Au XXe siècle, la Sicile reste un gros producteur de raisins, mais en exporte l'essentiel, abandonnant la valorisation de ses crus[36]. Dans les années 2000, les domaines viticoles renaissent autour des cépages traditionnels comme le nero d’Avola, le nerello mascalese, le nerello mantellato, le perricone, le frappato et le calabresenero d'Avola en rouge, le cataratto, le grecanico, le grillo, l'inzolia, le zibibbo, le damaschino, le trebbiano, l'ausonica, le moscato bianco et le corinto nero en blanc, mais aussi de cépages importés (merlot, le cabernet sauvignon, le cabernet franc et le syrah ; chardonnay et viognier)[36].
254
+
255
+ Protégés par les mentions traditionnelles DOCG (Cerasuolo di Vittoria), DOC et IGT, les vins les plus connus sont ceux produits près de Noto et de Marsala et de Pantelleria.
256
+
257
+ La Sicile n'est pas une région fortement industrielle, bien que des mines de soufre aient été fortement exploitées à la fin du XIXe siècle. L'installation d'usines s'est faite sous l'impulsion de politiques étatiques, à travers la « Caisse pour le Mezzogiorno ». Le résultat de ces politiques a été la création de véritables « cathédrales dans le désert », tel le pôle pétrochimique de Syracuse. L'industrie extractive est présente à travers les gisements de pétrole et de gaz naturel dans le sud-est de l'île. Au total, l'industrie participe au produit intérieur brut de la Sicile presque autant que l'agriculture.
258
+
259
+ En 2012, 29 481 entreprises industrielles exerçait leurs activités dans le domaine manufacturier, l'alimentaire et la métallurgie. Les régions de Catane et de Palerme sont les plus industrialisées[3].
260
+
261
+ La Sicile a longtemps souffert d'un manque d'infrastructures.
262
+
263
+ Les principaux aéroports, assurant des liaisons vers le reste de l'Italie et vers l'international, sont l'aéroport de Catane à l'est (6 206 662 passagers en 2012), l'aéroport de Palerme à l'ouest (4 335 668 passagers en 2013), ainsi que ceux de Comiso et Trapani. Ils accueillent 8,9 % des passagers d'Italie[3].
264
+
265
+ Les transports maritimes sont très développés, notamment en raison de l'insularité. La Sicile compte 48 ports (18,2 % de tous les ports italiens)[3]. Le port de Messine, à 3 km de la Calabre, permet de relier l'Italie continentale par des navettes, et permet des liaisons entre les réseaux routiers et ferrés des deux côtés du détroit de Messine. Le trafic passager et commercial vers le reste de l'Italie existe à travers les principaux ports de l'île. Des liaisons quotidiennes par car-ferries reliant Palerme aux principaux ports du continent existent également. La compagnie Grandi Navi Veloci assure des traversées vers Gênes, Civitavecchia et Naples tandis que Grimaldi Lines relie l'île à Livourne et Salerne. La compagnie Tirrenia assure de son côté la liaison avec Naples. Il existe aussi une ligne internationale vers la Tunisie assurée par Grandi Navi Veloci de même qu'une liaison avec la France assurée par Corsica Ferries - Sardinia Ferries en 2019.
266
+
267
+ Le réseau routier se compose des autoroutes A18 (Messine-Catane, bientôt prolongée jusque Syracuse et Gela), A19 (Palerme-Catane), A20 (Messine-Palerme), A29 (Palerme-Trapani/Mazara del Vallo). De nombreux axes secondaires structurent le territoire.
268
+
269
+ Le réseau ferré assure des liaisons entre les principales villes. Toutefois, le trafic des trains est assez lent.
270
+
271
+ Côté ouvrage d'art, le pont Costanzo est le viaduc le plus haut[40] (168 m), le viaduc de Fichera le plus long[41] (7,3 km), et le tunnel de Caltanissetta (it) (actuellement en construction) le plus long de la région[42] (4 km).
272
+
273
+ Des autoroutes ont récemment été construites et agrandies au cours des quatre dernières décennies. Les plus importants sont les autoroutes (autostrada) qui traversent la partie nord de l'île. Une grande partie du réseau autoroutier est élevée et desservie par des viaducs en raison du relief montagneux de l'île[43],[44],[45],[46]. D'autres routes principales sont les Strade Statali comme la SS.113 qui relie Trapani à Messine (via Palerme), la SS.114, Messine-Syracuse (via Catane) et la SS.115, Syracuse-Trapani (via Raguse, Gela et Agrigente).
274
+
275
+ Un pont suspendu de 5 300 mètres entre la Sicile et la péninsule italienne a été mis en projet par le gouvernement italien, le pont de Messine. La décision de construire le pont, sous l'impulsion de la droite de Silvio Berlusconi, est très contestée par certains milieux politiques de gauche, et le gouvernement de Romano Prodi l'a suspendu en 2006. Le projet, sans cesse reporté, reste depuis soumis aux aléas politiques[47].
276
+
277
+ Au 31 décembre 2015, il y a 183 192 résidents étrangers dans la région (3,61 % de la population totale). Les groupes de plus de 2 000 ressortissants sont[48] :
278
+
279
+ La langue officielle parlée en Sicile est l'italien. Une grande partie de la population locale parle aussi dans leurs cercles intimes le sicilien, reconnue comme langue par l'UNESCO et l'Union européenne mais qui ne bénéficie d'aucune forme de protection par la Région sicilienne ou l'État italien[49]. À l'intérieur même de la langue sicilienne, on trouve des dialectes, différents suivant les régions de la Sicile, mais tous mutuellement intelligibles.
280
+
281
+ Le sicilien est considéré comme langue régionale en vertu de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, signée par l'Italie le 27 juin 2000, mais pas encore encore ratifiée.
282
+
283
+ Sur l'île il y a quelques minorités ethno-linguistiques : la minorité albanaise, appelée Arbëresh, dans la province de Palerme, qui elle est considérée par la loi nationale de 1999[50] et protégée par la loi régionale de 1998[51] ; la minorité gallo-italique de la Lombardie sicilienne et celle grecque de Messine[52],[53].
284
+
285
+ Le rapport établi par Legambiente et il Sole 24 Ore[54] sur l'écosystème urbain sur la qualité écologique des chefs-lieux italiens prend en compte la fiabilité du système du transport urbain, de la surface verte par habitant, l'efficacité du réseau de l'eau, la qualité de l'air, des pistes cyclables, de la quantité des eaux retraitées, de la diffusion des énergies renouvelables, de la gestion des déchets et du tri sélectif.
286
+
287
+ Les données pour la Sicile classent ses chefs-lieux dans le fond des classements nationaux :
288
+
289
+ Données de 2012[54]
290
+
291
+ Le terme mafia ou Cosa Nostra se référait d'ailleurs à l'origine uniquement de l'organisation criminelle sicilienne. Aujourd'hui, cependant, le terme mafia est également associé avec d'autres organisations mafieuses comme la Camorra napolitaine, la N'drangheta en Calabre, la Sacra Corona Unita des Pouilles. Ses origines, selon la recherche historique, date du début du XIXe siècle et sont placés par rapport à l'ancien phénomène de banditisme. Toutefois, il convient de souligner que cette affirmation est peu partagée ; une bonne partie des chercheurs situent la naissance du phénomène au XVIe siècle, lorsque dans diverses parties de l'Italie se sont formées des organisations criminelles du type de celle évoquée par Alessandro Manzoni dans son chef-d'œuvre Les Fiancés (le « bon » Don Rodrigo). À tort ou à raison, sa naissance remonte au début du XIXe siècle, lorsque les gardiens géraient quotidiennement les terrains de la noblesse sicilienne et les tâcherons qui y travaillaient. Il s'agissait des gens violents, intermédiaires entre les propriétaires féodaux et les tâcherons, souvent dans les conditions similaires à celles des serfs de la glèbe qui, pour mieux exercer leur travail, s'entouraient de gardiens à leur solde, d'où la logique hiérarchique qui existe encore aujourd'hui[55].
