de-francophones commited on
Commit
a14177c
1 Parent(s): 06ca7c9

7e8ef1f6d5d85d5f5636087800a16b84a0e53e48182c340731562243a1d22c46

Browse files
fr/3311.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,275 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Ordre
2
+
3
+ Les Lépidoptères (Lepidoptera) sont un ordre d'insectes holométaboles dont la forme adulte (ou imago) est communément appelée papillon, dont la larve est appelée chenille, et la nymphe chrysalide.
4
+
5
+ Il s'agit d'un des ordres d'insectes les plus répandus et les plus largement connus dans le monde, comprenant entre 155 100 et 174 233 espèces décrites[1] (dont près de 7 000 en Europe et 5 000 en France[2]) réparties dans 136 familles et 43 super-familles[3]. Les plus anciennes traces fossiles de papillons montrent que ces insectes ailés vivaient déjà sur la planète il y a 201 millions d’années, au côté des premiers dinosaures[4].
6
+
7
+ Ils se caractérisent à l'état adulte par trois paires de pattes (comme tous les insectes) et par deux paires d'ailes recouvertes d’écailles de couleurs très variées selon les espèces. Ils pondent des œufs qui donnent naissance à des chenilles. Ces dernières se transforment ensuite en chrysalides (s'abritant ou non dans un cocon préalablement tissé). Il en émerge enfin l'imago, ou papillon. Leur cycle biologique se trouve donc composé de quatre stades distincts : œuf, chenille, chrysalide et papillon. Ce sont des insectes à métamorphose complète.
8
+
9
+ Comme les abeilles et la plupart des pollinisateurs, dans une grande partie du monde, les papillons sont en forte régression, principalement en raison de l'intensification de certaines pratiques de l'agriculture[5] (monocultures, pesticides) et, localement, de la mortalité routière et de la pollution lumineuse ; ainsi, la mise à jour 2016 de la liste rouge de l'UICN montre que pour 462 espèces de papillons indigènes évaluées en zone méditerranéenne, 19 sont menacées d'extinction (dont 15 endémiques de cette écorégion)[5].
10
+
11
+ Le terme « lépidoptère » dérive du latin scientifique lepidoptera, terme construit lui-même à partir du grec ancien λεπίς « écaille » et πτερόν « aile »)[6]. Bon nombre d’espèces sont désignées par un nom vernaculaire différent suivant leur stade de développement. Souvent seul le papillon est nommé, parfois, seule la chenille, car ravageuse, porte un nom. Plus exceptionnellement, les deux formes sont nommées, comme pour les espèces Nymphalis antiopa ou Bombyx mori.
12
+
13
+ Le mot « papillon » est dérivé du latin papilio « lui-même tiré de la racine pil (« aller, vaciller ») dont papilio serait une forme à redoublement (allusion probable aux battements des ailes et aux déplacements vifs de ces insectes) »[7].
14
+
15
+ Voir : liste de Lépidoptères par nom scientifique, de Lépidoptères par nom vernaculaire et de chenilles par nom vernaculaire.
16
+
17
+ Les Lépidoptères sont des holométaboles comme les diptères ou les coléoptères.
18
+
19
+ Au stade de l'imago, le papillon a une longévité variable selon l'espèce, de quelques jours (Bombyx du mûrier) ou semaines (Flambé, Machaon) à plusieurs mois (jusqu'à dix pour le Citron Gonepteryx rhamni).
20
+
21
+ Les Lépidoptères, sous la forme adulte (papillon), sont caractérisés par deux paires d'ailes membraneuses recouvertes d’écailles colorées, qui sont des soies aplaties ; le mot « lépidoptère » vient de cette caractéristique : lepidos veut dire « écaille » en grec et pteros, « aile »[9].
22
+
23
+ Une écaille alaire est une minuscule plaque chitineuse le plus souvent pigmentée dotée d'un pédicelle à sa base permettant son insertion sur la membrane. Certaines couleurs métalliques sont optiques par diffraction de la lumière (cas par exemple pour l'Europe du genre Apatura Grand mars changeant, Petit mars changeant).
24
+
25
+ Chez les papillons, les dessins et les couleurs alaires ont des fonctions multiples, comme la thermorégulation, l'évitement de la prédation et la reproduction. Parmi ces fonctions, le camouflage, l'aposématisme et le mimétisme sont phylogénétiquement très répandus et présentent une grande diversification évolutive[10]. La sélection naturelle privilégie les espèces qui réalisent le meilleur compromis évolutif (trade-offtrade-off dans la littérature scientifique) d’allocation des ressources entre ces différents traits d'histoire de vie[11],[12].
26
+
27
+ Des écailles spécialisées, qui forment les androconies, sont présentes sur la face supérieure des ailes des mâles et diffusent des phéromones sexuelles, notamment la danaidone, issues de glandes lors des parades nuptiales.
28
+
29
+ Les ocelles ou yeux peuvent être des ornementations de défense (chez le Paon du jour par exemple), c'est un bon moyen de reconnaissance des espèces (comme l'ocelle orange centré de noir à l'aile antérieure du Petit mars changeant absent chez le Grand mars changeant[13]).
30
+
31
+ Le revers brun ou noir de ses ailes présente souvent une livrée homochrome qui permet de se cacher à de nombreuses espèces présentant des couleurs vives sur le recto de leurs ailes (Paon du jour par exemple).
32
+
33
+ Certaines espèces présentent la particularité de ne porter que très peu d'écailles : cas du genre Cithaerias.
34
+
35
+ Les papillons sont des organismes héliophiles et souvent thermophiles, leurs ailes jouant un rôle de thermorégulation afin d'optimiser l'efficacité de leurs activités (vol, recherche de nourriture). Au repos, posé à l'ombre, l'échauffement est un processus endothermique et se manifeste par de rapides frémissements des ailes assez proches dans leur principe du frissonnement[14]. Au repos par temps ensoleillé, ils orientent les ailes par rapport aux rayons du soleil en fonction de la température ambiante (processus exothermique). Par temps frais et peu ensoleillé, ils adoptent la posture dorsale (ailes étalées comme celles d'un avion : ouverture totale ≥ 180°, partielle < 180°), prenant de véritables bains de soleil. Au contraire, lors de journées chaudes et ensoleillées, ils adoptent la posture latérale (ailes plaquées verticalement l'une contre l'autre au-dessus du corps) de façon à limiter la surface exposée aux rayons. Ils se protègent également de la surchauffe thoracique en volant énergiquement de place en place pour limiter le temps d'exposition[15]. Certains grands papillons de jour (comme le Flambé ou le Machaon)[16] alternent entre des phases de vol actif avec battements d'ailes et des phases de vol plané, ces dernières évitant également la surchauffe thoracique[17]. L'hypothèse du réchauffement corporel par un mécanisme direct (ailes absorbant directement le rayonnement du soleil et transmettant la chaleur au thorax via l'hémolymphe[18] est infirmée par les calculs et expérimentalement, la membrane alaire étant assez mauvaise conductrice de chaleur et la circulation de l'hémolymphe trop faible[19],[20]. L'hypothèse privilégiée est un mécanisme indirect : la chaleur émise par le rayonnement solaire est transférée au thorax par les ailes qui agissent comme des déflecteurs de chaleur par convection, leur angle plus ou moins ouvert favorisant la concentration du flux solaire sur la face dorsale du thorax[21]. Les bandes claires sur les ailes jouent également un rôle thermorégulateur : elles permettent à des papillons de réduire le stress thermique dans des environnements très chauds[22].
36
+
37
+ Paon du jour (Aglais io).
38
+
39
+ Mégère (Lasiommata megera).
40
+
41
+ Cithaerias andromeda esmeralda.
42
+
43
+ Acraea pharsalus.
44
+
45
+ Cymothoe caenis.
46
+
47
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
48
+
49
+ En raison de la structure de leur œil multiple, les papillons ont une vision probablement moins nette que celle d'un être humain, mais bien plus performante selon d'autres points de vue :
50
+
51
+ Leur corps est souvent caché par un épais revêtement de phanères.
52
+
53
+ Leurs pièces buccales sont transformées en proboscis (sauf chez certains petits groupes très primitifs pour ce caractère, tels les Micropterigidae munis de mandibules broyant le pollen), trompe enroulée en spirale au repos, pour aspirer le nectar. La trompe est formée par les galeas des maxilles qui sont fortement allongées et reliées entre elles par deux coaptations : l’antérieure formée de soies et la postérieure formée de crochets qui les solidarisent fortement, formant ainsi un canal qui permet l’aspiration du nectar. Toutes les autres pièces buccales sont atrophiées ou absentes, à l’exception des palpes labiaux qui protègent la trompe lorsqu’elle est enroulée au repos. La trompe des papillons est un outil de haute précision qui cumule les prouesses techniques. Au repos, elle reste enroulée en spirale comme un ressort de montre, sous l'effet d'une lame élastique qui court tout au long de sa paroi supérieure. Une succession d'anneaux de chitine - substance très résistante - maintient la canalisation béante quelle que soit sa courbure. Lorsque le papillon veut se nourrir, il contracte une série de plusieurs centaines de minuscules muscles obliques, situés dans l'épaisseur de la trompe, dont ils provoquent le déroulement. Au premier tiers de la longueur, des muscles spéciaux coudent la trompe vers le bas. Cette articulation souple favorise en particulier la recherche du nectar dans les corolles les plus étroites et les plus profondes. Sans même avoir à baisser la tête, le papillon déplace sa trompe pour explorer tous les recoins des fleurs qu'il visite. Dans la tête de l'insecte, une sorte de poire peut se dilater sous l'action de muscles puissants. Elle fait office d'aspirateur. Grâce à des organes gustatifs très sensibles situés au bout de leurs pattes, ils savent immédiatement s'il y a lieu de déployer leur encombrant attirail d'aspiration.
54
+
55
+ Trompe et œil de papillon
56
+
57
+ Papillon aspirant du nectar de banane
58
+
59
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
60
+
61
+ L'œuf est pondu sur ou à proximité de la plante-hôte de la chenille qui souvent qualifie l'espèce (Piéride du chou ou Azuré du serpolet).
62
+
63
+ La larve, ou chenille, est de type broyeur avec deux glandes labiales séricigènes c’est-à-dire fabriquant un fil de soie.
64
+
65
+ La chrysalide se trouve ou non dans un cocon. Le développement des chenilles s’effectue généralement en cinq stades marqués par des mues jusqu’à la transformation en nymphe, ou chrysalide. Suivant les espèces, la nymphose a lieu sous terre ou à l’air libre et la chenille s’entoure parfois d’un cocon de fils de soie avant de se transformer.
66
+
67
+ Accouplement de piérides du navet
68
+
69
+ Œufs d'un papillon mexicain (Caligo eurilochus)
70
+
71
+ Chrysalide de Machaon
72
+
73
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
74
+
75
+ 99 % des espèces connues sont phytophages[24], c’est-à-dire se nourrissent de plantes. Les adultes se nourrissent pour la plupart de nectar des plantes à fleurs. Certains ont les pièces buccales classiques des Insectes, ce qui est un caractère primitif, d’autres ont une trompe atrophiée et ne se nourrissent pas à l’état adulte.
76
+
77
+ Chaque espèce de Lépidoptères peut présenter différents types de variabilité. Il existe des variations de taille, les individus pouvant être plus ou moins grands en fonction de la génération, de l'altitude ou encore du climat. Il existe également des variations, parfois très importantes, dans l'ornementation alaire[25] :
78
+
79
+ Dessus du mâle.
80
+
81
+ Dessus de la femelle.
82
+
83
+ Accouplement (vue de dessous, mâle à gauche).
84
+
85
+ Sous-espèce Limenitis arthemis arthemis.
86
+
87
+ Sous-espèce Limenitis arthemis astyanax.
88
+
89
+ Forme printanière levana.
90
+
91
+ Forme estivale prorsa.
92
+
93
+ Forme ilia.
94
+
95
+ Forme clytie.
96
+
97
+ Aglais io, spécimen classique.
98
+
99
+ Aglais io, spécimen aberrant.
100
+
101
+ La forme actuelle des stades de développement, de l'œuf à l'imago, existe sans doute depuis 150 Ma. Les 220 000 espèces vivent partout dans le monde excepté dans l'Antarctique et sont particulièrement nombreuses dans la région des tropiques. Elles sont presque toujours associées à des plantes supérieures (des angiospermes ou plantes à fleurs) et ont donc coévolué. Il est en effet vraisemblable que l'évolution qui a conduit à ce groupe qui possède un organe hautement spécialisé comme la trompe s’est accomplie en même temps que le développement des plantes à fleurs avant la fin du Tertiaire. Comme presque toutes les espèces ont des chenilles inféodées à une plante-hôte précise, l'évolution n'a sûrement dû se faire qu'en présence d'une seule plante-hôte ancestrale, donc pas avant le Tertiaire.
102
+
103
+ Les Lépidoptères fossiles ont tendance à être plus rares que ceux des autres insectes, parce qu’ils étaient moins abondants dans des types d'environnement comme les lacs et les étangs propices à la fossilisation et que les stades larvaires n’ont que la tête chitineuse comme partie dure susceptible d'être fossilisée.
104
+
105
+ Il existe cependant quelques fossiles, dans l’ambre ou dans des sédiments très fins. Des traces de galeries peuvent être observées sur des feuilles fossiles mais leur interprétation est délicate[26].
106
+
107
+ Le fossile le plus ancien Archaeolepis mane, issu de roches britanniques, a été daté d’environ 190 Ma[26], au jurassique. Ce sont des restes d’ailes qui montrent des écailles à cannelures parallèles sous microscope électronique et le réseau de nervures caractéristique commun aux Lépidoptères et Trichoptères. On ne connaît que deux autres fossiles du jurassique et treize du crétacé[26]. La période suivante, le tertiaire, est beaucoup plus riche en fossiles[27]. L’éocène en particulier, avec les gisements d’ambre de la Baltique est riche. Ceux-ci ne sont pas d’une grande utilité pour établir la phylogénie des Lépidoptères car ils sont déjà très proches des espèces modernes. Plus rarement, les Lépidoptères peuvent se trouver dans des sédiments de type lacustre : diatomite. Un bel exemple a été publié dans le Bulletin des lépidoptères de France[28].
108
+
109
+ D'après les fossiles du Jurassique d'Amphiesménoptères découverts (groupe constitué des ancêtres des Trichoptères et Lépidoptères, selon la classification de Willi Hennig), ces groupes se sont différenciés il y 56 Ma[29].
110
+
111
+ Les Kalligrammatidae, famille de névroptères dont on connaît plusieurs fossiles plus anciens que ceux des Lépidoptères, ont une morphologie similaire à ces derniers mais ne leur sont pas directement apparentés : il s'agit d'une convergence évolutive.[réf. nécessaire]
112
+
113
+ Les Lépidoptères constituent un ordre. Au sein de la classe des insectes, celui-ci est placé dans la sous-classe des ptérygotes, l'infra-classe des néoptères et le super-ordre des holométaboles (ou endoptérygotes, qui se caractérisent par leur cycle de développement à métamorphose complète).
114
+
115
+ L'étude des relations de parenté (phylogénie) entre les différents ordres d'insectes montre que les Lépidoptères sont le groupe frère de l'ordre des Trichoptères.
116
+
117
+ Phylogénie des ordres actuels d'insectes holométaboles, d'après Peters et al., 2014[30] et Misof et al., 2014[31] :
118
+
119
+ Hymenoptera (symphytes, guêpes, fourmis et abeilles)
120
+
121
+ Lepidoptera (papillons)
122
+
123
+ Trichoptera
124
+
125
+ Diptera (mouches, syrphes, moustiques, taons...)
126
+
127
+ Mecoptera (panorpes...)
128
+
129
+ Siphonaptera (puces)
130
+
131
+ Coleoptera (scarabées, coccinelles, hannetons...)
132
+
133
+ Strepsiptera
134
+
135
+ Raphidioptera
136
+
137
+ Megaloptera
138
+
139
+ Neuroptera (planipennes)
140
+
141
+
142
+
143
+ Carl von Linné dans Systema Naturae (1758) reconnaît trois groupes de Lépidoptères : les Papilio, les Sphinx et les Phalaena avec sept sous-groupes dans les Phalaena (Scoble, 1995). Cette séparation se retrouve aujourd’hui dans 9 des super-familles de Lépidoptères.
144
+
145
+ Après Linné, Denis et Schiffermüller (1775) sont suivis par Fabricius (1775) et Latreille (1796). Ils identifient beaucoup plus d’espèces en les regroupant dans ce qui sera reconnu comme des genres.
146
+
147
+ Hübner décrit beaucoup des genres modernes et Ochsenheimer et Friedrich Treitschke (1776-1842), dans une série de volumes sur la faune de Lépidoptères européens publiés entre 1807 et 1835, renforcent les fondements de leur classification en genres (Scoble, 1995).
148
+
149
+ G.A.W. Herrich-Schaffer (plusieurs volumes, 1843-1856), et Edward Meyrick (1895) basent leur classification sur le nervurage des ailes. Au même moment, Sir George Hampson travaille sur la distinction entre Microlepidoptera et Macrolepidoptera.
150
+
151
+ Parmi les premiers entomologistes à étudier les fossiles d’insectes et leur évolution, Samuel Hubbard Scudder (1837-1911) travaille sur les papillons. Il publiera une étude des gisements du Colorado. Andrey Vasilyevich Martynov (1879-1938) met en évidence la proximité des Lépidoptères et des Trichoptères (Grimaldi et Engel, 2005).
152
+
153
+ Parmi les apports majeurs du XXe siècle figure la séparation basée sur la structure de l’appareil génital des femelles en Monotrysia et Ditrysia par Carl Julius Bernhard Börner (1880-1953) en 1925 et 1939 (Scoble, 1995).
154
+
155
+ Willi Hennig (1913-1976) développe l’analyse cladistique et l’applique à la phylogénie des insectes. Niels P. Kristensen, E. S. Nielsen et D.R. Davis étudient les relations entre les familles de Monotrysia, Kristensen ayant travaillé sur la phylogénie des insectes et des grands groupes de Lépidoptères (Scoble 1995, Grimaldi et Engel, 2005). Alors qu’en général, les phylogénies basées sur les analyses de l’ADN diffèrent des phylogénies basées sur les analyses morphologiques, ce n'est pas le cas pour les Lépidoptères, au moins à grande échelle (Grimaldi et Engel, 2005). Les tentatives de regroupement des super-familles de Lépidoptères en grand groupes naturels ont toutes échoué car les critères actuels Microlepidoptera et Macrolepidoptera, Heterocera et Rhopalocera, Jugatae et Frenatae, Monotrysia et Ditrysia (Scoble, 1995) ne permettent pas de définir des groupes monophylétiques.
156
+
157
+ Ces classifications étaient basées essentiellement sur des caractères superficiels. Elles ont progressivement été abandonnées au profit d’analyses phylogénétiques fondées sur des critères morphologiques et moléculaires.
158
+
159
+ Dans une de ces classifications, les Lépidoptères se divisaient en :
160
+
161
+ Dans une autre classification, les Lépidoptères étaient divisés en quatre sous-ordres :
162
+
163
+ Une nouvelle classification phylogénétique s'est progressivement développée, qui n’est pas entièrement adoptée et fait l’objet d’une révision continue (toutes les analyses moléculaires n’ont pas encore été faites, pour plus d’informations sur la classification lire l’article sur la systématique).
164
+
165
+ Outre qu'il y a encore des désaccords sur certaines espèces, il est parfois délicat d'établir l'appartenance d'un papillon à une espèce ou à une autre, à cause du phénomène d'hybridation ou parce qu'un nom d'espèce couvre parfois en réalité plusieurs sous-espèces morphologiquement très proches et non encore identifiées en tant qu'espèces. Ces deux phénomènes sont plus fréquents que ne l'indiquent les guides de naturalistes[33]. Les taxonomistes ne prennent pas en compte des individus « douteux » (probablement des hybrides le plus souvent), parce que ces derniers rendent plus difficile la discrimination des espèces. L'hybridation naturelle se produirait entre environ 10 % de toutes les espèces animales, assez rarement en moyenne, mais avec des taux d'hybridation qui peuvent être plus importants pour certaines espèces (Mallet, 2005). Les données disponibles pour les papillons d'Europe (l'un des plus étudiés dans le monde) laissent penser qu'environ 16 % des 440 espèces de papillons européens sont connus pour hybrider dans la nature avec au moins une autre espèce proche de la leur. Parmi ceux-ci peut-être la moitié ou plus sont fertiles et ont montré des preuves de « rétrocroisements » dans la nature[34].
166
+
167
+ Une vaste synthèse publiée dans la revue Zootaxa en 2011[3] aboutit à la taxinomie suivante :
168
+
169
+ Ils sont présents partout dans le monde, mais chaque papillon a une aire de distribution qui lui est spécifique. Certaines espèces sont sédentaires, d'autres se disséminent, d'autres encore sont migratrices sur des distances plus ou moins longues.
170
+
171
+ Les papillons sont présents dans presque tous les environnements terrestres (hors zones très froides). Ils y représentent près de 10 % des 1 450 000 espèces d'insectes connues à la surface de la Terre, derrière les coléoptères (25 %). Assez facile à observer, les papillons diurnes sont les espèces d'insectes (hors espèces-nuisibles) les mieux connues et suivies au monde[38].
172
+
173
+ Très divers en termes d'exigences écologiques et souvent associés à une ou quelques espèces de plantes ou à un type d'habitat (la plupart des espèces sont monophages ou oligophages et étroitement inféodées à des plantes-hôtes sensibles et vulnérables) ils sont d'excellents indicateurs biologiques)[39]. Ils sont vulnérables à de nombreux facteurs de dégradation de l'environnement et sont des pollinisateurs, ce qui en fait d'intéressants bioindicateurs. En Europe notamment on les utilise pour évaluer l'état et la santé des écosystèmes, l'état de certains services écosystémiques qui sont des ressources (et des indicateurs) important pour les questions de wikt:soutenabilité du développement.
174
+
175
+ Rien qu'au Royaume-Uni, il a été parcouru environ 750 000 km (l'équivalent de la distance terre-lune) pour réaliser des transects répétées d'échantillonnages de Lépidoptères depuis 1976[38]. Ces comptages ont permis de documenter les phénomènes de déclin et d'extinctions régionales et nationales, qui ont commencé avant 1900 (des inventaires des papillons butinant sur la pimprenelle étaient déjà fait en 1840 dans une zone protégée de Bavière en Allemagne)[38]. Partout, les résultats révèlent de graves pertes d'espèces en montrant que les espèces rares et spécialisées sont celles qui ont largement disparu et avant les autres, laissant des écosystèmes appauvris et dominés par quelques espèces communes et plus généralistes[38].
176
+
177
+ La disparition des papillons ne cesse de s'accélérer depuis quelques décennies[38]. Elle en dit donc long sur l’état de santé de l’environnement : ainsi un rapport de l'Agence européenne de l'environnement alerte sur le fait qu'en France comme en Europe, les papillons des prairies ont régressé de 50 % entre 1990 et 2011, principalement en raison de la dégradation progressive des écosystèmes, de l'agriculture intensive (pesticides) ou encore du réchauffement climatique[38]. En Grande-Bretagne, environ 70 % de la totalité des espèces de papillons auraient ainsi disparu en vingt ans[40].
178
+
179
+ La disparition des papillons, comme celle des abeilles et d'autres pollinisateurs) dans tout ou partie de leur aire de répartition, est en partie liée aux pesticides (désherbants qui tuent certaines de leurs plantes-hôtes, et insecticides, y compris depuis peu des insecticides dits biologiques produits à partir du bacille de thuringe (Bacillus thuringiensis ou Bt), très utilisés et ciblant les Lépidoptères, devenant une nouvelle et importante cause de disparition). Leur régression est aussi en partie causée par la réduction de la biodiversité florale du fait de la monoculture et de la transformation du paysage végétal par l'homme, qui a ainsi réduit la quantité des ressources alimentaires et leur diversité qualitative.
180
+
181
+ Quelques espèces, peu nombreuses, ont une aire en extension, voire un comportement invasif lié à l'extension de certaines cultures, comme c'est le cas de la pyrale du maïs, ou encore de la mineuse du marronnier, pour des raisons mal comprises ; mais de nombreuses espèces de Lépidoptères sont en forte régression ou ont récemment disparu de tout ou partie de leurs habitats naturels.
182
+
183
+ La destruction et la fragmentation de leurs habitats (notamment par l'agriculture intensive, l'urbanisation, la déforestation, l'assèchement des milieux humides, les gyrobroyages) et l'usage croissant de pesticides semblent être les principales causes de cette régression ; les insecticides mais aussi les désherbants ciblent en effet les plantes-hôtes de certaines chenilles. Le dérèglement climatique est une autre cause, qui explique aussi des changements rapides d'aires de répartition[42] ou des disjonctions de cycles de vie.
184
+
185
+ Les rhopalocères sont en forte voie de régression, depuis les années 1970 notamment, probablement en raison d'un usage croissant de pesticides insecticides, mais aussi à cause du recul du bocage, des prairies, en raison de la fragmentation écopaysagère croissante, par les routes notamment (le phénomène de roadkill touche aussi les papillons quand ils traversent les routes).
186
+
187
+ En France métropolitaine, seules une quinzaine d'espèces sont protégées en 2012. Or au moins 16 papillons de jour sont menacés de disparition à court terme, alertent l'Union internationale pour la conservation de la nature[43], le Muséum national d'histoire naturelle et l'Office pour les insectes et leur environnement[44]. 18 papillons sont quasi-menacés selon la dernière liste rouge des espèces menacées en France, et beaucoup d'autres sont en voie de régression, parmi 253 espèces[44].
188
+
189
+ À titre d'exemple, l'Hespérie du barbon (non revu depuis plus de 10 ans, en 2012) a été récemment classée « en danger critique » en France, probablement victime de l'urbanisation, de la périurbanisation et de la fragmentation écopaysagère du littoral méditerranéen (roadkill).
190
+
191
+ Le Mélibée inféodé aux prairies humides acides à molinie voit ses habitats (landes humides et tourbières notamment) détruits, drainés, amendés ou boisés ; il ne survit que dans quelques tourbières des Vosges ou du Jura, et est au bord de l'extinction.
192
+
193
+ L'Azuré de la sanguisorbe régresse en raison de la destruction des prairies humides où vit la plante-hôte à laquelle il est inféodé (Sanguisorbe officinale). De plus, sa chenille est durant quelque temps protégée dans une fourmilière.
194
+
195
+ Par exemple l'hermite, un papillon autrefois largement répandu en France, a subi une régression de ses effectifs de l’ordre de 30 % rien que sur les 10 dernières années, ce qui le classe dans la catégorie « vulnérable »[44].
196
+
197
+ L'Azuré du mélilot est lui classé « quasi menacé », alors que le mélilot est une plante abondante sur de nombreuses friches.
198
+
199
+ Les éclairages nocturnes forment des remparts infranchissables pour de nombreuses espèces de papillons de nuit (Phototropisme négatif) qui ont besoin de se déplacer entre leurs zones de reproduction et nourrissage, et pour leurs migrations, bon nombre d'entre eux meurt d'épuisement en s'approchant de ces éclairages qui, dans ce cas, deviennent un piège dont ils ne sortiront plus (Phototropisme positif). Les Lépidoptères nocturnes sont majoritaires par rapport aux diurnes et participent grandement à la pollinisation parfois de façon spécifique, ils sont aussi la source alimentaire quasiment exclusive des Chiroptères qui sont, eux aussi, en grand danger.
200
+
201
+ La convention de Berne qui a pour but d'assurer la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe par une coopération entre les États a été signée le 19 septembre 1979 à Berne en Suisse (entrée en vigueur le 1er juin 1982). Elle comporte en annexe une liste d'espèces qui comprend des papillons. Voici quelques exemples :
202
+
203
+ Une espèce est considérée comme nuisible Cacyreus marshalli le brun des pelargonium.
204
+
205
+ Des recommandations sont émises au niveau national en direction des Maires et Mairies qui convie à réduire voir éteindre quant cela est possible les éclairages nocturnes aillant pas ou peut d'utilité publique pour rétablir les Corridor biologique, Les ultraviolets sont particulièrement à proscrire des éclairages nocturnes, un label et décerné aux communes sous la forme d'étoiles (communes étoilées) cette appellation concerne toutefois principalement la réappropriation du ciel nocturne, la redécouverte de la voute céleste.
206
+
207
+ Début juillet 1608, les faubourgs d'Aix-en-Provence furent recouverts d'une pluie de sang. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc fit des relevés de cette pluie en recueillant quelques gouttes sur la muraille du cimetière de la cathédrale. Il découvrit que c'étaient les excréments des chrysalides des papillons qui avaient été observés récemment. Le centre ville n'ayant pas été envahi, il était resté épargné. Cette explication scientifique ne calma pas la terreur populaire[51].
208
+
209
+ Grâce et légèreté, le papillon est, au Japon, un emblème de la femme ; et deux papillons figurent le bonheur conjugal. Légèreté subtile : les papillons sont des esprits voyageurs ; leur vue annonce une visite, ou la mort d’un proche.
210
+
211
+ Un autre aspect du symbolisme du papillon est fondé sur ses métamorphoses : la chrysalide est l’œuf qui contient la potentialité de l’être ; le papillon qui en sort est un symbole de résurrection. C’est encore, si l’on préfère la sortie du tombeau.
212
+
213
+ Symbole du feu solaire et diurne, et pour cette raison de l’âme des guerriers, il représente le soleil dans le temple des guerriers aztèques et le dieu de feu porte comme emblème un pectoral nommé papillon d’obsidienne. L’obsidienne, comme le silex, est une pierre de feu. Toutes ces interprétations découlent probablement de l’association analogique du papillon et de la flamme, du fait de ses couleurs et du battement de ses ailes[52].
214
+
215
+ Dans la mythologie grecque, Psyché (l'âme), mariée à Éros (l'amour), acquiert des ailes de papillon ; la peinture française, nourrie de mythologie, fait figurer des papillons à côté de Psyché dans les tableaux qui la représentent. En grec ancien, psukhê signifie à la fois « âme » et « papillon ».
216
+
217
+ Les papillons ont été représentés et il en reste des peintures datant pour la plus ancienne, en Égypte dans la tombe de Neferhotep de vers 3 000 ans avant notre ère.
218
+
219
+ En Europe, les plus anciennes peintures de papillons retrouvées sont celles d'enluminures du IXe siècle, puis dans divers tableaux de la peinture flamande, de la peinture hollandaise et de la peinture italienne mais ils sont particulièrement présents dans les natures mortes flamandes et hollandaises du XVIIe siècle.
220
+
221
+ Égypte ancienne tombe de Nakht
222
+
223
+ Livre d'heures d'Hastings
224
+
225
+ Lettrine enluminée, encre et peinture sur parchemin, XVIe siècle (Renaissance).
