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+ Le Système solaire (avec majuscule), ou système solaire (sans majuscule)[b], est le système planétaire auquel appartient la Terre. Il est composé d'une étoile, le Soleil, et des objets célestes gravitant autour de lui : les huit planètes confirmées et leurs 185 satellites naturels connus (appelés usuellement des « lunes »), les cinq planètes naines et leurs neuf satellites naturels connus et les milliards de petits corps (la grande majorité des astéroïdes et autres planètes mineures, les comètes, les poussières interplanétaires, etc.). Le système solaire fait partie de la galaxie appelée Voie lactée. Il est situé à environ 8 kpc (∼26 100 a.l.) du centre galactique et effectue une révolution en 225 à 250 millions d'années.
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+ De façon schématique, le Système solaire est composé, outre le Soleil lui-même et par ordre de distance croissante à celui-ci, de quatre planètes telluriques internes (Mercure, Vénus, la Terre et Mars), d'une ceinture d'astéroïdes composée de petits corps rocheux, de quatre planètes géantes externes (deux géantes gazeuses que sont Jupiter et Saturne, et deux planètes géantes de glaces que sont Uranus et Neptune) et de la ceinture de Kuiper, composée elle-même d’objets glacés. L'héliopause, limite magnétique du Système solaire, est définie par l'arrêt des vents solaires face au vent galactique. Bien au-delà se trouve le nuage d'Oort, sphère d’objets épars. La limite gravitationnelle du Système solaire se situe bien plus loin encore, jusqu'à 1 ou 2 années-lumière du Soleil.
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+ Toutes les planètes du Système solaire à partir de la Terre possèdent des satellites en orbite, tandis que chacune des quatre planètes externes est en outre entourée d’un système d'anneaux de poussière et d’autres particules. Toutes les planètes, sauf la Terre, ont été nommées d'après des dieux et déesses de la mythologie romaine.
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+ Les cinq planètes naines, portant des noms de divinités diverses, sont Cérès, le premier et plus grand objet découvert dans la ceinture d’astéroïdes (975 km de diamètre équatorial), Pluton, le plus ancien et le plus grand objet connu de la ceinture de Kuiper (2 370 km), Éris, au diamètre très légèrement inférieur (2 326 km), qui se trouve dans le disque des objets épars, enfin Makémaké (environ 1 430 km) et Hauméa (1 960 km), objets de la ceinture de Kuiper. Les quatre planètes naines transneptuniennes, c'est-à-dire orbitant au-delà de Neptune, sont de type « plutoïdes ».
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+ Depuis la décision prise le 24 août 2006 par l'Union astronomique internationale, les objets ou corps orbitant directement autour du Soleil sont officiellement divisés en trois classes : planètes, planètes naines et petits corps.
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+ Les 175[10] satellites naturels, aussi appelés lunes, sont les objets en orbite autour des planètes, des planètes naines et des petits corps du Système solaire plutôt qu'autour du Soleil. Les statuts ambigus de la Lune et de Charon - à partir de ces définitions - ne sont d'ailleurs pas encore définitivement tranchés, bien que ces corps soient toujours classés comme satellites respectivement de la Terre et de Pluton.
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+ Toutefois, cette décision de l'Union astronomique internationale est loin de faire l'unanimité. À la suite du vote, une pétition[11] ayant réuni en cinq jours les signatures de plus de 300 planétologues et astronomes majoritairement américains (Pluton ayant été la première planète découverte par un Américain) a été lancée pour contester la validité scientifique de la nouvelle définition de planète (qui déclassait Pluton) ainsi que son mode d'adoption, et inviter à la réflexion sur une autre définition plus appropriée[12]. Catherine Cesarsky, présidente de l'UAI, clôt le débat en décidant que l'assemblée de l'UAI d'août 2009 ne reviendrait pas sur la définition de planète[13].
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+ Le principal corps céleste du Système solaire est le Soleil, une étoile naine jaune de la séquence principale de type G2 qui contient 99,86 % de toute la masse connue du Système solaire et le domine gravitationnellement[14]. Jupiter et Saturne, les deux objets les plus massifs orbitant autour du Soleil, regroupent à eux deux plus de 90 % de la masse restante.
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+ La plupart des grands objets en orbite autour du Soleil le sont dans un plan proche de celui de l’orbite terrestre, nommé écliptique. Typiquement, le plan d’orbite des planètes est très proche de celui de l’écliptique tandis que les comètes et les objets de la ceinture de Kuiper ont pour la plupart une orbite qui forme un angle significativement plus grand par rapport à lui.
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+ Toutes les planètes et la plupart des autres objets orbitent dans le même sens que la rotation du Soleil, c’est-à-dire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre du point de vue d’un observateur situé au-dessus du pôle nord solaire. Certains objets orbitent dans un sens rétrograde, comme la comète de Halley.
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+ Les trajectoires des objets gravitant autour du Soleil suivent les lois de Kepler. Ce sont approximativement des ellipses dont l'un des foyers est le Soleil. Les orbites des planètes sont quasiment circulaires. Celles des corps plus petits présentent des excentricités diverses et peuvent être fortement elliptiques. C'est notamment le cas des comètes et de certains autres petits corps, de certaines planètes naines et plus généralement des objets transneptuniens y compris ceux de la ceinture de Kuiper et du nuage d'Oort.
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+ La distance d'un corps au Soleil varie au cours de sa rotation autour du Soleil. On appelle le point le plus proche du Soleil de l'orbite d'un corps son périhélie, le plus éloigné étant son aphélie.
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+ De façon informelle, le Système solaire est souvent divisé en zones distinctes. Le Système solaire interne inclut les quatre planètes telluriques et la ceinture d’astéroïdes. Le reste du système peut être considéré simplement comme Système solaire externe[15] ; d’autres séparent la région au-delà de Neptune des quatre géantes gazeuses[16].
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+ La majorité des planètes du Système solaire possèdent leur propre système secondaire. Les corps planétaires en rotation autour d'une planète sont appelés satellites naturels ou lunes. La plupart des plus grands satellites naturels évoluent sur une orbite synchrone, présentant toujours la même face à la planète autour de laquelle ils gravitent. Les quatre plus grandes planètes ont également un anneau planétaire.
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+ Le Soleil, au sein de notre galaxie, est une étoile de type naine jaune parmi tant d'autres : la Voie lactée contient entre 200 et 400 milliards d'étoiles, dont 20 à 40 milliards seraient des naines jaunes[17]. Comme toute étoile selon les lois de la physique actuelle, sa masse permet à la densité en son cœur d’être suffisamment élevée pour provoquer des réactions de fusion thermonucléaire en continu. Chaque seconde le cœur du Soleil fusionne 620 millions de tonnes d'hydrogène[18] en 615,7 millions de tonnes d'hélium. Cette masse que le Soleil perd vient simplement du fait qu'un noyau d'hélium produit a une masse inférieure à celle des quatre noyaux d'hydrogène ayant servi à le fabriquer. La puissance rayonnée par le Soleil dans l'espace sous forme d'ondes électromagnétiques, environ 4 × 1026 watts, n'est autre que celle qui correspond à ce différentiel de 4,3 millions de tonnes par seconde[19].
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+ Le Soleil est une naine jaune modérément grande, mais le nom est trompeur, puisque le Soleil est plus massif et plus lumineux que la majorité des étoiles de la Voie lactée (la plupart des étoiles de la Voie lactée étant des naines rouges, plus petites). Il se situe vers le milieu de la séquence principale du diagramme de Hertzsprung-Russell ; cependant, les étoiles plus brillantes et plus chaudes que le Soleil sont rares, tandis que les étoiles moins lumineuses et plus froides sont courantes[20].
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+ On pense que la position du Soleil sur la séquence principale indique qu’il est loin d’avoir épuisé ses réserves d’hydrogène pour la fusion nucléaire. À ce jour, les calculs établissent qu'il a dispersé sous forme d'énergie 3 millièmes de sa masse initiale[19], soit l'équivalent de 3 fois la masse de Jupiter. Il devient progressivement plus brillant : au début de son histoire, sa luminosité était inférieure d'un bon tiers de celle d’aujourd’hui[21].
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+ Le calcul du rapport entre l’hydrogène et l’hélium à l’intérieur du Soleil suggère qu’il est environ à mi-chemin de son cycle de vie. Dans plus de cinq milliards d’années, il quittera la séquence principale et deviendra plus grand, plus brillant, plus froid et plus rouge : une géante rouge[22],[23]. À ce moment, sa luminosité sera près de 2000 fois celle d’aujourd’hui.
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+ Le Soleil est une étoile de population I ; il est né après une ou plusieurs « générations » d'étoiles. Il contient plus d’éléments plus lourds que l’hydrogène et l’hélium (des « métaux » dans le langage astronomique) que les étoiles de population II[24]. Ces éléments métalliques ont été formés dans l’explosion des noyaux d’étoiles les plus massives, les supernovas. Les étoiles anciennes contiennent peu de métaux tandis que les étoiles ultérieures en contiennent ainsi plus. On pense que cette haute métallicité a été indispensable au développement du système planétaire, car les planètes se forment par accrétion de « métaux »[25].
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+ En plus de la lumière, le Soleil rayonne un flux continu de particules chargées (un plasma) appelé vent solaire. Ce flux s’étend à la vitesse approximative de 1,5 million de kilomètres par heure[26], créant une atmosphère ténue, l’héliosphère, qui baigne le Système solaire jusqu’à environ 100 unités astronomiques (marquant l’héliopause). Le matériau composant l’héliosphère est connu sous le nom de milieu interplanétaire. Le cycle solaire de onze ans et les fréquentes éruptions solaires et éjections de masse coronale perturbent l’héliosphère et créent un climat spatial[27]. La rotation du champ magnétique solaire agit sur le milieu interplanétaire pour créer la couche de courant héliosphérique, la plus grande structure du Système solaire[28].
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+ Le champ magnétique terrestre protège l’atmosphère du vent solaire. Vénus et Mars ne possèdent pas de champ magnétique et le vent solaire souffle graduellement leur atmosphère dans l’espace[29]. Sur Terre, l’interaction du vent solaire et du champ magnétique terrestre cause les aurores polaires.
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+ L’héliosphère protège en partie le Système solaire des rayons cosmiques, protection augmentée sur les planètes disposant de champ magnétique. La densité de rayons cosmiques dans le milieu interstellaire et l'intensité du champ magnétique solaire changent sur de très longues périodes, donc le niveau de rayonnement cosmique dans le Système solaire varie, mais on ignore de combien[30].
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+ Le milieu interplanétaire héberge au moins deux régions de poussières cosmiques en forme de disque. La première, le nuage de poussière zodiacal, réside dans le Système solaire interne et cause la lumière zodiacale. Il fut probablement formé par des collisions à l’intérieur de la ceinture d’astéroïdes causées par des interactions avec les planètes[31]. La deuxième s’étend de 10 à 40 UA et fut probablement créée lors de collisions similaires dans la ceinture de Kuiper[32],[33].
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+ Le Système solaire interne désigne traditionnellement la région située entre le Soleil et la ceinture d’astéroïdes. Composés principalement de silicates et de métaux, les objets du Système solaire interne orbitent près du Soleil : le rayon de la région tout entière est plus petit que la distance entre Jupiter et Saturne.
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+ Très récemment[Quand ?] des nuages de poussières intramercuriens ont été détectés entre le Soleil et Mercure. Des recherches sont toujours menées afin de trouver des corps plus gros : les vulcanoïdes. Des comètes orbitent aussi dans cette zone : les astéroïdes apoheles.
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+ Les quatre planètes internes possèdent une composition dense et rocheuse, peu ou pas de satellites naturels et aucun système d’anneaux. De taille modeste (la plus grande de ces planètes étant la Terre dont le diamètre est de 12 756 km), elles sont composées en grande partie de minéraux à point de fusion élevé, tels les silicates qui forment leur croûte solide et leur manteau semi-liquide, et de métaux comme le fer et le nickel qui composent leur noyau. Trois des quatre planètes (Vénus, la Terre et Mars) ont une atmosphère substantielle ; toutes présentent des cratères d’impact et des caractéristiques tectoniques de surface comme des rifts et des volcans[34].
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+ Mercure est la planète la plus proche du Soleil (0,4 UA), ainsi que la plus petite (4 878 km de diamètre) et la moins massive, un peu plus du vingtième de la masse terrestre (0,055 masse terrestre)[35]. Elle est connue depuis l'Antiquité et doit son nom au dieu Mercure, qui était chez les Romains le messager des dieux, et dieu du commerce et du voyage ; cela est dû au fait qu'elle se déplace très vite. Mercure ne possède aucun satellite naturel et ses seules caractéristiques géologiques connues, en dehors des cratères d’impact, sont des dorsa, probablement produites par contraction thermique lors de la solidification interne, plus tôt dans son histoire[36]. L’atmosphère de Mercure, quasiment inexistante, est formée d’atomes arrachés à sa surface par le vent solaire[37],[38] ou momentanément capturés à ce vent. L’origine de son grand noyau de fer liquide et de son fin manteau n’a toujours pas été expliquée de manière adéquate. Parmi les scénarios hypothétiques, il est possible que ses couches externes aient été balayées par un impact géant ou qu’elle ait été stoppée dans son accrétion par l’énergie solaire[39],[40]. Sa période de révolution est d'environ 88 jours et sa période de rotation est de 58 jours. La presque-absence d'atmosphère significative et la proximité du Soleil amène les températures de surface à varier de 427 °C (700 K) lorsque le Soleil est au zénith et à −173 °C la nuit, et il fait même −210 °C au fond des cratères mercuriens tellement il y fait noir[35]. Mercure tourne sur elle-même en environ 2 mois terrestres et fait le tour du Soleil en 88 jours terrestres, sur une orbite elliptique.
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+ Vénus (0,7 UA) est proche de la Terre en taille et en masse (0,815 masse terrestre) et, comme elle, possède un épais manteau de silicate entourant un noyau métallique, une atmosphère significative et une activité géologique interne. Cependant, elle est beaucoup plus sèche et la pression de son atmosphère (au sol) est 90 fois celle de la nôtre[41]. Vénus ne possède aucun satellite[34]. Il s’agit de la planète la plus chaude, avec une température de surface supérieure à 462 °C, maintenue essentiellement par l’effet de serre causé par son atmosphère très riche en gaz carbonique[42],[43]. Aucune activité géologique récente n’a été détectée sur Vénus ; son absence de champ magnétique ne permettant pas d’empêcher l'appauvrissement de son atmosphère par le vent solaire, cela suggère cependant qu’elle est réallimentée régulièrement par des éruptions volcaniques[44],[41]. Sa période de révolution est d'environ 225 jours terrestres. Sa période de rotation est de 243 jours terrestres. Son diamètre est de 12 104 kilomètres et elle se situe à environ 108 millions de kilomètres du Soleil.
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+ La Terre (1 UA) est la plus grande, la plus massive et la plus dense des planètes internes, la seule dont on connaisse une activité géologique récente, et qui abrite la vie. Son hydrosphère liquide est unique parmi les planètes telluriques, et elle est la seule planète où une activité tectonique a été observée. L’atmosphère terrestre est radicalement différente de celle des autres planètes, ayant été altérée par la présence de formes de vie, pour contenir 21 % d’oxygène[45],[46]. La Terre possède un satellite, la Lune, le seul satellite significativement grand des planètes telluriques du Système solaire. L'explication la plus généralement admise pour expliquer l'origine de ce singulier satellite serait la collision latérale de la jeune Terre avec un impacteur géant, de la taille de la planète Mars[47], ce qui explique aussi que la période de rotation soit si courte (~23 h 56 min 4,1 s). La période de révolution de la Terre, c'est-à-dire la durée de l'année, est d'environ 365,25 jours[46]. Son diamètre est de 12 756 kilomètres et se situe à environ 150 millions de kilomètres du Soleil (1 UA).
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+ Mars (1,5 UA) est deux fois plus petite que la Terre et Vénus, et comporte seulement le dixième de la masse terrestre (0,107 masse terrestre). Sa période de révolution autour du Soleil est de 687 jours terrestres et sa journée dure 24 heures et 39 minutes[35]. Elle possède une atmosphère ténue, principalement composée de dioxyde de carbone, et une surface désertique[48], avec un climat qui peut être qualifié d'hyper-continental : en été, la température dépasse rarement les 20 à 25 °C à l'équateur, alors qu'elle peut chuter jusqu'à −120 °C voire plus pendant l'hiver aux pôles[35]. Le terrain martien, parfois très accidenté, est constellé de vastes volcans, comme Olympus Mons (le plus haut du Système solaire), de vallées, de rifts comme Valles Marineris[49]. Ces structures géologiques montrent des signes d’une activité géologique, voire hydraulique, qui a peut-être persisté jusqu’à récemment[50],[51]. Mars possède deux petits satellites naturels, Déimos et Phobos, probablement des astéroïdes capturés. À cause des effets de marée, l'orbite de Phobos diminue et le satellite devrait s'écraser sur la planète rouge dans environ 50 millions d'années, tandis que Deimos s'éloigne progressivement[52].
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+ Les astéroïdes sont principalement de petits corps du Système solaire composés de roches et de minéraux métalliques non volatils. La ceinture d'astéroïdes occupe une orbite située entre Mars et Jupiter, à une distance comprise entre 2,3 et 3,3 UA du Soleil. On pense qu'il s'agit de restes du Système solaire en formation qui n'ont pas pu s'accréter en un corps plus gros à cause des interférences gravitationnelles de Jupiter.
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+ Les astéroïdes varient en taille, depuis plusieurs centaines de kilomètres à des poussières microscopiques. Tous les astéroïdes, sauf le plus grand, Cérès, sont considérés comme des petits corps, bien que certains tels Vesta ou Hygie pourraient être reclassés comme planètes naines s'il est démontré qu'ils ont atteint un équilibre hydrostatique.
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+ La ceinture d'astéroïdes contient des dizaines de milliers, éventuellement des millions, d'objets de plus d'un kilomètre de diamètre[53]. Malgré ceci, la masse totale de la ceinture ne dépasse probablement pas un millième de celle de la Terre[54]. La ceinture est très peu densément peuplée ; les sondes spatiales l'ont traversée régulièrement sans incident. Les astéroïdes d'un diamètre compris entre 10 et 10-4 m sont appelés météoroïdes[55].
68
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69
+ Cérès, officiellement (1) Cérès, situé à 2,77 ua du Soleil, est le plus grand corps de la ceinture d'astéroïdes et sa seule planète naine. D'un diamètre de 952 km, suffisant pour que sa propre gravité lui donne une forme sphérique, Cérès fut considéré comme une planète quand il fut découvert au XIXe siècle, puis recatégorisé comme astéroïde dans les années 1850 lorsque des observations révélèrent leur abondance[56]. Il est également classifié comme planète naine depuis 2006 (tout en gardant son statut d'astéroïde défini de façon totalement indépendante).
70
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71
+ Les astéroïdes de la ceinture principale sont divisés en plusieurs groupes et familles suivant leurs caractéristiques orbitales. Certains astéroïdes comportent des lunes, parfois aussi larges qu'eux-mêmes. La ceinture contient également des comètes[57] d'où pourrait provenir l'eau terrestre.
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73
+ Le Système solaire interne est également constellé d'astéroïdes situés en dehors de la ceinture et dont l'orbite croise éventuellement celle des planètes telluriques.
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+
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+ Au-delà de la ceinture d'astéroïdes s'étend une région dominée par les géantes gazeuses. De nombreuses comètes à courte période, y compris les centaures, y résident également.
76
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77
+ La zone ne possède pas de nom traditionnel correctement défini. Il est fait souvent mention du Système solaire externe, par opposition au Système solaire interne, mais le terme a récemment commencé à être utilisé exclusivement pour la zone située après l'orbite de Neptune.
78
+
79
+ Les objets solides de cette région sont composés d'une plus grande proportion de « glaces » (eau, ammoniac, méthane) que leurs correspondants du Système solaire interne.
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+ Les quatre planètes externes sont des géantes gazeuses qui regroupent 99 % de la masse qui orbite autour du Soleil. L'atmosphère de Jupiter et Saturne est principalement constituée d'hydrogène et d'hélium ; celle d'Uranus et de Neptune contient un plus grand pourcentage de glaces. Il a été suggéré qu'elles appartiennent à une catégorie distincte, les « géantes glacées »[58]. Les quatre géantes gazeuses possèdent des systèmes d'anneaux, mais seuls ceux de Saturne peuvent être facilement observés depuis la Terre. En outre, le nombre de leurs satellites naturels est élevé voire très élevé (On en a détecté plus de soixante autour de Jupiter et de Saturne).
82
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+ Jupiter (5,2 UA), avec 318 masses terrestres, est aussi massive que 2,5 fois toutes les autres planètes, son diamètre avoisine les 143 000 kilomètres. Elle est composée essentiellement d'hydrogène et d'hélium, d'un peu d'ammoniac et de vapeur d'eau. Sa forte chaleur interne crée un certain nombre de caractéristiques semi-permanentes dans son atmosphère, comme des bandes de nuages ou la Grande tache rouge. Jupiter possède 67 satellites connus (on en a découvert 12 de plus récemment, ce qui en fait 79 satellites) ; les quatre plus gros, (appelés aussi satellites galiléens car découverts par l'astronome italien Galilée au XVIIe siècle), Ganymède, Callisto, Io et Europe, présentent des similarités avec les planètes telluriques, comme le volcanisme[59]. Ganymède, le plus gros satellite du Système solaire, est plus grand que Mercure.
84
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+ Sa période de révolution est d'environ 12 ans et sa période de rotation est de 9 h 55 min 27,3 s, elle se situe à 778 millions de kilomètres du Soleil.
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+ Saturne (9,5 UA), connue pour son système d'anneaux, possède des caractéristiques similaires à Jupiter, comme sa composition atmosphérique. Elle est moins massive (95 masses terrestres) et possède 62 satellites[60] ; deux d'entre eux, Titan et Encelade, présentent des signes d'activité géologique, essentiellement du cryovolcanisme[61]. Titan est plus grand que Mercure, il est le seul satellite du Système solaire à avoir une atmosphère substantielle.
88
+
89
+ Sa période de révolution est d'environ 29 ans et sa période de rotation est de 10 h 47 min 6 s.
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+ C'est également la 2e planète la plus grosse du Système Solaire, après Jupiter, avec un diamètre équatorial de 120 536 kilomètres.
91
+
92
+ Uranus (19,6 UA), avec 14 masses terrestres, est la moins massive des géantes gazeuses. De façon unique parmi les planètes du Système solaire, elle orbite le Soleil sur son côté, l'axe de sa rotation étant incliné d'environ 98° par rapport à son orbite. Son noyau est nettement plus froid que celui des autres géantes gazeuses et rayonne très peu de chaleur dans l'espace[62]. Uranus possède 27 satellites connus, les plus grands étant Titania, Obéron, Umbriel, Ariel et Miranda.
93
+
94
+ Son diamètre est de 51 118 kilomètres, elle se situe à environ 2 milliards 870 millions de kilomètres du Soleil et sa période de révolution est d'environ 84 ans. Sa rotation est rétrograde et de période d'environ 17h. Il y règne une température d'environ −220 °C.
95
+
96
+ Neptune (30 UA), bien que plus petite qu'Uranus, est légèrement plus massive (17 masses terrestres) et par conséquent plus dense. Elle rayonne plus de chaleur interne, mais pas autant que Jupiter ou Saturne[63]. Neptune possède 14 satellites connus. Le plus grand, Triton, est géologiquement actif et présente des geysers d'azote liquide[64]. Triton est le seul grand satellite placé sur une orbite rétrograde.
97
+
98
+ Neptune a un diamètre équatorial de 49 528 kilomètres, elle se situe à environ 4 milliards 500 millions de kilomètres du Soleil et sa période de révolution est d'environ 165 ans. La température y est d'environ −220 °C.
99
+
100
+ Les comètes sont de petits corps célestes du Système solaire, généralement de quelques kilomètres de diamètre, principalement composés de glaces volatiles. Elles possèdent des orbites hautement excentriques, avec un périhélie souvent situé dans le Système solaire interne et un aphélie au-delà de Pluton. Lorsqu'une comète entre dans le Système solaire interne, la proximité du Soleil provoque la sublimation et l'ionisation de sa surface, créant une queue : une longue traînée de gaz et de poussière.
101
+
102
+ Les comètes à courte période (comme la comète de Halley) parcourent leur orbite en moins de 200 ans et proviendraient de la ceinture de Kuiper ; les comètes à longue période (comme la comète Hale-Bopp) ont une périodicité de plusieurs milliers d'années et tiendraient leur origine du nuage d'Oort. D'autres enfin ont une trajectoire hyperbolique et proviendraient de l'extérieur du Système solaire, mais la détermination de leur orbite est difficile[65]. Les vieilles comètes qui ont perdu la plupart de leurs composés volatils sont souvent considérées comme des astéroïdes[66].
103
+
104
+ Les centaures, qui s'étendent entre 9 et 30 UA, sont des corps glacés analogues aux comètes orbitant entre Jupiter et Neptune. Le plus grand centaure connu, Chariclo, mesure entre 200 et 250 km de diamètre[67]. Le premier centaure découvert, Chiron, fut considéré comme une comète puisqu'il développait une queue cométaire[68]. Certains astronomes classent les centaures comme des objets de la ceinture de Kuiper internes épars, des équivalents des objets épars externes[69].
105
+
106
+ Les astéroïdes troyens sont deux groupes d'astéroïdes situés aux points de Lagrange L4 ou L5 de Jupiter (des zones gravitationnellement stables en avant et en arrière de son orbite).
107
+
108
+ Neptune et Mars sont également accompagnés par quelques astéroïdes troyens.
109
+
110
+ La zone au-delà de Neptune, souvent appelée région transneptunienne, est toujours largement inexplorée. Il semble qu'elle consiste essentiellement en de petits corps (le plus grand ayant le cinquième du diamètre de la Terre, et une masse bien inférieure à celle de la Lune), composés de roche et de glace.
111
+
112
+ La ceinture de Kuiper, la principale structure de la région, est un grand anneau de débris similaire à la ceinture d'astéroïdes, mais composée principalement de glace. La première partie de la ceinture s'étend entre 30 et 50 UA du Soleil et s'arrête à la « falaise de Kuiper », la seconde partie va au-delà (100 UA voire plus). On pense que la région est la source des comètes de courte période.
113
+
114
+ Elle est principalement composée de petits corps, mais plusieurs des plus gros objets, comme Quaoar, Varuna, ou Orcus, pourraient être reclassifiés comme planètes naines. On estime à 100 000 le nombre d'objets de la ceinture de Kuiper d'un diamètre supérieur à 50 km, mais sa masse totale est estimée à un dixième, voire un centième de celle de la Terre[70]. Plusieurs objets de la ceinture possèdent des satellites multiples et la plupart sont situés sur des orbites qui les emmènent en dehors du plan de l'écliptique.
115
+
116
+ La ceinture de Kuiper peut être grossièrement divisée entre les objets « classiques » et ceux en résonance avec Neptune. Comme les plutinos, qui parcourent deux orbites quand Neptune en parcourt trois, mais il existe d'autres rapports.
117
+
118
+ La ceinture en résonance débute à l'intérieur même de l'orbite de Neptune. La ceinture classique des objets n'ayant aucune résonance avec Neptune s'étend entre 39,4 et 47,7 UA[71]. Les membres de cette ceinture classique sont appelés cubewanos, d'après le premier objet de ce genre à avoir été découvert, (15760) 1992 QB1[72].
119
+
120
+ Pluton (39,5 UA en moyenne), une planète naine, est le plus grand objet connu de la ceinture de Kuiper. Découvert en 1930 et considéré comme une planète, il fut reclassifié en août 2006 lors de l'adoption d'une définition formelle de ces différents corps. Pluton possède une orbite excentrique inclinée de 17° sur le plan de l'écliptique et qui s'étend de 29,7 UA au périhélie à 49,5 UA à l'aphélie. Elle a un diamètre équatorial de 2370 kilomètres, elle se situe à environ 5 milliards 900 millions de kilomètres du Soleil.
121
+
122
+ Suite au survol de Pluton et Charon par la sonde New Horizons en juillet 2015 et aux nombreuses données nouvelles reçues, la plus grande lune de Pluton, Charon, a été confirmée comme formant un système binaire Pluton-Charon, peut-être issu d'une collision ancienne. Les deux corps ont un centre de gravité commun situé au-dessus de la surface de chacun des deux corps et forment le premier système binaire de planètes connu du système solaire, système fréquent dans d'autres galaxies. Quatre autres petites lunes, Nix, Hydre, Kerbéros et Styx, orbitent autour du couple Pluton-Charon.
123
+
124
+ Pluton est en résonance orbitale 3:2 avec Neptune (la planète naine orbite deux fois autour du Soleil quand Neptune orbite trois fois). Les objets de la ceinture de Kuiper qui partagent cette résonance sont nommés plutinos[73].
125
+
126
+ Les objets épars s'étendent bien au-delà de la ceinture de Kuiper. On pense qu'ils proviennent de cette ceinture mais en ont été éjectés par l'influence gravitationnelle de Neptune lors de sa formation. La plupart des objets épars possèdent un périhélie dans la ceinture de Kuiper et un aphélie pouvant atteindre 150 UA Soleil. De fa��on typique, leur orbite est fortement inclinée, souvent presque perpendiculaire à l'écliptique. Certains astronomes les considèrent comme d'autres éléments de la ceinture de Kuiper et les appellent d'ailleurs des « objets épars de la ceinture de Kuiper »[74].
127
+
128
+ Éris (68 UA en moyenne) est le plus gros objet épars connu et a d'ailleurs provoqué une clarification du statut de planète à sa découverte, puisqu'il est au moins 5 % plus grand que Pluton (diamètre estimé de 2 400 km)[75]. Il possède une lune, Dysnomie. Comme Pluton, son orbite est fortement excentrique (périhélie à 38,2 UA, la distance moyenne de Pluton au Soleil, aphélie à 97,6 UA) et fortement inclinée sur l'écliptique, à 44°.
129
+
130
+ L'héliosphère est divisée en deux régions distinctes. Le vent solaire voyage à sa vitesse maximale jusqu'à environ 95 UA, trois fois la distance moyenne entre Pluton et le Soleil. Ensuite, le vent solaire entre en collision avec les vents opposés en provenance du milieu interstellaire. Il ralentit, se condense et subit des turbulences, formant une grande structure ovale appelée l'héliogaine qui ressemble et se comporte de façon assez similaire à la queue d'une comète, s'étendant encore sur 40 UA dans un sens et sur plusieurs fois cette distance dans la direction opposée. La limite externe de l'héliosphère, l'héliopause, est le point où le vent solaire s'éteint et où débute l'espace interstellaire[76].
131
+
132
+ La forme de l'héliopause est affectée par les interactions avec le milieu interstellaire[77], ainsi que par les champs magnétiques solaires dominant au sud (l'hémisphère nord s'étend 9 UA plus loin que l'hémisphère sud). Au-delà de l'héliopause, à environ 230 UA du Soleil, s'étend une onde de choc, une zone de plasma laissée par le Soleil au cours de son trajet à travers la Voie lactée[78].
133
+
134
+ Aucune sonde spatiale n'a dépassé l'héliopause et les conditions dans l'espace interstellaire ne sont pas connues. On sait assez peu à quel point l'héliosphère protège le Système solaire des rayons cosmiques. Une mission spécifique a été suggérée[79],[80].
135
+
136
+ Le nuage de Hills est une zone hypothétique, intermédiaire de la ceinture de Kuiper et du nuage d'Oort.
137
+
138
+ Le nuage d'Oort est une zone hypothétique regroupant jusqu'à un trillion d'objets glacés et dont on pense qu'il est la source des comètes à longue période. Il entourerait le Système solaire vers 50 000 UA, peut-être même jusqu'à 154 000 UA. On pense qu'il serait composé de comètes qui ont été éjectées du Système solaire interne après des interactions avec les géantes gazeuses. Les objets du nuage d'Oort se déplacent très lentement et peuvent être affectés par des évènements peu fréquents comme des collisions, les effets gravitationnels d'une étoile proche ou une marée galactique[81],[82].
139
+
140
+ Sedna est un grand objet rougeâtre ressemblant à Pluton dont l'orbite très excentrique l'amène à 76 UA du Soleil au périhélie et à 928 UA à l'aphélie et qui prend 12 050 ans à être parcourue. Michael Brown, qui découvrit l'objet en 2003, a déclaré qu'il ne peut pas s'agir d'un objet épars car son périhélie est trop lointain pour avoir été affecté par Neptune. Il considère, avec d'autres astronomes, qu'il s'agit du premier membre connu d'une population nouvelle, qui pourrait inclure l'objet (148209) 2000 CR105, qui possède un périhélie de 45 UA, un aphélie de 415 UA et une période orbitale de 3 420 ans[83]. Brown nomme cette population le « nuage d'Oort interne » car il se serait formé selon un procédé similaire, mais à une moins grande distance du Soleil[84]. Sedna est très probablement une planète naine, même si sa forme n'est pas connue avec certitude.
141
+
142
+ La limite entre le Système solaire et l'espace interstellaire n'est pas précisément définie. On pense que le vent solaire laisse la place au milieu interstellaire à quatre fois la distance entre Neptune et le Soleil. Cependant, la sphère de Hill du Soleil, c'est-à-dire sa zone d'influence gravitationnelle, s'étendrait plus de 1 000 fois plus loin, jusqu'à plus de 2 années-lumière (la moitié de la distance à l'étoile la plus proche) ; des objets ont été détectés jusqu'à 154 202 ua (2,44 a.l.) avec C/1992 J1 (Spacewatch). Certaines comètes ont une orbite calculée à une distance bien plus grande. C'est le cas de la comète C/2008 C1, qui d'après le site Jet Propulsion Laboratory de la NASA, affichait une distance de 312 174 ua (près de 5 a.l.), ce qui la situerait en-dehors du Système solaire. Cependant, la marge d'erreur des paramètres orbitaux est très importante et sa distance maximale du Soleil est très incertaine[85]. Malgré des découvertes récentes comme celle de Sedna, la zone située entre la ceinture de Kuiper et le nuage d'Oort est globalement inconnue. Par ailleurs, celle située entre le Soleil et Mercure fait toujours l'objet d'études[86].
143
+
144
+ Les paramètres orbitaux des planètes et des planètes naines sont très stables à l'échelle des siècles et des milliers d'années, mais ils évoluent à des échelles de temps supérieures en raison de leurs interactions gravitationnelles. Les orbites tournent elles-mêmes autour du Soleil et divers paramètres oscillent. L'excentricité de l'orbite terrestre, par exemple, oscille avec une période de 2,4 Ma. L'évolution passée et future peut être calculée, mais pas au-delà d'une durée de 60 Ma en raison du caractère chaotique de la dynamique du Système solaire (les incertitudes du calcul sont multipliées par 10 tous les 10 Ma[87],[88]. On peut cependant retrouver des caractéristiques plus anciennes de l'orbite terrestre (et d'autres planètes) grâce à l'enregistrement géologique du climat, via les cycles de Milanković. On obtient notamment qu'il y a 200 Ma, la période des oscillations de l'excentricité orbitale terrestre était de seulement 1,7 Ma, contre 2,4 Ma aujourd'hui[87],[88].
145
+
146
+ Selon l'hypothèse la plus couramment acceptée, le Système solaire s'est formé à partir de la nébuleuse solaire, théorie proposée pour la première fois en 1755 par Emmanuel Kant et formulée indépendamment par Pierre-Simon de Laplace[89]. Selon cette théorie, la nébuleuse (nuage de gaz et de poussière) qui a donné naissance au Soleil s'est formée il y a 4 milliards 660 millions d'années par effondrement gravitationnel. Ce nuage était large de plusieurs années-lumière et a probablement donné naissance à plusieurs étoiles[90]. Les études de météorites révèlent des traces d'éléments qui ne sont produits qu'au cœur d'explosions d'étoiles très grandes, indiquant que le Soleil s'est formé à l'intérieur d'un amas d'étoiles et à proximité d'un certain nombre de supernovas. L'onde de choc de ces supernovas a peut-être provoqué la formation du Soleil en créant des régions de surdensité dans la nébuleuse environnante, permettant à la gravité de prendre le dessus sur la pression interne du gaz et d'initier l'effondrement[91]. La présence d'une supernova à proximité d'un disque protoplanétaire étant fortement improbable (l'explosion chasse le gaz autour d'elle), une autre modélisation de l'environnement stellaire du Soleil primitif est proposée en 2012, à partir d'observations astronomiques d'étoiles jeunes, pour expliquer la présence d'isotopes radioactifs de l'aluminium 26Al et du fer 60Fe dans des inclusions météoritiques au tout début du Système solaire. En moins de 20 millions d'années, trois générations d'étoiles, formées par la compression du gaz à la suite d'ondes de choc produites par le vent solaire de supernovae selon le scénario du Little Bang, se seraient succédé dans un nuage moléculaire géant pour former le Système solaire[92].
147
+
148
+ La région qui deviendra par la suite le Système solaire, connue sous le nom de nébuleuse pré-solaire[93], avait un diamètre entre 7 000 et 20 000 UA[90],[94] et une masse très légèrement supérieure à celle du Soleil (en excès de 0,001 à 0,1 masse solaire)[95]. Au fur et à mesure de son effondrement, la conservation du moment angulaire de la nébuleuse la fit tourner plus rapidement. Tandis que la matière s'y condensait, les atomes y entrèrent en collision de plus en plus fréquemment. Le centre, où la plupart de la masse s'était accumulée, devint progressivement plus chaud que le disque qui l'entourait[90]. L'action de la gravité, de la pression gazeuse, des champs magnétiques et de la rotation aplatirent la nébuleuse en un disque protoplanétaire en rotation d'un diamètre d'environ 200 UA[90] entourant une proto-étoile dense et chaude[96],[97].
149
+
150
+ Des études d'étoiles du type T Tauri — des masses stellaires jeunes n'ayant pas démarré les opérations de fusion nucléaire et dont on pense qu'elles sont similaires au Soleil à ce stade de son évolution — montrent qu'elles sont souvent accompagnées de disques pré-planétaires[95]. Ces disques s'étendent sur plusieurs centaines d'UA et n'atteignent qu'au plus un millier de kelvins[98].
151
+
152
+ En un million d'années (il y a 4 milliards 568 millions d'années), à la fin de la phase T Tauri (Soleil protoétoile, qui a duré de 4,569 à 4,568 milliards d'années), la pression et la densité de l'hydrogène au centre de la nébuleuse devinrent suffisamment élevées pour que la proto-étoile initie la fusion nucléaire, accroissant sa taille jusqu'à ce qu'un équilibre hydrostatique soit atteint, l'énergie thermique contrebalançant la contraction gravitationnelle. À ce niveau, le Soleil devint une véritable étoile, la température centrale atteint 15 millions de degrés Celsius[99].
153
+
154
+ Les autres corps du Système solaire se formèrent du reste du nuage de gaz et de poussière. Les modèles actuels les font se former par accrétion : initialement des grains de poussière en orbite autour de la proto-étoile centrale, puis des amas de quelques mètres de diamètre formés par contact direct, lesquels entrèrent en collision pour constituer des planétésimaux d'environ cinq kilomètres de diamètre. À partir de là, leur taille augmenta par collisions successives au rythme moyen de 15 cm/an au cours des millions d'années suivants[100].
155
+
156
+ Le système solaire interne était trop chaud pour que les molécules volatiles telles que l'eau ou le méthane se condensent : les planétésimaux qui s'y sont formés étaient relativement petits (environ 0,6 % de la masse du disque)[90] et principalement formés de composés à point de fusion élevé, tels les silicates et les métaux. Ces corps rocheux devinrent à terme les planètes telluriques. Plus loin, les effets gravitationnels de Jupiter empêchèrent l'accrétion des planétésimaux, formant la ceinture d'astéroïdes[101].
157
+
158
+ Encore plus loin, là où les composés glacés volatils pouvaient rester solides, Jupiter et Saturne devinrent des géantes gazeuses. Uranus et Neptune capturèrent moins de matière et on pense que leur noyau est principalement formé de glaces[102],[103].
159
+
160
+ Dès que le Soleil produisit de l'énergie, le vent solaire souffla le gaz et les poussières du disque protoplanétaire, stoppant la croissance des planètes. Les étoiles de type T Tauri possèdent des vents stellaires nettement plus intenses que les étoiles plus anciennes et plus stables[104],[105].
161
+
162
+ La chaleur dégagée par le Soleil augmente au fil du temps. On peut extrapoler qu'à très long terme (plusieurs centaines de millions d'années) elle atteindra un niveau tel que la vie sera impossible sur Terre.
163
+
164
+ Dans plus de cinq milliards d'années, le Soleil aura épuisé ses réserves d'hydrogène, qui se seront transformées en hélium, et changera de structure. Son noyau se contractera mais l'étoile entière deviendra beaucoup plus volumineuse. Il devrait se transformer en géante rouge, 100 fois plus grande qu'à l'heure actuelle. Les planètes les plus proches, Mercure et Vénus, devraient être détruites.
165
+
166
+ Il entamera alors un nouveau cycle de fusion avec l'hélium fusionnant en carbone (et oxygène) dans son cœur, et l'hydrogène fusionnant en hélium dans une couche périphérique du cœur. Dans cette configuration, il aura « soufflé » son enveloppe externe, devenant une sous-géante, environ 10 fois plus grande qu'actuellement.
167
+
168
+ Il va ensuite brûler son hélium assez rapidement, à la fin de ce cycle il regonflera de manière encore plus importante, grillant complètement la Terre au passage.
169
+
170
+ Une fois ses réserves d'énergie nucléaire complètement consommées, le Soleil s'effondrera sur lui-même et se transformera en naine blanche très dense et peu lumineuse. Il refroidira petit à petit et finira par ne plus rayonner ni lumière ni chaleur, il sera alors parvenu au stade de naine noire.
171
+
172
+ Le Système solaire est situé dans la Voie lactée, une galaxie spirale barrée d'un diamètre d'environ 100 000 années-lumière contenant 200 milliards d'étoiles[106]. Le Soleil réside dans l'un des bras spiraux externes de la galaxie, le bras d'Orion[107], à entre 25 000 et 28 000 années-lumière du centre galactique. Il y évolue à environ 220 kilomètres par seconde et effectue une révolution en 225 à 250 millions d'années, une année galactique[108].
173
+
174
+ La situation du Système solaire dans la galaxie est probablement un facteur de l'évolution de la vie sur Terre. Son orbite est quasiment circulaire et est parcourue à peu près à la même vitesse que la rotation des bras spiraux, ce qui signifie qu'il ne les traverse que rarement. Les bras spiraux hébergeant nettement plus de supernovas potentiellement dangereuses, cette disposition a permis à la Terre de connaitre de longues périodes de stabilité interstellaire[109]. Le Système solaire réside également en dehors des zones riches en étoiles autour du centre galactique. Près du centre, l'influence gravitationnelle des étoiles proches perturberait plus souvent le nuage d'Oort et propulserait plus de comètes vers le Système solaire interne, produisant des collisions aux conséquences potentiellement catastrophiques. Le rayonnement du centre galactique interférerait avec le développement de formes de vie complexes[109]. Même à l'endroit actuel du Système solaire, certains scientifiques ont émis l'hypothèse que des supernovas récentes ont affecté la vie dans les derniers 35 000 ans en émettant des morceaux de cœur stellaire vers le Soleil sous forme de poussières radioactives ou de corps ressemblant à des comètes[110].
175
+
176
+ Le voisinage immédiat du Système solaire est connu sous le nom de nuage interstellaire local, une zone relativement dense à l'intérieur d'une région qui l'est moins, la Bulle locale. Cette bulle est une cavité du milieu interstellaire, en forme de sablier d'environ 300 années-lumière de large. La bulle contient du plasma à haute température de façon très diluée, ce qui suggère qu'elle est le produit de plusieurs supernovae récentes[111].
177
+
178
+ On compte relativement peu d'étoiles distantes de moins de 10 années-lumière du Soleil. Le système le plus proche est celui d'Alpha Centauri, un système triple distant de 4,4 années-lumière. Alpha Centauri A et B sont deux étoiles proches ressemblant au Soleil, Alpha Centauri C (ou Proxima Centauri) est une naine rouge orbitant la paire à 0,2 année-lumière d'elle. On trouve ensuite les naines rouges de l'étoile de Barnard (6 années-lumière), Wolf 359 (7,8 années-lumière) et Lalande 21185 (8,3 années-lumière). La plus grande étoile à moins de 10 années-lumière est Sirius, une étoile brillante deux fois plus massive que le Soleil autour de laquelle orbite une naine blanche nommée Sirius B ; elle est distante de 8,6 années-lumière. Les autres systèmes dans ces 10 années-lumière sont le système binaire de naines rouges Luyten 726-8 (8,7 années-lumière) et la naine rouge solitaire Ross 154 (9,7 années-lumière)[112]. La plus proche étoile simple analogue au Soleil est Tau Ceti, distante de 11,9 années-lumière ; elle possède 80 % de la masse du Soleil, mais seulement 60 % de sa luminosité[113]. En 2014, la plus proche exoplanète ressemblant à la Terre que l'on connaissait, Gliese 581 c, est située à 20,4 années-lumière. En 2016, a été découvert Proxima Centauri b, planète orbitant dans la zone habitable de Proxima Centauri situé à 4,23 années-lumière de la Terre. Au moment de sa découverte, il s'agit de l'exoplanète connue la plus proche de la Terre[114].
179
+
180
+ Le mouvement propre du Soleil et de son système parmi les étoiles voisines, dans le référentiel qui accompagne l'orbite galactique, est dirigé vers l'apex solaire, actuellement près de Véga, avec une vitesse de 15 kilomètres par seconde[115].
181
+
182
+ Le concept de Système solaire n'existait pas de façon répandue avant une époque récente. En règle générale, la Terre était perçue comme stationnaire au centre de l'Univers et souvent de nature intrinsèquement différente à celui-ci. Un cosmos héliocentrique fut cependant postulé à plusieurs reprises, par exemple par le philosophe grec Aristarque de Samos, le mathématicien et astronome indien Aryabhata ou l'astronome polonais Nicolas Copernic.
183
+
184
+ Néanmoins, les avancées conceptuelles du XVIIe siècle, conduites par Galileo Galilei, Johannes Kepler et Isaac Newton, popularisèrent l'idée que la Terre se déplaçait non seulement autour du Soleil, mais que les mêmes lois physiques s'appliquaient aux autres planètes. C'est Christian Huygens, après avoir amélioré les lunettes d'observation, qui dans sa Cosmotheoros posthume (1698) décrit pour la première fois les dimensions réelles du Système solaire alors connu (6 planètes et 6 lunes), en laissant voir les dimensions respectives du Soleil et des planètes.
185
+
186
+ Les cinq planètes les plus proches de la Terre (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) sont parmi les objets plus brillants du ciel et étaient nommées πλανήτης (planētēs, signifiant « errant ») par les astronomes grecs dans l'Antiquité. Hormis le Soleil et la Lune, il s'agit des seuls membres du Système solaire connus avant les observations instrumentales.
187
+
188
+ Les premières observations du Système solaire en tant que tel furent réalisées à partir de la mise au point de la lunette astronomique, puis du télescope, par les astronomes. Galilée fut parmi les premiers à découvrir des détails physiques sur d'autres corps : il observa que la Lune était couverte de cratères, que le Soleil possédait des taches et que quatre satellites orbitaient autour de Jupiter[116]. Christian Huygens poursuivit les découvertes de Galilée en découvrant Titan, le satellite de Saturne, et la forme des anneaux de cette planète[117]. Jean-Dominique Cassini découvrit ensuite quatre autres lunes de Saturne, la division de Cassini dans ses anneaux et la grande tache rouge sur Jupiter[118].
189
+
190
+ Edmond Halley réalisa en 1705 que les apparitions répétées d'une comète concernaient le même objet, revenant régulièrement tous les 75 à 76 ans. Ce fut la première preuve qu'autre chose que les planètes orbitait autour du Soleil[119].
191
+
192
+ En 1781, William Herschel observa ce qu'il pensa être une nouvelle comète, mais dont l'orbite révéla qu'il s'agissait d'une nouvelle planète, Uranus[120].
193
+
194
+ Giuseppe Piazzi découvrit Cérès en 1801, un petit corps situé entre Mars et Jupiter, qui fut initialement considéré comme une nouvelle planète. Des observations ultérieures révélèrent des milliers d'autres objets dans la même région, ce qui conduisit à leur reclassification comme astéroïdes[121].
195
+
196
+ Les écarts entre la position d'Uranus et les calculs théoriques de son orbite conduisirent à suspecter qu'une autre planète, plus lointaine, en perturbait le mouvement. Les calculs d'Urbain Le Verrier permirent la découverte de Neptune en 1846[122]. La précession du périhélie de Mercure conduisit également Le Verrier à postuler l'existence d'une planète située entre Mercure et le Soleil, Vulcain, en 1859, ce qui s'avéra au bout du compte être une fausse piste. Les anomalies de trajectoire des planètes externes firent émettre par Percival Lowell l'hypothèse d'une planète X. Après sa mort, l'observatoire Lowell conduisit une recherche qui aboutit à la découverte de Pluton par Clyde Tombaugh en 1930. Pluton se révéla être trop petit pour perturber les orbites des géantes gazeuses, et sa découverte fut une coïncidence. Comme Cérès, il fut d'abord considéré comme une planète avant d'être reclassifié en 2006 comme planète naine[122].
197
+
198
+ En 1992, David Jewitt et Jane Luu découvrirent (15760) 1992 QB1. Cet objet se révéla être le premier d'une nouvelle catégorie, qui fut nommée ceinture de Kuiper, un analogue glacé à la ceinture d'astéroïdes et dont Pluton fait partie[123],[124].
199
+
200
+ Mike Brown, Chadwick Trujillo et David L. Rabinowitz annoncèrent la découverte d'Éris en 2005, un objet épars plus grand que Pluton, et d'ailleurs le plus grand découvert en orbite autour du Soleil depuis Neptune[125].
201
+
202
+ Depuis le début de l'ère spatiale, de nombreuses missions d'exploration par sondes spatiales ont été mises en œuvre. Toutes les planètes du Système solaire ont été visitées à divers degrés par des sondes robotisées : au minimum, des photographies en furent prises, et dans certains cas des atterrisseurs ont effectué des tests sur les sols et les atmosphères.
203
+
204
+ Le premier objet humain lancé dans l'espace fut le satellite soviétique Spoutnik 1 en 1957, qui orbita la Terre pendant trois mois. La sonde américaine Explorer 6, lancée en 1959, fut le premier satellite à renvoyer une image de la Terre prise de l'espace. La première sonde à voyager avec succès vers un autre corps fut Luna 1, qui dépassa la Lune en 1959 ; à l'origine, elle devait la percuter, mais manqua sa cible, et devint le premier objet artificiel à entrer en orbite solaire. Mariner 2 fut la première sonde à survoler une autre planète, Vénus, en 1962. Le premier survol réussi de Mars fut effectué par Mariner 4 en 1964 ; Mercure fut approchée par Mariner 10 en 1974.
205
+
206
+ La première sonde à explorer les planètes externes fut Pioneer 10, qui survola Jupiter en 1973. Pioneer 11 visita Saturne en 1979. Les deux sondes Voyager réalisèrent un survol de toutes les géantes gazeuses à partir de leur lancement en 1977. Elles survolèrent Jupiter en 1979 et Saturne en 1980 et 1981. Voyager 2 continua par un survol d'Uranus en 1986, et de Neptune en 1989. Les sondes Voyager sont sur le chemin de l'héliogaine et de l'héliopause ; selon la NASA, elles ont rencontré le choc terminal à environ 93 UA du Soleil[76],[127]. La NASA confirme officiellement, le 12 septembre 2013, après analyse des données recueillies par la sonde, que Voyager 1, à plus de 18 milliards de kilomètres du Soleil, a quitté la zone d'influence directe de ce dernier, l'héliosphère (zone de prédominance magnétique, la sonde étant toujours dans la zone de prédominance gravitationnelle de notre étoile)[128],[129]. Elle se trouve désormais dans l'espace interstellaire.
207
+
208
+ Le premier objet de la ceinture de Kuiper visité par une sonde a été la planète naine Pluton, survolée par la sonde New Horizons en juillet 2015[130]. La mission a été prolongée pour survoler l'objet transneptunien 2014 MU69 en janvier 2019.
209
+
210
+ En 1966, la Lune devint le premier objet du Système solaire, en dehors de la Terre, autour duquel un satellite artificiel fut mis en orbite (Luna 10). Elle fut suivie par Mars en 1971 (Mariner 9), Vénus en 1975 (Venera 9), Jupiter en 1995 (Galileo, qui réalisa le premier survol d'un astéroïde, Gaspra, en 1991), l'astéroïde Éros en 2000 (NEAR Shoemaker) et Saturne en 2004 (Cassini–Huygens). La sonde MESSENGER orbita autour de Mercure entre le 18 mars 2011 et le 30 avril 2015. Dawn s'est mise en orbite de l'astéroïde Vesta, entre juillet 2011 et septembre 2012, puis de la planète naine Cérès, à partir de mai 2015.
211
+
212
+ La première sonde à se poser sur un autre corps que la Terre fut la sonde soviétique Luna 2, qui impacta la Lune en 1959. La surface de Vénus fut atteinte en 1966 (Venera 3), Mars en 1971 (Mars 3, bien que le premier atterrissage sur Mars ne fut réalisé que par Viking 1 en 1976), Éros en 2001 (NEAR Shoemaker) et le satellite de Saturne Titan en 2005 (Huygens). L'orbiteur Galileo lâcha également une sonde dans l'atmosphère de Jupiter en 1995 ; la géante gazeuse ne possédant pas de surface à proprement parler, la sonde fut détruite par la température et la pression lors de sa descente. L'orbiteur Cassini subit le même sort sur Saturne, en 2017.
213
+
214
+ L'exploration humaine du Système solaire est pour l'instant limitée aux environs immédiats de la Terre. Le premier être humain à avoir atteint l'espace (défini comme une altitude de plus de 100 km) et à orbiter la Terre fut le cosmonaute soviétique Youri Gagarine le 12 avril 1961. Le premier homme à marcher sur une autre surface du Système solaire fut l'astronaute américain Neil Armstrong, qui atterrit sur la Lune le 21 juillet 1969. La première station orbitale pouvant héberger plus d'un passager fut le Skylab américain, qui accueillit des équipes de trois astronautes entre 1973 et 1974. La première station permanente fut la station spatiale soviétique Mir, qui fut occupée en continu entre 1989 et 1999, à laquelle succéda la station spatiale internationale, hébergeant une présence humaine dans l'espace depuis lors.
215
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216
+ Le mouvement des objets de la ceinture de Kuiper pourrait être en réalité expliqué par l'influence d'une neuvième planète. En 2016, deux astronomes américains Mike Brown et Konstantin Batyguine, du California Institute of Technology, pensent avoir apporté les preuves de l’existence d'une nouvelle planète située au-delà de Pluton et évoluant autour du Soleil sur une orbite elliptique inclinée par rapport au plan de l'écliptique, avec une période de révolution de 15 000 ans. Selon eux, la probabilité d'une erreur serait de 0,007 %[131],[132],[133].
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+ D'autres astronomes, Jakub Scholtz et James Unwin, avancent l'hypothèse que ce corps céleste serait en fait un trou noir[134].
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+ Le tabac est un produit psychotrope manufacturé élaboré à partir de feuilles séchées de plantes de tabac commun (Nicotiana tabacum), une espèce originaire d'Amérique appartenant au genre botanique Nicotiana (famille : Solanaceae).
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+ L'usage du tabac s'est largement répandu dans le monde entier à la suite de la découverte de l'Amérique. Sa commercialisation est souvent un monopole d'État et soumise à des taxes qui varient fortement selon les pays.
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+ Le tabac génère une forte dépendance et sa consommation est responsable de près de 6 millions de décès par an dans le monde dont 600 000 sont des non-fumeurs exposés à la fumée (tabagisme passif). De nombreuses maladies sont liées au tabagisme (maladies cardiovasculaires et cancers, entre autres).
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+ Les Nicotiana sont des plantes néotropicales nitrophiles, originaires des régions chaudes et nécessitant un sol riche en humus. La température et la nature des sols jouent un rôle prépondérant sur les propriétés du tabac : la culture ne peut s'effectuer qu'entre des températures allant de 15 °C à 35 °C, 27 °C constituant un idéal pour l'épanouissement des plants. On estime la surface cultivée mondiale à 5 millions d'hectares, essentiellement en Asie et en Amérique, bien que sa relative plasticité lui permette d'être cultivée entre le 60e degré de latitude nord et le 40e degré de latitude sud.
8
+ Le degré de maturation et la méthode de récolte des feuilles constituent des éléments essentiels et déterminants pour leur destination. Sous-maturées, les feuilles sont destinées aux capes pour cigares (l'enveloppe extérieure). La récolte en feuilles peut durer plus d'un mois, les feuilles étant récoltées une par une selon la maturation, tandis que la récolte par tige est beaucoup plus rapide car mécanisée, mais au détriment de la qualité. Il existe trois grandes variétés de tabac cultivé pour être fumé : le tabac de Virginie, le Burley (en) et le tabac oriental[1],[2].
9
+
10
+ La graine est semée en pépinière ou sur semis flottants au début du mois de mars puis est transplantée au champ à la mi-mai. La plante atteint 1,80 m au début de l’été lorsque commence la floraison. La fleur est coupée afin que les feuilles se développent (une vingtaine par pied). Les premières décolorations indiquent le moment de la récolte (juillet/août) qui nécessite une main-d'œuvre abondante et attentive. Les feuilles de tabac sont séchées sous air chaud, dans des séchoirs traditionnels ou sous serres. Les feuilles sont triées à l’automne et en été[3].
11
+
12
+ Le séchage à l'air chaud dure une semaine et nécessite environ 20 kg de bois pour sécher 1 kg de tabac. Le mode de séchage à l'air chaud se classe au premier rang par son taux d'utilisation avec environ 6 tonnes de tabac sur 10 traitées par ce processus. Ce séchage entraîne une déforestation importante[4]. Dans la partie méridionale de l’Afrique, ce sont plus de 140 000 hectares de terrains boisés qui disparaissent chaque année pour servir de combustible pour le séchage du tabac, ce qui correspond à 12 % de la déforestation annuelle totale dans la région[5].
13
+
14
+ Des maladies de la plante peuvent être détectées et incluent : fonte des semis, mildiou, oïdium, pourriture noire des racines, sclérotiniose, virus de la mosaïque du concombre, virus de la gravure du tabac, virus de la mosaïque du tabac et virus de la nécrose du tabac.
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+
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+ Les ravageurs incluent : taupes, courtillières, limaces, pucerons, hépiales, noctuelles (vers gris), thrips et araignées. D'autres ennemis incluent l'orobanche (plante parasite) et la nématode des tiges (anguillules).
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+
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+ Les feuilles de tabac récoltées, sont séchées pour éliminer plus de 90 % de leur eau. Les tabacs en feuilles sont classés selon leur variété ou leur mode de séchage :
19
+
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+ S'ensuit soit un stockage pour les tabacs fire-cured ou certains light air-cured, soit une fermentation pour favoriser la volatilisation de la nicotine et de l'ammoniac.
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+
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+ La composition du tabac est complexe (sa fumée contient environ 4 000 composés chimiques, dont 50 reconnus cancérigènes[6]), à cause de la complexité de la plante et à cause des nombreux traitements réalisés sur le tabac récolté pour en assurer la conservation, la couleur, le parfum, le goût, la plasticité, etc.
23
+
24
+ Dans la plante fraiche de Nicotiana tabacum, on trouve un mélange d'alcaloïdes composés de 93 % de (S)-nicotine, 3,9 % de (S)-anatabine, de 2,4 % de (S)-nornicotine, et de 0,5 % de (S)-anabasine.
25
+
26
+ Lors de sa croissance, la plante absorbe plusieurs produits radioactifs, qu'on retrouvera dans la fumée, le filtre et moindrement le papier des cigarettes ou des bidies[7],[8],[9],[10] et dans les poumons, via l'inhalation de la fumée[11]. On y trouve des traces de thorium, polonium et d'uranium[12]. Le polonium du tabac engendre le plus de radioactivité inhalée[13].
27
+
28
+ Les feuilles de tabac sont sensibles à certains polluants dont l'ozone troposphérique. Le stress oxydant peut en modifier la composition.
29
+
30
+ L'American Journal of Public Health (en) a montré, en septembre 2008, que les « majors » de l'industrie du tabac, Philip Morris, RJ Reynolds Tobacco Company, British American Tobacco, etc., ont volontairement caché au public, depuis les années 1960, la présence de polonium 210, une substance hautement cancérigène (et utilisée pour l'assassinat de l'espion Alexandre Litvinenko) dans les cigarettes[14],[15],[16]. Une des explications de cette présence de produits radioactifs dans le tabac est l'utilisation fréquente aux États-Unis d'engrais à base d'apatites, utilisés pour donner une saveur spécifique au tabac[14],[15],[17].
31
+ Certaines variétés semblent absorber moins de radon et de polonium[18] (sous réserve que cela ne soit pas dû à une moindre présence de ces produits dans leur environnement).
32
+
33
+ L'industrie tabatière ajoute dans le tabac de cigarettes des additifs (arômes, sucres, humidifiants), notamment des composés d'ammoniac qui modifient le pH de la nicotine (plus alcalin), en facilitent l'absorption tout en renforçant la dépendance à celle-ci (ouverture plus importante des récepteurs à la dopamine)[19].
34
+
35
+ Le tabac est consommé principalement fumé sous forme de cigares, de cigarettes, à l'aide d'une pipe ou d'un narguilé ; il peut aussi être mâché (chiqué), sucé (snus) ou prisé.
36
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37
+ Au début du XXe siècle, le tabac est cultivé et consommé sur tous les continents. Les progrès techniques et industriels font évoluer sa production et la consommation de cigarettes supplante dès lors la chique, la prise, la pipe et le cigare. En 1880, il est vendu cent millions de cigarettes dans le monde, en 1900 un milliard de cigarettes[20]. Sa consommation se diffuse massivement au milieu du XXe siècle avec l'essor de la publicité. En 1940, 1 000 milliards de cigarettes sont vendues dans le monde, 2 000 milliards en 1960, 5 000 milliards en 1980, 6 000 milliards en 2014[21].
38
+
39
+ La consommation de tabac entraine généralement une dépendance durable[22].
40
+
41
+ La culture du tabac nécessite 5,3 millions d'hectares (53 000 km2) de terres arables dans le monde. Le séchage du tabac nécessite par ailleurs une grande quantité de bois[23]. La culture du tabac est ainsi responsable de 5 % de la déforestation dans les pays en développement[23]. Elle contribue significativement à la déforestation dans certains pays comme le Zimbabwe[24].
42
+
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+ Les mégots de cigarettes sont par ailleurs une source de pollution majeure, notamment pour les cours d'eau.
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+
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+ La consommation extensive du tabac dans le monde a engendré la constitution de majors d'industrie puissantes.
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+
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+ Le premier producteur mondial de tabac est le monopole chinois China National Tobacco Corporation.
48
+
49
+ Plus de 70 % du marché hors Chine est réalisé par quatre multinationales aux diverses marques. Ce sont, dans l'ordre décroissant de chiffre d'affaires :
50
+
51
+ La production de tabac, estimée à plus de 7 millions de tonnes, est dominée par la Chine, l'Inde, le Brésil, les États-Unis et l'Indonésie. Dans l'Union européenne, les principaux producteurs sont l'Italie, la Pologne, l'Espagne, la Bulgarie et la Grèce. La très grande majorité des pays achètent du tabac, même lorsqu'ils sont eux-mêmes producteurs : dans ce cas, les importations visent à suppléer les lacunes sur le plan de la diversité.
52
+
53
+ La manufacture du tabac est dominée par la Chine, la Russie, les États-Unis, l'Allemagne et l'Indonésie[25]. Le tabac est essentiellement utilisé pour la production de cigarettes et de cigares. La production de cigarettes représente l'essentiel de la production et est estimée à plus de 5 000 milliards d'unités en 1993, 5 457 milliards d'unités en 2005.
54
+
55
+ L’Allemagne, la Bulgarie et la Suisse sont les seuls pays européens où la publicité pour le tabac est encore autorisée dans l'espace public[26],[27],[28]. La Revue médicale suisse relève également en 2015 que « la Suisse est le seul pays européen où la publicité pour les produits du tabac dans la presse est autorisée et, avec la Biélorussie, c’est également le seul pays où il n’existe pas de limitation concernant le parrainage d’événements culturels et sportifs »[26].
56
+
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+ La France connait un déclin continu de sa production de tabac depuis les années 1950 et n'a plus de filière transformation depuis 2019, ni de fabrication depuis 2017[30].
58
+
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+ En 2018, la France a produit 7 000 tonnes de tabac brut sur une superficie de 2 700 hectares[30], (contre 8 172 tonnes en 2017 sur un peu plus de 3 300 hectares) ; c'est le 7e producteur de l'Union européenne après l'Italie, la Pologne, l'Espagne, la Grèce, la Bulgarie et la Croatie[31]. La profession est organisée autour de cinq coopératives, pour un chiffre d'affaires estimé à 30 millions d'euros en 2018, à comparer aux 1,18 milliard d'euros de produits du tabac importés en France[30].
60
+
61
+ Les cinq coopératives sont regroupées dans les lieux historiques de production : pour le Sud-Ouest, Périgord Tabac, Tabac Garonne Adour et Midi Tabac, pour le Grand-Est, Tabac Feuilles de France et, en Isère, la plus petite des cinq, la Dauphinoise[30]. En France sont désormais cultivés principalement le Burley et le tabac de Virginie, les producteurs, pour faire face à la concurrence internationale, visant des marchés de niche plus valorisés comme le narguilé, qui nécessite un tabac de Virginie sucré, et un marché encore dynamique, le cigare et le tabac à rouler[30].
62
+
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+ La France connait depuis les années 1950 une baisse continue de sa production. En 1950, 105 000 agriculteurs produisaient du tabac, au tournant des années 1970, 41 000 agriculteurs exploitaient encore 20 000 hectares en produisant près 46 000 tonnes[30]. Entre 2010 et 2014, le nombre d'agriculteurs cultivant du tabac est passé de 2 076 à 1 177[32].
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+ La production de l'Union européenne est en baisse en raison de la baisse des aides aux agriculteurs producteurs de tabac distribuées dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). L'Union européenne importe 75 % de sa consommation en provenance de pays tiers comme le Brésil, le Malawi et les États-Unis ; à l'inverse, une partie de la production européenne est exportée hors de l'UE. En septembre 2013, plusieurs pays européens, dont la France (par l'intermédiaire de son ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll), ont défendu une motion auprès de la Commission européenne pour réintroduire des subventions couplées à la production de tabac en Europe[33]. Ces subventions, qui s'élevaient jusqu'à la fin des années 1990 à 3 euros par kg[34], ont été réduites à partir de 2006 puis supprimées en 2010 dans le cadre de la réforme de la PAC de 2006. Elles ont été réintroduites en France en mars 2012 sous l'appellation d'« aides à la qualité », dans un contexte de prix mondial en hausse. Elles bénéficient à l'ensemble de la production, à l'exception de la dernière catégorie de qualité sur une échelle qui en compte 5. Au total, l'enveloppe allouée à ce soutien spécifique s'élève à 9 millions d'euros par an (environ 1 euro par kg), alloués entre les producteurs en fin de saison en fonction des quantités produites[35],[36],[37].
66
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+ L'année 2017 a été marquée par l'entrée en vigueur de plusieurs mesures pour réduire la consommation de tabac : paquet neutre, alourdissement de la fiscalité sur le tabac à rouler, relèvement du minimum de perception, etc. ; selon les douanes, les ventes légales de tabac ont baissé de 2,2 %[38].
68
+
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+ Outre la lutte contre le tabagisme, une des raisons du déclin de la production française est le coût de la main-d'œuvre. Un hectare de tabac nécessite près de 300 heures de travail contre, par exemple, 5 seulement pour le maïs[30]. Ce travail, principalement pour la récolte en juillet et août, a longtemps été assuré de façon informelle par le cercle familial élargi de l'agriculteur, un type de travail qui a quasiment disparu aujourd'hui[30]. La culture du tabac en France était aussi souvent une culture complémentaire pour de petites exploitations de polyculture-élevage ; elle a été progressivement abandonnée au fur et à mesure de la baisse de la rentabilité de cette culture[30].
70
+
71
+ La filière tabac en France a totalement disparu en septembre 2019 avec la fermeture de la dernière usine de transformation du tabac à Sarlat-la-Canéda[30] en Dordogne. La Seita, ancienne régie publique française des tabacs, a été privatisée en 1995, elle a fusionné avec la société espagnole Tabacalera en 1998, l'ensemble étant racheté par Imperial Tobacco (aujourd'hui Imperial Brands) en 2008[30]. L'usine de Carquefou, à coté de Nantes, qui produisait les Gauloises et les Gitanes blondes, a fermé en 2014 et la dernière usine en France, la manufacture de tabac de Riom dans le Puy-de-Dôme, a fermé en 2017[30].
72
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73
+ Quatre multinationales contrôlent plus de 95 % du marché français : Philip Morris International (avec sa marque phare Marlboro), British American Tobacco (Lucky strike, Dunhill, etc.), Imperial Brands (Gauloises, News, etc.) et Japan Tobacco (Camel, Winston, etc.)[39].
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+ Lorsque Christophe Colomb arrive en Amérique en 1492, il constate que les Indiens utilisent le tabac pour ses propriétés magiques et médicamenteuses. André Thevet en rapporte des graines et la culture du tabac commence en Europe.
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77
+ Le substantif masculin[40],[41],[42],[43] tabac est un emprunt[40],[43] à l'espagnol tabaco[40],[41],[43], substantif masculin[44] lui-même emprunté[40] à l'arawak[41] de Cuba et Haïti[40] tsibatl, mot qui désignait soit un ensemble de feuilles, soit l'action du fumer, soit surtout le tuyaux de roseau dont les Amérindiens se servait pour aspirer la fumée[43].
78
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79
+ Le mot tabac, désignant à l'origine, pour les Européens, à la fois la plante et le cigare confectionné avec ses feuilles, vient de l'espagnol tabaco, lui-même emprunté à un mot arawak désignant une sorte de pipe, un instrument à deux tuyaux.
80
+ Il est attesté sous sa forme espagnole depuis la première moitié du XVIe siècle.
81
+ Les Arawaks, ensemble de peuplades amérindiennes des Antilles et d'Amazonie, possédaient donc probablement un autre mot pour désigner la plante que nous appelons tabac (digo selon l'archéologue Benoît Bérard) ; ce mot est apparu en espagnol par glissement sémantique, le contenant (pipe, instrument) finissant par désigner le contenu (feuilles séchées de la plante) puis la plante elle-même[45].
82
+
83
+ La culture du tabac trouve son origine en Amérique, il y a plus de 500 ans. Lorsque Christophe Colomb rencontre les Amérindiens, ceux-ci pour se soigner roulent des feuilles de tabac jusqu'à obtenir une sorte de grand cigare qu'ils appellent « tabaco »[46]. Dans leur calumet brûle également un mélange de plusieurs herbes dont le tabac.
84
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+ En 1492, lors de son expédition en Amérique, Christophe Colomb découvre le tabac[47] et le rapporte en Europe, à la Cour espagnole et portugaise, où il est pendant longtemps utilisé comme simple plante d'ornement. Ce n'est qu'au milieu du XVIe siècle que le médecin personnel de Philippe II d'Espagne commence à le promouvoir comme « médicament universel ». La première description écrite serait le fait de l'historien espagnol d'Oviedo.
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+ Il est introduit en France en 1556 par un moine cordelier, André Thevet qui au retour de son séjour au Brésil, en fit la culture dans les environs de sa ville natale d'Angoulême. On l'appelle alors « herbe angoulmoisine » ou « herbe pétun ».
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+ Dès 1775, les premiers soupçons de relation entre tabac et cancer sont exprimés[48].
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+ En 1560, l'ambassadeur de France (François II) au Portugal, Jean Nicot, attribuant au tabac des vertus curatives, envoie de la poudre de cette plante à la Reine Catherine de Médicis afin de traiter les terribles migraines de son fils François II. Le traitement ayant eu du succès, le tabac devint ainsi « l'herbe à la Reine ». Sa vente sous forme de poudre est réservée aux apothicaires. Pour honorer Jean Nicot, le duc de Guise proposa d'appeler cette herbe nicotiane. Cette proposition fut retenue par le botaniste Jacques Daléchamps qui dans son livre Histoire générale des plantes[49] au chapitre « Du Petum ou Herbe à la Reine » l'illustre d'une gravure intitulée Nicotiane ou Tabacum, terminologie reprise ensuite par Linné pour créer son binôme[50]. La plante reçut de très nombreux noms parmi lesquels on peut citer « nicotiane », « médicée », « catherinaire », « herbe de Monsieur Le Prieur », « herbe sainte », « herbe à tous les maux », « panacée antarctique » et finalement « herbe à ambassadeur ».
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+ C'est à la fin du XVIe siècle qu'apparaît le mot « tabac » : la première illustration botanique en est donnée par Nicolas Monardes en 1571. En 1575, André Thevet donne un « pourtrait de l'herbe Petum ou Angoulmoisine » dans sa Cosmographie universelle (t II, livre XXI, chap VIII).
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+ À la même époque est publié un des premiers traités sur le tabac, vu alors comme une plante médicinale : L'instruction sur l'herbe petum (1572) par Jacques Gohory.
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+ Le cardinal de Richelieu instaure une taxe sur la vente de tabac en 1629[51]. Colbert fit de sa production et de son commerce un monopole royal et à l'époque la production nationale est la plus développée d'Europe, avec des plantations dans l'Est, le Sud-Ouest, ainsi que dans les 4 îles des Antilles les plus peuplées : Saint-Christophe, Martinique, Guadeloupe et Saint-Domingue[52].
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+ Le tabac connaît un succès vif et rapide au XVIIe siècle. Ainsi, Molière ouvre sa pièce Dom Juan ou le Festin de Pierre par une tirade de Sganarelle sur le tabac :
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+ « Quoi que puisse dire Aristote, et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac, c'est la passion des honnêtes gens ; et qui vit sans tabac, n'est pas digne de vivre ; non seulement il réjouit, et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d'en donner, à droit, et à gauche, partout où l'on se trouve ? On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai, que le tabac inspire des sentiments d'honneur, et de vertu, à tous ceux qui en prennent. »
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+ À la fin du XIXe siècle apparait un « tabac désintoxiqué », produit selon la « méthode Gérold », que les médecins suisses disent bien promouvoir, mais pas avant « le jour où des expériences plus nombreuses et décisives nous auront montré la véritable innocuité du tabac traité par la méthode Gérold »[53] faisant suite à un article du Dr Hisrschberg[54]. M Bielefeld, 6 rue Thimonnier à Paris est présenté en 1902 comme l'un des premiers consommateurs de ce tabac en France et comme susceptible d'en citer des fournisseurs. On vend aussi des pipes et fume-cigares désintoxiquants[55]. Au début du XXe siècle, à Lons-le-Saunier le docteur Parant crée et vend un « tabac dénicotinisé »[56] dont il faisait des cigares et du tabac à pipe et à cigarette, mais selon un journal français de l'époque, « les produits de cette industrie obligée par la législation française à se tenir hors de nos frontières, n'arrivaient pas à se faire connaître en France, et recevaient de la douane l'accueil qu'on sait »[55].
104
+
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+ Alors que de la nicotine et des extraits de tabac (décoction, extraits de fumée) utilisés comme médicaments ont commencé à tuer des patients ou des animaux lors d'expérimentations animales, et après qu'on a commencé à la fin du XIXe siècle à prouver qu'il existe une accoutumance et une dépendance au tabac[57],[58], quelques médecins commencent à étudier scientifiquement le tabagisme. On étudie d'abord ses effets sur la digestion avec par exemple une première thèse de médecine produite en 1894 par Kohos[59]. En 1894, la thèse de médecine du Dr Chéreau s'intéresse aux effets du tabac sur la gorge et la voix[60] avant que celle du Dr Pellet en 1897[61] puis celle de Jaucent en 1900[62] ne s'intéressent aux effets généraux du tabac et de ses extraits sur l'organisme et ses fonctions.
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+ Les travailleurs de l'industrie du tabac semblent également affectés, au point qu'en 1901, l'office du travail le considère comme un des poisons industriels[63] et 5 ans après, le Dr Amouroux et Prieur étudient respectivement certains de ses effets cancérigènes[64] et cardiovasculaires (1906)[65]. Trois ans plus tard, sur de solides bases expérimentales et cliniques la thèse du Dr Abel Gy (en 1909) complète leur travail[66], avec de quoi inquiéter ou préoccuper le monde médical quant aux effets de la toxicité du tabac qui semblent pouvoir négativement affecter la totalité des organes après un temps plus ou moins long[67] voire à mettre en question sa culture[68].
107
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+ Dans le calendrier républicain français, le 16e jour du mois de Messidor est dénommé jour du tabac[69].
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+ À la demande de Louis XIV, Colbert établit un « Privilège de fabrication et de vente » en 1674, l'année de la création de la Compagnie du Sénégal. Les premières Manufactures des tabacs sont fondées à Morlaix, Dieppe et Paris. Le privilège est d'abord concédé à des particuliers dont le premier est Madame de Maintenon[70] qui le revend, puis à la seule Compagnie des Indes, au moment où celle-ci doit se retirer du commerce du sucre, relevant alors directement du roi et des ports qu'ils souhaitent favoriser.
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+ La culture du tabac devient un monopole et rapidement les gouvernants voient les rentrées d'argent qu'ils peuvent espérer des taxes sur le tabac. Ces taxes augmentent le prix de vente, tandis que la recherche d'un bénéfice rapide dicte un faible prix d'achat aux planteurs, à une époque où les rois souhaitent remplacer la culture du tabac aux Antilles par celle du sucre, beaucoup plus rentable, à l'image de ce qui s'est passé sur l'île de la Barbade britannique. Plus que le monopole, c'est la stratégie de prix de vente et d'achats qui modifie alors en profondeur la production mondiale de tabac.
113
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+ La contrebande se développe sur les côtes, en particulier sur l'île de Noirmoutier, et le nouveau monopole doit installer des acheteurs dans les ports d'Amsterdam et Liverpool, pour acheter le tabac des Antilles françaises, puis le tabac de Virginie, beaucoup moins cher, auquel les consommateurs prennent goût, et qui prend son essor[52].
115
+
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+ Les planteurs de Virginie commencent à importer des esclaves grâce à la Compagnie royale d'Afrique, créée en 1672. En trente ans, les importations françaises font plus que tripler, passant de 20 % à 70 % de la consommation intérieure de tabac. La Virginie représente à elle seule 60 % des importations françaises[52]. En échange, la monarchie anglaise tente d'empêcher les raids de flibustiers anglais sur les îles à sucre françaises. Cette politique subit cependant un coup d'arrêt à la fin du siècle lorsque les taxes sur l'exportation du tabac anglais augmentent de 150 %. En 70 ans, elles quadruplent, mais sans gêner encore la position dominante déjà acquise sur le marché[52]. Le port de Londres, qui a le monopole d'importation depuis 1624, a les moyens de rendre cette filière compétitive.
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+ Dès le milieu du XVIIIe siècle, la colonie de Virginie contrôle l'essentiel du marché mondial. L'autre grand producteur est la colonie voisine du Maryland, également soutenue par la maison Stuart. Afin de maîtriser les flux, la culture du tabac est prohibée dès 1719 dans toute la France, avec des condamnations qui peuvent aller jusqu'à la peine de mort. Exceptions : la Franche-Comté, la Flandre et l'Alsace. Elle le reste jusqu'en 1791. En 1809, Louis-Nicolas Vauquelin, professeur de chimie de l'École de médecine de Paris, isole un principe actif azoté des feuilles de tabac. La nicotine, quant à elle, est identifiée quelques années plus tard. La cigarette est introduite en France vers 1825.
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+ Les tabagies (en allemand Tabakskollegium) étaient des réunions réservées aux hommes aux XVIIIe et XIXe siècles pour discuter d'affaires entre eux, en particulier après la chasse. Frédéric-Guillaume Ier de Prusse y était fort assidu dans son château de Wusterhausen, où il s'entourait de ses proches conseillers, en fumant de longues pipes[71],[72].
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+ Dès 1917, on voit apparaître le tabac dans les rations alimentaires de l'armée française.
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+ La Ration K, introduite par l'armée des États-Unis le 1er janvier 1943 pendant la Seconde Guerre mondiale, était une ration alimentaire quotidienne de combat individuelle contenant des cigarettes.
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+ Panthera tigris
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+
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+ Espèce
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+ Statut de conservation UICN
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+
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+ EN A2bcd+4bcd; C1+2a(i) : En danger
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+ Statut CITES
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+
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+ Le Tigre (Panthera tigris) est une espèce de mammifère carnivore de la famille des félidés (Felidae) du genre Panthera. Aisément reconnaissable à sa fourrure rousse rayée de noir, il est le plus grand félin sauvage et l'un des plus grands carnivores terrestres. L'espèce est divisée en neuf sous-espèces présentant des différences mineures de taille ou de comportement. Superprédateur, il chasse principalement les cerfs et les sangliers, bien qu'il puisse s'attaquer à des proies de taille plus importante comme les buffles. Jusqu'au XIXe siècle, le tigre était réputé mangeur d'hommes. La structure sociale des tigres en fait un animal solitaire ; le mâle possède un territoire qui englobe les domaines de plusieurs femelles et ne participe pas à l'éducation des petits.
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+
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+ Très polyvalent en termes d'habitat, le tigre se rencontre dans toute l'Asie, bien que son aire de répartition se soit fortement réduite. L'espèce est considérée comme en danger par l'Union internationale pour la conservation de la nature et est protégée sur l'ensemble des pays où elle vit. Chassées jusqu'au milieu du XXe siècle, les populations de tigres ont fortement décru, passant d'un effectif estimé à 100 000 individus en 1900 à environ 3 500 tigres, la majorité vivant en Inde. La réduction de son habitat et le braconnage alimentant la médecine traditionnelle chinoise sont les principales menaces pesant sur l'espèce.
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+
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+ « Roi des animaux » et signe zodiacal chinois, le tigre est également très présent dans la mythologie hindoue, servant de monture à Durga. Figure emblématique représentant la force et la férocité, ce félin est dépeint dans de nombreux tableaux, et a figuré dans de nombreuses œuvres musicales et littéraires : Shere Khan du Livre de la jungle de Rudyard Kipling ou encore Hobbes dans la bande dessinée Calvin et Hobbes.
16
+
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+ Le tigre est le plus grand félin sauvage, c'est également le plus gros prédateur sur la terre ferme derrière l'ours kodiak et l'ours polaire. Ce félin a un corps plus long que celui du lion, ce qui le fait paraître beaucoup plus massif. Les mensurations du tigre varient fortement d'une sous-espèce à l'autre : un tigre de Sumatra mâle ne pèsera pas plus de 140 kg pour 2,3 mètres de longueur totale tandis qu'un tigre de Sibérie peut atteindre les 300 kg pour 3,3 mètres de long[1]. La hauteur au garrot du tigre peut ainsi varier de 0,85 à un mètre, sa longueur totale avec la queue de 2 à 3,7 mètres et sa masse de 65 à 300 kg[2]. Le record de masse est détenu par un tigre de Sibérie abattu en 1950 : il pesait 384 kg[3].
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+
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+ Les oreilles du tigre sont arrondies, leur face externe est noire avec une large tache blanche au milieu (cela permet aux petits de repérer et donc de suivre leur mère dans la jungle). Les pupilles sont rondes, l'iris est de couleur dorée à verte, bleue pour le tigre blanc (forme leucique chez le tigre). Le nez est rose avec quelquefois des taches noires, les vibrisses sont abondantes sur un museau court. Le front est bombé. Le cou est recouvert d'une fourrure beaucoup plus dense et épaisse formant une collerette, surtout chez le mâle. Les canines du tigre sont les plus longues de tous les félins actuels : elles peuvent atteindre une longueur de neuf centimètres. Comme tous les membres du genre Panthera, l’os hyoïde est partiellement ossifié, ce qui lui permet de rugir, un rugissement qui va jusqu'à 1 km à la ronde[4]. Ses griffes peuvent mesurer jusqu'à 10 cm de long[5] et sont rétractiles.
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+
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+ Le tigre possède une fourrure de couleur jaune clair à orange foncé rayée de noir. Le pelage est blanc crème sur la face interne des membres, la poitrine, la gorge ainsi que sur les joues, la mâchoire inférieure et le dessus des yeux. Les rayures de couleur noire sont plus ou moins abondantes selon les sous-espèces, parfois doubles sur les flancs. Elles sont différentes d'un individu à l'autre et même d'un flanc à l'autre et forment une véritable « carte d'identité » ou « code-barres » pour le tigre[6]. Les tigres vivant dans les forêts sont en général plus sombres et ont un nombre de rayures plus important. En hiver, le poil s'éclaircit et devient plus dense pour le Tigre de Sibérie et le Tigre de la Caspienne[7],[2]. La queue est d'abord rayée puis devient annelée à son extrémité.
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+ Le tigre blanc, parfois présenté dans les zoos voire les cirques, n'est pas une sous-espèce ni une race géographique du tigre. Quelques spécimens sauvages furent observés en Inde, mais c'est un individu capturé en 1951, Mohan, qui est devenu l'ancêtre de la plupart des tigres blancs captifs[1]. La plupart des tigres blancs ont des rayures noires à brun clair sur un pelage blanc cassé ; les yeux sont bleus. On considère qu'il s'agit d'une mutation autosomale récessive nommée chinchilla, rencontrée chez d'autres mammifères, notamment le chat domestique et le lapin[8]. Il n'existe pas de cas d'albinisme reconnus. De nombreux cas de tigres entièrement blancs, sans aucune rayure, ont été rapportés, mais il s'agissait de tigres dont la coloration était très pâle, et non pas inexistante[9].
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+
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+ Le tigre doré, ou golden tiger, a un pelage blanc avec des traces rousses formant des sortes de rayures[10].
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+
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+ Des tigres noirs ont été signalés de temps en temps, mais la seule preuve de leur existence est une peau confisquée par la police en octobre 1992. La robe présente un élargissement anormal des rayures qui se rejoignent totalement sur le dos et la tête, provoquant l'illusion d'un tigre noir. Cette robe particulière pourrait être due à l'expression d'un gène Agouti et ne constitue pas un cas de mélanisme[7].
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+
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+ Deux tigres blancs.
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+ Tigre doré.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ Un tigre marchant au pas fait des foulées de 55 à 80 cm de long. La trace de patte mesure 10 à 14 cm de large et 16 cm de long[11]. C'est un excellent nageur. Il traverse facilement les cours d'eau larges de 6 à 8 km, le record étant détenu par un tigre de Sumatra ayant traversé un bras de mer de 29 km de large[7]. Le tigre peut courir à la vitesse maximale de 50 km/h, mais sur de très courtes distances, de l'ordre de vingt mètres[12].
36
+
37
+ La lignée des panthères, les Pantherinae, a divergé il y a 10,8 millions d'années de l'ancêtre commun des Felidae, puis il y a 6,4 millions d'années, la lignée des panthères nébuleuses Neofelis et celle des Panthera[13]. Le plus vieil ancêtre commun aux Panthera dont on possède des fossiles est Panthera palaeosinensis, qui vivait au début du Pliocène et qui forme la base du clade des Panthera[14].
38
+
39
+ Le tigre est apparu bien avant le jaguar et le léopard, et est étroitement apparenté à la panthère des neiges : tigre et panthère des neiges auraient divergé il y a deux millions d'années[15],[Note 1]. Panthera zdanskyi est découvert en 2004 dans le gisement fossile de Longdan dans la province de Gansu en Chine. Ce fossile est daté d'il y a 2,55 à 2,16 millions d'années (début du Pléistocène). L'analyse cladistique montre que P. zdanskyi est le taxon frère du tigre et conduit à penser que le berceau du tigre moderne se situe au début du Pléistocène dans le nord-ouest de la Chine[14]. Les plus vieux fossiles de tigre sont des fragments de maxillaires et de mandibules datés du Calabrien (milieu du Pléistocène) et découverts en Chine[14].
40
+
41
+ Depuis la Chine, le territoire du tigre se serait ensuite étendu sur les îles de la Sonde puis vers l'Inde. Des preuves fossiles de sa présence au Japon et sur l'île de Bornéo ont également été retrouvées[16]. Il y a 73 000 ans, le tigre frôla l'extinction en raison des éruptions du volcan Toba à Sumatra, ce qui peut expliquer la faible diversité génétique de l’espèce actuelle[13].
42
+
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+ Panthera leo - Lion
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+
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+ Panthera pardus - Léopard
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+
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+ Panthera onca - Jaguar
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+
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+ Panthera tigris - Tigre
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+
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+ Panthera uncia - Panthère des neiges ou once
52
+
53
+ La première description du tigre a été effectuée par Linné en 1758 dans son livre Systema Naturae. L'espèce Panthera tigris comprenait traditionnellement huit sous-espèces différentes ; toutefois, en 2004, une étude menée sur trois marqueurs génétiques différents de 130 tigres a révélé une nouvelle sous-espèce, le tigre de Malaisie (Panthera tigris jacksoni)[17]. La classification à neuf sous-espèces a été adoptée par l'UICN en 2008[18] puis par des fondations de protection du tigre comme Save the tiger fund ou 21st Century Tiger[19]. La base de données NCBI ne reconnaît quant à elle que les six sous-espèces encore vivantes[20] et celle du SITI est restée au modèle à huit sous-espèces[21]. Les recherches sur les sous-espèces de tigres se poursuivent afin d'établir des plans de sauvegarde les plus adaptés possible[22],[Note 2].
54
+
55
+ Les neuf sous-espèces présentées ici sont celles reconnues par l'UICN, parmi elles on compte trois sous-espèces éteintes :
56
+
57
+ Tigre de Sibérie.
58
+
59
+ Tigre de Chine méridionale.
60
+
61
+ Tigres d'Indochine.
62
+
63
+ Tigres de Malaisie.
64
+
65
+ Tigre de Sumatra.
66
+
67
+ Tigre du Bengale.
68
+
69
+ † Tigre de la Caspienne.
70
+
71
+ † Tigre de Bali
72
+
73
+ † Tigre de Java
74
+
75
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
76
+
77
+ Des croisements en captivité ont eu lieu entre tigre et lion. Le ligre est le fruit du croisement entre un lion et une tigresse, le tigron celui d'un tigre et d'une lionne.
78
+
79
+ Le ligre est en général plus grand que ses deux parents tandis que le tigron est plus petit. Ils possèdent des caractères physiques à mi-chemin entre ceux de leur père et ceux de leur mère et sont capables autant de rugir que de feuler. Selon le site Messybeast, la différence de taille entre le ligre et le tigron est due à un gène soumis à empreinte, c'est-à-dire un gène qui s'exprime différemment selon le sexe[24],[Note 3]. Les ligres et tigrons femelles sont parfois fertiles avec l’une des espèces dont ils sont issus. Ces croisements ne peuvent se produire qu’en captivité car tigres et lions ne se rencontrent que très peu dans la nature[25]. Souvent issus de croisements forcés pour obtenir un félin « hors norme », ces hybrides, sans utilité pour la conservation des espèces, souffrent souvent de problèmes de santé physique et mentale[26].
80
+
81
+ Le dogla serait le croisement entre un léopard mâle et une tigresse et le tigard le croisement entre un tigre et un léopard femelle[27].
82
+
83
+ Solitaire, le tigre n'aime pas partager son territoire, surtout entre mâles. Le tigre mâle possède un territoire qui englobe deux à trois domaines réservés aux femelles, le record étant de sept femelles sur le territoire d'un mâle[29]. Les mâles parcourent leur territoire régulièrement et le parcours complet peut prendre plusieurs semaines[30].
84
+
85
+ Tous les tigres, mâles ou femelles, marquent leur territoire avec leur urine ou leurs excréments. Afin d'éviter les intrus, ils peuvent également signaler leur présence en griffant l'écorce des arbres. En dehors des périodes de reproduction, ou lorsque la femelle élève sa progéniture, les rencontres sont évitées : Kailash Sankhala a observé qu'un couple de tigres dans un même enclos du zoo de Delhi n'empruntaient jamais les mêmes chemins et avaient des zones séparées dans leur espace pourtant réduit en dehors du cycle œstral de la femelle[31].
86
+
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+ On rapporte quelques exceptions à la solitude des tigres : ce sont souvent des mâles qui restent près des femelles, et qui parfois acceptent de partager une proie. De jeunes tigres issus d'une même fratrie s'allient parfois pour capturer de plus grosses proies. Toutefois, ces comportements ne sont pas fréquents, et les rencontres entre tigres se réduisent souvent à la période de reproduction[32].
88
+
89
+ Le tigre possède souvent plusieurs tanières sur son territoire, et il utilise la mieux adaptée à ses besoins du moment. Le territoire d'un tigre varie énormément selon la disponibilité des proies. Par exemple, dans certaines régions d'Inde ou du Népal, où les proies sont abondantes, le territoire des mâles couvre entre 30 et 72 km2 et celui des femelles peut être inférieur à 20 km2. Mais en Sibérie, où les proies sont rares, il faut 800 à 1 000 km2 de territoire pour un mâle et jusqu'à 400 km2 pour une femelle[28].
90
+
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+ Le tigre a un grand répertoire de vocalisations, différentes selon leur utilisation : indication de présence, appel d'une femelle, cri d'attaque… Les feulements peuvent s'entendre à trois kilomètres de distance[33], ils sont généralement utilisés pour signaler leur présence aux femelles et aux tigres de passage, mais peuvent parfois indiquer que la chasse a été couronnée de succès[33].
92
+
93
+ Une des vocalisations du tigre reste encore « inexplicable » : il s'agit d'une sorte de « pook », qui ressemble au cri du sambar. Sa fonction est encore inconnue[33].
94
+
95
+ Le tigre pousse aussi un « ouff » nasal, une sorte de renâclement : ce cri amical porte le nom allemand de prusten. Dans la nature, il est émis lorsque deux tigres se rencontrent sur un territoire neutre. Ce son n'est émis que par quatre autres félins : la Panthère des neiges, le jaguar[33], la Panthère nébuleuse continentale et la Panthère nébuleuse de la Sonde.
96
+
97
+ Les tigres ne ronronnent que lors de l'expiration, alors que les félinés ronronnent également à l'inspiration.
98
+
99
+ Le tigre est un prédateur crépusculaire : il chasse de préférence au lever et au tomber du jour, mais peut aussi chasser durant la journée[29]. Il repère ses proies à vue et à l'oreille, et n'utilise qu'assez rarement son odorat pour cette activité[34]. Le tigre préfère attaquer des individus jeunes ou âgés, moins résistants que ceux en pleine force de l'âge.
100
+
101
+ Le tigre approche de sa proie à l'affût et l'attaque par le côté ou par l'arrière. Si sa proie est petite, le tigre la tue en lui brisant les vertèbres cervicales, si elle est grosse, il préfère la mordre à la gorge et ainsi l'étouffer[29]. La morsure à la gorge permet d'éviter les cornes et les sabots de ses proies et les empêche de se relever[35]. Le tigre est habitué à tirer la carcasse dans les fourrés pour la dévorer au calme ; il peut aussi la recouvrir de feuilles mortes ou de terre pour la cacher[28]. Il arrive que plusieurs tigres chassent ensemble[29] : dans le parc national de Ranthambore en Inde, on a observé deux mâles et trois femelles rabattre la proie vers un des membres du groupe. Ce genre de comportement est cependant assez rare[28].
102
+
103
+ Le pourcentage de réussite d'une chasse varie selon les individus et l'habitat : par exemple, dans le parc national de Ranthambore, seules 10 % des chasses sont couronnées de succès, tandis que dans les forêts denses du parc national de Kanha, la moyenne est à 5 % de réussite[36].
104
+
105
+ Une tigresse du Bengale seule consomme six kilogrammes de viande par jour, ce qui, selon la taille des proies, représente 40 à 70 prises par an[36]. Un tigre a en moyenne besoin de chasser une grosse proie tous les sept à dix jours[28]. Un tigre peut ingurgiter de 14 à 40 kg de viande en une seule fois. Il commence en général par dévorer l'arrière-train de sa victime[35]. Il est assez fort pour traîner des proies qui pèsent cinq fois son poids.
106
+
107
+ Animal carnivore, le tigre se nourrit uniquement de viande. Les principales proies du tigre sont de poids moyen (de cinquante à deux cents kilogrammes), il s'attaque principalement aux sangliers et aux cerfs[29]. Le régime alimentaire du tigre varie selon les sous-espèces et selon son habitat ; il inclut le gaur, le sambar, le buffle, cerf axis, le singe, etc. Il s'attaque parfois aux animaux épineux porcs-épics, mais aussi à des proies plus grosses comme des ours, des léopards, de petits rhinocéros et des éléphants[29] ou des crocodiles[30].
108
+
109
+ Le tigre s'en prend parfois aux ours, surtout les ours bruns d'Oussouri et les ours lippu, plus rarement aux ours noirs. Les deux forces de la nature sont très similaires au niveau de la taille et du poids, ce qui rend la tâche difficile pour tuer l'autre.
110
+
111
+ Les seuls animaux capables de tuer un tigre mâle adulte sont le crocodile de mer, le python réticulé, l'ours et une meute de loups ou de dholes. Mais généralement, le tigre n'a pas de prédateurs à l'âge adulte.
112
+
113
+ Grâce à ses pattes postérieures plus longues que les antérieures, le tigre possède un don pour le saut. De plus, il dispose de puissantes épaules musclées. Ce prédateur possède un physique adapté pour de grosses proies, tout comme d’autres félins de grande taille.
114
+
115
+ Prédateur opportuniste, le tigre ne refusera pas de s'attaquer au bétail, ni à une charogne[32]. Si nécessaire, il peut aussi se montrer cannibale[32].
116
+
117
+ Le tigre est le félin ayant la plus forte réputation de mangeur d'hommes, notamment en Inde. Cela ne signifie pas que l'être humain fait partie intégrante de son régime alimentaire, mais il arrive que certains individus s'attaquent à l'homme, surtout en Inde.
118
+
119
+ Les cas célèbres de tigres mangeurs d'homme ne manquent pas. La tigresse surnommée « la mangeuse d'homme de Champawat » qui fut abattue par le chasseur Jim Corbett en 1907 avait tué pas moins de 438 personnes[12] en huit ans[28]. Depuis le début du XXe siècle, les victimes sont beaucoup moins nombreuses, mais dans les années 1950, on compte près de 5 000 morts par an[12].
120
+
121
+ Les principaux accidents mortels se produisent lors d'une mise en contact fortuite entre l'homme et l'animal, ce qui a poussé le tigre surpris à attaquer. Néanmoins, la perte des canines, essentielles lors de la mise à mort, est un facteur déterminant : le tigre, incapable de se nourrir de grosses proies, se rabat sur des proies plus faibles, et notamment l'homme. Ce fait, noté par Jim Corbett, est corroboré par un témoignage de Pierre Pfeffer : un tigre blessé à la mâchoire par un coup de crosse revint par la suite se nourrir de chair humaine[12]. Les tigresses peuvent transmettre le goût de la chair humaine à leurs petits et perpétuer ainsi une lignée de mangeurs d'homme[12].
122
+
123
+ Les Sundarbans, essentiellement composées de forêts de mangroves situées à l'embouchure du Brahmapoutre, abritent les derniers tigres mangeurs d'homme : de 1948 à 1986, plus de 800 personnes ont été tuées[29], et on compte chaque année une cinquantaine de victimes[28]. Le comportement de ces tigres reste inexpliqué. Plusieurs méthodes dissuasives ont été testées afin de préserver les habitants de la région. Le port d'un masque à l'arrière du crâne semble être efficace car les tigres ont l'habitude d'attaquer dans le dos[28].
124
+
125
+ La période de reproduction peut avoir lieu à n'importe quel moment de l'année, mais il y a un pic d'occurrence qui varie selon la zone géographique[Note 4]. Durant l'œstrus qui dure plus de neuf jours[1], la femelle signale sa présence par des gémissements et des rugissements répétés accompagnés d'un marquage olfactif plus fréquent. Lors de la cour, les contacts sont fréquents : les tigres se mordillent la gueule, se frottent l'un contre l'autre. Lorsque la femelle est prête, elle adopte la position typique des félins : elle s'assied, les pattes avant allongées devant elle et les pattes arrière à demi-pliées, le mâle la pénètre et la saisit par la peau du cou lors de l'éjaculation. Enfin, la tigresse se dégage violemment et se retourne fréquemment contre le mâle, avant d'entamer une période de repos[37]. L'accouplement est bref mais peut se répéter plusieurs fois par jour[38].
126
+
127
+ La femelle met au monde dans un endroit isolé[Note 5] deux ou trois petits en moyenne (sept au maximum) après 93 à 114 jours (soit entre 3 et 4 mois environ) de gestation[1]. L'intervalle entre deux naissances est en général de 10 à 20 minutes. Entre chaque mise bas, la tigresse mange le cordon ombilical, l'amnios et le placenta[37]. Les jeunes tigres restent aveugles jusqu'à six à quatorze jours ; ils pèsent à la naissance de 750 à 1 600 g. C'est la femelle qui s'occupe de l'éducation des petits ; le tigre ne participe pas à leur éducation. La tigresse n'hésite pas à les déplacer fréquemment d'une tanière à l'autre pour les protéger d'éventuels prédateurs. Ils commencent à jouer dès un mois[39] ; la tigresse ne laisse pas sa portée toucher à de la viande avant quarante jours et le sevrage a lieu à deux mois[37].
128
+
129
+ Les jeunes restent avec leur mère pour apprendre à chasser. Contrairement aux lions, les jeunes tigres mangent en premier et ce n'est que lorsqu'ils sont rassasiés que la tigresse entame son repas. La tigresse se montre également très protectrice et éliminera ou évitera tout danger (tigres mâles, y compris le père, hommes, etc.) Vers un an, les jeunes sont capables de chasser seuls[39]. Les conflits autour des proies se multiplient vers dix-huit à vingt-et-un mois et les mâles sont les premiers à quitter le cercle familial, suivis par les femelles[37].
130
+
131
+ Dans la nature, les tigres atteignent leur maturité sexuelle à l'âge de trois ou six ans pour les mâles et aux alentours de trois ans pour la femelle[1]. Le tigre ne peut plus se reproduire à partir de quatorze ans[40]. La mère retourne en cycle œstral dix-huit à vingt mois après la naissance des jeunes tigres[37]. Une étude faite au parc national du Chitwan, au Népal, a révélé une mortalité infantile de 34 % pour les jeunes de moins d'un an et de 29 % pour la deuxième année. Pour la première année, 73 % des décès étaient dus à la perte de la portée entière pour cause d'inondation, d'incendie ou d'infanticide. Cette dernière raison est d'ailleurs la cause principale de mortalité des tigres de moins d'un an ; les jeunes tigres sont parfois tués par les autres mâles qui viennent s'emparer du territoire de leur père[7]. Pour la deuxième année, la perte d'une portée entière est beaucoup plus rare : elle atteint 29 % des décès[41],[40]. La durée de vie d'un tigre est estimée à 26 ans en captivité et à 15 ans en liberté[1].
132
+
133
+ Le tigre s'accommode de plus de deux cents habitats différents[29]. Des forêts humides tropicales aux bois de conifères et de bouleaux de Russie d'Extrême-Orient en passant par les mangroves, des Sundarbans, le tigre fait preuve d'une grande adaptabilité, même s'il marque une préférence pour les terrains avec une grande végétation qui lui confèrent un bon terrain de chasse et un bon abri[29]. En 2008, au Bhoutan, alors qu'on pensait que le tigre ne se rencontrait que jusqu'à 3 000 mètres[29], des empreintes et des photographies de tigre ont montré qu'on pouvait trouver ce prédateur entre 3 700 et 4 300 mètres : il se pourrait que le tigre soit repoussé sur des altitudes plus élevées soit en raison du réchauffement climatique, soit à cause de la pression exercée par l'homme ; une autre hypothèse serait que le tigre ait toujours vécu à de telles hauteurs mais n'aurait jamais été observé jusqu'à présent[42].
134
+
135
+ L'aire de répartition du tigre a fortement régressé depuis le XIXe siècle. Elle s'étendait de l'est de la Turquie à l'Extrême-Orient russe, ainsi que sur les îles de Sumatra, de Java et de Bali. Elle recouvrait donc presque toute l'Asie, à l'exception de la chaîne de l'Himalaya.
136
+
137
+ Aujourd'hui, les derniers tigres ne survivent plus que dans quatorze pays : l'Inde, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge, la Malaisie, l'Indonésie (île de Sumatra), la Chine, la Russie et peut-être la Corée du Nord. Les populations de la péninsule indochinoise sont disjointes.
138
+
139
+ L'espèce a perdu 93 % de son aire de répartition originelle[43].
140
+
141
+ C'est en Inde que les tigres sont les plus nombreux[29] bien que la plupart y aient disparu lors des vingt-cinq dernières années. L'Inde abrite environ la moitié de la population mondiale de tigres sauvages. Le recensement national de 2010 fait état d'un maximum de 1 909 bêtes, soit 20 % de plus par rapport à 2006. Selon la majorité des spécialistes, cette information, aussi positive soit-elle, reflète davantage l'amélioration des méthodes de recensement, souvent approximatives, que l'augmentation réelle du nombre de tigres. Pour le parc national de Kaziranga, des estimations officielles mentionnent entre 90 et 100 individus, ce qui constitue peut-être la plus dense concentration au monde.
142
+
143
+ Le tigre a peu d'ennemis naturels. Toutefois, les meutes de dholes peuvent attaquer et tuer un tigre. Il arrive aussi que des ours ou des tigres mâles tuent les jeunes tigres[44].
144
+
145
+ La chasse aux trophées a été une cause importante de régression du tigre au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle. La chasse au tigre était en effet un sport apprécié des colons et des maharadjahs. Des battues étaient organisées durant lesquelles les tigres avaient bien peu de chance de survivre. Le tigre, animal craint pour sa force et sa cruauté supposée, était le prédateur à tuer pour sa gloire personnelle. Le félin était également un mangeur d'homme, et cette chasse intensive visait aussi à réduire sa population[45].
146
+
147
+ Le commerce des peaux a également accéléré cette chasse. Au début du XXe siècle, une peau valait 200 roupies, et un tapis avec tête montée 300. Les fourrures étaient négociées par les marchands locaux puis vendues comme souvenirs dans les grandes villes indiennes aux touristes européens[46]. Durant les années 1950 à 1960, on estime que plus de trois mille tigres ont été tués comme trophées[47].
148
+
149
+ La chasse au tigre est à présent interdite dans tous les pays où vit ce félin. Le braconnage et la perte de son habitat et de ses proies sont à présent les principales causes du déclin des populations.
150
+
151
+ Le tigre souffre de la destruction de son habitat. Aujourd'hui, le recul des forêts et des habitats naturels, la croissance démographique, la disparition des proies, l'extension des zones cultivées ainsi que l'augmentation de la pollution aggravent sa situation. Les individus de moins en moins nombreux, et parfois de plus en plus éloignés les uns des autres sur des espaces fragmentés, ont du mal à se rencontrer et reproduire.
152
+
153
+ Les incendies de forêts, l'utilisation de poison et la perpétuation d'un trafic ou commerce de peau et sous-produits pour certaines médecines traditionnelles continuent à peser sur la survie de l'espèce.
154
+
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+ En Asie, on utilise certaines parties du corps du tigre, comme ses os, ses yeux, son pénis et ses dents[48] pour fabriquer des remèdes traditionnels, conformes aux mythes et croyances des populations, générant jusqu'à 3,5 millions d'euros par an[48]. Leur efficacité n'est pas établie, et ces pratiques contribuent à accélérer la disparition de l’espèce[49],[50]. Le trafic d'os a diminué en Inde et en Russie[51]. En Chine, il est interdit depuis 1993 d'utiliser des extraits de tigre dans la pharmacopée et l'os de sailong a remplacé l'os de tigre. À Taïwan, 59 % des pharmacies fournissaient des préparations à base d'os de tigre au début des années 1990 et ne sont plus que moins de 1 % à le faire fin 2009. Mais au Cambodge, en Indonésie, au Laos, en Birmanie et au Viêt Nam, la lutte contre le braconnage est très faible et les marchés persistent[51].
156
+
157
+ Des propriétaires de fermes en Chine souhaiteraient pouvoir commercialiser les os et les peaux des tigres d'élevage morts[51]. Le WWF estime que de braconner des animaux sauvages reviendrait moins cher que d'exploiter les animaux d'élevage et qu'au contraire il faut « empêcher, par tous les moyens, l'élevage en captivité des tigres à visée mercantile »[52].
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159
+ En 1969, le directeur du zoo de Delhi déclare que « Le tigre est sur le point de disparaître ! »[53]. La chasse au tigre devient interdite en 1970, mais c'est en 1973 que le Projet Tigre est lancé par Indira Gandhi en Inde[54] : les parcs nationaux sont transformés en réserves, dont il est interdit d'accéder au cœur, afin de réserver un centre de reproduction au tigre. Des zones tampons, où les autorités réglementent le passage, sont aménagées. Le programme fonctionne : dans les années 1980, les autorités indiennes annoncent que les populations de tigre ont plus que doublées[54]. Toutefois, le projet s'essouffle après la mort de Gandhi en 1984 : les pressions populaires pour exploiter les forêts sur les politiciens locaux réduisent les zones tampons, pressions d'autant plus écoutées que le pouvoir se décentralise de New Delhi et que les populations s'accroissent, réclamant toujours plus d'espace. Les résultats du Projet Tigre sont aussi critiqués : le comptage des tigres se faisait par l'identification des empreintes des pattes, méthode peu précise, et les administrateurs avaient tendance à gonfler leurs résultats pour justifier l'argent versé par l'État[54].
160
+
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+ À partir de 1986, on découvre avec surprise que les tigres « disparaissent » : on prend alors conscience du braconnage à des fins de pharmacopée traditionnelle chinoise. Ce n'est en effet qu'à partir de la fin des années 1980 que le braconnage fait surface : jusqu'à présent, les tigres de Chine « suffisaient » à répondre à la demande. Il est difficile de chiffrer l'impact du braconnage sur les populations de tigre indien, la Wildlife Protection Society estime que 94 tigres sont tués en 1994 et 116 en 1995[54]. De plus, le braconnage des tigres est lié à celui du chiru, une antilope tibétaine dont la laine est très prisée : les os de tigre sont échangés contre la laine de chiru récupérée sur la carcasse[54]. La révélation du braconnage provoqua une crise au sein de la communauté des conservateurs : tous les efforts menés semblaient vains, le trafic d'os de tigre se perpétuant aussi en Indochine et en Sibérie. Après de nombreuses querelles entre partisans de la conservation in situ et ex situ, après diverses propositions peu réalistes[Note 6], des actions internationales furent menées[55] :
162
+
163
+ En 2010, treize chefs de gouvernement ainsi que Vladimir Poutine et Robert Zoellick (président de la Banque mondiale) se réunirent pour allouer un fonds de 350 millions de dollars à la conservation du tigre[58].
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+ Dans certaines régions, soit parce que l'Homme fréquente plus des forêts qui se réduisent, soit parce que la forêt gagne du terrain près de certaines zones habitées, les accidents ont augmenté[59]. Là, une des pistes de travail est de réduire le risque de conflit Homme-tigre. Pour cela, dans les plaines centrales du Népal où trente-six tigres tué 88 personnes en 27 ans (de 1979 à 2006), des chercheurs ont étudié les facteurs écologiques des zones où le tigre a attaqué ou tué des hommes. Ils ont aussi étudié la sociologie des zones où les hommes tuent des tigres mangeurs-d'homme ou réputés tels. Ceci a permis de mieux d'identifier (à partir de 28 années de données) les activités humaines à risque ou rendant les gens vulnérables aux attaques. Chaque lieu où un tigre a tué un humain a été visité et étudié avec un membre de la famille de la victime ou un de ses amis. On a ainsi montré que 66 % des attaques de tigres ont eu lieu près de la lisière (à 1 km au plus) et pour le reste dans les forêts dégradées et intactes. Il n'y a pas plus de mâles que femelles qui ont attaqué des humains. 56 % des tigres examinés présentaient des déformations physiques. La mortalité humaine tendait à augmenter significativement (passant d'une moyenne de 1,2 (± 1,2) personnes par an avant 1998 à 7,2 (± 6,9) par an de 1998 à 2006), et 10 fois plus dans la zone tampon depuis 1998 en raison de la restauration des forêts. Près de la moitié des personnes tuées étaient à la recherche d'herbe pour le fourrage. Des stratégies visant à réduire le risque de rencontre entre l'homme et le tigre ont pu être proposées ; comme la participation des communautés locales à la gestion et à la conservation du tigre pour mieux atténuer les conflits homme-tigre. Les villageois qui aident à poser des collier émetteur et suivre des tigres dangereux participeront mieux au suivi télémétrique[60] du tigre à long terme et à la prévention pour éviter les conflits estiment ces chercheurs.
166
+
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+ L'ensemble des sous-espèces de tigre est classé en annexe I de la CITES depuis 1975, excepté le tigre de Sibérie qui appartenait à l'annexe II de la CITES jusqu'en 1987[61], ce qui signifie que son commerce est interdit sauf autorisation exceptionnelle[Note 7].
168
+
169
+ L'espèce est également considérée comme En danger (EN) par l'UICN depuis 1986[18]. Les sous-espèces peuvent avoir un statut différent : le tigre de Sibérie fut considéré comme En danger critique d'extinction (CE) de 1996 à 2008 avant de retrouver son statut d'En danger[62], le tigre de Chine et le tigre de Sumatra sont considérés comme En danger critique d'extinction depuis 1996[63],[64], et les tigres de la Caspienne, de Bali et de Java sont considérés comme Éteints (EX).
170
+
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+ Le tigre est protégé par la législation nationale de l'ensemble des pays où il est présent à l'état sauvage[39].
172
+
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+ En 1900, on estime que la population de tigre atteignait 100 000 individus dont 40 000 en Inde[39]. Pour que le bassin génétique d'une espèce soit viable, il ne faut pas que sa population diminue en dessous de 5 000[65]. En 2008, leur population est estimée par l'Union internationale pour la conservation de la nature entre 1 361 et 2 056 spécimens aptes à la reproduction[18] dont 1 411 individus en Inde[66].
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+
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+ En 2010, la population était estimée à 3 200 individus, sans véritable recensement, selon le WWF.
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+
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+ En 2014, Des recensements réguliers étaient déjà faits en Inde, au Népal et en Russie. Des chiffres étaient annoncés pour le Bhoutan, le Bangladesh et la Chine, mais la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande, le Myanmar, le Laos, le Cambodge et le Vietnam n’avaient pas encore entrepris de comptage. Trois opérations de comptages étaient prévues en 2016, 2020 et 2022. Elles sont indispensables au suivi des progrès réalisés vers l’atteinte de l’objectif « TX2 » qui vise à doubler le nombre de tigres sauvages d’ici 2022[67].
178
+
179
+ En 2015, pour la première fois, l'estimation de la population mondiale de tigre est en hausse (annonce réalisée en 2016), avec 3 890 tigres - ce chiffre restant à manier avec prudence. L'Inde en abrite plus de la moitié, avec 2 226 tigres[68].
180
+
181
+ Actuellement, il y a en Inde vingt-trois réserves naturelles spécialement créées pour la préservation du tigre. Au Népal, trois réserves peuvent prétendre à héberger des tigres : il s'agit du parc national royal de Chitwan et des réserves royales de faune de Bardia et de Shukla Phanta. Le tigre est présent dans dix-neuf réserves en Thaïlande, quatorze aires protégées du Viêt Nam, cinq réserves à Sumatra[39], trois réserves en Russie et une en Chine[39].
182
+
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+ Bhoutan
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+ Chine
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+ Inde
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+ Indonésie
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+
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+ Népal
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+
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+ Russie
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+
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+ Viêt Nam
196
+
197
+ Parmi les mesures prises pour protéger les tigres, on peut citer la création d'une plantation de bois de chauffage et de bois d'œuvre par le WWF, l'Association des usagers de la zone tampon et le parc national du Chitwan, afin de limiter l'utilisation des ressources forestière du parc par les villages environnant. Ainsi, la pression sur l'environnement du tigre est allégée et les rencontres homme/tigre plus rares[53]. Mais la cohabitation n'est pas aussi harmonieuse partout. En 2002, ce n'est que grâce à l'intervention du WWF que le Kelantan ne s'est pas lancé dans une campagne d'éradication du félin[72]. En Inde, lorsque des tigres s'attaquent à du bétail, les éleveurs touchent une compensation. Mais celle-ci, de faible valeur et versée tardivement, est peu efficace[73]. Enfin, des déplacements d'animaux peuvent être envisagés, comme à Sumatra après la mort de six personnes à la suite d'attaques de tigres, mais la méthode n'a pas encore prouvé son efficacité[73].
198
+
199
+ L'élevage conservatoire permet de maintenir une population de tigres vivante quoi qu'il arrive à la population sauvage, mais également, grâce à l'affection du public pour cette espèce de soutenir les programmes de protection in situ : par exemple, la campagne Tigre, troisième campagne de protection de la vie sauvage menée par l'association européenne des zoos et aquariums (EAZA), a permis de récolter plus de 700 000 € pour l'association 21st Century Tigers[74]. Une autre action des zoos est de permettre des actions de recherche sur le tigre afin de mieux connaître sa biologie. Toutefois, les tentatives de réintroduction de tigres nés en captivité n'ont pas été couronnées de succès[65].
200
+
201
+ Afin de garder l'espèce en vie de façon pérenne, les zoos s'organisent pour maintenir la variabilité génétique des spécimens captifs. Le tigre de Sibérie et celui de Sumatra font l'objet d'un programme européen d'élevage (EEP)[75]. Ces deux sous-espèces ainsi que la sous-espèce indochinoise font également partie d'un programme américain pour les espèces menacées (SSP)[76].
202
+
203
+ Le tigre se reproduit très bien en captivité, ce qui conduit certains zoos à utiliser des moyens de contraception pour réguler les populations, et parfois l'euthanasie[77]. Il est probable que les tigres en captivité soient plus nombreux que les tigres sauvages, si on prend en compte les individus issus d'hybridation entre sous-espèces. En 2004, le studbook international compte 660 tigres[74]. Le 19 mars 2009, un peu plus de 1 400 tigres sont inscrits sur la base ISIS : parmi ceux-ci, plus de 400 tigres de Sibérie, presque 300 tigres du Bengale, plus de 200 tigres de Sumatra et une cinquantaine de tigres de Malaisie et de tigres d'Indochine et pour finir, 390 tigres à l'origine non spécifiée ou issus d'hybridation[78].
204
+
205
+ Les tigres sont également des animaux très prisés dans les zoos privés, où les conditions de détention sont parfois contraires aux droits des animaux : ces tigres souffrent souvent de problèmes nutritionnels ou font l'objet d'un élevage intensif[74]. Les ménageries des cirques contiennent également de nombreux tigres pour les spectacles de domptage : les conditions de détention de ces animaux sont également décriées par les associations de droit des animaux, qui dénoncent des cages trop exiguës et des méthodes de dressage violentes[79]. Toutefois, des parcs pour animaux retraités du cirque existent, comme celui du cirque Pinder[80].
206
+
207
+ Enfin, il existe des centres d'élevage en captivité dont la seule préoccupation est d'accroître le nombre de ces félins à des fins commerciales : par exemple, un tigre blanc peut se vendre à 60 000 $[81]. En Chine, ces centres d'élevage, couramment appelés « fermes d'élevage », sont apparus lors de l'interdiction du commerce de parties de tigre en 1993. Il s'agissait alors d'un investissement spéculatif dans l'espoir que cette interdiction soit levée ; ils pratiqueraient le trafic d'os et d'organes de tigres[82]. Les quelque 5 000 tigres ainsi élevés étant devenus un gouffre financier, les propriétaires de ces fermes d'élevage ont alors fait pression pour que l'interdiction soit levée, au moins uniquement pour la Chine, mais la CITES a rejeté leur demande lors de la 14e réunion des Parties en 2007[83].
208
+
209
+ En 2016, il est estimé qu'il y a plus de 5000 tigres domestiques rien qu'aux États-Unis, soit plus que les 3890 tigres sauvages estimés dans le monde[84].
210
+
211
+ La femelle du tigre est la « tigresse ». Le terme « tigreau » est proposé par l'office québécois de la langue française pour désigner le petit du tigre[85],[Note 9], mais ne figure pas dans la plupart des dictionnaires[Note 10].
212
+
213
+ Le mot « tigre » dérive du grec ancien τίγρις via le latin tigris. Le mot grec lui-même dériverait du persan ancien tigrâ signifiant « flèche » (du radical tij qui signifie « aiguiser»)[86]. Deux adjectifs dérivent du mot tigre : « tigré », rayé comme un tigre et « tigresque », qui désigne tout ce qui a un rapport avec le tigre[87].
214
+
215
+ En zoologie, le terme tigre a aussi désigné, par extension, nombre de félins à la robe tachetée ou rayée : par exemple, les expressions « tigre d'Amérique », « tigre du Brésil », « tigre de Guyane » et « tigre noir��» ont anciennement désigné le jaguar (Panthera onca)[86]. Par ailleurs, on appelle encore « chat-tigre » l'oncille (Leopardus tigrinus). Le jaguar est dénommé El tigre dans de nombreux pays d'Amérique du Sud, d'Amérique centrale[88] et au Mexique. Plusieurs autres animaux ont un nom composé du terme tigre, soit parce qu'ils sont rayés comme le requin tigre ou le tigre de Tasmanie, soit parce qu'ils font des ravages (tigre du poirier, serpent-tigre).
216
+
217
+ En minéralogie, l'œil de Tigre est une pierre semi-précieuse de la famille du quartz.
218
+
219
+ Le sens du mot tigre reste empreint d'agressivité, ainsi on dit d'un homme ou d'une femme féroce et impitoyable qu'il est un tigre ou une tigresse, et on peut être « jaloux comme un tigre »[87],[86]. À l'inverse, on parle de « tigre de papier » pour désigner quelque chose d'apparence effrayante mais en réalité d'inoffensif.
220
+
221
+ Le tigre a une place importante dans la mythologie et les croyances asiatiques. Dans la religion hindoue, Shiva, dieu de la destruction, est représenté vêtu d'une peau de tigre et Durgâ, déesse aux dix-huit bras, a un tigre pour monture[12]. En Inde, le tigre est le symbole de la royauté et du pouvoir divin[89]. Dans le centre et l'Ouest de l'Inde, et notamment les États de Goa et Maharashtra[90], Waghoba est une divinité protectrice représentée soit par un tigre, soit par un léopard[91].
222
+
223
+ Dans la péninsule indochinoise et l'île de Sumatra, il représente le châtiment divin[89].
224
+
225
+ En Chine, l'année du Tigre fait partie des douze années de l'astrologie chinoise. Il est traditionnellement une des quatre créatures majeures de l'art chinois avec le dragon, le phénix et la tortue. De nombreuses légendes, comme celles du prince Sa Chui qui se laisse dévorer par une tigresse par compassion, content les rencontres des hommes avec le tigre. Des images d'un tigre blanc sont placées dans les maisons pour les protéger des rats et des serpents, et font office d'offrande dans les temples[92] ; le tigre blanc de l'ouest est également une constellation associée à l'ouest et à l'automne[93]. À l'image du lion dans la culture occidentale, le tigre est considéré comme le roi des animaux en Chine[92].
226
+
227
+ L'art martial du tigre symbolise du tigre : Force et puissance. Aussi, il est utilisé pour stimuler le foie : Il travaille la force des tendons, et le regard.
228
+
229
+ Le tigre est le symbole national du Bangladesh[94], de l'Inde[95] et de la Malaisie[96]. Il est également représenté sur les billets de banque et les pièces de monnaie du Bangladesh[97] et figure sur les armoiries de la Malaisie[96]. Le tigre de Tippu est une boîte à musique représentant un tigre tuant un Anglais : elle symbolise la victoire des peuples indiens sur l'empire colonisateur britannique[12].
230
+
231
+ Dans le domaine du sport, de nombreux clubs ont pour mascotte le tigre[Note 11]. Le félin était également l'emblème des jeux olympiques de Séoul[98].
232
+
233
+ Le tigre est aussi très présent dans l'univers des marques, avec le tigre d’Esso, celui des céréales Frosties ou encore de nombreux noms faisant écho au tigre comme le baume du tigre, le Mac OS X v10.4 « tiger », le magazine Le Tigre, ou encore de nombreux engins militaires (hélicoptère, avion de chasse, char[Note 12]). Un certain nombre d'unités militaires portent le tigre comme insigne. Les escadrilles des forces aériennes de l'OTAN ayant le tigre pour emblème sont regroupées dans une association et se retrouvent, chaque année, à l'occasion d'un Tiger Meet.
234
+
235
+ C'est également un surnom très utilisé pour montrer la force ou encore la férocité d’un personnage comme Georges Clemenceau surnommé « Le tigre »[Note 13], les tigres tamouls ou encore les tigres économiques tels le tigre celtique ou les tigres asiatiques.
236
+
237
+ Les premières représentations du tigre se font durant l'Antiquité romaine, sous forme de mosaïques : le félin est en effet importé pour les combats du cirque[99]. On retient la peinture monumentale La chasse au tigre de Rubens qui inspira par la suite de nombreux autres peintres[100] puis les tableaux du Douanier Rousseau[99]. L'animal a également figuré dans les tableaux de nombreux autres artistes comme Delacroix, Charles Lapicque, Salvador Dalí[101] ou encore Géricault[102]. Du fait de sa proximité géographique, le tigre est également fortement représenté dans l'art chinois, japonais, indien et vietnamien.
238
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+ Mosaïque du Ve siècle représentant un tigre en prise avec deux piquiers.
240
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+ Représentation d'un tigre au XVIe siècle.
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+ Surpris ! du Douanier Rousseau.
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+ Croquis d'un tigre.
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+ Le tigre de Franz Marc.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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251
+ En musique, le groupe Le Tigre est un groupe punk féministe américain. La chanson Eye of the Tiger composée par le groupe américain Survivor pour le film Rocky 3, l'œil du tigre a été réutilisée de nombreuses fois. Le Taking Tiger Mountain by Strategy est un opéra de Pékin, l'un des huit autorisés lors de la Révolution culturelle[101].
252
+
253
+ De nombreux tigres apparaissent dans la littérature, à commencer par Shere Khan du Livre de la jungle. Parmi les tigres de fictions, on compte également le tigre de l'Histoire de Pi, Tigrou dans Winnie l'Ourson de Alan Alexander Milne, Louison le tigre du capitaine Corcoran dans Les Aventures du capitaine Corcoran de Alfred Assollant[101]. Dans le domaine de la bande dessinée, c'est Hobbes de Calvin et Hobbes qui retiendra l'attention, mais on peut citer également Moloch dans Corentin Feldoë ou encore Joé le Tigre dans La jungle en folie.
254
+
255
+ « Shere Khan entendit le tonnerre [des sabots des buffles domestiques], se leva et rampa lourdement vers le bas du ravin, cherchant de tous côtés un moyen de s'enfuir ; mais les parois étaient à pic, il lui fallait rester là, lourd de son repas et de l'eau qu'il avait bue, prêt à tout plutôt qu'à livrer bataille. Le troupeau plongea dans la mare qu'il venait de quitter, en faisant retentir l'étroit vallon de ses mugissements. Mowgli entendit des mugissements répondre à l'autre bout du ravin, il vit Shere Khan se retourner [...]. Rama broncha, faillit tomber, continua sa route en piétinant quelque chose de flasque, puis, les autres taureaux à sa suite, pénétra dans le second troupeau à grand bruit, tandis que les buffles plus faibles étaient soulevés des quatre pieds au-dessus du sol par le choc de la rencontre. »
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+ — Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle
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+ Au cinéma, on retrouve les adaptations de certains livres cités plus haut comme Tigrou dans la série Winnie l'Ourson de Disney ou Shere Khan. D'autres apparitions plus spécifiques peuvent être notées comme le personnage secondaire de Rajah dans Aladdin ou le rôle clé du tigre dans Le Tigre du Bengale de Fritz Lang. Plus récemment, Jean-Jacques Anneau tourne Deux frères, l'histoire de deux tigres d'une même portée, enlevés très tôt à leur mère, et qui vont finir par se retrouver ; ces deux tigres, avec d'autres, sont également présents dans l'émission de télévision Fort Boyard depuis 1990.
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+ Les tigres célèbres sont moins nombreux que les tigres de fiction. On compte toutefois la tristement connue « tigresse de Champawat » : mangeuse d'homme, elle terrorisa toute une région pendant huit ans avant d'être abattue par le chasseur Jim Corbett[12]. La tigresse Sita devient connue mondialement lors de son passage en couverture du National Geographic Magazine en décembre 1997[103],[104]. Parmi les tigres du cirque, on peut également citer Montecore, le tigre blanc ayant attaqué le dompteur Roy Horn du tandem Siegfried & Roy[105]. Enfin, Satin est un tigre qui a reçu en 1955 un Patsy award pour son interprétation dans le film Les Gladiateurs (Demetrius and The Gladiators) sorti en 1954[106].
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+ Le Titanic est un paquebot transatlantique britannique qui fait naufrage dans l'océan Atlantique Nord en 1912 à la suite d'une collision avec un iceberg, lors de son voyage inaugural de Southampton à New York. Entre 1 490 et 1 520 personnes trouvent la mort, ce qui fait de cet événement l'une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix et la plus grande pour l'époque.
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+ Paquebot de la White Star Line construit à l'initiative de Joseph Bruce Ismay en 1907, il a été conçu par les architectes Alexander Montgomery Carlisle et Thomas Andrews des chantiers navals Harland & Wolff. Sa construction débute en 1909 à Belfast et se termine en 1912. Il appartient à la classe Olympic avec ses deux sister-ships, l'Olympic et le Britannic, les plus luxueux et les plus grands paquebots jamais construits.
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+ Le Titanic est commandé par le capitaine Edward Smith, qui a sombré avec le navire. Le paquebot transportait certains des gens les plus riches de l'époque, ainsi que des centaines d'émigrants de Grande-Bretagne et d'Irlande et d'ailleurs en Europe qui cherchaient une nouvelle vie aux États-Unis. La coque du Titanic était pourvue de seize compartiments étanches servant à protéger le navire en cas de voies d'eau ou d'avaries importantes, ce qui lui donna la réputation de paquebot « insubmersible » et conduit les médias contemporains à le présenter comme l'un des navires les plus sûrs.
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+
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+ Le 14 avril 1912, quatre jours après le commencement de son voyage inaugural, il heurte un iceberg à 23 h 40 (heure locale) et coule le 15 avril 1912 à 2 h 20 au large de Terre-Neuve. Le drame met en évidence l'insuffisance des règles de sécurité de l'époque, notamment le nombre insuffisant de canots de sauvetage et les carences dans les procédures d'évacuation d'urgence. Le puissant émetteur TSF du bord a permis d'appeler à l'aide, mais dans des conditions controversées, qui s'ajoutent à une polémique financière. Des conférences internationales seront par la suite organisées, entraînant des changements de réglementation encore en vigueur un siècle après la catastrophe.
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+ L'épave du Titanic est localisée le 1er septembre 1985 par le professeur Robert Ballard. Elle gît à 3 843 mètres de profondeur à 650 km au sud-est de Terre-Neuve. L'histoire du paquebot a marqué les mémoires, et suscité la publication de nombreux ouvrages (historiques ou de fiction) et la réalisation de longs métrages dont le film du même nom Titanic de James Cameron, sorti en 1997 et ayant entraîné un important regain d'intérêt pour le paquebot et son histoire. Les médias s'intéressent à nouveau au navire à l'occasion du centenaire de son naufrage, en avril 2012.
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+ Durant l'année 1907, pour concurrencer le Lusitania et le Mauretania, deux rapides paquebots de la Cunard Line, Lord William James Pirrie, associé de la société du chantier naval Harland & Wolff à Belfast, et Joseph Bruce Ismay, directeur général de la compagnie maritime White Star Line, prennent la décision de construire une série de trois paquebots capables de surpasser en confort, sécurité et élégance ceux des autres compagnies maritimes concurrentes, qu'elles soient britanniques ou allemandes[3],[4]. Leurs noms, Olympic, Titanic et Gigantic (nom évoqué avant qu'il ne soit rebaptisé Britannic) sont choisis par la suite[5]. La rencontre eut lieu autour d'un dîner au domicile londonien de lord Pirrie (à Downshire House, dans le quartier chic de Belgravia).
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+ Les plans de l'Olympic et du Titanic[6] (la construction du Gigantic devant débuter plus tard) sont dessinés dans les bureaux d'études des chantiers navals Harland & Wolff sur Queen's Island à Belfast, en Irlande du Nord[7]. À la tête des opérations se trouvent Alexander Montgomery Carlisle, directeur général des chantiers navals et responsable des aménagements, de la décoration et des dispositifs de sauvetage des paquebots et Thomas Andrews, chef du département Dessin et architecte naval[8]. Au départ en retraite d'Alexander Montgomery Carlisle, en 1910, Thomas Andrews prend sa place et devient ainsi directeur général des chantiers et de la conception[d 1].
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+ Ce départ en retraite de l'architecte est provoqué par une réunion entre Lord Pirrie, Ismay et Carlisle sur le nombre de canots de sauvetage : Carlisle voulait 66 canots de sauvetage ; nonobstant les qualités et défauts de la conception du système des cloisons étanches, l'architecte était au courant qu'une fabrication humaine ne saurait être insubmersible. Un refus lui étant signifié, il claque la porte des chantiers[9].
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+ Le 31 juillet 1908, Joseph Bruce Ismay approuve le projet lors d'un déplacement à Belfast et signe une lettre d'accord avec les chantiers navals[8]. Aucun contrat officiel n'est signé, les liens entre les deux firmes étant très forts depuis plusieurs décennies[d 2]. Conscient de l'importance de l'événement, Pirrie engage le photographe Robert Welch qui est chargé d'immortaliser les moments forts de la construction dans l'avancement des travaux. La qualité n'est pas négligée, et les meilleurs matériaux sont commandés[d 3].
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+ Ce sont les chantiers Harland & Wolff, à Belfast, qui sont chargés de la construction du paquebot. Celui-ci est mis en cale à côté de son sister-ship, le RMS Olympic, mis en chantier quatre mois plus tôt.
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+ À l'automne 1908, les plans sont achevés et les approvisionnements spéciaux ainsi que les équipements non réalisables par les chantiers Harland & Wolff sont commandés. Lord Pirrie fait agrandir les chantiers navals, notamment par la construction d'un immense portique qui est le plus grand échafaudage du monde à l'époque (256 m de long, 28,50 m de large et 52,60 m de haut ainsi que des grues de 69,50 m)[c 1]. Le 16 décembre 1908, la quille constituée de nombreuses pièces de l'Olympic est posée sur la cale de construction no 2. Elle porte le numéro de chantier 400, la 400e commande reçue par Harland and Wolff[b 1],[c 2].
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+ Le 22 mars 1909, la quille du Titanic identique à l'Olympic est posée sur la cale no 3, le numéro de chantier étant le 401[d 4]. Les travaux avancent très vite et deux ans plus tard, au printemps 1911, la coque du Titanic est achevée. Elle est constituée de 2 000 tôles de 2,5 à 3,8 cm d'épaisseur, 3,00 m de long et 2,00 m de haut maintenues par 3 millions de rivets[10],[d 3]
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+ L'Olympic est lancé le 20 octobre 1910 et le Titanic le 31 mai 1911, jour de l'anniversaire de Lord Pirrie qui assiste à la mise à l'eau du paquebot en présence de 100 000 personnes : les employés des chantiers et leurs familles, des visiteurs, quelques personnalités et la presse sont présents[c 3]. Pour aider le Titanic à « glisser » dans l'eau, 20 tonnes de suif, d'huile de vidange, de graisse de baleine et de savon sont étalées sur 2 cm d'épaisseur le long des cales[11]. Le navire n'est pas baptisé avec la traditionnelle bouteille de champagne : c'est une habitude au sein des chantiers, Pirrie considérant qu'un problème dans la cérémonie peut entraîner des superstitions parmi passagers et équipages[d 5],[Note 1].
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+ Le Titanic, après avoir réussi son lancement, est ralenti et stoppé par six ancres, entretemps retenues elles-mêmes par vingt-trois aussières en acier de 80 tonnes chacune, puis il est remorqué et mis au quai d'armement par cinq remorqueurs[d 6]. Après le lancement, invités, représentants de la presse et personnalités sont conviés à un déjeuner donné au Grand Central Hôtel de Belfast. Au menu, pas moins de six plats et cinq desserts ou mises-en-bouche de cuisine française sont servis. Quant à Joseph Bruce Ismay et John Pierpont Morgan[Note 2], ils quittent le repas pour se rendre sur l'Olympic qui doit subir ses essais en mer[d 7].
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+ Entre juin 1911 et mars 1912, plus de 3 000 professionnels (mécaniciens, électriciens, plombiers, ébénistes, peintres, décorateurs, etc.) travaillent et équipent le Titanic des dernières techniques navales et l'aménagent avec des éléments décoratifs et un mobilier somptueux. Le 18 septembre 1911, on annonce la date du voyage inaugural du paquebot, le 20 mars 1912[d 8].
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+ Mais, le 20 septembre, à la suite d'une collision entre le croiseur de la Royal Navy, Hawke et l'Olympic lors de sa cinquième traversée transatlantique, le Titanic doit être déplacé et mis en cale sèche. Une partie des 14 000 ouvriers travaillant à sa construction sont affectés aux travaux de réparation de la coque de l'Olympic, ce qui retarde considérablement la construction du paquebot[c 4]. La White Star Line reporte le voyage inaugural au 10 avril. Le 30 novembre, une fois les réparations de la coque de l'Olympic terminées, celui-ci reprend son service et le Titanic rejoint son quai où son armement se poursuit. En janvier 1912, on installe les 4 cheminées et le 3 février, les 3 imposantes hélices de bronze, boulonnées sur un moyeu d'acier, sont posées sur le navire (2 hélices latérales tripales bâbord et tribord de 38 tonnes et de 7,20 m de diamètre, 1 hélice centrale quadripale de 22 tonnes et de 5,20 m de diamètre). Le 24 mars 1912, le Titanic est immatriculé à Liverpool, son port d'attache, bien qu'il ne navigue jamais dans les eaux de celui-ci[Note 3],[d 9].
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+ Le 2 avril 1912, 78 chauffeurs et soutiers ainsi que 41 officiers et membres d'équipage se trouvent à bord. À 6 h, le Titanic quitte son dock, tiré par quatre remorqueurs appartenant à la Red Funnel Line, sous le commandement d'Edward Smith, précédemment commandant de l'Olympic[d 10]. Toute la journée, le Titanic procède à des essais de vitesse et de manœuvrabilité (arrêts d'urgence sur son erre, mesures des qualités manœuvrières à différentes vitesses). Durant ces essais, le navire montre qu'il peut stopper sur une distance de seulement trois fois sa longueur[d 11].
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+ À midi, les ingénieurs, les représentants du chantier et les représentants du ministère du commerce britannique l'inaugurent, en déjeunant dans la salle à manger de première classe. Après d'autres essais, le Titanic rentre à Belfast vers 18 h. Le nouveau paquebot ayant rempli toutes les exigences du gouvernement britannique, Francis Carruthers, inspecteur du Board of Trade, signe le certificat de navigabilité no 131428, valable pour une durée d'un an[d 12]. Vers 20 h, le paquebot vire de bord et met le cap sur Southampton où il est attendu dans la nuit du 3 au 4 avril[d 13].
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+ Après avoir parcouru les 570 milles qui l'en séparent, le Titanic arrive, peu avant minuit, au port de Southampton où six remorqueurs de la Red Funnel Line l'attendent. Le navire accoste le quai no 44. Pour accueillir les nouveaux navires, le port de la ville a dû subir de nombreux travaux[c 5]. Durant l'escale, les cheminées sont repeintes ainsi que le flanc bâbord de la coque. Une fois achevé, le Titanic a coûté 1,5 million de livres soit 7,5 millions de dollars américains à l'époque (150 millions au début des années 2000)[b 1].
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+ Le 10 avril 1912, à 12 h 15, le Titanic appareille de Southampton en Angleterre avec à son bord 953 passagers dont 31 trans-Manche et 889 membres d'équipage. On ne compte pas moins de quarante nationalités présentes à bord du navire. Lors de son départ, il manque de peu de heurter le paquebot City of New York amarré au quai 38[e 1]. Les remous causés par les hélices du Titanic font rompre les amarres du City of New York, et ce dernier se rapproche rapidement du Titanic jusqu'à une distance de deux mètres[e 1]. Le commandant Edward Smith donne alors l'ordre de mettre les machines « arrière toute », ce qui a pour effet de repousser le New York[e 1]. Le Titanic quitte enfin Southampton avec une heure de retard[c 6]. À 18 h 35, le Titanic étant arrivé à Cherbourg en Normandie, 24 passagers trans-Manche débarquent et 274 embarquent, principalement des 1re classes. Cependant le Titanic reste en rade car son tirant d'eau ne lui permet pas de venir à quai[e 2]. Ce sont donc, comme pour les autres paquebots, deux transbordeurs de la White Star Line, le Nomadic et le Traffic, qui se chargent de transborder les 274 passagers qui embarquent sur le Titanic[e 2],[c 7]. À 20 h 10, le paquebot appareille de Cherbourg pour Queenstown (aujourd'hui Cobh) en Irlande[12].
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+ Le 11 avril 1912, à 11 h 30, le Titanic arrive à Queenstown où débarquent sept passagers tandis que 120 embarquent[d 14], en grande majorité des passagers de 3e classe émigrant vers les États-Unis. À 13 h 30, le RMS Titanic quitte Queenstown pour New York avec à son bord 1 324 passagers et 889 membres d'équipage[Note 4],[d 15]. Il est parfois dit qu'Edward Smith envisageait de prendre sa retraite après cette traversée et qu'il ne devait par conséquent assurer le commandement du Titanic que pour cette unique fois[e 3]. Il est cependant parfois considéré que Smith n'avait encore rien décidé[d 16] : des sources laissent en effet penser que la White Star souhaitait qu'il assure également le commandement du Gigantic, dont la mise en service était prévue pour 1914[a 1].
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+ Le 12 avril 1912, à 19 h 45, le Titanic reçoit un message de La Touraine lui signalant un brouillard dense, une couche de glace épaisse, des icebergs et un navire abandonné sur plusieurs points de l'Atlantique Nord. Ce message est immédiatement remis au commandant Edward Smith[d 17].
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+ Dans la journée du 13 avril 1912, le Titanic reçoit plusieurs messages lui signalant des icebergs, des growlers (petits icebergs d'un mètre par cinq) et quelques champs de glace. Dans l'après-midi, un incendie est éteint dans la salle des chaudières no 5. Il faisait rage depuis plusieurs jours (peut-être depuis le 2 avril) et avait été décelé le jour du départ. Il ne s'agissait pas d'un fait inhabituel sur les navires de l'époque mais celui-ci était d'une rare intensité (dû à un coup de grisou sur un charbon de faible qualité livré à cause d'une grève des mineurs) et une douzaine d'hommes ont été nécessaires pour le maîtriser mais ce feu de charbon a pu fragiliser les cloisons de cette salle[d 18]. À 22 h 30, le paquebot reçoit un avis du Rappahannock lui signalant un épais champ de glace et plusieurs icebergs ; la réception de ce message est confirmée par un officier[b 2],[c 8].
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+ Le 14 avril 1912 vers 21 h, le Titanic a déjà parcouru 1 451 milles (2 687 kilomètres). Durant cette journée, le Titanic reçoit une dizaine de messages venant de plusieurs navires, parmi lesquels le Baltic et le Californian, lui signalant des avis de glace[14]. À 22 h 55, Cyril Evans, l'opérateur radio du Californian, alors pris dans la glace à 20 milles (environ 36 km) au nord du Titanic, envoie un message à tous les navires alentour, parmi lesquels le Titanic : à bord de ce dernier, Jack Phillips, le radio-télégraphiste, reçoit le message. Il l'interrompt en lui demandant de se taire « Shut up, shut up, I am busy. I am working Cape Race ». L'utilisation des mots « Shut up » était une formule courante parmi les opérateurs radio pour demander poliment aux autres de « garder la ligne libre»[15]. Evans entendra le Titanic pour la dernière fois à 23 h 25 qui communiquait avec Cap Race. Il n'éteindra donc pas la radio à la suite du message de Phillips mais à 23 h 35, soit plus d'une demi-heure plus tard[16]. Étant le seul télégraphiste à bord, il n'avait pas obligation de rester en veille en permanence.
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+ À 23 h 40, par 41° 46′ N et 50° 14′ O[17], alors que le Titanic avance à 22,5 nœuds (41,7 km/h)[18], les veilleurs Frederick Fleet et Reginald Lee installés dans le nid-de-pie du mât avant aperçoivent un iceberg droit devant dans le brouillard et le signalent à la passerelle. Le 1er officier William Murdoch, alors officier de quart, essaie de faire virer le navire vers bâbord et fait stopper les machines et demande une marche arrière toute[c 9]. Quelque 37 secondes plus tard, le navire vire mais heurte l'iceberg par tribord et le choc fait déchirer des tôles et sauter des rivets ouvrant ainsi une voie d'eau dans la coque sous la ligne de flottaison[19]. Les portes étanches sont alors immédiatement fermées par Murdoch afin d'éviter une voie d'eau plus importante. Mais l'eau commence à envahir les cinq premiers compartiments du bateau. Or le Titanic ne peut flotter qu'avec au maximum quatre de ses compartiments remplis d'eau[c 10].
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+ À 0 h 5, le commandant fait enlever les tauds des embarcations et rappeler l'équipage[d 19]. À 0 h 15, le premier appel de détresse est envoyé en signal CQD[20] par TSF sur la longueur d'onde des 600 mètres[21]. À 0 h 25, l'ordre est donné de faire monter les femmes et les enfants en premier dans les canots de sauvetage[b 3]. À 0 h 45, le premier canot est affalé avec 28 passagers contre 65 possibles[b 4],[d 20] et le signal CQD est transformé en SOS[d 21]. Les officiers s'occupent de faire monter les femmes et les enfants en priorité dans les canots, et les première et deuxième classes, étant plus près des canots, y ont plus facilement accès. Mais la capacité des canots n'est que de 1 178 personnes au total[c 11],[Note 5] et il y a environ 2 200 personnes à secourir.
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+ Les canots quittent le Titanic à intervalle régulier, et sont pour la plupart à moitié vides. À bâbord, le second officier Charles Lightoller et le capitaine Edward Smith ne font monter que des femmes et des enfants, alors qu'à tribord le premier officier William Murdoch complète souvent les places vides avec des hommes. Seuls deux des vingt canots partiront à pleine charge. À 2 h 5, le canot pliable D est le dernier mis à la mer avec succès contenant 24 personnes à son bord contre 47 possibles. À intervalles réguliers, jusqu'à 1 h 40, des fusées de détresse sont envoyées. Il en est de même pour les SOS qui sont envoyés jusqu'à 2 h 17, heure à laquelle l'eau atteint la cabine radio[d 22]. Les deux canots restants après 2 h 5, les canots pliables A et B, situés sur le toit du quartier, sont descendus sur le pont des embarcations mais les officiers ne disposant pas de suffisamment de temps, ils partent à la dérive quand l'eau envahit l'avant du pont et des nageurs s'y installent. Environ quarante personnes se trouvant sur ces dernières chaloupes seront récupérés par d'autres canots[b 5],[b 6].
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+ À 2 h 17, l'orchestre s'arrête de jouer juste avant la chute de la cheminée selon la plupart des témoignages. D'autres, comme Archibald Gracie, ont cependant déclaré que les musiciens ont cessé de jouer plus tôt dans la soirée[b 7]. Peu après, la grande verrière se brise en entraînant la destruction du Grand Escalier et donnant accès à l'eau à toutes les pièces de l'avant. À 2 h 18, les lumières du Titanic clignotent une dernière fois puis s'éteignent[22]. Un instant plus tard, le paquebot se brise en deux[c 12]. Alors que la partie avant coule, la partie arrière flotte pendant quelques instants et se remplit d'eau lentement jusqu'à ce qu'elle sombre à 2 h 20[23],[24],[25]. La température de l'eau est alors de −2 °C[b 8]. Aux alentours de 3 h, le canot no 14 commandé par le cinquième officier Harold Lowe arrive sur les lieux du naufrage après avoir vidé ses passagers dans d'autres canots. Arrivant trop tard, il ne tire de l'eau que quatre hommes, dont l'un meurt à bord du canot. Plus tard, à 3 h 30, les passagers des canots aperçoivent les feux du Carpathia[26]. À 5 h 30, le Californian prévenu par le Frankfurt arrive sur les lieux du désastre. Le dernier canot est récupéré à 8 h 30, le deuxième officier Charles Lightoller est le dernier à monter à bord. Le capitaine Arthur Rostron du Carpathia met ensuite le cap sur New York à 10 h 50[c 13].
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+ Durant la matinée du 15 avril, des informations sur le naufrage parviennent mais sans qu’on puisse en vérifier les détails, si bien que les journaux américains restent sur leur réserve. Prudent, le Herald titre : « Le Titanic heurte un iceberg et appelle au secours. Des navires en route »[27]. Seul le Times annonce dans ses premières éditions que le paquebot a très certainement coulé puisqu’on n’a plus rien reçu après les premiers messages[27].
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+ À 8h, une foule de journalistes se presse au bureau de la White Star à New York, au 9 rue Broadway. Devant la presse, le vice-président, Philippe A.S. Franklin se montre rassurant : « Nous avons une confiance absolue dans le Titanic. Nous sommes persuadés que c’est un navire qui ne peut pas couler », ce qui ne l'empêche pas d'envoyer un télégramme alarmant au capitaine Smith : « Attendons anxieusement nouvelles navire et précisions sur sort passagers »[28]. Alors que les proches des naufragés commencent à arriver, la compagnie fait tout pour les rassurer.
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+ À 18h15, lorsqu'un message du paquebot Olympic parvient, c'est le coup de massue. Le Titanic a bien sombré à 2h20 du matin. Le Carpathia, qui aurait recueilli 675 rescapés, se dirige vers New-York[29]. Dès lors, le doute n’est plus permis. Pressé de questions par les journalistes, le vice-président de la White Star se contente dans un premier temps de confirmer le naufrage, sans donner plus de détails. À 21h, il craque : « C'est une catastrophe... On pourrait remplacer le navire, mais jamais les vies humaines »[29].
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+ Trois jours passent et peu de nouvelles parviennent. En manque d’informations, certains journaux s’en prennent au Carpathia. L'Evening Mail dénonce « le silence assourdissant du Caparthia », tandis que le World attaque l’équipage qui « ne veut pas envoyer la liste des disparus »[30].
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+ Le jeudi soir, lorsque le Carpathia arrive enfin à New York, trente mille personnes se massent le long des quais pour le voir arriver[31]. Les rescapés peuvent dès lors être interrogés par les journalistes, ce qui n’empêche pas l’apparition dans la presse de témoignages invraisemblables. On y apprend qu’un passager de deuxième classe serait notamment resté à cheval sur un morceau de glace pendant quatre heures. Une passagère aurait, elle, vu l’iceberg une heure avant la collision[31].
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+ Le naufrage du Titanic fit environ 1 500 morts, le nombre variant entre 1 491 et 1 513[20],[32] victimes. Il y a donc environ 700 rescapés[c 13]. Les membres d'équipage sont les plus touchés puisque 76 % d'entre eux sont morts. 75 % des troisièmes classes ont également trouvé la mort[e 4]. D'une façon plus générale, la principale différence se situe entre les hommes et les femmes. Seules 25 % des femmes sont mortes dans le naufrage contre 82 % des passagers masculins. Proportionnellement, les enfants sont davantage victimes que les femmes, 53 des 109 enfants à bord ayant péri, soit 48,6 % d'entre eux[e 4]. Cependant, 70 % des femmes et des enfants ont survécu au naufrage contre un peu plus de 20 % des hommes[33], la règle « les femmes et les enfants d'abord » ayant prévalu, contrairement à la majorité des catastrophes maritimes[34].
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+ Le naufrage du Titanic a de nombreuses causes, tant naturelles qu'humaines. Son bilan, qui est l'un des plus lourds de l'histoire maritime, s'explique également par plusieurs facteurs. Les circonstances du naufrage sont en effet particulières. Il est vrai qu'il est rare de trouver des icebergs dans cette région de l'Atlantique au mois d'avril, mais la présence de nombreuses glaces cette année-là s'explique par un hiver particulièrement doux[35]. Ceci explique que le Titanic, qui navigue pourtant plus au sud que la route conseillée[36], se soit dirigé droit vers un champ de glaces. De plus, la nuit est sombre, sans lune et sans vent, ce qui rend plus difficile le repérage des icebergs[e 5]. Ceci est aggravé par l'absence de jumelles dans le nid-de-pie, à la suite d'une négligence des officiers : selon Frederick Fleet, le veilleur qui a aperçu et signalé l'iceberg, des jumelles auraient peut-être permis de le voir à temps[37].
