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+ Nicosie (en grec : Λευκωσία / Lefkosía, /lɛf.kɔ.ˈsi.a/ ; en turc : Lefkoşa, /lɛf.kɔ.ʃa/) est la capitale de la République de Chypre. Ses plus de 300 000 habitants en font la ville la plus peuplée de l'île.
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+ Depuis l’intervention turque de 1974, la ville est divisée de facto en deux. La partie septentrionale est séparée du reste de la ville par la « ligne verte », une zone démilitarisée contrôlée par l'Organisation des Nations unies (qui partage également la totalité de l'île entre ces deux entités). À Nicosie, cette ligne est matérialisée par l'existence d'un mur jalonné de plusieurs points de contrôle. En accord avec leurs homologues du Nord, les Chypriotes grecs ont abattu une partie de ce mur le 8 mars 2007 : la rue Ledra a été ainsi de nouveau ouverte à la circulation et constitue depuis le 3 avril 2008 l'unique point de passage de la capitale.
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+ Ledra (Λήδρα) ou Ledrae était une cité-État antique fondée en 1050 avant J.-C.
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+ La ville de Nicosie était le siège des rois de Chypre à partir de 1192. Elle devint possession des Vénitiens en 1489, puis des Turcs en 1571.
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+ En 1958, la partie turque de la ville s'érige une municipalité indépendante (en), reconnue par l'article 173 de la Constitution de la République de Chypre[2].
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+ Nicosie fut la scène d'une violence extrême pendant la période qui a précédé l'indépendance, et depuis l'intervention de l'armée turque en 1974, le secteur nord de la ville a été intégré à la république autoproclamée de Chypre du Nord dont elle est la capitale, séparée du reste de l'île par la zone-tampon des Nations unies renommée « ligne verte ».
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+ Les tombeaux des rois Lusignan sont dans l'ancienne cathédrale Sainte-Sophie, devenue aujourd'hui la mosquée Aya Sofya (Sainte-Sophie). La ville possède également des restes de fortifications vénitiennes.
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+ Le 3 avril 2008, la rue Ledra dans le centre de Nicosie, alors coupée en deux par un mur, est rouverte après 44 ans de séparation. On peut y voir là un premier pas vers la réunification de l'île[3].
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+ La ville de Nicosie est située sur la rivière Pedieos, au centre de l'île dans la plaine de la Mésorée entre la chaîne de Kyrenia et le massif du Troodos.
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+ La population de Nicosie (partie grecque) s'étend de plus en plus sur les communes avoisinantes : Pallouriótissa, Éngomi, Stróvolos, Áyios Dométios et même les communes plus éloignées telles que Lakatámia, et Latsiá.
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+ Le climat est semi-aride (classification de Köppen : Bsh). Les étés sont chauds et secs, pouvant atteindre plus de 40 °C. Les hivers sont doux avec un minimum d'environ 5 °C. Les oliviers, citronniers, orangers et palmiers dattiers font partie de la végétation de la ville. D'ailleurs, le mois d'avril est le meilleur mois pour y sentir les parfums provenant des orangers et y voir la végétation en fleur.
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+ Nicosie est un centre économique et produit textile, cuir, poterie, plastique, et autres. Des mines de cuivre sont avoisinantes.
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+ Nicosie intègre le réseau d'autoroutes chypriote et relie directement les villes de Limassol (autoroute A1) et Larnaca (autoroute A2) ainsi que les montagnes de Troodos (autoroute A9). En prolongement, les villes de Paphos (autoroute A6, Limassaol - Paphos) et d'Ayia Napa (autoroute A3, Larnaca Ayia - Napa), sont également accessibles.
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+ La ville est desservie par l'aéroport International de Larnaca situé à 35 km au sud et par l'aéroport international Ercan se trouvant 12 km à l'est, en zone turque chypriote.
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+ En 2011, la municipalité grecque de Nicosie a introduit un système de vélos en libre-service sur l'agglomération, Bike in Action basé sur le système Smoove[5].
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+ Nicosie compte plusieurs clubs de football et notamment les deux plus titrés du championnat chypriote : l'APOEL Nicosie et Omonia Nicosie. Les deux clubs jouent au stade GSP qui accueille également les matchs de l'équipe nationale chypriote.
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+ Bâtiment du vieux Nicosie
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+ Rue Ledra
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+ Vue du mur de Nicosie
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+ Vélos en libre-service
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+ La municipalité relevant du secteur chypriote-grec est jumelée avec[6] :
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+ La municipalité relevant du secteur chypriote-turc est jumelée avec[7] :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Friedrich Wilhelm Nietzsche [ˈfʁiːdʁɪç ˈvɪlhɛlm ˈniːt͡sʃə][1] Écouter (souvent francisé en [nit͡ʃ ]) est un philologue, philosophe, poète, pianiste et compositeur allemand, né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en Saxe-Weimar-Eisenach.
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+ Friedrich Wilhelm Nietzsche naît à Röcken, en Prusse, le 15 octobre 1844, dans une famille pastorale luthérienne. Son père, Karl-Ludwig, né en 1813, pasteur évangélique[2] et son grand-père ont enseigné la théologie. Le père de Nietzsche, qui éduque un membre de la famille royale de Prusse, est un protégé de Frédéric-Guillaume IV. Mais la maladie (de violents maux de tête) le contraint à demander une paroisse dans la région de sa famille, vers Naumburg. Karl-Ludwig et sa femme, Franziska (1826 – 1897), s'installent à Röcken. Ils ont deux fils, Friedrich Wilhelm et Ludwig Joseph (27 février 1848 – 4 janvier 1850), et une fille, Elisabeth Nietzsche (18 juillet 1846).
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+ En août 1848, le père de Nietzsche fait une chute, sa tête heurte les marches de pierre d'un perron. Il meurt un an plus tard, l'esprit égaré, le 30 juillet 1849. Quelque temps plus tard, en janvier 1850, le frère de Nietzsche meurt à son tour :
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+ La famille vient s’installer à Naumburg. Nietzsche ressent ce départ comme un abandon du village natal :
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+ « l'abandon du village natal ; l'entrée dans l'agitation urbaine, tout cela agit sur moi avec une telle force que chaque jour je la ressens en moi »
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+ — Note d'octobre 1862.
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+ Il souhaite à cette époque être pasteur comme son père. Il développe une conscience scrupuleuse, particulièrement portée à l'analyse et à la critique de soi, et fière, croyant à la noblesse de la famille Nietzsche (selon une tradition familiale transmise par sa grand-mère, les ancêtres des Nietzsche venaient de Pologne et s'appelaient alors Nietzki). Son caractère est bien résumé par cette remarque qu'il fit à sa mère : « Un comte Nietzki ne doit pas mentir. »
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+ Vers l'âge de neuf ans il se met au piano, compose des fantaisies et des mazurkas et écrit de la poésie. Il s'intéresse à l'architecture et même, pendant le siège de Sébastopol, en 1854, à la balistique. Il crée également un théâtre des Arts, où il joue avec ses amis des tragédies qu'il écrit (Les dieux de l'Olympe, Orkadal).
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+ Il entre au collège de Naumburg à l'âge de dix ans. Élève brillant, sa supériorité fait que sa mère reçoit le conseil de l'envoyer à Pforta. Elle accepte et obtient une bourse du roi Frédéric-Guillaume. En 1858, avant de partir pour Pforta, le jeune Nietzsche s'interroge sur la nature de Dieu :
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+ « À douze ans, j'ai vu Dieu dans sa toute-puissance. »
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+ — Note de 1858.
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+ Cherchant à expliquer le mal, il l'intègre à la Trinité : le Père, le Fils et le Diable. Nietzsche rédige alors un cahier où il consigne l'histoire de son enfance, et conclut :
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+ « Il est si beau de faire repasser devant sa vue le cours de ses premières années et d'y suivre le développement de l'âme. J'ai raconté sincèrement toute la vérité, sans poésie, sans ornement littéraire… Puissé-je écrire encore beaucoup d'autres cahiers pareils à celui-ci ! »
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+ Il entre au collège de Pforta en 1858, collège où passèrent Novalis, les frères Schlegel, Fichte. Il y fait ses humanités, y rencontre Gersdorff (1844 – 1904) et Paul Deussen (1845 – 1919), le futur sanskritiste. Cette époque est marquée par les premières questions angoissées sur son avenir, par de profonds troubles religieux et philosophiques, et par les premiers symptômes violents de la maladie.
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+ L'unique document dont nous disposons sur les premiers mois de la vie de Nietzsche dans ce collège relate une anecdote qui exprime sa personnalité : il y avait une discussion à propos de l'histoire de Mucius Scaevola. Les camarades de Nietzsche la tenaient pour une légende, personne ne pouvant avoir le courage de plonger sa main dans le feu. Nietzsche, alors, se saisit d'un charbon brûlant dans un poêle allumé et le tint devant les yeux de ses camarades[3].
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+ Dans le Crépuscule des idoles (« Ce que je dois aux Anciens ») Friedrich Nietzsche rend hommage à Corssen pour la formation de son style littéraire :
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+ « Mon sens du style, de l'épigramme comme un style, a été éveillé presque instantanément lorsque je suis entré en contact avec Salluste. Je n'ai pas oublié la surprise de mon honoré professeur Corssen, quand il eut à donner, à son plus mauvais élève de latin, la meilleure note – j'en avais fini avec un seul coup. »
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+ — Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles
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+ Pendant les vacances d'été 1859, il visite Iéna et Weimar, écrit quelques récits philosophiques :
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+ À partir de la rentrée d'août 1859, il rédige un journal, projette des plans d'études en géologie, astronomie, latin, hébreu, sciences militaires et enfin en religion. Dévoré d'un appétit de connaissances sans borne, il éprouve de grandes difficultés à se décider pour un domaine d'étude bien délimité :
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+ « Je devrai détruire plusieurs de mes goûts, cela est clair, et, pareillement, en acquérir de nouveaux. Quels seront les malheureux que je jetterai par-dessus bord ? Peut-être mes plus chers enfants ! »
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+ Les années passent dans la discipline sévère de Pforta et, à dix-sept ans, il lit Schiller, Hölderlin (Hypérion et Empédocle), Lord Byron où il trouve son inspiration. Il se passionne pour Manfred :
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+ « Le savoir est triste : ceux qui savent le plus Plus profondément pleurent la vérité fatale, L'arbre du savoir n'est pas l'arbre de la vie. »
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+ Nietzsche aime improviser au piano, provoquant l'admiration de Gersdorff et de Deussen :
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+ « De sept heures à sept heures et demie, nous nous rendions ensemble à la salle de musique. Je ne crois pas que les improvisations de Beethoven aient été plus poignantes que celles de Nietzsche, surtout lorsque l'orage couvait au ciel. »
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+ — Lettre de Gersdorff à Peter Gast, 14 septembre 1900.
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+ Il souhaite alors abandonner la théologie pour devenir musicien, mais sa mère l'en dissuade : il doit continuer ses études. Sa foi est néanmoins de plus en plus faible ; les écrits de cette époque témoignent d'une inquiétude profonde face aux problèmes religieux et philosophiques qu'il rencontre. Il hésite à délaisser l'autorité de la tradition pour les enseignements positifs des sciences naturelles :
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+ « Qu'est-ce que l'humanité ? Nous le savons à peine : un degré dans un ensemble, une période dans un devenir, une production arbitraire de Dieu ? L'homme est-il autre chose qu'une pierre évoluée à travers les modes intermédiaires des flores et des faunes ? Est-il dès à présent un être achevé ? que lui réserve l'histoire ? ce devenir éternel n'aura-t-il pas de fin ? […] Se risquer, sans guide ni compas, dans l'océan du doute, c'est perte et folie pour un jeune cerveau ; la plupart sont brisés par l'orage, petit est le nombre de ceux qui découvrent des régions nouvelles… »
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+ Il commence alors à souffrir de violents maux de tête et de troubles visuels.
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+ Il passe enfin les derniers examens et les réussit de justesse, à cause des mathématiques[4]. Il choisit comme sujet de mémoire de fin d'étude Théognis de Mégare[5]. Malgré ses résultats en mathématiques, ses professeurs lui donnent son diplôme au vu de l'excellence dont Nietzsche fait preuve dans les autres matières. En octobre 1864, il quitte Naumburg en compagnie de Paul Deussen et d'un cousin de ce dernier, et se rend à l'université de Bonn.
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+ En 1864, il entre à l'université de Bonn. Il participe à la vie étudiante, malgré son caractère réservé : promenades sur le fleuve, auberges et un duel qu'il fait avec un bon camarade, n'ayant pas d'ennemi. Il reçoit un coup d'épée au visage et en garde une cicatrice. Mais Nietzsche se sent mal à son aise dans ce milieu, et il passe seul, dans la tristesse, les fêtes de fin d'année. C'est le début d'une longue série de Noëls solitaires, passés à examiner sa vie, à se reprocher le temps perdu. Cherchant à remédier à la situation, il propose de réformer l'association d'étudiants mais il est mis à l'écart.
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+ Il y étudie la philologie, une discipline qui ne l'intéresse pas. Mais sa passion de la connaissance rend difficile un choix qui lui soit véritablement agréable. Il travaille avec intensité, pour oublier sa solitude, et aussi grâce au soutien vigoureux de Friedrich Wilhelm Ritschl (1806 – 1876), un professeur latiniste auteur d'ouvrages importants sur Plaute. Nietzsche écrit alors quelques mémoires. Il ne trouve aucun intérêt aux modes matérialistes et démocratiques de pensée de bien des étudiants de son âge, et se sent toujours tourmenté par la recherche de la vérité :
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+ « Pour un véritable chercheur, le résultat de la recherche n'est-il pas indifférent ? Dans notre effort que cherchons-nous ? le repos, le bonheur ? Non, rien que la vérité, tout effrayante et mauvaise qu'elle puisse être. »
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+ — Lettre à sa sœur.
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+ Nietzsche suit Ritschl à Leipzig où ce dernier est nommé professeur. Il y découvre Diogène Laërce et Schopenhauer, et fait la connaissance d'Erwin Rohde.
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+ Au cours de ses études à l'université de Leipzig, la lecture de Schopenhauer (Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818) va constituer les prémices de sa vocation philosophique. Toutefois, l'importance de cette lecture, qui sera au fondement de sa relation avec Wagner, est contestée, car Nietzsche, à cette même époque, s'intéresse à des penseurs rationalistes, en particulier Démocrite[6]. En outre, il lit bien d'autres penseurs et scientifiques : Lange, von Hartmann, Emerson notamment. C'est à cette époque qu'il s'enthousiasme pour la musique de Wagner, en 1868, à Leipzig[7].
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+ Une anecdote bien connue, datant de février 1865, rapporte que Nietzsche qui s'est rendu à Cologne pour assister à un festival de musique, est conduit dans une maison de tolérance où il se retrouve au milieu de femmes en tenue très légère : « J'allai droit à ce piano [dans le salon] comme au seul être qui, dans cette pièce, eût une âme. » Il fait une improvisation, se lève et s'enfuit.
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+ Élève brillant, doué d'une solide éducation classique (milieu dominé par les femmes et imprégné de piétisme protestant), Nietzsche est nommé à 24 ans professeur de philologie à l'université de Bâle, puis professeur honoraire l'année suivante[8]. Il développe pendant dix ans son acuité philosophique au contact de la pensée de l'Antiquité grecque dans laquelle il voit dès cette époque la possibilité d'une renaissance de la culture allemande[9] — avec une prédilection pour les Présocratiques, en particulier pour Héraclite et Empédocle, mais il s'intéresse également aux débats philosophiques et scientifiques de son temps. Pendant ses années d'enseignement, il se lie d'amitié avec Jacob Burckhardt et Richard Wagner (qu'il revoit à partir de 1869) dont il serait un parent éloigné[10]. En 1870, il s'engage comme infirmier volontaire dans la guerre franco-allemande, mais l'expérience est de courte durée, car Nietzsche contracte la diphtérie. Bien qu'il soit à cette époque patriote, Nietzsche commence à formuler quelques doutes à propos des conséquences de la victoire prussienne.
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+ En 1872 paraît La Naissance de la tragédie, qui obtient un certain succès, mais qui le discrédite comme philologue et fait l'objet d'une vive querelle avec le philologue Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff[11]. Erwin Rohde, philologue et ami de Nietzsche, et Wagner qui considère ce texte comme l'expression de sa pensée, prennent sa défense. Nietzsche formera ensuite le projet d'écrire une dizaine d'essais, les Considérations Inactuelles, mais il n'en paraîtra finalement que quatre, et, mis à part Richard Wagner à Bayreuth, ces œuvres eurent très peu de succès.
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+ Au premier semestre de l'été 1872, il donne des cours sur Eschyle, Les Choéphores, et sur les philosophes présocratiques. Il fait également un séminaire sur Théognis. Erwin Rohde publie un compte rendu de La Naissance de la tragédie le 26 mai et, à la fin du mois, parait le pamphlet de Willamowitz-Moellendorff contre ce premier ouvrage :
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+ Sa sœur vient s'installer à Bâle le 1er juin.
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+ Le 23 juin, Wagner publie une lettre ouverte à Nietzsche dans la Norddeutsche Allgemeine Zeitung pour prendre sa défense. Dans une lettre du 25, Wagner lui écrit :
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+ Nietzsche se rend à Munich, où se trouve également l'intellectuelle Malwida von Meysenbug, du 28 au 30 juin pour assister à une représentation de Tristan et Isolde dirigée par Hans von Bülow. Le 20 juillet, Nietzsche envoie à ce dernier sa Manfred-Meditation qui est qualifiée d'épouvantable et de nuisible par le chef d'orchestre, et de « viol d'Euterpe. » Franz Liszt jugera bien moins sévèrement une autre œuvre de Nietzsche.
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+ Il prépare une étude, La Joute chez Homère. En septembre et octobre, il se promène en Suisse. Au semestre d'hiver 1872-73, il donne un cours sur la rhétorique grecque et romaine. Les étudiants se font rares, il n'a que deux auditeurs. Rohde se retrouve également isolé et dans une situation difficile. Wagner fait lui-même l'objet d'attaques assez basses (il est jugé cliniquement fou par un professeur de l'université de Munich).
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+ Nietzsche passe Noël 1872 avec sa mère et sa sœur ; il offre à Cosima Wagner, pour son anniversaire, Cinq préfaces à cinq livres qui n'ont pas été écrits. Le 26 décembre, il est à Weimar pour assister à une représentation de Lohengrin. Il rencontre Ritschl à Leipzig qui le blâme de son manque de réussite en tant que professeur. L'incompréhension, ou peut-être l'amertume, du maître est extrême ; dans une lettre à Wilhelm Vischer datée du 2 février 1873, il fait de Nietzsche ce portrait instructif :
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93
+ Du 6 au 12 avril, Rohde et Nietzsche sont à Bayreuth. Nietzsche lit à Cosima et à Wagner le manuscrit de La Philosophie à l'époque tragique des Grecs. Il revient à Bâle le 15 avril, où il commence sa première Considération inactuelle sur David Strauss.
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+ Vers 1875, Nietzsche tombe gravement malade, et, à la suite de plusieurs malaises, ses proches le croient à l'agonie. Presque aveugle, subissant des crises de paralysie, de violentes nausées, l'état d'esprit de Nietzsche se dégrade au point d'effrayer ses amis par un cynisme et une noirceur qu'ils ne lui connaissaient pas. Nietzsche commence à se détacher de Wagner qui le déçoit de plus en plus, et il considère le milieu wagnérien comme un rassemblement d'imbéciles n'entendant rien à l'art wagnérien[12]. Alors que Nietzsche rédige Richard Wagner à Bayreuth, il écrit dans ses carnets une première critique de son ami. Non seulement il ne se sent plus lié avec ce dernier par la philosophie de Schopenhauer, mais Wagner se révèle un ami indiscret, ce qui conduira Nietzsche à ressentir certains propos de Wagner comme des offenses mortelles. Wagner soupçonne en effet Nietzsche de quelques penchants « contre nature » censés expliquer son état maladif : « un effet de penchants contre nature préfigurant la pédérastie[13] ».
96
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97
+ Nietzsche abandonne alors ses idées sur l'Allemagne dans lesquelles il ne voit plus que grossièreté et illusions. Il discute longuement avec Paul Rée, avec qui il partage ses idées et son cynisme sur l'hypocrisie de la morale[14], et commence à écrire un livre, d'abord intitulé Le soc, puis Humain, trop humain. Quand Wagner reçoit ce dernier livre (envoi auquel il ne répondra pas), Cosima Wagner, l'épouse de Richard, écrit dans son journal : « Je sais qu'ici le mal a vaincu. » L'antisémitisme de Cosima semble également avoir joué un rôle dans la rupture entre son mari et Nietzsche[15].
98
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99
+ En 1877, Marie Baumgartner traduit en français Richard Wagner à Bayreuth.
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+ En 1878, il rompt avec Wagner.
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103
+ En 1879, Nietzsche obtient une pension car son état de santé l'oblige à quitter son poste de professeur[16]. Il commence alors une vie errante à la recherche d'un climat favorable aussi bien à sa santé qu'à sa pensée, à Venise, Gênes, Turin, Nice[17], Sils-Maria… :
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105
+ « Nous ne sommes pas de ceux qui n'arrivent à former des pensées qu'au milieu des livres — notre habitude à nous est de penser en plein air, marchant, sautant, grimpant, dansant… »
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+
107
+ À la fin du mois d'avril 1881, Nietzsche, à Gênes, travaille à la correction des épreuves d'Aurore avec Peter Gast. Le travail est achevé à la mi-juin. En juillet, il est à Sils-Maria et lit Hellwald (Histoire de la civilisation, La Terre et ses habitants) et le livre de Kuno Fischer sur Spinoza. Il voit en ce dernier l'un de ses précurseurs.
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+
109
+ C'est au mois d'août que lui viennent ses pensées sur l'éternel retour. Nietzsche est alors dépressif.
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+
111
+ En septembre, il étudie les sciences de la nature, il écrit à Overbeck (18 septembre) :
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+ Sum in puncto desperationis. Dolor vincit vitam voluntatemque.
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+
115
+ — Je suis désespéré. La douleur a vaincu la vie et la volonté.
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+
117
+ Il retourne à Gênes à la fin du mois où, toujours en mauvaise santé, Nietzsche entend la Sémiramide de Rossini, Giulietta e Romeo et Sonnambula de Bellini. Il entend également Carmen, l'opéra de Bizet, qui le marquera à vie. À la mi-décembre, Nietzsche projette d'écrire une suite à Aurore.
118
+
119
+ Invité à Rome par Malwida von Meysenbug, en avril 1882, Nietzsche fait la connaissance de Lou Andreas Salomé dont il tombe éperdument amoureux. Puis Lou, Rée et Nietzsche se rendent en Suisse. Nietzsche corrige les épreuves des Idylles de Messine et met au propre une copie du Gai Savoir.
120
+
121
+ Nietzsche passe les mois de novembre et décembre 1882, à Rapallo. Ses relations avec Lou Andreas-Salomé et Paul Rée se dégradent. À la fin du mois de janvier 1883, il écrit au propre la première partie d'Ainsi parlait Zarathoustra.
122
+
123
+ Le 13 février, Wagner meurt. Nietzsche l'apprend le lendemain et écrit à Cosima.
124
+
125
+ Nietzsche est ensuite de nouveau à Gênes à partir du 23 février 1883. Il lit le livre de son ami Paul Deussen sur la doctrine des Védanta. Il rompt ses relations avec Rée et Lou, et déprime gravement :
126
+
127
+ « Je ne comprends plus du tout « à quoi bon » je devrais vivre, ne fût-ce que six mois de plus »
128
+
129
+ — Lettre à Overbeck, 24 mars.
130
+
131
+ Le jugement de Gast à propos de Zarathoustra lui remonte le moral : « À ce livre il faut souhaiter la diffusion de la Bible, son prestige canonique, la série de ses commentaires, sur laquelle repose en partie ce prestige. » (Lettre à Nietzsche, 2 avril 1883). Vers la fin du mois, il renoue avec sa mère et se décide à rencontrer sa sœur à Rome, où il loge chez le peintre Max Müller. Avec sa sœur, il voyage en Suisse et séjourne de nouveau à Sils-Maria. Il écrit la deuxième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra au mois de juillet. Il se brouille définitivement avec Lou :
132
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+ « Elle me manque, même avec ses défauts. […] Maintenant c'est comme si j'étais condamné au silence ou à une sorte d'hypocrisie humanitaire dans mes rapports avec tous les hommes. »
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+ — Lettre à Overbeck, fin août.
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+ Fin août 1883, il retrouve Overbeck à Schuls, et envisage de donner des cours à Leipzig. Le recteur de l'université, qui est un ami de Nietzsche, lui explique que sa candidature serait un échec à cause de ses idées sur le christianisme. Il part alors pour Naumburg le 5 septembre. Sa sœur se fiance avec Bernard Förster, l'antisémite soi-disant admirateur de Nietzsche.
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+ Il passe à Bâle début octobre, chez les Overbeck, puis à Gênes. Il tombe malade, ressent la solitude de plus en plus durement, et fait le bilan accablant des dernières années qu'il vient de passer. À la fin novembre, il passe à Villefranche, puis s'installe à Nice pour l'hiver. Il rencontre Joseph Paneth, l'ami de Freud. Il est de plus en plus malade : Malade, malade, malade ! (Lettre à Overbeck, 26 décembre 1883). Il écrit néanmoins la troisième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra en janvier 1884, après notamment des promenades le long du chemin qui portera son nom à Èze. Enthousiasmé par Peter Gast, Nietzsche s'interroge avec inquiétude sur la portée de sa philosophie :
140
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+ « Est-elle « vraie » ou plutôt sera-t-elle crue vraie — c'est ainsi que « tout » changera et se renversera et que « toutes » les valeurs traditionnelles seront dévaluées »
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+ — Lettre à Overbeck, 10 mars 1884).
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+ Il rompt de nouveau avec sa sœur : « Ce maudit antisémitisme est la cause d'une rupture radicale entre ma sœur et moi. » (Lettre à Overbeck, 2 avril).
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+ À la fin du mois d'avril, il se rend à Venise avec Peter Gast :
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+ « je frémis à la pensée de tout l'injuste et l'inadéquat qui un jour ou l'autre se réclamera de mon autorité »
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+ — Lettre à Mawilda von Meysenburg, juin 1884).
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+ Puis il est de nouveau chez les Overbeck, à Bâle, de la mi-juin au 2 juillet. Il fait la connaissance de la militante Meta von Salis à Zürich vers la mi-juillet : le philosophe est « fasciné par cette aristocrate éloquente, avec qui il passe beaucoup de temps[18] ».
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155
+ Il séjourne pour la troisième fois à Sils-Maria de juillet à septembre. Du 26 au 28 août, il reçoit Heinrich von Stein.
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+ À Nice, en janvier 1885, il écrit la quatrième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra et la fait paraître à ses frais, vers la fin mars, en tirage limité à 40 exemplaires.
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+ Le 22 octobre 1887, Nietzsche, venant de Venise, arrive à Turin. Il s'installe à la Pension de Genève :
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+ « Dix ans de maladie, plus de dix ans ; et pas simplement une maladie pour laquelle il existe des médecins et des remèdes. Quelqu'un sait-il seulement ce qui m'a rendu malade ? Ce qui, des années durant m'a tenu au seuil de la mort, et appelant la mort ? Je n'en ai pas l'impression. […] Ces dix dernières années que j'ai derrière moi m'ont fait amplement apprécier ce que cela signifie d'être seul, isolé à ce point. […] Pour n'en retenir que le meilleur, cela m'a rendu plus indépendant ; mais aussi plus dur, et plus contempteur des hommes que je ne le souhaiterais moi-même. »
162
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+ — Lettre à Overbeck, 12 novembre.
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165
+ Il écrit beaucoup, avec le sentiment de la tâche accomplie ou sur le point de l'être :
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167
+ « je sais ce qui est fait, et ce qui est définitivement réglé : c'est un trait qui est tiré sous toute mon existence jusqu'alors : — voilà le sens des dernières années. Sans doute, par cela même, l'existence que j'ai menée jusqu'ici a révélé ce qu'elle était réellement — une simple promesse. »
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+ — Lettre à Peter Gast, 20 décembre.
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+ Il lit Montaigne, Galiani, le Journal des Goncourt. Le 26 novembre, il reçoit une lettre de Georg Brandes :
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+ « Vous faites partie du petit nombre d'hommes avec qui j'aimerais causer. »
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+
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+ Vers la fin de l'année, Nietzsche retombe dans la dépression :
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+
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+ « le poids de mon existence pèse à nouveau plus lourd sur mes épaules ; presque pas un jour entièrement bon ; »
178
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+ — Lettre à Overbeck, 28 décembre.
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+ Néanmoins, dans les mois suivant, qu'il passe à Nice, il travaille beaucoup et annonce à Gast, dans une lettre du 13 février 1888, qu'il a terminé la mise au propre du premier livre de l'Essai d'une inversion des valeurs. (cf. Cahiers WII 1, WII 2, WII 3). Il lit Plutarque, Baudelaire, Dostoïevski, Tolstoï, Renan, Benjamin Constant. Sa célébrité s'accroît : Carl Spitteler fait des comptes rendus des livres de Nietzsche dans le canton de Berne, et Georg Brandes fait des conférences sur la pensée de Nietzsche à Copenhague.
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+ Il quitte Nice le 2 avril, et se rend en pèlerinage à Gênes le 4, avant de parvenir à Turin, ville « pour les pieds comme pour les yeux, un lieu classique ! » (Lettre à Gast, 7 avril). Il rédige le Cas Wagner et travaille toujours autant (cf. Cahiers WII 5, WII 6). Son humeur est particulièrement joyeuse :
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+ « il souffle ici un air délicieux, léger, espiègle, qui donne des ailes aux pensées trop lourdes… »
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+ — Lettre à Gast, 1er mai.
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+ À Sils-Maria depuis le début du mois de juin, sa santé se dégrade de nouveau. Il se diagnostique un épuisement nerveux général incurable en partie héréditaire (Lettre à Overbeck, 4 juillet). Il s'occupe de l'impression du Cas Wagner et élabore un dernier plan de la Volonté de puissance. Essai d'une inversion de toutes les valeurs, daté du 29 août. Il lit la Vie de Richard Wagner par Ludwig Nohl, et Rome, Naples et Florence de Stendhal qu'il admire. Il passe quelques semaines avec son amie Meta von Salis. Richard Meyer, un étudiant d'origine juive, lui offre anonymement 2 000 marks. Nietzsche emploie alors toutes les ressources dont il dispose pour faire imprimer ses livres et se plaint des pratiques douteuses de certains éditeurs :
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+ « Mais je suis en guerre : je comprends que l'on soit en guerre avec moi. »
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+ — Lettre à Spitteler, 25 juillet.
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+ Il reste à Sils-Maria jusqu'au 20 septembre.
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+ Après un voyage difficile, Nietzsche arrive de nuit à Turin. Le Cas Wagner paraît alors, tandis qu'il travaille avec Gast à l'impression du Crépuscule des Idoles et que le manuscrit de L'Antéchrist est prêt pour l'impression, le 30 septembre.
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+
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+ Nietzsche s'effondre, le 3 janvier 1889, à Turin. Croisant une voiture dont le cocher fouette violemment le cheval, il s'approche de l'animal, enlace son encolure, éclate en sanglots, et interdit à quiconque d'approcher le cheval. Comme le racontera Derrida : « [I]l fut assez fou pour pleurer auprès d'un animal, sous le regard ou contre la joue d'un cheval. Parfois je crois le voir prendre ce cheval pour témoin, et d'abord, pour le prendre à témoin de sa compassion, prendre sa tête dans ses mains[19]. »
200
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201
+ Son ami Franz Overbeck, alerté par des lettres délirantes de Nietzsche, accourt le 8 janvier, à Turin. Nietzsche chante et hurle sans cesse depuis plusieurs jours, prétendant être le successeur de Napoléon pour refonder l'Europe, créer la « grande politique ». Vu l'état d'agitation extrême de Nietzsche, Overbeck se fait aider par un dentiste bâlois de passage à Turin, qui, pour le calmer, lui fait croire qu'à Bâle on prépare des festivités et des cérémonies en son honneur. Au départ de la gare de Turin, Nietzsche veut haranguer la foule ; on lui fait comprendre que ce n'est pas digne d'un homme de son rang.
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203
+ Arrivé à Bâle, on le conduit dans une clinique d'aliénés dont le directeur s'est entretenu avec Nietzsche sept ans plus tôt. Nietzsche se rappelle en détail cette rencontre, mais ne se rend pas compte qu'il est dans un asile d'aliénés — il remercie pour le bon accueil qui lui est fait[20].
204
+
205
+ Au début de cette folie, Nietzsche semble s'identifier aux figures mythiques et mystiques de Dionysos et du Christ, pour lui symboles de la souffrance et de ses deux expressions les plus opposées. Il parle constamment et chante beaucoup, se rappelant encore ses compositions musicales et ses poèmes. Selon le témoignage de son ami Overbeck, il est alors encore capable d'improviser au piano de bouleversantes mélodies ; pendant quelque temps, il sera encore capable de tenir des conversations, mais celles-ci, selon son ami Overbeck, sont stéréotypées et Nietzsche ne semble capable que d'évoquer certains souvenirs. Il prononce encore quelques phrases, comme ce jour où, sur une terrasse ensoleillée, il s'adresse à sa sœur : « N'ai-je pas écrit de beaux livres ? » ; il note encore quelques phrases plus ou moins cohérentes comme celle-ci : « Maman, je n'ai pas tué Jésus, c'était déjà fait. » Sa mère est en effet très pieuse, et les différends de Nietzsche avec elle en matière de religion remontent à l'adolescence.
206
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207
+ Il reçoit plusieurs visiteurs, certains tentent de le récupérer pour leur propre cause[réf. nécessaire]. Puis, au bout de quelques années, il sombre dans un silence presque complet, jusqu'à sa mort. Quand Overbeck le revoit pour la dernière fois, en 1892, il trouve Nietzsche dans un état végétatif.
208
+
209
+ Sa mère, puis sa sœur revenue d'Amérique du Sud, le soignent jusqu'à sa mort, le 25 août 1900.
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211
+ D'emblée, il convient d'aborder les informations que l'on possède sur l'éventuelle syphilis de Nietzsche : cette maladie pourrait être une légende inventée par le critique Lange-Eichbaum, après la Seconde Guerre mondiale.
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213
+ On s'est beaucoup interrogé sur les causes de sa maladie et l'image même d'un penseur devenu fou a conduit à diverses appropriations, du vivant même de Nietzsche[21]. Certaines théories à ce sujet ont eu pour but de réduire la pensée de Nietzsche à sa folie. Une explication qui fut couramment acceptée, est relative à la syphilis que Nietzsche aurait contractée, comme nombre d'artistes et écrivains célèbres de son temps, et qui dans sa phase tertiaire, dite de « neurosyphilis » (touchant 25 à 30 % des cas avant l'apparition des premiers traitements contre la syphilis) peut mimer toutes sortes de pathologies psychiatriques. Nietzsche, au début de sa folie (« folie » qui ne l'empêchait pas dans les premiers temps de discuter presque normalement), déclara avoir été infecté en 1866. Il semble, d'après les travaux d'Otto Binswanger, qui s'est occupé de lui lors de son internement, que Nietzsche ait présenté une démence vasculaire : maladie de Binswanger comparable à la leucoaraiose, ce qui va dans le sens des propos de Franz Overbeck, qui, quand il le revoit pour la dernière fois, en 1892, trouve Nietzsche dans un état végétatif.
214
+
215
+ Récemment, un médecin, le docteur Leonard Sax, directeur du Montgomery Centre for Research in Child Development, a montré que Nietzsche avait en réalité une tumeur cérébrale. L'autopsie du père de Nietzsche avait déjà montré la présence d'une tumeur au cerveau. Les témoignages rassemblés par Janz montrent que plusieurs proches de Nietzsche étaient des « originaux », et quelques-uns malades des nerfs. On peut donc également évoquer une affection psychiatrique ou une pathologie neurologique au travers de ces antécédents. Nietzsche a également rapporté le témoignage de sa tante Rosalie, selon laquelle le père de Nietzsche fut soudain atteint de troubles mentaux, qu'il devint incapable de parler, avant de mourir quelques mois plus tard. Ces faits sont compatibles avec des hypothèses récentes évoquant une Dégénérescence lobaire fronto-temporale de type comportementale [22], ou maladie de CADASIL qui indirectement rejoint l'idée d'une leucoaraiose[23].
216
+
217
+ Certains évoquent le fait que les proches de Nietzsche lui ont fourni des drogues dangereuses pour soigner ses maux de tête ; il apparaîtrait que ces drogues non seulement provoquent une dépendance très forte, mais présentent des risques de psychose toxico-induite.
218
+
219
+ Cette dernière explication est cependant une invention de la sœur du philosophe. Elle cacha également le fait que Nietzsche avait sans doute contracté la syphilis, et falsifia le témoignage de Nietzsche sur son père afin de dissimuler la possibilité d'une maladie héréditaire (elle prétendit que leur père avait fait une chute, ce qui est formellement contredit par les lettres de leur mère datant de l'année d'agonie de son mari).
220
+
221
+ Nietzsche devenu aliéné, c'est sa sœur, Elisabeth, qui gère la publication des œuvres et des carnets de son frère. Elle fonde dans ce but le Nietzsche-Archiv et met toute son énergie à faire connaître les œuvres de son frère[24]. Sœur dévouée que Nietzsche aimait profondément jusqu'à ce qu'elle se marie avec un antisémite virulent, Bernhard Förster[25], elle a été une fervente admiratrice de Guillaume II et adhèrera ensuite à certaines idées nazies[26], rencontrant Hitler (qu'elle soutiendra comme elle soutiendra également Mussolini). Elle fait publier les dernières œuvres de Nietzsche, mais manipule certains textes de son frère. Elle compose ainsi La Volonté de puissance, livre dont Nietzsche a élaboré plusieurs plans sans jamais l'achever, préférant en tirer plusieurs livres distincts. Elle écrit également plusieurs livres sur son frère, qui ont été remis en cause en raison de leur caractère hagiographique. La critique historique a même établi qu'Elisabeth avait falsifié des œuvres de jeunesse, des lettres et des fragments posthumes de son frère[27].
222
+
223
+ Malgré les opinions nazies et les manipulations avérées de la sœur de Nietzsche, ces falsifications et l'enrôlement par le nazisme sont deux aspects de la réception du texte nietzschéen qui restent nettement distincts[28],[29]. Si Elisabeth a cherché activement à associer le nom de Nietzsche à ceux d'Hitler et de Mussolini[30], elle a eu également l'occasion d'écrire à plusieurs reprises combien son frère était opposé à l'antisémitisme, et a expliqué les propos anti-juifs de Nietzsche dans les années 1870 par une influence du milieu wagnérien dont il s'était par la suite libéré. Il est donc difficile de voir dans la sœur de Nietzsche une instigatrice de la récupération des textes nietzschéens[31].
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+ République du Niger
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+ 13° 32′ N, 2° 05′ E
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+
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+ modifier
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+
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+ Le Niger, en forme longue la république du Niger, est un pays steppique d'Afrique de l'Ouest, situé entre l'Algérie au nord-nord-ouest, la Libye au nord-est, le Tchad à l'est, le Nigeria au sud, le Bénin au sud-sud-ouest, le Burkina Faso et le Mali à l'ouest-sud-ouest. La capitale est Niamey. Les habitants sont des Nigériens[note 1]. Le pays est multiethnique et constitue une terre de contact entre l'Afrique subsaharienne et l'Afrique du Nord. Le Niger fait partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l'Organisation de la coopération islamique.
8
+
9
+ Les plus importantes ressources naturelles du Niger sont l'or, le fer, le charbon, l'uranium et le pétrole.
10
+
11
+ L'occupation humaine de la région remonte au moins au VIIIe millénaire av. J.-C. (céramiques du massif de l'Aïr) ; un cimetière du IIIe millénaire av. J.-C.[3] a été découvert en 2005 dans le désert du Ténéré. Au Ier millénaire av. J.-C., les Berbères se seraient introduits par une des routes transsahariennes, refoulant vers le sud les populations sédentaires ou se métissant avec elles. Au VIIe siècle l'Empire songhaï se constitue. La capitale de l'Empire est, à partir du Xe siècle, Gao. La région devient musulmane au début du XIe siècle, lorsque les rois de Moukia se convertissent à l'islam. En 1591, l'Empire est défait par les Saadiens. Entre les XVIIe et XIXe siècles, les Touaregs et les Peuls contrôlent une partie du pays et, bien avant cette date, les Haoussas dominent sa partie sud[4].
12
+
13
+ La zone est conquise par les Français en 1890, la frontière franco-anglaise (ligne Say-Barroua), est reportée plus au nord par la Convention franco-britannique 1898. Trois missions françaises (Fourau-Lamy au Sahara, Voulet-Chanoine puis Joalland-Meynier par l'ouest, Émile Gentil à partir du royaume du Kongo), lancées cette même année, se rejoignirent en avril 1900 à Kousseri et y détruisirent les forces du chef Rabah, unissant l'ensemble des possessions françaises d'Afrique. Territoire militaire depuis 1900, pacifié depuis 1920, le Niger est érigé en colonie le 13 octobre 1922, à l'intérieur de l'Afrique-Occidentale française ; devenue membre de la Communauté française en décembre 1958, la république est indépendante depuis le 3 août 1960[5].
14
+
15
+ Le Niger est alors gouverné par le président Hamani Diori dans un système de parti civil unique[6].
16
+
17
+ En 1974, un coup d'État mené par le lieutenant-colonel Seyni Kountché renverse le pouvoir civil. Ce dernier dirige le pays avec un petit groupe de militaires jusqu'à sa mort en 1987. Son chef d'état-major, le colonel Ali Saibou, lui succède, relâche certains prisonniers politiques, libéralise la législation et la politique nigérienne et promulgue une nouvelle Constitution[7].
18
+
19
+ Toutefois, face aux demandes de la société civile en faveur de l'institution d'un régime démocratique et multipartite, le régime finit par les accepter à la fin 1990. De nouveaux partis et mouvements civiques font leur apparition et une conférence nationale pour la paix civile est organisée en juillet 1991. Elle aboutit à l'abrogation de la Charte nationale, la dissolution de l'Assemblée nationale et du gouvernement. Un gouvernement de transition vers la démocratie voit le jour. Amadou Cheiffou est désigné Premier ministre en octobre 1991[8]. Une rébellion touarègue agite une partie du pays.
20
+
21
+ En avril 1993, Mahamane Ousmane devient président après une élection considérée comme démocratique[9]. Si l'économie va en se dégradant, certaines réalisations sont à souligner, comme l'organisation réussie d'un référendum constitutionnel, l'adoption d'un code électoral ainsi que celle d'un code rural et enfin la tenue d'une série d'élections libres, dans un climat pacifié et sur tout le territoire. La liberté de la presse permet alors l'éclosion de nombreux journaux indépendants.
22
+
23
+ Les résultats des élections législatives de 1995 aboutissent à la cohabitation entre le président et son rival, ancien Premier ministre, et in fine à la paralysie gouvernementale. Le colonel Ibrahim Baré Maïnassara met en place le Conseil de salut national en 1996 et prend la tête d'une transition de six mois pour rédiger la constitution pour une Quatrième République. Baré organise l'élection présidentielle en juillet de la même année mais, alors que le processus de vote est en cours, remplace les membres de la Commission électorale et se fait déclarer vainqueur par cette dernière[10]. Les élections législatives truquées de novembre suivant lui donnent une majorité de 57 % des sièges. Ce coup de force éloigne les donateurs étrangers, poussant le président Baré à rechercher l'aide de la Libye pour soutenir l'économie nigérienne. Parallèlement, on assiste à des violations répétées des droits de l'homme.
24
+
25
+ Cependant, il reste alors un point positif de ces journées de conférence nationale de 1991. L'initiative entamée pour rechercher la paix avec la première rébellion touarègue et touboue permet la signature d'un accord de paix en avril 1995. Les Touaregs revendiquent une plus grande autonomie sur leur territoire, ainsi que des retombées économiques des activités minières qui s'effectuent sur leur territoire. Ils réclament des emplois dans ces mines par exemple. Il s'agit également de revendications sociales et politiques. Les Touaregs dénoncent leur marginalisation et demandent une plus grande autonomie au pouvoir en place. Le gouvernement nigérien répondit par les armes, via l'armée nationale.
26
+
27
+ Le 9 avril 1999, Baré est tué dans un coup d'État mené par le commandant Daouda Malam Wanké, qui établit un régime de transition pour un retour à la démocratie. Lors des élections législatives et présidentielle d'octobre et novembre 1999, la coalition du Mouvement national pour la société du développement (MNSD) et de la Convention démocratique et sociale (CDS), menée par Mamadou Tandja, gagne les élections.
28
+
29
+ La nouvelle Constitution du Niger est approuvée en juillet 1999. Elle restaure le régime semi-présidentiel de la Constitution de 1992 où le président est élu au suffrage universel pour 5 ans et nomme le Premier ministre avec lequel il partage le pouvoir exécutif. L'Assemblée nationale, pour suivre l'évolution démographique du pays, voit ses effectifs monter à 171 députés, également élus pour 5 ans selon un scrutin majoritaire.
30
+
31
+ Le nouveau pouvoir doit affronter une mutinerie militaire en août 2002 dans le Sud-Est du pays. L'état d'urgence est déclaré mais les mutins sont rapidement ramenés dans leurs casernes ou arrêtés par les troupes fidèles au gouvernement[11],[12].
32
+
33
+ La législature élue en décembre 2004 accueille sept partis politiques différents. Mamadou Tandja est réélu président en décembre 2004 et choisit de nouveau Hama Amadou comme Premier ministre. Mahamane Ousmane, à la tête de la CDS, est réélu Président de l'Assemblée nationale par ses pairs.
34
+
35
+ En juin 2007, Seyni Oumarou est nommé Premier ministre après une motion de censure qui renverse le gouvernement Hama Amadou. Mais de 2007 à 2008, une seconde rébellion touarègue a lieu au nord du Niger, aggravant les perspectives économiques du pays et refermant à nouveau la page des progrès politiques.
36
+
37
+ Le 4 août 2009, le président Mamadou Tandja réussit son coup de force lors du référendum constitutionnel décrété illégal par la Cour constitutionnelle et contesté par l'opposition politique. Ce référendum vise à autoriser le remplacement de la constitution nigérienne. Les deux grands changements qu'il engendre sont la non limitation du nombre de mandats présidentiels et le passage d'un régime semi-présidentiel à un régime présidentiel[13]. Mamadou Tandja bénéficie d'une extension exceptionnelle de son mandat de 3 ans pour « achever les chantiers entrepris ». La tenue du référendum est précédée et suivie de grandes manifestations et contestations.
38
+
39
+ Le 18 février 2010, un coup d'État est organisé dans la capitale Niamey aux abords du palais présidentiel[14]. Les insurgés placent le président en état d'arrestation[15] et un Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) est mis en place, sous la présidence de Salou Djibo, chef d'escadron de l'armée nigérienne. Le lundi 1er mars 2010, le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie présente un gouvernement de 20 membres parmi lesquels figurent cinq militaires. Mahamadou Danda est nommé Premier ministre. La Septième République est proclamée par le chef de la transition le 25 novembre 2010.
40
+
41
+ Après des élections reconnues libres et transparentes par les différents observateurs[16], en mars et avril 2011, Mahamadou Issoufou a prêté serment le jeudi 7 avril 2011. Il nomme le même jour Brigi Rafini au poste de Premier ministre.
42
+
43
+ Mahamadou Issoufou est réélu lors de l'élection présidentielle de mars 2016 pour un second mandat à la présidence de la république. Il obtient 92,51 % des suffrages exprimés, l'opposition ayant boycotté l'élection. Son principal opposant, Hama Amadou, doit s'exiler en France[17],[18].
44
+
45
+ Mais la situation sécuritaire continue à se dégrader dans les territoires limites avec le Mali, le Burkina Faso et le Nigeria[19],[20],[21].
46
+
47
+ Le Niger est divisé en 8 régions : Agadez, Diffa, Dosso, Maradi, Niamey, Tahoua, Tillaberi, Zinder. Chaque région porte le nom de sa capitale.
48
+
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+ Les régions sont divisées en 63 départements depuis 2012 ayant à leur tête des préfets.
50
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51
+ La capitale, Niamey, est une communauté urbaine distincte. La ville de Niamey est composée de 5 communes.
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+
53
+ La situation géographique du Niger fait de lui un carrefour d'échanges entre l'Afrique du Nord et l'Afrique au sud du Sahara. Situé en Afrique occidentale entre les parallèles 11°37 et 23°33 de latitude nord d'une part, et les méridiens 16° de longitude est et 0°10 de longitude ouest d'autre part, le Niger s'étend sur 1 267 000 km2. Il est le plus vaste des pays de l'Afrique occidentale et se classe 6e à l'échelle continentale (après l'Algérie, la République démocratique du Congo, le Soudan, la Libye et le Tchad). Le Niger comprend une zone méridionale au climat de type soudanien. Au nord de la ligne Filingué-Tahoua-Tanout , elle fait place au Sahel, puis au massif de l'Aïr et aux plaines qui l'entourent et qui sont déjà le domaine du Sahara. Le relief de l'État est assez varié. La vallée du Niger a un lit semé d'Îles, bordé de cuvettes, encadré de falaises gréseuses. Les régions méridionales présentent un relief tabulaire formant des plateaux latéritiques peu élevés, coupés de dépressions comme le Dallol Bosso et le Dallol Maouri, affluents desséchés du Niger : plateaux du Damergou et de l'Ader, recouverts d'une croûte latéritique s’enfonçant à l'ouest sous les grès du moyen Niger. L'Azawad est une vaste plaine ensablée, traversée de larges vallées peu profondes; l'Aïr, un ensemble de massifs rocheux coupés de vallées étroites où la vie est plus active. La partie orientale du pays, au nord du Tchad, est une région de sable : elle englobe le grand erg du Ténéré , formé de dunes vives interrompues par les dépressions argileuses du Kaouar et de l'Agram. Le Niger pénètre dans l'État auquel il donne son nom par les rapides de Labbézenga. Il ne reçoit que des affluents secondaires ( Gorouol, Sirba, Goroubi, Mekrou) et sur la rive droite seulement. Les tributaires du Tchad n'intéressent que faiblement le pays; le Komadougou Yobé forme, sur 15 km, la frontière avec le Nigeria; ce n'est qu'un mince cours d'eau. Compris entièrement dans la zone de climat Soudanien et Sahélien, le pays a deux saisons, sèche et humide, nettement différenciées; les précipitations se raréfient vers le nord[22].
54
+
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+ Le territoire du Niger est constitué à 80 % du Sahara et du Sahel. Seule une bande au sud du pays est verte. L'accès à l'eau est un problème pour une grande partie de la population, même si des châteaux d'eau arrivent petit à petit dans les villes.
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+ Le désert progresse de 200 000 hectares chaque année. Les programmes gouvernementaux de reforestation se heurtent aux fréquentes sécheresses et à la demande croissante en bois et en terres agricoles. Depuis 1990, la forêt a perdu un tiers de sa surface et ne couvre plus que 1 % du pays[23]. 8 % seulement du territoire reçoit plus de 400 millimètres de pluie par an qui autorise une agriculture satisfaisante. En 2015, le pays est en situation de pénurie alimentaire structurelle[24].
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+ Grâce au collectif de régénération naturelle gérée par les agriculteurs, plus de 5 millions d’hectares de terres au Niger présentent aujourd’hui des signes de régénération de la végétation en 2005 par rapport aux années 1970. La dégradation des terres a été nettement réduite, l’érosion diminuée, la fertilité augmentée et la productivité agricole améliorée de façon spectaculaire[25].
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+ Certains animaux, comme les éléphants, les lions et les girafes, sont en danger de disparition en raison de la destruction de la forêt et du braconnage. Le dernier troupeau de girafes en liberté de toute l'Afrique de l'Ouest évolue dans les environs du village de Kouré, à 60 km de la capitale Niamey. D'autre part, un parc portant le nom de « parc national du W du Niger » (à cause des sinuosités du fleuve Niger à cet endroit) se trouve sur le territoire de trois pays : le Niger, le Bénin et le Burkina Faso. Dans le fleuve Niger, les hippopotames sont protégés et se multiplient au point de devenir menaçants pour les populations locales. À la tombée de la nuit, il n'est pas rare qu'ils viennent saccager les cultures du bord du fleuve.
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+
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+ Forte de 3 millions d’habitants en 1960[24], la population du Niger est estimée à 20 millions d'habitants en 2018.
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+ Les différentes ethnies sont[26] :
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+ En 2015, l’Union européenne décide d'agir afin de stopper les migrants venus du sud. Réunis dans la capitale maltaise, les représentants des pays membres imaginent comment externaliser leur lutte contre l’immigration, avec l'aide de certains États africains. En échange d'une aide économique de quelques centaines de millions d'euros, les autorités nigériennes acceptent de rendre illégal le passage des migrants[27].
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+
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+ Depuis lors, toute personne permettant à un migrant d’entrer illégalement sur le territoire, ou d’en sortir, en échange d’un avantage financier ou matériel encourt une peine de cinq à dix ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 5 millions de francs CFA (7 630 euros). Celui qui l’aide durant son séjour sans en tirer avantage — qui le loge, le nourrit, lui fournit des vêtements — s'expose à deux à cinq ans de prison[27].
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+ Une simple présomption peut suffire à refouler une personne vers le sud du pays, parfois après un court passage en prison. D'après le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme des migrants : « Le manque de clarté du texte et sa mise en œuvre répressive — au lieu de chercher la protection des personnes — ont abouti à la criminalisation de toutes les migrations et ont poussé les migrants à se cacher, ce qui les rend plus vulnérables aux abus et aux violations des droits de l’homme »[27],
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+ Le pays possède le taux de fécondité le plus élevé au monde avec 7,6 enfants par femme en moyenne. En 2015, une personne sur deux a moins de 15 ans[28]. Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), 30 % des filles sont mariées avant l'âge de 15 ans et 75 % avant 18 ans. Ces mariages ont souvent pour conséquence d'interrompre la scolarisation des filles[29]. La charge de travail journalière de la femme rurale est de 16 à 18 heures et ne lui donne que bien peu de temps pour ses enfants[30]. Près de 60 % des femmes pensent que, pour au moins une des raisons citées, il est justifié qu’un homme batte sa femme[31].
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+
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+ Cette démographie galopante s'explique autant par le poids des traditions patriarcales que de la religion, mais aussi en la croyance que les enfants fournissent une main-d'œuvre agricole gratuite. Cependant, sous le coup de la pression démographique et du réchauffement climatique, les terres cultivables se font de plus en plus rares et ont moins de rendement. Alors que la population risque encore de doubler d'ici deux décennies, le gouvernement lance à la fin des années 2010 des programmes de sensibilisation à la contraception à destination des femmes[32].
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+
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+ Seule une fille sur deux va à l’école primaire, une sur 10 au collège et une sur 50 au lycée[33].
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+ Le Niger est membre de l'Union économique et monétaire ouest-africaine.
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+ Dès décembre 2004, l'ONU avertit d'une probable famine pour 2005, provoquée par la sécheresse et les invasions de criquets. Environ 33 % de la population nigérienne (3,5 millions de personnes) serait affectée par la pénurie alimentaire[34],[35]. Fin 2005 et sans l'aide financière demandée par l'ONU, 2,4 millions de Nigériens ont été touchés.
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+
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+ Les exportations vers la France de l'uranium des mines d'Arlit ont longtemps constitué une part importante du revenu extérieur du pays. En janvier 2009, le gouvernement du Niger et la présidente du directoire d'Areva signaient une convention minière stratégique accordant au groupe nucléaire français un permis d'exploitation sur le gisement d'Imouraren, présentée par Areva comme la « mine d'uranium la plus importante de toute l'Afrique et la deuxième du monde »[36] derrière celle de McArthur River au Canada. Quand la mine tournera à plein régime, le Niger deviendra alors le deuxième producteur mondial d'uranium derrière le Canada.
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+
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+ Les mines de charbon de la région de Tchirozérine sont exploitées à ciel ouvert.
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+ Le Niger dispose de plusieurs réserves de pétrole. La région d'Agadez, Zinder, Tahoua et Diffa regorge le pétrole. Selon l'U.S. Energy Information Administration (EIA), la production a démarré fin 2011[37]. En 2012, la production était de 20 000 barils par jour. En 2014 elle devrait atteindre 80 000 barils par jour.
88
+
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+ Par manque d'infrastructures de qualité et de masse, le tourisme est peu développé. Certaines routes « goudronnées » ne sont pas entretenues (accidents fréquents). Il existe une voie ferrée en cours de réalisation et seulement deux aéroports internationaux à Niamey et à Agadez. Seule la partie nord est un peu ouverte aux touristes recherchant le désert. Bien que le Niger soit l'un des plus importants producteurs d'uranium au monde, il figure dans les derniers de la planète en matière de développement humain (source ONU). L'oignon nigérien alimente mieux le budget que l'uranium dont l'exploitation pourrait par ailleurs contribuer localement au développement de certaines pathologies[38],[39].
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+
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+ En plus de l'uranium, des sociétés étrangères ont été autorisées à prospecter d'autres ressources dans le désert, comme le Canadien SEMAFO qui exploite une mine d'or. Depuis la fin des années 1990, les « compagnies juniors » canadiennes, qui ont investi dans plus de 8 000 propriétés minières, dans plus de 100 pays, pour la plupart encore à l'état de projet[40] multiplient les contrats avec des pays africains. La pauvreté minant le pays et le gouvernement refusant d'investir pleinement dans les zones sous le contrôle des Touaregs, les nomades se sont révoltés.
92
+
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+ Le PIB du Niger a connu une augmentation de 2 % en 2009. Il était de 10,45 milliards de dollar US à cette même date. L'agriculture occupait 39 %, le secteur tertiaire 44 % et le secteur industriel 17 % du PIB en 2001. L'agriculture est aussi le secteur économique qui mobilise le plus de population (90 %). Le PIB par habitant est de 1 200 dollars US.
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+
95
+ La force de la cohésion sociale au Niger, c'est sans doute la « parenté à plaisanterie » ou « cousinage à plaisanterie » qui permet aux différents groupes de se critiquer entre eux sans heurt. C'est un excellent moyen de résorber les problèmes interethniques et cela fait de la société nigérienne une société tolérante.
96
+
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+ Le Réseau des bibliothèques de lecture publique du Niger comprend environ une trentaine de bibliothèques. À cela s'ajoute le réseau des bibliothèques universitaires.
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+
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+ La langue officielle du Niger est le français. Le Niger est membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie de même que de l'Organisation internationale de la francophonie.
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+ Les langues nationales sont au nombre d'une dizaine[26] :
102
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+ Il convient d'ajouter aussi le gourmantché, le toubou (en) et le boudouma qui sont des langues parlées également par une faible partie de la population. L’anglais est présent, car des Haoussas du Nigeria sont installés au Niger, et les échanges entre les deux pays sont importants.
104
+
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+ Le Niger est un État séculier dont la société est composée de 95 à 99 % de musulmans[41],[26],[42]. Le Niger est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
106
+
107
+ 59 % à 95 % des musulmans sont sunnites et 5 % à 7 % sont chiites. De plus, 47 % sont membres d'une fraternité soufie, principalement la Tijaniyya soufie[42],[41].
108
+
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+ Le reste de la société est composé de chrétiens et d'animistes.
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+
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+ Le christianisme a une faible implantation au Niger du fait de l'islamisation ancienne des différentes régions et de la venue tardive de missionnaires chrétiens durant la colonisation du pays. Les populations chrétiennes du Niger se trouvent en grande partie dans la région de Doutchi et Téra qui concentre également une forte communauté animiste. Les chrétiens, surtout catholiques, sont souvent désignés par l'appellation « créoles », en référence à la colonisation française, car dans le pays, l'islam s'apparente à un caractère identitaire, surtout pendant la période de la décolonisation. En 2016, on compte au Niger 70 000 chrétiens, catholiques et protestants[réf. nécessaire].
112
+
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+ L'identité nationale est aussi très influencée par les Haoussas du Nord du Nigeria qui restent très influents pour les Haoussas du Niger, qui représentent la majorité de la population du pays.
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+
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+ Le Niger est riche de vestiges paléontologiques et archéologiques, parfois remarquables.
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+
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+ Plusieurs cimetières de dinosaures sont disséminés dans le désert, notamment un site près de la falaise de Tiguidit au sud d'Agadez. De nombreux squelettes et fossiles d'animaux ont été découverts. Le musée national Boubou-Hama de Niamey comprend un pavillon réservé à ce thème.
118
+
119
+ Le massif de l'Aïr (Nord du pays) et le désert du Ténéré abritent de nombreuses gravures rupestres, comme les girafes de Dabous[43]. Il n'est pas rare, dans le désert, de traverser des sites recouverts de pointes de flèche en silex. Les populations nomades locales (essentiellement des touaregs) peuvent essayer d'en vendre aux touristes. Les textes législatifs sont clairs. Pour tenter d'empêcher tout trafic, la sortie du pays de ces pièces est formellement interdite.
120
+
121
+ Dans le Sud-Ouest du pays, près du village de Bura, des archéologues ont exhumé des sculptures en terre cuite. Découvert en 1983, le site a été inscrit par l'ICOM (International Council of Museums) sur la liste rouge des vestiges archéologiques menacés de pillage[44].
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+
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+ Ordres nationaux :
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+ Ordres ministériels/spécifiques :
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+ En plus de ces jours fériés à date fixe, il faut ajouter les fêtes musulmanes :
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+ Le taux de scolarisation était de 63,2 % au primaire en 2012 dans l’ensemble du pays, dont 57,6 % pour les filles[45]. Les jeunes filles ont beaucoup de difficultés à avoir accès à l'éducation et ce malgré l’aide de l’UNICEF ou d'autres groupes d’aide. Le Niger a un taux d'alphabétisation de 30,11 % en 2012 et le taux d’analphabètes atteignait 89 % en 2001. Le gouvernement a fait plusieurs campagnes de sensibilisation avec l’aide d’autres pays. Vu l’inégalité de la répartition des populations sur le territoire, chacune des huit régions doit trouver la solution à ce problème[46].
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+ Quelques universités au Niger :
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+ Le Niger a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République fédérale du Nigeria
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+ (en) Federal Republic of Nigeria
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+
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+ (ha) Jamhuriyar Taraiyar Nijeriya
8
+
9
+ (ig) Ọ̀hàńjíkọ̀ Ọ̀hànézè Naìjíríyà
10
+
11
+ (yo) Àpapọ̀ Olómìnira ilẹ̀ Nàìjíríà
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+
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+ 9° 10′ N, 7° 10′ E
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+
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+ modifier
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+ Le Nigeria, ou Nigéria[5], en forme longue la république fédérale du Nigeria[6] (en anglais : Federal Republic of Nigeria), est un pays d'Afrique de l'Ouest situé dans le golfe de Guinée. Avec plus de 203 millions d'habitants en 2018[7], le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique et le septième pays du monde par son nombre d'habitants.
18
+
19
+ Situé au bord du golfe de Guinée, le Nigeria possède 4 047 km de frontières terrestres, et 853 km de littoral. Il est bordé à l'ouest par le Bénin (773 km), à l'est-sud-est par le Cameroun (1 690 km), au nord par le Niger (1 497 km) et à l'est-nord-est par le Tchad (84 km).
20
+
21
+ Le pays est la première puissance économique du continent africain en 2016, et la 27e au niveau mondial (PIB) selon la Banque mondiale[8]. Le poids économique et démographique du Nigéria lui ont valu le surnom de « Géant d'Afrique ». Toutefois, malgré une production de pétrole importante et une économie diversifiée, le pays demeure relativement pauvre, notamment en raison d'une forte corruption[9]. Les dernières élections se sont déroulées en février 2019 avec la réélection de Muhammadu Buhari (du parti Congrès des progressistes).
22
+
23
+ Depuis 1991, la capitale du Nigeria est la ville nouvelle d'Abuja. Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Ses habitants sont les Nigérians[10].
24
+
25
+ Les Noks sont la civilisation dominante du IIIe au VIe siècle, elle diffuse vers les régions d'Ife et du Benin. Du VIIe au XIe siècle : installation des civilisations Haoussa au nord du pays, et Yoruba au sud-ouest.
26
+ L'empire du Kanem (jusqu'au XIVe siècle), puis du Kanem-Bornou (à son apogée au XVIe siècle) auprès du lac Tchad a dominé le nord du Nigeria pendant plus de 600 ans, prospérant sur leur position de terminal pour les échanges nord-sud entre les États musulmans d'Afrique du nord et les peuples des régions forestières. Au début du XIXe siècle, Usman dan Fodio a ramené la plupart des régions du nord du pays sous le contrôle d'un empire islamique dirigé depuis Sokoto.
27
+
28
+ Les royaumes d'Oyo au sud-ouest et au sud-est du Benin ont conçu des systèmes politiques élaborés au cours du XVe au XVIIe siècle. Les régions d'Ife et du Benin sont aussi connues pour leurs productions artistiques en ivoire, bois, bronze et cuivre. En 1486, les Portugais établissent des contacts avec le royaume du Benin.
29
+
30
+ En 1553, les Anglais détruisent les vaisseaux portugais et du XVIIe au XIXe siècle les marchands européens établissent des ports côtiers pour le florissant trafic d'esclaves en direction des Amériques. Ce commerce a été remplacé par celui des matières premières au cours du XIXe siècle.
31
+
32
+ Le gouvernement du Royaume-Uni établit un statut légal pour la Compagnie royale du Niger en 1886. En 1900, ce territoire est découpé en plusieurs protectorats puis devient une colonie en 1914. En réponse au nationalisme montant après la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques dotent le pays d'un gouvernement représentatif en 1951 puis d'une constitution fédérale en 1954.
33
+
34
+ En 1958, Taiwo Akinkunmi compose le drapeau nigérian.
35
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36
+ Le Nigéria obtient son indépendance totale en 1960[11]. Le pays est alors divisé en trois régions disposant d'une large autonomie.
37
+
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+ La première constitution républicaine de 1963 laisse le pays dans le Commonwealth. En 1966, un coup d'État fomenté par différents groupes militaires amène au pouvoir le général Ironsi, d'origine Igbo, qui est assassiné quelques mois plus tard. Les meneurs de ce nouveau coup d'État agrandissent le pouvoir du gouvernement fédéral et changent la subdivision du pays qui est désormais constitué de douze États. Les Igbos, ethnie majoritaire de l'est du pays, sont alors victimes de représailles raciales sanglantes qui aboutissent en 1967 à la sécession de la république du Biafra. S'ensuit une terrible guerre (cf. Guerre du Biafra) qui s'achève par une capitulation des indépendantistes le 12 janvier 1970.
39
+
40
+ En 1975, un coup d'État, sans effusion de sang, amène Murtala Ramat Mohammed au pouvoir. Il promet un retour rapide à la démocratie, mais il est tué dans un coup d'État avorté et est remplacé par son second Olusegun Obasanjo, un militaire. Une nouvelle constitution est établie en 1977 et les premières élections ont lieu en 1979. Elles sont gagnées par Shehu Shagari.
41
+
42
+ Un nouveau coup d'État en 1983 replonge le pays sous la dictature du Conseil militaire suprême. En 1993, après des élections annulées par le gouvernement militaire, le général Sani Abacha arrive à la tête de l'État. À sa mort soudaine en 1998, Abdulsalami Abubakar prend le pouvoir et rétablit la constitution de 1979. En 1999, les premières élections démocratiques depuis 16 ans sont gagnées par Olusegun Obasanjo, qui est réélu lors des turbulentes élections de 2003. En 2007, des élections une nouvelle fois agitées amènent au pouvoir le successeur désigné d'Olusegun Obasanjo : Umaru Yar'Adua.
43
+
44
+ Umaru Yar'Adua décède le 5 mai 2010 des suites de maladie. Goodluck Jonathan lui succède officiellement le 6 mai 2010. L'Assemblée nationale approuve le 18 mai 2010 la nomination de Namadi Sambo comme vice-président du Nigeria. Muhammadu Buhari est élu lors de l'élection présidentielle de 2015 avec 53,9 % des voix, après avoir échoué à cette élection en 2003, 2007 et 2011[12]. Il a été investi le 29 mai 2015. Il est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement.
45
+
46
+ Le Nigeria est une République fédérale d'après la Constitution datant de mai 1999. L'actuel président, à la fois chef de l'État et chef du gouvernement, est Muhammadu Buhari investi le 29 mai 2015.
47
+
48
+ Le pays est soumis à de fortes tensions entre musulmans et chrétiens. Les Igbos, les Yorubas et les Peuls (Fulanis) sont les trois ethnies majoritaires ; les Ogonis sont une minorité vivant dans le delta du Niger, qui s'est opposée à Shell en raison de l'exploitation du pétrole sans contre-partie pour eux[13]. Les Ijaws, ethnie vivant dans le delta du Niger d'où sont extraits les hydrocarbures, se sont soulevés contre le gouvernement qu'ils accusent de connivence dans la pollution de l'environnement. En 2009, des affrontements ont eu lieu entre le MEND, mouvement d'émancipation du Delta du Niger, et les forces gouvernementales[14].
49
+
50
+ De plus, depuis 2009, les interventions du mouvement Boko Haram, qui vise à contrôler la population du nord-est du pays, et à installer la charia dans l'ensemble des autres États, s'est muée en un conflit armé avec les forces armées nigérianes, et à la marge, avec celles des pays voisins, Tchad, Cameroun et Niger. Les attaques de Boko Haram ont des répercussions humaines (20 000 morts au Nigeria et plus de 2 millions de déplacés[15]) et économiques, dont en premier lieu une pénurie alimentaire[16].
51
+
52
+ En 2014 a été promulguée par le président une loi punissant de 10 ans de prison les personnes affichant publiquement une relation homosexuelle et de 14 ans de prison celles se mariant avec une personne de même sexe, alors que l'homosexualité est déjà sévèrement réprimée au Nigeria. Cette loi a été votée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en 2013[17].
53
+
54
+ Le Nigeria reste l'un des pays pilotes et phares de la CEDEAO : il a envoyé des soldats au Liberia et en Sierra Leone, et a proposé son aide pour résoudre de nombreuses crises. Récemment, il a proposé l'envoi de soldats pour résoudre le problème de la crise de la partition du Mali, où dans le Nord de ce pays un mouvement fondamentaliste islamique avait tenté d'instaurer un État islamique indépendant. Le Nigeria est lui-même confronté à la secte Islamique Boko Haram qui souhaite la partition du Nigeria, ce qui explique la forte implication de ce dernier au sein de la CEDEAO sans pour autant que la langue ne soit une barrière.
55
+
56
+ Le pays est divisé en
57
+
58
+ Situé au bord du golfe de Guinée, le Nigeria possède 4 047 km de frontières terrestres, et 853 km de littoral. Il est bordé à l'ouest par le Bénin (773 km), à l'est-sud-est par le Cameroun (1 690 km), au nord par le Niger (1 497 km), et à l'est-nord-est par le Tchad (84 km).
59
+
60
+ Le pays est divisé en une moitié sud au climat équatorial où se situe la majorité des villes importantes, une partie centrale composée de régions de savane et de plateaux, une partie est où l'on trouve le point culminant, le mont Chappal Waddi (2 419 m), et une partie nord au climat aride puisqu'on se trouve dans le Sahel, en bordure du désert du Sahara.
61
+
62
+ Le sous-sol est riche en ressources naturelles parmi lesquelles le pétrole et le gaz constituent la principale source de revenu du pays. Le pays est le premier producteur d'or noir d'Afrique. Le Nigeria extrait également un certain nombre de métaux (étain, fer, plomb, zinc…) ainsi que du charbon.
63
+
64
+ Le Nigeria est le seul pays du monde disposant d'importantes ressources pétrolières à présenter un déficit budgétaire en 2007[18].
65
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66
+ Un rapport par l'organisation non gouvernementale Global Financial Integrity du 26 mars 2010 quantifie pour la première fois les fuites illicites de fonds liés à des pratiques financières hors du continent africain[19]. Le Nigeria y est cité comme le pays étant, de loin[19], le plus soumis aux fuites de fonds par des pratiques financières illicites. Il est estimé que de 1970 à 2009, les fuites de capitaux du Nigeria s’élèvent à 89,5 milliards de dollars, à un taux moyen de 2 milliards par an[19].
67
+
68
+ Le rapport indique également que bien que beaucoup d’attention soit généralement accordée aux processus de corruption (le Nigeria est classé à la 130e place mondiale sur 180 dans le classement de Transparency International[20]), l'indice de corruption est de 2,4/10. Dans l'analyse des flux transfrontaliers illicites, les fonds concernés par ces procédés constituent environ 3 % du total sur l’ensemble de l’Afrique (aucun chiffre n’est donné par pays). Les pratiques criminelles liées au trafic de drogue, au racket, et à la contrefaçon entrent pour 30 à 35 %. Les procédés d'évasion de taxe, principalement à travers les techniques de trucage commercial et financier sont de loin la composante principale en constituant entre 60 et 65 % du total. Ces fuites massives et illégales sont facilitées par une opacité mondiale du système financier.
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+ Dans son intervention à la Convention sur l'Europe, Eva Joly souligne également que le Nigeria a « été pillé de probablement 20 milliards de dollars en trente années, les fonds se trouvent en Europe, essentiellement en Angleterre, en France, en Suisse »[21]. D'après le lauréat du prix Nobel d'économie 2001 Joseph E. Stiglitz, l’inefficacité économique a aussi causé la fuite de cent milliards de dollars, venus s'investir à l'étranger plutôt qu'à l'intérieur du pays.
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+ De fait, à peine un quart de la population bénéficie des revenus du pétrole.[réf. nécessaire]
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+ Fin septembre 2005, la Banque mondiale a aidé à récupérer 700 millions de dollars détournés dans des banques suisses par Sani Abacha et son clan pendant qu'il était au pouvoir, 700 millions bloqués par la Suisse à la demande du Nigeria en 1999 (la banque mondiale a reçu 170 millions pour des projets contre la pauvreté). Le milliard et demi de dollars restant détourné par le clan Sani Abacha est essentiellement situé en France (550 millions – non restitués), au Royaume-Uni (60 millions – restitués), au Luxembourg et au Liechtenstein.
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+ Grâce à ses ressources pétrolières, le Nigeria fait partie des premières puissances économiques du continent. Cette richesse a peu d'effet sur le niveau de vie de sa population qui est dans la moyenne des pays africains. Ainsi, en 2015, plus de la moitié des Nigérians vit avec moins d'1,25 $ par jour[22]. Les cinq hommes les plus riches du pays ont une fortune cumulée de 29,9 milliards de dollars, soit plus que l’ensemble du budget national du pays sur une année. Dans un rapport, les ONG Development Finance International et Oxfam dénoncent la responsabilité des autorités qui « exacerbent les inégalités en sous-finançant les services publics, tels que la santé et l’éducation, et en ne luttant pas efficacement contre l’évasion fiscale et la corruption », tout en accordant aux multinationales une fiscalité avantageuse[23].
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+ En 2016, le Nigéria est la deuxième puissance économique d'Afrique, derrière l'Afrique du Sud[25]. Le poids économique et démographique du Nigéria lui ont valu le surnom de « Géant d'Afrique ».
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+ Des institutions financières telles que Morgan Stanley (États-Unis) ou Renaissance Capital (en) (Russie) avaient estimé que d'ici 2025, le Nigeria deviendrait la première puissance économique africaine[26]. Toutefois, ces projections avaient ignoré le fait que les bases pour calculer le PIB nigérian n'avaient pas été actualisées depuis 1990[27].
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+ Le chercheur allemand Jochen Lusckscheiter, de la fondation Heinrich Boll, dresse en 2020 un panorama assez pessimiste de l'état de l’économie nigériane : « Depuis 2015, le taux de chômage est passé d’environ 8 % à plus de 23 % (…) Environ 55 % de tous les jeunes du pays sont soit sous-employés soit sans emploi. Ces difficultés sociales ont aggravé ou soutenu d’innombrables conflits sociaux au cours des dernières années. Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays s’élève à plus de 2 millions. Ailleurs, le banditisme et les enlèvements contre rançon se sont imposés comme un modèle commercial, car il est de plus en plus impossible pour un nombre croissant de personnes de gagner leur vie par des moyens légaux »[28].
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+ Le pétrole a été découvert au Nigeria en 1956 dans le delta du Niger. Ce pétrole est intéressant car c'est un brut, dit Bonny Light, adouci à basse teneur en soufre, dont le raffinage est facile[29]. Le pays rejoint alors l'OPEP en 1970. La ville de Port Harcourt est le principal lieu de production du pays qui a attiré de nombreux travailleurs. Le pétrole nigérian – produit à 40 % par la compagnie Shell – représente avec le gaz 14,4 % du PIB, 90 % des exportations et 75 % des revenus budgétaires. C'est le 5e producteur de l’OPEP et le 10e au niveau mondial[30]. Il s'agit du 6e pays exportateur de pétrole. Cependant, si le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole d'Afrique, il ne possède pas de raffineries et doit importer son carburant d'Europe et des États-Unis[31].
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+ Les procédés des compagnies pétrolières dans la région, appuyées par l'État nigérian, ont été très vivement critiqués, et les tensions entre les riverains et les forces de l'ordre ont donné lieu à plusieurs massacres et assassinats. Dans les années 1990 s'est créé le Mouvement pour la survie du peuple ogoni (MOSOP) pour lutter non violemment contre les agissements de Shell[32]. Après les exécutions de cinq de leurs leaders (dont Ken Saro-Wiwa le 10 novembre 1995), le mouvement s'est peu à peu éteint, mais des ONG luttent toujours contre les compagnies pétrolières (ainsi Nnimmo Bassey, devenu Président des Amis de la Terre). Un groupe plus violent et encore actif a vu le jour dans les années qui ont suivi, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND).
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+ Le Nigéria est en septième place au palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, Émirats, le Koweït et le Venezuela.
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+ L'Inde devient en 2014 le premier importateur de pétrole brut nigérian[33].
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+ Même si elle est en léger déclin, la culture du cacao fait vivre des centaines de milliers de planteurs dans le pays, et permet de résister à l'exode rural, le cacao étant planté dans des secteurs très variés.
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+ Au cours des six premières années de la décennie des années 2010, le voisin ivoirien d'Afrique de l'Ouest s'est toujours maintenu comme le premier producteur mondial de cacao, devant le Ghana, le deuxième d'Afrique et du monde, et le Nigéria maintenant sa quatrième place, la troisième sur le continent africain. Sur les cinq premiers producteurs mondiaux, quatre sont des pays d'Afrique de l'Ouest.
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+ La variété de coutumes, langues et traditions des 250 ethnies composant le pays lui confère une très riche diversité.
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+ Avec une population estimée à 203 millions d'habitants en 2018, le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique[7]. Moins de 50 % de la population vit dans des zones urbaines et au moins 24 villes comptent plus de 1 000 000 habitants.
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+ Le taux de natalité est très élevé et les projections démographiques anticipent une croissance importante de la population dans l'avenir. Selon une étude des Nations unies de 2012, la population du Nigeria devrait atteindre 440 millions d'habitants en 2050[34].
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+ Entre janvier et juin 2017, le Nigeria est le 1er pays d'origine des migrants qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l'Europe[35].
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+ Le paludisme, la poliomyélite, le choléra, la méningite, le SIDA sont des maladies omniprésentes au Nigeria. L'espérance de vie est d'environ 54 ans en 2015. La mortalité infantile est à 20,1 %[36] en 1997. Elle atteint 10,9 % en 2015. Il y avait 37 médecins pour 100 000 habitants en 2007[36].
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+ L'école primaire dure six ans[37]. Le taux d'alphabétisation était de 57 % en 2005 d'après le National Empowerment Development Strategy, ou de 53,3 % chez les adultes de plus de 15 ans en 2006 d'après le National Bureau of Statistics. Il est plus élevé chez les hommes (61,3 %) que chez les femmes (45,3 %). Le taux d'alphabétisation est en baisse constante par rapport à 1999 (64,1 %) et 1991 (71,9 %). L'étude montre qu'il est nettement plus élevé au sud du pays et particulièrement au sud-est (73,5 %) qu'au nord-ouest (23,2 % ; hommes 31,0 %, femmes 15,4 %)[38].
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+ Les deux principales religions sont le christianisme et l'islam[7], réparties à part presque égales de la population totale. Le Nord du pays est à majorité musulmane tandis que le Sud est à majorité chrétienne. L'islam nigérian est majoritairement de théologie ash'arite, de jurisprudence malikite et de spiritualité soufie tijani. Les chrétiens nigérians sont pour les trois-quarts protestants évangéliques et pour un quart catholiques.
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+ Le Nord du pays est principalement peuplé d'Haoussas, qui sont majoritairement de confession musulmane. Les autres grands groupes ethniques de cette partie du pays sont les Nupe, Tiv, et les Kanuri. Les Yorubas sont l'ethnie dominante du Sud du pays, ils sont musulmans pour un peu plus de la moitié, chrétiens pour environ 30 à 40 %, le reste suivant généralement une religion ancestrale. Enfin le Sud-Est du pays est dominé par les Igbos majoritairement chrétiens.
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+ Depuis plusieurs années, le Nigeria est le théâtre de tensions religieuses entre musulmans et chrétiens. La secte islamiste Boko Haram, qui a pour objectif de faire appliquer l'interprétation salafiste de la charia dans tout le pays[39], a mené de nombreuses attaques, essentiellement dans le nord du Nigeria, qui ont fait des milliers de morts depuis la mi-2009.
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+ Le Nigeria est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
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+ Les chiites représentent 2 % de la population et vivent principalement dans la partie nord du pays. Ils font l'objet de persécutions de la part du groupe terroriste Boko Haram, mais aussi de l'armée nigériane. En décembre 2015, 350 manifestants chiites sont massacrés par l'armée[40].
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+ Le Nigeria compte un grand nombre de langues. Il est le premier pays d'Afrique en nombre de langues et possède à ce titre une « mégadiversité linguistique » remarquable. Un recensement effectué par SIL International fait état de 529 langues, dont 522 vivantes et 7 éteintes. Aujourd'hui, trois langues africaines ont le statut de langues majeures : le haoussa, le yoruba et l'igbo. Elles sont enseignées dans le système scolaire, où chaque élève doit en apprendre au moins une. 27 autres langues ont le statut de langues mineures et l’enseignement primaire débute avec une de celles-ci. Le yoruba et l'igbo sont des langues nigéro-congolaises tandis que le haoussa est afro-asiatique. Le kanuri, parlé dans le nord-est, principalement dans l'État de Borno, est quant à lui une langue de la famille nilo-saharienne. Les trois grandes familles de langues africaines sont ainsi présentes dans le pays. Par ailleurs, dans certaines régions du Nigeria, les groupes ethniques parlent plus d'une langue.
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+ La langue officielle du Nigeria, l'anglais, a été choisie pour faciliter l'unité culturelle et linguistique du pays. Ce choix était lié au fait qu'une petite partie de la population nigériane, notamment son élite, parlait anglais à la suite de la colonisation britannique qui a pris fin en 1960. Même si la plupart des groupes ethniques préfèrent communiquer dans leur propre langue, l'anglais est notamment utilisé pour des transactions commerciales et à des fins officielles. L'anglais, cependant, demeure une chasse gardée d'une petite minorité de l'élite urbaine du pays, et il n'est pas parlé du tout dans certaines zones du pays, dont celles rurales. La majorité de la population du Nigeria vit dans les zones rurales, ainsi, les grandes langues de communication dans le pays restent des langues autochtones. Certains peuples, notamment les Yoruba et les Igbos, possèdent des dérivés des langues standardisées à partir d'un certain nombre de dialectes différents et qui sont largement parlées par ces groupes ethniques. Le pidgin nigérian, souvent appelé simplement « pidgin », broken English ou pidgin English, est quant à lui une lingua franca populaire (un créole à base lexicale anglaise), avec plus ou moins d'influences régionales sur le dialecte et l'argot. Il est largement parlé dans les régions du delta du Niger, principalement dans celles Warri, Sapele, Port Harcourt, Agenebode, EWU, et Benin City.
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+ En attendant de voir les trois langues majeures africaines du Nigeria occuper une place officielle, l'article 55 de la constitution indique : « Les affaires du pays sont conduites en anglais ainsi qu’en haoussa, en igbo et en yoruba lorsque des mesures appropriées auront été prises à cet effet ».
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+ Ainsi, l'anglais, bien qu'étant la langue officielle du pays, peut également être considéré comme langue étrangère, car c'est une langue peu maîtrisée par l'ensemble de la population nigériane. La très grande diversité linguistique du pays se révèle être un obstacle à une véritable unité linguistique. De surcroît, le Nigeria est un État anglophone « enclavé » entre des États francophones : le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun[41]. De ce fait, les échanges avec ces pays sont importants, d'où l'utilité de propager le français parmi les Nigérians. C'est lors des années 1990 qu'il a été fait état de la volonté du gouvernement fédéral nigérian de franciser le pays en envisageant notamment un enseignement obligatoire du français comme langue vivante, voire l'institution du français comme seconde langue officielle. Le français est ainsi devenu la seconde langue étrangère obligatoire après l'anglais. Le développement du français a néanmoins été freiné à la suite de la mort du général dictateur Sani Abacha, du rapprochement du Nigeria avec les États-Unis, et en raison des difficultés rencontrées (pénurie de professeurs de français[42], manque d'intérêt de la population, etc.)[43]. En 2014, le pays replace, malgré ces aléas, le développement de ses liens avec la francophonie au cœur de ses ambitions, et le français, restant obligatoire, progresse malgré la pénurie de professeurs. L'environnement francophone est l'un des moteurs de l'enseignement-apprentissage du français au Nigeria. Enfin, la prise de conscience de son importance progresse rapidement dans les classes dirigeantes et les classes moyennes[44].
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+ République fédérale du Nigeria
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+ (en) Federal Republic of Nigeria
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+ (ha) Jamhuriyar Taraiyar Nijeriya
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+ (ig) Ọ̀hàńjíkọ̀ Ọ̀hànézè Naìjíríyà
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+ (yo) Àpapọ̀ Olómìnira ilẹ̀ Nàìjíríà
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+ 9° 10′ N, 7° 10′ E
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+ Le Nigeria, ou Nigéria[5], en forme longue la république fédérale du Nigeria[6] (en anglais : Federal Republic of Nigeria), est un pays d'Afrique de l'Ouest situé dans le golfe de Guinée. Avec plus de 203 millions d'habitants en 2018[7], le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique et le septième pays du monde par son nombre d'habitants.
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19
+ Situé au bord du golfe de Guinée, le Nigeria possède 4 047 km de frontières terrestres, et 853 km de littoral. Il est bordé à l'ouest par le Bénin (773 km), à l'est-sud-est par le Cameroun (1 690 km), au nord par le Niger (1 497 km) et à l'est-nord-est par le Tchad (84 km).
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+
21
+ Le pays est la première puissance économique du continent africain en 2016, et la 27e au niveau mondial (PIB) selon la Banque mondiale[8]. Le poids économique et démographique du Nigéria lui ont valu le surnom de « Géant d'Afrique ». Toutefois, malgré une production de pétrole importante et une économie diversifiée, le pays demeure relativement pauvre, notamment en raison d'une forte corruption[9]. Les dernières élections se sont déroulées en février 2019 avec la réélection de Muhammadu Buhari (du parti Congrès des progressistes).
22
+
23
+ Depuis 1991, la capitale du Nigeria est la ville nouvelle d'Abuja. Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Ses habitants sont les Nigérians[10].
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+
25
+ Les Noks sont la civilisation dominante du IIIe au VIe siècle, elle diffuse vers les régions d'Ife et du Benin. Du VIIe au XIe siècle : installation des civilisations Haoussa au nord du pays, et Yoruba au sud-ouest.
26
+ L'empire du Kanem (jusqu'au XIVe siècle), puis du Kanem-Bornou (à son apogée au XVIe siècle) auprès du lac Tchad a dominé le nord du Nigeria pendant plus de 600 ans, prospérant sur leur position de terminal pour les échanges nord-sud entre les États musulmans d'Afrique du nord et les peuples des régions forestières. Au début du XIXe siècle, Usman dan Fodio a ramené la plupart des régions du nord du pays sous le contrôle d'un empire islamique dirigé depuis Sokoto.
27
+
28
+ Les royaumes d'Oyo au sud-ouest et au sud-est du Benin ont conçu des systèmes politiques élaborés au cours du XVe au XVIIe siècle. Les régions d'Ife et du Benin sont aussi connues pour leurs productions artistiques en ivoire, bois, bronze et cuivre. En 1486, les Portugais établissent des contacts avec le royaume du Benin.
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30
+ En 1553, les Anglais détruisent les vaisseaux portugais et du XVIIe au XIXe siècle les marchands européens établissent des ports côtiers pour le florissant trafic d'esclaves en direction des Amériques. Ce commerce a été remplacé par celui des matières premières au cours du XIXe siècle.
31
+
32
+ Le gouvernement du Royaume-Uni établit un statut légal pour la Compagnie royale du Niger en 1886. En 1900, ce territoire est découpé en plusieurs protectorats puis devient une colonie en 1914. En réponse au nationalisme montant après la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques dotent le pays d'un gouvernement représentatif en 1951 puis d'une constitution fédérale en 1954.
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+ En 1958, Taiwo Akinkunmi compose le drapeau nigérian.
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+ Le Nigéria obtient son indépendance totale en 1960[11]. Le pays est alors divisé en trois régions disposant d'une large autonomie.
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+ La première constitution républicaine de 1963 laisse le pays dans le Commonwealth. En 1966, un coup d'État fomenté par différents groupes militaires amène au pouvoir le général Ironsi, d'origine Igbo, qui est assassiné quelques mois plus tard. Les meneurs de ce nouveau coup d'État agrandissent le pouvoir du gouvernement fédéral et changent la subdivision du pays qui est désormais constitué de douze États. Les Igbos, ethnie majoritaire de l'est du pays, sont alors victimes de représailles raciales sanglantes qui aboutissent en 1967 à la sécession de la république du Biafra. S'ensuit une terrible guerre (cf. Guerre du Biafra) qui s'achève par une capitulation des indépendantistes le 12 janvier 1970.
39
+
40
+ En 1975, un coup d'État, sans effusion de sang, amène Murtala Ramat Mohammed au pouvoir. Il promet un retour rapide à la démocratie, mais il est tué dans un coup d'État avorté et est remplacé par son second Olusegun Obasanjo, un militaire. Une nouvelle constitution est établie en 1977 et les premières élections ont lieu en 1979. Elles sont gagnées par Shehu Shagari.
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+ Un nouveau coup d'État en 1983 replonge le pays sous la dictature du Conseil militaire suprême. En 1993, après des élections annulées par le gouvernement militaire, le général Sani Abacha arrive à la tête de l'État. À sa mort soudaine en 1998, Abdulsalami Abubakar prend le pouvoir et rétablit la constitution de 1979. En 1999, les premières élections démocratiques depuis 16 ans sont gagnées par Olusegun Obasanjo, qui est réélu lors des turbulentes élections de 2003. En 2007, des élections une nouvelle fois agitées amènent au pouvoir le successeur désigné d'Olusegun Obasanjo : Umaru Yar'Adua.
43
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44
+ Umaru Yar'Adua décède le 5 mai 2010 des suites de maladie. Goodluck Jonathan lui succède officiellement le 6 mai 2010. L'Assemblée nationale approuve le 18 mai 2010 la nomination de Namadi Sambo comme vice-président du Nigeria. Muhammadu Buhari est élu lors de l'élection présidentielle de 2015 avec 53,9 % des voix, après avoir échoué à cette élection en 2003, 2007 et 2011[12]. Il a été investi le 29 mai 2015. Il est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement.
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+ Le Nigeria est une République fédérale d'après la Constitution datant de mai 1999. L'actuel président, à la fois chef de l'État et chef du gouvernement, est Muhammadu Buhari investi le 29 mai 2015.
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+ Le pays est soumis à de fortes tensions entre musulmans et chrétiens. Les Igbos, les Yorubas et les Peuls (Fulanis) sont les trois ethnies majoritaires ; les Ogonis sont une minorité vivant dans le delta du Niger, qui s'est opposée à Shell en raison de l'exploitation du pétrole sans contre-partie pour eux[13]. Les Ijaws, ethnie vivant dans le delta du Niger d'où sont extraits les hydrocarbures, se sont soulevés contre le gouvernement qu'ils accusent de connivence dans la pollution de l'environnement. En 2009, des affrontements ont eu lieu entre le MEND, mouvement d'émancipation du Delta du Niger, et les forces gouvernementales[14].
49
+
50
+ De plus, depuis 2009, les interventions du mouvement Boko Haram, qui vise à contrôler la population du nord-est du pays, et à installer la charia dans l'ensemble des autres États, s'est muée en un conflit armé avec les forces armées nigérianes, et à la marge, avec celles des pays voisins, Tchad, Cameroun et Niger. Les attaques de Boko Haram ont des répercussions humaines (20 000 morts au Nigeria et plus de 2 millions de déplacés[15]) et économiques, dont en premier lieu une pénurie alimentaire[16].
51
+
52
+ En 2014 a été promulguée par le président une loi punissant de 10 ans de prison les personnes affichant publiquement une relation homosexuelle et de 14 ans de prison celles se mariant avec une personne de même sexe, alors que l'homosexualité est déjà sévèrement réprimée au Nigeria. Cette loi a été votée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en 2013[17].
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54
+ Le Nigeria reste l'un des pays pilotes et phares de la CEDEAO : il a envoyé des soldats au Liberia et en Sierra Leone, et a proposé son aide pour résoudre de nombreuses crises. Récemment, il a proposé l'envoi de soldats pour résoudre le problème de la crise de la partition du Mali, où dans le Nord de ce pays un mouvement fondamentaliste islamique avait tenté d'instaurer un État islamique indépendant. Le Nigeria est lui-même confronté à la secte Islamique Boko Haram qui souhaite la partition du Nigeria, ce qui explique la forte implication de ce dernier au sein de la CEDEAO sans pour autant que la langue ne soit une barrière.
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+ Le pays est divisé en
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+ Situé au bord du golfe de Guinée, le Nigeria possède 4 047 km de frontières terrestres, et 853 km de littoral. Il est bordé à l'ouest par le Bénin (773 km), à l'est-sud-est par le Cameroun (1 690 km), au nord par le Niger (1 497 km), et à l'est-nord-est par le Tchad (84 km).
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+ Le pays est divisé en une moitié sud au climat équatorial où se situe la majorité des villes importantes, une partie centrale composée de régions de savane et de plateaux, une partie est où l'on trouve le point culminant, le mont Chappal Waddi (2 419 m), et une partie nord au climat aride puisqu'on se trouve dans le Sahel, en bordure du désert du Sahara.
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+ Le sous-sol est riche en ressources naturelles parmi lesquelles le pétrole et le gaz constituent la principale source de revenu du pays. Le pays est le premier producteur d'or noir d'Afrique. Le Nigeria extrait également un certain nombre de métaux (étain, fer, plomb, zinc…) ainsi que du charbon.
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+ Le Nigeria est le seul pays du monde disposant d'importantes ressources pétrolières à présenter un déficit budgétaire en 2007[18].
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+ Un rapport par l'organisation non gouvernementale Global Financial Integrity du 26 mars 2010 quantifie pour la première fois les fuites illicites de fonds liés à des pratiques financières hors du continent africain[19]. Le Nigeria y est cité comme le pays étant, de loin[19], le plus soumis aux fuites de fonds par des pratiques financières illicites. Il est estimé que de 1970 à 2009, les fuites de capitaux du Nigeria s’élèvent à 89,5 milliards de dollars, à un taux moyen de 2 milliards par an[19].
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+ Le rapport indique également que bien que beaucoup d’attention soit généralement accordée aux processus de corruption (le Nigeria est classé à la 130e place mondiale sur 180 dans le classement de Transparency International[20]), l'indice de corruption est de 2,4/10. Dans l'analyse des flux transfrontaliers illicites, les fonds concernés par ces procédés constituent environ 3 % du total sur l’ensemble de l’Afrique (aucun chiffre n’est donné par pays). Les pratiques criminelles liées au trafic de drogue, au racket, et à la contrefaçon entrent pour 30 à 35 %. Les procédés d'évasion de taxe, principalement à travers les techniques de trucage commercial et financier sont de loin la composante principale en constituant entre 60 et 65 % du total. Ces fuites massives et illégales sont facilitées par une opacité mondiale du système financier.
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+ Dans son intervention à la Convention sur l'Europe, Eva Joly souligne également que le Nigeria a « été pillé de probablement 20 milliards de dollars en trente années, les fonds se trouvent en Europe, essentiellement en Angleterre, en France, en Suisse »[21]. D'après le lauréat du prix Nobel d'économie 2001 Joseph E. Stiglitz, l’inefficacité économique a aussi causé la fuite de cent milliards de dollars, venus s'investir à l'étranger plutôt qu'à l'intérieur du pays.
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72
+ De fait, à peine un quart de la population bénéficie des revenus du pétrole.[réf. nécessaire]
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+ Fin septembre 2005, la Banque mondiale a aidé à récupérer 700 millions de dollars détournés dans des banques suisses par Sani Abacha et son clan pendant qu'il était au pouvoir, 700 millions bloqués par la Suisse à la demande du Nigeria en 1999 (la banque mondiale a reçu 170 millions pour des projets contre la pauvreté). Le milliard et demi de dollars restant détourné par le clan Sani Abacha est essentiellement situé en France (550 millions – non restitués), au Royaume-Uni (60 millions – restitués), au Luxembourg et au Liechtenstein.
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+ Grâce à ses ressources pétrolières, le Nigeria fait partie des premières puissances économiques du continent. Cette richesse a peu d'effet sur le niveau de vie de sa population qui est dans la moyenne des pays africains. Ainsi, en 2015, plus de la moitié des Nigérians vit avec moins d'1,25 $ par jour[22]. Les cinq hommes les plus riches du pays ont une fortune cumulée de 29,9 milliards de dollars, soit plus que l’ensemble du budget national du pays sur une année. Dans un rapport, les ONG Development Finance International et Oxfam dénoncent la responsabilité des autorités qui « exacerbent les inégalités en sous-finançant les services publics, tels que la santé et l’éducation, et en ne luttant pas efficacement contre l’évasion fiscale et la corruption », tout en accordant aux multinationales une fiscalité avantageuse[23].
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+ En 2016, le Nigéria est la deuxième puissance économique d'Afrique, derrière l'Afrique du Sud[25]. Le poids économique et démographique du Nigéria lui ont valu le surnom de « Géant d'Afrique ».
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+ Des institutions financières telles que Morgan Stanley (États-Unis) ou Renaissance Capital (en) (Russie) avaient estimé que d'ici 2025, le Nigeria deviendrait la première puissance économique africaine[26]. Toutefois, ces projections avaient ignoré le fait que les bases pour calculer le PIB nigérian n'avaient pas été actualisées depuis 1990[27].
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+ Le chercheur allemand Jochen Lusckscheiter, de la fondation Heinrich Boll, dresse en 2020 un panorama assez pessimiste de l'état de l’économie nigériane : « Depuis 2015, le taux de chômage est passé d’environ 8 % à plus de 23 % (…) Environ 55 % de tous les jeunes du pays sont soit sous-employés soit sans emploi. Ces difficultés sociales ont aggravé ou soutenu d’innombrables conflits sociaux au cours des dernières années. Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays s’élève à plus de 2 millions. Ailleurs, le banditisme et les enlèvements contre rançon se sont imposés comme un modèle commercial, car il est de plus en plus impossible pour un nombre croissant de personnes de gagner leur vie par des moyens légaux »[28].
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+ Le pétrole a été découvert au Nigeria en 1956 dans le delta du Niger. Ce pétrole est intéressant car c'est un brut, dit Bonny Light, adouci à basse teneur en soufre, dont le raffinage est facile[29]. Le pays rejoint alors l'OPEP en 1970. La ville de Port Harcourt est le principal lieu de production du pays qui a attiré de nombreux travailleurs. Le pétrole nigérian – produit à 40 % par la compagnie Shell – représente avec le gaz 14,4 % du PIB, 90 % des exportations et 75 % des revenus budgétaires. C'est le 5e producteur de l’OPEP et le 10e au niveau mondial[30]. Il s'agit du 6e pays exportateur de pétrole. Cependant, si le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole d'Afrique, il ne possède pas de raffineries et doit importer son carburant d'Europe et des États-Unis[31].
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+ Les procédés des compagnies pétrolières dans la région, appuyées par l'État nigérian, ont été très vivement critiqués, et les tensions entre les riverains et les forces de l'ordre ont donné lieu à plusieurs massacres et assassinats. Dans les années 1990 s'est créé le Mouvement pour la survie du peuple ogoni (MOSOP) pour lutter non violemment contre les agissements de Shell[32]. Après les exécutions de cinq de leurs leaders (dont Ken Saro-Wiwa le 10 novembre 1995), le mouvement s'est peu à peu éteint, mais des ONG luttent toujours contre les compagnies pétrolières (ainsi Nnimmo Bassey, devenu Président des Amis de la Terre). Un groupe plus violent et encore actif a vu le jour dans les années qui ont suivi, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND).
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+ Le Nigéria est en septième place au palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, Émirats, le Koweït et le Venezuela.
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+ L'Inde devient en 2014 le premier importateur de pétrole brut nigérian[33].
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+ Même si elle est en léger déclin, la culture du cacao fait vivre des centaines de milliers de planteurs dans le pays, et permet de résister à l'exode rural, le cacao étant planté dans des secteurs très variés.
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+ Au cours des six premières années de la décennie des années 2010, le voisin ivoirien d'Afrique de l'Ouest s'est toujours maintenu comme le premier producteur mondial de cacao, devant le Ghana, le deuxième d'Afrique et du monde, et le Nigéria maintenant sa quatrième place, la troisième sur le continent africain. Sur les cinq premiers producteurs mondiaux, quatre sont des pays d'Afrique de l'Ouest.
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+ La variété de coutumes, langues et traditions des 250 ethnies composant le pays lui confère une très riche diversité.
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+ Avec une population estimée à 203 millions d'habitants en 2018, le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique[7]. Moins de 50 % de la population vit dans des zones urbaines et au moins 24 villes comptent plus de 1 000 000 habitants.
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+ Le taux de natalité est très élevé et les projections démographiques anticipent une croissance importante de la population dans l'avenir. Selon une étude des Nations unies de 2012, la population du Nigeria devrait atteindre 440 millions d'habitants en 2050[34].
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+ Entre janvier et juin 2017, le Nigeria est le 1er pays d'origine des migrants qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l'Europe[35].
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+ Le paludisme, la poliomyélite, le choléra, la méningite, le SIDA sont des maladies omniprésentes au Nigeria. L'espérance de vie est d'environ 54 ans en 2015. La mortalité infantile est à 20,1 %[36] en 1997. Elle atteint 10,9 % en 2015. Il y avait 37 médecins pour 100 000 habitants en 2007[36].
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+ L'école primaire dure six ans[37]. Le taux d'alphabétisation était de 57 % en 2005 d'après le National Empowerment Development Strategy, ou de 53,3 % chez les adultes de plus de 15 ans en 2006 d'après le National Bureau of Statistics. Il est plus élevé chez les hommes (61,3 %) que chez les femmes (45,3 %). Le taux d'alphabétisation est en baisse constante par rapport à 1999 (64,1 %) et 1991 (71,9 %). L'étude montre qu'il est nettement plus élevé au sud du pays et particulièrement au sud-est (73,5 %) qu'au nord-ouest (23,2 % ; hommes 31,0 %, femmes 15,4 %)[38].
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+ Les deux principales religions sont le christianisme et l'islam[7], réparties à part presque égales de la population totale. Le Nord du pays est à majorité musulmane tandis que le Sud est à majorité chrétienne. L'islam nigérian est majoritairement de théologie ash'arite, de jurisprudence malikite et de spiritualité soufie tijani. Les chrétiens nigérians sont pour les trois-quarts protestants évangéliques et pour un quart catholiques.
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+ Le Nord du pays est principalement peuplé d'Haoussas, qui sont majoritairement de confession musulmane. Les autres grands groupes ethniques de cette partie du pays sont les Nupe, Tiv, et les Kanuri. Les Yorubas sont l'ethnie dominante du Sud du pays, ils sont musulmans pour un peu plus de la moitié, chrétiens pour environ 30 à 40 %, le reste suivant généralement une religion ancestrale. Enfin le Sud-Est du pays est dominé par les Igbos majoritairement chrétiens.
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+ Depuis plusieurs années, le Nigeria est le théâtre de tensions religieuses entre musulmans et chrétiens. La secte islamiste Boko Haram, qui a pour objectif de faire appliquer l'interprétation salafiste de la charia dans tout le pays[39], a mené de nombreuses attaques, essentiellement dans le nord du Nigeria, qui ont fait des milliers de morts depuis la mi-2009.
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+ Le Nigeria est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
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+ Les chiites représentent 2 % de la population et vivent principalement dans la partie nord du pays. Ils font l'objet de persécutions de la part du groupe terroriste Boko Haram, mais aussi de l'armée nigériane. En décembre 2015, 350 manifestants chiites sont massacrés par l'armée[40].
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+ Le Nigeria compte un grand nombre de langues. Il est le premier pays d'Afrique en nombre de langues et possède à ce titre une « mégadiversité linguistique » remarquable. Un recensement effectué par SIL International fait état de 529 langues, dont 522 vivantes et 7 éteintes. Aujourd'hui, trois langues africaines ont le statut de langues majeures : le haoussa, le yoruba et l'igbo. Elles sont enseignées dans le système scolaire, où chaque élève doit en apprendre au moins une. 27 autres langues ont le statut de langues mineures et l’enseignement primaire débute avec une de celles-ci. Le yoruba et l'igbo sont des langues nigéro-congolaises tandis que le haoussa est afro-asiatique. Le kanuri, parlé dans le nord-est, principalement dans l'État de Borno, est quant à lui une langue de la famille nilo-saharienne. Les trois grandes familles de langues africaines sont ainsi présentes dans le pays. Par ailleurs, dans certaines régions du Nigeria, les groupes ethniques parlent plus d'une langue.
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+ La langue officielle du Nigeria, l'anglais, a été choisie pour faciliter l'unité culturelle et linguistique du pays. Ce choix était lié au fait qu'une petite partie de la population nigériane, notamment son élite, parlait anglais à la suite de la colonisation britannique qui a pris fin en 1960. Même si la plupart des groupes ethniques préfèrent communiquer dans leur propre langue, l'anglais est notamment utilisé pour des transactions commerciales et à des fins officielles. L'anglais, cependant, demeure une chasse gardée d'une petite minorité de l'élite urbaine du pays, et il n'est pas parlé du tout dans certaines zones du pays, dont celles rurales. La majorité de la population du Nigeria vit dans les zones rurales, ainsi, les grandes langues de communication dans le pays restent des langues autochtones. Certains peuples, notamment les Yoruba et les Igbos, possèdent des dérivés des langues standardisées à partir d'un certain nombre de dialectes différents et qui sont largement parlées par ces groupes ethniques. Le pidgin nigérian, souvent appelé simplement « pidgin », broken English ou pidgin English, est quant à lui une lingua franca populaire (un créole à base lexicale anglaise), avec plus ou moins d'influences régionales sur le dialecte et l'argot. Il est largement parlé dans les régions du delta du Niger, principalement dans celles Warri, Sapele, Port Harcourt, Agenebode, EWU, et Benin City.
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+ En attendant de voir les trois langues majeures africaines du Nigeria occuper une place officielle, l'article 55 de la constitution indique : « Les affaires du pays sont conduites en anglais ainsi qu’en haoussa, en igbo et en yoruba lorsque des mesures appropriées auront été prises à cet effet ».
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+ Ainsi, l'anglais, bien qu'étant la langue officielle du pays, peut également être considéré comme langue étrangère, car c'est une langue peu maîtrisée par l'ensemble de la population nigériane. La très grande diversité linguistique du pays se révèle être un obstacle à une véritable unité linguistique. De surcroît, le Nigeria est un État anglophone « enclavé » entre des États francophones : le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun[41]. De ce fait, les échanges avec ces pays sont importants, d'où l'utilité de propager le français parmi les Nigérians. C'est lors des années 1990 qu'il a été fait état de la volonté du gouvernement fédéral nigérian de franciser le pays en envisageant notamment un enseignement obligatoire du français comme langue vivante, voire l'institution du français comme seconde langue officielle. Le français est ainsi devenu la seconde langue étrangère obligatoire après l'anglais. Le développement du français a néanmoins été freiné à la suite de la mort du général dictateur Sani Abacha, du rapprochement du Nigeria avec les États-Unis, et en raison des difficultés rencontrées (pénurie de professeurs de français[42], manque d'intérêt de la population, etc.)[43]. En 2014, le pays replace, malgré ces aléas, le développement de ses liens avec la francophonie au cœur de ses ambitions, et le français, restant obligatoire, progresse malgré la pénurie de professeurs. L'environnement francophone est l'un des moteurs de l'enseignement-apprentissage du français au Nigeria. Enfin, la prise de conscience de son importance progresse rapidement dans les classes dirigeantes et les classes moyennes[44].
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+ Nikola Tesla (en serbe cyrillique : Никола Тесла), né dans la nuit du 9 au 10 juillet 1856[1] à Smiljan dans l'Empire d'Autriche (actuelle Croatie) et mort le 7 janvier 1943 à New York, est un inventeur et ingénieur américain d'origine serbe. Il est notoirement connu pour son rôle prépondérant dans le développement et l'adoption du courant alternatif pour le transport et la distribution de l'électricité.
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+ Tesla a d'abord travaillé dans la téléphonie et l'ingénierie électrique avant d'émigrer aux États-Unis en 1884 pour travailler avec Thomas Edison puis avec George Westinghouse, qui enregistra un grand nombre de ses brevets. Considéré comme l’un des plus grands scientifiques dans l’histoire de la technologie, pour avoir déposé quelque 300 brevets couvrant au total 125 inventions[2] (qui seront pour beaucoup attribuées à tort à Edison)[3] et avoir décrit de nouvelles méthodes pour réaliser la « conversion de l’énergie », Tesla est reconnu comme l’un des ingénieurs les plus créatifs de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Quant à lui, il préférait plutôt se définir comme un découvreur.
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+ Ses travaux les plus connus et les plus largement diffusés portent sur l’énergie électrique. Il a mis au point les premiers alternateurs permettant la naissance des réseaux électriques de distribution en courant alternatif, dont il est l’un des pionniers. Tesla s’est beaucoup intéressé aux technologies modernes se focalisant sur l’électricité qui était le noyau de ses inventions. Il est connu pour avoir su mettre en pratique la découverte du caractère ondulatoire de l’électromagnétisme (théorisé par James Clerk Maxwell en 1864), en utilisant les fréquences propres des composants des circuits électriques afin de maximiser leur rendement.
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+ De son vivant, Tesla était renommé pour ses inventions ainsi que pour son sens de la mise en scène, faisant de lui un archétype du « savant fou ». Grand humaniste qui se fixait comme objectif d'apporter gratuitement l'électricité dans les foyers et de la véhiculer sans fil[4],[5], il resta malgré tout dans un relatif anonymat jusqu'à plusieurs décennies après sa mort. Son œuvre trouve un regain d'intérêt dans la culture populaire depuis les années 1990. En 1960, son nom a été donné au tesla (T), l’unité internationale d’induction magnétique. En 2003, le constructeur automobile de voitures électriques Tesla Inc. est créé, le nom de la marque faisant référence à Nikola Tesla.
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+ Son lieu de sépulture est à Belgrade, en Serbie, dans le musée Nikola-Tesla.
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+ Nikola Tesla naît dans une famille serbe orthodoxe de Lika, en Krajina croate, venue de l'ouest de la Serbie, près du Monténégro[6]. Fier de ses origines, Tesla a toujours revendiqué à la fois ses ascendances serbes et son héritage croate, s'identifiant comme un Serbe de Croatie[7],[8],[9],[10],[11], il vécu d'ailleurs très mal le génocide par les Outsachi des peuples non croate en Croatie pendant sa dernières année de vie. Cependant, né au sein de l'Empire d'Autriche, Tesla s'est déclaré de nationalité autrichienne lors de sa demande de naturalisation américaine en 1891[12].
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+ Toutefois, parce qu'il est né dans la partie croate des confins militaires (une zone tampon contrôlée par les Habsbourg le long de la frontière ottomane), certains Croates revendiquent pour Tesla la nationalité croate[13],[14]. Ainsi, depuis sa mort en 1943, de nombreuses controverses ont éclaté quant à sa nationalité, des nationalistes serbes et croates se livrant à de nombreux débats pour s'attribuer son origine[15],[16],[17].
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+ Nikola Tesla naît dans la nuit du 9 au 10 juillet 1856, à Smiljan, dans les confins militaires de l’Empire d’Autriche, avant-dernier des cinq enfants d’une famille serbe orthodoxe[7]. Il est né lors d'une nuit d'orage très violente, sa grand-mère a interprété cela en disant que cet enfant serait l'enfant de la nuit, alors que sa mère au contraire déclara qu'il sera l'enfant de la lumière[1]. Son père, Milutin Tesla, était le prêtre orthodoxe serbe de Smiljan[18]. Sa mère, Đuka Mandić, était la fille d’un prêtre orthodoxe serbe originaire de Lika et Banija et antérieurement du Kosovo. Elle était douée pour la fabrication d’outils artisanaux et, bien qu’analphabète, capable de mémoriser des textes de la poésie épique serbe[19].
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+ Les Tesla seraient issus de la famille Draganić, dont une branche aurait adopté le surnom « Tesla » signifiant herminette en serbe, donné en raison d'une caractéristique physique particulière de ses membres[20]. Une autre légende les lie à la famille noble d'Herzégovine de Pavle Orlović[21].
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+ Dès son enfance, Nikola montre de grandes aptitudes intellectuelles[22] bénéficiant d’une mémoire eidétique hors du commun, d’un génie inventif, ainsi que d’un don de visualisation lui rendant maquettes et schémas inutiles. Après de brillantes études primaires et secondaires, il commence une activité d'inventeur autodidacte à 17 ans. Il obtient l'accord de son père, qui aurait voulu faire de lui un prêtre, d'entreprendre des études pour devenir ingénieur[23].
22
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23
+ En 1875, il entre à l’École polytechnique de Graz, en Autriche, où il étudie les mathématiques, la physique et la mécanique, grâce à une bourse attribuée par l’administration des Confins militaires qui le met à l’abri des problèmes financiers. Il y travaille avec acharnement pour assimiler le programme des deux premières années d’études en un an. L’année suivante, la suppression des Confins militaires lui retire toute aide financière, hormis celle, très maigre, que peut lui apporter son père, ce qui ne lui permet pas d’achever sa seconde année d’études[23].
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25
+ Selon certaines sources, Tesla aurait obtenu son diplôme de premier cycle de l’université de Graz[24],[25],[26]. Toutefois, selon l’université, ce ne serait pas le cas et il n’aurait pas poursuivi ses études au-delà du premier semestre de sa troisième année[27],[28],[29],[30].
26
+
27
+ En décembre 1878, Tesla quitte Graz, ne contacte plus sa famille et déménage à Marburg où on l’emploie comme assistant ingénieur pendant un an. Plus tard, son père le convainc d'entrer à l’université Charles de Prague en été 1880. Là, il est influencé par Ernst Mach. Mais, à la suite du décès de son père, il quitte l’université, n’ayant effectué qu'un semestre d'étude[31].
28
+
29
+ Nikola Tesla débute en tant qu’ingénieur en 1881, à Budapest, à l’Office central du télégraphe du gouvernement hongrois, où il travaille sous la direction de Tivadar Puskás[32].
30
+ Dans cette institution, il rencontre un jeune inventeur serbe, Nebojša Petrović, avec qui il collabore à un projet de turbines doubles qui produisent une puissance continuelle[réf. nécessaire]. À l’ouverture du commutateur téléphonique de Budapest, Tesla devient électricien en chef de la compagnie et, plus tard, ingénieur en chef pour le premier système téléphonique de Hongrie. Durant cette période, il invente un répéteur ou un amplificateur de téléphone qui pourrait, selon certains, être le premier haut-parleur[33].
31
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32
+ Accessoirement, il s’intéresse aussi à la mythologie hindoue, ainsi qu'au sanskrit[34]. Au fil de sa vie, il devient polyglotte, parlant le tchèque, l’anglais, le français, l’allemand, le hongrois, l’italien et le latin[35] en plus de sa langue natale, le serbo-croate de la Lika.
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+ En 1882, il séjourne à Paris où il est recruté par la société Edison General Electric Company à l’amélioration des équipements venant de la société mère. D’après son autobiographie, le directeur de la Continental Edison, Charles Batchelor (en), lui reconnaît vite de grands talents et le recommande à Thomas Edison. Il y achève la mise au point du premier moteur à induction à courant alternatif. Il développe plusieurs instruments utilisant les champs magnétiques rotatifs et obtient deux brevets en 1887 et 1888[36],[37]. Personne en Europe ne s’intéressant à sa technologie, il accepte l’offre de Thomas Edison de venir travailler aux États-Unis[38].
35
+
36
+ En 1884, âgé de 28 ans, il débarque aux États-Unis, où Edison vient de créer le réseau électrique alimentant la ville de New York basé sur le courant continu qui souffre de sérieux dysfonctionnements : accidents fréquents, pannes régulières, incendies... De plus, à cause des chutes de tension due à la résistance des câbles, cette énergie ne peut pas être acheminée sur de longues distances et nécessite des centrales tous les trois kilomètres. Enfin, comme il n'existe pas de technologie permettant de modifier la tension, l'électricité doit être produite directement à la tension utilisée par les clients, ce qui nécessite un circuit de distribution différent pour chaque type d'appareil (éclairage public ou domestique, moteur d'usine).
37
+
38
+ Tesla propose le courant alternatif, qui résoudrait tous ces problèmes, tandis qu’Edison reste un ardent défenseur du courant continu. Cette controverse technologique et la personnalité très narcissique des deux hommes les opposent farouchement. Finalement Edison lui permet de travailler sur cette technologie et lui promet 50 000 dollars à la clé si elle réussit. Tesla y parvient quelques mois plus tard mais Edison n'honore pas sa promesse, prétextant que Tesla n'a pas compris son « humour américain ». Il consent tout de même à l'augmenter pour que son salaire passe de 10 dollars par semaine à 18 dollars. Tesla, se sentant insulté, démissionne en 1885[39].
39
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+ En 1886, Tesla fonde la Tesla Electric Light & Manufacturing (en) mais il est contraint d'en démissionner en raison de désaccords avec ses investisseurs financiers qui lui demandent de développer un nouveau modèle de lampe à arc mais sans courant alternatif. Ayant mis toutes ses économies dans cette société, Tesla est ruiné, d'autant plus que ses associés gardent la jouissance de ses brevets. Pour survivre, il devient terrassier dans les rues de New York[40].
41
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+ Un groupe de financiers (l'avocat Charles F. Peck et le directeur de la Western Union Alfred S. Brown), conscients du potentiel économique de la proposition de Tesla sur le courant alternatif, offre à celui-ci la possibilité de fonder sa propre société en avril 1887 : la Nikola Tesla Company, basée à New York. Il s'assure cette fois-ci que 50 % des revenus de ses brevets lui soient reversés. Il dispose d'un laboratoire et peut enfin construire la génératrice à courant alternatif qu'il présente à l'American Institute of Electrical Engineers le 16 mai 1888[41].
43
+
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+ En 1886, George Westinghouse s’intéresse de près au courant alternatif. Concurrent direct d’Edison, cet ingénieur et entrepreneur américain rêve d’approvisionner tous les États-Unis en électricité. En juillet 1888, Brown et Peck négocient un accord de licence avec George Westinghouse pour utiliser le moteur à induction polyphasé de Tesla et ses transformateurs contre 60 000 dollars en numéraire et en actions et une redevance de 2,50 $ par cheval vapeur produit. D'autre part, Westinghouse embauche Tesla pendant un an, pour un salaire mensuel de 2 000 $, comme consultant des laboratoires de la Westinghouse Electric & Manufacturing Company[42]. Une lutte titanesque (surnommée la « guerre des courants ») s’engage alors entre Westinghouse-Tesla et Edison. Edison tente une campagne de lobbying en faisant des démonstrations publiques d'électrocution de différents animaux, pour prouver le danger du courant alternatif. Ces démonstrations conduisent à l'invention de la chaise électrique et l'adoption progressive de l'électrocution comme moyen d'exécuter les condamnés à mort. Edison embauche à cet effet Harold P. Brown qui achète un générateur alternatif pour électrocuter William Kemmler. Malgré les recours juridiques de George Westinghouse, l'exécution a bien lieu mais Edison ne parvient cependant pas à imposer le mot « westinghousé » au lieu d'« électrocuté » dans le langage public[43],[44].
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46
+ En 1893, la compagnie de Westinghouse obtient le contrat d’installation de toute l’infrastructure électrique des États-Unis et, rapidement, les États-Unis utilisent exclusivement le courant alternatif préconisé par Tesla. La guerre a tourné finalement à l’avantage du couple Westinghouse-Tesla et laisse les compagnies Edison mais aussi Westinghouse au bord de la faillite (nombreux procès au sujet des brevets, investissements lourds pour équiper les foyers ou l'industrie, main d'œuvre coûteuse pour remplacer quotidiennement des milliers de lampes à incandescence[45]). En 1897, Westinghouse explique ses difficultés financières à Tesla en termes crus, l'avertissant que, si les choses continuent ainsi, il aurait à « traiter avec les banquiers » pour continuer à percevoir ses redevances. Westinghouse convainc finalement Tesla de renoncer à ses royalties et lui rachète ses droits et ses brevets pour une somme de 216 000 dollars[46].
47
+
48
+ Les théories de Tesla sur la possibilité de la transmission sans fil remontent à des conférences et des démonstrations qu'il a réalisées en 1893 à Saint-Louis dans le Missouri, au Franklin Institute en Pennsylvanie, et à la National Electric Light Association (en). Il met au point notamment la bobine Tesla vers 1891, puis entre 1895 et 1898 un transmetteur à amplification (en)[47].
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+ En août 1917, Tesla propose les fréquences et l’énergie nécessaire pour un système de repérage à distance des obstacles dans le périodique The Electrical Experimenter[48]. Il propose l’utilisation d’une onde entretenue pour repérer les objets, cette onde formant une onde stationnaire avec la réflexion par la cible lorsque la fréquence est ajustée convenablement (Radar à ondes entretenues). La fréquence utilisée permet alors de déterminer la distance de l’objet ou sa variation dans le temps permet de déduire la vitesse radiale de déplacement. Il propose comme alternative l’utilisation d’impulsions pour obtenir le même résultat. Tesla envisageait l’affichage des échos résultants sur un écran fluorescent, une idée reprise par le radar.
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+ En juillet 1898, Tesla dépose le brevet US 613809 A[49] intitulé Méthode et appareillage pour un mécanisme de contrôle de navires et véhicules. En décembre de la même année, au cours d'une foire dédiée à l'électricité au Madison Square Garden, il fait la démonstration d'un bateau radio-commandé qu'il surnomme « teleautomaton »[50]. L'appareil fait sensation, et certains considèrent qu'il est mû par l'esprit de Tesla, ou piloté par un singe savant caché à l'intérieur du bateau[51],[52].
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54
+ Une application directe de son procédé est d'ordre militaire, car il permettrait de commander à distance des engins explosifs comme des torpilles. Cependant, les militaires considèrent que son modèle est trop fragile pour les conditions d'une zone de guerre, et qu'il est aisé d'interférer avec le signal radio. Tesla propose un nouveau modèle, submersible et disposant d'un système d'« individualisation », censé empêcher un éventuel piratage. Il écrit plus tard : « Je me souviens que lorsque j'ai alors appelé un officiel à Washington avec à l'esprit d'offrir l'invention au Gouvernement, il a explosé de rire à l'énoncé de ce que j'avais accompli »[52].
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+ En 1901, il fait construire la tour de Wardenclyffe qui doit lui permettre de rattraper le retard pris dans sa compétition avec Guglielmo Marconi qui a réussi le 12 décembre 1901 la première transmission radio transatlantique. Parce qu'il n'obtient aucun résultat commercialement probant, ses investisseurs le lâchent les uns après les autres. Son rival remporte le prix Nobel de physique en 1909 et la tour est détruite en 1917. Il vit désormais reclus dans une chambre de l'hôtel New Yorker, refusant toute charité mais recevant de la Westinghouse Electric & Manufacturing Company un salaire mensuel de 125 $ pour continuer ses différentes recherches[53].
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+ En 1928, Tesla dépose son dernier brevet, un biplan à décollage et atterrissage verticaux.
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+ À l'automne 1937, voulant éviter un taxi, Tesla est victime d'une mauvaise chute alors qu'il fait son trajet régulier vers la cathédrale et Central Park où il a l'habitude de nourrir les pigeons et de les recueillir dans son hôtel. Refusant de consulter un médecin ou d'être amené à l'hôpital, il est raccompagné dans sa chambre d'hôtel où il ne se rétablira jamais complètement.
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+ Le génocide des Serbes de Croatie par le gouvernement oustachi de l'État indépendant de Croatie dans le camp d'extermination de Jasenovac l'inquiète sur l'évolution de la guerre mondiale et civile en Yougoslavie[54], 11[55] membres de sa famille seront d'ailleurs exterminés par les oustachis.
63
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64
+ Perclus de TOC[56], insomniaque chronique, il s'éteint le 7 janvier 1943 dans sa chambre d'hôtel à New York, seul, sans un sou et couvert de dettes, laissant derrière lui plus de 300 brevets et la réputation de savant génial, visionnaire et à moitié fou. Il reçoit le 17 janvier des funérailles nationales dans la cathédrale Saint-Jean le Théologien de New York, regroupant 2 000 personnes. Après celle-ci, son corps est transporté au Ferncliff Cemetery (en) où il est par la suite incinéré[57].
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+ Après le décès de Nikola Tesla, sa famille engage avec l’administration américaine une longue procédure judiciaire pour acquérir ses documents de travail et ses effets personnels. En 1952, son neveu Sava Kosanović obtient que sa succession entière (manuscrits originaux, milliers de lettres, de photographies et la plupart de ses inventions) soit expédiée à Belgrade. Après un long procès, ce même neveu réussit, en 1957, à récupérer l’urne funéraire de son oncle. L’urne et les documents sont aujourd’hui au musée Nikola-Tesla à Belgrade en Serbie[58].
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+ Tesla est l'auteur d’environ 300 brevets dont beaucoup sont attribués à tort à Thomas Edison[3] traitant de nouvelles méthodes pour aborder la conversion de l’énergie.
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+ Tesla a fait des déclarations concernant une arme à énergie dirigée utilisant un accélérateur de particules, après avoir étudié le générateur de Van de Graaff. La presse l’appela le « rayon de la paix » ou « rayon de la mort ». Tesla décrivit l’arme comme étant capable d’être utilisée contre une infanterie terrestre ou contre des forces aériennes.
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+ Tesla donne la description suivante concernant le faisceau de particules chargées : « [Le canalisateur pourrait] envoyer des faisceaux concentrés de particules dans l'air libre, et cette puissante énergie pourrait faire tomber une flotte de 10 000 avions ennemis à une distance de 200 miles de la frontière d'un pays qui se défend, et les ferait s'écraser raide mort sur leurs pistes. »
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+ C’est au cours de la conférence Experiments with alternate currents of high potential and high frequency[66] du 3 février 1892 devant l'Institution of Electrical Engineers de Londres que Tesla envisage pour la première fois le concept d’énergie libre[67] :
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+ « Dans quelques générations nos machines seront animées grâce à une énergie disponible en tous points de l’univers. […] [En effet,] dans l’espace, il existe une forme d’énergie. Est-elle statique ou cinétique ? Si elle est statique, toutes nos recherches auront été vaines. Si elle est cinétique — et nous savons qu’elle l’est —, ce n’est qu’une question de temps, et les hommes réussiront à connecter leurs machines aux rouages de la nature. »
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+ « Tesla decided it was time for him to become an American citizen. In July 1891, he filed an application in the Common Pleas Court of New York. As his former nationality he listed 'Austrian', »
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+ Astérix, anciennement Astérix le Gaulois, est une série de bande dessinée française créée le 29 octobre 1959 par le scénariste français René Goscinny et le dessinateur français Albert Uderzo dans le no 1 du journal français Pilote. Après la mort de René Goscinny en 1977, Albert Uderzo poursuit seul la série, puis passe la main en 2013 à Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.
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+ La série met en scène en 50 av. J.-C. (peu après la conquête romaine) un petit village gaulois d'Armorique qui poursuit seul la lutte contre l'envahisseur grâce à une potion magique préparée par le druide, cette boisson donnant une force surhumaine à quiconque en boit. Les personnages principaux sont le guerrier Astérix et le livreur de menhirs Obélix, chargés par le village de déjouer les plans des Romains ou d'aller soutenir quiconque sollicite de l'aide contre la République romaine.
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+ Publiée dans Pilote de 1959 à 1973, la série est éditée parallèlement en album cartonné, pour les vingt-quatre premiers albums, d'abord aux éditions Dargaud, puis à partir de 1998 aux éditions Hachette, et enfin aux éditions Albert René pour les dix albums suivants. Les ventes cumulées des albums, traduits dans cent onze langues, représentent 380 millions d'exemplaires, ce qui en fait la bande dessinée la plus vendue dans le monde après le manga One piece[1],[2].
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+ La série est avant tout humoristique et parodie principalement la société française contemporaine à travers ses stéréotypes et ses régionalismes, ainsi que des traditions et coutumes emblématiques de pays étrangers. Le comique de répétition est très présent avec notamment le naufrage des pirates. Le dessin est lui semi-réaliste, fortement inspiré de l'école de Marcinelle.
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+ « Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petibonum... »
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+ — Légende de la carte de la Gaule ouvrant les albums d'Astérix[3]
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+ La légende ainsi que la carte de la Gaule mentionnées ci-dessus ont été supprimées de l'album Astérix et la Transitalique paru en 2017 sans que l'éditeur, Hachette, ne donne d'explication.
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+ Ce village gaulois d'Armorique résiste à l'envahisseur grâce à la potion magique préparée par le druide Panoramix, qui procure momentanément une force surhumaine à qui en boit.
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+ La bande dessinée se focalise principalement sur l'un des habitants de ce village, Astérix, courageux guerrier, qui se sert non seulement de la potion magique mais aussi de son intelligence pour déjouer les plans de Jules César et défendre son village de l'envahisseur.
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+ Le premier album mis à part, Astérix est accompagné dans toutes ses aventures par son ami Obélix, le seul Gaulois pour qui les effets de la potion magique sont permanents depuis qu’il est tombé dans une marmite de potion lorsqu'il était enfant. À partir du cinquième album (Le Tour de Gaule d'Astérix), les deux héros sont accompagnés par Idéfix, un petit chien qu'adopte ensuite Obélix. La série a pour tradition d'alterner les aventures en Gaule et à l'étranger[4],[5].
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+ « Le personnage a été inventé en deux heures par Uderzo et moi, dans un éclat de rire ! »
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+ — René Goscinny[6]
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+ Le duo René Goscinny-Albert Uderzo se forme dès le début des années 1950 et mène rapidement de nombreux projets en commun au sein de l'agence World Press, fondée par Georges Troisfontaines. Leur première collaboration aboutit à la création d'une série humoristique, Oumpah-Pah le Peau-Rouge, qu'ils ne parviennent pas à faire publier. Georges Troisfontaines leur commande alors une rubrique sur la manière de bien se tenir dans le monde, initulée Qui a raison ?, qu'il place dans l'hebdomadaire féminin Les Bonnes Soirées édité par Dupuis. Uderzo l'illustre de 1951 à 1953 mais Goscinny, lassé du sujet, cesse de fournir des textes en 1952. Le duo crée également les séries Jehan Pistolet, publiée dans le supplément jeunesse de La Libre Belgique à partir de 1952, puis Luc Junior, publiée dans le même journal à partir de 1954[c 1].
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+ En 1956, Goscinny et Uderzo, accompagnés du scénariste Jean-Michel Charlier et de Jean Hébrard, quittent World Press pour fonder leurs propres agences de presse et de publicité, Édifrance et Édipresse[c 2]. En 1959, le publicitaire François Clauteaux lance Pilote, un journal pour les enfants financé par Radio Luxembourg[b 1], et charge les quatre associés d'assurer la partie bande dessinée du nouveau périodique. Uderzo et Goscinny se proposent d'abord d'adapter le Roman de Renart et quelques planches sont réalisées pour la maquette du journal. Mais le dessinateur Raymond Poïvet leur apprend que le dessinateur Jean Trubert a déjà réalisé une bande dessinée sur le même thème pour le journal Vaillant. Déçu, le duo cherche une nouvelle idée[b 2].
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+ À deux mois de la sortie du journal, ils sont réunis dans l'appartement d'Uderzo à Bobigny, en face du cimetière de Pantin[7],[d 1]. Goscinny songe à une bande relevant du « folklore français » et demande à Uderzo de lui énumérer les grandes périodes de l'histoire de France. Ce dernier commence par le paléolithique puis enchaîne sur les Gaulois, une période qui s'impose comme une évidence car inédite en bande dessinée[d 2]. En quelques heures, les deux compères créent le village gaulois et ses habitants. Goscinny imagine un personnage malin, au petit gabarit, prenant le contre-pied des héros habituels des bandes dessinées de l'époque[c 2]. Pour satisfaire ses préférences de dessinateur, Uderzo lui adjoint un second rôle au gabarit imposant qui devient, d'un commun accord entre les auteurs, livreur de menhirs. Astérix et Obélix sont nés[d 3],[c 2].
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33
+ La série intègre à temps le journal Pilote pour son lancement le 29 octobre 1959. Le premier numéro s'écoule à 300 000 exemplaires[c 3] et l'histoire intitulée Astérix le Gaulois fait de la série l'une des plus plébiscitées par les lecteurs[b 3]. Malgré ce succès, le journal manque rapidement d'argent[d 4] et, pour survivre, il est racheté pour un franc symbolique par Georges Dargaud, ainsi que les séries qui le composent[d 5].
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+ Forts du succès d'Astérix le Gaulois, les auteurs enchaînent avec une deuxième histoire intitulée La Serpe d'or, publiée à partir du 11 août 1960 dans Pilote[j 1]. C'est la première fois que les deux héros s'éloignent des environs du village, pour se rendre à Lutèce afin d'y acheter une nouvelle serpe pour le druide Panoramix. C'est également dans cet épisode que le barde est mis à l'écart pour le banquet final, bâillonné et attaché à un arbre par ses compères qui ne supportent pas son chant, une scène qui deviendra récurrente dans les différents albums d'Astérix[e 1]. En 1961, un premier album de la série est édité par Hachette dans la « Collection Pilote », reprenant l'intégralité de l'histoire Astérix le Gaulois[j 2]. Le livre se vend alors à 6 000 exemplaires[e 2]. La même année, la parution de la troisième histoire, Astérix et les Goths, démarre dans Pilote[j 3]. C'est la première fois qu'Astérix et Obélix s'aventurent hors de la Gaule[e 3].
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+ Devenues la série phare du journal, les aventures des Gaulois occupent presque en continu la place privilégiée de la dernière page pendant quatre années, de 1961 à 1965[c 4]. Astérix gladiateur, quatrième volet de la série, paraît à partir de mars 1962 et marque l'apparition d'un nouveau gag récurrent. Uderzo et Goscinny y font un clin d’œil à Victor Hubinon et Jean-Michel Charlier et leur série Barbe-Rouge, publiée elle aussi dans Pilote, en faisant croiser la route d'Astérix et Obélix à un équipage de pirates, dont le bateau fait naufrage[j 4]. Les ventes d'albums explosent : ce quatrième opus atteint la première année 150 000 exemplaires vendus, tandis que les premiers retirages font s'accroître le nombre d'albums mis sur le marché. Le succès d'Astérix dépasse largement le cadre de la bande dessinée : plusieurs journaux réputés sérieux commencent à s'intéresser à la série pendant l'été 1965, tandis que la même année, le premier satellite français lancé dans l'espace est officieusement baptisé Astérix par ses concepteurs[c 5].
38
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39
+ L'histoire suivante, intitulée Le Tour de Gaule d'Astérix, dont la parution a débuté février 1963, est une caricature des régionalismes français[j 5]. C'est aussi l'entrée d'un personnage important de la série, le chien Idéfix, qui suit Astérix et Obélix durant toute l'aventure sans que ceux-ci ne le remarquent avant la dernière planche[a 1]. Un concours est lancé dans les pages de Pilote pour le baptiser[e 4].
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41
+ La sortie du film Cléopâtre, en 1963, l'une des réalisations les plus chères de l'histoire du cinéma, avec la présence d'Elizabeth Taylor dans le rôle-titre, inspire aux deux auteurs le thème de la sixième aventure de la série, Astérix et Cléopâtre, dans laquelle les deux héros se rendent en Égypte en compagnie du druide Panoramix[c 6]. L'annonce dans Pilote de la parution de cette nouvelle aventure, de même que la couverture originale de l'album, parodient l'affiche du film de Mankiewicz[e 5].
42
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43
+ L'année suivante, Le Combat des chefs est selon Le Figaro une raillerie de la campagne de l'élection présidentielle en cours, mais évoque aussi, toujours selon le journal, un sujet plus grave : la collaboration pendant la seconde guerre mondiale, en assimilant les Gallo-Romains aux Français qui pactisaient avec l'occupant allemand[e 6].
44
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45
+ L'histoire Astérix chez les Bretons, parue dans Pilote à partir de septembre 1965[j 6], confirme le succès grandissant de la série : le tirage initial de l'album s'élève à 400 000 exemplaires, soit le double de l'album précédent. Parallèlement, la direction de Pilote adopte le sous-titre « le journal d'Astérix et d'Obélix » pour son hebdomadaire, signalant ainsi la place prééminente de la série auprès des lecteurs[c 5]. L'année suivante, dans la neuvième aventure, Astérix et les Normands, ces derniers débarquent en Gaule avec neuf siècles d'avance sur la réalité historique. Les ventes d'album décollent littéralement et 1,2 million d'exemplaires sont vendus en deux jours[e 7].
46
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47
+ Le premier personnage féminin d'importance majeure, Falbala, fait son apparition la même année alors que commence la parution de la dixième aventure, Astérix légionnaire[e 8]. L'histoire suivante, Le Bouclier arverne, publiée dès le mois de juin 1967[j 7], aborde une nouvelle fois le thème de la collaboration sous l'occupation[h 1].
48
+
49
+ À la fin de l'année 1967, la première adaptation des aventures d'Astérix en dessin animé sort sur les écrans. Astérix le Gaulois, produit par les studios Belvision à l'insu des deux auteurs de la série et avec la complicité de Georges Dargaud, réunit 2 415 920 spectateurs, contribuant ainsi à faire connaître les aventures du Gaulois à un public encore plus élargi[c 7],[8]. Alors qu'une deuxième adaptation est en cours de production chez Belvision, à partir de l'album La Serpe d'or, Uderzo et Goscinny opposent cette fois-ci leur veto et parviennent à convaincre Dargaud de financer un projet plus ambitieux, l'adaptation d'Astérix et Cléopâtre, un long métrage dont ils superviseront l'intégralité de la direction artistique[c 7]. À sa sortie en 1968, le film est un nouveau succès, avec près de deux millions d'entrées en salle[8].
50
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51
+ Parallèlement, le duo Goscinny-Uderzo poursuit l'écriture de nouvelles aventures : les auteurs s'inspirent de l'actualité pour rédiger le scénario de Astérix aux Jeux olympiques, en l'occurrence les Jeux olympiques d'été de 1968 à Mexico. Cette histoire permet à Albert Uderzo de démontrer ses talents de dessinateur réaliste à travers la représentation des villes d'Athènes et d'Olympie[c 8]. L'album aborde également un sujet qui fait polémique à l'époque de la création de la série, la question du dopage, soulevée par l'utilisation de la potion magique[e 9]. Le montant élevé de leurs impôts, dû au succès de la série, leur aurait inspiré le scénario d'Astérix et le Chaudron, treizième épisode d'Astérix[e 10].
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53
+ Suit Astérix en Hispanie, une parodie de l'Espagne des années 1960, envahie par les touristes en été[e 11], puis La Zizanie, qui s'inspire des événements survenus au sein de la rédaction de Pilote en mai 1968. Violemment contesté, René Goscinny, alors rédacteur en chef du journal, est victime d'une fronde de jeunes auteurs, menée par Jean Giraud, pour prendre le pouvoir au sein de la rédaction[e 12]. C'est également dans cet épisode qu'il est donné pour la première fois une réelle importance aux personnages féminins, dont la femme du chef, Bonemine. Toutes s'apparentent à des mégères avides de ragots, au physique peu flatteur, à l'exception de la jeune et coquette compagne du doyen du village, Agecanonix, ce qui vaut aux auteurs un certain nombre d'accusations de misogynie[e 13]. L'histoire suivante, Astérix chez les Helvètes leur est directement suggérée par Georges Pompidou, alors premier ministre[c 9]. Albert Uderzo précise : « Nous n’avons pas réalisé cet album tout de suite, pour ne pas lui faire croire que c’était son idée qui avait fait du chemin. On a sa dignité, dans la BD[j 8] ! » Dans cette aventure, les Gaulois font cause commune avec les Romains[Note 1] : sur fond de corruption, ils viennent en aide à un questeur romain contre un gouverneur qui détourne les impôts à son profit[e 14].
54
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55
+ Les deux auteurs poursuivent la critique de la société française au fil des aventures. En 1971, c'est à partir de la polémique qui s'ouvre avec le bétonnage des bords de plage français que naît l'histoire Le Domaine des dieux, dans laquelle César a l'idée de faire disparaître la forêt autour du village en construisant un complexe immobilier, afin d'isoler les Gaulois[e 15]. Dans Les Lauriers de César, ce sont les nouveaux riches qui sont brocardés, en la personne d'Homéopatix, le beau-frère du chef Abraracourcix[e 16]. Le Devin, dix-neuvième volet des aventures d'Astérix, pointe la crédulité de la plupart des habitants du village, victime d'un charlatan ayant fait alliance avec les Romains, le devin Prolix[j 9].
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57
+ Le 31 mai 1973 commence la parution d'une nouvelle histoire, Astérix en Corse, qui est d'ailleurs la dernière aventure d'Astérix à paraître dans les colonnes de l'hebdomadaire Pilote. En 14 ans, 880 pages du journal auront été consacrées à la série[j 10]. Pour l'occasion, les auteurs effectuent leur premier voyage d'étude sur place. L'album offre un concentré de stéréotypes nourris sur les Corses, de la pratique de l'omertà à la prétendue paresse des insulaires en passant par leur susceptibilité[e 17].
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59
+ L'année 1974 marque la fondation des Studios Idéfix, qui aboutissent à la sortie du troisième dessin animé de la série, Les Douze Travaux d'Astérix, deux années plus tard. Contrairement aux deux précédents films, celui-ci n'est pas issu de l'adaptation d'un album mais de l'écriture d'un scénario original par René Goscinny, épaulé par Pierre Tchernia[c 10]. En 1974 sort également le vingt-et-unième album d'Astérix, intitulé Le Cadeau de César, dont le quotidien Le Monde fait son feuilleton d'été[9],[e 18] Cet épisode raconte les rivalités qui peuvent apparaître au cours d'une élection locale. Le duel politique qui oppose le chef Abraracourcix à un nouveau venu dans le village, nommé Orthopédix, est un clin d’œil à la campagne électorale qui oppose Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1974[j 11]. Astérix et Obélix partent ensuite à la découverte de l'Amérique, dans La Grande Traversée, parue en 1975[e 19]. La vingt-troisième aventure d'Astérix, dont la prépublication est assurée par Le Nouvel Observateur[c 5], tourne en dérision l'économie libérale. Dans cet épisode, intitulé Obélix et Compagnie, un jeune technocrate romain tente d'introduire la loi de l'offre et de la demande dans le village gaulois, ce qui crée une rivalité entre les habitants, chacun voulant devenir le plus riche et le plus puissant du village[e 20].
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+ En 1977, un contentieux oppose René Goscinny à son ami et éditeur Georges Dargaud, concernant notamment la gestion des droits étrangers d'Astérix, dans laquelle l'auteur s'estime lésé. Goscinny envisage alors la création d'une maison d'autoédition et demande à Albert Uderzo de suspendre la réalisation des planches de l'épisode suivant de la série, Astérix chez les Belges[10]. Le 5 novembre 1977, René Goscinny meurt brutalement d'une crise cardiaque alors qu'il effectue un test d'effort dans une clinique[11],[c 11]. Albert Uderzo mène seul le projet de Goscinny : en 1979, il achève l'album Astérix chez les Belges[e 21], puis il crée les Éditions Albert René, financées à hauteur de 20 % par Gilberte Goscinny, la veuve du défunt[c 12].
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+ Contre Georges Dargaud qui considère après la tragique disparition de Goscinny qu'Astérix est mort avec son auteur, Albert Uderzo s'efforce de poursuivre le travail accompli depuis la fin des années 1950 et assure lui-même l'écriture du scénario des albums suivants. Sa première histoire est Le Grand Fossé, qui parait en 1980 et qui est une référence indirecte au Mur de Berlin qui sépare alors la ville en deux, à l'image du village gaulois traversé par un fossé dans l'album en question[j 12]. L'année suivante, L'Odyssée d'Astérix est l'occasion pour l'auteur de dénoncer les marées noires qui font l'actualité avec le naufrage du Tanio qui souille les plages de l'Île de Batz[e 22]. Suivent Le Fils d'Astérix en 1983[j 13], puis Astérix chez Rahàzade en 1987, une histoire inspirée des Mille et Une Nuits et qui se déroule pour une grande partie en Inde[e 23]. Avec La Rose et le Glaive qui sort en 1991, Albert Uderzo répond une nouvelle fois aux accusations de misogynie envers la série[c 13] : une barde remplace Assurancetourix et entraîne une révolution féministe au sein du village[e 24]. C'est également la première fois que le tirage initial de l'album atteint deux millions d'exemplaires[c 14].
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65
+ Alors que la série, véritable succès éditorial, ne cesse de battre des records de vente, Albert Uderzo s'attire peu à peu les critiques de la presse quant aux scénarios de ses aventures, jugés peu aboutis[12]. En 1996, dans La Galère d'Obélix, un album qui mène les héros jusqu'à l'Atlantide, Obélix boit une pleine marmite de potion magique, ce qui le transforme en statue de pierre avant de physiquement redevenir un enfant[e 25]. Dans Astérix et Latraviata, paru en 2001, ce sont les parents des deux héros qui apparaissent[e 26] et dans Le ciel lui tombe sur la tête, Uderzo introduit une dose de science-fiction dans l'histoire avec la venue d'extra-terrestres au village[e 27]. Ce dernier album sort en 2005, mais entretemps parait Astérix et la Rentrée gauloise, un album regroupant quatorze histoires courtes parues à diverses époques dont une inédite[e 26].
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67
+ Parallèlement, Astérix devient un héros de cinéma : le film Astérix et Obélix contre César réalisé par Claude Zidi sort en salle en 1999. Avec un budget annoncé à 275 millions de francs, il devient à l'époque la plus grosse production de langue française de tous les temps[13]. Porté par des comédiens renommés comme Christian Clavier dans le rôle d'Astérix, Gérard Depardieu dans le rôle d'Obélix ou encore Roberto Benigni, le film réalise 9 millions d'entrées en France et 24 millions dans le monde entier[14], mais l'accueil de la presse est plus mitigé[15],[c 6].
68
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69
+ En 2008, alors qu'il a hissé sa maison d'édition au 63e rang des éditeurs français, Albert Uderzo cède 60 % des parts de sa société au groupe Hachette, qui récupère ainsi les droits sur l'intégralité de la série. Uderzo retourne à sa table de dessin pour signer un nouvel album, L'Anniversaire d'Astérix et Obélix - Le Livre d'or, qui parait en 2009 pour célébrer le cinquantenaire de la série[16]. Dans cet album d'histoires courtes, le lecteur découvre Astérix et ses amis villageois vieillis de 50 ans, ainsi que de nombreuses parodies et détournements d’œuvres d'art[j 14].
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71
+ Alors que sa main ne lui permet plus de dessiner, Albert Uderzo envisage un temps que la série s'éteigne avec lui[17], mais il se ravise finalement : en septembre 2011, alors que les éditions Hachette célèbrent les 350 millions d'exemplaires d'Astérix vendus dans le monde, le groupe annonce que l'auteur Jean-Yves Ferri a été choisi par Uderzo pour écrire le scénario du prochain album[18]. Cependant, Uderzo déclare en 2018 qu'il supervise fortement le travail de Ferri et Conrad mais souhaite que la série s'arrête à sa mort[19].
72
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73
+ Astérix chez les Pictes, 35e épisode de la série, est publié le 24 octobre 2013[20]. Le scénario, écrit en six mois par Jean-Yves Ferri[21], envoie Astérix et Obélix en Écosse, alors appelée Calédonie, pour y démêler une affaire de trahison entre deux clans. Le dessin réalisé par Didier Conrad, alors que Frédéric Mébarki, auteur de tous les visuels sur les produits dérivés d'Astérix, était initialement pressenti[22], suit fidèlement le style d'Albert Uderzo[20]. Accueilli plutôt favorablement par la critique[23], ce nouvel album est un succès éditorial : alors que 5 millions d'exemplaires sont imprimés pour le premier tirage, dont 2 millions dédiés à la France, de nouvelles impressions sont commandées en urgence pour répondre à la demande[24]. Quelques semaines plus tard, Albert Uderzo confie dans un entretien accordé à M le magazine du Monde qu'il songe à écrire le scénario d'une nouvelle histoire d'Astérix, sans pour autant en réaliser les dessins[25].
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+ En 2014, une première adaptation animée en 3D des aventures d'Astérix est réalisée par Alexandre Astier et Louis Clichy. Astérix : Le Domaine des dieux sort en salle le 26 novembre 2014[26]. Le succès est immédiat, tandis que les critiques soulignent la qualité de la réalisation[27], et qu'Uderzo déclare qu'il s'agit du « meilleur film d'Astérix qui soit sorti[26]. »
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77
+ Le 31 mars 2015, le scénariste Jean-Yves Ferri dévoile le nom du prochain album d'Astérix : Le Papyrus de César, qui sort le 22 octobre de la même année[28] et est tiré à 4,5 millions d'exemplaires, pour la France.
78
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79
+ Le 18 octobre 2017, un nouvel album, intitulé Astérix et la Transitalique sort dans les librairies françaises et est tiré à environ 5 millions d'exemplaires dont 2 millions pour le marché français. C'est donc le troisième album réalisé par le duo Jean-Yves Ferri-Didier Conrad[29].
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+ Le 38e album, réalisé par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, sort le 24 octobre 2019. Intitulé La Fille de Vercingétorix, il est tiré à 5 millions d'exemplaires et traduit en vingt langues[30],[31],[32].
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+ Le Menhir d'Or sortira le 21 octobre 2020[33].
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+ Outre des personnages historiques comme Jules César ou Cléopâtre, de nombreux personnages existants ou ayant existé sont apparus au fil des albums successifs, sous forme de clins d’œil humoristiques. Par exemple, La Zizanie met en scène un centurion romain qui a les traits de l'acteur Lino Ventura, très populaire à l'époque où l'album a été publié. Cette pratique contribue à donner différents niveaux de lecture à l'œuvre (les enfants, et même les adultes, ne vont pas nécessairement reconnaître toutes les personnalités caricaturées) et empêche de la réduire au rang de « bande dessinée pour enfants ». Dans Le Papyrus de César, Bonus Promoplus, conseiller de Jules César, est une caricature de Jacques Séguéla.
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+ Les jeux de mots sont très nombreux, Goscinny en a disséminé pour différents âges. Notamment, les noms de la plupart des personnages apparaissant dans les quelque trente albums d'Astérix le Gaulois sont basés sur des jeux de mots, à commencer par le nom d'Astérix, qui évoque le signe typographique appelé « astérisque », et le nom d'Obélix , qui évoque le signe typographique appelé « obélisque » qui peut servir comme appel de note en complément de l’astérisque. On peut également citer le personnage d'Idéfix, dont le nom fait penser à l'expression « idée fixe », mais aussi la Gauloise Iélosubmarine, dont le nom rappelle la chanson des Beatles Yellow Submarine, ou encore le doyen du village, qui s'appelle logiquement Agecanonix (nom évoquant l'expression « âge canonique »), et bien d'autres. Par ailleurs, tous les noms des Gaulois se terminent en -ix, ce qui est en fait une interprétation personnelle des auteurs à partir des noms de chefs gaulois en -rix (roi), par exemple Vercingétorix, alors qu'en réalité les noms masculins se terminaient le plus souvent en -os, ce qui correspond au nominatif masculin singulier latin -us, ceux des Gauloises se terminent généralement en -ine (Bonemine, Iélosubmarine, etc., Falbala faisant partie des exceptions), ce qui par contre correspond à une certaine réalité, tous ceux des Normands en -af (Grossebaf, Autograf, Batdaf…), sur le modèle du saint roi Olaf II de Norvège, tous ceux des Ibères en -on (Soupalognon y Crouton…), des Bretons en -ax (Jolitorax, Antrax…) ou en -os (Zebigbos), des Goths en -ic (Téléféric, Périféric…), conformément aux noms german-iques en -ric, des Romains en -us (Garovirus, Roméomontaigus, Infarctus…), des Grecs en -os ou -as (Plexigas, Invinoveritas…), des Égyptiens en -is (Numérobis, Tournevis, Amonbofis…), des Indiens en -ah ou -ane (Kiçah, Seurhane) et ceux des pictes et des calédoniens commencent par mac- (Mac Oloch, Mac Abbeh...). Dans Astérix et la Transitalique, de nouveaux peuples font leur apparition tels que les Koushites en -afer (Toutunafer et Niphéniafer), les Sarmates en -ov (Ogouguimov, Olyunidislov), les lusitaniens en -ès (Solilès, Pataquès), les Cimbres comme leurs compatriotes Vikings en -en (Neuillisursen, Betåkårøten...).
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+ D'autres jeux de mots sont plus contextuels. Les exemples sont nombreux. Parlant d'Astérix et Obélix se trouvant aux thermes, dans une piscine remplie (par opposition aux autres piscines de l'endroit, précédemment vidées par Obélix), le chef Abraracourcix indique au patron des lieux « Mes gaulois sont dans la pleine » (allusions aux « Gaulois sont dans la plaine »)[34]. Un Gallo-romains (le chef de tribu Aplusbégalix), affiche chez lui un panneau « Rome Sweet Rome »[35], ou Astérix, s'adressant à un couple de romains dont la femme se montre généreuse, au contraire de son époux, lui lance « Allez, Romain, sois bon comme la Romaine » [36].
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+ Le comique de répétition est très présent tout au long de la série. Il se présente sous forme de malentendus entre les personnages ou des problèmes de langages. Certaines scènes reviennent fréquemment, comme la scène de naufrage des pirates qui débute toujours par un cri de peur du personnage Baba la vigie : « Les Gau… les GauGau… » et qui se finit par une citation en latin de Triple-patte, le vieux pirate estropié. Les chants du barde sont aussi très réguliers, et provoquent toujours la fuite des auditeurs ou la neutralisation du barde par les coups[37]. Obélix ponctue ses constats par un « ils sont fous ces… ». Les bagarres dues aux poissons pas frais d'Ordralfabétix et les chutes à répétition du chef du haut de son pavois, qui commencent à partir du quatorzième album Astérix en Hispanie, sont aussi très fréquents dans la série[38].
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+ Par ailleurs, en plus d'être ainsi inter-albums (des gags se répétant d'un album à l'autre), le comique de répétition est également très présent à l'intérieur même des albums, avec des gags s'y répétant régulièrement. L'album L'Odyssée d'Astérix en est un bon exemple : dans le navire phénicien, Astérix et Obélix affrontent trois fois d'affilée des navires, avec une même mise en scène (« À chaque fois que je revois cette scène, j'y découvre quelque chose de nouveau ! » commente un membre de l'équipage)[39] ; leur navire reçoit ensuite un « même accueil » (flèches enflammées et boulets) à quatre ports de suite[40] ; et dans le désert, les Gaulois sont attaqués à de multiples reprises par des guerriers de diverses tribus qui les confondent toujours avec leurs ennemis qui arrivent après, nommant leurs ennemis etc., le tout accompagné de répliques répétitives et de tout un ensemble construisant un comique de répétition riche[41].
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+ L'image que la bande dessinée donne de la vie quotidienne en Gaule ne doit pas être prise au pied de la lettre :
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+ Chaque album place l'histoire comme se déroulant en -50, mais il est évident que les années se succèdent. On peut retracer approximativement la ligne chronologique comme suit :
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+ Cependant, les auteurs prennent beaucoup de liberté par rapport à la réalité historique. Leurs héros participent par exemple à des événements antérieurs à -50, telle que l'invasion partielle de la Bretagne insulaire (-55) et de la Belgique, qui faisaient partie intégrante de la campagne de la guerre des Gaules, dans les années -50. À l'inverse, les références aux pillages vikings dans Astérix et les Normands, et à l'expédition vers le Vinland dans La grande traversée, correspondent à des faits se déroulant bien plus tard, entre le VIIIe siècle et le XIe siècle ; ces anachronismes sont toutefois justifiés, le premier de façon comique par le chef des vikings d'Astérix et les Normands qui précise, page 31, « [qu'ils] ne [sont] pas venus faire la guerre. Pour ça, [leurs] descendants s'en chargeront dans quelques siècles. », et le second par le fait que l'explorateur viking de La grande traversée se perçoit comme un visionnaire, et qu'il n'est pas pris au sérieux par sa tribu ;
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+ En règle générale, il convient de rappeler qu'en dépit des efforts de documentation, l'univers d'Astérix est très loin de la réalité historique puisque souvent, il consiste à appliquer «��l'esprit » moderne plus ou moins caricatural d'un pays, à sa forme antique. Il ne s'agit pas alors d'approximation involontaire mais bien d'un esprit de décalage explicite. Par exemple, dans la Lutèce astérixienne (qui tient pour cette Gaule fictive le rôle d'avant-garde de l'art, de la fête et de la mode que tiendra ensuite le Paris contemporain pour la « province », ce qui en soi, est déjà éloigné de la réalité historique de la position de Lutèce en Gaule romaine), un pigeonnier géant singe trait pour trait la Tour Eiffel, tandis que la ville accueille une délégation du comité olympique grec, afin qu'il lui permette d'accueillir l'organisation des jeux. Assimiler le fonctionnement des Jeux modernes, se passant dans des lieux à chaque fois différents, à celui des Jeux antiques originaux est bien entendu absurde sur le plan historique, mais l'esprit d'Astérix n'est justement pas dans la retranscription fidèle de l'Histoire. Autre exemple : dans la bande dessinée, la Germanie contemporaine de Jules César (assimilée dans l'album aux seuls Goths, Wisigoths, Ostrogoths) est en partie un amalgame de références au militarisme prussien, au Reich hitlérien, et au célèbre morcellement politique interne du Saint-Empire romain germanique. Dans les îles Britanniques, les Bretons jouent au rugby dans des stades, on y croise des roulottes à deux étages rappelant les célèbres bus à impériale londoniens, on montre 4 bardes célèbres qui sont les caricatures des Beatles, etc. La plupart des albums se focalisant sur un peuple en particulier (Gaulois inclus) ont recours à ce schéma de mélange du passé, du présent et des clichés. Un dernier exemple plus fantaisiste encore pourrait être celui des « montagnes slaves » installées à l'occasion du Combat des chefs, grands manèges mécaniques présentant une version « barbare » transparente des montagnes russes.
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+ Cependant, de nombreux éléments historiques véridiques sont habilement intégrés aux aventures d'Astérix : conquête de la Bretagne (même si elle ne fut pas le fait de Jules César, qui ne fit que des incursions), révoltes ibériques, combats de César en Afrique contre les anciens partisans de Pompée, liaison avec Cléopâtre, les questeurs, les vingt ans de service dans l'armée, la formation militaire dite en « tortue », etc.
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+ Le dessin d'Albert Uderzo et de la série est proche de l'école de Marcinelle du journal Spirou, où les dessins sont réalisés de manière semi-réaliste. C'est-à-dire que les personnages sont en partie caricaturés au niveau des expressions et possèdent tous des gros nez[f 1].
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+ Les expressions sont caricaturées à l’extrême afin de faire rire immédiatement le lecteur. Les nez des personnages sont énormes, chaque détail physique et caractériel est exagéré. Un personnage ivre a le nez rouge, un gros mangeur a le ventre énorme ou encore un maître autoritaire a un cou démesuré[f 1]. La couleur du visage fait aussi partie de la caricature avec un visage rouge pour la colère et vert pour la peur. Dans l'histoire La Grande Traversée, une planche sans parole est consacrée à détailler l'expression des caractères gaulois par Astérix et Obélix, avec la gourmandise représentée par des mains se frottant le ventre et une langue salivante, la mauvaise humeur par des sourcils froncés, des mains dans les poches et des épaules remontées ou encore la bagarre représentée par une posture de boxeur[f 2].
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+ Les décors que dessine Albert Uderzo naissent la plupart du temps de son imagination et il ne s'aide jamais de photographie ou de documentation. Seule exception pour l'histoire Astérix en Corse où il est allé lui-même en Corse pour se documenter et prendre des photographies de la faune et la flore. Les paysages d'Albert Uderzo sont toujours très détaillés et bien réalisés[f 3].
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+ Pour dessiner les architectures représentées dans la série, Albert Uderzo n'utilise pas toujours des documents. Ainsi dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, il dessine le port de Gesocribate de l'époque selon son imagination. Par la suite il reçoit un courrier d'un agrégé d'histoire pour le féliciter du tracé du port fidèle à la représentation antique[f 3]. La ville de Lutèce est, elle, représentée selon le tracé de l'actuelle Île de la Cité, avec un temple romain à la place de l'Église Notre-Dame de Paris et l'axe de la rue Saint-Jacques[f 4]. Pour la ville de Rome présente dans l'histoire Les Lauriers de César, il s'inspire de la grande maquette de l'architecte Italo Gismondi qui représente Rome sous l'Empereur Constantin Ier[f 5]. Pour l'histoire L'Odyssée d'Astérix, Albert Uderzo fait son second voyage d'étude sur place, après la Corse, pour dessiner un décor. En l’occurrence il part à Jérusalem, il s'inspire notamment de la maquette présente au musée d’Israël pour dessiner le Second Temple de Jérusalem[f 6].
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+ Voir la page : Village d'Astérix et Obélix
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+ Le Sénat romain représenté dans la série est entièrement contrôlé par Jules César, qui a acheté la soumission des sénateurs qui y siègent ou réduit leur influence. Il semble avoir perdu son rôle de chef de l'État romain au bénéfice de César et ne contrôle même plus la politique extérieure de la République. Quand le Sénat est représenté c'est pour le montrer comme une assemblée endormie composée d'anciens militaires ou d'anciens partisans de Pompée, rendus mous par le luxe et les fortunes acquises, qui créent des commissions et des sous-commissions pour enterrer chaque dossier ou se donner l'occasion de l'examiner lors d'un prochain déjeuner. Ils cherchent avant tout à maintenir leurs intérêts en conservant le pouvoir en place, permettant à César de régner seul sur la République romaine face à ce pouvoir totalement affaibli[h 2].