226
+
227
+ Philips de Marlier
228
+
229
+ Vincent van Gogh
230
+
231
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
232
+
233
+ Chine (voir aussi le plus grand parc mondial des papillons dans le District de Xishan)
234
+
235
+ Corée
236
+
237
+ États-Unis d'Amérique (Martin Johnson Heade)
238
+
239
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
240
+
241
+ Dessin de Jacob HübnerParnassius phoebusssp sacerdos
242
+
243
+ Alfred Brehm
244
+
245
+ Moses Harris
246
+
247
+ Per Olof Christopher Aurivillius
248
+
249
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
250
+
251
+ De très nombreux papillons ont fait l'objet de tirages dans de nombreux pays.
252
+
253
+ Timbre de la poste allemande, le Gonepteryx rhamni
254
+
255
+ Timbre de la poste d'Azerbaïdjan, le Zegris menestho
256
+
257
+ Timbre de la poste de Russie
258
+
259
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
260
+
261
+ Des blasons représentant des papillons, par exemple celui de la ville de Monnières en Loire-Atlantique.
262
+
263
+ Tapisserie de Dubois et RedoutéSalon des Fleurs, château de Compiègne
264
+
265
+ Céramique italienne
266
+
267
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
268
+
269
+ The Princess Nobody illustrée par Richard Doyle
270
+
271
+ À La Parisienne, hiver 1913-1914
272
+
273
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
274
+
275
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3312.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,275 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Ordre
2
+
3
+ Les Lépidoptères (Lepidoptera) sont un ordre d'insectes holométaboles dont la forme adulte (ou imago) est communément appelée papillon, dont la larve est appelée chenille, et la nymphe chrysalide.
4
+
5
+ Il s'agit d'un des ordres d'insectes les plus répandus et les plus largement connus dans le monde, comprenant entre 155 100 et 174 233 espèces décrites[1] (dont près de 7 000 en Europe et 5 000 en France[2]) réparties dans 136 familles et 43 super-familles[3]. Les plus anciennes traces fossiles de papillons montrent que ces insectes ailés vivaient déjà sur la planète il y a 201 millions d’années, au côté des premiers dinosaures[4].
6
+
7
+ Ils se caractérisent à l'état adulte par trois paires de pattes (comme tous les insectes) et par deux paires d'ailes recouvertes d’écailles de couleurs très variées selon les espèces. Ils pondent des œufs qui donnent naissance à des chenilles. Ces dernières se transforment ensuite en chrysalides (s'abritant ou non dans un cocon préalablement tissé). Il en émerge enfin l'imago, ou papillon. Leur cycle biologique se trouve donc composé de quatre stades distincts : œuf, chenille, chrysalide et papillon. Ce sont des insectes à métamorphose complète.
8
+
9
+ Comme les abeilles et la plupart des pollinisateurs, dans une grande partie du monde, les papillons sont en forte régression, principalement en raison de l'intensification de certaines pratiques de l'agriculture[5] (monocultures, pesticides) et, localement, de la mortalité routière et de la pollution lumineuse ; ainsi, la mise à jour 2016 de la liste rouge de l'UICN montre que pour 462 espèces de papillons indigènes évaluées en zone méditerranéenne, 19 sont menacées d'extinction (dont 15 endémiques de cette écorégion)[5].
10
+
11
+ Le terme « lépidoptère » dérive du latin scientifique lepidoptera, terme construit lui-même à partir du grec ancien λεπίς « écaille » et πτερόν « aile »)[6]. Bon nombre d’espèces sont désignées par un nom vernaculaire différent suivant leur stade de développement. Souvent seul le papillon est nommé, parfois, seule la chenille, car ravageuse, porte un nom. Plus exceptionnellement, les deux formes sont nommées, comme pour les espèces Nymphalis antiopa ou Bombyx mori.
12
+
13
+ Le mot « papillon » est dérivé du latin papilio « lui-même tiré de la racine pil (« aller, vaciller ») dont papilio serait une forme à redoublement (allusion probable aux battements des ailes et aux déplacements vifs de ces insectes) »[7].
14
+
15
+ Voir : liste de Lépidoptères par nom scientifique, de Lépidoptères par nom vernaculaire et de chenilles par nom vernaculaire.
16
+
17
+ Les Lépidoptères sont des holométaboles comme les diptères ou les coléoptères.
18
+
19
+ Au stade de l'imago, le papillon a une longévité variable selon l'espèce, de quelques jours (Bombyx du mûrier) ou semaines (Flambé, Machaon) à plusieurs mois (jusqu'à dix pour le Citron Gonepteryx rhamni).
20
+
21
+ Les Lépidoptères, sous la forme adulte (papillon), sont caractérisés par deux paires d'ailes membraneuses recouvertes d’écailles colorées, qui sont des soies aplaties ; le mot « lépidoptère » vient de cette caractéristique : lepidos veut dire « écaille » en grec et pteros, « aile »[9].
22
+
23
+ Une écaille alaire est une minuscule plaque chitineuse le plus souvent pigmentée dotée d'un pédicelle à sa base permettant son insertion sur la membrane. Certaines couleurs métalliques sont optiques par diffraction de la lumière (cas par exemple pour l'Europe du genre Apatura Grand mars changeant, Petit mars changeant).
24
+
25
+ Chez les papillons, les dessins et les couleurs alaires ont des fonctions multiples, comme la thermorégulation, l'évitement de la prédation et la reproduction. Parmi ces fonctions, le camouflage, l'aposématisme et le mimétisme sont phylogénétiquement très répandus et présentent une grande diversification évolutive[10]. La sélection naturelle privilégie les espèces qui réalisent le meilleur compromis évolutif (trade-offtrade-off dans la littérature scientifique) d’allocation des ressources entre ces différents traits d'histoire de vie[11],[12].
26
+
27
+ Des écailles spécialisées, qui forment les androconies, sont présentes sur la face supérieure des ailes des mâles et diffusent des phéromones sexuelles, notamment la danaidone, issues de glandes lors des parades nuptiales.
28
+
29
+ Les ocelles ou yeux peuvent être des ornementations de défense (chez le Paon du jour par exemple), c'est un bon moyen de reconnaissance des espèces (comme l'ocelle orange centré de noir à l'aile antérieure du Petit mars changeant absent chez le Grand mars changeant[13]).
30
+
31
+ Le revers brun ou noir de ses ailes présente souvent une livrée homochrome qui permet de se cacher à de nombreuses espèces présentant des couleurs vives sur le recto de leurs ailes (Paon du jour par exemple).
32
+
33
+ Certaines espèces présentent la particularité de ne porter que très peu d'écailles : cas du genre Cithaerias.
34
+
35
+ Les papillons sont des organismes héliophiles et souvent thermophiles, leurs ailes jouant un rôle de thermorégulation afin d'optimiser l'efficacité de leurs activités (vol, recherche de nourriture). Au repos, posé à l'ombre, l'échauffement est un processus endothermique et se manifeste par de rapides frémissements des ailes assez proches dans leur principe du frissonnement[14]. Au repos par temps ensoleillé, ils orientent les ailes par rapport aux rayons du soleil en fonction de la température ambiante (processus exothermique). Par temps frais et peu ensoleillé, ils adoptent la posture dorsale (ailes étalées comme celles d'un avion : ouverture totale ≥ 180°, partielle < 180°), prenant de véritables bains de soleil. Au contraire, lors de journées chaudes et ensoleillées, ils adoptent la posture latérale (ailes plaquées verticalement l'une contre l'autre au-dessus du corps) de façon à limiter la surface exposée aux rayons. Ils se protègent également de la surchauffe thoracique en volant énergiquement de place en place pour limiter le temps d'exposition[15]. Certains grands papillons de jour (comme le Flambé ou le Machaon)[16] alternent entre des phases de vol actif avec battements d'ailes et des phases de vol plané, ces dernières évitant également la surchauffe thoracique[17]. L'hypothèse du réchauffement corporel par un mécanisme direct (ailes absorbant directement le rayonnement du soleil et transmettant la chaleur au thorax via l'hémolymphe[18] est infirmée par les calculs et expérimentalement, la membrane alaire étant assez mauvaise conductrice de chaleur et la circulation de l'hémolymphe trop faible[19],[20]. L'hypothèse privilégiée est un mécanisme indirect : la chaleur émise par le rayonnement solaire est transférée au thorax par les ailes qui agissent comme des déflecteurs de chaleur par convection, leur angle plus ou moins ouvert favorisant la concentration du flux solaire sur la face dorsale du thorax[21]. Les bandes claires sur les ailes jouent également un rôle thermorégulateur : elles permettent à des papillons de réduire le stress thermique dans des environnements très chauds[22].
36
+
37
+ Paon du jour (Aglais io).
38
+
39
+ Mégère (Lasiommata megera).
40
+
41
+ Cithaerias andromeda esmeralda.
42
+
43
+ Acraea pharsalus.
44
+
45
+ Cymothoe caenis.
46
+
47
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
48
+
49
+ En raison de la structure de leur œil multiple, les papillons ont une vision probablement moins nette que celle d'un être humain, mais bien plus performante selon d'autres points de vue :
50
+
51
+ Leur corps est souvent caché par un épais revêtement de phanères.
52
+
53
+ Leurs pièces buccales sont transformées en proboscis (sauf chez certains petits groupes très primitifs pour ce caractère, tels les Micropterigidae munis de mandibules broyant le pollen), trompe enroulée en spirale au repos, pour aspirer le nectar. La trompe est formée par les galeas des maxilles qui sont fortement allongées et reliées entre elles par deux coaptations : l’antérieure formée de soies et la postérieure formée de crochets qui les solidarisent fortement, formant ainsi un canal qui permet l’aspiration du nectar. Toutes les autres pièces buccales sont atrophiées ou absentes, à l’exception des palpes labiaux qui protègent la trompe lorsqu’elle est enroulée au repos. La trompe des papillons est un outil de haute précision qui cumule les prouesses techniques. Au repos, elle reste enroulée en spirale comme un ressort de montre, sous l'effet d'une lame élastique qui court tout au long de sa paroi supérieure. Une succession d'anneaux de chitine - substance très résistante - maintient la canalisation béante quelle que soit sa courbure. Lorsque le papillon veut se nourrir, il contracte une série de plusieurs centaines de minuscules muscles obliques, situés dans l'épaisseur de la trompe, dont ils provoquent le déroulement. Au premier tiers de la longueur, des muscles spéciaux coudent la trompe vers le bas. Cette articulation souple favorise en particulier la recherche du nectar dans les corolles les plus étroites et les plus profondes. Sans même avoir à baisser la tête, le papillon déplace sa trompe pour explorer tous les recoins des fleurs qu'il visite. Dans la tête de l'insecte, une sorte de poire peut se dilater sous l'action de muscles puissants. Elle fait office d'aspirateur. Grâce à des organes gustatifs très sensibles situés au bout de leurs pattes, ils savent immédiatement s'il y a lieu de déployer leur encombrant attirail d'aspiration.
54
+
55
+ Trompe et œil de papillon
56
+
57
+ Papillon aspirant du nectar de banane
58
+
59
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
60
+
61
+ L'œuf est pondu sur ou à proximité de la plante-hôte de la chenille qui souvent qualifie l'espèce (Piéride du chou ou Azuré du serpolet).
62
+
63
+ La larve, ou chenille, est de type broyeur avec deux glandes labiales séricigènes c’est-à-dire fabriquant un fil de soie.
64
+
65
+ La chrysalide se trouve ou non dans un cocon. Le développement des chenilles s’effectue généralement en cinq stades marqués par des mues jusqu’à la transformation en nymphe, ou chrysalide. Suivant les espèces, la nymphose a lieu sous terre ou à l’air libre et la chenille s’entoure parfois d’un cocon de fils de soie avant de se transformer.
66
+
67
+ Accouplement de piérides du navet
68
+
69
+ Œufs d'un papillon mexicain (Caligo eurilochus)
70
+
71
+ Chrysalide de Machaon
72
+
73
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
74
+
75
+ 99 % des espèces connues sont phytophages[24], c’est-à-dire se nourrissent de plantes. Les adultes se nourrissent pour la plupart de nectar des plantes à fleurs. Certains ont les pièces buccales classiques des Insectes, ce qui est un caractère primitif, d’autres ont une trompe atrophiée et ne se nourrissent pas à l’état adulte.
76
+
77
+ Chaque espèce de Lépidoptères peut présenter différents types de variabilité. Il existe des variations de taille, les individus pouvant être plus ou moins grands en fonction de la génération, de l'altitude ou encore du climat. Il existe également des variations, parfois très importantes, dans l'ornementation alaire[25] :
78
+
79
+ Dessus du mâle.
80
+
81
+ Dessus de la femelle.
82
+
83
+ Accouplement (vue de dessous, mâle à gauche).
84
+
85
+ Sous-espèce Limenitis arthemis arthemis.
86
+
87
+ Sous-espèce Limenitis arthemis astyanax.
88
+
89
+ Forme printanière levana.
90
+
91
+ Forme estivale prorsa.
92
+
93
+ Forme ilia.
94
+
95
+ Forme clytie.
96
+
97
+ Aglais io, spécimen classique.
98
+
99
+ Aglais io, spécimen aberrant.
100
+
101
+ La forme actuelle des stades de développement, de l'œuf à l'imago, existe sans doute depuis 150 Ma. Les 220 000 espèces vivent partout dans le monde excepté dans l'Antarctique et sont particulièrement nombreuses dans la région des tropiques. Elles sont presque toujours associées à des plantes supérieures (des angiospermes ou plantes à fleurs) et ont donc coévolué. Il est en effet vraisemblable que l'évolution qui a conduit à ce groupe qui possède un organe hautement spécialisé comme la trompe s’est accomplie en même temps que le développement des plantes à fleurs avant la fin du Tertiaire. Comme presque toutes les espèces ont des chenilles inféodées à une plante-hôte précise, l'évolution n'a sûrement dû se faire qu'en présence d'une seule plante-hôte ancestrale, donc pas avant le Tertiaire.
102
+
103
+ Les Lépidoptères fossiles ont tendance à être plus rares que ceux des autres insectes, parce qu’ils étaient moins abondants dans des types d'environnement comme les lacs et les étangs propices à la fossilisation et que les stades larvaires n’ont que la tête chitineuse comme partie dure susceptible d'être fossilisée.
104
+
105
+ Il existe cependant quelques fossiles, dans l’ambre ou dans des sédiments très fins. Des traces de galeries peuvent être observées sur des feuilles fossiles mais leur interprétation est délicate[26].
106
+
107
+ Le fossile le plus ancien Archaeolepis mane, issu de roches britanniques, a été daté d’environ 190 Ma[26], au jurassique. Ce sont des restes d’ailes qui montrent des écailles à cannelures parallèles sous microscope électronique et le réseau de nervures caractéristique commun aux Lépidoptères et Trichoptères. On ne connaît que deux autres fossiles du jurassique et treize du crétacé[26]. La période suivante, le tertiaire, est beaucoup plus riche en fossiles[27]. L’éocène en particulier, avec les gisements d’ambre de la Baltique est riche. Ceux-ci ne sont pas d’une grande utilité pour établir la phylogénie des Lépidoptères car ils sont déjà très proches des espèces modernes. Plus rarement, les Lépidoptères peuvent se trouver dans des sédiments de type lacustre : diatomite. Un bel exemple a été publié dans le Bulletin des lépidoptères de France[28].
108
+
109
+ D'après les fossiles du Jurassique d'Amphiesménoptères découverts (groupe constitué des ancêtres des Trichoptères et Lépidoptères, selon la classification de Willi Hennig), ces groupes se sont différenciés il y 56 Ma[29].
110
+
111
+ Les Kalligrammatidae, famille de névroptères dont on connaît plusieurs fossiles plus anciens que ceux des Lépidoptères, ont une morphologie similaire à ces derniers mais ne leur sont pas directement apparentés : il s'agit d'une convergence évolutive.[réf. nécessaire]
112
+
113
+ Les Lépidoptères constituent un ordre. Au sein de la classe des insectes, celui-ci est placé dans la sous-classe des ptérygotes, l'infra-classe des néoptères et le super-ordre des holométaboles (ou endoptérygotes, qui se caractérisent par leur cycle de développement à métamorphose complète).
114
+
115
+ L'étude des relations de parenté (phylogénie) entre les différents ordres d'insectes montre que les Lépidoptères sont le groupe frère de l'ordre des Trichoptères.
116
+
117
+ Phylogénie des ordres actuels d'insectes holométaboles, d'après Peters et al., 2014[30] et Misof et al., 2014[31] :
118
+
119
+ Hymenoptera (symphytes, guêpes, fourmis et abeilles)
120
+
121
+ Lepidoptera (papillons)
122
+
123
+ Trichoptera
124
+
125
+ Diptera (mouches, syrphes, moustiques, taons...)
126
+
127
+ Mecoptera (panorpes...)
128
+
129
+ Siphonaptera (puces)
130
+
131
+ Coleoptera (scarabées, coccinelles, hannetons...)
132
+
133
+ Strepsiptera
134
+
135
+ Raphidioptera
136
+
137
+ Megaloptera
138
+
139
+ Neuroptera (planipennes)
140
+
141
+
142
+
143
+ Carl von Linné dans Systema Naturae (1758) reconnaît trois groupes de Lépidoptères : les Papilio, les Sphinx et les Phalaena avec sept sous-groupes dans les Phalaena (Scoble, 1995). Cette séparation se retrouve aujourd’hui dans 9 des super-familles de Lépidoptères.
144
+
145
+ Après Linné, Denis et Schiffermüller (1775) sont suivis par Fabricius (1775) et Latreille (1796). Ils identifient beaucoup plus d’espèces en les regroupant dans ce qui sera reconnu comme des genres.
146
+
147
+ Hübner décrit beaucoup des genres modernes et Ochsenheimer et Friedrich Treitschke (1776-1842), dans une série de volumes sur la faune de Lépidoptères européens publiés entre 1807 et 1835, renforcent les fondements de leur classification en genres (Scoble, 1995).
148
+
149
+ G.A.W. Herrich-Schaffer (plusieurs volumes, 1843-1856), et Edward Meyrick (1895) basent leur classification sur le nervurage des ailes. Au même moment, Sir George Hampson travaille sur la distinction entre Microlepidoptera et Macrolepidoptera.
150
+
151
+ Parmi les premiers entomologistes à étudier les fossiles d’insectes et leur évolution, Samuel Hubbard Scudder (1837-1911) travaille sur les papillons. Il publiera une étude des gisements du Colorado. Andrey Vasilyevich Martynov (1879-1938) met en évidence la proximité des Lépidoptères et des Trichoptères (Grimaldi et Engel, 2005).
152
+
153
+ Parmi les apports majeurs du XXe siècle figure la séparation basée sur la structure de l’appareil génital des femelles en Monotrysia et Ditrysia par Carl Julius Bernhard Börner (1880-1953) en 1925 et 1939 (Scoble, 1995).
154
+
155
+ Willi Hennig (1913-1976) développe l’analyse cladistique et l’applique à la phylogénie des insectes. Niels P. Kristensen, E. S. Nielsen et D.R. Davis étudient les relations entre les familles de Monotrysia, Kristensen ayant travaillé sur la phylogénie des insectes et des grands groupes de Lépidoptères (Scoble 1995, Grimaldi et Engel, 2005). Alors qu’en général, les phylogénies basées sur les analyses de l’ADN diffèrent des phylogénies basées sur les analyses morphologiques, ce n'est pas le cas pour les Lépidoptères, au moins à grande échelle (Grimaldi et Engel, 2005). Les tentatives de regroupement des super-familles de Lépidoptères en grand groupes naturels ont toutes échoué car les critères actuels Microlepidoptera et Macrolepidoptera, Heterocera et Rhopalocera, Jugatae et Frenatae, Monotrysia et Ditrysia (Scoble, 1995) ne permettent pas de définir des groupes monophylétiques.
156
+
157
+ Ces classifications étaient basées essentiellement sur des caractères superficiels. Elles ont progressivement été abandonnées au profit d’analyses phylogénétiques fondées sur des critères morphologiques et moléculaires.
158
+
159
+ Dans une de ces classifications, les Lépidoptères se divisaient en :
160
+
161
+ Dans une autre classification, les Lépidoptères étaient divisés en quatre sous-ordres :
162
+
163
+ Une nouvelle classification phylogénétique s'est progressivement développée, qui n’est pas entièrement adoptée et fait l’objet d’une révision continue (toutes les analyses moléculaires n’ont pas encore été faites, pour plus d’informations sur la classification lire l’article sur la systématique).
164
+
165
+ Outre qu'il y a encore des désaccords sur certaines espèces, il est parfois délicat d'établir l'appartenance d'un papillon à une espèce ou à une autre, à cause du phénomène d'hybridation ou parce qu'un nom d'espèce couvre parfois en réalité plusieurs sous-espèces morphologiquement très proches et non encore identifiées en tant qu'espèces. Ces deux phénomènes sont plus fréquents que ne l'indiquent les guides de naturalistes[33]. Les taxonomistes ne prennent pas en compte des individus « douteux » (probablement des hybrides le plus souvent), parce que ces derniers rendent plus difficile la discrimination des espèces. L'hybridation naturelle se produirait entre environ 10 % de toutes les espèces animales, assez rarement en moyenne, mais avec des taux d'hybridation qui peuvent être plus importants pour certaines espèces (Mallet, 2005). Les données disponibles pour les papillons d'Europe (l'un des plus étudiés dans le monde) laissent penser qu'environ 16 % des 440 espèces de papillons européens sont connus pour hybrider dans la nature avec au moins une autre espèce proche de la leur. Parmi ceux-ci peut-être la moitié ou plus sont fertiles et ont montré des preuves de « rétrocroisements » dans la nature[34].
166
+
167
+ Une vaste synthèse publiée dans la revue Zootaxa en 2011[3] aboutit à la taxinomie suivante :
168
+
169
+ Ils sont présents partout dans le monde, mais chaque papillon a une aire de distribution qui lui est spécifique. Certaines espèces sont sédentaires, d'autres se disséminent, d'autres encore sont migratrices sur des distances plus ou moins longues.
170
+
171
+ Les papillons sont présents dans presque tous les environnements terrestres (hors zones très froides). Ils y représentent près de 10 % des 1 450 000 espèces d'insectes connues à la surface de la Terre, derrière les coléoptères (25 %). Assez facile à observer, les papillons diurnes sont les espèces d'insectes (hors espèces-nuisibles) les mieux connues et suivies au monde[38].
172
+
173
+ Très divers en termes d'exigences écologiques et souvent associés à une ou quelques espèces de plantes ou à un type d'habitat (la plupart des espèces sont monophages ou oligophages et étroitement inféodées à des plantes-hôtes sensibles et vulnérables) ils sont d'excellents indicateurs biologiques)[39]. Ils sont vulnérables à de nombreux facteurs de dégradation de l'environnement et sont des pollinisateurs, ce qui en fait d'intéressants bioindicateurs. En Europe notamment on les utilise pour évaluer l'état et la santé des écosystèmes, l'état de certains services écosystémiques qui sont des ressources (et des indicateurs) important pour les questions de wikt:soutenabilité du développement.
174
+
175
+ Rien qu'au Royaume-Uni, il a été parcouru environ 750 000 km (l'équivalent de la distance terre-lune) pour réaliser des transects répétées d'échantillonnages de Lépidoptères depuis 1976[38]. Ces comptages ont permis de documenter les phénomènes de déclin et d'extinctions régionales et nationales, qui ont commencé avant 1900 (des inventaires des papillons butinant sur la pimprenelle étaient déjà fait en 1840 dans une zone protégée de Bavière en Allemagne)[38]. Partout, les résultats révèlent de graves pertes d'espèces en montrant que les espèces rares et spécialisées sont celles qui ont largement disparu et avant les autres, laissant des écosystèmes appauvris et dominés par quelques espèces communes et plus généralistes[38].
176
+
177
+ La disparition des papillons ne cesse de s'accélérer depuis quelques décennies[38]. Elle en dit donc long sur l’état de santé de l’environnement : ainsi un rapport de l'Agence européenne de l'environnement alerte sur le fait qu'en France comme en Europe, les papillons des prairies ont régressé de 50 % entre 1990 et 2011, principalement en raison de la dégradation progressive des écosystèmes, de l'agriculture intensive (pesticides) ou encore du réchauffement climatique[38]. En Grande-Bretagne, environ 70 % de la totalité des espèces de papillons auraient ainsi disparu en vingt ans[40].
178
+
179
+ La disparition des papillons, comme celle des abeilles et d'autres pollinisateurs) dans tout ou partie de leur aire de répartition, est en partie liée aux pesticides (désherbants qui tuent certaines de leurs plantes-hôtes, et insecticides, y compris depuis peu des insecticides dits biologiques produits à partir du bacille de thuringe (Bacillus thuringiensis ou Bt), très utilisés et ciblant les Lépidoptères, devenant une nouvelle et importante cause de disparition). Leur régression est aussi en partie causée par la réduction de la biodiversité florale du fait de la monoculture et de la transformation du paysage végétal par l'homme, qui a ainsi réduit la quantité des ressources alimentaires et leur diversité qualitative.
180
+
181
+ Quelques espèces, peu nombreuses, ont une aire en extension, voire un comportement invasif lié à l'extension de certaines cultures, comme c'est le cas de la pyrale du maïs, ou encore de la mineuse du marronnier, pour des raisons mal comprises ; mais de nombreuses espèces de Lépidoptères sont en forte régression ou ont récemment disparu de tout ou partie de leurs habitats naturels.
182
+
183
+ La destruction et la fragmentation de leurs habitats (notamment par l'agriculture intensive, l'urbanisation, la déforestation, l'assèchement des milieux humides, les gyrobroyages) et l'usage croissant de pesticides semblent être les principales causes de cette régression ; les insecticides mais aussi les désherbants ciblent en effet les plantes-hôtes de certaines chenilles. Le dérèglement climatique est une autre cause, qui explique aussi des changements rapides d'aires de répartition[42] ou des disjonctions de cycles de vie.
184
+
185
+ Les rhopalocères sont en forte voie de régression, depuis les années 1970 notamment, probablement en raison d'un usage croissant de pesticides insecticides, mais aussi à cause du recul du bocage, des prairies, en raison de la fragmentation écopaysagère croissante, par les routes notamment (le phénomène de roadkill touche aussi les papillons quand ils traversent les routes).
186
+
187
+ En France métropolitaine, seules une quinzaine d'espèces sont protégées en 2012. Or au moins 16 papillons de jour sont menacés de disparition à court terme, alertent l'Union internationale pour la conservation de la nature[43], le Muséum national d'histoire naturelle et l'Office pour les insectes et leur environnement[44]. 18 papillons sont quasi-menacés selon la dernière liste rouge des espèces menacées en France, et beaucoup d'autres sont en voie de régression, parmi 253 espèces[44].
188
+
189
+ À titre d'exemple, l'Hespérie du barbon (non revu depuis plus de 10 ans, en 2012) a été récemment classée « en danger critique » en France, probablement victime de l'urbanisation, de la périurbanisation et de la fragmentation écopaysagère du littoral méditerranéen (roadkill).
190
+
191
+ Le Mélibée inféodé aux prairies humides acides à molinie voit ses habitats (landes humides et tourbières notamment) détruits, drainés, amendés ou boisés ; il ne survit que dans quelques tourbières des Vosges ou du Jura, et est au bord de l'extinction.
192
+
193
+ L'Azuré de la sanguisorbe régresse en raison de la destruction des prairies humides où vit la plante-hôte à laquelle il est inféodé (Sanguisorbe officinale). De plus, sa chenille est durant quelque temps protégée dans une fourmilière.
194
+
195
+ Par exemple l'hermite, un papillon autrefois largement répandu en France, a subi une régression de ses effectifs de l’ordre de 30 % rien que sur les 10 dernières années, ce qui le classe dans la catégorie « vulnérable »[44].
196
+
197
+ L'Azuré du mélilot est lui classé « quasi menacé », alors que le mélilot est une plante abondante sur de nombreuses friches.
198
+
199
+ Les éclairages nocturnes forment des remparts infranchissables pour de nombreuses espèces de papillons de nuit (Phototropisme négatif) qui ont besoin de se déplacer entre leurs zones de reproduction et nourrissage, et pour leurs migrations, bon nombre d'entre eux meurt d'épuisement en s'approchant de ces éclairages qui, dans ce cas, deviennent un piège dont ils ne sortiront plus (Phototropisme positif). Les Lépidoptères nocturnes sont majoritaires par rapport aux diurnes et participent grandement à la pollinisation parfois de façon spécifique, ils sont aussi la source alimentaire quasiment exclusive des Chiroptères qui sont, eux aussi, en grand danger.
200
+
201
+ La convention de Berne qui a pour but d'assurer la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe par une coopération entre les États a été signée le 19 septembre 1979 à Berne en Suisse (entrée en vigueur le 1er juin 1982). Elle comporte en annexe une liste d'espèces qui comprend des papillons. Voici quelques exemples :
202
+
203
+ Une espèce est considérée comme nuisible Cacyreus marshalli le brun des pelargonium.
204
+
205
+ Des recommandations sont émises au niveau national en direction des Maires et Mairies qui convie à réduire voir éteindre quant cela est possible les éclairages nocturnes aillant pas ou peut d'utilité publique pour rétablir les Corridor biologique, Les ultraviolets sont particulièrement à proscrire des éclairages nocturnes, un label et décerné aux communes sous la forme d'étoiles (communes étoilées) cette appellation concerne toutefois principalement la réappropriation du ciel nocturne, la redécouverte de la voute céleste.
206
+
207
+ Début juillet 1608, les faubourgs d'Aix-en-Provence furent recouverts d'une pluie de sang. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc fit des relevés de cette pluie en recueillant quelques gouttes sur la muraille du cimetière de la cathédrale. Il découvrit que c'étaient les excréments des chrysalides des papillons qui avaient été observés récemment. Le centre ville n'ayant pas été envahi, il était resté épargné. Cette explication scientifique ne calma pas la terreur populaire[51].
208
+
209
+ Grâce et légèreté, le papillon est, au Japon, un emblème de la femme ; et deux papillons figurent le bonheur conjugal. Légèreté subtile : les papillons sont des esprits voyageurs ; leur vue annonce une visite, ou la mort d’un proche.
210
+
211
+ Un autre aspect du symbolisme du papillon est fondé sur ses métamorphoses : la chrysalide est l’œuf qui contient la potentialité de l’être ; le papillon qui en sort est un symbole de résurrection. C’est encore, si l’on préfère la sortie du tombeau.
212
+
213
+ Symbole du feu solaire et diurne, et pour cette raison de l’âme des guerriers, il représente le soleil dans le temple des guerriers aztèques et le dieu de feu porte comme emblème un pectoral nommé papillon d’obsidienne. L’obsidienne, comme le silex, est une pierre de feu. Toutes ces interprétations découlent probablement de l’association analogique du papillon et de la flamme, du fait de ses couleurs et du battement de ses ailes[52].
214
+
215
+ Dans la mythologie grecque, Psyché (l'âme), mariée à Éros (l'amour), acquiert des ailes de papillon ; la peinture française, nourrie de mythologie, fait figurer des papillons à côté de Psyché dans les tableaux qui la représentent. En grec ancien, psukhê signifie à la fois « âme » et « papillon ».