292
+
293
+ À partir des années 1950, la mafia se rapproche étroitement de la politique: depuis Vito Ciancimino, des représentants de la politique sicilienne ont été reconnus comme complices. Les guerres internes se sont produites : la première guerre de la mafia (en 1962) et la deuxième guerre (en 1978)
294
+
295
+ La période entre les années 1980 et 1990 voit de nombreux homicides, assassinats et attentats : Capaci[56], via d'Amelio, via Georgofili… La lutte contre la mafia s'organise avec comme résultat le «  maxiprocesso » (maxi-procès) de Palerme[57]. Giovanni Falcone et Paolo Borsellino qui mènent la lutte contre les noyaux d'adhérents à la mafia sont tués en 1992, après d'autres meurtres, comme ceux de Cesare Terranova, Carlo Alberto Dalla Chiesa, Antonino Saetta (it), Rosario Livatino et Ninni CassaràNinni Cassarà. Après une accalmie, suivent les arrestations de parrains comme Totò Riina, en 2006, celle d'un chef historique de la mafia Bernardo Provenzano et, en 2007, l'arrestation de Salvatore Lo Piccolo, son successeur.
296
+
297
+ Les experts de l'antimafia estiment que Matteo Messina Denaro est le successeur de Lo Piccolo et Provenzano au sommet de Cosa Nostra[58].
298
+
299
+ Les activités du crime organisé limite le potentiel de croissance de l'île. Les pouvoirs publics ont confisqué 5 515 avoirs issus de la mafia entre janvier 2013 et septembre 2014. L'Union européenne a investi 63 millions d'euros au titre du FEDER 2007-2013 afin de transformer d'anciennes propriétés de la mafia en centres d'agritourisme et d'affaires[3].
300
+
301
+ La Sicile a le statut de région autonome d'Italie depuis 1946. Elle possède un organe législatif, l'assemblée régionale (Assemblea regionale siciliana) dont les 90 membres élisent un conseil régional (Giunta regionale) de 12 ministres (Assessori). Le chef de l'exécutif est le président de la région, élu directement par les citoyens pour un mandat de cinq ans.
302
+
303
+ Elle dispose de ce fait de pouvoirs plus étendus que les autres régions[59],[60],[61] et aussi réglemente directement les municipalités de l'île[62].
304
+
305
+ Les compétences exclusives sont l'agriculture, la sylviculture, l'industrie, le commerce et l'aménagement urbain (au titre de l'article 14, titre II du statut du gouvernement régional de Sicile), ainsi que les transports régionaux et les communications ; la santé et la sécurité publiques ; les soins de santé ; l'enseignement secondaire et supérieur; la règlementation des crédits financiers et des produits d'assurance et d'épargne; les affaires sociales (relations professionnelles, protection et aide sociales) ; les taxes agricoles ; les services publics ; tout autre domaine touchant à des services d'intérêt régional (au titre de l'article 17, titre IV du statut du gouvernement régional de Sicile)[3].
306
+
307
+ En 2013 et 2014, l'assemblée régionales a adopté une réforme des autorités locales remplaçants les 9 provinces existantes par des associations libres de communes (liberi consorzi)[3].
308
+
309
+ Politiquement, la région est marquée par le vote catholique centriste. Bastion de la Démocratie chrétienne jusqu'au début des années 1990, la Sicile vote désormais traditionnellement à droite.
310
+
311
+ Les 9 anciennes provinces siciliennes sont abrogées par projet de loi adopté le 19 mars 2013 par l'Assemblée régionale sicilienne dirigée par Rosario Crocetta. Elles sont remplacées par des syndicats libres de communes dont l'élection est prévue en décembre 2017[64],[65].
312
+
313
+ Les anciennes provinces sont les suivantes :
314
+
315
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/5381.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,195 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Mise en garde médicale
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+
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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+
5
+ Le syndrome d'immunodéficience acquise, plus connu sous son acronyme sida, est un ensemble de symptômes consécutifs à la destruction de cellules du système immunitaire par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH)[2],[3]. Le sida est le dernier stade de l'infection au VIH, lorsque l'immunodépression est sévère. Il conduit à la mort par suite des maladies opportunistes auxquelles il donne lieu. Un patient atteint du sida est appelé « sidéen », terme qui a progressivement remplacé le terme plus ancien « sidatique »[4],[5].
6
+
7
+ Trois modes de transmission du VIH ont été observés :
8
+
9
+ Une pandémie s'est développée à partir de la fin des années 1970, faisant de cette maladie un problème sanitaire mondial. La prévention, telle que l'usage du préservatif dans les rapports sexuels, constitue de loin la meilleure solution, puisqu'il n'existe actuellement aucun vaccin permettant de se protéger du VIH, et que les traitements antiviraux disponibles n'entraînent pas de guérison. Ces traitements, bien qu'ayant une certaine efficacité, ne peuvent que stopper la prolifération du virus au sein de l'organisme mais non l'éradiquer. De plus ces thérapeutiques, coûteuses, ne sont facilement accessibles que dans les pays développés qui peuvent en assurer la charge financière ; dans les pays en développement, plus de 95 % des patients ne bénéficient aujourd'hui d'aucun traitement efficace. Pour cette raison, l'ONU, avec son programme ONUSIDA, a fait de la lutte contre le sida l'une de ses priorités.
10
+
11
+ Les trois modes de transmission du VIH ont chacun leurs particularités : par voie sexuelle, par voie sanguine et durant la grossesse et l'allaitement.
12
+
13
+ Le VIH désorganise le système immunitaire en infectant les lymphocytes T CD4+. Ces cellules sont en effet les « coordinatrices » de la réponse immunitaire : elles jouent un rôle tout à fait central. La mort des cellules infectées est consécutive au détournement de la machinerie des lymphocytes, qui ne peuvent plus fabriquer leurs propres molécules, ainsi qu'à la destruction de l'intégrité membranaire au moment de la sortie des virus néoformés. Par ailleurs, les cellules infectées exposent à leur surface membranaire des protéines virales (complexe Env). Ces protéines sont reconnues par des cellules immunitaires saines et s'accolent au lymphocyte infecté. S'ensuit un processus de « baiser de la mort » (kiss of death) par lequel la cellule saine est détruite par activation de la voie de l'apoptose[16]. Dans ce sens, Luc Montagnier rappelait lors d'un colloque tenu à Bruxelles en décembre 2003) : « La mort massive des lymphocytes T4 n'est pas due à l'infection directe des cellules par la souche virale, qui est alors peu cytopathogène, mais à des mécanismes indirects touchant les cellules CD4+ non infectées. Un des médiateurs de cette apoptose est l'existence d'un fort stress oxydant caractérisé par une prévalence de molécules oxydantes (radicaux libres) sur les défenses antioxydantes de l'organisme[17]. »
14
+
15
+ En l'absence de traitement, la quasi-totalité des patients infectés par le VIH évolue vers le sida, phase ultime de la maladie. La durée d'évolution vers le sida a semblé être de deux ou trois ans au début de la pandémie, mais est plutôt de l'ordre de dix ans, ainsi que l'ont montré des études faites en Ouganda[18]. Les raisons de la latence de l'apparition de la maladie demeurent inexpliquées de façon satisfaisante.
16
+
17
+ Un certain nombre de patients ne développent pas le sida, même sans traitement : ce sont les asymptomatiques à long terme dont un sous-groupe est composé de contrôleurs du VIH (estimés à 1 % des séropositifs) ; leur dénombrement – rendu plus difficile depuis le développement des antirétroviraux – a pu faire l'objet de contestation[19].