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+ Comme dans la réalité historique, l'armée romaine est loyale envers Jules César, et non plus envers le Sénat romain. Elle est composée en majorité d'engagés volontaires qui recherchent la gloire et la fortune (ils regrettent très vite leur choix), mais aussi de troufions envoyés principalement en Corse. Si les légionnaires sont fidèles à César, beaucoup de ses gradés, principalement des centurions, rêvent de le renverser et le remplacer. C'est le cas notamment dans l'histoire Le Devin où Caius Faipalgugus, le centurion du camp de Petibonum est contrarié dans ses plans par son optione qui reste jusqu'au bout fidèle à la légalité du pouvoir en place. Malgré quelques trahisons, César tient son armée d'une main de maître et n'hésite pas à la commander lui-même comme dans Astérix chez les Belges. De plus, il punit lui-même les gradés qui lui désobéissent, comme dans la première aventure de la série, où il envoie un centurion en Mongolie inférieure[h 3].
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+ Les jeux du cirque sont représentés dans la série comme un instrument pour abrutir le peuple et l'éloigner de la politique. Pendant les jeux, César suit les avis du public car il sait que plus le peuple est content, plus son pouvoir est renforcé. Par exemple dans l'histoire Astérix gladiateur, il accorde sa grâce à Assurancetourix, très applaudi par le public avec Astérix et Obélix[h 4].
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+ Les barbares et les brigands : le lecteur les voit entre autres dans La serpe d'or et Le tour de Gaule d'Astérix où ils essaient de détrousser les deux héros mais se retrouvent punis à coups de poing.
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+ Paris est dans la série représentée par Lutèce. Blottie dans l'Île de la Cité, Lutèce est alors présentée comme le Paris contemporain, ville lumière, des arts, de l'amour, de la mode et réputée pour sa vie nocturne. Les touristes viennent en masse des autres pays antiques pour y voir un moulin rouge qui propose la visite de la ville pour trois sesterces. C'est la capitale de la mode : dans La Rose et le Glaive, les villageoises sont curieuses de savoir ce qui est à la mode dans la ville (d'où la réponse de Maestria : « Oh vous savez, Lutèce n'est qu'un pari sur l'avenir. »). C'est la ville où il faut monter pour connaître une carrière artistique ou faire fortune : dans Astérix et les Normands, Assurancetourix espère bien pouvoir chanter à « l'Olympix ». Les Arvernes y ouvrent des établissements qui vendent du vin et du charbon et les Méridionaux des auberges comme dans l'album La Serpe d'or où un personnage ressemblant au César de Marcel Pagnol tient un établissement nommé Au soleil de Massilia. Les Gaulois sont attachés à leur capitale (dans la réalité Lutèce n'a pas ce statut) et n'hésitent pas à le faire savoir en chanson : ainsi, prisonnier des Goths, le druide Panoramix chante « Revoir Lutèce » et Assurancetourix, dans les prisons de Rome, chante « Menhir montant » parodie de Revoir Paris et Ménilmontant de Charles Trenet (composé pendant l'occupation allemande) ; Maestria, dans La Rose et le Glaive, chante « Lutèce est une blonde », parodie de Ça, c'est Paris de Mistinguett ; pour fêter l'arrivée au Pirée dans Astérix aux Jeux Olympiques le village chante « À Lutèce on l'aime bien Nini peau d'sanglier ! » parodie de Nini peau d'chien d'Aristide Bruant[i 1].
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+ Dans la série, l'Auvergne et ses habitants sont représentés par les Arvernes. On vient principalement y faire des cures thermales, dans les villes d'Aquae calidae (Vichy) ou Borvo (La Bourboule). Les voyageurs, comme Astérix et Obélix, n'hésitent pas à grimper le Puy de Dôme, où l'air est délicieux. La capitale Nemessos (Clermont-Ferrand) possède une grosse entreprise de fabrication de roues évoquant l'entreprise Michelin. C'est aussi une région avec une forte diversité de spécialités culinaires comme le « bleu d'Arverne », la potée au chou ou encore la saucisse sèche, et à la fin du repas on danse la bourrée. Les habitants ont un accent qui chuinte bien que les nouvelles générations le perdent selon les vieux Arvernes[i 2]. Les Arvernes n'hésitent pas à quitter leur région pour faire fortune dans la capitale en ouvrant des boutiques de vin et de charbon[i 1].
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+ La Provence représentée dans la série est principalement celle de Marcel Pagnol. Dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix, les deux irréductibles Gaulois vont à Massilia (Marseille) et entrent dans un établissement nommé « Taverne des Nautes » où se joue une partie de cartes avec quatre caricatures tirées du film Marius, adapté de Pagnol. Le tenancier, César Labeldecadix, est la caricature de Raimu jouant le personnage de César. Il râle contre « l'estranger » de Lugdunum qui refuse de boire le « pastix ». À côté se trouve une poissonnerie où la marchande ressemble à Honorine Cabanis, autre personnage de Pagnol. Massilia est la ville de l'exagération, de la bouillabaisse et de la pétanque. L'accent marseillais est caricaturé et les auteurs déforment les sons et le parler provençal[i 3].
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+ La Corse et ses habitants sont représentés principalement dans l'histoire Astérix en Corse, qui voit Astérix et Obélix voyager sur l'île de beauté. Graphiquement, la Corse dessinée par Uderzo est stéréotypée : l'île est montagneuse, couverte de bois de chênes, châtaigniers et de maquis. Les villages sont faits de maisons en pierres sèches, des vieillards passent leur temps assis sur des bancs, les femmes portent le mezzaro et des cochons sauvages vivent en liberté devant les habitations. Les références à la culture corse sont grandes, notamment au chanteur Tino Rossi : le nom d'Ocatarinetabellatchitchix, le Corse principal de l'histoire, est en référence au refrain de la chanson Tchi tchi et le mot de passe qu'utilisent les pirates et les gaulois est une référence à une autre chanson Vieni vieni. Les références à Napoléon Ier sont aussi très nombreuses : Ocatarinetabellatchitchix est montré à plusieurs reprises dans la stature de Napoléon la main dans le pli de sa pelisse[i 4], il annonce notamment après la victoire face aux légionnaires romains que pour que les Corses acceptent un empereur, il faudra qu'il soit Corse lui-même[i 5].
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+ Les stéréotypes corses sont grossis avec second degré. Les querelles ancestrales et la vendetta sont caricaturées par l'opposition entre le clan Ocatarinetabellatchitchix et Figatellix, dont les origines sont si anciennes qu'on n'en connaît plus la raison exacte, les motifs donnés étant dérisoires et ne concernant même pas un des membres directs du clan[i 6]. La fierté des Corses est caricaturée par des personnages raides et stoïques, jamais souriants et montrant rarement leurs émotions[i 7]. Les femmes corses sont représentées comme parfaitement soumises aux hommes du clan : elles restent cloîtrées à la maison, ne pouvant parler en la présence d'homme n'appartenant pas au clan[i 8]. Dernier stéréotype parodié, la paresse des Corses : Ocatarinetabellatchitchix, relâché par les Romains avant l'attaque des irréductibles Gaulois, refuse d'interrompre sa sieste pour sortir de la cellule ; les druides corses ne cueillent pas le gui dans les arbres mais attendent qu'il tombe, et le chantier de la voie romaine avance au ralenti (ouvert trois ans auparavant, il ne compte que quelques dalles)[i 9]. En réalité, si les noms des Corses se terminent en -ix et si la Corse a des Druides, c'est pour montrer de manière moderne son appartenance à la Gaule, donc à la France, alors qu'en réalité, les Corses ne descendent pas des Gaulois (qui n'ont jamais colonisé l'île), et n'ont par conséquent pas de druides, au sens celtique du terme.
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+ Dans la préface de l'album, les auteurs prennent, avec un second degré assumé, le soin de vanter les mérites de la Corse et de certains de ses grands hommes, en rappelant avec humour que les Corses sont plus encore que des gens emplis de qualités : ils sont susceptibles.
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+ Les albums de la série mettent en scène un grand nombre d'habitants des différentes régions de France et leurs différences. Ainsi l'Armorique, où se situe le village des irréductibles, est une représentation de la Bretagne moderne. Dans l'histoire Le Fils d'Astérix un des habitants du village plante des menhirs dans un champ, allusion aux menhirs de Carnac ; la région possède déjà un fort patrimoine de chansons et de danses ( « Ils ont des casques ailés, vive les Celtes » chante Assurancetourix parodie de la chanson Ils ont des chapeaux ronds)[i 10]. La Normandie est parodiée par deux représentations, celle des Normands dans l'album Astérix et les Normands et par les habitants de Rotomagus (Rouen) dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix. Le débarquement des Normands sur les plages gauloises est une double allusion aux invasions viking du Moyen Âge, qui fondent la province en 911, et au débarquement allié sur les plages normandes, lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils creusent « de beaux trous normands », référence au fait de boire un verre d'alcool entre deux plats d'un repas. Ils accompagnent tous leurs plats de crème et leur spécialité culinaire est la « crème à la crème »[Cit. 1]. En arrivant en Gaule, ils chantent qu'ils veulent revoir leur Normandie, référence à l'hymne normand Ma Normandie écrit par Frédéric Bérat. Quant aux habitants de Rotomagus, ils fournissent des réponses de Normand aux légionnaires qui poursuivent Astérix et Obélix à base de « P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non ». La ville de Suindinum (Le Mans) est connue pour sa célèbre course de char à bœufs de vingt-quatre heures[i 11].
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+ À Nicae (Nice) se trouve « la promenade des Bretons », bordée de palmiers, et les plages de la ville sont remplies de touristes. La spécialité culinaire est la « salade nicaesoise »[i 12]. Burdigala (Bordeaux) a pour spécialité le vin et les huitres et la célèbre Place des Quinconces est nommée ainsi à la suite des ordres du centurion romain qui exige que ses légionnaires se mettent en quinconce, lors de la bataille contre les habitants de la ville qui protègent la fuite d'Astérix et Obélix[i 11]. Le Pays basque est représenté par le peuple des Vaccéens, excellents montagnards et guides, qui aident à passer en Hispanie. Leur spécialité culinaire est le « poulet vasconne », parodie du poulet basquaise[i 13]. Lugdunum est un important foyer de résistance à l'occupation romaine, en référence au Lyon moderne, ville de résistance et surtout de Jean Moulin. Les légionnaires romains se perdent dans les ruelles de la ville qui rappellent les traboules[i 14]. Sans oublier les villes surtout représentées par leurs spécialités culinaires dans Le Tour de Gaule d'Astérix : Tolosa (Toulouse) pour la saucisse, Aginnum (Agen) pour ses pruneaux, Camaracum (Cambrai) pour ses bêtises et Durocortorum (Reims) pour son vin pétillant en amphore, dont les bouchons sautent facilement[i 13].
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+ Les classes sociales supérieures, ou aisées, sont représentées principalement à travers le personnage du beau-frère de Bonnemine, Homéopatix, qui apparaît entre autres dans Les Lauriers de César. Celui-ci représente le grand bourgeois parisien - lutécien dans la Bande dessinée - qui jette sur le reste de la Gaule un regard condescendant assimilé à celui des Parisiens sur la Province. Les signes extérieurs de sa fortune se voient à sa maison, copiée sur un modèle romain, ses habits (fourrures et bijoux) et les mets qu'il sert à Abraracourcix, Bonnemine, Astérix et Obélix dans Les Lauriers de César (sabots de boeufs en gelée, par exemple). Ces mets brillent par leur prix, mis en avant par le personnage. De ce point de vue, d'ailleurs, il pourrait être une caricature de nouveau riche (à la Bouvard et Pécuchet).
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+ La fièvre de dépenses et de distinction sociale qui saisit les Gaulois dans Obélix et Compagnie peut également être une critique des parvenus ainsi que des mécanismes de distinction sociale des classes sociales les plus riches.
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+ La classe moyenne est la représentation sociale la plus présente dans la série. Elle est composée d'artisans, de commerçants, d'employés, d'agriculteurs et de fonctionnaires[i 15]. Les fonctionnaires romains sont représentés à plusieurs reprises dans la série, et parodient l'administration française, comme dans l'histoire Astérix et le Chaudron qui met en scène un collecteur d'impôts dont les phylactères parodient les formulaires administratifs ; les douaniers sont parodiés par des légionnaires romains gardant les frontières et accusant Astérix et Obélix d'importations frauduleuses. Des entreprises nationales comme La Poste ou la banque du Crédit lyonnais (parodié en Crédit Latin) sont aussi mises en scène[i 16].
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+ Les classes populaires apparaissent rarement dans la série. La classe ouvrière est toutefois représentée dans l'histoire Le Domaine des dieux, par l'intermédiaire des esclaves de toutes nationalités qui coupent les arbres dans la forêt, parodiant le travail de force à la chaine. Le chef des esclaves, Duplicatha, représente le travailleur immigré et le meneur syndical qui négocie les conditions de travail avec le patronat. Évocation aussi à travers le phénicien Epidemaïs, qui à plusieurs reprises au cours de la série trouve des moyens pour exploiter des travailleurs : ainsi dans l'histoire Astérix gladiateur, ses rameurs sont des employés qui n'ont pas bien lu le contrat qu'ils ont signé. De même, dans l'histoire L'Odyssée d'Astérix, il est devenu organisateur de croisière, et ses rameurs des clients partant en croisière. Dernière référence dans l'histoire Le Bouclier arverne, avec l'entreprise de roues présente dans la ville de Nemessos, où des femmes travaillent à graver des catalogues de vente, en parodiant la division et la spécialisation des tâches, avec un rythme éprouvant de travail[i 17].
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+ Dans la série, l'histoire est renversée par les auteurs dès la carte de la Gaule, présente dans chaque ouverture d'album. Tout est fait pour que le lecteur pense à la France moderne, bien que les frontières ne soient pas représentées. Ainsi, la carte centrée sur la France évacue hors cadre la partie allemande et suisse de la Gaule, la Belgique mentionnée au Nord fait une confusion volontaire avec l'État moderne de Belgique. Lut��ce est mentionnée sur la carte, représentée comme l'égal de Paris et capitale de la Gaule. Le texte introductif, présent sur la carte, accompagne le lecteur dans le sens de l'identification. Le texte commence par « Nous » pour faire participer le lecteur, puis l'utilisation du présent de l'indicatif sert à casser la distance historique. Ensuite, il prend l'Histoire à contrepied, en renversant les forces et les Romains ont désormais la vie dure. De plus, les Gaulois sont qualifiés d'« irréductibles », donc un gage pour le lecteur qu'ils ne seront jamais vaincus[pas clair].
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+ Dès la première planche de la série, dans Astérix le Gaulois, l'histoire est parodiée avec la capitulation de Vercingétorix, qui jette ses armes non pas aux pieds de César, mais sur les pieds de César, ce qui le fait bondir de son siège. Le chef gaulois, avec sa forte musculature, domine la scène par rapport au chétif chef romain au crâne dégarni et lançant un fort cri de douleur en recevant les armes sur ses pieds. La scène historique est renversée au profit des Gaulois dont l'honneur sort vainqueur de cette scène. C'est aussi une parodie poussée à l'extrême des livres d'Histoire de la Troisième République, qui glorifiaient Vercingétorix par rapport à Jules César. Dans Le Bouclier arverne, l'histoire est de nouveau renversée avec un nouveau Gergovie pour les Romains : Abraracourcix triomphe dans la ville sur le bouclier de Vercingétorix, devant un César qui ne peut que constater son échec. La revanche gauloise est totale et renverse l'histoire en annulant symboliquement Alésia.
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+ Autre symbole de l'Histoire renversée, la paix romaine. Commencée selon les auteurs de la Troisième République après la défaite gauloise d'Alésia, pour pacifier les territoires conquis qui étaient en lutte perpétuelle entre clans, elle apparait dans la série comme de la simple propagande. Au lieu de pacifier, le Jules César de la série ne pense qu'à faire la guerre au minuscule village des irréductibles, qui pourtant ne le menacent pas dans sa puissance. Dans le récit Le Combat des chefs, c'est même le contraire de la paix romaine puisqu'au lieu de pacifier les tribus, il n'hésite pas à les monter les unes contre les autres en poussant le chef Aplusbégalix à se battre contre Abraracourcix pour s'emparer du village des irréductibles. Poussée plus loin dans la parodie, la paix romaine devient la paix gauloise, le mode de vie simple du village à base de rigolade, de loisir et de bonne humeur contamine les camps retranchés aux alentours, qui préfèrent vivre une existence simple enfermée dans leur camp plutôt que de prendre des baffes en exerçant leur mission de soldats censés diffuser la culture romaine. L'exemple le plus probant se trouve dans l'histoire Obélix et Compagnie, qui montre les camps romains totalement dominés par la culture du petit village, où les légionnaires s'occupent des taches ménagères, du jardinage ou les loisirs plutôt que de faire leur devoir de soldat. De plus, la discipline romaine censée être diffusée par la pax romana est tournée en ridicule par les déroutes que subissent continuellement les légions de Rome face aux Gaulois, qui se lancent dans la bagarre dans un désordre général. Les camps romains ou « Camp de César », illustrés par de nombreux lieux-dits, sont pris au pied de la lettre par la série, alors qu'il ne s'agit pour l'archéologie moderne que de traces d'établissements de l'âge de fer (donc gaulois), voire de la période médiévale, dans la majorité des cas. En outre, sur les vestiges des quelques camps romains du Haut Empire, jamais trouvé en France, aucun n'a été mis au jour au nord ouest de la Gaule, où est censée se dérouler l'action[45].
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+ Depuis le début des années 1960 et le succès de la série, ses deux auteurs ont toujours refusé toute récupération politique de droite comme de Gauche. Ainsi par exemple, Uderzo s'opposa à une affiche du RPR en 1998 ; « Astérix ne doit pas être mêlé à ça » déclara-t-il et finalement l'affiche sera modifiée[46],[47]. L'unique entrave à cette règle de ne pas s'occuper de politique fut pour confirmer la neutralité du « petit Gaulois » dans le premier album de l'ère Uderzo, Le Grand Fossé, qui caricature les affrontements partisans en montrant un village gaulois coupé en deux avec deux chefs, élus, l'un, par la partie droite, et l'autre, par la partie gauche, qui revendiquent chacun la pleine gouvernance du village. La droite et la gauche du village étant traitées sur un pied d'égalité, cet album ne permet pas d'attribuer un bord politique à la série, puisque finalement, c'est Comix, le fils d'un des deux chefs, qui prend la tête du village réuni en se mariant avec Fanzine la fille de l'autre chef[e 28].
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+ Malgré cela, certains médias et auteurs tentent d'analyser la série sous un angle politique, voire de définir son orientation. Ainsi, pour Le Figaro, le druide Panoramix serait de droite car s'occupant, selon ce journal, de fonctions qui sont généralement des priorités d'homme de droite, comme la défense et la santé. Toujours selon ce journal, le barde Assurancetourix, homme de culture et enseignant à ses heures, serait lui de gauche[e 29]. A contrario, pour Libération, Astérix et les habitants du village gaulois seraient de gauche, en tant qu'« opprimés » luttant contre des « envahisseurs », à quelques nuances près, comme le chauvinisme[48], qui fait dire à l'un deux : « Moi, les étrangers ne me dérangent pas tant qu'ils restent chez eux », (Agecanonix dans Le Cadeau de César).
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+ Selon Nicolas Rouvière — auteur de Astérix ou la parodie des identités et Astérix ou les lumières de la civilisation — les auteurs ont toujours pris soin de ne pas faire de satire partisane, et de brouiller les pistes sur la portée politique de la série, même si, selon lui, elle reste porteuse de certaines valeurs politiques (idéal universaliste par exemple), par le biais de la satire sociétale qu'elle propose[49]. Alors que les auteurs du livre Tintin est-il de gauche ? Astérix est-il de droite ?, concluent à l'instar d'Alain Duhamel — auteur de l'ouvrage Le complexe d'Astérix — que le « petit Gaulois » et ses copains sont inclassables[50].
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+ Les historiens sont partagés, surtout pendant la Troisième République, sur l'interprétation à donner de la défaite gauloise face aux légions romaines. Certains comme Camille Jullian pensent qu'elle a détruit une civilisation gauloise viable alors que d'autres comme Ernest Lavisse pensent que la défaite était inéluctable pour faire entrer la Gaule dans la modernité en créant une civilisation gallo-romaine[51]. Les auteurs de la série semblent être de l'avis de ces derniers en faisant jouer à Astérix et au village des irréductibles le rôle de résistant pour l'honneur et non de libérateur de la Gaule. Le but des irréductibles Gaulois est de faire enrager César en l'empêchant d'être maître de l'intégralité du territoire de la Gaule, ainsi que de l'empêcher de s'approprier les symboles de l'indépendance et de la résistance gauloise. Les irréductibles Gaulois savent qu'ils vont être balayés par l'Histoire en même temps que la culture gauloise par rapport à la modernité que représente la République romaine, et ils ne cherchent jamais à empêcher ce processus[52]. Le druide Panoramix en est le premier conscient et dans l'histoire Le Domaine des dieux il dit à Astérix qu'ils n'arriveront jamais à empêcher le cours des choses, mais qu'ils ont encore le temps[53].
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+ Entre le village des irréductibles Gaulois et la République romaine, les relations sont parfois ambiguës. S'ils n'hésitent pas à flanquer une bonne rouste aux légionnaires romains et empêcher toute annexion de leur village, ils font échouer à plusieurs reprises des complots de centurions romains pour renverser Jules César, comme dans les albums Astérix le Gaulois ou Le Devin. Ils luttent en plus contre les fonctionnaires corrompus ou mafieux de la République : ainsi dans l'histoire La Serpe d'or, ils font tomber le préfet romain de Lutèce, chef d'un réseau de trafiquants de serpes d'or. Dans l'album Astérix chez les Helvètes, ils combattent l'administration corrompue de Genava et Condate et sauvent même le questeur romain, empoisonné par un gouverneur de Condate alors qu'il essayait de récolter les impôts de la province détournés par ce même gouverneur. Dans l'album Astérix aux Jeux olympiques, il offre même sa palme olympique à un athlète romain, ce qui sauve l'honneur de la République aux yeux de Jules César.[Contradiction][54]. Lui-même et Obélix se sont d'ailleurs inscrits aux Jeux. Or, seuls les Grecs et les Romains peuvent y participer, aussi (au début de l'aventure), Astérix déclare que lui-même et les habitants de son village sont des Romains « depuis la conquête de la Gaule par Jules ». En fait, pour les irréductibles Gaulois, la véritable menace sont les barbares représentés par les Goths et les Normands. Ils combattent toute intrusion en Gaule et par conséquent dans la République romaine, là où les légionnaires romains se trouvent complètement incompétents. Par là même ils renforcent le pouvoir romain[52].
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+ En dehors d'Astérix et Obélix, le tandem sur qui repose l'ensemble de la série, sont qualifiés de personnages principaux ceux jouant un rôle majeur dans au moins une aventure (le chef Abraracourcix dans Le Bouclier arverne et Astérix chez les Belges, le barde Assurancetourix dans Astérix gladiateur), mais aussi ceux apparaissant régulièrement en bonne place dans les albums, à l'image du druide Panoramix, du chien Idéfix ou de Jules César. Le poissonnier du village, Ordalfabétix, le forgeron, Cétautomatix, ou encore l'ancien du village, Agecanonix, ont également leur part de célébrité. Du côté des femmes, on notera Iélosubmarine, femme du poissonnier, Bonemine, la femme du chef Abraracourcix, la belle Falbala, qui rendra fou d'amour le naîf Obélix, ou encore l'épouse d'Agecanonix, très belle femme et récurrente présence dans les albums, mais dont on ne connait pourtant pas le patronyme. D'autres personnages secondaires ont cependant marqué les mémoires, tel Jolitorax (Astérix chez les Bretons) ou Ocatarinetabellatchitchix (Astérix en Corse). Dans l'album Le Cadeau de César, la jeune Coriza, dite Zaza, prend les traits d'Isabelle Uderzo, fille du dessinateur de la série.
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+ Astérix est un guerrier gaulois et le héros de la série. Lors de ses diverses aventures, Astérix est pratiquement toujours accompagné de son meilleur ami Obélix et de son chien Idéfix. Il apparaît dès la première planche de la première histoire[a 2], où il porte déjà son habit caractéristique composé d'un haut noir, d'un pantalon rouge, d'une épée portée sur le côté et d'un casque agrémenté de deux plumes qui selon leurs orientations révèlent son humeur[g 1]. Petit et mince, chétif, Astérix est physiquement loin des stéréotypes des héros de bande dessinée de l'époque[c 15]. Au début, Albert Uderzo voulait le dessiner grand et fort, mais le scénariste René Goscinny souhaitait absolument un anti-héros qui ait « un physique marrant[a 3] ». Les auteurs souhaitaient qu'il soit teigneux[c 15], malin plutôt qu'intelligent et débrouillard afin de coller à la caricature du Français moyen[a 1]. Son nom commence par la lettre « A » afin, selon les auteurs, d'être référencé au début des futures encyclopédies de bande dessinée. Il vient d'un signe typographique, l'astérisque. Un pseudo-suffixe -ix est ajouté en référence au chef gaulois Vercingétorix[a 2].
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+ Astérix est né en 85 av. J.-C., le même jour que son meilleur ami Obélix. Cette révélation est tardive et contradictoire. C'est en effet en 2001 avec l'album Astérix et Latraviata qu'est célébré l'anniversaire commun des deux amis ; alors que précédemment dans l'album Obélix et compagnie, en 1976, l'anniversaire du seul Obélix est fêté. Le père d'Astérix s'appelle Astronomix et sa mère Praline. Tous deux tiennent une boutique de souvenirs à Condate avec les parents d'Obélix, (eux aussi apparaissent tardivement, dans l'album Astérix et Latraviata). Astérix a un cousin germain breton, Jolitorax[a 3] et il est généralement admis qu'il est célibataire et sans enfant. Cependant, dans l'album 34 L'anniversaire, la quatrième case (planche 3A) de la page 7 le montre saluant son fils et sa belle-fille. Il est vrai que cette courte histoire est présentée comme une vision d'Uderzo (planche 4A, page 8), finalement ramenée à un rêve (planche 4B, page 8).
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+ Obélix, le livreur de menhirs, est le meilleur ami d'Astérix dont il l'accompagne toujours dans ses aventures. Il a un chien nommé Idéfix. Contrairement à Astérix, qui doit boire de la potion magique, Obélix est lui tombé dans la marmite de potion magique quand il était petit, ses effets sont donc permanents chez lui[a 4]. Son nom vient, comme celui d'Astérix, d'un signe typographique, l'obèle[a 4].
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+ La présence d'Obélix dans la série est un vœu d'Albert Uderzo : alors que René Goscinny souhaite que le personnage principal, Astérix, ait un petit gabarit, Uderzo insiste pour lui adjoindre un partenaire au physique hors normes, qui correspond plus à ses préférences en matière de dessin[c 16]. Il apparaît pour la première fois dès la première planche de la première histoire[a 5], dans laquelle il porte une hache à la ceinture, un instrument qui disparaît dès la planche suivante. En revanche, sa tenue demeure la même tout au long de la série : des braies à raies verticales blanches et bleues et le torse nu[g 2]. Dans cette première histoire, sa présence n'est qu'anecdotique, mais il prend de l'importance dès le deuxième album, La Serpe d'or, au point d'être considéré comme le co-héros de la série.
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+ Doté d'un appétit jamais satisfait, Obélix apprécie la chasse aux sangliers et les festins copieux et interminables. « Cauchemar des Romains[55] », il est aussi susceptible et sa colère fuse lorsqu'on le traite de « gros ». Il voue un amour déçu et secret à la belle gauloise Falbala[a 6].
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+ Obélix est né en 85 av. J.-C., le même jour que son meilleur ami Astérix. Son père s'appelle Obélodalix et sa mère Gélatine. Tous deux tiennent une boutique de souvenirs à Condate avec les parents d'Astérix. Il a un cousin germain à Lutèce, Amérix, qui fabrique des serpes d'or. Il n'a apparemment pas d'enfant mais Goscinny et Uderzo lui ont tout de même imaginé un descendant, nommé Obélisc'h, qui vit au XXe siècle[a 7].
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+ Idéfix est le chien d'Obélix. Il fait sa première apparition dans la neuvième planche de l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, dans laquelle il suit Astérix et Obélix tout au long de leur périple à travers la Gaule, sans que ceux-ci y prêtent attention, jusqu'à la dernière planche où Obélix le remarque et lui donne un os[a 1]. Un concours est lancé dans le journal Pilote pour lui trouver un nom : Idéfix est choisi par les lecteurs, préféré à Patracourcix, Trépetix et Paindépix[c 17].
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+ Idéfix est un petit chien blanc dont la race est indéterminée. Court sur pattes dans ses premières apparitions, il prend de la hauteur et s'affine au fil des albums. Il accompagne les deux héros de la série dans toutes leurs aventures, à l'exception de quatre albums, Astérix chez les Bretons, Astérix légionnaire, Astérix chez les Helvètes et Les Lauriers de César, dans lesquels il reste au village[c 18].
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+ Idéfix ne parle pas : il s'exprime par des aboiements et ses pensées sont presque exclusivement imagées[a 1]. Il est en revanche doué de sentiments, ne supportant pas que l'on fasse du mal aux arbres. Il noue une relation privilégiée avec Obélix, qui le prend souvent au creux de sa main[c 18]. En 1974, il devient l'emblème des studios d'animations qui portent son nom. Les auteurs pastichent alors le logo de la Metro-Goldwyn-Mayer, en mettant Idéfix à la place du lion, surmontant la devise « Delirant isti Romani[c 18] ! »
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+ Panoramix est le druide du village. Figure de vieux sage, c'est de lui dont dépend la survie du village car il est le seul à posséder le secret de la potion magique, qui ne se transmet que « de bouche de druide à oreille de druide »[c 19]. Il apparaît dès le premier album, Astérix le Gaulois, dans la troisième planche. Comme tous les habitants du village, Panoramix a sa propre tenue, composée d'un habit blanc et d'une cape rouge. Facilement reconnaissable à sa longue barbe blanche, il porte toujours une serpe en or qui lui permet de cueillir le gui, ingrédient essentiel de la potion magique. Son nom vient de « Panoramique », un vaste paysage[a 8].
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+ Il est le chef du « village des fous » et se déplace presque exclusivement sur un bouclier porté par deux guerriers[c 20]. Il apparaît pour la première fois dès la sixième planche de la première histoire de la série. Son nom provient de l'expression « tomber sur quelqu'un à bras raccourcis » qui signifie attaquer violemment en pliant ses bras. Bien qu'il soit le chef et un ancien guerrier qui a notamment participé à la bataille d'Alésia, il ne semble toutefois pas à la hauteur de son rôle et la plupart des décisions importantes sont prises par Astérix ou Panoramix[a 9]. Néanmoins, il possède certaines compétences de chef, se tenant parfaitement au courant de la situation politique extérieure : il connaît les derniers événements du conflit qui oppose, dans l'album Astérix légionnaire, César aux partisans de Pompée en Afrique[i 18].
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+ Ventripotent, amateur de bonne chère[c 20], une santé solide si ce n'est une grosse crise de foie. Il est marié avec Bonemine. Cette dernière prend l'ascendant sur lui régulièrement en particulier dans la hutte. Abraracourcix est le fils de l'ancien chef du village, ce qui laisserait supposer que la transmission du titre de chef se fait héréditairement, mais le fait qu'il n'ait pas d'enfant ne semble pas poser de problème de succession aux habitants du village[56]. Il a aussi un frère, Océanix, et un neveu, Goudurix, qui vivent à Lutèce, tout comme son beau-frère Homéopatix, qu'il déteste pour son côté nouveau riche de Lutèce. La femme de ce dernier se nomme Galantine[a 10].
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+ Assurancetourix est le barde du village. Sa voix insupportable lui vaut d'être régulièrement assommé, notamment par Cétautomatix, le forgeron du village. Ce dernier l'empêche également de chanter des chants d'encouragement lors des départs d'Astérix et Obélix en aventure. Capable par son chant de faire fuir les animaux de la forêt, les normands ou les lions du cirque, voire de déclencher des pluies torrentielles ou de faire tourner le lait, il est mis à l'écart, ligoté et bâillonné lors des banquets qui clôturent chacune des aventures. Il se considère toutefois comme un génie artistique incompris, mais il n'est pas pour autant rejeté par les autres habitants du village, qui savent lui reconnaître certaines qualités : « il chante aussi mal qu'il est bon camarade » dit de lui le chef Abraracourcix dans l'album Astérix gladiateur, à quoi le druide Panoramix ajoute « c'est un Excellent camarade[c 21] ! » Les habitants du village vont même l'utiliser pour faire fuir les normands dans Astérix et les Normands et les locataires romains dans Le Domaine des Dieux.
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+ Vivant en haut d'un arbre, il joue aussi le rôle de guetteur, avertissant régulièrement le village en cas d'attaque des romains. Dans Le Papyrus de César, il possède un instrument permettant, via une réaction en chaîne, d'avertir Astérix, Obélix et Panoramix lorsque le village est en danger.
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+ Présenté dans l'album Astérix gladiateur comme un dictateur[Note 2], le personnage de Jules César dans la bande dessinée est une représentation du personnage historique éponyme, ancien consul romain, conquérant de la Gaule[c 22]. Il apparaît dès la première planche de la première histoire[a 11]. Toutefois, et contrairement à ce que prétend la série (et la croyance populaire) César n'eut jamais le titre d'empereur.
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+ La présence du village de fous, « qui résiste encore et toujours à l'envahisseur », l'irrite au plus haut point. Malmené par ces derniers, la figure du personnage historique est néanmoins respectée puisqu'il n'est jamais atteint physiquement par les coups, ni menacé dans sa fonction par les irréductibles Gaulois[i 19]. Le personnage de Jules César est souvent moqué par les auteurs : sa façon de parler de lui-même à la troisième personne et ses célèbres citations latines sont fréquemment détournées et parodiées[a 12]. Son évolution dans la série montre sa préoccupation à vouloir tenir une grande place dans l'Histoire en étant jugé comme un homme digne, alors qu'il perd souvent son sang froid dans les situations où il n'arrive pas à se faire craindre et respecter[i 20]. Sa stature de personnage historique est néanmoins toujours rétablie en mettant en avant sa clémence[i 21].
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+ La série Astérix met en scène un personnage qui règne en maître absolu sur une république décadente : ses conseillers, corrompus, ne pensent qu'à boire et à manger, ce qui leur vaut d'être représentés sous les traits de personnages lourds et somnolents. César est également malmené par Cléopâtre, la « reine des reines », avec qui il a un fils nommé Césarion. Il possède également un fils adoptif, Brutus[a 12]. Celui-ci apparait, le plus souvent brièvement, dans quatre des albums de la série.
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+ La représentation physique du personnage est fidèle aux effigies antiques et aux gravures sur les monnaies. De même, le dessinateur se conforme à la description qu'en a fait l'écrivain latin Suétone : la poitrine large, la taille élancée, les yeux vifs, César porte sur sa tête la couronne de laurier de l'Imperator[c 22]. Son physique évolue cependant considérablement au sein même de l'album Astérix le Gaulois, entre sa première apparition à la planche 1 et son retour à la fin de l'histoire : le nez long et droit pointant au milieu d'un visage rond laisse la place à un nez toujours long mais cassé[g 3], dans un visage taillé à la serpe[c 22].
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+ Les membres importants du village sont représentés par un corps de métier. Cétautomatix est le forgeron, il apparaît pour la première fois dans la planche onze de la première histoire, mais il a alors un physique totalement différent. Sa forme graphique définitive apparaît dans l'histoire Astérix et les Normands[a 13] après moult transformation physique (il apparaît avec un physique différent dans chaque album)[g 4]. Il a la particularité d'être un critique musical et culinaire brutal qui tape à chaque fois sur Assurancetourix pour l'empêcher de chanter ou sur Ordralfabétix quand il juge à l'odeur les poissons pas assez frais[a 13]. Ce dernier est le poissonnier du village, il apparaît pour la première fois dans la première planche de l'histoire Astérix en Hispanie[a 14]. Il est créé par les auteurs afin de donner une bonne raison aux gaulois de se bagarrer, les poissons semblant être la meilleure solution. De ce fait la qualité de ses poissons, qu'il importe de Lutèce (alors que le village est au bord de la mer), est source de beaucoup de conflit dans le village. Son nom vient de « ordre alphabétique »[a 15].
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+ Le village comporte aussi des femmes, à commencer par Bonemine, la femme du chef qui apparaît pour la première fois dans l'histoire Le Bouclier arverne. Elle se considère comme « la première dame du village » et elle n'hésite pas à en abuser auprès des autres dames du village, elle est aussi très dirigiste auprès de son mari, Abraracourcix[a 16]. Agecanonix, le doyen du village, est marié à une belle et élancée jeune femme que l'on connaît sous le nom de madame Agecanonix. Enfin, Iélosubmarine est poissonnière et l'épouse d'Ordralfabétix. Son nom fait référence à la chanson des Beatles Yellow Submarine.
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+ Falbala est une Gauloise qui étudie à Condate et la fille de Plantaquatix, un villageois[a 17]. Elle apparaît pour la première fois dans la première planche de l'histoire Astérix légionnaire[a 18]. Très belle, elle fait tomber sous son charme Obélix qui devient amoureux fou. Plus tard c'est Astérix qui succombera à un baiser. Elle est fiancée à Tragicomix[a 17], un jeune homme qui apparaît lui aussi pour la première fois dans l'histoire Astérix légionnaire. Il tient un commerce de location de chars et de chevaux à Condate, mais est aussi enrôlé de force dans les légions romaines[a 19]. Le cousin d'Obélix, apparaît dans l'histoire La Serpe d'or et se nomme Amérix. Il fabrique des serpes à Lutèce, mais il est enlevé par Avoranfix. Ce dernier dirige un réseau de trafic de serpes qu'il vend à prix d'or[a 20] avec son homme de main, Lentix[a 21]. Dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, plusieurs gaulois apparaissent pour aider Astérix et Obélix, Beaufix de Lugdunum, Changéledix capitaine de navire à Burdigala[a 22], Labeldecadix surnommé « César » tenancier à Massilia[a 23]. Goudurix est le neveu d'Abraracourcix qui apparaît notamment dans l'histoire Astérix et les Normands, très peureux, il est enlevé par les normands pour le faire voler en le lançant du haut d'une falaise, comme, parait-il, « la peur donne des ailes », et qu'ils ignorent la peur, ces derniers veulent en percer le secret. Il est une caricature des jeunes yéyés à la mode dans les années 1960[a 24]. Pneumatix est le livreur de courrier du village. Il apparaît occasionnellement, la plupart du temps au début de l'histoire, où les nouvelles qu'il apporte sont le point des départs des aventures.
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+ Quelques rares Gaulois assument également les rôles d'antagonistes. La plupart du temps, ils ne sont pas foncièrement mauvais, mais sont appâtés par la richesse ou la gloire, ce qui les conduit à s'allier avec les Romains. Mais ils finissent bien souvent par le regretter. Dans le Le Tour de Gaule d'Astérix, Quatrédeusix de Divodurum[a 25] et Odalix d'Aginum vont tenter de trahir leurs compatriotes en tentant de vendre Astérix et Obélix aux Romains[a 26]. Dans La Serpe d'Or, Avoranfix et Lentix font du trafic de serpes pour le compte du gouverneur romain. Des brigands croisent également la route d'Astérix et Obélix (dans les premières aventures principalement). Dans Le Combat des chefs, Aplusbégalix, chef du village de Serum, tente de devenir gallo-romain. C'est en revanche la cupidité du chef Moralélastix dans Astérix et le Chaudron qui le pousse à traiter avec les Romains. Le faux devin Prolix tente de s'enrichir sur le dos des habitants du village naïfs. Seul Acidenitrix dans Le Grand Fossé semble déroger à cette règle.
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+ Les Gaulois apparaissant au fil des albums possèdent la caractéristique d'être blonds ou roux, sauf pour les plus anciens (ex : Agecanonix, Panoramix) qui ont les cheveux blancs. En revanche les personnages du sud-est de la Gaule (de Massilia, Corses ou Arvernes) sont quasiment tous bruns. Les Gaulois se reconnaissent aussi par la terminaison de leur nom en -ix pour les hommes. Ils (les Celtes en général avec les Belges, les Bretons ou les Helvètes) possèdent également une moustache ou une barbe. Les Corses possèdent en revanche essentiellement le visage glabre, à l'instar des Romains, qui suggère qu'ils ont ainsi une particularité propre (historiquement et ethniquement les Corses ne sont pas Celtes mais s'approchent des peuples Italiques).
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+ Le premier Romain à avoir un rôle important dans les aventures d'Astérix est Caius Bonus, dans la première histoire de la série. Il est le centurion du camp de Petibonum. Il rêve de prendre la place de César ; pour réaliser son ambition il fait enlever Panoramix pour s'emparer de la potion magique. Accompagné de son aide de camp, Marcus Sacapus[a 27], il envoie le légionnaire Caligula Minus espionner dans le village d'Astérix déguisé en Gaulois[a 28]. Gracchus Pleindastus est le préfet de Lutèce dans l'histoire La Serpe d'or, mais aussi le chef du trafic de serpe qui sévit dans la ville[a 29]. Caligula Alavacomgetepus est le préfet des Gaules dans Astérix gladiateur. Il a pour idée de rapporter un irréductible Gaulois comme cadeau à Jules César[a 30]. Il confie cette mission à Gracchus Nenjetépus, alors centurion de Petibonum. D'abord perplexe, celui-ci décide de s'acquitter de sa tâche en faisant capturer le barde Assurancetourix. Ce personnage est également présent dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix[a 31]. Caius Obtus est un organisateur des jeux du cirque, peu apprécié par Jules César[a 32]. Son second, Briseradius, est un dresseur de gladiateurs. Chargé de former Astérix et Obélix, il démissionne rapidement[a 33]. Parmi les personnages de l'épisode Le Tour de Gaule d'Astérix apparaissent plusieurs Romains chargés d'arrêter Astérix et Obélix à la suite du pari conclu avec Lucius Fleurdelotus, l'envoyé spécial de Jules César[a 23] : Encorutilfaluquejelesus le préfet de Lugdunum[a 34], Quintilius légionnaire romain de Camarucum, Plexus et Radius, deux brigands qui détroussent Astérix et Obélix et qui se font capturer par erreur par une patrouille romaine[a 26], Yenapus préfet de Tolosa[a 35]. Dans l'album Astérix et Cléopâtre, Jules César confie la mission de détruire le palais d'Alexandrie au général Chorus[a 36].
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+ Marcus Junius Brutus est un personnage historique souvent représenté dans la série. Dans les premières histoires, il est représenté comme un peu bête, effacé par Jules César. Il sert alors aux auteurs pour faire des clins d'œil à la grande histoire. Dans la suite, le personnage évolue. Ainsi, dans Le Fils d'Astérix, il devient un « dévoyé sans scrupules »[a 37].
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+ Dans bon nombre d'albums de la série, les haut gradés romains sont corrompus et cherchent à renverser César.
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+ Les pirates sont une bande de flibustiers, qui parcourt les mers pour dévaliser des navires. Elle est composée du chef Barbe Rouge[a 38], de la vigie noire Baba, qui ne prononce pas les « r »[a 30], et de Triple-Patte dont le rôle est de prononcer des citations latines avant et après le naufrage ; il possède aussi une jambe de bois[a 39]. D'autres membres d'équipage dont les noms sont inconnus apparaissent ; le fils de Barbe-rouge nommé Erix fait une incursion dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix avant de disparaître complètement, laissé comme caution par son père pour acheter un nouveau bateau[a 40]. Il s'agit d'une parodie de la série Barbe-Rouge de Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon qui parait en même temps dans Pilote. Il s'agit d'un comique de répétition dans la série, puisque dans pratiquement chaque grande histoire le bateau est coulé par les Gaulois. Ils apparaissent pour la première fois dans la planche onze de l'histoire Astérix gladiateur[a 38].
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+ Les Goths apparaissent dans l'histoire Astérix et les Goths. Le chef des Wisigoths, Téléféric, souhaite s'emparer de la potion magique pour conquérir les territoires des Ostrogoths, puis la Gaule et République romaine. Sa seconde préoccupation est d'offrir des divertissements à son peuple[a 41]. Il communique avec les Gaulois par l'intermédiaire du traducteur Cloridric, un homme lâche et fourbe qui lui ment en lui faisant croire que Panoramix va lui livrer très bientôt le secret de la potion magique. Il va ensuite devenir le chef suprême des Goths lors des « guerres astérixiennes »[a 42], qui est une stratégie d'Astérix de donner de la potion magique aux Goths afin qu'ils se battent entre eux et oublient leur plan d'envahir la Gaule. Elle va mettre en scène notamment, Casseurdebric[a 43], Electric[a 44], Liric[a 45], Passmoilcric[a 46] ou encore Satiric[a 47]. Coudetric est le chef Goths qui capture Panoramix lors du concours annuel des druides[a 48].
220
+
221
+ Les Goths apparaissent également dans Astérix légionnaire en la personne de deux candidats à l'engagement dans la légion romaine à Condate, Chimeric et Figuralegoric. Mais ce dernier, trop maigre, est refusé et seul l'autre participe au reste de l'aventure.
222
+
223
+ Le phénicien le plus emblématique de la série est le marchand Épidemaïs. Il apparaît pour la première fois dans l'histoire Astérix Gladiateur où il embarque Astérix et Obélix sur son bateau pour Rome. Il a une étrange conception de l'entreprise puisqu'il exploite ses associés, qui sont chargés de ramer, car ils ont mal lu le contrat d'association avant de le signer. Il apparaît aussi dans l'album L'Odyssée d'Astérix où il conduit les héros vers la Mésopotamie ; cette fois, les rameurs sont les participants d'un club de vacances-croisière, dont on se doute qu'ils ont été également dupés[57],[a 37].
224
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+ Les Égyptiens apparaissent essentiellement dans l'histoire Astérix et Cléopâtre, la reine Cléopâtre VII est un personnage historique, les auteurs vont caricaturer son caractère, ainsi elle est fortement colérique, moqueuse, excentrique, mais aussi juste et reconnaissante, son nez est source de gag et de bons mots inspirés par la phrase de Blaise Pascal. Elle réapparaît dans l'histoire Le Fils d'Astérix[a 49]. À la suite d'un pari avec César elle confie la construction d'un palais à l'architecte Numérobis qui va faire appel à son ami Panoramix pour réussir dans les temps. Son scribe s'appelle Misenplis[a 50]. Son rival Amonbofis va tout faire pour l'en empêcher avec son complice Tournevis[a 51]. César possède un espion égyptien nommé Ginfis qui va lui faire des rapports réguliers[a 52].
226
+
227
+ Les Bretons apparaissent dans l'histoire Astérix chez les Bretons. Le personnage principal est Jolitorax, cousin germain d'Astérix venu en Gaule pour demander l'aide des irréductibles gaulois[a 53]. Les autres personnages de son village sont le Calédonien Mac Anotérapix, l'Hibernian O'Torinolaringologix[a 54] et le chef Zebigbos[a 55].
228
+ Cassivellaunos est un personnage historique, chef breton lors de l'invasion par Rome[a 56]. Ipipourax est un joueur de rugby de Camulodunum soigné avec de la potion magique au cours du match[a 56]. Relax est un aubergiste qui cache le trio recherché par les Romains[a 57], son cousin est Surtax[a 55].
229
+
230
+ Les Normands sont présents dans l'histoire Astérix et les Normands ils sont les ancêtres imagés des vikings. Le chef est Olaf Grossebaf, il souhaite envahir la Gaule pour connaître la peur qui d'après lui donne des ailes[a 58]. Mataf est la vigie du drakkar normand[a 59]. Dactilograf et Sténograf sont chargés de lancer Goudurix du haut de la falaise pour le faire voler[a 24].
231
+
232
+ La série naît en même temps que le journal Pilote puisqu'elle fait sa première apparition dans le premier numéro du journal du 29 octobre 1959 avec l'histoire Astérix le Gaulois. La série paraît dans le journal au rythme d'une à deux pages par semaine jusqu'au no 38 du 14 juillet 1960[58]. L'année suivante cette histoire est publiée en album, le premier de la série[59]. La série fait rapidement son retour dans l'hebdomadaire avec la publication de la seconde histoire La Serpe d'or à partir du no 42 du 11 août 1960 jusqu'au no 74 du 23 mars 1961[58] (en album en 1962[59]). Au rythme d'une histoire par an, Astérix et les Goths commence sa publication dans le no 82 jusqu'au no 122[58].
233
+
234
+ Aux éditions Hachette
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+ Aux éditions Albert René
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238
+ Sur les 370 millions d'albums vendus[1], on estime à 130 millions ceux vendus dans les pays francophones, à 120 millions en Allemagne, 23 millions au Royaume-Uni ainsi qu'aux Pays-Bas, à 24 millions en Espagne et les autres pays hispanophones, à 5 millions en Suède, à 5,5 millions en Italie et au Portugal, à 4 millions pour la Finlande, la Norvège et le Danemark, à 7 millions en Grèce, à 3 millions au Brésil et à 1,5 million en Pologne. On remarque l'absence des États-Unis où le héros n'a jamais percé malgré une tentative de traduction. Le succès de ces albums en Italie est remarquable, bien que les romains y soient généralement tournés en dérision et y reçoivent la plupart des dérouillées infligées par les « irréductibles ». Peut-être à cause de leur persévérance envers et contre tout.
239
+
240
+ Astérix a ainsi été traduit en 111 langues selon les éditions Albert-René. Les albums sont d'abord traduits par une personne vers la langue de destination, puis retraduits par une autre en français et relus par Albert Uderzo et René Goscinny pour s'assurer du bon niveau de la traduction[réf. nécessaire].
241
+
242
+ Plusieurs albums ont été traduits dans des langues régionales ou minoritaires. En France, l'album « La rentrée gauloise » a été traduit dans 6 langues régionales, mais c'est en Allemagne qu'on trouve le plus grand nombre de traductions dans des parlers régionaux (65 albums et 29 dialectes)[68].
243
+
244
+ Astérix a également été traduit en latin avec l'album Le ciel lui tombe sur la tête (Caelum in caput ejus cadit)[69] et en espéranto[réf. nécessaire] à partir de 1979.
245
+
246
+ De nombreux dessinateurs, auteurs, stylistes ont rendu hommage à Astérix. Il y a, parmi tant d'autres :
247
+
248
+ La série a également reçu des hommages provenant de la communauté scientifique. Ainsi, un insecte hémiptère fossile, découvert en 2011 dans l'ambre de l'Oise et daté de l'Éocène inférieur (-55 millions d'années environ), a été baptisé Ordralfabetix sirophatanis en hommage à un personnage d'Astérix, Ordralfabétix, le poissonier du village[70].
249
+
250
+ Astérix a fait l'objet d'une exposition à Bruxelles en 2005, intitulée « Le monde-miroir d’Astérix »[71],[72].
251
+
252
+ Du 16 octobre 2013 au 19 janvier 2014 se tient à la Bibliothèque nationale de France une exposition[73], qui fait notamment suite au don de planches originales de trois albums d'Astérix, donation qu'a faite Albert Uderzo à la BNF[74]. Cette rétrospective coordonnée par Carine Picaud, conservatrice à la réserve des livres rares, est accompagnée d'un ouvrage coédité par la BNF et Hazan : Astérix de A à Z[75] paru depuis. Le bruit court que la BNF pourrait recevoir un don de toutes les planches toujours en possession d'Albert Uderzo (il y en aurait environ 1200)[76].
253
+
254
+ En parallèle, une autre exposition, intitulée Astérix s'affiche à Bercy Village !, se tient à Bercy Village du 4 octobre 2013 à mi-janvier 2014[77].
255
+
256
+ Le collectionneur Marc Jallon, expert en arts[78] et grand amateur de bande dessinée et d'Astérix[79], a rassemblé environ 11 000 références[80] (produits, objets, gadgets, liés à l’œuvre d'Albert Uderzo[81]). Cette collection est désormais propriété de la fille d'Albert Uderzo : Sylvie.
257
+
258
+ La Monnaie de Paris a frappé en octobre 2013 trois pièces « Astérix »[82] :
259
+
260
+ En 2015 la Monnaie de Paris a frappé vingt-sept pièces, pour la collection « Valeurs de la République »[83]:
261
+
262
+ « Les planches originales de la bande dessinée Astérix sont très rares sur le marché et sont saluées par des enchères de très haut niveau », explique Kapandji Morhange aux Echos. Quelques exemples[84],[85] :
263
+
264
+ Le téléfilm Deux Romains en Gaule, librement inspiré de l'univers d'Astérix et réalisé par Pierre Tchernia, est diffusé le 25 février 1967[92]. Astérix et Obélix y apparaissent brièvement en tant que personnages animés.
265
+
266
+ « J'étais parti aux États-Unis pour travailler avec Walt Disney, mais Walt Disney n'en savait rien. »
267
+
268
+ — René Goscinny[c 7]
269
+
270
+ « Je me voyais en toute simplicité devenir un jour le Walt Disney français. »
271
+
272
+ — Albert Uderzo[93]
273
+
274
+ Au cours des années 1960, Jean Dejoux un chercheur à la RTF, met au point le procédé de l'animographe et le présente aux deux auteurs, Goscinny et Uderzo. Séduit par le procédé, Georges Dargaud, le directeur du journal Pilote, entreprend en 1967 l'adaptation de l'album Astérix le Gaulois, produit par les studios Belvision, sans en informer les deux auteurs de la série. Ces derniers ne découvrent le film que lors d'une projection privée, mais ne s'opposent pas à sa sortie en salle[c 7].
275
+
276
+ Le succès est au rendez-vous avec 2 415 920 entrées[8], mais Goscinny et Uderzo ne sont pas convaincus par la qualité artistique du film. Ils apprennent alors qu'un second film est en cours de production chez Belvision, adapté du deuxième album de la série, La Serpe d'or. Ils s'opposent à la réalisation de ce projet et proposent à Georges Dargaud d'investir dans un long métrage dont ils superviseraient eux-mêmes la direction artistique. C'est ainsi que naît Astérix et Cléopâtre, tiré du sixième album des aventures d'Astérix. Albert Uderzo dessine le storyboard tandis que René Goscinny est épaulé par Pierre Tchernia dans l'adaptation du scénario. Ce dernier écrit pour le film trois chansons sur une musique composée par Gérard Calvi[c 7]. Ce deuxième dessin animé atteint 1 953 308 spectateurs[8].
277
+
278
+ En 1974, Dargaud, Goscinny et Uderzo fondent les Studios Idéfix pour réaliser un troisième dessin animé, Les Douze Travaux d'Astérix. Contrairement aux deux précédents films, celui-ci n'est pas le fruit de l'adaptation d'un album mais de l'écriture d'un scénario original par René Goscinny, avec la collaboration de Pierre Tchernia. Uderzo réalise de nombreuses planches de modèles des nouveaux personnages et la direction de l'animation est confiée à Pierre Watrin et Henri Gruel. La production débute à l'automne 1974 et le film sort en salle le 20 octobre 1976[c 10]. Plus de deux millions d'entrées sont enregistrées[8].
279
+
280
+ La mort de René Goscinny en 1977 entraîne la fermeture des Studios Idéfix, mais l'aventure cinématographique d'Astérix ne s'arrête pas pour autant. Les frères Gaëtan et Paul Brizzi réalisent Astérix et la Surprise de César, une adaptation libre des albums Astérix gladiateur et Astérix légionnaire, produite par la société Gaumont. Le scénario de ce quatrième dessin animé, sorti en salle en décembre 1985, est écrit par Pierre Tchernia, alors qu'Uderzo supervise le graphisme des personnages. Pino Van Lamsweerde prend la suite des frères Brizzi pour la réalisation d'Astérix chez les Bretons, sorti en 1986 et directement inspiré par l'album du même nom. Un troisième et dernier film produit par la Gaumont, Astérix et le Coup du menhir, est réalisé en 1989 par Philippe Grimond, à partir des albums Le Combat des chefs et Le Devin[c 10]. Ces trois films réalisent de bonnes entrées mais n'atteignent pas les scores des précédents au box-office[8].
281
+
282
+ Au début des années 1990, le producteur et réalisateur allemand Gerhard Hahn entreprend à Berlin l'adaptation de La Grande Traversée sous le titre Astérix et les Indiens, mais s'écarte très largement du scénario de l'album original. Le film est un échec public relatif avec à peine plus d'un million de spectateurs en France[c 10],[8].
283
+
284
+ En 2006 sort Astérix et les Vikings, réalisé par les danois Stefan Fjeldmark et Jesper Møller et produit par les studios M6 Films à partir de l'album Astérix et les Normands. Le graphisme est résolument moderne et le film atteint le chiffre de 1 374 870 entrées[c 10],[8].
285
+
286
+ Un neuvième film d'animation voit le jour en 2014 : Alexandre Astier et Louis Clichy signent une adaptation en 3D de l'album Le Domaine des dieux[94], produite en partie en Belgique[95]. Avec des graphismes entièrement réalisés en modélisation 3D, et un casting vocal de qualité, ce film a enregistré un record historique pour un dessin animé d'Astérix, puisque celui-ci a dépassé les 2,5 millions d'entrée au box-office Français ainsi que tous les autres dessins animés.
287
+
288
+ Adapter Astérix en long métrage est une idée de longue date. Les premiers projets, avortés, imaginaient Louis de Funès dans le rôle du petit Gaulois. Finalement, il a fallu attendre les années 1990 et l'impulsion du producteur Claude Berri, poussé par son fils (Thomas Langmann) et par Sylvie Uderzo (alors Directrice générale aux Éditions Albert René)[98], pour que le projet soit réellement lancé. Quatre films sont sortis à ce jour.
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+ Certains personnages changent d'interprètes à chaque film :
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+ Les aventures d'Astérix ont inspiré de nombreux jeux de société de plusieurs sortes (parcours, quiz…). Le premier en date, Astérix et la potion magique, de type jeu de hasard raisonné, a été édité par la société Noël en 1967.
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+
294
+ La bande dessinée a inspiré deux parcs de loisirs. Le premier, créé en 1967, a vu le jour près de Nice, mais celui-ci a rapidement fermé ses portes, le succès n'ayant pas été au rendez-vous[99]. C'est en 1989 que le Parc Astérix actuel a ouvert dans l'Oise.
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+ Le Nil (prononcé [nil]) est un fleuve d'Afrique. Avec une longueur d'environ 6 700 km, c'est avec le fleuve Amazone, le plus long fleuve du monde[notes 1]. Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le Nil blanc (Nahr-el-Abiad) prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie) ; le Nil bleu (Nahr-el-Azrak) est issu du lac Tana (Éthiopie). Ses deux branches s'unissant à Khartoum, capitale du Soudan actuel, le Nil se jette dans la Méditerranée en formant un delta au nord de l'Égypte. En comptant ses deux branches, le Nil traverse le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan et l'Égypte. Il longe également le Kenya et la République démocratique du Congo (respectivement avec les lacs Victoria et Albert), et son bassin versant concerne aussi l'Érythrée grâce à son affluent du Tekezé.
4
+
5
+ Le Nil est la voie qu'empruntaient les Égyptiens pour se déplacer. Il apporte la vie en fertilisant la terre et garantit l'abondance. Il joua un rôle très important dans l'Égypte antique, du point de vue économique, social (c'était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes), agricole (grâce au précieux limon des crues) et religieux. Fleuve nourricier de cette civilisation, il fut divinisé sous le nom d'Hâpy[notes 2], personnifiant la crue du Nil dans la mythologie égyptienne.
6
+
7
+ La crue du Nil, qui avait lieu chaque été et qui apportait le limon noir permettant la culture de ses rives, est restée longtemps un phénomène inexpliqué. C'est de ce limon noir que vient le nom antique de l'Égypte, Kemet, qui veut dire « la terre noire ».
8
+
9
+ De nos jours, les eaux limoneuses du Nil sont captées et redistribuées sur les terres agricoles grâce aux barrages de Ziftah, d'Assiout, d'Hammadi, d'Esna et surtout aux deux barrages géants d'Assouan, l'ancien et le grand barrage, dont la construction dans les années 1970 a nécessité le déplacement de plusieurs temples dont ceux d'Abou Simbel, qui auraient été noyés dans la retenue du lac Nasser.
10
+
11
+ Les anciens Égyptiens l'appelaient Atour ou itéru (trans. = jtrw)[3] signifiant « la grande rivière », représentée par les hiéroglyphes :
12
+
13
+ qui se déformera plus tard en eior[4].
14
+
15
+ Le mot « Nil » ((ar) nīl), vient du latin Nilus, i, lui-même issu du grec Νεῖλος (Neilos), qui serait lui-même une transcription déformée du terme égyptien Na-eiore, pluriel de eior désignant le delta[4].
16
+
17
+ En arabe on écrit النيل (An-Nil).
18
+
19
+ Le bassin hydrographique du Nil couvre 3 254 555 km2, à peu près 10 % de la superficie de l'Afrique[5].
20
+
21
+ Les deux grands affluents du Nil sont le Nil Blanc dont la source se trouve à l'équateur, et le Nil Bleu dont la source se trouve en Éthiopie. Chacune de ces branches se trouve sur le flanc ouest du Rift Est-Africain. L'Atbara est aussi un autre affluent moins important du Nil, qui coule seulement quand il pleut en Éthiopie et qui s'assèche vite.
22
+
23
+ La source du Nil est parfois considérée comme étant le lac Victoria, mais le lac est alimenté par des cours d'eau de taille considérable. Le cours d'eau le plus long qui se jette au lac Victoria, et qui en est donc la source la plus éloignée, émerge de la forêt de Nyungwe au Rwanda, par l'intermédiaire du Rukarara, qui se jette dans le Mwogo, puis le Nyabarongo et enfin le Kagera, avant de rejoindre le lac Victoria en Tanzanie près de la ville de Bukoba.
24
+
25
+ Le Nil quitte le lac Victoria aux chutes de Ripon, près de Jinja, Ouganda ; il porte le nom de « Nil Victoria ». Il s'écoule pendant approximativement 500 km, par le lac Kyoga, jusqu'à atteindre le lac Albert. Après avoir quitté ce lac, le fleuve est connu sous le nom de « Nil Albert ». Il coule alors au Soudan, où il est connu comme le Nahr el Jabal (rivière de la montagne). Au confluent du Nahr el-Jabal et du Bahr el-Ghazal (720 km de long), le fleuve est connu sous le nom de Nahr al Abyad, ou Nil Blanc, ce nom lui venant de l'argile blanchâtre en suspension dans ses eaux. De là, le fleuve coule vers Khartoum.
26
+
27
+ Le Nil Bleu (Ge'ez ጥቁር ዓባይ Ṭiqūr ʿĀbbāy, rivière noire Abay pour les Éthiopiens ; Nahr al Azraq pour les Soudanais) jaillit du lac Tana dans les montagnes éthiopiennes. Le Nil bleu mesure environ 1 400 km jusqu'à Khartoum, où il rejoint le Nil blanc pour former le Nil proprement dit. 90 % de l'eau et 96 % des sédiments transportés par le Nil[6] proviennent de l'Éthiopie, mais cet écoulement se produit seulement en été, quand les grandes pluies tombent sur le plateau éthiopien ; le reste de l'année, les grands fleuves drainant l'Éthiopie vers le Nil coulent faiblement.
28
+
29
+ Le débit du Nil Albert à Mongalla (au nord-est de Djouba) est presque constant pendant toute l'année, d'une moyenne de 1 048 m3/s. Après Mongalla le Nil (Nahr Al Jebel) entre dans d'immenses marais au Sud du Soudan (marais du Sudd). Plus de la moitié des eaux du Nil sont perdues dans ce marais par évaporation. Le débit moyen du Nahr Al Jebel, de Nahr à la fin des marais, est d'environ 510 m3/s. À la sortie des marais, cette rivière rejoint rapidement le Sobat et forme le Nil Blanc.
30
+
31
+ L'écoulement moyen du Nil Blanc à Malakal est de 924 m3/s, le débit maximum est approximativement de 1 218 m3/s début mars et le minimum est d'environ 609 m3/s en août. La fluctuation ici est due à la variation substantielle du débit du Sobat qui a un écoulement minimum d'environ 99 m3/s en août et un débit maximum de plus de 680 m3/s début mars.
32
+
33
+ Le Nil blanc coule ensuite vers Khartoum où il rejoint le Nil Bleu pour former le Nil.
34
+
35
+ Le Nil Blanc contribue approximativement à 30 % du débit annuel du Nil. Cependant, pendant la saison sèche (de janvier à juin), le Nil Blanc contribue à hauteur de 70 % voire 90 % de tout le débit du Nil. Pendant cette période, le débit du Nil Bleu peut descendre jusqu'à 113 m3/s, bien que les barrages en amont règlent l'écoulement du fleuve. Pendant la période sèche l'écoulement de la rivière Atbara est pratiquement nul.
36
+
37
+ Le Nil Bleu contribue approximativement à 70 % du débit du Nil. Le débit du Nil Bleu change considérablement au cours de l'année. C'est ce qui provoque principalement les grandes variations du débit du Nil. Pendant la saison des pluies, le débit maximum du Nil Bleu excède souvent 5 663 m3/s fin août (multiplication par 50 du débit normal).
38
+
39
+ Avant la construction de barrages sur le fleuve, le débit annuel pouvait passer de un à quinze à Assouan. Les débits maxima de plus de 8 212 m3/s se produisent fin août-début septembre et les débits minima d'environ 552 m3/s ont lieu vers la fin avril-début mai.
40
+
41
+ Le bassin du Nil est complexe, et pour cette raison le débit en n'importe quel point le long du fleuve dépend de beaucoup de facteurs comprenant la météorologie, les déviations, l'évaporation ou l'évapotranspiration, et l'écoulement d'eaux souterraines.
42
+
43
+ Le transport annuel de sédiments dans le Nil en aval du barrage d’Assouan est de l’ordre de [7]
44
+
45
+ Après la confluence du Nil Bleu et du Nil Blanc, le seul affluent principal restant est la rivière Atbara, qui prend sa source en Éthiopie, à environ 50 km au nord du lac Tana, et coule sur approximativement 800 km. Elle rejoint le Nil environ 300 km après Khartoum. Le Nil a ainsi comme particularité que son dernier affluent le rejoint à mi-chemin de la mer. Après cette dernière confluence, le débit du Nil diminue en raison de l'évaporation très importante lors de la traversée du Sahara.
46
+
47
+ Le Nil au Soudan présente deux particularités :
48
+
49
+ Au nord du Caire, le Nil rejoint la Méditerranée par un delta à l'entrée duquel il se divise en deux bras principaux, le bras de Rosette à l'ouest et celui de Damiette à l'est.
50
+
51
+ Le Nil (iteru en égyptien ancien) était au cœur de la civilisation de l'Égypte antique. La majorité de la population et toutes les villes de l'Égypte occupaient les rives du Nil au nord d'Assouan. Le Nil a été la colonne vertébrale de la culture égyptienne depuis l'âge de pierre. Le changement de climat, et peut-être la surexploitation des pâturages, a desséché les terres pastorales de l'Égypte pour former le désert du Sahara, probablement vers -8000, et les habitants ont alors vraisemblablement émigré vers le fleuve, où ils ont établi une économie agricole sédentaire et une société plus centralisée.
52
+
53
+ Pendant trente siècles, seules des felouques et des canges à rames ont navigué sur le Nil de Haute-Égypte. Il n'a fallu que cinquante ans pour qu'une armada de palaces flottants bouleverse le trafic fluvial millénaire.
54
+
55
+ La nourriture a joué un rôle crucial dans la fondation de la civilisation égyptienne. Le Nil a été une source intarissable de nourriture. Le Nil rend les terres environnantes très fertiles grâce à ses crues annuelles. Les Égyptiens pouvaient entre autres cultiver le blé et l'orge, fournissant de la nourriture pour toute la population. En outre, l'eau du Nil attire la faune telle que le buffle d'Afrique, et après leur introduction par les Perses au VIIe siècle avant notre ère, des dromadaires[notes 3]. Ces animaux ont pu être tués pour la viande, ou capturés, apprivoisés et employés pour labourer — ou dans le cas des dromadaires pour voyager. L'eau était vitale pour les humains comme pour le bétail. Le Nil était également un moyen commode et efficace de transport pour les personnes et les marchandises.
56
+
57
+ Le Nil a aussi fourni le lin pour le commerce. Le blé était également échangé, une récolte cruciale dans le Moyen-Orient où la famine sévissait souvent. Ce système marchand a fixé les rapports diplomatiques de l'Égypte avec d'autres pays, et a souvent contribué à la stabilité économique de l'Égypte. En outre, le Nil a fourni des ressources telles que la nourriture (poissons, gibier d'eau, irrigation des champs) ou de l'or alluvionnaire, pour lever rapidement et efficacement des armées.
58
+
59
+ Le Nil a joué un rôle important dans la politique et dans la vie sociale. Le pharaon faisait déborder le Nil, et en échange de l'eau fertile et des récoltes, les paysans cultivaient le sol et envoyaient au pharaon une partie des ressources qu'ils avaient récoltées. En contrepartie, ce dernier utilisait ces ressources pour le bien-être de la société égyptienne.
60
+
61
+ Le Nil avait une dimension spirituelle. Le Nil signifiait tant dans la vie des Égyptiens, qu'ils ont créé un dieu consacré au bien-être apporté par l'inondation annuelle du Nil. Le nom de ce dieu était Hâpy et autant lui que Pharaon étaient censés contrôler la crue du Nil. Le Nil a été aussi considéré comme un seuil entre la vie et la mort, l'au-delà. L'est était considéré comme le lieu de la naissance et de la croissance et l'ouest celui de la mort, comme le dieu Rê, le soleil, qui subit ces trois états : naissance, mort et résurrection à chaque fois qu'il traverse le ciel. Ainsi, tous les tombeaux ont été placés à l'ouest du Nil, parce que les Égyptiens croyaient que pour entrer dans l'au-delà, il fallait être enterré du côté symbolisant la mort.
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63
+ L'historien grec Hérodote a écrit que « l'Égypte était un don du Nil ». Cette formulation, bien que naïve, illustre bien l'importance du Nil dans la société égyptienne. Cependant elle passe sous silence la grande quantité de travail fournie par les Égyptiens pour mettre en valeur le fleuve (construction de canaux d'irrigation puis utilisation de chadoufs et de norias) ; en effet ses crues dévastatrices et son cours variable (la ville de Pi-Ramsès a par exemple dû être abandonnée à la suite de l'ensablement du bras du Nil qui l'alimentait) ont rendu son exploitation laborieuse[8]. Cette phrase passe également sous silence la mise en valeur plus anecdotique des oasis du désert Libyque, pour lesquelles il a également fallu avoir recours à d'importants travaux d'irrigation (chadoufs, norias, qanats, etc.).
64
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65
+ Le commerce de grande envergure le long du Nil depuis des temps antiques peut être prouvé à partir de l'os d'Ishango, probablement la première indication connue de la multiplication, qui a été découverte près de la source du Nil (près du lac Édouard, au nord-est du Congo), os qui a été daté au carbone 14 à près de 23 000 années avant notre ère.
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+ En dépit des tentatives des Grecs et des Romains (qui n'ont pu traverser les marais du Sudd), l'amont du Nil est demeuré en grande partie inconnu des sociétés méditerranéennes. Les diverses expéditions n'avaient pas réussi à déterminer la source du fleuve. Les représentations hellénistiques et romaines classiques du fleuve représentaient ainsi un dieu masculin avec son visage et sa tête se cachant dans des draperies, en témoignent les vers célèbres de Lucain :
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+ « Arcanum natura caput non prodidit ulli
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+ Nec licuit populis parvum te, Nile, videre[9]  »
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+ Agatharchide relate que sous le règne de Ptolémée II Philadelphe, une expédition militaire avait pénétré assez loin le long du cours du Nil Bleu pour déterminer que les crues de l'été étaient provoquées par les orages de pluies saisonnières dans les montagnes éthiopiennes. Mais aucun voyageur n'est connu dans l'Antiquité pour avoir atteint le lac Tana, encore moins pour avoir retracé les étapes de cette expédition après Méroé.
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+ Les Européens ne connaissaient que peu de choses sur les origines du Nil jusqu'aux XVe et XVIe siècles, quand des voyageurs allant en Éthiopie ont visité non seulement le lac Tana, mais sont allés jusqu'à la source du Nil Bleu dans les montagnes au sud du lac. Bien que James Bruce ait prétendu avoir été le premier Européen à avoir vu la source, les auteurs modernes considèrent (avec plus de sources)[Lesquelles ?] que le premier est plutôt le père jésuite Pedro Páez. Des Européens s'étaient installés en Éthiopie depuis la fin du XVe siècle, et il est possible qu'ils aient exploré le fleuve au plus près de sa source, mais ils ne pouvaient pas envisager son cours au-delà de l'Éthiopie.
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+ Le Nil Blanc était encore plus inconnu. Les anciens ont pensé que le fleuve Niger était une des extensions supérieures du Nil Blanc. Par exemple, Pline l'Ancien a écrit que le Nil aurait sa source dans une montagne de la Mauritanie du Sud, qu'il coule sur une distance de plusieurs jours, puis se prolonge sous terre, et qu'il réapparaît sur le territoire des Massæsyles, puis retourne sous le désert pour couler pendant vingt jours jusqu'à ce qu'il atteigne les Éthiopiens les plus proches[10].
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+ Le lac Victoria a été aperçu pour la première fois par un Européen en 1858 quand l'explorateur britannique John Hanning Speke atteignit son rivage méridional pendant son voyage avec Richard Francis Burton pour explorer l'Afrique centrale et pour localiser les Grands Lacs. Croyant avoir trouvé la source du Nil en voyant cette « vaste étendue d'eau » pour la première fois, Speke a appelé le lac du nom de la reine du Royaume-Uni. Burton, qui récupérait d'une maladie et se reposait au sud dans la ville de Kazeh après avoir exploré les rivages du lac Tanganyika, s'est indigné du fait que Speke ait prétendu avoir découvert la vraie source du Nil sans en apporter les preuves scientifiques nécessaires. Burton considérait donc la question des sources du Nil non encore réglée[11]. Une querelle publique suivit, qui a non seulement provoqué des discussions intenses au sein de la communauté scientifique, mais aussi beaucoup d'intérêt chez les autres explorateurs souhaitant confirmer ou réfuter la découverte de Speke. L'explorateur et missionnaire britannique David Livingstone échoua dans sa tentative de vérifier la découverte de Speke, en allant trop vers l'ouest et entrant dans le système du fleuve Congo. C'est finalement l'explorateur britannique Henry Morton Stanley qui confirma la véracité de la découverte de Speke, en naviguant autour du lac Victoria et en se rendant compte de l'existence des chutes de Ripon sur la rive nord du lac. C'est au cours de ce voyage qu'il est dit que Stanley aurait salué l'explorateur britannique avec les mots célèbres « Dr Livingstone, je présume ? » en découvrant l'Écossais malade et découragé dans son camp à Ujiji sur les rives du lac Tanganyika.
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+ L'expédition du Nil Blanc, menée par le Sud-Africain Hendri Coetzee, a été la première à naviguer sur toute la longueur du Nil. Elle est partie de la source du Nil en Ouganda le 17 janvier 2004 et est arrivée à la Mer Méditerranée à Rosette, quatre mois et deux semaines plus tard. National Geographic a présenté un film sur l'expédition à la fin de l'année 2005 : The Longest River.
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+ Le 28 avril 2004, le géologue Pasquale Scaturro et son associé, le kayakiste et réalisateur de documentaires Gordon Brown, sont devenus les premières personnes à naviguer sur le Nil Bleu, du lac Tana en Éthiopie aux plages d'Alexandrie sur la Méditerranée. Cependant, leur expédition comprenait beaucoup d'autres personnes, mais Brown et Scaturro ont été les seuls à rester pendant tout le voyage. Ils ont enregistré la chronique de leur aventure avec une caméra IMAX et deux caméras à main dans le film IMAX intitulé Le Mystère du Nil et dans un livre éponyme. Malgré tout, l'équipe a été forcée d'utiliser des bateaux à moteur pour la majeure partie de leur voyage, et ce n'est que le 29 janvier 2005 que le Canadien Les Jickling et le Néo-Zélandais Mark Tanner atteignirent la mer Méditerranée.
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+ Le 30 avril 2005, une équipe menée par les Sud-Africains Peter Meredith et Hendri Coetzee fut la première expédition à naviguer jusqu'à la source la plus lointaine du Nil : la rivière Kagera connue comme la rivière Rukarara dans la forêt de Nyungwe au Rwanda.
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+ Le 31 mars 2006, trois explorateurs de Grande-Bretagne et de Nouvelle-Zélande ont prétendu avoir été les premiers à remonter le fleuve de son delta à la vraie source qui se trouve dans la forêt tropicale de Nyungwe, dans le sud-ouest du Rwanda. Au terme d'une progression dans la forêt de Nyungwe, ils se sont arrêtés autour d'un trou rempli de vase, situé à 2 428 mètres d'altitude, d'où jaillissait un filet d'eau, une source du Nil ; la source la plus lointaine du Nil, portant la longueur du fleuve à 6 718 kilomètres au lieu des 6 611 précédemment établis[12].
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+ La source la plus haute du Nil naît dans les montagnes du Rwenzori. Ce nom veut dire faiseur de pluie dans la langue des tribus d'altitude ougandaises. Dans ce massif, la pluie tombe plus de 300 jours par an. Ses forêts sont une éponge gonflée d'humidité. Les torrents qui se déversent en cataracte sur les fortes pentes de ce cimetière végétal[Quoi ?] grossissent la rivière Semliki qui alimente le lac Albert, grand déversoir du Nil[13].
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+ La source la plus méridionale demeure celle du Burundi : « C'est un filet d'eau qui sort du flanc nord du mont Gikizi à 3° 54' 47'' de latitude sud, dans la commune de Rutovu au Burundi. Il poursuit son parcours par les  rivières Gasenyi, Kigira, affluents de la Ruvyironza.   Cette dernière se jette à son tour  dans la Ruvubu dont les eaux rejoignent la Nyabarongo pour former la Kagera, principale tributaire du lac Victoria »[14].
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+ Deux épisodes de gel du Nil sont connus. La première fois en 829 et la seconde fois en 1010 ou 1011[15] après Jésus Christ. Le climatologue anglais HH Lamb écrivait en 1966 dans The Changing Climate que l'étrangeté du gel du Nil était probablement attribuable à « un déplacement vers le nord de la ceinture anticyclonique, caractéristique de l'époque, et à l'air froid sibérien qui atteignait parfois la Méditerranée »[16],[17].
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+ Autrefois, le fleuve débordait chaque été, déposant du limon fertile sur les champs et irriguant les terres agricoles grâce à un système de canaux que les anciens Égyptiens avaient creusé. Tandis que la plupart des Égyptiens vivent toujours dans la vallée du Nil, la construction du haut barrage d'Assouan (fini en 1970) pour fournir de l'hydroélectricité a mis fin en aval au renouvellement du limon fertile des crues de l'été en stabilisant son d��bit. La construction de deux grands barrages au sud d'Assouan, en inondant l'île de Philae et toute la région d'Abou Simbel, a mis ainsi un terme à ces crues qui firent la prospérité de générations d'Égyptiens, produisant par ailleurs un certain nombre d'effets pervers : l'agriculture a recours aux produits chimiques et la production ne suffit plus à nourrir ses habitants. Le Nil permet toujours à une grande partie de la population de subsister le long de ses rives, mais l'économie égyptienne dépend surtout du tourisme et des croisières sur le Nil. On estime que près de 90 % de la population égyptienne vit ainsi dans la vallée et le delta du Nil[18]. L'écoulement du fleuve est contrarié en plusieurs points par des cataractes, qui sont des endroits où la vitesse de l'eau s'intensifie, avec beaucoup de petites îles, de l'eau peu profonde, et des rochers, formant un obstacle à la navigation par bateaux. Les marais du Sudd au Soudan forment également un obstacle pour la navigation et l'écoulement de l'eau. L'Égypte avait par le passé essayé de creuser un canal (le canal de Jongeli) pour améliorer l'écoulement de cette masse stagnante d'eau (également connue sous le nom de lac No).
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+ Le Nil est toujours utilisé pour transporter des marchandises à différents endroits de son long cours ; les vents d'hiver favorisent cette navigation : les bateaux peuvent ainsi voyager vers l'amont en utilisant seulement la voile, et en employant vers l'aval l'écoulement du fleuve.
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+ Les villes sur le Nil incluent Khartoum, Assouan, Louxor (Thèbes), et l'agglomération du Caire. La première cataracte, la plus proche de l'embouchure du fleuve, est près d'Assouan, au nord des barrages d'Assouan. À partir d'Assouan, vers le nord, le Nil est un itinéraire touristique important où naviguent des bateaux de croisière comme des bateaux traditionnels en bois, felouques et dahabiehs. En outre, beaucoup de « bateaux-hôtels » font le chemin entre Louxor et Assouan, s'arrêtant entre-temps à Edfou et à Kôm Ombo. Il était encore possible récemment de naviguer sur ces bateaux du Caire jusqu'à Assouan, mais les autorités ont interdit la plus grande partie de cet itinéraire pour des raisons de sécurité. Entre Assouan et Louxor, le Nil parcourt 200 km à travers des paysages où s'alignent des témoignages architecturaux d'un passé glorieux. Une croisière à bord d'une felouque, gracieux voilier local, est la meilleure façon de les découvrir.
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+ Les rives du fleuve moyen firent à la fin du XIXe siècle l'objet de convoitises diverses, d'abord dans le cadre de la révolte mahdiste, puis entre les Britanniques et les Français (Crise de Fachoda) et les Belges (Enclave de Lado) dans le cadre du «Partage de l'Afrique» par les puissances européennes, initié par la Conférence de Berlin (1884-1885). Le haut-fleuve sera partagé entre l'État indépendant du Congo de Léopold II de Belgique (actuelle République démocratique du Congo), l'Empire britannique (actuels Ouganda et dans une moindre mesure Kenya) et l'Afrique orientale allemande (actuels Tanzanie, Rwanda et Burundi).
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+ Lors de la crise du canal de Suez, parmi les plans élaborés par les Britanniques lors des tensions avec l'Égypte désormais pleinement indépendante, figurait l'assèchement des eaux du Nil vers l'Égypte, depuis le barrage des chutes Owen en Ouganda, de manière à endommager le secteur agricole et couper les communications[19]. Les militaires exposèrent ce plan au Premier ministre Anthony Eden six semaines avant l'invasion. Il fut abandonné par crainte qu'il ne provoque de violentes émeutes au sein de la population égyptienne, parce qu'il aurait pris des mois à mettre en place et qu'il aurait aussi mis à mal d'autres pays comme le Kenya et l'Ouganda.
103
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+ De nos jours, la répartition des eaux du Nil pour l'exploitation est régulée par un accord liant neuf des dix pays riverains du bassin (Burundi, République démocratique du Congo, Égypte, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan, Tanzanie - mais pas l’Érythrée, seulement observateur, et ne voisinant pas directement le Nil), sous la bannière de l'Initiative du bassin du Nil (IBN, Nile Basin Initiative (en))[20]. Il tire son origine d'un premier accord datant de 1929, définissant la répartition entre l'Égypte, formellement indépendante à cette époque, et le reste du territoire de l'Empire britannique riverain du Nil, donnant notamment un droit de véto à l'Égypte sur tout projet en amont.
105
+
106
+ Un second accord fut signé en 1959 entre l'Égypte et le Soudan, sans tenir compte des huit autres États concernés. L'Égypte accédait ainsi à 55,5 milliards de m3 par an, et le Soudan à 18,5 milliards de m3, accaparant à eux deux plus des trois quarts de l’eau disponible.
107
+
108
+ Cette répartition est remise en cause par les autres pays riverains du fleuve, souhaitant pouvoir mener leurs propres projets de développement. L'Égypte et le Soudan revendiquent eux des droits historiques, en en faisant même une question de sécurité nationale[21].
109
+
110
+ Lassé[Qui ?] de l'immobilisme, un texte[Quoi ?] a été proposé à la signature par quatre pays de l'IBN en amont du fleuve, l'Éthiopie, la Tanzanie, le Rwanda et l’Ouganda (rejoints plus tard par le Kenya)[22]. Pour entrer en vigueur au sein de l'IBN, le texte doit être approuvé par six des neuf pays. Le Burundi et la République démocratique du Congo sont donc désormais les deux seuls pays n'ayant pas pris position.
111
+
112
+ En mai 2013, le gouvernement éthiopien a entamé des opérations de détournement du Nil bleu afin de permettre la construction d'un barrage hydroélectrique appelé barrage de la Renaissance[23]. Le gouvernement égyptien a vivement réagi, évoquant en dernier recours une intervention « pour détruire le barrage »[24],[25].
113
+
114
+ Le bassin hydrographique du Nil existe depuis au moins 30 millions d'années, âge des plus anciens sédiments transportés jusqu'au delta, et date probable du soulèvement éthiopien[26],[27].
115
+
116
+ Le Nil actuel est au moins le cinquième fleuve qui ait coulé au nord des montagnes éthiopiennes. Grâce à des images satellites, on a pu repérer des cours d'eau asséchés dans le désert à l'ouest du Nil. Un canyon, maintenant rempli par la dérive extérieure[Quoi ?], était emprunté par un Nil antique appelé l'Éonil qui a coulé vers la fin du Miocène (23-5,3 millions d'années). L'Éonil a transporté les sédiments clastiques[Quoi ?] dans la Méditerranée ; plusieurs gisements de gaz ont été découverts dans ces sédiments. Au sud du Caire, une gorge remplie de sable atteint une profondeur de 1 400 mètres.
117
+
118
+ Pendant la crise du Messinien à la fin du Miocène, lorsque la mer Méditerranée était un bassin fermé et que le niveau de la mer avait baissé d'approximativement 1 500 m, le Nil était alors au niveau de cette mer, au point d'être à Assouan quelques centaines de mètres plus bas que le niveau des océans. Cet immense canyon est maintenant rempli de sédiments.[réf. nécessaire]
119
+
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+ Autrefois, le lac Tanganyika se déversait au nord dans le Nil, jusqu'à ce que les volcans de Virunga aient bloqué son cours au Rwanda. Cela aurait rendu le Nil beaucoup plus long, avec sa source au Nord de la Zambie.[réf. nécessaire]
121
+
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+ « Freezing of the Bosphorus and the Black Sea was reported by several authors in 1011 during period of Basileus II. [...] Ice was floating on the Nile River. »
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+ Le Nil (prononcé [nil]) est un fleuve d'Afrique. Avec une longueur d'environ 6 700 km, c'est avec le fleuve Amazone, le plus long fleuve du monde[notes 1]. Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le Nil blanc (Nahr-el-Abiad) prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie) ; le Nil bleu (Nahr-el-Azrak) est issu du lac Tana (Éthiopie). Ses deux branches s'unissant à Khartoum, capitale du Soudan actuel, le Nil se jette dans la Méditerranée en formant un delta au nord de l'Égypte. En comptant ses deux branches, le Nil traverse le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan et l'Égypte. Il longe également le Kenya et la République démocratique du Congo (respectivement avec les lacs Victoria et Albert), et son bassin versant concerne aussi l'Érythrée grâce à son affluent du Tekezé.
4
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5
+ Le Nil est la voie qu'empruntaient les Égyptiens pour se déplacer. Il apporte la vie en fertilisant la terre et garantit l'abondance. Il joua un rôle très important dans l'Égypte antique, du point de vue économique, social (c'était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes), agricole (grâce au précieux limon des crues) et religieux. Fleuve nourricier de cette civilisation, il fut divinisé sous le nom d'Hâpy[notes 2], personnifiant la crue du Nil dans la mythologie égyptienne.
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+ La crue du Nil, qui avait lieu chaque été et qui apportait le limon noir permettant la culture de ses rives, est restée longtemps un phénomène inexpliqué. C'est de ce limon noir que vient le nom antique de l'Égypte, Kemet, qui veut dire « la terre noire ».
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+
9
+ De nos jours, les eaux limoneuses du Nil sont captées et redistribuées sur les terres agricoles grâce aux barrages de Ziftah, d'Assiout, d'Hammadi, d'Esna et surtout aux deux barrages géants d'Assouan, l'ancien et le grand barrage, dont la construction dans les années 1970 a nécessité le déplacement de plusieurs temples dont ceux d'Abou Simbel, qui auraient été noyés dans la retenue du lac Nasser.
10
+
11
+ Les anciens Égyptiens l'appelaient Atour ou itéru (trans. = jtrw)[3] signifiant « la grande rivière », représentée par les hiéroglyphes :
12
+
13
+ qui se déformera plus tard en eior[4].
14
+
15
+ Le mot « Nil » ((ar) nīl), vient du latin Nilus, i, lui-même issu du grec Νεῖλος (Neilos), qui serait lui-même une transcription déformée du terme égyptien Na-eiore, pluriel de eior désignant le delta[4].
16
+
17
+ En arabe on écrit النيل (An-Nil).
18
+
19
+ Le bassin hydrographique du Nil couvre 3 254 555 km2, à peu près 10 % de la superficie de l'Afrique[5].
20
+
21
+ Les deux grands affluents du Nil sont le Nil Blanc dont la source se trouve à l'équateur, et le Nil Bleu dont la source se trouve en Éthiopie. Chacune de ces branches se trouve sur le flanc ouest du Rift Est-Africain. L'Atbara est aussi un autre affluent moins important du Nil, qui coule seulement quand il pleut en Éthiopie et qui s'assèche vite.
22
+
23
+ La source du Nil est parfois considérée comme étant le lac Victoria, mais le lac est alimenté par des cours d'eau de taille considérable. Le cours d'eau le plus long qui se jette au lac Victoria, et qui en est donc la source la plus éloignée, émerge de la forêt de Nyungwe au Rwanda, par l'intermédiaire du Rukarara, qui se jette dans le Mwogo, puis le Nyabarongo et enfin le Kagera, avant de rejoindre le lac Victoria en Tanzanie près de la ville de Bukoba.
24
+
25
+ Le Nil quitte le lac Victoria aux chutes de Ripon, près de Jinja, Ouganda ; il porte le nom de « Nil Victoria ». Il s'écoule pendant approximativement 500 km, par le lac Kyoga, jusqu'à atteindre le lac Albert. Après avoir quitté ce lac, le fleuve est connu sous le nom de « Nil Albert ». Il coule alors au Soudan, où il est connu comme le Nahr el Jabal (rivière de la montagne). Au confluent du Nahr el-Jabal et du Bahr el-Ghazal (720 km de long), le fleuve est connu sous le nom de Nahr al Abyad, ou Nil Blanc, ce nom lui venant de l'argile blanchâtre en suspension dans ses eaux. De là, le fleuve coule vers Khartoum.
26
+
27
+ Le Nil Bleu (Ge'ez ጥቁር ዓባይ Ṭiqūr ʿĀbbāy, rivière noire Abay pour les Éthiopiens ; Nahr al Azraq pour les Soudanais) jaillit du lac Tana dans les montagnes éthiopiennes. Le Nil bleu mesure environ 1 400 km jusqu'à Khartoum, où il rejoint le Nil blanc pour former le Nil proprement dit. 90 % de l'eau et 96 % des sédiments transportés par le Nil[6] proviennent de l'Éthiopie, mais cet écoulement se produit seulement en été, quand les grandes pluies tombent sur le plateau éthiopien ; le reste de l'année, les grands fleuves drainant l'Éthiopie vers le Nil coulent faiblement.
28
+
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+ Le débit du Nil Albert à Mongalla (au nord-est de Djouba) est presque constant pendant toute l'année, d'une moyenne de 1 048 m3/s. Après Mongalla le Nil (Nahr Al Jebel) entre dans d'immenses marais au Sud du Soudan (marais du Sudd). Plus de la moitié des eaux du Nil sont perdues dans ce marais par évaporation. Le débit moyen du Nahr Al Jebel, de Nahr à la fin des marais, est d'environ 510 m3/s. À la sortie des marais, cette rivière rejoint rapidement le Sobat et forme le Nil Blanc.
30
+
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+ L'écoulement moyen du Nil Blanc à Malakal est de 924 m3/s, le débit maximum est approximativement de 1 218 m3/s début mars et le minimum est d'environ 609 m3/s en août. La fluctuation ici est due à la variation substantielle du débit du Sobat qui a un écoulement minimum d'environ 99 m3/s en août et un débit maximum de plus de 680 m3/s début mars.
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+
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+ Le Nil blanc coule ensuite vers Khartoum où il rejoint le Nil Bleu pour former le Nil.
34
+
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+ Le Nil Blanc contribue approximativement à 30 % du débit annuel du Nil. Cependant, pendant la saison sèche (de janvier à juin), le Nil Blanc contribue à hauteur de 70 % voire 90 % de tout le débit du Nil. Pendant cette période, le débit du Nil Bleu peut descendre jusqu'à 113 m3/s, bien que les barrages en amont règlent l'écoulement du fleuve. Pendant la période sèche l'écoulement de la rivière Atbara est pratiquement nul.
36
+
37
+ Le Nil Bleu contribue approximativement à 70 % du débit du Nil. Le débit du Nil Bleu change considérablement au cours de l'année. C'est ce qui provoque principalement les grandes variations du débit du Nil. Pendant la saison des pluies, le débit maximum du Nil Bleu excède souvent 5 663 m3/s fin août (multiplication par 50 du débit normal).
38
+
39
+ Avant la construction de barrages sur le fleuve, le débit annuel pouvait passer de un à quinze à Assouan. Les débits maxima de plus de 8 212 m3/s se produisent fin août-début septembre et les débits minima d'environ 552 m3/s ont lieu vers la fin avril-début mai.
40
+
41
+ Le bassin du Nil est complexe, et pour cette raison le débit en n'importe quel point le long du fleuve dépend de beaucoup de facteurs comprenant la météorologie, les déviations, l'évaporation ou l'évapotranspiration, et l'écoulement d'eaux souterraines.
42
+
43
+ Le transport annuel de sédiments dans le Nil en aval du barrage d’Assouan est de l’ordre de [7]
44
+
45
+ Après la confluence du Nil Bleu et du Nil Blanc, le seul affluent principal restant est la rivière Atbara, qui prend sa source en Éthiopie, à environ 50 km au nord du lac Tana, et coule sur approximativement 800 km. Elle rejoint le Nil environ 300 km après Khartoum. Le Nil a ainsi comme particularité que son dernier affluent le rejoint à mi-chemin de la mer. Après cette dernière confluence, le débit du Nil diminue en raison de l'évaporation très importante lors de la traversée du Sahara.
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+
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+ Le Nil au Soudan présente deux particularités :
48
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49
+ Au nord du Caire, le Nil rejoint la Méditerranée par un delta à l'entrée duquel il se divise en deux bras principaux, le bras de Rosette à l'ouest et celui de Damiette à l'est.
50
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51
+ Le Nil (iteru en égyptien ancien) était au cœur de la civilisation de l'Égypte antique. La majorité de la population et toutes les villes de l'Égypte occupaient les rives du Nil au nord d'Assouan. Le Nil a été la colonne vertébrale de la culture égyptienne depuis l'âge de pierre. Le changement de climat, et peut-être la surexploitation des pâturages, a desséché les terres pastorales de l'Égypte pour former le désert du Sahara, probablement vers -8000, et les habitants ont alors vraisemblablement émigré vers le fleuve, où ils ont établi une économie agricole sédentaire et une société plus centralisée.
52
+
53
+ Pendant trente siècles, seules des felouques et des canges à rames ont navigué sur le Nil de Haute-Égypte. Il n'a fallu que cinquante ans pour qu'une armada de palaces flottants bouleverse le trafic fluvial millénaire.
54
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55
+ La nourriture a joué un rôle crucial dans la fondation de la civilisation égyptienne. Le Nil a été une source intarissable de nourriture. Le Nil rend les terres environnantes très fertiles grâce à ses crues annuelles. Les Égyptiens pouvaient entre autres cultiver le blé et l'orge, fournissant de la nourriture pour toute la population. En outre, l'eau du Nil attire la faune telle que le buffle d'Afrique, et après leur introduction par les Perses au VIIe siècle avant notre ère, des dromadaires[notes 3]. Ces animaux ont pu être tués pour la viande, ou capturés, apprivoisés et employés pour labourer — ou dans le cas des dromadaires pour voyager. L'eau était vitale pour les humains comme pour le bétail. Le Nil était également un moyen commode et efficace de transport pour les personnes et les marchandises.
56
+
57
+ Le Nil a aussi fourni le lin pour le commerce. Le blé était également échangé, une récolte cruciale dans le Moyen-Orient où la famine sévissait souvent. Ce système marchand a fixé les rapports diplomatiques de l'Égypte avec d'autres pays, et a souvent contribué à la stabilité économique de l'Égypte. En outre, le Nil a fourni des ressources telles que la nourriture (poissons, gibier d'eau, irrigation des champs) ou de l'or alluvionnaire, pour lever rapidement et efficacement des armées.
58
+
59
+ Le Nil a joué un rôle important dans la politique et dans la vie sociale. Le pharaon faisait déborder le Nil, et en échange de l'eau fertile et des récoltes, les paysans cultivaient le sol et envoyaient au pharaon une partie des ressources qu'ils avaient récoltées. En contrepartie, ce dernier utilisait ces ressources pour le bien-être de la société égyptienne.
60
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+ Le Nil avait une dimension spirituelle. Le Nil signifiait tant dans la vie des Égyptiens, qu'ils ont créé un dieu consacré au bien-être apporté par l'inondation annuelle du Nil. Le nom de ce dieu était Hâpy et autant lui que Pharaon étaient censés contrôler la crue du Nil. Le Nil a été aussi considéré comme un seuil entre la vie et la mort, l'au-delà. L'est était considéré comme le lieu de la naissance et de la croissance et l'ouest celui de la mort, comme le dieu Rê, le soleil, qui subit ces trois états : naissance, mort et résurrection à chaque fois qu'il traverse le ciel. Ainsi, tous les tombeaux ont été placés à l'ouest du Nil, parce que les Égyptiens croyaient que pour entrer dans l'au-delà, il fallait être enterré du côté symbolisant la mort.
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+ L'historien grec Hérodote a écrit que « l'Égypte était un don du Nil ». Cette formulation, bien que naïve, illustre bien l'importance du Nil dans la société égyptienne. Cependant elle passe sous silence la grande quantité de travail fournie par les Égyptiens pour mettre en valeur le fleuve (construction de canaux d'irrigation puis utilisation de chadoufs et de norias) ; en effet ses crues dévastatrices et son cours variable (la ville de Pi-Ramsès a par exemple dû être abandonnée à la suite de l'ensablement du bras du Nil qui l'alimentait) ont rendu son exploitation laborieuse[8]. Cette phrase passe également sous silence la mise en valeur plus anecdotique des oasis du désert Libyque, pour lesquelles il a également fallu avoir recours à d'importants travaux d'irrigation (chadoufs, norias, qanats, etc.).
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+ Le commerce de grande envergure le long du Nil depuis des temps antiques peut être prouvé à partir de l'os d'Ishango, probablement la première indication connue de la multiplication, qui a été découverte près de la source du Nil (près du lac Édouard, au nord-est du Congo), os qui a été daté au carbone 14 à près de 23 000 années avant notre ère.
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+ En dépit des tentatives des Grecs et des Romains (qui n'ont pu traverser les marais du Sudd), l'amont du Nil est demeuré en grande partie inconnu des sociétés méditerranéennes. Les diverses expéditions n'avaient pas réussi à déterminer la source du fleuve. Les représentations hellénistiques et romaines classiques du fleuve représentaient ainsi un dieu masculin avec son visage et sa tête se cachant dans des draperies, en témoignent les vers célèbres de Lucain :
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+ « Arcanum natura caput non prodidit ulli
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+ Nec licuit populis parvum te, Nile, videre[9]  »
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+ Agatharchide relate que sous le règne de Ptolémée II Philadelphe, une expédition militaire avait pénétré assez loin le long du cours du Nil Bleu pour déterminer que les crues de l'été étaient provoquées par les orages de pluies saisonnières dans les montagnes éthiopiennes. Mais aucun voyageur n'est connu dans l'Antiquité pour avoir atteint le lac Tana, encore moins pour avoir retracé les étapes de cette expédition après Méroé.
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+ Les Européens ne connaissaient que peu de choses sur les origines du Nil jusqu'aux XVe et XVIe siècles, quand des voyageurs allant en Éthiopie ont visité non seulement le lac Tana, mais sont allés jusqu'à la source du Nil Bleu dans les montagnes au sud du lac. Bien que James Bruce ait prétendu avoir été le premier Européen à avoir vu la source, les auteurs modernes considèrent (avec plus de sources)[Lesquelles ?] que le premier est plutôt le père jésuite Pedro Páez. Des Européens s'étaient installés en Éthiopie depuis la fin du XVe siècle, et il est possible qu'ils aient exploré le fleuve au plus près de sa source, mais ils ne pouvaient pas envisager son cours au-delà de l'Éthiopie.
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+ Le Nil Blanc était encore plus inconnu. Les anciens ont pensé que le fleuve Niger était une des extensions supérieures du Nil Blanc. Par exemple, Pline l'Ancien a écrit que le Nil aurait sa source dans une montagne de la Mauritanie du Sud, qu'il coule sur une distance de plusieurs jours, puis se prolonge sous terre, et qu'il réapparaît sur le territoire des Massæsyles, puis retourne sous le désert pour couler pendant vingt jours jusqu'à ce qu'il atteigne les Éthiopiens les plus proches[10].
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+ Le lac Victoria a été aperçu pour la première fois par un Européen en 1858 quand l'explorateur britannique John Hanning Speke atteignit son rivage méridional pendant son voyage avec Richard Francis Burton pour explorer l'Afrique centrale et pour localiser les Grands Lacs. Croyant avoir trouvé la source du Nil en voyant cette « vaste étendue d'eau » pour la première fois, Speke a appelé le lac du nom de la reine du Royaume-Uni. Burton, qui récupérait d'une maladie et se reposait au sud dans la ville de Kazeh après avoir exploré les rivages du lac Tanganyika, s'est indigné du fait que Speke ait prétendu avoir découvert la vraie source du Nil sans en apporter les preuves scientifiques nécessaires. Burton considérait donc la question des sources du Nil non encore réglée[11]. Une querelle publique suivit, qui a non seulement provoqué des discussions intenses au sein de la communauté scientifique, mais aussi beaucoup d'intérêt chez les autres explorateurs souhaitant confirmer ou réfuter la découverte de Speke. L'explorateur et missionnaire britannique David Livingstone échoua dans sa tentative de vérifier la découverte de Speke, en allant trop vers l'ouest et entrant dans le système du fleuve Congo. C'est finalement l'explorateur britannique Henry Morton Stanley qui confirma la véracité de la découverte de Speke, en naviguant autour du lac Victoria et en se rendant compte de l'existence des chutes de Ripon sur la rive nord du lac. C'est au cours de ce voyage qu'il est dit que Stanley aurait salué l'explorateur britannique avec les mots célèbres « Dr Livingstone, je présume ? » en découvrant l'Écossais malade et découragé dans son camp à Ujiji sur les rives du lac Tanganyika.
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+ L'expédition du Nil Blanc, menée par le Sud-Africain Hendri Coetzee, a été la première à naviguer sur toute la longueur du Nil. Elle est partie de la source du Nil en Ouganda le 17 janvier 2004 et est arrivée à la Mer Méditerranée à Rosette, quatre mois et deux semaines plus tard. National Geographic a présenté un film sur l'expédition à la fin de l'année 2005 : The Longest River.
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+ Le 28 avril 2004, le géologue Pasquale Scaturro et son associé, le kayakiste et réalisateur de documentaires Gordon Brown, sont devenus les premières personnes à naviguer sur le Nil Bleu, du lac Tana en Éthiopie aux plages d'Alexandrie sur la Méditerranée. Cependant, leur expédition comprenait beaucoup d'autres personnes, mais Brown et Scaturro ont été les seuls à rester pendant tout le voyage. Ils ont enregistré la chronique de leur aventure avec une caméra IMAX et deux caméras à main dans le film IMAX intitulé Le Mystère du Nil et dans un livre éponyme. Malgré tout, l'équipe a été forcée d'utiliser des bateaux à moteur pour la majeure partie de leur voyage, et ce n'est que le 29 janvier 2005 que le Canadien Les Jickling et le Néo-Zélandais Mark Tanner atteignirent la mer Méditerranée.
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+ Le 30 avril 2005, une équipe menée par les Sud-Africains Peter Meredith et Hendri Coetzee fut la première expédition à naviguer jusqu'à la source la plus lointaine du Nil : la rivière Kagera connue comme la rivière Rukarara dans la forêt de Nyungwe au Rwanda.
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+ Le 31 mars 2006, trois explorateurs de Grande-Bretagne et de Nouvelle-Zélande ont prétendu avoir été les premiers à remonter le fleuve de son delta à la vraie source qui se trouve dans la forêt tropicale de Nyungwe, dans le sud-ouest du Rwanda. Au terme d'une progression dans la forêt de Nyungwe, ils se sont arrêtés autour d'un trou rempli de vase, situé à 2 428 mètres d'altitude, d'où jaillissait un filet d'eau, une source du Nil ; la source la plus lointaine du Nil, portant la longueur du fleuve à 6 718 kilomètres au lieu des 6 611 précédemment établis[12].
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+ La source la plus haute du Nil naît dans les montagnes du Rwenzori. Ce nom veut dire faiseur de pluie dans la langue des tribus d'altitude ougandaises. Dans ce massif, la pluie tombe plus de 300 jours par an. Ses forêts sont une éponge gonflée d'humidité. Les torrents qui se déversent en cataracte sur les fortes pentes de ce cimetière végétal[Quoi ?] grossissent la rivière Semliki qui alimente le lac Albert, grand déversoir du Nil[13].
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+ La source la plus méridionale demeure celle du Burundi : « C'est un filet d'eau qui sort du flanc nord du mont Gikizi à 3° 54' 47'' de latitude sud, dans la commune de Rutovu au Burundi. Il poursuit son parcours par les  rivières Gasenyi, Kigira, affluents de la Ruvyironza.   Cette dernière se jette à son tour  dans la Ruvubu dont les eaux rejoignent la Nyabarongo pour former la Kagera, principale tributaire du lac Victoria »[14].
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+ Deux épisodes de gel du Nil sont connus. La première fois en 829 et la seconde fois en 1010 ou 1011[15] après Jésus Christ. Le climatologue anglais HH Lamb écrivait en 1966 dans The Changing Climate que l'étrangeté du gel du Nil était probablement attribuable à « un déplacement vers le nord de la ceinture anticyclonique, caractéristique de l'époque, et à l'air froid sibérien qui atteignait parfois la Méditerranée »[16],[17].
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+ Autrefois, le fleuve débordait chaque été, déposant du limon fertile sur les champs et irriguant les terres agricoles grâce à un système de canaux que les anciens Égyptiens avaient creusé. Tandis que la plupart des Égyptiens vivent toujours dans la vallée du Nil, la construction du haut barrage d'Assouan (fini en 1970) pour fournir de l'hydroélectricité a mis fin en aval au renouvellement du limon fertile des crues de l'été en stabilisant son d��bit. La construction de deux grands barrages au sud d'Assouan, en inondant l'île de Philae et toute la région d'Abou Simbel, a mis ainsi un terme à ces crues qui firent la prospérité de générations d'Égyptiens, produisant par ailleurs un certain nombre d'effets pervers : l'agriculture a recours aux produits chimiques et la production ne suffit plus à nourrir ses habitants. Le Nil permet toujours à une grande partie de la population de subsister le long de ses rives, mais l'économie égyptienne dépend surtout du tourisme et des croisières sur le Nil. On estime que près de 90 % de la population égyptienne vit ainsi dans la vallée et le delta du Nil[18]. L'écoulement du fleuve est contrarié en plusieurs points par des cataractes, qui sont des endroits où la vitesse de l'eau s'intensifie, avec beaucoup de petites îles, de l'eau peu profonde, et des rochers, formant un obstacle à la navigation par bateaux. Les marais du Sudd au Soudan forment également un obstacle pour la navigation et l'écoulement de l'eau. L'Égypte avait par le passé essayé de creuser un canal (le canal de Jongeli) pour améliorer l'écoulement de cette masse stagnante d'eau (également connue sous le nom de lac No).
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+ Le Nil est toujours utilisé pour transporter des marchandises à différents endroits de son long cours ; les vents d'hiver favorisent cette navigation : les bateaux peuvent ainsi voyager vers l'amont en utilisant seulement la voile, et en employant vers l'aval l'écoulement du fleuve.
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+ Les villes sur le Nil incluent Khartoum, Assouan, Louxor (Thèbes), et l'agglomération du Caire. La première cataracte, la plus proche de l'embouchure du fleuve, est près d'Assouan, au nord des barrages d'Assouan. À partir d'Assouan, vers le nord, le Nil est un itinéraire touristique important où naviguent des bateaux de croisière comme des bateaux traditionnels en bois, felouques et dahabiehs. En outre, beaucoup de « bateaux-hôtels » font le chemin entre Louxor et Assouan, s'arrêtant entre-temps à Edfou et à Kôm Ombo. Il était encore possible récemment de naviguer sur ces bateaux du Caire jusqu'à Assouan, mais les autorités ont interdit la plus grande partie de cet itinéraire pour des raisons de sécurité. Entre Assouan et Louxor, le Nil parcourt 200 km à travers des paysages où s'alignent des témoignages architecturaux d'un passé glorieux. Une croisière à bord d'une felouque, gracieux voilier local, est la meilleure façon de les découvrir.
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+ Les rives du fleuve moyen firent à la fin du XIXe siècle l'objet de convoitises diverses, d'abord dans le cadre de la révolte mahdiste, puis entre les Britanniques et les Français (Crise de Fachoda) et les Belges (Enclave de Lado) dans le cadre du «Partage de l'Afrique» par les puissances européennes, initié par la Conférence de Berlin (1884-1885). Le haut-fleuve sera partagé entre l'État indépendant du Congo de Léopold II de Belgique (actuelle République démocratique du Congo), l'Empire britannique (actuels Ouganda et dans une moindre mesure Kenya) et l'Afrique orientale allemande (actuels Tanzanie, Rwanda et Burundi).
101
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+ Lors de la crise du canal de Suez, parmi les plans élaborés par les Britanniques lors des tensions avec l'Égypte désormais pleinement indépendante, figurait l'assèchement des eaux du Nil vers l'Égypte, depuis le barrage des chutes Owen en Ouganda, de manière à endommager le secteur agricole et couper les communications[19]. Les militaires exposèrent ce plan au Premier ministre Anthony Eden six semaines avant l'invasion. Il fut abandonné par crainte qu'il ne provoque de violentes émeutes au sein de la population égyptienne, parce qu'il aurait pris des mois à mettre en place et qu'il aurait aussi mis à mal d'autres pays comme le Kenya et l'Ouganda.
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+ De nos jours, la répartition des eaux du Nil pour l'exploitation est régulée par un accord liant neuf des dix pays riverains du bassin (Burundi, République démocratique du Congo, Égypte, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan, Tanzanie - mais pas l’Érythrée, seulement observateur, et ne voisinant pas directement le Nil), sous la bannière de l'Initiative du bassin du Nil (IBN, Nile Basin Initiative (en))[20]. Il tire son origine d'un premier accord datant de 1929, définissant la répartition entre l'Égypte, formellement indépendante à cette époque, et le reste du territoire de l'Empire britannique riverain du Nil, donnant notamment un droit de véto à l'Égypte sur tout projet en amont.
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+ Un second accord fut signé en 1959 entre l'Égypte et le Soudan, sans tenir compte des huit autres États concernés. L'Égypte accédait ainsi à 55,5 milliards de m3 par an, et le Soudan à 18,5 milliards de m3, accaparant à eux deux plus des trois quarts de l’eau disponible.
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+ Cette répartition est remise en cause par les autres pays riverains du fleuve, souhaitant pouvoir mener leurs propres projets de développement. L'Égypte et le Soudan revendiquent eux des droits historiques, en en faisant même une question de sécurité nationale[21].
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+
110
+ Lassé[Qui ?] de l'immobilisme, un texte[Quoi ?] a été proposé à la signature par quatre pays de l'IBN en amont du fleuve, l'Éthiopie, la Tanzanie, le Rwanda et l’Ouganda (rejoints plus tard par le Kenya)[22]. Pour entrer en vigueur au sein de l'IBN, le texte doit être approuvé par six des neuf pays. Le Burundi et la République démocratique du Congo sont donc désormais les deux seuls pays n'ayant pas pris position.
111
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112
+ En mai 2013, le gouvernement éthiopien a entamé des opérations de détournement du Nil bleu afin de permettre la construction d'un barrage hydroélectrique appelé barrage de la Renaissance[23]. Le gouvernement égyptien a vivement réagi, évoquant en dernier recours une intervention « pour détruire le barrage »[24],[25].
113
+
114
+ Le bassin hydrographique du Nil existe depuis au moins 30 millions d'années, âge des plus anciens sédiments transportés jusqu'au delta, et date probable du soulèvement éthiopien[26],[27].
115
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+ Le Nil actuel est au moins le cinquième fleuve qui ait coulé au nord des montagnes éthiopiennes. Grâce à des images satellites, on a pu repérer des cours d'eau asséchés dans le désert à l'ouest du Nil. Un canyon, maintenant rempli par la dérive extérieure[Quoi ?], était emprunté par un Nil antique appelé l'Éonil qui a coulé vers la fin du Miocène (23-5,3 millions d'années). L'Éonil a transporté les sédiments clastiques[Quoi ?] dans la Méditerranée ; plusieurs gisements de gaz ont été découverts dans ces sédiments. Au sud du Caire, une gorge remplie de sable atteint une profondeur de 1 400 mètres.
117
+
118
+ Pendant la crise du Messinien à la fin du Miocène, lorsque la mer Méditerranée était un bassin fermé et que le niveau de la mer avait baissé d'approximativement 1 500 m, le Nil était alors au niveau de cette mer, au point d'être à Assouan quelques centaines de mètres plus bas que le niveau des océans. Cet immense canyon est maintenant rempli de sédiments.[réf. nécessaire]
119
+
120
+ Autrefois, le lac Tanganyika se déversait au nord dans le Nil, jusqu'à ce que les volcans de Virunga aient bloqué son cours au Rwanda. Cela aurait rendu le Nil beaucoup plus long, avec sa source au Nord de la Zambie.[réf. nécessaire]
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+ « Freezing of the Bosphorus and the Black Sea was reported by several authors in 1011 during period of Basileus II. [...] Ice was floating on the Nile River. »
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+ En météorologie, un nuage est une masse visible constituée initialement d'une grande quantité de gouttelettes d’eau (parfois de cristaux de glace associés à des aérosols chimiques ou des minéraux) en suspension dans l’atmosphère au-dessus de la surface d'une planète. L’aspect d'un nuage dépend de sa nature, de sa dimension, de la lumière qu’il reçoit, ainsi que du nombre et de la répartition des particules qui le constituent. Les gouttelettes d’eau d’un nuage proviennent de la condensation de la vapeur d'eau contenue dans l’air. La quantité maximale de vapeur d’eau (gaz invisible) qui peut être contenue dans une masse d'air est fonction de la température : plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau.(Voir les articles Pression de vapeur saturante et Formule de Clapeyron)
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+ L'histoire des représentations des nuages présente les différentes perceptions des nuages au cours des siècles.
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+
5
+ La majorité des philosophes de l'Antiquité considèrent que les nuages sont issus des exhalaisons humides que dégagent la mer et les cours d'eau[1]. Ainsi Aristote dans son traité des Météorologiques utilise sa théorie des quatre éléments pour classer les nuages dans les météores aqueux (les hydrométéores). L'explication aristotélicienne repose sur la double exhalaison tellurique provoquée par l'aspiration du soleil : des vapeurs naissent des lieux humides et se concentrent dans l'air pour former les météores humides, des exhalaisons sèches naissent de la terre pour former les météores secs (vents, foudre, tonnerre, météores ignés tels que comètes, étoiles filantes et voie lactée)[2].
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+
7
+ Au XIIe siècle, appelé nue[3], le nuage est perçu dans une perspective théologique comme la « nuée mystique », c'est-à-dire le voile de Dieu (allant jusqu'à dévoiler le paradis lors d'un éclair)[4] ou selon une perspective plus naturelle (classification selon les couleurs[a] en nuages noirs apportant la pluie selon la métaphore des nimborum naves, « navires de pluie », nuages lumineux et blancs s'étant vidé de leur eau, éventuellement en nuages rouges de l'aurore et du crépuscule) mais sa nature fait débat[5]. La renaissance du XIIe siècle voit la diffusion des ouvrages d'Aristote, notamment les Météorologiques dans lesquels il décrit les nuages sans parvenir à expliquer pourquoi ces particules restent en suspension dans l'atmosphère[6] : à partir du XIIIe siècle, les scolastiques et les encyclopédistes envisagent alors le nuage non plus simplement comme un objet dans le ciel mais comme une matière faite d'air, d'eau, voire de feu selon la théorie aristotélicienne des Quatre éléments, tel Barthélemy l'Anglais dans son Livre des propriétés des choses[7].
8
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9
+ À la fin du Moyen Âge, la littérature qui a jusque-là du mal à saisir le caractère éphémère et mobile du nuage, développe ce thème qui correspond encore plus aux inspirations des siècles suivants (période baroque et romantisme, notamment le Sturm und Drang allemand)[8]. Néanmoins, le nuage représenté dans les arts reste essentiellement du domaine du sacré jusqu'au XIXe siècle (hiérophanie de l'ascension du Christ, visions mystiques)[9]. À partir du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, les artistes comme Claude Monet, John Constable ou Olafur Eliasson utilisent les observations scientifiques des nuages (notamment à partir de montées en ballons) dans leurs œuvres[10]. Quant à Charles Baudelaire, il représente les nuages comme la quintessence de la vie d'un étranger dans son poème L'Étranger : « - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages ! ».
10
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+ Avant le XIXe siècle, les nuages sont donc avant tout des objets esthétiques. Les savants tentent de les décrire subjectivement mais leur nature trop diverse, complexe et leur fugacité est un obstacle à leur catégorisation bien qu'il y ait eu quelques tentatives pour les utiliser dans les prévisions météorologiques. Jean-Baptiste de Lamarck propose en 1802 la première classification scientifique des nuages[11] par une liste de termes descriptifs[12] en français, mais c'est le système de Luke Howard, utilisant le latin universel de la classification binomiale de Carl von Linné, qui connaît le succès dès sa parution en 1803 et dont la terminologie est toujours utilisée aujourd'hui[13]. En 1855, Émilien Renou[14] proposa l’ajout des genres Altocumulus et Altostratus. En septembre 1896, cette version élargie de la classification originelle de Howard fut officiellement adoptée et publiée dans le premier Atlas international des nuages de 1896. L’édition actuelle publiée par l’Organisation météorologique mondiale date de 1956 pour le volume I et de 1987 pour le volume II. C’est elle qui fait foi dans les différents services météorologiques nationaux.
12
+
13
+ La formation de nuages résulte du refroidissement d’un volume d’air jusqu’à la condensation d’une partie de sa vapeur d’eau. Si le processus de refroidissement se produit au sol (par contact avec une surface froide, par exemple), on assiste à la formation de brouillard. Dans l’atmosphère libre, le refroidissement se produit généralement par soulèvement, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, selon lequel un gaz se refroidit spontanément lorsque la pression baisse. Les nuages peuvent aussi perdre une partie de leur masse sous forme de précipitations, par exemple sous forme de pluie, grêle ou neige.
14
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15
+ La condensation de la vapeur d'eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de microparticules de matière solide (aérosols), qu'on appelle des noyaux de condensation ou de congélation. La formation de ces aérosols a été spécifiquement étudiée par l’expérience CLOUD du CERN, qui a mis principalement en évidence l'importance des vapeurs organiques. L'expérience souligna également le rôle potentiellement important des rayons cosmiques galactiques dans le processus complexe de création des nuages[15]. La congélation spontanée de l'eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de −40 °C. Entre 0 et −40 °C, les gouttes d'eau restent dans un état métastable (surfusion), qui cesse dès qu'elles entrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants.
16
+
17
+ Juste après la condensation ou la congélation, les particules sont encore très petites. Pour des particules de cette taille, les collisions et l’agrégation ne peuvent pas être les facteurs principaux de croissance. Il se produit plutôt un phénomène connu sous le nom de « effet Bergeron ». Ce mécanisme repose sur le fait que la pression partielle de saturation de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ceci signifie que, dans un milieu où coexistent des cristaux de glace et des gouttelettes d’eau surfondue, la vapeur d’eau ambiante se condensera en glace sur les cristaux de glace déjà existants, et que les gouttelettes d’eau s’évaporeront d’autant. On voit ainsi que le soulèvement est doublement important dans la formation de nuages et de précipitations : en premier lieu comme mécanisme de refroidissement, et ensuite comme porteur de gouttelettes d’eau liquide jusqu’au niveau où elles deviennent surfondues.
18
+
19
+ Le soulèvement peut être dû à la convection atmosphérique, à la présence de terrains montagneux faisant obstacle à l’écoulement de l’air ou à des facteurs de la dynamique atmosphérique, comme les ondes baroclines (aussi appelées « ondes frontales »).
20
+
21
+ La dissipation des nuages à l'inverse de leur formation se produit lorsque l'air environnant subit un réchauffement et donc un assèchement relatif de son contenu en vapeur d'eau puisqu'un air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau qu'un air froid. Ce processus est favorable à l'évaporation, ce qui dissipe les nuages. Le réchauffement de l'air environnant est souvent causé par une subsidence de l'air qui entraîne une compression adiabatique de celui-ci.
22
+
23
+ À l'échelle mondiale, il y a plus de nuages le long de la zone de convergence intertropicale qui entoure la Terre près de l'équateur, ainsi qu'à proximité des 50e parallèles de latitude dans les hémisphères nord et sud car l'air y suit un mouvement vertical ascendant dans des zones dépressionnaires[16]. La convergence horizontale de l'air près du sol dans ces zones mène à une accumulation qui doit être compensée par sa montée en altitude pour donner plus de nuages par le processus de refroidissement adiabatique[17]. Ceci est particulièrement vrai dans les zones océaniques où l'humidité est plus importante.
24
+
25
+ À l'opposé, autour des 20e parallèles nord et sud se trouvent la région des crêtes subtropicales et à haute latitudes celles des anticyclones arctiques et antarctiques. L'air y suit un mouvement vertical descendant par subsidence qui l'assèche et dissipe les nuages[17]. Se retrouvent dans ces zones des déserts comme le Sahara et celui du plateau Antarctique qui sont essentiellement sans nuages.
26
+
27
+ La distribution des nuages va également varier selon certains effets topographiques. Par exemple, le flux d'air le long d'une pente montante va augmenter la production de nuages et de précipitations à cet endroit car l'air est forcé en altitude. À l'inverse, l'air descendant des montagnes par effet de foehn va s'assécher et dissiper les nuages. Ceci donne des régions plus nuageuses que d'autres avec un même système météorologique à grande échelle : les régions côtières sont plus nuageuses que celles en aval des montagnes.
28
+
29
+ Finalement, selon la stabilité de l'air, des nuages convectifs se formeront à certaines saisons et pas à d'autres sur une région.
30
+
31
+ Les nuages se forment selon deux processus : la convection et le soulèvement progressif de la masse d'air.
32
+
33
+ Le soulèvement convectif est dû à l'instabilité de l'air. Il est souvent vigoureux et au déclenchement abrupt. Il produit des nuages caractérisés par une extension verticale élevée, mais une extension horizontale limitée. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « cumulus ». Ils peuvent se développer à différents niveaux de la troposphère, là où l'instabilité existe.
34
+
35
+ Le soulèvement dit synoptique est le résultat des processus de la dynamique en atmosphère stable, dans un écoulement stratifié. Ce soulèvement est graduel, produisant des systèmes nuageux d'une texture uniforme, pouvant couvrir des milliers de kilomètres carrés. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « stratus ». Il arrive parfois que ce soulèvement graduel déstabilise la couche atmosphérique, donnant lieu à des nuages convectifs imbriqués dans le nuage stratiforme.
36
+
37
+ Pour les types de nuages sans développement vertical important, cette nomenclature a été organisée selon la hauteur de leur base au-dessus du sol en trois niveaux appelées « étages », et non l'altitude de leur sommet, ainsi qu'en quatre familles qui sont décrites ci-dessous. Chaque nuage d'une famille est rattaché à un genre et une espèce. Il peut également être associé à un descriptif supplémentaire appelé variété.
38
+
39
+ Un étage de nuage est une couche ou région de l'atmosphère dans laquelle les nuages de certains familles apparaissent normalement. La troposphère a été divisée verticalement en trois étages dont les limites se chevauchent quelque peu et varient selon la latitude des régions : polaires, tempérées et tropicales. Les hauteurs approximatives de ces limites sont[18] :
40
+
41
+ Les nuages dans l'Atlas international des nuages sont classés en dix genres illustrés dans l'image ci-contre[19] :
42
+
43
+ Pour chaque genre de nuages, on note des subdivisions appelées espèces qui s'excluent mutuellement. Elles sont déterminées selon au moins une des caractéristiques suivantes[21] :
44
+
45
+ Chaque espèce et genre peuvent encore être divisés. Ces divisions sont nommées variétés et ne s'excluent pas mutuellement, sauf les variétés translucidus (translucide) et opacus (opaque). Elles sont déterminées selon l'une des deux caractéristiques suivantes[22] :
46
+
47
+ En plus de cette classification formelle, il existe des nuages accompagnant un autre nuage, généralement plus petits que ce dernier, et séparés de sa partie principale ou parfois partiellement soudés à elle. Un nuage donné peut être accompagné d'un ou de plusieurs de ces nuages annexes dont les principaux sont [23] : l'arcus, l'entonnoir nuageux, le mur de foehn, le mamma, le nuage-mur (Wall cloud), le pannus, le pileus, le sommet protubérant et le velum. La traînée de condensation produite par le passage d'un avion en haute altitude n'est pas un nuage en elle-même mais peut se transformer en nuage du genre cirrus.
48
+
49
+ Genitus et mutatus sont des suffixes utilisés dans le nom d'un nuage pour indiquer son origine ou sa transformation :
50
+
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+ Ils se forment au-dessus de 5 000 mètres dans la région froide de la troposphère. Ils sont classés en utilisant le préfixe cirro- ou cirrus. À cette altitude, l'eau gèle quasiment toujours : les nuages sont donc composés de cristaux de glace.
52
+
53
+ Ils se développent entre 2 000 et 7 000 mètres (dans les régions tempérées) et sont classés en utilisant le préfixe alto-. Ils sont formés de gouttelettes d'eau.
54
+
55
+ Ce sont des nuages de basses altitudes (jusqu'à 2 000 mètres). Lorsque ces derniers rencontrent la terre, on les appelle brouillard.
56
+
57
+ Ce sont des nuages de basses à moyennes altitudes (base jusqu'à 3 000 mètres, sommet jusqu'à 6 000 mètres)[30]. Les cumulus mediocris et congestus se forment généralement à basse altitude sauf lorsque l'air est très sec et ils peuvent alors se retrouver à l'étage moyen. Ils sont formés de gouttelettes surfondues et présentent des protubérances ou des bourgeonnements[30]. Ceux-ci sont peu ou modérément développés dans le cas des mediocris et fortement développés dans celui du congestus. Les dimensions de ces protubérances peuvent varier notablement d'un nuage à l'autre.
58
+
59
+ Le nimbostratus se forme à partir d'altostratus d'altitude moyenne qui s'épaississent et dont la base s'approche du sol avec les précipitations. Son sommet va atteindre 4 kilomètres dans les régions arctiques et plus de 7 kilomètres dans les régions tempérées et tropicales[31]. La constitution physique de ce nuage est analogue à celle de l'altostratus, mais ses particules constitutives sont généralement plus grosses et leur concentration plus forte. Par suite de l'extension verticale généralement grande du nimbostratus, ce dernier est assez sombre dans sa région inférieure. Bien qu'il soit essentiellement un nuage stratiforme avec faible mouvement vertical interne, des masses nuageuses d'origine convective, à grande extension verticale, peuvent se former dans son sein[31].
60
+
61
+ Les cumulonimbus peuvent avoir de forts courants verticaux et s'élèvent bien au-dessus de leur base (généralement de basse à moyenne altitude jusqu'à 3 000 mètres). Leur sommet est de plus de 7 000 mètres et peut même atteindre les 15 kilomètres[32]. Ils sont constitués par des gouttelettes d'eau et, dans leurs régions supérieures, par des cristaux de glace. L'eau des gouttelettes et des gouttes de pluie peut être fortement surfondue et mener à la formation d'un rapide dépôt de glace sur les aéronefs. Les cumulonimbus donnent de grosses gouttes de pluie, du grésil ou de la grêle.
62
+
63
+ La classification des nuages date du XIXe siècle et était à l'origine purement visuelle. À cette époque il n'y avait ni radiosondage, satellite ou planeur. Depuis, de grands progrès ont été faits et à titre d'exemple les sondages atmosphériques (définissant la physique des nuages) sont de nos jours monnaie courante et aisément accessibles sur Internet, affichés sous forme de SkewTs, téphigrammes ou émagrammes.
64
+
65
+ La dernière version de l'Atlas international des nuages date de 1975 pour le premier volume et de 1982 pour le second mais contient le même classement[33],[34]. Ainsi, l'Atlas définit les cumulus comme étant des nuages de l'étage inférieur (i.e. leur base est généralement à moins de 2 km de hauteur) tandis que les altocumulus castellanus sont des nuages de l'étage moyen (i.e. leur base est entre 2 et 5 km). Cette définition fait fi de leur mode de formation et peut provoquer des confusions. Par exemple, en Arizona les cumulus formés par le réchauffement diurne peuvent avoir leur base à 4 km de hauteur à cause de l'air très sec en surface tandis que certains altocumulus castellanus peuvent avoir leur base à 2 km, voire moins (dans ce cas, ce sont des stratocumulus castellanus). C'est pourquoi des auteurs comme Scorer[35]
66
+ ou Corfidi[36]
67
+ plaident pour une définition physique des nuages. Ceci est aussi le cas pour les pilotes de planeur. Le même problème apparaît pour les cumulonimbus.
68
+
69
+ En 1976, la National Aeronautics and Space Administration américaine a d'ailleurs publié son propre classement qui place la structure physique devant la plage d'altitude pour les critères de définition des classes. Cinq familles ou catégories ont été identifiées : Cirriforme, cumuliforme, stratiforme, stratocumuliforme, et cumulonimbiforme[37].
70
+
71
+ Depuis le début de la Révolution industrielle, l'utilisation de combustible fossile ajoute humidité et particules dans l'atmosphère ce qui va servir à la formation de nuages. Ces nuages peuvent se développer seuls ou augmenter la production de la nébulosité naturelle[38]. Les nuages anthropogéniques, ou homogenitus selon l'Atlas international des nuages de 2017[28], sont ainsi des nuages artificiellement produits par l'activité humaine.
72
+
73
+ Le type de nuages anthropogéniques le plus courant est la traînée de condensation qui se forme à haute altitude dans le sillage des avions. La formation des traînées change l'albédo de l'atmosphère et l’augmentation du trafic aérien mondial produit ainsi un effet sur les échanges énergétiques de l'atmosphère, d'autant plus que le transport aérien tend à augmenter[39],[40],[41]. Ces traînées, par leurs impacts en termes d'effet de serre[42],[43],[44], doubleraient la responsabilité du trafic aérien en termes de contribution au réchauffement[45] (sachant qu'en 2010, les émissions provenant de l'aviation représentaient environ 3 % du total annuel des émissions de CO2 provenant des carburants fossiles)[45], augmentant ainsi une part qu'on estimait autrefois faible par rapport à d'autres modes de transport[46].
74
+
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+ Plus bas dans l'atmosphère, les usines, les centrales électriques au charbon et au pétrole, ainsi que les transports produisent localement beaucoup d'humidité et de particules. Même les centrales nucléaires et géothermiques produisent de l'humidité pour leur refroidissement. Dans des conditions d'air très stable, la production de stratus, de brouillard et de smog sera augmenté. Un exemple est celui des traînées de condensation de navires qui augmente l'albédo le long des couloirs maritimes.
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+
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+ Des nuages convectifs se forment aussi lors de feux de forêts (pyrocumulus) ou d'explosions (nuage en champignon). Finalement, les nuages artificiels peuvent aussi être produits volontairement. Les nombreuses expériences de modification du temps impliquent l'augmentation de la nébulosité ou sa diminution par divers moyens.
78
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+ Enfin les grandes villes créent aussi leurs propres nuages, comme le montrent l'imagerie satellitaire de conurbations comme celles de Londres et de Paris. Au printemps et en été ces zones sont toujours plus nuageuses l'après-midi et le soir (de plusieurs points de pourcentage) que ne le sont les zones rurales périphériques. Alors que l'évaporation est moindre en ville, l'empoussièrement et la chaleur y sont plus élevés et augmentent au cours de la journée. La chaleur forme des turbulences au dessus des villes, qui peuvent attirer l'air plus humide périphérique alors que les particules peuvent faciliter la nucléation de microgouttelettes dans l'air. On a aussi constaté que les Week-end présentent une météorologie différente[47].
80
+
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+ Les nuages nacrés sont des nuages qui se forment dans la stratosphère à une altitude située entre 15 000 et 25 000 mètres. Les nuages nacrés sont rares et se forment surtout l'hiver à proximité des pôles. Ils ont été décrits par l'astronome Robert Leslie dès 1885. Ils sont impliqués dans la formation de trous dans la couche d'ozone car ils supportent les réactions chimiques qui produisent des molécules de composés chlorés. Ces molécules servent de catalyseur à la réaction détruisant les molécules d'ozone.
82
+
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+ Les nuages noctulescents, aussi connus sous le nom de nuages polaires mésosphériques[48], nuages nocturnes lumineux[49] ou de nuages noctiluques[48], sont des formations atmosphériques de très haute altitude. Pour un observateur terrestre, ils se présentent comme de brillants nuages en forme de filaments ou de nappes, visibles durant le crépuscule profond c'est-à-dire le crépuscule astronomique. La plupart du temps, ces nuages sont observés durant les mois d'été entre les latitudes 50° et 70° au nord et au sud de l'équateur. Ils se trouvent entre 75 et 90 kilomètres d'altitude[49].
84
+
85
+ Dans les rapports météorologiques, les METAR, la nébulosité et l'opacité des nuages sont signalés. La nébulosité, ou couverture nuageuse, est la fraction du ciel couverte par les nuages d'un certain genre, d'une certaine espèce, d'une certaine variété, d'une certaine couche, ou d'une certaine combinaison de nuages. La nébulosité totale est la fraction du ciel cachée par l'ensemble des nuages visibles[50]. Les deux se mesurent en octas, soit le un huitième de la voûte céleste, ou en dixièmes.
86
+
87
+ L’opacité est la visibilité verticale à travers les nuages. Les nuages peuvent être minces et transparents comme les cirrus ou bloquer complètement la lumière.
88
+
89
+ La nébulosité et l'opacité sont estimées en général par un observateur, utilisant parfois des lunettes d'obscurité pour éviter les reflets. Cependant, la nébulosité peut être calculée par la fraction de l'heure où un célomètre enregistre des nuages. De façon alternative, la nébulosité totale peut être estimée par un instrument qui mesure E, l'éclairement sur une surface horizontale, par des estimations de la forme[51] :
90
+
91
+ L'état du ciel est la description de la nébulosité, de l'opacité, de la hauteur et du type de nuages, ainsi que les obstructions à la visibilité comme le brouillard, les précipitations ou la fumée, à un moment déterminé aux différents étages nuageux[52].
92
+
93
+ La nébulosité est cumulative, c'est-à-dire qu'elle est la fraction, en octats ou dixièmes de la voûte céleste, couverte par des couches situées à ce niveau et au-dessous. Par exemple, si une couche de nuages de l'étage bas couvre 3 octats, la couche rapporté au niveau moyen sera de 3 octats ou plus. L'opacité est rapportée de la même façon[53].
94
+
95
+ L'état du ciel total peut être décrit comme la somme des caractéristiques de la somme des couches de nuages et d'obstruction à visibilité où[54] :
96
+
97
+ Une couche doit être décrite comme « mince » lorsque les deux conditions suivantes s’y retrouvent[54] :
98
+
99
+ Les obstructions à la visibilité, les précipitations, la hauteur des couches, etc. seront ajoutées dans un rapport METAR de l'état du ciel.
100
+
101
+ La diffusion de la lumière par les gouttelettes des nuages selon la théorie de Mie se fait surtout vers la direction d'où vient la lumière et dans la direction où elle va, c'est la luminance du nuage[55]. Cette lumière provient, pour la plus grande part, directement de l'astre éclairant ou du ciel, mais une part appréciable peut provenir également de la surface terrestre. Ainsi, la blancheur des nuages est maximale lorsque l'observateur dirige son regard dans un axe aligné avec le soleil, soit dans le dos ou devant lui. À tout autre angle, il reçoit seulement une fraction de la luminosité. Naturellement, l'épaisseur et la densité du nuage (notion d'opacité précédemment évoquée) intervient également, d'où la base parfois extrêmement sombre des cumulonimbus.
102
+
103
+ La dispersion de la lumière à travers les cristaux de glace des cirrostratus, obéit quant à elle à la diffusion de Rayleigh qui est isotrope selon l'angle mais dépend de la longueur d'onde. C'est pourquoi on voit souvent des halos circulaires autour du soleil ou des parhélies (ou faux soleils) lorsque ce type de nuage s'interpose.
104
+
105
+ La Terre n'est pas le seul corps céleste à avoir une atmosphère où se forment des nuages. De façon générale, la plupart des planètes et lunes du Système solaire possédant une atmosphère importante ont des nuages, mais leur composition est souvent fort différente puisque leur atmosphère est formée de gaz variés. Ainsi par exemple, les nuages épais qui recouvrent Vénus sont formés de dioxyde de soufre, de vapeur d'eau et de gouttelettes d'acide sulfurique, alors que ceux de Jupiter et de Saturne sont faits d'ammoniaque à l'extérieur, de hydrosulfure d'ammonium au milieu et d'eau à l'intérieur[56],[57]. Des nuages semblent également avoir été détectés autour de planètes extrasolaires, et il est très probable que la plupart des planètes des autres systèmes planétaires en possèdent si elles ont une atmosphère, même si des planètes à l'atmosphère « transparente » (sans nuage) semblent également avoir été détectées, y compris des géantes gazeuses.
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+ La formation et la classification de ces nuages extraterrestres varient également avec la composition de l'atmosphère considérée.
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+ La Nintendo DS (ニンテンドーDS, Nintendō Dī Esu?, DS pour Dual Screen, Double Screen au Japon), est une console portable créée par Nintendo, sortie fin 2004 au Japon et en Amérique du Nord et en 2005 en Europe.
6
+
7
+ Elle est équipée de plusieurs fonctions auparavant rares, voire inédites dans le domaine du jeu vidéo portable, telles que deux écrans rétro-éclairés simultanément dont un écran tactile, un microphone, deux ports cartouche (un pour les jeux Nintendo DS, un autre pour les cartouches de jeu Game Boy Advance et les accessoires), deux haut-parleurs compatibles surround (virtuel), ou encore le Wi-Fi intégré, d'une portée de 10 à 30 mètres en LAN, permettant de connecter seize consoles entre elles, et de se connecter au Nintendo Wi-Fi Connection pour jouer en ligne.
8
+
9
+ En 2006, Nintendo commercialise la Nintendo DS Lite, un modèle révisé plus petite et légère de la console. En 2008, Nintendo lance la Nintendo DSi, nouvelle révision de la console avec de nouveaux ajouts, tels que la présence de deux caméras.
10
+
11
+ La Nintendo DS, avec ses différentes variantes, est aujourd'hui la console portable la plus vendue de tous les temps et la deuxième console la plus vendue en prenant en compte les consoles de salon[4], juste derrière la PlayStation 2 de Sony. Son jeu phare, New Super Mario Bros., est quant à lui l'un des jeux les plus vendus du monde.
12
+
13
+ À l'origine, l'idée était de mettre sur le marché une machine pour faire patienter les joueurs en attendant une nouvelle version de la Game Boy[5]. Le 13 novembre 2003, Nintendo a annoncé qu'il allait sortir une nouvelle console en 2004. Le 20 janvier 2004, la console a été annoncée sous le nom de code Nintendo DS (Developer's System). En mars 2004, le nom de code a été changé en Nitro. En mai 2004, le nom de code a été modifié pour revenir à Nintendo DS et la console a été dévoilée sous forme de prototype lors de l'Electronic Entertainment Expo (E3). Il s'agit d'un prototype présenté à seulement quelques journalistes avec des jeux tels que Metroid Prime ou encore Mario Kart en version préliminaire[6]. Elle reprend en partie le design de certaines Game and Watch. Le 28 juillet 2004, le nom définitif et l'aspect de la console sont dévoilés. DS veut désormais dire Dual Screen, le cadre noir cernant les écrans est supprimé et divers détails sont revus.
14
+
15
+ Dès son annonce, la Nintendo DS avait fait couler beaucoup d'encre. En tant que « petit frère » de la mythique Game Boy et ses dérivés (Color, Advance, SP, Micro), elle se devait d'être une console révolutionnaire dans sa manière de faire jouer son acheteur. Lorsque le caractère tactile de l'écran du bas fut dévoilé, ainsi que le fait que la console comporterait deux écrans au lieu d'un seul, la future née de la firme fut plébiscitée par les médias et le public pour son originalité et sa prise en main[7] (lors de sa première présentation où elle était jouable). L'utilisation des deux écrans n'est pas une première chez Nintendo puisque l'une de ses premières consoles portable, la Game and Watch version Multiscreen, comportait deux écrans, l'un tactile, et l'utilisation du Stylet.
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+
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+
19
+ Le prix de la Nintendo DS varie suivant le continent, 150 $ (environ 100 €) en Amérique du Nord, 15 000 ¥ (environ 100 €) au Japon.
20
+
21
+ À sa sortie en Europe le 11 mars 2005, elle coûte 150 €. Pour faire face à la concurrence (principalement la PlayStation Portable), Nintendo baisse le prix de sa console de 25 €. Son prix est donc passé à 125 €. La Nintendo DS Lite coûte 145 € à sa sortie en Europe.
22
+
23
+ La Nintendo DS se démarque également par les énormes succès de ses jeux. Au Japon, il s'agit de la console qui dispose du plus grand nombre de jeux ayant franchi le seuil des 5 millions d'exemplaires vendus (5 jeux : New Super Mario Bros., Pokémon Diamant et Perle, Pokémon Noir et Blanc, Animal Crossing: Wild World et More Brain Training) et 9 jeux Nintendo DS se classent parmi les 30 meilleures ventes du pays[27]. Au niveau mondial, la console connaît 6 titres dépassant les 15 millions d'exemplaires distribués, dont 3 qui dépassent les 20 millions. Nintendogs et New Super Mario Bros. sont respectivement les 4e et 5e meilleures ventes de l'histoire[28]. Fin 2010, elle devient la console la plus vendue de tous les temps, dépassant la PS2 et ses 140 millions d'exemplaires. Mais la deuxième console de salon de Sony a fini par la rattraper quelques mois plus tard avec 153,68 millions d'exemplaires. Néanmoins, la Nintendo DS regagnera son titre de console la plus vendue de tous les temps début décembre 2012 en re-dépassant la PS2. Désormais, la PS2 et la DS ne sont plus produites. La PS2 a repris son titre de console la plus vendue de tous les temps avec 157,68 millions d'unités vendues.
24
+
25
+ Liste des 10 jeux les plus vendus sur Nintendo DS :
26
+
27
+ En 2009, la production du premier modèle se termine[réf. nécessaire].
28
+
29
+ En 2011, la production du modèle Lite se termine marquant ainsi la fin définitive du support de la GameBoy Advance[réf. nécessaire].
30
+
31
+ En 2012, la production de la DSi se termine et seul le modèle XL continue d'être en production, c'est aussi en cette année que la DS (tous modèles confondus), devient la console la plus vendue au monde devant la PS2 dont la production s'est terminée le 30 novembre[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Fin avril 2013, Nintendo annonce dans un rapport financier la fin de la production du dernier modèle, la DSi XL. Ce même rapport indique en outre que la DS, toutes versions confondues, s’est écoulée à 153,87 millions d’exemplaires depuis son lancement, neuf ans plus tôt[30],[31].
34
+
35
+ Batterie au lithium-ion de 850 mAh pour 6 à 10 heures de jeu (avec le rétroéclairage).
36
+
37
+ Batterie au lithium-ion de 1000 mAh pour 15 à 19 heures de jeu avec la luminosité la moins forte, 5 à 8 heures de jeu avec la luminosité la plus forte.
38
+
39
+ Batterie au lithium-ion de 840 mAh pour 9 à 14 heures de jeu avec la luminosité la moins forte, 3 à 4 heures de jeu avec la luminosité la plus forte.
40
+
41
+ Batterie au lithium-ion de 1050 mAh pour 13 à 17 heures de jeu avec la luminosité la moins forte.
42
+
43
+ Les modifications par rapport à la Nintendo DS sont :
44
+
45
+ Note : La Nintendo DS Lite, avec ses 93,84 millions de ventes, est la console portable la plus vendue de tous les temps.
46
+
47
+ Deux objectifs sont disponibles (un intérieur et un extérieur) de 0,3 Mégapixel, un lecteur de cartes SD, un navigateur Web Nintendo DSi Browser intégré et un lecteur audio supportant uniquement le format AAC. Les photos prises peuvent être modifiées à l'aide de l'écran tactile et sauvegardées sur une carte SD.
48
+
49
+ Le Nintendo DSi possède aussi une mémoire interne, afin de télécharger divers programmes via le DSiWare à l'aide des Nintendo Points.
50
+
51
+ Le design du Nintendo DSi est très similaire à celui du Nintendo DS Lite et les jeux du Nintendo DS et du Nintendo DS Lite sont compatibles mais plus ceux de la Game Boy Advance. En effet, afin de rendre la console plus fine et plus légère que la Nintendo DS Lite (la console perd 12 % de sa masse et 2,6 mm d'épaisseur) et pour réduire les coûts de production, l'emplacement pour cartouches Game Boy Advance a été supprimé.
52
+
53
+ Connue au Japon sous le nom de Nintendo DSi LL (ニンテンドーDSi LL?), elle dispose de deux écrans, dont un tactile, de 4,2 pouces contre les 3,25 pouces de ceux de la Nintendo DSi. Elle est destinée à donner à ses utilisateurs un meilleur confort visuel. Ses écrans ont une diagonale 30 % plus grande que ceux d'une Nintendo DS Lite (la surface augmente de 93 %, soit presque le double).
54
+
55
+ Néanmoins la définition d'écran reste la même que sur les anciennes Nintendo DS, et il apparaît parfois, sur certains jeux, des pixels un peu plus visibles : 100 livres classiques et Pokémon version Noire et Blanche par exemple.
56
+
57
+ Un nouveau stylet, plus gros, en forme de stylo est fourni à l'achat. La Nintendo DSi XL est disponible en 2 coloris à sa sortie : bordeaux et chocolat. Plus tard, elle sera disponible en 5 autres coloris : bleu foncé, bleu, jaune, rouge et vert.
58
+
59
+ À l’automne 2010, à l'occasion du 25e anniversaire de Mario, Nintendo a proposé une Nintendo DSi XL de couleur rouge en édition limitée[33].
60
+
61
+ La console pèse désormais 310 grammes soit environ 100 grammes de plus que la Nintendo DSi et la Nintendo DS Lite et 40 grammes de plus que la première Nintendo DS.
62
+
63
+ Nintendo DS :
64
+
65
+ Nintendo DS Lite :
66
+
67
+ Nintendo DSi :
68
+
69
+ Nintendo DSi XL (LL au Japon) :
70
+
71
+ Grâce à la rétrocompatibilité, la Nintendo DS et la Nintendo DS Lite bénéficient également de la ludothèque de la Game Boy Advance mais, la console ne possédant pas de port link, le multijoueur n'est pas possible. Les jeux Game Boy et Game Boy Color ne sont pas compatibles, comme la Game Boy Micro.
72
+
73
+ PictoChat est la contraction de pictogramme et de chat. Le PictoChat permet, grâce à la communication sans fil Nintendo DS, de communiquer grâce à un clavier virtuel et une possibilité de dessiner dans la fenêtre de conversation. Ce logiciel de chat est inclus dans toutes les versions de la Nintendo DS et ne nécessite pas d'achat de cartouche supplémentaire. Elle permet aussi de discuter avec plusieurs personnes en même temps.
74
+
75
+ Fort d'une longue expérience (les Game Boy communiquaient déjà grâce à un câble en 1989), Nintendo a cette fois-ci implanté sur la plupart de ses jeux la possibilité de jouer en réseau sans fil en Wi-Fi. Avec une seule carte, il est possible de jouer à plusieurs. En effet, les autres consoles sans cartouche téléchargent la version multijoueur du jeu présent dans la cartouche principale, ce qui accroît les possibilités de jeu à plusieurs. Toutefois, les jeux à une seule cartouche sont quelquefois limités par rapport aux modes où chaque participant possède une cartouche, et la Nintendo DS n'accepte que la sécurité de réseau WEP, de moins en moins utilisé pour sa faible sécurité et sa mauvaise réputation.
76
+
77
+ Des réunions de joueurs se sont d'ailleurs développées dans le but d'utiliser la capacité de leur console portable en mode multijoueur. Ces réunions sont présentes un peu partout en France sous l'appellation « DS in » suivie du nom de la ville de rencontre. En effet, la console de Nintendo permet à un nombre variable de joueurs (de 2 à 16) de jouer avec une seule cartouche et sans fil (via le Wi-Fi). Par extension, ces rendez-vous sont devenus l'occasion d'essayer de nouveaux jeux, de parler d'applications ou d'affronter des adversaires via des tournois. Le record officiel (validé par un représentant du Livre Guinness des records) a réuni exactement 381 personnes et leurs Nintendo DS lors d’un évènement qui s’est déroulé le 12 octobre 2007 en Australie, le DS in Parramatta[36].
78
+
79
+ Plusieurs accessoires se placent dans le port GBA de la Nintendo DS :
80
+
81
+ D'autres accessoires sont inclus dans certains jeux, notamment au Japon (stylet rose dans Touch! Kirby's Magic Paintbrush, stylet jaune dans Pac-Pix, dragonne et stylet dans Gyakuten Saiban, etc.).
82
+
83
+ Quelques accessoires non officiels sont sortis :[réf. nécessaire]
84
+
85
+ La Nintendo DS peut être reliée à la Wii, pour le téléchargement de données, le jeu en ligne ou pour servir de manette auxiliaire via la Connexion Wi-Fi Nintendo. Le système de jeu sur internet est assuré par GameSpy, une filiale d'IGN.
86
+
87
+ La Download Station DS est un kiosque de démonstration lancé en 2006. Comme leur nom l'indique, ces kiosques sont utilisés pour télécharger des démonstrations et des vidéos sur Nintendo DS. Les jeux peuvent être téléchargés dans le menu « Téléchargement » présent sur la Nintendo DS, menu qui permet de choisir la Download Station à utiliser (s'il y en a plusieurs). Son utilisation se fait via un simple menu qui s'occupe de télécharger facilement les démos choisies par l'utilisateur. Les démos disparaissent une fois la console éteinte.
88
+
89
+ La Download Station n'est actuellement rien d'autre que des consoles DS classiques disponibles dans le commerce, enfermées dans une boite avec une cartouche spéciale « DS Download Station » insérée à l'intérieur. Les cartouches font office de serveur pour les clients qui téléchargent de nouvelles démo ou vidéos. Quand Nintendo actualise ses cartouches de démo chez les revendeurs, il leur suffit de changer la cartouche d'une DS contenue dans le coffret. Une Download Station ne peut distribuer qu'une seule démo ou vidéo à la fois, mais il est possible de connecter 15 personnes à la fois. Lorsque deux personnes téléchargent la même démo, un système de peer-to-peer se met en place, la première personne à télécharger la démo transmet une copie de ce qu'elle télécharge à l'autre personne. Si deux personnes téléchargent deux démos différentes, la deuxième personne doit attendre que la première personne ait fini de télécharger.
90
+
91
+ Les versions américaine et européenne sont complètement différentes des versions japonaises, qui utilisent 3 ordinateurs connectés entre eux.
92
+
93
+ La borne européenne contient un routeur D-link modifié en usine, et un Firmware modifié. Grâce à cela, n'importe quelle DS qui essaie de se connecter à internet (avec ou sans paramètre Wifi) est immédiatement reconnue ; le routeur empêche toute connexion d'appareil wifi qui n'est pas Nintendo.
94
+
95
+ Ce routeur a eu aussi pour but de fonctionner comme serveur de démo dynamique. Il devait permettre à Nintendo de distribuer facilement de nouvelles démos ou de nouveaux contenus sans passer par la distribution de nouvelles cartouches. Le projet fut abandonné à cause de la disparité des Download Station qui étaient connectées à internet, et les mesures de sécurités contraignantes engagées par Nintendo. Chaque borne Wifi devait avoir une IP déclarée aux serveurs de Nintendo Europe par une personne habilitée. Cette contrainte a rendu l'utilisation autonome quasi impossible et son coût plus élevé que de simples cartouches. il s'agissait de l’ancêtre du Nintendo Zone.
96
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+ Comme toutes les précédentes consoles portables produites par Nintendo, la Nintendo DS n'échappe pas aux hackers. De nouveaux linkers sont apparus pour répondre aux spécificités de la console. Ces accessoires non officiels permettent l'utilisation de homebrews ou de copie de sauvegarde de jeux officiels. Cette dernière utilisation est bien sûr comparable à d'autres formes de piratage.
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+ Au niveau technique, les derniers linkers, ceux utilisant le slot 1 (emplacement permettant de jouer avec une cartouche originale) de la console, prennent la forme d'une cartouche Nintendo DS classique. Ces linkers contiennent soit de la mémoire flash interne soit un lecteur de carte SD (mini ou micro).
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+ Ces linkers permettent également de pallier les manques de la console. De nombreux développeurs créent des homebrews, des petits programmes qui s'exécutent sur la console au même titre qu'un jeu par exemple. Le homebrew le plus célèbre pour la Nintendo DS est sans conteste MoonShell, qui permet la lecture de fichiers audio ou vidéo, mais aussi des images et des fichiers textes.
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+ Ces linkers et homebrews fonctionnent en prenant le contrôle du système de la Nintendo DS. On peut d'ailleurs s'en rendre compte, vu que l'écran habituel de la Nintendo DS n'apparaît pas.
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+ Nintendo a porté plainte début décembre 2007 contre les revendeurs de ces linkers sur le sol français. Certains magasins voient alors leurs stocks saisis[37]. Le 3 décembre 2009, une décision de justice est prise en faveur du site Divineo, qui échappe à l'interdiction de vente de linkers. Nintendo annonça sa volonté de faire appel de la décision du tribunal dès le lendemain[38].
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+ Chiffres Nintendo de fin de commercialisation[2] :
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+ La Nintendo Entertainment System, par abréviation NES, également couramment appelée Nintendo en France[3],[4],[5], est une console de jeux vidéo de génération 8 bits fabriquée par l'entreprise japonaise Nintendo et distribuée à partir de 1985 (1987 en Europe). Son équivalent japonais est la Family Computer (ファミリーコンピュータ, Famirī Konpyūta?), ou Famicom (ファミコン, Famikon?), sortie quelques années avant, en 1983. En Corée du Sud, la NES porta le nom de Hyundai Comboy (컴보이) et en Inde, celui de Tata Famicom.
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9
+ La console connut un succès mondial, ce qui aida à redynamiser l'industrie du jeu vidéo après le krach du jeu vidéo de 1983, et ce qui fixa les normes pour les consoles suivantes, du game design aux procédures de gestion.
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11
+ Super Mario Bros. fut le jeu le plus vendu sur la console. Son succès fut tel que ce jeu justifiait bien souvent l'achat de la console à lui tout seul, devenant ainsi un killer game.
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+ La Nintendo Entertainment System est la 12e console de jeux vidéo la plus vendue de tous les temps avec 61,91 millions d'unités vendues.
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15
+ L'histoire de la NES commence au Japon en 1981. Sa longévité est la plus importante de toutes les consoles (devant l'Atari 2600 et la PlayStation). Au total, 1 251 jeux ont été développés pour la console, tous continents confondus[6].
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17
+ Après avoir rencontré le succès avec une série de jeux d'arcade au début des années 1980, Nintendo planifia dès novembre 1981[7] la production d'une console de salon à cartouches interchangeables, un dispositif non inclus sur les Color TV Game. Par souci d'économie, la première Famicom était rouge car le plastique rouge était le moins cher de tous à l'époque[8]. Sa conception commence en 1981 sous le nom de code Young Computer (Ordinateur Jeune). À cette époque, le président Hiroshi Yamauchi déclare à ses employés qu'il voulait une console dont les performances seront telles que la concurrence ne pourrait ni la copier, ni l'égaler avant au moins trois ans[7]. De plus, elle devrait coûter moins de 10 000 ¥. Masayuki Uemura et son équipe conçoivent le système en faisant preuve d'ingéniosité et en économisant sur le moindre détail pour arriver aux exigences du président.
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+
19
+ Après deux ans de travail, elle sort au Japon le 15 juillet 1983 pour 14 800 ¥, accompagnée de trois portages de jeux d'arcade à succès de Nintendo : Donkey Kong, Donkey Kong Jr. et Popeye. La barre des 10 000 ¥ est dépassée, mais elle reste la machine la moins chère de l'époque, et en prime la plus puissante du marché. Les débuts de la Famicom (Family Computer) sont plutôt difficiles : pendant les premières semaines, beaucoup ont critiqué la console en la jugeant peu fiable, sujette à des anomalies de fonctionnement et à de gros ralentissements. Après le rappel du produit et sa réédition avec une nouvelle carte mère, la popularité de la Famicom grimpe. Contre toute attente, elle est vendue à 500 000 exemplaires en deux mois, devenant la console la mieux vendue au Japon vers la fin de l'année 1984[9]. Encouragé par ce succès, Nintendo tourne bientôt son attention vers le marché nord-américain. En parallèle, à la fin des années 1980, un foyer japonais sur trois est équipé de la Famicom[10], et Nintendo est l'entreprise japonaise la plus rentable, devant Toyota[11]. Nintendo vendait la Famicom à prix coûtant, ne jugeant pas nécessaire de gagner de l'argent dessus. Tous leurs bénéfices provenaient donc des jeux[12]. En 2010, la console compte 39 titres dépassant le million d'exemplaires vendus[6].
20
+
21
+ Nintendo ne se sentant pas de taille pour concurrencer Atari, à une époque où Atari et jeu vidéo étaient pour ainsi dire synonymes, fait appel à eux pour la distribution de la console en Amérique, et commence les négociations, notamment pour la nommer « Nintendo Video Gaming System ».[réf. nécessaire] Atari refuse l'affaire[source insuffisante][13], ayant déjà engagé le développement de la future Atari 7800[14] qui succédera à l'Atari 2600.
22
+
23
+ En 1983 survient le krach du jeu vidéo. Les consoles attirent alors beaucoup moins, le public se tournant vers les ordinateurs familiaux. Dans ce contexte morose, Nintendo pense alors ajouter à sa console un clavier, un enregistreur de cassettes, une manette de jeu sans fil, un joystick, ainsi qu'une cartouche spéciale BASIC. Le tout est rebaptisé « Nintendo Advanced Video System ». Bien qu'ayant été officiellement présentés au CES de 1984, ces ajouts seront abandonnés[15]. Finalement, Nintendo dévoila sa version américaine de la Famicom en juin 1985 au Summer Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas. Avec un aspect plus « tendance » et son nouveau nom, la Nintendo Entertainment System (NES) s'est avéré aussi populaire en Amérique que la Famicom au Japon. Au départ, seuls 50 000 exemplaires sont mis en vente, uniquement à New York, et se vendent rapidement. Devant le succès de ce test, la compagnie approvisionne de nouveaux stocks dans tout le pays. La NES joua un rôle majeur dans la redynamisation de l'industrie du jeu vidéo, affaiblie par le krach du jeu vidéo de 1983. Nintendo commence le 18 octobre 1985 à vendre en dehors des États-Unis, et en février de l'année suivante, c'est tout le nord de l'Amérique qui est approvisionné[16]. Nintendo sort simultanément dix-huit titres de lancement[17] : 10-Yard Fight, Baseball, Clu Clu Land, Donkey Kong Jr. Math, Duck Hunt, Excitebike, Golf, Gyromite, Hogan's Alley, Ice Climber, Kung Fu, Mach Rider, Pinball, Stack-Up, Super Mario Bros., Tennis, Wild Gunman, et Wrecking Crew[18].
24
+
25
+ Pour le restant de la décennie, Nintendo devint le leader incontesté des marchés américains et japonais du jeu vidéo, et ses jeux établirent de nouveaux records de vente. Cependant, la console n'était pas encore implantée dans le reste du monde occidental. Ainsi, en Europe et en Australie, elle sortit dans deux régions séparées de vente, la « A » et la « B »[19]. La distribution dans la région « B », se composant de la majeure partie du continent européen, est le travail de différentes compagnies, Nintendo étant responsable de la plupart des sorties de cartouches. La console sort en 1986 pour la région « B ». Mattel se charge de la distribution pour la région « A », comprenant le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Italie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, à partir de 1987. À partir de 1990, une branche européenne de Nintendo assure la distribution dans l'ensemble de l'Europe[20]. Au même moment, Sega concurrence la console de Nintendo avec sa Master System également dans de nombreux pays du monde. Mais en dépit de cette dernière, la NES est devenue en 1990 la console la plus populaire de l'histoire du jeu vidéo[21], Nintendo estimant en avoir vendu 62 millions d'exemplaires, et 500 millions de jeux à travers le monde[22]. La NES n'est pas disponible en Union soviétique[23].
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27
+ La NES devait initialement être commercialisée en septembre 1987 en même temps que la Master System[24] mais la livraison par bateau venant du Japon prit du retard[25]. Elle ne sera ainsi commercialisée que vers la fin octobre 1987[1] et distribuée par ASD. La France reçoit du Japon 40 000 consoles pour son lancement[25], mais il ne s'en écoulera que 10 000 en cette fin d'année 1987[1]. La console sort en deux bundles : un avec Super Mario Bros. et un autre avec Gyromite et son Robot ainsi que Duck Hunt et son Zapper gris[25]. 27 jeux accompagnent le lancement[26] et un total d'une trentaine seront disponibles d'ici Noël 1987. Elle est vendue en France à 1 490 francs, ce qui est un peu plus cher que les 199,99 $ affichés aux États-Unis en 1985 (sachant que 1 $ est environ égal à 0,80 € en 1986, 199,99 $ font environ 160 €, soit 1 050 francs en 1987)[27]. La différence de prix entre la NES et la Famicom est due aux coûts d'exportation et aux différences matérielles des deux consoles.
28
+
29
+ Le premier article de presse français pour la NES française se trouve dans le Science et Vie Micro de juillet-août 1987. La première publicité télévisée pour la NES en France date de décembre 1987. En janvier 1988, Bandaï reprend la distribution à ASD, qu'elle aurait dû avoir dès avril 1987[28]. ASD aura fait perdre un temps précieux à Nintendo pour implanter sa NES en France face à sa concurrente la Master System de Sega : lancement en octobre au lieu d'avril et faibles ventes (entre 10 000 et 40 000). Bandaï en profite pour lancer une dizaine de nouveaux jeux[29] et faire passer le prix du bundle avec Super Mario Bros. de 1190 FF à 990 FF[30]. En 1988, il ne se vendra que 33 000 consoles et 45 000 jeux[30]. La base installée de la NES est donc de 43 000 à la fin 1988. Le jeu le plus attendu de l'histoire de la NES en France sera, et de loin, d'après la hotline de Nintendo, Zelda II: The Adventure of Link, qui bénéficiera ainsi de la plus grosse campagne publicitaire pour un jeu NES en France, suivi par Super Mario Bros. 3 et TMNT[31]. Super Mario Bros. 3 sera l'un des plus gros succès de la NES en France[31].