216
+
217
+ Les papillons ont été représentés et il en reste des peintures datant pour la plus ancienne, en Égypte dans la tombe de Neferhotep de vers 3 000 ans avant notre ère.
218
+
219
+ En Europe, les plus anciennes peintures de papillons retrouvées sont celles d'enluminures du IXe siècle, puis dans divers tableaux de la peinture flamande, de la peinture hollandaise et de la peinture italienne mais ils sont particulièrement présents dans les natures mortes flamandes et hollandaises du XVIIe siècle.
220
+
221
+ Égypte ancienne tombe de Nakht
222
+
223
+ Livre d'heures d'Hastings
224
+
225
+ Lettrine enluminée, encre et peinture sur parchemin, XVIe siècle (Renaissance).
226
+
227
+ Philips de Marlier
228
+
229
+ Vincent van Gogh
230
+
231
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
232
+
233
+ Chine (voir aussi le plus grand parc mondial des papillons dans le District de Xishan)
234
+
235
+ Corée
236
+
237
+ États-Unis d'Amérique (Martin Johnson Heade)
238
+
239
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
240
+
241
+ Dessin de Jacob HübnerParnassius phoebusssp sacerdos
242
+
243
+ Alfred Brehm
244
+
245
+ Moses Harris
246
+
247
+ Per Olof Christopher Aurivillius
248
+
249
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
250
+
251
+ De très nombreux papillons ont fait l'objet de tirages dans de nombreux pays.
252
+
253
+ Timbre de la poste allemande, le Gonepteryx rhamni
254
+
255
+ Timbre de la poste d'Azerbaïdjan, le Zegris menestho
256
+
257
+ Timbre de la poste de Russie
258
+
259
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
260
+
261
+ Des blasons représentant des papillons, par exemple celui de la ville de Monnières en Loire-Atlantique.
262
+
263
+ Tapisserie de Dubois et RedoutéSalon des Fleurs, château de Compiègne
264
+
265
+ Céramique italienne
266
+
267
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
268
+
269
+ The Princess Nobody illustrée par Richard Doyle
270
+
271
+ À La Parisienne, hiver 1913-1914
272
+
273
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
274
+
275
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3313.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,275 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Ordre
2
+
3
+ Les Lépidoptères (Lepidoptera) sont un ordre d'insectes holométaboles dont la forme adulte (ou imago) est communément appelée papillon, dont la larve est appelée chenille, et la nymphe chrysalide.
4
+
5
+ Il s'agit d'un des ordres d'insectes les plus répandus et les plus largement connus dans le monde, comprenant entre 155 100 et 174 233 espèces décrites[1] (dont près de 7 000 en Europe et 5 000 en France[2]) réparties dans 136 familles et 43 super-familles[3]. Les plus anciennes traces fossiles de papillons montrent que ces insectes ailés vivaient déjà sur la planète il y a 201 millions d’années, au côté des premiers dinosaures[4].
6
+
7
+ Ils se caractérisent à l'état adulte par trois paires de pattes (comme tous les insectes) et par deux paires d'ailes recouvertes d’écailles de couleurs très variées selon les espèces. Ils pondent des œufs qui donnent naissance à des chenilles. Ces dernières se transforment ensuite en chrysalides (s'abritant ou non dans un cocon préalablement tissé). Il en émerge enfin l'imago, ou papillon. Leur cycle biologique se trouve donc composé de quatre stades distincts : œuf, chenille, chrysalide et papillon. Ce sont des insectes à métamorphose complète.
8
+
9
+ Comme les abeilles et la plupart des pollinisateurs, dans une grande partie du monde, les papillons sont en forte régression, principalement en raison de l'intensification de certaines pratiques de l'agriculture[5] (monocultures, pesticides) et, localement, de la mortalité routière et de la pollution lumineuse ; ainsi, la mise à jour 2016 de la liste rouge de l'UICN montre que pour 462 espèces de papillons indigènes évaluées en zone méditerranéenne, 19 sont menacées d'extinction (dont 15 endémiques de cette écorégion)[5].
10
+
11
+ Le terme « lépidoptère » dérive du latin scientifique lepidoptera, terme construit lui-même à partir du grec ancien λεπίς « écaille » et πτερόν « aile »)[6]. Bon nombre d’espèces sont désignées par un nom vernaculaire différent suivant leur stade de développement. Souvent seul le papillon est nommé, parfois, seule la chenille, car ravageuse, porte un nom. Plus exceptionnellement, les deux formes sont nommées, comme pour les espèces Nymphalis antiopa ou Bombyx mori.
12
+
13
+ Le mot « papillon » est dérivé du latin papilio « lui-même tiré de la racine pil (« aller, vaciller ») dont papilio serait une forme à redoublement (allusion probable aux battements des ailes et aux déplacements vifs de ces insectes) »[7].
14
+
15
+ Voir : liste de Lépidoptères par nom scientifique, de Lépidoptères par nom vernaculaire et de chenilles par nom vernaculaire.
16
+
17
+ Les Lépidoptères sont des holométaboles comme les diptères ou les coléoptères.
18
+
19
+ Au stade de l'imago, le papillon a une longévité variable selon l'espèce, de quelques jours (Bombyx du mûrier) ou semaines (Flambé, Machaon) à plusieurs mois (jusqu'à dix pour le Citron Gonepteryx rhamni).
20
+
21
+ Les Lépidoptères, sous la forme adulte (papillon), sont caractérisés par deux paires d'ailes membraneuses recouvertes d’écailles colorées, qui sont des soies aplaties ; le mot « lépidoptère » vient de cette caractéristique : lepidos veut dire « écaille » en grec et pteros, « aile »[9].
22
+
23
+ Une écaille alaire est une minuscule plaque chitineuse le plus souvent pigmentée dotée d'un pédicelle à sa base permettant son insertion sur la membrane. Certaines couleurs métalliques sont optiques par diffraction de la lumière (cas par exemple pour l'Europe du genre Apatura Grand mars changeant, Petit mars changeant).
24
+
25
+ Chez les papillons, les dessins et les couleurs alaires ont des fonctions multiples, comme la thermorégulation, l'évitement de la prédation et la reproduction. Parmi ces fonctions, le camouflage, l'aposématisme et le mimétisme sont phylogénétiquement très répandus et présentent une grande diversification évolutive[10]. La sélection naturelle privilégie les espèces qui réalisent le meilleur compromis évolutif (trade-offtrade-off dans la littérature scientifique) d’allocation des ressources entre ces différents traits d'histoire de vie[11],[12].
26
+
27
+ Des écailles spécialisées, qui forment les androconies, sont présentes sur la face supérieure des ailes des mâles et diffusent des phéromones sexuelles, notamment la danaidone, issues de glandes lors des parades nuptiales.
28
+
29
+ Les ocelles ou yeux peuvent être des ornementations de défense (chez le Paon du jour par exemple), c'est un bon moyen de reconnaissance des espèces (comme l'ocelle orange centré de noir à l'aile antérieure du Petit mars changeant absent chez le Grand mars changeant[13]).
30
+
31
+ Le revers brun ou noir de ses ailes présente souvent une livrée homochrome qui permet de se cacher à de nombreuses espèces présentant des couleurs vives sur le recto de leurs ailes (Paon du jour par exemple).
32
+
33
+ Certaines espèces présentent la particularité de ne porter que très peu d'écailles : cas du genre Cithaerias.
34
+
35
+ Les papillons sont des organismes héliophiles et souvent thermophiles, leurs ailes jouant un rôle de thermorégulation afin d'optimiser l'efficacité de leurs activités (vol, recherche de nourriture). Au repos, posé à l'ombre, l'échauffement est un processus endothermique et se manifeste par de rapides frémissements des ailes assez proches dans leur principe du frissonnement[14]. Au repos par temps ensoleillé, ils orientent les ailes par rapport aux rayons du soleil en fonction de la température ambiante (processus exothermique). Par temps frais et peu ensoleillé, ils adoptent la posture dorsale (ailes étalées comme celles d'un avion : ouverture totale ≥ 180°, partielle < 180°), prenant de véritables bains de soleil. Au contraire, lors de journées chaudes et ensoleillées, ils adoptent la posture latérale (ailes plaquées verticalement l'une contre l'autre au-dessus du corps) de façon à limiter la surface exposée aux rayons. Ils se protègent également de la surchauffe thoracique en volant énergiquement de place en place pour limiter le temps d'exposition[15]. Certains grands papillons de jour (comme le Flambé ou le Machaon)[16] alternent entre des phases de vol actif avec battements d'ailes et des phases de vol plané, ces dernières évitant également la surchauffe thoracique[17]. L'hypothèse du réchauffement corporel par un mécanisme direct (ailes absorbant directement le rayonnement du soleil et transmettant la chaleur au thorax via l'hémolymphe[18] est infirmée par les calculs et expérimentalement, la membrane alaire étant assez mauvaise conductrice de chaleur et la circulation de l'hémolymphe trop faible[19],[20]. L'hypothèse privilégiée est un mécanisme indirect : la chaleur émise par le rayonnement solaire est transférée au thorax par les ailes qui agissent comme des déflecteurs de chaleur par convection, leur angle plus ou moins ouvert favorisant la concentration du flux solaire sur la face dorsale du thorax[21]. Les bandes claires sur les ailes jouent également un rôle thermorégulateur : elles permettent à des papillons de réduire le stress thermique dans des environnements très chauds[22].
36
+
37
+ Paon du jour (Aglais io).
38
+
39
+ Mégère (Lasiommata megera).
40
+
41
+ Cithaerias andromeda esmeralda.
42
+
43
+ Acraea pharsalus.
44
+
45
+ Cymothoe caenis.
46
+
47
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
48
+
49
+ En raison de la structure de leur œil multiple, les papillons ont une vision probablement moins nette que celle d'un être humain, mais bien plus performante selon d'autres points de vue :
50
+
51
+ Leur corps est souvent caché par un épais revêtement de phanères.
52
+
53
+ Leurs pièces buccales sont transformées en proboscis (sauf chez certains petits groupes très primitifs pour ce caractère, tels les Micropterigidae munis de mandibules broyant le pollen), trompe enroulée en spirale au repos, pour aspirer le nectar. La trompe est formée par les galeas des maxilles qui sont fortement allongées et reliées entre elles par deux coaptations : l’antérieure formée de soies et la postérieure formée de crochets qui les solidarisent fortement, formant ainsi un canal qui permet l’aspiration du nectar. Toutes les autres pièces buccales sont atrophiées ou absentes, à l’exception des palpes labiaux qui protègent la trompe lorsqu’elle est enroulée au repos. La trompe des papillons est un outil de haute précision qui cumule les prouesses techniques. Au repos, elle reste enroulée en spirale comme un ressort de montre, sous l'effet d'une lame élastique qui court tout au long de sa paroi supérieure. Une succession d'anneaux de chitine - substance très résistante - maintient la canalisation béante quelle que soit sa courbure. Lorsque le papillon veut se nourrir, il contracte une série de plusieurs centaines de minuscules muscles obliques, situés dans l'épaisseur de la trompe, dont ils provoquent le déroulement. Au premier tiers de la longueur, des muscles spéciaux coudent la trompe vers le bas. Cette articulation souple favorise en particulier la recherche du nectar dans les corolles les plus étroites et les plus profondes. Sans même avoir à baisser la tête, le papillon déplace sa trompe pour explorer tous les recoins des fleurs qu'il visite. Dans la tête de l'insecte, une sorte de poire peut se dilater sous l'action de muscles puissants. Elle fait office d'aspirateur. Grâce à des organes gustatifs très sensibles situés au bout de leurs pattes, ils savent immédiatement s'il y a lieu de déployer leur encombrant attirail d'aspiration.
54
+
55
+ Trompe et œil de papillon
56
+
57
+ Papillon aspirant du nectar de banane
58
+
59
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
60
+
61
+ L'œuf est pondu sur ou à proximité de la plante-hôte de la chenille qui souvent qualifie l'espèce (Piéride du chou ou Azuré du serpolet).
62
+
63
+ La larve, ou chenille, est de type broyeur avec deux glandes labiales séricigènes c’est-à-dire fabriquant un fil de soie.
64
+
65
+ La chrysalide se trouve ou non dans un cocon. Le développement des chenilles s’effectue généralement en cinq stades marqués par des mues jusqu’à la transformation en nymphe, ou chrysalide. Suivant les espèces, la nymphose a lieu sous terre ou à l’air libre et la chenille s’entoure parfois d’un cocon de fils de soie avant de se transformer.
66
+
67
+ Accouplement de piérides du navet
68
+
69
+ Œufs d'un papillon mexicain (Caligo eurilochus)
70
+
71
+ Chrysalide de Machaon
72
+
73
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
74
+
75
+ 99 % des espèces connues sont phytophages[24], c’est-à-dire se nourrissent de plantes. Les adultes se nourrissent pour la plupart de nectar des plantes à fleurs. Certains ont les pièces buccales classiques des Insectes, ce qui est un caractère primitif, d’autres ont une trompe atrophiée et ne se nourrissent pas à l’état adulte.
76
+
77
+ Chaque espèce de Lépidoptères peut présenter différents types de variabilité. Il existe des variations de taille, les individus pouvant être plus ou moins grands en fonction de la génération, de l'altitude ou encore du climat. Il existe également des variations, parfois très importantes, dans l'ornementation alaire[25] :
78
+
79
+ Dessus du mâle.
80
+
81
+ Dessus de la femelle.
82
+
83
+ Accouplement (vue de dessous, mâle à gauche).
84
+
85
+ Sous-espèce Limenitis arthemis arthemis.
86
+
87
+ Sous-espèce Limenitis arthemis astyanax.
88
+
89
+ Forme printanière levana.
90
+
91
+ Forme estivale prorsa.
92
+
93
+ Forme ilia.
94
+
95
+ Forme clytie.
96
+
97
+ Aglais io, spécimen classique.
98
+
99
+ Aglais io, spécimen aberrant.
100
+
101
+ La forme actuelle des stades de développement, de l'œuf à l'imago, existe sans doute depuis 150 Ma. Les 220 000 espèces vivent partout dans le monde excepté dans l'Antarctique et sont particulièrement nombreuses dans la région des tropiques. Elles sont presque toujours associées à des plantes supérieures (des angiospermes ou plantes à fleurs) et ont donc coévolué. Il est en effet vraisemblable que l'évolution qui a conduit à ce groupe qui possède un organe hautement spécialisé comme la trompe s’est accomplie en même temps que le développement des plantes à fleurs avant la fin du Tertiaire. Comme presque toutes les espèces ont des chenilles inféodées à une plante-hôte précise, l'évolution n'a sûrement dû se faire qu'en présence d'une seule plante-hôte ancestrale, donc pas avant le Tertiaire.
102
+
103
+ Les Lépidoptères fossiles ont tendance à être plus rares que ceux des autres insectes, parce qu’ils étaient moins abondants dans des types d'environnement comme les lacs et les étangs propices à la fossilisation et que les stades larvaires n’ont que la tête chitineuse comme partie dure susceptible d'être fossilisée.
104
+
105
+ Il existe cependant quelques fossiles, dans l’ambre ou dans des sédiments très fins. Des traces de galeries peuvent être observées sur des feuilles fossiles mais leur interprétation est délicate[26].
106
+
107
+ Le fossile le plus ancien Archaeolepis mane, issu de roches britanniques, a été daté d’environ 190 Ma[26], au jurassique. Ce sont des restes d’ailes qui montrent des écailles à cannelures parallèles sous microscope électronique et le réseau de nervures caractéristique commun aux Lépidoptères et Trichoptères. On ne connaît que deux autres fossiles du jurassique et treize du crétacé[26]. La période suivante, le tertiaire, est beaucoup plus riche en fossiles[27]. L’éocène en particulier, avec les gisements d’ambre de la Baltique est riche. Ceux-ci ne sont pas d’une grande utilité pour établir la phylogénie des Lépidoptères car ils sont déjà très proches des espèces modernes. Plus rarement, les Lépidoptères peuvent se trouver dans des sédiments de type lacustre : diatomite. Un bel exemple a été publié dans le Bulletin des lépidoptères de France[28].
108
+
109
+ D'après les fossiles du Jurassique d'Amphiesménoptères découverts (groupe constitué des ancêtres des Trichoptères et Lépidoptères, selon la classification de Willi Hennig), ces groupes se sont différenciés il y 56 Ma[29].
110
+
111
+ Les Kalligrammatidae, famille de névroptères dont on connaît plusieurs fossiles plus anciens que ceux des Lépidoptères, ont une morphologie similaire à ces derniers mais ne leur sont pas directement apparentés : il s'agit d'une convergence évolutive.[réf. nécessaire]
112
+
113
+ Les Lépidoptères constituent un ordre. Au sein de la classe des insectes, celui-ci est placé dans la sous-classe des ptérygotes, l'infra-classe des néoptères et le super-ordre des holométaboles (ou endoptérygotes, qui se caractérisent par leur cycle de développement à métamorphose complète).
114
+
115
+ L'étude des relations de parenté (phylogénie) entre les différents ordres d'insectes montre que les Lépidoptères sont le groupe frère de l'ordre des Trichoptères.
116
+
117
+ Phylogénie des ordres actuels d'insectes holométaboles, d'après Peters et al., 2014[30] et Misof et al., 2014[31] :
118
+
119
+ Hymenoptera (symphytes, guêpes, fourmis et abeilles)
120
+
121
+ Lepidoptera (papillons)
122
+
123
+ Trichoptera
124
+
125
+ Diptera (mouches, syrphes, moustiques, taons...)
126
+
127
+ Mecoptera (panorpes...)
128
+
129
+ Siphonaptera (puces)
130
+
131
+ Coleoptera (scarabées, coccinelles, hannetons...)
132
+
133
+ Strepsiptera
134
+
135
+ Raphidioptera
136
+
137
+ Megaloptera
138
+
139
+ Neuroptera (planipennes)
140
+
141
+
142
+
143
+ Carl von Linné dans Systema Naturae (1758) reconnaît trois groupes de Lépidoptères : les Papilio, les Sphinx et les Phalaena avec sept sous-groupes dans les Phalaena (Scoble, 1995). Cette séparation se retrouve aujourd’hui dans 9 des super-familles de Lépidoptères.
144
+
145
+ Après Linné, Denis et Schiffermüller (1775) sont suivis par Fabricius (1775) et Latreille (1796). Ils identifient beaucoup plus d’espèces en les regroupant dans ce qui sera reconnu comme des genres.
146
+
147
+ Hübner décrit beaucoup des genres modernes et Ochsenheimer et Friedrich Treitschke (1776-1842), dans une série de volumes sur la faune de Lépidoptères européens publiés entre 1807 et 1835, renforcent les fondements de leur classification en genres (Scoble, 1995).
148
+
149
+ G.A.W. Herrich-Schaffer (plusieurs volumes, 1843-1856), et Edward Meyrick (1895) basent leur classification sur le nervurage des ailes. Au même moment, Sir George Hampson travaille sur la distinction entre Microlepidoptera et Macrolepidoptera.
150
+
151
+ Parmi les premiers entomologistes à étudier les fossiles d’insectes et leur évolution, Samuel Hubbard Scudder (1837-1911) travaille sur les papillons. Il publiera une étude des gisements du Colorado. Andrey Vasilyevich Martynov (1879-1938) met en évidence la proximité des Lépidoptères et des Trichoptères (Grimaldi et Engel, 2005).
152
+
153
+ Parmi les apports majeurs du XXe siècle figure la séparation basée sur la structure de l’appareil génital des femelles en Monotrysia et Ditrysia par Carl Julius Bernhard Börner (1880-1953) en 1925 et 1939 (Scoble, 1995).
154
+
155
+ Willi Hennig (1913-1976) développe l’analyse cladistique et l’applique à la phylogénie des insectes. Niels P. Kristensen, E. S. Nielsen et D.R. Davis étudient les relations entre les familles de Monotrysia, Kristensen ayant travaillé sur la phylogénie des insectes et des grands groupes de Lépidoptères (Scoble 1995, Grimaldi et Engel, 2005). Alors qu’en général, les phylogénies basées sur les analyses de l’ADN diffèrent des phylogénies basées sur les analyses morphologiques, ce n'est pas le cas pour les Lépidoptères, au moins à grande échelle (Grimaldi et Engel, 2005). Les tentatives de regroupement des super-familles de Lépidoptères en grand groupes naturels ont toutes échoué car les critères actuels Microlepidoptera et Macrolepidoptera, Heterocera et Rhopalocera, Jugatae et Frenatae, Monotrysia et Ditrysia (Scoble, 1995) ne permettent pas de définir des groupes monophylétiques.
156
+
157
+ Ces classifications étaient basées essentiellement sur des caractères superficiels. Elles ont progressivement été abandonnées au profit d’analyses phylogénétiques fondées sur des critères morphologiques et moléculaires.
158
+
159
+ Dans une de ces classifications, les Lépidoptères se divisaient en :
160
+
161
+ Dans une autre classification, les Lépidoptères étaient divisés en quatre sous-ordres :
162
+
163
+ Une nouvelle classification phylogénétique s'est progressivement développée, qui n’est pas entièrement adoptée et fait l’objet d’une révision continue (toutes les analyses moléculaires n’ont pas encore été faites, pour plus d’informations sur la classification lire l’article sur la systématique).
164
+
165
+ Outre qu'il y a encore des désaccords sur certaines espèces, il est parfois délicat d'établir l'appartenance d'un papillon à une espèce ou à une autre, à cause du phénomène d'hybridation ou parce qu'un nom d'espèce couvre parfois en réalité plusieurs sous-espèces morphologiquement très proches et non encore identifiées en tant qu'espèces. Ces deux phénomènes sont plus fréquents que ne l'indiquent les guides de naturalistes[33]. Les taxonomistes ne prennent pas en compte des individus « douteux » (probablement des hybrides le plus souvent), parce que ces derniers rendent plus difficile la discrimination des espèces. L'hybridation naturelle se produirait entre environ 10 % de toutes les espèces animales, assez rarement en moyenne, mais avec des taux d'hybridation qui peuvent être plus importants pour certaines espèces (Mallet, 2005). Les données disponibles pour les papillons d'Europe (l'un des plus étudiés dans le monde) laissent penser qu'environ 16 % des 440 espèces de papillons européens sont connus pour hybrider dans la nature avec au moins une autre espèce proche de la leur. Parmi ceux-ci peut-être la moitié ou plus sont fertiles et ont montré des preuves de « rétrocroisements » dans la nature[34].
166
+
167
+ Une vaste synthèse publiée dans la revue Zootaxa en 2011[3] aboutit à la taxinomie suivante :
168
+
169
+ Ils sont présents partout dans le monde, mais chaque papillon a une aire de distribution qui lui est spécifique. Certaines espèces sont sédentaires, d'autres se disséminent, d'autres encore sont migratrices sur des distances plus ou moins longues.
170
+
171
+ Les papillons sont présents dans presque tous les environnements terrestres (hors zones très froides). Ils y représentent près de 10 % des 1 450 000 espèces d'insectes connues à la surface de la Terre, derrière les coléoptères (25 %). Assez facile à observer, les papillons diurnes sont les espèces d'insectes (hors espèces-nuisibles) les mieux connues et suivies au monde[38].
172
+
173
+ Très divers en termes d'exigences écologiques et souvent associés à une ou quelques espèces de plantes ou à un type d'habitat (la plupart des espèces sont monophages ou oligophages et étroitement inféodées à des plantes-hôtes sensibles et vulnérables) ils sont d'excellents indicateurs biologiques)[39]. Ils sont vulnérables à de nombreux facteurs de dégradation de l'environnement et sont des pollinisateurs, ce qui en fait d'intéressants bioindicateurs. En Europe notamment on les utilise pour évaluer l'état et la santé des écosystèmes, l'état de certains services écosystémiques qui sont des ressources (et des indicateurs) important pour les questions de wikt:soutenabilité du développement.
174
+
175
+ Rien qu'au Royaume-Uni, il a été parcouru environ 750 000 km (l'équivalent de la distance terre-lune) pour réaliser des transects répétées d'échantillonnages de Lépidoptères depuis 1976[38]. Ces comptages ont permis de documenter les phénomènes de déclin et d'extinctions régionales et nationales, qui ont commencé avant 1900 (des inventaires des papillons butinant sur la pimprenelle étaient déjà fait en 1840 dans une zone protégée de Bavière en Allemagne)[38]. Partout, les résultats révèlent de graves pertes d'espèces en montrant que les espèces rares et spécialisées sont celles qui ont largement disparu et avant les autres, laissant des écosystèmes appauvris et dominés par quelques espèces communes et plus généralistes[38].
176
+
177
+ La disparition des papillons ne cesse de s'accélérer depuis quelques décennies[38]. Elle en dit donc long sur l’état de santé de l’environnement : ainsi un rapport de l'Agence européenne de l'environnement alerte sur le fait qu'en France comme en Europe, les papillons des prairies ont régressé de 50 % entre 1990 et 2011, principalement en raison de la dégradation progressive des écosystèmes, de l'agriculture intensive (pesticides) ou encore du réchauffement climatique[38]. En Grande-Bretagne, environ 70 % de la totalité des espèces de papillons auraient ainsi disparu en vingt ans[40].
178
+
179
+ La disparition des papillons, comme celle des abeilles et d'autres pollinisateurs) dans tout ou partie de leur aire de répartition, est en partie liée aux pesticides (désherbants qui tuent certaines de leurs plantes-hôtes, et insecticides, y compris depuis peu des insecticides dits biologiques produits à partir du bacille de thuringe (Bacillus thuringiensis ou Bt), très utilisés et ciblant les Lépidoptères, devenant une nouvelle et importante cause de disparition). Leur régression est aussi en partie causée par la réduction de la biodiversité florale du fait de la monoculture et de la transformation du paysage végétal par l'homme, qui a ainsi réduit la quantité des ressources alimentaires et leur diversité qualitative.
180
+
181
+ Quelques espèces, peu nombreuses, ont une aire en extension, voire un comportement invasif lié à l'extension de certaines cultures, comme c'est le cas de la pyrale du maïs, ou encore de la mineuse du marronnier, pour des raisons mal comprises ; mais de nombreuses espèces de Lépidoptères sont en forte régression ou ont récemment disparu de tout ou partie de leurs habitats naturels.
182
+
183
+ La destruction et la fragmentation de leurs habitats (notamment par l'agriculture intensive, l'urbanisation, la déforestation, l'assèchement des milieux humides, les gyrobroyages) et l'usage croissant de pesticides semblent être les principales causes de cette régression ; les insecticides mais aussi les désherbants ciblent en effet les plantes-hôtes de certaines chenilles. Le dérèglement climatique est une autre cause, qui explique aussi des changements rapides d'aires de répartition[42] ou des disjonctions de cycles de vie.
184
+
185
+ Les rhopalocères sont en forte voie de régression, depuis les années 1970 notamment, probablement en raison d'un usage croissant de pesticides insecticides, mais aussi à cause du recul du bocage, des prairies, en raison de la fragmentation écopaysagère croissante, par les routes notamment (le phénomène de roadkill touche aussi les papillons quand ils traversent les routes).
186
+
187
+ En France métropolitaine, seules une quinzaine d'espèces sont protégées en 2012. Or au moins 16 papillons de jour sont menacés de disparition à court terme, alertent l'Union internationale pour la conservation de la nature[43], le Muséum national d'histoire naturelle et l'Office pour les insectes et leur environnement[44]. 18 papillons sont quasi-menacés selon la dernière liste rouge des espèces menacées en France, et beaucoup d'autres sont en voie de régression, parmi 253 espèces[44].
188
+
189
+ À titre d'exemple, l'Hespérie du barbon (non revu depuis plus de 10 ans, en 2012) a été récemment classée « en danger critique » en France, probablement victime de l'urbanisation, de la périurbanisation et de la fragmentation écopaysagère du littoral méditerranéen (roadkill).
190
+
191
+ Le Mélibée inféodé aux prairies humides acides à molinie voit ses habitats (landes humides et tourbières notamment) détruits, drainés, amendés ou boisés ; il ne survit que dans quelques tourbières des Vosges ou du Jura, et est au bord de l'extinction.
192
+
193
+ L'Azuré de la sanguisorbe régresse en raison de la destruction des prairies humides où vit la plante-hôte à laquelle il est inféodé (Sanguisorbe officinale). De plus, sa chenille est durant quelque temps protégée dans une fourmilière.
194
+
195
+ Par exemple l'hermite, un papillon autrefois largement répandu en France, a subi une régression de ses effectifs de l’ordre de 30 % rien que sur les 10 dernières années, ce qui le classe dans la catégorie « vulnérable »[44].
196
+
197
+ L'Azuré du mélilot est lui classé « quasi menacé », alors que le mélilot est une plante abondante sur de nombreuses friches.
198
+
199
+ Les éclairages nocturnes forment des remparts infranchissables pour de nombreuses espèces de papillons de nuit (Phototropisme négatif) qui ont besoin de se déplacer entre leurs zones de reproduction et nourrissage, et pour leurs migrations, bon nombre d'entre eux meurt d'épuisement en s'approchant de ces éclairages qui, dans ce cas, deviennent un piège dont ils ne sortiront plus (Phototropisme positif). Les Lépidoptères nocturnes sont majoritaires par rapport aux diurnes et participent grandement à la pollinisation parfois de façon spécifique, ils sont aussi la source alimentaire quasiment exclusive des Chiroptères qui sont, eux aussi, en grand danger.
200
+
201
+ La convention de Berne qui a pour but d'assurer la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe par une coopération entre les États a été signée le 19 septembre 1979 à Berne en Suisse (entrée en vigueur le 1er juin 1982). Elle comporte en annexe une liste d'espèces qui comprend des papillons. Voici quelques exemples :
202
+
203
+ Une espèce est considérée comme nuisible Cacyreus marshalli le brun des pelargonium.
204
+
205
+ Des recommandations sont émises au niveau national en direction des Maires et Mairies qui convie à réduire voir éteindre quant cela est possible les éclairages nocturnes aillant pas ou peut d'utilité publique pour rétablir les Corridor biologique, Les ultraviolets sont particulièrement à proscrire des éclairages nocturnes, un label et décerné aux communes sous la forme d'étoiles (communes étoilées) cette appellation concerne toutefois principalement la réappropriation du ciel nocturne, la redécouverte de la voute céleste.
206
+
207
+ Début juillet 1608, les faubourgs d'Aix-en-Provence furent recouverts d'une pluie de sang. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc fit des relevés de cette pluie en recueillant quelques gouttes sur la muraille du cimetière de la cathédrale. Il découvrit que c'étaient les excréments des chrysalides des papillons qui avaient été observés récemment. Le centre ville n'ayant pas été envahi, il était resté épargné. Cette explication scientifique ne calma pas la terreur populaire[51].