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+ De plus, les compartiments étanches ne montent pas assez haut pour empêcher la progression de l'eau (ces cloisons transversales sont interrompues à 15 mètres de hauteur par les architectes pour que les passagers puissent emprunter le pont-promenade supérieur[38]), la coque n'est double qu'au fond du navire (ne protégeant que des hauts fonds), et l'acier composant certaines parties de la coque est très cassant à température négative (celle de l'eau la nuit du drame était de −1 à −2 °C)[39] bien qu'il soit le meilleur de l'époque produit dans les fours Martin[40], comme les rivets qui maintiennent les plaques de la coque ensemble (les chantiers Harland and Wolff ont commandé 9 millions de rivets pour le Titanic, le Britannic et l'Olympic mais une pénurie de pièces en acier les ont incités à utiliser des rivets en fer forgé[41]). La vitesse du navire au moment du choc était également trop élevée pour les circonstances (bien qu'en accord avec les règles de navigation de l'époque)[e 6]. Malgré une tentative de la part de la commission américaine qui enquêta sur le naufrage, il n'a pu être prouvé qu'Ismay a poussé le commandant à aller plus vite[e 7]. Enfin, le nombre élevé de morts s'explique par le faible nombre de canots de sauvetage du navire, qui ne pouvaient contenir que 1 178 personnes[b 9], mais aussi par le manque d'organisation dans leur chargement et d'information des passagers. Cette mauvaise organisation aurait rendu des canots supplémentaires peut-être inutiles, puisque les officiers n'ont pas eu le temps de s'occuper des deux derniers canots. Certains canots, comme le no 1[b 10], partent presque vides et refusent de revenir sur les lieux du naufrage. Ceci explique que les canots sont, à la fin, remplis à moins des deux tiers[d 23].
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77
+ Le désastre est un choc pour la communauté internationale car il prouve à tous que l'homme et ses réussites technologiques peuvent être dépassés par les puissances de la nature à une époque où le progrès scientifique semblait impossible à arrêter[e 8]. Il met également la lumière sur les insuffisances techniques de l'époque : les examens modernes montrent en effet que l'acier de la coque et encore davantage les rivets autres que sur la partie centrale de la coque contiennent trop de soufre et pas assez de manganèse, ce qui les rend trop cassants. La commission britannique de Lord Mersey a fait de nombreuses propositions sur la sécurité en mer, de même que la commission américaine du sénateur Smith. L'attitude jugée désinvolte et insouciante de ceux qui décident de la route et de la vitesse des paquebots a fortement contribué à la perte du navire, selon les deux commissions sur le naufrage[Note 6],[c 14].
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79
+ Pour éviter qu'une telle catastrophe ne se reproduise, la communauté internationale prend plusieurs mesures. La première est la création de la Patrouille internationale des glaces le 20 janvier 1914. Depuis, aucune mort consécutive à un naufrage dû à un iceberg n'est à déplorer[e 9]. De plus, la procédure à appliquer en cas de collision avec un iceberg est changée. Désormais, il est considéré que les dégâts seront moindres en cas de collision frontale. La chose est prouvée en 1914 lorsque survient la collision du Royal Edward avec un iceberg, qui ne fait aucune victime parmi les 800 passagers[d 24].
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+ Concernant les moyens de communication, il est décrété que la veille radio doit être assurée 24 h/24 sur la longueur d'onde de 600 mètres (500 kHz)[43] (ce qui était le cas sur le Titanic, mais ni sur le Californian ni sur le Carpathia) et devra bénéficier de batteries de secours pour alimenter la station radio de secours[44],[45]. Le mauvais usage des récents progrès de la TSF déclenche dans les mois qui suivent une controverse autour de la société Marconi, dont la puissance des émetteurs avait d'abord été saluée. Cependant, la conséquence la plus importante du naufrage concerne les embarcations de sauvetage. Désormais, tout navire se doit d'être équipé de canots en nombre suffisant. La loi demandait jusqu'alors un équipement selon le tonnage, et n'avait pas suivi la rapide augmentation de la taille des navires. Dès la commission américaine, Ismay déclare que tous les navires de l'IMM Co seront équipés de canots en nombre suffisant[d 25]. Des conférences internationales sur la sécurité en mer se sont tenues en 1914, 1929, 1948 et 1960 et ont notamment rendu obligatoire pour tous les navires de pouvoir être évacués en une demi-heure[c 15].
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+ Le Titanic est long de 269 mètres, large de 28 mètres et haut de 53 mètres, de la quille aux cheminées. Son tonnage brut est d'environ 46 000 tjb, soit 1 000 de plus que l'Olympic[46]. Il nécessite environ 885 membres d'équipage, et peut transporter 2 471 passagers répartis en trois classes[c 16]. Le paquebot transporte également du courrier. C'est pour cette raison qu'il porte le sigle RMS[Note 7],[47]. En tout, le navire a coûté 7,5 millions d'USD (soit 150 millions de dollars des premières années 2000[48]).
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+ Les dix ponts du Titanic permettent de l'élever au rang de plus grand paquebot jamais construit à son époque[20],[49]. Sept de ses ponts (les ponts abritant des cabines destinées aux passagers) sont désignés par des lettres, de A à G (A étant en haut et G en bas). Au-dessus du pont A se trouve le pont des embarcations (ou pont supérieur). Le pont des ballasts sert de base au navire, ainsi qu'aux salles des chaudières et des machines qui s'étendent jusqu'aux ponts Orlop et G. Ces deux ponts comprennent également les cales et les réserves d'eau et de nourriture du navire[50].
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87
+ Le Titanic, comme ses sister-ships de classe Olympic, est propulsé par une combinaison de deux types de machines. On trouve dans les profondeurs du paquebot 29 chaudières regroupées dans six salles[d 26], qui alimentent en vapeur les machines alternatives à triple expansion situées dans la salle des machines (à l'arrière des salles des chaudières), puis la turbine dans la salle suivante. Les premières actionnent les deux hélices latérales à trois pales du paquebot, tandis que la turbine fait tourner l'hélice centrale à quatre pales. À une vitesse de 21 nœuds, sa consommation est évaluée entre 638 et 737 tonnes de charbon par jour. À 22 nœuds, celle-ci est évaluée de 720 à 808 tonnes par jour, selon les statistiques prises en compte[c 17]. L'énergie électrique nécessaire au fonctionnement des différents équipements du navire est fournie par quatre dynamos de 400 kW[51]. Les fumées de combustion du charbon et la vapeur sont ensuite évacuées par les trois cheminées avant. La quatrième, factice, sert quant à elle à améliorer l'esthétique du paquebot, à l'aération des salles des machines et à évacuer la vapeur des cuisines[b 11],[Note 8].
88
+
89
+ La passerelle de navigation du Titanic se trouve sur le pont supérieur, à environ 60 mètres de la proue. Elle s'étend sur toute la largeur du navire, et comprend deux timoneries (une fermée et une seulement couverte), deux ailerons de manœuvre, une salle de navigation et la salle des cartes. En arrière de la passerelle se trouvent les quartiers des officiers qui bénéficient de logements proportionnels à leur rang : le commandant Edward Smith bénéficie pour sa part d'une suite avec salon et salle de bains[b 12]. À l'arrière de la première cheminée se trouve une salle de radiotélégraphie sans fil dont la veille est assurée par deux opérateurs radio (Jack Phillips et Harold Bride lors de l'unique traversée du paquebot) dont les quartiers sont attenants[c 18]. Les quartiers des chauffeurs et soutiers se trouvent quant à eux dans la proue du navire, et ceux-ci accèdent à leur lieu de travail par un escalier en colimaçon et un tunnel[c 19].
90
+
91
+ La veille est assurée depuis le nid-de-pie situé sur le mât avant, et le navire dispose également d'une passerelle d'accostage, sur le pont de poupe[b 12]. Une ligne téléphonique permet de communiquer entre le nid-de-pie, la timonerie, la plage arrière, la salle des machines et le compartiment arrière, améliorant la rapidité des manœuvres du navire. Une autre ligne permet à certains passagers de première classe de communiquer avec différents services, notamment les offices[b 13].
92
+
93
+ La coque du Titanic est divisée en seize compartiments étanches[e 10]. La fermeture des douze portes étanches, situées aux endroits où un passage est nécessaire à la bonne marche du navire, peut se faire par le biais d'un interrupteur situé sur la passerelle[c 20]. Elle peut également se faire automatiquement en cas de voie d'eau. Cependant, si les compartiments avant et arrière montent jusqu'aux ponts D à B, les compartiments centraux ne dépassent pas le pont E. Ainsi, il est alors considéré que si deux compartiments adjacents sont inondés, le navire peut rester à flot. Cette limite va jusqu'à quatre compartiments si ce sont les compartiments avant du navire[Note 9],[c 21].
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+
95
+ Le navire est également équipé d'un double-fond[Note 10]. De plus, huit pompes capables d'évacuer 400 tonnes d'eau par heure se trouvent à bord[52]. Tout ceci entraîne des rumeurs d'une prétendue « insubmersibilité » du navire que la compagnie ne dément pas. Cependant, de telles rumeurs sont loin de ne concerner que le Titanic : la compagnie avait déjà qualifié le Cedric, neuf ans plus tôt, de « pratiquement insubmersible »[c 22]. La rumeur veut également qu'au moment de son lancement, un employé ait déclaré : « Dieu lui-même ne pourrait pas couler ce paquebot »[53].
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+
97
+ Le Titanic est également équipé de 20 canots de sauvetage : 14 canots d'une capacité de 65 personnes, 2 canots « de secours » pour 40 personnes[Note 11] et 4 radeaux pliables de type Engelhardt ayant également une capacité de 47 personnes. Les 20 canots peuvent ainsi contenir un total de 1 178 personnes, soit un tiers de la capacité du navire[b 9].
98
+ Ce faible nombre est toutefois supérieur à ce que demandent les lois de l'époque qui considèrent que ces canots ont le temps d'effectuer plusieurs navettes entre un gros paquebot qui met du temps à couler et les navires sauveteurs[54]. L'idée de mettre des canots supplémentaires a été envisagée par Alexander Carlisle, l'un des concepteurs du navire, mais Ismay rejeta l'idée, pour ne pas encombrer le pont supérieur, et ne pas affaiblir l'image de fiabilité de la compagnie[Note 12]. Cependant, pour éviter un coût supplémentaire lors d'un éventuel changement de réglementation, Carlisle réussit à convaincre Ismay d'installer des bossoirs de type Welin capables de faire descendre successivement plusieurs canots[d 27]. Lors du naufrage, le 15 avril 1912, les canots de sauvetage n'embarquent que 711 des 2 200 personnes qui se trouvent à bord. Par la suite, les lois sont modifiées pour obliger toutes les compagnies maritimes à avoir des canots de sauvetage en nombre suffisant[d 28], c'est la naissance de la convention internationale SOLAS (Safety of Life at Sea), deux ans après la tragédie.
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+
100
+ Le Titanic présente un luxe et un confort inégalés pour l'époque. Les installations de première classe s'étendent du pont des embarcations au pont E, et comprennent gymnase, fumoir, restaurant à la carte, café véranda, piscine, bains turcs et salon de lecture et de correspondance, ainsi qu'une promenade couverte. Certaines cabines sont équipées de salles de bains, et deux d'entre elles disposent même d'une promenade privée[Note 13],[b 14]. Toutes ces cabines et installations sont reliées par deux somptueux escaliers, celui situé à l'avant étant associé à trois ascenseurs desservant les ponts A à E. La vaste salle à manger de première classe se situe sur le pont D[e 11].
101
+
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+ Les passagers de deuxième classe ne sont pas en reste et bénéficient de cabines souvent équivalentes à la première classe d'autres navires, à l'arrière des ponts D à G. Un escalier et un ascenseur desservent la totalité de la hauteur du navire, leur donnant accès au pont des embarcations, à leur fumoir (pont B), leur bibliothèque (pont C), et leur salle à manger (pont D). Ils disposent également d'une promenade couverte[e 12].
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+
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+ La troisième classe offre également un bon niveau en comparaison des autres navires, avec des cabines proposant de 4 à 8 couchettes, et de petits dortoirs pour les hommes célibataires, à l'avant. Les femmes seules voyagent quant à elles à l'arrière, et les familles sont regroupées au centre. La salle à manger de troisième classe se trouve au pont F et dispose de sa propre cuisine (les deux autres classes partagent la leur), et les passagers disposent de deux espaces communs et d'un fumoir, ainsi que du pont de poupe[e 12].
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+
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+ Sur les 1 316 passagers, 325 font partie de la première classe, 285 de la seconde et la dernière accueille 706 personnes. 922 passagers embarquent à Southampton (Angleterre), 274 à Cherbourg (France) et 120 à Queenstown (Irlande).
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+
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+ La première classe accueille les passagers les plus fortunés du navire. Il s'agit d'hommes d'affaires, d'artistes, de hauts gradés militaires et de politiciens entre autres. Ils sont souvent accompagnés de nombreux bagages et d'un ou plusieurs domestiques[d 29]. Un certain nombre de personnalités voyagent en première classe pour la traversée inaugurale du Titanic, à commencer par Joseph Bruce Ismay, président de l'international Mercantile Marine Company et de la White Star Line[a 2] et Thomas Andrews, le concepteur du navire[a 3]. Tous deux voyagent dans le but d'observer les défauts que pourrait présenter le navire. L'homme le plus riche à bord est John Jacob Astor IV, colonel, écrivain, inventeur et propriétaire d'hôtels américains[a 4]. D'autres grandes fortunes se trouvent également à bord, comme Benjamin Guggenheim ou Margaret Brown, ainsi que des lettrés tels que Jacques Futrelle[a 5] et Archibald Gracie[a 6], ou encore des sportifs tels que Richard Norris Williams[a 7]. Archibald Butt, l'aide de camp du président américain William Howard Taft, fait également la traversée à bord du Titanic pour rentrer aux États-Unis préparer les élections présidentielles de l'automne suivant[a 8]. John Pierpont Morgan, milliardaire américain propriétaire de nombreux trusts, ainsi que du navire, devait également faire la traversée, mais préfère finalement fêter son anniversaire en compagnie de sa maîtresse à Aix-les-Bains[a 9].
109
+
110
+ La deuxième classe, plus hétéroclite, comprend des entrepreneurs, des enseignants, des ecclésiastiques et, parfois, des immigrants aisés, ou de retour dans leur pays d'origine[55]. Le confort dont ils disposent égale souvent la première classe de paquebots contemporains. Parmi eux se trouve notamment Lawrence Beesley, un universitaire britannique qui dresse, après le naufrage, un compte rendu détaillé des événements dans son ouvrage The Loss of s.s. Titanic[a 10]. Une famille attire également l'attention, la famille Hoffman. Pour leurs compagnons de voyage, il s'agit d'un père aimant et de ses deux enfants en bas-âge, mais il apparaît après le naufrage et la mort du père qu'il s'agissait de la famille Navratil. Michel Navratil avait enlevé ses enfants à son épouse au début du mois d'avril dans l'espoir de vivre une nouvelle vie en Amérique. L'histoire de ces « orphelins du Titanic » fait le tour du monde[a 11].
111
+
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+ La troisième classe, enfin, est la classe de l'immigration. Les gens qui voyagent à bord sont souvent en famille, parfois par groupes d'une dizaine de personnes, à l'image de la famille Sage composée de onze membres[56]. Ils viennent de nombreuses régions du monde, que ce soit de Scandinavie, d'Europe de l'Est, d'Irlande et parfois même d'Asie[e 13]. Avant l'embarquement et à leur arrivée à New York, ils font l'objet de stricts contrôles sanitaires et sont rigoureusement séparés des autres passagers. La réglementation américaine est en effet très stricte pour éviter toute contamination[d 30].
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+ Lucy Duff Gordon.
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+ George Dunton Widener.
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+ Archibald Butt.
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+ Margaret Brown.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Parmi les 889 personnes constituant l'équipage du Titanic, 66 appartiennent à l'équipage de pont (officiers, matelot, veilleurs, quartier-maîtres)[b 15], 325 sont des mécaniciens (soutiers appelés gueules noires, chauffeurs, graisseurs, m��caniciens tous interdits de contact avec les passagers)[b 16], et 471 hommes et 23 femmes font partie du personnel hôtelier du navire (commissaires, stewards, opérateurs radio, etc.)[b 17],[b 18].
125
+
126
+ Le Titanic est commandé par Edward Smith qui, par sa popularité, est affecté aux traversées inaugurales des grands navires de la White Star Line depuis 1904[c 23]. Son commandant en second, Henry Wilde, a été muté à bord à la veille du départ, entraînant un décalage dans la hiérarchie de l'état-major du navire[a 12]. Ceci permet d'avoir un état-major expérimenté, les trois plus hauts gradés du navire ayant servi précédemment sur l'Olympic[57]. Les officiers sont à la tête de l'équipage de pont, qui est chargé de diriger le navire et veiller à sa bonne marche. Ils sont assistés par les quartiers-maîtres, chargés de tenir la barre, les veilleurs, postés dans le nid-de-pie et des matelots qui assurent la veille et se chargent de l'entretien des appareils[a 13],[a 14].
127
+
128
+ Le personnel mécanicien travaille pour sa part dans les entrailles du navire. Sous la direction du chef mécanicien Joseph Bell[a 15] s'affairent une vingtaine d'aides-mécaniciens. Aucun d'entre eux ne survit au naufrage[c 24]. Les 29 chaudières du navire sont alimentées par près de 300 chauffeurs et soutiers qui travaillent dans des conditions exécrables[58].
129
+
130
+ Enfin, le personnel hôtelier, qui est le plus divers, est aussi le plus répandu. On trouve une majorité de stewards, accompagnés de quelques hôtesses. Ceux-ci sont affectés à des cabines ou des installations du navire, et se tiennent au service des passagers. Ce personnel comprend également un grand nombre de cuisiniers[a 16]. La direction du personnel hôtelier revient au commissaire de bord Hugh McElroy qui doit également répondre aux doléances des passagers[d 31],[a 17]. Jack Phillips[a 18] et Harold Bride[a 19], les deux opérateurs radio du navire, sont également affiliés à cette catégorie[d 31].
131
+
132
+ Le Titanic emploie également un orchestre formé d'un quintette et d'un trio sous la direction de Wallace Hartley. Les musiciens se produisent en première et deuxième classe, et sont entrés dans la légende pour leur comportement héroïque lors du naufrage[59]. Ils ne font cependant pas partie de l'équipage, et sont comptés comme passagers de seconde classe[60].
133
+
134
+ De nombreux projets d'expéditions pour retrouver le navire englouti ont vu le jour sans connaître le succès pendant de nombreuses années[c 25].
135
+
136
+ L'épave est finalement localisée le 1er septembre 1985 à 1 h 5 par une expédition franco-américaine dirigée par Jean-Louis Michel de l'IFREMER et le Dr Robert D. Ballard de l'Institut océanographique de Woods Hole[61]. Le but original de cette expédition était de couvrir les recherches de deux sous-marins nucléaires américains[Note 14],[d 32]. Elle est localisée à une profondeur de 3 821 m[62], à 41° 43′ 55″ N, 49° 56′ 45″ O, à 650 km au sud-est de Terre-Neuve[b 19]. Le navire est brisé en deux parties qui reposent sur le fond à environ 800 mètres l'une de l'autre, séparées par un champ de débris[e 14]. Lors du naufrage, la coque s'est brisée là où la contrainte (de flexion) était la plus forte, au niveau de la salle des machines et du Grand Escalier arrière[e 15].
137
+
138
+ Le Dr Ballard et son équipe n'ont enlevé aucun objet du site, considérant que cela équivalait à un pillage de tombes[e 16]. Pour le droit maritime international cependant, la récupération des objets est nécessaire pour établir les droits de sauvegarde pour une épave. Dans les années suivant la découverte, le Titanic est l'objet de nombreux arrêts juridiques concernant la propriété des objets et le site du naufrage lui-même. Beaucoup d'objets ont été sauvés et sont exposés au public[e 17]. Les scientifiques affirment que les nombreuses expéditions sur l'épave ont accéléré sa dégradation et estiment qu'elle aura disparu vers 2050[b 20]. Durant l'été 2016, à l'aide d'une technique d'imagerie par rayonnement à neutrons, une équipe de chercheurs de l'Institut Laue-Langevin met en évidence qu'une molécule appelée éctoïne est utilisée par la bactérie Halomonas titanicae dans l'épave du Titanic afin de survivre à la pression osmotique que provoque le sel de l'eau sur ses membranes[63],[64]. Cette bactérie qui ronge les restes du paquebot devrait faire disparaître progressivement l'épave à l'horizon de 2030[65].
139
+
140
+ La découverte et l'étude scientifique de l'épave permettent de mieux comprendre les circonstances exactes du naufrage, tout d'abord en donnant raison aux quelques témoins qui ont affirmé avoir vu le navire se casser en deux juste avant le plongeon final. Plus récemment, en 1996, un sonar a permis de voir les dégâts causés par l'iceberg dans la coque à l'avant du navire. Contrairement à ce que l'on croyait jusqu'alors, ce n'est pas une brèche de 100 mètres de long mais six petites entailles à peine plus épaisses qu'un bras humain, réparties approximativement le long du premier tiers avant du navire, qui ont causé sa perte[d 33]. Une étude plus récente menée par deux chercheurs métallurgistes américains, le Dr Tim Foecke (en) et le Dr Jennifer McCarty (en), s'appuyant sur des analyses scientifiques de pièces (tôles et rivets) extraites de l'épave et sur l'examen des archives des chantiers navals Harland & Wolff conservées à Belfast, met en cause la qualité des rivets utilisés pour fixer les plaques d'acier de la coque à l'avant du navire. En effet, ceux-ci sont en fer et non en acier comme dans la partie centrale, en raison de l'impossibilité des fournisseurs à suivre les rythmes et les quantités imposés par le constructeur. Les auteurs de l'étude supposent que des rivets en acier, plus résistants, auraient peut-être, sinon sauvé le navire, du moins accordé un délai suffisant pour permettre aux secours d'arriver à temps[39],[66]. Cependant, de nouveaux essais réalisés dans différentes conditions par le laboratoire de Woods Hole (États-Unis) en 2010, ont démontré le contraire. L'étude, pour laquelle a notamment été reproduit pour essais un morceau composé de deux plaques d'acier rivetées telles celles qui composaient la coque, a soumis les rivets et les plaques à différentes pressions, et démontré que la structure et la composition de ces derniers n'étaient pas responsables[67].
141
+
142
+ Le centenaire du naufrage du Titanic place l'épave sous la protection de la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de l'UNESCO[68].
143
+
144
+ En août 2019, une nouvelle expédition ayant nécessité trois années de préparation rapporte des images en haute définition de l'épave, démontrant une carcasse affaiblie par la corrosion et les bactéries qui rongent la structure métallique du navire. Selon les estimations, l'épave devrait disparaître totalement dans les décennies à venir[69].
145
+
146
+ Il existe un certain nombre de légendes à propos du Titanic. Certaines ne relèvent probablement que de l'invention ou de la « folie », mais d'autres sont des coïncidences qui ont prêté à polémique[b 21].
147
+
148
+ Ainsi, certains ont relevé l'existence de plusieurs écrits parfois considérés comme prémonitoires. Quatorze ans avant le naufrage, Morgan Robertson écrit Le Naufrage du « Titan ». Après le naufrage du Titanic, ce livre regagne en réputation, apparaissant comme étonnamment prémonitoire et est réédité la même année[c 26]. Il existe en effet de grandes similitudes entre l'histoire du livre et la réalité : le navire, nommé Titan, est le plus imposant au monde et présenté comme insubmersible. De fait, il ne dispose que du nombre minimum de canots de sauvetage requis par la loi. Il heurte un iceberg, coule et la majorité des passagers est victime du naufrage[d 34].
149
+
150
+ De même, le journaliste William Thomas Stead s'engage contre le manque de moyens de sauvetage à bord des paquebots. Dans une nouvelle, il raconte une collision entre deux navires dont les passagers ne sont pas tous sauvés, faute de moyens de sauvetage. Stead conclut : « C'est exactement ce qui se produira si les paquebots sont lancés avec trop peu de canots »[70]. Six ans plus tard, il publie De l'Ancien Monde au Nouveau, nouvelle dans laquelle il raconte un voyage fictif à bord du paquebot (bien réel) Majestic de la White Star Line sous le commandement d'Edward Smith. Au cours de la traversée, le navire s'arrête pour repêcher les naufragés d'un paquebot ayant heurté un iceberg[70]. Le 15 avril 1912, Stead se trouve à bord du Titanic, commandé par Edward Smith, et meurt dans le naufrage.
151
+
152
+ Quelques incidents émaillent la traversée. Lors de son départ de Southampton, le Titanic manque d'entrer en collision avec le New York. Cet événement a entraîné, comme le raconte Lawrence Beesley (passager de seconde classe ayant par la suite raconté son histoire dans un ouvrage), des rumeurs et superstitions parmi les passagers et certains membres d'équipage. Celles-ci sont amplifiées lors de l'escale de Queenstown par l'apparition d'un soutier couvert de suie en haut de la quatrième cheminée. Cependant, il écrit lui-même que ce ne sont que des « superstitions malsaines »[71].
153
+
154
+ D'autres légendes relèvent de la pure affabulation. Selon l'une d'elles, John Jacob Astor IV aurait ramené de son voyage de noces en Égypte une momie qu'il aurait fait charger à bord du Titanic, déclenchant ainsi la colère des dieux[72]. Une variante de la légende veut qu'une momie maudite ait été, après avoir été cachée dans un grenier pendant un certain temps, revendue à un riche Américain qui l'aurait embarquée sur le Titanic, entraînant sa perte. Cependant aucune momie n'est mentionnée dans le manifeste du navire : les historiens s'accordent donc pour dire qu'il ne s'agit là que d'une légende sans le moindre fondement[c 27].
155
+
156
+ L'entreprise chinoise Seven-Star Energy Investment Group investit 170 millions de dollars pour construire une réplique à taille réelle du paquebot qui sera amarrée dans un port sur la rivière Qi d'ici 2020, les travaux ayant commencé en 2016[73]. Cette réplique aura un but touristique et didactique grâce à un musée et un simulateur de naufrage[74]. Le milliardaire australien Clive Palmer a également l’intention de construire une réplique exacte du paquebot[75], le Titanic II, dont la mise en service est prévue pour 2022[76].
157
+
158
+ En 2018, la société OceanGate organise pour des touristes souhaitant visiter l'épave (au prix de 100 000 dollars) des descentes en sous-marin, celles-ci servant en même temps à un scientifique qui cartographie le navire en trois dimensions, afin d'étudier la rapidité avec laquelle il se désagrège[77].
159
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160
+ L'histoire du Titanic a été illustrée dans un très grand nombre de films et de téléfilms. Le premier est Saved from the Titanic, un film américain d'Étienne Arnaud mettant en scène Dorothy Gibson, rescapée du naufrage. Sorti en 1912, il n'en reste aucune trace à la suite de l'incendie des studios où il était entreposé, en 1914[b 22],[d 35]. La même année sort In Nacht und Eis, un film muet allemand[78].
161
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162
+ En 1943, Joseph Goebbels demande le tournage de Titanic, une superproduction destinée à la propagande nazie, réalisée par Werner Klingler et Herbert Selpin avec Sybille Schmitz et Hans Nielsen[79]. Le tournage est marqué par l'emprisonnement et la mort de son premier réalisateur, Herbert Selpin. Le film ne sort finalement pas en Allemagne, Goebbels craignant de démoraliser la population qui subit de nombreux bombardements britanniques[d 36].
163
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164
+ 1953 voit l'arrivée du paquebot à Hollywood avec la sortie Titanic de Jean Negulesco avec Barbara Stanwyck et Clifton Webb[80]. L'année 1958 voit l'arrivée sur les écrans du film Atlantique, latitude 41° (A Night to Remember), film britannique de Roy Ward Baker avec Kenneth More et Ronald Allen[81]. Adapté du livre La Nuit du Titanic de l'historien Walter Lord, il est réalisé avec l'aide de certains acteurs du drame ce qui en fait un des films les plus proches de la réalité[d 37].
165
+
166
+ En 1979 sort S.O.S. Titanic, téléfilm américano-britannique de William Hale[82].
167
+ L'année suivante sort La Guerre des abîmes (Raise the Titanic), film américain de Jerry Jameson adapté du roman de Clive Cussler, qui est un échec commercial et critique[83].
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+
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+ En 1989, brève apparition du « Titanic fantomatique » dans le port de New York dans le film SOS Fantômes 2[84].
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+
171
+ En 1996, la mini-série de Robert Lieberman Le Titanic avec Peter Gallagher, Eva Marie Saint et Catherine Zeta-Jones restitue l'histoire du paquebot en deux parties d'une heure vingt chacune. Si l'histoire suit des personnages fictifs, la trame de fond relate certaines anecdotes réelles, comme l'histoire de la famille Allison[Note 15].
172
+
173
+ Le plus célèbre des films concernant le Titanic est le film de James Cameron, Titanic, sorti en 1997. Mettant en scène Leonardo DiCaprio, Kate Winslet et Billy Zane, le film remporte 11 Oscars et 1 845 034 188 $ de box office mondial[85]. Il devient ainsi, pour l'époque, le film ayant engrangé les plus grosses recettes de l'Histoire. Ce film ravive l'intérêt pour le Titanic, entraînant la parution (et parfois la réédition) de nombreux ouvrages, ainsi que des expositions, et la création de nombreux sites internet[d 38]. Cameron produit également, en 2003, le documentaire Les Fantômes du Titanic concernant l'épave du navire[86].
174
+
175
+ En 1999, l'épisode 10 de la première saison de la série Futurama, intitulé Titanic 2 (A flight to remember en VO, nom inspiré du film de Roy Ward Baker, A Night to Remember), s'inspire du naufrage. Dans cet épisode, le Titanic 2 est un vaisseau spatial « inspiré d'un vieux film du XXe siècle » piloté par le capitaine Zapp Brannigan qui voit naître une idylle identique à celle des personnages de Rose et Jack dans le film de James Cameron, mais entre deux robots : le pauvre Bender et une riche duchesse. Ce vaisseau connaît le même sort que le paquebot dont il s'inspire.
176
+
177
+ En 2007, l'épisode spécial Noël de la saison 3 de la série anglaise Doctor Who évoque le Titanic. Dans cet épisode, qui porte le nom d'Une croisière autour de la Terre, le Titanic prend la forme d'un gigantesque paquebot de l'espace.
178
+
179
+ En 2010, l'épisode 12 de la saison 6 (saison 7 pour la numérotation américaine) de Futurama, intitulé Les Mutants révoltants (The Mutants Are Revolting en VO), s'inspire à nouveau du naufrage du Titanic, reprenant librement l'histoire de John Jacob Astor à bord d'un « Land-Titanic », plus grand et unique paquebot terrestre de l'Histoire qui a sombré à « New New York » le 10 avril 2912, après un collision avec une boîte aux lettres.
180
+
181
+ En 2014, dans l'épisode 11 de la première saison de la série Rick et Morty, intitulé Ricksy Business, une attraction touristique est nommée Titanic 2 permet de reproduire des scènes du film de James Cameron
182
+
183
+ En 2012, la série Titanic : de sang et d'acier retrace en 12 épisodes de la construction au lancement du paquebot, tout en décrivant la vie dans Belfast au début du XXe siècle, en prenant de nombreuses libertés historiques.
184
+
185
+ Le naufrage du Titanic a également inspiré de nombreux romans s'inspirant plus ou moins fortement de son histoire.
186
+
187
+ Deux bandes dessinées ont également été écrites sur le sujet.
188
+
189
+ Le Titanic apparaît également dans l'aventure de Picsou, Le Bâtisseur d'empires du Calisota, par Don Rosa, et dans Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec de Jacques Tardi[87].
190
+
191
+ Dans l'album Sophaletta tome 4, d'Erik Arnoux et Dominique Hé Les Larmes de la Tzarine édité chez Glénat en 2000, plusieurs pages se passent à bord du Titanic au cours du naufrage du paquebot.
192
+
193
+ Le Titanic a réussi à s'imposer sur d'autres supports que le papier et les écrans. Ainsi, une comédie musicale a tenu l'affiche entre 1998 et 2000. Des jeux vidéo ont également été bâtis sur et autour de ce sujet, comme Titanic : une aventure hors du temps qui offre une reproduction fidèle du navire[88].
194
+
195
+ L'histoire du Titanic a aussi inspiré une œuvre au compositeur britannique Gavin Bryars, The Sinking of the Titanic (1969). Elle reprend notamment l'hymne Autumn qui a peut-être été joué par les musiciens au moment du naufrage[89]. Une pièce de théâtre de Jean-Pierre Ronfard, Titanic, raconte l'histoire de personnages existant comme Adolf Hitler ou Charlie Chaplin n'ayant jamais été sur le paquebot. Titanic est enfin le titre d'un poème de Benjamin Fondane, dans le recueil Le Mal des Fantômes et a inspiré en tant que thème la célèbre chanson interprétée par Céline Dion My Heart Will Go On.
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+ Tiziano Vecellio, Tiziano Vecelli ou Tiziano da Cador[1], plus communément appelé Titien ou le Titien en français, né vers 1488 à Pieve di Cadore (République de Venise), mort le 27 août[2] 1576 à Venise, est un peintre et graveur italien (vénitien) de l'école vénitienne, auteur d'une importante œuvre picturale. Il est considéré comme un des plus grands portraitistes de cette époque, notamment grâce à son habileté à faire ressortir les traits de caractère des personnages.
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+ « Il libère aussi la peinture des contraintes de la ligne et de la forme où elle était emprisonnée depuis le Moyen Âge finissant, et cela pour donner tout pouvoir à la « couleur » (au sens de colorito)[3]. »
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+ « Le Titien alliait la grandeur et le côté terrible de Michel-Ange à la grâce et élégance de Raphaël et aux couleurs propres à la nature »
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+ — Ludovico Dolce.
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+ Il est né à Pieve di Cadore, une petite ville des Dolomites en Vénétie entre 1488 et 1490[4], dans une riche famille locale. Son père, Gregorio Vecellio, occupait diverses charges, dont celles de capitaine de la milice et d'inspecteur des mines.
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+ On ne sait pas quelle éducation il a reçue : il ne connaissait probablement pas le latin, langue très importante à l'époque, et la majeure partie des lettres qui nous sont parvenues ont été écrites pour son compte par d'autres personnes. Tiziano s'est initié à la peinture en même temps que son frère Francesco. Les deux sont envoyés à Venise, vers l'âge de 9 ou 10 ans, pour étudier l'art. Ils commencent dans l'atelier de Sebastiano Zuccato, un artiste en mosaïque. Après quatre ou cinq ans, Titien entre dans l'atelier du peintre Gentile Bellini, puis de son frère Giovanni Bellini, à cette époque l'artiste le plus réputé de Venise. C'est là qu'il fait la connaissance de Giorgio da Castelfranco, connu sous le nom de Giorgione. Ils deviennent amis et associés, et en 1508 travaillent ensemble aux fresques extérieures du Fontego dei Tedeschi[5].
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+ Deux ans plus tard, Giorgione meurt de la peste et il est probable que de nombreux tableaux de Giorgione, inachevés, aient été terminés par Titien[6]. De 1508 à 1568, Titien pratique aussi la gravure sur bois. Certains ont même pensé qu'il a participé à l'élaboration de la Fabrica, un gros volume in-folio de 663 pages, qui contient plus de 300 figures anatomiques, gravées sur bois. Mais rien n'a jamais été prouvé[7].
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+ Titien peint trois fresques pour la Scuola di Sant'Antonio (en) à Padoue, ville où il se rend en 1511. En 1516, à la mort de Giovani Bellini, il est nommé à sa suite peintre officiel de la République de Venise et établit un atelier sur le Grand Canal à San Samuele. De nombreux artistes contemporains y passèrent, dont Tintoret et Le Greco.
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+ Dans L'Assomption de la Vierge, commandée pour le maître-autel de l'église Santa Maria Gloriosa dei Frari en 1516 et installée en 1518, Titien élimine toutes les traditionnelles références iconographiques à la mort et invente la glorieuse montée au ciel de Marie dans le sillage de la théologie franciscaine contemporaine[8]. Cette solution deviendra dès lors la composition de référence dans tout le monde chrétien. En 1520, il exécute une importante commande pour la décoration du palais des Doges, La Bataille de Cadore (grande fresque qui sera d'ailleurs détruite lors d'un incendie un an après sa mort) et trois peintures de scènes mythologiques pour Alphonse Ier d'Este. Il est également chargé de faire tous les portraits des doges successifs, jusqu'en 1555 où la tâche incombe à Tintoret. Il a également de nombreuses commandes pour les notables vénitiens et les églises de la cité.
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+ Trois ans plus tard, pendant un voyage à Ferrare, il fait la connaissance de Frédéric II Gonzague, marquis de Mantoue dont il fait le portrait et pour qui il travaille durant plus de 10 ans, décorant le château de Ferrare de fresques mythologiques. Fin 1522, il se rend à Mantoue, où il rencontre le marquis Federico Gonzaga qui lui commande près d'une quarantaine de tableaux, et se lie d'amitié avec l'Arétin et Sansovino, réfugiés à Venise après le sac de Rome.
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+ En 1525, il épouse Cecilia Soldano, fille d'un barbier, avec qui il a déjà eu deux fils : Pomponio en 1523 et Orazio, juste avant le mariage. En 1530, sa femme met au monde une fille (Lavinia) et meurt quelques mois plus tard. On ne sait s'il se remaria, mais en tout cas les années 1530 sont pour Titien celles d'un nouveau canon féminin, plus menu comme dans La Bella (Florence, palais Pitti), Marie-Madeleine (v. 1533) (Florence, palais Pitti) ou La Vénus d'Urbin (Florence, musée de la Galerie des Offices). Cette dernière œuvre, réalisée pour Guidobaldo della Rovere en 1538 s'inspire de la Vénus endormie de Giorgione en représentant une femme nue (Vénus ? une courtisane ? une jeune épouse ?) sur un lit dans une pièce et éveillée. Œuvre emblématique de sa carrière, elle est le prototype du nu féminin couché en intérieur pour la peinture européenne dont Édouard Manet s'inspirera pour son Olympia[9].
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+ Dans cette même année 1530, il rencontre Charles Quint à l'occasion d'un voyage de l'empereur en Italie, par l'intermédiaire du marquis de Mantoue. Trois ans plus tard, Charles V lui accorde le titre de Conte Palatino et Cavaliere dello Sperone d'Oro, un honneur sans précédent pour un peintre. Il peindra une série de portraits des proches de l'empereur.
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+ En 1545, il se rend à Rome à l'invitation du pape Paul III. Le 16 mars, il obtient la citoyenneté romaine et rentre à Venise. La confrontation directe avec les œuvres de Michel-Ange influe énormément sur sa carrière, qui connaît alors une « crise maniériste », marquée par des compositions plus hardies et un coloris aux forts effets de contraste.
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+ En 1548, il se rend à Augsbourg où se tient la Diète du Saint-Empire, présidée par Charles Quint, occasion pour lui de peindre de nombreux portraits de notables et de l'empereur lui-même. C'est alors un peintre exceptionnellement riche[10]. Puis il commence à travailler à la série des Poésies pour le roi Philippe II. Ces peintures représentent des nus féminins mythologiques, telles Danaé, Vénus et Adonis ou Diane et Actéon, et elles inaugurent la dernière phase de Titien, caractérisée par une touche beaucoup moins graphique et plus libre, où les toiles achevées laissent même voir l'action du pinceau sur la toile ; on dit même que Titien aurait peint avec ses doigts certains de ses tableaux à la fin de sa vie.
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+ Il est élu avec Andrea Palladio et Jacopo Tintoretto à l'Académie du dessin de Florence en 1566. Son dernier tableau connu est une Pietà, qu'il destinait à orner son tombeau : inachevée à sa mort, l'œuvre sera terminée par Palma il Giovane.
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+ Il meurt le 27 août 1576, peut-être de la peste, plus probablement de vieillesse. Il est enterré dans l'église Santa Maria dei Frari à Venise.
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+ Bien que Titien ait commencé son apprentissage chez Sebastiano Zuccato et chez les Bellini, il a ensuite effectué un séjour dans l'atelier de Giorgione. Vasari écrit : « À ses débuts, quand il commença à peindre dans la manière de Giorgione, à dix-huit ans à peine, il fit le portrait d'un gentilhomme de la famille Barbarigo, son ami... on le jugea si bien peint et avec tant d'habileté que, si Titien n'y avait mis son nom dans une ombre, on l'aurait pris pour une œuvre de Giorgione. »[11] En 1508, il peint la décoration à fresque du Fondaco dei Tedeschi avec Giorgione. Son style dramatique, semble déjà se distinguer consciemment du maître. Dans le cycle des fresques de la Scuola del Santo de Padoue peint en 1510 et 1511, On retrouve cependant l'aspect fondu de Giorgione et du Corrège sur les chairs délicates et sans contours et les paysages vaporeux avec lesquels elles fusionnent volontiers, ainsi que dans les matières veloutées. Les nus, si on les compare avec ceux de Giorgione, sont quand-même plus francs car privés du halo mystérieux qui enveloppe les figures de ce peintre. Chez Titien, la lumière sert à intensifier les couleurs qui, elles, sont chargées de fondre personnage et environnement.
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+ Après la mort de Giorgione en 1510, des témoignages de contemporains laissent entendre une intervention de Titien dans l'achèvement de la Vénus endormie. Certains critiques pensent qu'il est aussi intervenu dans Le Concert champêtre[12]. Ce concert musical est un thème venu de l'humanisme de la première Renaissance ; la musique est assimilée à l'harmonie universelle. L'Homme n'y joue que sa propre partition, au milieu de la nature exubérante. La composition est assez mystérieuse : une femme à gauche puise de l'eau dans une carafe en verre, deux hommes se concertent, l'un jouant de la mandoline, une femme nue de dos souffle dans une tige percée. Derrière, un berger s'occupe de ses moutons, dans un plan encore davantage reculé se tient une bâtisse, et au loin, des montagnes reprennent l'idée d'une représentation de la totalité du monde en perspective atmosphérique telle que La Vierge aux rochers (1483) de Léonard de Vinci.
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+ Toujours est-il que dans ses premières années, Titien est énormément influencé par le pouvoir d'évocation de Giorgione. Goethe dit de lui quand il évoque son travail sur les fresques de l’école de Saint-Antoine de Padoue où il réalise ses premières œuvres indépendantes : « Il y a là, écrit le poète, une vérité surprenante, capable de tout exprimer »[13].
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+ Titien entame ensuite une période de peinture mythologique. Pour le cabinet de travail d'Alphonse Ier d'Este il réalise Offrande à Vénus, Bacchanale du Prado et Bacchus et Ariane. Le peintre y prouve sa capacité à faire revivre les mythes antiques et d'y adhérer en imagination. Il utilise comme sources littéraires Philostrate, Ovide, Catulle, ne recherchant, cependant, nullement l'érudition humaniste, mais plutôt le moyen d'évoquer le monde antique selon une tonalité plus dionysiaque. En 1526, il traite de manière triomphaliste un thème religieux la Pala Pesaro[14]. La Vierge se trouve déplacée à droite. . Cette manière grandiose n'empêche pas l'artiste de peindre dans le même temps des tableaux plus intimistes comme la Vierge au Lapin ou la Déposition[15]. La Vénus d'Urbin de 1538 révèle encore une fois au spectateur la capacité de Titien à représenter une réalité concrète, un moment et un climat particuliers. Avec une série de portraits, la Vénus d'Urbin marque la fin du naturel « olympien ».
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+ En 1527, l'Arétin et Sansovino s'établissent à Venise. Titien contracte avec eux des liens d'amitié qui l'aident sans doute à suivre les développements du maniérisme, très en vogue en Italie centrale. Les Portraits des Césars sont exécutés à cette époque pour le palais ducal de Mantoue. Même s'ils sont aujourd'hui perdus, ils sont connus par des copies ou des estampes. Ils permettent de comprendre la nouveauté du style de Titien, sous l'influence du maniérisme de Giulio Romano. Il peint ensuite les plafonds de la basilique Santa Maria della Salute de Venise. Les personnages sont reliés entre eux par des mouvements violents et baignent dans une lumière chaude et mobile.
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+ La critique moderne donne une grande importance au travail maniériste de Titien. Il y quitte la vision sereine, naturaliste de son œuvre de jeunesse, pour inaugurer des procédés plus libres dans l'imagination des figures, la création d'un climat dramatique, avec un chromatisme plus expressif. Alors qu'il séjourne à Rome (1545-1546), les intrigues de pouvoir de la cour pontificale lui inspirent un autre chef-d'œuvre, le Portrait de Paul III avec ses neveux. Le portrait de groupe qui permet à Titien de chercher à rivaliser avec Raphaël, est inachevé sans qu'on sache vraiment très bien pourquoi. Le pape est assis, vieilli. Titien cherche plus à montrer le caractère du vieillard qu'à montrer la majesté de sa fonction pontificale. Son neveu, le cardinal Alexandre Farnese est assis à l'arrière plan et semble le principal instigateur des décisions de son oncle. À droite, Horace Farnese s'incline devant son oncle, lui faisant une demande. Dans Charles Quint à cheval à Mühlberg peint en 1548, Titien transforme son sujet en un symbole héraldique, mais il le montre aussi comme un despote usé. Cette toile, réalisée peu avant l'abdication de Charles Quint témoigne d’un sens aigu de l'analyse[13].
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+ Le tableau, Caïn et Abel, porte sur un sujet biblique : le meurtre d’Abel par son frère Caïn. Œuvre de la pleine maturité de Titien il a été peint après son retour de Rome, où il a été influencé par Michel-Ange pour les formes, l’impétuosité des mouvements, la force des couleurs. Il montre dans le même temps une sensibilité complètement autonome pour l'espace, loin de la conception du maniérisme toscano-romain.
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+ Au premier plan Abel, personnage biblique et fils d’Adam et Ève, est renversé par son frère, la tête ensanglantée. Son bras droit est légèrement fléchi, comme pour parer sa chute inévitable. De sa main gauche il semble implorer son meurtrier de l’épargner tout en cherchant désespérément à se raccrocher à la vie. Son simple vêtement de peau de bête dévoile sa musculature impressionnante.
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+ Le second plan nous fait découvrir le meurtrier, tendu par la violence de son geste, brandissant un bâton au-dessus de sa tête pour en frapper son frère. Tandis que sa jambe gauche est solidement campée sur le sol, son autre pied repousse brutalement sa victime, révélant aussi des muscles saillants.
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+ Le dernier plan représente le ciel, tourmenté, aux nuées noires menaçantes.
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+ L’endroit où se dirige naturellement notre regard se trouve au centre même de la composition. C’est le pied de Caïn qui repousse son frère. Ce point de lutte est marqué par des diagonales, la « géométrie secrète », qui se dessine respectivement :
53
+
54
+ Cette intersection marque l’élément clé de l’œuvre, à savoir la violence de l’acte et sa cruauté.
55
+
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+ La lumière du tableau est aussi un élément très intéressant pour cette scène. Effectivement la source lumineuse, qui provient du milieu du côté droit de la composition, n’éclaire que partiellement l’action, puisque seul Abel se trouve en lumière.
57
+ Nous pouvons y voir un procédé adroit du peintre pour désigner Caïn comme un être sombre et mauvais ; et par conséquent pour mettre aussi en lumière les vertus de son frère, à qui Dieu « porta un regard favorable » (Livre des Origines : Caïn et Abel, Genèse 4,4).
58
+ Le visage de l’assassin est par ailleurs dans l’ombre, pour renforcer encore cet effet de personnification de la lutte entre le Bien et le Mal.
59
+ En outre les colonnes de nuées en arrière-plan semblent confirmer cette hypothèse puisqu’elles donnent l’impression de sortir du corps même de Caïn, représentation symbolique du caractère mauvais du personnage.
60
+
61
+ Pour finir, les formes nous donnent des indices supplémentaires pour mieux analyser le tableau.
62
+ Caïn est dressé, imposant, ses formes de corps sont dessinées par des droites qui se veulent le moins courbes possible, tout en gardant une impression de réalisme.
63
+ A contrario, la position de la jambe d’Abel, ses bras, ses hanches, recherchent un dessin plus souple et arrondi.
64
+ Ce jeu des courbes et des droites confère à Abel une attitude adoucie, alors que son frère nous parait plus rude et dur.
65
+
66
+ La scène, caractérisée par une forte tension émotive qui se dégage des corps dans des poses nettement en perspective, représente une des phases du conflit intérieur.
67
+ La nuit est définie par une interaction complexe de lumières et de reflets qui donnent un ton dramatique à la composition.
68
+
69
+ En 1551, à plus de soixante ans, Titien se fixe définitivement à Venise. Son temps est entièrement occupé à réaliser les commandes des princes, travaillant à de nouvelles formes d'expression. Même dans les thèmes profanes, la construction dramatique est plus intense. Il meurt avant d'avoir terminé sa dernière œuvre, une Pietà destinée à son tombeau au Frari, c'est Palma le Jeune qui l'achèvera[16].
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71
+ Étude pour le portrait du duc d'Urbino. vers 1536. Plume et encre noire / papier blanc coloré en jaune. 23 × 14 cm. Galerie des Offices.
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+ Étude de cheval et de son cavalier. Vers 1537. Craie noire sur papier bleu. 27 × 26 cm. Ashmolean Museum.
74
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+ Étude pour l'ange de l'Annonciation. Vers 1560. Crayon noir et fusain, rehauts de crayon blanc. 42 × 27 cm. Galerie des Offices.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Plusieurs études scientifiques des peintures, radiographie (en 1932[17]), réflectographie infrarouge (1989) et plus récemment (2003)[18], ont permis de mieux connaître le travail du peintre lors de sa réalisation de la Vierge et l'Enfant (La Bohémienne), vers 1511. La radiographie a décelé une première version : ainsi Titien n'exécutait pas un dessin préétabli définitivement et en l'occurrence il pouvait s'inspirer, après coup, d'un travail antérieur (daté de 1509). La réflectographie infrarouge a révélé des fragments d'un dessin sous-jacent pour la tête et la main droite de la Vierge, le peintre ne s'interdisait donc pas d'utiliser le dessin ponctuellement. L'étude de 2003 a révélé un autre type de dessin sous-jacent, exécuté avec une assez grosse brosse et à coups rapides pour la construction du corps de l'Enfant et des draperies. De légers lavis ont été appliqués afin de composer les volumes du visage et du cou de la Vierge. Tous ces tracés initiaux participent de l'élaboration de la première version du tableau. Le paysage, pour lequel il n'y a pas eu de dessin sous-jacent, a été modifié en cours de réalisation. L'usage d'un stéréomicroscope a confirmé que Titien avait une méthode qui reposait beaucoup moins que ses prédécesseurs sur les contours d'un éventuel dessin sous-jacent. Ceux-ci construisent les formes principales et servent simplement de guide au travail à la brosse. Cependant certaines « premières pensées » de Titien, ou bien des éléments de réflexion dessinés au fusain et évoquant l'ombre et la lumière à grands traits, ont été conservés[19], dans des collections privées et aujourd'hui dans quelques musées. Tandis que de Raphaël on possède de nombreux dessins et un petit tableau auquel correspond le dessin : un petit carton au tracé détaillé, précis, qui est tout le contraire des dessins de Titien[20]. On peut y voir les contours perforés qui indiquent un report par le procédé du poncif : le dessin était définitif, après avoir été reporté sur le panneau, il ne restait plus qu'à exécuter la peinture sans déborder des contours. La méthode de Titien est donc tout à fait différente.
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+ « Les vénitiens n'utilisent pas le terme colore ; ils lui préfèrent celui de colorito ou de colorire » (une forme du verbe)[21] : « Le colorito est en fait un processus additif, construisant progressivement le tableau, depuis la toile qui sert de fond, préparée en sombre[22], jusqu'aux modifications finales, obtenues par les glacis »[23]. Ce concept n'envisage pas la couleur « qui sort du tube », mais le processus qui met en œuvre, par le jeu des pinceaux, et autres outils de peintre, des matières picturales plus ou moins colorées, opaques ou transparentes.
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83
+ « L'empâtement, la tache (pittura di macchia, une peinture de taches), le style (maniera) et la touche vigoureuse (il colpo sprezzante) font partie des composantes du colorito alla veneziana »[24]. Et Palma le Jeune, qui a pu voir Titien au travail, le décrit ainsi : (après avoir cherché puis mis au point son tableau, avec de nombreuses variantes dans les formes et les couleurs)… « pour les dernières touches, il estompait les transitions entre les lumières et les demi-teintes avec ses doigts, mêlant une nuance à l'autre, […]. Dans les derniers stades, il peignait davantage avec ses doigts qu'avec le pinceau. » Et quand on lui demandait pourquoi il utilisait un pinceau aussi gros qu'un balai, il répondit qu'il voulait peindre autrement que Raphaël et Michel-Ange, car il ne pouvait se contenter d'être un simple suiveur, un imitateur sans originalité[25]. Tout son style est dans son pinceau, dans ses doigts. Le coup de ce pinceau, la trace de son doigt sont autant de traces de sa présence dans l'œuvre, et qui le distinguent de tout autre. Ce sont les traces de sa personnalité que l'on peut trouver au plus près du tableau[25]. Devant les détails de la peinture posée sur la toile.
84
+
85
+ Dans la peinture de Giovanni Bellini, le maître de Giorgione et de Titien, la matière de la peinture était placée avec précision, soigneusement fondue ou déposée en fines couches transparentes (les glacis ) sur un panneau de bois ou une toile fine et dont les enduits blancs avaient été soigneusement poncés pour offrir le moins de résistance au passage du pinceau : ainsi était préservée la « lumière » qui venait du fond de la toile ou du panneau blanc[26]. Giorgione et Titien travaillent sur des toiles grossières, souvent enduites en sombre. Leur travail met en œuvre des matières plus ou moins opaques qui se superposent tout au long d'un processus où les formes ne sont pas fixes, elles peuvent se déplacer, se transformer et, éventuellement, être effacées dans cette peinture opaque[27] et reconstruites ailleurs dans le tableau sous une autre forme. « La réalisation même du tableau, désormais plus évolutive, autorisant les suppressions et les retouches, devient une opération de recherche et d'exploration créatrice (qui intègre la couleur : colorito) autant que d'exécution[28]. »
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87
+ Comme Giorgione, dès ses débuts Titien exploite la texture de la peinture. Tout d'abord la toile est le plus souvent épaisse, dans un tissage au grain bien visible, parfois en chevrons. La préparation est souvent sombre. La peinture étant très souvent apposée par empâtements ou larges frottis du pinceau (« taches » plus ou moins opaques) (éventuellement avec les doigts[29]) qui se superposent sur la peinture sèche qui est en dessous. Ceci nécessite un travail sur une très longue durée puisque chaque couche doit être sèche pour éviter tout craquèlement ensuite. De ce fait Titien retourne ses tableaux en cours de réalisation contre le mur[30].
88
+
89
+ Or en les redécouvrant, bien longtemps après, il les voit autrement que s'il avait travaillé sans s'arrêter. Le dessin de contour et son esquisse préalable sur papier ne sont plus nécessaires, ils seraient gênants, ils disparaissent dans la peinture. Le « dessin », aux contours estompés, se construit donc « dans » la peinture, progressivement. Les couleurs et la matière permettent d'évoquer les formes dans ce travail progressif par couches successives, et souvent de l'ombre (premières couches, dessous) à la lumière (en surface). Cependant un visiteur [31] dans l'atelier de Titien vieux a pu le constater, le résultat est spectaculaire et totalement nouveau : la fusion des couleurs s'effectue dans l'œil du spectateur, il n'y a aucun détail représenté avec précision dans le tableau vu de près mais, de loin, on peut le percevoir dans son ensemble et le compléter par le travail de l'œil et de l'imagination.
90
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91
+ Tout le travail du peintre en train de tester la place et la forme des composantes de son tableau est masqué par le résultat final. Tandis que l'impression de contours flous persiste jusque dans cette forme finale. Giorgio Vasari (1511-1574), dans Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes[32] (1550 et 1568), reconnait qu'« il faut s'éloigner pour (voir les toiles) dans leur perfection ». « Il est facile de voir qu'elles ont été reprises, Titien est revenu dessus avec les couleurs si souvent qu'on y décèle le travail. Ce style […] donne la vie aux peintures et leur confère la grandeur de l'art sans la trace du travail »[33], puisque le travail (de recherche — de « dessin ») est enfoui dans l'épaisseur de la peinture.
92
+
93
+ Titien eut comme élève Paris Bordone ou Lambert Sustris. Paris Bordone le quitte très vite, déçu du peu d'intérêt qu'il porte à ses élèves. Titien a aussi influencé le peintre Lorenzo Lotto, d'un tempérament pourtant bien différent, Palma le Vieux dont le fils devient le collaborateur du maitre à la fin de sa vie, Pierre Paul Rubens (surtout pour les couleurs).
94
+ Les œuvres de Titien sont admirées dans toute l'Europe : Van Dyck, Nicolas Poussin, Antoine Watteau, Diego Vélasquez, Murillo, Rembrandt, Joshua Reynolds, Eugène Delacroix sont aussi les héritiers de Titien, aussi bien que Tintoret, Paul Véronèse et Giambattista Tiepolo[34].
95
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96
+ Titien et Van Dyck élaborent séparément le prototype du portrait officiel de la période moderne.
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98
+ Durant la seconde moitié du XVe siècle, la technique de la peinture à l'huile est adoptée par des artistes italiens. C'est certainement Antonello de Messine qui l'importe à Venise en 1475. La technique est ensuite adoptée par Giovanni Bellini qui la fit sienne à peu près à cette époque. Giorgione expérimente certaines caractéristiques de la peinture à l'huile, comme sa texture, grasse et souple, et son opacité potentielle. Les artistes commencent à travailler en couches successives, d'abord un fond teinté, ombré ensuite en monochrome, donnant le modelé, puis recouvert de plusieurs couches de glacis autant de plans qui accrochent la lumière, le tout rehaussé en finition pour les détails par d'autres glacis localisés[36], « Des glacis... trente ou quarante ! »[37]. Les peintres vénitiens sculptent progressivement la matière picturale et se mettent à dissoudre le contour des formes. Ils finissent par minimiser l'importance du dessin préparatoire. C'est l'origine de la controverse théorique entre l'école florentine qui prône la supériorité de la ligne et du dessin et l'école vénitienne qui lui oppose la touche et le coloris. Le succès de Titien réside dans son ingéniosité à marier ces deux innovations techniques. tout au long de sa carrière, on assiste dans ses œuvres à une transformation progressive de sa touche picturale, de plus en plus éclatée et de plus en plus vibrante.
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100
+ Si le dessin est moins précis, c'est que les portraits de Titien atteignent très souvent le mètre, contre une trentaine de centimètres de côté en moyenne au XVe siècle. Le portrait en buste est de plus en plus délaissé au profit du portrait à mi-corps. Le portrait en pied fait alors son apparition dans la peinture italienne. Ces œuvres plus grandes ne demandent pas à être vues d'aussi près que les petits panneaux du siècle précédent et le recul nécessaire à leur observation rend superflus les détails pointilleux[38]. À la différence de ses aînés, Titien cherche à caractériser ses modèles en saisissant à la fois leur aspect physique et moral. Il cherche aussi à leur insuffler la vie en travaillant sur la justesse de leur regard et de leur expression. France Borel, historienne de l'art, relève que « Le Titien excelle dans l'incarnat à un point tel que ses contemporains se demandaient ce qu'il pouvait bien glisser dans ses pigments pour obtenir des épidermes si vivants ; et l'on spéculait en songeant au sang ou au sperme[39]… »
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+ Pour le Portrait de Charles V en pied, il utilise une œuvre de Jakob Seisenegger, Titien atténue les disgrâces physiques de l'empereur notamment le menton prognathe des Habsbourg et donne à son modèle une vitalité que ne possède pas l'œuvre copiée sur la nature visible du modèle[40].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ Le train est un matériel roulant ferroviaire assurant le transport de personnes ou de marchandises sur une ligne de chemin de fer. Par extension, on appelle train le service que constitue chacun de ces transports, réguliers ou non. Le train est un mode de transport, s'effectuant sur voie ferrée.
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7
+ Étymologiquement parlant, le mot train désigne une rame de wagons de marchandises ou de voitures de passagers tractée par au moins une locomotive, par opposition aux rames automotrices (catégorie dont fait partie le TGV) ou autorails qui assurent leur propre propulsion. Cependant, dans l'usage courant, le mot train désigne n'importe quelle circulation ferroviaire, quelle que soit sa composition, depuis le plus simple autorail local jusqu'aux longs trains de grandes lignes ou de transports industriels.
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+ Un train se compose de plusieurs éléments dont au moins un véhicule moteur (locomotive, locotracteur, rame automotrice) assurant la traction de la rame, accompagné de n'importe quelle combinaison, inclusive et exclusive, de voitures pour le transport de personnes, de fourgons assurant différents services comme le transport de colis ou de bagages, et de wagons pour le transport de marchandises. Il peut s'agir également d'engins spécialisés pour l'entretien des voies (trains de travaux).
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+ Pour la traction, la locomotive à vapeur, omniprésente au XIXe siècle, laisse une place à la locomotive électrique dès le début du XXe siècle, puis à l'autorail à partir des années 1930 pour s'effacer finalement avant la fin du XXe siècle devant la locomotive électrique ou Diesel sur les lignes non encore électrifiées. D'autres modes de traction marginaux sont employés par le passé et parfois encore utilisés : animaux (chevaux, bœufs), câbles, cordes et cabestans, gravité, pneumatique ou turbines à gaz. Aujourd'hui, pour le transport de passagers, les rames remorquées cèdent régulièrement du terrain devant les rames automotrices qui composent désormais aussi bien des trains de banlieue que des trains à grande vitesse.
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+ Le terme « train », écrit traïn ou trahin en ancien français est le déverbal du verbe « traïner », à l'origine de notre verbe traîner ; ce premier emploi correspond en particulier à toute la gamme des divers systèmes de traînes sur surface de sol (traîneau), dans l'eau (filet) ou sur l'eau (flottage, halage, touage)[1]. Bien avant l'invention de la voie ferrée, on appelait « train » une file de chevaux de bât, une suite ordonnée d'hommes et de bêtes de charge accompagnant une personnalité éminente en déplacement, un convoi de bateaux rendus solidaires, pour mettre en commun les équipages et parfois l'énergie du vent. Dans ce dernier registre, le plus grand bateau, portant la plus haute voile, en tête, servait de « locomotive ». Cette pratique fut énormément utilisée sur la Loire, pour la remontée de Nantes à Orléans, voire plus en amont si les conditions le permettaient. On appelait « train » également les longs radeaux formés par de planches, de troncs attachés entre eux, dans le but d'en faire une embarcation suffisamment solide pour descendre ainsi les bois des montagnes jusqu'aux grandes villes par flottage, comme cela s'est pratiqué sur l'Yonne et ses affluents (comme la Cure), ou même ses sous-affluents, du XVe au XIXe siècle[2].
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+ Pourtant le mot « train », dans le vocabulaire de la langue française et spécifique du chemin de fer et de la traction à vapeur, provient bien du mot anglais train, à la prononciation différente et concernant l'industrie britannique naissante des transports par rails et locomotive à vapeur[3]. Les adaptations-traductions, en particulier celles de l'inspecteur divisionnaire des Ponts et chaussées Joseph Cordier dans ses Considérations sur les chemins de fer[4] parues en 1826 ou du livre Traction on railroads de Nicolas Wood traduit en 1835 par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Franquet de Franqueville, ne comportaient pas de détail phonétique.
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+ Lorsque la technique du chemin de fer fut importée, par exemple après 1827 pour les rares trains transportant les produits pondéreux des industries minières ou charbonnières ou après 1836 pour les voyageurs et/ou les marchandises, d'abord sur quelques lignes à Saint-Étienne, au Pecq près de Saint-Germain ou à Mulhouse, le mot français le plus semblable se calque et se surimpose sur celui-ci, avec un certain nombre d'autres expressions communes du monde du transport terrestre, maritime et fluvial. Par exemple, les premières gares étaient nommées « embarcadères »[5].
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+ Plus tard, linguistes et érudits, à l'instar de Pierre Larousse, avalisent tacitement ce choix, arguant que le mot ancien français avait bien franchi la Manche avant de s'intégrer au lexique technique anglo-saxon. Le train, terminologie des chemins de fer, provient du verbe traîner, comme l'indique le Grand Larousse de 1923. Notons que quelques siècles se sont écoulés avant l'apparition de ce terme technique dans les mines et les ports britanniques au début des Temps modernes: l'ancien français, langue migratrice aux XIe et XIIe siècles, était alors représenté soit par une langue véhiculaire, celle parlée ou écrite par les élites françaises seigneuriales, soit par les multiples dialectes de l'Ouest, en particulier de Normandie, des hommes de métiers ou de services, appelés par les premières mais se mêlant plus facilement aux populations locales. C'est plutôt par ce dernier biais que les Anglo-saxons ont emprunté le terme.
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+ Trois arguments simples peuvent justifier l'évolution moderne en France par emprunt et calque-superposition : la prononciation française a posteriori, la préservation intégrale du sens anglais, le mot anglais train lui-même[6]. D'autre part, selon François Crouzet[7], il n'existe en France avant 1838 que des locomotives importées de Grande-Bretagne. Ce n'est qu'en 1840 que débute une production locale concurrentielle.
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+ Il faut signaler que, avec le temps, certains usages bien antérieurs du terme français, train, ont pâti de l'irruption de ce sens spécifique. Ainsi le train de charronnage, le train d'animaux de trait, le train d'attelage, le train d'artillerie, le « train des équipages »[8], le train de flottage, le train d'engrenages ne sont bien souvent plus compris ou pire, parfois assimilé fautivement et univoquement au dernier vocable du train sur chemin de fer. Certains érudits nostalgiques de la création du régiment du train à l'époque napoléonienne citent comme origine un spirituel acronyme TRAIN signifiant « Transport et Ravitaillement de l'Armée Impériale de Napoléon »[9]. Cette étymologie est fantaisiste au niveau historique : aucun service de l'armée impériale n'était nommé ainsi.
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+ C'est le 21 février 1804 qu'a lieu la première circulation sur des rails d'une locomotive à vapeur, construite par Richard Trevithick près de Merthyr Tydfil, au pays de Galles.
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+ Cependant, des convois formant un train ont été signalés bien auparavant. La première utilisation attestée de chariots sur rails (non motorisés) remonte à 1550, sous la forme de gravures montrant des wagonnets sur rail dans les mines de Leberthal en Alsace[réf. souhaitée]. On suppose que les Romains ont pu utiliser un système similaire à des voies ferrées, certaines de leurs routes étant dotées de deux ornières à écartement fixe, parfois proche de celui de notre voie actuelle, qui ne fut cependant uniformisé que tardivement en Grande-Bretagne au profit de l'écartement "Stephenson"[réf. nécessaire].
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+ La généralisation du système ferroviaire a été permise par la mise au point de la machine à vapeur, mais de nombreux systèmes alternatifs ont été utilisés au début, pour faire face au manque de puissance de celle-ci, ou pour s'adapter à des situations particulières, notamment la traction par chevaux, ou par câble, ainsi que l'utilisation de la simple gravité quand la pente le permettait. Ces méthodes à la fois lentes et hasardeuses ont rapidement pris fin avec la généralisation de la traction par locomotives à vapeur et les progrès rapides de ces machines.
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+ À partir de 1900 environ, l'apparition de moteurs électriques puissants et suffisamment compacts a permis l'apparition de la traction électrique, toujours utilisée à l'heure actuelle. Ce mode de traction nécessite cependant que la ligne sur laquelle le train circule soit équipée, soit d'une caténaire, soit d'un troisième rail, alimenté en électricité.
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+ L'entre-deux-guerres verra l'apparition de locotracteurs diesel puis progressivement de locomotives diesel dans l'après guerre (puis locomotives diesel-électriques). Les années 1950 sont la charnière entre disparition de la traction à vapeur et développement des moteurs thermiques. C'est également à cette époque que l'on observe l'apparition de locomotives capables de fonctionner sous courant alternatif.
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+ Les trains nécessitent une voie ferrée pour circuler. Elle se compose de rails posés sur des traverses à un écartement précis, elles-mêmes posées sur du ballast. La source d'énergie est, soit portée par le train lui-même comme dans le cas de la traction vapeur ou de la traction diesel, soit apportée par l'infrastructure sous forme de caténaire ou de troisième rail pour l'électricité. En général, les locomotives diesel sont diesel-électrique : un moteur diesel entraîne un alternateur qui produit de l'électricité pour faire tourner un moteur électrique qui entraîne les roues de la motrice
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+ Le mode de roulement, qui est un contact roue/rail (acier sur acier) à adhérence réduite, donne un rapport entre puissance et charge tractée favorable mais réduit considérablement les déclivités admissibles pour la voie : 4 % est un maximum. Certains métros ont des roues munies de pneumatiques, à la suite des essais de Michelin dès les années 1930. Les premiers véhicules équipés ont été les fameuses michelines, sortes de petits autocars sur rail (le mot a été appliqué improprement aux autorails en général par le grand public). Par la suite, le train Paris-Strasbourg a disposé pendant plusieurs années de véhicules à pneus.
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+ Le rayon de courbure des voies ne doit pas descendre en dessous d'une centaine de mètres. Ces deux contraintes fortes ont donc obligé les constructeurs à des prouesses, notamment en zone montagneuse, en réalisant de nombreux ouvrages d'art de génie civil comme des ponts, tunnels, viaducs, remblais, tranchées. Pour les pentes fortes, on a parfois recours au système de crémaillère.
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+ À l'inverse d'un véhicule routier, un train ne peut pas changer d'itinéraire par lui-même. Il doit emprunter des appareils de voie, dont les plus connus sont les aiguillages, afin de passer d'une voie à une autre. Une contrainte forte d'exploitation est qu'un train ne peut en dépasser un autre qu'à des endroits particuliers d'une ligne, d'où une moindre souplesse dans l'organisation des circulations et la nécessité d'un suivi rigoureux des plans de marche.
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+ Le terme « train » désigne plusieurs types de convois. Le plus connu consiste en une (éventuellement plusieurs) locomotive(s) et des véhicules ferroviaires, voitures ou wagons. Il peut aussi s'agir de plusieurs éléments autonomes constituant un train d'automoteurs. Il a aussi existé des trains simplement poussés à la main ou tirés par des chevaux.
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+ Des types de trains tout à fait spéciaux nécessitent une voie adaptée, par exemple les chemins de fer atmosphériques, les monorails, les Maglevs et autres funiculaires.
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+ Les trains de voyageurs sont constitués par des automotrices (ou autorails s'il s'agit de traction diesel) ou de rames tractées composées d'une ou plusieurs locomotives et une ou plusieurs voitures. Dans certains pays (France, Espagne, Allemagne, Corée, Japon…) il existe des trains à grande vitesse, composés de matériel spécifique et roulant principalement sur des lignes spécialement construites ou adaptées.
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+ Les trains de voyageurs sont souvent adaptés aux distances à parcourir et à la période de transport. Ils peuvent intégrer des voitures destinées à la restauration, à la détente ou au sommeil des passagers. Ainsi, pour les voyages de nuit on peut emprunter un train de nuit, ou un service auto-train qui permet de faire transporter son véhicule avec soi. Ce service auto-train est également utilisé pour franchir des obstacles naturel (navette Eurotunnel pour franchir la Manche, transport d'automobiles accompagnées en Suisse pour la traversée des Alpes).
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+ Pour les trajets autour d'une métropole, la compagnie exploitante fait circuler des trains de banlieue. Ceux-ci sont équipés pour pouvoir faire face au trafic des heures de pointe : nombreuses portes et places debout. Pour assurer les transports au cœur même des villes, on a recours au métro ou au tramway.
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+ Sur des lignes à très faible trafic, il existait des trains mixtes voyageurs/marchandises, qui ont partout disparu, à de rares exceptions, parmi lesquelles les convois de minerai de fer de Mauritanie qui comportent une ou deux voitures de voyageurs. Sur les lignes à très fort trafic, des voitures à deux niveaux sont utilisées comme sur le réseau Transilien et certains TGV.
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+ De nombreuses compagnies ont pour usage de classer leurs trains selon la distance parcourue et la desserte. On trouve ainsi souvent :
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+ Un regain d'intérêt pour les trains d'autrefois fait se développer des trains touristiques, comme le Chemin de fer de la baie de Somme. Ces trains ont la particularité de servir à la promenade et non au réel transport de voyageurs.
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+ Certains trains continuent à offrir un service quotidien, mais y est adjoint un service hebdomadaire, le samedi et/ou le dimanche, lors de certaines périodes (l'été) avec l'utilisation des anciennes machines à vapeur et wagons, avec en plus des animations. C'est le cas du Train des Pignes qui circule entre Nice et Digne, le train à vapeur, quant à lui, circulant entre Puget-Théniers et Annot.
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+ Les trains de marchandises, appelés trains de fret en France, comprennent des wagons ou du matériel à voyageurs devant être acheminé dans la même direction. Il existe des types de wagons spécialisés en fonction de la marchandise à transporter, comme le wagon-citerne, le tombereau, le wagon couvert, plat, etc. De plus en plus fréquemment, un train de marchandises est constitué de wagons de même type (train d'hydrocarbure, train de céréales, etc.). Si tous les wagons ont la même origine et la même destinations, on parle (en France) de train direct ou train-bloc, si la rame est composée de wagons variés ayant des destinations diverses, on parle de trafic « diffus » (en France). Un train postal, dans lequel éventuellement du personnel travaille au tri du courrier en cours de route (situation devenue rare de nos jours), appartient en France à la catégorie « train de fret ».
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+ Le train de marchandises doit de plus en plus s'adapter aux contraintes de l'intermodalité des transports. Des trains transportant des conteneurs ou des remorques peuvent participer à une chaîne globale, combinée avec le transport maritime et le transport routier.
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+ En France, on appelle train de marchandises un train ayant une vitesse comprise entre 80 et 100 km/h, et train de messagerie un train circulant de 120 à 200 km/h (les trains dits MVGV étaient des trains de messageries de nuit utilisé sur les lignes à grande vitesse qui pouvaient circuler à 200 km/h ce qui en fait les trains de fret les plus rapides au monde[10]).
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+ La traction d'un train peut être assurée par plusieurs locomotives. On dira qu'elles sont en « unité multiple » si la commande est assurée depuis un seul poste de conduite et en « double traction » si un conducteur est nécessaire par machine. Lorsque d'autres machines sont attelées au convoi mais ne sont pas en marche, il s'agit de locomotives en marchandise roulante (France) ou comme véhicule (Belgique), ou si le train ne comporte que des locomotives : d'un train de machines. La longueur totale peut atteindre des valeurs importantes (par exemple 850 mètres pour 2 400 tonnes[11], sur 1 045 km parcourus en 15 heures), afin d'obtenir un meilleur taux de rentabilité.
68
+
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+ Dans d'autres pays, aux États-Unis par exemple, il est fréquent de trouver des trains en triple, quadruple, voire quintuple traction. Les locomotives complémentaires peuvent être ajoutées en queue de train ou même au milieu de la rame : cela permet d'accélérer le freinage des trains très longs et de diminuer les efforts sur les attelages.
70
+
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+ Dans de nombreux pays, l'emploi de l'expression « unité multiple » (UM) est normalement réservé aux couplages de locomotives dirigés par un seul conducteur, les commandes étant transmises de la machine de tête aux suivantes par un câblage spécifique.
72
+
73
+ La double traction repose sur le même principe d'utilisation simultanée de plusieurs machines, mais dans ce cas-ci, il faut un conducteur par engin. En France, ces derniers se transmettent les indications par radio. En Belgique, des voyants sont installés à l'arrière de la locomotive de tête afin d'indiquer les différentes actions du conducteur de tête. On utilise ce système lorsque les machines ne sont pas compatibles.
74
+
75
+ En cas d'accident, on dispose de train de secours, constitué d'équipements de relevage et de voitures d'hébergement du personnel.
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+ Dans certains pays, notamment en Suisse et au Canada, où il y en aurait une vingtaine, il existe également des trains de lutte contre le feu, qui ont pour mission d'intervenir en cas d'incendie ou d'accident sur tout le réseau et en particulier dans les tunnels ferroviaires.
77
+
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+ Plus fréquemment, on peut être amené à rencontrer un train de travaux constitué soit d'un ou plusieurs engins moteurs et de wagons, soit du matériel automoteur spécifique aux différentes opérations de voie (bourreuse, régaleuse, dégarnisseuse, train-caténaires…) ; ils permettent l'entretien des voies et des ouvrages d'art, et aussi la construction des voies nouvelles.
79
+
80
+ Un train-laveur n'est pas considéré comme un train de travaux ; il circule sous le régime des marchandises avec une vitesse spécifique sur son parcours de travail.
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+ Les draisines (automotrices légères servant à l'acheminement du personnel chargé de l'entretien des voies sur les chantiers) tirant ou non une ou plusieurs allèges (remorques légères plates servant au transport de l'outillage et du matériel léger) sont considérées comme un train si elles sont capables de fermer les circuits de voie.
83
+
84
+ Un véhicule ferroviaire isolé n'est pas considéré techniquement comme un train (mais peut l'être d'après la réglementation).
85
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+ Les niveaux d’autonomie sont aux nombres de 4, sur l'échelle GOA (grade of automation). Ils portent les numéros 1 à 4[12].
87
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88
+ En Australie, depuis le 10 juillet 2018, un train autonome de trois kilomètres de long et tiré par trois locomotives transporte 28 000 tonnes de minerais, à une vitesse d'environ 80 km/h, entre la mine de fer de Tom Price (Rio Tinto) et le port de Cap Lambert sur une distance de 280 kilomètres[13].
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+ Différentes sociétés, la SNCF, Alstom, Altran, Ansaldo TS, Apsys, Bosch, Bombardier, l’IRT Railenium, Spirops et Thales souhaitent faire rouler des trains autonomes en 2023[13].
91
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92
+ En France, les deux consortiums de projets de trains autonomes avec un budget de 57 millions d'euros, avec la SNCF et Railenium sont :
93
+
94
+ En 2019, la SNCF doit réaliser une expérimentation de téléconduite à distance d’une motrice avec le Centre national des études spatiales[15].
95
+
96
+ Elle a beaucoup varié selon les époques et les pays. En Europe à la fin du XXe siècle statistiquement, c'est dans le train qu'un voyageur risque le moins un accident, et notamment un accident mortel (Le risque en termes de « voyageurs-kilomètres parcourus, est vingt fois moindre que celui des victimes du transport routier »[16].
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+ Le thème du train est fortement présent dans la littérature, les arts plastiques (affiches, dessins, gravures, photographies…), le cinéma, les jeux vidéo, etc. C'est à la fois un monde clos propice aux intrigues (policier, espionnage, rencontres et drame sentimental) et un lieu qui voyage, propice à l'aventure et au suspense (passage de frontière, arrivée qui se rapproche). Un imaginaire fort est notamment lié à certains types de trains (trains de luxe internationaux de style Orient Express ou Transsibérien, train de nuit, etc.).
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+ Le monde ferroviaire est particulièrement présent dans la littérature, et ce quasiment depuis son apparition: Victor Hugo, en 1837 en fait mention[17] alors que les premières lignes ouvrent aux voyageurs. Honoré de Balzac, qui avait en 1838, au bout de sa propriété des Jardies, l'embarcadère du chemin de fer de Paris à Versailles[18], cite ce moyen de transport dans La Cousine Bette, Le Cousin Pons, Les Comédiens sans le savoir. L'ambiance du voyage et des gares, l'univers tantôt feutré tantôt sombre en fait un cadre de choix pour le roman autour de thématiques particulièrement variées. La technologie et l'imaginaire associé lui ouvre les portes de la science fiction, tandis que l'espace clos des voitures donne bien des idées aux auteurs de policiers. La bande dessinée : Des rails sur la prairie, ou la poésie : Crains qu'un jour un train ne t'émeuve plus de Guillaume Apollinaire, ne dérogent pas à la règle et il n'est pas rare d'y trouver un sujet ferroviaire. Aussi, dans Harry Potter, J. K. Rowling introduit le fameux Poudlard Express, un train qui conduit les sorciers jusqu'à l'école de Poudlard. Plusieurs études ont été réalisées sur le train dans la littérature. Pour la francophonie, notamment Le train dans la littérature française de Marc Baroli. Il existe également de nombreuses études sur des thèmes précis : la métaphore du tunnel, le voyage en train au XIXe siècle. Une revue en ligne, des rails[19], est spécialisée dans l'imaginaire ferroviaire et la littérature en particulier.
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+ Quelques exemples d'auteurs, en langue française, et d'ouvrages dont le thème principal est ferroviaire :
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+ Le thème du train a largement inspiré les artistes dès sa création, leurs œuvres, notamment gravures et photographies utilisées pour l'illustration d'ouvrages, nous permettent de visualiser les machines et chemins de fer disparus.
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+ De grands peintres ont produit des toiles inspirées par ce sujet, entre autres : William Turner : Pluie, Vapeur et Vitesse : la grande voie ferrée de l’Ouest, 1844 ; Édouard Manet : Le chemin de fer, 1873, Claude Monet, La Gare St Lazare 1877, Paul Cézanne : La Montagne Sainte-Victoire et le Viaduc de la vallée de l'Arc, 1882-1885 ; Vincent van Gogh : Wagons de chemin de fer, 1888 ; André Derain : Charing Cross Bridge, 1915 ; Fernand Léger : The Railway Crossing, 1919 ; Edward Hopper : The House by the Railroad, 1925[20].
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+ William Turner
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+ Claude Monet
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+ Édouard Manet
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+ Depuis que le train existe, il est indissociable des histoires des hommes qu'ils soient cheminots ou voyageurs. Les cinéastes auteurs, toujours avides d'alimenter leur imaginaire, y trouvent un sujet inépuisable d'inspiration « Autant de rêves, de luttes, de désirs, d’amour et de haine cristallisés par la machine qui tour à tour prend des allures de vie, de mort et d’espoirs »[21]. Quelques grands moments du cinéma depuis le film des frères Lumière L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat en 1896 : La Bête humaine de Jean Renoir, La Bataille du rail de René Clément, Le Crime de l'Orient-Express de Sidney Lumet et Les Vacances de Mr. Bean, de Steve Bendelack… (voir liste dans la catégorie Film ferroviaire ci-dessus).
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+ Hedy West avec Five Hundred Miles reprend le thème éternel de la séparation par un long voyage en train. La chanson sera interprétée en version française par Richard Anthony Et j’entends siffler le train dans les années 1960.
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+ République de Lettonie
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+ (lv) Latvijas Republika
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+ 56° 57′ N, 24° 06′ E
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+ La Lettonie, en forme longue la république de Lettonie (en letton : Latvija et Latvijas Republika) est un pays d'Europe du Nord et membre de l'Union européenne. Situé sur la rive orientale de la mer Baltique, bordé par la Lituanie au sud et par l'Estonie au nord, c'est l'un des trois pays baltes. La Lettonie a aussi des frontières terrestres à l'est avec la Russie et au sud-est avec la Biélorussie. La Lettonie est un État membre de l'Union européenne depuis le 1er mai 2004, et de la zone euro depuis le 1er janvier 2014. Entre 1991 et 2011, la Lettonie a perdu plus de 23 % de sa population en raison d'un taux de fécondité (nombre d'enfants par femme) extrêmement faible et d'un solde migratoire négatif.
10
+
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+ À partir du XIIIe jusqu'au XVIe siècle, la Lettonie, qui s'étendait en Livonie et en Courlande, était la possession des chevaliers teutoniques de l'ordre de Livonie. Au XVIIe siècle, elle faisait partie de la Pologne et de la Suède depuis 1625. Le roi suédois Gustave II fonda en 1632 l'université de Tartu (en allemand : Dorpat) ainsi qu'une cour d'appel à Tartu, tandis que le journal officiel du gouvernement suédois publiait l'une de ses éditions à Riga en letton. Au début de 1655, le roi suédois réclama des barons balto-allemands l'allégeance à la couronne suédoise.
12
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13
+ Au XVIIIe siècle, la Livonie et la Courlande font partie de l'Empire russe par le traité de Nystad : la Lettonie est composée du gouvernement de Courlande et d'une partie du gouvernement de Livonie. La domination traditionnelle des grands propriétaires germano-baltes et la langue allemande (langue administrative avec le russe jusqu'en 1917) ont cependant été conservées dans le pays.
14
+
15
+ Au cours de la guerre civile en Russie (1917-1922), la plupart des divisions militaires lettonnes (créées pendant la Première Guerre mondiale) combattirent contre l'Allemagne au côté des bolcheviks. Toutefois par la signature du traité de Brest-Litovsk le 3 mars 1918, la Russie soviétique cède les États baltes à l'Empire allemand. Selon ce traité, la Lettonie aurait dû être annexée par le Reich, mais la défaite allemande du 11 novembre 1918 lui permet de déclarer pour la première fois son indépendance, reconnue internationalement en 1919 (République de Lettonie, 1918-1940).
16
+
17
+ En juin 1940, durant la Seconde Guerre mondiale, elle est d'abord envahie, comme le prévoyaient les clauses secrètes du Pacte germano-soviétique (en même temps que les deux autres pays baltes), par l'URSS après un « plébiscite » organisé pour donner à l'annexion de la Lettonie l'apparence d'une légitimité. Les États-Unis[6] et la plupart des pays non-communistes membres de l'ONU, ainsi que, par la suite, le Parlement européen[7],[8],[9], la CEDH et le Conseil des droits de l'homme de l'ONU[10] n'ont pas reconnu l'incorporation de la Lettonie parmi les quinze républiques socialistes soviétiques et ont continué à la reconnaître de jure comme État souverain[11],[12],[13].
18
+
19
+ Quelque 70 000 Lettons furent déportés par les Soviétiques et seule une minorité survécut au goulag ; ils furent remplacés après la guerre par des colons russes. Beaucoup de Lettons se réfugièrent dans la campagne ou en formant un « maquis » letton.
20
+
21
+ En 1941, lorsque les Allemands envahissent la LettonieOccupation allemande de la Lettonie, la Wehrmacht est accueillie favorablement par une large majorité de la population en tant que libératrice après le régime de terreur du NKVD (il en sera de même sur tous les territoires soviétiques envahis durant les premières semaines de l'opération Barbarossa). Les maquisards lettons sont alors organisés en milices paysannes pour lutter contre les partisans des Soviétiques. Accusés en bloc d'avoir soutenu les Soviétiques, environ 70 000 juifs lettons furent assassinés en Lettonie durant la Seconde Guerre mondiale, par des Einsatzgruppen allemands mais aussi par des unités paramilitaires et les forces de police auxiliaires lettones[14]. D'autres Lettons ont choisi de rejoindre l'Armée rouge (cf. affaire Kononov (en)).
22
+
23
+ L'Armée rouge a réoccupé à partir de 1944 la Lettonie, que l'URSS annexa sous le statut de république socialiste soviétique. À la fin de la guerre, un grand nombre de familles lettones trouvèrent refuge en Suède puis en Allemagne, aux États-Unis, au Canada et en Australie.
24
+
25
+ Après l'occupation soviétique, la lutte armée par les maquisards lettons continua jusqu'à la mort de Joseph Staline en mars 1953. Pour priver la résistance lettone de ses approvisionnements, les Soviétiques lancèrent un programme de collectivisation forcée des fermes. En 1949, une seconde vague de déportations eut lieu : 42 133 personnes furent déportées à Krasnoïarsk, Amur, Irkoutsk, Omsk, Tomsk et Novossibirsk en Sibérie (soit 2 % de la population lettone avant la guerre). En même temps, les autorités soviétiques transférèrent des milliers de Russes en Lettonie, dans le cadre d'un programme de russification du pays.
26
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27
+ À la suite de la répression soviétique, la culture lettone fut plus diffusée après-guerre en dehors de Lettonie qu'en Lettonie-même.
28
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29
+ Redevenue indépendante en 1991, comme la Lituanie et l'Estonie avant même l'effondrement total de l'Union soviétique, la Lettonie n'adhère pas à la CEI. La Lettonie accorde la nationalité et des passeports à la minorité russophone, qui constitue alors un tiers de la population, selon des lois qui furent examinées par une délégation du Conseil européen[15]. Les conditions de naturalisation sont assez draconiennes et un nombre important de Russes sont privés de la citoyenneté et bénéficient d'un simple titre de séjour permanent. Ainsi, le pourcentage de Russes restant sans droits civiques s'établit à près de 11.23% de la population totale en 2017[16].
30
+
31
+ Du fait de la non-reconnaissance internationale de leur annexion par l'URSS (voir plus haut), les trois pays baltes ont pu, contrairement aux douze autres républiques ex-soviétiques, quitter la sphère d'influence russe, opter pour une politique euro-atlantique et finalement adhérer à l'OTAN en avril 2004, puis à l'Union européenne le 1er mai 2004.
32
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33
+ Le 3 juin 2015, Raimonds Vējonis, ancien ministre de l'environnement (2002-2011) puis de la défense (2014-2015), est élu président de la Lettonie pour un mandat de quatre ans, faisant de lui le premier chef d'État d’un parti écologiste à l’échelle de l'Union européenne.
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+
35
+ La Constitution date de 1922 et est restaurée en 1993, instaurant une république parlementaire. Le Parlement letton, la Saeima, est unicaméral et comporte cent sièges : il est élu au suffrage universel direct tous les quatre ans.
36
+
37
+ Le président de la république est élu par les députés de la Saeima pour un mandat de quatre ans. Le vote se déroule à bulletin secret et à la majorité absolue (soit cinquante et une voix minimum sur cent). Son mandat est renouvelable une fois. Le président nomme le Premier ministre, qui forme avec son cabinet le pouvoir exécutif du gouvernement.
38
+
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+ Enfin depuis 1996 une Cour constitutionnelle (en) chargée de contrôler la constitutionnalité des lois a été mise en place.
40
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41
+ La Lettonie compte parmi les États membres de l'Union européenne depuis le 1er mai 2004. Le pays dépose officiellement sa candidature pour l'adhésion aux Communautés européennes le 13 octobre 1995 et les négociations débutent en janvier 2000 à la suite du feu vert donné par le Conseil européen de Helsinki de décembre 1999.
42
+
43
+ Riga signe à Athènes le 16 avril 2003 le traité d'adhésion aux côtés des autres pays candidats à l'adhésion (Chypre, l'Estonie, la Hongrie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie). Le 20 septembre 2003, un référendum sur la ratification par la Lettonie du traité d'adhésion à l'Union européenne donne 67 % de votes favorables contre 32,3 % d'opinions négatives, avec un taux de participation de 72,53 %[17]. Le 1er mai 2004, la Lettonie entre dans l'Union.
44
+
45
+ L'entrée de la Lettonie dans la zone euro était prévue pour l'année 2008, mais n'a pas été possible en raison de l'importante crise financière de 2008 [réf. nécessaire]. C'est seulement le 1er janvier 2014 que le pays y adhère à la suite d'un vote le 31 janvier 2013 par la Saeima[18]
46
+
47
+ La Lettonie est divisée en quatre régions historiques qui ont aussi une valeur administrative secondaire :
48
+
49
+ À compter du 1er juillet 2009, la Lettonie est divisée en 119 municipalités (novads en letton) et neuf villes au statut spécial de la ville républicaine (en letton : republikas pilsētas). Les novadi peuvent être composées de villes et d'une ou plusieurs communes (pagasti[19]).
50
+
51
+ Jusqu'à cette réforme, la Lettonie était divisée en sept villes républicaines et 26 districts (en letton : rajons), lesquels étaient subdivisés en pagasti.
52
+
53
+ Chaque subdivision a une sphère d'influence sur les différents aspects du service public et perçoit une partie des impôts sur le revenu payés par les personnes enregistrées dans la subdivision.
54
+
55
+ La Lettonie comptait 1 986 096 habitants au 1er janvier 2015, dont environ 60 % de Lettons, une forte minorité russe (25 %) et plusieurs autres minorités (15 %). Comme celle de la plupart des pays de l'Europe du Nord, membres de l'ex-Union Soviétique[réf. souhaitée], la population de la Lettonie est en déclin depuis le début des années 1990[réf. souhaitée].
56
+
57
+ Les pays baltes, dont l'Estonie, sont réputés être ou avoir été (de 2000 à 2006) le Baltic Tiger (en).
58
+
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+ La monnaie officielle du pays est l'euro depuis le 1er janvier 2014. Son ancienne devise, le lats, fut liée à l'euro dans le cadre du mécanisme de taux de change européen (MCE II) à partir du 2 mai 2005 jusqu'à son remplacement au cours de 1 euro pour 0,702804 LVL.
60
+
61
+ En 2009, la prévision de récession économique causée par la crise financière de 2008 est de 12 à 15 %. En décembre 2008, l'Union européenne et le FMI lui ont apporté une aide de 7,5 milliards d'euros, répartie sur trois ans et conditionnée à une réduction drastique des dépenses de l'État[20].
62
+
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+ L'entrée dans la zone euro était prévue pour l'année 2008, mais n'a pas été possible en raison de la crise financière de 2008 et de la trop forte inflation. Un nouvel objectif a été fixé pour 2014. Ce dernier a été atteint : la Lettonie a réussi à remplir les cinq critères du traité de Maastricht pour entrer le 1er janvier 2014 dans la zone euro et ainsi devenir son 18e membre[21].
64
+
65
+ En décembre 2011, date de fin du plan d'aide financière sur trois ans au pays, la Lettonie n'a emprunté que 4,36 milliards d'euros sur les 7,5 prévus[22]. En mai 2012, Standard & Poor's remonte la note financière de la Lettonie de BB+ à BBB-[23].
66
+
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+ Les langues couramment utilisées en Lettonie sont le letton (officiel) et le russe.
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+ Le live a officiellement disparu en 2013.
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+ En septembre 2006, la Saeima a approuvé le projet de loi visant à faire adhérer le pays à l'Organisation internationale de la francophonie. Seul 1 % de la population maîtrise déjà le français, mais les personnes haut placées (dont l'ancienne présidente, longtemps professeur à l'université de Montréal au Canada, Vaira Vīķe-Freiberga) l'utilisent fréquemment, et une évolution grâce à l'enseignement reste donc prévue. La Lettonie est donc devenue observateur de l'organisme en 2008 lors du sommet qui se tint à Québec (Canada)[24].
72
+
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+ En 2012, un référendum a proposé plusieurs amendements à la constitution de la Lettonie pour faire du russe la deuxième langue officielle du pays, mais il a été refusé à 74,8 %[25],[26].
74
+
75
+ La Lettonie est un pays de tradition luthérienne (70 % de la population en 1945). Mais par des récents sondages, il semblerait que la majorité de la population lettone ne pratique plus. Cependant, par les registres de naissance, il apparaît qu'à peu près les trois quarts de la population s'affilieraient à part équivalente (entre 20 et 25 %) aux trois religions chrétiennes suivantes : le protestantisme (église luthérienne), le catholicisme et l'orthodoxie[27].
76
+
77
+ Environ la moitié des Lettons soit a suivi les cours d'une école de musique, soit chante dans un chœur, soit sait jouer d'un instrument. L'Opéra national et l'Orchestre symphonique national sont fréquentés par une grande partie de la population[28]. Les premiers opéras ont été organisés à Riga au XVIIIe siècle — la première représentation en letton eut lieu en 1883[29].
78
+
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+ Les festivals nationaux lettons du Chant et de la Danse (Latviesu Dziesmu un Deju Svetki) sont d'importants événements dans la vie culturelle de la Lettonie et ont lieu tous les cinq ans depuis 1873. Les célébrations des chants et danses baltes organisés en Lettonie, en Lituanie et en Estonie ont été primés dans la liste des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l'UNESCO. En 2014, Riga sera la capitale européenne de la culture conjointement avec Umeå en Suède et accueillera de nombreuses festivités culturelles
80
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+ Festival de cinéma Arsenāls se déroulait à Riga au mois de septembre de 1986 à 2012[30].
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+ Le festival letton de drame contemporain « Insight », en mars, célèbre les acteurs montants du drame contemporain[31].
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+
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+ Le festival cinématographique bisannuel Lielais Kristaps a été fondé en 1977[32].
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+ Le festival cinématographique bisannuel Riga International Film Festival 2ANNAS (en) a été fondé en 1996[33].
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+ Les noms de Lieldienas et Ziemassvētki sont originaires de la mythologie lettone et repris par les missionnaires allemands lors de la christianisation.
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+ Autres jours importants :
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+ Marians Pahars.
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+ Mikhaïl Tal en 1960.
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+ Piotr Ugrumov.
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+ Herberts Vasiļjevs.
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+ Staņislavs Olijars en 2007.
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+ Ernests Gulbis en 2008.
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+ Kristaps Porziņģis
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+ Jeļena Ostapenko à Roland Garros en 2017
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+ La Lettonie a pour codes :
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+ « On March 26, 1949, the US Department of State issued a circular letter stating that the Baltic countries were still independent nations with their own diplomatic representatives and consuls. »
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+ « The forcible incorporation of the Baltic states into the Soviet Union in 1940, on the basis of secret protocols to the Molotov-Ribbentrop Pact, is considered to be null and void. Even though the Soviet Union occupied these countries for a period of fifty years, Estonia, Latvia and Lithuania continued to exist as subjects of international law. »
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+ Le système gastro-intestinal (ou appareil digestif) est le système d'organes des animaux pluricellulaires qui prend la nourriture, la digère pour en extraire de l'énergie et des nutriments, et évacue le surplus en matière fécale..
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+ La digestion est importante pour décomposer les aliments en nutriments, que le corps utilise pour l'énergie, la croissance et la réparation des cellules.
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+ Quand on mange, les aliments sont mâchés et transformés en grosses molécules. Elles sont ensuite transformées en molécules suffisamment petites (nutriments) pour être absorbées dans la circulation sanguine. Le reste est ensuite éliminé par le corps sous forme de déchets (selles).
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+ Le tube digestif varie d'une espèce animale à l'autre. Par exemple, certains animaux ont des estomacs à plusieurs chambres.
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+ Au niveau embryologique, le tube digestif est constitué de plusieurs feuillets embryonnaires : la cavité buccale et l'anus sont d'origine ectodermique, alors que le reste du tube est d'origine endodermique.
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+ Ce système est un tube faisant transiter dans divers compartiments les aliments ingérés par les êtres vivants qui en sont munis. Ces aliments portent successivement le nom de contenu gastrique, chyle et chyme alimentaires. Dans ce tube diverses opérations mécaniques et chimiques vont transformer la nourriture en nutriments.
14
+
15
+ Les transformations mécaniques sont réalisées par le système masticateur et la couche de muscles bordant le tube digestif.
16
+ Les transformations chimiques sont réalisées par le complexe enzymatique (catalyse enzymatique). Ces transformations enzymatiques sont couplées à un pH favorisant ces réactions. Par exemple, le pH de l'estomac est de 3 en attente d'une prise alimentaire.
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+
18
+ Le rôle essentiel de l'appareil digestif est d'assimiler, d'absorber les nutriments dans la circulation sanguine et lymphatique et d'éliminer les éléments non assimilables.
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+
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+ Cependant, l'appareil digestif possède également deux autres rôles :
21
+
22
+ Chez un adulte de sexe masculin, le tube digestif mesure environ 8 m de long. Il a un diamètre variable. Son mouvement est appelé péristaltisme. Il a quatre tuniques qui sont en partant de la lumière vers l'extérieur : la muqueuse (rôle sécrétoire et d'absorption), la sous-muqueuse (on y trouve tous les éléments de vascularisation et d'innervation), une tunique musculeuse et enfin une couche externe appelée séreuse lorsqu'on se trouve dans le péritoine et adventice qu'on se trouve en dehors du péritoine. La tunique musculeuse peut être constituée de deux ou trois couches musculaires dont la dénomination est relative à leur orientation. Dans le cas de l'estomac, celles-ci sont au nombre de trois :
23
+
24
+ La suite de l'appareil digestif (donc intestin grêle et colon) quant à lui n'est composé que de deux couches différenciées au sein de la musculeuse qui sont pour la plus externe à l'organisme la circulaire et pour la plus interne la longitudinale.
25
+
26
+ L'appareil digestif se compose des éléments suivants.
27
+
28
+ Le tube digestif comprend, de haut en bas :
29
+
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+ Le foie a pour fonction principale de détoxifier ce que l'appareil digestif a ingéré. Il se situe dans la cavité péritonéale et plus précisément dans l'hypocondre droit, sous le diaphragme. Sa face inférieure repose sur les autres viscères. Sa vascularisation est double (une vascularisation pour le nourrir, dite nourricière et une vascularisation fonctionnelle qui lui permet de remplir sa fonction de nettoyage). Le foie est par son rôle un organe vital. Un de ses produits est la bile qu'il sécrète dans l'intestin grêle via les canaux biliaires. La bile, lorsqu'elle arrive dans l'intestin grêle, rejoint le duodénum. Le sang est purifié par les lobules hépatiques.
31
+
32
+ Le pancréas est un organe rétropéritonéal. Il est traversé par la terminaison de la voie biliaire. La voie biliaire extrahépatique (à l'extérieur du foie) est constituée du cholédoque. L'accumulation de canaux biliaires dans le pancréas peut engendrer une pancréatite. Il sécrète un liquide iso-osmotique contenant du bicarbonate et diverses enzymes, parmi lesquelles de la trypsine, de la chymotrypsine, de la lipase, et de l'amylase pancréatique, ainsi que des enzymes nucléolytiques, dans l'intestin grêle.
33
+
34
+ Tous ces organes sécréteurs assistent la digestion.
35
+
36
+ Après avoir été mastiquée, la nourriture est avalée et dirigée vers l'estomac via l'œsophage. Grâce à l'action de brassage des muscles de l'estomac et des sucs gastriques, elle est transformée en pâte liquide qui passe ensuite à travers l'intestin grêle, où les particules nutritives sont rétrécies (protéines=acides aminés, lipides=acides gras + glycérol et glucides = glucose), puis sont absorbées par l'organisme en passant dans le sang et la lymphe. Les glucides et les protéines seront absorbées par les vaisseaux sanguins et les lipides seront absorbés par les vaisseaux lymphatiques. Le reste chemine vers le côlon et est rejeté en tant que fèces.
37
+
38
+ Le système digestif est constitué d'une suite d'organes creux, reliés entre eux pour former un tube qui va de la bouche jusqu'à l'anus. À l'intérieur, ce tube est tapissé d'une muqueuse. Dans la bouche, l'estomac et l'intestin grêle, cette muqueuse renferme des petites glandes qui produisent des sucs favorisant la digestion.
39
+
40
+ Deux autres organes, le foie et le pancréas, sécrètent des sucs digestifs qui sont déversés dans l'intestin grêle. Bien d'autres facteurs (ex.: nerfs et sang) jouent également un rôle important dans le processus de digestion des aliments.
41
+
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+ Pour être absorbée par l'organisme, la nourriture doit être traitée, c'est-à-dire brisée en petites molécules capables de passer dans la circulation sanguine pour ensuite être distribuée à toutes les cellules du corps. La digestion est ce processus de fractionnement et d'absorption des aliments qui serviront par la suite de nutriments et de source d'énergie à l'organisme.
43
+
44
+ La digestion implique le brassage des aliments, leur progression à travers le système digestif et le fractionnement des grosses molécules en plus petites. Elle débute dans la bouche, avec la mastication et la déglutition et se termine dans l'intestin. Le procédé chimique en cause est quelque peu différent selon le type de nourriture ingérée. Les bactéries normalement présentes dans le système digestif sont responsables de plusieurs transformations chimiques utiles à la digestion.
45
+
46
+ Les organes creux du système digestif sont pourvus de muscles qui permettent aux parois de faire des mouvements qui poussent la nourriture ou la brassent. Le mouvement typique de l'œsophage, de l'estomac et de l'intestin est le péristaltisme. L'action du péristaltisme ressemble à une vague traversant le muscle, ayant pour effet de diminuer le diamètre du tube digestif. Ces rétrécissements se déplacent lentement d'un bout à l'autre de l'organe, toujours dans le même sens, avec pour effet d'en pousser le contenu à travers tout le canal alimentaire.
47
+
48
+ Les premiers mouvements de ces muscles surviennent lorsque la nourriture ou un liquide est ingurgité. Bien que le fait d'avaler soit au départ un geste volontaire, une fois commencé, il devient involontaire et se poursuit sous le contrôle des nerfs
49
+
50
+ L'œsophage est l'organe dans lequel la nourriture (bol alimentaire) est poussée une fois déglutie. Il connecte la gorge avec l'estomac. À sa jonction avec l'estomac, se trouve le sphincter du cardia qui ferme le passage entre les deux organes. Toutefois, à l'approche du bol alimentaire, le sphincter se relâche et permet à la nourriture de passer.
51
+
52
+ La nourriture pénètre dans l'estomac qui a alors trois tâches mécaniques à effectuer. Premièrement, il doit contenir tous les aliments et liquides avalés, ce qui requiert que le sphincter supérieur (cardia) reste relâché et accepte une grande quantité de matière. Deuxièmement, il doit malaxer la nourriture avec les sucs gastriques qu'il produit (HCl, enzymes...). Ceci est fait par l'action des muscles de la base de l'estomac. Finalement, il doit vider son contenu en direction de l'intestin grêle.
53
+
54
+ Différents facteurs affectent l'évacuation du contenu de l'estomac, incluant la nature des aliments (en particulier leur teneur en gras et protéines), ainsi que le degré d'action musculaire nécessaire pour vider l'estomac et au niveau de l'intestin, d'en recevoir le contenu. À mesure que la nourriture est digérée dans l'intestin et dissoute par les sucs pancréatiques, hépatiques et intestinaux, elle est brassée et toujours poussée plus loin le long de l'intestin.
55
+
56
+ Finalement, tous les nutriments déjà digérés sont absorbés par les parois intestinales. Les déchets de ce procédé sont constitués de fibres ou de cellules mortes. Ils sont propulsés vers le côlon (cæcum, côlon ascendant, côlon transverse, côlon descendant, côlon sigmoïde), où le bol alimentaire sera dépourvu de son eau. Le bol alimentaire, maintenant transformé en fèces, sera stocké dans le rectum et éliminé par l'anus (sphincter anal).
57
+
58
+ Les premières glandes qui entrent en action sont les glandes salivaires. La salive qu'elles produisent contient une enzyme, l'amylase, qui entame la digestion de l'amidon.
59
+
60
+ Ensuite, les cellules tapissant la paroi interne de l'estomac sécrètent les sucs gastriques composés d'acide chlorhydrique et d'enzymes peptidiques qui digèrent les protéines. Curieusement, l'acide produit par l'estomac ne le détruit pas lui-même. Le mucus qu'il produit réussit à le protéger et l'action de l'acide se concentre uniquement sur les aliments.
61
+
62
+ Après que l'estomac s'est vidé de son contenu dans l'intestin grêle (duodénum), en passant par le sphincter du pylore, les sucs digestifs du pancréas et du foie sont ajoutés aux aliments afin de poursuivre la digestion. Le pancréas produit de nombreuses enzymes capables de dégrader les glucides, les lipides et les protéines. D'autres enzymes sont sécrétées également par les parois de l'intestin.
63
+
64
+ Le foie produit la bile. Celle-ci est mise en réserve dans la vésicule biliaire. Au moment de la prise d'aliments, la vésicule se contracte pour libérer la bile dans l'intestin via le cholédoque. La bile dissout les lipides, un peu comme les détergents agissent sur la graisse d'une poêle à frire. Les molécules ainsi obtenues sont digérées par les enzymes du pancréas et de l'intestin.
65
+
66
+ La nourriture (comme les céréales, les légumineuses, la viande, les noix, les amandes, les noisettes... et les œufs) contient des molécules géantes appelées protéines. Ces molécules doivent tout d'abord être digérées par les enzymes pour ensuite être absorbées par le sang. Ces molécules sont utilisées pour réparer les tissus cellulaires. La plus grosse part de la digestion est située dans l'intestin grêle.
67
+
68
+ Les molécules de gras constituent une importante source d'énergie pour le corps. La première étape de la digestion d'un corps gras comme le beurre par exemple, est de le dissoudre dans le milieu aqueux de la cavité intestinale. Les acides de la bile réduisent ces grosses molécules en de plus petites comme les acides gras et le cholestérol. Ces molécules peuvent ensuite être absorbées par les cellules de la paroi intestinale où elles sont transformées en molécules plus grosses qui sont déversées dans les vaisseaux lymphatiques. De là elles passent ensuite dans le sang qui les dirige vers les réserves de graisse de l'organisme.
69
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70
+ D'autres éléments très importants puisés dans la nourriture sont les vitamines. Elles sont classées en deux grands groupes selon leurs solubilité: dans l'eau (toutes les vitamines B et la vitamine C) ou dans les lipides (vitamines A, D, E, K).
71
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+ La plupart du matériel absorbé par les parois de l'intestin est composé d'eau dans laquelle des sels sont dissous. Cette eau et ces sels proviennent de la nourriture et liquides absorbés, mais aussi des sucs gastriques sécrétés par l'organisme.
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+ Le système digestif produit ses propres régulateurs :
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+ La digestion est en grande partie régulée par le système nerveux autonome, le système sympathique l'inhibant, le système parasympathique la favorisant. En effet, une stimulation sympathique (noradrénaline) entraîne : une diminution de la motricité, une contraction des sphincters, une inhibition des sécrétions digestives, notamment pancréatiques. À l'inverse, une stimulation parasympathique (acétylcholine) entraîne : une augmentation de la motricité, un relâchement des sphincters, une stimulation des sécrétions digestives. Deux types de nerfs permettent de contrôler l’action du système digestif. Des nerfs extrinsèque (para- et ortho-sympathiques), utilisant deux neurotransmetteur, l'acetylcholine et l'adrenaline. L’acetylochine permet aux muscles du système digestif d’écraser avec plus de force et de pousser la nourriture et les liquides dans le tube digestif. L’acetylcholine permet également à l’estomac et au pancréas de produire plus de sucs gastriques. L’adrénaline relâche les muscles de l’estomac et diminue le flux de sang vers ces organes.
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+ Plus important encore, les nerfs intrinsèque forment un réseau très dense dans les parois de l’œsophage, de l’estomac, de l’intestin grêle et du côlon. Les nerfs intrinsèque sont amenés à agir lorsque les parois des organes vitaux sont étirés par la nourriture. Ils libèrent de nombreuses substances variées qui vont accélérer ou ralentir les mouvements de la nourriture et la production de sucs par l’appareil digestif.
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+ Les leucocytes (du grec leukos : blanc et kutos : cellule) ou globules blancs sont des cellules produites dans la moelle osseuse et présentes dans le sang, la lymphe, les organes lymphoïdes (ganglions, rate, amygdale et végétations adénoïdes et plaques de Peyer) et de nombreux tissus conjonctifs de l'organisme. Il en existe plusieurs types, les granulocytes (ou polynucléaires), les lymphocytes et les monocytes. Chaque type joue un rôle important au sein du système immunitaire en participant à la protection contre les agressions d'organismes extérieurs de manière coordonnée. De nombreuses pathologies peuvent atteindre ces cellules, par anomalie de production ou de fonctionnement.
2
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3
+ Les leucocytes constituent les éléments cellulaires sanguins les moins nombreux, après les érythrocytes et les plaquettes. Ils sont caractérisés par une taille en général plus grande, et par la présence d'un noyau. Leur durée de vie dans le sang est de quelques jours en moyenne.
4
+
5
+ D'un point de vue structurel, il existe trois grandes classes de leucocytes : les granulocytes (ou polynucléaires), les lymphocytes et les monocytes. La classe des granulocytes regroupe elle-même plusieurs sous-types selon leur coloration : les granulocytes neutrophiles, les granulocytes éosinophiles et les granulocytes basophiles.
6
+
7
+ En plus de la classification morphologique, la classe des lymphocytes comporte plusieurs types de cellules regroupés selon l'existence de certaines protéines, les clusters de différenciation (CD) au niveau de leur membrane cellulaire : les lymphocytes B, les lymphocytes T et les lymphocytes NK. Ainsi, les lymphocytes B sont caractérisés par la présence des protéines CD19, les lymphocytes T par CD3, et les lymphocytes NK par CD56 (plus ou moins CD16)[2]. La population lymphocytaire sanguine humaine comprend 8 à 12 % de lymphocytes B, 70 à 80 % de lymphocytes T et 5 à 15 % de lymphocytes NK. Les lymphocytes T sont eux-mêmes principalement divisés en deux groupes, les lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T cytotoxiques, caractérisés respectivement par la présence de CD4 et CD8[1].
8
+
9
+ Les leucocytes constituent un maillon important dans la protection contre les infections. En effet, en agissant de manière séquentielle, ils permettent l'élimination de nombreux agents étrangers parmi les virus, les bactéries, les champignons et les parasites. Il existe deux grandes catégories de cellules d'un point de vue fonctionnel, les leucocytes de l'immunité innée et les leucocytes de l'immunité adaptative, selon la spécificité de la reconnaissance du non-soi[3].
10
+
11
+ L'immunité innée désigne la protection de l'organisme vis-à-vis du non-soi de manière non spécifique. Cela signifie que des molécules étrangères sont reconnues selon des formes communes, non présentes en temps normal dans l'organisme. C'est la première réponse de l'organisme à une infection, ou réponse inflammatoire. Elle permet en principe l'éradication quasi totale d'un germe lors d'un premier contact[4].
12
+
13
+ L'ensemble des granulocytes, les monocytes et les lymphocytes NK peuvent y jouer un rôle. Les granulocytes neutrophiles sont des cellules phagocytaires qui jouent un rôle important dans la défense antimicrobienne et l'inflammation au cours des infections bactériennes. Les granulocytes éosinophiles ont un rôle important dans la défense antiparasitaire. Les granulocytes basophiles ont un rôle cytotoxique et inflammatoire. Les monocytes se transforment en macrophages lorsqu'ils atteignent les tissus, ce sont essentiellement des cellules phagocytaires. Les lymphocytes NK reconnaissent les cellules tumorales ou infectées[3].
14
+
15
+ L'immunité adaptative désigne la protection de l'organisme vis-à-vis du non-soi de manière ciblée. Cela signifie que des molécules étrangères spécifiques d'un unique germe sont reconnues de manière précise. Cette réponse se met en place dans un deuxième temps, à la suite de l'activation de l'immunité innée qu'elle complète. Elle aboutit surtout à la mise en place d'une mémoire immunitaire, ce qui permet une réponse secondaire plus efficace en cas de nouveau contact avec le même pathogène[4].
16
+
17
+ Les cellules qui peuvent y participer sont l'ensemble des leucocytes, mais plus particulièrement les lymphocytes T et les lymphocytes B. Les lymphocytes T auxiliaires peuvent activer les cellules de l'immunité innée ou les autres cellules de l'immunité adaptative. Les lymphocytes T cytotoxiques interviennent essentiellement dans les infections à germes intracellulaires, notamment les virus. Les lymphocytes B se transforment en plasmocytes et sécrètent des anticorps qui peuvent agir contre plusieurs types de germes, notamment les bactéries extracellulaires. Enfin, les lymphocytes T régulateurs interviennent pour limiter les dommages tissulaires causés par la réaction inflammatoire[5].
18
+
19
+ Les leucocytes sont riches en vitamine C, ils en contiennent 80 fois plus que le plasma sanguin[6],[7],[8].
20
+
21
+ Les leucocytes sont fabriqués dans la moelle osseuse à partir des cellules souches hématopoïètiques dont il existe deux lignées, myéloïde et lymphoïde. La lignée myéloïde est à l'origine des granulocytes et des monocytes ; elle assure également la synthèse des autres cellules du sang qui ne sont pas des leucocytes : les érythrocytes et les plaquettes. La lignée lymphoïde est à l'origine des lymphocytes ; parmi ceux-ci, seuls les lymphocytes T quittent la moelle avant maturité pour se rendre au niveau du thymus afin d'y terminer leur développement.
22
+
23
+ Les cellules matures des deux lignées circulent ensuite dans le sang et se rendent secondairement dans les tissus de l'organisme. Les monocytes et les lymphocytes circulent aussi dans la lymphe et participent à la formation des organes lymphatiques : ganglions, rate, thymus, amygdales, organes lymphatiques du tube digestif (plaques de Peyer) et ganglions lymphatiques.
24
+
25
+ Les leucocytes passent la majeure partie de leur temps hors du système circulatoire, et patrouillent dans les tissus où se déroulent la plupart des luttes contre les agents pathogènes.
26
+
27
+ Toutes les cellules sont éliminées au niveau de la rate où elles sont détruites. Le pus est constitué des débris cellulaire des granulocytes neutrophiles après leur mort au niveau de leur site d'action.
28
+
29
+ L'exploration médicale de l'ensemble de la lignée blanche est effectuée principalement avec deux examens complémentaires : l'hémogramme et le myélogramme.
30
+
31
+ Les adultes en bonne santé possèdent, normalement, entre 4 milliards et 10 milliards de globules blancs par litre de sang (soit 4 à 10 G/L).
32
+
33
+ Le nombre de leucocytes circulant augmente en cas d'infection ou de réaction inflammatoire : on parle alors d'hyperleucocytose. En cas de leucémie, les globules blancs sont produits de manière excessive et peuvent, au maximum, provoquer un syndrome de leucostase.
34
+
35
+ Les granulocytes éosinophiles peuvent augmenter en cas d'allergie, d'hémopathie (lymphome) ou de maladie auto-immune
36
+
37
+ Un déficit en nombre de globules blancs dans le sang est appelé leucopénie.
38
+
39
+ Le myélogramme permet d'étudier la production des leucocytes. Cet examen est indiqué dans certains cas de cytopénies.
40
+
41
+ Les granulocytes basophiles jouent un rôle majeur dans l'allergie en libérant de l’histamine.
42
+
43
+ Les lymphocytes B fabriquent des anticorps qui peuvent être dirigés contre un antigène du « soi » et ils sont alors à l'origine d'une maladie auto-immune (exemple : facteur antinucléaire et lupus).
44
+
45
+ Les lymphocytes T auxiliaires deviennent déficients dans le cas d'une infection par le VIH.
46
+
47
+ Certaines hémopathies malignes affectent spécifiquement les leucocytes : leucémie aiguës et chroniques, lymphome, myélome, dysgammaglobulinémies malignes (maladie de Waldenström).
48
+
49
+ Il existe aussi des maladies génétiques : neutropénie congénitales sévères, syndrome de Shwachman, neutropénie cyclique, granulomatoses septiques...
50
+
51
+ « kocytes, such as neutrophils and monocytes, actively accumulate vitamin C against a concentration gradient, resulting in values that are 50- to 100-fold higher than plasma concentrations. These cells accumulate maximal vitamin C concentrations at dietary intakes of ~100 mg/day »
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1
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
2
+
3
+ Un arc-en-ciel est un photométéore — un phénomène optique se produisant dans le ciel — qui rend visible le spectre continu de la lumière du soleil quand il brille pendant la pluie. C'est un arc coloré avec le rouge à l'extérieur et le violet à l'intérieur.
4
+
5
+ Un arc-en-ciel présente un dégradé de couleurs continu. On énonce souvent la suite des champs chromatiques qui s'y succèdent afin d'en mémoriser l'ordre. Isaac Newton retint sept couleurs : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet. Six de ces couleurs correspondent à un champ chromatique bien défini ; il ajouta l'indigo pour que le nombre corresponde à celui des noms de notes de la gamme musicale.
6
+
7
+ Un arc-en-ciel se compose de deux arcs principaux : l'arc primaire et l'arc secondaire. L'arc primaire est dû aux rayons ayant effectué une réflexion interne dans la goutte d'eau[1]. D'intensité plus faible, l'arc secondaire est dû aux rayons ayant effectué deux réflexions internes dans la goutte d'eau[2]. Les deux arcs sont séparés par la bande sombre d'Alexandre[2].
8
+
9
+ Il existe deux autres arcs : l'arc tertiaire et l'arc quaternaire ; extrêmement ténus, ils n'ont été photographiés, pour la première fois, qu'en 2011[2].
10
+
11
+ Il est parfois possible d'observer des arcs surnuméraires, décrits pour la première fois en 1723 par Henry Pemberton (1694-1771)[3].
12
+
13
+ L'arc-en-terre est un phénomène semblable à l'arc-en-ciel, mais engendré sur la terre par la pluie ou la rosée[4].
14
+
15
+ On peut observer un arc-en-ciel quand des gouttes d'eau tombent ou sont en suspension dans l'air et qu'une source lumineuse puissante (en général le soleil) brille derrière l'observateur. Les arcs-en-ciel les plus spectaculaires ont lieu lorsque la moitié du ciel opposée au soleil est obscurcie par les nuages mais que l'observateur est à un endroit où le ciel est clair, car les couleurs ressortent davantage par contraste avec les nuages du ciel sombre. On voit aussi souvent cet effet à proximité de chutes d'eau, dans la brume avec une source de lumière derrière soi. Ce phénomène optique fait apparaître, dans une transition continue, toutes les teintes monochromatiques, mélangées à la lumière provenant de son arrière-plan.
16
+
17
+ Un arc-en-ciel n'a pas d'existence matérielle. C'est un effet optique dont la position apparente dépend de celles de l'observateur et du soleil. Le centre de l'arc-en-ciel se trouve dans la direction exactement opposée à celle du soleil par rapport à l'observateur. Toutes les gouttes de pluie réfractent et reflètent la lumière du soleil de la même manière, mais l'observateur ne voit la lumière que d'une petite partie de ces gouttes de pluie. Nous interprétons la lumière qui vient de ces gouttes de pluie comme l'image d'un arc de cercle dans le ciel.
18
+
19
+ La réfraction, la réflexion et la dispersion par les gouttelettes d'eau en suspension dans l'atmosphère des radiations lumineuses qui se combinent dans la lumière blanche du soleil produisent les arcs-en-ciel.
20
+
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+ La dispersion de la lumière du soleil par des gouttes de pluie approximativement sphériques provoque l'arc-en-ciel. La lumière est d'abord réfractée en pénétrant la surface de la goutte, subit ensuite une réflexion partielle à l'arrière de cette goutte et est réfractée à nouveau en sortant. L'effet global est que la lumière entrante est principalement réfractée vers l'arrière sous un angle d'environ 40-42°, indépendamment de la taille de la goutte. La valeur précise de l'angle de réfraction dépend de la longueur d'onde (la couleur) des composantes de la lumière. Dans le cas de l'entrée dans un milieu plus réfringent, l'angle de réfraction de la lumière bleue est inférieur à celui de la lumière rouge (ce phénomène est mis en évidence dans les prismes). Ainsi, après réflexion à l'interface eau-air, la lumière bleue sort d'une goutte au-dessus de la lumière rouge (voir figure ci-contre). L'observateur étant fixe, il voit la lumière issue de différentes gouttes d'eau avec des angles différents par rapport à la lumière du soleil. Le rouge apparaît plus haut dans le ciel que le bleu[5][réf. non conforme].
22
+
23
+ Un arc-en-ciel se situe toujours à l'opposé du soleil : le soleil, l'observateur et le centre du cercle dont fait partie l'arc-en-ciel sont sur la même ligne.
24
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25
+ Un arc-en-ciel appartient toujours à un cercle de même diamètre apparent : un cercle dont le rayon apparaît sous un angle approximatif de 40-42° autour de cette ligne soleil-observateur-centre de l'arc. L'horizon cache habituellement une grande partie d'un arc-en-ciel, et la taille de l'arc visible varie : plus le soleil est proche de l'horizon, plus l'arc sera grand. Un observateur en haute altitude verra un plus grand arc-en-ciel qu'un observateur au niveau de la mer (surtout parce qu'il verra une plus grande partie du ciel, et pratiquement pas à cause du changement d'alignement avec le soleil qui est minime). D'un avion on peut voir le cercle entier de l'arc-en-ciel avec l'ombre de l'avion (donnant la direction opposée au Soleil) en son centre.
26
+
27
+ Des contes affirment qu'il y a un trésor au pied de l'arc-en-ciel[6]. L'arc étant un phénomène optique dont la position dépend de celle de l'observateur, il est impossible d'atteindre le pied de l'arc-en-ciel et de revenir en disant qu'il n'y a pas de trésor.
28
+
29
+ La taille de l'arc-en-ciel dépend de l'écart entre l'observateur et la zone de pluie, et de la hauteur du soleil par rapport à cet alignement. Lorsque l'arc-en-ciel devient trop grand, il forme un cercle dont les pieds se perdent derrière l'horizon. Lorsque l'alignement est optimum, l'arc-en-ciel est suffisamment petit pour que ses pieds puissent être visibles, comme sur le schéma de René Descartes.
30
+
31
+ Comme la limite des zones de pluie est souvent brumeuse, il est possible, en faisant varier l'angle, de s'approcher d'un pied de l'arc-en-ciel du fait du changement des angles de réfraction. Cela donne parfois l'impression de pouvoir atteindre un pied de l'arc-en-ciel, même si cela ne sera évidemment jamais possible.
32
+
33
+ L'arc-en-ciel contient une transition continue de couleurs. Il y a autant de couleurs que ce que l'œil peut en distinguer, soit au plus 150[7]. Les couleurs correspondant à des lumières monochromatiques sont plus ou moins pâlies. Les couleurs correspondant à un mélange de rouges et de bleus, famille des violets et pourpres mélangées à du blanc, ne sont pas dans l'arc-en-ciel, comme n'y sont pas non plus les champs chromatiques correspondant à des luminosités moyennes ou faibles, comme les beiges, marrons, et autres.
34
+
35
+ Dans le domaine de la communication graphique, on présente souvent l'arc-en-ciel comme une juxtaposition de bandes de couleur en arc de cercle. Le motif reste identifiable même avec peu de couleurs ou si elles sont inversées, pourvu que leur ordre soit celui du phénomène naturel. Le nombre des couleurs varie de 3 à 9 selon les cultures. Aristote discernait trois couleurs[8], Plutarque en mentionne quatre[9][réf. non conforme]. Aujourd'hui en Occident, les représentations ont souvent cinq à sept couleurs ; les sept énoncées par Newton gardent une certaine influence culturelle[10].
36
+
37
+ L'ordre des couleurs de l'arc-en-ciel sert invariablement pour la conception d'un cercle chromatique ; on complète le cycle avec les couleurs composées entre le rouge et le bleu. Mais les cercles chromatiques concernent l'activité des peintres et graphistes, qui travaillent avec des pigments, dont les règles de composition (synthèse soustractive) sont très différentes de celles des lumières (synthèse additive).
38
+
39
+ Dans de rares cas, un arc-en-ciel peut être vu de nuit par temps clair et pleine Lune. Dans ce cas, c'est la Lune qui sert de source lumineuse (le phénomène porte alors le nom d'arc-en-ciel lunaire). En pratique, la lumière de l'arc ainsi produite est faible et peut ne pas exciter suffisamment les cellules de la rétine responsables de la perception de la couleur (les cônes). L'arc apparaît ainsi d'une lueur grisâtre sans couleur apparente[11]. Les couleurs peuvent cependant apparaître sur une photo.
40
+
41
+ Le phénomène est également visible sur des dépôts comme la rosée avec l'arc-en-ciel de rosée[12] et le brouillard avec l'arc blanc[13]. Il peut être aussi créé artificiellement par un jour ensoleillé en se tournant dos au soleil puis dispersant des gouttelettes d'eau dans l'air devant soi (lors d'un arrosage par exemple) l'arc est alors d'autant plus visible que le fond est sombre.
42
+
43
+ En février 2017[14], un phénomène très rare est survenu à Singapour, où l'on a pu observer un arc-en-ciel particulier, un arc circumhorizontal, plus connu sous le nom d'arc-en-ciel de feu. Ce type d'arc-en-ciel apparaît comme un halo lumineux autour de nuages à haute altitude, comme les cirrus. La lumière vient alors se refléter dans les cristaux de glaces des nuages les plus élevés.
44
+
45
+ Parfois, un second arc-en-ciel moins lumineux peut être aperçu au-dessus de l'arc primaire. Il est provoqué par une double réflexion de la lumière du soleil à l'intérieur des gouttes de pluie et apparaît sous un angle de 50-53° dans la direction opposée au soleil. En raison de la réflexion supplémentaire, les couleurs de ce second arc sont inversées par rapport à l'arc primaire, avec le bleu à l'extérieur et le rouge à l'intérieur, et l'arc est moins lumineux. C'est la raison pour laquelle il est plus difficile à observer.
46
+
47
+ Arc-en-ciel secondaire.
48
+
49
+ Arcs surnuméraires (couleurs vertes et violettes adjacentes à la couleur violette).
50
+
51
+ Double arc-en-ciel dans le parc national de Sai Thong, Province de Chaiyaphum, Thaïlande. Juillet 2016.
52
+
53
+ Dans la direction du soleil, deux arcs inversés l'un par rapport à l'autre, parfois qualifiés « d'arc tertiaire et arc quaternaire », peuvent également être observés, à environ 45 degrés de l'astre, mais ceci est particulièrement difficile. Les rares observations de ces deux arcs font mention de morceaux d'arcs visibles par intermittence. En 2011 est réalisée la première photographie de « l'arc tertiaire »[15] puis la même année la première photographie de « l'arc quaternaire »[16]. Ces deux arcs correspondent aux rayons lumineux ayant subi trois et quatre réflexions dans les gouttes d'eau. En pratique, les configurations favorables à leur observation sont nettement moins nombreuses que celles favorables à l'observation de l'arc secondaire, en particulier en raison de leur proximité du Soleil.
54
+
55
+ Dans la direction opposée au soleil, un autre arc-en-ciel, parfois désigné comme « arc de cinquième ordre » peut être présent au voisinage de l'arc secondaire, inversé par rapport à celui-ci, donc identique à l'arc primaire. Il est cependant nettement moins lumineux et observable uniquement dans des conditions exceptionnelles. En pratique, il n'est pas très facile à distinguer des arcs surnuméraires associés à l'arc secondaire (voir ci-dessous). Il correspond aux rayons lumineux ayant subi cinq réflexions dans les gouttes d'eau.
56
+
57
+ Un autre effet moins difficile à observer est celui des arcs dits surnuméraires, qui se traduisent par le fait que le premier arc apparaît en fait comme une série d'arcs de rayon, d'épaisseur et d'intensité décroissants accolés les uns aux autres. Visuellement, on observe une copie du premier arc située juste à l'intérieur de celui-ci : à côté de la bande violette du premier arc, on observe la bande verte puis la bande violette de sa copie, ainsi parfois qu'une seconde copie (voir photo ci-contre). Ce phénomène résulte d'interférences subies par la lumière lors de ses réflexions successives dans les gouttes d'eau[17],[18]. Ils ne peuvent être expliqués par la seule optique géométrique, d'où leur nom. Contrairement aux autres arcs, ces arcs surnuméraires dépendent d'autres facteurs, comme la dispersion du diamètre des gouttes d'eau.
58
+
59
+ Le 13 août 2012, un scientifique du laboratoire Disney Research étudiant à l'Université de San Diego annonce avoir découvert la genèse des arcs-en-ciel siamois, des arcs-en-ciel commençant à un même point mais finissant à des endroits différents[19]. Ils seraient dus à des précipitations différentes surgissant au même moment[19].
60
+
61
+
62
+
63
+ La bande sombre d'Alexandre[20],[21] est la région du ciel située entre l'arc primaire et l'arc secondaire d'un arc-en-ciel[20]. Elle consiste en une bande circulaire, légèrement plus sombre que le reste du ciel[20]. Elle est due au fait que peu de rayons lumineux sont réfractés dans cette direction[20].
64
+
65
+ Son éponyme[22],[23] est le philosophe péripatéticien grec Alexandre d'Aphrodise (c. 150 - c. 215) qui semble être le premier à avoir décrit le phénomène[20].
66
+
67
+ Quand l'incidence d'un rayon élémentaire sur la goutte d'eau varie, sa déviation :
68
+
69
+ Cette image présente l'ensemble des zones avec leurs angles caractéristiques qui régissent le phénomène :
70
+
71
+ Pline l'Ancien en fait la description suivante[24] :
72
+
73
+ « Nous appelons arc-en-ciel un phénomène qui, en raison de sa fréquence, n'est ni une merveille ni un prodige ; car il n'annonce pas, d'une manière sûre, même la pluie ou le beau temps. Il est évident que le rayon solaire entré dans une nuée concave est repoussé vers le soleil et réfracté, et que la variété des couleurs est due au mélange du nuage, de l'air et du feu. Ce phénomène ne se voit qu’à l'opposite du soleil. Il n'a jamais d'autre forme que celle d'un demi-cercle. Il ne se montre jamais la nuit, bien qu'Aristote rapporte qu'on en a vu quelquefois. Cependant le même Aristote avoue que cela ne peut arriver que le trentième jour de la Lune. Les arcs-en-ciel se montrent en hiver, surtout durant la décroissance des jours, après l'équinoxe d'automne. Après l'équinoxe du printemps, quand les jours croissent, il n'y a pas d'arc-en-ciel ; il n'y en a pas non plus vers le solstice, pendant les jours les plus longs ; mais ils sont fréquents vers le solstice d'hiver, c'est-à-dire pendant les jours les plus courts. Ils sont élevés quand le soleil est bas, bas quand le soleil est élevé, moindres au lever ou au coucher, mais ayant de la largeur ; étroits à midi, mais embrassant un plus grand espace. En été, on n'en voit pas à midi ; après l'équinoxe d'automne, on en voit à toute heure, et jamais plus de deux à la fois. »
74
+
75
+ Le rôle de la réfraction de la lumière sur des gouttelettes d'eau est à nouveau suspecté au début du XIVe siècle par les savants persans Qotb al-Din Chirazi et Kamāl al-Dīn al-Fārisī, et en Europe par Dietrich von Freiberg.
76
+
77
+ René Descartes redécouvre le principe de la loi de la réfraction en 1637. Isaac Newton précise les calculs dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Il distingue sept couleurs, nombre choisi en partie à cause de l'analogie entre la lumière et le son, la gamme musicale comprenant sept notes par octave, mais aussi suivant une tradition antique, puisqu'Aristote distingue sept couleurs du noir au blanc, suivi par Robert Grossetête, au début du XIIIe siècle, qui ne précise pas auxquelles il pense[25]. Pour arriver à sept, Newton inclut l'indigo entre le bleu et le violet. Cette teinte qui ne correspond pas à un champ chromatique, lui sera reprochée. L'historien des couleurs Michel Pastoureau nous rappelle que, dans les textes comme dans les images depuis l'antiquité jusqu'au Moyen Âge, les arcs-en-ciel ont trois, quatre ou cinq couleurs, mais jamais sept[réf. souhaitée].
78
+
79
+ L'arc-en-ciel, peut-être à cause de sa beauté et de la difficulté de l'expliquer, semble avoir depuis longtemps fasciné l'Homme.
80
+
81
+ De nombreux mythes dans le monde entier présentent l'arc-en-ciel comme un pont ou chemin. Il peut être emprunté par des dieux, des chamans, sorciers ou des héros légendaires, pour circuler entre la terre et un autre monde ou entre deux points éloignés de la terre. Parmi les Pygmées d'Afrique[réf. souhaitée], en Indonésie[réf. souhaitée], en Mélanésie[réf. souhaitée], chez certains Amérindiens[réf. souhaitée] on entend des légendes de cette nature. Le Japon ancien le nomme le « pont flottant dans le ciel »[réf. souhaitée]. Dans la mythologie grecque, la messagère Iris a créé ce chemin entre Olympe et terre[réf. souhaitée] (dont on retrouve trace dans le terme espagnol « arco iris »). Dans la mythologie nordique, nommé Bifröst (ou pont de byfrost, chemin tremblant), c'est le « pont » qui permet de rejoindre Ásgard, le royaume des dieux gardé par le dieu Heimdall[réf. souhaitée].
82
+
83
+ En Asie, selon les textes[Lesquels ?], l'arc de Shiva ressemble à l'arc-en-ciel[réf. souhaitée], au Cambodge il est l'arc d'Indra[réf. souhaitée] (Indra produit la foudre et dispense la pluie). Il évoque aussi l'illumination de Bouddha, qui redescend du ciel par cet escalier aux 7 couleurs, dont les rampes sont deux serpents (nâga)[réf. souhaitée]. Les rubans portés par les chamans Bouriates, symbolisant la montée de l'esprit du chaman vers le ciel, sont appelés arc-en-ciel[26].
84
+
85
+ Au Tibet, ce n'est pas un pont mais les âmes des souverains qui rejoignent le ciel[réf. souhaitée].
86
+
87
+ Les Indiens Pueblo nommaient arc-en-ciel l'échelle permettant d'accéder à leurs temples souterrains, évoquant cette fois le lien entre le domaine chtonien et la terre[réf. souhaitée].
88
+
89
+ De nombreux mythes associent aussi l'arc-en-ciel à un serpent mythique (ou groupe de serpents).
90
+
91
+ La mythologie chinoise le présente comme une fente dans le ciel, scellée par la déesse Nuwa qui pour cela a utilisé des pierres de sept couleurs différentes. Cinq caractères chinois au moins désignent l'arc-en-ciel. Tous contiennent le radical « hoei », qui en tant que caractère signifie serpent[réf. nécessaire].
92
+
93
+ Les Pygmées désignent le phénomène comme un dangereux serpent du ciel[réf. souhaitée] ou un double serpent soudé[réf. nécessaire].
94
+
95
+ Pour les Négritos Semang l'arc-en-ciel est un python qui brille de toutes les couleurs quand il monte au ciel prendre un bain, mais l'eau de son bain qu'il renverse en pluie sur terre est très dangereuse pour les humains. Pour les Négritos andaman, c'est le tam-tam (parce qu'il est souvent associé au tonnerre ?) de l’Esprit Forêt, présage de mort ou maladie[27].
96
+
97
+ D'anciens Péruviens[Quoi ?] ne regardaient pas l'arc-en-ciel, et couvraient leur bouche d'une main, car il est aussi la couronne de plume d'Illapa (dieu cruel et intraitable du tonnerre et des pluies). Pour les Incas, l'arc-en-ciel était un serpent céleste mythique. Recueilli par les hommes sous la forme d'un vermisseau, il est devenu gigantesque à force de manger, ce pourquoi il a fallu le tuer parce qu'il imposait qu'on le nourrisse de cœurs humains. Les couleurs vives de certains oiseaux viennent du fait que leurs ancêtres se sont trempés dans le sang de ce serpent géant[28].
98
+
99
+ Dans la symbolique occidentale, l'arc-en-ciel (parce qu'annonciateur du beau temps après la pluie ?) est souvent associé à la joie et la gaieté ou au renouvellement[réf. souhaitée].
100
+
101
+ Certaines traditions associent l'arc-en ciel à un danger venu du ciel[réf. souhaitée].
102
+
103
+ Certains peuples d'Asie centrale et du Caucase[Lesquels ?] lui attribuaient le pouvoir d'aspirer l'eau des fleuves et des lacs, voire d'emporter des enfants ou des hommes de la terre vers le ciel ou dans les nuages[réf. souhaitée].
104
+
105
+ Il peut annoncer des difficultés politiques (« Quand un État est en danger de périr, l'aspect du ciel change… Un arc-en-ciel se montre » ; Huainan Zi)[réf. souhaitée].
106
+
107
+ Le phénomène annonce la maladie ou la mort chez des peuples montagnards du Sud du Viêt Nam[réf. souhaitée].
108
+
109
+ Pour les Irlandais anciens, la cachette secrète de l'or du leprechaun était là où se pose l'extrémité de l'arc-en-ciel. Le spectateur se voit toujours loin de ses extrémités : l'arc se déplace avec lui, et l'or du Leprechaun reste inaccessible[réf. souhaitée].
110
+
111
+ Dans les religions bibliques, l'arc-en-ciel est le signe de l'alliance de Dieu avec les hommes à la suite du déluge (Gn 9, 8-19). C'est un des symboles des enfants de Noé[réf. souhaitée].
112
+
113
+ Un arc-en-ciel apparaît dans le ciel au moment de la naissance de Fou-hi, et chez les Chibcha en Colombie. Il protège les femmes enceintes[29].
114
+
115
+ Dans la mythologie Kabyle (berbère), l'arc-en-ciel est nommé « Thislith n Wanzar » (la femme du dieu Anzar : le dieu de la pluie), il est aussi invoqué par les Kabyles en période de sècheresse, un groupe faisant le tour au village avec une poupée entre les mains et en annonçant « Anzar Anzar, Ayagellid swiṭ arazar » (Anzar Anzar, Oh Dieu arrose la terre jusqu’aux racines profondes).
116
+
117
+ Pour certains peuples il a sept couleurs ; pour les Dogons, quatre : noir, rouge, jaune, vert, qui sont la trace laissée par le mythique bélier céleste qui féconde le soleil et urine les pluies[réf. souhaitée].
118
+
119
+ Les cultures indo-européennes accordent souvent un statut élevé au nombre 7[réf. souhaitée]. On a ainsi les sept jours de la création du monde, de la semaine, les sept notes de musique, les sept mers[réf. souhaitée], etc.
120
+
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+ Ses sept couleurs[Lesquelles ?] sont présentes dans l'ésotérisme islamique (image des qualités divines de l'univers), et en Inde et Mésopotamie elles représentaient les sept niveaux des cieux[réf. souhaitée].
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+ Le drapeau aux couleurs de l'arc-en-ciel est de nos jours associé à diverses notions :
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+ Le substantif masculin[31],[32],[33] « arc-en-ciel » est composé de arc, en et ciel. L'ancien français arc del ciel est attesté dès le XIIe siècle[31] : d'après le Trésor de la langue française informatisé, sa première occurrence se trouve dans Le Jeu d'Adam[32]. La graphie ‹ arc en ciel › se rencontre dans Le Roman de la Rose[32].
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+ Le pluriel d'arc-en-ciel est « arcs-en-ciel »[31],[32].
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+ Dans le langage poétique, l'arc-en-ciel est parfois appelé « arc céleste », « arc des cieux », « arc lumineux », « arc aux sept couleurs » ou encore « arc d'Iris »[32] par référence à la déesse grecque Iris, messagère des dieux et personnification de l'arc-en-ciel.
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+ Les leucocytes (du grec leukos : blanc et kutos : cellule) ou globules blancs sont des cellules produites dans la moelle osseuse et présentes dans le sang, la lymphe, les organes lymphoïdes (ganglions, rate, amygdale et végétations adénoïdes et plaques de Peyer) et de nombreux tissus conjonctifs de l'organisme. Il en existe plusieurs types, les granulocytes (ou polynucléaires), les lymphocytes et les monocytes. Chaque type joue un rôle important au sein du système immunitaire en participant à la protection contre les agressions d'organismes extérieurs de manière coordonnée. De nombreuses pathologies peuvent atteindre ces cellules, par anomalie de production ou de fonctionnement.
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+ Les leucocytes constituent les éléments cellulaires sanguins les moins nombreux, après les érythrocytes et les plaquettes. Ils sont caractérisés par une taille en général plus grande, et par la présence d'un noyau. Leur durée de vie dans le sang est de quelques jours en moyenne.
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+ D'un point de vue structurel, il existe trois grandes classes de leucocytes : les granulocytes (ou polynucléaires), les lymphocytes et les monocytes. La classe des granulocytes regroupe elle-même plusieurs sous-types selon leur coloration : les granulocytes neutrophiles, les granulocytes éosinophiles et les granulocytes basophiles.
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+ En plus de la classification morphologique, la classe des lymphocytes comporte plusieurs types de cellules regroupés selon l'existence de certaines protéines, les clusters de différenciation (CD) au niveau de leur membrane cellulaire : les lymphocytes B, les lymphocytes T et les lymphocytes NK. Ainsi, les lymphocytes B sont caractérisés par la présence des protéines CD19, les lymphocytes T par CD3, et les lymphocytes NK par CD56 (plus ou moins CD16)[2]. La population lymphocytaire sanguine humaine comprend 8 à 12 % de lymphocytes B, 70 à 80 % de lymphocytes T et 5 à 15 % de lymphocytes NK. Les lymphocytes T sont eux-mêmes principalement divisés en deux groupes, les lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T cytotoxiques, caractérisés respectivement par la présence de CD4 et CD8[1].
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+ Les leucocytes constituent un maillon important dans la protection contre les infections. En effet, en agissant de manière séquentielle, ils permettent l'élimination de nombreux agents étrangers parmi les virus, les bactéries, les champignons et les parasites. Il existe deux grandes catégories de cellules d'un point de vue fonctionnel, les leucocytes de l'immunité innée et les leucocytes de l'immunité adaptative, selon la spécificité de la reconnaissance du non-soi[3].
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+ L'immunité innée désigne la protection de l'organisme vis-à-vis du non-soi de manière non spécifique. Cela signifie que des molécules étrangères sont reconnues selon des formes communes, non présentes en temps normal dans l'organisme. C'est la première réponse de l'organisme à une infection, ou réponse inflammatoire. Elle permet en principe l'éradication quasi totale d'un germe lors d'un premier contact[4].
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+
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+ L'ensemble des granulocytes, les monocytes et les lymphocytes NK peuvent y jouer un rôle. Les granulocytes neutrophiles sont des cellules phagocytaires qui jouent un rôle important dans la défense antimicrobienne et l'inflammation au cours des infections bactériennes. Les granulocytes éosinophiles ont un rôle important dans la défense antiparasitaire. Les granulocytes basophiles ont un rôle cytotoxique et inflammatoire. Les monocytes se transforment en macrophages lorsqu'ils atteignent les tissus, ce sont essentiellement des cellules phagocytaires. Les lymphocytes NK reconnaissent les cellules tumorales ou infectées[3].
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+ L'immunité adaptative désigne la protection de l'organisme vis-à-vis du non-soi de manière ciblée. Cela signifie que des molécules étrangères spécifiques d'un unique germe sont reconnues de manière précise. Cette réponse se met en place dans un deuxième temps, à la suite de l'activation de l'immunité innée qu'elle complète. Elle aboutit surtout à la mise en place d'une mémoire immunitaire, ce qui permet une réponse secondaire plus efficace en cas de nouveau contact avec le même pathogène[4].
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+
17
+ Les cellules qui peuvent y participer sont l'ensemble des leucocytes, mais plus particulièrement les lymphocytes T et les lymphocytes B. Les lymphocytes T auxiliaires peuvent activer les cellules de l'immunité innée ou les autres cellules de l'immunité adaptative. Les lymphocytes T cytotoxiques interviennent essentiellement dans les infections à germes intracellulaires, notamment les virus. Les lymphocytes B se transforment en plasmocytes et sécrètent des anticorps qui peuvent agir contre plusieurs types de germes, notamment les bactéries extracellulaires. Enfin, les lymphocytes T régulateurs interviennent pour limiter les dommages tissulaires causés par la réaction inflammatoire[5].
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+
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+ Les leucocytes sont riches en vitamine C, ils en contiennent 80 fois plus que le plasma sanguin[6],[7],[8].
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+
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+ Les leucocytes sont fabriqués dans la moelle osseuse à partir des cellules souches hématopoïètiques dont il existe deux lignées, myéloïde et lymphoïde. La lignée myéloïde est à l'origine des granulocytes et des monocytes ; elle assure également la synthèse des autres cellules du sang qui ne sont pas des leucocytes : les érythrocytes et les plaquettes. La lignée lymphoïde est à l'origine des lymphocytes ; parmi ceux-ci, seuls les lymphocytes T quittent la moelle avant maturité pour se rendre au niveau du thymus afin d'y terminer leur développement.
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+ Les cellules matures des deux lignées circulent ensuite dans le sang et se rendent secondairement dans les tissus de l'organisme. Les monocytes et les lymphocytes circulent aussi dans la lymphe et participent à la formation des organes lymphatiques : ganglions, rate, thymus, amygdales, organes lymphatiques du tube digestif (plaques de Peyer) et ganglions lymphatiques.
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+
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+ Les leucocytes passent la majeure partie de leur temps hors du système circulatoire, et patrouillent dans les tissus où se déroulent la plupart des luttes contre les agents pathogènes.
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+ Toutes les cellules sont éliminées au niveau de la rate où elles sont détruites. Le pus est constitué des débris cellulaire des granulocytes neutrophiles après leur mort au niveau de leur site d'action.
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+ L'exploration médicale de l'ensemble de la lignée blanche est effectuée principalement avec deux examens complémentaires : l'hémogramme et le myélogramme.
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+ Les adultes en bonne santé possèdent, normalement, entre 4 milliards et 10 milliards de globules blancs par litre de sang (soit 4 à 10 G/L).
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+ Le nombre de leucocytes circulant augmente en cas d'infection ou de réaction inflammatoire : on parle alors d'hyperleucocytose. En cas de leucémie, les globules blancs sont produits de manière excessive et peuvent, au maximum, provoquer un syndrome de leucostase.
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+
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+ Les granulocytes éosinophiles peuvent augmenter en cas d'allergie, d'hémopathie (lymphome) ou de maladie auto-immune
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+ Un déficit en nombre de globules blancs dans le sang est appelé leucopénie.
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+ Le myélogramme permet d'étudier la production des leucocytes. Cet examen est indiqué dans certains cas de cytopénies.
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41
+ Les granulocytes basophiles jouent un rôle majeur dans l'allergie en libérant de l’histamine.
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43
+ Les lymphocytes B fabriquent des anticorps qui peuvent être dirigés contre un antigène du « soi » et ils sont alors à l'origine d'une maladie auto-immune (exemple : facteur antinucléaire et lupus).
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+ Les lymphocytes T auxiliaires deviennent déficients dans le cas d'une infection par le VIH.
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+ Certaines hémopathies malignes affectent spécifiquement les leucocytes : leucémie aiguës et chroniques, lymphome, myélome, dysgammaglobulinémies malignes (maladie de Waldenström).
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+ Il existe aussi des maladies génétiques : neutropénie congénitales sévères, syndrome de Shwachman, neutropénie cyclique, granulomatoses septiques...
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+ « kocytes, such as neutrophils and monocytes, actively accumulate vitamin C against a concentration gradient, resulting in values that are 50- to 100-fold higher than plasma concentrations. These cells accumulate maximal vitamin C concentrations at dietary intakes of ~100 mg/day »
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+ L’Europe est considérée conventionnellement comme un continent, délimité à l’ouest par l’océan Atlantique et la mer de Norvège, et au nord par l’océan Arctique. Sa limite méridionale est marquée par le détroit de Gibraltar qui la sépare de l'Afrique, tandis que les détroits respectivement du Bosphore et des Dardanelles marquent sa frontière avec l'Asie du Sud-Ouest. Sa limite à l'est, fixée par Pierre le Grand aux monts Oural, au fleuve Oural et au Caucase est la limite traditionnellement retenue, mais reste, faute de séparation claire et précise, l'objet de controverses selon lesquelles un certain nombre de pays sont ou ne sont pas à inclure dans le continent européen. Géographiquement, ce peut être considéré aussi comme une partie des supercontinents de l'Eurasie et de l'Afro-Eurasie.
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+ Dans son acception la plus commune, le continent européen couvre une superficie d’environ 10 millions de km2 et a une population d’environ 743 millions d’habitants. Ses habitants sont les Européens.
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+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord. L'Europe comprend une diversité de climats : un climat tempéré sur la majorité de sa surface, du fait de l'influence de l'océan Atlantique Nord-Est et de la mer Méditerranée et un climat de type continental à l'est de la Pologne orientale. Elle connaît aussi un climat océanique froid, voire polaire, dans ses régions les plus septentrionales, et un climat subtropical humide dans les Balkans autour de la Mer noire. Arrosé par de nombreux fleuves et rivières, le continent n'est pas en stress hydrique.
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+ L'Europe recouvre une grande biodiversité et a été pionnière dans les questions environnementales.
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+ Le peuplement s'est effectué de manière continue depuis 1,8 ou 2 millions d'années, des cycles glaciaires et interglaciaires créant des périodes d'isolement géographique à l'origine d'une différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent à partir d'une espèce commune apparue en Afrique. Arrive ensuite Sapiens, également né en Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités » à partir de 70 000 ans avant l'ère commune.
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+ La population européenne se sédentarise entre 7 500 et 8 000 ans avant J.-C., par l'effet de diffusion de populations et de techniques apparues sur le plateau d'Anatolie vers 11 000 ans avant J.-C. et pratique l'agriculture à partir de 5 000 ans avant J.-C. Des hypothèses linguistiques et archéologiques ainsi que des études génétiques récentes accréditent la thèse d'un peuplement de l'ensemble du continent par des populations de l'est de l'Europe qui seraient les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes.
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+ Les peuples germains apparaissent 2 000 ans avant J.-C. au nord de l'Europe, les peuples celtes s'étendant quant à eux à partir de 1 200 ans avant J.-C. sur la majeure partie du territoire, du bassin des Carpates à l’est de la France.
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+ Mais c'est la Grèce, avec sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), qui doit être considérée  comme le berceau culturel de l'Europe. Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. Le continent est alors divisé entre le monde romain et celui des barbares (Pictes celtes et Germains). L'influence romaine s'inscrit dans la culture, via la langue latine, ainsi que dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation, sur un vaste territoire borné au nord par le mur d'Hadrien et à l'Est par le Rhin et la Vistule, et qui s'étend par ailleurs en Afrique et en Asie.
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+ L'Europe est ainsi le berceau de la civilisation gréco-romaine, qui a donné le jour à la civilisation occidentale. Le christianisme s'y diffuse à partir du Ier siècle.
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+ En 395 apr. J.-C., l'Empire romain est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient seul perdurant (jusqu'au milieu du XVe siècle) tandis que l'Empire romain d'Occident se délite dès le Ve siècle sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares
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+ Plusieurs tentatives furent faites pour reconstituer l'Empire romain d'Occident :celles de Charlemagne, des souverains du Saint-Empire romain germanique, d’Otton Ier en 962 à Charles Quint au XVIe siècle, voire de Napoléon Ier
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25
+ Le morcellement féodal prévalut au Moyen Âge, avec toutefois l'élaboration d'une civilisation commune aux Européens autour de la foi chrétienne.