30
+
31
+ La base installée passe le million à la mi-1991[32] et atteint 1,8 million au 31 décembre 1993[32]. Le pic de ventes de la NES en France est atteint en 1991 avec 697 000 consoles vendues, les ventes de NES s'effondreront à la sortie de la Super Nintendo en avril 1992. Nintendo n'avait prévu de sortir sa 16-bits Super Nintendo en France qu'en septembre 1992 mais devant la pression de la concurrence, à savoir Sega et sa 16-bits MegaDrive sortie en septembre 1990, Nintendo la sort à la hâte en avril. La décision fut peut-être bonne pour la guerre des 16-bits mais on peut se demander si la NES n'a pas été tuée trop vite en France avec la sortie de sa remplaçante 16-bits, en 1991 les ventes de NES étaient au plus haut et ne montraient aucun signe de ralentissement. Au total il se vendra 6 millions de jeux sur la NES française[33], bundles inclus, ce qui ne fait que 3 jeux par console (à comparer aux 12 jeux par console au Japon et sans bundles).
32
+
33
+ Durant le début des années 1990, les fabricants remplacent leurs consoles par des systèmes à 16 bits, technologiquement supérieurs, comme la MegaDrive de Sega (connue sous le nom de Sega Genesis en Amérique du Nord). La fin de la domination de la NES est due notamment à sa propre succession, la Super Nintendo Entertainment System (SNES). Nintendo continue de soutenir la NES pendant la première moitié de la décennie, hors Europe, sortant même une nouvelle version de la console en 1993, la Famicom AV (ou Family Computer AV) au Japon et la Nintendo Entertainment System Top Loader (ou NES 2) en Amérique, pour la rajeunir et corriger quelques erreurs de conception[14]. En 1995, en raison de ventes déclinantes et du manque de nouveaux jeux, Nintendo of America arrête officiellement la distribution de la console. Malgré cela, Nintendo of Japan continue de produire le nouveau modèle de la Famicom, jusqu'à ce que la compagnie arrête officiellement sa production en octobre 2003. Les développeurs ont donc cessé la réalisation de jeux pour la NES, mais un certain nombre de franchises et de séries de grandes qualités ont été adaptées sur de nouvelles consoles et restent populaires à ce jour. Super Mario Bros., The Legend of Zelda, et Metroid de Nintendo sont des franchises qui ont fait leurs débuts sur la NES, de même que Mega Man de Capcom, que la série des Castlevania de Konami, et celle des Dragon Quest de Enix et des Final Fantasy de Square Soft.
34
+
35
+ Un marché de collectionneurs s'est développé dans les années suivant la « mort » officielle de la NES en occident, à partir de magasins spécialisés, de brocantes à domicile et de marchés aux puces, faisant redécouvrir la NES à de nombreux joueurs. Couplée à la croissance de l'émulation, la fin des années 2000 est presque un deuxième âge d'or pour cette console.
36
+
37
+ Le 14 juillet 2016, Nintendo annonce la sortie de la Nintendo Classic Mini: Nintendo Entertainment System, une version modifiée de la console d'origine avec quelques différences notables : une taille réduite, une connexion HDMI, des connecteurs identiques à une wiimote, une version modifiée de la manette d'origine ne se différenciant de cette dernière que par la connectique.
38
+
39
+ Trente jeux pré-installés accompagnent la console (Balloon Fight, Bubble Bobble, Castlevania, Castlevania II: Simon's Quest, Donkey Kong, Donkey Kong Jr., Double Dragon II: The Revenge, Dr Mario, Excitebike, Final Fantasy, Galaga, Ghosts'n Goblins, Gradius, Ice Climber, Kid Icarus, Kirby's Adventure, Mario Bros., Mega Man 2, Metroid, Ninja Gaiden, Pac-Man, Punch-Out!! Featuring Mr Dream, StarTropics, Super C, Super Mario Bros., Super Mario Bros. 2, Super Mario Bros. 3, Tecmo Bowl, The Legend of Zelda et Zelda II: The Adventure of Link).
40
+
41
+ Aucun port cartouche n'est présent sur la console et il n'est pas possible d'ajouter de nouveaux jeux à la console. La console sort le 12 novembre 2016 en Europe au prix de 60 euros, tandis que les manettes supplémentaires sont proposées à 10 euros[34],[35]. Au Japon, Nintendo propose la Nintendo Classic Mini: Family Computer à partir du 10 novembre avec une liste de jeux légèrement différentes de la version NES Mini[36].
42
+
43
+ Bien que n'étant pas une nouvelle console à proprement parler, la NES Mini s'est illustrée par d'excellents résultats de ventes, dépassant même ceux de la Wii U durant la même période. Selon NPD Group, la console se serait écoulée en novembre 2016 aux États-Unis à 196 000 unités[37].
44
+
45
+ La plateforme technique n'ayant pas subi de changements, la puissance de la console est restée la même par rapport au modèle original, cependant et malgré tout, les composants utilisés à l'intérieur de la console sont totalement différents, d'abord parce que la taille relativement petite du nouveau modèle impose d'utiliser des composants et circuits moins grands qu'auparavant, mais aussi par souci d'âge, le modèle original étant sorti il y a plus de trente ans, il serait impossible de produire les mêmes composants électroniques de l'époque. Les manettes sont pratiquement les mêmes, mis à part une sensation en main légèrement améliorée, les contrôleurs gardant absolument le même design emblématique et n'ayant pas subi de miniaturisation quant à leur taille, contrairement à la console.
46
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+ Durant toute son existence, la NES est distribuée dans des paquetages promotionnels. La console reste la même, ainsi que son câble Péritel RVB, que son câble d'alimentation et que ses deux manettes, mais chaque paquetage est empaqueté avec des jeux et des accessoires différents.
48
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49
+ Pour sa sortie en Amérique du Nord, la NES est distribuée dans deux paquetages différents. Le premier, le Control Deck, est vendu à 199.99$ (157 €) et comprend le jeu Super Mario Bros.[38]. Le second paquetage, le Deluxe Set, est vendu à 249,99 $ (196 €) et est constitué d'un R.O.B., d'un NES Zapper et de deux jeux : Duck Hunt et Gyromite[39].
50
+
51
+ Durant le reste de la durée de vie commerciale de la NES en Amérique du Nord, Nintendo a fréquemment ressorti la console dans de nouveaux paquetages promotionnels, pour profiter de nouveaux accessoires ou de jeux populaires. Ainsi le NES Action Set, un paquetage sorti en novembre 1988 à 199,99 $ (157 €), remplace les deux premiers paquetages. Il comprend le NES Zapper et une version multicartouche de Super Mario Bros. et Duck Hunt[38]. L'Action Set devint le plus vendu des paquetages promotionnels sortis par Nintendo. En décembre 1988, pour coïncider avec la sortie du Power Pad, Nintendo distribue le paquetage Power Set, comprenant l'Action Set, le Power Pad et l'ajout du jeu World Class Track Meet sur la multicartouche[40]. Le même mois sort également le paquetage NES Sports Set, incluant un NES Satellite, quatre manettes de jeu et une version multicartouche des jeux Super Spike V'Ball et Nintendo World Cup[41].
52
+
53
+ Deux autres paquetages promotionnels contenant le modèle original de la NES furent commercialisés : le Challenge Set, qui inclut le titre Super Mario Bros. 3, et le Bundle Basic Set, incluant uniquement la console, ses câbles et les deux manettes[42]. D'autres paquetages promotionnels voient également le jour en Europe, reprenant le contenu du Basic Set, en y ajoutant un jeu, comme le paquetage Tortues Ninja qui contient le jeu Teenage Mutant Hero Turtles[43],[44].
54
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55
+ Enfin, avec la mise sur le marché de la NES 2, Nintendo produit un nouveau paquetage promotionnel appelé Control Deck, comprenant le nouveau modèle de la NES, deux manettes de jeu refaites et une version multicartouche des jeux Final Fantasy I et Final Fantasy II. Sorti en octobre 1993, ce dernier paquetage est vendu 49,99 $ (39 €) et reste en production jusqu'à la fin de la NES. Il s'en est vendu un million d'exemplaires[39],[14].
56
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57
+ La manette de jeu utilisée par la NES et la Famicom a l'apparence d'une brique, avec quatre boutons disposés simplement : deux boutons ronds appelés « B » et « A », un bouton « Start » et un bouton « Select ». Elle dispose également d'un D-pad, conçu par un employé de Nintendo, Gunpei Yokoi, pour leurs consoles Game and Watch, remplaçant les joysticks plus encombrants présents sur les manettes de l'époque. Il est également possible que la manette de la NES et de la Famicom ait été directement influencée par la manette de la console Vectrex sortie en 1982. Ces manettes se ressemblent fortement : un D-pad et un joystick analogique du côté gauche, et quatre boutons horizontalement disposés du côté droit. En raison de sa forme, la manette de jeu de la NES 2 était surnommée aux États-Unis « dogbone » (littéralement « os de chien »)[45].
58
+
59
+ La Famicom utilise deux manettes de jeu, qui sont câblées au dos de la console. La seconde manette est privée des boutons « Start » et « Select », mais dispose d'un petit microphone. Relativement peu de jeux se sont servis de ce dispositif. Les premières unités produites de Famicom avaient des boutons « B » et « A » carrés et en caoutchouc. Ils ont été rapidement remplacés par des boutons circulaires en plastique solide, car les boutons carrés restaient coincés dans la coque de la manette une fois enfoncés. La NES utilise deux manettes de jeu branchables, à insérer dans des ports 7 broches (pins) sur le devant de la console. Les boutons « Start » et « Select » sont présents sur les deux manettes de la NES, et le microphone a été retiré. Le reste de la manette reste identique à celui de la Famicom.
60
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61
+ D'autres accessoires, faisant parfois office de gadgets, ont été conçus pour la console, utilisés dans des jeux leur étant spécifiques, comme le NES Zapper, le Power Pad, le R.O.B. ou le Power Glove. La Famicom dispose d'un port d'extension D-sub sur le devant de la console, auquel peuvent être raccordés de nombreux appareils auxiliaires. Sur la NES, ces accessoires sont généralement branchés sur l'un des deux ports à l'avant de la console, à la place d'une manette traditionnelle.
62
+
63
+ Avec la sortie de la Famicom AV et de la NES 2, le manette principale a été relookée : il s'agit de la manette « Dogbone ». Bien que la disposition originale des boutons ait été maintenue, la manette dispose d'une meilleure ergonomie, proche de la manette de la Super Nintendo. Elle est compatible sur toutes les consoles NES du monde (exceptée la première Famicom). À noter que les manettes NES originales sont tout à fait compatibles avec la Famicom AV et la NES 2.
64
+
65
+ Ces dernières années, la manette originale de la Famicom est devenue un des symboles de la console. Nintendo a d'ailleurs imité plusieurs fois l'aspect visuel de la manette sur de récents produits, comme pour la Game Boy Advance SP Famicom 20th Anniversary, en édition limitée.
66
+
67
+ Afin de limiter artificiellement l'importation des jeux, Nintendo sépare le marché mondial en quatre parties : les régions « A » et « B » de l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie. De ce fait, presque toutes les cartouches de la NES possèdent un code, inscrit à l'avant de la coque. Ces codes sont du type « NES-xx-YYY ». Les « xx » constituent un identifiant (ID) unique pour chaque jeu. L'ID peut être constitué de deux lettres, ou d'une lettre et d'un chiffre (par exemple, « CV » pour Castlevania et « B2 » pour Bubble Bobble). Les « YYY » sont l'ID d'un pays ou d'une zone de distribution. Il est constitué uniquement de lettres (par exemple « USA », « EEC » ou « FRA »). En Europe notamment, de nombreux jeux sont sortis sous plusieurs versions dans un même pays, en conséquence de ce codage.
68
+
69
+ Les cartouches japonaises sont de couleurs, de formes et de tailles différentes, et arborent souvent des dessins typés manga. Les emballages sont également de couleurs et de tailles différentes, contiennent une notice illustrée en couleur, et sont généralement remplis de cadeaux en tous genres, tels que des autocollants ou des cartes collector. Les emballages occidentaux ont quant à eux une apparence standardisée. Les cartouches sont grises (hormis certaines versions de The Legend of Zelda et Zelda II qui sont dorées) et de grand format. Les notices sont plus petites, en couleurs pour celles de Nintendo mais mal traduites et monochromes pour les jeux d'éditeurs tiers. Les boîtes au format A5 ne servent que d'emballage[46].
70
+
71
+ Il existe également des cartouches pirates, qui sont principalement apparues sur le marché asiatique et qui contiennent en général un grand nombre de jeux, pouvant dépasser parfois les cent titres. Sur ces cartouches se trouvent des jeux licenciés piratés, des copies plus ou moins bonnes de jeux populaires, de nombreux jeux techniquement dépassés, beaucoup de jeux de cartes, de puzzles et autres, et parfois des jeux inconnus mais de très bon niveau. On trouve aussi sur le marché des cartouches de tests et autres prototypes, utilisés par les développeurs pendant leurs travaux. Elles sont signées à la main directement sur la coque. Ce genre de cartouches est très recherché par les collectionneurs.
72
+
73
+ Les cartouches de la NES ont trois composants principaux : de la mémoire ROM qui contient le programme, une autre puce de ROM (ou de RAM) pour les graphismes, et une puce d'authentification nommée 10NES, qui permet de communiquer avec la console pour valider l'authenticité du jeu (afin que seules les cartouches fabriquées par Nintendo puissent fonctionner). Normalement, la mémoire ROM du programme est limitée à 32 ko, et la mémoire ROM (ou RAM) des graphismes à 8 ko. Mais en modifiant les composants électroniques à l'intérieur de la cartouche, il est possible pour les programmeurs de « personnaliser » les cartouches pour leur ajouter les possibilités qu'ils désirent.
74
+
75
+ Au départ, des circuits intégrés logiques simples vont permettre aux programmeurs d'avoir plus de ROM en faisant du bankswitching, c'est-à-dire en jonglant entre plusieurs banques de mémoires en changeant les lignes du bus d'adresses de poids fort. Cependant Nintendo va vite se mettre à fabriquer ses propres circuits intégrés pour avoir accès à de meilleures fonctionnalités. Ces puces sont les MMC (on dit que MMC veut dire Multi Memory Controller, ou Memory Management Controller, mais ce ne sont là que des rumeurs) et il en existe plusieurs versions.
76
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77
+ Il y a également d'autres puces, fabriquées par d'autres programmeurs que Nintendo, notamment la série des VRC de Konami, le FME-7 de Sunsoft ou le N106 de Namco. Elles ne sont utilisées que dans les jeux Famicom japonais.
78
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79
+ Bien que la Famicom japonaise et la NES internationale aient inclus essentiellement le même matériel, il y avait des différences majeures entre les deux systèmes :
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81
+ Quand Nintendo a sorti la NES aux États-Unis, l'apparence de celle-ci était délibérément différente de celle des autres consoles de jeu. Nintendo a voulu distinguer son produit de ceux des concurrents, et éviter la réputation généralement pauvre que les consoles avaient acquise après le krach du jeu vidéo de 1983. Un des résultats de ce parti pris est le port cartouches horizontal à l'avant de la console, reposant sur un socket ZIF. Le connecteur ZIF fonctionne très bien quand les cartouches et lui-même sont propres, et que les broches du connecteur sont nouvelles. Malheureusement, le connecteur ZIF n'est pas véritablement zero insertion force (littéralement, force d'insertion nulle). Quand un joueur insère une cartouche dans la NES, la force appuyant la cartouche dans son port plie légèrement les broches de contact. L'insertion et le déplacement répétés des cartouches usent rapidement les broches, et le ZIF se montre en fait bien plus vulnérable à la saleté et la poussière qu'un connecteur standard industriel. Ces problèmes viennent du choix de Nintendo à propos des matériaux utilisés : le connecteur ZIF du port cartouche est fait d'un alliage bon marché qui est fortement sujet à la corrosion. De plus, des accessoires comme la cartouche de cheat (triche) Game Genie ont tendance à aggraver ce problème, en pliant volontairement les broches du port cartouches pendant une partie.
82
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83
+ Il se présentait également un problème avec la puce d'authentification 10NES : il concerne les clignotements répétés de la diode rouge, dont le rôle normal est d'indiquer si la console est éteinte ou allumée. La puce d'authentification exige une synchronisation précise afin de permettre au système de démarrer. L'encrassement, le vieillissement et les connecteurs pliés perturbent souvent la synchronisation, ce qui a pour effet de faire clignoter la diode et bloquer le démarrage du jeu. Les techniques des joueurs pour résoudre ce problème sont plutôt nombreuses, mais les trois plus connues sont de nettoyer les broches de la cartouche au moyen d'alcool pharmaceutique et de cotons tiges (marche aussi avec de l'eau), de souffler sur les connecteurs de la cartouche, et de frapper sur le côté de la console après insertion d'une cartouche. Cependant, l'utilisation fréquente de ces deux dernières techniques peut endommager les cartouches et la console. En effet, souffler dans la cartouche tendrait à augmenter le taux d'oxydation des broches et frapper la console est logiquement déconseillé. Une autre technique consiste à ouvrir la console afin de redresser les ports cartouches avec un tournevis plat. En 1989, Nintendo a sorti le NES Cleaning Kit pour aider les cartouches et les consoles des joueurs à rester propres.
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85
+ Quand est sortie la NES 2, dont le port cartouches est situé sur le dessus de la console, Nintendo a corrigé le problème du ZIF en le remplaçant par un connecteur standard, et a éliminé la puce 10NES. Les deux versions de la Famicom ont utilisé des connecteurs standard, de même que les consoles suivantes de Nintendo, la Super Nintendo et la Nintendo 64.
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87
+ Pour remédier à ces défauts de matériel, des « Nintendo Authorized Repair Centers » (Centres autorisés de réparation de Nintendo) sont apparus aux États-Unis. D'après Nintendo, un programme d'autorisation a été conçu pour s'assurer que les machines soient correctement réparées. Nintendo livrait les pièces de rechange nécessaires aux seuls magasins qui avaient souscrit à ce programme. Dans la pratique, le processus d'autorisation n'apportait rien, si ce n'est le privilège de payer des frais à Nintendo[réf. nécessaire].
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+ Le processeur 6502, qui est américain, était également utilisé par Apple pour ses Apple II.
90
+ La différence entre les versions Famicom et NES se situe surtout au niveau de l'apparence et non pas au niveau de l'électronique interne, quasiment identique.
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+ À l'époque, le quasi-monopole de Nintendo sur le marché des consoles de salon avait une grosse influence sur l'industrie, dépassant même celle d'Atari à son apogée du début des années 1980. Plusieurs pratiques de gestion de Nintendo pendant cette période ont été fortement critiquées, et ont pu avoir joué un certain rôle dans sa croissance en part de marché tout au long des années 1990. À la différence d'Atari, qui n'est jamais allé activement au-devant des développeurs tiers, et jusqu'à essayer de forcer Activision à cesser la production de jeux sur Atari 2600, Nintendo avait anticipé et encouragé la participation des développeurs tiers sur sa console. Une participation qui devait cependant respecter les conditions de Nintendo. À cet effet, une puce d'authentification, le 10NES, se trouve dans chaque console et dans chaque cartouche officiellement licenciée. Si la puce de la console ne peut détecter celle à l'intérieur de la cartouche, le jeu ne se charge pas. Nintendo combina ceci avec une campagne marketing introduisant le Nintendo Seal of Quality. Ces publicités montraient un magicien en robe violette, qui expliquait aux consommateurs que le Nintendo Seal of Quality était l'unique assurance qu'un jeu était bon, et, implicitement, que tous les jeux sans ce sceau étaient mauvais. En réalité, ce symbole signifiait seulement que le développeur avait payé les frais de licence, et n'avait rien à voir avec la qualité du jeu.
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+ Cette démarche était intéressée, car les développeurs et éditeurs tiers étaient dès lors contraints de payer des frais de licence à Nintendo, de se soumettre à l'assurance qualité de Nintendo, d'acheter les kits de développement de Nintendo, et de passer par Nintendo pour la fabrication des cartouches et des emballages. Nintendo a testé et fabriqué tous les jeux avec ses propres installations (soit pour une partie des frais de licence, soit pour un coût additionnel), s'est réservé le droit de fixer les prix des jeux, a censuré le matériel qu'il considérait comme inacceptable, a décidé du nombre de cartouches de chaque jeu qu'il fabriquerait, et a placé des limites sur le nombre de titres qu'il permettrait à un éditeur tiers de produire sur une période donnée (cinq par an). Cette dernière restriction a mené plusieurs éditeurs à établir ou utiliser des filiales pour contourner la politique de Nintendo (comme la filiale Ultra de Konami ou la filiale LJN d'Acclaim Entertainment).
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+ Ces pratiques avaient pour dessein non seulement de garder les développeurs sous contrôle, mais également de manipuler le marché lui-même : en 1988, Nintendo a commencé à orchestrer des ruptures de stock intentionnelles de jeux afin d'augmenter la demande des consommateurs. Nintendo refusait de pourvoir pleinement aux besoins des détaillants, une politique que Peter Main, directeur de la communication chez Nintendo of America, appelait pudiquement « gestion des stocks ». Les détaillants, qui tiraient un grand pourcentage de leur bénéfice des ventes de hardware et de jeux Nintendo (comme Toys "R" Us qui avait publié que 17 % de ses ventes et dont 22 % de ses bénéfices venaient des marchandises de Nintendo), étaient relativement impuissants à mettre un terme à ces pratiques. En 1988, plus de 33 millions de cartouches de NES ont été vendues aux États-Unis, mais les évaluations suggèrent qu'avec la demande réelle, ces chiffres auraient pu monter vers les 45 millions. Puisque Nintendo contrôlait la production de toutes les cartouches, il pouvait imposer ses règles aux développeurs tiers. Ces contraintes rigoureuses sur la production ont pu affecter plusieurs petits développeurs, car même lorsque la demande pour leurs jeux était forte, Nintendo limitait la production et donc leurs bénéfices[50].
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98
+ Plusieurs compagnies ont commencé à produire des jeux non licenciés, refusant de payer les frais de licence, ou ayant été rejetés par Nintendo. La plupart de ces compagnies ont créé des circuits qui envoyaient une pointe de tension pour saturer la puce d'authentification de la NES. Atari a également créé une ligne de produits non licenciés pour la NES, en utilisant sa filiale Tengen, et a utilisé sa propre technique de contournement : la compagnie a obtenu une description de la puce d'authentification via le United States Patent and Trademark Office, en affirmant qu'elle en avait besoin pour se défendre contre des réclamations. Tengen a alors employé ces documents pour concevoir sa propre puce dénommée Rabbit, qui reproduisait la fonction du 10NES. Nintendo a entamé des poursuites contre Tengen, que la compagnie américaine perdit en raison de l'utilisation frauduleuse du brevet édité. Les réclamations sur le droit de la concurrence de Tengen contre Nintendo n'ont jamais abouti[51].
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100
+ Quelques jeux non licenciés sortis en Europe et en Australie étaient sous forme de dongle qui se reliait à un jeu licencié, afin d'utiliser la puce d'authentification du jeu autorisé pour démarrer la console. Bien que le succès de Nintendo dans les poursuites de telles compagnies ait été variable (comme dans le cas de Galoob contre Nintendo of America, où le tribunal a donné raison à Galoob et à son Game Genie), la plupart des sociétés attaquées par Nintendo ont finalement été contraintes de se retirer des affaires ou d'interrompre leur production, en raison des amendes ou des frais de cour occasionnés par des procès prolongés. Le cas de Color Dreams, qui produisait des jeux vidéo chrétiens via leur filiale Wisdom Tree, est une exception notable. Nintendo ne les a jamais poursuivis, craignant une réaction hostile des joueurs.
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102
+ Les compagnies qui ont produit les jeux et/ou les accessoires non licenciés pour le marché occidental incluent : Active Enterprises, American Game Cartridges, American Video Entertainment, Bunch Games, Camerica, Codemasters, Color Dreams, Galoob, Home Entertainment Suppliers, Panesian, Tengen et Wisdom Tree. Après l'arrivée de la MegaDrive (Sega Genesis en Amérique du Nord), Nintendo a commencé à faire face à une vraie concurrence, et au début des années 1990 a été forcé de réévaluer sa politique envers les développeurs tiers, dont beaucoup commençaient déjà à produire pour d'autres systèmes. Quand la NES 2 est sortie, la puce d'authentification 10NES fut retirée de la console, marquant la fin de cette politique envers les développeurs tiers.
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104
+ Un marché de fausses NES a émergé pendant l'apogée de la console, en particulier là où Nintendo n'avait pas officiellement diffusé la console. Ces clones, ou Famiclones, furent vite appréciés, notamment la Dendy (Денди en russe), une reproduction fabriquée en Russie et dans d'autres nations de l'ancienne Union soviétique, où elle était la console la plus populaire de l'époque, appréciée autant que l'étaient la NES et la Famicom en Amérique et au Japon. Le marché des clones a persisté, et s'est même épanoui après l'arrêt de la production de la NES. Alors que celle-ci disparaissait des mémoires, de nombreux clones ont adopté l'apparence de consoles plus récentes. Des clones de la NES ont été vendus avec l'aspect visuel des MegaDrive, des Super Nintendo, et ressemblant même à des consoles plus récentes d'une quinzaine d'années, comme la GameCube, la PlayStation 2 et la Xbox. Certains de ces clones n'en sont pas restés aux fonctionnalités originales de la NES, comme la Pocket Fami, une console portable avec écran LCD couleurs, ou comme les clones utilisant de faux Famicom Keyboard pour devenir des sortes d'ordinateurs personnels.
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106
+ Comme pour les jeux et accessoires non licenciés, Nintendo n'hésitait pas à recourir à des actions en justice pour contrecarrer les fabricants et interdire la vente des contrefaçons. De plus, de nombreux fabricants incluaient directement des copies de jeux sous licence Nintendo dans leurs clones, ce qui est une infraction au droit de la propriété intellectuelle dans beaucoup de pays. Ainsi, en 2004, Nintendo of America a gagné un procès contre les fabricants du Power Player Super Joy III, un clone de la NES qui était vendu en Amérique du Nord, en Europe et en Australie. Bien que la plupart des copies de la NES n'aient pas été produites avec la licence de Nintendo, le Twin Famicom, conçu par Sharp Corporation, fut une des exceptions. Il était compatible avec les cartouches de la Famicom et les disquettes du Famicom Disk System, était disponible dans deux couleurs (rouge et noire) et ses manettes câblées étaient semblables à celles utilisées par la Famicom, seule la forme de la console étant différente.
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+ Nintendo distribua en France, à la disposition des revendeurs, des bornes d'arcade dénommées M82 Demo Unit, qui permettaient aux clients de tester gratuitement des jeux. Ces bornes, fabriquées par Bandaï, utilisent le même matériel et les mêmes cartouches que la NES, et sont également zonées. Elles disposent de cinq prises manettes et de douze ports cartouches, dans lesquels le revendeur place les jeux de son choix. Le client choisit un des jeux à l'aide d'un bouton, et une partie commence pour une durée limitée, déterminée par le revendeur (comme trois minutes, six minutes, etc.). Des bornes similaires existaient au Japon et en Amérique du Nord.
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110
+ Sorti sur les trois continents à partir de 1989, le PlayChoice-10 est une borne d'arcade peu commune, puisque le client paye une certaine somme d'argent en fonction du temps qu'il veut jouer. Basé sur l'architecture de la NES, il comporte dix ports cartouches, deux joysticks et deux écrans. L'écran du bas affiche le jeu, et celui du haut la liste des jeux, suivi des informations sur le jeu choisi, comme une liste des commandes ou la durée restante de la partie. Malgré l'énorme succès du Playchoice 10, Nintendo en arrêta la production en 1992.
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+ Le VS. System, distribué uniquement au Japon, est une borne d'arcade qui se trouvait généralement dans les bars. Également conçue sur le modèle de la NES, il en existait deux versions : le classique Unisystem pour un seul joueur, et le Dualsystem pour deux joueurs via deux bornes interposées. À la différence du Playchoice, les parties n'étaient pas à durée limitée mais s'achevaient en fonction du « Game Over », comme sur les bornes d'arcade classiques. Cette machine est aujourd'hui très rare.
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+ Ces trois bornes d'arcade utilisaient souvent les mêmes jeux, c'est-à-dire trois ou quatre grands classiques comme les Super Mario Bros., des anciens succès d'arcade comme Donkey Kong ou Excitebike, et quelques nouveaux jeux.
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+ La Wii (ウィー, Wī?) est une console de jeux de salon du fabricant japonais Nintendo, sortie en 2006. Console de la septième génération, tout comme la Xbox 360 et la PlayStation 3 avec lesquelles elle est en rivalité, la Wii est la console de salon la plus vendue de sa génération avec 101,63 millions d'exemplaires écoulés en 2016. Elle a comme particularité d'utiliser un accéléromètre capable de détecter la position, l'orientation et les mouvements dans l'espace de la manette.
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5
+ La Wii a marqué un tournant dans l'histoire du jeu vidéo en ouvrant ce loisir à un public plus large, ciblant ainsi l'ensemble de la société, ce qui explique en partie son succès.
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+ Le développement de la console commence fin 2001 juste après la sortie de la GameCube. À cette époque Nintendo pense que plusieurs consoles puissantes ne peuvent cohabiter sur le marché, c'est pourquoi l'idée d'une nouvelle interface de jeu apparaît. En effet, d'après une interview du concepteur de jeu Nintendo, Shigeru Miyamoto, le concept privilégie une nouvelle forme d'interaction des joueurs. « Le consensus était que la puissance ne constitue pas tout pour une console. Un trop grand nombre de consoles puissantes ne peuvent coexister. C'est comme s'il n'y avait que des dinosaures féroces. Ils pourraient se battre et précipiter leur propre extinction »[A 1],[4].
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9
+ Deux ans après, les ingénieurs et les designers se réunissent pour développer davantage le concept. L'idée du détecteur de mouvements est proposée par l'entreprise franco-italienne STMicroelectronics début 2005. Nintendo remarque tout de suite le potentiel du capteur de mouvements et les deux sociétés commencent à travailler ensemble à partir de mars 2005[5]. Le contrôleur prend donc forme en 2005 mais, la même année, une présentation publique à l'Electronic Entertainment Expo (E3) est annulée. Miyamoto déclara à cette occasion : « Nous avions quelques dysfonctionnements à corriger. Donc nous avons décidé de ne pas dévoiler le contrôleur et, à la place, nous avons seulement présenté la console »[A 2],[4]. C'est ainsi que le design de la console ainsi que certaines de ses caractéristiques, comme la Console virtuelle, sont dévoilés lors de la conférence Nintendo précédant cet E3. Par la suite, le président de Nintendo, Satoru Iwata, dévoile et fait une démonstration de la télécommande Wii au Tokyo Game Show de septembre[6]. Le 23 mars 2006 à Tokyo, lors de la Game Developers Conference, Nintendo annonce un partenariat avec Sega et Hudson Soft pour le téléchargement de jeux de la Console virtuelle[7].
10
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11
+ La Nintendo DS semble avoir influé sur le design de la Wii. Le designer Ken'ichiro Ashida fait remarquer : « Nous avions la DS dans notre esprit lorsque nous travaillions sur la Wii. Nous pensions copier l'interface de l'écran tactile de la DS et même créer un prototype. »[A 3]. L'idée est finalement rejetée pour ne pas créer deux consoles de jeu identiques. Miyamoto indique également que « […] si la DS avait été un échec, nous aurions pu avoir à recommencer la Wii depuis le début. »[A 4],[4].
12
+
13
+ Depuis la conférence de presse précédant l'E3 2004, la console est présentée sous le nom de « Revolution ». Elle était jusqu'alors évoquée sous les noms de « GCNext »[8] et « N5 » (« N5 » signifiant cinquième génération de consoles Nintendo).
14
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15
+ Elle garde le nom de code « Revolution » jusqu'au 27 avril 2006, juste avant l'E3, et prend, à cette date, son nom définitif : Wii[9]. Le Nintendo Style Guide fait référence à la console en la nommant « simplement Wii, pas Nintendo Wii », ce qui fait d'elle la première console de salon Nintendo vendue en dehors du Japon sans le nom de la compagnie dans l'appellation du produit. Bien que le terme « Wiis » soit couramment employé comme pluriel, Nintendo a établi que la forme officielle au pluriel était « systèmes Wii » ou « consoles Wii »[10]. L'orthographe du mot « Wii », avec deux « i » en bas-de-casse, est destinée à évoquer le rassemblement de deux personnes se tenant côte à côte, à représenter deux joueurs ensemble ainsi qu'à symboliser la télécommande Wii et le Nunchuck[11]. Wii se prononce dans la plupart des pays « oui » ou « we » (« nous », en anglais) et indique que la console s'adresse à un public très large. La compagnie a donné beaucoup de raisons pour justifier le choix de ce nom depuis son annonce. La plus célèbre est :
16
+
17
+ « « Wii » sonne comme we (« nous » en anglais), ce qui insiste sur le fait que la console est destinée à tout le monde. « Wii » peut facilement être retenu par les gens du monde entier, quelle que soit leur langue. Pas de confusion. Pas besoin d'abréviation. Juste « Wii »[A 5],[11]. »
18
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19
+ Malgré le fait que Nintendo en ait justifié le nom, plusieurs développeurs de jeu vidéo et membres de la presse réagissent négativement au changement. Ils préf��rent « Revolution » plutôt que « Wii »[12]. La BBC fait état, le lendemain de l'annonce de l'appellation de la console, qu'une « longue liste de blagues puériles, basées sur le nom »[A 6] est apparue sur Internet[13]. Le président de Nintendo of America, Reginald Fils-Aimé, reconnaît la réaction initiale et explique davantage le changement :
20
+
21
+ « Le nom « Revolution » n'est pas idéal ; c'est long, et dans certaines cultures, difficile à prononcer. Nous voulions donc quelque chose qui était court, facile à prononcer et distinctif. Voici comment le nom « Wii » est né[A 7],[14]. »
22
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23
+ La console est officiellement annoncée le 11 mai 2004 par Satoru Iwata lors de la conférence de presse précédant l'E3. La version définitive de la Wii ainsi que certains jeux sont dévoilés le 9 mai 2006 pendant la conférence Nintendo pré E3 2006[21].
24
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25
+ Les 14 et 15 septembre 2006, on apprend par le biais de trois conférences données au Japon, aux États-Unis et au Royaume-Uni davantage d'informations sur le lancement de la console en Amérique du Nord et du Sud, en Australasie (Océanie), en Asie et en Europe, comme les dates de sortie définitives, les tarifs et l'estimation du nombre de consoles commercialisées. En dehors du Japon, la console sera vendue en paquetage promotionnel avec le jeu Wii Sports[22]. Il est annoncé que la majorité des consoles produites en 2006 sera destinée au continent américain, et que 33 titres seront disponibles durant le créneau de lancement 2006[23],[24], en dépit de l'estimation faite à 60 USD pour beaucoup de jeux de cette génération[25]. La Wii est lancée aux États-Unis et au Canada le 19 novembre 2006 aux prix respectifs de 249,99 $[15] et de 279,95 CAD[16] et deux semaines plus tard au Japon, le 2 décembre 2006, pour 25 000 JPY[17]. Le 8 décembre 2006, elle sort au Royaume-Uni au tarif de £ 179[26] et dans le reste de l'Europe au prix de 249 €[19]. Le Royaume-Uni doit cependant faire face à une importante pénurie de consoles puisque beaucoup de petits commerces et de magasins sur Internet sont incapables de satisfaire toutes les pré-commandes lors de sa sortie[27]. Plus d'un an après sa sortie, la Wii est encore en rupture de stock dans de nombreux pays, que ce soit en magasins ou sur Internet (ce qui, en Amérique majoritairement, permit aux vendeurs d'occasion d'augmenter considérablement le prix de la console dépassant parfois les 300 euros), c'est notamment le cas lors des fêtes de fin d'année 2007 où la console se retrouve une nouvelle fois en rupture de stock en Europe et particulièrement en France[28].
26
+
27
+ Le 26 décembre 2006, Nintendo annonce que la console serait lancée en Corée du Sud d'ici la fin de l'année 2007. Finalement, le 28 octobre 2007, Satoru Iwata annonce que la sortie est reportée, il fait part a un éventuel lancement de la Wii en Chine, en raison de forte demande pour la console Wii.[réf. nécessaire] La console est finalement lancée en Corée du Sud le 26 avril 2008 au prix de 220,000 ₩. Au modèle des consoles du marché japonais, celle-ci est vendue sans Wii Sports[20]. La console est également lancée à Taïwan le 12 juillet 2008[29].
28
+
29
+ Ventes totales des consoles de salon de septième génération (en millions d’unités vendues) :
30
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31
+ Le 7 juin 2006, Nintendo révèle avoir l'intention de distribuer six millions de consoles au lancement de la Wii[45] — dont quatre millions ou plus vendues avant la fin de l'année fiscale (le 31 mars 2007)[46] — et de vendre dix-sept millions de jeux durant 2007[45]. Des analystes japonais du Nikko Citigroup prévoient que la console s'écoulera à trente millions d'exemplaires dans le monde[47].
32
+
33
+ Une semaine après sa sortie, la Wii s'est déjà vendue à plus de six cent mille exemplaires sur le marché nord-américain et Nintendo réalise 190 millions de dollars de recette sur les ventes d’accessoires et de jeux. Le jeu phare au lancement de la console est The Legend of Zelda: Twilight Princess qui s'écoule à 454 000 exemplaires[48]. Le 12 décembre 2006, Nintendo indique que 325 000 consoles ont été vendues pour l'Europe en seulement deux jours[49] et 105 000 au Royaume-Uni en l'espace de quatre jours[50].
34
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35
+ En outre, depuis son lancement, les ventes mensuelles de la console Wii sont supérieures à celles de ses concurrentes à travers le monde. Le NPD Group montre ainsi que, durant la première moitié de 2007, la Wii se vend mieux aux États-Unis que la Xbox 360 et la PlayStation 3 réunies[51]. Cet avantage est encore plus notable sur le marché japonais où, de sa date de sortie à novembre 2007, il s'est vendu entre deux fois[52] et six fois plus de Wii[53] que des deux autres consoles. En Australie, elle bat le record établi par la Xbox 360 en devenant la console de jeu la plus rapidement vendue de toute l'histoire du pays : 32 901 consoles sont écoulées en quatre jours[54].
36
+
37
+ Le 12 septembre 2007, le Financial Times indique que la Wii est devenue leader du marché des consoles de salon de sa génération grâce à ses ventes qui ont battu celles de la Xbox 360 pourtant sortie un an auparavant[55]. C'est la première fois qu'une console Nintendo est première des ventes de console de sa génération depuis la Super Nintendo[55].
38
+
39
+ Le 11 juillet 2007, Nintendo signale que la console sera en rupture de stock pendant le reste de l'année civile en cours[56] même si, en décembre 2007, Reginald Fils-Aime révèle que la firme produit environ 1,8 million de Wii par mois[57]. Certains magasins du Royaume-Uni sont néanmoins en pénurie de consoles à partir de mars 2007[58] ; la demande dépasse l'approvisionnement aux États-Unis à compter de juin 2007[59] et la Wii « s'épuise presque aussi vite qu'elle atteint les rayons de vente au détail »[A 8] au Canada dès avril 2008[60],[61]. Nintendo annonce, en octobre 2008, qu'entre le mois en cours et décembre de la même année, le stock de consoles en Amérique du Nord augmentera considérablement par rapport aux niveaux de 2007[62], alors que 2,4 millions d'unités sont produites chaque mois dans le monde, contre 1,6 million par mois en 2007[63].
40
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41
+ Derrière la Nintendo DS, la Wii est la deuxième console la mieux vendue en 2007 aux États-Unis et au Japon, avec respectivement 6,29 millions et 3 629 361 unités écoulées d'après le NPD Group et Enterbrain[64],[65],[66],[67],[68]. Durant la même année, il se vend en moyenne trois fois plus de Wii que de PlayStation 3 au Japon, tandis que la Xbox 360 y est distribuée à 257 841 unités selon Enterbrain[69],[70]. En Europe, la Wii se vend à 0,7 million d'unités en 2006 et à 4,8 millions en 2007, d'après les estimations d'Electronic Arts[71],[72]. En 2008, elle est la console de salon la mieux vendue au Japon avec 2 908 342 unités écoulées selon Enterbrain[68],[73],[74]. Avant la parution des statistiques du NPD Group sur les jeux vidéo pour janvier 2008, les ventes de la Wii dépassent, durant la majorité des mois, celles de la Xbox 360 et de la PS3 depuis la sortie de cette dernière et de la console de Nintendo[75]. Aux États-Unis, 10,9 millions d'exemplaires de la Wii ont été écoulées au 1er juillet 2008, ce qui fait d'elle la console la plus vendue de sa génération d'après le NPD Group ; elle dépasse même la Xbox 360, pourtant sortie un an avant elle[76],[77],[78]. Au 1er novembre 2008, 13,4 millions d'unités sont vendues aux États-Unis, soit près de deux millions de plus que la Xbox 360 et plus de deux fois le nombre de PS3, d'après le NPD Group[79].
42
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43
+ Au Japon, le nombre de consoles Wii écoulées dépasse celui de la GameCube en janvier 2008[66]. Elle s'y est en effet vendue à 7 526 821 unités au 28 décembre 2008 d'après Enterbrain[73],[80]. Elle a également dépassé la Xbox 360 en devenant la console de salon de nouvelle génération la mieux vendue au Canada, avec 813 000 unités écoulées au 1er avril 2008 et est restée la console de salon la plus achetée pendant treize des dix-sept mois précédents cette date[60],[61]. Durant les six premiers mois de l'année 2008, elle se vend à 318 000 unités au Canada, c'est-à-dire quasiment le double de sa plus proche concurrente, la PlayStation 3[81]. D'après le NPD Group, elle atteint 1 060 000 unités au 1er août 2008 et devient ainsi la première console de salon de sa génération à dépasser le million d'unités vendues dans le pays. Pendant les sept premiers mois de 2008, elle se vend mieux que la PS3 et la Xbox 360 réunies, avec 376 000 unités achetées au Canada[82]. Au Royaume-Uni, la Wii est en tête des ventes de consoles de salon de sa génération, avec 4,9 millions d'unités vendues au 3 janvier 2009, d'après GfK Chart-Track[83],[84]. Le 25 mars 2009, au Game Developers Conference, Satoru Iwata déclare que la barre des 50 millions de Wii produites est dépassée[85].
44
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45
+ Si Microsoft et Sony subissent des pertes dans la production de leurs consoles en espérant engendrer un bénéfice à long terme sur la vente des jeux, Nintendo optimiserait les coûts de productions pour obtenir une importante marge bénéficiaire sur chaque console vendue[86]. Le 17 septembre 2007, le Financial Times indique que ce bénéfice direct par console vendue peut varier de 13 $ au Japon à 49 $ aux États-Unis et 74 $ en Europe[87]. Le 2 décembre 2008, Forbes annonce que Nintendo engendre un bénéfice d'exploitation de 6 $ par console vendue[88].
46
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+ Nintendo annonce, le 7 mai 2009, l'augmentation de ses bénéfices d'exploitation pour son année fiscale (1er avril 2008 - 31 mars 2009) et l'accroissement des ventes ; la société bat ainsi le record de revenus par rapport à l'année précédente. Kenji Hall, du magazine BusinessWeek, dit de la compagnie qu'elle est « un point lumineux dans un déplorable secteur de la technologie japonaise »[A 9], tout en citant les qualités propres à la Wii et à la DSi[89]. Cependant, les pronostics financiers de Nintendo jusqu'à mars 2010 poussent les investisseurs et les analystes à se demander si la compagnie pourra continuer à exploiter longtemps ce filon. Le marché japonais, qui a tendance à servir de principal indicateur du marché mondial, montre en effet que les ventes de la Wii ont chuté de 47 % entre l'année fiscale 2008-2009 et l'année précédente. Alors que les experts prévoient la chute des ventes de consoles de jeu pour 2009, Kenji Hall affirme que les gros avantages de Nintendo disparaissent au milieu de la baisse du prix de la Xbox 360 et des rumeurs concernant l'inauguration chez Sony d'une manette sans fil sensible aux mouvements[89]. En effet, la Wii doit faire face à de nouveaux produits chez ses principaux concurrents : le PlayStation Move pour la PlayStation 3 de Sony et Kinect pour la Xbox 360 de Microsoft. Finalement, Nintendo accuse une baisse de ses bénéfices en 2010 par rapport aux six années précédentes[90].
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+ Face à ces résultats et Sony et Microsoft ayant réajusté leurs prix de vente, Nintendo annonce, le 23 septembre 2009, la première baisse des prix pour sa console. Aux États-Unis, ce dernier est réduit de 50 $ et le nouveau PDSF est fixé à 199,99 $ à partir du 27 septembre 2009[91] tandis qu'au Japon, le tarif passe de 25 000 ¥ à 20 000 ¥ au 1er octobre 2009[92]. En Europe, à l'exception du Royaume-Uni, le prix de la console passe de 249 € à 199 €[93] le 2 octobre 2009[94]. Nintendo vend plus de trois millions de consoles Wii aux États-Unis en décembre 2009, battant ainsi un record dans le pays, et met fin à neuf mois de ventes en baisse. Ceci résulte d'une part, de la baisse du prix et d'autre part, des sorties de jeux comme New Super Mario Bros. Wii[95],[96]. À compter de la fin de ce mois de décembre 2009, la Wii est la console de salon Nintendo qui s'est la mieux vendue, avec plus de 67 millions d'unités, ce qui représente plus que la Nintendo Entertainment System[42]. Au 30 juin 2010, d'après Nintendo, la Wii s'est vendue à 70,93 millions d'unités dans le monde[43], dont 20,53 millions durant l'année fiscale 2009-2010. Les cinq jeux les plus vendus de la console sont Wii Sports, Wii Play, Wii Fit, Mario Kart Wii et Wii Sports Resort[97].
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+ En août 2011, la Wii comptait 118 titres ayant dépassé le million d'exemplaires, contre 122 pour la Xbox 360 et 101 pour la Playstation 3.[réf. souhaitée]
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+ Liste des 10 jeux les plus vendus sur Wii :
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+ Avec sa console, Nintendo espère cibler un plus large profil démographique que ses concurrents qui produisent eux aussi des consoles de septième génération[99]. En décembre 2006, à une conférence de presse sur la sortie prochaine du jeu Dragon Quest IX : Les Sentinelles du firmament sur Nintendo DS, Satoru Iwata insiste sur le fait qu'il ne cherche pas à battre Sony mais plutôt à ce qu'il y ait davantage de personnes qui jouent aux jeux vidéo[100].
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+ Cela se voit dans les différentes publicités télévisées, comme celles diffusées en Amérique du Nord et mises en scène par le gagnant de l'Oscar du cinéma, Stephen Gaghan. Ces publicités sont lancées le 15 novembre 2006 et disposent d'un budget total de plus de 200 millions de dollars américains pour toute l'année[101]. La campagne marketing porte d'ailleurs ses fruits : des retraités jusqu'à 103 ans joueraient à la Wii au Royaume-Uni[102]. Le journal britannique The People déclare également que la reine Élisabeth II du Royaume-Uni a déjà joué à la console[103].
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+ Cette segmentation du marché participe à la volonté de Nintendo, déjà initiée avec la Nintendo DS, de s'adresser à un public plus large que ses concurrents Sony et Microsoft. Au lieu de se battre uniquement sur le marché des hardcore gamer en proposant des graphismes et un réalisme poussés, la Wii s'adresse aussi à un public de non initié qui n'avait auparavant jamais eu de console; c'est-à-dire un public plus féminin et inter-générationnel[104]. Cela peut se voir en comparant le marketing et les publicités des différentes marques de consoles[réf. nécessaire].
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61
+ La Wii Mini n'a pas eu le succès attendu pour relancer la machine (se vendant moins que la Wii) et les ventes de la Wii chutent rapidement pour atteindre, fin 2012, moins de 5 000 unités hebdomadaires vendues sur le sol nippon[105]. Les éditeurs tiers désertent alors la console, et Nintendo va se consacrer à la Wii U et à sa console portable, la Nintendo 3DS. Le 21 octobre 2013, Nintendo Japan annonce la fin de la production de la Wii, soit le modèle original RVL-001 et le modèle RVL-101 « family edition »[106]. La Wii Mini continua à être produite[107]. La Wii Mini toujours en vente au 31 décembre 2015, s'est vendue à 110 000 unités en 2015[108]. Nintendo ne fit aucun communiqué pour l'arrêt de production de la Wii mini, mais indique que moins de 10 000 Wii sont vendues en 2016[109]. La production de la Wii Mini s’arrête en 2017.
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63
+ La Connexion Wi-Fi Nintendo, qui permet de jouer en ligne à un grand nombre de jeux de la Wii, est désactivée par Nintendo le 20 mai 2014[110],[111]. Cela fait suite à la fermeture de la société indépendante qui gérait les serveurs en externe pour Nintendo et les éditeurs partenaires de ce contrat. Nintendo, ayant déjà les serveurs des jeux Wii U à entretenir, préfère alors ne pas réinvestir dans des nouveaux serveurs Wii (ni dans un nouveau contrat en externe) pour une console en fin de vie. Néanmoins, la possibilité de jouer en Wi-Fi existe encore sur certains jeux qui ne requièrent pas le passage par la plateforme de Connexion Wi-Fi Nintendo. Ces jeux passent par leurs propres serveurs (exemple : la série Just Dance ou Call Of Duty). En 2016, il est encore possible de jouer en ligne à des jeux nécessitant autrefois la Connexion Wi-Fi Nintendo, en passant par des serveurs privés. C'est le cas pour des jeux ayant rencontré un grand succès en ligne, comme Mario Kart Wii.
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+ La chaîne boutique Wii, qui permet de télécharger des logiciels WiiWare, des consoles virtuelles et des chaînes Wii, est partiellement fermée par Nintendo le 31 janvier 2019 à 7h (heure française)[112] après la désactivation du système d'achat de Wii Points le 26 mars 2018. Actuellement, il n'est donc plus possible d'acheter des jeux, logiciels ou chaînes (gratuits ou payants), mais il est possible de télécharger à nouveau les logiciels déjà achetés jusqu'à la fermeture complète de la chaîne plus tard en 2019, arrêtant le dernier service en ligne actif de la Wii.
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+ L'énorme succès de la console est encore palpable 13 ans après sa sortie, puisque certains éditeurs continuent de sortir des nouveautés, malgré une certaine indifférence médiatique. Ubisoft édite toujours en 2019 sa saga Just Dance, alors que la console précédente de Nintendo, la Wii U, n'a aucune nouveauté dans son catalogue depuis 2017, et que l'éditeur japonais est déjà passé à la suite avec une nouvelle machine : la Nintendo Switch.
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+ Quelques années après la sortie de la Wii, des spéculations sont émises à propos de la console de salon Nintendo de huitième génération. On pense d'abord que celle-ci sera une version améliorée de la Wii, qui sera nommée « Wii HD » et qui disposera d'une sortie vidéo haute définition avec un lecteur de disques Blu-ray intégré et dont la sortie serait prévue en 2011[113]. Cependant, Satoru Iwata déclare par la suite qu'il n'avait vu « aucune raison importante » d'inclure la HD dans la version actuelle de la Wii et qu'un tel ajout serait mieux adapté à une version ultérieure[114]. Shigeru Miyamoto montre également l'intérêt de Nintendo de travailler avec des graphismes HD mais précise que la compagnie est avant tout focalisée sur l'expérience de jeu[115]. Reggie Fils-Aime indique qu'il est « sûr que le divertissement provoqué par la console de salon Wii a une très longue vie devant lui »[A 10] et déclare qu'aucun successeur ne serait lancé dans un futur proche[116].
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+ À la présentation de l'E3 2010, Iwata révèle à la BBC que Nintendo commencerait à annoncer une nouvelle console une fois que la société sera « à court d'idées avec le matériel actuel et ne pourra plus donner aux utilisateurs de surprises significatives avec la technologie qu'elle a »[A 11],[117]. Plus tard, à une réunion d'investisseurs, Iwata dévoile qu'ils étaient « bien sûr en train d'étudier et de développer la console post-Wii »[A 12] ; ce concept est néanmoins gardé secret car il « est important de surprendre positivement les personnes »[A 13],[118]. Le 25 avril 2011, Nintendo confirme par un communiqué de presse la venue d'une nouvelle console de salon pour succéder à la Wii[119]. La Wii U est la nouvelle console annoncée par Nintendo lors de l'E3 2011 et sort le 30 novembre 2012 en France.[réf. souhaitée]
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+ La Wii est une console de jeux de salon. Les jeux sont distribués sur disques optiques de format propriétaire (à l'exception de ceux proposés en téléchargement). L’interaction avec le joueur se fait via différentes manettes – dont la télécommande Wii, qui constitue généralement le contrôleur principal de la console.
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+ Le design de la Wii se démarque de celui des anciennes consoles de la firme. Elle arbore une robe sobre et épurée tout en étant bien plus fine et légère que ses concurrentes[120]. En effet, elle est, à ce jour, la plus petite console de salon de Nintendo, mesurant 44 mm de large, 157 mm de haut et 215,4 mm de profondeur dans sa position verticale, ce qui est légèrement plus grand que trois boîtes de DVD empilées. Le socle inclus avec la Wii mesure 55,4 mm de large, 44 mm de haut et 225,6 mm de profondeur. La console pèse 1,2 kg[121], ce qui en fait la plus légère des trois principales consoles de septième génération, et consomme en moyenne 17 watts[122]. Si elle est conçue pour être posée sur son socle gris à la verticale[123], elle peut également se positionner à l'horizontale. Le préfixe utilisé dans le système de numérotation et de référencement de la console, de ses différentes parties et de ses accessoires est « RVL- » qui fait référence à son nom de code « Revolution »[124].
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+ Les jeux s'insèrent directement dans la fente du lecteur de disques optiques qui équipe la face avant de la console et qui accepte à la fois les disques optiques Wii de 12 cm et les disques de jeu GameCube. La fente d'accueil des disques est éclairée par un halo bleu qui s'illumine brièvement lors de l'allumage de la console et qui s'éclaire davantage lorsque des données sont reçues depuis le WiiConnect24. Depuis la mise à jour incluant le Menu Système 3.0, l'éclairage du mange-disque s'active chaque fois qu'un disque Wii est inséré ou éjecté. Quand il n'y a pas d'informations provenant du WiiConnect24, que l'utilisateur joue ou lors de l'utilisation d'autres services, la lumière reste éteinte. Deux ports USB sont situés à l'arrière de la console et une fente pour carte SD est dissimulée derrière un clapet sur la face avant.
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+ Le pack Wii contient la console, un socle permettant de placer celle-ci verticalement, un stabilisateur circulaire transparent pour la position verticale, une télécommande Wii, un Nunchuck, une Sensor Bar, un support amovible pour celle-ci, une alimentation électrique principale, deux piles AA pour la télécommande Wii, un câble pour le signal vidéo composite équipé de prises RCA, un adaptateur péritel dans les pays européens (d'autres câbles sont disponibles séparément), les manuels d'utilisation, et, dans toutes les régions à l'exception du Japon et de la Corée du Sud, un exemplaire du jeu Wii Sports. Même si la Wii est la seule des consoles de septième génération à ne pas supporter la HD, un câble composante (YUV), qui améliore nettement la qualité d'image, est disponible, permettant de la rendre compatible avec le mode EDTV 480p[120].
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+ Pour bâtir l'architecture de la Wii, la firme s'est associée avec de grands constructeurs informatiques : IBM s'occupe du processeur PowerPC, ATI du processeur graphique et NEC du système central. Le processeur central est nommé « Broadway » et le processeur graphique « Hollywood », car d'après Satoru Iwata : « Broadway parce que c'est la capitale du music-hall […] et Hollywood parce que c'est la capitale du cinéma. L'idée est simple : la Wii sera la capitale du divertissement interactif. »[125].
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+ Début 2020, Nintendo annonce la fin de réparation des consoles Wii pour le 31 mars 2020[126],[127].
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+ Les modèles RVL-001 disposent de quatre ports manettes et de deux ports cartes mémoires GameCube. Ils sont vendus avec un socle permettant de positionner la console à la verticale.
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+ Bien que Nintendo ait présenté la console et sa manette en plusieurs coloris (blanc, noir, argent, vert citron et rouge) avant sa sortie[128],[129], seule la couleur blanche était disponible pendant les deux ans et demi qui ont suivi le début de sa vente. D'autres modèles ont suivi :
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+ La Wii noire sort le 1er août 2009 au Japon. Le pack comporte la console, la télécommande Wii, un Nunchuck, une manette classique Pro, le tout en noir, et le jeu Monster Hunter Tri[130],[131]. Le modèle noir est disponible en Europe le 20 novembre 2009[132] et en Amérique du Nord le 9 mai 2010[133]. Le pack européen comporte la console, une télécommande Wii, un Nunchuck et un Wii Motion Plus, le tout en noir, mais aussi les jeux Wii Sports et Wii Sports Resort.
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+ La Wii rouge sort au Japon le 11 novembre 2010, à l'occasion du 25e anniversaire du jeu Super Mario Bros.. Le pack comporte la télécommande Wii Plus et le jeu New Super Mario Bros. Wii[134]. En Europe, cette version limitée Wii rouge sort le 29 octobre 2010 accompagnée en plus du jeu original Donkey Kong déjà installé sur la console[135]. Le pack Wii rouge est disponible en Amérique du Nord à compter du 7 novembre 2010 et est accompagné, comme pour le Japon, du jeu New Super Mario Bros. Wii et du Wii Motion Plus[136].
92
+
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+ D'autres packs existent également comme le pack Mario Kart Wii, sorti en Europe le 26 novembre 2010, contenant une console, une télécommande Wii Plus, un Nunchuk, le volant Wii Wheel, le tout en noir, le jeu Mario Kart Wii et la version arcade de Donkey Kong pré-installée sur la console[137], ou le pack Wii Fit Plus disponible en Europe depuis le 3 décembre 2010 et qui contient une console, une télécommande Wii Plus, un Nunchuk, une Wii Balance Board, le tout en noir, et le jeu Wii Fit Plus[138]. Un pack avec une console blanche et le jeu Inazuma Eleven Strikers sort en Europe en octobre 2012[139].
94
+
95
+ Fin 2011, Nintendo a lancé une révision de la console afin de réduire les coûts de production, le modèle RVL-101. Celui-ci n'est plus rétrocompatible avec les jeux et accessoires GameCube, car les 4 ports manettes et les 2 ports pour cartes mémoire GameCube ne sont plus présents. Le socle permettant de positionner la console verticalement n'est plus fourni dans le pack.
96
+ Extérieurement le modèle RVL-101 est quasi identique au précédent modèle RVL-001 à l'exception du logo Wii qui se trouve désormais à l'horizontale alors qu'il était à la verticale précédemment.
97
+ Cette communication de la Wii RVL-101 positionnée à l'horizontale n'est pas seulement une opposition pour la distinguer du modèle RVL-001 présenté placé verticalement dans son socle; en effet, sans doute pour réduire encore plus les coûts de production, le modèle RVL-101 n'est plus prévu pour être placé à la verticale, le lecteur optique n'étant plus adapté; le faire quand même risque d'endommager la console.[140]
98
+
99
+ Le modèle RVL-101 est produit parallèlement au modèle RVL-001 et ne vise donc pas à remplacer ce dernier. Il est disponible uniquement sur les marchés européens et américains (pas de sortie au Japon). Il existe en blanc, en noir ainsi qu'en édition limitée bleu clair en pack avec le jeu Mario et Sonic aux Jeux olympiques de Londres 2012.
100
+
101
+ Le 27 novembre 2012, Nintendo annonce une Wii Mini (modèle RVL-201). Celle-ci est plus petite que les deux précédentes et dispose d'un nouveau design rouge et noir. Elle est dépourvue de rétrocompatibilité GameCube, de port cartes SD, de Wi-Fi et de fonctionnalités internet. Elle est disponible le 7 décembre 2012 exclusivement au Canada dans un premier temps à un prix de 99 $[141].
102
+ Elle est par la suite disponible en Europe en mars 2013[142],[143].
103
+
104
+ La manette de jeu est la véritable innovation de la console. D'après Nintendo, elle est révolutionnaire et change complètement la façon de jouer, d'où le nom de code de la console lors de sa phase de développement, faisant référence à une révolution dans le monde du jeu vidéo. Elle s'inspire grandement du Power Glove, une manette pour NES sortie en 1989. La télécommande Wii, comme l'a nommée Nintendo, ressemble beaucoup à une télécommande et elle est connectée à la console grâce à la technologie Bluetooth dans un rayon d'environ dix mètres. Grâce à un accéléromètre, la télécommande est capable de déterminer un grand nombre de mouvements que le joueur produira dans l'espace : gauche-droite, haut-bas, avant-arrière, rotation, torsion, etc. Tout geste avec les bras et les mains est donc interprété par les jeux Wii.
105
+
106
+ Horizontalement, la télécommande devient une manette proche de celle de la NES, qui est utilisée dans quelques jeux Wii (plus particulièrement pour les jeux de voitures, la manette se prenant en main comme un volant, comme dans Mario Kart Wii) et dans certains jeux rétro téléchargeables (notamment les jeux NES et TurboGrafx). La télécommande possède aussi un dispositif de pointage, équivalent de la souris de l'ordinateur, nécessitant l'installation d'un émetteur placé au choix sur ou sous le téléviseur. Ce dispositif fonctionne dans un rayon d'environ un à cinq mètres face à l'émetteur, selon l'éclairage ambiant.
107
+
108
+ Nintendo a publié une vidéo présentant le contrôleur[144].
109
+
110
+ Il est possible de synchroniser jusqu'à seize télécommandes Wii, dont six en synchronisation temporaire, et quatre manettes GameCube en même temps. Seulement 4 télécommandes Wii peuvent être utilisés en même temps. La télécommande Wii est alimentée par deux piles AA pour une autonomie d'environ trente à soixante heures (selon l'utilisation ou non du Nunchuk, des vibrations, selon le volume…). Différents constructeurs permettent également de remplacer ces piles par des chargeurs au lithium, rechargeables par une station de charge directement connectée à la Wii via le port USB. La manette n'utilisant pas de faisceau infrarouge, aucune incompatibilité avec des téléviseurs n'est à craindre. Pour plus d'immersion dans le jeu, cette manette est dotée d'une fonction vibration et d'un petit haut-parleur. Ainsi, lorsque, dans un jeu de tennis, la balle frappe la raquette, le son du contact est diffusé par la manette puis dans les enceintes du téléviseur.
111
+
112
+ La télécommande Wii possède aussi une mémoire flash de 4 Mb permettant d'y stocker dix Mii (avatars). La télécommande Wii se présente en fait comme la partie centrale de tout un système de contrôle. En effet, il est possible, grâce à son port d'extension, de la relier à plusieurs accessoires comme le Nunchuk qui dispose d'un stick analogique et qui possède également un détecteur de mouvements. Une manette, plus académique, inspirée de la manette Super Nintendo, est également disponible. Elle est utilisée pour les jeux de la Console virtuelle ainsi que pour les jeux Wii n'utilisant pas la détection de mouvement. Il existe désormais un accessoire nommé Wii Zapper commercialisé pour un prix de 30 euros en France, il est vendu avec le jeu Link's Crossbow Training. L'accessoire sert à loger la télécommande Wii et le Nunchuk afin d'obtenir un fusil, un revolver ou encore une arbalète (dans le cas de Link's Crossbow Training)[145].
113
+
114
+ Un autre accessoire a été créé pour Mario Kart Wii : le Wii Wheel qui consiste à rentrer la télécommande Wii dans le centre d'un volant pour donner une meilleure immersion au jeu de course. Pour le jeu Guitar Hero 3: Legends of Rock, la télécommande Wii doit être insérée dans la guitare pour pouvoir jouer avec. Il en est de même pour la batterie de Guitar Hero: World Tour et la platine de DJ Hero.
115
+
116
+ Il existe de nombreux autres accessoires commercialisés par des sociétés tierces dans lesquels placer la Wiimote : club de golf, raquette de tennis, divers dispositifs de tir (fusils, revolvers...)...
117
+
118
+ Le Wii MotionPlus est un capteur de mouvement de forme cubique se branchant à la télécommande Wii et permettant une meilleure capture des mouvements au niveau de la manette mais pas du nunchuk. Dans son pack, il est inséré dans un « protège-télécommande Wii » plus grand que l'original. Le premier jeu à requérir obligatoirement l'accessoire est Wii Sports Resort de Nintendo sorti en juin 2009, moins d'un mois après les premiers jeux compatibles. Le 5 novembre 2010, Nintendo lance en France une télécommande Wii qui intègre le Wii Motion Plus. Elle fait exactement la même taille que les télécommandes Wii habituelles et est disponible en blanc, noir, bleu, rouge et rose. Elle se nomme Télécommande Wii Plus[146].
119
+
120
+ Le 11 juillet 2007, Nintendo révèle le jeu Wii Fit et la Wii Balance Board à l'E3 2007[147]. Celle-ci est un accessoire sans fil en forme de pèse-personne qui renferme 4 capteurs de pression utilisés pour détecter le barycentre de l'utilisateur. Le poids maximum que peut supporter la Wii Balance Board est de 136 kg (150 kg pour les versions américaine et européenne)[réf. souhaitée]. Elle sort en décembre 2007 au Japon et le 25 avril 2008 en Europe.[réf. souhaitée] Nintendo prévoit que d'autres jeux soient développés pour utiliser cet accessoire[réf. souhaitée] ; en 2009, sort la version étendue de Wii Fit : Wii Fit Plus[réf. souhaitée].
121
+
122
+ Cet accessoire présenté à l'E3 2009 permet de connaître son rythme cardiaque en insérant le doigt dans cet accessoire et se branche comme un périphérique d'extension à la télécommande Wii. L'accessoire ne fit plus parler de lui pendant un an, avant que Shigeru Miyamoto confirme le bon avancement du projet[148]. Mais en 2011, Satoru Iwata indique un report en raison de performances à améliorer. En effet, selon lui, le Vitality Sensor ne fonctionnerait que sur 90 % des utilisateurs, et ce, pour diverses raisons biologiques[149].Finalement, le 27 juin 2013, lors d'une conférence avec des investisseurs, une question portée sur l'accessoire obligera Satoru Iwata à confirmer l'annulation du projet pour les raisons évoquées en 2011[150].
123
+
124
+ La Wii possède un dispositif de pointage aussi précis que la souris d'un ordinateur, rendu possible par l'utilisation d'un émetteur. Cette barre, connectée à la console avec un simple câble d'alimentation, contient dix DEL infrarouges, ce qu'on peut vérifier en la filmant en infrarouge, et n'envoie aucune information, que ce soit à la télécommande Wii ou à la console. La barre doit être positionnée sur ou sous le téléviseur, au choix, et ne sert qu'à émettre de l'infrarouge.
125
+
126
+ Lorsque la télécommande Wii est pointée vers le téléviseur, et donc vers la Sensor Bar, elle voit les faisceaux infrarouges émis par cette dernière et calcule la position vers laquelle vous pointez avec une extrême précision, envoyant ainsi les informations à la console via Bluetooth.
127
+
128
+ Le Wii Speak est un accessoire pour la console Wii annoncé lors de l'E3 2008 et sorti en même temps que le nouvel épisode du jeu de simulation de vie Animal Crossing: Let's Go to the City, connu sous le nom de Animal Crossing: City Folk en Amérique du Nord. Cet objet fait office de micro pour les jeux utilisant le réseau en ligne Nintendo Wi-Fi Connection. L'accessoire se branche directement sur la Wii, via le port USB, et se pose sur le capteur de pointage de la console. D'autres jeux comme The Conduit, Monster Hunter Tri et Uno (sur WiiWare) sont compatibles avec le Wii Speak.
129
+
130
+ Le uDraw GameTablet est un périphérique commercialisé par THQ le 14 novembre 2010 à la base pour la Wii puis pour les consoles HD — à savoir la PlayStation 3 et la Xbox 360 — l'année suivante. C'est une tablette sur laquelle vient se connecter la manette et qui permet de dessiner sur l'écran. Elle est utilisée dans des jeux tel que uDraw Studio ou Pictionnary.
131
+
132
+ La Wii n'aurait coûté pour sa fabrication que 109 euros[151] (150 $), une estimation réalisée en 2008. Ce choix s'explique en partie par le fait que Nintendo ne possède pas, contrairement à ses concurrents, d'autres sources de revenus que la fabrication de consoles vidéo-ludiques et la conception de jeux vidéo. Les caractéristiques suivantes ont été dévoilées par Nintendo lors de l'E3 2006 :
133
+
134
+ Le processeur qui équipe la Wii est une variante du Gekko de la GameCube, dérivé du PowerPC d'IBM et dont le nom de code est Broadway. La principale différence avec le Gekko est un procédé de production plus fin (90 nm contre 180 nm pour le Gekko) qui a permis d'augmenter la fréquence (729 MHz contre 485 MHz pour le Gekko) tout en réduisant encore la consommation déjà faible de ce processeur (4 Watts pour ce dernier contre 5 pour le Gekko) ainsi que sa taille et donc son coût de production (il est possible de produire environ 2 500 Broadway avec un seul wafer).
135
+
136
+ Les deux RAM sont adressables indépendamment, et peuvent stocker toutes deux n'importe quel type de données.
137
+
138
+ Il existe une mémoire auxiliaire de 16 Mio. Cette dernière n'est pas utilisable pour les graphismes car moins performante, typiquement utilisée pour le son et l'interface. Cet espace de mémoire existait déjà sur la GameCube.
139
+
140
+ La Wii intègre 512 Mo de mémoire flash pour des sauvegardes ou stockage des jeux de la Console virtuelle et WiiWare. La console possède deux ports USB 2.0 (480 Mbit/s), ainsi qu'un module Wi-Fi B et G (jusqu'à 54 Mbit/s) intégré. La connexion Ethernet est possible via un adaptateur spécifique se connectant sur un port USB de la console. Au travers de son port multi audio/vidéo, on peut relier la Wii à son téléviseur ou son moniteur via un câble YUV, S-Video, composite ou RVB. 1 port pour la connexion de l'émetteur infrarouge (Sensor Bar) et 1 port cartes SD sont inclus.
141
+
142
+ Le mode connecté est entièrement gratuit et utilise le service Nintendo Wi-Fi Connection. Le programme réseau est directement inclus dans la console, ce qui allège le travail des développeurs. La Wii est, dès le début, commercialisée avec tout le nécessaire pour jouer en ligne, et aucun abonnement n'est nécessaire pour les jeux Nintendo. Nintendo pense que le mode connecté sera le tournant décisif de la nouvelle génération de consoles et souhaite y être présent. En effet, après l'avoir longtemps boudé avec la GameCube (seulement trois jeux jouables en ligne) tandis que la PS2 et la Xbox surtout s'y appliquaient en masse, Nintendo semble décidé à intégrer le jeu en ligne à sa politique.
143
+
144
+ Pour certains jeux, la fonction « Wi-Fi Connection » est payante. Pour ces jeux, le logo est orange foncé et la mention Pay and Play y est présente. Le premier jeu vidéo payant en ligne de la Wii en Europe est le jeu WiiWare Final Fantasy Chrystal Chronicles My Life as a King. Cette partie payante est essentiellement utilisée pour du contenu supplémentaire. Le nouveau service en ligne de la Wii est le WiiConnect24. Même en veille, la console reste connectée à Internet, ce qui permet à Nintendo ou aux éditeurs tiers de délivrer aux joueurs des informations, des messages, du contenu pour leurs jeux. Des mises à jour sont de même disponibles. Le premier jeu en ligne de la Wii en Europe est Mario Strikers Charged Football, sorti le 25 mai 2007 en Europe.
145
+
146
+ La Connexion Wi-Fi Nintendo, qui permet le jeu en ligne, est désactivée par Nintendo le 20 mai 2014[110],[111].
147
+
148
+ Le 29 septembre 2017, Nintendo annonce qu'elle fermera la chaîne Boutique Wii le 31 janvier 2019[152].
149
+
150
+ Grâce à cette plate-forme et à une connexion Internet, la Wii peut émuler les jeux des consoles NES (500 points), SNES (800 points), Nintendo 64 (1000 points), Turbo Grafx (600 points), Neo-Geo AES (900 points), Mega Drive (800 points) et Virtual Console Arcade (500 points) qui appartiennent à sa région en les téléchargeant directement via la Chaîne boutique, utilisant des Nintendo Points. Ces points sont disponibles dans divers magasins de jeux vidéo ou par le biais d'une carte crédit, au prix de 20 € pour 2000 Nintendo Points. D'après Nintendo, de nombreux éditeurs tiers proposeront également leurs jeux sortis sur ces consoles. Satoru Iwata a nommé cela la Console virtuelle. Fin mars 2008, des jeux Commodore 64 ont rejoint le catalogue pour 500 Nintendo Points avec des titres comme Uridium ou International Karate. Début avril 2008, ce fut au tour de la Master System de Sega avec des titres comme Wonder Boy. Depuis le 25 mars 2009 des jeux d'arcade sont également proposés sur la plate-forme sous le nom de Virtual Console Arcade.
151
+
152
+ Certains titres sont un peu plus chers que les autres titres de leur console originelle, par exemple Sin and Punishment coûtant 1200 points au lieu de 1000 ou Super Mario RPG coûtant 900 points au lieu de 800. Au 24 novembre 2011, les disponibilités par console sont de[153] : NES (79 titres), Super Nintendo (66 titres), Nintendo 64 (21 titres), Mega Drive (72 titres), Turbografx (60 titres), NeoGeo (28 titres), Sega Master System (16 titres), Commodore 64 (17 titres) et Virtual Console Arcade (17 titres).
153
+
154
+ Accessible à partir de la chaîne boutique Wii, la plate-forme WiiWare permet d'acheter à l'aide des Nintendo Points des jeux téléchargeables issus de studios connus tout comme de studios indépendants ainsi que du contenu additionnel. Les développeurs ont pour seule contrainte technique la nécessité de produire un jeu de moins de 40 Mo[154]. Ils gardent ainsi, entre autres, la possibilité d'utiliser les services en ligne comme le Nintendo Wi-Fi Connection et le WiiConnect24 ainsi que les Miis. WiiWare a été lancé le 20 mai 2008 en Europe avec six jeux[réf. souhaitée].
155
+
156
+ Le 19 février 2010, le WiiWare a atteint le cap du deux centième jeu disponible sur le service avec le jeu Brain Cadets de Rising Star Games[réf. souhaitée].
157
+
158
+ Les chaînes Wii (Wii Channel en anglais) sont un ensemble de chaînes qui constitue le menu de la Wii et le principe même de la console qui est de rajouter des chaines à la télévision, certaines sont reliées au réseau Internet et proposent diverses informations ou services. À l'écran principal, ces chaînes s'affichent sous forme de petites icônes animées aux coins arrondis, faisant penser à une télévision à écran non-plat. L'utilisateur peut organiser et déplacer ces chaînes à souhait et il est possible d'avoir jusqu'à 48 chaînes (regroupées en 4 parties de 12 chaînes chacune, la navigation entre ces parties s'effectue avec les boutons « + » et « - » de la télécommande Wii). La plupart des chaînes Wii sont gratuites mais certaines sont payantes, notamment les jeux WiiWare et Console Virtuelle. Elles peuvent être seulement téléchargées via la chaîne boutique Wii (quoique certaines sont liées à des jeux (Mario Kart Wii, Wii Fit, etc.) et peuvent être installées sur le Menu Wii à la demande du joueur).
159
+
160
+ Toutes les chaînes (outre la Chaîne Disque et les chaînes présentes à l'achat) prennent un certain espace dans la mémoire de la console, pouvant atteindre plus d'une centaine de blocs (unité de mémoire de la Wii). Elles peuvent être sauvegardées sur carte SD via les Paramètres Wii. Les chaînes téléchargées à partir de la Chaîne boutique Wii (c'est-à-dire les jeux WiiWare, Console Virtuelle et logiciels Wii) peuvent ensuite être téléchargées à volonté même si elles ont été effacées (sauf si le compte de la chaîne boutique Wii du joueur a été supprimé).
161
+
162
+ Note : cette liste de chaînes est non exhaustive et peut évoluer à tout moment. Pour plus d'informations, pensez à consulter la Liste de jeux disponibles sur la console virtuelle en Europe ou la Liste de jeux WiiWare.
163
+
164
+ Mi-février 2006, Reginald Fils-Aimé déclare que plus de mille kits de développement ont été distribués aux éditeurs tiers.
165
+ D'après le site internet IGN, il en existerait quatre versions : la première serait une GameCube accompagnée d'une télécommande Wii, la seconde serait une GameCube techniquement améliorée accompagnée d'une télécommande Wii, la troisième disposerait quant à elles de performances techniques supérieures à celles de la GameCube. Enfin, la quatrième version serait celle qui aurait les performances techniques les plus élevées et donc les plus proches de la console.
166
+
167
+ Les kits de développement Wii sont, semble-t-il, vendus entre 1 700 et 2 000 USD aux développeurs.
168
+
169
+ Il est pensé qu'utiliser la Wii demande davantage d'énergie physique que pour les autres consoles[164]. Certains utilisateurs de la Wii ont ressenti une forme d'épicondylite nommée « Wiitis »[165] et la British Chiropratic Association a publié un guide d'échauffement pour éviter des blessures lié à une utilisation de la télécommande Wii[166]. Une étude publiée dans le British Medical Journal déclare que les utilisateurs de Wii Sports consomment plus d'énergie en jouant à ce jeu que lorsqu'ils jouent de manière sédentaire aux autres jeux électroniques. Il est cependant précisé que si cette consommation d'énergie supplémentaire peut être bénéfique dans la gestion de son poids, elle n'est pas suffisante pour remplacer l'exercice physique régulier[167],[168]. Le jeu nommé Wii Fit utilise d'ailleurs un périphérique nommé Wii Balance Board qui permet de calculer son indice de masse corporelle en entrant sa taille puis de réaliser des exercices physiques dans le but de l'améliorer[169].
170
+
171
+ Une étude de cas publiée dans le journal de l'association américaine de physiothérapie se concentre sur l'usage de la Wii dans la rééducation d'un adolescent atteint d'infirmité motrice cérébrale. Elle est considérée comme la première étude montrant les bénéfices de la physiothérapie résultant de l'utilisation d'une console de jeu. Les chercheurs disent que la console complète les techniques traditionnelles[170]. En mai 2010, l'American Heart Association (AHA) soutient la Wii pour encourager les personnes sédentaires à se préoccuper de leur forme physique. Le logo de l'AHA accompagne la console ainsi que deux de ses jeux les plus actifs, Wii Fit Plus et Wii Sports Resort[171],[172].
172
+
173
+ La Wii est rétrocompatible avec tous les jeux et accessoires (exceptés les modems et le GameBoy Player) de la GameCube. La Wii dispose de quatre ports manettes et de deux ports cartes mémoires GameCube situés sur le dessus de la console et recouverts par des clapets.
174
+ De nombreux jeux Wii, comme Mario Kart Wii ou Super Smash Bros. Brawl sont compatibles avec la manette GameCube.
175
+ Le jeu Fire Emblem: Radiant Dawn permet de récupérer des données de l'épisode précédent, Fire Emblem: Path of Radiance, si une carte mémoire GameCube avec un fichier de sauvegarde de ce dernier jeu est insérée dans la console.
176
+
177
+ Le modèle RVL-101 commercialisé dans certains packs à partir de novembre 2011 ne propose plus la rétrocompatibilité GameCube, que ce soit les jeux, les manettes, les cartes mémoires ou les divers accessoires[173].
178
+ La Wii Mini commercialisée en décembre 2012 est elle aussi dénuée de rétrocompatibilité GameCube.
179
+
180
+ La Wii peut être connectée à la DS et à la 3DS à la manière de la GameCube et de la Game Boy Advance mais sans accessoire supplémentaire, les consoles se connectant sans fil. Les premiers jeux à bénéficier de cette option sont Pokémon Battle Revolution et Animal Crossing: Let's Go to the City.
181
+ Depuis peu, la Chaîne Nintendo de la Wii permet aux utilisateurs de DS de télécharger des démos de jeux DS. Certaines restent temporaires, par exemple au moment de la sortie d'un titre DS, ou d'autres sont permanentes (Exemple: Démo d'un circuit de Mario Kart DS).
182
+ La connexion vers la DS est aussi disponible sur la chaîne Mii avec des appuis de touches.
183
+
184
+ Lorsque la Wii est présentée pour la première fois en mai 2005, Satoru Iwata, le président de Nintendo, annonce que la console lira les DVD.[réf. nécessaire] Finalement, le lecteur de disques de la Wii ne peut lire ni les DVD Vidéo ni les DVD-Audio. En 2006, une annonce prévoit la sortie d'une nouvelle version de la Wii capable de lire les DVD Vidéo pour 2007[174]. Cependant, Nintendo retarde cette sortie afin de se concentrer sur la production de la console originale et répondre ainsi à la demande[175]. L'annonce initiale de Nintendo déclare que la capacité de lire des DVD sur la Wii « exige plus qu'une mise à jour du micrologiciel »[A 14] pour la mettre en œuvre et que cette fonctionnalité ne pourrait pas être obtenue à partir d'une mise à jour du modèle de Wii existant[174]. Il est également exclu, selon la firme, de se lancer dans une multiplication des modèles.
185
+
186
+ Il est possible de visionner des fichiers DivX, MP3 ou JPEG présents sur un PC grâce au logiciel Orb dont une version spéciale Wii est disponible, à condition d'avoir installé Opera[176]. La qualité de la vidéo dépend de la connexion internet. Peu avant le mois de décembre 2007, Nintendo annonce qu'une mise à jour rendrait la Wii compatible avec les sons au format AAC, et que les sons au format MP3 ne seraient plus supportés. Dès le mois de décembre 2007, toutes les consoles Wii vendues ont cette mise à jour intégrée. Seules les Wii obtenues avant cette date peuvent revenir à l'ancienne version et devenir à nouveau compatibles avec les sons MP3[177],[178].
187
+
188
+ Des puces pour la Wii ont été créées très rapidement. Elles permettent de lancer des homebrews et des backups de jeux Wii et GameCube ainsi que la lecture de DVD et de DivX et le support partiel de jeux Wii et GameCube importés. Nintendo, dans ses tentatives pour empêcher l'installation des puces, a sorti différentes versions de ses chipsets. Depuis décembre 2008, l'ajout d'une couche d'époxy par-dessus le chipset a rendu difficile la pose des puces, provoquant l'apparition de puces se posant non pas sur le chipset, mais s'intercalant entre la carte mère et le lecteur DVD en se branchant simplement sur la nappe reliant les deux[179].
189
+
190
+ La découverte d'une faille dans le jeu The Legend of Zelda: Twilight Princess a permis le lancement d'homebrews via une carte SD. Cette faille a été corrigée dans la version 4.0 du menu wii, mais la faille du bannerbomb a permis aux utilisateurs des versions 4.0, 4.1 et 4.2 de lancer des homebrews via la Homebrew Channel. Cependant, cette faille a été à nouveau comblée dans la version 4.3 du menu Wii. De nouvelles failles comme celle de Super Smash Bros. Brawl ou Lego Indiana Jones : La Trilogie originale ou plus récemment LetterBomb ont permis à nouveau le lancement de homebrews[réf. souhaitée]. Ces failles permettent de plus d'installer une petite version de Linux basé sur le GC-Linux[180]. Un ISO Loader autorisant le lancement des backups sans puces[181] et un USB loader permettant de lancer ses dumps de jeux depuis un DVD-R, ou directement depuis un disque dur, ont également été développés.
191
+
192
+ Lors de l'E3 2006, le stand se faisant le plus remarquer est celui de Nintendo qui ne désemplit pas de joueurs ou de journalistes avides et curieux de tester la nouvelle façon de jouer proposée par la Wii. La Wii est, au cours de ce salon, la plus remarquée des consoles, éclipsant quelque peu ses concurrentes directes : la PlayStation 3 et la Xbox 360[182]. À cette occasion, elle gagne le prix de la meilleure console du salon et du meilleur matériel au Game Critics Awards[183]. Dans son numéro de décembre 2006, la revue Popular Science la désigne comme lauréate de la catégorie multimédia de loisir[184], Spike TV lui accorde également un prix pour sa percée technologique[185], GameSpot l'élit meilleur matériel informatique de l'année dans son comparatif de 2006[186], le magazine PC World la choisit parmi l'un des 20 produits les plus innovants de l'année[187] et elle reçoit le prix de l'innovation de l'année 2007 lors des Golden Joystick Awards[188]. Dans la catégorie innovations techniques et industrielles, l'Académie nationale des arts et des sciences de la télévision décerne à Nintendo un Emmy Award pour l'innovation de sa console[189]. Enfin, en 2009, IGN désigne la Wii 10e meilleure console de tous les temps, sur un total de 25[190].
193
+
194
+ Quelques mois après l'E3 2006, Paris, les lancements de la Wii et de la PS3 contrastent fortement. La Wii connaît une très bonne réception de la part d'un public enthousiaste et excité quant à ses possibilités[191], loin de l'ambiance glaciale qui règne lors de la manifestation pour le lancement de la PlayStation 3 qui se déroule dans la quasi-indifférence générale[192]. Par la suite, les difficultés d'approvisionnement après les fêtes de fin d'année 2006 et durant tout le début de l'année 2007 ont témoigné du fort engouement produit par la Wii.
195
+
196
+ Le succès mondial de la Wii prend les développeurs indépendants à Nintendo par surprise, les poussant à présenter des excuses pour la qualité des premiers jeux vidéo qu'ils ont sortis sur cette console. Dans une interview avec le magazine allemand Der Spiegel, Yves Guillemot et Alain Corre d'Ubisoft admettent qu'ils ont fait une erreur en sortant précipitamment leurs premiers titres et promettent de prendre les futurs projets plus au sérieux[193]. Take-Two Interactive, qui a sorti quelques jeux pour la GameCube, change son attitude face à Nintendo en plaçant une plus grande priorité sur la Wii[194].
197
+
198
+ En même temps, des critiques de la télécommande Wii et des propriétés de la console font surface. Jeff Gerstmann, ancien rédacteur chez GameSpot et fondateur du site Giantbomb.com déclare que les haut-parleurs de la télécommande Wii émettent un son de mauvaise qualité[195], tout comme le président de Factor 5, Julian Eggebrecht, qui critique lui aussi la qualité du son, qu'il trouve inférieure à celle des autres consoles de cette génération[196]. L'entreprise anglaise de développement de jeux vidéo Free Radical Design regrette que la Wii manque de puissance pour faire fonctionner des jeux prévus habituellement pour sortir sur les autres consoles de septième génération[197]. La connexion en ligne de la Wii est aussi victime de critiques, comme Matt Casamassina d'IGN qui la compare au service « entièrement contre-intuitif » fourni avec la Nintendo DS[198].
199
+
200
+ Un cadre de Frontline Studios indique que la majorité des éditeurs de jeux indépendants à Nintendo hésitent à sortir des titres exclusivement pour la Wii car les compagnies tierces ne sont pas fortement appréciées par les consommateurs[199]. Sur son blog, Jeremy Parish de 1UP.com déclare que Nintendo est sa plus grande déception de l'année 2007. Commentant sur la mauvaise qualité du soutien des entreprises tierces, il déclare que « le paysage de la Wii est austère. Pire qu'il l'était sur la Nintendo 64. Pire que sur la GameCube… »[A 15],[200].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
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+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
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+ La Nintendo DS (ニンテンドーDS, Nintendō Dī Esu?, DS pour Dual Screen, Double Screen au Japon), est une console portable créée par Nintendo, sortie fin 2004 au Japon et en Amérique du Nord et en 2005 en Europe.
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+
7
+ Elle est équipée de plusieurs fonctions auparavant rares, voire inédites dans le domaine du jeu vidéo portable, telles que deux écrans rétro-éclairés simultanément dont un écran tactile, un microphone, deux ports cartouche (un pour les jeux Nintendo DS, un autre pour les cartouches de jeu Game Boy Advance et les accessoires), deux haut-parleurs compatibles surround (virtuel), ou encore le Wi-Fi intégré, d'une portée de 10 à 30 mètres en LAN, permettant de connecter seize consoles entre elles, et de se connecter au Nintendo Wi-Fi Connection pour jouer en ligne.
8
+
9
+ En 2006, Nintendo commercialise la Nintendo DS Lite, un modèle révisé plus petite et légère de la console. En 2008, Nintendo lance la Nintendo DSi, nouvelle révision de la console avec de nouveaux ajouts, tels que la présence de deux caméras.
10
+
11
+ La Nintendo DS, avec ses différentes variantes, est aujourd'hui la console portable la plus vendue de tous les temps et la deuxième console la plus vendue en prenant en compte les consoles de salon[4], juste derrière la PlayStation 2 de Sony. Son jeu phare, New Super Mario Bros., est quant à lui l'un des jeux les plus vendus du monde.
12
+
13
+ À l'origine, l'idée était de mettre sur le marché une machine pour faire patienter les joueurs en attendant une nouvelle version de la Game Boy[5]. Le 13 novembre 2003, Nintendo a annoncé qu'il allait sortir une nouvelle console en 2004. Le 20 janvier 2004, la console a été annoncée sous le nom de code Nintendo DS (Developer's System). En mars 2004, le nom de code a été changé en Nitro. En mai 2004, le nom de code a été modifié pour revenir à Nintendo DS et la console a été dévoilée sous forme de prototype lors de l'Electronic Entertainment Expo (E3). Il s'agit d'un prototype présenté à seulement quelques journalistes avec des jeux tels que Metroid Prime ou encore Mario Kart en version préliminaire[6]. Elle reprend en partie le design de certaines Game and Watch. Le 28 juillet 2004, le nom définitif et l'aspect de la console sont dévoilés. DS veut désormais dire Dual Screen, le cadre noir cernant les écrans est supprimé et divers détails sont revus.
14
+
15
+ Dès son annonce, la Nintendo DS avait fait couler beaucoup d'encre. En tant que « petit frère » de la mythique Game Boy et ses dérivés (Color, Advance, SP, Micro), elle se devait d'être une console révolutionnaire dans sa manière de faire jouer son acheteur. Lorsque le caractère tactile de l'écran du bas fut dévoilé, ainsi que le fait que la console comporterait deux écrans au lieu d'un seul, la future née de la firme fut plébiscitée par les médias et le public pour son originalité et sa prise en main[7] (lors de sa première présentation où elle était jouable). L'utilisation des deux écrans n'est pas une première chez Nintendo puisque l'une de ses premières consoles portable, la Game and Watch version Multiscreen, comportait deux écrans, l'un tactile, et l'utilisation du Stylet.
16
+
17
+
18
+
19
+ Le prix de la Nintendo DS varie suivant le continent, 150 $ (environ 100 €) en Amérique du Nord, 15 000 ¥ (environ 100 €) au Japon.
20
+
21
+ À sa sortie en Europe le 11 mars 2005, elle coûte 150 €. Pour faire face à la concurrence (principalement la PlayStation Portable), Nintendo baisse le prix de sa console de 25 €. Son prix est donc passé à 125 €. La Nintendo DS Lite coûte 145 € à sa sortie en Europe.
22
+
23
+ La Nintendo DS se démarque également par les énormes succès de ses jeux. Au Japon, il s'agit de la console qui dispose du plus grand nombre de jeux ayant franchi le seuil des 5 millions d'exemplaires vendus (5 jeux : New Super Mario Bros., Pokémon Diamant et Perle, Pokémon Noir et Blanc, Animal Crossing: Wild World et More Brain Training) et 9 jeux Nintendo DS se classent parmi les 30 meilleures ventes du pays[27]. Au niveau mondial, la console connaît 6 titres dépassant les 15 millions d'exemplaires distribués, dont 3 qui dépassent les 20 millions. Nintendogs et New Super Mario Bros. sont respectivement les 4e et 5e meilleures ventes de l'histoire[28]. Fin 2010, elle devient la console la plus vendue de tous les temps, dépassant la PS2 et ses 140 millions d'exemplaires. Mais la deuxième console de salon de Sony a fini par la rattraper quelques mois plus tard avec 153,68 millions d'exemplaires. Néanmoins, la Nintendo DS regagnera son titre de console la plus vendue de tous les temps début décembre 2012 en re-dépassant la PS2. Désormais, la PS2 et la DS ne sont plus produites. La PS2 a repris son titre de console la plus vendue de tous les temps avec 157,68 millions d'unités vendues.
24
+
25
+ Liste des 10 jeux les plus vendus sur Nintendo DS :
26
+
27
+ En 2009, la production du premier modèle se termine[réf. nécessaire].
28
+
29
+ En 2011, la production du modèle Lite se termine marquant ainsi la fin définitive du support de la GameBoy Advance[réf. nécessaire].
30
+
31
+ En 2012, la production de la DSi se termine et seul le modèle XL continue d'être en production, c'est aussi en cette année que la DS (tous modèles confondus), devient la console la plus vendue au monde devant la PS2 dont la production s'est terminée le 30 novembre[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Fin avril 2013, Nintendo annonce dans un rapport financier la fin de la production du dernier modèle, la DSi XL. Ce même rapport indique en outre que la DS, toutes versions confondues, s’est écoulée à 153,87 millions d’exemplaires depuis son lancement, neuf ans plus tôt[30],[31].
34
+
35
+ Batterie au lithium-ion de 850 mAh pour 6 à 10 heures de jeu (avec le rétroéclairage).
36
+
37
+ Batterie au lithium-ion de 1000 mAh pour 15 à 19 heures de jeu avec la luminosité la moins forte, 5 à 8 heures de jeu avec la luminosité la plus forte.
38
+
39
+ Batterie au lithium-ion de 840 mAh pour 9 à 14 heures de jeu avec la luminosité la moins forte, 3 à 4 heures de jeu avec la luminosité la plus forte.
40
+
41
+ Batterie au lithium-ion de 1050 mAh pour 13 à 17 heures de jeu avec la luminosité la moins forte.
42
+
43
+ Les modifications par rapport à la Nintendo DS sont :
44
+
45
+ Note : La Nintendo DS Lite, avec ses 93,84 millions de ventes, est la console portable la plus vendue de tous les temps.
46
+
47
+ Deux objectifs sont disponibles (un intérieur et un extérieur) de 0,3 Mégapixel, un lecteur de cartes SD, un navigateur Web Nintendo DSi Browser intégré et un lecteur audio supportant uniquement le format AAC. Les photos prises peuvent être modifiées à l'aide de l'écran tactile et sauvegardées sur une carte SD.
48
+
49
+ Le Nintendo DSi possède aussi une mémoire interne, afin de télécharger divers programmes via le DSiWare à l'aide des Nintendo Points.
50
+
51
+ Le design du Nintendo DSi est très similaire à celui du Nintendo DS Lite et les jeux du Nintendo DS et du Nintendo DS Lite sont compatibles mais plus ceux de la Game Boy Advance. En effet, afin de rendre la console plus fine et plus légère que la Nintendo DS Lite (la console perd 12 % de sa masse et 2,6 mm d'épaisseur) et pour réduire les coûts de production, l'emplacement pour cartouches Game Boy Advance a été supprimé.
52
+
53
+ Connue au Japon sous le nom de Nintendo DSi LL (ニンテンドーDSi LL?), elle dispose de deux écrans, dont un tactile, de 4,2 pouces contre les 3,25 pouces de ceux de la Nintendo DSi. Elle est destinée à donner à ses utilisateurs un meilleur confort visuel. Ses écrans ont une diagonale 30 % plus grande que ceux d'une Nintendo DS Lite (la surface augmente de 93 %, soit presque le double).
54
+
55
+ Néanmoins la définition d'écran reste la même que sur les anciennes Nintendo DS, et il apparaît parfois, sur certains jeux, des pixels un peu plus visibles : 100 livres classiques et Pokémon version Noire et Blanche par exemple.
56
+
57
+ Un nouveau stylet, plus gros, en forme de stylo est fourni à l'achat. La Nintendo DSi XL est disponible en 2 coloris à sa sortie : bordeaux et chocolat. Plus tard, elle sera disponible en 5 autres coloris : bleu foncé, bleu, jaune, rouge et vert.
58
+
59
+ À l’automne 2010, à l'occasion du 25e anniversaire de Mario, Nintendo a proposé une Nintendo DSi XL de couleur rouge en édition limitée[33].
60
+
61
+ La console pèse désormais 310 grammes soit environ 100 grammes de plus que la Nintendo DSi et la Nintendo DS Lite et 40 grammes de plus que la première Nintendo DS.
62
+
63
+ Nintendo DS :
64
+
65
+ Nintendo DS Lite :
66
+
67
+ Nintendo DSi :
68
+
69
+ Nintendo DSi XL (LL au Japon) :
70
+
71
+ Grâce à la rétrocompatibilité, la Nintendo DS et la Nintendo DS Lite bénéficient également de la ludothèque de la Game Boy Advance mais, la console ne possédant pas de port link, le multijoueur n'est pas possible. Les jeux Game Boy et Game Boy Color ne sont pas compatibles, comme la Game Boy Micro.
72
+
73
+ PictoChat est la contraction de pictogramme et de chat. Le PictoChat permet, grâce à la communication sans fil Nintendo DS, de communiquer grâce à un clavier virtuel et une possibilité de dessiner dans la fenêtre de conversation. Ce logiciel de chat est inclus dans toutes les versions de la Nintendo DS et ne nécessite pas d'achat de cartouche supplémentaire. Elle permet aussi de discuter avec plusieurs personnes en même temps.
74
+
75
+ Fort d'une longue expérience (les Game Boy communiquaient déjà grâce à un câble en 1989), Nintendo a cette fois-ci implanté sur la plupart de ses jeux la possibilité de jouer en réseau sans fil en Wi-Fi. Avec une seule carte, il est possible de jouer à plusieurs. En effet, les autres consoles sans cartouche téléchargent la version multijoueur du jeu présent dans la cartouche principale, ce qui accroît les possibilités de jeu à plusieurs. Toutefois, les jeux à une seule cartouche sont quelquefois limités par rapport aux modes où chaque participant possède une cartouche, et la Nintendo DS n'accepte que la sécurité de réseau WEP, de moins en moins utilisé pour sa faible sécurité et sa mauvaise réputation.
76
+
77
+ Des réunions de joueurs se sont d'ailleurs développées dans le but d'utiliser la capacité de leur console portable en mode multijoueur. Ces réunions sont présentes un peu partout en France sous l'appellation « DS in » suivie du nom de la ville de rencontre. En effet, la console de Nintendo permet à un nombre variable de joueurs (de 2 à 16) de jouer avec une seule cartouche et sans fil (via le Wi-Fi). Par extension, ces rendez-vous sont devenus l'occasion d'essayer de nouveaux jeux, de parler d'applications ou d'affronter des adversaires via des tournois. Le record officiel (validé par un représentant du Livre Guinness des records) a réuni exactement 381 personnes et leurs Nintendo DS lors d’un évènement qui s’est déroulé le 12 octobre 2007 en Australie, le DS in Parramatta[36].
78
+
79
+ Plusieurs accessoires se placent dans le port GBA de la Nintendo DS :
80
+
81
+ D'autres accessoires sont inclus dans certains jeux, notamment au Japon (stylet rose dans Touch! Kirby's Magic Paintbrush, stylet jaune dans Pac-Pix, dragonne et stylet dans Gyakuten Saiban, etc.).
82
+
83
+ Quelques accessoires non officiels sont sortis :[réf. nécessaire]
84
+
85
+ La Nintendo DS peut être reliée à la Wii, pour le téléchargement de données, le jeu en ligne ou pour servir de manette auxiliaire via la Connexion Wi-Fi Nintendo. Le système de jeu sur internet est assuré par GameSpy, une filiale d'IGN.
86
+
87
+ La Download Station DS est un kiosque de démonstration lancé en 2006. Comme leur nom l'indique, ces kiosques sont utilisés pour télécharger des démonstrations et des vidéos sur Nintendo DS. Les jeux peuvent être téléchargés dans le menu « Téléchargement » présent sur la Nintendo DS, menu qui permet de choisir la Download Station à utiliser (s'il y en a plusieurs). Son utilisation se fait via un simple menu qui s'occupe de télécharger facilement les démos choisies par l'utilisateur. Les démos disparaissent une fois la console éteinte.
88
+
89
+ La Download Station n'est actuellement rien d'autre que des consoles DS classiques disponibles dans le commerce, enfermées dans une boite avec une cartouche spéciale « DS Download Station » insérée à l'intérieur. Les cartouches font office de serveur pour les clients qui téléchargent de nouvelles démo ou vidéos. Quand Nintendo actualise ses cartouches de démo chez les revendeurs, il leur suffit de changer la cartouche d'une DS contenue dans le coffret. Une Download Station ne peut distribuer qu'une seule démo ou vidéo à la fois, mais il est possible de connecter 15 personnes à la fois. Lorsque deux personnes téléchargent la même démo, un système de peer-to-peer se met en place, la première personne à télécharger la démo transmet une copie de ce qu'elle télécharge à l'autre personne. Si deux personnes téléchargent deux démos différentes, la deuxième personne doit attendre que la première personne ait fini de télécharger.
90
+
91
+ Les versions américaine et européenne sont complètement différentes des versions japonaises, qui utilisent 3 ordinateurs connectés entre eux.
92
+
93
+ La borne européenne contient un routeur D-link modifié en usine, et un Firmware modifié. Grâce à cela, n'importe quelle DS qui essaie de se connecter à internet (avec ou sans paramètre Wifi) est immédiatement reconnue ; le routeur empêche toute connexion d'appareil wifi qui n'est pas Nintendo.
94
+
95
+ Ce routeur a eu aussi pour but de fonctionner comme serveur de démo dynamique. Il devait permettre à Nintendo de distribuer facilement de nouvelles démos ou de nouveaux contenus sans passer par la distribution de nouvelles cartouches. Le projet fut abandonné à cause de la disparité des Download Station qui étaient connectées à internet, et les mesures de sécurités contraignantes engagées par Nintendo. Chaque borne Wifi devait avoir une IP déclarée aux serveurs de Nintendo Europe par une personne habilitée. Cette contrainte a rendu l'utilisation autonome quasi impossible et son coût plus élevé que de simples cartouches. il s'agissait de l’ancêtre du Nintendo Zone.
96
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97
+ Comme toutes les précédentes consoles portables produites par Nintendo, la Nintendo DS n'échappe pas aux hackers. De nouveaux linkers sont apparus pour répondre aux spécificités de la console. Ces accessoires non officiels permettent l'utilisation de homebrews ou de copie de sauvegarde de jeux officiels. Cette dernière utilisation est bien sûr comparable à d'autres formes de piratage.
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+ Au niveau technique, les derniers linkers, ceux utilisant le slot 1 (emplacement permettant de jouer avec une cartouche originale) de la console, prennent la forme d'une cartouche Nintendo DS classique. Ces linkers contiennent soit de la mémoire flash interne soit un lecteur de carte SD (mini ou micro).
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+ Ces linkers permettent également de pallier les manques de la console. De nombreux développeurs créent des homebrews, des petits programmes qui s'exécutent sur la console au même titre qu'un jeu par exemple. Le homebrew le plus célèbre pour la Nintendo DS est sans conteste MoonShell, qui permet la lecture de fichiers audio ou vidéo, mais aussi des images et des fichiers textes.
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+ Ces linkers et homebrews fonctionnent en prenant le contrôle du système de la Nintendo DS. On peut d'ailleurs s'en rendre compte, vu que l'écran habituel de la Nintendo DS n'apparaît pas.
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+ Nintendo a porté plainte début décembre 2007 contre les revendeurs de ces linkers sur le sol français. Certains magasins voient alors leurs stocks saisis[37]. Le 3 décembre 2009, une décision de justice est prise en faveur du site Divineo, qui échappe à l'interdiction de vente de linkers. Nintendo annonça sa volonté de faire appel de la décision du tribunal dès le lendemain[38].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le mètre, de symbole m, est l'unité de longueur du Système international (SI). C'est l'une de ses sept unités de base, à partir desquelles sont construites les unités dérivées (les unités SI de toutes les autres grandeurs physiques).
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+ Première unité de mesure du système métrique initial, le mètre (du grec μέτρον / métron, « mesure »[1]) a d'abord été défini comme la 10 000 000e partie d'une moitié de méridien terrestre[a], puis comme la longueur d'un mètre étalon international, puis comme un multiple d'une certaine longueur d'onde et enfin, depuis 1983, comme « la longueur du trajet parcouru par la lumière dans le vide pendant une durée d'un 299 792 458e de seconde »[2].
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+ « Nous fixons l'unité de mesure à la dix-millionième partie du quart du méridien et nous la nommons mètre ».
8
+ Le 11 juillet 1792, dans leur rapport à l'Académie des Sciences sur la nomenclature des mesures linéaires et superficielles[3], Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace, définissent pour la première fois ce qui deviendra près d'un siècle plus tard l'unité de mesure internationale de référence des longueurs.
9
+
10
+ Le mot « mètre » était déjà utilisé dans la langue française depuis plus d'un siècle dans des mots composés comme thermomètre (1624, Leurechon[4]) ou baromètre (1666)[5].
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+
12
+ Le 26 mars 1791, l'Assemblée Nationale, sur la demande de Talleyrand et au vu du rapport de l'Académie des sciences[6], avait voté l'exécution de la mesure d'un arc de méridien de Dunkerque à Barcelone pour donner une base objective à la nouvelle unité de mesure.
13
+
14
+ Les opérations de mesure du méridien entamées en 1792 par Delambre et Méchain n'étant pas encore achevées, en 1793, un premier mètre provisoire doit être adopté. Fondé sur les calculs du méridien par Nicolas-Louis de Lacaille en 1758 et d'une longueur de 3 pieds 11 lignes 44 centièmes, soit 443,44 lignes de la Toise de Paris[7], ce mètre provisoire est proposé en janvier 1793 par Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace[8] et adopté par décret le 1er août 1793 par la Convention[9].
15
+
16
+ Avec le décret du 18 Germinal an III (7 avril 1795)[10], la Convention institue le système métrique décimal et poursuit les mesures du méridien terrestre qui avaient été interrompues fin 1793 par le Comité de Salut public.
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+
18
+ Le 4 messidor an 7 (22 juin 1799), un mètre-étalon en platine[11] conforme aux nouveaux calculs du méridien est déposé aux Archives de l'Empire et un autre à l'Observatoire Impérial.
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+
20
+ La loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799)[12] édictée au début du Consulat, institue le mètre définitif.
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+ Le mètre provisoire fixé dans les lois du 1er août 1793 et du 18 germinal an III est révoqué. Il est remplacé par le mètre définitif, dont la longueur fixée par les mesures du méridien par Delambre et Méchain est de 3 pieds 11 lignes 296 millièmes[13].
22
+
23
+ La République helvétique adopte le système métrique en 1803, peu avant son effondrement. Le 2 avril 1807, Ferdinand Rudolph Hassler soumet sa candidature à la réalisation du relevé côtier des États-Unis, où il avait amené une copie du mètre des Archives en 1805[14],[15],[16],[17].
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+
25
+ Les Pays-Bas adoptent le mètre à partir de 1816, premier pays à établir durablement le système métrique, suivi par la Grèce en 1836[14].
26
+
27
+ En 1832, Carl Friedrich Gauss qui effectue des travaux sur le champ magnétique terrestre propose d'ajouter la seconde aux unités fondamentales que sont le mètre et le kilogramme sous la forme du système CGS (centimètre, gramme, seconde)[18],[19].
28
+
29
+ La loi du 4 juillet 1837[20] interdit en France à partir de 1840 tous poids et mesures autres que ceux établis par les lois du 18 germinal an III (7 avril 1795) et du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799) constitutives du système métrique décimal.
30
+
31
+ Le 28 juillet 1866, le Congrès des États-Unis autorise l'utilisation du système métrique sur tout le territoire des États-Unis[21],[22].
32
+
33
+ En 1889, la première Conférence générale des poids et mesures (CGPM) redéfinit le mètre comme étant la distance entre deux points sur une barre d'un alliage de 90% de platine et 10% d'iridium. Le mètre étalon est une barre en "X" de 20 x 20 mm de côté et 102 cm de long. Les graduations donnent la longueur du mètre avec une précision de 10 puissance -7, soit un degré de précision trois fois plus grand que celui du mètre des archives de 1799[23].
34
+ Cette barre étalon est conservée au BIPM à Saint-Cloud en France. Trente copies numérotées sont fabriquées et envoyées aux différents pays membres. Cela implique la mise au point d'un appareillage spécial permettant la comparaison des nouveaux étalons entre eux et avec le Mètre des Archives et la définition d'une échelle de température reproductible. Ces travaux donneront lieu à l'invention de l'invar qui vaudra à Charles-Édouard Guillaume, directeur du Bureau international des poids et mesures le prix Nobel de physique en 1920[24].
35
+
36
+ En 1960, la 11e Conférence générale des poids et mesures (CGPM)[25] abroge la définition du mètre en vigueur depuis 1889, fondée sur le prototype international en platine iridié. Elle définit le mètre, unité de longueur du Système international (SI), comme égal à 1 650 763,73 longueurs d'onde dans le vide de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux 2p10 et 5d5 de l'atome de krypton 86.
37
+
38
+ En 1983, la définition du mètre fondée sur l'atome de krypton 86 en vigueur depuis 1960 est abrogée. Le mètre, unité de longueur du SI, est défini par la 17e CGPM[26] comme étant la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de 1/299 792 458 de seconde.
39
+
40
+ A compter du 20 mai 2019, la définition du mètre adoptée à la 26e réunion de la CGPM[27] de novembre 2018 est :
41
+ « Le mètre, symbole m, est l'unité de longueur du SI. Il est défini en prenant la valeur numérique fixée de la vitesse de la lumière dans le vide, c, égale à 299 792 458 lorsqu'elle est exprimée en m s–1, la seconde étant définie en fonction de ΔνCs ».
42
+ Dans cette définition, ΔνCs est la fréquence de la transition hyperfine de l’état fondamental de l’atome de césium 133 non perturbé égale à 9 192 631 770 Hz .
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+
44
+ Le 8 mai 1790, l'Assemblée nationale constituante se prononce pour la création d'un système de mesure stable, uniforme et simple. Le 19 mai 1790, Condorcet met sur pied une commission, comprenant, outre lui-même, Jean-Charles de Borda, Coulomb, Joseph Louis de Lagrange, Laplace, Lavoisier et Tillet. La commission étudie trois possibilités de mesure :
45
+
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+ Elle rend son rapport en octobre 1790. La mesure au pendule est abandonnée d'une part à cause des variations de la gravitation terrestre, d'autre part à cause de l'interférence du facteur temps dans la détermination de l’unité de longueur avec le pendule.
47
+
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+ Le 16 février 1791, sur la proposition de Borda - l'inventeur du pendule et du « cercle répétiteur » qui portent son nom - une commission chargée de fixer la base de l'unité des mesures est constituée. La commission est composée de Borda, Condorcet, Laplace, Lagrange et Monge. Des appareils de mesure géodésique précis et fiables sont nécessaires comme la règle pour les longueurs et le cercle répétiteur pour les angles, avec une précision d'une seconde d'arc, dont Borda est l'inventeur avec Etienne Lenoir.
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+
50
+ La mesure du cercle équatorial n'est pas retenue. C'est la grandeur du quart du méridien terrestre qui servira de base au nouveau système de mesure. Le rapport final sur le choix d’une unité de mesure présenté le 19 mars 1791 par Condorcet à l’Académie propose que l’unité de longueur, baptisée « mètre », soit égale à la dix millionième partie du quart du méridien terrestre. Il propose que l’on ne mesure pas le quart de méridien tout entier, mais seulement, sur le 45° parallèle et au niveau de la mer, l'arc de neuf degrés et demi qui sépare Dunkerque de Barcelone.
51
+
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+ Alors que Galilée affirmait l'isochronisme des pendules, Huygens[28] trouve que la période du pendule dépend de l’amplitude de son mouvement pour les grandes oscillations. S'inspirant des recherches de Christopher Wren sur le cycloïde, il munit ses pendules d'arc cycloïdaux qui garantissent l'isochronisme des vibrations en rendant la période indépendante de l’amplitude[29]. Huygens détermine la longueur du pendule qui bat la seconde à 3 pieds, 3 pouces et 3/10 d’un pouce d’Angleterre.
53
+ En 1659, Huygens introduit un paramètre supplémentaire dans le calcul de la période d'un pendule, la pesanteur, dont le pendule devient aussi un instrument de mesure[30].
54
+
55
+ En 1668, le philosophe anglais John Wilkins propose une mesure universelle à unités décimales fondée sur une corrélation entre la longitude et une mesure du temps d'une seconde au pendule. Sa longueur fondamentale était de 38 pouces de Prusse soit de 993,7 mm (1 pouce de Prusse étant égal à 26,15 mm)[31].
56
+
57
+ En 1670 Gabriel Mouton propose un système de mesure décimal utilisant comme unité de mesure une fraction de la circonférence terrestre plutôt que la longueur d'un pendule ou les mesures du corps humain. Sa « virgula geometrica » avait comme longueur la six-cent-millième partie d'un degré d'un arc de méridien (environ 0,18m). Son multiple, la « virga » avait environ la taille de la toise (1,80m)[32].
58
+
59
+ En 1670, Jean Picard fait des mesures identiques de 440 lignes 1/2 d'un pendule battant la seconde à l’île de Heune, Lyon, Bayonne et Sète. En 1671, dans son livre Mesure de la terre, il propose d'abandonner les étalons de mesure matériels comme la toise pour se référer à un original invariable et universel issu de la nature et prouvé par calcul. Il préconise une unité de longueur universelle, le « Rayon astronomique », à savoir la longueur d'un pendule à secondes[33].
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+
61
+ Mais en 1672, Jean Richer observe à Cayenne, soit à 4 à 5 degrés de l'équateur, qu'un pendule qui bat les secondes y est plus court qu'à Paris d'une ligne et un quart. L'observation est reprise pas Huygens pour qui, si la pesanteur varie en fonction de la latitude, l'étalon de longueur défini par Picard ne peut pas être universel.
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+
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+ En 1675, le savant italien Tito Livio Burattini publie Misura Universale, ouvrage dans lequel il renomme la mesure universelle de Wilkins en mètre universel « metro cattolico » et la redéfinit comme étant la longueur d'un pendule qui oscille avec une demi-période d'une seconde, soit environ 993,9 mm actuels.
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+ En 1735 M. de Mairan trouve à 1/90 près, la même mesure que Picard, soit 440 lignes 17/30[34].
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+ En 1747, La Condamine présente à l'Académie des Sciences un Nouveau projet d'une mesure invariable propre à servir de mesure commune à toutes les nations. Constatant que la longueur de la demi-toise est presque la même, à sept lignes près, que celle du pendule qui bat la seconde à l'équateur, il propose d'adopter la longueur du pendule comme demi-toise, le changement étant à peine sensible dans l'usage ordinaire selon lui [35].
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+
68
+ En 1780, le mathématicien Alexis-Jean-Pierre Paucton publie une Métrologie ou Traité des mesures, poids et monnaies. Au sein d'un système décimal, il détermine une unité de mesure comme 400 000 ème partie d'un degré de méridien et la baptise « métrétes linéaire » en adaptant à la mesure des longueurs le nom d'une unité de mesure grecque et romaine des volumes de liquides[36].
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+
70
+ L'étude de la Terre précède la physique et contribuera à l'élaboration de ses méthodes. Celle-ci n'est alors qu'une philosophie naturelle dont l'objet est l'observation de phénomènes comme le champ magnétique terrestre, la foudre et la pesanteur[37]. De plus, la détermination de la figure de la Terre constitue à son origine un problème de la plus haute importance en astronomie, dans la mesure où le diamètre de la Terre est l'unité à laquelle toutes les distances célestes doivent être référées[38].
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+
72
+ En 1667 sous Louis XIV, l’Académie des Sciences conçoit l’idée d’un méridien de départ des longitudes qui passerait au centre des bâtiments du futur observatoire. L'Observatoire royal est situé en dehors de Paris pour faciliter les observations astronomiques. Les académiciens fixent son orientation nord–sud et établissent son axe de symétrie par observation du passage du Soleil pour devenir le méridien de référence pour la France.
73
+ Pour mesurer une partie du méridien, la méthode utilisée depuis la Renaissance, est celle de la triangulation. Au lieu de mesurer des milliers de kilomètres, on mesure les angles d’une suite de triangles adjacents. La longueur d’un seul côté d’un seul triangle, que les arpenteurs appellent "base", permet de connaître toutes les longueurs de tous les triangles. Des opérations géométriques permettent ensuite de déterminer la longueur du méridien[39].
74
+
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+ En 1669, Jean Picard mesure le premier le rayon terrestre par triangulation. L’arc de méridien de 1°, 11’ et 57”, choisi entre Sourdon et Malvoisine, mesure 68,430 toises de Paris soit 135Km. Rapportée à un degré, cette mesure permet d’établir la longueur d’un méridien par l’abbé Picard pour qui «cette mesure, prise 360 fois donnerait la circonférence entière d’un méridien terrestre».
76
+ Dans son mémoire du 8 février 1681 à Colbert sur la cartographie de la France, Picard propose une mesure sur toute la France de la méridienne de l'Observatoire. Cette mesure devait servir à la fois à mesurer plus exactement la circonférence de la terre qu'à établir une plus juste de la France[40]. Au lieu de cartographier les provinces et assembler ensuite les différentes cartes, Picard propose un châssis général de triangulation de la France qu'on remplirait ensuite avec des cartes plus détaillées. Pour construire ce châssis, Picard propose de reprendre la voie du méridien qu'il avait commencé à mesurer et de mesurer l'axe Dunkerque-Perpignan passant par Paris.
77
+ Picard meurt l'année suivante, fin 1682.
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+ Jean-Dominique Cassini reprend le projet en 1683 et se lance dans les mesures de la méridienne entre Dunkerque et Collioure. Mais Colbert meurt en septembre 1683 et Louvois, qui lui succède, arrête les travaux de mesure de Cassini. Il meurt à son tour en 1691. Cassini reprend ses travaux en 1700-1701 sans pouvoir les achever.
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+ Son fils Jacques Cassini (Cassini II), effectuera cette mesure entre 1713 et 1718. La mesure de l'arc porte sur une distance cinq fois plus longue que celle effectuée par l’abbé Picard, elle est plus précise et sera provisoirement retenue en 1795 par la Convention pour la définition du mètre, la dix millionième partie du quart du méridien terrestre.
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+
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+ Dans ses Principia de 1687, Newton affirme que la Terre est aplatie aux pôles de 1/230. En 1690, à cause de sa conception différente de la gravité, Huygens trouve un aplatissement de 1/578 seulement, plus faible que celui de Newton[41].
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+ Pour vérifier ces théories, l'Académie des Sciences de Paris envoie, sur ordre du roi, deux expéditions géodésiques, l'une au Pérou en 1735-1744 avec La Condamine, Bouguer, Godin et Jussieu[42], et l'autre en Laponie en 1736-1737 avec Maupertuis, Celsius, et Clairaut. La mesure de longueurs d'arcs de méridien à des latitudes différentes doit permettre de déterminer la forme de la Terre. Les mesures de Maupertuis donnent un aplatissement de 1/178, proche de la valeur donnée par Newton et validant, un demi-siècle après la loi de la gravitation, le système newtonien de l'attraction universelle[43].
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+ En 1739, César-François Cassini de Thury (Cassini III) effectue une nouvelle mesure du méridien de Paris[44] permettant la mise à jour des cartes de France et d'Europe. En 1784, il établit par triangulation, une carte précise de la France[45].
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+ Dans son célèbre ouvrage Théorie de la Figure de la Terre, Tirée des Principes de l'Hydrostatique publié en 1743, Alexis Claude Clairaut (1713–1765) fait une synthèse des rapports existant entre la pesanteur et la forme de la Terre. Clairaut y expose son théorème qui établit une relation entre la pesanteur mesurée à différentes latitudes et l'aplatissement de la Terre considérée comme un sphéroïde composé de couches concentriques de densités variables[46],[47]. Vers la fin du XVIIIe siècle, les géodésiens cherchent à concilier les valeurs de l'aplatissement tirées des mesures d'arcs méridiens avec celui que donne le sphéroïde de Clairaut tiré de la mesure de la pesanteur[48]. En 1789, Pierre-Simon de Laplace obtient par un calcul prenant en compte les mesures d'arcs méridiens connues à l'époque un aplatissement de 1/279. La gravimétrie lui donne un aplatissement de 1/359. Adrien-Marie Legendre quant à lui trouve à la même époque un aplatissement de 1/305. La Commission des Poids et Mesures adoptera en 1799 un aplatissement de 1/334 en combinant l'arc du Pérou et les données de la méridienne de Delambre et Méchain[48].
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+ Le 26 mars 1791, un projet de décret inspiré par Lagrange, Borda, Laplace, Monge et Gondorcet est proposé par Talleyrand. Celui-ci prévoit la mesure d'un arc de méridien de Dunkerque à Barcelone. Six commissaires doivent être nommés à l'Académie des Science pour mener à bien le projet. L'Assemblée adopte ce principe de la grandeur du quart du méridien terrestre comme base du nouveau système de mesures qui sera décimal. Elle mandate la mesure d'un arc de méridien depuis Dunkerque jusqu'à Barcelone.
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+ En mai 1792 commence la fabrication des cercles répétiteurs de Borda et Lenoir. À la fin du mois de juin 1792, les deux commissaires Jean-Baptiste Joseph Delambre et Pierre Méchain et leurs opérateurs commencent la mesure du méridien. Elle est divisée en deux zones avec une jonction à Rodez : la partie Nord, de Dunkerque à Rodez était mesurée par Delambre et la partie sud, en remontant de Barcelone à Rodez, par Méchain. Pour les mesures de longueurs des bases des triangles, Delambre et Méchain utilisent les règles de Borda mises au point par Etienne Lenoir. En laiton et en platine, elles sont ajustées sur une toise et mesurent 12 pieds (environ 4m). Pour mesurer les angles, c'est le cercle répétiteur mis au point par Borda et Étienne Lenoir en 1784 qui est utilisé. On mesure la longueur d’un côté du triangle reposant sur un terrain plat, puis on établit par visées les mesures des angles du triangle pour obtenir par des calculs trigonométriques la longueur de tous les côtés du triangle et par projection la distance réelle. La détermination des positions (longitude et latitude) des extrémités du segment de méridien est faite par une mesure astronomique[49].
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+ Le 25 novembre 1792, un rapport de l'Académie des sciences à la Convention Nationale donne l'état des travaux en cours[50].
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+ À cause des conditions politiques, le travail de mesure du méridien sera retardé et exécuté en deux temps de 1792 à 1793 et de 1795 à 1798. En août 1793, le Comité de Salut Public souhaitant en effet « donner le plus tôt possible l'usage des nouvelles mesures à tous les citoyens en profitant de l'impulsion révolutionnaire », la Convention nationale avait émis un décret instaurant un mètre fondé sur les anciens résultats des mesures de La Condamine en 1735 au Pérou, Maupertuis en 1736 en Laponie et Cassini en 1740 de Dunkerque à Perpignan.
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+ Les opérations de mesure du méridien de Delambre et Méchain sont suspendues fin 1793 par le Comité de Salut public. Celui-ci ne voulant donner de fonctions qu'à des hommes « dignes de confiance par leurs vertus républicaines et leur haine du roi », le 23 décembre 1793 (3 nivose an 2), Borda, Lavoisier, Laplace et Delambre sont exclus de la Commission des poids et mesures[51].
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+ Condorcet, secrétaire de l'Académie Royale des sciences et instigateur du nouveau système de mesure, est arrêté et meurt en prison le 29 mars 1794. Lavoisier est guillotiné le 8 mai 1794.
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+ Mais, à la faveur de la loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) portée par Prieur de la Côte d'Or, Delambre et Méchain seront à nouveau nommés commissaires chargés des mesures de la méridienne et les travaux pourront reprendre et s'achèveront en 1798[52].
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+ Le résultat des mesures de Delambre et Méchain est précis : 551 584,7 toises, avec une erreur remarquable de seulement 8 millionièmes. La longueur du quart de méridien calculée est alors égal à 5 130 740 toises et le mètre égal à 443,295936 lignes.
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+ La commission spéciale pour le quart du méridien et la longueur du mètre rédige son rapport le 6 floréal an 7 (25 avril 1799)[53].
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+ Le 4 messidor, l'Institut présente au corps législatif les étalons du mètre et du kilogramme en platine qui sont déposés aux Archives en exécution de l'article II de la loi du 18 germinal an 3 (7 avril 1795).
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104
+ Avec la loi du 19 frimaire an 8 (10 décembre 1799) édictée sous le Consulat, la longueur du mètre provisoire ordonnée dans les lois du 1er août 1793 et du 18 germinal an III (3 pieds 11 lignes 44 centièmes) est remplacée par la longueur définitive fixée par les mesures du méridien par Delambre et Méchain. Elle est désormais de 3 pieds 11 lignes 296 millièmes.
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+ Le mètre en platine déposé le 4 Messidor précédent au Corps législatif par l’Institut national des Sciences et des Arts est confirmé et devient l'étalon de mesure définitif des mesures de longueur dans toute la République.
106
+
107
+ Le début du XIXe siècle est marqué par l'internationalisation de la géodésie[48]. L'unité de longueur dans laquelle sont mesurées toutes les distances du relevé côtier des États-Unis est le mètre français, dont une copie authentique est conservée dans les archives du Coast Survey Office. Il est la propriété de la Société philosophique américaine, à qui il a été offert par Ferdinand Rudolph Hassler, qui l'avait reçu de Johann Georg Tralles, délégué de la République helvétique au comité international chargé d'établir l'étalon du mètre par comparaison avec la toise, l'unité de longueur utilisée pour la mesure des arcs méridiens en France et au Pérou. Il possède toute l'authenticité de tout mètre d'origine existant, portant non seulement le cachet du Comité mais aussi la marque originale par laquelle il se démarquait des autres étalons lors de l'opération de normalisation. Il est désigné comme le Mètre des Archives[54],[55],[15].
108
+
109
+ Entre 1853 et 1855, le Gouvernement espagnol fait réaliser à Paris par Jean Brunner, un fabricant d'instruments de précision d'origine suisse, une règle géodésique calibrée sur le mètre pour la carte d'Espagne. La traçabilité métrologique entre la toise et le mètre est assurée par la comparaison de la règle géodésique espagnole avec la règle numéro 1 de Borda qui sert de module de comparaison avec les autres étalons géodésiques (voir plus haut la section : les mesures de Delambre et Méchain)[56],[57],[58],[18]. Des copies de la règle espagnole sont effectuées pour la France et l'Allemagne. Ces étalons géodésiques seront employés pour les opérations les plus importantes de la géodésie européenne[59]. En effet, Louis Puissant avait déclaré le 2 mai 1836 devant l'Académie des sciences que Delambre et Méchain avaient commis une erreur dans la mesure de la méridienne de France[60]. C'est pourquoi de 1861 à 1866, Antoine Yvon Villarceau vérifie les opérations géodésiques en huit points de la méridienne. Quelques-unes des erreurs dont étaient entachées les opérations de Delambre et Méchain sont alors corrigées. Entre 1870 et 1894, François Perrier, puis Jean-Antonin-Léon Bassot procèdent à la mesure de la nouvelle méridienne de France[61].
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+ Friedrich Wilhelm Bessel est à l'origine des investigations effectuées au XIXe siècle sur la figure de la Terre au moyen de la détermination de l'intensité de la pesanteur par le pendule et de l'utilisation du théorème de Clairaut. Les études qu'il conduit de 1825 à 1828 et sa détermination de la longueur du pendule simple battant la seconde à Berlin sept ans plus tard marquent le début d'une nouvelle ère de la géodésie[62]. En effet, le pendule réversible tel qu'il est utilisé par les géodésiens à la fin du XIXe siècle est en grande partie dû aux travaux de Bessel, car ni Johann Gottlieb Friedrich von Bohnenberger, son inventeur, ni Kater qui l'utilise dès 1818 ne lui apportent les perfectionnements qui résulteront des précieuses indications de Bessel, et qui le convertiront en l'un des plus admirables instruments qu'il sera donné aux scientifiques du XIXe siècle d'employer[62]. De plus, la coordination de l'observation des phénomènes géophysiques dans différents points du globe revêt une importance primordiale et est à l'origine de la création des premières associations scientifiques internationales. Carl Friedrich Gauss, Alexander von Humbolt et Wilhelm Eduard Weber créent le Magnetischer Verein en 1836. La création de cette association est suivie par la fondation de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe centrale en 1863 à l'initiative du général Johann Jacob Baeyer[37]. Le pendule réversible construit par les frères Repsold est utilisé en Suisse dès 1865 par Émile Plantamour pour la mesure de la pesanteur dans six stations du réseau géodésique helvétique. Suivant l'exemple donné par ce pays et sous le patronage de l'Association géodésique internationale, l'Autriche, la Bavière, la Prusse, la Russie et la Saxe entreprennent des déterminations de la pesanteur sur leurs territoires respectifs[62].
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+
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+ Le Prototype international du mètre constituera la base du nouveau système international d'unités, mais il n'aura plus aucune relation avec les dimensions de la Terre que les géodésiens s'efforcent de déterminer au XIXe siècle. Il ne sera plus que la représentation matérielle de l'unité du système. Si la métrologie de précision a profité des progrès de la géodésie, celle-ci ne peut continuer à prospérer sans le concours de la métrologie. En effet, toutes les mesures d'arcs terrestres et toutes les déterminations de la pesanteur par le pendule doivent impérativement être exprimées dans une unité commune. La métrologie se doit donc de créer une unité adoptée et respectée par toutes les nations de façon à pouvoir comparer avec la plus grande précision toutes les règles ainsi que tous les battants des pendules employés par les géodésiens. Ceci de manière à pouvoir combiner les travaux effectués dans les différentes nations afin de mesurer la Terre[62].
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+
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+ Au XIXe siècle, les unités de longueurs sont définies par des étalons métalliques. En conséquence la question de l'expansion du volume d'un corps sous l'effet de son réchauffement est fondamentale. En effet, les erreurs de température sont proportionnelles à la dilatation thermique de l'étalon. Ainsi, les efforts constamment renouvelés des métrologues pour protéger leurs instruments de mesure contre l'influence perturbatrice de la température révèlent clairement l'importance qu'ils attachent aux erreurs induites par les changements de température. Ce problème a constamment dominé toutes les idées concernant la mesure des bases géodésiques. Les géodésiens sont occupés par la préoccupation constante de déterminer avec précision la température des étalons de longueur utilisés sur le terrain. La détermination de cette variable, dont dépend la longueur des instruments de mesure, a de tout temps été considérée comme si complexe et si importante qu'on pourrait presque dire que l'histoire des étalons géodésiques correspond à celle des précautions prises pour éviter les erreurs de température[63],[59].
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+
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+ En 1866, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero offre à la Commission permanente de l'Association géodésique réunie à Neuchâtel deux de ses ouvrages traduits en français par Aimé Laussedat. Il s'agit des rapports des comparaisons de deux règles géodésiques construites pour l'Espagne et l'Egypte, calibrées sur le mètre, entre elles et avec la règle N° 1 de la double-toise de Borda qui sert de module de comparaison avec les autres étalons géodésiques et est alors la référence pour la mesure de toutes les bases géodésiques en France. À la suite de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal, l'Association géodésique deviendra l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe. Le général Johann Jacob Baeyer, Adolphe Hirsch et Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero étant tombés d'accord, ils décident, pour rendre comparables toutes les unités, de proposer à l'Association de choisir le mètre pour unité géodésique, de créer un Mètre prototype international différant aussi peu que possible du Mètre des Archives, de doter tous les pays d'étalons identiques et de déterminer de la manière la plus exacte les équations de tous les étalons employés en géodésie, par rapport à ce prototype ; enfin, pour réaliser ces résolutions de principe, de prier les gouvernements de réunir à Paris une Commission internationale du Mètre[64],[58],[65],[18],[66],[67],[68],[69].
118
+
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+ L'année suivante la seconde Conférence générale de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe réunie à Berlin recommande de construire un nouveau mètre prototype européen et de créer une commission internationale. Napoléon III crée par décret en 1869 une Commission internationale du mètre qui deviendra la Conférence générale des poids et mesure (CGPM) et lance des invitations aux pays étrangers. Vingt-six pays répondent favorablement. Cette Commission sera en effet convoquée en 1870 ; mais, forcée par la guerre franco-allemande de suspendre ses séances, elle ne pourra les reprendre utilement qu'en 1872[70],[71],[18],[69].
120
+
121
+ Lors de la séance du 12 octobre 1872, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero est élu président du Comité permanent de la Commission internationale du mètre qui deviendra le Comité international des poids et mesures (CIPM)[72],[18]. La présidence du géodésien espagnol sera confirmée lors de la première séance du Comité international des poids et mesures, le 19 avril 1875[73]. Trois autres membres du Comité, Wilhelm Foerster, Heinrich von Wild et Adolphe Hirsch comptent également au nombre des principaux architectes de la Convention du Mètre[18],[69],[74],[75],[76],[77].
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+ Le 20 mai 1875, dix-sept états signent à Paris la Convention du Mètre[78] dans le but d'établir une autorité mondiale dans le domaine de la métrologie.
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+ Dans ce but, trois structures sont créées. La Convention délègue ainsi à la Conférence générale des poids et mesures (CGPM), au Comité international des poids et mesures (CIPM) et au Bureau international des poids et mesures (BIPM) l'autorité pour agir dans le domaine de la métrologie, en assurant une harmonisation des définitions des différentes unités des grandeurs physiques. Ces travaux mènent à la création en 1960 du Système international d’unités (SI)[19].
126
+
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+ La Convention est modifiée en 1921. En 2016, elle regroupait 58 États membres et 41 États associés à la conférence générale, comprenant la majorité des pays industrialisés.
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+ Le Comité international des poids et mesures (CIPM) est composé de dix-huit personnes, chacune issue d'un État membre différent de la Convention. Sa fonction est de promouvoir l'usage d'unités de mesures uniformes et de soumettre des projets de résolution allant en ce sens à la CGPM. Pour ce faire, elle s'appuie sur les travaux de comités consultatifs.
130
+
131
+ La Conférence générale des poids et mesures (CGPM) est formée de délégués des États membres de la convention et se réunit tous les quatre ans en moyenne pour réviser les définitions des unités de base du Système international d’unités (SI) dont le mètre[79].
132
+
133
+ Le Bureau international des poids et mesures (BIPM), basé à Sèvres non loin de Paris, a pour charge, sous la surveillance du CIPM, la conservation des prototypes internationaux des étalons de mesure, ainsi que la comparaison et l'étalonnage de ceux-ci avec les prototypes nationaux. En effet, lors de la création du BIPM, la comparaison des étalons de platine iridié entre eux et avec le Mètre des Archives implique le développement d'instruments de mesure spéciaux et la définition d'une échelle de température reproductible. Confronté aux conflits provoqués par les difficultés liées à la fabrication des étalons, le président du CIPM, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero intervient auprès de l'Académie des sciences pour éviter qu'elles n'empêchent la création en France d'un organisme international doté des moyens scientifiques nécessaires pour redéfinir les unités du système métrique en fonction du progrès des sciences[80],[81].
134
+
135
+ Il existe une relation entre l'unité de mesure (mètre), l'unité de masse (kilogramme), les unités de surface (mètre carré) et les unités de volume (mètre cube et litre, souvent utilisés pour désigner des volumes ou des quantités de liquides) :
136
+
137
+ Dans certains métiers (archives, terrassement, de construction, etc.), on parle de « mètre linéaire (noté : « ml »). Il s'agit d'un pléonasme, puisque le mètre désigne précisément une longueur de ligne et que la norme NF X 02-003[82] précise qu'on ne doit pas affecter les noms d'unités de qualificatifs qui devraient se rapporter à la grandeur correspondante. Par ailleurs, le symbole mℓ ou mL correspond dans le SI à millilitre, ce qui n'a rien à voir avec une longueur et est une source de confusion. Toutefois, dans ces métiers, l'adjectif « linéaire » est ajouté pour signifier « en ligne droite » ou « horizontalement ».
138
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+ On emploie usuellement pour les gaz le normo mètre cube, anciennement noté « mètre cube normal », qui correspond au volume mesuré en mètres cubes dans des conditions normales de température et de pression. Cette unité n'est pas reconnue par le BIPM. Sa définition varie selon les pays et selon les professions qui l'utilisent.
140
+
141
+ En fait, et de façon générale, « le symbole de l’unité ne doit pas être utilisé pour fournir des informations spécifiques sur la grandeur en question et il ne doit jamais être la seule source d’information sur la grandeur. Les unités ne doivent jamais servir à fournir des informations complémentaires sur la nature de la grandeur ; ce type d’information doit être attaché au symbole de la grandeur et non à celui de l’unité[83]. » (ici le volume). On doit donc dire « volume mesuré en mètres cubes dans les conditions normales de température et de pression », abrégé en « volume normal en mètres cubes ». Tout comme : Ueff = 500 V et non U = 500 Veff (« tension efficace exprimée en volts » et non « volts efficaces »).
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+ Le mètre correspond à :
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+ De fait, au-delà du milliard de kilomètres on utilise rarement l'unité standard : on lui préfère l'unité astronomique (ua), d'où est déduite l'unité dérivée, le parsec : ceci était nécessaire pour ne pas dénaturer les mesures précises de distance de parallaxe par une réévaluation de l'ua, liée à la valeur de la constante gravitationnelle (G). Cette situation peu œcuménique a été levée par les mesures directes par écho radar sur les planètes.
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+ La noblesse d'un pays (en général un royaume, mais aussi des républiques comme Rome ou Venise), ou d'une province de ce pays, désigne la minorité dominante et le statut d'un ensemble de familles détenant, le plus souvent héréditairement, des fonctions d'autorité militaire, politique, civile ou religieuse plus ou moins étendues, dans le cadre de charges, d'emplois publics dits alors emplois nobles, ou de sacerdoces réservés. Lorsque ces fonctions sont religieuses, comme chez les lévites ou les brahmanes, on ne parle pas de noblesse, mais de caste sacerdotale.
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+ La noblesse morale n'est ni un ordre social, ni une caste, ni un apanage mais une responsabilité et une vertu : Grégoire de Nazianze la divise en trois genres. Le premier consiste à s'efforcer d'être ce que Dieu est censé attendre de nous, le deuxième à se purifier en résistant à la corruption de notre nature humaine, le troisième à cultiver et partager les dons que nous possédons. Gilles-André de La Rocque écrit dans son Traité de la noblesse[1] que celle-ci ne donne point de droits mais bien des devoirs, dont un comportement désintéressé dans les activités humaines ou sociales, sans rechercher ni profit individuel, ni lucre, ni usure, ni prostitution, que ce soit dans la fonction publique, la justice, les forces armées, l'administration, les arts libéraux, , etc. Quant à la dignité, l'honneur, il provient surtout de la défense d'un honneur collectif, et non de la dépense ou du défi, et il est antinomique d'une attitude utilitaire ou vénale[2].
8
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+ Johannes Limnäus (de) distingue au XVIIe siècle la noblesse morale de la noblesse politique : cette dernière, bien que théoriquement fondée sur la vertu, ne peut être vertueuse en pratique, car elle serait alors inefficace. Elle peut en revanche élever un homme du commun au rang des nobles, soit vertueusement en raison de ses mérites, qui valent qu'il soit sorti d'une basse et abjecte condition, soit opportunément en raison de sa fortune, dont la noblesse peut avoir besoin[3]. Dans cette noblesse politique, qu'elle fut acquise par la vertu ou par l'argent, la notion d'ancienneté (les « quartiers de noblesse ») apparaîtra à Vauban comme « le premier critère de dignité »[4].
10
+
11
+ Du point de vue des sciences sociales, historiques et politiques, la notion de noblesse renvoie généralement à un ordre social ou une caste généralement endogame, et désigne alors la condition d'un groupe social distinct et hiérarchisé jouissant de privilèges spécifiques.
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13
+ Charles Fourier en 1822 représente seize castes et sous-castes sociales qu'il explique par un courant ascendant de sentiments d'envie et de haine, et un courant descendant de sentiments de morgue et de mépris : « La noblesse de cour méprise la non-présentée ; la noblesse d'épée méprise celle de robe : les seigneurs à clocher méprisent les gentillâtres, tous les parvenus anoblis qui ne sont que de 1er degré et qui dédaignent les castes bourgeoises. Dans la bourgeoisie nous trouverions en 1re sous-caste la haute banque et la haute finance (n°5), méprisées des nobles mais s'en consolant avec leurs coffre-forts, méprisant le gros marchand et le bon propriétaire (n°6). Ceux-ci tout fiers de leur rang d'éligibles méprisent la sous-caste qui n'a que rang d'électeur (n°7) qui elle, s'en dédommage en méprisant la sous-caste des savants, les gens de loi et autres vivant de traitements ou casuels ou petits domaines qui ne leur donnent pas l'entrée au corps électoral (n°8) ; enfin la basse bourgeoisie (n°9), le petit marchand (n°10), le petit campagnard (n°11) seraient bien offensées si on les comprenait dans le peuple dont elle méprise les trois sous-castes (n°12, 13, 14) et dont elle se pique d'éviter les manières, sans même compter la pègre et les vagabonds (n°15 et 16). Il règne entre toutes ces castes des haines régulières c'est-à-dire que la n°9 hait la n°8 autant que celle-ci hait la n°7, quoique chacune recherche la fréquentation du degré supérieur par ambition et non par amitié »[5].
14
+
15
+ La noblesse est donc une institution sociale que l'on rencontre dans la plupart des sociétés traditionnelles, dès lors que la fonction guerrière est organisée indépendamment des pouvoirs économiques et religieux (tripartition), comme chez les Romains ou les Celtes avec la classe des chevaliers[6]. Les modalités d'entrée et de maintien dans cette institution ont varié selon les époques et les pays, mêlant initiation, capacités et hérédité. Elle se trouve à toutes les époques et dans de nombreux types de sociétés, aussi bien antiques, comme en Grèce, que chez les peuples premiers, et jusqu'aux États-nations modernes.
16
+
17
+ Dans de nombreux pays, la noblesse a été abolie comme institution. En France, elle a été supprimée sous la Révolution française en 1789, rétablie sous le Premier Empire en 1802, et à nouveau supprimée sous la Troisième République en 1870 ; les titres de noblesse, qui sont considérés comme un accessoire du nom, peuvent toujours être officiellement enregistrés auprès du ministère de la Justice (afin d'être transcrits à l'État civil). Dans les pays ayant été gouvernés par un parti unique se revendiquant du communisme, non seulement les titres et indicateurs de noblesse furent abolis et les biens matériels nationalisés, mais les anciens nobles, considérés comme « des exploiteurs, des parasites, des ennemis du peuple » finirent pour beaucoup leurs existences dans les camps de travaux forcés comme ceux du Goulag ou du Laogai, à moins qu'ils aient réussi à s'échapper et à s'exiler à temps (cas de nombreux nobles russes à Paris, Londres et Berlin dans les années 1920). Dans leurs pays d'origine, les survivants ont perdu leur statut social et une grande partie de leur mémoire familiale, car durant les longues années de dictature (en moyenne un demi-siècle), faire valoir ce qui y était considéré comme un « passé dont il faut faire table rase » (selon un couplet de l'Internationale) pouvait entraîner des persécutions et conduire en camp de travail « rééducatif »[7].
18
+
19
+ Après l'ouverture du rideau de fer et la chute des régimes communistes en Europe, les descendants de ces survivants qui ont revendiqué la restitution de leurs biens familiaux nationalisés ont, pour la plupart, échoué en raison de la complexité des procédures, des preuves exigées et du coût des démarches judiciaires. Seules les familles nobles les plus puissantes financièrement ont obtenu la restitution d'une partie de leurs anciennes propriétés dans les pays, comme la République Tchèque ou la Roumanie, où la législation le permet : c'est le cas des héritiers de la famille autrichienne Schwarzenberg qui a obtenu la restitution du château d'Orlík au sud de Prague, et, en Transylvanie, des héritiers du comte hongrois Daniel Bánffy[8], des Habsbourg d'Autriche[9] ou des Hohenzollern de Roumanie[10],[11].
20
+
21
+ Dans la mesure où les privilèges, titres et indicateurs ont été abolis, l'existence d'une noblesse n'est pas incompatible avec la démocratie moderne, notamment en Grande-Bretagne où elle a été conservée après la Glorieuse Révolution et ailleurs en Europe où elle a perduré après les révolutions de 1848. Une pairie et des titres de noblesse existent toujours légalement au XXIe siècle dans plusieurs pays européens, comme la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède, l'Espagne, Saint-Marin, le Luxembourg. Le pouvoir législatif est exercé en partie par des représentants de la noblesse, comme c'était le cas au Royaume-Uni avec la Chambre des lords jusqu'au fin du XXe siècle. Ce fut le cas aussi en France au XIXe siècle avec l'ancienne Chambre des pairs.
22
+
23
+ En droit international il n'y a pas de noblesse et il n'existe pas d'ordre de noblesse international : la noblesse de chaque pays lui est donc spécifique, même si certains types de noblesse peuvent être communs à plusieurs pays (à titre d'exemple les barons, comtes, marquis, ducs, archiducs, princes sont globalement similaires en Europe occidentale et centrale tandis que les joupans, boyards, hospodars et voïvodes sont communs aux pays d'Europe orientale).
24
+
25
+ Au XXIe siècle, des titres de noblesse existent encore officiellement et continuent à être décernés par les souverains des monarchies actuelles (il y en a 27 en comptant pour une celles du Commonwealth : trois en Afrique en ne comptant que les États souverains, pas les royautés coutumières beaucoup plus nombreuses ; douze en Asie ; dix en Europe et deux en Océanie). Il existe toujours une distinction entre la noblesse ancienne et la noblesse contemporaine : la première remonte parfois à des temps antérieurs à la Révolution française, la seconde a gagné ses titres (souvent héréditaires comme en Belgique ou en Espagne, ou non transmissible aux descendants comme au Royaume-Uni) par son action (financière, diplomatique, culturelle, militaire...) au service de sa nation ou de son souverain[Note 1]. L'Association de la noblesse européenne occidentale représente les intérêts de cette caste auprès de toutes personnes physiques ou morales, institutions, instances, autorités, tribunaux situés sur le territoire de l'Union européenne, pour les questions relatives au statut et/ou au rôle de ses membres[12].
26
+
27
+ Les noblesses africaines les plus anciennement attestées, celles de l'Égypte antique et de la Maurétanie, se sont progressivement fondues dans les élites romaines avant d'être absorbées par l'islamisation de l'Afrique du Nord ; pour leur part, les noblesses nubienne, makurienne, nobadienne, alodienne, axoumite, zagouée et abyssine ont fini par former la noblesse éthiopienne (warashehs en amharique) elle-même dispersée ou massacrée par la révolution éthiopienne ; enfin au Ghana et dans les autres monarchies sub-saharinnes, les horons (mot mandé) ou touboungs (mot lounda) étaient hiérarchisés en trois groupes principaux[13],[14],[15]:
28
+
29
+ Avec l'islamisation et la colonisation le mot marabout a changé de sens pour désigner de nos jours deux choses différentes : soit, avec une connotation positive et flatteuse, un guide religieux musulman, soit, avec une connotation négative et péjorative, un sorcier ou un envoûteur auquel on prête des pouvoirs de voyance et de guérison ; parmi les marabouts, certains sont des manipulateurs psychiques qui prétendent pouvoir, moyennant finances, résoudre tout type de problème. Ces derniers, que les guides religieux considèrent comme des charlatans, mêlent en un syncrétisme religieux qui varie de l'un à l'autre, l'islam, l'animisme, le christianisme, le vaudou et diverses formes de magie.
30
+
31
+ Au Rouanda et au Burundi, ce ne sont ni la langue ni la religion qui séparent les tutsi des hutu, mais le statut : les premiers sont issus de la noblesse, les seconds du peuple agriculteur ou artisan[16].
32
+
33
+ Les conquistadors espagnols dénommèrent indifféremment « caciques » les aristocrates des empires amérindiens (maya, aztèque, inca…) dont la hiérarchie était aussi complexe qu'en Europe, mais moins cloisonnée et pas systématiquement héréditaire. Le mot cacique désigne un noble en taïno, langue indigène d'Hispaniola[17]: il est généralement traduit par « dignitaire » ou « seigneur » et chez les Aztèques par exemple, les descendants des nobles, désignés comme tecuhtli en nahuatl[18] étaient nommés « pilli »[19], terme équivalent à l'espagnol « hidalgo » (« fils de quelqu'un »)[20].
34
+
35
+ Ces nobles amérindiens pouvaient aussi bien être d'extraction relativement modeste (par exemple, chez les Aztèques, les calpullec, des villages ou des quartiers de la capitale), que des seigneurs de rang élevé (empereurs, rois des monarchies subordonnées, gouverneurs des provinces, conseillers des monarques, juges importants ou grands chefs militaires, par exemple les kuraka, apu et tukrikuk des Incas). Les nobles amérindiens qui se sont opposés aux conquistadors ont disparu, mais ceux qui se sont ralliés à eux et se sont convertis au catholicisme ont parfois pu s'intégrer à la petite noblesse créole locale comme vizcondes ou caballeros[21].
36
+
37
+ Au Brésil, c'est la maison d'Orléans-Bragance qui, durant son règne sur l'Empire brésilien, décerna quelques titres de noblesse, non-reconnus en Europe[22] où les récipiendaires, de riches planteurs et éleveurs de bétail esclavagistes, furent qualifiés de « rastaquouères »[23],[24].
38
+
39
+ Incluant les souverains et les nobles proprement dits[25], la noblesse chinoise a été un élément important de l’organisation sociale et politique traditionnelle de la Chine impériale. Les concepts de souverains héréditaires, de titres de noblesse et de familles nobles apparaissent dès les débuts semi-mythiques de l'histoire de la Chine puis, sous la dynastie Zhou un système structuré définissant la noblesse et les nobles se met en place et perdure durant plus de deux millénaires suivants, avec quelques modifications et ajouts dont le plus récent date de la dynastie Qing.
40
+
41
+ Un titre de noblesse peut être gagné ou perdu à titre posthume, l'élévation posthume étant souvent utilisée comme un moyen d'exprimer sa considération envers le défunt. Ainsi Guan Yu, qui vécut à la fin de la dynastie Han, portait de son vivant le titre de marquis de Han Zhou (漢壽亭侯) et reçut à titre posthume le titre de duc de Zhonghui (忠惠公). Sous la dynastie Yuan, Yiyong Wu'an Yingji portait le titre de prince de Xianling (顯靈義勇武安英濟王), avant d'être littéralement "béatifié" et élevé au rang d'empereur sous la dynastie Ming, où il devient le Saint empereur Guan, le Grand dieu qui subjugue les démons des trois mondes et dont la grâce se propage loin et se déplace dans le ciel (三界伏魔大神威遠震天尊關聖帝君). Dans la culture populaire, il est révéré comme étant un Dieu de la prospérité, du commerce, de la guerre et de la police[26].
42
+
43
+ Ce système perdure jusqu'à la Révolution chinoise de 1911 qui met fin à l'empire chinois. Toutefois la République de Chine permet à quelques familles nobles, ayant soutenu le nouveau régime, de garder leurs titres et leurs dignités, mais tous perdent leurs domaines et cela précipite leur déclin économique. Quant à la République populaire de Chine mise en place en 1949, elle ne se contente pas d'abolir tous les titres, prédicats et indicateurs de noblesse, mais cible l'aristocratie physiquement dans le cadre de la lutte des classes, de sorte que tous ceux qui n'ont pas réussi à fuir le pays sont, au mieux, détenus aux travaux forcés du Laogai et au pire massacrés sur place, notamment pendant la révolution culturelle. De nos jours, seule une poignée de personnes de la diaspora chinoise continue à revendiquer tel ou tel titre de noblesse dans l'indifférence générale[27].
44
+
45
+ En Europe, chaque pays a ses propres traditions nobiliaires.
46
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47
+ La noblesse européenne actuelle est issue de plusieurs traditions et remonte, non comme lignées, mais comme classe sociale, aux guerriers de la « trilogie » (le guerrier, le religieux et le producteur) décrite par Georges Dumézil à propos des sociétés indo-européennes (mais qui existait aussi ailleurs)[28]. Au Ve siècle av. J.-C., la notion de nobilitas héritée de l'Empire romain[29] se serait transmise, selon Karl Ferdinand Werner, aux royaumes germaniques ayant succédé à celui-ci[30].
48
+
49
+ Dans la Grèce antique, il existait quatre termes qui, en grec ancien, servaient à désigner les groupes humains : γένος / génos signifiant « noble », λάος / láos signifiant « peuple assemblé », δῆμος / dêmos signifiant « citoyen d’une cité » et ἔθνος / éthnos signifiant « origine commune » : pouvoir politique, droit de propriété et privilèges ont progressivement diffusé, dans l’Athènes antique, de la première à la deuxième et troisième catégories, tandis que les métèques relevaient de la quatrième[31] et les esclaves d’aucune, leur statut étant proche de celui du bétail[32].
50
+
51
+ Dans la Rome antique, les membres des grandes gens romaines étaient fiers d’appartenir à des familles anciennes et reconnues comme nobles mais elles ne connaissaient pas la transmission héréditaire du pouvoir public. Il leur fallait accomplir une carrière individuelle, le cursus honorum au service de la res publica (l’intérêt public) ou du princeps pour obtenir un honor ou charge publique, soit par élection républicaine, soit par nomination sénatoriale ou impériale[33]. Des homines novi, sans être « bien » nés, pouvaient être élus ou nommés à un honor élevé et ainsi devenir chef et souche d’une nouvelle famille[34].
52
+
53
+ Les rois germaniques répliquèrent ce système romain de délégation de la potestas[35]. De plus en plus, des nobles germaniques peuvent se voir confier, par les maiores natu ou « grands des peuples barbares », des fonctions publiques ou honores, non héréditaires, comme c’était déjà le cas de la nobilitas sénatoriale romaine, et ainsi entrer dans la militia principis en jurant obéissance « à la romaine » (obsequium) au nouveau roi germanique. Dans le souci d’être accepté et obéi par ses sujets gallo-romains, largement majoritaires dans son royaume, le souverain franc Chlodwig (Clovis), par exemple, conserve le droit romain pour les Romains et pour les chrétiens[36] et oblige ses « grands » à entrer dans ce système[Note 2] avant de renoncer à sa religion germanique pour adopter lui-même le christianisme.
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+
55
+ Cette osmose germano-romaine est facilitée par la similarité entre noblesses romaines et germaniques :
56
+
57
+ Par accaparement des offices de la potestas publica, la noblesse finit par devenir héréditaire à partir du IXe siècle, sous Louis le Pieux et ses fils[47],[Note 7],[48]. On ne distingue plus désormais la noblesse de souche locale romaine des « grands » germaniques, mais une noblesse d'épée assimilée à la noblesse d'extraction (c'est-à-dire sans trace écrite d'anoblissement) et une noblesse de robe créée au début du XVIIe siècle.
58
+
59
+ La notion de « sang bleu » pour les nobles provient de l'espagnol « sangre azul » désignant la noblesse chrétienne actrice de la reconquista en référence à l'archétype du héros princier moralement noble, à l'âme pure comme le ciel bleu sans nuages, appelé en Espagne Principe azul[49].
60
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+ Karl Ferdinand Werner a analysé une série de mythes sur les origines de la noblesse, entretenus par les intéressés, enrichis par les roturiers fascinés par les nobles, ou encore forgés au fil des siècles par une papauté soucieuse de s’assurer leur protection, leurs services et leur fidélité :
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+ Bien que l'Indonésie soit aujourd'hui une république, on y trouve encore de nombreuses cours royales et princières dont les membres forment une noblesse de sang qui plus de privilèges mais conserve ses titres. Les chefs de ces maisons ont encore un rôle symbolique et rituel. Il existe en outre des rites par lesquels on accorde une distinction nobiliaire à des personnes. Enfin, à Java, les descendants d'une noblesse de robe créée au XVIIe siècle par le Sultan Agung du royaume de Mataram, les priyayi, sont souvent reconnaissables à leur nom de famille, alors que ce dernier n'est pas encore une institution répandue pour la grande majorité des Indonésiens[70].
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+ Source de ce sous-chapitre : [71].
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+ Jusqu'en 1869, la noblesse japonaise (kuge) était structurée sur le modèle chinois, et basée sur la possession de grands domaines dont les habitants étaient des serfs (auxquels pouvaient s'ajouter les esclaves des grands propriétaires daimyo : on pouvait devenir esclave pour dettes, comme punition suite à un jugement, ou comme prisonnier de guerre si on n'était pas mort les armes à la main car dans les trois cas on était déshonoré et on cessait d'être une personne pour devenir une « chose » (hinin 非人).
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+ Initialement, ce qu'on appelle, stricto sensu, noblesse japonaise (kuge) s'est articulée autour du souverain impérial, d'où procédaient tous les honneurs, apanages et charges décernés aux clans de courtisans (uji) comme les Fujiwara ou Mononobe), dont nombre d'origine coréenne (Soga). Les chefs de ces clans portaient des titres hiérarchisés ou kabane. Parallèlement, dès le VIIe siècle, s'est constituée une noblesse de service qui a peu à peu accaparé la réalité du pouvoir, sans jamais éliminer les kuge, les samouraï[Note 8]. Cette classe, sans équivalent en Europe[Note 9], s'est rapidement fédérée autour de descendants de princes impériaux (les Heike et les Genji), puis des shoguns. Ses principaux chefs, politiques et gouverneurs régionaux (les daimyo[Note 10] et les shomyo[Note 11]) ont été graduellement admis au sein des kuge (d'autant plus qu'ils en procédaient le plus souvent)[Note 12]. Dans l'ensemble, les samouraï ont fourni au Japon shogounal la plupart de ses cadres, de ses militaires et de ses fonctionnaires, surtout provinciaux. Les chefs héréditaires de sectes ou de temples étaient généralement d'origine samouraï et classés comme tels.
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70
+ Lors de la période Meiji (1868), le nouveau gouvernement institua une nouvelle noblesse, ou kazoku (華族?, littéralement « ascendance fleurie »), inspirée du système français (napoléonien) et anglais. Elle fut abolie à la fin de la Seconde guerre mondiale. Les bénéficiaires furent surtout des politiques (prince Itō Hirobumi, artisan de la colonisation japonaise de la Corée), des hauts fonctionnaires et des hommes d'affaires (baron Iwasaki Yatarô, fondateur du groupe Mitsubishi). Hormis les Tokugawa, la distribution des titres de kazoku pour les anciens daimyos dépendait du revenu en riz de ces seigneurs féodaux : ceux qui percevaient plus de 150 000 koku devinrent marquis, ceux qui percevaient plus de 50 000 koku devinrent comtes, etc. L'ancien shogun, Tokugawa Yoshinobu, devint prince, les chefs des branches primaires de la famille Tokugawa (shimpan daimyō) devinrent marquis et les chefs des branches secondaires devinrent comtes. Ainsi, la kuge (la noblesse de la cour impériale de Kyoto) et les daimyo (les seigneurs féodaux) fusionnèrent en une seule classe aristocratique. Itō Hirobumi, un des acteurs de la restauration de Meiji et plus tard l'un des auteurs de la Constitution de 1889, destinait le kazoku à servir de rempart pour l'empereur et l'institution impériale rénovée, qui élargit le statut de kazoku aux personnes ayant brillamment servi la couronne.
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+ En 1884, le gouvernement divisa le kazoku en cinq rangs explicitement basés sur la pairie de Grande-Bretagne. Ce système utilise des titres dérivés des anciens titres de noblesse d'avant 1864 qui, eux aussi, sont au nombre de cinq :
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+ La Constitution actuelle du Japon, datant de 1947, abolit la kazoku et les titres, prédicats et indicateurs de noblesse en dehors de la famille impériale. En revanche, elle ne priva pas la kazoku de ses biens, de sorte que ses membres conservèrent leur assise économique et qu'au XXIe siècle encore, les descendants des anciennes familles nobles continuent à occuper des postes de première importances dans la société et l'industrie[73].
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+ L'empire du Japon actuel[Note 13], État démocratique, ne reconnaît de noblesse que pour le seul noyau de la famille impériale, c'est-à-dire le tennō, ses oncles et tantes par les hommes, ses frères et sœurs, leurs enfants et les siens.
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+ Au XXIe siècle, 4 710 blasons (originaux et variantes incluses) existent au Japon[74].
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+ En Perse impériale on différenciait deux catégories de nobles : ashrâfiyyat-e divâni et ashrâfiyyat-e lashgari, qui correspondaient plus ou moins à la distinction entre la noblesse de robe et celle d'épée. Sous les Arsacides, la noblesse du premier rang se définissait par la parenté (la filiation ou la germanité) avec la personne du Shah. Ainsi, les membres de Mehestan (nom hérité du Sénat iranien sous l'Empire parthe) étaient nommés parmi les princes de sang qui de ce fait appartenaient au plus haut rang de la noblesse. Avec l'avènement de la dynastie Pahlavi en 1924, Reza Shah fit voter une série de lois portant l'abolition de tous les privilèges la noblesse. L'usage des titres de courtoisie a néanmoins perduré jusqu'à l'avènement de la révolution iranienne en 1979[75].
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+ En Polynésie, un ariki est un guerrier, et le chef des guerriers, l’ariki nui (littéralement « grand guerrier ») est le chef tribal, souvent assimilé à un roi, au statut généralement semi-héréditaire. Aux Tonga, des titres de noblesse furent conférés à des grands chefs traditionnels lors de la fondation du royaume des Tonga en tant qu'État d'inspiration occidentale, au dix-neuvième siècle. Ainsi furent posés les fondements de la noblesse tongienne, qui dispose à ce jour d'un grand prestige, ainsi que de prérogatives politiques[76].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La noblesse d'un pays (en général un royaume, mais aussi des républiques comme Rome ou Venise), ou d'une province de ce pays, désigne la minorité dominante et le statut d'un ensemble de familles détenant, le plus souvent héréditairement, des fonctions d'autorité militaire, politique, civile ou religieuse plus ou moins étendues, dans le cadre de charges, d'emplois publics dits alors emplois nobles, ou de sacerdoces réservés. Lorsque ces fonctions sont religieuses, comme chez les lévites ou les brahmanes, on ne parle pas de noblesse, mais de caste sacerdotale.
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+ La noblesse morale n'est ni un ordre social, ni une caste, ni un apanage mais une responsabilité et une vertu : Grégoire de Nazianze la divise en trois genres. Le premier consiste à s'efforcer d'être ce que Dieu est censé attendre de nous, le deuxième à se purifier en résistant à la corruption de notre nature humaine, le troisième à cultiver et partager les dons que nous possédons. Gilles-André de La Rocque écrit dans son Traité de la noblesse[1] que celle-ci ne donne point de droits mais bien des devoirs, dont un comportement désintéressé dans les activités humaines ou sociales, sans rechercher ni profit individuel, ni lucre, ni usure, ni prostitution, que ce soit dans la fonction publique, la justice, les forces armées, l'administration, les arts libéraux, , etc. Quant à la dignité, l'honneur, il provient surtout de la défense d'un honneur collectif, et non de la dépense ou du défi, et il est antinomique d'une attitude utilitaire ou vénale[2].
8
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+ Johannes Limnäus (de) distingue au XVIIe siècle la noblesse morale de la noblesse politique : cette dernière, bien que théoriquement fondée sur la vertu, ne peut être vertueuse en pratique, car elle serait alors inefficace. Elle peut en revanche élever un homme du commun au rang des nobles, soit vertueusement en raison de ses mérites, qui valent qu'il soit sorti d'une basse et abjecte condition, soit opportunément en raison de sa fortune, dont la noblesse peut avoir besoin[3]. Dans cette noblesse politique, qu'elle fut acquise par la vertu ou par l'argent, la notion d'ancienneté (les « quartiers de noblesse ») apparaîtra à Vauban comme « le premier critère de dignité »[4].
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+ Du point de vue des sciences sociales, historiques et politiques, la notion de noblesse renvoie généralement à un ordre social ou une caste généralement endogame, et désigne alors la condition d'un groupe social distinct et hiérarchisé jouissant de privilèges spécifiques.