208
+
209
+ Grâce et légèreté, le papillon est, au Japon, un emblème de la femme ; et deux papillons figurent le bonheur conjugal. Légèreté subtile : les papillons sont des esprits voyageurs ; leur vue annonce une visite, ou la mort d’un proche.
210
+
211
+ Un autre aspect du symbolisme du papillon est fondé sur ses métamorphoses : la chrysalide est l’œuf qui contient la potentialité de l’être ; le papillon qui en sort est un symbole de résurrection. C’est encore, si l’on préfère la sortie du tombeau.
212
+
213
+ Symbole du feu solaire et diurne, et pour cette raison de l’âme des guerriers, il représente le soleil dans le temple des guerriers aztèques et le dieu de feu porte comme emblème un pectoral nommé papillon d’obsidienne. L’obsidienne, comme le silex, est une pierre de feu. Toutes ces interprétations découlent probablement de l’association analogique du papillon et de la flamme, du fait de ses couleurs et du battement de ses ailes[52].
214
+
215
+ Dans la mythologie grecque, Psyché (l'âme), mariée à Éros (l'amour), acquiert des ailes de papillon ; la peinture française, nourrie de mythologie, fait figurer des papillons à côté de Psyché dans les tableaux qui la représentent. En grec ancien, psukhê signifie à la fois « âme » et « papillon ».
216
+
217
+ Les papillons ont été représentés et il en reste des peintures datant pour la plus ancienne, en Égypte dans la tombe de Neferhotep de vers 3 000 ans avant notre ère.
218
+
219
+ En Europe, les plus anciennes peintures de papillons retrouvées sont celles d'enluminures du IXe siècle, puis dans divers tableaux de la peinture flamande, de la peinture hollandaise et de la peinture italienne mais ils sont particulièrement présents dans les natures mortes flamandes et hollandaises du XVIIe siècle.
220
+
221
+ Égypte ancienne tombe de Nakht
222
+
223
+ Livre d'heures d'Hastings
224
+
225
+ Lettrine enluminée, encre et peinture sur parchemin, XVIe siècle (Renaissance).
226
+
227
+ Philips de Marlier
228
+
229
+ Vincent van Gogh
230
+
231
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
232
+
233
+ Chine (voir aussi le plus grand parc mondial des papillons dans le District de Xishan)
234
+
235
+ Corée
236
+
237
+ États-Unis d'Amérique (Martin Johnson Heade)
238
+
239
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
240
+
241
+ Dessin de Jacob HübnerParnassius phoebusssp sacerdos
242
+
243
+ Alfred Brehm
244
+
245
+ Moses Harris
246
+
247
+ Per Olof Christopher Aurivillius
248
+
249
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
250
+
251
+ De très nombreux papillons ont fait l'objet de tirages dans de nombreux pays.
252
+
253
+ Timbre de la poste allemande, le Gonepteryx rhamni
254
+
255
+ Timbre de la poste d'Azerbaïdjan, le Zegris menestho
256
+
257
+ Timbre de la poste de Russie
258
+
259
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
260
+
261
+ Des blasons représentant des papillons, par exemple celui de la ville de Monnières en Loire-Atlantique.
262
+
263
+ Tapisserie de Dubois et RedoutéSalon des Fleurs, château de Compiègne
264
+
265
+ Céramique italienne
266
+
267
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
268
+
269
+ The Princess Nobody illustrée par Richard Doyle
270
+
271
+ À La Parisienne, hiver 1913-1914
272
+
273
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
274
+
275
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3314.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3315.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3316.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,65 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Leptailurus serval
2
+
3
+ Genre
4
+
5
+ Espèce
6
+
7
+ Répartition géographique
8
+
9
+ Statut de conservation UICN
10
+
11
+ LC  : Préoccupation mineure
12
+
13
+ Statut CITES
14
+
15
+ Le serval (Leptailurus serval) est une espèce de félins de la sous-famille des félinés.
16
+
17
+ Le serval est la seule espèce du genre Leptailurus. Des analyses d'ADN ont montré que le serval descend du même ancêtre que le lion, mais qu'il constitue une lignée unique n'ayant pas de rapports proches avec d'autres espèces de félins, bien qu'il présente quelques points communs avec le guépard. Cependant, d'autres études indiquent que le serval est proche du chat doré africain ainsi que du caracal[1].
18
+
19
+ Sa longueur est d’environ 85 à 112 cm, et celle de sa queue de l’ordre de 30 à 50 cm. Il mesure de 54 à 66 cm au garrot. Son poids est de 9 à 16 kg chez les femelles, de 12 à 26 kg chez les mâles.
20
+
21
+ Il a de longues pattes et une tête élancée ; ses oreilles sont à la fois longues et larges en comparaison avec sa tête et ont la particularité d'être arrondies. Les oreilles du serval et son long cou lui permettent d'entendre et de voir au-dessus des hautes herbes de la savane.
22
+
23
+ L'aspect de sa fourrure est variable : bien que la plupart des servals arborent des points ou taches à la manière des guépards, certains n'ont pour marques apparentes que quelques taches au-dessus des yeux et des anneaux autour de la queue.
24
+
25
+ La longévité moyenne du serval est de 20 ans.
26
+
27
+ Des servals noirs, atteints de mélanisme, ont été observés dans la nature et en captivité.
28
+
29
+ Il existe de rares servals blancs (atteints de leucistisme), mais aucun n'a encore été observé dans la nature, et il n'en a été répertorié que quatre en captivité. Le premier est né dans les années 1990 au Canada et mourut à l'âge de deux semaines. Les trois autres, des mâles, Kongo (mort), Tongo et Pharaoh, sont nés au zoo d'Easy Street en 1997 et 1999.
30
+
31
+ Le serval fait partie des félins capables de ronronner ; le ronronnement se produit à l'inspiration et à l'expiration[2]. Le serval est également capable de cracher, grogner et miauler.
32
+
33
+ Ce chat serval, assez commun en Afrique, vit principalement dans les savanes humides. Comme les servals ont besoin de cours d'eau dans leur territoire, on ne les trouve pas dans les demi-déserts ou les steppes arides. Le serval est capable d'escalader et de nager, mais il le fait rarement.
34
+
35
+ Il peut uriner 30 fois par heure pour marquer son territoire.
36
+
37
+ Le serval est carnivore, il se nourrit d'autres mammifères tels que les rongeurs (comme le rat), les lapins, les damans, les antilopes naines (ourébis, dik-diks, steenbok), et d'oiseaux, ainsi que d'insectes et de grenouilles[3]. Le serval s'attaque peu aux grandes proies, 90 % de ses proies pèsent moins de 200 grammes[4].
38
+
39
+ Le serval mange rapidement, et si sa proie est trop grosse, elle peut parfois lui obstruer la gorge, ce qui le force à régurgiter. Les petits animaux sont dévorés entiers. Chez les gros, il mange la viande et les petits os, mais laisse sur place les organes, la peau, les sabots ou le bec.
40
+
41
+ Afin de chasser plus efficacement dans la savane, le serval a de très longues pattes (les plus longues chez les félins, par rapport à la taille du corps). Il peut courir jusqu'à 80 km/h. Ses longues pattes et son cou lui permettent également de regarder par-dessus les hautes herbes, tandis que ses oreilles larges entendent les proies même quand elles se déplacent sous terre. En chasse, le serval peut rester immobile pendant près de 15 minutes, les yeux fermés en écoutant les proies aux alentours.
42
+
43
+ Après avoir localisé sa proie, en général au crépuscule, et souvent grâce à son ouïe, le serval bondit avec dextérité. Il fait des sauts de quatre mètres de long, et de plus d'un mètre de haut avant de frapper sa victime avec ses pattes antérieures. Sa capacité à sauter lui permet d'attraper des oiseaux en vol[5]. Ses sauts peuvent parfois atteindre trois mètres de haut ou six mètres de longueur. Le serval est un chasseur très efficace, réussissant près de 50 % de ses tentatives (avec un taux de succès global de 67 % par nuit de chasse), tandis que la plupart des félins ne réussissent qu'environ une tentative d'assaut sur dix[4].
44
+
45
+ Le serval joue souvent avec sa proie pendant plusieurs minutes avant de la manger. La plupart du temps, il défend farouchement sa nourriture contre les autres prédateurs qui tenteraient de la lui prendre, les mâles étant souvent plus agressifs que les femelles.
46
+
47
+ La femelle serval a une période de gestation de 66 à 77 jours, soit entre 2 mois et 2 mois et demi. Une ou deux fois par an, elle met bas une portée de deux ou trois petits. Ils sont élevés dans des lieux abrités comme les tanières abandonnées de cochons de terre (oryctéropes). Si un tel endroit idéal ne peut être trouvé, un espace entre des arbrisseaux ou encore un nid d'herbes peuvent s'avérer suffisants.
48
+
49
+ Les servals, comme les guépards, sont généralement amicaux et faciles à domestiquer. Les Anciens Égyptiens l'adoraient comme un dieu au même titre que les chats. Certains d'entre eux sont domestiqués et s'attachent beaucoup à leur maître. Ils n'acceptent pas facilement de changer de maître ou d'accueillir de nouveaux venus, et peuvent devenir farouches quand ils sont séparés de leurs maîtres.
50
+
51
+ Les servals sont parfois la proie des léopards. Mais l'homme est bien plus dangereux pour eux. Les servals ont été beaucoup chassés pour leur fourrure. On peut encore les trouver en Afrique de l'Est et de l'Ouest, mais ils ont disparu de la province du Cap en Afrique du Sud et sont de plus en plus rares au nord du Sahara ; bien qu'ils aient été annoncés disparus, quelques spécimens subsistent encore au Maroc[6].
52
+
53
+ Le serval est répertorié par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction dans l'Annexe II, avec la mention « non menacé d'extinction actuellement, mais pourrait l'être si le commerce n'est pas strictement contrôlé »[7].
54
+
55
+ Ce mammifère est représenté par 18 sous-espèces :
56
+
57
+ Le croisement d'un chat domestique (Felis silvestris catus) et d'un serval est à l'origine d'une race de chats, le Savannah. Cette nouvelle race a vu le jour en 1986.
58
+
59
+ La descendance directe du chat domestique et du serval n'est pas considérée comme un Savannah, cette qualification n'étant attribuée qu'à partir de la troisième génération (descendant du descendant du descendant du serval et du chat domestique).
60
+
61
+ Le serval peut également être croisé avec le caracal. Le croisement d'un serval mâle et d'un caracal femelle est appelé « servical », tandis que le croisement d'un caracal mâle et d'un serval femelle est appelé « caraval ».
62
+
63
+ L'ashera est un croisement entre un chat domestique, un serval et un chat-léopard du Bengale[8].
64
+
65
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3317.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,104 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Puma concolor
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Répartition géographique
6
+
7
+ Statut de conservation UICN
8
+
9
+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Statut CITES
12
+
13
+ Le puma (Puma concolor), également appelé lion de montagne, ou cougar, est un mammifère carnivore qui appartient à la famille des félidés. C'est un animal solitaire qui vit en Amérique du Nord et du Sud. Difficile à observer, il ressemble à un léopard sans taches, ce qui explique que, par abus de langage, on le désigne parfois également sous le terme de « panthère ». En France, sa présence à l'état sauvage se limite à la Guyane.
14
+
15
+ Le pelage du puma est uniforme (concolor signifie « d'une seule couleur »), même si l'on devine parfois des rayures sur ses membres antérieurs[1]. La couleur reste dans les tons fauves et varie du brun roux dans les régions tropicales au gris jaune dans les régions arides. Le dessous du corps est plus clair, allant de la couleur crème au blanc[2]. La longueur des poils dépend du milieu naturel dans lequel l'animal vit : ils sont rudes et courts dans les régions chaudes et longs en régions froides. Les cas d'albinisme sont rares mais les cas de mélanisme sont fréquents[3]. Un unique cas de leucisme (« Puma blanc ») est observé dans les années 2010 à l'état sauvage dans le parc national de Serra dos Órgãos[4].
16
+
17
+ Le puma possède une petite tête de forme arrondie munie d'oreilles courtes, rondes et écartées. Le revers de l'oreille est noir. La fourrure du menton est blanchâtre comme celle du museau. La truffe est rose. La couleur des yeux varie du vert au jaune ambré et son champ de vision est très large[5].
18
+
19
+ En moyenne, le mâle mesure entre 1 mètre et 2,30 mètres de longueur, le record étant de 2,90 mètres, queue comprise[1]. Celle-ci représente un tiers de la taille de l'animal[6]. La masse du puma est comprise en moyenne entre 53 et 72 kg pour les mâles ; le plus gros individu connu faisait 120 kg[3]. Sa taille varie de 60 à 76 cm au garrot[6],[3]. La femelle est moins grosse (environ 35 à 48 kg[3]) ; le mâle est de 40 à 60 % plus lourd que la femelle[7]. En outre, il existe une variation géographique de la taille : les plus grands spécimens vivent dans les montagnes Rocheuses et en Patagonie tandis que les plus petits évoluent dans les régions proches de l'équateur. Ainsi, les pumas vivant en région tropicale pèsent deux fois moins que les individus du sud du Chili ou du Canada[7].
20
+
21
+ La silhouette du puma est fine et musclée et son postérieur est plus haut que sa tête ce qui lui permet de sauter facilement. Sa longue queue (entre 53 et 81 cm[8],[9]), plus foncée à son extrémité, est l'une des caractéristiques du puma. Enfin, il possède quatre doigts munis de griffes longues, pointues et rétractiles. Ses pieds sont larges, ce qui permet d'avancer aisément dans la neige[3]. Les pattes postérieures plus longues que les antérieures - ces premières étant, proportionnellement à la taille, les plus longues de toutes les espèces de félins[7] - sont une adaptation au bond[10].
22
+
23
+ Le puma peut courir jusqu'à 72 km/h[11],[12], mais seulement sur de courtes distances. En outre, il peut franchir jusqu'à 12 mètres[13] en longueur, d'un bond à partir d'une position fixe. Enfin, il est capable de faire des bonds atteignant 4 à 5 mètres de haut, sans élan[13]. C'est un animal qui nage bien mais il ne le fait qu'en cas de menace. Pour les besoins de la chasse ou en cas de menace, il est capable de grimper aux arbres et de faire preuve d'une grande agilité.
24
+
25
+ Le puma est un animal solitaire. Les mâles et les femelles ne se rencontrent qu'en période d'accouplement (environ deux semaines[14]). L'oestrus dure huit à quatorze jours[15]. Les pumas peuvent se reproduire toute l'année, toutefois, on observe souvent un pic de naissances durant la saison chaude (d'avril à septembre en Amérique du Nord)[15]. Le taux de recrutement est de 1,0 à 1,3 petits par femelle en âge de procréer[15]. La maturité sexuelle est atteinte pour les deux sexes dès l'âge de deux ans, parfois dès vingt mois[15]. Cependant, la première reproduction se produit plus probablement lorsque la femelle a pu s'établir sur un territoire[15].
26
+
27
+ Après une gestation d’environ trois mois[16] (entre 88 et 96 jours[8]) la femelle met au monde jusqu'à six petits, généralement deux ou trois[14]. La femelle met bas dans une tanière qui peut être des fourrés, une cavité rocheuse ou encore un arbre creux[17]. Les petits restent avec leur mère jusqu'à leur deuxième année[18],[15]. L'intervalle entre deux naissances est de dix-huit à trente mois[15]. À la naissance, les jeunes pèsent de 600 à 800 grammes[8],[17],[9] et ont un pelage brun jaunâtre avec des points noirs ou marron qui disparaissent vers l'âge de 16 mois. Les chatons ouvrent les yeux à dix jours et mangent de la viande à six semaines[17], mais l'allaitement dure plus de trois mois[16].
28
+
29
+ Dans son environnement naturel, un puma vit environ huit à dix ans[8],[17] ; en captivité, sa longévité peut dépasser 25 ans[réf. nécessaire]. Le sex-ratio adulte est généralement de deux femelles pour un mâle. La mortalité naturelle des adultes est inférieure à 5 %[15]. La mortalité causée par la chasse sportive peut être particulièrement élevée pour les mâles adultes et subadultes[15]. La mortalité est probablement plus élevée dans les zones de forts conflits intraspécifiques, comme les populations soumises à la chasse (conflits pour acquérir un territoire plus fréquents du fait de la disparition des individus prélevés) et dans les zones à faibles ressources alimentaires[15].
30
+
31
+ Les cris du puma diffèrent selon les circonstances : très aigus ou ressembler à un sifflement en période de rut[19] ; ils peuvent faire aussi penser à un fort ronronnement. Pendant la saison de l'accouplement, les pumas émettent des sortes de miaulements (ou feulements) puissants[14],[6]. Le puma ne rugit pas en raison de l'ossification totale de son appareil hyoïde[16]. Il émet un gémissement aigu pour menacer les intrus osant s'aventurer sur son territoire.
32
+
33
+ Les pumas sont carnivores, ils attaquent en général les grands mammifères comme les cerfs ou les élans mais aussi des animaux plus petits si nécessaire, jusqu'à pêcher ou se nourrir d'insectes[17] ou de lézards[9]. En moyenne, un puma d'Amérique du Nord consomme un cerf tous les sept à dix jours, parfois plus pour une femelle avec des petits[5]. Enfin, le puma peut tuer des animaux d'élevage (chevaux, moutons, vaches, chèvres, etc.)[17].
34
+
35
+ Les pumas chassent seuls, à l'aube ou au crépuscule, le jour en montagne[9]. Ils traquent leur proie et l'approchent par derrière. Ils tuent leur proie en mordant la base du crâne, brisant le cou de leur victime. Ils peuvent ainsi s'attaquer à des animaux beaucoup plus gros qu'eux. Ils enterrent ensuite la carcasse ou la recouvrent partiellement afin de la protéger quelques jours des charognards avant de revenir pour s'en nourrir. Comme tous les prédateurs, ils changent de proies selon l'abondance de ces dernières. Ainsi sur une zone où l'on avait réintroduit une espèce de mouflon dit mouflon canadien (Ovis canadensis), on a constaté que les pumas ont augmenté leur prédation sur cette espèce alors que les populations de cervidés (leur nourriture préférée) avait diminué[21].
36
+
37
+ Les mâles adultes occupent un territoire moyen de 250 km2 environ (de 100 à 1 000 km2)[14], qui est marqué par leur urine, leurs déjections ou des traces de leurs griffes sur les troncs, accompagnées d'un marquage odorant ; comme les autres félins, le puma possède des glandes sudoripares au niveau des pelotes digitales et plantaires. Le territoire des femelles est plus restreint (moins de 100 km2 en général), ce qui implique que le territoire d'un mâle recouvre plusieurs territoires de femelles.
38
+
39
+ Des suivis de jeunes couguars par radiotracking dans un habitat relativement fragmenté, en Californie, ont montré qu'ils trouvent assez facilement les corridors biologiques qui leur conviennent et les écoducs leur permettant de traverser une autoroute[22]. La dispersion se fait au moment de l'abandon des petits par la mère en bordure de son domaine vital. Le jeune reste dans un rayon de 300 m à proximité durant 13 à 19 jours et explore ensuite son nouvel environnement dans la direction opposée à celle prise par la mère. L'âge moyen à la dispersion était de 18 mois (extrêmes : 13-21 mois)[22]. Les animaux fréquentent facilement les lisières ville-forêt et les corridors biologiques et écoducs, et semblent apprécier l'absence d'éclairage artificiel direct ou indirect[22], si ce n'est l'absence de pollution lumineuse.
40
+
41
+ Le jaguar (Panthera onca) partage son aire de répartition Nord avec l'aire Sud du puma. Les cas de coexistence ne sont pas rares. Les deux espèces ont souvent été étudiées conjointement. Dans les zones tropicales, le puma est plus petit que dans les zones tempérées de son aire de répartition et chasse un plus grand nombre d'espèces, qui sont également de plus petite taille[23]. Le puma subit la concurrence du jaguar qui ne lui laisse que des proies de taille moyenne[17]. La compétition interspécifique avec le jaguar dans les zones tropicales est un facteur probable de ces différences[23],[Note 1]. Dans le parc national Santa Rosa au Costa Rica, il a été observé que les carcasses de proies fraichement tuées par un jaguar (des tortues de mer) sont par la suite visitées par un ou des pumas et jaguars[Note 2],[24]. Le puma est plus fréquemment observé durant la journée, tandis que le jaguar est plus nocturne[24]. Cette observation montre que le jaguar est relativement tolérant envers les autres prédateurs qui visitent les charognes qu'il a tuées[24]. Le jaguar peut s'attaquer aux jeunes pumas[25].
42
+
43
+ Le Puma a peu de prédateurs mais en Amérique centrale et Amérique du Sud, il peut être attaqué par le Jaguar et l'Anaconda. En Amérique du Nord, il peut se trouver confronté à un Grizzly ou à une meute de loups.
44
+
45
+ Le puma occupe une grande vari��té d'habitat[26]. Il se rencontre dans divers écosystèmes tels que les déserts arides, les zones de broussailles semi-arides, les forêts de conifères, les prairies et savanes inondées et les forêts tropicales humides[26]. Il n'est pas présent dans les régions côtières fortement anthropisées et dans les hautes Andes. Le puma se rencontre jusqu'à 5 800 mètres d'altitude[26].
46
+
47
+ Avant la colonisation et l'explosion démographique du territoire, le puma occupait tout le continent américain : de la Colombie-Britannique au Sud de l'Argentine. Le puma est l'animal terrestre qui occupe l'aire la plus étendue du Nouveau Monde, couvrant près de 110 degrés de latitude. Le puma est également le félin le plus répandu après le chat domestique sur le continent américain.
48
+
49
+ Le puma est absent des îles (Caraïbes, Antilles), de l'Uruguay ainsi que du Centre et de l'Est de l'Amérique du Nord. Il était autrefois présent dans les forêts du Grand Nord mais il a disparu à la suite de l'extinction des grands ongulés dans cette région[3]. Il a été beaucoup chassé aux XIXe et XXe siècles : on recensait en moyenne 350 pumas tués par an en Colombie-Britannique entre 1910 et 1957[17]. Le puma peut occuper une grande variété d'habitats mais l'extension humaine les a repoussés en montagne, dans une forêt morcelée et considérablement réduite depuis la colonisation européenne, dans les prairies, les déserts et les étendues sauvages du continent américain. On le trouve jusqu'à 5 900 mètres dans la cordillère des Andes[20].
50
+
51
+ Le puma est classé en annexe II de la CITES, c'est-à-dire en espèce vulnérable. Les pumas de Floride et d'Amérique centrale appartiennent à l'annexe I et sont menacés d'extinction[27],[14],[3]. La chasse du puma est en général interdite ou réglementée, sauf au Guyana, en Équateur et au Salvador[17]. Les réserves et les parcs naturels tentent de préserver leur habitat (Yosemite, Yellowstone, Río Plátano, Iguazú, etc.). Cependant, certains éleveurs, dont les troupeaux sont menacés, les abattent ou les empoisonnent.
52
+
53
+ L'espèce se trouvait autrefois dans presque toute l'Amérique du Nord, sur le territoire des cerfs, sa source de nourriture principale. Il a cependant été victime de la chasse pendant près de deux siècles, sa fourrure étant prisée et sa présence n'étant pas la bienvenue près du bétail. La sous-espèce de l'Est, Puma concolor couguar, qui occuperait actuellement le Sud-Est du Canada (Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse), avait apparemment disparu dès la seconde moitié du XIXe siècle mais une faible population semble encore subsister dans une partie de son aire de répartition historique[28].
54
+
55
+ Au Québec, sa population n'a probablement jamais été abondante[29]. Seules quelques centaines d'observations ont été rapportées depuis 1955 : la majorité d'entre elles sont postérieures à 1991, période durant laquelle les mentions de cougar étaient systématiquement recueillies[29]. Les mentions proviennent de la partie méridionale de la province au sud du 50e parallèle, essentiellement dans les régions de l'Abitibi-Témiscamingue, de l'Estrie et du Bas-Saint-Laurent[29]. Cependant, un seul signalement a été confirmé en 1992 lorsqu'un individu a été abattu en Abitibi-Témiscamingue, une analyse génétique a démontré que l'individu provenait d'une sous-espèce présente en Amérique du Sud et il est probable que cet animal se soit échappé d'un parc zoologique ou gardé en captivité[29]. Les principaux facteurs limitatifs de la présence du cougar au Québec seraient sans doute liés aux diverses activités humaines et au morcellement des populations, qui rendrait difficile les rencontres lors de la période d'accouplement[29].
56
+
57
+ La présence du cougar fait l'objet d'un suivi au Québec. Un système de collecte des observations (rapports d'observation) et d'analyse de leur qualité est en place dans chaque région par les bureaux de Protection de la Faune du Québec[29]. La présence d'environ huit individus répartis à travers la province est confirmée par les scientifiques[30]. En 2005, le ministère de la faune et des parcs du Québec a officiellement confirmé la présence du puma dans trois régions du Québec : la Capitale-Nationale (Québec), la Gaspésie et le Saguenay–Lac-Saint-Jean. D'autres observations auraient été faites dans le Centre-du-Québec et l'Estrie. Un puma a d'ailleurs été filmé dans un champ de Fortierville en mai 2007, alors qu'un autre a été aperçu et clairement identifié le 1er octobre 2007 à la forêt Montmorency située à environ 70 km au nord de la ville de Québec, près du parc national de la Jacques-Cartier. Un autre a également été observé au printemps 2007 dans le Parc de la Gatineau, dans l'Outaouais[30].
58
+
59
+ Un biologiste du Parc national de Forillon en Gaspésie a confirmé que six échantillons de poils de cougar ont été recueillis dans le parc entre 2003 et 2010, dont le dernier en août 2009. Le projet d'observation a ensuite été arrêté puisqu'il ne visait qu'à confirmer la présence. Les tests génétiques ont permis de conclure qu'il s'agissait d'un cougar de l'Est[31]. Cependant, il existe un débat chez les biologistes concernant les dispositifs de prélèvement des échantillons et l'existence même de cougars vivant à l’état sauvage au Québec[32],[33].
60
+
61
+ D'abord chassé jusqu'à sa quasi-extinction aux États-Unis, le puma fait un grand retour, avec une population estimée entre 10 000[8] et 30 000 individus dans l'Ouest du pays, principalement dans les montagnes Rocheuses. L'animal est présent dans quatorze États de l'Ouest et en Floride[34]. On estime entre 4 000 et 6 000 le nombre de lions des montagnes en Californie où il est protégé par la loi, entre 4 500 et 5 000 au Colorado ; les couguars de Floride sont estimés à une cinquantaine et constituent la sous-espèce la plus menacée du continent américain. Dans les autres États, sa chasse est légalisée mais soumise à l'autorisation de l'United States Fish and Wildlife Service[34]. Le Texas est le seul État où le puma peut être chassé librement.
62
+
63
+ La Panthère de Floride est une population de puma qui était une sous-espèce selon l'ancienne classification (Puma concolor coryi). Autrefois présente dans tout le Sud-Est des États-Unis, elle survit dans le Sud de la Floride. Il ne subsisterait qu’une cinquantaine d'individus[35]. Elle est menacée d'extinction malgré les efforts du groupe de sauvegarde de la Panthère de Floride (The Florida Panther Recovery Team), fondé en 1976. Il y a actuellement un grand effort de la part de l’État de Floride pour sauver ces panthères locales, leur nombre étant en effet en inquiétante diminution : élevage en captivité, préservation du gibier, reproduction artificielle, etc. Néanmoins, la nouvelle classification permet d’envisager une reproduction de préservation par croisement avec d’autres anciennes sous-espèces moins menacées de couguars d’Amérique du Nord, qui sont dans la même lignée phylogénétique, et de parvenir, par sélection, à retrouver les caractères de la Panthère de Floride, avec l’aide d’élevages ou parcs naturels d’autres États.
64
+
65
+ Les pumas tentent de reconquérir l'Est du pays, suivant les criques et les cours d'eau, ils ont à présent atteint les États du Missouri et du Michigan. Cette évolution pourrait permettre d'en trouver sur la quasi-totalité du territoire des États-Unis mais, la réintroduction du loup dans les montagnes Rocheuses est une menace pour le puma qui était jusque-là le seul grand prédateur carnivore avec l'ours dans ce territoire. Il y a par exemple environ 25 pumas dans le parc du Yellowstone[36] contre 118 loups[37].
66
+
67
+ À cause de l'urbanisation, les pumas se retrouvent de plus en plus fréquemment en contact avec les humains, surtout dans les zones riches en cerfs, leur proie naturelle. Beaucoup de ces félins meurent percutés par des automobiles ou des camions (voir roadkill). Si on a compté des attaques d'animaux domestiques (chats, chiens), ils ne se tournent que très rarement vers le domaine des humains comme source de nourriture. Le 2 mars 2011, le puma de l'est américain est officiellement annoncé par l'USFWS comme étant éteint aux États-Unis[28], mais peut-être était-ce déjà le cas depuis les années 1930. En fait, le statut de cette population en tant que sous-espèce est incertain, et des migrations d'individus de l'ouest de la répartition sont possibles[38],[39].
68
+
69
+ Après y avoir été exterminé par la chasse et la destruction de vastes superficies d'habitats naturels, le couguar a été confiné aux États de l'ouest des États-Unis depuis presque un siècle[40]. Il semble lentement recoloniser des zones situées plus à l'Est du pays[40]. Une modélisation écologique publiée en novembre 2015, basée sur plus de 40 années de statistiques populationnelles croisées à des informations sur l'éthologie et l'habitat de l'espèce laisse attendre une réapparition de populations de cougars dans les États du Midwest entre 2015 et 2040[40], à condition qu'il soit suffisamment accepté, ce qui implique selon les chercheurs une approche intégrée de la présence potentielle d'un grand carnivore dans la région.
70
+
71
+ Le 2 mars 2011, le puma de l'est américain a été officiellement déclaré espèce éteinte au États-Unis. Ce cougar était sur la liste des espèces menacées depuis 1973 mais sa disparition était suspectée depuis les années 1930[41].
72
+
73
+ L'homme impacte la population de puma en raison de la fragmentation ou de la disparition de ses habitats, de la pression de la chasse et du dérangement que subit l'espèce. Les pumas sont très discrets, n'attaquent que très rarement l'homme et dépensent beaucoup d'énergie pour le fuir[42]. Ceci peut arriver quand celui-ci s'aventure dans des zones sauvages ou que l'animal se sent menacé. De 1890 à janvier 2004, on a recensé environ 100 attaques de pumas sur des humains en Amérique du Nord (dont 16 mortelles). Sans doute en raison d'une pression plus forte sur leurs territoires, le phénomène semble s'intensifier avec 53 attaques dans les années 1980 dont neuf mortelles en Amérique du Nord[8].
74
+
75
+ Le puma peut être apprivoisé. Inscrit à l'annexe ll de la Convention sur le commerce international des espèces de faunes sauvages, il peut donc être commercialisé avec un permis. Des fermiers en adoptent en Argentine et les laissent en liberté sur l'exploitation, où l'animal se révèle joueur et convivial.