18
+
19
+ Pour décrire la progression de l'infection par le VIH, il existe deux classifications, fondées sur les manifestations cliniques et les anomalies biologiques avec CD4<200/mm3.
20
+
21
+ Cette classification est hiérarchique et historique[20], c’est-à-dire qu’une fois que le patient a atteint une classe, il reste dans cette classe, que les signes cliniques aient disparu ou non. Autrement dit un patient classé B ne pourra plus réintégrer la catégorie A, même si les signes cliniques de la classe B ont disparu.
22
+
23
+ Depuis l'année 2002, le sida est considéré comme une pandémie mondiale. Les dernières estimations fournies par le rapport ONUSIDA 2007[21] portent à 33,2 millions, le nombre de personnes séropositives au VIH dans le monde ; 2,5 millions, le nombre de personnes nouvellement séropositives au VIH en 2007 ; et 2,1 millions, le nombre de personnes mortes du sida en 2007. Ce qui permet d'estimer à plus de 25 millions le nombre de morts depuis le début de la maladie en 1981. L'organisation note une stabilisation du taux d'infection (c'est-à-dire du nombre de personnes infectées par rapport à la population globale), ce qui amène à penser que le pic de l'épidémie a été atteint et que celle-ci se stabilise[22]. Cependant, le nombre de personnes infectées a augmenté, en raison de l'augmentation de la population et de l'accès aux trithérapies (qui retarde les décès).
24
+
25
+ Ces estimations sont obtenues grâce à l’Epimodel[23] utilisé par l'ONUSIDA. L'évolution de la prévalence de la séropositivité au VIH est alors obtenue par modélisation utilisant plusieurs paramètres démographiques et médicaux déterminés sur des échantillons de la population, en particulier les études antenatales[24].
26
+
27
+ Cependant, les chiffres de cette pandémie ne sont que des chiffres officiels, car certains États sont trop pauvres pour pouvoir avancer avec certitude un chiffre exact à un niveau national, surtout en Afrique. Par exemple, la Somalie, État qui n'existe plus, en proie à une guerre civile depuis 1989 est dans l'impossibilité de pouvoir engager une enquête sanitaire à grande échelle, pour connaître le nombre exact de malades ; autre exemple, le Sud-Soudan, nouvellement indépendant, qui sort de 30 ans de guerre civile, n'a pas les moyens d'établir des statistiques à grande échelle, et tout au plus, donne des estimations basses. À ces chiffres, il faut ajouter des populations aux modes de vies traditionnels qui vivent dans une économie de subsistance, qui, la plupart du temps, ne se font pas soigner, ou optent pour une médecine « traditionnelle » inefficiente et où le poids des traditions, coutumes et croyances est lourd. Souvent le sida n'est pas diagnostiqué. Ainsi de nombreux malades meurent du SIDA sans le savoir.
28
+
29
+ La Chine offre un autre exemple : depuis des années, de nombreuses ONG dénoncent les chiffres discutables donnés par l'État chinois. Il semblerait que pour des raisons politiques sensibles, l'État chinois donnerait des chiffres loin de ceux de la réalité. Par exemple, un scandale a éclaté dans les années 2000, où il était question, que pour des campagnes de vaccinations, les seringues n'étaient pas changées, d'où un nombre important de contaminations au VIH. De nos jours encore, l'ampleur de ce désastre est méconnu, et l'État chinois n'avance aucun chiffre, et seules quelques ONG peuvent avancer des estimations basses. Pour d'autres pays, il y a aussi le poids de la religion : un État comme l'Arabie Saoudite, par exemple, communique peu, le sida étant considéré comme une honte en ce pays. Souvent, les causes des décès sont cachées, et on parle le plus souvent de tuberculose, alors que la raison de la mort est le sida. Régulièrement, l'OMS communique que la pandémie du sida se stabilise. Mais dans les faits, rien ne permet de dire si c'est vraiment le cas, car derrière la pandémie se cachent de nombreux tabous, tout comme des enjeux politiques importants, ce qui entraîne la raison d'État, où la Chine est un parfait exemple. Parler de la stabilisation de la pandémie du sida est aléatoire, mais le sida reste une pandémie, ce qui explique que l'OMS reste vigilante. Ce qui est certain, est que les chiffres de la pandémie restent très importants, et qu'elle a toujours un impact majeur surtout en Afrique. Sans doute, les chiffres de l'ampleur de la pandémie sont sous-estimés, tout comme ils peuvent aussi correspondre peut-être à la réalité. Dans le monde, l'Union sud-africaine semble être l'un des rares pays où le sida fait des ravages, à communiquer en toute transparence des chiffres et des données qui correspondent à la réalité. Dans ce pays, le système de santé est performant, et de plus, il y a de nombreux hôpitaux, contrairement à d'autres pays africains qui en sont dépourvus, par exemple l'Éthiopie, pays très pauvre, qui malgré sa bonne volonté a du mal à donner des chiffres exacts sur l'impact du sida, en ce pays de plus de 80 millions d'habitants.
30
+
31
+ L'épidémie s'étend en Asie rapidement (plus d'un million de personnes ont été nouvellement contaminées dans cette région) et poursuit son expansion en Europe orientale. En s'étendant aux pays les plus peuplés du monde, elle peut avoir des conséquences potentiellement catastrophiques. Alors que dans les premières années elle touchait principalement les consommateurs de drogues injectables, les hommes homosexuels et travailleurs sexuels ainsi que leurs partenaires, ce n'est plus le cas aujourd'hui où la majorité des contaminations sont hétérosexuelles[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Dans les pays occidentaux, la prévalence de la séropositivité au VIH a quelque peu diminué, grâce aux campagnes de sensibilisation, ainsi que dans les pays d'Afrique centrale. Par exemple, en Ouganda[25], elle est passée de 30 % en 1995 à 5 % en 2003. Néanmoins, parmi certaines parties de la population telles que les jeunes homosexuels, le taux d'infection montre de légers signes d'un possible retour à la hausse. Cela constitue un problème majeur pour les professionnels de la santé publique. Le sida demeure également extrêmement problématique en ce qui concerne les prostitué(e)s et les toxicomanes. Le taux de décès a considérablement chuté, à la suite de l'utilisation des trithérapies qui se sont avérées très efficaces, sans toutefois jamais arriver à le guérir (selon le rapport 2004 d'ONUSIDA, il y a en 2003 environ 580 000 personnes séropositives au VIH en Europe de l'Ouest).
34
+
35
+ Selon l'UNICEF[26], 530 000 enfants de moins de 15 ans ont été infectés par le VIH en 2006, essentiellement par transmission mère-enfant, malgré les progrès faits en Afrique, notamment dans le Sud et l'Est dans la prévention de ce type de transmission. 50 % des bébés infectés mourront avant d'avoir deux ans s'ils ne sont pas traités. Le nombre de femmes infectées est plus élevé que celui des hommes. En Afrique, les antirétroviraux (ARV) manquent toujours : 9 % des femmes enceintes séropositives au VIH en ont reçu en 2005 dans les pays pauvres ou moyennement riches, pour empêcher la transmission du VIH au bébé, contre 3 % en 2003.
36
+
37
+ Toutefois, dans les pays en développement (surtout en Afrique sub-saharienne), les conditions économiques et le manque de campagnes de sensibilisation ont contribué à maintenir des taux d'infection élevés. Certains pays d'Afrique comptent actuellement jusqu'à 25 % de leur population active séropositive au VIH.
38
+
39
+ Si ces populations atteignaient effectivement le stade sida, elles deviendraient inaptes au travail et nécessiteraient des soins médicaux intensifs. De telles situations pourraient, à l'avenir, provoquer dans la région l'effondrement de certaines sociétés, la chute de gouvernements, augmentant d'autant plus la détresse de ces pays.