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27
+ Des États-nations se constituèrent ensuite progressivement, et leur rivalité entraîna des guerres importantes au fil des siècles, de la guerre de Cent ans aux guerres du XXe siècle.
28
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29
+ L'unité religieuse fut également perdue, un premier schisme séparant en 1054 les chrétiens d'Occident (catholiques) des chrétiens de l'Est de l'Europe (orthodoxes). La Réforme protestante entraîna un deuxième schisme à partir du XVe siècle et de nombreuses guerres de religion, notamment en France, entre Catholiques et Protestants.
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31
+ L'Europe est toutefois, à partir de la Renaissance, à l'origine de plusieurs bouleversements historiques majeurs. La période moderne voit l'invention de l'imprimerie, la première alphabétisation de masse à la suite de la Réforme protestante, les grandes découvertes. Elle voit éclore le siècle des Lumières, est à l'origine de la diffusion du capitalisme marchand puis de la révolution industrielle. Elle invente des formes politiques nouvelles nées des révolutions anglaise et française.
32
+
33
+ Du XVIe au XXe siècles, elle colonise par peuplement l'ensemble du continent américain. Elle établit par ailleurs, au travers de plusieurs de ses nations, des empires coloniaux dans la quasi-totalité de l'Afrique, l'Océanie et de grandes parties de l'Asie jusque dans les années 1950-1960. C'est en Europe également que prennent naissance les deux guerres mondiales et que se produit la Shoah.
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35
+ La Seconde Guerre mondiale, qui l'a laissée exsangue, fait perdre à l'Europe son hégémonie mondiale et enclenche un mouvement de décolonisation. Pendant la Guerre froide, le continent est divisé en deux blocs séparés par un rideau de fer, celui de l'Ouest et celui de l'Est, idéologiquement opposés. Le bloc occidental, zone d'influence américaine, connaît un essor économique rapide et met en place les premières étapes d'une union européenne, économique puis politique, qui ira croissant dans le nombre des États membres, en intégrant en particulier un certain nombre d'ex-pays de l'Est après l'effondrement du bloc soviétique. De nombreuses critiques se sont élevées depuis une quinzaine d'années à son encontre dans les populations des États membres, notamment à la suite du non-respect des votes référendaires ou de la crise de l'Euro. Elles se sont exprimées à travers le vote du Brexit qui a entraîné le départ du Royaume-Uni en 2020.
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+ Deux origines concurrentes du mot « Europe » ont été proposées[1].
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+ La première fait provenir ce nom de l'usage par les marins phéniciens des deux mots Ereb, le couchant, et Assou, le levant pour désigner les deux rives opposées de la mer Égée : d'une part la Grèce actuelle et d'autre part l'Anatolie (Ἀνατολή signifie pareillement, en grec, le levant). La première mention connue de ces mots sémitiques se trouve sur une stèle assyrienne qui distingue Ereb, la nuit, le [pays du soleil] couchant, et Assou, le [pays du soleil] levant. Selon Michael Barry, les deux mots sont probablement à l'origine des deux noms grecs Eurôpè et Asia dans leur acception géographique antique[2][source insuffisante]. En grec, dans un hymne à Apollon datant d’environ 700 avant notre ère, Eurôpè représente encore, comme Ereb, le simple littoral occidental de l’Égée[2]. C'est également le nom de la princesse de Tyr enlevée par Zeus. Néanmoins, cette étymologie sémitique est à peine encore défendue[3] et cette proposition est généralement considérée comme improbable ou indéfendable[Note 2],[Note 3].
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+ La seconde est grecque. Dans la mythologie grecque, plusieurs « Europe » sont connues, Europe, fille du géant Tityos ; la mère de Niobé ; la fille de Nil, une épouse de Danaé ; selon Hésiode, Europe l'Océanide est l'une des trois mille nymphes d'Océan et de Téthys ; dans l’Iliade, Europe est la fille de Phœnix, ascendant du peuple phénicien. Europè (εὐρώπη) provient de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, εὐρύς, signifie soit large, qui s'étend en largeur, soit vaste, qui s'étend au loin[Note 4] ; le second, en grec ancien ὤψ, signifie soit regarder en face, regard, soit œil[Note 5]. Le terme signifie « [celle qui a] de grands yeux » et devient un prénom féminin, donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse princesse Europe enlevée par Zeus déguisé en taureau. Hérodote fait remarquer que la jeune princesse ne pose jamais le pied sur le continent du côté grec désigné par le terme géographique Eurôpè puisque Zeus la dépose en Crète[6]. À Gortyne, à l’endroit où ils s'unissent, près d'une fontaine a poussé un platane qui ne perd jamais son feuillage[7].
42
+
43
+ En 1961, une troisième origine est avancée par des archéologues spécialistes de l'Empire hittite, qui émettent l'hypothèse que les noms des deux continents Europe et Asie viendraient de deux royaumes voisins de l'Empire hittite situés de part et d'autre du Bosphore : Avrupa, correspondant approximativement à la Thrace, aurait donné le nom « Europe » tandis qu'Assuwa, correspondant au quart nord-ouest de l'actuelle Turquie anatolienne, aurait donné le nom « Asie »[8]. La langue turque actuelle utilise toujours le vocable Avrupa pour désigner l'Europe.
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+
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+ De nos jours, les institutions de l'Union européenne retiennent et propagent l'affirmation selon laquelle le nom du continent viendrait de la mythique Europe enlevée par Zeus[9],[10],[Note 6],[12].
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+
47
+ Selon Jean Haudry, Europē est initialement une désignation de la Grèce continentale par opposition au Péloponnèse, aux îles et à la Thrace. Ce serait seulement à partir des guerres médiques, que le terme s'oppose à l'Asie (qui ne désigne que l'Asie Mineure) et à la Libye (l'Afrique) pour s'appliquer au continent européen, dont les limites demeurent inconnues[13].
48
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49
+ L'usage fait de l'Europe un continent[Note 7] mais il s'agit, si l'on considère la plaque eurasiatique, de la partie occidentale (une péninsule[15]) d'un super-continent[16]. Cela entraîne que les limites terrestres de l'Europe ont donc toujours été imprécises à l'est car il n'existe pas de relief ou de mer venant clairement scinder l'Eurasie. Les frontières géographiques de l'Europe sont donc plus politiques que physiques[17].
50
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51
+ Pour les Grecs, l'Europe ne s'étendait pas « au-delà du Bosphore et des rives occidentales de la mer Noire »[18]. Jusqu'au règne du tsar Pierre le Grand (1682-1725), la limite orientale de l'Europe est fixée au fleuve Tanaïs (actuel Don)[19]. Pierre le Grand mène une politique de réorientation de l'Empire russe vers l'Europe, en fondant Saint-Pétersbourg capitale ouverte sur la mer Baltique et en chargeant Vassili Tatichtchev de déplacer vers l'est la frontière de l'Europe. Ce dernier choisit le massif de l'Oural et le fleuve Oural[20]. Au sud-est, la mer Caspienne, le massif du Caucase, la mer Noire et le détroit du Bosphore séparent l'Europe du Proche-Orient. Au sud et au sud-ouest, la Méditerranée et le détroit de Gibraltar séparent l'Europe de l'Afrique. Le continent est bordé à l'ouest par l'océan Atlantique et au nord par l'Arctique. Sont considérées comme européennes l'Islande (située géologiquement sur la séparation Eurasie-Amérique[21]) et les principales îles de la Méditerranée ; le cas de Chypre est toutefois particulièrement sujet à débat, à la fois sur les plans géographique, culturel, politique et historique[22].
52
+
53
+ Les cas de la Russie, de la Géorgie et de la Turquie sont emblématiques du hiatus politico-géographique. Ces nations ayant la plus grande partie de leur territoire en Asie (Russie) et au Moyen-Orient (Turquie), le plan politique ne recoupe pas le « plan » géographique premier. Ainsi, si la Russie est occidentale par sa culture, son histoire et une part de son territoire, son centre de gravité fait d'elle un quasi-continent, s'étendant du Pacifique jusque dans l'Europe. Ensuite la Géorgie conserve un territoire de part et d'autre du Caucase qui atteint la mer Noire. Le cas est plus complexe pour la Turquie, celle-ci possédant la majeure partie de son territoire au Moyen-Orient, et possédant par l'histoire une culture mixte entre la culture occidentale et moyen-orientale.
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+ Le Groenland, qui appartient au Danemark est rattaché à l'Europe.
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57
+ Certains territoires, les régions ultrapériphériques, font partie de l'Union européenne quoique étant situés en dehors du continent (la communauté autonome espagnole des îles Canaries, les cinq départements et régions d'outre-mer français, la collectivité d'outre-mer française de Saint-Martin et les deux régions autonomes portugaises de Madère et des Açores)[23].
58
+
59
+ L'Europe a une superficie d'un peu plus de 10 millions de kilomètres carrés (10 392 855 km2[réf. nécessaire]). Cela représente un tiers de l'Afrique, un quart de l'Asie et de l'Amérique.
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61
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord.
62
+
63
+ L'organisation de l'espace montre un cœur économique, la « banane bleue » ou mégalopole européenne, qui comprend notamment l'Europe rhénane ainsi que les périphéries européennes[24].
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+ Les frontières orientales de l'Europe sont avant tout politiques : la limite de l'Oural est due aux cartographes du tsar Pierre Ier le Grand au XVIIIe siècle. De même, la frontière fut déplacée des hautes crêtes du Caucase vers la mer Caspienne au début du XIXe siècle pour justifier l'annexion de la Géorgie et de l'Arménie dans l'Empire russe. D'un point de vue géologique, si l'on se réfère à la tectonique des plaques, l'Europe et la partie continentale de l'Asie ne sont qu'un seul et même continent, dénommé Eurasie. Aussi, quelques géographes éminents, tels qu'Alexander von Humboldt, considéraient-ils l'Europe comme une simple péninsule de l'Asie.
66
+
67
+ Le climat européen est conditionné notamment par son étalement en latitude du 36e au 71e parallèle nord, soit plus de 4 000 kilomètres entre les espaces scandinave et méditerranéen. De ce fait, le contraste de température est considérable entre l'extrême nord, moyenne annuelle −5 °C environ comme dans l'archipel de Nouvelle-Zemble, et l'extrême sud, moyenne annuelle 18,7 °C environ pour la Crète.
68
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69
+ L'Europe dispose d'une vaste zone côtière, et l'influence océanique atlantique et méditerranéenne contribuent à modérer les températures sur une bonne partie de l'Europe. Elle est située à l'est et au sud de l'Atlantique nord-est dont la température est notablement attiédie par la dérive nord-atlantique. Du fait de sa latitude, la majeure partie du continent est soumise au flux d'ouest dont la température a été auparavant adoucie par son passage sur cette partie de l'océan. Ce flux d'ouest n'est pas contrarié dans sa progression vers l'est en raison des grandes plaines largement ouvertes vers l'ouest dans la partie moyenne de l'Europe.
70
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71
+ En toutes saisons, ce flux est tempéré et porteur de perturbations assurant des pluies régulières. Au fur et à mesure de sa progression à l'intérieur des terres, ce flux subit les influences continentales : il devient moins tempéré et s'assèche progressivement, les précipitations devenant moins régulières. Vers l'est, les hautes pressions hivernales prennent de l'importance, font barrage au flux océanique et sont la source d'épisodes très froids et secs. Au nord, les montagnes scandinaves font obstacle aux vents d'ouest et entraînent un climat continental froid sur la partie orientale de la Scandinavie. Le flux océanique voit également son importance climatique diminuer au sud de l'Europe, à cause de la latitude, des hautes pressions estivales, et des barrières montagneuses conséquentes qui s'interposent la plupart du temps en direction de la Méditerranée.
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+
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+ Tous ces facteurs expliquent la répartition des climats européens[25].
74
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75
+ La bordure de l'océan Arctique connaît un climat polaire sans véritable été (température de juillet inférieure à 10 °C, ET dans la classification de Köppen) avec des précipitations faibles. L'hiver est froid ou très froid avec une température moyenne de janvier qui s'abaisse à −20 °C vers l'est, il est assez perturbé du fait du voisinage de la mer.
76
+
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+ Les littoraux du Nord-Ouest, la bordure côtière de la Norvège, les îles au nord de l'archipel britannique, l'Islande connaissent un climat océanique frais avec une température moyenne dépassant 10 °C pendant moins de quatre mois (Cfc dans la classification de Köppen[précision nécessaire]). Les précipitations sont abondantes, généralement plus de 1 000 mm par an et souvent beaucoup plus dès qu'il y a des reliefs un peu importants. Les pluies sont réparties en toutes saisons avec un maximum d'automne ou d'hiver. Les tempêtes d'automne et d'hiver sont très fréquentes. Bien qu'agité, l'hiver reste « tempéré » par rapport à la latitude, entre −3 °C et 4 °C pour le mois le plus froid. L'été est frais et la température moyenne de juillet est comprise entre 10 °C et 14 °C.
78
+
79
+ Sur le domaine littoral plus bas en latitude, depuis les Îles britanniques jusqu'au nord-ouest de l'Espagne, en passant par la bordure côtière des Pays-Bas, de la Belgique, de la France s'étend un climat océanique bien caractérisé, avec une faible amplitude entre l'hiver et l'été et une température moyenne qui augmente du nord vers le sud mais assez homogène par rapport à l'étalement en latitude. Dans cette zone, le flux océanique modère les températures, les pluies sont fréquentes et régulières en toutes saisons avec cependant un maximum d'automne au nord et d'hiver au sud. Le total des précipitations annuelles, plus modéré que dans le type précédent, est compris entre 700 mm et 1 000 mm sauf sur les massifs côtiers - Écosse, Pays de Galles, Cordillère Cantabrique - où ce total peut largement dépasser 2 000 mm. Les tempêtes automnales et hivernales sont fréquentes mais un peu moins que dans la zone précédente. En hiver, par rapport à la latitude, le gel et la neige sont relativement rares ainsi que les fortes chaleurs en été. Les étés sont tempérés avec une température moyenne qui dépasse 10 °C pendant plus de quatre mois[27]. Pour le mois le plus chaud la température est comprise entre 15 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 2 °C à 10 °C du nord-est au sud-ouest.[réf. non conforme]
80
+
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+ À l'est de cette zone, le climat, encore modéré par l'influence de l'océan, connaît une altération de ses caractéristiques quand on s'éloigne du littoral. La limite avec le domaine précédent est assez floue, cependant on peut considérer qu'à partir de quelques dizaines de kilomètres du littoral, dans la vaste zone de plaines ou de moyennes montagnes qui va du Bassin parisien au sud de la Scandinavie, à l'ouest de la Pologne et limitée par les contreforts des Alpes suisses et autrichiennes au sud, le climat est assez homogène sur une grande étendue. Il se continentalise peu à peu tout en conservant des caractéristiques modérées par rapport à la latitude (comme précédemment Cfb selon Köppen), les pluies deviennent un peu moins régulières, leur volume diminue progressivement, entre 500 et 700 mm en plaine, 800 à 1 500 mm sur les reliefs. Les pluies sont réparties très uniformément tout au long de l'année avec un maximum pluviométrique qui tend à devenir plutôt estival. Les tempêtes automnales et hivernales voient leur importance diminuer au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'océan, mais ne sont pas exclues. L'amplitude entre l'hiver et l'été ainsi que la fréquence des épisodes de température extrêmes augmentent progressivement mais les moyennes restent modérées par rapport à la latitude. La température du mois le plus chaud est comprise entre 17 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 5 °C à −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « parisien », « semi-océanique d'abri ».
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+ Un peu plus au sud, du Bassin aquitain jusqu'à une partie des Balkans hormis la plaine du Pô, le climat est encore océanique ou semi-océanique (Cfb dans la classification de Köppen), mais se distingue par ses températures d'été plus élevées (moyenne de juillet de 19 °C à 23 °C) et par une multiplication des climats locaux du fait du relief beaucoup plus compartimenté. Les précipitations peuvent être importantes à proximité des reliefs exposés aux flux humides ou bien réduites dans les bassins abrités. Les étés sont plus orageux que dans le type précédent avec des précipitations plus irrégulières. Mais la chaleur moyenne de juillet reste en dessous de 23 °C et l'été connaît encore des périodes de rafraîchissement épisodiques, ce qui est un trait des climats océaniques. Les hivers restent doux à proximité de l'océan mais nettement plus froids vers l'Europe centrale. La température du mois le plus froid (janvier le plus souvent) est comprise entre 6 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « aquitain », « semi-océanique d'abri ».
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+ À l'est des deux domaines précédents, à partir de la Pologne orientale, la façade orientale de la chaîne scandinave et les confins de l'océan Arctique au nord jusqu'à l'Oural vers l'est, jusqu'à la mer Noire, le Caucase et la Caspienne au sud apparaît le climat continental. L'hiver est froid avec blocage fréquent du flux océanique par l'anticyclone continental générateur d'épisodes très froids et secs. La moyenne de janvier va de −3 °C de l'ouest à −20 °C vers le nord-est. L'été, l'anticyclone continental disparaît et le flux atlantique pénètre plus librement à l'intérieur du continent, l'été est encore frais au nord mais il est de plus en plus chaud vers le sud, 10 °C en juillet à la frontière du domaine polaire, jusqu'à 25 °C près de la mer Caspienne (au nord, où les étés sont frais, nous sommes dans le domaine Dfc de Köppen, Dfb plus au sud, là où la moyenne dépasse 10 °C durant au moins quatre mois). Les saisons intermédiaires sont courtes. Les pluies sont plus irrégulières avec un maximum de printemps ou d'été. Au nord du domaine, les étés sont assez pluvieux et restent frais avec une évaporation modérée, la sécheresse d'été est modérée. Vers le sud, la chaleur augmente ainsi que l'irrégularité des pluies, la sécheresse relative d'été s'intensifie et les abords de la Caspienne connaissent un climat steppique (BSk selon Köppen).
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+ Les montagnes (Alpes, Pyrénées, Carpates, chaînes balkaniques, Caucase, Alpes scandinaves) connaissent le climat montagnard qui correspondent à peu près à celui des plaines environnantes mais modifiés par l'altitude. Celle-ci provoque un abaissement de la température, en toutes saisons mais davantage en été qu'en hiver et une augmentation des pluies pour les versants exposés aux vents pluvieux. Les reliefs multiplient les climats locaux du fait des différences d'expositions au soleil et du fait de la modification du régime des vents qu'ils induisent.
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+
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+ Dans la plaine du Pô et dans les Balkans bordant la mer Noire, les chaînes de montagnes font barrage au flux océanique, la chaleur estivale s'accentue avec une température moyenne de juillet supérieure à 22 °C, les précipitations deviennent plus importantes en été. Selon la classification de Köppen, ce climat est appelé tempéré à étés chauds (Cfa). Les hivers sont assez variables, de assez doux comme sur les côtes occidentales de l'Adriatique, à assez froid (Bulgarie, Roumanie), mais toujours avec une température moyenne de janvier supérieure à −3 °C. La température du mois le plus froid est comprise entre 3 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. Les influences océaniques concernent peu cette zone. Le cumul annuel des précipitations s'assèche progressivement vers l'est. Les pluies, encore réparties sur toute l'année, prennent cependant une importance estivale marquée, notamment sous forme d'orages.
90
+
91
+ Les régions bordant la Méditerranée (majeure partie de l'Espagne, Sud-Est de la France, Italie excepté les Alpes et la plaine du Pô, la Croatie, la Slovénie, l'Albanie, la Grèce et les îles méditerranéennes) connaissent un climat méditerranéen, Csa et Csb d'après Köppen. À l'écart du flux océanique humide du fait des montagnes et de la latitude, ce climat est caractérisé par une sécheresse estivale et un ensoleillement nettement plus important que dans les domaines précédents. Les pluies ne sont pas souvent apportées par le flux atlantique mais la plupart du temps par des perturbations qui se développent sur place, alimentées par l'air méditerranéen, ces perturbations sont moins nombreuses que les perturbations océaniques mais les pluies qu'elles apportent sont copieuses et parfois excessives. Le total pluviométrique annuel des régions méditerranéennes est à peu près le même que pour les domaines précédents mais la répartition des précipitations est beaucoup plus irrégulière. L'été est à peu près sec surtout près des côtes et dans le sud, les pluies de printemps et d'automne sont prédominantes au nord du domaine méditerranéen et celles d'hiver au sud. Suivant les effets d'abris ou au contraire suivant les effets de couloir induits par les reliefs environnants, ce domaine est calme ou au contraire très venté (mistral, tramontane, bora, etc.). Les températures hivernales sont douces sauf en moyenne montagne, 5 à 11 °C en janvier, de l'intérieur vers la côte et du nord vers le sud. L'été est chaud 22 °C à 27 °C en juillet du nord vers le sud. Ce type de climat est généralement limité par les versants sud ou est des massifs montagneux : chaîne Cantabrique, Pyrénées, Alpes et Balkans. Sur le littoral atlantique, la limite se trouve à peu près au nord du Portugal. C'est à partir de cette zone que l'on observe des caractéristiques méditerranéennes marquées (chaleur et sécheresse d'été entraînant des feux de forêt réguliers, un ensoleillement élevé comparé aux régions océaniques, etc.).
92
+
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+ L'Europe est assez bien arrosée par des fleuves et rivières, et pratiquement aucune zone n'est en stress hydrique.
94
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95
+ Trois fleuves d'Europe, le Rhin, le Rhône, et le Pô, prennent leur source dans les Alpes, quelquefois appelées pour cette raison le « château d'eau de l'Europe » (au moins de sa partie occidentale). Le Rhin se jette dans la mer du Nord, le Rhône dans la mer Méditerranée et le Pô dans la mer Adriatique. Le Danube prend sa source dans la Forêt-Noire et se jette dans la mer Noire. L'Elbe se jette dans la mer du Nord. La Vistule et l'Oder se jettent dans la mer Baltique. Le Dniepr, fleuve de plaine, se jette dans la mer Noire. La Volga et l'Oural se jettent dans la mer Caspienne.
96
+
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+ L'Europe regroupe plusieurs zones biogéographiques et une grande variété d'écosystèmes terrestres et marins, qui ont souvent été intensivement exploités, fragmentés et pollués.
98
+
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+ L'Europe a été motrice pour de nombreux états-membres en matière de Droit de l'environnement avec notamment les directives Habitats et Oiseaux, bien que certains états membres (dont la France) les aient tardivement et incomplètement appliquées. Une directive-cadre sur l'eau est en cours d'application, des directives sur le sol et la mer sont en projet, et le 1er janvier 2005 est entrée en vigueur la nouvelle norme européenne pour limiter la pollution atmosphérique : les agglomérations de plus de 250 000 habitants de l'Union européenne ne doivent pas dépasser certaines valeurs limites : 50 microgrammes (0,05 mg) de particules par mètre cube d'air ambiant doit être le seuil maximum pour 35 jours par an, et la valeur moyenne annuelle ne doit pas aller au-delà de 40 microgrammes. Cependant, les normes anti-pollution déjà en vigueur n'étaient déjà pas respectées : en 2002, 11 pays sur 15 ont dépassé la marge autorisée.
100
+
101
+ Depuis 1996, le conseil de l'Europe invite les états à construire ensemble un Réseau écologique paneuropéen et ils doivent appliquer, comme toutes les collectivités la directive 2003/4 concernant l'accès du public à l'information en matière d'environnement, la directive INSPIRE (Infrastructure d’information spatiale en Europe). Un futur Réseau européen de données d'observation et de surveillance (EMODNET / European Monitoring Observation. Data Network) est en construction.
102
+
103
+ Pour mesurer l'état de l'environnement, les pressions et les réponses, l'UE s'est dotée d'une Agence européenne pour l’Environnement (AEE) qui applique maintenant la méthodologie LEAC (Land and Ecosystem Accounting - Comptabilité des écosystèmes et du territoire). Le système Corine Landcover et d'autres permettent d'harmoniser les cartes européennes de données environnementales.
104
+
105
+ Bilan : malgré des efforts importants, comme dans la plupart des autres régions du monde, la biodiversité qui y fait l'objet d'évaluations[33] périodiques, est globalement en recul (sauf pour certaines les espèces plutôt généralistes et banales). Les espèces invasives continuent à gagner du terrain. À ce titre, la commission européenne a publié le 13 juillet 2016, une liste des trente-sept espèces à combattre pour éviter qu'elles ne portent préjudice aux espèces indigènes. Cette liste prévoit d’interdire l’importation, la vente, la reproduction, la culture ou l’élevage de ces animaux et végétaux qui menacent la biodiversité[34],[35].
106
+
107
+ Les objectifs européens en matière de lutte contre le changement climatique, et limitation des émissions de gaz à effet de serre, dont celui de -25 % pour 2020 semble difficile à tenir (pour les transports et l'agriculture notamment[36]), la Pologne s'y opposant même[36] avant que le 21 juin 2011, les ministres de l'environnement européens (en Conseil environnement) examinent un nouveau projet de feuille de route pour 2050 (économie européenne bas carbone) présentée par la Commission européenne le 8 mars 2011, confirmant l'objectif du Conseil d'octobre 2009 de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % en 2050 (par rapport à 1990), avec un calendrier de -40 % par rapport à 1990 en 2030, -60 % en 2040 et -80 % en 2050 (un pays s'est encore opposé à ces objectifs)[37].
108
+
109
+ En 2019, on compte 20 % d'oiseaux en moins en Europe qu'en 2000[38]
110
+
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+ Plus de 40 % des espèces d’arbres présents en Europe sont menacées d’extinction selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature. L'organisation appelle l’Union européenne à agir, indiquant que « Les arbres sont essentiels à la vie sur terre et les arbres européens dans toute leur diversité sont une source de nourriture et d’abri pour d’innombrables espèces animales telles que les oiseaux et les écureuils »[39]. En outre, la moitié des espèces d’arbustes présents en Europe sont menacées de disparition, ainsi qu’un cinquième des espèces de mollusques terrestres, tels que les escargots, et certaines espèces de bryophytes (plantes non vascularisées), comme des mousses[39].
112
+
113
+ Le peuplement de l'Europe est conditionné par les cycles glaciaires et interglaciaires qui se succèdent, notamment au Pléistocène moyen (0,781 à 0,126 Ma), et qui affectent la démographie des populations, créant notamment des périodes d'isolement géographique qui sont une des raisons de la différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent. Homo naît et évolue en Afrique, où il s'affranchit d'abord du milieu forestier, puis connaît une expansion constante vers les latitudes moyennes d'Eurasie, puis les hautes latitudes. Cela est rendu possible par sa capacité à s'adapter aux changements d'environnement et par ses caractéristiques de prédateur, lesquelles culminent chez Néandertal l'Européen, devenu principalement un chasseur carnivore occupant le haut de la chaîne alimentaire, un superprédateur chasseur de gros gibier. Arrive ensuite Sapiens, venu d'Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités »[40],[41],[42],[43],[44].
114
+
115
+ Le genre Homo apparaît en Afrique, probablement vers 2,7 millions d'années (Ma) dans la basse vallée de l’Omo, en Éthiopie, et il est attesté de manière certaine vers 2,4 à 2,3 Ma[45]. Les premiers Homo erectus quittent l'Afrique et atteignent l'Eurasie il y a sans doute 1,8 ou 2 millions d'années[46], mais les dates et les chemins empruntés[47],[48] ainsi que certaines différenciations en espèces (H. erectus, H. ergaster, H. antecessor, H. heidelbergensis) sont encore discutées[Note 8],[50].
116
+
117
+ Homo georgicus, parfois considéré comme un Homo ergaster européen[51],[45], dont les restes ont été découverts en 2002 à Dmanissi, en Géorgie (Caucase), est le premier représentant du genre Homo attesté en Europe (et aussi l'un des plus anciens hors d'Afrique) ; il est daté d'environ 1,8 Ma[52],[53]. D'autres lui succèdent ; on a trouvé, à Kozarnika (Bulgarie), une industrie lithique, datant de 1,4 Ma et, en actuelle Espagne, des restes humains à Sima del Elefante (appartenant au site d'Atapuerca), datant de 1,4 Ma et à Orce, les restes de l'Homme d'Orce et de l'Enfant d'Orce, datant de 1,2 Ma[54],[55]. Le site d'Atapuerca a livré aussi des restes d'industrie lithique d'environ 1,4 Ma, et des restes humains ayant abouti à la description d'Homo antecessor, daté d'env. 820 000 BP, possible ancêtre de H. neanderthalensis, attestant d'un peuplement continu de l'Europe occidentale depuis 1,8 Ma ainsi que de l'existence possible d'une migration à partir de l'Europe centrale, depuis Dmanissi (où a été découvert H. georgicus), et non pas via le détroit de Gibraltar[56],[57],[58],[49]. Jusqu'à H. antecessor, l'industrie lithique associée à ces peuplements est l'Oldowayen, technique des galets aménagés. Vient ensuite Homo heidelbergensis (l'Homo erectus européen[51], 650 000-300 000 BP, espèce à laquelle appartient, par exemple, l'homme de Tautavel), décrit à partir de plusieurs fossiles, retrouvés en Allemagne actuelle, à Heidelberg, d'où provient son holotype et en Espagne, sur le site d'Atapuerca ; H. heidelbergensis pourrait être l'ancêtre d'H. neanderthalensis[59],[60],[61]. L'industrie lithique associée aux heidelbergiens est l'Acheuléen, caractérisé par la technique des bifaces, attesté il y a 650 000 ans en Europe mais né en Afrique il y a 1,7 Ma[62]. À la même époque, vers 450 000 à 500 000 ans BP, les Européens commencent à maîtriser le feu, étape importante de l'évolution, qui permet la cuisson des aliments et donc facilite l'assimilation des nutriments, et qui permet aussi de se chauffer, dans un environnement climatique globalement plus froid qu'actuellement, ce qui concourt à un processus de socialisation[63],[64],[65].
118
+
119
+ Homo neanderthalensis, l'« Homme de Néandertal », naît il y a environ 400 000 ans en Europe occidentale, issu sans doute d'une forme de spéciation (« spéciation par distance »)[66],[67],[68] d'H. erectus/heidelbergensis, ou d'une dérive génétique (modèle d'accrétion)[69], dans un contexte où l'Europe est isolée par les glaces du reste de l'ancien monde[70],[71]. Neandertal est très adaptable, il s'accommode des périodes glaciaires et inter-glaciaires et des environnements correspondants et s'étend massivement en Europe[72] et au-delà, vers l'Asie Centrale et le Proche-Orient entre 120 000 et 110 000 ans BP[73],[74]. Physiquement robuste et adapté au froid, Néandertal possède des capacités cognitives proches de celles de l'« Homme moderne » (Homo sapiens)[75], il pratique des rituels, il enterre ses morts, le premier en Europe à le faire, et il pratique une forme d'art[76],[77],[78],[79],[80]. Il est associé au Moustérien[81]. Le nombre de néandertaliens (métapopulation) est compris dans une fourchette allant de quelques milliers à 200 000 individus, donnant en tout état de cause une très faible densité de population[82],[83],[84].
120
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121
+ Homo sapiens, quant à lui, naît en Afrique, il y a environ 300 000 ans[85]. Sa présence hors d'Afrique, sous une forme archaïque, est attestée par des fossiles âgés de 180 000 ans environ, en Israël (Grotte de Misliya)[86],[87],[88]. L'expansion de Sapiens se fait en plusieurs vagues, lesquelles empruntent probablement un chemin passant par Bab-el-Mandeb, détroit entre la péninsule arabique et l'Afrique, outre celui par le Nil et le Proche-Orient[89],[90],[91],[92], mais les premières n'atteignent pas l'Europe. Les vagues de Sapiens évolués qui atteignent l'Europe partent d'Afrique vers 70 000 ans et leurs plus anciennes traces en Europe datent de 45 000 ans (Grotta del Cavallo)[93],[94],[95]. À partir de 45 000 ans, H. sapiens commence sa colonisation de l'Europe, dans un mouvement d'est en ouest[90]. À ce moment, il a déjà eu l'occasion de se métisser avec Néandertal, leurs chemins s'étant croisés au Proche-Orient et à l'est de l'Eurasie[96],[97],[98],[94]. Ce métissage entre Néandertal et Sapiens est sans doute favorable à ce dernier ; venu beaucoup plus récemment d'Afrique, il est plus adapté aux basses latitudes et il acquiert par ce métissage des avantages évolutifs, notamment de résistance au froid[99],[100]. Sapiens progresse en Europe et, concomitamment, les néandertaliens régressent, se retrouvant confinés dans des zones refuges avant de disparaître vers 40 000 ans BP avec des populations relictuelles perdurant jusqu'à 28 000 ans BP[74],[101], non sans laisser leurs traces génétiques dans l'actuelle population humaine[102]. Les causes de la régression puis de la disparition de Néandertal sont plurifactorielles et toujours discutées[103],[104]. La peau de ces Homo sapiens était sombre, adaptée à leur origine africaine et aux régions très ensoleillées. Ce n'est que récemment, il y a 10 000 ans, que les chasseurs-cueilleurs européens ont disposé des gènes responsables de la peau pâle[Note 9],[106],[107],[108].
122
+
123
+ Avec l'arrivée de Sapiens, des industries diverses (Uluzzien, Bohunicien, Châtelperronien, attribué à Néandertal, Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien, etc.) se développent ; deux d'entre elles, l'Aurignacien (env. 40−29 ka BP) puis le Gravettien (env. 29−22 ka BP) se répandent largement en Europe[109],[110]. Ces expansions sont concomitantes à des mouvements de populations, retracés par la génétique[111], eux-mêmes corrélés aux fluctuations climatiques de l'époque[44]. L'Aurignacien est caractérisé notamment par le développement du travail des matières osseuses (bois de rennes et os de mammouths), rare jusqu'alors, à des techniques de débitage de lamelles ainsi qu'à des objets de parure et au développement de l'art[112] ; la grotte Chauvet, occupée à l'Aurignacien (37 ka BP) et au Gravettien (30 ka BP), en est un exemple[113]. Dès 30 ka BP, à une période particulièrement froide, on trouve des traces de sédentarisation partielle dans l'est de l'Europe, sous la forme de campements bénéficiant d'infrastructures d'habitation (à la différence des abris de plein-air), autour desquels ont été retrouvés des sépultures et des statuettes d'argile. Mais Sapiens reste néanmoins, fondamentalement, un chasseur-cueilleur mobile nomadisant sur des distances de quelques centaines de kilomètres[114].
124
+
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+ Entre 21 000 et 18 000 ans[115] se produit un intense refroidissement, le « maximum glaciaire »[Note 10] qui donne à l'Europe une configuration nettement différente de l'actuelle[Note 11]. Les études génétiques montrent que certains groupes, d'abord représentés en Europe du Nord-Ouest, sont repoussés dans le sud de l'Europe[118],[44]. C'est le moment où apparaît l'industrie lithique solutréenne, caractérisée par des pointes en pierre très fines et acérées, appelées « feuilles de laurier », servant sans doute de couteaux et armant l'extrémité des flèches et des sagaies[119]. Émergent l'usage du propulseur et (probablement) de l'arc pour la chasse mais ces deux outils, cependant, ne se généraliseront qu'au Magdalénien qui lui succède[120],[121]. On a longtemps pensé que le Solutréen était aussi l'époque de l'invention de l'aiguille à chas[122],[123],[124] jusqu'à la découverte, en 2016 en Sibérie, d'un tel artefact, daté de 45 ka BP, attribué à l'Homme de Denisova[125],[126],[127]. Le Magdalénien est caractérisé par un art pariétal particulièrement riche, comme en témoignent les grottes de Lascaux et d'Altamira[128], et par le travail des matières osseuses[129].
126
+
127
+ La dernière période glaciaire s'achève de manière brutale. Un premier réchauffement rapide se produit vers 14 700 BP, la température du Groenland augmente de plus de 10 °C, c'est ce qu'on nomme le Bölling, qui libère des glaces une grande partie de l'Europe du Nord et de la Scandinavie, permettant leur peuplement depuis le sud. Avec ce retrait des glaces, de nouveaux apports de populations à partir du Proche-Orient font sentir leurs effets[118]. Plus tard, vers 12 900 BP, un retour à des conditions glaciaires se traduit par des températures extrêmement froides avant un réchauffement final, vers 11 700 BP, qui marque la fin de la dernière glaciation[130] et l'entrée dans l'Holocène avec l'instauration du climat actuel[131] ; cela coïncide avec les débuts de l'extinction de la mégafaune européenne (mammouth laineux, rhinocéros laineux, cerf géant, ours des cavernes, etc.), sans doute pour des raisons climatiques probablement aggravées par la prédation humaine[132]. Le paysage et sa faune se recomposent[Note 12], la forêt tempérée progresse en Europe à partir de 10 000 BP, la chasse à l'arc se généralise[134],[135] et l'alimentation des hommes du Mésolithique devient extrêmement diversifiée[136] (les escargots par exemple, sont consommés en très grande quantité dans certaines niches écologiques[137]).
128
+
129
+ Galet aménagé du gisement de Dmanissi, de type Oldowayen (env. 1.8 Ma, Homo georgicus).
130
+
131
+ Biface Acheuléens (650 000 (en Europe) - 100 000 BP, Homo heidelbergensis).
132
+
133
+ Nucléus et éclat Levallois en silex du Moustérien (300 000−38 000 BP, Homme de Néandertal).
134
+
135
+ Grattoir double sur lame, Aurignacien (40 000−29 000 BP, correspond à l'arrivée d'Homo sapiens en Europe, première occupation de la grotte Chauvet).
136
+
137
+ Pointe de flèche en silex, Gravettien (29 000−22 000 BP, Homme de Cro-Magnon, deuxième occupation de la grotte Chauvet).
138
+
139
+ Outil en « feuille de laurier », Solutréen (22 000−17 000 BP).
140
+
141
+ Aiguille en os du Magdalénien (période à laquelle correspond l'art de la grotte de Lascaux et d'Altamira), (17 000−12 000 BP).
142
+
143
+ Harpon Azilien en os (12 500−9 500 BP).
144
+
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+ La néolithisation de l'Europe commence vers 7,5 ou 8 Ka BP (milliers d'années avant le présent) par diffusion de populations et de techniques apparues vers 11 Ka BP dans le croissant fertile, elle s'accompagne d'une forte croissance démographique[138],[139]. Elle est probablement autant due à un changement culturel qu'aux conditions climatiques[140]. Les indicateurs de la néolithisation sont la domestication des plantes et des animaux (celle du chien étant cependant largement antérieure[141]), la tendance à la sédentarisation (la sédentarisation précède cependant l'agriculture[142],[140]) avec le regroupement en villages et l'émergence de la poterie pour des contenants destinés au stockage de produits agricoles[143]. Ce sont les débuts des sociétés agropastorales[140] et la naissance du mégalithisme[144].
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+
147
+ Cette néolithisation, venue du croissant fertile via l'Anatolie, emprunte deux chemins ; d'abord un courant méditerranéen par lequel se diffuse la culture de la céramique imprimée suivie de la culture de la céramique cardiale (8 Ka BP) ; ensuite un courant danubien, par lequel se diffuse la culture rubanée (vers 7,5 Ka BP). Les études génétiques[145],[146] montrent que, outre une diffusion culturelle, l'Europe connaît l'arrivée de populations d'agriculteurs[Note 13], venues d'un foyer anatolien, qui ont suivi ces chemins danubien et méditerranéen[118],[147]. Les îles britanniques, en configuration insulaire depuis 8 Ka BP, connaissent ce processus plus tardivement, près d'un millénaire après celui de l'Europe continentale[143],[148],[149],[150]. La néolithisation est largement effective en Europe vers 5 Ka BP[151].
148
+
149
+ Des hypothèses linguistiques et archéologiques de la deuxième moitié du XXe siècle (l'hypothèse kourgane étant la plus largement reconnue[Note 14],[Note 15]) et des études génétiques du début du XXIe siècle[Note 16] accréditent la thèse que des populations, ayant domestiqué le cheval et maîtrisant l'équitation ainsi que le transport en chariot, seraient venues de l'est de l'Europe, la steppe pontique, et se seraient répandues sur le continent à partir de 5 000 BP[154], le dominant largement ; elles contribuent pour 75 % à l'ADN des peuples de la céramique cordée, héritière de la culture de la céramique rubanée, largement présente en Europe à ce moment[155]. Leur foyer d'origine est la culture Yamna (notamment les hommes yamnayas avec les femmes locales)[156]’[157]’[158] donnant raison à l'intuition de la théorie de l'invasion aryenne sans accréditer son utilisation politique (il n'y a aucun lien de cause à effet) aussi descendue en Inde (comme le supposaient ès humanités René Guénon ou Georges Dumézil)[159]. Elle se caractérise par sa pratique de l'inhumation dans des tumuli nommés « kourganes ». Ils seraient aussi les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes[118],[160],[161],[162],[163]. Georges Dumézil, au début du XXe siècle, postule que les sociétés d'origine indo-européenne partagent jusqu'à nos jours un mode de pensée, l'idéologie tripartite[164].
150
+
151
+ L'agriculture européenne commence sur les bords de la mer Égée, aux environs de 6500 av. J.-C. Elle s'installe progressivement sur le continent, dans la zone danubienne et l'actuelle Hongrie (5500 av. J.-C.), sur les côtes méditerranéennes et le territoire de la France actuelle vers 5000 av. J.-C., en Germanie et sur le territoire des actuels Pays-Bas vers 4500 av. J.-C. ; elle atteint les îles britanniques vers 4000 av. J.-C.[166],[167].
152
+
153
+ Vers 3000 av. J.-C. apparaît le travail du cuivre, qui conjugué à celui de la pierre, caractérise le Chalcolithique ; des outils agricoles métalliques plus efficaces apparaissent, l'araire se développe à la place de la houe[168]. La civilisation minoenne, inspiratrice de la culture grecque[169], apparaît vers 2700 av. J.-C. avec sa langue écrite en linéaire A, une des plus anciennes formes d'écriture en Europe avec les hiéroglyphes crétois. À son apogée, elle sera la première civilisation avancée de l'âge du bronze[170]. L'âge du bronze date de la fin de la culture campaniforme, laquelle, entre 2600 av. J.-C. et 2200 av. J.-C., couvre une notable partie de l'Europe de l'Ouest[171],[172].
154
+
155
+ Le commencement des Germains se situe vers le iie millénaire av. J.-C. en Suède méridionale, au Danemark et en Allemagne du Nord entre la Weser et l’Oder. Ils s'établissent dans la grande plaine européenne, du Rhin à la Vistule et de la Baltique au Danube, entre le Ve siècle av. J.-C. et le début de l'ère chrétienne. Leur expansion vers le sud est arrêtée par l'« écran du peuplement celtique[173] » (IIIe siècle av. J.-C.) puis par les Romains (IIe siècle av. J.-C.)[174].
156
+
157
+ On distingue trois groupes linguistiques : le nordique, celui des Scandinaves ; l’Ostique ou Germains orientaux, celui des Goths, des Vandales, des Burgondes, etc. ; enfin les Westiques (Germains occidentaux), en Allemagne, au Jutland et aux Pays-Bas[173].
158
+
159
+ Les Celtes s'installent entre l’âge du bronze moyen (env. 1200 av. J.-C.) et le début de l’âge du fer (env. 800 av. J.-C.) dans une grande partie de l’Europe, du bassin des Carpates à l’est de la France[175]. Leur origine est le centre de l'Europe, où étaient apparues les cultures caractérisées par leurs coutumes funéraires de l'enterrement sous tumulus (XVIe siècle av. J.-C. - XIIe siècle av. J.-C.) puis par la technique consistant à incinérer les cadavres et à conserver leurs cendres dans des urnes (civilisation des champs d'urnes, XIVe siècle av. J.-C. - IXe siècle av. J.-C.)[176].
160
+
161
+ Le noyau celte se situe à Hallstatt, en actuelle Autriche. Aux débuts de l'âge du fer, leur société, relativement égalitaire, se stratifie avec, à son sommet, des chefs militaires. Cela est probablement en lien avec la métallurgie du fer et, notamment, la conception d'armes, telles les épées droites caractéristiques[177], et la confection de pièces de harnachement plus efficaces qui donnent de l'importance aux cavaliers armés[178]. Les Celtes excellent en effet dans le travail du fer, fabriquant, outre des armes, des outils tels que haches et ciseaux[178]. Ils confectionnent aussi des poteries, ils inventent la tonnellerie[179], et ils exploitent le sel gemme, dont le commerce est source de richesse[180],[181]. On leur doit aussi, avec un apogée aux IIe et Ier siècles av. J.-C., les habitats structurés autour d'un oppidum, centre fortifié à vocation militaire, économique et cultuelle[182]. La période laténienne ou deuxième âge du fer, commençant au Ve siècle av. J.-C., est celle où les Celtes passent de la protohistoire à l'histoire, lorsqu'ils apparaissent dans les textes des auteurs grecs[183].
162
+
163
+ L'Europe antique est, pour notable partie, une Europe celtique, celle des peuples héritiers de la culture des tumulus[184],[Note 17], et en partie germanique, aux côtés de la Grèce antique[186] et de sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), considérée comme le berceau culturel de la civilisation occidentale[187],[188],[189],[190],[191],[192],[193].
164
+
165
+ Pour ce qui concerne le terme et le concept, le mot « Europe » désigne d'abord, dans son acception géographique, la Grèce continentale. Le terme est mentionné pour la première fois vers 590 av. J.-C., par Hésiode, dans sa Théogonie[194]. Anaximandre et Hécatée de Milet produisent, entre 600 et 500 av. J.-C., des cartes représentant un territoire appelé Europe[195]. Le mot prend aussi un sens politique lorsque les Grecs sont confrontés aux invasions venant d'Asie, principalement lors des guerres avec l'empire perse. Selon Jacqueline de Romilly, « la victoire de Salamine [en 480 av. J.-C.] a bel et bien empêché la Grèce de basculer sous la coupe de l'Asie […] les Grecs ont eu alors pour la première fois le sentiment de défendre une civilisation contre une autre »[196]. L'Europe en tant qu'entité géographique se retrouve chez Ératosthène au iiie siècle av. J.-C., lequel présente une tripartition du monde connu par une carte où elle figure[197]. Mais la distinction fondamentale durant l'antiquité est celle entre les Barbares[Note 18], qui habitent ce qu'en latin on nomme barbaricum (« pays des Barbares[199] »), et ceux qui appartiennent à l'aire culturelle grecque[Note 19], puis gréco-romaine[201]. Le royaume de Macédoine désigne l'Europe comme une entité politique : lorsque Philippe II part en Orient, en 335 av. J.-C., il laisse en Macédoine un régent, Antipatros, qui porte le titre de « stratège d'Europe »[202],[203].
166
+
167
+ Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. L'Europe est reconfigurée, son histoire devient celle de l'Empire romain pour la zone concernée[Note 20].
168
+
169
+ La Grèce et le royaume de Macédoine sont supplantés au iie siècle av. J.-C. Les Celtes, qui se sont largement répandus en Europe[205], allant jusqu'à menacer Rome en 390 av. J.-C.[206], pris en tenaille par les attaques des tribus germaniques venues du nord[207],[208], sont repoussés ou assimilés[209]. À l'aube de l'ère chrétienne, les Romains, lorsque leur zone d'expansion dépasse la « ceinture celtique »[Note 21], se retrouvent entourés par les Germains qui deviennent « les nouveaux peuples voisins du monde romain en Europe centrale et occidentale »[211]. Les frontières orientales de l'Imperium, limites avec les peuples germaniques[Note 22], sont le Rhin et le Danube, tandis que sa frontière septentrionale est le mur d'Hadrien, qui le sépare des Pictes celtes.
170
+
171
+ À cette époque, entre 20 av. J.-C. et 23 apr. J.-C., Strabon rédige une géographie qui mentionne l'Europe[213] et, déjà, des descriptions non seulement géographiques, mais aussi économiques et culturelles des territoires qu'il étudie[214]. Au Ier siècle, Varron[215] évoque une bipartition du monde au niveau du Bosphore, les parties situées au nord-ouest du détroit constituant l’Europe, celles situées au sud-est, l’Asie[216]. Toujours au Ier siècle, Pline l'Ancien divise le monde en trois parties, l'Europe, l'Asie et l'Afrique[Note 23].
172
+
173
+ Les Celtes présentent une certaine unité linguistique et culturelle, mais pas d'intégration politique[218] ; ils bénéficient d'une organisation tribale, au plus en ligues de tribus[219], à l'instar des Germains[173],[220]. C'est donc l'Empire romain qui contribue à créer les prémices d'une unité européenne. Si la Grèce est le berceau culturel de l'Europe, Rome peut être considérée comme le berceau de sa civilisation[221],[222],[223],[224],[225]. L'influence romaine s'inscrit dans la culture, formant ce qu'on nomme la culture gréco-romaine[226] via la langue latine, ainsi que dans les territoires et dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation[227] et esquisse même une Europe religieuse en diffusant le christianisme à partir du Ier siècle[228]. Les Ier et IIe siècles sont ceux de la Pax Romana, période de calme relatif, notamment politique, malgré des batailles toujours existantes sur les marches de l'Empire, notamment avec les peuples germaniques pour ce qui concerne la zone européenne[229]. L'Empire est l'entité politique unificatrice définissant le mode de gestion politique[230] ainsi que les limites (et les frontières, qui sont une forme particulière de limites[231]), qui séparent le monde romain de celui des barbares[232],[233],[234].
174
+
175
+ Le IIIe siècle est une période de crise interne pour l'Empire romain[Note 24] qui subit aussi une pression croissante des peuples germaniques, invasions difficilement repoussées. L'empire intègre nombre de ces envahisseurs par des traités, faisant d'eux des fédérés qui fournissent des troupes à l'armée[220]. Une Tétrarchie est mise en place en 293 apr. J.-C. pour lutter contre les Barbares[236] et, au IVe siècle, « Europe » désigne l’une des six provinces du diocèse de Thrace dont le territoire correspond à « la partie européenne de la Turquie actuelle »[237].
176
+
177
+ Le christianisme, dont les adeptes sont par périodes persécutés, notamment au IIIe siècle par Dioclétien[238],[239], s'était répandu dans l'Empire, comme en témoigne l'épisode symbolique de la conversion de l'Empereur Constantin et l'édit de tolérance religieuse de Milan en 313 apr. J.-C.[240] En 392 apr. J.-C., il est déclaré religion officielle de l'Empire par Théodose et les autres cultes sont interdits[241]. Même si, à ce moment, les chrétiens sont nettement minoritaires dans la population[242],[243], cette christianisation officialisée aura une importance, donnant, au moment des royaumes barbares, une légitimité religieuse à un pouvoir royal qui en était, à l'origine, dépourvu[244].
178
+
179
+ En 395 apr. J.-C., l'Empire est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient et l'Empire romain d'Occident. Le premier perdure : « l'empire d'Orient [...], à bien des égards héritier de l'Empire romain, devait durer jusqu'au milieu du XVe siècle[204]. » Inversement, dès le Ve siècle, l'Empire d'Occident se délite sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares : « La fin de l'empire d'occident est amenée par les invasions barbares des Germains qui entrent dans l'empire par vagues, poussés sur leurs arrières par les Huns, et attirés à la fois par le désir de pillage et l'espoir d'y trouver des conditions de vie meilleures[245] ».
180
+
181
+ En Europe occidentale, la déposition du dernier empereur romain d'Occident en 476 apr. J.-C. marque conventionnellement le passage de l'Antiquité au Moyen Âge[246].
182
+
183
+ En Europe occidentale, la lente déliquescence de l’Empire romain d'Occident qui aboutit à la désunion et à l’émergence de nations parfois éphémères, au gré des invasions et conquêtes, ne fera jamais oublier l’héritage romain qui reste un modèle d’unité et de droit pour l’Europe, de l’Empire carolingien jusqu’à l’Empire napoléonien en passant par le Saint-Empire romain germanique. Les liens entre places commerciales européennes émergent.
184
+
185
+ Poursuivant la politique de conquête de ses prédécesseurs francs, Charlemagne étend son royaume. Sa politique d’expansion rejoint le désir de la papauté romaine d'asseoir la prépondérance de l’évêque de Rome par rapport aux patriarches orthodoxes et coptes. Le jour de Noël de l'an 800, Charlemagne est couronné empereur des Romains par le pape Léon III, à Rome, en la basilique Saint-Pierre. Cette union entre pouvoir temporel et religieux vise à réunir l’Europe en un empire chrétien d’Occident. De son vivant, Charlemagne se fait appeler Pater Europae (« père de l'Europe »), et parfois Europa vel regnum Caroli (l’Europe, ou le royaume de Charles).
186
+
187
+ L’Europe occidentale de Charlemagne est franco-germanique et chrétienne de rite latin, alors que l’Europe orientale sous l’influence de Constantinople est à dominante slave et de rite grec, mais les deux tendent à christianiser l’Europe du Nord, britannique, scandinave et russe. Alors qu’à Constantinople se concentrent les deux pouvoirs religieux et politique, en Occident le rôle de Rome y est essentiellement religieux, la capitale de Charlemagne se trouvant à Aix-la-Chapelle. Charlemagne tente une réunification avec l’Empire romain d'Orient vers l’an 800 mais il échoue, et son empire se désagrège rapidement après sa mort. En 962, Otton Ier crée le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci ne peut s’étendre, contrecarré par la permanence de royaumes anciennement constitués, la France et l’Angleterre surtout, par ses luttes avec la papauté, puis par le développement de l’Empire ottoman lors de l’époque moderne.
188
+
189
+ L’Empire romain d'Orient (dit, depuis le XVIe siècle, « byzantin ») est chrétien et de culture essentiellement grecque : il connaît d’importantes fluctuations de sa force et par conséquent de son territoire, qui s’étend à son apogée sur une grande partie du rivage méditerranéen, d’abord sous Justinien, puis sous les empereurs macédoniens, du IXe au XIe siècle. Au cours des siècles, ses relations avec l’Occident se distendent puis se détériorent, alors que les musulmans montent en puissance à l’Est et s’emparent de la moitié de l’Anatolie au XIe siècle. Le schisme religieux de 1054 et l’agression militaire venue de l’Ouest en 1202 affaiblissent l’Empire d’Orient qui finit dépecé morceau par morceau par l’Empire ottoman avant de disparaître lors de la chute de Constantinople en 1453.
190
+
191
+ Durant plusieurs siècles c’est le terme de chrétienté qui unit culturellement les monarchies et les populations européennes, tandis que le mot « Europe » disparaît des propos et des esprits[réf. nécessaire].
192
+
193
+ L'axe européen Bruges/Venise est déplacé à la fin du Moyen Âge. À l'époque où l'Empire d'Orient s'effondre, la Reconquista espagnole touche à sa fin. L'année 1492 est celle de l'Espagne, avec la reconquête du dernier royaume maure (Grenade) en péninsule ibérique et le premier voyage de Christophe Colomb, sous l'égide des Rois catholiques qui va ouvrir la voie à l'établissement des hégémonies européennes.
194
+
195
+ Le rêve d'un grand empire européen renaît au XVIe siècle lors de l'affrontement entre François Ier et Charles Quint, qui tous deux se disputent le trône du Saint-Empire. Grâce à l'appui des banquiers Fugger, Charles Quint l'emporte, se retrouvant à la tête d'un domaine très vaste, mais aussi très morcelé. Les diverses guerres menées contre la France ne donnent aucun résultat : durant deux siècles, le découpage de l'Europe va évoluer au gré des alliances matrimoniales et des guerres entre États. C'est face à la montée en puissance de l'Empire ottoman qu'une union des États chrétiens d'Europe apparaît : « Nous tenons de Gadès à l’Isler, une zone qui s’étend entre les deux mers et qui est la très courageuse et la très puissante Europe. Là, si nous nous unissions, nous ne serions pas seulement égaux à la Turquie, mais supérieurs à toute l’Asie » (Jean Louis Vivès).
196
+
197
+ Mais ce ciment du christianisme catholique, qui donnait un semblant d'union à cette Europe occidentale, éclate en morceaux avec la Réforme (ou plutôt les Réformes), dont l'impact politique est considérable, permettant néanmoins la formation des Provinces-Unies et de la Confédération suisse. Les guerres de religion, la guerre de Trente Ans, les guerres de Louis XIV rythment les XVIe et XVIIe siècles. Les traités de Westphalie (1648) et celui du traité des Pyrénées en 1659, redessinent durablement la carte politique de l'Europe et l'équilibre des forces en présence.
198
+
199
+ L'Époque moderne est marquée par un renforcement des nationalismes en tous genres. C'est aussi l'époque où l'Europe s'étend très loin de ses frontières par la constitution des premiers empires coloniaux sur le continent américain, puis en Inde.
200
+
201
+ La Révolution française inaugure un bouleversement politique très important : les idées démocratiques apparaissent sur le devant de la scène et les campagnes de Napoléon Ier puis le Congrès de Vienne vont remodeler profondément la carte de l'Europe et les mentalités. Honoré de Balzac a cette déclaration optimiste dans Le Bal de Sceaux, (1830) : « Le seizième siècle n'a donné que la liberté religieuse à l'Europe, et le dix-neuvième lui donnera la liberté politique[247]. »
202
+
203
+ À la fin d'un long processus, le XIXe siècle voit se réaliser l'unité de l'Italie (de 1861 à 1870) et de l'Allemagne (en 1871), ainsi que la constitution de plusieurs nouveaux pays dans les Balkans, issus du démembrement de l'Empire ottoman, appelé alors « l'homme malade de l'Europe ».
204
+
205
+ C'est aussi l'apparition de nouveaux mouvements politiques prônant plus d'égalité (socialismes), voire le démantèlement du pouvoir des États (anarchismes). Ces idées se diffuseront par la suite, et avec plus ou moins de retard, largement hors des frontières de l'Europe.
206
+
207
+ La domination politique et économique de l'Europe sur le reste du monde s'est affirmée après qu'elle a bouleversé son économie lors des révolutions industrielles, développant sa productivité et amorçant une forte explosion démographique. Leur avance technologique, et notamment militaire, permit aux pays européens, en concurrence les uns contre les autres, d'étendre leur emprise sur les autres continents. Cette colonisation connut son apogée au début du XXe siècle (cet apogée s'achève en 1914), avant que les deux guerres mondiales ne bouleversent l'ordre établi.
208
+
209
+ La Première Guerre mondiale et ses conséquences favorisent l'émergence de plusieurs régimes totalitaires dont ceux, génocidaires, d'Adolf Hitler et de Joseph Staline. L'instabilité politique et économique débouche sur la Seconde Guerre mondiale et la domination nazie qui laissent l'Europe exsangue. Alors que la suprématie des pays européens occidentaux disparaît au profit de deux nouvelles superpuissances (les États-Unis et l'Union soviétique), des mouvements de libération se développent dans les colonies, aboutissant à l'indépendance de nombreux pays, notamment au cours du troisième quart du XXe siècle. Au cours de la Guerre Froide, l'Europe est scindée en deux blocs idéologiquement opposés, et séparées par un rideau de fer, le bloc de l'Ouest, zone d'influence des États-Unis, et le "bloc de l'Est où se mettent en place des dictatures communistes patronnées par l'U.R.S.S. La séparation perdurera jusqu'à l'effondrement du bloc communiste, en 1989-1991.
210
+
211
+ Parallèlement, alors que l'excédent démographique de l'Europe était tel qu'elle constituait un réservoir d'émigration massive tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les pays du continent furent confrontés à une stabilisation à partir de la Première Guerre mondiale, et parfois à une régression démographique ensuite (les guerres, génocides et famines y contribuant). Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe occidentale connaît un « baby boom » et un développement continu de l'économie, dont principalement l'industrie de production et de transformation, qui provoqua un appel de main d'œuvre transformant cette moitié de l'Europe en une terre d'immigration, notamment au cours des Trente Glorieuses. Au même moment, la construction de l'Union européenne crée un marché commun entre États européens.
212
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213
+ L’Europe est au début du XXIe siècle, quand on considère sa densité de population, le troisième foyer de peuplement derrière la Chine et l'Inde, avec des densités de populations parmi les plus élevées au monde dans certaines zones des Pays-Bas, de la Belgique, du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de l'Italie, d’autant que l’exode rural s’est renforcé ainsi que l’attractivité des littoraux avec des populations de plus en plus urbaines. En termes absolus, l'Europe et, a fortiori, l'Union européenne, est cependant un « nain démographique »[248],[249],[250]. Le continent (env. 740 millions d'habitants ; UE env. 511 millions d'habitants) se situe derrière l'Asie (env. 4,3 milliards d'habitants dont env. 1,4 milliard d'habitants pour la Chine et env. 1,3 milliard d'habitants pour l'Inde), l'Afrique (env. 1,2 milliard d'habitants) et l'Amérique (env. 1 milliard d'habitants) ; l'Eurasie, quant à elle, concentre environ 4,6 milliards d'habitants.
214
+
215
+ En 2005, le Conseil de l'Europe soulignait que depuis quelques décennies l’UE devait sa croissance démographique à l'immigration qui, dans les années 2000, est devenue le premier, puis le seul facteur d’augmentation de la population totale de l’UE. Ainsi deux millions de personnes sont venues s'installer en Europe en 2004 alors que l'accroissement naturel était négatif de 63 000 personnes. L'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'UE. En 2007, 70 millions de personnes, soit 16 % de la population de l'UE, résidaient dans des communes côtières[251].
216
+
217
+ Malgré les dizaines de millions de morts des deux guerres mondiales, l’Europe a connu une période d’explosion démographique aux XIXe et XXe siècles, qui s’est accompagnée d’une forte pression sur l’environnement et les ressources non renouvelables (cf. empreinte écologique, empreinte énergétique, pression urbanistique, pollutions, etc.). Depuis quelques décennies, la population européenne tend à se stabiliser, à la suite d'une forte diminution de la natalité, qui reste toutefois encore largement compensée par la natalité de certains pays, par le recul de l’âge auquel les femmes font leurs premiers enfants, et surtout par une immigration régulière.
218
+
219
+ L'immigration est le premier moteur de la croissance dans une Union européenne à la population vieillissante. Le boom économique des années 1950-1960 avait poussé l'Europe à faire appel à une immigration massive, souvent issue de ses ex-colonies. Les Chinois, Indiens et Africains constituent l'un des principaux flux d'immigrants non originaires de l'UE. Après les Turcs, les Marocains forment le plus gros contingent[252].
220
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221
+ Les études prospectives pour 2050 varient d’une population diminuant de 3 % (dans l'hypothèse d'un ISF remontant à 2,34), à -22 % voire -50 %. Les experts parlent alors de retournement démographique[253] ou d'hiver démographique. Que la diminution soit due à la natalité est un phénomène inédit jusqu'à nos jours dans le monde. Ces chiffres ci-dessus doivent tous être utilisés avec prudence, la prospective démographique ayant toujours été prise en défaut et pouvant elle-même influer en retour sur les comportements individuels et collectifs et sur les politiques de soutien à la natalité ou à l’immigration. Pour d'autres, la population de l'Union européenne (UE) serait de 470 millions de personnes en 2050 selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et 506 millions en 2060 selon Eurostat. La population de l'UE dépasserait ainsi celle des États-Unis (468 millions de personnes en 2060 selon le Centre américain d'études sur l'immigration)[254].
222
+
223
+ Toutefois, la situation démographique diffère pour chaque pays européen. Les pays de l'Europe de l'Est se sont inquiétés des évolutions démographiques dès les années 1960 et ont mis en place des politiques d'encouragement à la natalité. Cependant, les moyens utilisés, comme l'interdiction de l'avortement, n'auraient pu être acceptés au même moment en Europe de l'Ouest. Ces mesures n'ont d'ailleurs généralement pas produit d’effet satisfaisant ; et si la Pologne a maintenu sa population au cours de la période communiste, l'influence de l'Église catholique, qui imprègne la société polonaise, a sans doute été plus efficace que la politique nataliste.
224
+
225
+ Pour les pays d'Europe de l'Ouest, personne ne se risque, entre autres en Allemagne, à mettre sur la place publique l'évolution de la population sur la longue durée. Pour les responsables, tout passe par la politique d'immigration. Ils ne veulent pas toucher au tabou de la politique familiale en faveur de la fécondité, compte tenu du poids de la mauvaise conscience des années hitlériennes. La situation démographique empire en Europe pourtant : un rapport annuel sur la situation démographique des pays membres demandé autrefois par les autorités communautaires a été abandonné depuis 2000, désormais remplacé par un « Rapport social », où l'on communique à propos de chômage et de pauvreté sans jamais plus effleurer la dimension démographique. Autrement dit, l'UE s'interdit de voir la situation démographique de ses pays membres[255].
226
+
227
+ La croissance démographique s’est globalement poursuivie pour les 28 États membres de l'Union européenne, mais la population décroît dans certains pays, notamment en Europe de l'Est. Ce déclin démographique semble plus important et plus rapide dans les ex-pays de l’Est, dans quelques pays où la pauvreté et le renforcement des inégalités ont suivi l’effondrement du communisme, et aussi dans les régions touchées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (la Biélorussie qui a reçu 70 % environ des retombées d'iode et de césium radioactifs et connaît depuis 20 ans le plus fort taux d’avortement et le taux d’abandon d’enfants y est élevé).
228
+
229
+ Avec plus de 740 millions d'habitants et sur une surface réduite pour une moyenne d'une langue pour 4,3 millions d'habitants, l'Europe bénéficie d’une grande richesse ethnoculturelle et une pluralité de langues. Les cultures germaniques, slaves, latines et finno-ougrienne sont traduites par la diversité des langues parlées : 128 langues et dialectes ont des racines indo-européennes ; latines et grecques au sud, germaniques au nord et au nord-ouest ; slaves à l'est et en Europe centrale, seul le groupe des langues finno-ougriennes (regroupant le finnois, estonien et le hongrois) et la langue basque ne font pas partie des langues indo-européennes.
230
+
231
+ Administrativement, l’allemand, l’anglais, le russe, le français, l'espagnol et l’italien dominent mais l’Europe est linguistiquement beaucoup plus riche puisque les 50 États européens (tous souverains, hormis Gibraltar) de la grande Europe géographique regroupent 35 langues officielles, enrichies de 225 langues secondaires non officielles. À tel point qu'Umberto Eco dit : « la langue de l'Europe, c'est la traduction ». Andreas Kaplan décrit l'Europe comme « offrant un maximum de diversité culturelle en un minimum de distance géographique »[256]. Ces précédents chiffres peuvent paraître élevés, mais ils ne représentent que 3 % du total des langues vivantes encore parlées sur la planète.
232
+
233
+ En Europe de l’Ouest (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, etc.) les langues vernaculaires sont souvent régionales et minoritaires, parfois au bord de l’extinction, mais certaines (breton, alsacien, basque, corse, catalan, occitan, flamand, le dernier étant un dialecte du néerlandais), sont plus reconnues[C'est-à-dire ?], et enseignées en France, plutôt à l’université, mais parfois dès l’enfance : école Diwan en Bretagne. En Espagne, c’est le cas du basque, du catalan et du galicien. Pour le Royaume-Uni, c’est le gallois, le gaélique écossais, le scots et l’irlandais. Le français est reconnu en Italie dans le Val d’Aoste, ainsi que le sarde en Sardaigne, le frioulan, l'allemand et le slovène dans le Frioul-Vénétie julienne, le ladin et l'allemand dans le Trentin-Haut-Adige, comme le sont le féroïen aux îles Féroé, ou le frison occidental aux Pays-Bas, etc.
234
+
235
+ Une langue unique n’est officiellement parlée que dans quatre petits États[réf. nécessaire] : l’Islande (où l’on parle islandais), Malte (où la seule langue officielle est le maltais), le Liechtenstein (où l'on parle allemand), et la République de Saint-Marin (où l'on parle italien). L'État de la Cité du Vatican (plus petit État européen) est un cas à part : l’italien y est la langue véhiculaire, le latin (réputé langue morte) y est la langue juridique, le français y est la langue diplomatique (le Vatican se fait enregistrer comme État francophone auprès des organisations internationales), et l'allemand est la langue en usage dans l'armée (la Garde suisse). - Les autres États comptent tous plusieurs langues vernaculaires, tant dialectes que langues à part (plus ou moins reconnues et souvent non enseignées) et jusqu’à plus de 10 pour l'Allemagne (21 langues), l'Azerbaïdjan (13), la Bulgarie (11), l'Espagne (14), la France (25), l'Italie (33), la Roumanie (14), le Royaume-Uni (12). La vaste Russie regroupe à elle seule 43 langues à statut officiel sur son territoire. La Suisse possède quatre langues officielles : l'allemand, le français, l'italien et le romanche (cousine du ladin et du frioulan).
236
+
237
+ Certaines langues régionales, sans statut officiel (quoique doublant parfois les noms de communes ou de rues) persistent et sont parfois protégées et enseignées, souvent avec le soutien de collectivités locales ou régionales (breton, corse, occitan en France, sarde, ladin, frioulan en Italie, lapon en Scandinavie).
238
+
239
+ Les systèmes d'écriture en Europe reposent sur l'alphabet latin (sous diverses variantes), l'alphabet grec, l'alphabet cyrillique (sous diverses variantes).
240
+
241
+ Aux langues originaires des pays d’accueil s’ajoutent les langues maternelles des populations circulantes (Roms), migrantes ou réfugiées, et tout particulièrement l'arabe, le berbère, le turc, l'hindi, etc.
242
+
243
+ L'Europe a été confrontée au cours de son histoire aux besoins de langues véhiculaires. Ainsi la lingua franca, langue composite (mélange d'arabe, de français, portugais, espagnol, italien ou occitan, le tout variant dans le temps et l'espace), a été utilisée du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle par les marins et dans les ports de la Méditerranée. De nombreux projets de langues construites sont apparus en Europe, avec notamment la création de l'espéranto en 1887, seule langue construite devenue langue vivante.
244
+
245
+ Sur une population totale d'environ 730 millions d'habitants en 2010, l'Europe compte environ 255 millions de catholiques (35 %)[257], 197 millions d'orthodoxes (27 %)[257], 102 millions de protestants (14 %)[257] et 44 millions de musulmans (6 %)[258]. Les personnes n'ayant pas de religion ou pratiquant une autre religion sont environ 132 millions (18 %). Selon l'historien Geert Mak il existe au moins quatre communautés de culture et de traditions en Europe : la protestante du Nord, la catholique latine, la grecque orthodoxe et l'ottomane musulmane[259].
246
+
247
+ Le christianisme est la religion dominante en Europe et y est divisée en trois grandes confessions, (protestantisme, orthodoxie et catholicisme), réparties géographiquement de la façon suivante :
248
+
249
+ Les catholiques sont majoritaires dans vingt-trois pays[257], les orthodoxes dans treize pays[257], les protestants dans neuf pays[257], les musulmans dans cinq pays (Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Kosovo et Turquie[258], les « sans religion » dans deux pays (Tchéquie et Pays-Bas). À la fin du XXe siècle, la papauté a proclamé six saints patrons de l'Europe.
250
+
251
+ Il existe des minorités religieuses à l'intérieur de ces grands ensembles dont la plus importante est l'islam avec 44 millions de musulmans soit près de 6 % de la population européenne totale[258] :
252
+
253
+ Selon Emmanuel Todd, les systèmes familiaux en Europe sont d'une grande diversité[263].
254
+
255
+ Les pays qui ont tout ou partie de leur territoire sur le continent européen ou sont culturellement rattachés à l'Europe (selon les limites géographiques définies plus haut) sont au nombre de 51 :
256
+
257
+ Le nombre d'États souverains en Europe, qui s'élevait à plus de trois cents en 1789, était encore d'une soixantaine en 1815, au lendemain du congrès de Vienne. Après l'unification de l’Italie et de l’Allemagne, ce nombre était tombé à 19 en 1871 (20 avec la Turquie, qui contrôlait encore la majeure partie de la péninsule des Balkans). Il passa à 22 en 1878, lorsque le congrès de Berlin reconnut l'indépendance de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro. S'y ajoutèrent ensuite la Norvège (1905), la Bulgarie (1908) et l’Albanie (1912).
258
+
259
+ En 1914, l'Europe comptait donc 25 États généralement reconnus comme indépendants, non compris le Saint-Siège, l'ordre souverain de Malte et le territoire neutre de Moresnet : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche-Hongrie, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie, Suède, Suisse. La forme de gouvernement la plus répandue était la monarchie, puisque qu'on ne dénombrait alors que quatre républiques (la France, le Portugal, la Suisse et Saint-Marin) — huit en tenant compte des villes libres de Brême, Hambourg et Lübeck, inféodées à l'Empire allemand, et de la république monastique du mont Athos, placée sous le protectorat politique de la Grèce.
260
+
261
+ À la fin de l'année 1945, le nombre d'États était passé à 31 : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Irlande, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, URSS, Vatican, Yougoslavie. Plus de la moitié d'entre eux (19 sur 31) étaient encore des monarchies, y compris l'Albanie, la Bulgarie, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie et la Roumanie qui vivaient alors sous un régime transitoire. Depuis 1975, le nombre de monarchies s'est maintenu à douze, à savoir sept royaumes, un grand-duché, trois principautés et un État pontifical.
262
+
263
+ Parmi les nombreux États qui connurent une existence éphémère au lendemain des deux guerres mondiales, on peut citer les républiques autonomes de Rhénanie et du Palatinat (1923/1924), les villes libres de Dantzig (1920/1939), de Fiume (1920/1924), de Memel (1920/1923) et de Trieste (1947/1954), ainsi que le territoire de la Sarre, qui disposa d'un statut particulier de 1920 à 1935 et de 1947 à 1957.
264
+
265
+ Le nombre d'États européens parut se stabiliser à 34 avec l'accession à l'indépendance de Chypre (1960) et de Malte (1964). Il devait se maintenir à ce niveau jusqu'à la chute du mur de Berlin, en 1989. Après la réunification de l'Allemagne et l'éclatement des anciennes fédérations communistes (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie), puis avec la séparation de la Serbie et du Monténégro, le nombre d'États européens officiellement reconnus comme indépendants s'élevait à 45 en 2006 (50 avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et tout ou partie de la Turquie et du Kazakhstan). Encore ce chiffre ne prend-il pas en compte les nombreux pays ou territoires dont le statut est contesté (Abkhazie, Chypre du Nord, Haut-Karabagh, Kosovo, Ossétie du Sud-Alanie, Principauté de Sealand, Tchétchénie, Transnistrie), etc.
266
+
267
+ Par ailleurs, Israël fait partie de nombreuses associations européennes culturelles ou sportives (UEFA par exemple). L'Algérie, l'Égypte, Israël, le Liban, la Libye, le Maroc, la Syrie et la Tunisie font partie de l'Union européenne de radio-télévision. Le Maroc a participé au Concours Eurovision de la chanson en 1980 et Israël y participe depuis 1973. Ainsi, pour Pierre Beckouche, l’Europe est d’ores et déjà partie prenante d’un vaste ensemble macro-régional, appelé « Euroméditerranée », qui va de la Russie au Maroc en passant par le Moyen-Orient et qui est traversé de flux économiques, culturels et migratoires plus intenses qu'imaginés[264].
268
+
269
+ De nombreuses visions d'une Europe unie se sont affrontées au cours de l'histoire du continent, jusqu'à l'Union Européenne actuelle.
270
+
271
+ L'Europe n'a jamais connu d'unité politique parfaite. Certaines périodes d'une durée variable ont certes été marquées par la domination d'une vaste partie du continent par un pouvoir unique, qui s'est en général imposé par la force - ce fut ainsi le cas de l'Empire romain, de l'empire carolingien, de l'empire napoléonien et du IIIe Reich. Certaines familles royales ont également, par le biais de relations dynastiques, gouverné un grand nombre de pays européens, au premier rang desquelles la famille des Habsbourg[265]. Mais on voit, tant hétéroclite est cette liste de candidats à l'hégémonie, que des projets d'unification européenne concurrents et divergents se sont affrontés sans qu'aucun ne parvienne vraiment à s'imposer.
272
+
273
+ L'Empire Romain est longtemps demeuré dans la mémoire des Européens comme symbole d'une unité perdue. Après sa chute en Occident en 476, Théodoric, Justinien, Charlemagne poursuivirent le rêve de la résurrection de l'Empire. Au Moyen Âge, la Papauté parvint enfin à s'imposer aux yeux d'une majorité de l'Europe comme l'héritière légitime de Rome, et à imposer au continent une forme d'unité, sous la forme de la Chrétienté médiévale : certes, les Papes ne possédaient qu'un pouvoir temporel limité sur les princes et les rois, mais jouissaient d'une autorité morale, religieuse et même juridique puissante. Surtout, la Chrétienté se conçoit elle-même comme une communauté, matérialisée positivement par l'union dans les croisades et négativement par la procédure de l’excommunication, avec des droits et des devoirs partagés (par exemple le respect des trêves et jours saints), et étendue au gros du continent (à l'exception des terres orthodoxes)[266].
274
+
275
+ La crise de la Chrétienté, l'affirmation des États proto-nationaux, l'affaiblissement de la Papauté, et surtout la Réforme qui brise l'unité de la Chrétienté font naître la nécessité de repenser ce qui fait l'unité de l'Europe. C'est donc de la Renaissance que l'on peut dater la naissance de l'idée européenne moderne[267].
276
+
277
+ Au XVe siècle, déjà, des projets sont agités pour offrir paix et unité à l'Europe ravagée par des guerres intestines (Guerre de cent ans guerre hussite, guerres civiles de l'Espagne), dépeuplée par la grande peste, désunie spirituellement par le Grand Schisme d'Occident et les hérésies (Wyclifisme, hussisme, pour ne nommer que les principales), menacée par l'expansion de l'empire du Grand Turc avec la prise de Constantinople. C'est le cas, par exemple, du projet d'union chrétienne de George de Podiebrad[268].
278
+
279
+ Les Humanistes multiplieront les initiatives, aux XVe et XVIe siècles, pour créer une Europe pacifiée et harmonieuse. Tandis que les évangélistes rêvent d'une Chrétienté rénovée, affranchie de la tutelle de Rome, des irénistes cherchent à réaliser la concorde entre les princes, sous l'égide d'une Raison médiatrice et partagée[269]. Stefan Zweig loue en Érasme l'éblouissante incarnation de l'idéal européen des humanistes, lui qui institua un latin rénové comme langue de culture paneuropéenne, correspondant dans cette langue avec des intellectuels de tout le continent, et rêva d'une Europe réalisant par le pouvoir d'attraction de sa culture la concorde de l'humanité. Surtout, pour Zweig, Érasme fut celui qui prophétisa que l'union de l'Europe ne se ferait pas par la guerre, mais par des moyens pacifiques[270]. On peut citer, parmi d'autres illustres précurseurs, Andrés Laguna de Segovia, qui en 1543 se lamentait sur la pauvre Europe déchirée et exsangue.
280
+
281
+ C'est peu de dire, toutefois, que le rêve humaniste ne devait pas immédiatement se réaliser. Certes, il exerça une influence certaine, même sur les élites politiques, devenant un idéal volontiers invoqué par les princes ; ainsi lors de la signature en 1518 du traité de Londres, instaurant une « Paix Perpétuelle »[269]. Mais la paix de 1518 fut rompue dès l'année suivante, et, dans le sillage de la Réforme, l'Europe s'enfonça dans la spirale sanglante des guerres de religion, en France et surtout en Allemagne, culminant dans le paroxysme de la Guerre de Trente Ans, qui embrasa le continent[267].
282
+
283
+ La Paix de Westphalie qui mit fin à cette guerre ne fonda pas une Union de l'Europe, mais au contraire officialisa une organisation de celle-ci fondée sur l'équilibre de puissances souveraines et régulièrement en guerre. Ce système qui régulait mais approfondissait la division européenne devait persister, perfectionné au XVIIIe siècle par l'instauration de congrès réguliers[271], et renouvelé en 1815, jusqu'à la Première Guerre mondiale.
284
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285
+ Toutefois, cela n'empêcha pas que fleurissent, portés par des visionnaires, des projets d'union de l'Europe. Pour ne citer que des Français, Sully et Rousseau y ont rêvé ; en 1712, l'abbé Castel de Saint-Pierre rend public son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, et reçoit le soutien du philosophe Leibniz.
286
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287
+ Le rêve européen reprend de la vigueur au XIXe siècle, après la boucherie des guerres de la Révolution et de l'Empire. Dans une Europe dominée par la Sainte-Alliance, où triomphent tout ce que le Vieux Continent compte de réactionnaires, il est doté d'un nouveau contenu, social et humanitaire. Avant le Printemps des peuples en 1848, les républicains, démocrates et socialistes de toute l'Europe espèrent qu'une révolution ouvrirait la voie, conjointement, à une union pacifique du continent et à une réforme de ses sociétés dans un sens démocratique et égalitaire[272]. Victor Hugo a rêvé qu'un jour existeraient les « États-Unis d'Europe »}, pendants des États-Unis d'Amérique, utopie humanitaire et prélude à l'unité de toute l'humanité. Son discours prononcé le 21 août 1849, à l'occasion de l'ouverture du Congrès de la Paix à Paris, est resté célèbre. Il y évoque une Europe enfin pacifiée, unie sous un même gouvernement. La suite de l'Histoire prouva qu'il s'agissait d'une vision prophétique en avance sur son temps, avec la guerre de 1870 et les deux guerres mondiales.
288
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289
+ Mais surtout, la « mystique européenne »[273] fut vivement réactivée après la Première Guerre mondiale qui se chargea de démontrer, si besoin était, à un grand nombre d'intellectuels à quel point la guerre était absurde. Seule une Europe unie pouvait éviter le retour de l'horreur. Conscient du déclin de celle-ci face à l'Amérique (Albert Demangeon - 1920), ils cherchent la voie la plus sûre pour unifier le continent.
290
+
291
+ L'héritage culturel grec, le droit romain et l'unité chrétienne sont conçues par Paul Valéry[274] comme les trois piliers de l'Europe, lors d'une conférence donnée à l'université de Zurich le 15 novembre 1922. En 1923, le comte Richard Coudenhove-Kalergi publie Paneuropa, ouvrage dans lequel il développe sa vision d'une Europe forte de 300 millions d'individus, dont il exclut la Russie et la Grande-Bretagne, l'une considérée comme « asiatique » et l'autre plus préoccupée de toute manière par son Empire planétaire (vision partagée alors par les Britanniques eux-mêmes). C'est une vision qui s'appuie sur une analyse géopolitique d'un monde divisé en grands blocs antagonistes. Il rencontre un tel écho dans le monde intellectuel qu'il peut réunir à Vienne en 1926 un congrès avec plus de 2 000 délégués venus de 24 nations différentes (l'un des premiers adhérents à son mouvement est le jeune maire de Cologne, Konrad Adenauer). Il trouve aussi le soutien de Louis Loucheur et Aristide Briand (qui sera d'ailleurs nommé président d'honneur du mouvement), mais dans l'ensemble les politiques ne le suivent pas et on le soupçonne parfois de travailler pour l'Allemagne. Quoi qu'il en soit le mouvement Pan-Europe est fondé et survit jusqu'à nos jours (un membre de la famille des Habsbourg en est le président). Le même Aristide Briand, alors président du Conseil, pourra s'appuyer sur ce mouvement pour appeler à la création d'une « sorte de lien fédéral » devant l'assemblée de la Société des Nations (SDN) en 1929.[réf. nécessaire]
292
+
293
+ Le 1er mai 1930, en accord avec les instances dirigeantes de la SDN, il remet aux autres gouvernements européens un mémorandum sur « l'organisation d'un régime d'Union fédérale européenne ». Il essuie un refus poli : c'est un échec[275].
294
+
295
+ La crise et la montée en puissance des totalitarismes étouffent progressivement tout espoir de construction européenne. L'Allemagne nazie conçoit l'Europe selon une vision pangermaniste, raciste et centrée autour d'une grande Allemagne. L'Europe n'est plus qu'un réservoir de matières premières et de main-d'œuvre, destinée à nourrir la machine de guerre nazie.
296
+
297
+ Mais la résistance pense aussi l'Europe, et tandis qu'elle mène le combat intérieur partout en Europe contre le fascisme et le nazisme, ses membres les plus éminents se réunissent afin de dessiner les contours d'une Europe post-Seconde Guerre mondiale[276].
298
+
299
+ Après la guerre Churchill appelle à son tour de ses vœux à l'unité européenne et crée un mouvement qui fusionne très peu de temps après avec celui de Richard Coudenhove-Kalergi. Devant ce qui est perçu comme le danger soviétique, les États-Unis lancent un vaste programme de reconstruction de l'Europe avec le plan Marshall. Celui-ci conditionne la formation d'une Europe financière appuyée sur des politiques monétaires concertées (création de l'OECE - Organisation Européenne de Coopération Économique). Il faut désormais attendre la déclaration Schuman du 9 mai 1950 pour assister à la relance du vieux projet d'union européenne, cette fois lancée par étape, en commençant par l'un des secteurs économiques phares pour les Français comme pour les Allemands, l'industrie de la houille et de la sidérurgie. En plaçant ces productions sous la houlette d'une Haute Autorité, c'est le consentement prudent mais définitif d'un abandon de souveraineté qui transparaît. La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) née le 1er avril 1951 par la signature du Traité de Paris, elle réunit six États européens : le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, la RFA et la France. L'Europe est en marche[277].
300
+
301
+ Ainsi, depuis la seconde moitié du XXe siècle, un mouvement d'union politique est en construction, avec pour particularité une mise en place pacifique et démocratique (même si on l'accuse souvent de s'être faite à l'insu des peuples). La forme actuelle de ce nouveau pouvoir qu'est l'Union européenne n'est cependant pas encore entièrement arrêtée. Il est encore laissé une grande liberté politique aux pays membres, de plus en plus nombreux. L'Union européenne comprend maintenant 27 États membres, dont 19 faisant partie de la zone euro, zone de souveraineté monétaire commune. Avec l'Asie, l’Europe est le continent comptant le plus de monarchies (une monarchie pour trois républiques) ; les monarchies européennes sont toutes de type parlementaire, les souverains n'ayant le plus souvent qu'un rôle symbolique ou un rôle politique non déterminant : ce sont les premiers ministres ou chefs de gouvernement, issus d'une majorité parlementaire, qui sont investis du véritable pouvoir politique[réf. nécessaire].
302
+
303
+ → Pays membres de la zone euro (19 membres) :
304
+
305
+ → Pays non-membres de la zone euro (8 membres) :
306
+
307
+ → 4 pays non-membres de l'Union européenne, mais ayant signé des accords spécifiques avec celle-ci au sein de l'Union douanière de l'Union européenne :
308
+
309
+ La Biélorussie et le Vatican sont les deux seuls États européens souverains et indépendants à n'être membres d'aucune organisation supranationale européenne. Cependant, le Vatican dispose d'un statut d'observateur au Comité des ministres du Conseil de l'Europe et fait également partie de la zone euro, tandis que la Biélorussie est candidate à l'adhésion au Conseil de l'Europe depuis 1993.
310
+
311
+ L'Europe, ou plus précisément l'Union européenne, est l'un des pôles de la triade (États-Unis, Union européenne et Japon). Ces pôles centralisent 70 % de la richesse pour 14 % de la population[Quand ?]. Si l’Europe est la région la plus riche et développée du monde[278],[279], elle n'est pas un espace économiquement homogène[280],[281]: tous les pays européens ne sont pas des pays développés : l'Ukraine et la Moldavie font exception et sont classés comme pays à développement moyen avec un IDH inférieur à 0,8. L’Europe de l'Ouest et l'Europe du Nord très prospères contrastent avec certaines régions moins riches d'Europe centrale, d'Europe de l'Est (Moldavie, Ukraine, certaines régions de Roumanie, Russie) et d'Europe du Sud (Albanie, Serbie, Macédoine du Nord, certaines régions de Bulgarie, Italie du Sud, certaines régions d'Espagne, de Grèce et du Portugal).
312
+
313
+ La mégalopole européenne constitue le cœur économique de l'Europe. On peut ainsi distinguer principalement les pays de l'ancien bloc de l'Ouest, développés et avec une croissance faible et les pays de l'ancien bloc de l'est moins développés mais à plus forte croissance.
314
+
315
+ L’Union européenne, principal ensemble de la région, est en 2015 la deuxième puissance économique du monde[282]. Tous ses pays membres commercent entre eux librement grâce au marché commun, et dix-huit de ses pays ont accentué leur collaboration au sein de la zone euro. Des accords de libre-échange ont également été passés avec des pays partenaires, comme la Suisse[283].
316
+
317
+ L'Europe est un producteur important de céréales, de fruits et légumes, et de sucre, grâce aux cultures de betteraves, très développées en Ukraine et dans le nord de la France. Sur les six premières années de la décennie 2010, le continent a confirmé sa troisième place au palmarès des grands producteurs mondiaux de sucre[284], malgré un léger déclin, derrière les deux géants, le Brésil et l'Inde. Parmi les points forts de son agriculture, l'Europe était aussi troisième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis.
318
+
319
+ Parler de culture de l'Europe est difficile, car de nombreuses cultures s'y sont succédé (et ont souvent assimilé des apports extra-européens) depuis plusieurs millénaires. Une définition de la culture de l'Europe doit nécessairement aussi tenir compte des limites géographiques du continent.
320
+
321
+ Le tourisme culturel tient une place singulière en Europe, elle est une des clés de l'avenir permettant d'assurer une puissante force d'attraction pour l'Europe. Elle touche essentiellement l'audience des musées, des monuments et des évènements culturels. Et donne lieu à des déplacements vacanciers. Par conséquent, elle est une mine de recette considérable pour les pays européens. L'activité touristique s'est notablement enrichie depuis une vingtaine d'années, et les modes de visite des touristes ont beaucoup évolué. Le tourisme étranger en France en est une vivante illustration.
322
+
323
+ Agence spatiale européenne (Ariane 5).
324
+
325
+ L'orchestre symphonique.
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+
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+ Académie européenne du cinéma.
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329
+ Prix Nobel.
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+ Ligue des champions de l'UEFA.
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+ Une bicyclette (aussi appelée bicycle en Amérique du Nord), ou un vélo (abréviation du mot vélocipède), est un véhicule terrestre à propulsion humaine entrant dans la catégorie des cycles et composé de deux roues alignées, qui lui donnent son nom. La force motrice est fournie par son conducteur (appelé « cycliste »), en position le plus souvent assise, par l'intermédiaire de deux pédales entraînant la roue arrière par une chaîne à rouleaux.
4
+
5
+ La roue avant est directrice et assure l'équilibre. Son orientation est commandée par un guidon. Le cycliste a souvent les deux mains en contact avec le guidon afin de contrôler la trajectoire, le freinage ainsi que le passage des vitesses.
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7
+ La bicyclette est l'un des principaux moyens de transport dans de nombreuses parties du monde. Son efficacité énergétique est particulièrement élevée. Sa pratique, le cyclisme, constitue à la fois un usage quotidien de transport, un loisir populaire et un sport.
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+ En 1817, le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn invente sa Laufmaschine ou « machine à courir » qui est présentée à Paris le 5 avril 1818 (Brevet d'importation français déposé par Louis-Joseph Dineur au nom du Baron Drais le 17 février 1818 : sous l'appellation d'une « Machine dite vélocipède. »)[1].
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+ La draisienne (version 1817) possède deux roues alignées, reliées à un cadre en bois par des fourches, la roue avant pouvant pivoter latéralement, et elle est équipée d'un rudimentaire frein à sabot sur la roue arrière. Cet engin connait un certain succès, en particulier en France puis au Royaume-Uni.
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+ Dans ce pays, il sera nommé « hobby-horse ».
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+ La première conception visuelle attestée d'un deux-roues de type bicyclette est due à Alexandre Mercier. Elle figure dans son brevet du 8 mai 1843. Le pédalage est alternatif, à l'instar des Lévoyclettes Terrot des années 1910. C'est également le premier exemple probant d'équilibre soutenu sur deux roues, alors que sur la draisienne, l'équilibre n'est que passager. Dans son brevet, Mercier dit avoir essayé sa machine avec succès à Amiens, mais ce n'est pas prouvé.
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+ Si la draisienne fait partie de la préhistoire de la bicyclette, la véritable histoire commence en France avec les vélocipèdes à pédales pendant les années 1860. C'est vers 1867 que sont commercialisés les premiers vélocipèdes à pédales des maisons Sargent, Michaux, Vincent, etc., avec un vrai succès populaire au rendez-vous. Pierre Michaux, serrurier parisien en voiture à façon, aurait inventé le vélocipède à pédales en 1855. La date précise de l'invention et l'identité de l'inventeur sont toutefois très discutées. En 1893, lors d'une controverse avec les frères André et Aimé Olivier, anciens associés qui ont toujours nié le rôle de Michaux dans l'invention, Henry Michaux, fils de Pierre Michaux, avoue que ce serait son frère Ernest qui aurait eu l'idée des pédales, et que l'invention daterait en fait de 1861[2]. Cette date est toutefois mise en doute par certains historiens, qui donnent 1864 comme date plus plausible, et émettent également des doutes sur la paternité de l'invention de la famille Michaux[3]. Il est vrai que nous n'avons aucune preuve à ce jour. Parallèlement, un autre Français, Pierre Lallement, revendique avoir inventé et expérimenté un système à pédales dès 1862, et obtient en 1866 un brevet américain pour une machine qu'il appelle « bicycle »[4]. Une dizaine d'autres inventeurs revendiquent cette invention. Le plus plausible aujourd’hui, bien que sans preuve également, est Georges Radisson.
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+ Pierre Michaux ne dépose qu'en 1868 un brevet pour son invention, qu'il appelle « pédivelle » (brevet français no 80637 déposé le 24 avril 1868 : « Perfectionnement dans la construction des vélocipèdes. »), auquel il ajoute également un frein. À partir de l'automne 1867, le vélocipède a énormément de succès en France, et les premières courses de vélocipèdes, les clubs et les journaux apparaissent.
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+ Pierre Lallement émigre en 1865 aux États-Unis sans avoir pu trouver de soutien financier à Paris pour sa machine, et obtient le premier brevet au monde sur le vélocipède à pédales en novembre 1866. Il réussit à vendre son brevet à un New-yorkais, Calvin Witty, qui sera le premier à fabriquer des deux-roues aux États-Unis (un seul de ces vélocipèdes semble avoir survécu) et retourne en France en 1868[5]. À la fin de cette année, Witti vendant sa licence à d'autres constructeurs, le succès se produit également aux États-Unis. Quelques-uns surnommèrent la machine boneshaker (« secoueuse d'os »), en raison de la conception des roues, en bois cerclées de fer. Les premières garnitures de roues en caoutchouc dur apparaissent en 1869 et améliorent sensiblement le confort de l'engin[6].
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+ En 1869, Charles Desnos dépose un brevet sur l'amélioration du vélocipède qui fixe certaines caractéristiques toujours présentes dans les vélos modernes, notamment la roue arrière motrice et la transmission multiplicatrice par courroie ou chaine[7].
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+ Après la guerre de 1870, le perfectionnement des vélocipèdes se poursuit surtout en Angleterre. La roue avant se fait plus grande tandis que la roue arrière diminue de taille. Le premier grand-bi, appelé Ordinary, apparait en 1872. Ce genre de bicyclette connait un succès foudroyant auprès de la bourgeoisie qui seule avait les moyens de se l'offrir. En Angleterre, il est surnommé penny farthing (d'après la taille respective de ces deux pièces de monnaie, par analogie avec les roues). En France, il est utilisé de manière ostentatoire par les bourgeois (exemple : culture du plaisir et de l'élégance dans le bois de Boulogne)[8].
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+ Le premier brevet de bicyclette a été déposé en 1871 par Viarengo de Forville, un Italien résidant en France[9]. Dans son brevet français du 30 septembre 1871 sont jointes des photos représentant une bicyclette d'homme et une de femme.
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+ En 1884, John Kemp Starley de la société The Coventry Sewing Machine Company (« société des machines à coudre de Coventry »), qui deviendra Rover, invente la « bicyclette de sécurité » avec des roues de taille raisonnable et un entraînement par chaîne. Le cycliste y est installé à l'arrière, ce qui rend presque impossible la chute de type « soleil » où le cycliste est catapulté par-dessus la roue avant[10].
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+ En 1886, Peugeot commercialise ses premières bicyclettes. En 1885, le Bordelais Juzan en construit quelques-unes également, au look plus moderne que les anglaises.
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+ Un engrenage plus grand à l'avant (le plateau) qu'à l'arrière (le pignon) fait tourner la roue arrière plus vite que les pédales ne tournent, ce qui permet à ce type d'engin d'aller vite même sans une roue géante.
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+ En 1888, John Boyd Dunlop invente le pneumatique (brevet français no 193281 déposé par John Boyd Dunlop le 1er octobre 1888 : « Garniture de jante applicable aux roues de véhicules. ») qui contribue à améliorer encore le confort du cycliste. Édouard Michelin perfectionne cette invention en déposant en 1891 un brevet de « pneu démontable », la chambre à air.
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+ Les bicyclettes de sécurité de 1890 ressemblent déjà beaucoup aux bicyclettes actuelles. Elles ont des pneumatiques de taille comparable à celle d'un vélo moderne, des roues à rayons, un cadre en tubes d'acier et une transmission par chaîne. La seule chose qui leur manque est le changement de vitesses.
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+ Dans les années 1890, ce nouveau modèle de bicyclette élargit la cible des utilisateurs potentiels. De plus, en lien avec la seconde révolution industrielle, les bicyclettes deviennent un produit industriel (en France, les grandes marques sont alors Peugeot dans le Doubs, Manufrance à Saint-Étienne, Mercier dans la Loire), réduisant leur prix à un point qui les rend abordables aux ouvriers. Cela conduit à une « folie de la bicyclette »[11], qui est à l'origine d'une évolution sociale importante (passage du vélo loisir au vélo utilitaire).
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+ Dès cette période, la bicyclette s'impose comme un moyen de découvrir le monde. Alors que se développe la mode des tours du monde, le premier tour à vélo se déroule entre 1891 et 1894[12]. La première femme à avoir réalisé cet exploit en solitaire est Annie Cohen Kopchovsky, dite Annie Londonderry, sur un modèle masculin de bicyclette de marque Sterling, en quinze mois[13].
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+ À ce sujet, le développement de la bicyclette a permis le progrès de l'émancipation des femmes, même si l'accès au vélo pour ces dernières a été semé d'embûches. La féministe Susan B. Anthony a ainsi déclaré en 1896 que l'engin avait accompli davantage pour cette libération que quoi que ce soit d'autre au monde[14]. Malgré le tour du monde à vélo d'Annie Londonderry en 1895, certains médecins et moralistes persistaient à affirmer que la bicyclette présenterait une menace pour la santé physique et mentale des femmes. De plus, elle encouragerait au dévergondage et à l'exhibitionnisme[15]. On pensait par exemple que chevaucher une selle et se mettre en mouvement dans cette position pouvait conduire les femmes à développer des pratiques masturbatoires, absolument immorales à l'époque. De fait, les vêtements féminins du XIXe siècle n'étaient absolument pas adaptés à la pratique sportive, le port du pantalon étant réservé aux hommes[16]. Les femmes se sont alors battues pour porter le bloomer, sorte de short féminin, afin de pouvoir pratiquer la bicyclette. Dès 1868, certaines compétitions ont néanmoins été ouvertes aux femmes. De façon prémonitoire, Jacques Mauprat déclare dans Le Progrès du 21 avril 1895 : « Oui, la faible femme a fait ses preuves sur la bicyclette. Elle est arrivée à des performances très satisfaisantes ; et cela non seulement sans préjudice pour sa santé […]. Cette introduction de la femme dans le monde du sport est une révélation pour elle et sera presque la source d'une révolution dans les mœurs de la société, en commençant par le costume et en finissant par la régénération de bien des qualités perdues par l'inactivité musculaire. »
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+ Bicyclette moderne construite par Georges Juzan.
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+ Publicité 1897.
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+ Des cyclistes dans Hyde Park, réalisé par Robert W. Paul (1896).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ En 1903 naît le Tour de France. Le premier gagnant de cette grande épreuve est Maurice Garin.
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+ Après la Première Guerre mondiale, le terme « vélo » devient le mot populaire pour décrire la bicyclette utilisée par les ouvriers, paysans et enfants[8].
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+ Dans les années 1930, les systèmes à plusieurs vitesses commencent à être utilisés dans les compétitions de vélo.
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+ Le vélocar apparaît dans les années 1930, vélo couché et ancêtre de la vélomobile.
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+ Pendant l'occupation de la France par l'Allemagne, les voitures sont restreintes à l'usage des médecins, de la police ou de la milice, la bicyclette devenant la reine des transports (ravitaillement et marché noir, trajets pour le travail ou aller voir des proches, développement de vélo taxis dans les grandes villes), succès des compétitions de cyclisme[17].
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+ Les dérailleurs se développent durant les années 1950.
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+ Enfin, les vélomobiles renaissent à la fin des années 1980.
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+ Depuis le début des années 1990, dans plusieurs pays, des manifestations spontanées rassemblent, une fois par mois dans plusieurs centaines de villes, des défenseurs et promoteurs de l'usage du vélo en ville. Ce sont les masses critiques ou vélorution en France.
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+ Le 28 mars 2017, dans une note publique[18], le think tank La fabrique écologique estime que la Coordination interministérielle pour le développement de l'usage du vélo (Ciduv) est « dotée de faibles moyens humains et budgétaires » et « ne peut pas assurer le pilotage d'une stratégie nationale ambitieuse ». La France manque de compréhension des freins à l'usage du vélo. L’indemnité kilométrique vélo (IKV) peine à se développer et l'Ademe consacre peu de moyens au vélo. La compétence vélo est déléguée au niveau local (par la loi NOTRe) aux collectivités où la culture « transport en commun » domine, manquant d'une « impulsion nationale forte ». Le think tank propose des bases pour une stratégie nationale du vélo afin de rattraper les 20–25 ans de retard acquis sur l'Europe du Nord, prônant la création d'une mission interministérielle vélo (MIV) et la considération du vélo non plus comme un loisir mais comme un « instrument de la politique des transports »[19].
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+
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+ De fait, en France, selon une étude de l'Insee portant sur l'année 2015, seuls 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo. Le vélo est surtout utilisé lorsque le lieu de travail se trouve jusqu'à 4 km du domicile. Ce mode de transport est en général bien moins utilisé que l’automobile, largement prédominante, les transports en commun ou la marche, mais il fait jeu égal avec les deux-roues motorisés[20]. En ville, toutefois, comme à Paris, les trajets à vélo représentent le tiers de ceux effectués en voiture[21] (voir section #Bicyclette et urbanisme).
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+
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+ La bicyclette ne dispose que de deux points d'appui au sol : elle se trouve nécessairement en équilibre instable. Les physiciens parlent d'équilibre métastable car le passage de la position d'équilibre temporaire à une position de déséquilibre perceptible est relativement lent.
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+ Les principales forces en action sont :
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+ L'équilibre est maintenu dynamiquement par les actions du cycliste, qui s'emploie à toujours redresser sa machine en la penchant légèrement dans la direction opposée à celle où elle commence à tomber.
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+ Le cycliste jongle donc en permanence entre ces deux forces pour compenser les effets de l'une avec l'autre. Il est aidé en cela par la chasse du vélo : il s'agit de la distance entre l'intersection de l'axe de la fourche avec le sol et le point de contact de la roue avant au sol. En effet, l'axe de la fourche est incliné de manière que son intersection avec le sol se trouve en avant du point de contact de la roue avec le sol. Ainsi, si le vélo est penché d'un côté, la roue avant est forcée à se placer de manière à faire tourner le vélo du même côté, engageant ainsi un virage tendant à équilibrer cette inclinaison.
79
+
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+ Enfin, lorsque le vélo roule, l'effet gyroscopique lié à la rotation des roues contrarie toute variation de la position de leurs axes. Ce phénomène est proportionnel à la vitesse de rotation des roues et à leur masse. Cet effet reste habituellement négligeable et est normalement imperceptible par le cycliste. En effet, la masse et donc l'inertie du vélo et de son pilote sont d'un ordre de grandeur supérieur à celle des roues, ce qui réduit considérablement l'influence de l'effet gyroscopique[réf. souhaitée].
81
+
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+ Par rapport à la marche, à effort énergétique égal, le vélo est deux à trois fois plus efficace[22] et entre deux et quatre fois plus rapide.
83
+
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+ Par rapport aux autres organismes biologiques, le vélo est plus efficace, du point de vue de l'énergie (issue de la nourriture) dépensée pour parcourir une distance, que n'importe quel mode de locomotion de n'importe quel organisme biologique (l’animal le plus efficace dans ce domaine étant le martinet, suivi du saumon)[réf. nécessaire].
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+
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+ Enfin, l'efficacité énergétique de vélo surpasse également celle de tous les autres véhicules de conception humaine[23].
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+
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+ Les bicyclettes courantes sont constituées d'un ensemble de pièces facilement identifiables.
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+
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+ Le cadre en est la partie principale, il consiste généralement en un triangle sur lequel le poids du cycliste est réparti à partir du point d'appui de la selle, associé à un second triangle plus petit sur lequel est monté la roue arrière : ce second triangle se compose de haubans (arrête extérieure du triangle arrière) et de bases (base du triangle arrière). La roue avant est fixée au cadre par une fourche, la partie haute de celle-ci est montée sur des roulements à billes au travers d'un tube presque vertical à l'avant du cadre. Ces roulements à billes constituent le jeu de direction. Le sommet de la fourche constitue une potence à laquelle est fixé le guidon. La fourche peut être suspendue. De nombreux modèles de vélos modernes sont par ailleurs conçus sans haubans fixes, remplacés par un système suspendu. Ce système peut prendre des formes diverses et variées, de l'utilisation d'articulations basées sur des roulements, jusqu'à l'emploi de matériaux flexibles (titane notamment) qui autorisent une déformation progressive. De tels vélos « tout-suspendus » sont conçus pour la pratique en terrain inégal comme le VTT pour apporter un confort supplémentaire.
91
+
92
+ L'énergie est fournie par le cycliste par l'intermédiaire de ses pieds, avec lesquels il appuie sur les pédales, reliées à un ou plusieurs engrenages au niveau du pédalier : le ou les plateaux. L'engrenage arrière, le pignon (mais il y a souvent plusieurs pignons de tailles différentes fixés ensemble, on parle alors de cassette) est monté sur la roue arrière par un mécanisme à cliquet anti-retour : la roue-libre. La transmission du mouvement entre un plateau et un pignon est assurée par la chaîne. En fonction du type de pratique pour laquelle le vélo est conçu, la cassette peut être « plate » comme souvent sur un vélo de route, ce qui veut dire qu'entre deux pignons successifs, il n'y a qu'une dent de plus sur le plus grand ; sur d'autres types de vélos comme les VTT, le nombre de dents peut augmenter bien plus vite entre les pignons successifs. L'ensemble des éléments compris entre les pédales et la roue arrière est désigné par le terme de transmission.
93
+
94
+ La possibilité de changer de vitesses constitue l'une des avancées majeures de la technique cycliste. Le travail des jambes est plus efficace à certaines vitesses de rotation (ou cadences) du pédalier. Disposer d'une possibilité de sélection plus étendue des rapports de vitesses entre plateaux et pignons permet au cycliste de conserver sa cadence de pédalage la plus proche d'une valeur désirée. C'est pourquoi les vélos de route sont équipés de pignons « plats » [précision nécessaire], de manière à permettre au cycliste de bien contrôler sa cadence en fonction du petit nombre de configurations de terrain qu'il pourra usuellement rencontrer. Le dérailleur est un dispositif simple qui pousse la chaîne latéralement de manière à l'obliger à changer de pignon (ou de plateau pour le dérailleur avant). Les côtés des pignons eux-mêmes ont une forme spécifique avec des indentations aux dimensions des maillons de la chaîne, pour « attraper » la chaîne lorsqu'elle est poussée contre le pignon, l'engageant ainsi sur les dents de ce pignon. Le système est considérablement plus simple que les systèmes plus anciens comme la bicyclette à trois vitesses, mais tarda à conquérir le marché, en raison de la différence fondamentale avec tous les systèmes de changement de vitesses utilisés auparavant.
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+
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+ Les dispositifs de changement de vitesse, dont les leviers ont d'abord été fixés au cadre, puis au guidon, sont devenus bien plus efficaces et sophistiqués. On assiste cependant depuis la fin des années 2000 à un certain engouement pour les vélos à pignon fixe (sans vitesse et avec un seul pignon), du type de ceux utilisés dans les courses de vélodrome, mais de la part d'une clientèle citadine, pour des déplacements urbains.
97
+
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+ Il peut aussi être utilisé via une courroie qui, contrairement à la chaîne, ne nécessite aucun entretien particulier. L'industrie du vélo propose une gamme complète de courroies qui peuvent être en caoutchouc, carbone ou kevlar. Les plateaux et pignons sont adaptés aux diverses formes de courroies[24]. La transmission par courroie n'utilise pas de dérailleur. Les vitesses peuvent être intégrées dans un moyeu sur la roue arrière ou dans le pédalier comme les pédaliers à engrenage « planétaires ».
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+
100
+ La transmission du mouvement du pédalier à la roue peut aussi se faire grâce à un arbre de transmission ou à un joint de Cardan, associé à des engrenages, système également appelé transmission acatène (du latin signifiant « sans chaîne »). Ce système a été inventé vers 1895 et connut un certain succès[25], mais il imposait un pignon fixe et n'a pas perduré.
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+ Depuis l'invention, en 1901, d'un moyeu arrière contenant trois paliers, par les Anglais Henry Sturmey et James Archer[26], le changement de vitesses est également possible grâce à un moyeu à vitesses intégrées. Ce système est très fréquent sur les vélos en libre-service et peut maintenant offrir jusqu'à quatorze vitesses. Des dispositifs de transmission par corde, cordelette ou « string » font aussi leur apparition[27] ; le « string Bike » est créé par le Hongrois Robert Kohlheb[28].
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+ Cadre aluminium pour vélo enfant.
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+ Stringbike.
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+ Vélo équipé d'un arbre de transmission.
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+ Roue équipée d'un moyeu à vitesses intégrées.
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+ Transmission à courroie sur un vélo enfant.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'un des plus importants organes d'un vélo est le système de freinage. Il est composé de deux poignées de frein indépendantes, commandant chacune une mâchoire venant appliquer des tampons en caoutchouc sur la jante par l'intermédiaire de câbles de frein. Les câbles sont la plupart du temps protégés dans des gaines. Certains systèmes de freinage, pour plus de performance, sont basés sur le principe du frein à disque, ou du frein à tambour, intégré dans le moyeu.
117
+
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+ Depuis les années 1950, la plupart des systèmes de freinage sont dérivés de la conception des mâchoires à tirage latéral inventée par Campagnolo. Les deux bras de la mâchoire se resserrent lorsque le câble, fixé à l'extrémité d'un des bras et passant par l'extrémité de l'autre, est tendu. La pression des tampons appliqués par la jante s'équilibre grâce à un ressort qui répartit l'effort entre les deux bras de mâchoires.
119
+
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+ L'usage de plus en plus fréquent de pneumatiques plus gros sur les VTT a fini par poser un problème : la jante et son pneumatique devenaient trop larges pour passer entre les mâchoires de freins. Dans un premier temps, le système cantilever a apporté une réponse à ce problème. Les bras de la mâchoire devenaient indépendants, tout en étant reliés par un câble court de répartition de l'effort de freinage. Le câble de commande vient alors se fixer au milieu du câble de répartition. Cependant ce système présente quelques faiblesses : si la fixation du câble de commande n'est pas centrée, l'effort est mal réparti entre les bras, et si le connecteur se décroche, le câble de répartition peut bloquer la roue brutalement en se coinçant dans les dessins du pneumatique, ce qui peut entraîner un accident si cela se produit sur la roue avant.
121
+
122
+ Une solution plus adaptée au problème de la largeur des pneumatiques est le v-brake. Le câble est fixé de manière à être dirigé vers le haut de manière à ne pas pouvoir retomber sur le pneumatique, et transmet en outre de bien meilleure façon la puissance de freinage impulsée par la poignée de frein, tout en étant un peu plus facile à centrer lors du montage.
123
+
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+ Les roues sont munies de pneumatiques, ou pneus, afin d'accroître le confort du cycliste, et de diminuer les contraintes subies par la mécanique.
125
+
126
+ Les pneumatiques peuvent être fixés de deux manières sur les jantes : soit collés (on parle alors de boyaux), soit montés sur une encoche qui fait le tour de chaque côté de la jante (pneumatiques classiques). La largeur et les sculptures des pneumatiques sont adaptées en fonction de l'usage du vélo : fins et lisses pour la route, plus épais et avec de nombreux crampons pour le VTT, etc.
127
+
128
+ En Amérique du Nord et dans les autres régions où le sol gèle pendant l'hiver, il est possible d'installer des pneus dotés de pointes métalliques. Ceux-ci assurent une plus grande adhérence sur des surfaces glacées et les adeptes de ce moyen de déplacement peuvent ainsi circuler pendant tout l'hiver.
129
+
130
+ L'équipement de signalisation est principalement composé d'un éclairage actif et de réflecteurs ou catadioptres.
131
+
132
+ L'éclairage est constitué par une lampe blanche vers l'avant, une rouge vers l'arrière, le plus souvent alimentées par un alternateur, souvent improprement appelé dynamo.
133
+
134
+ Des réflecteurs destinés à compléter la visibilité du cycliste peuvent être installés. Pour la visibilité latérale, il peut s'agir de réflecteurs orangés que l'on fixe entre les rayons des roues, ou de bandes réfléchissantes blanches peintes sur les pneumatiques ou insérée entre les rayons tout contre la jante. Pour la visibilité de face et depuis l'arrière, les feux de position sont normalement doublés de réflecteurs de la même couleur et les pédales sont équipées de réflecteurs orangés.
135
+
136
+ Enfin, les vélos disposent en général d'une sonnette actionnée au guidon, et qui les distingue clairement des avertisseurs de véhicules automobiles.
137
+
138
+ Divers accessoires peuvent être ajoutés à l'équipement d'une bicyclette : garde-boue, porte-bagages, siège enfant, indicateur de vitesse, porte-bidon, pompe à vélo, porte-téléphone, etc. Le cycliste peut quant à lui porter un équipement spécifique incluant par exemple un casque de vélo, obligatoire dans certains pays.
139
+
140
+ Certains cycles Peugeot anciens sont équipés d'un antivol Neiman directement dans le cadre.
141
+
142
+ Neiman amovible sur cycle Peugeot.
143
+
144
+ Cylindre du Neiman amovible sur cycle Peugeot.
145
+
146
+ Les matériaux utilisés pour la fabrication des bicyclettes sont proches de ceux utilisés en aéronautique, l'objectif dans les deux cas étant d'obtenir une structure légère et résistante. Presque tous les vélos d'avant les années 1970 étaient faits d'un alliage d'acier et de chrome : le chromaloy (ou chromoloy). Au début des années 1980, l'aluminium connut un certain succès, notamment en raison de la baisse de son coût.
147
+
148
+ À ce jour, ce métal est probablement le plus utilisé pour des vélos de milieu de gamme. Dans le haut de gamme, on utilise la fibre de carbone et le titane, mais ces matériaux sont onéreux. Chaque type de matériau utilisé pour le cadre a ses avantages et ses inconvénients, bien que pour une géométrie de cadre donnée, l'ensemble des bicyclettes possèdent des qualités similaires dans leur comportement général.
149
+
150
+ Les différences les plus flagrantes entre matériaux apparaissent lorsqu'on compare leur tenue dans le temps, leur esthétique, leur capacité à être réparés et leur poids. Comme la rigidité du cadre dans le plan vertical, même pour un matériau très élastique, est d'un ordre de grandeur supérieur à celui de la rigidité des pneumatiques et de la selle, le confort du vélo se résume plutôt à un problème de choix de la selle, de la géométrie du cadre, des pneumatiques et de réglage général du vélo.
151
+
152
+ L'entretien courant d'un vélo consiste principalement à s'assurer de la pression et de l'état des pneumatiques, réparer les petites crevaisons, changer les patins et les câbles de freins, lubrifier les câbles de freins et les organes de transmission, nettoyer la boue et la poussière qui se déposent sur le cadre. Dans le cas où l'éclairage utilise des piles ou des batteries, il convient également de les remplacer ou de les recharger régulièrement.
153
+
154
+ À intervalles plus larges, il peut être nécessaire de dévoiler les roues voire de les remplacer, il faut aussi vérifier et remplacer les organes de la transmission (plateau de pédalier, chaîne, pignons de la roue libre) lorsque leur usure devient trop importante, ainsi que réduire le jeu du tube de direction.
155
+
156
+ Bien que réparer un vélo soit simple dans son principe, nombre de pièces sont relativement complexes et certains préfèrent déléguer la maintenance de leur engin à des professionnels. Toutefois, beaucoup de personnes préfèrent entretenir leur vélo autant que possible, que ce soit pour économiser de l'argent, ou tout simplement pour le plaisir de bricoler, par passion pour le vélo.
157
+
158
+ La diversité a toujours été présente dans l'histoire des cycles. Elle réapparaît plus clairement encore depuis la renaissance des vélos couchés. Quelques bicyclettes sont emblématiques de leur histoire, telles :
159
+
160
+ De nombreuses innovations ont transformé la bicyclette et donné lieu à l'apparition de modèles :
161
+
162
+ Certaines bicyclettes se sont spécialisées pour des usages spécifiques, notamment sportifs :
163
+
164
+ Certaines bicyclettes sont utilitaires et peuvent être utilisées pour transporter des marchandises ou des personnes, jusqu'à effectuer des déménagements : vélos cargos ou équipés de remorques[29].
165
+
166
+ Il existe enfin des bicyclettes de forme insolite, comme des vélos imitant le style des motos Harley-Davidson ou les tall bikes.
167
+
168
+ Vélo tout terrain.
169
+
170
+ BMX freestyle.
171
+
172
+ Vélo de course.
173
+
174
+ Vélos de ville en libre-service.
175
+
176
+ Vélo couché de randonnée.
177
+
178
+ Tall bike.
179
+
180
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
181
+
182
+ Pour chaque typologie, il existe une grande liberté d'expression dans les formes de constructions. De nombreux matériaux peuvent être utilisés par les designers : acier, aluminium, carbone, titane, bois, bambous, plastiques, constructions en impression 3D... Chaque élément est sujet à l'innovation, le design, l'art.
183
+
184
+ En 2013, le designer Philippe Starck présente le modèle Pibal, vélo-patinette, pour remplacer la flotte de vélos en libre-service de la ville de Bordeaux[30]. Confrontés à des fissures du cadre et des contraintes d'homologation, le fabriquant Peugeot et la ville conviennent de la destruction des Pibal en avril 2019[31].
185
+
186
+ Des véhicules dérivés de la bicyclette ont également fait leur apparition :
187
+
188
+ D'autres engins conçus sur le modèle de la bicyclette sont utilisés pour produire de l'énergie : vélos qui permettent en pédalant de recharger des appareils, pour faire de la musique (SolarSoundSystem), pour mixer des fruits (Smoocyclette), pour fabriquer de la barbe à papa[réf. nécessaire], etc.
189
+
190
+ L'apprentissage de la conduite d'une bicyclette a souvent lieu dès l'enfance. Des dispositifs spéciaux facilitent l'apprentissage par les plus jeunes enfants, par exemple l'ajout de deux petites roues latérales sur la roue arrière où l'utilisation de cannes ou de barres de remorquage qui tiennent l'enfant en équilibre. D'autres dispositifs, comme la draisienne ou le tricycle, permettent également aux jeunes enfants de s'initier à la pratique du vélo[33].
191
+
192
+ L'apprentissage pour adulte peut se faire rapidement avec des conseils adaptés. Des associations prodiguent souvent ce genre de formation[34],[35].
193
+
194
+ Le réseau paneuropéen de véloroutes et de voies vertes, en cours de constitution en 2018, permet aux cyclistes de se déplacer sans danger à travers toute l'Europe, tout en ayant un accès facilité à des lieux dignes d'intérêts. Au Québec, un projet similaire au réseau paneuropéen, la route verte, a été inauguré en 2007 et couvre le territoire habité d'est en ouest.
195
+
196
+ De nombreuses régions européennes sont aménagées à l'intention des cyclistes, bien que les différences nord-sud et ville-campagne restent importantes[réf. souhaitée]. Les Pays-Bas et le Danemark se distinguent à ce titre, les villes de Groningue et de Copenhague étant souvent citées en exemple[réf. souhaitée]. La commune néerlandaise de Giethoorn est en outre totalement libre de voitures, les déplacements se faisant à pied, à vélo ou en bateau. Aux Pays-Bas, les vélos peuvent emprunter des infrastructures réservées : ronds-points, signalisation et autoroutes permettent de traverser le pays en pédalant alors que des pistes cyclables sont également très présentes en campagne. Certaines autres municipalités développent sur leurs budgets divers projets novateurs : des pistes faites de panneaux solaires, d'autres phosphorescentes, ou des poubelles suspendues afin que les cyclistes puissent jeter leurs déchets sans s'arrêter. En Italie, à Ferrare, près d'un tiers des déplacements se font à vélo[36].
197
+
198
+ Les maires des grandes villes peuvent aider au développement de la bicyclette, en particulier en développant les aménagements cyclables. Dans le cadre de l'adaptation à la pandémie de Covid-19 en 2020, plusieurs grandes villes du monde ont ainsi soudainement ouvert de larges pistes pour désengorger les transports en commun et éviter le recours généralisé à la voiture, qui congestionnerait les voies et s'accompagnerait d'un pic de pollution[37]. Cette « reprise durable, à bas carbone » passe aussi par la piétonisation de quartiers. « La façon dont nous structurons nos efforts de récupération définira nos villes pour les décennies à venir », explique le maire de Milan, les initiatives à court terme ayant le potentiel pour perdurer ; « notre reprise économique doit aller de pair avec notre reprise sociale », indique également le maire de Montréal. Daisy Narayanan, de Sustrans, synthétise : « Covid-19 a souligné les rapports entre qualité de nos lieux de vie, santé publique, économie, transport, enseignement, qualité de l'air et justice sociale ».
199
+
200
+ Avec plus d'un milliard et demi de bicyclettes circulant sur la planète, le vélo est toujours le moyen de transport le plus utilisé au monde. L'apparition du vélo aurait provoqué ou accéléré plusieurs évolutions de société. Néanmoins, le nombre moyen de kilomètres parcouru par personne et par an varie fortement selon les régions et les pays.
201
+
202
+ Sous sa forme à deux roues avec un cadre composé de deux triangles dos à dos, la bicyclette (quasiment identique à celle que nous utilisons maintenant) a procuré aux femmes une mobilité sans précédent, facilitant ainsi leur émancipation. Dans les années 1890, l'engouement pour le cyclisme chez les femmes a été à l'origine de la création d'une mode de vêtements[38] comme les jupes-pantalons qui ont aidé les femmes à se libérer du corset et d'autres vêtements contraignants.
203
+
204
+ La bicyclette a été utilisée par différentes armées dans des régiments d'infanterie cycliste.
205
+
206
+ Historiquement, en ville, en Europe mais surtout en Chine et dans certains pays d'Asie du Sud-Est, les bicyclettes ont réduit la concentration de population du centre-ville, en donnant aux travailleurs un moyen d'effectuer des déplacements pendulaires entre les habitations individuelles en banlieue proche et les lieux de travail en ville. Le recours aux chevaux a également diminué dans la même période. La bicyclette, combinée aux congés, a permis aux gens de voyager dans leur pays d'origine, avec une grande autonomie, à une époque où l'automobile restait un moyen de transport onéreux accessible seulement aux classes supérieures.
207
+
208
+ Tous les deux ans depuis 2007, le site Copenhagenize.com dresse un classement des villes où la part modale du vélo est la plus importante. En 2017, les dix premières villes étaient : Copenhague, Utrecht, Amsterdam, Strasbourg, Malmö, Bordeaux, Anvers, Ljubljana, Tokyo et Berlin[39].
209
+
210
+ En France, dans les années 2000, une proportion croissante de la population utilise la bicyclette comme moyen de transport sur de courtes distances[40],[41], particulièrement dans des villes densément peuplées où l'usage de l'auto est rendu moins intéressant par la congestion de la circulation, la faible vitesse moyenne[42] et les coûts d'usage et de stationnement. Ainsi, par exemple, le nombre de trajets effectués quotidiennement à vélo par les Parisiens représente-t-il en 2010 un tiers de leurs trajets réalisés en voiture[21]. Cette tendance s'est accélérée avec le processus de vieillissement de la population[réf. souhaitée].
211
+
212
+ De plus en plus de municipalités construisent maintenant des aménagements cyclables, comme les pistes ou des bandes réservées, pour faciliter et favoriser l'usage du vélo, tant comme moyen de locomotion au quotidien que comme loisir. L'intermodalité entre les transports progresse également, avec le développement de systèmes d'accrochage de vélos dans les bus, les trains, etc.
213
+
214
+ La bicyclette est toujours l'un des véhicules individuels les plus utilisés dans de nombreux pays en développement[réf. souhaitée].
215
+
216
+ Le vol, assez fréquent en France et particulièrement dans les grandes villes, a conduit à la mise en place de meilleurs moyens antivols. Ainsi, le marquage des vélos par gravure d'un Bicycode sur le cadre[43] et le fichage des vélos volés ont-ils été mis au point en 2004 par la FUB et permettent de dissuader le vol ou de retrouver le propriétaire d'un vélo volé. Les antivols sont quant à eux régulièrement évalués et les données des tests mises à disposition[44],[45]. Enfin, de nombreux parcs à vélos s'équipent d'arceaux, de garages ou de consignes à vélo.
217
+
218
+ La fabrication industrielle des bicyclettes avec cadre en double triangle dos à dos a nécessité la mise au point de techniques avancées dans le travail du métal, ainsi que l'invention de composants comme le roulement à billes et les engrenages. Ces inventions et techniques ont permis plus tard de développer des pièces mécaniques qui seront utilisées dans les premières automobiles et en aéronautique. Un exemple d'une telle évolution est celui des frères Orville et Wilbur Wright, qui avaient débuté en tant que fabricants de bicyclettes.
219
+
220
+ L'usage du vélo a entraîné l'organisation sur le plan politique des cyclistes et des amateurs de bicyclette, sous forme de groupes de pression, pour promouvoir auprès des institutions la création d'un réseau routier revêtu, bien entretenu et cartographié.
221
+
222
+ Tant le modèle d'organisation de ces groupes de pression que celui des routes elles-mêmes facilita plus tard le développement de l'usage d'un autre véhicule à roues : l'automobile. Dans certaines sociétés occidentales, la bicyclette fut reléguée après la Seconde Guerre mondiale au rang de jouet pour les enfants, et il en fut ainsi durant plusieurs années, notamment aux États-Unis. Dans certains pays occidentaux, en particulier au Danemark et aux Pays-Bas, la bicyclette est toujours très utilisée comme moyen de transport.
223
+
224
+ La défense du vélo et du mode de vie cyclable a pu donner à certains philosophes et auteurs le qualificatif de « vélosophes ». La vélosophie renverrait à la dimension spirituelle que permet la pratique du vélo. Ainsi, pour Jean-François Balaudé[46], philosophe et président de l'université Paris-Nanterre et adepte de la bicyclette, le vélo constitue « une sorte de métaphysique incarnée » car il s'agit d'un sport ou d'un mode de déplacement caractérisé par une vitesse modérée, dénué de chocs et de traumatismes, fondé sur la réitération d'un mouvement circulaire, propice à la méditation. Balaudé parle d'un « éveil à la fois physique et cérébral ». Le vélo porte des valeurs écologiques et sociales à l'opposé de celles de la voiture, qui pour lui favorise la généralisation de comportements agressifs dans l'espace public. Pour les penseurs de la « vélosophie », il s'avère donc un élément central des politiques publiques de développement soutenable mais aussi de coexistence sociale. La vélorution (mot-valise mêlant vélo et révolution) est un mouvement dont le but principal est de promouvoir l'utilisation des moyens de transports personnels non polluants (bicyclette, patin à roulettes, planche à roulettes) et de dénoncer la place réservée à l'automobile dans les sociétés industrielles, son emprise dans l'espace urbain, rejoignant des préoccupations proche des mouvements de la décroissance et du convivialisme.
225
+
226
+ Eloigné de ce folklore, et selon une approche d'inspiration individualiste, le philosophe Christophe Salaün remarque, dans son Éloge de la roue libre, que la pratique du vélo invite chacun à expérimenter trois conditions essentielles : celle de la volupté, celle de la vertu et celle de la contemplation du monde, « le vélo étant tour à tour et tout autant, un hédonisme, une éthique de l’effort, et une approche esthétique du monde » (p. 16-17). Il interroge également le rapport que nous avons avec les objets techniques – le vélo renvoyant à une forme de « compagnonnage », voire de lien intime avec l'univers des machines (p. 47-63). Il traduit enfin un rapport au monde « non invasif », « discret », qui effleure le monde au lieu de le consommer (p. 107).
227
+
228
+ Le vélo est un moyen de déplacement économe en énergie, peu dangereux et occupant peu d'espace. Il a une faible empreinte écologique. En milieu urbain, pour les déplacements courts, il est une bonne alternative à l'automobile. Pour les déplacements plus longs ou pour se rendre à son travail, toujours en milieu urbain, il constitue un excellent complément aux transports en commun, car il démultiplie l'aire desservie[réf. nécessaire].
229
+
230
+ Les vélos en libre-service, vélo-taxis, vélos cargos (triporteurs utilitaires multi-fonctions convenant au transport et aux livraisons comme aux activités de propreté ou à la vente ambulante[47]) et le déménagement à vélo sont d'autres exemples d'alternatives écologiques et d'écomobilité.
231
+
232
+ Une étude sur la décarbonation de la mobilité dans les zones de moyenne densité de population, c'est-à-dire périurbaines proches, est publiée en 2020 par The Shift Project, que préside Jean-Marc Jancovici. Il en ressort qu'une politique volontariste permettrait de réduire de 60 à 70 % les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports, sur dix ans. Le vélo, à lui seul, contribuerait à réduire de 15 à 30 % ces émissions, suivi du covoiturage, des transports en commun, de la distribution optimisée des achats et du télétravail[48].
233
+
234
+ La pratique du vélo apporte des bienfaits en matière de santé publique, parce qu'il s'agit d'une activité physique d'intensité moyenne, idéale pour réduire les risques de maladies cardiovasculaires. La pratique quotidienne du vélo est également recommandée par l'Organisation mondiale de la santé[49] ou la Commission européenne dans la lutte contre l'obésité[50]. Aux Pays-Bas, une étude commandée par le ministère néerlandais des Transports montre que dans ce pays un travailleur sur trois va régulièrement au travail à vélo. Ceux qui utilisent un vélo tous les jours ouvrés sont statistiquement moins souvent malades et donc plus rentables pour leurs employeurs. Si l'on considère que les deux autres tiers rassemblent des personnes en moins bonne santé, celles-ci se porteraient mieux en pratiquant le vélo. Le ministre a prévu à la suite de cette étude 70 millions d’euros en 2009 pour aménager des pistes cyclables facilitant les trajets domicile-travail et pour des mesures d’accompagnement des cyclistes (augmentation des parcs à vélos sécurisés dans les gares)[51].
235
+
236
+ Le transport à vélo présente plusieurs avantages sur les autres modes de transport. Une étude du ministère de l'Environnement français souligne l'intérêt sanitaire de développer une politique en faveur des déplacements domicile-travail à vélo :
237
+
238
+ L'utilisation du vélo comporte aussi des risques, tels que les accidents de circulation ou l’exposition aux polluants atmosphériques. Malgré l'amélioration de la qualité de l’air respiré par rapport aux automobilistes, l’exposition aux polluants atmosphériques lors du déplacement à vélo est supérieure à celle des piétons. Le cycliste n'est cependant pas toujours moins exposé aux polluants de l'air que les autres usagers de la route[53]. Même sur une route circulante, les concentrations de gaz et de particules peuvent être inférieures aux concentrations dans les voitures parce que le cycliste roule sur le côté de la chaussée et parce que la prise d'air des véhicules est généralement plus proche des pots d'échappement que ne l'est le nez du cycliste. Sa position surélevée lui permet d'échapper à certains polluants qui sont plus lourds que l'air. Néanmoins, la plupart des études montrent que les différences en matière de concentrations de particules dépendent très fortement de l’endroit où les mesures sont prises. Si on prend en compte l’aspect respiration dû à l’effort physique que fournit le cycliste lors de son déplacement, il y a de très fortes différences vélo-voiture en ce qui concerne les quantités de pollution inhalées. Le cycliste inhale un volume d’air 4,3 fois supérieur à celui inhalé par l’automobiliste, ce qui augmente significativement l’exposition du cycliste aux émissions de polluants générées par la circulation et cela peut provoquer des effets (semble-til peu importants) sur sa santé[53],[54]. En outre, les cyclistes peuvent profiter de leur flexibilité pour explorer des parcours qui évitent les grands axes de circulation[55].
239
+
240
+ Ce gain en matière de santé est toutefois partiellement contrebalancé par le risque d'accident, variable d'un pays à l'autre. Les pays comptant le plus de cyclistes sont les moins dangereux pour les cyclistes. Selon une étude anglaise publiée en 2007 et comparant les risques encourus par des cyclistes âgés de dix à quatorze ans dans huit pays, les Pays-Bas et la Norvège sont les pays les plus sûrs, suivis de la Suisse et de l'Allemagne[56]. Des parts modales élevées de cyclistes sont généralement corrélées avec de faibles risques d’accidents graves à vélo, selon le principe de « sécurité par le nombre »[57]. Des différences spatiales fortes concernant le risque d’accident à vélo sont observées en Europe[58]. En queue de classement, on trouve la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande. Les usagers de la route sont disciplinés dans ces pays, mais le cyclisme y est peu répandu. Le surcroît d'accidents proviendrait du fait que les automobilistes n'ont pas suffisamment l'habitude de côtoyer des cyclistes.
241
+
242
+ Ces résultats confirment ce que d'autres chercheurs, notamment suédois et américains[59], postulent depuis le début des années 2000 : si on multiplie le nombre de cyclistes par dix, le nombre d'accidents les concernant n'est multiplié « que » par quatre. Il serait donc souhaitable que leur nombre augmente pour améliorer leur sécurité.
243
+
244
+ En Suisse, pays au relief accidenté, chaque année, deux fois moins de personnes meurent à vélo qu'à moto[60] alors que les cyclistes effectuent davantage de déplacements que les motards (la statistique inclut les scooters dès 125 cm3 parmi les motos). Par kilomètre parcouru, les motards et scootéristes sont 18 fois plus exposés à un accident mortel que les automobilistes, les cyclistes sept fois plus, et les piétons six fois. Si l'on calcule le risque de décès par heure, se déplacer à vélo reste plus risqué que de rouler en voiture, mais l'heure de vélo est sept à huit fois moins dangereuse que l'heure de moto ou de scooter.
245
+
246
+ Au Royaume-Uni, une étude du département des transports a estimé à 30,9 le nombre de morts par milliard de kilomètres parcourus à vélo, contre 35,8 piétons et 122 motocyclistes pour la même distance[61].
247
+
248
+ Le sous-enregistrement des accidents légers est également confirmé par plusieurs chercheurs : les cyclistes ne déclarent pas systématiquement les accidents qui les impliquent, malgré le fait que le coût total moyen d’un accident léger à bicyclette s’élève à un peu plus de 800 €[62],[57].
249
+
250
+ Ce qui réunit cyclistes et motards, c'est que dans la plupart des accidents les concernant, une automobile est impliquée et c'est l'automobiliste qui est fautif (refus de priorité, heurt par l'arrière). Les cyclistes sont moins exposés que les motards car ils roulent moins vite, ils entendent mieux les bruits de leur environnement, et leur véhicule est plus léger.[réf. nécessaire]
251
+
252
+ Dans la plupart des pays, des guides sont disponibles, qui rappellent les consignes de prudence et bonnes pratiques[63]. Le port du casque, en particulier, est sujet à controverse : son obligation serait largement contre-productive, en faisant baisser le nombre de cyclistes. Or, une augmentation du nombre de cyclistes entraîne une baisse du taux d'accidents, car les automobilistes sont plus « habitués » à leur présence. Il faudrait donc passer davantage par des circulations plus « douces » et un mode de conduite « apaisé », plutôt que par une profusion de protections pour les cyclistes[64].
253
+
254
+ Au Danemark, une étude tenant compte de tous les points positifs et négatifs liés à la pratique du vélo a montré que le risque de mourir dans l'année est réduit d'un tiers chez les personnes qui se rendent au travail à vélo, comparé à celles qui utilisent un autre moyen de transport[65]. L'activité physique quotidienne apporte donc un gain plus important que le risque d'accident.
255
+
256
+ Compte tenu des effets positifs de la bicyclette pour l'environnement et la santé, le 18 avril 2018, l'Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution faisant du 3 juin la « journée mondiale de la bicyclette »[66],[67]. En 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, l'ONU encourage ce jour-là les États membres à développer une culture de la bicyclette, pour ses bienfaits en matière de santé et d'environnement, mais aussi comme un moyen de répondre aux défis que pose la reprise des activités après le passage de la pandémie[68].
257
+
258
+ En France, le décret no 95-937 d'août 1995 relatif à la prévention des risques résultant de l'usage des bicyclettes précise la nature d'un vélo : « On entend par bicyclette tout produit comportant deux roues et une selle, et propulsé principalement par l'énergie musculaire de la personne montée sur ce véhicule, en particulier au moyen de pédales »[69]. Des conseils et la réglementation concernant le cycliste se trouvent sur le site du ministère de l'Intérieur[70].
259
+
260
+ Dans certains pays (Pays-Bas, Belgique) et depuis peu en France (2016, pour certains cyclistes, dans le cadre d'une expérimentation ou du volontariat de certains employeurs), a été mise en place une indemnité kilométrique vélo (IKV) et/ou des avantages fiscaux encourageant l'usage du vélo.
261
+
262
+ En France, en 2017, l'atelier « Mobilités plus propres » des Assises nationales de la mobilité a rappelé que la stratégie nationale de mobilité propre prévoyait à l’horizon 2030 […] de fixer au vélo une part modale de 12,5 % minimum. « L’opportunité du Vélo à assistance électrique doit être saisie en changeant d’échelle dans la mise en œuvre d’itinéraires de qualité, l’équipement en pistes cyclables et en parkings sécurisés pour vélos, notamment dans les pôles d’échanges intermodaux. » La création d’un fonds vélo a été évoquée pour financer de nouveaux itinéraires cyclables et aider à l'achat de VAE. En décembre 2017, la ministre des Transports Élisabeth Borne a annoncé une indemnité kilométrique vélo obligatoire[71] et la création d’un Plan vélo national qui « abordera l’ensemble des dimensions de ce sujet : santé publique, infrastructures, éducation, fiscalité… »
263
+
264
+ Deux grands salons se tiennent annuellement, présentant les nouveautés de l'industrie mondiale du cycle : Eurobike pour l'Europe (fin août, en Allemagne), et Interbike pour les États-Unis, en septembre à Las Vegas. Beaucoup d'autres salons existent, dans différents pays, mais ils sont de moins grande taille, pas tous annuels et présentent seulement les produits de quelques pays[réf. souhaitée].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3413.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,406 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le violon est un instrument de musique à cordes frottées. Constitué de 71 éléments de bois[1] (érable, buis, ébène, etc.) collés ou assemblés les uns aux autres, il possède quatre cordes accordées généralement à la quinte, que l'instrumentiste, appelé violoniste, frotte avec un archet ou pince avec l'index ou le pouce (en pizzicato).
4
+
5
+ Dans les formations de musique classique telles que le quatuor à cordes ou l'orchestre symphonique, le violon est l'instrument le plus petit et de tessiture la plus aiguë parmi sa famille ; celle-ci inclut l'alto, le violoncelle et la contrebasse[2]. Sa création remonte au XVIe siècle. Très vite popularisé, il occupe une place importante dans la musique classique occidentale : de grands compositeurs ont écrit pour cet instrument (concertos, musique de chambre, pièces symphoniques, etc.) voire en jouaient eux-mêmes (Vivaldi, Bach, Mozart, etc.), et certains violonistes du XIXe siècle ont, par ailleurs, acquis une grande renommée, notamment Paganini.
6
+
7
+ Un violon se compose de trois parties principales : la caisse de résonance, le manche et les cordes.
8
+
9
+ La longueur du violon est variable. Un violon de taille maximale est appelé un entier, et est destiné aux violonistes ayant atteint leur taille adulte ; il mesure généralement 59 cm de long, du bouton à l'extrémité de la tête, et la longueur du coffre est comprise entre 35 et 36 cm. Il existe une échelle non proportionnelle de longueur des violons, les violons non entiers (quart, demi, trois-quarts...) étant généralement destinés aux enfants :
10
+
11
+ L'existence de violons de petite taille est avérée au moins depuis le milieu du XIXe siècle[4].
12
+
13
+ Les luthiers sont les artisans qui créent et entretiennent les instruments à cordes. Les plus connus sont Antonio Stradivari, la famille Amati, la famille Guarneri, Jean-Baptiste Vuillaume et Nicolas Lupot qui tous deux ont reçu le surnom de Stradivarius français. Certaines de leurs créations sont restées célèbres.
14
+
15
+ L'influence du bois utilisé a été étudiée. Étant un composant de l'instrument largement majoritaire face au vernis, son rôle semblait devoir être également prépondérant. De nombreuses hypothèses ont été échafaudées, certains allant jusqu'à supposer que le bois des violons provenait de la charpente de cathédrales ou de châteaux, ce qui lui aurait donné un âge exceptionnel. Lloyd Burckle et Henri Grissino-Mayer ont quant à eux fait l'hypothèse que le bois utilisé par les grands maîtres italiens provenait des vingt années précédant le minimum de Maunder additionnés au minimum lui-même. Ce minimum de Maunder est une période de froid intense qui a eu lieu en Europe ; avec les vingt années précédentes, cela correspond à la période 1625-1715. Selon les deux auteurs, ce froid aurait provoqué une pousse ralentie des arbres, leur conférant une densité de cernes de croissance par unité de longueur élevée. Mais cette hypothèse a été également rejetée à cause des temps de séchage probablement adoptés par les luthiers italiens, et les auteurs reconnaissent eux-mêmes qu'aucun traitement particulier (séchage, stockage ou vernis) n'a jamais été identifié comme cause certaine de supériorité[5],[6].
16
+
17
+ Joseph Nagyvary et son équipe ont analysé le bois de cinq instruments (dont un Stradivarius et un Guarnerius) datant d'entre 1717 et 1840. « Dans deux des instruments censés être des merveilles d'acoustique, le bois a été traité par des produits chimiques », d'après Nagyvary : des molécules d'hémicellulose ont été brisées à la suite de l'oxydation causée par un pesticide[7]. Selon le chercheur, le bois aurait été bouilli dans de l'eau chimiquement traitée, dans le but de protéger l'instrument contre les vers et les moisissures. Modifiant la structure du bois, cette opération aurait donc eu des répercussions inattendues. Mais l'agent oxydant employé reste inconnu[8].
18
+
19
+ Les bois utilisés sont[9] :
20
+
21
+ L'érable a été choisi parce qu'il n'est pas trop lourd, et il est dur et élastique en même temps. Certains auteurs de lutherie classique prétendent que le peuplier ou le frêne, utilisés par les anciens luthiers italiens, ont été écartés car trop mous et donnant des sons creux et en dedans[10], de même Tolbecque critique lui aussi les vieux fonds en peuplier[11].
22
+ Or on sait que ces considérations sont très subjectives et sujettes à interprétation personnelle, le son n'étant pas uniquement le résultat d'une ou deux données mécaniques du bois, d'autant plus que certaines informations étaient erronées autrefois : le frêne européen par exemple, fraxinus excelsior[12], n'est pas un bois mou, il est plus dur que l'érable sycomore[13],[14]. Le bois du peuplier lui, est bien mou, mais est utilisé dans d'autres domaines de la lutherie classique.
23
+
24
+ Les bois doivent être vieillis avant d'être utilisés, dans un endroit plutôt froid et à l'abri de l'humidité, du vent, de la poussière et des insectes xylophages.
25
+
26
+ Pour pouvoir reproduire un modèle de violon, le luthier fabrique des gabarits et un moule : pour le contour de la table, pour les ouïes, pour l'épaisseur de la voûte, pour la tête.
27
+
28
+ La table et le fond sont formés ; le plus souvent la table est constituée de deux pièces afin d'assurer une symétrie des largeurs des fibres de part et d'autre de l'axe central pour des raisons de sonorité, tandis que le fond peut être d'une ou de deux pièces selon le choix arbitraire du luthier[15]. Les tables et fonds en deux parties sont obtenus à partir d'un morceau fendu en deux. Le luthier trace une ébauche de la forme de la voûte et détermine les contours exacts de la table et du fond.
29
+
30
+ Bille initiale.
31
+
32
+ Bille coupée « sur sens » (ou « sur maille »). Les quartiers sont divisés verticalement.
33
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34
+ Les deux parts symétriques sont collées pour former fond ou table.
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36
+ Une fois les contours de la table et du fond découpés (à la scie à chantourner par exemple) puis affinés (canif, lime), le luthier procède à l'élaboration des voutes. À l'aide de larges gouges d'abord, puis de rabots « noisettes » ensuite, les voutes sont ébauchées. On procède aux finitions en utilisant des racloirs de diverses formes, jusqu'à l'obtention des voutes désirées dont le galbe revêt beaucoup d'importance dans la production de la sonorité.
37
+
38
+ L'étape du filetage consiste à poser les filets à 4 à 5 mm du bord. Ce sont trois fines lignes qui ont, en plus d'un rôle décoratif, un rôle de protection contre les chocs, susceptibles d'amorcer des fissures dans le sens du fil du bois : les filets préviennent la propagation de telles fissures. Les deux lignes noires peuvent être en alisier teint, en ébène, en poirier, voire en baleine ou en cellulose issue du carton et compressée[16]. La partie blanche peut être en houx, en buis ou en charme. Ils sont dans certains cas inexistants, et ne figurent alors que les emplacements creusés des deux filets noirs ; enfin, dans l'état de finition le moins avancé, ils ne sont que peints à l'encre de Chine[17]. Certains luthiers, comme Maggini ont utilisé des doubles filets : il semble que cette technique soit purement décorative.
39
+
40
+ Puis le luthier creuse le fond au rabot et à la gouge et place sept taquets (petites pièces de bois) sur celui-ci au niveau du joint (s'il y en a un), afin de le consolider. Il donne au fond son galbe définitif.
41
+
42
+ La même étape de creusage a lieu sur la table et les ouïes sont percées. La barre d'harmonie est alors placée ; il s'agit d'une longue pièce de bois, placée sous la table au niveau du pied gauche du chevalet. Elle sert à aider le violon à vibrer, et à résister à l'importante pression exercée par les cordes.
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+
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+ En vue de l'assemblage du fond et de la table, pour former une caisse de résonance, on en construit les bords verticaux que sont les éclisses. Contrairement à la table, l'orientation des fibres du bois n'a ici qu'un rôle décoratif[18]. Les éclisses sont cintrées au fer chaud. Puis on les assemble sur une forme au moyen de petites pièces de soutien qui contribueront à la rigidité de la caisse de résonance : tasseaux, coins, contre-éclisses.
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+
46
+ Le manche et la touche sont les dernières grandes pièces à réaliser. L'étape délicate de la conception du manche est la taille de la volute, car le modèle utilisé est difficile à appliquer à la pièce à cause du relief (la volute « monte » en même temps qu'elle « tourne »). On creuse le chevillier, partie où passent les cordes, entre le sillet et les chevilles ; dans certains cas, il a même été creusé entièrement, sans que cela ait d'autre incidence qu'esthétique[19]. On taille la touche, large de 25 mm au niveau du sillet, de 49 côté chevalet, et arrondie comme le chevalet.
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48
+ Puis vient l'assemblage global : on colle le fond sur les éclisses puis, après avoir retiré la forme, on fixe la table et enfin on enclave le manche dans le corps du violon en forçant un peu et on le colle. On fixe alors la touche au manche avec quelques gouttes de colle, afin qu'elle tienne le temps de concevoir le sillet (que l'on ne fixe lui aussi que très légèrement) et de tailler proprement le manche. Puis on fait sauter touche et sillet : l'instrument est terminé en blanc. On procède à l'encollage, c'est-à-dire que l'on enduit le violon d'une sous-couche empêchant le vernis de pénétrer dans les pores du bois. Cette sous-couche peut être à base de gélatine, de blanc d'œuf, d'huile… Le violon peut à présent être verni.
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50
+ Le luthier recolle alors la touche, taille et place les chevilles, puis le bouton. Vient ensuite la taille et la pose de l'âme, située en largeur au niveau du pied droit du chevalet, et en longueur à 3 mm en arrière de celui-ci. Le luthier vernit le manche avec un vernis peu coloré et plus résistant aux frottements de la main et à la sueur. Enfin, il retaille le chevalet brut fourni par le fabricant et le place en même temps qu'il installe les cordes. Le violon est à présent terminé, et ne restent plus à faire que des réglages de la sonorité.
51
+
52
+ Le vernis a un rôle esthétique et un rôle de protection contre l'humidité due à la sueur du violoniste et à l'air ambiant, dont l'hygrométrie est variable. Plusieurs recettes de vernis existent : à l'alcool, à l'huile de lin, à l'essence grasse (procédé Mailand), propolis… La technique consiste en un mélange variable de solvant et de laques, essence de térébenthine, résines, gommes et colorants, que l'on applique en couches successives sur le violon, et que l'on polit (d'où l'intérêt d'ôter la touche, afin de pouvoir polir le vernis situé sous son emplacement).
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+
54
+ Le vernis peut avoir différentes teintes, extrêmement variables d'un cas à l'autre suivant les colorants utilisés, l'usure et la patine. Ainsi, il peut aller du jaune doré pour les Amati au rouge brun des Bergonzi en passant par l'orange foncé pour les Stradivarius ou le brun terne des instruments bas de gamme de l'école allemande du XIXe siècle[20].
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+ L'influence du vernis sur la sonorité a été âprement discutée. La recette utilisée par l'école de Crémone ayant été perdue, et les luthiers cherchant la ou les causes de la qualité des violons issus de celle-ci, on a supposé que le vernis jouait un rôle fondamental quant à la sonorité du violon.
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+
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+ Le temps nécessaire à la fabrication d'un violon est délicat à estimer, car il dépend de l'expérience de l'artisan. On considère qu'un artisan confirmé fabrique un violon en 30 à 45 jours, le bois étant déjà sec. L'étape la plus longue à réaliser est le vernissage, car chacune des nombreuses couches n'est appliquée qu'après le séchage de la précédente, or il peut y avoir jusqu'à trente applications successives[21].
59
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+ Le prix d'un violon est très variable. Ainsi, un violon d'usine fabriqué en Chine dans les années 1980, vendu avec mentonnière et étui, coutait moins de 1 000 francs[22]. À l'exact opposé, les anciens violons des grands luthiers italiens atteignent des sommes considérables lors de ventes aux enchères. Le dernier record enregistré revient à un Guarnerius del Gesù de 1742 qui a été joué par Yehudi Menuhin et qui a été vendu le 29 octobre 1999 à Zurich à plus de 2,6 millions de dollars[23]. Il existe un juste milieu ; Menuhin propose par exemple comme bons violons les productions de la lutherie espagnole du XVIIIe siècle ou celles de la lutherie tchèque[24]. Un violon à l'état brut, sans vernis, se nommera violon sylvicole ou tout simplement un "violon en blanc".
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+ La fonction de la caisse de résonance est d'amplifier le son provoqué par la vibration des cordes.
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+ La face supérieure d'un violon est appelée table d'harmonie. Faite (le plus souvent) de deux morceaux d'épicéa collés dans le sens de la longueur, elle est bombée et percée de deux orifices en formes de ƒ, les ouïes, qui ont pour vocation de libérer les vibrations provenant de la caisse de résonance. La face inférieure, communément appelée le « dos » ou le « fond », est formée d'une pièce en érable, ou de deux pièces collées ensemble dans le sens de la longueur. Elle est également bombée mais souvent dans une moindre mesure. Sur les bords des deux faces, on distingue une double ligne noire enserrant une ligne de même couleur que la table (blanche avant le vernissage) : les filets.
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+ Les flancs en érable, appelées éclisses, réunissent la table d'harmonie et le fond afin de former une boîte qui forme la caisse de résonance. Au niveau du chevalet, les côtés du violon sont en forme de C (en creux vers l'intérieur) : ce sont les échancrures, dont le but est de permettre le passage de l'archet. Les petites pointes à leurs extrémités se nomment les onglets.
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+ À l'intérieur du violon, on trouve l'âme et la barre d'harmonie, qui jouent un rôle essentiel dans la transmission des vibrations des cordes et dans la résistance face à la pression qu'exercent les cordes.
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+ C'est dans la caisse de résonance que l'on trouve l'étiquette mentionnant le nom du luthier fabricant et l'année de fabrication.
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+ Il permet d'obtenir la bonne longueur de cordes, d'ajuster la tension de celles-ci et autorise le jeu du violoniste.
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+ Il s'agit d'une pièce d'érable terminée par la tête, décorée d'un ornement en forme de spirale, la volute. Dans la construction baroque et classique, jusque vers 1800, le manche du violon était ajusté contre le tasseau et cloué à lui. Maintenant il est enclavé et collé dans le tasseau supérieur. Sur la tête, des chevilles sont fixées latéralement afin de contrôler la tension des cordes. Facilement reconnaissable par sa couleur noire, une longue plaque d'ébène, la touche, non frettée, est collée sur le manche. La touche est terminée au niveau de la tête du violon par le sillet, petite pièce en ébène qui fait office de guide pour les cordes.
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+ La volute peut également servir à poser un violon sur un support de partitions.