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13
+ Charles Fourier en 1822 représente seize castes et sous-castes sociales qu'il explique par un courant ascendant de sentiments d'envie et de haine, et un courant descendant de sentiments de morgue et de mépris : « La noblesse de cour méprise la non-présentée ; la noblesse d'épée méprise celle de robe : les seigneurs à clocher méprisent les gentillâtres, tous les parvenus anoblis qui ne sont que de 1er degré et qui dédaignent les castes bourgeoises. Dans la bourgeoisie nous trouverions en 1re sous-caste la haute banque et la haute finance (n°5), méprisées des nobles mais s'en consolant avec leurs coffre-forts, méprisant le gros marchand et le bon propriétaire (n°6). Ceux-ci tout fiers de leur rang d'éligibles méprisent la sous-caste qui n'a que rang d'électeur (n°7) qui elle, s'en dédommage en méprisant la sous-caste des savants, les gens de loi et autres vivant de traitements ou casuels ou petits domaines qui ne leur donnent pas l'entrée au corps électoral (n°8) ; enfin la basse bourgeoisie (n°9), le petit marchand (n°10), le petit campagnard (n°11) seraient bien offensées si on les comprenait dans le peuple dont elle méprise les trois sous-castes (n°12, 13, 14) et dont elle se pique d'éviter les manières, sans même compter la pègre et les vagabonds (n°15 et 16). Il règne entre toutes ces castes des haines régulières c'est-à-dire que la n°9 hait la n°8 autant que celle-ci hait la n°7, quoique chacune recherche la fréquentation du degré supérieur par ambition et non par amitié »[5].
14
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+ La noblesse est donc une institution sociale que l'on rencontre dans la plupart des sociétés traditionnelles, dès lors que la fonction guerrière est organisée indépendamment des pouvoirs économiques et religieux (tripartition), comme chez les Romains ou les Celtes avec la classe des chevaliers[6]. Les modalités d'entrée et de maintien dans cette institution ont varié selon les époques et les pays, mêlant initiation, capacités et hérédité. Elle se trouve à toutes les époques et dans de nombreux types de sociétés, aussi bien antiques, comme en Grèce, que chez les peuples premiers, et jusqu'aux États-nations modernes.
16
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17
+ Dans de nombreux pays, la noblesse a été abolie comme institution. En France, elle a été supprimée sous la Révolution française en 1789, rétablie sous le Premier Empire en 1802, et à nouveau supprimée sous la Troisième République en 1870 ; les titres de noblesse, qui sont considérés comme un accessoire du nom, peuvent toujours être officiellement enregistrés auprès du ministère de la Justice (afin d'être transcrits à l'État civil). Dans les pays ayant été gouvernés par un parti unique se revendiquant du communisme, non seulement les titres et indicateurs de noblesse furent abolis et les biens matériels nationalisés, mais les anciens nobles, considérés comme « des exploiteurs, des parasites, des ennemis du peuple » finirent pour beaucoup leurs existences dans les camps de travaux forcés comme ceux du Goulag ou du Laogai, à moins qu'ils aient réussi à s'échapper et à s'exiler à temps (cas de nombreux nobles russes à Paris, Londres et Berlin dans les années 1920). Dans leurs pays d'origine, les survivants ont perdu leur statut social et une grande partie de leur mémoire familiale, car durant les longues années de dictature (en moyenne un demi-siècle), faire valoir ce qui y était considéré comme un « passé dont il faut faire table rase » (selon un couplet de l'Internationale) pouvait entraîner des persécutions et conduire en camp de travail « rééducatif »[7].
18
+
19
+ Après l'ouverture du rideau de fer et la chute des régimes communistes en Europe, les descendants de ces survivants qui ont revendiqué la restitution de leurs biens familiaux nationalisés ont, pour la plupart, échoué en raison de la complexité des procédures, des preuves exigées et du coût des démarches judiciaires. Seules les familles nobles les plus puissantes financièrement ont obtenu la restitution d'une partie de leurs anciennes propriétés dans les pays, comme la République Tchèque ou la Roumanie, où la législation le permet : c'est le cas des héritiers de la famille autrichienne Schwarzenberg qui a obtenu la restitution du château d'Orlík au sud de Prague, et, en Transylvanie, des héritiers du comte hongrois Daniel Bánffy[8], des Habsbourg d'Autriche[9] ou des Hohenzollern de Roumanie[10],[11].
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21
+ Dans la mesure où les privilèges, titres et indicateurs ont été abolis, l'existence d'une noblesse n'est pas incompatible avec la démocratie moderne, notamment en Grande-Bretagne où elle a été conservée après la Glorieuse Révolution et ailleurs en Europe où elle a perduré après les révolutions de 1848. Une pairie et des titres de noblesse existent toujours légalement au XXIe siècle dans plusieurs pays européens, comme la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède, l'Espagne, Saint-Marin, le Luxembourg. Le pouvoir législatif est exercé en partie par des représentants de la noblesse, comme c'était le cas au Royaume-Uni avec la Chambre des lords jusqu'au fin du XXe siècle. Ce fut le cas aussi en France au XIXe siècle avec l'ancienne Chambre des pairs.
22
+
23
+ En droit international il n'y a pas de noblesse et il n'existe pas d'ordre de noblesse international : la noblesse de chaque pays lui est donc spécifique, même si certains types de noblesse peuvent être communs à plusieurs pays (à titre d'exemple les barons, comtes, marquis, ducs, archiducs, princes sont globalement similaires en Europe occidentale et centrale tandis que les joupans, boyards, hospodars et voïvodes sont communs aux pays d'Europe orientale).
24
+
25
+ Au XXIe siècle, des titres de noblesse existent encore officiellement et continuent à être décernés par les souverains des monarchies actuelles (il y en a 27 en comptant pour une celles du Commonwealth : trois en Afrique en ne comptant que les États souverains, pas les royautés coutumières beaucoup plus nombreuses ; douze en Asie ; dix en Europe et deux en Océanie). Il existe toujours une distinction entre la noblesse ancienne et la noblesse contemporaine : la première remonte parfois à des temps antérieurs à la Révolution française, la seconde a gagné ses titres (souvent héréditaires comme en Belgique ou en Espagne, ou non transmissible aux descendants comme au Royaume-Uni) par son action (financière, diplomatique, culturelle, militaire...) au service de sa nation ou de son souverain[Note 1]. L'Association de la noblesse européenne occidentale représente les intérêts de cette caste auprès de toutes personnes physiques ou morales, institutions, instances, autorités, tribunaux situés sur le territoire de l'Union européenne, pour les questions relatives au statut et/ou au rôle de ses membres[12].
26
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27
+ Les noblesses africaines les plus anciennement attestées, celles de l'Égypte antique et de la Maurétanie, se sont progressivement fondues dans les élites romaines avant d'être absorbées par l'islamisation de l'Afrique du Nord ; pour leur part, les noblesses nubienne, makurienne, nobadienne, alodienne, axoumite, zagouée et abyssine ont fini par former la noblesse éthiopienne (warashehs en amharique) elle-même dispersée ou massacrée par la révolution éthiopienne ; enfin au Ghana et dans les autres monarchies sub-saharinnes, les horons (mot mandé) ou touboungs (mot lounda) étaient hiérarchisés en trois groupes principaux[13],[14],[15]:
28
+
29
+ Avec l'islamisation et la colonisation le mot marabout a changé de sens pour désigner de nos jours deux choses différentes : soit, avec une connotation positive et flatteuse, un guide religieux musulman, soit, avec une connotation négative et péjorative, un sorcier ou un envoûteur auquel on prête des pouvoirs de voyance et de guérison ; parmi les marabouts, certains sont des manipulateurs psychiques qui prétendent pouvoir, moyennant finances, résoudre tout type de problème. Ces derniers, que les guides religieux considèrent comme des charlatans, mêlent en un syncrétisme religieux qui varie de l'un à l'autre, l'islam, l'animisme, le christianisme, le vaudou et diverses formes de magie.
30
+
31
+ Au Rouanda et au Burundi, ce ne sont ni la langue ni la religion qui séparent les tutsi des hutu, mais le statut : les premiers sont issus de la noblesse, les seconds du peuple agriculteur ou artisan[16].
32
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+ Les conquistadors espagnols dénommèrent indifféremment « caciques » les aristocrates des empires amérindiens (maya, aztèque, inca…) dont la hiérarchie était aussi complexe qu'en Europe, mais moins cloisonnée et pas systématiquement héréditaire. Le mot cacique désigne un noble en taïno, langue indigène d'Hispaniola[17]: il est généralement traduit par « dignitaire » ou « seigneur » et chez les Aztèques par exemple, les descendants des nobles, désignés comme tecuhtli en nahuatl[18] étaient nommés « pilli »[19], terme équivalent à l'espagnol « hidalgo » (« fils de quelqu'un »)[20].
34
+
35
+ Ces nobles amérindiens pouvaient aussi bien être d'extraction relativement modeste (par exemple, chez les Aztèques, les calpullec, des villages ou des quartiers de la capitale), que des seigneurs de rang élevé (empereurs, rois des monarchies subordonnées, gouverneurs des provinces, conseillers des monarques, juges importants ou grands chefs militaires, par exemple les kuraka, apu et tukrikuk des Incas). Les nobles amérindiens qui se sont opposés aux conquistadors ont disparu, mais ceux qui se sont ralliés à eux et se sont convertis au catholicisme ont parfois pu s'intégrer à la petite noblesse créole locale comme vizcondes ou caballeros[21].
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+ Au Brésil, c'est la maison d'Orléans-Bragance qui, durant son règne sur l'Empire brésilien, décerna quelques titres de noblesse, non-reconnus en Europe[22] où les récipiendaires, de riches planteurs et éleveurs de bétail esclavagistes, furent qualifiés de « rastaquouères »[23],[24].
38
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39
+ Incluant les souverains et les nobles proprement dits[25], la noblesse chinoise a été un élément important de l’organisation sociale et politique traditionnelle de la Chine impériale. Les concepts de souverains héréditaires, de titres de noblesse et de familles nobles apparaissent dès les débuts semi-mythiques de l'histoire de la Chine puis, sous la dynastie Zhou un système structuré définissant la noblesse et les nobles se met en place et perdure durant plus de deux millénaires suivants, avec quelques modifications et ajouts dont le plus récent date de la dynastie Qing.
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+ Un titre de noblesse peut être gagné ou perdu à titre posthume, l'élévation posthume étant souvent utilisée comme un moyen d'exprimer sa considération envers le défunt. Ainsi Guan Yu, qui vécut à la fin de la dynastie Han, portait de son vivant le titre de marquis de Han Zhou (漢壽亭侯) et reçut à titre posthume le titre de duc de Zhonghui (忠惠公). Sous la dynastie Yuan, Yiyong Wu'an Yingji portait le titre de prince de Xianling (顯靈義勇武安英濟王), avant d'être littéralement "béatifié" et élevé au rang d'empereur sous la dynastie Ming, où il devient le Saint empereur Guan, le Grand dieu qui subjugue les démons des trois mondes et dont la grâce se propage loin et se déplace dans le ciel (三界伏魔大神威遠震天尊關聖帝君). Dans la culture populaire, il est révéré comme étant un Dieu de la prospérité, du commerce, de la guerre et de la police[26].
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+ Ce système perdure jusqu'à la Révolution chinoise de 1911 qui met fin à l'empire chinois. Toutefois la République de Chine permet à quelques familles nobles, ayant soutenu le nouveau régime, de garder leurs titres et leurs dignités, mais tous perdent leurs domaines et cela précipite leur déclin économique. Quant à la République populaire de Chine mise en place en 1949, elle ne se contente pas d'abolir tous les titres, prédicats et indicateurs de noblesse, mais cible l'aristocratie physiquement dans le cadre de la lutte des classes, de sorte que tous ceux qui n'ont pas réussi à fuir le pays sont, au mieux, détenus aux travaux forcés du Laogai et au pire massacrés sur place, notamment pendant la révolution culturelle. De nos jours, seule une poignée de personnes de la diaspora chinoise continue à revendiquer tel ou tel titre de noblesse dans l'indifférence générale[27].
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+ En Europe, chaque pays a ses propres traditions nobiliaires.
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+ La noblesse européenne actuelle est issue de plusieurs traditions et remonte, non comme lignées, mais comme classe sociale, aux guerriers de la « trilogie » (le guerrier, le religieux et le producteur) décrite par Georges Dumézil à propos des sociétés indo-européennes (mais qui existait aussi ailleurs)[28]. Au Ve siècle av. J.-C., la notion de nobilitas héritée de l'Empire romain[29] se serait transmise, selon Karl Ferdinand Werner, aux royaumes germaniques ayant succédé à celui-ci[30].
48
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+ Dans la Grèce antique, il existait quatre termes qui, en grec ancien, servaient à désigner les groupes humains : γένος / génos signifiant « noble », λάος / láos signifiant « peuple assemblé », δῆμος / dêmos signifiant « citoyen d’une cité » et ἔθνος / éthnos signifiant « origine commune » : pouvoir politique, droit de propriété et privilèges ont progressivement diffusé, dans l’Athènes antique, de la première à la deuxième et troisième catégories, tandis que les métèques relevaient de la quatrième[31] et les esclaves d’aucune, leur statut étant proche de celui du bétail[32].
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+ Dans la Rome antique, les membres des grandes gens romaines étaient fiers d’appartenir à des familles anciennes et reconnues comme nobles mais elles ne connaissaient pas la transmission héréditaire du pouvoir public. Il leur fallait accomplir une carrière individuelle, le cursus honorum au service de la res publica (l’intérêt public) ou du princeps pour obtenir un honor ou charge publique, soit par élection républicaine, soit par nomination sénatoriale ou impériale[33]. Des homines novi, sans être « bien » nés, pouvaient être élus ou nommés à un honor élevé et ainsi devenir chef et souche d’une nouvelle famille[34].
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+ Les rois germaniques répliquèrent ce système romain de délégation de la potestas[35]. De plus en plus, des nobles germaniques peuvent se voir confier, par les maiores natu ou « grands des peuples barbares », des fonctions publiques ou honores, non héréditaires, comme c’était déjà le cas de la nobilitas sénatoriale romaine, et ainsi entrer dans la militia principis en jurant obéissance « à la romaine » (obsequium) au nouveau roi germanique. Dans le souci d’être accepté et obéi par ses sujets gallo-romains, largement majoritaires dans son royaume, le souverain franc Chlodwig (Clovis), par exemple, conserve le droit romain pour les Romains et pour les chrétiens[36] et oblige ses « grands » à entrer dans ce système[Note 2] avant de renoncer à sa religion germanique pour adopter lui-même le christianisme.
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+ Cette osmose germano-romaine est facilitée par la similarité entre noblesses romaines et germaniques :
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+ Par accaparement des offices de la potestas publica, la noblesse finit par devenir héréditaire à partir du IXe siècle, sous Louis le Pieux et ses fils[47],[Note 7],[48]. On ne distingue plus désormais la noblesse de souche locale romaine des « grands » germaniques, mais une noblesse d'épée assimilée à la noblesse d'extraction (c'est-à-dire sans trace écrite d'anoblissement) et une noblesse de robe créée au début du XVIIe siècle.
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+ La notion de « sang bleu » pour les nobles provient de l'espagnol « sangre azul » désignant la noblesse chrétienne actrice de la reconquista en référence à l'archétype du héros princier moralement noble, à l'âme pure comme le ciel bleu sans nuages, appelé en Espagne Principe azul[49].
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+ Karl Ferdinand Werner a analysé une série de mythes sur les origines de la noblesse, entretenus par les intéressés, enrichis par les roturiers fascinés par les nobles, ou encore forgés au fil des siècles par une papauté soucieuse de s’assurer leur protection, leurs services et leur fidélité :
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63
+ Bien que l'Indonésie soit aujourd'hui une république, on y trouve encore de nombreuses cours royales et princières dont les membres forment une noblesse de sang qui plus de privilèges mais conserve ses titres. Les chefs de ces maisons ont encore un rôle symbolique et rituel. Il existe en outre des rites par lesquels on accorde une distinction nobiliaire à des personnes. Enfin, à Java, les descendants d'une noblesse de robe créée au XVIIe siècle par le Sultan Agung du royaume de Mataram, les priyayi, sont souvent reconnaissables à leur nom de famille, alors que ce dernier n'est pas encore une institution répandue pour la grande majorité des Indonésiens[70].
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65
+ Source de ce sous-chapitre : [71].
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+ Jusqu'en 1869, la noblesse japonaise (kuge) était structurée sur le modèle chinois, et basée sur la possession de grands domaines dont les habitants étaient des serfs (auxquels pouvaient s'ajouter les esclaves des grands propriétaires daimyo : on pouvait devenir esclave pour dettes, comme punition suite à un jugement, ou comme prisonnier de guerre si on n'était pas mort les armes à la main car dans les trois cas on était déshonoré et on cessait d'être une personne pour devenir une « chose » (hinin 非人).
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68
+ Initialement, ce qu'on appelle, stricto sensu, noblesse japonaise (kuge) s'est articulée autour du souverain impérial, d'où procédaient tous les honneurs, apanages et charges décernés aux clans de courtisans (uji) comme les Fujiwara ou Mononobe), dont nombre d'origine coréenne (Soga). Les chefs de ces clans portaient des titres hiérarchisés ou kabane. Parallèlement, dès le VIIe siècle, s'est constituée une noblesse de service qui a peu à peu accaparé la réalité du pouvoir, sans jamais éliminer les kuge, les samouraï[Note 8]. Cette classe, sans équivalent en Europe[Note 9], s'est rapidement fédérée autour de descendants de princes impériaux (les Heike et les Genji), puis des shoguns. Ses principaux chefs, politiques et gouverneurs régionaux (les daimyo[Note 10] et les shomyo[Note 11]) ont été graduellement admis au sein des kuge (d'autant plus qu'ils en procédaient le plus souvent)[Note 12]. Dans l'ensemble, les samouraï ont fourni au Japon shogounal la plupart de ses cadres, de ses militaires et de ses fonctionnaires, surtout provinciaux. Les chefs héréditaires de sectes ou de temples étaient généralement d'origine samouraï et classés comme tels.
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70
+ Lors de la période Meiji (1868), le nouveau gouvernement institua une nouvelle noblesse, ou kazoku (華族?, littéralement « ascendance fleurie »), inspirée du système français (napoléonien) et anglais. Elle fut abolie à la fin de la Seconde guerre mondiale. Les bénéficiaires furent surtout des politiques (prince Itō Hirobumi, artisan de la colonisation japonaise de la Corée), des hauts fonctionnaires et des hommes d'affaires (baron Iwasaki Yatarô, fondateur du groupe Mitsubishi). Hormis les Tokugawa, la distribution des titres de kazoku pour les anciens daimyos dépendait du revenu en riz de ces seigneurs féodaux : ceux qui percevaient plus de 150 000 koku devinrent marquis, ceux qui percevaient plus de 50 000 koku devinrent comtes, etc. L'ancien shogun, Tokugawa Yoshinobu, devint prince, les chefs des branches primaires de la famille Tokugawa (shimpan daimyō) devinrent marquis et les chefs des branches secondaires devinrent comtes. Ainsi, la kuge (la noblesse de la cour impériale de Kyoto) et les daimyo (les seigneurs féodaux) fusionnèrent en une seule classe aristocratique. Itō Hirobumi, un des acteurs de la restauration de Meiji et plus tard l'un des auteurs de la Constitution de 1889, destinait le kazoku à servir de rempart pour l'empereur et l'institution impériale rénovée, qui élargit le statut de kazoku aux personnes ayant brillamment servi la couronne.
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72
+ En 1884, le gouvernement divisa le kazoku en cinq rangs explicitement basés sur la pairie de Grande-Bretagne. Ce système utilise des titres dérivés des anciens titres de noblesse d'avant 1864 qui, eux aussi, sont au nombre de cinq :
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+ La Constitution actuelle du Japon, datant de 1947, abolit la kazoku et les titres, prédicats et indicateurs de noblesse en dehors de la famille impériale. En revanche, elle ne priva pas la kazoku de ses biens, de sorte que ses membres conservèrent leur assise économique et qu'au XXIe siècle encore, les descendants des anciennes familles nobles continuent à occuper des postes de première importances dans la société et l'industrie[73].
75
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76
+ L'empire du Japon actuel[Note 13], État démocratique, ne reconnaît de noblesse que pour le seul noyau de la famille impériale, c'est-à-dire le tennō, ses oncles et tantes par les hommes, ses frères et sœurs, leurs enfants et les siens.
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+ Au XXIe siècle, 4 710 blasons (originaux et variantes incluses) existent au Japon[74].
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+ En Perse impériale on différenciait deux catégories de nobles : ashrâfiyyat-e divâni et ashrâfiyyat-e lashgari, qui correspondaient plus ou moins à la distinction entre la noblesse de robe et celle d'épée. Sous les Arsacides, la noblesse du premier rang se définissait par la parenté (la filiation ou la germanité) avec la personne du Shah. Ainsi, les membres de Mehestan (nom hérité du Sénat iranien sous l'Empire parthe) étaient nommés parmi les princes de sang qui de ce fait appartenaient au plus haut rang de la noblesse. Avec l'avènement de la dynastie Pahlavi en 1924, Reza Shah fit voter une série de lois portant l'abolition de tous les privilèges la noblesse. L'usage des titres de courtoisie a néanmoins perduré jusqu'à l'avènement de la révolution iranienne en 1979[75].
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+ En Polynésie, un ariki est un guerrier, et le chef des guerriers, l’ariki nui (littéralement « grand guerrier ») est le chef tribal, souvent assimilé à un roi, au statut généralement semi-héréditaire. Aux Tonga, des titres de noblesse furent conférés à des grands chefs traditionnels lors de la fondation du royaume des Tonga en tant qu'État d'inspiration occidentale, au dix-neuvième siècle. Ainsi furent posés les fondements de la noblesse tongienne, qui dispose à ce jour d'un grand prestige, ainsi que de prérogatives politiques[76].
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+ Astérix, anciennement Astérix le Gaulois, est une série de bande dessinée française créée le 29 octobre 1959 par le scénariste français René Goscinny et le dessinateur français Albert Uderzo dans le no 1 du journal français Pilote. Après la mort de René Goscinny en 1977, Albert Uderzo poursuit seul la série, puis passe la main en 2013 à Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.
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+ La série met en scène en 50 av. J.-C. (peu après la conquête romaine) un petit village gaulois d'Armorique qui poursuit seul la lutte contre l'envahisseur grâce à une potion magique préparée par le druide, cette boisson donnant une force surhumaine à quiconque en boit. Les personnages principaux sont le guerrier Astérix et le livreur de menhirs Obélix, chargés par le village de déjouer les plans des Romains ou d'aller soutenir quiconque sollicite de l'aide contre la République romaine.
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+ Publiée dans Pilote de 1959 à 1973, la série est éditée parallèlement en album cartonné, pour les vingt-quatre premiers albums, d'abord aux éditions Dargaud, puis à partir de 1998 aux éditions Hachette, et enfin aux éditions Albert René pour les dix albums suivants. Les ventes cumulées des albums, traduits dans cent onze langues, représentent 380 millions d'exemplaires, ce qui en fait la bande dessinée la plus vendue dans le monde après le manga One piece[1],[2].
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+ La série est avant tout humoristique et parodie principalement la société française contemporaine à travers ses stéréotypes et ses régionalismes, ainsi que des traditions et coutumes emblématiques de pays étrangers. Le comique de répétition est très présent avec notamment le naufrage des pirates. Le dessin est lui semi-réaliste, fortement inspiré de l'école de Marcinelle.
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+ « Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petibonum... »
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+ — Légende de la carte de la Gaule ouvrant les albums d'Astérix[3]
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+ La légende ainsi que la carte de la Gaule mentionnées ci-dessus ont été supprimées de l'album Astérix et la Transitalique paru en 2017 sans que l'éditeur, Hachette, ne donne d'explication.
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+ Ce village gaulois d'Armorique résiste à l'envahisseur grâce à la potion magique préparée par le druide Panoramix, qui procure momentanément une force surhumaine à qui en boit.
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+ La bande dessinée se focalise principalement sur l'un des habitants de ce village, Astérix, courageux guerrier, qui se sert non seulement de la potion magique mais aussi de son intelligence pour déjouer les plans de Jules César et défendre son village de l'envahisseur.
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+ Le premier album mis à part, Astérix est accompagné dans toutes ses aventures par son ami Obélix, le seul Gaulois pour qui les effets de la potion magique sont permanents depuis qu’il est tombé dans une marmite de potion lorsqu'il était enfant. À partir du cinquième album (Le Tour de Gaule d'Astérix), les deux héros sont accompagnés par Idéfix, un petit chien qu'adopte ensuite Obélix. La série a pour tradition d'alterner les aventures en Gaule et à l'étranger[4],[5].
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+ « Le personnage a été inventé en deux heures par Uderzo et moi, dans un éclat de rire ! »
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+ — René Goscinny[6]
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+ Le duo René Goscinny-Albert Uderzo se forme dès le début des années 1950 et mène rapidement de nombreux projets en commun au sein de l'agence World Press, fondée par Georges Troisfontaines. Leur première collaboration aboutit à la création d'une série humoristique, Oumpah-Pah le Peau-Rouge, qu'ils ne parviennent pas à faire publier. Georges Troisfontaines leur commande alors une rubrique sur la manière de bien se tenir dans le monde, initulée Qui a raison ?, qu'il place dans l'hebdomadaire féminin Les Bonnes Soirées édité par Dupuis. Uderzo l'illustre de 1951 à 1953 mais Goscinny, lassé du sujet, cesse de fournir des textes en 1952. Le duo crée également les séries Jehan Pistolet, publiée dans le supplément jeunesse de La Libre Belgique à partir de 1952, puis Luc Junior, publiée dans le même journal à partir de 1954[c 1].
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+ En 1956, Goscinny et Uderzo, accompagnés du scénariste Jean-Michel Charlier et de Jean Hébrard, quittent World Press pour fonder leurs propres agences de presse et de publicité, Édifrance et Édipresse[c 2]. En 1959, le publicitaire François Clauteaux lance Pilote, un journal pour les enfants financé par Radio Luxembourg[b 1], et charge les quatre associés d'assurer la partie bande dessinée du nouveau périodique. Uderzo et Goscinny se proposent d'abord d'adapter le Roman de Renart et quelques planches sont réalisées pour la maquette du journal. Mais le dessinateur Raymond Poïvet leur apprend que le dessinateur Jean Trubert a déjà réalisé une bande dessinée sur le même thème pour le journal Vaillant. Déçu, le duo cherche une nouvelle idée[b 2].
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+ À deux mois de la sortie du journal, ils sont réunis dans l'appartement d'Uderzo à Bobigny, en face du cimetière de Pantin[7],[d 1]. Goscinny songe à une bande relevant du « folklore français » et demande à Uderzo de lui énumérer les grandes périodes de l'histoire de France. Ce dernier commence par le paléolithique puis enchaîne sur les Gaulois, une période qui s'impose comme une évidence car inédite en bande dessinée[d 2]. En quelques heures, les deux compères créent le village gaulois et ses habitants. Goscinny imagine un personnage malin, au petit gabarit, prenant le contre-pied des héros habituels des bandes dessinées de l'époque[c 2]. Pour satisfaire ses préférences de dessinateur, Uderzo lui adjoint un second rôle au gabarit imposant qui devient, d'un commun accord entre les auteurs, livreur de menhirs. Astérix et Obélix sont nés[d 3],[c 2].
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+ La série intègre à temps le journal Pilote pour son lancement le 29 octobre 1959. Le premier numéro s'écoule à 300 000 exemplaires[c 3] et l'histoire intitulée Astérix le Gaulois fait de la série l'une des plus plébiscitées par les lecteurs[b 3]. Malgré ce succès, le journal manque rapidement d'argent[d 4] et, pour survivre, il est racheté pour un franc symbolique par Georges Dargaud, ainsi que les séries qui le composent[d 5].
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+ Forts du succès d'Astérix le Gaulois, les auteurs enchaînent avec une deuxième histoire intitulée La Serpe d'or, publiée à partir du 11 août 1960 dans Pilote[j 1]. C'est la première fois que les deux héros s'éloignent des environs du village, pour se rendre à Lutèce afin d'y acheter une nouvelle serpe pour le druide Panoramix. C'est également dans cet épisode que le barde est mis à l'écart pour le banquet final, bâillonné et attaché à un arbre par ses compères qui ne supportent pas son chant, une scène qui deviendra récurrente dans les différents albums d'Astérix[e 1]. En 1961, un premier album de la série est édité par Hachette dans la « Collection Pilote », reprenant l'intégralité de l'histoire Astérix le Gaulois[j 2]. Le livre se vend alors à 6 000 exemplaires[e 2]. La même année, la parution de la troisième histoire, Astérix et les Goths, démarre dans Pilote[j 3]. C'est la première fois qu'Astérix et Obélix s'aventurent hors de la Gaule[e 3].
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+ Devenues la série phare du journal, les aventures des Gaulois occupent presque en continu la place privilégiée de la dernière page pendant quatre années, de 1961 à 1965[c 4]. Astérix gladiateur, quatrième volet de la série, paraît à partir de mars 1962 et marque l'apparition d'un nouveau gag récurrent. Uderzo et Goscinny y font un clin d’œil à Victor Hubinon et Jean-Michel Charlier et leur série Barbe-Rouge, publiée elle aussi dans Pilote, en faisant croiser la route d'Astérix et Obélix à un équipage de pirates, dont le bateau fait naufrage[j 4]. Les ventes d'albums explosent : ce quatrième opus atteint la première année 150 000 exemplaires vendus, tandis que les premiers retirages font s'accroître le nombre d'albums mis sur le marché. Le succès d'Astérix dépasse largement le cadre de la bande dessinée : plusieurs journaux réputés sérieux commencent à s'intéresser à la série pendant l'été 1965, tandis que la même année, le premier satellite français lancé dans l'espace est officieusement baptisé Astérix par ses concepteurs[c 5].
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39
+ L'histoire suivante, intitulée Le Tour de Gaule d'Astérix, dont la parution a débuté février 1963, est une caricature des régionalismes français[j 5]. C'est aussi l'entrée d'un personnage important de la série, le chien Idéfix, qui suit Astérix et Obélix durant toute l'aventure sans que ceux-ci ne le remarquent avant la dernière planche[a 1]. Un concours est lancé dans les pages de Pilote pour le baptiser[e 4].
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41
+ La sortie du film Cléopâtre, en 1963, l'une des réalisations les plus chères de l'histoire du cinéma, avec la présence d'Elizabeth Taylor dans le rôle-titre, inspire aux deux auteurs le thème de la sixième aventure de la série, Astérix et Cléopâtre, dans laquelle les deux héros se rendent en Égypte en compagnie du druide Panoramix[c 6]. L'annonce dans Pilote de la parution de cette nouvelle aventure, de même que la couverture originale de l'album, parodient l'affiche du film de Mankiewicz[e 5].
42
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43
+ L'année suivante, Le Combat des chefs est selon Le Figaro une raillerie de la campagne de l'élection présidentielle en cours, mais évoque aussi, toujours selon le journal, un sujet plus grave : la collaboration pendant la seconde guerre mondiale, en assimilant les Gallo-Romains aux Français qui pactisaient avec l'occupant allemand[e 6].
44
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45
+ L'histoire Astérix chez les Bretons, parue dans Pilote à partir de septembre 1965[j 6], confirme le succès grandissant de la série : le tirage initial de l'album s'élève à 400 000 exemplaires, soit le double de l'album précédent. Parallèlement, la direction de Pilote adopte le sous-titre « le journal d'Astérix et d'Obélix » pour son hebdomadaire, signalant ainsi la place prééminente de la série auprès des lecteurs[c 5]. L'année suivante, dans la neuvième aventure, Astérix et les Normands, ces derniers débarquent en Gaule avec neuf siècles d'avance sur la réalité historique. Les ventes d'album décollent littéralement et 1,2 million d'exemplaires sont vendus en deux jours[e 7].
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+ Le premier personnage féminin d'importance majeure, Falbala, fait son apparition la même année alors que commence la parution de la dixième aventure, Astérix légionnaire[e 8]. L'histoire suivante, Le Bouclier arverne, publiée dès le mois de juin 1967[j 7], aborde une nouvelle fois le thème de la collaboration sous l'occupation[h 1].
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+ À la fin de l'année 1967, la première adaptation des aventures d'Astérix en dessin animé sort sur les écrans. Astérix le Gaulois, produit par les studios Belvision à l'insu des deux auteurs de la série et avec la complicité de Georges Dargaud, réunit 2 415 920 spectateurs, contribuant ainsi à faire connaître les aventures du Gaulois à un public encore plus élargi[c 7],[8]. Alors qu'une deuxième adaptation est en cours de production chez Belvision, à partir de l'album La Serpe d'or, Uderzo et Goscinny opposent cette fois-ci leur veto et parviennent à convaincre Dargaud de financer un projet plus ambitieux, l'adaptation d'Astérix et Cléopâtre, un long métrage dont ils superviseront l'intégralité de la direction artistique[c 7]. À sa sortie en 1968, le film est un nouveau succès, avec près de deux millions d'entrées en salle[8].
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51
+ Parallèlement, le duo Goscinny-Uderzo poursuit l'écriture de nouvelles aventures : les auteurs s'inspirent de l'actualité pour rédiger le scénario de Astérix aux Jeux olympiques, en l'occurrence les Jeux olympiques d'été de 1968 à Mexico. Cette histoire permet à Albert Uderzo de démontrer ses talents de dessinateur réaliste à travers la représentation des villes d'Athènes et d'Olympie[c 8]. L'album aborde également un sujet qui fait polémique à l'époque de la création de la série, la question du dopage, soulevée par l'utilisation de la potion magique[e 9]. Le montant élevé de leurs impôts, dû au succès de la série, leur aurait inspiré le scénario d'Astérix et le Chaudron, treizième épisode d'Astérix[e 10].
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53
+ Suit Astérix en Hispanie, une parodie de l'Espagne des années 1960, envahie par les touristes en été[e 11], puis La Zizanie, qui s'inspire des événements survenus au sein de la rédaction de Pilote en mai 1968. Violemment contesté, René Goscinny, alors rédacteur en chef du journal, est victime d'une fronde de jeunes auteurs, menée par Jean Giraud, pour prendre le pouvoir au sein de la rédaction[e 12]. C'est également dans cet épisode qu'il est donné pour la première fois une réelle importance aux personnages féminins, dont la femme du chef, Bonemine. Toutes s'apparentent à des mégères avides de ragots, au physique peu flatteur, à l'exception de la jeune et coquette compagne du doyen du village, Agecanonix, ce qui vaut aux auteurs un certain nombre d'accusations de misogynie[e 13]. L'histoire suivante, Astérix chez les Helvètes leur est directement suggérée par Georges Pompidou, alors premier ministre[c 9]. Albert Uderzo précise : « Nous n’avons pas réalisé cet album tout de suite, pour ne pas lui faire croire que c’était son idée qui avait fait du chemin. On a sa dignité, dans la BD[j 8] ! » Dans cette aventure, les Gaulois font cause commune avec les Romains[Note 1] : sur fond de corruption, ils viennent en aide à un questeur romain contre un gouverneur qui détourne les impôts à son profit[e 14].
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+ Les deux auteurs poursuivent la critique de la société française au fil des aventures. En 1971, c'est à partir de la polémique qui s'ouvre avec le bétonnage des bords de plage français que naît l'histoire Le Domaine des dieux, dans laquelle César a l'idée de faire disparaître la forêt autour du village en construisant un complexe immobilier, afin d'isoler les Gaulois[e 15]. Dans Les Lauriers de César, ce sont les nouveaux riches qui sont brocardés, en la personne d'Homéopatix, le beau-frère du chef Abraracourcix[e 16]. Le Devin, dix-neuvième volet des aventures d'Astérix, pointe la crédulité de la plupart des habitants du village, victime d'un charlatan ayant fait alliance avec les Romains, le devin Prolix[j 9].
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+ Le 31 mai 1973 commence la parution d'une nouvelle histoire, Astérix en Corse, qui est d'ailleurs la dernière aventure d'Astérix à paraître dans les colonnes de l'hebdomadaire Pilote. En 14 ans, 880 pages du journal auront été consacrées à la série[j 10]. Pour l'occasion, les auteurs effectuent leur premier voyage d'étude sur place. L'album offre un concentré de stéréotypes nourris sur les Corses, de la pratique de l'omertà à la prétendue paresse des insulaires en passant par leur susceptibilité[e 17].
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+ L'année 1974 marque la fondation des Studios Idéfix, qui aboutissent à la sortie du troisième dessin animé de la série, Les Douze Travaux d'Astérix, deux années plus tard. Contrairement aux deux précédents films, celui-ci n'est pas issu de l'adaptation d'un album mais de l'écriture d'un scénario original par René Goscinny, épaulé par Pierre Tchernia[c 10]. En 1974 sort également le vingt-et-unième album d'Astérix, intitulé Le Cadeau de César, dont le quotidien Le Monde fait son feuilleton d'été[9],[e 18] Cet épisode raconte les rivalités qui peuvent apparaître au cours d'une élection locale. Le duel politique qui oppose le chef Abraracourcix à un nouveau venu dans le village, nommé Orthopédix, est un clin d’œil à la campagne électorale qui oppose Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1974[j 11]. Astérix et Obélix partent ensuite à la découverte de l'Amérique, dans La Grande Traversée, parue en 1975[e 19]. La vingt-troisième aventure d'Astérix, dont la prépublication est assurée par Le Nouvel Observateur[c 5], tourne en dérision l'économie libérale. Dans cet épisode, intitulé Obélix et Compagnie, un jeune technocrate romain tente d'introduire la loi de l'offre et de la demande dans le village gaulois, ce qui crée une rivalité entre les habitants, chacun voulant devenir le plus riche et le plus puissant du village[e 20].
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+ En 1977, un contentieux oppose René Goscinny à son ami et éditeur Georges Dargaud, concernant notamment la gestion des droits étrangers d'Astérix, dans laquelle l'auteur s'estime lésé. Goscinny envisage alors la création d'une maison d'autoédition et demande à Albert Uderzo de suspendre la réalisation des planches de l'épisode suivant de la série, Astérix chez les Belges[10]. Le 5 novembre 1977, René Goscinny meurt brutalement d'une crise cardiaque alors qu'il effectue un test d'effort dans une clinique[11],[c 11]. Albert Uderzo mène seul le projet de Goscinny : en 1979, il achève l'album Astérix chez les Belges[e 21], puis il crée les Éditions Albert René, financées à hauteur de 20 % par Gilberte Goscinny, la veuve du défunt[c 12].
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+ Contre Georges Dargaud qui considère après la tragique disparition de Goscinny qu'Astérix est mort avec son auteur, Albert Uderzo s'efforce de poursuivre le travail accompli depuis la fin des années 1950 et assure lui-même l'écriture du scénario des albums suivants. Sa première histoire est Le Grand Fossé, qui parait en 1980 et qui est une référence indirecte au Mur de Berlin qui sépare alors la ville en deux, à l'image du village gaulois traversé par un fossé dans l'album en question[j 12]. L'année suivante, L'Odyssée d'Astérix est l'occasion pour l'auteur de dénoncer les marées noires qui font l'actualité avec le naufrage du Tanio qui souille les plages de l'Île de Batz[e 22]. Suivent Le Fils d'Astérix en 1983[j 13], puis Astérix chez Rahàzade en 1987, une histoire inspirée des Mille et Une Nuits et qui se déroule pour une grande partie en Inde[e 23]. Avec La Rose et le Glaive qui sort en 1991, Albert Uderzo répond une nouvelle fois aux accusations de misogynie envers la série[c 13] : une barde remplace Assurancetourix et entraîne une révolution féministe au sein du village[e 24]. C'est également la première fois que le tirage initial de l'album atteint deux millions d'exemplaires[c 14].
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+ Alors que la série, véritable succès éditorial, ne cesse de battre des records de vente, Albert Uderzo s'attire peu à peu les critiques de la presse quant aux scénarios de ses aventures, jugés peu aboutis[12]. En 1996, dans La Galère d'Obélix, un album qui mène les héros jusqu'à l'Atlantide, Obélix boit une pleine marmite de potion magique, ce qui le transforme en statue de pierre avant de physiquement redevenir un enfant[e 25]. Dans Astérix et Latraviata, paru en 2001, ce sont les parents des deux héros qui apparaissent[e 26] et dans Le ciel lui tombe sur la tête, Uderzo introduit une dose de science-fiction dans l'histoire avec la venue d'extra-terrestres au village[e 27]. Ce dernier album sort en 2005, mais entretemps parait Astérix et la Rentrée gauloise, un album regroupant quatorze histoires courtes parues à diverses époques dont une inédite[e 26].
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+ Parallèlement, Astérix devient un héros de cinéma : le film Astérix et Obélix contre César réalisé par Claude Zidi sort en salle en 1999. Avec un budget annoncé à 275 millions de francs, il devient à l'époque la plus grosse production de langue française de tous les temps[13]. Porté par des comédiens renommés comme Christian Clavier dans le rôle d'Astérix, Gérard Depardieu dans le rôle d'Obélix ou encore Roberto Benigni, le film réalise 9 millions d'entrées en France et 24 millions dans le monde entier[14], mais l'accueil de la presse est plus mitigé[15],[c 6].
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+ En 2008, alors qu'il a hissé sa maison d'édition au 63e rang des éditeurs français, Albert Uderzo cède 60 % des parts de sa société au groupe Hachette, qui récupère ainsi les droits sur l'intégralité de la série. Uderzo retourne à sa table de dessin pour signer un nouvel album, L'Anniversaire d'Astérix et Obélix - Le Livre d'or, qui parait en 2009 pour célébrer le cinquantenaire de la série[16]. Dans cet album d'histoires courtes, le lecteur découvre Astérix et ses amis villageois vieillis de 50 ans, ainsi que de nombreuses parodies et détournements d’œuvres d'art[j 14].
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71
+ Alors que sa main ne lui permet plus de dessiner, Albert Uderzo envisage un temps que la série s'éteigne avec lui[17], mais il se ravise finalement : en septembre 2011, alors que les éditions Hachette célèbrent les 350 millions d'exemplaires d'Astérix vendus dans le monde, le groupe annonce que l'auteur Jean-Yves Ferri a été choisi par Uderzo pour écrire le scénario du prochain album[18]. Cependant, Uderzo déclare en 2018 qu'il supervise fortement le travail de Ferri et Conrad mais souhaite que la série s'arrête à sa mort[19].
72
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73
+ Astérix chez les Pictes, 35e épisode de la série, est publié le 24 octobre 2013[20]. Le scénario, écrit en six mois par Jean-Yves Ferri[21], envoie Astérix et Obélix en Écosse, alors appelée Calédonie, pour y démêler une affaire de trahison entre deux clans. Le dessin réalisé par Didier Conrad, alors que Frédéric Mébarki, auteur de tous les visuels sur les produits dérivés d'Astérix, était initialement pressenti[22], suit fidèlement le style d'Albert Uderzo[20]. Accueilli plutôt favorablement par la critique[23], ce nouvel album est un succès éditorial : alors que 5 millions d'exemplaires sont imprimés pour le premier tirage, dont 2 millions dédiés à la France, de nouvelles impressions sont commandées en urgence pour répondre à la demande[24]. Quelques semaines plus tard, Albert Uderzo confie dans un entretien accordé à M le magazine du Monde qu'il songe à écrire le scénario d'une nouvelle histoire d'Astérix, sans pour autant en réaliser les dessins[25].
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75
+ En 2014, une première adaptation animée en 3D des aventures d'Astérix est réalisée par Alexandre Astier et Louis Clichy. Astérix : Le Domaine des dieux sort en salle le 26 novembre 2014[26]. Le succès est immédiat, tandis que les critiques soulignent la qualité de la réalisation[27], et qu'Uderzo déclare qu'il s'agit du « meilleur film d'Astérix qui soit sorti[26]. »
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+ Le 31 mars 2015, le scénariste Jean-Yves Ferri dévoile le nom du prochain album d'Astérix : Le Papyrus de César, qui sort le 22 octobre de la même année[28] et est tiré à 4,5 millions d'exemplaires, pour la France.
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+ Le 18 octobre 2017, un nouvel album, intitulé Astérix et la Transitalique sort dans les librairies françaises et est tiré à environ 5 millions d'exemplaires dont 2 millions pour le marché français. C'est donc le troisième album réalisé par le duo Jean-Yves Ferri-Didier Conrad[29].
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81
+ Le 38e album, réalisé par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, sort le 24 octobre 2019. Intitulé La Fille de Vercingétorix, il est tiré à 5 millions d'exemplaires et traduit en vingt langues[30],[31],[32].
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+ Le Menhir d'Or sortira le 21 octobre 2020[33].
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+ Outre des personnages historiques comme Jules César ou Cléopâtre, de nombreux personnages existants ou ayant existé sont apparus au fil des albums successifs, sous forme de clins d’œil humoristiques. Par exemple, La Zizanie met en scène un centurion romain qui a les traits de l'acteur Lino Ventura, très populaire à l'époque où l'album a été publié. Cette pratique contribue à donner différents niveaux de lecture à l'œuvre (les enfants, et même les adultes, ne vont pas nécessairement reconnaître toutes les personnalités caricaturées) et empêche de la réduire au rang de « bande dessinée pour enfants ». Dans Le Papyrus de César, Bonus Promoplus, conseiller de Jules César, est une caricature de Jacques Séguéla.
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+ Les jeux de mots sont très nombreux, Goscinny en a disséminé pour différents âges. Notamment, les noms de la plupart des personnages apparaissant dans les quelque trente albums d'Astérix le Gaulois sont basés sur des jeux de mots, à commencer par le nom d'Astérix, qui évoque le signe typographique appelé « astérisque », et le nom d'Obélix , qui évoque le signe typographique appelé « obélisque » qui peut servir comme appel de note en complément de l’astérisque. On peut également citer le personnage d'Idéfix, dont le nom fait penser à l'expression « idée fixe », mais aussi la Gauloise Iélosubmarine, dont le nom rappelle la chanson des Beatles Yellow Submarine, ou encore le doyen du village, qui s'appelle logiquement Agecanonix (nom évoquant l'expression « âge canonique »), et bien d'autres. Par ailleurs, tous les noms des Gaulois se terminent en -ix, ce qui est en fait une interprétation personnelle des auteurs à partir des noms de chefs gaulois en -rix (roi), par exemple Vercingétorix, alors qu'en réalité les noms masculins se terminaient le plus souvent en -os, ce qui correspond au nominatif masculin singulier latin -us, ceux des Gauloises se terminent généralement en -ine (Bonemine, Iélosubmarine, etc., Falbala faisant partie des exceptions), ce qui par contre correspond à une certaine réalité, tous ceux des Normands en -af (Grossebaf, Autograf, Batdaf…), sur le modèle du saint roi Olaf II de Norvège, tous ceux des Ibères en -on (Soupalognon y Crouton…), des Bretons en -ax (Jolitorax, Antrax…) ou en -os (Zebigbos), des Goths en -ic (Téléféric, Périféric…), conformément aux noms german-iques en -ric, des Romains en -us (Garovirus, Roméomontaigus, Infarctus…), des Grecs en -os ou -as (Plexigas, Invinoveritas…), des Égyptiens en -is (Numérobis, Tournevis, Amonbofis…), des Indiens en -ah ou -ane (Kiçah, Seurhane) et ceux des pictes et des calédoniens commencent par mac- (Mac Oloch, Mac Abbeh...). Dans Astérix et la Transitalique, de nouveaux peuples font leur apparition tels que les Koushites en -afer (Toutunafer et Niphéniafer), les Sarmates en -ov (Ogouguimov, Olyunidislov), les lusitaniens en -ès (Solilès, Pataquès), les Cimbres comme leurs compatriotes Vikings en -en (Neuillisursen, Betåkårøten...).
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+ D'autres jeux de mots sont plus contextuels. Les exemples sont nombreux. Parlant d'Astérix et Obélix se trouvant aux thermes, dans une piscine remplie (par opposition aux autres piscines de l'endroit, précédemment vidées par Obélix), le chef Abraracourcix indique au patron des lieux « Mes gaulois sont dans la pleine » (allusions aux « Gaulois sont dans la plaine »)[34]. Un Gallo-romains (le chef de tribu Aplusbégalix), affiche chez lui un panneau « Rome Sweet Rome »[35], ou Astérix, s'adressant à un couple de romains dont la femme se montre généreuse, au contraire de son époux, lui lance « Allez, Romain, sois bon comme la Romaine » [36].
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+ Le comique de répétition est très présent tout au long de la série. Il se présente sous forme de malentendus entre les personnages ou des problèmes de langages. Certaines scènes reviennent fréquemment, comme la scène de naufrage des pirates qui débute toujours par un cri de peur du personnage Baba la vigie : « Les Gau… les GauGau… » et qui se finit par une citation en latin de Triple-patte, le vieux pirate estropié. Les chants du barde sont aussi très réguliers, et provoquent toujours la fuite des auditeurs ou la neutralisation du barde par les coups[37]. Obélix ponctue ses constats par un « ils sont fous ces… ». Les bagarres dues aux poissons pas frais d'Ordralfabétix et les chutes à répétition du chef du haut de son pavois, qui commencent à partir du quatorzième album Astérix en Hispanie, sont aussi très fréquents dans la série[38].
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+ Par ailleurs, en plus d'être ainsi inter-albums (des gags se répétant d'un album à l'autre), le comique de répétition est également très présent à l'intérieur même des albums, avec des gags s'y répétant régulièrement. L'album L'Odyssée d'Astérix en est un bon exemple : dans le navire phénicien, Astérix et Obélix affrontent trois fois d'affilée des navires, avec une même mise en scène (« À chaque fois que je revois cette scène, j'y découvre quelque chose de nouveau ! » commente un membre de l'équipage)[39] ; leur navire reçoit ensuite un « même accueil » (flèches enflammées et boulets) à quatre ports de suite[40] ; et dans le désert, les Gaulois sont attaqués à de multiples reprises par des guerriers de diverses tribus qui les confondent toujours avec leurs ennemis qui arrivent après, nommant leurs ennemis etc., le tout accompagné de répliques répétitives et de tout un ensemble construisant un comique de répétition riche[41].
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+ L'image que la bande dessinée donne de la vie quotidienne en Gaule ne doit pas être prise au pied de la lettre :
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+ Chaque album place l'histoire comme se déroulant en -50, mais il est évident que les années se succèdent. On peut retracer approximativement la ligne chronologique comme suit :
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+ Cependant, les auteurs prennent beaucoup de liberté par rapport à la réalité historique. Leurs héros participent par exemple à des événements antérieurs à -50, telle que l'invasion partielle de la Bretagne insulaire (-55) et de la Belgique, qui faisaient partie intégrante de la campagne de la guerre des Gaules, dans les années -50. À l'inverse, les références aux pillages vikings dans Astérix et les Normands, et à l'expédition vers le Vinland dans La grande traversée, correspondent à des faits se déroulant bien plus tard, entre le VIIIe siècle et le XIe siècle ; ces anachronismes sont toutefois justifiés, le premier de façon comique par le chef des vikings d'Astérix et les Normands qui précise, page 31, « [qu'ils] ne [sont] pas venus faire la guerre. Pour ça, [leurs] descendants s'en chargeront dans quelques siècles. », et le second par le fait que l'explorateur viking de La grande traversée se perçoit comme un visionnaire, et qu'il n'est pas pris au sérieux par sa tribu ;
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+ En règle générale, il convient de rappeler qu'en dépit des efforts de documentation, l'univers d'Astérix est très loin de la réalité historique puisque souvent, il consiste à appliquer «��l'esprit » moderne plus ou moins caricatural d'un pays, à sa forme antique. Il ne s'agit pas alors d'approximation involontaire mais bien d'un esprit de décalage explicite. Par exemple, dans la Lutèce astérixienne (qui tient pour cette Gaule fictive le rôle d'avant-garde de l'art, de la fête et de la mode que tiendra ensuite le Paris contemporain pour la « province », ce qui en soi, est déjà éloigné de la réalité historique de la position de Lutèce en Gaule romaine), un pigeonnier géant singe trait pour trait la Tour Eiffel, tandis que la ville accueille une délégation du comité olympique grec, afin qu'il lui permette d'accueillir l'organisation des jeux. Assimiler le fonctionnement des Jeux modernes, se passant dans des lieux à chaque fois différents, à celui des Jeux antiques originaux est bien entendu absurde sur le plan historique, mais l'esprit d'Astérix n'est justement pas dans la retranscription fidèle de l'Histoire. Autre exemple : dans la bande dessinée, la Germanie contemporaine de Jules César (assimilée dans l'album aux seuls Goths, Wisigoths, Ostrogoths) est en partie un amalgame de références au militarisme prussien, au Reich hitlérien, et au célèbre morcellement politique interne du Saint-Empire romain germanique. Dans les îles Britanniques, les Bretons jouent au rugby dans des stades, on y croise des roulottes à deux étages rappelant les célèbres bus à impériale londoniens, on montre 4 bardes célèbres qui sont les caricatures des Beatles, etc. La plupart des albums se focalisant sur un peuple en particulier (Gaulois inclus) ont recours à ce schéma de mélange du passé, du présent et des clichés. Un dernier exemple plus fantaisiste encore pourrait être celui des « montagnes slaves » installées à l'occasion du Combat des chefs, grands manèges mécaniques présentant une version « barbare » transparente des montagnes russes.
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+ Cependant, de nombreux éléments historiques véridiques sont habilement intégrés aux aventures d'Astérix : conquête de la Bretagne (même si elle ne fut pas le fait de Jules César, qui ne fit que des incursions), révoltes ibériques, combats de César en Afrique contre les anciens partisans de Pompée, liaison avec Cléopâtre, les questeurs, les vingt ans de service dans l'armée, la formation militaire dite en « tortue », etc.
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+ Le dessin d'Albert Uderzo et de la série est proche de l'école de Marcinelle du journal Spirou, où les dessins sont réalisés de manière semi-réaliste. C'est-à-dire que les personnages sont en partie caricaturés au niveau des expressions et possèdent tous des gros nez[f 1].
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+ Les expressions sont caricaturées à l’extrême afin de faire rire immédiatement le lecteur. Les nez des personnages sont énormes, chaque détail physique et caractériel est exagéré. Un personnage ivre a le nez rouge, un gros mangeur a le ventre énorme ou encore un maître autoritaire a un cou démesuré[f 1]. La couleur du visage fait aussi partie de la caricature avec un visage rouge pour la colère et vert pour la peur. Dans l'histoire La Grande Traversée, une planche sans parole est consacrée à détailler l'expression des caractères gaulois par Astérix et Obélix, avec la gourmandise représentée par des mains se frottant le ventre et une langue salivante, la mauvaise humeur par des sourcils froncés, des mains dans les poches et des épaules remontées ou encore la bagarre représentée par une posture de boxeur[f 2].
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+ Les décors que dessine Albert Uderzo naissent la plupart du temps de son imagination et il ne s'aide jamais de photographie ou de documentation. Seule exception pour l'histoire Astérix en Corse où il est allé lui-même en Corse pour se documenter et prendre des photographies de la faune et la flore. Les paysages d'Albert Uderzo sont toujours très détaillés et bien réalisés[f 3].
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+ Pour dessiner les architectures représentées dans la série, Albert Uderzo n'utilise pas toujours des documents. Ainsi dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, il dessine le port de Gesocribate de l'époque selon son imagination. Par la suite il reçoit un courrier d'un agrégé d'histoire pour le féliciter du tracé du port fidèle à la représentation antique[f 3]. La ville de Lutèce est, elle, représentée selon le tracé de l'actuelle Île de la Cité, avec un temple romain à la place de l'Église Notre-Dame de Paris et l'axe de la rue Saint-Jacques[f 4]. Pour la ville de Rome présente dans l'histoire Les Lauriers de César, il s'inspire de la grande maquette de l'architecte Italo Gismondi qui représente Rome sous l'Empereur Constantin Ier[f 5]. Pour l'histoire L'Odyssée d'Astérix, Albert Uderzo fait son second voyage d'étude sur place, après la Corse, pour dessiner un décor. En l’occurrence il part à Jérusalem, il s'inspire notamment de la maquette présente au musée d’Israël pour dessiner le Second Temple de Jérusalem[f 6].
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+ Voir la page : Village d'Astérix et Obélix
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+ Le Sénat romain représenté dans la série est entièrement contrôlé par Jules César, qui a acheté la soumission des sénateurs qui y siègent ou réduit leur influence. Il semble avoir perdu son rôle de chef de l'État romain au bénéfice de César et ne contrôle même plus la politique extérieure de la République. Quand le Sénat est représenté c'est pour le montrer comme une assemblée endormie composée d'anciens militaires ou d'anciens partisans de Pompée, rendus mous par le luxe et les fortunes acquises, qui créent des commissions et des sous-commissions pour enterrer chaque dossier ou se donner l'occasion de l'examiner lors d'un prochain déjeuner. Ils cherchent avant tout à maintenir leurs intérêts en conservant le pouvoir en place, permettant à César de régner seul sur la République romaine face à ce pouvoir totalement affaibli[h 2].
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+ Comme dans la réalité historique, l'armée romaine est loyale envers Jules César, et non plus envers le Sénat romain. Elle est composée en majorité d'engagés volontaires qui recherchent la gloire et la fortune (ils regrettent très vite leur choix), mais aussi de troufions envoyés principalement en Corse. Si les légionnaires sont fidèles à César, beaucoup de ses gradés, principalement des centurions, rêvent de le renverser et le remplacer. C'est le cas notamment dans l'histoire Le Devin où Caius Faipalgugus, le centurion du camp de Petibonum est contrarié dans ses plans par son optione qui reste jusqu'au bout fidèle à la légalité du pouvoir en place. Malgré quelques trahisons, César tient son armée d'une main de maître et n'hésite pas à la commander lui-même comme dans Astérix chez les Belges. De plus, il punit lui-même les gradés qui lui désobéissent, comme dans la première aventure de la série, où il envoie un centurion en Mongolie inférieure[h 3].
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+ Les jeux du cirque sont représentés dans la série comme un instrument pour abrutir le peuple et l'éloigner de la politique. Pendant les jeux, César suit les avis du public car il sait que plus le peuple est content, plus son pouvoir est renforcé. Par exemple dans l'histoire Astérix gladiateur, il accorde sa grâce à Assurancetourix, très applaudi par le public avec Astérix et Obélix[h 4].
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+ Les barbares et les brigands : le lecteur les voit entre autres dans La serpe d'or et Le tour de Gaule d'Astérix où ils essaient de détrousser les deux héros mais se retrouvent punis à coups de poing.
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+ Paris est dans la série représentée par Lutèce. Blottie dans l'Île de la Cité, Lutèce est alors présentée comme le Paris contemporain, ville lumière, des arts, de l'amour, de la mode et réputée pour sa vie nocturne. Les touristes viennent en masse des autres pays antiques pour y voir un moulin rouge qui propose la visite de la ville pour trois sesterces. C'est la capitale de la mode : dans La Rose et le Glaive, les villageoises sont curieuses de savoir ce qui est à la mode dans la ville (d'où la réponse de Maestria : « Oh vous savez, Lutèce n'est qu'un pari sur l'avenir. »). C'est la ville où il faut monter pour connaître une carrière artistique ou faire fortune : dans Astérix et les Normands, Assurancetourix espère bien pouvoir chanter à « l'Olympix ». Les Arvernes y ouvrent des établissements qui vendent du vin et du charbon et les Méridionaux des auberges comme dans l'album La Serpe d'or où un personnage ressemblant au César de Marcel Pagnol tient un établissement nommé Au soleil de Massilia. Les Gaulois sont attachés à leur capitale (dans la réalité Lutèce n'a pas ce statut) et n'hésitent pas à le faire savoir en chanson : ainsi, prisonnier des Goths, le druide Panoramix chante « Revoir Lutèce » et Assurancetourix, dans les prisons de Rome, chante « Menhir montant » parodie de Revoir Paris et Ménilmontant de Charles Trenet (composé pendant l'occupation allemande) ; Maestria, dans La Rose et le Glaive, chante « Lutèce est une blonde », parodie de Ça, c'est Paris de Mistinguett ; pour fêter l'arrivée au Pirée dans Astérix aux Jeux Olympiques le village chante « À Lutèce on l'aime bien Nini peau d'sanglier ! » parodie de Nini peau d'chien d'Aristide Bruant[i 1].
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+ Dans la série, l'Auvergne et ses habitants sont représentés par les Arvernes. On vient principalement y faire des cures thermales, dans les villes d'Aquae calidae (Vichy) ou Borvo (La Bourboule). Les voyageurs, comme Astérix et Obélix, n'hésitent pas à grimper le Puy de Dôme, où l'air est délicieux. La capitale Nemessos (Clermont-Ferrand) possède une grosse entreprise de fabrication de roues évoquant l'entreprise Michelin. C'est aussi une région avec une forte diversité de spécialités culinaires comme le « bleu d'Arverne », la potée au chou ou encore la saucisse sèche, et à la fin du repas on danse la bourrée. Les habitants ont un accent qui chuinte bien que les nouvelles générations le perdent selon les vieux Arvernes[i 2]. Les Arvernes n'hésitent pas à quitter leur région pour faire fortune dans la capitale en ouvrant des boutiques de vin et de charbon[i 1].
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+ La Provence représentée dans la série est principalement celle de Marcel Pagnol. Dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix, les deux irréductibles Gaulois vont à Massilia (Marseille) et entrent dans un établissement nommé « Taverne des Nautes » où se joue une partie de cartes avec quatre caricatures tirées du film Marius, adapté de Pagnol. Le tenancier, César Labeldecadix, est la caricature de Raimu jouant le personnage de César. Il râle contre « l'estranger » de Lugdunum qui refuse de boire le « pastix ». À côté se trouve une poissonnerie où la marchande ressemble à Honorine Cabanis, autre personnage de Pagnol. Massilia est la ville de l'exagération, de la bouillabaisse et de la pétanque. L'accent marseillais est caricaturé et les auteurs déforment les sons et le parler provençal[i 3].
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+ La Corse et ses habitants sont représentés principalement dans l'histoire Astérix en Corse, qui voit Astérix et Obélix voyager sur l'île de beauté. Graphiquement, la Corse dessinée par Uderzo est stéréotypée : l'île est montagneuse, couverte de bois de chênes, châtaigniers et de maquis. Les villages sont faits de maisons en pierres sèches, des vieillards passent leur temps assis sur des bancs, les femmes portent le mezzaro et des cochons sauvages vivent en liberté devant les habitations. Les références à la culture corse sont grandes, notamment au chanteur Tino Rossi : le nom d'Ocatarinetabellatchitchix, le Corse principal de l'histoire, est en référence au refrain de la chanson Tchi tchi et le mot de passe qu'utilisent les pirates et les gaulois est une référence à une autre chanson Vieni vieni. Les références à Napoléon Ier sont aussi très nombreuses : Ocatarinetabellatchitchix est montré à plusieurs reprises dans la stature de Napoléon la main dans le pli de sa pelisse[i 4], il annonce notamment après la victoire face aux légionnaires romains que pour que les Corses acceptent un empereur, il faudra qu'il soit Corse lui-même[i 5].
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+ Les stéréotypes corses sont grossis avec second degré. Les querelles ancestrales et la vendetta sont caricaturées par l'opposition entre le clan Ocatarinetabellatchitchix et Figatellix, dont les origines sont si anciennes qu'on n'en connaît plus la raison exacte, les motifs donnés étant dérisoires et ne concernant même pas un des membres directs du clan[i 6]. La fierté des Corses est caricaturée par des personnages raides et stoïques, jamais souriants et montrant rarement leurs émotions[i 7]. Les femmes corses sont représentées comme parfaitement soumises aux hommes du clan : elles restent cloîtrées à la maison, ne pouvant parler en la présence d'homme n'appartenant pas au clan[i 8]. Dernier stéréotype parodié, la paresse des Corses : Ocatarinetabellatchitchix, relâché par les Romains avant l'attaque des irréductibles Gaulois, refuse d'interrompre sa sieste pour sortir de la cellule ; les druides corses ne cueillent pas le gui dans les arbres mais attendent qu'il tombe, et le chantier de la voie romaine avance au ralenti (ouvert trois ans auparavant, il ne compte que quelques dalles)[i 9]. En réalité, si les noms des Corses se terminent en -ix et si la Corse a des Druides, c'est pour montrer de manière moderne son appartenance à la Gaule, donc à la France, alors qu'en réalité, les Corses ne descendent pas des Gaulois (qui n'ont jamais colonisé l'île), et n'ont par conséquent pas de druides, au sens celtique du terme.
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+ Dans la préface de l'album, les auteurs prennent, avec un second degré assumé, le soin de vanter les mérites de la Corse et de certains de ses grands hommes, en rappelant avec humour que les Corses sont plus encore que des gens emplis de qualités : ils sont susceptibles.
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+ Les albums de la série mettent en scène un grand nombre d'habitants des différentes régions de France et leurs différences. Ainsi l'Armorique, où se situe le village des irréductibles, est une représentation de la Bretagne moderne. Dans l'histoire Le Fils d'Astérix un des habitants du village plante des menhirs dans un champ, allusion aux menhirs de Carnac ; la région possède déjà un fort patrimoine de chansons et de danses ( « Ils ont des casques ailés, vive les Celtes » chante Assurancetourix parodie de la chanson Ils ont des chapeaux ronds)[i 10]. La Normandie est parodiée par deux représentations, celle des Normands dans l'album Astérix et les Normands et par les habitants de Rotomagus (Rouen) dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix. Le débarquement des Normands sur les plages gauloises est une double allusion aux invasions viking du Moyen Âge, qui fondent la province en 911, et au débarquement allié sur les plages normandes, lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils creusent « de beaux trous normands », référence au fait de boire un verre d'alcool entre deux plats d'un repas. Ils accompagnent tous leurs plats de crème et leur spécialité culinaire est la « crème à la crème »[Cit. 1]. En arrivant en Gaule, ils chantent qu'ils veulent revoir leur Normandie, référence à l'hymne normand Ma Normandie écrit par Frédéric Bérat. Quant aux habitants de Rotomagus, ils fournissent des réponses de Normand aux légionnaires qui poursuivent Astérix et Obélix à base de « P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non ». La ville de Suindinum (Le Mans) est connue pour sa célèbre course de char à bœufs de vingt-quatre heures[i 11].
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+ À Nicae (Nice) se trouve « la promenade des Bretons », bordée de palmiers, et les plages de la ville sont remplies de touristes. La spécialité culinaire est la « salade nicaesoise »[i 12]. Burdigala (Bordeaux) a pour spécialité le vin et les huitres et la célèbre Place des Quinconces est nommée ainsi à la suite des ordres du centurion romain qui exige que ses légionnaires se mettent en quinconce, lors de la bataille contre les habitants de la ville qui protègent la fuite d'Astérix et Obélix[i 11]. Le Pays basque est représenté par le peuple des Vaccéens, excellents montagnards et guides, qui aident à passer en Hispanie. Leur spécialité culinaire est le « poulet vasconne », parodie du poulet basquaise[i 13]. Lugdunum est un important foyer de résistance à l'occupation romaine, en référence au Lyon moderne, ville de résistance et surtout de Jean Moulin. Les légionnaires romains se perdent dans les ruelles de la ville qui rappellent les traboules[i 14]. Sans oublier les villes surtout représentées par leurs spécialités culinaires dans Le Tour de Gaule d'Astérix : Tolosa (Toulouse) pour la saucisse, Aginnum (Agen) pour ses pruneaux, Camaracum (Cambrai) pour ses bêtises et Durocortorum (Reims) pour son vin pétillant en amphore, dont les bouchons sautent facilement[i 13].
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+ Les classes sociales supérieures, ou aisées, sont représentées principalement à travers le personnage du beau-frère de Bonnemine, Homéopatix, qui apparaît entre autres dans Les Lauriers de César. Celui-ci représente le grand bourgeois parisien - lutécien dans la Bande dessinée - qui jette sur le reste de la Gaule un regard condescendant assimilé à celui des Parisiens sur la Province. Les signes extérieurs de sa fortune se voient à sa maison, copiée sur un modèle romain, ses habits (fourrures et bijoux) et les mets qu'il sert à Abraracourcix, Bonnemine, Astérix et Obélix dans Les Lauriers de César (sabots de boeufs en gelée, par exemple). Ces mets brillent par leur prix, mis en avant par le personnage. De ce point de vue, d'ailleurs, il pourrait être une caricature de nouveau riche (à la Bouvard et Pécuchet).
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+ La fièvre de dépenses et de distinction sociale qui saisit les Gaulois dans Obélix et Compagnie peut également être une critique des parvenus ainsi que des mécanismes de distinction sociale des classes sociales les plus riches.
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+ La classe moyenne est la représentation sociale la plus présente dans la série. Elle est composée d'artisans, de commerçants, d'employés, d'agriculteurs et de fonctionnaires[i 15]. Les fonctionnaires romains sont représentés à plusieurs reprises dans la série, et parodient l'administration française, comme dans l'histoire Astérix et le Chaudron qui met en scène un collecteur d'impôts dont les phylactères parodient les formulaires administratifs ; les douaniers sont parodiés par des légionnaires romains gardant les frontières et accusant Astérix et Obélix d'importations frauduleuses. Des entreprises nationales comme La Poste ou la banque du Crédit lyonnais (parodié en Crédit Latin) sont aussi mises en scène[i 16].
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+ Les classes populaires apparaissent rarement dans la série. La classe ouvrière est toutefois représentée dans l'histoire Le Domaine des dieux, par l'intermédiaire des esclaves de toutes nationalités qui coupent les arbres dans la forêt, parodiant le travail de force à la chaine. Le chef des esclaves, Duplicatha, représente le travailleur immigré et le meneur syndical qui négocie les conditions de travail avec le patronat. Évocation aussi à travers le phénicien Epidemaïs, qui à plusieurs reprises au cours de la série trouve des moyens pour exploiter des travailleurs : ainsi dans l'histoire Astérix gladiateur, ses rameurs sont des employés qui n'ont pas bien lu le contrat qu'ils ont signé. De même, dans l'histoire L'Odyssée d'Astérix, il est devenu organisateur de croisière, et ses rameurs des clients partant en croisière. Dernière référence dans l'histoire Le Bouclier arverne, avec l'entreprise de roues présente dans la ville de Nemessos, où des femmes travaillent à graver des catalogues de vente, en parodiant la division et la spécialisation des tâches, avec un rythme éprouvant de travail[i 17].
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+ Dans la série, l'histoire est renversée par les auteurs dès la carte de la Gaule, présente dans chaque ouverture d'album. Tout est fait pour que le lecteur pense à la France moderne, bien que les frontières ne soient pas représentées. Ainsi, la carte centrée sur la France évacue hors cadre la partie allemande et suisse de la Gaule, la Belgique mentionnée au Nord fait une confusion volontaire avec l'État moderne de Belgique. Lut��ce est mentionnée sur la carte, représentée comme l'égal de Paris et capitale de la Gaule. Le texte introductif, présent sur la carte, accompagne le lecteur dans le sens de l'identification. Le texte commence par « Nous » pour faire participer le lecteur, puis l'utilisation du présent de l'indicatif sert à casser la distance historique. Ensuite, il prend l'Histoire à contrepied, en renversant les forces et les Romains ont désormais la vie dure. De plus, les Gaulois sont qualifiés d'« irréductibles », donc un gage pour le lecteur qu'ils ne seront jamais vaincus[pas clair].
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+ Dès la première planche de la série, dans Astérix le Gaulois, l'histoire est parodiée avec la capitulation de Vercingétorix, qui jette ses armes non pas aux pieds de César, mais sur les pieds de César, ce qui le fait bondir de son siège. Le chef gaulois, avec sa forte musculature, domine la scène par rapport au chétif chef romain au crâne dégarni et lançant un fort cri de douleur en recevant les armes sur ses pieds. La scène historique est renversée au profit des Gaulois dont l'honneur sort vainqueur de cette scène. C'est aussi une parodie poussée à l'extrême des livres d'Histoire de la Troisième République, qui glorifiaient Vercingétorix par rapport à Jules César. Dans Le Bouclier arverne, l'histoire est de nouveau renversée avec un nouveau Gergovie pour les Romains : Abraracourcix triomphe dans la ville sur le bouclier de Vercingétorix, devant un César qui ne peut que constater son échec. La revanche gauloise est totale et renverse l'histoire en annulant symboliquement Alésia.
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+ Autre symbole de l'Histoire renversée, la paix romaine. Commencée selon les auteurs de la Troisième République après la défaite gauloise d'Alésia, pour pacifier les territoires conquis qui étaient en lutte perpétuelle entre clans, elle apparait dans la série comme de la simple propagande. Au lieu de pacifier, le Jules César de la série ne pense qu'à faire la guerre au minuscule village des irréductibles, qui pourtant ne le menacent pas dans sa puissance. Dans le récit Le Combat des chefs, c'est même le contraire de la paix romaine puisqu'au lieu de pacifier les tribus, il n'hésite pas à les monter les unes contre les autres en poussant le chef Aplusbégalix à se battre contre Abraracourcix pour s'emparer du village des irréductibles. Poussée plus loin dans la parodie, la paix romaine devient la paix gauloise, le mode de vie simple du village à base de rigolade, de loisir et de bonne humeur contamine les camps retranchés aux alentours, qui préfèrent vivre une existence simple enfermée dans leur camp plutôt que de prendre des baffes en exerçant leur mission de soldats censés diffuser la culture romaine. L'exemple le plus probant se trouve dans l'histoire Obélix et Compagnie, qui montre les camps romains totalement dominés par la culture du petit village, où les légionnaires s'occupent des taches ménagères, du jardinage ou les loisirs plutôt que de faire leur devoir de soldat. De plus, la discipline romaine censée être diffusée par la pax romana est tournée en ridicule par les déroutes que subissent continuellement les légions de Rome face aux Gaulois, qui se lancent dans la bagarre dans un désordre général. Les camps romains ou « Camp de César », illustrés par de nombreux lieux-dits, sont pris au pied de la lettre par la série, alors qu'il ne s'agit pour l'archéologie moderne que de traces d'établissements de l'âge de fer (donc gaulois), voire de la période médiévale, dans la majorité des cas. En outre, sur les vestiges des quelques camps romains du Haut Empire, jamais trouvé en France, aucun n'a été mis au jour au nord ouest de la Gaule, où est censée se dérouler l'action[45].
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+ Depuis le début des années 1960 et le succès de la série, ses deux auteurs ont toujours refusé toute récupération politique de droite comme de Gauche. Ainsi par exemple, Uderzo s'opposa à une affiche du RPR en 1998 ; « Astérix ne doit pas être mêlé à ça » déclara-t-il et finalement l'affiche sera modifiée[46],[47]. L'unique entrave à cette règle de ne pas s'occuper de politique fut pour confirmer la neutralité du « petit Gaulois » dans le premier album de l'ère Uderzo, Le Grand Fossé, qui caricature les affrontements partisans en montrant un village gaulois coupé en deux avec deux chefs, élus, l'un, par la partie droite, et l'autre, par la partie gauche, qui revendiquent chacun la pleine gouvernance du village. La droite et la gauche du village étant traitées sur un pied d'égalité, cet album ne permet pas d'attribuer un bord politique à la série, puisque finalement, c'est Comix, le fils d'un des deux chefs, qui prend la tête du village réuni en se mariant avec Fanzine la fille de l'autre chef[e 28].
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+ Malgré cela, certains médias et auteurs tentent d'analyser la série sous un angle politique, voire de définir son orientation. Ainsi, pour Le Figaro, le druide Panoramix serait de droite car s'occupant, selon ce journal, de fonctions qui sont généralement des priorités d'homme de droite, comme la défense et la santé. Toujours selon ce journal, le barde Assurancetourix, homme de culture et enseignant à ses heures, serait lui de gauche[e 29]. A contrario, pour Libération, Astérix et les habitants du village gaulois seraient de gauche, en tant qu'« opprimés » luttant contre des « envahisseurs », à quelques nuances près, comme le chauvinisme[48], qui fait dire à l'un deux : « Moi, les étrangers ne me dérangent pas tant qu'ils restent chez eux », (Agecanonix dans Le Cadeau de César).
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+ Selon Nicolas Rouvière — auteur de Astérix ou la parodie des identités et Astérix ou les lumières de la civilisation — les auteurs ont toujours pris soin de ne pas faire de satire partisane, et de brouiller les pistes sur la portée politique de la série, même si, selon lui, elle reste porteuse de certaines valeurs politiques (idéal universaliste par exemple), par le biais de la satire sociétale qu'elle propose[49]. Alors que les auteurs du livre Tintin est-il de gauche ? Astérix est-il de droite ?, concluent à l'instar d'Alain Duhamel — auteur de l'ouvrage Le complexe d'Astérix — que le « petit Gaulois » et ses copains sont inclassables[50].
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+ Les historiens sont partagés, surtout pendant la Troisième République, sur l'interprétation à donner de la défaite gauloise face aux légions romaines. Certains comme Camille Jullian pensent qu'elle a détruit une civilisation gauloise viable alors que d'autres comme Ernest Lavisse pensent que la défaite était inéluctable pour faire entrer la Gaule dans la modernité en créant une civilisation gallo-romaine[51]. Les auteurs de la série semblent être de l'avis de ces derniers en faisant jouer à Astérix et au village des irréductibles le rôle de résistant pour l'honneur et non de libérateur de la Gaule. Le but des irréductibles Gaulois est de faire enrager César en l'empêchant d'être maître de l'intégralité du territoire de la Gaule, ainsi que de l'empêcher de s'approprier les symboles de l'indépendance et de la résistance gauloise. Les irréductibles Gaulois savent qu'ils vont être balayés par l'Histoire en même temps que la culture gauloise par rapport à la modernité que représente la République romaine, et ils ne cherchent jamais à empêcher ce processus[52]. Le druide Panoramix en est le premier conscient et dans l'histoire Le Domaine des dieux il dit à Astérix qu'ils n'arriveront jamais à empêcher le cours des choses, mais qu'ils ont encore le temps[53].
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+ Entre le village des irréductibles Gaulois et la République romaine, les relations sont parfois ambiguës. S'ils n'hésitent pas à flanquer une bonne rouste aux légionnaires romains et empêcher toute annexion de leur village, ils font échouer à plusieurs reprises des complots de centurions romains pour renverser Jules César, comme dans les albums Astérix le Gaulois ou Le Devin. Ils luttent en plus contre les fonctionnaires corrompus ou mafieux de la République : ainsi dans l'histoire La Serpe d'or, ils font tomber le préfet romain de Lutèce, chef d'un réseau de trafiquants de serpes d'or. Dans l'album Astérix chez les Helvètes, ils combattent l'administration corrompue de Genava et Condate et sauvent même le questeur romain, empoisonné par un gouverneur de Condate alors qu'il essayait de récolter les impôts de la province détournés par ce même gouverneur. Dans l'album Astérix aux Jeux olympiques, il offre même sa palme olympique à un athlète romain, ce qui sauve l'honneur de la République aux yeux de Jules César.[Contradiction][54]. Lui-même et Obélix se sont d'ailleurs inscrits aux Jeux. Or, seuls les Grecs et les Romains peuvent y participer, aussi (au début de l'aventure), Astérix déclare que lui-même et les habitants de son village sont des Romains « depuis la conquête de la Gaule par Jules ». En fait, pour les irréductibles Gaulois, la véritable menace sont les barbares représentés par les Goths et les Normands. Ils combattent toute intrusion en Gaule et par conséquent dans la République romaine, là où les légionnaires romains se trouvent complètement incompétents. Par là même ils renforcent le pouvoir romain[52].
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+ En dehors d'Astérix et Obélix, le tandem sur qui repose l'ensemble de la série, sont qualifiés de personnages principaux ceux jouant un rôle majeur dans au moins une aventure (le chef Abraracourcix dans Le Bouclier arverne et Astérix chez les Belges, le barde Assurancetourix dans Astérix gladiateur), mais aussi ceux apparaissant régulièrement en bonne place dans les albums, à l'image du druide Panoramix, du chien Idéfix ou de Jules César. Le poissonnier du village, Ordalfabétix, le forgeron, Cétautomatix, ou encore l'ancien du village, Agecanonix, ont également leur part de célébrité. Du côté des femmes, on notera Iélosubmarine, femme du poissonnier, Bonemine, la femme du chef Abraracourcix, la belle Falbala, qui rendra fou d'amour le naîf Obélix, ou encore l'épouse d'Agecanonix, très belle femme et récurrente présence dans les albums, mais dont on ne connait pourtant pas le patronyme. D'autres personnages secondaires ont cependant marqué les mémoires, tel Jolitorax (Astérix chez les Bretons) ou Ocatarinetabellatchitchix (Astérix en Corse). Dans l'album Le Cadeau de César, la jeune Coriza, dite Zaza, prend les traits d'Isabelle Uderzo, fille du dessinateur de la série.
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+ Astérix est un guerrier gaulois et le héros de la série. Lors de ses diverses aventures, Astérix est pratiquement toujours accompagné de son meilleur ami Obélix et de son chien Idéfix. Il apparaît dès la première planche de la première histoire[a 2], où il porte déjà son habit caractéristique composé d'un haut noir, d'un pantalon rouge, d'une épée portée sur le côté et d'un casque agrémenté de deux plumes qui selon leurs orientations révèlent son humeur[g 1]. Petit et mince, chétif, Astérix est physiquement loin des stéréotypes des héros de bande dessinée de l'époque[c 15]. Au début, Albert Uderzo voulait le dessiner grand et fort, mais le scénariste René Goscinny souhaitait absolument un anti-héros qui ait « un physique marrant[a 3] ». Les auteurs souhaitaient qu'il soit teigneux[c 15], malin plutôt qu'intelligent et débrouillard afin de coller à la caricature du Français moyen[a 1]. Son nom commence par la lettre « A » afin, selon les auteurs, d'être référencé au début des futures encyclopédies de bande dessinée. Il vient d'un signe typographique, l'astérisque. Un pseudo-suffixe -ix est ajouté en référence au chef gaulois Vercingétorix[a 2].
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+ Astérix est né en 85 av. J.-C., le même jour que son meilleur ami Obélix. Cette révélation est tardive et contradictoire. C'est en effet en 2001 avec l'album Astérix et Latraviata qu'est célébré l'anniversaire commun des deux amis ; alors que précédemment dans l'album Obélix et compagnie, en 1976, l'anniversaire du seul Obélix est fêté. Le père d'Astérix s'appelle Astronomix et sa mère Praline. Tous deux tiennent une boutique de souvenirs à Condate avec les parents d'Obélix, (eux aussi apparaissent tardivement, dans l'album Astérix et Latraviata). Astérix a un cousin germain breton, Jolitorax[a 3] et il est généralement admis qu'il est célibataire et sans enfant. Cependant, dans l'album 34 L'anniversaire, la quatrième case (planche 3A) de la page 7 le montre saluant son fils et sa belle-fille. Il est vrai que cette courte histoire est présentée comme une vision d'Uderzo (planche 4A, page 8), finalement ramenée à un rêve (planche 4B, page 8).
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+ Obélix, le livreur de menhirs, est le meilleur ami d'Astérix dont il l'accompagne toujours dans ses aventures. Il a un chien nommé Idéfix. Contrairement à Astérix, qui doit boire de la potion magique, Obélix est lui tombé dans la marmite de potion magique quand il était petit, ses effets sont donc permanents chez lui[a 4]. Son nom vient, comme celui d'Astérix, d'un signe typographique, l'obèle[a 4].
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+ La présence d'Obélix dans la série est un vœu d'Albert Uderzo : alors que René Goscinny souhaite que le personnage principal, Astérix, ait un petit gabarit, Uderzo insiste pour lui adjoindre un partenaire au physique hors normes, qui correspond plus à ses préférences en matière de dessin[c 16]. Il apparaît pour la première fois dès la première planche de la première histoire[a 5], dans laquelle il porte une hache à la ceinture, un instrument qui disparaît dès la planche suivante. En revanche, sa tenue demeure la même tout au long de la série : des braies à raies verticales blanches et bleues et le torse nu[g 2]. Dans cette première histoire, sa présence n'est qu'anecdotique, mais il prend de l'importance dès le deuxième album, La Serpe d'or, au point d'être considéré comme le co-héros de la série.
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+ Doté d'un appétit jamais satisfait, Obélix apprécie la chasse aux sangliers et les festins copieux et interminables. « Cauchemar des Romains[55] », il est aussi susceptible et sa colère fuse lorsqu'on le traite de « gros ». Il voue un amour déçu et secret à la belle gauloise Falbala[a 6].
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+ Obélix est né en 85 av. J.-C., le même jour que son meilleur ami Astérix. Son père s'appelle Obélodalix et sa mère Gélatine. Tous deux tiennent une boutique de souvenirs à Condate avec les parents d'Astérix. Il a un cousin germain à Lutèce, Amérix, qui fabrique des serpes d'or. Il n'a apparemment pas d'enfant mais Goscinny et Uderzo lui ont tout de même imaginé un descendant, nommé Obélisc'h, qui vit au XXe siècle[a 7].
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+ Idéfix est le chien d'Obélix. Il fait sa première apparition dans la neuvième planche de l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, dans laquelle il suit Astérix et Obélix tout au long de leur périple à travers la Gaule, sans que ceux-ci y prêtent attention, jusqu'à la dernière planche où Obélix le remarque et lui donne un os[a 1]. Un concours est lancé dans le journal Pilote pour lui trouver un nom : Idéfix est choisi par les lecteurs, préféré à Patracourcix, Trépetix et Paindépix[c 17].
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+ Idéfix est un petit chien blanc dont la race est indéterminée. Court sur pattes dans ses premières apparitions, il prend de la hauteur et s'affine au fil des albums. Il accompagne les deux héros de la série dans toutes leurs aventures, à l'exception de quatre albums, Astérix chez les Bretons, Astérix légionnaire, Astérix chez les Helvètes et Les Lauriers de César, dans lesquels il reste au village[c 18].
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+ Idéfix ne parle pas : il s'exprime par des aboiements et ses pensées sont presque exclusivement imagées[a 1]. Il est en revanche doué de sentiments, ne supportant pas que l'on fasse du mal aux arbres. Il noue une relation privilégiée avec Obélix, qui le prend souvent au creux de sa main[c 18]. En 1974, il devient l'emblème des studios d'animations qui portent son nom. Les auteurs pastichent alors le logo de la Metro-Goldwyn-Mayer, en mettant Idéfix à la place du lion, surmontant la devise « Delirant isti Romani[c 18] ! »
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+ Panoramix est le druide du village. Figure de vieux sage, c'est de lui dont dépend la survie du village car il est le seul à posséder le secret de la potion magique, qui ne se transmet que « de bouche de druide à oreille de druide »[c 19]. Il apparaît dès le premier album, Astérix le Gaulois, dans la troisième planche. Comme tous les habitants du village, Panoramix a sa propre tenue, composée d'un habit blanc et d'une cape rouge. Facilement reconnaissable à sa longue barbe blanche, il porte toujours une serpe en or qui lui permet de cueillir le gui, ingrédient essentiel de la potion magique. Son nom vient de « Panoramique », un vaste paysage[a 8].
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+ Il est le chef du « village des fous » et se déplace presque exclusivement sur un bouclier porté par deux guerriers[c 20]. Il apparaît pour la première fois dès la sixième planche de la première histoire de la série. Son nom provient de l'expression « tomber sur quelqu'un à bras raccourcis » qui signifie attaquer violemment en pliant ses bras. Bien qu'il soit le chef et un ancien guerrier qui a notamment participé à la bataille d'Alésia, il ne semble toutefois pas à la hauteur de son rôle et la plupart des décisions importantes sont prises par Astérix ou Panoramix[a 9]. Néanmoins, il possède certaines compétences de chef, se tenant parfaitement au courant de la situation politique extérieure : il connaît les derniers événements du conflit qui oppose, dans l'album Astérix légionnaire, César aux partisans de Pompée en Afrique[i 18].
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+ Ventripotent, amateur de bonne chère[c 20], une santé solide si ce n'est une grosse crise de foie. Il est marié avec Bonemine. Cette dernière prend l'ascendant sur lui régulièrement en particulier dans la hutte. Abraracourcix est le fils de l'ancien chef du village, ce qui laisserait supposer que la transmission du titre de chef se fait héréditairement, mais le fait qu'il n'ait pas d'enfant ne semble pas poser de problème de succession aux habitants du village[56]. Il a aussi un frère, Océanix, et un neveu, Goudurix, qui vivent à Lutèce, tout comme son beau-frère Homéopatix, qu'il déteste pour son côté nouveau riche de Lutèce. La femme de ce dernier se nomme Galantine[a 10].
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+ Assurancetourix est le barde du village. Sa voix insupportable lui vaut d'être régulièrement assommé, notamment par Cétautomatix, le forgeron du village. Ce dernier l'empêche également de chanter des chants d'encouragement lors des départs d'Astérix et Obélix en aventure. Capable par son chant de faire fuir les animaux de la forêt, les normands ou les lions du cirque, voire de déclencher des pluies torrentielles ou de faire tourner le lait, il est mis à l'écart, ligoté et bâillonné lors des banquets qui clôturent chacune des aventures. Il se considère toutefois comme un génie artistique incompris, mais il n'est pas pour autant rejeté par les autres habitants du village, qui savent lui reconnaître certaines qualités : « il chante aussi mal qu'il est bon camarade » dit de lui le chef Abraracourcix dans l'album Astérix gladiateur, à quoi le druide Panoramix ajoute « c'est un Excellent camarade[c 21] ! » Les habitants du village vont même l'utiliser pour faire fuir les normands dans Astérix et les Normands et les locataires romains dans Le Domaine des Dieux.
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+ Vivant en haut d'un arbre, il joue aussi le rôle de guetteur, avertissant régulièrement le village en cas d'attaque des romains. Dans Le Papyrus de César, il possède un instrument permettant, via une réaction en chaîne, d'avertir Astérix, Obélix et Panoramix lorsque le village est en danger.
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+ Présenté dans l'album Astérix gladiateur comme un dictateur[Note 2], le personnage de Jules César dans la bande dessinée est une représentation du personnage historique éponyme, ancien consul romain, conquérant de la Gaule[c 22]. Il apparaît dès la première planche de la première histoire[a 11]. Toutefois, et contrairement à ce que prétend la série (et la croyance populaire) César n'eut jamais le titre d'empereur.
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+ La présence du village de fous, « qui résiste encore et toujours à l'envahisseur », l'irrite au plus haut point. Malmené par ces derniers, la figure du personnage historique est néanmoins respectée puisqu'il n'est jamais atteint physiquement par les coups, ni menacé dans sa fonction par les irréductibles Gaulois[i 19]. Le personnage de Jules César est souvent moqué par les auteurs : sa façon de parler de lui-même à la troisième personne et ses célèbres citations latines sont fréquemment détournées et parodiées[a 12]. Son évolution dans la série montre sa préoccupation à vouloir tenir une grande place dans l'Histoire en étant jugé comme un homme digne, alors qu'il perd souvent son sang froid dans les situations où il n'arrive pas à se faire craindre et respecter[i 20]. Sa stature de personnage historique est néanmoins toujours rétablie en mettant en avant sa clémence[i 21].
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+ La série Astérix met en scène un personnage qui règne en maître absolu sur une république décadente : ses conseillers, corrompus, ne pensent qu'à boire et à manger, ce qui leur vaut d'être représentés sous les traits de personnages lourds et somnolents. César est également malmené par Cléopâtre, la « reine des reines », avec qui il a un fils nommé Césarion. Il possède également un fils adoptif, Brutus[a 12]. Celui-ci apparait, le plus souvent brièvement, dans quatre des albums de la série.
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+ La représentation physique du personnage est fidèle aux effigies antiques et aux gravures sur les monnaies. De même, le dessinateur se conforme à la description qu'en a fait l'écrivain latin Suétone : la poitrine large, la taille élancée, les yeux vifs, César porte sur sa tête la couronne de laurier de l'Imperator[c 22]. Son physique évolue cependant considérablement au sein même de l'album Astérix le Gaulois, entre sa première apparition à la planche 1 et son retour à la fin de l'histoire : le nez long et droit pointant au milieu d'un visage rond laisse la place à un nez toujours long mais cassé[g 3], dans un visage taillé à la serpe[c 22].
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+ Les membres importants du village sont représentés par un corps de métier. Cétautomatix est le forgeron, il apparaît pour la première fois dans la planche onze de la première histoire, mais il a alors un physique totalement différent. Sa forme graphique définitive apparaît dans l'histoire Astérix et les Normands[a 13] après moult transformation physique (il apparaît avec un physique différent dans chaque album)[g 4]. Il a la particularité d'être un critique musical et culinaire brutal qui tape à chaque fois sur Assurancetourix pour l'empêcher de chanter ou sur Ordralfabétix quand il juge à l'odeur les poissons pas assez frais[a 13]. Ce dernier est le poissonnier du village, il apparaît pour la première fois dans la première planche de l'histoire Astérix en Hispanie[a 14]. Il est créé par les auteurs afin de donner une bonne raison aux gaulois de se bagarrer, les poissons semblant être la meilleure solution. De ce fait la qualité de ses poissons, qu'il importe de Lutèce (alors que le village est au bord de la mer), est source de beaucoup de conflit dans le village. Son nom vient de « ordre alphabétique »[a 15].
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+ Le village comporte aussi des femmes, à commencer par Bonemine, la femme du chef qui apparaît pour la première fois dans l'histoire Le Bouclier arverne. Elle se considère comme « la première dame du village » et elle n'hésite pas à en abuser auprès des autres dames du village, elle est aussi très dirigiste auprès de son mari, Abraracourcix[a 16]. Agecanonix, le doyen du village, est marié à une belle et élancée jeune femme que l'on connaît sous le nom de madame Agecanonix. Enfin, Iélosubmarine est poissonnière et l'épouse d'Ordralfabétix. Son nom fait référence à la chanson des Beatles Yellow Submarine.
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+ Falbala est une Gauloise qui étudie à Condate et la fille de Plantaquatix, un villageois[a 17]. Elle apparaît pour la première fois dans la première planche de l'histoire Astérix légionnaire[a 18]. Très belle, elle fait tomber sous son charme Obélix qui devient amoureux fou. Plus tard c'est Astérix qui succombera à un baiser. Elle est fiancée à Tragicomix[a 17], un jeune homme qui apparaît lui aussi pour la première fois dans l'histoire Astérix légionnaire. Il tient un commerce de location de chars et de chevaux à Condate, mais est aussi enrôlé de force dans les légions romaines[a 19]. Le cousin d'Obélix, apparaît dans l'histoire La Serpe d'or et se nomme Amérix. Il fabrique des serpes à Lutèce, mais il est enlevé par Avoranfix. Ce dernier dirige un réseau de trafic de serpes qu'il vend à prix d'or[a 20] avec son homme de main, Lentix[a 21]. Dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, plusieurs gaulois apparaissent pour aider Astérix et Obélix, Beaufix de Lugdunum, Changéledix capitaine de navire à Burdigala[a 22], Labeldecadix surnommé « César » tenancier à Massilia[a 23]. Goudurix est le neveu d'Abraracourcix qui apparaît notamment dans l'histoire Astérix et les Normands, très peureux, il est enlevé par les normands pour le faire voler en le lançant du haut d'une falaise, comme, parait-il, « la peur donne des ailes », et qu'ils ignorent la peur, ces derniers veulent en percer le secret. Il est une caricature des jeunes yéyés à la mode dans les années 1960[a 24]. Pneumatix est le livreur de courrier du village. Il apparaît occasionnellement, la plupart du temps au début de l'histoire, où les nouvelles qu'il apporte sont le point des départs des aventures.
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+ Quelques rares Gaulois assument également les rôles d'antagonistes. La plupart du temps, ils ne sont pas foncièrement mauvais, mais sont appâtés par la richesse ou la gloire, ce qui les conduit à s'allier avec les Romains. Mais ils finissent bien souvent par le regretter. Dans le Le Tour de Gaule d'Astérix, Quatrédeusix de Divodurum[a 25] et Odalix d'Aginum vont tenter de trahir leurs compatriotes en tentant de vendre Astérix et Obélix aux Romains[a 26]. Dans La Serpe d'Or, Avoranfix et Lentix font du trafic de serpes pour le compte du gouverneur romain. Des brigands croisent également la route d'Astérix et Obélix (dans les premières aventures principalement). Dans Le Combat des chefs, Aplusbégalix, chef du village de Serum, tente de devenir gallo-romain. C'est en revanche la cupidité du chef Moralélastix dans Astérix et le Chaudron qui le pousse à traiter avec les Romains. Le faux devin Prolix tente de s'enrichir sur le dos des habitants du village naïfs. Seul Acidenitrix dans Le Grand Fossé semble déroger à cette règle.
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+ Les Gaulois apparaissant au fil des albums possèdent la caractéristique d'être blonds ou roux, sauf pour les plus anciens (ex : Agecanonix, Panoramix) qui ont les cheveux blancs. En revanche les personnages du sud-est de la Gaule (de Massilia, Corses ou Arvernes) sont quasiment tous bruns. Les Gaulois se reconnaissent aussi par la terminaison de leur nom en -ix pour les hommes. Ils (les Celtes en général avec les Belges, les Bretons ou les Helvètes) possèdent également une moustache ou une barbe. Les Corses possèdent en revanche essentiellement le visage glabre, à l'instar des Romains, qui suggère qu'ils ont ainsi une particularité propre (historiquement et ethniquement les Corses ne sont pas Celtes mais s'approchent des peuples Italiques).
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+ Le premier Romain à avoir un rôle important dans les aventures d'Astérix est Caius Bonus, dans la première histoire de la série. Il est le centurion du camp de Petibonum. Il rêve de prendre la place de César ; pour réaliser son ambition il fait enlever Panoramix pour s'emparer de la potion magique. Accompagné de son aide de camp, Marcus Sacapus[a 27], il envoie le légionnaire Caligula Minus espionner dans le village d'Astérix déguisé en Gaulois[a 28]. Gracchus Pleindastus est le préfet de Lutèce dans l'histoire La Serpe d'or, mais aussi le chef du trafic de serpe qui sévit dans la ville[a 29]. Caligula Alavacomgetepus est le préfet des Gaules dans Astérix gladiateur. Il a pour idée de rapporter un irréductible Gaulois comme cadeau à Jules César[a 30]. Il confie cette mission à Gracchus Nenjetépus, alors centurion de Petibonum. D'abord perplexe, celui-ci décide de s'acquitter de sa tâche en faisant capturer le barde Assurancetourix. Ce personnage est également présent dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix[a 31]. Caius Obtus est un organisateur des jeux du cirque, peu apprécié par Jules César[a 32]. Son second, Briseradius, est un dresseur de gladiateurs. Chargé de former Astérix et Obélix, il démissionne rapidement[a 33]. Parmi les personnages de l'épisode Le Tour de Gaule d'Astérix apparaissent plusieurs Romains chargés d'arrêter Astérix et Obélix à la suite du pari conclu avec Lucius Fleurdelotus, l'envoyé spécial de Jules César[a 23] : Encorutilfaluquejelesus le préfet de Lugdunum[a 34], Quintilius légionnaire romain de Camarucum, Plexus et Radius, deux brigands qui détroussent Astérix et Obélix et qui se font capturer par erreur par une patrouille romaine[a 26], Yenapus préfet de Tolosa[a 35]. Dans l'album Astérix et Cléopâtre, Jules César confie la mission de détruire le palais d'Alexandrie au général Chorus[a 36].
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+ Marcus Junius Brutus est un personnage historique souvent représenté dans la série. Dans les premières histoires, il est représenté comme un peu bête, effacé par Jules César. Il sert alors aux auteurs pour faire des clins d'œil à la grande histoire. Dans la suite, le personnage évolue. Ainsi, dans Le Fils d'Astérix, il devient un « dévoyé sans scrupules »[a 37].
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+ Dans bon nombre d'albums de la série, les haut gradés romains sont corrompus et cherchent à renverser César.
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+ Les pirates sont une bande de flibustiers, qui parcourt les mers pour dévaliser des navires. Elle est composée du chef Barbe Rouge[a 38], de la vigie noire Baba, qui ne prononce pas les « r »[a 30], et de Triple-Patte dont le rôle est de prononcer des citations latines avant et après le naufrage ; il possède aussi une jambe de bois[a 39]. D'autres membres d'équipage dont les noms sont inconnus apparaissent ; le fils de Barbe-rouge nommé Erix fait une incursion dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix avant de disparaître complètement, laissé comme caution par son père pour acheter un nouveau bateau[a 40]. Il s'agit d'une parodie de la série Barbe-Rouge de Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon qui parait en même temps dans Pilote. Il s'agit d'un comique de répétition dans la série, puisque dans pratiquement chaque grande histoire le bateau est coulé par les Gaulois. Ils apparaissent pour la première fois dans la planche onze de l'histoire Astérix gladiateur[a 38].
218
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219
+ Les Goths apparaissent dans l'histoire Astérix et les Goths. Le chef des Wisigoths, Téléféric, souhaite s'emparer de la potion magique pour conquérir les territoires des Ostrogoths, puis la Gaule et République romaine. Sa seconde préoccupation est d'offrir des divertissements à son peuple[a 41]. Il communique avec les Gaulois par l'intermédiaire du traducteur Cloridric, un homme lâche et fourbe qui lui ment en lui faisant croire que Panoramix va lui livrer très bientôt le secret de la potion magique. Il va ensuite devenir le chef suprême des Goths lors des « guerres astérixiennes »[a 42], qui est une stratégie d'Astérix de donner de la potion magique aux Goths afin qu'ils se battent entre eux et oublient leur plan d'envahir la Gaule. Elle va mettre en scène notamment, Casseurdebric[a 43], Electric[a 44], Liric[a 45], Passmoilcric[a 46] ou encore Satiric[a 47]. Coudetric est le chef Goths qui capture Panoramix lors du concours annuel des druides[a 48].
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+ Les Goths apparaissent également dans Astérix légionnaire en la personne de deux candidats à l'engagement dans la légion romaine à Condate, Chimeric et Figuralegoric. Mais ce dernier, trop maigre, est refusé et seul l'autre participe au reste de l'aventure.
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+ Le phénicien le plus emblématique de la série est le marchand Épidemaïs. Il apparaît pour la première fois dans l'histoire Astérix Gladiateur où il embarque Astérix et Obélix sur son bateau pour Rome. Il a une étrange conception de l'entreprise puisqu'il exploite ses associés, qui sont chargés de ramer, car ils ont mal lu le contrat d'association avant de le signer. Il apparaît aussi dans l'album L'Odyssée d'Astérix où il conduit les héros vers la Mésopotamie ; cette fois, les rameurs sont les participants d'un club de vacances-croisière, dont on se doute qu'ils ont été également dupés[57],[a 37].
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+
225
+ Les Égyptiens apparaissent essentiellement dans l'histoire Astérix et Cléopâtre, la reine Cléopâtre VII est un personnage historique, les auteurs vont caricaturer son caractère, ainsi elle est fortement colérique, moqueuse, excentrique, mais aussi juste et reconnaissante, son nez est source de gag et de bons mots inspirés par la phrase de Blaise Pascal. Elle réapparaît dans l'histoire Le Fils d'Astérix[a 49]. À la suite d'un pari avec César elle confie la construction d'un palais à l'architecte Numérobis qui va faire appel à son ami Panoramix pour réussir dans les temps. Son scribe s'appelle Misenplis[a 50]. Son rival Amonbofis va tout faire pour l'en empêcher avec son complice Tournevis[a 51]. César possède un espion égyptien nommé Ginfis qui va lui faire des rapports réguliers[a 52].
226
+
227
+ Les Bretons apparaissent dans l'histoire Astérix chez les Bretons. Le personnage principal est Jolitorax, cousin germain d'Astérix venu en Gaule pour demander l'aide des irréductibles gaulois[a 53]. Les autres personnages de son village sont le Calédonien Mac Anotérapix, l'Hibernian O'Torinolaringologix[a 54] et le chef Zebigbos[a 55].
228
+ Cassivellaunos est un personnage historique, chef breton lors de l'invasion par Rome[a 56]. Ipipourax est un joueur de rugby de Camulodunum soigné avec de la potion magique au cours du match[a 56]. Relax est un aubergiste qui cache le trio recherché par les Romains[a 57], son cousin est Surtax[a 55].
229
+
230
+ Les Normands sont présents dans l'histoire Astérix et les Normands ils sont les ancêtres imagés des vikings. Le chef est Olaf Grossebaf, il souhaite envahir la Gaule pour connaître la peur qui d'après lui donne des ailes[a 58]. Mataf est la vigie du drakkar normand[a 59]. Dactilograf et Sténograf sont chargés de lancer Goudurix du haut de la falaise pour le faire voler[a 24].
231
+
232
+ La série naît en même temps que le journal Pilote puisqu'elle fait sa première apparition dans le premier numéro du journal du 29 octobre 1959 avec l'histoire Astérix le Gaulois. La série paraît dans le journal au rythme d'une à deux pages par semaine jusqu'au no 38 du 14 juillet 1960[58]. L'année suivante cette histoire est publiée en album, le premier de la série[59]. La série fait rapidement son retour dans l'hebdomadaire avec la publication de la seconde histoire La Serpe d'or à partir du no 42 du 11 août 1960 jusqu'au no 74 du 23 mars 1961[58] (en album en 1962[59]). Au rythme d'une histoire par an, Astérix et les Goths commence sa publication dans le no 82 jusqu'au no 122[58].
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234
+ Aux éditions Hachette
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+ Aux éditions Albert René
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238
+ Sur les 370 millions d'albums vendus[1], on estime à 130 millions ceux vendus dans les pays francophones, à 120 millions en Allemagne, 23 millions au Royaume-Uni ainsi qu'aux Pays-Bas, à 24 millions en Espagne et les autres pays hispanophones, à 5 millions en Suède, à 5,5 millions en Italie et au Portugal, à 4 millions pour la Finlande, la Norvège et le Danemark, à 7 millions en Grèce, à 3 millions au Brésil et à 1,5 million en Pologne. On remarque l'absence des États-Unis où le héros n'a jamais percé malgré une tentative de traduction. Le succès de ces albums en Italie est remarquable, bien que les romains y soient généralement tournés en dérision et y reçoivent la plupart des dérouillées infligées par les « irréductibles ». Peut-être à cause de leur persévérance envers et contre tout.
239
+
240
+ Astérix a ainsi été traduit en 111 langues selon les éditions Albert-René. Les albums sont d'abord traduits par une personne vers la langue de destination, puis retraduits par une autre en français et relus par Albert Uderzo et René Goscinny pour s'assurer du bon niveau de la traduction[réf. nécessaire].
241
+
242
+ Plusieurs albums ont été traduits dans des langues régionales ou minoritaires. En France, l'album « La rentrée gauloise » a été traduit dans 6 langues régionales, mais c'est en Allemagne qu'on trouve le plus grand nombre de traductions dans des parlers régionaux (65 albums et 29 dialectes)[68].
243
+
244
+ Astérix a également été traduit en latin avec l'album Le ciel lui tombe sur la tête (Caelum in caput ejus cadit)[69] et en espéranto[réf. nécessaire] à partir de 1979.
245
+
246
+ De nombreux dessinateurs, auteurs, stylistes ont rendu hommage à Astérix. Il y a, parmi tant d'autres :
247
+
248
+ La série a également reçu des hommages provenant de la communauté scientifique. Ainsi, un insecte hémiptère fossile, découvert en 2011 dans l'ambre de l'Oise et daté de l'Éocène inférieur (-55 millions d'années environ), a été baptisé Ordralfabetix sirophatanis en hommage à un personnage d'Astérix, Ordralfabétix, le poissonier du village[70].
249
+
250
+ Astérix a fait l'objet d'une exposition à Bruxelles en 2005, intitulée « Le monde-miroir d’Astérix »[71],[72].
251
+
252
+ Du 16 octobre 2013 au 19 janvier 2014 se tient à la Bibliothèque nationale de France une exposition[73], qui fait notamment suite au don de planches originales de trois albums d'Astérix, donation qu'a faite Albert Uderzo à la BNF[74]. Cette rétrospective coordonnée par Carine Picaud, conservatrice à la réserve des livres rares, est accompagnée d'un ouvrage coédité par la BNF et Hazan : Astérix de A à Z[75] paru depuis. Le bruit court que la BNF pourrait recevoir un don de toutes les planches toujours en possession d'Albert Uderzo (il y en aurait environ 1200)[76].
253
+
254
+ En parallèle, une autre exposition, intitulée Astérix s'affiche à Bercy Village !, se tient à Bercy Village du 4 octobre 2013 à mi-janvier 2014[77].
255
+
256
+ Le collectionneur Marc Jallon, expert en arts[78] et grand amateur de bande dessinée et d'Astérix[79], a rassemblé environ 11 000 références[80] (produits, objets, gadgets, liés à l’œuvre d'Albert Uderzo[81]). Cette collection est désormais propriété de la fille d'Albert Uderzo : Sylvie.
257
+
258
+ La Monnaie de Paris a frappé en octobre 2013 trois pièces « Astérix »[82] :
259
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260
+ En 2015 la Monnaie de Paris a frappé vingt-sept pièces, pour la collection « Valeurs de la République »[83]:
261
+
262
+ « Les planches originales de la bande dessinée Astérix sont très rares sur le marché et sont saluées par des enchères de très haut niveau », explique Kapandji Morhange aux Echos. Quelques exemples[84],[85] :
263
+
264
+ Le téléfilm Deux Romains en Gaule, librement inspiré de l'univers d'Astérix et réalisé par Pierre Tchernia, est diffusé le 25 février 1967[92]. Astérix et Obélix y apparaissent brièvement en tant que personnages animés.
265
+
266
+ « J'étais parti aux États-Unis pour travailler avec Walt Disney, mais Walt Disney n'en savait rien. »
267
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268
+ — René Goscinny[c 7]
269
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270
+ « Je me voyais en toute simplicité devenir un jour le Walt Disney français. »
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+
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+ — Albert Uderzo[93]
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+
274
+ Au cours des années 1960, Jean Dejoux un chercheur à la RTF, met au point le procédé de l'animographe et le présente aux deux auteurs, Goscinny et Uderzo. Séduit par le procédé, Georges Dargaud, le directeur du journal Pilote, entreprend en 1967 l'adaptation de l'album Astérix le Gaulois, produit par les studios Belvision, sans en informer les deux auteurs de la série. Ces derniers ne découvrent le film que lors d'une projection privée, mais ne s'opposent pas à sa sortie en salle[c 7].
275
+
276
+ Le succès est au rendez-vous avec 2 415 920 entrées[8], mais Goscinny et Uderzo ne sont pas convaincus par la qualité artistique du film. Ils apprennent alors qu'un second film est en cours de production chez Belvision, adapté du deuxième album de la série, La Serpe d'or. Ils s'opposent à la réalisation de ce projet et proposent à Georges Dargaud d'investir dans un long métrage dont ils superviseraient eux-mêmes la direction artistique. C'est ainsi que naît Astérix et Cléopâtre, tiré du sixième album des aventures d'Astérix. Albert Uderzo dessine le storyboard tandis que René Goscinny est épaulé par Pierre Tchernia dans l'adaptation du scénario. Ce dernier écrit pour le film trois chansons sur une musique composée par Gérard Calvi[c 7]. Ce deuxième dessin animé atteint 1 953 308 spectateurs[8].
277
+
278
+ En 1974, Dargaud, Goscinny et Uderzo fondent les Studios Idéfix pour réaliser un troisième dessin animé, Les Douze Travaux d'Astérix. Contrairement aux deux précédents films, celui-ci n'est pas le fruit de l'adaptation d'un album mais de l'écriture d'un scénario original par René Goscinny, avec la collaboration de Pierre Tchernia. Uderzo réalise de nombreuses planches de modèles des nouveaux personnages et la direction de l'animation est confiée à Pierre Watrin et Henri Gruel. La production débute à l'automne 1974 et le film sort en salle le 20 octobre 1976[c 10]. Plus de deux millions d'entrées sont enregistrées[8].
279
+
280
+ La mort de René Goscinny en 1977 entraîne la fermeture des Studios Idéfix, mais l'aventure cinématographique d'Astérix ne s'arrête pas pour autant. Les frères Gaëtan et Paul Brizzi réalisent Astérix et la Surprise de César, une adaptation libre des albums Astérix gladiateur et Astérix légionnaire, produite par la société Gaumont. Le scénario de ce quatrième dessin animé, sorti en salle en décembre 1985, est écrit par Pierre Tchernia, alors qu'Uderzo supervise le graphisme des personnages. Pino Van Lamsweerde prend la suite des frères Brizzi pour la réalisation d'Astérix chez les Bretons, sorti en 1986 et directement inspiré par l'album du même nom. Un troisième et dernier film produit par la Gaumont, Astérix et le Coup du menhir, est réalisé en 1989 par Philippe Grimond, à partir des albums Le Combat des chefs et Le Devin[c 10]. Ces trois films réalisent de bonnes entrées mais n'atteignent pas les scores des précédents au box-office[8].
281
+
282
+ Au début des années 1990, le producteur et réalisateur allemand Gerhard Hahn entreprend à Berlin l'adaptation de La Grande Traversée sous le titre Astérix et les Indiens, mais s'écarte très largement du scénario de l'album original. Le film est un échec public relatif avec à peine plus d'un million de spectateurs en France[c 10],[8].
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+
284
+ En 2006 sort Astérix et les Vikings, réalisé par les danois Stefan Fjeldmark et Jesper Møller et produit par les studios M6 Films à partir de l'album Astérix et les Normands. Le graphisme est résolument moderne et le film atteint le chiffre de 1 374 870 entrées[c 10],[8].
285
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286
+ Un neuvième film d'animation voit le jour en 2014 : Alexandre Astier et Louis Clichy signent une adaptation en 3D de l'album Le Domaine des dieux[94], produite en partie en Belgique[95]. Avec des graphismes entièrement réalisés en modélisation 3D, et un casting vocal de qualité, ce film a enregistré un record historique pour un dessin animé d'Astérix, puisque celui-ci a dépassé les 2,5 millions d'entrée au box-office Français ainsi que tous les autres dessins animés.
287
+
288
+ Adapter Astérix en long métrage est une idée de longue date. Les premiers projets, avortés, imaginaient Louis de Funès dans le rôle du petit Gaulois. Finalement, il a fallu attendre les années 1990 et l'impulsion du producteur Claude Berri, poussé par son fils (Thomas Langmann) et par Sylvie Uderzo (alors Directrice générale aux Éditions Albert René)[98], pour que le projet soit réellement lancé. Quatre films sont sortis à ce jour.
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+ Certains personnages changent d'interprètes à chaque film :
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+ Les aventures d'Astérix ont inspiré de nombreux jeux de société de plusieurs sortes (parcours, quiz…). Le premier en date, Astérix et la potion magique, de type jeu de hasard raisonné, a été édité par la société Noël en 1967.
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+ La bande dessinée a inspiré deux parcs de loisirs. Le premier, créé en 1967, a vu le jour près de Nice, mais celui-ci a rapidement fermé ses portes, le succès n'ayant pas été au rendez-vous[99]. C'est en 1989 que le Parc Astérix actuel a ouvert dans l'Oise.
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+ Noël est la fête chrétienne qui célèbre la naissance de Jésus de Nazareth au moment du solstice d'hiver. Pour un grand nombre de personnes, Noël est une fête populaire déconnectée de son fondement religieux.
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+ Instituée le 25 décembre au IVe siècle et diffusée par la christianisation progressive de l'Europe et du bassin méditerranéen, cette fête de la nativité prend peu à peu la place de différentes fêtes liées au solstice d'hiver (fête celtique de Yule, fête de Mithra, Saturnales romaines…). Le Christ étant présenté comme le « soleil de justice » d'une nouvelle ère, sa naissance ouvre l'année liturgique chrétienne lors d'une messe de minuit ritualisée.
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7
+ Le récit évangélique de la naissance de Jésus sert de base pendant des siècles à une grande richesse artistique (peinture, sculpture, musique, littérature) que renforce la diffusion populaire de la crèches au XIIIe siècle, mais les ferments d'autres traditions liées au solstice ne disparaissent pas totalement. C'est ainsi que le sapin germano-nordique, signe d'une nature vivante malgré l'hiver, est honoré à partir du XVIe siècle et gagne même les églises. Le sapin de Noël s'imposera comme symbole de la période des fêtes de fin d'année parallèlement à la déchristianisation de l'Europe à l'époque moderne.
8
+
9
+ La tradition du père Noël qui se mondialise au XXe siècle complétera cette évolution qui a transformé la fête chrétienne en fête laïque des enfants, des familles et des cadeaux.
10
+
11
+ Aujourd'hui, la fête de Noël s'est fortement sécularisée et n'est plus nécessairement célébrée comme une fête religieuse. Le jour de Noël est férié dans de nombreux pays ce qui permet le regroupement familial autour d'un repas festif et l'échange de cadeaux. Le second jour de Noël (26 décembre) est également un jour férié dans plusieurs pays du nord de l'Europe (Pologne, Royaume-Uni, Pays-Bas, pays scandinaves) ainsi qu'en France, dans les trois départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle[1]. Cela permet également la participation aux messes de Noël pour ceux qui célèbrent la fête sous sa forme religieuse. Après Pâques, Noël est en effet la deuxième fête la plus importante du calendrier liturgique chrétien (la Nativité du Seigneur est une des Douze Grandes Fêtes). Noël est une des trois Nativités célébrées par l'Église catholique, les deux autres étant celle de Jean le Baptiste, le 24 juin, et celle de Marie, le 8 septembre[2].
12
+
13
+ La période entourant Noël est appelée « temps des fêtes » au Canada francophone et « fêtes de fin d'année » (ou plus simplement « les fêtes ») en Europe quand on y inclut les célébrations du Nouvel An[3][source insuffisante]. Depuis le milieu du XXe siècle, cette période perd son aspect chrétien tout en maintenant vivante la tradition de la fête. Dans cet esprit, Noël prend une connotation folklorique, conservant le regroupement des cellules familiales autour d'un repas et l'échange de cadeaux autour du sapin traditionnel. Hors des foyers elle donne lieu à l'illumination des rues, maisons et magasins et à l'organisation de marchés de Noël. C'est également une période importante sur le plan commercial.
14
+
15
+ Le mot Noël est attesté dès le XIIe siècle[4],[5]. D'après le Trésor de la langue française informatisé[5], ses deux plus anciennes occurrences connues se trouvent, l'une (Noel) dans le Comput de Philippe de Thaon, daté de 1113 ou 1119[6] ; et l'autre (Naël) dans le Voyage de saint Brendan de Benedeit[7], daté du premier quart du XIIe siècle[8],[9].
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+
17
+ Le mot Noël partage la même étymologie que le terme équivalent dans la plupart des grandes langues romanes (italien natale ; occitan nadal, nadau ; catalan nadal ; portugais natal)[Notes 1], ainsi qu'avec les langues celtiques, à savoir, l'adjectif latin natalis signifiant « de naissance, relatif à la naissance » (de natus « né »), d'abord associé au mot latin dies « jour » dans la locution natalis dies « jour de naissance » réduite à natalis par substantivation de cet adjectif en [natále(m)], utilisé en latin ecclésiastique pour désigner la Nativité du Christ.
18
+
19
+ Ensuite [natále(m)] va subir une évolution phonétique avec la chute du [e] final, l'allongement et la palatalisation du [a] tonique non entravé, puis lénition (sonorisation) en [d] du [t] intervocalique (d’où le provençal Nadal), fricatisation en [đ] puis amuïssement, donnant la forme Nael. Dans cette position le [a] prétonique aurait dû s’affaiblir en e muet mais, dans un mot du vocabulaire religieux, soumis à des influences savantes, il y a eu effort pour le maintenir et, par dissimilation, il a abouti à [o]. Autrement dit, l’o de Noel, en face de Nael, est lié à la dissimilation des deux a de natal-[10], d'abord devenu *nadal (cf. occitan Nadau, Nadal, catalan Nadal « Noël »), ensuite *nathal, puis *naal, après la lénition de la consonne intervocalique [t], qui s'est finalement totalement amuïe en langue d’oïl[11] (tout comme dans NATIVU > naïf, doublet de natif, emprunt savant, également MUTARE > muer, dérivé savant mutation, MATURU> mûr, savant mature, etc.). Il existe un cas parallèle jusqu'au stade du moyen français, à savoir celui du verbe noer signifiant « nager ». Dans la plupart des langues romanes, le latin natare (cf. natation) a donné l'espagnol, catalan et portugais nadar « nager », etc., alors qu'une forme notare a donné l'ancien français noer « nager » (morvandiau nouer, normand occidental nouer cf. Nouel « Noël »)[12].
20
+
21
+ C'est la seule étymologie admise aujourd'hui par les linguistes et les lexicographes[Note 1].
22
+
23
+ En français standard, Noël se prononce prononcé en français : [nɔɛl] et le tréma sur le e : ë, apparu en 1718, note la diérèse[5],[13]. Les prononciations dialectales prononcé en français : [nwεl] et prononcé en français : [nwal] sont attestées[5].
24
+
25
+ Nom propre[14] de la fête chrétienne de la nativité du Christ, Noël prend une majuscule à l'initiale[4],[5], majuscule qu'il conserve au pluriel[14]. Le substantif Noël est masculin[4],[5] ; mais, probablement[5],[14] par ellipse de fête de[4], il est féminin lorsqu'il est employé avec l'article défini singulier[14],[15] : la, et sans épithète[14],[15] ni complément[15].
26
+
27
+ Les langues celtiques possèdent un terme issu d'un étymon commun, comme le français et d'autres langues romanes, c'est-à-dire le latin natalis également, ce qui donne en brittonique : le cornique Nadelik, le gallois Nadolig et le breton Nedeleg (cf. patronyme Nédélec), sur un radical commun *Nadal-, avec lénition [t] > [d], suivi d'un suffixe brittonique. Le gaélique (irlandais et écossais) possède une forme Nollaig, dans laquelle l'amuïssement de l'intervocalique s'est effectué de la même manière qu'en français.
28
+
29
+ En revanche, les langues germaniques recourent à divers étymons pour désigner cette fête. L'anglais Christmas[16] remonte à un vieil anglais attesté tardivement crīstes mæsse[17], l'ancien anglais mæsse ayant selon le site Oxford living Dictionaries édité par Oxford University Press sens de « célébration ». En allemand, Noël se dit Weihnachten[18] et repose sur un ancien datif pluriel dans l'expression en vieux haut allemand ze wîhen nachten « dans les nuits sacrées », d'où wîhennachten > Weihnachten qui date de l'époque du paganisme germanique[19], où l'on organisait des fêtes sacrées les nuits d'hiver autour du solstice. On trouve cette même transposition d'une fête païenne à une fête chrétienne chez les peuples scandinaves dans le terme qui signifie Noël : islandais jól, norvégien, suédois, danois jul. Le même étymon proto-germanique *jehwlą a donné le vieil anglais ġeohol, ġēol, d'où l'anglais yule. L'ancien français jolif « gai, joyeux, plaisant, sensuel, élégant »> joli représente un dérivé de jól à l'aide du suffixe -if[20].
30
+
31
+ De sorte que, même si l'origine ultime du mot français Noël est effectivement liée au concept de la « renaissance » du soleil lors du solstice d'hiver, cette étymologie n'est due ni au celtique, ni au germanique, mais bien au latin. Elle provient sans doute de la fête de la Nativité du Christ, dans laquelle le natalis lié au culte romain du Sol Invictus (la fête officielle du dies natalis solis invicti, « jour de la naissance du soleil invaincu ») est extrait de son contexte païen pour prendre une signification chrétienne.
32
+
33
+ Bien avant l'apparition du christianisme, l'époque du solstice d'hiver était déjà une période charnière de l'année, qui regroupait de nombreuses croyances païennes relatives à la fertilité, la maternité, la procréation et l'astronomie. Elle donnait donc lieu à de nombreuses manifestations. Ces traditions antiques ont de nombreux points de similitude avec la fête chrétienne.
34
+
35
+ Avant la christianisation de l'Occident, une fête appelée Dies Natalis Solis Invicti, « jour de la naissance du soleil invaincu » avait été fixée au 25 décembre par l'empereur romain Aurélien en 274[21], comme grande fête du culte de Sol Invictus (le soleil invaincu). Aurélien choisit ainsi une date proche du solstice d'hiver, correspondant au lendemain de la fin des traditionnelles Saturnales romaines[réf. nécessaire] mais aussi au jour où la naissance de la divinité solaire Mithra[22] est fêtée. Aurélien souhaite en effet unifier religieusement l'empire[23],[24],[25], en choisissant cette date il contente les adeptes de Sol Invictus et du culte de Mithra tout en plaçant la fête dans la continuité des festivités traditionnelles romaines.
36
+
37
+ La première mention d'une célébration chrétienne à la date du 25 décembre a lieu à Rome en 336[26]. Le christianisme devient ainsi à son tour un des cultes et religions de l'Empire romain célébrant une festivité pendant cette période de l'année. L'anniversaire de la naissance de Jésus étant inconnu, il est très probable que le 25 décembre ait été choisi afin d'adopter les coutumes liées à cette date « en leur donnant un sens nouveau »[27]. D'autre part, selon certains[28], il est possible qu'un texte attribué à Hippolyte de Rome en 204[29],[30] ait inspiré le choix de la date.
38
+
39
+ Des ressemblances sont attestés entre certaines traditions et symboles associés au Noël chrétien et à d'autres cultes qui ont précédé le christianisme : la date du 25 décembre, la grotte, les bergers.
40
+
41
+ Dans le culte mithraïque apparu en Perse, la fête la plus importante — le Mithragan — se serait déroulée chaque année le jour du solstice d'hiver, jour célébrant la naissance de la divinité et la victoire de la lumière sur les ténèbres[31]. Selon la tradition mithraïque la plus répandue dans l'Empire Romain, Mithras serait né « jaillissant du rocher » (petrogène) ou d'une grotte — élément éminemment lié au culte de cette divinité[32] —, sous la forme d'un homme « dans l'apogée de sa jeunesse » (et non pas d'un bébé) équipé d'une torche et d'une épée[33], tandis que des bergers assistent à cette naissance miraculeuse[32]. Les célébrations du culte mithraïque, fortement développé dans l'empire gréco-romain aux IIIe et IVe siècles, seront plus tard une des origines de la célébration de la fête romaine du Natalis Invicti, la naissance de Sol Invictus qui reprend ses forces et fait regagner le jour sur la nuit[34], le 25 décembre.
42
+
43
+ Le récit mithraïque influencera probablement la tradition littéraire et iconographique chrétienne des premiers siècles dans les descriptions de la naissance de Jésus. Certains des épisodes des Évangiles sont réadaptés en utilisant des thèmes et symboles rappelant le mitraïsme[35],[36]. Le culte de Mithras n'est pas la seule influence « païenne » sur le développement d'une iconographie chrétienne. Selon Robert Turcan, par exemple, les traditionnelles représentations de la Vierge à l'Enfant (thème relatif à l'enfance de Jésus et non à sa seule naissance) s'inspirent quant à elles des représentations de la déesse égyptienne Isis allaitant Horus enfant[37].
44
+
45
+ Certains auteurs vont plus loin, affirmant que les récits des Évangiles liés à la naissance de Jésus pourraient avoir été empruntés à des mythologies plus anciennes. Par exemple, Mohammad Ali Amir-Moezzi soutient l'existence d'une tradition mithraïque et mazdéenne populaire, qui présenterait la déesse-mère Anahita (ou Anahid) comme mère de Mithra/Mithras et vierge[38], et qui aurait pu influencer les premiers auteurs chrétiens. Cette thèse est reprise des travaux du Prof. Mohammad Moqadam sur le mithraïsme (p. ex[39].). Moqadam se base surtout sur des croyances perses sur Jésus lors de la période Islamique (dans lesquelles il identifie un « deuxième messie » plus ancien), sur une tradition zoroastrienne médiévale selon laquelle le Saoshyant (une figure messianique) sera né d'une vierge[40], et sur une citation hors contexte de l'Histoire de Vardan de l'auteur chrétien Élisée le Vardapet[41]. Il identifie Anahita comme « vierge immaculée » sans doute à cause de son nom, signifiant « sans tache », et qui est plus probablement dû à son rôle comme déesse de l'eau ou des rivières[42]. Anahita n'étant normalement pas identifiée comme la mère de Mithra, cette théorie reste marginale.
46
+
47
+ Dans le judaïsme, la fête de Hanoucca, qui commémore la réinauguration du Temple de Jérusalem profané par les Grecs anciens, a été fixée au 25 du neuvième mois lunaire, nommé Kislev, (calendrier hébraïque) au voisinage du solstice d'hiver. Le premier livre des Maccabées insiste sur l'importance de cette date et de cette célébration.
48
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49
+ Dans la Rome antique, les citoyens fêtaient les Saturnales : d'abord du 17 au 21 décembre, puis plus tard du 17 au 24 décembre, les hommes et les femmes portaient des guirlandes autour du cou et s'offraient toutes sortes de cadeaux. Les gens sacrifiaient aussi symboliquement un mannequin représentant un jeune homme, pensant ainsi transmettre la vitalité du personnage à la nouvelle année.
50
+ Il est à noter que la fixation à la date du 25 décembre du solstice d'hiver est due à une erreur commise par l'astronome Sosigène d'Alexandrie, lors de la réforme du calendrier à l'initiative de Jules César en 46 av. J.-C., qui fixa le début des saisons avec un retard de un ou deux jours par rapport à la réalité[43].
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52
+ La fête des sigillaires, « ancêtre » de la Saint Sylvestre, concluait les festivités à la fin du mois de décembre. Pendant ce temps de bascule vers l'an neuf, les gens s'offraient des menus-cadeaux de terre cuite, les esclaves devenaient les maîtres et inversement.
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54
+ À partir du règne d'Aurélien (270-275), les Romains fêtent officiellement le Sol Invictus (le soleil invaincu) au moment du solstice d'hiver qui commençait la nouvelle année, annoncée par le rallongement des jours. Ce culte, qui reprend des aspects de la mythologie d'Apollon et du culte de Mithra, s'est répandu aux IVe et IIIe siècles av. J.-C. et se concluait par le sacrifice d'un taureau, le Sol Invictus correspondant à la naissance du jeune dieu solaire qui, reprenant les traditions mithraïques, était censé surgir d'un rocher ou d'une grotte sous la forme d'un jeune homme[33].
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+ Aucun texte chrétien ne précise quel jour dans l'année est né Jésus de Nazareth. Étant donné que, d'après les récits bibliques de Noël, les troupeaux sont dehors avec leurs bergers, certains auteurs en ont déduit que la naissance de Jésus ne s'est probablement pas située en hiver[44]. Les premiers chrétiens ne fêtaient pas la naissance de Jésus-Christ comme le font les chrétiens d'aujourd'hui. D'ailleurs, pendant près de trois siècles, les chrétiens ne semblent pas avoir célébré d'autre fête annuelle que Pâques. Il aura fallu attendre plus de trois siècles et demi après Jésus-Christ pour que Noël devienne une fête religieuse officielle et encore deux siècles pour que cette fête soit généralisée.
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+ La célébration de Noël en tant que jour de naissance de Jésus de Nazareth a conduit à la christianisation progressive de certaines traditions liées à la fête de Sol Invictus[45],[26],[46]. À la suite de l'édit de Thessalonique interdisant les cultes païens, la fête de Noël chrétienne (du latin Natalis) devient l'unique festivité romaine a pouvoir être célébrée le 25 décembre[47] et se diffuse dans l'empire dont le christianisme est devenu l'unique religion officielle. Après la chute de l'Empire romain d'Occident, la fête de Yule est remplacée de la même manière lors de la christianisation des peuples germains et scandinaves. Noël devient une des fêtes chrétiennes les plus importantes durant la période médiévale et est diffusée dans le reste du monde lors de la colonisation et de l'occidentalisation contemporaine. Néanmoins, sa célébration n'étant pas exigée par des sources bibliques et conservant toujours de nombreux éléments païens, elle est rejetée par certains groupes chrétiens comme les Témoins de Jéhovah[48], l'Église de Dieu restaurée[49], ou les Églises chrétiennes de Dieu (Christian Churches of God)[50].
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+ Noël ne fait pas partie des fêtes suivies par les premiers chrétiens et ne figure pas dans les listes publiées par Irénée de Lyon et Tertullien[51]. C’est à partir du IIIe siècle que certaines communautés chrétiennes cherchent à situer dans l’année la date de naissance de Jésus. De nombreuses dates furent proposées : 6 janvier (correspondant à l'Épiphanie, date choisie par les Basilidiens vers la fin du IIe siècle et reprise par les communautés chrétiennes d’Orient), 28 mars (mention dans De Pascha Computus, un calendrier des fêtes datant de 243), 18 novembre (date proposée par Clément d'Alexandrie[52])… Théologiquement, la royauté du Christ n'étant pas de ce monde, certains comme Origène (milieu du IIIe siècle) refusent même de célébrer cette naissance comme il était ainsi fait à l'époque pour un souverain temporel (roi, empereur, pharaon, reine).[réf. nécessaire] D'après le pape Benoît XVI, Hippolyte de Rome aurait été « le premier à affirmer avec clarté que Jésus naquit le 25 décembre […], dans son commentaire au Livre du prophète Daniel, écrit vers l'an 204 »[28]. En effet, dans certaines versions de ce texte[29], un passage situe la naissance de Jésus « huit jours avant les calendes de Janvier »[30], ce qui correspondrait à la date du 25 décembre.
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+ Progressivement va apparaître le désir d'historiciser la naissance de Jésus-Christ. À partir du IVe siècle, une fête de la conception et de la naissance de Jésus-Christ, traduites par l'Épiphanie et Noël, va prendre place à côté des fêtes plus anciennes de Pâques et de la Pentecôte dans le calendrier liturgique chrétien en composition[53]. Aussi au IVe siècle, la date du 25 décembre a été choisie comme date pour la fête de Noël, principalement dans le but de la substituer aux fêtes païennes qui étaient d'usage à l'époque, comme la fête de la renaissance du Soleil Invaincu (Sol Invictus), le solstice d'hiver et les Saturnales romaines qui avaient toutes lieu à la période du 25 décembre, « en leur donnant un sens nouveau »[27],[36]. Le document le plus ancien mentionnant une célébration chrétienne à cette date du 25 décembre est le Chronographe de 354 (faisant référence à des recensions remontant au moins à 336)[54].
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+ Attestée à Rome, sous le pontificat de l'évêque Libère (entre 352 et 366), une fête de l'incarnation du Sauveur se déroule le 25 décembre[55] à l'occasion de laquelle l'évêque rassemble les chrétiens dans la basilique nouvellement construite au Vatican, achevée en 354, dans un cadre plus général qui apparaît comme celui de la constitution d'un calendrier liturgique destiné à concurrencer, à Rome, les réjouissances païennes[56]. Les Pères de l'Église ne se sont pas opposés à ce syncrétisme à propos de la Nativité, considérant que ce choix calendaire ne pouvait donner lieu à des hérésies théologiques et qu'il confirmait la venue du Messie annoncé comme l'« astre levant[57] » et comme le « soleil de justice » par le prophète Malachie[58]. Noël s'est ainsi substituée aux célébrations de la fête païenne d'autant plus aisément que, les références bibliques aidant, s'est développée pour qualifier métaphoriquement le Christ nouveau-né toute une symbolique du « vrai soleil », du « nouveau soleil » resplendissant sur le monde[59]. Le Noël chrétien peut ainsi être vu comme une contre-fête opposée par les chrétiens au Noël païen[60].
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+ Cependant, cette thèse de contre-fête est actuellement remise en question par certains historiens car si la fête du Sol Invictus encadrée par les Saturnales et les calendes de janvier est bien attestée, ils considèrent les preuves de sa célébration à la date spécifique du 25 décembre, avant celle de Noël, comme faibles[61],[62]. La célébration chrétienne de Noël est peut-être venue combler un vide : « l'impression reste que, pour les chrétiens, les deux fêtes (le 25 décembre et le 6 janvier) s'ajoutent aux traditionnelles célébrations des Saturnales et des calendes. Au lieu de rompre avec les pratiques anciennes, la tentation est donc forte d'allonger la durée festive en lui consacrant près de quinze jours »[63]. Il est donc possible que le choix du 25 décembre comme date commémorative de la naissance de Jésus-Christ, au IVe siècle, « ne répond pas à la préoccupation de neutraliser une fête païenne mais plutôt à un souci de profiter du symbolisme cosmique et de l'évidence du solstice pour tous les fidèles… Les Pères de l'Église auraient donc choisi le 25 décembre justement parce que cette date, pourtant riche de significations cosmiques, ne coïncidait pas avec une grande fête païenne »[64].
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+ Puis les célébrations du temps de la nativité vont progressivement s'étendre, à l'instar du cycle pascal, avec une période de préparation de deux à quatre semaines — l'Avent —, puis une période qui se poursuit jusqu'à la conclusion du cycle avec la célébration de la présentation de Jésus au Temple qui prend place le 2 février à la Chandeleur. N'ayant pas de correspondance avec le calendrier hébraïque, à la différence des deux autres fêtes qui suivent ainsi le calendrier lunaire, la célébration de la naissance de Jésus-Christ suivra le calendrier solaire, ce qui ne sera pas sans poser de problèmes dans la détermination de l'année liturgique[53].
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+ En 425, l'empereur d'Orient Théodose II codifie officiellement les cérémonies de la fête de Noël. Cette commémoration se répand progressivement en Gaule et en Orient[65].
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+ Au Ve siècle sous le pontificat de Grégoire le Grand, la messe de minuit se célèbre déjà. Au VIIe siècle, l'usage s'établit à Rome de célébrer trois messes : la vigile (veillée) au soir du 24 décembre, la messe de l'aurore et la messe du jour le 25 décembre. Les quarante jours qui précèdent Noël deviennent les « quarante jours de saint Martin » en l'honneur de saint Martin de Tours.
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+ La fête de Noël continue progressivement à se répandre en Europe : fin du Ve siècle en Irlande, au VIIe siècle en Angleterre, au VIIIe siècle en Allemagne, au IXe siècle dans les pays scandinaves, aux IXe et Xe siècles dans les pays slaves. La fête s'inscrit dans le calendrier liturgique et implique une période de jeûne, l'Avent. Les gens décorent leur maison de houx et de verdure, ils s'habillent de neuf. En dehors de la messe de minuit qui marque le début de l'année liturgique, se multiplient des célébrations collectives (notamment la fête des Fous au cours de laquelle on élit le pape, l'évêque des fous, l'abbé des sots, personnages qui sont, pour une durée déterminée, rois de Noël[66]), de nombreuses réjouissances (chants et danses, divers jeux de hasard ou d'adresse, notamment les dés) et de copieux repas (plats à base de bœuf ou d'oie engraissée)[67]. Les enfants, souvent costumés, forment des bandes de guisarts (déguisés en ancien français) qui vont de maison en maison, chanter et présenter leurs vœux, recevant en échange des fruits, gâteaux ou quelques pièces de monnaie[68].
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+ Aux alentours de l'an mil, l'Église s'appuie sur l'importance du temps de Noël pour imposer aux seigneurs belliqueux une période de paix forcée, la Trêve de Dieu.
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+ À partir du XIIe siècle, la célébration religieuse est accompagnée de drames liturgiques, les « mystères » qui mettent en scène l'adoration des bergers ou la procession des mages. Ces drames liturgiques se jouent primitivement dans les églises, puis gagnent les parvis.
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+ Les premières crèches ressemblant à celles que nous connaissons (mise en scène occasionnelle et passagère de la Nativité non plus sur des peintures, fresques, mosaïques ou bas-reliefs mais avec des statues « indépendantes ») font leur apparition dans les églises et les couvents au XVIe siècle, d'abord en Italie[69]. Elles se répandent dans les demeures d'aristocrates au XVIIe siècle, époque à laquelle Noël devient non seulement une fête religieuse célébrée à l'église mais aussi une fête familiale plus intime[70].
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+ Dans les pays réformés, les célébrations de Noël, fête jugée trop païenne ou trop catholique[71], sont limitées. Interdites en Angleterre à partir de 1647, elles sont rétablies en 1660 mais restent mal vues de la majorité du clergé anglais. En Amérique du Nord à Boston, les premiers colons interdisent les célébrations de Noël. L'interdit sera levé en 1681.
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+ Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que l'aristocratie, les bourgeois et les artisans font de Noël un jour sacré de la famille. Au cours de la première révolution industrielle, se met en place un processus qui associe cadeaux, commerce et moments de générosité envers les enfants. Contrairement à une idée répandue, ce n'est pas à l'Angleterre victorienne puis à l'Amérique de Roosevelt, que l'on doit la forme contemporaine de la célébration familiale de Noël avec son sapin et ses cadeaux emballés. Ce rituel apparaît en Allemagne au début du XIXe siècle, sous l'influence notamment du pasteur germanique Friedrich Schleiermacher à l'origine de la théologie du sentiment et qui prône une nouvelle sensibilité noëlique centrée sur l'enfant. Selon le théologien allemand, la joie de l'enfant « devrait s'exprimer non pas dans les églises autour d'éléments controversés et arrangés de la vie du Christ, mais au sein de la famille à travers l'expérience sensible de la présence divine »[72].
85
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+ En 1893, l'Église catholique enrichit le temps de Noël en instaurant la fête de la Sainte Famille le dimanche qui suit immédiatement Noël. Avec l'amélioration progressive du niveau de vie, la fête centrée autour des enfants et des cadeaux se diffuse à cette époque dans les couches populaires[73].
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88
+ Avec la mondialisation des échanges culturels et la laïcisation de la société, les festivités liées à Noël prennent progressivement un caractère profane et familial[74] et sont de plus en plus déconnectées de l'interprétation religieuse. Noël est néanmoins un jour férié dans certains pays[75] et donne parfois lieu à des vacances scolaires[76] permettant le rassemblement des familles.
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+ De nos jours, il est interdit de fêter Noël en Somalie et dans le sultanat de Brunei[77].
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+ Durant la période de Noël il est de coutume d'offrir des cadeaux et d'exprimer sa solidarité envers les démunis. Le don est présent dans de nombreuses traditions, comme celle de servir un repas au premier pauvre croisé au jour de Noël, ou dans l'exceptionnelle générosité des aumônes accordées aux mendiants à la sortie de l'office célébré durant la nuit de Noël.
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+ La popularité de cette fête a fait que Noël est devenu un patronyme et un prénom dans de nombreuses langues parlées par les peuples chrétiens.
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+ Noël est redevenue généralement une fête profane où des membres d'une même famille se retrouvent et s'échangent des cadeaux entre eux selon un rituel très répandu en Occident : décoration de son habitation et de l'arbre de Noël (sapin dans les pays froids ou tempérés) ; installation, le soir du 24 décembre pour le réveillon de Noël, de bas sur la cheminée ou des chaussures de tous les membres de la famille au pied de l'arbre ; ouverture des cadeaux quelques heures après, souvent le matin du 25 décembre ; repas constitué d'une dinde de Noël et se terminant par une bûche de Noël, etc. Ce rituel se retrouve également à l'échelle d'une population locale avec la décoration des rues et vitrines de magasins des villes et villages dès le début du mois de décembre, la venue du père Noël sur les marchés ou dans les écoles maternelles, ou en janvier par la galette des Rois, qui fête l'arrivée des rois mages auprès de l'enfant Jésus.
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+ Ces traditions sont très largement admises et partagées par la majorité des chrétiens pratiquants qui personnalisent leur fête religieuse par l'ajout d'une crèche et, pour les catholiques, la célébration de la Nativité pendant la messe de minuit ; quelques-uns y voient cependant un détournement de la fête de Noël. Déchristianisé, ce jour devient, pour certaines familles, la fête où les parents célèbrent leurs enfants : ils manifestent leur amour par des cadeaux sans raison (contrairement aux anniversaires, fêtes individuelles, etc.)[78], même si pour l'enfant le cadeau est parfois associé à un comportement jugé conforme[79]. La célébration de cette fête est ainsi à l'origine des controverses de Noël.
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+ D'autres grandes religions connaissent des fêtes où les parents remercient leurs enfants d'exister. Mais les instances catholiques expriment depuis longtemps leur désapprobation devant la tournure mercantile que prend cette fête. Exceptionnellement cette désapprobation a pu prendre des aspects spectaculaires, comme le 23 décembre 1951 où une effigie représentant le père Noël a été brûlée sur le parvis de la cathédrale de Dijon par des paroissiens[80].
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+ Plusieurs Églises ne fêtent pas Noël, l'assimilant à une fête païenne[49],[50],[81]. Noël est parfois considéré comme une fête commerciale[82]. L'achat massif de cadeaux de Noël a pour effet un pic dans la consommation, notamment sur les secteurs du jouet, du loisir, de l'alimentation et de la restauration. En réponse à cette frénésie d'achats, une journée mondiale sans achat, programmée le plus souvent le 25 novembre, est organisée par les adbusters afin de dénoncer l'aspect économique de cette fête, et par extension la consommation de masse en général.
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+ Enfin, l'affaiblissement des pratiques chrétiennes a paradoxalement fait attiser les tenants d'une fête radicalement laïcisée ou, à l'inverse, ceux d'un Noël multicultuel[83].
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+ La plupart des Églises chrétiennes célèbrent Noël le 25 décembre de leur calendrier liturgique respectif, qui peut correspondre à une date différente du calendrier civil. Le 25 décembre marquait depuis Aurélien (depuis 274[21]) l'anniversaire du Sol Invictus. Pour des raisons symboliques, et dans un souci de christianiser les anciennes fêtes païennes, cette date fut progressivement étendue à tout l'Occident latin. Dans le christianisme, cette date correspond donc à la fête de la naissance du Christ, mais pas à son anniversaire.
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+ Pour les Églises orthodoxes, dont le calendrier liturgique est basé sur le calendrier julien, la date du 25 décembre correspond au 7 janvier du calendrier civil actuel et au solstice d'hiver du calendrier égyptien. Seule l'Église apostolique arménienne a conservé la date précise du 6 janvier comme jour de la fête de Noël[84]. L'Église catholique romaine, les Églises protestantes et les Églises chrétiennes évangéliques célèbrent Noël le 25 décembre du calendrier grégorien, qui est le calendrier civil actuel. Le jour de la saint Emmanuel a été fixé tardivement dans l'empire romain d'Occident, vers le milieu du IVe siècle.
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+ Constituant avec Pâques une des grandes fêtes chrétiennes, Noël s'est progressivement chargé de traditions locales, mélanges d'innovations et de maintien de folklore ancien, au point de présenter l'aspect d'une fête profane populaire possédant de nombreuses variantes, dans le temps comme dans l'espace. L'association de la mémoire d'une naissance a facilité la place centrale prise par la famille dans le sens et le déroulement de cette fête. L'Église catholique romaine insiste par exemple sur cet aspect depuis l'instauration en 1893 de la fête de la « Sainte Famille », le dimanche suivant le 25 décembre. Les cadeaux, sous forme d'étrennes, semblent être une réminiscence des cadeaux effectués lors des fêtes romaines des Saturnales, en décembre (strenae)[85].
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+ Les animations de Noël sont nombreuses et variées. Certaines sont plus symboliques et récurrentes que d'autres comme les arbres de Noël, les spectacles de Noël et les marchés de Noël. Toutes ont pour objectif premier d'apporter le rêve et la magie associés à Noël, en partie pour les enfants.
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+ Deux types d'arbres de Noël sont aperçus : les arbres de Noël privés (généralement internes aux entreprises) et les arbres de Noël publics.
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+ Les arbres de Noël privés sont généralement composés de spectacles, et d'animations mettant en scène des protagonistes déguisés : Des lutins de Noël, la mère Noël, le Père Noël… Les arbres de Noël publics sont différents : un sapin de Noël de grande taille à proximité d'un marché de Noël avec, parfois, un Père Noël qui accepte de poser pour des photos.
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+ Les spectacles de Noël sont souvent privés. Pour les comités d'entreprise quelques semaines avant Noël ou tout simplement pour le grand public. Le principe étant de donner du rêve aux enfants, sur la thématique de Noël, en leur racontant des histoires grandeur nature, en distribuant des papillotes; Les personnages animant cet événement étant déguisés. À la Place-des-Arts de Montréal, la tradition des Fêtes consiste en la présentation du ballet Casse-Noisettes de Tchaïkovski dans la mise en scène de Fernand Nault. Les représentations ont lieu de la mi-décembre jusqu'au 31 décembre. Les Grands ballets canadiens ont une fondation, la fondation Casse-Noisettes, qui permet aux enfants plus démunis d'assister au spectacle. De plus, avant chaque représentation, un comédien récite l'histoire de Casse-Noisettes aux enfants afin de leur permettre de mieux comprendre ce qui se passera sur scène. À ce moment-là, un tirage s'effectue parmi les enfants qui ont entre 6 et 10 ans, dans le but de choisir quelqu'un qui jouera le rôle d'une souris dans la scène de la bataille des soldats-jouets contre le roi des souris.
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+ La soirée du 24 décembre est dans la très grande majorité des cas, passée en famille.
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+ En France, les trois-quarts des Français considèrent que Noël est d'abord une fête familiale ou commerciale[86]. Ce repas de Noël est le repas festif, constitué notamment de la dinde de Noël, de fruits de mer, de foie gras et qui se termine traditionnellement par la bûche de Noël, un dessert en forme de petite bûche ; ce dernier est souvent un gâteau roulé recouvert de crème au chocolat, parfois il s'agit d'une glace. Cette bûche rappelle la tradition ancienne où l'on mettait au feu une grosse bûche en début de soirée. Cette bûche était choisie pour sa taille et sa qualité car elle devait brûler pendant toute la veillée.
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+ Dans d'autres régions du monde, le menu traditionnel de ce repas est tout différent. Au Japon[87], les couples fêtent généralement Noël sous la forme d'une soirée romantique au restaurant, ou à la maison en famille pour ceux qui ont de jeunes enfants. En Europe de l'Est (Pologne), ce repas est strictement « maigre », donc végétarien ; aucune viande, aucune charcuterie n'est servie lors du repas de soirée du Noël. On sert les viandes seulement lors du déjeuner de la journée suivante, le premier jour des fêtes de Noël consacré au strict cercle de la famille entre les enfants et parents. Ce n'est que le deuxième jour de ces fêtes qu'on se rend en visite, allant déjeuner ou dîner chez la famille élargie (oncles, tantes) ou chez les amis.
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+ Chargé d'apporter des cadeaux, il est représenté comme un vieil homme pourvu d'une longue barbe blanche et d'une houppelande rouge. Cette image est accompagnée de tout un folklore : traîneau volant tiré par des rennes, lettre de demande de cadeaux à son intention, son sac rempli de jouets, etc.
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+ Ce personnage est notamment popularisé par Charles Dickens et ses cinq Livres de Noël, dont la publication du premier, Un chant de Noël (A Christmas Carol, dans sa version originale), remonte à 1843. La première mention du « père Noël » en français est trouvée en 1855 sous la plume de George Sand[88]. Une de ses premières représentations date de 1868, dessinée par Thomas Nast pour Harper's Weekly[89]. À l'origine le personnage est habillé soit en vert soit en rouge, au gré de la fantaisie des illustrateurs.
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129
+ S'il est inspiré du saint Nicolas chrétien, notamment par ses habits, il peut également être assimilé à Julenisse, un lutin scandinave qui avait la même fonction à la fête de la mi-hiver, jul, en norvégien, (ou « Jol » ou « Midtvintersblot » correspond au solstice d'hiver) et aidait aux travaux de la ferme.
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+ Les présents s'échangent le jour de Noël avec les personnes réunies sous le même toit, et dans les jours qui suivent avec la famille et les amis proches. Ces cadeaux sont bien emballés dans des papiers aux motifs colorés. Ils sont ouverts le matin de Noël, ou parfois à la fin de la veillée de Noël. Pour les enfants, ces cadeaux sont essentiellement des jouets et Noël est la période où les marchands de jouets réalisent l'essentiel de leurs ventes.
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+ La tradition de faire des cadeaux se maintient hors de tout contexte chrétien. Gérald Berthoud, professeur d'anthropologie culturelle et sociale à l'Université de Lausanne, l'explique ainsi : « La période de Noël, qui est très chargée cérémoniellement, possède une certaine intensité rituelle. Même si nous vivons fondamentalement dans une société marchande, il y a dans [l']échange de cadeaux [à Noël] quelque chose qui est de l'ordre du don et qui est universel dans son principe : ils créent, maintiennent et consolident des liens ; ils constituent en quelque sorte une matrice du social[90]. »
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+ Présentes, aussi bien à l'intérieur des habitations que dans les rues, elles donnent un air de fête. Elles sont souvent lumineuses pour pouvoir être allumées dès la nuit tombée.
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+ Le sapin de Noël, toujours présent à l'intérieur des habitations, est chargé de décorer et de regrouper les cadeaux de Noël dans les familles. La plus ancienne trace écrite en rapport avec une tradition d'arbre de Noël viendrait d'Alsace : à Strasbourg en 1492[91] ou à Sélestat en 1521[92],[93], voire en Allemagne[91]. Certains auteurs font le rapprochement avec les mystères, pièces de théâtre jouées dans les églises ou sur les parvis : au temps de Noël, on représentait les récits bibliques de la Création du monde, et un sapin figurait l'arbre de vie planté au milieu du paradis terrestre. Cet arbre était décoré d’oblatas (offrandes, petites friandises figurant les hosties), et de pommes représentant le fruit défendu, objet du premier péché.
138
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+ Cependant, la tradition d'un arbre décoré est beaucoup plus ancienne puisque les Celtes décoraient déjà un arbre, symbole de vie au moment du solstice d'hiver[94]. Les Scandinaves faisaient de même pour la fête de Jul, qui avait lieu à peu près à la même date que Noël. L'installation de cet arbre sera d'ailleurs considérée comme une pratique païenne jusqu'au milieu du XXe siècle par l'Église catholique. Interdit en URSS dans le cadre de la politique antireligieuse d'État, le sapin de Noël est à nouveau autorisé par Joseph Staline à partir de 1934, mais à condition d'être dressé désormais pour célébrer le Nouvel An.
140
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141
+ En France, cette tradition d'abord confinée à l'Alsace est popularisée par les Alsaciens émigrés vers la « France de l'intérieur » après la guerre de 1870[95].
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+ Le marché de Noël se compose d'échoppes habituellement en bois et construites pour l'occasion, qui proposent des petits articles de décoration, des jouets et des cadeaux souvent artisanaux. En France, la tradition des marchés de Noël, vivante dans l'Est (Alsace), s'est répandue dans le reste du pays au cours des années 1990.
144
+ Les marchés de Noël s'étendent généralement de fin novembre à fin décembre.
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146
+ Historiquement, ils présentent des produits artisanaux dédiés à Noël. Ce type de manifestation perdure dans le temps même si la nature des produits a tendance à devenir de plus en plus industrielle et hétéroclite.
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148
+ Noël est la deuxième des cinq fêtes cardinales de l'année liturgique catholique.
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150
+ L'Avent est la période liturgique qui englobe les quatre dimanches qui précèdent Noël. Depuis le XIXe siècle au Nord de l'Europe, plus récemment en France, les chrétiens préparent 4 bougies. Chaque dimanche ils allument une bougie, puis une de plus chaque dimanche suivant. Ces bougies symbolisent la lumière qui va renaître le soir de Noël. Ces bougies sont souvent réunies sur un même support, le plus courant ayant une forme de couronne sur laquelle se répartissent les bougies. Cette couronne est appelée couronne de l'Avent. Dans les pays du Nord de l'Europe et aux États-Unis, une telle couronne, sans bougie, peut être suspendue à l'extérieur de la porte d'entrée des habitations. Elle est généralement faite de petites branches feuillues tenues par des rubans colorés.
151
+
152
+ De cette période est née la tradition du calendrier de l'Avent : il consiste en une grande planche en carton prédécoupée, dans laquelle s'ouvrent des petites fenêtres, une par jour depuis le 1er décembre jusqu'à Noël (24 jours). Chaque fenêtre contient une phrase de l'Évangile (version chrétienne), ou une petite confiserie ou un jouet (version profane).
153
+
154
+ D'un point de vue liturgique, les communautés de religieux et certaines églises catholiques, lors des Vêpres précédant Noël, respectent les anciennes grandes antiennes Ô et l'hymne Veni, Veni, Emmanuel (en)[96]. Généralement chantées entre le 17 et le 23 décembre, elles symbolisent un crescendo d'attente quant à l'arrivée du Messie. Certaines traditions, particulières à ces antiennes, sont parfois encore bien vivaces.
155
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156
+ Chez les catholiques, la messe de minuit, le 24 décembre au soir, célèbre la Nativité de Jésus. Traditionnellement elle commençait à minuit ; aujourd'hui[Quand ?] elle a lieu de plus en plus souvent en début de soirée. Le calendrier liturgique catholique prévoit un cycle de quatre messes pour Noël, les messes de Noël. La messe de minuit est la deuxième.
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158
+ La crèche met en scène la naissance de Jésus décrite dans le Nouveau Testament avec quelques symboles populaires ajoutés : sur une table, ou à même le sol, une étable miniature est bâtie dans laquelle des personnages (en terre cuite souvent) sont disposés. Ils représentent les parents de Jésus, les bergers réunis autour du nouveau-né et les animaux qui les accompagnent : les moutons des bergers, l'âne qui a porté la Vierge, et le bœuf qui occupait l'étable. Parfois s'y ajoutent les anges qui ont annoncé la naissance aux bergers.
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+ La première crèche aurait été réalisée par François d'Assise en 1223 à Greccio, en Italie ; ç'aurait été une crèche vivante, c'est-à-dire incarnés par de vraies personnes. Depuis le XVIIIe siècle, la tradition de la crèche s'est perpétuée dans tout le monde catholique et en a largement débordé au cours du XIXe siècle. En Provence, des personnages nouveaux ont été ajoutés : les santons. Ils figurent souvent les métiers traditionnels du XIXe siècle ou les scènes de la vie quotidienne de la région. Les rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar, trois érudits de l'époque de Jésus, sont représentés en route vers cette même étable, mais leur arrivée n'est célébrée qu'à l'Épiphanie. Ils symbolisent l'universalité de l'événement qu'est la naissance de Jésus.
161
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162
+ Avec la tournure de déchristianisation de Noël, au Canada et aux États-Unis, un village de Noël est placé sous le sapin dans les familles où on préfère ne pas mettre de crèche. On retrouve alors des petits bâtiments de céramiques (école, église, maisonnettes, magasins, etc.) représentant un village décoré pour Noël et couvert de neige. On les dépose sur un tapis d'ouate pour faire comme si le sol était enneigé. Parfois, certains y ajouteront un chemin de fer et installeront un petit train électrique qui passe par le village. Dans les familles chrétiennes, il y a quelquefois combinaison de la crèche et du village de Noël.
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+ Certaines Églises protestantes célèbrent aussi un culte de Noël dans la soirée du 24 décembre. C'est le cas des Églises luthériennes scandinaves. Mais la majorité des protestants préfère célébrer le culte de Noël le 25 décembre au matin, aux mêmes horaires qu'un culte dominical. Les protestants[Lesquels ?] adopteront le sapin dès la Réforme de 1560 comme symbole de l'arbre du paradis.
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+ La fête de Noël est célébrée par la majorité des chrétiens évangéliques[97][source insuffisante],[98][source insuffisante],[99][source insuffisante]. Elle est un rappel de la grâce de Dieu et de la naissance du Sauveur Jésus. Lors d'une réunion, soit le 24 décembre ou le 25 décembre, le message sera souvent lié à la nativité et l'impact de cet évènement dans la vie de ceux qui ont accepté Jésus, qui ont vécu la nouvelle naissance.
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+ Traditionnellement, la fête de Noël est la solennité de la nativité de Jésus-Christ, la fête commémorative chrétienne de la naissance de Jésus de Nazareth qui, d'après les Évangiles selon Luc[100] et selon Matthieu[101] serait né à Bethléem. Les historiens hésitent pour leur part entre Bethléem et Nazareth sans qu'une des hypothèses parvienne à s'imposer[102].
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+ Seul l’Évangile selon Luc raconte cette naissance[103]. L’Évangile selon Matthieu[104] ne fait que l'évoquer mais trace une généalogie à Jésus, tandis que les Évangiles selon Marc et selon Jean[105] débutent le récit de sa vie par sa rencontre avec Jean le Baptiste.
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+ L’Évangile selon Luc présente la naissance de Jean le Baptiste et de Jésus de Nazareth dans une mise en parallèle[106]. Le récit de la naissance de Jésus au chapitre II raconte[107] :
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+ « 1En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. 2Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville. 4Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, 5afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. 6Pendant qu'ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, 7et elle enfanta son fils premier-né. Elle l'emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie. 8Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. 9Et voici, un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande frayeur. 10Mais l'ange leur dit : Ne craignez point ; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie : 11c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. 12Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez : vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche. 13Et soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, louant Dieu et disant : 14Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée ! 15Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : Allons jusqu'à Bethléhem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. 16Ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. 17Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant. 18Tous ceux qui les entendirent furent dans l'étonnement de ce que leur disaient les bergers. »
175
+
176
+ L'épisode de l'annonciation aux bergers — traditionnellement méprisés dans le monde antique et considérés comme impurs dans l'Antiquité juive[108] — reprend le motif de l'adoration de l'« Enfant-Roi » découverts par des pâtres, motif récurrent dans les récits de naissance de la mythologie gréco-romaine, à l'instar des naissances de Pâris, d'Œdipe ou encore de Romulus[106]. L'on rencontre également des bergers dans les récits de la naissance de Mithra[32]. Le rédacteur propose la notion d'un Messie caché aux puissants et aux savants et découvert par des gens simples, dont les titres de « Sauveur » et de « Seigneur » — habituellement réservé à l'empereur — suggèrent qu'il réussira à imposer une paix là où les légions de Rome ont échoué[106].
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+ Dans l’Évangile selon Matthieu[109], l'accent est mis sur la naissance miraculeuse de Jésus :
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+ « 1. 18Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble. 19Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle. 20Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient du Saint Esprit ; 21elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. 22Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : 23Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, dont le nom d'Emmanuel sera donné, ce qui signifie Dieu avec nous. 24Joseph s'étant réveillé fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui. 25Mais il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus. 2. 1Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem, 2et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer. »
181
+
182
+ Hérode le Grand meurt, selon les sources, en -4 ou -1 et il lui est attribué l'épisode Massacre des Innocents[110] ce qui fait de lui le « candidat » le plus probable qui est mentionné dans ce passage. Cette présentation du massacre est une réactualisation de l'histoire de la persécution par Pharaon de Moïse, quoiqu'il s'appuie peut-être sur une base historique[111].
183
+
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+ Historiquement, ni l'année ni le jour de la naissance de Jésus de Nazareth ne sont connues. Les Évangiles ne donnent aucune précision quant à la date de sa naissance.
185
+
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+ Les dates retenues concernant l'année de naissance de Jésus peuvent osciller entre 9 et 2 avant notre ère[112]. Les Évangiles selon Matthieu et selon Luc la situent sous le règne d'Hérode le Grand dont le long règne s'achève en 4 avant notre ère[113]. L'estimation généralement retenue par les historiens actuels va de 7[114] à 5 avant notre ère[115].
187
+
188
+ Il est paradoxal que Jésus de Nazareth puisse être né « avant Jésus Christ » : l'origine de l'ère commune est en effet censée être la naissance du Christ. Mais ce début de l'ère chrétienne (l'Anno Domini), qui ne s'est imposé progressivement en Europe qu'à partir du Ier millénaire[115], a été fixé d'après les travaux du moine Denys le Petit réalisés au VIe siècle. Ces travaux sont erronés, comme l'a montré Paul Matteï[116]. Si le calendrier historique a été précisé depuis, son origine conventionnelle n'a pas été modifiée.