40
+
41
+ Pendant des années, nombre de ces gouvernements ont nié l'existence de ce problème, et commencent seulement à y rechercher des solutions. Le manque de soins médicaux adéquats, l'ignorance vis-à-vis de la maladie et de ses causes, ainsi que le manque de moyens financiers pour éduquer et soigner sont actuellement les principales causes de décès par le sida dans les pays en développement.
42
+
43
+ Pour l'essentiel, la rapidité de diffusion du VIH dans ces pays est due aux coinfections VIH et virus de l'Herpès (HSV). Ce dernier favorise, lors des rapports sexuels, la transmission du VIH, en particulier la transmission hétérosexuelle en rendant les muqueuses génitales davantage perméables aux virus.
44
+
45
+ En 2004 la mortalité globale en Afrique du Sud, par exemple, était de 567 000 personnes par an[27] dont 13 590 personnes décédées suite au HIV, soit 2,39 % des décès et la 21e cause de mortalité par effectifs, pour une population de 46,6 millions à la même date[28].
46
+
47
+ En France, les statistiques de 2010 dénombrent 7 000 à 8 000 nouvelles contaminations par an. Dans 40 à 50 % des cas, le virus est contracté dans le cadre de relations sexuelles homme-homme (HSH), témoignant de ce que l'épidémie n'est pas encore contrôlée dans cette population (le nombre de nouveaux diagnostics chez les HSH a augmenté par paliers, puis s’est stabilisé depuis 2010 autour de 2 400 cas). Font suite par ordre d'incidence, les personnes d'origine d'Afrique subsaharienne et les usagers de drogues par voie intraveineuse. Le taux d’incidence est estimé à 39 pour 100 000 en Île-de-France et à 11 pour 100 000 pour le reste de la Métropole. La majorité des découvertes de séropositivité en 2011 (72 %) correspondent à des personnes de 25 à 49 ans[29].
48
+
49
+ En 2009 en France, il était estimé qu'un tiers des séropositifs ne connaissaient pas leur statut sérologique[30]. Il n'y a pas de dépistage obligatoire, si ce n'est lors d'un don de sang, de sperme ou d'organe, ainsi que lors d'une fécondation in vitro. Il est proposé lors des tests à passer avant la grossesse. Chacun est libre de se poser la question de son propre statut sérologique vis-à-vis du VIH et de subir un test de dépistage.
50
+
51
+ Souvent la primo-infection est silencieuse et l'infection par le VIH passe inaperçue jusqu'à ce que le sida apparaisse ou qu'un test de séropositivité soit effectué.
52
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53
+ Les signes cliniques de l'infection par le VIH varient selon le stade de la maladie. Dans son livre Des Virus et des Hommes, le professeur Luc Montagnier indique que cette maladie n'a aucun symptôme spécifique constant.
54
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55
+ Les symptômes de la primo-infection sont peu spécifiques. Ils apparaissent entre une et six semaines après la contamination, sous forme d'un syndrome pseudogrippal, ou mononucléosique. La fièvre est quasi constante, accompagnée de céphalées, de myalgies, d'asthénie. Les signes cutanéomuqueux associés sont une angine érythémateuse ou pseudomembraneuse comme dans la mononucléose infectieuse, et une éruption cutanée maculopapuleuse touchant essentiellement le tronc et la face. Peuvent s'y associer des ulcérations cutanéomuqueuses superficielles, surtout génitales et buccales.
56
+
57
+ Dans plus de la moitié des cas, apparaissent au cours de la deuxième semaine des adénopathies multiples, cervicales, axillaires et inguinales. Des manifestations digestives à type de diarrhée avec douleurs abdominales sont présentes dans un tiers des cas. La durée d'évolution d'une primo-infection est en moyenne de deux semaines. En l'absence de dépistage précoce et donc de traitement, tant prophylactique que curatif, de nombreux patients découvrent leur séropositivité au VIH au stade sida, à l'occasion de l'apparition d'une maladie opportuniste. La liste en est longue : atteintes pulmonaires (pneumocystose, tuberculose, pneumopathie interstitielle lymphoïde, lymphome), digestives (diarrhée, cryptosporidiose), neurologiques (toxoplasmose cérébrale, démence à VIH, méningites), dermatologiques (sarcome de Kaposi, dermite séborrhéique), oculaires (rétinite à cytomégalovirus qui peut entraîner une cécité).
58
+
59
+ Le diagnostic de l'infection par le VIH fait appel à la détection dans le sang des patients des anticorps dirigés contre le VIH. C'est la recherche de séropositivité au VIH, qui est un signe de l'infection ; mais l’absence de séropositivité au VIH ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu une contamination (ce qui peut être le cas au tout début de l'infection).
60
+
61
+ La législation française actuelle exige l'utilisation de deux trousses sérologiques différentes lors du test de dépistage, car le test Elisa, s'il présente une sensibilité de 99,9 % (c'est-à-dire qu'il ne passera pas à côté d'une personne infectée), peut donner des résultats faussement positifs, en particulier lors de grossesses multipares[9], lors de maladie grippale, chez les porteurs de facteur rhumatoïde, etc. Deux tests différents sont donc réalisés issus de deux laboratoires différents. Ces tests sont des tests à limite, c'est-à-dire que la séropositivité au VIH est déclarée si le taux d'anticorps dépasse une certaine valeur fixée par le fabricant du test.
62
+
63
+ Afin d'éliminer le risque de résultat faussement positif, la séropositivité au VIH sera confirmée par un second prélèvement pour confirmation par un Western blot (immunoblot). Le malade est considéré comme séropositif au VIH si des anticorps dirigés contre les protéines constitutives du virus et contre les protéines internes du virus sont observés.
64
+
65
+ De nouveaux tests de dépistage permettent d'identifier des patients porteurs de l'antigène p. 24. En effet, en cas de prélèvement trop précoce, l'organisme n'a pas fabriqué d'anticorps en quantité détectable, et la recherche de l'Ag p. 24 ou la mesure de l'ARN-VIH plasmatique permettent un diagnostic plus précoce mais qui doit toujours être confirmé par un second prélèvement.
66
+
67
+ Il est également à noter que les tests de séropositivité au VIH dans les pays en voie de développement se réduisent le plus souvent à un seul test Elisa effectué auprès des femmes enceintes, qui constituent les populations les plus faciles à dépister à l'hôpital.
68
+
69
+ Une étude[31] a montré que des souris alloimmunes peuvent produire les antigènes GP120 et p. 24 créés lors d'une infection par le VIH, bien qu'elles n'aient pas été exposées au VIH. Chez l'être humain, les antigènes GP120, p. 24 et p. 17 dans certains tissus placentaires spécifiques (chronic villitis) de femmes à termes non infectées ont été retrouvés[32].
70
+
71
+ Les tests de dépistage (Elisa) peuvent se révéler faussement positifs chez les personnes atteintes de lupus (ainsi que d'autres maladie auto-immunes tel qu'il a été confirmé au congrès de Yokohama en 1994) mais cela ne se retrouve généralement pas pour les tests de confirmation (Western blot)[33]. Pendant les mois qui suivent une vaccination anti-grippale (deux à cinq mois), le dépistage peut également se révéler faussement positif dans certains cas, y compris pour les tests de confirmation.
72
+
73
+ Il existe plusieurs lieux concernant le dépistage. En France, les cas peuvent être observé dans les centres de dépistage anonyme et gratuit CDAG[34], dans les hôpitaux (centres de planification, centres de la Femme, etc.), dans les centres de santé universitaires (pour les étudiants) et dans les laboratoires de ville. Le test est remboursé à 100 % sur prescription médicale.
74
+
75
+ La quantification par PCR (Réaction en chaîne par polymérase) de l'ARN viral plasmatique est le test permettant de suivre l'intensité de la réplication virale dans l'organisme infecté et est appelé charge virale. Ce test, couplé à la mesure du taux de lymphocytes T CD4+, est utilisé pour suivre l'évolution virologique d'un patient avant ou après la mise sous traitement. Il ne peut être utilisé comme seul moyen de diagnostic.