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+ Les quatre cordes sont la partie du violon qui, mise en vibration par l'archet ou par les doigts, produit le son. Les cordes, de la plus grave à la plus aiguë, sont accordées à la quinte de la manière suivante : sol, ré, la et mi. On accorde le violon soit avec les chevilles, qui sont situées sur la volute (tête du violon), ou avec les vis (les tendeurs), qui elles, sont situées sur le cordier. Il faut savoir que l'accordage par les tendeurs est plus subtil, et plus facile pour les débutants. On peut cependant accorder le violon autrement pour obtenir un effet, la scordatura.
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+ Pendant une très longue période, les cordes étaient en boyaux et seule la corde de sol était entourée d'un fil d'argent ou de cuivre (elle était dite « filée »)[25]. Le boyau employé n'était pas de chat comme le veut une idée très populaire. Cette erreur est par exemple reprise dans la définition humoristique du violon[26] donnée par Ambrose Bierce dans son Dictionnaire du Diable de 1911 : « Violon : instrument destiné à chatouiller les oreilles de l'homme par le frottement de la queue d'un cheval sur les boyaux d'un chat ».
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+ L'erreur pourrait provenir d'une compréhension trop littérale de catgut[27], corde de boyau utilisée en chirurgie. En réalité, on emploie pour fabriquer les cordes en boyau la tunique médiane de l'intestin grêle du mouton, dont les fibres sont résistantes. Plusieurs fils obtenus par découpage dans le sens de la longueur sont tordus ensemble, et la tunique médiane est si fine que les intestins grêles de quatre à cinq moutons sont nécessaires pour faire environ vingt-cinq cordes de la[28].
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+ Une corde de boyau doit être dans toute sa longueur cylindrique, de même diamètre, élastique, d'une souplesse régulière et de couleur transparente. Un épaississement ou une densité irrégulière de la structure du matériau empêchent un accord tout à fait juste. La justesse d'une corde ne s'évalue sur la régularité du diamètre que si elle est de densité régulière, cette dernière condition n'étant remplie que pour les cordes de bonne qualité[29].
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+ Au début du XXe siècle, la corde de mi fut remplacée par un fil d'acier, car elle se brisait trop souvent[30]. Plus tard, on a également muni d'un enroulement d'aluminium les cordes de la et de ré, dont le noyau est en boyau ou en matière synthétique, tel que l'hydronalium (en) (alliage d'aluminium et de magnésium résistant à la corrosion due à la sueur)[31]. Cette dernière solution est maintenant privilégiée (sauf pour la musique ancienne) : elle est moins sensible au désaccord ; elle n'est pas aussi exigeante lors de la fabrication, et peut donc être réalisée de manière industrielle. On utilise également beaucoup des cordes basses filées à noyau d'acier, qui produisent une sonorité claire mais sèche. Pour accorder plus facilement les cordes d'acier, beaucoup plus sensibles à la tension, ont été mis au point des mécanismes à vis spéciaux, fixés au cordier, les tendeurs, petites molettes fines.
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+ Si toutes les cordes avaient le même diamètre, la tension devrait diminuer pour les cordes basses. La répartition de la pression sur la table serait alors irrégulière et la sonorité des cordes basses insatisfaisante à cause de la faiblesse de résonance. C'est pourquoi les cordes ont des diamètres différents, mais une tension presque égale. On tend plus fortement la corde de mi, qui repose sur le pied droit du chevalet afin de lui conférer un volume sonore et un éclat accrus. Un violon de type Stradivarius pèse entre 355 et 365 g tout compris ; la table, 55 g, et le fond, 90 g, doivent résister, par l'intermédiaire des éclisses, à la tension des cordes égale à 27 kilogrammes[32]. Comme dans le cas du violon la pression transmise à la table vaut 0,140 kg par kg de tension[33], on trouve une pression exercée sur la table valant 3,78 kg.
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+ Autrefois on désignait sous le nom de bourdon la corde de sol. On en trouve la trace dans la traduction de la méthode de Leopold Mozart par exemple. Actuellement, on note les cordes de I à IV, la première corde étant celle de mi, également nommée chanterelle.
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+ Yehudi Menuhin dit des cordes[34] : « La corde de sol, la plus grave, suscite une sonorité riche, profonde, et inspire un sentiment de noblesse. La corde de ré se distingue par son caractère plus passionné, plus vif. La corde de la s'ouvre et s'épanouit dans l'espace. La plus brillante et la plus extravertie des quatre est la corde de mi. »
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+ Le chevalet est une planchette sculptée en érable sycomore placée perpendiculairement à la table d'harmonie entre les ouïes et qui assure deux fonctions. Il maintient les cordes dans une configuration arquée (les cordes ne sont pas dans un même plan), permettant que chacune puisse être frottée séparément. Il a également une influence sur la sonorité du violon, car il communique les vibrations des cordes à la table d'harmonie. Tout comme l'âme, cette pièce n'est pas collée à l'instrument, mais maintenue en place par la seule pression des cordes.
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+ Les quatre cordes peuvent être accordées au niveau de la tête grâce aux chevilles ; à la base du violon, les tendeurs permettent un accord plus fin. Ces tendeurs sont attachés au cordier, pièce noire en ébène fixée à la caisse par un bouton.
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+ De très nombreuses techniques existent sur le violon pour obtenir une large palette sonore et tirer toutes les possibilités de l'instrument. Le plus souvent, on joue du violon en posant le bas de l'instrument (le côté chevalet - cordier, et non le côté manche - volute) sur la clavicule gauche, tandis que les doigts de la main gauche (excepté le pouce) appuient sur les cordes au niveau de la touche et que la main droite tient l'archet et frotte avec celui-ci les cordes. Cette façon de jouer est indépendante de la latéralisation (droitier ou gaucher)[réf. nécessaire]. Quelques violonistes jouent en posant l'instrument sur leur clavicule droite, et donc en inversant tous les gestes, mais la première manière est très largement majoritaire. Les explications qui suivent considèrent donc le cas le plus courant.
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+ La même note jouée sur deux cordes différentes, sonne avec une couleur différente, plus ou moins « chaude ». Ces différences sont exploitées par le violoniste en fonction de l'effet recherché. Le pouce servant à tenir le manche, les doigts sont désignés du premier au quatrième, l'index étant le premier doigt, alors que les violoncellistes, au contraire, utilisent le pouce pour jouer une note se situant au dessus de la caisse de résonance.
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+ La mentonnière et le coussin sont deux pièces pouvant s'ajouter ou s'enlever librement du violon, et dont la fonction est de faciliter l'adaptation du corps à la forme des éclisses.
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+ Le coussin se place sous le violon, et évite ainsi à la clavicule de subir trop durement le contact des bords du violon.
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+ La mentonnière se place sur le violon, à gauche du cordier, ou l'enjambant, et comme son nom l'indique, on y place le menton. Elle permet d'éviter de mettre massivement la sueur du violoniste en contact avec la table, abîmant alors le vernis. Louis Spohr semble avoir été un des premiers à l'utiliser, en 1819. L'accessoire était à ses débuts assez grossier, s'implantant dans le tasseau avec une vis à bois. Il fut largement critiqué, comme étant « un champignon qui aurait poussé sur le bord du violon », ou étant jugé gênant, ridicule, augmentant sans raison la hauteur des éclisses, empêchant de faire corps avec l'instrument, modifiant le son du violon… Tolbecque considérait dans les années 1900 qu'il avait fallu 70 ans pour que l'usage se répande, et qu'il était à présent tout à fait adopté[36]. C'est cependant inexact, les instrumentistes de musique traditionnelle (par exemple en musique cadienne) jouent souvent le violon posé contre le haut de la poitrine, et donc n'ont pas besoin de mentonnière. Quant aux Tsiganes, ils jouent souvent les contre-temps le violon en l'air, la table basculant de l'horizontale à la verticale (l'axe du violon conserve son orientation habituelle)[37].
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+ La sourdine se place sur le chevalet. Son action consiste à ajouter de la masse au chevalet ce qui restreint la transmission des vibrations des cordes au chevalet et donc à la caisse de résonance via l'âme. Le but premier de la sourdine est de réduire l'intensité sonore du violon, mais ce n'est pas son seul effet. La sourdine permet aussi de modifier le timbre de l'instrument.
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+ Il existe deux catégories de sourdines : les sourdines d'orchestre et les sourdines d'appartement. Les sourdines d'orchestre (petites sourdines en caoutchouc ou en ébène) utilisées à l'orchestre donnent un timbre plus doux et feutré. Les sourdines d'appartement (sourdines peigne en caoutchouc ou en plomb qui sont beaucoup plus lourdes) ont pour but de réduire l'intensité sonore au maximum pour ne pas déranger les voisins.
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+ Par exemple : une simple pince à linge ; un petit morceau de caoutchouc posé sur le chevalet entre les cordes de ré et de la ; une plus large bande (à quatre branches), recouvrant entièrement le dessus du chevalet, du sol au mi ; un modèle métallique (le plus puissant : en plomb).
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+ Deux types de sourdine : une simple pince à linge ; une sourdine en caoutchouc.
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+ Sourdine en plomb à quatre branches posée sur le chevalet.
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+ Coussin.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Bien qu'il existe une représentation d'un violon (forme en huit, volute, ouïe en forme de C) sur une statue d'un temple en Inde datée du XIIe siècle[38], on estime habituellement que le violon naît dans les années 1520, dans un rayon de 80 km autour de Milan en Italie. Il y a indétermination entre les villes de Brescia et de Crémone. Le premier luthier ayant fabriqué un violon pourrait être Giovan Giacomo Dalla Corna (en) ou Zanetto Montichiaro ; rien ne permet d'affirmer que ce soit Andrea Amati (v. 1505/1510-1577), et (contrairement à ce qu'affirme la littérature du XIXe siècle) il ne s'agit sûrement pas de Gasparo da Salò, né en 1540[39]. Il semble que le violon ait emprunté des caractéristiques à trois instruments existants : le rebec, en usage depuis le XIVe siècle (lui-même dérivé du rebab de la musique arabe), la vièle et la lira da braccio[40].
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+ La première mention du violon dont on ait trace est une note de décembre 1523, dans un registre de la Trésorerie générale de Savoie (la langue y est alors le français), pour le paiement des prestations des « trompettes et vyollons de Verceil »[41]. La première apparition du violon dans l'art est due à Gaudenzio Ferrari (circa 1480 - 1546), auteur de la Madonna degli aranci (La Madone à l'oranger)[42], datant de 1529-30, dans l'église Saint-Christophe de Verceil[43]. Enfin, une des premières descriptions explicites de l'instrument et de son accord en quintes figure dans l'Epitomé musical des tons, sons et accordz, es voix humaines, fleustes d'Alleman, fleustes à neuf trous, violes, & violons.[44] de Philibert Jambe de fer, publié à Lyon en 1556. Philibert Jambe de fer écrit : « Le violon est fort contraire à la viole… Nous appelons viole c'elles desquelles les gentils hommes, marchantz et autres gents de vertuz passent leur temps… L'autre s'appelle violon et c'est celuy duquel ont use en danceries. »[45]
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+ Le violon se répand rapidement à travers l'Europe, à la fois comme instrument de rue, populaire, et comme instrument apprécié de la noblesse : ainsi, le roi de France Charles IX aurait commandé à Amati 24 violons en 1560[46]. Le plus ancien violon qui nous soit parvenu serait un de ceux-là et porte le nom de leur commanditaire.
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+ Vers 1630, Pierre Trichet écrit, dans son Traité des instruments de musique que « les violons sont principalement destinés aux danses, bals, ballets, mascarades, sérénades, aubades, fêtes et tous passe-temps joyeux, ayant été jugés plus appropriés à ces genres de passe-temps que tout autre instrument »[47]. L'avis de Trichet n'est pas isolé au début du XVIIe siècle : à ses débuts, le violon est considéré comme criard et juste bon à faire danser[48]. De fait, la France du XVIIe recherche plus les sonorités intimistes propres à l'expression individuelle[49] que les effets spectaculaires des virtuoses et le son brillant du violon. Cependant, il a déjà commencé sa conquête du monde musical en Italie dès les années 1600.
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+ Sous l'influence de premiers virtuoses tels que Balthazar de Beaujoyeulx, à la tête du groupe de violons italiens emmenés du Piémont en 1555 par Charles Ier de Cossé, la famille des violons connaît un succès croissant qui va l'amener à supplanter progressivement la viole de gambe. Dans Circé ou le ballet comique de la reine (à l'origine, balet comique de la Royne), dont la production globale avait été confiée à Beaujoyeux, se trouvent deux séries de danses instrumentales qui sont spécifiquement destinées à être jouées par des violons. Le texte et la musique en sont publiés en 1582, formant ainsi la première partition jamais imprimée pour le violon[50]. L'établissement du violon en France se poursuit avec la création en 1626 des Vingt-quatre Violons du Roi, et surtout grâce à l'influence du compositeur et violoniste italien Jean-Baptiste Lully (1632 - 1687), qui, prenant la tête de La Petite Bande en 1653, la fait progresser jusqu'à la mettre en concurrence avec les Vingt-quatre Violons[51].
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+ C'est néanmoins en Italie que le violon connaît son essor le plus rapide et le plus spectaculaire. La virtuosité des violonistes italiens est exploitée en la deuxième partie du XVIe siècle à Brescia avec les virtuosos Giovan Battista Giacomelli et Giovan Battista Fontana et dès le début de la période baroque par Claudio Monteverdi, qui use de trémolos et de pizzicatos dans ses opéras, dont l'un des plus connus pour son usage du violon est L'Orfeo (1607). Il faut attendre plusieurs décennies avant que des virtuoses tels que Heinrich von Biber (1644 - 1704) atteignent hors d'Italie un degré de maîtrise virtuose tel que celui développé par les maîtres italiens.
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+ La seconde partie du XVIIe siècle voit la domination de l'école de Bologne qui produit des musiciens tels que Arcangelo Corelli, son élève Francesco Geminiani, ou encore Giovanni Battista Vitali, et voit naître des formes telles que la Sonate et le Concerto grosso. C'est à Crémone, près de Bologne que Niccolò Amati, Andrea Guarneri et surtout Antonio Stradivarius amènent le violon à sa forme actuelle et produisent des exemplaires d'une très grande qualité, à tel point que les Stradivarius et, dans une moindre mesure les Guarnerius, sont toujours aujourd'hui les violons les plus onéreux et les plus recherchés. Parmi les virtuoses ayant possédé un Stradivarius, citons Niccolò Paganini, Joseph Joachim, David Oïstrakh ou encore Jascha Heifetz (qui jouait aussi un Guarnerius).
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+ Plus tard, au cours du XVIIIe siècle, c'est à Venise, avec Antonio Vivaldi, à Rome avec Pietro Locatelli ou Padoue avec Giuseppe Tartini que se développent le plus sensiblement la technique et le répertoire du violon. Les Quatre Saisons pour violon et orchestre de Vivaldi, ou la Sonate des trilles du Diable de Tartini, tiennent toujours une place de choix dans le répertoire du violon.
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+ La période classique voit l'émergence d'une école de violon germanique influencée par les Italiens qui ont désormais acquis une notoriété suffisante pour faire des tournées dans toute l'Europe. Johann Georg Pisendel (1687 - 1755) voyage entre la cour de Dresde et ses maîtres italiens Giuseppe Torelli et Vivaldi. Ce sont les œuvres pour violon solo de Pisendel qui auraient influencé Bach pour écrire ses Sonates et partitas pour violon seul[52] (BWV 1001 à 1006), qui exaltent les capacités polyphoniques du violon : chaque sonate comprend une fugue à quatre voix pour violon seul, et la Partita pour violon seul n° 2 inclut la célèbre Chaconne. Les compositeurs virtuoses de l'école de Mannheim, Johann Stamitz (1717 - 1757), Carl Stamitz (1745 - 1801) et Christian Cannabich (1731 - 1798) ainsi que leur contemporain Leopold Mozart (1719 - 1787), sont tous des violonistes de renom, exerçant bien au-delà des frontières germaniques.
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+ Un peu plus tard, Wolfgang Amadeus Mozart (1756 - 1791), compositeur et violoniste virtuose, écrit de nombreuses sonates pour violon et clavier, cinq concertos pour violon (KV 207, 211, 216, 218, 219) et la symphonie concertante (KV 364).
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+ En 1740, Hubert Le Blanc publie un traité pour défendre la viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle, signe qu'encore au milieu du XVIIIe siècle, la querelle entre les partisans des deux familles d'instruments ne s'est pas épuisée. Simon McVeigh note que la résistance des Français concerne plus la musique italienne, en adéquation avec l'esthétique française d'alors, qu'un simple problème d'instrument[53]. Toutefois, la présence de violonistes virtuoses tels que Jean-Marie Leclair (1697 - 1764) dans le paysage musical français d'alors laisse percevoir la perméabilité qu'a acquise en un demi-siècle la musique française aux influences italiennes. Les réticences de Le Blanc finissent par être balayées, avec l'abandon à la fin du XVIIIe siècle de la viole[54].
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+ Un autre abandon datant de cette époque renforce le rôle du violon, cette fois-ci en orchestre : la basse continue disparaissant peu à peu à partir de 1770[54], le premier violon, membre du plus important groupe de l'orchestre, la supplante à la direction. C'est ainsi que jusqu'à la fin du XIXe siècle, en incluant même Pierre Monteux et Charles Munch, presque tous les chefs d'orchestre français sont violonistes, et que jusqu'à Jules Pasdeloup et Édouard Colonne (à ses débuts), ils dirigent avec l'archet[55].
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+ Dans les dernières décennies du siècle, Paris est devenu un centre cosmopolite pour les violonistes, accueillant non seulement Mozart mais aussi plusieurs virtuoses renommés, notamment Joseph Bologne de Saint-George ou Giovanni Battista Viotti, qui se produit avec le Concert Spirituel dès 1782. Au travers de ses 32 concertos pour violon et grâce à sa maîtrise technique, notamment de l'archet, Viotti influence durablement l'art du violon pour les décennies à venir.
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+ Alors que l'école française de violon devait conquérir une place de plus en plus prééminente durant l'ensemble du XIXe siècle, grâce notamment à la fondation du Conservatoire de Paris, en 1795, c'est encore l'école italienne qui fournit au monde du violon d'alors, en la personne du virtuose Niccolò Paganini (1782-1840), l'un de ses plus remarquables talents. La publication de ses 24 Caprices pour violon solo, opus 1, et de ses concertos pour violon, marque une avancée décisive dans les possibilités virtuoses de l'instrument, préparant celui-ci au répertoire flamboyant du XIXe siècle, en introduisant notamment des pizzicati de la main gauche, des coups d'archets en ricochets, des doubles cordes harmoniques… C'est pourquoi Paganini représente dans l'imaginaire romantique la « virtuosité transcendante quasi diabolique »[56]. Ses seuls élèves connus, Camillo Sivori (1815-1894) et Antonio Bazzini (1818-1897) devaient poursuivre l'œuvre du maître, mais l'on peut affirmer que la carrière brillante de Paganini marque la fin de la grande école de violon italienne[57].
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+ Le début du XIXe siècle voit l'émergence en France d'une génération de violonistes brillants largement influencés par Viotti[58]. Parmi ses élèves et disciples, Pierre Rode (1774 - 1830), Rodolphe Kreutzer (1766 - 1831) et le Belge Charles-Auguste de Bériot (1802 - 1870) connaissent la gloire de carrières internationales ; ils enseignent au Conservatoire de Paris et laissent un important matériel pédagogique, très utilisé par la suite : 24 caprices de Rode, 42 études de Kreutzer, concertos de Bériot… La société bourgeoise du XIXe siècle veut se divertir grâce à la musique, mais aussi l'apprendre ; elle est ainsi l'instigatrice de ces méthodes et études pour violon de l'école franco-belge[59].
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+ « La Wallonie en tant que partie de l'Etat belge, a été le plus grand berceau des violonistes : l'accumulation des talents sur le plus petit espace constitue un des phénomènes les plus remarquables de la géographie musicale de l'Europe ». Tels sont les mots du musicologue allemand H.-J. Moser, au congrès de la Société internationale de Musicologie d'Utrecht en 1952[60]. Parmi les élèves de Bériot, Henri Vieuxtemps (1820 - 1881) écrit une abondante littérature violonistique (ses concertos et pièces de virtuosité sont encore largement présentes au répertoire aujourd'hui). Vieuxtemps a lui-même pour élève Eugène Ysaÿe (1858 - 1931), compositeur de six sonates pour violon, opus 27. Tous ces violonistes font significativement évoluer la technique du violon et l'interprétation du répertoire. Parallèlement, à part Camille Saint-Saëns et Édouard Lalo, les compositeurs romantiques français n'apportent que peu de grandes œuvres de bravoure au violon, laissant aux compositeurs germaniques le soin d'écrire les grands concertos du répertoire.
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+ Le XIXe siècle, en Allemagne, est l'époque de fondation du grand répertoire du violon. Les compositeurs allemands écrivent quatre des plus célèbres concertos pour l'instrument, tous toujours très joués à l'heure actuelle :
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+ On peut également souligner la composition des 10 sonates pour violon de Beethoven, dont Le Printemps et la Sonate à Kreutzer.
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+ Hors d'Allemagne, Piotr Ilitch Tchaïkovski compose en 1878 son concerto pour violon en ré majeur, Antonín Dvořák, en 1879, son concerto en la mineur op. 53 (B108). Pablo de Sarasate, virtuose renommé, écrit plusieurs morceaux de bravoure, mettant en valeur sa brillante technique ; parmi eux, la Fantaisie de concert sur des thèmes de Carmen, Zigeunerweisen ou encore la Habanera.
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+ Le XXe siècle continue à consolider la place du violon dans le répertoire classique. Bien que de nouveaux styles apparaissent, et que l'avant-garde futuriste rejette les « vieux instruments », de nombreux compositeurs ajoutent leur contribution au répertoire violonistique. Le siècle s'ouvre avec le concerto en ré mineur (op. 47) de Jean Sibelius, datant de 1903 et qui restera le concerto du XXe siècle le plus joué et probablement le plus admiré. Il se poursuit avec Sergeï Prokofiev et ses Concerto no 1 en ré majeur (1916) et no 2 en sol mineur (1935), Georges Enesco et sa Sonate "dans le caractère populaire roumain" (1926) ou Maurice Ravel et sa Sonate pour violon et piano (1922-27) ainsi que Tzigane (1924). Le grand violoniste Fritz Kreisler écrit de nombreuses pièces pour son instrument, notamment son Praeludium et Allegro, ses Liebesleid et Liebesfreud, le Tambourin chinois, le Caprice viennois… .
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+ Nombreux sont les compositeurs qui s'essayent, avec plus ou moins de bonheur à l'écriture d'un concerto. La production russe est sans doute une des plus importantes : les concertos de Prokofiev sont suivis par celui d'Aram Khatchaturian (1940) ; Chostakovitch en écrit un premier en 1947 et un second vingt ans plus tard. Igor Stravinsky a tenté de renouveler le genre et achevé son concerto, à Nice, en 1931.
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+ Le XXe siècle est aussi le moment où l'on fixe la hauteur du la3, ou diapason. Celui-ci a considérablement varié au cours du temps : par exemple, entre les différents opéras d'Europe, et entre 1810 et 1860, le diapason a pris des valeurs entre 423 et 452 hertz[61]. L'organisation internationale de normalisation fixe en 1955 le la à 440 Hz. Les fluctuations du la ont d'importantes conséquences sur les instruments à cordes. En effet, pour obtenir un diapason plus élevé, ce n'est pas l'épaisseur de la corde qui est modifiée mais la tension. La pression exercée sur la table varie ainsi fortement au cours du temps. La montée du la3 par rapport à celui de l'époque Stradivari entraîne un renforcement du barrage des instruments anciens pour mieux résister à la pression accrue exercée par les cordes.
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+ Mais les années 1950 signent aussi le retour du jeu sur violon baroque (et donc souvent l'emploi d'un la3 plus bas), avec la formation du Concentus Musicus Wien par Nikolaus Harnoncourt, le pionnier du genre. S'ensuivent les mises en place de la Cappella Coloniensis par le WDR en 1954, du Collegium Aureum (1962) par le label Harmonia Mundi, du Alarius Ensemble Bruxelles (1956) et après 1972 de La Petite Bande (fondations de Sigiswald Kuijken et de son entourage), de l'Academy of Ancient Music (1973)… Les instrumentistes baroques réutilisent des violons de montage baroque qui n'ont pas été modifiés, ou des copies d'après modèles ; suivant les cas, ils y ajoutent les cordes en boyau, l'archet convexe… .
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+ Le violon a rencontré un grand succès partout dans le monde[62] étant donné sa versatilité, sa petite taille et son poids minime. Il a non seulement réussi à intégrer des musiques savantes, mais il a aussi réussi à supplanter des vièles traditionnelles. Il a également suscité une nouvelle attitude des musiciens folkloriques face à la musique écrite[63]. Il a été un trait d'union entre les diverses classes sociales en Europe notamment, où les Tziganes par exemple faisaient le lien entre bourgeoisie et paysannerie. Il a été modifié, adapté, transformé, tant dans sa structure que dans son jeu ou sa tenue, mais il est resté identique et authentique à lui-même finalement.
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+ Dans beaucoup de pays européens, le violon est entré par la petite porte dans la vie musicale, accompagnant la musique à danser populaire[64], laissant la musique savante à la viole. Grâce à sa large diffusion, il a permis aussi la mise en valeur du patrimoine traditionnel qui accéda à des scènes jusque-là réservées à la musique savante.
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+ Finlande : Le violon y a été introduit au XVIIe siècle dans la musique à danser d'origine centrale européenne (polska, polka, mazurka, scottish, quadrille, valse et menuet) appelée pelimanni ou purppuri (de « pot-pourri », suite de danse) qui devint le genre principal de la musique finlandaise.
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+ Norvège : C'est aussi au XVIIe siècle que le violon y apparaît avec la musique à danser continentale appelée slåtter ; il y côtoie la vièle flatfelan. Il a subi quelques transformations pour devenir le hardanger (ou hardingfele) : adjonction de cordes sympathiques, de marqueterie, etc. Il put ainsi continuer à accompagner les musiques rurales lors des réunions festives où les danses de couples avaient cours. Au XIXe siècle, la technique de jeu évolua par le retour d'émigrants américains et par l'arrivée de nouvelles danses plus enjouées.
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+ Suède : Le violon y arriva au XVIIe siècle dans la musiques de danse gammaldans importée du continent au fil des siècles ; son développement fut stoppé à l'orée du XIXe siècle par les fondamentalistes religieux qui assimilèrent le violon au démon, d'où l'apparition de l'accordéon à sa place dans la spelmansmusik. Il subit de plus la concurrence de la vièle nyckelharpa.
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+ Lituanie : Depuis le XVIe siècle, on trouve dans ce pays un violon fait maison en diverses tailles, avec trois à cinq cordes, le smuikas. Il est accordé en quinte mais parfois en quarte selon les formations folkloriques qu'il intègre. Les musiciens placent parfois une petite pièce de bois sur la table d'harmonie afin de modifier le son.
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+ Lettonie : On le joue depuis le XVIe siècle sous le vocable vijole dans la spēlmanis, musique à danser d'origine germanique accompagnée du cymbalum ou de la cornemuse.
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+ Estonie : On le retrouve dans le folklore estonien sous le vocable viiul.
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+ Royaume-Uni : En Écosse il a vite supplanté le rebec et la vièle médiévale qui s'y trouvait. Aux Îles Shetland, on le tient contre la poitrine où on le tourne pour pouvoir atteindre les diverses cordes avec l'archet. Au Pays de Galles, le ffidil a supplanté le crwth au XVIIIe siècle mais est resté un instrument populaire sans lettre de noblesse. Il a failli y disparaître sans le soutien de familles tziganes. En Angleterre il fut concurrencé au XVIIe siècle par la viole de gambe mais trouva dans la musique à danser un répertoire bienveillant.
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+
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+ Irlande : En Irlande, l'instrument se nomme fiddle et est joué par un fiddler ; là aussi c'est dans la musique à danser qu'il trouve son accomplissement. Kevin Burke est un musicien irlandais de renom ayant participé notamment au groupe The Bothy Band.
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200
+ Les Tziganes et les musiciens Juifs (jouant la musique klezmer) ont su eux développer un style de jeu sophistiqué ; musiciens itinérants, la portabilité de l'instrument fut très vite appréciée. Les danses et les cérémonies de mariages étant très en vogue dans ces pays, le violon s'y est développé dans les campagnes.
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202
+ Hongrie : Les Tziganes et les Roms se sont très vite intéressés à cet instrument portable et adaptable à tout type de musique. Dès le XVe siècle on trouve des ensembles composés de cymbalum et de violons (prima et kontra), considérés comme des instruments populaires alors. Des virtuoses tels Elek Bacsik ou Roby Lakatos s'y sont fait une réputation.
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+ Moldavie : On y trouve un violon à sept cordes sympathiques, sans doute influencé par la gadulka, une vièle bulgare.
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+ Pologne : L'instrument a rencontré un accueil très favorable dans ce pays où les danses étaient plébiscitées. Le violon a subi des modifications pour ressembler aux vièles existantes avant son arrivée : mazanki (à une frette), gesliki et suka. Le skrzypce est taillé dans un bloc de bois monoxyle et a de trois à quatre cordes ; une allumette placée sous les cordes au niveau de la touche fait office de capodastre.
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208
+ Roumanie : La vioarâ est très prisée dans ce pays où les musiciens usent à volonté de scordatura. Il existe des variations locales : le contra n'a que trois cordes ; la vioarâ cu goarnâ est un « Stroh violon » ou « violon à pavillon » appelé aussi lauta (ou hidede) cu tolcer.
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+ Serbie : Le violina se joue en trio dans le folklore.
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+ Slovaquie  : L'oktavka (« violon octave ») et le shlopcoky (« violon boîte ») sont des variantes rustiques côtoyant la version originale.
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+ Ukraine : Le skripka a la particularité d'être joué essentiellement sur la deuxième ou la troisième corde.
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+ Albanie : Il s'y jouait en duo pendant l'entre-deux-guerres, accompagné d'un tambour sur cadre.
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+ Espagne : La présence du violin est attestée depuis le XVIe siècle mais de manière discrète, sauf dans les célébrations anciennes de verdiales où une formation appelée panda intègre un violon soliste au jeu antiphonique et criard qu'on retrouve uniquement au Mexique.
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+ France : Il y apparaît au XVIIe siècle dans la musique populaire. On le retrouve notamment en petit ensemble de cordes dans la danse alpine rigaudon mais aussi dans d'autres régions du centre. Jean-François Vrod en est un interprète reconnu. Françoise Étay a publié des études ethnomusicologiques sur la tradition du violon en Auvergne et Limousin[66].
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222
+ Grèce : Les Tziganes se sont ici aussi emparés du violi avec un accord alla turca (Sol - Ré - La - Ré), joué sur la poitrine, ou alla franca (Sol - Ré - La - Mi), joué sous le menton. On trouve en Crète des instruments à cordes sympathiques.
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224
+ Italie : Parallèlement à la musique classique, le violon devait y connaître un destin folklorique, étant joué dans bien des régions pour accompagner la danse. Au XIXe siècle, il subit la concurrence de l'organetto, un accordéon diatonique. L'ensemble suonatori rassemble trois violons. Dans le sud du pays, il intègre la formation accompagnant la danse thérapeutique tarentelle.
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226
+ Portugal : Ce pays a joué un grand rôle dans la dissémination du violon dans ses colonies ou comptoirs. On l'y nomme viola pour le différencier des autres vièles rustiques appelées rebecs.
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+ Le violon a été adopté par les pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte) avec l'accord Sol - Ré - Sol - Ré et il a été intégré aux ensembles takhts jouant la musique savante arabo-andalouse dès le XIXe siècle. Le violon y est joué verticalement et s'y nomme kamân, kamanja, kemala ou encore jrâna, remplaçant à volonté la vièle rabâb. Il s'est non seulement parfaitement adapté à l'art de la nouba, mais il a en plus intégré bien des genres semi-classiques voire populaires sous forme d'orchestres de cordes firqa. Au cours du XXe siècle, en Tunisie et en Égypte, on est revenu à la tenue occidentale, sous le menton.
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230
+ Les principaux violonistes sont Ridha Kalai, Abdou Dagher et Jasser Haj Youssef. Ce dernier, reconnu également dans le jazz, est le premier violoniste à adapter le jeu du violon arabe sur une viole d'amour.
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232
+ Le violon a intégré sans changement organologique la musique orientale depuis le XIXe siècle, mais sa technique et sa position de jeu ont évolué : on le tient en effet à la verticale sur le genou et les mélismes y sont fréquents. Il s'adapte parfaitement aux contraintes microtonales.
233
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234
+ Irak : Le violon appelé keman remplace à volonté la vièle djoza au sein des ensembles exécutant les maqâms de la musique arabe savante.
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236
+ Iran : Le violon est très apprécié ici et il remplace à volonté la vièle kamânche dans les ensembles jouant la musique iranienne savante. Il est sans doute à l'origine de l'ajout d'une quatrième corde au kamânche d'ailleurs. Il existe une grande école de violon, et les compositeurs n'hésitent pas à écrire des concertos selon tel ou tel dastgâh pour lui.
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238
+ Israël : à la suite de l'immigration massive des juifs ashkénazes, nombre de musiciens talentueux des pays de l'Est se sont retrouvés dans ce pays où le violon accompagne désormais les danses folkloriques.
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+ Turquie : Le violon a été intégré à la musique savante turque et celle des derviches tourneurs (avec la viole d'amour) sous le nom de keman ; il remplace à souhait la vièle kemençe dans l'interprétation des makams. Les Tziganes l'utilisent aussi dans la musique populaire.
241
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242
+ Le violon est largement joué dans la musique indienne depuis le XVIIIe siècle, surtout dans la musique carnatique mais aussi dans la musique hindoustanie où il subit toutefois la concurrence du sarangi, une vièle traditionnelle au jeu très difficile et qui est souvent réservée aux Musulmans. Certainement importé par des colons portugais ou britanniques (d'où son nom violon), à moins qu'il ne soit une invention autochtone (cf. supra), il est devenu un véritable instrument classique là-bas aussi ; il est utilisé tant en solo, accompagné d'une percussion (tablâ ou mridangam), qu'en accompagnement des chanteurs ou danseurs. C'est aussi un instrument qui se retrouve souvent dans les maisons indiennes. On en trouve aussi une version folklorique dans l'ancienne province portugaise de Goa où on l'appelle rebec.
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244
+ On en joue d'une manière particulière. L'accord est en Sol2 - Ré3 - Sol3 - Ré4 pour le solo et Sol3 - Do3 - Sol3 - Do4 pour le chant masculin (sa - pa - sa - pa). L'instrument est tenu à l'envers, la tête reposant sur la cheville du musicien assis en tailleur, et le tasseau arrière reposant sur la poitrine, laissant ainsi maintenu, la main gauche libre pour exécuter les glissandos (jâru) si fréquents dans cette musique. On y joue tous les râgas possibles.
245
+
246
+ Les principaux violonistes sont le Dr L. Subramaniam, M. S. Gopalakrishnan, V. G. Jog, et le Dr N. Rajan. Le frère du premier, L. Shankar (à ne pas confondre avec Ravi Shankar), est aussi un violoniste reconnu dans la world music.
247
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248
+ Le violon tend à remplacer peu à peu les vièles esraj et dilruba dans la musique semi-classique ainsi que dans les musiques de film. On le retrouve aussi bien au Sri Lanka où on l'appelle ravikinna, qu'au Bangladesh.
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+
250
+ On trouve le violon de manière très épisodique dans ces anciennes contrées coloniales.
251
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252
+ Indonésie : Les Portugais y ont introduit le violon dès le XVIIe siècle sous le nom de biola. Il était joué par des esclaves dans les maisons coloniales qui entretenaient des orchestres de chambre. On le voit même dans le gamelan gandrung de Java.
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254
+ Malaisie : Cette même influence s'est répandue ici ou le violon a intégré les orchestres de Cour sous le nom de biola également. Cet instrument accordé à l'européenne intègre aussi des ensembles accompagnant les danses ou théâtres locaux.
255
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256
+ Philippines : Les Espagnols ont aussi apporté avec eux le biyolin au sein de leur lointaine colonie asiatique, où les musiciens locaux jouent des sérénades de types européens. De là l'instrument s'est aussi répandu dans les ethnies plus reculées, où on l'appelle gologod ou gitgit.
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+
258
+ Avec l'immigration massive d'Irlandais, d'Écossais, de Scandinaves, de Slaves, et autres creusets violonistiques, on y retrouve la plus forte concentration de styles de jeu et de danses en tout genre.
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260
+ Il est joué par un violoniste, en musique classique ou moderne, et par un violoneux en musique traditionnelle du Québec et du Nouveau-Brunswick. Jean Carignan est considéré comme l'un des grands violoneux traditionnels.
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262
+ Il existe aussi une grande tradition de fiddler dans ce pays où on a tendance à jouer sur le bras, la poitrine ou la joue en usant de scordatura.
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+ Les colons espagnols et portugais apportèrent ici aussi leur précieux chargement qui fut bien reçu par les communautés locales.
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266
+ Guatémala : Depuis le XVIIe siècle, les Amérindiens Mayas jouent aussi ici du rabel, un violon rustique à la caisse de résonance taillée dans un bloc de bois monoxyle.
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268
+ Jamaïque : Le violon connaît un franc succès ici dans la musique à danser, où il est joué avec le style de Floride, tenu contre la poitrine. Il existe un « violon de bambou » tiré d'un segment encore vert de bambou d'où quatre languettes sont détachées à titre de cordes ; l'archet en bambou lui aussi doit être plongé dans l'eau avant de jouer.
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270
+ Mexique : Le violon a été adopté par certains groupes d'Indiens, mais on le rencontre surtout au sein des orchestres traditionnels mariachis ou huapangos. Le rabel est aussi utilisé par certains Amérindiens.
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272
+ Panama : Le violon y a finalement remplacé la vièle à trois cordes rabel.
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274
+ Argentine : Certains Indiens y ont adopté le violon. Il est aussi joué dans la province de Santiago del Estero pour jouer la danse locale, la zamba, non pas sous le menton, mais contre la poitrine. On les appelle alors violineros.
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276
+ Bolivie : On trouve au cœur de la forêt amazonienne des orchestres baroques (formés par les missionnaires) qui ont conservé de façon orale un patrimoine musical unique.
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278
+ Brésil : On trouve dans le pays la variante rabeca issue du Portugal.
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280
+ Chili : Le rabel a trois cordes se rencontre ici aussi.
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282
+ Colombie : Le rabel était joué dans les églises du pays au XVIIIe siècle.
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284
+ Équateur : Les Amérindiens y jouent également la version rustique appelée rabel.
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286
+ Paraguay : Les missionnaires l'ont apporté auprès des Amérindiens qui connaissaient des vièles également. Ils y jouent des pièces créoles et baroques.
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288
+ Pérou : Les Indiens y fabriquent une vièle en balsa avec deux cordes : le kitaj.
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290
+ Le violon déjà présent au début du siècle dans les strings bands noirs, fait des débuts timides dans l'histoire du jazz, puisqu'on le trouve parfois dans des orchestres de Jazz Nouvelle-Orléans. Deux courants se développent, un violon rural noir issu du blues, et un violon rural blanc country héritier des traditions populaires d'Europe occidentale. Ainsi on voit naître le western swing de Bob Wills et le blue grass. C'est toutefois Joe Venuti, considéré comme « le père du violon jazz »[réf. nécessaire] qui fit émerger cet instrument en tant que soliste, notamment par ses duos avec le guitariste Eddie Lang dans les années 1920-1930. Eddie South, Ray Nance et Stuff Smith enrichiront chacun avec leur style propre la palette d'expression du violon jazz américain dans les années 1930.
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292
+ En Europe se développe avant-guerre une tradition solide du violon jazz avec le danois Svend Asmussen, les Français Michel Warlop et surtout Stéphane Grappelli qui a véritablement montré que le violon pouvait swinger, et est devenu une référence incontestable. « Le violon […] a fait avec lui une entrée fracassante dans l'univers du jazz. L'apport de Grappelli est absolument unique dans l'histoire du jazz comme dans l'histoire du violon. »[67] Malgré le succès et l'influence qu'a exercée Grappelli, l'importance du violon dans le jazz est toutefois restée assez mineure. Quelques musiciens d'origine Tsigane l'utilisent naturellement, par exemple Elek Bacsik, ou plus récemment Florin Niculescu, qui remporte un beau succès revivaliste, et se pose en héritier de Stéphane Grappelli[68].
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294
+ Certains musiciens du free jazz en font une utilisation déstructurante, par exemple Ornette Coleman, qui n'ayant pas de réelle technique sur l'instrument, l'utilise comme moyen d'instabilité. Noël Akchoté l'utilise de façon bruitiste ou pour ses possibilités de longs glissandos.
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296
+ Dans les années 1970 et avec l'apparition du jazz-rock, Jean-Luc Ponty a un très grand succès commercial en utilisant un violon amplifié, et divers effets sonores, puis un violon électrique. Des compositeurs comme John McLaughlin, Frank Zappa, contribuent à élargir l'utilisation de cet instrument.
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298
+ Bien que le violon reste marginal par rapport aux instruments traditionnels du jazz comme le saxophone ou la trompette, il existe aujourd'hui de nombreux instrumentistes de talent, comme Didier Lockwood, Regina Carter, Adam Taubitz… .
299
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300
+ Certains violonistes explorent de nouveaux horizons, comme en témoigne la musique de Jasser Haj Youssef qui réunit le jazz et la musique orientale avec subtilité.
301
+
302
+ Plus récemment, le jazz contemporain s'empare de l'instrument, et l'utilise d'une manière beaucoup plus proche du classique et de la musique contemporaine, en utilisant ses capacités d'expressivité mélodique, et ses possibilités de techniques de jeu étendues, en particulier les harmoniques. On peut citer Dominique Pifarély, Mark Feldman, Régis Huby… .
303
+
304
+ Si les tentatives de réintroduire le violon dans le rock restent relativement rares, ses potentialités restent intactes, comme en témoigne le double disque d'or obtenu par le groupe Louise attaque avec un jeu qui tient largement la place à la fois rythmique et mélodique de la guitare et avec des harmonies et des effets qui ne tombent pas dans le bluegrass ou le free jazz.
305
+
306
+ Le violon entre dans le pop-rock dès les années 60, par exemple avec The Left Banke, les Beatles (Eleanor Rigby, 1966), le Velvet Underground (John Cale dans Venus in Furs, 1967). Dans les années 70, il est largement présent dans le rock psychédélique et le rock progressif[69], avec par exemple[70]
307
+
308
+ On peut retrouver également le violon dans certains groupes de folk metal : Ithilien, Korpiklaani, Mago de Oz, Eluveitie, Turisas, Cruachan, Niflheim… Le violon sert alors à évoquer des univers féériques, mythologiques et/ou médiévaux, et il est souvent accompagnés d'autres instruments traditionnels (flûtes, mandoline, violoncelle, cornemuse…) en plus des instruments plus "classiques" utilisés dans la musique metal (voix, guitare, basse, batterie).
309
+
310
+ Le violon a eu plusieurs descendants, que ce soient des instruments conçus dans une optique d'amélioration du son, ou que ce soient des innovations destinées à utiliser les nouveaux matériaux et techniques.
311
+
312
+ Félix Savart mit au point au XIXe siècle un violon à caisse de résonance trapézoïdale, pourvu d'ouïes rectilignes. La forme de la caisse se justifiait par l'obstacle à la propagation du son que représentait la forme en voûte de la table, tandis que celle des ouïes avait pour but de restreindre la perte de surface causée par la forme de ces ouvertures en ƒ au niveau de celles-ci, évaluée à un tiers. Tolbecque juge que ce violon ne ressemblait qu'à un « vulgaire soufflet de cuisine », et que « malheureusement, au point de vue du son, [il] ne devait pas être mieux réussi »[71]. Un exemplaire en est conservé à l'École polytechnique de Palaiseau[72].
313
+
314
+ Le violon proposé par François Chanot en 1819, s'il conservait plus la forme globale de l'instrument, était aussi fort différent du modèle. Les table et fond n'avaient aucun angle au niveau des échancrures, les ouïes étaient des fentes de largeur constante qui suivaient les bords de la table, la tête était retournée afin de faciliter la mise en place de la deuxième corde, et les cordes ne s'attachaient plus au cordier mais directement dans la table. Ce dernier point avait pour conséquence l'arrachement de la table, et après des critiques fort élogieuses quant à la sonorité, comparée à celle d'un Stradivarius, et quant au prix (cent écus), l'instrument ne fut pas adopté massivement[73].
315
+
316
+ Suleau partit de l'observation que pour augmenter le volume sonore du violon, il fallait agrandir la surface vibrante. Ne pouvant ni trop élargir la caisse, ni l'approfondir démesurément, ni modifier sa longueur à cause des habitudes des violonistes, il décida de creuser des sillons, orientés perpendiculairement au sens des fibres, tout en maintenant une épaisseur de table constante, ce qui donnait à la table vue de profil l'aspect d'une succession de vagues régulières. Les résultats sonores n'étant pas à la hauteur de ses attentes, il essaya de mettre les sillons dans le même sens que les fibres du bois, mais sans succès[74].
317
+
318
+ Contraction de « Lata » (boîte de conserves) et « violín » (violon, en espagnol), ce dérivé a été fabriqué pour l'ensemble d'instruments informels argentin Les Luthiers.
319
+
320
+ Ce n'est pas un nouvel instrument, mais la parodie d'un violon, dont le premier prototype date de 1968. Il a de vrais composants de violon: le chevalet, la touche, des chevilles et les cordes. C'est le corps, fait avec une boîte de conserves (jambon ou biscuits), qui donne l'originalité de la parodie. À cause de son faible son, il a besoin d'être amplifié.
321
+
322
+ Il est habituellement exécuté par le chef d'orchestre et compositeur Carlos López Puccio[75].
323
+
324
+ Augustus Stroh conçut et breveta en 1899 un violon sans table, ainsi décrit[76] :
325
+
326
+ « Le chevalet est placé de manière à transmettre les plus légères vibrations à un levier ; ce levier est lui-même en communication avec un diaphragme d'aluminium, non uni. Ce diaphragme est la partie principale du violon ; c'est lui qui donne au son la force nécessaire ; il est fixé par deux coussinets de caoutchouc au bâti du violon. Près du diaphragme s'ouvre un pavillon métallique qui sert à renforcer les sons. »
327
+
328
+ Qualifié à ses débuts de « futur roi de l'orchestre », le violon à pavillon fut utilisé quelque temps pour les enregistrements phonographiques, sa puissance résolvant le problème des microphones peu sensibles. Son usage n'a ensuite probablement pas cessé de se restreindre, puisque les témoignages à son sujet, au-delà des premières années, sont rares, et l'on ne dispose pas de données permettant d'évaluer combien d'exemplaires sont actuellement joués. Il a connu un succès en Roumanie.
329
+
330
+ Auguste Tolbecque explique dans son ouvrage qu'il a fabriqué un violon dont les ouïes sont situées sur les éclisses, au niveau des échancrures[77], ceci toujours dans l'optique d'éviter de perdre un tiers de la surface de la table au niveau du chevalet. Cependant, on ne dispose pas de plus de données quant à son usage.
331
+
332
+ Il s'agissait d'un violon dont la caisse de résonance était extrêmement réduite en largeur. Sa forme très élongée l'avait fait surnommer "flute"
333
+
334
+ C'était l'instrument favori des maîtres à danser car il était très facilement transportable chez leurs clients, avec un son aigrelet mais d'un volume suffisant pour rythmer la danse.
335
+
336
+ On le transportait dans un étui en forme de cône vertical non fermé en partie supérieure, muni d'une courroie pour le porter en bandoulière ou l'accrocher au mur. L'archet plus long dépassait du cône.
337
+
338
+ Dans la seconde moitié du XXe siècle a été mis au point le violon à table pleine et à amplification électrique, selon le même principe que la guitare électrique à corps plein inventée en 1942. Il a notamment été utilisé en jazz par Jean-Luc Ponty et Laurie Anderson, en variété par la chanteuse Catherine Lara et par la jeune interprète Vanessa-Mae et dans la world music par L. Shankar qui dispose d'un violon stéréophonique à dix cordes et double manche.
339
+
340
+ Vers les années 1990, des violons en fibre de carbone ont été mis au point avec un avantage considérable : leur prix peu élevé. Ils ne servent le plus souvent que de violons d'étude car bien que des musiciens les eussent choisis pour les concerts pour leurs qualités de puissance, de clarté et d'intelligibilité, ils les trouvent à la longue ennuyeux, à cause d'un son « plat », toujours le même quelle que soit la nuance de jeu, sans expressivité[78]. Ces violons sont aisément reconnaissables grâce à leur table noire qui comporte un fin quadrillage sombre.
341
+
342
+ En 2002, la firme Yamaha présente sa gamme Silent, où l'on trouve entre autres des violons dits silencieux (moins sonores est plus exact) car privés de caisse de résonance. L'amplification est assurée par un système électronique, auquel on a ajouté un préamplificateur. L'encombrement est légèrement réduit en épaisseur et en largeur grâce à des arceaux démontables, ce dernier point étant beaucoup plus flagrant sur les contrebasses de la gamme, qui peuvent faire 10 cm de large une fois partiellement démontées. Les violons de cette gamme coûtent environ 800 €[79].
343
+
344
+ Gildas Bellego a mis au point un violon formé d'une table en épicéa et d'un fond et d'éclisses en fibre de carbone et polyéthylène, la caisse étant sans angles au niveau des table et fond comme dans le violon Chanot, mais également au niveau des jointures fond-éclisses et éclisses-tables. Le moulage de ce fond étendu diminuant le nombre de pièces à monter à 15, le prix diminue également, à 2 000 €[80].
345
+
346
+ Enfin, la firme américaine QRS a construit « Virtuoso Violin », un violon qui joue seul les partitions au format MIDI, grâce à un système mécanique pour l'archet et un système électromagnétique pour la détermination de la hauteur des notes[81].
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+
348
+ Violon de Savart.
349
+
350
+ Violon de Chanot.
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+ Violon Stroh.
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+ Violon électrique à cinq cordes.
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+ Violon de la gamme Silent de Yamaha.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Vous pouvez améliorer sa rédaction !
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362
+ Avant de jouer, on met de la colophane sur l'archet. Or, en jouant, celle-ci se détache de l'archet sous forme d'une fine poussière blanche, qui se dépose sur la table d'harmonie, entre le chevalet et la touche. Après avoir joué, il faut donc nettoyer la zone avec un chiffon sec de soie ou de coton[82]. L'emplacement de la poussière de colophane est un bon indicateur du placement global de l'archet. Le jeu est incorrect lorsque l'on joue trop sur la touche, ce qui est difficile à voir sans miroir quand on exécute un morceau, mais très simple à constater grâce à l'emplacement de la poussière de colophane.
363
+
364
+ À cause des ouïes, l'intérieur de la caisse de résonance du violon communique avec l'air extérieur : la poussière entre donc librement dans l'instrument. Il faut donc régulièrement nettoyer l'intérieur de la caisse en y introduisant quelques grains de riz (non cuit pour éviter d'empâter l'intérieur de la caisse). Quand on agite le violon, les grains font s'agglomérer la poussière en moutons qui ressortent ensuite aisément par les ouïes[82].
365
+
366
+ Le bois du violon craint les changements de température et de taux d'humidité. Il est impossible de sécher le violon si le taux d'humidité augmente (les sachets de poudre séchante sont inappropriés), mais la manœuvre contraire est réalisable grâce à des humidificateurs à placer dans la boîte de l'instrument (petit flacon d'eau percé de trous) ou directement dans la caisse de résonance (tube de plastique troué contenant de l'éponge que l'on a imbibée d'eau). Il est conseillé de maintenir le violon à une température comprise entre 16 et 20 °C, et à un taux d'humidité entre 40 et 65 %[83].
367
+
368
+ Les cordes métalliques sont sujettes à l'usure à la fois mécanique (frottement des doigts, particulièrement à cause des démanchés) et chimique (sorte de rouille, à cause de la sueur) due au jeu. Il faut les nettoyer, elles et la touche, de la graisse laissée par la sueur des doigts, en utilisant de l'alcool ou de l'Eau de Cologne[82]. Il faut aussi les changer régulièrement, la corde de mi étant la plus touchée du fait de son faible diamètre, la corde de sol étant au contraire assez résistante au problème. Une corde de mi est ainsi changée tous les mois quand on joue quotidiennement quelques heures, tandis qu'un sol peut tenir trois mois avant que l'altération soit vraiment sensible à l'oreille. En effet, une corde usée devient difficile à accorder aux autres, semblant sonner toujours faux quand on en joue à vide ; c'est un signe tardif, postérieur au « seuil » d'usure réellement convenable, et nécessitant le changement immédiat de la corde. Une corde largement trop usée peut « claquer », c'est-à-dire se briser brusquement (par exemple sous l'effet de la chaleur, d'un trop brusque coup d'archet…).
369
+
370
+ On conserve un violon dans une boîte dont la forme et le matériau peuvent varier. Cette boîte contient nécessairement le violon, l'archet, l'épaulière, la colophane, un chiffon doux pour l'entretien et des cordes de rechange. Elle peut contenir également, selon les cas, les partitions, d'autres archets, un métronome, un hygromètre, un humidificateur, de la craie pour l'entretien des chevilles, une sourdine… .
371
+
372
+ Le luthier peut réparer des fractures de la table ou du fond.
373
+
374
+ Les déformations de la voûte sont corrigées grâce à une mise sous presse de la table avec un moule ayant exactement la forme à donner à la table pendant vingt-quatre heures.
375
+
376
+ Le doublage consiste à coller une pièce de bois supplémentaire à une partie de l'instrument devenue trop mince et trop fragile. Plusieurs doublages sont possibles. Dans tous les cas, l'opération n'a lieu que sur une table saine, c'est-à-dire dont les fractures ont été réparées et la forme de la voûte corrigée.
377
+
378
+ La sueur abîme le vernis et peut donc rendre nécessaire le changement d'une partie d'éclisse à droite du manche. On construit donc la nouvelle partie d'éclisse, que l'on courbe ; puis on amincit aux abords du collage les deux pièces, de manière à les faire se chevaucher en épaisseur, ce qui donnera de la solidité à la réparation. Les éclisses peuvent aussi être rehaussées si leur trop faible hauteur nuit à la puissance sonore de l'instrument.
379
+
380
+ Les fractures qui ont été réparées sont souvent soutenues par des taquets, petites pièces de bois identiques à celles posées sur le joint du fond lors de la fabrication du violon. Leur nombre ne doit cependant pas être trop important, car de toute évidence ils gênent la propagation du son[84].
381
+
382
+ Les chevilles, sous la traction des cordes, peuvent déchirer leurs emplacements. Si l'on tient à conserver la tête pour sa beauté, la difficulté est de conserver le haut des emplacements (appelés joues du chevillier) en y adjoignant une nouvelle pièce pour le bas.
383
+
384
+ Si le manche est défectueux, mais que l'on conserve la tête, on pratique une enture du manche : la tête est encastrée dans le manche, passant sous lui.
385
+
386
+ Enfin, toutes les pièces neuves sont de couleur différente des pièces originales car elles n'ont pas été vernies. Le luthier effectue donc des raccords de vernis, avec une base peu colorée (pour qu'elle ne s'impose pas à la couleur originale), à laquelle il ajoute petit à petit les colorants. Puis il le polit et essuie l'instrument avec un lainage imprégné d'huile de lin, afin de redonner à l'ensemble un aspect net et brillant[85].
387
+
388
+ La plasticité cérébrale est la capacité du cerveau à modifier sa structure ou son fonctionnement après sa mise en place au cours de l'embryogenèse. Plusieurs travaux scientifiques se sont servis de l'exemple du violon pour illustrer cette propriété.
389
+
390
+ La zone du cerveau qui commande les mouvements fins de la main est l'opercule pariétal. Celle-ci est particulièrement impliquée dans le jeu du violon. Cependant, des analyses de 1999 du cerveau d'Albert Einstein, conservé par Thomas Stoltz Harvey, analyses effectuées par une équipe de l'Université McMaster, ont montré qu'Einstein n'avait pas d'opercule pariétal, et qu'un mécanisme de compensation s'était mis en place, lui accordant un lobe pariétal inférieur d'une taille plus grande que la moyenne de 15 %[86].
391
+
392
+ La représentation corticale des doigts de la main gauche chez un violoniste, obtenue par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, montre une augmentation de la zone corticale activée par des stimuli de ce doigt. La taille de la zone du cortex consacrée à l'auriculaire devient similaire à celle du pouce, ce qui n'est pas le cas du non-violoniste. Cependant, ces modifications, liées à l'apprentissage, varient en fonction de l'âge d'acquisition : l'agrandissement de cette zone est plus importante chez les individus ayant commencé la pratique du violon avant l'âge de 13 ans ; cette surface atteint son maximum chez les artistes qui ont débuté le violon avant l'âge de cinq ans ;[réf. nécessaire] selon certains, elle reste cependant importante chez ceux ayant commencé plus tard[87] alors que d'autres considèrent que ceux qui ont commencé l'apprentissage après 7 ans ne présentent pas de différences significatives avec des non-musiciens[88].
393
+
394
+ L'effet de l'augmentation de taille de la zone de représentation sensorielle de la main gauche est une dextérité accrue : le violoniste est capable de placer ses doigts dans des positions différentes tous les dixièmes ou vingtièmes de seconde, avec une précision de quelques dixièmes de millimètre, quand le non-violoniste les place tous les quarts ou demies secondes et avec une précision d'un millimètre[89]. Le violoniste confirmé est capable de corriger la justesse d'une note en un dixième de seconde, au quart de ton[90] ; il peut, dans un mouvement rapide, jouer 12 notes à la seconde, il les anticipe alors d'au moins 700 ms[91].
395
+
396
+ Le syndrome de la gouttière cubitale se produit lorsqu'il y a compression du nerf cubital, soit lors de son passage dans la gouttière entre l'olécrane et l'épitrochlée, soit lorsqu'il passe dans l'avant-bras proximal enchâssé dans le canal cubital entre des structures musculaires et ligamentaires. Le coude le plus susceptible d'en être atteint est le coude du bras qui tient le manche du violon. Cependant, le coude du bras tenant l'archet peut également être atteint de ce syndrome à cause des mouvements répétitifs de flexion et d'extension. Dans les deux cas, les symptômes sont les mêmes : douleurs dans l'avant-bras, dans les quatrième et cinquième doigts, sensation d'engourdissement de ces zones et de faiblesse lors des mouvements[92].
397
+
398
+ Le musicien atteint d'une dystonie de fonction n'arrive plus à contrôler le mouvement d'un ou de plusieurs doigts : d'après la définition de Raoul Tubiana, il subit des « contractions musculaires passagères, involontaires, non douloureuses, entraînant une incoordination de ses mouvements, uniquement lors d'un passage musical bien déterminé, troubles qui persistent malgré l'effort qu'il fait pour les corriger. »[93] En général, la récupération fonctionnelle à un haut niveau technique n'est qu'exceptionnelle, et la guérison totale n'est pas possible[94].
399
+
400
+ Les tendinites particulières au violoniste touchent les extenseurs ou les fléchisseurs des doigts, la partie externe du coude, ou l'épaule. Celles-ci sont caractérisées, essentiellement, par une douleur le long du trajet du tendon concerné[95].
401
+
402
+ Le syndrome de compression vasculo-nerveux (ou syndrome du canal carpien) provoque des fourmillements au niveau des doigts et un manque de sensibilité digitale. Le canal carpien, gaine située dans la face intérieure de la main, renferme les tendons fléchisseurs des doigts et le nerf qui leur permet d'être sensibles[95].
403
+
404
+ On peut aussi voir des névrites douloureuses des nerfs digitaux dues à une irritation mécanique. Des troubles globaux de la main sont à craindre, et leurs causes courantes sont les mauvaises positions, une pratique intensive, un changement de technique, une hygiène de vie insuffisante et l'anxiété[96].
405
+
406
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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@@ -0,0 +1,208 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Taxons concernés
2
+
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+ modifier
4
+
5
+ Une levure est un champignon unicellulaire[N 1] apte à provoquer la fermentation des matières organiques animales ou végétales. Les levures sont employées pour la fabrication du vin, de la bière, des alcools industriels, des pâtes levées, des antibiotiques et d'exhausteurs de goût (les extraits de levure peuvent servir comme agents de sapidité).
6
+
7
+ Le terme « levure » sans spécification peut avoir un emploi générique ou spécifique, dont on vient de donner deux définitions, l'une au singulier et l'autre au pluriel, toutes les deux renvoyant à une classe large d'espèces que la définition spécifie. Mais « levure » peut aussi désigner en contexte, une espèce particulière, généralement par abréviation (ou ellipse du spécificatif) de « levure de bière », ou de « levure de boulanger », ou de « levure haute » (ou basse) (soit Saccharomyces cerevisiae). Le terme désigne également, par analogie, le mélange chimique utilisé en cuisine pour faire gonfler la pâte, dite « levure chimique »[N 2].
8
+
9
+ La dénomination « levure » découle de l'observation des fermentations et tout particulièrement celle qui a lieu durant la fabrication du pain : on dit communément et depuis longtemps que le pain lève. Ce n'est pas, à proprement parler, une dénomination scientifique actuelle. Mais l'importance des levures dans le domaine des fermentations conduit à conserver ce terme générique qui continue à être correctement perçu.
10
+
11
+ Si les Sumériens et les Égyptiens utilisaient déjà la levure pour faire lever leur pain, il a fallu attendre 1857 pour que Louis Pasteur prouve et explique dans "Mémoire sur la fermentation alcoolique" que les levures sont des organismes vivants (effet Pasteur).
12
+
13
+ Le terme courant de levure désigne généralement le genre Saccharomyces (levure de bière ou levure de boulanger). Il existe beaucoup d'autres genres de levures ; parmi les plus connues, le genre Candida possède un pouvoir pathogène chez l'homme, responsable des mycoses de type candidoses.
14
+
15
+ La plupart s’apparentent aux Ascomycètes (type truffe, pézize), quelques-unes à l’autre grand groupe de champignons supérieurs, les Basidiomycètes (type amanites, bolets) et d’autres enfin sont des formes imparfaites non rattachables clairement à un groupe défini. La levure de raisin mesure environ 2 à 9 µm.
16
+
17
+ Ces micro-organismes, de forme variable selon l’espèce (sphérique, ovoïde ou elliptique, en bouteille, triangulaire ou apiculée (renflée à chaque bout comme un citron) mais généralement ovales, d'environ 6 à 10 microns et jusqu’à 50 microns, se multiplient par bourgeonnement ou par scission (scissiparité). Ils sont souvent capables d'accomplir une sporulation soit dans un but de dormance en milieu défavorable, soit dans un but de dispersion.
18
+
19
+ Pour la plupart des levures, la multiplication asexuée (mitotique) est la forme majeure de multiplication. Il existe deux types de division mitotique chez les levures : par bourgeonnement (cas des Saccharomyces), ou par scission (cas des Schizosaccharomyces).
20
+
21
+ Toutefois dans certaines circonstances de milieu, une reproduction sexuée peut avoir lieu, ce qui permet une classification[1]:
22
+
23
+ Les levures sont des micro-organismes eucaryotes, ainsi possèdent-elles les caractéristiques structurelles propres à ce type cellulaire et d'autres plus spécifiques aux levures elles-mêmes :
24
+
25
+ Une paroi cellulaire entourant la membrane plasmique et protégeant la levure des agressions physico-chimiques du milieu extérieur. Elle est constituée d'une couche externe de mannoprotéines, associés à des glucanes et une couche interne de glucanes associés à une petite quantité de chitine.
26
+
27
+ Une membrane cytoplasmique composée principalement de phospholipides double couche (partie hydrophile à l'extérieur et partie lipophile à l'intérieur). Elle contient aussi de nombreux complexes protéiques intrinsèques et extrinsèques dont les rôles sont variés, par exemple des enzymes appelées protéases mènent les transports de substances du milieu extérieur vers le milieu intracellulaire et/ou inversement avec ou non transformation du substrat durant le passage.
28
+
29
+ Un noyau contenant l'information génétique du génome chromosomique de la levure. (voir le chapitre sur les caractéristiques génétiques pour en savoir plus)
30
+
31
+ Des mitochondries qui jouent un rôle important dans la respiration aérobie de la levure et la production d'ATP.
32
+
33
+ Une ou plusieurs vacuoles, organites à l'aspect homogène, qui servent d'espaces de stockage pour diverses substances.
34
+
35
+ Les levures sont des organismes eucaryotes et possèdent un noyau avec des chromosomes linéaires. Chez les Saccharomyces, les chromosomes sont au nombre de 16 simples ou 16 paires selon la forme haploïde ou diploïde de la cellule. Il existe des gènes de structure à information continue comme chez les bactéries, et des gènes à information discontinue (introns et exons) comme chez les organismes supérieurs. Par ailleurs, les gènes de régulation sont spécifiques des levures.
36
+
37
+ À côté des chromosomes, il existe dans le noyau des petites molécules d'ADN circulaire d'environ 6 000 paires de bases, les plasmides, présents entre 50 et 100 exemplaires par cellule. Ces plasmides sont autoréplicables et autotransférables sans affecter la viabilité de la cellule. Ils portent l'information génétique de quelques caractères non essentiels à la viabilité de la levure. Ils ont un rôle considérable dans toutes les opérations de génie génétique.
38
+
39
+ Chaque mitochondrie renferme plusieurs molécules circulaires d'ADN mitochondrial qui portent l'information de certaines enzymes de la chaîne respiratoire.
40
+
41
+ Certaines souches de Saccharomyces renferment dans leur cytoplasme deux virus à ARN. Le matériel génétique du « petit virus » code une toxine exocellulaire capable de tuer d'autres levures et une protéine de résistance à cette même toxine pour empêcher les levures « tueuses » de se tuer entre elles. Le « grand virus » est nécessaire à la multiplication et au maintien du « petit virus » dans le cytoplasme. Les gènes codant d'autres toxines produites par des « levures tueuses » sont directement inclus dans l'ADN chromosomique[2].
42
+
43
+ Les levures font partie des premiers organismes à avoir été génétiquement modifiés. La FAO les considère[3] comme substantiellement équivalents (mais ce concept d'équivalence en substance est encore discuté) à une levure naturelle, et donc « aussi sûrs que le produit traditionnel » et ne nécessitant « donc pas d'autres considérations de sécurité sanitaire que celles appliquées à l'aliment existant ». En 1998, une levure génétiquement modifiée avec des gènes de la même souche était déjà utilisée en Grande-Bretagne pour la panification[4]. Hansenula polymorpha est une des levures naturelles du cidre, naturellement présente sur les pommes. Des souches génétiquement modifiées produisent des phytases, un vaccin anti-hépatite B, des anticoagulants saratine ou hirudine ou d’autres protéines/enzymes[5].
44
+ Une publication de 2019 a annoncé qu'une levure génétiquement modifiée produisait maintenant des cannabinoïdes médicinaux dont certains ont des propriétés psychotropes semblables à ceux trouvés dans le cannabis[6].
45
+
46
+ Les deux principaux processus énergétiques connus chez les hétérotrophes sont la respiration et les fermentations. Pour leur développement ces levures ont besoin :
47
+
48
+ Toutes les levures sont capables de dégrader le glucose, le fructose et le mannose en présence d'oxygène, par un métabolisme oxydatif, conduisant à la formation de CO2 et H2O.
49
+
50
+ Cette voie métabolique est très énergétique et permet aux cellules de subir une multiplication avec un rendement cellulaire élevé (le rendement étant défini par le quotient de la quantité de cellules fabriquées par le substrat sucré consommé) . En plus des sucres simples, certaines levures peuvent utiliser d'autres glucides (mono, di ou trisaccharides, voire des polysaccharides comme l'amidon) mais aussi des alcools, des acides ou des alcanes. D'une manière plus générale, elles ont une capacité hydrolytique bien moindre que les moisissures.
51
+
52
+ En plus du métabolisme oxydatif, certaines levures peuvent privilégier une dégradation des glucides par un métabolisme fermentatif qui conduit à la formation d'éthanol et de CO2 suivant la réaction :
53
+
54
+ En plus de ces composés majoritaires, des alcools supérieurs, des aldéhydes, des esters, des acides… sont formés en plus petites quantités et participent qualitativement de façon importante et complexe à la formation des flaveurs des boissons fermentées. Ce métabolisme est moins énergétique que le métabolisme oxydatif, et le rendement de la multiplication cellulaire en est affecté bien que la vitesse de croissance puisse être nettement plus rapide que dans le processus oxydatif. Ce processus fermentaire peut fonctionner en présence ou en absence partielle ou totale d'oxygène c'est-à-dire en anaérobiose. On évoquera, dans le paragraphe suivant, l'apparition d'un processus fermentaire en présence d'oxygène en excès, décrit comme l'effet Crabtree et très important dans l'industrie de production des levures de boulangerie.
55
+
56
+ Cet effet exprime une tendance au gaspillage du substrat carboné (glucose par exemple) quand ce substrat est présent en grandes quantités. Cet effet permet de comprendre dans quelles conditions l'une des deux voies métaboliques décrites ci-dessus va être choisie. Mais avant de poursuivre la description de l'effet Crabtree il nous faut introduire des données indispensables à sa compréhension.
57
+
58
+ Éléments de cinétique de croissance microbienne :
59
+
60
+ La croissance des levures et bactéries dont les cellules filles se séparent des cellules mères (la population est ainsi toujours constituée de cellules individuelles) suit une loi exponentielle dès lors que les conditions nutritives, l'aération et l'homogénéisation sont optimales. Un modèle simple a été proposé par Jacques Monod pour représenter cette croissance particulière.
61
+
62
+ La population évolue à partir d'une population faible X0 vers une population X selon l'équation suivante :
63
+
64
+ (1)
65
+
66
+
67
+
68
+ X
69
+ =
70
+
71
+ X
72
+
73
+ 0
74
+
75
+
76
+ ×
77
+ exp
78
+
79
+
80
+ (
81
+
82
+ μ
83
+ ×
84
+ t
85
+
86
+ )
87
+
88
+
89
+
90
+ {\displaystyle X=X_{0}\times \exp \left(\mu \times t\right)}
91
+
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+ exp
97
+
98
+
99
+ {\displaystyle \exp }
100
+
101
+ est la fonction exponentielle,
102
+
103
+
104
+
105
+ t
106
+
107
+
108
+ {\displaystyle t}
109
+
110
+ est le temps et
111
+
112
+
113
+
114
+ μ
115
+
116
+
117
+ {\displaystyle \mu }
118
+
119
+ est défini comme le taux de croissance népérien du microorganisme. La valeur de ce taux de croissance μ est influencée par de multiples facteurs (température, pH, oxygénation, →concentrations des divers substrats indispensables à la fabrication des cellules, etc.) qui retentissent sur l'activité des enzymes dont la cellule dispose afin d'assurer sa multiplication. Chacun des enzymes suit les lois décrites pour le fonctionnement général des enzymes (loi de Michaelis-Menten) et Jacques Monod a considéré empiriquement que la valeur du taux de croissance pour un substrat donné, en l'occurrence pour un sucre comme le glucose(1) suivait la loi de Michaélis-Menten et que
120
+
121
+ (2)
122
+
123
+
124
+
125
+ μ
126
+ =
127
+
128
+ μ
129
+
130
+ m
131
+ a
132
+ x
133
+
134
+
135
+ ×
136
+
137
+
138
+ S
139
+
140
+
141
+ K
142
+
143
+ m
144
+
145
+
146
+ +
147
+ S
148
+
149
+
150
+
151
+
152
+
153
+ {\displaystyle \mu =\mu _{max}\times {\frac {S}{K_{m}+S}}}
154
+
155
+
156
+ où μmax est la valeur du taux de croissance la plus élevée que le microorganisme puisse atteindre ,
157
+
158
+ (S) la concentration en substrat dans le milieu de culture,
159
+
160
+ Km représentant la concentration en substrat qui détermine μ = μmax/2.
161
+
162
+ La pratique de certains types de culture des unicellulaires, (culture en continu ou en semi-continu) a permis de préciser que le Km de la levure pour le substrat glucose était de l'ordre de 50 mg/litre à 80 voire 100 mg/litre de milieu de culture.
163
+
164
+ (1)(l'hypothèse peut être étendue aux autres substrats indispensables à la croissance comme l'Azote ou le Phosphore, etc.)
165
+
166
+ La courbe tracée en bleu est la représentation des variations du taux de croissance en fonction de la concentration en substrat et elle illustre l'équation (2) ci-dessus. On rappelle que les conditions nutritives du milieu, ainsi que l'aération et l'homogénéisation du milieu sont en excès par rapport aux besoins de la levure; seules les concentrations en substrat sucré sont limitantes pour la levure.
167
+
168
+ On constate que le taux népérien maximum de croissance de la levure est de l'ordre de 0.4, ce taux correspondant à un temps de division cellulaire de 1 heure 45 minutes
169
+
170
+ Quand la concentration en substrat est voisine de 100 mg/litre, le taux de croissance est de 0.25 (correspondant à un temps de division cellulaire de 2 Heures et 20 minutes) : dans ces conditions le métabolisme est encore presque totalement oxydatif mais en se déplaçant vers la droite du graphique il devient de plus en plus fermentatif même en présence d'oxygène en excès. On doit noter que le temps de division cellulaire plus court implique un rendement cellulaire nettement moindre (courbe tracée en vert) ! Le rendement cellulaire s'abaisse en effet vers 12 % c'est-à-dire qu'on fabrique 12 mg de cellules pour 100 mg de sucre consommés alors que dans la partie ascendante de la courbe illustrant les variations du taux de croissance le rendement cellulaire est nettement plus élevé et 55 mg de cellules sont fabriquées avec toujours 100 mg de sucre. L'explication de ce qui peut apparaître comme paradoxal réside dans la production simultanée de levure et d'éthanol quand la teneur en sucre dépasse un certain niveau.
171
+
172
+ Quotient respiratoire(Qr) = CO2produit / O2consommé
173
+
174
+ Rendement cellulaire = biomasse formée (mg) / masse substrat consommée (mg)
175
+
176
+ La température optimale de culture des levures se situe en général entre 25 °C et 30 °C, mais comme les autres micro-organismes, les levures peuvent être classées en levures psychrophiles, mésophiles et thermophiles. D'une façon générale, les levures ne sont pas thermorésistantes. La destruction cellulaire commence dès 52 °C (contre 120 °C pour les bactéries thermophiles hors archées). Les levures sont aussi sensibles à la congélation et à la lyophilisation avec une grande variabilité selon les genres et espèces, et selon la phase de croissance: les cellules en phase exponentielle résistent moins que les cellules en phase stationnaire.
177
+
178
+ La phase stationnaire se définit par un arrêt de la multiplication cellulaire lors de l'épuisement d'un milieu. La levure ralentit son métabolisme, modifie la structure de ses parois et stoppe son cycle cellulaire en phase G1[7].
179
+
180
+ La plupart des souches ne peuvent se développer pour une activité de l'eau inférieure à 0,90 ; mais certaines tolèrent des pressions osmotiques plus élevées, correspondant à une activité de l'ordre de 0.60, en ralentissant leur métabolisme ; ces levures sont dites xérotolérantes.
181
+
182
+ Toutes les levures sont capables de se développer en présence d'oxygène : il n'y a pas de levure anaérobie stricte. Certaines levures sont aérobie strictes (comme les Rhodotorula). Les autres sont aéro-anaérobie facultatives avec parmi elles : des levures préférant un métabolisme soit fermentaire soit respiratoire même en présence d'oxygène.
183
+
184
+ Les enveloppes cellulaires sont imperméables aux ions H3O+ et OH−. Les levures tolèrent donc des gammes de pH très larges, théoriquement de 2,4 à 8,6.
185
+
186
+ Les levures sont également sensibles aux agents chimiques :
187
+
188
+ Le chloramphénicol inhibe la synthèse de protéines mitochondriales mais pas celle des protéines cytoplasmiques. Seules les levures capables de fermenter peuvent alors être cultivées en présence de chloramphénicol.
189
+
190
+ N'importe quel milieu de culture glucosé convient. Cependant on utilise de façon préférentielle certains milieux et dans des conditions particulières (incubation à 28 °C pendant 24 à 48 heures) :
191
+
192
+ Pour faire de la levure maison, il est possible d'utiliser de la pomme de terre mélangée à du sucre, du sel et de l'eau[8]. Le milieu doit être vierge de bactérie[8].
193
+
194
+ L'utilisation de levures pour la panification et la vinification est connue depuis l'époque préhistorique. Toutefois, la compréhension des mécanismes microbiologiques mis en œuvre date des travaux de Louis Pasteur au XIXe siècle. Les connaissances scientifiques et techniques ainsi acquises ont permis de cultiver et d'utiliser de grandes quantités de levures dans les procédés de fermentation industrielle, mais aussi pour la production de vitamines B, de thiamine, des antibiotiques et des hormones stéroïdes. En tant que sous-produit de procédés de fabrication, les levures sont utilisées comme nourriture animale. Une autre transformation majeure des levures est leur autolyse et concentration par divers procédés pour produire des extraits de levures qui sont utilisés comme éléments nutritionnels ou agents de sapidité en alimentation humaine. Ces extraits sont riches en glutamates, glucanes, nucléotides, vitamines du groupe B, etc.[9].
195
+
196
+ Composition en vitamines des levures de boulanger actives sèches :
197
+
198
+ Par extension, le terme de levure est le nom générique donné à tous les organismes vivants unicellulaires eucaryotes appartenant au règne des Mycètes qui provoquent la fermentation.
199
+
200
+ La levure de bière (Saccharomyces cerevisiae) est un sous-produit lavé, tamisé, puis pressé et desséché de la fabrication de la bière.
201
+
202
+ La levure de boulanger (Saccharomyces cerevisiae) est utilisée pour faire lever le pain, grâce à la production de gaz carbonique par fermentation.
203
+
204
+ La levure de paraffine est également très utilisée dans la fabrication de textile.[réf. nécessaire]
205
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206
+ Le terme de « levure chimique » est employé en cuisine pour désigner une poudre, composée principalement de bicarbonate de sodium, il ne s'agit donc pas de micro-organismes. On s'en sert en pâtisserie et lors de la panification pour faire lever rapidement la pâte et la rendre très légère.
207
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+ Voir l'article Candida.
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+ Podarcis muralis
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+
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+ Espèce
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+
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+ Synonymes
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+ Statut de conservation UICN
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+
9
+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Le Lézard des murailles (Podarcis muralis) est une espèce de sauriens de la famille des Lacertidae[1]. Ce petit lézard originaire d'Europe a été introduit en Amérique du Nord.
12
+
13
+ Cette espèce se rencontre en Europe[1] en Espagne, à Andorre, en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Italie, en Slovénie, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie, en Monténégro, en Albanie, au Kosovo, en Macédoine, en Tchéquie, en Slovaquie, en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce en Turquie et au Maroc.
14
+
15
+ Il a été introduit au Royaume-Uni, en Colombie-Britannique au Canada et en Ohio et au Kentucky aux États-Unis.
16
+
17
+ Il habite les vieux murs, les tas de pierres, les rochers, les carrières, les terrils, les souches et apprécie spécialement les rails ou les quais de gares peu fréquentés. Ce lézard est beaucoup plus urbain que les autres espèces.
18
+
19
+ C'est un lézard[2],[3] de forme élancée, espèce extrêmement polymorphe, avec une variabilité extraordinaire de l'écaillure, une coloration très variable, brun, gris ou même verdâtre. La face ventrale est claire, jaune, bleu ou rougeâtre. La gorge est mouchetée de noir.
20
+
21
+ Le mâle mesure 20 cm, exceptionnellement 25 cm, la femelle 18 cm. On ne peut pas déterminer son sexe tant qu'il n'a pas atteint la maturité.
22
+
23
+ La queue de ce lézard casse facilement (autotomie), lui permettant ainsi d'échapper à des prédateurs. En effet, l'extrémité « perdue » continue à s'agiter ce qui constitue un leurre vis-à-vis de l'attaquant. Une queue de remplacement repousse progressivement mais elle est dépourvue d'écailles, et elle est uniformément gris sombre. Parfois elle peut repousser double.
24
+
25
+ On peut observer ce lézard toute l'année dans toute la France aussi en Europe.
26
+
27
+ Il se nourrit d'araignées, de lépidoptères (papillons, chenilles, teignes), d'orthoptères (criquets, grillons), de vers de terre, de pucerons, de diptères (mouches), coléoptères et même d'hyménoptères[4].
28
+
29
+ L'accouplement a lieu au printemps, suivi de la ponte qui, selon les régions, intervient entre avril et juin. La durée de l'incubation est de quatre à onze semaines. Les petits sont appelés « lézardeaux »[5].
30
+
31
+ Il est principalement la proie des oiseaux et des hérissons ainsi que des chats près des zones habitées.
32
+
33
+ Il peut être parasité par des tiques.
34
+
35
+ Selon Reptarium Reptile Database (22 janvier 2016)[15] :
36
+
37
+ Au début du siècle dernier les queues de lézard étaient supposées porter bonheur.
38
+
39
+ Cette espèce est protégée en France.
40
+
41
+ Comme de nombreuses espèces d'animaux à sang froid, il est sensible outre à la destruction de ses habitats, aux incendies de forêts, à de nombreux pesticides (insecticides neurotoxiques notamment) ; directement (mortalité par toxicité aiguë ou chronique), mais aussi indirectement (à la suite de la régression du nombre de ses proies).
42
+
43
+ La fragmentation écologique et anthropique de ses habitats est une possible cause de régression. On manque de données concernant, pour cette espèce, les impacts de la fragmentation des continuités écopaysagères dans les paysages continentaux, mais ce lézard a été utilisé en raison de sa faible capacité de dispersion dans l'eau pour l'étude des effets génétiques de l'insularisation naturelle d'une partie d'un ancien isthme qui s'est transformé en archipel en Grèce, et des variations génétiques qu'a subi ce taxon dans ce contexte[16].
44
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Taxons concernés
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+
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+ mais aussi comme terme générique parmi :
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+
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+ modifier
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+
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+ Les lézards sont de petits reptiles de l'ordre des Squamates.
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+
9
+ Ils partagent le fait d'avoir quatre pattes, des oreilles à tympan apparent sans conduit auditif externe, le corps recouvert d'écailles et la mue. Toutes les espèces ne perdent pas leur queue (autotomie) en cas d'agression et toutes n'ont pas des paupières mobiles comme c'est le cas pour les Gekkonidae et les Xantusiidae. Il en existe environ 3750 espèces[réf. nécessaire].
10
+
11
+ Le terme lézard dérive probablement du latin lacertus[1] qui désigne aujourd'hui une famille et un genre particuliers (les Lacertidae et les Lacerta). Diverses espèces peuvent avoir un nom vernaculaire qui contient le terme lézard comme les geckos (lézard vert de Manapany) ou le lézard vert. Cependant ce terme est aussi un terme générique qui regroupe traditionnellement plus particulièrement des espèces de l'infra-ordre les Autarchoglossa présents en Europe mais aussi les geckos, les caméléons et les iguanes. Parmi les espèces Autarchoglossa, certaines espèces ne sont pas, à première vue, considérées comme des lézards car elles ne possèdent pas de pattes : par exemple les orvets (serpents de verre), et les ophisaures. Les espèces d’Autarchoglossa comptant les individus de plus grande taille (comme les varans) ne sont en général pas non plus considérées comme des lézards[1].
12
+
13
+ La plupart des fossiles animaux étudiés (parce que les plus faciles à trouver) sont coquilliers ou proviennent de grands animaux (mammouths, dinosaures..) morts dans des déserts ou sédiments. En dépit de quelques exceptions très locales (ex : Dormaal en Belgique pour l'Eocène inférieur[2] et Messei[3]ou Sansan pour le Miocène moyen[4]), les lézards se fossilisent très mal. Les ancêtres de nos lézards contemporains de petite taille restent mal connus (on suppose qu'au Carbonifère les premiers Amniotes vraiment terrestres ont acquis une peau plus imperméable et protectrice que celle des Amphibiens et que cette peau était probablement écailleuse, comme celle des Lézards contemporains[5]). Les Mosasaures sont connus par leurs grands squelettes, mais on ignore encore leur aspect extérieur : couleurs, etc.
14
+
15
+ En explorant le contenu d’une collection naturaliste (privée) récemment offerte au Musée américain d'histoire naturelle, des scientifiques ont trouvé une douzaine de fragments et restes de lézards conservés dans des morceaux d’ambre[6].
16
+ Cet ambre avait été déterré des décennies plus tôt dans des mines de Burma au Myanmar. Ces restes appartiennent à plusieurs espèces qui vivaient il y a environ 100 millions d'années alors que les zones tropicales étaient aussi variées que de nos jours mais que les plantes à fleur et les insectes pollinisateurs étaient seulement en train apparaître[6]. Certains de ces fossiles présentent des détails bien conservés tels qu’écailles, griffes, tissus mous.
17
+
18
+ Parmi ces fossiles figurent les restes d’un petit caméléon, le plus ancien fossile connu pour ce groupe taxonomique (battant le record précédent d'ancienneté de près de 80 millions d'années)[6].
19
+
20
+ Cette collection de restes piégés dans de l’ambre va améliorer la connaissance de l'histoire évolutive des lézards, car grâce à des scanners évolués nous pouvons maintenant en faire une « dissection numérique ». Ce travail a permis de confirmer que la diversité biologique était déjà très élevée au sein de ce groupe taxonomique pour lesquels il existe peu de fossiles[7].
21
+
22
+ Bien que ce groupe soit non monophylétique (c'est-à-dire ne comprenant pas toutes les espèces descendantes de la même espèce), le terme lézard, pour les mêmes espèces qu'en français, se retrouve aussi dans de nombreuses langues, par exemple l'anglais lizard, en allemand Echsen. Les lézards semblent rarement jouer un rôle symbolique important, sauf pour certaines cultures comme celle des Tarrotarro, un groupe aborigène australien. Les créatures mythologiques les plus proches sont vraisemblablement les dragons.
23
+
24
+ Les lézards ne sont cependant pas absents des mythes. On les retrouve notamment sur de nombreuses poteries Moche, un ancien peuple du Pérou qui aimait les décorations animalières et a souvent peint cet animal. En Inde, selon la légende du Maharashtra, un varan indien a été utilisé pour fortifier avec ses écailles les murs du fort de Sinhagad durant la bataille du même nom (en).
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+
26
+ Aujourd'hui, les lézards et plus particulièrement les iguanes sont des NAC prisés. Des espèces précises de lézard sont également mangées dans de nombreux pays du monde, par exemple les iguanes verts en Amérique du Sud ou les Uromastyx en Afrique du Nord par les tribus nomades.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
30
+ Un lézard en train de muer, photographié en Bourgogne (France).
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+ Un lézard vert femelle de 30 cm pouvant être trouvé en France.
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34
+ Accouplement du lézard dans le sud de la France.
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+
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+ Lézard au Cirque de Gavarnie.
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+
38
+ Lézard sur une feuille dans le Sud de la France.
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+
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+ Lézard (Podarcis muralis) sur un buis près de Grenoble (Sud de la France).
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+ Lézard (Podarcis muralis) à la verticale sur un mur avec du crépi près de Grenoble (Sud de la France).
43
+
44
+ Lézard sur du granite a l'ouest du Finistère avec sa queue en cours de reconstruction.
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+
46
+ La plupart des lézards sont des carnivores insectivores, mais les plus grandes espèces peuvent aussi consommer de petits reptiles ou mammifères. Certaines espèces consomment également des végétaux (iguanes, certains caméléons[Lesquels ?]) ou des fruits.
47
+
48
+ Des observations sur l'évolution des populations de lézards dans différentes régions du monde depuis 1975 ont permis à des herpétologues d'élaborer un modèle d'anticipation : 20 % des reptiles pourraient disparaître d'ici 2080 à cause du réchauffement climatique, des températures trop hautes les incitant à rester à l'ombre, ce qui nuit à leur recherche de nourriture. Leur disparition ne proviendrait donc pas de la diminution de leurs habitats mais de l'évolution des températures[8].
49
+
50
+ La grande majorité des lézards est ovipare, les femelles pondent un nombre variable d'œufs, généralement enterrés ou camouflés, mais il existe des espèces ovovivipares. La quasi-totalité des espèces ne se préoccupe pas des œufs ni des petits, qui sont autonomes à la naissance. Les nouveau-nés peuvent même parfois servir de proies aux membres de leur propre espèce.
51
+
52
+ L'existence d'une phase de sommeil paradoxal, à l'instar des mammifères et des oiseaux, a été démontrée chez deux espèces de lézards, l'Agame barbu (Pogona vitticeps) et le Tégu d'Argentine (Salvator merianae). Il existe cependant des différences significatives entre le sommeil des lézards et celui des mammifères et oiseaux, et entre les deux espèces de lézards. Le sommeil paradoxal des lézards se caractérise par une activité des yeux plus lente et, pour le tégu, une activité cérébrale bien différente de l'éveil, au contraire des mammifères (activités cérébrales et oculaires semblables à celles de l'éveil)[9],[10].
53
+
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+ Dans les pays à climat tempéré, les lézards se mettent en hibernation au début de l'automne.
55
+
56
+ Pour aider à la préservation des lézards, on peut réaliser dans son jardin un hibernaculum (abri à lézards) recréant artificiellement des zones favorables à l'hibernation.
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+ Taxons concernés
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+ mais aussi comme terme générique parmi :
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+ Les lézards sont de petits reptiles de l'ordre des Squamates.
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+ Ils partagent le fait d'avoir quatre pattes, des oreilles à tympan apparent sans conduit auditif externe, le corps recouvert d'écailles et la mue. Toutes les espèces ne perdent pas leur queue (autotomie) en cas d'agression et toutes n'ont pas des paupières mobiles comme c'est le cas pour les Gekkonidae et les Xantusiidae. Il en existe environ 3750 espèces[réf. nécessaire].
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+ Le terme lézard dérive probablement du latin lacertus[1] qui désigne aujourd'hui une famille et un genre particuliers (les Lacertidae et les Lacerta). Diverses espèces peuvent avoir un nom vernaculaire qui contient le terme lézard comme les geckos (lézard vert de Manapany) ou le lézard vert. Cependant ce terme est aussi un terme générique qui regroupe traditionnellement plus particulièrement des espèces de l'infra-ordre les Autarchoglossa présents en Europe mais aussi les geckos, les caméléons et les iguanes. Parmi les espèces Autarchoglossa, certaines espèces ne sont pas, à première vue, considérées comme des lézards car elles ne possèdent pas de pattes : par exemple les orvets (serpents de verre), et les ophisaures. Les espèces d’Autarchoglossa comptant les individus de plus grande taille (comme les varans) ne sont en général pas non plus considérées comme des lézards[1].
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13
+ La plupart des fossiles animaux étudiés (parce que les plus faciles à trouver) sont coquilliers ou proviennent de grands animaux (mammouths, dinosaures..) morts dans des déserts ou sédiments. En dépit de quelques exceptions très locales (ex : Dormaal en Belgique pour l'Eocène inférieur[2] et Messei[3]ou Sansan pour le Miocène moyen[4]), les lézards se fossilisent très mal. Les ancêtres de nos lézards contemporains de petite taille restent mal connus (on suppose qu'au Carbonifère les premiers Amniotes vraiment terrestres ont acquis une peau plus imperméable et protectrice que celle des Amphibiens et que cette peau était probablement écailleuse, comme celle des Lézards contemporains[5]). Les Mosasaures sont connus par leurs grands squelettes, mais on ignore encore leur aspect extérieur : couleurs, etc.
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+ En explorant le contenu d’une collection naturaliste (privée) récemment offerte au Musée américain d'histoire naturelle, des scientifiques ont trouvé une douzaine de fragments et restes de lézards conservés dans des morceaux d’ambre[6].
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+ Cet ambre avait été déterré des décennies plus tôt dans des mines de Burma au Myanmar. Ces restes appartiennent à plusieurs espèces qui vivaient il y a environ 100 millions d'années alors que les zones tropicales étaient aussi variées que de nos jours mais que les plantes à fleur et les insectes pollinisateurs étaient seulement en train apparaître[6]. Certains de ces fossiles présentent des détails bien conservés tels qu’écailles, griffes, tissus mous.
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18
+ Parmi ces fossiles figurent les restes d’un petit caméléon, le plus ancien fossile connu pour ce groupe taxonomique (battant le record précédent d'ancienneté de près de 80 millions d'années)[6].
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20
+ Cette collection de restes piégés dans de l’ambre va améliorer la connaissance de l'histoire évolutive des lézards, car grâce à des scanners évolués nous pouvons maintenant en faire une « dissection numérique ». Ce travail a permis de confirmer que la diversité biologique était déjà très élevée au sein de ce groupe taxonomique pour lesquels il existe peu de fossiles[7].
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+ Bien que ce groupe soit non monophylétique (c'est-à-dire ne comprenant pas toutes les espèces descendantes de la même espèce), le terme lézard, pour les mêmes espèces qu'en français, se retrouve aussi dans de nombreuses langues, par exemple l'anglais lizard, en allemand Echsen. Les lézards semblent rarement jouer un rôle symbolique important, sauf pour certaines cultures comme celle des Tarrotarro, un groupe aborigène australien. Les créatures mythologiques les plus proches sont vraisemblablement les dragons.
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+ Les lézards ne sont cependant pas absents des mythes. On les retrouve notamment sur de nombreuses poteries Moche, un ancien peuple du Pérou qui aimait les décorations animalières et a souvent peint cet animal. En Inde, selon la légende du Maharashtra, un varan indien a été utilisé pour fortifier avec ses écailles les murs du fort de Sinhagad durant la bataille du même nom (en).
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+ Aujourd'hui, les lézards et plus particulièrement les iguanes sont des NAC prisés. Des espèces précises de lézard sont également mangées dans de nombreux pays du monde, par exemple les iguanes verts en Amérique du Sud ou les Uromastyx en Afrique du Nord par les tribus nomades.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Un lézard en train de muer, photographié en Bourgogne (France).
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+ Un lézard vert femelle de 30 cm pouvant être trouvé en France.
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+ Accouplement du lézard dans le sud de la France.
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+ Lézard au Cirque de Gavarnie.
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+ Lézard sur une feuille dans le Sud de la France.
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+ Lézard (Podarcis muralis) sur un buis près de Grenoble (Sud de la France).
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+ Lézard (Podarcis muralis) à la verticale sur un mur avec du crépi près de Grenoble (Sud de la France).
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+ Lézard sur du granite a l'ouest du Finistère avec sa queue en cours de reconstruction.
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+ La plupart des lézards sont des carnivores insectivores, mais les plus grandes espèces peuvent aussi consommer de petits reptiles ou mammifères. Certaines espèces consomment également des végétaux (iguanes, certains caméléons[Lesquels ?]) ou des fruits.
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+ Des observations sur l'évolution des populations de lézards dans différentes régions du monde depuis 1975 ont permis à des herpétologues d'élaborer un modèle d'anticipation : 20 % des reptiles pourraient disparaître d'ici 2080 à cause du réchauffement climatique, des températures trop hautes les incitant à rester à l'ombre, ce qui nuit à leur recherche de nourriture. Leur disparition ne proviendrait donc pas de la diminution de leurs habitats mais de l'évolution des températures[8].
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+ La grande majorité des lézards est ovipare, les femelles pondent un nombre variable d'œufs, généralement enterrés ou camouflés, mais il existe des espèces ovovivipares. La quasi-totalité des espèces ne se préoccupe pas des œufs ni des petits, qui sont autonomes à la naissance. Les nouveau-nés peuvent même parfois servir de proies aux membres de leur propre espèce.
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+ L'existence d'une phase de sommeil paradoxal, à l'instar des mammifères et des oiseaux, a été démontrée chez deux espèces de lézards, l'Agame barbu (Pogona vitticeps) et le Tégu d'Argentine (Salvator merianae). Il existe cependant des différences significatives entre le sommeil des lézards et celui des mammifères et oiseaux, et entre les deux espèces de lézards. Le sommeil paradoxal des lézards se caractérise par une activité des yeux plus lente et, pour le tégu, une activité cérébrale bien différente de l'éveil, au contraire des mammifères (activités cérébrales et oculaires semblables à celles de l'éveil)[9],[10].
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+ Dans les pays à climat tempéré, les lézards se mettent en hibernation au début de l'automne.
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+ Pour aider à la préservation des lézards, on peut réaliser dans son jardin un hibernaculum (abri à lézards) recréant artificiellement des zones favorables à l'hibernation.
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+ mais aussi comme terme générique parmi :
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+ Les lézards sont de petits reptiles de l'ordre des Squamates.
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+ Ils partagent le fait d'avoir quatre pattes, des oreilles à tympan apparent sans conduit auditif externe, le corps recouvert d'écailles et la mue. Toutes les espèces ne perdent pas leur queue (autotomie) en cas d'agression et toutes n'ont pas des paupières mobiles comme c'est le cas pour les Gekkonidae et les Xantusiidae. Il en existe environ 3750 espèces[réf. nécessaire].
10
+
11
+ Le terme lézard dérive probablement du latin lacertus[1] qui désigne aujourd'hui une famille et un genre particuliers (les Lacertidae et les Lacerta). Diverses espèces peuvent avoir un nom vernaculaire qui contient le terme lézard comme les geckos (lézard vert de Manapany) ou le lézard vert. Cependant ce terme est aussi un terme générique qui regroupe traditionnellement plus particulièrement des espèces de l'infra-ordre les Autarchoglossa présents en Europe mais aussi les geckos, les caméléons et les iguanes. Parmi les espèces Autarchoglossa, certaines espèces ne sont pas, à première vue, considérées comme des lézards car elles ne possèdent pas de pattes : par exemple les orvets (serpents de verre), et les ophisaures. Les espèces d’Autarchoglossa comptant les individus de plus grande taille (comme les varans) ne sont en général pas non plus considérées comme des lézards[1].
12
+
13
+ La plupart des fossiles animaux étudiés (parce que les plus faciles à trouver) sont coquilliers ou proviennent de grands animaux (mammouths, dinosaures..) morts dans des déserts ou sédiments. En dépit de quelques exceptions très locales (ex : Dormaal en Belgique pour l'Eocène inférieur[2] et Messei[3]ou Sansan pour le Miocène moyen[4]), les lézards se fossilisent très mal. Les ancêtres de nos lézards contemporains de petite taille restent mal connus (on suppose qu'au Carbonifère les premiers Amniotes vraiment terrestres ont acquis une peau plus imperméable et protectrice que celle des Amphibiens et que cette peau était probablement écailleuse, comme celle des Lézards contemporains[5]). Les Mosasaures sont connus par leurs grands squelettes, mais on ignore encore leur aspect extérieur : couleurs, etc.
14
+
15
+ En explorant le contenu d’une collection naturaliste (privée) récemment offerte au Musée américain d'histoire naturelle, des scientifiques ont trouvé une douzaine de fragments et restes de lézards conservés dans des morceaux d’ambre[6].
16
+ Cet ambre avait été déterré des décennies plus tôt dans des mines de Burma au Myanmar. Ces restes appartiennent à plusieurs espèces qui vivaient il y a environ 100 millions d'années alors que les zones tropicales étaient aussi variées que de nos jours mais que les plantes à fleur et les insectes pollinisateurs étaient seulement en train apparaître[6]. Certains de ces fossiles présentent des détails bien conservés tels qu’écailles, griffes, tissus mous.
17
+
18
+ Parmi ces fossiles figurent les restes d’un petit caméléon, le plus ancien fossile connu pour ce groupe taxonomique (battant le record précédent d'ancienneté de près de 80 millions d'années)[6].
19
+
20
+ Cette collection de restes piégés dans de l’ambre va améliorer la connaissance de l'histoire évolutive des lézards, car grâce à des scanners évolués nous pouvons maintenant en faire une « dissection numérique ». Ce travail a permis de confirmer que la diversité biologique était déjà très élevée au sein de ce groupe taxonomique pour lesquels il existe peu de fossiles[7].
21
+
22
+ Bien que ce groupe soit non monophylétique (c'est-à-dire ne comprenant pas toutes les espèces descendantes de la même espèce), le terme lézard, pour les mêmes espèces qu'en français, se retrouve aussi dans de nombreuses langues, par exemple l'anglais lizard, en allemand Echsen. Les lézards semblent rarement jouer un rôle symbolique important, sauf pour certaines cultures comme celle des Tarrotarro, un groupe aborigène australien. Les créatures mythologiques les plus proches sont vraisemblablement les dragons.
23
+
24
+ Les lézards ne sont cependant pas absents des mythes. On les retrouve notamment sur de nombreuses poteries Moche, un ancien peuple du Pérou qui aimait les décorations animalières et a souvent peint cet animal. En Inde, selon la légende du Maharashtra, un varan indien a été utilisé pour fortifier avec ses écailles les murs du fort de Sinhagad durant la bataille du même nom (en).
25
+
26
+ Aujourd'hui, les lézards et plus particulièrement les iguanes sont des NAC prisés. Des espèces précises de lézard sont également mangées dans de nombreux pays du monde, par exemple les iguanes verts en Amérique du Sud ou les Uromastyx en Afrique du Nord par les tribus nomades.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ Un lézard en train de muer, photographié en Bourgogne (France).
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+ Un lézard vert femelle de 30 cm pouvant être trouvé en France.
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+ Accouplement du lézard dans le sud de la France.
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+
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+ Lézard au Cirque de Gavarnie.
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+
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+ Lézard sur une feuille dans le Sud de la France.
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+ Lézard (Podarcis muralis) sur un buis près de Grenoble (Sud de la France).
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+ Lézard (Podarcis muralis) à la verticale sur un mur avec du crépi près de Grenoble (Sud de la France).
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+ Lézard sur du granite a l'ouest du Finistère avec sa queue en cours de reconstruction.
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+ La plupart des lézards sont des carnivores insectivores, mais les plus grandes espèces peuvent aussi consommer de petits reptiles ou mammifères. Certaines espèces consomment également des végétaux (iguanes, certains caméléons[Lesquels ?]) ou des fruits.
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+ Des observations sur l'évolution des populations de lézards dans différentes régions du monde depuis 1975 ont permis à des herpétologues d'élaborer un modèle d'anticipation : 20 % des reptiles pourraient disparaître d'ici 2080 à cause du réchauffement climatique, des températures trop hautes les incitant à rester à l'ombre, ce qui nuit à leur recherche de nourriture. Leur disparition ne proviendrait donc pas de la diminution de leurs habitats mais de l'évolution des températures[8].
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+ La grande majorité des lézards est ovipare, les femelles pondent un nombre variable d'œufs, généralement enterrés ou camouflés, mais il existe des espèces ovovivipares. La quasi-totalité des espèces ne se préoccupe pas des œufs ni des petits, qui sont autonomes à la naissance. Les nouveau-nés peuvent même parfois servir de proies aux membres de leur propre espèce.
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+ L'existence d'une phase de sommeil paradoxal, à l'instar des mammifères et des oiseaux, a été démontrée chez deux espèces de lézards, l'Agame barbu (Pogona vitticeps) et le Tégu d'Argentine (Salvator merianae). Il existe cependant des différences significatives entre le sommeil des lézards et celui des mammifères et oiseaux, et entre les deux espèces de lézards. Le sommeil paradoxal des lézards se caractérise par une activité des yeux plus lente et, pour le tégu, une activité cérébrale bien différente de l'éveil, au contraire des mammifères (activités cérébrales et oculaires semblables à celles de l'éveil)[9],[10].
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+ Dans les pays à climat tempéré, les lézards se mettent en hibernation au début de l'automne.
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+ Pour aider à la préservation des lézards, on peut réaliser dans son jardin un hibernaculum (abri à lézards) recréant artificiellement des zones favorables à l'hibernation.
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+ Taxons concernés
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+ Autres articles sur les zèbres
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+ Zèbre est un nom vernaculaire, ambigu en français, pouvant désigner plusieurs espèces différentes d'herbivores de la famille des équidés, et du genre Equus, vivant en Afrique.
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+ Ils se trouvent principalement en Afrique centrale et australe. Ces animaux se caractérisent par des bandes de rayures, généralement verticales, noires et blanches. Bien que la phylogénie des équidés soit peu connue, ce groupe est manifestement paraphylétique, c'est-à-dire que si tous ces animaux descendent bien d'une espèce commune, toutes les espèces descendantes de celle-ci ne sont pas que des zèbres. Il y a aussi des chevaux et des ânes qui sont plus ou moins proches de chacune de ces espèces.
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+ Il existe trois espèces de zèbres : le zèbre des plaines, le zèbre des montagnes et le zèbre de Grévy. Le zèbre des plaines et le zèbre des montagnes appartiennent au sous-genre Hippotigris, mais le zèbre de Grévy est la seule espèce du sous-genre Dolichohippus. Ce dernier ressemble à un âne, auquel les zèbres sont étroitement liés, tandis que les deux premiers ressemblent davantage à un cheval. Tous les trois appartiennent au genre Equus, avec d'autres équidés vivants.
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13
+ Les rayures uniques des zèbres en font l'un des animaux les plus familiers de l'homme. On les trouve dans une variété d'habitats, comme les prairies, les savanes, les forêts, les garrigues épineuses, les montagnes et les collines côtières. Cependant, divers facteurs ont eu de graves répercussions sur les populations de zèbres, en particulier la chasse à la peau et la destruction des habitats. Le zèbre de Grévy et le zèbre des montagnes sont en danger d'extinction. Bien que les zèbres des plaines soient beaucoup plus abondants, une sous-espèce, le quagga, a disparu à la fin du xixe siècle.
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15
+ Mammifères terrestres herbivores, les caractéristiques générales des zèbres sont celles des équidés du genre Equus, avec des nuances comportementales et physiologiques pour chaque espèce.
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+ Les zèbres communs mesurent de 1,10 mètre à 1,40 mètre (1,25 mètre en moyenne) au garrot contre 1,30 mètre à 1,60 mètre (1,45 mètre en moyenne) au garrot pour les zèbres de Grévy, et vivent en moyenne 25 à 30 ans dans la nature[réf. nécessaire] et jusqu'à 40 ans dans un zoo[réf. nécessaire]. La longueur du corps va de 2,20 mètres à 2,70 mètres pour les zèbres communs et de 2,50 mètres à 3,00 mètres pour les zèbres de Grévy et la longueur de la queue de 40 à 75 cm. La masse varie de 175 à 300 kg pour les zèbres communs contre 300 à 400 kg pour les zèbres de Grévy. Chez les zèbres, les étalons sont généralement plus grands et plus lourds que les femelles.
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+ On compte en 2016 moins de 800 000 zèbres au total[1].
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+
21
+ Les zèbres sont avant tout reconnaissables aux bandes noires et blanches de leur pelage.
22
+
23
+ Grâce à des méthodes de reconnaissance de formes, les scientifiques peuvent désormais lire les rayures caractéristiques des zèbres comme des codes-barres pour recenser une population à partir de photographies. Après avoir pris la photo d'un individu, les chercheurs la transfèrent sur un ordinateur équipé de logiciels dédiés comme StripeSpotter, un logiciel mis au point par l'université de l'Illinois à Chicago et l'université de Princeton. Ils zooment ensuite sur le flanc de l'animal, où chaque rayure est décomposée en lignes verticales de pixels. Leurs combinaisons sont aussi uniques que les empreintes digitales humaines. Reste à faire une recherche sur la base de données pour voir si le zèbre est un nouveau venu. StripeSpotter a été utilisé sur des zèbres de Grévy et des zèbres des plaines[2],[3]. D'autres travaux étendent la reconnaissance à d'autres animaux comme les léopards, les girafes et les Pterois[4].
24
+
25
+ Une légende africaine demande si le zèbre est blanc à rayures noires ou noir à rayures blanches. Cette question a généré de nombreuses légendes ou réponses fantaisistes, mais des explications plus scientifiques existent.
26
+
27
+ Les premières populations de zèbres étaient de couleur gris-ardoise[5]. Les spécialistes pensent généralement, en observant les rayures partielles du Quagga et en tenant compte de la pigmentation nécessaire aux animaux pour survivre sous le soleil d'Afrique, que les zèbres étaient originellement des animaux pigmentés de noir et que les raies se forment par inhibition de la production de mélanine[6].
28
+
29
+ Les raies noires et blanches du zèbre sont absentes au stade fœtal initial, ils sont entièrement noirs[7]. Les rayures finissent par apparaître par bandes d'environ quatre cents micromètres (vingt fois une cellule). Les rayures sont alors d'autant plus nombreuses que l'animal est gros. Elles grandissent ensuite avec lui. Selon J.B.L. Bard, les espèces de zèbres différeraient selon le stade embryonnaire auquel apparaissent les raies[6].
30
+
31
+ En 1952, Alan Turing a démontré que « même si la concentration initiale en morphogène est uniforme, la combinaison de réactions chimiques et de diffusion des substances à travers les tissus peut faire apparaître un motif » et aussi que « ce motif dépend du type de réactions impliquées, de la forme de la région et des concentrations initiales ». Ainsi l'évolution vers des rayures au lieu de taches n'est pas difficile et dépendra de la taille et du temps de gestation de l'espèce[8].
32
+
33
+ Ceci conforte la théorie du Dr Debra Kay Bennett selon laquelle les espèces de zèbres sont, chacune, plus proche d'une espèce de cheval que de ses consœurs[9] car « il suffit d’une petite modification des relations temporelles des processus qui sous-tendent la formation du motif » pour faire apparaître des rayures au lieu de taches. Ce qui a donc pu se produire indépendamment au cours de l'évolution des différentes espèces devenues des zèbres[8].
34
+
35
+ On ignore encore exactement quelle pourrait être l'utilité des rayures : de nombreuses théories sont proposées mais aucune n'est validée[5]. Les principales hypothèses sur la fonction des zébrures concerneraient le camouflage, l'évasion face aux prédateurs, la thermorégulation et les interactions sociales ; toutefois, selon une étude multifactorielle publiée en 2013, rien ne vient étayer de manière convaincante l'une ou l'autre de ces hypothèses[10].
36
+
37
+ Au XIXe siècle, l'écrivain Rudyard Kipling et le naturaliste Alfred Russel Wallace ont contribué à diffuser l'hypothèse selon laquelle les rayures du zèbre lui permettaient de mieux se fondre dans la savane. Cette hypothèse longtemps considérée comme crédible dans la communauté scientifique a toutefois été démentie au début du XXIe siècle. L'hypothèse est formellement démentie en 2016[11]. En fait, dans la savane, le zèbre est très visible, et il tendrait donc à se dresser comme une exception à la règle du camouflage.
38
+
39
+ Les rayures auraient aussi un effet stroboscopique sur les prédateurs[12]. Lorsque tout un troupeau s'enfuit, les raies des divers individus se mélangent, rendant flou le contour d'un animal aux yeux d'un lion, par exemple[13]. Un phénomène comparable serait à l'origine du camouflage Dazzle[14].
40
+
41
+ Dans les années 1970, des recherches ont pointé le fait que la mouche tsé-tsé, responsable de la maladie du sommeil à laquelle les zèbres sont plus sensibles que d'autres animaux sauvages, est attirée par la vue de larges zones monochromes : les rayures permettraient ainsi de se protéger du parasite. Il est à ce sujet significatif de constater que les zones de répartition des zèbres et de ces glossines coïncident exactement et que les rayures s'estompent chez les populations moins exposées au parasitisme par les trypanosomes[15],[13].
42
+ Des travaux publiés en 2012 viennent corroborer cette hypothèse, en démontrant que les taons sont plus attirés par les monochromes, et que l'effet « répulsif » des rayures est plus prononcé pour des rayures semblables à celles des zèbres[16]. En s'inspirant de ce résultat, des chercheurs japonais ont publié en 2019 des résultats prometteurs sur du bétail : des vaches ont été peintes avec un motif inspiré de celui des zèbres, ce qui a permis de réduire de moitié l'incidence des morsures de taons[17].
43
+
44
+ Une autre hypothèse veut que les rayures contribueraient à la thermorégulation, permettant aux zèbres qui broutent pendant des heures de mieux supporter les fortes chaleurs de la savane africaine. Les bandes noires et blanches, par absorption et réflexion différentielle des rayons solaires, chauffent différemment, ce qui provoquerait entre elles un flux d'air différentiel à l'origine de tourbillons engendrant un effet de refroidissement. Ce dispositif leur permet d'avoir une température corporelle inférieure à celle d'herbivores de taille similaire paissant dans les mêmes conditions (29,2 °C contre 32,5 °C)[18].
45
+
46
+ Les rayures favoriseraient la cohésion sociale en facilitant la reconnaissance et l’identification de chaque individu d'un groupe grâce au dessin de rayures unique[19]. Ainsi le zèbre de Burchell possède de vingt-cinq à trente raies sur chacun de ses flancs, le zèbre des montagnes quarante-trois et le zèbre de Grévy en compte environ quatre-vingt[20].
47
+
48
+ Les lions et les hyènes peuvent s'attaquer aux adultes ; les jeunes poulains et les jeunes pré-adultes peuvent être la proie des lycaons, guépards, léopards. Les prédateurs sont opportunistes et s'attaquent aux animaux vulnérables et donc peu rapides ; les individus malades, âgés, blessés, isolés, jeunes ou les femelles en gestation, sont les proies idéales.
49
+
50
+ Un zèbre en bonne condition physique a plusieurs moyens de défense contre ses prédateurs, il possède une très bonne vue diurne, une ouïe excellente, un bon odorat et court très vite. Les zèbres peuvent ainsi tenir une vitesse de 30 à 40 km/h sur une très longue distance ou, en cas de danger, galoper à 60 km/h en moyenne et même faire des pointes à 80 km/h[21] pour semer par exemple une lionne qui court presque aussi vite, mais ne tiendra pas la distance. Pour se défendre, ils peuvent aussi mordre et d'un coup de sabot, briser la mâchoire d'une lionne. Leurs ruades peuvent être mortelles, celles-ci sont encore plus puissantes que celles d'un cheval. Leurs rayures provoquent aussi une sorte d'« effet stroboscopique », et rendent les individus difficiles à repérer lorsqu'ils courent en groupe.
51
+
52
+ Les populations de zèbres varient beaucoup, et les liens entre les espèces ne sont pas encore très bien compris. La taxinomie des zèbres est encore discutée et instable.
53
+
54
+ Espèces habituellement citées dans les classifications classiques[22] :
55
+
56
+ Les espèces sont notamment caractérisées par un nombre différent de paires de chromosomes : 46 pour Equus grevyi, 44 pour Equus quagga et Equus burchellii, et 32 pour Equus zebra[23].
57
+
58
+ Une nouvelle classification a été proposée en 2004 par les Anglais C.P. Groves et H.B. Bell, d'après l'observation traditionnelle du pelage et des crânes de ces animaux[24] :
59
+
60
+ Equus grevyi (zèbre de Grévy).
61
+
62
+ Equus quagga quagga (zèbre Quagga).
63
+
64
+ Equus quagga burchellii (zèbre de Burchell).
65
+
66
+ Equus quagga boehmi (zèbre de Grant).
67
+
68
+ Equus quagga chapmani (zèbre de Chapman).
69
+
70
+ Equus zebra hartmannae (zèbre de Montagne).
71
+
72
+ Il y a environ 54 millions d'années, un petit mammifère, de la taille d'un renard sans sabot, baptisé Hyracotherium par les paléontologues, vivait sur le continent américain.
73
+ Il serait à l'origine de tous les équidés (cheval, poney, âne, zèbre). Les zèbres sont, probablement, les plus anciens représentants du genre Equus. Auparavant, ils ont dû vivre en Amérique. Le zèbre faisait également partie de la famille des périssodactyles, tels que les rhinocéros ou les tapirs. Cette famille regroupe tous les animaux comportant un nombre impair de doigts.
74
+ Au Miocène, les graminées étant plus riches et plus abondantes, les équidés primitifs en profitèrent pour se multiplier et se développer : leurs jambes s'allongèrent pour mieux échapper aux prédateurs, et leurs pieds ne comptèrent, désormais, plus qu'un seul doigt, recouvert d'un ongle, le sabot.
75
+
76
+ À ce moment-là, on pense qu'ils ressemblaient beaucoup au zèbre de Grévy d'aujourd'hui. Grâce à leur développement, ils gagnèrent en vitesse, se déplacèrent davantage à la recherche de nourriture et entreprirent de plus longues migrations. C'est à ce moment-là qu'ils se répandirent en Asie, en Afrique et en Europe, passant par le détroit de Béring, alors recouvert de glace épaisse.
77
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78
+ De nos jours, il est presque impossible de distinguer le crâne d'un zèbre de celui d'un cheval, mais nous pouvons penser que les équidés qui colonisèrent les savanes tropicales devinrent des zèbres, laissant les déserts arides aux ânes sauvages et les zones tempérées de l'hémisphère Nord aux chevaux sauvages.
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80
+ Des fossiles datant du Pléistocène démontrent la grande répartition de ces équidés. Au Pléistocène, Equus sivalenis (Chine) et Equus sellardsi (Amérique du Nord) ressemblaient au quagga, ce zèbre d'Afrique qui s'est éteint au XIXe siècle. À la même époque, celui qui occupait le Sud de l'Afrique est Equus pilicatus, ancêtre direct du zèbre de Grévy. L'évolution de nombreuses espèces d'équidés est mal connue, mais on sait qu'il existait encore des ânes sauvages et des zèbres en Europe à la fin de la dernière période glaciaire de l’ère quaternaire.
81
+
82
+ Aujourd'hui, les équidés sauvages sont devenus rares. Il existe sept principales espèces équines, dont la plupart sont très proches de l'extinction : les trois zèbres d'Afrique et leurs cousins, l'âne sauvage ; le cheval sauvage de Mongolie ; les deux ânes sauvages d'Asie, le kiang et l'hémione.
83
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84
+ Le substantif masculin[28],[29],[30] « zèbre » (prononcé : [zε:bʀ][28]) est un emprunt[28] au portugais zebra[28],[30], substantif féminin lui-même probablement issu — comme l'espagnol cebra — d'un latin vulgaire *eciferus, variation vernaculaire du latin equiferus (« cheval sauvage »), composé de equus (« cheval ») et de ferrus (« sauvage »)[28].
85
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86
+ En français, « zèbre » est attesté au début du XVIIe siècle : d'après le Trésor de la langue française informatisé[28], sa première occurrence (graphie : ‹ zebre ›) se trouve dans l’Histoire des choses plus mémorables advenues tant ez Indes orientales, que autres païs de la descouverte des Portugais de Pierre du Jarric, parue à Bordeaux en 1610[31].
87
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+ Le portugais zebra servait initialement à désigner un équidé sauvage, le zevro ou zebro, particulièrement abondant dans la péninsule Ibérique jusqu'au XVIe siècle. En juin 2015, la nature biologique précise de l'animal reste incertaine[32]. Quatre hypothèses ont été avancées selon lesquelles le zebro ibérique serait : soit l'hydrontin (Equus hydruntinus), un onagre éteint ; soit l'ancêtre du Sorraia, une race chevaline portugaise ; soit un onagre moderne, introduit dans la péninsule Ib��rique par les musulmans ; soit un équidé domestique errant, âne ou cheval[32],[33].
89
+
90
+ Le petit du zèbre s'appelle le zébreau et la femelle du zèbre s'appelle la zébrelle. On rencontre aussi le terme zébresse ou zebrette.
91
+
92
+ On dit que le zèbre hennit[34] comme le cheval mais le zèbre de Grévy brait, comme l'âne, on dit aussi qu'il jappe.
93
+
94
+ Liste alphabétique de noms vernaculaires ou des noms vulgaires attestés[35] en français.
95
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, l'espèce la plus connue des francophones.
96
+
97
+ S'il est possible de domestiquer un zèbre pris isolément, l'espèce s'y prête peu[42],[1]. Vivant dans un milieu comprenant de grands prédateurs tels que le lion, le guépard et la hyène, le zèbre a développé de puissantes techniques de défense[1]. D'après l'universitaire Carol Hall, « le fait qu’il soit un « aliment pour lion » l’a peut-être rendu moins attrayant aux yeux des premiers humains »[1]. Les tentatives de domestication s'expliquent par sa résistance au climat chaud, aux maladies africaines et de sa rapidité supérieure à celle du cheval rustique[réf. nécessaire]. En Afrique du Sud, les Boers ont essayé plusieurs fois de harnacher des zèbres mais ont vu la plupart de leurs tentatives déjouées par la nature sauvage et têtue de l’animal[1].
98
+
99
+ Le zèbre est un symbole de courage car il entreprend de grandes migrations annuelles pour chercher des pâturages, malgré les lions et les hyènes ou encore les crocodiles qui les menacent[45].
100
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101
+ Le zèbre est aussi un symbole du métissage[46] et de l'harmonie entre les races. Ainsi, le zèbre est le symbole animal du Botswana : ses rayures noires et blanches ornent le drapeau depuis 1996 et deux zèbres affrontés encadrent les armoiries du pays[47],[48].
102
+
103
+ Le Zèbre de Grévy est aussi le symbole de l'Afrique et de la faune africaine.
104
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105
+ En Angola, des crinières de zèbres sont portées lors de danses rituelles ayant lieu pour les cérémonies d'initiation des jeunes lors des rites de « transformation »[49].
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+ Le terme « zèbre » a été utilisé pour la première fois par la psychologue Jeanne Siaud-Facchin, une des spécialistes de la douance en France, dans son livre L'enfant surdoué : L'aider à grandir, l'aider à réussir[50] en janvier 2012. Elle l'a utilisé à l'origine pour éviter d'utiliser le mot encombrant de « surdoué » et toutes les images et connotations qu'il véhicule. De ce fait, le zèbre a servi de base pour le nom de sites internet traitant du sujet des surdoués.
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+ Domaine
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+ Règne
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+ Synonymes
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+ Classification phylogénétique
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+ Les archées, ou Archaea (du grec ancien ἀρχαῖος, « originel, primitif »), anciennement appelés archéobactéries, sont des microorganismes unicellulaires procaryotes, c'est-à-dire des êtres vivants constitués d'une cellule unique qui ne comprend ni noyau ni organites, à l'instar des bactéries. D'apparence souvent semblable à ces dernières, les archées ont longtemps été considérées comme des bactéries extrêmophiles particulières, jusqu'à ce que les recherches phylogénétiques sur les procaryotes, commencées en 1965[2], aboutissent, avec les travaux de Carl Woese et George E. Fox[3], à la publication en 1977 d'un arbre phylogénétique fondé sur les séquences des gènes d'ARN ribosomique des organismes étudiés, arbre dans lequel les procaryotes étaient scindés en deux domaines distincts, celui des bactéries et celui des archées[4],[5]. On sait aujourd'hui que l'arbre des eucaryotes prend naissance parmi des archées d'Asgård. Ainsi les archées forment un clade avec les Eukaryota mais constituent un groupe paraphylétique situé à la base de ces derniers[6].
10
+
11
+ Du point de vue de leur génétique, leur biochimie et leur biologie moléculaire, les archées sont des organismes aussi différents des bactéries que des eucaryotes. Les enzymes réalisant la réplication de l'ADN, la transcription de l'ADN en ARN ainsi que la traduction de l'ARN messager en protéines chez les archées sont apparentées à celles des eucaryotes et non à celles des bactéries, de même que la présence d'histones dans le matériel génétique des archées rapproche ces dernières des eucaryotes et les distingue des bactéries. Par ailleurs, les gènes des archées possèdent des introns et leur ARN messager subit des modifications post-transcriptionnelles, ce qui est le cas également chez les eucaryotes mais pas chez les bactéries. D'autre part, certaines archées possèdent des voies métaboliques qui n'existent ni chez les bactéries ni chez les eucaryotes, comme la méthanogenèse chez les archées méthanogènes, tandis que les archées dans leur ensemble sont dépourvues d'acide gras synthase, contrairement à la fois aux bactéries et aux eucaryotes : elles font un usage très limité des acides gras, et leur membrane plasmique est constituée essentiellement d'étherlipides, à la différence des bactéries et des eucaryotes. Un autre trait propre aux archées est la présence chez certaines d'entre elles d'une paroi cellulaire constituée de pseudopeptidoglycane, ou pseudomuréine.
12
+
13
+ Les archées ont longtemps été vues comme des organismes essentiellement extrêmophiles présents notamment dans les sources hydrothermales océaniques, les sources chaudes volcaniques ou encore les lacs salés, mais on en a découvert depuis dans toute une variété de biotopes qui ne sont pas nécessairement extrêmes, tels que le sol, l'eau de mer, des marécages, la flore intestinale et orale[7] et même le nombril humain[8]. Les archées seraient particulièrement nombreuses dans les océans, et celles faisant partie du plancton constitueraient l'un des groupes d'organismes les plus abondants de la Terre. Les archées interviennent par ailleurs de façon non négligeable dans le cycle du carbone et le cycle de l'azote. On ne connaît pas vraiment d'exemple d'archée pathogène ou parasite, mais elles sont souvent mutualistes ou commensales. Les archées méthanogènes de l'intestin humain et des ruminants participent ainsi favorablement à la digestion.
14
+
15
+ La taille et la forme des archées sont généralement semblables à celles des bactéries, bien que certaines espèces d’archées présentent une forme inhabituelle, comme Haloquadratum walsbyi dont la cellule est plate et carrée. En dépit de ces similitudes visuelles avec les bactéries, les archées s’en distinguent par certains caractères biochimiques, comme la constitution de la membrane cellulaire. De plus, elles présentent des gènes et des voies métaboliques semblables à ceux rencontrés chez les eucaryotes, notamment les enzymes impliquées dans le mécanisme de réplication de l'ADN, la transcription et la traduction. Les archées utilisent une plus grande variété de sources d’énergie que les eucaryotes : composé organique comme les sucres, l’ammoniac, les ions métalliques et même l’hydrogène gazeux comme nutriments. Les Halobacteria utilisent la lumière solaire comme source d’énergie, et certaines espèces d’archées peuvent fixer le carbone, cependant, à l’inverse des plantes et des cyanobactéries, il n’y a pas d’espèces d’archées connues capables de réaliser ces deux phénomènes. Les archées se reproduisent de manière asexuée et se divisent par fission binaire, fragmentation ou bourgeonnement. Par opposition aux bactéries et aux eucaryotes, aucune espèce d’archées identifiée à ce jour n’est capable de former des spores.
16
+
17
+ Les archées sont extrêmement diversifiées. Certaines sont connues pour leur capacité à vivre dans des conditions extrêmes et occupent des niches écologiques qu'elles sont souvent seules à occuper (pH proche de 0, température supérieure à 100 °C, salinité élevée par exemple), mais il existe beaucoup d’archées vivant dans des biotopes plus courants et très variés comme le sol, les lacs, la mer ou l’intestin des animaux. Elles contribueraient jusqu'à 20 % du total de la biomasse[9]. Ces procaryotes sont maintenant ainsi reconnus comme une part majeure du vivant sur Terre, ils peuvent jouer un rôle dans le cycle du carbone et le cycle de l'azote. Il n’y a pas d’exemple clairement reconnu d’archées pathogènes ou parasites, mais il existe des espèces mutualistes ou commensales. Par exemple, les archées méthanogènes du tractus intestinal de l’homme et des ruminants participent à la digestion des aliments. Les archées ont également une importance en technologie, avec par exemple l’utilisation des méthanogènes pour produire des biogaz ou leur participation au traitement des eaux usées. Par ailleurs, les enzymes des archées extrêmophiles, résistantes aux températures élevées et aux solvants organiques, sont exploitées en biotechnologie[10].
18
+
19
+ Au début du XXe siècle, les procaryotes étaient considérés comme un seul groupe d'organismes et classés en fonction de leur biochimie, de leur morphologie et du métabolisme. Par exemple, les microbiologistes essayaient de classer les micro-organismes sur la base des structures de leurs parois cellulaires, leurs formes, et les substances qu'ils consomment. Cependant, une nouvelle approche a été proposée en 1965 qui permet d’étudier les liens de parentés entre les procaryotes en utilisant les séquences des gènes de ces organismes. Cette approche, connue sous le nom de la phylogénétique, est la méthode utilisée aujourd'hui.
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+
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+ Les archées ont d'abord été classées comme un groupe distinct des procaryotes en 1977 par Carl Woese (professeur à l'université de l'Illinois à Urbana aux États-Unis) et George E. Fox dans les arbres phylogénétiques fondés sur les séquences de l’ARN ribosomique 16S (ARNr) des gènes[3]. Ces deux groupes ont été initialement nommés les eubactéries et archaeobactéries et traités comme sous-règne ou règne. Woese fait valoir que ce groupe de procaryotes est fondamentalement différent des bactéries. Pour souligner cette différence, et pour insister sur le fait qu’ils composent, avec les eucaryotes, trois domaines bien distincts du vivant, ces deux domaines ont plus tard été renommés Archaea et Bacteria[11]. Le mot archées vient du grec ancien ἀρχαῖα, qui signifie « choses anciennes ». Pour leur part, d'autres comme Thomas Cavalier-Smith considéraient que les archées, alors appelées Archaebacteria, ne sont qu'un embranchement (phylum) des Unibacteria dans le règne des bactéries[12].
22
+
23
+ Dans un premier temps, seules les bactéries méthanogènes, isolées initialement par Carl Woese, ont été placées dans ce nouveau domaine et les archées ont été considérées comme des extrêmophiles qui n'existent que dans les habitats tels que les sources chaudes et les lacs salés : Woese découvre en 1979 les hyperhalophiles (genre Halobacterium) puis les thermoacidophiles (Thermoplasma acidophilum, Sulfolobus acidocaldarius), Karl Stetter isole en 1981 une archée anaérobie hyperthermophile, Pyrococcus furiosus. À la fin du XXe siècle, les microbiologistes se sont rendu compte que les archées sont en fait un grand groupe diversifié d'organismes qui sont très répandus dans la nature et qui sont communs dans une diversité d’habitats, tels que les sols et les océans[13]. Cette nouvelle appréciation de l’importance et de l'ubiquité des archées a été rendu possible grâce à la réaction en chaîne par polymérase pour détecter les procaryotes dans des échantillons d'eau ou de sol à partir de leurs acides nucléiques. Cela permet la détection et l'identification d'organismes qui ne peuvent pas être cultivés en laboratoire, ou dont la culture est difficile[14],[15].
24
+
25
+ Ces organismes ont longtemps été regroupés sous le terme générique de « procaryotes » avec les bactéries. Pour les différencier, les microbiologistes avaient élaboré un système de comparaison et de classification fondé sur de petites différences visibles au microscope, ainsi que sur des différences physiologiques (capacité à se développer sur un certain milieu par exemple).
26
+
27
+ Dès qu'il a été question d'élucider les relations généalogiques entre les différents procaryotes, les biologistes ont dû se rendre à l'évidence : les différences nutritionnelles et phénotypiques ne permettraient pas de classer correctement les différents organismes. Au cours des années 1970, les biologistes ont pris conscience de l'existence irremplaçable d'information, au cœur même des cellules des êtres vivants, permettant de déterminer la phylogénie, l'ADN. Le gène identifié dans une cellule est le variant d'un gène qui a existé il y a de très nombreuses années. La comparaison gène à gène entre deux organismes permet donc de mesurer le temps écoulé depuis la divergence à partir de l'ancêtre commun.
28
+
29
+ Carl Woese s'est rendu compte que l'ARN ribosomique (ou ARNr, une des molécules contenues dans la cellule) des organismes qu'il étudiait permettait de mettre en évidence l'existence de deux groupes clairement séparés : les bactéries et les archéobactéries. Plus précisément, les ARNr des archées sont en fait aussi différents des ARNr des bactéries que de ceux des eucaryotes. Woese en a conclu qu'il ne fallait plus uniquement séparer en deux grands groupes le monde du vivant, en fonction de la présence ou de l'absence d'un noyau, mais plutôt en trois domaines primitifs : les bactéries, les archées et les eucaryotes.
30
+
31
+ De nombreuses études confirment le caractère monophylétique de l'ensemble constitué des archées et des eucaryotes (mais pas des archées seules). Ces microorganismes ressemblent par leur forme aux bactéries, mais d'un point de vue moléculaire, si certains de leurs traits les rapprochent des bactéries, d'autres les rapprochent plutôt des eucaryotes. Il n'est donc pas possible de présenter les archées comme des ancêtres des bactéries.
32
+
33
+ Le classement des archées, et des procaryotes en général, est à la fois en évolution rapide et un domaine litigieux. Sur la base de critères uniquement métaboliques, les archées ont été divisées en quatre grands groupes selon qu'elles sont méthanogènes, halophiles, thermophiles ou sulfo-dépendantes.
34
+
35
+ Les systèmes de classifications actuels visent à organiser les archées en groupes d'organismes qui partagent des caractéristiques structurelles et des ancêtres communs[16]. Ces classifications s'appuient fortement sur l'usage de la séquence des gènes de l'ARN ribosomique pour révéler les relations entre les organismes (phylogénétique moléculaire)[17]. La plupart des archées cultivables sont membres de deux principaux embranchements : Euryarchaeota et Crenarchaeota. D'autres groupes ont été provisoirement créés. Par exemple, les espèces propres Nanoarchaeum equitans, qui ont été découvertes en 2003, ont été classées dans un nouveau phylum : Nanoarchaeota[18]. Un nouveau phylum, Korarchaeota, a également été proposé ; il contient un petit groupe d'espèces thermophiles inhabituelles qui partagent les caractéristiques des deux principaux embranchements, mais qui sont plus étroitement liées aux Crenarchaeota[19],[20]. Récemment mises en évidence, d'autres espèces d'archées, tels que les archaeal Richmond Mine acidophilic nanoorganisms (ARMAN), qui ont été découvertes en 2006, sont liées seulement de loin aux autres groupes antérieurement connus[21].
36
+ Le superphylum TACK a été proposé en 2011, pour regrouper les Thaumarchaeota, Aigarchaeota, Crenarchaeota et Korarchaeota
37
+ [22].
38
+
39
+ L'archée Loki, identifiée en 2015 par son génome qualifié de Candidatus en nomenclature bactérienne, appartiendrait, du point de vue phylogénétique, à l'embranchement le plus proche des eucaryotes[23],[24].
40
+ De nouvelles lignées d'archées, apparentées à Loki, ont été identifiées dans les sédiments aquatiques par analyse métagénomique. Les archées Odin, Thor et Heimdall, formeraient, avec Loki, le super-embranchement Candidatus "Asgard", proposé en 2017 d'après le nom du royaume des dieux de la mythologie nordique[25]. Une autre étude du NCBI[26] indique que les archées d'Asgård et les Eukaryotes formeraient un clade monophylétique nommé Eukaryomorpha.
41
+
42
+ Selon LPSN[27] :
43
+
44
+ et proposés[28]
45
+
46
+ D'après Tom A. Williams et al., 2017[29] et Castelle & Banfield, 2018[30] (DPANN) :
47
+
48
+ Altiarchaeales
49
+
50
+ Diapherotrites
51
+
52
+ Micrarchaeota
53
+
54
+ Aenigmarchaeota
55
+
56
+ Nanohaloarchaeota
57
+
58
+ Nanoarchaeota
59
+
60
+ Pavarchaeota
61
+
62
+ Mamarchaeota
63
+
64
+ Woesarchaeota
65
+
66
+ Pacearchaeota
67
+
68
+ Thermococci
69
+
70
+ Pyrococci
71
+
72
+ Methanococci
73
+
74
+ Methanobacteria
75
+
76
+ Methanopyri
77
+
78
+ Archaeoglobi
79
+
80
+ Methanocellales
81
+
82
+ Methanosarcinales
83
+
84
+ Methanomicrobiales
85
+
86
+ Halobacteria
87
+
88
+ Thermoplasmatales
89
+
90
+ Methanomassiliicoccales
91
+
92
+ Aciduliprofundum boonei
93
+
94
+ Thermoplasma volcanium
95
+
96
+ Korarchaeota
97
+
98
+ Crenarchaeota
99
+
100
+ Aigarchaeota
101
+
102
+ Geoarchaeota
103
+
104
+ Thaumarchaeota
105
+
106
+ Bathyarchaeota
107
+
108
+ Odinarchaeota
109
+
110
+ Thorarchaeota
111
+
112
+ Lokiarchaeota
113
+
114
+ Helarchaeota[31]
115
+
116
+ Heimdallarchaeota
117
+
118
+ Eukaryota
119
+
120
+ Bien que les fossiles connus de cellules procaryotes aient été datés de près de 3,5 milliards d'années, la plupart des procaryotes n'ont pas de morphologies distinctives et les formes des fossiles ne peuvent pas être utilisées pour les identifier comme étant des archées[33]. Par contre, les fossiles chimiques, sous la forme des lipides caractéristiques des archées, donnent plus d'informations, car ces composés n’existent pas dans d'autres groupes d'organismes[34]. Certaines publications ont suggéré que des lipides fossiles provenant de procaryotes ou d’eucaryotes étaient présents dans les schistes datant de 2,7 milliards d'années[35]. Depuis, ces données ont toutefois été sujettes à question[36]. Ces lipides ont également été détectés dans des roches datant du Précambrien. Les plus anciennes traces connues de ces lipides isopréniques proviennent des roches de la formation d'Isua à l'ouest du Groenland, qui comprennent des sédiments formés il y a 3,8 milliards d'années et qui sont les plus anciens sur Terre[37].
121
+
122
+ Une fossilisation expérimentale est partie du principe que les premiers fossiles (> 3 Ga) se sont formés par silicification, c'est-à-dire via la précipitation de silice sur des structures cellulaires)[38]. On a fossilisé en laboratoire des souches différentes d'Archées (Methanocaldococcus jannaschii (en) et Pyrococcus abyssi) et de Bactéries (Chloroflexus aurantiacus (en) et Geobacillus (en) sp.) jugées proches des micro-organismes (thermophiles, anaérobies et autotrophes) qui ont colonisé la Terre primitive (et proches d'organismes qui auraient éventuellement pu avoir vécu sur la Planète Mars)[38]. Leur observation en microscopie électronique (MEB, MET, Cryo-MEB) a donné des indications morphologique utiles pour le repérage de vrais fossiles anciens (à ne pas confondre avec des structures prébiotiques de type sphères submicrométriques, tubules et éléments filamenteux ou d'apparence fibreuses possiblement issus d'une simple chimie organique[39]) ; de même pour des analyses chimiques (GC, GC-MS, HPLC) ont apporté des données sur la dégradation/préservation de la matière organique durant ce processus de fossilisation par silicification[38]. Ce travail a confirmé que certains micro-organismes qui ne se silicifient pas : ainsi l'archée M. jannaschii s'est rapidement lysée alors que P. abyssi, Geobacillus sp. et C. aurantiacus se silicifiaient mais avec une intensité propre à chaque espèce. Certains de ces micro-organismes lors de la silicification tentent d'y survivre en produisant des EPS[Quoi ?] ou via un mécanisme de répulsion de la silice[38]. Les fossiles déjà découverts ne sont donc pas nécessairement représentatifs des espèces réellement présentes à l'époque (ni de leur nombre ou dominance)[38].
123
+
124
+ Woese propose que les bactéries, les archées et les eucaryotes représentent chacune une lignée séparée qui aurait divergé à partir d’une colonie d'organismes ancestrale[40],[41]. D’autres biologistes, comme Gupta ou Cavalier-Smith, cependant, ont fait valoir que les archées et les eucaryotes proviennent d'un groupe de bactéries[42],[43]. Il est possible que le dernier ancêtre commun des bactéries et des archées soit un organisme thermophile, ce qui soulève la possibilité que la vie soit apparue dans des conditions de températures élevées[44]. Cette hypothèse n’est toutefois pas approuvée par l’ensemble de la communauté scientifique[45],[46]. Par ailleurs, étant donné que les archées et les bactéries ne sont pas plus liées entre elles qu'elles ne le sont aux cellules eucaryotes, cela conduit à l'argument selon lequel le terme procaryote n'a pas de véritable signification évolutive et devrait être entièrement rejeté[47].
125
+
126
+ La relation entre les archées et les eucaryotes reste un problème important. En plus des similitudes dans la structure cellulaire et les mécanismes biochimiques qui sont discutées ci-après, de nombreux arbres phylogénétiques groupent les archées et les eucaryotes ensemble. Certaines des premières analyses ont même suggéré que la relation entre les eucaryotes et les archées de l’embranchement Euryarchaeota est plus proche que la relation entre les embranchements Euryarchaeota et Crenarchaeota[48]. Toutefois, il est maintenant considéré comme plus probable que l'ancêtre des eucaryotes a divergé tôt à partir de l’ancêtre commun avec les archées[49],[50]. La découverte de gènes provenant d’archées dans le génome de certaines bactéries, telles que Thermotoga maritima, rend les relations entre organismes encore plus difficiles à déterminer, étant donné que le transfert horizontal de gènes a eu lieu[51]. Les gènes archéens dans les génomes eucaryotes pourraient également provenir de transfert horizontal.
127
+
128
+ Une théorie totalement différente, non basée sur les axiomes courants d'ancêtre commun d'une lignée et de différenciation arborescente, est la théorie endosymbiotique[48]. Selon celle-ci, les eucaryotes se sont développés à partir d’une fusion entre des bactéries et des archées, fusion elle-même découlant de l'évolution d'une relation symbiotique. Cette théorie est aujourd'hui largement acceptée en raison de la variété de faits connus qui la soutiennent. Au sein des archées, le groupe le plus proche des eucaryotes est le superphylum des archées d'Asgård (Asgardarchaeota)[52]. Leur génome code une série de protéines identiques ou similaires à des protéines qu'on pensait spécifiques des eucaryotes, et notamment l'actine qui forme le cytosquelette[53]. Les mitochondries proviendraient quant à elles de l'endosymbiose d'une rhodobactérie (en) (une alpha-protéobactérie)[54].
129
+
130
+ Les archées ont généralement un seul chromosome circulaire. Le plus grand génome archéen séquencé à ce jour est celui de Methanosarcina acetivorans[55] avec 5 751 492 paires de bases alors que le génome de Nanoarchaeum equitans, le plus petit séquencé à ce jour[Quand ?] fait un dixième de cette taille avec seulement 490 885 paires de base. Il est estimé que le génome de Nanoarchaeum equitans comporte 537 gènes codant des protéines[56]. Les éléments extrachromosomiques, appelés plasmides sont également présents chez les archées. Ces plasmides peuvent être transférés entre les cellules par contact physique, dans un processus qui pourrait être similaire à la conjugaison bactérienne[57],[58].
131
+
132
+ La reproduction des archées a lieu de manière asexuée par division binaire, par fission multiple ou par fragmentation. La méiose ne se produit pas, tous les descendants ont le même matériel génétique. Après la réplication de l’ADN les chromosomes sont séparés et la cellule se divise[59]. Les détails du cycle cellulaire des archées ont fait l'objet de quelques études dans le genre Sulfolobus. Ce cycle a des caractères qui sont similaires à la fois des systèmes eucaryotes et bactériens. Selon les espèces d’archées, les chromosomes sont répliqués à partir de un ou plusieurs points de départ (origines de réplication) à l'aide d'ADN polymérases qui ressemblent aux enzymes équivalentes des eucaryotes[60]. Toutefois, les protéines de la division cellulaire, tels que la protéine FtsZ (Filamenting temperature-sensitive mutant Z), qui forme un anneau contractant autour de la cellule, et les composants de la cloison naissante dans le cœur de la cellule, sont similaires à leurs équivalents bactériens[59].
133
+
134
+ S’il existe des spores chez les bactéries et les eucaryotes, elles n’ont jamais été mises en évidence dans toutes les archées connues. Certaines espèces de Haloarchaea peuvent subir des modifications phénotypiques et croître avec différents types de cellules, incluant des parois épaisses. Ces structures qui sont résistantes aux chocs osmotiques (en) permettent aux archées de survivre dans l'eau à de faibles concentrations en sel, mais ce ne sont pas des structures de reproduction et elles ne peuvent aider à la dispersion dans de nouveaux habitats[61].
135
+
136
+ Les archées sont très diverses, aussi bien d'un point de vue morphologique que physiologique. Ce sont des êtres unicellulaires avec une taille variant entre 0,1 et 15 µm, mais certains se développent pour former des filaments ou des agrégats (filaments jusqu'à 200 µm). Elles peuvent être sphériques (coques), spirales, en forme de bâtonnet (bacilles), rectangulaires…
137
+
138
+ Elles font preuve d'une grande diversité de modes de reproduction, par fission binaire, bourgeonnement ou fragmentation.
139
+
140
+ D'un point de vue nutritionnel, elles se répartissent en de très nombreux groupes, depuis les chimiolithoautotrophes (tirant leur énergie de gradients chimiques d'origine non biologique) aux organotrophes.
141
+
142
+ D'un point de vue physiologique, elles peuvent être aérobies, anaérobies facultatives ou strictement anaérobies.
143
+
144
+ Les archées existent dans une large diversité d'habitats et sont une composante importante des écosystèmes de la planète[13]. Elles peuvent contribuer jusqu'à 20 % de la biomasse totale sur la Terre[9]. De nombreuses archées sont extrêmophiles, et les milieux extrêmes étaient initialement considérés comme leur niche écologique[62]. En effet, certaines archées vivent à des températures élevées, souvent supérieures à 100 °C, que l'on rencontre dans les geysers, les fumeurs noirs et des puits de pétrole. D'autres se trouvent dans des habitats très froids et d'autres en milieu très salé, acide ou dans l'eau alcaline. Toutefois, d'autres espèces d’archées sont mésophiles et poussent dans des conditions beaucoup plus douces, dans les marais, les eaux usées, les océans et les sols[13].
145
+
146
+ Les archées extrêmophiles sont membres des quatre principaux groupes physiologiques. Ce sont les halophiles, thermophiles, alcalophiles et acidophiles[63]. Ces groupes n’ont pas de lien avec leur embranchement dans la classification phylogénétique. Néanmoins, ils sont un point de départ utile pour la classification.
147
+
148
+ Les halophiles, par exemple le genre Halobacterium, vivent dans des environnements salins, tels que les lacs salés (Grand Lac Salé de l’Utah), le littoral marin, les marais salants, la mer Morte, avec des concentrations en sel jusqu'à 25 %. Les membres de l'ordre des Halobacteriales (Haloferax, Halobacterium, Halococcus, Halorubrum, Natrinema, Natronococcus…) sont des exemples d’archées halophiles. Elles ont souvent une pigmentation rouge à jaune à cause des caroténoïdes et sont responsables de la coloration de certains lacs (Lac Magadi au Kenya par exemple). Les thermophiles se développent mieux à des températures supérieures à 45 °C, dans des lieux tels que les sources d'eau chaude ; les archées hyperthermophiles sont définies comme celles qui se développent au mieux à une température supérieure à 80 °C[64]. Pyrococcus, Methanopyrus, Thermococcus, Sulfolobus, Pyrodictium sont des exemples d’archées hyperthermophiles. Pyrobaculum provient de réservoirs profonds de pétrole chaud. Pyrolobus fumarii est capable de se multiplier jusqu'à 113 °C. Une étude récente a montré que la souche 116 de Methanopyrus kandleri pousse à 122 °C, ce qui est la température la plus élevée enregistrée à laquelle un organisme est encore capable de se développer[65]. D’autres archées peuvent croître dans des conditions très acides ou alcalines[63]. Par exemple, l'une des archées acidophiles les plus extrêmes est Picrophilus torridus, qui croît à un pH de 0, ce qui équivaut à 1,2 mole d'acide sulfurique[66].
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+
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+ Des études plus récentes ont montré que les archées existent non seulement dans les environnements mésophile et thermophile, mais également à basse température, parfois en grand nombre. Ainsi, les archées sont communes dans les environnements océaniques froids tels que les mers polaires[67]. Les archées sont en fait présentes en grand nombre dans tous les océans du monde dans la communauté planctonique (dans le cadre du picoplancton)[68]. Bien que ces archées puissent représenter jusqu'à 40 % de la biomasse microbienne, presque aucune de ces espèces n’a été isolée et étudiée en culture pure[69]. Par conséquent, notre compréhension du rôle des archées dans l'écologie des océans est rudimentaire, de sorte que leur influence sur les cycles biogéochimiques mondiaux reste largement inexplorée[70]. Certaines Crenarchaeota marines sont capables de nitrification, suggérant que ces organismes jouent un rôle important dans le cycle de l'azote océanique[71], bien qu’elles puissent également utiliser d'autres sources énergétiques[72]. Un grand nombre d’archées sont également présentes dans les sédiments qui recouvrent le fond de la mer et constitueraient la majorité des cellules vivantes à des profondeurs de plus d'un mètre dans ces sédiments[73],[74]. Les archées méthanogènes (productrices de méthane) des marais sont responsables des gaz des marais (Poitevin par exemple). Beaucoup d’archées méthanogènes sont présentes dans le tube digestif des ruminants (Methanomicrobium, Methanosarcina), des termites ou des humains. Des études portant sur la faune nombrilienne (les micro-organismes vivant dans le nombril humain) ont démontré la présence d'archées à cet endroit[8].
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+ Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de démonstration claire qu'il existe des archées pathogènes[75],[76], bien que des relations aient été proposées entre la présence d'archées méthanogènes et de maladies parodontales[77].
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+ Bien qu’un grand nombre d’archées ne soient aujourd’hui pas cultivables en laboratoire, de nombreuses espèces peuvent être cultivées en utilisant des milieux de culture adaptés et en reproduisant au mieux les conditions environnementales de leurs habitats naturels. Les effets des archées présentes dans le nombril humain n'ont pas encore été étudiés[8].
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+ Les archées sont semblables aux bactéries par beaucoup d’aspects de leur structure cellulaire et de leur métabolisme. Cependant, les mécanismes et les protéines impliqués dans les processus de réplication, de transcription et de traduction présentent des traits similaires à ceux rencontrés chez les eucaryotes. Les particularités des archées par rapport aux deux autres domaines du vivant (bactéries et eucaryotes) sont les suivantes :
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+ LGBT ou LGBTQIA+, sont des sigles utilisés pour qualifier les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles, c'est-à-dire pour désigner des personnes non hétérosexuelles, non cisgenres ou non dyadiques.
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+ Le sigle « LGBT » est ainsi complété avec d'autres lettres ou avec un « + » pour inclure d'autres variantes d'identité de genre, de caractéristiques sexuelles, ou d'orientation sexuelle, comme l'asexualité, la pansexualité ou la bispiritualité. Ces sigles peuvent également être utilisés dans des expressions qui se rattachent à ces personnes (mouvement LGBT et droits LGBT sont des exemples).
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+ Le terme « gay » est parfois utilisé de façon abusive pour désigner l'ensemble des personnes dites « LGBT ». D'autres termes et sigles, se voulant plus inclusifs, sont aussi usités : « allosexuel », « altersexuel » ou « MOGAI » pour « Marginalized Orientations, Gender identities, And Intersex ».
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+ L'orientation sexuelle au sens large indique par quels genres une personne est attirée. Le concept d'orientation romantique existe pour désigner exclusivement l'attraction romantique.
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+ L'identité de genre est la perception interne et personnelle de ce qu'est le genre d'une personne.
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+ La population s'identifiant comme LGBT se décomposerait par ordre décroissant par des personnes bisexuelles, homosexuelles et transgenres[7],[8],[note 1].
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+ Par ailleurs, parmi les personnes s'engageant dans des relations homosexuelles, peu sont celles qui excluent les relations hétérosexuelles. Ainsi, d'après une étude française conduite en 1993, 96,6 % des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont aussi entretenu des relations hétérosexuelles[9]. Des études américaines ou danoises donnent des chiffres tout aussi considérables (de 90 à 96 %), ce qui montre que l'homosexualité (l'orientation sexuelle unique et exclusive envers les personnes de même sexe) est un comportement sexuel très marginal parmi les personnes s'engageant dans des relations avec des personnes de même sexe[9].
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15
+ Au cours des XXe et XXIe siècles, des études ont été menées en Occident pour tenter de déterminer la proportion de la population s'étant engagée dans des relations de nature homosexuelle. Ainsi, Alfred Kinsey, dans une étude menée en 1948, a découvert que 46 % des sujets masculins interrogés (5 300 personnes) et de 6 à 14 % des femmes avaient eu une expérience sexuelle avec une femme et un homme, ou que ces personnes avaient déjà sexuellement « réagi » à des personnes des deux sexes[10].
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+
17
+ Shere Hite est l'auteure d'une étude sur la sexualité masculine, Le Rapport Hite sur les hommes. Elle découvre dans ses recherches que 43 % des hommes sondés ont eu, durant leur enfance ou leur adolescence, des rapports sexuels avec d'autres garçons, sans que cela ne les empêche de mener ou de développer plus tard dans leur vie une sexualité hétérosexuelle[11].
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19
+ Néanmoins, ces pratiques ne se retrouvent que rarement dans l'identification aux personnes LGBT : nombreuses sont les personnes s'étant engagées dans des relations avec des personnes de même sexe qui ne s'identifient pas, pour diverses raisons, comme « homosexuelles » ou « bisexuelles »[1]. Cela peut être dû à des raisons culturelles : par exemple, se présenter comme « hétérosexuel » lorsque l'on s'engage dans des relations homosexuelles et hétérosexuelles est une pratique généralisée en Amérique latine[12].
20
+
21
+ Une étude de l'Institut français d'opinion publique, s'intéressant à l'électorat LGBT dans le cadre de l'élection présidentielle française de 2012 indique que 6,5 % des personnes âgées de 18 ans et plus s'identifient comme bisexuel(les) (3,5 % de l'électorat), lesbiennes, ou homosexuels (3 %), d'après un critère d'auto-identification, et non pas de pratiques (l'étude ne mentionne pas la transidentité, puisqu'elle n'est pas une orientation sexuelle, mais fait référence à l'identité de genre. Les personnes trans sont donc intégrées dans l'étude, au titre de leur orientation sexuelle)[13].