189
+
190
+ La naissance de Jésus — la « Nativité » — est traditionnellement fêtée le 25 décembre, à Noël, mais cette date est entièrement conventionnelle et n'est pas considérée par les chrétiens comme l'anniversaire de Jésus : ils fêtent l’événement de la naissance, et non le jour de cette naissance. Il s'agit d'une démarche théologique et non historique. Dans cette optique, l'exactitude et la correspondance des dates avec la réalité historique sont des éléments accessoires[117].
191
+
192
+ La fête de la naissance du Christ le 6 janvier, le jour de l'Épiphanie, pourrait trouver son origine au sein de certaines communautés chrétiennes d'Égypte au IIIe siècle qui privilégiaient non pas la commémoration de la naissance physique de Jésus mais la première manifestation de la divinité du Christ[118]. Il semble que les basilidiens célébraient dès cette époque le baptême de Jésus à cette date[119], d'autres sectes gnostiques célébraient plutôt les noces de Cana (premier miracle) ou l'adoration des mages qui symbolise la reconnaissance divine du nouveau-né par le monde entier[120] mais la question du choix de ces dates reste débattue[121]. Certains chrétiens gnostiques calculaient que Jésus était né trente-trois ans (nombre symbolique en raison de sa valeur doublement trinitaire) avant ces manifestations. Cette interprétation suscitait une grande polémique car cette date correspondant aussi à celle de sa mort et ne correspondait à la Passion du Christ à la fête de Pâques, aussi des chrétiens d'Afrique du Nord comme Tertullien proposèrent comme date de naissance et de mort le 25 mars (correspondant à l'équinoxe dans le calendrier romain)[117].
193
+
194
+ Le premier concile de Nicée en 325 condamne l'hérésie arienne pour qui Jésus ne peut être du Père et du Saint-Esprit du fait de sa naissance et de sa chair mortelle. La fête de l'épiphanie le 6 janvier commémorant la descente du Fils de Dieu au milieu de sa création et le baptême du Christ, l'Église latine a certainement voulu à partir de ce concile réaffirmer la divinité du Christ en déplaçant la fête de la Nativité le 25 décembre pour la dissocier de la coutume hérétique de commémorer l'apparition du Christ lors de son baptême[122]. Une autre explication du choix de cette date est l'influence de Sextus Julius Africanus, auteur de la première chronique universelle conçue dans une optique chrétienne. Cet écrivain chrétien considère que l'incarnation de Jésus ne se produit pas à sa naissance le 25 mars mais à sa conception neuf mois plus tôt, le 25 décembre[123].
195
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196
+ La date aurait été fixée dans l'Occident latin au IVe siècle, possiblement en 354[124], pour coïncider avec la fête romaine du Sol Invictus[125], célébrée à cette date à l'instar de la naissance du dieu Mithra, né un 25 décembre[126] ; le choix de cette fête permettait une assimilation de la venue du Christ — « Soleil de justice » — à la remontée du soleil après le solstice d'hiver[127]. Avant cette date, la Nativité était fêtée le 6 janvier et l'est encore par la seule Église apostolique arménienne, alors que l’Église catholique romaine y fête aujourd’hui l’Épiphanie ou Théophanie[128].
197
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198
+ Selon la tradition catholique, c'est le pape Libère qui, en 354, aurait institué la fête de la Nativité à Rome le 25 décembre, date du Natalis Invicti[129]. Beaucoup de dates étaient proposées pour la naissance du Messie et il est admis que la popularité des fêtes de Mithra au solstice d'hiver dans l'Empire romain ait joué un rôle dans le choix de la date[129].
199
+
200
+ Les Églises orthodoxes fêtent quant à elles Noël le 25 décembre du calendrier qu'elles suivent (calendrier julien ou grégorien) et le baptême du Christ le 6 janvier. Le Noël de l'Église apostolique arménienne est également célébré le 6 janvier partout dans le monde à l'exception de Jérusalem où elle le fête le 19 janvier[130].
201
+
202
+ Dans la seconde moitié du VIIe siècle, la fête de l'Annonciation (annonce faite à la Vierge Marie de sa maternité divine par l'archange Gabriel) est fixée symboliquement le 25 mars, neuf mois avant celle de Noël[131].
203
+
204
+ Dans une allocution du 16 décembre 2004, Jean-Paul Jaeger, évêque d'Arras explique le choix d'une date proche du solstice d'hiver :
205
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206
+ « Les évangélistes dont un sur quatre seulement propose un récit de la naissance de Jésus étaient bien incapables d’en situer la date exacte. Excellente pédagogue, l’Église, en Occident, a fixé en 353 la célébration de Noël au moment de la fête païenne du solstice d’hiver. Le signe est magnifique. Les rayons du soleil sont au plus bas de leur déclin. Progressivement le jour va s’imposer à la nuit. La lumière va triompher. Le Christ naissant est alors loué et accueilli comme la lumière qui brille dans les ténèbres, comme le jour qui se lève sur l’humanité engourdie et endormie. Il est le jour nouveau qui pointe à minuit. »
207
+
208
+ Cette métaphore du Christ identifié à une lumière nouvelle qui va éclairer le monde est déjà présente dans l'évangile selon Jean (8:12). Elle est reprise fréquemment dans les homélies du temps de Noël, par exemple celle du pape Benoît XVI à l'occasion de Noël 2007[132] :
209
+
210
+ « Dans l’étable de Bethléem, le ciel et la terre se rejoignent. Le ciel est venu sur la terre. C’est pourquoi, de là émane une lumière pour tous les temps ; c’est pourquoi, là s’allume la joie. »
211
+
212
+ Le second jour de Noël (26 décembre) est célébré et est un jour férié dans plusieurs pays d'Europe, surtout, mais pas exclusivement, dans le nord de l'Europe (Pologne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Allemagne, pays scandinaves). Au Royaume-Uni, c'est le Boxing Day (du mot box qui signifie boîtes, en référence au fait que les employeurs offraient un cadeau de Noël à leurs employés).
213
+
214
+ Aux Pays-Bas, cette fête s'appelle le Tweede kerstag (nl). En Allemagne, le Zweiter Weihnachtsfeiertag.
215
+
216
+ Dans le calendrier chrétien, le 26 décembre est le jour de la fête de la Saint Étienne. Bien que les journées coïncident, les origines des célébrations du second jour de Noël ne sont pas celles de la Saint-Étienne. La tradition proviendrait probablement des célébrations sur douze jours de Noël appelées les Christmastides, ou Temps de Noël, période définie par la liturgie, qui s'étend de la nuit de Noël le 25 décembre (la veille de Noël fait partie de l'Avent) à la Douzième nuit (en), veille de l'Épiphanie (5 janvier).
217
+
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+ Il est difficile d'attester du moment où « Noël » devient un nom de famille, mais une trace est trouvée dès le Moyen Âge. En plus des noms issus de la forme française de ce mot, il faut ajouter les noms issus de diverses langues parlées localement (par exemple Nadal ou Nadau dans les langues d'oc, Nedeleg en breton) qui sont aussi à l'origine de noms de famille. Quelques exemples :
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1
+ Le noir est un champ chromatique regroupant les teintes les plus obscures. Les objets noirs n'émettent ou ne reflètent qu'une part négligeable du spectre de la lumière visible. Le noir s'oppose ainsi à toutes les couleurs, mais surtout au blanc, la plus claire de toutes les couleurs. Certains auteurs, qui prennent le mot « couleur » dans un sens restreint, estiment que le noir n'est pas une couleur.
2
+
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+ La culture occidentale associe principalement le noir au renoncement, involontaire dans le deuil ou volontaire dans la sobriété.
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+ La couleur noire n'est pas l'obscurité totale. Quand l'éclairement lumineux est inférieur à 0,01 lux, l'être humain ne distingue pas les couleurs. On parle de vision scotopique. Quand la luminance d'un objet est moindre de 1 µcd m−2, on ne perçoit rien du tout (SC, p. 26). Cependant, cette absence de perception n'est pas du noir ; l'eigengrau représente, en quelque sorte, le bruit de fond de la perception visuelle.
6
+
7
+ Le noir absolu peut plutôt se définir comme une luminosité si faible, par rapport au reste du champ visuel, qu'on ne peut y distinguer aucun détail.
8
+
9
+ Cette définition a l'avantage de rester valable dans les domaines de la vision mésopique (jusqu'à une centaine de lux) ou de la vision photopique (au-delà), où on discerne des couleurs. On décrit comme noire une surface qui réfléchit dans la direction de l'observateur moins de 0,3 % de la lumière incidente (PRV3).
10
+
11
+ On décrit comme noires des obscurités où on ne peut pas distinguer de détails, mais où on peut discerner une faible tendance vers une autre couleur. C'est ainsi qu'on connaît des nuances de noir bleuté, violacé ou autre. Le « noir » se trouve ainsi être, en même temps qu'une couleur, un champ chromatique.
12
+
13
+ La norme AFNOR X-08-010 « Classification méthodique générale des couleurs » propose des limites de luminosité pour les tons neutres, L*=20 % (CIE L*a*b*), soit 3 % de la plus forte luminance. Lorsque le noir a une tendance, la limite s'abaisse sensiblement, dans une proportion d'autant plus grande que la coloration est forte, variant selon la dominante (SC, p. 248sq).
14
+
15
+ Dans la synthèse additive (superposition de faisceaux lumineux), le noir est une absence de couleur. Un noir parfait exigerait qu'il n'y ait aucune fuite ni lumière parasite dans le système. En pratique, les dispositifs ont chacun une nuance de noir qui dépend de leurs caractéristiques techniques, principalement de leur contraste, c'est-à-dire du rapport maximal entre le niveau de la plus forte lumière possible, et le niveau résiduel de la plus faible.
16
+
17
+ Dans la synthèse soustractive, les noirs peuvent s'obtenir soit par un pigment absorbant toutes les lumières visibles, soit par un mélange de pigments absorbant chacun une plage de longueurs d'onde, combinés de manière à toutes les absorber.
18
+
19
+ On oppose le noir au blanc ; par définition, ce sont la moins lumineuse et la plus lumineuse des couleurs. Elles ont en commun de ne pas avoir de longueur d'onde monochromatique dominante. Lorsqu'on combine les trois couleurs primaires en proportions adéquates et constantes dans la synthèse additive, on va du noir au blanc en passant par toutes les nuances de gris.
20
+
21
+ Le noir utilise, dans les beaux-arts, les associations symboliques ordinaires de cette couleur. La peinture a, particulièrement à certaines époques, a apprécié la qualité d'un beau noir, couleur profonde et sans tendance ou reflet coloré[1]. Que le noir serve comme fond pour un portrait, ou comme contour comme dans le cloisonnisme, il rehausse par contraste les autres couleurs.
22
+
23
+ Le marbre noir est peu utilisé en sculpture. Il met en évidence les silhouettes, mais rend la perception du volume difficile.
24
+
25
+ « Le noir n'est pas une couleur », ont affirmé bon nombre d'auteurs[2]. Cette opinion, ou cette appréciation, selon le cas, est devenue en France doctrine de l'éducation primaire[3]. Elle se base sur l'ambiguïté de la définition de la couleur, difficulté qui a alimenté un vaste champ de recherches philosophiques[4]. La couleur est une qualité d'un objet ou d'une lumière qui le distingue d'un autre, même si tous ses autres caractères sont identiques[5]. On dit d'un objet qu'il est coloré quand cette qualité s'éloigne de la grisaille ; mais bien souvent, est « coloré » tout ce qui n'est pas blanc ou transparent[5].
26
+
27
+ Du point de vue d'un teinturier, l'absence de couleur, c'est l'écru, le grège du matériau brut ; le noir est une couleur, et même une couleur difficile à obtenir. C'est ce que rappellent d'anciens théoriciens de la couleur, comme le père Castel[6]. L’Optique de Newton, reliant la couleur à la lumière, semblait s'opposer à cette constatation pratique. Si la couleur procède de la lumière, le noir, qui est absence de lumière, ne pouvait être de la couleur. En 1913, un auteur résume ce qu'ont écrit des dizaines d'autres depuis le début du XVIIIe siècle, « Physiquement et physiologiquement, le noir n'est pas une couleur mais comme pour le produire, il faut de la matière, il est considéré comme couleur dans le langage d'atelier[7] ».
28
+
29
+ Pour éviter les quiproquos, les études modernes sur la couleur distinguent la couleur, au sens large, qualité de la lumière ou d'une surface, de la chromaticité, une grandeur descriptive de la couleur. Une couleur vive a une chromaticité élevée ; une couleur pâle ou terne, une chromaticité faible. La chromaticité ne dépend pas, comme la couleur, de la luminosité. Elle se décompose entre une teinte dominante qu'on peut situer par une longueur d'onde de rayonnement et une pureté qui est la proportion de cette teinte et de blanc nécessaire pour obtenir une teinte identique à celle de l'échantillon[8]. Avec cette distinction, les noirs, gris et blancs sont des couleurs dont la chromaticité est faible ou nulle.
30
+
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+ Ceux qui s'occupent de symbolique des couleurs traitent du noir comme d'une couleur[9], en même temps que comme l'opposé ou la négation des deux couleurs majeures, le blanc et le rouge[10].
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33
+ Le point de vue de l'artiste-peintre est plus proche de l'esthétique, même quand il interprète des travaux scientifiques, comme les néo-impressionnistes, très opposés au noir. Il faudrait distinguer ce qui, dans leurs propos, désigne la couleur noire, telle que vue par le spectateur, et la peinture noire que vend le marchand de couleurs, qu'utilise, ou pas, le peintre. Celui-ci ne manque pas de constater les mauvais résultats obtenus en peignant les ombres avec du noir, et de reprendre une opinion attribuée à Léonard de Vinci : « le noir n'est pas une couleur[11] ». De fait, on peut peindre en se dispensant entièrement de pigments noirs, même pour obtenir des fonds obscurs où on ne distingue aucune dominante colorée, ce qu'on appelle « un beau noir[12] », c'est-à-dire qui réalise avec perfection l'« absence de couleur, définition issue de la théorie de la synthèse des couleurs[13] ». Françoise Gilot attribuait à Renoir la proscription du noir de la palette des Impressionnistes[14] ; celui-ci renvoyait cette idée à Pissaro[15] et répondit à Vollard « Le noir, une non-couleur ? Où avez-vous encore pris cela ? Le noir, mais c'est la reine des couleurs![16] ». Matisse, lui aussi, déclarait fermement « le noir est une couleur[17] ».
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+ Les peintres abstraits Pierre Soulages, André Marfaing, Frédéric Halbreich, ont développé une esthétique du noir[réf. souhaitée].
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+ Le champ chromatique noir existe dans toutes les cultures, avec une aire plus ou moins grande, selon qu'y existent les champs bleu, vert, gris, et autres qui le touchent[18].
38
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39
+ Il faut faire la différence, tant en matière symbolique qu'à propos de perception, entre le noir, qui s'oppose à toutes les autres couleurs présentes dans une scène, et l'obscurité, qui s'oppose à la lumière. Il en va de même dans le domaine des métaphores. Un roman noir n'est pas souvent obscur : son style est presque toujours clair.
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41
+ Il convient aussi de distinguer un signe, dont le sens est parfaitement clair, d'un symbole, qui ne peut pas être entièrement explicité[19].
42
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43
+ Dans la symbolique occidentale, le noir est associé à la privation et au renoncement. Sous l'Ancien Régime, l'aristocratie s'habillait avec ostentation, en couleurs, avec bijoux et décorations, tandis que la bourgeoisie et les hommes d'Église, jusqu'au rang d'évêque étaient astreints à des tenues humbles, noires ou peu colorées. Les vêtements noirs indiquent le deuil. Les révoltés qui renoncent au lien social et à ses conventions arborent le drapeau noir : pirates, anarchistes.
44
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45
+ Dans l'art, le noir évoque les sentiments de tristesse (les idées noires). Il est devenu une catégorie esthétique ; le roman noir, le film noir, désignent un genre « fondé sur des situations terribles et sans issue » comme le tragique et le picaresque desquels il se différencie par son caractère réaliste et sordide, et le pessimisme de ses personnages[12].
46
+
47
+ Dans l'obscurité, on ne voit pas ; le noir figure par métaphore, l'inconnu, le caché, l'occulte : magie noire, marché noir.
48
+
49
+ Au XIXe et XXe siècles, en Occident, les hommes de pouvoir s'habillent en noir. La tenue de soirée masculine est noire. Les femmes continuent à se vêtir en couleurs. La tenue noire, qui s'étend à la couleur des véhicules, a ainsi gagné des connotations liées au pouvoir, et notamment au pouvoir caché[réf. souhaitée].
50
+
51
+ Le noir a eu dans l'Antiquité et a encore dans d'autres régions des associations symboliques différentes de celles connues dans l'Occident moderne.
52
+
53
+ Le domaine arabo-musulman privilégie trois couleurs, le blanc, le vert et le prestigieux noir. Le mot aswadû qui désigne la couleur noire est aussi le superlatif de « illustre, puissant ». Les yeux, les cheveux noirs distinguent la grande beauté. Le noir se rapporte, par l'encre, à la connaissance[20]. Un turban noir indique que celui qui le porte descend du Prophète fondateur de l'Islam[21].
54
+
55
+ Dans l’Égypte antique, le noir avait une symbolique positive. En effet dans la langue des pharaons, le verbe « kem », qui est tiré du mot « noir », veut dire « mener à bien, s’élever à, accomplir, payer, compléter, servir à » mais aussi « être noir ». Le mot « kem » veut dire aussi : « complet, parfait, obligation, devoir »[22],[23].
56
+
57
+ La Chine antique associe la couleur noire à l'élément Eau dans un ensemble de cinq ; le noir est aussi la couleur du fer, symbolisant la rectitude et la constance[24].
58
+
59
+ Dans les jeux de société de plateau qui opposent deux adversaires, comme les dames, les échecs, le jeu de go, les noirs et les blancs désignent conventionnellement les pièces de chacun des joueurs, sans que ces pièces soient exactement noires ou blanche ; il suffit que leur contraste soit suffisant pour permettre l'opposition. L'expression « noir sur blanc » indique par synecdoque qu'un propos est écrit, et par métaphore qu'il est stable et explicite.
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61
+ On retrouve cette opposition peu reliée à une couleur effective dans les classifications raciales et plus généralement dans les symboliques manichéennes.
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+ Les noirs ont été les premiers pigments préparés par l'homme : à partir de bois carbonisé (noir de charbon) puis par combustion (noir de fumée).
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+ Mélangé à un liant aqueux, les noirs de carbone et de fumée ont servi à fabriquer les premières encres d'écriture.
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+ Pline l'Ancien parle d'atramentum à propos des noirs de carbone. Il explique comment obtenir différents noirs :
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+ « On fabrique le noir de plusieurs façons, avec la fumée que donne la combustion de la résine ou de la poix ; aussi a-t-on construit pour cela des laboratoires qui ne laissent pas cette fumée s'échapper. Le noir le plus estimé se fait de cette façon, avec le pinus teda ; on le falsifie avec le noir de fumée des fourneaux et des bains, et c'est de celui-là dont on se sert pour écrire les livres. Il en est qui calcinent la lie de vin dessechée ; et ils assurent que si la lie est d'un bon vin, le noir ainsi obtenu ressemble au noir indien. Polygnote et Micon, les célèbres peintres d'Athènes, en ont préparé avec du marc de raisin, qu'on appelle « tryginon » en grec (de trux = lie). Apelle a imaginé d'en préparer avec l'ivoire brûlé, et lui a donné le nom d'eléphantinum. On apporte aussi de l'Inde le « noir indien » dont jusqu'à présent la composition m'est inconnue. Les teinturiers en font avec une efflorescence noire qui s'attache aux chaudières de cuivre. On l'obtient encore en brûlant le bois du pinus teda, et en triturant les charbons dans un mortier. Les seiches, par une propriété merveilleuse, ont un noir, mais on ne s'en sert pas. La préparation de tout noir se complète au soleil : du noir à écrire, par l'addition de la gomme ; du noir à enduit par l'addition de la colle[25]. »
70
+
71
+ La couleur noire étant la plus consommée par l'homme pour l'écriture (encre de Chine), l'imprimerie, les photocopieuses, les imprimantes, la peinture, c'est probablement aussi la couleur pour laquelle il existe le plus grand nombre de procédés de production.
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+
73
+ Les pigments noirs sont d'origines diverses. Chacun a une tendance plus ou moins prononcée (vers le bleu, le rouge, le vert, etc.), qui se manifeste quand ils sont dilués.
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+
75
+ En peinture, rabattre un ton, c'est lui ajouter un peu de noir.
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+ Les noirs les plus profonds sont obtenus par des traitements de surface à très petite échelle, qui assurent une absorption maximale de la lumière incidente par la multiplication des réflexions dans les couches superficielles des objets.
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+ Chat noir
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+ corbeau (Corvus corax)
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+ Cheval noir
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+ Veuve noire à dos rouge (Latrodectus hasselti)
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+ Limace noire
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+ Truffe noire du Périgord
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+ Anthracite
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+ Charbon
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+ Graphite
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99
+ Le noir est une couleur standard pour les chaussures d'homme
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+
101
+ Soutane portée par un prêtre anglican
102
+
103
+ Vêtement de deuil XIXe siècle
104
+
105
+ Tenue d'un membre du Détachement d'Action Rapide et de Dissuasion
106
+
107
+ Chapelle noire en Islande
108
+
109
+ Corbillard d'autrefois
110
+
111
+ Les noirs et les blancs aux échecs
112
+
113
+ Tas de pneus
114
+
115
+ La noire (notation musicale)
116
+
117
+ As de pique
118
+
119
+ Le drapeau noir de l'anarchisme
120
+
121
+ Vierge noire de Wipperfürth
122
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123
+ Rouleaux de réglisse
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+
125
+ Pâtes noires teintées à l'encre de seiche
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+ Pépites de chocolat noir
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+
129
+ Couche d'asphalte
130
+
131
+ Peu d'institutions ont adopté un pavillon à dominante noire. Le drapeau noir uni est un emblème de révoltés, de pirates et d'anarchistes. Le noir peut servir dans un drapeau tricolore ; le noir mi-partie est rare.
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+ Croix de saint Piran, drapeau de Cornouailles
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+ Pahang, (Malaisie)
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+ Terengganu, (Malaisie)
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+ Le noir est un champ chromatique regroupant les teintes les plus obscures. Les objets noirs n'émettent ou ne reflètent qu'une part négligeable du spectre de la lumière visible. Le noir s'oppose ainsi à toutes les couleurs, mais surtout au blanc, la plus claire de toutes les couleurs. Certains auteurs, qui prennent le mot « couleur » dans un sens restreint, estiment que le noir n'est pas une couleur.
2
+
3
+ La culture occidentale associe principalement le noir au renoncement, involontaire dans le deuil ou volontaire dans la sobriété.
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5
+ La couleur noire n'est pas l'obscurité totale. Quand l'éclairement lumineux est inférieur à 0,01 lux, l'être humain ne distingue pas les couleurs. On parle de vision scotopique. Quand la luminance d'un objet est moindre de 1 µcd m−2, on ne perçoit rien du tout (SC, p. 26). Cependant, cette absence de perception n'est pas du noir ; l'eigengrau représente, en quelque sorte, le bruit de fond de la perception visuelle.
6
+
7
+ Le noir absolu peut plutôt se définir comme une luminosité si faible, par rapport au reste du champ visuel, qu'on ne peut y distinguer aucun détail.
8
+
9
+ Cette définition a l'avantage de rester valable dans les domaines de la vision mésopique (jusqu'à une centaine de lux) ou de la vision photopique (au-delà), où on discerne des couleurs. On décrit comme noire une surface qui réfléchit dans la direction de l'observateur moins de 0,3 % de la lumière incidente (PRV3).
10
+
11
+ On décrit comme noires des obscurités où on ne peut pas distinguer de détails, mais où on peut discerner une faible tendance vers une autre couleur. C'est ainsi qu'on connaît des nuances de noir bleuté, violacé ou autre. Le « noir » se trouve ainsi être, en même temps qu'une couleur, un champ chromatique.
12
+
13
+ La norme AFNOR X-08-010 « Classification méthodique générale des couleurs » propose des limites de luminosité pour les tons neutres, L*=20 % (CIE L*a*b*), soit 3 % de la plus forte luminance. Lorsque le noir a une tendance, la limite s'abaisse sensiblement, dans une proportion d'autant plus grande que la coloration est forte, variant selon la dominante (SC, p. 248sq).
14
+
15
+ Dans la synthèse additive (superposition de faisceaux lumineux), le noir est une absence de couleur. Un noir parfait exigerait qu'il n'y ait aucune fuite ni lumière parasite dans le système. En pratique, les dispositifs ont chacun une nuance de noir qui dépend de leurs caractéristiques techniques, principalement de leur contraste, c'est-à-dire du rapport maximal entre le niveau de la plus forte lumière possible, et le niveau résiduel de la plus faible.
16
+
17
+ Dans la synthèse soustractive, les noirs peuvent s'obtenir soit par un pigment absorbant toutes les lumières visibles, soit par un mélange de pigments absorbant chacun une plage de longueurs d'onde, combinés de manière à toutes les absorber.
18
+
19
+ On oppose le noir au blanc ; par définition, ce sont la moins lumineuse et la plus lumineuse des couleurs. Elles ont en commun de ne pas avoir de longueur d'onde monochromatique dominante. Lorsqu'on combine les trois couleurs primaires en proportions adéquates et constantes dans la synthèse additive, on va du noir au blanc en passant par toutes les nuances de gris.
20
+
21
+ Le noir utilise, dans les beaux-arts, les associations symboliques ordinaires de cette couleur. La peinture a, particulièrement à certaines époques, a apprécié la qualité d'un beau noir, couleur profonde et sans tendance ou reflet coloré[1]. Que le noir serve comme fond pour un portrait, ou comme contour comme dans le cloisonnisme, il rehausse par contraste les autres couleurs.
22
+
23
+ Le marbre noir est peu utilisé en sculpture. Il met en évidence les silhouettes, mais rend la perception du volume difficile.
24
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25
+ « Le noir n'est pas une couleur », ont affirmé bon nombre d'auteurs[2]. Cette opinion, ou cette appréciation, selon le cas, est devenue en France doctrine de l'éducation primaire[3]. Elle se base sur l'ambiguïté de la définition de la couleur, difficulté qui a alimenté un vaste champ de recherches philosophiques[4]. La couleur est une qualité d'un objet ou d'une lumière qui le distingue d'un autre, même si tous ses autres caractères sont identiques[5]. On dit d'un objet qu'il est coloré quand cette qualité s'éloigne de la grisaille ; mais bien souvent, est « coloré » tout ce qui n'est pas blanc ou transparent[5].
26
+
27
+ Du point de vue d'un teinturier, l'absence de couleur, c'est l'écru, le grège du matériau brut ; le noir est une couleur, et même une couleur difficile à obtenir. C'est ce que rappellent d'anciens théoriciens de la couleur, comme le père Castel[6]. L’Optique de Newton, reliant la couleur à la lumière, semblait s'opposer à cette constatation pratique. Si la couleur procède de la lumière, le noir, qui est absence de lumière, ne pouvait être de la couleur. En 1913, un auteur résume ce qu'ont écrit des dizaines d'autres depuis le début du XVIIIe siècle, « Physiquement et physiologiquement, le noir n'est pas une couleur mais comme pour le produire, il faut de la matière, il est considéré comme couleur dans le langage d'atelier[7] ».
28
+
29
+ Pour éviter les quiproquos, les études modernes sur la couleur distinguent la couleur, au sens large, qualité de la lumière ou d'une surface, de la chromaticité, une grandeur descriptive de la couleur. Une couleur vive a une chromaticité élevée ; une couleur pâle ou terne, une chromaticité faible. La chromaticité ne dépend pas, comme la couleur, de la luminosité. Elle se décompose entre une teinte dominante qu'on peut situer par une longueur d'onde de rayonnement et une pureté qui est la proportion de cette teinte et de blanc nécessaire pour obtenir une teinte identique à celle de l'échantillon[8]. Avec cette distinction, les noirs, gris et blancs sont des couleurs dont la chromaticité est faible ou nulle.
30
+
31
+ Ceux qui s'occupent de symbolique des couleurs traitent du noir comme d'une couleur[9], en même temps que comme l'opposé ou la négation des deux couleurs majeures, le blanc et le rouge[10].
32
+
33
+ Le point de vue de l'artiste-peintre est plus proche de l'esthétique, même quand il interprète des travaux scientifiques, comme les néo-impressionnistes, très opposés au noir. Il faudrait distinguer ce qui, dans leurs propos, désigne la couleur noire, telle que vue par le spectateur, et la peinture noire que vend le marchand de couleurs, qu'utilise, ou pas, le peintre. Celui-ci ne manque pas de constater les mauvais résultats obtenus en peignant les ombres avec du noir, et de reprendre une opinion attribuée à Léonard de Vinci : « le noir n'est pas une couleur[11] ». De fait, on peut peindre en se dispensant entièrement de pigments noirs, même pour obtenir des fonds obscurs où on ne distingue aucune dominante colorée, ce qu'on appelle « un beau noir[12] », c'est-à-dire qui réalise avec perfection l'« absence de couleur, définition issue de la théorie de la synthèse des couleurs[13] ». Françoise Gilot attribuait à Renoir la proscription du noir de la palette des Impressionnistes[14] ; celui-ci renvoyait cette idée à Pissaro[15] et répondit à Vollard « Le noir, une non-couleur ? Où avez-vous encore pris cela ? Le noir, mais c'est la reine des couleurs![16] ». Matisse, lui aussi, déclarait fermement « le noir est une couleur[17] ».
34
+
35
+ Les peintres abstraits Pierre Soulages, André Marfaing, Frédéric Halbreich, ont développé une esthétique du noir[réf. souhaitée].
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+
37
+ Le champ chromatique noir existe dans toutes les cultures, avec une aire plus ou moins grande, selon qu'y existent les champs bleu, vert, gris, et autres qui le touchent[18].
38
+
39
+ Il faut faire la différence, tant en matière symbolique qu'à propos de perception, entre le noir, qui s'oppose à toutes les autres couleurs présentes dans une scène, et l'obscurité, qui s'oppose à la lumière. Il en va de même dans le domaine des métaphores. Un roman noir n'est pas souvent obscur : son style est presque toujours clair.
40
+
41
+ Il convient aussi de distinguer un signe, dont le sens est parfaitement clair, d'un symbole, qui ne peut pas être entièrement explicité[19].
42
+
43
+ Dans la symbolique occidentale, le noir est associé à la privation et au renoncement. Sous l'Ancien Régime, l'aristocratie s'habillait avec ostentation, en couleurs, avec bijoux et décorations, tandis que la bourgeoisie et les hommes d'Église, jusqu'au rang d'évêque étaient astreints à des tenues humbles, noires ou peu colorées. Les vêtements noirs indiquent le deuil. Les révoltés qui renoncent au lien social et à ses conventions arborent le drapeau noir : pirates, anarchistes.
44
+
45
+ Dans l'art, le noir évoque les sentiments de tristesse (les idées noires). Il est devenu une catégorie esthétique ; le roman noir, le film noir, désignent un genre « fondé sur des situations terribles et sans issue » comme le tragique et le picaresque desquels il se différencie par son caractère réaliste et sordide, et le pessimisme de ses personnages[12].
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+
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+ Dans l'obscurité, on ne voit pas ; le noir figure par métaphore, l'inconnu, le caché, l'occulte : magie noire, marché noir.
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+
49
+ Au XIXe et XXe siècles, en Occident, les hommes de pouvoir s'habillent en noir. La tenue de soirée masculine est noire. Les femmes continuent à se vêtir en couleurs. La tenue noire, qui s'étend à la couleur des véhicules, a ainsi gagné des connotations liées au pouvoir, et notamment au pouvoir caché[réf. souhaitée].
50
+
51
+ Le noir a eu dans l'Antiquité et a encore dans d'autres régions des associations symboliques différentes de celles connues dans l'Occident moderne.
52
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53
+ Le domaine arabo-musulman privilégie trois couleurs, le blanc, le vert et le prestigieux noir. Le mot aswadû qui désigne la couleur noire est aussi le superlatif de « illustre, puissant ». Les yeux, les cheveux noirs distinguent la grande beauté. Le noir se rapporte, par l'encre, à la connaissance[20]. Un turban noir indique que celui qui le porte descend du Prophète fondateur de l'Islam[21].
54
+
55
+ Dans l’Égypte antique, le noir avait une symbolique positive. En effet dans la langue des pharaons, le verbe « kem », qui est tiré du mot « noir », veut dire « mener à bien, s’élever à, accomplir, payer, compléter, servir à » mais aussi « être noir ». Le mot « kem » veut dire aussi : « complet, parfait, obligation, devoir »[22],[23].
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+
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+ La Chine antique associe la couleur noire à l'élément Eau dans un ensemble de cinq ; le noir est aussi la couleur du fer, symbolisant la rectitude et la constance[24].
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+ Dans les jeux de société de plateau qui opposent deux adversaires, comme les dames, les échecs, le jeu de go, les noirs et les blancs désignent conventionnellement les pièces de chacun des joueurs, sans que ces pièces soient exactement noires ou blanche ; il suffit que leur contraste soit suffisant pour permettre l'opposition. L'expression « noir sur blanc » indique par synecdoque qu'un propos est écrit, et par métaphore qu'il est stable et explicite.
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+ On retrouve cette opposition peu reliée à une couleur effective dans les classifications raciales et plus généralement dans les symboliques manichéennes.
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+ Les noirs ont été les premiers pigments préparés par l'homme : à partir de bois carbonisé (noir de charbon) puis par combustion (noir de fumée).
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+ Mélangé à un liant aqueux, les noirs de carbone et de fumée ont servi à fabriquer les premières encres d'écriture.
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+ Pline l'Ancien parle d'atramentum à propos des noirs de carbone. Il explique comment obtenir différents noirs :
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+ « On fabrique le noir de plusieurs façons, avec la fumée que donne la combustion de la résine ou de la poix ; aussi a-t-on construit pour cela des laboratoires qui ne laissent pas cette fumée s'échapper. Le noir le plus estimé se fait de cette façon, avec le pinus teda ; on le falsifie avec le noir de fumée des fourneaux et des bains, et c'est de celui-là dont on se sert pour écrire les livres. Il en est qui calcinent la lie de vin dessechée ; et ils assurent que si la lie est d'un bon vin, le noir ainsi obtenu ressemble au noir indien. Polygnote et Micon, les célèbres peintres d'Athènes, en ont préparé avec du marc de raisin, qu'on appelle « tryginon » en grec (de trux = lie). Apelle a imaginé d'en préparer avec l'ivoire brûlé, et lui a donné le nom d'eléphantinum. On apporte aussi de l'Inde le « noir indien » dont jusqu'à présent la composition m'est inconnue. Les teinturiers en font avec une efflorescence noire qui s'attache aux chaudières de cuivre. On l'obtient encore en brûlant le bois du pinus teda, et en triturant les charbons dans un mortier. Les seiches, par une propriété merveilleuse, ont un noir, mais on ne s'en sert pas. La préparation de tout noir se complète au soleil : du noir à écrire, par l'addition de la gomme ; du noir à enduit par l'addition de la colle[25]. »
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+ La couleur noire étant la plus consommée par l'homme pour l'écriture (encre de Chine), l'imprimerie, les photocopieuses, les imprimantes, la peinture, c'est probablement aussi la couleur pour laquelle il existe le plus grand nombre de procédés de production.
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+ Les pigments noirs sont d'origines diverses. Chacun a une tendance plus ou moins prononcée (vers le bleu, le rouge, le vert, etc.), qui se manifeste quand ils sont dilués.
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+ En peinture, rabattre un ton, c'est lui ajouter un peu de noir.
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+ Les noirs les plus profonds sont obtenus par des traitements de surface à très petite échelle, qui assurent une absorption maximale de la lumière incidente par la multiplication des réflexions dans les couches superficielles des objets.
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+ Le noir est une couleur standard pour les chaussures d'homme
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+ Soutane portée par un prêtre anglican
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+ Vêtement de deuil XIXe siècle
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+ Tenue d'un membre du Détachement d'Action Rapide et de Dissuasion
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+ Chapelle noire en Islande
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+ Corbillard d'autrefois
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+ Les noirs et les blancs aux échecs
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+ La noire (notation musicale)
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+ Le drapeau noir de l'anarchisme
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+ Vierge noire de Wipperfürth
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+ Rouleaux de réglisse
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+ Pâtes noires teintées à l'encre de seiche
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+ Pépites de chocolat noir
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+ Couche d'asphalte
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+ Peu d'institutions ont adopté un pavillon à dominante noire. Le drapeau noir uni est un emblème de révoltés, de pirates et d'anarchistes. Le noir peut servir dans un drapeau tricolore ; le noir mi-partie est rare.
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+ Croix de saint Piran, drapeau de Cornouailles
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+ Le noir est un champ chromatique regroupant les teintes les plus obscures. Les objets noirs n'émettent ou ne reflètent qu'une part négligeable du spectre de la lumière visible. Le noir s'oppose ainsi à toutes les couleurs, mais surtout au blanc, la plus claire de toutes les couleurs. Certains auteurs, qui prennent le mot « couleur » dans un sens restreint, estiment que le noir n'est pas une couleur.
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+ La culture occidentale associe principalement le noir au renoncement, involontaire dans le deuil ou volontaire dans la sobriété.
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+ La couleur noire n'est pas l'obscurité totale. Quand l'éclairement lumineux est inférieur à 0,01 lux, l'être humain ne distingue pas les couleurs. On parle de vision scotopique. Quand la luminance d'un objet est moindre de 1 µcd m−2, on ne perçoit rien du tout (SC, p. 26). Cependant, cette absence de perception n'est pas du noir ; l'eigengrau représente, en quelque sorte, le bruit de fond de la perception visuelle.
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+ Le noir absolu peut plutôt se définir comme une luminosité si faible, par rapport au reste du champ visuel, qu'on ne peut y distinguer aucun détail.
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+ Cette définition a l'avantage de rester valable dans les domaines de la vision mésopique (jusqu'à une centaine de lux) ou de la vision photopique (au-delà), où on discerne des couleurs. On décrit comme noire une surface qui réfléchit dans la direction de l'observateur moins de 0,3 % de la lumière incidente (PRV3).
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+ On décrit comme noires des obscurités où on ne peut pas distinguer de détails, mais où on peut discerner une faible tendance vers une autre couleur. C'est ainsi qu'on connaît des nuances de noir bleuté, violacé ou autre. Le « noir » se trouve ainsi être, en même temps qu'une couleur, un champ chromatique.
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+ La norme AFNOR X-08-010 « Classification méthodique générale des couleurs » propose des limites de luminosité pour les tons neutres, L*=20 % (CIE L*a*b*), soit 3 % de la plus forte luminance. Lorsque le noir a une tendance, la limite s'abaisse sensiblement, dans une proportion d'autant plus grande que la coloration est forte, variant selon la dominante (SC, p. 248sq).
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+ Dans la synthèse additive (superposition de faisceaux lumineux), le noir est une absence de couleur. Un noir parfait exigerait qu'il n'y ait aucune fuite ni lumière parasite dans le système. En pratique, les dispositifs ont chacun une nuance de noir qui dépend de leurs caractéristiques techniques, principalement de leur contraste, c'est-à-dire du rapport maximal entre le niveau de la plus forte lumière possible, et le niveau résiduel de la plus faible.
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+ Dans la synthèse soustractive, les noirs peuvent s'obtenir soit par un pigment absorbant toutes les lumières visibles, soit par un mélange de pigments absorbant chacun une plage de longueurs d'onde, combinés de manière à toutes les absorber.
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+ On oppose le noir au blanc ; par définition, ce sont la moins lumineuse et la plus lumineuse des couleurs. Elles ont en commun de ne pas avoir de longueur d'onde monochromatique dominante. Lorsqu'on combine les trois couleurs primaires en proportions adéquates et constantes dans la synthèse additive, on va du noir au blanc en passant par toutes les nuances de gris.
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+ Le noir utilise, dans les beaux-arts, les associations symboliques ordinaires de cette couleur. La peinture a, particulièrement à certaines époques, a apprécié la qualité d'un beau noir, couleur profonde et sans tendance ou reflet coloré[1]. Que le noir serve comme fond pour un portrait, ou comme contour comme dans le cloisonnisme, il rehausse par contraste les autres couleurs.
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+ Le marbre noir est peu utilisé en sculpture. Il met en évidence les silhouettes, mais rend la perception du volume difficile.
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+ « Le noir n'est pas une couleur », ont affirmé bon nombre d'auteurs[2]. Cette opinion, ou cette appréciation, selon le cas, est devenue en France doctrine de l'éducation primaire[3]. Elle se base sur l'ambiguïté de la définition de la couleur, difficulté qui a alimenté un vaste champ de recherches philosophiques[4]. La couleur est une qualité d'un objet ou d'une lumière qui le distingue d'un autre, même si tous ses autres caractères sont identiques[5]. On dit d'un objet qu'il est coloré quand cette qualité s'éloigne de la grisaille ; mais bien souvent, est « coloré » tout ce qui n'est pas blanc ou transparent[5].
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+ Du point de vue d'un teinturier, l'absence de couleur, c'est l'écru, le grège du matériau brut ; le noir est une couleur, et même une couleur difficile à obtenir. C'est ce que rappellent d'anciens théoriciens de la couleur, comme le père Castel[6]. L’Optique de Newton, reliant la couleur à la lumière, semblait s'opposer à cette constatation pratique. Si la couleur procède de la lumière, le noir, qui est absence de lumière, ne pouvait être de la couleur. En 1913, un auteur résume ce qu'ont écrit des dizaines d'autres depuis le début du XVIIIe siècle, « Physiquement et physiologiquement, le noir n'est pas une couleur mais comme pour le produire, il faut de la matière, il est considéré comme couleur dans le langage d'atelier[7] ».
28
+
29
+ Pour éviter les quiproquos, les études modernes sur la couleur distinguent la couleur, au sens large, qualité de la lumière ou d'une surface, de la chromaticité, une grandeur descriptive de la couleur. Une couleur vive a une chromaticité élevée ; une couleur pâle ou terne, une chromaticité faible. La chromaticité ne dépend pas, comme la couleur, de la luminosité. Elle se décompose entre une teinte dominante qu'on peut situer par une longueur d'onde de rayonnement et une pureté qui est la proportion de cette teinte et de blanc nécessaire pour obtenir une teinte identique à celle de l'échantillon[8]. Avec cette distinction, les noirs, gris et blancs sont des couleurs dont la chromaticité est faible ou nulle.
30
+
31
+ Ceux qui s'occupent de symbolique des couleurs traitent du noir comme d'une couleur[9], en même temps que comme l'opposé ou la négation des deux couleurs majeures, le blanc et le rouge[10].
32
+
33
+ Le point de vue de l'artiste-peintre est plus proche de l'esthétique, même quand il interprète des travaux scientifiques, comme les néo-impressionnistes, très opposés au noir. Il faudrait distinguer ce qui, dans leurs propos, désigne la couleur noire, telle que vue par le spectateur, et la peinture noire que vend le marchand de couleurs, qu'utilise, ou pas, le peintre. Celui-ci ne manque pas de constater les mauvais résultats obtenus en peignant les ombres avec du noir, et de reprendre une opinion attribuée à Léonard de Vinci : « le noir n'est pas une couleur[11] ». De fait, on peut peindre en se dispensant entièrement de pigments noirs, même pour obtenir des fonds obscurs où on ne distingue aucune dominante colorée, ce qu'on appelle « un beau noir[12] », c'est-à-dire qui réalise avec perfection l'« absence de couleur, définition issue de la théorie de la synthèse des couleurs[13] ». Françoise Gilot attribuait à Renoir la proscription du noir de la palette des Impressionnistes[14] ; celui-ci renvoyait cette idée à Pissaro[15] et répondit à Vollard « Le noir, une non-couleur ? Où avez-vous encore pris cela ? Le noir, mais c'est la reine des couleurs![16] ». Matisse, lui aussi, déclarait fermement « le noir est une couleur[17] ».
34
+
35
+ Les peintres abstraits Pierre Soulages, André Marfaing, Frédéric Halbreich, ont développé une esthétique du noir[réf. souhaitée].
36
+
37
+ Le champ chromatique noir existe dans toutes les cultures, avec une aire plus ou moins grande, selon qu'y existent les champs bleu, vert, gris, et autres qui le touchent[18].
38
+
39
+ Il faut faire la différence, tant en matière symbolique qu'à propos de perception, entre le noir, qui s'oppose à toutes les autres couleurs présentes dans une scène, et l'obscurité, qui s'oppose à la lumière. Il en va de même dans le domaine des métaphores. Un roman noir n'est pas souvent obscur : son style est presque toujours clair.
40
+
41
+ Il convient aussi de distinguer un signe, dont le sens est parfaitement clair, d'un symbole, qui ne peut pas être entièrement explicité[19].
42
+
43
+ Dans la symbolique occidentale, le noir est associé à la privation et au renoncement. Sous l'Ancien Régime, l'aristocratie s'habillait avec ostentation, en couleurs, avec bijoux et décorations, tandis que la bourgeoisie et les hommes d'Église, jusqu'au rang d'évêque étaient astreints à des tenues humbles, noires ou peu colorées. Les vêtements noirs indiquent le deuil. Les révoltés qui renoncent au lien social et à ses conventions arborent le drapeau noir : pirates, anarchistes.
44
+
45
+ Dans l'art, le noir évoque les sentiments de tristesse (les idées noires). Il est devenu une catégorie esthétique ; le roman noir, le film noir, désignent un genre « fondé sur des situations terribles et sans issue » comme le tragique et le picaresque desquels il se différencie par son caractère réaliste et sordide, et le pessimisme de ses personnages[12].
46
+
47
+ Dans l'obscurité, on ne voit pas ; le noir figure par métaphore, l'inconnu, le caché, l'occulte : magie noire, marché noir.
48
+
49
+ Au XIXe et XXe siècles, en Occident, les hommes de pouvoir s'habillent en noir. La tenue de soirée masculine est noire. Les femmes continuent à se vêtir en couleurs. La tenue noire, qui s'étend à la couleur des véhicules, a ainsi gagné des connotations liées au pouvoir, et notamment au pouvoir caché[réf. souhaitée].
50
+
51
+ Le noir a eu dans l'Antiquité et a encore dans d'autres régions des associations symboliques différentes de celles connues dans l'Occident moderne.
52
+
53
+ Le domaine arabo-musulman privilégie trois couleurs, le blanc, le vert et le prestigieux noir. Le mot aswadû qui désigne la couleur noire est aussi le superlatif de « illustre, puissant ». Les yeux, les cheveux noirs distinguent la grande beauté. Le noir se rapporte, par l'encre, à la connaissance[20]. Un turban noir indique que celui qui le porte descend du Prophète fondateur de l'Islam[21].
54
+
55
+ Dans l’Égypte antique, le noir avait une symbolique positive. En effet dans la langue des pharaons, le verbe « kem », qui est tiré du mot « noir », veut dire « mener à bien, s’élever à, accomplir, payer, compléter, servir à » mais aussi « être noir ». Le mot « kem » veut dire aussi : « complet, parfait, obligation, devoir »[22],[23].
56
+
57
+ La Chine antique associe la couleur noire à l'élément Eau dans un ensemble de cinq ; le noir est aussi la couleur du fer, symbolisant la rectitude et la constance[24].
58
+
59
+ Dans les jeux de société de plateau qui opposent deux adversaires, comme les dames, les échecs, le jeu de go, les noirs et les blancs désignent conventionnellement les pièces de chacun des joueurs, sans que ces pièces soient exactement noires ou blanche ; il suffit que leur contraste soit suffisant pour permettre l'opposition. L'expression « noir sur blanc » indique par synecdoque qu'un propos est écrit, et par métaphore qu'il est stable et explicite.
60
+
61
+ On retrouve cette opposition peu reliée à une couleur effective dans les classifications raciales et plus généralement dans les symboliques manichéennes.
62
+
63
+ Les noirs ont été les premiers pigments préparés par l'homme : à partir de bois carbonisé (noir de charbon) puis par combustion (noir de fumée).
64
+
65
+ Mélangé à un liant aqueux, les noirs de carbone et de fumée ont servi à fabriquer les premières encres d'écriture.
66
+
67
+ Pline l'Ancien parle d'atramentum à propos des noirs de carbone. Il explique comment obtenir différents noirs :
68
+
69
+ « On fabrique le noir de plusieurs façons, avec la fumée que donne la combustion de la résine ou de la poix ; aussi a-t-on construit pour cela des laboratoires qui ne laissent pas cette fumée s'échapper. Le noir le plus estimé se fait de cette façon, avec le pinus teda ; on le falsifie avec le noir de fumée des fourneaux et des bains, et c'est de celui-là dont on se sert pour écrire les livres. Il en est qui calcinent la lie de vin dessechée ; et ils assurent que si la lie est d'un bon vin, le noir ainsi obtenu ressemble au noir indien. Polygnote et Micon, les célèbres peintres d'Athènes, en ont préparé avec du marc de raisin, qu'on appelle « tryginon » en grec (de trux = lie). Apelle a imaginé d'en préparer avec l'ivoire brûlé, et lui a donné le nom d'eléphantinum. On apporte aussi de l'Inde le « noir indien » dont jusqu'à présent la composition m'est inconnue. Les teinturiers en font avec une efflorescence noire qui s'attache aux chaudières de cuivre. On l'obtient encore en brûlant le bois du pinus teda, et en triturant les charbons dans un mortier. Les seiches, par une propriété merveilleuse, ont un noir, mais on ne s'en sert pas. La préparation de tout noir se complète au soleil : du noir à écrire, par l'addition de la gomme ; du noir à enduit par l'addition de la colle[25]. »
70
+
71
+ La couleur noire étant la plus consommée par l'homme pour l'écriture (encre de Chine), l'imprimerie, les photocopieuses, les imprimantes, la peinture, c'est probablement aussi la couleur pour laquelle il existe le plus grand nombre de procédés de production.
72
+
73
+ Les pigments noirs sont d'origines diverses. Chacun a une tendance plus ou moins prononcée (vers le bleu, le rouge, le vert, etc.), qui se manifeste quand ils sont dilués.
74
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75
+ En peinture, rabattre un ton, c'est lui ajouter un peu de noir.
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77
+ Les noirs les plus profonds sont obtenus par des traitements de surface à très petite échelle, qui assurent une absorption maximale de la lumière incidente par la multiplication des réflexions dans les couches superficielles des objets.
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+ Chat noir
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+ corbeau (Corvus corax)
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+ Cheval noir
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+
87
+ Veuve noire à dos rouge (Latrodectus hasselti)
88
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89
+ Limace noire
90
+
91
+ Truffe noire du Périgord
92
+
93
+ Anthracite
94
+
95
+ Charbon
96
+
97
+ Graphite
98
+
99
+ Le noir est une couleur standard pour les chaussures d'homme
100
+
101
+ Soutane portée par un prêtre anglican
102
+
103
+ Vêtement de deuil XIXe siècle
104
+
105
+ Tenue d'un membre du Détachement d'Action Rapide et de Dissuasion
106
+
107
+ Chapelle noire en Islande
108
+
109
+ Corbillard d'autrefois
110
+
111
+ Les noirs et les blancs aux échecs
112
+
113
+ Tas de pneus
114
+
115
+ La noire (notation musicale)
116
+
117
+ As de pique
118
+
119
+ Le drapeau noir de l'anarchisme
120
+
121
+ Vierge noire de Wipperfürth
122
+
123
+ Rouleaux de réglisse
124
+
125
+ Pâtes noires teintées à l'encre de seiche
126
+
127
+ Pépites de chocolat noir
128
+
129
+ Couche d'asphalte
130
+
131
+ Peu d'institutions ont adopté un pavillon à dominante noire. Le drapeau noir uni est un emblème de révoltés, de pirates et d'anarchistes. Le noir peut servir dans un drapeau tricolore ; le noir mi-partie est rare.
132
+
133
+ Croix de saint Piran, drapeau de Cornouailles
134
+
135
+ Pahang, (Malaisie)
136
+
137
+ Terengganu, (Malaisie)
138
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139
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le noir est un champ chromatique regroupant les teintes les plus obscures. Les objets noirs n'émettent ou ne reflètent qu'une part négligeable du spectre de la lumière visible. Le noir s'oppose ainsi à toutes les couleurs, mais surtout au blanc, la plus claire de toutes les couleurs. Certains auteurs, qui prennent le mot « couleur » dans un sens restreint, estiment que le noir n'est pas une couleur.
2
+
3
+ La culture occidentale associe principalement le noir au renoncement, involontaire dans le deuil ou volontaire dans la sobriété.
4
+
5
+ La couleur noire n'est pas l'obscurité totale. Quand l'éclairement lumineux est inférieur à 0,01 lux, l'être humain ne distingue pas les couleurs. On parle de vision scotopique. Quand la luminance d'un objet est moindre de 1 µcd m−2, on ne perçoit rien du tout (SC, p. 26). Cependant, cette absence de perception n'est pas du noir ; l'eigengrau représente, en quelque sorte, le bruit de fond de la perception visuelle.
6
+
7
+ Le noir absolu peut plutôt se définir comme une luminosité si faible, par rapport au reste du champ visuel, qu'on ne peut y distinguer aucun détail.
8
+
9
+ Cette définition a l'avantage de rester valable dans les domaines de la vision mésopique (jusqu'à une centaine de lux) ou de la vision photopique (au-delà), où on discerne des couleurs. On décrit comme noire une surface qui réfléchit dans la direction de l'observateur moins de 0,3 % de la lumière incidente (PRV3).
10
+
11
+ On décrit comme noires des obscurités où on ne peut pas distinguer de détails, mais où on peut discerner une faible tendance vers une autre couleur. C'est ainsi qu'on connaît des nuances de noir bleuté, violacé ou autre. Le « noir » se trouve ainsi être, en même temps qu'une couleur, un champ chromatique.
12
+
13
+ La norme AFNOR X-08-010 « Classification méthodique générale des couleurs » propose des limites de luminosité pour les tons neutres, L*=20 % (CIE L*a*b*), soit 3 % de la plus forte luminance. Lorsque le noir a une tendance, la limite s'abaisse sensiblement, dans une proportion d'autant plus grande que la coloration est forte, variant selon la dominante (SC, p. 248sq).
14
+
15
+ Dans la synthèse additive (superposition de faisceaux lumineux), le noir est une absence de couleur. Un noir parfait exigerait qu'il n'y ait aucune fuite ni lumière parasite dans le système. En pratique, les dispositifs ont chacun une nuance de noir qui dépend de leurs caractéristiques techniques, principalement de leur contraste, c'est-à-dire du rapport maximal entre le niveau de la plus forte lumière possible, et le niveau résiduel de la plus faible.
16
+
17
+ Dans la synthèse soustractive, les noirs peuvent s'obtenir soit par un pigment absorbant toutes les lumières visibles, soit par un mélange de pigments absorbant chacun une plage de longueurs d'onde, combinés de manière à toutes les absorber.
18
+
19
+ On oppose le noir au blanc ; par définition, ce sont la moins lumineuse et la plus lumineuse des couleurs. Elles ont en commun de ne pas avoir de longueur d'onde monochromatique dominante. Lorsqu'on combine les trois couleurs primaires en proportions adéquates et constantes dans la synthèse additive, on va du noir au blanc en passant par toutes les nuances de gris.
20
+
21
+ Le noir utilise, dans les beaux-arts, les associations symboliques ordinaires de cette couleur. La peinture a, particulièrement à certaines époques, a apprécié la qualité d'un beau noir, couleur profonde et sans tendance ou reflet coloré[1]. Que le noir serve comme fond pour un portrait, ou comme contour comme dans le cloisonnisme, il rehausse par contraste les autres couleurs.
22
+
23
+ Le marbre noir est peu utilisé en sculpture. Il met en évidence les silhouettes, mais rend la perception du volume difficile.
24
+
25
+ « Le noir n'est pas une couleur », ont affirmé bon nombre d'auteurs[2]. Cette opinion, ou cette appréciation, selon le cas, est devenue en France doctrine de l'éducation primaire[3]. Elle se base sur l'ambiguïté de la définition de la couleur, difficulté qui a alimenté un vaste champ de recherches philosophiques[4]. La couleur est une qualité d'un objet ou d'une lumière qui le distingue d'un autre, même si tous ses autres caractères sont identiques[5]. On dit d'un objet qu'il est coloré quand cette qualité s'éloigne de la grisaille ; mais bien souvent, est « coloré » tout ce qui n'est pas blanc ou transparent[5].
26
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27
+ Du point de vue d'un teinturier, l'absence de couleur, c'est l'écru, le grège du matériau brut ; le noir est une couleur, et même une couleur difficile à obtenir. C'est ce que rappellent d'anciens théoriciens de la couleur, comme le père Castel[6]. L’Optique de Newton, reliant la couleur à la lumière, semblait s'opposer à cette constatation pratique. Si la couleur procède de la lumière, le noir, qui est absence de lumière, ne pouvait être de la couleur. En 1913, un auteur résume ce qu'ont écrit des dizaines d'autres depuis le début du XVIIIe siècle, « Physiquement et physiologiquement, le noir n'est pas une couleur mais comme pour le produire, il faut de la matière, il est considéré comme couleur dans le langage d'atelier[7] ».
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+ Pour éviter les quiproquos, les études modernes sur la couleur distinguent la couleur, au sens large, qualité de la lumière ou d'une surface, de la chromaticité, une grandeur descriptive de la couleur. Une couleur vive a une chromaticité élevée ; une couleur pâle ou terne, une chromaticité faible. La chromaticité ne dépend pas, comme la couleur, de la luminosité. Elle se décompose entre une teinte dominante qu'on peut situer par une longueur d'onde de rayonnement et une pureté qui est la proportion de cette teinte et de blanc nécessaire pour obtenir une teinte identique à celle de l'échantillon[8]. Avec cette distinction, les noirs, gris et blancs sont des couleurs dont la chromaticité est faible ou nulle.
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+ Ceux qui s'occupent de symbolique des couleurs traitent du noir comme d'une couleur[9], en même temps que comme l'opposé ou la négation des deux couleurs majeures, le blanc et le rouge[10].
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+ Le point de vue de l'artiste-peintre est plus proche de l'esthétique, même quand il interprète des travaux scientifiques, comme les néo-impressionnistes, très opposés au noir. Il faudrait distinguer ce qui, dans leurs propos, désigne la couleur noire, telle que vue par le spectateur, et la peinture noire que vend le marchand de couleurs, qu'utilise, ou pas, le peintre. Celui-ci ne manque pas de constater les mauvais résultats obtenus en peignant les ombres avec du noir, et de reprendre une opinion attribuée à Léonard de Vinci : « le noir n'est pas une couleur[11] ». De fait, on peut peindre en se dispensant entièrement de pigments noirs, même pour obtenir des fonds obscurs où on ne distingue aucune dominante colorée, ce qu'on appelle « un beau noir[12] », c'est-à-dire qui réalise avec perfection l'« absence de couleur, définition issue de la théorie de la synthèse des couleurs[13] ». Françoise Gilot attribuait à Renoir la proscription du noir de la palette des Impressionnistes[14] ; celui-ci renvoyait cette idée à Pissaro[15] et répondit à Vollard « Le noir, une non-couleur ? Où avez-vous encore pris cela ? Le noir, mais c'est la reine des couleurs![16] ». Matisse, lui aussi, déclarait fermement « le noir est une couleur[17] ».
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+ Les peintres abstraits Pierre Soulages, André Marfaing, Frédéric Halbreich, ont développé une esthétique du noir[réf. souhaitée].
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+ Le champ chromatique noir existe dans toutes les cultures, avec une aire plus ou moins grande, selon qu'y existent les champs bleu, vert, gris, et autres qui le touchent[18].
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+ Il faut faire la différence, tant en matière symbolique qu'à propos de perception, entre le noir, qui s'oppose à toutes les autres couleurs présentes dans une scène, et l'obscurité, qui s'oppose à la lumière. Il en va de même dans le domaine des métaphores. Un roman noir n'est pas souvent obscur : son style est presque toujours clair.
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+ Il convient aussi de distinguer un signe, dont le sens est parfaitement clair, d'un symbole, qui ne peut pas être entièrement explicité[19].
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+ Dans la symbolique occidentale, le noir est associé à la privation et au renoncement. Sous l'Ancien Régime, l'aristocratie s'habillait avec ostentation, en couleurs, avec bijoux et décorations, tandis que la bourgeoisie et les hommes d'Église, jusqu'au rang d'évêque étaient astreints à des tenues humbles, noires ou peu colorées. Les vêtements noirs indiquent le deuil. Les révoltés qui renoncent au lien social et à ses conventions arborent le drapeau noir : pirates, anarchistes.
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+ Dans l'art, le noir évoque les sentiments de tristesse (les idées noires). Il est devenu une catégorie esthétique ; le roman noir, le film noir, désignent un genre « fondé sur des situations terribles et sans issue » comme le tragique et le picaresque desquels il se différencie par son caractère réaliste et sordide, et le pessimisme de ses personnages[12].
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+ Au XIXe et XXe siècles, en Occident, les hommes de pouvoir s'habillent en noir. La tenue de soirée masculine est noire. Les femmes continuent à se vêtir en couleurs. La tenue noire, qui s'étend à la couleur des véhicules, a ainsi gagné des connotations liées au pouvoir, et notamment au pouvoir caché[réf. souhaitée].
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+ Dans l’Égypte antique, le noir avait une symbolique positive. En effet dans la langue des pharaons, le verbe « kem », qui est tiré du mot « noir », veut dire « mener à bien, s’élever à, accomplir, payer, compléter, servir à » mais aussi « être noir ». Le mot « kem » veut dire aussi : « complet, parfait, obligation, devoir »[22],[23].
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+ La Chine antique associe la couleur noire à l'élément Eau dans un ensemble de cinq ; le noir est aussi la couleur du fer, symbolisant la rectitude et la constance[24].
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+ Dans les jeux de société de plateau qui opposent deux adversaires, comme les dames, les échecs, le jeu de go, les noirs et les blancs désignent conventionnellement les pièces de chacun des joueurs, sans que ces pièces soient exactement noires ou blanche ; il suffit que leur contraste soit suffisant pour permettre l'opposition. L'expression « noir sur blanc » indique par synecdoque qu'un propos est écrit, et par métaphore qu'il est stable et explicite.
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+ Pline l'Ancien parle d'atramentum à propos des noirs de carbone. Il explique comment obtenir différents noirs :
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+ « On fabrique le noir de plusieurs façons, avec la fumée que donne la combustion de la résine ou de la poix ; aussi a-t-on construit pour cela des laboratoires qui ne laissent pas cette fumée s'échapper. Le noir le plus estimé se fait de cette façon, avec le pinus teda ; on le falsifie avec le noir de fumée des fourneaux et des bains, et c'est de celui-là dont on se sert pour écrire les livres. Il en est qui calcinent la lie de vin dessechée ; et ils assurent que si la lie est d'un bon vin, le noir ainsi obtenu ressemble au noir indien. Polygnote et Micon, les célèbres peintres d'Athènes, en ont préparé avec du marc de raisin, qu'on appelle « tryginon » en grec (de trux = lie). Apelle a imaginé d'en préparer avec l'ivoire brûlé, et lui a donné le nom d'eléphantinum. On apporte aussi de l'Inde le « noir indien » dont jusqu'à présent la composition m'est inconnue. Les teinturiers en font avec une efflorescence noire qui s'attache aux chaudières de cuivre. On l'obtient encore en brûlant le bois du pinus teda, et en triturant les charbons dans un mortier. Les seiches, par une propriété merveilleuse, ont un noir, mais on ne s'en sert pas. La préparation de tout noir se complète au soleil : du noir à écrire, par l'addition de la gomme ; du noir à enduit par l'addition de la colle[25]. »
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+ La couleur noire étant la plus consommée par l'homme pour l'écriture (encre de Chine), l'imprimerie, les photocopieuses, les imprimantes, la peinture, c'est probablement aussi la couleur pour laquelle il existe le plus grand nombre de procédés de production.
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+ En peinture, rabattre un ton, c'est lui ajouter un peu de noir.
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+ Tenue d'un membre du Détachement d'Action Rapide et de Dissuasion
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+ Corbillard d'autrefois
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+ As de pique
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+
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+ Le drapeau noir de l'anarchisme
120
+
121
+ Vierge noire de Wipperfürth
122
+
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+ Rouleaux de réglisse
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+
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+ Pâtes noires teintées à l'encre de seiche
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+
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+ Pépites de chocolat noir
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+
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+ Couche d'asphalte
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+
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+ Peu d'institutions ont adopté un pavillon à dominante noire. Le drapeau noir uni est un emblème de révoltés, de pirates et d'anarchistes. Le noir peut servir dans un drapeau tricolore ; le noir mi-partie est rare.
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+
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+ Croix de saint Piran, drapeau de Cornouailles
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+
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+ Pahang, (Malaisie)
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+ Terengganu, (Malaisie)
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La noix est un fruit comestible à coque. Elle est produite par les noyers, arbres du genre Juglans L., de la famille des Juglandacées. La forme commercialisée la plus importante des régions tempérées provient de la culture du noyer commun[1]. Cet arbre, qui était présent à l'origine dans les régions montagneuses en milieu tempéré sur le continent eurasiatique, est maintenant largement cultivé dans le monde. Le présent article concerne la noix commune, c’est-à-dire le fruit du noyer commun (Juglans regia).
2
+
3
+ La noix commune est un fruit à coque oléagineux très énergétique. Par rapport aux autres graines oléagineuses, elle se caractérise par sa richesse en acides gras polyinsaturés, comportant l'apport le plus élevé en oméga-3. La noix est aussi riche en tocophérol et composés phénoliques lui donnant une activité antioxydante puissante.
4
+
5
+ Pour l'administration française, un cultivateur qui pratique de la monoculture de noyer dans le but de produire des noix s'appelle un nuciculteur. Un verger de noyers s'appelle noyeraie.
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+
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+ Dans la langue commune, noix a deux acceptions[2] 1) (Bot.) fruit du noyer commun
8
+ 2) (P. anal.) fruit de divers arbres à enveloppe ligneuse (noix d’arec, noix de cajou, noix de coco, etc.).
9
+
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+ Selon l’emploi dans la langue commune, le terme noix peut désigner 1) le fruit entier tel que porté par l’arbre (mes noyers portent cet été beaucoup de noix), 2) le fruit débarrassé de son écale verte et commercialisé (j’ai vendu dix tonnes de noix) ou 3) les cerneaux comestibles (je mange tous les matins deux noix)[n 1].
11
+
12
+ Au Québec, le terme noix désigne presque toujours les fruits à coque, et noix de Grenoble ne désigne pas une AOC/AOP mais le fruit des noyers en général (du genre Juglans mais pas les autres Juglandaceae), et ce, sans égard à leur provenance. Elle sert aussi de traduction au terme anglais walnut.
13
+
14
+ Sur le plan botanique, le fruit angiocarpique du noyer commun (Juglans regia) est une pseudodrupe déhiscente (et non une drupe car elle est entourée d'un conceptacle) dont la partie charnue extérieure (composé de l'épicarpe et du mésocarpe), est inconsommable[3]. La noix, au sens commercial, est en fait le noyau sec de cette drupe, constitué de l'endocarpe lignifié et de la graine comestible. L'enveloppe charnue de cette drupe se nomme le brou et sert en teinture.
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+
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+
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+ La noix du commerce comprend :
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+
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+ La noix fraîche (i.e. par métonymie les cerneaux) a une teneur en eau supérieure à 20 % alors que la noix sèche a une teneur en eau inférieure à 10 %.
23
+
24
+ La noix est très riche en lipides ; selon la table Ciqual de l’anses[5], ils représentent en moyenne 85 % de l’apport énergétique du cerneau. La noix est très énergétique puisqu'elle apporte 709 kcal (ou 2 930 kJ) pour 100 g.
25
+ Elle est remarquablement riche en acides gras polyinsaturés (43,6 g sur 100 g de produit, représentant 65 % les lipides), formés d’oméga-3 (7,5 g) et d’oméga-6 (36,1 g), avec un rapport ω6/ω3=4,8 favorablement recommandée par Auvinet et al.[6],[n 2]. Il faut 30 g de noix pour apporter 2,25 g d'oméga-3 soit l’AS (apport satisfaisant) pour un adulte (ayant un apport énergétique quotidien de 2 000 kcal). Parmi les graines oléagineuses, seule la noix contient une aussi forte teneur en oméga-3, les autres sont plus riches en oméga-6.
26
+
27
+ La table de composition nutritionnelle Ciqual donne des valeurs moyennes, mais la composition est influencée par le génotype (la variété), les conditions environnementales et le taux d’irrigation (Martinez et al.[7], 2010), comme la table ci-dessous l’illustre. Les cerneaux ont un contenu en huile qui varie de 620 à 740 g.kg-1. Le génotype est la source majeure de variabilité de la composition en acides gras.
28
+
29
+ Dans la table de Martinez et al, pour comprendre la nomenclature des acides gras voir l’entrée Acide gras insaturé. On peut constater les écarts peu importants entre par exemple, la concentration en oméga-3 de Ciqual (7,5 g/100 g de cerneaux, soit 11.14 % des lipides) et celles de la variété 'Franquette' allant de 11 à 15 % mais pas avec celles de 'Chandler' qui va de 16 à 19 %. La variété 'Chandler' avec 16,5 à 18,6 g/100g d'oméga-3, en contient plus du double que les 7,5 de la moyenne de Ciqual
30
+
31
+ L’huile de noix apporte aussi énormément d’acide gras polyinsaturés (69,6 g pour 100 g d’huile) avec toujours le bon rapport ω6/ω3. L’huile extraite par pression peut être utilisée directement dans l’alimentation (sans être raffinée), comme pour l’assaisonnement des salades.
32
+
33
+ La composition en acides gras de l’huile de noix ressemble à celle de l’huile de soja, mais elle contient une concentration supérieure en d’acide alpha-linolénique oméga-3[7]. En fait, parmi les huiles végétales, l’huile de noix fait partie des huiles les plus riches en acides gras polyinsaturés.
34
+
35
+ Après les lipides, le second macronutriment le plus important de la noix est constitué des protéines (à raison de 13,3 g pour 100 g). Elles se retrouvent en abondance dans les tourteaux de noix, résidu des noix restant après le pressage.
36
+
37
+ Les protéines de noix sont constituées principalement[7] de glutéline (environ 70 %) avec ensuite des globuline (18 %), albumine (7 %) et prolamine (5 %). La biodisponibilité des acides aminés est influencée négativement par la présence de composés phénoliques comme l’acide gallique, l’acide ellagique et les d'ellagitanins, présents dans la noix.
38
+
39
+ La noix apporte aussi des fibres alimentaires ainsi que des vitamines : la vitamine E (composée principalement de tocophérol de type α-, γ- et δ-), la vitamine B9 (120 µg) et du magnésium.
40
+ La présence de tocophérol est importante car il fournit une protection contre l’oxydation. Le génotype joue un rôle essentiel dans la variabilité des concentrations : selon Martinez et al.[7] la variété ‘Parisienne’ contient de 240 à 290 mg.kg-1 de tocophérol total et la ‘Franquette’ en a 211 à 297 mg.kg-1. Pour Ojeda-Amoda et al.[8], la variété la plus riche en tocophérol est 'Hartley' avec 646 mg/kg suivie par 'Chandler' puis 'Lara'. Ces auteurs mesurent la concentration de la vitamine E en effectuant la somme des concentrations d’ α-, γ- et δ-tocophérol ; le γ-tocophérol représentant 85 % du total.
41
+
42
+ Par contre, la table danoise DTU[9] évalue la vitamine E des noix à 15 mg/kg car elle réduit la mesure au seul α-tocophérol qui reste très minoritaire dans le tocophérol total mais est préférentiellement absorbé par l'homme. La table Ciqual avec 18,1 mg/kg de vitamine E semble faire de même.
43
+
44
+ Lors du processus d’extraction, l’huile de noix perd une partie de ses antioxydants (ses composés phénoliques plus que son tocophérol). C’est pourquoi elle est très sensible à une dégradation thermique et photo-oxydative. Elle doit donc être conservée à l’abri de la chaleur et de la lumière pour ne pas rancir.
45
+
46
+ Les cerneaux de noix contiennent aussi de la mélatonine, dite « hormone du sommeil », à raison de 3,5 ng/g [10]. La consommation de noix entraîne une multiplication par trois des taux sanguins de mélatonine chez les rats. Cette augmentation est corrélée avec un accroissement de la capacité antioxydante du sérum.
47
+
48
+ Sur le plan diététique et vis-à-vis des risques cardiovasculaires, ce fruit est intéressant car ses lipides sont essentiellement polyinsaturés (65 % du total des lipides sont poly-insaturés, 21 % mono-insaturés et 9-10 % saturés) et par sa teneur en magnésium et fibres, reconnus comme étant des facteurs protecteurs.
49
+
50
+ La consommation de noix diminuerait le taux de cholestérol sanguin, ainsi que sa fraction la plus nocive (le LDL cholestérol)[11].
51
+
52
+ La noix de Juglans regia est la noix ayant le plus fort contenu en composés phénoliques[8]. La concentration totale, mesurée par la méthode Folin-Ciocalteu, va de 10 045 à 12 474 mg/kg suivant la variété (Hartley a la plus élevée, puis Chandler et Lara). On trouve de l'acide ellagique (28,50 mg/100g[n 3]), des catéchines, gallocatéchol, acide chlorogénique, acide gallique, etc. Ces composés phénoliques hydrosolubles sont en grande partie perdus lors du processus d’extraction de l’huile et se retrouvent concentrés dans les tourteaux (résidus solides du pressurage).
53
+
54
+ La noix contient aussi des stérols. Le composé prédominent de la fraction stérol[7] est le β-sitostérol (de 772 à 2 520 mg.kg-1), suivi par le campestérol (44-121 mg.kg-1)et le Δ5-avenastérol (25-153 mg.kg-1). Ce sont des phytostérols naturellement présents dans les plantes, ayant une structure chimique proche de celle du cholestérol.
55
+
56
+ On détecte aussi la présence de composés volatils[7] comme le n-pentane et d’aldéhydes (pentanal, hexanal, octanal) apportant un arôme. Ces composés du cerneau proviennent d’acides gras insaturés (principalement de l’acide linoléique) par des voies oxydatives.
57
+
58
+ La saveur légèrement astringente de la noix a été associée à la présence de composés phénoliques, des flavanols et principalement des ellagitanins.
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+ Ces composés fournissent une activité antioxydante puissante aux cerneaux de noix.
60
+
61
+ Une étude de Gûndûç et El[12] a montré que les cerneaux possèdent la concentration phénolique totale la plus grande et l’activité antioxydante la plus puissante, parmi 25 types d’aliments turques courants. Dans le cadre d’une étude comparative du contenu phénolique des amandes de dix fruits à coque du commerce, Yang et al.[13] ont procédé à une extraction par solvant des composés phytochimiques libres et liés. Ils ont établi que la noix commune possédait le contenu phénolique largement le plus grand avec la noix de pécan (1 464 mg/100 g), suivis par la cacahouète, la pistache (572 mg/100 g), la noix de cajou (316 mg/100 g), la noisette (315 mg/100 g) et l’amande (213 mg/100 g)
62
+
63
+ Sept composés antioxydants des cerneaux ont été isolés et évalués pour leur capacité de piégeage DPPH des radicaux libres[14].
64
+ Cinq ont une capacité antioxydante plus grande que le Trolox :
65
+
66
+ Lors de son extraction, l’huile de noix vierge perd presque tous ses composés phénoliques polaires, si bien que son activité antioxydante est très basse et qu’elle se dégrade rapidement.
67
+
68
+ Les mesures d’activité antioxydante de Yang et al. ont établi une suprématie écrasante de la noix commune et de la noix de pécan, suivie de très loin par la pistache, amande et la noisette. La noix commune a une activité de 458 µmol/g (en équivalent de micromoles de vitamine C par gramme d’échantillon), soit 65 fois plus que celles de la noisette (7 µmol/g).
69
+
70
+ Selon les mesures d’Ojeda-Amador et al.[8] faites par les méthodes DPPH et ORAC, la variété 'Hartley' possède l’activité antioxydante la plus puissante devant la variété 'Lara', puis 'Chandler'.
71
+
72
+ Une méta-analyse de 29 publications[15], a trouvé qu’une augmentation de 28 g/jour de fruits à coque, s’accompagnait d’une diminution du risque de maladie coronarienne, de diabète et de maladie respiratoire. Le développement des maladies coronariennes est lié à un grand nombre de facteurs de risque comme l’âge, le tabagisme, l’hérédité, le sexe, un taux élevé de lipoprotéine LDL (« mauvais cholestérol ») et un taux bas de lipoprotéine HDL (« bon cholestérol »). Des observations récentes[16] ont montré que les malades présentant un ou plusieurs facteurs de risques cardiovasculaires développent une altération du potentiel vasodilatateur de l’endothélium ayant une valeur prédictive du risque cardiovasculaire. Il est donc crucial d'améliorer la fonction endothéliale.
73
+
74
+ L’endothélium vasculaire, la couche monocellulaire qui tapisse les vaisseaux sanguin, induit la vasodilatation artérielle par la libération de monoxyde d’azote NO[n 4] et de prostacycline. Le NO diffuse localement et stimule la relaxation des cellules musculaires lisses à proximité[17]. En plus de son activité de vasodilatation, il possède de multiples autres propriétés : antiagrégantes, antioxydantes, etc. Toute activation inappropriée de l’agrégation plaquettaire et de la coagulation stimule massivement la production de NO et de prostacycline qui à leur tour, provoquent l’inhibition de l’agrégation, la vasodilatation de l’artère et l’élimination du microagrégat.
75
+
76
+ Une altération du potentiel vasodilatateur de l’endothélium, appelée par convention dysfonction endothéliale, a une valeur prédictive de la survenue de complications cardiovasculaires ou cérébrovasculaires. Il favorise aussi bien l’initiation que la progression de l’athérome[17].
77
+
78
+ L’alimentation étant un facteur capable d’affecter la réactivité vasculaire, il est compréhensible que plusieurs études se soient attachées à voir si la consommation de noix était susceptible d’améliorer la fonction endothéliale. L’étude de B. Cortés et al.[18] a porté sur 24 sujets (12 sains, 12 atteints d’hypercholestérolémie) afin de comparer comment la prise de noix (40 g/jour) ou d’huile d’olive (25 g/jr) pouvait éventuellement améliorer une dysfonction endothéliale temporaire provoquée par des repas riches en matières grasses. Une étude antérieure [19] avait montré que comparé au régime méditerranéen, un régime dans lequel les noix remplacent 32 % de l’énergie des acides gras mono-insaturés chez les sujets hypercholostérolémiques améliorait la fonction endothéliale. Bien que le régime aux noix fasse baisser aussi le cholestérol total et le cholestérol LDL, cette étude indiquait que l’effet cardioprotecteur des noix pouvait provenir de l’action sur l’endothélium.
79
+
80
+ Pour évaluer la fonction vasomotrice de l’endothélium, on utilise les ultrasons à haute résolution, permettant d’enregistrer la variation du diamètre de l’artère humérale en réponse à un accroissement du flux sanguin (méthode du Flow-mediated dilatation FMD (en)). L’étude montre que la dilatation en réponse au flux FDM était altérée après le repas accompagné d’huile d’olive chez les sujets témoins (de −17 %) et hypercholestérolémiques (−36 %) alors qu’il était inchangé dans le groupe témoin et qu’il augmentait même de 24 % dans le groupe hypercholestérolémique après le repas accompagné de noix. Ce qui montre que la noix inverse la détérioration de la fonction endothéliale provoquée par un repas riche en graisse, contrairement à l’huile d’olive[18].
81
+
82
+ Ces résultats sont confirmés par une méta-analyse (de 2018) de cinq essais randomisés contrôlés portant sur 323 sujets. Les résultats indiquent un accroissement significatif de la fonction endothéliale après la consommation de noix[20]. Cette méta-analyse combine les améliorations obtenues par la consommation de noix auprès de sujets en surpoids (Katz et al., 2012) ou hypercholestérolémiques (Ros et al., 2004, voir ci-dessus), ou avec un diabète de type 2 (Ma et al., 2010). Ce qui suggère que la consommation de noix pourrait avoir un effet clinique pertinent sur la fonction endothéliale.
83
+
84
+ Par contre, une consommation modérée de 15 g/jr de noix durant 4 semaines n’affecte pas le profil lipidique, la raideur artérielle ou l’activation plaquettaire [21].
85
+
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+ Une autre étude s’est fixée pour objectif de vérifier si l’effet bénéfique de la consommation de noix pour la fonction endothéliale observée précédemment était encore valable pour des sujets âgés de plus de 50 ans en bonne santé[22]. Les 40 sujets retenus ont reçu un régime avec des noix (43 g/jr), puis un régime de contrôle de type occidental (ou vice-versa), chacun durant 8 semaines. Le régime avec les noix, comparé au régime de contrôle, a réduit significativement le cholestérol non-HDL[n 5] et les apolipoprotéines B ; il a aussi réduit les acides gras saturés et mono-insaturés plasmatiques et augmenté les acides gras poly-insaturés (notamment l’acide linoléique et l’acide α-linolénique). Par ailleurs, les biomarqueurs de la dysfonction endothéliale n’ont pas été affectés. La réduction du cholestérol non-HDL du régime associé aux noix prédit une diminution du risque de la maladie coronarienne de 6.7 %.
87
+
88
+ En France, il existe de multiples appellations d'origine pour les productions agricoles de noix, cependant seules deux d'entre elles font l'objet d'une préservation administrative via le système AOC :
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+
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+ Il existe également des variétés réputées pour leur tardivité ('Ronde de Montignac') ou pour leur grosse taille : 'Bijou', 'Gourlande', 'Glady', 'Gibbeuse', 'Jauge' et la 'Cocarde des Cévennes'.
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+
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+ Parmi les autres variétés existent :
93
+
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+ En France, le premier département producteur est l'Isère, suivi par la Dordogne dont les agriculteurs du Périgord noir assurent plus de la moitié de la production.
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+
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+ Aux États-Unis, la principale région productrice est la Californie, avec les variétés ‘Hartley’ (variété à gros fruits), ‘Chandler’ (la plus plantée aux États-Unis), ‘Serr’, ‘Vina’, ‘Franquette’ et ‘Howard’. Ces variétés se distinguent des européennes, généralement, par une peau lisse et forme plus allongée, comme une datte.
97
+
98
+ En Chine, les principales variétés sont[24] la ‘Ji xin’ 鸡心 « Cœur de poulet » (en raison de sa forme), cultivée dans la province du Hebei, la région de Pékin, la ‘Xin 2’ 新2 « Nouvelle 2 » précoce, la ‘Shangnan’ 商南, du nom du district Shangnan dans la province du Shaanxi, à la saveur unique.
99
+
100
+ En Europe, un des savoirs les plus partagés par les sociétés passés concerne la toxicité du noyer. Attesté depuis l’Antiquité gréco-romaine, cette idée ne cesse de se transmettre à travers les siècles. Il s’agit d’un point essentiel de son identité, assure Pauline Leplongeon[25]. À partir des sources médicinales, culinaires et agronomiques, il est possible de tirer une histoire culturelle de la noix en Europe[n 6].
101
+
102
+ Dioscoride, le pharmacologue grec du Ier siècle, décrit dans son Traité de matière médicale, l’utilisation médicinale de la noix (karya basilika, καρυα βασιλικα) « La noix, que certains nomment noix Perse, est difficile à digérer, produit de la bile, donne mal de tête…Mais consommée par quelqu’un qui jeûne, elle est utile pour faire vomir…Les noix fraîches sont meilleures pour l’estomac car plus douces, c’est pourquoi on les mélange avec de l’ail… » (MM[26], I, 125). Si ce n’est pas un aliment recommandable, c’est un médicament intéressant pour expulser les vers plats et un antidote contre les poisons mortels. Sachant que l'œuvre de Dioscoride a été une source de connaissances majeures en matière de remèdes naturels en Europe et au Proche Orient durant plus de 1 600 ans, l’impact de ses recommandations fut considérable pour les siècles suivants.
103
+
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+ Le grand médecin créateur de l’Antiquité, Galien (IIe siècle) est le premier à donner un moyen pour rendre sa fraîcheur aux noix sèches « pour celles qui sont déjà sèches, si on les trempe préalablement dans l’eau, comme certains le font, la faculté ressemble à celles des vertes » (Sur les facultés des aliments, livre II, chap. 28 [27]).
105
+
106
+ Une autre idée qui va se perpétrer jusqu’à l’époque moderne est que l’ombre du noyer réputée très fraîche, est néfaste aux hommes et aux plantations adjacentes. Pline l’Ancien l’encyclopédiste romain ayant vécu au Ier siècle, la développe ainsi
107
+
108
+ Columelle, l’agronome du Ier siècle, présente des recettes de cuisine comprenant des noix. Elles peuvent servir à fabriquer du vinaigre à partir de vin éventé ou une sorte de sauce pesto épaisse[25] (De l’agriculture, livre XII).
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+ Dans les recettes des siècles suivants, la noix apparaît davantage comme un condiment que comme un véritable aliment. Elle se mêle à d’autres ingrédients pour rehausser le goût des viandes, des poissons et des légumes.
110
+
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+ À la fin de l’Antiquité, l’agronome Palladius (Ve siècle) avait présenté des techniques pour conserver les noix vertes en les couvrant de paille ou de sable ou en les enfermant dans une caisse en noyer.
112
+
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+ Durant le Moyen Âge et à l’Époque moderne, les aspects négatifs de la noix persistent. Certains recueils de cuisine ne mentionnent pas la noix. Et les recueils qui en parlent proposent des recettes pour neutraliser sa nocivité[25]. La noix serait-elle considérée comme trop nocive ou trop vulgaire pour la table des princes et des bourgeois ? La noix était en effet un fruit de peu de valeur marchande accessible au plus grand nombre et certainement trop « vulgaire » pour trouver sa place à la table des gens aisés.
114
+
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+ À la fin de l’Antiquité, l’agronome Palladius (Ve siècle) avait évoqué une recette de « confiture de noix » visant à conserver les noix vertes : « les noix vertes, simplement dépouillées de leur écale, et mises dans du miel, sont encore verte au bout d’un an ». Ce procédé plus tard élaboré, connaîtra un franc succès au Moyen Âge et à l’Époque moderne.
116
+
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+ Au XIIIe siècle, Pierre de Crescent indique que pour éliminer les vices des noix sèches, il faut les « mondifier » (nettoyer) et les tremper une nuit dans l’eau chaude pour « leur oste leur nuysement » (Le livre des prouffitz champestres et ruraulx[29], 1521). La recette de confiture de noix fraîches du Mesnagier de Paris (vers 1493) consiste à prendre des fruits verts, tout juste formés tels qu’ils sont encore à la Saint-Jean (le 24 juin), les peler, les faire tremper 10 jours, leur ajouter des clous de girofle et du gingembre et de faire bouillir le tout avec du miel[30]. Aux XVe – XVIIe siècles, on trouve en Italie, Allemagne, France et ailleurs en Europe, toujours à peu près les mêmes recettes visant à éliminer la nocivité naturelle de la noix et à lui faire gagner des vertus médicinales et diététiques[25].
118
+
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+ L’encyclopédie agronomique Agriculture et maison rustique de Charles Estienne et Jean Liébault, est riche d’informations sur la culture des noyers et sur l’emploi des noix et de l’huile de noix dans divers remèdes. L’ouvrage fut réimprimé régulièrement de 1564 jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Le chapitre XXXII de l’édition de 1658[31] est consacré au noyer. On y retrouve tous les clichés répétés depuis l’Antiquité, sur toutes les nuisances que peut provoquer son ombre à la végétation alentour ou à ceux qui s’endorment dessous. Puis très pragmatiquement, il indique que l’arbre « est utile & profitable » et livre de précieux conseils de plantation, d’entretien et de récolte. « Les profits que le noyer rend à son maistre sont infinis » dit-il car il lui donne d’excellentes confitures (de noix vertes), du bois de chauffage pour la cuisine, et son fruit « pour sa table & pour la cuisine,& pour la lampe ».
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+ Au XVIIIe siècle, on observe une explosion des publications culinaires qui s’accompagne d’une reconsidération de l’usage des noix. La grande méfiance à l’égard des noix sèches demeure toutefois et on s’efforce toujours de garder leur fraîcheur en les conservant dans du sable, en les hydratant et les débarrassant de leur nocivité grâce à l’action du sucre. Cependant les confitures de noix font l’objet d’une production et d’un commerce important. Certaines deviennent renommées comme les confitures de noix liquides de Rouen. L’Encyclopédie de Diderot indique
122
+
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+ Au XVIe siècle, la moitié des textes sur les confitures de noix étaient l’œuvre de médecins, mais peu à peu les médecins disparaissent pour laisser la place aux cuisiniers. On quitte le domaine de la santé pour entrer dans celui de la gastronomie. Toutefois, l’ancienne idée lancée par Galien, que le trempage dans l’eau demeure un préalable nécessaire à la consommation de noix sèches, se retrouve chez tous les auteurs. Confire, tremper dans l’eau et enfouir dans le sable sont les principaux procédés pour conserver les noix qui se sont transmis de l’Antiquité au XVIIIe siècle[25].
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+ Au siècle des Lumières, on trouve sept auteurs anglais utilisant des sauces aux noix. Par exemple, Hannah Glasse dans son livre de cuisine The Art of Cookery made Plain and Easy (un bestseller publié en 1747) emploie des noix en saumure ou des liqueurs de noix pour confectionner les sauces aux poissons (sauce d’anchois, d’huîtres, sauce pour maquereau) ou de viande de bœuf.
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+ Ajoutons que l’huile de noix a été utilisée en cuisine mais on trouve peu de mentions de son usage dans l’Antiquité, au Moyen Âge et jusqu’au XVIIIe siècle. C’est une huile peu raffinée, bonne aux paysans et aux domestiques et à « faire de la soupe » ou à « composer des ragoûts pour les domestiques » (Louis Liger 1658-1717). Les régions du Périgord, Quercy, Limousin et Auvergne sont des productrices et exportatrices de noix et d’huile de noix[25].
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+
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+ Aujourd'hui, l'extrait de cassel tend à remplacer le brou de noix du fait de son plus faible coût et de ses bonnes caractéristiques. L'extrait de cassel est d'ailleurs proposé à la vente sous l'appellation abusive de « brou de noix » par l'industrie.
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+ Les quatre premiers pays producteurs représentent les deux tiers du total :
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+ En 2016, la France a produit 39 000 tonnes.
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+ Bien que la Chine soit un centre d’origine du noyer commun (Juglans regia, avec d’autres espèces de Juglans : J. sigillata, J. mandshurica, etc.), les noix sauvages petites et hétérogènes ont longtemps réfréné leur culture[36]. Ce n’est qu’après la fondation de la République populaire de Chine par Mao en 1949, que la production nucicole s’est progressivement développée. Depuis les années 1990, la culture s’est considérablement développée, soutenue par d’importantes aides financières du gouvernement.
136
+ Dans les années 1950, la production nationale atteignait les 100 000 tonnes. En 2000, la Chine est devenue le premier producteur mondial de noix avec une production de 310 000 tonnes, supérieure à celle des Etats-Unis. Depuis 2012, elle dépasse les 700 000 tonnes annuelles et en 2016, elle est de 1 819 000 tonnes, presque entièrement absorbées en interne[36].
137
+
138
+ La noix est une source allergique, bien que peu de personnes souffrent d'allergie à la noix. Elle est souvent liée à une allergie à la noisette, arachide ou autres fruits à coque.
139
+
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+ Les noix fraîches se conservent dans un endroit ventilé, frais et sec, au réfrigérateur elles perdent leur saveur. En cuisine, les noix peuvent être utilisées dans de nombreux plats sucrés (gâteaux) comme salés (salades).
141
+
142
+ Noix devenue noyer
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+ La coque de la noix d’Amérique (J. nigra, à gauche) est plus dure que celle de la noix commune (J. regia, à droite), dont les parois internes se détachent facilement.
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+ Noix commune atypique (trivalve, au centre).
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+ Dans le calendrier républicain, la Noix était le nom donné au 14e jour du mois de fructidor[40].
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+
5
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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7
+ Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le déplacement ; il est par conséquent un mode de peuplement. La quête de nourriture motive les déplacements des hommes : une économie de cueillette et de chasse peut en être à l'origine, mais les plus grandes sociétés nomades pratiquent l'élevage pastoral, où la recherche de pâturages et le déplacement des animaux fondent la mobilité des hommes.
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+
9
+ L'humanité a vécu à l'état nomade durant tout le Paléolithique, avec l'australopithèque, Homo habilis, Homo erectus, Homo heidelbergensis, Homo neandertalensis et vers la fin du Paléolithique avec Homo sapiens. Il y a ensuite l'époque mésolithique durant laquelle elle est devenue peu à peu semi-nomade pour commencer à se sédentariser durant le Néolithique.
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+
11
+ Le nomadisme est souvent associé à une organisation sociale de type tribal ou à ce que les anthropologues appellent « une société segmentaire », c'est-à-dire une société structurée en lignages, clans, tribus et éventuellement confédérations tribales : de nos jours, seul ce type de sociétés pratique une économie nomade ou semi-nomade.
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13
+ Les peuples du désert que sont les Arabes, Bédouins, les Berbères et d'autres nomades vivant dans le Sahara, Désert d'Arabie, Désert de Syrie, ceux des steppes d'Asie centrale ou encore les Amérindiens dans tout le continent américain pratiquent encore ce mode de vie. Néanmoins, les États que ces nomades traversent tentent le plus souvent de les sédentariser.
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15
+ Certains groupes des peuples Roms (parfois appelés tziganes), pratiquent également ce mode de vie, et d'autres groupes humains l'ont pratiqué dans un passé relativement récent et le pratiquent encore. Pour cela, les tziganes utilisaient en général des roulottes, et plus récemment des caravanes.
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+
17
+ Les Mercheros d'Espagne sont un groupe minoritaire, auparavant nomade, qui partage le style de vie des Roms espagnols. Leur origine est incertaine, peut-être étaient-ils des paysans sans terre au XVIe siècle. Les Mercheros sont souvent restés à part des Rom, même s'ils partageaient les mêmes persécutions.
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19
+ En Allemagne, en Suisse, en France et en Autriche, il existe ainsi un groupe de « Tsiganes blancs », les Yéniches dont la langue semble être identique grammaticalement aux autres dialectes suisses alémaniques, l'origine du lexique mélange en revanche l'allemand, le romani, le yiddish et d'autres mots[1].
20
+
21
+ En Norvège, et à un moindre degré en Suède et au Danemark, les Taters ont souvent été confondus avec les Roms parce qu'ils étaient, comme ceux-ci, parfois employés à construire des routes et des chemins de fer. Leur nom vient d'une croyance selon laquelle ils seraient apparentés aux Tatars.
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23
+ Il y a en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, un groupe appelé Travellers (« voyageurs ») ou Irish Gypsies (« Gitans irlandais »). En Écosse, on les appelle Tinkers, de l'irlandais tinceard (« ferblantier »). Ce terme est devenu péjoratif, et le mot Irish Travellers est actuellement préféré, mais ils se nomment eux-mêmes Pavees. Ils ne sont pas reliés génétiquement aux Rom, mais leur culture nomade a été influencée par ceux-ci. Leur langue, le shelta, est basée principalement sur un lexique gaélique et une grammaire basée sur l'anglais, avec des influences romani.
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25
+ Récemment, de nouveaux groupes nomades sont apparus en Europe, constitués pour la plupart de musiciens jouant des musiques électroniques, dans la mouvance techno.
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27
+ Les nomades de la mer sont des populations d'Asie du Sud-Est qui vivent sur des bateaux.
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29
+ On désigne par « semi-nomadisme », des modes de vie intermédiaires, connaissant une pluralité de lieux de résidence, mais en nombre limité et sur des emplacements prédéterminés. En général, il s'agit de l'association d'une résidence principale et d'un ou plusieurs lieux de résidence secondaire, utilisés de façon régulière, pour une période restreinte, souvent au moment de la transhumance estivale dans les sociétés pratiquant l'élevage extensif.
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31
+ L'apparition d'une résidence principale peut être le fait d'une sédentarisation forcée, comme ce fut le cas lors du mouvement de collectivisation des terres dans les républiques ex-soviétiques[réf. nécessaire] d'Asie centrale. Le semi-nomadisme est ainsi le mode de vie de nombreux éleveurs kazakhs et surtout kirghizes.
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33
+ Les Changpas, vivant dans la région autonome du Tibet, en Chine et au Ladakh, en Inde, sont également une communauté semi-nomade.
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+
35
+ En outre, les grandes transhumances estivales du monde moderne durant lesquelles les deux-tiers de l'Europe contemporaine se déplacent pour plusieurs semaines par an d'un bout à l'autre de l'Europe peuvent relever du mode de vie nomade car elles représentent une mobilité de masse.
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37
+ Le XXe siècle a vu apparaître de nouveaux groupes nomades[2]. D'une part, certains individus se regroupent en communautés et pratiquent une nouvelle forme de nomadisme (ou de semi-nomadisme) pour le plaisir. D'autre part, certains groupes socio-professionnels soit sont contraints au nomadisme pour survivre, soit ont développé une activité nécessitant une vie nomade. Plusieurs exemples permettent de se rendre compte de l'importance de ces groupes.
38
+
39
+ Plusieurs communautés nomades ou semi-nomades sont nées aux États-Unis, mais aussi à travers le monde, tels que les snowbirds. Ce terme correspond aux Américains du Canada et du Nord des États-Unis qui passent tout ou partie de l'hiver dans des États de la Sun Belt dans des camping-cars. C'est un cas de semi-nomadisme car leur domicile d'été est fixe pour la plupart.
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41
+ En France, Guilhem Chéron, co-fondateur de La Ruche qui dit Oui !, a présenté, lors du Festival d'Avignon dans le cadre des rencontres sur le thème « Le Monde d'après-demain » organisé par Mediapart, son nouveau projet des « îles-prairies ». L'idée est de créer des lieux de vie écologiques et des lieux de culture et de sociabilisation pour des nouveaux nomades[3].
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43
+ En Europe, l'essor du nucléaire civil a eu pour conséquence la création d'une classe de travailleurs appelés les nomades du nucléaire. Leur travail consiste à effectuer les tâches les plus dangereuses dans les réacteurs, comme aller dans le générateur de vapeur[4]. Ils vont et viennent d'un réacteur à l'autre en fonction de l'arrêt du cœur de celui-ci. Lors de l'arrêt de l'un d'eux, ces travailleurs viennent par centaines et s'installent de façon presque précaire dans des campings à proximité. À la reprise de l'activité du cœur, ils partent vers un autre réacteur pour effectuer les mêmes tâches sans pour autant dépasser la dose annuelle maximale de radiations admissible, qui est de 20 mSv en France.
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45
+ Ailleurs, en Amérique du Sud, des milliers d'ouvriers et d'ingénieurs migrent pour construire des barrages. Dès qu'un projet de centrale hydroélectrique voit le jour, ces travailleurs viennent et une ville éphémère naît autour du campement de ceux qui travaillent sur le barrage. Cela a été le cas, par exemple, pour le barrage de Guri au Venezuela.
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+ Les derniers nomades apparus sont des entrepreneurs voyageant afin de gérer sur place leur(s) société(s) et utilisant abondamment les technologies numériques nomades. Contrairement au premier cas, le nomadisme est pour eux une conséquence de leur réussite financière, et non pas une nécessité liée à leur emploi précaire et pas forcément choisi[5].
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+ Certains voyagent à tel point qu'ils n'ont plus vraiment de « Home, Sweet Home » et n'ont plus de point d'attache[6].
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51
+ Il ne faut pas oublier de mentionner le travail nomade en entreprise. Le travail nomade fait référence à toutes les formes de travail accomplies ailleurs qu'au poste de travail habituel dans l'entreprise. Il constitue d'ores et déjà une tendance lourde qui continue de fortement se développer. Le travail nomade ne se limite pas au télétravail à domicile. Tout collaborateur, quel que soit son profil, peut être concerné. Ainsi, tout salarié peut, à son échelle, développer des comportements nomades[7].
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+ Quelques chiffres[8] :
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+ En France, à la fin du XIXe et au XXe siècle, on délivrait des carnets anthropométriques aux nomades. En 1951, le ministère de l'intérieur en recensait 6 830[9].
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57
+ En Amérique, les Européens (Espagnols, puis les Anglais, et enfin, les États-Unis avec la conquête de l'Ouest), ont exterminé de façon quasi systématique les populations américaines natives, majoritairement nomades.
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59
+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Nazis ont organisé le génocide des Roms.
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+ Lorsque les Nomades refusent la sédentarisation, ils sont souvent expulsés. Au XXIe siècle, des campagnes d'expulsions sont organisés à l'égard des Roms en France.
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+ En Israël, le gouvernement détruit régulièrement les campements des populations de bédouins[10],[11].
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+ Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le déplacement ; il est par conséquent un mode de peuplement. La quête de nourriture motive les déplacements des hommes : une économie de cueillette et de chasse peut en être à l'origine, mais les plus grandes sociétés nomades pratiquent l'élevage pastoral, où la recherche de pâturages et le déplacement des animaux fondent la mobilité des hommes.
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+ L'humanité a vécu à l'état nomade durant tout le Paléolithique, avec l'australopithèque, Homo habilis, Homo erectus, Homo heidelbergensis, Homo neandertalensis et vers la fin du Paléolithique avec Homo sapiens. Il y a ensuite l'époque mésolithique durant laquelle elle est devenue peu à peu semi-nomade pour commencer à se sédentariser durant le Néolithique.
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+ Le nomadisme est souvent associé à une organisation sociale de type tribal ou à ce que les anthropologues appellent « une société segmentaire », c'est-à-dire une société structurée en lignages, clans, tribus et éventuellement confédérations tribales : de nos jours, seul ce type de sociétés pratique une économie nomade ou semi-nomade.
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+ Les peuples du désert que sont les Arabes, Bédouins, les Berbères et d'autres nomades vivant dans le Sahara, Désert d'Arabie, Désert de Syrie, ceux des steppes d'Asie centrale ou encore les Amérindiens dans tout le continent américain pratiquent encore ce mode de vie. Néanmoins, les États que ces nomades traversent tentent le plus souvent de les sédentariser.
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+ Certains groupes des peuples Roms (parfois appelés tziganes), pratiquent également ce mode de vie, et d'autres groupes humains l'ont pratiqué dans un passé relativement récent et le pratiquent encore. Pour cela, les tziganes utilisaient en général des roulottes, et plus récemment des caravanes.
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+ Les Mercheros d'Espagne sont un groupe minoritaire, auparavant nomade, qui partage le style de vie des Roms espagnols. Leur origine est incertaine, peut-être étaient-ils des paysans sans terre au XVIe siècle. Les Mercheros sont souvent restés à part des Rom, même s'ils partageaient les mêmes persécutions.
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+ En Allemagne, en Suisse, en France et en Autriche, il existe ainsi un groupe de « Tsiganes blancs », les Yéniches dont la langue semble être identique grammaticalement aux autres dialectes suisses alémaniques, l'origine du lexique mélange en revanche l'allemand, le romani, le yiddish et d'autres mots[1].
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+ En Norvège, et à un moindre degré en Suède et au Danemark, les Taters ont souvent été confondus avec les Roms parce qu'ils étaient, comme ceux-ci, parfois employés à construire des routes et des chemins de fer. Leur nom vient d'une croyance selon laquelle ils seraient apparentés aux Tatars.
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+ Il y a en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, un groupe appelé Travellers (« voyageurs ») ou Irish Gypsies (« Gitans irlandais »). En Écosse, on les appelle Tinkers, de l'irlandais tinceard (« ferblantier »). Ce terme est devenu péjoratif, et le mot Irish Travellers est actuellement préféré, mais ils se nomment eux-mêmes Pavees. Ils ne sont pas reliés génétiquement aux Rom, mais leur culture nomade a été influencée par ceux-ci. Leur langue, le shelta, est basée principalement sur un lexique gaélique et une grammaire basée sur l'anglais, avec des influences romani.
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+ Récemment, de nouveaux groupes nomades sont apparus en Europe, constitués pour la plupart de musiciens jouant des musiques électroniques, dans la mouvance techno.
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+ Les nomades de la mer sont des populations d'Asie du Sud-Est qui vivent sur des bateaux.
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+ On désigne par « semi-nomadisme », des modes de vie intermédiaires, connaissant une pluralité de lieux de résidence, mais en nombre limité et sur des emplacements prédéterminés. En général, il s'agit de l'association d'une résidence principale et d'un ou plusieurs lieux de résidence secondaire, utilisés de façon régulière, pour une période restreinte, souvent au moment de la transhumance estivale dans les sociétés pratiquant l'élevage extensif.
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+ L'apparition d'une résidence principale peut être le fait d'une sédentarisation forcée, comme ce fut le cas lors du mouvement de collectivisation des terres dans les républiques ex-soviétiques[réf. nécessaire] d'Asie centrale. Le semi-nomadisme est ainsi le mode de vie de nombreux éleveurs kazakhs et surtout kirghizes.
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+ Les Changpas, vivant dans la région autonome du Tibet, en Chine et au Ladakh, en Inde, sont également une communauté semi-nomade.
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+ En outre, les grandes transhumances estivales du monde moderne durant lesquelles les deux-tiers de l'Europe contemporaine se déplacent pour plusieurs semaines par an d'un bout à l'autre de l'Europe peuvent relever du mode de vie nomade car elles représentent une mobilité de masse.
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+ Le XXe siècle a vu apparaître de nouveaux groupes nomades[2]. D'une part, certains individus se regroupent en communautés et pratiquent une nouvelle forme de nomadisme (ou de semi-nomadisme) pour le plaisir. D'autre part, certains groupes socio-professionnels soit sont contraints au nomadisme pour survivre, soit ont développé une activité nécessitant une vie nomade. Plusieurs exemples permettent de se rendre compte de l'importance de ces groupes.
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+ Plusieurs communautés nomades ou semi-nomades sont nées aux États-Unis, mais aussi à travers le monde, tels que les snowbirds. Ce terme correspond aux Américains du Canada et du Nord des États-Unis qui passent tout ou partie de l'hiver dans des États de la Sun Belt dans des camping-cars. C'est un cas de semi-nomadisme car leur domicile d'été est fixe pour la plupart.
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+ En France, Guilhem Chéron, co-fondateur de La Ruche qui dit Oui !, a présenté, lors du Festival d'Avignon dans le cadre des rencontres sur le thème « Le Monde d'après-demain » organisé par Mediapart, son nouveau projet des « îles-prairies ». L'idée est de créer des lieux de vie écologiques et des lieux de culture et de sociabilisation pour des nouveaux nomades[3].
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+ En Europe, l'essor du nucléaire civil a eu pour conséquence la création d'une classe de travailleurs appelés les nomades du nucléaire. Leur travail consiste à effectuer les tâches les plus dangereuses dans les réacteurs, comme aller dans le générateur de vapeur[4]. Ils vont et viennent d'un réacteur à l'autre en fonction de l'arrêt du cœur de celui-ci. Lors de l'arrêt de l'un d'eux, ces travailleurs viennent par centaines et s'installent de façon presque précaire dans des campings à proximité. À la reprise de l'activité du cœur, ils partent vers un autre réacteur pour effectuer les mêmes tâches sans pour autant dépasser la dose annuelle maximale de radiations admissible, qui est de 20 mSv en France.
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+ Ailleurs, en Amérique du Sud, des milliers d'ouvriers et d'ingénieurs migrent pour construire des barrages. Dès qu'un projet de centrale hydroélectrique voit le jour, ces travailleurs viennent et une ville éphémère naît autour du campement de ceux qui travaillent sur le barrage. Cela a été le cas, par exemple, pour le barrage de Guri au Venezuela.
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+ Les derniers nomades apparus sont des entrepreneurs voyageant afin de gérer sur place leur(s) société(s) et utilisant abondamment les technologies numériques nomades. Contrairement au premier cas, le nomadisme est pour eux une conséquence de leur réussite financière, et non pas une nécessité liée à leur emploi précaire et pas forcément choisi[5].
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+ Certains voyagent à tel point qu'ils n'ont plus vraiment de « Home, Sweet Home » et n'ont plus de point d'attache[6].
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+ Il ne faut pas oublier de mentionner le travail nomade en entreprise. Le travail nomade fait référence à toutes les formes de travail accomplies ailleurs qu'au poste de travail habituel dans l'entreprise. Il constitue d'ores et déjà une tendance lourde qui continue de fortement se développer. Le travail nomade ne se limite pas au télétravail à domicile. Tout collaborateur, quel que soit son profil, peut être concerné. Ainsi, tout salarié peut, à son échelle, développer des comportements nomades[7].
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+ En France, à la fin du XIXe et au XXe siècle, on délivrait des carnets anthropométriques aux nomades. En 1951, le ministère de l'intérieur en recensait 6 830[9].
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+ En Amérique, les Européens (Espagnols, puis les Anglais, et enfin, les États-Unis avec la conquête de l'Ouest), ont exterminé de façon quasi systématique les populations américaines natives, majoritairement nomades.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Nazis ont organisé le génocide des Roms.
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+ Lorsque les Nomades refusent la sédentarisation, ils sont souvent expulsés. Au XXIe siècle, des campagnes d'expulsions sont organisés à l'égard des Roms en France.
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+ En Israël, le gouvernement détruit régulièrement les campements des populations de bédouins[10],[11].
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+ Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le déplacement ; il est par conséquent un mode de peuplement. La quête de nourriture motive les déplacements des hommes : une économie de cueillette et de chasse peut en être à l'origine, mais les plus grandes sociétés nomades pratiquent l'élevage pastoral, où la recherche de pâturages et le déplacement des animaux fondent la mobilité des hommes.
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+ L'humanité a vécu à l'état nomade durant tout le Paléolithique, avec l'australopithèque, Homo habilis, Homo erectus, Homo heidelbergensis, Homo neandertalensis et vers la fin du Paléolithique avec Homo sapiens. Il y a ensuite l'époque mésolithique durant laquelle elle est devenue peu à peu semi-nomade pour commencer à se sédentariser durant le Néolithique.
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+ Le nomadisme est souvent associé à une organisation sociale de type tribal ou à ce que les anthropologues appellent « une société segmentaire », c'est-à-dire une société structurée en lignages, clans, tribus et éventuellement confédérations tribales : de nos jours, seul ce type de sociétés pratique une économie nomade ou semi-nomade.
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+ Les peuples du désert que sont les Arabes, Bédouins, les Berbères et d'autres nomades vivant dans le Sahara, Désert d'Arabie, Désert de Syrie, ceux des steppes d'Asie centrale ou encore les Amérindiens dans tout le continent américain pratiquent encore ce mode de vie. Néanmoins, les États que ces nomades traversent tentent le plus souvent de les sédentariser.
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+ Certains groupes des peuples Roms (parfois appelés tziganes), pratiquent également ce mode de vie, et d'autres groupes humains l'ont pratiqué dans un passé relativement récent et le pratiquent encore. Pour cela, les tziganes utilisaient en général des roulottes, et plus récemment des caravanes.
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+ Il y a en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, un groupe appelé Travellers (« voyageurs ») ou Irish Gypsies (« Gitans irlandais »). En Écosse, on les appelle Tinkers, de l'irlandais tinceard (« ferblantier »). Ce terme est devenu péjoratif, et le mot Irish Travellers est actuellement préféré, mais ils se nomment eux-mêmes Pavees. Ils ne sont pas reliés génétiquement aux Rom, mais leur culture nomade a été influencée par ceux-ci. Leur langue, le shelta, est basée principalement sur un lexique gaélique et une grammaire basée sur l'anglais, avec des influences romani.
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+ Récemment, de nouveaux groupes nomades sont apparus en Europe, constitués pour la plupart de musiciens jouant des musiques électroniques, dans la mouvance techno.
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+ On désigne par « semi-nomadisme », des modes de vie intermédiaires, connaissant une pluralité de lieux de résidence, mais en nombre limité et sur des emplacements prédéterminés. En général, il s'agit de l'association d'une résidence principale et d'un ou plusieurs lieux de résidence secondaire, utilisés de façon régulière, pour une période restreinte, souvent au moment de la transhumance estivale dans les sociétés pratiquant l'élevage extensif.
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+ L'apparition d'une résidence principale peut être le fait d'une sédentarisation forcée, comme ce fut le cas lors du mouvement de collectivisation des terres dans les républiques ex-soviétiques[réf. nécessaire] d'Asie centrale. Le semi-nomadisme est ainsi le mode de vie de nombreux éleveurs kazakhs et surtout kirghizes.
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+ Les Changpas, vivant dans la région autonome du Tibet, en Chine et au Ladakh, en Inde, sont également une communauté semi-nomade.
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+ En outre, les grandes transhumances estivales du monde moderne durant lesquelles les deux-tiers de l'Europe contemporaine se déplacent pour plusieurs semaines par an d'un bout à l'autre de l'Europe peuvent relever du mode de vie nomade car elles représentent une mobilité de masse.
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+ Le XXe siècle a vu apparaître de nouveaux groupes nomades[2]. D'une part, certains individus se regroupent en communautés et pratiquent une nouvelle forme de nomadisme (ou de semi-nomadisme) pour le plaisir. D'autre part, certains groupes socio-professionnels soit sont contraints au nomadisme pour survivre, soit ont développé une activité nécessitant une vie nomade. Plusieurs exemples permettent de se rendre compte de l'importance de ces groupes.
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+
39
+ Plusieurs communautés nomades ou semi-nomades sont nées aux États-Unis, mais aussi à travers le monde, tels que les snowbirds. Ce terme correspond aux Américains du Canada et du Nord des États-Unis qui passent tout ou partie de l'hiver dans des États de la Sun Belt dans des camping-cars. C'est un cas de semi-nomadisme car leur domicile d'été est fixe pour la plupart.
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+
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+ En France, Guilhem Chéron, co-fondateur de La Ruche qui dit Oui !, a présenté, lors du Festival d'Avignon dans le cadre des rencontres sur le thème « Le Monde d'après-demain » organisé par Mediapart, son nouveau projet des « îles-prairies ». L'idée est de créer des lieux de vie écologiques et des lieux de culture et de sociabilisation pour des nouveaux nomades[3].
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+ En Europe, l'essor du nucléaire civil a eu pour conséquence la création d'une classe de travailleurs appelés les nomades du nucléaire. Leur travail consiste à effectuer les tâches les plus dangereuses dans les réacteurs, comme aller dans le générateur de vapeur[4]. Ils vont et viennent d'un réacteur à l'autre en fonction de l'arrêt du cœur de celui-ci. Lors de l'arrêt de l'un d'eux, ces travailleurs viennent par centaines et s'installent de façon presque précaire dans des campings à proximité. À la reprise de l'activité du cœur, ils partent vers un autre réacteur pour effectuer les mêmes tâches sans pour autant dépasser la dose annuelle maximale de radiations admissible, qui est de 20 mSv en France.
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+ Ailleurs, en Amérique du Sud, des milliers d'ouvriers et d'ingénieurs migrent pour construire des barrages. Dès qu'un projet de centrale hydroélectrique voit le jour, ces travailleurs viennent et une ville éphémère naît autour du campement de ceux qui travaillent sur le barrage. Cela a été le cas, par exemple, pour le barrage de Guri au Venezuela.
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+
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+ Les derniers nomades apparus sont des entrepreneurs voyageant afin de gérer sur place leur(s) société(s) et utilisant abondamment les technologies numériques nomades. Contrairement au premier cas, le nomadisme est pour eux une conséquence de leur réussite financière, et non pas une nécessité liée à leur emploi précaire et pas forcément choisi[5].
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+
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+ Certains voyagent à tel point qu'ils n'ont plus vraiment de « Home, Sweet Home » et n'ont plus de point d'attache[6].
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+
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+ Il ne faut pas oublier de mentionner le travail nomade en entreprise. Le travail nomade fait référence à toutes les formes de travail accomplies ailleurs qu'au poste de travail habituel dans l'entreprise. Il constitue d'ores et déjà une tendance lourde qui continue de fortement se développer. Le travail nomade ne se limite pas au télétravail à domicile. Tout collaborateur, quel que soit son profil, peut être concerné. Ainsi, tout salarié peut, à son échelle, développer des comportements nomades[7].
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+
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+ Quelques chiffres[8] :
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+ En France, à la fin du XIXe et au XXe siècle, on délivrait des carnets anthropométriques aux nomades. En 1951, le ministère de l'intérieur en recensait 6 830[9].
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+ En Amérique, les Européens (Espagnols, puis les Anglais, et enfin, les États-Unis avec la conquête de l'Ouest), ont exterminé de façon quasi systématique les populations américaines natives, majoritairement nomades.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Nazis ont organisé le génocide des Roms.
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+ Lorsque les Nomades refusent la sédentarisation, ils sont souvent expulsés. Au XXIe siècle, des campagnes d'expulsions sont organisés à l'égard des Roms en France.
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+ En Israël, le gouvernement détruit régulièrement les campements des populations de bédouins[10],[11].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En taxinomie (botanique, zoologie, mycologie , etc.), le nom binominal[1], nom binomial, binom[2] ou binôme[3] est une combinaison de deux mots servant à désigner une espèce. Le premier mot, le nom générique, circonscrit un genre ; le second, l'épithète spécifique, indissociable du nom générique, sert à désigner l'espèce au sein de ce genre.
2
+
3
+ Utilisé pour la première fois par Guillaume Rondelet et Pierre Belon au XVIe siècle[4], son usage est systématisé par Carl von Linné au XVIIIe siècle. La nomenclature binominale, ainsi que d’autres aspects formels de la nomenclature biologique, constituent le « système linnéen ». Le nom binominal est latinisé et s'écrit toujours en italique quand le texte est en typographie romaine, et inversement : par exemple, Homo sapiens pour l'espèce humaine (ou bien Homo sapiens pour l'espèce humaine).
4
+
5
+ Dans les ouvrages de vulgarisation en français, le nom binominal est souvent remplacé ou complété par un nom vulgaire, parfois un nom normalisé, dénominations en langue véhiculaire, par opposition aux divers noms vernaculaires utilisés localement dans le langage courant.
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7
+ L'appellation de nom binomial, sans le deuxième « n », est souvent réputée impropre, à tort. On trouve en français les adjectifs « binomial » ou « binominal », aussi bien en botanique qu'en zoologie ainsi que le substantif binôme[5], selon une étymologie approximative curieusement admise par Émile Littré. Déjà en 1994, Aline Raynal-Roques rappelait que serait préférable la forme binom (du latin classique bi- « deux » et nomen « nom ») à la forme binôme qui proviendrait spéculativement d'un mélange non conforme de latin et de grec du latin bi- et du grec nomos ou « loi »[6].
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+
9
+ Il apparait cependant, malgré la bizarrerie orthographique que constitue l'ajout tardif de l'accent circonflexe, que le terme de binôme descend bien du latin, et seulement du latin, d'une manière tout à fait régulière[1]. Le substantif « binôme » et l'adjectif « binomial » ne sont donc pas impropres à cause d'une étymologie douteuse. Il est en revanche sémantiquement et étymologiquement incorrect de faire correspondre binôme à binominal ou bien binom à binomial, il faut utiliser ces paires de mots d'une manière logique. Le sens du mot binôme est plus large, il désigne un ensemble de deux choses, alors que le sens du mot binom est plus précis, il désigne un ensemble de deux mots.
10
+
11
+ Avant que Linné établisse les règles du système de nommage à deux mots, les espèces étaient décrites par de courtes phrases latines de quelques mots, nommées polynômes latins, qui étaient inconsistantes et gênantes pour les scientifiques lorsqu'ils communiquaient entre eux ou même avec le public. De plus, elles étaient rédigées très différemment suivant les savants et devenaient rapidement indigestes avec les compilations encyclopédiques des auteurs de la Renaissance. Linné conserva cependant ces phrases latines, non plus comme des dénominations mais plutôt comme de brèves diagnoses des traits les plus saillants des espèces[7]. Jean Bauhin est le premier à avoir pensé, au début de la Renaissance, à une nomenclature regroupant genre et espèce. Malgré sa brillante idée, il ne parvint pas à imposer dans le monde scientifique de l'époque ce principe encore valable chez les zoologistes actuels.
12
+
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+ Il faut attendre plus d'un siècle pour que Carl von Linné, naturaliste suédois influent, impose cette nomenclature dite binaire, puis binominale. C'est Joseph Pitton de Tournefort qui, dans son Institutiones rei herbariae (1700)[8], popularise l'usage du genre et du nom générique comme de l'espèce et du nom de celle-ci. Puis c'est Karl Niklaus Lang qui, en 1722, utilise le premier cette méthode en zoologie[9], en formalisant un ensemble de règles qui a favorisé son adoption par les communautés scientifiques.
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+
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+ Le premier ouvrage français à avoir utilisé cette nomenclature binominale est un catalogue des espèces cultivées au jardin botanique de Montpellier, l’Hortus regius monspeliensis du botaniste Antoine Gouan publié en 1762[10].
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+ Les règles de nomenclature sont modulées en fonction des disciplines ; celles s'appliquant aux taxons du règne végétal et du règne fongique sont édictées par le Code international de nomenclature botanique (CINB) ; celles du règne animal par la Commission internationale de nomenclature zoologique (CINZ). Ces règles ne restent pas immuables. Elles font l'objet de réajustements périodiques lors des congrès internationaux (tous les six ans).
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+
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+ Le principal avantage de cette terminologie est, depuis Linné, d'avoir offert un langage commun. Par delà les noms vernaculaires propres à chaque langue pour désigner l'espèce humaine ou les membres de celle-ci (Human, Mensch, Ser humano…) et parfois multiples au sein d'une même langue (l'espèce humaine, l'homme, l'humain…), Homo sapiens se présente comme un vocable de référence, certes de nature scientifique, mais qui a su par ailleurs acquérir une notoriété dépassant celle du jargon.
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+ Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés « combinaisons ».
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+ Entre genre et espèce (sous-genre, section, sous-section, série, sous-série, etc.), les combinaisons sont infragénériques et binominales : nom de genre, puis après indication du rang, une épithète infragénérique. Par exemple le cèpe appartient à la section « Boletus sect. Edules ». Edules correspond à un nom infragénérique (inférieur au genre), au rang d'une section réunissant plusieurs espèces de même affinité[11] ;
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+ Au rang d'espèce, les combinaisons deviennent « spécifiques » et « binominales ». C'est le sujet principal traité dans cette page.
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+ En dessous de l'espèce (variété, forme, etc.) les combinaisons sont « infraspécifiques » et « trinominales »[11].
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+ Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants : Rang (bactérien), Rang (botanique), Rang (zoologique).
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+ Ils demeurent les plus importants car toute espèce du monde vivant est désignée dans la communauté scientifique par un nom binominal. Ce nom binominal[12] spécifique se compose d'un nom de genre et d'une épithète spécifique, suit généralement l'auteur (ou les auteurs) ayant décrit et nommé ainsi pour la premiere fois l'espèce et la date de publication de ce travail. L'ensemble constitue le nom scientifique international.
32
+
33
+ L'épithète spécifique peut être un adjectif, un nom au génitif ou un mot en apposition.
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+ Exemple : Homo sapiens Linné, 1758.
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+ Les noms binominaux sont établis selon des règles précises, fixées par la nomenclature scientifique des noms des espèces vivantes.
38
+
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+ Ils sont réputés latins, quelle que soit leur origine : un des deux noms, voire les deux pouvant être transcrits du grec ancien comme Abramis, du chinois comme Agrocybe chaxingu, ou du japonais comme Lentinula shiitake ou bien du polonais comme Capsaspora owczarzaki. En effet, ils sont impérativement écrits en alphabet latin (donc sans diacritique ou accent, les ligatures Æ, æ, Œ, œ, ß sont écrites sans ligature : Ae, ae, Oe, oe, ss) et reçoivent une désinence latine ou se déclinent en latin chaque fois qu'il est morphologiquement possible. Le trait d'union est autorisé en botanique mais son usage est codifié[11].
40
+
41
+ À partir d'une certaine date de publication, variable selon les disciplines, les noms binominaux doivent être accompagnés d'une diagnose latine, avec description et typification, dans la même publication (ou ultérieurement, voir plus bas « : » ou « ex »).
42
+
43
+ Ils sont censés contenir une valeur descriptive, notamment l'épithète qualificative ou génitif de qualité. Il ne s'agit ici que d'une recommandation du Code aux auteurs, mais la plus grande liberté est admise dans le choix du nom de baptême. Ce peut être un patronyme (rouxii), un prénom (mariae), un pseudonyme (otaksa), un toponyme (brasiliensis, japonica…), un nom indigène quelle que soit sa langue d'origine, ou un mot composé savant (voir ci-après).
44
+
45
+ Il est également recommandé, depuis 2012, d'en préciser l'étymologie (cf. Article 60, recommandation 60 H.1., du Code international de nomenclature de Melbourne) particulièrement lorsqu'elle n'apparaît pas évidente. Par exemple, Clitocybe acromelalga Ichimura, décrit un nom savant composé du grec acro- « extrémité », -mel- « articulation ou membre » et alga « douleur », ce champignon provoquant des douleurs atroces des extrémités (doigts et orteils). Il est toutefois mal décliné (acromelalges eût été correct), mais la correction, qui doit faire l'objet d'une demande, relève d'une décision officielle.
46
+
47
+ Quelques exemples de noms binominaux, suivis du nom de leurs auteurs :
48
+
49
+ Il faut respecter certaines règles de composition (orthographe et grammaire latine) et de typographie.
50
+
51
+ Le nom de genre s'écrit avec la majuscule. La recommandation 60 F.1. précise : « La lettre initiale de toute épithète spécifique ou infra-spécifique devrait être une minuscule ; cependant, les auteurs qui désirent utiliser une majuscule peuvent le faire pour des épithètes directement dérivées de noms de personnes, réelles ou mythiques, de noms vernaculaires (ou non latins) ou d'anciens noms de genres ».
52
+ Comme le binôme est écrit en latin, il est en italique dans une écriture romaine, et inversement, ce qui le distingue visuellement du reste du texte. En écriture cursive, l'usage typographique veut qu'il soit souligné.
53
+
54
+ Le nom de sous-genre ou d'autres rangs intercalaires, est parfois inséré entre parenthèses entre le nom de genre et l'épithète spécifique. Par exemple Hylobius (Callirus) abietis (Linnaeus, 1758). Ils sont tolérés pour indiquer une phylogénie, mais ce nom de sous-genre ne fait en aucun cas partie du binôme.
55
+
56
+ En dessous du rang d'espèce (variété ou race, sous-espèce, forme), le nom des taxons devient trinominal, avec le nom de genre, une épithète spécifique suivis d'une seule épithète infraspécifique : Panthera leo persica. Dans les cas de la botanique et de la mycologie cela se fait après l'indication du rang : Tricholoma saponaceum var. fagetorum.
57
+
58
+ Chaque fois que la rigueur devient nécessaire, on doit faire suivre le nom binominal de la « citation d'auteurs » et de la date de publication (l'année suffit) - en zoologie, c'est la date de la description originale, en botanique, la date de la nouvelle combinaison - éventuellement complétée de sa référence bibliographique.
59
+
60
+ Par exemple :
61
+
62
+ Il existe quatre catégories d'auteurs :
63
+
64
+ Lorsque le taxon est publié pour la première fois, la citation est toujours simple : le nom est suivi du nom de l'auteur qui le publie. Ce nom de personne peut être donné au long, mais on utilise très souvent une abréviation plus ou moins acceptée par l'usage. L'auteur peut se substituer à un collectif d'auteurs (l'ensemble des auteurs publiant conjointement le nom et qui en assument la responsabilité).
65
+
66
+ Lorsqu'un systématicien estime que le genre choisi n'est pas le meilleur pour cette espèce, notamment à la suite de la création d'un nouveau genre, il peut décider de transférer l'espèce dans un autre genre. Dans ce cas, le nom de l'auteur de la combinaison princeps demeure, mais il est placé entre parenthèses.
67
+
68
+ Chaque fois qu'une espèce est transférée dans un autre genre, on doit obligatoirement mentionner à la suite de la parenthèse fermante, le nom de celui qui, le premier, a publié cette nouvelle combinaison (abrégée « comb. nov. »).
69
+
70
+ Autrement dit, chaque fois que le taxon auquel le nom (supposé publié de manière valide) s'applique initialement a été changé de genre et que l'épithète est conservée (ce qui n'est pas toujours possible), on procède comme suit :
71
+
72
+ La règle s'applique même si au lieu d'un seul auteur, le transfert est le fait de plusieurs auteurs conjointement dans la même publication (publications signées par plusieurs auteurs).
73
+
74
+ Cette date situe l'année de publication effective du livre ou de la revue dans lequel l'espèce a été décrite la première fois sous ce binôme. Cette date est indispensable pour retrouver, notamment quand on consulte des ouvrages anciens (plus de cinq ans suffisent dans certaines disciplines), une espèce citée même si elle a changé de genre. La mention de l'année est cependant facultative, de même que la citation bibliographique complète.
75
+
76
+ Les noms binominaux latinisés instaurés par Linné ont remplacé les « noms vulgaires » (ou « vernaculaires »), dont certains demeurent cependant utilisés par les scientifiques, quand ils ne prêtent pas à confusion et sont très connus (lion, ours blanc...) ou sont normalisés par une institution scientifique (on parle alors de « nom normalisé »), ce qui est par exemple le cas en français pour les oiseaux avec la Commission internationale des noms français des oiseaux.
77
+
78
+ Dans certains pays, des traditions de dénomination relativement précises étaient en cours avant même le Systema Naturae, par exemple au Japon, et sont demeurées plus riches et précises que la classification scientifique pendant plusieurs siècles, certaines espèces y ayant été décrites bien avant d'être intégrées à la classification « officielle »[13].
79
+
80
+ Sur la citation d'auteurs :
81
+
82
+ Sur les autres aspects nomenclaturaux :
fr/415.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,296 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Astérix, anciennement Astérix le Gaulois, est une série de bande dessinée française créée le 29 octobre 1959 par le scénariste français René Goscinny et le dessinateur français Albert Uderzo dans le no 1 du journal français Pilote. Après la mort de René Goscinny en 1977, Albert Uderzo poursuit seul la série, puis passe la main en 2013 à Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.
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+ La série met en scène en 50 av. J.-C. (peu après la conquête romaine) un petit village gaulois d'Armorique qui poursuit seul la lutte contre l'envahisseur grâce à une potion magique préparée par le druide, cette boisson donnant une force surhumaine à quiconque en boit. Les personnages principaux sont le guerrier Astérix et le livreur de menhirs Obélix, chargés par le village de déjouer les plans des Romains ou d'aller soutenir quiconque sollicite de l'aide contre la République romaine.
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+ Publiée dans Pilote de 1959 à 1973, la série est éditée parallèlement en album cartonné, pour les vingt-quatre premiers albums, d'abord aux éditions Dargaud, puis à partir de 1998 aux éditions Hachette, et enfin aux éditions Albert René pour les dix albums suivants. Les ventes cumulées des albums, traduits dans cent onze langues, représentent 380 millions d'exemplaires, ce qui en fait la bande dessinée la plus vendue dans le monde après le manga One piece[1],[2].
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+ La série est avant tout humoristique et parodie principalement la société française contemporaine à travers ses stéréotypes et ses régionalismes, ainsi que des traditions et coutumes emblématiques de pays étrangers. Le comique de répétition est très présent avec notamment le naufrage des pirates. Le dessin est lui semi-réaliste, fortement inspiré de l'école de Marcinelle.
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+
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+ « Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petibonum... »
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+ — Légende de la carte de la Gaule ouvrant les albums d'Astérix[3]
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+ La légende ainsi que la carte de la Gaule mentionnées ci-dessus ont été supprimées de l'album Astérix et la Transitalique paru en 2017 sans que l'éditeur, Hachette, ne donne d'explication.
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+ Ce village gaulois d'Armorique résiste à l'envahisseur grâce à la potion magique préparée par le druide Panoramix, qui procure momentanément une force surhumaine à qui en boit.
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+ La bande dessinée se focalise principalement sur l'un des habitants de ce village, Astérix, courageux guerrier, qui se sert non seulement de la potion magique mais aussi de son intelligence pour déjouer les plans de Jules César et défendre son village de l'envahisseur.
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+ Le premier album mis à part, Astérix est accompagné dans toutes ses aventures par son ami Obélix, le seul Gaulois pour qui les effets de la potion magique sont permanents depuis qu’il est tombé dans une marmite de potion lorsqu'il était enfant. À partir du cinquième album (Le Tour de Gaule d'Astérix), les deux héros sont accompagnés par Idéfix, un petit chien qu'adopte ensuite Obélix. La série a pour tradition d'alterner les aventures en Gaule et à l'étranger[4],[5].
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+ « Le personnage a été inventé en deux heures par Uderzo et moi, dans un éclat de rire ! »
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+ — René Goscinny[6]
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+ Le duo René Goscinny-Albert Uderzo se forme dès le début des années 1950 et mène rapidement de nombreux projets en commun au sein de l'agence World Press, fondée par Georges Troisfontaines. Leur première collaboration aboutit à la création d'une série humoristique, Oumpah-Pah le Peau-Rouge, qu'ils ne parviennent pas à faire publier. Georges Troisfontaines leur commande alors une rubrique sur la manière de bien se tenir dans le monde, initulée Qui a raison ?, qu'il place dans l'hebdomadaire féminin Les Bonnes Soirées édité par Dupuis. Uderzo l'illustre de 1951 à 1953 mais Goscinny, lassé du sujet, cesse de fournir des textes en 1952. Le duo crée également les séries Jehan Pistolet, publiée dans le supplément jeunesse de La Libre Belgique à partir de 1952, puis Luc Junior, publiée dans le même journal à partir de 1954[c 1].
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+ En 1956, Goscinny et Uderzo, accompagnés du scénariste Jean-Michel Charlier et de Jean Hébrard, quittent World Press pour fonder leurs propres agences de presse et de publicité, Édifrance et Édipresse[c 2]. En 1959, le publicitaire François Clauteaux lance Pilote, un journal pour les enfants financé par Radio Luxembourg[b 1], et charge les quatre associés d'assurer la partie bande dessinée du nouveau périodique. Uderzo et Goscinny se proposent d'abord d'adapter le Roman de Renart et quelques planches sont réalisées pour la maquette du journal. Mais le dessinateur Raymond Poïvet leur apprend que le dessinateur Jean Trubert a déjà réalisé une bande dessinée sur le même thème pour le journal Vaillant. Déçu, le duo cherche une nouvelle idée[b 2].
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+ À deux mois de la sortie du journal, ils sont réunis dans l'appartement d'Uderzo à Bobigny, en face du cimetière de Pantin[7],[d 1]. Goscinny songe à une bande relevant du « folklore français » et demande à Uderzo de lui énumérer les grandes périodes de l'histoire de France. Ce dernier commence par le paléolithique puis enchaîne sur les Gaulois, une période qui s'impose comme une évidence car inédite en bande dessinée[d 2]. En quelques heures, les deux compères créent le village gaulois et ses habitants. Goscinny imagine un personnage malin, au petit gabarit, prenant le contre-pied des héros habituels des bandes dessinées de l'époque[c 2]. Pour satisfaire ses préférences de dessinateur, Uderzo lui adjoint un second rôle au gabarit imposant qui devient, d'un commun accord entre les auteurs, livreur de menhirs. Astérix et Obélix sont nés[d 3],[c 2].
32
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33
+ La série intègre à temps le journal Pilote pour son lancement le 29 octobre 1959. Le premier numéro s'écoule à 300 000 exemplaires[c 3] et l'histoire intitulée Astérix le Gaulois fait de la série l'une des plus plébiscitées par les lecteurs[b 3]. Malgré ce succès, le journal manque rapidement d'argent[d 4] et, pour survivre, il est racheté pour un franc symbolique par Georges Dargaud, ainsi que les séries qui le composent[d 5].
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+ Forts du succès d'Astérix le Gaulois, les auteurs enchaînent avec une deuxième histoire intitulée La Serpe d'or, publiée à partir du 11 août 1960 dans Pilote[j 1]. C'est la première fois que les deux héros s'éloignent des environs du village, pour se rendre à Lutèce afin d'y acheter une nouvelle serpe pour le druide Panoramix. C'est également dans cet épisode que le barde est mis à l'écart pour le banquet final, bâillonné et attaché à un arbre par ses compères qui ne supportent pas son chant, une scène qui deviendra récurrente dans les différents albums d'Astérix[e 1]. En 1961, un premier album de la série est édité par Hachette dans la « Collection Pilote », reprenant l'intégralité de l'histoire Astérix le Gaulois[j 2]. Le livre se vend alors à 6 000 exemplaires[e 2]. La même année, la parution de la troisième histoire, Astérix et les Goths, démarre dans Pilote[j 3]. C'est la première fois qu'Astérix et Obélix s'aventurent hors de la Gaule[e 3].
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+ Devenues la série phare du journal, les aventures des Gaulois occupent presque en continu la place privilégiée de la dernière page pendant quatre années, de 1961 à 1965[c 4]. Astérix gladiateur, quatrième volet de la série, paraît à partir de mars 1962 et marque l'apparition d'un nouveau gag récurrent. Uderzo et Goscinny y font un clin d’œil à Victor Hubinon et Jean-Michel Charlier et leur série Barbe-Rouge, publiée elle aussi dans Pilote, en faisant croiser la route d'Astérix et Obélix à un équipage de pirates, dont le bateau fait naufrage[j 4]. Les ventes d'albums explosent : ce quatrième opus atteint la première année 150 000 exemplaires vendus, tandis que les premiers retirages font s'accroître le nombre d'albums mis sur le marché. Le succès d'Astérix dépasse largement le cadre de la bande dessinée : plusieurs journaux réputés sérieux commencent à s'intéresser à la série pendant l'été 1965, tandis que la même année, le premier satellite français lancé dans l'espace est officieusement baptisé Astérix par ses concepteurs[c 5].
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+ L'histoire suivante, intitulée Le Tour de Gaule d'Astérix, dont la parution a débuté février 1963, est une caricature des régionalismes français[j 5]. C'est aussi l'entrée d'un personnage important de la série, le chien Idéfix, qui suit Astérix et Obélix durant toute l'aventure sans que ceux-ci ne le remarquent avant la dernière planche[a 1]. Un concours est lancé dans les pages de Pilote pour le baptiser[e 4].
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+ La sortie du film Cléopâtre, en 1963, l'une des réalisations les plus chères de l'histoire du cinéma, avec la présence d'Elizabeth Taylor dans le rôle-titre, inspire aux deux auteurs le thème de la sixième aventure de la série, Astérix et Cléopâtre, dans laquelle les deux héros se rendent en Égypte en compagnie du druide Panoramix[c 6]. L'annonce dans Pilote de la parution de cette nouvelle aventure, de même que la couverture originale de l'album, parodient l'affiche du film de Mankiewicz[e 5].
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+ L'année suivante, Le Combat des chefs est selon Le Figaro une raillerie de la campagne de l'élection présidentielle en cours, mais évoque aussi, toujours selon le journal, un sujet plus grave : la collaboration pendant la seconde guerre mondiale, en assimilant les Gallo-Romains aux Français qui pactisaient avec l'occupant allemand[e 6].
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+ L'histoire Astérix chez les Bretons, parue dans Pilote à partir de septembre 1965[j 6], confirme le succès grandissant de la série : le tirage initial de l'album s'élève à 400 000 exemplaires, soit le double de l'album précédent. Parallèlement, la direction de Pilote adopte le sous-titre « le journal d'Astérix et d'Obélix » pour son hebdomadaire, signalant ainsi la place prééminente de la série auprès des lecteurs[c 5]. L'année suivante, dans la neuvième aventure, Astérix et les Normands, ces derniers débarquent en Gaule avec neuf siècles d'avance sur la réalité historique. Les ventes d'album décollent littéralement et 1,2 million d'exemplaires sont vendus en deux jours[e 7].
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+ Le premier personnage féminin d'importance majeure, Falbala, fait son apparition la même année alors que commence la parution de la dixième aventure, Astérix légionnaire[e 8]. L'histoire suivante, Le Bouclier arverne, publiée dès le mois de juin 1967[j 7], aborde une nouvelle fois le thème de la collaboration sous l'occupation[h 1].
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+ À la fin de l'année 1967, la première adaptation des aventures d'Astérix en dessin animé sort sur les écrans. Astérix le Gaulois, produit par les studios Belvision à l'insu des deux auteurs de la série et avec la complicité de Georges Dargaud, réunit 2 415 920 spectateurs, contribuant ainsi à faire connaître les aventures du Gaulois à un public encore plus élargi[c 7],[8]. Alors qu'une deuxième adaptation est en cours de production chez Belvision, à partir de l'album La Serpe d'or, Uderzo et Goscinny opposent cette fois-ci leur veto et parviennent à convaincre Dargaud de financer un projet plus ambitieux, l'adaptation d'Astérix et Cléopâtre, un long métrage dont ils superviseront l'intégralité de la direction artistique[c 7]. À sa sortie en 1968, le film est un nouveau succès, avec près de deux millions d'entrées en salle[8].
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+ Parallèlement, le duo Goscinny-Uderzo poursuit l'écriture de nouvelles aventures : les auteurs s'inspirent de l'actualité pour rédiger le scénario de Astérix aux Jeux olympiques, en l'occurrence les Jeux olympiques d'été de 1968 à Mexico. Cette histoire permet à Albert Uderzo de démontrer ses talents de dessinateur réaliste à travers la représentation des villes d'Athènes et d'Olympie[c 8]. L'album aborde également un sujet qui fait polémique à l'époque de la création de la série, la question du dopage, soulevée par l'utilisation de la potion magique[e 9]. Le montant élevé de leurs impôts, dû au succès de la série, leur aurait inspiré le scénario d'Astérix et le Chaudron, treizième épisode d'Astérix[e 10].
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+ Suit Astérix en Hispanie, une parodie de l'Espagne des années 1960, envahie par les touristes en été[e 11], puis La Zizanie, qui s'inspire des événements survenus au sein de la rédaction de Pilote en mai 1968. Violemment contesté, René Goscinny, alors rédacteur en chef du journal, est victime d'une fronde de jeunes auteurs, menée par Jean Giraud, pour prendre le pouvoir au sein de la rédaction[e 12]. C'est également dans cet épisode qu'il est donné pour la première fois une réelle importance aux personnages féminins, dont la femme du chef, Bonemine. Toutes s'apparentent à des mégères avides de ragots, au physique peu flatteur, à l'exception de la jeune et coquette compagne du doyen du village, Agecanonix, ce qui vaut aux auteurs un certain nombre d'accusations de misogynie[e 13]. L'histoire suivante, Astérix chez les Helvètes leur est directement suggérée par Georges Pompidou, alors premier ministre[c 9]. Albert Uderzo précise : « Nous n’avons pas réalisé cet album tout de suite, pour ne pas lui faire croire que c’était son idée qui avait fait du chemin. On a sa dignité, dans la BD[j 8] ! » Dans cette aventure, les Gaulois font cause commune avec les Romains[Note 1] : sur fond de corruption, ils viennent en aide à un questeur romain contre un gouverneur qui détourne les impôts à son profit[e 14].
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+ Les deux auteurs poursuivent la critique de la société française au fil des aventures. En 1971, c'est à partir de la polémique qui s'ouvre avec le bétonnage des bords de plage français que naît l'histoire Le Domaine des dieux, dans laquelle César a l'idée de faire disparaître la forêt autour du village en construisant un complexe immobilier, afin d'isoler les Gaulois[e 15]. Dans Les Lauriers de César, ce sont les nouveaux riches qui sont brocardés, en la personne d'Homéopatix, le beau-frère du chef Abraracourcix[e 16]. Le Devin, dix-neuvième volet des aventures d'Astérix, pointe la crédulité de la plupart des habitants du village, victime d'un charlatan ayant fait alliance avec les Romains, le devin Prolix[j 9].
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+ Le 31 mai 1973 commence la parution d'une nouvelle histoire, Astérix en Corse, qui est d'ailleurs la dernière aventure d'Astérix à paraître dans les colonnes de l'hebdomadaire Pilote. En 14 ans, 880 pages du journal auront été consacrées à la série[j 10]. Pour l'occasion, les auteurs effectuent leur premier voyage d'étude sur place. L'album offre un concentré de stéréotypes nourris sur les Corses, de la pratique de l'omertà à la prétendue paresse des insulaires en passant par leur susceptibilité[e 17].
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+ L'année 1974 marque la fondation des Studios Idéfix, qui aboutissent à la sortie du troisième dessin animé de la série, Les Douze Travaux d'Astérix, deux années plus tard. Contrairement aux deux précédents films, celui-ci n'est pas issu de l'adaptation d'un album mais de l'écriture d'un scénario original par René Goscinny, épaulé par Pierre Tchernia[c 10]. En 1974 sort également le vingt-et-unième album d'Astérix, intitulé Le Cadeau de César, dont le quotidien Le Monde fait son feuilleton d'été[9],[e 18] Cet épisode raconte les rivalités qui peuvent apparaître au cours d'une élection locale. Le duel politique qui oppose le chef Abraracourcix à un nouveau venu dans le village, nommé Orthopédix, est un clin d’œil à la campagne électorale qui oppose Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1974[j 11]. Astérix et Obélix partent ensuite à la découverte de l'Amérique, dans La Grande Traversée, parue en 1975[e 19]. La vingt-troisième aventure d'Astérix, dont la prépublication est assurée par Le Nouvel Observateur[c 5], tourne en dérision l'économie libérale. Dans cet épisode, intitulé Obélix et Compagnie, un jeune technocrate romain tente d'introduire la loi de l'offre et de la demande dans le village gaulois, ce qui crée une rivalité entre les habitants, chacun voulant devenir le plus riche et le plus puissant du village[e 20].
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+ En 1977, un contentieux oppose René Goscinny à son ami et éditeur Georges Dargaud, concernant notamment la gestion des droits étrangers d'Astérix, dans laquelle l'auteur s'estime lésé. Goscinny envisage alors la création d'une maison d'autoédition et demande à Albert Uderzo de suspendre la réalisation des planches de l'épisode suivant de la série, Astérix chez les Belges[10]. Le 5 novembre 1977, René Goscinny meurt brutalement d'une crise cardiaque alors qu'il effectue un test d'effort dans une clinique[11],[c 11]. Albert Uderzo mène seul le projet de Goscinny : en 1979, il achève l'album Astérix chez les Belges[e 21], puis il crée les Éditions Albert René, financées à hauteur de 20 % par Gilberte Goscinny, la veuve du défunt[c 12].
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+ Contre Georges Dargaud qui considère après la tragique disparition de Goscinny qu'Astérix est mort avec son auteur, Albert Uderzo s'efforce de poursuivre le travail accompli depuis la fin des années 1950 et assure lui-même l'écriture du scénario des albums suivants. Sa première histoire est Le Grand Fossé, qui parait en 1980 et qui est une référence indirecte au Mur de Berlin qui sépare alors la ville en deux, à l'image du village gaulois traversé par un fossé dans l'album en question[j 12]. L'année suivante, L'Odyssée d'Astérix est l'occasion pour l'auteur de dénoncer les marées noires qui font l'actualité avec le naufrage du Tanio qui souille les plages de l'Île de Batz[e 22]. Suivent Le Fils d'Astérix en 1983[j 13], puis Astérix chez Rahàzade en 1987, une histoire inspirée des Mille et Une Nuits et qui se déroule pour une grande partie en Inde[e 23]. Avec La Rose et le Glaive qui sort en 1991, Albert Uderzo répond une nouvelle fois aux accusations de misogynie envers la série[c 13] : une barde remplace Assurancetourix et entraîne une révolution féministe au sein du village[e 24]. C'est également la première fois que le tirage initial de l'album atteint deux millions d'exemplaires[c 14].
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+ Alors que la série, véritable succès éditorial, ne cesse de battre des records de vente, Albert Uderzo s'attire peu à peu les critiques de la presse quant aux scénarios de ses aventures, jugés peu aboutis[12]. En 1996, dans La Galère d'Obélix, un album qui mène les héros jusqu'à l'Atlantide, Obélix boit une pleine marmite de potion magique, ce qui le transforme en statue de pierre avant de physiquement redevenir un enfant[e 25]. Dans Astérix et Latraviata, paru en 2001, ce sont les parents des deux héros qui apparaissent[e 26] et dans Le ciel lui tombe sur la tête, Uderzo introduit une dose de science-fiction dans l'histoire avec la venue d'extra-terrestres au village[e 27]. Ce dernier album sort en 2005, mais entretemps parait Astérix et la Rentrée gauloise, un album regroupant quatorze histoires courtes parues à diverses époques dont une inédite[e 26].
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+ Parallèlement, Astérix devient un héros de cinéma : le film Astérix et Obélix contre César réalisé par Claude Zidi sort en salle en 1999. Avec un budget annoncé à 275 millions de francs, il devient à l'époque la plus grosse production de langue française de tous les temps[13]. Porté par des comédiens renommés comme Christian Clavier dans le rôle d'Astérix, Gérard Depardieu dans le rôle d'Obélix ou encore Roberto Benigni, le film réalise 9 millions d'entrées en France et 24 millions dans le monde entier[14], mais l'accueil de la presse est plus mitigé[15],[c 6].
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+ En 2008, alors qu'il a hissé sa maison d'édition au 63e rang des éditeurs français, Albert Uderzo cède 60 % des parts de sa société au groupe Hachette, qui récupère ainsi les droits sur l'intégralité de la série. Uderzo retourne à sa table de dessin pour signer un nouvel album, L'Anniversaire d'Astérix et Obélix - Le Livre d'or, qui parait en 2009 pour célébrer le cinquantenaire de la série[16]. Dans cet album d'histoires courtes, le lecteur découvre Astérix et ses amis villageois vieillis de 50 ans, ainsi que de nombreuses parodies et détournements d’œuvres d'art[j 14].
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+ Alors que sa main ne lui permet plus de dessiner, Albert Uderzo envisage un temps que la série s'éteigne avec lui[17], mais il se ravise finalement : en septembre 2011, alors que les éditions Hachette célèbrent les 350 millions d'exemplaires d'Astérix vendus dans le monde, le groupe annonce que l'auteur Jean-Yves Ferri a été choisi par Uderzo pour écrire le scénario du prochain album[18]. Cependant, Uderzo déclare en 2018 qu'il supervise fortement le travail de Ferri et Conrad mais souhaite que la série s'arrête à sa mort[19].
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+ Astérix chez les Pictes, 35e épisode de la série, est publié le 24 octobre 2013[20]. Le scénario, écrit en six mois par Jean-Yves Ferri[21], envoie Astérix et Obélix en Écosse, alors appelée Calédonie, pour y démêler une affaire de trahison entre deux clans. Le dessin réalisé par Didier Conrad, alors que Frédéric Mébarki, auteur de tous les visuels sur les produits dérivés d'Astérix, était initialement pressenti[22], suit fidèlement le style d'Albert Uderzo[20]. Accueilli plutôt favorablement par la critique[23], ce nouvel album est un succès éditorial : alors que 5 millions d'exemplaires sont imprimés pour le premier tirage, dont 2 millions dédiés à la France, de nouvelles impressions sont commandées en urgence pour répondre à la demande[24]. Quelques semaines plus tard, Albert Uderzo confie dans un entretien accordé à M le magazine du Monde qu'il songe à écrire le scénario d'une nouvelle histoire d'Astérix, sans pour autant en réaliser les dessins[25].
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+ En 2014, une première adaptation animée en 3D des aventures d'Astérix est réalisée par Alexandre Astier et Louis Clichy. Astérix : Le Domaine des dieux sort en salle le 26 novembre 2014[26]. Le succès est immédiat, tandis que les critiques soulignent la qualité de la réalisation[27], et qu'Uderzo déclare qu'il s'agit du « meilleur film d'Astérix qui soit sorti[26]. »
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+ Le 31 mars 2015, le scénariste Jean-Yves Ferri dévoile le nom du prochain album d'Astérix : Le Papyrus de César, qui sort le 22 octobre de la même année[28] et est tiré à 4,5 millions d'exemplaires, pour la France.
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+ Le 18 octobre 2017, un nouvel album, intitulé Astérix et la Transitalique sort dans les librairies françaises et est tiré à environ 5 millions d'exemplaires dont 2 millions pour le marché français. C'est donc le troisième album réalisé par le duo Jean-Yves Ferri-Didier Conrad[29].
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+ Le 38e album, réalisé par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, sort le 24 octobre 2019. Intitulé La Fille de Vercingétorix, il est tiré à 5 millions d'exemplaires et traduit en vingt langues[30],[31],[32].
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+ Le Menhir d'Or sortira le 21 octobre 2020[33].
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+ Outre des personnages historiques comme Jules César ou Cléopâtre, de nombreux personnages existants ou ayant existé sont apparus au fil des albums successifs, sous forme de clins d’œil humoristiques. Par exemple, La Zizanie met en scène un centurion romain qui a les traits de l'acteur Lino Ventura, très populaire à l'époque où l'album a été publié. Cette pratique contribue à donner différents niveaux de lecture à l'œuvre (les enfants, et même les adultes, ne vont pas nécessairement reconnaître toutes les personnalités caricaturées) et empêche de la réduire au rang de « bande dessinée pour enfants ». Dans Le Papyrus de César, Bonus Promoplus, conseiller de Jules César, est une caricature de Jacques Séguéla.
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+ Les jeux de mots sont très nombreux, Goscinny en a disséminé pour différents âges. Notamment, les noms de la plupart des personnages apparaissant dans les quelque trente albums d'Astérix le Gaulois sont basés sur des jeux de mots, à commencer par le nom d'Astérix, qui évoque le signe typographique appelé « astérisque », et le nom d'Obélix , qui évoque le signe typographique appelé « obélisque » qui peut servir comme appel de note en complément de l’astérisque. On peut également citer le personnage d'Idéfix, dont le nom fait penser à l'expression « idée fixe », mais aussi la Gauloise Iélosubmarine, dont le nom rappelle la chanson des Beatles Yellow Submarine, ou encore le doyen du village, qui s'appelle logiquement Agecanonix (nom évoquant l'expression « âge canonique »), et bien d'autres. Par ailleurs, tous les noms des Gaulois se terminent en -ix, ce qui est en fait une interprétation personnelle des auteurs à partir des noms de chefs gaulois en -rix (roi), par exemple Vercingétorix, alors qu'en réalité les noms masculins se terminaient le plus souvent en -os, ce qui correspond au nominatif masculin singulier latin -us, ceux des Gauloises se terminent généralement en -ine (Bonemine, Iélosubmarine, etc., Falbala faisant partie des exceptions), ce qui par contre correspond à une certaine réalité, tous ceux des Normands en -af (Grossebaf, Autograf, Batdaf…), sur le modèle du saint roi Olaf II de Norvège, tous ceux des Ibères en -on (Soupalognon y Crouton…), des Bretons en -ax (Jolitorax, Antrax…) ou en -os (Zebigbos), des Goths en -ic (Téléféric, Périféric…), conformément aux noms german-iques en -ric, des Romains en -us (Garovirus, Roméomontaigus, Infarctus…), des Grecs en -os ou -as (Plexigas, Invinoveritas…), des Égyptiens en -is (Numérobis, Tournevis, Amonbofis…), des Indiens en -ah ou -ane (Kiçah, Seurhane) et ceux des pictes et des calédoniens commencent par mac- (Mac Oloch, Mac Abbeh...). Dans Astérix et la Transitalique, de nouveaux peuples font leur apparition tels que les Koushites en -afer (Toutunafer et Niphéniafer), les Sarmates en -ov (Ogouguimov, Olyunidislov), les lusitaniens en -ès (Solilès, Pataquès), les Cimbres comme leurs compatriotes Vikings en -en (Neuillisursen, Betåkårøten...).
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+ D'autres jeux de mots sont plus contextuels. Les exemples sont nombreux. Parlant d'Astérix et Obélix se trouvant aux thermes, dans une piscine remplie (par opposition aux autres piscines de l'endroit, précédemment vidées par Obélix), le chef Abraracourcix indique au patron des lieux « Mes gaulois sont dans la pleine » (allusions aux « Gaulois sont dans la plaine »)[34]. Un Gallo-romains (le chef de tribu Aplusbégalix), affiche chez lui un panneau « Rome Sweet Rome »[35], ou Astérix, s'adressant à un couple de romains dont la femme se montre généreuse, au contraire de son époux, lui lance « Allez, Romain, sois bon comme la Romaine » [36].
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+ Le comique de répétition est très présent tout au long de la série. Il se présente sous forme de malentendus entre les personnages ou des problèmes de langages. Certaines scènes reviennent fréquemment, comme la scène de naufrage des pirates qui débute toujours par un cri de peur du personnage Baba la vigie : « Les Gau… les GauGau… » et qui se finit par une citation en latin de Triple-patte, le vieux pirate estropié. Les chants du barde sont aussi très réguliers, et provoquent toujours la fuite des auditeurs ou la neutralisation du barde par les coups[37]. Obélix ponctue ses constats par un « ils sont fous ces… ». Les bagarres dues aux poissons pas frais d'Ordralfabétix et les chutes à répétition du chef du haut de son pavois, qui commencent à partir du quatorzième album Astérix en Hispanie, sont aussi très fréquents dans la série[38].
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+ Par ailleurs, en plus d'être ainsi inter-albums (des gags se répétant d'un album à l'autre), le comique de répétition est également très présent à l'intérieur même des albums, avec des gags s'y répétant régulièrement. L'album L'Odyssée d'Astérix en est un bon exemple : dans le navire phénicien, Astérix et Obélix affrontent trois fois d'affilée des navires, avec une même mise en scène (« À chaque fois que je revois cette scène, j'y découvre quelque chose de nouveau ! » commente un membre de l'équipage)[39] ; leur navire reçoit ensuite un « même accueil » (flèches enflammées et boulets) à quatre ports de suite[40] ; et dans le désert, les Gaulois sont attaqués à de multiples reprises par des guerriers de diverses tribus qui les confondent toujours avec leurs ennemis qui arrivent après, nommant leurs ennemis etc., le tout accompagné de répliques répétitives et de tout un ensemble construisant un comique de répétition riche[41].
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+ L'image que la bande dessinée donne de la vie quotidienne en Gaule ne doit pas être prise au pied de la lettre :
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+ Chaque album place l'histoire comme se déroulant en -50, mais il est évident que les années se succèdent. On peut retracer approximativement la ligne chronologique comme suit :
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+ Cependant, les auteurs prennent beaucoup de liberté par rapport à la réalité historique. Leurs héros participent par exemple à des événements antérieurs à -50, telle que l'invasion partielle de la Bretagne insulaire (-55) et de la Belgique, qui faisaient partie intégrante de la campagne de la guerre des Gaules, dans les années -50. À l'inverse, les références aux pillages vikings dans Astérix et les Normands, et à l'expédition vers le Vinland dans La grande traversée, correspondent à des faits se déroulant bien plus tard, entre le VIIIe siècle et le XIe siècle ; ces anachronismes sont toutefois justifiés, le premier de façon comique par le chef des vikings d'Astérix et les Normands qui précise, page 31, « [qu'ils] ne [sont] pas venus faire la guerre. Pour ça, [leurs] descendants s'en chargeront dans quelques siècles. », et le second par le fait que l'explorateur viking de La grande traversée se perçoit comme un visionnaire, et qu'il n'est pas pris au sérieux par sa tribu ;
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+ En règle générale, il convient de rappeler qu'en dépit des efforts de documentation, l'univers d'Astérix est très loin de la réalité historique puisque souvent, il consiste à appliquer «��l'esprit » moderne plus ou moins caricatural d'un pays, à sa forme antique. Il ne s'agit pas alors d'approximation involontaire mais bien d'un esprit de décalage explicite. Par exemple, dans la Lutèce astérixienne (qui tient pour cette Gaule fictive le rôle d'avant-garde de l'art, de la fête et de la mode que tiendra ensuite le Paris contemporain pour la « province », ce qui en soi, est déjà éloigné de la réalité historique de la position de Lutèce en Gaule romaine), un pigeonnier géant singe trait pour trait la Tour Eiffel, tandis que la ville accueille une délégation du comité olympique grec, afin qu'il lui permette d'accueillir l'organisation des jeux. Assimiler le fonctionnement des Jeux modernes, se passant dans des lieux à chaque fois différents, à celui des Jeux antiques originaux est bien entendu absurde sur le plan historique, mais l'esprit d'Astérix n'est justement pas dans la retranscription fidèle de l'Histoire. Autre exemple : dans la bande dessinée, la Germanie contemporaine de Jules César (assimilée dans l'album aux seuls Goths, Wisigoths, Ostrogoths) est en partie un amalgame de références au militarisme prussien, au Reich hitlérien, et au célèbre morcellement politique interne du Saint-Empire romain germanique. Dans les îles Britanniques, les Bretons jouent au rugby dans des stades, on y croise des roulottes à deux étages rappelant les célèbres bus à impériale londoniens, on montre 4 bardes célèbres qui sont les caricatures des Beatles, etc. La plupart des albums se focalisant sur un peuple en particulier (Gaulois inclus) ont recours à ce schéma de mélange du passé, du présent et des clichés. Un dernier exemple plus fantaisiste encore pourrait être celui des « montagnes slaves » installées à l'occasion du Combat des chefs, grands manèges mécaniques présentant une version « barbare » transparente des montagnes russes.
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+ Cependant, de nombreux éléments historiques véridiques sont habilement intégrés aux aventures d'Astérix : conquête de la Bretagne (même si elle ne fut pas le fait de Jules César, qui ne fit que des incursions), révoltes ibériques, combats de César en Afrique contre les anciens partisans de Pompée, liaison avec Cléopâtre, les questeurs, les vingt ans de service dans l'armée, la formation militaire dite en « tortue », etc.
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+ Le dessin d'Albert Uderzo et de la série est proche de l'école de Marcinelle du journal Spirou, où les dessins sont réalisés de manière semi-réaliste. C'est-à-dire que les personnages sont en partie caricaturés au niveau des expressions et possèdent tous des gros nez[f 1].
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+ Les expressions sont caricaturées à l’extrême afin de faire rire immédiatement le lecteur. Les nez des personnages sont énormes, chaque détail physique et caractériel est exagéré. Un personnage ivre a le nez rouge, un gros mangeur a le ventre énorme ou encore un maître autoritaire a un cou démesuré[f 1]. La couleur du visage fait aussi partie de la caricature avec un visage rouge pour la colère et vert pour la peur. Dans l'histoire La Grande Traversée, une planche sans parole est consacrée à détailler l'expression des caractères gaulois par Astérix et Obélix, avec la gourmandise représentée par des mains se frottant le ventre et une langue salivante, la mauvaise humeur par des sourcils froncés, des mains dans les poches et des épaules remontées ou encore la bagarre représentée par une posture de boxeur[f 2].
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+ Les décors que dessine Albert Uderzo naissent la plupart du temps de son imagination et il ne s'aide jamais de photographie ou de documentation. Seule exception pour l'histoire Astérix en Corse où il est allé lui-même en Corse pour se documenter et prendre des photographies de la faune et la flore. Les paysages d'Albert Uderzo sont toujours très détaillés et bien réalisés[f 3].
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111
+ Pour dessiner les architectures représentées dans la série, Albert Uderzo n'utilise pas toujours des documents. Ainsi dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, il dessine le port de Gesocribate de l'époque selon son imagination. Par la suite il reçoit un courrier d'un agrégé d'histoire pour le féliciter du tracé du port fidèle à la représentation antique[f 3]. La ville de Lutèce est, elle, représentée selon le tracé de l'actuelle Île de la Cité, avec un temple romain à la place de l'Église Notre-Dame de Paris et l'axe de la rue Saint-Jacques[f 4]. Pour la ville de Rome présente dans l'histoire Les Lauriers de César, il s'inspire de la grande maquette de l'architecte Italo Gismondi qui représente Rome sous l'Empereur Constantin Ier[f 5]. Pour l'histoire L'Odyssée d'Astérix, Albert Uderzo fait son second voyage d'étude sur place, après la Corse, pour dessiner un décor. En l’occurrence il part à Jérusalem, il s'inspire notamment de la maquette présente au musée d’Israël pour dessiner le Second Temple de Jérusalem[f 6].