76
+
77
+ On considère qu'une variation de la charge virale n'est significative qu'au-delà de 0,5 log, soit des variations d'un facteur (multiplication) de 3,6 environ à la hausse ou à la baisse. La charge virale est exprimée en copies par ml.
78
+
79
+ Les valeurs temporelles de la phase de latence clinique (ou phase asymptomatique) ne sont qu'une moyenne. Cette phase peut en effet aussi bien durer 1 an que 16, selon l'individu[35].
80
+
81
+ Il n'existe à l'heure actuelle pas de traitement permettant de guérir du sida, malgré l'existence de traitements comme les trithérapies antirétrovirales qui permettent de contenir l'action du virus avec plus ou moins d'efficacité ; de nombreux morts sont déplorés chaque jour en particulier dans les pays en développement où ces traitements sont difficilement accessibles en raison de leur coût. Des recherches continuent pour la mise au point d'un vaccin, mais les progrès dans ce domaine sont lents. La prévention est donc essentielle.
82
+
83
+ Les traitements n'étaient généralement pas prescrits au début de la séropositivité au VIH, car ils présentent des effets indésirables, ainsi qu'une certaine toxicité[36].
84
+
85
+ Depuis 2016, l'OMS recommande le Traitement Anti Rétroviral (TAR) à vie pour toute personne infectée par le VIH, sans exception (même les enfants pour femmes allaitantes), indépendamment du stade clinique de la maladie et de son niveau de CD4[37]. D'autres sources également[38]. L'OMS recommande également le dépistage immédiat des infections potentiellement mortelles comme la tuberculose et la méningite à cryptocoque en vue de leur prévention[37].
86
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87
+ L'objectif premier d'un traitement anti-rétroviral est de maintenir le nombre de CD4 au-dessus de 500/mm³. Pour atteindre cet objectif, un traitement anti-rétroviral doit maintenir une charge virale plasmatique au-dessous de 50 copies/mL. Ceci a pour effet de réduire la morbidité du VIH, d'améliorer le profil de tolérance clinique et biologique ainsi que la qualité de vie[39].
88
+
89
+ Les principaux effets indésirables à court terme des multithérapies s'atténuent généralement rapidement : fatigue, maux de tête, troubles digestifs (nausées, diarrhées), fièvre ou plaques rouges sur la peau. Après plusieurs mois de traitement, une lipodystrophie (graisse disparaissant du visage pour aller sur le ventre pour les hommes et les cuisses pour les femmes), des dyslipidémies (augmentation du cholestérol et des triglycérides) ; ainsi qu'une perturbation du métabolisme glucidique (mauvaise assimilation du sucre) peuvent survenir. Certains de ces effets indésirables peuvent être atténués par une activité physique adaptée[40] ou une adaptation des traitements médicamenteux.
90
+
91
+ Une fois le traitement débuté, il doit être poursuivi avec une très grande régularité (une mauvaise observance peut rendre le virus « résistant »). Les tentatives d'arrêt des traitements n'ont pour l'instant pas donné de résultats probants[41].
92
+
93
+ Au cours d'une grossesse, le risque de transmission de la mère à l'enfant est de 20 % à 40 %. Un traitement antirétroviral associé à la césarienne et à l'allaitement artificiel permet de réduire le risque de transmission à moins de 1 %. La durée courte du travail et le délai court de prise en charge après la rupture de la poche des eaux sont des facteurs de protection contre la transmission maternofœtale. Les dernières recommandations favorisant l'allaitement maternel complet jusqu'à l'âge de 9 mois au moins proviennent d'études très récentes qui montrent que celui-ci réduit le taux de transmission à 4 %[10],[11],[12].
94
+
95
+ L'espérance de vie actuelle sous traitement chez le sujet jeune infecté peut dépasser 35 ans[42].
96
+
97
+ En 2012, l'Américain Timothy Brown est le premier cas connu de guérison du VIH. Il aurait été soigné indirectement à la suite d'une greffe de moelle osseuse alors qu'il était atteint d'une leucémie en 2007[43].
98
+
99
+ En 2019, l'opération est reproduite sur une deuxième personne, qui a également connu une rémission durable du VIH-1. Le patient de Londres ainsi que le patient de Berlin ont subi des transplantations de cellules souches de donneurs porteur d'une mutation du gène CCR5 rendant inopérant un récepteur du VIH. La mutation du gène du CCR5 en question empêche le virus de pénétrer dans les cellules hôtes, ce qui rend les porteurs de cette mutation résistants au virus du sida. Cette mutation génétique n'est présente que chez 1 % de la population mondiale[44].
100
+
101
+ En 2016, l'OMS annonce une stratégie d’élargissement de l’accès au traitement ambitionnant de mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030[37],[45].
102
+
103
+ Début juillet 2019, des chercheurs américains parviennent à éliminer définitivement le virus chez des souris infectées, une première mondiale, même si la perspective d’une application chez l’homme n’est pas encore en vue. Cette prouesse repose sur une double approche novatrice : l’utilisation du système d’édition génétique CRISPR d’une part, et le recours à une technique appelée LASER ART, qui permet de libérer les médicaments plus lentement[46],[47],[48],[49].
104
+
105
+ Le sida, qui a touché des populations riches, a fait l'objet d’investissements de recherche très important et de résultats remarquablement rapides (première trithérapie en 1995). Contrairement aux idées reçues, et grâce notamment à l’action des associations de patients et de certaines institutions, ONG, lobbys, etc., des traitements auparavant hors de prix sont devenus accessibles en Afrique, pour environ la moitié des malades, alors qu’en Europe et aux États-Unis, les prix des mêmes traitements sont restés stables. Sur ce sujet plus général du marché pharmaceutique des pandémies, l’action des gouvernements peut, elle aussi, être primordiale. Mais les grands laboratoires pharmaceutiques pratiquent parfois des marges bénéficiaires irrationnellement abusives, tout à fait déconnectées du coût réel de développement et de fabrication de ces médicaments[50].
106
+
107
+ Le 18 juillet 2018, l'instance ONUSIDA affiliée aux Nations unies a publié un rapport décrivant que 21,7 millions sur 36,9 millions des séropositifs dans le monde ont accès aux traitements, soit presque 3 séropositifs sur 5. Il s'agit de la proportion la plus élevée jamais atteinte. Le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a cependant rappelé l'insuffisance des financements qui pourrait conduire à des résultats moins bons dans le futur. Sidibé a signalé que de fortes disparités demeurent : certains pays inquiètent, comme le Nigeria, « qui représente à lui seul environ la moitié de toutes les nouvelles infections d'Afrique de l'Ouest » ou comme la Russie qui voit l'épidémie se généraliser au sein de sa population. Aussi, la lutte contre le virus chez les enfants est jugée insuffisante par le directeur exécutif malien de l'ONUSIDA, avec « plus de 50% des enfants qui n'ont pas accès aux traitements » et 110 000 décès constatés en 2017 parmi eux[51].
108
+
109
+ Les divers modes de transmission du VIH sont désormais parfaitement connus. Il n'existe, à ce jour, aucune vaccination efficace contre le sida. La prévention est donc fondamentale et le préservatif reste actuellement le meilleur moyen[52].
110
+
111
+ Malgré la large diffusion d'informations sur la maladie et la prévention, certaines personnes ont néanmoins des comportements à risque (voir article prise de risque du SIDA), ce qui nécessite des actions de prévention. Plusieurs enquêtes épidémiologiques ont mis en évidence un relâchement des comportements de prévention dans les pays occidentaux, tout particulièrement dans le cadre de la transmission sexuelle du VIH, alors que la transmission du VIH chez les usagers de drogues intraveineuses a nettement diminué et que la transmission par transfusion est devenue pratiquement nulle en Europe.