22
+
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+ Les droits LGBT correspondent aux droits humains des personnes bisexuelles, homosexuelles ou transgenres. Ces droits sont diversement reconnus dans le monde. La problématique particulière des droits LGBT a été abordée par les Nations unies, notamment par le biais de rapports[14].
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+
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+ Drapeau arc-en-ciel.
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+
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+ Drapeau de la fierté lesbienne.
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29
+ Drapeau de la fierté bisexuelle.
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+
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+ Drapeau de la fierté pansexuelle.
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+ Drapeau de la fierté trans.
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+ Drapeau de la fierté intersexe.
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+ Drapeau de la fierté asexuelle.
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+ Drapeau de la fierté non-binaire.
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+ Le triangle rose.
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+ Le triangle noir.
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+ Les triangles bleu et rose.
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+ Si le sigle LGBT (parfois GLBT[5]) se veut représentatif des personnes non hétérosexuelles et cisgenres et est le plus utilisé, il est parfois complété pour être plus inclusif :
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+
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+ Pour éviter ce sigle à géométrie variable, les termes parapluies « allosexuel[note 2] �� et « altersexuel » sont parfois utilisés. D'autres locuteurs utilisent le terme « LGBTQ+ » ou créent des sigles, comme QUILTBAG[16]. En Belgique, le mot « holebi », emprunté au flamand (de « homoseksueel, lesbisch en biseksueel »), est également employé. Le terme MOGAI (de l'anglais « Marginalized Orientations, Gender identities, And Intersex »), visant à être plus inclusif, est également parfois utilisé[17].
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+ Le terme « gay » est parfois abusivement utilisé pour désigner l'ensemble des personnes LGBT, bien qu'il ne se réfère qu'à l'une de ses composantes (les hommes homosexuels)[18],[19].
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+ William Henry Gates III, dit Bill Gates [bɪl ɡeɪts][1], né le 28 octobre 1955 à Seattle (État de Washington), est un informaticien et entrepreneur américain, pionnier dans le domaine de la micro-informatique. Il a fondé en 1975, à l'âge de 20 ans, avec son ami Paul Allen, la société de logiciels de micro-informatique Micro-Soft (rebaptisée depuis Microsoft). Son entreprise acheta le système d'exploitation QDOS pour en faire le MS-DOS, puis conçut le système d'exploitation Windows, tous deux en situation de quasi-monopole mondial.
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5
+ Il est devenu, grâce au succès commercial de Microsoft, l'homme le plus riche du monde de 1996 à 2007, ainsi qu'en 2009, et de 2014 à 2016. Lorsqu'il redevient l'homme le plus riche du monde, selon le classement Bloomberg, en janvier 2014, sa fortune s'élève à 78,5 milliards de dollars américains[2],[3].
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7
+ En 2019, le magazine Forbes classe Bill Gates comme le deuxième homme le plus riche du monde avec une fortune de 105 milliards de dollars américains, détrôné par le fondateur du site Amazon Jeff Bezos, qui, lui, dispose d'une fortune estimée à 112 milliards de dollars américains.
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+ Bill Gates se consacre depuis octobre 2007 à sa fondation humanitaire.
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+ Bill Gates naît le 28 octobre 1955 à Seattle (État de Washington) aux États-Unis, dans une famille aisée.
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+ Son père, William Henry Gates II, est avocat d'affaires. Sa mère, Mary Maxwell Gates, est professeur et présidente de la direction de quelques entreprises et banques de la United Way of America et le First Interstate Bank (en)[4],[5].
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+ Bill Gates découvre l'informatique à la très sélective Lakeside School de Seattle, qui dispose alors d'un PDP-10 loué. Il y réalise avec son ami d'enfance Paul Allen son premier programme informatique : un jeu de tic-tac-toe (morpion).
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+
17
+ En 1968, âgé de 13 ans, il fonde avec Allen et quelques autres amis le Lakeside Programmers Group. Quelques sociétés recourront à leurs talents, essentiellement pour améliorer des systèmes et des applications existantes écrites en langage assembleur.
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19
+ En 1973, Gates entre à l'université Harvard, à l'âge de 18 ans. Il y rencontre Steve Ballmer, futur CEO de Microsoft. Il abandonne rapidement ses études pour se consacrer uniquement à la programmation informatique.
20
+
21
+ Bill Gates co-réalise avec Allen un interpréteur BASIC pour l'Altair 8800. Cette réalisation est à la fois un tour de force et un coup de chance : le développement se fait entièrement sur PDP-10 et l'Altair BASIC n'est essayé sur un véritable Altair 8800 que le jour de la démonstration, laquelle réussit parfaitement. L'Altair BASIC marque une étape dans l'histoire de la micro-informatique : ce sera le premier langage de programmation à avoir fonctionné sur un micro-ordinateur commercial. Ce sera également le premier logiciel édité par la société Microcomputer Software, fondée pour l'occasion, en 1975, alors que Bill Gates est âgé de 20 ans, et dont la contraction Micro-Soft puis Microsoft est aujourd'hui plus familière.
22
+
23
+ Le 31 janvier 1976, Bill Gates écrit une lettre intitulée « An Open Letter to Hobbyists » (« Lettre ouverte aux bricoleurs »), dans laquelle il condamne pour la première fois le partage illégal de l'un de ses logiciels, le BASIC d'Altair : « We have written 6800 BASIC, and are writing 8080 APL and 6800 APL, but there is very little incentive to make this software available to hobbyists. Most directly, the thing you do is theft. » (« nous avons écrit le 6800 BASIC et nous écrivons les 8080 et 6800 APL, mais nous n'avons pas envie de fournir ce logiciel aux amateurs. Pour être clair, ce que vous faites, c'est du vol »).
24
+
25
+ En 1980, Microsoft signe un accord avec IBM pour développer un système d'exploitation à commercialiser avec chaque ordinateur personnel IBM PC. MS-DOS est commercialisé aux États-Unis à partir du 12 août 1981. Il s'agit d'une version modifiée d'un autre produit : Microsoft a, le 6 janvier 1981, acquis des droits d'exploitation de 86-DOS à la société Seattle Computer Products (SCP)[6], puis le 22 juillet 1981 a conclu un accord de commercialisation[7] avec la société SCP permettant à Microsoft de présenter le produit comme sien et à SCP de toucher des redevances sur le volume de vente, chaque société pouvant faire évoluer le produit indépendamment. L'accord incluait déjà une version pour utilisateurs multiples.
26
+
27
+ Sa fortune est faite, et ne cessera plus de croître à des niveaux record. Bill Gates est persuadé qu'un jour tous les foyers et le monde professionnel seront équipés d'ordinateurs personnels. IBM est loin d'être le premier sur le marché : Apple, entre autres, s'était déjà lancé sur ce marché quatre ans auparavant avec un succès foudroyant. Le poids d'IBM est alors d'une importance primordiale pour le décollage de MS-DOS.
28
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+ Microsoft fait évoluer au rythme effréné des micro-ordinateurs son système d'exploitation et sa gamme de logiciels bureautiques Microsoft Office, traitement de texte, tableur, base de données, utilitaires, jeux, etc. En 1985, Windows est alors, et pour 10 ans encore, une simple interface graphique, le système d'exploitation restant MS-DOS. Le succès met très longtemps à venir pour les premières versions de Windows, l'interface étant graphiquement très peu aboutie et d'une utilisation loin d'être intuitive[8]. Windows est cependant déjà devenu le système d'exploitation le plus vendu au monde et fait la fortune de Microsoft et de ses actionnaires, avec une emprise sur le marché mondial gravitant autour de 90 %, au point de lui coûter un procès pour monopole et une grave menace de dissolution de son entreprise dans les années 2000.
30
+
31
+ En 1986, Microsoft fait son entrée en Bourse. Les investisseurs l'accueillent avec enthousiasme : le jour même, Bill Gates devient milliardaire. Il deviendra l'homme le plus riche du monde dix ans plus tard en 1996. Selon le magazine Forbes, sa fortune personnelle était en 2007 estimée à 56 milliards de dollars (voir liste des milliardaires du monde). Ses actions dans la société Microsoft, dont il détient en 2005 un peu moins de 10 % du capital, constituent environ 50 % de sa fortune.
32
+
33
+ Bien peu d'entreprises ont eu une image liée si fortement à leur fondateur, si bien qu'il a souvent été comparé à Henry Ford et à William Rockefeller, qui furent comme lui à l'origine de nouveaux domaines économiques (véhicules particuliers et industrie pétrolière), et également d'excès de la société de consommation. C'est en tant que grande figure du marché qu'il subit son entartage par Noël Godin et ses acolytes, en 1998 à Bruxelles[9].
34
+
35
+ En novembre 2004, Steve Ballmer indique que Bill Gates est sans doute la personne la plus spammée au monde, puisqu'il reçoit 4 millions d'e-mails par jour. Tout un service de Microsoft est à cette époque consacré à trier cette masse, essentiellement composée de spams, et dont seulement dix messages par jour arrivent finalement à Bill Gates[10].
36
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37
+ Le 15 juin 2006, Bill Gates a annoncé qu'à partir de juillet 2008 il ne s'occuperait plus des affaires courantes de Microsoft. Il restera à son poste et conseillera certains projets mais se concentrera sur les œuvres caritatives[11]. Il quitte toute fonction opérationnelle au sein de Microsoft le 27 juin 2008[12]. Le 4 février 2014, Bill Gates annonce qu'il abandonne également la présidence du conseil d'administration de Microsoft[13]. Le 14 mars 2020, la presse annonce que Bill Gates quitte le Conseil administration de Microsoft et qu'il ne conservera que des fonctions de conseiller technique auprès des dirigeants de la société[14],[15].
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40
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41
+ En 2000, il crée la fondation Bill-et-Melinda-Gates, qui a pour objectif d'apporter à la population mondiale des innovations en matière de santé et d’acquisition de connaissances. Elle dispose de 102,8 milliards de dollars.
42
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43
+ En 2006, la fondation Gates avait déjà dépensé 25,26 milliards de dollars[16], en particulier pour vacciner 55 millions d'enfants. Bill Gates a également annoncé vouloir léguer 95 % de sa fortune à sa fondation.
44
+
45
+ Ces actions ont contribué à ce que le magazine Time désigne Bill Gates « Personnalité de l'année 2005 », aux côtés de son épouse Melinda et de Bono (chanteur du groupe U2), pour leurs actions sur le front philanthropique[17].
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+
47
+ Le 2 mars 2005, Bill Gates est anobli par la reine Élisabeth II du Royaume-Uni au grade de Chevalier commandeur de l'ordre de l'Empire britannique pour sa contribution aux entreprises britanniques et pour les efforts qu'il déploie à combattre la pauvreté dans le monde. Toutefois, n'étant pas citoyen d'un pays du Commonwealth, il ne peut préfixer son nom du titre Sir. Il peut cependant ajouter les lettres KBE (Knight of British Empire, Chevalier de l'Empire britannique) à la suite de son nom.
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49
+ La majorité de l'héritage de Bill Gates devrait revenir à sa fondation, par laquelle il est devenu l'un des plus grands donateurs contre la pauvreté dans le monde, avec plusieurs milliards de dollars de sa fortune personnelle. En 2006, il a annoncé qu'il léguerait 95 % de sa fortune à la lutte contre les maladies et l'analphabétisme dans les pays du sud.
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+ Le 16 juin 2010, Bill et Melinda Gates lancent une campagne, The Giving Pledge[18], pour laquelle les milliardaires sont invités à formuler des promesses de donation dépassant 50 % de leur fortune personnelle[19]. Warren Buffett écrit la première lettre dans laquelle il indique son intention de léguer plus de 99 % de sa fortune. Bill Gates estime que « seulement 15 % des milliardaires font don de larges parts de leur fortune »[20]. Cette démarche arrive au moment où les Américains les plus fortunés sont pointés du doigt comme étant à l'origine de la crise et où la fondation Bill-et-Melinda-Gates fait aussi l’objet de controverses.
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+
53
+ En novembre 2011, Bill Gates a appelé le G20 à augmenter son aide aux pays pauvres[21].
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+ Dans le cadre de la réforme de l'éducation portée par le gouvernement de Barack Obama, Bill Gates œuvre notamment à la mise en place du programme « Common Core », qu'il a massivement subventionné[22].
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57
+ D'autre part la fondation Bill Gates est critiquée comme étant, sous couvert de philanthropie et sous prétexte de lutter contre les inégalités, une façon de faire des affaires à travers la générosité en multipliant les richesses de ses dirigeants, nourrissant ainsi un système destructeur ; un système de fonds d'investissements et placements financiers très profitables que le journaliste Lionel Astruc analyse et nomme « l'art de la fausse générosité », ou le « philanthro-capitalisme », dans son essai consacré à la fondation Gates[23]. En réalité, beaucoup des investissements des partenaires de la Fondation sont réalisés dans les domaines de l'armement, des énergies fossiles, les laboratoires pharmaceutiques, les OGM (Monsanto), l'industrie alimentaire (Coca-Cola, McDonald's), entre autres — secteurs financièrement très rentables[réf. souhaitée][24].
58
+
59
+ Bill Gates a manifesté son intérêt pour la géo-ingénierie. Il s'intéresse notamment à la capture du dioxyde de carbone dans l’air et à la dispersion d'aérosols soufrés[25]. Une étude de l'Université de Lund sur les super-émetteurs a montré qu'en 2017, Gates avait entrepris 59 vols en jet privé; cela signifie qu'il a parcouru plus de 200 000 miles aériens en 2017[26]. Cela correspond à une émission de CO2 de 1 600 tonnes. Les émissions de CO2 de Gates équivalent donc aux émissions de CO2 d'environ 10 000 personnes en moyenne[26]. Gates fut interrogé sur l'étendue de ses voyages aériens. Il appelle cela le "plaisir coupable" ("guilty pleasure")[27].
60
+
61
+ Il a également montré un intérêt pour les substituts de viande, en apportant en 2013 son soutien à l'entreprise Beyond Meat ; ayant essayé un produit à base de plante de la compagnie tentant d'imiter l'aspect et le goût de la viande de poulet, Bill Gates aurait déclaré qu'il « ne pouvait pas faire la différence entre le poulet Beyond Meat et le vrai poulet »[28],[29].
62
+
63
+ Bill Gates a publié sous son vrai nom en 1979 un article de recherche concernant le tri de crêpes[30],[31].
64
+
65
+ Bill Gates est un joueur de bridge assidu[32]. Son partenaire préféré est Warren Buffett.
66
+
67
+ Bill Gates a investi dans Bridge Base Online (BBO). Le fondateur de BBO, Fred Gitelman (en), lui avait été présenté par Warren Buffett, et c'est au cours d'une partie de bridge où Gitelman faisait le quatrième que Gates a décidé d'investir dans BBO. Gates détient 20 % de BBO. Il fait aussi régulièrement des tournois de haut niveau avec des champions sur BBO[33].
68
+
69
+ Le 1er janvier 1994, il épouse Melinda French, responsable du marketing de Microsoft, avec laquelle il aura deux filles, prénommées Jennifer Katharine (née en 1996) et Phœbe Adele (née en 2002), et un garçon, Rory John (né en 1999).
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+ Il habite avec sa famille au bord du lac Washington près de Seattle dans une maison estimée à 131 millions de dollars[34].
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+ Une huile est un corps gras qui est à l'état liquide à température ambiante et qui ne se mélange pas à l'eau.
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+ Les huiles sont des liquides gras, visqueux, d'origine animale, végétale, minérale ou synthétique. Elles se différencient des graisses qui sont pâteuses dans les conditions normales d'utilisation. Le beurre n'est pas considéré comme une huile bien qu'il soit liquide dans certains pays chauds. Dans les pays tempérés, certaines huiles, normalement liquides, peuvent se figer par temps froid.
4
+
5
+ Le nom est issu du latin oleum (« huile d'olive »), qui a donné en ancien français olie, oile (d'où l'anglais oil), puis uile (XIIIe siècle). Le h initial n'a aucun caractère étymologique. En effet, il a été ajouté à partir du XIIIe siècle pour empêcher la lecture du u initial comme un v, car ces deux sons se notaient par le seul et unique v[1]. L'ajout d’un h a donc permis d'éviter la confusion entre uile et vile (ancienne graphie de ville, d'où vilain) (voir également huit, huître, huis).
6
+
7
+ Le vocable latin oleum, dérivé du latin olea « olivier » et « olive », est un proche parent du grec ἔλαιον (elaion), « huile d'olive, huile »[2], mot issu du grec ἐλαία (elaia), « olivier »[3].
8
+
9
+ Les huiles végétales et animales sont essentiellement constituées de triglycérides, c'est-à-dire des esters de glycérine (ou glycérol) et d'acides gras qui se différencient par la nature et le pourcentage relatif d'acides gras.
10
+
11
+ Du point de vue des utilisations, on différencie :
12
+
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+ Les huiles minérales peuvent être différenciées :
14
+
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+ Certaines huiles alimentaires peuvent aussi avoir un usage technique (p. ex. l'huile de lin), ou un usage cosmétique, par exemple l'huile d'argan.
16
+
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+ Note : le beurre, le suif, le saindoux, etc. sont des graisses d'origine animale, mais les graisses utilisées en lubrification résultent du mélange de deux constituants essentiels, une huile de base et un savon, auxquels on adjoint de petites quantités d'autres substances ou additifs.
18
+
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+ Les huiles essentielles, obtenues par divers procédés d'extraction, dont la distillation, en raison de leur très faible concentration dans le produit de base, ne contiennent pas de triglycérides. Elles sont utilisées dans les parfums, les huiles parfumées et les produits de soins corporel.
20
+
21
+ Les principaux acides gras que l'on trouve dans les huiles sont l'acide oléique, l'acide palmitique, l'acide linoléique et l'acide stéarique.
22
+
23
+ Les huiles végétales sont pour certaines comestibles et pour d'autres seulement utilisées dans l'industrie, en peinture, en savonnerie ou en pharmacie.
24
+
25
+ Les principales huiles végétales, en termes de production, sont :
26
+
27
+ Voir aussi la liste des principales huiles alimentaires.
28
+
29
+ Il existe aussi des matières grasses végétales à l'état solide à température ambiante : beurre de karité, beurre de cacao...
30
+
31
+ Les huiles animales sont aussi utilisées dans l'industrie, en peinture, en savonnerie ou en pharmacie. Les principales huiles et graisses animales sont :
32
+
33
+ Les huiles minérales sont obtenues par distillation de la houille, du pétrole ou de certains schistes bitumineux et servent essentiellement comme lubrifiants des organes mécaniques des machines et des moteurs. Elles sont également souvent utilisées dans les produits cosmétiques.
34
+
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+ Une tache d'huile minérale sur un papier peut être éliminée en chauffant suffisamment, ce qui n'est pas le cas pour une tache d'huile végétale ou animale.
36
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+ Les huiles végétales (huile de colza...) et les huiles animales (huile de baleine...) furent utilisées comme combustible depuis des temps très anciens, notamment dans les lampes à huile. Elles étaient encore utilisées au XVIIIe siècle comme source principale d'éclairage. Avec l'arrivée du gaz d'éclairage début XIXe siècle, l'huile restera la source d'éclairage principale, souvent à l'intérieur des habitations, presque toujours, dans les régions où le gaz d'éclairage ne s'est pas implanté. Pour obtenir du gaz d'huile, on distillera l'huile de colza et de l'huile de baleine. Le bon pouvoir éclairant du gaz d'huile, en fera un concurrent sérieux au gaz de houille majoritaire. Il sera probablement utilisé dans des contextes où l'intensité lumineuse doit être privilégiée sur l'économie.
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+ Les huiles minérales furent aussi utilisées comme combustible, notamment dans des lampes à huile. Les historiens de l'Antiquité rapportent des usages très anciens du naphte, les affleurements de pétrole que l'on trouve fréquemment au Moyen-Orient et en Asie centrale. L'industrie pétrolière naît en Roumanie en 1857, et la première raffinerie à Ploieşti, alimente les 1 000 lampes à huile de l'éclairage public de Bucarest[5]. Fin XIXe siècle, les pétroles se déversent progressivement sur le marché européen. On utilise les résidus visqueux de la distillation du pétrole (Bitumes), lesquels sont à bas prix et les huiles minérales pour la production de gaz combustible[6] : le gaz de pétrole, le gaz Pintsch et le gaz Blau seront utilisés comme gaz d'éclairage notamment dans les voitures de chemin de fer et dans les phares, et comme carburant dans certains dirigeables.
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+ Avec les développements de l'électricité (1880), du pétrole, et du gaz naturel (1960), les applications de l'huile, comme combustible liquide, ou gaz combustible, disparaissent peu à peu.
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+ Les huiles végétales (mais plus largement la biomasse) suscitent un nouvel intérêt dans des applications de gazéification et de cogénération.
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+ Les huiles suscitent un intérêt particulier comme carburant dès 1891 avec les expériences de Rudolf Diesel sur ses moteurs.
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+ Actuellement deux grandes voies d'utilisation sont ouvertes :
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+ Les huiles proviennent du palmier à huile, du tournesol, du colza, du jatropha ou du ricin et sont extraites par pressage (écrasement) à froid, à chaud, voire avec un solvant organique.
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+ En industrie (pompes, chaînes de convoyages).
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+ L'usage du beurre dans les savons de Marseille est proscrit par Jean-Baptiste Colbert de Seignelay au profit de l'huile d'olive. En 1829 on emploie dans les savons, principalement de l'huile d'olive, d'œillette et de noix[7]. Il faut par la suite ajouter huile d'arachide, huile de coprah, huile de palme, huile de palmiste. Suif et saindoux - des graisses animales - sont également employés.
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+ Les huiles sont employées comme liant, ou sous forme d'huile essentielle comme dissolvant, dans la confection des peintures, des vernis et des mastics.
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+ En peinture, depuis le début du XIXe siècle, plusieurs espèces d'huiles sont utilisées, tant pour broyer que pour détremper les couleurs :
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+ L'huile de lin, l'huile d'œillette sont naturellement siccatives. L'huile de noix est semi-siccative.
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+ Les liquides propres à dissoudre les résines qui entrent dans la composition des vernis sont appelés dissolvants - Ces dissolvants sont l'éthanol (esprit de vin), l'essence éthérée de térébenthine, l'huile d'aspic, l'huile de lavande, et les huiles siccatives d'œillet, de lin, etc.[Q 3]
62
+
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+ L'essence de térébenthine, huile essentielle, sert ordinairement à détremper les couleurs broyées à l'huile ; si elle n'ajoute pas à l'adhérence que procure l'huile de lin, et si même elle détruit son brillant, elle a aussi l'avantage, par sa limpidité, de donner aux couleurs plus de développement, de les rendre plus brillantes, et de les faire plus promptement sécher. L'essence sert encore sous la molette pour mélanger certaines couleurs, lorsqu'elles doivent être détrempées au vernis. Elle agit encore comme mordant sous le pinceau qui trace les veines lorsqu'il s'agit d'imiter le bois d'acajou ; enfin elle est le dissolvant de toutes les résines propres à la composition des vernis gras et des vernis à l'essence[Q 4].
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+ Un film d'huile répandu sur de l'eau permet de diminuer la fluidité, donc calme le mouvement de l'eau.
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+ J.M. Morisot, Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment. Vocabulaire des arts et métiers en ce qui concerne les constructions (Peinture dorure), Carilian, 1814 (lire en ligne)
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+ L'humanisme est un mouvement de pensée européen pendant la Renaissance qui se caractérise par un retour aux textes antiques comme modèle de vie, d'écriture et de pensée[N 1]. Le terme est formé sur le latin : au XVIe siècle, l'humaniste, « l'humanista » s'occupe d'humanités, studia humanitatis en latin : il enseigne les langues, les littératures et les cultures latines et grecques. Plus largement, le terme humanitas est pris dans le sens cicéronien et représente « la culture qui, parachevant les qualités naturelles de l'homme, le rend digne de ce nom[1] ». L'humanisme au sens d'étude littéraire et philologique de la culture antique côtoie ce sens élargi pendant toute la période et encore aujourd'hui dans l'historiographie.
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+ C’est avec Pétrarque (1304-1374) que naît en Italie l'humanisme. Le poète commence par recueillir les inscriptions sur les vieilles pierres de Rome et poursuit dans les manuscrits sa quête des Anciens. Il retrouve ainsi des lettres de Cicéron, ressuscite un écrivain statufié par les écoles. Il s’illustre également en détectant un faux document au profit de son souverain. Lorenzo Valla (1407-1457), lui aussi traque la vérité historique, préconisant l’étude philologique des textes et le retour à la pureté classique. Parti d’Italie, le courant humaniste rayonne dans toute l’Europe.
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+ Mouvement de pensée né en Italie au XIVe siècle, il prend sa source dans l'essor de la culture laïque qui éclot à cette époque dans les cités italiennes[2]. Touchant différents arts dès cette époque (peinture, sculpture, littérature), il évolue rapidement et touche également la philosophie et la religion par la suite.
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+ Le milieu initial où nait la culture humaniste est l'Italie septentrionale, où les cités états génèrent un foisonnement culturel dû, en partie, à leur ouverture sur le monde et leurs rivalités[2].
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+ Le milieu des lettrés italiens connait un foisonnement d'activités littéraires surtout historiques, pour partie dues à des érudits qui ne sont pas des professionnels. De nombreux notaires, scribes de chancellerie, juges, médecins, marchands, banquiers, se mettent à écrire des histoires de leurs cités, pour en vanter les mérites. Ces personnes écrivent aussi leurs vies, pour édifier leurs successeurs, et insèrent dans leurs récits des réflexions philosophiques et religieuses[2].
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+ Florence connait de nombreux prosateurs, tels Ricordano Malispini (it)[3], Dino Compagni[4] ou Filippo Villani le Jeune[5]. Venise a Martino Canal ou Andrea Dandolo, Asti a Ogerio Alfi, Padoue a Rolandino[4].
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+ Plusieurs personnalités commencent également avant même le trecento à traduire de la poésie en langue vulgaire. Au sein de la cour de Palerme de Frédéric II, plusieurs poètes tentent de restituer l'amour courtois en un sicilien mêlé de latin et de dialectes provençaux. Au début du trecento, l'école du dolce stil novo chante également l'amour et la femme, en mêlant leurs textes de philosophie et de considérations morales. Composé principalement de Guido Cavalcanti, Guido Guinizelli ou Cino da Pistoia, ils comptent Dante parmi leurs jeunes élèves[6]. En parallèle, un autre mouvement entreprend de reprendre la poésie antique en voie de redécouverte. Né à Padoue dans le second XIIIe siècle autour de la figure du juge Lovato Lovati, il se poursuit avec Albertino Mussato à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe[7].
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+ Au sein d'un milieu où les travaux intellectuels en langue vulgaire se multiplient, Dante Alighieri est le premier « à avoir élevé le parler véhiculaire de ses concitoyens en une authentique langue littéraire »[8]. Sans avoir été l'unique personne à travailler en ce but, le poète florentin est celui qui accomplit une révolution majeure, notamment avec la Divine Comédie.
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+ Commençant une carrière politique importante, il voit sa vie basculer en 1301 lorsque le parti gibelin prend le pouvoir et l'exile en tant que Guelfe. Durant les vingt années suivantes, jusqu'à sa mort, il erre de cité en cité, de protecteur en protecteur. C'est durant cette période qu'il écrit l'essentiel de son œuvre, avec laquelle il espère fonder une langue pure qui souderait les cités italiennes entre elles. Cette utopie, qu'il partage avec plusieurs lettrés, se base sur le fait que les peuples italiens disposent d'une culture commune, qu'une langue pure doit permettre de diffuser pleinement[9]. Cette œuvre a un impact immense dès sa diffusion. « Le public italien cultivé de l'époque a pour la première fois la sensation d'appartenir à une civilisation qui, même dans sa variété et son polycentrisme, a des fondements communs »[10].
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+ Dante est pleinement un humaniste à la fois par le rapprochement entre son état personnel et la condition de l'homme en général, mais aussi par les intonations lyriques, pathétiques, puissantes imprégnant son œuvre[11].
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+ Après les fondateurs du mouvement que sont Pétrarque et Boccace, de nombreux savants étudient les auteurs anciens d'une nouvelle manière, proprement humaniste. Critique philologique et contextualisation des auteurs démarquent fortement ce mouvement intellectuel des renaissances médiévales précédentes. Une autre nouveauté est la naissance d'un enseignement du grec et de l'hébreu en Europe.
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+ Les deux hommes, malgré des parcours différents, sont les archétypes de l'humaniste de la Renaissance. Brillants manipulateurs de la langue vulgaire autant que du latin, chercheurs inlassables de textes anciens qu'ils exhument et diffusent, ils écrivent des textes en touchant à de nombreux genres : conte, histoire, philosophie, biographie, géographie. Mais ni Pétrarque ni Boccace ne seront reclus, ils sont partie prenante de la vie publique de leurs cités. Les deux, enfin, sont des passerelles entre la culture classique et le message chrétien. Très connus et célébrés de leur vivant, ils appuient de nombreux autres savants humanistes, diffusant leur savoir et leur méthode[12].
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+ Si le centre le plus notable de l'humanisme à cette époque est Florence, avec notamment Coluccio Salutati, chancelier créant la première chaire de grec dans la cité, il n'est pas le seul. Tout d'abord, les humanistes se déplacent beaucoup d'une ville à l'autre, et de nombreuses principautés cherchent à s'attacher les services de ces savants. Ainsi, de nombreux papes du XVe siècle comme Nicolas V, Pie II ou Sixte IV cherchent à attirer de grands noms dans l'Université romaine, tels Laurent Valla, Théodore de Gaza, Argyropoulos[13].
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+ La nouveauté radicale commune à tous ces savants n'est pas de rechercher, exhumer et diffuser des textes antiques, de telles entreprises ayant été menées à bien lors de l'époque carolingienne ou au XIIe siècle. Mais bel et bien la critique que ces savants portent à ces textes. Ils sont conscients des deux décalages propres aux textes qu'ils lisent issus de l'antiquité : le contexte et la déformation dues aux copies. Ils s'efforcent ainsi tout autant de retrouver par la recherche philologique le texte initial dans sa plus grande justesse, que de retrouver le contexte dans lequel il a été rédigé, pour en comprendre le sens originel[14].
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+ Par ailleurs, un enseignement de la langue grecque se développe dans de nombreuses cités. Rendu possible par l'exode de nombreux savants byzantins avant et surtout après la conquête turque de l'Empire byzantin, il permet de redécouvrir de nombreux auteurs anciens à partir des textes d'origine. Le premier d'entre eux est Platon, dont la philosophie conquiert l'Europe. Mais Thucydide, Xénophon, Hérodote, Ptolémée, Strabon, Aristophane, Eschyle sont découverts, et traduits ensuite en latin[15].
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31
+ Avant sa relecture dans le texte, au Moyen Âge, Platon n'est guère connu. Il revient en Europe notamment avec Giovanni Aurispa, qui ramène dans les années 1430 à Florence les œuvres complètes en grec du philosophe achetées à Constantinople. Peu après, le savant byzantin Gemiste Pléthon vient en Italie et diffuse la pensée platonicienne. Une controverse entre partisans de la philosophie d'Aristote et de Platon voit alors le jour. Cosme l'Ancien soutient l'étude de Platon en soutenant Marsile Ficin et en fondant ce qui allait devenir l'"Académie de Florence". Ficin traduit progressivement en latin une grande partie de l'œuvre de Platon[16].
32
+
33
+ La Renaissance n'a pas dépendu de l'imprimerie pour apparaitre et exister. De grands humanistes de la Renaissance italienne, comme Pétrarque, sont morts avant l'invention de l'imprimerie. Les découvertes majeures des textes classiques étaient déjà faites : dans les universités italiennes, la studia humanitatis était en place. De même, dans les universités d'Europe, le mouvement intellectuel de la Renaissance était déjà en cours[17].
34
+
35
+ Cependant, sans avoir un rôle soudain, l'imprimerie va jouer un rôle clé dans la diffusion des idées humanistes, en accélérant fortement le processus parti de l'Italie vers l'Europe du Nord. La Renaissance italienne s'est déroulée en trois ou quatre générations. Grâce à l'imprimerie, la Renaissance des autres pays d'Europe s'effectue en moins de deux générations[17].
36
+
37
+ L'imprimerie permet une augmentation exponentielle du nombre d'ouvrages. Ainsi, la première édition de la Bible de Gutenberg (1455) est estimée avoir été tirée à, selon les historiens, entre 70 et 270 exemplaires, puis le tirage pour une seule édition augmente progressivement jusqu'à mille. Au XVIe siècle, à Venise, l'édition de mille exemplaires devient la norme habituelle pour les titres dont on espère une vente ordinaire. Les « best sellers », dont on espère une vente à l'échelle européenne, peuvent être tirés jusqu'à quatre ou cinq mille exemplaires[18]. À cela s'ajoutent les éventuelles ré-éditions et contre-façons qui peuvent être faites par d'autres imprimeurs concurrents (absence de copyright à cette époque, jusqu'à l'apparition du privilège)[19].
38
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39
+ D'abord chers, les livres deviennent accessibles à moindre coût. Les premiers ouvrages imprimés (incunables) pouvaient valoir entre 2 et 8 ducats par volume, un professeur d'université de modeste réputation, gagnait entre 50 et 100 ducats par an, les plus fameux jusqu'à 200 ducats et plus. Aux débuts de l'imprimerie, seuls les princes, les nobles et les riches bourgeois dotés d'un revenu annuel de plusieurs milliers de ducats pouvaient s'acheter facilement des livres[18].
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+ Au cours du XVIe siècle le prix du livre chute d'un facteur dix au moins. Le prix d'un volume de 150 à 400 pages de format in-8 devient inférieur à 40 soldi (un ducat = 124 soldi), et de nombreux livres de plus petit format sont vendus à moins de 10 soldi[18]. À la fin du siècle, toute personne sachant lire, avec un revenu annuel de quelques dizaines de ducats, peut posséder quelques livres ; un professeur d'université peut se constituer une bibliothèque personnelle d'une centaine de livres ou plus ; jusqu'aux plusieurs milliers de volumes des riches collectionneurs (15 000 titres pour Fernand Colomb)[17].
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43
+ Ce processus se renforce de lui-même par le fait qu'il est plus facile d'apprendre à lire et à écrire à partir de textes imprimés que de manuscrits. Les écoliers et les adultes disposent personnellement de grammaire latine, de glossaires, et de textes élémentaires de lecture. Par cette production, l'imprimerie élargit son propre marché de lecteurs[17].
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+ L'imprimerie participe à une sorte de démocratisation du savoir. Quiconque connaissant un peu le latin, avec une connaissance élémentaire des textes classiques païens et chrétiens, est en mesure de participer aux discussions majeures de son temps (universitaires, politiques, religieuses...). De plus, les différents textes commencent à être traduits ou publiés en langue vernaculaire et non plus en langue véhiculaire comme auparavant. Durant une courte période, centrée sur le milieu du XVIe siècle, tout individu en ayant les moyens et le goût, peut constituer une bibliothèque personnelle de quelques centaines de livres représentant l'ensemble des savoirs de son temps[17]. Un exemple fameux est celui de Michel de Montaigne.
46
+
47
+ L'imprimerie favorise aussi la diversification des sujets abordés : non seulement les classiques antiques, mais aussi les auteurs médiévaux, les travaux universitaires contemporains, les romans de chevalerie, l'arithmétique commerciale, etc. d'où un éclectisme propre à l'humanisme de la Renaissance[18].
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+ Cette multiplicité est renforcée par le commerce international des livres qui se met en place au cours du XVIe siècle. Pour la diffusion des idées, les grandes villes commerciales prennent plus d'importance que les villes universitaires. Par exemple, Venise imprime des ouvrages espagnols, et Londres des ouvrages italiens. Les imprimeurs de Venise distribuent leurs ouvrages vers Londres, Madrid, Cracovie ou le Proche-Orient. La foire du livre de Francfort est la plus importante : elle se tient deux fois par an en accueillant imprimeurs-éditeurs-libraires[20], universitaires et auteurs venus de toute l'Europe[18]. De même en France, la ville de Lyon s'impose comme une grande ville d'imprimeurs.
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+
51
+ En sciences, l'imprimerie offre l'avantage de dupliquer fidèlement les illustrations (arts graphiques de la gravure), contrairement aux enluminures des manuscrits. De fait, les dessins anatomiques, les figures géométriques, les dessins de plantes ou d'animaux, les cartes géographiques, les plans de machine, etc. peuvent être figurés en milliers d'exemplaires identiques, et faire l'objet de critiques en cas d'erreur ou d'imprécision en étant corrigés. Les représentations fabuleuses ou improbables, dont on ne retrouve pas la réalité, commencent à être rejetées[17].
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53
+ Les hommes de la Renaissance ne polémiquaient pas plus que ceux du Moyen Âge, mais leurs polémiques sont fortement amplifiées par l'imprimerie.
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+ Avant l'imprimerie, deux auteurs engagés dans une discussion publique, orale ou par correspondance, n'avaient qu'une très faible audience, et il fallait de très longues années pour que la controverse s'étende. Avec l'imprimerie, c'est une affaire de semaines, voire de jours (« aussi vite qu'un auteur puisse écrire, et un imprimeur imprimer »). Les controverses ont alors une audience nationale, voire européenne. Par exemple, celle de Reuchlin sur la valeur de l'hébreu ; celle d'Érasme ; celle de Luther ; celle de Servet ; celles de Copernic et de Galilée ; ou encore la guerre des pamphlets en France au cours des guerres de Religion etc[17].
56
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57
+ Cette liberté de recherche, de conscience et d'expression s'accompagne en réaction d'une censure des textes imprimés, surtout après la séparation religieuse en Europe (Réforme et Contre-Réforme). Aussi on ne peut dire que la liberté de pensée soit apparue avec la Renaissance, mais celle-ci a bien transmis la vision optimiste d'une humanité capable de mener des recherches ouvertes sur le monde[21].
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+ L'apprentissage du grec quitte l'Italie pour se diffuser dans toute l'Europe, Les érudits s'attaquent alors à la retraduction d'œuvres majeures pour en retrouver le sens premier. Thomas More publie les Dialogues de Lucien de Samosate en 1506, Érasme propose une nouvelle traduction du Nouveau Testament en 1516, différent de la Vulgate. Des outils de travail pour retrouver une compréhension parfaite du grec sont imprimés d'abord par Guillaume Budé avec les Commentarii linguæ graecæ de 1529 et ensuite par Henri II Estienne avec le Thesaurus linguæ graecæ en 1578[16].
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+ Ce travail d'édition est basé sur l'examen comparatif des différentes versions manuscrites. Il apparait alors que les Saintes Écritures sont des documents transmis par des humains qui peuvent se tromper. Toute édition peut être révisée et améliorée, c'est aussi le début d'une approche scientifique de la critique des textes[22] ou philologie.
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+ Le terme humaniste vient du latin umanista, le professeur qui enseigne les « humanités », c’est-à-dire la grammaire et surtout la rhétorique latine et grecque. Cette acception remonte à l'éducation antique et médiévale.
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+ Un siècle avant la fin de l'Empire romain d'Orient, des Grecs érudits étaient venus en Italie et donnèrent des cours de grec à Florence. Le Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome, où échoua la tentative de rapprochement des Églises latine et orthodoxe, fit venir en Italie de grands érudits, comme le cardinal Bessarion. Avec la chute de l'Empire byzantin en 1453 et la prise de sa capitale Constantinople, de nombreux érudits se réfugièrent en Italie, emmenant avec eux leur savoir et des livres. Des chaires de grec sont créées peu à peu dans ou à côté des universités. Ces érudits jouent un rôle dans le développement de l'humanisme au sens de l'étude des textes de l'Antiquité gréco-latine, liée au progrès de la philologie et de l'édition des textes, autre activité de ces humanistes.
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+ Un siècle après les débuts de l'humanisme, la diffusion des textes fut facilitée par le développement de l'imprimerie, mise au point vers 1455 par Johannes Gutenberg à Mayence. Le nombre de livres mis en circulation augmente et des livres à moindre coût sont imprimés dès le début du XVIe siècle. En décalage de plus de cinquante ans, les humanistes améliorent les méthodes d'édition des textes antiques, par l'utilisation de la collation, de la comparaison entre manuscrits, et la discussion lancée dès 1480 sur les mérites comparés de la correction ope ingenii et de la correction ope codicii [23]fait rage tout au long du siècle suivant. De nouveaux métiers apparaissent, liés à l'enseignement, l'édition ou la réflexion sur la vie sociale. Des artistes s'inspirent de ces nouvelles idées. Le mouvement se diffuse sur tout le continent aux XVe et XVIe siècles à travers ce qu'on appelle la République des Lettres, née elle aussi avec retard, et grâce aux nouveaux lieux de sociabilité et d'émulation que sont les Académies, nées en Italie.
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+ Le terme humaniste est aussi utilisé dans un sens tout différent : il désigne un courant culturel, philosophique et politique qui propose un « modèle humain » défini comme synthèse des qualités intellectuelles, sociales, affectives, caractéristiques de la « nature humaine ». L'humanisme est un courant de pensée idéaliste et optimiste qui place l'Homme au centre du monde, et honore les valeurs humaines.
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+ Les humanistes sont passionnés par les civilisations anciennes, romaine et grecque, mais aussi araméenne et proche-orientale. Ils entreprennent d'éditer et de traduire tous les textes antiques à partir des témoins subsistants, pour certains redécouverts (comme Quintilien par Le Pogge) ou trouvés dans l'ancien Empire romain d'Orient par des Grecs chargés par les princes occidentaux d'enrichir leurs collections comme Antoine Éparque et Janus Lascaris : la Bible, directement traduite de l’hébreu ou de l’araméen, les auteurs grecs qui forment la base des études, que l'on traduit à nouveau pour ceux que l'on lisait déjà en latin des scolastiques[24] ou que l'on lit désormais de plus en plus dans le texte original. Les humanistes éditent (au sens scientifique) et expliquent les textes, se cantonnant à une approche philologique qui les différencie des philosophes qui, à la même époque, réfléchissent sur les textes, reprennent les mythes et les légendes en les chargeant de nouvelles significations ; c'est le temps d'une spécialisation naissante dans le domaine, et d'autres deviennent "antiquaires", c'est-à-dire historiens, ou géographes. Érasme critique le « langage barbare », c'est-à-dire le mauvais latin des scolastiques, leur ignorance des lettres et des langues. Une bataille s'ensuit autour de l'usage de la langue de Cicéron et du Ciceronianus, des humanistes se répondant par publications interposées comme le fait Étienne Dolet. Après une période où la Bible est traitée comme les autres textes anciens (avec par exemple l'édition des Psaumes à Paris dans plusieurs versions anciennes par Henri Estienne), les théologiens s'opposent à la traduction par Érasme du grec au latin du Nouveau Testament et peu à peu au travail des humanistes sur les textes saints, y voyant un relativisme dangereux.
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+ Érasme écrit dans les Antibarbares que seule la culture liée aux textes anciens est à même de transformer des sauvages ou des « hommes de pierre » en personnes civilisées et de mœurs honnêtes : seule la maîtrise du latin et du grec permet de faire un honnête homme. Les études sur le langage permettent aux humanistes de mettre fin à l'explication surnaturelle de la diversité des langues, à savoir le mythe de la tour de Babel.
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+ La pédagogie est pour les humanistes du XVe et du XVIe siècle un domaine particulièrement important. Il faut que l'enfant soit formé d'une manière continue et progressive, de sa naissance à l'âge adulte, et même au-delà pour devenir un homme conforme à l'idéal professé par les humanistes. Le milieu spécifique de l'homme, c'est le monde de la culture et non de la nature. Mais pour l'enseignement les humanistes s'opposent au "dressage" traditionnel où coups, sévices, supplices sont monnaie courante. À ce sujet Érasme déclare en 1529 « Il faut former les enfants à la vertu et aux lettres dans un esprit libéral et cela dès la naissance ». Il s'oppose aux châtiments corporels dans l’enseignement : « Ce genre de formation, d’autres l’approuvent, moi, je ne pousserai jamais à faire ainsi quiconque voudra que son enfant soit éduqué dans un esprit libéral […] Il est vrai que la méthode ordinaire est plus économique car il est plus facile à un seul de contraindre plusieurs par la crainte que d’en former un seul dans la liberté. Mais ce n’est rien de grand de commander à des ânes ou à des bœufs. C’est former des êtres libres dans la liberté qui est à la fois difficile et très beau. Il est digne d’un tyran d’opprimer des citoyens dans la crainte, les maintenir dans le devoir par la bienveillance, la modération, la sagesse, cela est d’un roi… [24]». Guarino à Venise, Ferrare ou Vérone, Victorin de Feltre à Mantoue, proposent une nouvelle pédagogie où le sport et les jeux de plein air sont autant à l'honneur que le latin, la rhétorique et la Bible[25]. Un des livres les plus étudiés reste ainsi l'Éthique à Nicomaque d'Aristote.
75
+
76
+ Rabelais dénonce dans Gargantua, l'éducation traditionnelle avec son dogmatisme religieux qui n’admet aucune évolution puisque fondée sur des préceptes divins. Il critique sa sévérité et son oubli du corps[26]. L'humanisme pédagogique s'oppose à l'enseignement scolastique en imposant l'étude des lettres latines et grecques dans leurs textes « authentiques ». Les idées humanistes en matière d'éducation aboutissent à la création de nouvelles écoles dans toute l'Europe où est formée la nouvelle élite administrative des États : Deventer aux Pays-Bas ou de Saint-Paul de Londres, du Corpus Christi College à Oxford, le Gymnase strasbourgeois de Sturm, le Collège trilingue de Louvain (latin, du grec et de l'hébreu)[25]. François Ier fonde le Collège des lecteurs royaux, à l'instigation de Guillaume Budé, dans le but de faire prévaloir cette pédagogie fondée sur l'étude des « humanités » antiques.
77
+
78
+ La pensée nouvelle fait une place première à l'expérimentation. Les dogmes, même issus de la bibliographie gréco-romaine, sont remis en question, et doivent passer par l'épreuve du fait (cf Bernard Palissy, Discours admirables aux Eaux et Fontaines). Ainsi se développe une pensée critique, où l'expérience scientifique permet de dégager une connaissance libre de préjugés. Artistes, lettrés et savants se lancent dans la construction d'un savoir moderne. Léonard de Vinci, par exemple, s'intéresse à l'anatomie et opère plusieurs dissections dont témoignent ses carnets de dessin. Copernic conçoit le modèle héliocentrique, en réaction au modèle géocentrique de Ptolémée et Aristote. Rabelais donne dans son Gargantua l'exemple d'une éducation idéale et universelle, ajoutant aux langues anciennes la connaissance des mathématiques, de l'astronomie et des sciences naturelles.
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80
+ Les humanistes prônent des valeurs morales et intellectuelles contenues dans la littérature gréco-latine et leur adaptation à des besoins nouveaux. De ce fait certains scolastiques les accusent de paganisme. Pour les humanistes, la philosophie grecque a préparé le monde à la religion chrétienne, celle de l'Évangile, des Épîtres de saint Paul et des Pères de l'Église.
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+ Érasme est un des plus fervents partisans de l'humanisme chrétien. Il fait la conjonction entre la religion et la liberté dans son livre de 1503, Enchiridion militis christiani. À une religion basée sur un ritualisme sans âme et des obligations comme la messe dominicale, il oppose une religion de l'homme s'adressant directement à Dieu[27]. À sa suite, l'humanisme chrétien touche exclusivement les pratiques ecclésiastiques, et non pas la religion. À ce titre, les humanistes sont en partie à l'origine de la Réforme protestante du XVIe siècle introduite par Martin Luther en Allemagne et Jean Calvin à Genève. En 1524, Érasme se lance dans une controverse avec Luther en publiant Essai sur le libre-arbitre. Le réformateur allemand y répond par l' Essai sur le serf-arbitre. Les débats portent sur la liberté de l'homme et la manière dont celui-ci l'utilise face à la Grâce divine[27].
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+ Les humanistes sont en général pacifistes et cosmopolites. Même quand ils sont au service d'un prince, comme Guillaume Budé, ils font passer leurs impératifs moraux avant les considérations politiques. Érasme, quant à lui, est un temps conseiller de Charles Quint. En 1516, il écrit L'Institution du prince chrétien. Il y loue la notion de bien commun dans un État où le devoir du peuple est mis en parallèle avec celui du prince[27]. Parfois ils envoient des lettres ou dédient leurs ouvrages à un souverain pour essayer d'exercer une influence salutaire sur leurs décisions politiques. Ils proposent volontiers des réformes politiques comme Érasme dans L'Éloge de la Folie en 1511, Thomas More dans l'Utopie en 1515-1516, Rabelais dans Gargantua en 1534. À Florence, tout au long du XVe siècle et même au début du XVIe siècle, les grands humanistes de la ville sont aussi les Chanceliers de la République : Leonardo Bruni, Ange Politien, Nicolas Machiavel...
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+ Pour une première approche sur l'Italie humaniste à la Renaissance :
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+ République libanaise
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+ (ar) الجمهورية اللبنانية
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+ 33° 52'48. N, 35° 29'60e
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+ Le Liban (en arabe : لبنان / lubnān), en forme longue la République libanaise[3] (en arabe : الجمهورية اللبنانية / al-jumhūriyya al-lubnāniyya), est un pays du Proche-Orient. En grande partie montagneux[4], il partage ses frontières avec la Syrie au nord et à l'est sur 376 km, Israël au sud sur 79 km et, au large de ses 220 km de côtes dans le bassin levantin (partie orientale de la mer Méditerranée) à l'ouest, avec Chypre (soit l'Union européenne). Beyrouth en est la capitale.
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+ La langue officielle est l'arabe[3]. Le français, ayant perdu ce statut (il garde tout de même sa présence dans la constitution), est la langue secondaire, employée notamment dans l'enseignement (tout comme l'anglais)[5]. La monnaie officielle est la livre libanaise.
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+ Du fait de sa composition pluriconfessionnelle, le Liban est doté d'un système politique fondé sur une répartition du pouvoir proportionnelle au poids de chaque communauté religieuse, c'est le confessionnalisme[6].
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+ Comme entité géopolitique et tel qu'il existe dans ses frontières actuelles, l'État libanais est créé en 1920 sous le nom de Grand Liban par la France (le haut commissaire français au Liban est alors le général Gouraud) par adjonction au territoire du Moutassarrifat du Mont-Liban (entité autonome de l'Empire ottoman) de territoires qui appartenaient aux deux Wilaya ottomans de Beyrouth et de Damas. La France avait été alors, à la suite du démantèlement de l'Empire ottoman, mandatée par la Société des Nations pour développer et moderniser certains territoires ex-ottomans.
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19
+ En 1926, le pays adopte sa première constitution, devient officiellement une République, prend le nom de République libanaise et crée les postes de président de la République et de président du Conseil des ministres.
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+
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+ Son histoire, son système politique et la variété de sa culture, de sa démographie religieuse et de sa géographie en font un pays à part et original du Proche-Orient. Le Liban a été occupé au cours des siècles par diverses civilisations. Il est aussi réputé pour sa gastronomie et pour sa musique.
22
+ Entre son indépendance et le début de la guerre civile qui le ravage de 1975 à 1990, le pays connaît une période de relative prospérité économique et de stabilité politique, permises par la forte croissance des secteurs du tourisme, de l'agriculture ainsi que du secteur des finances et des services (banque, assurances...)[7]. Dans cette période, le pays est de ce fait considéré comme le coffre-fort du Levant et comme « La Suisse du Moyen-Orient », en raison de son poids et de sa puissance financière. Le Liban attire alors de nombreux touristes, en grande partie parce que Beyrouth, la capitale, est connue comme le « Paris du Moyen-Orient ». Beyrouth est d'ailleurs classée par The New York Times comme la première ville à visiter pour l'année 2009.
23
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+ Immédiatement après la fin de la guerre civile, de grands efforts sont faits pour reconstruire les infrastructures du pays et une économie viable, par le biais d'investissements colossaux de l'État, de l'Arabie saoudite, de l'Union européenne et de quelques pays du Golfe Persique. Ainsi, l'IDH du Liban passe de 0,677 en 1990 à 0,803 en 2008.
25
+ En outre, au début 2006, le pays atteint un niveau de stabilité relativement élevé et la reconstruction de Beyrouth est entrée dans sa phase intensive[8]. Cette année-là, un nombre toujours croissant de touristes est enregistré. Cependant, la guerre israélo-libanaise de 2006 met un terme à l'afflux touristique et cause des dommages estimés à environ 3 milliards de dollars américains sans compter le ralentissement économique qui s'est ensuivi[9]. Le Liban reste aussi un pays très inégalitaire, où les 1 % les plus riches détiennent 40 % des richesses[10].
26
+
27
+ Le nom Liban vient de la racine sémitique lbn signifiant « blanc » ou « lait », en référence au manteau neigeux qui recouvre les montagnes libanaises en hiver, un paysage plus que singulier dans cette région aride et déficitaire en eau qu'est le Proche-Orient. Le nom du pays est mentionné dans trois des douze tablettes de l'Épopée de Gilgamesh (2900 av. J.-C.), dans des textes de la bibliothèque d'Ebla (2400 av. J.-C.), ainsi que dans la Bible, où il est attesté 71 fois[11],[12].
28
+
29
+ Une seconde explication l'associe au nom de l'encens, qui provient de l'arbre à parfum appelé loubân par les Sémites. Cet arbre poussait jadis partout sur les montagnes libanaises et produisait au printemps des fleurs blanches qui répandaient un parfum unique en son genre[réf. souhaitée].
30
+
31
+ Le drapeau du Liban est composé de trois bandes horizontales, deux rouges sur les parties supérieures et inférieures et une blanche au milieu faisant le double d'une rouge. Selon le programme scolaire officiel d'instruction civique, les bandes rouges représentent le sacrifice pour l'ind��pendance, notamment celui des martyrs de l'époque ottomane, et la bande blanche représente la neige qui recouvre les montagnes du Liban ainsi que la pureté et la paix.[réf. nécessaire] Le drapeau est frappé en son centre d'un cèdre vert, le cèdre du Liban (Cedrus libani Pinacées), qui est l'emblème du pays.
32
+ Son bois, imputrescible et très léger, aurait servi à la construction du Temple de Salomon à Jérusalem. Les Phéniciens s'en servaient également pour la construction de leurs navires. Ce drapeau tel qu'il est date de 1943[3].
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+ Drapeau des émirs Maanides (1119-1697).
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+ Drapeau des émirs Chehabistes (1697-1842).
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+ Drapeau du Mont Liban (1842-1920).
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+ État du Grand Liban (1920-1943).
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+ République libanaise (1943).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ En bordure de la mer Méditerranée, le Liban est dès l'époque phénicienne un carrefour culturel et commercial. Sur son territoire, des communautés de confessions diverses coexistent dès les premiers siècles de l'ère chrétienne. Au Proche-Orient, le Liban présente ainsi un visage original d'un État pluriconfessionnel, dont le développement est longtemps assuré par un système bancaire parmi les plus performants au monde, ce qui lui vaut, après la Seconde Guerre mondiale, le titre de « Suisse du Proche-Orient ». Néanmoins, le Liban connaît plusieurs guerres civiles et régionales, notamment entre 1975 et 1990 où principalement Israël et la Syrie essaient de tirer profit de la situation intercommunautaire désastreuse en s'ingérant dans les affaires internes du pays.
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+ Les premières traces de peuplement du Liban remontent à entre 7 000 et 5 000 ans av. J.-C. Le territoire est décrit dans la Bible comme « la terre du lait et du miel», et c'est donc en raison de l'abondance de ces richesses que le pays a toujours attiré les conquérants tout au long des siècles. Les archéologues ont découvert à Byblos, qui est considéré comme étant « le plus vieux village du monde »[13], des restes de huttes préhistoriques, des armes primitives, ainsi que plusieurs jarres d'argile, qui semblent dater des époques Néolithique et Chalcolithique, durant lesquelles vivaient, sur les bordures de la Méditerranée, plusieurs communautés de pêcheurs[14].
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+ Le Liban fut la mère patrie des Phéniciens, ce peuple marin aventureux, rameau du peuple cananéen, qui a dominé pendant des siècles le commerce méditerranéen et fondé des comptoirs et des cités sur tout le pourtour de la Méditerranée dont Carthage, Palerme, Cadix, Tanger, Palma, la Sardaigne, la Sicile, les îles de Chypre et Ibiza, etc. Il s'ensuivit l'avènement de Cyrus II le Grand, un grand empereur perse[15]. Après 200 ans de domination perse, les Grecs, sous l'égide d'Alexandre le Grand, attaquent et assiègent Tyr en 332 av. J.-C., alors la plus grande ville phénicienne, durant sept mois[16],[17].
51
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+ Les croisés qui avaient pris goût au climat du Liban et y avaient fait souche, dès le XIIe siècle, apprirent vite que le Coran interdisait le prêt à intérêt. Le christianisme oriental ne s'y opposant pas de son côté, et les besoins de financement existant dans tous les pays du monde, ils développèrent donc des activités de banque et de finance.
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+ Au XIXe siècle, le Liban fut pris dans le conflit Turquie-Égypte, auquel se mêlent les puissances occidentales : le 2 octobre 1839 la flotte anglaise anéantit la ville de Beyrouth[18].
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+ L'Église maronite étant rattachée à Rome depuis ses origines qui remontent au Ve siècle, les maronites ont beaucoup contribué à l'importation de la culture occidentale au Liban. À partir de 1860, ils se sont établis dans les villes où sunnites et grecs orthodoxes cohabitaient déjà. La culture libanaise s'est ainsi enrichie, au gré du rapprochement géographique des communautés religieuses, des apports de l'immigration et des influences françaises et américaines. La clef de voûte de la culture libanaise a longtemps été le développement de villes cosmopolites et tolérantes.
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+ Depuis ce temps, et jusqu'à son indépendance en 1943, le pays fut sous la domination de plusieurs grandes puissances étrangères, qui marquèrent plus ou moins durablement le pays : les Perses, les Assyriens, les Grecs (Macédoniens), les Romains, les Arméniens, les Grecs byzantins, les Arabes, les Seldjoukides, les Mamelouks, les croisés qui fondèrent le comté de Tripoli et dont le créateur fut Raymond IV de Toulouse, l'Empire ottoman, et enfin la France.
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+ Entre 1915 et 1918, de 120 000 à 200 000 personnes (soit un tiers de la population) meurent d'une famine provoquée par une invasion de sauterelles, par le blocus imposé au Liban par la Triple-Entente, par les réquisitions des troupes d'occupation ottomanes et les spéculations sur le grain de grandes familles bourgeoises[19].
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+ Le pays déclare son indépendance le 22 novembre 1943, en gardant les frontières du Grand Liban de 1926, après des manifestations pendant plusieurs mois, dont émergent notamment les figures de Béchara el-Khoury et Riad El Solh et l'idée d'un Pacte national qui vise à consacrer un fonctionnement communautaire du système politique, où notamment la Présidence de la République serait laissée aux chrétiens, et le poste de Premier Ministre aux musulmans[20].
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+ Présenté pendant les années 1950 à 1970 comme la « Suisse du Moyen-Orient », du fait de la présence de nombreuses banques notamment, le Liban connaît alors un fort développement de son économie, de ses infrastructures et de son État, particulièrement sous les présidences de Camille Chamoun et Fouad Chéhab.
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+ Mais dans le même temps, le pays est aussi confronté à ses propres tensions sociales, communautaires, et aux conséquences de la création d'Israël. Celle-ci provoque l'afflux de 120 000 Palestiniens dès 1948. Le Liban est aussi graduellement impliqué dans le conflit israélo-palestinien, à plus forte raison à partir de la fin des années 1960, avec les Accords du Caire, et après Septembre noir. L'accord est souvent présenté comme un basculement qui ouvrira la voie à une longue guerre civile (1975-1990) où se mêleront aspects politiques, religieux mais aussi quasi-mafieux[21].
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+ Occupé par la Syrie depuis l'accord de Taëf en 1989, jusqu'à la libération en 2005, la Deuxième république libanaise s'appuie sur une classe politique d'anciens « seigneurs de la guerre », et connaît une grande instabilité de ses trois pouvoirs qui lui fait traverser de nombreuses crises politiques (notamment la crise de 2008, ou en 2014-2016 avant l'élection du président Michel Aoun). Dans le même temps, le pays reste confronté à des enjeux régionaux de taille, que ce soit la confrontation avec Israël (Conflit Israélo-libanais de 2006) ou bien le conflit syrien.
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70
+ Le Liban est une démocratie parlementaire. Son fonctionnement est confessionnel[22]. Le fonctionnement institutionnel est régi par la constitution du 23 mai 1926 et la pratique (non-écrite) du Pacte national, qui a été modifiée six fois depuis, la modification la plus importante étant l'accord de Taëf qui réorganise le partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses.
71
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72
+ Jusqu'en 1975, Freedom House considérait le Liban comme un des deux seuls pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (avec Israël) à être un pays libre[23]. Le pays perdit ce statut au cours de sa guerre civile (1975-1990) et ne l'a jamais regagné depuis. En 2013, le Liban est considéré comme « un pays partiellement libre »[23].
73
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74
+ La Constitution énonce que le Président, usuellement un chrétien maronite[24], est élu par le Parlement (Majlis Al Nuwab ou Chambre des députés) à la majorité des deux-tiers et pour six ans. Il n'est pas directement rééligible (sauf si l'article 49 de la Constitution venait à être modifié). Par l'accord de Taëf, ses pouvoirs ont été réduits au profit du Conseil des ministres réunis. Le Premier ministre doit être musulman sunnite et il est responsable devant les députés ainsi que le président de l'Assemblée nationale, qui lui doit être musulman chiite. Le vice-premier ministre et le porte-parole du gouvernement sont des chrétiens orthodoxes. L'Assemblée nationale comporte 128 sièges, répartis entre chrétiens et musulmans, qui sont élus au suffrage universel direct selon un système électoral complexe et « segmenté par la religion ». C'est le confessionalisme, que la Constitution prévoit qu'il soit aboli en œuvrant « suivant un plan par étapes ».
75
+
76
+ Dans ses mémoires[25], le président français Jacques Chirac a admis avoir proposé à Damas cinq noms pour que la Syrie choisisse l'un d'eux comme chef de l'État libanais : ce fut, en 1998, Émile Lahoud. Ceci illustre, au travers de la diplomatie, l'influence des deux puissances sur le Liban.
77
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78
+ Les composantes de la classe politique libanaise sont étroitement liées aux influences régionales qui profitent de la porosité et des divisions confessionnelles du Liban. Les dirigeants libanais sont issus de grandes familles qui règnent depuis des décennies sur la scène politique libanaise, et qui tiendraient plus à leurs alliances à l'extérieur qu'à leurs positionnements programmatiques. La division en deux camps est avant tout celle des élites engagées dans une lutte effrénée pour le pouvoir et les avantages qu'il procure.
79
+
80
+ La classe politique libanaise est aujourd'hui divisée principalement entre l'Alliance du 14-Mars et la majorité présidée par Saad Hariri. L'Alliance du 14 mars représente la minorité parlementaire appuyée par l'Occident ; elle comprend le Courant du futur, dirigé par le député sunnite Saad Hariri, le parti des Forces libanaises dirigé par Samir Geagea, chrétien maronite, ainsi que les Phalanges libanaises (Kataeb) dirigées par Amine Gemayel, chrétien maronite. La majorité actuelle est regroupée autour du Bloc du changement et de la réforme (10 ministres et 27 députés) présidé par le général chrétien Michel Aoun, du tandem chiite Hezbollah-Amal (six ministres et 28 députés) et de la coalition Mikati-Sleiman-Joumblatt (12 ministres et autant de députés). Le Bloc aouniste et le tandem chiite constituent, avec quelques autres partis, ce que les médias nationaux appellent communément le « Mouvement du 8 Mars », en référence à une manifestation du Hezbollah en 2005.
81
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+ Le Liban est composé d'une dizaine de communautés religieuses et les tensions entre les communautés ont marqué l'histoire du Liban contemporain[26].
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+ Depuis l'indépendance de 1943, le fonctionnement de la vie politique libanaise repose sur le Pacte national de 1943, un compromis communautaire non écrit entre les trois communautés majoritaires : sunnites, chiites et maronites. Les sunnites acceptent l'indépendance du Liban et ne cherchent pas à unifier le pays avec la Syrie. Les maronites reconnaissent le caractère arabe du pays et ne demandent plus l'aide des pays occidentaux. Les plus hautes fonctions de l'État sont réparties entre les communautés : les maronites obtiennent la présidence de la République et de ce fait le commandement de l'Armée, les sunnites obtiennent le poste de premier ministre et les chiites, le poste de président de l'Assemblée nationale.
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+ La question de la naturalisation des réfugiés palestiniens est aussi une source de tensions intercommunautaires. Les 455 000[27] réfugiés palestiniens sont regroupés dans une quarantaine de camps. Les réfugiés attendent le droit au retour en Palestine ou une naturalisation, ainsi qu'une amélioration de leurs conditions de vie. La naturalisation des réfugiés créerait un changement démographique très important dans un pays de 4 millions d'habitants. Les réfugiés sont en grande partie sunnites et les chrétiens et musulmans chiites s'opposent à leur naturalisation craignant d'être affaiblis, tandis que les sunnites y sont favorables et défendent la « cause » palestinienne. L'intégration des réfugiés dans l'économie libanaise inquiète aussi les Libanais, le taux de chômage et la dette étant déjà élevés. C’est de cette divergence d’intérêts que naît en 1975 la guerre du Liban qui déchire le pays pendant 17 ans. Pendant la guerre civile, le parti chiite représenté par le mouvement Amal se scinde en deux avec la création du Hezbollah, défendant notamment le droit au retour des Palestiniens.
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+ Le nouvel afflux massif (1,5 millions de personnes) de réfugiés[28]), majoritairement sunnites, venus de Syrie depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, vient doubler ces tensions, en particulier dans la ville de Tripoli avec des affrontements armés entre sunnites libanais et alaouites libanais.
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+ Dès le début des années 1980, le Liban du Sud est envahi par l’armée israélienne (Opération Litani) dans le but de miner l’assise territoriale de l’Organisation de libération de la Palestine. Les chiites qui sont majoritaires dans cette région, sont les principales victimes de l’occupation et des conflits. Or, l'État libanais les a longtemps laissés en marge du développement et n'a pas cherché à les protéger de cette occupation, l'essentiel du pouvoir étant partagé entre les chrétiens et les sunnites en vertu du Pacte national de 1943. L’histoire d’un chiite du Sud est radicalement différente de celle d’un chrétien ou d'un sunnite du Nord du Liban. Israël est un acteur central dans l’histoire de la communauté chiite du Sud-Liban. Ainsi, dès le début des années 1980, les chiites adoptent une conscience politique qui leur est propre : la lutte contre le manque de développement, incarné par le parti Amal, et la lutte pour la résistance à Israël, fer de lance du Hezbollah. Aujourd’hui, le Hezbollah est considéré comme la meilleure défense de cette communauté[réf. nécessaire], et la guerre de juillet 2006. Aujourd’hui, il n’existe pas, pour la communauté chiite, d’alternative politique à Amal et au Hezbollah pour défendre leurs intérêts, les chiites craignant qu'on les fasse retomber à leur statut social bas. Par ailleurs, le Courant patriotique libre, un parti chrétien, a signé un protocole d'entente mutuelle avec le Hezbollah le 6 février 2006.
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+ Toutefois, l'armement militaire du Hezbollah et celui de plus faible envergure d'Amal suscitent les craintes de l'Alliance du 14-Mars, regroupant une majorité des musulmans sunnites et une partie des druzes et des chrétiens. Ces tensions se sont manifestées pendant les incidents du 7 mai 2008 qui ont opposé d'une part le Hezbollah, Amal et le Parti social nationaliste syrien (PSNS), et d'autre part des milices sunnites de Beyrouth, majoritairement partisanes du Courant du futur, et la milice druze de Walid Joumblatt. Le Hezbollah justifie son armement par la nécessité de pouvoir riposter aux attaques israéliennes contre le Liban, faire pression pour demander le retrait israélien du secteur des fermes de Chebaa, le retour des Libanais prisonniers en Israël et le droit au retour des réfugiés palestiniens. Les partisans du désarmement du Hezbollah craignent qu'il importe d’Iran au Liban l’idéologie islamique de la révolution iranienne pour former un croissant chiite dans la région, tel que revendiqué par le Hezbollah lors de sa création. Depuis 2009, cette revendication ne figure plus dans la charte politique du Hezbollah[29]. Téhéran ne revendique toutefois qu'une partie de ce soutien et compare ses relations avec le Hezbollah à celles qu'entretiennent les États-Unis avec Israël et les partis pro-occidentaux. Aujourd’hui, le Hezbollah se démarque de sa filiation originelle, et affirme qu’il s’est « libanisé » puisqu’il se veut coopératif avec l’ensemble des institutions libanaises[réf. souhaitée].
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+ Par ailleurs, la composition de la diaspora libanaise dans le monde met en corrélation la destination et la religion : les chrétiens ont majoritairement émigré vers l’Europe, les États-Unis ou le Brésil, les musulmans se regroupant plutôt en Afrique, et notamment en Afrique de l'Ouest[30]. En revanche, tous se retrouvent dans les pays du Golfe. Quant à l’influence politique des émigrés dans leur pays d’accueil, elle est contrastée : au Brésil les descendants de Libanais occupent de nombreux postes politiques très haut placés.
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+ Si les tensions entre communautés prennent des formes extrêmes, c'est en partie parce que les traditions locales n'offrent pas des régulateurs, ou des médiateurs, reconnus par tous. Aussi, nombre de personnalités politiques encouragent le dialogue inter-religieux, en mettant en avant la figure de la Vierge Marie, personnalité majeure chez les chrétiens comme chez les musulmans : La Vierge est pour tout le monde, dit-on en ces pays. Les factions en présence utilisent cette figure aussi bien dans leur intérêt - en collant des images de la Vierge sur leurs obus, par exemple -, ou pour promouvoir le dialogue, le vivre ensemble, thèmes qui deviennent des causes nationales. Cette approche correspond bien à l'effort d'équilibre de gouvernance entre religions, et le gouvernement n'hésite pas à prendre en charge les infrastructures pour développer les pèlerinages, comme vers Béchouate pour Notre-Dame de Béchouate ou vers Harissa pour Notre-Dame du Liban[31].
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+ Les Forces armées libanaises comprennent 72 000 soldats[32] dont 1 100 dans les forces aériennes et 1 100 dans les forces navales[33].
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+ Les principales missions de l'armée sont la défense du pays et de sa population contre les agressions extérieures, maintenir la stabilité et la sécurité intérieure, se confronter aux menaces visant les intérêts vitaux du pays, s'engager dans des activités sociales et assurer la coordinations entre les institutions humanitaires publiques et privées.
101
+
102
+ Le Liban est un des principaux bénéficiaires d'aides financières étrangères pour son armée[34]. Depuis 2005, avec 500 millions de dollars, l'armée libanaise est la deuxième armée la plus subventionnée derrière Israël par les États-Unis[34],[35].
103
+
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+ Depuis 2003, le Liban est divisé en huit mohafazat (gouvernorats), elles-mêmes constituées de 25 cada'a (districts)[36].
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106
+ Le Liban, pays du Levant (Proche-Orient), est une étroite bande de terre bordée par la mer Méditerranée sur 240 km de côtes. Long de 250 km et large de 25 à 60 km, il a une frontière avec la Syrie sur 376 km et avec Israël, au Sud, sur 79 km. Sa superficie est officiellement de 10 452 km2 mais cette mesure, qui revêt une symbolique politique importante au Liban, est techniquement sujette à débat[37].
107
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+ Le relief est très varié : sur les 60 km de largeur du pays, le relief va de 3 089 m d'altitude jusqu'au niveau de la mer. La montagne occupe la plus grande partie du territoire.
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+ On distingue, d'ouest en est, 4 zones successives, orientées parallèlement au rivage :
110
+
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+ Étant donnée la diversité topographique du Liban, le climat varie considérablement d'une région à l'autre.
112
+
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+ Le climat est de type méditerranéen, plus rude dans les montagnes, doux à chaud et humide sur la côte, semi-aride en montagne, désertique dans l’Anti-Liban et continental dans la plaine de la Békaa. Le Khamsin, vent brûlant et sablonneux du désert, venu de Syrie, souffle en mars, mais son passage est de courte durée. Des névés persistent toute l’année et la neige peut atteindre plusieurs mètres d’épaisseur sur les montagnes libanaises.
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+
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+ Passé la première chaine de montagne, le climat devient sensiblement plus sec et acquiert un caractère steppique voire désertique dans le nord-est du pays.
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+
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+ Les saisons intermédiaires sont douces. Cependant, des écarts de températures importants peuvent apparaître, selon la région et l’altitude. Les hivers sont humides. L’été est chaud et humide sur la côte mais sec en montagne. On peut alors trouver la fraîcheur dans les collines ou dans les contreforts des monts, plantés de cyprès et de cèdres.
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+
119
+ Les précipitations sont rares de mai à octobre. La saison des pluies, hivernale, de novembre à mars, atteint son maximum en janvier, avec 191 mm, sous la forme de violents orages. La moyenne mensuelle des précipitations sur l’ensemble de l’année est de 75 mm environ.
120
+
121
+ Sur le littoral, le climat est chaud et humide en été et doux en hiver, alors que le climat des montagnes et de la plaine de la Bekaa est frais en été et glacial en hiver. En montagne, les températures moyennes sont de 20 °C en été et proches de -3 en hiver avec une abondance de chutes de neige généralement au-dessus de 1 000 m. Les montagnes libanaises ont ainsi un climat quasi-alpin avec de véritables blizzards et les chutes de neige peuvent ainsi atteindre plusieurs mètres.
122
+
123
+ Les saisons les plus agréables sont d'avril à juin et de septembre à novembre.
124
+
125
+ La température de la mer varie d'environ 28 °C en été à environ 16 °C en hiver.
126
+
127
+ La population urbaine au Liban se fait remarquer pour son esprit d'entrepreneuriat commercial[38]. L'émigration a créé une importante diaspora libanaise qui compte entre 8 et 14 millions de personnes hors du Liban[39]. L'envoi de devises des Libanais de l'étranger au pays avoisine les 8,2 milliards dollars et compte pour 1/5e des rentrées de devises du pays en 2009[40].
128
+
129
+ Sur la côte, on cultive les agrumes ; sur les pentes en terrasse des montagnes (Mont Liban...) poussent des arbres fruitiers, de la vigne, des forêts de pins. La Bekaa est le domaine des cultures irriguées. À la suite des coupes excessives, la garrigue et le pâture ont supplanté les forêts de cèdres.
130
+
131
+ Quinze années de guerre (1975-1990) ont ruiné le pays, qui doit importer 85 % des produits de première nécessité, vit d'une économie souterraine et doit supporter le fardeau d'une dette et d'un déficit budgétaire considérables.
132
+
133
+ La guerre de juillet 2006 a eu de lourdes conséquences sur l'économie libanaise, dont tous les chiffres ont dû être revus à la baisse. Le coût de la guerre et de la reconstruction a augmenté l'endettement du pays. En 2006, la croissance, qui aurait dû atteindre 6 %, n'a atteint que 0,6 %
134
+ [41] et le secteur touristique a de nouveau fléchi.
135
+
136
+ Dans une enquête du FMI classant 155 pays en termes d'attractivité, le Liban arrive en 95e position[Quand ?][réf. souhaitée].
137
+
138
+ La dette publique libanaise s'élève en 2019 à environ 80 milliards de dollars, soit 150 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Payer les intérêts chaque année exige d’y consacrer près de 10 % du PIB, soit plus de 5 milliards de dollars[42] Le journaliste Jean-Pierre Sereni, ancien rédacteur en chef de l'Express, relève que « la dette libanaise a une originalité : elle est pour l’essentiel détenue par des Libanais, banques et particuliers. Les étrangers y tiennent un rôle mineur. Cette mainmise des riches Libanais sur « leur » dette ne doit rien à leur patriotisme, mais tout à l’esprit de lucre qui les anime. Les rendements y sont élevés et surtout sans risque, en raison de la parité de la monnaie nationale avec le dollar américain (1 dollar pour 1 507 livres) qui est fixe. Prêter des livres ou des dollars revient au même, le créancier ne court aucun danger de change[42]. »
139
+
140
+ Les principaux secteurs d'activités dans le PIB sont à 75 % pour les services et le commerce, à 20 % l'industrie, et à 5 % l'agriculture[43].
141
+
142
+ La corruption ronge l'économie du pays dans les différents secteurs. En 2019, le LIban est classé à la 138e place dans le classement de l’ONG Transparency International qui évalue la perception de la corruption dans un pays[44].
143
+
144
+ Une étude du Laboratoire sur les inégalités mondiales constate de fortes inégalités de revenus au Liban : 0,1 % des Libanais les plus fortunés – environ 3 000 individus – gagnent autant que les 50 % les plus pauvres, qui n'ont droit qu'à 10 % du revenu national. La fortune des milliardaires libanais représente près d’un quart du revenu national selon les classements des magazines Forbes et Arabian Business[45].
145
+
146
+ Le Liban dispose d'une situation très enviable pour l'agriculture, vis-à-vis de ses voisins, sur le plan de la disponibilité en eau et de la fertilité des terres. De fait, le Liban a la plus grande proportion de terres arables de tous les pays arabes, ce qui lui permet une variété de cultures. Les principales cultures sont les fruits et légumes, le tabac, les olives et le blé.
147
+
148
+ Dans les années 1970, l'agriculture contribuait approximativement à 30 % du PIB libanais, en 2017, elle n'y contribuait qu'à hauteur de 5,7 % (soit environ 2,5 milliards de $ USD), la production agricole a même reculé de 12 % entre 1970 et 2008, là où celle de l'Union européenne sur la même période a par exemple augmenté de 562 %). Cette baisse est probablement imputable à la guerre civile libanaise sur la période 1975-1990 et à un manque de compétitivité de l'agriculture du pays, faute de financement suffisant de la part de l'État pour l'être (l'agriculture reçoit moins d'1 % du budget national en 2015)[46].
149
+
150
+ En 2009, le Liban a accueilli plus de deux millions de touristes et le New York Times a classé le pays comme destination touristique de l'année. Selon le ministère du Tourisme le secteur représentait environ 20 % du PIB, les visiteurs viendraient majoritairement des pays du Golfe et d'Europe[47]. Toutefois, depuis la fin de la guerre civile, le secteur touristique souffre d'instabilité régionale, d'un environnement en constante dégradation et d'un manque d'encadrement public et juridique[48].
151
+
152
+ Les principaux sites touristiques sont, par ordre alphabétique :
153
+
154
+ La voiture est le moyen de transport le plus utilisé au Liban. Le nombre moyen de voitures au Liban est 2 voitures par famille. L'État ne procure pas des transports publics partout au Liban, toutefois, on peut toujours trouver des taxis et bus privés pour se déplacer.
155
+ [réf. nécessaire]
156
+
157
+ Plusieurs organisations non gouvernementales libanaises (dont Bahr Loubnan), avec l'appui grandissant du Ministère de l'écologie national, œuvrent à la préservation de la biodiversité, à la lutte contre la pollution et à la promotion d'une gestion durable du littoral et de la mer[49],[50], totefois, la société libanaise ne prend pas vraiment action pour une vie plus écologique et durable.
158
+
159
+ Son emplacement géographique, sa richesse en eau, ses montagnes dominant le Proche-Orient, son ouverture sur la Méditerranée et son climat tempéré, lui donnent une importance stratégique, économique, politique et militaire. C’est pour cela qu’il a été le lieu d’un brassage d’une multitude de civilisations et de cultures.
160
+
161
+ La population du Liban est estimée à 6,2 millions d'habitants en 2016 d'après le CIA World Factbook. Les chiffres qui circulent ne sont pas officiels (en effet, il n'y a pas eu de recensement depuis le mandat français en 1932). À l'époque, les maronites (catholiques du Liban) étaient majoritaires. Actuellement, on estime la répartition confessionnelle nationale à 42 % de chrétiens contre 57 % de musulmans. 17 confessions sont reconnues par l'État[1].
162
+
163
+ Selon le World Refugee Survey 2008[51] publié par le Comité américain pour les réfugiés et les immigrants, le Liban abritait environ 325 800 réfugiés et demandeurs d'asile en 2007. De ce nombre, 270 800 étaient palestiniens arrivés après leur expulsion de l'État d'Israël en 1948, 50 200 étaient irakiens ayant fui la violence en Irak et la situation d'insécurité en Syrie et 4 500 étaient soudanais pour la plupart non reconnus.
164
+
165
+ La liberté de culte est reconnue pour toutes les religions. L'État reconnaît officiellement 18 religions.
166
+
167
+ Il est difficile d'établir des statistiques sur la répartition des religions du fait de l'absence de recensement depuis 1932. Le Liban compterait 60 % de musulmans (dont environ 31 % de chiites et 29 % de sunnites), 5 % de druzes, 20 % de chrétiens maronites, 12 % de grecs orthodoxes et autres catholiques, 3 % d'Arméniens[43].
168
+
169
+ Les confessions sont :
170
+
171
+ Au Moyen Âge, beaucoup de chrétiens se seraient mélangés avec les croisés. Des historiens ont remis en question ou critiqué ces vues[52]. Cependant, des études génétiques effectuées par Pierre Zalloua en 2006 sous le patronage de la National Geographic Society ont démontré que c'est plus globalement les habitants des côtes (à l'ouest du pays) qui descendent des Phéniciens. Ces recherches se sont basées sur des tests ADN prélevés sur un échantillon de Libanais de toutes confessions et comparés à des prélèvements faits sur des momies phéniciennes. Ces tests ADN prouveraient aussi qu'il y a bien eu un mélange des populations locales avec les croisés, et que les populations côtières descendent majoritairement des Phéniciens, qu'ils soient musulmans ou chrétiens, ainsi c'est à Tyr, région côtière majoritairement musulmane que l'on retrouve le plus grand nombre de descendants de Phéniciens. Inversement les chrétiens ne résidant pas à l'Ouest du pays possèdent des ADN remontant aux Arabes[53].
172
+
173
+ Il reste au Liban une petite communauté juive composée d'environ 100 personnes ; la plupart des Libanais juifs ont choisi de quitter le pays en raison de la guerre civile[54].
174
+
175
+ Les chiites sont concentrés au Sud et au Nord-Est de la Bekaa, tandis que les plupart des sunnites sont à Beyrouth et au Nord. Les chrétiens sont éparpillés un peu partout au Liban, alors que les Druzes se partagent le Chouf avec les chrétiens, vers Beit-ed-Dine.
176
+
177
+ L’arabe, langue officielle parlée au Liban appartient à un groupe de dialectes appelé syro-libano-palestinien. Relativement proche de l’arabe standard moderne, il en diffère cependant par certains points, ayant reçu des influences diverses dont des différents dialectes arabes orientaux, du turc et du syriaque mais aussi du français. La loi autorise l’utilisation du français pour certains documents officiels[55].
178
+
179
+ Le français, introduit par les congrégations religieuses au XIXe siècle a été déclaré langue officielle au même titre que l'arabe par la Constitution de 1926, avant de perdre ce statut. L'emploi de la langue française est conditionné par l'article 11 de la Constitution du Liban du 9 septembre 1943 : « L'arabe est la langue nationale officielle. Une loi spéciale déterminera les cas où il sera fait usage de la langue française. »[3]
180
+
181
+ Les influences régionales et les différentes occupations au cours des siècles pourraient expliquer pourquoi tant de langues différentes sont parlées au Liban. De plus, en raison de l’importante communauté libanaise expatriée et de la place du Liban dans le monde des affaires, la maîtrise de langues étrangères autres que l’arabe a toujours été de première importance. C'est pourquoi beaucoup de Libanais parlent couramment le français et/ou l’anglais. Cependant, les dernières décennies ont vu par ailleurs un développement significatif de l’anglais.
182
+
183
+ Les principales langues d’enseignement au primaire sont le français (68 %) et l’anglais (32 %), tandis qu’au secondaire, les pourcentages sont inversés. Dans le cycle supérieur, le français occupe 55 % de l’enseignement ; l’anglais et l’arabe se partagent le reste[56].
184
+
185
+ Première langue « étrangère » en usage au Liban[57], le français est à la fois langue de culture, d'enseignement et de communication. 45 % de la population libanaise est entièrement ou partiellement francophone et 55 % des Libanais ignorent totalement cette langue[57]. Le Liban compte 30 % d’anglophones[57]. À la suite d'accords linguistiques successifs entre la France et le ministère de l'Éducation, deux tiers des élèves de l'enseignement primaire sont scolarisés dans des établissements, publics ou privés, dont la langue d'enseignement des sciences et des mathématiques est le français. La connaissance et le niveau de français au Liban ne sont pas homogènes entre les différentes institutions scolaires, et la scolarisation dans des écoles bilingues ne garantit pas un bilinguisme à l'âge adulte. L’avenir de la langue française au Liban dépend du renforcement de nombreux facteurs, dont le niveau de formation des enseignants[58],[59], et l'emprise de l’audiovisuel en langue française[réf. nécessaire].
186
+
187
+ La culture libanaise est issue du croisement de nombreuses cultures à travers les milliers d'années que compte son histoire. Influencé à l'origine par les Phéniciens, le Liban est conquis et occupé, par ordre chronologique, par les Assyriens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Arabes, les Croisés, les Turcs ottomans et plus récemment par les Français. La culture libanaise a emprunté à travers les millénaires de son histoire des éléments culturels de chaque occupant. La diversité de la population libanaise, composée de différents groupes ethniques et religieux a contribué au développement de festivals, de styles de musique et de littérature aussi bien que la cuisine.
188
+
189
+ Au-delà des différences liées à l'importance institutionnelle et politique des communautés, il existe un ensemble de traits structurants communs aux Libanais : l’arabité linguistique, l’autonomie politique et, pour nombre d'entre eux, la francophonie.
190
+
191
+ Ainsi, l’entité libanaise trouve-t-elle toute sa raison d’être à travers l’expérience du dialogue des religions. À l’heure de la mondialisation, elle peut offrir un lieu privilégié de rencontre entre l’Occident et l’Orient et de pluralisme culturel constituant un patrimoine commun. La quête millénaire de l’identité libanaise doit donc transcender des éléments disparates relevant d’un même ensemble cohérent pour assurer cette fonction d’être un espace de communication, d’autonomie, d’ouverture, de rayonnement, de solidarité et de «résistance culturelle».
192
+
193
+ L’écrivain libanais Amin Maalouf a d’ailleurs fait de l'« identité » le thème de prédilection de son essai Les Identités meurtrières. Il y décrit l’identité comme une panthère qu’il faut apprivoiser par le principe de réciprocité. Enfin, il relate les dangers du « vote identitaire » dans une démocratie, qui ne ferait qu’encourager la ségrégation entre races et communautés, et invite les citoyens et politiciens à faire coexister pacifiquement les identités dans un contexte riche et un patrimoine commun.
194
+
195
+ Par ailleurs, quelle que soit leur confession, les Libanais de l'étranger ont davantage conscience des liens qui les unissent et de leur identité commune. La diaspora, active et influente, conserve des liens privilégiés avec ses origines en injectant de l’argent et son savoir-faire, et est avide de culture libanaise.
196
+
197
+ Le taboulé est la salade la plus populaire de la cuisine libanaise, basé sur du persil et de la tomate. Le kibbeh est aussi populaire, fait de farce de viande et le boulghour, ainsi que le kibbeh fait de viande hachée et épicée grillée.
198
+
199
+ Le Liban est le pays de naissance d'un des plus grands écrivains de la littérature arabe, Gibran Khalil Gibran. Également poète d'expression anglaise, son ouvrage le plus populaire est Le Prophète, un ouvrage écrit en anglais composé de 26 textes poétiques[64].
200
+
201
+ La géographie du Liban se prête à la pratique des sports en été comme en hiver. En automne et printemps, il est possible d'aller skier le matin puis de nager dans la mer Méditerranée l'après-midi. Dans les compétitions domestiques, le basket-ball et le football sont de loin les deux sports les plus populaires. Le Liban a accueilli les Jeux panarabes de 1997, la coupe d'Asie de football en 2000 ou encore les Jeux de la Francophonie de 2009.
202
+
203
+ Le Liban dispose de six stations de sports d'hiver comprenant des pistes de ski alpin, ski de fond, des circuits de raquettes à neige ou de motoneige (le fait de pouvoir y skier à la lumière du coucher de soleil sur la mer est un des éléments lui valant son nom de pays des contrastes). En été, il est possible de pratiquer du canoë, du cyclisme, du rafting, de la natation, voile ou spéléologie, tout comme la pratique de sports extrêmes est possible à travers le pays. Enfin, un marathon est organisé chaque année à Beyrouth.
204
+
205
+ Le basket-ball est le sport le plus populaire où la sélection masculine obtient de bons résultats, capable dans les années 2000 de se défaire du Canada ou de la France et de se qualifier aux championnats du monde en 2002, 2006 et 2010, par ailleurs par trois fois la sélection est vice-championne d'Asie (2001, 2005 et 2007). Le joueur le plus connu est Fady El Khatib. En football, la sélection masculine est parvenue à disputer la dernière phase de qualification pour la coupe du monde 2014.
206
+
207
+ Concernant les Jeux olympiques, malgré une présence régulière[Quand ?], le Liban totalise quatre médailles (en lutte et en haltérophilie) dont aucune en or.
208
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+ Le Liban a pour codes :
210
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
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+
223
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
224
+
225
+ Asie du Sud-Est
226
+
227
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
228
+
229
+ Asie du Sud
230
+
231
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
232
+
233
+ Asie du Nord
234
+
235
+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/3426.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,97 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ République du Liberia
2
+
3
+ (en) Republic of Liberia
4
+
5
+ 6° 19′ N, 10° 48′ O
6
+
7
+ modifier
8
+
9
+ Le Liberia[3], en forme longue la république du Liberia, est un pays d'Afrique de l'Ouest bordé au sud-sud-est et à l'ouest-sud-ouest par l'océan Atlantique, au nord-ouest par la Sierra Leone, au nord par la Guinée et à l’est par la Côte d'Ivoire. Première nation d'Afrique à avoir, à l'époque moderne, obtenu son indépendance, en 1847, le Liberia est présidé depuis le 22 janvier 2018 par George Weah.
10
+
11
+ Le pays, qui compte parmi les dix pays les moins développés du monde (avec un indice de développement humain de 0,329 en 2011), fait partie de la CEDEAO.
12
+
13
+ En 1822, le Liberia est fondé par une société américaine de colonisation (American Colonization Society, « la société nationale d'Amérique de colonisation »), pour y installer des esclaves noirs libérés. C’est le début de tensions entre les Américano-Libériens et la population autochtone.
14
+
15
+ Le 26 juillet 1847, le Liberia devient une république indépendante. Le suffrage censitaire permet à l'élite américano-libérienne, représentée par le parti True Whig, de conserver le pouvoir durant un siècle. En 1880, le royaume voisin de Medina est annexé.
16
+
17
+ Au début du XXe siècle, près d'un tiers du budget de l’État libérien provient de la taxe des travailleurs africains, dont l'élite elle-même ne s’acquitte pas. Cette situation entraîne des soulèvements réprimés avec violence. Lourdement endetté, le Liberia reste aligné sur Londres, Paris et Washington pour les questions de nature diplomatique. Le pays connaît une reprise économique dans les années 1920 grâce à la vente des propriétés allemandes confisquées pendant la guerre[4].
18
+
19
+ En 1931, la Société des Nations (SDN) condamne les conditions de travail forcé imposées aux autochtones par les Américano-Libériens pour le compte de multinationales de l’industrie du caoutchouc. Le scandale contraint le gouvernement à la démission. En 1936, le nouveau gouvernement interdit le travail forcé. Néanmoins, les autochtones, privés de droit de vote, restent des citoyens de seconde zone. Il faut attendre mai 1945 pour que le président William Tubman le leur accorde.
20
+
21
+ En 1960, le Liberia entre dans une période de vingt années de prospérité, grâce à des concessions offertes à des multinationales étrangères (principalement américaines et allemandes) pour l’exploitation des gisements de minerai de fer du pays.
22
+
23
+ En 1971, William Richard Tolbert, vice-président depuis 1951, accède à la présidence à la mort du président Tubman. La politique économique qu’il mène accroît le clivage entre Américano-Libériens et autochtones.
24
+
25
+ Le 12 avril 1980, le gouvernement du True Whig est renversé lors d'un coup d'État mené par Samuel Doe, un autochtone qui prend le pouvoir. Le président Tolbert est assassiné ainsi que plusieurs ministres. Doe instaure rapidement une dictature.
26
+
27
+ En 1989, le National Patriotic Front of Liberia (NPFL), un groupe d'opposition sous l’autorité de Charles Taylor, s'organise. La révolte gagne rapidement l'ensemble du pays sans rencontrer de résistance sérieuse de la part des forces gouvernementales. Néanmoins, l’avancée est stoppée aux portes de Monrovia. Dans le même temps, les membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) décident l’envoi de sa force d’interposition, l’ECOMOG, composée de 4 000 hommes.
28
+
29
+ En 1990, un désaccord au sein du NPFL conduit Prince Johnson à faire sécession et à créer l’Independent National Patriotic Front of Liberia (INPFL) avec un millier de dissidents. Le 9 septembre 1990, le président Doe est assassiné par Prince Johnson lors d’une visite aux troupes de l’ECOMOG. En 1992, le NPFL tente un nouvel assaut sur Monrovia qui se solde par un échec. La situation s'enlise. Des chefs de guerre créent de nouvelles factions dissidentes. Les tentatives de résolution du conflit par la CEDEAO restent vaines. En 1996, l'ensemble des factions acceptent la tenue d'un vote sous l'égide de la CEDEAO. Entre 1989 et 1997, la guerre civile a coûté la vie à près de 150 000 personnes, des civils pour la plupart, et provoqué un effondrement total de l'État.
30
+
31
+ Le 19 juillet 1997, Charles Taylor est élu président de la République du Liberia avec 75 % des voix. Son slogan, durant la campagne politique qui a précédé l'élection, est resté célèbre : « Il a tué mon père, il a tué ma mère. Je vais voter pour lui », signifiant ainsi son intention en cas d'échec de remettre le pays à feu et à sang[5]. En 1998, l'ECOMOG quitte le Liberia. La deuxième guerre civile libérienne commence quelques mois plus tard[5].
32
+
33
+ En 2003, après le départ de Charles Taylor, une transition politique est organisée, sous contrôle étroit de l’ONU. Le 23 novembre 2005, Ellen Johnson Sirleaf sort victorieuse du second tour de l’élection présidentielle avec 59,4 %, contre 40,6 % pour George Weah. Elle devient ainsi la première femme élue démocratiquement présidente d’un pays en Afrique. Elle prête serment le 16 janvier 2006 et entre ainsi officiellement en fonction. Elle est réélue le 8 novembre 2011 avec un score de 90,7 %. Le pays est touché par la fièvre Ebola, en particulier durant les années 2014-2015. Cette épidémie fait des milliers de morts[6].
34
+
35
+ Le 26 décembre 2017, George Weah est élu avec 61,5 % des voix au suffrage universel face au vice-président sortant, Joseph Boakai, qui en obtient 38,5 %[7].
36
+
37
+ La plus longue présidence est celle de William Tubman, en fonction de 1944 à sa mort en 1971. La plus courte est celle de James Skivring Smith, qui ne dure que deux mois, du 4 novembre 1871 au 1er janvier 1872. Après la dissolution du Parti républicain en 1876, le True Whig, parti unique, et les Américo-Libériens, exercent le pouvoir jusqu'au coup d'État de 1980. Le 12 avril 1980, Samuel Doe prend le pouvoir. Les natives, les autochtones, sont pour la première fois à la tête du pays. Samuel Doe favorise les membres de son ethnie, les Krahns. Le pays dispose de ressources naturelles, comme l'or, le fer, le bois, le caoutchouc, ou encore le diamant, mais est déchiré par deux guerres civiles successives, la première de 1989 à 1997, et la deuxième de 1999 à 2003. Depuis la fin de ces guerres civile, le Liberia est une république multipartite à régime présidentiel, qui redevient une démocratie. Après les courtes présidences de Moses Blah puis de Gyude Bryant, Ellen Johnson Sirleaf leur succède, élue sur deux mandats, de janvier 2006 à janvier 2018, puis George Weah. Ces changements à la tête de l'État se font pacifiquement et démocratiquement[8].
38
+
39
+ Le gouvernement est basé sur le modèle des États-Unis avec trois branches égales — législative, exécutive, judiciaire —, bien que le président occupe en réalité une place prépondérante dans le paysage politique[9].
40
+
41
+ Les Forces armées du Liberia (AFL) sont créées en 1962 à partir de la "Force de la frontière libérienne" établie en 1908. Pour la quasi-totalité de son histoire, l'AFL a reçu des États-Unis un matériel considérable et de l'aide pour sa formation. Pour la plus grande part de la période 1941-89, la formation était principalement fournie par des conseillers américains. Cette assistance n'a pas permis de relever le faible niveau d'efficacité militaire, fait courant dans la plupart des forces armées des Pays en développement.
42
+
43
+ Pour la plus grande partie de la Guerre froide, l'AFL a mené peu d'action, excepté l'envoi d'un groupe armé au Congo dans des années 1960 pour l'Opération des Nations unies au Congo. Cela a changé pendant la première guerre civile libérienne en 1989. L'AFL s'est empêtrée dans le conflit qui a duré de 1989 à 1996-97, puis dans la Deuxième guerre civile libérienne, qui a duré de 1999 à 2003.
44
+
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+ Après avoir été complètement démobilisée après la deuxième guerre civile, l'AFL est en train d'être réformée et subit une nouvelle réorganisation. Elle est actuellement composée de deux bataillons d'infanterie. La reconstitution de la Garde côtière libérienne et une escadre aérienne est prévue.
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+ Au cours de la période de transition démocratique, le gouvernement libérien a demandé à un officier de l'Armée nigériane, le général de division Suraj Alao Abdurrahman, d'occuper les fonctions de chef de l'armée.
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+ Le Liberia est réparti en 15 comtés : Bomi, Bong, Gbarpolu, Grand Bassa, Grand Cape Mount, Grand Gedeh, Grand Kru, Lofa, Margibi, Maryland, Montserrado, Nimba, River Cess, River Gee et Sinoe.
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+ Ces 15 comtés sont divisés en 68 districts.
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+ Le Liberia est bordé par l'Atlantique au sud-sud-ouest et à l'ouest-sud-ouest, et limitrophe de la Sierra Leone au nord-ouest, de la Guinée au nord et de la Côte d'Ivoire à l'est.
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+ Le Liberia est un paradis fiscal dont l'une des particularités est de ne jamais faire apparaître le nom des personnes physiques sur ses registres du commerce. Le Liberia fait partie des pavillons de complaisance.
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+ C’est au Liberia que se trouve la plus vaste plantation d’hévéas au monde (48 000 hectares), propriété de Firestone, le géant américain du pneu devenu depuis 1988 une filiale du groupe japonais Bridgestone.
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+ Le Liberia a des ressources de minerais de fer dans le Mont Nimba à la frontière de la Côte d'Ivoire.
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+ La population du Liberia est estimée à 4 299 944 habitants en 2016[1], ce qui représente une densité faible de 38,61 habitants au km2. En 1961, elle s’élevait à 1,2 million d’habitants, les Libériens et Libériennes[10].
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+ Entre 1990 et 1995, les combats font plus de 200 000 morts et 800 000 Libériens trouvent refuge à l’étranger (Côte d’Ivoire et Guinée), s’ajoutant au million de personnes déplacées à l’intérieur du pays. En raison de la guerre, le Liberia connaît un taux de mortalité infantile très élevé (132 pour 1 000).
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+ En 2001, la population du Liberia était estimée à 3 230 000 habitants et à 3,32 millions en 2003.
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+ Elle tombe à environ 2 800 000 habitants, à la suite de la guerre civile opposant les troupes du président Charles Taylor au L.U.R.D. (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) soutenu par les États-Unis et le régime de la Guinée,
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+ Les Américano-Libériens sont au nombre de 20 000 et la communauté libanaise est forte de 10 000 représentants. La population autochtone se compose d'une quinzaine de communautés. Le sud du pays est dominé par les Krous, le reste de la population appartient à des groupes rattachés entre autres (Mendé, Koniaque, Kpelle, Vaïs, etc.).
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+ La population de Monrovia, capitale et principal port du pays, a considérablement augmenté du fait de l’exode des populations civiles fuyant les combats : (720 000 habitants en 1994 contre 425 000 en 1984). Le second port, Buchanan (24 000 habitants en 1984), est relié par voie ferrée aux mines de fer du mont Nimba, dont la production a été arrêtée pendant le conflit.
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+ Le taux de fécondité est de 4,8 naissances par femme en 2016[1].
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+ Les dépenses de santé sont de 22 US$ (PPA) en 2004[11].
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+ En 2005, l'espérance de vie à la naissance est de 44,7 ans[11]. Le taux de mortalité infantile est de 15,7 %[11](155,8 décès pour 1 000 naissances)[12].
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+ La prévalence de VIH / SIDA est d'environ 2 % de la population en 2009[13].
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+ En 2014, le Liberia est touché de plein fouet par une importante épidémie de maladie à virus Ebola, la plus grave subie jusqu'à présent[14].
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+ Le Liberia est un pays multilingue où plus de trente langues sont parlées. L'anglais, bien que langue officielle du pays, n'est parlé que par 15 % des Libériens. Aucun des groupes linguistiques ne forme une majorité qui se distingue. La langue la plus parlée à la maison demeure le kpèllé, parlée par 20,3% des Libériens en 2008.
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+ Les principales religions sont le christianisme (85 %) et l'islam (12 %)[1].
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+ L'université du Liberia est située à Monrovia. Créée en 1862, c'est l'un des plus anciens établissements d'enseignement supérieur d'Afrique. La guerre civile a sérieusement endommagé l'université dans les années 1990. La restauration de l'université a débuté peu après la restauration de la paix.
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+ L'université de Cuttington a été fondée par l'Église épiscopalienne des États-Unis en 1889. Elle est située dans le district de Suakoko à environ 190 km au nord de Monrovia.
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+ D'après les estimations de l'UNESCO en 2004, 65 % des élèves sont inscrits à l'école primaire et seulement 24 % pour le cycle secondaire[15]. Au-delà de la misère économique, le problème des enfants soldats explique en partie le faible taux de scolarisation à l'école secondaire.
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+ Mais depuis l’investiture de Mme Johnson-Sirleaf en 2006, les droits de scolarité ont été supprimés, entraînant une hausse spectaculaire de 82 % des inscriptions dans le primaire en à peine deux ans.
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+ L'ancien footballeur George Weah, une des personnalités libériennes les plus connues dans le monde, a succédé le 22 janvier 2018 à Ellen Johnson Sirleaf à la présidence du Liberia. Il a notamment joué au PSG entre 1992 et 1995, puis à l'AC Milan, où il obtient un Ballon d'or[16].
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+ Le Liberia a pour codes :
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+ République du Liberia
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+ (en) Republic of Liberia
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+ 6° 19′ N, 10° 48′ O
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+ modifier
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+ Le Liberia[3], en forme longue la république du Liberia, est un pays d'Afrique de l'Ouest bordé au sud-sud-est et à l'ouest-sud-ouest par l'océan Atlantique, au nord-ouest par la Sierra Leone, au nord par la Guinée et à l’est par la Côte d'Ivoire. Première nation d'Afrique à avoir, à l'époque moderne, obtenu son indépendance, en 1847, le Liberia est présidé depuis le 22 janvier 2018 par George Weah.
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+ Le pays, qui compte parmi les dix pays les moins développés du monde (avec un indice de développement humain de 0,329 en 2011), fait partie de la CEDEAO.
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+ En 1822, le Liberia est fondé par une société américaine de colonisation (American Colonization Society, « la société nationale d'Amérique de colonisation »), pour y installer des esclaves noirs libérés. C’est le début de tensions entre les Américano-Libériens et la population autochtone.
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+ Le 26 juillet 1847, le Liberia devient une république indépendante. Le suffrage censitaire permet à l'élite américano-libérienne, représentée par le parti True Whig, de conserver le pouvoir durant un siècle. En 1880, le royaume voisin de Medina est annexé.
16
+
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+ Au début du XXe siècle, près d'un tiers du budget de l’État libérien provient de la taxe des travailleurs africains, dont l'élite elle-même ne s’acquitte pas. Cette situation entraîne des soulèvements réprimés avec violence. Lourdement endetté, le Liberia reste aligné sur Londres, Paris et Washington pour les questions de nature diplomatique. Le pays connaît une reprise économique dans les années 1920 grâce à la vente des propriétés allemandes confisquées pendant la guerre[4].
18
+
19
+ En 1931, la Société des Nations (SDN) condamne les conditions de travail forcé imposées aux autochtones par les Américano-Libériens pour le compte de multinationales de l’industrie du caoutchouc. Le scandale contraint le gouvernement à la démission. En 1936, le nouveau gouvernement interdit le travail forcé. Néanmoins, les autochtones, privés de droit de vote, restent des citoyens de seconde zone. Il faut attendre mai 1945 pour que le président William Tubman le leur accorde.
20
+
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+ En 1960, le Liberia entre dans une période de vingt années de prospérité, grâce à des concessions offertes à des multinationales étrangères (principalement américaines et allemandes) pour l’exploitation des gisements de minerai de fer du pays.
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23
+ En 1971, William Richard Tolbert, vice-président depuis 1951, accède à la présidence à la mort du président Tubman. La politique économique qu’il mène accroît le clivage entre Américano-Libériens et autochtones.
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+
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+ Le 12 avril 1980, le gouvernement du True Whig est renversé lors d'un coup d'État mené par Samuel Doe, un autochtone qui prend le pouvoir. Le président Tolbert est assassiné ainsi que plusieurs ministres. Doe instaure rapidement une dictature.
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+
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+ En 1989, le National Patriotic Front of Liberia (NPFL), un groupe d'opposition sous l’autorité de Charles Taylor, s'organise. La révolte gagne rapidement l'ensemble du pays sans rencontrer de résistance sérieuse de la part des forces gouvernementales. Néanmoins, l’avancée est stoppée aux portes de Monrovia. Dans le même temps, les membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) décident l’envoi de sa force d’interposition, l’ECOMOG, composée de 4 000 hommes.
28
+
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+ En 1990, un désaccord au sein du NPFL conduit Prince Johnson à faire sécession et à créer l’Independent National Patriotic Front of Liberia (INPFL) avec un millier de dissidents. Le 9 septembre 1990, le président Doe est assassiné par Prince Johnson lors d’une visite aux troupes de l’ECOMOG. En 1992, le NPFL tente un nouvel assaut sur Monrovia qui se solde par un échec. La situation s'enlise. Des chefs de guerre créent de nouvelles factions dissidentes. Les tentatives de résolution du conflit par la CEDEAO restent vaines. En 1996, l'ensemble des factions acceptent la tenue d'un vote sous l'égide de la CEDEAO. Entre 1989 et 1997, la guerre civile a coûté la vie à près de 150 000 personnes, des civils pour la plupart, et provoqué un effondrement total de l'État.
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+
31
+ Le 19 juillet 1997, Charles Taylor est élu président de la République du Liberia avec 75 % des voix. Son slogan, durant la campagne politique qui a précédé l'élection, est resté célèbre : « Il a tué mon père, il a tué ma mère. Je vais voter pour lui », signifiant ainsi son intention en cas d'échec de remettre le pays à feu et à sang[5]. En 1998, l'ECOMOG quitte le Liberia. La deuxième guerre civile libérienne commence quelques mois plus tard[5].
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+ En 2003, après le départ de Charles Taylor, une transition politique est organisée, sous contrôle étroit de l’ONU. Le 23 novembre 2005, Ellen Johnson Sirleaf sort victorieuse du second tour de l’élection présidentielle avec 59,4 %, contre 40,6 % pour George Weah. Elle devient ainsi la première femme élue démocratiquement présidente d’un pays en Afrique. Elle prête serment le 16 janvier 2006 et entre ainsi officiellement en fonction. Elle est réélue le 8 novembre 2011 avec un score de 90,7 %. Le pays est touché par la fièvre Ebola, en particulier durant les années 2014-2015. Cette épidémie fait des milliers de morts[6].
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+ Le 26 décembre 2017, George Weah est élu avec 61,5 % des voix au suffrage universel face au vice-président sortant, Joseph Boakai, qui en obtient 38,5 %[7].
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+ La plus longue présidence est celle de William Tubman, en fonction de 1944 à sa mort en 1971. La plus courte est celle de James Skivring Smith, qui ne dure que deux mois, du 4 novembre 1871 au 1er janvier 1872. Après la dissolution du Parti républicain en 1876, le True Whig, parti unique, et les Américo-Libériens, exercent le pouvoir jusqu'au coup d'État de 1980. Le 12 avril 1980, Samuel Doe prend le pouvoir. Les natives, les autochtones, sont pour la première fois à la tête du pays. Samuel Doe favorise les membres de son ethnie, les Krahns. Le pays dispose de ressources naturelles, comme l'or, le fer, le bois, le caoutchouc, ou encore le diamant, mais est déchiré par deux guerres civiles successives, la première de 1989 à 1997, et la deuxième de 1999 à 2003. Depuis la fin de ces guerres civile, le Liberia est une république multipartite à régime présidentiel, qui redevient une démocratie. Après les courtes présidences de Moses Blah puis de Gyude Bryant, Ellen Johnson Sirleaf leur succède, élue sur deux mandats, de janvier 2006 à janvier 2018, puis George Weah. Ces changements à la tête de l'État se font pacifiquement et démocratiquement[8].
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+ Le gouvernement est basé sur le modèle des États-Unis avec trois branches égales — législative, exécutive, judiciaire —, bien que le président occupe en réalité une place prépondérante dans le paysage politique[9].
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+ Les Forces armées du Liberia (AFL) sont créées en 1962 à partir de la "Force de la frontière libérienne" établie en 1908. Pour la quasi-totalité de son histoire, l'AFL a reçu des États-Unis un matériel considérable et de l'aide pour sa formation. Pour la plus grande part de la période 1941-89, la formation était principalement fournie par des conseillers américains. Cette assistance n'a pas permis de relever le faible niveau d'efficacité militaire, fait courant dans la plupart des forces armées des Pays en développement.
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43
+ Pour la plus grande partie de la Guerre froide, l'AFL a mené peu d'action, excepté l'envoi d'un groupe armé au Congo dans des années 1960 pour l'Opération des Nations unies au Congo. Cela a changé pendant la première guerre civile libérienne en 1989. L'AFL s'est empêtrée dans le conflit qui a duré de 1989 à 1996-97, puis dans la Deuxième guerre civile libérienne, qui a duré de 1999 à 2003.
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+ Après avoir été complètement démobilisée après la deuxième guerre civile, l'AFL est en train d'être réformée et subit une nouvelle réorganisation. Elle est actuellement composée de deux bataillons d'infanterie. La reconstitution de la Garde côtière libérienne et une escadre aérienne est prévue.
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47
+ Au cours de la période de transition démocratique, le gouvernement libérien a demandé à un officier de l'Armée nigériane, le général de division Suraj Alao Abdurrahman, d'occuper les fonctions de chef de l'armée.
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+ Le Liberia est réparti en 15 comtés : Bomi, Bong, Gbarpolu, Grand Bassa, Grand Cape Mount, Grand Gedeh, Grand Kru, Lofa, Margibi, Maryland, Montserrado, Nimba, River Cess, River Gee et Sinoe.
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+ Ces 15 comtés sont divisés en 68 districts.
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+ Le Liberia est bordé par l'Atlantique au sud-sud-ouest et à l'ouest-sud-ouest, et limitrophe de la Sierra Leone au nord-ouest, de la Guinée au nord et de la Côte d'Ivoire à l'est.
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+ Le Liberia est un paradis fiscal dont l'une des particularités est de ne jamais faire apparaître le nom des personnes physiques sur ses registres du commerce. Le Liberia fait partie des pavillons de complaisance.
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+ C’est au Liberia que se trouve la plus vaste plantation d’hévéas au monde (48 000 hectares), propriété de Firestone, le géant américain du pneu devenu depuis 1988 une filiale du groupe japonais Bridgestone.
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+ Le Liberia a des ressources de minerais de fer dans le Mont Nimba à la frontière de la Côte d'Ivoire.
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+ La population du Liberia est estimée à 4 299 944 habitants en 2016[1], ce qui représente une densité faible de 38,61 habitants au km2. En 1961, elle s’élevait à 1,2 million d’habitants, les Libériens et Libériennes[10].
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+ Entre 1990 et 1995, les combats font plus de 200 000 morts et 800 000 Libériens trouvent refuge à l’étranger (Côte d’Ivoire et Guinée), s’ajoutant au million de personnes déplacées à l’intérieur du pays. En raison de la guerre, le Liberia connaît un taux de mortalité infantile très élevé (132 pour 1 000).
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+ En 2001, la population du Liberia était estimée à 3 230 000 habitants et à 3,32 millions en 2003.
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+ Elle tombe à environ 2 800 000 habitants, à la suite de la guerre civile opposant les troupes du président Charles Taylor au L.U.R.D. (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) soutenu par les États-Unis et le régime de la Guinée,
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+ Les Américano-Libériens sont au nombre de 20 000 et la communauté libanaise est forte de 10 000 représentants. La population autochtone se compose d'une quinzaine de communautés. Le sud du pays est dominé par les Krous, le reste de la population appartient à des groupes rattachés entre autres (Mendé, Koniaque, Kpelle, Vaïs, etc.).
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+ La population de Monrovia, capitale et principal port du pays, a considérablement augmenté du fait de l’exode des populations civiles fuyant les combats : (720 000 habitants en 1994 contre 425 000 en 1984). Le second port, Buchanan (24 000 habitants en 1984), est relié par voie ferrée aux mines de fer du mont Nimba, dont la production a été arrêtée pendant le conflit.
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+ Le taux de fécondité est de 4,8 naissances par femme en 2016[1].
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+ Les dépenses de santé sont de 22 US$ (PPA) en 2004[11].
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+ En 2005, l'espérance de vie à la naissance est de 44,7 ans[11]. Le taux de mortalité infantile est de 15,7 %[11](155,8 décès pour 1 000 naissances)[12].
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+ La prévalence de VIH / SIDA est d'environ 2 % de la population en 2009[13].
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+ En 2014, le Liberia est touché de plein fouet par une importante épidémie de maladie à virus Ebola, la plus grave subie jusqu'à présent[14].
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+ Le Liberia est un pays multilingue où plus de trente langues sont parlées. L'anglais, bien que langue officielle du pays, n'est parlé que par 15 % des Libériens. Aucun des groupes linguistiques ne forme une majorité qui se distingue. La langue la plus parlée à la maison demeure le kpèllé, parlée par 20,3% des Libériens en 2008.
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+ Les principales religions sont le christianisme (85 %) et l'islam (12 %)[1].
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+ L'université du Liberia est située à Monrovia. Créée en 1862, c'est l'un des plus anciens établissements d'enseignement supérieur d'Afrique. La guerre civile a sérieusement endommagé l'université dans les années 1990. La restauration de l'université a débuté peu après la restauration de la paix.
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+ L'université de Cuttington a été fondée par l'Église épiscopalienne des États-Unis en 1889. Elle est située dans le district de Suakoko à environ 190 km au nord de Monrovia.
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+ D'après les estimations de l'UNESCO en 2004, 65 % des élèves sont inscrits à l'école primaire et seulement 24 % pour le cycle secondaire[15]. Au-delà de la misère économique, le problème des enfants soldats explique en partie le faible taux de scolarisation à l'école secondaire.
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+ Mais depuis l’investiture de Mme Johnson-Sirleaf en 2006, les droits de scolarité ont été supprimés, entraînant une hausse spectaculaire de 82 % des inscriptions dans le primaire en à peine deux ans.
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+ L'ancien footballeur George Weah, une des personnalités libériennes les plus connues dans le monde, a succédé le 22 janvier 2018 à Ellen Johnson Sirleaf à la présidence du Liberia. Il a notamment joué au PSG entre 1992 et 1995, puis à l'AC Milan, où il obtient un Ballon d'or[16].
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+ L'anarchisme Écouter regroupe plusieurs courants de philosophie politique développés depuis le XIXe siècle sur un ensemble de théories et de pratiques anti-autoritaires[2]. Le terme libertaire, souvent utilisé comme synonyme, est un néologisme créé en 1857 par Joseph Déjacque pour renforcer le caractère égalitaire.
2
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3
+ Fondé sur la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et le refus de toute contrainte découlant des institutions basées sur ce principe[3], l'anarchisme a pour but de développer une société sans domination et sans exploitation, où les individus coopèrent librement dans une dynamique d'autogestion[4]. Contre l'oppression, l'anarchisme propose une société basée sur la solidarité comme solution aux antagonismes, la complémentarité de la liberté de chacun et celle de la collectivité, l'égalité des conditions de vie et la propriété commune autogérée. Il s'agit donc d'un mode politique qui cherche non pas à résoudre les différences opposant les membres constituants de la société mais à associer des forces autonomes et contradictoires[5].
4
+
5
+ L'anarchisme est un mouvement pluriel qui embrasse l'ensemble des secteurs de la vie et de la société. Concept philosophique, c’est également « une idée pratique et matérielle, un mode d’être de la vie et des relations entre les êtres qui naît tout autant de la pratique que de la philosophie ; ou pour être plus précis qui naît toujours de la pratique, la philosophie n’étant elle-même qu’une pratique, importante mais parmi d’autres »[6]. En 1928, Sébastien Faure, dans La Synthèse anarchiste, définit quatre grands courants qui cohabitent tout au long de l'histoire du mouvement : l'anarchisme individualiste qui insiste sur l'autonomie individuelle contre toute autorité ; le socialisme libertaire qui propose une gestion collective égalitaire de la société ; le communisme libertaire, qui de l'aphorisme « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » créé par Louis Blanc, veut économiquement partir du besoin des individus, pour ensuite produire le nécessaire pour y répondre ; l'anarcho-syndicalisme, qui propose une méthode, le syndicalisme, comme moyen de lutte et d'organisation de la société[7]. Depuis, de nouvelles sensibilités se sont affirmées, telles l'anarcha-féminisme ou l'écologie sociale[8].
6
+
7
+ En 2007, l'historien Gaetano Manfredonia propose une relecture de ces courants sur base de trois modèles. Le premier, « insurrectionnel », englobe autant les mouvements organisés que les individualistes qui veulent détruire le système autoritaire avant de construire, qu’ils soient bakouniniens, stirnerien ou partisans de la propagande par le fait. Le second, « syndicaliste », vise à faire du syndicat et de la classe ouvrière, les principaux artisans tant du renversement de la société actuelle, que les créateurs de la société future. Son expression la plus aboutie est sans doute la Confédération nationale du travail pendant la révolution sociale espagnole de 1936. Le troisième est « éducationniste réalisateur » dans le sens où les anarchistes privilégient la préparation de tout changement radical par une éducation libertaire, une culture formatrice, des essais de vie communautaires, la pratique de l'autogestion et de l'égalité des sexes, etc. Ce modèle est proche du gradualisme d'Errico Malatesta et renoue avec « l’évolutionnisme » d'Élisée Reclus. Pour Vivien Garcia dans L'Anarchisme aujourd'hui (2007), l'anarchisme « ne peut être conçu comme un monument théorique achevé. La réflexion anarchiste n'a rien du système. […] L'anarchisme se constitue comme une nébuleuse de pensées qui peuvent se renvoyer de façon contingente les unes aux autres plutôt que comme une doctrine close »[9].
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9
+ Selon l'historien américain Paul Avrich : « Les anarchistes ont exercé et continuent d'exercer une grande influence. Leur internationalisme rigoureux et leur antimilitarisme, leurs expériences d'autogestion ouvrière, leur lutte pour la libération de la femme et pour l'émancipation sexuelle, leurs écoles et universités libres, leur aspiration écologique à un équilibre entre la ville et la campagne, entre l'homme et la nature, tout cela est d'une actualité criante »[10].
10
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11
+ « L'anarchie est le plus haut degré de liberté et d'ordre auquel l'humanité puisse parvenir. » Pierre-Joseph Proudhon[11]
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13
+ « L'anarchie c'est l'ordre, et le gouvernement la guerre civile » Anselme Bellegarrigue (L'Anarchie, journal de l'ordre)[12]
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+ « L'anarchie est la plus haute expression de l'ordre. » Élisée Reclus[13]
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+ Le terme « anarchisme » et ses dérivés sont employés tantôt péjorativement, comme synonymes de désordre social dans le sens commun ou courant et qui se rapproche de l’anomie, tantôt comme un but pratique, car l'anarchisme défend l'idée que l'absence d'une structure de pouvoir n'est pas synonyme de désorganisation sociale[14]. Les anarchistes rejettent en général la conception courante de l'anarchie (utilisée par les médias et les pouvoirs politiques). Pour eux, « l'ordre naît de la liberté »[15],[16], tandis que les pouvoirs engendrent le désordre. Certains anarchistes useront du terme « acratie » (du grec « kratos », le pouvoir), donc littéralement « absence de pouvoir », plutôt que du terme « anarchie » qui leur semble devenu ambigu. De même, certains anarchistes auront plutôt tendance à utiliser le terme de « libertaires »[17].
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+ Pour ses partisans, l'anarchie n'est justement pas le désordre social. C’est plutôt le contraire, soit l'ordre social absolu[18], grâce notamment à la socialisation des moyens de production : contrairement à l'idée de possessions privées capitalisées, elle suggère celle de possessions individuelles ne garantissant aucun droit de propriété, notamment celle touchant l'accumulation de biens non utilisés[19]. Cet ordre social s'appuie sur la liberté politique organisée autour du mandatement impératif, de l'autogestion, du fédéralisme intégral et de la démocratie directe. L'anarchie est donc organisée et structurée : c'est l'Ordre moins le pouvoir[20].
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+ Le terme d'anarchie est un dérivé du grec ἀναρχία, anarkhia[21]. Composé du préfixe privatif an- (en grec αν, « sans », « privé de ») et du radical arkhê, (en grec αρχη, « origine », « principe », « pouvoir » ou « commandement »)[22],[23]. L'étymologie du terme désigne donc, d'une manière générale, ce qui est dénué de principe directeur et d'origine. Cela se traduit par « absence de principe »[24], « absence de chef »[25], « absence d'autorité »[3] ou « absence de gouvernement »[23].
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+ Dans un sens négatif, l'anarchie évoque le chaos et le désordre, l'anomie[26]. Et dans un sens positif, un système où les individus sont dégagés de toute autorité[26]. Ce dernier sens apparaît en 1840 sous la plume du théoricien, socialiste libertaire, Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). Dans Qu'est-ce que la propriété ?, l'auteur se déclare « anarchiste » et précise ce qu'il entend par « anarchie » : « une forme de gouvernement sans maître ni souverain »[26].
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+ Pour de nombreux théoriciens de l'anarchisme, l'esprit libertaire remonte aux origines de l'humanité[27]. À l'image des Inuits, des Pygmées, des Santals, des Tivs, des Piaroas ou des Mérinas, de nombreuses sociétés fonctionnent, parfois depuis des millénaires, sans autorité politique (État ou police)[28] ou suivant des pratiques revendiquées par l'anarchisme comme l'autonomie, l'association volontaire, l'auto-organisation, l'aide mutuelle ou la démocratie directe[29].
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+ Les premières expressions d'une philosophie libertaire peuvent être trouvées dans le taoïsme et le bouddhisme[30]. Au taoïsme, l'anarchisme emprunte le principe de non-interférence avec les flux des choses et de la nature, un idéal collectiviste et une critique de l'État ; au bouddhisme, l'individualisme libertaire, la recherche de l'accomplissement personnel et le rejet de la propriété privée[31]. Une forme d’individualisme libertaire est aussi identifiable dans certains courants philosophiques de la Grèce antique, en particulier dans les écrits épicuriens, cyniques et stoïciens[32].
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+ Certains éléments libertaires du christianisme ont influencé le développement de l'anarchisme[33], en particulier de l'anarchisme chrétien[34]. À partir du Moyen Âge, certaines hérésies et révoltes paysannes attendent l'avènement sur terre d'un nouvel âge de liberté[31]. Des mouvements religieux, à l'exemple des hussites ou des anabaptistes s'inspirèrent souvent de principes libertaires[35].
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+ Plusieurs idées et tendances libertaires émergent dans les utopies françaises et anglaises de la Renaissance et du siècle des Lumières[36]. Pendant la Révolution française, le mouvement des Enragés s'oppose au principe jacobin du pouvoir de l'État et propose une forme de communisme[37]. En France, en Allemagne, en Angleterre ou aux États-Unis, les idées anarchistes se diffusent par la défense de la liberté individuelle, les attaques contre l'État et la religion, les critiques du libéralisme et du socialisme[31]. Certains penseurs libertaires américains comme Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson et Walt Whitman, préfigurent l’anarchisme contemporain de la contre-culture, de l'écologie, ou de la désobéissance civile[38].
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+ Remonter si loin dans l'histoire de l'humanité n'est pas sans risque d'anachronisme ou d'idéologie[39]. C'est donner une définition extrêmement vague de l'anarchisme sans tenir compte des conditions historiques et sociales de l'époque des faits[39]. Il faudra attendre la Révolution française pour découvrir des aspirations ouvertement libertaires chez des auteurs comme Jean-François Varlet, Jacques Roux ou Sylvain Maréchal[39]. William Godwin (1793) apparaît comme l'un des précurseurs de l'anarchisme. Pierre-Joseph Proudhon est le premier théoricien social à s'en réclamer explicitement en 1840[40].
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+
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+ « Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu… Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. »
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+ Pierre-Joseph Proudhon, Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle, 1851.
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+ L'anarchisme est une philosophie politique qui présente une vision d'une société humaine sans hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver, en renversant le système social autoritaire. L'objectif principal de l'anarchisme est d'établir un ordre social sans dirigeants ni dirigés. Un ordre fondé sur la coopération volontaire d'hommes et de femmes libres et conscients, qui ont pour but de favoriser un double épanouissement : celui de la société et celui de l'individu qui participe à celle-ci. Selon l'essayiste Hem Day : « On ne le dira jamais assez, l’anarchisme, c’est l’ordre sans le gouvernement ; c’est la paix sans la violence. C’est le contraire précisément de tout ce qu’on lui reproche, soit par ignorance, soit par mauvaise foi »[41].
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+ La pensée anarchiste s’oppose par conséquent à toutes les formes d’organisation sociale qui oppriment des individus, les asservissent, les exploitent au bénéfice d’un petit nombre, les contraignent, les empêchent de réaliser toutes leurs potentialités[42]. À la source de toute philosophie anarchiste, on retrouve une volonté d'émancipation individuelle ou collective. L'amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les conduit à lutter pour l'avènement d'une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base de l'organisation sociale et des relations économiques et politiques.
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+ L'anarchisme est opposé à l'idée que le pouvoir coercitif et la domination soient nécessaires à la société et se bat pour une forme d'organisation sociale et économique libertaire, c'est-à-dire fondée sur la collaboration ou la coopération plutôt que la coercition. L'ennemi commun de tous les anarchistes est l'autorité, sous quelque forme que ce soit, l'État étant leur principal ennemi : l'institution qui s'attribue le monopole de la violence légale (guerres, violences policières), le droit de voler (impôt) et de s'approprier l'individu (conscription, service militaire)[43].
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+ Les visions qu'ont les différentes tendances anarchistes de ce que serait ou devrait être une société sans État sont en revanche d'une grande diversité. Opposé à tout credo, l'anarchiste prône l'autonomie de la conscience morale par-delà le bien et le mal définis par une orthodoxie majoritaire, un pouvoir à la pensée dominante. L'anarchiste se veut libre de penser par lui-même et d'exprimer librement sa pensée.
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+ Certains anarchistes dits « spontanéistes » pensent qu'une fois la société libérée des entraves artificielles que lui impose l'État, l'Ordre naturel précédemment contrarié se rétablirait spontanément, ce que symbolise le « A » inscrit dans un « O » (« L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir », Proudhon). Ceux-là se situent, conformément à l'héritage de Proudhon, dans une éthique du droit naturel (elle-même affiliée à Rousseau).
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+ D'autres pensent que le concept d'ordre n'est pas moins « artificiel » que celui d'État. Ces derniers pensent que la seule manière de se passer des pouvoirs hiérarchiques est de ne pas laisser d'ordre coercitif s'installer. À ces fins, ils préconisent l'auto-organisation des individus par fédéralisme, comme moyen permettant la remise en cause permanente des fonctionnements sociaux autoritaires et de leurs justifications médiatiques. En outre, ces derniers ne reconnaissent que les mandats impératifs (votés en assemblée générale), révocables (donc contrôlés) et limités à un mandat précis et circonscrit dans le temps. Enfin, ils pensent que le mandatement ne doit intervenir qu'en cas d'absolue nécessité.
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+ Les anarchistes se distinguent de la vision marxiste d'une société future en rejetant l'idée d'une dictature qui serait exercée après la révolution par un pouvoir temporaire : à leurs yeux, un tel système ne pourrait déboucher que sur la tyrannie. Ils sont partisans d'un passage direct, ou du moins aussi rapide que possible, à une société sans État, celle-ci se réaliserait par le biais de ce que Bakounine appelait l'« organisation spontanée du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes »[44].
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+ Pierre Kropotkine voit pour sa part la société libertaire comme un système fondé sur l'entraide, où les communautés humaines fonctionneraient à la manière de groupes d'égaux ignorant toute notion de frontière. Les lois deviendraient inutiles car la protection de la propriété perdrait son sens ; la répartition des biens serait, après expropriation des richesses et mise en commun des moyens de production, assurée par un usage rationnel de la prise au tas (ou « prise sur le tas ») dans un contexte d'abondance, et du rationnement pour les biens plus rares[45].
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+ Dans Qu'est-ce que la propriété ? (1840), Pierre-Joseph Proudhon expose les méfaits de la propriété dans une société[46]. Ce livre contient la citation célèbre « La propriété, c'est le vol ! ». Plus tard, dans Théorie de la propriété, Proudhon se ravise et paraphrasant sa célèbre formule, il déclare : « La propriété, c'est la liberté ! »[47].
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+ Par la suite ce refus de la propriété évolue selon les différents courants d'anarchisme, individualistes ou collectivistes. Il sert de base à l'illégalisme en France, et à l'anarchisme expropriateur, quoique ce dernier encourage le vol des bourgeois dans le but de financer des activités anarchistes, et non sur la base d'une opposition à la propriété en tant que telle.
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+ Lors du dernier tiers du XIXe siècle et du début du XXe siècle, l'anarchisme est l'un des deux grands courants de la pensée révolutionnaire, en concurrence directe avec le marxisme[40]. Avec Mikhaïl Bakounine, qui joue un rôle déterminant dans la Première Internationale dont il est évincé par les partisans de Karl Marx en 1872, l'anarchisme prend un tour collectiviste face à la tendance mutualiste et respectueuse de la petite propriété privée défendue par Pierre-Joseph Proudhon[40].
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+ Sous l'influence des communistes libertaires, dont Pierre Kropotkine et Élisée Reclus, émerge ensuite le projet d'une réorganisation de la société sur la base d'une fédération de collectifs de production ignorant les frontières nationales. Dans les années 1880-1890, sous l'inspiration notamment de Errico Malatesta, l'anarchisme se scinde entre insurrectionnalistes et partisans d'une conception gradualiste à la fois « syndicaliste et éducative […] fondée sur le primat pacifiste des solidarités vécues »[40].
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+ En 1928, dans l'Encyclopédie anarchiste, le russe Voline définit « les trois idées maîtresses » : « 1° Admission définitive du principe syndicaliste, lequel indique la vraie méthode de la révolution sociale ; 2° Admission définitive du principe communiste (libertaire), lequel établit la base d'organisation de la nouvelle société en formation ; 3° Admission définitive du principe individualiste, l'émancipation totale et le bonheur de l'individu étant le vrai but de la révolution sociale et de la société nouvelle »[48].
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+ En 2007, l'historien Gaetano Manfredonia propose une relecture de ces courants sur base de trois modèles[49].
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+ « L'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes »Statuts généraux adoptés par l'Association internationale des travailleurs lors du congrès fondateur de Genève en 1866[51]
67
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+ Les socialistes libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire par mutualisme, collectivisme, communisme, syndicalisme, mais aussi par conseillisme. L'abolition de la propriété lucrative et l'appropriation collective des moyens de production est un point essentiel de cette tendance. Par « propriété », on n'entend pas le fait de posséder quelque chose pour soi, mais de le posséder pour en tirer des revenus du travail des autres (différent de la propriété d'usage). Ces courants, composés initialement de Proudhon (et de ses successeurs), puis de Bakounine, étaient présents au sein de l'Association internationale des travailleurs (Première internationale), jusqu'à la scission de 1872 (où Bakounine et Karl Marx se sont trouvés opposés). Le socialisme libertaire établit un pont entre le socialisme et l'individualisme (notamment par le biais du coopérativisme et du fédéralisme) combattant tant le capitalisme que l'autoritarisme sous toutes ses formes.
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+ Les cinq tendances (socialiste, communiste, syndicaliste, proudhonienne et insurrectionnelle) se rejoignent et coexistent au sein des différentes associations. L'ensemble de ces courants se caractérise par une conception particulière du type d'organisation militante nécessaire pour avancer vers une révolution. Ils se méfient de la conception centralisée d'un parti révolutionnaire, car ils considèrent qu'une telle centralisation mène inévitablement à une corruption de la direction par l'exercice de l'autorité.
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+ Selon E. Armand dans l'Encyclopédie anarchiste : « Les individualistes anarchistes sont des anarchistes qui considèrent au point de vue individuel la conception anarchiste de la vie, c'est-à-dire basent toute réalisation de l'anarchisme sur « le fait individuel », l'unité humaine anarchiste étant considérée comme la cellule, le point de départ, le noyau de tout groupement, milieu, association anarchiste »[52].
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+ Les individualistes nient la nécessité de l’État comme régulateur et modérateur des rapports entre les individus et des accords qu’ils peuvent passer entre eux. Ils rejettent tout contrat social et unilatéral. Ils défendent la liberté absolue dans la réalisation de leurs aspirations.
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+ L'anarcha-féminisme ou féminisme libertaire, qui combine féminisme et anarchisme, considère la domination des hommes sur les femmes comme l'une des premières manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-féministes partie intégrante de la lutte des classes et de la lutte contre l'État, comme l'a formulé Susan Brown : « Puisque l'anarchisme est une philosophie politique opposée à toute relation de pouvoir, il est intrinsèquement féministe »[53].
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+ Un des aspects principaux de ce courant est son opposition aux conceptions traditionnelles de la famille, de l'éducation et du rôle des genres, opposition traduite notamment dans une critique radicale de l'institution du mariage. Voltairine de Cleyre affirme que le mariage freine l'évolution individuelle, tandis que Emma Goldman écrit que « Le mariage est avant tout un arrangement économique […] la femme le paye de son nom, de sa vie privée, de son estime de soi et même de sa vie ». Le féminisme libertaire défend donc une famille et des structures éducatives non hiérarchiques, comme les écoles modernes inspirées de Francisco Ferrer.
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+ L'anarcha-féminisme peut apparaître sous forme individuelle, comme aux États-Unis, alors qu'en Europe il est plus souvent pratiqué sous forme collective. Autrices : Virginia Bolten, Emma Goldman, Voltairine de Cleyre, Madeleine Pelletier, Lucía Sánchez Saornil, l'organisation féminine libertaire[54] Mujeres Libres.
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+ Pour l'écologie libertaire, les ressources ne sont plus déterminées par les besoins de chacun mais par leur limite naturelle. Ce courant se situe au croisement de l'anarchisme et de l'écologie. Selon Robert Redeker dans la revue Le Banquet, un des éléments constitutifs de cette rencontre est « le développement de la question nucléaire, qui a joué un grand rôle en amalgamant dans le même combat milieux libertaires post-soixante-huitards, scientifiques et défenseurs de la nature »[55].
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+ L'écologie libertaire s'appuie sur les travaux théoriques des géographes Élisée Reclus et Pierre Kropotkine. Elle critique l'autorité, la hiérarchie et la domination de l'homme sur la nature. Elle propose l'auto-organisation, l'autogestion des collectivités, le mutualisme[56]. Ce courant est proche de l'écologie sociale élaborée par l'américain Murray Bookchin[57],[58].
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+ Très critique envers la technologie, elle défend l'idée que le mouvement libertaire doit, s'il veut évoluer, rejeter l'anthropocentrisme : pour les écologistes libertaires, l'être humain doit renoncer à dominer la nature.
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+ L'anarchisme chrétien entend concilier les fondamentaux de l'anarchisme (le rejet de toute autorité ecclésiale ou étatique) avec les enseignements de Jésus de Nazareth, pris dans leur dimension critique vis-à-vis de l'organisation sociale. D'un point de vue social, il se fonde sur la « révolution personnelle », soit la métamorphose de chaque individu au quotidien. Léon Tolstoï, Søren Kierkegaard, Jacques Ellul, Dorothy Day, Ferdinand Domela Nieuwenhuis et Ivan Illich en sont les figures les plus marquantes[64].
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+ Selon Ellul, « Tout cela, que l’on voit (le conformisme, le conservatisme social et politique des Églises ; le faste, la hiérarchie, le système juridique des Églises ; la « morale » chrétienne ; le christianisme autoritaire et officiel des dignitaires des Églises…), c’est le caractère « sociologique et institutionnel » de l’Église, […] ce n’est pas l’Église. Ce n’est pas la foi chrétienne. Et les anarchistes avaient raison de rejeter ce christianisme »[65]. Par ailleurs, l'anarchisme est pour Ellul « la forme la plus aboutie du socialisme »[65].
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+ L'« anarcho-personnalisme » exprimé par Emmanuel Mounier et les « pédagogues de la libération » comme Paulo Freire au Brésil et Jef Ulburghs (nl) en Belgique partagent des racines avec ce courant. Simone Weil y fut sensible.
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+ Aux États-Unis, le mouvement Jesus Radicals (en)[66] s'inscrit dans cette mouvance.
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+ L'anarchisme non violent est un mouvement dont le but est la construction d'une société refusant la violence. Les moyens utilisés pour arriver à cette fin sont en adéquation avec celle-ci : écoute et respect de toutes les personnes présentes dans la société, choix de non-utilisation de la violence, respect de l'éthique (la fin ne justifie jamais les moyens), place importante faite à l'empathie et à la compassion, acceptation inconditionnelle de l'autre.
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98
+ Apolitique, profondément humaniste, il vise à rassembler les hommes et les femmes pour construire une société où chacun puisse se réaliser (la société est au service de l'individu) et en même temps incite l'individu à collaborer, à contribuer au bien-être de tous les acteurs de la société (l'individu est au service de la société)[67],[68].
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+ Personnalités marquantes : Léon Tolstoï, Louis Lecoin, Barthélemy de Ligt, May Picqueray, Jean Van Lierde.
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+ L'anarchisme de droite. Ce courant littéraire français regroupe des auteurs qui s'opposent aux formes gouvernementales traditionnelles comme la démocratie, le pouvoir des intellectuels et le conformisme. Il s'agit d'une attitude et d'une esthétique plutôt que d'une idéologie structurée, qui se cristallise autour de valeurs « de droite » telles que l'anti-égalitarisme aristocratique, l'individualisme et l'esprit « libertin » (auteurs : Louis-Ferdinand Céline, Paul Léautaud, François Richard, Michel-Georges Micberth).
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+ L'anarcho-capitalisme, mouvement issu de la pensée libérale, libertarienne américaine. Il veut rendre à l'individu tous les droits usurpés par l'État, y compris les fonctions dites « régaliennes » (défense, police, justice et diplomatie). L'anarcho-capitalisme défend la liberté individuelle, le droit de propriété et la liberté de contracter (auteurs : Gustave de Molinari, Murray Rothbard, David Friedman, Hans-Hermann Hoppe, Walter Block).
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+ Le crypto-anarchisme qui s'intéresse à l'étude et au combat de toutes les formes de cyber-pouvoirs de domination engendrées par le statu quo technologique de l'internet militarisé actuel. Les crypto-anarchistes prônent la démilitarisation et la libération totale du cyber-espace et de l'ensemble de ses technologies, de telle sorte qu'ils ne produisent plus de cyber-pouvoirs de domination sur les peuples. Ainsi, le crypto-anarchisme est réellement un prolongement naturel et transverse de tous les courants de pensée anarchistes, qui furent tous inventés et conceptualisés dans un contexte historique où le cyber-espace et les réseaux de télécommunication n'existaient pas, c'est-à-dire dans un contexte où la notion de cyber-pouvoir n'existait pas.
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+ Au XXe siècle, des courants nouveaux apparaissent, moins connus ou ayant leur autonomie propre, et ne rentrant pas dans le cadre des tendances existantes. Ces différents courants/tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire, où la liberté politique serait la règle. C'est surtout après la Seconde Guerre mondiale qu'apparaissent d'autres courants dans différents domaines : politiques, philosophiques et littéraires. Ils se démarquent parfois assez radicalement des doctrines anarchistes classiques.
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+ Les tendances de l'anarchisme historique (socialiste, syndicaliste, proudhonien, communiste et individualiste stirnerien) sont également les plus actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées. Elles peuvent en outre revendiquer un héritage historique très riche, qui s'est construit au fil des décennies autour d'un militantisme et d'un activisme très vivaces. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de l'anarchisme actif, et une majorité d'anarchistes considère que ce sont les seuls mouvements qui peuvent légitimement revendiquer l'appellation d'anarchisme. Ce sont ces mêmes courants qui s'associent parfois pour faire front commun au sein d'organisations synthésistes.
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+ Au sein du mouvement libertaire, d'autres courants non traditionnels sont plus ou moins bien accueillis (selon les tendances), certains étant considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres non. Néanmoins, les diverses tendances se rejettent parfois mutuellement, les individualistes pouvant rejeter la composante socialiste et réciproquement (notamment dans le cas d'une organisation politique de type plateformiste).
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+ Pour les courants libertaires traditionnels, les courants tels que le national-anarchisme, l'anarcho-capitalisme et l'anarchisme de droite sont rejetés, considérant que les idées de ces mouvements sont extérieures à l'anarchisme politique et historique et qu'elles n'ont aucun point commun avec les leurs, voire qu'elles leur sont fondamentalement opposées. Les nationalistes anarchistes sont pointés du doigt pour leur promiscuité politique avec l'extrême-droite (pour la branche proche du néonazisme) ou l'incompatibilité de défendre le nationalisme et l'internationalisme. L'anarchisme de droite est critiqué pour son incohérence et son inexistence en tant que mouvement politique. Les critiques à l'encontre des anarcho-capitalistes contestent la possibilité de combiner l'anarchisme et le capitalisme, ce dernier étant considéré par eux comme une source d'exploitation. L'anarchisme chrétien est critiqué par ceux qui estiment que la religion est source d'oppression et d'aliénation.
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116
+ De nombreux peuples dits primitifs, généralement des chasseurs-cueilleurs comme les Aeta, mais aussi des agriculteurs comme les Papous, sont dépourvus de structures d'autorité et le pouvoir de coercition n'y est pas considéré comme légitime (voir les travaux de l'anthropologue et ethnologue français Pierre Clastres).
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+ La « propagande par le fait », à ne pas confondre avec l'action directe, est une stratégie d'action politique développée par certains anarchistes à la fin du XIXe siècle en association avec la propagande écrite et verbale[69]. Elle proclame le « fait insurrectionnel », moyen de propagande le plus efficace[70] et vise à sortir du terrain légal pour passer d'une « période d’affirmation » à une « période d’action », de « révolte permanente », la « seule voie menant à la révolution ». Les actions de propagande par le fait utilisent des moyens très divers dans l'espoir de provoquer une prise de conscience populaire[71]. Elles englobent les actes de terrorisme, les actions de récupération et de reprise individuelle, les expéditions punitives, le sabotage, le boycott, voire certains actes de guérilla[72]. Bien qu'ayant été largement employé au niveau mondial (sont notamment assassinés le président français Sadi Carnot, celui des États-Unis William McKinley ou encore l'impératrice Sissi), le recours à ce type d'action est resté un phénomène marginal dénoncé par de nombreux anarchistes. À la suite d'un bilan critique, cette pratique est abandonnée au début du XXe siècle au profit de l'action syndicale.
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+ Les « Enragés » pendant la Révolution française comptent peu d'anarchistes, à l'exception de quelques individualités, notamment Jean-François Varlet.
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+ Durant la Commune de Paris en 1871 on mentionne parfois Louise Michel, qui n'était alors pas anarchiste mais blanquiste.
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+ La collectiviste Nathalie Lemel, Élie et Élisée Reclus, ou encore d'autres militants n'étaient pas anarchistes à l'époque. Ce n'était pas le cas non plus d'Eugène Varlin, Gustave Lefrançais, Charles Ledroit, Jules Montels, François-Charles Ostyn, ou Jean-Louis Pindy, même si certains anarchistes comme Maurice Joyeux voient un lien avec l'anarchisme[73].
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+ En 1873, la Révolution Cantonale pendant la première République espagnole eut une forte influence sur le mouvement anarchiste espagnol.
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+ En 1911, Le 29 janvier, le Parti libéral mexicain (PLM) d'obédience anarchiste, planifie l'invasion du territoire de Basse-Californie du Nord, pour en faire une base opérationnelle dans la guerre révolutionnaire. Le parti déclare alors la création de la « république socialiste de Basse-Californie ».
129
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130
+ De février à juin 1911 il prend contrôle, notamment grâce aux frères Flores Magón et avec l'aide d'une centaine d'internationalistes armés membres du syndicat Industrial Workers of the World (Travailleurs Industriels du monde), de la majeure partie du district nord du territoire de Basse Californie, notamment des bourgades de Tijuana (100 habitants), Mexicali (300 habitants), et Tecate. Les magonistes incitent le peuple à prendre possession collectivement de la terre, à créer des coopératives et à refuser l'établissement d'un nouveau gouvernement. Durant cinq mois ils vont faire vivre la 3Commune de Basse-Californie3 : expérience de communisme libertaire avec abolition de la propriété, travail collectif de la terre, formation de groupes de producteurs, etc.
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+ En 1914, le mouvement Ghadar, animé par l'anarchiste Lala Har Dayal, développe une idée de société anarchiste enracinée dans les écrits védiques.
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+
134
+ Pendant la Révolution russe, en Ukraine, Nestor Makhno conduit la Makhnovchina pendant trois ans (1918-1921), une armée anarchiste de guérilla organisée sur la base du volontariat, et qui comptera jusqu'à 100 000 combattants ayant pour objectif de protéger le nouveau modèle révolutionnaire libertaire mise en place dans le sud de l'Ukraine. Cette dernière combattit avec succès les armées blanches au côté de l'armée rouge, avant d'être trahie par Lénine et Trotsky qui se retournèrent contre elle (voir : Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne). Par ailleurs, en Russie, la pensée libertaire était fortement présente lors de la Révolte de Kronstadt (mars 1921) et plus généralement dans les Soviets jusqu'à leur mise au pas par le parti bolchevique.
135
+
136
+ En Bavière, en 1919, les anarchistes Gustav Landauer et Erich Müsham participent activement à la république des conseils de Bavière. En Mandchourie, en août 1929, sous l'impulsion de Kim Jwa-jin et de la Fédération Anarchiste Coréenne en Mandchourie, se forme une administration à Shimmin (une des trois provinces mandchouriennes). Organisée en tant qu'Association du Peuple Coréen en Mandchourie (APCM), elle se présente comme « un système indépendant autogouverné et coopératif des coréens qui rassemblent tout leur pouvoir pour sauver notre nation en luttant contre le Japon ». La structure était fédérale allant des assemblées de villages jusqu'à des conférences de districts et de zones. L'association générale mit en place des départements exécutifs pour s'occuper de l'agriculture, de l'éducation, de la propagande, des finances, des affaires militaires, de la santé publique, de la jeunesse et des affaires générales.
137
+
138
+ Lors de la révolution espagnole de 1936-38, des régions entières (Catalogne, Andalousie, Levant, Aragon) se soulevèrent contre le coup d'état franquiste, et, par l'impulsion du prolétariat armé et organisé en milices révolutionnaires sous l'égide de la CNT et de la FAI, instaurèrent un régime politique et économique communiste libertaire. La ville de Barcelone, ou l'anarchisme se trouve particulièrement bien implanté, deviendra alors le symbole de la révolution, avec des centaines d'usines, de transports, de restaurants, d’hôpitaux, d’hôtels, ou d'autres entreprises collectivisées passant au modèle autogestionnaire. Plusieurs colonnes de combattants anarchistes seront également formées pour partir au front, la plus célèbre sera la Colonne Durruti qui regroupât 6 000 volontaires. Cette expérience reste à ce jour la plus importante mise en place d'un système politique libertaire à grande échelle.
139
+
140
+ Durant la guerre 1939-45 en Italie, création par des résistants d'une république libertaire près de Carrare.
141
+
142
+ L'échec de ces expériences sera dû, selon les anarchistes, à plusieurs facteurs, externes ou internes au mouvement anarchiste, dont la situation politique internationale défavorable, le trop faible soutien populaire ou international, la répression, les contraintes inhérentes à une situation de guerre révolutionnaire, les entraves de jacobins, de bolcheviks (pour les Soviets en Russie), de staliniens lors de la Guerre d'Espagne.
143
+
144
+ Ces expériences parviennent toutefois à réaliser, selon les anarchistes, de nombreux principes anarchistes, en particulier en matière d'éducation libre, de libre collectivisation des terres et des usines, de liberté politique, etc.
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+ Plusieurs militants de la révolte étudiante de mai 1968 en France ayant participé au Mouvement du 22 Mars) et au Gauchisme dans les années qui suivent ont été d'abord anarchistes ou le sont restés, comme Jean-Pierre Duteuil[74].
147
+
148
+ La création en 1960 de l’UGAC (Union des Groupes Anarchistes Communistes), d’abord comme une simple tendance de la Fédération anarchiste, puis comme un groupe autonome en 1964 fait augmenter fortement l'implantation des anarchistes mais aussi les tensions internes à ce courant[75].
149
+
150
+ Créée, la même année universitaire, en 1963-1964, a LEA (Liaison des Étudiants Anarchistes) n'apparaît que plus tard, en en décembre 1965, à l’université de Nanterre. Elle débute à la Sorbonne: l'anarchiste espagnol Thomas Ibáñez s'inscrit en 1963-1964 à la Sorbonne au département psycho, place forte parisienne des lambertistes, le Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (CLER) y étant dirigé par Claude Chisserey[76]. Ce dernier le présente à Richard Ladmiral, membre de Noir et Rouge, ami de Christian Lagant[76], que Thomas Ibáñez avait connu au camping libertaire international de Beynac[76]. Tous deux décident d’imiter les lambertistes[76], en créant eux aussi une « liaison étudiante », mais anarchiste cette fois, la Liaison étudiante anarchiste ou LEA[76].
151
+
152
+ Richard Ladmiral et Thomas Ibáñez entament une collaboration assez étroite avec la « Tendance syndicaliste révolutionnaire » impulsée par les lambertistes de l'UNEF[76],sur le modèle de l’alliance tissée dans la région de Saint-Nazaire entre anarcho-syndicalistes – dont Alexandre Hébert était la figure de proue – et lambertistes [76]. En Mai 68 à Nantes, des ouvriers "lambertistes" seront aux débuts du mouvement de grève générale[77] de Mai 68.
153
+
154
+ La LEA décide à la fin de l’été 1964 d'acquérir une envergure nationale, par un communiqué dans Le Monde libertaire[76] convoquant une réunion, en octobre, à son local de la rue Sainte-Marthe[76]: une douzaine d’étudiants, y viennent, pami eux, Jean-Pierre Duteuil et Georges Brossard – fraichement inscrits à la nouvelle université de Nanterre[76]. Venu du lycée de Nanterre, Jean-Pierre Duteuil participé à l’envahissement de la pelouse lors d’un match de rugby à Colombes entre la France et l’Angleterre devant les caméras de télévision mais a aussi rencontré des militants anarchistes italiens en Italie. La LEA Nanterre prône l'interruption de cours, le refus systématique de tout pouvoir, fût-il symbolique, et la critique virulente du contenu de l’enseignement[76].
155
+
156
+ Au niveau national, la LEA est proche de la revue Noir et Rouge, animée notamment par Christian Lagant, Frank Mintz, Richard Ladmiral, Jean-Pierre Poli, Pascale Claris et Pierre Tallet[78].
157
+
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+ La création du Comité de liaison des jeunes anarchistes fédéra des militants de diverses organisations (FA, UGAC, Noir et Rouge, inorganisés) et Jean-Pierre Duteuil entra en 1966 au comité de rédaction du Monde libertaire et édita l’Anarcho de Nanterre, ronéoté.
159
+
160
+ Entre-temps, la Fédération Anarchiste avait adopté à son congrès de 1965 une motion en faveur du Mouvement Libertaire Cubain en Exil, critiquant ouvertement le régime castriste, pourtant une référence parfois même chez les communistes libertaires de la Fédération Anarchiste[75]. Cette dernière a procédé à l’expulsion de nombreux groupes et individus proches du communisme et du situationnisme au congrès de Bordeaux de mai 1967, en particulier ceux de LEA (Liaison des Étudiants Anarchistes), ou encore le CLJA (Comité de Liaison des Jeunes Anarchistes)[75] qui fédérait LEA et d'autres groupes.