76
+
77
+ Les efforts que le cougar fait pour ne pas être aperçu par l'homme ont un coût important en termes d’énergie dépensée, et secondairement aussi en termes de chances de survie[42] ; c'est la conclusion d'une étude récente (2015) basée sur le suivi à distance (grâce à des balises GPS) de 30 couguars dans les montagnes de Californie (de 2008 à 2013). Un logiciel spécial a identifié 208 sites vers lesquels ces couguars retournaient plusieurs fois de suite durant plusieurs jours (ce qui est un indice fort qu'ils avaient attaqué une proie dans ce secteur)[42]. L'étude a montré que dans les zones de ce territoire un peu plus urbanisées (2 à 9 maisons par hectare), les femelles couguars ont tué 36 % de chevreuils de plus par rapport à celles qui vivaient dans des zones pas ou peu habitées, et qu'elles passaient moins de temps à se nourrir sur chaque carcasse, alors qu'une telle différence n'a pas été constatée chez les mâles)[42]. Les auteurs supposent que les femelles doivent dépenser beaucoup plus d'énergie pour à la fois rester discrètes et chasser pour leur progéniture quand elles vivent à proximité de l'homme, et que ceci se paye en termes de « chance de reproduction » (Ainsi, l'une des femelles suivies a perdu trois de ses portées en trois ans, et c'est celle qui vivait dans l'habitat le plus anthropisé[42]).
78
+
79
+ Le puma fait partie des félins pouvant attaquer l'être humain. Entre 1890 et 1990, 53 attaques de pumas, dont 10 morts ont été répertoriées aux États-Unis et au Canada. Les deux tiers des attaques portaient sur des enfants jusqu'à neuf ans et tous les décès sont survenus sur des jeunes de moins de treize ans. Plus du tiers des incidents ont eu lieu sur l'île de Vancouver, ce qui est peut-être un cas d'apprentissage de prédation. 40 % des attaques ont lieu en été, ce qui est probablement dû aux sorties en nature plus fréquentes de l'homme en cette période. La majorité des attaques avaient lieu dans le dos de la victime. Bien qu'en forte augmentation sur la période étudiée, les tentatives de prédation reçoivent une couverture médiatique importante en comparaison d'autres prédateurs statistiquement plus dangereux pour l'homme, comme les chiens[43].
80
+
81
+ Des lignes directrices ont été proposées pour sa protection et gestion[44], mais dans la nature, comme la plupart des grands carnivores, cet animal est souvent victime de collision avec des véhicules, empoisonnement, ou est mal accepté par les propriétaires de terrain, de gibier ou d'animaux d'élevage[45],[46].
82
+
83
+ La phylogenèse est l'étude des fossiles d'un animal afin d'en préciser son apparition et son évolution. Cependant, il existe assez peu de fossiles de félins, et la phylogénie moderne s'appuie essentiellement sur les analyses génétiques (Cf. ADN). Le premier félin daterait d'il y a 11 millions d'années[47]. L’ancêtre commun des lignées Leopardus, Lynx, Puma, Prionailurus et Felis aurait traversé la Béringie et colonisé l’Amérique du Nord il y a environ 8 à 8,5 millions d’années. Des analyses génétiques effectuées en 2006 ont montré que ces lignées ont divergé dans l’ordre de leur citation : le genre Puma est donc la troisième lignée à se différencier[47],[48]. La lignée du Puma a probablement divergé il y a plus de huit millions d'années selon l'horloge moléculaire[48]. Les félins nord-américains ont ensuite envahi l’Amérique du Sud par l’isthme de Panama il y a 3 millions d’années durant le grand échange interaméricain.
84
+
85
+ Le puma n'est pas doté d'un os hyoïde élastique et de larges cordes vocales, ce qui ne lui permet pas de rugir[7]. La capacité de rugir grâce à un os hyoïde peu ou pas ossifié est l’hypothèse historique ayant permis de classer les différentes espèces en félins « rugissants » de la sous-famille des panthérinés et les « non-rugissants » de la sous-famille des félinés[49]. Ainsi, le puma est le plus grand des félins de la sous-famille des Felinae et possède des caractéristiques similaires aux grands félins de la sous-famille des Pantherinae[50]. Le Puma fut d’abord considéré comme un membre du genre Felis (Felis concolor). Dès 1834, Jardine propose de classer le puma dans un genre à part[51] : Puma. Le puma a alternativement fait partie du genre Felis puis Puma[52]. Les différentes références taxinomiques s’accordent à présent pour le rattacher au genre Puma, qui a contenu une seule autre espèce : le Jaguarondi (Puma yagouaroundi). Des études ont montré que le puma et le Jaguarondi sont étroitement proches du gu��pard[47],[53]. Anatomiquement, la colonne vertébrale du puma est longue, comme celle du guépard, et lui permet une flexion lombaire étendue par rapport aux autres félins[7]. La nature de cette relation est cependant mal définie : une première hypothèse serait que les lignées du Guépard et du Puma aient divergé en Amérique (Guépard américain) puis que le guépard soit retourné vers l’Ancien Monde[47],[53] ; une autre suggère que le guépard a évolué indépendamment sur l'Afro-Eurasie[54].
86
+
87
+ Le Puma d’Amérique du Nord présente un haut niveau de similarité génétique, ce qui suggère que l’espèce actuelle descend d’un petit groupe d’individus. Culver et al. pense que les populations nord-américaines de Puma concolor ont été extirpées durant les extinctions du Pléistocène il y a environ 10 000 ans (Holocène) puis que les populations sud-américaines ont par la suite repeuplé le Nord de l’Amérique[53].
88
+
89
+ Jusqu’à la fin des années 1990, de 30[3],[Note 3] à 32[53],[7] sous-espèces différentes ont été validées. Certains auteurs ont même avancé jusqu’à 35 sous-espèces différentes[55]. Les différences majeures entre ses différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la taille du corps : la plupart de ces formes ne prenaient pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. Une étude génétique effectué en 2000 sur l’ADN mitochondrial a diminué drastiquement le nombre de sous-espèces, passant d’une trentaine à six[53],[52],[56] :
90
+
91
+ De nouvelles études menées sur le génome mitochondrial ont réduit le nombre de sous-espèces à deux : Puma concolor concolor (Linné, 1771) présent en Amérique du Sud et Puma concolor cougar (Kerr, 1792) réparti en Amérique du Nord et Centrale[7],[48], et peut-être au nord-ouest des Andes. Les populations nord-américaines se seraient étendues au reste de l'Amérique vers 8 000 avant le présent[48].
92
+
93
+ Le mot « puma » [pyma] est dérivé d’un mot quechua introduit en français par l'intermédiaire de l'espagnol. Il est attesté en espagnol depuis 1602[61]. Les Incas les tuaient lorsqu'ils s'attaquaient aux guanacos et aux vigognes[17]. Le terme « couguar » [kuga:ʀ] est orthographié de diverses manières (« couguard » et parfois « cougouar », qui se prononce [kugua:ʀ][62]) au cours du XVIIIe siècle. Au Brésil, les Amérindiens Tupi appelaient l'animal susuarana, déformé ensuite par les Portugais en suçuarana puis cuguacuarana et qui devint au XVIIIe siècle le « couguar » du naturaliste français Buffon. Le mot se serait peu à peu altéré : la cédille est perdue, puis les sons [s] et [c] sont confondus[35],[63],[64].
94
+
95
+ Les différents noms et expressions utilisés pour désigner le Puma reflètent la diversité des langues et des cultures du continent américain. Il est inscrit au livre Guinness des records en tant qu’animal ayant le plus grand nombre de dénominations, plus de quarante noms différents juste pour l’anglais, probablement grâce à sa large distribution en Amériques[65]. En français, il existe également de nombreux termes synonymes tels que « tigre rouge », « tigre poltron », « lion d'Amérique », « lion du Chili », « lion des Péruviens »[64]. Au Québec, l'Office québécois de la langue française recommande l'utilisation du terme « cougar »[62] ; les mots « cougouar », « puma », « lion des montagnes » et « lion de montagne » sont moins fréquemment utilisés dans la province canadienne[62].
96
+
97
+ Les peuples amérindiens le baptisèrent de façons diverses : il était par exemple « cabcoh » pour les Mayas. Les peuples qui occupaient les rives des Grands Lacs pensaient que sa queue attisait les tempêtes[20] et l'appelaient Erielhonan, ce qui signifie « longue queue ». Le nom du lac Érié dérive de cette appellation[63]. Le félin est discret, il ne chasse qu'à la tombée de la nuit ou au lever du jour : c'est pourquoi il a été aussi surnommé le « chat fantôme » (ghost cat en anglais). Lorsque Christophe Colomb découvrit le puma, il crut que c'était un lion : les Américains l'appellent encore mountain lion, « lion des montagnes ». En anglais, le Puma est également appelé « catamount », « panther », « mountain screamer » et « painter ». Le président américain Theodore Roosevelt le surnommait le « seigneur du meurtre fugitif[66]. »
98
+
99
+ Les civilisations précolombiennes vénéraient le puma comme un dieu ou un être surnaturel, à l'instar du jaguar. Dans les Andes, le dieu Viracocha est représenté par le motif du puma sur la porte du Soleil de Tiahuanaco. Pour les Incas, lors des éclipses de Soleil, Inti, dieu du soleil, était dévoré par un monstre céleste assimilé à un puma[67]. Les pumas étaient vus comme les représentants des dieux de la montagne. Lorsque ce phénomène céleste se produisait, les paysans des Andes faisaient là encore un maximum de bruit mais cette fois, pour effrayer le félin. Le nom du lac Titicaca signifie le « lac des pumas de pierre ». Les plans de la ville de Cuzco au Pérou auraient été conçus en reprenant la silhouette du félin[20],[67].
100
+
101
+ Les Anasazis lui vouaient un culte. Au Nouveau-Mexique, les Cochites (en) ont sculpté deux pumas en pierre grandeur nature pour un autel et les Zuñis emportaient avec eux des amulettes en pierre représentant le félin[67]. D'autres peuples le chassaient pour s'en nourrir ou pour sa peau. Dans les croyances animistes des peuples d'Amérique du Nord, l'esprit du puma est celui du chef qui s'impose sans utiliser la violence ou la contrainte[63]. Il est un modèle de persévérance et de détermination, car il attend patiemment le passage d'une proie du haut d'un arbre ou d'un rocher. Le puma est un animal très vénéré de la mythologie andine. Il y occupe une place similaire à celle du lion dans le bestiaire occidental.
102
+
103
+ Sur les autres projets Wikimedia :
104
+
fr/3318.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3319.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/332.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,182 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Araignées
2
+
3
+ Ordre
4
+
5
+ Sous-ordres de rang inférieur
6
+
7
+ Les araignées ou Aranéides (ordre des Araneae de la classe des Arachnides, à laquelle il a donné son nom) sont des prédateurs invertébrés arthropodes. Comme tous les chélicérates, leur corps est divisé en deux tagmes, le prosome ou céphalothorax (partie antérieure dépourvue de mandibules et d'antennes, dotée de huit pattes) et l’opisthosome ou abdomen qui porte à l'arrière des filières. Elles sécrètent par ces appendices de la soie qui sert à produire le fil qui leur permet de se déplacer, de tisser leur toile ou des cocons emprisonnant leurs proies ou protégeant leurs œufs ou petits, voire de faire une réserve provisoire de sperme ou un dôme leur permettant de stocker de l’air sous l’eau douce. Contrairement aux insectes, elles ne disposent ni d'ailes ni d'antennes ni de pièces masticatrices dans la bouche. Elles possèdent en général six à huit yeux qui peuvent être simples ou multiples.
8
+
9
+ Parmi les 47 000 espèces connues que compte cet ordre en 2017, une seule est majoritairement herbivore, Bagheera kiplingi, et une seule immergée, Argyroneta aquatica.
10
+
11
+ L'ordre des Araneae est très homogène aux points de vue morphologique et anatomique, mais de biologie extrêmement variée, tant par les divers usages de la soie que par les modalités du comportement lors de prédation ou de la reproduction.
12
+
13
+ En tant que prédatrices, les araignées jouent un rôle majeur dans la régulation des populations d'insectes, et elles sont elles-mêmes régulées par des prédateurs souvent spécifiques (reptiles, oiseaux ou insectes de la famille des pompilidae). Elles se sont adaptées à presque tous les milieux, de cavernicoles à montagneux, des milieux arctiques à équatoriaux. Seuls les eaux salées, les très hautes altitudes et les milieux très froids n’ont pas été colonisés par les Araneae.
14
+
15
+ La branche de l'arachnologie qui leur est consacrée est l'aranéologie. La peur des araignées ou arachnophobie est une des phobies les plus communes.
16
+
17
+ À l'exception de celles appartenant à deux familles (les Uloboridae et les Holarchaeidae) et au groupe des Mesothelae (350 espèces en tout), les araignées peuvent inoculer un venin pour se protéger ou paralyser leurs proies en liquéfiant leurs organes internes au moyen d'enzymes.
18
+
19
+ Les morsures de grandes espèces sont souvent douloureuses mais ne laissent pas de séquelles. Seules 200 espèces connues infligent des morsures susceptibles d'affecter la santé de l'Homme.
20
+
21
+ L’anatomie de l'araignée est celle des Arthropodes Chélicérates : corps divisé en deux tagmes, le prosome ou céphalothorax (partie antérieure dépourvue de mandibules et d'antennes, recouverte par une carapace en bouclier) et l’opisthosome dont les deux premiers métamères sont modifiés en organe génital. Le prosome a une première paire d’appendices transformée en chélicères et une deuxième paire d’appendices transformée en pédipalpes. Le prosome et l'opisthosome sont séparés par un pédicelle, appelé aussi le pédicule.
22
+
23
+ L’anatomie de l'araignée est également celle des Arachnides : prosoma équipé de paires d'yeux simples et de six paires d’appendices chez l’adulte (chélicères, pédipalpes et quatre paires de pattes ambulatoires) ; réduction voire perte des appendices de l’opisthosome ; développement d’un système respiratoire aérien qui peut avoir la forme d’un système trachéen ou d’un système pulmonaire.
24
+
25
+ Mais les araignées ont des adaptations qui les distinguent des autres arachnides : le prosome et l’opisthosome sont articulés par le pédicule ; les sternites du prosome sont fusionnés au niveau ventral pour former un sternum ; la paire de chélicères biarticulés en crochets est parfois reliée à une glande à venin ; un bulbe copulateur est généralement présent sur le pédipalpe des mâles ; parmi les quatre paires de pattes locomotrices, les deux premières paires de pattes antérieures sont dites tractives et les deux paires postérieures sont dites pulsives ; l’opisthosome non segmenté est muni en position postérieure de glandes séricigènes qui produisent de la soie filée par une à six paires de filières, appendices spécialisés excréteurs. Il est également équipé d'un organe sexuel externe féminin spécialisé, l'épigyne (plaque chitineuse en position ventrale qui contient un crochet et un réceptacle séminal).
26
+
27
+ Le prosome assume au point de vue physiologique l'intégration neuro-sensorielle (vision généralement mauvaise, fonction tactile grâce à des mécanorécepteurs, odorat grâce aux chimiorécepteurs), la prise de nourriture, la locomotion grâce à quatre paires de pattes ambulatoires, une partie de l'activité sexuelle (pédipalpes, pièces buccales) et un rôle glandulaire phéromonal, surtout chez le mâle. L'opisthosome assume sur le plan physiologique des fonctions végétatives (digestion, circulation intérieure, respiration, excrétion, reproduction et fabrication de la soie).
28
+
29
+ Le nom d'araignée vient du mythe Arachné (en grec ancien Ἀράχνη / Arákhnê), qui se vantait de tisser mieux qu'Athéna. C'était vrai, Athéna furieuse détruisit son travail. Humiliée, Arachné alla se pendre. La déesse, prise de remords, décida d'offrir une seconde vie à Arachné : elle la changea en araignée suspendue à son fil, la condamnant à tisser sa toile pour l'éternité.
30
+
31
+ Les araignées (47 000 espèces connues en 2017[1] selon le World Spider Catalog[2] dont 7 000 recensées dans la région ouest-paléarctique — Europe et bassin méditerranéen[3] et 1 700 dans une cinquantaine de familles en France[4]) ont conquis presque tout le domaine terrestre émergé hors haute montagne et zones polaires, certaines étant même capables de vivre en grande partie dans des bulles qu'elles construisent sous l'eau (en eau douce exclusivement). Elles sont donc ubiquistes. Beaucoup ont développé un mimétisme les rendant discrètes voire presque indétectables dans leur habitat. D'autres ont des comportements sociaux très développés.
32
+
33
+ Elles sont plutôt a priori généralistes en termes de proies, mais spécialisées en termes d'habitat. Pour la plupart des araignées, les proies sont cependant exclusivement des insectes ou leur larves et parfois d'autres arachnides ou de petits crustacés terrestres (ex : cloportes..). Les araignées sont cannibales et n'hésitent pas à se nourrir d'autres araignées, qu'elles soient d'espèce différente ou même de leur propre espèce ou de leur propre fratrie.
34
+
35
+ Les araignées interagissent avec leur environnement et entre elles en adaptant, pour certaines espèces au moins, leurs stratégies de chasse ;
36
+ Par exemple, deux araignées sympatriques (occupant le même habitat forestier en Europe), Frontinellina frutetorum (CL Koch) et Neriene radiata (Walckenaer) (Araneae : Linyphiidae) vivent normalement à la même hauteur dans les arbres forestiers. Quand elles coexistent, ces deux espèces se montrent capables d'utiliser des hauteurs sensiblement différentes sur les arbres pour tisser leur toile. F. frutetorum sélectionne plutôt la strate plus élevée, alors que N. radiata tissera ses toiles, plus près du sol, ce qui permet aux deux espèces de limiter leur concurrence dans la même niche écologique. Cela laisse penser qu'une plus grande diversité d'espèces invite les araignées à exploiter une plus large partie de leur environnement.
37
+
38
+ Les populations d'araignées sont dans la nature contrôlées par divers prédateurs, dont :
39
+
40
+ Les araignées sont aussi victimes de maladies dues à des bactéries, virus, parasites (dont certains champignons parasites par exemple les Cordyceps[5],[6] ou champignons du genre Gibellula[7],[8]) qui peuvent les tuer[9] comme cela existe assez fréquemment aussi chez d'autres arthropodes[10], dont on découvre encore de nouvelles espèces[11].
41
+
42
+ Les espèces connues d'araignées sont prédatrices, à l'exception très marginale de quelques espèces très dérivées comme Bagheera kiplingi, araignée sud-américaine, qui se nourrit principalement de pousses d'acacia[12].
43
+ Carnassières, elles se nourrissent exclusivement de proies vivantes qu'elles chassent à l'aide de pièges (toile d'araignée, araignée gladiateur, araignées-lasso ou araignées Bolas (en)), à courre ou à l'affût. Pour ne pas perdre leur proies, la plupart des espèces l'enroulent de soie. Nombre d'espèces sont nocturnes ou plus actives la nuit. Elles se nourrissent principalement d'arthropodes, mais certaines grandes araignées chassent des vertébrés (les veuves noires, par exemple, peuvent piéger des petits lézards). Sur tous les continents sauf l'Antarctique, des espèces se nourrissent parfois de poissons[13]. La majorité des espèces sont des prédateurs généralistes et opportunistes. Quelques rares espèces ont une spécialisation alimentaire stricte : le genre Zodarion se nourrit exclusivement de fourmis ; les genres Zora, Ero et Mimetus sont cannibales[14].
44
+
45
+ Comme tous les arachnides, l'araignée n'absorbe que des liquides : elle doit donc lyser ses proies par digestion extra-orale ou exodigestion — c'est-à-dire les liquéfier au moyen d'enzymes digestives injectées par les chélicères — avant de pouvoir s'en nourrir[15].
46
+
47
+ Les araignées ont un rôle écologique capital en capturant chaque année 400 millions d'insectes par hectare (loin devant les oiseaux)[16] : cette estimation est basée sur les données relatives au spectre des proies de l'Argiope frelon qui peut capturer, durant toute sa vie (d'avril à novembre) jusqu'à 900 proies, principalement des pucerons ailés (30 %), des Diptères (26,8 %), des Sauterelles (17,9 %) et des Hyménoptères (12,6 %)[17]. Elles sont capables de consommer quotidiennement 10 à 20 % de leur poids[18]. En tout, les araignées consommeraient ainsi entre 400 et 800 millions de tonnes d'insectes par an[19], ce qui en fait très probablement le premier groupe de prédateurs au monde (70 millions de tonnes pour les oiseaux marins, entre 280 et 500 millions de tonnes pour les baleines, et 400 millions de tonnes pour l'humanité)[20]. Elles constituent donc le principal levier de contrôle des populations d'insectes, et jouent à ce titre un rôle stratégique pour l'agriculture et l'équilibre des écosystèmes.
48
+
49
+ Selon une étude en mars 2017, chaque année l'ensemble des araignées de la planète (qui rassemblées pèseraient le poids de 478 Titanics) capturent et mangent environ 400 à 800 millions de tonnes de proies ; c'est autant de "viande" que ce que mangent les humains voire deux fois plus dans l'estimation haute (les humains consomment environ 400 millions de t/an de viande et de poisson). Pour donner une autre référence : c'est aussi une à deux fois la biomasse totale de tous les humains peuplant la planète[21].
50
+
51
+ Si les araignées sont traditionnellement considérées comme des prédateurs à l’alimentation exclusivement carnivore, des études plus fines montrent que les ressources alimentaires d’origine végétale peuvent représenter un complément important (jusqu'à 25 % de leur régime alimentaire). Les araignées peuvent en effet absorber les particules d'aéroplancton (spores de champignons, grains de pollen) piégés par les toiles et qui sont ingérés au moment où elles récupèrent la soie des fils, pendant le recyclage normal de la toile ou lors de sa réparation[22]. De nombreuses familles d'araignées complémentent également leur alimentation par du nectar[23].
52
+
53
+ En conditions défavorables, elles sont capables de jeûner pendant des mois, voire près d'une année[24].
54
+
55
+ Les soins parentaux sont assurés par les femelles, parfois par les deux parents ou par les mâles[25] : transport des œufs, protection de la progéniture, alimentation (régurgitation, ponte d'œufs stériles, sorte d'« allaitement » chez Toxeus magnus[26]).
56
+
57
+ Les glandes séricigènes produisent de la soie filée par de petites protubérances articulées (les filières), le plus souvent au nombre de 6, situées sur la face ventrale plus ou moins à l'extrémité de l'abdomen. La soie est liquide dans les glandes, mais se solidifie en fibrilles une fois sortie par les fusules, sous l'effet de la traction exercée par les pattes de l'animal et au contact de l'air. Le fil de soie est en fait constitué par un entrelacement d'un nombre élevé de fibrilles élémentaires, de 0,05 µm de diamètre chacun. Le diamètre du fil de soie varie entre 25 et 70 µm (à diamètre équivalent, ces fils sont réputés plus résistants que l'acier et possèdent une mémoire de forme 5 à 12 fois plus grande que le latex).
58
+
59
+ Les araignées produisent plusieurs types de soies en fonction de l'usage qu'elles vont en faire. La soie collante n'est qu'un des types existants.
60
+
61
+ Principaux usages de la soie :
62
+
63
+ On considère que l'usage initial de la soie était la fabrication du cocon pour protéger les œufs, car les araignées considérées comme « primitives » ne tissent pas de toile.
64
+
65
+ Plus de la moitié des espèces ne construisent pas de toile. D'ailleurs, la tendance évolutive de la stratégie de chasse chez les araignées est d'abandonner la chasse à l'aide de ce piège au profit de la chasse à courre ou à l'affût[28]. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet abandon : la prédation par les toiles exerce de fortes pressions sélectives sur les populations de proies qui développent une « course aux armes » (écailles des lépidoptères qui restent collées à la toile alors que les papillons peuvent se dégager) ; les araignées tisseuses de toiles sont elles-mêmes plus vulnérables aux prédateurs spécialisés (guêpes arachnophages du genre Sceliphron, araignées cannibales de la famille des Mimetidae, oiseaux, lézards ou petits mammifères)[29].
66
+
67
+ La plupart des espèces d'araignées possèdent des glandes à venin[30].
68
+
69
+ L'envenimation humaine après une morsure d'araignée, appelée aranéisme, cause des troubles provoqués par des arachnotoxines. Des quelque 42 000 espèces décrites, seules 200 espèces de 20 genres différents peuvent provoquer une réaction épidermique chez l'homme (depuis de simples boutons[31] jusqu'aux dermonécroses) et une vingtaine présente un danger pour les êtres humains[32]. Les morsures d'araignées sont rares chez l'homme, soit parce que les araignées sont trop petites pour pouvoir percer la peau humaine[33], soit parce qu'elles n'ont pas de comportement agressif, la morsure étant une attitude de défense utilisée qu'en dernier recours[34]. Enfin, la rencontre physique avec ces animaux est rare[35].
70
+
71
+ Des espèces appartenant aux mygalomorphes possèdent des poils urticants sur l'abdomen.
72
+
73
+ Parmi les espèces potentiellement dangereuses, citons certaines veuves noires, l’Atrax robustus présent en Australie, et les "araignées-bananes" du genre Phoneutria au Brésil. Une dizaine de morts attribuées aux araignées sont recensées annuellement, et encore les causes ne sont pas dues uniquement à l'envenimation mais aussi aux surinfections[36]. Dans ces rares cas, toutefois, la preuve qu'il s'agit bien d'une morsure d'araignée est souvent absente[37].
74
+
75
+ Les araignées possèdent deux chélicères à l'avant du corps qui encadrent la bouche : ce sont ces appendices qui injectent du venin. Elles sont constituées d'un gros stipe et d'un crochet mobile au bout duquel débouche le canal à venin. Ces chélicères peuvent aussi servir à transporter des proies, à les dilacérer, à transporter le cocon ovigère, etc.
76
+
77
+ Le venin peut être composé de nombreuses toxines nécrotiques (genre Loxosceles) ou neurotoxines. Parmi ces dernières, signalons celles de type polyamine agissant sur le système nerveux central, en particulier en inhibant la fonction des canaux NMDA. Il existe beaucoup de molécules décrites provenant de venin d'araignée. Leur étude a permis le développement de plusieurs molécules d'intérêt clinique. Elles donnent aussi quelques outils de choix dans des recherches plus fondamentales. Des centaines, voire des milliers de publications scientifiques traitent des nombreuses toxines isolées du venin des araignées et l'énoncé des propriétés spécifiques à chacune dépasse largement le cadre d'une encyclopédie.
78
+
79
+ Comme chez tous les arthropodes, la croissance se fait par mues successives de l'exosquelette. Selon les espèces, il y a de 8 à 13 mues pour atteindre l'état adulte. Les mygales continuent de muer à peu près une fois par an après avoir atteint l'âge adulte.
80
+
81
+ Le dimorphisme sexuel des araignées est généralement faible, les femelles se distinguant par une taille supérieure et un abdomen plus gros. Les mâles adultes se reconnaissent, en plus de leur petite taille, à leurs pédipalpes qui portent à leur extrémité un organe de stockage de sperme appelé bulbe copulatoire.
82
+ La différence de taille est parfois spectaculaire, comme chez les néphiles où il est difficile de croire qu'il s'agit de la même espèce.
83
+
84
+ Les araignées sont ovipares : elles pondent des œufs, qui sont emballés dans un cocon de soie. En fonction de la taille de l'espèce, le nombre d'œufs varie de un à plusieurs milliers. Si certaines espèces abandonnent le cocon, d'autres le transportent accroché aux filières ou maintenu par les chélicères. Chez ces dernières espèces, dès leur éclosion, les jeunes montent sur le dos de leur mère qui les protège et les nourrit jusqu'à ce qu'ils soient capables de se défendre.
85
+
86
+ Beaucoup d'espèces ont une parade nuptiale élaborée consistant surtout pour le mâle à se faire distinguer d'une proie pour éviter d'être dévoré par la femelle. Il développe plusieurs stratégies de survie pour lutter contre ce cannibalisme sexuel : il peut attacher les pattes de sa femelle avant l'accouplement ou lui apporter directement un cadeau comestible[38]. Le cannibalisme nuptial après l'accouplement fournit un complément nutritif à la femelle qui augmente sa fécondité (cas de la veuve noire Latrodectus mactans, de l'épeire Araneus diadematus). Ce cannibalisme sexuel serait un mécanisme adaptatif visant à favoriser la reproduction en augmentant la durée de l'accouplement[39].
87
+
88
+ Le mâle tisse une toile spermatique sur laquelle il dépose son sperme, qu'il aspire ensuite dans ses bulbes copulateurs.
89
+
90
+ Les araignées sont réputées pour leur vie solitaire. Cependant, une trentaine d'espèces présentent une « vie sociale » élaborée[40]. Ces espèces dont Agelena consociata ou Anelosimus eximius sont généralement localisées dans des régions tropicales. Les colonies peuvent inclure des dizaines voire des centaines d'individus de tous âges et présentent une organisation sociale sophistiquée incluant la construction collective d'un piège soyeux pouvant atteindre un volume de plusieurs m³, la coopération dans la chasse et les soins aux jeunes. La communication entre les individus est phéromonale mais également basée sur les vibrations de la toile, qui permettent de transmettre rapidement des informations au groupe[41]. À la différence des insectes eusociaux (fourmis, certaines espèces d'abeilles), les araignées sociales ne présentent pas de division du travail reproductif. Toutes les espèces d'araignées solitaires présentent néanmoins une phase grégaire temporaire suite de l'émergence du cocon des juvéniles. À l'issue de cette phase grégaire, dont la durée est variable selon les espèces, les araignées se dispersent pour mener une vie solitaire[40].
91
+
92
+ Les consommateurs occasionnels des araignées sont des prédateurs qui, entre autres proies, se nourrissent d'araignées à tous les stades de développement. On compte les Arachnides et surtout les araignées[42], mais également des oiseaux[43], des reptiles comme le lézard vivipare pour lequel les araignées occupent une très forte proportion dans son alimentation[44], ou encore de micro-mammifères telle la musaraigne qui peut limiter sensiblement des populations d'araignées[45]. Des acariens ont été mentionnés détruisant des œufs d'araignée dans certaines conditions[46]. Les insectes[47] occupent une place privilégiée en tant que consommateurs spécialisés d'araignées, que ce soit comme consommateurs d’œufs, endoparasites ou ectoparasites[48]. Les insectes qui recherchent les cocons d'araignées pour y déposer leur ponte sont les plus abondants, tel le Tromatobia ornata en liaison avec les caractéristiques des cocons d'Argiope bruennichi qu'il infeste[49].
93
+
94
+ Bien que les araignées soient rarement bien préservées dans les couches fossiles du fait de leur fragilité et d'un corps mou (ce qui explique que les sources les plus fréquentes proviennent d'inclusions dans l'ambre), les arachnologues ont identifié parmi tous les fossiles examinés près de 1 000 espèces différentes[50].