112
+
113
+ Les rapports réceptifs sont plus à risque que les rapports insertifs, et les rapports anaux réceptifs sont ceux qui comportent le risque de transmission le plus élevé. Selon le ministère de la Santé français, la probabilité de transmission[réf. à confirmer][53] par acte varie de :
114
+
115
+ Ces quatre types de rapports sont classés à haut risque dans le document cité en référence, alors que les rapports oraux réceptifs ou insertifs avec ou sans éjaculation sont tous classés à faible risque, mais sans estimation chiffrée du risque réel[54].
116
+
117
+ Les infections sexuellement transmissibles (IST) favorisent la transmission du virus VIH par les micro-ulcérations et l'inflammation qu'elles entraînent localement. Répondent à cette définition la syphilis, la gonococcie, la chlamydiose (CT), l’herpès virus (HSV), la papillomatose et la trichomonase. Être déjà séropositif pour le VIH ne protège pas d'une surinfection VIH par une nouvelle souche virale potentiellement plus virulente.
118
+
119
+ Les personnes séropositives au VIH ne souffrant d’aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace, c'est-à-dire ayant une virémie indétectable depuis au moins six mois, ne risquent de transmettre le VIH par voie sexuelle que de façon négligeable, avec un risque inférieur à 1 sur 100 000[55].
120
+
121
+ Lors d'une relation sexuelle, seuls les préservatifs, qu'ils soient masculins ou féminins, protègent du VIH et des principales infections sexuellement transmissibles. Ils doivent être utilisés lors de tout rapport sexuel avec pénétration (qu'elle soit vaginale, anale ou buccale), avec un partenaire séropositif ou dont le statut sérologique est inconnu.
122
+
123
+ La condition pour l'efficacité du préservatif masculin est qu'il soit utilisé correctement à chaque rapport. Les lubrifiants à base de corps gras, comme la vaseline, des pommades ou des crèmes, voire du beurre, doivent être proscrits, car ils fragilisent les préservatifs en latex et augmentent les risques de rupture. Il faut leur préférer des lubrifiants à base d'eau. Il est préférable d'utiliser un préservatif non lubrifié pour la fellation. Il est par ailleurs indispensable de vérifier sur la pochette du préservatif l'inscription de la date de péremption et d'une norme reconnue (CE-EN 600 pour l'Union européenne).
124
+
125
+ Le préservatif féminin représente une alternative au préservatif masculin. Il est en polyuréthane — ce qui autorise les lubrifiants à base de corps gras ou aqueux — avec un anneau externe et interne. Il se place à l'intérieur du vagin grâce à un anneau souple interne. Il peut être mis en place dans le vagin ou dans l'anus quelques heures avant un rapport sexuel, et n'a pas besoin d'être retiré tout de suite après le rapport, à l'inverse du préservatif masculin. Le principal obstacle à sa diffusion reste son coût élevé.
126
+
127
+ L'usage du préservatif permet une diminution du risque d'infection[56],[57],[58].
128
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129
+ Selon certaines études, la circoncision permettrait de réduire la propagation du sida de 38 % à 66 % lors des rapports vaginaux pour le partenaire masculin[59]. L'hypothèse de cette réduction des risques d'infections fut avancée dès 1986[60],[61], puis confirmée au cours des années 2000 par trois essais contrôlés randomisés[1],[62],[63],[64]. Fortes de ces résultats, en mars 2007, l’OMS et ONUSIDA ont indiqué que la circoncision médicale est une stratégie additionnelle dans la lutte contre l’épidémie de sida dans les zones qui connaissent une épidémie généralisée du virus (prévalence supérieure à 3 %) et où sa transmission est essentiellement hétérosexuelle[65].
130
+
131
+ L'usage de drogue peut permettre la contamination par le partage de seringues par exemple, avec au moins une personne infectée, mais de plus certaines drogues peuvent avoir en elles-mêmes une action nocive sur le système immunitaire ; le risque pour la santé peut donc être double. Là encore, certains prônent l'abstinence, tandis que d'autres, jugeant cette position peu réaliste, préfèrent mettre à la disposition des toxicomanes un matériel stérile ou des traitements de substitution.
132
+
133
+ Les drogues comme la cocaïne, l'héroïne, le cannabis, , etc., sont des corps toxiques étrangers. Elles provoquent donc une réponse immunitaire plus ou moins aiguë, dépendant de la nature de la substance, de sa concentration et de la fréquence à laquelle elle est consommée. Par exemple le THC présenterait en particulier des effets immunosuppresseurs sur les macrophages, les cellules NK et les lymphocytes T[66]. L'ecstasy a également des effets néfastes sur les cellules CD4+ du système immunitaire[67].
134
+
135
+ Le partage et la réutilisation de seringues usagées et souillées par du sang contaminé constituent un risque majeur de contamination par le VIH, mais aussi par les virus des hépatites B et C. En France, des mesures de réduction des risques sanitaires ont été mises en place : vente libre de seringues (depuis 1987), trousses de prévention contenant le matériel nécessaire pour réaliser une injection à moindre risque, mise en place d'automates de distribution et de récupérateurs de seringues, offre de traitements de substitution par voie orale.
136
+
137
+ Le risque d'infection par le virus du sida peut être augmenté lorsque la personne à l'origine de la contamination est porteur du VIH et d'un virus de l'hépatite (A, B ou C)[réf. nécessaire]. Dans ce cas très particulier, la surinfection simultanée est même à envisager (voir test VIH).
138
+
139
+ Pour prévenir ces contaminations, il est essentiel de ne pas partager le matériel d'injection ou d'inhalation (seringues, cotons, cuillères et cupules, eau de dilution de la drogue, mais aussi pailles et pipes à crack, surtout si elles sont ébréchées). Le matériel d'injection doit être à usage unique.
140
+
141
+ L'efficacité de ces mesures reste toutefois controversée. Une étude datant de 1997[68] indique qu'à Montréal, ceux qui participaient aux programmes « seringues stérilisées » auraient eu un taux de transmission plus élevé que ceux qui n'y participaient pas. Des associations de lutte contre la drogue reprochent à ces mesures de rendre la toxicomanie plus accessible et de ne pas insister suffisamment sur les possibilités de désintoxication. À leur avis, résoudre le problème de la drogue éliminerait l'un des modes de transmission du sida.
142
+
143
+ Un agent rétroviral, le ténofovir (l'emtricitabine/ténofovir) est la seule molécule utilisable à titre préventif. Déjà prescrite aux personnes séropositives dans le cadre d'une thérapie médicamenteuse, elle est également proposée pour les personnes particulièrement exposées au virus, comme les homosexuels séronégatifs n'utilisant pas le préservatif et ayant des partenaires multiples, ou encore pour les couples dits "sérodiscordants" (une personne séronégative et une personne séropositive sous traitement). Cet agent est autorisé en France et aux États-Unis pour la prévention du risque, même s'il est indiqué de continuer l'utilisation du préservatif. Les études menées aux États-Unis, notamment, indiquent des taux d'efficacité variant entre 50 et 100%[69] selon les posologies.
144
+
145
+ Depuis 2016, l'OMS recommande le Traitement Anti Rétroviral (TAR) pour les individus non infectés par le VIH mais exposés à un risque plus élevé de contamination, par exemple ans les couples sérodiscordants (un partenaire infecté et l’autre non), les consommateurs de drogues par injection, etc. Ceci permet de limiter, mais pas de supprimer, les risques de contamination sans usage de préservatif sous certaines conditions : les partenaires s'engagent sur la fidélité, le séropositif doit avoir une charge virale indétectable depuis au moins 6 mois et ne jamais manquer de prise de médicament selon les conseils du médecin. Dans ces conditions, le risque de contamination reste présent, à hauteur de 4 %[37],[70]. Ces conditions sont définies par le Conseil Supérieur de la Santé de Belgique dans le cadre d'un Plan VIH 2014-2019[71]. Ce concept doit faire partie d'une prévention globale intégrée (prévention primaire, dépistage et prise en charge) qui fait intervenir le traitement comme outil de prévention. L'utilisation du préservatif et du lubrifiant, la distribution de seringues stériles et l'éducation à la sexualité et à la prévention des infections sexuellement transmissibles restent néanmoins les éléments clés de la prévention pour tous les groupes à risques (les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, les personnes migrantes, personnes vivant avec le VIH, adolescents, travailleurs du sexe, personnes qui s’injectent des drogues et détenus).