161
+
162
+ Ce congrès de Bordeaux voit le départ d’une douzaine de groupes. Alors que la FA était passée de 47 groupes en 1966 à 67 groupes l'année suivante elle revient, suite à ce congrès, à 47 groupes[75]. Les expulsés, parmi lesquels Jean-Pierre Duteuil, se fédérèrent pour un temps sous le nom de « l’Hydre de Lerne » [76].
163
+
164
+ Ils vont alors se rapprocher, en particulier au sein de l'UNEF puis du Mouvement du 22 Mars, des trostskystes des JCR (Jeunesses Communistes Révolutionnaires, trotskystes), et des maoïstes de l’UJCML (Union des Jeunesses Communistes Marxistes-Léninistes)[75]. L'UGAC défend ainsi alors une politique "frontiste" basée sur des alliances avec des mouvements maoistes ou trotskystes [79].
165
+
166
+ C'est aussi l'époque du départ des JAC (Jeunesses Anarchistes Communistes), créées en 1967, très actives dans les lycées parisiens, fin 1967 puis début 1968 via les Comités d’Actions Lycéens (CAL). L’UGAC produit de son côté dès 1966 une "Lettre au mouvement anarchiste international" affirmant sa conviction que l'anarchisme doit être une simple composante du mouvement révolutionnaire[79] et elle publie à partir de 1968 le journal Tribune Anarchiste Communiste (TAC)[75].
167
+
168
+ Un premier "Groupe anarchiste de jeunes", avait été fondé au lendemain du
169
+ camping international libertaire organisé par la FIJL en 1965 á Aiguilles, dans le Queyras[80],[81].
170
+
171
+ Le mouvement des communautés libertaires se poursuit, notamment à Copenhague au Danemark, avec la commune libre Christiania, un squat autonome/autogéré au niveau d'un quartier. La mise en place d'Écovillages : agglomérations, généralement rurales, ayant un projet d'autosuffisance variable, reposant sur un modèle économique alternatif telle la Coopérative européenne Longo Maï. L'écologie y est prépondérante.
172
+
173
+ Dans les années 1980, des libertaires sont présents dans le mouvement des radios libres, en Belgique comme en France avec Radio libertaire.
174
+
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+ Dans les années 1990, Hakim Bey introduit le concept de Zone autonome temporaire (Temporary Autonomous Zone - TAZ) interprété comme une forme d'organisation permettant d'accéder à l'anarchie.
176
+
177
+ En 1994, au Mexique, insurrection zapatiste du Chiapas. Sur des bases idéologiques d'orientation socialistes autogestionnaires l'EZLN prend les armes contre l’État mexicain et déclare l'autonomie des territoires indigènes de la région. À partir de décembre 1994, les zapatistes constituent peu à peu des communes autonomes, indépendantes de celles gérées par le gouvernement du Mexique. Ces communes mettent en œuvre des pratiques d'autogestion et de communalisme tel que des services de santé gratuits, la socialisation des terres, des écoles là où il n'en existait pas et un système de justice et de police communale.
178
+
179
+ En 1999 à Seattle, lors du contre-sommet de l'OMC, un black bloc est médiatisé au niveau international. Un black bloc désigne autant une tactique de manifestation[82], une forme d'action directe collective[83] que des groupes d'affinité aux contours éphémères[84],[85]. Avant et après une action, un Black Bloc n’existe pas[86]. Sans organigramme, ni porte-parole, il est principalement constitué d'individus tout de noir vêtus pour se fondre dans l'anonymat, c'est un espace décentralisé, sans appartenance formelle ni hiérarchie. Il est formé principalement d'activistes issus des mouvances libertaires[87].
180
+
181
+ En 2006, à la mort de Murray Bookchin, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) s'engage à fonder la première société basée sur un confédéralisme démocratique inspiré des réflexions du théoricien de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire[88]. Le 6 janvier 2014, les cantons du Rojava, dans le Kurdistan syrien, se fédèrent en communes autonomes. Elles adoptent un contrat social qui établit une démocratie directe et une gestion égalitaire des ressources sur la base d’assemblées populaires. C’est en lisant l’œuvre de Murray Bookchin et en échangeant avec lui depuis sa prison turque, où il purge une peine d’emprisonnement à vie, que le dirigeant historique du mouvement kurde, Abdullah Öcalan, fait prendre au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) un virage majeur pour dépasser le marxisme-léninisme des premiers temps. Le projet internationaliste adopté par le PKK en 2005, puis par son homologue syrien, le Parti de l'union démocratique (PYD), vise à rassembler les peuples du Proche-Orient dans une confédération de communes démocratique, multiculturelle et écologiste[88],[89].
182
+
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+ En 2007, une Metaversial Anarchist Federation est créée dans le monde virtuel de Second Life par des militants de divers pays.
184
+
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+ Aujourd'hui, les anarchistes se sont organisés dans une multitude de groupes (fédération, collectif, groupe d'affinité informel, organisations, journaux, syndicat, international, etc) et sont présents dans plusieurs mouvements sociaux non spécifiquement libertaire, sur des terrains aussi divers que :
186
+
187
+ L'anarchisme a depuis longtemps des liens avec les arts créatifs, en particulier la peinture, la musique et la littérature. L'influence de l'anarchisme dans l'art n'est pas qu'une question d'imagerie spécifique ou de figures publiques propres à l'anarchisme, mais peut être vue comme une approche vers l'émancipation totale de l'homme et de l'imagination[91].
188
+
189
+ Dès le XIXe siècle, des liens sont tissés entre artistes et anarchistes. Gustave Courbet est l’ami de Pierre-Joseph Proudhon[92]. Entre 1880 et 1914, nombreux sont les artistes et les écrivains qui s’intéressèrent à l’anarchisme. Ils collaborent à des revues ou font parfois don de certaines œuvres. On peut citer les noms de plusieurs peintres : Camille Pissarro[93], Paul Signac[94], Maximilien Luce[95] et Henri-Edmond Cross[96], ou le critique d'art Félix Fénéon[97].
190
+
191
+ Plus significativement, l'esprit libertaire se retrouve dans les œuvres du mouvement dadaïste[98] et du surréalisme[99].
192
+
193
+ Dans le monde francophone, des personnalités comme Albert Camus[100],[101],[102], André Breton[103], Jacques Prévert[104], Boris Vian[105],[106], Robert Desnos[107] ou Étienne Roda-Gil[108] marquent le champ culturel d'une empreinte libertaire. Il en est de même dans le cinéma[109], avec Jean-Pierre Mocky[110] ou Luis Buñuel[111].
194
+
195
+ De manière plus directe, c'est en Espagne que la propagande artistique au service de l'anarchisme et de la révolution sociale connaîtra un immense essor pendant la période de la guerre civile, à travers de très nombreuses affiches syndicales et militaires, ou encore même, par le théâtre libertaire et le cinéma de reportage.
196
+
197
+ L'anarchisme ne s'exprime pas uniquement à travers un mouvement strcturé ou une oeuvre. Il peut aussi se manifester dans un état d'esprit, qu'on retrouve dans l'engagement libertaire de Georges Brassens ou à la rédaction des journaux satiriques comme Hara Kiri ou encore Charlie Hebdo. À propos de ces derniers, Michèle Bernier, la fille du Professeur Choron, définit cet esprit anarchiste de la manière suivante : "Des mécréants, de joyeux anars sans Dieu ni maître. C’était l’humour à plein pot fait par des gens extrêmement drôles et intelligents."[112].
198
+
199
+ On peut aussi évoquer l'esprit anarchiste de militants plus ou moins anonymes, comme par exemple Constant Couanault, ouvrier des cuirs et peaux en région parisienne, secrétaire adjoint de la Confédération générale du travail - Syndicaliste révolutionnaire (CGTSR) dans les années 1930[113] et qui a sauvé des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Indépendamment de son militantisme, son attitude peut s'interpréter sous les traits de l'esprit anarchiste : "Constant (Couanault) envoie bouler tel voisin antisémite, Constant bouffe du curé et du patron, Constant houspille les gosses froussards."[114].
200
+
201
+ Selon le philosophe et historien des idées politiques d'orientation libérale Philippe Nemo, une société anarchiste est impossible à la fois sur le plan théorique et dans la pratique. Il constate que, tout au plus, on a pu observer uniquement « de brefs exemples historiques » mais aucune réalisation durable. Il estime que cette impossibilité est définitive en se basant sur les questions posées au XIXe siècle par Lord Acton concernant la politique : qui doit exercer le pouvoir et quelles doivent être ses limites. Selon lui, la réponse anarchiste, en particulier des anarchistes socialistes, qui réunit un pouvoir sans limitation, exercé par le peuple dans son ensemble, sans que ce pouvoir soit confisqué par un individu ou un groupe d'individus, est fondamentalement instable. Pour Nemo, cette solution ne peut pas durer car elle tend à devenir soit un système totalitaire (prise de contrôle du pouvoir par un individu ou un groupe) soit une démocratie libérale (limitation des pouvoirs exercés par tous). À l'inverse de la réponse anarchiste, selon Nemo, ces deux réponses sont stables puisque, dans le premier cas, les pouvoirs de l'État sur tous permettent facilement son maintien au pouvoir, tandis que dans le second, le « libéralisme rend possible l'existence d'opposants politiques, faisant vivre la démocratie »[115].
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+
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+ Le politiste Édouard Jourdain, indique que « Dans la lignée de la réception aux États-Unis de la French Theory, marquée principalement par des auteurs comme Foucault, Deleuze et Derrida, certains théoriciens ont entrepris de critiquer un anarchisme marqué par la philosophie des Lumières en se tournant vers le post-structuralisme ou le postmodernisme »[116]. Ainsi selon Jourdain, des auteurs tels que Saul Newman (en) et Todd May (en) se réclamant du postanarchisme critiquent des conceptions de « l'anarchisme classique ». Une d'entre elles concerne la conception essentialiste de la nature humaine et de la subjectivité : celle-ci étant par essence bonne, l’abolissement du pouvoir en réalisant l'humanité "naturelle" permettrait une société harmonieuse[116].
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1
+ De façon générale, la liberté est un concept qui désigne la possibilité d'action ou de mouvement.En mécanique par exemple, on parle de degrés de liberté pour comptabiliser les mouvements possibles d'une pièce.
2
+
3
+ Pour le sens commun, la liberté s'applique principalement aux individus et s'oppose à la notion d'enfermement ou de séquestration. Une personne qui vient de sortir de prison est dite libre. Le sens originel du mot liberté est d'ailleurs assez proche : l'homme libre est celui qui n'a pas le statut d'esclave.
4
+
5
+ En philosophie, en sociologie, en droit et en politique, la liberté est une notion majeure : elle marque l'aptitude des individus à exercer leur volonté avec — selon l'orientation politique des discours tenus — la mise en avant de nuances dont aucune n'épuise le sens intégral :
6
+
7
+ Cette notion renvoie à une double réflexion :
8
+
9
+ Dans la mesure où ces deux perspectives se recoupent de diverses manières, leur chevauchement peut provoquer des erreurs d'interprétation dans les analyses et la confusion dans les débats. Il faut donc prendre soin de distinguer les différents sens de ce mot.
10
+
11
+ D'un point de vue sémantique, on peut considérer la liberté comme un état où le sujet n'est pas l'objet de contrainte[2].
12
+
13
+ L'existence d'un degré de liberté suppose que le sujet soit confronté au moins à une alternative. Le propre de cette situation implique qu'un libre choix est possible, qui ne peut s'exprimer que par un renoncement aux autres possibilités. Il en résulte que nécessairement, l'attribution d'une possibilité d'agir, rend impossible une ou plusieurs autres possibilités d'agir et modifie donc d'autant le champ de libertés d'un individu.
14
+ D'autre part, l'interprétation des contraintes contenues dans l'alternative rencontrée n'est pas neutre dans la détermination du choix tant cette analyse conditionne l'évaluation du champ des possibilités. Il existe évidemment une infinité de tels ensembles : Pour une même situation, des opérateurs distincts voient donc sous le mot « liberté » des notions parfois fort différentes. A fortiori lorsque cette même situation se reporte dans un contexte différent.
15
+
16
+ La théorie des jeux enseigne que le choix est également affecté par la perception d'enjeux partagés avec d'autres.
17
+
18
+ La liberté peut donc constituer un attribut de l'être humain, de sa volonté, et être la condition de droits naturels ou positifs, mais aussi de devoirs et obligations.
19
+
20
+ Comme le dit Saint Augustin « Aime, et fais ce que tu veux » : En ce sens la liberté est l'expression d'une dynamique comprise comme étant aussi une responsabilité.
21
+
22
+ La Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) pointe la distinction entre « liberté négative » (le fait d'être délivré de l'ingérence d'autrui dans l'exercice d'activités que l'on peut faire par soi-même) et la « liberté positive » (le fait d'être délivré des facteurs restrictifs comme la faim, la maladie, l'insécurité, l'indigence, etc.). De ce fait, le texte distingue :
23
+
24
+ L'exercice de la liberté doit comporter une dimension vécue que l'on ne saurait réduire au seul choix volontaire. D'une certaine manière « la liberté s'use si l'on ne s'en sert pas ». Ces deux aspects de l'existence humaine se distinguent, pour se rejoindre et se renforcer l'un l'autre ou au contraire s'amenuiser ou aller jusqu'à se détruire réciproquement. Ainsi, dans une société, l'existence des libertés juridiques peut être objectivement reconnue, alors que dans la pratique effective, la réalité (son existence dans nos actes) et l'essence (la conception que nous nous en faisons) de la liberté peuvent poser problème.
25
+
26
+ L'enquête socio-politique sur la pratique de la liberté est au moins aussi fondamentale que le questionnement concernant le problème philosophique de son existence et de son éventuelle essence. Il faut cependant garder à l'esprit que les deux aspects se recoupent.
27
+
28
+ On distingue au niveau de l'individu plusieurs « types » de libertés :
29
+ La liberté naturelle : selon laquelle la nature autorise l'homme à employer l'ensemble de ses facultés comme il l'entend.
30
+ La liberté civile : elle s'inscrit dans le cadre d'un homme citoyen étant libre de ses actes, tant que ceux-ci ne nuisent pas à autrui et ne sont contraires à aucune Loi. Cette liberté est très délicate d'application, en particulier en ce qui concerne le droit de la concurrence, puisque toute création de commerce nuit par principe aux commerces antérieurs existant dans le voisinage. On y associe souvent la maxime suivante : « La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres ».
31
+ La liberté de circulation : dans la même optique que la précédente, elle reconnaît à l'homme le droit d'aller et venir librement sur le territoire national, ce qui inclut la possibilité d'y entrer ou d'en sortir. Cette liberté a été étendue en Europe grâce aux accords de Schengen, permettant la libre circulation des personnes dans l'espace de la Communauté européenne.
32
+ La liberté de culte ainsi que la liberté de conscience : la liberté de culte permet à chaque individu de pratiquer la religion de son choix, la liberté de conscience permet de ne pas avoir de croyance religieuse. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen en fixe pour limite : l’absence de trouble à l'ordre public.
33
+ La liberté d'opinion consiste en la liberté de pensée associée à la liberté d'expression : elle permet à chacun de penser et d'exprimer ses pensées sans censure préalable, mais non sans sanctions, si cette liberté porte préjudice à quelqu'un. Elle va de pair avec la liberté de la presse, qui est celle d'un propriétaire de journal de dire ce qu'il veut dans son journal.
34
+ La liberté économique : elle permet à chacun de percevoir des revenus de son travail et de pouvoir affecter ces derniers librement : liberté de travailler et de consommer. Nul ne peut se voir refuser par principe un emploi pour des considérations autres que de qualification professionnelle (par exemple sexe, origine ethnique, âge ou religion).
35
+ La liberté contractuelle : les individus doivent être libres de définir eux-mêmes les termes des contrats qu'ils passent entre eux.
36
+
37
+ La liberté n'est pas qu'individuelle, elle existe aussi à un niveau global, plus collectif, avec par exemple la liberté de la presse, qui permet une libre publication, sans subir de censure.
38
+
39
+ Les différentes libertés collectives :
40
+ la liberté d'association :
41
+ la liberté de la presse : elle permet à chacun de publier librement ses pensées ou ses opinions, sans être sujet à la censure ou à tout autre mesure arbitraire ou autoritaire ;
42
+ la liberté de réunion : elle permet aux individus de se réunir librement pour débattre de leurs opinions ;
43
+ la liberté syndicale : elle permet aux salariés de former et d'adhérer ou non à des organisations syndicales pour les représenter et faire valoir leurs droits et revendications.
44
+
45
+ En matière d'exercice des libertés collectives, la mise en œuvre concrète de la notion de liberté peut parfois conduire à des situations paradoxales comme dans le cas de la liberté de la presse, par exemple. Ainsi la concentration des moyens techniques et financiers importants, le soutien des annonceurs publicitaires nécessaires aujourd'hui aux organes d'information, en particulier radiophoniques ou audiovisuels, tend à restreindre le nombre des opérateurs disposant des moyens nécessaires et suffisants pour agir. La conséquence étant la formation de cartels qui, pour protéger leur situation, pratiquent de façon « spontanée » et « plus ou moins consentie » l'autocensure en raison :
46
+ des groupes de pression qui exercent leur influence sur leur actionnariat
47
+ de leurs liens avec les annonceurs publicitaires qui ne souhaitent pas associer certaines prises de position avec leur image de marque,
48
+ de la pression de l'audimat.
49
+
50
+ La détention des moyens d'expression peut ainsi conduire à relativiser le pouvoir de contrôle et de critique de l'individu sur ces vecteurs... L'abolition de la censure n'est donc plus un gage suffisant de liberté: S'il est vrai que les publications ne sont plus soumises à des décisions arbitraires, les vecteurs de l'information jouissent d'une marge de manœuvre conditionnée essentiellement par leur actionnariat, leurs annonceurs et leur audience . Dans ce difficile équilibre, il n'est pas certain que la richesse et la diversité des individus puisse librement s'exprimer. La légitimité de l'information et des médias (présentés comme le quatrième pouvoir, à l'instar des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire) est de ce point de vue en question.
51
+
52
+ Le développement d'internet a grandement facilité et décuplé les échanges d'information, ce qui pose de nombreuses questions éthiques relatives aux libertés.
53
+
54
+ Il n'est pas souhaitable, notamment pour une entreprise qui souhaite protéger son capital intellectuel, de divulguer des informations sur le réseau internet mondial. Il est parfois nécessaire d'établir des règles, et différents niveaux d'accès et de confidentialité pour les parties prenantes[4].
55
+
56
+ Le logiciel libre cherche à donner la liberté à ses utilisateurs d'utiliser leurs programmes comme ils le veulent, sans restrictions artificielles et sans donner au programmeur le pouvoir absolu sur le fonctionnement du programme[5]. L'utilisateur a également la liberté d'étudier le fonctionnement du programme, de le modifier et de le partager librement[6]. Cette liberté n'est pas anticapitaliste et est compatible avec la commercialisation du logiciel[7]. Un des exemples les plus notables de logiciel libre est le système d'exploitation GNU, à la base du mouvement, mais le noyau Linux, LibreOffice, Mozilla Firefox[8], le moteur wiki de Wikipédia[9], et beaucoup d'autres en sont également.
57
+
58
+ Le mouvement du logiciel libre vise à favoriser l'accès à la connaissance et aux techniques de manière universelle, ce qui, à l'heure de la mondialisation, représente un élément pour la défense des libertés individuelles dans les pays émergents, les rendant techniquement indépendants des pays « déjà développés ».
59
+
60
+ D'après leurs détracteurs, les brevets logiciels entraîneraient la formation de trusts surpuissants juridiquement qui seraient peu compatibles avec les libertés individuelles car ils pourraient avoir des droits exclusifs sur les idées de base nécessaire à la création de logiciel[10].
61
+
62
+ La culture libre est un courant de pensée défendant et agissant pour l'égalité en droits des Hommes face à la connaissance et aux œuvres de l'esprit qui en découlent.
63
+
64
+ Les licences libres sont une forme de concrétisation de la culture libre. Une œuvre sous licence libre possède quatre caractéristiques fondamentales :
65
+
66
+ À la base liée aux logiciels libres, la culture libre s'étend à tout média, à toute la culture, à toute information : aux encyclopédies (ex : Wikipédia), aux livres (ex: wikisource), à l'éducation (wikiversité, Ressources éducatives libres), aux vidéos, aux films (Fondation Blender), aux jeux ; mais également à la science, la recherche, les brevets, et l'économie.
67
+
68
+ La liberté telle que nous l'entendons (comme propriété métaphysique ou comme condition transcendantale de la volonté) était assez largement ignorée dans l'Antiquité. Cela tient d'abord au fait que la volonté n'est pas pour les hommes antiques une faculté à part du psychisme, et que le psychisme n'est pas séparable de l'organisme (cf. Aristote, De l'âme).
69
+
70
+ L'âme, chez les Grecs, est un principe d'animation du vivant : le pneuma (du grec ancien πνεῦμα, pneuma), « énergie vitale », (par exemple, le cheval a une pneuma, que l'on a traduit improprement âme dans les traductions du grec au français), alors que la comparaison pour nous de l'âme et d'un être vivant concret est bien difficile. (Du point de vue moderne, l'âme est plutôt l'esprit, la pensée ou la conscience, ou quelque chose d'intérieur qui peut se distinguer de la vie animale. L'âme est en général quelque chose qui ne peut proprement s'attribuer à l'animal, bien que l'éthologie contemporaine étudie et ne nie pas l'existence d'une sensibilité animale et de comportements animaux.)
71
+
72
+ Une conséquence importante de cette conception ancienne de l'âme, c'est que l'action, ou du moins un certain type d'actions, a pour les Grecs une dignité moindre (par exemple l'esclavage et l'artisanat). Par nature, un être qui travaille n'est pas « libre » (Aristote, Politiques) car son activité déforme son corps et altère en conséquence les qualités de son âme. Ce qui a de la valeur, la finalité par excellence de l'activité humaine, c'est la pensée, l'activité de l'intellect, conçue comme la finalité et le vrai bien de l'âme : la liberté de l'homme serait donc dans la contemplation qui nécessite d'ailleurs des conditions de vie d'hommes libres. (Το εύδαιμον το ελεύθερον, το δ’ ελεύθερον το εύψυχον ie. heureux sont les libres et libres sont les courageux.) Cette liberté n'est pas contraire à la nature et à sa nécessité, puisqu'elle est la réalisation parfaite de l'essence de l'homme (il ne faut donc pas confondre l'emploi qui est fait ici du mot liberté avec d'autres emplois qui sont faits ailleurs dans l'article).
73
+
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+ L'école cynique (Diogène de Sinope) définit la liberté comme un individualisme qui permet à l'individu de se réaliser en remettant en question tous les tabous sociaux.
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76
+ La liberté dans le droit n'est apparue qu'à la fin de l'Antiquité, lorsque la liberté religieuse a été octroyée aux chrétiens par Galère avec l'édit de Sardique dit de Galère (311), puis par Constantin Ier avec l'édit de Milan (313)[11].
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+ Le christianisme vient ensuite modifier cette conception, avec l'idée d'un dieu qui est volonté et qui crée, l'idée d'un dieu artisan (cf. Paul de Tarse). Cette idée de l'artisan se rencontre déjà chez Platon, mais sous une forme qui n'est pas créationniste : la théologie antique fait plutôt de Dieu un intellect non impliqué dans la création de la matière, même s'il peut y être engagé, par exemple pour y mettre de l'ordre. L'action va donc prendre de la valeur, ou changer de valeur, dans la mesure où le libre arbitre est maintenant métaphysiquement valorisé : cette valorisation a une origine morale, en particulier pour l'explication du péché. Le prix à payer de la théodicée (pour conserver la volonté juste de Dieu), c'est la malédiction de la liberté humaine, qui fait de l'homme un coupable par nature.
79
+
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+ Le libre arbitre (liberum arbitrium) chrétien apparaît nettement dans un écrit de jeunesse d'Augustin d'Hippone (De Libero arbitrio). Sa finalité était de fonder une théodicée ; ce concept permet en effet de disculper Dieu de la responsabilité du mal, qui est une création humaine ou diabolique (c'est là l'invention de l'intériorisation du pêché dénoncée par Friedrich Nietzsche)[12]. La motivation est donc théologique et non anthropologique. Plus tard, Augustin d'Hippone est amené à critiquer le moine breton Pélage qui a repris son De Libero arbitrio, en affirmant que, dans le Livre de la Genèse, l'homme a abusé de sa liberté en mangeant le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Genèse, chapitre 3). C'est l'origine de la doctrine dite du péché originel. Augustin d'Hippone a écrit de nombreux livres anti-pélagiens qui décrivent cette doctrine, réaffirmée au XVIe siècle lors du concile de Trente.
81
+
82
+ Par la suite, le libre arbitre deviendra un trait fondamental de l'anthropologie de Thomas d'Aquin.
83
+
84
+ L'Église catholique affirme que l'homme a été créé libre, mais qu'il a abusé de cette liberté en mangeant du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. L'expression « péché originel » ne figure pas dans la Bible, mais est employée dans le catéchisme de l'Église catholique (§ 1707)[13] :
85
+ « Séduit par le Malin, dès le début de l’histoire, l’homme a abusé de sa liberté (GS 13, § 1). Il a succombé à la tentation et commis le mal. Il conserve le désir du bien, mais sa nature porte la blessure du péché originel. Il est devenu enclin au mal et sujet à l’erreur. »
86
+
87
+ Concernant plus particulièrement la liberté de religion, à la demande du pape Jean XXIII, le concile Vatican II a adopté la déclaration Dignitatis humanae (1965) qui reconnaît la liberté religieuse pour tous.
88
+
89
+ Dans l'exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia (1er janvier 1984), Jean-Paul II affirme que, « en partant de quelques-unes des affirmations de la psychologie, la préoccupation de ne pas culpabiliser ou de ne pas mettre un frein à la liberté porte à ne jamais reconnaître aucun manquement ». Selon lui, cette conception de la liberté, qui est un résultat des sciences sociales dans la société contemporaine, est responsable de la perte du sens du péché[14].
90
+
91
+ Dans l'instruction Libertatis conscientia sur la liberté chrétienne et la libération (22 mars 1986), le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, affirme : « Dans la volonté de liberté de l'homme se cache la tentation de renier sa propre nature. En tant qu'il veut tout vouloir et tout pouvoir et par là oublier qu'il est fini et qu'il est créé, il prétend être un dieu. « Vous serez comme Dieu » (Gen 3, 5). Cette parole du serpent manifeste l'essence de la tentation de l'homme ; elle implique la perversion du sens de sa propre liberté. » Selon lui, ce genre de tentation fait perdre le sens du péché, de sorte que la volonté d'être libre aboutit presque toujours à l'esclavage et à l'oppression[15].
92
+
93
+ On voit, par ce bref historique, que le problème de la liberté en Occident n'est pas séparable de l'histoire de l'ontologie de Dieu. Ceci est encore valable même au XXe siècle, chez Sartre par exemple (voir plus bas), lorsqu'il renverse le rapport de l'essence et de l'existence.
94
+
95
+ La réalisation de la liberté, sa pratique politique, crée de nombreuses tensions : sommes-nous plus libres sans les autres ? Comment penser la liberté par rapport aux libertés ? La liberté pour tous est-elle une véritable liberté ?
96
+
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+ L'autonomie politique est incarnée par la figure du citoyen, qui abandonne son indépendance naturelle pour se soumettre volontairement à des lois qui sont, au moins idéalement, les mêmes pour tous (Hobbes, Rousseau[16]). C'est à cette condition que, selon cette théorie, les hommes peuvent être libres ensemble. Mais les lois peuvent être ressenties comme une aliénation de leur liberté par les individus.
98
+
99
+ Il existe cependant un point de vue opposé à cette vision de l'éducation comme moyen de la liberté qui peut être regroupée sous le nom de « paradigme du bon sauvage ». Ainsi au XVIIIe siècle, Jean-Jacques Rousseau défendait un paradigme du bon sauvage, considérant l'éducation comme une domestication de l'homme, et la société comme un carcan. Ce point de vue, qui sera développé par Sigmund Freud dans son essai Malaise dans la civilisation (1929), a été discuté dès la Révolution française. Un ouvrage comme Sa Majesté des mouches de William Golding suggère au contraire que l'homme privé des contraintes sociales n'en devient pas nécessairement meilleur.
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+ S'il n'y a pas de chapitre spécifiquement consacré à la « Question de la Liberté » dans Être et Temps, l'on a cependant pu dire que « la pensée du philosophe Martin Heidegger demeure jusqu’à la fin une pensée de la liberté tout comme elle est une pensée du temps », comme le souligne le philosophe allemand Günter Figal (de) dans son Martin Heidegger. Phänomenologie der Freiheit, qui voit toute l'analyse du Dasein constituer une introduction à la compréhension de ce que veut dire pour lui la liberté, cité par Hans Ruin[17].
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+ Domaine
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+ Synonymes
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+
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+ Classification phylogénétique
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+ Les archées, ou Archaea (du grec ancien ἀρχαῖος, « originel, primitif »), anciennement appelés archéobactéries, sont des microorganismes unicellulaires procaryotes, c'est-à-dire des êtres vivants constitués d'une cellule unique qui ne comprend ni noyau ni organites, à l'instar des bactéries. D'apparence souvent semblable à ces dernières, les archées ont longtemps été considérées comme des bactéries extrêmophiles particulières, jusqu'à ce que les recherches phylogénétiques sur les procaryotes, commencées en 1965[2], aboutissent, avec les travaux de Carl Woese et George E. Fox[3], à la publication en 1977 d'un arbre phylogénétique fondé sur les séquences des gènes d'ARN ribosomique des organismes étudiés, arbre dans lequel les procaryotes étaient scindés en deux domaines distincts, celui des bactéries et celui des archées[4],[5]. On sait aujourd'hui que l'arbre des eucaryotes prend naissance parmi des archées d'Asgård. Ainsi les archées forment un clade avec les Eukaryota mais constituent un groupe paraphylétique situé à la base de ces derniers[6].
10
+
11
+ Du point de vue de leur génétique, leur biochimie et leur biologie moléculaire, les archées sont des organismes aussi différents des bactéries que des eucaryotes. Les enzymes réalisant la réplication de l'ADN, la transcription de l'ADN en ARN ainsi que la traduction de l'ARN messager en protéines chez les archées sont apparentées à celles des eucaryotes et non à celles des bactéries, de même que la présence d'histones dans le matériel génétique des archées rapproche ces dernières des eucaryotes et les distingue des bactéries. Par ailleurs, les gènes des archées possèdent des introns et leur ARN messager subit des modifications post-transcriptionnelles, ce qui est le cas également chez les eucaryotes mais pas chez les bactéries. D'autre part, certaines archées possèdent des voies métaboliques qui n'existent ni chez les bactéries ni chez les eucaryotes, comme la méthanogenèse chez les archées méthanogènes, tandis que les archées dans leur ensemble sont dépourvues d'acide gras synthase, contrairement à la fois aux bactéries et aux eucaryotes : elles font un usage très limité des acides gras, et leur membrane plasmique est constituée essentiellement d'étherlipides, à la différence des bactéries et des eucaryotes. Un autre trait propre aux archées est la présence chez certaines d'entre elles d'une paroi cellulaire constituée de pseudopeptidoglycane, ou pseudomuréine.
12
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13
+ Les archées ont longtemps été vues comme des organismes essentiellement extrêmophiles présents notamment dans les sources hydrothermales océaniques, les sources chaudes volcaniques ou encore les lacs salés, mais on en a découvert depuis dans toute une variété de biotopes qui ne sont pas nécessairement extrêmes, tels que le sol, l'eau de mer, des marécages, la flore intestinale et orale[7] et même le nombril humain[8]. Les archées seraient particulièrement nombreuses dans les océans, et celles faisant partie du plancton constitueraient l'un des groupes d'organismes les plus abondants de la Terre. Les archées interviennent par ailleurs de façon non négligeable dans le cycle du carbone et le cycle de l'azote. On ne connaît pas vraiment d'exemple d'archée pathogène ou parasite, mais elles sont souvent mutualistes ou commensales. Les archées méthanogènes de l'intestin humain et des ruminants participent ainsi favorablement à la digestion.
14
+
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+ La taille et la forme des archées sont généralement semblables à celles des bactéries, bien que certaines espèces d’archées présentent une forme inhabituelle, comme Haloquadratum walsbyi dont la cellule est plate et carrée. En dépit de ces similitudes visuelles avec les bactéries, les archées s’en distinguent par certains caractères biochimiques, comme la constitution de la membrane cellulaire. De plus, elles présentent des gènes et des voies métaboliques semblables à ceux rencontrés chez les eucaryotes, notamment les enzymes impliquées dans le mécanisme de réplication de l'ADN, la transcription et la traduction. Les archées utilisent une plus grande variété de sources d’énergie que les eucaryotes : composé organique comme les sucres, l’ammoniac, les ions métalliques et même l’hydrogène gazeux comme nutriments. Les Halobacteria utilisent la lumière solaire comme source d’énergie, et certaines espèces d’archées peuvent fixer le carbone, cependant, à l’inverse des plantes et des cyanobactéries, il n’y a pas d’espèces d’archées connues capables de réaliser ces deux phénomènes. Les archées se reproduisent de manière asexuée et se divisent par fission binaire, fragmentation ou bourgeonnement. Par opposition aux bactéries et aux eucaryotes, aucune espèce d’archées identifiée à ce jour n’est capable de former des spores.
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17
+ Les archées sont extrêmement diversifiées. Certaines sont connues pour leur capacité à vivre dans des conditions extrêmes et occupent des niches écologiques qu'elles sont souvent seules à occuper (pH proche de 0, température supérieure à 100 °C, salinité élevée par exemple), mais il existe beaucoup d’archées vivant dans des biotopes plus courants et très variés comme le sol, les lacs, la mer ou l’intestin des animaux. Elles contribueraient jusqu'à 20 % du total de la biomasse[9]. Ces procaryotes sont maintenant ainsi reconnus comme une part majeure du vivant sur Terre, ils peuvent jouer un rôle dans le cycle du carbone et le cycle de l'azote. Il n’y a pas d’exemple clairement reconnu d’archées pathogènes ou parasites, mais il existe des espèces mutualistes ou commensales. Par exemple, les archées méthanogènes du tractus intestinal de l’homme et des ruminants participent à la digestion des aliments. Les archées ont également une importance en technologie, avec par exemple l’utilisation des méthanogènes pour produire des biogaz ou leur participation au traitement des eaux usées. Par ailleurs, les enzymes des archées extrêmophiles, résistantes aux températures élevées et aux solvants organiques, sont exploitées en biotechnologie[10].
18
+
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+ Au début du XXe siècle, les procaryotes étaient considérés comme un seul groupe d'organismes et classés en fonction de leur biochimie, de leur morphologie et du métabolisme. Par exemple, les microbiologistes essayaient de classer les micro-organismes sur la base des structures de leurs parois cellulaires, leurs formes, et les substances qu'ils consomment. Cependant, une nouvelle approche a été proposée en 1965 qui permet d’étudier les liens de parentés entre les procaryotes en utilisant les séquences des gènes de ces organismes. Cette approche, connue sous le nom de la phylogénétique, est la méthode utilisée aujourd'hui.
20
+
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+ Les archées ont d'abord été classées comme un groupe distinct des procaryotes en 1977 par Carl Woese (professeur à l'université de l'Illinois à Urbana aux États-Unis) et George E. Fox dans les arbres phylogénétiques fondés sur les séquences de l’ARN ribosomique 16S (ARNr) des gènes[3]. Ces deux groupes ont été initialement nommés les eubactéries et archaeobactéries et traités comme sous-règne ou règne. Woese fait valoir que ce groupe de procaryotes est fondamentalement différent des bactéries. Pour souligner cette différence, et pour insister sur le fait qu’ils composent, avec les eucaryotes, trois domaines bien distincts du vivant, ces deux domaines ont plus tard été renommés Archaea et Bacteria[11]. Le mot archées vient du grec ancien ἀρχαῖα, qui signifie « choses anciennes ». Pour leur part, d'autres comme Thomas Cavalier-Smith considéraient que les archées, alors appelées Archaebacteria, ne sont qu'un embranchement (phylum) des Unibacteria dans le règne des bactéries[12].
22
+
23
+ Dans un premier temps, seules les bactéries méthanogènes, isolées initialement par Carl Woese, ont été placées dans ce nouveau domaine et les archées ont été considérées comme des extrêmophiles qui n'existent que dans les habitats tels que les sources chaudes et les lacs salés : Woese découvre en 1979 les hyperhalophiles (genre Halobacterium) puis les thermoacidophiles (Thermoplasma acidophilum, Sulfolobus acidocaldarius), Karl Stetter isole en 1981 une archée anaérobie hyperthermophile, Pyrococcus furiosus. À la fin du XXe siècle, les microbiologistes se sont rendu compte que les archées sont en fait un grand groupe diversifié d'organismes qui sont très répandus dans la nature et qui sont communs dans une diversité d’habitats, tels que les sols et les océans[13]. Cette nouvelle appréciation de l’importance et de l'ubiquité des archées a été rendu possible grâce à la réaction en chaîne par polymérase pour détecter les procaryotes dans des échantillons d'eau ou de sol à partir de leurs acides nucléiques. Cela permet la détection et l'identification d'organismes qui ne peuvent pas être cultivés en laboratoire, ou dont la culture est difficile[14],[15].
24
+
25
+ Ces organismes ont longtemps été regroupés sous le terme générique de « procaryotes » avec les bactéries. Pour les différencier, les microbiologistes avaient élaboré un système de comparaison et de classification fondé sur de petites différences visibles au microscope, ainsi que sur des différences physiologiques (capacité à se développer sur un certain milieu par exemple).
26
+
27
+ Dès qu'il a été question d'élucider les relations généalogiques entre les différents procaryotes, les biologistes ont dû se rendre à l'évidence : les différences nutritionnelles et phénotypiques ne permettraient pas de classer correctement les différents organismes. Au cours des années 1970, les biologistes ont pris conscience de l'existence irremplaçable d'information, au cœur même des cellules des êtres vivants, permettant de déterminer la phylogénie, l'ADN. Le gène identifié dans une cellule est le variant d'un gène qui a existé il y a de très nombreuses années. La comparaison gène à gène entre deux organismes permet donc de mesurer le temps écoulé depuis la divergence à partir de l'ancêtre commun.
28
+
29
+ Carl Woese s'est rendu compte que l'ARN ribosomique (ou ARNr, une des molécules contenues dans la cellule) des organismes qu'il étudiait permettait de mettre en évidence l'existence de deux groupes clairement séparés : les bactéries et les archéobactéries. Plus précisément, les ARNr des archées sont en fait aussi différents des ARNr des bactéries que de ceux des eucaryotes. Woese en a conclu qu'il ne fallait plus uniquement séparer en deux grands groupes le monde du vivant, en fonction de la présence ou de l'absence d'un noyau, mais plutôt en trois domaines primitifs : les bactéries, les archées et les eucaryotes.
30
+
31
+ De nombreuses études confirment le caractère monophylétique de l'ensemble constitué des archées et des eucaryotes (mais pas des archées seules). Ces microorganismes ressemblent par leur forme aux bactéries, mais d'un point de vue moléculaire, si certains de leurs traits les rapprochent des bactéries, d'autres les rapprochent plutôt des eucaryotes. Il n'est donc pas possible de présenter les archées comme des ancêtres des bactéries.
32
+
33
+ Le classement des archées, et des procaryotes en général, est à la fois en évolution rapide et un domaine litigieux. Sur la base de critères uniquement métaboliques, les archées ont été divisées en quatre grands groupes selon qu'elles sont méthanogènes, halophiles, thermophiles ou sulfo-dépendantes.
34
+
35
+ Les systèmes de classifications actuels visent à organiser les archées en groupes d'organismes qui partagent des caractéristiques structurelles et des ancêtres communs[16]. Ces classifications s'appuient fortement sur l'usage de la séquence des gènes de l'ARN ribosomique pour révéler les relations entre les organismes (phylogénétique moléculaire)[17]. La plupart des archées cultivables sont membres de deux principaux embranchements : Euryarchaeota et Crenarchaeota. D'autres groupes ont été provisoirement créés. Par exemple, les espèces propres Nanoarchaeum equitans, qui ont été découvertes en 2003, ont été classées dans un nouveau phylum : Nanoarchaeota[18]. Un nouveau phylum, Korarchaeota, a également été proposé ; il contient un petit groupe d'espèces thermophiles inhabituelles qui partagent les caractéristiques des deux principaux embranchements, mais qui sont plus étroitement liées aux Crenarchaeota[19],[20]. Récemment mises en évidence, d'autres espèces d'archées, tels que les archaeal Richmond Mine acidophilic nanoorganisms (ARMAN), qui ont été découvertes en 2006, sont liées seulement de loin aux autres groupes antérieurement connus[21].
36
+ Le superphylum TACK a été proposé en 2011, pour regrouper les Thaumarchaeota, Aigarchaeota, Crenarchaeota et Korarchaeota
37
+ [22].
38
+
39
+ L'archée Loki, identifiée en 2015 par son génome qualifié de Candidatus en nomenclature bactérienne, appartiendrait, du point de vue phylogénétique, à l'embranchement le plus proche des eucaryotes[23],[24].
40
+ De nouvelles lignées d'archées, apparentées à Loki, ont été identifiées dans les sédiments aquatiques par analyse métagénomique. Les archées Odin, Thor et Heimdall, formeraient, avec Loki, le super-embranchement Candidatus "Asgard", proposé en 2017 d'après le nom du royaume des dieux de la mythologie nordique[25]. Une autre étude du NCBI[26] indique que les archées d'Asgård et les Eukaryotes formeraient un clade monophylétique nommé Eukaryomorpha.
41
+
42
+ Selon LPSN[27] :
43
+
44
+ et proposés[28]
45
+
46
+ D'après Tom A. Williams et al., 2017[29] et Castelle & Banfield, 2018[30] (DPANN) :
47
+
48
+ Altiarchaeales
49
+
50
+ Diapherotrites
51
+
52
+ Micrarchaeota
53
+
54
+ Aenigmarchaeota
55
+
56
+ Nanohaloarchaeota
57
+
58
+ Nanoarchaeota
59
+
60
+ Pavarchaeota
61
+
62
+ Mamarchaeota
63
+
64
+ Woesarchaeota
65
+
66
+ Pacearchaeota
67
+
68
+ Thermococci
69
+
70
+ Pyrococci
71
+
72
+ Methanococci
73
+
74
+ Methanobacteria
75
+
76
+ Methanopyri
77
+
78
+ Archaeoglobi
79
+
80
+ Methanocellales
81
+
82
+ Methanosarcinales
83
+
84
+ Methanomicrobiales
85
+
86
+ Halobacteria
87
+
88
+ Thermoplasmatales
89
+
90
+ Methanomassiliicoccales
91
+
92
+ Aciduliprofundum boonei
93
+
94
+ Thermoplasma volcanium
95
+
96
+ Korarchaeota
97
+
98
+ Crenarchaeota
99
+
100
+ Aigarchaeota
101
+
102
+ Geoarchaeota
103
+
104
+ Thaumarchaeota
105
+
106
+ Bathyarchaeota
107
+
108
+ Odinarchaeota
109
+
110
+ Thorarchaeota
111
+
112
+ Lokiarchaeota
113
+
114
+ Helarchaeota[31]
115
+
116
+ Heimdallarchaeota
117
+
118
+ Eukaryota
119
+
120
+ Bien que les fossiles connus de cellules procaryotes aient été datés de près de 3,5 milliards d'années, la plupart des procaryotes n'ont pas de morphologies distinctives et les formes des fossiles ne peuvent pas être utilisées pour les identifier comme étant des archées[33]. Par contre, les fossiles chimiques, sous la forme des lipides caractéristiques des archées, donnent plus d'informations, car ces composés n’existent pas dans d'autres groupes d'organismes[34]. Certaines publications ont suggéré que des lipides fossiles provenant de procaryotes ou d’eucaryotes étaient présents dans les schistes datant de 2,7 milliards d'années[35]. Depuis, ces données ont toutefois été sujettes à question[36]. Ces lipides ont également été détectés dans des roches datant du Précambrien. Les plus anciennes traces connues de ces lipides isopréniques proviennent des roches de la formation d'Isua à l'ouest du Groenland, qui comprennent des sédiments formés il y a 3,8 milliards d'années et qui sont les plus anciens sur Terre[37].
121
+
122
+ Une fossilisation expérimentale est partie du principe que les premiers fossiles (> 3 Ga) se sont formés par silicification, c'est-à-dire via la précipitation de silice sur des structures cellulaires)[38]. On a fossilisé en laboratoire des souches différentes d'Archées (Methanocaldococcus jannaschii (en) et Pyrococcus abyssi) et de Bactéries (Chloroflexus aurantiacus (en) et Geobacillus (en) sp.) jugées proches des micro-organismes (thermophiles, anaérobies et autotrophes) qui ont colonisé la Terre primitive (et proches d'organismes qui auraient éventuellement pu avoir vécu sur la Planète Mars)[38]. Leur observation en microscopie électronique (MEB, MET, Cryo-MEB) a donné des indications morphologique utiles pour le repérage de vrais fossiles anciens (à ne pas confondre avec des structures prébiotiques de type sphères submicrométriques, tubules et éléments filamenteux ou d'apparence fibreuses possiblement issus d'une simple chimie organique[39]) ; de même pour des analyses chimiques (GC, GC-MS, HPLC) ont apporté des données sur la dégradation/préservation de la matière organique durant ce processus de fossilisation par silicification[38]. Ce travail a confirmé que certains micro-organismes qui ne se silicifient pas : ainsi l'archée M. jannaschii s'est rapidement lysée alors que P. abyssi, Geobacillus sp. et C. aurantiacus se silicifiaient mais avec une intensité propre à chaque espèce. Certains de ces micro-organismes lors de la silicification tentent d'y survivre en produisant des EPS[Quoi ?] ou via un mécanisme de répulsion de la silice[38]. Les fossiles déjà découverts ne sont donc pas nécessairement représentatifs des espèces réellement présentes à l'époque (ni de leur nombre ou dominance)[38].
123
+
124
+ Woese propose que les bactéries, les archées et les eucaryotes représentent chacune une lignée séparée qui aurait divergé à partir d’une colonie d'organismes ancestrale[40],[41]. D’autres biologistes, comme Gupta ou Cavalier-Smith, cependant, ont fait valoir que les archées et les eucaryotes proviennent d'un groupe de bactéries[42],[43]. Il est possible que le dernier ancêtre commun des bactéries et des archées soit un organisme thermophile, ce qui soulève la possibilité que la vie soit apparue dans des conditions de températures élevées[44]. Cette hypothèse n’est toutefois pas approuvée par l’ensemble de la communauté scientifique[45],[46]. Par ailleurs, étant donné que les archées et les bactéries ne sont pas plus liées entre elles qu'elles ne le sont aux cellules eucaryotes, cela conduit à l'argument selon lequel le terme procaryote n'a pas de véritable signification évolutive et devrait être entièrement rejeté[47].
125
+
126
+ La relation entre les archées et les eucaryotes reste un problème important. En plus des similitudes dans la structure cellulaire et les mécanismes biochimiques qui sont discutées ci-après, de nombreux arbres phylogénétiques groupent les archées et les eucaryotes ensemble. Certaines des premières analyses ont même suggéré que la relation entre les eucaryotes et les archées de l’embranchement Euryarchaeota est plus proche que la relation entre les embranchements Euryarchaeota et Crenarchaeota[48]. Toutefois, il est maintenant considéré comme plus probable que l'ancêtre des eucaryotes a divergé tôt à partir de l’ancêtre commun avec les archées[49],[50]. La découverte de gènes provenant d’archées dans le génome de certaines bactéries, telles que Thermotoga maritima, rend les relations entre organismes encore plus difficiles à déterminer, étant donné que le transfert horizontal de gènes a eu lieu[51]. Les gènes archéens dans les génomes eucaryotes pourraient également provenir de transfert horizontal.
127
+
128
+ Une théorie totalement différente, non basée sur les axiomes courants d'ancêtre commun d'une lignée et de différenciation arborescente, est la théorie endosymbiotique[48]. Selon celle-ci, les eucaryotes se sont développés à partir d’une fusion entre des bactéries et des archées, fusion elle-même découlant de l'évolution d'une relation symbiotique. Cette théorie est aujourd'hui largement acceptée en raison de la variété de faits connus qui la soutiennent. Au sein des archées, le groupe le plus proche des eucaryotes est le superphylum des archées d'Asgård (Asgardarchaeota)[52]. Leur génome code une série de protéines identiques ou similaires à des protéines qu'on pensait spécifiques des eucaryotes, et notamment l'actine qui forme le cytosquelette[53]. Les mitochondries proviendraient quant à elles de l'endosymbiose d'une rhodobactérie (en) (une alpha-protéobactérie)[54].
129
+
130
+ Les archées ont généralement un seul chromosome circulaire. Le plus grand génome archéen séquencé à ce jour est celui de Methanosarcina acetivorans[55] avec 5 751 492 paires de bases alors que le génome de Nanoarchaeum equitans, le plus petit séquencé à ce jour[Quand ?] fait un dixième de cette taille avec seulement 490 885 paires de base. Il est estimé que le génome de Nanoarchaeum equitans comporte 537 gènes codant des protéines[56]. Les éléments extrachromosomiques, appelés plasmides sont également présents chez les archées. Ces plasmides peuvent être transférés entre les cellules par contact physique, dans un processus qui pourrait être similaire à la conjugaison bactérienne[57],[58].
131
+
132
+ La reproduction des archées a lieu de manière asexuée par division binaire, par fission multiple ou par fragmentation. La méiose ne se produit pas, tous les descendants ont le même matériel génétique. Après la réplication de l’ADN les chromosomes sont séparés et la cellule se divise[59]. Les détails du cycle cellulaire des archées ont fait l'objet de quelques études dans le genre Sulfolobus. Ce cycle a des caractères qui sont similaires à la fois des systèmes eucaryotes et bactériens. Selon les espèces d’archées, les chromosomes sont répliqués à partir de un ou plusieurs points de départ (origines de réplication) à l'aide d'ADN polymérases qui ressemblent aux enzymes équivalentes des eucaryotes[60]. Toutefois, les protéines de la division cellulaire, tels que la protéine FtsZ (Filamenting temperature-sensitive mutant Z), qui forme un anneau contractant autour de la cellule, et les composants de la cloison naissante dans le cœur de la cellule, sont similaires à leurs équivalents bactériens[59].
133
+
134
+ S’il existe des spores chez les bactéries et les eucaryotes, elles n’ont jamais été mises en évidence dans toutes les archées connues. Certaines espèces de Haloarchaea peuvent subir des modifications phénotypiques et croître avec différents types de cellules, incluant des parois épaisses. Ces structures qui sont résistantes aux chocs osmotiques (en) permettent aux archées de survivre dans l'eau à de faibles concentrations en sel, mais ce ne sont pas des structures de reproduction et elles ne peuvent aider à la dispersion dans de nouveaux habitats[61].
135
+
136
+ Les archées sont très diverses, aussi bien d'un point de vue morphologique que physiologique. Ce sont des êtres unicellulaires avec une taille variant entre 0,1 et 15 µm, mais certains se développent pour former des filaments ou des agrégats (filaments jusqu'à 200 µm). Elles peuvent être sphériques (coques), spirales, en forme de bâtonnet (bacilles), rectangulaires…
137
+
138
+ Elles font preuve d'une grande diversité de modes de reproduction, par fission binaire, bourgeonnement ou fragmentation.
139
+
140
+ D'un point de vue nutritionnel, elles se répartissent en de très nombreux groupes, depuis les chimiolithoautotrophes (tirant leur énergie de gradients chimiques d'origine non biologique) aux organotrophes.
141
+
142
+ D'un point de vue physiologique, elles peuvent être aérobies, anaérobies facultatives ou strictement anaérobies.
143
+
144
+ Les archées existent dans une large diversité d'habitats et sont une composante importante des écosystèmes de la planète[13]. Elles peuvent contribuer jusqu'à 20 % de la biomasse totale sur la Terre[9]. De nombreuses archées sont extrêmophiles, et les milieux extrêmes étaient initialement considérés comme leur niche écologique[62]. En effet, certaines archées vivent à des températures élevées, souvent supérieures à 100 °C, que l'on rencontre dans les geysers, les fumeurs noirs et des puits de pétrole. D'autres se trouvent dans des habitats très froids et d'autres en milieu très salé, acide ou dans l'eau alcaline. Toutefois, d'autres espèces d’archées sont mésophiles et poussent dans des conditions beaucoup plus douces, dans les marais, les eaux usées, les océans et les sols[13].
145
+
146
+ Les archées extrêmophiles sont membres des quatre principaux groupes physiologiques. Ce sont les halophiles, thermophiles, alcalophiles et acidophiles[63]. Ces groupes n’ont pas de lien avec leur embranchement dans la classification phylogénétique. Néanmoins, ils sont un point de départ utile pour la classification.
147
+
148
+ Les halophiles, par exemple le genre Halobacterium, vivent dans des environnements salins, tels que les lacs salés (Grand Lac Salé de l’Utah), le littoral marin, les marais salants, la mer Morte, avec des concentrations en sel jusqu'à 25 %. Les membres de l'ordre des Halobacteriales (Haloferax, Halobacterium, Halococcus, Halorubrum, Natrinema, Natronococcus…) sont des exemples d’archées halophiles. Elles ont souvent une pigmentation rouge à jaune à cause des caroténoïdes et sont responsables de la coloration de certains lacs (Lac Magadi au Kenya par exemple). Les thermophiles se développent mieux à des températures supérieures à 45 °C, dans des lieux tels que les sources d'eau chaude ; les archées hyperthermophiles sont définies comme celles qui se développent au mieux à une température supérieure à 80 °C[64]. Pyrococcus, Methanopyrus, Thermococcus, Sulfolobus, Pyrodictium sont des exemples d’archées hyperthermophiles. Pyrobaculum provient de réservoirs profonds de pétrole chaud. Pyrolobus fumarii est capable de se multiplier jusqu'à 113 °C. Une étude récente a montré que la souche 116 de Methanopyrus kandleri pousse à 122 °C, ce qui est la température la plus élevée enregistrée à laquelle un organisme est encore capable de se développer[65]. D’autres archées peuvent croître dans des conditions très acides ou alcalines[63]. Par exemple, l'une des archées acidophiles les plus extrêmes est Picrophilus torridus, qui croît à un pH de 0, ce qui équivaut à 1,2 mole d'acide sulfurique[66].
149
+
150
+ Des études plus récentes ont montré que les archées existent non seulement dans les environnements mésophile et thermophile, mais également à basse température, parfois en grand nombre. Ainsi, les archées sont communes dans les environnements océaniques froids tels que les mers polaires[67]. Les archées sont en fait présentes en grand nombre dans tous les océans du monde dans la communauté planctonique (dans le cadre du picoplancton)[68]. Bien que ces archées puissent représenter jusqu'à 40 % de la biomasse microbienne, presque aucune de ces espèces n’a été isolée et étudiée en culture pure[69]. Par conséquent, notre compréhension du rôle des archées dans l'écologie des océans est rudimentaire, de sorte que leur influence sur les cycles biogéochimiques mondiaux reste largement inexplorée[70]. Certaines Crenarchaeota marines sont capables de nitrification, suggérant que ces organismes jouent un rôle important dans le cycle de l'azote océanique[71], bien qu’elles puissent également utiliser d'autres sources énergétiques[72]. Un grand nombre d’archées sont également présentes dans les sédiments qui recouvrent le fond de la mer et constitueraient la majorité des cellules vivantes à des profondeurs de plus d'un mètre dans ces sédiments[73],[74]. Les archées méthanogènes (productrices de méthane) des marais sont responsables des gaz des marais (Poitevin par exemple). Beaucoup d’archées méthanogènes sont présentes dans le tube digestif des ruminants (Methanomicrobium, Methanosarcina), des termites ou des humains. Des études portant sur la faune nombrilienne (les micro-organismes vivant dans le nombril humain) ont démontré la présence d'archées à cet endroit[8].
151
+
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+ Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de démonstration claire qu'il existe des archées pathogènes[75],[76], bien que des relations aient été proposées entre la présence d'archées méthanogènes et de maladies parodontales[77].
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+
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+ Bien qu’un grand nombre d’archées ne soient aujourd’hui pas cultivables en laboratoire, de nombreuses espèces peuvent être cultivées en utilisant des milieux de culture adaptés et en reproduisant au mieux les conditions environnementales de leurs habitats naturels. Les effets des archées présentes dans le nombril humain n'ont pas encore été étudiés[8].
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+
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+ Les archées sont semblables aux bactéries par beaucoup d’aspects de leur structure cellulaire et de leur métabolisme. Cependant, les mécanismes et les protéines impliqués dans les processus de réplication, de transcription et de traduction présentent des traits similaires à ceux rencontrés chez les eucaryotes. Les particularités des archées par rapport aux deux autres domaines du vivant (bactéries et eucaryotes) sont les suivantes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ De façon générale, la liberté est un concept qui désigne la possibilité d'action ou de mouvement.En mécanique par exemple, on parle de degrés de liberté pour comptabiliser les mouvements possibles d'une pièce.
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+
3
+ Pour le sens commun, la liberté s'applique principalement aux individus et s'oppose à la notion d'enfermement ou de séquestration. Une personne qui vient de sortir de prison est dite libre. Le sens originel du mot liberté est d'ailleurs assez proche : l'homme libre est celui qui n'a pas le statut d'esclave.
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+
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+ En philosophie, en sociologie, en droit et en politique, la liberté est une notion majeure : elle marque l'aptitude des individus à exercer leur volonté avec — selon l'orientation politique des discours tenus — la mise en avant de nuances dont aucune n'épuise le sens intégral :
6
+
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+ Cette notion renvoie à une double réflexion :
8
+
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+ Dans la mesure où ces deux perspectives se recoupent de diverses manières, leur chevauchement peut provoquer des erreurs d'interprétation dans les analyses et la confusion dans les débats. Il faut donc prendre soin de distinguer les différents sens de ce mot.
10
+
11
+ D'un point de vue sémantique, on peut considérer la liberté comme un état où le sujet n'est pas l'objet de contrainte[2].
12
+
13
+ L'existence d'un degré de liberté suppose que le sujet soit confronté au moins à une alternative. Le propre de cette situation implique qu'un libre choix est possible, qui ne peut s'exprimer que par un renoncement aux autres possibilités. Il en résulte que nécessairement, l'attribution d'une possibilité d'agir, rend impossible une ou plusieurs autres possibilités d'agir et modifie donc d'autant le champ de libertés d'un individu.
14
+ D'autre part, l'interprétation des contraintes contenues dans l'alternative rencontrée n'est pas neutre dans la détermination du choix tant cette analyse conditionne l'évaluation du champ des possibilités. Il existe évidemment une infinité de tels ensembles : Pour une même situation, des opérateurs distincts voient donc sous le mot « liberté » des notions parfois fort différentes. A fortiori lorsque cette même situation se reporte dans un contexte différent.
15
+
16
+ La théorie des jeux enseigne que le choix est également affecté par la perception d'enjeux partagés avec d'autres.
17
+
18
+ La liberté peut donc constituer un attribut de l'être humain, de sa volonté, et être la condition de droits naturels ou positifs, mais aussi de devoirs et obligations.
19
+
20
+ Comme le dit Saint Augustin « Aime, et fais ce que tu veux » : En ce sens la liberté est l'expression d'une dynamique comprise comme étant aussi une responsabilité.
21
+
22
+ La Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) pointe la distinction entre « liberté négative » (le fait d'être délivré de l'ingérence d'autrui dans l'exercice d'activités que l'on peut faire par soi-même) et la « liberté positive » (le fait d'être délivré des facteurs restrictifs comme la faim, la maladie, l'insécurité, l'indigence, etc.). De ce fait, le texte distingue :
23
+
24
+ L'exercice de la liberté doit comporter une dimension vécue que l'on ne saurait réduire au seul choix volontaire. D'une certaine manière « la liberté s'use si l'on ne s'en sert pas ». Ces deux aspects de l'existence humaine se distinguent, pour se rejoindre et se renforcer l'un l'autre ou au contraire s'amenuiser ou aller jusqu'à se détruire réciproquement. Ainsi, dans une société, l'existence des libertés juridiques peut être objectivement reconnue, alors que dans la pratique effective, la réalité (son existence dans nos actes) et l'essence (la conception que nous nous en faisons) de la liberté peuvent poser problème.
25
+
26
+ L'enquête socio-politique sur la pratique de la liberté est au moins aussi fondamentale que le questionnement concernant le problème philosophique de son existence et de son éventuelle essence. Il faut cependant garder à l'esprit que les deux aspects se recoupent.
27
+
28
+ On distingue au niveau de l'individu plusieurs « types » de libertés :
29
+ La liberté naturelle : selon laquelle la nature autorise l'homme à employer l'ensemble de ses facultés comme il l'entend.
30
+ La liberté civile : elle s'inscrit dans le cadre d'un homme citoyen étant libre de ses actes, tant que ceux-ci ne nuisent pas à autrui et ne sont contraires à aucune Loi. Cette liberté est très délicate d'application, en particulier en ce qui concerne le droit de la concurrence, puisque toute création de commerce nuit par principe aux commerces antérieurs existant dans le voisinage. On y associe souvent la maxime suivante : « La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres ».
31
+ La liberté de circulation : dans la même optique que la précédente, elle reconnaît à l'homme le droit d'aller et venir librement sur le territoire national, ce qui inclut la possibilité d'y entrer ou d'en sortir. Cette liberté a été étendue en Europe grâce aux accords de Schengen, permettant la libre circulation des personnes dans l'espace de la Communauté européenne.
32
+ La liberté de culte ainsi que la liberté de conscience : la liberté de culte permet à chaque individu de pratiquer la religion de son choix, la liberté de conscience permet de ne pas avoir de croyance religieuse. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen en fixe pour limite : l’absence de trouble à l'ordre public.
33
+ La liberté d'opinion consiste en la liberté de pensée associée à la liberté d'expression : elle permet à chacun de penser et d'exprimer ses pensées sans censure préalable, mais non sans sanctions, si cette liberté porte préjudice à quelqu'un. Elle va de pair avec la liberté de la presse, qui est celle d'un propriétaire de journal de dire ce qu'il veut dans son journal.
34
+ La liberté économique : elle permet à chacun de percevoir des revenus de son travail et de pouvoir affecter ces derniers librement : liberté de travailler et de consommer. Nul ne peut se voir refuser par principe un emploi pour des considérations autres que de qualification professionnelle (par exemple sexe, origine ethnique, âge ou religion).
35
+ La liberté contractuelle : les individus doivent être libres de définir eux-mêmes les termes des contrats qu'ils passent entre eux.
36
+
37
+ La liberté n'est pas qu'individuelle, elle existe aussi à un niveau global, plus collectif, avec par exemple la liberté de la presse, qui permet une libre publication, sans subir de censure.
38
+
39
+ Les différentes libertés collectives :
40
+ la liberté d'association :
41
+ la liberté de la presse : elle permet à chacun de publier librement ses pensées ou ses opinions, sans être sujet à la censure ou à tout autre mesure arbitraire ou autoritaire ;
42
+ la liberté de réunion : elle permet aux individus de se réunir librement pour débattre de leurs opinions ;
43
+ la liberté syndicale : elle permet aux salariés de former et d'adhérer ou non à des organisations syndicales pour les représenter et faire valoir leurs droits et revendications.
44
+
45
+ En matière d'exercice des libertés collectives, la mise en œuvre concrète de la notion de liberté peut parfois conduire à des situations paradoxales comme dans le cas de la liberté de la presse, par exemple. Ainsi la concentration des moyens techniques et financiers importants, le soutien des annonceurs publicitaires nécessaires aujourd'hui aux organes d'information, en particulier radiophoniques ou audiovisuels, tend à restreindre le nombre des opérateurs disposant des moyens nécessaires et suffisants pour agir. La conséquence étant la formation de cartels qui, pour protéger leur situation, pratiquent de façon « spontanée » et « plus ou moins consentie » l'autocensure en raison :
46
+ des groupes de pression qui exercent leur influence sur leur actionnariat
47
+ de leurs liens avec les annonceurs publicitaires qui ne souhaitent pas associer certaines prises de position avec leur image de marque,
48
+ de la pression de l'audimat.
49
+
50
+ La détention des moyens d'expression peut ainsi conduire à relativiser le pouvoir de contrôle et de critique de l'individu sur ces vecteurs... L'abolition de la censure n'est donc plus un gage suffisant de liberté: S'il est vrai que les publications ne sont plus soumises à des décisions arbitraires, les vecteurs de l'information jouissent d'une marge de manœuvre conditionnée essentiellement par leur actionnariat, leurs annonceurs et leur audience . Dans ce difficile équilibre, il n'est pas certain que la richesse et la diversité des individus puisse librement s'exprimer. La légitimité de l'information et des médias (présentés comme le quatrième pouvoir, à l'instar des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire) est de ce point de vue en question.
51
+
52
+ Le développement d'internet a grandement facilité et décuplé les échanges d'information, ce qui pose de nombreuses questions éthiques relatives aux libertés.
53
+
54
+ Il n'est pas souhaitable, notamment pour une entreprise qui souhaite protéger son capital intellectuel, de divulguer des informations sur le réseau internet mondial. Il est parfois nécessaire d'établir des règles, et différents niveaux d'accès et de confidentialité pour les parties prenantes[4].
55
+
56
+ Le logiciel libre cherche à donner la liberté à ses utilisateurs d'utiliser leurs programmes comme ils le veulent, sans restrictions artificielles et sans donner au programmeur le pouvoir absolu sur le fonctionnement du programme[5]. L'utilisateur a également la liberté d'étudier le fonctionnement du programme, de le modifier et de le partager librement[6]. Cette liberté n'est pas anticapitaliste et est compatible avec la commercialisation du logiciel[7]. Un des exemples les plus notables de logiciel libre est le système d'exploitation GNU, à la base du mouvement, mais le noyau Linux, LibreOffice, Mozilla Firefox[8], le moteur wiki de Wikipédia[9], et beaucoup d'autres en sont également.
57
+
58
+ Le mouvement du logiciel libre vise à favoriser l'accès à la connaissance et aux techniques de manière universelle, ce qui, à l'heure de la mondialisation, représente un élément pour la défense des libertés individuelles dans les pays émergents, les rendant techniquement indépendants des pays « déjà développés ».
59
+
60
+ D'après leurs détracteurs, les brevets logiciels entraîneraient la formation de trusts surpuissants juridiquement qui seraient peu compatibles avec les libertés individuelles car ils pourraient avoir des droits exclusifs sur les idées de base nécessaire à la création de logiciel[10].
61
+
62
+ La culture libre est un courant de pensée défendant et agissant pour l'égalité en droits des Hommes face à la connaissance et aux œuvres de l'esprit qui en découlent.
63
+
64
+ Les licences libres sont une forme de concrétisation de la culture libre. Une œuvre sous licence libre possède quatre caractéristiques fondamentales :
65
+
66
+ À la base liée aux logiciels libres, la culture libre s'étend à tout média, à toute la culture, à toute information : aux encyclopédies (ex : Wikipédia), aux livres (ex: wikisource), à l'éducation (wikiversité, Ressources éducatives libres), aux vidéos, aux films (Fondation Blender), aux jeux ; mais également à la science, la recherche, les brevets, et l'économie.
67
+
68
+ La liberté telle que nous l'entendons (comme propriété métaphysique ou comme condition transcendantale de la volonté) était assez largement ignorée dans l'Antiquité. Cela tient d'abord au fait que la volonté n'est pas pour les hommes antiques une faculté à part du psychisme, et que le psychisme n'est pas séparable de l'organisme (cf. Aristote, De l'âme).
69
+
70
+ L'âme, chez les Grecs, est un principe d'animation du vivant : le pneuma (du grec ancien πνεῦμα, pneuma), « énergie vitale », (par exemple, le cheval a une pneuma, que l'on a traduit improprement âme dans les traductions du grec au français), alors que la comparaison pour nous de l'âme et d'un être vivant concret est bien difficile. (Du point de vue moderne, l'âme est plutôt l'esprit, la pensée ou la conscience, ou quelque chose d'intérieur qui peut se distinguer de la vie animale. L'âme est en général quelque chose qui ne peut proprement s'attribuer à l'animal, bien que l'éthologie contemporaine étudie et ne nie pas l'existence d'une sensibilité animale et de comportements animaux.)
71
+
72
+ Une conséquence importante de cette conception ancienne de l'âme, c'est que l'action, ou du moins un certain type d'actions, a pour les Grecs une dignité moindre (par exemple l'esclavage et l'artisanat). Par nature, un être qui travaille n'est pas « libre » (Aristote, Politiques) car son activité déforme son corps et altère en conséquence les qualités de son âme. Ce qui a de la valeur, la finalité par excellence de l'activité humaine, c'est la pensée, l'activité de l'intellect, conçue comme la finalité et le vrai bien de l'âme : la liberté de l'homme serait donc dans la contemplation qui nécessite d'ailleurs des conditions de vie d'hommes libres. (Το εύδαιμον το ελεύθερον, το δ’ ελεύθερον το εύψυχον ie. heureux sont les libres et libres sont les courageux.) Cette liberté n'est pas contraire à la nature et à sa nécessité, puisqu'elle est la réalisation parfaite de l'essence de l'homme (il ne faut donc pas confondre l'emploi qui est fait ici du mot liberté avec d'autres emplois qui sont faits ailleurs dans l'article).
73
+
74
+ L'école cynique (Diogène de Sinope) définit la liberté comme un individualisme qui permet à l'individu de se réaliser en remettant en question tous les tabous sociaux.
75
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76
+ La liberté dans le droit n'est apparue qu'à la fin de l'Antiquité, lorsque la liberté religieuse a été octroyée aux chrétiens par Galère avec l'édit de Sardique dit de Galère (311), puis par Constantin Ier avec l'édit de Milan (313)[11].
77
+
78
+ Le christianisme vient ensuite modifier cette conception, avec l'idée d'un dieu qui est volonté et qui crée, l'idée d'un dieu artisan (cf. Paul de Tarse). Cette idée de l'artisan se rencontre déjà chez Platon, mais sous une forme qui n'est pas créationniste : la théologie antique fait plutôt de Dieu un intellect non impliqué dans la création de la matière, même s'il peut y être engagé, par exemple pour y mettre de l'ordre. L'action va donc prendre de la valeur, ou changer de valeur, dans la mesure où le libre arbitre est maintenant métaphysiquement valorisé : cette valorisation a une origine morale, en particulier pour l'explication du péché. Le prix à payer de la théodicée (pour conserver la volonté juste de Dieu), c'est la malédiction de la liberté humaine, qui fait de l'homme un coupable par nature.
79
+
80
+ Le libre arbitre (liberum arbitrium) chrétien apparaît nettement dans un écrit de jeunesse d'Augustin d'Hippone (De Libero arbitrio). Sa finalité était de fonder une théodicée ; ce concept permet en effet de disculper Dieu de la responsabilité du mal, qui est une création humaine ou diabolique (c'est là l'invention de l'intériorisation du pêché dénoncée par Friedrich Nietzsche)[12]. La motivation est donc théologique et non anthropologique. Plus tard, Augustin d'Hippone est amené à critiquer le moine breton Pélage qui a repris son De Libero arbitrio, en affirmant que, dans le Livre de la Genèse, l'homme a abusé de sa liberté en mangeant le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Genèse, chapitre 3). C'est l'origine de la doctrine dite du péché originel. Augustin d'Hippone a écrit de nombreux livres anti-pélagiens qui décrivent cette doctrine, réaffirmée au XVIe siècle lors du concile de Trente.
81
+
82
+ Par la suite, le libre arbitre deviendra un trait fondamental de l'anthropologie de Thomas d'Aquin.
83
+
84
+ L'Église catholique affirme que l'homme a été créé libre, mais qu'il a abusé de cette liberté en mangeant du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. L'expression « péché originel » ne figure pas dans la Bible, mais est employée dans le catéchisme de l'Église catholique (§ 1707)[13] :
85
+ « Séduit par le Malin, dès le début de l’histoire, l’homme a abusé de sa liberté (GS 13, § 1). Il a succombé à la tentation et commis le mal. Il conserve le désir du bien, mais sa nature porte la blessure du péché originel. Il est devenu enclin au mal et sujet à l’erreur. »
86
+
87
+ Concernant plus particulièrement la liberté de religion, à la demande du pape Jean XXIII, le concile Vatican II a adopté la déclaration Dignitatis humanae (1965) qui reconnaît la liberté religieuse pour tous.
88
+
89
+ Dans l'exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia (1er janvier 1984), Jean-Paul II affirme que, « en partant de quelques-unes des affirmations de la psychologie, la préoccupation de ne pas culpabiliser ou de ne pas mettre un frein à la liberté porte à ne jamais reconnaître aucun manquement ». Selon lui, cette conception de la liberté, qui est un résultat des sciences sociales dans la société contemporaine, est responsable de la perte du sens du péché[14].
90
+
91
+ Dans l'instruction Libertatis conscientia sur la liberté chrétienne et la libération (22 mars 1986), le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, affirme : « Dans la volonté de liberté de l'homme se cache la tentation de renier sa propre nature. En tant qu'il veut tout vouloir et tout pouvoir et par là oublier qu'il est fini et qu'il est créé, il prétend être un dieu. « Vous serez comme Dieu » (Gen 3, 5). Cette parole du serpent manifeste l'essence de la tentation de l'homme ; elle implique la perversion du sens de sa propre liberté. » Selon lui, ce genre de tentation fait perdre le sens du péché, de sorte que la volonté d'être libre aboutit presque toujours à l'esclavage et à l'oppression[15].
92
+
93
+ On voit, par ce bref historique, que le problème de la liberté en Occident n'est pas séparable de l'histoire de l'ontologie de Dieu. Ceci est encore valable même au XXe siècle, chez Sartre par exemple (voir plus bas), lorsqu'il renverse le rapport de l'essence et de l'existence.
94
+
95
+ La réalisation de la liberté, sa pratique politique, crée de nombreuses tensions : sommes-nous plus libres sans les autres ? Comment penser la liberté par rapport aux libertés ? La liberté pour tous est-elle une véritable liberté ?
96
+
97
+ L'autonomie politique est incarnée par la figure du citoyen, qui abandonne son indépendance naturelle pour se soumettre volontairement à des lois qui sont, au moins idéalement, les mêmes pour tous (Hobbes, Rousseau[16]). C'est à cette condition que, selon cette théorie, les hommes peuvent être libres ensemble. Mais les lois peuvent être ressenties comme une aliénation de leur liberté par les individus.
98
+
99
+ Il existe cependant un point de vue opposé à cette vision de l'éducation comme moyen de la liberté qui peut être regroupée sous le nom de « paradigme du bon sauvage ». Ainsi au XVIIIe siècle, Jean-Jacques Rousseau défendait un paradigme du bon sauvage, considérant l'éducation comme une domestication de l'homme, et la société comme un carcan. Ce point de vue, qui sera développé par Sigmund Freud dans son essai Malaise dans la civilisation (1929), a été discuté dès la Révolution française. Un ouvrage comme Sa Majesté des mouches de William Golding suggère au contraire que l'homme privé des contraintes sociales n'en devient pas nécessairement meilleur.
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+ S'il n'y a pas de chapitre spécifiquement consacré à la « Question de la Liberté » dans Être et Temps, l'on a cependant pu dire que « la pensée du philosophe Martin Heidegger demeure jusqu’à la fin une pensée de la liberté tout comme elle est une pensée du temps », comme le souligne le philosophe allemand Günter Figal (de) dans son Martin Heidegger. Phänomenologie der Freiheit, qui voit toute l'analyse du Dasein constituer une introduction à la compréhension de ce que veut dire pour lui la liberté, cité par Hans Ruin[17].
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5
+ LibreOffice (parfois abrégé en LibO ou LO) est une suite bureautique libre et gratuite, dérivée du projet OpenOffice.org, créée et gérée par The Document Foundation[3].
6
+
7
+ LibreOffice est notamment soutenu par la Fondation pour le logiciel libre[4] et rassemble autour du projet une grande partie de l'ancienne « communauté d'OpenOffice.org ».
8
+ LibreOffice est intégré au socle interministériel de logiciels libres de l'État français.
9
+
10
+ L'interface utilisateur est disponible en 114 langues[5].
11
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12
+ À la suite du rachat de Sun Microsystems, propriétaire de la marque OpenOffice.org, par Oracle[6] et aux difficultés relationnelles grandissantes entre Oracle et la communauté OpenOffice.org, celle-ci décide, le 28 septembre 2010, de se détacher d'Oracle et de créer une fondation indépendante, The Document Foundation, pour poursuivre le projet sur une base plus communautaire sous le nom de LibreOffice.
13
+
14
+ La communauté LibreOffice propose à Oracle de se joindre au projet en tant que membre, et en contrepartie, de lui céder la marque OpenOffice.org[6],[7],[8]. Oracle refuse cette proposition, gardant la propriété du nom OpenOffice.org pour décliner une offre bureautique en versions libre et commerciale, et a exigé que tous les membres du Conseil communautaire de OpenOffice.org concernés par The Document Foundation quittent le Conseil communautaire OOo, invoquant un conflit d'intérêts[9].
15
+
16
+ Quelques mois plus tard, Oracle renonce au marché bureautique et cède en mai 2011 le projet à la Fondation Apache[10], où il prendra le nom de Apache OpenOffice. Cette intégration signifie notamment l'abandon du concept de copyleft[4] au sein de la branche Apache, ainsi que la fin du développement et de la maintenance des versions éditées sous le nom OpenOffice.
17
+
18
+ Les distributions openSUSE (11.4, 10 mars 2011), Ubuntu (11.04, 28 avril 2011), Mandriva dans sa version 2011, Fedora (15, sortie le 24 mai 2011) et Arch Linux ont adopté LibreOffice. Debian officialise à son tour sa migration et le support de LibreOffice dans sa version stable le 23 juin 2011[11].
19
+
20
+ En 2012, le développement d’une version sur Android a été lancé[12].
21
+
22
+ En 2013, IBM a donné une partie du code de IBM Lotus Symphony à Apache OpenOffice, étant sous licence libre, une partie de ce code a été repris et adapté dans la version 4.1, ce qui a donné naissance au volet latéral.
23
+
24
+ Au fur et à mesure des développements de la suite bureautique, le recours à Java tend à disparaître, le code correspondant étant réécrit[13]. Début 2016, si Java est encore utilisé, c'est principalement dans le module Base (mais le changement programmé de HSQLDB vers Firebird SQL permettra d'y remédier[14]), accessoirement dans le composant Rhino (un moteur JavaScript écrit en Java qui pourrait être purement et simplement retiré[15]), et aussi pour certaines extensions écrites en Java (LanguageTool, Wiki Publisher...).
25
+
26
+ LibreOffice est un intégré bureautique, c’est-à-dire un logiciel composé d'un ensemble de modules pouvant interagir entre eux pour créer et modifier des documents bureautiques, tels que des textes mis en forme, des tableaux de chiffres, des présentations, des dessins. Il permet notamment de modifier à la volée un tableur intégré dans un document texte, une présentation ou un dessin.
27
+
28
+ Pour plus de détails, on pourra se référer à la documentation utilisateur.
29
+
30
+ LibreOffice Writer est un traitement de texte. Il permet de gérer en plusieurs langues les paragraphes et mettre en forme les documents, tant au niveau de leur contenu sémantique que de leur mise en page. C'est le module le plus couramment utilisé. Il est compatible avec le format Microsoft Word dont il est le principal concurrent.
31
+
32
+ LibreOffice 4.0 - Writer dans Gnome Shell.
33
+
34
+ LibreOffice 4.0 - Writer avec un persona de Firefox.
35
+
36
+ LibreOffice Calc est un tableur, ou gestionnaire de feuilles de calcul, disposant de nombreuses fonctions : travail de plusieurs utilisateurs sur la même feuille de calcul, traitement de macros, traitements et analyses de données, génération de graphiques, solveur. Il est compatible avec le format Microsoft Excel qu'il concurrence.
37
+
38
+ Document .xls provenant de data.gouv.fr avec Calc dans Gnome Shell.
39
+
40
+ LibreOffice Impress est le module de composition de diaporamas qui sert à faire des présentations sous forme de suites de diapositives. Celles-ci visent à mettre en valeur visuellement les points importants d’un exposé oral. Il utilise nativement le format OpenDocument (ODF), mais il est également compatible avec le format du logiciel Microsoft PowerPoint dont il est le principal concurrent.
41
+
42
+ LibreOffice Impress comporte plusieurs modes :
43
+
44
+ LibreOffice Draw est le module de dessin vectoriel pour schémas et illustrations simples. Il permet de manipuler des primitives graphiques simples (flèches, figures géométriques, étiquettes, cotations) par l'utilisation de calques (ou couches) et d’objets.
45
+
46
+ Draw dispose de fonctionnalités de dessin en trois dimensions (3D) permettant d'inclure quelques éléments 3D prédéfinis (Cube, sphère, cône, pyramide, etc.) ou définis par l'utilisateur depuis des formes 2D. Les formes 2D sont transformées par extrusion droite ou conique (Outil : conversion 3D) et par révolution 3D (Outil : corps de révolution 3D)[16]. Ces fonctionnalités sont gérées par un outil unique Effets 3D qui donne accès à de nombreux réglages. Par exemple :
47
+
48
+ D'autres réglages visuels sont possibles avec les outils de la barre d'outils Ligne et remplissage.
49
+
50
+ En résumé, la 3D avec Draw est encadrée par deux principes :
51
+
52
+ Draw dispose également de fonctions intéressantes telles qu'une option automatisée des rayures et des fonctions de base pour faire des diagrammes.
53
+
54
+ Draw est capable d'importer un fichier PDF, d'y ajouter tout ce qui est décrit précédemment, de supprimer des pages. Il est également possible de modifier le contenu (textes, tableaux, images) du PDF si le fichier d'origine n'est pas protégé.
55
+
56
+ Depuis la version 3.6, Draw peut importer les fichiers produits par CorelDRAW (extension CDR), qu'il concurrence[17].
57
+
58
+ Les fichiers réalisés sous LibreOffice Draw peuvent être exportés au format Flash en natif, et comme pour tous les fichiers produits par LibreOffice en PDF.
59
+
60
+ Les fichiers réalisés sous Microsoft Publisher peuvent être ouverts sous Draw en natif depuis la version LibreOffice 4.1 (novembre 2013) et enregistrés au format OpenDocument Graphics (*.ODG).
61
+
62
+ LibreOffice Draw est un logiciel de dessin vectoriel au même titre que CorelDRAW ou Adobe Illustrator et, en libre, Inkscape. Il est cependant plus simple d'utilisation et moins sophistiqué que ces derniers, mais son avantage réside dans l'intégration à la suite bureautique LibreOffice ou OpenOffice. Il faut noter qu'il ne s'agit pas du même type de logiciels que les logiciels de traitement d'images matricielles (bitmap) Adobe Photoshop et son concurrent libre GIMP. Quant à Adobe InDesign, tout comme Scribus, il s'agit de logiciels de PAO (Publication Assistée par Ordinateur, donc mise en page avancée) et ne se placent donc pas sur le même créneau (même si des mises en page peuvent parfois être réalisées avec Draw).
63
+
64
+ LibreOffice Draw ne concurrence pas les logiciels SIG ArcGIS et MapInfo, pour lesquels le projet libre QGIS existe.
65
+
66
+ LibreOffice Base est le module de création et de gestion de base de données permettant aussi de générer des rapports. Base supporte les bases de données HSQLDB, FireBird, MySQL, MariaDB, Adabas, PostgreSQL, dBase et Microsoft Access[18] ainsi que les interfaces ODBC et JDBC.
67
+
68
+ Base inclut nativement les gestionnaires de base de données HSQLDB (et Firebird depuis 2018). Une base de données extérieure n'est donc pas indispensable.
69
+
70
+ Bien que Base concurrence le logiciel Microsoft Access, ses fonctionnalités sont différentes : Base a une interface ODBC, permettant de lier des tableaux (Calc ou Excel) et différentes bases de données. Microsoft Access est une interface graphique surtout utilisée pour visualiser des états de données et créer des formulaires de saisie utilisables après compilation en tant qu'exécutables avec Access runtime.
71
+
72
+ LibreOffice Math est le module de composition de formules mathématiques. Les formules peuvent être incluses dans les autres documents LibreOffice.
73
+
74
+ Un assistant présente un choix d'opérations de départ. Si l'on choisit par exemple une fraction, celle-ci apparaît dans la demi-fenêtre du haut sous forme algébrique classique, et bas sous une forme alphanumérique modifiable : chacun de ses deux termes (numérateur et dénominateur) peut à son tour être remplacé par une opération, et ainsi de suite. Chaque formule peut être sauvegardée, complète ou non. Des sauvegardes successives sous des noms différents permettent de tracer les étapes d'évolution d'une formule, à des fins pédagogiques par exemple.
75
+
76
+ Un exemple sur LibreOffice Math.
77
+
78
+ LibreOffice reprend le développement d'OpenOffice.org à partir de la version 3.2.1 (dernière version du tronc commun) et garde la numérotation de version. La première version est donc numérotée 3.3.0.
79
+
80
+ Le principe de la numérotation des versions sur trois chiffres X.Y.Z est le suivant :
81
+
82
+ Ce système de gestion des versions correspond aux besoins exprimés par les grands comptes qui souhaitent disposer de versions fonctionnelles maintenues sur une période suffisamment longue afin de mieux planifier les migrations.
83
+
84
+ La version évolution est plutôt destinée aux utilisateurs avancés impatients de tester les nouveautés de LibreOffice. Les autres choisiront la version "Stable". Cependant à partir de la 4e mise à jour corrective (version x.y.4 par exemple) la branche Évolution est prête pour une utilisation en entreprise et des déploiements à grande échelle ( https://wiki.documentfoundation.org/Main_Page/fr )
85
+
86
+ Pour accéder aux notes de versions et voir les nouveautés concernant les nouvelles versions il faut se rendre sur https://wiki.documentfoundation.org/Category:ReleaseNotes/fr.
87
+
88
+ LibreOffice en ligne ou LibreOffice on Line (LOoL) est une édition de la suite bureautique sous la forme d'une application web. Le développement a été annoncé en octobre 2011. Des versions sont mises en œuvre par la société Collabora (en) fonctionnent avec Zimbra (grâce à Zextras), ownCloud, Nextcloud et d'autres applications. CODE[83] est la version Open source portée par Collabora (en).
89
+
90
+ LibreOffice utilise nativement le format ouvert OpenDocument.
91
+
92
+ LibreOffice permet aussi l'importation et l'exportation des documents aux formats Microsoft Office (.doc(x), .xls(x), .ppt(x)…) afin de permettre l'échange de documents avec les utilisateurs ne disposant pas d'une suite bureautique compatible OpenDocument. D'autre part, LibreOffice permet aussi le traitement des fichiers Portable Document Format (PDF), en effet il est possible non seulement d'exporter un document en format PDF, mais aussi d'y effectuer des modifications.
93
+
94
+ LibreOffice permet aussi l'importation et l'exportation des documents au format HTML, permettant ainsi d'être utilisé comme éditeur de pages Web. Une extension chargeable à part[84] lui permet également d'exporter au format MediaWiki.
95
+
96
+ En septembre 2016, LibreOffice reçoit le Bossie Awards 2016 (catégorie : Best Open-Source Application) remis par le magazine en ligne InfoWorld spécialisé dans le domaine des technologies de l'information[86].
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+ État de Libye
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+
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+ (Ar) دولة ليبيا
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+
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+ (Tam) ⵍⵉⴱⵢⴰ
6
+
7
+ Fayez el-Sarraj (Gouvernement d'Union Nationale, reconnu)
8
+
9
+ Fayez el-Sarraj (Gouvernement d'Union Nationale, reconnu)
10
+
11
+ Arabe[1]
12
+
13
+ De jure : TripoliDe facto :
14
+
15
+ 32° 54′ 00″ N, 13° 11′ 09″ E
16
+
17
+ modifier
18
+
19
+ La Libye, en forme longue l'État de Libye[6],[7],[8],[9],[10],[11] (en tamazigh et tifinagh : Libya, ⵍⵉⴱⵢⴰ ; En arabe : ليبيا ; Lībiyā, Lībiyya, et دولة ليبيا ; Dawlat Lībiyā), est un État d'Afrique du Nord faisant partie du Maghreb. Elle est bordée au Nord par la Mer de Libye (Mer Méditerranée), au nord-ouest par la Tunisie, à l'ouest par l'Algérie, au sud-ouest par le Niger, au sud-sud-est par le Tchad, au sud-est par le Soudan et à l'est par l'Égypte. Elle s’étend sur 1 759 540 kilomètres carrés, ce qui la place au quatrième rang africain et au dix-huitième rang mondial. Sa population est estimée entre 6 et 8 millions d'habitants. Elle se concentre sur les côtes, l’intérieur du pays étant désertique. Sa capitale, Tripoli, est également sa plus grande agglomération (1,8 million d'habitants), devant Benghazi (650 000 habitants), Misrata (plus de 350 000 habitants[12]) et El Beïda (250 000 habitants[13]).
20
+
21
+ Les Libyens sont en majorité de culture amazighe et de confession musulmane sunnite. Le produit intérieur brut de la Libye est l’un des plus élevés d’Afrique. Son économie repose très largement sur l’exportation du pétrole. Elle est membre, entre autres, de la Ligue arabe, de l'Union du Maghreb arabe et de l’OPEP.
22
+
23
+ La Libye tire son nom d'une tribu amazighe qui était nommée Libou, qui a donné le mot grec Libyè. Traditionnellement, on y distingue les régions de Tripolitaine, de Cyrénaïque et du Fezzan. Peuplé originellement de Berbères, son territoire est colonisé pendant l’Antiquité par les Phéniciens, puis les Grecs, avant d’être conquis par l’Empire romain. Au VIIe siècle, il est conquis par les armées arabes, qui y diffusent leur culture et leur religion. Après avoir été soumis à divers royaumes pendant le Moyen Âge, il passe sous le contrôle de l’Empire ottoman au XVIe siècle. La régence de Tripoli devient un véritable État avant d'être directement reprise en main par l'Empire ottoman en 1835.
24
+
25
+ Dernière possession ottomane en Afrique, l'actuel territoire de la Libye est conquis et colonisé par le Royaume d'Italie en 1912, à l'issue de la guerre italo-turque. Durant la Seconde Guerre mondiale, la Libye italienne est envahie et occupée par les Alliés. En 1951, elle proclame son indépendance sous la forme d’une monarchie dirigée par Idris Ier. En 1969, un coup d'État militaire renverse le roi, et la République arabe libyenne est proclamée. Dès lors, et pendant près de 42 ans, la Libye est gouvernée par Mouammar Kadhafi. En 1977, le pays prend le nouveau nom de Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste. En 2011, dans le cadre des mouvements de protestation dans les pays arabes, une rébellion éclate et se transforme bientôt en guerre civile : avec le soutien d'une intervention militaire internationale, les rebelles renversent Kadhafi. La Libye s'avère cependant incapable, après la chute de Kadhafi, de trouver la stabilité politique et de construire un État de droit : à partir de 2014, le pays sombre dans une nouvelle guerre civile tandis que le gouvernement mis en place par le processus de paix des Nations Unis fait face à une rébellion dans l'Est du pays.
26
+
27
+ Durant l'Antiquité grecque, puis romaine, le terme de « Libye » (Λιβύη ou Λιβύᾱ) est utilisé pour désigner toute l'Afrique du Nord jusqu'à l'ouest de l'Égypte : le terme « Libyens » désigne quant à lui un ensemble de peuples nord-africains, dont les ancêtres des Berbères. L'appellation Libye est réintroduite au XXe siècle par l'Italie, qui reprend le terme antique pour nommer les territoires de Libye italienne après leur conquête. Les trois parties traditionnelles du pays sont la Tripolitaine, le Fezzan et la Cyrénaïque.
28
+
29
+ En 1977, le régime du colonel Kadhafi change le nom du pays en Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste (en arabe الجماهيريةالعربية الليبية الشعبية الإشتراكية العظمى, al-Jamahiriya al-Arabiya al-Libiya al-Shaabiya al-Ishtirakiya al-Odhma).
30
+
31
+ Depuis la prise du pouvoir du CNT et la mise en place d'un gouvernement provisoire, le pays est de nouveau désigné sous le nom de Libye[14],[15] (en arabe ليبيا)[16].
32
+
33
+ Le 8 janvier 2013, le Congrès national libyen approuve un changement de nom pour le pays, qui enterre définitivement l’ancienne appellation de « Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste » pour adopter « État de Libye », qui devient le nom officiel jusqu'à l'adoption de la Constitution au cours de l'année 2013. Selon la présidence du Congrès national, la décision du changement de nom provient de la volonté de rompre avec le régime Kadhafi qui a duré de 1969 à 2011. Toutefois, ce sera la prochaine Constitution qui fixera définitivement le nom officiel qu’adoptera la Libye, ainsi que la nature du régime politique, la langue officielle et les grandes lignes de son cadre législatif[6],[7],[8],[9],[10].
34
+
35
+ La Libye est située dans la partie septentrionale du continent africain, délimitée au nord par la mer de Libye. Elle est encadrée par l'Égypte à l'est, le Soudan, le Tchad et le Niger au sud, l'Algérie et la Tunisie à l'ouest. Contrairement à la Tunisie, à l'Algérie et au Maroc situés comme la Libye sur la frange nord du Sahara, le pays ne dispose pas de chaînes de montagnes côtières importantes, capables de faire barrière à la sécheresse du désert. Le désert, sous lequel ont été trouvées des nappes phréatiques profondes, domine pratiquement tout le territoire, d'une superficie de 1 775 500 kilomètres carrés, épargnant seulement deux petites régions côtières, dotées d'un relief un peu plus vigoureux, où s'est fixée la majorité de la population.
36
+
37
+ La Libye se situe sur un très vieux craton de la croûte terrestre : le craton nilotique à l'Est du djebel Akhdar. À l'Ouest de ce dernier se situaient autrefois les chaînes de montagnes panafricaines qui ont été aplanies il y a 500 millions d'années et dont il ne subsiste pratiquement plus que des crêtes émoussées. Ces formations ont connu par la suite des épisodes volcaniques qui ont donné naissance notamment au massif du Tibesti à la frontière avec le Tchad et au djebel Al Haruj, plateau formé de coulées volcaniques. La couche gréseuse, qui recouvrait à la fois les anciens cratons et les chaînes montagneuses arasées, s'est progressivement déformée, créant de grandes cuvettes dans lesquelles le grès provenant de la destruction de l'ancien socle s'est accumulé formant des roches-réservoirs. Celles-ci ont piégé les hydrocarbures qui constituent aujourd'hui les principales richesses de la Libye ainsi que l'eau fossile qui s'est infiltrée au cours des épisodes climatiques tempérés[17].
38
+
39
+ Les deux zones géographiques principales du pays sont la côte méditerranéenne et le désert du Sahara. On trouve plusieurs hauts plateaux mais pas de réelle chaîne montagneuse, à l’exception du massif du Tibesti, près de la frontière tchadienne, qui culmine à plus de 2 200 mètres.
40
+
41
+ Sur la partie occidentale de la côte libyenne, les monts de Matmata, situés en Tunisie se prolongent en Tripolitaine par le djebel Nefoussa, formant un plateau de 600 à 800 mètres culminant à 981 mètres au niveau de la ville de Tripoli. Il présente un relief plus abrupt côté Méditerranée, qui est relativement arrosé (300 mm par an) et domine la plaine côtière agricole de la Djeffara. Celle-ci, de forme triangulaire et faisant au maximum 120 km de large, a une superficie de 15 000 km2. Elle bénéficie dans une moindre mesure de ce relief, qui fait barrage à l'influence du désert avec une pluviométrie supérieure à 200 mm par an. Elle constitue à ce titre l'une des deux zones de concentration humaine du pays et abrite la capitale. La deuxième chaîne côtière, le djebel Akhdar en Cyrénaïque, est séparée de la Djeffara par une côte désertique longue de 500 km, qui borde le golfe de Syrte, et qui est traditionnellement considérée comme la frontière entre le Maghreb et le Machrek. Le djebel Akhdar est un plateau d'une altitude moyenne de 500 mètres qui culmine à 872 mètres ; il doit son nom (Montagne verte en arabe) à une pluviométrie abondante (500 mm par an en moyenne) liée à la présence d'eaux côtières plus froides. Ce climat permet la présence de la seule véritable forêt du pays, formée de pins, de cyprès et d’oliviers sauvages. Ce massif domine la plaine côtière d’Al Marj qui abrite la deuxième concentration humaine du pays. Cette plaine est plus petite que la plaine de Djeffara et forme un croissant de 210 km de long entre Benghazi et Derna, pour une largeur maximale de 50 km[18].
42
+
43
+ Le reste du pays, soit plus de 90 % de la superficie, constitue une des parties les plus arides du Sahara. Il est essentiellement composé de vastes plateaux désertiques constitués d'ergs sablonneux ou de regs rocailleux, qui descendent en pente douce vers la mer Méditerranée. Quelques reliefs ponctuent ce désert, comme le djebel as-Sawda en arrière du golfe de Syrte et le petit massif de l'Hulayq al Kabir (1 200 mètres). Le point culminant du pays est le Bikku Bitti à 2 267 mètres d'altitude, qui est situé à la frontière avec le Tchad et fait partie du Duhun Tarsu, une extension septentrionale du massif du Tibesti[19].
44
+
45
+ Le Fezzan au sud-ouest et le désert Libyque à l'est, qui constituent les deux grandes régions désertiques du pays, ne sont peuplés que dans les rares oasis comme Koufra où la présence d'eau permet la pratique de l’agriculture.
46
+
47
+ Le climat de la Libye est méditerranéen à été chaud (Classification de Köppen Csa) au bord de la mer à tendance semi-aride/aride puis carrément désertique chaud (Classification de Köppen BWh) particulièrement accentué (hyper-aride) dans le reste du pays à près de 95 % de la superficie du territoire). L'isohyète des 100 mm de précipitations annuelles, en deçà duquel un climat est qualifié de vraiment désertique, débute à quelques dizaines de kilomètres des côtes presque partout, et touche même celles-ci, au niveau du golfe central de Syrte. Seules les deux zones côtières situées en avant des petits massifs montagneux connaissent un climat méditerranéen, avec des précipitations concentrées durant la saison froide de décembre à février. Les précipitations culminent sur le Djebel Akhdar : 300 à 500 mm.
48
+
49
+ La sécheresse extrême du Sahara est causée par un anticyclone renforcé qui y stationne en permanence, repoussant toute intrusion d'air maritime humide. Cet anticyclone produit un vent chaud et sec, de secteur sud, appelé ghibli (sirocco en Algérie, chergui au Maroc), qui souffle presque toute l'année. La Libye est un pays des plus secs et des plus arides au monde : par exemple, dans le désert, la moyenne annuelle des précipitations tombe à 8,3 mm à Sebha ; à 6,6 mm à Mourzouq et même à 0,5 mm à Koufra, située presque exactement au centre géographique du désert Libyque. De plus, dans le grand sud libyen, la pluie ne tombe pas tous les ans et parfois des séries d'années voire des décennies peuvent s'écouler sans la moindre trace de pluie. Dans le même temps, la durée moyenne annuelle de l'insolation effective est très élevée sur l'ensemble du territoire : on passe de plus de 3.000 h/an sur la côte méditerranéenne à un maximum extrême de 4.300 h/an dans les régions sahariennes les plus ensoleillées[20], ce qui constitue un record mondial[21].
50
+ Il n'existe aucun cours d'eau permanent[22].
51
+
52
+ Seules sont utilisables les nappes phréatiques qui alimentent des milliers de puits et la Grande rivière artificielle, projet pharaonique de Kadhafi, qui était en cours de réalisation avant 2011 et aurait dû alimenter en eau le nord du pays[23]. Le désert de Libye a été réputé détenir le record de la plus haute température naturelle jamais atteinte sur Terre, avec 58 °C (136,0 °F) pour la ville d'Aziziya, située au sud-ouest de Tripoli, enregistrée le 13 septembre 1922. Ce record a cependant été invalidé le 13 septembre 2012 par l'Organisation météorologique mondiale[24].
53
+
54
+ Porté au pouvoir par un coup d’État en 1969, Mouammar al-Kadhafi instaure la République arabe libyenne[25], régime d’inspiration socialiste, sur le modèle de l’Égypte dirigée par Gamal Abdel Nasser, gouvernée par un Conseil de commandement de la révolution. En 1973, sont formés des comités populaires conçus comme lieux de l’exercice d’une démocratie directe. En 1977, une nouvelle constitution, dite Déclaration sur l’avènement du Pouvoir du Peuple[26], donne au mode de gouvernement de la Libye le nom officiel de Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste (Jamahiriya étant un néologisme traduisible par État des masses) dans laquelle le pouvoir exécutif est partagé entre le Guide de la révolution et seize représentants du Congrès général du peuple, qui est l’organe législatif, et son bureau politique.
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+ À partir de février 2011, ce pouvoir est contesté par une insurrection qui prend naissance à Benghazi et se propage sur une vaste portion du territoire libyen. Les rebelles et les régions qu’ils contrôlent sont dirigés dès le 27 février par un Conseil national de transition (CNT) présidé par l’ancien ministre de la Justice Moustapha Abdel Jalil. Après le 22 août 2011, la rébellion contrôle également la quasi-totalité de la capitale libyenne, réduisant ainsi l’ancien pouvoir de Kadhafi à une portion congrue. Beni Ulid et Syrte, derniers bastions de Kadhafi, tombent à l'automne ; Mouammar Kadhafi lui-même est capturé et tué en tentant de s'enfuir de Syrte.
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+ La Libye entame alors une difficile période de transition politique. Une « déclaration constitutionnelle » provisoire, adoptée le 3 août 2011, définit la Libye comme « un État démocratique indépendant où tous les pouvoirs dépendent du peuple » et prévoit de garantir le pluralisme politique et religieux, tout en basant la législation sur la charia[27]. Le CNT annonce qu'il ne prévoit de garder le pouvoir que jusqu'à la réunion d'une assemblée constituante, qui devra désigner un nouveau gouvernement et rédiger une constitution, soumise ensuite à référendum, préalable à des élections libres.
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+ Le 7 juillet 2012, un Congrès général national est élu au suffrage universel. À compter de sa première réunion, le 8 août, il se substitue au CNT et est chargé de désigner un nouveau gouvernement de transition, en attendant la mise en place des institutions définitives. Le nouveau régime connaît cependant les plus grandes difficultés à constituer une autorité centrale forte, et doit compter avec de nombreuses milices armées tribales ou régionales, notamment islamistes, qui se sont constituées durant la guerre civile et font planer des menaces de partition du pays[28]. Le pays apparaît bientôt comme un « État failli ». En 2014, après la tenue d'élections législatives en juin, la Libye, qui n'a toujours pas de véritable constitution, sombre dans une nouvelle guerre civile : deux gouvernements rivaux, celui de la Chambre des représentants issu des élections législatives, à Tobrouk, et celui du Congrès général national, dominé par les islamistes, battus aux élections, à Tripoli[29].
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+ Depuis l'Antiquité jusqu'à l'occupation italienne dans les années 1930, on distinguait trois provinces en Libye. À l'ouest, la Tripolitaine, dont la partie « utile » est caractérisée par un réseau d'agglomérations anciennes et qui constitue une vieille région agricole. Cette région est proche sur le plan dialectal et par son histoire de la Tunisie voisine. La Cyrénaïque, à l'est du pays, est une région de tradition pastorale, tournée par son histoire et son dialecte vers l'Égypte. Le Fezzan (ancienne Marmarique des Grecs), au sud de la Tripolitaine, est entièrement situé en zone désertique et constitue une région faiblement peuplée. Depuis l'indépendance en 1951, ce découpage a été modifié à plusieurs reprises. Mais, malgré les bouleversements de la société provoqués par le pétrole, et les mutations à marche forcée imposées par le gouvernement de Kadhafi, les clivages persistent entre les populations de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine[30].
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+ De 1951 à 1975/1983, la Libye est subdivisée en 3 puis 10 gouvernorats (muhafazat). Elle est par la suite subdivisée en districts, appelés baladiyat (1983-1995), puis, à partir de 1995, en quartiers appelés shabiyat. Le dernier découpage administratif (2007), en vigueur début 2011, délimite 22 districts, appelés en arabe shabiyat (arabe : شعبية shabiyah, pluriel شعبيات shabiyat) et parfois traduits par « quartiers » ou « municipalités ». Par ailleurs, à un échelon inférieur, des congrès populaires (arabe : مؤتمر شعبي أساسي mu'tamar shaʿbi asāsi) constituent une subdivision, utilisée pour la désignation de représentants[31].
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+ Dès le IIe millénaire av. J.-C., les Libous installés en Cyrénaïque forment un peuple redouté des Égyptiens. Vers 1000 av. J.-C., les premiers comptoirs phéniciens sont fondés sur la côte libyenne.
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+ En 631 av. J.-C., des navigateurs grecs s’installent sur la côte libyenne. Cyrène s’impose vite comme la plus grande cité grecque d’Afrique. Les colons bâtissent leur fortune sur le commerce du silphion ou silphium, une plante recherchée pour ses vertus culinaires et médicinales. Signe de l’importance de la ville, le monumental temple de Zeus, édifié au Ve siècle av. J.-C., est comparable à celui d’Olympie. Le royaume de Cyrène deviendra une république en 458 av. J.-C. et passera ensuite sous la tutelle des Ptolémées d’Égypte. Au Ve siècle av. J.-C., la côte méditerranéenne est dominée par les Carthaginois. En 321 av. J.-C., Ptolémée Ier annexe les territoires bordant la Méditerranée, qui seront cédés aux Romains en 96 av. J.-C.
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+ Durant le Ier siècle av. J.-C., les trois régions qui forment l’actuelle Libye (Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan) passent sous la domination de l’Empire romain. La Libye, alors riche et fertile, devient l’un des greniers à grains de l’Empire romain. Le pays entame son déclin après que les régions côtières ont été envahies par les Vandales en 455. Elles sont reconquises par les Byzantins à partir de 533.
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+ Gravures rupestres dans le Tadrart Acacus.
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+ Portique de la ville grecque de Cyrène.
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+ Ruine de la cité romaine de Leptis Magna.
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+ Théâtre romain de Sabratha.
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+ En 641, les Arabes, conduits par Amr ibn al-As, conquièrent la Cyrénaïque (reliée à l'Égypte) puis la Tripolitaine (unie à la Tunisie), progressivement islamisées. Ils ne parviennent jusqu’au Fezzan qu’en 647.
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+ À partir de 644, la Tripolitaine n'a pas d'histoire propre ; soumise aux Aghlabides de 801 à 909, elle passe ensuite aux Fatimides. En 1050, elle est envahie par les Hilaliens et définitivement ruinée, elle est ensuite soumise aux Almohades, puis aux Hafsides. En 1510, les Espagnols occupent Tripoli.
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+ En 1551, le sultan ottoman Soliman le Magnifique prend Tripoli et annexe la Libye à l'Empire ottoman.
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+ De 1711 à 1835, une dynastie d'origine turco-albanaise, les Qaramanlis, règne sur la Tripolitaine en tant que pachas.
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+ Dès lors Tripoli, comme Tunis, Alger, Salé, devient un repaire de pirates pratiquant le corso. Comme ces villes, elle est à plusieurs reprises bombardée par les flottes européennes. Pour punir les aventuriers libyens, des vaisseaux de guerre américains, au commencement du XIXe siècle, franchissent l'Atlantique et, à la suite de la bataille de Derna occupent en 1805 la capitale de la province de Cyrénaïque.
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+ En 1835, Tripoli est gouvernée par la famille des Karamanli, qui s'appuient sur la tribu arabe des Ouled-Sliman. Leurs exactions décident les gens de l'oasis à demander au sultan de Constantinople de transformer la suzeraineté nominale qu'il avait sur le pays en souveraineté effective. Des troupes ottomanes occupent sans difficultés tous les ports. La Libye forme alors deux vilayets turcs.
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+ À la suite de la perte du territoire correspondant à l'actuelle Algérie, conquis par la France à partir de 1830, l'empire ottoman entend protéger ses provinces occidentales de l'appétit européen.
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+ En 1843 cheikh Muhammad al-Sanussi, fondateur de la confrérie al-Sanussiya arrive à El Beïda. La Tripolitaine et la Cyrénaïque, contrairement aux autres provinces ottomanes d'Afrique du Nord, demeurent provinces ottomanes jusqu'en 1911, date de la Guerre italo-turque.
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+ En 1911, le Royaume d'Italie déclare la guerre à l'Empire ottoman. Son principal but est de conquérir les territoires nord-africains des Ottomans, dans le but de bâtir un empire colonial. Un blocus est aussitôt imposé et les troupes italiennes débarquent à Tripoli le 5 octobre. Elles se heurtent à une vive résistance turque, notamment menée par Mustafa Kemal Atatürk. Néanmoins, le 18 octobre 1912, le traité de Lausanne (aussi dit traité d'Ouchy), met fin à la guerre italo-turque en accordant aux Italiens la Cyrénaïque et la Tripolitaine, qui forment le territoire de la Libye italienne.
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+ Après la reddition turque, une guérilla arabe s'organisa contre l'occupation italienne. L'Italie envoya un contingent de 100 000 hommes dont 4 000 furent tués et 5 000 blessés[32].
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+ En 1918 est proclamée la République de Tripolitaine, État souverain sur les territoires de l'ouest de l'actuelle Libye : il s'agit du premier État islamique au monde à disposer d'un gouvernement républicain et la première entité libyenne indépendante depuis la chute de l'Empire ottoman. Ayant connu jusque-là les plus grandes difficultés à stabiliser leurs possessions libyennes, les Italiens reconnaissent en 1919 l'autonomie de la République de Tripolitaine et font de même quelques mois plus tard avec l'Émirat de Cyrénaïque, dirigé par Idris, chef de la confrérie des Sanussi[33]. L'Italie garde cependant la haute main sur l'armée, la diplomatie et la justice des deux États. L'application des accords est vite entravée par la mauvaise volonté de toutes les parties et l'Italie envisage bientôt de reprendre le contrôle direct de ses possessions libyennes[34]. En 1922, Tripolitaine et Cyrénaïque repassent sous contrôle italien direct, pour réintégrer l'Empire colonial italien.
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+ L'émir Idris s'étant enfui en Égypte, les partisans des Sanussi continuent de mener en Libye une résistance farouche contre les Italiens. Jusqu'en 1931, une guérilla incarnée par le cheikh Omar al-Mokhtar continue de s'opposer à l'occupation italienne. La capture du cheikh et sa pendaison, le 16 septembre 1931, marquent la fin du mouvement.
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+ Le 24 janvier 1932, Benito Mussolini annonce l'occupation militaire de toute la Libye. Deux ans plus tard, la Cyrénaïque et la Tripolitaine sont unies administrativement en une seule province, nommée Libye, en référence à l'Antiquité romaine. Italo Balbo en est nommé gouverneur général, et mène des efforts notables pour réformer l'administration libyenne et développer les infrastructures du pays. Une route est mise en place à travers le désert de Syrte afin de relier la colonie d'ouest en est ; elle est achevée en 1937. Une importante population italienne s'installe, en particulier à Benghazi et à Tripoli. Dans le même temps, Mussolini cherche à gagner les tribus arabes. Un système de citoyenneté limitée est ainsi mis en place.
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+ Le 13 septembre 1940, dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, les troupes italiennes stationnées en Libye attaquent le territoire du Royaume d'Égypte où stationnent les troupes britanniques. Elles sont repoussées et reculent jusqu’en Tripolitaine, avant d’être secourues le 14 février 1941 par un corps expéditionnaire de l'armée allemande, l'Afrika Korps, dirigé par le général Erwin Rommel. Les armées de l’Axe regagnent du terrain jusqu’à menacer de conquérir l’Égypte ; une contre-offensive menée par le général Bernard Montgomery les oblige toutefois à battre à nouveau en retraite. En février 1943, toute la Libye italienne est occupée par les troupes alliées, soldats britanniques et Forces françaises libres.
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+ À l'issue de la guerre, la France et le Royaume-Uni se partagent l'occupation du pays : Tripolitaine et Cyrénaïque sous contrôle britannique, Fezzan sous contrôle français. L'Italie renonce officiellement à la Libye en 1947 par le traité de Paris. Le 1er mars 1949, soutenu par les Britanniques qui voient d'un bon œil l'émergence d'une monarchie libyenne qui demeurerait leur alliée, Idris al-Sanussi proclame l'indépendance de l'Émirat de Cyrénaïque restauré, tandis que les Britanniques conservent l'administration de la Tripolitaine. Le statut de la Libye est durant plusieurs mois l'objet d'incertitudes, la France étant réticente devant l'émergence d'un nouvel État dans la région et préférant maintenir les trois administrations séparées. Le 21 novembre 1949 l’ONU tranche la question et se prononce en faveur d’un État indépendant incluant les trois provinces libyennes. Un an plus tard, l'émir Idris est désigné comme roi. Le 25 novembre, la première Assemblée nationale libyenne se réunit et le 7 octobre 1951 une constitution est promulguée.
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+ Le 24 décembre 1951, le Royaume-Uni de Libye est le premier État du Maghreb à obtenir son indépendance. Sidi Muhammad Idris al-Mahdi al-Sanoussi, chef de la confrérie religieuse des Sanussi depuis 1916, déjà reconnu comme émir de Cyrénaïque par le Royaume-Uni depuis 1946, est proclamé roi de Libye le 24 décembre 1951 sous le nom d'Idris Ier. À peine né, le jeune État est cependant confronté à de sérieux problèmes : un taux élevé d'analphabétisme (94 %), un manque de personnel qualifié dans la plupart des domaines et un taux de mortalité infantile important (40 %)[35]. Le 28 mars 1953, la Libye intègre la Ligue arabe. Cette même année, le gouvernement signe des accords militaires avec le Royaume-Uni, accordant à ce pays des bases militaires pour vingt ans et la libre circulation des véhicules militaires britanniques sur le territoire national (eaux territoriales et espace aérien compris) contre le versement de 3 750 000 livres pendant cinq ans et la promesse d'une aide technique et militaire[36].
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+ Le 9 septembre 1954, un protocole militaire est également signé avec les États-Unis, permettant à ce pays de conserver plusieurs bases militaires, dont le complexe de Wheelus Field, en périphérie de Tripoli[37]. Ces accords, qui prévoyaient l'occupation des bases jusqu'en 1970, sont respectés, mais non renouvelés par le nouveau gouvernement révolutionnaire. Enfin, un traité signé avec la France le 10 août 1955 consacre l'évacuation des quelque 400 militaires qui étaient stationnés dans la région du Fezzan, et des accords culturels sont mis en place[38].
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+ La Libye rejoint les Nations unies le 14 décembre 1955. Quelques mois plus tard, le 30 avril 1956, un forage effectué dans le sud-ouest du pays par la Libyan American Oil met au jour un premier gisement de pétrole[39]. En 1959, des gisements bien plus importants sont découverts à Zliten par la compagnie Esso Standard Libya. En 1965, la Libye exporte quelque 58,5 millions de tonnes d'« or noir », via des installations modernes (terminal de Marsa El Brega). Elle est à cette époque le premier producteur d'Afrique[39]. La manne pétrolière permet au pays de développer ses infrastructures, encore rudimentaires au début des années 1960.
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+ Indépendante en 1951, la Libye passe en 1969, à la suite d'un coup d'État, sous le contrôle de Mouammar Kadhafi, un capitaine de l'armée de 27 ans qui se proclame rapidement colonel et instaure la République. Kadhafi entend développer une politique se réclamant du panarabisme et du socialisme et tente de nombreuses « fusions » avec ses voisins (Égypte, Tunisie, Tchad, Soudan), sans succès. En 1977, la Libye devient officiellement une Jamahiriya, c'est-à-dire un « État des masses » officiellement gouverné par le biais de la démocratie directe. Dans les faits, Kadhafi — qui, après 1979, n'occupe plus aucun poste défini dans la constitution — gouverne sans aucun partage, avec le titre de « Guide de la révolution ». Personnage imprévisible, au comportement volontiers extravagant, Kadhafi se veut également penseur politique et fait de sa propre doctrine, la « troisième théorie universelle » — exposée dans son ouvrage Le Livre vert — l'idéologie officielle du régime. Des « camps de base » (Mathabas) sont institués à partir de l'année 1980, afin de tenter d'exporter la « révolution jamahiriyenne » dans les pays voisins. Leur dissolution n'intervient qu'en 1992[40].
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+ Sur le plan intérieur, Kadhafi s'appuie pour gouverner sur le pouvoir des tribus et entretient sciemment le désordre des institutions par des réformes constantes, empêchant ainsi l'émergence d'un quelconque contre-pouvoir. Il s'emploie à garantir une forme de stabilité en finançant des politiques sociales généreuses grâce aux ressources pétrolières, et en développant les systèmes d'éducation et de santé libyens. Mais, dans le même temps, il s'appuie sur un appareil répressif qui use des méthodes les plus brutales, en exécutant régulièrement des conjurés réels ou supposés[41]. La famille de Kadhafi joue par ailleurs un rôle politique croissant avec les années. Le dirigeant, sa famille et ses proches bénéficient d'un accès illimité aux fonds de l'État libyen. Mouammar Kadhafi fait sortir du pays, avec les années, plusieurs dizaines de milliards de dollars[42].
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+ La Libye kadhafiste est petit à petit mise sur la sellette par la communauté internationale, du fait notamment son soutien à des mouvements terroristes (Armée républicaine irlandaise, Fraction armée rouge), à divers mouvements de guérillas (MPLA) ainsi qu'à de nombreux groupes armés palestiniens[43]. L'activisme libyen touche tout particulièrement les pays d'Afrique subsaharienne : une dizaine d'entre eux (Soudan, Burkina Faso, Gambie…) sont ainsi victimes de tentatives de déstabilisation, plus ou moins assumées[44]. Il soutient également le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela en Afrique du Sud[45],[46].
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+ Les relations avec plusieurs pays occidentaux, et les États-Unis en particulier, sont très tendues dès le début des années 1980, et se traduisent par le saccage de l'ambassade américaine à Tripoli (1980). En effet, les navires américains, au début des années 1980, sillonnent régulièrement le golfe de Syrte décrété « mer intérieure libyenne » par Kadhafi : en août 1981, les manœuvres américaines conduisent à un incident, au cours duquel deux avions de chasse libyens sont détruits en vol. Le paroxysme est atteint lors du bombardement des villes de Tripoli et Benghazi par l'aviation américaine (1986), dans lequel le dirigeant libyen manque de perdre la vie. L'implication présumée des services secrets libyens dans l'attentat de Lockerbie, notamment, conduit à la mise en place d'un embargo sévère de 1992 à 1999[47]. En gérant avec intelligence ses revenus pétroliers et en opérant sa transformation industrielle, la Libye devient autosuffisante et attractive pour les travailleurs migrants africains qui s'installent massivement dans le pays dans les années 1990[48].
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123
+ En dépit des sanctions occidentales la Libye maintient une politique internationale de tradition panafricaniste. Elle prend en charge l'essentiel des couts de construction d'un satellite de communication africain, s'engage auprès de l'UNESCO à financer le projet de réécriture de l'Histoire générale de l'Afrique, à payer les cotisations des États défaillants auprès des organisations africaines et à briser le monopole des compagnies aériennes occidentales en Afrique à travers la création de la compagnie Ifriqyiah en 2001[48].
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+ Les relations internationales se normalisent dans les années 2000. La Libye tente de mettre un terme au programme d'armes de destruction massive développé depuis plusieurs années[réf. nécessaire]. L'hostilité affichée du gouvernement libyen aux islamistes radicaux en fait un « allié » aux yeux de George W. Bush, engagé dans une « guerre contre le terrorisme » et les « États-voyous ». Plusieurs chefs d'État ou de gouvernement se succèdent à Tripoli (Tony Blair, Silvio Berlusconi, José Luis Rodríguez Zapatero, Jacques Chirac), signant des accords commerciaux dans plusieurs domaines clés. La question de l'immigration illégale en provenance d'Afrique subsaharienne est également régulièrement évoquée, et aboutit à un accord avec la Libye, qui s'engage à contenir les migrants contre la promesse d'une aide financière de l'Union européenne[49].
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+ La Libye s'engage également dans une politique africaine plus classique, Le 30 août 1999, un sommet extraordinaire de l’OUA à Tripoli milite pour la transformation de l’organisation africaine en Union africaine. Le 1er mars 2001, la charte de l'Union africaine est adoptée au cours d'un sommet à Syrte.
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+ Dans les années 2000, Saïf al-Islam Kadhafi, deuxième fils du Colonel Kadhafi et président de la Fondation internationale Kadhafi pour la charité et le développement, se fait l'avocat d'une série de réformes politiques et économiques du régime de son père, prônant notamment l'adoption d'une véritable Constitution. Ses actions font néanmoins l'objet d'une opposition de la part de la « vieille garde » du régime ; Saïf al-Islam Kadhafi, souvent présenté comme le successeur potentiel de son père, doit à plusieurs reprises faire marche arrière et peine à faire avancer ses réformes, tout en demeurant l'un des interlocuteurs principaux des Occidentaux en Libye. À la veille des années 2010, la Libye n'a toujours pas de vraie Constitution, ni de représentation politique librement élue.
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131
+ En 2011, à la suite des mouvements de protestation dans les pays arabes, le soulèvement commence par une attaque suicide dans une caserne qui permet aux insurgés de s’armer. Les émeutes armées éclatent le 13 février à Benghazi, deuxième ville du pays, réputée pour être le berceau historique de l’opposition au régime, gagnent Tripoli le 20 février.
132
+ Selon Human Rights Watch, 173 manifestants ont été tués en quatre jours d’affrontements[50]. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a qualifié ces violences d’effroyables[51]. Cependant, des appuis du régime se lézardent : le représentant libyen à la Ligue arabe a indiqué qu’il démissionnait de son poste pour rejoindre « la révolution[52] », tout comme son homologue à l’ONU, des défections au sein de l’armée se multiplient, tandis que des chefs tribaux exigent le départ de Kadhafi et menacent même de couper les approvisionnements pétroliers. Dès la fin février, les insurgés reçoivent le soutien de puissances occidentales, notamment la France[53],
133
+ [54] qui leur livre ensuite d'importantes quantités d'armes pendant la guerre civile[55],[56],[57].
134
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135
+ Au 21 février 2011, Benghazi et plusieurs autres villes de la Cyrénaïque sont entre les mains des insurgés armés, alors que Tripoli est en proie à des affrontements[58] mais reste néanmoins sous le contrôle des forces gouvernementales. Cependant, la rébellion gagne du terrain et en quelques jours, selon les opposants, la grande majorité du pays (dont la moitié est), échappe au pouvoir central[59]. Le 24 février, la branche libyenne de la Fédération internationale pour les droits humains proches des rebelles, annonce un bilan de 6 000 morts, dont 3 000 à Tripoli. Dès le 25 février, Tripoli est de nouveau gagnée par les émeutes armées, les opposants prennent même le contrôle de plusieurs quartiers périphériques de la capitale dont celui de Tajoura[60].
136
+
137
+ Le 26 février 2011, Moustapha Abdel Jalil, ancien ministre libyen de la Justice, annonce la formation d’un gouvernement provisoire dissident du gouvernement en place[61],[62].
138
+
139
+ Le 10 mars 2011, la France devient rapidement le premier pays à reconnaître le Conseil national de transition comme représentant légitime de la Libye, et envisage des frappes aériennes ciblées, afin de lutter contre ce qu'elle définit comme la répression de Mouammar Kadhafi.
140
+
141
+ Au 13 mars 2011, les forces gouvernementales loyalistes reprennent du terrain, et avancent vers l'Est en investissant des villes stratégiques comme Brega ou Ras Lanouf, balayant au passage les rebelles qui se retirent dans la précipitation jusqu’à Benghazi. Le 15 mars 2011, les forces de l'armée libyenne arrivent aux portes Sud de Benghazi et commencent à l'assiéger.
142
+
143
+ Le 17 mars 2011, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, s’exprime à New York afin de convaincre le conseil de sécurité de l’ONU de voter une résolution franco-britannico-libanaise, permettant le recours à des moyens militaires, afin d’assurer une zone d’exclusion aérienne et de protéger les populations civiles en mettant hors d’état de nuire les troupes de Kadhafi. Cette résolution est adoptée, sous le chapitre VII de la charte des Nations unies, par le conseil de sécurité (10 voix pour, 0 contre, 5 abstentions)[63],[64].
144
+
145
+ Le 19 mars 2011, en accord avec la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, une intervention militaire aéronavale est déclenchée par la France avec l'opération Harmattan, suivie par le Royaume-Uni et les États-Unis, appuyées par l'Italie, afin d’établir une zone d'exclusion aérienne et de protéger les populations civiles contre les bombardements[65]. Plusieurs navires de guerre ainsi que des avions de chasse sont mobilisés pour détruire les défenses anti-aériennes des forces loyales au colonel Kadhafi afin d’empêcher que les insurgés et les forces de la coalition ne subissent des attaques[66]. Les attaques de la coalition ont débuté alors que les forces de l'armée libyenne investissaient les faubourgs de Benghazi et s'apprêtaient à investir le centre-ville. L'invasion de Benghazi est empêchée.
146
+
147
+ À partir de mars et jusqu'en août, le conflit s'installe dans la durée. Devenue maître des airs, l'OTAN, qui a pris le relais de la coalition internationale, bombarde les positions loyalistes, tandis que les insurgés mènent les opérations au sol. Les insurgés arrivent à garder le contrôle de Misrata, la troisième ville du pays, au prix d'un long siège meurtrier de la part des forces loyalistes. Petit à petit, ils avancent depuis Benghazi jusqu'à Brega à l'Est. Ils prennent également progressivement le contrôle de tout un arc de terrain allant de la frontière tunisienne à l'Ouest jusqu'aux environs de Tripoli.
148
+
149
+ Le 20 août 2011 au soir, à Tripoli, les éléments hostiles au régime se soulèvent. Le 21 août 2011, les premiers combattants rebelles les rejoignent dans la bataille de Tripoli. Le 22 août 2011, les rebelles annoncent contrôler 80 % de la capitale. Au soir du 23 août 2011, le quartier général de Kadhafi tombe aux mains des rebelles.
150
+
151
+ Les forces kadhafistes restent néanmoins actives dans plusieurs villes du pays jusqu'à l'automne, avant d'être réduites les unes après les autres. Beni Ulid (le 16 octobre 2011), et surtout Syrte (le 20 octobre 2011), seront les deux derniers bastions à être « libérés » par les rebelles. C'est en tentant de fuir Syrte, sa ville natale dans laquelle il s'était réfugié, que Kadhafi est capturé par un groupe de rebelles puis tué, les conditions exactes de sa mort étant encore mal éclaircies.
152
+
153
+ Le 23 octobre 2011 à Benghazi, le président du CNT Moustapha Abdel Jalil proclame la « libération » de la Libye, mettant officiellement fin à la guerre civile qui durait depuis huit mois[67].
154
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155
+ Le lendemain de la proclamation de la libération de la Libye, Abdel Jalil annonce son souhait que la charia soit à la base de la future législation libyenne[68], ce qui provoque l'inquiétude de l'Union européenne et des États-Unis vis-à-vis du respect des droits de l'homme en Libye[69],[70]. Le 31 octobre 2011, Abdel Rahim al-Kib est élu président du Conseil exécutif par les membres du Conseil national de transition (CNT).
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+ Le 5 mars 2012, Moustapha Abdel Jalil est reconduit dans ses fonctions de président du CNT[71]. Le 7 mars, la Cyrénaïque proclame son autonomie vis-à-vis de Tripoli et place Ahmed El-Senussi à la tête du Conseil dirigeant la province, malgré les protestations du CNT ; la situation fait alors craindre une partition du pays[72].
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159
+ Le 7 juillet 2012, la première élection démocratique en Libye permet de désigner les 200 membres du Congrès général national (CGN) chargé de remplacer le Conseil national de transition. Seuls 80 membres sont issus des partis politiques naissants, les 120 autres sont des candidats indépendants, ce qui rend difficile de déterminer la couleur politique de la nouvelle assemblée. Son fonctionnement est aussi mal défini, la nouvelle constitution restant encore à écrire au moment où il prend ses fonctions. Le 8 août 2012, le président du CNT, Moustapha Abdel Jalil, remet le pouvoir au doyen du CGN dans la salle de conférence d'un hôtel de Tripoli. C'est dans cette salle, transformée en lieu des débats parlementaires, que commencent les premiers travaux du CGN quelques jours plus tard[73],[74].
160
+
161
+ Le lendemain 9 août, le nouveau Parlement élit son premier président, Mohamed Youssef el-Megaryef ; un opposant de longue date à Mouammar Kadhafi considéré comme un islamiste modéré[75],[76].
162
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163
+ Une loi interdisant toute responsabilité politique aux personnes qui en auraient exercé sous Kadhafi entraîne l'éviction d'une grande partie du personnel politique : Mohamed Youssef el-Megaryef doit ainsi abandonner son poste moins d'un an après son élection[77]. En mars 2014, le premier ministre Ali Zeidan est destitué par un vote du Congrès et contraint de fuir le pays.
164
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165
+ En juin 2014, les élections législatives recueillent moins de 30 % de participation[78]. En août, le gouvernement et la Chambre des représentants, le parlement nouvellement élu — qui doit remplacer le Congrès général national mais que les islamistes, battus aux élections, boycottent — déménagent à Tobrouk, à plus de 1 000 km de la capitale libyenne jugée trop dangereuse[79]. Quelques semaines plus tard, la coalition « Aube de la Libye » (Fajr Libya) formée par les groupes islamistes, prend le contrôle de Tripoli et reforme le Congrès général national[80],[81]. Deux gouvernements se disputent alors la légitimité : celui de la Chambre des représentants, à Tobrouk, et celui du Congrès général national, à Tripoli[29]. Le gouvernement de Tobrouk est cependant le seul à être reconnu par la communauté internationale[82].
166
+
167
+ Après la chute du colonel Kadhafi, la Libye est marquée par la disparition de tout pouvoir central fort : les nouvelles autorités ne parviennent pas à s'imposer face aux milices armées formées pendant la révolution. Les milices sont de trois types : très souvent tribales ou locales (Misrata, Zintan, etc), parfois religieuses (milices salafistes de Benghazi, etc.), ou personnelles (milice privée du général rebelle Haftar, etc.)[78]. La Libye est parcourue par une guerre entre clans régionaux et tribaux qui dessinerait trois ensembles plus importants aux pouvoirs eux-mêmes parcellaires : le « Grand Sud », la Cyrénaïque et la Tripolitaine.
168
+
169
+ La Libye est minée par la violence, l'instabilité politique et les menaces de partition, voire d'une nouvelle guerre civile[28],[83],[84]. Les assassinats et les enlèvements deviennent de plus en plus fréquents, avec notamment une vague d'assassinats à Benghazi en octobre 2013. Le 11 septembre 2012, l'attaque du Consulat des États-Unis à Benghazi cause plusieurs morts, dont l'ambassadeur américain. En avril 2013, l'ambassade française à Tripoli subit un attentat[85]. En 2013 et 2014, les États-Unis ont lancé plusieurs raids en territoire libyen, à l'insu du gouvernement local, pour capturer des individus suspectés de terrorisme. Ces opérations ont provoqué des crises politiques dans le pays[86] et le bref enlèvement du premier ministre par d'anciens rebelles[87].
170
+
171
+ En juillet 2014, la milice de Misrata alliée à des groupes islamistes affronte la milice de Zenten alliée à d'anciens soutiens de Kadhafi pour le contrôle de l'aéroport de Tripoli, tandis que d'autres groupes combattent en Cyrénaïque pour le contrôle des ressources pétrolières[88]. En août 2014, l'Égypte et les Émirats arabes unis mènent des bombardements répétés sur la capitale libyenne[89].
172
+
173
+ Fin 2014, le pays reste divisé entre Tripoli aux mains des milices islamistes et tribales de Misrata qui tiennent également de nombreuses villes dont Derna et le gouvernement et le parlement « légitimes », car issus des urnes, installés à Al-Baïda et à Tobrouk[90]. L'effondrement de l'État libyen contribue à faire du pays l'une des principales zones de transit de l'immigration illégale à destination de l'Europe[91].
174
+
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+ En 2014-2015, la Libye est également confrontée à l'implantation sur son sol de l'État islamique, notamment à Misrata[92], à Sabratha[93] et à Syrte[94].
176
+
177
+ L’Organisation internationale pour les migrations note le développement de la traite d’êtres humains dans la Libye post-kadhafiste. Selon l'organisation, de nombreux migrants sont vendus sur des « marchés aux esclaves » pour 190 à 280 euros. Ils sont également sujets à la malnutrition, aux violences sexuelles, voire aux meurtres[95].
178
+
179
+ Face à l'urgence de la situation en Libye, et à la progression de l'État islamique, la communauté internationale pousse à la formation d'un nouveau gouvernement. Après plusieurs mois de négociations, Fayez el-Sarraj forme officiellement, le 12 mars 2016, un gouvernement « d'union nationale », initialement rejeté par les parlements de Tripoli et de Tobrouk. Grâce au soutien des Occidentaux, ce gouvernement peut s'installer fin mars à Tripoli[96] ; il obtient ensuite un vote favorable des parlementaires de Tobrouk[97], et installe progressivement son autorité[98]. La reprise de la ville de Syrte à l'État islamique (EI) en Afrique du Nord, dont c'était la place forte, début décembre 2016 par les forces du gouvernement libyen d’union nationale de Faïez Sarraj, soutenu par les capitales occidentales et les Nations unies, stoppe les velléités de l'EI dans ce pays[99].
180
+
181
+ Par contre, la situation reste bloquée entre le Premier ministre Fayez el-Sarraj issu du gouvernement d'accord national (GAN) et le chef de l'Armée nationale libyenne (ANL) du Khalifa Haftar.
182
+ Des médiations diplomatiques entre ces deux partis se succèdent, en France, en juillet 2017 à La-Celle-Saint-Cloud[100], en France toujours en mai 2018 au palais de l'Élysée, puis à Palerme en Italie en novembre 2018[101], laissant espérer la reprise d'un dialogue. Mais l'assaut militaire déclenché en avril 2019 par les troupes de l'Armée nationale libyenne (ANL) du Khalifa Haftar sur Tripoli, pulvérise à court terme les espoirs d'un règlement politique. Chacune des forces en présences multiplie les contacts et les alliances avec des puissances extérieures. Une nouvelle initiative diplomatique, turco-russe cette fois, pour obtenir la signature à Moscou d’un cessez-le-feu en Libye tourne court, en janvier 2020[102].
183
+
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+ Lorsqu'elle accède à l'indépendance en 1951, la Libye, à la fois isolée et dénuée de ressources naturelles, est un des pays les plus pauvres du monde. Son économie est dominée par l'agriculture essentiellement pratiquée dans les régions côtières qui emploie alors 70 % de la population active et procure environ 30 % du produit national brut (PNB) tout en étant très dépendante de facteurs climatiques. La découverte en 1958 de champs de pétrole de grande taille a transformé l'économie du pays. La production de pétrole croît très rapidement atteignant 3 millions de barils par jour au cours des années 1960 et faisant de la Libye un des principaux exportateurs. Elle s'accompagne d'une élévation du niveau de vie très rapide : dans les années 1970 le PNB par habitant de la Libye est le plus élevé de toute l'Afrique[103]. Néanmoins, pendant toute la période Kadhafi, l'économie a été freinée par son caractère dirigiste (en 2005, le secteur privé ne représente que 2 % du PNB[103]) ainsi que par les sanctions internationales.
185
+
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+ La Libye est à la neuvième place au palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite et l'Irak, l'Iran et les Emirats, mais aussi le Koweït, le Nigéria et le Venezuela. C'est aussi le troisième producteur de pétrole brut en Afrique après le Nigeria et l'Angola, devant l'Algérie. Mais la Libye dispose de la plus grande réserve de pétrole en Afrique, ses réserves sont estimées à 46,4 milliards de barils en 2011[104]. La Libye est donc un des acteurs majeurs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
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+
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+ Le pétrole libyen est de qualité, peu cher à produire et proche des centres de consommation. La capacité de production est en partie handicapée par la faiblesse des investissements liée à l'embargo qui n'a été levé qu'en 2003 et qui découlait des sanctions économiques décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies en 1986 et prolongé en 1993 (voir : Résolution 748 (1992) et Résolution 883 (1993))[103].
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+ Le pétrole fournit en 2005 93 % des recettes du pays et 95 % de ses exportations. La part des revenus du pétrole dans le PNB est particulièrement forte puisqu'elle est le double de celle de l'Arabie saoudite et le triple de celle de l'Iran[103]. En 2006 la production est de 1,8 million de barils par jour (2010) essentiellement concentrée sur le bassin de Syrte dont 270 000 sont consommés sur place et le reste exporté en majorité (85 %) dans les pays européens. L'industrie pétrolière est gérée par l'entreprise nationale publique National Oil Corporation (NOC) qui dispose d'une participation majoritaire dans tous les consortiums montés avec les compagnies pétrolières étrangères dans le domaine de l'exploration, de la production et du raffinage.
191
+
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+ La Libye dispose également de réserves importantes de gaz naturel (1 548 milliards de m³) qui sont jusqu'à présent peu exploitées : 28 milliards de m³ (2009) sont produits et la moitié est utilisée dans le pays, en particulier dans des centrales de production électrique. Une partie du gaz est exportée vers l'Italie par le gazoduc Greenstream.
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+
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+ La Libye dispose de cinq raffineries d'une capacité de traitement totale de 378 000 barils par jour. Les deux plus importantes se trouvent à Ras Lanouf (220 000 bbl/j) et à Zaouïa (120 000 bbl/j)[104].
195
+
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+ Le pétrole est la ressource quasi unique du pays qui reste fortement dépendant de l'étranger pour tout le reste. Le pétrole contribue directement à la formation du PNB à hauteur de 35 %, le secteur des services représente 45 % du PIB, la construction 7 %, l'industrie 7 % et l'agriculture 8 % (chiffres de 2005)[103].
197
+
198
+ Environ 1 % de la superficie de la Libye est cultivée et 8 % permet le pâturage. Les superficies recevant entre 250 et 500 mm de précipitations annuelles représentent 9 400 km2 dans les régions de Djeffara et du djebel Nefoussa à l'ouest et 13 000 km2 dans la région de Benghazi et du djebel Akhdar.
199
+
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+ La région de Djeffara est la seule ayant une tradition agricole. Les principales productions sont le blé, l'orge, les tomates, les citrons, les pommes de terre, les olives, les figues, les abricots et les dattes. Les projets d'expansion de la production agricole en utilisant les abondantes réserves d'eau fossile (projet de la Grande rivière artificielle) n'ont pas donné de résultats significatifs. Malgré la volonté de ses dirigeants, la Libye est complètement dépendante des importations pour l'alimentation de sa population. L'industrie porte essentiellement sur la transformation des produits agricoles, la production de textiles, de ciment, d'acier à partir de minerai de fer importé et d'aluminium. Les unités de production sont souvent en mauvais état et sous-utilisées.
201
+
202
+ Malgré un bon potentiel (désert aux paysages spectaculaires, réseau dense de villes de l'Antiquité bien conservées, côte se prêtant au tourisme balnéaire), le tourisme est peu développé (environ 300 000 touristes en 2003 selon les statistiques officielles) car il manque des infrastructures d'accueil et des sociétés consacrées à cette activité[105].
203
+
204
+ La Libye dispose d'un réseau de routes asphaltées de 47 900 km et de deux aéroports internationaux à Benghazi et Tripoli. Il existe des plans pour relier par chemin de fer en voie normale les principales villes côtières de la Tripolitaine mais en 2011 la Libye ne dispose d'aucune infrastructure ferroviaire. Des ports sont implantés à Al Khums, Benghazi, Darnah, Marsa al Burayquan, Misratah, Ras Lanuf, Tobrouk, Tripoli et Zuwarah. Le pays dispose d'un réseau de 4 983 km de pipelines pour le transport de pétrole brut, de 443 km pour les produits pétroliers raffinés et de 1 947 km pour le gaz[105].
205
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+ La Libye dispose d'énormes réserves d'eau fossile souterraine stockées dans une série d'aquifères situés dans les régions centrales et méridionales du pays. Pour combler le déficit en eau des régions habitées et des zones agricoles, le projet de la Grande rivière artificielle (Great Man Made River ou GMMR) a été lancé au début des années 1980. Il s'agit de construire un réseau de canalisations, de réservoirs tampon et de stations de pompage amenant 5 millions de mètres cubes par jour dans les provinces côtières. Le coût du projet qui devait s'achever en 2010 était estimé à l'époque à 30 milliards de dollars. La première phase, achevée en 1991, apporte 2 millions de m³/jour dans la région de Benghazi et de Syrte. La deuxième phase qui est également achevée achemine 1 million de m³/j depuis le Fezzan jusque dans la région de Tripoli et la plaine de la Djeffara. La troisième phase, prévue pour ajouter 1,68 million de m³ de débit journalier, n'avait pas été achevée lors de la chute de Kadhafi[105].
207
+
208
+ En 2010 le produit national brut (PNB) atteint 74 milliards de dollars et le PNB par habitant de 12 020 dollars situe la Libye parmi les cinquante pays les plus prospères[106]. En 2011, dans un contexte de guerre civile, le PNB tombe à 34 milliards de dollars et le PNB par habitant à 4 700 dollars[107]. En 2007, la Libye est le pays le plus développé d'Afrique si on se réfère au classement IDH (Indice de développement humain) établi par le Programme des Nations unies pour le développement, celui-ci étant de 0,840. En 2013, selon le même organisme, l'IDH de la Libye a connu la plus forte baisse annuelle parmi les 187 pays examinés, pour redescendre à 0,784[108].
209
+
210
+ En 2017, 60 % de la population libyenne souffrent de malnutrition. 1,3 million de personnes sont alors en attente d’une aide humanitaire d’urgence, sur une population totale de 6,4 millions d’habitants[109].
211
+
212
+ La Libye a une population totale de 6,6 millions d'habitants. Cette population était de 1,09 million en 1951, 2,06 millions en 1964 et 3,6 millions en 1984. Du fait d'un taux de croissance de 3,3 % sur la période 1960-2003[110], l'un des plus élevés du monde, la moitié de la population a moins de 15 ans[111]. La transition démographique est toutefois amorcée avec un taux de croissance tombé à 2 % et un taux brut de natalité ramené de 49 pour mille à 27 pour mille en 2003[110]. La majeure partie des habitants réside dans une étroite bande côtière. La densité atteint ainsi 50 habitants par km² dans les régions de la Tripolitaine et de Cyrénaïque mais tombe à moins de une personne par km² dans le reste du pays. 90 % de la population est concentrée sur 10 % de la superficie. La population urbaine, qui constituait en 1970 45 % du total, représente en 2003 86 % de la population, un des taux les plus élevés au monde[110].
213
+
214
+ La population est concentrée en majeure partie dans les trois plus grandes villes du pays Tripoli, Benghazi et Al Bayda. Tripoli (1,5 million d'habitants), la capitale du pays et de la région de la Tripolitaine, est une ancienne cité qui remonte à l'Antiquité (Oea). Elle rassemble une partie des administrations centrales, joue un rôle commercial majeur, notamment grâce à son port et à un tissu de petites et moyennes entreprises. La capitale se trouve au centre d'un réseau assez dense de villes de petite et moyenne taille que dominent Misrata et Zaouïa et qui absorbe aujourd'hui la majeure partie de la croissance démographique de la région.
215
+
216
+ Benghazi (700 000 habitants), capitale régionale de la Cyrénaïque, n'était qu'une modeste bourgade de 2 000 habitants à la fin du XIXe siècle au cœur d'une région dominée par le pastoralisme. Elle connaît une certaine croissance lors de la conquête par l'Italie de la région en 1932 qui entraîne la mise en culture de l'arrière-pays relativement bien arrosé. Mais elle prend principalement son essor avec la découverte en 1959 des champs de pétrole qui bordent le golfe de Syrte situés à environ 200 km de la ville. Les compagnies pétrolières y installent leurs services administratifs et les ateliers de réparation, ce qui entraîne un développement rapide des secteurs secondaire et tertiaire. La Cyrénaïque compte par ailleurs quatre autres villes d'une centaine de milliers d'habitants chacune : Tobrouk, le seul port naturel du pays, Ajdabiya, Al Bayda et Darnah.
217
+
218
+ La partie saharienne du pays compte quelques agglomérations d'importance. Koufra au cœur du désert Libyque et à 900 km du golfe de Syrte doit son développement à la volonté du gouvernement libyen d'exploiter les ressources de la nappe phréatique, mais surtout à son rôle de carrefour commercial sur la route menant au Tchad et au Soudan. Sabha (120 000 habitants) située sur la route commerciale menant au Sahara oriental a bénéficié d'une politique de décentralisation volontariste de l'État libyen et sert de plaque tournante à un commerce en partie informel où s'échangent produits alimentaires et produits manufacturés[112].
219
+
220
+ La population libyenne est composée principalement d'Arabes, de Berbères, de Berbères arabisés et de descendants de Turcs[113]. Un petit nombre de groupes tribaux Haoussa et Toubous, dans le sud de la Libye, pratiquent un mode de vie nomade ou semi-nomade. La Libye accueille un grand nombre d'émigrants étrangers qui sont en majorité originaires d'Égypte et d'Afrique subsaharienne[114]. 6 000 Italiens sont en partie les descendants des anciens colons dont la majorité ont quitté le pays lors de son accession à l'indépendance en 1947 et surtout en 1970 après l'arrivée au pouvoir de Kadhafi[115]. Une partie des immigrants, en majorité égyptiens et originaires de l'Afrique subsaharienne, sont illégaux[116].
221
+
222
+ La principale langue utilisée est l'arabe (Arabe libyen) parlé par 80 % des Libyens ainsi que l'arabe standard moderne, qui est également une langue officielle. La langue berbère est également une langue officielle [117], sont utilisées par 20 % de la population (Berbères libyens et Touaregs) : La majorité de la population berbèrophone est concentrée dans le nord-ouest : dans le Djebel Nafoussa (où y est parlé le nafusi) , la région du Yefren et la ville côtière de Zouara. La langue berbère est aussi parlée dans certains oasis tels que Soknah et Awijlah ; le tamahaq dans la région de Ghat par environ 17 000 personnes[118] et le zénète dans la région de Yafran[119].
223
+
224
+ Les locuteurs berbères vivent essentiellement dans le Djebel Nefoussa dans la région de la Tripolitaine, dans la ville de Zouara sur la côte et dans les villes oasis de Ghadamès, Ghat et Awijilah. Les langues touboues sont parlées par des locuteurs vers les villages de Katroun et de Koufra. L'italien et l'anglais sont parfois pratiqués dans les grandes villes, surtout par les générations les plus âgées pour l'italien. Selon le Rapport sur les réfugiés dans le Monde 2008 publié par le comité américain sur les réfugiés et les immigrants, la Libye abrite une population de réfugiés et de demandeurs d'asile de 16 000 personnes en 2007. Sur ce nombre, environ 9 000 personnes proviennent de la Palestine, 3 200 du Soudan, 2 500 de la Somalie et 1 100 de l'Irak[120].
225
+
226
+ Il existe environ 140 tribus et clans en Libye[121]. La majorité de la population, qui autrefois avait un mode de vie nomade et dormait sous des tentes, vit aujourd'hui dans les villes dans des immeubles et des maisons, faisant disparaître les traditions[122]. Un petit nombre de Libyens continuent de vivre dans le désert avec leurs familles comme ils le faisaient depuis des siècles. La plupart des habitants sont employés dans l'industrie, le secteur tertiaire et une petite fraction de la population dans l'agriculture.
227
+
228
+ En 1938, du temps de la colonisation italienne, il y avait plus de 840 000 colons italiens en Libye. Entre 1943 et 1947, la plupart quittent la Libye. Une autre vague de départs aura lieue entre 1969 et 1972.De nos jours,(estimations de 2011) les Italiens sont environ 15 000, et surtout implantés en Tripolitaine, ou certains vivent de l'agriculture. Ils sont généralement bilingues, et en plus de l'Italien, ils maîtrisent très bien l'Arabe,surtout depuis le début des années 1970 avec la politique d'Arabisation du régime, ou la langue Italienne et l'alphabet Latin furent interdits dans l'administration, et l'affichage (commerces,écoles, etc...)[réf. nécessaire]
229
+
230
+ Sous le régime de Kadhafi, l'enseignement en Libye accueille 1,7 million de personnes dont 270 000 étudiants[123]. L'éducation est gratuite pour tous les citoyens[124] et obligatoire jusqu'au niveau du secondaire. Le taux d'alphabétisation, avec 82 % de la population sachant lire et écrire, est le plus élevé d'Afrique du Nord[125].
231
+
232
+ Après l'indépendance de la Libye en 1951, la première université du pays ouvre ses portes à Benghazi[126]. Le nombre d'étudiants en 1975/1976 atteint 13 418 et passe à 200 000 en 2004 auxquels il faut ajouter 70 000 personnes suivant des formations de technicien supérieur ou professionnelles[123]. La croissance rapide des effectifs s'est traduite par un accroissement parallèle du nombre d'établissements d'enseignement supérieur.
233
+
234
+ Depuis 1975 le nombre d'universités est passé de 2 à 9 et le nombre d'instituts de formation professionnelle et de techniciens supérieurs (dont l'apparition remonte à 1980) est passé à 84[123]. L'enseignement supérieur est financé essentiellement par le budget national et représente 38,2 % de celui-ci[126].
235
+
236
+ Les principales universités libyennes sont :
237
+
238
+ Universités privées
239
+
240
+ Les principaux instituts technologiques sont :
241
+
242
+ La langue étrangère principale, parlée en seconde langue, est l'anglais, qui est aussi la langue la plus parlée des classes supérieures. L'italien compte plus de 50 000 locuteurs en seconde langue, surtout en Tripolitaine. À un moment donné, l'Italien était la seconde langue des plus de 65 ans éduqués qui avaient connu la colonisation italienne. L'Italie étant devenue le premier partenaire commercial, l'italien reprend de la vigueur depuis quelques années, surtout depuis la levée de l'embargo des années 1990/2000. Longtemps associée au colonialisme Italien, la situation changera entre 2007 et 2009 quand l'Italie demandera le pardon de la Libye pour le colonialisme, et ou elle indemnisera ce pays, pour tourner la page du passé colonial de l'Italie. Mais de nombreuses plaies demeurent.
243
+
244
+ Le français est parfois parlé. Le turc, très marginal, avec un faible nombre de locuteurs, reste une langue de culture : Tripolitaine et Cyrénaïque ont longtemps été dépendances de l'Empire ottoman, avant 1912.
245
+
246
+ Les jeunes se tournent désormais vers les langues occidentales : anglais pour le plus grand nombre, italien et français. Les autres langues enseignées dans les universités sont l'allemand, le chinois, et le russe.
247
+
248
+ La plus grande partie de la population (97 %) est de confession musulmane. Le sunnisme y est prédominant. Une minorité, surtout localisée dans le djebel Nefusa, adhère à l'ibadisme (une branche du kharidjisme[129]).
249
+
250
+ Le pays compte également 3 % de chrétiens soit près de 100 000 baptisés dont la majorité sont catholiques[130]. Ces derniers dépendent du vicariat apostolique de Tripoli, de celui de Benghazi et de celui de Derna. Jusque dans les années 1970, il existait une communauté juive en Libye. Forte d'environ 36 000 membres à l'indépendance en 1948, elle a massivement émigré en Israël et dans une moindre mesure en Italie en raison du réveil du nationalisme arabe et des soubresauts du conflit israélo-arabe[131].
251
+
252
+ À la fin des années 1960, moins de 10 000 d'entre elles avaient atteint un niveau d'éducation supérieur, les femmes étant soumises à un système patriarcal depuis des siècles.
253
+
254
+ À partir de 1969, le colonel Kadhafi fait de leur statut l'un des piliers de la transformation de la société : scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, autorisation du mariage portée à 18 puis à 20 ans, éducation mixte jusqu'au secondaire. En 2008, les Libyennes sont majoritaires dans les universités nationales.
255
+
256
+ En 1970, une loi a été adoptée qui affirmait l'égalité des sexes et insistait sur la parité salariale. En 1971, Kadhafi soutient la création d'une Fédération générale des femmes de Libye. En 1972, une loi est adoptée pénalisant le mariage des filles de moins de seize ans et fait du consentement de la femme une condition indispensable pour le mariage[132].
257
+
258
+ Le pays dispose d'une chaîne de télévision publique, Libya Al Watanya, qui a succédé à l'ancienne télévision d'État Aljamahiriya TV après la chute de Mouammar Kadhafi. La fin de la dictature a également favorisé l'émergence de nombreuses stations de radio privées[133]. Avant 1972, il y avait des journaux qui paraissaient en Italien et en Anglais en Libye, mais à partir de 1970, ils furent interdits avec la politique d'Arabisation du régime. Depuis la chute du régime Kadhafi en 2011, la presse et les médias en langues étrangères sont de nouveau autorisés. Il pourrait y avoir à l'avenir des chaines TV et des journaux en Anglais, Italien, et Français, en plus de l'Arabe.