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+ Voir la page : Village d'Astérix et Obélix
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+ Le Sénat romain représenté dans la série est entièrement contrôlé par Jules César, qui a acheté la soumission des sénateurs qui y siègent ou réduit leur influence. Il semble avoir perdu son rôle de chef de l'État romain au bénéfice de César et ne contrôle même plus la politique extérieure de la République. Quand le Sénat est représenté c'est pour le montrer comme une assemblée endormie composée d'anciens militaires ou d'anciens partisans de Pompée, rendus mous par le luxe et les fortunes acquises, qui créent des commissions et des sous-commissions pour enterrer chaque dossier ou se donner l'occasion de l'examiner lors d'un prochain déjeuner. Ils cherchent avant tout à maintenir leurs intérêts en conservant le pouvoir en place, permettant à César de régner seul sur la République romaine face à ce pouvoir totalement affaibli[h 2].
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+ Comme dans la réalité historique, l'armée romaine est loyale envers Jules César, et non plus envers le Sénat romain. Elle est composée en majorité d'engagés volontaires qui recherchent la gloire et la fortune (ils regrettent très vite leur choix), mais aussi de troufions envoyés principalement en Corse. Si les légionnaires sont fidèles à César, beaucoup de ses gradés, principalement des centurions, rêvent de le renverser et le remplacer. C'est le cas notamment dans l'histoire Le Devin où Caius Faipalgugus, le centurion du camp de Petibonum est contrarié dans ses plans par son optione qui reste jusqu'au bout fidèle à la légalité du pouvoir en place. Malgré quelques trahisons, César tient son armée d'une main de maître et n'hésite pas à la commander lui-même comme dans Astérix chez les Belges. De plus, il punit lui-même les gradés qui lui désobéissent, comme dans la première aventure de la série, où il envoie un centurion en Mongolie inférieure[h 3].
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+ Les jeux du cirque sont représentés dans la série comme un instrument pour abrutir le peuple et l'éloigner de la politique. Pendant les jeux, César suit les avis du public car il sait que plus le peuple est content, plus son pouvoir est renforcé. Par exemple dans l'histoire Astérix gladiateur, il accorde sa grâce à Assurancetourix, très applaudi par le public avec Astérix et Obélix[h 4].
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+ Les barbares et les brigands : le lecteur les voit entre autres dans La serpe d'or et Le tour de Gaule d'Astérix où ils essaient de détrousser les deux héros mais se retrouvent punis à coups de poing.
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+ Paris est dans la série représentée par Lutèce. Blottie dans l'Île de la Cité, Lutèce est alors présentée comme le Paris contemporain, ville lumière, des arts, de l'amour, de la mode et réputée pour sa vie nocturne. Les touristes viennent en masse des autres pays antiques pour y voir un moulin rouge qui propose la visite de la ville pour trois sesterces. C'est la capitale de la mode : dans La Rose et le Glaive, les villageoises sont curieuses de savoir ce qui est à la mode dans la ville (d'où la réponse de Maestria : « Oh vous savez, Lutèce n'est qu'un pari sur l'avenir. »). C'est la ville où il faut monter pour connaître une carrière artistique ou faire fortune : dans Astérix et les Normands, Assurancetourix espère bien pouvoir chanter à « l'Olympix ». Les Arvernes y ouvrent des établissements qui vendent du vin et du charbon et les Méridionaux des auberges comme dans l'album La Serpe d'or où un personnage ressemblant au César de Marcel Pagnol tient un établissement nommé Au soleil de Massilia. Les Gaulois sont attachés à leur capitale (dans la réalité Lutèce n'a pas ce statut) et n'hésitent pas à le faire savoir en chanson : ainsi, prisonnier des Goths, le druide Panoramix chante « Revoir Lutèce » et Assurancetourix, dans les prisons de Rome, chante « Menhir montant » parodie de Revoir Paris et Ménilmontant de Charles Trenet (composé pendant l'occupation allemande) ; Maestria, dans La Rose et le Glaive, chante « Lutèce est une blonde », parodie de Ça, c'est Paris de Mistinguett ; pour fêter l'arrivée au Pirée dans Astérix aux Jeux Olympiques le village chante « À Lutèce on l'aime bien Nini peau d'sanglier ! » parodie de Nini peau d'chien d'Aristide Bruant[i 1].
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+ Dans la série, l'Auvergne et ses habitants sont représentés par les Arvernes. On vient principalement y faire des cures thermales, dans les villes d'Aquae calidae (Vichy) ou Borvo (La Bourboule). Les voyageurs, comme Astérix et Obélix, n'hésitent pas à grimper le Puy de Dôme, où l'air est délicieux. La capitale Nemessos (Clermont-Ferrand) possède une grosse entreprise de fabrication de roues évoquant l'entreprise Michelin. C'est aussi une région avec une forte diversité de spécialités culinaires comme le « bleu d'Arverne », la potée au chou ou encore la saucisse sèche, et à la fin du repas on danse la bourrée. Les habitants ont un accent qui chuinte bien que les nouvelles générations le perdent selon les vieux Arvernes[i 2]. Les Arvernes n'hésitent pas à quitter leur région pour faire fortune dans la capitale en ouvrant des boutiques de vin et de charbon[i 1].
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+ La Provence représentée dans la série est principalement celle de Marcel Pagnol. Dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix, les deux irréductibles Gaulois vont à Massilia (Marseille) et entrent dans un établissement nommé « Taverne des Nautes » où se joue une partie de cartes avec quatre caricatures tirées du film Marius, adapté de Pagnol. Le tenancier, César Labeldecadix, est la caricature de Raimu jouant le personnage de César. Il râle contre « l'estranger » de Lugdunum qui refuse de boire le « pastix ». À côté se trouve une poissonnerie où la marchande ressemble à Honorine Cabanis, autre personnage de Pagnol. Massilia est la ville de l'exagération, de la bouillabaisse et de la pétanque. L'accent marseillais est caricaturé et les auteurs déforment les sons et le parler provençal[i 3].
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+ La Corse et ses habitants sont représentés principalement dans l'histoire Astérix en Corse, qui voit Astérix et Obélix voyager sur l'île de beauté. Graphiquement, la Corse dessinée par Uderzo est stéréotypée : l'île est montagneuse, couverte de bois de chênes, châtaigniers et de maquis. Les villages sont faits de maisons en pierres sèches, des vieillards passent leur temps assis sur des bancs, les femmes portent le mezzaro et des cochons sauvages vivent en liberté devant les habitations. Les références à la culture corse sont grandes, notamment au chanteur Tino Rossi : le nom d'Ocatarinetabellatchitchix, le Corse principal de l'histoire, est en référence au refrain de la chanson Tchi tchi et le mot de passe qu'utilisent les pirates et les gaulois est une référence à une autre chanson Vieni vieni. Les références à Napoléon Ier sont aussi très nombreuses : Ocatarinetabellatchitchix est montré à plusieurs reprises dans la stature de Napoléon la main dans le pli de sa pelisse[i 4], il annonce notamment après la victoire face aux légionnaires romains que pour que les Corses acceptent un empereur, il faudra qu'il soit Corse lui-même[i 5].
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+ Les stéréotypes corses sont grossis avec second degré. Les querelles ancestrales et la vendetta sont caricaturées par l'opposition entre le clan Ocatarinetabellatchitchix et Figatellix, dont les origines sont si anciennes qu'on n'en connaît plus la raison exacte, les motifs donnés étant dérisoires et ne concernant même pas un des membres directs du clan[i 6]. La fierté des Corses est caricaturée par des personnages raides et stoïques, jamais souriants et montrant rarement leurs émotions[i 7]. Les femmes corses sont représentées comme parfaitement soumises aux hommes du clan : elles restent cloîtrées à la maison, ne pouvant parler en la présence d'homme n'appartenant pas au clan[i 8]. Dernier stéréotype parodié, la paresse des Corses : Ocatarinetabellatchitchix, relâché par les Romains avant l'attaque des irréductibles Gaulois, refuse d'interrompre sa sieste pour sortir de la cellule ; les druides corses ne cueillent pas le gui dans les arbres mais attendent qu'il tombe, et le chantier de la voie romaine avance au ralenti (ouvert trois ans auparavant, il ne compte que quelques dalles)[i 9]. En réalité, si les noms des Corses se terminent en -ix et si la Corse a des Druides, c'est pour montrer de manière moderne son appartenance à la Gaule, donc à la France, alors qu'en réalité, les Corses ne descendent pas des Gaulois (qui n'ont jamais colonisé l'île), et n'ont par conséquent pas de druides, au sens celtique du terme.
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+ Dans la préface de l'album, les auteurs prennent, avec un second degré assumé, le soin de vanter les mérites de la Corse et de certains de ses grands hommes, en rappelant avec humour que les Corses sont plus encore que des gens emplis de qualités : ils sont susceptibles.
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+ Les albums de la série mettent en scène un grand nombre d'habitants des différentes régions de France et leurs différences. Ainsi l'Armorique, où se situe le village des irréductibles, est une représentation de la Bretagne moderne. Dans l'histoire Le Fils d'Astérix un des habitants du village plante des menhirs dans un champ, allusion aux menhirs de Carnac ; la région possède déjà un fort patrimoine de chansons et de danses ( « Ils ont des casques ailés, vive les Celtes » chante Assurancetourix parodie de la chanson Ils ont des chapeaux ronds)[i 10]. La Normandie est parodiée par deux représentations, celle des Normands dans l'album Astérix et les Normands et par les habitants de Rotomagus (Rouen) dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix. Le débarquement des Normands sur les plages gauloises est une double allusion aux invasions viking du Moyen Âge, qui fondent la province en 911, et au débarquement allié sur les plages normandes, lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils creusent « de beaux trous normands », référence au fait de boire un verre d'alcool entre deux plats d'un repas. Ils accompagnent tous leurs plats de crème et leur spécialité culinaire est la « crème à la crème »[Cit. 1]. En arrivant en Gaule, ils chantent qu'ils veulent revoir leur Normandie, référence à l'hymne normand Ma Normandie écrit par Frédéric Bérat. Quant aux habitants de Rotomagus, ils fournissent des réponses de Normand aux légionnaires qui poursuivent Astérix et Obélix à base de « P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non ». La ville de Suindinum (Le Mans) est connue pour sa célèbre course de char à bœufs de vingt-quatre heures[i 11].
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+ À Nicae (Nice) se trouve « la promenade des Bretons », bordée de palmiers, et les plages de la ville sont remplies de touristes. La spécialité culinaire est la « salade nicaesoise »[i 12]. Burdigala (Bordeaux) a pour spécialité le vin et les huitres et la célèbre Place des Quinconces est nommée ainsi à la suite des ordres du centurion romain qui exige que ses légionnaires se mettent en quinconce, lors de la bataille contre les habitants de la ville qui protègent la fuite d'Astérix et Obélix[i 11]. Le Pays basque est représenté par le peuple des Vaccéens, excellents montagnards et guides, qui aident à passer en Hispanie. Leur spécialité culinaire est le « poulet vasconne », parodie du poulet basquaise[i 13]. Lugdunum est un important foyer de résistance à l'occupation romaine, en référence au Lyon moderne, ville de résistance et surtout de Jean Moulin. Les légionnaires romains se perdent dans les ruelles de la ville qui rappellent les traboules[i 14]. Sans oublier les villes surtout représentées par leurs spécialités culinaires dans Le Tour de Gaule d'Astérix : Tolosa (Toulouse) pour la saucisse, Aginnum (Agen) pour ses pruneaux, Camaracum (Cambrai) pour ses bêtises et Durocortorum (Reims) pour son vin pétillant en amphore, dont les bouchons sautent facilement[i 13].
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+ Les classes sociales supérieures, ou aisées, sont représentées principalement à travers le personnage du beau-frère de Bonnemine, Homéopatix, qui apparaît entre autres dans Les Lauriers de César. Celui-ci représente le grand bourgeois parisien - lutécien dans la Bande dessinée - qui jette sur le reste de la Gaule un regard condescendant assimilé à celui des Parisiens sur la Province. Les signes extérieurs de sa fortune se voient à sa maison, copiée sur un modèle romain, ses habits (fourrures et bijoux) et les mets qu'il sert à Abraracourcix, Bonnemine, Astérix et Obélix dans Les Lauriers de César (sabots de boeufs en gelée, par exemple). Ces mets brillent par leur prix, mis en avant par le personnage. De ce point de vue, d'ailleurs, il pourrait être une caricature de nouveau riche (à la Bouvard et Pécuchet).
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+ La fièvre de dépenses et de distinction sociale qui saisit les Gaulois dans Obélix et Compagnie peut également être une critique des parvenus ainsi que des mécanismes de distinction sociale des classes sociales les plus riches.
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+ La classe moyenne est la représentation sociale la plus présente dans la série. Elle est composée d'artisans, de commerçants, d'employés, d'agriculteurs et de fonctionnaires[i 15]. Les fonctionnaires romains sont représentés à plusieurs reprises dans la série, et parodient l'administration française, comme dans l'histoire Astérix et le Chaudron qui met en scène un collecteur d'impôts dont les phylactères parodient les formulaires administratifs ; les douaniers sont parodiés par des légionnaires romains gardant les frontières et accusant Astérix et Obélix d'importations frauduleuses. Des entreprises nationales comme La Poste ou la banque du Crédit lyonnais (parodié en Crédit Latin) sont aussi mises en scène[i 16].
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+ Les classes populaires apparaissent rarement dans la série. La classe ouvrière est toutefois représentée dans l'histoire Le Domaine des dieux, par l'intermédiaire des esclaves de toutes nationalités qui coupent les arbres dans la forêt, parodiant le travail de force à la chaine. Le chef des esclaves, Duplicatha, représente le travailleur immigré et le meneur syndical qui négocie les conditions de travail avec le patronat. Évocation aussi à travers le phénicien Epidemaïs, qui à plusieurs reprises au cours de la série trouve des moyens pour exploiter des travailleurs : ainsi dans l'histoire Astérix gladiateur, ses rameurs sont des employés qui n'ont pas bien lu le contrat qu'ils ont signé. De même, dans l'histoire L'Odyssée d'Astérix, il est devenu organisateur de croisière, et ses rameurs des clients partant en croisière. Dernière référence dans l'histoire Le Bouclier arverne, avec l'entreprise de roues présente dans la ville de Nemessos, où des femmes travaillent à graver des catalogues de vente, en parodiant la division et la spécialisation des tâches, avec un rythme éprouvant de travail[i 17].
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+ Dans la série, l'histoire est renversée par les auteurs dès la carte de la Gaule, présente dans chaque ouverture d'album. Tout est fait pour que le lecteur pense à la France moderne, bien que les frontières ne soient pas représentées. Ainsi, la carte centrée sur la France évacue hors cadre la partie allemande et suisse de la Gaule, la Belgique mentionnée au Nord fait une confusion volontaire avec l'État moderne de Belgique. Lut��ce est mentionnée sur la carte, représentée comme l'égal de Paris et capitale de la Gaule. Le texte introductif, présent sur la carte, accompagne le lecteur dans le sens de l'identification. Le texte commence par « Nous » pour faire participer le lecteur, puis l'utilisation du présent de l'indicatif sert à casser la distance historique. Ensuite, il prend l'Histoire à contrepied, en renversant les forces et les Romains ont désormais la vie dure. De plus, les Gaulois sont qualifiés d'« irréductibles », donc un gage pour le lecteur qu'ils ne seront jamais vaincus[pas clair].
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+ Dès la première planche de la série, dans Astérix le Gaulois, l'histoire est parodiée avec la capitulation de Vercingétorix, qui jette ses armes non pas aux pieds de César, mais sur les pieds de César, ce qui le fait bondir de son siège. Le chef gaulois, avec sa forte musculature, domine la scène par rapport au chétif chef romain au crâne dégarni et lançant un fort cri de douleur en recevant les armes sur ses pieds. La scène historique est renversée au profit des Gaulois dont l'honneur sort vainqueur de cette scène. C'est aussi une parodie poussée à l'extrême des livres d'Histoire de la Troisième République, qui glorifiaient Vercingétorix par rapport à Jules César. Dans Le Bouclier arverne, l'histoire est de nouveau renversée avec un nouveau Gergovie pour les Romains : Abraracourcix triomphe dans la ville sur le bouclier de Vercingétorix, devant un César qui ne peut que constater son échec. La revanche gauloise est totale et renverse l'histoire en annulant symboliquement Alésia.
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+ Autre symbole de l'Histoire renversée, la paix romaine. Commencée selon les auteurs de la Troisième République après la défaite gauloise d'Alésia, pour pacifier les territoires conquis qui étaient en lutte perpétuelle entre clans, elle apparait dans la série comme de la simple propagande. Au lieu de pacifier, le Jules César de la série ne pense qu'à faire la guerre au minuscule village des irréductibles, qui pourtant ne le menacent pas dans sa puissance. Dans le récit Le Combat des chefs, c'est même le contraire de la paix romaine puisqu'au lieu de pacifier les tribus, il n'hésite pas à les monter les unes contre les autres en poussant le chef Aplusbégalix à se battre contre Abraracourcix pour s'emparer du village des irréductibles. Poussée plus loin dans la parodie, la paix romaine devient la paix gauloise, le mode de vie simple du village à base de rigolade, de loisir et de bonne humeur contamine les camps retranchés aux alentours, qui préfèrent vivre une existence simple enfermée dans leur camp plutôt que de prendre des baffes en exerçant leur mission de soldats censés diffuser la culture romaine. L'exemple le plus probant se trouve dans l'histoire Obélix et Compagnie, qui montre les camps romains totalement dominés par la culture du petit village, où les légionnaires s'occupent des taches ménagères, du jardinage ou les loisirs plutôt que de faire leur devoir de soldat. De plus, la discipline romaine censée être diffusée par la pax romana est tournée en ridicule par les déroutes que subissent continuellement les légions de Rome face aux Gaulois, qui se lancent dans la bagarre dans un désordre général. Les camps romains ou « Camp de César », illustrés par de nombreux lieux-dits, sont pris au pied de la lettre par la série, alors qu'il ne s'agit pour l'archéologie moderne que de traces d'établissements de l'âge de fer (donc gaulois), voire de la période médiévale, dans la majorité des cas. En outre, sur les vestiges des quelques camps romains du Haut Empire, jamais trouvé en France, aucun n'a été mis au jour au nord ouest de la Gaule, où est censée se dérouler l'action[45].
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+ Depuis le début des années 1960 et le succès de la série, ses deux auteurs ont toujours refusé toute récupération politique de droite comme de Gauche. Ainsi par exemple, Uderzo s'opposa à une affiche du RPR en 1998 ; « Astérix ne doit pas être mêlé à ça » déclara-t-il et finalement l'affiche sera modifiée[46],[47]. L'unique entrave à cette règle de ne pas s'occuper de politique fut pour confirmer la neutralité du « petit Gaulois » dans le premier album de l'ère Uderzo, Le Grand Fossé, qui caricature les affrontements partisans en montrant un village gaulois coupé en deux avec deux chefs, élus, l'un, par la partie droite, et l'autre, par la partie gauche, qui revendiquent chacun la pleine gouvernance du village. La droite et la gauche du village étant traitées sur un pied d'égalité, cet album ne permet pas d'attribuer un bord politique à la série, puisque finalement, c'est Comix, le fils d'un des deux chefs, qui prend la tête du village réuni en se mariant avec Fanzine la fille de l'autre chef[e 28].
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+ Malgré cela, certains médias et auteurs tentent d'analyser la série sous un angle politique, voire de définir son orientation. Ainsi, pour Le Figaro, le druide Panoramix serait de droite car s'occupant, selon ce journal, de fonctions qui sont généralement des priorités d'homme de droite, comme la défense et la santé. Toujours selon ce journal, le barde Assurancetourix, homme de culture et enseignant à ses heures, serait lui de gauche[e 29]. A contrario, pour Libération, Astérix et les habitants du village gaulois seraient de gauche, en tant qu'« opprimés » luttant contre des « envahisseurs », à quelques nuances près, comme le chauvinisme[48], qui fait dire à l'un deux : « Moi, les étrangers ne me dérangent pas tant qu'ils restent chez eux », (Agecanonix dans Le Cadeau de César).
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+ Selon Nicolas Rouvière — auteur de Astérix ou la parodie des identités et Astérix ou les lumières de la civilisation — les auteurs ont toujours pris soin de ne pas faire de satire partisane, et de brouiller les pistes sur la portée politique de la série, même si, selon lui, elle reste porteuse de certaines valeurs politiques (idéal universaliste par exemple), par le biais de la satire sociétale qu'elle propose[49]. Alors que les auteurs du livre Tintin est-il de gauche ? Astérix est-il de droite ?, concluent à l'instar d'Alain Duhamel — auteur de l'ouvrage Le complexe d'Astérix — que le « petit Gaulois » et ses copains sont inclassables[50].
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+ Les historiens sont partagés, surtout pendant la Troisième République, sur l'interprétation à donner de la défaite gauloise face aux légions romaines. Certains comme Camille Jullian pensent qu'elle a détruit une civilisation gauloise viable alors que d'autres comme Ernest Lavisse pensent que la défaite était inéluctable pour faire entrer la Gaule dans la modernité en créant une civilisation gallo-romaine[51]. Les auteurs de la série semblent être de l'avis de ces derniers en faisant jouer à Astérix et au village des irréductibles le rôle de résistant pour l'honneur et non de libérateur de la Gaule. Le but des irréductibles Gaulois est de faire enrager César en l'empêchant d'être maître de l'intégralité du territoire de la Gaule, ainsi que de l'empêcher de s'approprier les symboles de l'indépendance et de la résistance gauloise. Les irréductibles Gaulois savent qu'ils vont être balayés par l'Histoire en même temps que la culture gauloise par rapport à la modernité que représente la République romaine, et ils ne cherchent jamais à empêcher ce processus[52]. Le druide Panoramix en est le premier conscient et dans l'histoire Le Domaine des dieux il dit à Astérix qu'ils n'arriveront jamais à empêcher le cours des choses, mais qu'ils ont encore le temps[53].
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+ Entre le village des irréductibles Gaulois et la République romaine, les relations sont parfois ambiguës. S'ils n'hésitent pas à flanquer une bonne rouste aux légionnaires romains et empêcher toute annexion de leur village, ils font échouer à plusieurs reprises des complots de centurions romains pour renverser Jules César, comme dans les albums Astérix le Gaulois ou Le Devin. Ils luttent en plus contre les fonctionnaires corrompus ou mafieux de la République : ainsi dans l'histoire La Serpe d'or, ils font tomber le préfet romain de Lutèce, chef d'un réseau de trafiquants de serpes d'or. Dans l'album Astérix chez les Helvètes, ils combattent l'administration corrompue de Genava et Condate et sauvent même le questeur romain, empoisonné par un gouverneur de Condate alors qu'il essayait de récolter les impôts de la province détournés par ce même gouverneur. Dans l'album Astérix aux Jeux olympiques, il offre même sa palme olympique à un athlète romain, ce qui sauve l'honneur de la République aux yeux de Jules César.[Contradiction][54]. Lui-même et Obélix se sont d'ailleurs inscrits aux Jeux. Or, seuls les Grecs et les Romains peuvent y participer, aussi (au début de l'aventure), Astérix déclare que lui-même et les habitants de son village sont des Romains « depuis la conquête de la Gaule par Jules ». En fait, pour les irréductibles Gaulois, la véritable menace sont les barbares représentés par les Goths et les Normands. Ils combattent toute intrusion en Gaule et par conséquent dans la République romaine, là où les légionnaires romains se trouvent complètement incompétents. Par là même ils renforcent le pouvoir romain[52].
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+ En dehors d'Astérix et Obélix, le tandem sur qui repose l'ensemble de la série, sont qualifiés de personnages principaux ceux jouant un rôle majeur dans au moins une aventure (le chef Abraracourcix dans Le Bouclier arverne et Astérix chez les Belges, le barde Assurancetourix dans Astérix gladiateur), mais aussi ceux apparaissant régulièrement en bonne place dans les albums, à l'image du druide Panoramix, du chien Idéfix ou de Jules César. Le poissonnier du village, Ordalfabétix, le forgeron, Cétautomatix, ou encore l'ancien du village, Agecanonix, ont également leur part de célébrité. Du côté des femmes, on notera Iélosubmarine, femme du poissonnier, Bonemine, la femme du chef Abraracourcix, la belle Falbala, qui rendra fou d'amour le naîf Obélix, ou encore l'épouse d'Agecanonix, très belle femme et récurrente présence dans les albums, mais dont on ne connait pourtant pas le patronyme. D'autres personnages secondaires ont cependant marqué les mémoires, tel Jolitorax (Astérix chez les Bretons) ou Ocatarinetabellatchitchix (Astérix en Corse). Dans l'album Le Cadeau de César, la jeune Coriza, dite Zaza, prend les traits d'Isabelle Uderzo, fille du dessinateur de la série.
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+ Astérix est un guerrier gaulois et le héros de la série. Lors de ses diverses aventures, Astérix est pratiquement toujours accompagné de son meilleur ami Obélix et de son chien Idéfix. Il apparaît dès la première planche de la première histoire[a 2], où il porte déjà son habit caractéristique composé d'un haut noir, d'un pantalon rouge, d'une épée portée sur le côté et d'un casque agrémenté de deux plumes qui selon leurs orientations révèlent son humeur[g 1]. Petit et mince, chétif, Astérix est physiquement loin des stéréotypes des héros de bande dessinée de l'époque[c 15]. Au début, Albert Uderzo voulait le dessiner grand et fort, mais le scénariste René Goscinny souhaitait absolument un anti-héros qui ait « un physique marrant[a 3] ». Les auteurs souhaitaient qu'il soit teigneux[c 15], malin plutôt qu'intelligent et débrouillard afin de coller à la caricature du Français moyen[a 1]. Son nom commence par la lettre « A » afin, selon les auteurs, d'être référencé au début des futures encyclopédies de bande dessinée. Il vient d'un signe typographique, l'astérisque. Un pseudo-suffixe -ix est ajouté en référence au chef gaulois Vercingétorix[a 2].
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+ Astérix est né en 85 av. J.-C., le même jour que son meilleur ami Obélix. Cette révélation est tardive et contradictoire. C'est en effet en 2001 avec l'album Astérix et Latraviata qu'est célébré l'anniversaire commun des deux amis ; alors que précédemment dans l'album Obélix et compagnie, en 1976, l'anniversaire du seul Obélix est fêté. Le père d'Astérix s'appelle Astronomix et sa mère Praline. Tous deux tiennent une boutique de souvenirs à Condate avec les parents d'Obélix, (eux aussi apparaissent tardivement, dans l'album Astérix et Latraviata). Astérix a un cousin germain breton, Jolitorax[a 3] et il est généralement admis qu'il est célibataire et sans enfant. Cependant, dans l'album 34 L'anniversaire, la quatrième case (planche 3A) de la page 7 le montre saluant son fils et sa belle-fille. Il est vrai que cette courte histoire est présentée comme une vision d'Uderzo (planche 4A, page 8), finalement ramenée à un rêve (planche 4B, page 8).
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+ Obélix, le livreur de menhirs, est le meilleur ami d'Astérix dont il l'accompagne toujours dans ses aventures. Il a un chien nommé Idéfix. Contrairement à Astérix, qui doit boire de la potion magique, Obélix est lui tombé dans la marmite de potion magique quand il était petit, ses effets sont donc permanents chez lui[a 4]. Son nom vient, comme celui d'Astérix, d'un signe typographique, l'obèle[a 4].
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+ La présence d'Obélix dans la série est un vœu d'Albert Uderzo : alors que René Goscinny souhaite que le personnage principal, Astérix, ait un petit gabarit, Uderzo insiste pour lui adjoindre un partenaire au physique hors normes, qui correspond plus à ses préférences en matière de dessin[c 16]. Il apparaît pour la première fois dès la première planche de la première histoire[a 5], dans laquelle il porte une hache à la ceinture, un instrument qui disparaît dès la planche suivante. En revanche, sa tenue demeure la même tout au long de la série : des braies à raies verticales blanches et bleues et le torse nu[g 2]. Dans cette première histoire, sa présence n'est qu'anecdotique, mais il prend de l'importance dès le deuxième album, La Serpe d'or, au point d'être considéré comme le co-héros de la série.
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+ Doté d'un appétit jamais satisfait, Obélix apprécie la chasse aux sangliers et les festins copieux et interminables. « Cauchemar des Romains[55] », il est aussi susceptible et sa colère fuse lorsqu'on le traite de « gros ». Il voue un amour déçu et secret à la belle gauloise Falbala[a 6].
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+ Obélix est né en 85 av. J.-C., le même jour que son meilleur ami Astérix. Son père s'appelle Obélodalix et sa mère Gélatine. Tous deux tiennent une boutique de souvenirs à Condate avec les parents d'Astérix. Il a un cousin germain à Lutèce, Amérix, qui fabrique des serpes d'or. Il n'a apparemment pas d'enfant mais Goscinny et Uderzo lui ont tout de même imaginé un descendant, nommé Obélisc'h, qui vit au XXe siècle[a 7].
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+ Idéfix est le chien d'Obélix. Il fait sa première apparition dans la neuvième planche de l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, dans laquelle il suit Astérix et Obélix tout au long de leur périple à travers la Gaule, sans que ceux-ci y prêtent attention, jusqu'à la dernière planche où Obélix le remarque et lui donne un os[a 1]. Un concours est lancé dans le journal Pilote pour lui trouver un nom : Idéfix est choisi par les lecteurs, préféré à Patracourcix, Trépetix et Paindépix[c 17].
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+ Idéfix est un petit chien blanc dont la race est indéterminée. Court sur pattes dans ses premières apparitions, il prend de la hauteur et s'affine au fil des albums. Il accompagne les deux héros de la série dans toutes leurs aventures, à l'exception de quatre albums, Astérix chez les Bretons, Astérix légionnaire, Astérix chez les Helvètes et Les Lauriers de César, dans lesquels il reste au village[c 18].
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+ Idéfix ne parle pas : il s'exprime par des aboiements et ses pensées sont presque exclusivement imagées[a 1]. Il est en revanche doué de sentiments, ne supportant pas que l'on fasse du mal aux arbres. Il noue une relation privilégiée avec Obélix, qui le prend souvent au creux de sa main[c 18]. En 1974, il devient l'emblème des studios d'animations qui portent son nom. Les auteurs pastichent alors le logo de la Metro-Goldwyn-Mayer, en mettant Idéfix à la place du lion, surmontant la devise « Delirant isti Romani[c 18] ! »
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+ Panoramix est le druide du village. Figure de vieux sage, c'est de lui dont dépend la survie du village car il est le seul à posséder le secret de la potion magique, qui ne se transmet que « de bouche de druide à oreille de druide »[c 19]. Il apparaît dès le premier album, Astérix le Gaulois, dans la troisième planche. Comme tous les habitants du village, Panoramix a sa propre tenue, composée d'un habit blanc et d'une cape rouge. Facilement reconnaissable à sa longue barbe blanche, il porte toujours une serpe en or qui lui permet de cueillir le gui, ingrédient essentiel de la potion magique. Son nom vient de « Panoramique », un vaste paysage[a 8].
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+ Il est le chef du « village des fous » et se déplace presque exclusivement sur un bouclier porté par deux guerriers[c 20]. Il apparaît pour la première fois dès la sixième planche de la première histoire de la série. Son nom provient de l'expression « tomber sur quelqu'un à bras raccourcis » qui signifie attaquer violemment en pliant ses bras. Bien qu'il soit le chef et un ancien guerrier qui a notamment participé à la bataille d'Alésia, il ne semble toutefois pas à la hauteur de son rôle et la plupart des décisions importantes sont prises par Astérix ou Panoramix[a 9]. Néanmoins, il possède certaines compétences de chef, se tenant parfaitement au courant de la situation politique extérieure : il connaît les derniers événements du conflit qui oppose, dans l'album Astérix légionnaire, César aux partisans de Pompée en Afrique[i 18].
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+ Ventripotent, amateur de bonne chère[c 20], une santé solide si ce n'est une grosse crise de foie. Il est marié avec Bonemine. Cette dernière prend l'ascendant sur lui régulièrement en particulier dans la hutte. Abraracourcix est le fils de l'ancien chef du village, ce qui laisserait supposer que la transmission du titre de chef se fait héréditairement, mais le fait qu'il n'ait pas d'enfant ne semble pas poser de problème de succession aux habitants du village[56]. Il a aussi un frère, Océanix, et un neveu, Goudurix, qui vivent à Lutèce, tout comme son beau-frère Homéopatix, qu'il déteste pour son côté nouveau riche de Lutèce. La femme de ce dernier se nomme Galantine[a 10].
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+ Assurancetourix est le barde du village. Sa voix insupportable lui vaut d'être régulièrement assommé, notamment par Cétautomatix, le forgeron du village. Ce dernier l'empêche également de chanter des chants d'encouragement lors des départs d'Astérix et Obélix en aventure. Capable par son chant de faire fuir les animaux de la forêt, les normands ou les lions du cirque, voire de déclencher des pluies torrentielles ou de faire tourner le lait, il est mis à l'écart, ligoté et bâillonné lors des banquets qui clôturent chacune des aventures. Il se considère toutefois comme un génie artistique incompris, mais il n'est pas pour autant rejeté par les autres habitants du village, qui savent lui reconnaître certaines qualités : « il chante aussi mal qu'il est bon camarade » dit de lui le chef Abraracourcix dans l'album Astérix gladiateur, à quoi le druide Panoramix ajoute « c'est un Excellent camarade[c 21] ! » Les habitants du village vont même l'utiliser pour faire fuir les normands dans Astérix et les Normands et les locataires romains dans Le Domaine des Dieux.
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+ Vivant en haut d'un arbre, il joue aussi le rôle de guetteur, avertissant régulièrement le village en cas d'attaque des romains. Dans Le Papyrus de César, il possède un instrument permettant, via une réaction en chaîne, d'avertir Astérix, Obélix et Panoramix lorsque le village est en danger.
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+ Présenté dans l'album Astérix gladiateur comme un dictateur[Note 2], le personnage de Jules César dans la bande dessinée est une représentation du personnage historique éponyme, ancien consul romain, conquérant de la Gaule[c 22]. Il apparaît dès la première planche de la première histoire[a 11]. Toutefois, et contrairement à ce que prétend la série (et la croyance populaire) César n'eut jamais le titre d'empereur.
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+ La présence du village de fous, « qui résiste encore et toujours à l'envahisseur », l'irrite au plus haut point. Malmené par ces derniers, la figure du personnage historique est néanmoins respectée puisqu'il n'est jamais atteint physiquement par les coups, ni menacé dans sa fonction par les irréductibles Gaulois[i 19]. Le personnage de Jules César est souvent moqué par les auteurs : sa façon de parler de lui-même à la troisième personne et ses célèbres citations latines sont fréquemment détournées et parodiées[a 12]. Son évolution dans la série montre sa préoccupation à vouloir tenir une grande place dans l'Histoire en étant jugé comme un homme digne, alors qu'il perd souvent son sang froid dans les situations où il n'arrive pas à se faire craindre et respecter[i 20]. Sa stature de personnage historique est néanmoins toujours rétablie en mettant en avant sa clémence[i 21].
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+ La série Astérix met en scène un personnage qui règne en maître absolu sur une république décadente : ses conseillers, corrompus, ne pensent qu'à boire et à manger, ce qui leur vaut d'être représentés sous les traits de personnages lourds et somnolents. César est également malmené par Cléopâtre, la « reine des reines », avec qui il a un fils nommé Césarion. Il possède également un fils adoptif, Brutus[a 12]. Celui-ci apparait, le plus souvent brièvement, dans quatre des albums de la série.
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+ La représentation physique du personnage est fidèle aux effigies antiques et aux gravures sur les monnaies. De même, le dessinateur se conforme à la description qu'en a fait l'écrivain latin Suétone : la poitrine large, la taille élancée, les yeux vifs, César porte sur sa tête la couronne de laurier de l'Imperator[c 22]. Son physique évolue cependant considérablement au sein même de l'album Astérix le Gaulois, entre sa première apparition à la planche 1 et son retour à la fin de l'histoire : le nez long et droit pointant au milieu d'un visage rond laisse la place à un nez toujours long mais cassé[g 3], dans un visage taillé à la serpe[c 22].
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+ Les membres importants du village sont représentés par un corps de métier. Cétautomatix est le forgeron, il apparaît pour la première fois dans la planche onze de la première histoire, mais il a alors un physique totalement différent. Sa forme graphique définitive apparaît dans l'histoire Astérix et les Normands[a 13] après moult transformation physique (il apparaît avec un physique différent dans chaque album)[g 4]. Il a la particularité d'être un critique musical et culinaire brutal qui tape à chaque fois sur Assurancetourix pour l'empêcher de chanter ou sur Ordralfabétix quand il juge à l'odeur les poissons pas assez frais[a 13]. Ce dernier est le poissonnier du village, il apparaît pour la première fois dans la première planche de l'histoire Astérix en Hispanie[a 14]. Il est créé par les auteurs afin de donner une bonne raison aux gaulois de se bagarrer, les poissons semblant être la meilleure solution. De ce fait la qualité de ses poissons, qu'il importe de Lutèce (alors que le village est au bord de la mer), est source de beaucoup de conflit dans le village. Son nom vient de « ordre alphabétique »[a 15].
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+ Le village comporte aussi des femmes, à commencer par Bonemine, la femme du chef qui apparaît pour la première fois dans l'histoire Le Bouclier arverne. Elle se considère comme « la première dame du village » et elle n'hésite pas à en abuser auprès des autres dames du village, elle est aussi très dirigiste auprès de son mari, Abraracourcix[a 16]. Agecanonix, le doyen du village, est marié à une belle et élancée jeune femme que l'on connaît sous le nom de madame Agecanonix. Enfin, Iélosubmarine est poissonnière et l'épouse d'Ordralfabétix. Son nom fait référence à la chanson des Beatles Yellow Submarine.
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+ Falbala est une Gauloise qui étudie à Condate et la fille de Plantaquatix, un villageois[a 17]. Elle apparaît pour la première fois dans la première planche de l'histoire Astérix légionnaire[a 18]. Très belle, elle fait tomber sous son charme Obélix qui devient amoureux fou. Plus tard c'est Astérix qui succombera à un baiser. Elle est fiancée à Tragicomix[a 17], un jeune homme qui apparaît lui aussi pour la première fois dans l'histoire Astérix légionnaire. Il tient un commerce de location de chars et de chevaux à Condate, mais est aussi enrôlé de force dans les légions romaines[a 19]. Le cousin d'Obélix, apparaît dans l'histoire La Serpe d'or et se nomme Amérix. Il fabrique des serpes à Lutèce, mais il est enlevé par Avoranfix. Ce dernier dirige un réseau de trafic de serpes qu'il vend à prix d'or[a 20] avec son homme de main, Lentix[a 21]. Dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix, plusieurs gaulois apparaissent pour aider Astérix et Obélix, Beaufix de Lugdunum, Changéledix capitaine de navire à Burdigala[a 22], Labeldecadix surnommé « César » tenancier à Massilia[a 23]. Goudurix est le neveu d'Abraracourcix qui apparaît notamment dans l'histoire Astérix et les Normands, très peureux, il est enlevé par les normands pour le faire voler en le lançant du haut d'une falaise, comme, parait-il, « la peur donne des ailes », et qu'ils ignorent la peur, ces derniers veulent en percer le secret. Il est une caricature des jeunes yéyés à la mode dans les années 1960[a 24]. Pneumatix est le livreur de courrier du village. Il apparaît occasionnellement, la plupart du temps au début de l'histoire, où les nouvelles qu'il apporte sont le point des départs des aventures.
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+ Quelques rares Gaulois assument également les rôles d'antagonistes. La plupart du temps, ils ne sont pas foncièrement mauvais, mais sont appâtés par la richesse ou la gloire, ce qui les conduit à s'allier avec les Romains. Mais ils finissent bien souvent par le regretter. Dans le Le Tour de Gaule d'Astérix, Quatrédeusix de Divodurum[a 25] et Odalix d'Aginum vont tenter de trahir leurs compatriotes en tentant de vendre Astérix et Obélix aux Romains[a 26]. Dans La Serpe d'Or, Avoranfix et Lentix font du trafic de serpes pour le compte du gouverneur romain. Des brigands croisent également la route d'Astérix et Obélix (dans les premières aventures principalement). Dans Le Combat des chefs, Aplusbégalix, chef du village de Serum, tente de devenir gallo-romain. C'est en revanche la cupidité du chef Moralélastix dans Astérix et le Chaudron qui le pousse à traiter avec les Romains. Le faux devin Prolix tente de s'enrichir sur le dos des habitants du village naïfs. Seul Acidenitrix dans Le Grand Fossé semble déroger à cette règle.
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+ Les Gaulois apparaissant au fil des albums possèdent la caractéristique d'être blonds ou roux, sauf pour les plus anciens (ex : Agecanonix, Panoramix) qui ont les cheveux blancs. En revanche les personnages du sud-est de la Gaule (de Massilia, Corses ou Arvernes) sont quasiment tous bruns. Les Gaulois se reconnaissent aussi par la terminaison de leur nom en -ix pour les hommes. Ils (les Celtes en général avec les Belges, les Bretons ou les Helvètes) possèdent également une moustache ou une barbe. Les Corses possèdent en revanche essentiellement le visage glabre, à l'instar des Romains, qui suggère qu'ils ont ainsi une particularité propre (historiquement et ethniquement les Corses ne sont pas Celtes mais s'approchent des peuples Italiques).
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+ Le premier Romain à avoir un rôle important dans les aventures d'Astérix est Caius Bonus, dans la première histoire de la série. Il est le centurion du camp de Petibonum. Il rêve de prendre la place de César ; pour réaliser son ambition il fait enlever Panoramix pour s'emparer de la potion magique. Accompagné de son aide de camp, Marcus Sacapus[a 27], il envoie le légionnaire Caligula Minus espionner dans le village d'Astérix déguisé en Gaulois[a 28]. Gracchus Pleindastus est le préfet de Lutèce dans l'histoire La Serpe d'or, mais aussi le chef du trafic de serpe qui sévit dans la ville[a 29]. Caligula Alavacomgetepus est le préfet des Gaules dans Astérix gladiateur. Il a pour idée de rapporter un irréductible Gaulois comme cadeau à Jules César[a 30]. Il confie cette mission à Gracchus Nenjetépus, alors centurion de Petibonum. D'abord perplexe, celui-ci décide de s'acquitter de sa tâche en faisant capturer le barde Assurancetourix. Ce personnage est également présent dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix[a 31]. Caius Obtus est un organisateur des jeux du cirque, peu apprécié par Jules César[a 32]. Son second, Briseradius, est un dresseur de gladiateurs. Chargé de former Astérix et Obélix, il démissionne rapidement[a 33]. Parmi les personnages de l'épisode Le Tour de Gaule d'Astérix apparaissent plusieurs Romains chargés d'arrêter Astérix et Obélix à la suite du pari conclu avec Lucius Fleurdelotus, l'envoyé spécial de Jules César[a 23] : Encorutilfaluquejelesus le préfet de Lugdunum[a 34], Quintilius légionnaire romain de Camarucum, Plexus et Radius, deux brigands qui détroussent Astérix et Obélix et qui se font capturer par erreur par une patrouille romaine[a 26], Yenapus préfet de Tolosa[a 35]. Dans l'album Astérix et Cléopâtre, Jules César confie la mission de détruire le palais d'Alexandrie au général Chorus[a 36].
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+ Marcus Junius Brutus est un personnage historique souvent représenté dans la série. Dans les premières histoires, il est représenté comme un peu bête, effacé par Jules César. Il sert alors aux auteurs pour faire des clins d'œil à la grande histoire. Dans la suite, le personnage évolue. Ainsi, dans Le Fils d'Astérix, il devient un « dévoyé sans scrupules »[a 37].
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+ Dans bon nombre d'albums de la série, les haut gradés romains sont corrompus et cherchent à renverser César.
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+ Les pirates sont une bande de flibustiers, qui parcourt les mers pour dévaliser des navires. Elle est composée du chef Barbe Rouge[a 38], de la vigie noire Baba, qui ne prononce pas les « r »[a 30], et de Triple-Patte dont le rôle est de prononcer des citations latines avant et après le naufrage ; il possède aussi une jambe de bois[a 39]. D'autres membres d'équipage dont les noms sont inconnus apparaissent ; le fils de Barbe-rouge nommé Erix fait une incursion dans l'histoire Le Tour de Gaule d'Astérix avant de disparaître complètement, laissé comme caution par son père pour acheter un nouveau bateau[a 40]. Il s'agit d'une parodie de la série Barbe-Rouge de Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon qui parait en même temps dans Pilote. Il s'agit d'un comique de répétition dans la série, puisque dans pratiquement chaque grande histoire le bateau est coulé par les Gaulois. Ils apparaissent pour la première fois dans la planche onze de l'histoire Astérix gladiateur[a 38].
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+ Les Goths apparaissent dans l'histoire Astérix et les Goths. Le chef des Wisigoths, Téléféric, souhaite s'emparer de la potion magique pour conquérir les territoires des Ostrogoths, puis la Gaule et République romaine. Sa seconde préoccupation est d'offrir des divertissements à son peuple[a 41]. Il communique avec les Gaulois par l'intermédiaire du traducteur Cloridric, un homme lâche et fourbe qui lui ment en lui faisant croire que Panoramix va lui livrer très bientôt le secret de la potion magique. Il va ensuite devenir le chef suprême des Goths lors des « guerres astérixiennes »[a 42], qui est une stratégie d'Astérix de donner de la potion magique aux Goths afin qu'ils se battent entre eux et oublient leur plan d'envahir la Gaule. Elle va mettre en scène notamment, Casseurdebric[a 43], Electric[a 44], Liric[a 45], Passmoilcric[a 46] ou encore Satiric[a 47]. Coudetric est le chef Goths qui capture Panoramix lors du concours annuel des druides[a 48].
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+ Les Goths apparaissent également dans Astérix légionnaire en la personne de deux candidats à l'engagement dans la légion romaine à Condate, Chimeric et Figuralegoric. Mais ce dernier, trop maigre, est refusé et seul l'autre participe au reste de l'aventure.
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223
+ Le phénicien le plus emblématique de la série est le marchand Épidemaïs. Il apparaît pour la première fois dans l'histoire Astérix Gladiateur où il embarque Astérix et Obélix sur son bateau pour Rome. Il a une étrange conception de l'entreprise puisqu'il exploite ses associés, qui sont chargés de ramer, car ils ont mal lu le contrat d'association avant de le signer. Il apparaît aussi dans l'album L'Odyssée d'Astérix où il conduit les héros vers la Mésopotamie ; cette fois, les rameurs sont les participants d'un club de vacances-croisière, dont on se doute qu'ils ont été également dupés[57],[a 37].
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+ Les Égyptiens apparaissent essentiellement dans l'histoire Astérix et Cléopâtre, la reine Cléopâtre VII est un personnage historique, les auteurs vont caricaturer son caractère, ainsi elle est fortement colérique, moqueuse, excentrique, mais aussi juste et reconnaissante, son nez est source de gag et de bons mots inspirés par la phrase de Blaise Pascal. Elle réapparaît dans l'histoire Le Fils d'Astérix[a 49]. À la suite d'un pari avec César elle confie la construction d'un palais à l'architecte Numérobis qui va faire appel à son ami Panoramix pour réussir dans les temps. Son scribe s'appelle Misenplis[a 50]. Son rival Amonbofis va tout faire pour l'en empêcher avec son complice Tournevis[a 51]. César possède un espion égyptien nommé Ginfis qui va lui faire des rapports réguliers[a 52].
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227
+ Les Bretons apparaissent dans l'histoire Astérix chez les Bretons. Le personnage principal est Jolitorax, cousin germain d'Astérix venu en Gaule pour demander l'aide des irréductibles gaulois[a 53]. Les autres personnages de son village sont le Calédonien Mac Anotérapix, l'Hibernian O'Torinolaringologix[a 54] et le chef Zebigbos[a 55].
228
+ Cassivellaunos est un personnage historique, chef breton lors de l'invasion par Rome[a 56]. Ipipourax est un joueur de rugby de Camulodunum soigné avec de la potion magique au cours du match[a 56]. Relax est un aubergiste qui cache le trio recherché par les Romains[a 57], son cousin est Surtax[a 55].
229
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230
+ Les Normands sont présents dans l'histoire Astérix et les Normands ils sont les ancêtres imagés des vikings. Le chef est Olaf Grossebaf, il souhaite envahir la Gaule pour connaître la peur qui d'après lui donne des ailes[a 58]. Mataf est la vigie du drakkar normand[a 59]. Dactilograf et Sténograf sont chargés de lancer Goudurix du haut de la falaise pour le faire voler[a 24].
231
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232
+ La série naît en même temps que le journal Pilote puisqu'elle fait sa première apparition dans le premier numéro du journal du 29 octobre 1959 avec l'histoire Astérix le Gaulois. La série paraît dans le journal au rythme d'une à deux pages par semaine jusqu'au no 38 du 14 juillet 1960[58]. L'année suivante cette histoire est publiée en album, le premier de la série[59]. La série fait rapidement son retour dans l'hebdomadaire avec la publication de la seconde histoire La Serpe d'or à partir du no 42 du 11 août 1960 jusqu'au no 74 du 23 mars 1961[58] (en album en 1962[59]). Au rythme d'une histoire par an, Astérix et les Goths commence sa publication dans le no 82 jusqu'au no 122[58].
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+
234
+ Aux éditions Hachette
235
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236
+ Aux éditions Albert René
237
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238
+ Sur les 370 millions d'albums vendus[1], on estime à 130 millions ceux vendus dans les pays francophones, à 120 millions en Allemagne, 23 millions au Royaume-Uni ainsi qu'aux Pays-Bas, à 24 millions en Espagne et les autres pays hispanophones, à 5 millions en Suède, à 5,5 millions en Italie et au Portugal, à 4 millions pour la Finlande, la Norvège et le Danemark, à 7 millions en Grèce, à 3 millions au Brésil et à 1,5 million en Pologne. On remarque l'absence des États-Unis où le héros n'a jamais percé malgré une tentative de traduction. Le succès de ces albums en Italie est remarquable, bien que les romains y soient généralement tournés en dérision et y reçoivent la plupart des dérouillées infligées par les « irréductibles ». Peut-être à cause de leur persévérance envers et contre tout.
239
+
240
+ Astérix a ainsi été traduit en 111 langues selon les éditions Albert-René. Les albums sont d'abord traduits par une personne vers la langue de destination, puis retraduits par une autre en français et relus par Albert Uderzo et René Goscinny pour s'assurer du bon niveau de la traduction[réf. nécessaire].
241
+
242
+ Plusieurs albums ont été traduits dans des langues régionales ou minoritaires. En France, l'album « La rentrée gauloise » a été traduit dans 6 langues régionales, mais c'est en Allemagne qu'on trouve le plus grand nombre de traductions dans des parlers régionaux (65 albums et 29 dialectes)[68].
243
+
244
+ Astérix a également été traduit en latin avec l'album Le ciel lui tombe sur la tête (Caelum in caput ejus cadit)[69] et en espéranto[réf. nécessaire] à partir de 1979.
245
+
246
+ De nombreux dessinateurs, auteurs, stylistes ont rendu hommage à Astérix. Il y a, parmi tant d'autres :
247
+
248
+ La série a également reçu des hommages provenant de la communauté scientifique. Ainsi, un insecte hémiptère fossile, découvert en 2011 dans l'ambre de l'Oise et daté de l'Éocène inférieur (-55 millions d'années environ), a été baptisé Ordralfabetix sirophatanis en hommage à un personnage d'Astérix, Ordralfabétix, le poissonier du village[70].
249
+
250
+ Astérix a fait l'objet d'une exposition à Bruxelles en 2005, intitulée « Le monde-miroir d’Astérix »[71],[72].
251
+
252
+ Du 16 octobre 2013 au 19 janvier 2014 se tient à la Bibliothèque nationale de France une exposition[73], qui fait notamment suite au don de planches originales de trois albums d'Astérix, donation qu'a faite Albert Uderzo à la BNF[74]. Cette rétrospective coordonnée par Carine Picaud, conservatrice à la réserve des livres rares, est accompagnée d'un ouvrage coédité par la BNF et Hazan : Astérix de A à Z[75] paru depuis. Le bruit court que la BNF pourrait recevoir un don de toutes les planches toujours en possession d'Albert Uderzo (il y en aurait environ 1200)[76].
253
+
254
+ En parallèle, une autre exposition, intitulée Astérix s'affiche à Bercy Village !, se tient à Bercy Village du 4 octobre 2013 à mi-janvier 2014[77].
255
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256
+ Le collectionneur Marc Jallon, expert en arts[78] et grand amateur de bande dessinée et d'Astérix[79], a rassemblé environ 11 000 références[80] (produits, objets, gadgets, liés à l’œuvre d'Albert Uderzo[81]). Cette collection est désormais propriété de la fille d'Albert Uderzo : Sylvie.
257
+
258
+ La Monnaie de Paris a frappé en octobre 2013 trois pièces « Astérix »[82] :
259
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260
+ En 2015 la Monnaie de Paris a frappé vingt-sept pièces, pour la collection « Valeurs de la République »[83]:
261
+
262
+ « Les planches originales de la bande dessinée Astérix sont très rares sur le marché et sont saluées par des enchères de très haut niveau », explique Kapandji Morhange aux Echos. Quelques exemples[84],[85] :
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264
+ Le téléfilm Deux Romains en Gaule, librement inspiré de l'univers d'Astérix et réalisé par Pierre Tchernia, est diffusé le 25 février 1967[92]. Astérix et Obélix y apparaissent brièvement en tant que personnages animés.
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+
266
+ « J'étais parti aux États-Unis pour travailler avec Walt Disney, mais Walt Disney n'en savait rien. »
267
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268
+ — René Goscinny[c 7]
269
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270
+ « Je me voyais en toute simplicité devenir un jour le Walt Disney français. »
271
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272
+ — Albert Uderzo[93]
273
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274
+ Au cours des années 1960, Jean Dejoux un chercheur à la RTF, met au point le procédé de l'animographe et le présente aux deux auteurs, Goscinny et Uderzo. Séduit par le procédé, Georges Dargaud, le directeur du journal Pilote, entreprend en 1967 l'adaptation de l'album Astérix le Gaulois, produit par les studios Belvision, sans en informer les deux auteurs de la série. Ces derniers ne découvrent le film que lors d'une projection privée, mais ne s'opposent pas à sa sortie en salle[c 7].
275
+
276
+ Le succès est au rendez-vous avec 2 415 920 entrées[8], mais Goscinny et Uderzo ne sont pas convaincus par la qualité artistique du film. Ils apprennent alors qu'un second film est en cours de production chez Belvision, adapté du deuxième album de la série, La Serpe d'or. Ils s'opposent à la réalisation de ce projet et proposent à Georges Dargaud d'investir dans un long métrage dont ils superviseraient eux-mêmes la direction artistique. C'est ainsi que naît Astérix et Cléopâtre, tiré du sixième album des aventures d'Astérix. Albert Uderzo dessine le storyboard tandis que René Goscinny est épaulé par Pierre Tchernia dans l'adaptation du scénario. Ce dernier écrit pour le film trois chansons sur une musique composée par Gérard Calvi[c 7]. Ce deuxième dessin animé atteint 1 953 308 spectateurs[8].
277
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278
+ En 1974, Dargaud, Goscinny et Uderzo fondent les Studios Idéfix pour réaliser un troisième dessin animé, Les Douze Travaux d'Astérix. Contrairement aux deux précédents films, celui-ci n'est pas le fruit de l'adaptation d'un album mais de l'écriture d'un scénario original par René Goscinny, avec la collaboration de Pierre Tchernia. Uderzo réalise de nombreuses planches de modèles des nouveaux personnages et la direction de l'animation est confiée à Pierre Watrin et Henri Gruel. La production débute à l'automne 1974 et le film sort en salle le 20 octobre 1976[c 10]. Plus de deux millions d'entrées sont enregistrées[8].
279
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280
+ La mort de René Goscinny en 1977 entraîne la fermeture des Studios Idéfix, mais l'aventure cinématographique d'Astérix ne s'arrête pas pour autant. Les frères Gaëtan et Paul Brizzi réalisent Astérix et la Surprise de César, une adaptation libre des albums Astérix gladiateur et Astérix légionnaire, produite par la société Gaumont. Le scénario de ce quatrième dessin animé, sorti en salle en décembre 1985, est écrit par Pierre Tchernia, alors qu'Uderzo supervise le graphisme des personnages. Pino Van Lamsweerde prend la suite des frères Brizzi pour la réalisation d'Astérix chez les Bretons, sorti en 1986 et directement inspiré par l'album du même nom. Un troisième et dernier film produit par la Gaumont, Astérix et le Coup du menhir, est réalisé en 1989 par Philippe Grimond, à partir des albums Le Combat des chefs et Le Devin[c 10]. Ces trois films réalisent de bonnes entrées mais n'atteignent pas les scores des précédents au box-office[8].
281
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282
+ Au début des années 1990, le producteur et réalisateur allemand Gerhard Hahn entreprend à Berlin l'adaptation de La Grande Traversée sous le titre Astérix et les Indiens, mais s'écarte très largement du scénario de l'album original. Le film est un échec public relatif avec à peine plus d'un million de spectateurs en France[c 10],[8].
283
+
284
+ En 2006 sort Astérix et les Vikings, réalisé par les danois Stefan Fjeldmark et Jesper Møller et produit par les studios M6 Films à partir de l'album Astérix et les Normands. Le graphisme est résolument moderne et le film atteint le chiffre de 1 374 870 entrées[c 10],[8].
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+ Un neuvième film d'animation voit le jour en 2014 : Alexandre Astier et Louis Clichy signent une adaptation en 3D de l'album Le Domaine des dieux[94], produite en partie en Belgique[95]. Avec des graphismes entièrement réalisés en modélisation 3D, et un casting vocal de qualité, ce film a enregistré un record historique pour un dessin animé d'Astérix, puisque celui-ci a dépassé les 2,5 millions d'entrée au box-office Français ainsi que tous les autres dessins animés.
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+ Adapter Astérix en long métrage est une idée de longue date. Les premiers projets, avortés, imaginaient Louis de Funès dans le rôle du petit Gaulois. Finalement, il a fallu attendre les années 1990 et l'impulsion du producteur Claude Berri, poussé par son fils (Thomas Langmann) et par Sylvie Uderzo (alors Directrice générale aux Éditions Albert René)[98], pour que le projet soit réellement lancé. Quatre films sont sortis à ce jour.
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+ Certains personnages changent d'interprètes à chaque film :
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+ Les aventures d'Astérix ont inspiré de nombreux jeux de société de plusieurs sortes (parcours, quiz…). Le premier en date, Astérix et la potion magique, de type jeu de hasard raisonné, a été édité par la société Noël en 1967.
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+ La bande dessinée a inspiré deux parcs de loisirs. Le premier, créé en 1967, a vu le jour près de Nice, mais celui-ci a rapidement fermé ses portes, le succès n'ayant pas été au rendez-vous[99]. C'est en 1989 que le Parc Astérix actuel a ouvert dans l'Oise.
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+ Le numéro atomique (Z) représente, en chimie et en physique, le nombre de protons d'un atome. Ce dernier peut être schématisé, en première approche, par une agglomération compacte (noyau atomique) de protons (p+) et de neutrons (n), autour de laquelle circulent des électrons (e−).
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+ Dans un atome de charge électrique neutre, le nombre d'électrons est égal au numéro atomique[note 1]. Comme les protons sont les seuls éléments du noyau avec une charge, le nombre de protons est égal au nombre d'électrons.
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+ À l'origine, ce numéro déterminait la position d'un élément chimique dans le tableau périodique. Quand Dmitri Mendeleïev ordonna les corps chimiques connus en fonction de leurs propriétés, il s'aperçut que le classement dans l'ordre strict de masse atomique pouvait conduire à des situations illogiques : par exemple, l'iode et le tellure doivent être inversés par rapport à leur masse atomique. Ce classement selon les propriétés chimiques détermine le numéro atomique et transmissible tout de suite, approximativement proportionnel à la masse de l'atome, mais comme le prouvent les quelques inversions relevées, représentatif d'autres propriétés que la masse.
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+ Dans l'écriture
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+ {\displaystyle {}_{Z}^{A}\!{\rm {X}}}
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+ , A est le nombre de masse : il représente la somme du nombre de protons et du nombre de neutrons, A est donc le nombre de nucléons ; Z est le numéro atomique : il correspond au nombre de protons ; X est le symbole de l'élément[1].
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+ Ces anomalies entre les classements par numéro atomique et par masse atomique ont été finalement expliquées par les travaux d'Henry Moseley en 1913, qui mit en évidence une corrélation stricte entre le spectre de diffraction des rayons X des éléments et leur emplacement dans le tableau périodique. Il a été montré par la suite que le numéro atomique correspond à la charge électrique du noyau (c’est-à-dire au nombre de protons). C'est bien la charge qui détermine les propriétés d'un élément, et non sa masse.
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+ Le numéro atomique est corrélé au nombre de masse (même s'ils ne doivent pas être confondus, de même que le nombre de masse ne doit pas être confondu avec la masse atomique), puisque le nombre de masse correspond à la somme du nombre de protons et du nombre de neutrons dans le noyau d'un atome. Le nombre de masse est fréquemment mentionné après le nom de l'élément : on parle par exemple de « carbone 14 » (utilisé par exemple pour dater des objets d'origine organique en archéologie) pour faire la distinction avec le carbone « 12 » (son isotope le plus courant dans la nature).
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+ Le numéro atomique (Z) représente, en chimie et en physique, le nombre de protons d'un atome. Ce dernier peut être schématisé, en première approche, par une agglomération compacte (noyau atomique) de protons (p+) et de neutrons (n), autour de laquelle circulent des électrons (e−).
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+ Dans un atome de charge électrique neutre, le nombre d'électrons est égal au numéro atomique[note 1]. Comme les protons sont les seuls éléments du noyau avec une charge, le nombre de protons est égal au nombre d'électrons.
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+ À l'origine, ce numéro déterminait la position d'un élément chimique dans le tableau périodique. Quand Dmitri Mendeleïev ordonna les corps chimiques connus en fonction de leurs propriétés, il s'aperçut que le classement dans l'ordre strict de masse atomique pouvait conduire à des situations illogiques : par exemple, l'iode et le tellure doivent être inversés par rapport à leur masse atomique. Ce classement selon les propriétés chimiques détermine le numéro atomique et transmissible tout de suite, approximativement proportionnel à la masse de l'atome, mais comme le prouvent les quelques inversions relevées, représentatif d'autres propriétés que la masse.
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+ Ces anomalies entre les classements par numéro atomique et par masse atomique ont été finalement expliquées par les travaux d'Henry Moseley en 1913, qui mit en évidence une corrélation stricte entre le spectre de diffraction des rayons X des éléments et leur emplacement dans le tableau périodique. Il a été montré par la suite que le numéro atomique correspond à la charge électrique du noyau (c’est-à-dire au nombre de protons). C'est bien la charge qui détermine les propriétés d'un élément, et non sa masse.
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+ Le numéro atomique est corrélé au nombre de masse (même s'ils ne doivent pas être confondus, de même que le nombre de masse ne doit pas être confondu avec la masse atomique), puisque le nombre de masse correspond à la somme du nombre de protons et du nombre de neutrons dans le noyau d'un atome. Le nombre de masse est fréquemment mentionné après le nom de l'élément : on parle par exemple de « carbone 14 » (utilisé par exemple pour dater des objets d'origine organique en archéologie) pour faire la distinction avec le carbone « 12 » (son isotope le plus courant dans la nature).
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+ République fédérale d’Allemagne
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+ (de) Bundesrepublik Deutschland
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+ 52° 31′ N, 13° 25′ E
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+ L'Allemagne (/almaɲ/ ; en allemand : Deutschland /ˈdɔʏtʃlant/ Écouter), en forme longue la République fédérale d'Allemagne[a] abrégée en RFA (en allemand : Bundesrepublik Deutschland /ˈbʊn.dəs.ʁe.pu.ˌblik ˈdɔʏtʃ.lant/ Écouter, abrégée en BRD), est un État d'Europe centrale, entouré par la mer du Nord, le Danemark et la mer Baltique au nord, par la Pologne à l'est-nord-est, par la Tchéquie à l'est-sud-est, par l'Autriche au sud-sud-est, par la Suisse au sud-sud-ouest, par la France au sud-ouest, par la Belgique et le Luxembourg à l'ouest, enfin par les Pays-Bas à l'ouest-nord-ouest. Décentralisée et fédérale, l'Allemagne compte quatre métropoles de plus d'un million d'habitants : la capitale Berlin, ainsi que Hambourg, Munich et Cologne. Le siège du gouvernement est situé dans la ville de Berlin et dans la ville fédérale de Bonn. Francfort-sur-le-Main est considérée comme la capitale financière de l'Allemagne[b] : dans cette ville se trouve le siège de la BCE.
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+ Beaucoup de peuples germaniques occupent le Nord du territoire actuel depuis l'Antiquité classique. Durant ce que l'on nomme les invasions barbares, les tribus germaniques se rapprochent du Sud de ce territoire. À partir du Xe siècle, les territoires forment la partie centrale du Saint-Empire romain germanique. Au XVIe siècle, le Nord de l'Allemagne est au cœur de la réforme protestante. Le pangermanisme entraîne l'unification des États allemands en 1871 pour former l'Empire allemand. Après la Première Guerre mondiale, et la révolution allemande de 1918-1919, l'Empire est remplacé par la république parlementaire de Weimar. L'accès au pouvoir des nazis en 1933 mène à la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle le régime totalitaire connu sous le nom de Troisième Reich, fondé sur un racisme et un antisémitisme singulier, et dirigé par le dictateur Adolf Hitler perpètre des crimes de masse en Europe, dont la Shoah, et laisse le pays en ruines. Après sa défaite militaire en 1945, l'Allemagne perd des territoires et — par la volonté des vainqueurs alliés qui entrent dans la « guerre froide » — est contrainte de se scinder en deux nations : à l'ouest un État démocratique, la République fédérale d'Allemagne (en abrégé RFA) et, à l'est, la République démocratique allemande (en abrégé RDA) sous emprise de l'Union soviétique. Le mur de Berlin — qui symbolise cette division dans l'ancienne capitale — tombe le 9 novembre 1989 et l'Allemagne est à nouveau réunifiée le 3 octobre 1990, Berlin en redevenant la capitale.
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+ La langue officielle du pays est l'allemand, sa monnaie est l'euro, sa devise est Einigkeit und Recht und Freiheit (« Unité et Droit et Liberté ») et son drapeau est constitué de trois bandes horizontales aux couleurs nationales de l'Allemagne : noir, rouge et or. Son hymne national est Das Deutschlandlied (« Le Chant de l'Allemagne »). Avec plus de 83 millions d'habitants[2], l'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'Union européenne. Elle est une grande puissance politique[5] et sa dirigeante politique, Angela Merkel en 2019, est largement perçue comme la personnalité politique la plus influente de l'Union européenne[6]. L'Allemagne est aussi la première puissance économique d'Europe ainsi que la quatrième puissance économique mondiale et elle compte parmi les pays industrialisés les plus développés et les plus performants dans le monde. Elle figure parmi les premiers mondiaux dans les secteurs de l'aéronautique, de l'automobile, de l'industrie chimique et de la construction mécanique. L'Allemagne est en 2017 le troisième exportateur mondial derrière la Chine et les États-Unis et elle est le pays présentant le plus grand excédent commercial du monde en 2018[7]. Elle a aussi le taux de chômage le plus bas parmi les 19 États membres de la zone euro, ce taux s'établissant à 3,3 % en décembre 2018, d'après Eurostat[8]. L'Allemagne affiche un niveau de vie « très élevé » : elle est 4e au classement IDH en 2019[4].
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+ Membre fondateur de l'Union européenne et membre du G7, du G20, de la zone euro, de l'espace Schengen et de l'OTAN, elle abrite le siège de la Banque centrale européenne, du Tribunal international du droit de la mer et de l'Office européen des brevets. L'Allemagne est le pays le plus apprécié du monde, ceci d'après des sondages effectués à la demande de la BBC en mai 2013[9], du GfK en novembre 2014[10] et de U.S. News en janvier 2016[11]. Comme destination d'immigration, elle est une des terres préférées, se classant ainsi deuxième dans le monde[12], après les États-Unis. L'Allemagne est en 2014 le principal pollueur d'Europe, émettant à elle seule près de 23 % de l'ensemble des émissions de CO2 du continent[13].
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+ Le mot gotique Thiuda signifiant « peuple », a comme adjectif Thiudisk. Thiudisk est transformé en Theodischus par les Romains, puis en Teudischus. Thiudisk devient Diutisca en vieux haut allemand pour aboutir à Deutsch en allemand moderne ou Tysk dans les langues scandinaves (d'où Tyskland). En ancien français, le latin Theodiscus donne Thodesche, puis Tudesque.
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+ Le français moderne préfère le mot Allemand issu du latin Alamanni désignant le peuple des Alamans[14]. Ceci est également valable, par exemple, en portugais (Alemão), en espagnol ou castillan (Alemán), et pour le catalan (Alemanys). L'italien lui, a conservé l'origine latine dans son adjectif Tedesco pour dire Allemand[15].
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+ Germany en anglais se réfère aux Germains et Saksa en finnois et en estonien se réfère aux Saxons.
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+ Dans les langues des peuples slaves, le nom renvoie à l'adjectif signifiant « muet ».
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+ En langue chinoise écrite, le nom de l'Allemagne est 德国 (Déguó). Ici, 德 (Dé) est l'abréviation de la transcription 德意志 (Déyìzhì) du mot allemand deutsch, et 国 (Guó) signifie pays[16].
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+ De 962 à 1806, l'Allemagne est la force centrifuge du Saint-Empire romain germanique. Après le Congrès de Vienne, les États allemands se regrouperont au sein de la Confédération germanique (de 1815 à 1866) alors en proie aux luttes d'influence entre l'Autriche et la Prusse. C'est en 1871, à la fin de la guerre franco-prussienne, les divers États allemands furent réunis dans un État dominé par la Prusse, donnant ainsi naissance à l'Allemagne unifiée moderne, dite également Deuxième Reich ou Reich Wilhelminien. La défaite allemande qui suivit la Première Guerre mondiale provoqua en 1918 l'avènement de la République, puis en 1933 celui du Troisième Reich, lequel s'effondra en 1945 dans la défaite qu'entraîna la Seconde Guerre mondiale. D'abord occupée par les forces armées de ses vainqueurs, l'Allemagne fut séparée en deux parties en 1949, qui formèrent la République fédérale d'Allemagne (dite « Allemagne de l'Ouest ») et la République démocratique allemande (dite « Allemagne de l'Est »). La réunification a eu lieu le 3 octobre 1990, onze mois après la chute du Mur de Berlin, qui marqua la réunification populaire. En 1990, sa capitale redevient Berlin.
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+ La linguistique et les textes latins nous montrent que la mention du peuple germain remonte à l'époque romaine. Cependant les historiens s'entendent pour trouver les origines d'un territoire allemand au partage de Verdun de 842. Louis le Germanique a obtenu, lors de ce partage, l'est de l'empire carolingien, nommé Francie orientale. C'est de la Francie orientale qu'est issu le Saint-Empire romain germanique fondé par Otton Ier, dit le Grand (936-973). Cet empire comprend, outre le territoire de l'actuelle Allemagne, l'Italie du nord et la Bourgogne. Dès sa fondation, ce nouvel empire est entravé par le peu d'institutions sur lesquelles l'empereur peut asseoir son autorité et la faiblesse des revenus, les empereurs ne disposant que de leurs propres domaines pour financer leur politique. Le système d'élection de l'empereur par les princes-électeurs conduisit souvent à affaiblir le pouvoir du monarque. Traditionnellement, l'empereur élu entreprenait un voyage à Rome pour être couronné par le pape.
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+ Le délitement du pouvoir impérial est accentué par l'obsession de certains empereurs à vouloir établir une autorité forte dans leurs possessions italiennes. Au XIIIe siècle, Frédéric II est tellement occupé par ses affaires italiennes qu'il renonce à tout pouvoir et tout contrôle dans les nombreuses principautés ecclésiastiques allemandes et qu'il abdique une grande partie de ceux-ci dans les principautés laïques. De ce fait, les terres allemandes sont pratiquement indépendantes du pouvoir impérial dès cette époque.
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+ À partir du XIe siècle, la Germanie déborde de ses limites traditionnelles entre le Rhin et l'Oder. Commence alors la colonisation de l'Europe centrale sous l'action de grands seigneurs, des rives de la mer Baltique par une croisade menée par les chevaliers Teutoniques et du Sud du pays à partir du règne de Otton Ier. Des centaines de milliers d'Allemands de l'Ouest poussés par la surpopulation ont ainsi migré vers l'Est où des tenures plus vastes et des droits féodaux plus légers les attendent. Les villes rhénanes et les ports se développent mais prennent une part peu active au grand commerce européen du XIIe siècle.
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+ Après 1438, l'empereur porte le titre d'un « empereur élu » après son élection formelle par les sept « électeurs » de l'Empire à Francfort. À l'époque moderne, le Saint-Empire compte plus de 300 États qui n'obéissent que de très loin à l'empereur Habsbourg.
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+ Au XVIe siècle, la réforme luthérienne continue à diviser l'Allemagne. En 1546, l'empereur Charles Quint entre en guerre contre les nombreux princes et villes allemands qui se sont convertis au luthéranisme. Son échec à réduire le protestantisme dans le Saint-Empire est sanctionné par la paix d'Augsbourg de 1555, qui permet à chaque prince et ville libre de choisir sa religion mais oblige les sujets à avoir la même religion que leur souverain — cujus regio, ejus religio. L'Allemagne n'en a pas pour autant fini avec les guerres de religion. Les progrès du calvinisme en Allemagne à la fin du XVIe siècle et la volonté de l'empereur Ferdinand II d'imposer son autorité et celle de la religion catholique aux États du Saint-Empire, entraînent la guerre de Trente Ans qui ravage le pays de 1618 à 1648. Les traités de Westphalie entérinent l'affaiblissement du pouvoir impérial en favorisant les droits des 350 États allemands. La liberté religieuse des princes est réaffirmée.
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+ Le rapprochement se fait partiellement par la finance. La Frankfurter Wertpapierbörse créée en 1585 par des marchands pour établir un cours unique des monnaies, devenue une bourse aux effets de commerce au XVIIe siècle, centralise depuis la fin du XVIIIe siècle la négociation de la dette publique. La Banque de Bethmann innove en fragmentant et revendant, par appel à l'épargne publique, les prêts souverains à François Ier[17].
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+ Sous la pression de la France, le Saint-Empire est dissous en 1806 et remplacé par la Confédération du Rhin sous protectorat français. Après le congrès de Vienne (novembre 1814 - juin 1815), celle-ci est remplacée par la Confédération germanique (en allemand : Deutscher Bund) qui ne regroupe plus que 39 États sous la direction honorifique des Habsbourg, lesquels ne portent plus que le titre d'Empereur d'Autriche. En fait, cette confédération ne peut exister que si l'Autriche et la Prusse s'entendent. À partir de 1834, le Zollverein ou union douanière commence à se constituer à l'initiative de la Prusse. Il construit un espace économique sans douane intérieure et définit une même politique commerciale vis-à-vis de l'extérieur. Cet espace, progressivement élargi, exclut délibérément l'Autriche. Les révolutions de 1848 touchent la plupart des États allemands. Une assemblée élue au suffrage universel se réunit à Francfort et propose la couronne d'une Allemagne unifiée au roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, qui la refuse, soucieux de ne pas tenir son pouvoir de la souveraineté du peuple. Il est prêt à accepter la couronne que lui proposent les princes allemands, mais l'Autriche force la Prusse à renoncer en 1850. L'Allemagne se retrouve dans la même situation politique qu'en 1815.
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+ En 1862, Otto von Bismarck devient le ministre-président du roi de Prusse Guillaume Ier. Il a compris que l'unité allemande ne se fera pas sans l'éviction de l'Autriche par la guerre. Il fait passer par la force les réformes modernisant l'armée. En 1866, l'armée prussienne écrase l'armée autrichienne à Sadowa.
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+ La Prusse annexe les territoires situés entre sa partie orientale et sa partie occidentale, et dirige la Confédération de l'Allemagne du Nord. Seuls les quatre États du Sud n'y adhèrent pas.
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+ La France, en déclarant la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870, permet de fédérer tous les États allemands autour d'un ennemi commun. La défaite française débouche sur la proclamation de l'Empire allemand le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, avec Guillaume Ier de Prusse à sa tête, entraînant également l'annexion de l'Alsace (sauf Belfort) et du nord de la Lorraine, dont la région de Metz, place-forte de première importance. L'unité allemande s'est faite par le haut et par la guerre, comme le souhaitait Bismarck.
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+ L'indemnité de guerre de 1871, forçant la France à emprunter 25 % de son PIB pour verser de l'or à l'Allemagne, dope la spéculation immobilière à Berlin, précipitant le krach de mai 1873, le plus profond de l'histoire boursière allemande, puis la Grande Dépression (1873-1896). Les banques se méfient les unes des autres. Les prêts interbancaires s'assèchent, mais la Deutsche Bank nouvellement créée résiste à la tempête et d'autres banques la suivent.
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+
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+ La sidérurgie allemande connaît une formidable expansion car elle profite mieux des procédés Bessemer (1858) et surtout Thomas (1877), grâce à un charbon plus abondant, même s'il est moins rentable, exploité dans les mines de la Ruhr. Dans les années 1890 des dizaines de milliers de travailleurs polonais émigrent de Pologne vers la Ruhr pour s'embaucher dans les mines de charbon, dont une partie qui se feront embaucher après la Première Guerre mondiale par les industriels français souhaitant relancer leur économie, grâce à leur savoir-faire[18].
52
+
53
+ L'Allemagne, devenue une des puissances politiques majeures en Europe s'engage dans la Première Guerre mondiale aux côtés de l'Autriche-Hongrie (1914) et tente d'envahir la France. Après les premiers assauts, la guerre s'oriente vers une longue et lente guerre de position dans les tranchées, meurtrière d'un côté comme de l'autre. Elle prend fin en 1918 avec la défaite allemande, et l'empereur allemand, le Kaiser Guillaume II, doit abdiquer en raison de la Révolution allemande de novembre 1918. Lors du traité de Versailles, l'Allemagne est considérée comme responsable de la guerre et condamnée à payer de très lourdes réparations, d'autant que les Allemands ont fait sauter les cuvelages de 18 des 19 sociétés minières françaises du nord pendant la guerre et noyé les galeries.
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+ L'Allemagne, chose unique dans l'histoire diplomatique, n'est pas invitée aux discussions versaillaises. Elle est jugée comme principalement responsable (avec l'Autriche-Hongrie) de la guerre, mais conserve néanmoins la Rhénanie, au regret de la France qui voulait fixer la frontière sur le Rhin. L'Alsace et la Lorraine perdues en 1871 reviennent à la France qui n'obtient cependant pas la Sarre (51 millions de tonnes de charbon, soit deux tiers des besoins français), en raison des pressions exercées par l'Angleterre. La Sarre est placée sous la tutelle de la Société des Nations et un référendum sera organisé quinze ans plus tard pour décider son rattachement à la France ou à l'Allemagne. Le Schleswig du Nord est rattaché au Danemark après consultation de la population. Les cantons d'Eupen et de Malmedy sont rattachés à la Belgique. La Pologne obtient un accès à la mer, le fameux « corridor de Dantzig », avec les populations Kachoubes parlant un dialecte polonais mais étant favorables aux Allemands. La ville de Dantzig n'est rattachée ni à l'Allemagne, ni à la Pologne, c'est une ville libre sous contrôle de la SDN. Solutions de compromis qui ne plaisent à personne. 80 kilomètres séparent la Prusse-Orientale du reste de l'Allemagne. La Haute-Silésie, rattachée après plébiscite à l'Allemagne en mars 1921, est occupée par la Pologne peu après. La SDN arbitre la situation et le partage, dénoncé par les deux parties, est réalisé arbitrairement.
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+ L'Allemagne perd 88 000 km2 et huit millions d'habitants. Le service militaire est aboli et l'armée est réduite à 100 000 hommes dont 5 000 officiers. Elle ne peut posséder ni blindés, ni artillerie lourde, ni aviation. Sa flotte de guerre se saborde à Scapa Flow le 26 juin 1919. Elle perd ses colonies, qui sont placées par la SDN sous mandats confiés aux vainqueurs. Comme responsable de la guerre, elle doit céder du matériel et des produits agricoles. Les réparations de guerre sont évaluées en 1921 à 132 milliards de marks-or à payer en 30 ans. Tous les brevets allemands sont perdus, les vainqueurs obtiennent la clause de « nation la plus favorisée » et le Rhin, l'Oder et l'Elbe sont internationalisés, l'Allemagne perdant tout pouvoir sur leur contrôle. La rive gauche du Rhin, avec des têtes de pont rive droite, est occupée, puis considérée comme démilitarisée perpétuellement.
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+ Malgré ces mesures intransigeantes, l'industrie allemande résiste et affiche une croissance plus forte que celle des Anglais, qui sont les perdants de la forte expansion européenne des années 1920. En 1939, le charbon français coûte 25 % plus cher qu'en Allemagne.
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+ Le pangermanisme dévoyé en un nationalisme hostile à l'impérialisme franco-britannique et raciste envers les populations juives et slaves, le ressentiment contre les conditions du traité de Versailles et les conséquences particulièrement dures de la crise économique mondiale de 1929 permettent au NSDAP (parti nazi) d'Adolf Hitler d'accéder par les urnes au pouvoir en 1933. Hitler élimine rapidement toute opposition puis prend le contrôle absolu de l'État allemand en instaurant un régime totalitaire[19]. En 1935, l'Allemagne devient officiellement antisémite en promulguant les lois de Nuremberg. La politique d'Hitler consistant à annexer ou envahir ses voisins finit par provoquer la Seconde Guerre mondiale le 1er septembre 1939.
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+ L'Allemagne domine le début du conflit. Elle conquiert une grande partie de l'Europe, de l'Afrique du Nord, de l'URSS. Mais pendant l'hiver 1941-1942, l'armée allemande subit de lourdes pertes sur le front russe. En 1942-1943, la guerre tourne en faveur des pays alliés : le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis, l'URSS écrasent finalement les armées de l'Axe, envahissant finalement Berlin. La Shoah est l'extermination systématique par l'Allemagne nazie d'entre cinq et six millions de juifs, soit les deux tiers des juifs d'Europe et environ 40 % des juifs du monde. Le 30 avril 1945, Hitler se suicide.
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+ Dévastée par la guerre (même si le potentiel industriel du pays est encore énorme car la politique de la terre brûlée souhaitée par Adolf Hitler n'est pas appliquée de façon conséquente), l'Allemagne est occupée par les Alliés. Le pays et Berlin sont divisés en quatre secteurs, chacun contrôlé par l'une des nations victorieuses (États-Unis, Royaume-Uni, Union soviétique et France). Après plusieurs propositions pour une nouvelle Allemagne (comme le plan Morgenthau), elle est finalement divisée en deux parties durant toute la Guerre froide : la RFA (République fédérale d'Allemagne) créée le 23 mai 1949 à l'Ouest avec Bonn pour capitale et siège administratif, et la RDA (République démocratique allemande) créée le 7 octobre 1949 à l'Est avec Berlin-Est pour capitale. Les territoires à l'est du fleuve Oder et son affluent Neisse de Lusace ont été intégrés à la Pologne et à l'URSS.
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+ Le creux démographique provoqué par la guerre est rapidement compensé par l'arrivée d'environ 13 millions d'Allemands expulsés des anciens territoires d'Allemagne-Orientale et des pays d'Europe de l'Est. Ces millions de réfugiés ont été intégrés dans la société d'après-guerre des territoires de la RFA et la RDA. Ils venaient principalement des anciennes provinces allemandes de la Silésie, de la Prusse-Orientale et aussi de l'est de la province de la Poméranie. En outre ils venaient de Pologne, notamment des anciennes provinces de la Prusse-Occidentale et de la Posnanie. Ils venaient encore des régions qui autrefois appartenaient à l'Autriche-Hongrie : de la Tchécoslovaquie - notamment des régions de Bohême, Moravie et Silésie Tchèque (Allemands des Sudètes) -, ainsi que de Hongrie et de Roumanie (Transylvanie). Par ailleurs ils venaient du territoire de Klaipėda (Memel), en Lituanie.
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+ Sous l'impulsion du plan Marshall (1948-1952), l'Allemagne de l'Ouest renoue rapidement avec la croissance économique, au contraire de l'Allemagne de l'Est. L'amitié franco-allemande naît avec Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, et est considérée encore aujourd'hui comme le moteur de l'Europe. À la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, prélude à la réunification de l'Allemagne du 3 octobre 1990, les deux pays de RFA et de RDA ne possèdent pas le même niveau économique. Cette différence persiste aujourd'hui, les Länder de l'Est (ancienne RDA) demeurant plus pauvres que ceux de l'Ouest. Le coût de la réunification a entraîné d'importantes difficultés économiques pour le pays depuis les années 1990. Son unification a cependant permis d'en faire une nation politiquement incontournable au sein de l'Union européenne et la première puissance économique du continent.
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+ De 1991 à 2000, 150 milliards de DM ont été investis chaque année à l'Est de l'Allemagne sans parvenir à sortir cette région de la crise, mais des réformes en profondeur sont entreprises dans les deux parties de l'Allemagne dans les années 1990, afin d'inciter le pays à être plus compétitif, en particulier celle du système de retraite. De 1998 à l'automne 2005, le gouvernement allemand est dirigé par Gerhard Schröder, du SPD (Parti social-démocrate). Les écologistes du parti Die Grünen participent à un gouvernement de coalition. Après les élections législatives anticipées de 2005, la chancelière chrétienne démocrate Angela Merkel dirige un gouvernement basé sur une « grande coalition » qui regroupe cette fois la CDU (et sa branche bavaroise la CSU) et le SPD. Depuis 2009, la même Angela Merkel est à la tête d'une coalition « noire-jaune » entre la CDU et les libéraux du FDP avant de former une nouvelle « grande coalition » après les élections fédérales en 2013.
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+ En 2005, le cardinal Joseph Ratzinger, ancien archevêque de Munich, et au Vatican préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, est élu pape sous le nom de Benoît XVI. Benoît XVI est le premier pape germanique depuis Benoît XI, qui a régné au XIIIe siècle.
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+ En 2015, lors de la crise migratoire en Europe, Angela Merkel affirme que l'Allemagne doit être un pays d'accueil et annonce vouloir accueillir 800 000 migrants[20]. Mais, rapidement confronté à une vague d'une ampleur inattendue qui dépasse le million de migrants[21] le gouvernement décide de rétablir sa frontière avec l'Autriche le 13 septembre 2015 afin de freiner le flux des arrivées[22].
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+ En 2016, les agressions sexuelles du Nouvel An qui font plus de 1 049 victimes ont un impact considérable dans la population allemande[23]. En juillet de la même année, le pays connaît ses premiers attentats islamistes[24],[25],[26]. Ceux-ci, impliquant des demandeurs d'asile, font 15 morts et plusieurs dizaines de blessés en moins d'un mois[27].
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+ Le Nord est occupé par la plaine d'Europe du Nord, formée par les glaciations du quaternaire, aux paysages fortement différenciés, le centre par des montagnes anciennes d'altitudes peu élevées, le sud par un bassin sédimentaire et par le massif alpin. Ce pays, bordé au nord-ouest par la mer du Nord et au nord-est par la mer Baltique, occupe une place centrale dans l'Union européenne par sa situation, sa puissance démographique, industrielle et commerciale. Une grande partie de l'Allemagne occidentale fait partie de l'Europe rhénane, la région la plus dynamique d'Europe et l'une des plus dynamiques du monde.
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+ La réunification de 1990 a changé l'organisation de l'espace allemand. L'espace rhénan reste cependant le cœur de l'Allemagne et l'axe le plus fréquenté, aussi bien sur le plan économique que sur le plan démographique malgré la nécessaire mutation de la Ruhr. Francfort et la conurbation de Région Rhin-Main continue de jouer son rôle de capitale financière du pays.
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+ Depuis le début des années 1960, les régions du Sud, le Bade-Wurtemberg et la Bavière sont des espaces attractifs. Ce sont des régions aussi bien industrielles (techniques de pointe, complexes militaro-industriels) que touristiques. Le solde migratoire régional est fortement positif.
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+ Depuis la réunification, le Centre et le Nord jouissent d'une position privilégiée. Ils sont devenus un nouveau centre géographique de l'Allemagne. Les ports de Hambourg et de Brême disposent de l'Hinterland de l'ancienne RDA dont ils étaient privés jusqu'en 1990. Le transit entre ces ports et les régions diverses d'Allemagne et d'Europe permet au Land de Basse-Saxe d'occuper une place majeure dans l'espace de l'Allemagne réunifiée.
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+ Les cinq Länder de l'est constituent une périphérie en reconstruction. Le passage d'une économie socialiste à une économie de marché a entraîné la fermeture de nombreuses usines vétustes et peu concurrentielles, le développement de friches industrielles, des migrations régionales vers les Länder de l'ouest et une forte augmentation du chômage. Le taux de chômage était, fin 2006, de 16,4 %[28] alors qu'il est de 10,1 % pour l'ensemble de l'Allemagne. Ceci est dû à une faible compétitivité qui persiste depuis plus de quinze ans, malgré les investissements consentis par le gouvernement fédéral. Cette situation a abouti à un « désamour » entre les Allemands de l'ouest « Wessis » et les Allemands de l'est « Ossis », les uns trouvant qu'ils ont payé trop cher l'union, les autres se sentant oubliés par les plus nantis et regrettant l'époque de la RDA. Ce dernier phénomène a été appelé Ostalgie par les journalistes. Cependant, les autorités misent sur les nouveaux élargissements de l'Union européenne à l'Est pour dynamiser l'économie des cinq Länder de l'est.
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+ Entre 1990 et 2017, l'Allemagne a perdu 75 % de ses insectes volants[29].
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+ En 2019, le jour du dépassement (date de l'année à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Allemagne[c] est le 3 mai[30]. L'Allemagne est l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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+ L'Allemagne est le 25e pays ayant la plus forte concentration annuelle de particules. Celle-ci dépasse légèrement le seuil recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)[31].
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+ La disparition des insectes est massive en Allemagne : jusqu'à 67 % ont disparu entre 2010 et 2019 des prairies, et 41 % dans les forêts[32].
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+ L'Allemagne a connu des changements territoriaux successifs au XXe siècle. La défaite de 1918 a sonné le glas de l'Empire allemand. Le traité de Versailles de 1919 qui règle le sort de l'Allemagne fait passer la superficie de l'Allemagne de 540 848 km2 à 468 776 km2. Celle-ci est amputée de l'Alsace-Moselle, du Nord du Schleswig, d'Eupen et de Malmedy. De plus, pour permettre à la Pologne d'avoir un accès à la mer, la Prusse-Orientale est séparée du reste de l'Allemagne par le corridor de Dantzig.
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+ Après la défaite de 1945, l'Allemagne est occupée par les vainqueurs. À l'est, onze millions d'Allemands sont chassés ou fuient vers l'ouest. Environ 110 000 km2 de l'Est allemand sont rattachés à la Pologne ou à l'URSS. Une des conséquences de la Guerre froide est la création en 1949 de la RFA à l'ouest dans les zones d'occupations des occidentaux suivie par celle de la RDA dans la zone occupée par les soviétiques à l'est. Il y a désormais deux États allemands : la République fédérale allemande (RFA), une démocratie pluraliste et capitaliste et la République démocratique allemande (RDA), une démocratie populaire avec un parti unique au pouvoir, le Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED), et une économie calquée sur celle de l'URSS.
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+ Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin, construit en 1961, tombe. L'année suivante la RDA est absorbée par la RFA. Les Allemands sont de nouveau réunis dans un seul État, la République fédérale d'Allemagne, le 3 octobre 1990. L'Allemagne renonce alors officiellement à ses revendications territoriales sur la Prusse-Orientale[33]. Ce nouvel État doit surmonter le coût de la réunification allemande, c'est-à-dire investir pour rattraper le retard économique des Länder de l'Est par rapport à ceux de l'Ouest. Il s'agit de reconnecter les deux territoires coupés par le rideau de fer durant la Guerre froide : le gouvernement a notamment mis en œuvre des chantiers d'infrastructures de transport : le projet « Unité allemande » lancé en 1992, prévoit des travaux jusqu'en 2010[34] pour un montant total de plusieurs dizaines de milliards d'euros. L'effort est porté en particulier sur les autoroutes à numéros pairs, d'orientation est-ouest : par exemple, la Bundesautobahn 4 qui va de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie à la frontière polonaise en passant par la Thuringe. Les canaux sont modernisés ou complétés, comme le Mittellandkanal. L'intégration de l'ex-Allemagne de l'Est à l'Union européenne reste encore inachevée et les inégalités sont toujours présentes.
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+ Les plus grandes îles de l'Allemagne sont
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+ Les plus longs fleuves d'Allemagne sont listés ci-dessous (avec la longueur entière et la longueur en Allemagne, entre parenthèses est indiquée la plus grande ville allemande dans le bassin versant du fleuve respectif).
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+ Affluent de la mer Noire :
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+ Affluent de la mer du Nord :
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+ Affluent de la mer Baltique :
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+ Les plus longs fleuves entièrement en Allemagne (mer du Nord) :
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+ Les villes d'Aix-la-Chapelle et Mönchengladbach sont situées dans le bassin versant de la Meuse.
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+ La Vltava froide (en tchèque : Studená Vltava ; en allemand : Kalte Moldau), le premier affluent de la Vltava, prend sa source en Bavière. Elle est le plus court des deux ruisseaux qui s'unissent pour former la Vltava. Le plus long est la Vltava chaude (en tchèque : Teplá Vltava).
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+ La Breg et la Brigach s'unissent à Donaueschingen, dans la Forêt-Noire, pour former le Danube.
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+ Le rapport de suivi du gouvernement fédéral allemand (« Monitoringbericht 2019 ») montre le tableau suivant pour l'Allemagne[35]: Les dernières années ont été très chaudes et caractérisées par de longues périodes de sécheresse et des phénomènes météorologiques extrêmes tels que des tempêtes et de fortes pluies. Les étés 2003, 2018 et 2019 ont été les plus chauds depuis le début des records météorologiques. La température de l'air a augmenté de 1,5 °C de 1881 à 2018. Au cours des dernières décennies, une tendance à la hausse des chaleurs extrêmes a été observée. En particulier, le nombre de journées chaudes (> 30 °C) a considérablement augmenté. Par exemple, en 2003, environ 7 500 personnes sont mortes de plus que ce à quoi on aurait pu s'attendre sans une vague de chaleur. Les mois où le niveau des eaux souterraines est inférieur à la moyenne deviennent nettement plus fréquents. En été, les rivières contiennent de moins en moins d'eau. Le niveau de la mer dans les mers Nord et Baltique est en forte hausse. Cela provoque une augmentation de l'intensité des ondes de tempête. La durée des périodes de végétation est de plus en plus longue. Un exemple est la saison des fleurs de pommier. La proportion de hêtres a diminué par rapport aux essences mieux adaptées à la sécheresse dans les réserves forestières naturelles chaudes et sèches. Les effets du réchauffement croissant sont également évidents si la température de l'eau des lacs et de la mer du Nord a considérablement augmenté.
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+ Les États fédérés de l'Allemagne se nomment Bundesland (singulier) ou Bundesländer (pluriel).
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+ * Berlin, Brême et Hambourg sont des « villes-Länder » (en allemand « Stadtstaat »). Pour Hambourg et Brême, il s'agit d'un héritage du passé commercial de ces villes (voir Hanse). Elles sont des Länder à part entière.
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+ Chaque Land a sa propre constitution (Verfassung). Il est aussi doté d'un Parlement (Landtag) et d'un gouvernement (Landesregierung) issu de la majorité du Landtag. Il est souverain en matière de culture (enseignement, théâtre, musique, etc.), d'organisation des services de police, de droit communal. La Fédération peut élargir les compétences des Länder par des prescriptions-cadres : l'enseignement supérieur, l'aménagement du territoire, la protection de la nature et la conservation des sites naturels sont passés de la compétence de la Fédération à celle des Länder. Enfin, les Länder ont la responsabilité de faire respecter les décisions fédérales sur leur territoire. Chacun des Länder peut également lever des impôts. De ce fait, 36 % des impôts directs collectés reviennent aux Länder, l'État fédéral en recevant près de 50 % et les communes se partageant le reste.
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+ La loi fondamentale n'a pas délimité strictement certains domaines législatifs : pour le droit civil, le droit pénal, le droit économique, le droit du travail, la politique du logement, la politique énergétique, la circulation routière ou encore la gestion des déchets, les Länder peuvent légiférer à condition que l'État fédéral l'autorise. Et ce dernier ne peut légiférer que pour un besoin uniforme à l'échelle nationale.
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+ Une des particularités de la démocratie allemande est l'institutionnalisation du rôle des partis politiques : représenter les citoyens et leur apporter une formation politique.
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+ La Deutsche Bahn, souvent désignée par son nom commercial Die Bahn ou par le sigle DB, est l'entreprise ferroviaire publique en Allemagne, la plus importante d'Europe après la Russie, tant par la longueur de son réseau, que par le chiffre d'affaires ou les prestations de transport.
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+ Voici une liste des aéroports allemands avec plus de 1 000 000 passagers par an :
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+ Les alliés occidentaux ont réintroduit une structure fédéraliste en Allemagne en 1949. Le but était de préserver l'unité de la partie occupée par les occidentaux en empêchant le retour d'une Allemagne trop puissante sur le plan politique. Le fonctionnement du système politique allemand est donc régi depuis 1949 par une Constitution appelée Loi fondamentale (Grundgesetz). La Cour constitutionnelle qui siège à Karlsruhe veille à son respect. Depuis cette date, l'Allemagne est donc une république fédérale, composée d'abord de onze Länder[d], puis de seize depuis 1990. Depuis la réunification des deux Allemagnes la capitale fédérale est Berlin. Les pouvoirs exercés par la seule Fédération concernent les affaires étrangères, la défense, la nationalité, la monnaie, les frontières, le trafic aérien, les postes et télécommunications, et une partie du droit fiscal. Le Parlement allemand est composé de deux chambres, le Bundestag, élu au scrutin mixte pour quatre ans, et le Bundesrat (Conseil fédéral) qui comprend 68 représentants des gouvernements des Länder. Chaque Land donne toutes ses voix pour ou contre une loi.
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+ L'accroissement des pouvoirs du Bundesrat met ceux-ci en mesure de bloquer l'action du gouvernement fédéral. En même temps, les compétences de l'État fédéral ont augmenté aux dépens des Länder. L'imbrication des compétences rend toute décision de plus en plus difficile. En effet, le Bundesrat doit se prononcer sur toutes les lois dont le contenu est applicable dans les Länder. En cinquante ans, la proportion de lois fédérales exigeant l'accord du Bundesrat est passée de 10 % à 60 %. En cas de différence de majorité entre les Länder et le gouvernement fédéral, il y a parfois blocage. Cela gêne même l'action de l'Allemagne dans les instances européennes[39].
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+ Les Länder et le gouvernement fédéral ont donc réfléchi ensemble à une réforme des institutions allemandes qui a été votée en mars 2006. Les prérogatives législatives du Bundesrat sont diminuées. Le Bundesrat ne vote que les lois qui ont un impact sur les budgets des régions. En contrepartie, l'État fédéral abandonne à celles-ci des champs entiers de compétences dans l'éducation, la recherche et l'environnement[40].
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+ Le président de la République fédérale (Bundespräsident) est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois, au suffrage indirect, c'est-à-dire par les députés du Bundestag et des personnes élues par les parlements des Länder. Il représente l'unité allemande et défend les intérêts de l'Allemagne mais ses prérogatives restent serrées, son rôle étant essentiellement symbolique. Cependant, il s'agit d'une autorité morale respectée et écoutée. L'actuel président fédéral est Frank-Walter Steinmeier ; cet ancien ministre fédéral des Affaires étrangères a été élu à la fonction présidentielle le 12 février 2017.
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+ Le chancelier fédéral (Bundeskanzler) est le chef du gouvernement allemand. Il est élu par les membres du Bundestag, sur proposition du président fédéral pour un mandat de quatre ans, renouvelable à plusieurs reprises. Angela Merkel (CDU) est l'actuelle chancelière fédérale (Bundeskanzlerin) depuis le 22 novembre 2005 ; elle a été réélue en 2009, 2013 et 2017.
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+ La formation de coalitions (généralement désignées par référence aux couleurs qui symbolisent les grands partis) joue un grand rôle dans le fonctionnement politique de l'Allemagne, tant au niveau fédéral que dans chaque Land. Un seul des vingt-et-un gouvernements fédéraux ne reposait sur aucune coalition : le cabinet Adenauer III, entre 1960 et 1961. Deux grands partis dominent traditionnellement ces coalitions et s'opposent électoralement, quand ils ne sont pas unis dans une Grande coalition (große Koalition, de 1966 à 1969, de 2005 à 2009 et depuis 2013 au niveau fédéral) : l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (Christlich Demokratische Union Deutschlands, CDU, symbolisée par le noir, centre droit démocrate chrétien et libéral-conservateur, présent dans tous les Länder sauf la Bavière) et son allié bavarois l'Union chrétienne-sociale en Bavière (Christlich-soziale union in Bayern, CSU, symbolisée par le bleu ou le noir, droite démocrate chrétienne et conservatrice), membres du Parti populaire européen, ont dominé le gouvernement fédéral en occupant la chancellerie de 1949 à 1969, de 1982 à 1998 et depuis 2005) ; le Parti social-démocrate d'Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD, symbolisé par le rouge, centre gauche social-démocrate), membre du Parti socialiste européen, a dirigé l'Allemagne fédérale de 1969 à 1982 et de 1998 à 2005, et deuxième force d'une Grande coalition de 1966 à 1969, de 2005 à 2009 et depuis 2013.
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+ Deux autres partis ont été des partenaires mineurs de coalition au niveau fédéral : le Parti libéral-démocrate (Freie Demokratische Partei, FDP, symbolisé par le jaune, centre libéral), membre du Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe, a été associé aussi bien à la CDU/CSU (coalition noire-jaune) de 1961 à 1966, de 1982 à 1998 et de 2009 à 2013, qu'au SPD (coalition sociale-libérale ou rouge-jaune) de 1969 à 1982, en s'affirmant pendant longtemps comme la troisième force politique du pays avant de disparaître du Bundestag en 2013 ; l'Alliance 90 / Les Verts (Bündnis 90 / Die Grünen, symbolisée par le vert, centre gauche écologiste), membre du Parti vert européen, n'a été membre d'un cabinet fédéral qu'en association avec le SPD (coalition rouge-verte) de 1998 à 2005, après avoir connu une progression électorale relativement soutenue depuis les années 1980. Une cinquième formation est représentée au Bundestag depuis 2009 sans avoir jamais fait partie d'une coalition au niveau fédéral et est devenue la troisième force politique allemande (et la première d'opposition) en 2013 : Die Linke (« La Gauche », symbolisé par le rouge, gauche et extrême gauche socialiste démocratique, antilibéral et populiste de gauche), membre du Parti de la gauche européenne. Plus récemment, durant les années 2010, à la suite successivement de la crise de la dette dans la zone euro et à la crise migratoire en Europe, un parti eurosceptique a vu ses résultats électoraux progresser très rapidement (cinquième force lors des élections européennes de 2014, la deuxième lors des élections législatives régionales de 2016 en Saxe-Anhalt et la troisième pour celles de Rhénanie-Palatinat et de Bade-Wurtemberg la même année) : l'Alternative pour l'Allemagne (Alternative für Deutschland, AfD symbolisé par le bleu et le rouge), à l'origine créé par des économistes critiques envers l'euro, devenu davantage national-conservateur depuis 2015 en se réorientant vers des positions anti-immigration et anti-islam.
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+ Au niveau des Länder, au 19 juillet 2016, neuf d'entre eux ont un ministre-président social-démocrate dont quatre dans le cadre d'une coalition rouge-verte (Brême, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Basse-Saxe et Hambourg), deux avec une Grande coalition (Berlin et Mecklembourg-Poméranie-Occidentale), deux dans une coalition en feu tricolore (avec l'Alliance 90 / Les Verts et un parti centriste libéral ou régionaliste, Schleswig-Holstein avec le parti de défense de la minorité danoise de la Fédération des électeurs du Schleswig-du-Sud ou SSW, et Rhénanie-Palatinat avec le FDP), un avec une coalition rouge-rouge (avec Die Linke, Brandebourg). Quatre Länder ont un chef de gouvernement issu de la CDU, dont deux en Grande coalition (Sarre et Saxe), un avec une coalition noire-verte (avec l'Alliance 90 / Les Verts, Hesse) et un avec une coalition noire-rouge-verte ou kényane (avec le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts, Saxe-Anhalt), à quoi s'ajoute un Land traditionnellement dominé par la CSU seule (Bavière). Enfin, deux Länder ont un ministre-président issu d'autres mouvements que les deux grandes forces de gouvernement : le Bade-Wurtemberg a un dirigeant issu de l'Alliance 90 / Les Verts gouvernant en coalition avec la CDU (coalition verte-noire) depuis 2016 après l'avoir fait avec le SPD (coalition verte-rouge) de 2011 à 2016 ; la Thuringe avec un chef issu de Die Linke depuis 2014 qui mène une coalition rouge-rouge-verte (avec le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts).
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+ La Bundeswehr (en allemand « force de défense fédérale ») est une armée exclusivement servie par des professionnels depuis 2011, composée en décembre 2012 de 191 818 militaires, dotée d'un budget de 31,68 milliards d'euros qui déploie aujourd'hui à l'étranger plus de 13 000 hommes.
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+ De 1945 à la réunification allemande de 1990, la RFA cultive l'« oubli de puissance »[41]. Elle devient le modèle de l'État-marchand civil qui renonce à toute ambition militaire et rôle important dans les relations internationales. Elle cherche à faire oublier son passé impérialiste en s'intégrant au sein du plus grand nombre d'alliances. De ce point de vue l'entrée de la RFA dans l'OTAN, en 1955, la fait passer de pays occupé à partenaire stratégique des États-Unis. La RFA tient d'autant plus à cette alliance que les États-Unis sont ses principaux protecteurs face à l'Union soviétique. La participation à la CECA en 1951 et à la naissance de la CEE marquent le retour de l'Allemagne dans le jeu européen. Néanmoins, les actions de la RFA sur la scène internationale étaient de l'ordre d'une « diplomatie du chéquier[42], » la RFA se montrant généreuse sur le plan des solidarités internationales. Le traité de l'Élysée signé en 1963, permet la réconciliation franco-allemande et une coopération profitable pour les deux pays.
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+ La chute du communisme et la réunification de l'Allemagne changent le statut du pays. L'unification intéresse directement les quatre vainqueurs de 1945 qui s'étaient partagé quatre secteurs d'occupation. Sans leur accord l'unité allemande est impossible, chacun ayant un droit de veto sur le processus. D'où la signature, à Moscou en 1990, du traité « 4 + 2 » ou « 2 + 4 », ou bien traité de Moscou, son véritable nom étant pour autant « Traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne »[43]. Ce traité règle le nouveau statut international de l'Allemagne unie au cœur de l'Europe en fixant définitivement les frontières (art. 1er), et en plafonnant l'armée allemande à 370 000 hommes. Après 45 ans de tutelle étrangère, l'Allemagne retrouve sa souveraineté pleine et entière ; elle redevient un État comme les autres. Forte de sa puissance économique et de sa stabilité, elle s'efforce d'aider les autres États, principalement ses voisins de l'Est, à acquérir cette même stabilité politique. N'ayant plus de visée de puissance ou d'hégémonie, elle promeut les critères environnementaux, les droits de l'homme ou les droits sociaux[44], elle privilégie la culture d'influence via les investissements économiques dans les pays de l'Europe centrale et orientale dont elle favorise l'intégration à l'Europe politique. Elle est devenue un des piliers de l'Europe. Des troupes allemandes sont intervenues dans le cadre des missions de l'OTAN en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo et en Afghanistan. En ce qui concerne ce dernier pays, la Bundeswehr y participe depuis janvier 2002 à la mission de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) de l'OTAN[45]. En 2005, environ 7 000 soldats y étaient stationnés[46].
157
+
158
+ Après une hausse considérable de la dette publique allemande à cause de paiements forts pour l'Allemagne de l'Est après la réunification allemande et la crise économique à partir de 2008, le taux de la dette publique trouvait son maximum en 2010 (80,9 % du PIB)[47]. À partir de 2012, l'Allemagne a réalisé des excédents budgétaires sur l'ensemble de l'État[48] et était capable de réduire ses dettes de 80,9 % en 2010 à 63,9 % du PIB (2 092,6 milliards d'euros) en 2017[47]. Cela signifie qu'aussi la dette absolue de l'Allemagne ne grossit plus mais au contraire désormais se rétracte.
159
+
160
+ Par conséquent, l' Allemagne respecte le critère sur le déficit budgétaire du Pacte de stabilité et de croissance de la zone euro, qui limite le déficit à 3 % du PIB ainsi que les critères du Pacte budgétaire européen de 2012 qui limitent le déficit structurel à 0,5 % du PIB pour l'objectif budgétaire à moyen terme. La dette publique allemande rapportée au PIB pourrait passer dès 2018, avant l'objectif visé de 2019, sous le plafond de 60% fixé par l'Union européenne.
161
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162
+ En 2009 l'Allemagne a introduit un frein à l'endettement pour continuer à atteindre des budgets publiques sans déficits structurels (Länder, États fédéraux) ou au maximum un déficit très limité (0,35 % du PIB pour l'État fédéral). Le frein à l'endettement est maintenant fixé en article 109 paragraphe 3 de la Loi fondamentale. Entre-temps, quelques Länder ont aussi adopté le frein d'endettement dans leurs constitutions régionales. Avec le frein d'endettement, le déficit structurel fédéral, et non le déficit conjoncturel, ne doit plus surmonter 0,35 % du PIB à partir de 2016. Pour les Länder, des déficits structurels sont complètement interdits à partir de 2020. Seule exception sont des catastrophes naturelles ou récessions fortes.
163
+
164
+ La notation financière de l'Allemagne par les trois agences de notation les plus suivies Moody's, Standard & Poor's et Fitch est AAA, la note maximale. L'emprunt d'État à long terme (10 à 30 ans) émis par l'Allemagne s'appelle Bundesanleihe et constitue le marché directeur des taux d'intérêt à moyen et long terme dans la zone euro.
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+ L'Allemagne est peuplée de 83,1 millions d'habitants[2] en septembre 2019, dont 10,3 millions d'étrangers[2]. Avec ses 233 habitants par km2, l'Allemagne est l'un des pays les plus densément peuplés d'Europe (après les Pays-Bas, la Belgique et le Royaume-Uni). C'est le pays le plus peuplé de l'Union européenne. L'Ouest du pays reste plus peuplé que l'Est. En effet, on rencontre d'importantes concentrations urbaines à l'Ouest (région métropolitaine Rhin-Ruhr), dans le Sud-Ouest (région Rhin-Main, région métropolitaine Rhin-Neckar) et le Sud du pays (région métropolitaine de Stuttgart, région métropolitaine de Munich).
167
+
168
+ Le taux de natalité de l'Allemagne est l'un des plus faibles du monde (9,5 ‰) et son accroissement naturel est négatif depuis les années 1980 pour les onze Länder de l'Ouest, et dès 1972 à l'échelle nationale. Le nombre de naissances a atteint un minimum en 2011 avec 662.685 avant de remonter dans les années suivantes jusqu'à 792,000 naissances en 2016 du fait d'une immigration augmentée et une politique familiale plus ambitieuse. En 2016, le taux de fécondité allemand est de 1,60 enfant par femme et se trouve proche de la moyenne de l'Union européenne[54]. Jusqu'au début des années 1990 cependant, les cinq Länder de l'Est avaient un taux de fécondité bien plus élevé qu'à l'Ouest, mais la natalité de l'Est est aujourd'hui aussi faible que celle de l'Ouest. Une des raisons de cette faible fécondité résidait dans la difficulté pour les femmes de concilier vies familiale et professionnelle. Cela s'est amélioré dans les dernières années grâce à l'ouverture de beaucoup de nouvelles crèches[55].
169
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170
+ Durant longtemps, l'Allemagne a été réticente à toute politique incitative qui lui rappelait l'époque nazie ou, en RDA, celle communiste. La récente coalition CDU-SPD a pris une série de mesures, sous la houlette de la ministre ancienne de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse, Ursula von der Leyen, qui bouleversent la politique familiale. En 2007, un salaire parental a été créé. Il vient s'ajouter aux allocations familiales. Le parent qui arrête son travail pendant un an touche une allocation représentant 67 % du salaire perdu, avec un plafond de 1 800 euros et un minimum de 300 euros[56]. La ministre a décidé la construction de crèches représentant 500 000 places jusqu'en 2013 pour les enfants de un à trois ans. Le nombre de places en crèches a atteint de nouveaux sommets en 2014[55]. L'aménagement du temps de travail, indispensable au développement de toute politique familiale, commence à entrer dans les négociations collectives. Ainsi, en 2016, l'Allemagne applique une des politiques familiales les plus coûteuses au monde, avec un total de 156 mesures, pour un coût annuel total de 55,4 milliards d'euros. En 2019, les allocations familiales sont augmentées de 10 € par mois et enfant : 204 € au lieu de 194 € pour le premier et deuxième enfant, 210 € au lieu de 200 € pour le troisième enfant et 235 € au lieu de 225 € par mois pour le quatrième enfant et les enfants suivants. Une nouvelle augmentation de 15 € par mois et enfant est prévue pour 2021.
171
+
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+ Actuellement, la population allemande n'augmente que grâce à un solde migratoire positif[2]. En 2018, ce solde migratoire net a atteint un niveau entre 340 000 et 380 000 personnes, mais le nombre de naissances était inférieur à celui des décès par 150 000 à 180 000[57]. L'essentiel des nouveaux immigrés en Allemagne est originaire des pays de l'Union européenne.
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+ Pour résoudre le problème du financement des retraites, les assemblées allemandes ont choisi d'élever l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 67 ans entre 2012 et 2029[58]. Il est ensuite question de le repousser à 69 ans et quatre mois. Les retraites en Allemagne sont assez faibles, ne représentant que 48 % du salaire moyen[59].
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+
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+ L'Allemagne accueille environ 10,3 millions d'étrangers[2], parmi lesquels les Turcs forment la plus importante minorité avec 1,5 million de ressortissants[60], devant les Italiens, les Polonais, les Russes et les Grecs.
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+
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+ L'Allemagne durcit son encadrement de l'immigration et des procédures d'intégration des nouveaux arrivants, et adopte en 2005 la Zuwanderungsgesetz (de), ou loi sur l'immigration, qui comprend la reconnaissance de l'Allemagne en tant que « pays d'immigration »[61].
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+ Cette nouvelle loi sur l'immigration touche aussi la loi sur la Natalité, facilitant l'obtention du statut de Citoyen pour les enfants nés sur le territoire allemand d'au moins un parent ayant vécu légalement en Allemagne pendant cinq ans[61].
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+
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+ Le tableau ci-dessous donne la liste des principales aires urbaines au sens de l'Eurostat :
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+ Dans le dernier classement de Mercer des villes les plus agréables à vivre dans le monde de mars 2019, cinq villes allemandes se trouvent parmi les 25 premières, en offrant une très haute qualité de vie à leurs habitants : Munich (3e), Düsseldorf (6e), Francfort (7e), Berlin (13e), Hambourg (19e) et Nuremberg 23e[62].
185
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+ Faust spricht mit dem Erdgeist (« Faust parle avec le Erdgeist ») de Margret Hofheinz-Döring en 1969.
187
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+ L'Allemand parlé : extrait du Faust de Goethe.
189
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+ L'allemand est une langue indo-européenne appartenant à la branche occidentale des langues germaniques, de même que le néerlandais ou l'anglais. 92 % de la population a l'allemand comme langue maternelle, ce qui indique une très grande homogénéité linguistique. 8 % de locuteurs parlent une autre langue : le danois, le frison septentrional, le frison oriental, le sorabe, le polonais, les parlers de deux groupes roms (les Sintis et les Roms allemands) ainsi que le turc, le kurde, ou le serbe.
191
+
192
+ Il s'agit d'une estimation, car il n'existe en Allemagne aucun recensement basé sur les données linguistiques. Les immigrés ont contribué à l'élargissement du champ linguistique.
193
+
194
+ L'allemand standard, appelé en Allemagne Hochdeutsch, n'est pas la langue vernaculaire de tous les germanophones. En effet, plusieurs millions d'Allemands parlent dans leur vie quotidienne l'un des dialectes allemands. Ces nombreux dialectes peuvent être rattachés géographiquement à trois groupes, du nord au sud : le bas-allemand (Niederdeutsch), le bas francique, au centre les dialectes du moyen-allemand occidental et du moyen-allemand oriental, et au sud le haut allemand : le bavarois, l'alémanique, le francique méridional et le francique oriental (voir la liste complète des dialectes dans l'article détaillé sur la langue allemande). La différenciation nord-sud (bas-allemand / haut-allemand) est apparue à partir du VIe siècle. En 1980, on estimait qu'environ 50 % des Allemands utilisaient dans leur vie quotidienne l'un de ces dialectes sans jamais l'écrire[63].
195
+
196
+ L'anglais est très répandu, et est la première langue étrangère et commerciale : le quotidien Aktuelle Woche estime[source insuffisante] qu'au moins 50 % des Allemands parlent anglais, ou ont des notions d'anglais, et 30 % des Allemands parleraient anglais couramment. Le français, qui avait un taux de connaissance de quelque 15 % dans les années 1970, a maintenant moins de 5 % de locuteurs en seconde langue.
197
+
198
+ Minorités linguistiques historiques
199
+
200
+ Les lois fédérales reconnaissent quatre minorités nationales : les Danois, les Frisons, les Sorabes et les Tsiganes. Les quatre communautés reconnues ont fondé en 2004 un Conseil des minorités doté d'une convention commune pour promouvoir leurs intérêts devant le gouvernement fédéral.
201
+
202
+ Les Sorabes ou Sorbes, qui constituaient une minorité protégée dans la République démocratique allemande, vivent dans la région de la Lusace (dans les Länder de Saxe et de Brandebourg), qui est subdivisée en Haute Lusace et Basse Lusace. Ils parlent les langues slaves occidentales haut-sorabe et bas-sorabe (en sorabe hornjoserbšćina et delnjoserbšćina), et forment la minorité nationale reconnue la plus importante. Ils ont réussi à maintenir leur culture et leur langue malgré les tentatives de germanisation dans le passé. Tous parlent aussi l'allemand, le taux de bilinguisme atteignant près de 100 %[63]. Le sorabe se situe entre le tchèque et le polonais et s'écrit en caractères latins complétés par quelques signes diacritiques. Le haut sorabe est phonétiquement proche du tchèque mais dispose d'un lexique apparenté au polonais, alors que le bas sorabe à l'inverse est phonétiquement proche du polonais mais utilise un lexique plus proche du tchèque.
203
+ La ville de Budisse, Budyšin ou Budyšyn en sorabe, est considérée comme le centre des sorabes de la Haute Lusace, et la ville de Cottbus, Chóśebuz en sorabe, est considérée comme le centre politique et culturel des sorabes de la Basse Lusace.
204
+
205
+ Les Frisons vivent dans la Frise, principalement dans la région côtière du nord-ouest du Land de Schleswig-Holstein. Ils parlent le frison septentrional et le frison oriental, qui font partie du groupe des langues germaniques occidentales. Ils constituent avec l'anglais et le scots la branche anglo-frisonne de ce groupe. Ils ressemblent étroitement au vieil anglais, mais aussi au néerlandais et au bas-allemand.
206
+
207
+ Dans la moitié nord du Land de Schleswig-Holstein, il existe une petite minorité danoise (en danois : det danske mindretal i Sydslesvig), parlant le sydslesvigsdansk, le danois du sud du Schleswig. La minorité danoise représente entre 15 000 et 50 000 personnes. Elle dispose d'organisations culturelles, d'une Église (rattachée à l'Église du Danemark) et d'écoles spécifiques. La minorité danoise est reconnue officiellement et protégée dans le cadre de l'accord germano-danois de 1955 et de la convention-cadre sur les minorités du Conseil de l'Europe. La Fédération des électeurs du Schleswig-du-Sud, son parti, est exemptée de la règle des 5 % pour être représentée au parlement régional.
208
+
209
+ Entre 1570 et 1815, des centaines de milliers de Huguenots, ou Protestants Français fuient la France pour s'installer dans les états Allemands du Saint Empire Germanique. Après 1685, et la révocation de l'édit de Nantes en France, par Louis XIV, les départs de protestants pour les états Allemands s'accélèrent. On retrouve de nos jours les descendants de ces protestants à travers leurs noms, à consonance française.
210
+
211
+ On estime a plus de 10 millions le nombre de francophones en Allemagne[64]. Avant 1815, date du congrès de Vienne, certaines régions frontalières, comme celle de Landau étaient françaises. En 1815, l'Alsace sera maintenue française, mais les régions au-delà du Rhin ou au nord de la Lorraine, dont la Sarre et Sarrelouis, furent cédées aux états du Saint-Empire germanique (états Allemands dont la Prusse). Avec le temps et les divers conflits, les minorités francophones de ces régions ont disparu.
212
+
213
+ Un regain pour la langue française va revenir avec le rapprochement franco-allemand des années 1960, initié par les présidents de Gaulle et Adenauer.
214
+
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+ En conséquence, l'organisation des francophones en Allemagne va retrouver une certaine vigueur en intégrant diverses structures francophones dont La Gazette de Berlin, Le Carrefour francophone de Hanovre et de sa région, la Société franco-allemande de Berlin ou encore la Société franco-allemande d'Osnabrück[65].
216
+
217
+ De plus, on peut noter la présence de paroisses francophones dont la communauté catholique d'Aix-la-Chapelle, la communauté catholique francophone et l'aumônerie de Bonn ou la communauté catholique francophone de Francfort[66].
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219
+ Enfin, un point d'accès à la culture francophone en Allemagne vient consolider la présence française dans ce pays[67]. En effet, l'Institut français d'Allemagne y fait la promotion du français depuis 1949. Il est à noter que sur les 200 structures d'Institut français à travers le monde, l'Institut français d'Allemagne est un des plus développés sur la planète.
220
+
221
+ Les guerres de religions ont déchiré les Allemands aux XVIe et XVIIe siècles, au cours de la guerre de Trente Ans. La réforme luthérienne est introduite par le moine augustin Martin Luther. La diffusion de la Dispute de Martin Luther sur la puissance des indulgences (titre latin Disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum), plus connue comme les Quatre-vingt-quinze thèses, a déclenché la Réforme en Allemagne. Le document aurait été placardé à la porte de l'église de Wittemberg (aujourd'hui en Saxe-Anhalt) le 31 octobre 1517. Les 95 thèses sont finalement condamnées le 15 juin 1520 par la bulle Exsurge Domine du pape Léon X. Luther, alors ouvertement en conflit avec l'Église, est excommunié au début de l'année suivante.
222
+
223
+ Aujourd'hui, le Nord et l'Est de l'Allemagne sont majoritairement protestants. La grande majorité des protestants allemands appartient à l'Église évangélique en Allemagne qui rassemble 25,5 % de la population. Des majorités catholiques se trouvent avant tout en Rhénanie, au sud du Bade-Wurtemberg et en Bavière où est né le pape Benoît XVI. 27,7 % de la population est catholique[68]. L'Est de l'Allemagne et Hambourg sont majoritairement sans confession[69] mais la première religion reste le luthéranisme. Enfin, l'islam est pratiqué par la communauté turque, concentrée dans la Ruhr et à Berlin. La population alévi bektachi est estimée entre 500 000 et 625 000. En 2000, l'Allemagne accorde aux alévis le statut de « communauté religieuse »[70].
224
+
225
+ En Allemagne existe la Kirchensteuer, un impôt destiné aux institutions religieuses.
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227
+ Églises (édifices)
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229
+ Quelques-unes des plus grandes et fameuses églises d'Allemagne :
230
+
231
+ L'Allemagne est la première puissance économique de l'Union européenne. Elle figure au quatrième rang mondial depuis 2008 derrière les États-Unis, le Japon, et la Chine[71] mais devant la France et le Royaume-Uni. Elle possède pour cela de nombreux atouts : un marché intérieur important, une population active qualifiée grâce à l'apprentissage professionnel, et un niveau de vie élevé. Les entreprises et les syndicats allemands fonctionnent en cogestion. Le PIB allemand s'élève à 3 876 milliards de dollars (GDP 2014, Fonds monétaire international)[72]. Le commerce extérieur représente un tiers du PNB : avec un volume d'exportations de 1 134 milliards d'euros (2014)[73]. L'excédent commercial était le plus élevé du monde en 2014 avec 217 milliards d'euros[73]. Le principal moteur de ce commerce extérieur est l'industrie, dont le pourcentage dans le total des exportations se situe à quelque 84 % (2004).
232
+
233
+ L'économie allemande dispose d'un réseau de communication de première qualité : le plus long réseau autoroutier d'Europe, un réseau ferré particulièrement dense et trois axes navigables, le Rhin premier fleuve mondial pour le fret, la liaison Rhin-Main-Danube et le canal du Mittelland.
234
+
235
+ L'Allemagne est la quatrième puissance maritime économique du monde. Au 1er janvier 2013, sa flotte s'élevait à 3 833 navires, totalisant 125,778 millions de tonnes de port en lourd, dont 109,136 millions battant pavillon étranger et répartis sur 3 437 unités. 52,41 % de la totalité du tonnage est immatriculée au Liberia et 10,43 % à Antigua-et-Barbuda, contre seulement 13,23 % en Allemagne[74].
236
+
237
+ Certaines entreprises allemandes occupent la première place du marché mondial dans leur domaine (par exemple BASF dans l'industrie chimique, Munich Re (aussi Münchener Rück) dans la réassurance, Aldi et Lidl pour les supermarchés hard-discount). Autres entreprises occupent la première place européenne dans leur domaine (par exemple Volkswagen dans la construction automobile, Bosch pour les équipementiers automobiles, Deutsche Bahn pour les entreprises ferroviaires, Lufthansa pour les compagnies aériennes, DHL pour la logistique, SAP pour les entreprises de logiciels ou Adidas dans la fabrication d'articles de sport). En outre, il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises, le fameux « Mittelstand », qui occupent la première place du marché mondial ou européen dans une niche qui s'appellent « champions cachées »[75] ou « hidden champions »[76].
238
+
239
+ L'évasion fiscale représente 165 milliards d'euros par an selon Tax Justice Network[77].
240
+
241
+ Les inégalités comptent parmi les plus élevées d'Europe et se traduisent notamment par des bas salaires dans de nombreux secteurs. Ainsi, 22,5 % des actifs gagnent moins de 10,50 € de l'heure contre seulement 8,8 % pour la France[78].
242
+
243
+ L'Allemagne est confrontée depuis 2004 à une envolée du prix des loyers, pouvant déboucher sur l'éclatement d'une bulle immobilière. Entre 2016 et 2017, les prix ont augmenté de plus de 20 % à Berlin[79].
244
+
245
+ L'industrie est un secteur économique très important en Allemagne. Environ 33 % de la population active travaille dans ce secteur. Les principaux secteurs en chiffre d'affaires sont la construction automobile avec 777 000 salariés en 2004, suivie par l'électrotechnique avec 799 000 salariés, la construction mécanique avec 868 000 salariés et l'industrie chimique[80]. À côté des grandes entreprises mondialement connues comme Siemens, Volkswagen, ThyssenKrupp, Allianz, Bosch, BASF ou Bayer, les PME/PMI emploient plus de 20 millions de salariés. Dans la construction mécanique, secteur où la RFA détient 19,3 % du marché mondial, la grande majorité des entreprises a moins de 200 salariés. Ces succès sont dus à la réputation de bonne qualité des produits allemands en général. Les entreprises allemandes dépendent peu des banques pour leur financement. Grâce à leurs bons rendements, près de 70 % d'entre elles peuvent couvrir elles-mêmes leurs besoins financiers[81].
246
+
247
+ La construction automobile fournit 40 % des exportations allemandes. Un salarié sur sept travaille dans ce secteur. Les grands constructeurs Volkswagen et Audi, BMW, Daimler AG, Porsche et Opel, ce dernier filiale allemande de PSA depuis 2017, font de l'Allemagne le troisième producteur d'automobiles mondial. Environ six millions de voitures sortent chaque année des chaînes de montage allemandes et 4,8 millions de voitures de marque allemande sont produites à l'étranger.
248
+
249
+ L'industrie automobile allemande traverse une période de fortes convulsions due au dieselgate, au déploiement de l'électromobilité à marche forcée, et aux changements de paradigme tels que l'autopartage et le véhicule autonome[82]. L'arrivée de Tesla dans le Brandebourg, aux portes de Berlin, va compliquer la situation[83]. En 2020, la pandémie de Covid-19 vient encore affaiblir l'industrie automobile du pays, car les gens auront « tout autre chose en tête que l'achat d'une nouvelle voiture », dans tous les marchés, qu'ils soient européens, chinois ou américains[84]. En matière d'emploi, eu égard aux changements de paradigme, The Shift Project s'attend à « bilan globalement négatif [...] qui ne sera probablement pas entièrement compensé par le développement des mobilités actives et partagées »[85].
250
+
251
+ Comme dans toutes les économies développées, le secteur tertiaire est le premier employeur allemand. Près de 28 millions de personnes y travaillent dont 10 millions dans le commerce, l'hôtellerie, la restauration et les transports. Ce secteur est constitué à plus de 40 % de PME/PMI.
252
+
253
+ Le tourisme est en Allemagne un facteur économique important. L'Allemagne est le leader mondial du tourisme d'affaires avec une part de 11 % des voyages d'affaires internationaux. Des concerts, des festivals et de grandes manifestations sportives attirent beaucoup de vacanciers. Pour ne citer que quelques exemples, il y a les fêtes de rues ou les marchés de Noël (voir aussi: section de la culture)[86].
254
+
255
+ Quoique densément peuplée et fortement industrialisée, l'Allemagne offre encore une large place à la nature. Les forêts recouvrent 29 % du territoire. La forêt bavaroise constitue le plus grand espace de montagnes boisées en Europe centrale et la Forêt-Noire conserve toujours un caractère sauvage. Il y a des siècles gestion durable des forêts en Allemagne.
256
+
257
+ L'agriculture est également très importante, contrairement aux idées reçues ; en comparaison, l'Allemagne se situe juste derrière la France pour la production céréalière, mais la devance et occupe ainsi le premier rang européen en ce qui concerne la production de lait. Depuis 2007, les exportations agro-alimentaires allemandes ont dépassé celles de la France pour parvenir au second rang mondial derrière les États-Unis[87].
258
+
259
+ L'économie allemande est particulièrement orientée vers le marché mondial. Les grands partenaires commerciaux de l'Allemagne sont la France, les États-Unis, l'Italie et le Royaume-Uni. Mais l'Allemagne, qui a retrouvé un rôle de pivot de l'Europe depuis la chute du communisme et la réunification, cherche à développer de nouveaux débouchés. Elle a accru sa présence en Europe de l'Est. Depuis le début des années 1990, une partie de la production allemande a été délocalisée vers ces pays, si bien que 830 000 personnes travaillaient pour des entreprises allemandes dans les anciens pays communistes en 2002, contre presque aucune avant 1990. Des entreprises allemandes ont aussi absorbé des entreprises locales comme Volkswagen qui a racheté le constructeur tchèque Skoda[88]. Au total, plus de 10 % des exportations allemandes se font vers ces pays, soit autant que vers les États-Unis.
260
+
261
+ Les pays émergents constituent un défi de taille pour l'Allemagne. L'importance des relations économiques avec la Chine ou l'Inde ne cesse donc de croître. Les échanges avec l'Inde sont plus modestes. Les entreprises allemandes doivent relever le défi de la compétitivité face à des pays où le coût de la main-d'œuvre est très faible. Cependant, elles misent peu sur le faible prix de leurs produits pour exporter, mais beaucoup plus sur leur qualité ou leur spécificité. On achète les produits allemands non pas parce qu'ils sont bon marché, mais parce qu'ils sont de bonne qualité[89], ou parce qu'on a besoin d'un produit que seuls les Allemands fabriquent.
262
+
263
+ L'Allemagne a connu après la réunification des difficultés. La concurrence internationale est importante et les entreprises doivent se moderniser rapidement ou délocaliser, sous peine de faillite. L'Ouest du pays est le plus dynamique, tandis qu'à l'Est (ancienne RDA) de nombreuses entreprises ont dû fermer, ce qui a provoqué une forte hausse du chômage jusqu'à 2005 et un exode de l'Est vers l'Ouest.
264
+
265
+ À cause des reformes du marché de travail (réformes Hartz), la performance forte des entreprises, notamment dans l'export, et aussi à cause de la démographie (plus de nouveaux retraités que de jeunes entrants sur le marché de travail), le taux de chômage a fortement diminué depuis 2005 et s'établit selon Eurostat en décembre 2018 à seulement 3,3 %[8]. C'est le taux le plus bas de tous les 19 États membres de la zone euro devant les Pays-Bas (3,6 %) et la Malte (3,8 %). Le taux de chômage pour les jeunes de moins de 25 ans s'établit à seulement 6,0 %[8] - c'est le taux le plus bas de l'Union européenne devant les Pays-Bas (6,6 %) et l'Autriche (8,9 %).
266
+
267
+ Le nombre de postes proposés en Allemagne a crû fortement de 300 641 en 2009 à 556 831 en 2015[90]. Pour trouver plus de travailleurs étrangers, l'État allemand a lancé la campagne « Make it in Germany »[91].
268
+
269
+ En 2006, le PIB a crû de 2,9 %, après plusieurs années de stagnation[92]. Les entreprises profitent d'une compétitivité regagnée depuis dix ans à force de restructurations et de modération salariale. Depuis 2006, la production augmente chaque année, les carnets de commande restent remplis[93]. Après un fort recul du PIB pendant la crise économique de 2008/2009, la croissance de celui-ci a fortement repris en 2010 (4,1 %) et en 2011 (3,6 %), et plus légèrement en 2012 (0,4 %) et 2013 (0,1 %). En 2014, la croissance reprenait à 1,6 %[94], et en 2015, à 1,7 %[95].
270
+
271
+ Selon les données d'Eurostat, 70,8 % des chômeurs allemands vivent dans la pauvreté en 2016, le taux le plus élevé de l'Union européenne, contre 38,4 % en France. Cet écart serait lié entre autres aux conditions d'accès à l'indemnisation du chômage très restrictives en Allemagne[96].
272
+
273
+ Dans la dernière décennie, l'Allemagne a réformé son marché du travail avec les réformes Hartz (2003/2005) et pris des mesures contre la crise pour préserver son dynamisme économique. Ces mesures sont souvent vues comme un modèle pour les autres pays européens car l'Allemagne a été capable de diminuer le chômage à 3,3 % (Eurostat, décembre 2018)[8] et de réaliser des excédents budgétaires sur l'ensemble de l'État à partir de 2012[97], mais le prix à payer sur le plan social est également souligné par les économistes et il est jugé parfois excessif. Ainsi, Henrik Uterwedde, économiste et directeur adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg, parle-t-il de quasi-« abus et exploitation en ce qui concerne les temps partiels et les bas salaires »[98].
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275
+ Pour maintenir son dynamisme économique, l'Allemagne a en effet privilégié l'emploi précaire sans salaire minimum : les mesures prises par le gouvernement allemand (définissant de nouveaux contrats de travail, exonérant les employeurs et ne donnant pas droit au chômage, avec la possibilité de payer des chômeurs de longue durée moins d'un euro par heure pour une activité à temps partiel afin d'aider ces personnes à se réintégrer dans le marché de travail normal), en accord avec le patronat et les syndicats ont ainsi entraîné une baisse de salaire de 20 % pour 1,6 million de personnes, et une stagnation depuis dix ans pour les autres[98].
276
+
277
+ Concernant la recherche d'emploi, il y a en tout 7 millions de personnes (soit 16 % de la population active) qui sont soit au chômage soit touchent des indemnités prévues par la loi Hartz IV. Les chômeurs allemands (dont le nombre s'est réduit de manière significative ces dernières années) sont les plus exposés à la pauvreté relative dans l'Union européenne : 70 % d'entre eux sont en danger de pauvreté (moins de 952 euros par mois de ressources), contre 45 % en moyenne dans l'Union européenne[99]. Cependant, le coût de la vie et en particulier du logement est beaucoup moins élevé en Allemagne - en moyenne les loyers à Paris avec 26,25 € par mètre carré sont beaucoup plus élevés qu'à Berlin (5,73 €/m2), Hambourg (6,30 €/m2), Munich (9,70 €/m2) ou Cologne (7,26 €/m2) en 2009[100]. Les loyers offerts pour les nouvelles locations dans les grandes villes ont en général augmenté fortement durant les dernières années mais ont aussi été plafonnés récemment par une nouvelle loi[101].
278
+
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+ Pour restreindre l'emploi précaire, le gouvernement allemand avait décidé en printemps 2014 d'introduire un salaire minimum de 8,50 € bruts de l'heure à partir du 1er janvier 2015, mais une période de transition était prévue pour les secteurs qui étaient encore sous le coup d'un accord de branche. À partir de 2017, il concerne tout le monde, sauf les moins de 18 ans, les stagiaires et les chômeurs de longue durée, exemptés pendant les six mois suivant leur embauche[102]. Le salaire minimum a été relevé à 8,84 € bruts de l'heure à partir du 1er janvier 2017[103]. La commission chargée de le réévaluer statuera en 2018 sur une nouvelle augmentation, pour une application au 1er janvier 2019[104]. En septembre 2016, l'institut IAB de recherche sur l'emploi évalue à 60 000 le nombre de postes perdus ou non-créés à cause du salaire minimum[105].
280
+
281
+ Les personnes âgées sont également de plus en plus exposées à la pauvreté. Depuis l'adoption des réformes lancées en 2002 et 2005 par le chancelier Gerhard Schröder, le taux de remplacement (montant de la première pension en comparaison du dernier salaire) est tombé à 48 %. Plus d'un million de seniors, pour beaucoup âgés de plus de 70 ans, sont contraints en 2019 d'exercer des « mini-jobs » pour vivre. Soit une hausse de 40 % sur dix ans. La part des retraités précipités sous le seuil de pauvreté a nettement augmentée. 16,8 % des personnes âgées sont touchés aujourd'hui. Une enquête prospective publiée en septembre 2019 par l'institut de recherche économique de Berlin (DIW) relève qu'avec le système actuel, 21,6 % des retraités allemands seront en situation de grande pauvreté à l'horizon 2039[106].
282
+
283
+ L'Allemagne fait partie de l'aire de la civilisation occidentale et européenne et compte 46 sites inscrits au patrimoine mondial, dont quarante-trois culturels et trois naturels.
284
+
285
+ La notion de culture est perçue de façon différente en France et en Allemagne. En France, la culture désigne plus une connaissance « intellectuelle », individuelle. En Allemagne, les deux sens, individuel et collectif, sont exprimés par deux mots distincts : Bildung et Kultur. La définition de la culture individuelle ou culture générale correspond au mot Bildung[107]. C'est surtout cette dernière notion que l'article se propose de développer même si le mot culture et le mot civilisation sont désormais pratiquement synonymes en France[108]. La deuxième difficulté rencontrée pour parler de culture allemande est liée au fait que l'État allemand ne date que de la seconde moitié du XIXe siècle. Beaucoup d'artistes perçus comme allemands ne se revendiquent pas comme tels, mais sont assimilés à l'aire germanique qui se définit sur des bases linguistiques. À ce titre, il est difficile de distinguer culture allemande et culture autrichienne jusqu'au milieu du XIXe siècle. Enfin, les frontières du territoire allemands ont fluctué à travers les siècles, ce qui rend la définition géographique du sujet délicate.
286
+
287
+ Certaines grandes fêtes populaires - comme la Noël en Allemagne, la fête de la bière à Munich (« Oktoberfest »), le Christopher Street Day dans les grandes villes, le Carnaval des cultures à Berlin, les carnavals de Mayence, Düsseldorf et de Cologne, le Hanse Sail de Rostock - sont depuis longtemps des pôles d'attraction pour beaucoup de locaux et touristes.
288
+
289
+ L'Allemagne est également le pays possédant le plus de zoo au monde, ainsi que le plus grand nombre espèces différentes vivantes dans ces zoo[109].
290
+
291
+ Le pays compte plusieurs orchestres de renommée internationale, au premier rang desquels :
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+
293
+ L'Allemagne a été riche en compositeurs, notamment :
294
+
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+ Karl Friedrich Abel, Jean-Sébastien Bach[e] et ses fils Carl Philipp Emanuel Bach et Johann Christian Bach, Ludwig van Beethoven, Johannes Brahms, Johann Jakob Froberger, Christoph Willibald Gluck, Georg Friedrich Haendel, E.T.A. Hoffmann, Félix Mendelssohn, Johann Pachelbel, Johann Joachim Quantz, Max Reger, Heinrich Schütz, Robert Schumann, Richard Strauss[f], Georg Philipp Telemann, Richard Wagner, et Carl Maria von Weber entre autres.
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+
297
+ Les principaux opéras d'Allemagne sont situés à :
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+
299
+ L'Allemagne connaît aussi la pratique de musiques traditionnelles, notamment le Yodel encore connu de nos jours dans les régions alpines de Bavière.
300
+
301
+ La musique populaire allemande s'appelle le Schlager. Des groupes comme Modern Talking, Alphaville, Münchener Freiheit, Ireen Sheer, Dschinghis Khan ou la chanteuse de Nouvelle Vague Allemande (Neue Deutsche Welle) Nena originaires d'Allemagne ont connu un succès international.
302
+
303
+ Le pays a donné naissance à plusieurs groupes de rock allemand de renommée internationale, notamment avec Scorpions à partir des années 1980, Rammstein des années 1990 à aujourd'hui et Scooter (groupe) de 1994 à aujourd'hui, ou encore le groupe Tokio Hotel de 2001 à nos jours.
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+
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+ Jean-Sébastien Bach(1685-1750).
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+ Ludwig van Beethoven(1770-1827).
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+
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+ Richard Wagner(1813-1883).
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+
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+ Semperoper, Dresde(construit 1878).
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+
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+ Rammstein(commencé en 1994).
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ Des philosophes allemands :
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+ Theodor W. Adorno, Hannah Arendt, Jakob Böhme, Friedrich Engels, Johann Gottlieb Fichte, Jürgen Habermas, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Martin Heidegger, Max Horkheimer, Edmund Husserl, Karl Jaspers, Emmanuel Kant, Gottfried Wilhelm Leibniz, Karl Marx, Friedrich Nietzsche, Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, August Wilhelm Schlegel, Arthur Schopenhauer, Christian Wolff.
319
+
320
+ G. W. Leibniz(1646-1716).
321
+
322
+ Emmanuel Kant(1724-1804).
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324
+ Arthur Schopenhauer(1788-1860).
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+
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+ Karl Marx(1818-1883).
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+
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+ Friedrich Nietzsche(1844-1900).
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ Des ingénieurs ou scientifiques allemands :
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+
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+ Johannes Gutenberg(1400-1468).
335
+
336
+ Alexander von Humboldt(1769-1859).
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+
338
+ Max Planck(1858-1947).
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+
340
+ Albert Einstein(1879-1955).
341
+
342
+ Konrad Zuse(1910-1995).
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
345
+
346
+ La littérature allemande s'inscrit dans le cadre plus général de la littérature de langue allemande qui regroupe l'ensemble des œuvres littéraires de langue allemande, en englobant celles produites en Autriche ainsi que dans une partie de la Suisse.
347
+
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+ Née au Moyen Âge, la littérature allemande a connu des périodes de grand rayonnement comme le « Sturm und Drang » (vers 1765-1785) avec Johann Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller, le romantisme (vers 1796-1835) avec les Frères Grimm et les poètes Friedrich Hölderlin, Jean Paul Richter, Novalis, Joseph von Eichendorff, et un peu plus tard Heinrich Heine, avant la période « Klassische Moderne » (de 1900 aux années 1920) où dominent Hermann Hesse, Erich Kästner et Thomas Mann qui, avec les poètes et prosateurs autrichiens, ouvrent la voie de la modernité sur laquelle pèsera le nazisme qui conduira de nombreux auteurs à l'exil.
349
+
350
+ Enfin le renouveau littéraire depuis 1945 a été notable et marqué par plusieurs attributions du prix Nobel de littérature à des écrivains allemands : Nelly Sachs (1966, naturalisée suédoise), Heinrich Böll (1972), Günter Grass (1999) et Herta Müller (2009).
351
+
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+ Goethe(1749-1832).
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+ Friedrich von Schiller(1759-1805).
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+ Les Frères Grimm(1785-1863).
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+ Thomas Mann(1875-1955).
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+ Hermann Hesse(1877-1962).
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+ Certains designers allemands ont apporté une contribution importante au design industriel moderne, en s'inspirant notamment de l'école du Bauhaus, de Dieter Rams et de Braun[111].
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+
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+ La mode vestimentaire en Allemagne, si elle ne dispose pas d'influence au niveau mondial, est source de plusieurs personnalités reconnues, telles Karl Lagerfeld ou Claudia Schiffer ainsi que de marques largement implantées internationalement comme Hugo Boss ou Esprit. Pour ces personnalités qui officient parfois pour des entreprises tierces, une grande part de leur réussite est liée à leur présence sur la scène européenne ou parisienne, ainsi que pour l'industrie, à l'exportation. La Semaine de la mode qui a lieu annuellement dans la capitale voit grandir peu à peu son importance sur la scène européenne, y compris à travers des événements annexes tel que le Bread & Butter.
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+
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+ Karl Lagerfeld(1933-2019).
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+ Claudia Schiffer(*1970).
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+ Heidi Klum(*1973).
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+ Diane Kruger(*1976).
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+ Philipp Plein(*1978).
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+ L'Allemagne a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En mathématiques, un entier relatif est un nombre qui se présente comme un entier naturel auquel on a adjoint un signe positif ou négatif indiquant sa position[1] par rapport à 0 sur un axe orienté. Les entiers positifs (supérieurs à zéro) s'identifient aux entiers naturels : 0, 1, 2, 3… tandis que les entiers négatifs sont leurs opposés : 0, −1, −2, −3… L'entier 0 lui-même est donc le seul nombre à la fois positif et négatif[2].
2
+
3
+ Un nombre réel est entier s'il est sans partie fractionnaire, c'est-à-dire si son écriture décimale ne comprend pas de chiffre (autre que zéro) « après la virgule ».
4
+
5
+ Les entiers relatifs permettent d'exprimer la différence de deux entiers naturels quelconques. Entre autres significations de la différence, on peut citer la position sur un axe orienté par rapport à un point de référence (un axe à positions discrètes, c'est-à-dire discontinues) ; le déplacement depuis une position d'origine, dans un sens ou dans l'autre ; ou encore la variation d'une valeur entière, donc comptée en unités (variation positive pour un gain, négative pour une perte).
6
+
7
+ L'ensemble des entiers relatifs est noté[3] « Z », lettre capitale grasse dans les textes dactylographiés, peu à peu supplantée par la graphie manuscrite avec une barre oblique ajourée : « ℤ ».
8
+ La présence d'un astérisque en exposant (« Z* ») désigne en général l'ensemble des entiers relatifs non nuls, même si cette notation est utilisée parfois[4] pour l'ensemble des éléments inversibles, c'est-à-dire la paire d'entiers {−1 ; 1}.
9
+ La notation « Z− » désigne l'ensemble des entiers négatifs. Il est plus rare de trouver la notation « Z+ », remplacée par la notation « N » des entiers naturels par identification.
10
+
11
+ Cet ensemble est (totalement) ordonné pour la relation de comparaison usuelle héritée des entiers naturels. Il est aussi muni des opérations d'addition et de multiplication qui fondent la notion d'anneau en algèbre.
12
+
13
+ Les entiers relatifs sont aussi quelquefois appelés entiers rationnels[5],[6], appellation qui ne doit pas entraîner de confusion avec les nombres rationnels ou fractions. Cette dénomination vient de l'anglais rational integer, et désigne un cas particulier d'entiers algébriques, construit sur le corps de nombres des rationnels. On trouve cette appellation chez Nicolas Bourbaki[7] et certains mathématiciens s'inscrivant dans le mouvement des mathématiques modernes, parmi lesquels Georges Papy.
14
+
15
+ La principale raison de l'introduction des nombres négatifs est la possibilité de résoudre toutes les équations de la forme :
16
+
17
+ Dans l'ensemble des entiers naturels, seules certaines de ces équations ont une solution.
18
+
19
+ La première allusion à des nombres négatifs apparaît dans des textes indiens comme l'Arybhatiya du mathématicien indien Âryabhata (476-550) où sont définies les règles d'additions et de soustractions. Les nombres négatifs apparaissent alors comme représentant des dettes et les nombres positifs comme des recettes. Quelques siècles plus tard, dans les écrits du mathématicien perse Abu l-Wafa (940-998), on voit apparaître des produits de nombres négatifs par des nombres positifs. Cependant le nombre reste encore attaché à des quantités physiques et le nombre négatif n'a guère de statut légal. Al Khuwarizmi (783-850) par exemple, dans son ouvrage la Transposition et la réduction préfère traiter 6 types d'équations du second degré au lieu d'envisager des soustractions.
20
+
21
+ En Europe les nombres relatifs apparaissent tardivement, on attribue en général à Simon Stevin (1548-1620) la fameuse règle des signes pour le produit de deux entiers relatifs. D'Alembert (1717-1783) lui-même dans l'Encyclopédie envisage le nombre relatif comme une idée dangereuse.
22
+
23
+ « Il faut avouer qu'il n'est pas facile de fixer l'idée des quantités négatives, & que quelques habiles gens ont même contribué à l'embrouiller par les notions peu exactes qu'ils en ont données. Dire que la quantité négative est au-dessous du rien, c'est avancer une chose qui ne se peut pas concevoir. Ceux qui prétendent que 1 n'est pas comparable à −1[8], & que le rapport entre 1 & −1 est différent du rapport entre −1 & 1, sont dans une double erreur […] Il n'y a donc point réellement & absolument de quantité négative isolée : −3 pris abstraitement ne présente à l'esprit aucune idée. »
24
+
25
+ — D'Alembert, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, vol. 11
26
+
27
+ Il faut attendre encore deux siècles et l'avènement du formalisme pour voir apparaître une construction formelle de l'ensemble des entiers relatifs à partir de classes d'équivalence de couples d'entiers naturels
28
+
29
+ C'est à Richard Dedekind (1831-1916) que l'on doit cette construction. Lui-même utilisait la lettre K pour désigner l'ensemble des entiers relatifs. Plusieurs autres conventions ont eu cours, jusqu'à ce que Nicolas Bourbaki popularise l'usage de la lettre
30
+
31
+
32
+
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+
34
+ Z
35
+
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+
37
+
38
+ {\displaystyle \mathbb {Z} }
39
+
40
+ , initiale de l'allemand Zahlen (nombres)[9].
41
+
42
+ Dans un nombre relatif, on distingue le signe (+ ou −) et la valeur absolue : −3 a pour valeur absolue 3.
43
+
44
+ La somme de deux entiers de même signe s'obtient en additionnant les deux valeurs absolues et en conservant le signe commun :
45
+
46
+ La somme de deux entiers relatifs de signes contraires s'obtient en calculant la différence entre les deux valeurs absolues et en lui affectant le signe de l'entier ayant la plus grande valeur absolue :
47
+
48
+ Le résultat d'une multiplication s'appelle un produit.
49
+ Le produit de deux nombres relatifs de même signe est toujours positif (+) et s'obtient en effectuant le produit des valeurs absolues:
50
+
51
+ (le + n'étant pas obligatoire si le produit n'est pas négatif)
52
+
53
+ Le produit de deux nombres relatifs de signes différents est toujours négatif (−) et s'obtient en effectuant le produit des valeurs absolues
54
+
55
+ Règle des signes
56
+
57
+ L'ensemble Z des entiers relatifs peut être vu comme le symétrisé du semi-anneau N des entiers naturels.
58
+
59
+ L'ensemble des entiers relatifs, muni de ses lois d'addition et de multiplication, est le prototype de la notion d'anneau. Il s'agit même d'un anneau euclidien, en référence à la division euclidienne. Il est donc également principal et factoriel.
60
+
61
+ Il peut être muni de la topologie discrète associée à la distance usuelle induite par la valeur absolue de la différence, qui en fait un espace métrique complet.
62
+ Les seules autres distances compatibles avec la structure d'anneau sont les distances p-adiques, où p est un nombre premier.
63
+
64
+ La structure de groupe additif (Z, +) est un groupe monogène sans torsion, c'est-à-dire un groupe abélien libre de rang 1.
65
+
66
+ L'ensemble Z est totalement ordonné pour la relation d'ordre usuelle.
67
+
68
+ Les entiers relatifs forment un ensemble dénombrable infini.
69
+
70
+ L'ensemble Z des entiers relatifs se plonge dans l'ensemble des nombres décimaux, noté D, qui lui-même est une partie de l'ensemble des nombres rationnels noté Q.
71
+
72
+ La notion d'entier est étendue par la définition des entiers algébriques, qui sont aux divers corps de nombres ce que les entiers relatifs sont au corps des rationnels. Les entiers rationnels, c'est-à-dire les entiers algébriques du corps des rationnels, sont donc exactement les entiers relatifs.
73
+
74
+ Pour chacune des distances p-adiques, le complété de Z est un anneau des entiers p-adiques noté Zp, dont le corps de fraction est le corps des nombres p-adiques, noté Qp et qui contient Q.
75
+
76
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77
+
78
+ Les nombres relatifs sont des nombres qui sont devenus relativement familiers. On les trouve :
79
+
80
+ Sur les autres projets Wikimedia :
81
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+ Entier (informatique)
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+ En mathématiques, un entier relatif est un nombre qui se présente comme un entier naturel auquel on a adjoint un signe positif ou négatif indiquant sa position[1] par rapport à 0 sur un axe orienté. Les entiers positifs (supérieurs à zéro) s'identifient aux entiers naturels : 0, 1, 2, 3… tandis que les entiers négatifs sont leurs opposés : 0, −1, −2, −3… L'entier 0 lui-même est donc le seul nombre à la fois positif et négatif[2].
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+ Un nombre réel est entier s'il est sans partie fractionnaire, c'est-à-dire si son écriture décimale ne comprend pas de chiffre (autre que zéro) « après la virgule ».
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+ Les entiers relatifs permettent d'exprimer la différence de deux entiers naturels quelconques. Entre autres significations de la différence, on peut citer la position sur un axe orienté par rapport à un point de référence (un axe à positions discrètes, c'est-à-dire discontinues) ; le déplacement depuis une position d'origine, dans un sens ou dans l'autre ; ou encore la variation d'une valeur entière, donc comptée en unités (variation positive pour un gain, négative pour une perte).
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+ L'ensemble des entiers relatifs est noté[3] « Z », lettre capitale grasse dans les textes dactylographiés, peu à peu supplantée par la graphie manuscrite avec une barre oblique ajourée : « ℤ ».
8
+ La présence d'un astérisque en exposant (« Z* ») désigne en général l'ensemble des entiers relatifs non nuls, même si cette notation est utilisée parfois[4] pour l'ensemble des éléments inversibles, c'est-à-dire la paire d'entiers {−1 ; 1}.
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+ La notation « Z− » désigne l'ensemble des entiers négatifs. Il est plus rare de trouver la notation « Z+ », remplacée par la notation « N » des entiers naturels par identification.
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+ Cet ensemble est (totalement) ordonné pour la relation de comparaison usuelle héritée des entiers naturels. Il est aussi muni des opérations d'addition et de multiplication qui fondent la notion d'anneau en algèbre.
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+ Les entiers relatifs sont aussi quelquefois appelés entiers rationnels[5],[6], appellation qui ne doit pas entraîner de confusion avec les nombres rationnels ou fractions. Cette dénomination vient de l'anglais rational integer, et désigne un cas particulier d'entiers algébriques, construit sur le corps de nombres des rationnels. On trouve cette appellation chez Nicolas Bourbaki[7] et certains mathématiciens s'inscrivant dans le mouvement des mathématiques modernes, parmi lesquels Georges Papy.
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+ La principale raison de l'introduction des nombres négatifs est la possibilité de résoudre toutes les équations de la forme :
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+ Dans l'ensemble des entiers naturels, seules certaines de ces équations ont une solution.
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+ La première allusion à des nombres négatifs apparaît dans des textes indiens comme l'Arybhatiya du mathématicien indien Âryabhata (476-550) où sont définies les règles d'additions et de soustractions. Les nombres négatifs apparaissent alors comme représentant des dettes et les nombres positifs comme des recettes. Quelques siècles plus tard, dans les écrits du mathématicien perse Abu l-Wafa (940-998), on voit apparaître des produits de nombres négatifs par des nombres positifs. Cependant le nombre reste encore attaché à des quantités physiques et le nombre négatif n'a guère de statut légal. Al Khuwarizmi (783-850) par exemple, dans son ouvrage la Transposition et la réduction préfère traiter 6 types d'équations du second degré au lieu d'envisager des soustractions.
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+ En Europe les nombres relatifs apparaissent tardivement, on attribue en général à Simon Stevin (1548-1620) la fameuse règle des signes pour le produit de deux entiers relatifs. D'Alembert (1717-1783) lui-même dans l'Encyclopédie envisage le nombre relatif comme une idée dangereuse.
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+ « Il faut avouer qu'il n'est pas facile de fixer l'idée des quantités négatives, & que quelques habiles gens ont même contribué à l'embrouiller par les notions peu exactes qu'ils en ont données. Dire que la quantité négative est au-dessous du rien, c'est avancer une chose qui ne se peut pas concevoir. Ceux qui prétendent que 1 n'est pas comparable à −1[8], & que le rapport entre 1 & −1 est différent du rapport entre −1 & 1, sont dans une double erreur […] Il n'y a donc point réellement & absolument de quantité négative isolée : −3 pris abstraitement ne présente à l'esprit aucune idée. »
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+
25
+ — D'Alembert, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, vol. 11
26
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27
+ Il faut attendre encore deux siècles et l'avènement du formalisme pour voir apparaître une construction formelle de l'ensemble des entiers relatifs à partir de classes d'équivalence de couples d'entiers naturels
28
+
29
+ C'est à Richard Dedekind (1831-1916) que l'on doit cette construction. Lui-même utilisait la lettre K pour désigner l'ensemble des entiers relatifs. Plusieurs autres conventions ont eu cours, jusqu'à ce que Nicolas Bourbaki popularise l'usage de la lettre
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+ Z
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+ {\displaystyle \mathbb {Z} }
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+ , initiale de l'allemand Zahlen (nombres)[9].
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+ Dans un nombre relatif, on distingue le signe (+ ou −) et la valeur absolue : −3 a pour valeur absolue 3.
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+ La somme de deux entiers de même signe s'obtient en additionnant les deux valeurs absolues et en conservant le signe commun :
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+ La somme de deux entiers relatifs de signes contraires s'obtient en calculant la différence entre les deux valeurs absolues et en lui affectant le signe de l'entier ayant la plus grande valeur absolue :
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+ Le résultat d'une multiplication s'appelle un produit.
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+ Le produit de deux nombres relatifs de même signe est toujours positif (+) et s'obtient en effectuant le produit des valeurs absolues:
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+ (le + n'étant pas obligatoire si le produit n'est pas négatif)
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+ Le produit de deux nombres relatifs de signes différents est toujours négatif (−) et s'obtient en effectuant le produit des valeurs absolues
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+ Règle des signes
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+ L'ensemble Z des entiers relatifs peut être vu comme le symétrisé du semi-anneau N des entiers naturels.
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59
+ L'ensemble des entiers relatifs, muni de ses lois d'addition et de multiplication, est le prototype de la notion d'anneau. Il s'agit même d'un anneau euclidien, en référence à la division euclidienne. Il est donc également principal et factoriel.
60
+
61
+ Il peut être muni de la topologie discrète associée à la distance usuelle induite par la valeur absolue de la différence, qui en fait un espace métrique complet.
62
+ Les seules autres distances compatibles avec la structure d'anneau sont les distances p-adiques, où p est un nombre premier.
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+
64
+ La structure de groupe additif (Z, +) est un groupe monogène sans torsion, c'est-à-dire un groupe abélien libre de rang 1.
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+ L'ensemble Z est totalement ordonné pour la relation d'ordre usuelle.
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68
+ Les entiers relatifs forment un ensemble dénombrable infini.
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70
+ L'ensemble Z des entiers relatifs se plonge dans l'ensemble des nombres décimaux, noté D, qui lui-même est une partie de l'ensemble des nombres rationnels noté Q.
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72
+ La notion d'entier est étendue par la définition des entiers algébriques, qui sont aux divers corps de nombres ce que les entiers relatifs sont au corps des rationnels. Les entiers rationnels, c'est-à-dire les entiers algébriques du corps des rationnels, sont donc exactement les entiers relatifs.
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+
74
+ Pour chacune des distances p-adiques, le complété de Z est un anneau des entiers p-adiques noté Zp, dont le corps de fraction est le corps des nombres p-adiques, noté Qp et qui contient Q.
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+ Les nombres relatifs sont des nombres qui sont devenus relativement familiers. On les trouve :
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+ Entier (informatique)
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+ En mathématiques, un entier relatif est un nombre qui se présente comme un entier naturel auquel on a adjoint un signe positif ou négatif indiquant sa position[1] par rapport à 0 sur un axe orienté. Les entiers positifs (supérieurs à zéro) s'identifient aux entiers naturels : 0, 1, 2, 3… tandis que les entiers négatifs sont leurs opposés : 0, −1, −2, −3… L'entier 0 lui-même est donc le seul nombre à la fois positif et négatif[2].
2
+
3
+ Un nombre réel est entier s'il est sans partie fractionnaire, c'est-à-dire si son écriture décimale ne comprend pas de chiffre (autre que zéro) « après la virgule ».
4
+
5
+ Les entiers relatifs permettent d'exprimer la différence de deux entiers naturels quelconques. Entre autres significations de la différence, on peut citer la position sur un axe orienté par rapport à un point de référence (un axe à positions discrètes, c'est-à-dire discontinues) ; le déplacement depuis une position d'origine, dans un sens ou dans l'autre ; ou encore la variation d'une valeur entière, donc comptée en unités (variation positive pour un gain, négative pour une perte).
6
+
7
+ L'ensemble des entiers relatifs est noté[3] « Z », lettre capitale grasse dans les textes dactylographiés, peu à peu supplantée par la graphie manuscrite avec une barre oblique ajourée : « ℤ ».
8
+ La présence d'un astérisque en exposant (« Z* ») désigne en général l'ensemble des entiers relatifs non nuls, même si cette notation est utilisée parfois[4] pour l'ensemble des éléments inversibles, c'est-à-dire la paire d'entiers {−1 ; 1}.
9
+ La notation « Z− » désigne l'ensemble des entiers négatifs. Il est plus rare de trouver la notation « Z+ », remplacée par la notation « N » des entiers naturels par identification.
10
+
11
+ Cet ensemble est (totalement) ordonné pour la relation de comparaison usuelle héritée des entiers naturels. Il est aussi muni des opérations d'addition et de multiplication qui fondent la notion d'anneau en algèbre.
12
+
13
+ Les entiers relatifs sont aussi quelquefois appelés entiers rationnels[5],[6], appellation qui ne doit pas entraîner de confusion avec les nombres rationnels ou fractions. Cette dénomination vient de l'anglais rational integer, et désigne un cas particulier d'entiers algébriques, construit sur le corps de nombres des rationnels. On trouve cette appellation chez Nicolas Bourbaki[7] et certains mathématiciens s'inscrivant dans le mouvement des mathématiques modernes, parmi lesquels Georges Papy.