146
+
147
+ La position de l'Église catholique sur la question met en exergue l'importance d'une sexualité ordonnée pour lutter contre le sida. La contraception, toujours identifiée comme empêchant de vivre l'acte sexuel dans toutes ses dimensions, n'est pas considérée comme une solution « véritable et morale »[72]. Cependant, la contraception peut être parfois tolérée selon le principe de gradualité.
148
+
149
+ Les premiers signes de l'épidémie remontent à la fin des années 1970, lorsque des médecins de New York et de San Francisco s'aperçoivent que beaucoup de leurs patients homosexuels souffrent d'asthénie, de perte de poids et parfois même de forme rare et atypique de cancer (comme le sarcome de Kaposi). L'existence d'un problème sanitaire est avérée en juillet 1981 lorsque le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) d'Atlanta relève une fréquence anormalement élevée de sarcomes de Kaposi, en particulier chez des patients homosexuels[73]. La maladie est d'abord connue sous le nom de « gay pneumonia » ou « gay cancer », GRID (Gay-Related Immune Deficiency) ou encore gay compromise syndrome aux États-Unis. Ces diverses appellations s'avérèrent inappropriées dès que s'affirma l'universalité de la maladie : à l'été 1982, débuta aux États-Unis l'usage du sigle AIDS, qui signifia d'abord Acquired Immune Deficiency Syndrome puis Acquired Immunodeficiency Syndrome. Le terme AIDS avec la notion d’Acquired (acquis) sont réputés être donnés par le chercheur Bruce Voeller, mort lui-même d'une complication liée à cette maladie[74].
150
+
151
+ À la fin de 1981, le Bureau d'épidémiologie du Ministère de la santé nationale et du bien-être social du Canada demandait au Bureau de la traduction du gouvernement canadien l'équivalent français du terme « acquired immune deficiency syndrome » ou « AIDS ». Ces deux appellations apparaissaient dans un communiqué diffusé par le Center for Disease Control (CDC) d'Atlanta, aux États-Unis. Or, conformément à la Politique sur les langues officielles en vigueur au Canada, tout bulletin émis par un ministère fédéral devait être diffusé simultanément en anglais et en français. Le Bureau d'épidémiologie devait donc absolument trouver le terme correct pour décrire cette réalité en français. À l'époque, aucun ouvrage médical francophone ne traitait de ce syndrome, exception faite d’un rapport qui faisait mention des travaux du Professeur Luc Montagnier de l'Institut Pasteur, en France, où il était question d’« immuno-dépression acquise » et de « déficience immunitaire acquise ».
152
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153
+ L’experte du Bureau de la traduction en matière de terminologie médicale, Sylvie DuPont établit avec son interlocuteur du Ministère de la santé qu'il s'agissait toutefois d'un syndrome, c'est-à-dire d'un ensemble de symptômes constituant une entité clinique. Le Ministère de la santé souhaitait également trouver un sigle, de préférence aussi simple à l'usage que le « AIDS » anglais. En manipulant les composantes du syntagme, elle proposa différents équivalents, dont « syndrome d'immunodéficience acquise » qui pouvait être abrégé en l'acronyme « SIDA ». Au fil des ans, ce terme est passé dans l'usage et a subi une dernière transformation : depuis la fin des années 1980 on utilise la graphie « sida » plutôt que « SIDA »[75],[76],[77].
154
+
155
+ Il convient de préciser que pour désigner la personne atteinte de sida, le terme « sidatique » avait été proposé, conformément aux règles de dérivation néologique et à l'exemple du terme « trauma » qui donne traumatique, traumatisé, traumatisant, traumatologie, etc. Toutefois, ce terme ayant été malencontreusement utilisé dans un contexte discriminatoire par Jean-Marie Le Pen, en 1987, et le terme ainsi connoté n'a plus été employé. La ministre française de la santé de l'époque, Madame Barzach, avait donc commencé à utiliser le terme « sidéen » lors des conférences de presse. Puisque la presse écrite française jouit d'une plus grande diffusion à l'échelle internationale, c'est ce terme qui est progressivement entré dans l'usage.
156
+
157
+ L'origine virale ne fut pas d'emblée évoquée, et l'hypothèse d'une intoxication par des produits comme les poppers (stimulants sexuels contenant du nitrite d'amyle) a pu être émise au début, car les six premiers malades en avaient tous été de gros consommateurs. De même, l'identification du virus responsable a été difficile, beaucoup de scientifiques parlant d’HTLV comme cause de l'épidémie. C'est à la même période que de nombreux transfusés sont contaminés par des lots de sang contenant le VIH. En quelques années, le virus va s'étendre pour finir par toucher toutes les couches de la population.
158
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159
+ En janvier 1983, l'équipe du professeur Jean-Claude Chermann, qui travaille à l'Institut Pasteur sous la direction de Luc Montagnier, isole un virus étroitement associé au sida[78] ; à ce stade, cependant, le lien entre le LAV (Lymphadenopathy Associated Virus) et le sida n'est pas clairement établi par l'équipe de Luc Montagnier.
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+ Le 23 avril 1984, une conférence de presse est organisée par le département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis. À cette occasion, la secrétaire américaine à la Santé Margaret Heckler annonce d'abord que Robert Gallo et ses collaborateurs ont découvert l'agent causal du sida, un rétrovirus baptisé HTLV-III. Elle annonce ensuite que cette équipe est en mesure de produire le virus en masse. Enfin, elle annonce la prochaine distribution d'un test de diagnostic[79]. En mai 1986, une commission de nomenclature virologique forge un sigle pour désigner le virus isolé : HIV (Human Immunodeficiency Virus), que les Français transcrivent en VIH[80]. En juin 1986, sous le gouvernement Chirac, le sida devient une maladie à déclaration obligatoire. En décembre 1986, les cas de sida avérés obtenant le statut de maladie de longue durée ouvrent droit à une prise en charge à 100 %[81].
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+ Certaines personnes ou groupes ont remis en question le lien de causalité entre le VIH et le sida, voire nié l'existence du virus[82],[83]. Le virologiste Peter Duesberg, dont les travaux ont depuis été contredits[84], soutient que le sida est causé par la consommation à long terme de drogues ou d'antirétroviraux.
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+ En réaction à ces controverses, la Déclaration de Durban entend rappeler que les preuves que le sida est causé par le VIH sont claires, sans ambiguïté et conformes aux plus hauts standards de la science[90].
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+ Les VIH font partie d'un groupe de virus entraînant des maladies semblables au sida chez les primates, les virus de l'immunodéficience simienne (VIS). Les différents virus humains (VIH) sont le résultat de la transmission à l'Homme de différents virus au XXe siècle, notamment des VIS des chimpanzés (pour les VIH-1) et des mangabeys (probablement, pour les VIH-2). Bien que les VIS n'infectent habituellement pas l'Homme, certaines mutations, dont quelques-unes ont été identifiées[91], ont permis ces transmissions. Le mode exact de transmission n'est pas connu, mais il aurait pu s'agir, par exemple, d'une contamination par voie sanguine lors du découpage d'animaux infectés[92],[93].