259
+
260
+ La Libye est d'abord représentée au cinéma dans de courts films documentaires au moment où l'Italie occupe la Libye[134]. Dans les années 1950, le royaume de Libye produit quelques documentaires courts à propos de la cité antique de Lebtis Magna. Mais le premier film libyen au sens fort du terme, réalisé et joué par des Libyens, est Indama Yaqsu al-Zaman (Le destin est très dur), Abdella Zarok, qui sort en 1972 et est tourné en noir et blanc[134]. The General Organization for Cinema est alors créée et joue un rôle important dans la production de nombreux films, principalement des courts métrages et des documentaires mais aussi plusieurs longs métrages (elle disparaît en 2010)[134]. Entre 1940 et 1960, de nombreux cinémas ouvrent en Libye, mais ils diffusent principalement des films italiens, égyptiens, indiens ou américains[134]. Le public libyen n'a alors que très difficilement accès aux films libyens, qui ne sont visibles que dans la salle de projection de l'Organisation du cinéma à Tripoli et qui ne sont que très rarement édités en VHS[134]. À partir de 1975, le gouvernement prend le contrôle des cinémas et leur interdit l'accès aux films étrangers ; les salles ferment peu à peu[134]. La chute du dictateur Mouammar Kadhafi fin 2011 rend possible un redémarrage de la production de films et la réouverture de cinémas dans le pays[134].
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+ Le film historique du réalisateur américain Moustapha Akkad Le Message, qui sort en 1976 et relate la vie du prophète Mahomet, est tourné en grande partie en Libye. Un autre film historique du même réalisateur, Le Lion du désert, sorti en 1981, traite de la guerre du désert et de la résistance des Bédouins, menés par Omar al-Mokhtar, contre l'armée italienne du général mussolinien Rodolfo Graziani en 1929.
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+ Plusieurs films évoquent la seconde guerre mondiale et l'offensive du Général Rommel en Libye, et en particulier à Tobrouk.
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+ Plusieurs films évoquent ces opérations :
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+ Et une série :
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+ La Libye a pour codes :
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+ La licence de documentation libre GNU (en anglais : GNU Free Documentation License, abrégé en GFDL) est une licence relevant du droit d'auteur produite par la Free Software Foundation. Elle a pour but de protéger la diffusion de contenu libre et peut être utilisée par chacun afin de déterminer le mode de diffusion de son œuvre.
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+ L'objet de cette licence est de rendre tout support (manuel, livre ou autre document écrit) « libre » au sens de la liberté d'utilisation, à savoir : assurer à chacun la liberté effective de le copier ou de le redistribuer, avec ou sans modifications, commercialement ou non.
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+ Cette licence est fondée sur le même principe que copyleft et la licence publique générale GNU (GNU General Public License, abrégé en GNU GPL ou simplement GPL) utilisés par un grand nombre de logiciels libres. La GFDL a été notamment conçue pour couvrir la documentation accompagnant les logiciels libres.
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+ La GFDL, comme la GPL, autorise chacun à redistribuer une œuvre qu'elle protège à condition que cela soit fait sous ses termes identiques. La GFDL prévoit des possibilités de restrictions de la liberté de modification de l'œuvre couverte. Pour cette raison, les œuvres sous GFDL ne sont pas toutes considérées comme libres, notamment par les membres du projet Debian (importante distribution Linux se réclamant totalement libre).
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+ La GFDL est incompatible dans les deux sens avec la GPL, ce qui signifie que des documents distribués sous une GFDL ne peuvent pas être insérés dans un programme informatique placé sous une licence GPL, et que des programmes distribués sous une licence GPL ne peuvent pas être insérés dans des documents distribués sous GFDL. Pour surmonter cette incompatibilité, certains extraits de programmes informatiques sont distribués sous une double licence (GPL et GFDL, ou CeCILL et GFDL, ou LGPL et GFDL, car CeCILL et LGPL sont totalement compatibles avec la GPL), de telle sorte qu'ils puissent apparaître dans la documentation.
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+ Bien que les deux licences soient très proches, la GFDL n’est pas compatible avec CC-BY-SA (Creative Commons - paternité - partage à l'identique). Cependant, le paragraphe 11 de la version 1.3 de la GFDL a permis la migration depuis la GFDL 1.3 vers CC-BY-SA 3.0 sous certaines conditions :
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+ La GFDL a essuyé plusieurs critiques, notamment de la part du projet Debian. Elles portent, entre autres, sur l’invariant section, le fait de devoir imprimer le texte de la licence[2], etc.
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+ Principauté de Liechtenstein
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+ (de) Fürstentum Liechtenstein
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+ 47° 08′ 30″ N, 9° 31′ 10″ E
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+ Le Liechtenstein, en forme longue la principauté de Liechtenstein[a] (en allemand Fürstentum Liechtenstein), est un pays alpin d'Europe centrale (ou de l'Ouest selon certaines définitions), sans accès à la mer, bordé par la Suisse à l'ouest et au sud et par l'Autriche à l'est et au nord. Sa superficie est de 160 km2, avec une population estimée à 38 000 habitants. Sa capitale est Vaduz et sa plus grande agglomération Schaan. Le Liechtenstein possède un des plus hauts PIB par habitant au monde en 2017 selon The World Factbook. Le pays a également un des taux de chômage les plus bas au monde (2,5 % en 2011).
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+
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+ Le Liechtenstein est le plus petit et le plus riche des pays germanophones, et le seul qui est entièrement situé dans les Alpes. Politiquement, il s'agit d'une principauté et d'une monarchie constitutionnelle, avec un prince pour chef d'État. Le pays est divisé en onze communes et deux régions naturelles qui se nomment l'Unterland et l'Oberland[5]. Son territoire est majoritairement montagneux, faisant de lui une destination pour les sports d'hiver. Les champs cultivés et les petites fermes caractérisent les paysages du sud, plus élevés (Oberland), et la plaine alluviale du Rhin au nord, moins élevée (Unterland). L'économie du pays repose principalement sur le puissant secteur financier localisé dans sa capitale, Vaduz, mais il n'est plus identifié par l'OCDE comme un paradis fiscal. Il est membre de l'Association européenne de libre-échange, de l'Espace économique européen et de l'espace Schengen, mais pas de l'Union européenne.
12
+
13
+ Le territoire actuel du Liechtenstein constituait autrefois une petite partie de la province romaine de Rhétie. Pendant des siècles, cette terre resta géographiquement éloignée des intérêts stratégiques européens. Avant l’avènement de la dynastie actuelle, la région était inféodée à une branche de la Maison de Habsbourg dont le chef était l'archiduc d'Autriche et résidait à Vienne.
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+ La Maison de Liechtenstein tire son nom du château de Liechtenstein, un édifice situé en Autriche, dans la banlieue sud de Vienne et ayant appartenu à la dynastie de l’an 1140 au XIIIe siècle, avant de lui revenir définitivement en 1807. Au cours des siècles, les Liechtenstein entrèrent en possession de vastes domaines, notamment en Moravie, en Basse-Autriche et en Styrie, sans toutefois échapper à la tutelle de seigneurs supérieurs, pour la plupart des membres de la Maison de Habsbourg lesquels s'attachaient les princes de Liechtenstein. Ainsi, sans aucun territoire détenu directement sous l’égide de l’Empereur, les membres de la Maison de Liechtenstein ne pouvaient remplir les conditions requises pour siéger à la Diète.
16
+
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+ La famille, désireuse d’accroître son pouvoir par l’obtention d’un siège, mit tout en œuvre pour acquérir des terres dites « immédiates » (unmittelbar), c’est-à-dire n’ayant d’autre suzerain que l’empereur lui-même. Les Liechtenstein, après de longues négociations, furent autorisés à acheter à l'empereur deux minuscules comtés sis aux confins de ses terres à la frontière suisse, les comtés de Schellenberg en 1699 et de Vaduz en 1712.
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+ Ces deux petites parcelles répondant aux critères requis, l’empereur Charles VI les unifia et les éleva le 23 janvier 1719 au rang de principauté, laquelle fut baptisée Liechtenstein en l’honneur de son nouveau prince, Antoine-Florian de Liechtenstein. C’est à cette date que le Liechtenstein devint un État souverain dans le cadre du Saint-Empire. La transaction ayant été purement politique, les princes de Liechtenstein ne se rendirent pas sur leur nouvelle terre avant plusieurs décennies.
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+ En 1806, le Saint-Empire fut envahi par la France napoléonienne, ce qui eut d’importantes conséquences pour le Liechtenstein : les anciennes structures politiques et administratives se délitèrent rapidement à la suite de l’abdication de l’empereur germanique, et le Saint-Empire lui-même fut dissous. De ce fait, le Liechtenstein fut délié de toute obligation d’obéissance à une puissance extérieure et devint indépendant de fait. Dès lors, il aligna ses intérêts sur ceux de l’Autriche, où les princes Liechtenstein avaient la majeure partie de leurs terres. Après 1815, le Liechtenstein devint un des états membre de la Confédération germanique.
22
+
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+ La Première Guerre mondiale n’eut pas de réelle influence sur ce petit État qui resta neutre, bien qu’à titre personnel le prince Johannes servit comme capitaine de frégate dans la marine austro-hongroise. En 1918, la chute de la Maison de Habsbourg-Lorraine, la proclamation de la république en Autriche et la crainte du Bolchevisme poussèrent la famille princière à se réfugier dans sa principauté sur laquelle elle régnait depuis deux siècles mais qu’elle ne connaissait guère. La principauté se rapprocha en 1919 de la Suisse, concluant par la suite avec elle une union monétaire et douanière ; cela contribua probablement à lui éviter d’être annexée par le Troisième Reich lors de l’Anschluss.
24
+
25
+ Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Liechtenstein resta également neutre et les biens familiaux se situant dans les zones de combat furent rapatriés dans la principauté ou à Londres, pour être conservés en lieu sûr. À la fin du conflit, la Pologne se vit attribuer des territoires allemands dits « territoires recouvrés (en) », tandis que la Tchécoslovaquie expulsa ses habitants germanophones (dont des Allemands des Sudètes) : cela eut pour conséquence que des membres de la famille princière du Liechtenstein se virent expropriés de la totalité de leurs possessions héréditaires en Bohême, en Moravie (principalement à Lednice et Valtice dont les parcs et château sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO) et en Silésie. Les expropriations portaient sur 1 600 km2 de terres forestières et agricoles, ainsi que sur plusieurs châteaux et palais impériaux que les princes de la famille exploitaient d’ailleurs peu jusqu’à 1938 : en effet, ces aristocrates autrichiens vécurent principalement à Vienne jusqu’à cette date.
26
+
27
+ Au cours de la guerre froide, le Liechtenstein ne reconnut pas et ne fut pas reconnu par les régimes communistes instaurés après-guerre, d’autant qu’il fut le seul état occidental à refuser de livrer à Staline les réfugiés antisoviétiques se trouvant sur son territoire en 1945[6],[7],[8]. En effet, le Liechtenstein donna asile à environ 500 soldats et civils constituant une « armée nationale russe » sous la direction du général Boris Smyslovski, similaire à l’Armée Vlassov, constituée de Russes et d’Ukrainiens qui avaient combattu avec la Wehrmacht contre le régime de Staline. Ceux-ci connurent un destin bien différent de celui des combattants de l’armée Vlassov. En effet, les soldats capturés par les Américains et par les Britanniques furent désarmés et livrés aux Soviétiques, conformément aux accords de Yalta et la grande majorité d’entre eux fut envoyée au Goulag ou tuée[9]. Le prince du Liechtenstein, François-Joseph II, et son gouvernement furent les seuls qui refusèrent de livrer à l’URSS ces soldats de l’armée d’Holmston, réfugiés sur sa minuscule principauté, et à tenir tête aux pressions soviétiques. Cet épisode est commémoré par un monument du village frontière de Hinterschellenberg, et a été relaté une cinquantaine d’années plus tard dans le film Vent d'est.
28
+
29
+ Les possessions héréditaires des Liechtenstein dans les pays de l’ancien bloc de l'Est sont aujourd’hui l’objet de négociations à la Cour internationale de justice. Le Liechtenstein n'entretenait aucune relation diplomatique avec la République tchèque et la Slovaquie, États qu’il ne reconnaissait pas en raison de leur refus de revenir sur les « décrets Beneš » nationalisant les possessions héréditaires. Le conflit ayant été en partie aplani, les relations diplomatiques sont établies en juillet 2009.
30
+
31
+ Les difficultés financières de la famille régnante après la Seconde Guerre mondiale l’amenèrent à se défaire de plusieurs trésors artistiques, notamment du Ginevra de' Benci de Léonard de Vinci, acheté par le gouvernement des États-Unis.
32
+
33
+ Après la Seconde Guerre mondiale, le pays se développa avec une grande rapidité. Au cours des décennies suivantes, la principauté entra dans une ère de prospérité et de modernisation économique, grâce notamment à l’instauration de conditions fiscales avantageuses qui attirèrent de nombreuses entreprises. Le prince de Liechtenstein compte aujourd’hui parmi les chefs d’État les plus riches du monde et la population du pays bénéficie également d’un des niveaux de vie les plus élevés de la planète.
34
+
35
+ Le Liechtenstein est une monarchie parlementaire et directe, dirigée actuellement par le prince Hans-Adam II, qui est monté sur le trône à la mort de son père en 1989. Depuis 2004, son fils Aloïs assume en pratique toutes les fonctions de chef de l'État. Le Landtag, le Parlement du Liechtenstein, est composé de 25 députés élus par les citoyens. Un gouvernement de cinq ministres assure la gestion des affaires courantes.
36
+
37
+ Le Liechtenstein concilie monarchie réelle et pouvoir parlementaire, car, contrairement à beaucoup d’autres monarchies constitutionnelles, sa Constitution accorde au prince plusieurs pouvoirs d’une réelle importance.
38
+
39
+ Le Liechtenstein est, avec la Suisse, le pays européen où les outils de démocratie directe sont les plus développés, comprenant l'initiative populaire et le référendum[10].
40
+
41
+ Lors d’un référendum organisé le 1er juillet 1984 et activement soutenu par le prince, les électeurs, jusque-là exclusivement masculins, se prononcent en faveur du droit de vote pour les femmes, mais uniquement pour les scrutins nationaux et non locaux.
42
+
43
+ Une pétition pour réclamer la légalisation de l'avortement est soumise à une votation populaire le 18 septembre 2011. Avec un taux de 60 % de participation, le « non » l'emporte avec 52,3 %[11].
44
+
45
+ Le 1er juillet 2012, à la suite d'une initiative populaire destinée à réduire les pouvoirs princiers, les citoyens de la principauté rejettent par référendum à 76,1 % des voix la demande de réforme. Le prince du Liechtenstein conserve donc son droit de veto sur les décisions du peuple[12].
46
+
47
+ Le Liechtenstein est subdivisé en onze communes (Gemeinden en allemand, ou Gemeinde au singulier). La plupart correspond à une seule agglomération, (sauf Eschen-Nendeln, Mauren-Schaanwald et Gamprin-Bendern). Il n'existe aucune ville à proprement parler :
48
+
49
+ Le Liechtenstein est situé dans les Alpes, le long de la vallée du Rhin. Le fleuve délimite la totalité de la frontière ouest du pays avec la Suisse. À l’est, les montagnes atteignent de hautes altitudes : le sommet le plus élevé est le mont Grauspitz, qui culmine à 2 599 mètres. Les vents prédominants en provenance du sud, cependant, ont tendance à adoucir le climat de la principauté.
50
+
51
+ Le Liechtenstein est traversé du sud au nord par la Samina, un affluent de l'Ill.
52
+
53
+ En saison froide, les pentes neigeuses des montagnes sont très prisées par les adeptes des sports d'hiver.
54
+
55
+ Le Liechtenstein, en plus de n’avoir aucun accès à la mer, est entouré de pays n’y ayant eux-mêmes aucun accès, à savoir la Suisse et l’Autriche. Cela pourrait en faire, avec l'Ouzbékistan, un des deux seuls États au monde à être doublement enclavé, c'est-à-dire qu'il faudrait traverser au moins deux autres États pour avoir un accès à l'Océan mondial, à ceci près que la Suisse a un accès direct à l'Océan mondial par le Rhin, qui est sous statut international à partir de la ville de Bâle, et qui bénéficie des mêmes privilèges, notamment en matière de douanes, que les eaux internationales.
56
+
57
+ Les frontières de la principauté sont longues de 77,9 km, dont 41 km avec la Suisse et 35 km avec l'Autriche.
58
+
59
+ Seuls deux tiers de la population environ (65,8 %) sont d’origine liechtensteinoise. 20,1 % des résidents proviennent d'autres pays germanophones (10,8 % de Suisse, 5,9 % d’Autriche et 3,4 % d’Allemagne). Suivent de près les Italiens (3,3 %), les ressortissants de l’ex-Yougoslavie (3,3 %), les Turcs (2,6 %) et les autres nationalités (4,8 %).
60
+
61
+ Au Liechtenstein, tout comme dans la partie germanophone de la Suisse, la langue usuelle est souvent le suisse allemand, un dialecte alémanique apparenté à l’allemand tandis que la population autochtone pratique le liechtensteinois, une variante plus proche du dialecte du Vorarlberg (communes du nord) ou du haut-valaisan (commune de Triesenberg). L’allemand est néanmoins la langue officielle de l’administration.
62
+
63
+ Le français est la première langue étrangère de la principauté et est enseigné comme matière obligatoire à partir de la sixième, au lycée et dans les cours complémentaires généraux[13].
64
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65
+ Plusieurs programmes d'échange sont aussi proposés aux étudiants lors de leurs études et la plupart de ces programmes sont dirigés vers la Suisse et la France[13].
66
+
67
+ De plus, 102 Français vivant au Liechtenstein sont enregistrés au registre mondial des Français établis hors de France[14].
68
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69
+ Selon l'article 37 de la Constitution, l'Église catholique au Liechtenstein a le statut d'Église nationale, protégée par l'État. L'exercice des autres confessions est également garanti par la constitution.
70
+
71
+ Lors d’une enquête réalisée en 2015, 73,4 % de la population se déclare de confession catholique, 8,2 % se revendiquent protestants, 5,9 % musulmans, 1,5 % d'une autre confession chrétienne et 0,8 % d'une autre religion. 10,3 % ne fournissent aucune réponse[15].
72
+
73
+ Malgré sa petite taille et ses ressources naturelles limitées, le Liechtenstein bénéficie d’une économie prospère, fondée sur le marché libre et un haut niveau d’industrialisation (biens d'équipement industriel, outillage, etc.). Le secteur financier de la principauté, tout comme le niveau de vie de sa population, peuvent tout à fait se comparer aux régions urbaines les plus riches de ses grands voisins européens.
74
+
75
+ Un impôt sur les sociétés très avantageux (le taux maximum est de 18 %, la moyenne européenne s’élevant environ à 30 %) et diverses autres facilités ont incité près de 74 000 multinationales à s’implanter au Liechtenstein, le plus souvent sous la forme d’une simple boîte postale. La principauté en tire 30 % de ses revenus et a été retirée des derniers paradis fiscaux de la liste noire de l'OCDE en 2009[16], à la suite d'un engagement de sa part[17] pour suivre les recommandations de l'OCDE en matière de transparence et de coopération fiscale.
76
+
77
+ Le Liechtenstein, contraint d’importer plus de 90 % de son énergie, participe à une union douanière et monétaire avec la Suisse, et utilise donc le franc suisse comme monnaie nationale. La principauté est par ailleurs membre de l’Espace économique européen (EEE) depuis mai 1995, et le gouvernement cherche à harmoniser sa politique économique avec celle de l’Union européenne. Le chômage, bien qu’ayant doublé depuis l’an 2000, ne s’élève qu’à 2,2 % au troisième trimestre de 2004, ce qui constitue le taux le plus bas de tout l’EEE. En 2008, son PIB atteignait 3,97 milliards de dollars américains, ce qui donnait pour la même année un PIB par habitant de 111 488 $, soit le deuxième du monde après celui de Monaco[18].
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79
+ Le Liechtenstein n'a pas de dette, il possède même une dette « négative », une réserve[19].
80
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+ Le musée des Beaux-Arts du Liechtenstein, construit par les architectes suisses Morger, Degelo et Kerez et inauguré en 2000, est un véritable emblème architectonique. La façade, un béton teinté coulé sans joint et essentiellement constitué de pierre noire de basalte et de gravier de rivière coloré, a été traitée de manière que sa surface réfléchissante produise des effets de matière et de lumière. En tant que musée d’art moderne et contemporain, il abrite la collection nationale d’art et offre régulièrement des expositions temporaires.
82
+
83
+ Il y a aussi un musée national (Landesmuseum), inauguré en novembre 2003, un musée du ski (Skimuseum), le musée de la poste (Postmuseum) ou encore celui de la machine à calculer avec notamment la Curta.
84
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85
+ L’unique théâtre de la principauté, le théâtre de la Place de l’Église (Theater am Kirchplatz), se trouve à Schaan. Mais depuis octobre 2003, Vaduz abrite également le Kleintheater Schlösslekeller[20], qui propose des concerts, des numéros d'humoristes ou des représentations de petites pièces. Parmi les artistes locaux reconnus dans leur domaine, on peut citer le sculpteur Georg Malin et les peintres Bruno Kaufmann et Martin Frommelt.
86
+
87
+ Des vins sont également produits au Liechtenstein[21].
88
+
89
+ La seule et unique chaîne de télévision du pays est actuellement la société privée 1FLTV créée en 2008. Elle n'est pas encore membre de l'Eurovision.
90
+
91
+ En ce qui concerne la radiodiffusion, le programme national de Radio Liechtenstein a été créé de 1938 à 1939. Puis, après de longues années d'inactivité, il a été recréé en 1995.
92
+
93
+ Le réseau routier du Liechtenstein, bien entretenu, est long d’environ 140 km. Il n’existe aucune autoroute, et les règles de conduite, tout comme les panneaux de signalisation, sont à quelques exceptions près les mêmes qu’en Suisse. Ces exceptions concernent notamment l'alcoolémie tolérée (0,8 gramme d’alcool par litre de sang contre 0,5 gramme en Suisse).
94
+
95
+ Le Liechtenstein, bien qu’ayant conclu une union postale avec la Suisse, dispose de ses propres timbres et de son propre indicatif téléphonique international (+423).
96
+
97
+ La principauté ne compte que 9,5 km de voies ferrées, qui assurent en réalité la connexion entre la ville suisse de Buchs et la ville autrichienne de Feldkirch par la ligne de Feldkirch à Buchs. Les voies, pour cette raison, sont entretenues et administrées par la compagnie nationale ferroviaire autrichienne, l'ÖBB (Chemins de fer fédéraux autrichiens). Seules quatre gares ou haltes sont situées sur son territoire : Schaanwald, Nendeln, Schaan-Forst-Hilti et Schaan - Vaduz.
98
+
99
+ Le réseau Liechtenstein Bus, lancé en 2000 et placé sous l'autorité de LIEmobil, assure la desserte de l’ensemble des communes du Liechtenstein. Les bus du réseau relient également la principauté avec les communes suisses de Sargans, Buchs et Sevelen. Jusqu'à cette date, le pays était desservi par CarPostal, alors concessionnaire de l'ensemble des lignes depuis 1949, et qui conserve depuis l'exploitation de la plupart des lignes via sa filiale CarPostal Liechtenstein.
100
+
101
+ Les équipes de football du Liechtenstein jouent au sein des ligues suisses. La Coupe du Liechtenstein permet tous les ans à la meilleure équipe du pays d'accéder à la Ligue Europa : il s'agit le plus souvent du FC Vaduz, qui a été champion de 2e division suisse en 2008, ce qui lui a permis d'évoluer en Super League (1re division suisse) pour la saison 2008-2009 avant d’être relégué en 2e division suisse. Le FC Vaduz a connu son plus grand succès à l'occasion de la Coupe des Coupes de 1996-1997 en battant les Lettons du FC Universitate Riga par quatre buts à deux. Lors du tour suivant, ils rencontrent le Paris Saint-Germain et sont éliminés sur un score cumulé de sept buts à zéro (quatre buts à zéro à Vaduz et trois buts à zéro à Paris).
102
+
103
+ L'équipe nationale de football du Liechtenstein est traditionnellement considérée comme une équipe faible. Les Liechtensteinois connaissent pourtant une semaine exceptionnelle à l'automne 2004 à l'occasion des matchs de qualification pour la Coupe du monde de 2006, en obtenant un match nul deux buts partout face au Portugal, à Vaduz, quatre jours avant de triompher du Luxembourg par quatre buts à zéro. La sélection termine avant-dernière de son groupe de qualification avec huit points, leur record en compétition.
104
+
105
+ Vivant en pays montagneux, les athlètes liechtensteinois connaissent des succès dans le domaine des sports d'hiver, notamment le ski alpin : Hanni Wenzel a ainsi remporté deux médailles aux jeux olympiques d'hiver de Lake Placid (États-Unis) en 1980.
106
+ Au total, les sportifs du pays ont remporté neuf médailles olympiques (deux en or, deux en argent et cinq en bronze).
107
+
108
+ Le Liechtenstein a également une activité équestre importante. Sa fédération (LPSV : Liechtensteiner Pferdsport Verband) possède de nombreux membres évoluant principalement au niveau régional. Cependant elle compte également trois cavaliers de saut de niveau international : Thomas Batliner, Fidel Vogt et Nicholas Hochstadter. Ceux-ci évoluent régulièrement dans nombre de concours internationaux avec, notamment, pour Thomas Batliner une participation aux Jeux Olympiques, pour Fidel Vogt de nombreux résultats en 2011 et pour Nicholas Hochstadter une qualification et participation au Championnat d'Europe de Madrid en 2011.
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+ Le Liechtenstein a pour codes :
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+ Lepus arcticus
2
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+ Espèce
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+
5
+ Statut de conservation UICN
6
+
7
+ LC  : Préoccupation mineure
8
+
9
+ Le lièvre arctique (Lepus arcticus) est un petit mammifère recouvert de fourrure, adapté à un environnement froid (polaire ou de haute montagne) et à un rythme nycthéméral et annuel particulier. On l'a autrefois parfois considéré comme sous-espèce du lièvre variable, mais il est maintenant considéré comme une espèce distincte. Ce lièvre est adapté, tant par sa morphologie que par son épaisse fourrure blanche hivernale et son comportement, aux conditions climatiques du Grand Nord. Il est parfois surnommé « lièvre à raquettes » à cause de ses doigts de pattes écartés lui permettant de marcher sur des épaisseurs de neige différentes.
10
+
11
+ Le lièvre arctique pèse en moyenne 4 à 5.5 kg pour une taille de 55 à 70 cm.
12
+
13
+ Comme les autres lièvres, il a une petite queue et un système digestif lui permettant de digérer deux fois ses aliments. Ses longues pattes postérieures lui permettent d'atteindre une vitesse de 60 km/h[1]. Son principal prédateur est le loup arctique, l'ours, le renard polaire et le glouton peuvent aussi le chasser.
14
+
15
+ Ses oreilles sont plus longues que celles des lapins, mais plus courtes que celles des autres espèces de lièvres, ainsi en réduisant le rapport surface / volume des oreilles, il perd moins de calories dans l'air froid : c'est une illustration de la règle d'Allen.
16
+
17
+ pelage : Il vit principalement dans les zones de toundra du Groenland et dans les parties les plus septentrionales du Canada et de l'Alaska. Dans l'extrême-nord le lièvre devient blanc pendant l'hiver, ce qui lui permet de se confondre avec la neige, comme le fait le lagopède. En été, son corps et sa tête redeviennent brun-gris, ce qui lui permet de se fondre dans la boue et de roches, bien que ses pattes restent blanches.
18
+
19
+ Cette espèce consomme des plantes ligneuses, et surtout leurs bourgeons, mais aussi des baies, feuilles et diverses herbacées[2]. En début d'été, il mange notamment du saxifrage à feuilles opposées.
20
+
21
+ Son odorat lui permet de détecter certaines plantes, dont les branchettes de saules enfouies sous la neige. Il mange préférentiellement là où la couche de neige est moins épaisse.
22
+
23
+ Bien que cette espèce soit considérée comme herbivore, elle peut parfois manger d'autres animaux[3]. Les résidents de Baker Lake (Nunavut) affirment également que des lièvres arctiques mangent les restes de cuisine qu'ils prélèvent en faisant des trous dans des sacs-poubelle.
24
+
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+ La femelle peut mettre bas jusqu'à huit petits levrauts[4]. Les levrauts restent à l'intérieur du domaine vital de la mère jusqu'à ce qu'ils soient assez autonomes pour survivre seuls.
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+ Le lièvre arctique creuse de profonds terriers dans la neige et le sol.
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+ Il est généralement solitaire, mais peut voyager en groupe ou parfois se réchauffer en se serrant les uns contre les autres dans des groupes pouvant dépasser la douzaine d'individus.
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+ Le mâle peut avoir plusieurs partenaires.
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+ On le trouve au Canada et au Groenland.
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+ On distingue 4 sous-espèces
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+ La Ligue des champions de l'UEFA (UEFA Champions League), parfois abrégée en C1 et anciennement dénommée Coupe des clubs champions européens (de sa création en 1955 jusqu'en 1992), est une compétition annuelle de football organisée par l'Union des associations européennes de football (UEFA) et regroupant les meilleurs clubs du continent européen[1]. C'est la compétition interclubs de football la plus prestigieuse d'Europe devant la Ligue Europa.
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+ Le vainqueur de la compétition est automatiquement qualifié pour l'édition suivante. Il participe également à la Supercoupe de l'UEFA ainsi qu'à la Coupe du monde des clubs de la FIFA.
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+ Le Real Madrid est le club le plus titré dans l'histoire de la compétition avec treize victoires[2]. Le Liverpool FC est le tenant du titre.
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+ L'idée d'une coupe d'Europe interclubs est née dans l'esprit de journalistes parisiens ; les chocs Wolverhampton Wanderers - Honvéd Budapest puis Wolverhampton Wanderers - Spartak Moscou de décembre 1954 achèvent de les convaincre[3]. En effet, après les victoires des Wolves, le Daily Mail proclame le club « champion du monde des clubs ». Gabriel Hanot réplique dans L'Équipe en lançant un appel à la fondation d'une coupe d'Europe : une série d'articles du quotidien sportif parisien explique des semaines durant les avantages d'une telle épreuve, et les premières réactions sont plutôt positives[4]. Dès le 16 décembre 1954, Jacques de Ryswick signe un article présentant le « projet de coupe d'Europe interclubs ». Devant les réactions positives de l'Europe entière, L'Équipe rédige le 25 janvier 1955 un avant-projet de règlement signé par Jacques Ferran. Le 3 février 1955, le quotidien publie la liste des clubs invités à disputer la première édition de l'épreuve, et durant le mois de février, les clubs confirment leur participation[3]. Le 26 février 1955, la FIFA contacte L'Équipe pour lui confirmer que ses statuts n'empêchent pas l'organisation d'une telle compétition : « L'organisation d'un pareil tournoi n'est pas subordonnée à l'autorisation préalable de la FIFA, dont les statuts (art. 38) ne visent que les compétitions entre équipes représentatives nationales »[5]. L'UEFA vient à peine d'émerger des limbes, et ses statuts sont quasi vierges. Le 1er mars, le comité exécutif de l'UEFA se déclare inapte à assurer correctement l'organisation d'une telle épreuve et laisse à chaque fédération le libre choix d'accepter ou pas de prendre part à cette épreuve. On se retrousse alors les manches à L'Équipe en s'occupant d'aller démarcher les fédérations. La FFF se laisse finalement convaincre malgré la délicate question de surcharge du calendrier. Chaque fédération doit désigner son représentant et la plupart d'entre elles ne désignent pas le champion en titre mais font un choix par popularité du club à condition que celui-ci ait déjà remporté le championnat national au moins une fois[6],[7]. Les 2 et 3 avril, L'Équipe réunit les dirigeants des clubs participants à Paris pour définir les dates de la compétition et leur faire approuver le règlement[7].
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+ Revirement de situation le 8 mai, alors que tout est bouclé avec seize clubs partants (la désignation arbitraire des huitièmes de finale a même déjà eu lieu[8]). La FIFA sent le danger de laisser à des intervenants extérieurs la prise en main de compétitions et pousse finalement l'UEFA à prendre en charge l'organisation de l'épreuve[3]. La FIFA interdit même l'utilisation du mot « Europe » dans le nom de l'épreuve désirant réserver ce terme aux compétitions entre équipes nationales[3]. L'UEFA et la FIFA font le maximum pour décider les Anglais à participer mais la FA reste inflexible : c'est non ! Le Chelsea FC était pourtant partant[9]; mais son forfait est rendu officiel le 26 juillet 1955[3].
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+ La Coupe des clubs champions européens (CCC) connaît un immense succès dès sa première édition (mais elle porte un coup fatal aux matchs amicaux de prestige qui agrémentaient jadis les milieux de semaine[10]). Elle se joue alors en matchs aller-retour à l'exception de la finale.
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+ Après deux éditions de cette compétition, la Coupe Latine qui voyait s'affronter les champions d'Espagne, d'Italie, de France et du Portugal prit beaucoup moins d'importance et fut finalement dissoute. En 1960, l'UEFA et la CONMEBOL créent la Coupe intercontinentale qui voit s'opposer le vainqueur de la Coupe des clubs champions européens face à celui de la Copa Libertadores et où le gagnant se voit considérer comme le « meilleur club du monde ».
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+ Avec la mise en place de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe de football en 1960 puis de la Coupe UEFA en 1971, elle est alors parfois abrégée en C1, en référence au classement des trois compétitions européennes qui se déroulent à cette époque.
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+ La première édition de la Coupe d'Europe des clubs champions européens voit s'opposer seize grands clubs du continent et parmi eux sept étaient les champions en titre de leur propre pays. Le premier match se tient le 4 septembre 1955, à Lisbonne devant 30 000 spectateurs : le Sporting Portugal et les Yougoslaves du Partizan Belgrade y font match nul 3-3, João Baptista Martins inscrit le premier but de la compétition à la 14e minute. À la suite de la faible affluence des supporteurs du Stade de Reims lors du match face aux Danois du AGF Århus en huitième de finale (6 500 spectateurs), le président du club champenois décide de jouer les matchs suivants au Parc des Princes[3]. Un choix payant puisque plus de 35 000 personnes assistent aux victoires de Reims lors des matchs allers du quart et de la demi-finale[3]. Le Stade de Reims, emmené par son milieu offensif Raymond Kopa, accède à la finale le 18 avril 1956 en éliminant le Hibernian FC (score cumulé : 3-0). Le Real Madrid s'impose en demi-finale contre l'AC Milan du redoutable Gunnar Nordahl malgré une défaite 2-1 à San Siro (score cumulé : 5-4)[11]. La finale se déroule sur un match unique à Paris le 13 juin 1956 ; mené 2-0 puis 3-2 par le Stade de Reims, le Real Madrid finit par s'imposer 4-3 à la suite d'une égalisation de Marquitos et un dernier but d'Héctor Rial[11].
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+ Le spectacle est donc bien au rendez-vous et les clubs participants engrangent de larges bénéfices, Jacques Ferran indique dans son journal : « si Reims parvenait en finale, son bénéfice serait de 20 millions »[3]. La Coupe d'Europe des clubs champions augmente aussi les ventes de L'Équipe par rapport à l'année précédente de 7,5 % en décembre 1955, de 30,05 % en avril 1956 pour la demi-finale de Reims et de 12,5 % lors de la semaine de la finale[3].
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+ À la suite du succès de la première édition, l'UEFA décide de s'investir davantage dans la compétition et exige que chaque fédération envoie son champion. Le Real Madrid, bien que n'étant pas le champion d'Espagne, a quand même pu participer en tant que tenant du titre. Cinq nouvelles nations se joignent à la compétition, y compris les Anglais avec Manchester United[12]. Avec 22 équipes partantes, un tour préliminaire est mis en place et un tirage au sort désigne les 12 clubs qui y participent, les autres clubs rejoignent le Real Madrid en huitièmes de finale.
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+ La finale oppose le Real Madrid aux Italiens de l'AC Fiorentina, le 30 mai 1957, au Stade Santiago Bernabéu devant plus de 120 000 personnes[13]. Les Madrilènes s'imposent 2-0 après un penalty inscrit par Alfredo Di Stéfano et une réalisation de Francisco Gento[12]. Le trophée est remis au capitaine Miguel Muñoz par le général Franco[12].
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+ Le Real Madrid remporte également les trois éditions suivantes : en 1958 contre l'AC Milan, en 1959 de nouveau contre le Stade de Reims et en 1960 contre l'Eintracht Francfort, au terme d'une finale prolifique (7 buts à 3) dans laquelle Ferenc Puskás signe un quadruplé et Alfredo Di Stéfano un triplé.
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+ La domination du Real Madrid prend fin en 1961, cette année-là le Benfica Lisbonne joue sa première finale contre le FC Barcelone au Stade du Wankdorf en Suisse. Emmené par son capitaine et avant-centre José Águas (qui finira meilleur réalisateur de la compétition avec 11 buts) et par son meneur de jeu Mário Coluna, les Portugais s'imposent 3 buts à 2.
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+ La saison suivante, le Benfica Lisbonne joue sa deuxième finale contre l'ogre de la compétition, le Real Madrid et ses stars Ferenc Puskás, Alfredo Di Stéfano et Francisco Gento. Cette finale qui a lieu au Stade olympique d'Amsterdam permet l'éclosion d'un tout jeune joueur qui inscrit un doublé, Eusébio, et voit le Benfica Lisbonne s'imposer sur le score de 5 buts à 3. En 1963, le Benfica Lisbonne atteint sa troisième finale consécutive. Malgré un but d'Eusébio, les Portugais s'inclineront 2 buts à 1 face à l'AC Milan. Puis en 1964, c'est l'autre club de Milan, l'Inter Milan, qui bat le Real Madrid 3 buts à 1 et remporte le trophée. En 1965, le Benfica Lisbonne joue sa quatrième finale en cinq éditions contre l'Inter Milan qui remporte la finale pour la deuxième fois de suite sur le score de 1 but à 0. Enfin, en 1966, le Real Madrid revient au premier plan et remporte sa sixième C1 (et également la sixième pour Francisco Gento, un record) face au surprenant Partizan Belgrade (2-1).
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+ La première équipe non latine à remporter le trophée est le Celtic Glasgow, en 1967. Les Écossais battent en finale l'Inter Milan 2 buts à 1. Manchester United lui succède l'année suivante en disposant également en finale d'un ancien double vainqueur de la décennie, le Benfica Lisbonne, sur le score de 4 buts à 1 après prolongation. Le deuxième succès de l'AC Milan, en 1969 est un peu le chant du cygne des équipes latines : vainqueurs de douze des quatorze premières éditions, il faudra attendre seize ans avant que l'une d'entre elles (la Juventus) n'inscrive de nouveau son nom au palmarès. Le finaliste malheureux de cette édition, l'Ajax Amsterdam, préfigure la domination néerlandaise à venir...
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+ La victoire du Feyenoord Rotterdam face au Celtic Glasgow en 1970 est suivie d'un triplé de l'Ajax Amsterdam. En 1971, l'équipe entrainée par Rinus Michels — qui prône un « football total » assez révolutionnaire — s'impose contre les surprenants Grecs du Panathinaïkos 2 buts à 0. Le départ de Rinus Michels n'empêchera pas les Amstellodamois de conserver leur trophée l'année suivante, en battant l'Inter Milan grâce à un doublé de Johan Cruijff. Puis en 1973, face à la Juventus, 1 but à 0. Cependant cette domination européenne s'arrête avec le départ ou la fin de carrière de ses joueurs-cadres.
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+ Le triplé de l'Ajax Amsterdam est suivi d'un autre triplé, celui du Bayern Munich de Franz Beckenbauer, Gerd Müller et Sepp Maier, qui forme alors l'ossature de l'équipe nationale de RFA, championne d'Europe en 1972 et du monde en 1974.
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+ Le premier sacre des Bavarois en 1974 a d'ailleurs failli ne pas avoir lieu, le Bayern n'égalisant qu'à l'ultime minute des prolongations lors de la finale contre l'Atlético Madrid. La règle des tirs au but n'étant pas encore instaurée, la finale est rejouée le surlendemain (ce sera le seul cas dans l'histoire de la compétition) et le Bayern Munich s'impose largement 4 buts à 0. Il s'impose de nouveau en 1975 contre Leeds United. Les exactions des supporteurs anglais lors de cette finale au Parc des Princes vaudront trois ans de suspension européenne au club anglais. Les Allemands conserveront une nouvelle fois leur trophée en 1976, en battant l'AS Saint-Étienne 1 but à 0.
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+ Déjà vainqueur l'année précédente de la coupe UEFA, le Liverpool FC bat en finale en 1977 les Allemands du Borussia Mönchengladbach sur le score de 3 buts à 1. Les Reds conservent leur trophée en 1978 face aux Belges du FC Bruges ; mais, contrairement à ses deux prédécesseurs, ne réussissent pas la passe de trois : ils sont éliminés dès le premier tour de l'édition 1978-1979 par un autre club anglais, Nottingham Forest. Promu de D2 l'année précédente, le surprenant champion anglais va jusqu'au bout et est sacré face à Malmö FF (1-0). Les hommes de Brian Clough conservent également leur titre européen en 1980 face au Hambourg SV. le club entre ainsi dans l'histoire comme étant le seul à avoir été plus de fois champion d'Europe que champion national. En 1981, le Liverpool FC récupère son bien en disposant du Real Madrid en finale. Puis c'est une autre équipe anglaise, Aston Villa, qui lui succède l'année suivante en battant le Bayern Munich. La série de six victoires consécutives des clubs anglais (un record) est brièvement interrompue par le sacre du Hambourg SV en 1983 aux dépens de la Juventus. Cependant, c'est le Liverpool FC qui s'impose de nouveau en 1984 contre l'AS Rome, qui devient à l'occasion le premier club à être battu en finale sur son terrain. Cette finale est également la première qui se joue aux tirs au but et la série est marquée par la performance du gardien des Reds, Bruce Grobbelaar.
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+ Le Liverpool FC est de nouveau finaliste l'année suivante face à la Juventus, mais la domination anglaise est stoppée nette par le drame du Heysel où 39 spectateurs, la plupart italiens, trouvent la mort dans une bousculade avant le coup d'envoi de la finale. La victoire de la Juventus (1 but à 0 sur un penalty de Michel Platini) passe presque inaperçue : la remise de la coupe se faisant rapidement dans les vestiaires, sans cérémonial. À la suite de ce qui est le paroxysme des débordements des supporteurs anglais lors de leurs déplacements sur le continent, l'UEFA exclut tous les clubs anglais des coupes européennes pour cinq ans, et le Liverpool FC pour une durée indéterminée.
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+ Aucun pays ne profitera durablement du bannissement des clubs anglais. Les vainqueurs des trois éditions suivantes sont inédits : en 1986, le Steaua Bucarest devient le premier club de l'Est à l'emporter en battant à la surprise générale le FC Barcelone aux tirs au but (lors d'une séance où le gardien roumain Helmuth Duckadam repousse les quatre tentatives catalanes) ; lui succède le FC Porto en 1987 et le PSV Eindhoven en 1988. Un seul ancien vainqueur s'imposera durant cette période : emmené par son trio néerlandais Gullit-van Basten-Rijkaard, l'AC Milan d'Arrigo Sacchi signe un doublé en 1989 et 1990. Le dernier vainqueur de la formule par élimination directe sera lui aussi inédit : l'Étoile rouge de Belgrade remporte la coupe en 1991 en battant l'Olympique de Marseille aux tirs au but.
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+ L'année suivante est une édition de transition : la coupe change de formule et voit l'introduction d'une phase de poules après les huitièmes de finale (deux poules de quatre équipes pour les huit équipes restantes, en lieu et place des quarts de finale et demi-finales, les vainqueurs de poules s'affrontant directement en finale). Cette dernière édition sous l'appellation Coupe des clubs champions européens, voit le premier sacre du FC Barcelone qui s'impose face à l'UC Sampdoria après prolongation (1-0). Cette finale du club génois ouvre une série record de sept finales consécutives d'un représentant italien (pour deux victoires seulement).
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+ En 1992, la coupe est rebaptisée « Ligue des champions ». Depuis lors son format fut régulièrement modifié : la phase de groupes à huit équipes apparut en 1992 puis fut élargie à seize en 1994, vingt-quatre en 1997 et trente-deux en 1999. Cette phase de groupes à trente-deux qualifiait les deux premières équipes pour une seconde phase de groupes à seize. En 2003, elle a été remplacée par des huitièmes de finale à plus grand enjeu.
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+ Historiquement, la compétition prenait le format d'une coupe où seuls les champions et le tenant du titre participaient. Cependant, depuis 1997, les vice-champions nationaux des meilleurs pays peuvent y participer, suivis des troisièmes et quatrièmes depuis 1999.
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+ La première édition sous ce nouveau format voit le premier sacre d'un club français, l'Olympique de Marseille, qui bat en finale le 26 mai 1993 l'AC Milan 1-0 sur une tête de Basile Boli juste avant la mi-temps. En 1994, l'AC Milan prend sa revanche et surclasse 4-0 le FC Barcelone de Johan Cruyff, pourtant grand favori. L'année suivante, alors qu'une phase de poules à 16 équipes est instaurée, l'AC Milan défend son titre mais s'incline en finale face à l'Ajax Amsterdam 1-0 (qui remporte le dernier titre d'un club néerlandais en Ligue des champions à ce jour). En 1996, l'Ajax Amsterdam est encore finaliste face à une autre équipe italienne, la Juventus, qui s'impose aux tirs au but et remporte le trophée pour la seconde fois.
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+ Puis l'arrêt Bosman changera la donne, puisque depuis (hormis lors de l'édition 2003-2004), aucune équipe ne faisant pas partie des quatre grands championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie) ne réussira à atteindre la finale. En 1997, pour la troisième année consécutive, le tenant du titre se retrouve en finale et s'incline. En effet, cette année là, le Borussia Dortmund remporte son premier titre en battant la Juventus — pourtant favorite — sur le score de 3 à 1.
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+ En 1997-1998, 24 équipes prennent part à la compétition, les deuxièmes des huit grands championnats étant autorisés à participer pour la première fois. Cette saison-là, la Juventus atteint la finale pour la troisième année consécutive mais s'incline face au Real Madrid sur le score de 1-0. C'est le retour sur le devant de la scène du club madrilène qui remporte son septième trophée, trente-deux ans après son dernier sacre. En 1999, une autre équipe met fin à une longue disette (trente-et-un ans) : en finale, Manchester United — mené au score dès le début du match — inscrit deux buts dans les arrêts de jeu pour renverser le Bayern Munich (2-1). Il s'agit du premier sacre d'un club anglais depuis le drame du Heysel en 1985. Le club d'Alex Ferguson remporte également le championnat et la coupe d'Angleterre, s'offrant un triplé historique.
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+ En 1999-2000, 32 équipes participent à l'épreuve, cette fois les troisièmes et quatrièmes des grands championnats intègrent la compétition qui se présente sous un format à deux phases de groupes. Le Real Madrid confirme son retour au premier plan en gagnant la compétition pour la huitième fois. Emmené par Raúl et Redondo, il défait le Valence CF sur le score de 3-0 à l'occasion de la première finale entre deux équipes d'un même pays. L'année suivante, le Bayern Munich efface le traumatisme de 1999 en venant à bout du Valence CF (finaliste malheureux pour la seconde fois consécutive) aux tirs au but (1-1 ap, 5-4), grâce notamment à une grande performance de son gardien Oliver Kahn. Puis en 2002, le Real Madrid avec ses « Galactiques » remporte son troisième titre en cinq ans en dominant le Bayer Leverkusen 2 buts à 1. En 2003, la finale oppose de nouveau deux clubs d'un même pays avec une affiche entre l'AC Milan et la Juventus (tombeuse du Real Madrid en demi-finale, 3-4). Le match, très fermé, se maintient à 0-0 après la prolongation. Les Milanais l'emportent finalement 3-2 aux tirs au but et glanent leur sixième trophée.
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+ Lors de l'édition 2003-2004 un nouveau changement de formule s'opère, la deuxième phase de groupes est remplacée par des huitièmes de finale. Ce format plus propice aux surprises et aux incertitudes permet d'assister à l'une des finales les plus surprenantes de cette période, opposant les Portugais du FC Porto aux Français de l'AS Monaco. Au terme d'un match à sens unique, les hommes de José Mourinho surclassent ceux de Didier Deschamps, vite privés de leur meneur de jeu Ludovic Giuly sur blessure, sur le score de 3-0. Les éliminations précoces des vainqueurs des dernières éditions (le Bayern Munich, Manchester United et la Juventus en huitièmes de finale, le Real Madrid et l'AC Milan en quarts de finale) marquent cette édition, notamment celle des « Galactiques » du Real Madrid face à l'AS Monaco (4-2, 1-3).
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+ Pour sa cinquantième édition, la compétition se conclut par la plus folle finale de l'épreuve. En effet, le 25 mai 2005 au stade olympique Atatürk, le Liverpool FC remporte le cinquième titre de son histoire face à l'AC Milan au terme d'un incroyable renversement de situation. Menés 3-0 à la mi-temps, les Reds inscrivent trois buts en six minutes avant l'heure de jeu, avant de résister aux nombreux assauts milanais pendant soixante minutes et de triompher aux tirs au but par 3 buts à 2.
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+ Dans les douze années qui suivent, deux clubs se démarquent du reste : le FC Barcelone qui parvient à se qualifier pour les demi-finales à huit reprises et remporte quatre fois le trophée[14] et le Real Madrid qui se qualifie pour les demi-finales huit fois consécutivement (un record) et remporte quatre fois le trophée.
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+ Dès 2006, le FC Barcelone bat le Arsenal FC en finale. En 2007, le Liverpool FC et l'AC Milan se retrouvent pour un nouveau face à face mais cette fois c'est le club italien qui l'emporte (2 buts à 1) permettant à son capitaine emblématique Paolo Maldini de soulever son cinquième trophée. L'année suivante voit une première finale 100 % britannique avec la victoire de Manchester United sur le Chelsea FC. Les Red Devils et leur star Cristiano Ronaldo accèdent de nouveau en finale l'édition suivante mais se heurtent au FC Barcelone de Lionel Messi qui marque le but du 2 à 0. Champion d'Italie depuis 5 ans, l'Inter Milan est de nouveau vainqueur de la C1 en 2010 (quarante-cinq ans après son dernier succès dans cette compétition) en battant le Bayern de Munich 2 buts à 0. Puis en 2011 on assiste à un remake de la finale de 2009, qui voit de nouveau un succès du club catalan face aux mancuniens (3 buts à 1). En 2012, neuf ans après le rachat du Chelsea FC par le milliardaire russe Roman Abramovitch qui marqua une nouvelle ère pour le club, les Blues décrochent enfin la C1 en battant le Bayern de Munich chez eux à l'Allianz Arena. C'est la cinquième défaite en finale du club allemand qui ouvre pourtant le score à la 83e minute mais les Anglais égalisent deux minutes avant la fin du temps règlementaire puis gagnent le match 4 tirs au but à 3. Les Bavarois se rattrapent l'année suivante en remportant leur cinquième trophée face au Borussia Dortmund 2 buts à 1 (première finale 100 % allemande).
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+ L'édition 2013-2014 voit la première finale qui oppose deux clubs d'une même ville : le Real Madrid et l'Atletico Madrid. Ce dernier ouvre le score à la 36e minute mais les Merengues égalisent d'une tête de Sergio Ramos dans les arrêts de jeux (90+3). Le Real gagne finalement 4 buts à 1 en prolongation. C'est la dixième victoire tant attendue du club de la capitale espagnole dans la compétition. L'année suivante voit le retour au premier plan du FC Barcelone, avec en face la Juventus qui revient douze ans après sa dernière finale. Menant au score dès le début, le Barça l'emporte finalement 3-1 pour la cinquième victoire de son histoire.
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+ En 2016, deux ans après sa Décima face à son grand rival madrilène, le Real Madrid — entraîné cette fois par Zinédine Zidane — l'emporte une nouvelle fois au détriment de l'Atlético Madrid de Diego Simeone. Dos à dos (1-1) à l'issue du temps règlementaire, la finale se joue finalement aux tirs au but et les Merengues l'emportent 5 tirs au but à 3. Toujours en grande forme, le Real Madrid se retrouve de nouveau en finale en 2017 face à la Juventus, finaliste malheureux deux ans plus tôt. Les Madrilènes s'imposent 4 buts à 1 grâce notamment à un doublé de Cristiano Ronaldo, devenant ainsi la première équipe à remporter la compétition deux années consécutives depuis le passage au format Ligue des champions. L'année suivante, le Real Madrid gagne une nouvelle fois la compétition en battant 3-1 le Liverpool FC de Jürgen Klopp et réalise ainsi le triplé (ce qui n'était plus arrivé depuis celui du Bayern Munich de 1974 à 1976). Zinédine Zidane devient par ailleurs le premier entraîneur à remporter trois fois de suite cette compétition[15].
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+ En 2019, quatorze ans après le dernier titre acquis face à l'AC Milan lors du « miracle d'Istanbul », Liverpool remporte la compétition face à Tottenham (qui jouait sa première finale dans la compétition) dans une finale 100 % anglaise (la deuxième de l'histoire après celle de 2008 ayant vu la victoire de Manchester United sur Chelsea). Les hommes de Jürgen Klopp gagnent ainsi le sixième titre du club du nord de l'Angleterre. Cette édition voit notamment l'élimination surprise du Real Madrid, triple vainqueur et tenant du titre, dès les huitièmes de finale par l'Ajax Amsterdam.
74
+
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+ Le trophée était initialement remis pour une année au club vainqueur, qui devait le rendre deux mois avant la finale suivante. En 1966, le Real Madrid remporta une sixième fois la coupe et l'UEFA décida d'en faire don définitivement au club. Le nouveau trophée mis en jeu la saison suivante prit la forme qu'on lui connaît aujourd'hui, celle de « la coupe aux grandes oreilles »[16]. Dès lors, tout club qui remportait la compétition trois fois de suite ou cinq fois au total se voyait décerner définitivement l'édition actuelle du trophée original. Alors le club reprenait le cycle à zéro et un nouveau trophée était fabriqué.
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77
+ Ainsi cinq clubs ont conservé un trophée original, répartis comme suit :
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+ Cependant, depuis 2009, la règlementation prévoit (dans les mêmes conditions d'obtention) une distinction spéciale au lieu de la remise du trophée original. Celle-ci prend la forme d'un badge, porté par les joueurs pendant les matchs de Ligue des Champions, qui mentionne le nombre de victoires totales de la compétition par le club. Le trophée original, qui peut être par exemple vu lors de la finale de la compétition, est lui conservé par l'UEFA tandis qu'une réplique à l'identique de celui-ci est remise au club vainqueur[17].
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81
+ Le logo de la Ligue des champions, connu sous le nom de Starball, apparait en même temps que l'hymne lors de l'édition 1992-1993. Il est composé de huit étoiles noires formant un ballon, représentants les huit clubs qui sont alors présents lors de la phase de groupes[18].
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83
+ L'hymne de la Ligue des champions de l'UEFA est commandé par l'UEFA en 1992 au compositeur Tony Britten. C'est un arrangement de l'hymne Zadok the Priest composé par Georg Friedrich Haendel en 1727 pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne George II. Il est interprété par le Royal Philharmonic Orchestra et par les chœurs de l'Academy of St Martin in the Fields. Les paroles, qui évoquent le fait que la compétition regroupe « les meilleures équipes », sont déclamées dans les trois langues officielles de l'UEFA, à savoir l'anglais, le français et l'allemand[19].
84
+
85
+ Le refrain de l'hymne est joué avant chaque match de Ligue des champions, ainsi qu'au début et à la fin des retransmissions télévisées des matchs. L'hymne complet dure trois minutes, et comprend deux courts couplets et le refrain. L'hymne est un symbole fort de la Ligue des champions : une enquête au début des années 2000 a montré qu'il est plus identifié par les supporters à la compétition que le logo ou même le nom[20].
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+ Depuis l'édition 2008-2009 (excepté en 2013), l'hymne de la finale est interprété en live par un ou plusieurs artistes.
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+ Les revenus générés par la Ligue des champions, comme les droits de diffusion télévisuelle ou les ventes de billets, sont gérés de façon centralisée par l'UEFA[21].
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91
+ Une grande partie de ces recettes sont redistribuées aux clubs qui ont participé à la compétition : une partie est utilisée pour couvrir les frais d’organisation de la compétition et le reste revient à l’UEFA.La redistribution des recettes aux clubs est répartie comme suit :
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+ Le nombre de clubs qualifiés par fédération ainsi que leur point d'entrée dans la compétition sont déterminés par les coefficients UEFA. Les meilleures associations peuvent avoir au maximum quatre clubs en Ligue des champions alors que pour les associations les plus faibles, seul le champion peut prendre part à la compétition. Lors des tirages au sort des matchs des tours préliminaires et de la phase de groupes, l'UEFA prend garde à ce que deux clubs d'une même association ne se rencontrent pas. Le tenant du titre est lui automatiquement qualifié, il en va de même pour le vainqueur de la Ligue Europa (si l'association a moins de quatre places qualificatives en Ligue des champions, elle en reçoit une de plus)[17].
94
+
95
+ À l'exception de la finale, toutes les rencontres ont lieu le mardi et le mercredi (si le match aller a lieu le mardi, le match retour a lieu le mercredi et vice versa). Pour les rencontres aller-retour à élimination directe, l'équipe ayant cumulé le plus de buts pour elle l'emporte. En cas d'égalité, la règle des buts marqués à l'extérieur s'applique ; et si elle ne donne rien le match retour est augmenté d'une prolongation ; et, si aucun nouveau but n'y est inscrit, d'une séance de tirs au but.
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+ À partir de 2018, la formule de la Ligue des champions de l'UEFA se présente ainsi [17]:
98
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+ Le vainqueur de la Ligue des champions de l'UEFA est officiellement champion d'Europe des clubs. Il rencontre le vainqueur de la Ligue Europa pour le lancement de la saison européenne suivante lors de la Supercoupe de l'UEFA. En décembre de l'année même, il participe également à la coupe du monde des clubs organisée par la FIFA dans un pays donné, et qui réunit les six vainqueurs continentaux (le club européen est directement admis en demi-finale).
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+ Avant 2005, le vainqueur de la compétition affrontait à Tokyo celui de la Copa Libertadores (Amérique du Sud) lors de la Coupe intercontinentale.
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+ 22 clubs ont remporté le tournoi depuis sa création en 1955. Le Real Madrid est le plus titré de l'histoire de la Ligue des champions avec 13 titres en 16 finales jouées. Deux autres formations ont atteint au moins dix finales : l'AC Milan (11) et le Bayern Munich (10).
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+
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+ 18 clubs ont atteint la finale sans jamais parvenir à la gagner. L'Atlético Madrid est le finaliste le plus malheureux avec trois finales jouées et donc aucune victoire.
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+ La Juventus et le Benfica Lisbonne sont les deux seuls clubs titrés à avoir perdu plus de finales qu'ils n'en ont remportées. Ils restent d'ailleurs tous deux sur une série de 5 défaites consécutives en finale.
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+ Des clubs de 10 pays différents ont remporté au moins une édition du tournoi.
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+ Les clubs espagnols ont connu le plus de succès, remportant un total de 18 éditions.
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+ L'Angleterre est deuxième avec 13 victoires et l'Italie troisième avec 12 victoires. Les autres vainqueurs sont l'Allemagne (7), les Pays-Bas (6), le Portugal (4) puis l'Écosse, la Roumanie, la Serbie et la France avec une victoire chacun. La Grèce, la Belgique et la Suède ont eux envoyé des clubs en finale sans réussir à soulever la coupe.
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+ La Ligue des champions de l'UEFA (UEFA Champions League), parfois abrégée en C1 et anciennement dénommée Coupe des clubs champions européens (de sa création en 1955 jusqu'en 1992), est une compétition annuelle de football organisée par l'Union des associations européennes de football (UEFA) et regroupant les meilleurs clubs du continent européen[1]. C'est la compétition interclubs de football la plus prestigieuse d'Europe devant la Ligue Europa.
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+ Le vainqueur de la compétition est automatiquement qualifié pour l'édition suivante. Il participe également à la Supercoupe de l'UEFA ainsi qu'à la Coupe du monde des clubs de la FIFA.
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+ Le Real Madrid est le club le plus titré dans l'histoire de la compétition avec treize victoires[2]. Le Liverpool FC est le tenant du titre.
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+ L'idée d'une coupe d'Europe interclubs est née dans l'esprit de journalistes parisiens ; les chocs Wolverhampton Wanderers - Honvéd Budapest puis Wolverhampton Wanderers - Spartak Moscou de décembre 1954 achèvent de les convaincre[3]. En effet, après les victoires des Wolves, le Daily Mail proclame le club « champion du monde des clubs ». Gabriel Hanot réplique dans L'Équipe en lançant un appel à la fondation d'une coupe d'Europe : une série d'articles du quotidien sportif parisien explique des semaines durant les avantages d'une telle épreuve, et les premières réactions sont plutôt positives[4]. Dès le 16 décembre 1954, Jacques de Ryswick signe un article présentant le « projet de coupe d'Europe interclubs ». Devant les réactions positives de l'Europe entière, L'Équipe rédige le 25 janvier 1955 un avant-projet de règlement signé par Jacques Ferran. Le 3 février 1955, le quotidien publie la liste des clubs invités à disputer la première édition de l'épreuve, et durant le mois de février, les clubs confirment leur participation[3]. Le 26 février 1955, la FIFA contacte L'Équipe pour lui confirmer que ses statuts n'empêchent pas l'organisation d'une telle compétition : « L'organisation d'un pareil tournoi n'est pas subordonnée à l'autorisation préalable de la FIFA, dont les statuts (art. 38) ne visent que les compétitions entre équipes représentatives nationales »[5]. L'UEFA vient à peine d'émerger des limbes, et ses statuts sont quasi vierges. Le 1er mars, le comité exécutif de l'UEFA se déclare inapte à assurer correctement l'organisation d'une telle épreuve et laisse à chaque fédération le libre choix d'accepter ou pas de prendre part à cette épreuve. On se retrousse alors les manches à L'Équipe en s'occupant d'aller démarcher les fédérations. La FFF se laisse finalement convaincre malgré la délicate question de surcharge du calendrier. Chaque fédération doit désigner son représentant et la plupart d'entre elles ne désignent pas le champion en titre mais font un choix par popularité du club à condition que celui-ci ait déjà remporté le championnat national au moins une fois[6],[7]. Les 2 et 3 avril, L'Équipe réunit les dirigeants des clubs participants à Paris pour définir les dates de la compétition et leur faire approuver le règlement[7].
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+ Revirement de situation le 8 mai, alors que tout est bouclé avec seize clubs partants (la désignation arbitraire des huitièmes de finale a même déjà eu lieu[8]). La FIFA sent le danger de laisser à des intervenants extérieurs la prise en main de compétitions et pousse finalement l'UEFA à prendre en charge l'organisation de l'épreuve[3]. La FIFA interdit même l'utilisation du mot « Europe » dans le nom de l'épreuve désirant réserver ce terme aux compétitions entre équipes nationales[3]. L'UEFA et la FIFA font le maximum pour décider les Anglais à participer mais la FA reste inflexible : c'est non ! Le Chelsea FC était pourtant partant[9]; mais son forfait est rendu officiel le 26 juillet 1955[3].
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+ La Coupe des clubs champions européens (CCC) connaît un immense succès dès sa première édition (mais elle porte un coup fatal aux matchs amicaux de prestige qui agrémentaient jadis les milieux de semaine[10]). Elle se joue alors en matchs aller-retour à l'exception de la finale.
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+ Après deux éditions de cette compétition, la Coupe Latine qui voyait s'affronter les champions d'Espagne, d'Italie, de France et du Portugal prit beaucoup moins d'importance et fut finalement dissoute. En 1960, l'UEFA et la CONMEBOL créent la Coupe intercontinentale qui voit s'opposer le vainqueur de la Coupe des clubs champions européens face à celui de la Copa Libertadores et où le gagnant se voit considérer comme le « meilleur club du monde ».
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+ Avec la mise en place de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe de football en 1960 puis de la Coupe UEFA en 1971, elle est alors parfois abrégée en C1, en référence au classement des trois compétitions européennes qui se déroulent à cette époque.
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+ La première édition de la Coupe d'Europe des clubs champions européens voit s'opposer seize grands clubs du continent et parmi eux sept étaient les champions en titre de leur propre pays. Le premier match se tient le 4 septembre 1955, à Lisbonne devant 30 000 spectateurs : le Sporting Portugal et les Yougoslaves du Partizan Belgrade y font match nul 3-3, João Baptista Martins inscrit le premier but de la compétition à la 14e minute. À la suite de la faible affluence des supporteurs du Stade de Reims lors du match face aux Danois du AGF Århus en huitième de finale (6 500 spectateurs), le président du club champenois décide de jouer les matchs suivants au Parc des Princes[3]. Un choix payant puisque plus de 35 000 personnes assistent aux victoires de Reims lors des matchs allers du quart et de la demi-finale[3]. Le Stade de Reims, emmené par son milieu offensif Raymond Kopa, accède à la finale le 18 avril 1956 en éliminant le Hibernian FC (score cumulé : 3-0). Le Real Madrid s'impose en demi-finale contre l'AC Milan du redoutable Gunnar Nordahl malgré une défaite 2-1 à San Siro (score cumulé : 5-4)[11]. La finale se déroule sur un match unique à Paris le 13 juin 1956 ; mené 2-0 puis 3-2 par le Stade de Reims, le Real Madrid finit par s'imposer 4-3 à la suite d'une égalisation de Marquitos et un dernier but d'Héctor Rial[11].
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+ Le spectacle est donc bien au rendez-vous et les clubs participants engrangent de larges bénéfices, Jacques Ferran indique dans son journal : « si Reims parvenait en finale, son bénéfice serait de 20 millions »[3]. La Coupe d'Europe des clubs champions augmente aussi les ventes de L'Équipe par rapport à l'année précédente de 7,5 % en décembre 1955, de 30,05 % en avril 1956 pour la demi-finale de Reims et de 12,5 % lors de la semaine de la finale[3].
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+ À la suite du succès de la première édition, l'UEFA décide de s'investir davantage dans la compétition et exige que chaque fédération envoie son champion. Le Real Madrid, bien que n'étant pas le champion d'Espagne, a quand même pu participer en tant que tenant du titre. Cinq nouvelles nations se joignent à la compétition, y compris les Anglais avec Manchester United[12]. Avec 22 équipes partantes, un tour préliminaire est mis en place et un tirage au sort désigne les 12 clubs qui y participent, les autres clubs rejoignent le Real Madrid en huitièmes de finale.
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+ La finale oppose le Real Madrid aux Italiens de l'AC Fiorentina, le 30 mai 1957, au Stade Santiago Bernabéu devant plus de 120 000 personnes[13]. Les Madrilènes s'imposent 2-0 après un penalty inscrit par Alfredo Di Stéfano et une réalisation de Francisco Gento[12]. Le trophée est remis au capitaine Miguel Muñoz par le général Franco[12].
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+ Le Real Madrid remporte également les trois éditions suivantes : en 1958 contre l'AC Milan, en 1959 de nouveau contre le Stade de Reims et en 1960 contre l'Eintracht Francfort, au terme d'une finale prolifique (7 buts à 3) dans laquelle Ferenc Puskás signe un quadruplé et Alfredo Di Stéfano un triplé.
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+ La domination du Real Madrid prend fin en 1961, cette année-là le Benfica Lisbonne joue sa première finale contre le FC Barcelone au Stade du Wankdorf en Suisse. Emmené par son capitaine et avant-centre José Águas (qui finira meilleur réalisateur de la compétition avec 11 buts) et par son meneur de jeu Mário Coluna, les Portugais s'imposent 3 buts à 2.
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+ La saison suivante, le Benfica Lisbonne joue sa deuxième finale contre l'ogre de la compétition, le Real Madrid et ses stars Ferenc Puskás, Alfredo Di Stéfano et Francisco Gento. Cette finale qui a lieu au Stade olympique d'Amsterdam permet l'éclosion d'un tout jeune joueur qui inscrit un doublé, Eusébio, et voit le Benfica Lisbonne s'imposer sur le score de 5 buts à 3. En 1963, le Benfica Lisbonne atteint sa troisième finale consécutive. Malgré un but d'Eusébio, les Portugais s'inclineront 2 buts à 1 face à l'AC Milan. Puis en 1964, c'est l'autre club de Milan, l'Inter Milan, qui bat le Real Madrid 3 buts à 1 et remporte le trophée. En 1965, le Benfica Lisbonne joue sa quatrième finale en cinq éditions contre l'Inter Milan qui remporte la finale pour la deuxième fois de suite sur le score de 1 but à 0. Enfin, en 1966, le Real Madrid revient au premier plan et remporte sa sixième C1 (et également la sixième pour Francisco Gento, un record) face au surprenant Partizan Belgrade (2-1).
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+ La première équipe non latine à remporter le trophée est le Celtic Glasgow, en 1967. Les Écossais battent en finale l'Inter Milan 2 buts à 1. Manchester United lui succède l'année suivante en disposant également en finale d'un ancien double vainqueur de la décennie, le Benfica Lisbonne, sur le score de 4 buts à 1 après prolongation. Le deuxième succès de l'AC Milan, en 1969 est un peu le chant du cygne des équipes latines : vainqueurs de douze des quatorze premières éditions, il faudra attendre seize ans avant que l'une d'entre elles (la Juventus) n'inscrive de nouveau son nom au palmarès. Le finaliste malheureux de cette édition, l'Ajax Amsterdam, préfigure la domination néerlandaise à venir...
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+ La victoire du Feyenoord Rotterdam face au Celtic Glasgow en 1970 est suivie d'un triplé de l'Ajax Amsterdam. En 1971, l'équipe entrainée par Rinus Michels — qui prône un « football total » assez révolutionnaire — s'impose contre les surprenants Grecs du Panathinaïkos 2 buts à 0. Le départ de Rinus Michels n'empêchera pas les Amstellodamois de conserver leur trophée l'année suivante, en battant l'Inter Milan grâce à un doublé de Johan Cruijff. Puis en 1973, face à la Juventus, 1 but à 0. Cependant cette domination européenne s'arrête avec le départ ou la fin de carrière de ses joueurs-cadres.
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+ Le triplé de l'Ajax Amsterdam est suivi d'un autre triplé, celui du Bayern Munich de Franz Beckenbauer, Gerd Müller et Sepp Maier, qui forme alors l'ossature de l'équipe nationale de RFA, championne d'Europe en 1972 et du monde en 1974.
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+ Le premier sacre des Bavarois en 1974 a d'ailleurs failli ne pas avoir lieu, le Bayern n'égalisant qu'à l'ultime minute des prolongations lors de la finale contre l'Atlético Madrid. La règle des tirs au but n'étant pas encore instaurée, la finale est rejouée le surlendemain (ce sera le seul cas dans l'histoire de la compétition) et le Bayern Munich s'impose largement 4 buts à 0. Il s'impose de nouveau en 1975 contre Leeds United. Les exactions des supporteurs anglais lors de cette finale au Parc des Princes vaudront trois ans de suspension européenne au club anglais. Les Allemands conserveront une nouvelle fois leur trophée en 1976, en battant l'AS Saint-Étienne 1 but à 0.
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+ Déjà vainqueur l'année précédente de la coupe UEFA, le Liverpool FC bat en finale en 1977 les Allemands du Borussia Mönchengladbach sur le score de 3 buts à 1. Les Reds conservent leur trophée en 1978 face aux Belges du FC Bruges ; mais, contrairement à ses deux prédécesseurs, ne réussissent pas la passe de trois : ils sont éliminés dès le premier tour de l'édition 1978-1979 par un autre club anglais, Nottingham Forest. Promu de D2 l'année précédente, le surprenant champion anglais va jusqu'au bout et est sacré face à Malmö FF (1-0). Les hommes de Brian Clough conservent également leur titre européen en 1980 face au Hambourg SV. le club entre ainsi dans l'histoire comme étant le seul à avoir été plus de fois champion d'Europe que champion national. En 1981, le Liverpool FC récupère son bien en disposant du Real Madrid en finale. Puis c'est une autre équipe anglaise, Aston Villa, qui lui succède l'année suivante en battant le Bayern Munich. La série de six victoires consécutives des clubs anglais (un record) est brièvement interrompue par le sacre du Hambourg SV en 1983 aux dépens de la Juventus. Cependant, c'est le Liverpool FC qui s'impose de nouveau en 1984 contre l'AS Rome, qui devient à l'occasion le premier club à être battu en finale sur son terrain. Cette finale est également la première qui se joue aux tirs au but et la série est marquée par la performance du gardien des Reds, Bruce Grobbelaar.
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44
+ Le Liverpool FC est de nouveau finaliste l'année suivante face à la Juventus, mais la domination anglaise est stoppée nette par le drame du Heysel où 39 spectateurs, la plupart italiens, trouvent la mort dans une bousculade avant le coup d'envoi de la finale. La victoire de la Juventus (1 but à 0 sur un penalty de Michel Platini) passe presque inaperçue : la remise de la coupe se faisant rapidement dans les vestiaires, sans cérémonial. À la suite de ce qui est le paroxysme des débordements des supporteurs anglais lors de leurs déplacements sur le continent, l'UEFA exclut tous les clubs anglais des coupes européennes pour cinq ans, et le Liverpool FC pour une durée indéterminée.
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+ Aucun pays ne profitera durablement du bannissement des clubs anglais. Les vainqueurs des trois éditions suivantes sont inédits : en 1986, le Steaua Bucarest devient le premier club de l'Est à l'emporter en battant à la surprise générale le FC Barcelone aux tirs au but (lors d'une séance où le gardien roumain Helmuth Duckadam repousse les quatre tentatives catalanes) ; lui succède le FC Porto en 1987 et le PSV Eindhoven en 1988. Un seul ancien vainqueur s'imposera durant cette période : emmené par son trio néerlandais Gullit-van Basten-Rijkaard, l'AC Milan d'Arrigo Sacchi signe un doublé en 1989 et 1990. Le dernier vainqueur de la formule par élimination directe sera lui aussi inédit : l'Étoile rouge de Belgrade remporte la coupe en 1991 en battant l'Olympique de Marseille aux tirs au but.
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48
+ L'année suivante est une édition de transition : la coupe change de formule et voit l'introduction d'une phase de poules après les huitièmes de finale (deux poules de quatre équipes pour les huit équipes restantes, en lieu et place des quarts de finale et demi-finales, les vainqueurs de poules s'affrontant directement en finale). Cette dernière édition sous l'appellation Coupe des clubs champions européens, voit le premier sacre du FC Barcelone qui s'impose face à l'UC Sampdoria après prolongation (1-0). Cette finale du club génois ouvre une série record de sept finales consécutives d'un représentant italien (pour deux victoires seulement).
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+
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+ En 1992, la coupe est rebaptisée « Ligue des champions ». Depuis lors son format fut régulièrement modifié : la phase de groupes à huit équipes apparut en 1992 puis fut élargie à seize en 1994, vingt-quatre en 1997 et trente-deux en 1999. Cette phase de groupes à trente-deux qualifiait les deux premières équipes pour une seconde phase de groupes à seize. En 2003, elle a été remplacée par des huitièmes de finale à plus grand enjeu.
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+ Historiquement, la compétition prenait le format d'une coupe où seuls les champions et le tenant du titre participaient. Cependant, depuis 1997, les vice-champions nationaux des meilleurs pays peuvent y participer, suivis des troisièmes et quatrièmes depuis 1999.
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+ La première édition sous ce nouveau format voit le premier sacre d'un club français, l'Olympique de Marseille, qui bat en finale le 26 mai 1993 l'AC Milan 1-0 sur une tête de Basile Boli juste avant la mi-temps. En 1994, l'AC Milan prend sa revanche et surclasse 4-0 le FC Barcelone de Johan Cruyff, pourtant grand favori. L'année suivante, alors qu'une phase de poules à 16 équipes est instaurée, l'AC Milan défend son titre mais s'incline en finale face à l'Ajax Amsterdam 1-0 (qui remporte le dernier titre d'un club néerlandais en Ligue des champions à ce jour). En 1996, l'Ajax Amsterdam est encore finaliste face à une autre équipe italienne, la Juventus, qui s'impose aux tirs au but et remporte le trophée pour la seconde fois.
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56
+ Puis l'arrêt Bosman changera la donne, puisque depuis (hormis lors de l'édition 2003-2004), aucune équipe ne faisant pas partie des quatre grands championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie) ne réussira à atteindre la finale. En 1997, pour la troisième année consécutive, le tenant du titre se retrouve en finale et s'incline. En effet, cette année là, le Borussia Dortmund remporte son premier titre en battant la Juventus — pourtant favorite — sur le score de 3 à 1.
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+ En 1997-1998, 24 équipes prennent part à la compétition, les deuxièmes des huit grands championnats étant autorisés à participer pour la première fois. Cette saison-là, la Juventus atteint la finale pour la troisième année consécutive mais s'incline face au Real Madrid sur le score de 1-0. C'est le retour sur le devant de la scène du club madrilène qui remporte son septième trophée, trente-deux ans après son dernier sacre. En 1999, une autre équipe met fin à une longue disette (trente-et-un ans) : en finale, Manchester United — mené au score dès le début du match — inscrit deux buts dans les arrêts de jeu pour renverser le Bayern Munich (2-1). Il s'agit du premier sacre d'un club anglais depuis le drame du Heysel en 1985. Le club d'Alex Ferguson remporte également le championnat et la coupe d'Angleterre, s'offrant un triplé historique.
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+ En 1999-2000, 32 équipes participent à l'épreuve, cette fois les troisièmes et quatrièmes des grands championnats intègrent la compétition qui se présente sous un format à deux phases de groupes. Le Real Madrid confirme son retour au premier plan en gagnant la compétition pour la huitième fois. Emmené par Raúl et Redondo, il défait le Valence CF sur le score de 3-0 à l'occasion de la première finale entre deux équipes d'un même pays. L'année suivante, le Bayern Munich efface le traumatisme de 1999 en venant à bout du Valence CF (finaliste malheureux pour la seconde fois consécutive) aux tirs au but (1-1 ap, 5-4), grâce notamment à une grande performance de son gardien Oliver Kahn. Puis en 2002, le Real Madrid avec ses « Galactiques » remporte son troisième titre en cinq ans en dominant le Bayer Leverkusen 2 buts à 1. En 2003, la finale oppose de nouveau deux clubs d'un même pays avec une affiche entre l'AC Milan et la Juventus (tombeuse du Real Madrid en demi-finale, 3-4). Le match, très fermé, se maintient à 0-0 après la prolongation. Les Milanais l'emportent finalement 3-2 aux tirs au but et glanent leur sixième trophée.
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+ Lors de l'édition 2003-2004 un nouveau changement de formule s'opère, la deuxième phase de groupes est remplacée par des huitièmes de finale. Ce format plus propice aux surprises et aux incertitudes permet d'assister à l'une des finales les plus surprenantes de cette période, opposant les Portugais du FC Porto aux Français de l'AS Monaco. Au terme d'un match à sens unique, les hommes de José Mourinho surclassent ceux de Didier Deschamps, vite privés de leur meneur de jeu Ludovic Giuly sur blessure, sur le score de 3-0. Les éliminations précoces des vainqueurs des dernières éditions (le Bayern Munich, Manchester United et la Juventus en huitièmes de finale, le Real Madrid et l'AC Milan en quarts de finale) marquent cette édition, notamment celle des « Galactiques » du Real Madrid face à l'AS Monaco (4-2, 1-3).
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+ Pour sa cinquantième édition, la compétition se conclut par la plus folle finale de l'épreuve. En effet, le 25 mai 2005 au stade olympique Atatürk, le Liverpool FC remporte le cinquième titre de son histoire face à l'AC Milan au terme d'un incroyable renversement de situation. Menés 3-0 à la mi-temps, les Reds inscrivent trois buts en six minutes avant l'heure de jeu, avant de résister aux nombreux assauts milanais pendant soixante minutes et de triompher aux tirs au but par 3 buts à 2.
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+ Dans les douze années qui suivent, deux clubs se démarquent du reste : le FC Barcelone qui parvient à se qualifier pour les demi-finales à huit reprises et remporte quatre fois le trophée[14] et le Real Madrid qui se qualifie pour les demi-finales huit fois consécutivement (un record) et remporte quatre fois le trophée.
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+ Dès 2006, le FC Barcelone bat le Arsenal FC en finale. En 2007, le Liverpool FC et l'AC Milan se retrouvent pour un nouveau face à face mais cette fois c'est le club italien qui l'emporte (2 buts à 1) permettant à son capitaine emblématique Paolo Maldini de soulever son cinquième trophée. L'année suivante voit une première finale 100 % britannique avec la victoire de Manchester United sur le Chelsea FC. Les Red Devils et leur star Cristiano Ronaldo accèdent de nouveau en finale l'édition suivante mais se heurtent au FC Barcelone de Lionel Messi qui marque le but du 2 à 0. Champion d'Italie depuis 5 ans, l'Inter Milan est de nouveau vainqueur de la C1 en 2010 (quarante-cinq ans après son dernier succès dans cette compétition) en battant le Bayern de Munich 2 buts à 0. Puis en 2011 on assiste à un remake de la finale de 2009, qui voit de nouveau un succès du club catalan face aux mancuniens (3 buts à 1). En 2012, neuf ans après le rachat du Chelsea FC par le milliardaire russe Roman Abramovitch qui marqua une nouvelle ère pour le club, les Blues décrochent enfin la C1 en battant le Bayern de Munich chez eux à l'Allianz Arena. C'est la cinquième défaite en finale du club allemand qui ouvre pourtant le score à la 83e minute mais les Anglais égalisent deux minutes avant la fin du temps règlementaire puis gagnent le match 4 tirs au but à 3. Les Bavarois se rattrapent l'année suivante en remportant leur cinquième trophée face au Borussia Dortmund 2 buts à 1 (première finale 100 % allemande).
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+ L'édition 2013-2014 voit la première finale qui oppose deux clubs d'une même ville : le Real Madrid et l'Atletico Madrid. Ce dernier ouvre le score à la 36e minute mais les Merengues égalisent d'une tête de Sergio Ramos dans les arrêts de jeux (90+3). Le Real gagne finalement 4 buts à 1 en prolongation. C'est la dixième victoire tant attendue du club de la capitale espagnole dans la compétition. L'année suivante voit le retour au premier plan du FC Barcelone, avec en face la Juventus qui revient douze ans après sa dernière finale. Menant au score dès le début, le Barça l'emporte finalement 3-1 pour la cinquième victoire de son histoire.
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+ En 2016, deux ans après sa Décima face à son grand rival madrilène, le Real Madrid — entraîné cette fois par Zinédine Zidane — l'emporte une nouvelle fois au détriment de l'Atlético Madrid de Diego Simeone. Dos à dos (1-1) à l'issue du temps règlementaire, la finale se joue finalement aux tirs au but et les Merengues l'emportent 5 tirs au but à 3. Toujours en grande forme, le Real Madrid se retrouve de nouveau en finale en 2017 face à la Juventus, finaliste malheureux deux ans plus tôt. Les Madrilènes s'imposent 4 buts à 1 grâce notamment à un doublé de Cristiano Ronaldo, devenant ainsi la première équipe à remporter la compétition deux années consécutives depuis le passage au format Ligue des champions. L'année suivante, le Real Madrid gagne une nouvelle fois la compétition en battant 3-1 le Liverpool FC de Jürgen Klopp et réalise ainsi le triplé (ce qui n'était plus arrivé depuis celui du Bayern Munich de 1974 à 1976). Zinédine Zidane devient par ailleurs le premier entraîneur à remporter trois fois de suite cette compétition[15].
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73
+ En 2019, quatorze ans après le dernier titre acquis face à l'AC Milan lors du « miracle d'Istanbul », Liverpool remporte la compétition face à Tottenham (qui jouait sa première finale dans la compétition) dans une finale 100 % anglaise (la deuxième de l'histoire après celle de 2008 ayant vu la victoire de Manchester United sur Chelsea). Les hommes de Jürgen Klopp gagnent ainsi le sixième titre du club du nord de l'Angleterre. Cette édition voit notamment l'élimination surprise du Real Madrid, triple vainqueur et tenant du titre, dès les huitièmes de finale par l'Ajax Amsterdam.
74
+
75
+ Le trophée était initialement remis pour une année au club vainqueur, qui devait le rendre deux mois avant la finale suivante. En 1966, le Real Madrid remporta une sixième fois la coupe et l'UEFA décida d'en faire don définitivement au club. Le nouveau trophée mis en jeu la saison suivante prit la forme qu'on lui connaît aujourd'hui, celle de « la coupe aux grandes oreilles »[16]. Dès lors, tout club qui remportait la compétition trois fois de suite ou cinq fois au total se voyait décerner définitivement l'édition actuelle du trophée original. Alors le club reprenait le cycle à zéro et un nouveau trophée était fabriqué.
76
+
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+ Ainsi cinq clubs ont conservé un trophée original, répartis comme suit :
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79
+ Cependant, depuis 2009, la règlementation prévoit (dans les mêmes conditions d'obtention) une distinction spéciale au lieu de la remise du trophée original. Celle-ci prend la forme d'un badge, porté par les joueurs pendant les matchs de Ligue des Champions, qui mentionne le nombre de victoires totales de la compétition par le club. Le trophée original, qui peut être par exemple vu lors de la finale de la compétition, est lui conservé par l'UEFA tandis qu'une réplique à l'identique de celui-ci est remise au club vainqueur[17].
80
+
81
+ Le logo de la Ligue des champions, connu sous le nom de Starball, apparait en même temps que l'hymne lors de l'édition 1992-1993. Il est composé de huit étoiles noires formant un ballon, représentants les huit clubs qui sont alors présents lors de la phase de groupes[18].
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+
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+ L'hymne de la Ligue des champions de l'UEFA est commandé par l'UEFA en 1992 au compositeur Tony Britten. C'est un arrangement de l'hymne Zadok the Priest composé par Georg Friedrich Haendel en 1727 pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne George II. Il est interprété par le Royal Philharmonic Orchestra et par les chœurs de l'Academy of St Martin in the Fields. Les paroles, qui évoquent le fait que la compétition regroupe « les meilleures équipes », sont déclamées dans les trois langues officielles de l'UEFA, à savoir l'anglais, le français et l'allemand[19].
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+
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+ Le refrain de l'hymne est joué avant chaque match de Ligue des champions, ainsi qu'au début et à la fin des retransmissions télévisées des matchs. L'hymne complet dure trois minutes, et comprend deux courts couplets et le refrain. L'hymne est un symbole fort de la Ligue des champions : une enquête au début des années 2000 a montré qu'il est plus identifié par les supporters à la compétition que le logo ou même le nom[20].
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+
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+ Depuis l'édition 2008-2009 (excepté en 2013), l'hymne de la finale est interprété en live par un ou plusieurs artistes.
88
+
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+ Les revenus générés par la Ligue des champions, comme les droits de diffusion télévisuelle ou les ventes de billets, sont gérés de façon centralisée par l'UEFA[21].
90
+
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+ Une grande partie de ces recettes sont redistribuées aux clubs qui ont participé à la compétition : une partie est utilisée pour couvrir les frais d’organisation de la compétition et le reste revient à l’UEFA.La redistribution des recettes aux clubs est répartie comme suit :
92
+
93
+ Le nombre de clubs qualifiés par fédération ainsi que leur point d'entrée dans la compétition sont déterminés par les coefficients UEFA. Les meilleures associations peuvent avoir au maximum quatre clubs en Ligue des champions alors que pour les associations les plus faibles, seul le champion peut prendre part à la compétition. Lors des tirages au sort des matchs des tours préliminaires et de la phase de groupes, l'UEFA prend garde à ce que deux clubs d'une même association ne se rencontrent pas. Le tenant du titre est lui automatiquement qualifié, il en va de même pour le vainqueur de la Ligue Europa (si l'association a moins de quatre places qualificatives en Ligue des champions, elle en reçoit une de plus)[17].
94
+
95
+ À l'exception de la finale, toutes les rencontres ont lieu le mardi et le mercredi (si le match aller a lieu le mardi, le match retour a lieu le mercredi et vice versa). Pour les rencontres aller-retour à élimination directe, l'équipe ayant cumulé le plus de buts pour elle l'emporte. En cas d'égalité, la règle des buts marqués à l'extérieur s'applique ; et si elle ne donne rien le match retour est augmenté d'une prolongation ; et, si aucun nouveau but n'y est inscrit, d'une séance de tirs au but.
96
+
97
+ À partir de 2018, la formule de la Ligue des champions de l'UEFA se présente ainsi [17]:
98
+
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+ Le vainqueur de la Ligue des champions de l'UEFA est officiellement champion d'Europe des clubs. Il rencontre le vainqueur de la Ligue Europa pour le lancement de la saison européenne suivante lors de la Supercoupe de l'UEFA. En décembre de l'année même, il participe également à la coupe du monde des clubs organisée par la FIFA dans un pays donné, et qui réunit les six vainqueurs continentaux (le club européen est directement admis en demi-finale).
100
+
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+ Avant 2005, le vainqueur de la compétition affrontait à Tokyo celui de la Copa Libertadores (Amérique du Sud) lors de la Coupe intercontinentale.
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+
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+ 22 clubs ont remporté le tournoi depuis sa création en 1955. Le Real Madrid est le plus titré de l'histoire de la Ligue des champions avec 13 titres en 16 finales jouées. Deux autres formations ont atteint au moins dix finales : l'AC Milan (11) et le Bayern Munich (10).
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+
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+ 18 clubs ont atteint la finale sans jamais parvenir à la gagner. L'Atlético Madrid est le finaliste le plus malheureux avec trois finales jouées et donc aucune victoire.
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+
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+ La Juventus et le Benfica Lisbonne sont les deux seuls clubs titrés à avoir perdu plus de finales qu'ils n'en ont remportées. Ils restent d'ailleurs tous deux sur une série de 5 défaites consécutives en finale.
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+ Des clubs de 10 pays différents ont remporté au moins une édition du tournoi.
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+ Les clubs espagnols ont connu le plus de succès, remportant un total de 18 éditions.
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+ L'Angleterre est deuxième avec 13 victoires et l'Italie troisième avec 12 victoires. Les autres vainqueurs sont l'Allemagne (7), les Pays-Bas (6), le Portugal (4) puis l'Écosse, la Roumanie, la Serbie et la France avec une victoire chacun. La Grèce, la Belgique et la Suède ont eux envoyé des clubs en finale sans réussir à soulever la coupe.
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+ La Ligue Europa de l'UEFA (UEFA Europa League), parfois abrégée en C3 et anciennement dénommée Coupe UEFA (de sa création en 1971 jusqu'en 2009)[1], est une compétition annuelle de football organisée par l'Union des associations européennes de football (UEFA).
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+ Depuis 2015, le vainqueur de la compétition est automatiquement qualifié pour la Ligue des champions de l'UEFA. Il participe également à la supercoupe de l'UEFA.
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+ Chelsea FC est le tenant du titre tandis que le Séville FC est le club le plus titré dans l’histoire de la compétition avec cinq victoires[2].
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+ Créée en 1971 par l'UEFA[3] comme successeur de la Coupe des villes de foires, elle voit se confronter les équipes les mieux classées des différents championnats européens sauf les champions (qui participent à la Coupe d'Europe des clubs champions) et les vainqueurs de coupe nationale (qui s'affrontent dans la Coupe des coupes). Le nombre de représentants par pays varie entre un et quatre, selon le niveau du championnat du club engagé.
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+ La compétition a d'abord pour format des confrontations aller-retour à élimination directe entre des équipes tirées au sort. Jusqu'en 1997, les finales étaient aussi sous un format aller-retour, dans les stades des deux finalistes. Depuis la saison 1997-1998, la finale se dispute en un match unique, sur terrain neutre, et le vainqueur a, depuis 2000 et la disparition de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe de football (« C2 »), le privilège d'affronter le vainqueur de la Ligue des champions dans le cadre de la Supercoupe de l'UEFA. À partir de la saison 2009-2010, la compétition absorbe la coupe Intertoto[4] et se transforme au profit de la Ligue Europa. Cette compétition offre des tours préliminaires étendus, une phase de groupes élargie à 48 équipes avec matchs aller et retour et une distribution des revenus plus répartie. Un ballon de match officiel ou encore un nouveau logo apparaissent.
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+ Le vainqueur de la première édition est le Tottenham Hotspur. En 1972, ils battent un autre club britannique, les Wolverhampton Wanderers, 3 buts à 2 en score cumulé (2-1, 1-1). L'année suivante, c'est le Liverpool FC qui remporte la coupe face aux Allemands du Borussia Mönchengladbach. En 1974, Tottenham Hotspur atteint de nouveau la finale mais s'incline contre le Feyenoord Rotterdam. Le Borussia Mönchengladbach prend lui sa revanche en 1975 et s'impose largement face au FC Twente (5-1 au match retour). La saison suivante, le Liverpool FC devient le premier club à remporter deux fois la coupe en se défaisant du FC Bruges.
16
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+ Après une finale « latine » remportée par la Juventus face à l'Athletic Bilbao (la première à se décider grâce à la règle des buts marqués à l'extérieur) puis une victoire du PSV Eindhoven face au SEC Bastia en 1978, les clubs britanniques et germaniques reprennent leur domination sur la coupe UEFA. Ainsi, le Borussia Mönchengladbach est de nouveau sacré en 1979 et échoue en finale l'année suivante face à un autre club allemand l'Eintracht Francfort. En 1981, le club anglais Ipswich Town inscrit son nom au palmarès. Puis l'IFK Göteborg devient en 1982 le premier club suédois à remporter une compétition européenne en battant les Allemands du Hambourg SV. En 1983, le RSC Anderlecht remporte la finale face au Benfica Lisbonne mais il ne parvient pas à réaliser le doublé l'année suivante, battu aux tirs au but par le Tottenham Hotspur.
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+
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+ À la recherche d'un titre européen depuis 1966, le Real Madrid gagne deux coupes UEFA à la suite (en 1985 et en 1986). C'est le premier club à réaliser cette performance. L'année suivante, l'IFK Göteborg remporte son deuxième trophée aux dépens des Écossais du Dundee United. En 1988, l'Espanyol Barcelone se hisse en finale mais il est battu aux tirs au but par le Bayer Leverkusen qui remporte le match retour 3-0 après avoir perdu à l'aller sur le même score.
20
+
21
+ Hormis la finale entre le Bayern Munich et les Girondins de Bordeaux (victoire des Allemands 5-1 en cumulé), au moins un club italien était présent dans chacune des finales de la coupe UEFA entre 1989 et 1999. Durant cette période, il y eut même quatre finales opposant entre eux deux clubs italiens (1990, 1991, 1995 et 1998).
22
+
23
+ En 2000, Galatasaray défait le Arsenal FC aux tirs au but pour devenir le premier club turc vainqueur d'une coupe d'Europe. L'année suivante, mené 3 buts à 1, le Deportivo Alavés arrache les prolongations (4-4) face au Liverpool FC mais y concède un but en or contre son camp, synonyme de victoire et de troisième sacre pour le Liverpool FC dans la compétition. En 2002, le Feyenoord Rotterdam s'impose dans son stade contre le Borussia Dortmund (3-2). Le FC Porto bat le Celtic Glasgow en 2003. L'édition 2003-2004 voit le Valence CF s'imposer face à l'Olympique de Marseille. En 2005, le CSKA Moscou devient le premier club russe à remporter une compétition européenne en battant le Sporting Portugal dans son propre stade (3-1). Le Séville FC réalise le doublé en 2006 et 2007, en battant respectivement le Middlesbrough FC et l'Espanyol Barcelone. Le Zénith Saint-Pétersbourg est vainqueur en 2008 face aux Glasgow Rangers. Le Chakhtar Donetsk est lui vainqueur de la dernière coupe UEFA en 2009 avant sa transformation en Ligue Europa.
24
+
25
+ En 2010, l'Atlético Madrid arrache la victoire en prolongation face au Fulham FC. L'année suivante, dans une finale 100% portugaise le FC Porto bat le Sporting Braga (1-0). L'Atlético Madrid remporte de nouveau le trophée en 2012 en disposant de l'Athletic Bilbao 3 buts à 0. Après avoir remporté sa première Ligue des champions de l'UEFA en 2012, le Chelsea FC obtient sa première Ligue Europa en 2013 face au Benfica Lisbonne (2-1). Le Benfica Lisbonne échoue de nouveau en finale l'année suivante en étant battus aux tirs au but par le Séville FC. Le club espagnol qui réalise un triplé historique en venant à bout du FK Dnipro (3-2) en 2015 puis du Liverpool FC (3-1) en 2016. Ainsi, en seulement onze ans, le Séville FC remporte cinq titres et devient le club le plus titré de la compétition.
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+ En 2017, Manchester United bat 2 buts à 0 l'Ajax Amsterdam. Il s'agit de la première finale sans équipe ibérique depuis la refonte de l'épreuve en 2009. Cependant, dès 2018 un club espagnol se hisse de nouveau en finale : l'Atlético Madrid, qui bat l'Olympique de Marseille 3 buts à 0 et remporte ainsi sa troisième Ligue Europa.
28
+
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+ Les vainqueurs gardent le trophée durant une saison avant de le rendre à l'UEFA. Toute équipe qui l'emporte trois fois de suite ou cinq fois peut ensuite conserver le trophée à titre définitif. L'UEFA autorise les clubs à faire une réplique du trophée à condition que la mention « réplique » apparaisse de manière bien visible et que la taille n'excède pas 80 % du trophée original.
30
+
31
+ Cependant en 2018, l'UEFA modifie ces règles. Désormais, le gagnant ne conserve pas le trophée mais reçoit une copie grandeur nature. De plus, comme c'était déjà le cas en Ligue des champions de l'UEFA, tout club qui remporte l'épreuve trois fois de suite ou cinq fois au total pourra arborer un écusson spécial sur la manche du maillot[5].
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+
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+ Le Séville FC est le seul club à pouvoir arborer cet écusson, en remportant à la fois son cinquième trophée et le troisième consécutif en 2016.
34
+
35
+ Logo de la Coupe UEFA entre 1995 et 2004.
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+ Logo de la Coupe UEFA entre 2004 et 2009.
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+ Logo de la Ligue Europa entre 2009 et 2015.
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+
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+ Logo de la Ligue Europa depuis 2015.
42
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43
+ Le premier hymne de la Ligue Europa, sans paroles, a été composé par le Français Yohann Zveig en 2009 et est interprété par l'orchestre de l'Opéra de Paris[6]. À l'instar de l'hymne de la Ligue des champions de l'UEFA, le thème musical retentit avant le coup d'envoi des matchs de la compétition.
44
+
45
+ Un nouvel hymne est lancé dès la saison 2015-2016, en même temps que le renouvellement du logo. Il est composé par l'Allemand Michael Kadelbach (de)[6].
46
+
47
+ Un troisième hymne est joué à partir de la saison 2018-2019, créé par MassiveMusic[7].
48
+
49
+ Les revenus générés par la Ligue Europa, comme les droits de diffusion télévisuelle ou les ventes de billets, sont gérés de façon centralisée par l'UEFA[8].
50
+
51
+ Une partie de ces recettes sont redistribuées aux clubs qui ont participé à la compétition, une autre est utilisée pour couvrir les frais d’organisation de la compétition et le reste revient à l’UEFA.La redistribution des recettes aux clubs est répartie comme suit :
52
+
53
+ La compétition est ouverte aux vainqueurs des coupes nationales et aux clubs terminant leur championnat directement derrière ceux qui participent à la Ligue des champions de l'UEFA. Enfin trois équipes peuvent prendre part à cette compétition sur la base d'un classement du fair play. Le nombre de clubs engagés par association et leur point d'entrée dans la compétition dépend du coefficient UEFA de l'association[10].
54
+
55
+ À l'exception de la finale, toutes les rencontres ont lieu le jeudi. Pour les rencontres aller-retour à élimination directe, l'équipe ayant cumulé le plus de buts pour elle l'emporte. En cas d'égalité, la règle des buts marqués à l'extérieur s'applique ; et si elle ne donne rien le match retour est augmenté d'une prolongation ; et, si aucun nouveau but n'y est inscrit, d'une séance de tirs au but.
56
+
57
+ Depuis 2018, le format de la Ligue Europa se présente ainsi[10] :
58
+
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+ À partir de la saison 2021-2022, le format de la Ligue Europa évoluera à la suite de la création de la Ligue Europa 2 et se présentera ainsi:
60
+
61
+ Le vainqueur de la Ligue Europa est directement qualifié pour la phase de groupes de la Ligue des champions de la saison suivante. Il rencontre également le vainqueur de la Ligue des champions pour le lancement de la saison européenne suivante lors de la Supercoupe de l'UEFA.
62
+
63
+ 28 clubs ont remporté le tournoi depuis sa création en 1955. Le Séville FC est le plus titré de l'histoire de la Ligue Europa avec 5 titres en autant de finales jouées.
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+
65
+ 32 clubs ont atteint la finale sans jamais parvenir à la gagner. Le Benfica Lisbonne et l'Olympique de Marseille sont les finalistes les plus malheureux avec trois finales jouées et donc aucune victoire.
66
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+ Des clubs de 11 pays différents ont remporté au moins une édition du tournoi. Cinq autres pays ont déjà été représentés en finale.
68
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+ Les clubs espagnols ont connu le plus de succès, remportant un total de 11 éditions. L'Italie et l'Angleterre complètent le podium avec 9 victoires chacune.
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+ L’Iliade (en grec ancien Ἰλιάς / Iliás, en grec moderne Ιλιάδα / Iliádha) est une épopée de la Grèce antique attribuée à l'aède légendaire Homère. Ce nom provient de la périphrase « le poème d'Ilion » (ἡ Ἰλιὰς ποίησις / hê Iliàs poíêsis), Ilion (Ἴλιον / Ílion) étant l'autre nom de la ville de Troie.
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+ L’Iliade est composé de 15 337 hexamètres dactyliques et, depuis l'époque hellénistique, divisée en vingt-quatre chants. Le texte a probablement été composé entre -850 et -750, soit quatre siècles après la période à laquelle les historiens font correspondre la guerre mythique qu’il relate. Il n'a été fixé par écrit que sous Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C. Dans l'Antiquité, l’Iliade faisait partie d'un cycle épique, le cycle troyen, mais seules l’Iliade et l’Odyssée en ont été conservées.
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+ L'épopée se déroule pendant la guerre de Troie dans laquelle s'affrontent les Achéens venus de toute la Grèce et les Troyens et leurs alliés, chaque camp étant soutenu par diverses divinités comme Athéna, Poséidon ou Apollon. L’Iliade détaille les événements survenus pendant quelques semaines de la dixième et dernière année de la guerre. Après un siège de dix ans, le sort des armes hésite encore. Achille est le meilleur guerrier de l'armée achéenne. Mais une querelle avec le roi Agamemnon, chef des Achéens, met Achille en colère et il décide de se retirer du combat, ce qui menace de retourner le sort de la guerre en faveur des Troyens, galvanisés par Hector, le meilleur guerrier de Troie. Le récit culmine avec le retour d'Achille au combat et son duel contre Hector, puis les outrages infligés par Achille au corps de son ennemi vaincu. L’Iliade se termine avec les funérailles d'Hector. Le dénouement laisse entendre une victoire prochaine des Achéens.
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+ L’Iliade forme, avec l’Odyssée, l'une des deux grandes épopées fondatrices de la littérature grecque antique. Dès l'Antiquité, elle fait l'objet de nombreux commentaires et interprétations et engendre une postérité abondante, dont la principale épopée mythologique romaine, l’Énéide de Virgile, au Ier siècle av. J.-C. Connue au Moyen Âge par des réécritures latines, l’Iliade est redécouverte dans son texte grec à la Renaissance. À partir de la fin du XVIIIe siècle, la compréhension du texte et de ses origines est renouvelée peu à peu par la question homérique qui remet en cause l'existence d'Homère. L'épopée continue d'inspirer les artistes et de susciter l'intérêt des hellénistes et des historiens jusqu'à nos jours.
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+
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+ Μῆνιν ἄειδε, θεὰ, Πηληιάδεω Ἀχιλῆος
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+ « Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille,
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+ « Déesse chante-nous la colère d'Achille, de ce fils de Pélée,
16
+
17
+ Le premier terme, μῆνις / mễnis, qui veut dire « colère », est toujours employé pour qualifier une colère divine, funeste. Achille est le seul mortel dont la colère soit appelée μῆνις dans tout le corpus homérique. C’est bien cette colère inhumaine qui est le thème-clef de l’épopée.
18
+
19
+ La guerre de Troie dure depuis bientôt dix ans. Elle oppose les Achéens venus de toute la Grèce, aux Troyens et à leurs alliés. Face à la cité fortifiée, les centaines de navires des assiégeants reposent sur la plage et leur servent de campement. L’Iliade relate, dans l'ordre chronologique, six journées et nuits de la guerre ; le chant XXIV se déroule douze jours après les événements du chant XXIII[4]. En aucune partie du texte n’est annoncée la prise de Troie grâce à la ruse du cheval de bois.[5]
20
+
21
+ Agamemnon, le chef des Achéens, retient prisonnière Chryséis, la fille de Chrysès, un prêtre troyen d'Apollon. En représailles, le dieu Apollon a envoyé une peste meurtrière sur toute l'armée achéenne. Le devin Calchas révélant la cause du mal, Achille adjure Agamemnon de rendre la prisonnière. Le roi finit par y consentir, mais décide d'avoir en dédommagement Briséis, une belle Troyenne, en la prenant à Achille dont elle était la captive. Furieux et se sentant spolié, ce dernier décide de cesser de combattre avec ses Myrmidons aux côtés des Achéens. Il invoque sa mère, la Néréide Thétis, qui obtient de Zeus la promesse d'une victoire troyenne.
22
+
23
+ Trompé dans son sommeil par un songe envoyé par Zeus, Agamemnon s'éveille certain de la victoire de ses troupes. Lors du conseil des chefs, il raconte précisément son rêve à quelques-uns de ses plus proches, puis, pour mettre à l'épreuve l'ensemble des troupes, feint de vouloir quitter le siège de Troie. Les guerriers préparent leur retour après neuf années de siège, mais Ulysse, roi d'Ithaque, parvient à les dissuader de partir. Les deux armées s'apprêtent à combattre et le narrateur détaille les forces en présence dans un passage traditionnellement appelé Catalogue des vaisseaux, qui est suivi du Catalogue des Troyens : les Achéens venus de toute la Grèce sur un grand nombre de vaisseaux feront face aux troupes des chefs troyens et de leurs alliés dardaniens, lyciens, phrygiens et thraces.
24
+
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+ Le troyen Pâris, fils du roi Priam, est saisi d'effroi à la vue de Ménélas, dont il a enlevé l'épouse, Hélène, événement qui est la cause du conflit. Suite aux durs reproches de son frère, le vaillant Hector, Pâris propose aux Achéens que Ménélas lui soit opposé en combat singulier, afin d'éviter une hécatombe à son peuple. Tandis que, du haut des remparts de Troie, Hélène énumère à Priam les chefs grecs, le pacte est conclu. Le duel s'engage et tourne rapidement à l'avantage de Ménélas, combattant expérimenté, au détriment du frêle et jeune Pâris. Mais celui-ci est sauvé d'une mort certaine par l'intervention divine d'Aphrodite, qui le soustrait au combat et le dépose dans Troie.
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+
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+ Sur l’Olympe, Zeus souhaite faire reconnaître la victoire de Ménélas, afin qu'une paix soit conclue, épargnant ainsi la ville. Mais Héra, qui souhaite ardemment la victoire des Achéens, demande à Athéna de pousser les Troyens à violer leurs serments de paix. Athéna convainc alors Pandare de décocher une flèche à Ménélas afin de briser la trêve, ce qui survient effectivement.
28
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+ Pendant la revue de ses troupes, Agamemnon exhorte au combat les plus grands de ses chefs : Idoménée, les deux Ajax (Ajax fils de Télamon et Ajax fils d'Oïlée), Nestor, Ulysse et Diomède –, et les combats reprennent.
30
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+ Dans la furie de la bataille, les Achéens galvanisés massacrent un grand nombre de Troyens. Diomède s'illustre en particulier, soutenu par Athéna, au cours d'une aristie, en tuant, entre autres, Pandare, et en blessant Énée et sa mère, la déesse Aphrodite, venue le secourir. Les dieux s'impliquent alors dans les combats : Apollon sauve Énée en le soustrayant au champ de bataille et exhorte son frère Arès à s'engager aux côtés des Troyens. Ces derniers se ressaisissent et Hector, enflammé par les paroles de Sarpédon, mène ses troupes au combat avec le soutien d'Arès. Inquiètes de ce retournement de situation, Héra et Athéna s'arment et apportent leur secours aux Achéens défaits par le dieu de la guerre, qui est à son tour blessé par Diomède, seul mortel à pouvoir apercevoir les dieux. Enfin, dieux et déesses remontent à l'Olympe porter leur discorde devant Zeus.
32
+
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+ Le combat continue de faire rage, les meilleurs guerriers des deux camps s'affrontant mortellement. Cependant, après avoir évoqué les liens d'hospitalité qui unissaient naguère leurs ancêtres, Diomède et Glaucos le Lycien cessent leur duel et échangent des présents. Hector se retire du combat et regagne la ville. Là, il demande à Hécube, sa mère, de prier Athéna pour la victoire des Troyens. Les femmes rejoignent le temple de la déesse. Près des portes Scées, Hector fait ses adieux à son épouse, Andromaque, et à son tout jeune fils Astyanax. Il retrouve ensuite son frère Pâris et le convainc de rejoindre la bataille avec lui.
34
+
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+ Guidé par les plans d'Apollon et d'Athéna, Hector provoque les chefs grecs en duel. C'est Ajax, fils de Télamon, qui est tiré au sort pour l'affronter. À la faveur de la nuit, le duel doit cesser sans qu'un vainqueur puisse être désigné, bien qu'Hector soit blessé. Les deux hommes, en signe d'estime et de respect, s'offrent de nombreux présents. Une trêve temporaire est décidée par les deux camps. Elle est mise à profit pour honorer les nombreux morts qui jonchent le champ de bataille. Les Achéens décident et mettent en œuvre la construction d'un fossé et d'un mur devant leurs navires tirés sur la plage.
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+
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+ Au petit jour, Zeus exige des dieux qu'ils restent neutres. Depuis les sommets du mont Ida surplombant le champ de bataille, il pèse sur sa balance d'or les destinées des deux armées. Celle-ci penche en faveur des Troyens et de fait, dès la reprise des combats, ils prennent l'avantage grâce à la fougue d'Hector, qui pousse ses troupes vers le rivage et les remparts des Achéens. Athéna et Héra ne peuvent rester sans agir face au repli des Grecs. Elles désobéissent à Zeus en secourant ces derniers, mais sont rapidement et vertement rappelées à l'ordre. Quand la nuit tombe, pour ne pas perdre leur avantage, cinquante mille Troyens campent dans la plaine.
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+ Dans le campement achéen, l'inquiétude est grande. Agamemnon évoque la possibilité d'abandonner le siège et de rentrer en Grèce, ce à quoi Ulysse et Nestor sont farouchement opposés. La solution serait de ramener Achille à la raison et de le convaincre de se joindre au combat. Agamemnon est prêt à s'excuser, à rendre Briséis et à couvrir Achille de présents, immédiatement et dans le futur par la promesse d'union avec l'une de ses filles et le don de plusieurs de ses cités en Argos. Il lui envoie Ulysse, Ajax et Phénix en ambassade afin de le convaincre. Achille reçoit dignement et écoute ses compagnons mais reste inflexible : il a l'intention de regagner sa patrie dès le lendemain — tout en évoquant la possibilité de demeurer sur place — et propose à Phénix de se joindre à lui. Ulysse et Ajax s'en retournent annoncer la mauvaise nouvelle à Agamemnon. Dans le Cratyle de Platon, Cratyle nous apprend que l’épisode de l’ambassade auprès d’Achille était appelé Les Prières (Λιταῖ)[6].
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+ Afin de connaître les intentions des Troyens, le chef des Achéens, sur les conseils du sage Nestor, décide d'envoyer Diomède et Ulysse espionner leurs ennemis. Dans le camp adverse, Hector envoie Dolon en reconnaissance près du campement des Grecs. Mais Dolon est capturé par les deux espions achéens puis exécuté par Diomède après avoir livré des renseignements stratégiques et malgré ses suppliques. Poussant leur avantage, Ulysse et Diomède massacrent les chefs thraces, alliés des Troyens, endormis près du feu et ramènent leurs chevaux auprès des navires. Cet exploit ravive l'espoir d'une victoire prochaine parmi les Achéens. Cet épisode est appelé la « Dolonie », d'après le nom de Dolon.
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+ Au matin, la bataille reprend, et sous la pression des exploits d'Agamemnon, les Troyens reculent jusqu'aux remparts de leur cité. Mais Zeus envoie sa messagère Iris assurer Hector de son soutien et lui indiquer de contre-attaquer dès qu'Agamemnon sera blessé, ce qui finit par survenir. Ulysse, Diomède, Machaon et Eurypyle sont touchés à leur tour et les Grecs se replient vers leurs tentes. Achille, inquiet de voir revenir tant de braves guerriers durement blessés, s'inquiète de la tournure que prennent les évènements et demande à Patrocle de s'en enquérir. Sur les conseils de son compagnon, il court s'informer auprès du vieux sage Nestor. Celui-ci l'incite à convaincre Achille de reprendre le combat. Mais Patrocle va porter secours à Eurypyle dans sa tente. Le moral des Achéens est de nouveau au plus bas.
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+
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+ Ayant poursuivi les fuyards dans la plaine, ce sont désormais les Troyens et leurs alliés qui assiègent leurs ennemis avec une grande force. Sous les violents assauts d'Asios, de Sarpédon et de Glaucos, les remparts vacillent, malgré la résistance héroïque des meilleurs combattants achéens. Enfin, Zeus accorde à Hector de franchir le large fossé à la tête de ses troupes et de fracasser les lourdes portes du campement. Les combattants troyens se ruent dans cette brèche. À l'intérieur des remparts, Hector fait rage, selon les desseins de Zeus.
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+ Refusant la défaite imminente des Achéens et la mise à sac de leur camp et de leurs navires, Poséidon lui-même s'engage dans la bataille. Ainsi stimulés, Idoménée et Mérion, en furie, massacrent de nombreux Troyens, parmi lesquels Asios et son aurige Alcathoos. Les Troyens Énée, Pâris, Hélénos et Déiphobe s'illustrent également par leur bravoure et leurs ravages.
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+ Malgré ces actes valeureux, les combattants troyens se replient temporairement sous une contre-attaque des Grecs. Mais, épaulés par Zeus, ils reprennent le dessus et recommencent à ravager le campement achéen.
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+ La situation est désespérée et Agamemnon propose à nouveau de sonner la retraite, mais Poséidon exhorte les Grecs, leur redonnant confiance. Héra détourne Zeus de la bataille grâce à un ruban avec lequel elle le séduit et le laisse endormi sur les cimes du Gargare après l'amour : cette scène fait partie de la Dios apatè (traduit par « tromperie de Zeus » ou encore « Zeus berné »). Zeus ainsi neutralisé, Poséidon peut désormais secourir efficacement les Achéens, qui mènent une contre-attaque rageuse et victorieuse, tuant de nombreux Troyens. Hector lui-même est blessé et doit être évacué par ses compagnons auprès du fleuve Scamandre. Aristophane et Aristarque de Samothrace condamnent l'épisode du « Sortilège du ruban »[7], le jugeant inconvenant : Zeus y énumère ses infidélités passées, pour faire comprendre à son épouse qu'il est plus amoureux d'elle à ce moment-là que de ses amantes quand il les a aimées.
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+
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+ À son réveil, Zeus, furieux d'avoir été trompé par sa femme Héra, intime à Poséidon l'ordre de se tenir à l'écart de la lutte. Préoccupé par le sort d'Hector, il envoie à son chevet Apollon, qui a tôt fait de le guérir et l'inspirer. Le valeureux Troyen peut alors à nouveau semer la mort et la panique dans les rangs des Grecs. Patrocle, effrayé, quitte son ami Eurypyle pour accourir vers Achille. Malgré une résistance héroïque d'Ajax auprès des navires, les Achéens épuisés cèdent et Hector arrive jusqu'aux premier rang de nefs pour commencer à y mettre le feu.
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+ Devant l'urgence de la situation, Achille autorise Patrocle à mener les Myrmidons au combat à condition qu'il se contente de repousser les assaillants sans chercher à prendre la cité de Troie. Ayant revêtu les armes divines qu'Achille lui a prêtées, Patrocle exhorte les Myrmidons. Il parvient à faire reculer les combattants troyens et tue Sarpédon que Zeus se résigne, attristé, à voir périr. Apollon est envoyé pour récupérer son corps sans vie et l'envoyer en Lycie, et pour donner à Hector de l'ardeur au combat. Grisé par ses succès, Patrocle désobéit à Achille et pousse sa contre-attaque jusqu'aux remparts de Troie tuant encore le conducteur du char d'Hector. Il est alors frappé dans le dos par Apollon, puis par Euphorbe, et achevé par le prince troyen.
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+ S'engage alors une âpre bataille autour du corps de Patrocle : Hector et Énée tentent de s'en emparer ainsi que des chevaux d'Achille. Mais les Achéens, Ménélas et Ajax en particulier, défendent héroïquement la dépouille de leur compagnon. Hector parvient cependant à en arracher les armes d'Achille, son casque et son armure, dont il se revêt. Inspiré par Zeus, il repousse les combattants achéens vers les nefs, qui, soutenus par Mérion et les deux Ajax, finissent par emporter le corps de Patrocle dans leur campement.
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+ C'est à Antiloque que revient la lourde tâche d'informer Achille de la mort de son compagnon. Accablé de douleur, couvert de cendres et prostré à terre, Achille jure de le venger au plus vite. Sa mère Thétis lui demande de patienter une nuit, afin de permettre à Héphaïstos de lui forger de nouvelles armes. Le dieu boiteux se met au travail. Achille quitte sa tente et bondit hors du camp pour crier sa douleur et sa rage, et ses hurlements épouvantent les Troyens. De leur côté, ceux-ci tiennent conseil, et le sage Polydamas prodigue à Hector des conseils de prudence que ce dernier ignore. Son labeur achevé, Héphaïstos remet à Thétis un bouclier étincelant et magnifiquement orné, une cuirasse, un casque et des cnémides splendides pour Achille.
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+ Devant l'armée achéenne, Achille se réconcilie avec Agamemnon. En échange de sa bonne volonté, il reçoit comme prévu un grand nombre de présents, dont la belle Briséis, qu'Agamemnon jure n'avoir jamais possédée. En préparation de la bataille à venir, les guerriers se restaurent, mais Achille, voulant se consacrer uniquement à la vengeance de son compagnon, refuse toute nourriture. Équipé de ses nouvelles armes, il souhaite partir au combat sur le champ, malgré les avertissements de son cheval Xanthos qui lui promet une mort prochaine.
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+ La discorde règne chez les dieux, que Zeus autorise à intervenir dans la bataille. Chacun choisit son camp et fourbit ses armes. Malgré l'épouvante des Troyens à la vue d'Achille, Énée s'élance vaillamment contre lui, inspiré par Apollon. Loin d'égaler Achille au combat, il est vaincu mais sauvé par Poséidon. Hector et Achille, parvenus à portée de voix, commencent à s'affronter, mais Apollon, inquiet pour la vie d'Hector, fait disparaître celui-ci du champ de bataille. Furieux, Achille fait un grand massacre parmi les Troyens affolés.
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+ Sous les coups d'Achille, de nombreux combattants de Troie se jettent et périssent dans le fleuve Scamandre, révolté d'être ainsi souillé du sang des guerriers. Aidé du fleuve Simoïs, le Scamandre combat farouchement Achille, manquant de le noyer. Héra envoie alors Héphaïstos, qui parvient à faire reculer le fleuve par un feu divin brûlant et évaporant ses eaux. Dans la bataille, Apollon dresse Agénor contre Achille, puis finit par prendre sa place, simule la fuite afin qu'Achille lui coure après, autorisant ainsi la retraite des Troyens qui s'engouffrent tous dans les portes de la cité.
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+ Hector, malgré les supplications de ses parents, Priam et Hécube, s'est résolu à combattre Achille et l'attend seul, devant les remparts de Troie. Mais à la vue de son ennemi, il est épouvanté et dans un premier temps prend la fuite. Tandis qu'Achille poursuit Hector sur trois tours des murs de la cité, Zeus pèse sur sa balance d'or les destinées des deux guerriers : Hector est condamné. Athéna, déguisée, ramène Hector à la raison et le convainc d'affronter son destin et Achille. Le combat ne dure guère mais avant de mourir — frappé par la pique d'Achille au cou, au seul endroit où la cuirasse, qui fut celle du Peléide prise sur la dépouille de Patrocle, ne le protège pas —, Hector révèle à Achille qu'il périra sous le trait de son jeune frère Pâris. Le vainqueur se saisit de la dépouille de son ennemi qu'il attache à son char par les tendons des chevilles et traîne jusqu'aux vaisseaux grecs sous les yeux éplorés des Troyennes, parmi lesquelles Andromaque, l'épouse d'Hector.
68
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+ Patrocle apparait en songe à son compagnon qui tente vainement de le saisir dans ses bras. Tous les Achéens se consacrent au deuil : de nombreux sacrifices sont consentis (bœufs, chevaux, servantes et douze jeunes Troyens sont immolés) et la dépouille du jeune homme est brûlée selon la tradition. Un tombeau est élevé, et les cendres et os de Patrocle sont recueillis en attendant d'être réunis avec ceux d'Achille. Ce dernier organise des jeux funèbres qu'il dote de nombreux prix. Ainsi les guerriers peuvent montrer leur valeur à la course de char, au pugilat, à la lutte, à la course à pied ou encore aux lancers.
70
+
71
+ Achille ne peut trouver le sommeil. Pendant onze jours, il traîne chaque matin le corps d'Hector avec son char autour du tombeau de Patrocle. Mais les dieux, prenant en pitié la famille du Troyen, réprouvent son comportement et, par un procédé divin, conservent à la dépouille son bel aspect. Zeus exige de Thétis qu'elle aille convaincre son fils de rendre la dépouille à Priam. Ce dernier, protégé par Hermès, traverse en secret les lignes ennemies pour être reçu dans la tente d'Achille. Là, au nom de Pélée, il supplie le héros grec de lui rendre son fils en échange de présents. Achille y consent et propose à Priam le gîte et le couvert. Conciliant, Achille accepte également de retenir les troupes achéennes pendant douze jours, le temps pour les Troyens d'organiser des funérailles décentes à Hector. De retour à Troie, le corps du prince est présenté à la foule en larmes et de longues funérailles sont organisées.
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+ Dans son récit, Homère cite un grand nombre de héros de chaque camp, mais les Dieux et autres divinités sont également présents et influents.
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+ Tandis que 150 Troyens sont tués, seulement 44 Achéens meurent au cours de l’Iliade.
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+ Henri-Irénée Marrou explique dans son Histoire de l’éducation dans l’Antiquité[Où ?] (1948) que
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+ « Beaucoup plus que l’Ulysse du Retour, c’est la noble et pure figure d’Achille qui incarne l’idéal moral du parfait chevalier homérique ; il se définit d’un mot : une morale héroïque de l’honneur. C’est dans Homère que chaque génération antique a trouvé ce qui est l'axe fondamental de cette éthique aristocratique : l'amour de la gloire. »
80
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81
+ Deux types de gloires, d’honneurs (τιμή / timḗ) sont montrées dans l’Iliade :
82
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+ L’Iliade voit le triomphe de la gloire vantée par Achille, κλέος ἄφθιτον / kléos áphthiton, la « gloire impérissable »[8], qui s’acquiert par une « belle mort », jeune, sur le champ de bataille.
84
+
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+ Plus tard, cet amour de la gloire personnelle sera transformé. Tyrtée, le poète spartiate, chante ainsi la gloire immortelle qu'il y a à défendre sa patrie : pour le guerrier mort ainsi, « jamais sa noble gloire ne périt, ni son nom, mais bien qu’il demeure sous terre, il est immortel »[9]. Dans l’Iliade, Achille n’est pas un guerrier patriote. Quand il reprend les armes, ce n'est pas pour les Grecs qu’il combat. Son départ pour Troie, ses combats, sa colère et sa décision de reprendre les armes sont profondément individuels, voire égoïstes. Et quand il décide d’affronter Hector, sachant qu’il mourra ensuite s’il le fait, ce n’est pas pour les Grecs mais pour venger Patrocle.[réf. nécessaire]
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+ L’Iliade représente une lente décomposition des valeurs et des codes héroïques et chevaleresques, le cosmos (κόσμος, univers ordonné) pour basculer dans la sauvagerie, le chaos. Selon Jean-Pierre Vernant[10], les héros grecs comme troyens cessent progressivement de considérer l’adversaire comme le partenaire d’un combat loyal pour le transformer en proie — témoin la mutilation sauvage par Achille du corps d’Hector. Cette sauvagerie n’est rédimée qu’à la fin de l'épopée, quand Priam vient réclamer le corps de son fils et qu’Achille, selon Jean-Pierre Vernant, comprend les limites du monde héroïque dans lequel il se meut.
88
+
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+ Avec l’Odyssée, l’Iliade est le texte majeur de la littérature grecque. Dans l’Antiquité, il était considéré comme la base indispensable de la bonne éducation, principalement celle des jeunes gens de bonne famille, ce qui faisait d’Homère, selon le mot de Socrate (qui déplorait son influence dans La République de Platon), l’« éducateur de la Grèce »[11],[12]. Les enfants devaient par exemple faire des dictées tirées de ses épopées, ou en apprendre par cœur des passages, ou encore répondre à des questions à leur sujet (les restes d'un questionnaire de ce genre ont été retrouvés sur un fragment de papyrus égyptien d'époque ptolémaïque)[13]. De nombreux poètes et artistes prennent l’Iliade pour modèle ou s'en inspirent. Dès l'époque archaïque, la Batrachomyomachia, Combat des grenouilles et des rats, que les Anciens attribuaient aussi à Homère, compose une parodie héroïcomique des combats épiques comme ceux de l’Iliade. Au Ve siècle, un dramaturge anonyme reprend dans la tragédie Rhésos l'histoire de Dolon, rapportée au chant X de l’Iliade.
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+ À l'époque romaine, le poète latin Virgile prend Homère pour modèle dans la composition de son épopée, l’Énéide, qui relate le mythe des origines troyennes de Rome et glorifie indirectement Auguste. L'histoire prend la suite d'Homère sur plusieurs plans : sur le plan narratif, puisque le principal héros, Énée, est un prince troyen qui apparaît dans l’Iliade ; et sur le plan thématique, puisque la première moitié de l’Énéide relate un voyage en mer dans le style de l’Odyssée, tandis que la seconde moitié décrit les batailles menées par Énée pour s'établir dans le Latium, dans le style de l’Iliade[14].
92
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93
+ L’Iliade, comme l’Odyssée, acquiert le statut de classique dès l'Antiquité gréco-romaine et exerce une influence durable sur la littérature et les arts en général. L’œuvre est traduite du grec en vers latins en deux temps, d'abord par Livius Andronicus qui traduit l'Odyssée durant le IIIe siècle av. J.-C. (Odussia) puis par Cnaeus Matius et Publius Baebius Italicus qui traduisent l'Iliade vers le début du Ier siècle av. J.-C. (Ilias Latina). L'Iliade et son auteur étaient étudiés dans les écoles. Aujourd'hui encore, elle inspire de nombreux artistes.
94
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95
+ Au Moyen Âge, la guerre de Troie est connue par le biais de l’Iliade, notamment grâce aux traductions latines de l'original grec. Mais l’Iliade ne raconte que quelques jours de la dixième année de la guerre. Le reste des événements avait été relaté à l'origine par les épopées du cycle troyen, mais celles-ci se sont perdues pendant l'Antiquité. En revanche, d'autres récits composés plus tard dans l'Antiquité sont encore connus au Moyen Âge (et sont parvenus jusqu'à nous), comme l’Histoire de la destruction de Troie attribuée à Darès le Phrygien et l’Éphéméride de la guerre de Troie attribuée à Dictys de Crète[15]. Vers 1165, Benoît de Sainte-Maure compose Le Roman de Troie qui relate l'ensemble des événements de la guerre de Troie (et ne se limite donc pas aux événements relatés par l’Iliade)[15]. En 1450-1452, Jacques Millet compose une pièce intitulée Histoire de la destruction de Troie la grande, composée de 30 000 vers, qui connaît un grand succès jusqu'au XVIe siècle[16].
96
+
97
+ L’Iliade continue à fournir de nombreux sujets aux poètes et aux dramaturges à la Renaissance. Certaines tragédies développent des sujets liés à la guerre de Troie mais qui décrivent les suites de la guerre, dans la lignée des tragiques antiques : c'est le cas par exemple de La Troade de Robert Garnier (1579). Mais d'autres s'inspirent directement de l’Iliade, comme Hector d'Antoine de Montchrestien (1604)[17].
98
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99
+ En 1716, Marivaux publie un Homère travesti ou l’Iliade en vers burlesques qui est une parodie burlesque des événements de l’Iliade, où les guerriers sont ridicules et les combats bouffons ; Marivaux, ignorant le grec, n'a pas lu Homère dans le texte, mais a travaillé à partir d'une traduction française en douze chants par Houdar de La Motte[18].
100
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101
+ En 1990, Derek Walcott publie Omeros, une réécriture de l’Iliade qui se déroule aux Caraïbes. En 2006, Alessandro Baricco en propose une réécriture intitulée Homère, Iliade : en supprimant les apparitions divines ainsi que les répétitions, en changeant de narrateur à chaque chapitre et en utilisant l'italien moderne, l'auteur veut débarrasser le récit de « tous les archaïsmes qui l'éloignent du cœur de son sujet »[19].
102
+
103
+ L’Iliade inspire aussi les auteurs des littératures de l'imaginaire. Dans Ilium (2003) et Olympos (2006), l'auteur américain Dan Simmons réalise une libre transposition de l'épopée homérique dans un univers de science-fiction qui se réfère aussi à d'autres classiques de la littérature.
104
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105
+ Dès les débuts du cinéma, l’Iliade fait l'objet de nombreuses adaptations en péplums. En 2004, Troie, réalisé par Wolfgang Petersen, relate l'ensemble de la guerre de Troie en accordant une place importante aux événements relatés par l'épopée homérique, mais en s'écartant parfois beaucoup du mythe antique.
106
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107
+ Comme en témoignent les nombreux papyrus dont on dispose et qui reproduisent des fragments de texte, il existe plusieurs versions du poème iliadique. Celle qui fait aujourd'hui référence s'appelle la « vulgate alexandrine » parce qu'elle est établie et commentée en Égypte aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., sans doute à partir d'un corpus grec datant du VIe siècle av. J.-C.[20].
108
+
109
+ Le plus vieux manuscrit complet que l'on en connaisse est de ce fait l'un des plus célèbres du monde. On l'appelle « Venetus A », ou « Codex Marcianus Graecus Z. 454 (=822) »[21]. « Codex » signifie que l'ouvrage est un manuscrit relié sous forme de livre, et « Marcianus Graecus », qu'il appartient au fonds grec de la bibliothèque Marciana de Venise. La lettre Z indique le nom (Zanetti) de la personne qui l'a enregistré sous le numéro 454 de l'inventaire. La cote supplémentaire, « 822 », a été rajoutée au début du XXe siècle pour indiquer l'emplacement du manuscrit dans la bibliothèque.
110
+
111
+ Il existe d'autres manuscrits, un peu plus récents, que l'on désigne soit par leur cote, soit par les classements établis par les chercheurs qui les ont étudiés : l'Escorialensis Ω.I.12, du monastère de l'Escurial en Espagne, est par exemple également appelé E4 par Allen[22] et F par Martin L. West[23].
112
+
113
+ Le Venetus A (abrégé « VA » ou « VenA ») est une copie byzantine du Xe siècle. Il parvient en Italie, entre les mains du cardinal humaniste grec Bessarion, au milieu du XVe siècle, alors que la menace ottomane se précise sur Constantinople. Bessarion le lègue avec toute sa bibliothèque à la République de Venise. Sur le catalogue du legs qui est transféré à la Sérénissime en 1472, il est désigné par ces quelques mots : Homeri Ilias, in pergameno, pulchra (l’Iliade d'Homère, sur parchemin, magnifique). Le codex est plus ou moins oublié pendant des siècles avant d'être à nouveau repéré et publié à la fin du XVIIIe siècle par Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison. Enfin, le manuscrit gagne Paris dans les malles de Bonaparte mais est finalement restitué en 1816.
114
+
115
+ Le Venetus A compte 654 pages écrites par le même scribe sur des parchemins en peau de chèvre. Comme la plupart des manuscrits byzantins de la vulgate alexandrine, il accompagne le texte de nombreux commentaires linguistiques, critiques ou didactiques qu'on appelle scholies. Les scholies expliquent par exemple l'emploi de termes déjà devenus rares ou obsolètes à l'époque hellénistique. Elles nous renseignent aussi sur l'histoire du texte et de ses différentes versions. Le nombre et la qualité des scholies de VA témoignent d'une érudition et d'une documentation impressionnantes et confèrent à l'ouvrage un caractère exceptionnel[24].
116
+
117
+ Le scribe introduit chaque chant par un court résumé en forme d'hexamètre dactylique et indique pour chacun les sources des scholies qu'il a sélectionnées. Il prend également soin de changer de calame et d'adopter une graphie différente pour le texte principal et chaque type de scholies. De forme végétale, la lettrine initiale des chants est enluminée de rouge carmin, d'or et de bleu cobalt. Le texte est écrit en encre brun-foncé à brun-rouille. Quelques indications sont données en rouge. Quelques illustrations sont rajoutées au XIIe siècle.
118
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119
+ Le codex a subi plusieurs opérations de reliure et de restauration : la première connue est faite par Bessarion lui-même qui remplace 19 pages manquantes en imitant remarquablement de sa main la graphie originelle. Enfin, il fait l'objet d'une reproduction photographique en 1901.
120
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121
+ La comparaison entre le texte de d'Ansse de Villoison, ces photographies et l'état actuel du document est assez préoccupante : l'encre s'efface et certains passages ont déjà disparu. À cet égard, la numérisation en haute résolution des papyrus et des manuscrits, les prises de vues sous ultra-violet rendant à nouveau lisibles les textes effacés par le temps, et leur publication sous licence Creative Commons ouvrent des perspectives diacritiques inédites et constituent l'un des enjeux majeurs des études homériques contemporaines. À titre d'exemple, VA, VB et U4 [Codex Marcianus Graecus Z. 453 (= 821) et Marcianus Graecus Z. 458 (= 841)] sont intégralement disponibles sur le site du Center for Hellenic Studies de l'université Harvard. L'université du Kentucky a procédé à la numérisation de l'Escorialensis Υ.I.1 et de l'Escorialensis Ω.I.12. Les images sont disponibles sur le site des études classiques de l'université de Houston[25]. Mais l'âge et la fragilité des manuscrits rendent ces campagnes d'acquisition de données particulièrement délicates. Elles nécessitent la mise en place de partenariats scientifiques et techniques internationaux[26].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Domaine
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+ Règne
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+ Synonymes
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+ Classification phylogénétique
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9
+ Les archées, ou Archaea (du grec ancien ἀρχαῖος, « originel, primitif »), anciennement appelés archéobactéries, sont des microorganismes unicellulaires procaryotes, c'est-à-dire des êtres vivants constitués d'une cellule unique qui ne comprend ni noyau ni organites, à l'instar des bactéries. D'apparence souvent semblable à ces dernières, les archées ont longtemps été considérées comme des bactéries extrêmophiles particulières, jusqu'à ce que les recherches phylogénétiques sur les procaryotes, commencées en 1965[2], aboutissent, avec les travaux de Carl Woese et George E. Fox[3], à la publication en 1977 d'un arbre phylogénétique fondé sur les séquences des gènes d'ARN ribosomique des organismes étudiés, arbre dans lequel les procaryotes étaient scindés en deux domaines distincts, celui des bactéries et celui des archées[4],[5]. On sait aujourd'hui que l'arbre des eucaryotes prend naissance parmi des archées d'Asgård. Ainsi les archées forment un clade avec les Eukaryota mais constituent un groupe paraphylétique situé à la base de ces derniers[6].
10
+
11
+ Du point de vue de leur génétique, leur biochimie et leur biologie moléculaire, les archées sont des organismes aussi différents des bactéries que des eucaryotes. Les enzymes réalisant la réplication de l'ADN, la transcription de l'ADN en ARN ainsi que la traduction de l'ARN messager en protéines chez les archées sont apparentées à celles des eucaryotes et non à celles des bactéries, de même que la présence d'histones dans le matériel génétique des archées rapproche ces dernières des eucaryotes et les distingue des bactéries. Par ailleurs, les gènes des archées possèdent des introns et leur ARN messager subit des modifications post-transcriptionnelles, ce qui est le cas également chez les eucaryotes mais pas chez les bactéries. D'autre part, certaines archées possèdent des voies métaboliques qui n'existent ni chez les bactéries ni chez les eucaryotes, comme la méthanogenèse chez les archées méthanogènes, tandis que les archées dans leur ensemble sont dépourvues d'acide gras synthase, contrairement à la fois aux bactéries et aux eucaryotes : elles font un usage très limité des acides gras, et leur membrane plasmique est constituée essentiellement d'étherlipides, à la différence des bactéries et des eucaryotes. Un autre trait propre aux archées est la présence chez certaines d'entre elles d'une paroi cellulaire constituée de pseudopeptidoglycane, ou pseudomuréine.
12
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13
+ Les archées ont longtemps été vues comme des organismes essentiellement extrêmophiles présents notamment dans les sources hydrothermales océaniques, les sources chaudes volcaniques ou encore les lacs salés, mais on en a découvert depuis dans toute une variété de biotopes qui ne sont pas nécessairement extrêmes, tels que le sol, l'eau de mer, des marécages, la flore intestinale et orale[7] et même le nombril humain[8]. Les archées seraient particulièrement nombreuses dans les océans, et celles faisant partie du plancton constitueraient l'un des groupes d'organismes les plus abondants de la Terre. Les archées interviennent par ailleurs de façon non négligeable dans le cycle du carbone et le cycle de l'azote. On ne connaît pas vraiment d'exemple d'archée pathogène ou parasite, mais elles sont souvent mutualistes ou commensales. Les archées méthanogènes de l'intestin humain et des ruminants participent ainsi favorablement à la digestion.
14
+
15
+ La taille et la forme des archées sont généralement semblables à celles des bactéries, bien que certaines espèces d’archées présentent une forme inhabituelle, comme Haloquadratum walsbyi dont la cellule est plate et carrée. En dépit de ces similitudes visuelles avec les bactéries, les archées s’en distinguent par certains caractères biochimiques, comme la constitution de la membrane cellulaire. De plus, elles présentent des gènes et des voies métaboliques semblables à ceux rencontrés chez les eucaryotes, notamment les enzymes impliquées dans le mécanisme de réplication de l'ADN, la transcription et la traduction. Les archées utilisent une plus grande variété de sources d’énergie que les eucaryotes : composé organique comme les sucres, l’ammoniac, les ions métalliques et même l’hydrogène gazeux comme nutriments. Les Halobacteria utilisent la lumière solaire comme source d’énergie, et certaines espèces d’archées peuvent fixer le carbone, cependant, à l’inverse des plantes et des cyanobactéries, il n’y a pas d’espèces d’archées connues capables de réaliser ces deux phénomènes. Les archées se reproduisent de manière asexuée et se divisent par fission binaire, fragmentation ou bourgeonnement. Par opposition aux bactéries et aux eucaryotes, aucune espèce d’archées identifiée à ce jour n’est capable de former des spores.
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+
17
+ Les archées sont extrêmement diversifiées. Certaines sont connues pour leur capacité à vivre dans des conditions extrêmes et occupent des niches écologiques qu'elles sont souvent seules à occuper (pH proche de 0, température supérieure à 100 °C, salinité élevée par exemple), mais il existe beaucoup d’archées vivant dans des biotopes plus courants et très variés comme le sol, les lacs, la mer ou l’intestin des animaux. Elles contribueraient jusqu'à 20 % du total de la biomasse[9]. Ces procaryotes sont maintenant ainsi reconnus comme une part majeure du vivant sur Terre, ils peuvent jouer un rôle dans le cycle du carbone et le cycle de l'azote. Il n’y a pas d’exemple clairement reconnu d’archées pathogènes ou parasites, mais il existe des espèces mutualistes ou commensales. Par exemple, les archées méthanogènes du tractus intestinal de l’homme et des ruminants participent à la digestion des aliments. Les archées ont également une importance en technologie, avec par exemple l’utilisation des méthanogènes pour produire des biogaz ou leur participation au traitement des eaux usées. Par ailleurs, les enzymes des archées extrêmophiles, résistantes aux températures élevées et aux solvants organiques, sont exploitées en biotechnologie[10].
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+
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+ Au début du XXe siècle, les procaryotes étaient considérés comme un seul groupe d'organismes et classés en fonction de leur biochimie, de leur morphologie et du métabolisme. Par exemple, les microbiologistes essayaient de classer les micro-organismes sur la base des structures de leurs parois cellulaires, leurs formes, et les substances qu'ils consomment. Cependant, une nouvelle approche a été proposée en 1965 qui permet d’étudier les liens de parentés entre les procaryotes en utilisant les séquences des gènes de ces organismes. Cette approche, connue sous le nom de la phylogénétique, est la méthode utilisée aujourd'hui.
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+
21
+ Les archées ont d'abord été classées comme un groupe distinct des procaryotes en 1977 par Carl Woese (professeur à l'université de l'Illinois à Urbana aux États-Unis) et George E. Fox dans les arbres phylogénétiques fondés sur les séquences de l’ARN ribosomique 16S (ARNr) des gènes[3]. Ces deux groupes ont été initialement nommés les eubactéries et archaeobactéries et traités comme sous-règne ou règne. Woese fait valoir que ce groupe de procaryotes est fondamentalement différent des bactéries. Pour souligner cette différence, et pour insister sur le fait qu’ils composent, avec les eucaryotes, trois domaines bien distincts du vivant, ces deux domaines ont plus tard été renommés Archaea et Bacteria[11]. Le mot archées vient du grec ancien ἀρχαῖα, qui signifie « choses anciennes ». Pour leur part, d'autres comme Thomas Cavalier-Smith considéraient que les archées, alors appelées Archaebacteria, ne sont qu'un embranchement (phylum) des Unibacteria dans le règne des bactéries[12].
22
+
23
+ Dans un premier temps, seules les bactéries méthanogènes, isolées initialement par Carl Woese, ont été placées dans ce nouveau domaine et les archées ont été considérées comme des extrêmophiles qui n'existent que dans les habitats tels que les sources chaudes et les lacs salés : Woese découvre en 1979 les hyperhalophiles (genre Halobacterium) puis les thermoacidophiles (Thermoplasma acidophilum, Sulfolobus acidocaldarius), Karl Stetter isole en 1981 une archée anaérobie hyperthermophile, Pyrococcus furiosus. À la fin du XXe siècle, les microbiologistes se sont rendu compte que les archées sont en fait un grand groupe diversifié d'organismes qui sont très répandus dans la nature et qui sont communs dans une diversité d’habitats, tels que les sols et les océans[13]. Cette nouvelle appréciation de l’importance et de l'ubiquité des archées a été rendu possible grâce à la réaction en chaîne par polymérase pour détecter les procaryotes dans des échantillons d'eau ou de sol à partir de leurs acides nucléiques. Cela permet la détection et l'identification d'organismes qui ne peuvent pas être cultivés en laboratoire, ou dont la culture est difficile[14],[15].
24
+
25
+ Ces organismes ont longtemps été regroupés sous le terme générique de « procaryotes » avec les bactéries. Pour les différencier, les microbiologistes avaient élaboré un système de comparaison et de classification fondé sur de petites différences visibles au microscope, ainsi que sur des différences physiologiques (capacité à se développer sur un certain milieu par exemple).
26
+
27
+ Dès qu'il a été question d'élucider les relations généalogiques entre les différents procaryotes, les biologistes ont dû se rendre à l'évidence : les différences nutritionnelles et phénotypiques ne permettraient pas de classer correctement les différents organismes. Au cours des années 1970, les biologistes ont pris conscience de l'existence irremplaçable d'information, au cœur même des cellules des êtres vivants, permettant de déterminer la phylogénie, l'ADN. Le gène identifié dans une cellule est le variant d'un gène qui a existé il y a de très nombreuses années. La comparaison gène à gène entre deux organismes permet donc de mesurer le temps écoulé depuis la divergence à partir de l'ancêtre commun.
28
+
29
+ Carl Woese s'est rendu compte que l'ARN ribosomique (ou ARNr, une des molécules contenues dans la cellule) des organismes qu'il étudiait permettait de mettre en évidence l'existence de deux groupes clairement séparés : les bactéries et les archéobactéries. Plus précisément, les ARNr des archées sont en fait aussi différents des ARNr des bactéries que de ceux des eucaryotes. Woese en a conclu qu'il ne fallait plus uniquement séparer en deux grands groupes le monde du vivant, en fonction de la présence ou de l'absence d'un noyau, mais plutôt en trois domaines primitifs : les bactéries, les archées et les eucaryotes.
30
+
31
+ De nombreuses études confirment le caractère monophylétique de l'ensemble constitué des archées et des eucaryotes (mais pas des archées seules). Ces microorganismes ressemblent par leur forme aux bactéries, mais d'un point de vue moléculaire, si certains de leurs traits les rapprochent des bactéries, d'autres les rapprochent plutôt des eucaryotes. Il n'est donc pas possible de présenter les archées comme des ancêtres des bactéries.
32
+
33
+ Le classement des archées, et des procaryotes en général, est à la fois en évolution rapide et un domaine litigieux. Sur la base de critères uniquement métaboliques, les archées ont été divisées en quatre grands groupes selon qu'elles sont méthanogènes, halophiles, thermophiles ou sulfo-dépendantes.
34
+
35
+ Les systèmes de classifications actuels visent à organiser les archées en groupes d'organismes qui partagent des caractéristiques structurelles et des ancêtres communs[16]. Ces classifications s'appuient fortement sur l'usage de la séquence des gènes de l'ARN ribosomique pour révéler les relations entre les organismes (phylogénétique moléculaire)[17]. La plupart des archées cultivables sont membres de deux principaux embranchements : Euryarchaeota et Crenarchaeota. D'autres groupes ont été provisoirement créés. Par exemple, les espèces propres Nanoarchaeum equitans, qui ont été découvertes en 2003, ont été classées dans un nouveau phylum : Nanoarchaeota[18]. Un nouveau phylum, Korarchaeota, a également été proposé ; il contient un petit groupe d'espèces thermophiles inhabituelles qui partagent les caractéristiques des deux principaux embranchements, mais qui sont plus étroitement liées aux Crenarchaeota[19],[20]. Récemment mises en évidence, d'autres espèces d'archées, tels que les archaeal Richmond Mine acidophilic nanoorganisms (ARMAN), qui ont été découvertes en 2006, sont liées seulement de loin aux autres groupes antérieurement connus[21].
36
+ Le superphylum TACK a été proposé en 2011, pour regrouper les Thaumarchaeota, Aigarchaeota, Crenarchaeota et Korarchaeota
37
+ [22].
38
+
39
+ L'archée Loki, identifiée en 2015 par son génome qualifié de Candidatus en nomenclature bactérienne, appartiendrait, du point de vue phylogénétique, à l'embranchement le plus proche des eucaryotes[23],[24].
40
+ De nouvelles lignées d'archées, apparentées à Loki, ont été identifiées dans les sédiments aquatiques par analyse métagénomique. Les archées Odin, Thor et Heimdall, formeraient, avec Loki, le super-embranchement Candidatus "Asgard", proposé en 2017 d'après le nom du royaume des dieux de la mythologie nordique[25]. Une autre étude du NCBI[26] indique que les archées d'Asgård et les Eukaryotes formeraient un clade monophylétique nommé Eukaryomorpha.
41
+
42
+ Selon LPSN[27] :
43
+
44
+ et proposés[28]
45
+
46
+ D'après Tom A. Williams et al., 2017[29] et Castelle & Banfield, 2018[30] (DPANN) :
47
+
48
+ Altiarchaeales
49
+
50
+ Diapherotrites
51
+
52
+ Micrarchaeota
53
+
54
+ Aenigmarchaeota
55
+
56
+ Nanohaloarchaeota
57
+
58
+ Nanoarchaeota
59
+
60
+ Pavarchaeota
61
+
62
+ Mamarchaeota
63
+
64
+ Woesarchaeota
65
+
66
+ Pacearchaeota
67
+
68
+ Thermococci
69
+
70
+ Pyrococci
71
+
72
+ Methanococci
73
+
74
+ Methanobacteria
75
+
76
+ Methanopyri
77
+
78
+ Archaeoglobi
79
+
80
+ Methanocellales
81
+
82
+ Methanosarcinales
83
+
84
+ Methanomicrobiales
85
+
86
+ Halobacteria
87
+
88
+ Thermoplasmatales
89
+
90
+ Methanomassiliicoccales
91
+
92
+ Aciduliprofundum boonei
93
+
94
+ Thermoplasma volcanium
95
+
96
+ Korarchaeota
97
+
98
+ Crenarchaeota
99
+
100
+ Aigarchaeota
101
+
102
+ Geoarchaeota
103
+
104
+ Thaumarchaeota
105
+
106
+ Bathyarchaeota
107
+
108
+ Odinarchaeota
109
+
110
+ Thorarchaeota
111
+
112
+ Lokiarchaeota
113
+
114
+ Helarchaeota[31]
115
+
116
+ Heimdallarchaeota
117
+
118
+ Eukaryota
119
+
120
+ Bien que les fossiles connus de cellules procaryotes aient été datés de près de 3,5 milliards d'années, la plupart des procaryotes n'ont pas de morphologies distinctives et les formes des fossiles ne peuvent pas être utilisées pour les identifier comme étant des archées[33]. Par contre, les fossiles chimiques, sous la forme des lipides caractéristiques des archées, donnent plus d'informations, car ces composés n’existent pas dans d'autres groupes d'organismes[34]. Certaines publications ont suggéré que des lipides fossiles provenant de procaryotes ou d’eucaryotes étaient présents dans les schistes datant de 2,7 milliards d'années[35]. Depuis, ces données ont toutefois été sujettes à question[36]. Ces lipides ont également été détectés dans des roches datant du Précambrien. Les plus anciennes traces connues de ces lipides isopréniques proviennent des roches de la formation d'Isua à l'ouest du Groenland, qui comprennent des sédiments formés il y a 3,8 milliards d'années et qui sont les plus anciens sur Terre[37].
121
+
122
+ Une fossilisation expérimentale est partie du principe que les premiers fossiles (> 3 Ga) se sont formés par silicification, c'est-à-dire via la précipitation de silice sur des structures cellulaires)[38]. On a fossilisé en laboratoire des souches différentes d'Archées (Methanocaldococcus jannaschii (en) et Pyrococcus abyssi) et de Bactéries (Chloroflexus aurantiacus (en) et Geobacillus (en) sp.) jugées proches des micro-organismes (thermophiles, anaérobies et autotrophes) qui ont colonisé la Terre primitive (et proches d'organismes qui auraient éventuellement pu avoir vécu sur la Planète Mars)[38]. Leur observation en microscopie électronique (MEB, MET, Cryo-MEB) a donné des indications morphologique utiles pour le repérage de vrais fossiles anciens (à ne pas confondre avec des structures prébiotiques de type sphères submicrométriques, tubules et éléments filamenteux ou d'apparence fibreuses possiblement issus d'une simple chimie organique[39]) ; de même pour des analyses chimiques (GC, GC-MS, HPLC) ont apporté des données sur la dégradation/préservation de la matière organique durant ce processus de fossilisation par silicification[38]. Ce travail a confirmé que certains micro-organismes qui ne se silicifient pas : ainsi l'archée M. jannaschii s'est rapidement lysée alors que P. abyssi, Geobacillus sp. et C. aurantiacus se silicifiaient mais avec une intensité propre à chaque espèce. Certains de ces micro-organismes lors de la silicification tentent d'y survivre en produisant des EPS[Quoi ?] ou via un mécanisme de répulsion de la silice[38]. Les fossiles déjà découverts ne sont donc pas nécessairement représentatifs des espèces réellement présentes à l'époque (ni de leur nombre ou dominance)[38].
123
+
124
+ Woese propose que les bactéries, les archées et les eucaryotes représentent chacune une lignée séparée qui aurait divergé à partir d’une colonie d'organismes ancestrale[40],[41]. D’autres biologistes, comme Gupta ou Cavalier-Smith, cependant, ont fait valoir que les archées et les eucaryotes proviennent d'un groupe de bactéries[42],[43]. Il est possible que le dernier ancêtre commun des bactéries et des archées soit un organisme thermophile, ce qui soulève la possibilité que la vie soit apparue dans des conditions de températures élevées[44]. Cette hypothèse n’est toutefois pas approuvée par l’ensemble de la communauté scientifique[45],[46]. Par ailleurs, étant donné que les archées et les bactéries ne sont pas plus liées entre elles qu'elles ne le sont aux cellules eucaryotes, cela conduit à l'argument selon lequel le terme procaryote n'a pas de véritable signification évolutive et devrait être entièrement rejeté[47].
125
+
126
+ La relation entre les archées et les eucaryotes reste un problème important. En plus des similitudes dans la structure cellulaire et les mécanismes biochimiques qui sont discutées ci-après, de nombreux arbres phylogénétiques groupent les archées et les eucaryotes ensemble. Certaines des premières analyses ont même suggéré que la relation entre les eucaryotes et les archées de l’embranchement Euryarchaeota est plus proche que la relation entre les embranchements Euryarchaeota et Crenarchaeota[48]. Toutefois, il est maintenant considéré comme plus probable que l'ancêtre des eucaryotes a divergé tôt à partir de l’ancêtre commun avec les archées[49],[50]. La découverte de gènes provenant d’archées dans le génome de certaines bactéries, telles que Thermotoga maritima, rend les relations entre organismes encore plus difficiles à déterminer, étant donné que le transfert horizontal de gènes a eu lieu[51]. Les gènes archéens dans les génomes eucaryotes pourraient également provenir de transfert horizontal.