95
+
96
+ Le plus ancien fossile d'Arachnide connu, découvert en 1987, est l'espèce Attercopus fimbriunguis datant de 386 millions d'années (période du Dévonien), soit 100 millions d'années avant les dinosaures et juste une dizaine de millions d'années après la sortie des eaux des Arthropodes au Silurien[51]. Possédant une mâchoire pourvue de crochets sur lesquels se trouvent des canaux à poison et les plus vieux organes producteurs de soie connus, ce fossile a depuis fait l'objet d'une réinterprétation qui le place désormais dans un genre éteint d'arachnide. La soie débouche en effet au niveau de simples conduits sur la face ventrale de l'abdomen et non sur des appendices pluriarticulés, les filières, organes éminemment caractéristiques des Araignées[52]. Les plus anciens fossiles d'araignées à ce jour appartiennent au sous-ordre des Mesothelae, avec notamment l'espèce Paleothele montceauensis qui date de 299 million d'années (période du carbonifère inférieur)[53]. À partir du Trias, la diversification des Aranae est rapide et, au Crétacé, les principales familles actuelles sont déjà présentes[54].
97
+
98
+ Les études génomiques et biomoléculaires complètes sont encore rares, mais de nombreux travaux ont porté sur les gènes et les protéines d'araignées, qui aideront à éclairer leur biologie des araignées. Ces travaux montrent des chemins évolutifs complexes qui ont permis de développer une grande variété de comportements, de soies et de venins[55]. En 2017, trois génomes complets ont été séquencés (Nephila, une araignée sociale africaine de la famille des Eresidae et une araignée domestique commune[55].
99
+
100
+ L'ordre des Araneae se subdivise aujourd'hui en deux sous-ordres : le sous-ordre des Mesothelae (0,2 % des espèces décrites), dont les membres sont des espèces primitives de l'Asie, présentes dès le Carbonifère ; et le sous-ordre des Opisthothelae présent dès le Trias, qui est constitué des infra-ordres des Araneomorphae (les espèces modernes, 93,4 % des espèces d'araignées décrites à ce jour) et des Mygalomorphae (mygales, 6,4 % des espèces décrites)[56].
101
+
102
+ Certaines araignées fréquentent les milieux humides. L'Argyroneta est inféodée au milieu aquatique. Des membres de la famille des Pisauridae, notamment ceux du genre Dolomedes, vivent au bord des cours d'eau, sur les plantes aquatiques et chassent leurs proies dans le milieu liquide. Des araignées marines vivent dans la zone de balancement des marées et sont régulièrement immergées à marée haute (Mygales tropicales de la famille des Barychelidae, représentants de la famille des Amaurobioidae[57] et des Desidae[58]). D'autres sont capables de coloniser de hauts glaciers d'altitude, telle l’Euophrys omnisuperstes découverte à 6 700 m d'altitude dans le massif de l'Everest[59].
103
+
104
+ Les 47 000 espèces d'araignées recensées à ce jour sont diverses : de 10 cm chez certaines mygales à 0,2 mm chez les plus petites (araignée Patu marplesi)[60].
105
+
106
+ Heteropoda maxima est la plus grande araignée connue à ce jour, avec une envergure pattes étalées de 25 à 30 cm pour un corps de 46 mm au maximum[61].
107
+
108
+ La Tégénaire géante détient le record de vitesse de déplacement dans le Livre Guinness des records, cette espèce pouvant parcourir 0,53 mètre par seconde[62].
109
+
110
+ Pour les Araignées, les densités observées varient en moyenne de 20 à 120 individus par m2 selon les types d'agrosystèmes[63]. Elles peuvent atteindre plus de 800 individus au m2 dans les prairies les plus fertiles[64].
111
+
112
+ Il y aurait 117 familles d'Arachnea selon le World Spider Catalog[65].
113
+
114
+ Quelques familles et regroupements importants :
115
+
116
+ Araignée-loup et son Cephalothorax (vue de face)
117
+
118
+ Pisaura mirabilis
119
+
120
+ Pisaura mirabilis ou Pisaure admirable.
121
+
122
+ Araneus diadematus
123
+
124
+ Araneus marmoreus
125
+
126
+ Argiope
127
+
128
+ Selon les cultures, les araignées sont perçues avec crainte, méfiance ou respect. Les toiles que tissent de nombreuses espèces a inspiré des légendes. Quelques espèces d'araignées se sont adaptées à la présence humaine et sont devenues synanthropes (tégénaires, pholques, zygielle des fenêtres). Une espèce est consommée au Cambodge.
129
+
130
+ Malgré la crainte qu'elles provoquent chez certaines personnes, les araignées ne représentent pas une menace sérieuse pour l'Homme : selon la spécialiste Christine Rollard, professeure au Muséum National d'Histoire Naturelle, « Pour les araignées, nous ne sommes pas des proies : nous ne sommes rien ! », et celles-ci n'ont aucune raison de s'attaquer gratuitement à un être humain, car leur venin est précieux et représente leur seul moyen de défense comme d'alimentation, et ne doit donc pas être gaspillé. Ainsi, une grande partie des « morsures d'araignées » signalées sont en réalité dues à d'autres animaux, et les morsures de défense (par exemple si l'animal est saisi et se sent menacé) se font souvent sans injection de venin, par économie. Toujours selon Christine Rollard, « quand bien même elles en injecteraient, celui-ci est très peu actif sur les gros mammifères que nous sommes. Aucune araignée n’est mortelle pour l’Homme. »[66]. La morsure de quelques espèces est potentiellement dangereuse à cause de l'envenimation, mais surtout à cause des réactions inflammatoires et des surinfections[67].
131
+
132
+ Depuis au moins quatre mille ans, l'araignée est utilisée comme symbole dans de nombreuses civilisations, soit comme prédatrice (on la retrouve dans de nombreux films d'épouvante), soit en raison de sa toile étonnamment régulière, fragile[68] et évoquant la fragilité de nos certitudes et des apparences trompeuses[69], régulièrement reconstruite (1 à 2 fois par jour pour certaines espèces), mais si bien adaptée au piégeage des insectes, soit en raison du fil qu'elle tisse, qui évoque celui des Parques. L'araignée (ou sa toile) est présente dans certains décors, et dans divers mythes fondateurs en tant que démiurge, créatrice cosmique. Connue sous le nom de « Anansi » en Afrique de l'Ouest, elle est présentée comme ayant préparé le matériau qui a produit les premiers hommes. Créatrice du Soleil rayonnant, de la Lune et des étoiles, elle aurait aussi apporté les céréales et la houe aux hommes. Au Mali, une légende raconte que déguisée en oiseau, elle régule le temps et initie la rosée (Tegh 56). En Inde, les Upanishad voient un symbole de liberté dans l'araignée qui peut descendre, mais surtout s'élever le long du fil qu'elle crée selon ses besoins ; le fil équivalent du yogi étant la syllabe « Om̐ » qui doit lui permettre de s'élever jusqu'à la révélation et à la libération[70].
133
+
134
+ Au Cameroun, les Bamouns pensaient autrefois que la mygale pouvait déchiffrer l'avenir. Le Ngaame (un des noms de la mygale) est lié au destin des hommes qu'il peut lire et traduire. On place des signes divinatoires au-dessus du trou d'une mygale et on interprète leur position après que celle-ci les a déplacés la nuit[71].
135
+ Certains initiés Bambara ont le droit d'être appelés araignées, pour avoir atteint un niveau de vie intérieure et d'intuition réalisatrice très élevés[72].
136
+
137
+ Les Incas du Pérou utilisaient aussi l'araignée pour la divination (une araignée qui n'a pas au moins une patte pliée lorsqu'on soulève le pot sous lequel elle était maintenue prisonnière était un mauvais présage). Les Muisca lui attribuaient le pouvoir, sur un bateau en toile d'araignée, de transporter les âmes sur le fleuve des âmes des morts, et pour les Aztèques, elle symbolisait le dieu des enfers[73].
138
+ Elle est un symbole parfois très positif, tel que chez les peuples altaïques de Sibérie et d'Asie centrale où on pensait qu'elle était une âme libérée d'un corps, ou un animal psychopompe. Les peuples montagnards du Sud-Viêt Nam ne doivent pas tuer d'araignées, car c'est une âme échappée de personnes qui dorment. La tuer pourrait tuer le dormeur.
139
+
140
+ On la retrouve plus ambigüe dans le mythe d'Arachné en zone méditerranéenne ; Arachné était une belle jeune fille ayant défié les dieux, qui s'est suicidée après avoir été frappée par Athéna qui n'avait pas supporté la beauté de ses toiles, mais à laquelle Athéna a ensuite donné une seconde vie en la transformant en araignée[74].
141
+
142
+ En Micronésie, dans les îles Gilbert, le seigneur araignée est l'être initiateur de tous les autres[75].
143
+
144
+ Les Ashantis pensent que les hommes ont été créés par une araignée primordiale.
145
+ Des psychologues, sociologues, ethnologues et psychanalystes (Beaudoin par exemple) se sont intéressés au symbole que peut représenter l'araignée dans l'arachnophobie, l'araignée prédatrice, mais dont la vie ne tient qu'à un fil, certains y voyant aussi un symbole sexuel.
146
+
147
+ Le réseau de fils de la toile d’araignée (spiderweb) est à l’origine de l'utilisation du mot anglais Web, symbolisant le système d’interconnexion complexe de ce réseau.
148
+
149
+ À part dans certains films (notamment ceux qui parlent de Spider-Man), l'araignée est souvent utilisée pour la peur et l'épouvante qu'elle véhicule. Ainsi, elle est souvent associée à l'ennemi du héros, à un monstre angoissant ou un nuisible qu'il faut éradiquer.
150
+
151
+ Ainsi, Arachne, est un des monstres que doit combattre le héros de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Pour les raisons précitées, l'araignée est souvent utilisée dans des films d'épouvante. Un des films qui exploitent le mieux son caractère monstrueusement angoissant est Arachnophobie de Frank Marshall, avec Jeff Daniels, sorti en 1990. Plus ancien, le téléfilm américain La Malédiction de la veuve noire de Dan Curtis sorti en 1977 met en scène une histoire fantastique où, pendant la pleine lune, une femme présentant une marque rouge en forme de sablier sur l'abdomen (tout comme la veuve noire d'Amérique du Nord Latrodectus mactans) se transforme en araignée à taille humaine et tue ses victimes avant de les emmailloter dans sa toile et de les dévorer. Beaucoup plus ancien et improbable, Tarantula ! de Jack Arnold avec John Agar et Leo G. Carroll, sorti en 1955 met en scène une araignée géante qui effraie les populations à la façon de Godzilla. Ce film a la particularité d'incruster une véritable mygale agrandie par effet optique, ce qui donne un effet d'un réalisme saisissant pour l'époque. En 1957, L'Homme qui rétrécit met en scène un combat entre Grant Williams rétrécissant inexorablement face à une araignée. Enfin, le film d'auteur s'est également penché de façon métaphorique sur l'étrangeté de l'animal grâce à Spider de David Cronenberg en 2002. La même année, sortait le film d'horreur grand public Arac Attack, les monstres à huit pattes, teinté d'une dose d'humour. En 2014 sort en France le film Enemy, de Denis Villeneuve, où l'araignée possède une symbolique propre et permet de déchiffrer l'intrigue du film.
152
+
153
+ En bande dessinée, on évoquera l'album de Tintin, L'Étoile mystérieuse, qui joue à deux reprises sur la peur des araignées.
154
+
155
+ Plusieurs facteurs de menace s'additionnent :
156
+
157
+ Dans certains pays asiatiques, comme au Cambodge (à Skun), on mange des araignées grillées ou frites.[réf. nécessaire]
158
+
159
+ Une étude a porté sur les communautés arachnologiques de pommiers, en termes de stratégies de chasse, cycle biologique des espèces et localisation dans l'environnement (sol, tronc, branches…). Elle a mis en évidence des groupes fonctionnels complémentaires, ayant une incidence démontrée sur chaque type de proies consommées. Les araignées, si on considère leurs espèces séparément, sont des prédateurs relativement spécialisés.
160
+
161
+ Conserver ou restaurer une grande biodiversité arachnologique sur un site cultivé accroît les potentialités de trouver l'espèce adaptée à protéger l'agro-écosystème considéré aux différentes époques de l'année. En complément d'autres espèces insectivores (reptiles, amphibiens, hirondelles et autres oiseaux, chauves-souris et autres mammifères insectivores), les araignées peuvent être incluses dans les stratégies de lutte biologique contre les insectes dits nuisibles[77].
162
+
163
+ En Europe, le labour ou les pesticides dans les vergers ont fait régresser, ou localement disparaitre, les espèces de plus grande taille (Clubionidae et Philodromidae[78]), qui comme plusieurs dizaines d'autres espèces européennes hibernent dans les fentes ou anfractuosités de troncs d'arbres (à condition que l'écorce n'en soit pas lisse)[78]. En l'absence de vieux arbres à écorces rugueuses, Pekar recommande la pose de gîtes artificiels d'hivernage, faits de bandes de carton sur les troncs de jeunes arbres aux écorces encore lisses[78] pour faciliter l'hivernage de ces espèces (retrouvées dans des vergers abandonnés, mais éliminées des vergers commerciaux non bio)[78].
164
+
165
+ Les Araneae sont des prédateurs polyphages de nombreux invertébrés dont certains peuvent être considérés comme nuisibles pour l'agriculture. Il existe une étroite correspondance entre la richesse, l'architecture et l'âge de la végétation, et la composition de la communauté d'araignées associées, au point que pour plusieurs pays européens, des auteurs ont pu proposer des méthodes de classifications écologiques des habitats naturels uniquement fondées sur la diversité des araignées.
166
+
167
+ L'écologue, l'agriculteur ou l'arboriculteur peuvent les considérer comme des auxiliaires efficaces, mais aussi les utiliser comme des bioindicateurs de l'état général du milieu[79], dans le cadre de l'évaluation environnementale d'une parcelle (biodiagnostic) agricole ou d'un diagnostic agroenvironnemental[79].
168
+
169
+ Le taux de croissance ou le taux de reproduction observés dans les populations naturelles peut être corrélé avec la quantité de proies ingérées dans le domaine[79]. En outre, en zone tempérée européenne, une corrélation négative significative a été observée entre grosses araignées (Philodromidae) et petites espèces (Theridiidae, Dictynidae)[78]. Néanmoins, il ne semble pas y avoir de corrélation linéaire entre Philodromidae : Clubionidae, Clubionidae: Theridiidae, et Clubionidae: Dictynidae, ce qui laisse penser que les Clubionidae n'interagissent pas avec les autres espèces sur les sites d'hivernage où l'activité de prédation est de toute façon très limitée[78].
170
+
171
+ Les araignées semblent pouvoir aussi être utilisées dans la bioindication de pollutions de l'air et du sol par les pesticides, y compris dans les vergers, où près de 30 espèces peuvent hiverner sur les troncs (comptages faits en Tchéquie[78]). Les vergers commerciaux ont perdu leurs grosses araignées au profit de quelques petites espèces qui semblent plus « tolérantes » aux pesticides (ou qui sont apportées par le vent)[78].
172
+
173
+ Les araignées peuvent aussi renseigner sur la pollution par les métaux lourds[79] ou d'autres modifications anthropiques de l'environnement, ainsi que pour la gestion ou gestion restauratoire des agroécosystèmes[80].
174
+
175
+ Selon les espèces, la durée et les possibilités de recolonisation d'un champ (après un labour ou un traitement pesticides par exemple) ou d'un site particulier varient fortement. Certaines espèces se laissant porter par le vent ont un haut pouvoir de recolonisation, d'autres espèces sont peu mobiles[79]. La conservation ou restauration d'une trame verte et bleue incluant des bandes enherbées et du bocage sont nécessaires à la préservation d'une bonne biodiversité en araignées.
176
+
177
+ Les venins d'araignées ont été étudiés, notamment pour produire des sérums ou médicaments.
178
+ Le fil produit par certaines araignées est plus solide que l'acier, à épaisseur égale (il est utilisé pour fabriquer le réticule des télescopes). Le gène qui en contrôle la production a été isolé, et l'industrie biotechnologique tente de l'introduire par transgenèse dans le génome d'autres espèces pour en faire un OGM capable de produire un fil solide permettant par exemple de fabriquer des gilets pare-balles plus légers.
179
+
180
+ Le fil de l'araignée (plus solide et plus élastique que l'acier, à épaisseur égale) a inspiré des chercheurs en génie génétique qui cherchent à le valoriser pour des textiles spéciaux. Des espèces sont capables de se déplacer en sautant ou en se laissant porter par le vent ou en marchant sur l'eau, ou encore en se laissant rouler (dont une araignée du genre Cebrennus qui dans le Sahara utilise ses pattes de manière à accélérer ses roulades le long des pentes), ce qui inspire aussi certains chercheurs et auteurs de science-fiction pour de nouveaux modèles de robots ou véhicules[81].
181
+
182
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3320.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,176 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le recyclage est un procédé de traitement des déchets (industriels ou ménagers) de produits arrivés en fin de vie, qui permet de réintroduire certains de leurs matériaux dans la production de nouveaux produits. Les matériaux recyclables comprennent certains métaux, plastiques et cartons, le verre, les gravats, etc.
2
+
3
+ Un exemple de ce procédé est la fabrication de bouteilles neuves fabriquées avec le verre de bouteilles usagées, même s'il est considérablement moins efficace énergétiquement que le système des consignes.
4
+
5
+ Le recyclage a deux conséquences écologiques majeures :
6
+
7
+ Il représente une des activités économiques de la société de consommation. Certains procédés sont simples et bon marché, tandis que d'autres sont complexes et peu rentables. Dans ce domaine, les objectifs de l'écologie et ceux du commerce peuvent ainsi se rejoindre ou diverger ; la législation peut alors imposer la prise en charge de cette externalité. Ainsi, en particulier depuis les années 1970, le recyclage est-il une activité importante de l'économie et des conditions de vie des pays développés.
8
+
9
+ Le terme recyclage fait l'objet d'une définition réglementaire dans le Code de l'Environnement : « Recyclage : toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets organiques, sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d'autres fins. Les opérations de valorisation énergétique des déchets, celles relatives à la conversion des déchets en combustible et les opérations de remblaiement ne peuvent pas être qualifiées d'opérations de recyclage[1]. »
10
+
11
+ Les trois R constituent une stratégie de gestion des produits en fin de vie et des déchets qui en découlent, visant à :
12
+
13
+ Le recyclage contribue à diminuer les quantités de déchets stockés en décharge ou incinérés. Il est cependant contré par l'augmentation de la production des déchets. En France, le volume de déchets a doublé de 1980 à 2005, pour atteindre 360 kg/an/personne[réf. nécessaire]. Le recyclage a tout de même permis d'économiser, en 2006, environ 2,3 % de la consommation française totale d'énergie non renouvelable[2].
14
+
15
+ Le taux de recyclage est encore jugé médiocre, en 2013, par l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) et insuffisant pour atteindre les engagements au sein de l'UE (recycler 50 % de déchets ménagers et similaires d'ici à 2020)[3].
16
+
17
+ Le recyclage est utilisé dès l'âge du bronze. À cette époque, les objets usagés en métal sont fondus afin de récupérer leur métal pour la fabrication de nouveaux objets. Dans toutes les civilisations, l'art et la manière de « faire du neuf avec du vieux » existent. Par exemple, les vieux chiffons, puis les papiers et cartons, sont récupérés pour faire de la pâte à papier. La situation change avec le développement progressif puis massif de l'industrialisation et de la consommation. La gestion des matières premières et des déchets devient de plus en plus difficile, les premières devenant trop rares et les seconds trop envahissants. Le recyclage devient alors progressivement un enjeu dans la sauvegarde de l'environnement.
18
+
19
+ Pendant la Seconde Guerre mondiale et quelques années d'après-guerre, pénurie oblige, toute chemise en fin de vie est recyclée par les particuliers : les boutons en sont soigneusement récupérés pour des travaux de couture ultérieurs, les manches séparées pour protéger les bras dans les travaux salissants ou pour cirer les chaussures, et le reste réutilisé comme chiffons pour nettoyer les vitres. Ces chiffons se négociaient aussi auprès des chiffonniers, qui les collectaient pour la fabrication du papier.
20
+
21
+ Les pull-overs tricotés en laine sont en fin de vie détricotés (l'opération est rapide et facile) et la laine remise en pelote pour la fabrication de chaussettes ou les petits raccommodages.
22
+
23
+ Vers la fin des années 1940, alors que la France manque de matières premières, on recycle les piles usagées de 4,5 V pour en récupérer le zinc, les crayons de carbone avec leur embout de cuivre ou de laiton, et le dioxyde de manganèse (MnO2) utilisable. Il est difficile d'acheter une pile sans donner l'ancienne en échange. Cette pratique disparaît au milieu des années 1950. Les cheveux coupés par les coiffeurs sont recyclés pour divers usages jusqu'à la fin de la même décennie.
24
+
25
+ En 1970, alors qu'on recycle moins que jamais[réf. souhaitée], le recyclage est remis au goût du jour par des partisans de la défense de l'environnement, qui lancent le logo actuel pour marquer d'une part les produits recyclables et d'autre part les produits issus de matériaux recyclés.
26
+
27
+ La situation évolue progressivement. Les consommateurs se sensibilisent à l'étiquette « produit recyclable » qui est reconnaissable grâce au logo (distinct du Point vert qui, en Europe, atteste du paiement d'une taxe par le fabricant mais n'indique aucunement que le produit est recyclable).
28
+
29
+ Le recyclage revient partiellement en grâce dans l'industrie, qui s'organise pour le favoriser. Le ramassage des déchets ménagers par récupération sélective se développe afin de faciliter l'industrialisation du recyclage. Les gouvernements légifèrent pour encadrer ces diverses activités. Par exemple, en 2006, les pays développés mettent en place un système d'achat de l'électricité produite par le traitement des déchets, telle que l'incinération des ordures ménagères.
30
+
31
+ Le recyclage suit cependant l'organisation mondiale de la consommation. La situation dans les pays développés n'est pas celle des pays en développement. Dans ces derniers, en l'absence de meilleur système, c'est la récupération informelle qui permet de recycler une partie des déchets, comme pendant la guerre.
32
+
33
+ En 2007, la production, le stockage, le traitement et le recyclage des déchets sont encadrés en Europe par une législation de plus en plus élaborée.
34
+
35
+ L'incinération des déchets dangereux est l'objet de la Directive no 2000/76/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 décembre 2000. Le stockage de déchets industriels spéciaux est défini par la Directive no 1999/31/CE du 26 avril 1999 concernant la mise en décharge des déchets et la Décision de la Commission no 2000/532/CE du 3 mai 2000 ainsi que la Décision no 94/904/CE du Conseil établissant une liste de déchets dangereux.
36
+
37
+ Le Règlement du Parlement européen et du Conseil CE 2037/2000 du 29 juin 2000 sur les substances qui appauvrissent la couche d'ozone, et la Décision du Conseil du 25 avril 2002 qui est l'approbation, au nom de la Communauté européenne, du protocole de Kyoto à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et l'exécution conjointe des engagements qui en découlent tentent de maintenir la pollution de l'air sous des limites acceptables, avec un succès mitigé[a] et une adoption non générale[b].
38
+
39
+ Les techniques de recyclage ne sont souvent développées que longtemps après les premiers usages des produits et des ressources le constituant. Par exemple, le lithium, qui est un composant des batteries des téléphones mobiles depuis 1991, n'a été recyclé que vingt ans plus tard, lorsque les premières usines de recyclage ont été opérationnelles[4].
40
+
41
+ L'écoconception a notamment pour objectif de réduire à néant ce laps de temps.
42
+
43
+ Il existe trois grandes familles de techniques de recyclage : chimique, mécanique et organique.
44
+
45
+ La chaine du recyclage comporte différentes étapes :
46
+
47
+ À la suite de la collecte, les déchets, triés ou non, sont envoyés dans un centre de tri où différentes opérations mécanisées permettent de les trier de manière à optimiser les opérations de transformation. Un tri manuel, par des opérateurs devant un tapis roulant, complète souvent ces opérations automatiques. Avant ce stade, le verre brisé est systématiquement écarté pour éviter les risques de blessure.
48
+
49
+ En fin de vie, ces produits seront, peut être, jetés mème si certains d'entre eux pourraient être à récupérés et recyclés.
50
+
51
+ Étape 1 : Recyclage du verre (Seattle, 1990).
52
+
53
+ Étape 2 : Conteneurs pour tri du verre à recycler (Bruxelles, 2006).
54
+
55
+ Étape 3 : Fusion du verre recyclé (États-Unis, 1972).
56
+
57
+ Étape 4 : Nouvelles bouteilles en cours de fabrication (États-Unis, 1972).
58
+
59
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
60
+
61
+ L'eau est un bien naturel qui est indispensable à la vie et fortement consommé, mais dont les ressources sont limitées. Dans les pays développés, elle est recyclée et une part de l'eau consommée est issue d'eaux usées, assainies et redistribuées. La gestion de ce recyclage des eaux usées nécessite des infrastructures et une exploitation toutes deux lourdes, généralement confiées à des entreprises spécialisées dans le traitement et la distribution d'eau ou au palier de gouvernement local.
62
+
63
+ Les nutriments contenus dans les eaux usées ou directement les boues de vidange peuvent aussi être recyclés. La réutilisation des excréta permet de fermer la boucle des nutriments et de limiter la pression sur des ressources naturelles non-renouvelables.
64
+
65
+ Traitée dans des stations d'épuration pour être à nouveau consommée.
66
+
67
+ Les déchets usuels inertes sont produits par les ménages et les industries. Ils forment la part la plus large des déchets recyclables. Ils sont souvent simples à collecter et à transformer. Ils sont peu dangereux. En revanche, ils représentent des volumes importants à transporter et à stocker.
68
+
69
+ Fabrication des pièces de moteur, des outils, des boîtes de conserve, etc.
70
+
71
+ Fabrication des canettes, du « papier » d'emballage, des constituants d'automobile (culasses, jantes, boîtes de vitesses, etc.)
72
+
73
+ Les pneus hors d'usage sont utilisés pour produire de nouveaux pneus (rechapés), de la poudrette de caoutchouc (ou des pellets), des bacs à fleurs, des tréteaux, des panneaux d'insonorisation, des tuiles de revêtement de sol, de l'asphalte caoutchoutée pour routes, terrains de sports et de jeu pour enfant , etc.
74
+
75
+ Fabrication d'autres types de papier et de carton « recyclés ».
76
+
77
+ Broyés sous forme de granulats employés à nouveau dans le secteur de bâtiment ou le secteur industriel.
78
+
79
+ Fabrication d'autres types de papier et de carton, dalles pour faux-plafonds, isolants cellulosiques.
80
+
81
+ Fabrication de sacs, de récipients et couvercles pour produits non alimentaires, de meubles de jardin, de vêtements, de jouets, de mobilier urbain, de clôtures, de tuyaux, de pièces d'automobile (pare-chocs, batteries…), d'éléments de signalisation routière, de cônes de voirie, etc.
82
+
83
+ À noter que depuis avril 2008, la réglementation européenne autorise, en production de matériaux pour contact alimentaire, l'emploi de matériau recyclé qui a été au contact alimentaire. Une grande rigueur est alors imposée dans le tri et le procédé de régénération.
84
+
85
+ Fabrication de textile et de pâte à papier.
86
+
87
+ Refonte des articles en verre pour en faire des neufs.
88
+
89
+ Les briques broyées (technique dite de pulpage), lavées, essorées et séchées, sont triées en papier / alu et PE. Le PE est transformé en bidon, bouteille, tuyau, etc.
90
+
91
+ Les plus connus de ces déchets sont les huiles et les peintures. L'incinération avec valorisation énergétique est un des procédés employés pour les recycler. Elle permet la production d'énergie et la destruction des déchets peu combustibles.
92
+
93
+ L'industrie produit une grande quantité de déchets dangereux. Ce sont pour la plupart des produits comprenant des substances chimiques toxiques ou instables. Les déchets toxiques sont dangereux pour la santé et pour l'environnement. La manipulation de déchets instables entraîne des risques d'accidents graves.
94
+
95
+ Tels que les eaux issues d'un traitement physicochimique, eaux de pollution accidentelle…
96
+
97
+ Les hydrocarbures liquides sont en particulier des résidus de nettoyage de fond de bac ou des concentrats huileux provenant d'opérations physico-chimiques (filtration, décantation).
98
+
99
+ Valorisation thermique des hydrocarbures récupérés.
100
+
101
+ Concerne les hydrocarbures pâteux et/ou solides tels que les déchets d'hydrocarbures issus de raffinerie et de dépôts pétroliers ;
102
+ ou tels que les déchets pétroliers d'activités portuaires : boues de station de déballastage, boues de curage de bassins, déchets de marée noire, etc.
103
+
104
+ La matière finale servira comme terre de recouvrement, absorbant oléophiles, ou incorporée aux enrobés routiers.
105
+
106
+ Concerne les métaux tels que fûts, conteneurs, emballages légers, mâchefers, sels d'argent de bains photographiques, etc.
107
+
108
+ Les mâchefers, dépollués et ôtés de tout élément métallique sont réutilisés par l'industrie métallurgique.
109
+ Les sels d'argent sont stockés et transférés dans un réacteur agité, pour précipiter le sulfure d'argent. Après séparation, on obtient une boue qui sera calcinée pour la récupération de lingots d'argent.
110
+
111
+ Les PCB ou polychlorobiphényles sont des dérivés chimiques chlorés plus connus sous le nom commercial de « Pyralène »[d]. Les PCT (polychloroterphényles) sont des produits proches[e],[6].
112
+
113
+ L'industrie nucléaire recycle une part croissante de ses déchets : 10 % de l’électricité nucléaire produite en France en 2019 l’est à partir de matières recyclées (uranium appauvri et plutonium issus du retraitement des combustibles usés) et cette part va passer à 25 % grâce à l'utilisation de l'uranium de recyclage dans des réacteurs à partir de 2023 ; il pourrait même passer à 30 % en recyclant plusieurs fois le plutonium, technique qui sera expérimentée à l’horizon 2025-2028[7].
114
+
115
+ Certains déchets toxiques sont mélangés en faible quantité à des produits non polluants. Il est alors impossible de recycler ces produits sans les avoir débarrassés des déchets toxiques.
116
+
117
+ L'objectif est de proposer un traitement «zéro rejet liquide» et d'adapter une technique souple et susceptible de traiter tout type de lixiviats. Étapes de traitement :
118
+
119
+ 2- Préparation au traitement chimique. La poudre de pile est attaquée à l'acide sulfurique et le magma obtenu est filtré sur filtre presse. On obtient deux produits distincts : un résidu carboné composé de graphite et un liquide contenant des sulfates mixtes dissous dans l'eau. Le mercure est extrait de ce liquide sous forme métallique à une pureté de 99 %, par un procédé appelé « cémentation », et est envoyé ensuite en affinage. Le liquide purifié est neutralisé puis concentré et évaporé afin d'obtenir des sulfates de zinc et de manganèse en poudre, produits finis directement commercialisables. Le mercure, le zinc et le ferromanganèse sont extraits des piles et réutilisés dans la fabrication de nouveaux produits.