14
+
15
+ La principale raison de l'introduction des nombres négatifs est la possibilité de résoudre toutes les équations de la forme :
16
+
17
+ Dans l'ensemble des entiers naturels, seules certaines de ces équations ont une solution.
18
+
19
+ La première allusion à des nombres négatifs apparaît dans des textes indiens comme l'Arybhatiya du mathématicien indien Âryabhata (476-550) où sont définies les règles d'additions et de soustractions. Les nombres négatifs apparaissent alors comme représentant des dettes et les nombres positifs comme des recettes. Quelques siècles plus tard, dans les écrits du mathématicien perse Abu l-Wafa (940-998), on voit apparaître des produits de nombres négatifs par des nombres positifs. Cependant le nombre reste encore attaché à des quantités physiques et le nombre négatif n'a guère de statut légal. Al Khuwarizmi (783-850) par exemple, dans son ouvrage la Transposition et la réduction préfère traiter 6 types d'équations du second degré au lieu d'envisager des soustractions.
20
+
21
+ En Europe les nombres relatifs apparaissent tardivement, on attribue en général à Simon Stevin (1548-1620) la fameuse règle des signes pour le produit de deux entiers relatifs. D'Alembert (1717-1783) lui-même dans l'Encyclopédie envisage le nombre relatif comme une idée dangereuse.
22
+
23
+ « Il faut avouer qu'il n'est pas facile de fixer l'idée des quantités négatives, & que quelques habiles gens ont même contribué à l'embrouiller par les notions peu exactes qu'ils en ont données. Dire que la quantité négative est au-dessous du rien, c'est avancer une chose qui ne se peut pas concevoir. Ceux qui prétendent que 1 n'est pas comparable à −1[8], & que le rapport entre 1 & −1 est différent du rapport entre −1 & 1, sont dans une double erreur […] Il n'y a donc point réellement & absolument de quantité négative isolée : −3 pris abstraitement ne présente à l'esprit aucune idée. »
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+ — D'Alembert, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, vol. 11
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27
+ Il faut attendre encore deux siècles et l'avènement du formalisme pour voir apparaître une construction formelle de l'ensemble des entiers relatifs à partir de classes d'équivalence de couples d'entiers naturels
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29
+ C'est à Richard Dedekind (1831-1916) que l'on doit cette construction. Lui-même utilisait la lettre K pour désigner l'ensemble des entiers relatifs. Plusieurs autres conventions ont eu cours, jusqu'à ce que Nicolas Bourbaki popularise l'usage de la lettre
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+ {\displaystyle \mathbb {Z} }
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+ , initiale de l'allemand Zahlen (nombres)[9].
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+ Dans un nombre relatif, on distingue le signe (+ ou −) et la valeur absolue : −3 a pour valeur absolue 3.
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+ La somme de deux entiers de même signe s'obtient en additionnant les deux valeurs absolues et en conservant le signe commun :
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+ La somme de deux entiers relatifs de signes contraires s'obtient en calculant la différence entre les deux valeurs absolues et en lui affectant le signe de l'entier ayant la plus grande valeur absolue :
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+ Le résultat d'une multiplication s'appelle un produit.
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+ Le produit de deux nombres relatifs de même signe est toujours positif (+) et s'obtient en effectuant le produit des valeurs absolues:
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+ (le + n'étant pas obligatoire si le produit n'est pas négatif)
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+ Le produit de deux nombres relatifs de signes différents est toujours négatif (−) et s'obtient en effectuant le produit des valeurs absolues
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+ L'ensemble Z des entiers relatifs peut être vu comme le symétrisé du semi-anneau N des entiers naturels.
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+ L'ensemble des entiers relatifs, muni de ses lois d'addition et de multiplication, est le prototype de la notion d'anneau. Il s'agit même d'un anneau euclidien, en référence à la division euclidienne. Il est donc également principal et factoriel.
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+ Il peut être muni de la topologie discrète associée à la distance usuelle induite par la valeur absolue de la différence, qui en fait un espace métrique complet.
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+ Les seules autres distances compatibles avec la structure d'anneau sont les distances p-adiques, où p est un nombre premier.
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+ La structure de groupe additif (Z, +) est un groupe monogène sans torsion, c'est-à-dire un groupe abélien libre de rang 1.
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+ Les entiers relatifs forment un ensemble dénombrable infini.
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+ L'ensemble Z des entiers relatifs se plonge dans l'ensemble des nombres décimaux, noté D, qui lui-même est une partie de l'ensemble des nombres rationnels noté Q.
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+ La notion d'entier est étendue par la définition des entiers algébriques, qui sont aux divers corps de nombres ce que les entiers relatifs sont au corps des rationnels. Les entiers rationnels, c'est-à-dire les entiers algébriques du corps des rationnels, sont donc exactement les entiers relatifs.
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+ Pour chacune des distances p-adiques, le complété de Z est un anneau des entiers p-adiques noté Zp, dont le corps de fraction est le corps des nombres p-adiques, noté Qp et qui contient Q.
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+ Les nombres relatifs sont des nombres qui sont devenus relativement familiers. On les trouve :
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+ Entier (informatique)
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+ Un nombre est un concept permettant d’évaluer et de comparer des quantités ou des rapports de grandeurs, mais aussi d’ordonner des éléments par une numérotation[1]. Souvent écrits à l’aide d’un ou plusieurs chiffres, les nombres interagissent par le biais d’opérations qui sont résumées par des règles de calcul. Les propriétés de ces relations entre les nombres sont l’objet d’étude de l’arithmétique, qui se prolonge avec la théorie des nombres.
2
+
3
+ En l’absence d’une définition générale satisfaisante de cette notion[2], les mathématiques proposent plusieurs types de nombres pour exprimer des mesures physiques, résoudre des équations, voire pour appréhender l’infini.
4
+
5
+ En physique, les grandeurs sans dimension sont souvent appelées « nombres », tels le nombre de Reynolds en mécanique des fluides ou les nombres quantiques.
6
+
7
+ En dehors de leur utilisation scientifique, plusieurs nombres ont aussi acquis une charge symbolique forte dans les cultures populaires et religieuses.[Lesquels ?]
8
+
9
+ Le concept de nombre trouve son origine dans l’idée d’appariement, c’est-à-dire de la mise en correspondance d’ensembles (par exemple des êtres humains d’une part et des chevaux d’autre part). Si l’on tente de répartir tous les éléments en couples comprenant un élément de chaque ensemble, il se peut qu’il reste des éléments d’un ensemble en trop, ou qu’il en manque, ou encore qu’il y en ait juste assez. L’expérience montre alors que la manière de faire la répartition ne change pas le résultat, d’où la notion de quantité, caractère intrinsèque et qui peut être comparé.
10
+
11
+ Cette quantité n’est pas encore un nombre mais est parfois désignée comme un « nombre-de »[3]. Le nombre en tant que tel ne possède pas d’unité de mesure. Il est d’après Euclide[4] « un assemblage composé d’unités », où « l’unité est ce selon quoi chacune des choses existantes est dite une. »
12
+
13
+ Parallèlement à la notion de quantité, liée à l’aspect « cardinal », la notion de repérage dans une liste mène à la définition du nombre « ordinal » : le premier nombre[5] est suivi d’un deuxième, lui-même suivi d’un autre et ainsi de suite « jusqu’à l’infini ».
14
+
15
+ Sans calcul, les nombres sont limités à la quantité de symboles utilisables. La découverte des opérations numériques élémentaires (addition et multiplication notamment) va permettre aux mathématiques de faciliter la description des nombres beaucoup plus grands à l’aide de divers systèmes de numération. La civilisation babylonienne découvre notamment la notation positionnelle dès le IIIe millénaire avant notre ère et pratique alors le calcul avec des nombres ayant une partie fractionnaire.
16
+
17
+ Les fractions sont conçues en Égypte antique sous formes de « quantièmes », c’est-à-dire d’inverses d’entiers. Leur manipulation est alors soumise à certaines contraintes qui ne seront surmontées que par l’interprétation géométrique comme rapport de longueurs (entières). Toutefois, ni les fractions ni les autres proportions géométriques telles que pi, le nombre d’or ou la diagonale du carré ne seront vraiment considérées comme des nombres par les mathématiciens de la Grèce antique, pour qui les seuls nombres sont entiers.
18
+
19
+ Même si le chiffre « 0 » est employé dans certains systèmes de numération positionnelle par plusieurs civilisations antiques[6], le nombre zéro n’apparaît en tant que tel qu’au VIIe siècle dans les mathématiques indiennes. Il est repris par la civilisation de l’Islam et importé en Europe au Xe siècle. Sous le qualificatif d’« absurdes », les nombres négatifs sont déjà étudiés au XVIe siècle mais leurs propriétés arithmétiques font encore polémique au début du XIXe siècle.
20
+
21
+ Les nombres algébriques réels positifs sont étudiés avec le développement de l’algèbre par les mathématiciens arabes. Ces derniers en calculent des valeurs approchées en notation décimale dès le XIIe siècle. Cette même algèbre conduira certains mathématiciens italiens à inventer au XVIe siècle des nombres « imaginaires », première approche des nombres complexes qui ne seront définis de manière satisfaisante qu’au XVIIIe siècle. Leur construction géométrique sera d’ailleurs rapidement suivie de celle des quaternions puis d’autres nombres hypercomplexes pendant le siècle suivant.
22
+
23
+ Paradoxalement, il faudra cependant attendre le XIXe siècle pour que soit reconnue l’existence de nombres transcendants, juste avant que soit formalisée la notion de nombre réel indépendamment de la géométrie. La procédure de complétion des nombres rationnels sera imitée au début du XXe siècle pour construire les nombres p-adiques.
24
+
25
+ Les nombres transfinis sont introduits de diverses manières à partir de la fin du XIXe siècle, lorsque Georg Cantor définit les ordinaux et cardinaux. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l’analyse non standard fait usage de nombres hyperréels puis superréels, tandis que Conway présente les nombres surréels et pseudo-réels.
26
+
27
+ Diverses expériences explorent les capacités numériques chez l’enfant en bas âge.
28
+
29
+ Dans l’éducation, l’apprentissage du nombre débute avec l’acquisition de la « chaîne numérique »[7], notamment à l’aide de comptines[8] : « un, deux, trois… » Cette liste sera progressivement prolongée pour permettre à l’enfant d’énumérer des objets qu’il manipule afin de les dénombrer (en associant à cette quantité le dernier terme de l’énumération), mais aussi pour repérer une position dans une série ordonnée.
30
+
31
+ Au cours de la scolarité, l’enfant est amené à considérer divers types de nombres rangés dans une suite croissante d’ensembles :
32
+
33
+ L’idée de quantité et sa codification visuelle sont vraisemblablement antérieures à l’apparition de l’écriture[10]. Plusieurs procédés de comptage sont progressivement développés pour décrire la taille d’un troupeau et contrôler son évolution, suivre un calendrier ou mesurer des récoltes[11].
34
+
35
+ Au IVe millénaire avant notre ère, les civilisations mésopotamiennes utilisent ainsi des boules creuses d’argile contenant des jetons, puis des tablettes d’argile munies de marques. Un système de notation (dit « système S ») est employé pour la désignation des quantités discrètes, tandis que les surfaces et autres grandeurs sont représentées chacune selon un système de notation propre[12]. Il faut attendre la fusion de ces systèmes, à la fin du IIIe millénaire avant notre ère, pour voir se former véritablement le concept du nombre abstrait, indépendant de ses réalisations concrètes[13].
36
+
37
+ Dans les systèmes de numération additifs, certains symboles (variables selon les cultures) représentent des quantités précises et sont juxtaposés pour désigner tous les nombres utiles[14].
38
+
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+ Les systèmes alphabétiques associent la liste des lettres de l’alphabet (employant en renfort des lettres inusitées, désuètes ou inventées[15]) aux neuf unités, neuf dizaines et neuf centaines pour écrire chaque nombre entre 1 et 999 en trois caractères maximum. Pour écrire des valeurs supérieures, un nouveau groupe de trois lettres maximum désignant les milliers est placé à gauche, séparé par une apostrophe.
40
+
41
+ Ce système est proche de l’écriture positionnelle chiffrée, dans laquelle chaque position ne contient (au plus[16]) qu’un seul chiffre.
42
+
43
+ Les chiffres de la numération décimale correspondent aux dix premiers nombres entiers : zéro, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit et neuf.
44
+
45
+ Dès lors que les quantités sont représentées par des symboles, la manipulation des quantités doit être traduite par des opérations sur les nombres. Ainsi, la réunion de deux quantités définit l’opération d’addition et la répétition d’une certaine quantité donne lieu à la multiplication. Ces deux opérations directes admettent des opérations réciproques : la soustraction et la division, qui permettent de retrouver l’un des opérandes à partir du résultat et de l’autre opérande.
46
+
47
+ Chacune de ces opérations est réalisée selon diverses techniques de calcul. Mais contrairement aux opérations directes qui sont définies sans restriction, les opérations réciproques n’aboutissent que sous certaines conditions. Ainsi, avant l’utilisation des nombres négatifs, un nombre ne peut être soustrait qu’à un nombre plus grand[17]. De même, la notion de divisibilité décrit la réalisabilité d’une division. Le processus de division euclidienne a cependant l’avantage de fournir un résultat même sans l’hypothèse de divisibilité. Cette dernière s’exprime alors par l’absence de reste.
48
+
49
+ À partir du moment où la multiplication apparaît comme une opération purement numérique, sa répétition définit les puissances d’un nombre, dont les opérations réciproques sont appelées racines. D’autres opérations telles que la factorielle sont développées dans le cadre de la combinatoire.
50
+
51
+ Dans ce paragraphe, les nombres considérés sont des entiers naturels non nuls.
52
+
53
+ Étant donné un nombre, l’ensemble de ses multiples est infini mais régulièrement réparti et facile à décrire par une suite arithmétique. Par exemple, les multiples de 2 sont les nombres pairs, qui sont alternés avec les nombres impairs parmi tous les entiers.
54
+
55
+ Au contraire, l’ensemble des diviseurs d’un nombre est toujours fini et sa répartition n’a pas du tout le même genre de régularité. Il contient certes toujours le nombre à diviser et le nombre 1, les éventuels autres diviseurs se situant entre ces deux extrêmes. Mais il est en général difficile de lister ces autres diviseurs à partir d’une écriture du nombre dans une base donnée.
56
+
57
+ Ce problème est lié en partie à la rareté de critères simples pour déterminer sans calcul si un nombre est divisible par un autre. Dans un système de numération positionnelle décimale, plusieurs critères de divisibilité sont connus pour de petits diviseurs (surtout pour 2, 3, 5, 9 et 10), mais en dehors de ces quelques cas, c’est essentiellement la division euclidienne qui permet de répondre à cette question.
58
+
59
+ Hormis le nombre 1, qui est son seul diviseur, tout nombre admet donc au moins deux diviseurs distincts. Ceux qui en admettent exactement deux sont appelés nombres premiers. Ils sont les seuls à pouvoir réduire d’autres nombres par division, sans être eux-mêmes décomposables en produit de nombres strictement plus petits. Il en existe une infinité et chaque nombre se décompose de manière unique en un produit de nombres premiers. Cette décomposition permet entre autres de comprendre la structure de l’ensemble des diviseurs.
60
+
61
+ Les opérations définies sur les entiers s’étendent à d’autres objets mathématiques qui ne prendront que progressivement le statut de nombre. Les nombres avec une partie fractionnaire, les fractions, puis zéro et les nombres négatifs, les nombres algébriques et certains nombres d’abord qualifiés d’« imaginaires » sont l’objet d’étude d’une arithmétique qui se développe jusqu’à prendre le nom de théorie des nombres.
62
+
63
+ L’évaluation d’une quantité d’objets se fait plus ou moins rapidement selon la manière dont les objets sont rangés. Par exemple, seize jetons se comptent bien plus facilement s’ils sont disposés en carré que s’ils sont jetés en désordre sur une table. De même, la tetraktys des pythagoriciens est le rangement de dix points en triangle. D’autres formes sont étudiées sous cet angle dans le plan (hexagones par exemple) ou dans l’espace par des empilements de figures.
64
+
65
+ Cette vision des nombres comme des configurations géométriques permet entre autres d’interpréter le produit de deux nombres comme le rectangle dont les côtés sont décrits par ces deux nombres, d’où la nécessaire commutativité de la multiplication, c’est-à-dire que l’ordre dans lequel on effectue la multiplication n’a pas d’influence sur le résultat. D’autres propriétés arithmétiques peuvent s’énoncer géométriquement. Ainsi, un nombre est pair s’il est représentable par un rectangle sur deux lignes ; il est premier si la seule manière de le représenter sous forme de rectangle est une ligne de plusieurs points.
66
+
67
+ Certains nombres proviennent de rapports géométriques comme pi, rapport de la circonférence du cercle à son diamètre, ou le nombre d’or, né du problème de la division « en extrême et moyenne raison ».
68
+
69
+ Sur les autres projets Wikimedia :
70
+
71
+ L'empire des nombres, DVD paru chez Arte édition.
72
+
73
+ Jean-Pierre Dedieu, « Les Mots des nombres »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), 7 février 2007
fr/4157.html.txt ADDED
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1
+ En mathématiques, on appelle nombre ordinal un objet permettant de caractériser le type d'ordre d'un ensemble bien ordonné quelconque, tout comme en linguistique, les mots premier, deuxième, troisième, quatrième, etc. s'appellent des adjectifs numéraux ordinaux, et servent à préciser le rang d'un objet dans une collection, ou l'ordre d'un événement dans une succession.
2
+
3
+ Georg Cantor a été amené (lors de ses travaux sur les séries trigonométriques) à nommer de même le concept qu'il avait introduit à cette occasion pour caractériser le type d'ordre des ensembles qu'il rencontrait, de façon plus précise qu'en les mesurant par leur cardinalité (leur « nombre d'éléments »). Les ordinaux finis peuvent en fait être identifiés aux entiers naturels qui s'identifient eux-mêmes aux cardinaux finis, mais, dans le cas des ensembles infinis, ce n'est plus vrai : tous les cardinaux sont encore identifiables à des ordinaux, mais la réciproque est fausse.
4
+
5
+ Un entier naturel peut être utilisé dans deux buts : décrire la taille d'un ensemble, ou donner la position d'un élément dans une suite ordonnée. Dans le cas fini, ces notions correspondent respectivement aux adjectifs numéraux cardinaux (zéro, un, deux, trois…) et ordinaux (zéroième[1], premier, deuxième, troisième…) et sont très semblables. Cependant, dans le cas infini, on est amené à distinguer nombre cardinal et nombre ordinal.
6
+
7
+ Si la notion de cardinal est associée à un ensemble sans structure particulière, les ordinaux sont intimement liés à un ordre sur les éléments de cet ensemble, et plus précisément à un bon ordre. Brièvement, un ensemble bien ordonné est un ensemble dans lequel toute partie non vide admet un plus petit élément. Le plus petit élément de l'ensemble peut être numéroté 0, le suivant 1, le suivant 2, etc., mais dès que l'ensemble est infini, une notation adaptée est nécessaire pour désigner judicieusement tous les éléments de l'ensemble.
8
+
9
+ Considérons par exemple l'ensemble des couples d'entiers positifs ou nuls ordonnés selon ce qu'on appelle l'ordre lexicographique :
10
+
11
+ On peut imaginer une technique de « numérotation » des éléments de cet ensemble ordonné :
12
+
13
+ On dira que (0,0), (0,1), (0,2), (0,3), etc. occupent respectivement les positions 0, 1, 2, 3, etc.
14
+
15
+ (1,0) est le plus petit élément se trouvant après une infinité d'éléments. On convient de noter ω sa position[2].
16
+
17
+ (1,1) est l'élément qui suit ω ; sa place sera indexée ω + 1, etc.
18
+
19
+ (2,0) est le plus petit élément se trouvant après une double infinité d'éléments. Il occupe la position ω + ω, aussi notée ω2. Plus généralement (n, 0) occupe la place ωn. Si l'on disposait des éléments supplémentaires à la suite des éléments précédents, ils se trouveraient après une infinité d'infinis, et l'on noterait ω2, ω2 + 1 et ainsi de suite les positions occupées.
20
+
21
+ Par exemple, si au lieu de couples on avait utilisé des triplets ou même des n-uplets (a1, a2, …, an-1, an) d'entiers en ordre quelconque, de façon générique, on noterait
22
+
23
+
24
+
25
+
26
+ ω
27
+
28
+ n
29
+
30
+ 1
31
+
32
+
33
+
34
+ a
35
+
36
+ 1
37
+
38
+
39
+ +
40
+
41
+ ω
42
+
43
+ n
44
+
45
+ 2
46
+
47
+
48
+
49
+ a
50
+
51
+ 2
52
+
53
+
54
+ +
55
+ .
56
+ .
57
+ .
58
+ +
59
+ ω
60
+ .
61
+
62
+ a
63
+
64
+ n
65
+
66
+ 1
67
+
68
+
69
+ +
70
+
71
+ a
72
+
73
+ n
74
+
75
+
76
+
77
+
78
+ {\displaystyle \omega ^{n-1}a_{1}+\omega ^{n-2}a_{2}+...+\omega .a_{n-1}+a_{n}}
79
+
80
+ les positions occupées.
81
+
82
+ La théorie des ordinaux permet, entre autres, de donner un sens précis à cette numérotation heuristique des éléments d'un ensemble bien ordonné.
83
+
84
+ On définit un nombre ordinal de l'une des deux manières suivantes :
85
+
86
+ La conjonction de ces quatre formules (ou tout autre prédicat équivalent dans la théorie de Zermelo[3]), couramment notée On(α), définit la classe des ordinaux de von Neumann.
87
+
88
+ La première définition ne se formalise pas commodément dans une théorie des ensembles telle que ZFC, les classes d'isomorphismes des bons ordres (non vides) n'étant pas des ensembles (ce sont des classes propres). La définition de von Neumann permet de désigner ces classes par un ensemble, en fournissant un représentant unique par classe d'isomorphisme, la relation d'ordre sur cet ensemble étant la relation d'appartenance (voir le paragraphe Propriétés)[4].
89
+
90
+ C'est cette dernière que nous adopterons dans la suite de l'article. Usuellement, les ordinaux sont désignés par des lettres grecques, les ensembles en général par des lettres latines.
91
+
92
+ En appliquant la définition précédente, les entiers naturels peuvent être construits de la façon suivante :
93
+
94
+ Un entier positif est ainsi identifié à l'ensemble de ses prédécesseurs sur N.
95
+ Exemples :
96
+
97
+ De cette manière, tout entier naturel est un ensemble bien ordonné par la relation d'appartenance ∈, et l'inclusion des ensembles se traduit par un ordre sur les entiers naturels.
98
+
99
+ L'existence des ordinaux infinis est assurée par l'axiome de l'infini. Le premier nombre ordinal transfini (c'est-à-dire infini) est noté ω. Il correspond à l'ensemble des nombres entiers naturels
100
+
101
+
102
+
103
+
104
+ N
105
+
106
+ =
107
+ {
108
+ 0
109
+ ,
110
+ 1
111
+ ,
112
+ 2
113
+ ,
114
+ 3
115
+ ,
116
+
117
+ }
118
+
119
+
120
+ {\displaystyle \mathbb {N} =\{0,1,2,3,\ldots \}}
121
+
122
+ .
123
+
124
+ L'ordinal qui suit est ω ∪ {ω}, noté ω+1.
125
+
126
+ Pour définir une notation adaptée aux ordinaux suivants, nous aurons besoin de définir des opérations arithmétiques sur les ordinaux.
127
+
128
+ Les ordinaux sont totalement ordonnés au sens large par l'inclusion ou au sens strict par l'appartenance, mais ne forment pas un ensemble au sens des axiomes ZFC (la théorie des ensembles habituelle) ; ils forment une classe propre. Ceci peut être mis en évidence grâce au paradoxe de Burali-Forti : si la classe des ordinaux était un ensemble On alors On serait un ordinal tel que On ∈ On, or par antiréflexivité de l'appartenance sur un ordinal, cela est impossible (on aurait x ∈ x pour l'élément x = On de On).
129
+
130
+ On montre que :
131
+
132
+ On peut étendre les trois opérations arithmétiques de somme, produit et exponentiation à tous les ordinaux ; dans chaque cas il y a deux manières de définir l'opération.
133
+
134
+ Pour définir la somme de deux ordinaux α et β, on procède comme suit. En premier lieu on renomme les éléments de β de façon qu'ils soient distincts de ceux de α ; ensuite, les éléments de l'ordinal α dans l'ordre sont écrits à gauche des éléments de β, de sorte qu'on définit un ordre sur α∪β dans lequel tout élément de α est strictement plus petit que tout élément de β. Les ordinaux α et β conservent leur ordre initial.
135
+
136
+ Plus précisément on considère l'union disjointe
137
+
138
+
139
+
140
+ α
141
+
142
+ β
143
+
144
+
145
+ {\displaystyle \alpha \sqcup \beta }
146
+
147
+ de α et β, c'est-à-dire l'ensemble
148
+
149
+
150
+
151
+ (
152
+ {
153
+ 0
154
+ }
155
+ ×
156
+ α
157
+ )
158
+
159
+ (
160
+ {
161
+ 1
162
+ }
163
+ ×
164
+ β
165
+ )
166
+
167
+
168
+ {\displaystyle (\{0\}\times \alpha )\cup (\{1\}\times \beta )}
169
+
170
+ que l'on ordonne lexicographiquement :
171
+
172
+
173
+
174
+ (
175
+ i
176
+ ,
177
+ γ
178
+ )
179
+ <
180
+ (
181
+ j
182
+ ,
183
+
184
+ γ
185
+
186
+
187
+ )
188
+
189
+
190
+ {\displaystyle (i,\gamma )<(j,\gamma ')}
191
+
192
+ si et seulement si
193
+
194
+
195
+
196
+ i
197
+ <
198
+ j
199
+
200
+
201
+ {\displaystyle i<j}
202
+
203
+ ou (
204
+
205
+
206
+
207
+ i
208
+ =
209
+ j
210
+
211
+
212
+ {\displaystyle i=j}
213
+
214
+ et
215
+
216
+
217
+
218
+ γ
219
+ <
220
+
221
+ γ
222
+
223
+
224
+
225
+
226
+ {\displaystyle \gamma <\gamma '}
227
+
228
+ ).
229
+
230
+ De cette façon, on définit un bon ordre sur
231
+
232
+
233
+
234
+ α
235
+
236
+ β
237
+
238
+
239
+ {\displaystyle \alpha \sqcup \beta }
240
+
241
+  ; cet ensemble bien ordonné est isomorphe à un unique ordinal que l'on note α + β.
242
+
243
+ On peut également définir la somme par récurrence transfinie de la façon suivante :
244
+
245
+ On vérifie facilement (par induction transfinie) que les deux définitions coïncident.
246
+
247
+ Donnons quelques exemples.
248
+
249
+ Si α et β sont des ordinaux finis, c'est-à-dire des entiers naturels, alors leur somme au sens ordinal est égale à leur somme au sens arithmétique.
250
+
251
+ ω est le premier ordinal infini, correspondant à l'ensemble des entiers naturels. Essayons de visualiser ω + ω. Deux copies de ω sont placées l'une à la suite de l'autre. Si nous notons {0<1<2<...} la première copie et {0'<1'<2', …} la deuxième copie, alors ω + ω ressemble à ceci :
252
+
253
+ Cet ordinal est différent de ω car dans ω, 0 est le seul élément à ne pas avoir de prédécesseur direct, alors que dans ω + ω, 0 et 0' n'ont pas de prédécesseurs directs.
254
+
255
+ Considérons maintenant 3 + ω et ω + 3.
256
+
257
+ Après renommage, le premier est comparable à ω lui-même, mais pas le deuxième. On a donc 3 + ω = ω mais ω < ω + 3. On peut voir également, en utilisant la définition formelle, que ω + 3 est le successeur de ω + 2 alors que 3 + ω est un ordinal limite, à savoir l'ordinal limite réunion de 3 + 0, 3 + 1, 3 + 2, … qui n'est autre que ω lui-même.
258
+
259
+ Ainsi, l'addition n'est pas commutative, par contre, on peut montrer qu'elle est associative.
260
+
261
+ On peut également montrer que :
262
+
263
+ A fortiori, il y a une simplification à gauche :
264
+
265
+ À droite, on n'a rien de tel, puisque 3 + ω = 0 + ω.
266
+
267
+ On a
268
+
269
+ La solution
270
+
271
+
272
+
273
+ γ
274
+
275
+
276
+ {\displaystyle \gamma }
277
+
278
+ (unique par simplification à gauche) est parfois notée –α + β[6]. C'est l'ordinal isomorphe à l'ensemble bien ordonné β\α.
279
+
280
+ Pour multiplier deux ordinaux α et β, on écrit dans l'ordre les éléments de β, et l'on remplace chacun d'eux par différentes copies de la liste ordonnée des éléments de α.
281
+
282
+ Plus précisément on considère le produit cartésien α×β que l'on ordonne lexicographiquement par la droite :
283
+
284
+
285
+
286
+ (
287
+
288
+ γ
289
+
290
+ 1
291
+
292
+
293
+ ,
294
+
295
+ γ
296
+
297
+ 2
298
+
299
+
300
+ )
301
+ <
302
+ (
303
+
304
+ γ
305
+
306
+ 1
307
+
308
+
309
+
310
+ ,
311
+
312
+ γ
313
+
314
+ 2
315
+
316
+
317
+
318
+ )
319
+
320
+
321
+ {\displaystyle (\gamma _{1},\gamma _{2})<(\gamma '_{1},\gamma '_{2})}
322
+
323
+ ssi
324
+
325
+
326
+
327
+
328
+ γ
329
+
330
+ 2
331
+
332
+
333
+ <
334
+
335
+ γ
336
+
337
+ 2
338
+
339
+
340
+
341
+
342
+
343
+ {\displaystyle \gamma _{2}<\gamma '_{2}}
344
+
345
+ ou
346
+
347
+
348
+
349
+
350
+ γ
351
+
352
+ 2
353
+
354
+
355
+ =
356
+
357
+ γ
358
+
359
+ 2
360
+
361
+
362
+
363
+
364
+
365
+ {\displaystyle \gamma _{2}=\gamma '_{2}}
366
+
367
+ et
368
+
369
+
370
+
371
+
372
+ γ
373
+
374
+ 1
375
+
376
+
377
+ <
378
+
379
+ γ
380
+
381
+ 1
382
+
383
+
384
+
385
+
386
+
387
+ {\displaystyle \gamma _{1}<\gamma '_{1}}
388
+
389
+ .
390
+
391
+ On obtient un ensemble bien ordonné qui est isomorphe à un unique ordinal, noté αβ.
392
+
393
+ On peut également définir le produit par récurrence transfinie :
394
+
395
+ Comme pour la somme, on montre facilement par induction transfinie que les deux définitions coïncident. Lorsqu'on les applique à des ordinaux finis on retrouve le produit usuel des entiers naturels.
396
+
397
+ Voici ω2 :
398
+
399
+ et l'on voit que ω2 = ω + ω.
400
+
401
+ Par contre, 2ω ressemble à ceci :
402
+
403
+ de sorte que 2ω = ω. La multiplication des ordinaux n'est donc pas commutative. Par contre, on peut montrer qu'elle est associative.
404
+
405
+ Les principales autres propriétés du produit sont :
406
+
407
+ Pour un exposant fini, on peut se ramener au produit. Par exemple, ω2 = ωω. Mais on peut visualiser cet ordinal comme l'ensemble des couples d'entiers, ordonné selon l'ordre lexicographique suivant, où l'ordre sur les entiers de droite a plus de poids que l'ordre sur les entiers de gauche :
408
+
409
+ et de même, pour un n fini, ωn peut-être vu comme l'ensemble des n-uplets d'entiers.
410
+
411
+ Si on tente d'étendre ce procédé à ωω, on obtient :
412
+
413
+ Chaque élément du tableau est une suite infinie d'entiers, mais si l'on prend des suites quelconques, l'ordre ainsi défini n'est pas un bon ordre. Par exemple, cette suite infinie est strictement décroissante :
414
+
415
+ Pour obtenir un bon ordre, on se limite aux suites d'entiers n'ayant qu'un nombre fini d'éléments non nuls : étant donné deux ordinaux α et β, on considère l'ensemble α(β) des fonctions de β dans α dont le support est fini (le support de
416
+
417
+
418
+
419
+ f
420
+ :
421
+ β
422
+
423
+ α
424
+
425
+
426
+ {\displaystyle f:\beta \rightarrow \alpha }
427
+
428
+ est l'ensemble des
429
+
430
+
431
+
432
+ γ
433
+
434
+ β
435
+
436
+
437
+ {\displaystyle \gamma \in \beta }
438
+
439
+ tels que
440
+
441
+
442
+
443
+ f
444
+ (
445
+ γ
446
+ )
447
+
448
+ 0
449
+
450
+
451
+ {\displaystyle f(\gamma )\neq 0}
452
+
453
+ ). Soient f et g deux telles fonctions. On pose f < g s'il existe
454
+
455
+
456
+
457
+
458
+ γ
459
+
460
+ 0
461
+
462
+
463
+
464
+ β
465
+
466
+
467
+ {\displaystyle \gamma _{0}\in \beta }
468
+
469
+ tel que
470
+
471
+ On vérifie que α(β) est alors bien ordonné, donc isomorphe à un unique ordinal noté αβ. Dans le cas où β est fini, on voit immédiatement que α(β) = αα…α (produit de β termes). Dans le cas où α = ω, l'ordre que l'on a construit sur ω(β) est connu sous le nom d'ordre multiensemble.
472
+
473
+ Comme pour la somme et le produit, on peut également définir αβ par récurrence transfinie de la façon suivante :
474
+
475
+ Voici quelques propriétés de l'exponentiation :
476
+
477
+ Remarque : on prendra garde que l'exponentiation des ordinaux n'a que peu de rapport avec l'exponentiation des cardinaux. Par exemple,
478
+
479
+
480
+
481
+
482
+ 2
483
+
484
+ ω
485
+
486
+
487
+ =
488
+ ω
489
+
490
+
491
+ {\displaystyle 2^{\omega }=\omega }
492
+
493
+ est un ordinal dénombrable, alors que, dans les cardinaux,
494
+
495
+
496
+
497
+
498
+ 2
499
+
500
+
501
+
502
+
503
+ 0
504
+
505
+
506
+
507
+
508
+
509
+
510
+ {\displaystyle 2^{\aleph _{0}}}
511
+
512
+ désigne le cardinal de
513
+
514
+
515
+
516
+
517
+
518
+ P
519
+
520
+
521
+ (
522
+
523
+
524
+
525
+ 0
526
+
527
+
528
+ )
529
+
530
+
531
+ {\displaystyle {\mathcal {P}}(\aleph _{0})}
532
+
533
+ , ensemble des parties de
534
+
535
+
536
+
537
+
538
+
539
+
540
+ 0
541
+
542
+
543
+
544
+
545
+ {\displaystyle \aleph _{0}}
546
+
547
+ , et a la puissance du continu. L'ambiguïté est levée si on convient d'utiliser les lettres grecques en calcul ordinal et la lettre
548
+
549
+
550
+
551
+
552
+
553
+
554
+ {\displaystyle \aleph }
555
+
556
+ pour les cardinaux.
557
+
558
+ La suite des ordinaux transfinis commence comme suit :
559
+
560
+ Il existe des nombres ordinaux transfinis qui ne peuvent pas être obtenus en effectuant un nombre fini d'opérations arithmétiques n'utilisant que les nombres ordinaux finis et
561
+
562
+
563
+
564
+ ω
565
+
566
+
567
+ {\displaystyle \omega }
568
+
569
+ . Le plus petit d'entre eux est appelé ε₀ (en) et vaut
570
+
571
+ ω
572
+
573
+
574
+ ω
575
+
576
+
577
+ ω
578
+
579
+
580
+
581
+
582
+
583
+
584
+
585
+
586
+
587
+
588
+ {\displaystyle \omega ^{\omega ^{\omega ^{\cdots }}}}
589
+
590
+ . C'est le plus petit ordinal solution de l'équation
591
+
592
+
593
+
594
+ x
595
+ =
596
+
597
+ ω
598
+
599
+ x
600
+
601
+
602
+
603
+
604
+ {\displaystyle x=\omega ^{x}}
605
+
606
+ . On peut ensuite définir ε₀ε₀, ε₀ε₀ε₀, etc. jusqu'à ε1, deuxième solution de x = ωx.
607
+
608
+ On peut de même définir ε2, ε3, … , εω, … , εε₀…
609
+
610
+ Tous ces ordinaux, construits en utilisant les opérations successeur et limite d'ordinaux déjà construits, sont dénombrables. On désigne par Ω, ou ω1, le premier ordinal non dénombrable. Il contient tous les ordinaux dénombrables. Toute suite définie dans Ω admet un majorant dans Ω, la réunion de ses éléments (qui est un ordinal dénombrable).
611
+
612
+ On peut généraliser aux ordinaux la notation en base dix usuelle des entiers naturels. En prenant comme base un ordinal λ ≥ 2, tout ordinal α ≥ 1 s'écrit de façon unique
613
+
614
+ avec k un entier naturel, β1 > ... > βk et pour i ≤ k, 0 < δi < λ.
615
+
616
+ Mais cette écriture en base λ n'est utile que pour les ordinaux α strictement inférieurs à la limite de λ, λλ, λ(λλ), ... En effet la limite μ de cette suite vérifie μ = λμ, qui est sa forme normale de Cantor en base λ, laquelle forme étant sans intérêt. En base 10, on ne peut donc atteindre que les ordinaux finis, c'est-à-dire les entiers naturels.
617
+
618
+ En base ω, on pose ε0 le plus petit ordinal tel que
619
+
620
+
621
+
622
+
623
+ ω
624
+
625
+
626
+ ε
627
+
628
+ 0
629
+
630
+
631
+
632
+
633
+ =
634
+
635
+ ε
636
+
637
+ 0
638
+
639
+
640
+
641
+
642
+ {\displaystyle \omega ^{\varepsilon _{0}}=\varepsilon _{0}}
643
+
644
+ (la limite des puissances de ω). En mettant également les βi sous forme normale, un ordinal α < ε0 s'écrit en base ω par exemple
645
+
646
+ Les opérations sur les ordinaux sont simples sous forme normale :
647
+
648
+ On notera une variante de cette forme normale qui écrit :
649
+
650
+ α
651
+ =
652
+
653
+ ω
654
+
655
+
656
+ β
657
+
658
+ 1
659
+
660
+
661
+
662
+
663
+ +
664
+
665
+ ω
666
+
667
+
668
+ β
669
+
670
+ 2
671
+
672
+
673
+
674
+
675
+ +
676
+
677
+ +
678
+
679
+ ω
680
+
681
+
682
+ β
683
+
684
+ k
685
+
686
+
687
+
688
+
689
+
690
+
691
+ {\displaystyle \alpha =\omega ^{\beta _{1}}+\omega ^{\beta _{2}}+\cdots +\omega ^{\beta _{k}}}
692
+
693
+ en forçant
694
+
695
+
696
+
697
+
698
+ c
699
+
700
+ 1
701
+
702
+
703
+ ,
704
+
705
+ c
706
+
707
+ 2
708
+
709
+
710
+ ,
711
+
712
+ ,
713
+
714
+ c
715
+
716
+ k
717
+
718
+
719
+ =
720
+ 1
721
+
722
+
723
+ {\displaystyle c_{1},c_{2},\ldots ,c_{k}=1}
724
+
725
+ avec cette fois-ci des répétitions possibles :
726
+
727
+ β
728
+
729
+ 1
730
+
731
+
732
+
733
+
734
+ β
735
+
736
+ 2
737
+
738
+
739
+
740
+
741
+
742
+
743
+ β
744
+
745
+ k
746
+
747
+
748
+
749
+
750
+ {\displaystyle \beta _{1}\geq \beta _{2}\geq \ldots \geq \beta _{k}}
751
+
752
+ .
753
+
754
+ En dehors d'utilisations spécifiques à la théorie des ensembles, les ordinaux se rencontrent dans les domaines suivants :
755
+
756
+ Le théorème de Goodstein est un théorème d'arithmétique dont la démonstration repose sur la théorie des ordinaux. Ce théorème pose la question de savoir si une certaine suite à valeurs entières finit par prendre la valeur 0. On associe à cette suite d'entiers une suite d'ordinaux strictement décroissante. Compte tenu du bon ordre des ordinaux, une telle suite est effectivement finie. La suite possède une définition relativement simple, pourtant on peut démontrer que le théorème de Goodstein n'est pas démontrable en utilisant uniquement les propriétés de l'arithmétique usuelle et donc que l'utilisation des ordinaux infinis permet de démontrer des résultats arithmétiques indécidables dans l'arithmétique.
757
+
758
+ Les ordinaux ont été définis par Cantor à la suite de ses études sur la convergence des séries trigonométriques. Si une telle série
759
+
760
+
761
+
762
+
763
+
764
+ a
765
+
766
+ n
767
+
768
+
769
+ cos
770
+
771
+ (
772
+ n
773
+ x
774
+ )
775
+ +
776
+
777
+ b
778
+
779
+ n
780
+
781
+
782
+ sin
783
+
784
+ (
785
+ n
786
+ x
787
+ )
788
+
789
+
790
+ {\displaystyle \sum a_{n}\cos(nx)+b_{n}\sin(nx)}
791
+
792
+ est nulle sur
793
+
794
+
795
+
796
+
797
+ R
798
+
799
+
800
+
801
+ {\displaystyle \mathbb {R} }
802
+
803
+ , alors tous les coefficients an et bn sont nuls. Cantor va chercher à affaiblir les hypothèses en réduisant le domaine sur lequel la série s'annule. Il montre que le résultat reste vrai si la série est nulle sauf en un nombre fini de points. Puis il introduit la notion suivante. Si P est une partie d'un segment [a, b], il définit l'ensemble dérivé de P, noté P1, comme l'ensemble des points d'accumulation de P ou, de manière équivalente, comme l'ensemble P duquel ont été retirés tous les points isolés. Pour tout entier n, il définit Pn+1 comme étant le dérivé de l'ensemble Pn. Il montre que, si la série trigonométrique est nulle sur [0, 2π] en dehors d'un ensemble P pour lequel l'un des Pn est vide, alors les coefficients sont nuls.
804
+
805
+ Cherchant à prolonger ce résultat si les Pn sont tous non vides, il définit alors
806
+
807
+
808
+
809
+
810
+ P
811
+
812
+ ω
813
+
814
+
815
+ =
816
+
817
+
818
+
819
+ n
820
+
821
+
822
+ N
823
+
824
+
825
+
826
+
827
+ P
828
+
829
+ n
830
+
831
+
832
+
833
+
834
+ {\displaystyle P^{\omega }=\cap _{n\in \mathbb {N} }P^{n}}
835
+
836
+ , puis Pω+1 comme étant le dérivé de Pω. D'une manière générale, on définit, pour tout ordinal α, l'ensemble Pα+1 comme étant l'ensemble dérivé de Pα, et si α est un ordinal limite, Pα comme étant
837
+
838
+
839
+
840
+
841
+
842
+
843
+ β
844
+ <
845
+ α
846
+
847
+
848
+
849
+ P
850
+
851
+ β
852
+
853
+
854
+ .
855
+
856
+
857
+ {\displaystyle \cap _{\beta <\alpha }P^{\beta }.}
858
+
859
+ René Baire reprendra cette démarche pour la convergence simple des suites de fonctions continues vers une fonction discontinue. Il définit une partie réductible P comme une partie pour laquelle il existe un ordinal α tel que Pα soit vide. Baire montre ensuite que si f est une fonction telle que l'ensemble des points où elle est discontinue est un ensemble réductible, alors f est limite simple d'une suite de fonctions continues.
860
+
861
+ Dans le cas contraire, la suite des Pα se stabilise avant l'ensemble PΩ, où Ω désigne, à nouveau, le premier ordinal non dénombrable. On montre que PΩ est un ensemble parfait.
862
+
863
+ Soit α un ordinal. Notons [0, α] l'ensemble des ordinaux inférieurs ou égaux à α. Cet ensemble peut être muni d'une structure topologique : la topologie de l'ordre, dont une prébase d'ouverts est constituée des parties {x | x > β} et {x | x < β} pour tout ordinal β inférieur ou égal à α. Ces topologies sont sources de nombreux exemples et contre-exemples.
864
+
865
+ Ainsi, si l'on prend α = ω, alors [0, ω[ est l'ensemble ℕ muni de sa topologie discrète usuelle. Son compactifié d'Alexandrov est [0, ω].
866
+
867
+ Si l'on prend α = ω1, le premier ordinal non dénombrable (noté ci-dessus Ω), alors aucune suite strictement inférieure à ω1 ne peut converger vers ω1, bien que ω1 appartienne à l'adhérence de [0, ω1[. En particulier, ω1 n'admet pas de base dénombrable de voisinages et c'est le seul point de [0, ω1] qui soit dans ce cas.
868
+
869
+ Dans tout espace [0, α], les points de la forme β + 1 sont isolés. L'espace [0, α] est compact. Les espaces [0, α] et [0, α[ sont normaux. La planche de Tychonoff [0, ω1]×[0, ω] est normale mais pas complètement normale. La planche de Tychonoff épointée, [0, ω1]×[0, ω] \ {(ω1, ω)}, est complètement régulière mais n'est pas normale. L'espace [0, ω1] est complètement normal, mais pas parfaitement normal. L'espace [0, ω1]×[0, ω1] \ {(ω1, ω1)} est faiblement normal mais pas normal.
870
+
871
+ Une construction similaire donne naissance à la longue droite, un espace topologique analogue à la droite réelle, mais « beaucoup plus long ».
872
+
873
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/4158.html.txt ADDED
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1
+ Pi, appelé parfois constante d’Archimède[a], est un nombre représenté par la lettre grecque minuscule du même nom : π. C’est le rapport constant de la circonférence d’un cercle à son diamètre dans un plan euclidien. On peut également le définir comme le rapport de l'aire d'un disque au carré de son rayon.
2
+
3
+ Sa valeur approchée par défaut à moins de 0,5×10–15 près[b] est 3,141 592 653 589 793 en écriture décimale[1],[2].
4
+
5
+ De nombreuses formules, de physique, d’ingénierie et bien sûr de mathématiques, impliquent π, qui est une des constantes les plus importantes des mathématiques[3].
6
+
7
+ Le nombre π est irrationnel, c’est-à-dire qu’on ne peut pas l’exprimer comme un rapport de deux nombres entiers ; ceci entraîne que son écriture décimale n’est ni finie, ni périodique. C’est même un nombre transcendant, ce qui signifie qu’il n’existe pas de polynôme non nul à coefficients entiers dont π soit une racine[c].
8
+
9
+ La détermination d’une valeur approchée suffisamment précise de π, et la compréhension de sa nature sont des enjeux qui ont traversé l’histoire des mathématiques ; la fascination exercée par ce nombre l’a même fait entrer dans la culture populaire.
10
+
11
+ L’usage de la lettre grecque π, première lettre de περίμετρος (« périmètre » en grec ancien), n’est apparu qu’au XVIIIe siècle. Auparavant, sa valeur était désignée par diverses périphrases comme la « constante du cercle » ou son équivalent dans diverses langues.
12
+
13
+ Dans les dictionnaires et ouvrages généralistes[4], π est défini comme le rapport, constant dans le plan usuel qu'est le plan euclidien, entre la circonférence d’un cercle et son diamètre. Ce rapport ne dépend pas du cercle choisi, en particulier de sa taille. En effet, tous les cercles sont semblables et pour passer d’un cercle à un autre il suffit de connaître le rapport de la similitude. Par suite, pour tout réel positif k, si un cercle possède un rayon r (ou un diamètre d = 2r) k fois plus grand qu’un autre, alors son périmètre P sera aussi k fois plus grand, ce qui prouve la constance du rapport.
14
+
15
+ Par ailleurs, cette même similitude multipliera l’aire A par le carré de k, ce qui prouve maintenant que le rapport A/r2 est constant. On peut montrer, par exemple par la méthode des indivisibles, que cette constante vaut également π.
16
+
17
+ Le dessin ci-contre illustre une autre méthode[5], essentiellement due à Archimède (voir infra) : le périmètre du polygone vaut à peu près 2πr alors qu’en redistribuant les triangles formés on remarque que son aire vaut à peu près πr2. Pour formaliser le « à peu près », il faudrait faire tendre le nombre de côtés du polygone vers l’infini, ce qui illustre déjà la nature « analytique » de π.
18
+
19
+ La définition géométrique ci-dessus, historiquement la première et très intuitive, n'est pas la plus directe pour définir π mathématiquement en toute rigueur. Les ouvrages plus spécialisés, par exemple[6]
20
+ définissent π par l'analyse réelle, parfois à l'aide des fonctions trigonométriques, mais introduites sans référence à la géométrie :
21
+
22
+ Les deux méthodes précédentes consistent en réalité à calculer le périmètre du cercle, qu’on a défini par la fonction t ↦ exp(it), ou la fonction t ↦ exp(2iπt).
23
+
24
+ Le nombre π est irrationnel, ce qui signifie qu’on ne peut pas écrire π = p/q où p et q seraient des nombres entiers. Al-Khwârizmî, au IXe siècle, est persuadé que π est irrationnel[15]. Moïse Maïmonide fait également état de cette idée durant le XIIe siècle.
25
+
26
+ Ce n’est cependant qu’au XVIIIe siècle que Jean-Henri Lambert prouve ce résultat. Il expose, en 1761[16], un développement en fraction continue généralisée de la fonction tangente. Il en déduit qu'un développement de tan(m/n), avec m et n entiers non nuls, s’écrit[d] :
27
+
28
+
29
+
30
+
31
+ tan
32
+
33
+
34
+ (
35
+
36
+
37
+ m
38
+ n
39
+
40
+
41
+ )
42
+
43
+ =
44
+
45
+
46
+
47
+
48
+
49
+
50
+
51
+
52
+ m
53
+
54
+
55
+
56
+
57
+
58
+
59
+
60
+
61
+
62
+ n
63
+
64
+
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+
72
+
73
+ m
74
+
75
+ 2
76
+
77
+
78
+
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+
84
+
85
+
86
+
87
+ 3
88
+ n
89
+
90
+
91
+
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+
97
+
98
+
99
+ m
100
+
101
+ 2
102
+
103
+
104
+
105
+
106
+
107
+
108
+
109
+
110
+
111
+
112
+
113
+ 5
114
+ n
115
+
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+
121
+
122
+
123
+
124
+
125
+ m
126
+
127
+ 2
128
+
129
+
130
+
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+
136
+
137
+
138
+
139
+ 7
140
+ n
141
+
142
+
143
+
144
+
145
+
146
+
147
+
148
+
149
+
150
+
151
+ m
152
+
153
+ 2
154
+
155
+
156
+
157
+
158
+
159
+
160
+
161
+
162
+
163
+
164
+
165
+
166
+
167
+
168
+
169
+
170
+
171
+
172
+
173
+
174
+
175
+
176
+
177
+
178
+
179
+
180
+
181
+
182
+
183
+
184
+
185
+
186
+
187
+
188
+
189
+
190
+
191
+
192
+
193
+ {\displaystyle \tan \left({\frac {m}{n}}\right)={\cfrac {m}{n-{\cfrac {m^{2}}{3n-{\cfrac {m^{2}}{5n-{\cfrac {m^{2}}{7n-{\cfrac {m^{2}}{\ddots }}}}}}}}}}}
194
+
195
+ .
196
+
197
+ Or sous certaines hypothèses — vérifiées ici — un développement en fraction continue généralisée représente un irrationnel, donc quand x est un rationnel non nul, tan(x) est irrationnel. Or, tan(π) vaut 0 ; c’est un rationnel. Par contraposition, cela prouve que π n’est pas rationnel.
198
+
199
+ Au cours du XXe siècle, d’autres démonstrations furent trouvées, celles-ci ne demandant pas de connaissances plus avancées que celle du calcul intégral. L’une d’entre elles, due à Ivan Niven, est très largement connue[17],[18]. Une preuve similaire, version simplifiée de celle de Charles Hermite[19],[20], avait été trouvée quelque temps auparavant par Mary Cartwright[21],[22].
200
+
201
+ Non seulement le nombre π est irrationnel (voir section précédente), mais il est transcendant, c'est-à-dire non algébrique : il n'existe pas de polynôme à coefficients rationnels dont π soit une racine[22].
202
+
203
+ C'est au XIXe siècle que ce résultat est démontré. En 1873, Hermite prouve que la base du logarithme népérien, le nombre e, est transcendant. En 1882, Ferdinand von Lindemann généralise son raisonnement en un théorème (le théorème d'Hermite-Lindemann) qui stipule que, si x est algébrique et différent de zéro, alors ex est transcendant. Or eiπ est algébrique (puisqu'il est égal à –1). Par contraposition, iπ est transcendant, donc comme i est algébrique, π est transcendant.
204
+
205
+ Une conséquence historiquement importante de la transcendance de π est que celui-ci n'est pas constructible. En effet, le théorème de Wantzel énonce en particulier que tout nombre constructible est algébrique. En raison du fait que les coordonnées de tous les points pouvant se construire à la règle et au compas sont des nombres constructibles, la quadrature du cercle est impossible ; autrement dit, il est impossible de construire, uniquement à la règle et au compas, un carré dont l'aire serait égale à celle d'un disque donné[23].
206
+
207
+ De façon plus anecdotique, le fait que π soit transcendant a permis à Don Coppersmith de montrer que lorsqu'on partitionne un disque par n ≥ 4 droites concourantes formant toutes entre elles des angles de π/n radians, les deux sommes d'aires obtenues en considérant une part sur deux sont différentes si et seulement si n est impair[24],[25],[e].
208
+
209
+ Les 16 premiers chiffres de l'écriture décimale de π sont 3,141 592 653 589 793 (voir les liens externes[1],[2],[26] pour davantage de décimales).
210
+
211
+ Alors qu'en 2013, on connaissait déjà plus de douze mille milliards de décimales de π[27], les applications concrètes telles que l'estimation de la circonférence d'un cercle n'ont généralement pas besoin de plus d'une dizaine de chiffres.
212
+ En 1881, Simon Newcomb relevait ainsi que dix décimales suffisent à calculer la circonférence de la Terre à une fraction de pouce près ; trente décimales, pour obtenir celle de l'univers visible, tel qu'il était appréhendé alors, avec une précision imperceptible au microscope le plus puissant du temps[28].
213
+ Dans les années 1990, la représentation décimale de π tronquée à 39 décimales était estimée suffisante pour calculer la circonférence d'un cercle d'un diamètre du même ordre de grandeur que la taille de l'univers observable avec un degré de précision comparable à celle d'un atome d'hydrogène[29],[30], compte tenu des estimations alors en vigueur.
214
+ En 2014, Donald Byrd, chercheur en informatique, revenait sur l'assertion de Newcomb pour l'actualiser à la lumière des avancées de la science depuis 1881 : il en concluait que pour un univers observable de 100 Ga.l. (soit 9,46 × 1026 m) et une précision de la longueur de Planck, il suffit d'environ 60 décimales[31].
215
+
216
+ Puisque π est un nombre irrationnel, sa représentation décimale n'est pas périodique à partir d'un certain rang. La suite des décimales de π a toujours fasciné les mathématiciens professionnels et amateurs, et beaucoup d’efforts ont été mis en œuvre afin d'obtenir de plus en plus de décimales et d'en rechercher certaines propriétés[32], comme l'occurrence de nombres premiers dans les concaténations de ses décimales (voir la section d'article « Nombre premier issu de troncature de constante »).
217
+
218
+ Malgré les importants travaux d'analyse et les calculs effectués, aucun modèle simple n’a été trouvé pour décrire cette suite de chiffres[33]. Les premières décimales sont disponibles sur de nombreuses pages web, et il existe des logiciels qui peuvent en calculer des milliards et qu'on peut installer sur un ordinateur personnel.
219
+
220
+ Par ailleurs, le développement décimal de π ouvre le champ à d'autres questions, notamment celle de savoir si π est un nombre normal, c’est-à-dire que ses successions finies de chiffres en écriture décimale sont équiréparties. A fortiori, π serait alors un nombre univers, ce qui signifie qu'on pourrait trouver dans son développement décimal n'importe quelle suite finie de chiffres. En 2006, il n'existait pas de réponse à ces questions[34].
221
+
222
+ Les fractions de nombres entiers suivantes sont utilisées pour mémoriser ou approcher π dans des calculs (nombre de chiffres significatifs exacts entre parenthèses) :
223
+
224
+
225
+
226
+
227
+
228
+
229
+ 3
230
+ 1
231
+
232
+
233
+  
234
+ (
235
+ 1
236
+ )
237
+ ,
238
+
239
+
240
+
241
+ 22
242
+ 7
243
+
244
+
245
+  
246
+ (
247
+ 3
248
+ )
249
+ ,
250
+
251
+
252
+
253
+ 333
254
+ 106
255
+
256
+
257
+  
258
+ (
259
+ 5
260
+ )
261
+ ,
262
+
263
+
264
+
265
+ 355
266
+ 113
267
+
268
+
269
+  
270
+ (
271
+ 7
272
+ )
273
+ ,
274
+
275
+
276
+
277
+ 103993
278
+ 33102
279
+
280
+
281
+  
282
+ (
283
+ 9
284
+ )
285
+ ,
286
+
287
+
288
+
289
+ 104348
290
+ 33215
291
+
292
+
293
+  
294
+ (
295
+ 10
296
+ )
297
+
298
+
299
+
300
+ {\displaystyle {\frac {3}{1}}~(1),\qquad {\frac {22}{7}}~(3),\qquad {\frac {333}{106}}~(5),\qquad {\frac {355}{113}}~(7),\qquad {\frac {103993}{33102}}~(9),\qquad {\frac {104348}{33215}}~(10)\ldots }
301
+
302
+ Les premières calculettes Hewlett-Packard (par exemple HP-25) ne possédaient pas de touche pour π, et le manuel de l'utilisateur recommandait 355/113, très facile à mémoriser.
303
+
304
+ Voir ci-dessous pour d’autres approches fractionnaires (Histoire, Approximation numérique, fractions continues et Mémorisation de π).
305
+
306
+ On peut trouver une valeur approchée de π de façon empirique, en traçant un cercle, puis en mesurant son diamètre et sa circonférence, puis en divisant la circonférence par le diamètre. Une autre approche géométrique, attribuée à Archimède, consiste à calculer le périmètre Pn d’un polygone régulier à n côtés et à mesurer le diamètre d de son cercle circonscrit, ou celui de son cercle inscrit[35]. Plus le nombre de côtés du polygone est grand, meilleure est la précision obtenue pour la valeur de π.
307
+
308
+ Archimède a utilisé cette approche en comparant les résultats obtenus par la formule en utilisant deux polygones réguliers ayant le même nombre de côtés, pour lesquels le cercle est pour l’un circonscrit et pour l’autre inscrit. Il a réussi, avec un polygone à 96 côtés, à déterminer[36] que 3 + 10/71 < π < 3 + 1/7 .
309
+
310
+ On peut également obtenir des valeurs approchées de π en mettant en œuvre des méthodes plus modernes. La plupart des formules utilisées pour calculer π se basent sur la trigonométrie et le calcul intégral. Cependant, certaines sont particulièrement simples, comme la « formule de Leibniz »[37] (voir infra) :
311
+
312
+
313
+
314
+
315
+ π
316
+ =
317
+ 4
318
+
319
+
320
+
321
+ k
322
+ =
323
+ 0
324
+
325
+
326
+
327
+
328
+
329
+
330
+
331
+
332
+ (
333
+
334
+ 1
335
+
336
+ )
337
+
338
+ k
339
+
340
+
341
+
342
+
343
+ 2
344
+ k
345
+ +
346
+ 1
347
+
348
+
349
+
350
+ =
351
+
352
+
353
+ 4
354
+ 1
355
+
356
+
357
+
358
+
359
+
360
+ 4
361
+ 3
362
+
363
+
364
+ +
365
+
366
+
367
+ 4
368
+ 5
369
+
370
+
371
+
372
+
373
+
374
+ 4
375
+ 7
376
+
377
+
378
+ +
379
+
380
+
381
+ 4
382
+ 9
383
+
384
+
385
+
386
+
387
+
388
+ 4
389
+ 11
390
+
391
+
392
+
393
+ .
394
+
395
+
396
+
397
+ {\displaystyle \pi =4\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {(-1)^{k}}{2k+1}}={\frac {4}{1}}-{\frac {4}{3}}+{\frac {4}{5}}-{\frac {4}{7}}+{\frac {4}{9}}-{\frac {4}{11}}\cdots .\!}
398
+
399
+ Cette série converge si lentement que pour calculer π avec une précision de six décimales il faut presque deux millions d'itérations.
400
+ Cependant, il est possible de définir une suite similaire qui converge vers π beaucoup plus rapidement, en posant :
401
+
402
+
403
+
404
+
405
+
406
+ π
407
+
408
+ 0
409
+ ,
410
+ 1
411
+
412
+
413
+ =
414
+
415
+
416
+ 4
417
+ 1
418
+
419
+
420
+ ,
421
+  
422
+
423
+ π
424
+
425
+ 0
426
+ ,
427
+ 2
428
+
429
+
430
+ =
431
+
432
+
433
+ 4
434
+ 1
435
+
436
+
437
+
438
+
439
+
440
+ 4
441
+ 3
442
+
443
+
444
+ ,
445
+  
446
+
447
+ π
448
+
449
+ 0
450
+ ,
451
+ 3
452
+
453
+
454
+ =
455
+
456
+
457
+ 4
458
+ 1
459
+
460
+
461
+
462
+
463
+
464
+ 4
465
+ 3
466
+
467
+
468
+ +
469
+
470
+
471
+ 4
472
+ 5
473
+
474
+
475
+ ,
476
+  
477
+
478
+ π
479
+
480
+ 0
481
+ ,
482
+ 4
483
+
484
+
485
+ =
486
+
487
+
488
+ 4
489
+ 1
490
+
491
+
492
+
493
+
494
+
495
+ 4
496
+ 3
497
+
498
+
499
+ +
500
+
501
+
502
+ 4
503
+ 5
504
+
505
+
506
+
507
+
508
+
509
+ 4
510
+ 7
511
+
512
+
513
+ ,
514
+
515
+
516
+
517
+
518
+ {\displaystyle \pi _{0,1}={\frac {4}{1}},\ \pi _{0,2}={\frac {4}{1}}-{\frac {4}{3}},\ \pi _{0,3}={\frac {4}{1}}-{\frac {4}{3}}+{\frac {4}{5}},\ \pi _{0,4}={\frac {4}{1}}-{\frac {4}{3}}+{\frac {4}{5}}-{\frac {4}{7}},\cdots \!}
519
+
520
+
521
+ et en définissant :
522
+
523
+
524
+
525
+
526
+
527
+ π
528
+
529
+ i
530
+ ,
531
+ j
532
+
533
+
534
+ =
535
+
536
+
537
+
538
+
539
+ π
540
+
541
+ i
542
+
543
+ 1
544
+ ,
545
+ j
546
+
547
+
548
+ +
549
+
550
+ π
551
+
552
+ i
553
+
554
+ 1
555
+ ,
556
+ j
557
+ +
558
+ 1
559
+
560
+
561
+
562
+ 2
563
+
564
+
565
+
566
+  pour tout 
567
+
568
+ i
569
+ ,
570
+ j
571
+
572
+ 1.
573
+
574
+
575
+ {\displaystyle \pi _{i,j}={\frac {\pi _{i-1,j}+\pi _{i-1,j+1}}{2}}{\text{ pour tout }}i,j\geq 1.}
576
+
577
+ Le calcul de π10,10 demande alors un temps similaire à celui requis pour calculer les 150 premiers termes de la série initiale, mais la précision est bien meilleure car π10,10 = 3,141592653… approche π avec neuf décimales exactes[f]. On trouvera plus loin des méthodes de calcul plus élaborées, donnant des convergences bien plus rapides encore.
578
+
579
+ L’histoire ancienne de π, qu’on peut retracer grâce aux écrits disponibles, suit approximativement l’avancée des mathématiques dans leur ensemble[36]. Certains auteurs divisent l’histoire de π en trois parties : la période antique durant laquelle π a été étudié géométriquement, l’ère classique, aux alentours du XVIIe siècle, où les outils du calcul intégral ont permis des avancées dans la connaissance du nombre π, et la période des ordinateurs numériques[38].
580
+
581
+ Il semble que, très tôt, les mathématiciens aient été convaincus qu'il existait un rapport constant entre le périmètre du cercle et son diamètre, ainsi qu'entre l'aire du disque et le carré du rayon. Des tablettes babyloniennes datant de 2 000 ans av. J.-C. et découvertes en 1936[39] présentent des calculs d'aire conduisant à une valeur de π de 3 + 1/8[40].
582
+
583
+ Découvert en 1855, le papyrus de Rhind contient le texte, copié au XVIe siècle avant notre ère par le scribe égyptien Ahmès, d'un manuel de problèmes plus ancien encore. On y trouve utilisée plusieurs fois une méthode pour évaluer l'aire d'un disque en prenant le carré dont le côté est égal au diamètre du disque diminué d'un neuvième. Cette méthode conduit à une évaluation de π de 256/81.
584
+
585
+ Une justification possible de celle-ci s'appuie sur le schéma ci-contre. Si le disque a pour diamètre 9, l'aire du disque est légèrement supérieure à l'aire de l'octogone (irrégulier) obtenu en rognant les coins du carré de côté 9. Cet octogone a pour aire 63 ; l'aire du disque est alors évaluée à 64, soit l'aire d'un carré de côté 8. Le rapport entre l'aire du disque et le carré du rayon est alors évalué par 64/(9/2)2, c'est-à-dire 256/81[41]. Mais l'hypothèse que ce procédé ait conduit à l'approximation du papyrus Rhind ne fait pas l'unanimité chez les historiens.
586
+
587
+ Vers 700 av. J.-C., le texte indien Shatapatha Brahmana donne une approximation de π : 25/8 (= 3,125) et le Baudhāyana Sulbasūtra en donne deux autres : 900/289 (≈ 3,11) et 1156/361 (≈ 3,20)[42]. Des calculs d'astronomie ont ensuite conduit à une autre approximation védique : 339/108 (≈ 3,139)[43]. Au début du VIe siècle apr. J.-C., Aryabhata donne une approximation plus précise : 62 832/20 000 ≈ 3,1416. Comme |π – 3,1416| < 0,0000075, il s'agit d'un résultat remarquable, exact à 10−5 près.
588
+
589
+ C'est dans le traité d'Archimède (287 à 212 av. J.-C.) intitulé De la mesure du cercle que l'on peut lire une démonstration liant l'aire du disque et l'aire du triangle ayant une base de longueur le périmètre du cercle et pour hauteur le rayon, démontrant ainsi qu'une même constante apparaît dans le rapport entre aire du disque et carré du rayon et entre périmètre et diamètre[44].
590
+
591
+ Cette démonstration s'appuie sur la méthode d'exhaustion et un raisonnement par l'absurde[45]. En partant d'un carré inscrit dans le cercle et d'un carré circonscrit au cercle et en multipliant indéfiniment par 2 le nombre de côtés, il prouve que l'aire du disque ne peut être inférieure ni supérieure à celle du triangle correspondant.
592
+
593
+ Cercle et ses carrés inscrit et circonscrit.
594
+
595
+ Cercle et ses octogones inscrit et circonscrit.
596
+
597
+ Découpage du cercle en 8 portions.
598
+
599
+ Sa démonstration exploite l'idée du découpage en quartiers : le cercle est découpé en plusieurs quartiers qui, mis bout à bout, dessinent des triangles curvilignes de même hauteur. En multipliant le nombre de quartiers, la base des triangles curvilignes est presque droite et la hauteur est proche du rayon ; la somme des bases correspond alors au périmètre du cercle et l'aire est alors de 1/2 de la base multipliée par la hauteur, c'est-à-dire 1/2 du périmètre multiplié par le rayon.
600
+
601
+ Dans le même traité[44], Archimède établit un encadrement du périmètre du cercle à l'aide des périmètres des polygones réguliers inscrit et circonscrit au cercle et possédant 96 côtés[46]. Pour calculer les périmètres de ces polygones, il part d'hexagones inscrits et circonscrits et met en évidence les formules donnant le périmètre d'un polygone dont le nombre de côtés a doublé. Son calcul revient à démontrer que 3 + 10/71 < π < 3 + 1/7[46]. La moyenne de ces deux valeurs est d'environ 3,14185. Archimède s'arrête à 96 côtés car les calculs qu'il est amené à effectuer, avec valeurs approchées, sont déjà longs pour l'époque. Mais il met en place ainsi une méthode qui sera reprise par ses successeurs et qui permet en théorie une précision aussi grande que souhaitée. Il faut cependant une précision toujours plus grande dans les premiers calculs à chaque fois que l'on double le nombre de côtés du polygone. Ptolémée, scientifique grec ayant vécu trois siècles après Archimède, donne une valeur de
602
+
603
+
604
+
605
+
606
+
607
+ 377
608
+ 120
609
+
610
+
611
+
612
+ 3
613
+ ,
614
+ 14166
615
+
616
+
617
+
618
+ {\displaystyle {\frac {377}{120}}\approx 3,14166\dots }
619
+
620
+ , qu'il a pu obtenir grâce à Apollonios de Perga[47], ou bien en utilisant sa table trigonométrique et en multipliant par 360 la longueur de la corde sous-tendue par un angle d'un degré[48].
621
+
622
+ Archimède utilise une propriété liant le pied d'une bissectrice aux côtés adjacents : dans la figure ci-contre, SS′ est la bissectrice de l'angle de sommet S
623
+
624
+
625
+
626
+
627
+
628
+
629
+ x
630
+ a
631
+
632
+
633
+ =
634
+
635
+
636
+ y
637
+ b
638
+
639
+
640
+ =
641
+
642
+
643
+
644
+ x
645
+ +
646
+ y
647
+
648
+
649
+ a
650
+ +
651
+ b
652
+
653
+
654
+
655
+
656
+
657
+ {\displaystyle {\frac {x}{a}}={\frac {y}{b}}={\frac {x+y}{a+b}}}
658
+
659
+ Pour le polygone circonscrit. Dans la figure ci-contre,
660
+
661
+
662
+
663
+
664
+ c
665
+
666
+ 1
667
+
668
+
669
+
670
+
671
+ {\displaystyle c_{1}}
672
+
673
+ et
674
+
675
+
676
+
677
+
678
+ c
679
+
680
+ 2
681
+
682
+
683
+
684
+
685
+ {\displaystyle c_{2}}
686
+
687
+ sont les demi-côtés de deux polygones circonscrits consécutifs. Archimède montre, en utilisant la propriété précédente, que
688
+
689
+
690
+
691
+
692
+
693
+
694
+
695
+ c
696
+
697
+ 1
698
+
699
+
700
+
701
+ c
702
+
703
+ 2
704
+
705
+
706
+
707
+
708
+ =
709
+ 1
710
+ +
711
+
712
+
713
+
714
+ d
715
+
716
+ 1
717
+
718
+
719
+ r
720
+
721
+
722
+
723
+
724
+ {\displaystyle {\frac {c_{1}}{c_{2}}}=1+{\frac {d_{1}}{r}}}
725
+
726
+
727
+
728
+
729
+
730
+
731
+
732
+
733
+
734
+ d
735
+
736
+ 1
737
+
738
+
739
+ r
740
+
741
+
742
+ =
743
+
744
+
745
+ 1
746
+ +
747
+
748
+
749
+ (
750
+
751
+
752
+
753
+
754
+ c
755
+
756
+ 1
757
+
758
+
759
+ r
760
+
761
+
762
+
763
+ )
764
+
765
+
766
+ 2
767
+
768
+
769
+
770
+
771
+
772
+
773
+ {\displaystyle {\frac {d_{1}}{r}}={\sqrt {1+\left({\dfrac {c_{1}}{r}}\right)^{2}}}}
774
+
775
+
776
+ et réitère 4 fois l'opération à partir de l'hexagone.
777
+
778
+ d
779
+
780
+ 2
781
+
782
+
783
+
784
+ c
785
+
786
+ 2
787
+
788
+
789
+
790
+
791
+ =
792
+
793
+
794
+
795
+ 2
796
+ r
797
+
798
+ y
799
+
800
+
801
+ =
802
+
803
+
804
+
805
+
806
+ 2
807
+ r
808
+
809
+
810
+ c
811
+
812
+ 1
813
+
814
+
815
+
816
+
817
+
818
+ +
819
+
820
+
821
+
822
+ d
823
+
824
+ 1
825
+
826
+
827
+
828
+ c
829
+
830
+ 1
831
+
832
+
833
+
834
+
835
+
836
+
837
+ {\displaystyle {\frac {d_{2}}{c_{2}}}={\frac {2r}{y}}={\dfrac {2r}{c_{1}}}+{\frac {d_{1}}{c_{1}}}}
838
+
839
+
840
+
841
+
842
+
843
+
844
+
845
+
846
+
847
+ 2
848
+ r
849
+
850
+
851
+ c
852
+
853
+ 2
854
+
855
+
856
+
857
+
858
+ =
859
+
860
+
861
+ 1
862
+ +
863
+
864
+
865
+ (
866
+
867
+
868
+
869
+
870
+ d
871
+
872
+ 2
873
+
874
+
875
+
876
+ c
877
+
878
+ 2
879
+
880
+
881
+
882
+
883
+
884
+ )
885
+
886
+
887
+ 2
888
+
889
+
890
+
891
+
892
+
893
+
894
+ {\displaystyle {\frac {2r}{c_{2}}}={\sqrt {1+\left({\dfrac {d_{2}}{c_{2}}}\right)^{2}}}}
895
+
896
+
897
+ On peut montrer ainsi que les périmètres
898
+
899
+
900
+
901
+
902
+ p
903
+
904
+ n
905
+
906
+
907
+
908
+
909
+ {\displaystyle p_{n}}
910
+
911
+ et
912
+
913
+
914
+
915
+
916
+ P
917
+
918
+ n
919
+
920
+
921
+
922
+
923
+ {\displaystyle P_{n}}
924
+
925
+ des polygones inscrit et circonscrit obtenus au bout de n ��tapes (soit, dans le cas d'Archimède qui commence avec un hexagone, des polygones à 6×2n côtés) vérifient les relations de récurrence suivantes :
926
+
927
+
928
+
929
+
930
+
931
+
932
+ 1
933
+
934
+ P
935
+
936
+ n
937
+ +
938
+ 1
939
+
940
+
941
+
942
+
943
+ =
944
+
945
+
946
+ 1
947
+ 2
948
+
949
+
950
+
951
+ (
952
+
953
+
954
+
955
+ 1
956
+
957
+ p
958
+
959
+ n
960
+
961
+
962
+
963
+
964
+ +
965
+
966
+
967
+ 1
968
+
969
+ P
970
+
971
+ n
972
+
973
+
974
+
975
+
976
+
977
+ )
978
+
979
+ ,
980
+
981
+
982
+ p
983
+
984
+ n
985
+ +
986
+ 1
987
+
988
+
989
+ =
990
+
991
+
992
+
993
+ p
994
+
995
+ n
996
+
997
+
998
+
999
+ P
1000
+
1001
+ n
1002
+ +
1003
+ 1
1004
+
1005
+
1006
+
1007
+
1008
+
1009
+
1010
+ {\displaystyle {\frac {1}{P_{n+1}}}={\frac {1}{2}}\left({\frac {1}{p_{n}}}+{\frac {1}{P_{n}}}\right),\quad p_{n+1}={\sqrt {p_{n}P_{n+1}}}}
1011
+
1012
+ .
1013
+ Les identités trigonométriques permettent également d'obtenir rapidement ces relations (voir infra).
1014
+
1015
+ Si les calculs pratiques peuvent se faire avec une bonne précision en utilisant la valeur 3,14 comme approximation de π, la curiosité des mathématiciens les pousse à déterminer ce nombre avec plus de précision. Au IIIe siècle, en Chine, Liu Hui, commentateur des Neuf chapitres, propose comme rapport entre le périmètre et le diamètre la valeur pratique de 3 mais développe des calculs proches de ceux d'Archimède mais plus performants et fournit une approximation de π de 3,1416[49]. Le mathématicien chinois Zu Chongzhi donne une approximation rationnelle encore plus précise de π[50] : π ≈ 355/113 (dont les développements décimaux sont identiques jusqu'à la 6e décimale, π ≈ 3,141 592 6 et 355/113 ≈ 3,141 592 9) et montre que 3,141 592 6 < π < 3,141 592 7[51], en utilisant l'algorithme de Liu Hui (en) appliqué à un polygone à 12 288 côtés. Cette valeur demeure la meilleure approximation de π au cours des 900 années qui suivent.
1016
+
1017
+
1018
+
1019
+ Jusqu’en 1400 environ, la précision des approximations de π n’excédait pas les 10 décimales. Les progrès en matière de calcul intégral et de séries vont permettre d’améliorer cette précision. Les séries permettent d’approcher π avec d’autant plus de précision qu’on utilise de termes de la série pour le calcul. Vers 1400, le mathématicien indien Madhava de Sangamagrama trouve ce qui constitue, en langage moderne, le développement de la fonction arc tangente (redécouvert par James Gregory et Gottfried Wilhelm Leibniz au XVIIe siècle[g]) :
1020
+
1021
+
1022
+
1023
+
1024
+ arctan
1025
+
1026
+ (
1027
+ x
1028
+ )
1029
+ =
1030
+ x
1031
+
1032
+
1033
+
1034
+
1035
+ x
1036
+
1037
+ 3
1038
+
1039
+
1040
+ 3
1041
+
1042
+
1043
+ +
1044
+
1045
+
1046
+
1047
+ x
1048
+
1049
+ 5
1050
+
1051
+
1052
+ 5
1053
+
1054
+
1055
+
1056
+
1057
+
1058
+
1059
+ x
1060
+
1061
+ 7
1062
+
1063
+
1064
+ 7
1065
+
1066
+
1067
+ +
1068
+
1069
+ =
1070
+
1071
+
1072
+
1073
+ k
1074
+ =
1075
+ 0
1076
+
1077
+
1078
+
1079
+
1080
+
1081
+
1082
+
1083
+
1084
+ (
1085
+
1086
+ 1
1087
+
1088
+ )
1089
+
1090
+ k
1091
+
1092
+
1093
+
1094
+ x
1095
+
1096
+ 2
1097
+ k
1098
+ +
1099
+ 1
1100
+
1101
+
1102
+
1103
+
1104
+ 2
1105
+ k
1106
+ +
1107
+ 1
1108
+
1109
+
1110
+
1111
+
1112
+ (
1113
+ x
1114
+
1115
+
1116
+ [
1117
+
1118
+
1119
+ 1
1120
+ ,
1121
+ 1
1122
+
1123
+ ]
1124
+
1125
+ )
1126
+ .
1127
+
1128
+
1129
+ {\displaystyle \arctan(x)=x-{\frac {x^{3}}{3}}+{\frac {x^{5}}{5}}-{\frac {x^{7}}{7}}+\cdots =\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {(-1)^{k}x^{2k+1}}{2k+1}}\quad (x\in \left[-1,1\right]).}
1130
+
1131
+
1132
+ Le cas particulier x = 1 est la série de Leibniz mentionnée plus haut — également connue sous le nom de série de Madhava-Leibniz[52],[53] — dont la convergence est trop lente.
1133
+
1134
+ Le cas particulier x = 1/√3 :
1135
+
1136
+
1137
+
1138
+
1139
+ π
1140
+ =
1141
+ 6
1142
+
1143
+
1144
+
1145
+ 1
1146
+
1147
+ 3
1148
+
1149
+
1150
+
1151
+
1152
+ (
1153
+
1154
+ 1
1155
+
1156
+
1157
+
1158
+ 1
1159
+
1160
+ 3
1161
+
1162
+ 3
1163
+
1164
+
1165
+
1166
+ +
1167
+
1168
+
1169
+ 1
1170
+
1171
+ 5
1172
+
1173
+
1174
+ 3
1175
+
1176
+ 2
1177
+
1178
+
1179
+
1180
+
1181
+
1182
+
1183
+
1184
+
1185
+ 1
1186
+
1187
+ 7
1188
+
1189
+
1190
+ 3
1191
+
1192
+ 3
1193
+
1194
+
1195
+
1196
+
1197
+
1198
+ +
1199
+
1200
+
1201
+ )
1202
+
1203
+ =
1204
+
1205
+
1206
+ 12
1207
+
1208
+
1209
+
1210
+
1211
+
1212
+
1213
+ k
1214
+ =
1215
+ 0
1216
+
1217
+
1218
+
1219
+
1220
+
1221
+
1222
+
1223
+
1224
+ (
1225
+
1226
+ 1
1227
+
1228
+ )
1229
+
1230
+ k
1231
+
1232
+
1233
+
1234
+
1235
+ (
1236
+ 2
1237
+ k
1238
+ +
1239
+ 1
1240
+ )
1241
+
1242
+ 3
1243
+
1244
+ k
1245
+
1246
+
1247
+
1248
+
1249
+
1250
+
1251
+
1252
+ {\displaystyle \pi =6\cdot {\frac {1}{\sqrt {3}}}\left(1-{1 \over 3\cdot 3}+{1 \over 5\cdot 3^{2}}-{1 \over 7\cdot 3^{3}}+\cdots \right)={\sqrt {12}}\,\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {(-1)^{k}}{(2k+1)3^{k}}}}
1253
+
1254
+
1255
+ converge bien plus vite, ce qui a permis à Madhava de donner une valeur approchée de π de 3,141 592 653 59, qui a 11 décimales correctes. Mais ces travaux restèrent inconnus en dehors du Kerala jusqu'au XIXe siècle, à la suite de la conquête de l'Inde par les Britanniques. Le record de Madhava a été battu en 1424 par le mathématicien perse Al-Kachi (Traité de la circonférence), qui a réussi à donner 16 décimales, en appliquant la méthode d'Archimède à un polygone de 3×228 côtés.
1256
+
1257
+ La première contribution importante venant d’Europe depuis Archimède a été faite par François Viète, qui en donne douze décimales, avec un encadrement du reste dans son Canon mathématique en 1579. Il est suivi par Adrien Romain, qui donne 15 décimales en 1591, et l’Allemand Ludolph van Ceulen (1540-1610), qui a utilisé la même méthode géométrique afin de donner une estimation de π correcte à 35 décimales près. Il a été si fier de son calcul, qui lui a demandé une grande partie de sa vie, qu’il a fait graver les décimales sur sa pierre tombale[54].
1258
+
1259
+ Il est immédiatement suivi par Willebrord Snell, son élève, qui trouve des méthodes plus rapides pour obtenir la même approximation. Dans la même période, les méthodes de calcul intégral et de détermination de séries et produits infinis pour des quantités géométriques ont commencé à émerger en Europe. La première formule de ce type est la formule de Viète :
1260
+
1261
+
1262
+
1263
+
1264
+
1265
+
1266
+ 2
1267
+ π
1268
+
1269
+
1270
+ =
1271
+
1272
+
1273
+
1274
+ 2
1275
+
1276
+ 2
1277
+
1278
+
1279
+
1280
+
1281
+
1282
+
1283
+ 2
1284
+ +
1285
+
1286
+
1287
+ 2
1288
+
1289
+
1290
+
1291
+ 2
1292
+
1293
+
1294
+
1295
+
1296
+
1297
+
1298
+ 2
1299
+ +
1300
+
1301
+
1302
+ 2
1303
+ +
1304
+
1305
+
1306
+ 2
1307
+
1308
+
1309
+
1310
+
1311
+
1312
+ 2
1313
+
1314
+
1315
+
1316
+
1317
+
1318
+
1319
+
1320
+ {\displaystyle {\frac {2}{\pi }}={\frac {\sqrt {2}}{2}}\cdot {\frac {\sqrt {2+{\sqrt {2}}}}{2}}\cdot {\frac {\sqrt {2+{\sqrt {2+{\sqrt {2}}}}}}{2}}\cdot \cdots \!}
1321
+
1322
+ exposée par Viète en 1579 dans son Canon mathématique et à nouveau[réf. souhaitée] en 1593, dans ses Problèmes variés. Un autre résultat célèbre est le produit de Wallis :
1323
+
1324
+
1325
+
1326
+
1327
+
1328
+
1329
+ π
1330
+ 2
1331
+
1332
+
1333
+ =
1334
+
1335
+
1336
+
1337
+ k
1338
+ =
1339
+ 1
1340
+
1341
+
1342
+
1343
+
1344
+
1345
+
1346
+
1347
+
1348
+ (
1349
+ 2
1350
+ k
1351
+
1352
+ )
1353
+
1354
+ 2
1355
+
1356
+
1357
+
1358
+
1359
+ (
1360
+ 2
1361
+ k
1362
+
1363
+ )
1364
+
1365
+ 2
1366
+
1367
+
1368
+
1369
+ 1
1370
+
1371
+
1372
+
1373
+ =
1374
+
1375
+
1376
+ 2
1377
+ 1
1378
+
1379
+
1380
+
1381
+
1382
+
1383
+ 2
1384
+ 3
1385
+
1386
+
1387
+
1388
+
1389
+
1390
+ 4
1391
+ 3
1392
+
1393
+
1394
+
1395
+
1396
+
1397
+ 4
1398
+ 5
1399
+
1400
+
1401
+
1402
+
1403
+
1404
+ 6
1405
+ 5
1406
+
1407
+
1408
+
1409
+
1410
+
1411
+ 6
1412
+ 7
1413
+
1414
+
1415
+
1416
+  
1417
+ =
1418
+
1419
+
1420
+ 4
1421
+ 3
1422
+
1423
+
1424
+
1425
+
1426
+
1427
+ 16
1428
+ 15
1429
+
1430
+
1431
+
1432
+
1433
+
1434
+ 36
1435
+ 35
1436
+
1437
+
1438
+
1439
+
1440
+
1441
+
1442
+ {\displaystyle {\frac {\pi }{2}}=\prod _{k=1}^{\infty }{\frac {(2k)^{2}}{(2k)^{2}-1}}={\frac {2}{1}}\cdot {\frac {2}{3}}\cdot {\frac {4}{3}}\cdot {\frac {4}{5}}\cdot {\frac {6}{5}}\cdot {\frac {6}{7}}\cdots \ ={\frac {4}{3}}\cdot {\frac {16}{15}}\cdot {\frac {36}{35}}\cdots \!}
1443
+
1444
+ que l’on doit à John Wallis, qui l’a mis en évidence en 1655. Isaac Newton lui-même a utilisé le développement en série de π/6 = arcsin(1/2)[55] pour calculer 15 décimales de π ; bien plus tard, il a déclaré : « J’ai honte de vous dire combien de décimales j’ai trouvées grâce à ces calculs, n’ayant aucune autre occupation à l’époque[56]. »
1445
+
1446
+ En 1706, John Machin a été le premier à trouver 100 décimales de π, en utilisant la formule :
1447
+
1448
+
1449
+
1450
+
1451
+
1452
+
1453
+ π
1454
+ 4
1455
+
1456
+
1457
+ =
1458
+ 4
1459
+
1460
+ arctan
1461
+
1462
+
1463
+
1464
+ 1
1465
+ 5
1466
+
1467
+
1468
+
1469
+ arctan
1470
+
1471
+
1472
+
1473
+ 1
1474
+ 239
1475
+
1476
+
1477
+
1478
+
1479
+
1480
+ {\displaystyle {\frac {\pi }{4}}=4\,\arctan {\frac {1}{5}}-\arctan {\frac {1}{239}}\!}
1481
+
1482
+
1483
+ et le développement ci-dessus en série entière de arctan.
1484
+
1485
+ Les formules de ce type, maintenant connues sous le nom de formules de Machin, ont été utilisées pour battre plusieurs records de décimales connues de π, et demeurent aujourd’hui les formules les plus connues pour calculer π grâce à des ordinateurs. Un record remarquable est détenu par le calculateur prodige Johann Dase qui, en 1844, à l’aide d’une formule de Machin, a calculé 200 décimales de π, à la demande de Gauss. La meilleure valeur obtenue à la fin du XIXe siècle est due à William Shanks, qui a passé quinze ans à calculer 607 décimales puis 707 décimales de π, bien qu’à cause d’une erreur, seules les 527 premières étaient correctes. De nos jours, il est aisé d’éviter de telles erreurs, en faisant faire les calculs par l’ordinateur, et en utilisant deux formules différentes pour éliminer les risques d’erreur de calcul, de programmation, ou du microprocesseur.
1486
+
1487
+ Les avancées théoriques du XVIIIe siècle ont amené les mathématiciens à s’interroger sur la nature de π, notamment sur l’absence de motifs périodiques dans ses décimales,
1488
+ une hypothèse raisonnable au vu des calculs numériques, mais pour laquelle il fallait une approche radicalement différente pour la prouver rigoureusement. Ce tour de force a été réalisé par Johann Heinrich Lambert en 1761, qui fut ainsi le premier à prouver l’irrationalité de π, par la suite Adrien-Marie Legendre a aussi prouvé que π2 aussi était irrationnel. Cette constante (π2) jouait un rôle notable en mathématique, puisqu’elle apparaissait dans la solution du problème de Bâle, qui consistait à trouver la valeur exacte de
1489
+
1490
+
1491
+
1492
+
1493
+
1494
+
1495
+
1496
+ k
1497
+ =
1498
+ 1
1499
+
1500
+
1501
+
1502
+
1503
+
1504
+
1505
+
1506
+ 1
1507
+
1508
+ k
1509
+
1510
+ 2
1511
+
1512
+
1513
+
1514
+
1515
+ =
1516
+
1517
+
1518
+ 1
1519
+
1520
+ 1
1521
+
1522
+ 2
1523
+
1524
+
1525
+
1526
+
1527
+ +
1528
+
1529
+
1530
+ 1
1531
+
1532
+ 2
1533
+
1534
+ 2
1535
+
1536
+
1537
+
1538
+
1539
+ +
1540
+
1541
+
1542
+ 1
1543
+
1544
+ 3
1545
+
1546
+ 2
1547
+
1548
+
1549
+
1550
+
1551
+ +
1552
+
1553
+
1554
+ 1
1555
+
1556
+ 4
1557
+
1558
+ 2
1559
+
1560
+
1561
+
1562
+
1563
+ +
1564
+
1565
+
1566
+
1567
+
1568
+ {\displaystyle \sum _{k=1}^{\infty }{\frac {1}{k^{2}}}={\frac {1}{1^{2}}}+{\frac {1}{2^{2}}}+{\frac {1}{3^{2}}}+{\frac {1}{4^{2}}}+\cdots \!}
1569
+
1570
+
1571
+ qui est π2/6 (comme prouvé par Leonhard Euler qui a établi à cette occasion une connexion profonde entre π et les nombres premiers). Dans la foulée, Legendre et Euler ont tous les deux conjecturé que π était un nombre transcendant, ce qui a finalement été prouvé en 1882 par Ferdinand von Lindemann.
1572
+
1573
+ C’est au cours du XVIIIe siècle que s’établit l’usage de la lettre grecque « π », première lettre du mot grec περιφέρεια (périphérie, c’est-à-dire circonférence), pour le rapport de la circonférence du cercle sur son diamètre[57].
1574
+
1575
+ À partir du XVIIe siècle, certains mathématiciens utilisent la notation π/δ où π désigne la circonférence et δ le diamètre[h]. Le premier à utiliser simplement π est William Jones[57] dans son livre Synopsis palmariorum mathesios publié en 1706, à propos du calcul astucieux de ce nombre par la série de son ami Machin. Les mathématiciens continuent cependant d’utiliser d’autres notations. Parmi ceux-ci Euler se met à la notation de Jones[i] dans sa correspondance à partir de 1736. Il l’adopte dans son livre Introductio in analysin infinitorum publié en 1748, ce qui eut certainement une grande influence. La notation finit par s’imposer vers la fin du XVIIIe siècle[j].
1576
+
1577
+ Alors que quelques dizaines de décimales de π sont largement suffisantes pour les calculs pratiques qu’effectue un physicien, la conquête des décimales du nombre π n’a pas cessé avec l’arrivée des ordinateurs, qui ont permis de calculer un très grand nombre de ces décimales.
1578
+
1579
+ En 1949, à l’aide de l’ENIAC, John von Neumann a obtenu 2 037 décimales de π, à la suite d'un calcul qui a duré 70 heures[58],[59]. Des milliers de décimales supplémentaires ont été trouvées au cours des décennies suivantes, l’étape du million de chiffres ayant été passée en 1973. Les progrès n’ont pas seulement été dus aux ordinateurs de plus en plus rapides, mais aussi aux nouveaux algorithmes utilisés. L’une des avancées les plus significatives a été la découverte de la transformée de Fourier rapide dans les années 1960, qui a permis aux ordinateurs de manipuler rapidement de très grands nombres.
1580
+
1581
+ Au début du XXe siècle, le mathématicien indien Srinivasa Ramanujan a trouvé de nombreuses nouvelles formules faisant intervenir π ; certaines d’entre elles sont remarquables par leur élégance et leur profondeur mathématique[60]. L’une de ces formules est la série suivante, donnant 8 nouvelles décimales à chaque nouveau terme[61] :
1582
+
1583
+
1584
+
1585
+
1586
+
1587
+
1588
+ 1
1589
+ π
1590
+
1591
+
1592
+ =
1593
+
1594
+
1595
+
1596
+ 2
1597
+
1598
+
1599
+ 2
1600
+
1601
+
1602
+
1603
+ 9801
1604
+
1605
+
1606
+
1607
+
1608
+
1609
+ k
1610
+ =
1611
+ 0
1612
+
1613
+
1614
+
1615
+
1616
+
1617
+
1618
+
1619
+
1620
+ (
1621
+ 4
1622
+ k
1623
+ )
1624
+ !
1625
+ (
1626
+ 1103
1627
+ +
1628
+ 26390
1629
+ k
1630
+ )
1631
+
1632
+
1633
+ (
1634
+ k
1635
+ !
1636
+
1637
+ )
1638
+
1639
+ 4
1640
+
1641
+
1642
+
1643
+ 396
1644
+
1645
+ 4
1646
+ k
1647
+
1648
+
1649
+
1650
+
1651
+
1652
+
1653
+
1654
+
1655
+ {\displaystyle {\frac {1}{\pi }}={\frac {2{\sqrt {2}}}{9801}}\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {(4k)!(1103+26390k)}{(k!)^{4}396^{4k}}}\!}
1656
+
1657
+ La formule ci-dessous, possédant un lien étroit avec celle énoncée ci-dessus, a été découverte par David et Gregory Chudnovsky en 1987 :
1658
+
1659
+
1660
+
1661
+
1662
+
1663
+
1664
+
1665
+ 426880
1666
+
1667
+
1668
+ 10005
1669
+
1670
+
1671
+
1672
+ π
1673
+
1674
+
1675
+ =
1676
+
1677
+
1678
+
1679
+ k
1680
+ =
1681
+ 0
1682
+
1683
+
1684
+
1685
+
1686
+
1687
+
1688
+
1689
+
1690
+ (
1691
+ 6
1692
+ k
1693
+ )
1694
+ !
1695
+ (
1696
+ 13591409
1697
+ +
1698
+ 545140134
1699
+ k
1700
+ )
1701
+
1702
+
1703
+ (
1704
+ 3
1705
+ k
1706
+ )
1707
+ !
1708
+ (
1709
+ k
1710
+ !
1711
+
1712
+ )
1713
+
1714
+ 3
1715
+
1716
+
1717
+ (
1718
+
1719
+ 640320
1720
+
1721
+ )
1722
+
1723
+ 3
1724
+ k
1725
+
1726
+
1727
+
1728
+
1729
+
1730
+
1731
+
1732
+
1733
+ {\displaystyle {\frac {426880{\sqrt {10005}}}{\pi }}=\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {(6k)!(13591409+545140134k)}{(3k)!(k!)^{3}(-640320)^{3k}}}\!}
1734
+
1735
+ Cette formule donne 14 nouvelles décimales de π à chaque terme[60]. Vers la fin des années 1980, les frères Chudnovsky l’ont utilisée pour battre plusieurs records de décimales de π calculées. Elle demeure la formule la plus utilisée pour calculer π sur des ordinateurs personnels.
1736
+
1737
+ Alors que les séries permettent d’obtenir des valeurs approchées de π avec un taux de précision supplémentaire à chaque terme qui est constant, il existe des algorithmes itératifs qui multiplient le nombre de décimales correctes à chaque étape, avec cependant l’inconvénient que chaque étape demande généralement un calcul « coûteux ». Une grande avancée a eu lieu en 1975 lorsque Richard Brent (de) et Eugene Salamin (en) ont découvert indépendamment la formule de Brent-Salamin, qui double le nombre de décimales correctes à chaque étape[62]. Il s’appuie sur un vieux résultat pressenti puis démontré par Gauss. En 1818, celui-ci démontre le lien existant entre la moyenne arithmético-géométrique M(1, √2) de 1 et √2 — la longueur de la lemniscate de Bernoulli — et π. La longueur de la lemniscate est L = 2ϖr où r représente la distance OA entre le centre et un sommet de la lemniscate et où ϖ est la constante de la lemniscate. Si on note G, la constante de Gauss, c’est-à-dire l’inverse de M(1, √2) alors :
1738
+
1739
+
1740
+
1741
+
1742
+ ϖ
1743
+ =
1744
+ π
1745
+ G
1746
+
1747
+
1748
+ {\displaystyle \varpi =\pi G}
1749
+
1750
+
1751
+ Salamin et Brent ont utilisé ce résultat pour construire l’algorithme qui porte leur nom, et grâce auquel la conquête des décimales de π va alors avancer conjointement avec celle des décimales de √2[63].
1752
+
1753
+ L’algorithme consiste à poser :
1754
+
1755
+
1756
+
1757
+
1758
+
1759
+ a
1760
+
1761
+ 0
1762
+
1763
+
1764
+ =
1765
+ 1
1766
+
1767
+
1768
+
1769
+
1770
+ b
1771
+
1772
+ 0
1773
+
1774
+
1775
+ =
1776
+
1777
+
1778
+ 1
1779
+
1780
+ 2
1781
+
1782
+
1783
+
1784
+
1785
+
1786
+
1787
+
1788
+ t
1789
+
1790
+ 0
1791
+
1792
+
1793
+ =
1794
+
1795
+
1796
+ 1
1797
+ 4
1798
+
1799
+
1800
+
1801
+
1802
+
1803
+
1804
+ p
1805
+
1806
+ 0
1807
+
1808
+
1809
+ =
1810
+ 1
1811
+
1812
+
1813
+
1814
+ {\displaystyle a_{0}=1\quad \quad \quad b_{0}={\frac {1}{\sqrt {2}}}\quad \quad \quad t_{0}={\frac {1}{4}}\quad \quad \quad p_{0}=1\!}
1815
+
1816
+ ,
1817
+ puis à définir les relations de récurrence suivantes :
1818
+
1819
+
1820
+
1821
+
1822
+
1823
+ a
1824
+
1825
+ n
1826
+ +
1827
+ 1
1828
+
1829
+
1830
+ =
1831
+
1832
+
1833
+
1834
+
1835
+ a
1836
+
1837
+ n
1838
+
1839
+
1840
+ +
1841
+
1842
+ b
1843
+
1844
+ n
1845
+
1846
+
1847
+
1848
+ 2
1849
+
1850
+
1851
+
1852
+
1853
+
1854
+
1855
+ b
1856
+
1857
+ n
1858
+ +
1859
+ 1
1860
+
1861
+
1862
+ =
1863
+
1864
+
1865
+
1866
+ a
1867
+
1868
+ n
1869
+
1870
+
1871
+
1872
+ b
1873
+
1874
+ n
1875
+
1876
+
1877
+
1878
+
1879
+
1880
+
1881
+
1882
+ {\displaystyle a_{n+1}={\frac {a_{n}+b_{n}}{2}}\quad \quad \quad b_{n+1}={\sqrt {a_{n}b_{n}}}\!}
1883
+
1884
+
1885
+
1886
+
1887
+
1888
+
1889
+
1890
+ t
1891
+
1892
+ n
1893
+ +
1894
+ 1
1895
+
1896
+
1897
+ =
1898
+
1899
+ t
1900
+
1901
+ n
1902
+
1903
+
1904
+
1905
+
1906
+ p
1907
+
1908
+ n
1909
+
1910
+
1911
+ (
1912
+
1913
+ a
1914
+
1915
+ n
1916
+
1917
+
1918
+
1919
+
1920
+ a
1921
+
1922
+ n
1923
+ +
1924
+ 1
1925
+
1926
+
1927
+
1928
+ )
1929
+
1930
+ 2
1931
+
1932
+
1933
+
1934
+
1935
+
1936
+
1937
+ p
1938
+
1939
+ n
1940
+ +
1941
+ 1
1942
+
1943
+
1944
+ =
1945
+ 2
1946
+
1947
+ p
1948
+
1949
+ n
1950
+
1951
+
1952
+
1953
+
1954
+
1955
+ {\displaystyle t_{n+1}=t_{n}-p_{n}(a_{n}-a_{n+1})^{2}\quad \quad \quad p_{n+1}=2p_{n}\!}
1956
+
1957
+
1958
+ et enfin à calculer ces valeurs jusqu’à ce que an et bn soient assez proches. On a alors une valeur approchée de π donnée par :
1959
+
1960
+
1961
+
1962
+
1963
+ π
1964
+
1965
+
1966
+
1967
+
1968
+ (
1969
+
1970
+ a
1971
+
1972
+ n
1973
+
1974
+
1975
+ +
1976
+
1977
+ b
1978
+
1979
+ n
1980
+
1981
+
1982
+
1983
+ )
1984
+
1985
+ 2
1986
+
1987
+
1988
+
1989
+
1990
+ 4
1991
+
1992
+ t
1993
+
1994
+ n
1995
+
1996
+
1997
+
1998
+
1999
+
2000
+
2001
+
2002
+ {\displaystyle \pi \approx {\frac {(a_{n}+b_{n})^{2}}{4t_{n}}}}
2003
+
2004
+ .
2005
+
2006
+ En utilisant cet algorithme, seules 25 itérations sont nécessaires pour calculer 45 millions de décimales. Un algorithme similaire qui quadruple la précision à chaque étape a été trouvé par Jonathan et Peter Borwein[64]. C'est grâce à ces méthodes que, de 1981 à 1999, Yasumasa Kanada et ses associés ont battu le record du nombre de décimales de π à onze reprises (plus de 2×1011 décimales en 1999)[65].
2007
+
2008
+ En 1997, la formule BBP, découverte par Simon Plouffe, a fait de nouveau progresser la connaissance de π[66]. La formule,
2009
+
2010
+
2011
+
2012
+
2013
+ π
2014
+ =
2015
+
2016
+
2017
+
2018
+ k
2019
+ =
2020
+ 0
2021
+
2022
+
2023
+
2024
+
2025
+
2026
+
2027
+
2028
+ 1
2029
+
2030
+ 16
2031
+
2032
+ k
2033
+
2034
+
2035
+
2036
+
2037
+
2038
+ (
2039
+
2040
+
2041
+
2042
+ 4
2043
+
2044
+ 8
2045
+ k
2046
+ +
2047
+ 1
2048
+
2049
+
2050
+
2051
+
2052
+
2053
+
2054
+ 2
2055
+
2056
+ 8
2057
+ k
2058
+ +
2059
+ 4
2060
+
2061
+
2062
+
2063
+
2064
+
2065
+
2066
+ 1
2067
+
2068
+ 8
2069
+ k
2070
+ +
2071
+ 5
2072
+
2073
+
2074
+
2075
+
2076
+
2077
+
2078
+ 1
2079
+
2080
+ 8
2081
+ k
2082
+ +
2083
+ 6
2084
+
2085
+
2086
+
2087
+
2088
+ )
2089
+
2090
+ ,
2091
+
2092
+
2093
+ {\displaystyle \pi =\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {1}{16^{k}}}\left({\frac {4}{8k+1}}-{\frac {2}{8k+4}}-{\frac {1}{8k+5}}-{\frac {1}{8k+6}}\right),}
2094
+
2095
+
2096
+ est remarquable car elle permet de calculer n’importe quel chiffre de l’écriture de π en base hexadécimale ou binaire, sans calculer les précédents[66]. Entre 1998 et 2000, le projet de calcul distribué PiHex a utilisé une variante de la formule BBP due à Fabrice Bellard pour calculer le 1 000 000 000 000 000e chiffre en binaire de π, qui s’est révélé être 0[67].
2097
+
2098
+ Si une formule de la forme :
2099
+
2100
+
2101
+
2102
+
2103
+ π
2104
+ =
2105
+
2106
+
2107
+
2108
+ k
2109
+ =
2110
+ 0
2111
+
2112
+
2113
+
2114
+
2115
+
2116
+
2117
+
2118
+ 1
2119
+
2120
+ b
2121
+
2122
+ c
2123
+ k
2124
+
2125
+
2126
+
2127
+
2128
+
2129
+
2130
+
2131
+ p
2132
+ (
2133
+ k
2134
+ )
2135
+
2136
+
2137
+ q
2138
+ (
2139
+ k
2140
+ )
2141
+
2142
+
2143
+
2144
+ ,
2145
+
2146
+
2147
+ {\displaystyle \pi =\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {1}{b^{ck}}}{\frac {p(k)}{q(k)}},}
2148
+
2149
+
2150
+ était trouvée, avec b et c des entiers positifs et p et q des polynômes de degrés fixés à coefficients entiers (comme pour la formule BBP ci-dessus), ce serait l’un des moyens les plus efficaces pour calculer n’importe quel chiffre dans l’écriture de π en base bc (et donc en base b) sans avoir à calculer les précédents, en un temps dépendant uniquement de l'indice du terme calculé et du degré des polynômes.
2151
+
2152
+ En 2006, Simon Plouffe a trouvé plusieurs formules faisant intervenir π[68]. En posant q = eπ (constante de Gelfond), on a :
2153
+
2154
+
2155
+
2156
+
2157
+
2158
+
2159
+ π
2160
+ 24
2161
+
2162
+
2163
+ =
2164
+
2165
+
2166
+
2167
+ n
2168
+ =
2169
+ 1
2170
+
2171
+
2172
+
2173
+
2174
+
2175
+
2176
+
2177
+ 1
2178
+ n
2179
+
2180
+
2181
+
2182
+ (
2183
+
2184
+
2185
+
2186
+ 3
2187
+
2188
+
2189
+ q
2190
+
2191
+ n
2192
+
2193
+
2194
+
2195
+ 1
2196
+
2197
+
2198
+
2199
+
2200
+
2201
+
2202
+ 4
2203
+
2204
+
2205
+ q
2206
+
2207
+ 2
2208
+ n
2209
+
2210
+
2211
+
2212
+ 1
2213
+
2214
+
2215
+
2216
+ +
2217
+
2218
+
2219
+ 1
2220
+
2221
+
2222
+ q
2223
+
2224
+ 4
2225
+ n
2226
+
2227
+
2228
+
2229
+ 1
2230
+
2231
+
2232
+
2233
+
2234
+ )
2235
+
2236
+
2237
+
2238
+ {\displaystyle {\frac {\pi }{24}}=\sum _{n=1}^{\infty }{\frac {1}{n}}\left({\frac {3}{q^{n}-1}}-{\frac {4}{q^{2n}-1}}+{\frac {1}{q^{4n}-1}}\right)}
2239
+
2240
+
2241
+
2242
+
2243
+
2244
+
2245
+
2246
+
2247
+
2248
+ π
2249
+
2250
+ 3
2251
+
2252
+
2253
+ 180
2254
+
2255
+
2256
+ =
2257
+
2258
+
2259
+
2260
+ n
2261
+ =
2262
+ 1
2263
+
2264
+
2265
+
2266
+
2267
+
2268
+
2269
+
2270
+ 1
2271
+
2272
+ n
2273
+
2274
+ 3
2275
+
2276
+
2277
+
2278
+
2279
+
2280
+ (
2281
+
2282
+
2283
+
2284
+ 4
2285
+
2286
+
2287
+ q
2288
+
2289
+ n
2290
+
2291
+
2292
+
2293
+ 1
2294
+
2295
+
2296
+
2297
+
2298
+
2299
+
2300
+ 5
2301
+
2302
+
2303
+ q
2304
+
2305
+ 2
2306
+ n
2307
+
2308
+
2309
+
2310
+ 1
2311
+
2312
+
2313
+
2314
+ +
2315
+
2316
+
2317
+ 1
2318
+
2319
+
2320
+ q
2321
+
2322
+ 4
2323
+ n
2324
+
2325
+
2326
+
2327
+ 1
2328
+
2329
+
2330
+
2331
+
2332
+ )
2333
+
2334
+
2335
+
2336
+ {\displaystyle {\frac {\pi ^{3}}{180}}=\sum _{n=1}^{\infty }{\frac {1}{n^{3}}}\left({\frac {4}{q^{n}-1}}-{\frac {5}{q^{2n}-1}}+{\frac {1}{q^{4n}-1}}\right)}
2337
+
2338
+
2339
+ ainsi que :
2340
+
2341
+
2342
+
2343
+
2344
+
2345
+ π
2346
+
2347
+ k
2348
+
2349
+
2350
+ =
2351
+
2352
+
2353
+
2354
+ n
2355
+ =
2356
+ 1
2357
+
2358
+
2359
+
2360
+
2361
+
2362
+
2363
+
2364
+ 1
2365
+
2366
+ n
2367
+
2368
+ k
2369
+
2370
+
2371
+
2372
+
2373
+
2374
+ (
2375
+
2376
+
2377
+
2378
+ a
2379
+
2380
+
2381
+ q
2382
+
2383
+ n
2384
+
2385
+
2386
+
2387
+ 1
2388
+
2389
+
2390
+
2391
+ +
2392
+
2393
+
2394
+ b
2395
+
2396
+
2397
+ q
2398
+
2399
+ 2
2400
+ n
2401
+
2402
+
2403
+
2404
+ 1
2405
+
2406
+
2407
+
2408
+ +
2409
+
2410
+
2411
+ c
2412
+
2413
+
2414
+ q
2415
+
2416
+ 4
2417
+ n
2418
+
2419
+
2420
+
2421
+ 1
2422
+
2423
+
2424
+
2425
+
2426
+ )
2427
+
2428
+
2429
+
2430
+ {\displaystyle \pi ^{k}=\sum _{n=1}^{\infty }{\frac {1}{n^{k}}}\left({\frac {a}{q^{n}-1}}+{\frac {b}{q^{2n}-1}}+{\frac {c}{q^{4n}-1}}\right)}
2431
+
2432
+
2433
+ où k est un nombre impair, et a, b, c sont des nombres rationnels.
2434
+
2435
+ Depuis 2010, les records utilisant le programme y-cruncher se succèdent (voir la section « XXIe siècle » de l'article « Approximation de π »). Fin 2016, le record dépasse 2×1013 décimales.
2436
+
2437
+ Le 14 mars 2019, jour du Pi Day, Google rend public le nouveau record de décimales calculé par une de ses employées au moyen de puissantes machines. Le nouveau record du monde s'établit à 31 415 milliards de décimales. Il a fallu 111 jours de calculs ininterrompus à Emma Haruka Iwao pour entrer dans le livre Guinness des records[69].
2438
+
2439
+ π apparaît dans de nombreuses formules de géométrie impliquant les cercles et les sphères :
2440
+
2441
+ π se retrouve aussi dans le calcul des surfaces et volumes des hypersphères (à plus de trois dimensions).
2442
+
2443
+ Un nombre complexe z peut s’exprimer en coordonnées polaires de la façon suivante :
2444
+
2445
+
2446
+
2447
+
2448
+ z
2449
+ =
2450
+ r
2451
+
2452
+ (
2453
+ cos
2454
+
2455
+ φ
2456
+ +
2457
+
2458
+
2459
+ i
2460
+
2461
+
2462
+ sin
2463
+
2464
+ φ
2465
+ )
2466
+
2467
+
2468
+ {\displaystyle z=r\,(\cos \varphi +{\rm {i}}\sin \varphi )}
2469
+
2470
+ .
2471
+
2472
+ L’apparition fréquente de π en analyse complexe a pour origine le comportement de la fonction exponentielle complexe, décrite par la formule d’Euler :
2473
+
2474
+
2475
+
2476
+
2477
+
2478
+
2479
+
2480
+ e
2481
+
2482
+
2483
+
2484
+
2485
+
2486
+ i
2487
+
2488
+
2489
+ φ
2490
+
2491
+
2492
+ =
2493
+ cos
2494
+
2495
+ φ
2496
+ +
2497
+
2498
+
2499
+ i
2500
+
2501
+
2502
+ sin
2503
+
2504
+ φ
2505
+
2506
+
2507
+ {\displaystyle {\rm {e}}^{{\rm {i}}\varphi }=\cos \varphi +{\rm {i}}\sin \varphi }
2508
+
2509
+
2510
+ où i est l’unité imaginaire satisfaisant la relation i2 = −1 et e ≈ 2,71828 est la constante de Néper. Cette formule implique que les puissances imaginaires de e décrivent des rotations sur le cercle unité du plan complexe ; ces rotations ont une période de 360° = 2π rad. En particulier, une rotation de 180° = π rad donne l’identité d'Euler
2511
+
2512
+
2513
+
2514
+
2515
+
2516
+
2517
+
2518
+ e
2519
+
2520
+
2521
+
2522
+
2523
+
2524
+ i
2525
+
2526
+
2527
+ π
2528
+
2529
+
2530
+ =
2531
+
2532
+ 1
2533
+
2534
+  et donc 
2535
+
2536
+
2537
+
2538
+
2539
+ e
2540
+
2541
+
2542
+
2543
+
2544
+
2545
+ i
2546
+
2547
+
2548
+ π
2549
+
2550
+
2551
+ +
2552
+ 1
2553
+ =
2554
+ 0
2555
+
2556
+
2557
+ {\displaystyle {\rm {e}}^{{\rm {i}}\pi }=-1{\text{ et donc }}{\rm {e}}^{{\rm {i}}\pi }+1=0}
2558
+
2559
+ .
2560
+
2561
+ De nombreuses suites ou séries convergent vers π ou un multiple rationnel de π et sont même à l’origine de calculs de valeurs approchées de ce nombre.
2562
+
2563
+ π
2564
+ =
2565
+
2566
+ lim
2567
+
2568
+ n
2569
+
2570
+
2571
+
2572
+
2573
+
2574
+ (
2575
+
2576
+ n
2577
+ sin
2578
+
2579
+
2580
+
2581
+ π
2582
+ n
2583
+
2584
+
2585
+
2586
+ )
2587
+
2588
+ =
2589
+
2590
+ lim
2591
+
2592
+ n
2593
+
2594
+
2595
+
2596
+
2597
+
2598
+ (
2599
+
2600
+ n
2601
+ tan
2602
+
2603
+
2604
+
2605
+ π
2606
+ n
2607
+
2608
+
2609
+
2610
+ )
2611
+
2612
+
2613
+
2614
+ {\displaystyle \pi =\lim _{n\to \infty }\left(n\sin {\pi \over n}\right)=\lim _{n\to \infty }\left(n\tan {\pi \over n}\right)}
2615
+
2616
+ Les deux suites définies par sn = n sin(π/n) et tn = n tan(π/n) représentent, pour n ≥ 3, les demi-périmètres des polygones réguliers à n côtés, inscrit dans le cercle trigonométrique pour sn, exinscrit pour tn. On les exploite par des suites extraites dont l’indice (le nombre de côtés du polygone) double à chaque itération, pour obtenir π par passage à la limite d’expressions utilisant les opérations arithmétiques élémentaires et la racine carrée. Ainsi, on peut déduire de la méthode d'Archimède (voir supra) une définition par récurrence des suites extraites de termes s2k+1 et t2k+1 (à partir de s4 = 2√2 et t4 = 4) ou encore s3×2k et t3×2k (à partir de s3 = 3√3/2 et t3 = 3√3) :
2617
+
2618
+
2619
+
2620
+
2621
+
2622
+
2623
+ 1
2624
+
2625
+ t
2626
+
2627
+ 2
2628
+ n
2629
+
2630
+
2631
+
2632
+
2633
+ =
2634
+
2635
+
2636
+ 1
2637
+ 2
2638
+
2639
+
2640
+
2641
+ (
2642
+
2643
+
2644
+
2645
+ 1
2646
+
2647
+ s
2648
+
2649
+ n
2650
+
2651
+
2652
+
2653
+
2654
+ +
2655
+
2656
+
2657
+ 1
2658
+
2659
+ t
2660
+
2661
+ n
2662
+
2663
+
2664
+
2665
+
2666
+
2667
+ )
2668
+
2669
+ ,
2670
+
2671
+
2672
+ s
2673
+
2674
+ 2
2675
+ n
2676
+
2677
+
2678
+ =
2679
+
2680
+
2681
+
2682
+ s
2683
+
2684
+ n
2685
+
2686
+
2687
+
2688
+
2689
+ t
2690
+
2691
+ 2
2692
+ n
2693
+
2694
+
2695
+
2696
+
2697
+
2698
+
2699
+ {\displaystyle {\frac {1}{t_{2n}}}={\frac {1}{2}}\left({\frac {1}{s_{n}}}+{\frac {1}{t_{n}}}\right),\quad s_{2n}={\sqrt {s_{n}\,t_{2n}}}}
2700
+
2701
+ .
2702
+
2703
+ Il résulte de cette définition que les deux suites extraites correspondantes de la suite cn := sn/tn = cos(π/n) vérifient :
2704
+
2705
+
2706
+
2707
+
2708
+
2709
+ s
2710
+
2711
+ 2
2712
+ n
2713
+
2714
+
2715
+ =
2716
+ n
2717
+
2718
+
2719
+ 2
2720
+
2721
+ 2
2722
+
2723
+ c
2724
+
2725
+ n
2726
+
2727
+
2728
+
2729
+
2730
+
2731
+
2732
+ {\displaystyle s_{2n}=n{\sqrt {2-2c_{n}}}}
2733
+
2734
+ et
2735
+
2736
+
2737
+
2738
+ 2
2739
+
2740
+ c
2741
+
2742
+ 2
2743
+ n
2744
+
2745
+
2746
+ =
2747
+
2748
+
2749
+ 2
2750
+ +
2751
+ 2
2752
+
2753
+ c
2754
+
2755
+ n
2756
+
2757
+
2758
+
2759
+
2760
+
2761
+
2762
+ {\displaystyle 2c_{2n}={\sqrt {2+2c_{n}}}}
2763
+
2764
+ .
2765
+
2766
+ (Alternativement, on peut démontrer, pour tout n ≥ 2, les deux premières relations à l'aide des identités trigonométriques
2767
+
2768
+
2769
+
2770
+ tan
2771
+
2772
+
2773
+
2774
+
2775
+ θ
2776
+ 2
2777
+
2778
+
2779
+
2780
+ =
2781
+
2782
+
2783
+
2784
+
2785
+ sin
2786
+
2787
+ θ
2788
+
2789
+
2790
+ 1
2791
+ +
2792
+ cos
2793
+
2794
+ θ
2795
+
2796
+
2797
+
2798
+
2799
+
2800
+
2801
+ {\displaystyle \tan {\tfrac {\theta }{2}}={\tfrac {\sin \theta }{1+\cos \theta }}}
2802
+
2803
+ (cf. « Formules de l'arc moitié ») et
2804
+
2805
+
2806
+
2807
+ sin
2808
+
2809
+ θ
2810
+ =
2811
+ 2
2812
+ sin
2813
+
2814
+
2815
+
2816
+
2817
+ θ
2818
+ 2
2819
+
2820
+
2821
+
2822
+ cos
2823
+
2824
+
2825
+
2826
+
2827
+ θ
2828
+ 2
2829
+
2830
+
2831
+
2832
+
2833
+
2834
+ {\displaystyle \sin \theta =2\sin {\tfrac {\theta }{2}}\cos {\tfrac {\theta }{2}}}
2835
+
2836
+ (cf. « Formules de l'angle double ») et les deux dernières, directement, en utilisant les identités trigonométriques 2sin(x/2) = √2 – 2cos(x) et 2cos(x/2) = √2 + 2cos(x) pour x ∈ [0, π].)
2837
+
2838
+ On peut donc exprimer s2k+1 et s3×2k (pour k ≥ 1), puis
2839
+ π (par passage à la limite) sous forme de formules où s'emboîtent des racines carrées :
2840
+
2841
+
2842
+
2843
+
2844
+ π
2845
+ =
2846
+
2847
+ lim
2848
+
2849
+ k
2850
+
2851
+
2852
+
2853
+
2854
+
2855
+ (
2856
+
2857
+
2858
+ 2
2859
+
2860
+ k
2861
+
2862
+
2863
+
2864
+
2865
+
2866
+ 2
2867
+
2868
+
2869
+
2870
+ 2
2871
+ +
2872
+
2873
+
2874
+ 2
2875
+ +
2876
+
2877
+
2878
+ 2
2879
+ +
2880
+
2881
+
2882
+
2883
+ 2
2884
+ +
2885
+
2886
+
2887
+ 2
2888
+
2889
+
2890
+
2891
+
2892
+
2893
+
2894
+
2895
+
2896
+
2897
+
2898
+
2899
+
2900
+
2901
+ )
2902
+
2903
+
2904
+
2905
+ {\displaystyle \pi =\lim _{k\to \infty }\left(2^{k}\cdot {\sqrt {2-{\sqrt {2+{\sqrt {2+{\sqrt {2+\cdots {\sqrt {2+{\sqrt {2}}}}}}}}}}}}\right)}
2906
+
2907
+ (k est le nombre de racines carrées)
2908
+ ou encore :
2909
+
2910
+
2911
+
2912
+
2913
+ π
2914
+ =
2915
+
2916
+ lim
2917
+
2918
+ k
2919
+
2920
+
2921
+
2922
+
2923
+
2924
+ (
2925
+
2926
+ 3
2927
+
2928
+
2929
+ 2
2930
+
2931
+ k
2932
+
2933
+ 1
2934
+
2935
+
2936
+
2937
+
2938
+
2939
+ 2
2940
+
2941
+
2942
+
2943
+ 2
2944
+ +
2945
+
2946
+
2947
+ 2
2948
+ +
2949
+
2950
+
2951
+
2952
+ 2
2953
+ +
2954
+
2955
+
2956
+ 2
2957
+ +
2958
+
2959
+
2960
+ 3
2961
+
2962
+
2963
+
2964
+
2965
+
2966
+
2967
+
2968
+
2969
+
2970
+
2971
+
2972
+
2973
+
2974
+ )
2975
+
2976
+
2977
+
2978
+ {\displaystyle \pi =\lim _{k\to \infty }\left(3\cdot 2^{k-1}\cdot {\sqrt {2-{\sqrt {2+{\sqrt {2+\cdots {\sqrt {2+{\sqrt {2+{\sqrt {3}}}}}}}}}}}}\right)}
2979
+
2980
+ Une autre expression de s2k+1, qui peut se déduire simplement de la première de ces deux égalités (multiplier par √2+√…), conduit au produit infini suivant (formule de François Viète, 1593) :
2981
+
2982
+
2983
+
2984
+
2985
+
2986
+
2987
+ π
2988
+ 2
2989
+
2990
+
2991
+ =
2992
+
2993
+
2994
+ 2
2995
+
2996
+ 2
2997
+
2998
+
2999
+
3000
+
3001
+
3002
+
3003
+ 2
3004
+
3005
+ 2
3006
+ +
3007
+
3008
+
3009
+ 2
3010
+
3011
+
3012
+
3013
+
3014
+
3015
+
3016
+
3017
+
3018
+ 2
3019
+
3020
+ 2
3021
+ +
3022
+
3023
+
3024
+ 2
3025
+ +
3026
+
3027
+
3028
+ 2
3029
+
3030
+
3031
+
3032
+
3033
+
3034
+
3035
+
3036
+
3037
+
3038
+
3039
+
3040
+ {\displaystyle {\frac {\pi }{2}}={\frac {2}{\sqrt {2}}}\cdot {\frac {2}{\sqrt {2+{\sqrt {2}}}}}\cdot {\frac {2}{\sqrt {2+{\sqrt {2+{\sqrt {2}}}}}}}\cdot \cdots }
3041
+
3042
+ Suite inspirée de la formule de Brent-Salamin (1975) :
3043
+
3044
+ Soient trois suites (An), (Bn) et (Cn) définies simultanément par :
3045
+
3046
+
3047
+
3048
+
3049
+
3050
+
3051
+
3052
+
3053
+
3054
+ A
3055
+
3056
+ 0
3057
+
3058
+
3059
+ =
3060
+ 1
3061
+
3062
+
3063
+
3064
+ A
3065
+
3066
+ n
3067
+ +
3068
+ 1
3069
+
3070
+
3071
+ =
3072
+
3073
+
3074
+
3075
+
3076
+ A
3077
+
3078
+ n
3079
+
3080
+
3081
+ +
3082
+
3083
+ B
3084
+
3085
+ n
3086
+
3087
+
3088
+
3089
+ 2
3090
+
3091
+
3092
+
3093
+
3094
+
3095
+
3096
+
3097
+ B
3098
+
3099
+ 0
3100
+
3101
+
3102
+ =
3103
+
3104
+
3105
+ 1
3106
+
3107
+
3108
+ 2
3109
+
3110
+
3111
+
3112
+
3113
+
3114
+
3115
+
3116
+ B
3117
+
3118
+ n
3119
+ +
3120
+ 1
3121
+
3122
+
3123
+ =
3124
+
3125
+
3126
+
3127
+ A
3128
+
3129
+ n
3130
+
3131
+
3132
+
3133
+
3134
+ B
3135
+
3136
+ n
3137
+
3138
+
3139
+
3140
+
3141
+
3142
+
3143
+
3144
+
3145
+
3146
+ C
3147
+
3148
+ 0
3149
+
3150
+
3151
+ =
3152
+
3153
+
3154
+ 1
3155
+ 4
3156
+
3157
+
3158
+
3159
+
3160
+
3161
+ C
3162
+
3163
+ n
3164
+ +
3165
+ 1
3166
+
3167
+
3168
+ =
3169
+
3170
+ C
3171
+
3172
+ n
3173
+
3174
+
3175
+
3176
+
3177
+ 2
3178
+
3179
+ n
3180
+
3181
+
3182
+
3183
+
3184
+ (
3185
+
3186
+
3187
+
3188
+
3189
+ A
3190
+
3191
+ n
3192
+
3193
+
3194
+
3195
+
3196
+ B
3197
+
3198
+ n
3199
+
3200
+
3201
+
3202
+ 2
3203
+
3204
+
3205
+ )
3206
+
3207
+
3208
+ 2
3209
+
3210
+
3211
+  
3212
+ ;
3213
+
3214
+
3215
+
3216
+
3217
+
3218
+
3219
+ {\displaystyle {\begin{array}{ll}A_{0}=1&A_{n+1}={A_{n}+B_{n} \over 2}\\B_{0}={1 \over {\sqrt {2}}}&B_{n+1}={\sqrt {A_{n}\,B_{n}}}\\C_{0}={1 \over 4}&C_{n+1}=C_{n}-2^{n}\left({A_{n}-B_{n} \over 2}\right)^{2}~;\end{array}}}
3220
+
3221
+
3222
+ on a :
3223
+
3224
+
3225
+
3226
+
3227
+ π
3228
+ =
3229
+
3230
+ lim
3231
+
3232
+ n
3233
+
3234
+
3235
+
3236
+
3237
+
3238
+
3239
+
3240
+ A
3241
+
3242
+ n
3243
+ +
3244
+ 1
3245
+
3246
+
3247
+ 2
3248
+
3249
+
3250
+
3251
+ C
3252
+
3253
+ n
3254
+
3255
+
3256
+
3257
+
3258
+
3259
+
3260
+ {\displaystyle \pi =\lim _{n\to \infty }{A_{n+1}^{2} \over C_{n}}}
3261
+
3262
+ .
3263
+
3264
+ Le nombre de décimales correctes (en base 10) double presque à chaque itération.
3265
+
3266
+ Plus généralement, Euler démontra que ζ(2n) est un multiple rationnel de π2n pour tout entier positif n.
3267
+
3268
+ Soit (xn) la suite des itérés de la fonction logistique de paramètre μ = 4 appliquée à un réel x0 choisi dans l’intervalle [0, 1] (c’est-à-dire qu’on définit, pour tout n ≥ 0,
3269
+
3270
+
3271
+
3272
+
3273
+ x
3274
+
3275
+ n
3276
+ +
3277
+ 1
3278
+
3279
+
3280
+ =
3281
+ 4
3282
+
3283
+ x
3284
+
3285
+ n
3286
+
3287
+
3288
+ (
3289
+ 1
3290
+
3291
+
3292
+ x
3293
+
3294
+ n
3295
+
3296
+
3297
+ )
3298
+
3299
+
3300
+ {\displaystyle x_{n+1}=4x_{n}(1-x_{n})}
3301
+
3302
+ ). La suite (xn) quitte l’intervalle [0, 1] et diverge pour quasiment toutes les valeurs initiales.
3303
+
3304
+ On a
3305
+
3306
+
3307
+
3308
+
3309
+ lim
3310
+
3311
+ n
3312
+
3313
+
3314
+
3315
+
3316
+
3317
+
3318
+ 1
3319
+ n
3320
+
3321
+
3322
+
3323
+
3324
+
3325
+ i
3326
+ =
3327
+ 0
3328
+
3329
+
3330
+ n
3331
+
3332
+
3333
+
3334
+
3335
+
3336
+ x
3337
+
3338
+ i
3339
+
3340
+
3341
+
3342
+
3343
+ =
3344
+
3345
+
3346
+ 2
3347
+ π
3348
+
3349
+
3350
+
3351
+
3352
+
3353
+ {\displaystyle \lim _{n\to \infty }{\frac {1}{n}}\sum _{i=0}^{n}{\sqrt {x_{i}}}={\frac {2}{\pi }}\quad }
3354
+
3355
+ pour presque toutes les valeurs initiales x0.
3356
+
3357
+ Le nombre π apparait également comme étant le double de la limite du sinus intégral à l’infini :
3358
+
3359
+
3360
+
3361
+
3362
+ 2
3363
+
3364
+
3365
+
3366
+ 0
3367
+
3368
+
3369
+
3370
+
3371
+
3372
+
3373
+
3374
+
3375
+ sin
3376
+
3377
+ x
3378
+
3379
+ x
3380
+
3381
+
3382
+
3383
+
3384
+ d
3385
+
3386
+ x
3387
+ =
3388
+ π
3389
+ .
3390
+
3391
+
3392
+ {\displaystyle 2\int _{0}^{\infty }{\frac {\sin x}{x}}\,\mathrm {d} x=\pi .}
3393
+
3394
+ En probabilités et en statistiques, il existe de nombreuses lois qui utilisent la constante π, dont :
3395
+
3396
+ Les deux formules suivantes, tirées de l’analyse, trouvent des applications pratiques en probabilités. L’une permet de montrer la convergence de la loi binomiale vers la loi de Gauss et l’autre permet de calculer la densité d’une loi de Gauss.
3397
+
3398
+ D’autre part, il existe diverses expériences probabilistes où π intervient dans la probabilité théorique. Elles peuvent donc servir, en effectuant un grand nombre d’épreuves, à déterminer une approximation de π.
3399
+
3400
+ L’aiguille de Buffon est une expérience de probabilité proposée par Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon et consistant à calculer la probabilité qu’une aiguille de longueur a, lancée sur un parquet fait de lattes de largeur L, soit à cheval sur deux lattes. Cette probabilité p est[73] :
3401
+
3402
+
3403
+
3404
+
3405
+ p
3406
+ =
3407
+
3408
+
3409
+
3410
+ 2
3411
+ a
3412
+
3413
+
3414
+ π
3415
+ ×
3416
+ L
3417
+
3418
+
3419
+
3420
+ ,
3421
+
3422
+
3423
+ {\displaystyle p={\frac {2a}{\pi \times L}},}
3424
+
3425
+
3426
+ même si l'aiguille est courbe[74],[75].
3427
+
3428
+ Cette formule peut être utilisée pour déterminer une valeur approchée de π :
3429
+
3430
+
3431
+
3432
+
3433
+ π
3434
+
3435
+
3436
+
3437
+
3438
+ 2
3439
+ n
3440
+ a
3441
+
3442
+
3443
+ x
3444
+ L
3445
+
3446
+
3447
+
3448
+ .
3449
+
3450
+
3451
+ {\displaystyle \pi \approx {\frac {2na}{xL}}.}
3452
+
3453
+
3454
+ où n est le nombre d’aiguilles lancées, et x celui d’aiguilles qui sont sur deux lattes à la fois.
3455
+
3456
+ Cette méthode présente rapidement ses limites ; bien que le résultat soit mathématiquement correct, il ne peut pas être utilisé pour déterminer plus que quelques décimales de π expérimentalement. Pour obtenir seulement une valeur approchée de 3,14, il est nécessaire d’effectuer des millions de lancers[73], et le nombre de lancers nécessaires croît exponentiellement avec le nombre de décimales voulu. De plus, une très faible erreur dans la mesure des longueurs L et a va se répercuter de façon importante sur la valeur trouvée de π. Par exemple, une différence de mesure d’un seul atome sur une aiguille de longueur de 10 centimètres va se retrouver dès la neuvième décimale de π. En pratique, les cas où l’aiguille semble toucher exactement la limite entre deux lattes va accroître l’imprécision de l’expérience, de sorte que les erreurs apparaîtront bien avant la neuvième décimale.
3457
+
3458
+ La méthode de Monte Carlo[76] est une autre expérience probabiliste qui consiste à prendre au hasard un point dans un carré de côté 1, la probabilité que ce point soit dans le quart de disque de rayon 1 est π/4 ; cela peut se comprendre facilement étant donné que l'aire du quart du disque est π/4 alors que celle du carré est 1.
3459
+
3460
+ Comme π est transcendant, il n’existe pas d’expression de ce nombre qui fasse uniquement appel à des nombres et des fonctions algébriques. Les formules de calcul de π utilisant l’arithmétique élémentaire impliquent généralement les sommes infinies. Ces formules permettent d’approcher π avec une erreur aussi petite que l’on veut[77], sachant que plus on rajoute de termes dans le calcul, plus le résultat sera proche de π.
3461
+
3462
+ Par conséquent, les calculs numériques doivent utiliser des approximations de π.
3463
+
3464
+ La première approximation numérique de π fut certainement 3[46]. Dans les cas où une situation ne demande que peu de précision, cette valeur peut servir d’approximation convenable. Si 3 est une estimation par défaut, c’est parce qu’il est le rapport entre le périmètre d’un hexagone régulier inscrit dans un cercle et le diamètre de ce cercle.
3465
+
3466
+ Dans de nombreux cas, les approximations 3,14 ou 22/7 suffisent, bien que les ingénieurs aient longtemps utilisé 3,1416 (5 chiffres significatifs) ou 3,14159 (6 chiffres significatifs) pour plus de précision. Les approximations 22/7 et 355/113, avec respectivement 3 et 7 chiffres significatifs, sont obtenues à partir de l’écriture en fraction continue de π. Cependant c’est le mathématicien chinois Zu Chongzhi (祖沖之 en sinogrammes traditionnels, 祖冲之 en sinogrammes simplifiés, Zǔ Chōngzhī en piyin) (429-500) qui a découvert la fraction 355/113 en utilisant la méthode d’Archimède pour calculer le périmètre du polygone régulier à 12 288 côtés inscrit dans un cercle. Aujourd'hui, les approximations numériques le plus souvent utilisées par les ingénieurs sont celles de constantes informatiques prédéfinies.
3467
+
3468
+ L’approximation de π en 355/113 est la meilleure qui puisse être exprimée avec uniquement 3 chiffres au numérateur et au dénominateur. L’approximation 103 993 / 33 102 (qui fournit 10 chiffres significatifs) en exige un nombre beaucoup plus important : cela vient de l’apparition du nombre élevé 292 dans le développement en fraction continue de π[78].
3469
+
3470
+ Dans les calculs numériques usuels sur ordinateur, on utilise plutôt une constante correctement arrondie mais prédéfinie avec une précision d’au moins 16 chiffres significatifs (c’est la meilleure précision représentable par un nombre en virgule flottante au format standard IEEE 754 sur 64 bits, un type généralement désigné « double précision ») et choisie afin que le calcul de son sinus retourne 0 exactement par une fonction définie dans cette même précision. Ainsi le fichier d’entête standard <math.h> utilisé en langage C ou C++ définit la constante M_PI en double précision (le type flottant utilisé par défaut dans de nombreuses fonctions des bibliothèques mathématiques standards) à la valeur de 3,141 592 653 589 793 (parfois avec des chiffres supplémentaires si la plateforme supporte une précision plus étendue pour le type long double). La même valeur est utilisée en langage Java, qui s’appuie sur la même norme IEEE 754, avec la constante standard java.lang.Math.PI[79]). On retrouve cette constante définie ainsi dans de nombreux langages de programmation, avec la meilleure précision possible dans les formats de nombres en virgule flottante supportés, puisque le type « double précision » de la norme IEEE 754 s'est imposé comme une référence de précision minimale nécessaire dans de nombreux langages pour d’innombrables applications.
3471
+
3472
+ Sur des microprocesseurs de la famille x86, les unités de calcul matérielles (FPU) sont capables de représenter des nombres flottants sur 80 bits (utilisables avec cette précision en langage C ou C++ avec le type long double mais sans garantie de support matériel), ce qui porte la précision de π à 19 chiffres significatifs. La dernière révision publiée en 2008 de la norme IEEE 754 comporte aussi la définition de nombres en virgule flottante en « quadruple précision » (ou quad) codés sur 128 bits, ce qui permettrait de définir une approximation de la constante π avec une précision de 34 chiffres significatifs (toutefois cette précision n’est pas encore prise en charge nativement par de nombreux langages de programmation car peu de processeurs permettent cette précision directement au niveau matériel sans un support logiciel supplémentaire).
3473
+
3474
+ Pour les plateformes ou langages ne supportant nativement que les nombres en « simple précision », codés dans la norme IEEE 754 sur 32 bits utiles, pourront être pris en charge 7 chiffres significatifs (le minimum de précision supporté en langage C par le type float), c’est-à-dire la constante correctement arrondie à 3,141593 et équivalente en précision à celle donnée par la fraction 355/113 (cette fraction permet aussi des calculs rapides dans des logiciels pour des systèmes légers ne comportant pas d’unité matérielle de calcul en virgule flottante).
3475
+
3476
+ La suite des dénominateurs partiels du développement en fraction continue de π ne fait apparaître aucun schéma évident[80] :
3477
+
3478
+
3479
+
3480
+
3481
+ π
3482
+ =
3483
+ 3
3484
+ +
3485
+
3486
+
3487
+
3488
+ 1
3489
+
3490
+ 7
3491
+ +
3492
+
3493
+
3494
+
3495
+ 1
3496
+
3497
+ 15
3498
+ +
3499
+
3500
+
3501
+
3502
+ 1
3503
+
3504
+ 1
3505
+ +
3506
+
3507
+
3508
+
3509
+ 1
3510
+
3511
+ 292
3512
+ +
3513
+
3514
+
3515
+
3516
+ 1
3517
+
3518
+ 1
3519
+ +
3520
+
3521
+
3522
+
3523
+ 1
3524
+
3525
+ 1
3526
+ +
3527
+
3528
+
3529
+
3530
+ 1
3531
+
3532
+ 1
3533
+ +
3534
+
3535
+
3536
+
3537
+ 1
3538
+
3539
+ 2
3540
+ +
3541
+
3542
+
3543
+
3544
+ 1
3545
+
3546
+ 1
3547
+ +
3548
+
3549
+
3550
+
3551
+ 1
3552
+
3553
+ 3
3554
+ +
3555
+
3556
+
3557
+
3558
+ 1
3559
+
3560
+ 1
3561
+ +
3562
+
3563
+
3564
+
3565
+ 1
3566
+
3567
+ 14
3568
+ +
3569
+
3570
+
3571
+
3572
+
3573
+
3574
+
3575
+
3576
+
3577
+
3578
+
3579
+
3580
+
3581
+
3582
+
3583
+
3584
+
3585
+
3586
+
3587
+
3588
+
3589
+
3590
+
3591
+
3592
+
3593
+
3594
+
3595
+
3596
+
3597
+
3598
+
3599
+
3600
+
3601
+
3602
+
3603
+
3604
+
3605
+
3606
+
3607
+
3608
+
3609
+
3610
+
3611
+
3612
+
3613
+
3614
+
3615
+
3616
+
3617
+
3618
+
3619
+
3620
+ {\displaystyle \pi =3+\textstyle {\frac {1}{7+\textstyle {\frac {1}{15+\textstyle {\frac {1}{1+\textstyle {\frac {1}{292+\textstyle {\frac {1}{1+\textstyle {\frac {1}{1+\textstyle {\frac {1}{1+\textstyle {\frac {1}{2+\textstyle {\frac {1}{1+\textstyle {\frac {1}{3+\textstyle {\frac {1}{1+\textstyle {\frac {1}{14+\cdots }}}}}}}}}}}}}}}}}}}}}}}}}
3621
+
3622
+ Cependant :
3623
+
3624
+ De nombreuses questions se posent encore : π et e sont deux nombres transcendants mais sont-ils algébriquement indépendants ou bien existe-t-il une équation polynomiale à deux variables et à coefficients entiers dont le couple (π, e) soit une solution ? La question est encore en suspens. En 1929, Alexandre Gelfond prouve que eπ est transcendant[63] et en 1996, Yuri Nesterenko (en) prouve que π et eπ sont algébriquement indépendants.
3625
+
3626
+ Comme dit précédemment, on ignore encore si π est un nombre normal, ou même un nombre univers en base 10.
3627
+
3628
+ Sans doute en raison de la simplicité de sa définition, le nombre pi et particulièrement son écriture décimale sont ancrés dans la culture populaire à un degré plus élevé que tout autre objet mathématique[64]. D’ailleurs, la découverte d’un plus grand nombre de décimales de π fait souvent l’objet d’articles dans la presse généraliste, signe que π est un objet familier même à ceux qui ne pratiquent pas les mathématiques[84].
3629
+
3630
+ Un lac du Canada, situé au Québec dans le territoire non organisé de Rivière-aux-Outardes, porte le nom de Lac 3.1416.
3631
+
3632
+ Une tradition anglo-saxonne veut que l’on fête l’anniversaire de π dans certains départements mathématiques des universités le 14 mars. Le 14 mars qui est noté « 3/14 » en notation américaine, est donc appelé la journée de pi.
3633
+
3634
+ Nombreux sont les sites ou ouvrages qui signalent la présence du nombre π dans les pyramides et, plus précisément, que π est le rapport entre le périmètre de la base et le double de la hauteur des pyramides[85]. Il est vrai que la pyramide de Khéops possède une pente de 14/11 et que par conséquent, le rapport entre la base et la hauteur est de 22/14. Le rapport 22/7 étant une bonne approximation de π, le rapport entre le périmètre et le double de la hauteur de la pyramide de Khéops est bien voisin de π. Faut-il pour autant y chercher une intention ? Rien n’est moins sûr[86] puisque la pente des pyramides n’est pas constante et que, selon les régions et les époques, on trouve des pentes de 6/5 (pyramide rouge), 4/3 (pyramide de Khephren) ou 7/5 (pyramide rhomboïdale) qui conduisent à un rapport entre périmètre et double de la hauteur éloigné de π.
3635
+
3636
+ Il est en tout cas certain que π est présent dans la culture artistique moderne. Par exemple, dans Contact, un roman de Carl Sagan, pi joue un rôle clé dans le scénario et il est suggéré qu’il y ait un message enfoui profondément dans les décimales de π, placé par celui qui a créé l’univers. Cette partie de l’histoire a été écartée de l’adaptation cinématographique du roman.
3637
+
3638
+ Sur le plan cinématographique, π a servi de titre au premier long-métrage de Darren Aronofsky, à qui l’on doit notamment Requiem for a Dream. Pi est un thriller mathématique sur la découverte de la séquence parfaite, révélant ainsi la formule exacte des marchés boursiers de Wall Street ou encore le véritable nom de Dieu.
3639
+
3640
+ Dans le registre musical, l’auteur-compositrice-interprète Kate Bush a sorti en 2005 son album Aerial, qui contenait le morceau « π », dont les paroles sont principalement composées des décimales de π[87].
3641
+
3642
+ Au-delà de la mémorisation de π, usuellement ses 3 à 6 premiers chiffres ou par la remarquable valeur approchée de la fraction 355/113 (7 chiffres significatifs), la mémorisation d’un nombre record de décimales de π a longtemps été et demeure une obsession pour de nombreuses personnes. Le 14 mars 2004, à Oxford, le jeune autiste Asperger Daniel Tammet récite (en 5 heures, 9 minutes et 24 secondes) 22 514 décimales. Le record de mémorisation de π reconnu en 2005 par le Livre Guinness des records était de 67 890 chiffres (Lu Chao, un jeune diplômé chinois[88], en 24 heures et 4 minutes[89]). En octobre 2006, Akira Haraguchi, un ingénieur japonais retraité, récite 100 000 décimales de π en 16 heures et demie[90], mais cet exploit n'est pas validé par le Guinness des records. Le record officiel passe en mars 2015 à 70 000 décimales en 9 h 27 min (Rajveer Meena, un étudiant indien), puis en octobre à 70 030 en 17 h 14 min (Suresh Kumar Sharma, un autre Indien)[91].
3643
+
3644
+ Le 17 juin 2009, Andriy Slyusarchuk (en), un neurochirurgien et professeur ukrainien, affirma avoir mémorisé 30 millions de décimales de π, qui ont été imprimées en 20 volumes[92]. Bien qu’il n’ait pas récité les 30 millions de chiffres qu’il a dit avoir retenus (ce qui, au demeurant, lui aurait pris plus d'un an), certains médias prétendent qu’il était en mesure de réciter dix décimales sélectionnées aléatoirement parmi les volumes imprimés[réf. souhaitée]. La comparaison avec les valeurs officiellement retenues par le Guinness des records amène cependant les experts à mettre sérieusement en doute cette affirmation[réf. souhaitée].
3645
+
3646
+ Il y a plusieurs façons de retenir les décimales de π, dont des poèmes dont le nombre de lettres de chaque mot correspond à une décimale, les mots de dix lettres représentant un 0. En voici un exemple[93] :
3647
+
3648
+ Que j’aime à faire apprendre un nombre utile aux sages !
3649
+ Immortel Archimède, artiste, ingénieur,
3650
+ Qui de ton jugement peut priser la valeur ?
3651
+ Pour moi ton problème eut de pareils avantages.
3652
+
3653
+ Jadis, mystérieux, un problème bloquait
3654
+ Tout l’admirable procédé, l’œuvre grandiose
3655
+ Que Pythagore découvrit aux anciens Grecs.
3656
+ Ô quadrature ! Vieux tourment du philosophe
3657
+
3658
+ Insoluble rondeur, trop longtemps vous avez
3659
+ Défié Pythagore et ses imitateurs.
3660
+ Comment intégrer l’espace plan circulaire ?
3661
+ Former un triangle auquel il équivaudra ?
3662
+
3663
+ Nouvelle invention : Archimède inscrira
3664
+ Dedans un hexagone ; appréciera son aire
3665
+ Fonction du rayon. Pas trop ne s’y tiendra :
3666
+ Dédoublera chaque élément antérieur ;
3667
+
3668
+ Toujours de l’orbe calculée[n] approchera ;
3669
+ Définira limite ; enfin, l’arc, le limiteur[o]
3670
+ De cet inquiétant cercle, ennemi trop rebelle
3671
+ Professeur, enseignez son problème avec zèle.
3672
+
3673
+ Cette méthode présente ses limites pour la mémorisation d’un très grand nombre de décimales, où il semble plus opportun d’utiliser des méthodes comme la méthode des loci[94],[95].
3674
+
3675
+ En 2001, le mathématicien Robert Palais écrit l'article π is wrong!, dans lequel il estime que la constante est mal définie et devrait être posée comme le rapport entre le périmètre d'un cercle et son rayon, amenant sa valeur numérique à 6,2831853071795..., dans un souci de simplification des formules usuelles qui feraient intervenir plus souvent 2π que π[96]. Michael Hartl a repris ses arguments dans le Tau Manifesto, dans lequel il propose de privilégier l'usage d'une nouvelle constante, τ=2π[97]. Depuis, des défenseurs de τ ont créé le Tau day au 28 juin (6/28) en concurrence avec le Pi day du 14 mars (3/14)[98].
3676
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Un nombre premier est un entier naturel qui admet exactement deux diviseurs distincts entiers et positifs. Ces deux diviseurs sont 1 et le nombre considéré, puisque tout nombre a pour diviseurs 1 et lui-même (comme le montre l’égalité n = 1 × n), les nombres premiers étant ceux qui n’en possèdent aucun autre. Par exemple, le nombre entier 7 est premier car 1 et 7 sont les seuls diviseurs entiers et positifs de 7.
2
+
3
+ Par opposition, on appelle nombre composé tout nombre entier qui est le produit de deux entiers strictement supérieurs à 1 et possède de ce fait au moins trois diviseurs ; sont composés, par exemple, 4 = 2 × 2 qui en possède 3 (à savoir 1, 2 et 4), 9 = 3 × 3 qui en possède 3 (à savoir 1, 3 et 9) et 12 = 2 × 2 × 3 qui en possède 6 (à savoir 1, 2, 3, 4, 6 et 12).
4
+
5
+ Selon cette définition, les nombres 0 et 1 ne sont donc ni premiers ni composés : 1 n'est pas premier car il n'a qu'un seul diviseur entier positif et 0 non plus car il est divisible par tous les entiers positifs. Autrefois certains mathématiciens, grâce à une définition légèrement différente de nombre premier, considéraient que 1 en était un. Mais au début du XXe siècle, un consensus a abouti à la définition donnée ici, qui exclut 1 des nombres premiers[1].
6
+
7
+ Les vingt-cinq nombres premiers inférieurs à 100 sont :
8
+ 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37, 41, 43, 47, 53, 59, 61, 67, 71, 73, 79, 83, 89, et 97.
9
+
10
+ De telles listes de nombres premiers inférieurs à une borne donnée, ou compris entre deux bornes, peuvent être obtenues grâce à diverses méthodes de calcul. Mais il ne peut pas y avoir de liste exhaustive finie des nombres premiers, car on sait (depuis l'Antiquité : voir Théorème d'Euclide sur les nombres premiers) qu'il en existe une infinité.
11
+
12
+ La notion de nombre premier est une notion de base en arithmétique élémentaire : le théorème fondamental de l'arithmétique assure qu'un nombre composé est factorisable en un produit de nombres premiers, et que cette factorisation est unique à l'ordre des facteurs près. Elle admet des généralisations importantes, mais délicates, dans des branches des mathématiques plus avancées, comme la théorie algébrique des nombres, qui prennent ainsi à leur tour l'appellation d'arithmétique. Par ailleurs, de nombreuses applications industrielles de l'arithmétique reposent sur la connaissance algorithmique des nombres premiers, et parfois plus précisément sur la difficulté des problèmes algorithmiques qui leur sont liés ; c'est le cas de certains systèmes cryptographiques et des méthodes de transmission de l'information. Les nombres premiers sont aussi utilisés pour construire des tables de hachage et pour constituer des générateurs de nombres pseudo-aléatoires.
13
+
14
+ Découvert le 7 décembre 2018, le plus grand nombre premier connu est le nombre premier de Mersenne 282 589 933 – 1, qui comporte plus de 24 millions de chiffres en écriture décimale.
15
+
16
+ Les entailles retrouvées sur l'os d'Ishango daté à plus de 20 000 ans avant notre ère, mis au jour par l'archéologue Jean de Heinzelin de Braucourt[2] et antérieur à l'apparition de l'écriture (antérieur à 3 200 ans av. J.-C.), semblent isoler quatre groupes de valeurs : 11, 13, 17 et 19. Certains archéologues l'interprètent comme la preuve de la connaissance des nombres premiers. Toutefois, il existe trop peu de découvertes permettant de cerner les connaissances réelles de cette période ancienne[3].
17
+
18
+ Des tablettes d'argile séchées attribuées aux civilisations qui se sont succédé en Mésopotamie durant le IIe millénaire av. J.‑C. montrent la résolution de problèmes arithmétiques et attestent des premières connaissances de l'époque. Les calculs nécessitaient de connaître des tables d'inverses d'entiers (les réciproques) dont certaines ont été retrouvées. Dans le système sexagésimal utilisé par la civilisation babylonienne pour écrire les entiers, les réciproques des diviseurs des puissances de 60 (nombres réguliers) se calculent facilement : par exemple, diviser par 24, c'est multiplier par 2 × 60 + 30 (= 150) puis décaler la virgule de deux rangs vers la droite (soit diviser par 602 =3600), puisque 1/24 = 150/3600. Leur connaissance nécessitait une bonne compréhension de la multiplication, de la division. Dans les mathématiques égyptiennes, le calcul fractionnaire demandait aussi des connaissances sur les opérations et les divisions d’entiers. Les textes mathématiques égyptiens ne notaient que certaines fractions, en particulier celles correspondant actuellement aux inverses d’entiers (1/2, 1/3, 1/4, 1/5, …) ; l’écriture des fractions se faisait en additionnant ces « inverses d'entiers », si possible sans répétition (1/2 + 1/6 au lieu de 1/3 + 1/3)[4]. Mais il n'y a pas de trace de factorisation d'entiers ou de nombres premiers dans ces textes[5].
19
+
20
+ La première trace incontestable de la présentation des nombres premiers remonte à l'Antiquité (vers 300 av. J.-C.), et se trouve dans les Éléments d’Euclide (livres VII à IX). Euclide donne une définition des nombres premiers, la preuve de leur infinité, la définition du plus grand commun diviseur (pgcd) et du plus petit commun multiple (ppcm), et les algorithmes pour les déterminer, aujourd’hui appelés algorithmes d’Euclide. Il est possible que les connaissances présentées soient antérieures.
21
+
22
+ L'esprit ludique et l'émulation ont amené des mathématiciens à définir des seuils de gigantisme pour les nombres premiers[réf. nécessaire], exprimés en nombre de chiffres en base dix. Parmi ces records, battus ou à battre, on notera en particulier :
23
+
24
+ En janvier 2016, 149 méganombres premiers étaient connus[6]. Le premier à être découvert fut, en 1999, le nombre de Mersenne 26 972 593 − 1 avec ses 2 098 960 chiffres[7],[8], grâce aux efforts du projet collaboratif de calcul distribué Great Internet Mersenne Prime Search (GIMPS).
25
+
26
+ L'Electronic Frontier Foundation offre des prix de calcul coopératif pour encourager les internautes à contribuer à la résolution de problèmes scientifiques par le calcul distribué. Le GIMPS a ainsi reçu 100 000 dollars pour sa découverte en 2008 du premier nombre premier d'au moins 10 millions de chiffres décimaux. L'EFF offre encore 150 000 et 250 000 dollars respectivement pour la découverte du premier nombre premier de 100 millions et 1 milliard de chiffres décimaux[9].
27
+
28
+ Le record du plus grand nombre premier connu a presque toujours été trouvé parmi les nombres de Mersenne, comme le dernier en date, M82589933 = 282 589 933 – 1, un nombre ayant 24 862 048 chiffres décimaux.
29
+
30
+ Découvrir un nombre premier plus grand que tous ceux déjà connus n'implique pas de connaître tous les nombres premiers intermédiaires.
31
+
32
+ Plus généralement, la recherche de tous les nombres premiers inférieurs à un nombre donné (premier ou non) constitue un défi mathématique spécifique.
33
+
34
+ Notes :
35
+ (*)   π(s) est la quantité totale de nombres premiers situés sous le seuil s (c'est-à-dire dans l'intervalle d'entiers
36
+
37
+
38
+
39
+ [
40
+
41
+ [
42
+ 0
43
+ ,
44
+ s
45
+ ]
46
+
47
+ ]
48
+
49
+
50
+ {\displaystyle [\![0,s]\!]}
51
+
52
+ ).
53
+ La connaissance de π(s) par un calcul algorithmique n'implique pas nécessairement que chacun des nombres premiers soit immédiatement identifiable.
54
+ La décomposition en facteurs permet au contraire d'identifier les nombres premiers individuellement.
55
+
56
+ La notion de nombre premier est liée à l'étude de la structure multiplicative de l'anneau des entiers relatifs. Le théorème fondamental de l'arithmétique, basé sur le lemme d'Euclide, élucide cette structure en assurant que tout entier strictement positif se factorise en un produit de nombres premiers, de manière unique à l'ordre des facteurs près. Ce théorème permet de déterminer des notions de pgcd, ppcm, et de nombres premiers entre eux, qui sont utiles pour la résolution de certaines équations diophantiennes, notamment la caractérisation des triplets pythagoriciens.
57
+
58
+ D'autres problèmes naturels sont envisagés, comme la détermination de la proportion d'entiers premiers à un entier fixé. L'introduction de structures algébriques plus avancées permet de résoudre ce problème rapidement dans le cadre de l'arithmétique modulaire. De nombreux théorèmes classiques de nature arithmétique peuvent être énoncés, comme le petit théorème de Fermat, ou le théorème de Wilson ; ou des théorèmes de nature plus algébrique comme le théorème des restes chinois.
59
+
60
+ Le théorème des restes chinois est un premier résultat dans l'étude des groupes abéliens finis[13]. Il met en évidence que la structure de ces groupes est en partie liée à la décomposition en produit de facteurs premiers de leurs cardinaux. Les choses sont plus compliquées pour les groupes non abéliens, cependant, l'étude se base à nouveau sur la décomposition en facteurs premiers de leurs cardinaux, à travers la théorie de Sylow.
61
+
62
+ Les nombres premiers interviennent aussi dans les structures topologiques. Le corps des nombres rationnels admet une structure topologique habituelle, qui donne par complétion le corps des nombres réels. Pour chaque nombre premier p, une autre structure topologique peut être construite, à partir de la norme suivante : si
63
+
64
+
65
+
66
+ x
67
+ =
68
+
69
+
70
+ a
71
+ b
72
+
73
+
74
+
75
+
76
+ {\displaystyle x={\frac {a}{b}}}
77
+
78
+ est un nombre rationnel non nul sous forme irréductible et que
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+ p
84
+
85
+ α
86
+
87
+
88
+
89
+
90
+ {\displaystyle p^{\alpha }}
91
+
92
+ et
93
+
94
+
95
+
96
+
97
+ p
98
+
99
+ β
100
+
101
+
102
+
103
+
104
+ {\displaystyle p^{\beta }}
105
+
106
+ sont les plus grandes puissances de p divisant a et b, la norme p-adique de x est
107
+
108
+
109
+
110
+
111
+ p
112
+
113
+ β
114
+
115
+ α
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ {\displaystyle p^{\beta -\alpha }}
121
+
122
+ . En complétant le corps des rationnels suivant cette norme, on obtient le corps des nombres p-adiques, introduit par Kurt Hensel au début du XXe siècle. Le théorème d'Ostrowski assure que ces normes p-adiques et la norme habituelle sont les seules sur le corps des nombres rationnels, à équivalence près[14].
123
+
124
+ Il existe des types remarquables de nombres premiers, définis par des contraintes particulières. Les quelques cas ci-dessous sont parmi les plus connus.
125
+
126
+ On appelle parfois nombre premier « de Pythagore » tout nombre premier de la forme 4n + 1, où n est un entier naturel. Par exemple, le nombre premier 5 est de Pythagore. Un nombre premier impair est de Pythagore si et seulement s'il est somme de deux carrés.
127
+
128
+ Les nombres premiers de la forme :
129
+
130
+
131
+
132
+
133
+
134
+ M
135
+
136
+ p
137
+
138
+
139
+ =
140
+
141
+ 2
142
+
143
+ p
144
+
145
+
146
+
147
+ 1
148
+
149
+
150
+ {\displaystyle M_{p}=2^{p}-1}
151
+
152
+
153
+ où p est alors nécessairement aussi premier, sont appelés nombres premiers de Mersenne. Les grands nombres premiers sont souvent recherchés sous cette forme car il existe un test efficace, le test de primalité de Lucas-Lehmer, pour déterminer si un tel nombre est premier ou non.
154
+
155
+ Entre 2008 et 2012, le plus grand nombre premier connu était M43 112 609 = 243 112 609 – 1, qui comporte 12 978 189 chiffres en écriture décimale. Il s'agit (chronologiquement) du 45e nombre premier de Mersenne connu et sa découverte a été annoncée le 23 août 2008 par le GIMPS. Un 46e nombre premier de Mersenne, 237 156 667 – 1, inférieur au précédent, a été découvert deux semaines plus tard ; le 12 avril 2009 était découvert, par le même projet GIMPS, un 47e nombre premier de Mersenne, 242 643 801 – 1, lui aussi inférieur au premier cité.
156
+
157
+ Ce record a été battu (toujours par le GIMPS) par la preuve de la primalité de M57 885 161 = 257 885 161 – 1 (en janvier 2013) puis à nouveau, le 7 janvier 2016, par celle de M74 207 281, le 3 janvier 2018, par celle de M77 232 917, et enfin, le 7 décembre 2018, par celle de M82 589 933.
158
+
159
+ Les nombres de la forme :
160
+
161
+
162
+
163
+
164
+
165
+ F
166
+
167
+ n
168
+
169
+
170
+ =
171
+
172
+ 2
173
+
174
+
175
+ 2
176
+
177
+ n
178
+
179
+
180
+
181
+
182
+ +
183
+ 1
184
+
185
+
186
+ {\displaystyle F_{n}=2^{2^{n}}+1}
187
+
188
+
189
+ sont appelés les nombres de Fermat. Fermat avait conjecturé que tous ces nombres étaient premiers[15]. Cependant, les seuls nombres de Fermat premiers connus sont
190
+
191
+ Le nombre de Fermat F5 est seulement semi-premier. Il est divisible par 641.
192
+
193
+ Il s'agit du premier contre-exemple à cette conjecture de Fermat, découvert par Euler en 1732. Tous les autres nombres de Fermat calculés depuis sont composés, au point que l'objectif s'est transformé en la recherche effrénée d'un autre nombre de Fermat premier.
194
+
195
+ Deux nombres premiers sont dits jumeaux s'ils ne diffèrent que de 2. Les trois plus petits couples de nombres premiers jumeaux sont (3, 5), (5, 7) et (11, 13). Le plus grand connu est 2 996 863 034 895 × 221 290 000 ± 1 ; les deux nombres possèdent 388 342 chiffres (septembre 2016).
196
+
197
+ Il est conjecturé qu'il existe une infinité de nombres premiers jumeaux.
198
+
199
+ Un nombre premier G est un nombre premier de Sophie Germain si 2G + 1 est aussi un nombre premier, appelé nombre premier sûr.
200
+
201
+ Les dix premiers nombres premiers de Sophie Germain sont 2, 3, 5, 11, 23, 29, 41, 53, 83, 89.
202
+
203
+ Il est conjecturé qu'il existe une infinité de nombres premiers de Sophie Germain.
204
+
205
+ Un nombre premier brésilien p est un nombre premier qui est répunit avec un nombre premier impair de 1 dans une base b ; la réciproque est fausse comme le montrent 57 = 1117 = 3 × 19 ou encore 121 = 111113 = 11 x 11.
206
+
207
+ Le plus petit nombre premier brésilien est 7 = 1112 ; 43 = 1116 et 127 = 11111112 sont d'autres exemples.
208
+
209
+ La suite des nombres premiers brésiliens commence par 7, 13, 31, 43, 73, 127, 157, 211, 241, 307, 421, 463 , etc. (suite A085104 de l'OEIS).
210
+
211
+ Seuls deux nombres premiers brésiliens sont connus pour être brésiliens dans deux bases différentes, ce sont les deux nombres de la conjecture de Goormaghtigh: 31 = 111112 = 1115 et 8191 = 11111111111112 = 11190.