127
+
128
+ Une théorie totalement différente, non basée sur les axiomes courants d'ancêtre commun d'une lignée et de différenciation arborescente, est la théorie endosymbiotique[48]. Selon celle-ci, les eucaryotes se sont développés à partir d’une fusion entre des bactéries et des archées, fusion elle-même découlant de l'évolution d'une relation symbiotique. Cette théorie est aujourd'hui largement acceptée en raison de la variété de faits connus qui la soutiennent. Au sein des archées, le groupe le plus proche des eucaryotes est le superphylum des archées d'Asgård (Asgardarchaeota)[52]. Leur génome code une série de protéines identiques ou similaires à des protéines qu'on pensait spécifiques des eucaryotes, et notamment l'actine qui forme le cytosquelette[53]. Les mitochondries proviendraient quant à elles de l'endosymbiose d'une rhodobactérie (en) (une alpha-protéobactérie)[54].
129
+
130
+ Les archées ont généralement un seul chromosome circulaire. Le plus grand génome archéen séquencé à ce jour est celui de Methanosarcina acetivorans[55] avec 5 751 492 paires de bases alors que le génome de Nanoarchaeum equitans, le plus petit séquencé à ce jour[Quand ?] fait un dixième de cette taille avec seulement 490 885 paires de base. Il est estimé que le génome de Nanoarchaeum equitans comporte 537 gènes codant des protéines[56]. Les éléments extrachromosomiques, appelés plasmides sont également présents chez les archées. Ces plasmides peuvent être transférés entre les cellules par contact physique, dans un processus qui pourrait être similaire à la conjugaison bactérienne[57],[58].
131
+
132
+ La reproduction des archées a lieu de manière asexuée par division binaire, par fission multiple ou par fragmentation. La méiose ne se produit pas, tous les descendants ont le même matériel génétique. Après la réplication de l’ADN les chromosomes sont séparés et la cellule se divise[59]. Les détails du cycle cellulaire des archées ont fait l'objet de quelques études dans le genre Sulfolobus. Ce cycle a des caractères qui sont similaires à la fois des systèmes eucaryotes et bactériens. Selon les espèces d’archées, les chromosomes sont répliqués à partir de un ou plusieurs points de départ (origines de réplication) à l'aide d'ADN polymérases qui ressemblent aux enzymes équivalentes des eucaryotes[60]. Toutefois, les protéines de la division cellulaire, tels que la protéine FtsZ (Filamenting temperature-sensitive mutant Z), qui forme un anneau contractant autour de la cellule, et les composants de la cloison naissante dans le cœur de la cellule, sont similaires à leurs équivalents bactériens[59].
133
+
134
+ S’il existe des spores chez les bactéries et les eucaryotes, elles n’ont jamais été mises en évidence dans toutes les archées connues. Certaines espèces de Haloarchaea peuvent subir des modifications phénotypiques et croître avec différents types de cellules, incluant des parois épaisses. Ces structures qui sont résistantes aux chocs osmotiques (en) permettent aux archées de survivre dans l'eau à de faibles concentrations en sel, mais ce ne sont pas des structures de reproduction et elles ne peuvent aider à la dispersion dans de nouveaux habitats[61].
135
+
136
+ Les archées sont très diverses, aussi bien d'un point de vue morphologique que physiologique. Ce sont des êtres unicellulaires avec une taille variant entre 0,1 et 15 µm, mais certains se développent pour former des filaments ou des agrégats (filaments jusqu'à 200 µm). Elles peuvent être sphériques (coques), spirales, en forme de bâtonnet (bacilles), rectangulaires…
137
+
138
+ Elles font preuve d'une grande diversité de modes de reproduction, par fission binaire, bourgeonnement ou fragmentation.
139
+
140
+ D'un point de vue nutritionnel, elles se répartissent en de très nombreux groupes, depuis les chimiolithoautotrophes (tirant leur énergie de gradients chimiques d'origine non biologique) aux organotrophes.
141
+
142
+ D'un point de vue physiologique, elles peuvent être aérobies, anaérobies facultatives ou strictement anaérobies.
143
+
144
+ Les archées existent dans une large diversité d'habitats et sont une composante importante des écosystèmes de la planète[13]. Elles peuvent contribuer jusqu'à 20 % de la biomasse totale sur la Terre[9]. De nombreuses archées sont extrêmophiles, et les milieux extrêmes étaient initialement considérés comme leur niche écologique[62]. En effet, certaines archées vivent à des températures élevées, souvent supérieures à 100 °C, que l'on rencontre dans les geysers, les fumeurs noirs et des puits de pétrole. D'autres se trouvent dans des habitats très froids et d'autres en milieu très salé, acide ou dans l'eau alcaline. Toutefois, d'autres espèces d’archées sont mésophiles et poussent dans des conditions beaucoup plus douces, dans les marais, les eaux usées, les océans et les sols[13].
145
+
146
+ Les archées extrêmophiles sont membres des quatre principaux groupes physiologiques. Ce sont les halophiles, thermophiles, alcalophiles et acidophiles[63]. Ces groupes n’ont pas de lien avec leur embranchement dans la classification phylogénétique. Néanmoins, ils sont un point de départ utile pour la classification.
147
+
148
+ Les halophiles, par exemple le genre Halobacterium, vivent dans des environnements salins, tels que les lacs salés (Grand Lac Salé de l’Utah), le littoral marin, les marais salants, la mer Morte, avec des concentrations en sel jusqu'à 25 %. Les membres de l'ordre des Halobacteriales (Haloferax, Halobacterium, Halococcus, Halorubrum, Natrinema, Natronococcus…) sont des exemples d’archées halophiles. Elles ont souvent une pigmentation rouge à jaune à cause des caroténoïdes et sont responsables de la coloration de certains lacs (Lac Magadi au Kenya par exemple). Les thermophiles se développent mieux à des températures supérieures à 45 °C, dans des lieux tels que les sources d'eau chaude ; les archées hyperthermophiles sont définies comme celles qui se développent au mieux à une température supérieure à 80 °C[64]. Pyrococcus, Methanopyrus, Thermococcus, Sulfolobus, Pyrodictium sont des exemples d’archées hyperthermophiles. Pyrobaculum provient de réservoirs profonds de pétrole chaud. Pyrolobus fumarii est capable de se multiplier jusqu'à 113 °C. Une étude récente a montré que la souche 116 de Methanopyrus kandleri pousse à 122 °C, ce qui est la température la plus élevée enregistrée à laquelle un organisme est encore capable de se développer[65]. D’autres archées peuvent croître dans des conditions très acides ou alcalines[63]. Par exemple, l'une des archées acidophiles les plus extrêmes est Picrophilus torridus, qui croît à un pH de 0, ce qui équivaut à 1,2 mole d'acide sulfurique[66].
149
+
150
+ Des études plus récentes ont montré que les archées existent non seulement dans les environnements mésophile et thermophile, mais également à basse température, parfois en grand nombre. Ainsi, les archées sont communes dans les environnements océaniques froids tels que les mers polaires[67]. Les archées sont en fait présentes en grand nombre dans tous les océans du monde dans la communauté planctonique (dans le cadre du picoplancton)[68]. Bien que ces archées puissent représenter jusqu'à 40 % de la biomasse microbienne, presque aucune de ces espèces n’a été isolée et étudiée en culture pure[69]. Par conséquent, notre compréhension du rôle des archées dans l'écologie des océans est rudimentaire, de sorte que leur influence sur les cycles biogéochimiques mondiaux reste largement inexplorée[70]. Certaines Crenarchaeota marines sont capables de nitrification, suggérant que ces organismes jouent un rôle important dans le cycle de l'azote océanique[71], bien qu’elles puissent également utiliser d'autres sources énergétiques[72]. Un grand nombre d’archées sont également présentes dans les sédiments qui recouvrent le fond de la mer et constitueraient la majorité des cellules vivantes à des profondeurs de plus d'un mètre dans ces sédiments[73],[74]. Les archées méthanogènes (productrices de méthane) des marais sont responsables des gaz des marais (Poitevin par exemple). Beaucoup d’archées méthanogènes sont présentes dans le tube digestif des ruminants (Methanomicrobium, Methanosarcina), des termites ou des humains. Des études portant sur la faune nombrilienne (les micro-organismes vivant dans le nombril humain) ont démontré la présence d'archées à cet endroit[8].
151
+
152
+ Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de démonstration claire qu'il existe des archées pathogènes[75],[76], bien que des relations aient été proposées entre la présence d'archées méthanogènes et de maladies parodontales[77].
153
+
154
+ Bien qu’un grand nombre d’archées ne soient aujourd’hui pas cultivables en laboratoire, de nombreuses espèces peuvent être cultivées en utilisant des milieux de culture adaptés et en reproduisant au mieux les conditions environnementales de leurs habitats naturels. Les effets des archées présentes dans le nombril humain n'ont pas encore été étudiés[8].
155
+
156
+ Les archées sont semblables aux bactéries par beaucoup d’aspects de leur structure cellulaire et de leur métabolisme. Cependant, les mécanismes et les protéines impliqués dans les processus de réplication, de transcription et de traduction présentent des traits similaires à ceux rencontrés chez les eucaryotes. Les particularités des archées par rapport aux deux autres domaines du vivant (bactéries et eucaryotes) sont les suivantes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+
2
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3
+ L’Iliade (en grec ancien Ἰλιάς / Iliás, en grec moderne Ιλιάδα / Iliádha) est une épopée de la Grèce antique attribuée à l'aède légendaire Homère. Ce nom provient de la périphrase « le poème d'Ilion » (ἡ Ἰλιὰς ποίησις / hê Iliàs poíêsis), Ilion (Ἴλιον / Ílion) étant l'autre nom de la ville de Troie.
4
+
5
+ L’Iliade est composé de 15 337 hexamètres dactyliques et, depuis l'époque hellénistique, divisée en vingt-quatre chants. Le texte a probablement été composé entre -850 et -750, soit quatre siècles après la période à laquelle les historiens font correspondre la guerre mythique qu’il relate. Il n'a été fixé par écrit que sous Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C. Dans l'Antiquité, l’Iliade faisait partie d'un cycle épique, le cycle troyen, mais seules l’Iliade et l’Odyssée en ont été conservées.
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+ L'épopée se déroule pendant la guerre de Troie dans laquelle s'affrontent les Achéens venus de toute la Grèce et les Troyens et leurs alliés, chaque camp étant soutenu par diverses divinités comme Athéna, Poséidon ou Apollon. L’Iliade détaille les événements survenus pendant quelques semaines de la dixième et dernière année de la guerre. Après un siège de dix ans, le sort des armes hésite encore. Achille est le meilleur guerrier de l'armée achéenne. Mais une querelle avec le roi Agamemnon, chef des Achéens, met Achille en colère et il décide de se retirer du combat, ce qui menace de retourner le sort de la guerre en faveur des Troyens, galvanisés par Hector, le meilleur guerrier de Troie. Le récit culmine avec le retour d'Achille au combat et son duel contre Hector, puis les outrages infligés par Achille au corps de son ennemi vaincu. L’Iliade se termine avec les funérailles d'Hector. Le dénouement laisse entendre une victoire prochaine des Achéens.
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+ L’Iliade forme, avec l’Odyssée, l'une des deux grandes épopées fondatrices de la littérature grecque antique. Dès l'Antiquité, elle fait l'objet de nombreux commentaires et interprétations et engendre une postérité abondante, dont la principale épopée mythologique romaine, l’Énéide de Virgile, au Ier siècle av. J.-C. Connue au Moyen Âge par des réécritures latines, l’Iliade est redécouverte dans son texte grec à la Renaissance. À partir de la fin du XVIIIe siècle, la compréhension du texte et de ses origines est renouvelée peu à peu par la question homérique qui remet en cause l'existence d'Homère. L'épopée continue d'inspirer les artistes et de susciter l'intérêt des hellénistes et des historiens jusqu'à nos jours.
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+ Μῆνιν ἄειδε, θεὰ, Πηληιάδεω Ἀχιλῆος
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+ « Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille,
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+ « Déesse chante-nous la colère d'Achille, de ce fils de Pélée,
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+ Le premier terme, μῆνις / mễnis, qui veut dire « colère », est toujours employé pour qualifier une colère divine, funeste. Achille est le seul mortel dont la colère soit appelée μῆνις dans tout le corpus homérique. C’est bien cette colère inhumaine qui est le thème-clef de l’épopée.
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+ La guerre de Troie dure depuis bientôt dix ans. Elle oppose les Achéens venus de toute la Grèce, aux Troyens et à leurs alliés. Face à la cité fortifiée, les centaines de navires des assiégeants reposent sur la plage et leur servent de campement. L’Iliade relate, dans l'ordre chronologique, six journées et nuits de la guerre ; le chant XXIV se déroule douze jours après les événements du chant XXIII[4]. En aucune partie du texte n’est annoncée la prise de Troie grâce à la ruse du cheval de bois.[5]
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+ Agamemnon, le chef des Achéens, retient prisonnière Chryséis, la fille de Chrysès, un prêtre troyen d'Apollon. En représailles, le dieu Apollon a envoyé une peste meurtrière sur toute l'armée achéenne. Le devin Calchas révélant la cause du mal, Achille adjure Agamemnon de rendre la prisonnière. Le roi finit par y consentir, mais décide d'avoir en dédommagement Briséis, une belle Troyenne, en la prenant à Achille dont elle était la captive. Furieux et se sentant spolié, ce dernier décide de cesser de combattre avec ses Myrmidons aux côtés des Achéens. Il invoque sa mère, la Néréide Thétis, qui obtient de Zeus la promesse d'une victoire troyenne.
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+ Trompé dans son sommeil par un songe envoyé par Zeus, Agamemnon s'éveille certain de la victoire de ses troupes. Lors du conseil des chefs, il raconte précisément son rêve à quelques-uns de ses plus proches, puis, pour mettre à l'épreuve l'ensemble des troupes, feint de vouloir quitter le siège de Troie. Les guerriers préparent leur retour après neuf années de siège, mais Ulysse, roi d'Ithaque, parvient à les dissuader de partir. Les deux armées s'apprêtent à combattre et le narrateur détaille les forces en présence dans un passage traditionnellement appelé Catalogue des vaisseaux, qui est suivi du Catalogue des Troyens : les Achéens venus de toute la Grèce sur un grand nombre de vaisseaux feront face aux troupes des chefs troyens et de leurs alliés dardaniens, lyciens, phrygiens et thraces.
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+ Le troyen Pâris, fils du roi Priam, est saisi d'effroi à la vue de Ménélas, dont il a enlevé l'épouse, Hélène, événement qui est la cause du conflit. Suite aux durs reproches de son frère, le vaillant Hector, Pâris propose aux Achéens que Ménélas lui soit opposé en combat singulier, afin d'éviter une hécatombe à son peuple. Tandis que, du haut des remparts de Troie, Hélène énumère à Priam les chefs grecs, le pacte est conclu. Le duel s'engage et tourne rapidement à l'avantage de Ménélas, combattant expérimenté, au détriment du frêle et jeune Pâris. Mais celui-ci est sauvé d'une mort certaine par l'intervention divine d'Aphrodite, qui le soustrait au combat et le dépose dans Troie.
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+ Sur l’Olympe, Zeus souhaite faire reconnaître la victoire de Ménélas, afin qu'une paix soit conclue, épargnant ainsi la ville. Mais Héra, qui souhaite ardemment la victoire des Achéens, demande à Athéna de pousser les Troyens à violer leurs serments de paix. Athéna convainc alors Pandare de décocher une flèche à Ménélas afin de briser la trêve, ce qui survient effectivement.
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+ Pendant la revue de ses troupes, Agamemnon exhorte au combat les plus grands de ses chefs : Idoménée, les deux Ajax (Ajax fils de Télamon et Ajax fils d'Oïlée), Nestor, Ulysse et Diomède –, et les combats reprennent.
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+ Dans la furie de la bataille, les Achéens galvanisés massacrent un grand nombre de Troyens. Diomède s'illustre en particulier, soutenu par Athéna, au cours d'une aristie, en tuant, entre autres, Pandare, et en blessant Énée et sa mère, la déesse Aphrodite, venue le secourir. Les dieux s'impliquent alors dans les combats : Apollon sauve Énée en le soustrayant au champ de bataille et exhorte son frère Arès à s'engager aux côtés des Troyens. Ces derniers se ressaisissent et Hector, enflammé par les paroles de Sarpédon, mène ses troupes au combat avec le soutien d'Arès. Inquiètes de ce retournement de situation, Héra et Athéna s'arment et apportent leur secours aux Achéens défaits par le dieu de la guerre, qui est à son tour blessé par Diomède, seul mortel à pouvoir apercevoir les dieux. Enfin, dieux et déesses remontent à l'Olympe porter leur discorde devant Zeus.
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+ Le combat continue de faire rage, les meilleurs guerriers des deux camps s'affrontant mortellement. Cependant, après avoir évoqué les liens d'hospitalité qui unissaient naguère leurs ancêtres, Diomède et Glaucos le Lycien cessent leur duel et échangent des présents. Hector se retire du combat et regagne la ville. Là, il demande à Hécube, sa mère, de prier Athéna pour la victoire des Troyens. Les femmes rejoignent le temple de la déesse. Près des portes Scées, Hector fait ses adieux à son épouse, Andromaque, et à son tout jeune fils Astyanax. Il retrouve ensuite son frère Pâris et le convainc de rejoindre la bataille avec lui.
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+ Guidé par les plans d'Apollon et d'Athéna, Hector provoque les chefs grecs en duel. C'est Ajax, fils de Télamon, qui est tiré au sort pour l'affronter. À la faveur de la nuit, le duel doit cesser sans qu'un vainqueur puisse être désigné, bien qu'Hector soit blessé. Les deux hommes, en signe d'estime et de respect, s'offrent de nombreux présents. Une trêve temporaire est décidée par les deux camps. Elle est mise à profit pour honorer les nombreux morts qui jonchent le champ de bataille. Les Achéens décident et mettent en œuvre la construction d'un fossé et d'un mur devant leurs navires tirés sur la plage.
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+ Au petit jour, Zeus exige des dieux qu'ils restent neutres. Depuis les sommets du mont Ida surplombant le champ de bataille, il pèse sur sa balance d'or les destinées des deux armées. Celle-ci penche en faveur des Troyens et de fait, dès la reprise des combats, ils prennent l'avantage grâce à la fougue d'Hector, qui pousse ses troupes vers le rivage et les remparts des Achéens. Athéna et Héra ne peuvent rester sans agir face au repli des Grecs. Elles désobéissent à Zeus en secourant ces derniers, mais sont rapidement et vertement rappelées à l'ordre. Quand la nuit tombe, pour ne pas perdre leur avantage, cinquante mille Troyens campent dans la plaine.
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+ Dans le campement achéen, l'inquiétude est grande. Agamemnon évoque la possibilité d'abandonner le siège et de rentrer en Grèce, ce à quoi Ulysse et Nestor sont farouchement opposés. La solution serait de ramener Achille à la raison et de le convaincre de se joindre au combat. Agamemnon est prêt à s'excuser, à rendre Briséis et à couvrir Achille de présents, immédiatement et dans le futur par la promesse d'union avec l'une de ses filles et le don de plusieurs de ses cités en Argos. Il lui envoie Ulysse, Ajax et Phénix en ambassade afin de le convaincre. Achille reçoit dignement et écoute ses compagnons mais reste inflexible : il a l'intention de regagner sa patrie dès le lendemain — tout en évoquant la possibilité de demeurer sur place — et propose à Phénix de se joindre à lui. Ulysse et Ajax s'en retournent annoncer la mauvaise nouvelle à Agamemnon. Dans le Cratyle de Platon, Cratyle nous apprend que l’épisode de l’ambassade auprès d’Achille était appelé Les Prières (Λιταῖ)[6].
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+ Afin de connaître les intentions des Troyens, le chef des Achéens, sur les conseils du sage Nestor, décide d'envoyer Diomède et Ulysse espionner leurs ennemis. Dans le camp adverse, Hector envoie Dolon en reconnaissance près du campement des Grecs. Mais Dolon est capturé par les deux espions achéens puis exécuté par Diomède après avoir livré des renseignements stratégiques et malgré ses suppliques. Poussant leur avantage, Ulysse et Diomède massacrent les chefs thraces, alliés des Troyens, endormis près du feu et ramènent leurs chevaux auprès des navires. Cet exploit ravive l'espoir d'une victoire prochaine parmi les Achéens. Cet épisode est appelé la « Dolonie », d'après le nom de Dolon.
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+ Au matin, la bataille reprend, et sous la pression des exploits d'Agamemnon, les Troyens reculent jusqu'aux remparts de leur cité. Mais Zeus envoie sa messagère Iris assurer Hector de son soutien et lui indiquer de contre-attaquer dès qu'Agamemnon sera blessé, ce qui finit par survenir. Ulysse, Diomède, Machaon et Eurypyle sont touchés à leur tour et les Grecs se replient vers leurs tentes. Achille, inquiet de voir revenir tant de braves guerriers durement blessés, s'inquiète de la tournure que prennent les évènements et demande à Patrocle de s'en enquérir. Sur les conseils de son compagnon, il court s'informer auprès du vieux sage Nestor. Celui-ci l'incite à convaincre Achille de reprendre le combat. Mais Patrocle va porter secours à Eurypyle dans sa tente. Le moral des Achéens est de nouveau au plus bas.
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+ Ayant poursuivi les fuyards dans la plaine, ce sont désormais les Troyens et leurs alliés qui assiègent leurs ennemis avec une grande force. Sous les violents assauts d'Asios, de Sarpédon et de Glaucos, les remparts vacillent, malgré la résistance héroïque des meilleurs combattants achéens. Enfin, Zeus accorde à Hector de franchir le large fossé à la tête de ses troupes et de fracasser les lourdes portes du campement. Les combattants troyens se ruent dans cette brèche. À l'intérieur des remparts, Hector fait rage, selon les desseins de Zeus.
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+ Refusant la défaite imminente des Achéens et la mise à sac de leur camp et de leurs navires, Poséidon lui-même s'engage dans la bataille. Ainsi stimulés, Idoménée et Mérion, en furie, massacrent de nombreux Troyens, parmi lesquels Asios et son aurige Alcathoos. Les Troyens Énée, Pâris, Hélénos et Déiphobe s'illustrent également par leur bravoure et leurs ravages.
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+ Malgré ces actes valeureux, les combattants troyens se replient temporairement sous une contre-attaque des Grecs. Mais, épaulés par Zeus, ils reprennent le dessus et recommencent à ravager le campement achéen.
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+ La situation est désespérée et Agamemnon propose à nouveau de sonner la retraite, mais Poséidon exhorte les Grecs, leur redonnant confiance. Héra détourne Zeus de la bataille grâce à un ruban avec lequel elle le séduit et le laisse endormi sur les cimes du Gargare après l'amour : cette scène fait partie de la Dios apatè (traduit par « tromperie de Zeus » ou encore « Zeus berné »). Zeus ainsi neutralisé, Poséidon peut désormais secourir efficacement les Achéens, qui mènent une contre-attaque rageuse et victorieuse, tuant de nombreux Troyens. Hector lui-même est blessé et doit être évacué par ses compagnons auprès du fleuve Scamandre. Aristophane et Aristarque de Samothrace condamnent l'épisode du « Sortilège du ruban »[7], le jugeant inconvenant : Zeus y énumère ses infidélités passées, pour faire comprendre à son épouse qu'il est plus amoureux d'elle à ce moment-là que de ses amantes quand il les a aimées.
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+ À son réveil, Zeus, furieux d'avoir été trompé par sa femme Héra, intime à Poséidon l'ordre de se tenir à l'écart de la lutte. Préoccupé par le sort d'Hector, il envoie à son chevet Apollon, qui a tôt fait de le guérir et l'inspirer. Le valeureux Troyen peut alors à nouveau semer la mort et la panique dans les rangs des Grecs. Patrocle, effrayé, quitte son ami Eurypyle pour accourir vers Achille. Malgré une résistance héroïque d'Ajax auprès des navires, les Achéens épuisés cèdent et Hector arrive jusqu'aux premier rang de nefs pour commencer à y mettre le feu.
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+ Devant l'urgence de la situation, Achille autorise Patrocle à mener les Myrmidons au combat à condition qu'il se contente de repousser les assaillants sans chercher à prendre la cité de Troie. Ayant revêtu les armes divines qu'Achille lui a prêtées, Patrocle exhorte les Myrmidons. Il parvient à faire reculer les combattants troyens et tue Sarpédon que Zeus se résigne, attristé, à voir périr. Apollon est envoyé pour récupérer son corps sans vie et l'envoyer en Lycie, et pour donner à Hector de l'ardeur au combat. Grisé par ses succès, Patrocle désobéit à Achille et pousse sa contre-attaque jusqu'aux remparts de Troie tuant encore le conducteur du char d'Hector. Il est alors frappé dans le dos par Apollon, puis par Euphorbe, et achevé par le prince troyen.
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+ S'engage alors une âpre bataille autour du corps de Patrocle : Hector et Énée tentent de s'en emparer ainsi que des chevaux d'Achille. Mais les Achéens, Ménélas et Ajax en particulier, défendent héroïquement la dépouille de leur compagnon. Hector parvient cependant à en arracher les armes d'Achille, son casque et son armure, dont il se revêt. Inspiré par Zeus, il repousse les combattants achéens vers les nefs, qui, soutenus par Mérion et les deux Ajax, finissent par emporter le corps de Patrocle dans leur campement.
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+ C'est à Antiloque que revient la lourde tâche d'informer Achille de la mort de son compagnon. Accablé de douleur, couvert de cendres et prostré à terre, Achille jure de le venger au plus vite. Sa mère Thétis lui demande de patienter une nuit, afin de permettre à Héphaïstos de lui forger de nouvelles armes. Le dieu boiteux se met au travail. Achille quitte sa tente et bondit hors du camp pour crier sa douleur et sa rage, et ses hurlements épouvantent les Troyens. De leur côté, ceux-ci tiennent conseil, et le sage Polydamas prodigue à Hector des conseils de prudence que ce dernier ignore. Son labeur achevé, Héphaïstos remet à Thétis un bouclier étincelant et magnifiquement orné, une cuirasse, un casque et des cnémides splendides pour Achille.
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+ Devant l'armée achéenne, Achille se réconcilie avec Agamemnon. En échange de sa bonne volonté, il reçoit comme prévu un grand nombre de présents, dont la belle Briséis, qu'Agamemnon jure n'avoir jamais possédée. En préparation de la bataille à venir, les guerriers se restaurent, mais Achille, voulant se consacrer uniquement à la vengeance de son compagnon, refuse toute nourriture. Équipé de ses nouvelles armes, il souhaite partir au combat sur le champ, malgré les avertissements de son cheval Xanthos qui lui promet une mort prochaine.
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+ La discorde règne chez les dieux, que Zeus autorise à intervenir dans la bataille. Chacun choisit son camp et fourbit ses armes. Malgré l'épouvante des Troyens à la vue d'Achille, Énée s'élance vaillamment contre lui, inspiré par Apollon. Loin d'égaler Achille au combat, il est vaincu mais sauvé par Poséidon. Hector et Achille, parvenus à portée de voix, commencent à s'affronter, mais Apollon, inquiet pour la vie d'Hector, fait disparaître celui-ci du champ de bataille. Furieux, Achille fait un grand massacre parmi les Troyens affolés.
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+ Sous les coups d'Achille, de nombreux combattants de Troie se jettent et périssent dans le fleuve Scamandre, révolté d'être ainsi souillé du sang des guerriers. Aidé du fleuve Simoïs, le Scamandre combat farouchement Achille, manquant de le noyer. Héra envoie alors Héphaïstos, qui parvient à faire reculer le fleuve par un feu divin brûlant et évaporant ses eaux. Dans la bataille, Apollon dresse Agénor contre Achille, puis finit par prendre sa place, simule la fuite afin qu'Achille lui coure après, autorisant ainsi la retraite des Troyens qui s'engouffrent tous dans les portes de la cité.
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+ Hector, malgré les supplications de ses parents, Priam et Hécube, s'est résolu à combattre Achille et l'attend seul, devant les remparts de Troie. Mais à la vue de son ennemi, il est épouvanté et dans un premier temps prend la fuite. Tandis qu'Achille poursuit Hector sur trois tours des murs de la cité, Zeus pèse sur sa balance d'or les destinées des deux guerriers : Hector est condamné. Athéna, déguisée, ramène Hector à la raison et le convainc d'affronter son destin et Achille. Le combat ne dure guère mais avant de mourir — frappé par la pique d'Achille au cou, au seul endroit où la cuirasse, qui fut celle du Peléide prise sur la dépouille de Patrocle, ne le protège pas —, Hector révèle à Achille qu'il périra sous le trait de son jeune frère Pâris. Le vainqueur se saisit de la dépouille de son ennemi qu'il attache à son char par les tendons des chevilles et traîne jusqu'aux vaisseaux grecs sous les yeux éplorés des Troyennes, parmi lesquelles Andromaque, l'épouse d'Hector.
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+ Patrocle apparait en songe à son compagnon qui tente vainement de le saisir dans ses bras. Tous les Achéens se consacrent au deuil : de nombreux sacrifices sont consentis (bœufs, chevaux, servantes et douze jeunes Troyens sont immolés) et la dépouille du jeune homme est brûlée selon la tradition. Un tombeau est élevé, et les cendres et os de Patrocle sont recueillis en attendant d'être réunis avec ceux d'Achille. Ce dernier organise des jeux funèbres qu'il dote de nombreux prix. Ainsi les guerriers peuvent montrer leur valeur à la course de char, au pugilat, à la lutte, à la course à pied ou encore aux lancers.
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+ Achille ne peut trouver le sommeil. Pendant onze jours, il traîne chaque matin le corps d'Hector avec son char autour du tombeau de Patrocle. Mais les dieux, prenant en pitié la famille du Troyen, réprouvent son comportement et, par un procédé divin, conservent à la dépouille son bel aspect. Zeus exige de Thétis qu'elle aille convaincre son fils de rendre la dépouille à Priam. Ce dernier, protégé par Hermès, traverse en secret les lignes ennemies pour être reçu dans la tente d'Achille. Là, au nom de Pélée, il supplie le héros grec de lui rendre son fils en échange de présents. Achille y consent et propose à Priam le gîte et le couvert. Conciliant, Achille accepte également de retenir les troupes achéennes pendant douze jours, le temps pour les Troyens d'organiser des funérailles décentes à Hector. De retour à Troie, le corps du prince est présenté à la foule en larmes et de longues funérailles sont organisées.
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+ Dans son récit, Homère cite un grand nombre de héros de chaque camp, mais les Dieux et autres divinités sont également présents et influents.
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+ Tandis que 150 Troyens sont tués, seulement 44 Achéens meurent au cours de l’Iliade.
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+ Henri-Irénée Marrou explique dans son Histoire de l’éducation dans l’Antiquité[Où ?] (1948) que
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+ « Beaucoup plus que l’Ulysse du Retour, c’est la noble et pure figure d’Achille qui incarne l’idéal moral du parfait chevalier homérique ; il se définit d’un mot : une morale héroïque de l’honneur. C’est dans Homère que chaque génération antique a trouvé ce qui est l'axe fondamental de cette éthique aristocratique : l'amour de la gloire. »
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+ Deux types de gloires, d’honneurs (τιμή / timḗ) sont montrées dans l’Iliade :
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+ L’Iliade voit le triomphe de la gloire vantée par Achille, κλέος ἄφθιτον / kléos áphthiton, la « gloire impérissable »[8], qui s’acquiert par une « belle mort », jeune, sur le champ de bataille.
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+ Plus tard, cet amour de la gloire personnelle sera transformé. Tyrtée, le poète spartiate, chante ainsi la gloire immortelle qu'il y a à défendre sa patrie : pour le guerrier mort ainsi, « jamais sa noble gloire ne périt, ni son nom, mais bien qu’il demeure sous terre, il est immortel »[9]. Dans l’Iliade, Achille n’est pas un guerrier patriote. Quand il reprend les armes, ce n'est pas pour les Grecs qu’il combat. Son départ pour Troie, ses combats, sa colère et sa décision de reprendre les armes sont profondément individuels, voire égoïstes. Et quand il décide d’affronter Hector, sachant qu’il mourra ensuite s’il le fait, ce n’est pas pour les Grecs mais pour venger Patrocle.[réf. nécessaire]
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+ L’Iliade représente une lente décomposition des valeurs et des codes héroïques et chevaleresques, le cosmos (κόσμος, univers ordonné) pour basculer dans la sauvagerie, le chaos. Selon Jean-Pierre Vernant[10], les héros grecs comme troyens cessent progressivement de considérer l’adversaire comme le partenaire d’un combat loyal pour le transformer en proie — témoin la mutilation sauvage par Achille du corps d’Hector. Cette sauvagerie n’est rédimée qu’à la fin de l'épopée, quand Priam vient réclamer le corps de son fils et qu’Achille, selon Jean-Pierre Vernant, comprend les limites du monde héroïque dans lequel il se meut.
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+ Avec l’Odyssée, l’Iliade est le texte majeur de la littérature grecque. Dans l’Antiquité, il était considéré comme la base indispensable de la bonne éducation, principalement celle des jeunes gens de bonne famille, ce qui faisait d’Homère, selon le mot de Socrate (qui déplorait son influence dans La République de Platon), l’« éducateur de la Grèce »[11],[12]. Les enfants devaient par exemple faire des dictées tirées de ses épopées, ou en apprendre par cœur des passages, ou encore répondre à des questions à leur sujet (les restes d'un questionnaire de ce genre ont été retrouvés sur un fragment de papyrus égyptien d'époque ptolémaïque)[13]. De nombreux poètes et artistes prennent l’Iliade pour modèle ou s'en inspirent. Dès l'époque archaïque, la Batrachomyomachia, Combat des grenouilles et des rats, que les Anciens attribuaient aussi à Homère, compose une parodie héroïcomique des combats épiques comme ceux de l’Iliade. Au Ve siècle, un dramaturge anonyme reprend dans la tragédie Rhésos l'histoire de Dolon, rapportée au chant X de l’Iliade.
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+ À l'époque romaine, le poète latin Virgile prend Homère pour modèle dans la composition de son épopée, l’Énéide, qui relate le mythe des origines troyennes de Rome et glorifie indirectement Auguste. L'histoire prend la suite d'Homère sur plusieurs plans : sur le plan narratif, puisque le principal héros, Énée, est un prince troyen qui apparaît dans l’Iliade ; et sur le plan thématique, puisque la première moitié de l’Énéide relate un voyage en mer dans le style de l’Odyssée, tandis que la seconde moitié décrit les batailles menées par Énée pour s'établir dans le Latium, dans le style de l’Iliade[14].
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+ L’Iliade, comme l’Odyssée, acquiert le statut de classique dès l'Antiquité gréco-romaine et exerce une influence durable sur la littérature et les arts en général. L’œuvre est traduite du grec en vers latins en deux temps, d'abord par Livius Andronicus qui traduit l'Odyssée durant le IIIe siècle av. J.-C. (Odussia) puis par Cnaeus Matius et Publius Baebius Italicus qui traduisent l'Iliade vers le début du Ier siècle av. J.-C. (Ilias Latina). L'Iliade et son auteur étaient étudiés dans les écoles. Aujourd'hui encore, elle inspire de nombreux artistes.
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+ Au Moyen Âge, la guerre de Troie est connue par le biais de l’Iliade, notamment grâce aux traductions latines de l'original grec. Mais l’Iliade ne raconte que quelques jours de la dixième année de la guerre. Le reste des événements avait été relaté à l'origine par les épopées du cycle troyen, mais celles-ci se sont perdues pendant l'Antiquité. En revanche, d'autres récits composés plus tard dans l'Antiquité sont encore connus au Moyen Âge (et sont parvenus jusqu'à nous), comme l’Histoire de la destruction de Troie attribuée à Darès le Phrygien et l’Éphéméride de la guerre de Troie attribuée à Dictys de Crète[15]. Vers 1165, Benoît de Sainte-Maure compose Le Roman de Troie qui relate l'ensemble des événements de la guerre de Troie (et ne se limite donc pas aux événements relatés par l’Iliade)[15]. En 1450-1452, Jacques Millet compose une pièce intitulée Histoire de la destruction de Troie la grande, composée de 30 000 vers, qui connaît un grand succès jusqu'au XVIe siècle[16].
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97
+ L’Iliade continue à fournir de nombreux sujets aux poètes et aux dramaturges à la Renaissance. Certaines tragédies développent des sujets liés à la guerre de Troie mais qui décrivent les suites de la guerre, dans la lignée des tragiques antiques : c'est le cas par exemple de La Troade de Robert Garnier (1579). Mais d'autres s'inspirent directement de l’Iliade, comme Hector d'Antoine de Montchrestien (1604)[17].
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99
+ En 1716, Marivaux publie un Homère travesti ou l’Iliade en vers burlesques qui est une parodie burlesque des événements de l’Iliade, où les guerriers sont ridicules et les combats bouffons ; Marivaux, ignorant le grec, n'a pas lu Homère dans le texte, mais a travaillé à partir d'une traduction française en douze chants par Houdar de La Motte[18].
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+ En 1990, Derek Walcott publie Omeros, une réécriture de l’Iliade qui se déroule aux Caraïbes. En 2006, Alessandro Baricco en propose une réécriture intitulée Homère, Iliade : en supprimant les apparitions divines ainsi que les répétitions, en changeant de narrateur à chaque chapitre et en utilisant l'italien moderne, l'auteur veut débarrasser le récit de « tous les archaïsmes qui l'éloignent du cœur de son sujet »[19].
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103
+ L’Iliade inspire aussi les auteurs des littératures de l'imaginaire. Dans Ilium (2003) et Olympos (2006), l'auteur américain Dan Simmons réalise une libre transposition de l'épopée homérique dans un univers de science-fiction qui se réfère aussi à d'autres classiques de la littérature.
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105
+ Dès les débuts du cinéma, l’Iliade fait l'objet de nombreuses adaptations en péplums. En 2004, Troie, réalisé par Wolfgang Petersen, relate l'ensemble de la guerre de Troie en accordant une place importante aux événements relatés par l'épopée homérique, mais en s'écartant parfois beaucoup du mythe antique.
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107
+ Comme en témoignent les nombreux papyrus dont on dispose et qui reproduisent des fragments de texte, il existe plusieurs versions du poème iliadique. Celle qui fait aujourd'hui référence s'appelle la « vulgate alexandrine » parce qu'elle est établie et commentée en Égypte aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., sans doute à partir d'un corpus grec datant du VIe siècle av. J.-C.[20].
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109
+ Le plus vieux manuscrit complet que l'on en connaisse est de ce fait l'un des plus célèbres du monde. On l'appelle « Venetus A », ou « Codex Marcianus Graecus Z. 454 (=822) »[21]. « Codex » signifie que l'ouvrage est un manuscrit relié sous forme de livre, et « Marcianus Graecus », qu'il appartient au fonds grec de la bibliothèque Marciana de Venise. La lettre Z indique le nom (Zanetti) de la personne qui l'a enregistré sous le numéro 454 de l'inventaire. La cote supplémentaire, « 822 », a été rajoutée au début du XXe siècle pour indiquer l'emplacement du manuscrit dans la bibliothèque.
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+ Il existe d'autres manuscrits, un peu plus récents, que l'on désigne soit par leur cote, soit par les classements établis par les chercheurs qui les ont étudiés : l'Escorialensis Ω.I.12, du monastère de l'Escurial en Espagne, est par exemple également appelé E4 par Allen[22] et F par Martin L. West[23].
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+ Le Venetus A (abrégé « VA » ou « VenA ») est une copie byzantine du Xe siècle. Il parvient en Italie, entre les mains du cardinal humaniste grec Bessarion, au milieu du XVe siècle, alors que la menace ottomane se précise sur Constantinople. Bessarion le lègue avec toute sa bibliothèque à la République de Venise. Sur le catalogue du legs qui est transféré à la Sérénissime en 1472, il est désigné par ces quelques mots : Homeri Ilias, in pergameno, pulchra (l’Iliade d'Homère, sur parchemin, magnifique). Le codex est plus ou moins oublié pendant des siècles avant d'être à nouveau repéré et publié à la fin du XVIIIe siècle par Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison. Enfin, le manuscrit gagne Paris dans les malles de Bonaparte mais est finalement restitué en 1816.
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+ Le Venetus A compte 654 pages écrites par le même scribe sur des parchemins en peau de chèvre. Comme la plupart des manuscrits byzantins de la vulgate alexandrine, il accompagne le texte de nombreux commentaires linguistiques, critiques ou didactiques qu'on appelle scholies. Les scholies expliquent par exemple l'emploi de termes déjà devenus rares ou obsolètes à l'époque hellénistique. Elles nous renseignent aussi sur l'histoire du texte et de ses différentes versions. Le nombre et la qualité des scholies de VA témoignent d'une érudition et d'une documentation impressionnantes et confèrent à l'ouvrage un caractère exceptionnel[24].
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+ Le scribe introduit chaque chant par un court résumé en forme d'hexamètre dactylique et indique pour chacun les sources des scholies qu'il a sélectionnées. Il prend également soin de changer de calame et d'adopter une graphie différente pour le texte principal et chaque type de scholies. De forme végétale, la lettrine initiale des chants est enluminée de rouge carmin, d'or et de bleu cobalt. Le texte est écrit en encre brun-foncé à brun-rouille. Quelques indications sont données en rouge. Quelques illustrations sont rajoutées au XIIe siècle.
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+ Le codex a subi plusieurs opérations de reliure et de restauration : la première connue est faite par Bessarion lui-même qui remplace 19 pages manquantes en imitant remarquablement de sa main la graphie originelle. Enfin, il fait l'objet d'une reproduction photographique en 1901.
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+ La comparaison entre le texte de d'Ansse de Villoison, ces photographies et l'état actuel du document est assez préoccupante : l'encre s'efface et certains passages ont déjà disparu. À cet égard, la numérisation en haute résolution des papyrus et des manuscrits, les prises de vues sous ultra-violet rendant à nouveau lisibles les textes effacés par le temps, et leur publication sous licence Creative Commons ouvrent des perspectives diacritiques inédites et constituent l'un des enjeux majeurs des études homériques contemporaines. À titre d'exemple, VA, VB et U4 [Codex Marcianus Graecus Z. 453 (= 821) et Marcianus Graecus Z. 458 (= 841)] sont intégralement disponibles sur le site du Center for Hellenic Studies de l'université Harvard. L'université du Kentucky a procédé à la numérisation de l'Escorialensis Υ.I.1 et de l'Escorialensis Ω.I.12. Les images sont disponibles sur le site des études classiques de l'université de Houston[25]. Mais l'âge et la fragilité des manuscrits rendent ces campagnes d'acquisition de données particulièrement délicates. Elles nécessitent la mise en place de partenariats scientifiques et techniques internationaux[26].
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+ L’Iliade (en grec ancien Ἰλιάς / Iliás, en grec moderne Ιλιάδα / Iliádha) est une épopée de la Grèce antique attribuée à l'aède légendaire Homère. Ce nom provient de la périphrase « le poème d'Ilion » (ἡ Ἰλιὰς ποίησις / hê Iliàs poíêsis), Ilion (Ἴλιον / Ílion) étant l'autre nom de la ville de Troie.
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+ L’Iliade est composé de 15 337 hexamètres dactyliques et, depuis l'époque hellénistique, divisée en vingt-quatre chants. Le texte a probablement été composé entre -850 et -750, soit quatre siècles après la période à laquelle les historiens font correspondre la guerre mythique qu’il relate. Il n'a été fixé par écrit que sous Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C. Dans l'Antiquité, l’Iliade faisait partie d'un cycle épique, le cycle troyen, mais seules l’Iliade et l’Odyssée en ont été conservées.
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+ L'épopée se déroule pendant la guerre de Troie dans laquelle s'affrontent les Achéens venus de toute la Grèce et les Troyens et leurs alliés, chaque camp étant soutenu par diverses divinités comme Athéna, Poséidon ou Apollon. L’Iliade détaille les événements survenus pendant quelques semaines de la dixième et dernière année de la guerre. Après un siège de dix ans, le sort des armes hésite encore. Achille est le meilleur guerrier de l'armée achéenne. Mais une querelle avec le roi Agamemnon, chef des Achéens, met Achille en colère et il décide de se retirer du combat, ce qui menace de retourner le sort de la guerre en faveur des Troyens, galvanisés par Hector, le meilleur guerrier de Troie. Le récit culmine avec le retour d'Achille au combat et son duel contre Hector, puis les outrages infligés par Achille au corps de son ennemi vaincu. L’Iliade se termine avec les funérailles d'Hector. Le dénouement laisse entendre une victoire prochaine des Achéens.
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+ L’Iliade forme, avec l’Odyssée, l'une des deux grandes épopées fondatrices de la littérature grecque antique. Dès l'Antiquité, elle fait l'objet de nombreux commentaires et interprétations et engendre une postérité abondante, dont la principale épopée mythologique romaine, l’Énéide de Virgile, au Ier siècle av. J.-C. Connue au Moyen Âge par des réécritures latines, l’Iliade est redécouverte dans son texte grec à la Renaissance. À partir de la fin du XVIIIe siècle, la compréhension du texte et de ses origines est renouvelée peu à peu par la question homérique qui remet en cause l'existence d'Homère. L'épopée continue d'inspirer les artistes et de susciter l'intérêt des hellénistes et des historiens jusqu'à nos jours.
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+ Μῆνιν ἄειδε, θεὰ, Πηληιάδεω Ἀχιλῆος
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+ « Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille,
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+ « Déesse chante-nous la colère d'Achille, de ce fils de Pélée,
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+ Le premier terme, μῆνις / mễnis, qui veut dire « colère », est toujours employé pour qualifier une colère divine, funeste. Achille est le seul mortel dont la colère soit appelée μῆνις dans tout le corpus homérique. C’est bien cette colère inhumaine qui est le thème-clef de l’épopée.
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+ La guerre de Troie dure depuis bientôt dix ans. Elle oppose les Achéens venus de toute la Grèce, aux Troyens et à leurs alliés. Face à la cité fortifiée, les centaines de navires des assiégeants reposent sur la plage et leur servent de campement. L’Iliade relate, dans l'ordre chronologique, six journées et nuits de la guerre ; le chant XXIV se déroule douze jours après les événements du chant XXIII[4]. En aucune partie du texte n’est annoncée la prise de Troie grâce à la ruse du cheval de bois.[5]
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+ Agamemnon, le chef des Achéens, retient prisonnière Chryséis, la fille de Chrysès, un prêtre troyen d'Apollon. En représailles, le dieu Apollon a envoyé une peste meurtrière sur toute l'armée achéenne. Le devin Calchas révélant la cause du mal, Achille adjure Agamemnon de rendre la prisonnière. Le roi finit par y consentir, mais décide d'avoir en dédommagement Briséis, une belle Troyenne, en la prenant à Achille dont elle était la captive. Furieux et se sentant spolié, ce dernier décide de cesser de combattre avec ses Myrmidons aux côtés des Achéens. Il invoque sa mère, la Néréide Thétis, qui obtient de Zeus la promesse d'une victoire troyenne.
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+ Trompé dans son sommeil par un songe envoyé par Zeus, Agamemnon s'éveille certain de la victoire de ses troupes. Lors du conseil des chefs, il raconte précisément son rêve à quelques-uns de ses plus proches, puis, pour mettre à l'épreuve l'ensemble des troupes, feint de vouloir quitter le siège de Troie. Les guerriers préparent leur retour après neuf années de siège, mais Ulysse, roi d'Ithaque, parvient à les dissuader de partir. Les deux armées s'apprêtent à combattre et le narrateur détaille les forces en présence dans un passage traditionnellement appelé Catalogue des vaisseaux, qui est suivi du Catalogue des Troyens : les Achéens venus de toute la Grèce sur un grand nombre de vaisseaux feront face aux troupes des chefs troyens et de leurs alliés dardaniens, lyciens, phrygiens et thraces.
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+ Le troyen Pâris, fils du roi Priam, est saisi d'effroi à la vue de Ménélas, dont il a enlevé l'épouse, Hélène, événement qui est la cause du conflit. Suite aux durs reproches de son frère, le vaillant Hector, Pâris propose aux Achéens que Ménélas lui soit opposé en combat singulier, afin d'éviter une hécatombe à son peuple. Tandis que, du haut des remparts de Troie, Hélène énumère à Priam les chefs grecs, le pacte est conclu. Le duel s'engage et tourne rapidement à l'avantage de Ménélas, combattant expérimenté, au détriment du frêle et jeune Pâris. Mais celui-ci est sauvé d'une mort certaine par l'intervention divine d'Aphrodite, qui le soustrait au combat et le dépose dans Troie.
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+ Sur l’Olympe, Zeus souhaite faire reconnaître la victoire de Ménélas, afin qu'une paix soit conclue, épargnant ainsi la ville. Mais Héra, qui souhaite ardemment la victoire des Achéens, demande à Athéna de pousser les Troyens à violer leurs serments de paix. Athéna convainc alors Pandare de décocher une flèche à Ménélas afin de briser la trêve, ce qui survient effectivement.
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+ Pendant la revue de ses troupes, Agamemnon exhorte au combat les plus grands de ses chefs : Idoménée, les deux Ajax (Ajax fils de Télamon et Ajax fils d'Oïlée), Nestor, Ulysse et Diomède –, et les combats reprennent.
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+ Dans la furie de la bataille, les Achéens galvanisés massacrent un grand nombre de Troyens. Diomède s'illustre en particulier, soutenu par Athéna, au cours d'une aristie, en tuant, entre autres, Pandare, et en blessant Énée et sa mère, la déesse Aphrodite, venue le secourir. Les dieux s'impliquent alors dans les combats : Apollon sauve Énée en le soustrayant au champ de bataille et exhorte son frère Arès à s'engager aux côtés des Troyens. Ces derniers se ressaisissent et Hector, enflammé par les paroles de Sarpédon, mène ses troupes au combat avec le soutien d'Arès. Inquiètes de ce retournement de situation, Héra et Athéna s'arment et apportent leur secours aux Achéens défaits par le dieu de la guerre, qui est à son tour blessé par Diomède, seul mortel à pouvoir apercevoir les dieux. Enfin, dieux et déesses remontent à l'Olympe porter leur discorde devant Zeus.
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+
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+ Le combat continue de faire rage, les meilleurs guerriers des deux camps s'affrontant mortellement. Cependant, après avoir évoqué les liens d'hospitalité qui unissaient naguère leurs ancêtres, Diomède et Glaucos le Lycien cessent leur duel et échangent des présents. Hector se retire du combat et regagne la ville. Là, il demande à Hécube, sa mère, de prier Athéna pour la victoire des Troyens. Les femmes rejoignent le temple de la déesse. Près des portes Scées, Hector fait ses adieux à son épouse, Andromaque, et à son tout jeune fils Astyanax. Il retrouve ensuite son frère Pâris et le convainc de rejoindre la bataille avec lui.
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+ Guidé par les plans d'Apollon et d'Athéna, Hector provoque les chefs grecs en duel. C'est Ajax, fils de Télamon, qui est tiré au sort pour l'affronter. À la faveur de la nuit, le duel doit cesser sans qu'un vainqueur puisse être désigné, bien qu'Hector soit blessé. Les deux hommes, en signe d'estime et de respect, s'offrent de nombreux présents. Une trêve temporaire est décidée par les deux camps. Elle est mise à profit pour honorer les nombreux morts qui jonchent le champ de bataille. Les Achéens décident et mettent en œuvre la construction d'un fossé et d'un mur devant leurs navires tirés sur la plage.
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+
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+ Au petit jour, Zeus exige des dieux qu'ils restent neutres. Depuis les sommets du mont Ida surplombant le champ de bataille, il pèse sur sa balance d'or les destinées des deux armées. Celle-ci penche en faveur des Troyens et de fait, dès la reprise des combats, ils prennent l'avantage grâce à la fougue d'Hector, qui pousse ses troupes vers le rivage et les remparts des Achéens. Athéna et Héra ne peuvent rester sans agir face au repli des Grecs. Elles désobéissent à Zeus en secourant ces derniers, mais sont rapidement et vertement rappelées à l'ordre. Quand la nuit tombe, pour ne pas perdre leur avantage, cinquante mille Troyens campent dans la plaine.
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+ Dans le campement achéen, l'inquiétude est grande. Agamemnon évoque la possibilité d'abandonner le siège et de rentrer en Grèce, ce à quoi Ulysse et Nestor sont farouchement opposés. La solution serait de ramener Achille à la raison et de le convaincre de se joindre au combat. Agamemnon est prêt à s'excuser, à rendre Briséis et à couvrir Achille de présents, immédiatement et dans le futur par la promesse d'union avec l'une de ses filles et le don de plusieurs de ses cités en Argos. Il lui envoie Ulysse, Ajax et Phénix en ambassade afin de le convaincre. Achille reçoit dignement et écoute ses compagnons mais reste inflexible : il a l'intention de regagner sa patrie dès le lendemain — tout en évoquant la possibilité de demeurer sur place — et propose à Phénix de se joindre à lui. Ulysse et Ajax s'en retournent annoncer la mauvaise nouvelle à Agamemnon. Dans le Cratyle de Platon, Cratyle nous apprend que l’épisode de l’ambassade auprès d’Achille était appelé Les Prières (Λιταῖ)[6].
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+ Afin de connaître les intentions des Troyens, le chef des Achéens, sur les conseils du sage Nestor, décide d'envoyer Diomède et Ulysse espionner leurs ennemis. Dans le camp adverse, Hector envoie Dolon en reconnaissance près du campement des Grecs. Mais Dolon est capturé par les deux espions achéens puis exécuté par Diomède après avoir livré des renseignements stratégiques et malgré ses suppliques. Poussant leur avantage, Ulysse et Diomède massacrent les chefs thraces, alliés des Troyens, endormis près du feu et ramènent leurs chevaux auprès des navires. Cet exploit ravive l'espoir d'une victoire prochaine parmi les Achéens. Cet épisode est appelé la « Dolonie », d'après le nom de Dolon.
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+ Au matin, la bataille reprend, et sous la pression des exploits d'Agamemnon, les Troyens reculent jusqu'aux remparts de leur cité. Mais Zeus envoie sa messagère Iris assurer Hector de son soutien et lui indiquer de contre-attaquer dès qu'Agamemnon sera blessé, ce qui finit par survenir. Ulysse, Diomède, Machaon et Eurypyle sont touchés à leur tour et les Grecs se replient vers leurs tentes. Achille, inquiet de voir revenir tant de braves guerriers durement blessés, s'inquiète de la tournure que prennent les évènements et demande à Patrocle de s'en enquérir. Sur les conseils de son compagnon, il court s'informer auprès du vieux sage Nestor. Celui-ci l'incite à convaincre Achille de reprendre le combat. Mais Patrocle va porter secours à Eurypyle dans sa tente. Le moral des Achéens est de nouveau au plus bas.
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+ Ayant poursuivi les fuyards dans la plaine, ce sont désormais les Troyens et leurs alliés qui assiègent leurs ennemis avec une grande force. Sous les violents assauts d'Asios, de Sarpédon et de Glaucos, les remparts vacillent, malgré la résistance héroïque des meilleurs combattants achéens. Enfin, Zeus accorde à Hector de franchir le large fossé à la tête de ses troupes et de fracasser les lourdes portes du campement. Les combattants troyens se ruent dans cette brèche. À l'intérieur des remparts, Hector fait rage, selon les desseins de Zeus.
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+ Refusant la défaite imminente des Achéens et la mise à sac de leur camp et de leurs navires, Poséidon lui-même s'engage dans la bataille. Ainsi stimulés, Idoménée et Mérion, en furie, massacrent de nombreux Troyens, parmi lesquels Asios et son aurige Alcathoos. Les Troyens Énée, Pâris, Hélénos et Déiphobe s'illustrent également par leur bravoure et leurs ravages.
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+ Malgré ces actes valeureux, les combattants troyens se replient temporairement sous une contre-attaque des Grecs. Mais, épaulés par Zeus, ils reprennent le dessus et recommencent à ravager le campement achéen.
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+ La situation est désespérée et Agamemnon propose à nouveau de sonner la retraite, mais Poséidon exhorte les Grecs, leur redonnant confiance. Héra détourne Zeus de la bataille grâce à un ruban avec lequel elle le séduit et le laisse endormi sur les cimes du Gargare après l'amour : cette scène fait partie de la Dios apatè (traduit par « tromperie de Zeus » ou encore « Zeus berné »). Zeus ainsi neutralisé, Poséidon peut désormais secourir efficacement les Achéens, qui mènent une contre-attaque rageuse et victorieuse, tuant de nombreux Troyens. Hector lui-même est blessé et doit être évacué par ses compagnons auprès du fleuve Scamandre. Aristophane et Aristarque de Samothrace condamnent l'épisode du « Sortilège du ruban »[7], le jugeant inconvenant : Zeus y énumère ses infidélités passées, pour faire comprendre à son épouse qu'il est plus amoureux d'elle à ce moment-là que de ses amantes quand il les a aimées.
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+ À son réveil, Zeus, furieux d'avoir été trompé par sa femme Héra, intime à Poséidon l'ordre de se tenir à l'écart de la lutte. Préoccupé par le sort d'Hector, il envoie à son chevet Apollon, qui a tôt fait de le guérir et l'inspirer. Le valeureux Troyen peut alors à nouveau semer la mort et la panique dans les rangs des Grecs. Patrocle, effrayé, quitte son ami Eurypyle pour accourir vers Achille. Malgré une résistance héroïque d'Ajax auprès des navires, les Achéens épuisés cèdent et Hector arrive jusqu'aux premier rang de nefs pour commencer à y mettre le feu.
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+ Devant l'urgence de la situation, Achille autorise Patrocle à mener les Myrmidons au combat à condition qu'il se contente de repousser les assaillants sans chercher à prendre la cité de Troie. Ayant revêtu les armes divines qu'Achille lui a prêtées, Patrocle exhorte les Myrmidons. Il parvient à faire reculer les combattants troyens et tue Sarpédon que Zeus se résigne, attristé, à voir périr. Apollon est envoyé pour récupérer son corps sans vie et l'envoyer en Lycie, et pour donner à Hector de l'ardeur au combat. Grisé par ses succès, Patrocle désobéit à Achille et pousse sa contre-attaque jusqu'aux remparts de Troie tuant encore le conducteur du char d'Hector. Il est alors frappé dans le dos par Apollon, puis par Euphorbe, et achevé par le prince troyen.
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+ S'engage alors une âpre bataille autour du corps de Patrocle : Hector et Énée tentent de s'en emparer ainsi que des chevaux d'Achille. Mais les Achéens, Ménélas et Ajax en particulier, défendent héroïquement la dépouille de leur compagnon. Hector parvient cependant à en arracher les armes d'Achille, son casque et son armure, dont il se revêt. Inspiré par Zeus, il repousse les combattants achéens vers les nefs, qui, soutenus par Mérion et les deux Ajax, finissent par emporter le corps de Patrocle dans leur campement.
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+ C'est à Antiloque que revient la lourde tâche d'informer Achille de la mort de son compagnon. Accablé de douleur, couvert de cendres et prostré à terre, Achille jure de le venger au plus vite. Sa mère Thétis lui demande de patienter une nuit, afin de permettre à Héphaïstos de lui forger de nouvelles armes. Le dieu boiteux se met au travail. Achille quitte sa tente et bondit hors du camp pour crier sa douleur et sa rage, et ses hurlements épouvantent les Troyens. De leur côté, ceux-ci tiennent conseil, et le sage Polydamas prodigue à Hector des conseils de prudence que ce dernier ignore. Son labeur achevé, Héphaïstos remet à Thétis un bouclier étincelant et magnifiquement orné, une cuirasse, un casque et des cnémides splendides pour Achille.
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+ Devant l'armée achéenne, Achille se réconcilie avec Agamemnon. En échange de sa bonne volonté, il reçoit comme prévu un grand nombre de présents, dont la belle Briséis, qu'Agamemnon jure n'avoir jamais possédée. En préparation de la bataille à venir, les guerriers se restaurent, mais Achille, voulant se consacrer uniquement à la vengeance de son compagnon, refuse toute nourriture. Équipé de ses nouvelles armes, il souhaite partir au combat sur le champ, malgré les avertissements de son cheval Xanthos qui lui promet une mort prochaine.
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+ La discorde règne chez les dieux, que Zeus autorise à intervenir dans la bataille. Chacun choisit son camp et fourbit ses armes. Malgré l'épouvante des Troyens à la vue d'Achille, Énée s'élance vaillamment contre lui, inspiré par Apollon. Loin d'égaler Achille au combat, il est vaincu mais sauvé par Poséidon. Hector et Achille, parvenus à portée de voix, commencent à s'affronter, mais Apollon, inquiet pour la vie d'Hector, fait disparaître celui-ci du champ de bataille. Furieux, Achille fait un grand massacre parmi les Troyens affolés.
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+ Sous les coups d'Achille, de nombreux combattants de Troie se jettent et périssent dans le fleuve Scamandre, révolté d'être ainsi souillé du sang des guerriers. Aidé du fleuve Simoïs, le Scamandre combat farouchement Achille, manquant de le noyer. Héra envoie alors Héphaïstos, qui parvient à faire reculer le fleuve par un feu divin brûlant et évaporant ses eaux. Dans la bataille, Apollon dresse Agénor contre Achille, puis finit par prendre sa place, simule la fuite afin qu'Achille lui coure après, autorisant ainsi la retraite des Troyens qui s'engouffrent tous dans les portes de la cité.
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+ Hector, malgré les supplications de ses parents, Priam et Hécube, s'est résolu à combattre Achille et l'attend seul, devant les remparts de Troie. Mais à la vue de son ennemi, il est épouvanté et dans un premier temps prend la fuite. Tandis qu'Achille poursuit Hector sur trois tours des murs de la cité, Zeus pèse sur sa balance d'or les destinées des deux guerriers : Hector est condamné. Athéna, déguisée, ramène Hector à la raison et le convainc d'affronter son destin et Achille. Le combat ne dure guère mais avant de mourir — frappé par la pique d'Achille au cou, au seul endroit où la cuirasse, qui fut celle du Peléide prise sur la dépouille de Patrocle, ne le protège pas —, Hector révèle à Achille qu'il périra sous le trait de son jeune frère Pâris. Le vainqueur se saisit de la dépouille de son ennemi qu'il attache à son char par les tendons des chevilles et traîne jusqu'aux vaisseaux grecs sous les yeux éplorés des Troyennes, parmi lesquelles Andromaque, l'épouse d'Hector.
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+ Patrocle apparait en songe à son compagnon qui tente vainement de le saisir dans ses bras. Tous les Achéens se consacrent au deuil : de nombreux sacrifices sont consentis (bœufs, chevaux, servantes et douze jeunes Troyens sont immolés) et la dépouille du jeune homme est brûlée selon la tradition. Un tombeau est élevé, et les cendres et os de Patrocle sont recueillis en attendant d'être réunis avec ceux d'Achille. Ce dernier organise des jeux funèbres qu'il dote de nombreux prix. Ainsi les guerriers peuvent montrer leur valeur à la course de char, au pugilat, à la lutte, à la course à pied ou encore aux lancers.
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+ Achille ne peut trouver le sommeil. Pendant onze jours, il traîne chaque matin le corps d'Hector avec son char autour du tombeau de Patrocle. Mais les dieux, prenant en pitié la famille du Troyen, réprouvent son comportement et, par un procédé divin, conservent à la dépouille son bel aspect. Zeus exige de Thétis qu'elle aille convaincre son fils de rendre la dépouille à Priam. Ce dernier, protégé par Hermès, traverse en secret les lignes ennemies pour être reçu dans la tente d'Achille. Là, au nom de Pélée, il supplie le héros grec de lui rendre son fils en échange de présents. Achille y consent et propose à Priam le gîte et le couvert. Conciliant, Achille accepte également de retenir les troupes achéennes pendant douze jours, le temps pour les Troyens d'organiser des funérailles décentes à Hector. De retour à Troie, le corps du prince est présenté à la foule en larmes et de longues funérailles sont organisées.
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+ Dans son récit, Homère cite un grand nombre de héros de chaque camp, mais les Dieux et autres divinités sont également présents et influents.
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+ Tandis que 150 Troyens sont tués, seulement 44 Achéens meurent au cours de l’Iliade.
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+ Henri-Irénée Marrou explique dans son Histoire de l’éducation dans l’Antiquité[Où ?] (1948) que
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+ « Beaucoup plus que l’Ulysse du Retour, c’est la noble et pure figure d’Achille qui incarne l’idéal moral du parfait chevalier homérique ; il se définit d’un mot : une morale héroïque de l’honneur. C’est dans Homère que chaque génération antique a trouvé ce qui est l'axe fondamental de cette éthique aristocratique : l'amour de la gloire. »
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+ Deux types de gloires, d’honneurs (τιμή / timḗ) sont montrées dans l’Iliade :
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+ L’Iliade voit le triomphe de la gloire vantée par Achille, κλέος ἄφθιτον / kléos áphthiton, la « gloire impérissable »[8], qui s’acquiert par une « belle mort », jeune, sur le champ de bataille.
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+ Plus tard, cet amour de la gloire personnelle sera transformé. Tyrtée, le poète spartiate, chante ainsi la gloire immortelle qu'il y a à défendre sa patrie : pour le guerrier mort ainsi, « jamais sa noble gloire ne périt, ni son nom, mais bien qu’il demeure sous terre, il est immortel »[9]. Dans l’Iliade, Achille n’est pas un guerrier patriote. Quand il reprend les armes, ce n'est pas pour les Grecs qu’il combat. Son départ pour Troie, ses combats, sa colère et sa décision de reprendre les armes sont profondément individuels, voire égoïstes. Et quand il décide d’affronter Hector, sachant qu’il mourra ensuite s’il le fait, ce n’est pas pour les Grecs mais pour venger Patrocle.[réf. nécessaire]
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+ L’Iliade représente une lente décomposition des valeurs et des codes héroïques et chevaleresques, le cosmos (κόσμος, univers ordonné) pour basculer dans la sauvagerie, le chaos. Selon Jean-Pierre Vernant[10], les héros grecs comme troyens cessent progressivement de considérer l’adversaire comme le partenaire d’un combat loyal pour le transformer en proie — témoin la mutilation sauvage par Achille du corps d’Hector. Cette sauvagerie n’est rédimée qu’à la fin de l'épopée, quand Priam vient réclamer le corps de son fils et qu’Achille, selon Jean-Pierre Vernant, comprend les limites du monde héroïque dans lequel il se meut.
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+ Avec l’Odyssée, l’Iliade est le texte majeur de la littérature grecque. Dans l’Antiquité, il était considéré comme la base indispensable de la bonne éducation, principalement celle des jeunes gens de bonne famille, ce qui faisait d’Homère, selon le mot de Socrate (qui déplorait son influence dans La République de Platon), l’« éducateur de la Grèce »[11],[12]. Les enfants devaient par exemple faire des dictées tirées de ses épopées, ou en apprendre par cœur des passages, ou encore répondre à des questions à leur sujet (les restes d'un questionnaire de ce genre ont été retrouvés sur un fragment de papyrus égyptien d'époque ptolémaïque)[13]. De nombreux poètes et artistes prennent l’Iliade pour modèle ou s'en inspirent. Dès l'époque archaïque, la Batrachomyomachia, Combat des grenouilles et des rats, que les Anciens attribuaient aussi à Homère, compose une parodie héroïcomique des combats épiques comme ceux de l’Iliade. Au Ve siècle, un dramaturge anonyme reprend dans la tragédie Rhésos l'histoire de Dolon, rapportée au chant X de l’Iliade.
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+ À l'époque romaine, le poète latin Virgile prend Homère pour modèle dans la composition de son épopée, l’Énéide, qui relate le mythe des origines troyennes de Rome et glorifie indirectement Auguste. L'histoire prend la suite d'Homère sur plusieurs plans : sur le plan narratif, puisque le principal héros, Énée, est un prince troyen qui apparaît dans l’Iliade ; et sur le plan thématique, puisque la première moitié de l’Énéide relate un voyage en mer dans le style de l’Odyssée, tandis que la seconde moitié décrit les batailles menées par Énée pour s'établir dans le Latium, dans le style de l’Iliade[14].
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+ L’Iliade, comme l’Odyssée, acquiert le statut de classique dès l'Antiquité gréco-romaine et exerce une influence durable sur la littérature et les arts en général. L’œuvre est traduite du grec en vers latins en deux temps, d'abord par Livius Andronicus qui traduit l'Odyssée durant le IIIe siècle av. J.-C. (Odussia) puis par Cnaeus Matius et Publius Baebius Italicus qui traduisent l'Iliade vers le début du Ier siècle av. J.-C. (Ilias Latina). L'Iliade et son auteur étaient étudiés dans les écoles. Aujourd'hui encore, elle inspire de nombreux artistes.
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+ Au Moyen Âge, la guerre de Troie est connue par le biais de l’Iliade, notamment grâce aux traductions latines de l'original grec. Mais l’Iliade ne raconte que quelques jours de la dixième année de la guerre. Le reste des événements avait été relaté à l'origine par les épopées du cycle troyen, mais celles-ci se sont perdues pendant l'Antiquité. En revanche, d'autres récits composés plus tard dans l'Antiquité sont encore connus au Moyen Âge (et sont parvenus jusqu'à nous), comme l’Histoire de la destruction de Troie attribuée à Darès le Phrygien et l’Éphéméride de la guerre de Troie attribuée à Dictys de Crète[15]. Vers 1165, Benoît de Sainte-Maure compose Le Roman de Troie qui relate l'ensemble des événements de la guerre de Troie (et ne se limite donc pas aux événements relatés par l’Iliade)[15]. En 1450-1452, Jacques Millet compose une pièce intitulée Histoire de la destruction de Troie la grande, composée de 30 000 vers, qui connaît un grand succès jusqu'au XVIe siècle[16].
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+ L’Iliade continue à fournir de nombreux sujets aux poètes et aux dramaturges à la Renaissance. Certaines tragédies développent des sujets liés à la guerre de Troie mais qui décrivent les suites de la guerre, dans la lignée des tragiques antiques : c'est le cas par exemple de La Troade de Robert Garnier (1579). Mais d'autres s'inspirent directement de l’Iliade, comme Hector d'Antoine de Montchrestien (1604)[17].
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+ En 1716, Marivaux publie un Homère travesti ou l’Iliade en vers burlesques qui est une parodie burlesque des événements de l’Iliade, où les guerriers sont ridicules et les combats bouffons ; Marivaux, ignorant le grec, n'a pas lu Homère dans le texte, mais a travaillé à partir d'une traduction française en douze chants par Houdar de La Motte[18].
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+ En 1990, Derek Walcott publie Omeros, une réécriture de l’Iliade qui se déroule aux Caraïbes. En 2006, Alessandro Baricco en propose une réécriture intitulée Homère, Iliade : en supprimant les apparitions divines ainsi que les répétitions, en changeant de narrateur à chaque chapitre et en utilisant l'italien moderne, l'auteur veut débarrasser le récit de « tous les archaïsmes qui l'éloignent du cœur de son sujet »[19].
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+ L’Iliade inspire aussi les auteurs des littératures de l'imaginaire. Dans Ilium (2003) et Olympos (2006), l'auteur américain Dan Simmons réalise une libre transposition de l'épopée homérique dans un univers de science-fiction qui se réfère aussi à d'autres classiques de la littérature.
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+ Dès les débuts du cinéma, l’Iliade fait l'objet de nombreuses adaptations en péplums. En 2004, Troie, réalisé par Wolfgang Petersen, relate l'ensemble de la guerre de Troie en accordant une place importante aux événements relatés par l'épopée homérique, mais en s'écartant parfois beaucoup du mythe antique.
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+ Comme en témoignent les nombreux papyrus dont on dispose et qui reproduisent des fragments de texte, il existe plusieurs versions du poème iliadique. Celle qui fait aujourd'hui référence s'appelle la « vulgate alexandrine » parce qu'elle est établie et commentée en Égypte aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., sans doute à partir d'un corpus grec datant du VIe siècle av. J.-C.[20].
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+ Le plus vieux manuscrit complet que l'on en connaisse est de ce fait l'un des plus célèbres du monde. On l'appelle « Venetus A », ou « Codex Marcianus Graecus Z. 454 (=822) »[21]. « Codex » signifie que l'ouvrage est un manuscrit relié sous forme de livre, et « Marcianus Graecus », qu'il appartient au fonds grec de la bibliothèque Marciana de Venise. La lettre Z indique le nom (Zanetti) de la personne qui l'a enregistré sous le numéro 454 de l'inventaire. La cote supplémentaire, « 822 », a été rajoutée au début du XXe siècle pour indiquer l'emplacement du manuscrit dans la bibliothèque.
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+ Il existe d'autres manuscrits, un peu plus récents, que l'on désigne soit par leur cote, soit par les classements établis par les chercheurs qui les ont étudiés : l'Escorialensis Ω.I.12, du monastère de l'Escurial en Espagne, est par exemple également appelé E4 par Allen[22] et F par Martin L. West[23].
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+ Le Venetus A (abrégé « VA » ou « VenA ») est une copie byzantine du Xe siècle. Il parvient en Italie, entre les mains du cardinal humaniste grec Bessarion, au milieu du XVe siècle, alors que la menace ottomane se précise sur Constantinople. Bessarion le lègue avec toute sa bibliothèque à la République de Venise. Sur le catalogue du legs qui est transféré à la Sérénissime en 1472, il est désigné par ces quelques mots : Homeri Ilias, in pergameno, pulchra (l’Iliade d'Homère, sur parchemin, magnifique). Le codex est plus ou moins oublié pendant des siècles avant d'être à nouveau repéré et publié à la fin du XVIIIe siècle par Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison. Enfin, le manuscrit gagne Paris dans les malles de Bonaparte mais est finalement restitué en 1816.
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+ Le Venetus A compte 654 pages écrites par le même scribe sur des parchemins en peau de chèvre. Comme la plupart des manuscrits byzantins de la vulgate alexandrine, il accompagne le texte de nombreux commentaires linguistiques, critiques ou didactiques qu'on appelle scholies. Les scholies expliquent par exemple l'emploi de termes déjà devenus rares ou obsolètes à l'époque hellénistique. Elles nous renseignent aussi sur l'histoire du texte et de ses différentes versions. Le nombre et la qualité des scholies de VA témoignent d'une érudition et d'une documentation impressionnantes et confèrent à l'ouvrage un caractère exceptionnel[24].
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+ Le scribe introduit chaque chant par un court résumé en forme d'hexamètre dactylique et indique pour chacun les sources des scholies qu'il a sélectionnées. Il prend également soin de changer de calame et d'adopter une graphie différente pour le texte principal et chaque type de scholies. De forme végétale, la lettrine initiale des chants est enluminée de rouge carmin, d'or et de bleu cobalt. Le texte est écrit en encre brun-foncé à brun-rouille. Quelques indications sont données en rouge. Quelques illustrations sont rajoutées au XIIe siècle.
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+ Le codex a subi plusieurs opérations de reliure et de restauration : la première connue est faite par Bessarion lui-même qui remplace 19 pages manquantes en imitant remarquablement de sa main la graphie originelle. Enfin, il fait l'objet d'une reproduction photographique en 1901.
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+ La comparaison entre le texte de d'Ansse de Villoison, ces photographies et l'état actuel du document est assez préoccupante : l'encre s'efface et certains passages ont déjà disparu. À cet égard, la numérisation en haute résolution des papyrus et des manuscrits, les prises de vues sous ultra-violet rendant à nouveau lisibles les textes effacés par le temps, et leur publication sous licence Creative Commons ouvrent des perspectives diacritiques inédites et constituent l'un des enjeux majeurs des études homériques contemporaines. À titre d'exemple, VA, VB et U4 [Codex Marcianus Graecus Z. 453 (= 821) et Marcianus Graecus Z. 458 (= 841)] sont intégralement disponibles sur le site du Center for Hellenic Studies de l'université Harvard. L'université du Kentucky a procédé à la numérisation de l'Escorialensis Υ.I.1 et de l'Escorialensis Ω.I.12. Les images sont disponibles sur le site des études classiques de l'université de Houston[25]. Mais l'âge et la fragilité des manuscrits rendent ces campagnes d'acquisition de données particulièrement délicates. Elles nécessitent la mise en place de partenariats scientifiques et techniques internationaux[26].
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+ L’Iliade (en grec ancien Ἰλιάς / Iliás, en grec moderne Ιλιάδα / Iliádha) est une épopée de la Grèce antique attribuée à l'aède légendaire Homère. Ce nom provient de la périphrase « le poème d'Ilion » (ἡ Ἰλιὰς ποίησις / hê Iliàs poíêsis), Ilion (Ἴλιον / Ílion) étant l'autre nom de la ville de Troie.
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+ L’Iliade est composé de 15 337 hexamètres dactyliques et, depuis l'époque hellénistique, divisée en vingt-quatre chants. Le texte a probablement été composé entre -850 et -750, soit quatre siècles après la période à laquelle les historiens font correspondre la guerre mythique qu’il relate. Il n'a été fixé par écrit que sous Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C. Dans l'Antiquité, l’Iliade faisait partie d'un cycle épique, le cycle troyen, mais seules l’Iliade et l’Odyssée en ont été conservées.
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+ L'épopée se déroule pendant la guerre de Troie dans laquelle s'affrontent les Achéens venus de toute la Grèce et les Troyens et leurs alliés, chaque camp étant soutenu par diverses divinités comme Athéna, Poséidon ou Apollon. L’Iliade détaille les événements survenus pendant quelques semaines de la dixième et dernière année de la guerre. Après un siège de dix ans, le sort des armes hésite encore. Achille est le meilleur guerrier de l'armée achéenne. Mais une querelle avec le roi Agamemnon, chef des Achéens, met Achille en colère et il décide de se retirer du combat, ce qui menace de retourner le sort de la guerre en faveur des Troyens, galvanisés par Hector, le meilleur guerrier de Troie. Le récit culmine avec le retour d'Achille au combat et son duel contre Hector, puis les outrages infligés par Achille au corps de son ennemi vaincu. L’Iliade se termine avec les funérailles d'Hector. Le dénouement laisse entendre une victoire prochaine des Achéens.
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+ L’Iliade forme, avec l’Odyssée, l'une des deux grandes épopées fondatrices de la littérature grecque antique. Dès l'Antiquité, elle fait l'objet de nombreux commentaires et interprétations et engendre une postérité abondante, dont la principale épopée mythologique romaine, l’Énéide de Virgile, au Ier siècle av. J.-C. Connue au Moyen Âge par des réécritures latines, l’Iliade est redécouverte dans son texte grec à la Renaissance. À partir de la fin du XVIIIe siècle, la compréhension du texte et de ses origines est renouvelée peu à peu par la question homérique qui remet en cause l'existence d'Homère. L'épopée continue d'inspirer les artistes et de susciter l'intérêt des hellénistes et des historiens jusqu'à nos jours.
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+ Μῆνιν ἄειδε, θεὰ, Πηληιάδεω Ἀχιλῆος
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+ « Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille,
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+ « Déesse chante-nous la colère d'Achille, de ce fils de Pélée,
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17
+ Le premier terme, μῆνις / mễnis, qui veut dire « colère », est toujours employé pour qualifier une colère divine, funeste. Achille est le seul mortel dont la colère soit appelée μῆνις dans tout le corpus homérique. C’est bien cette colère inhumaine qui est le thème-clef de l’épopée.
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+ La guerre de Troie dure depuis bientôt dix ans. Elle oppose les Achéens venus de toute la Grèce, aux Troyens et à leurs alliés. Face à la cité fortifiée, les centaines de navires des assiégeants reposent sur la plage et leur servent de campement. L’Iliade relate, dans l'ordre chronologique, six journées et nuits de la guerre ; le chant XXIV se déroule douze jours après les événements du chant XXIII[4]. En aucune partie du texte n’est annoncée la prise de Troie grâce à la ruse du cheval de bois.[5]
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21
+ Agamemnon, le chef des Achéens, retient prisonnière Chryséis, la fille de Chrysès, un prêtre troyen d'Apollon. En représailles, le dieu Apollon a envoyé une peste meurtrière sur toute l'armée achéenne. Le devin Calchas révélant la cause du mal, Achille adjure Agamemnon de rendre la prisonnière. Le roi finit par y consentir, mais décide d'avoir en dédommagement Briséis, une belle Troyenne, en la prenant à Achille dont elle était la captive. Furieux et se sentant spolié, ce dernier décide de cesser de combattre avec ses Myrmidons aux côtés des Achéens. Il invoque sa mère, la Néréide Thétis, qui obtient de Zeus la promesse d'une victoire troyenne.
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23
+ Trompé dans son sommeil par un songe envoyé par Zeus, Agamemnon s'éveille certain de la victoire de ses troupes. Lors du conseil des chefs, il raconte précisément son rêve à quelques-uns de ses plus proches, puis, pour mettre à l'épreuve l'ensemble des troupes, feint de vouloir quitter le siège de Troie. Les guerriers préparent leur retour après neuf années de siège, mais Ulysse, roi d'Ithaque, parvient à les dissuader de partir. Les deux armées s'apprêtent à combattre et le narrateur détaille les forces en présence dans un passage traditionnellement appelé Catalogue des vaisseaux, qui est suivi du Catalogue des Troyens : les Achéens venus de toute la Grèce sur un grand nombre de vaisseaux feront face aux troupes des chefs troyens et de leurs alliés dardaniens, lyciens, phrygiens et thraces.
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+ Le troyen Pâris, fils du roi Priam, est saisi d'effroi à la vue de Ménélas, dont il a enlevé l'épouse, Hélène, événement qui est la cause du conflit. Suite aux durs reproches de son frère, le vaillant Hector, Pâris propose aux Achéens que Ménélas lui soit opposé en combat singulier, afin d'éviter une hécatombe à son peuple. Tandis que, du haut des remparts de Troie, Hélène énumère à Priam les chefs grecs, le pacte est conclu. Le duel s'engage et tourne rapidement à l'avantage de Ménélas, combattant expérimenté, au détriment du frêle et jeune Pâris. Mais celui-ci est sauvé d'une mort certaine par l'intervention divine d'Aphrodite, qui le soustrait au combat et le dépose dans Troie.
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+ Sur l’Olympe, Zeus souhaite faire reconnaître la victoire de Ménélas, afin qu'une paix soit conclue, épargnant ainsi la ville. Mais Héra, qui souhaite ardemment la victoire des Achéens, demande à Athéna de pousser les Troyens à violer leurs serments de paix. Athéna convainc alors Pandare de décocher une flèche à Ménélas afin de briser la trêve, ce qui survient effectivement.
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+ Pendant la revue de ses troupes, Agamemnon exhorte au combat les plus grands de ses chefs : Idoménée, les deux Ajax (Ajax fils de Télamon et Ajax fils d'Oïlée), Nestor, Ulysse et Diomède –, et les combats reprennent.
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+ Dans la furie de la bataille, les Achéens galvanisés massacrent un grand nombre de Troyens. Diomède s'illustre en particulier, soutenu par Athéna, au cours d'une aristie, en tuant, entre autres, Pandare, et en blessant Énée et sa mère, la déesse Aphrodite, venue le secourir. Les dieux s'impliquent alors dans les combats : Apollon sauve Énée en le soustrayant au champ de bataille et exhorte son frère Arès à s'engager aux côtés des Troyens. Ces derniers se ressaisissent et Hector, enflammé par les paroles de Sarpédon, mène ses troupes au combat avec le soutien d'Arès. Inquiètes de ce retournement de situation, Héra et Athéna s'arment et apportent leur secours aux Achéens défaits par le dieu de la guerre, qui est à son tour blessé par Diomède, seul mortel à pouvoir apercevoir les dieux. Enfin, dieux et déesses remontent à l'Olympe porter leur discorde devant Zeus.
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+ Le combat continue de faire rage, les meilleurs guerriers des deux camps s'affrontant mortellement. Cependant, après avoir évoqué les liens d'hospitalité qui unissaient naguère leurs ancêtres, Diomède et Glaucos le Lycien cessent leur duel et échangent des présents. Hector se retire du combat et regagne la ville. Là, il demande à Hécube, sa mère, de prier Athéna pour la victoire des Troyens. Les femmes rejoignent le temple de la déesse. Près des portes Scées, Hector fait ses adieux à son épouse, Andromaque, et à son tout jeune fils Astyanax. Il retrouve ensuite son frère Pâris et le convainc de rejoindre la bataille avec lui.
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+ Guidé par les plans d'Apollon et d'Athéna, Hector provoque les chefs grecs en duel. C'est Ajax, fils de Télamon, qui est tiré au sort pour l'affronter. À la faveur de la nuit, le duel doit cesser sans qu'un vainqueur puisse être désigné, bien qu'Hector soit blessé. Les deux hommes, en signe d'estime et de respect, s'offrent de nombreux présents. Une trêve temporaire est décidée par les deux camps. Elle est mise à profit pour honorer les nombreux morts qui jonchent le champ de bataille. Les Achéens décident et mettent en œuvre la construction d'un fossé et d'un mur devant leurs navires tirés sur la plage.
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+ Au petit jour, Zeus exige des dieux qu'ils restent neutres. Depuis les sommets du mont Ida surplombant le champ de bataille, il pèse sur sa balance d'or les destinées des deux armées. Celle-ci penche en faveur des Troyens et de fait, dès la reprise des combats, ils prennent l'avantage grâce à la fougue d'Hector, qui pousse ses troupes vers le rivage et les remparts des Achéens. Athéna et Héra ne peuvent rester sans agir face au repli des Grecs. Elles désobéissent à Zeus en secourant ces derniers, mais sont rapidement et vertement rappelées à l'ordre. Quand la nuit tombe, pour ne pas perdre leur avantage, cinquante mille Troyens campent dans la plaine.
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+ Dans le campement achéen, l'inquiétude est grande. Agamemnon évoque la possibilité d'abandonner le siège et de rentrer en Grèce, ce à quoi Ulysse et Nestor sont farouchement opposés. La solution serait de ramener Achille à la raison et de le convaincre de se joindre au combat. Agamemnon est prêt à s'excuser, à rendre Briséis et à couvrir Achille de présents, immédiatement et dans le futur par la promesse d'union avec l'une de ses filles et le don de plusieurs de ses cités en Argos. Il lui envoie Ulysse, Ajax et Phénix en ambassade afin de le convaincre. Achille reçoit dignement et écoute ses compagnons mais reste inflexible : il a l'intention de regagner sa patrie dès le lendemain — tout en évoquant la possibilité de demeurer sur place — et propose à Phénix de se joindre à lui. Ulysse et Ajax s'en retournent annoncer la mauvaise nouvelle à Agamemnon. Dans le Cratyle de Platon, Cratyle nous apprend que l’épisode de l’ambassade auprès d’Achille était appelé Les Prières (Λιταῖ)[6].
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+ Afin de connaître les intentions des Troyens, le chef des Achéens, sur les conseils du sage Nestor, décide d'envoyer Diomède et Ulysse espionner leurs ennemis. Dans le camp adverse, Hector envoie Dolon en reconnaissance près du campement des Grecs. Mais Dolon est capturé par les deux espions achéens puis exécuté par Diomède après avoir livré des renseignements stratégiques et malgré ses suppliques. Poussant leur avantage, Ulysse et Diomède massacrent les chefs thraces, alliés des Troyens, endormis près du feu et ramènent leurs chevaux auprès des navires. Cet exploit ravive l'espoir d'une victoire prochaine parmi les Achéens. Cet épisode est appelé la « Dolonie », d'après le nom de Dolon.
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+ Au matin, la bataille reprend, et sous la pression des exploits d'Agamemnon, les Troyens reculent jusqu'aux remparts de leur cité. Mais Zeus envoie sa messagère Iris assurer Hector de son soutien et lui indiquer de contre-attaquer dès qu'Agamemnon sera blessé, ce qui finit par survenir. Ulysse, Diomède, Machaon et Eurypyle sont touchés à leur tour et les Grecs se replient vers leurs tentes. Achille, inquiet de voir revenir tant de braves guerriers durement blessés, s'inquiète de la tournure que prennent les évènements et demande à Patrocle de s'en enquérir. Sur les conseils de son compagnon, il court s'informer auprès du vieux sage Nestor. Celui-ci l'incite à convaincre Achille de reprendre le combat. Mais Patrocle va porter secours à Eurypyle dans sa tente. Le moral des Achéens est de nouveau au plus bas.
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+ Ayant poursuivi les fuyards dans la plaine, ce sont désormais les Troyens et leurs alliés qui assiègent leurs ennemis avec une grande force. Sous les violents assauts d'Asios, de Sarpédon et de Glaucos, les remparts vacillent, malgré la résistance héroïque des meilleurs combattants achéens. Enfin, Zeus accorde à Hector de franchir le large fossé à la tête de ses troupes et de fracasser les lourdes portes du campement. Les combattants troyens se ruent dans cette brèche. À l'intérieur des remparts, Hector fait rage, selon les desseins de Zeus.
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+ Refusant la défaite imminente des Achéens et la mise à sac de leur camp et de leurs navires, Poséidon lui-même s'engage dans la bataille. Ainsi stimulés, Idoménée et Mérion, en furie, massacrent de nombreux Troyens, parmi lesquels Asios et son aurige Alcathoos. Les Troyens Énée, Pâris, Hélénos et Déiphobe s'illustrent également par leur bravoure et leurs ravages.
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+ Malgré ces actes valeureux, les combattants troyens se replient temporairement sous une contre-attaque des Grecs. Mais, épaulés par Zeus, ils reprennent le dessus et recommencent à ravager le campement achéen.
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+ La situation est désespérée et Agamemnon propose à nouveau de sonner la retraite, mais Poséidon exhorte les Grecs, leur redonnant confiance. Héra détourne Zeus de la bataille grâce à un ruban avec lequel elle le séduit et le laisse endormi sur les cimes du Gargare après l'amour : cette scène fait partie de la Dios apatè (traduit par « tromperie de Zeus » ou encore « Zeus berné »). Zeus ainsi neutralisé, Poséidon peut désormais secourir efficacement les Achéens, qui mènent une contre-attaque rageuse et victorieuse, tuant de nombreux Troyens. Hector lui-même est blessé et doit être évacué par ses compagnons auprès du fleuve Scamandre. Aristophane et Aristarque de Samothrace condamnent l'épisode du « Sortilège du ruban »[7], le jugeant inconvenant : Zeus y énumère ses infidélités passées, pour faire comprendre à son épouse qu'il est plus amoureux d'elle à ce moment-là que de ses amantes quand il les a aimées.
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+ À son réveil, Zeus, furieux d'avoir été trompé par sa femme Héra, intime à Poséidon l'ordre de se tenir à l'écart de la lutte. Préoccupé par le sort d'Hector, il envoie à son chevet Apollon, qui a tôt fait de le guérir et l'inspirer. Le valeureux Troyen peut alors à nouveau semer la mort et la panique dans les rangs des Grecs. Patrocle, effrayé, quitte son ami Eurypyle pour accourir vers Achille. Malgré une résistance héroïque d'Ajax auprès des navires, les Achéens épuisés cèdent et Hector arrive jusqu'aux premier rang de nefs pour commencer à y mettre le feu.
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+ Devant l'urgence de la situation, Achille autorise Patrocle à mener les Myrmidons au combat à condition qu'il se contente de repousser les assaillants sans chercher à prendre la cité de Troie. Ayant revêtu les armes divines qu'Achille lui a prêtées, Patrocle exhorte les Myrmidons. Il parvient à faire reculer les combattants troyens et tue Sarpédon que Zeus se résigne, attristé, à voir périr. Apollon est envoyé pour récupérer son corps sans vie et l'envoyer en Lycie, et pour donner à Hector de l'ardeur au combat. Grisé par ses succès, Patrocle désobéit à Achille et pousse sa contre-attaque jusqu'aux remparts de Troie tuant encore le conducteur du char d'Hector. Il est alors frappé dans le dos par Apollon, puis par Euphorbe, et achevé par le prince troyen.
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+ S'engage alors une âpre bataille autour du corps de Patrocle : Hector et Énée tentent de s'en emparer ainsi que des chevaux d'Achille. Mais les Achéens, Ménélas et Ajax en particulier, défendent héroïquement la dépouille de leur compagnon. Hector parvient cependant à en arracher les armes d'Achille, son casque et son armure, dont il se revêt. Inspiré par Zeus, il repousse les combattants achéens vers les nefs, qui, soutenus par Mérion et les deux Ajax, finissent par emporter le corps de Patrocle dans leur campement.
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+ C'est à Antiloque que revient la lourde tâche d'informer Achille de la mort de son compagnon. Accablé de douleur, couvert de cendres et prostré à terre, Achille jure de le venger au plus vite. Sa mère Thétis lui demande de patienter une nuit, afin de permettre à Héphaïstos de lui forger de nouvelles armes. Le dieu boiteux se met au travail. Achille quitte sa tente et bondit hors du camp pour crier sa douleur et sa rage, et ses hurlements épouvantent les Troyens. De leur côté, ceux-ci tiennent conseil, et le sage Polydamas prodigue à Hector des conseils de prudence que ce dernier ignore. Son labeur achevé, Héphaïstos remet à Thétis un bouclier étincelant et magnifiquement orné, une cuirasse, un casque et des cnémides splendides pour Achille.
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+ Devant l'armée achéenne, Achille se réconcilie avec Agamemnon. En échange de sa bonne volonté, il reçoit comme prévu un grand nombre de présents, dont la belle Briséis, qu'Agamemnon jure n'avoir jamais possédée. En préparation de la bataille à venir, les guerriers se restaurent, mais Achille, voulant se consacrer uniquement à la vengeance de son compagnon, refuse toute nourriture. Équipé de ses nouvelles armes, il souhaite partir au combat sur le champ, malgré les avertissements de son cheval Xanthos qui lui promet une mort prochaine.
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+ La discorde règne chez les dieux, que Zeus autorise à intervenir dans la bataille. Chacun choisit son camp et fourbit ses armes. Malgré l'épouvante des Troyens à la vue d'Achille, Énée s'élance vaillamment contre lui, inspiré par Apollon. Loin d'égaler Achille au combat, il est vaincu mais sauvé par Poséidon. Hector et Achille, parvenus à portée de voix, commencent à s'affronter, mais Apollon, inquiet pour la vie d'Hector, fait disparaître celui-ci du champ de bataille. Furieux, Achille fait un grand massacre parmi les Troyens affolés.
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+ Sous les coups d'Achille, de nombreux combattants de Troie se jettent et périssent dans le fleuve Scamandre, révolté d'être ainsi souillé du sang des guerriers. Aidé du fleuve Simoïs, le Scamandre combat farouchement Achille, manquant de le noyer. Héra envoie alors Héphaïstos, qui parvient à faire reculer le fleuve par un feu divin brûlant et évaporant ses eaux. Dans la bataille, Apollon dresse Agénor contre Achille, puis finit par prendre sa place, simule la fuite afin qu'Achille lui coure après, autorisant ainsi la retraite des Troyens qui s'engouffrent tous dans les portes de la cité.
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+ Hector, malgré les supplications de ses parents, Priam et Hécube, s'est résolu à combattre Achille et l'attend seul, devant les remparts de Troie. Mais à la vue de son ennemi, il est épouvanté et dans un premier temps prend la fuite. Tandis qu'Achille poursuit Hector sur trois tours des murs de la cité, Zeus pèse sur sa balance d'or les destinées des deux guerriers : Hector est condamné. Athéna, déguisée, ramène Hector à la raison et le convainc d'affronter son destin et Achille. Le combat ne dure guère mais avant de mourir — frappé par la pique d'Achille au cou, au seul endroit où la cuirasse, qui fut celle du Peléide prise sur la dépouille de Patrocle, ne le protège pas —, Hector révèle à Achille qu'il périra sous le trait de son jeune frère Pâris. Le vainqueur se saisit de la dépouille de son ennemi qu'il attache à son char par les tendons des chevilles et traîne jusqu'aux vaisseaux grecs sous les yeux éplorés des Troyennes, parmi lesquelles Andromaque, l'épouse d'Hector.
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+ Patrocle apparait en songe à son compagnon qui tente vainement de le saisir dans ses bras. Tous les Achéens se consacrent au deuil : de nombreux sacrifices sont consentis (bœufs, chevaux, servantes et douze jeunes Troyens sont immolés) et la dépouille du jeune homme est brûlée selon la tradition. Un tombeau est élevé, et les cendres et os de Patrocle sont recueillis en attendant d'être réunis avec ceux d'Achille. Ce dernier organise des jeux funèbres qu'il dote de nombreux prix. Ainsi les guerriers peuvent montrer leur valeur à la course de char, au pugilat, à la lutte, à la course à pied ou encore aux lancers.
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+ Achille ne peut trouver le sommeil. Pendant onze jours, il traîne chaque matin le corps d'Hector avec son char autour du tombeau de Patrocle. Mais les dieux, prenant en pitié la famille du Troyen, réprouvent son comportement et, par un procédé divin, conservent à la dépouille son bel aspect. Zeus exige de Thétis qu'elle aille convaincre son fils de rendre la dépouille à Priam. Ce dernier, protégé par Hermès, traverse en secret les lignes ennemies pour être reçu dans la tente d'Achille. Là, au nom de Pélée, il supplie le héros grec de lui rendre son fils en échange de présents. Achille y consent et propose à Priam le gîte et le couvert. Conciliant, Achille accepte également de retenir les troupes achéennes pendant douze jours, le temps pour les Troyens d'organiser des funérailles décentes à Hector. De retour à Troie, le corps du prince est présenté à la foule en larmes et de longues funérailles sont organisées.
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+ Dans son récit, Homère cite un grand nombre de héros de chaque camp, mais les Dieux et autres divinités sont également présents et influents.
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+ Tandis que 150 Troyens sont tués, seulement 44 Achéens meurent au cours de l’Iliade.
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+ Henri-Irénée Marrou explique dans son Histoire de l’éducation dans l’Antiquité[Où ?] (1948) que
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+ « Beaucoup plus que l’Ulysse du Retour, c’est la noble et pure figure d’Achille qui incarne l’idéal moral du parfait chevalier homérique ; il se définit d’un mot : une morale héroïque de l’honneur. C’est dans Homère que chaque génération antique a trouvé ce qui est l'axe fondamental de cette éthique aristocratique : l'amour de la gloire. »
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+ Deux types de gloires, d’honneurs (τιμή / timḗ) sont montrées dans l’Iliade :
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+ L’Iliade voit le triomphe de la gloire vantée par Achille, κλέος ἄφθιτον / kléos áphthiton, la « gloire impérissable »[8], qui s’acquiert par une « belle mort », jeune, sur le champ de bataille.
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+ Plus tard, cet amour de la gloire personnelle sera transformé. Tyrtée, le poète spartiate, chante ainsi la gloire immortelle qu'il y a à défendre sa patrie : pour le guerrier mort ainsi, « jamais sa noble gloire ne périt, ni son nom, mais bien qu’il demeure sous terre, il est immortel »[9]. Dans l’Iliade, Achille n’est pas un guerrier patriote. Quand il reprend les armes, ce n'est pas pour les Grecs qu’il combat. Son départ pour Troie, ses combats, sa colère et sa décision de reprendre les armes sont profondément individuels, voire égoïstes. Et quand il décide d’affronter Hector, sachant qu’il mourra ensuite s’il le fait, ce n’est pas pour les Grecs mais pour venger Patrocle.[réf. nécessaire]
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+ L’Iliade représente une lente décomposition des valeurs et des codes héroïques et chevaleresques, le cosmos (κόσμος, univers ordonné) pour basculer dans la sauvagerie, le chaos. Selon Jean-Pierre Vernant[10], les héros grecs comme troyens cessent progressivement de considérer l’adversaire comme le partenaire d’un combat loyal pour le transformer en proie — témoin la mutilation sauvage par Achille du corps d’Hector. Cette sauvagerie n’est rédimée qu’à la fin de l'épopée, quand Priam vient réclamer le corps de son fils et qu’Achille, selon Jean-Pierre Vernant, comprend les limites du monde héroïque dans lequel il se meut.
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+ Avec l’Odyssée, l’Iliade est le texte majeur de la littérature grecque. Dans l’Antiquité, il était considéré comme la base indispensable de la bonne éducation, principalement celle des jeunes gens de bonne famille, ce qui faisait d’Homère, selon le mot de Socrate (qui déplorait son influence dans La République de Platon), l’« éducateur de la Grèce »[11],[12]. Les enfants devaient par exemple faire des dictées tirées de ses épopées, ou en apprendre par cœur des passages, ou encore répondre à des questions à leur sujet (les restes d'un questionnaire de ce genre ont été retrouvés sur un fragment de papyrus égyptien d'époque ptolémaïque)[13]. De nombreux poètes et artistes prennent l’Iliade pour modèle ou s'en inspirent. Dès l'époque archaïque, la Batrachomyomachia, Combat des grenouilles et des rats, que les Anciens attribuaient aussi à Homère, compose une parodie héroïcomique des combats épiques comme ceux de l’Iliade. Au Ve siècle, un dramaturge anonyme reprend dans la tragédie Rhésos l'histoire de Dolon, rapportée au chant X de l’Iliade.
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+ À l'époque romaine, le poète latin Virgile prend Homère pour modèle dans la composition de son épopée, l’Énéide, qui relate le mythe des origines troyennes de Rome et glorifie indirectement Auguste. L'histoire prend la suite d'Homère sur plusieurs plans : sur le plan narratif, puisque le principal héros, Énée, est un prince troyen qui apparaît dans l’Iliade ; et sur le plan thématique, puisque la première moitié de l’Énéide relate un voyage en mer dans le style de l’Odyssée, tandis que la seconde moitié décrit les batailles menées par Énée pour s'établir dans le Latium, dans le style de l’Iliade[14].
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+ L’Iliade, comme l’Odyssée, acquiert le statut de classique dès l'Antiquité gréco-romaine et exerce une influence durable sur la littérature et les arts en général. L’œuvre est traduite du grec en vers latins en deux temps, d'abord par Livius Andronicus qui traduit l'Odyssée durant le IIIe siècle av. J.-C. (Odussia) puis par Cnaeus Matius et Publius Baebius Italicus qui traduisent l'Iliade vers le début du Ier siècle av. J.-C. (Ilias Latina). L'Iliade et son auteur étaient étudiés dans les écoles. Aujourd'hui encore, elle inspire de nombreux artistes.
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+ Au Moyen Âge, la guerre de Troie est connue par le biais de l’Iliade, notamment grâce aux traductions latines de l'original grec. Mais l’Iliade ne raconte que quelques jours de la dixième année de la guerre. Le reste des événements avait été relaté à l'origine par les épopées du cycle troyen, mais celles-ci se sont perdues pendant l'Antiquité. En revanche, d'autres récits composés plus tard dans l'Antiquité sont encore connus au Moyen Âge (et sont parvenus jusqu'à nous), comme l’Histoire de la destruction de Troie attribuée à Darès le Phrygien et l’Éphéméride de la guerre de Troie attribuée à Dictys de Crète[15]. Vers 1165, Benoît de Sainte-Maure compose Le Roman de Troie qui relate l'ensemble des événements de la guerre de Troie (et ne se limite donc pas aux événements relatés par l’Iliade)[15]. En 1450-1452, Jacques Millet compose une pièce intitulée Histoire de la destruction de Troie la grande, composée de 30 000 vers, qui connaît un grand succès jusqu'au XVIe siècle[16].
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+ L’Iliade continue à fournir de nombreux sujets aux poètes et aux dramaturges à la Renaissance. Certaines tragédies développent des sujets liés à la guerre de Troie mais qui décrivent les suites de la guerre, dans la lignée des tragiques antiques : c'est le cas par exemple de La Troade de Robert Garnier (1579). Mais d'autres s'inspirent directement de l’Iliade, comme Hector d'Antoine de Montchrestien (1604)[17].
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+ En 1716, Marivaux publie un Homère travesti ou l’Iliade en vers burlesques qui est une parodie burlesque des événements de l’Iliade, où les guerriers sont ridicules et les combats bouffons ; Marivaux, ignorant le grec, n'a pas lu Homère dans le texte, mais a travaillé à partir d'une traduction française en douze chants par Houdar de La Motte[18].
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+ En 1990, Derek Walcott publie Omeros, une réécriture de l’Iliade qui se déroule aux Caraïbes. En 2006, Alessandro Baricco en propose une réécriture intitulée Homère, Iliade : en supprimant les apparitions divines ainsi que les répétitions, en changeant de narrateur à chaque chapitre et en utilisant l'italien moderne, l'auteur veut débarrasser le récit de « tous les archaïsmes qui l'éloignent du cœur de son sujet »[19].
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+ L’Iliade inspire aussi les auteurs des littératures de l'imaginaire. Dans Ilium (2003) et Olympos (2006), l'auteur américain Dan Simmons réalise une libre transposition de l'épopée homérique dans un univers de science-fiction qui se réfère aussi à d'autres classiques de la littérature.
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+ Dès les débuts du cinéma, l’Iliade fait l'objet de nombreuses adaptations en péplums. En 2004, Troie, réalisé par Wolfgang Petersen, relate l'ensemble de la guerre de Troie en accordant une place importante aux événements relatés par l'épopée homérique, mais en s'écartant parfois beaucoup du mythe antique.
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107
+ Comme en témoignent les nombreux papyrus dont on dispose et qui reproduisent des fragments de texte, il existe plusieurs versions du poème iliadique. Celle qui fait aujourd'hui référence s'appelle la « vulgate alexandrine » parce qu'elle est établie et commentée en Égypte aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., sans doute à partir d'un corpus grec datant du VIe siècle av. J.-C.[20].
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109
+ Le plus vieux manuscrit complet que l'on en connaisse est de ce fait l'un des plus célèbres du monde. On l'appelle « Venetus A », ou « Codex Marcianus Graecus Z. 454 (=822) »[21]. « Codex » signifie que l'ouvrage est un manuscrit relié sous forme de livre, et « Marcianus Graecus », qu'il appartient au fonds grec de la bibliothèque Marciana de Venise. La lettre Z indique le nom (Zanetti) de la personne qui l'a enregistré sous le numéro 454 de l'inventaire. La cote supplémentaire, « 822 », a été rajoutée au début du XXe siècle pour indiquer l'emplacement du manuscrit dans la bibliothèque.
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+ Il existe d'autres manuscrits, un peu plus récents, que l'on désigne soit par leur cote, soit par les classements établis par les chercheurs qui les ont étudiés : l'Escorialensis Ω.I.12, du monastère de l'Escurial en Espagne, est par exemple également appelé E4 par Allen[22] et F par Martin L. West[23].
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+ Le Venetus A (abrégé « VA » ou « VenA ») est une copie byzantine du Xe siècle. Il parvient en Italie, entre les mains du cardinal humaniste grec Bessarion, au milieu du XVe siècle, alors que la menace ottomane se précise sur Constantinople. Bessarion le lègue avec toute sa bibliothèque à la République de Venise. Sur le catalogue du legs qui est transféré à la Sérénissime en 1472, il est désigné par ces quelques mots : Homeri Ilias, in pergameno, pulchra (l’Iliade d'Homère, sur parchemin, magnifique). Le codex est plus ou moins oublié pendant des siècles avant d'être à nouveau repéré et publié à la fin du XVIIIe siècle par Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison. Enfin, le manuscrit gagne Paris dans les malles de Bonaparte mais est finalement restitué en 1816.
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+ Le Venetus A compte 654 pages écrites par le même scribe sur des parchemins en peau de chèvre. Comme la plupart des manuscrits byzantins de la vulgate alexandrine, il accompagne le texte de nombreux commentaires linguistiques, critiques ou didactiques qu'on appelle scholies. Les scholies expliquent par exemple l'emploi de termes déjà devenus rares ou obsolètes à l'époque hellénistique. Elles nous renseignent aussi sur l'histoire du texte et de ses différentes versions. Le nombre et la qualité des scholies de VA témoignent d'une érudition et d'une documentation impressionnantes et confèrent à l'ouvrage un caractère exceptionnel[24].
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+ Le scribe introduit chaque chant par un court résumé en forme d'hexamètre dactylique et indique pour chacun les sources des scholies qu'il a sélectionnées. Il prend également soin de changer de calame et d'adopter une graphie différente pour le texte principal et chaque type de scholies. De forme végétale, la lettrine initiale des chants est enluminée de rouge carmin, d'or et de bleu cobalt. Le texte est écrit en encre brun-foncé à brun-rouille. Quelques indications sont données en rouge. Quelques illustrations sont rajoutées au XIIe siècle.
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+ Le codex a subi plusieurs opérations de reliure et de restauration : la première connue est faite par Bessarion lui-même qui remplace 19 pages manquantes en imitant remarquablement de sa main la graphie originelle. Enfin, il fait l'objet d'une reproduction photographique en 1901.
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+ La comparaison entre le texte de d'Ansse de Villoison, ces photographies et l'état actuel du document est assez préoccupante : l'encre s'efface et certains passages ont déjà disparu. À cet égard, la numérisation en haute résolution des papyrus et des manuscrits, les prises de vues sous ultra-violet rendant à nouveau lisibles les textes effacés par le temps, et leur publication sous licence Creative Commons ouvrent des perspectives diacritiques inédites et constituent l'un des enjeux majeurs des études homériques contemporaines. À titre d'exemple, VA, VB et U4 [Codex Marcianus Graecus Z. 453 (= 821) et Marcianus Graecus Z. 458 (= 841)] sont intégralement disponibles sur le site du Center for Hellenic Studies de l'université Harvard. L'université du Kentucky a procédé à la numérisation de l'Escorialensis Υ.I.1 et de l'Escorialensis Ω.I.12. Les images sont disponibles sur le site des études classiques de l'université de Houston[25]. Mais l'âge et la fragilité des manuscrits rendent ces campagnes d'acquisition de données particulièrement délicates. Elles nécessitent la mise en place de partenariats scientifiques et techniques internationaux[26].
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+ Lilongwe est la capitale du Malawi. Sa population est, en 2018, d'environ 989 318 habitants[2].
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+ Elle est située au sud-ouest du pays, à l'ouest du lac Malawi près de la frontière entre le Malawi, le Mozambique et la Zambie.
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+ Lilongwe devient un centre administratif en 1904 [3].
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+ Dans les années 1920, son emplacement au carrefour de plusieurs routes principales a développé l’importance de la ville comme marché agricole pour le plateau de la région centrale [4]. En 1975, elle est devenue la capitale du Malawi en remplacement de Zomba.
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+ L’Université du Malawi a été fondée en 1964.
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+ Parmi les lieux de culte, il y a principalement des églises et des temples chrétiens : Lutheran Church of Central Africa (Fédération luthérienne mondiale), Église presbytérienne d'Afrique centrale (Communion mondiale d'Églises réformées), Baptist Convention of Malawi (Alliance baptiste mondiale), Assemblées de Dieu, Archidiocèse de Lilongwe (Église catholique) [5]. Il y a aussi des mosquées musulmanes.
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+ La ville est reliée par le transport aérien avec l'aéroport international de Lilongwe.
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+ Lima (prononcé [lima]) est la capitale et la plus grande ville du Pérou, ainsi que le chef-lieu de la région de Lima. Au milieu de la façade maritime du Pérou sur l'océan Pacifique, Lima s'étend sur les vallées de trois fleuves : Rimac, Chillón et Lurín (es).
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7
+ Avec une agglomération d’environ dix millions d’habitants, Lima est la cinquième plus grande ville d'Amérique latine, derrière Mexico, São Paulo, Buenos Aires et Rio de Janeiro. Ses habitants s'appellent les Liméniens (Limeños) et Liméniennes (Limeñas).
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9
+ Lima est fondée le 18 janvier 1535 par le conquistador espagnol Francisco Pizarro. Sous le nom de « la Ciudad de los Reyes » (« la Cité des Rois »), elle devient la capitale et la ville principale de la vice-royauté du Pérou, puis celle de la République, après l’indépendance du pays vis-à-vis de l’Espagne en 1821.
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11
+ Lima est le cœur commercial, financier, culturel et politique du Pérou, tout en concentrant deux tiers de l’industrie, en relation avec le plus grand aéroport du pays : l'aéroport international Jorge Chávez desservant les principales villes d’Europe, des États-Unis et d'Amérique latine.
12
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13
+ Son patrimoine architectural va de l’époque coloniale au XXe siècle et, pour cette raison, le centre-ville a été classé patrimoine mondial de l’UNESCO en 1991. La province de Lima est divisée en 43 districts, dont les plus importants sont : Miraflores, La Molina, San Isidro, Barranco, San Borja (es), Chorrillos,Villa El Salvador, Pachacamac et Los Olivos.
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15
+ Jorge Muñoz Wells est l'actuel maire de Lima.
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17
+ Lima est l'une des villes d'Amérique latine les plus touchées par la pollution atmosphérique.
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+ Le toponyme de Lima vient du nom de la vallée où elle s'est développée. Selon plusieurs analyses, l'actuelle région de Lima était nommée Ychma par ses premiers habitants. Au XVe siècle, avant même l’occupation de la vallée par les Incas, il y avait également un oracle très célèbre que les visiteurs appelaient souvent Rimaq (prononcé ['limaq] selon la tendance au labdacisme du quechua côtier, ou [rimaq] en quechua de Cuzco). Ce nom est issu de la racine quechua * -rima, tiré du verbe rimay (parler), et du suffixe –q du participe présent, et dont le sens final se traduit en français comme « celui qui parle » ou « parleur ». Il est certain que cette expression métaphorique était attribuée à la divinité et à la vallée où se trouvait l’oracle et qu’elle expliquait concrètement les pouvoirs divinatoires de celle-ci du point de vue des autochtones[2].
20
+
21
+ Avec la colonisation espagnole, plusieurs sanctuaires incas et indigènes furent détruits, dont celui de l’oracle dit alors « huaca de Santa Ana »[3] qui fut remplacé par l’actuelle église de Santa Ana. Ironiquement, le nom quechua « Limaq » persista dans l’usage local, mais cette fois pour désigner l’ensemble de la région. En même temps, d’autres graphies espagnoles telles que Limac ou Lyma coexistèrent pour nommer la nouvelle « Cité des rois » (Ciudad de los Reyes), appellation rendant hommage aux rois d’Espagne.
22
+
23
+ Certains auteurs soutiennent également que le nom Lima finit par s’imposer définitivement à la suite d'un phénomène normal d’adaptation phonologique chez les colons hispanophones de la vice-royauté du Pérou. Cette hypothèse suggère en outre que les locuteurs avaient tendance à supprimer toutes les consonnes occlusives finales à l’intérieur des toponymes comme Pachacama (Pachacamac) ou Requep (Reque)[4],[5].
24
+
25
+ La ville occupe une partie des vallées des rivières Chillón, Rímac et Lurín. Avec une superficie de 2 664,67 km2, Lima est considérée comme la ville la plus étendue sur un désert, avant Le Caire. Elle est également entourée des montagnes de la cordillère des Andes qui contribuent à maintenir au-dessus d'elle l'humidité venant de la mer.
26
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27
+ Le centre historique de la ville se situe au milieu de l'agglomération. Au XIXe siècle, les murailles de l'enceinte ont été démolies et la population aisée a progressivement quitté le centre historique pour aller vivre de plus en plus au sud, jusqu'à s'installer dans les villes côtières de Miraflores et de Barranco.
28
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29
+ À partir des années 1950, l'exode rural et la croissance de la population locale ont constamment repoussé les limites de la ville[6]. En 2003, avec l'arrivée du maire Castañeda Lossio, une nouvelle division officieuse de Lima a été établie. D'un côté, le Lima Moderne comprend les quartiers d'un centre-ville hypertrophié, son centre historique et tous les quartiers situés au sud du Rimac construits jusqu'aux années 1980, comme les quartiers de San Isidro ou Miraflores, ainsi que les zones de quartiers pavillonnaires comme Santiago de Surco ou San Borja. Ensuite, les trois « cônes » de peuplement résultant de l'exode rural, Lima Norte, Lima Sur et Lima Este. Ces dernières années, la croissance économique à l'initiative du gouvernement Toledo a permis une amélioration du niveau de vie dans ces banlieues avec l'implantation de grands centres commerciaux où, il y a 10 ans, ne se trouvaient que des bidonvilles[7]. Cependant, au nord, à l'est et au sud de la ville, la ville continue de s'étendre dans la précarité et sans ordre.
30
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31
+ La capitale du Pérou est l'une des métropoles les plus polluées d'Amérique latine, pour une bonne part en raison des types de carburant disponibles dans les stations-service. On compte différents types d'essence : l'essence 84, 90, 95 et 97 et gaz (GPL, GNV). Ces chiffres correspondent à l'indice d'octane.
32
+
33
+ Le climat de Lima est un climat tempéré désertique avec une pluviométrie annuelle de seulement 5 à 6 millimètres. La classification de Köppen le classe comme BWn, un climat désertique doux pour cette raison[8]. Cependant, l'humidité relative de l'air y est très élevée, atteignant même 100 % de juin à décembre. La chaleur quant à elle est très modérée pour une ville située au niveau de la mer et à une latitude aussi proche de l'équateur. Les maximales avoisinent les 26 °C en été et les 19 °C en hiver. Les minimales avoisinent les 19 °C en été et les 12 °C en hiver.
34
+
35
+ Ce climat atypique résulte de l'influence des eaux froides du courant de Humboldt qui longent la côte péruvienne et à la proximité de la cordillère des Andes, générant le phénomène appelé le Garúa : le courant de Humboldt refroidit en hiver l'air chaud tropical, générant des nuages à moins de 500 m de hauteur assez denses pour arrêter les radiations solaires. Ainsi Lima a seulement 1 284 heures d'ensoleillement par an : 28,6 heures en juillet et 179,1 heures en janvier ; valeurs exceptionnellement basses à ces latitudes[9].
36
+
37
+ La barrière constituée par la cordillère des Andes empêche l'air refroidi par le courant marin et aux nuages de circuler, les cumulonimbus, nuages à croissance verticale, ne pouvant pas se développer en raison de l'absence de mobilité de l'air par convection thermique.
38
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39
+
40
+
41
+ Lima est l'une des villes les plus polluées d’Amérique Latine selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le niveau de concentration moyen des particules PM 2.5 et PM 10 y sont en 2014 de 38 et 63 microgrammes par m³. Les niveaux maximums recommandés par l’organisation (10 et 20 microgrammes par m³) sont largement dépassés[11].
42
+
43
+ La situation est très inégale. La plus grande partie des districts les plus riches de Lima sont situés sur le bord de mer et sont moins atteints par la pollution. Dans la partie est de la ville, les quartiers plus populaires sont aux portes du désert et subissent un double impact. La pauvreté augmente la contamination avec des véhicules plus anciens et des déchetteries à ciel ouvert et les politiques publiques y sont plus faibles[11].
44
+
45
+ La ville souffre aussi d'un très fort déficit d'espace vert, en particulier dans les quartiers pauvres[11].
46
+
47
+ La ville a été fondée par Francisco Pizarro le 18 janvier 1535, avec le nom de « Cité des rois » (Ciudad de los Reyes), toutefois, avec le temps a persisté son nom original qui provient de la langue quechua (rimaq ['li.maq'], bavard) par sa rivière, le Rímac. Sur les premières cartes du Pérou, on peut conjointement voir le nom de Lima et celui de la Ville des Rois. Elle devient la principale place forte du pouvoir hispanique au Pérou.
48
+ L'urbanisme de Lima servit de modèle dans l'Amérique du Sud espagnole durant la période coloniale.
49
+
50
+ Lima est le centre économique du pays. Le grand dossier dispose de 7 000 magasins, et est responsable de plus de 70 % de l'industrie du Pérou. Des industries de production de véhicules motorisés, de textile, de papier, de peinture et agroalimentaires sont implantées à Lima. Le quartier populaire de La Victoria abrite le centre commercial textile le plus grand d'Amérique latine, Gamarra, qui est le cœur de l'économie textile à l'échelle nationale. La ville est le siège de nombreuses entreprises minières et de l'industrie de la pêche, le Pérou étant le premier producteur mondial de farine de poissons et le deuxième pour le volume des prises.
51
+
52
+ La cité est souvent le lieu d'implantation des multinationales à l'échelle des pays andins. Le centre financier se trouve à San Isidro, surtout autour de la voie express qui traverse le quartier. Le centre d'accueil touristique et de la vie nocturne se trouve à Miraflores, plus au sud. Ces dernières années, avec la stabilité économique, le tourisme d'affaires s'est beaucoup développé à Lima, et la ville fut le siège du congrès de l'APEC en 2008 et 2016.
53
+
54
+ Lima est le principal centre culturel du Pérou et l'un des plus importants en Amérique du Sud. Plusieurs établissements de l'enseignement supérieur, qui sont concentrés à Lima, sont reconnus sur le plan international. La ville compte actuellement 46 universités. La première université du Pérou est l'université nationale de San Marcos, et la plus ancienne du continent américain.
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+ Certaines universités publiques, sont : l'université nationale d'ingénierie (fondée en 1876), l'université nationale del Callao, l'université nationale Federico Villareal, l'université nationale agraire La Molina et l'université nationale d'éducation Enrique Guzmán y Valle (appelée aussi La Cantuta).
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+ L'université catholique pontificale du Pérou, fondée en 1917, devient la première université privée du pays. Par ailleurs, il existe un grand nombre d'autres universités situées à Lima, telles que l'université Inca Garcilazo de la Vega (fondée en 1964), l'université ESAN, l'université de Piura, l'université du Pacifique, l'université de Lima, l'université péruvienne Cayetano Heredia, l'université péruvienne des sciences appliquées, l'université scientifique du Sud, l'université San Ignacio de Loyola et l'université Ricardo Palma, entre autres.
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+ Le maire actuel de Lima est Jorge Muñoz Wells. Luis Castañeda Lossio a été maire de 2003 à 2010 et à nouveau de 2014 à 2018.
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+ L'organisation administrative de la ville est très particulière. Le maire de Lima est à la fois maire du district de Lima, le centre-ville, dont le code postal est Lima 1, et le maire des 41 autres districts de la ville. Sur le district du centre, il a tous les pouvoirs d'un maire, tandis que sur le territoire de la municipalité métropolitaine, il s'occupe principalement des grandes œuvres de voirie, de circulation et de transport. Les 41 autres maires sont responsables de la police municipale de leur district, du ramassage des ordures et de l'entretien de la voirie.
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+ À Lima se trouve l'Aéroport international Jorge Chávez, localisé à El Callao. C'est le terminal le plus important du pays dans lequel il y a beaucoup de trafic aérien national et international. En mouvement annuel de passagers c'est actuellement un des plus importants de l'Amérique latine et est le centre d'opérations (hub) de plusieurs lignes aériennes. Les élargissements et les retouches, qui s'effectuent dans son infrastructure (année 2008), prévoient l'extension de leurs services pour accueillir les 10 millions de passagers selon la société concessionnaire Lima Airport Partners. La cité de Lima possède aussi cinq autres aérodromes comme la Base Aérienne Las Palmas localisée dans le district de Santiago de Surco, d'utilisation exclusivement militaire ; l'Aéro-club de Collique, localisé dans le district de Comas, utilisé par l'aviation générale et pour l'instruction de pilotes d'aviation commerciale ; et autres voies d'atterrissage pour avions moindres dans les stations balnéaires de Saint María del Mer, San Bartolo et Chilca. Ils sont utilisés principalement pour les sports.
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+ Concernant le fret maritime, le port d'El Callao concentre la plupart du transport maritime national. Actuellement, il mobilise plus d'un million de conteneurs à l'année, ce qui en fait le port accueillant le plus grand mouvement de chargement de la côte ouest de l'Amérique du Sud.
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+ Pour ce qui est du transport maritime de passagers, les éventuels bateaux croisières peuvent s'ancrer dans le port d'El Callao à proximité de Lima.
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+ Ce chemin de fer ci fut la première ligne ferroviaire d'Amérique du Sud, appelée « Ferrocarril central andino » ; il a été créé le 17 mai 1851 ; et est actuellement un train de passagers et de chargement. Il relie le port du Callao avec la ville de Lima puis traverse presque 200 km dans la montagne péruvienne, pour arriver d'abord à la ville de Huancayo et ensuite continuer l'itinéraire jusqu'à la ville de Huancavelica.
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+ Le voyage dans ce chemin de fer est toute une aventure, puisqu'après après avoir traversé le port du Callao au même le niveau de la mer, le train arrive à la gare « Desamparados » au centre de la ville de Lima. Il continue ensuite tout en montant jusqu'à une altitude de presque 5 000 m. Après, l'itinéraire redescend vers les villes de la montagne péruvienne. De ce fait, il est considéré comme la deuxième ligne de chemin de fer la plus haute de la planète.
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+ Les routes les plus utilisées actuellement à Lima sont celles qui vont vers les villes du nord et du sud du pays. Il y a une route pour arriver à l'Atlantique brésilien en utilisant d'abord la route « panamericana » et ensuite la récemment inaugurée « route interoceanica ». Par sa localisation dans le centre du littoral péruvien, Lima est le point de confluent des principales routes du pays.
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+ La ville dispose également d'une gare routière dans le nord de la ville, qui sert comme point de départ et d'arrivée des autocars nationaux et internationaux. Celle-ci est localisée près du centre commercial « Plaza Norte » qui compte avec des magasins commerciaux entre des restaurants, snacks, cafés, maison de fruits, confiserie, service d'internet Wi-Fi, pharmacie, loterie, boîtes automatiques, grade d'informations touristique, panneaux, librairies, articles régionaux, entre autres services. Il existe d'autres terminaux particuliers à chaque société de transport et aussi d'autres terminaux informels économiques mais dangereux comme « Fiori » à district de San Martín de Porres pour les itinéraires vers le nord du pays, « Yerbateros » dans le district de San Luis pour les itinéraires du centre et « Atocongo » au district de San Juan de Miraflores pour les itinéraires du sud.
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+ Dans toute la ville existent plus de 400 itinéraires de transport urbain, qui sont offerts par autobus, minibus, coasters, « combis » et « mototaxis ». Ce système se caractérise par le manque de renouvellement des véhicules. Dans plusieurs cas, les services effectués sont informels et les itinéraires flexibles. Les camionnettes rurales telles que les « combis » et les « mototaxis » constituent le moyen de transport public typique pour les trajets courts, en particulier dans la périphérie de la ville, si bien que les itinéraires de quelques « combis » couvrent presque tout le secteur métropolitain. Cependant, le service est déficient par rapport aux normes de sécurité et de confort. De ce fait, la préfecture de la ville envisage le remplacement de ces véhicules par des autobus modernes et le renouvellement des itinéraires pour 2014.
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+ En 2014, plus de 52 % des bus de Lima ont plus de 20 ans[11].
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+ Le Système Métropolitain de Transport, connu comme « El Metropolitano (es) », est un système de transport urbain doté d'une voie en site propre et des gares d'autobus articulés, sur les principaux axes de la ville. Cette voie en site propre est longue de 26 km, sans compter les itinéraires effectués par les autobus de rabattement. Ce système est semblable au TransMilenio de Bogota.
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+ Le métro de Lima devrait devenir, à terme, le principal système de transport lourd et rapide de Lima. Le système a cinq lignes de prévues, mais actuellement il n'existe qu'une seule ligne presque totalement aérienne, appelée Ligne 1. Elle couvre un total de 35 km en traversant les districts métropolitains de Villa El Salvador, Villa María del Triomphe, San Juan de Miraflores, Santiago de Surco, Surquillo, San Borja, San Luis, Là Victoria, Cercado de Lima. et le district le plus peuplé de Lima (San Juan de Lurigancho).
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+ Presque tous les monuments remarquables se trouvent dans le centre historique, y compris l'université nationale Majeure San Marcos (1551) qui est la plus ancienne d'Amérique. Dans le centre-ville, appelé aussi le Cercado en référence aux murailles qui entouraient la ville au XVIIIe siècle, on trouve par exemple le palais Torre-Tagle, actuel siège du ministère des Affaires étrangères péruvien, et le meilleur exemple de l'architecture créole de Lima, largement inspirée par l'Andalousie, et d'autres grandes demeures seigneuriales, comme la Maison Riva-Agüero, la maison Prado ou la maison de Negreiros.
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+ La cathédrale de Lima, construite au XVIIe siècle et siège de l'archidiocèse de Lima, est l'un des plus beaux exemples du baroque colonial à l'échelle continentale. Elle contient le mausolée du conquistador Francisco Pizarro. Outre ces exemples d'architecture coloniale, le centre historique de Lima, classé patrimoine mondial par l'UNESCO en 1991, est une concentration des styles architecturaux qui ont marqué l'Amérique latine, avec des bâtiments néo-classiques d'inspiration française, comme le théâtre municipal de Lima, la place San Martin ou l'immeuble Rimac, des bâtiments Art nouveau, comme l'immeuble Courret, quelques ensembles Art déco, surtout autour du Jiron de la Union, la voie piétonne qui lie les deux places principales du centre-ville, la place d'Armes et la place San Martin.
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+ Au-delà de ce que furent les anciennes murailles de la ville, les quartiers de l'expansion urbaine de la fin du XIXe siècle décèlent des avenues de grandes maisons bourgeoises néo-classiques, comme le Paseo Colon, et de grands parcs comme le parc de l'Exposition, ou le parc de la Reserva qui étaient les lieux de promenade préférés au début du XXe siècle.
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+ En dehors du centre-ville, El Olivar, un jardin d'oliviers plantés au XVIe siècle, à San Isidro, le front de mer de Miraflores ou le centre de Barranco, et ses maisons du début du siècle, sont tout aussi dignes d'intérêt.
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+ Fondé en 1926, le musée Larco présente, sur un critère chronologique et géographique, d'impressionnantes galeries d'exposition qui enseignent le panorama exceptionnel des 3 000 ans du développement de l'histoire de l'ancien Pérou précolombien. Il a été rénové en 2009, offrant ainsi une visite plus thématique. Entouré d'élégants jardins (qui remportent en 2009 le prix du plus beau jardin de Lima) et doté d'un café-restaurant proposant de délicieuses spécialités péruviennes, le musée est installé dans un ancien manoir de style « virreinal » datant du XVIIIe siècle, qui fut lui-même construit sur une pyramide précolombienne du VIIe siècle de notre ère. Bien que généralement plus connu pour sa collection Mochica, le musée nous renseigne sur de nombreuses autres civilisations précolombiennes. On y admire la plus fine collection de pièces en or et argent de l'ancien Pérou, des bijoux, des textiles, coupes et céramiques d'une richesse incomparable. La célèbre et délicate collection d'art érotique est devenue une des attractions touristiques les plus visitées et appréciées au Pérou. Le musée Larco est l'un des rares musées internationaux où le public peut accéder et flâner dans son dépôt pour apprécier les 45 000 objets archéologiques, soigneusement ordonnés et classés, laissant ainsi un souvenir et une expérience inoubliable aux visiteurs. Les œuvres d'art du musée Larco ont été présentées dans les plus prestigieux musées du monde et sont considérées, au niveau mondial, comme les icônes de l'art précolombien.
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+ Un autre musée important est le Musée de l'or du Pérou et des armes du monde qui expose une collection de pièces d'orfèvrerie, de tissus et de céramiques des cultures précolombiennes. Les huit salles montrent le développement de l'orfèvrerie pré-inca. Une autre partie du musée expose la collection de 20 000 armes de son fondateur Miguel Mujica Gallo.
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+ Le Musée national d'archéologie, d'anthropologie et d'histoire du Pérou est le musée le plus ancien du Pérou : il a ouvert en 1822.
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+ L'hôpital Santo Toribio de Mogrovejo conserve une collection de près de 3 000 cerveaux de patients décédés de lésions cérébrales ou de maladies du système nerveux ; le musée de l'hôpital, où 290 de ces cerveaux sont exposés, reçoit annuellement 20 000 visiteurs[12].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Ville de Cuzco (1983) · Site archéologique de Chavin (1985) · Zone archéologique de Chan Chan (1986, en péril) · Centre historique de Lima (1988) · Lignes et géoglyphes de Nasca et de Pampas de Jumana (1994) · Centre historique de la ville d’Arequipa (2000) · Ville sacrée de Caral-Supe (2009) · Qhapaq Ñan, réseau de routes andin (avec cinq autres pays) (2014)
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+ Parc national de Huascarán (1985) · Parc national de Manú (1987)
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+ Sanctuaire historique de Machu Picchu (1983) · Parc national Río Abiseo (1990)
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+ Lima (prononcé [lima]) est la capitale et la plus grande ville du Pérou, ainsi que le chef-lieu de la région de Lima. Au milieu de la façade maritime du Pérou sur l'océan Pacifique, Lima s'étend sur les vallées de trois fleuves : Rimac, Chillón et Lurín (es).
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+ Avec une agglomération d’environ dix millions d’habitants, Lima est la cinquième plus grande ville d'Amérique latine, derrière Mexico, São Paulo, Buenos Aires et Rio de Janeiro. Ses habitants s'appellent les Liméniens (Limeños) et Liméniennes (Limeñas).
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+ Lima est fondée le 18 janvier 1535 par le conquistador espagnol Francisco Pizarro. Sous le nom de « la Ciudad de los Reyes » (« la Cité des Rois »), elle devient la capitale et la ville principale de la vice-royauté du Pérou, puis celle de la République, après l’indépendance du pays vis-à-vis de l’Espagne en 1821.
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+ Lima est le cœur commercial, financier, culturel et politique du Pérou, tout en concentrant deux tiers de l’industrie, en relation avec le plus grand aéroport du pays : l'aéroport international Jorge Chávez desservant les principales villes d’Europe, des États-Unis et d'Amérique latine.
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+ Son patrimoine architectural va de l’époque coloniale au XXe siècle et, pour cette raison, le centre-ville a été classé patrimoine mondial de l’UNESCO en 1991. La province de Lima est divisée en 43 districts, dont les plus importants sont : Miraflores, La Molina, San Isidro, Barranco, San Borja (es), Chorrillos,Villa El Salvador, Pachacamac et Los Olivos.
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+ Jorge Muñoz Wells est l'actuel maire de Lima.
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+ Lima est l'une des villes d'Amérique latine les plus touchées par la pollution atmosphérique.
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+ Le toponyme de Lima vient du nom de la vallée où elle s'est développée. Selon plusieurs analyses, l'actuelle région de Lima était nommée Ychma par ses premiers habitants. Au XVe siècle, avant même l’occupation de la vallée par les Incas, il y avait également un oracle très célèbre que les visiteurs appelaient souvent Rimaq (prononcé ['limaq] selon la tendance au labdacisme du quechua côtier, ou [rimaq] en quechua de Cuzco). Ce nom est issu de la racine quechua * -rima, tiré du verbe rimay (parler), et du suffixe –q du participe présent, et dont le sens final se traduit en français comme « celui qui parle » ou « parleur ». Il est certain que cette expression métaphorique était attribuée à la divinité et à la vallée où se trouvait l’oracle et qu’elle expliquait concrètement les pouvoirs divinatoires de celle-ci du point de vue des autochtones[2].
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21
+ Avec la colonisation espagnole, plusieurs sanctuaires incas et indigènes furent détruits, dont celui de l’oracle dit alors « huaca de Santa Ana »[3] qui fut remplacé par l’actuelle église de Santa Ana. Ironiquement, le nom quechua « Limaq » persista dans l’usage local, mais cette fois pour désigner l’ensemble de la région. En même temps, d’autres graphies espagnoles telles que Limac ou Lyma coexistèrent pour nommer la nouvelle « Cité des rois » (Ciudad de los Reyes), appellation rendant hommage aux rois d’Espagne.
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+ Certains auteurs soutiennent également que le nom Lima finit par s’imposer définitivement à la suite d'un phénomène normal d’adaptation phonologique chez les colons hispanophones de la vice-royauté du Pérou. Cette hypothèse suggère en outre que les locuteurs avaient tendance à supprimer toutes les consonnes occlusives finales à l’intérieur des toponymes comme Pachacama (Pachacamac) ou Requep (Reque)[4],[5].
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+ La ville occupe une partie des vallées des rivières Chillón, Rímac et Lurín. Avec une superficie de 2 664,67 km2, Lima est considérée comme la ville la plus étendue sur un désert, avant Le Caire. Elle est également entourée des montagnes de la cordillère des Andes qui contribuent à maintenir au-dessus d'elle l'humidité venant de la mer.
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+ Le centre historique de la ville se situe au milieu de l'agglomération. Au XIXe siècle, les murailles de l'enceinte ont été démolies et la population aisée a progressivement quitté le centre historique pour aller vivre de plus en plus au sud, jusqu'à s'installer dans les villes côtières de Miraflores et de Barranco.
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+ À partir des années 1950, l'exode rural et la croissance de la population locale ont constamment repoussé les limites de la ville[6]. En 2003, avec l'arrivée du maire Castañeda Lossio, une nouvelle division officieuse de Lima a été établie. D'un côté, le Lima Moderne comprend les quartiers d'un centre-ville hypertrophié, son centre historique et tous les quartiers situés au sud du Rimac construits jusqu'aux années 1980, comme les quartiers de San Isidro ou Miraflores, ainsi que les zones de quartiers pavillonnaires comme Santiago de Surco ou San Borja. Ensuite, les trois « cônes » de peuplement résultant de l'exode rural, Lima Norte, Lima Sur et Lima Este. Ces dernières années, la croissance économique à l'initiative du gouvernement Toledo a permis une amélioration du niveau de vie dans ces banlieues avec l'implantation de grands centres commerciaux où, il y a 10 ans, ne se trouvaient que des bidonvilles[7]. Cependant, au nord, à l'est et au sud de la ville, la ville continue de s'étendre dans la précarité et sans ordre.
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+ La capitale du Pérou est l'une des métropoles les plus polluées d'Amérique latine, pour une bonne part en raison des types de carburant disponibles dans les stations-service. On compte différents types d'essence : l'essence 84, 90, 95 et 97 et gaz (GPL, GNV). Ces chiffres correspondent à l'indice d'octane.
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33
+ Le climat de Lima est un climat tempéré désertique avec une pluviométrie annuelle de seulement 5 à 6 millimètres. La classification de Köppen le classe comme BWn, un climat désertique doux pour cette raison[8]. Cependant, l'humidité relative de l'air y est très élevée, atteignant même 100 % de juin à décembre. La chaleur quant à elle est très modérée pour une ville située au niveau de la mer et à une latitude aussi proche de l'équateur. Les maximales avoisinent les 26 °C en été et les 19 °C en hiver. Les minimales avoisinent les 19 °C en été et les 12 °C en hiver.
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+ Ce climat atypique résulte de l'influence des eaux froides du courant de Humboldt qui longent la côte péruvienne et à la proximité de la cordillère des Andes, générant le phénomène appelé le Garúa : le courant de Humboldt refroidit en hiver l'air chaud tropical, générant des nuages à moins de 500 m de hauteur assez denses pour arrêter les radiations solaires. Ainsi Lima a seulement 1 284 heures d'ensoleillement par an : 28,6 heures en juillet et 179,1 heures en janvier ; valeurs exceptionnellement basses à ces latitudes[9].
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+ La barrière constituée par la cordillère des Andes empêche l'air refroidi par le courant marin et aux nuages de circuler, les cumulonimbus, nuages à croissance verticale, ne pouvant pas se développer en raison de l'absence de mobilité de l'air par convection thermique.
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+ Lima est l'une des villes les plus polluées d’Amérique Latine selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le niveau de concentration moyen des particules PM 2.5 et PM 10 y sont en 2014 de 38 et 63 microgrammes par m³. Les niveaux maximums recommandés par l’organisation (10 et 20 microgrammes par m³) sont largement dépassés[11].
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+ La situation est très inégale. La plus grande partie des districts les plus riches de Lima sont situés sur le bord de mer et sont moins atteints par la pollution. Dans la partie est de la ville, les quartiers plus populaires sont aux portes du désert et subissent un double impact. La pauvreté augmente la contamination avec des véhicules plus anciens et des déchetteries à ciel ouvert et les politiques publiques y sont plus faibles[11].
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+ La ville souffre aussi d'un très fort déficit d'espace vert, en particulier dans les quartiers pauvres[11].
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+ La ville a été fondée par Francisco Pizarro le 18 janvier 1535, avec le nom de « Cité des rois » (Ciudad de los Reyes), toutefois, avec le temps a persisté son nom original qui provient de la langue quechua (rimaq ['li.maq'], bavard) par sa rivière, le Rímac. Sur les premières cartes du Pérou, on peut conjointement voir le nom de Lima et celui de la Ville des Rois. Elle devient la principale place forte du pouvoir hispanique au Pérou.
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+ L'urbanisme de Lima servit de modèle dans l'Amérique du Sud espagnole durant la période coloniale.
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+ Lima est le centre économique du pays. Le grand dossier dispose de 7 000 magasins, et est responsable de plus de 70 % de l'industrie du Pérou. Des industries de production de véhicules motorisés, de textile, de papier, de peinture et agroalimentaires sont implantées à Lima. Le quartier populaire de La Victoria abrite le centre commercial textile le plus grand d'Amérique latine, Gamarra, qui est le cœur de l'économie textile à l'échelle nationale. La ville est le siège de nombreuses entreprises minières et de l'industrie de la pêche, le Pérou étant le premier producteur mondial de farine de poissons et le deuxième pour le volume des prises.
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+ La cité est souvent le lieu d'implantation des multinationales à l'échelle des pays andins. Le centre financier se trouve à San Isidro, surtout autour de la voie express qui traverse le quartier. Le centre d'accueil touristique et de la vie nocturne se trouve à Miraflores, plus au sud. Ces dernières années, avec la stabilité économique, le tourisme d'affaires s'est beaucoup développé à Lima, et la ville fut le siège du congrès de l'APEC en 2008 et 2016.
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+ Lima est le principal centre culturel du Pérou et l'un des plus importants en Amérique du Sud. Plusieurs établissements de l'enseignement supérieur, qui sont concentrés à Lima, sont reconnus sur le plan international. La ville compte actuellement 46 universités. La première université du Pérou est l'université nationale de San Marcos, et la plus ancienne du continent américain.
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+ Certaines universités publiques, sont : l'université nationale d'ingénierie (fondée en 1876), l'université nationale del Callao, l'université nationale Federico Villareal, l'université nationale agraire La Molina et l'université nationale d'éducation Enrique Guzmán y Valle (appelée aussi La Cantuta).
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+ L'université catholique pontificale du Pérou, fondée en 1917, devient la première université privée du pays. Par ailleurs, il existe un grand nombre d'autres universités situées à Lima, telles que l'université Inca Garcilazo de la Vega (fondée en 1964), l'université ESAN, l'université de Piura, l'université du Pacifique, l'université de Lima, l'université péruvienne Cayetano Heredia, l'université péruvienne des sciences appliquées, l'université scientifique du Sud, l'université San Ignacio de Loyola et l'université Ricardo Palma, entre autres.
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+ Le maire actuel de Lima est Jorge Muñoz Wells. Luis Castañeda Lossio a été maire de 2003 à 2010 et à nouveau de 2014 à 2018.
61
+ L'organisation administrative de la ville est très particulière. Le maire de Lima est à la fois maire du district de Lima, le centre-ville, dont le code postal est Lima 1, et le maire des 41 autres districts de la ville. Sur le district du centre, il a tous les pouvoirs d'un maire, tandis que sur le territoire de la municipalité métropolitaine, il s'occupe principalement des grandes œuvres de voirie, de circulation et de transport. Les 41 autres maires sont responsables de la police municipale de leur district, du ramassage des ordures et de l'entretien de la voirie.
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63
+ À Lima se trouve l'Aéroport international Jorge Chávez, localisé à El Callao. C'est le terminal le plus important du pays dans lequel il y a beaucoup de trafic aérien national et international. En mouvement annuel de passagers c'est actuellement un des plus importants de l'Amérique latine et est le centre d'opérations (hub) de plusieurs lignes aériennes. Les élargissements et les retouches, qui s'effectuent dans son infrastructure (année 2008), prévoient l'extension de leurs services pour accueillir les 10 millions de passagers selon la société concessionnaire Lima Airport Partners. La cité de Lima possède aussi cinq autres aérodromes comme la Base Aérienne Las Palmas localisée dans le district de Santiago de Surco, d'utilisation exclusivement militaire ; l'Aéro-club de Collique, localisé dans le district de Comas, utilisé par l'aviation générale et pour l'instruction de pilotes d'aviation commerciale ; et autres voies d'atterrissage pour avions moindres dans les stations balnéaires de Saint María del Mer, San Bartolo et Chilca. Ils sont utilisés principalement pour les sports.
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+ Concernant le fret maritime, le port d'El Callao concentre la plupart du transport maritime national. Actuellement, il mobilise plus d'un million de conteneurs à l'année, ce qui en fait le port accueillant le plus grand mouvement de chargement de la côte ouest de l'Amérique du Sud.
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+ Pour ce qui est du transport maritime de passagers, les éventuels bateaux croisières peuvent s'ancrer dans le port d'El Callao à proximité de Lima.
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+ Ce chemin de fer ci fut la première ligne ferroviaire d'Amérique du Sud, appelée « Ferrocarril central andino » ; il a été créé le 17 mai 1851 ; et est actuellement un train de passagers et de chargement. Il relie le port du Callao avec la ville de Lima puis traverse presque 200 km dans la montagne péruvienne, pour arriver d'abord à la ville de Huancayo et ensuite continuer l'itinéraire jusqu'à la ville de Huancavelica.
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+ Le voyage dans ce chemin de fer est toute une aventure, puisqu'après après avoir traversé le port du Callao au même le niveau de la mer, le train arrive à la gare « Desamparados » au centre de la ville de Lima. Il continue ensuite tout en montant jusqu'à une altitude de presque 5 000 m. Après, l'itinéraire redescend vers les villes de la montagne péruvienne. De ce fait, il est considéré comme la deuxième ligne de chemin de fer la plus haute de la planète.
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+ Les routes les plus utilisées actuellement à Lima sont celles qui vont vers les villes du nord et du sud du pays. Il y a une route pour arriver à l'Atlantique brésilien en utilisant d'abord la route « panamericana » et ensuite la récemment inaugurée « route interoceanica ». Par sa localisation dans le centre du littoral péruvien, Lima est le point de confluent des principales routes du pays.
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+ La ville dispose également d'une gare routière dans le nord de la ville, qui sert comme point de départ et d'arrivée des autocars nationaux et internationaux. Celle-ci est localisée près du centre commercial « Plaza Norte » qui compte avec des magasins commerciaux entre des restaurants, snacks, cafés, maison de fruits, confiserie, service d'internet Wi-Fi, pharmacie, loterie, boîtes automatiques, grade d'informations touristique, panneaux, librairies, articles régionaux, entre autres services. Il existe d'autres terminaux particuliers à chaque société de transport et aussi d'autres terminaux informels économiques mais dangereux comme « Fiori » à district de San Martín de Porres pour les itinéraires vers le nord du pays, « Yerbateros » dans le district de San Luis pour les itinéraires du centre et « Atocongo » au district de San Juan de Miraflores pour les itinéraires du sud.
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+ Dans toute la ville existent plus de 400 itinéraires de transport urbain, qui sont offerts par autobus, minibus, coasters, « combis » et « mototaxis ». Ce système se caractérise par le manque de renouvellement des véhicules. Dans plusieurs cas, les services effectués sont informels et les itinéraires flexibles. Les camionnettes rurales telles que les « combis » et les « mototaxis » constituent le moyen de transport public typique pour les trajets courts, en particulier dans la périphérie de la ville, si bien que les itinéraires de quelques « combis » couvrent presque tout le secteur métropolitain. Cependant, le service est déficient par rapport aux normes de sécurité et de confort. De ce fait, la préfecture de la ville envisage le remplacement de ces véhicules par des autobus modernes et le renouvellement des itinéraires pour 2014.
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+ En 2014, plus de 52 % des bus de Lima ont plus de 20 ans[11].
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+ Le Système Métropolitain de Transport, connu comme « El Metropolitano (es) », est un système de transport urbain doté d'une voie en site propre et des gares d'autobus articulés, sur les principaux axes de la ville. Cette voie en site propre est longue de 26 km, sans compter les itinéraires effectués par les autobus de rabattement. Ce système est semblable au TransMilenio de Bogota.
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+ Le métro de Lima devrait devenir, à terme, le principal système de transport lourd et rapide de Lima. Le système a cinq lignes de prévues, mais actuellement il n'existe qu'une seule ligne presque totalement aérienne, appelée Ligne 1. Elle couvre un total de 35 km en traversant les districts métropolitains de Villa El Salvador, Villa María del Triomphe, San Juan de Miraflores, Santiago de Surco, Surquillo, San Borja, San Luis, Là Victoria, Cercado de Lima. et le district le plus peuplé de Lima (San Juan de Lurigancho).
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+ Presque tous les monuments remarquables se trouvent dans le centre historique, y compris l'université nationale Majeure San Marcos (1551) qui est la plus ancienne d'Amérique. Dans le centre-ville, appelé aussi le Cercado en référence aux murailles qui entouraient la ville au XVIIIe siècle, on trouve par exemple le palais Torre-Tagle, actuel siège du ministère des Affaires étrangères péruvien, et le meilleur exemple de l'architecture créole de Lima, largement inspirée par l'Andalousie, et d'autres grandes demeures seigneuriales, comme la Maison Riva-Agüero, la maison Prado ou la maison de Negreiros.
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+ La cathédrale de Lima, construite au XVIIe siècle et siège de l'archidiocèse de Lima, est l'un des plus beaux exemples du baroque colonial à l'échelle continentale. Elle contient le mausolée du conquistador Francisco Pizarro. Outre ces exemples d'architecture coloniale, le centre historique de Lima, classé patrimoine mondial par l'UNESCO en 1991, est une concentration des styles architecturaux qui ont marqué l'Amérique latine, avec des bâtiments néo-classiques d'inspiration française, comme le théâtre municipal de Lima, la place San Martin ou l'immeuble Rimac, des bâtiments Art nouveau, comme l'immeuble Courret, quelques ensembles Art déco, surtout autour du Jiron de la Union, la voie piétonne qui lie les deux places principales du centre-ville, la place d'Armes et la place San Martin.
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+ Au-delà de ce que furent les anciennes murailles de la ville, les quartiers de l'expansion urbaine de la fin du XIXe siècle décèlent des avenues de grandes maisons bourgeoises néo-classiques, comme le Paseo Colon, et de grands parcs comme le parc de l'Exposition, ou le parc de la Reserva qui étaient les lieux de promenade préférés au début du XXe siècle.
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+ En dehors du centre-ville, El Olivar, un jardin d'oliviers plantés au XVIe siècle, à San Isidro, le front de mer de Miraflores ou le centre de Barranco, et ses maisons du début du siècle, sont tout aussi dignes d'intérêt.
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+ Fondé en 1926, le musée Larco présente, sur un critère chronologique et géographique, d'impressionnantes galeries d'exposition qui enseignent le panorama exceptionnel des 3 000 ans du développement de l'histoire de l'ancien Pérou précolombien. Il a été rénové en 2009, offrant ainsi une visite plus thématique. Entouré d'élégants jardins (qui remportent en 2009 le prix du plus beau jardin de Lima) et doté d'un café-restaurant proposant de délicieuses spécialités péruviennes, le musée est installé dans un ancien manoir de style « virreinal » datant du XVIIIe siècle, qui fut lui-même construit sur une pyramide précolombienne du VIIe siècle de notre ère. Bien que généralement plus connu pour sa collection Mochica, le musée nous renseigne sur de nombreuses autres civilisations précolombiennes. On y admire la plus fine collection de pièces en or et argent de l'ancien Pérou, des bijoux, des textiles, coupes et céramiques d'une richesse incomparable. La célèbre et délicate collection d'art érotique est devenue une des attractions touristiques les plus visitées et appréciées au Pérou. Le musée Larco est l'un des rares musées internationaux où le public peut accéder et flâner dans son dépôt pour apprécier les 45 000 objets archéologiques, soigneusement ordonnés et classés, laissant ainsi un souvenir et une expérience inoubliable aux visiteurs. Les œuvres d'art du musée Larco ont été présentées dans les plus prestigieux musées du monde et sont considérées, au niveau mondial, comme les icônes de l'art précolombien.
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+ Un autre musée important est le Musée de l'or du Pérou et des armes du monde qui expose une collection de pièces d'orfèvrerie, de tissus et de céramiques des cultures précolombiennes. Les huit salles montrent le développement de l'orfèvrerie pré-inca. Une autre partie du musée expose la collection de 20 000 armes de son fondateur Miguel Mujica Gallo.
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+ Le Musée national d'archéologie, d'anthropologie et d'histoire du Pérou est le musée le plus ancien du Pérou : il a ouvert en 1822.
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+ L'hôpital Santo Toribio de Mogrovejo conserve une collection de près de 3 000 cerveaux de patients décédés de lésions cérébrales ou de maladies du système nerveux ; le musée de l'hôpital, où 290 de ces cerveaux sont exposés, reçoit annuellement 20 000 visiteurs[12].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Ville de Cuzco (1983) · Site archéologique de Chavin (1985) · Zone archéologique de Chan Chan (1986, en péril) · Centre historique de Lima (1988) · Lignes et géoglyphes de Nasca et de Pampas de Jumana (1994) · Centre historique de la ville d’Arequipa (2000) · Ville sacrée de Caral-Supe (2009) · Qhapaq Ñan, réseau de routes andin (avec cinq autres pays) (2014)
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+ Parc national de Huascarán (1985) · Parc national de Manú (1987)
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+ Sanctuaire historique de Machu Picchu (1983) · Parc national Río Abiseo (1990)