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+ Les études scientifiques suggèrent qu'HIV-1 est apparu dans le bassin du Congo dans les années 1920[94]. À cette époque, le développement économique du Congo belge s'est accompagné d'un développement des liaisons ferroviaires et d'une forte croissance de la population de Kinshasa, ce qui pourrait avoir favorisé la propagation du virus[95]. Le premier échantillon recensé du VIH fut recueilli en 1959 à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa), dans l'actuelle République démocratique du Congo. Parmi les premiers échantillons recueillis, le cas d'un Américain homosexuel en 1969 et d'un marin hétérosexuel norvégien en 1976[96].
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+ Au début de l'épidémie, des recherches ont été entreprises pour déterminer le patient zéro qui aurait propagé le virus aux États-Unis. Pendant un temps les soupçons se sont portés sur Gaëtan Dugas, un steward canadien homosexuel qui est mort le 30 mars 1984[97],[98]. Une étude fait remonter l'entrée du VIH aux États-Unis vers 1969[99].
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+ Dans les années 1980, le sida se transforme en une pandémie. Il y a eu, entre 1981 et 2006, environ 25 millions de morts dus aux maladies en rapport avec le sida[100]. En 2007, l'épidémie semble marquer le pas, le nombre de séropositifs au VIH ayant sensiblement diminué de 38,6 millions en 2006 à 33,2 millions de personnes séropositives au VIH[101]. L'ONUSIDA indique cependant que cette diminution provient d'une meilleure utilisation des outils statistiques, et met en garde contre un optimisme exagéré.
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+ Les principales victimes sont actuellement les habitants des pays en voie de développement. Les raisons sont multiples et varient d'un pays à l'autre : tourisme sexuel pour l'Asie du Sud-Est, absence d'information de la population sur les facteurs de risque de transmission (notamment en Afrique subsaharienne), convictions religieuses interdisant l'utilisation des moyens de protection tels que le préservatif, refus de l'abstinence ou relations hors mariage, manque de moyens ou de volonté pour faire de la prévention et informer les populations (principalement en Afrique et en Asie), voire refus d'admettre les faits.[réf. nécessaire]
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+ Les séropositifs au VIH étrangers peuvent difficilement entrer dans plusieurs pays[102], comme la Russie[103]. Aux États-Unis, l'interdiction a été levée par l'administration Obama en janvier 2010[104].
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+ Dès le début de l’épidémie, les médias font du sida l’un des sujets centraux de leur couverture. Ainsi, en France, dès 1986, les sources médiatiques deviennent un élément central de la prévention mise en place par l’État : publicité pour les préservatifs, campagne de prévention « le Sida, il ne passera pas par moi ». Cette campagne utilise une variété de médias, tels que la télévision, le minitel ou encore la radio, afin de toucher le plus grand nombre[105]. Le message transmis est que la maladie ne faisant pas exception du genre, du sexe, de l’orientation sexuelle ou encore de la richesse, tout le monde peut être touché et ne doit être en aucun cas mis à l’écart[105]. Ces campagnes ont également l’objectif de lever des fonds, afin de venir en aide aux personnes touchées et trouver des solutions médicales pour contrer la maladie. Les campagnes gouvernementales utilisent les médias les plus populaires comme la télévision et la radio, aux meilleures heures d’audience. Par exemple en Suisse, l’un des pays les plus touchés d’Europe, afin que la campagne nationale soit la plus utile possible, l’État recommande des messages permanents détenant des informations centrales à mentionner dans chaque intervention « l’usage de préservatif », « la fidélité» et la « non-entrée dans la toxicomanie »[106].
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+ Toutefois, les médias participent également à la propagation d’informations erronées, au début de l’épidémie. Les moyens de transmission de la maladie étant peu connus au début des années 1980, certaines personnes n’étant pas issues de la communauté scientifique, mais plutôt de milieux religieux, comme des pasteurs, sont invitées à s’exprimer sur le sujet, ce qui engendre des croyances de transmission par contact physique ou par contact buccal[réf. nécessaire]. Ces informations ont pour conséquence la montée de la peur dans la société, mais aussi la stigmatisation des homosexuels, qui sont accusés d’être à l’origine de l’épidémie. Ainsi, la télévision américaine présente des médecins partager leur volonté d’isoler les homosexuels pour amoindrir l’épidémie[réf. nécessaire].
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+ Un manque important de couverture médiatique est à noter dans les régions du tiers monde, pourtant très touchées par le virus, alors qu’il est l’un des sujets dominants dans les médias occidentaux. L’Afrique subsaharienne reste la zone du globe la plus concernée (la probabilité pour un adulte d’y attraper le sida est alors 125 fois supérieure à celle des États-Unis[107]). Mêmes si certaines sources médiatiques internationales informent tout de même sur cette région, certains n’y voient qu’une volonté de renforcer les stéréotypes traditionnels associés à l’Afrique, donc d’un territoire instable économiquement et politiquement, déjà enclin à la famine et au non respect des droits de l’homme. Cette situation a pu renforcer, en Occident, la compréhension de l’Afrique comme un continent incapable de s’autogouverner et de légitimer alors des politiques internationales controversées[107].
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+ Lady Diana et Rock Hudson s’inscrivent comme des figures influentes de cette lutte.
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+ Diana, la princesse de Galles, épouse du prince Charles, est issue d’un milieu aisé et respecté dans la conscience collective. À l’époque, la population, peu informée, craint que tout contact avec les sidéens engendre une contamination. Ainsi, en 1987, Lady Diana crée un émoi lorsqu’elle serre la main d’un homme atteint du sida, sans protection. En effet, en profitant de sa couverture médiatique, elle affaiblit la stigmatisation entourant les personnes contaminées, en prouvant qu’elles ne représentent pas un danger pour la santé publique par le toucher.
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+ De plus, Rock Hudson, un acteur américain des années 1950 incarnant les bonnes valeurs traditionnelles américaines dans ses films avec ses rôles de séducteur, est également une figure importante ayant usé de sa notoriété artistique pour lutter contre la stigmatisation. En effet, cette vedette du cinéma, souhaite sensibiliser le public américain, alors qu’un climat hostile domine aux États-Unis envers les malades. En 1985, au moment où il dévoile être homosexuel et contaminé, le gouvernement américain est réticent envers l’immigration de personnes touchées par le sida, renforçant le phénomène de stigmatisation. Toutefois, les révélations chocs d’un homme représentant l’idéal du « gentlemen » aux États-Unis ébranlent le public et ont des répercussions significatives. L’acteur perturbe le stéréotype pré-construit que la société détient à cette époque voulant que les homosexuels sidéens représentent une menace ou une forme de « cancer gay ». Quelques mois après la mort d’Hudson, le gouvernement fédéral entreprend une réforme, finançant divers projets de recherche pour contrer la propagation du sida et pour développer un traitement.
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+ Les personnes atteintes du sida et les associations qui les défendent comme Act Up sont plutôt mal vues par la population ignorante à l’endroit de la maladie. Afin d’y palier, il est jugé nécessaire d’entretenir une image victimisante des sidéens dans les médias, pour susciter l’empathie et ainsi enclencher une campagne de prévention. Ce rôle est d’abord attribué aux gouvernements, puis des associations telles que le sidaction prennt le relais afin de soutenir les victimes et faire avancer la recherche. Les organismes et institutions ciblent ces groupes en fonction de leur culture, leurs origines, leurs risques, leurs comportements.
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+ La sociologue Janine Barbot écrit : « La première forme d'engagement est construite sur une lecture politique de l'épidémie du sida en termes de rapports de domination et de luttes de pouvoirs. C'est la lecture d'Act Up. Pour cette association, le sida n'a pas frappé au hasard, mais touché des catégories spécifiques : homosexuels, toxicomanes, minorités ethniques, etc. Ces catégories sont « socialement définies » par des conduites qui s'écartent du « modèle dominant » ou des « normes morales majoritaires »[108].
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