120
+
121
+ Sédiments provenant de marées noires tels que tout déchet ramassé sur une côte polluée en hydrocarbures.
122
+
123
+ Tel que les anciennes décharges.
124
+
125
+ Certains déchets sont lourds, contaminants, toxiques, écotoxiques, radioactifs, médicaux ou hospitaliers à risques, vétérinaires, combustibles et/ou explosifs ; ils sont donc sources de risques pour la santé de ceux qui les approchent, les trient[8] ou les manipulent[9] et pour l'environnement. Les risques sont physiques pour les personnes, sanitaires (risque chimique[10] et de biocontamination) et environnementaux. Des risques de crises sanitaires existent (par exemple, dans le cas du recyclage de farines animales issues de vaches folles en aliments pour animaux).
126
+
127
+ Le recyclage des déchets offre une source d'approvisionnement en matières premières alternatives aux autres sources. Par exemple, le recyclage de fil de cuivre évite une coûteuse extraction.
128
+
129
+ Le recyclage en interne permet de mettre en place des filières de recyclage courtes. Ainsi, les fondeurs d'aluminium qui usinent les pièces génèrent un volume de copeaux conséquent (10 % du poids) de multiplicité des sources d'approvisionnements telles que la facilité de négociation des prix d'achat ou la sécurité des approvisionnements[pas clair].
130
+
131
+ Le recyclage est une activité économique à part entière. Elle est un moyen de création de richesses pour les entreprises de ce secteur. Par exemple, les 205 entreprises du recyclage en Île-de-France rassemblent près de 5 000 salariés en 2015[11].
132
+
133
+ En théorie, presque tous les matériaux sont recyclables. En pratique, l'absence de filière rentable fait qu'ils ne sont pas tous recyclés. Ainsi, le recyclage est plus coûteux pour des appareils électroniques comme les ordinateurs, car il faut séparer les nombreux composants avant de les recycler dans d'autres filières. De plus, la crainte de récupération de données confidentielles freine l'envie de recycler les anciens ordinateurs dans les foyers ou entreprises. Dans un sondage, sur 110 responsables informatiques, 42 % ont dit que leur principal sujet de préoccupation est la sécurité des données, contre 25 % pour l'environnement ; 15 % ont reconnu jeter leur vieux matériel à la poubelle[12][réf. non conforme].
134
+
135
+ Le recyclage suppose de trier les déchets en fonction du mode de recyclage auquel chacun d'eux sera soumis. Ceci exige une main-d'œuvre abondante, même lorsqu'un tri sélectif est effectué en amont par la population. En effet, il arrive qu'un second tri soit nécessaire dans un centre d'affinage pour éliminer les erreurs de tri et les impuretés qui pourraient compromettre le recyclage (c'est le cas du plastique et du verre).
136
+
137
+ La collecte sélective elle-même exige la mise à disposition des ménages de bacs spéciaux et emploie plus de personnes qu'une collecte simple.
138
+
139
+ La plupart de ces coûts supplémentaires sont à la charge de la collectivité (en France, par exemple, c'est au niveau de la commune ou de la communauté de communes que cela est géré). Les impôts locaux en tiennent compte, mais d'autres sources de financement existent : l'écotaxe et le point vert sur les emballages.
140
+
141
+ Pour certains types de produits, la qualité de la matière première est altérée par l'opération de récupération de celle-ci dans les produits recyclés. Par exemple :
142
+
143
+ Cependant, pour la plupart des matières premières contenues dans les déchets (métaux, verre, certains plastiques), les qualités sont conservées au travers du processus de recyclage, permettant un recyclage quasi illimité de celles-ci.
144
+
145
+ Néanmoins, la chimie intervient de plus en plus dans la fabrication de matériaux issus du recyclage. Les produits qui en résultent ont des caractéristiques de durabilité et de résistance qui peuvent même être supérieures à celles de certains matériaux naturels. Ainsi, on voit des maisons bâties avec des dérivés du recyclage du bois, mélangés ou recouverts par des résines polyuréthanes ou autres. Le résultat est surprenant, donnant une résistance aux intempéries et aux UV supérieure à celle du bois.
146
+ Il en va de même pour le papier recyclé, dont la pâte désencrée et mélangée à certains produits chimiques donne un matériau très résistant, utilisé par exemple dans la fabrication de mobilier urbain. Dans ce dernier domaine, de plus en plus de fabricants utilisent des matériaux issus du recyclage.
147
+
148
+ Les bénéfices socioéconomiques et environnementaux du recyclage sont considérables : moindre pression sur les ressources naturelles et paysagères, réduction des déchets, emplois dédiés, économies de matières premières. Ainsi :
149
+
150
+ De nombreux critères sont à prendre en compte pour juger de la pertinence du recyclage, via un « écobilan ». C'est pour cela qu'en France, les pots de yaourt (non éco-conçus), par exemple, ne sont pas acceptés par la collecte sélective : il n'y a pas assez de matière à récupérer pour rentabiliser le recyclage, il faudrait trop d'eau ou de vapeur pour les débarrasser des résidus alimentaires, gras ou sucrés. Au Québec cependant, ils sont recyclés.
151
+
152
+ En France, plusieurs associations sans rapport avec les déchets se sont diversifiées, ou ont été créées, pour participer à la collecte et au recyclage de matériaux ou d'objets, afin d'en tirer des sources de financement pour des actions d'intérêt général et pour leur fonctionnement courant. La première en date a été la Ligue nationale contre le cancer, avec le recyclage du verre après le choc pétrolier de 1973. Depuis les années 2000, d'autres associations ont pris en charge la collecte de bouchons, notamment en plastique (à l'époque ceux-ci n'étaient pas encore exploités par les filières des collectivités locales), mais aussi en liège. Des points de collecte sont installés dans des magasins de proximité et des enseignes de grande distribution, mais aussi dans des écoles, des entreprises… Les bouchons sont collectés puis triés par des bénévoles, ils sont ensuite revendus à un recycleur qui les incorpore à de la matière neuve pour fabriquer par exemple des palettes en plastique[18].
153
+
154
+ La plus grande partie des recettes est utilisée pour offrir des équipements sportifs à des personnes handicapées, ou versée à des instituts de recherche médicale.
155
+
156
+ Aux États-Unis, en 2009, l'industrie du recyclage représentait 236 milliards de $, 1,1 million de salariés et 56 000 entreprises[20]. Barack Obama instaure une journée du recyclage (America Recycles Day) le 15 novembre 2009[20]. En avril 2009, Recyclebank (en) a été récompensée par l'ONU (Champion of the Earth by the United Nations Environment Program)[21]. Elle sert plus d'un million de personnes dans vingt États américains et s'est implantée au Royaume-Uni[21]. En échange du tri des déchets, les ménages reçoivent des bons d'achat. Une partie des bénéfices sert à financer un programme éducatif afin de sensibiliser les élèves au tri des déchets.
157
+
158
+ En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets, soit 4,5 % de plus qu’en 2010 et 60 % de plus qu’en 1985[22].
159
+
160
+ Après l'interdiction d'importation des déchets plastiques, de papier et de métaux décidée par la Chine en juillet 2017 et entrée en application fin 2018, les filières de recyclage américaines sont rapidement débordées, ce qui aboutit au développement de l'incinération et à la création des nouvelles décharges à ciel ouvert[22].
161
+
162
+ L'Agence européenne pour l'environnement fournit sur son site une carte montrant les taux de recyclage des déchets urbains par régions européennes en 2008/2009 : plusieurs régions d'Autriche et d'Allemagne dépassent 90 %, alors que la plupart des régions de France ont des taux entre 20 et 40 %, seule l'Alsace dépassant 40 % alors que la région PACA est en dessous de 10 %[23].Au sein de l'Union européenne, le recyclage des déchets diffère ainsi grandement selon les pays[24],[25].
163
+
164
+ En 2012, 32 % des déchets européens ont été recyclés[24]. Une progression a eu lieu depuis 2012 au niveau du recyclage en Europe, puisqu'en 2017, la Slovénie et les Pays-Bas ont eux aussi réussi à atteindre cet objectif fixé depuis 2008 par l'Union Européenne[26].
165
+
166
+ En 2015, une étude d'Eurostat montre les différents taux de recyclage, par pays, au sein de l'Union européenne, de 2004 à 2012. La génération des déchets a augmenté pour la plupart des pays européens. La France est l'un des pays qui produisent le plus de déchets avec plus de 534 kg/an/habitant (taux de recyclage en 2012 : 39 %), derrière les Pays-Bas (551 kg/hab) (taux de recyclage en 2012 : 49 %) et devant l'Italie avec 529 kg/hab (taux de recyclage en 2012 : 38 %).Quatorze pays ont vu leur taux de recyclage augmenter pendant cette période, dont la France, avec 10 points de recyclage en plus et surtout l’Islande et le Royaume-Uni, avec respectivement +27 et +23 points[25]. Malgré les efforts de certains pays, quatre États ont vu leur taux de recyclage baisser (l'Autriche, la Finlande, l'Espagne et Malte).
167
+
168
+ En 2017, un objectif a été fixé pour 2020 : recycler 50 % des déchets municipaux[27]. Trois pays y parvenaient déjà en 2012 : l'Allemagne, l'Autriche et la Belgique (avec respectivement 64 %, 59 % et 57 %)[24]. À la suite de la mise en place du programme, ces taux de recyclage ont augmenté[réf. nécessaire].
169
+
170
+ En Suisse, le taux de recyclage est de 52 % en 2016 (compostage compris)[28], mais la masse totale de déchets urbains est très élevée, avec 715 kg/hab en 2016 (340 kg incinérés et 375 kg recyclés)[28].
171
+
172
+ La Turquie est au 108e rang sur 180 dans l'édition 2018 de l'indice de performance environnementale, créé par les universités américaines de Yale et de Columbia[29],[30].
173
+
174
+ Istanbul a décidé de mettre en place un projet qui favorise le recyclage et diminue donc la pollution. Ce projet de consigne consiste à échanger des bouteilles en plastiques ou autres cannettes contre une réduction sur le prix du ticket de métro[31], favorisant le recyclage tout en incitant à l'utilisation des transports en commun.
175
+
176
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3321.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,87 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ « Vrais » renards
2
+
3
+ Genre
4
+
5
+ Vulpes est un genre de mammifère carnivores de la famille des canidés qui regroupe des animaux appelés renards. Ce genre a été créé en 1775 par Just Leopold Frisch.
6
+
7
+ Ils se distinguent du genre Canis notamment par leurs pupilles ovales.
8
+
9
+ La position du fennec dans le genre Vulpes n'est pas acceptée pour tous les auteurs. Il avait tout d'abord été placé dans un genre particulier Fennecus compte tenu de ses particularités morphologiques. Certains auteurs en font un membre du genre Canis.
10
+
11
+ Même chose pour le renard polaire, qui est encore souvent nommé Alopex lagopus, au lieu de Vulpes lagopus.
12
+
13
+ Le latin Vulpes vient de l'indo-européen commun h₂wl(o)p ~ h₂ulp qui désigne déjà le renard[1].
14
+
15
+ Le genre compte douze espèces actuelles :
16
+
17
+ (Renard du Bengale)
18
+
19
+ (Shaw, 1800)
20
+
21
+ (Renard de Blanford)
22
+
23
+ Blanford, 1877
24
+
25
+ (Renard du Cap)
26
+
27
+ (A. Smith, 1833)
28
+
29
+ (Renard corsac)
30
+
31
+ (Linnaeus, 1768)
32
+
33
+ (Renard du Tibet)
34
+
35
+ Hodgson, 1842
36
+
37
+ (Renard polaire)
38
+
39
+ (Linnaeus, 1758)
40
+
41
+ (Renard nain)
42
+
43
+ Merriam, 1888
44
+
45
+ (Renard pâle)
46
+
47
+ (Cretzschmar, 1827)
48
+
49
+ (Renard de Rüppell)
50
+
51
+ (Schinz, 1825)
52
+
53
+ (Renard véloce)
54
+
55
+ (Say, 1823)
56
+
57
+ (Renard roux)
58
+
59
+ (Linnaeus, 1758)
60
+
61
+ (Fennec)
62
+
63
+ (Zimmermann, 1780)
64
+
65
+ Et peut-être dix espèces fossiles :
66
+
67
+ Kaup, 1829
68
+
69
+ Forsyth Major, 1877
70
+
71
+ Thenius, 1954
72
+
73
+ Ginsburg, 1998
74
+
75
+ Geraads, 2011[2]
76
+
77
+ Tivadar Kormos, 1932
78
+
79
+ (Tivadar Kormos, 1932)
80
+
81
+ de Bonis et al., 2007[3]
82
+
83
+ Hartstone-Rose et al., 2013
84
+
85
+ Savage (de), 1941
86
+
87
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3322.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,131 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Carcharodon carcharias
2
+
3
+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
4
+
5
+ Espèce
6
+
7
+ Synonymes
8
+
9
+ Statut de conservation UICN
10
+
11
+ VU  : Vulnérable
12
+
13
+ Statut CITES
14
+
15
+ Le Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) est une espèce de requin de la famille des Lamnidés et de l'ordre des lamniformes (et non des Carcharhiniformes car dépourvu de paupière nictitante). Il est le seul représentant actuel du genre Carcharodon.
16
+
17
+ Avec une taille maximale supérieure à 6 m de long, c'est l'un des plus grands poissons prédateurs vivant actuellement dans les océans. La population des grands requins blancs a diminué de 75 % dans l’Atlantique Nord-Ouest[1].
18
+
19
+ Il est considéré comme un requin dangereux puisqu'il est responsable d'attaques contre les hommes, la grande majorité d'entre elles étant non mortelles[2]. Néanmoins, contrairement à certaines idées reçues, il n'est pas un « mangeur d'hommes » et l'homme n'est pas une proie pour lui, la plupart des attaques étant dues à une erreur d'analyse visuelle du requin. Le grand requin blanc a une alimentation très variée : pinnipèdes, poissons, tortues marines, cétacés...
20
+
21
+ Ce type de requin est connu du grand public pour avoir été le sujet du best-seller Les Dents de la mer de Peter Benchley et de son adaptation cinématographique par Steven Spielberg.
22
+
23
+ Le grand requin blanc mesure en moyenne de 4 à 6 m de long. À approximativement 26 ans, âge de sa maturité sexuelle, il mesure 3,50 à 4,10 m. Les requins blancs de Méditerranée sont plus massifs que leurs cousins océaniques. Les femelles sont matures plus tard, environ 33 ans et mesurent alors 4 à 5 m[3].
24
+
25
+ La taille du plus grand spécimen jamais pêché a fait l'objet d'un grand nombre de débats, de conjectures et de fausses informations[4].
26
+
27
+ Pendant des décennies, le livre Guinness des records, ainsi que les travaux de nombreux ichtyologues, présentaient deux spécimens comme les plus grands jamais capturés : l'un de 11 m capturé dans les eaux sud australiennes près de Port Fairy dans les années 1870, et l'un de 11,30 m capturé au Nouveau-Brunswick, Canada dans les années 1930. Richard Ellis et John E. McCosker, dans leur livre The Great White Shark (1991), dédient un chapitre entier à ce sujet. Ils concluent que le plus grand spécimen jamais capturé et mesuré correctement devait faire 6,40 m (mesuré à plat sur le sol et non suspendu à un filin) pour 3 324 kg. Il a été pêché à Cuba en 1945. Le requin blanc de 7,13 m, capturé en 1987 à Malte, ne devait mesurer d'après les experts qu'entre 5,30 et 5,70 m[5].
28
+
29
+ Concernant les records non vérifiés de plus de 10 mètres, Richard Ellis et John E. McCosker doutent de la fiabilité des mesures, notant qu'elles étaient trop importantes en les comparant aux très grands requins blancs avérés que l'on a pu répertorier. Le requin blanc de 11,30 m prétendument pêché au New Brunswick (Canada) a été mal identifié car il s'agissait d'un requin pèlerin, ayant un corps de forme similaire au requin blanc. La question du requin blanc de 11 m de Port Fairy dans les eaux australiennes a été réglée dans les années 1970, lorsque J. E. Reynolds a examiné les mâchoires du requin et a conclu qu'il ne faisait que 5 m de long. Il a suggéré qu'une erreur avait été commise dans l'enregistrement original en 1870.
30
+
31
+ Pour conclure, la taille maximale est estimée à 7,5 m de long tout au plus, par des spécialistes comme l'Italien Alessandro de Maddalena, mais les grands requins blancs de plus de 6 mètres sont extrêmement rares. Aucun grand requin blanc atteignant les 7 mètres n'a jamais été capturé.
32
+
33
+ La masse du grand requin blanc mâle varie entre 680 et 2 000 kg. Celui de la femelle est compris entre 1 000 et 1 900 kg. Ellis et McCosker écrivent en ce qui concerne la masse des requins blancs et concluent qu'ils peuvent peser jusqu'à 3 tonnes mais notent également que le plus lourd pesé scientifiquement pesait 3,3 tonnes.
34
+
35
+
36
+
37
+ Profil.
38
+
39
+ « Deep Blue » est le surnom donné à l'un des plus grands spécimens de requin blanc jamais observés à partir de l'année 2013.
40
+
41
+ Il s'agit d'une femelle vivant au large de l'île Guadalupe (Mexique). Sa taille est estimée à 20 pieds, soit 6,09 mètres[6].
42
+
43
+ Ce requin femelle fascine aussi bien les scientifiques que le grand public. L'une des vidéos faites en 2013 par le biologiste marin Mauricio Hoyos Padilla et mise en ligne sur YouTube en juin 2015 a déjà été vue plus de 7 millions de fois au 14 août 2015, date de sa présentation au JT de 20 heures de France 2.
44
+
45
+ Il s'agit d'un requin femelle, dont l'imposante taille donne à penser qu'elle a environ 50 ans[6].
46
+
47
+ Or, pour mettre bas, les requins femelles se rapprochent des côtes afin de libérer leurs petits dans des eaux peu profondes, où il y a moins d'animaux prédateurs et où la nourriture est plus abondante. Mais ces zones proches des côtes sont très exposées à plusieurs menaces humaines.
48
+
49
+ En 2015, le biologiste Mauricio Hoyos Padilla et son association Pelagios-Kakunjá souhaitent donc réunir des dons pour sécuriser les endroits où les requins femelles mettent bas, en taguant les requins femelles en vue de créer une base de données permettant de développer de nouvelles stratégies de conservation près des côtes de l'île Guadalupe[7],[8],[9].
50
+
51
+ En 2004, une femelle grand requin blanc, surnommée Nicole, parcourt l'hémisphère sud. Puis en 2013, une autre femelle, surnommée Lydia, traversant l'Atlantique, devient la coqueluche des réseaux sociaux comme Deep Blue.
52
+
53
+ Il possède un museau conique assez long. Ses dents, tranchantes comme des lames de rasoir, sont plates, triangulaires, dentelées et peuvent mesurer 76 mm de long en maximum (60 mm dépassant des « gencives »). S'il advient qu'une dent tombe, une autre de la rangée arrière (ses mâchoires sont pourvues de quatre à six rangées), qui est inclinée vers l'intérieur, s'avance vers l'avant de la mâchoire pour prendre sa place. Seules les deux premières rangées sont fonctionnelles.
54
+ Les mâchoires du grand requin blanc sont impressionnantes. Elles mesurent 90 cm de large pour un spécimen de 6 mètres (il s'agit de la largeur totale, la largeur de la bouche sur un requin vivant de 6 m étant de 60 cm.).
55
+
56
+ Les fentes branchiales, très longues, n'encerclent pas la tête. Elles précèdent les nageoires pectorales falciformes bien développées, ainsi que des fossettes précaudales et de fortes carènes caudales, caractéristiques des Lamnidae. La nageoire caudale est courte, presque symétrique en forme de croissant. L'espérance de vie est évaluée par la pollution radioactive à 40 ans pour les femelles et à 73 ans pour les mâles[10]. Il possède entre 44 et 52 dents[3].
57
+
58
+ Le grand requin blanc possède une ouïe et un odorat très sensibles. Il est capable de sentir une goutte de sang dans plus de 4,6 millions de litres d'eau et d'entendre une proie à 1 km de distance. De plus, sous le museau, des récepteurs sensibles aux champs magnétiques lui permettent de détecter bruits et vibrations de basses fréquences à plusieurs centaines de mètres. Ce sont les ampoules de Lorenzini. Elles lui permettent, entre autres, de détecter des animaux en détresse. Il faut également savoir que le grand expert du grand requin blanc, Andre Hartmann (le premier homme à nager et toucher le grand prédateur hors d'une cage) a découvert qu'en touchant ces ampoules, le requin devient quasiment inoffensif et se laisse dériver pendant quelques secondes le ventre à la surface. Il a aussi une vue supérieure à l'être humain. Bien qu'il ait effectivement une vue supérieure aux hommes, sa vue de près reste néanmoins mauvaise, et c'est pourquoi dans certains cas une proie très proche de lui peut lui échapper, du fait qu'il ne l'aperçoit pas immédiatement. En revanche, sa vue de loin reste excellente et d'une très grande précision. Il fait partie des rares espèces de poissons capable d’utiliser sa vue à l’air libre: des requins blancs vivant à proximité de colonies de phoques ont ainsi été vus avec la tête émergée de façon à observer les phoques réfugiés sur des rochers.
59
+
60
+ Contrairement à d'autres requins le grand requin blanc n'a pas de paupières. C'est pourquoi il roule ses yeux en arrière lors d'une attaque.
61
+
62
+ L'habitat du grand requin blanc est principalement côtier dans les eaux tempérées, mais il a aussi été observé en zones épipélagiques dans l'océan. C'est un amateur des eaux peu profondes, mais un spécimen a cependant été pêché sur une longue ligne de 1 280 m. Il aime toutefois évoluer dans plus de 30 m de fond, ce qui explique, en partie, pourquoi il y a plus d'attaques de ce requin sur les côtes où l'on atteint très vite des grandes profondeurs. Il possède une faculté d'adaptation aux températures très importantes. Il peut réguler la température de son corps jusqu'à 20 °C au-dessus de la température ambiante, ce qui explique sa présence dans des eaux parfois relativement froides.
63
+
64
+ Espèce cosmopolite, on trouve le grand requin blanc dans toutes les mers tempérées du globe et parfois même dans les mers tropicales, suivant probablement les migrations des baleines qui viennent y mettre bas. Il est particulièrement présent en Australie, en Afrique du Sud, et en Californie ainsi que dans les Caraïbes. Le grand requin blanc est également présent dans l'océan Pacifique, notamment au large des côtes hawaiiennes, du Japon aux Philippines, de la Nouvelle-Calédonie à la Nouvelle-Zélande. Il a même été observé au large des côtes d'Alaska. Il serait devenu rare en mer Méditerranée, conséquence directe de l'intensification du trafic commercial entre l'Europe et l'Afrique du Nord dont la pollution engendrée perturbait son habitat, d'après un rapport de 2008 de l'ONG Greenpeace.
65
+
66
+ Il se déplace le plus souvent seul ou en couple, mais jamais en colonie. S'il arrive d'observer un même spécimen plusieurs années de suite dans les mêmes eaux, la territorialité n'a jamais pu être démontrée. En revanche, il semblerait que les animaux les plus grands effectuent parfois de très longs trajets. En 2005, un grand requin blanc femelle, qui a été doté d'un capteur de localisation, a traversé, aller-retour, l'océan Indien, du Cap (Afrique du Sud) jusqu'aux côtes méridionales d'Australie. Soit un périple de près de 10 000 km en moins de neuf mois. Une autre a effectué la traversée de l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande à la Grande barrière de corail. Les raisons de telles traversées demeurent encore très mystérieuses car il n'y a pas de lien avec la migration des grands cétacés. Une récente étude génétique montre que les spécimens présents en Méditerranée sont arrivés d'Australie il y a 450 000 ans.
67
+
68
+ A la différence de presque tous les poissons, cette espèce est gigantotherme (c'est-à-dire qu'elle conserve une température corporelle chaude), ce qui implique de manger plus et/ou économiser son énergie. Yuuki Watanabe et ses collègues ont récemment (publication 2019) équipé huit requins de cette espèce de balises de suivi (au large de l'Australie)[11]. Leur vitesse était généralement comprise entre 2,9 et 4,9 km/h ce qui est lent comparé à la nage jusqu'alors supposée la plus efficace pour ce requin[11]. Les requins doivent toujours se mouvoir pour alimenter leurs branchies. Les chercheurs ont notés que ces animaux plongent souvent, mais en planant, c'est-à-dire sans faire d'efforts[11]. Une hypothèse est que ce comportement lui permet de respirer en consommant aussi peu d'énergie que possible, pour ensuite mieux chasser en surface des animaux rapides et agiles tels que phoques ou gros poissons[11].
69
+
70
+ Son cycle de reproduction n'est pas bien connu. On estime que le mâle atteint sa maturité sexuelle à 26 ans et la femelle à 33 ans[12],[13]. Il est ovovivipare : les œufs se développent et éclosent dans l'utérus de la femelle, avec cannibalisme utérin (comme les autres lamnidés). Le temps de gestation n’est pas encore connu, car jusqu'à maintenant il n'a encore jamais été observé un accouplement de grand requin blanc. Il est estimé entre 12 et 18 mois. La période de reproduction est de 2 à 3 ans[14]. Les jeunes grands requins blancs, à la naissance, mesurent entre 1,09 et 1,60 m[3] et sont déjà des prédateurs capables de survivre.
71
+ Ils se reproduisent au printemps. Son espérance de vie est évaluée à plus de 70 ans[15].
72
+
73
+ La croissance de la population est faible, avec un taux intrinsèque d'accroissement naturel de 0,04 à 0,056[14].
74
+
75
+ Le grand requin blanc est de nature plutôt solitaire et il est rare que plusieurs individus se rassemblent pour chasser. Il se situe au sommet de la chaîne alimentaire dans l'océan juste en dessous de l'orque. Du fait de sa taille, de son métabolisme et de ses capacités physiques exceptionnelles, il n'a que très peu de concurrents, hormis l'orque. Il se nourrit de poissons de grande taille (comme le thon, l'espadon ou le tarpon), de calmars, de tortues marines, de phoques et de dauphins. Les jeunes se nourrissent exclusivement de poissons. D'après l'analyse d'émetteurs placés dans leurs estomacs, les grands requins blancs prennent un repas en moyenne tous les trois jours, d'une masse qui avoisine 3 % de leur masse corporel. Quand les proies sont rares, ils peuvent attendre plusieurs semaines avant de s'alimenter[16].
76
+
77
+ Les rares cas d'attaque sur l'homme sont plus considérés comme des « accidents », en majorité sur des surfeurs ou véliplanchistes, une forme ovoïde battant des « nageoires » à la surface et rappelant à ce prédateur sa proie favorite. Son attaque se décompose en plusieurs phases : d'abord le « coup de dents » qui va saigner la proie, le grand requin blanc n'avalant pas des quartiers de viande d'une grosse proie du premier coup. Puis, lorsque la proie est inerte, commence alors l'alimentation à proprement parler. Les attaques contre l'homme se terminent dans la majorité des cas après le coup de dents. En effet, lors de la morsure, des récepteurs situés dans la gueule « goûtent » la proie, ce qui permet au requin de savoir si celle-ci est suffisamment riche en graisse. L'homme n'apporte pas assez de graisse pour le requin ; le squale ne reconnaissant pas le goût de sa proie l'abandonne, et les rares cas mortels résultent de l'hémorragie (artère ou membre sectionnés). Il est évident que la pression exercée par la mâchoire (plus de cinquante centimètres de diamètre) et les dents coupantes comme des lames de rasoir laissent un résultat impressionnant, souvent désastreux, sur un corps humain.
78
+
79
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
80
+
81
+ Un grand requin blanc saisit un appât au large de l'île Guadalupe.
82
+
83
+ Toujours près de l'île mexicaine de Guadalupe.
84
+
85
+ Un grand requin blanc mord à l'appât dans la False Bay, en Afrique du Sud.
86
+
87
+ La couleur du dos de l'animal varie du gris-noir (Afrique du Sud, Australie, Californie) au marron clair pour la Méditerranée, où l'on a observé un comportement alimentaire différent, peut-être une adaptation au milieu méditerranéen : des chasses de thons, de marlins, un comportement plus opportuniste et tourné vers les grands poissons plutôt que les mammifères marins devenus rares dans cette région (raréfaction du Phoque moine). Comme lui, d'ailleurs. À noter que les grands requins blancs de la région du Cap ont adopté une technique de chasse unique en son genre. Pour surprendre une otarie, le requin se met à l'affût près du fond et, après avoir repéré une proie qui s'agite en surface, s'élance comme une torpille (sa vitesse est telle qu'il bondit hors de l'eau) pour la percuter, gueule grande ouverte, et la happer en retombant. Les scientifiques ont désigné cette forme d'attaque auparavant méconnue sous le nom anglais de breaching, ce qui veut dire « créer une brèche ».
88
+
89
+ Le grand requin blanc a aussi démontré une certaine intelligence par rapport aux autres requins. Il est le seul squale à sortir la tête hors de l'eau pour observer son environnement extérieur. Certaines expériences scientifiques ont démontré qu'il était aussi capable d'apprendre des tours, à l'instar des dauphins et orques, pour obtenir du poisson. D'autres scientifiques ont réussi l'exploit de nager avec des grands requins blancs sans cage de protection, voire de s'accrocher à son aileron dorsal. Le spécialiste André Hartmann s'est même permis de « caresser » le museau de grands blancs, mettant les squales en état d'immobilité tonique.[réf. nécessaire]
90
+
91
+ En 1758, Carl von Linné fut le premier à décrire le grand requin blanc, sous le nom Squalus Carcharias. Andrew Smith lui donna le nom générique de Carcharodon en 1833 et en 1873, le nom générique et le nom spécifique furent associés pour donner Carcharodon carcharias. Carcharodon vient du grec karcharos (aiguisé) et odous (dent). Le mot karcharias signifie « requin » en grec.
92
+
93
+ Le grand requin blanc est le seul représentant du genre Carcharodon. Il serait apparu au milieu du Miocène. Les premières dents fossilisées retrouvées datent de 16 millions d'années. Sa phylogénie est controversée. Certains taxonomistes font de lui un descendant direct du requin préhistorique, le Mégalodon. Selon des hypothèses plus récentes, le grand requin blanc ne serait en fait qu'un « cousin », regroupé dans la famille des Lamnidés. Cette hypothèse ferait du grand requin blanc le descendant de Isurus hastalis, le mako préhistorique.
94
+
95
+ Son génome (qui intéresse notamment les cancérologues du fait qu'il semble protéger l'espèce des cancers) a été récemment complété et publié en 2019 par le Centre de recherche sur les requins de la Fondation Save Our Seas de la Nova Southeastern University (NSU) et par l'Institut de recherche Guy Harvey (IRSH), du Collège de médecine vétérinaire de l'Université Cornell et par l'aquarium de Monterey Bay [17]. Il est très long (une fois et demie plus grand que le génome humain) et il semble particulièrement riche en éléments stabilisateurs et réparateurs de l'ADN. Certains gènes pourraient aussi expliquer leur capacité à cicatriser très rapidement[17].