212
+
213
+ On conjecture qu'il existe une infinité de nombres premiers brésiliens, mais, alors que la série des inverses des nombres premiers est divergente, la série des inverses des nombres premiers brésiliens est convergente vers un nombre, appelé « constante des nombres premiers brésiliens », légèrement supérieure à 0,33 et qui est étudiée dans la séquence  A306759.
214
+
215
+ Tout nombre premier de Mersenne supérieur ou égal à 7 est brésilien par définition. Par exemple,
216
+
217
+
218
+
219
+
220
+ M
221
+
222
+ 5
223
+
224
+
225
+ =
226
+
227
+ 2
228
+
229
+ 5
230
+
231
+
232
+
233
+ 1
234
+ =
235
+ 31
236
+ =
237
+
238
+ 11111
239
+
240
+ 2
241
+
242
+
243
+
244
+
245
+ {\displaystyle M_{5}=2^{5}-1=31=11111_{2}}
246
+
247
+ .
248
+
249
+ Par contre, tout nombre de Fermat
250
+
251
+
252
+
253
+
254
+ F
255
+
256
+ n
257
+
258
+
259
+ =
260
+
261
+ 2
262
+
263
+
264
+ 2
265
+
266
+ n
267
+
268
+
269
+
270
+
271
+ +
272
+ 1
273
+
274
+
275
+ {\displaystyle F_{n}=2^{2^{n}}+1}
276
+
277
+ premier est non brésilien[16].
278
+
279
+ Les plus petits nombres des couples de nombres premiers jumeaux qui sont brésiliens sont plutôt rares (ils figurent dans la suite  A306849), et plus généralement, les nombres premiers brésiliens sont relativement rares ; ainsi, sur les premiers 1012 entiers naturels, il existe 37 607 912 018 nombres premiers dont seulement 88 285 sont des premiers brésiliens.
280
+
281
+ Les premiers algorithmes pour décider si un nombre est premier (appelés tests de primalité) consistent à essayer de le diviser par tous les nombres qui n'excèdent pas sa racine carrée : s'il est divisible par l'un d'entre eux, il est composé, et sinon, il est premier. Cependant, l'algorithme déduit de cette formulation peut être rendu plus efficace : il suggère beaucoup de divisions inutiles, par exemple, si un nombre n'est pas divisible par 2, il est inutile de tester s'il est divisible par 4. En fait, il suffit de tester sa divisibilité par tous les nombres premiers n'excédant pas sa racine carrée.
282
+
283
+ Le crible d'Ératosthène est une méthode, reposant sur cette idée, qui fournit la liste des nombres premiers inférieurs à une valeur fixée n (n = 120 dans l'animation ci-contre) :
284
+
285
+ Ainsi les nombres premiers inférieurs à n sont les nombres qui restent non barrés à la fin du processus. Cet algorithme est de complexité algorithmique exponentielle.
286
+
287
+ Le crible d'Ératosthène fournit donc plus d'information que la seule primalité de n. Si seule cette information est souhaitée, une variante parfois plus efficace consiste à ne tester la divisibilité de n que par des petits nombres premiers dans une liste fixée au préalable (par exemple 2, 3 et 5), puis par tous les nombres entiers inférieurs à la racine carrée de n qui ne sont divisibles par aucun des petits nombres premiers choisis ; cela amène à tester la divisibilité par des nombres non premiers (par exemple 49 si les petits premiers sont 2, 3 et 5 et que n excède 2500), mais un choix d'un nombre suffisant de petits nombres premiers doit permettre de contrôler le nombre de tests inutiles effectués[17].
288
+
289
+ Une variante du crible d'Ératosthène est le crible de Sundaram qui consiste à former les produits de nombres impairs. Les nombres qui ne sont pas atteints par cette méthode sont les nombres premiers impairs, c'est-à-dire tous les nombres premiers sauf 2. Par ailleurs, à partir du crible d'Ératosthène, la factorisation de l'entier n peut facilement être trouvée. D'autres méthodes plus générales concernant ce problème plus difficile que simplement déterminer la primalité sont aussi appelées méthodes de crible, la plus efficace étant actuellement le crible général des corps de nombres[18].
290
+
291
+ Les algorithmes présentés précédemment ont une complexité trop importante pour pouvoir être menés à terme, même avec les ordinateurs les plus puissants, quand n devient grand.
292
+
293
+ Une autre classe d'algorithme consiste à tester l'entier n pour une famille de propriétés vérifiées par les nombres premiers : si une propriété de cette famille n'est pas vérifiée pour n, alors il est composé ; en revanche, le fait qu'une des propriétés de la famille soit vérifiée pour n ne suffit pas à assurer la primalité. Toutefois, si cette famille est telle qu'un nombre composé ne vérifie pas au moins la moitié des propriétés en jeu, alors l'utilisateur peut estimer qu'un nombre n qui vérifie k propriétés de la famille est premier avec une probabilité supérieure à 1 – 2–k : il est déclaré probablement premier à partir d'une valeur de k à choisir par l'utilisateur ; un nombre déclaré probablement premier, mais qui n'est pas premier est appelé nombre pseudo-premier. Un test basé sur ce principe est appelé test probabiliste de primalité. De tels tests reposent souvent sur le petit théorème de Fermat, amenant au test de primalité de Fermat, et à ses raffinements : le test de primalité de Solovay-Strassen et celui de Miller-Rabin, qui sont des améliorations, car ils admettent moins de nombres pseudo-premiers[19],[20].
294
+
295
+ L'algorithme AKS mis au point en 2002 permet de déterminer (avec certitude) si un nombre donné N est premier en utilisant un temps de calcul polynomial.
296
+
297
+ De nombreuses formules ont été cherchées pour générer les nombres premiers. Le plus haut niveau d'exigence serait de trouver une formule qui à un entier n associe le n-ième nombre premier. De manière un peu plus souple, on peut se contenter d'exiger une fonction f qui à tout entier n associe un nombre premier et telle que chaque valeur prise ne le soit qu'une fois.
298
+
299
+ Enfin, on souhaite que la fonction soit calculable en pratique[21] (ce qui n'est pas le cas de la formule de Mills). Par exemple, le théorème de Wilson assure que p est un nombre premier si et seulement si (p -1)! ≡ -1 mod p.
300
+ Il s'ensuit que la fonction f(n) = 2 + [((n - 1)!) mod n] vaut
301
+ n si n est un nombre premier et vaut 2 sinon. Cependant, le calcul de la factorielle (même modulo
302
+
303
+
304
+
305
+ n
306
+
307
+
308
+ {\displaystyle n}
309
+
310
+ ) est rédhibitoire pour de grandes valeurs de n, et cette fonction a donc peu d'utilité pour générer des nombres premiers.
311
+
312
+ Il est donc tentant de chercher des fonctions polynomiales dont les valeurs
313
+ sont des nombres premiers. Ceci a conduit au résultat (négatif) suivant : un polynôme (à une ou plusieurs variables) dont les valeurs aux entiers naturels sont des nombres premiers, est un polynôme constant[22].
314
+
315
+ La recherche de polynômes vérifiant une propriété plus faible s'est développée à partir de la notion d'ensemble diophantien de nombres entiers ; de tels ensembles peuvent être caractérisés comme les ensembles de valeurs strictement positives prises par un polynôme (à plusieurs variables) dont les coefficients et les variables sont des nombres entiers.
316
+
317
+ Un travail mené dans les années 1960 et 1970, notamment par Putnam, Matiyasevich, Davis et Robinson, permet de montrer que l'ensemble des nombres premiers est diophantien, conduisant à l'existence de polynômes à coefficients et variables entières dont toutes les valeurs positives sont les nombres premiers. L'écriture de divers polynômes explicites a ensuite été possible, avec différents nombres de variables, et divers degrés. Notamment, Jones, Sato, Wada et Wiens ont déterminé en 1976 un tel polynôme, de degré 25 à 26 variables.
318
+
319
+ De même que pour les formules à factorielles, l'exploitation de ce polynôme ne donne aucun résultat en pratique car il ne donne pratiquement que des valeurs négatives quand on fait varier les variables a à z de 0 à l'infini.
320
+
321
+ La notion d'ensemble diophantien s'est plus généralement développée à partir des problèmes posés par le dixième problème de Hilbert sur les équations diophantiennes[23].
322
+
323
+ Euclide a démontré dans ses Éléments (proposition 20 du Livre IX) que les nombres premiers sont en plus grande quantité que toute quantité proposée de nombres premiers. Autrement dit, il existe une infinité de nombres premiers. La démonstration d'Euclide repose sur la constatation qu'une famille finie p1,...,pn de nombres premiers étant donnée, tout nombre premier divisant le produit des éléments de cette famille augmenté de 1 est en dehors de cette famille (et un tel diviseur existe, ce qui est aussi prouvé par Euclide)[24].
324
+
325
+ D'autres démonstrations de l'infinité des nombres premiers ont été données. La preuve d'Euler[25] utilise l'identité :
326
+
327
+ Dans la formule précédente, le terme de gauche est la somme de la série harmonique, qui est divergente. Par conséquent, le produit de droite doit contenir une infinité de facteurs.
328
+
329
+ Furstenberg fournit une preuve utilisant une argumentation topologique[26].
330
+
331
+ Le premier résultat sur le comportement des nombres premiers à l’infini est dû à Euler :
332
+
333
+ Théorème de raréfaction d’Euler (1737) — La série des inverses des nombres premiers est divergente :
334
+
335
+
336
+
337
+
338
+
339
+
340
+ p
341
+
342
+
343
+ premier
344
+
345
+
346
+
347
+
348
+
349
+ 1
350
+ p
351
+
352
+
353
+
354
+ =
355
+
356
+ +
357
+
358
+
359
+ .
360
+
361
+
362
+ {\displaystyle \sum _{p\,{\text{premier}}}{\frac {1}{p}}\,=\,+\,\infty .}
363
+
364
+ Comme la série des inverses de tous les entiers est également divergente, cela indique intuitivement que, si les nombres premiers se raréfient à l’infini, ils ne se raréfient pas très vite [27].
365
+
366
+ Par ailleurs, le résultat sur l'infinité des nombres premiers amène à se demander combien il y a de nombres premiers jusqu’à un nombre donné et à étudier la fonction correspondante. Pour cela, on désigne, pour tout nombre premier
367
+
368
+
369
+
370
+ p
371
+ ,
372
+
373
+
374
+ {\displaystyle p,}
375
+
376
+ son rang dans la suite croissante des nombres premiers, comme indiqué dans le tableau suivant pour les 25 nombres premiers inférieurs à 100 :
377
+
378
+ Pour
379
+
380
+
381
+
382
+ x
383
+
384
+
385
+ {\displaystyle x}
386
+
387
+ une variable réelle,
388
+
389
+
390
+
391
+ π
392
+ (
393
+ x
394
+ )
395
+
396
+
397
+ {\displaystyle \pi (x)}
398
+
399
+ est définie comme le nombre de nombres premiers
400
+
401
+
402
+
403
+
404
+ x
405
+ .
406
+
407
+
408
+ {\displaystyle \leq x.}
409
+
410
+ Cette fonction réelle à valeurs entières est appellée fonction de compte des nombres premiers. C’est une fonction en escalier, constante entre deux nombres premiers successifs :
411
+
412
+
413
+
414
+ π
415
+ (
416
+ x
417
+ )
418
+
419
+
420
+ {\displaystyle \pi (x)}
421
+
422
+ est égal à
423
+
424
+
425
+
426
+ π
427
+ (
428
+ q
429
+ )
430
+
431
+
432
+ {\displaystyle \pi (q)}
433
+
434
+ ,
435
+
436
+
437
+
438
+ q
439
+
440
+
441
+ {\displaystyle q}
442
+
443
+ étant le plus grand nombre premier
444
+
445
+
446
+
447
+
448
+ x
449
+ .
450
+
451
+
452
+ {\displaystyle \leq x.}
453
+
454
+ Restreinte au domaine de définition
455
+
456
+
457
+
458
+
459
+ P
460
+
461
+
462
+
463
+ {\displaystyle \mathbb {P} }
464
+
465
+ , la fonction
466
+
467
+
468
+
469
+ π
470
+
471
+
472
+ {\displaystyle \pi }
473
+
474
+ a une fonction réciproque, généralement notée
475
+
476
+
477
+
478
+
479
+ p
480
+
481
+ n
482
+
483
+
484
+
485
+
486
+ {\displaystyle p_{n}}
487
+
488
+ , qui représente le n-ième nombre premier, par exemple
489
+
490
+
491
+
492
+
493
+ p
494
+
495
+ 16
496
+
497
+
498
+ =
499
+ 53
500
+
501
+
502
+ {\displaystyle p_{16}=53}
503
+
504
+ .
505
+
506
+ La fonction
507
+
508
+
509
+
510
+ π
511
+ (
512
+ x
513
+ )
514
+
515
+
516
+ {\displaystyle \pi (x)}
517
+
518
+ est croissante et tend vers l’infini[24]. C’est une conséquence triviale du théorème de l’infinité des nombres premiers (voir section précédente).
519
+
520
+ Le premier résultat important sur
521
+
522
+
523
+
524
+ π
525
+ (
526
+ x
527
+ )
528
+
529
+
530
+ {\displaystyle \pi (x)}
531
+
532
+ est obtenu par Legendre :
533
+
534
+ Théorème de raréfaction de Legendre — Le rapport
535
+
536
+
537
+
538
+
539
+
540
+
541
+ π
542
+ (
543
+ x
544
+ )
545
+
546
+ x
547
+
548
+
549
+
550
+
551
+ {\displaystyle {\frac {\pi (x)}{x}}}
552
+
553
+ tend vers zéro quand
554
+
555
+
556
+
557
+ x
558
+
559
+
560
+ {\displaystyle x}
561
+
562
+ tend vers l’infini.
563
+
564
+ Vers la fin du XVIIIe siècle, Legendre (1797) et Gauss (1792) conjecturent que la fonction de compte des nombres premiers
565
+
566
+
567
+
568
+ π
569
+ (
570
+ x
571
+ )
572
+
573
+
574
+ {\displaystyle \pi (x)}
575
+
576
+ est équivalente à la fonction
577
+
578
+
579
+
580
+
581
+
582
+ x
583
+
584
+ ln
585
+
586
+ (
587
+ x
588
+ )
589
+
590
+
591
+
592
+
593
+
594
+ {\displaystyle {\frac {x}{\ln(x)}}}
595
+
596
+ quand
597
+
598
+
599
+
600
+ x
601
+
602
+
603
+ {\displaystyle x}
604
+
605
+ tend vers l'infini. Dit autrement, la proportion de nombres premiers parmi les nombres inférieurs à
606
+
607
+
608
+
609
+ x
610
+ ,
611
+
612
+
613
+ {\displaystyle x,}
614
+
615
+ c’est-à-dire
616
+
617
+
618
+
619
+
620
+
621
+
622
+ π
623
+ (
624
+ x
625
+ )
626
+
627
+ x
628
+
629
+
630
+ ,
631
+
632
+
633
+ {\displaystyle {\frac {\pi (x)}{x}},}
634
+
635
+ tend vers 0 à la vitesse de
636
+
637
+
638
+
639
+
640
+
641
+ 1
642
+
643
+ ln
644
+
645
+ x
646
+
647
+
648
+
649
+
650
+
651
+ {\displaystyle {\frac {1}{\ln x}}}
652
+
653
+ .
654
+
655
+ On peut apprécier la pertinence de cette conjecture en examinant le tableau des valeurs de
656
+
657
+
658
+
659
+
660
+
661
+
662
+ π
663
+ (
664
+ x
665
+ )
666
+
667
+ x
668
+
669
+
670
+
671
+
672
+ {\displaystyle {\frac {\pi (x)}{x}}}
673
+
674
+ et de
675
+
676
+
677
+
678
+
679
+
680
+
681
+ π
682
+ (
683
+ x
684
+ )
685
+
686
+
687
+ x
688
+
689
+ ln
690
+
691
+ (
692
+ x
693
+ )
694
+
695
+
696
+
697
+
698
+
699
+
700
+ {\displaystyle {\frac {\pi (x)}{\frac {x}{\ln(x)}}}}
701
+
702
+ pour les valeurs de
703
+
704
+
705
+
706
+ x
707
+
708
+
709
+ {\displaystyle x}
710
+
711
+ égales aux premières puissances entières de 10 :
712
+
713
+ Il faudra tout le XIXe siècle pour que la conjecture soit démontrée (voir section suivante).
714
+
715
+ Une première avancée vers la démonstration de la conjecture de Legendre-Gauss [28] est obtenue par Tchebychev à partir de 1848 :
716
+
717
+ Théorème de Tchebychev — Il existe deux constantes C et D telles qu'on ait l'encadrement, pour x assez grand :
718
+
719
+ la conjecture de Legendre-Gauss consistant à affirmer la validité de l’énoncé pour n’importe quel
720
+
721
+
722
+
723
+
724
+ C
725
+
726
+ <
727
+ 1
728
+
729
+
730
+ {\displaystyle \mathrm {C} <1}
731
+
732
+ et n’importe quel
733
+
734
+
735
+
736
+
737
+ D
738
+
739
+ >
740
+ 1.
741
+
742
+
743
+ {\displaystyle \mathrm {D} >1.}
744
+
745
+ Il démontre également le théorème suivant sur la raréfaction des nombres premiers :
746
+
747
+ Comme conséquence des inégalités ci-dessus, Tchebychev peut aussi démontrer le postulat de Bertrand selon lequel dans tout intervalle d'entiers naturels, entre un entier et son double existe au moins un nombre premier[29].
748
+
749
+ En reprenant l’étude d’Euler, au moyen d'un outil appelé caractère de Dirichlet, et en utilisant à la place de la fonction zêta de Riemann des fonctions analogues appelées fonction L de Dirichlet, Dirichlet est capable d'adapter la démonstration aux nombres premiers dans des progressions arithmétiques : si a et b sont premiers entre eux, alors il existe une infinité de nombres premiers de la forme aq+b. Plus précisément, les nombres premiers sont équirépartis entre les différentes progressions arithmétiques de raison a (c'est-à-dire avec a fixé, et b variant parmi les divers restes inversibles dans la division euclidienne par a)[30],[31].
750
+
751
+ Une nouvelle avancée est due à Riemann dans un article célèbre en 1859 : il étend le domaine de définition de la fonction
752
+
753
+
754
+
755
+ ζ
756
+ (
757
+ s
758
+ )
759
+
760
+
761
+ {\displaystyle \zeta (s)}
762
+
763
+ au plan complexe privé du nombre
764
+
765
+
766
+
767
+ s
768
+ =
769
+ 1
770
+
771
+
772
+ {\displaystyle s=1}
773
+
774
+  ; il formule sa célèbre hypothèse, selon laquelle les zéros de
775
+
776
+
777
+
778
+ ζ
779
+ (
780
+ s
781
+ )
782
+
783
+
784
+ {\displaystyle \zeta (s)}
785
+
786
+ situés dans la bande
787
+
788
+
789
+
790
+ 0
791
+
792
+
793
+ <
794
+ Re
795
+
796
+ (
797
+ s
798
+ )
799
+
800
+ <
801
+
802
+ 1
803
+
804
+
805
+ {\displaystyle 0\,\,<\operatorname {Re} (s)\,<\,1}
806
+
807
+ ont pour partie réelle
808
+
809
+
810
+
811
+
812
+
813
+ 1
814
+ 2
815
+
816
+
817
+
818
+ ;
819
+
820
+
821
+ {\displaystyle {\frac {1}{2}}\,;}
822
+
823
+ son approche constitue une impulsion décisive au développement de la théorie analytique des nombres, source de nombreuses avancées en théorie des nombres.
824
+
825
+ À la fin du siècle, la conjecture de Legendre et Gauss est démontrée indépendamment par Jacques Hadamard et Charles-Jean de La Vallée Poussin[32], et porte depuis lors le nom de théorème des nombres premiers. La démonstration s’appuie sur l’observation qu’il suffit de s’assurer que la fonction
826
+
827
+
828
+
829
+ ζ
830
+
831
+
832
+ {\displaystyle \zeta }
833
+
834
+ ne s'annule pas dans le demi-plan de partie réelle
835
+
836
+
837
+
838
+
839
+ 1
840
+
841
+
842
+ {\displaystyle \geq 1}
843
+
844
+ et de trouver un domaine qui englobe ce demi-plan dans lequel c’est le cas.
845
+
846
+ Théorème des nombres premiers (Hadamard et de La Vallée Poussin, 1896) — Quand
847
+
848
+
849
+
850
+ x
851
+
852
+
853
+ ,
854
+
855
+ π
856
+ (
857
+ x
858
+ )
859
+
860
+
861
+
862
+ x
863
+
864
+ ln
865
+
866
+ x
867
+
868
+
869
+
870
+ .
871
+
872
+
873
+ {\displaystyle x\rightarrow \infty ,\;\pi (x)\sim {\frac {x}{\ln x}}.}
874
+
875
+ Les démonstrations utilisent des outils puissants d'analyse complexe pour démontrer un énoncé d'arithmétique et d'analyse réelle. Une stratégie pour ces démonstrations est l'étude de la fonction zêta de Riemann sur un domaine du plan complexe plus grand qu'un simple voisinage de z=1 : il est nécessaire de la contrôler, c'est-à-dire de majorer son module, au voisinage de la droite verticale des nombres de partie réelle égale à 1[33]. La puissance des outils d'analyse complexe utilisés pour résoudre le théorème des nombres premiers conduit à un développement important d'une branche entière des mathématiques, la théorie analytique des nombres, dans laquelle l'étude de la fonction zêta de Riemann devient un thème central. En particulier l'hypothèse de Riemann, encore non démontrée, sur la localisation de ses zéros, aurait des conséquences fortes sur le comportement de la fonction de compte des nombres premiers.
876
+
877
+ Sur la base des résultats de Riemann (article de 1859), on peut déduire l'estimation :
878
+
879
+ Théorème (Helge von Koch, 1901) — Sous l’hypothèse de Riemann, on a :
880
+
881
+
882
+
883
+ π
884
+ (
885
+ x
886
+ )
887
+ =
888
+ li
889
+
890
+ (
891
+ x
892
+ )
893
+ +
894
+ O
895
+ (
896
+
897
+ x
898
+
899
+ 1
900
+
901
+ /
902
+
903
+ 2
904
+
905
+
906
+ ln
907
+
908
+ x
909
+ )
910
+ ,
911
+
912
+
913
+ {\displaystyle \pi (x)=\operatorname {li} (x)+O(x^{1/2}\ln x),}
914
+
915
+
916
+
917
+
918
+
919
+
920
+
921
+ l
922
+ i
923
+
924
+
925
+ (
926
+ x
927
+ )
928
+ =
929
+
930
+
931
+
932
+ 0
933
+
934
+
935
+ x
936
+
937
+
938
+
939
+
940
+
941
+
942
+ d
943
+
944
+ t
945
+
946
+
947
+ ln
948
+
949
+ (
950
+ t
951
+ )
952
+
953
+
954
+
955
+
956
+
957
+ {\displaystyle {\rm {li}}(x)=\int _{0}^{x}{\frac {\mathrm {d} t}{\ln(t)}}}
958
+
959
+ (Riemann note cette fonction
960
+
961
+
962
+
963
+
964
+
965
+ L
966
+ i
967
+
968
+
969
+ (
970
+ x
971
+ )
972
+
973
+
974
+ {\displaystyle {\rm {Li}}(x)}
975
+
976
+ ) et où
977
+
978
+
979
+
980
+ f
981
+ =
982
+ O
983
+ (
984
+ g
985
+ )
986
+
987
+
988
+ {\displaystyle f=O(g)}
989
+
990
+ signifie qu’il existe une constante
991
+
992
+
993
+
994
+
995
+ C
996
+
997
+ >
998
+ 0
999
+
1000
+
1001
+ {\displaystyle \mathrm {C} >0}
1002
+
1003
+ telle que
1004
+
1005
+
1006
+
1007
+
1008
+ |
1009
+
1010
+ f
1011
+ (
1012
+ x
1013
+ )
1014
+
1015
+ |
1016
+
1017
+
1018
+
1019
+ C
1020
+
1021
+ g
1022
+ (
1023
+ x
1024
+ )
1025
+
1026
+
1027
+ {\displaystyle |f(x)|\leq \mathrm {C} g(x)}
1028
+
1029
+ pour tout
1030
+
1031
+
1032
+
1033
+ x
1034
+
1035
+
1036
+ {\displaystyle x}
1037
+
1038
+ assez grand.
1039
+
1040
+ Les résultats sur la fonction de compte des nombres premiers permettent d'obtenir des résultats sur le n-ième nombre premier. Par exemple, comme conséquences directes des théorèmes de Tchebychev, Ishikawa établit en 1934 des propriétés de la fonction n-ième nombre premier, désignée par
1041
+
1042
+
1043
+
1044
+
1045
+ p
1046
+
1047
+ n
1048
+
1049
+
1050
+
1051
+
1052
+ {\displaystyle p_{n}}
1053
+
1054
+  :
1055
+
1056
+ Ou encore, d'après un résultat de Felgner de 1990[34] :
1057
+
1058
+ Des démonstrations élémentaires du théorème des nombres premiers sont trouvées. Par élémentaires, il faut entendre qu’elles ne recourent pas à l'analyse complexe. C’est le cas notamment d’Erdős et de Selberg[32].
1059
+
1060
+ Le théorème de Green-Tao, démontré en 2004 par Ben Joseph Green et Terence Tao, généralise notamment un théorème de Dirichlet en assurant que pour tout entier k, il existe une infinité de suites de k nombres premiers en progression arithmétique, c'est-à-dire de la forme :
1061
+
1062
+ Le théorème de Green-Tao est en fait bien plus fort que cet énoncé seul : par exemple, il établit qu'une telle progression arithmétique existe, avec des entiers tous plus petits que :
1063
+
1064
+ (expérimentalement, cette borne semble plutôt devoir être de l'ordre de k!). Il assure également que pour tout entier k et tout réel
1065
+
1066
+
1067
+
1068
+ δ
1069
+
1070
+
1071
+ {\displaystyle \delta }
1072
+
1073
+ strictement positif, pour tout x suffisamment grand, si P est un ensemble de nombres premiers inférieurs à x contenant au moins
1074
+
1075
+
1076
+
1077
+ δ
1078
+ π
1079
+ (
1080
+ x
1081
+ )
1082
+
1083
+
1084
+ {\displaystyle \delta \pi (x)}
1085
+
1086
+ éléments, alors P contient au moins une progression arithmétique de nombres premiers comptant k termes.
1087
+
1088
+ De nombreux résultats et conjectures sur la répartition des nombres premiers sont contenus dans la conjecture générale suivante. Soit f1,...,fk des polynômes non constants, irréductibles et vérifiant la propriété que pour tout nombre premier p il y ait au moins un entier n parmi 0, ..., p – 1 tel que p ne divise pas le produit des fi(n). On note
1089
+
1090
+
1091
+
1092
+ ω
1093
+ (
1094
+ p
1095
+ )
1096
+
1097
+
1098
+ {\displaystyle \omega (p)}
1099
+
1100
+ le complémentaire à p du nombre de tels entiers. Un tel ensemble de polynômes est dit admissible ; on cherche à connaître la proportion d'entiers en lesquels les polynômes prennent simultanément des valeurs premières, et se limiter à des ensembles de polynômes admissibles permet d'éviter des cas triviaux comme f1(t)=t, et f2(t)=t+1. Il est alors conjecturé que le nombre d'entiers n plus petits qu'un réel x tels que les valeurs f1(n),...,fk(n) sont simultanément premières, est, pour x assez grand, de l'ordre de :
1101
+
1102
+ Le théorème des nombres premiers correspond au cas k = 1 et ft = t, le théorème de Dirichlet à k = 1 et ft = at + b, et pour k = 2, f1(t) = t et f2(t) = t + 2, on obtient une version quantitative (et donc plus générale) de la conjecture des nombres premiers jumeaux.
1103
+
1104
+ La décomposition en facteurs premiers est utile pour simplifier les calculs fractionnaires, et de manière générale simplifier des formules. Elle n'est raisonnablement applicable que pour de petits nombres. Les sciences physiques ont de nombreuses formules comportant des nombres entiers petits, soit qu'il s'agisse de coefficients provenant de la dérivation ou de l'intégration de monômes, soit qu'il s'agisse de coefficients choisi volontairement entiers pour une application.
1105
+
1106
+ Les nombres premiers, et plus généralement la théorie des nombres, ont longtemps été vus comme un sujet purement mathématique, avec peu ou pas d'applications extérieures. Cela changea rapidement dans les années 1970, quand de nouveaux systèmes de cryptographie basés sur les propriétés des nombres premiers furent conçus.
1107
+
1108
+ Jusque dans les années 1970, les systèmes de chiffrement connus étaient basés sur le principe de la cryptographie symétrique, où une même clé (secrète) est utilisée pour chiffrer et déchiffrer un message. En 1978, Ronald Rivest, Adi Shamir et Leonard Adleman décrivent le premier système public de cryptographie asymétrique (nommé d'après leurs initiales RSA), basé sur les propriétés des nombres premiers et de la factorisation. Dans un tel système, deux clés sont utilisées : l'une sert à chiffrer, l'autre à déchiffrer. La clé permettant de chiffrer est accompagnée d'un grand nombre entier, le produit de deux grands nombres premiers gardés secrets (de l'ordre de 200 chiffres). Pour calculer la clé de déchiffrement, la seule méthode connue nécessite de connaître les deux facteurs premiers. La sécurité du système est basée sur le fait qu'il est facile de trouver deux grands nombres premiers (en utilisant des tests de primalité) et de les multiplier entre eux, mais qu'il serait difficile pour un attaquant de retrouver ces deux nombres. Ce système permet également de créer des signatures numériques, et a révolutionné le monde de la cryptographie.
1109
+
1110
+ La notion de nombre premier s'est vue généralisée au cours du XIXe siècle dans d'autres structures algébriques que l'anneau des entiers relatifs. Pour résoudre des problèmes arithmétiques tels que le théorème des deux carrés, le théorème des quatre carrés, ou encore la loi de réciprocité quadratique (dont la première preuve est due à Carl Friedrich Gauss dans ses Disquisitiones arithmeticae), les mathématiciens ont été amenés à mener des raisonnements sur la divisibilité analogues à ceux qui impliquent les nombres entiers dans d'autres anneaux, par exemple celui des entiers de Gauss ou celui des entiers d'Eisenstein.
1111
+
1112
+ Le point de vue moderne trouve sa source dans les travaux d'Ernst Kummer, qui introduit la notion de « nombre premier idéal », dans sa tentative de démontrer le grand théorème de Fermat. Cette notion est à l'origine de la théorie moderne des anneaux d'entiers algébriques, découlant des travaux de Dedekind et Kronecker[35] : en termes modernes, on dit que ces anneaux ont une structure d'anneaux de Dedekind ; notamment, le théorème sur la factorisation des nombres premiers y est remplacé par un résultat de factorisation des idéaux de l'anneau (c'est-à-dire les sous-groupes absorbants pour la multiplication, qui dans ce contexte sont en rapport avec ce que Kummer appelait « nombres idéaux ») en produit d'idéaux premiers. L'arithmétique dans ces anneaux a en général des liens profonds et difficiles avec l'arithmétique des nombres premiers classiques : par exemple, dans ses travaux sur le théorème de Fermat, Kummer parvient à démontrer l'impossibilité de trouver des solutions non triviales (c'est-à-dire avec x, y et z non nuls) à l'équation xp + yp = zp si p est un nombre premier régulier (il s'agit d'une condition portant sur la nature de l'anneau des entiers algébriques engendré par une racine primitive p-ième de l'unité).
1113
+
1114
+ Sur la seule base de quelques expériences statistiques, certaines conjectures sur les nombres premiers ont été transposées aux nombres chanceux (construits par une variante du crible d'Ératosthène)[36].
1115
+
1116
+ Il y a beaucoup de conjectures et de questions ouvertes sur les nombres premiers. Par exemple :
1117
+
1118
+ La série de gauche est convergente, alors que la somme porte sur tous les entiers et que
1119
+
1120
+
1121
+
1122
+ ε
1123
+
1124
+
1125
+ {\displaystyle \varepsilon }
1126
+
1127
+ (positif) peut être choisi aussi petit qu’on veut, tandis que la série du milieu, conformément au théorème d’Euler, est divergente et tend vers l’infini, alors que la somme ne porte que sur les nombres premiers.
1128
+
1129
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+ Un astéroïdeÉcouter (du grec ancien ἀστεροειδής / asteroeidḗs, « qui ressemble à une étoile »[1],[2]) est une planète mineure composé de roches, de métaux et de glaces, et dont les dimensions varient de l'ordre du mètre (limite actuelle de détection) à plusieurs centaines de kilomètres. L'appellation « en forme d'étoile » vient de l'aspect irrégulier des astéroïdes au télescope, différent du disque parfait des planètes, lors des premières observations astronomiques.
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+ En 1801, le premier astéroïde découvert est nommé Cérès. C'est le plus gros astéroïde de la ceinture principale, groupe d'astéroïdes le plus important en nombre d'objets connus (plus de 720 000 en avril 2019 ou environ 750 000 en comptant la périphérie immédiate[JPL 1]), situé entre les orbites de Mars et de Jupiter. Les astéroïdes géocroiseurs (environ 20 000 connus en avril 2019[JPL 2]) constituent le second groupe en nombre, ils croisent l'orbite de la Terre. Les deux groupes rassemblent plus de 95 % des planètes mineures connues[JPL 3].
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+ Les planètes mineures situées au-delà de Neptune sont parfois considérées comme des astéroïdes mais aussi, de plus en plus souvent, distinguées et désignées comme objets transneptuniens. Leur composition est plus riche en glace et plus pauvre en métaux et en roches, ce qui les apparente à des noyaux cométaires[3].
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+ Contrairement aux comètes, les astéroïdes ne présentent pas d'activité cométaire. Cependant, quelques-uns ont été observés avec une activité partielle et sont qualifiés d'astéroïdes actifs[4].
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+ On suppose que les astéroïdes sont des restes du disque protoplanétaire qui ne se sont pas regroupés en planètes.
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+ Certains astéroïdes géocroiseurs sont considérés comme potentiellement dangereux à cause du risque de collision avec la Terre. Ils sont surveillés par des systèmes automatisés et des études sont menées sur les possibilités de les détourner en cas de menace affirmée.
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+ Le premier astéroïde est découvert fortuitement par Giuseppe Piazzi, directeur de l’observatoire de Palerme. Le 1er janvier 1801, alors qu’il mène des observations dans la constellation du Taureau afin d’établir un catalogue stellaire, il repère un nouvel astre. Le lendemain, il constate avec surprise que celui-ci s’est déplacé vers l’ouest[5]. Il suit le déplacement de cet objet pendant plusieurs nuits. Son collègue, Carl Friedrich Gauss, utilise ces observations pour déterminer la distance exacte de cet objet inconnu à la Terre. Ses calculs situent l’astre entre les planètes Mars et Jupiter. Piazzi le nomme Cérès, du nom de la déesse romaine qui fait sortir la sève de la terre et qui fait pousser les jeunes pousses au printemps, et également déesse protectrice de la Sicile.
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+ Selon la loi de Titius-Bode, formulée en 1766 par Johann Daniel Titius et divulguée par Johann Elert Bode, une planète aurait dû graviter entre Mars et Jupiter. Une campagne d’observation, initiée par Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande en 1796, avait été lancée afin de la localiser[5]. Piazzi, sans le vouloir, avait devancé ses collègues avec la découverte de Cérès sur l’orbite de l’hypothétique planète.
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+ Entre 1802 et 1807, trois autres objets sont découverts sur des orbites voisines : Pallas, Junon et Vesta. Les quatre nouveaux corps sont alors considérés comme de véritables planètes. Le terme de petites planètes est généralement employé ; cependant dès 1802, William Herschel propose l’appellation d’astéroïde, qui signifie littéralement « en forme d’étoile », à cause de leur aspect au télescope, différent de celui en forme de disque régulier des autres planètes[6]. Avec, de plus, leur petite taille ou l’inclinaison orbitale élevée de Pallas, il s’agissait selon lui d’objets du Système solaire à distinguer des planètes.
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+ Il faut attendre 1845 pour qu’une nouvelle petite planète soit découverte, Astrée, par Karl Ludwig Hencke. Dès lors, les découvertes ne cessent de se multiplier et l’appellation proposée par Herschel s’impose.
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+ En juillet 1868, cent astéroïdes sont connus. La millième découverte homologuée a lieu en novembre 1921 ((969) Leocadia) et la dix-millième en octobre 1989 ((21030) 1989 TZ11). En règle générale, l’ordre des dates de découverte diffère de l’ordre de numérotation des astéroïdes, car l’affectation d’un numéro se fait après une détermination suffisamment fiable de l’orbite de l’objet.
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+ La majorité des astéroïdes connus sont situés dans la zone comprise entre Mars et Jupiter, dite ceinture d'astéroïdes (ou ceinture principale). Mais d'autres ont été découverts en dehors de cette zone, soit parce qu’ils possèdent une orbite qui les fait s’éloigner de la ceinture principale, soit parce qu’ils sont situés dans une tout autre zone du Système solaire (voir Principaux groupements). La plupart d'entre eux sont plus éloignés du Soleil, mais on en connaît qui sont moins éloignés que Mars (astéroïdes Amor et astéroïdes Apollon), la Terre (astéroïdes Aton et astéroïdes Atira) et même Vénus (2020 AV2).
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+
25
+ L’étude des astéroïdes fut longtemps délaissée par les astronomes. Nous les connaissons depuis maintenant plus de deux cents ans, mais ils étaient considérés comme les rebuts du Système solaire[7]. On sait maintenant que les astéroïdes sont une clé importante de la compréhension de la formation du Système solaire et c’est pour cette raison que les astronomes montrent un plus grand intérêt envers ces objets.
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27
+ La composition des astéroïdes est évaluée d’après leur spectre optique mesurant la lumière réfléchie, qui correspond à la composition de leur surface. Celle des météorites est connue avec l'analyse des fragments retrouvés sur Terre.
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+ Le système classique de classification spectrale des astéroïdes, élaboré en 1975, les classe selon un système basé sur leur couleur, leur albédo et leur spectre optique. Ces propriétés étaient censées correspondre à la composition de leur surface. Il faut noter, cependant, que certains types sont plus facilement détectables que d'autres. Ainsi, ce n'est pas parce que la proportion d'astéroïdes d'un type donné est plus importante qu'ils sont effectivement plus nombreux. Il existe des systèmes de classification plus récents, dont deux se démarquent : Tholen et SMASS.
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+
31
+ À l'origine, la classification des astéroïdes se basait sur des suppositions au sujet de leur composition :
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+ Ceci a porté à confusion, car le type spectral d'un astéroïde ne garantit pas sa composition.
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+ La ceinture principale d'astéroïdes, entre les orbites de Mars et Jupiter, distante de deux à quatre unités astronomiques du Soleil, est le principal groupement d'astéroïdes : environ 720 000 objets y ont été répertoriés à ce jour (avril 2019), auxquels on peut ajouter 30 000 autres gravitant dans sa périphérie immédiate (groupe de Hungaria, groupe de Cybèle et groupe de Hilda notamment). L’influence du champ gravitationnel de Jupiter les a empêchés de former une planète. Cette influence de Jupiter est également à l’origine des lacunes de Kirkwood, zones quasiment vides situées au milieu et sur les bords de la ceinture et dues à des phénomènes de résonance orbitale.
36
+
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+ Les troyens de Jupiter sont situés sur des orbites très proches de celle de Jupiter, à proximité des deux points de Lagrange L4 et L5. On en compte environ 7 200 en avril 2019[MPC 1]. Le nom fait référence à la Guerre de Troie : les points L4 et L5 sont associés respectivement au camp grec et au camp troyen et les astéroïdes y sont nommés, sauf exception, avec des noms de personnages du camp associé.
38
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39
+ Au sens strict, les astéroïdes géocroiseurs sont des astéroïdes dont l’orbite croise celle de la Terre (Earth-crosser asteroid ou ECA en anglais). En pratique, en français, le terme est le plus souvent entendu au sens large et inclut également les astéroïdes dont l'orbite est « proche » de celle de la Terre (passe à moins de 0,3 unités astronomiques) (near Earth asteroid ou NEA en anglais). On en dénombre environ 20 000 (avril 2019[JPL 4]).
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+ Ces astéroïdes sont classiquement classés en quatre groupes :
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+ L’intérêt médiatique parfois très fort porté sur les astéroïdes géocroiseurs est lié à la crainte de les voir entrer en collision avec la Terre. Voir section Risques d'impact avec la Terre.
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+ Les centaures sont des planètes mineures qui gravitent entre les orbites des planètes géantes gazeuses. On en compte en avril 2019 entre 200 et 500 suivant le périmètre précis attribué à ce groupe (frontière non standardisée avec d'autres groupes tels que celui des damocloïdes). Le premier qui fut découvert est (2060) Chiron, en 1977. On suppose généralement que ce sont d'anciens objets transneptuniens ayant été éjectés de leurs trajectoires, suite, par exemple, à un passage à proximité de Neptune.
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+
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+ On dénombre en avril 2019[JPL 9] environ 3 200 objets transneptuniens. Les principaux groupes de cette zone du Système solaire sont décrits dans l'article Planète mineure.
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+ Les premières images rapprochées d’astéroïdes sont l’œuvre de la sonde Galileo qui, lors de son transit vers Jupiter, put s'approcher de (951) Gaspra en 1991 puis de (243) Ida en 1993.
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+ La sonde NEAR Shoemaker est la première dont la mission principale concerne l'étude d'un astéroïde. Lancée le 17 février 1996 par la NASA, elle se met en orbite autour de (433) Éros, l’un des plus gros astéroïdes géocroiseurs. Après en avoir établi une cartographie complète entre avril et octobre 2000, et bien que cela n'ait pas été prévu initialement, la sonde se pose en douceur sur l’astéroïde le 12 février 2001. Son dernier signal est reçu le 28 février.
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+ En 2003, la JAXA lance la sonde Hayabusa vers l’astéroïde géocroiseur (25143) Itokawa, avec pour objectif de s’y poser en douceur et d’en prélever des échantillons. Malgré plusieurs pannes et incidents[8], la sonde revient sur Terre le 13 juin 2010, sans que l’on sache si elle contient effectivement des échantillons[9]. Finalement, le 16 novembre, la Jaxa annonce que l’analyse des particules récoltées a confirmé leur origine extraterrestre[10]. Le Japon devient ainsi le premier pays à s’être posé sur un astéroïde et en avoir rapporté des échantillons. Deux missions en cours (avril 2019) prévoient également des retours d'échantillon : Hayabusa 2 (prélèvement réussi en 2019 et retour prévu en décembre 2020) et OSIRIS-Rex (prélèvement d'échantillon prévu en 2020 et retour en 2023).
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+ En 2007, la NASA lance la sonde Dawn en direction de deux des plus gros astéroïdes de la ceinture principale, (4) Vesta et (1) Cérès. Elle se place d'abord en orbite autour de Vesta entre juillet 2011 et août 2012 puis rejoint Cérès autour duquel elle se met en orbite en mars 2015. C'est la première sonde spatiale à se positionner successivement en orbite autour de deux objets différents. Des études approfondies ont notamment concerné la géographie et la géologie des deux astéroïdes.
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+ Les principaux lancements planifiés concernent la mission DART (test de l'usage d'un impacteur pour dévier un astéroïde, lancement prévu en 2021), la sonde Lucy (étude de troyens de Jupiter, lancement prévu en 2021) et la sonde Psyché (étude de l'astéroïde métallique (16) Psyché, lancement prévu en 2022). Ces trois missions sont développées par la NASA.
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+
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+ La sonde New Horizons est la première et à ce jour la seule à avoir exploré des objets transneptuniens (surlignés en jaune dans le tableau). Lancée par la NASA en janvier 2006, elle n'arrive au niveau de son objectif principal, Pluton, que 8 ans et demi plus tard en juillet 2015. Des résultats remarquables sont apportés sur la géographie, la géologie, l'atmosphère ou encore les satellites de Pluton. La sonde est ensuite dirigée vers (486958) 2014 MU69 qui devient ainsi le deuxième objet transneptunien photographié de près.
60
+
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+ Remarque : ne sont ici listés que les astéroïdes explorés "de près" par une sonde spatiale (a minima survolés à moins de 20 000 km) ; quelques autres ont été survolés "de loin" tels que les astéroïdes de la ceinture principale (2685) Masursky et (132524) APL ou l'objet transneptunien (15810) Arawn.
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+
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+ Sonde NEAR Shoemaker peu de temps avant son lancement en 1996.
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+
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+ Vue d'artiste de la sonde NEAR Shoemaker en orbite autour de (433) Éros.
66
+
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+ Réplique de la capsule de retour d'échantillons de la sonde Hayabusa exposée au centre d'information de la JAXA à Tokyo.
68
+
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+ Entrée dans l'atmosphère de la capsule de retour d'échantillons de la sonde Hayabusa vue depuis le centre spatial de Woomera en Australie, le 13 juin 2010.
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+
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+ Sonde Dawn peu de temps avant son lancement en 2007.
72
+
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+ Vue d'artiste de la sonde Dawn, avec (4) Vesta à gauche et (1) Cérès à droite.
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+
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+ Caméra CCD de la sonde Dawn (focale de 150 mm).
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+
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+ Vue d'artiste de la sonde Hayabusa 2.
78
+
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+ Schéma du tube de prélèvement d'échantillons et de l'impacteur (en vert) de la sonde Hayabusa 2.
80
+
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+ Vue d'artiste de la sonde OSIRIS-REx avec système de prélèvement TAGSAM déployé.
82
+
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+ Spectromètre visible et infrarouge OVIRS de la sonde OSIRIS-REx.
84
+
85
+ Les astéroïdes sont presque impossibles à observer à l’œil nu. Ils sont bien plus petits que les planètes, et très peu lumineux. L’astéroïde 4 Vesta en est l’exception, puisque c’est le seul qu’il soit parfois possible d’observer sans appareil optique. Sa luminosité n’étant toutefois pas très grande, il faut donc savoir où poser le regard.
86
+
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+ Un astéroïde ressemble plus ou moins à une étoile qui brille dans le ciel nocturne. Le meilleur moyen pour partir à la chasse aux astéroïdes avec ses jumelles ou son télescope est d’observer le fond étoilé, plusieurs nuits d’affilée, et de détecter les points lumineux qui se déplacent par rapport au fond, qui, lui, paraît stable. Certains catalogues répertorient la position des astéroïdes, et il est alors plus facile de pointer le télescope au bon endroit.
88
+
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+ Au 27 avril 2019[JPL 10], la JPL Small-Body Database recense 20 000 astéroïdes géocroiseurs au sens large (notion de Near Earth Asteroids ou NEA en anglais) dont 12 500 géocroiseurs au sens strict (notion de Earth-Crosser Asteroids ou ECA en anglais).
90
+
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+ Seule une petite partie d'entre eux sont classés comme objets potentiellement dangereux (notion de Potentially Hazardous Asteroids ou PHA en anglais). La définition classique repose sur deux critères : une distance minimale d'intersection de l'orbite terrestre (T-DMIO ou E-MOID en anglais) inférieure à 0,05 ua (soit environ 7 480 000 km ou 19,5 distances lunaires) et une magnitude absolue inférieure à 22,0, ce qui correspond à un diamètre supérieur à 140 m dans le cas d'un albédo moyen de 14%. Le Centre des planètes mineures tient à jour quotidiennement une liste d'astéroïdes répondant à ces deux critères. La liste publiée le 24 avril 2019[List 1] recense 1 969 astéroïdes potentiellement dangereux.
92
+
93
+ Les orbites de ces objets n'étant connues qu'avec une incertitude non négligeable, le risque est évalué à travers un calcul de probabilité. Deux échelles normalisées permettent de quantifier ce risque, l'échelle de Palerme et l'échelle de Turin. Cette dernière, reconnue par l'Union astronomique internationale depuis 1999 et couramment utilisée dans les articles de vulgarisation, quantifie le niveau de risque de 0 à 10 en croisant une estimation de la probabilité d'impact et une estimation de l'énergie d'impact. Ces évaluations évoluent en permanence en fonction des réévaluations régulières des orbites. Plusieurs institutions et programmes d'observation étudient ce risque en continu. L’agence spatiale européenne (ESA), par exemple, a initié en 2004 un projet à long terme de protection de la Terre contre les géocroiseurs.
94
+
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+ Chaque année, quelques astéroïdes sont un temps côtés au niveau 1 de l'échelle de Turin par l'un ou l'autre de ces programmes (le plus souvent durant les jours ou semaines qui suivent leur découverte ou une nouvelle observation), avant d'être rétrogradés au niveau 0 une fois l'orbite mieux connue. Entre 2002 et 2018, seuls deux astéroïdes ont dépassé le niveau 1 : (99942) Apophis (un temps côté 4 après sa découverte en 2004, puis resté côté 1 jusqu'en décembre 2006) et (144898) 2004 VD17 (un temps côté 2).
96
+
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+ Parallèlement au développement de programmes visant à mieux connaître les objets potentiellement dangereux (astéroïdes ou comètes), plusieurs stratégies visant à détruire ou dévier un tel objet ont progressivement été étudiées. Les stratégies visant la destruction sont généralement jugées non pertinentes (risques liés à la fragmentation de l'objet, retombée de matière radioactive, coût élevé...). Les stratégies de déviation les plus étudiées reposent sur un impacteur ou sur une explosion à distance de l'objet. La mission DART développée par la NASA (lancement prévu en 2021) vise à tester l'effet d'un impacteur sur la déviation d'un astéroïde. D'autres stratégies reposant sur une déviation lente ont également été proposées (sonde jouant le rôle de tracteur gravitationnel, utilisation de l'effet Yarkovsky, voile solaire, éjection de matière par une catapulte installée sur l'objet, etc.) mais restent conditionnées à une longue anticipation de l’événement.
98
+
99
+ Régulièrement, des météoroïdes ou astéroïdes de petite taille pénètrent dans l'atmosphère terrestre, se transforment en bolide (phénomène lumineux intense généré par les frottements), et éventuellement impactent la Terre (généralement après s'être fractionné dans le cas des petits astéroïdes). Le superbolide de Tcheliabinsk observé le 15 février 2013 est un exemple récent et célèbre de ce type de phénomène. Selon les estimations, l'objet à l'origine de l'événement était un astéroïde géocroiseur de type Apollon d'un diamètre compris entre 15 et 17 mètres. Cet astéroïde n'était pas connu avant son impact, ce qui est le cas le plus fréquent : la grande majorité des petits astéroïdes frôlant (ou éventuellement impactant) la Terre ne sont détectés qu'après leur passage ou moins de 24 heures avant.
100
+
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+ On ne compte en 2018 que 3 petits astéroïdes ayant été découverts (moins de 24 heures) avant leur impact (2008 TC3, 2014 AA et 2018 LA). Ce chiffre est à comparer au 556 bolides de diamètre supérieur à 1 mètre s'étant désintégré dans l'atmosphère terrestre entre 1994 et 2013 selon les observations de la NASA.
102
+
103
+ Dans les années 2010, des projets d'exploitation minière des astéroïdes sont lancés par des sociétés privées du secteur spatial, Planetary Resources (créée en 2010) et Deep Space Industries (créée en 2013). Les astéroïdes sont en effet riches en matériaux précieux, tels les métaux lourds et les terres rares, présents sur leur surface car ces corps sont trop petits pour avoir subi la différenciation planétaire[11] : la valeur commerciale d'un km3 d'astéroïde, hors frais d'exploitation, est estimée à 5000 milliards d'euros[12]. La NASA a également pour ambition de capturer un petit astéroïde (de 7 à 10 mètres de diamètre, avec un poids maximal de 500 tonnes) et de le mettre en orbite stable autour de la Lune. Les faisabilités et le coût de ces projets font l'objet de débats, seule la sonde Hayabusa ayant réussi en 2010 à ramener quelques poussières de l'astéroïde Itokawa[13].
104
+
105
+ La plupart des astéroïdes gravitent de manière anonyme dans la ceinture principale. Quelques-uns accèdent toutefois à la notoriété, en particulier au regard de l'histoire des découvertes, de leur taille, orbite ou propriété atypiques, de leur dangerosité pour la Terre, etc.
106
+
107
+ Des tableaux plus complets (avec d'autres caractéristiques singulières et prolongés aux centaures et objets transneptuniens) sont proposés dans l'article Planète mineure.
108
+
109
+ Le genre cinématographique du film catastrophe a exploré plusieurs fois le thème du risque d'impact majeur. Les deux principaux représentant du genre sont :
110
+
111
+ À noter que d'autres films du même genre mettent en scène une comète et non un astéroïde. C'est notamment le cas du film Deep Impact (1998, Mimi Leder) ou du film pionnier du genre La Fin du monde (1931, Abel Gance).
112
+
113
+ Les récits de science-fiction interplanétaires mettent régulièrement en scène des astéroïdes. Plusieurs thèmes sont abordés : traversée de champs d'astéroïdes, exploitation minière, implantation de bases militaires, colonisation, astéroïdes habités par des créatures extra-terrestres, etc.
114
+
115
+ Généralités
116
+
117
+ Principaux groupes orbitaux
118
+
119
+ Types particuliers d’astéroïdes
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121
+ Les astéroïdes et la Terre
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+ En mathématiques, un entier relatif est un nombre qui se présente comme un entier naturel auquel on a adjoint un signe positif ou négatif indiquant sa position[1] par rapport à 0 sur un axe orienté. Les entiers positifs (supérieurs à zéro) s'identifient aux entiers naturels : 0, 1, 2, 3… tandis que les entiers négatifs sont leurs opposés : 0, −1, −2, −3… L'entier 0 lui-même est donc le seul nombre à la fois positif et négatif[2].
2
+
3
+ Un nombre réel est entier s'il est sans partie fractionnaire, c'est-à-dire si son écriture décimale ne comprend pas de chiffre (autre que zéro) « après la virgule ».
4
+
5
+ Les entiers relatifs permettent d'exprimer la différence de deux entiers naturels quelconques. Entre autres significations de la différence, on peut citer la position sur un axe orienté par rapport à un point de référence (un axe à positions discrètes, c'est-à-dire discontinues) ; le déplacement depuis une position d'origine, dans un sens ou dans l'autre ; ou encore la variation d'une valeur entière, donc comptée en unités (variation positive pour un gain, négative pour une perte).
6
+
7
+ L'ensemble des entiers relatifs est noté[3] « Z », lettre capitale grasse dans les textes dactylographiés, peu à peu supplantée par la graphie manuscrite avec une barre oblique ajourée : « ℤ ».
8
+ La présence d'un astérisque en exposant (« Z* ») désigne en général l'ensemble des entiers relatifs non nuls, même si cette notation est utilisée parfois[4] pour l'ensemble des éléments inversibles, c'est-à-dire la paire d'entiers {−1 ; 1}.
9
+ La notation « Z− » désigne l'ensemble des entiers négatifs. Il est plus rare de trouver la notation « Z+ », remplacée par la notation « N » des entiers naturels par identification.
10
+
11
+ Cet ensemble est (totalement) ordonné pour la relation de comparaison usuelle héritée des entiers naturels. Il est aussi muni des opérations d'addition et de multiplication qui fondent la notion d'anneau en algèbre.
12
+
13
+ Les entiers relatifs sont aussi quelquefois appelés entiers rationnels[5],[6], appellation qui ne doit pas entraîner de confusion avec les nombres rationnels ou fractions. Cette dénomination vient de l'anglais rational integer, et désigne un cas particulier d'entiers algébriques, construit sur le corps de nombres des rationnels. On trouve cette appellation chez Nicolas Bourbaki[7] et certains mathématiciens s'inscrivant dans le mouvement des mathématiques modernes, parmi lesquels Georges Papy.
14
+
15
+ La principale raison de l'introduction des nombres négatifs est la possibilité de résoudre toutes les équations de la forme :
16
+
17
+ Dans l'ensemble des entiers naturels, seules certaines de ces équations ont une solution.
18
+
19
+ La première allusion à des nombres négatifs apparaît dans des textes indiens comme l'Arybhatiya du mathématicien indien Âryabhata (476-550) où sont définies les règles d'additions et de soustractions. Les nombres négatifs apparaissent alors comme représentant des dettes et les nombres positifs comme des recettes. Quelques siècles plus tard, dans les écrits du mathématicien perse Abu l-Wafa (940-998), on voit apparaître des produits de nombres négatifs par des nombres positifs. Cependant le nombre reste encore attaché à des quantités physiques et le nombre négatif n'a guère de statut légal. Al Khuwarizmi (783-850) par exemple, dans son ouvrage la Transposition et la réduction préfère traiter 6 types d'équations du second degré au lieu d'envisager des soustractions.
20
+
21
+ En Europe les nombres relatifs apparaissent tardivement, on attribue en général à Simon Stevin (1548-1620) la fameuse règle des signes pour le produit de deux entiers relatifs. D'Alembert (1717-1783) lui-même dans l'Encyclopédie envisage le nombre relatif comme une idée dangereuse.
22
+
23
+ « Il faut avouer qu'il n'est pas facile de fixer l'idée des quantités négatives, & que quelques habiles gens ont même contribué à l'embrouiller par les notions peu exactes qu'ils en ont données. Dire que la quantité négative est au-dessous du rien, c'est avancer une chose qui ne se peut pas concevoir. Ceux qui prétendent que 1 n'est pas comparable à −1[8], & que le rapport entre 1 & −1 est différent du rapport entre −1 & 1, sont dans une double erreur […] Il n'y a donc point réellement & absolument de quantité négative isolée : −3 pris abstraitement ne présente à l'esprit aucune idée. »
24
+
25
+ — D'Alembert, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, vol. 11
26
+
27
+ Il faut attendre encore deux siècles et l'avènement du formalisme pour voir apparaître une construction formelle de l'ensemble des entiers relatifs à partir de classes d'équivalence de couples d'entiers naturels
28
+
29
+ C'est à Richard Dedekind (1831-1916) que l'on doit cette construction. Lui-même utilisait la lettre K pour désigner l'ensemble des entiers relatifs. Plusieurs autres conventions ont eu cours, jusqu'à ce que Nicolas Bourbaki popularise l'usage de la lettre
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+
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+ Z
35
+
36
+
37
+
38
+ {\displaystyle \mathbb {Z} }
39
+
40
+ , initiale de l'allemand Zahlen (nombres)[9].
41
+
42
+ Dans un nombre relatif, on distingue le signe (+ ou −) et la valeur absolue : −3 a pour valeur absolue 3.
43
+
44
+ La somme de deux entiers de même signe s'obtient en additionnant les deux valeurs absolues et en conservant le signe commun :
45
+
46
+ La somme de deux entiers relatifs de signes contraires s'obtient en calculant la différence entre les deux valeurs absolues et en lui affectant le signe de l'entier ayant la plus grande valeur absolue :
47
+
48
+ Le résultat d'une multiplication s'appelle un produit.
49
+ Le produit de deux nombres relatifs de même signe est toujours positif (+) et s'obtient en effectuant le produit des valeurs absolues:
50
+
51
+ (le + n'étant pas obligatoire si le produit n'est pas négatif)
52
+
53
+ Le produit de deux nombres relatifs de signes différents est toujours négatif (−) et s'obtient en effectuant le produit des valeurs absolues
54
+
55
+ Règle des signes
56
+
57
+ L'ensemble Z des entiers relatifs peut être vu comme le symétrisé du semi-anneau N des entiers naturels.
58
+
59
+ L'ensemble des entiers relatifs, muni de ses lois d'addition et de multiplication, est le prototype de la notion d'anneau. Il s'agit même d'un anneau euclidien, en référence à la division euclidienne. Il est donc également principal et factoriel.
60
+
61
+ Il peut être muni de la topologie discrète associée à la distance usuelle induite par la valeur absolue de la différence, qui en fait un espace métrique complet.
62
+ Les seules autres distances compatibles avec la structure d'anneau sont les distances p-adiques, où p est un nombre premier.
63
+
64
+ La structure de groupe additif (Z, +) est un groupe monogène sans torsion, c'est-à-dire un groupe abélien libre de rang 1.
65
+
66
+ L'ensemble Z est totalement ordonné pour la relation d'ordre usuelle.
67
+
68
+ Les entiers relatifs forment un ensemble dénombrable infini.
69
+
70
+ L'ensemble Z des entiers relatifs se plonge dans l'ensemble des nombres décimaux, noté D, qui lui-même est une partie de l'ensemble des nombres rationnels noté Q.
71
+
72
+ La notion d'entier est étendue par la définition des entiers algébriques, qui sont aux divers corps de nombres ce que les entiers relatifs sont au corps des rationnels. Les entiers rationnels, c'est-à-dire les entiers algébriques du corps des rationnels, sont donc exactement les entiers relatifs.
73
+
74
+ Pour chacune des distances p-adiques, le complété de Z est un anneau des entiers p-adiques noté Zp, dont le corps de fraction est le corps des nombres p-adiques, noté Qp et qui contient Q.
75
+
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+ Les nombres relatifs sont des nombres qui sont devenus relativement familiers. On les trouve :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Entier (informatique)
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1
+ Un nombre est un concept permettant d’évaluer et de comparer des quantités ou des rapports de grandeurs, mais aussi d’ordonner des éléments par une numérotation[1]. Souvent écrits à l’aide d’un ou plusieurs chiffres, les nombres interagissent par le biais d’opérations qui sont résumées par des règles de calcul. Les propriétés de ces relations entre les nombres sont l’objet d’étude de l’arithmétique, qui se prolonge avec la théorie des nombres.
2
+
3
+ En l’absence d’une définition générale satisfaisante de cette notion[2], les mathématiques proposent plusieurs types de nombres pour exprimer des mesures physiques, résoudre des équations, voire pour appréhender l’infini.
4
+
5
+ En physique, les grandeurs sans dimension sont souvent appelées « nombres », tels le nombre de Reynolds en mécanique des fluides ou les nombres quantiques.
6
+
7
+ En dehors de leur utilisation scientifique, plusieurs nombres ont aussi acquis une charge symbolique forte dans les cultures populaires et religieuses.[Lesquels ?]
8
+
9
+ Le concept de nombre trouve son origine dans l’idée d’appariement, c’est-à-dire de la mise en correspondance d’ensembles (par exemple des êtres humains d’une part et des chevaux d’autre part). Si l’on tente de répartir tous les éléments en couples comprenant un élément de chaque ensemble, il se peut qu’il reste des éléments d’un ensemble en trop, ou qu’il en manque, ou encore qu’il y en ait juste assez. L’expérience montre alors que la manière de faire la répartition ne change pas le résultat, d’où la notion de quantité, caractère intrinsèque et qui peut être comparé.
10
+
11
+ Cette quantité n’est pas encore un nombre mais est parfois désignée comme un « nombre-de »[3]. Le nombre en tant que tel ne possède pas d’unité de mesure. Il est d’après Euclide[4] « un assemblage composé d’unités », où « l’unité est ce selon quoi chacune des choses existantes est dite une. »
12
+
13
+ Parallèlement à la notion de quantité, liée à l’aspect « cardinal », la notion de repérage dans une liste mène à la définition du nombre « ordinal » : le premier nombre[5] est suivi d’un deuxième, lui-même suivi d’un autre et ainsi de suite « jusqu’à l’infini ».
14
+
15
+ Sans calcul, les nombres sont limités à la quantité de symboles utilisables. La découverte des opérations numériques élémentaires (addition et multiplication notamment) va permettre aux mathématiques de faciliter la description des nombres beaucoup plus grands à l’aide de divers systèmes de numération. La civilisation babylonienne découvre notamment la notation positionnelle dès le IIIe millénaire avant notre ère et pratique alors le calcul avec des nombres ayant une partie fractionnaire.
16
+
17
+ Les fractions sont conçues en Égypte antique sous formes de « quantièmes », c’est-à-dire d’inverses d’entiers. Leur manipulation est alors soumise à certaines contraintes qui ne seront surmontées que par l’interprétation géométrique comme rapport de longueurs (entières). Toutefois, ni les fractions ni les autres proportions géométriques telles que pi, le nombre d’or ou la diagonale du carré ne seront vraiment considérées comme des nombres par les mathématiciens de la Grèce antique, pour qui les seuls nombres sont entiers.
18
+
19
+ Même si le chiffre « 0 » est employé dans certains systèmes de numération positionnelle par plusieurs civilisations antiques[6], le nombre zéro n’apparaît en tant que tel qu’au VIIe siècle dans les mathématiques indiennes. Il est repris par la civilisation de l’Islam et importé en Europe au Xe siècle. Sous le qualificatif d’« absurdes », les nombres négatifs sont déjà étudiés au XVIe siècle mais leurs propriétés arithmétiques font encore polémique au début du XIXe siècle.
20
+
21
+ Les nombres algébriques réels positifs sont étudiés avec le développement de l’algèbre par les mathématiciens arabes. Ces derniers en calculent des valeurs approchées en notation décimale dès le XIIe siècle. Cette même algèbre conduira certains mathématiciens italiens à inventer au XVIe siècle des nombres « imaginaires », première approche des nombres complexes qui ne seront définis de manière satisfaisante qu’au XVIIIe siècle. Leur construction géométrique sera d’ailleurs rapidement suivie de celle des quaternions puis d’autres nombres hypercomplexes pendant le siècle suivant.
22
+
23
+ Paradoxalement, il faudra cependant attendre le XIXe siècle pour que soit reconnue l’existence de nombres transcendants, juste avant que soit formalisée la notion de nombre réel indépendamment de la géométrie. La procédure de complétion des nombres rationnels sera imitée au début du XXe siècle pour construire les nombres p-adiques.
24
+
25
+ Les nombres transfinis sont introduits de diverses manières à partir de la fin du XIXe siècle, lorsque Georg Cantor définit les ordinaux et cardinaux. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l’analyse non standard fait usage de nombres hyperréels puis superréels, tandis que Conway présente les nombres surréels et pseudo-réels.
26
+
27
+ Diverses expériences explorent les capacités numériques chez l’enfant en bas âge.
28
+
29
+ Dans l’éducation, l’apprentissage du nombre débute avec l’acquisition de la « chaîne numérique »[7], notamment à l’aide de comptines[8] : « un, deux, trois… » Cette liste sera progressivement prolongée pour permettre à l’enfant d’énumérer des objets qu’il manipule afin de les dénombrer (en associant à cette quantité le dernier terme de l’énumération), mais aussi pour repérer une position dans une série ordonnée.
30
+
31
+ Au cours de la scolarité, l’enfant est amené à considérer divers types de nombres rangés dans une suite croissante d’ensembles :
32
+
33
+ L’idée de quantité et sa codification visuelle sont vraisemblablement antérieures à l’apparition de l’écriture[10]. Plusieurs procédés de comptage sont progressivement développés pour décrire la taille d’un troupeau et contrôler son évolution, suivre un calendrier ou mesurer des récoltes[11].
34
+
35
+ Au IVe millénaire avant notre ère, les civilisations mésopotamiennes utilisent ainsi des boules creuses d’argile contenant des jetons, puis des tablettes d’argile munies de marques. Un système de notation (dit « système S ») est employé pour la désignation des quantités discrètes, tandis que les surfaces et autres grandeurs sont représentées chacune selon un système de notation propre[12]. Il faut attendre la fusion de ces systèmes, à la fin du IIIe millénaire avant notre ère, pour voir se former véritablement le concept du nombre abstrait, indépendant de ses réalisations concrètes[13].
36
+
37
+ Dans les systèmes de numération additifs, certains symboles (variables selon les cultures) représentent des quantités précises et sont juxtaposés pour désigner tous les nombres utiles[14].
38
+
39
+ Les systèmes alphabétiques associent la liste des lettres de l’alphabet (employant en renfort des lettres inusitées, désuètes ou inventées[15]) aux neuf unités, neuf dizaines et neuf centaines pour écrire chaque nombre entre 1 et 999 en trois caractères maximum. Pour écrire des valeurs supérieures, un nouveau groupe de trois lettres maximum désignant les milliers est placé à gauche, séparé par une apostrophe.
40
+
41
+ Ce système est proche de l’écriture positionnelle chiffrée, dans laquelle chaque position ne contient (au plus[16]) qu’un seul chiffre.
42
+
43
+ Les chiffres de la numération décimale correspondent aux dix premiers nombres entiers : zéro, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit et neuf.
44
+
45
+ Dès lors que les quantités sont représentées par des symboles, la manipulation des quantités doit être traduite par des opérations sur les nombres. Ainsi, la réunion de deux quantités définit l’opération d’addition et la répétition d’une certaine quantité donne lieu à la multiplication. Ces deux opérations directes admettent des opérations réciproques : la soustraction et la division, qui permettent de retrouver l’un des opérandes à partir du résultat et de l’autre opérande.
46
+
47
+ Chacune de ces opérations est réalisée selon diverses techniques de calcul. Mais contrairement aux opérations directes qui sont définies sans restriction, les opérations réciproques n’aboutissent que sous certaines conditions. Ainsi, avant l’utilisation des nombres négatifs, un nombre ne peut être soustrait qu’à un nombre plus grand[17]. De même, la notion de divisibilité décrit la réalisabilité d’une division. Le processus de division euclidienne a cependant l’avantage de fournir un résultat même sans l’hypothèse de divisibilité. Cette dernière s’exprime alors par l’absence de reste.
48
+
49
+ À partir du moment où la multiplication apparaît comme une opération purement numérique, sa répétition définit les puissances d’un nombre, dont les opérations réciproques sont appelées racines. D’autres opérations telles que la factorielle sont développées dans le cadre de la combinatoire.
50
+
51
+ Dans ce paragraphe, les nombres considérés sont des entiers naturels non nuls.
52
+
53
+ Étant donné un nombre, l’ensemble de ses multiples est infini mais régulièrement réparti et facile à décrire par une suite arithmétique. Par exemple, les multiples de 2 sont les nombres pairs, qui sont alternés avec les nombres impairs parmi tous les entiers.
54
+
55
+ Au contraire, l’ensemble des diviseurs d’un nombre est toujours fini et sa répartition n’a pas du tout le même genre de régularité. Il contient certes toujours le nombre à diviser et le nombre 1, les éventuels autres diviseurs se situant entre ces deux extrêmes. Mais il est en général difficile de lister ces autres diviseurs à partir d’une écriture du nombre dans une base donnée.
56
+
57
+ Ce problème est lié en partie à la rareté de critères simples pour déterminer sans calcul si un nombre est divisible par un autre. Dans un système de numération positionnelle décimale, plusieurs critères de divisibilité sont connus pour de petits diviseurs (surtout pour 2, 3, 5, 9 et 10), mais en dehors de ces quelques cas, c’est essentiellement la division euclidienne qui permet de répondre à cette question.
58
+
59
+ Hormis le nombre 1, qui est son seul diviseur, tout nombre admet donc au moins deux diviseurs distincts. Ceux qui en admettent exactement deux sont appelés nombres premiers. Ils sont les seuls à pouvoir réduire d’autres nombres par division, sans être eux-mêmes décomposables en produit de nombres strictement plus petits. Il en existe une infinité et chaque nombre se décompose de manière unique en un produit de nombres premiers. Cette décomposition permet entre autres de comprendre la structure de l’ensemble des diviseurs.
60
+
61
+ Les opérations définies sur les entiers s’étendent à d’autres objets mathématiques qui ne prendront que progressivement le statut de nombre. Les nombres avec une partie fractionnaire, les fractions, puis zéro et les nombres négatifs, les nombres algébriques et certains nombres d’abord qualifiés d’« imaginaires » sont l’objet d’étude d’une arithmétique qui se développe jusqu’à prendre le nom de théorie des nombres.
62
+
63
+ L’évaluation d’une quantité d’objets se fait plus ou moins rapidement selon la manière dont les objets sont rangés. Par exemple, seize jetons se comptent bien plus facilement s’ils sont disposés en carré que s’ils sont jetés en désordre sur une table. De même, la tetraktys des pythagoriciens est le rangement de dix points en triangle. D’autres formes sont étudiées sous cet angle dans le plan (hexagones par exemple) ou dans l’espace par des empilements de figures.
64
+
65
+ Cette vision des nombres comme des configurations géométriques permet entre autres d’interpréter le produit de deux nombres comme le rectangle dont les côtés sont décrits par ces deux nombres, d’où la nécessaire commutativité de la multiplication, c’est-à-dire que l’ordre dans lequel on effectue la multiplication n’a pas d’influence sur le résultat. D’autres propriétés arithmétiques peuvent s’énoncer géométriquement. Ainsi, un nombre est pair s’il est représentable par un rectangle sur deux lignes ; il est premier si la seule manière de le représenter sous forme de rectangle est une ligne de plusieurs points.
66
+
67
+ Certains nombres proviennent de rapports géométriques comme pi, rapport de la circonférence du cercle à son diamètre, ou le nombre d’or, né du problème de la division « en extrême et moyenne raison ».
68
+
69
+ Sur les autres projets Wikimedia :
70
+
71
+ L'empire des nombres, DVD paru chez Arte édition.
72
+
73
+ Jean-Pierre Dedieu, « Les Mots des nombres »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), 7 février 2007
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+ Un nombre premier est un entier naturel qui admet exactement deux diviseurs distincts entiers et positifs. Ces deux diviseurs sont 1 et le nombre considéré, puisque tout nombre a pour diviseurs 1 et lui-même (comme le montre l’égalité n = 1 × n), les nombres premiers étant ceux qui n’en possèdent aucun autre. Par exemple, le nombre entier 7 est premier car 1 et 7 sont les seuls diviseurs entiers et positifs de 7.
2
+
3
+ Par opposition, on appelle nombre composé tout nombre entier qui est le produit de deux entiers strictement supérieurs à 1 et possède de ce fait au moins trois diviseurs ; sont composés, par exemple, 4 = 2 × 2 qui en possède 3 (à savoir 1, 2 et 4), 9 = 3 × 3 qui en possède 3 (à savoir 1, 3 et 9) et 12 = 2 × 2 × 3 qui en possède 6 (à savoir 1, 2, 3, 4, 6 et 12).
4
+
5
+ Selon cette définition, les nombres 0 et 1 ne sont donc ni premiers ni composés : 1 n'est pas premier car il n'a qu'un seul diviseur entier positif et 0 non plus car il est divisible par tous les entiers positifs. Autrefois certains mathématiciens, grâce à une définition légèrement différente de nombre premier, considéraient que 1 en était un. Mais au début du XXe siècle, un consensus a abouti à la définition donnée ici, qui exclut 1 des nombres premiers[1].
6
+
7
+ Les vingt-cinq nombres premiers inférieurs à 100 sont :
8
+ 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37, 41, 43, 47, 53, 59, 61, 67, 71, 73, 79, 83, 89, et 97.
9
+
10
+ De telles listes de nombres premiers inférieurs à une borne donnée, ou compris entre deux bornes, peuvent être obtenues grâce à diverses méthodes de calcul. Mais il ne peut pas y avoir de liste exhaustive finie des nombres premiers, car on sait (depuis l'Antiquité : voir Théorème d'Euclide sur les nombres premiers) qu'il en existe une infinité.
11
+
12
+ La notion de nombre premier est une notion de base en arithmétique élémentaire : le théorème fondamental de l'arithmétique assure qu'un nombre composé est factorisable en un produit de nombres premiers, et que cette factorisation est unique à l'ordre des facteurs près. Elle admet des généralisations importantes, mais délicates, dans des branches des mathématiques plus avancées, comme la théorie algébrique des nombres, qui prennent ainsi à leur tour l'appellation d'arithmétique. Par ailleurs, de nombreuses applications industrielles de l'arithmétique reposent sur la connaissance algorithmique des nombres premiers, et parfois plus précisément sur la difficulté des problèmes algorithmiques qui leur sont liés ; c'est le cas de certains systèmes cryptographiques et des méthodes de transmission de l'information. Les nombres premiers sont aussi utilisés pour construire des tables de hachage et pour constituer des générateurs de nombres pseudo-aléatoires.
13
+
14
+ Découvert le 7 décembre 2018, le plus grand nombre premier connu est le nombre premier de Mersenne 282 589 933 – 1, qui comporte plus de 24 millions de chiffres en écriture décimale.
15
+
16
+ Les entailles retrouvées sur l'os d'Ishango daté à plus de 20 000 ans avant notre ère, mis au jour par l'archéologue Jean de Heinzelin de Braucourt[2] et antérieur à l'apparition de l'écriture (antérieur à 3 200 ans av. J.-C.), semblent isoler quatre groupes de valeurs : 11, 13, 17 et 19. Certains archéologues l'interprètent comme la preuve de la connaissance des nombres premiers. Toutefois, il existe trop peu de découvertes permettant de cerner les connaissances réelles de cette période ancienne[3].
17
+
18
+ Des tablettes d'argile séchées attribuées aux civilisations qui se sont succédé en Mésopotamie durant le IIe millénaire av. J.‑C. montrent la résolution de problèmes arithmétiques et attestent des premières connaissances de l'époque. Les calculs nécessitaient de connaître des tables d'inverses d'entiers (les réciproques) dont certaines ont été retrouvées. Dans le système sexagésimal utilisé par la civilisation babylonienne pour écrire les entiers, les réciproques des diviseurs des puissances de 60 (nombres réguliers) se calculent facilement : par exemple, diviser par 24, c'est multiplier par 2 × 60 + 30 (= 150) puis décaler la virgule de deux rangs vers la droite (soit diviser par 602 =3600), puisque 1/24 = 150/3600. Leur connaissance nécessitait une bonne compréhension de la multiplication, de la division. Dans les mathématiques égyptiennes, le calcul fractionnaire demandait aussi des connaissances sur les opérations et les divisions d’entiers. Les textes mathématiques égyptiens ne notaient que certaines fractions, en particulier celles correspondant actuellement aux inverses d’entiers (1/2, 1/3, 1/4, 1/5, …) ; l’écriture des fractions se faisait en additionnant ces « inverses d'entiers », si possible sans répétition (1/2 + 1/6 au lieu de 1/3 + 1/3)[4]. Mais il n'y a pas de trace de factorisation d'entiers ou de nombres premiers dans ces textes[5].
19
+
20
+ La première trace incontestable de la présentation des nombres premiers remonte à l'Antiquité (vers 300 av. J.-C.), et se trouve dans les Éléments d’Euclide (livres VII à IX). Euclide donne une définition des nombres premiers, la preuve de leur infinité, la définition du plus grand commun diviseur (pgcd) et du plus petit commun multiple (ppcm), et les algorithmes pour les déterminer, aujourd’hui appelés algorithmes d’Euclide. Il est possible que les connaissances présentées soient antérieures.
21
+
22
+ L'esprit ludique et l'émulation ont amené des mathématiciens à définir des seuils de gigantisme pour les nombres premiers[réf. nécessaire], exprimés en nombre de chiffres en base dix. Parmi ces records, battus ou à battre, on notera en particulier :
23
+
24
+ En janvier 2016, 149 méganombres premiers étaient connus[6]. Le premier à être découvert fut, en 1999, le nombre de Mersenne 26 972 593 − 1 avec ses 2 098 960 chiffres[7],[8], grâce aux efforts du projet collaboratif de calcul distribué Great Internet Mersenne Prime Search (GIMPS).
25
+
26
+ L'Electronic Frontier Foundation offre des prix de calcul coopératif pour encourager les internautes à contribuer à la résolution de problèmes scientifiques par le calcul distribué. Le GIMPS a ainsi reçu 100 000 dollars pour sa découverte en 2008 du premier nombre premier d'au moins 10 millions de chiffres décimaux. L'EFF offre encore 150 000 et 250 000 dollars respectivement pour la découverte du premier nombre premier de 100 millions et 1 milliard de chiffres décimaux[9].
27
+
28
+ Le record du plus grand nombre premier connu a presque toujours été trouvé parmi les nombres de Mersenne, comme le dernier en date, M82589933 = 282 589 933 – 1, un nombre ayant 24 862 048 chiffres décimaux.
29
+
30
+ Découvrir un nombre premier plus grand que tous ceux déjà connus n'implique pas de connaître tous les nombres premiers intermédiaires.
31
+
32
+ Plus généralement, la recherche de tous les nombres premiers inférieurs à un nombre donné (premier ou non) constitue un défi mathématique spécifique.
33
+
34
+ Notes :
35
+ (*)   π(s) est la quantité totale de nombres premiers situés sous le seuil s (c'est-à-dire dans l'intervalle d'entiers
36
+
37
+
38
+
39
+ [
40
+
41
+ [
42
+ 0
43
+ ,
44
+ s
45
+ ]
46
+
47
+ ]
48
+
49
+
50
+ {\displaystyle [\![0,s]\!]}
51
+
52
+ ).
53
+ La connaissance de π(s) par un calcul algorithmique n'implique pas nécessairement que chacun des nombres premiers soit immédiatement identifiable.
54
+ La décomposition en facteurs permet au contraire d'identifier les nombres premiers individuellement.
55
+
56
+ La notion de nombre premier est liée à l'étude de la structure multiplicative de l'anneau des entiers relatifs. Le théorème fondamental de l'arithmétique, basé sur le lemme d'Euclide, élucide cette structure en assurant que tout entier strictement positif se factorise en un produit de nombres premiers, de manière unique à l'ordre des facteurs près. Ce théorème permet de déterminer des notions de pgcd, ppcm, et de nombres premiers entre eux, qui sont utiles pour la résolution de certaines équations diophantiennes, notamment la caractérisation des triplets pythagoriciens.
57
+
58
+ D'autres problèmes naturels sont envisagés, comme la détermination de la proportion d'entiers premiers à un entier fixé. L'introduction de structures algébriques plus avancées permet de résoudre ce problème rapidement dans le cadre de l'arithmétique modulaire. De nombreux théorèmes classiques de nature arithmétique peuvent être énoncés, comme le petit théorème de Fermat, ou le théorème de Wilson ; ou des théorèmes de nature plus algébrique comme le théorème des restes chinois.
59
+
60
+ Le théorème des restes chinois est un premier résultat dans l'étude des groupes abéliens finis[13]. Il met en évidence que la structure de ces groupes est en partie liée à la décomposition en produit de facteurs premiers de leurs cardinaux. Les choses sont plus compliquées pour les groupes non abéliens, cependant, l'étude se base à nouveau sur la décomposition en facteurs premiers de leurs cardinaux, à travers la théorie de Sylow.
61
+
62
+ Les nombres premiers interviennent aussi dans les structures topologiques. Le corps des nombres rationnels admet une structure topologique habituelle, qui donne par complétion le corps des nombres réels. Pour chaque nombre premier p, une autre structure topologique peut être construite, à partir de la norme suivante : si
63
+
64
+
65
+
66
+ x
67
+ =
68
+
69
+
70
+ a
71
+ b
72
+
73
+
74
+
75
+
76
+ {\displaystyle x={\frac {a}{b}}}
77
+
78
+ est un nombre rationnel non nul sous forme irréductible et que
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+ p
84
+
85
+ α
86
+
87
+
88
+
89
+
90
+ {\displaystyle p^{\alpha }}
91
+
92
+ et
93
+
94
+
95
+
96
+
97
+ p
98
+
99
+ β
100
+
101
+
102
+
103
+
104
+ {\displaystyle p^{\beta }}
105
+
106
+ sont les plus grandes puissances de p divisant a et b, la norme p-adique de x est
107
+
108
+
109
+
110
+
111
+ p
112
+
113
+ β
114
+
115
+ α
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ {\displaystyle p^{\beta -\alpha }}
121
+
122
+ . En complétant le corps des rationnels suivant cette norme, on obtient le corps des nombres p-adiques, introduit par Kurt Hensel au début du XXe siècle. Le théorème d'Ostrowski assure que ces normes p-adiques et la norme habituelle sont les seules sur le corps des nombres rationnels, à équivalence près[14].
123
+
124
+ Il existe des types remarquables de nombres premiers, définis par des contraintes particulières. Les quelques cas ci-dessous sont parmi les plus connus.
125
+
126
+ On appelle parfois nombre premier « de Pythagore » tout nombre premier de la forme 4n + 1, où n est un entier naturel. Par exemple, le nombre premier 5 est de Pythagore. Un nombre premier impair est de Pythagore si et seulement s'il est somme de deux carrés.
127
+
128
+ Les nombres premiers de la forme :
129
+
130
+
131
+
132
+
133
+
134
+ M
135
+
136
+ p
137
+
138
+
139
+ =
140
+
141
+ 2
142
+
143
+ p
144
+
145
+
146
+
147
+ 1
148
+
149
+
150
+ {\displaystyle M_{p}=2^{p}-1}
151
+
152
+
153
+ où p est alors nécessairement aussi premier, sont appelés nombres premiers de Mersenne. Les grands nombres premiers sont souvent recherchés sous cette forme car il existe un test efficace, le test de primalité de Lucas-Lehmer, pour déterminer si un tel nombre est premier ou non.
154
+
155
+ Entre 2008 et 2012, le plus grand nombre premier connu était M43 112 609 = 243 112 609 – 1, qui comporte 12 978 189 chiffres en écriture décimale. Il s'agit (chronologiquement) du 45e nombre premier de Mersenne connu et sa découverte a été annoncée le 23 août 2008 par le GIMPS. Un 46e nombre premier de Mersenne, 237 156 667 – 1, inférieur au précédent, a été découvert deux semaines plus tard ; le 12 avril 2009 était découvert, par le même projet GIMPS, un 47e nombre premier de Mersenne, 242 643 801 – 1, lui aussi inférieur au premier cité.
156
+
157
+ Ce record a été battu (toujours par le GIMPS) par la preuve de la primalité de M57 885 161 = 257 885 161 – 1 (en janvier 2013) puis à nouveau, le 7 janvier 2016, par celle de M74 207 281, le 3 janvier 2018, par celle de M77 232 917, et enfin, le 7 décembre 2018, par celle de M82 589 933.
158
+
159
+ Les nombres de la forme :
160
+
161
+
162
+
163
+
164
+
165
+ F
166
+
167
+ n
168
+
169
+
170
+ =
171
+
172
+ 2
173
+
174
+
175
+ 2
176
+
177
+ n
178
+
179
+
180
+
181
+
182
+ +
183
+ 1
184
+
185
+
186
+ {\displaystyle F_{n}=2^{2^{n}}+1}
187
+
188
+
189
+ sont appelés les nombres de Fermat. Fermat avait conjecturé que tous ces nombres étaient premiers[15]. Cependant, les seuls nombres de Fermat premiers connus sont
190
+
191
+ Le nombre de Fermat F5 est seulement semi-premier. Il est divisible par 641.
192
+
193
+ Il s'agit du premier contre-exemple à cette conjecture de Fermat, découvert par Euler en 1732. Tous les autres nombres de Fermat calculés depuis sont composés, au point que l'objectif s'est transformé en la recherche effrénée d'un autre nombre de Fermat premier.
194
+
195
+ Deux nombres premiers sont dits jumeaux s'ils ne diffèrent que de 2. Les trois plus petits couples de nombres premiers jumeaux sont (3, 5), (5, 7) et (11, 13). Le plus grand connu est 2 996 863 034 895 × 221 290 000 ± 1 ; les deux nombres possèdent 388 342 chiffres (septembre 2016).
196
+
197
+ Il est conjecturé qu'il existe une infinité de nombres premiers jumeaux.
198
+
199
+ Un nombre premier G est un nombre premier de Sophie Germain si 2G + 1 est aussi un nombre premier, appelé nombre premier sûr.
200
+
201
+ Les dix premiers nombres premiers de Sophie Germain sont 2, 3, 5, 11, 23, 29, 41, 53, 83, 89.
202
+
203
+ Il est conjecturé qu'il existe une infinité de nombres premiers de Sophie Germain.
204
+
205
+ Un nombre premier brésilien p est un nombre premier qui est répunit avec un nombre premier impair de 1 dans une base b ; la réciproque est fausse comme le montrent 57 = 1117 = 3 × 19 ou encore 121 = 111113 = 11 x 11.
206
+
207
+ Le plus petit nombre premier brésilien est 7 = 1112 ; 43 = 1116 et 127 = 11111112 sont d'autres exemples.
208
+
209
+ La suite des nombres premiers brésiliens commence par 7, 13, 31, 43, 73, 127, 157, 211, 241, 307, 421, 463 , etc. (suite A085104 de l'OEIS).
210
+
211
+ Seuls deux nombres premiers brésiliens sont connus pour être brésiliens dans deux bases différentes, ce sont les deux nombres de la conjecture de Goormaghtigh: 31 = 111112 = 1115 et 8191 = 11111111111112 = 11190.
212
+
213
+ On conjecture qu'il existe une infinité de nombres premiers brésiliens, mais, alors que la série des inverses des nombres premiers est divergente, la série des inverses des nombres premiers brésiliens est convergente vers un nombre, appelé « constante des nombres premiers brésiliens », légèrement supérieure à 0,33 et qui est étudiée dans la séquence  A306759.
214
+
215
+ Tout nombre premier de Mersenne supérieur ou égal à 7 est brésilien par définition. Par exemple,
216
+
217
+
218
+
219
+
220
+ M
221
+
222
+ 5
223
+
224
+
225
+ =
226
+
227
+ 2
228
+
229
+ 5
230
+
231
+
232
+
233
+ 1
234
+ =
235
+ 31
236
+ =
237
+
238
+ 11111
239
+
240
+ 2
241
+
242
+
243
+
244
+
245
+ {\displaystyle M_{5}=2^{5}-1=31=11111_{2}}
246
+
247
+ .
248
+
249
+ Par contre, tout nombre de Fermat
250
+
251
+
252
+
253
+
254
+ F
255
+
256
+ n
257
+
258
+
259
+ =
260
+
261
+ 2
262
+
263
+
264
+ 2
265
+
266
+ n
267
+
268
+
269
+
270
+
271
+ +
272
+ 1
273
+
274
+
275
+ {\displaystyle F_{n}=2^{2^{n}}+1}
276
+
277
+ premier est non brésilien[16].
278
+
279
+ Les plus petits nombres des couples de nombres premiers jumeaux qui sont brésiliens sont plutôt rares (ils figurent dans la suite  A306849), et plus généralement, les nombres premiers brésiliens sont relativement rares ; ainsi, sur les premiers 1012 entiers naturels, il existe 37 607 912 018 nombres premiers dont seulement 88 285 sont des premiers brésiliens.
280
+
281
+ Les premiers algorithmes pour décider si un nombre est premier (appelés tests de primalité) consistent à essayer de le diviser par tous les nombres qui n'excèdent pas sa racine carrée : s'il est divisible par l'un d'entre eux, il est composé, et sinon, il est premier. Cependant, l'algorithme déduit de cette formulation peut être rendu plus efficace : il suggère beaucoup de divisions inutiles, par exemple, si un nombre n'est pas divisible par 2, il est inutile de tester s'il est divisible par 4. En fait, il suffit de tester sa divisibilité par tous les nombres premiers n'excédant pas sa racine carrée.
282
+
283
+ Le crible d'Ératosthène est une méthode, reposant sur cette idée, qui fournit la liste des nombres premiers inférieurs à une valeur fixée n (n = 120 dans l'animation ci-contre) :
284
+
285
+ Ainsi les nombres premiers inférieurs à n sont les nombres qui restent non barrés à la fin du processus. Cet algorithme est de complexité algorithmique exponentielle.
286
+
287
+ Le crible d'Ératosthène fournit donc plus d'information que la seule primalité de n. Si seule cette information est souhaitée, une variante parfois plus efficace consiste à ne tester la divisibilité de n que par des petits nombres premiers dans une liste fixée au préalable (par exemple 2, 3 et 5), puis par tous les nombres entiers inférieurs à la racine carrée de n qui ne sont divisibles par aucun des petits nombres premiers choisis ; cela amène à tester la divisibilité par des nombres non premiers (par exemple 49 si les petits premiers sont 2, 3 et 5 et que n excède 2500), mais un choix d'un nombre suffisant de petits nombres premiers doit permettre de contrôler le nombre de tests inutiles effectués[17].
288
+
289
+ Une variante du crible d'Ératosthène est le crible de Sundaram qui consiste à former les produits de nombres impairs. Les nombres qui ne sont pas atteints par cette méthode sont les nombres premiers impairs, c'est-à-dire tous les nombres premiers sauf 2. Par ailleurs, à partir du crible d'Ératosthène, la factorisation de l'entier n peut facilement être trouvée. D'autres méthodes plus générales concernant ce problème plus difficile que simplement déterminer la primalité sont aussi appelées méthodes de crible, la plus efficace étant actuellement le crible général des corps de nombres[18].
290
+
291
+ Les algorithmes présentés précédemment ont une complexité trop importante pour pouvoir être menés à terme, même avec les ordinateurs les plus puissants, quand n devient grand.
292
+
293
+ Une autre classe d'algorithme consiste à tester l'entier n pour une famille de propriétés vérifiées par les nombres premiers : si une propriété de cette famille n'est pas vérifiée pour n, alors il est composé ; en revanche, le fait qu'une des propriétés de la famille soit vérifiée pour n ne suffit pas à assurer la primalité. Toutefois, si cette famille est telle qu'un nombre composé ne vérifie pas au moins la moitié des propriétés en jeu, alors l'utilisateur peut estimer qu'un nombre n qui vérifie k propriétés de la famille est premier avec une probabilité supérieure à 1 – 2–k : il est déclaré probablement premier à partir d'une valeur de k à choisir par l'utilisateur ; un nombre déclaré probablement premier, mais qui n'est pas premier est appelé nombre pseudo-premier. Un test basé sur ce principe est appelé test probabiliste de primalité. De tels tests reposent souvent sur le petit théorème de Fermat, amenant au test de primalité de Fermat, et à ses raffinements : le test de primalité de Solovay-Strassen et celui de Miller-Rabin, qui sont des améliorations, car ils admettent moins de nombres pseudo-premiers[19],[20].
294
+
295
+ L'algorithme AKS mis au point en 2002 permet de déterminer (avec certitude) si un nombre donné N est premier en utilisant un temps de calcul polynomial.
296
+
297
+ De nombreuses formules ont été cherchées pour générer les nombres premiers. Le plus haut niveau d'exigence serait de trouver une formule qui à un entier n associe le n-ième nombre premier. De manière un peu plus souple, on peut se contenter d'exiger une fonction f qui à tout entier n associe un nombre premier et telle que chaque valeur prise ne le soit qu'une fois.
298
+
299
+ Enfin, on souhaite que la fonction soit calculable en pratique[21] (ce qui n'est pas le cas de la formule de Mills). Par exemple, le théorème de Wilson assure que p est un nombre premier si et seulement si (p -1)! ≡ -1 mod p.
300
+ Il s'ensuit que la fonction f(n) = 2 + [((n - 1)!) mod n] vaut
301
+ n si n est un nombre premier et vaut 2 sinon. Cependant, le calcul de la factorielle (même modulo
302
+
303
+
304
+
305
+ n
306
+
307
+
308
+ {\displaystyle n}
309
+
310
+ ) est rédhibitoire pour de grandes valeurs de n, et cette fonction a donc peu d'utilité pour générer des nombres premiers.
311
+
312
+ Il est donc tentant de chercher des fonctions polynomiales dont les valeurs
313
+ sont des nombres premiers. Ceci a conduit au résultat (négatif) suivant : un polynôme (à une ou plusieurs variables) dont les valeurs aux entiers naturels sont des nombres premiers, est un polynôme constant[22].
314
+
315
+ La recherche de polynômes vérifiant une propriété plus faible s'est développée à partir de la notion d'ensemble diophantien de nombres entiers ; de tels ensembles peuvent être caractérisés comme les ensembles de valeurs strictement positives prises par un polynôme (à plusieurs variables) dont les coefficients et les variables sont des nombres entiers.
316
+
317
+ Un travail mené dans les années 1960 et 1970, notamment par Putnam, Matiyasevich, Davis et Robinson, permet de montrer que l'ensemble des nombres premiers est diophantien, conduisant à l'existence de polynômes à coefficients et variables entières dont toutes les valeurs positives sont les nombres premiers. L'écriture de divers polynômes explicites a ensuite été possible, avec différents nombres de variables, et divers degrés. Notamment, Jones, Sato, Wada et Wiens ont déterminé en 1976 un tel polynôme, de degré 25 à 26 variables.
318
+
319
+ De même que pour les formules à factorielles, l'exploitation de ce polynôme ne donne aucun résultat en pratique car il ne donne pratiquement que des valeurs négatives quand on fait varier les variables a à z de 0 à l'infini.
320
+
321
+ La notion d'ensemble diophantien s'est plus généralement développée à partir des problèmes posés par le dixième problème de Hilbert sur les équations diophantiennes[23].
322
+
323
+ Euclide a démontré dans ses Éléments (proposition 20 du Livre IX) que les nombres premiers sont en plus grande quantité que toute quantité proposée de nombres premiers. Autrement dit, il existe une infinité de nombres premiers. La démonstration d'Euclide repose sur la constatation qu'une famille finie p1,...,pn de nombres premiers étant donnée, tout nombre premier divisant le produit des éléments de cette famille augmenté de 1 est en dehors de cette famille (et un tel diviseur existe, ce qui est aussi prouvé par Euclide)[24].
324
+
325
+ D'autres démonstrations de l'infinité des nombres premiers ont été données. La preuve d'Euler[25] utilise l'identité :
326
+
327
+ Dans la formule précédente, le terme de gauche est la somme de la série harmonique, qui est divergente. Par conséquent, le produit de droite doit contenir une infinité de facteurs.
328
+
329
+ Furstenberg fournit une preuve utilisant une argumentation topologique[26].
330
+
331
+ Le premier résultat sur le comportement des nombres premiers à l’infini est dû à Euler :
332
+
333
+ Théorème de raréfaction d’Euler (1737) — La série des inverses des nombres premiers est divergente :
334
+
335
+
336
+
337
+
338
+
339
+
340
+ p
341
+
342
+
343
+ premier
344
+
345
+
346
+
347
+
348
+
349
+ 1
350
+ p
351
+
352
+
353
+
354
+ =
355
+
356
+ +
357
+
358
+
359
+ .
360
+
361
+
362
+ {\displaystyle \sum _{p\,{\text{premier}}}{\frac {1}{p}}\,=\,+\,\infty .}
363
+
364
+ Comme la série des inverses de tous les entiers est également divergente, cela indique intuitivement que, si les nombres premiers se raréfient à l’infini, ils ne se raréfient pas très vite [27].
365
+
366
+ Par ailleurs, le résultat sur l'infinité des nombres premiers amène à se demander combien il y a de nombres premiers jusqu’à un nombre donné et à étudier la fonction correspondante. Pour cela, on désigne, pour tout nombre premier
367
+
368
+
369
+
370
+ p
371
+ ,
372
+
373
+
374
+ {\displaystyle p,}
375
+
376
+ son rang dans la suite croissante des nombres premiers, comme indiqué dans le tableau suivant pour les 25 nombres premiers inférieurs à 100 :
377
+
378
+ Pour
379
+
380
+
381
+
382
+ x
383
+
384
+
385
+ {\displaystyle x}
386
+
387
+ une variable réelle,
388
+
389
+
390
+
391
+ π
392
+ (
393
+ x
394
+ )
395
+
396
+
397
+ {\displaystyle \pi (x)}
398
+
399
+ est définie comme le nombre de nombres premiers
400
+
401
+
402
+
403
+
404
+ x
405
+ .
406
+
407
+
408
+ {\displaystyle \leq x.}
409
+
410
+ Cette fonction réelle à valeurs entières est appellée fonction de compte des nombres premiers. C’est une fonction en escalier, constante entre deux nombres premiers successifs :
411
+
412
+
413
+
414
+ π
415
+ (
416
+ x
417
+ )
418
+
419
+
420
+ {\displaystyle \pi (x)}
421
+
422
+ est égal à
423
+
424
+
425
+
426
+ π
427
+ (
428
+ q
429
+ )
430
+
431
+
432
+ {\displaystyle \pi (q)}
433
+
434
+ ,
435
+
436
+
437
+
438
+ q
439
+
440
+
441
+ {\displaystyle q}
442
+
443
+ étant le plus grand nombre premier
444
+
445
+
446
+
447
+
448
+ x
449
+ .
450
+
451
+
452
+ {\displaystyle \leq x.}
453
+
454
+ Restreinte au domaine de définition
455
+
456
+
457
+
458
+
459
+ P
460
+
461
+
462
+
463
+ {\displaystyle \mathbb {P} }
464
+
465
+ , la fonction
466
+
467
+
468
+
469
+ π
470
+
471
+
472
+ {\displaystyle \pi }
473
+
474
+ a une fonction réciproque, généralement notée
475
+
476
+
477
+
478
+
479
+ p
480
+
481
+ n
482
+
483
+
484
+
485
+
486
+ {\displaystyle p_{n}}
487
+
488
+ , qui représente le n-ième nombre premier, par exemple
489
+
490
+
491
+
492
+
493
+ p
494
+
495
+ 16
496
+
497
+
498
+ =
499
+ 53
500
+
501
+
502
+ {\displaystyle p_{16}=53}
503
+
504
+ .
505
+
506
+ La fonction
507
+
508
+
509
+
510
+ π
511
+ (
512
+ x
513
+ )
514
+
515
+
516
+ {\displaystyle \pi (x)}
517
+
518
+ est croissante et tend vers l’infini[24]. C’est une conséquence triviale du théorème de l’infinité des nombres premiers (voir section précédente).
519
+
520
+ Le premier résultat important sur
521
+
522
+
523
+
524
+ π
525
+ (
526
+ x
527
+ )
528
+
529
+
530
+ {\displaystyle \pi (x)}
531
+
532
+ est obtenu par Legendre :
533
+
534
+ Théorème de raréfaction de Legendre — Le rapport
535
+
536
+
537
+
538
+
539
+
540
+
541
+ π
542
+ (
543
+ x
544
+ )
545
+
546
+ x
547
+
548
+
549
+
550
+
551
+ {\displaystyle {\frac {\pi (x)}{x}}}
552
+
553
+ tend vers zéro quand
554
+
555
+
556
+
557
+ x
558
+
559
+
560
+ {\displaystyle x}
561
+
562
+ tend vers l’infini.
563
+
564
+ Vers la fin du XVIIIe siècle, Legendre (1797) et Gauss (1792) conjecturent que la fonction de compte des nombres premiers
565
+
566
+
567
+
568
+ π
569
+ (
570
+ x
571
+ )
572
+
573
+
574
+ {\displaystyle \pi (x)}
575
+
576
+ est équivalente à la fonction
577
+
578
+
579
+
580
+
581
+
582
+ x
583
+
584
+ ln
585
+
586
+ (
587
+ x
588
+ )
589
+
590
+
591
+
592
+
593
+
594
+ {\displaystyle {\frac {x}{\ln(x)}}}
595
+
596
+ quand
597
+
598
+
599
+
600
+ x
601
+
602
+
603
+ {\displaystyle x}
604
+
605
+ tend vers l'infini. Dit autrement, la proportion de nombres premiers parmi les nombres inférieurs à
606
+
607
+
608
+
609
+ x
610
+ ,
611
+
612
+
613
+ {\displaystyle x,}
614
+
615
+ c’est-à-dire
616
+
617
+
618
+
619
+
620
+
621
+
622
+ π
623
+ (
624
+ x
625
+ )
626
+
627
+ x
628
+
629
+
630
+ ,
631
+
632
+
633
+ {\displaystyle {\frac {\pi (x)}{x}},}
634
+
635
+ tend vers 0 à la vitesse de
636
+
637
+
638
+
639
+
640
+
641
+ 1
642
+
643
+ ln
644
+
645
+ x
646
+
647
+
648
+
649
+
650
+
651
+ {\displaystyle {\frac {1}{\ln x}}}
652
+
653
+ .
654
+
655
+ On peut apprécier la pertinence de cette conjecture en examinant le tableau des valeurs de
656
+
657
+
658
+
659
+
660
+
661
+
662
+ π
663
+ (
664
+ x
665
+ )
666
+
667
+ x
668
+
669
+
670
+
671
+
672
+ {\displaystyle {\frac {\pi (x)}{x}}}
673
+
674
+ et de
675
+
676
+
677
+
678
+
679
+
680
+
681
+ π
682
+ (
683
+ x
684
+ )
685
+
686
+
687
+ x
688
+
689
+ ln
690
+
691
+ (
692
+ x
693
+ )
694
+
695
+
696
+
697
+
698
+
699
+
700
+ {\displaystyle {\frac {\pi (x)}{\frac {x}{\ln(x)}}}}
701
+
702
+ pour les valeurs de
703
+
704
+
705
+
706
+ x
707
+
708
+
709
+ {\displaystyle x}
710
+
711
+ égales aux premières puissances entières de 10 :
712
+
713
+ Il faudra tout le XIXe siècle pour que la conjecture soit démontrée (voir section suivante).
714
+
715
+ Une première avancée vers la démonstration de la conjecture de Legendre-Gauss [28] est obtenue par Tchebychev à partir de 1848 :
716
+
717
+ Théorème de Tchebychev — Il existe deux constantes C et D telles qu'on ait l'encadrement, pour x assez grand :
718
+
719
+ la conjecture de Legendre-Gauss consistant à affirmer la validité de l’énoncé pour n’importe quel
720
+
721
+
722
+
723
+
724
+ C
725
+
726
+ <
727
+ 1
728
+
729
+
730
+ {\displaystyle \mathrm {C} <1}
731
+
732
+ et n’importe quel
733
+
734
+
735
+
736
+
737
+ D
738
+
739
+ >
740
+ 1.
741
+
742
+
743
+ {\displaystyle \mathrm {D} >1.}
744
+
745
+ Il démontre également le théorème suivant sur la raréfaction des nombres premiers :
746
+
747
+ Comme conséquence des inégalités ci-dessus, Tchebychev peut aussi démontrer le postulat de Bertrand selon lequel dans tout intervalle d'entiers naturels, entre un entier et son double existe au moins un nombre premier[29].
748
+
749
+ En reprenant l’étude d’Euler, au moyen d'un outil appelé caractère de Dirichlet, et en utilisant à la place de la fonction zêta de Riemann des fonctions analogues appelées fonction L de Dirichlet, Dirichlet est capable d'adapter la démonstration aux nombres premiers dans des progressions arithmétiques : si a et b sont premiers entre eux, alors il existe une infinité de nombres premiers de la forme aq+b. Plus précisément, les nombres premiers sont équirépartis entre les différentes progressions arithmétiques de raison a (c'est-à-dire avec a fixé, et b variant parmi les divers restes inversibles dans la division euclidienne par a)[30],[31].
750
+
751
+ Une nouvelle avancée est due à Riemann dans un article célèbre en 1859 : il étend le domaine de définition de la fonction
752
+
753
+
754
+
755
+ ζ
756
+ (
757
+ s
758
+ )
759
+
760
+
761
+ {\displaystyle \zeta (s)}
762
+
763
+ au plan complexe privé du nombre
764
+
765
+
766
+
767
+ s
768
+ =
769
+ 1
770
+
771
+
772
+ {\displaystyle s=1}
773
+
774
+  ; il formule sa célèbre hypothèse, selon laquelle les zéros de
775
+
776
+
777
+
778
+ ζ
779
+ (
780
+ s
781
+ )
782
+
783
+
784
+ {\displaystyle \zeta (s)}
785
+
786
+ situés dans la bande
787
+
788
+
789
+
790
+ 0
791
+
792
+
793
+ <
794
+ Re
795
+
796
+ (
797
+ s
798
+ )
799
+
800
+ <
801
+
802
+ 1
803
+
804
+
805
+ {\displaystyle 0\,\,<\operatorname {Re} (s)\,<\,1}
806
+
807
+ ont pour partie réelle
808
+
809
+
810
+
811
+
812
+
813
+ 1
814
+ 2
815
+
816
+
817
+
818
+ ;
819
+
820
+
821
+ {\displaystyle {\frac {1}{2}}\,;}
822
+
823
+ son approche constitue une impulsion décisive au développement de la théorie analytique des nombres, source de nombreuses avancées en théorie des nombres.
824
+
825
+ À la fin du siècle, la conjecture de Legendre et Gauss est démontrée indépendamment par Jacques Hadamard et Charles-Jean de La Vallée Poussin[32], et porte depuis lors le nom de théorème des nombres premiers. La démonstration s’appuie sur l’observation qu’il suffit de s’assurer que la fonction
826
+
827
+
828
+
829
+ ζ
830
+
831
+
832
+ {\displaystyle \zeta }
833
+
834
+ ne s'annule pas dans le demi-plan de partie réelle
835
+
836
+
837
+
838
+
839
+ 1
840
+
841
+
842
+ {\displaystyle \geq 1}
843
+
844
+ et de trouver un domaine qui englobe ce demi-plan dans lequel c’est le cas.
845
+
846
+ Théorème des nombres premiers (Hadamard et de La Vallée Poussin, 1896) — Quand
847
+
848
+
849
+
850
+ x
851
+
852
+
853
+ ,
854
+
855
+ π
856
+ (
857
+ x
858
+ )
859
+
860
+
861
+
862
+ x
863
+
864
+ ln
865
+
866
+ x
867
+
868
+
869
+
870
+ .
871
+
872
+
873
+ {\displaystyle x\rightarrow \infty ,\;\pi (x)\sim {\frac {x}{\ln x}}.}
874
+
875
+ Les démonstrations utilisent des outils puissants d'analyse complexe pour démontrer un énoncé d'arithmétique et d'analyse réelle. Une stratégie pour ces démonstrations est l'étude de la fonction zêta de Riemann sur un domaine du plan complexe plus grand qu'un simple voisinage de z=1 : il est nécessaire de la contrôler, c'est-à-dire de majorer son module, au voisinage de la droite verticale des nombres de partie réelle égale à 1[33]. La puissance des outils d'analyse complexe utilisés pour résoudre le théorème des nombres premiers conduit à un développement important d'une branche entière des mathématiques, la théorie analytique des nombres, dans laquelle l'étude de la fonction zêta de Riemann devient un thème central. En particulier l'hypothèse de Riemann, encore non démontrée, sur la localisation de ses zéros, aurait des conséquences fortes sur le comportement de la fonction de compte des nombres premiers.
876
+
877
+ Sur la base des résultats de Riemann (article de 1859), on peut déduire l'estimation :
878
+
879
+ Théorème (Helge von Koch, 1901) — Sous l’hypothèse de Riemann, on a :
880
+
881
+
882
+
883
+ π
884
+ (
885
+ x
886
+ )
887
+ =
888
+ li
889
+
890
+ (
891
+ x
892
+ )
893
+ +
894
+ O
895
+ (
896
+
897
+ x
898
+
899
+ 1
900
+
901
+ /
902
+
903
+ 2
904
+
905
+
906
+ ln
907
+
908
+ x
909
+ )
910
+ ,
911
+
912
+
913
+ {\displaystyle \pi (x)=\operatorname {li} (x)+O(x^{1/2}\ln x),}
914
+
915
+
916
+
917
+
918
+
919
+
920
+
921
+ l
922
+ i
923
+
924
+
925
+ (
926
+ x
927
+ )
928
+ =
929
+
930
+
931
+
932
+ 0
933
+
934
+
935
+ x
936
+
937
+
938
+
939
+
940
+
941
+
942
+ d
943
+
944
+ t
945
+
946
+
947
+ ln
948
+
949
+ (
950
+ t
951
+ )
952
+
953
+
954
+
955
+
956
+
957
+ {\displaystyle {\rm {li}}(x)=\int _{0}^{x}{\frac {\mathrm {d} t}{\ln(t)}}}
958
+
959
+ (Riemann note cette fonction
960
+
961
+
962
+
963
+
964
+
965
+ L
966
+ i
967
+
968
+
969
+ (
970
+ x
971
+ )
972
+
973
+
974
+ {\displaystyle {\rm {Li}}(x)}
975
+
976
+ ) et où
977
+
978
+
979
+
980
+ f
981
+ =
982
+ O
983
+ (
984
+ g
985
+ )
986
+
987
+
988
+ {\displaystyle f=O(g)}
989
+
990
+ signifie qu’il existe une constante
991
+
992
+
993
+
994
+
995
+ C
996
+
997
+ >
998
+ 0
999
+
1000
+
1001
+ {\displaystyle \mathrm {C} >0}
1002
+
1003
+ telle que
1004
+
1005
+
1006
+
1007
+
1008
+ |
1009
+
1010
+ f
1011
+ (
1012
+ x
1013
+ )
1014
+
1015
+ |
1016
+
1017
+
1018
+
1019
+ C
1020
+
1021
+ g
1022
+ (
1023
+ x
1024
+ )
1025
+
1026
+
1027
+ {\displaystyle |f(x)|\leq \mathrm {C} g(x)}
1028
+
1029
+ pour tout
1030
+
1031
+
1032
+
1033
+ x
1034
+
1035
+
1036
+ {\displaystyle x}
1037
+
1038
+ assez grand.
1039
+
1040
+ Les résultats sur la fonction de compte des nombres premiers permettent d'obtenir des résultats sur le n-ième nombre premier. Par exemple, comme conséquences directes des théorèmes de Tchebychev, Ishikawa établit en 1934 des propriétés de la fonction n-ième nombre premier, désignée par
1041
+
1042
+
1043
+
1044
+
1045
+ p
1046
+
1047
+ n
1048
+
1049
+
1050
+
1051
+
1052
+ {\displaystyle p_{n}}
1053
+
1054
+  :
1055
+
1056
+ Ou encore, d'après un résultat de Felgner de 1990[34] :
1057
+
1058
+ Des démonstrations élémentaires du théorème des nombres premiers sont trouvées. Par élémentaires, il faut entendre qu’elles ne recourent pas à l'analyse complexe. C’est le cas notamment d’Erdős et de Selberg[32].
1059
+
1060
+ Le théorème de Green-Tao, démontré en 2004 par Ben Joseph Green et Terence Tao, généralise notamment un théorème de Dirichlet en assurant que pour tout entier k, il existe une infinité de suites de k nombres premiers en progression arithmétique, c'est-à-dire de la forme :
1061
+
1062
+ Le théorème de Green-Tao est en fait bien plus fort que cet énoncé seul : par exemple, il établit qu'une telle progression arithmétique existe, avec des entiers tous plus petits que :
1063
+
1064
+ (expérimentalement, cette borne semble plutôt devoir être de l'ordre de k!). Il assure également que pour tout entier k et tout réel
1065
+
1066
+
1067
+
1068
+ δ
1069
+
1070
+
1071
+ {\displaystyle \delta }
1072
+
1073
+ strictement positif, pour tout x suffisamment grand, si P est un ensemble de nombres premiers inférieurs à x contenant au moins
1074
+
1075
+
1076
+
1077
+ δ
1078
+ π
1079
+ (
1080
+ x
1081
+ )
1082
+
1083
+
1084
+ {\displaystyle \delta \pi (x)}
1085
+
1086
+ éléments, alors P contient au moins une progression arithmétique de nombres premiers comptant k termes.
1087
+
1088
+ De nombreux résultats et conjectures sur la répartition des nombres premiers sont contenus dans la conjecture générale suivante. Soit f1,...,fk des polynômes non constants, irréductibles et vérifiant la propriété que pour tout nombre premier p il y ait au moins un entier n parmi 0, ..., p – 1 tel que p ne divise pas le produit des fi(n). On note
1089
+
1090
+
1091
+
1092
+ ω
1093
+ (
1094
+ p
1095
+ )
1096
+
1097
+
1098
+ {\displaystyle \omega (p)}
1099
+
1100
+ le complémentaire à p du nombre de tels entiers. Un tel ensemble de polynômes est dit admissible ; on cherche à connaître la proportion d'entiers en lesquels les polynômes prennent simultanément des valeurs premières, et se limiter à des ensembles de polynômes admissibles permet d'éviter des cas triviaux comme f1(t)=t, et f2(t)=t+1. Il est alors conjecturé que le nombre d'entiers n plus petits qu'un réel x tels que les valeurs f1(n),...,fk(n) sont simultanément premières, est, pour x assez grand, de l'ordre de :
1101
+
1102
+ Le théorème des nombres premiers correspond au cas k = 1 et ft = t, le théorème de Dirichlet à k = 1 et ft = at + b, et pour k = 2, f1(t) = t et f2(t) = t + 2, on obtient une version quantitative (et donc plus générale) de la conjecture des nombres premiers jumeaux.
1103
+
1104
+ La décomposition en facteurs premiers est utile pour simplifier les calculs fractionnaires, et de manière générale simplifier des formules. Elle n'est raisonnablement applicable que pour de petits nombres. Les sciences physiques ont de nombreuses formules comportant des nombres entiers petits, soit qu'il s'agisse de coefficients provenant de la dérivation ou de l'intégration de monômes, soit qu'il s'agisse de coefficients choisi volontairement entiers pour une application.
1105
+
1106
+ Les nombres premiers, et plus généralement la théorie des nombres, ont longtemps été vus comme un sujet purement mathématique, avec peu ou pas d'applications extérieures. Cela changea rapidement dans les années 1970, quand de nouveaux systèmes de cryptographie basés sur les propriétés des nombres premiers furent conçus.
1107
+
1108
+ Jusque dans les années 1970, les systèmes de chiffrement connus étaient basés sur le principe de la cryptographie symétrique, où une même clé (secrète) est utilisée pour chiffrer et déchiffrer un message. En 1978, Ronald Rivest, Adi Shamir et Leonard Adleman décrivent le premier système public de cryptographie asymétrique (nommé d'après leurs initiales RSA), basé sur les propriétés des nombres premiers et de la factorisation. Dans un tel système, deux clés sont utilisées : l'une sert à chiffrer, l'autre à déchiffrer. La clé permettant de chiffrer est accompagnée d'un grand nombre entier, le produit de deux grands nombres premiers gardés secrets (de l'ordre de 200 chiffres). Pour calculer la clé de déchiffrement, la seule méthode connue nécessite de connaître les deux facteurs premiers. La sécurité du système est basée sur le fait qu'il est facile de trouver deux grands nombres premiers (en utilisant des tests de primalité) et de les multiplier entre eux, mais qu'il serait difficile pour un attaquant de retrouver ces deux nombres. Ce système permet également de créer des signatures numériques, et a révolutionné le monde de la cryptographie.
1109
+
1110
+ La notion de nombre premier s'est vue généralisée au cours du XIXe siècle dans d'autres structures algébriques que l'anneau des entiers relatifs. Pour résoudre des problèmes arithmétiques tels que le théorème des deux carrés, le théorème des quatre carrés, ou encore la loi de réciprocité quadratique (dont la première preuve est due à Carl Friedrich Gauss dans ses Disquisitiones arithmeticae), les mathématiciens ont été amenés à mener des raisonnements sur la divisibilité analogues à ceux qui impliquent les nombres entiers dans d'autres anneaux, par exemple celui des entiers de Gauss ou celui des entiers d'Eisenstein.
1111
+
1112
+ Le point de vue moderne trouve sa source dans les travaux d'Ernst Kummer, qui introduit la notion de « nombre premier idéal », dans sa tentative de démontrer le grand théorème de Fermat. Cette notion est à l'origine de la théorie moderne des anneaux d'entiers algébriques, découlant des travaux de Dedekind et Kronecker[35] : en termes modernes, on dit que ces anneaux ont une structure d'anneaux de Dedekind ; notamment, le théorème sur la factorisation des nombres premiers y est remplacé par un résultat de factorisation des idéaux de l'anneau (c'est-à-dire les sous-groupes absorbants pour la multiplication, qui dans ce contexte sont en rapport avec ce que Kummer appelait « nombres idéaux ») en produit d'idéaux premiers. L'arithmétique dans ces anneaux a en général des liens profonds et difficiles avec l'arithmétique des nombres premiers classiques : par exemple, dans ses travaux sur le théorème de Fermat, Kummer parvient à démontrer l'impossibilité de trouver des solutions non triviales (c'est-à-dire avec x, y et z non nuls) à l'équation xp + yp = zp si p est un nombre premier régulier (il s'agit d'une condition portant sur la nature de l'anneau des entiers algébriques engendré par une racine primitive p-ième de l'unité).
1113
+
1114
+ Sur la seule base de quelques expériences statistiques, certaines conjectures sur les nombres premiers ont été transposées aux nombres chanceux (construits par une variante du crible d'Ératosthène)[36].
1115
+
1116
+ Il y a beaucoup de conjectures et de questions ouvertes sur les nombres premiers. Par exemple :
1117
+
1118
+ La série de gauche est convergente, alors que la somme porte sur tous les entiers et que
1119
+
1120
+
1121
+
1122
+ ε
1123
+
1124
+
1125
+ {\displaystyle \varepsilon }
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+
1127
+ (positif) peut être choisi aussi petit qu’on veut, tandis que la série du milieu, conformément au théorème d’Euler, est divergente et tend vers l’infini, alors que la somme ne porte que sur les nombres premiers.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Un pseudonyme est un nom d'emprunt adopté par une (ou plusieurs[1]) personne(s) pour exercer une activité sous un autre nom que celui de son identité officielle.
2
+
3
+ Il se distingue du surnom en ceci qu'il est choisi par la personne qui le porte au lieu de lui être attribué par un tiers[2]. Son usage est fréquent dans certains milieux, tels que le milieu artistique : auteurs, acteurs, etc., ou scientifique : groupe d’auteurs (Bourbaki), confidentialité (Student), etc.
4
+
5
+ L'usage du pseudonyme peut avoir plusieurs motivations : substitution à un nom jugé imprononçable, trop marqué ethniquement ou « peu glamour », protection de l'identité réelle, motivation artistique, etc.
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+
7
+ Un mode assez courant de formation de pseudonymes est d'utiliser une anagramme de son nom réel (certaines œuvres de François Rabelais sont parues sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier).
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+
9
+ Pour les arts du spectacle (acteurs, humoristes, chanteurs, etc.), on parle de nom de scène ou nom d'artiste.
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+
11
+ Le cas le plus connu reste sans doute celui de Molière, dont le vrai nom était Jean-Baptiste Poquelin. Citons aussi Bourvil ou Arletty.
12
+
13
+ Dans le cinéma d'exploitation américain, bon nombre d'acteurs et réalisateurs d’origine étrangère ont pris un pseudonyme à consonance anglophone afin de rendre leurs films plus vendeurs. Mais pas toujours : Cary Grant se nommait Archibald Leach dans la vie. Dans ce même milieu, certains réalisateurs prennent un certain nombre de pseudonymes.
14
+
15
+ En France, la mode des pseudonymes anglais s’est répandue du cinéma aux chanteurs « yéyés » dans les années 1960 : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Richard Anthony, Sheila, etc.
16
+ Le monde de la musique moderne est rempli de pseudo et de noms de groupes.
17
+
18
+ Pendant la Renaissance artistique, beaucoup d'artistes italiens se nomment par rapport au métier de leur père ou par son lieu d'origine : par exemple, Le Caravage (issu du village de Caravaggio), les Da Sangallo (travaillant à la porte Saint-Gall de Florence), les Pollaiolo (du métier du père, éleveur de poules), Jacopo del Sellaio (le Sellier) par le métier de son père.
19
+
20
+ Au début du XXe siècle, les historiens de l'art attribuent des surnoms aux artistes dont il ne connaissent pas (encore) le nom, qu’ils baptisent maîtres anonymes. Certains ouvrages de la littérature antique, dont le véritable auteur est inconnu, ont été attribués faussement à un auteur connu. Quand l'erreur a été reconnue, le nom de cet auteur est précédé du suffixe Pseudo- et l'on parle de pseudépigraphe.
21
+
22
+ Le pseudonyme d’un écrivain ou d’un journaliste est appelé son « nom de plume ».
23
+
24
+ Le phénomène apparaît dès la Renaissance, mais ne se répandra vraiment qu’à partir du XVIIIe siècle avec Voltaire. (Molière est un nom de scène plus qu’un nom de plume.)
25
+
26
+ Gérard Labrunie a pris pour pseudonyme Gérard de Nerval en 1830[3] et Henri Beyle signe ses écrits Stendhal.
27
+
28
+ D'autres écrivains signaient avec l'anagramme de leur nom : Alcofribas Nasier fut le pseudonyme de François Rabelais[4], tout comme Honoré de Balzac signait Lord R'Hoone, (anagramme d'Honoré) certaines œuvres de jeunesse[5].
29
+
30
+ Les auteures de l'époque victorienne ont souvent choisi un nom de plume masculin, pour être agréées dans le milieu de l'édition. Les sœurs Charlotte, Emily et Anne Brontë ont publié d’abord sous les noms de Currer, Ellis et Acton Bell. George Eliot s’appelait Mary Evans. En France au XIXe siècle et début XXe , Aurore Dupin signe George Sand mais on trouve aussi Daniel Lesueur (Jeanne Loiseau), Daniel Stern (Marie d'Agoult), Gérard d'Houville (Marie de Heredia-Reignier)...
31
+
32
+ Nombre d'écrivains ont choisi de signer leurs œuvres d'un pseudonyme, parfois pour des raisons de sécurité : Jean Bruller avait pris le nom de Vercors aux Éditions de Minuit pendant la seconde guerre mondiale, tout comme François Mauriac qui, chez le même éditeur publiait sous le nom de Forez. Les écrivains résistants avaient tous des noms de région de France comme pseudonyme[6].
33
+
34
+ Pour se donner le « genre » américain, très à la mode dans les années 1940, Boris Vian signe « Vernon Sullivan » son roman « américain » J'irai cracher sur vos tombes, tandis que l'« Américain » James Hadley Chase n’était autre que l'Anglais René Brabazon Raymond, qui écrivait ses romans avec un dictionnaire d'argot américain[7].
35
+
36
+ L'écrivain Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, obtint une première fois le prix Goncourt en 1956, puis une seconde fois sous le pseudonyme d'Émile Ajar en 1975, alors qu'un auteur n'est pas autorisé à recevoir ce prix plus d'une fois. La supercherie ne sera découverte qu'après sa mort.
37
+
38
+ Dans la bande dessinée, les pseudonymes ont été nombreux, à la suite des « fondateurs » Christophe et le plus connu, Georges Remy, dont le pseudonyme « Hergé » vient des initiales RG de son vrai nom. « Jijé » (Joseph Gillain), « Jidéhem », « Achdé », reprennent le procédé.
39
+
40
+ « Morris » est le prénom Maurice, « Peyo » (Pierre Culliford) vient d'une prononciation enfantine de son prénom, comme Didgé. « Lambil » (Willy Lambillotte) « Watch » (Wattier) ou « Mitacq » (Michel Tacq) sont directement inspirés des vrais noms.
41
+ Cas original, Jean Giraud a utilisé plusieurs signatures : Giraud, Gir et Moebius parce que, disait-il, « je dessine des bandes tordues ».
42
+
43
+ On trouve plusieurs appellations possibles : nom de guerre, nom de code, nom de résistance, nom de clandestinité. Pour diverses raisons (guerre, résistance, opposition politique, clandestinité ou sécurité de la personne concernée ou celle de la famille), il est parfois nécessaire de coder les messages et les noms d'état civil des protagonistes.
44
+
45
+ La plupart des révolutionnaires de l'Empire russe prirent un pseudonyme :
46
+
47
+ En France, pendant la Première Guerre mondiale, Gustave Dupin, militant ouvrier, prit comme pseudonyme le nom de la commune d'Ermenonville afin de publier divers ouvrages sur cette guerre.
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+
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, les résistants ou les combattants des pays occupés par l'Allemagne nazie ayant rejoint les forces alliées prirent des « noms de guerre » ou de résistance. Certains noms restèrent attachés par la suite au nom initial de l'état-civil, en particulier pour les personnalités les plus en vue. On a même vu le pseudonyme remplacer purement et simplement, de façon officielle, le nom d'état civil initial. Quelques exemples :
50
+
51
+ On utilisera également le terme « nom de code » ou « blaze ». Robert Barcia a ainsi été longtemps connu sous son seul « blaze », Hardy. Pierre Boussel est plus connu sous le nom de Pierre Lambert, nom porté dans la clandestinité politique et syndicale lors de la Seconde Guerre mondiale.
52
+
53
+ Dans le milieu de la prostitution et de la galanterie, les pseudonymes sont d’usage courant, voire systématique, mais peuvent correspondre à plusieurs réalités :
54
+
55
+ De nombreuses communautés (forums, chats, jeux vidéo en ligne, pages wiki) demandent à leurs usagers d'utiliser un pseudonyme lorsqu'ils communiquent entre eux. Le pseudonyme permet de masquer l'identité et les administrateurs d'une communauté encouragent les utilisateurs à révéler le moins de choses possibles sur leur identité non numérique. Ceci est fait afin de protéger les usagers qui seraient encore mineurs, empêcher toute forme de vol d'identité sur le site ou pour éviter à ces derniers d'être reliés à leur identité réelle. Par contre, étant donné cet usage des pseudonymes, une même personne peut visiter un site avec plusieurs pseudonymes différents ou plusieurs personnes peuvent visiter en partageant le même pseudonyme.
56
+
57
+ À plus forte raison, sur les sites de rencontre et les sites libertins, les pseudonymes recouvrent le même double besoin de marquage identitaire et de protection de l’anonymat.
58
+
59
+ L'usage du pseudonyme est également très courant dans les sites de partage vidéo comme Youtube. Il n'est cependant pas systématique et les vidéastes qui en utilisent un ne cachent pas toujours leur identité réelle.
60
+
61
+ On retrouve un phénomène similaire avec la propagation des blogs et des plates-formes d'expression, où les pseudonymes sont utilisés comme noms de plume afin de séparer la personnalité publique de la personne privée, d'une manière similaire à ce qu'on peut trouver dans le monde de la littérature. À titre d'exemple, on peut citer Maître Eolas qui a notamment écrit une série de billets[10] sur son blog dans lesquels il explique son choix.
62
+
63
+ De plus, l'usage des pseudonymes tend à devenir le centre d'un débat sur internet, certains l'accusant de faciliter le cyberharcèlement par l’anonymat qu'il confère et cherchent donc à les interdire ou les restreindre : on peut citer la tentative de la société de jeux vidéo Blizzard de rendre obligatoire l'utilisation du nom réel de l'utilisateur sur leurs forums dans le but de lutter contre les trolls et de réduire l'agressivité des discussions.
64
+
65
+ Les pratiques graphiques et picturales du tag et du graff sont d'origine vouées à utiliser le pseudonyme, dit « blase » ou « blaze » en argot français, comme support d'une forme de calligraphie, c'est l'une des plus importantes sources de pseudonymes de notre époque après Internet.
66
+
67
+ Dans le catch, les sportifs choisissent un ou plusieurs pseudonymes.
68
+
69
+ Pour les sportifs lusophones et hispanophones, comme les noms de famille sont souvent redondants (voir Système traditionnel des noms espagnols), il est parfois d'usage d'utiliser un pseudonyme pour se démarquer des autres individus (Deco, Nenê, Ronaldinho, Rodri...). Certains sportifs ne sont connus que par le prénom qui fait alors usage de pseudonyme : (Jesé, Josimar, Neymar, Gilmar, Denílson...). Au Brésil, il est commun de voir des footballeurs brésiliens qui utilisent le nom de leur État en tant que complément de leur prénom pour pouvoir se différencier les uns des autres (Marcelo Goiano pour le Goiás, Éder Gaúcho pour le Rio Grande do Sul, Léo Mineiro pour le Minas Gerais, Marcelinho Paulista pour l'État de São Paulo...).
70
+
71
+ Dans le monde de la tauromachie, les matadors se font parfois connaître du grand public sous un nom d'emprunt, l'apodo, pseudonyme choisi en fonction de leur ville d'origine, d'une caractéristique physique ou d'un ancien métier. Ainsi El Cordobés, de son véritable nom Manuel Benítez Pérez, a choisi comme nom de matador un pseudonyme signifiant « le Cordouan », par allusion à Cordoue, la ville où il est né[11]. Nimeño II (« le Nîmois »), pour l'état civil « Christian Montcouquiol », avait pris un pseudonyme en référence à Nîmes, sa ville d'origine[12].
72
+
73
+ En droit, l'usage d'un pseudonyme est couramment admis, il se constitue du nom de l'intéressé suivi du préfixe « dit » avant le pseudonyme choisi. La mention du pseudonyme sur la carte d'identité en France est une tolérance de l'administration, elle n'est pas systématiquement accordée[13]. Il est également possible d'ouvrir un compte bancaire sous son pseudonyme, elle reste toutefois à la libre appréciation suivant les différentes administrations[14]. Pour obtenir la mention sur les papiers d'identité, il faudra pour cela obtenir un acte de notoriété confirmant votre pseudonyme choisi, réalisé en étude notariale ou bien également en déposant une requête prouvant l'usage « constant et ininterrompu et dénué de toute équivoque » de ce pseudonyme auprès du juge du Tribunal d'Instance du lieu de résidence qui délivrera un acte de notoriété.
74
+
75
+ L'usage du pseudonyme est même parfois expressément autorisé, comme en droit d'auteur : le code de la propriété intellectuelle organise les droits de l'auteur qui publie sous pseudonyme[15].
76
+
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+ Certaines professions ne peuvent pas exercer sous couverture d'un pseudonyme comme les médecins, les dentistes et les sages-femmes, sous peine de 4 500 € d'amende. Et concernant les architectes, ils peuvent exercer sous pseudonyme, à la seule condition qu'ils soient inscrits au tableau de l'ordre des architectes sous ce pseudonyme avec en leurs possessions un acte de notoriété.
78
+
79
+ L'appréciation du pseudonyme est laissée à l'administration préfectorale ou communale et un pseudonyme n'est pas transmissible à sa descendance ni à son conjoint.
80
+
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+ En France, on peut mentionner le pseudonyme d'une personne à la suite de l'identité réelle de l'intéressé en le faisant précéder du terme latin « alias », qui signifie « autrement », « par ailleurs ». Exemple pour Boris Vian, auteur ayant écrit également sous le nom de plume de Vernon Sullivan : « Boris Vian, alias Vernon Sullivan ».
82
+
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+ Il est toutefois préférable d'utiliser le participe « dit » suivi du pseudonyme. Exemple : « Roman Kacew, dit Romain Gary ».
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+
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+ Sous l'influence de l'anglais, « aka » (ou a.k.a.), acronyme de « also known as » (littéralement « connu aussi sous le nom de »), est parfois utilisé, surtout par des musiciens contemporains.
86
+
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+ On a aussi la possibilité d'introduire le pseudonyme par l'expression « i.e. » (abréviation latine de id est, équivalent de « c'est-à-dire ») et du nom réel, comme dans certains systèmes bibliographiques, tel celui de la British Library : « Ajar, Émile, (c'est-à-dire Gary, Romain) ».
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+ En taxinomie (botanique, zoologie, mycologie , etc.), le nom binominal[1], nom binomial, binom[2] ou binôme[3] est une combinaison de deux mots servant à désigner une espèce. Le premier mot, le nom générique, circonscrit un genre ; le second, l'épithète spécifique, indissociable du nom générique, sert à désigner l'espèce au sein de ce genre.
2
+
3
+ Utilisé pour la première fois par Guillaume Rondelet et Pierre Belon au XVIe siècle[4], son usage est systématisé par Carl von Linné au XVIIIe siècle. La nomenclature binominale, ainsi que d’autres aspects formels de la nomenclature biologique, constituent le « système linnéen ». Le nom binominal est latinisé et s'écrit toujours en italique quand le texte est en typographie romaine, et inversement : par exemple, Homo sapiens pour l'espèce humaine (ou bien Homo sapiens pour l'espèce humaine).
4
+
5
+ Dans les ouvrages de vulgarisation en français, le nom binominal est souvent remplacé ou complété par un nom vulgaire, parfois un nom normalisé, dénominations en langue véhiculaire, par opposition aux divers noms vernaculaires utilisés localement dans le langage courant.
6
+
7
+ L'appellation de nom binomial, sans le deuxième « n », est souvent réputée impropre, à tort. On trouve en français les adjectifs « binomial » ou « binominal », aussi bien en botanique qu'en zoologie ainsi que le substantif binôme[5], selon une étymologie approximative curieusement admise par Émile Littré. Déjà en 1994, Aline Raynal-Roques rappelait que serait préférable la forme binom (du latin classique bi- « deux » et nomen « nom ») à la forme binôme qui proviendrait spéculativement d'un mélange non conforme de latin et de grec du latin bi- et du grec nomos ou « loi »[6].
8
+
9
+ Il apparait cependant, malgré la bizarrerie orthographique que constitue l'ajout tardif de l'accent circonflexe, que le terme de binôme descend bien du latin, et seulement du latin, d'une manière tout à fait régulière[1]. Le substantif « binôme » et l'adjectif « binomial » ne sont donc pas impropres à cause d'une étymologie douteuse. Il est en revanche sémantiquement et étymologiquement incorrect de faire correspondre binôme à binominal ou bien binom à binomial, il faut utiliser ces paires de mots d'une manière logique. Le sens du mot binôme est plus large, il désigne un ensemble de deux choses, alors que le sens du mot binom est plus précis, il désigne un ensemble de deux mots.
10
+
11
+ Avant que Linné établisse les règles du système de nommage à deux mots, les espèces étaient décrites par de courtes phrases latines de quelques mots, nommées polynômes latins, qui étaient inconsistantes et gênantes pour les scientifiques lorsqu'ils communiquaient entre eux ou même avec le public. De plus, elles étaient rédigées très différemment suivant les savants et devenaient rapidement indigestes avec les compilations encyclopédiques des auteurs de la Renaissance. Linné conserva cependant ces phrases latines, non plus comme des dénominations mais plutôt comme de brèves diagnoses des traits les plus saillants des espèces[7]. Jean Bauhin est le premier à avoir pensé, au début de la Renaissance, à une nomenclature regroupant genre et espèce. Malgré sa brillante idée, il ne parvint pas à imposer dans le monde scientifique de l'époque ce principe encore valable chez les zoologistes actuels.
12
+
13
+ Il faut attendre plus d'un siècle pour que Carl von Linné, naturaliste suédois influent, impose cette nomenclature dite binaire, puis binominale. C'est Joseph Pitton de Tournefort qui, dans son Institutiones rei herbariae (1700)[8], popularise l'usage du genre et du nom générique comme de l'espèce et du nom de celle-ci. Puis c'est Karl Niklaus Lang qui, en 1722, utilise le premier cette méthode en zoologie[9], en formalisant un ensemble de règles qui a favorisé son adoption par les communautés scientifiques.
14
+
15
+ Le premier ouvrage français à avoir utilisé cette nomenclature binominale est un catalogue des espèces cultivées au jardin botanique de Montpellier, l’Hortus regius monspeliensis du botaniste Antoine Gouan publié en 1762[10].
16
+
17
+ Les règles de nomenclature sont modulées en fonction des disciplines ; celles s'appliquant aux taxons du règne végétal et du règne fongique sont édictées par le Code international de nomenclature botanique (CINB) ; celles du règne animal par la Commission internationale de nomenclature zoologique (CINZ). Ces règles ne restent pas immuables. Elles font l'objet de réajustements périodiques lors des congrès internationaux (tous les six ans).
18
+
19
+ Le principal avantage de cette terminologie est, depuis Linné, d'avoir offert un langage commun. Par delà les noms vernaculaires propres à chaque langue pour désigner l'espèce humaine ou les membres de celle-ci (Human, Mensch, Ser humano…) et parfois multiples au sein d'une même langue (l'espèce humaine, l'homme, l'humain…), Homo sapiens se présente comme un vocable de référence, certes de nature scientifique, mais qui a su par ailleurs acquérir une notoriété dépassant celle du jargon.
20
+
21
+ Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés « combinaisons ».
22
+
23
+ Entre genre et espèce (sous-genre, section, sous-section, série, sous-série, etc.), les combinaisons sont infragénériques et binominales : nom de genre, puis après indication du rang, une épithète infragénérique. Par exemple le cèpe appartient à la section « Boletus sect. Edules ». Edules correspond à un nom infragénérique (inférieur au genre), au rang d'une section réunissant plusieurs espèces de même affinité[11] ;
24
+
25
+ Au rang d'espèce, les combinaisons deviennent « spécifiques » et « binominales ». C'est le sujet principal traité dans cette page.
26
+
27
+ En dessous de l'espèce (variété, forme, etc.) les combinaisons sont « infraspécifiques » et « trinominales »[11].
28
+
29
+ Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants : Rang (bactérien), Rang (botanique), Rang (zoologique).
30
+
31
+ Ils demeurent les plus importants car toute espèce du monde vivant est désignée dans la communauté scientifique par un nom binominal. Ce nom binominal[12] spécifique se compose d'un nom de genre et d'une épithète spécifique, suit généralement l'auteur (ou les auteurs) ayant décrit et nommé ainsi pour la premiere fois l'espèce et la date de publication de ce travail. L'ensemble constitue le nom scientifique international.
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+ L'épithète spécifique peut être un adjectif, un nom au génitif ou un mot en apposition.
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+ Exemple : Homo sapiens Linné, 1758.
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+ Les noms binominaux sont établis selon des règles précises, fixées par la nomenclature scientifique des noms des espèces vivantes.
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39
+ Ils sont réputés latins, quelle que soit leur origine : un des deux noms, voire les deux pouvant être transcrits du grec ancien comme Abramis, du chinois comme Agrocybe chaxingu, ou du japonais comme Lentinula shiitake ou bien du polonais comme Capsaspora owczarzaki. En effet, ils sont impérativement écrits en alphabet latin (donc sans diacritique ou accent, les ligatures Æ, æ, Œ, œ, ß sont écrites sans ligature : Ae, ae, Oe, oe, ss) et reçoivent une désinence latine ou se déclinent en latin chaque fois qu'il est morphologiquement possible. Le trait d'union est autorisé en botanique mais son usage est codifié[11].
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+ À partir d'une certaine date de publication, variable selon les disciplines, les noms binominaux doivent être accompagnés d'une diagnose latine, avec description et typification, dans la même publication (ou ultérieurement, voir plus bas « : » ou « ex »).
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+ Ils sont censés contenir une valeur descriptive, notamment l'épithète qualificative ou génitif de qualité. Il ne s'agit ici que d'une recommandation du Code aux auteurs, mais la plus grande liberté est admise dans le choix du nom de baptême. Ce peut être un patronyme (rouxii), un prénom (mariae), un pseudonyme (otaksa), un toponyme (brasiliensis, japonica…), un nom indigène quelle que soit sa langue d'origine, ou un mot composé savant (voir ci-après).
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+ Il est également recommandé, depuis 2012, d'en préciser l'étymologie (cf. Article 60, recommandation 60 H.1., du Code international de nomenclature de Melbourne) particulièrement lorsqu'elle n'apparaît pas évidente. Par exemple, Clitocybe acromelalga Ichimura, décrit un nom savant composé du grec acro- « extrémité », -mel- « articulation ou membre » et alga « douleur », ce champignon provoquant des douleurs atroces des extrémités (doigts et orteils). Il est toutefois mal décliné (acromelalges eût été correct), mais la correction, qui doit faire l'objet d'une demande, relève d'une décision officielle.
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+ Quelques exemples de noms binominaux, suivis du nom de leurs auteurs :
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+ Il faut respecter certaines règles de composition (orthographe et grammaire latine) et de typographie.
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+ Le nom de genre s'écrit avec la majuscule. La recommandation 60 F.1. précise : « La lettre initiale de toute épithète spécifique ou infra-spécifique devrait être une minuscule ; cependant, les auteurs qui désirent utiliser une majuscule peuvent le faire pour des épithètes directement dérivées de noms de personnes, réelles ou mythiques, de noms vernaculaires (ou non latins) ou d'anciens noms de genres ».
52
+ Comme le binôme est écrit en latin, il est en italique dans une écriture romaine, et inversement, ce qui le distingue visuellement du reste du texte. En écriture cursive, l'usage typographique veut qu'il soit souligné.
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+ Le nom de sous-genre ou d'autres rangs intercalaires, est parfois inséré entre parenthèses entre le nom de genre et l'épithète spécifique. Par exemple Hylobius (Callirus) abietis (Linnaeus, 1758). Ils sont tolérés pour indiquer une phylogénie, mais ce nom de sous-genre ne fait en aucun cas partie du binôme.
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56
+ En dessous du rang d'espèce (variété ou race, sous-espèce, forme), le nom des taxons devient trinominal, avec le nom de genre, une épithète spécifique suivis d'une seule épithète infraspécifique : Panthera leo persica. Dans les cas de la botanique et de la mycologie cela se fait après l'indication du rang : Tricholoma saponaceum var. fagetorum.
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+ Chaque fois que la rigueur devient nécessaire, on doit faire suivre le nom binominal de la « citation d'auteurs » et de la date de publication (l'année suffit) - en zoologie, c'est la date de la description originale, en botanique, la date de la nouvelle combinaison - éventuellement complétée de sa référence bibliographique.
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+ Par exemple :
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+ Il existe quatre catégories d'auteurs :
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+ Lorsque le taxon est publié pour la première fois, la citation est toujours simple : le nom est suivi du nom de l'auteur qui le publie. Ce nom de personne peut être donné au long, mais on utilise très souvent une abréviation plus ou moins acceptée par l'usage. L'auteur peut se substituer à un collectif d'auteurs (l'ensemble des auteurs publiant conjointement le nom et qui en assument la responsabilité).
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+ Lorsqu'un systématicien estime que le genre choisi n'est pas le meilleur pour cette espèce, notamment à la suite de la création d'un nouveau genre, il peut décider de transférer l'espèce dans un autre genre. Dans ce cas, le nom de l'auteur de la combinaison princeps demeure, mais il est placé entre parenthèses.
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68
+ Chaque fois qu'une espèce est transférée dans un autre genre, on doit obligatoirement mentionner à la suite de la parenthèse fermante, le nom de celui qui, le premier, a publié cette nouvelle combinaison (abrégée « comb. nov. »).
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+ Autrement dit, chaque fois que le taxon auquel le nom (supposé publié de manière valide) s'applique initialement a été changé de genre et que l'épithète est conservée (ce qui n'est pas toujours possible), on procède comme suit :
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+ La règle s'applique même si au lieu d'un seul auteur, le transfert est le fait de plusieurs auteurs conjointement dans la même publication (publications signées par plusieurs auteurs).
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+ Cette date situe l'année de publication effective du livre ou de la revue dans lequel l'espèce a été décrite la première fois sous ce binôme. Cette date est indispensable pour retrouver, notamment quand on consulte des ouvrages anciens (plus de cinq ans suffisent dans certaines disciplines), une espèce citée même si elle a changé de genre. La mention de l'année est cependant facultative, de même que la citation bibliographique complète.
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+ Les noms binominaux latinisés instaurés par Linné ont remplacé les « noms vulgaires » (ou « vernaculaires »), dont certains demeurent cependant utilisés par les scientifiques, quand ils ne prêtent pas à confusion et sont très connus (lion, ours blanc...) ou sont normalisés par une institution scientifique (on parle alors de « nom normalisé »), ce qui est par exemple le cas en français pour les oiseaux avec la Commission internationale des noms français des oiseaux.
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+ Dans certains pays, des traditions de dénomination relativement précises étaient en cours avant même le Systema Naturae, par exemple au Japon, et sont demeurées plus riches et précises que la classification scientifique pendant plusieurs siècles, certaines espèces y ayant été décrites bien avant d'être intégrées à la classification « officielle »[13].
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+ Sur la citation d'auteurs :
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+ Sur les autres aspects nomenclaturaux :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le nom est un mot ou un groupe de mots servant à désigner des êtres, des choses et des concepts. Le nom peut ainsi désigner une catégorie de personnes, d'animaux ou de choses, mais aussi de notions, d'actions, ayant des caractéristiques communes, ou, au contraire, désigner un être ou un lieu, voire une chose particulière, auquel cas, il s’agit d’un nom propre. Le nom peut être synonyme d’appellation ou de dénomination, à distinguer du nom, au sens grammatical du terme, qui est synonyme de substantif.
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+ Le nom peut être constitué uniquement d’un substantif : route, poire…
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+ Mais il peut également être constitué d’une locution nominale, appelée également syntagme nominal figé, ou lexicalisé, dont le mot principal est un substantif : chemin de fer, café crème, rose pompon, pois chiche, pomme de terre…
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+ Des structures similaires se retrouvent dans les noms propres : Bretagne, Molière, Pays basque, Organisation des Nations unies…
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+ Les noms constitués de plusieurs mots sont parfois réduits, par l’emploi :
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+ Des termes précis sont attribués à certaines catégories de noms propres, pour en préciser le champ. Ainsi, il existe, par exemple, un terme pour désigner :
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+ La liste n’est pas exhaustive. D'autres termes permettent de définir des noms spécifiques, la plupart d’entre eux étant des mots suffixés en -onyme.
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+ Cependant, aucun nom particulier n’est attribué à certaines catégories de noms propres. Il en est ainsi, par exemple, pour le nom d’organisation, l’organisation pouvant être, par exemple, une entreprise, une administration publique, un syndicat, un parti politique, une association, et pour le nom de marque.
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+ Certains noms font l’objet d’une règlementation particulière. C’est le cas notamment pour :
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+ En informatique, les noms sont généralement des identifiants. C’est le cas, par exemple, des noms de domaine.
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+ Il en est de même, dans le domaine de la programmation, pour les noms d'éléments, ces derniers devant notamment respecter des conventions de nommage.
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+ Concernant les données de l’utilisateur, la gestion du contenu des dossiers est effectuée à l’aide d’espaces de noms. Les noms des éléments contenus dans un dossier sont ainsi stockés dans l’espace de noms correspondant.
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+ Dans le domaine des sciences, les noms peuvent être régis par des conventions de nommage et être liés à une nomenclature. Il est ainsi question :
30
+
31
+ En biologie, le nommage des organismes vivants est lié à la taxonomie, domaine dans lequel s’inscrit la nomenclature. Dans le cas du français, les noms d’espèces peuvent être classés ainsi[1] :
32
+
33
+ À noter que « nom commun » signifie ici « nom courant » et a un sens bien distinct la notion grammaticale de même nom. Le sens donné à « nom commun », à « nom vernaculaire » et à « nom vulgaire » varie toutefois selon les sources (voir les articles correspondants). Les noms scientifiques, quant à eux, sont des noms binominaux, constitués d’un nom générique, correspondant au genre, et d’une épithète spécifique, précisant l’espèce, ou des noms trinominaux, comportant en plus un terme infraspécifique.
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35
+ En économie, la création de noms constitue une activité spécialisée, appelée naming.
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37
+ Les entreprises possèdent plusieurs types de noms : une dénomination sociale, dénomination juridique de la société commerciale, et un nom commercial, nom sous lequel l’activité de l'entreprise est connue du public. Ces deux noms ne sont pas nécessairement identiques.
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+ On parle également de « nom commercial », ou « appellation commerciale », « dénomination commerciale » ou encore « dénomination de vente », pour nommer une espèce dans le cadre de sa commercialisation.
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+ Les noms constituent une des sources de création du lexique d’une langue. Plusieurs procédés peuvent être employés.
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+ La dérivation, à partir
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+ La lexicalisation, qui peut concerner un nom propre employé par antonomase (cas particulier de métaphore et de catachrèse), mais aussi un acronyme ou un sigle, ainsi, par exemple, à partir
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+ L’univerbation : « pivert » de pic vert.
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49
+ Lorsque le mot d’origine est un nom propre, le mot produit est appelé onomastisme.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En taxinomie (botanique, zoologie, mycologie , etc.), le nom binominal[1], nom binomial, binom[2] ou binôme[3] est une combinaison de deux mots servant à désigner une espèce. Le premier mot, le nom générique, circonscrit un genre ; le second, l'épithète spécifique, indissociable du nom générique, sert à désigner l'espèce au sein de ce genre.
2
+
3
+ Utilisé pour la première fois par Guillaume Rondelet et Pierre Belon au XVIe siècle[4], son usage est systématisé par Carl von Linné au XVIIIe siècle. La nomenclature binominale, ainsi que d’autres aspects formels de la nomenclature biologique, constituent le « système linnéen ». Le nom binominal est latinisé et s'écrit toujours en italique quand le texte est en typographie romaine, et inversement : par exemple, Homo sapiens pour l'espèce humaine (ou bien Homo sapiens pour l'espèce humaine).
4
+
5
+ Dans les ouvrages de vulgarisation en français, le nom binominal est souvent remplacé ou complété par un nom vulgaire, parfois un nom normalisé, dénominations en langue véhiculaire, par opposition aux divers noms vernaculaires utilisés localement dans le langage courant.
6
+
7
+ L'appellation de nom binomial, sans le deuxième « n », est souvent réputée impropre, à tort. On trouve en français les adjectifs « binomial » ou « binominal », aussi bien en botanique qu'en zoologie ainsi que le substantif binôme[5], selon une étymologie approximative curieusement admise par Émile Littré. Déjà en 1994, Aline Raynal-Roques rappelait que serait préférable la forme binom (du latin classique bi- « deux » et nomen « nom ») à la forme binôme qui proviendrait spéculativement d'un mélange non conforme de latin et de grec du latin bi- et du grec nomos ou « loi »[6].
8
+
9
+ Il apparait cependant, malgré la bizarrerie orthographique que constitue l'ajout tardif de l'accent circonflexe, que le terme de binôme descend bien du latin, et seulement du latin, d'une manière tout à fait régulière[1]. Le substantif « binôme » et l'adjectif « binomial » ne sont donc pas impropres à cause d'une étymologie douteuse. Il est en revanche sémantiquement et étymologiquement incorrect de faire correspondre binôme à binominal ou bien binom à binomial, il faut utiliser ces paires de mots d'une manière logique. Le sens du mot binôme est plus large, il désigne un ensemble de deux choses, alors que le sens du mot binom est plus précis, il désigne un ensemble de deux mots.
10
+
11
+ Avant que Linné établisse les règles du système de nommage à deux mots, les espèces étaient décrites par de courtes phrases latines de quelques mots, nommées polynômes latins, qui étaient inconsistantes et gênantes pour les scientifiques lorsqu'ils communiquaient entre eux ou même avec le public. De plus, elles étaient rédigées très différemment suivant les savants et devenaient rapidement indigestes avec les compilations encyclopédiques des auteurs de la Renaissance. Linné conserva cependant ces phrases latines, non plus comme des dénominations mais plutôt comme de brèves diagnoses des traits les plus saillants des espèces[7]. Jean Bauhin est le premier à avoir pensé, au début de la Renaissance, à une nomenclature regroupant genre et espèce. Malgré sa brillante idée, il ne parvint pas à imposer dans le monde scientifique de l'époque ce principe encore valable chez les zoologistes actuels.
12
+
13
+ Il faut attendre plus d'un siècle pour que Carl von Linné, naturaliste suédois influent, impose cette nomenclature dite binaire, puis binominale. C'est Joseph Pitton de Tournefort qui, dans son Institutiones rei herbariae (1700)[8], popularise l'usage du genre et du nom générique comme de l'espèce et du nom de celle-ci. Puis c'est Karl Niklaus Lang qui, en 1722, utilise le premier cette méthode en zoologie[9], en formalisant un ensemble de règles qui a favorisé son adoption par les communautés scientifiques.
14
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15
+ Le premier ouvrage français à avoir utilisé cette nomenclature binominale est un catalogue des espèces cultivées au jardin botanique de Montpellier, l’Hortus regius monspeliensis du botaniste Antoine Gouan publié en 1762[10].
16
+
17
+ Les règles de nomenclature sont modulées en fonction des disciplines ; celles s'appliquant aux taxons du règne végétal et du règne fongique sont édictées par le Code international de nomenclature botanique (CINB) ; celles du règne animal par la Commission internationale de nomenclature zoologique (CINZ). Ces règles ne restent pas immuables. Elles font l'objet de réajustements périodiques lors des congrès internationaux (tous les six ans).
18
+
19
+ Le principal avantage de cette terminologie est, depuis Linné, d'avoir offert un langage commun. Par delà les noms vernaculaires propres à chaque langue pour désigner l'espèce humaine ou les membres de celle-ci (Human, Mensch, Ser humano…) et parfois multiples au sein d'une même langue (l'espèce humaine, l'homme, l'humain…), Homo sapiens se présente comme un vocable de référence, certes de nature scientifique, mais qui a su par ailleurs acquérir une notoriété dépassant celle du jargon.
20
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21
+ Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés « combinaisons ».
22
+
23
+ Entre genre et espèce (sous-genre, section, sous-section, série, sous-série, etc.), les combinaisons sont infragénériques et binominales : nom de genre, puis après indication du rang, une épithète infragénérique. Par exemple le cèpe appartient à la section « Boletus sect. Edules ». Edules correspond à un nom infragénérique (inférieur au genre), au rang d'une section réunissant plusieurs espèces de même affinité[11] ;
24
+
25
+ Au rang d'espèce, les combinaisons deviennent « spécifiques » et « binominales ». C'est le sujet principal traité dans cette page.
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+
27
+ En dessous de l'espèce (variété, forme, etc.) les combinaisons sont « infraspécifiques » et « trinominales »[11].
28
+
29
+ Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants : Rang (bactérien), Rang (botanique), Rang (zoologique).
30
+
31
+ Ils demeurent les plus importants car toute espèce du monde vivant est désignée dans la communauté scientifique par un nom binominal. Ce nom binominal[12] spécifique se compose d'un nom de genre et d'une épithète spécifique, suit généralement l'auteur (ou les auteurs) ayant décrit et nommé ainsi pour la premiere fois l'espèce et la date de publication de ce travail. L'ensemble constitue le nom scientifique international.
32
+
33
+ L'épithète spécifique peut être un adjectif, un nom au génitif ou un mot en apposition.
34
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35
+ Exemple : Homo sapiens Linné, 1758.
36
+
37
+ Les noms binominaux sont établis selon des règles précises, fixées par la nomenclature scientifique des noms des espèces vivantes.
38
+
39
+ Ils sont réputés latins, quelle que soit leur origine : un des deux noms, voire les deux pouvant être transcrits du grec ancien comme Abramis, du chinois comme Agrocybe chaxingu, ou du japonais comme Lentinula shiitake ou bien du polonais comme Capsaspora owczarzaki. En effet, ils sont impérativement écrits en alphabet latin (donc sans diacritique ou accent, les ligatures Æ, æ, Œ, œ, ß sont écrites sans ligature : Ae, ae, Oe, oe, ss) et reçoivent une désinence latine ou se déclinent en latin chaque fois qu'il est morphologiquement possible. Le trait d'union est autorisé en botanique mais son usage est codifié[11].
40
+
41
+ À partir d'une certaine date de publication, variable selon les disciplines, les noms binominaux doivent être accompagnés d'une diagnose latine, avec description et typification, dans la même publication (ou ultérieurement, voir plus bas « : » ou « ex »).
42
+
43
+ Ils sont censés contenir une valeur descriptive, notamment l'épithète qualificative ou génitif de qualité. Il ne s'agit ici que d'une recommandation du Code aux auteurs, mais la plus grande liberté est admise dans le choix du nom de baptême. Ce peut être un patronyme (rouxii), un prénom (mariae), un pseudonyme (otaksa), un toponyme (brasiliensis, japonica…), un nom indigène quelle que soit sa langue d'origine, ou un mot composé savant (voir ci-après).
44
+
45
+ Il est également recommandé, depuis 2012, d'en préciser l'étymologie (cf. Article 60, recommandation 60 H.1., du Code international de nomenclature de Melbourne) particulièrement lorsqu'elle n'apparaît pas évidente. Par exemple, Clitocybe acromelalga Ichimura, décrit un nom savant composé du grec acro- « extrémité », -mel- « articulation ou membre » et alga « douleur », ce champignon provoquant des douleurs atroces des extrémités (doigts et orteils). Il est toutefois mal décliné (acromelalges eût été correct), mais la correction, qui doit faire l'objet d'une demande, relève d'une décision officielle.
46
+
47
+ Quelques exemples de noms binominaux, suivis du nom de leurs auteurs :
48
+
49
+ Il faut respecter certaines règles de composition (orthographe et grammaire latine) et de typographie.
50
+
51
+ Le nom de genre s'écrit avec la majuscule. La recommandation 60 F.1. précise : « La lettre initiale de toute épithète spécifique ou infra-spécifique devrait être une minuscule ; cependant, les auteurs qui désirent utiliser une majuscule peuvent le faire pour des épithètes directement dérivées de noms de personnes, réelles ou mythiques, de noms vernaculaires (ou non latins) ou d'anciens noms de genres ».
52
+ Comme le binôme est écrit en latin, il est en italique dans une écriture romaine, et inversement, ce qui le distingue visuellement du reste du texte. En écriture cursive, l'usage typographique veut qu'il soit souligné.
53
+
54
+ Le nom de sous-genre ou d'autres rangs intercalaires, est parfois inséré entre parenthèses entre le nom de genre et l'épithète spécifique. Par exemple Hylobius (Callirus) abietis (Linnaeus, 1758). Ils sont tolérés pour indiquer une phylogénie, mais ce nom de sous-genre ne fait en aucun cas partie du binôme.
55
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56
+ En dessous du rang d'espèce (variété ou race, sous-espèce, forme), le nom des taxons devient trinominal, avec le nom de genre, une épithète spécifique suivis d'une seule épithète infraspécifique : Panthera leo persica. Dans les cas de la botanique et de la mycologie cela se fait après l'indication du rang : Tricholoma saponaceum var. fagetorum.
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58
+ Chaque fois que la rigueur devient nécessaire, on doit faire suivre le nom binominal de la « citation d'auteurs » et de la date de publication (l'année suffit) - en zoologie, c'est la date de la description originale, en botanique, la date de la nouvelle combinaison - éventuellement complétée de sa référence bibliographique.
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60
+ Par exemple :
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62
+ Il existe quatre catégories d'auteurs :
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64
+ Lorsque le taxon est publié pour la première fois, la citation est toujours simple : le nom est suivi du nom de l'auteur qui le publie. Ce nom de personne peut être donné au long, mais on utilise très souvent une abréviation plus ou moins acceptée par l'usage. L'auteur peut se substituer à un collectif d'auteurs (l'ensemble des auteurs publiant conjointement le nom et qui en assument la responsabilité).
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66
+ Lorsqu'un systématicien estime que le genre choisi n'est pas le meilleur pour cette espèce, notamment à la suite de la création d'un nouveau genre, il peut décider de transférer l'espèce dans un autre genre. Dans ce cas, le nom de l'auteur de la combinaison princeps demeure, mais il est placé entre parenthèses.
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68
+ Chaque fois qu'une espèce est transférée dans un autre genre, on doit obligatoirement mentionner à la suite de la parenthèse fermante, le nom de celui qui, le premier, a publié cette nouvelle combinaison (abrégée « comb. nov. »).
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70
+ Autrement dit, chaque fois que le taxon auquel le nom (supposé publié de manière valide) s'applique initialement a été changé de genre et que l'épithète est conservée (ce qui n'est pas toujours possible), on procède comme suit :
71
+
72
+ La règle s'applique même si au lieu d'un seul auteur, le transfert est le fait de plusieurs auteurs conjointement dans la même publication (publications signées par plusieurs auteurs).
73
+
74
+ Cette date situe l'année de publication effective du livre ou de la revue dans lequel l'espèce a été décrite la première fois sous ce binôme. Cette date est indispensable pour retrouver, notamment quand on consulte des ouvrages anciens (plus de cinq ans suffisent dans certaines disciplines), une espèce citée même si elle a changé de genre. La mention de l'année est cependant facultative, de même que la citation bibliographique complète.
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+
76
+ Les noms binominaux latinisés instaurés par Linné ont remplacé les « noms vulgaires » (ou « vernaculaires »), dont certains demeurent cependant utilisés par les scientifiques, quand ils ne prêtent pas à confusion et sont très connus (lion, ours blanc...) ou sont normalisés par une institution scientifique (on parle alors de « nom normalisé »), ce qui est par exemple le cas en français pour les oiseaux avec la Commission internationale des noms français des oiseaux.
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78
+ Dans certains pays, des traditions de dénomination relativement précises étaient en cours avant même le Systema Naturae, par exemple au Japon, et sont demeurées plus riches et précises que la classification scientifique pendant plusieurs siècles, certaines espèces y ayant été décrites bien avant d'être intégrées à la classification « officielle »[13].
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80
+ Sur la citation d'auteurs :
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82
+ Sur les autres aspects nomenclaturaux :