96
+
97
+ Les requins attaquent les hommes ; le nombre d'attaques peut être estimé comme faible. Toutes espèces confondues entre 2007 et 2016, durant dix années, une source américaine recense environ 800 attaques dans le monde entier, soit environ 80 par année. 61 des 766 attaques sont mortelles, soit plus de 6 par année. 23 des 61 morts l'ont été entre 2013 et 2016[18]. Les raisons conduisant le requin à s'attaquer à un homme ne sont pas connues ; le manque de données ne permet pas d'explication fiable. Le comportement en milieu naturel des requins est également mal connu (et peu étudié).
98
+
99
+ Néanmoins, le grand requin blanc est le requin le plus souvent impliqué lors des attaques sur l'homme[19] devant le requin tigre et le requin bouledogue. Cela peut s'expliquer par le fait que le territoire de chasse du requin blanc inclut notamment les rivages côtiers où se concentrent les activités humaines (notamment les sports nautiques). Il peut y avoir une confusion entre l'homme et les proies habituelles des requins blancs (phoques ou pinnipèdes) qui induiraient des attaques.
100
+
101
+ Le comportement du requin blanc vis-à-vis de l'homme n'est pas systématiquement agressif ni hostile : de nombreux plongeurs ont nagé près de requins blancs sans que ceux-ci manifestent une quelconque hostilité envers eux.
102
+
103
+ Lorsque le requin attaque l'homme, il en dépèce d'abord un membre puis se désintéresse souvent de cette proie.
104
+
105
+ Observé et connu en Méditerranée depuis l'Antiquité (surtout en Italie, Sicile, Sardaigne, Corse[20], Tunisie, mer Adriatique, îles Baléares, Libye, Grèce, côtes françaises[21]...), il y est toujours présent aujourd'hui mais beaucoup plus rare, la population serait d’environ 350 individus d'après une source, de 2003[22].
106
+
107
+ Les grands requins blancs de Méditerranée se distinguent des spécimens australiens, sud-africains ou américains par la couleur de leur dos ; celle-ci tend vers le marron clair[23]. Il est parfois confondu par les plaisanciers avec le requin pèlerin (inoffensif pour l'homme), qui lui aussi est de couleur marron sur le dos, et de taille imposante. Cependant, il est bien différent, rien qu'au niveau de sa mâchoire, son aileron, ses nageoires pectorales, son corps de forme fusiforme, son régime alimentaire et son comportement.
108
+
109
+ Des études génétiques récentes faites par des chercheurs de la Royal Society B suggèrent, que cette population serait très différente de la population américaine, mais plus proche de celle d'Australie et de Nouvelle-Zélande. En conséquence, les quelques différences entre les requins australiens et de la Méditerranée suggèrent qu'ils se séparèrent il y a 450 000 ans. Durant l'âge de glace et à cause des nombreux effets du changement climatique, quelques individus d'Australie migrèrent vers l'Afrique du Sud, et, portés par les courants chauds, se déplacèrent plus au nord. Certains se seraient trompés de voie migratoire, et seraient passés par le détroit de Gibraltar[24] qui était beaucoup plus large à cette époque, qu'il l'est aujourd'hui.
110
+
111
+ De 1876 à 2010, soit en plus d'un siècle, sont recensées 31 attaques de grands requins blancs en Méditerranée. Le plus souvent, selon les spécialistes, ce prédateur mord « pour goûter », mais ne mange pas l'homme. Ce comportement est indifférent, du point de vue des blessures infligées. Ainsi, une quinzaine de personnes attaquées sont décédées à la suite de blessures graves, essentiellement en Italie, en Tunisie, en Croatie ainsi qu'en Grèce, là où ces requins sont les plus abondants. Le long des côtes françaises de Méditerranée, une ou deux attaques officielles non mortelles recensées (1876-1999)[25], l'une d'entre elles date de 1998, touchant les bouteilles d'un plongeur[26] au large du Cap d'Antibes.
112
+
113
+ D'après le biologiste Nicolas Ziani, les abords des côtes françaises servent de nurserie à certains squales comme le requin gris, le requin bleu ou les grands requins blancs qui viennent accoucher en eaux profondes[réf. nécessaire]. Afin de suivre en temps réel leurs déplacements, savoir quand ils arrivent et quand ils repartent, l’association Ailerons a coordonné au mois d’août 2011 deux campagnes de marquage de squales au large de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. Une fois les requins capturés, des balises satellites seront installées sur leur peau pour déterminer leur zone de migration.
114
+
115
+ En Méditerranée, la proportion infime de requins dangereux en fait une menace très faible. Le grand requin blanc, victime de sa mauvaise réputation, est répertorié comme une espèce en voie de disparition. À tel point que certains experts cherchent une manière de le réintroduire dans la nature, grâce peut-être à la création de zones spéciales[27].
116
+
117
+
118
+
119
+ Il est extrêmement difficile de conserver cet animal en aquarium ; les individus meurent généralement au bout de quelques mois s'ils ne sont pas relâchés. Le record de 198 jours de captivité est détenu par l'Aquarium de la baie de Monterey en Californie, qui avait accueilli une jeune femelle de 1,50 m de long entre septembre 2004 et avril 2005 dans un bassin de 16 000 mètres cubes. Après six mois de captivité, elle avait dû être relâchée devant une agressivité de plus en plus importante et des blessures sur le museau[28]. En 2015 encore, l'aquarium de Churaumi au Japon a expose un requin blanc mâle de 3,5 mètres après une capture accidentelle, mais l'animal a survécu pendant 3 jours[29].
120
+
121
+
122
+
123
+ Il a été popularisé au cinéma par la tétralogie Les Dents de la mer (titre original : Jaws), dont le premier volet est sorti en salles en 1975. Cette tétralogie a largement contribué à la terreur qu'il inspire dans l'imaginaire collectif, sentiment moyennement justifié au regard des statistiques. Cet imaginaire collectif s'inspire des recherches scientifiques, bien antérieures au cycle, qui ont considéré le grand requin blanc comme une des rares espèces de squales, dangereuses pour l'être humain (cinq ou six sur plusieurs centaines) ; si minoritaires soient ces espèces au sein de la famille des squales elles existent. Dans une approche plus écologique, sa dangerosité pour l'humain est combattue dans Orca, film tourné en 1977 non par la chasse humaine mais par l'intervention d'une orque qui sauve un plongeur imprudent.
124
+
125
+ De nombreuses personnes croient encore qu'il n'est qu'une machine sanguinaire et lui attribuent beaucoup plus d'intelligence qu'il n'en possède[30]. Sa taille maximale est souvent surévaluée. Mais depuis des années, des scientifiques réhabilitent ce requin, le démystifient. Plusieurs de leurs émissions ont fait le tour du monde, montrant ce qu'est vraiment le grand requin blanc dans la réalité. Peter Benchley, l'auteur du best-seller Les Dents de la mer adapté pour le célèbre film de Steven Spielberg, a aussi défendu la cause du grand requin blanc.
126
+
127
+ Il aura fallu des décennies avant que l'être humain commence à véritablement comprendre le grand requin blanc. André Hartman, un plongeur professionnel sud-africain mondialement connu, est le premier à être sorti de la cage pour nager en sa compagnie. D'autres l'ont imité, dont Jean-Michel Cousteau et François Sarano (sur le tournage du films Océans [Perrin/Cluzaud], séquence réalisée à Guadalupe, île de la côte Pacifique mexicaine, avec une femelle).
128
+
129
+ Le grand requin blanc est aujourd'hui une espèce menacée, ajouté à l'annexe II de la CITES sur une proposition de Madagascar et de l'Australie à la CoP13[31]. La proposition se base sur la constatation d'une forte diminution des prises depuis les années 1970 (diminution>70%) et un faible renouvellement de la population[14]. Si le suivi de la population réelle est très difficile à évaluer, les scientifiques s'accordent pour considérer que leur nombre est en chute rapide[32]. Sa pêche est désormais interdite dans de nombreux pays comme l'Australie, l'Afrique du Sud[32], Nouvelle Zélande[33]. Mais cette interdiction est régulièrement violée car les gens ont toujours peur du Carcharodon carcharias. Les pêcheurs le pêchent pour sa viande, ses dents (vendues comme souvenirs aux touristes) mais le plus souvent pour ses ailerons. La pollution de la mer et la raréfaction de ses proies favorites ont aussi un impact très négatif. Bien que la situation du grand requin blanc soit préoccupante, il ne faut surtout pas oublier que la majorité des espèces de squales sont menacées par l'homme.
130
+
131
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3323.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,231 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Selachimorpha, Selachii
2
+
3
+ Super-ordre
4
+
5
+ Ordres de rang inférieur
6
+
7
+ Les requins, squales ou sélachimorphes forment un super-ordre de poissons cartilagineux, possédant cinq à sept fentes branchiales sur les côtés de la tête et les nageoires pectorales qui ne sont pas fusionnées à la tête.
8
+ Ils sont présents dans tous les océans du globe et dans certains grands fleuves. Les requins modernes sont classés au sein du clade Selachimorpha ou Selachii et constituent le groupe-frère des raies. Toutefois, le terme « requin », au sens large, désigne aussi les espèces disparues de la sous-classe des élasmobranches, comme Cladoselache et Xenacanthus.
9
+
10
+ Les premiers requins sont apparus au Dévonien, il y a environ 420 Ma. À partir du crétacé, il y a 100 Ma, beaucoup d'espèces de requins ont adopté leur forme moderne. Depuis, il existe plus de 465 espèces de requins regroupées en 35 familles. Certaines espèces ne sont connues que par leurs fossiles. Leur taille varie de seulement 14 cm de longueur pour Etmopterus perryi, à plus de 20 m pour le requin-baleine. Malgré sa taille, ce dernier se nourrit principalement de plancton en filtrant l'eau de mer. Mais la plupart des requins sont des prédateurs, voire des superprédateurs. Les requins sont présents dans toutes les mers, jusqu'à une profondeur d'environ 2 500 mètres. Ils ne vivent généralement pas dans l'eau douce, mais il y a quelques exceptions, telles que le requin-bouledogue et les requins de rivière qui peuvent vivre aussi bien dans l'eau de mer que dans l'eau douce. Ils respirent à travers cinq à sept fentes branchiales. Les requins ont un revêtement de denticules dermiques qui protègent la peau contre les parasites en plus d'améliorer leur hydrodynamisme. Ils ont également plusieurs rangées de dents qui se renouvellent régulièrement.
11
+
12
+ Malgré une mauvaise réputation véhiculée par les médias, seulement cinq espèces sont considérées comme dangereuses pour l'homme. Selon l’UICN, un tiers des espèces de requins sont menacées de disparition (surpêche, prise accessoire, élimination gratuite, etc.).
13
+
14
+ Ils sont utilisés par l'homme pour de nombreux usages, comme l'alimentation, la maroquinerie, le tourisme, les cosmétiques et sont parfois maintenus en captivité. En tant que superprédateurs, les requins sont indispensables à leur écosystème. La protection mondiale des requins reste faible, mais certains États décident de transformer leurs eaux territoriales en sanctuaire de requins.
15
+
16
+ Les Anglais appellent les squales shark (terme qui remonterait, comme to search, à un vieux verbe signifiant « rôder en quête d'une proie » et qui vient lui-même du vieux français cherquier, « chercher »), les Espagnols tiburón (emprunté par le portugais au mot tupi tuperu, « requin »), les Allemands Hai ou Haifisch(de l'islandais haki, allusion à la forme en harpon de la nageoire dorsale), les Italiens pescecane (« poisson chien ») : une telle dispersion étymologique rend l'origine du terme requin plutôt obscure[1].
17
+
18
+ La graphie « requin » est attestée en 1539 mais d'autres formes se succèdent : « requien » (en 1578), « rechien » (en 1614), « requiem » (en 1695), puis retour à la forme « requin » (en 1740[2])[3]. Au XVIIe siècle, l'étymologiste Pierre-Daniel Huet fait un rapprochement fantaisiste du requin avec requiem par allusion à la mort rapide qu'il provoque (l'homme attaqué par des requins n'ayant plus qu'à chanter son requiem ou ils ont la fausse réputation de suivre les navires prêts a dévorer les cadavres qu'on jette à la mer), en référence à sa réputation de mangeur d'hommes[4] (« poisson très dangereux, ainsi nommé parce que, quand il a saisi un homme, il ne lâche jamais sa prise et il ne reste plus qu'à faire chanter le requiem pour le repos de l'âme de cet homme-là », lit-on chez Huet). Huet se fait probablement l'interprète d'une étymologie populaire, perpétuellement reprise dans les médias et ouvrages actuels[5]. La famille des Carcharhinidae est d'ailleurs appelée en anglais « requiem sharks » (requins requiem).
19
+
20
+ Oscar Bloch et Walther von Wartburg dans leur Dictionnaire étymologique du français proposent l'étymologie la plus probable : requin serait un renforcement du dialectal normand et picard[note 1] quin (variante quien, « chien » au sens de « chien de mer », allusion à leurs dents acérées[6]). Mais le procédé néologique qui ferait de « rechien » un renforcement de « chien » est assez inhabituel en français et cette origine ressemble également fort à une étymologie populaire, comme le suggère le terme raquin, correspondant wallon du normand requien, qui semble faire allusion à l'habitat du poisson au fond de l'océan (de « raque », vase) ou encore à sa malpropreté (voire l'étymologie de squale), sens corroboré par le provençal bardoulin, nom de divers requins[7]. La métaphore canine est d'ailleurs très tôt employée par les auteurs antiques : Aristote désigne certains requins sous les noms kuôn « chien » ou encore skulion ou skulios (formé sur skulax, « jeune chien »)[8], et Pline l'Ancien utilise les noms latins canis marinus « chien marin » et canicula « jeune chienne »[9]. Guillaume Rondelet dans son Histoire naturelle des poissons de 1554 et Jean de Léry dans son Histoire d'un voyage de 1578 appellent les squales les « chiens de mer », expression qu'utilisent tous les marins jusqu'au XVIe siècle et qui s'emploie encore aujourd'hui mais seulement pour désigner des espèces de requins petite taille[10]. Dans la même veine, la famille des Squalidae comprend de petits requins appelés « dogfish sharks » (requins poissons chiens) et l'étymologie canine se retrouve dans l'italien pescecane (« poisson chien »). Une autre métaphore penche pour cette étymologie : les requins sont parfois qualifiés de « nez », en référence à leur odorat très développé comme les chiens. Le zoologiste Henri de Blainville a ainsi créé une série de noms de genres de requins, (Cetorhinus, Scyliorhinus, Carcharhinus, Echinorhinus), et qui comportent tous l'élément grec ῥινός (rhinos), pour « nez » au sens de « requin »[11]. Enfin, les Pierre Guiraud pour sa part penche pour une forme normande de rechigner, « montrer les dents », allusion à sa denture impressionnante[12].
21
+
22
+ Le terme « squale », apparu en 1754, dérive du latin squalus[13], qui peut se traduire par « l'écailleux, le rugueux », et fait référence à la peau rugueuse de ces animaux du fait des écailles cartilagineuses présentes sous la peau de leur corps (d'où le rapprochement étymologique avec le terme squame qui désignait originellement l'écaille de poisson). Squalus peut également se traduire par « couvert de saleté, sale, malpropre », car une surface sale peut être recouverte de plaques[3]. Un autre rapprochement possible serait dû à la confusion qui a longtemps perduré entre les squales et les cétacés car le proto-indo-européen *(s)kʷálos aurait donné en latin squalus et en germanique whale et wale (baleine)[14]. Le nom d'un ordre (Squaliformes), d'une famille (Squalidae) en dérive[15].
23
+
24
+ Plusieurs espèces de requin comportent le terme requin dans l'un de leurs noms vernaculaires, par exemple : requin-marteau, requin-tigre, requin-pèlerin, mais ce n'est pas une généralité, il existe aussi des noms vernaculaires ne comprenant pas le terme requin comme dans le cas de maraîche, roussette, mako etc.
25
+
26
+ Ce groupe est actuellement appelé soit Selachimorpha soit Selachii (infraclasse)[16].
27
+
28
+ Le requin se caractérise par sa silhouette fuselée, particulièrement hydrodynamique, et ses nageoires pectorales et dorsales, ainsi que sa nageoire caudale hétérocerque (de forme asymétrique). Il est pourvu d'un squelette entièrement cartilagineux et de cinq à sept fentes branchiales latérales selon les espèces[17].
29
+
30
+ Sa peau est rugueuse, recouverte d'innombrables denticules cutanés, des écailles osseuses placoïdes d'origine dermique et épidermique, qui le protègent contre les parasites et améliorent sa pénétration dans l'eau.
31
+
32
+ Son foie, qui peut représenter jusqu'à 25 % de son poids, est constitué à 90 % de squalène, et lui sert principalement à compenser son absence de vessie natatoire pour se stabiliser, mais également de réserve énergétique.
33
+
34
+ Presque tous les requins possèdent une mâchoire de type hyostylique[note 2] comme celle des raies : elle n'est pas attachée au crâne, et est donc capable d'une mobilité remarquable lors de l'attaque. Leur puissance, mesurée par un gnathodynanomètre (en), est estimée à 3 tonnes par cm2 pour un requin de 3 mètres quand celle d'un homme ne dépasse pas 30 kg par cm2[18].
35
+
36
+ La surface de la mâchoire, en comparaison avec les vertèbres et les arcs branchiaux du requin, a besoin de soutiens supplémentaires en raison de sa forte exposition à un stress physique et son besoin de force. Le requin a une couche de minuscules plaques hexagonales appelées « tesselles », qui sont des blocs de cristaux de sels de calcium disposés comme une mosaïque. Cela donne à ces zones une grande partie de la force que l'on retrouve dans le tissu osseux chez d'autres animaux[19].
37
+
38
+ En général, les requins ont une seule couche de tesselles, mais les mâchoires de spécimens de grande taille, tels que le requin-bouledogue, le requin tigre et le grand requin blanc ont deux à trois couches ou plus, en fonction de la taille du corps. La mâchoire d'un grand requin blanc peut avoir une grande place à cinq couches. Dans le rostre, le cartilage peut être spongieux et souple pour absorber la puissance des impacts.
39
+
40
+ Les mâchoires du requin présentent des particularités uniques dans le monde animal. Elles sont entièrement mobiles, indépendantes, et garnies de plusieurs centaines de dents (polyodontie) réparties sur plusieurs rangées dont seule la dernière est fonctionnelle, les autres étant des dents de remplacement. Les dents, dont la forme varie selon les espèces (dérivées du type haplodonte par un aplatissement plus ou moins prononcé), sont renouvelées en permanence tout au long de la vie du requin (dentition polyphyodonte), et sont spontanément remplacées par une dent de la rangée suivante lorsqu'elles tombent ou sont abîmées[20]. Fixées sur un tissu fibreux très solide, elles se redressent vers l'extérieur lorsque le requin ouvre la gueule, ce qui lui permet de mordre plus facilement une proie et de la maintenir fermement grâce à la concavité des dents. Certains requins perdent plus de 30 000 dents durant leur vie. Le taux de remplacement des dents varie de une fois tous les huit à dix jours à plusieurs mois. Chez la plupart des espèces, les dents sont remplacées une à la fois contrairement à certaines, comme le squalelet féroce, qui remplace une rangée entière[19].
41
+
42
+ La forme de la dent dépend du régime alimentaire du requin et de son biotope : elles peuvent être du type coupeur, arracheur, agrippeur, broyeur... Les requins qui se nourrissent de mollusques, d'oursins et de crustacés ont des dents denses et aplaties utilisées pour le concassage, ceux qui se nourrissent de poissons ont des dents pointues et effilées, tandis que ceux qui se nourrissent de proies plus grosses, telles que les mammifères, ont des dents triangulaires avec des bords dentelés facilitant la coupe. Les dents des requins se nourrissant de plancton sont de petite taille et non-fonctionnelles[21].
43
+
44
+ Les dents de requins sont probablement issues de l'évolution de certains denticules dermiques (ou écailles placoïdes) autour de la bouche, d'où la difficulté de différencier ces deux structures dans les fossiles de requins[22]. Ces denticules formant le revêtement cutané et les dents, présentent une cavité pulpaire entourée de dentine et surmontée, dans sa partie supérieure, d'une couche de tissu hyperminéralisé, l'émailloïde ou énameloïde[23].
45
+
46
+ Le squelette des nageoires est allongé et soutenu par des rayons mous et non segmentés nommés cératotriches, filaments à base d'une protéine élastique ressemblant à la kératine cornée des cheveux et des plumes. La plupart des requins ont huit nageoires.
47
+
48
+ Les requins utilisent leur nageoire caudale pour se propulser et changer brutalement de direction, les nageoires pectorales font office de gouvernail selon le même principe que les ailerons d'avion, la ou les nageoires dorsales servent de stabilisateurs. La plupart des requins sont obligés de nager en permanence, même à faible vitesse, afin de maintenir un courant d'eau apportant suffisamment d'oxygène à leurs branchies. Il arrive cependant que certains requins, plus particulièrement ceux vivant à proximité de récifs, se reposent sur le fond en se mettant face au courant, ce qui est suffisant pour qu'ils capturent l'oxygène nécessaire à leur métabolisme[24].
49
+
50
+ La vitesse et l'accélération dépendent de la forme de la nageoire caudale. Les formes varient considérablement entre les espèces de requins, en raison de leur évolution dans des environnements distincts. Les requins possèdent une nageoire caudale hétérocerque ; la partie dorsale est généralement plus grande que la partie ventrale. La colonne vertébrale du requin s'étend dans la partie dorsale, fournissant une plus grande surface pour la fixation du muscle. Cela permet une nage plus efficace compensant la flottabilité négative des poisson cartilagineux. Contrairement à la plupart des poissons osseux qui possèdent une nageoire caudale homocerque[25].
51
+
52
+ Le requin-tigre a un gros lobe supérieur, ce qui lui permet de passer d'une nage lente à une nage rapide. Le requin-tigre doit être capable de tordre et tourner dans l'eau facilement lors de la chasse à l'appui de son régime alimentaire varié, tandis que le requin-taupe commun, qui chasse des bancs de poissons comme le maquereau et le hareng, a un gros lobe inférieur pour l'aider à suivre le rythme rapide de ses proies. La queue peut aussi aider à attraper des proies, comme chez le requin-renard qui à le lobe supérieur très allongé pour assommer les poissons et les calmars.
53
+
54
+ Contrairement aux poissons osseux, les requins ont un corset cutané complexe fait de fibres de collagène flexibles et disposées de façon hélicoïdale en réseau autour de leur corps. Cela fonctionne comme un squelette externe, fournissant l'attachement de leurs muscles de natation et ainsi économisant de l'énergie. Leurs denticules dermiques leur donnent des avantages hydrodynamiques, car ils réduisent la turbulence lors de la nage.
55
+
56
+ La peau rugueuse des requins résiste aux micro-organismes. Cet atout est mis à profit par le biomimétisme. Anthony Brennan, ingénieur à l'université de Floride, explique que tous les requins ont des écailles superposées - les denticules -, trop dures pour être colonisées par des bactéries.
57
+
58
+ La peau des femelles est plus épaisse pour résister aux morsures des mâles pendant la parade nuptiale[26].
59
+
60
+ Les requins respirent à travers cinq à sept fentes branchiales. En général, plus la famille d'appartenance est primitive, plus le nombre de fentes est élevé. Comme chez les raies, les branchies sont protégées par un repli de peau. Cependant, les fentes branchiales des squales sont situées sur les flancs, tandis que celles des raies sont situées sur la face ventrale[27].
61
+
62
+ Beaucoup de requins ont un odorat très développé : leur centre olfactif pouvant occuper près de 2/3 de leur cerveau[28], ils sont souvent appelés les « nez de la mer »[29]. Ils peuvent détecter des concentrations très faibles (de l’ordre d'une molécule pour 1 million d’une solution molaire dans l’eau de mer) de certains composants du sang (hémoglobine, albumine), de la viande (acides aminés), de la peau ou des excrétions des poissons (triméthylamine, bétaïne)[30].
63
+
64
+ Ils possèdent deux ouvertures nasales (terme préférable à celui de narines puisque ces organes olfactifs sont des sacs - ou capsules - olfactifs non reliés au système respiratoire[note 3]) symétriques et indépendantes l’une de l’autre, situées juste sous le bord de leur museau, au-dessus et de chaque côté de la gueule. Chaque ouverture est divisée en deux canaux par un clapet cutané : l'eau pénètre dans le sac olfactif par un canal (sillon inhalant), passe sur l'épithélium olfactif plissé (ces replis des lamelles olfactives disposées en rosette permettent d'augmenter la surface d'échange avec les molécules odorantes) où l'odeur est détectée puis ressort par le sillon exhalant. Le flux d'eau dans les sacs olfactifs se fait naturellement pour les espèces nageant en permanence. Pour les espèces benthiques immobiles, le flux est pompé activement par les branchies et transmis aux sacs olfactifs via les sillons naso-oraux[31].
65
+
66
+ Leur odorat sert non seulement à repérer leurs proies (senties jusqu'à 75 m de distance en l'absence de tout autre stimulus sensoriel) mais aussi à reconnaître des composés chimiques qui facilitent leur orientation (phéromones d'autres requins ou des femelles de leur espèce ; salinité de différentes régions marines pour migrer ou repérer géographiquement des lieux de ponte ou de chasse...).
67
+
68
+ La détection du stimulus olfactif déclenche un comportement natatoire caractéristique : le requin nage en zig-zag en balançant la tête de droite à gauche pour suivre la piste olfactive et remonter à la source odorante. Si l'odeur est perdue ou trop loin pour être détectée, le requin avance en effectuant un mouvement en forme de grand S.
69
+
70
+ Au sujet du mécanisme, l'hypothèse qui prévalait voulait que le requin s'orientait vers la source odoriférante grâce aux ouvertures nasales agissant par analyse différentielle de la concentration des odeurs dans l’eau. En fait, le requin prend la direction de l’odeur qui lui parvient en premier (même si elle est moins concentrée qu'une autre) et, à l'instar de la vision stéréoscopique, sent en « stéréo » : il s'oriente vers la source odoriférante en fonction du délai (analysé par le cerveau) de la perception de cette source entre l'ouverture nasale droite et gauche[32].
71
+
72
+ L'œil des requins est analogue à celui des vertébrés : il est composé d'un cristallin similaire, d'une cornée, d'une rétine ainsi que d'une pupille qui peut se dilater et se contracter (contrairement aux téléostéens) comme chez les hommes. Ils possèdent également un tapetum choroïdien, ce tissu contient des cristaux de guanine facilitant la vision aquatique. Il est situé derrière la rétine et réfléchit la lumière, augmentant ainsi la visibilité dans les eaux sombres[31].
73
+
74
+ Il a également des paupières mais qui ne clignent pas, l'eau environnante nettoyant en permanence sa cornée.
75
+ Certaines espèces ont en plus une membrane nictitante, cette membrane recouvre les yeux pendant la chasse afin de les protéger. Cependant, certaines espèces, comme le grand requin blanc, n'ont pas cette membrane, mais roulent leurs yeux vers l'arrière pour les protéger quand ils attaquent une proie.
76
+
77
+ L'importance de la vue dans le comportement de chasse des requins est débattue. Certains scientifiques pensent que l'électroréception et la chimioréception sont plus importantes, tandis que d'autres prennent la membrane nictitante pour preuve que les yeux sont importants. Vraisemblablement, le requin ne se protégerait pas les yeux s'ils étaient sans importance. Mais l'utilisation de la vue dans la chasse varie probablement avec les espèces et les conditions de l'eau. Le requin peut basculer entre une vision monoculaire et une vision stéréoscopique à tout moment.
78
+
79
+ En 2011, une étude australienne de microspectrophotométrie sur les photorécepteurs de 17 espèces de requins montrent que leurs photorécepteurs sont riches en bâtonnets mais n'ont pas de cônes ou un seul type de cône monochromatique, les rendant daltoniens. Les requins sont donc surtout sensibles à l'intensité du contraste entre le fond ambiant et l'objet. Ces chercheurs prévoient plusieurs applications à cette découverte : combinaisons de plongée et planches de surf adaptées pour éviter les attaques de requins, leurres des lignes de pêche industrielle moins attractifs pour éviter que les requins ne s'y prennent accidentellement
80
+ [33].
81
+
82
+ Le requin peut percevoir des sons jusqu'à deux kilomètres de distance.
83
+
84
+ Grâce à un organe appelé système latéral, le requin perçoit les mouvements de l'eau.
85
+
86
+ Les requins possèdent des organes sensitifs spéciaux appelés ampoules de Lorenzini pouvant détecter des champs électromagnétiques aussi bien que des gradients de la température (ce gradient étant la direction où la température augmente le plus). Ils fournissent aux requins et aux raies un véritable sixième sens.
87
+
88
+ Chaque ampoule se compose d'un canal rempli d'une sorte de gelée s'ouvrant sur la surface par un pore dans la peau et se terminant dans un faisceau de petites poches pleines de cellules électroréceptrices. Les ampoules sont la plupart du temps groupées en paquets à l'intérieur du corps, chaque faisceau ayant des ampoules reliées avec différentes parties de la peau, mais gardant une symétrie gauche/droite. La longueur des canaux change selon chaque animal, mais la distribution des pores semble spécifique à l'espèce. Les pores se présentent comme des taches foncées sur la peau.
89
+
90
+ 529 espèces sont répertoriées en 2014, dont une cinquantaine vivent dans les profondeurs des eaux hexagonales[34].
91
+
92
+ Liste des ordres de requins du super-ordre Selachimorpha de la classification classique[35] ou de l'infra-classe des Selachii selon World Register of Marine Species (10 mars 2016)[16] :
93
+
94
+ Carcharhiniformes
95
+
96
+ Heterodontiformes
97
+
98
+ Lamniformes
99
+
100
+ Orectolobiformes
101
+
102
+ Hexanchiformes
103
+
104
+ Pristiophoriformes
105
+
106
+ Squaliformes
107
+
108
+ Squatiniformes
109
+
110
+ Les fossiles complets de requins sont rares, car leurs squelettes de nature cartilagineuse, plus mou que de l'os, se décomposent plus rapidement : seuls une dizaine de sites fossilifères dans le monde entier ont livré des requins complets[36]. Les dents fossilisées de requin, appelées glossopètres, ainsi que les denticules sont par contre fréquentes. La phylogenèse du requin est donc particulièrement délicate
111
+
112
+ Les requins apparaissent au cours du Dévonien, l'« âge des poissons ». Les squelettes les plus anciens, découverts à la fin du XIXe siècle dans l'État de l'Ohio aux États-Unis, sont du genre Cladoselache, et datent du Dévonien supérieur (360 Ma)[37]. Ceux de Stethacanthus ont une longueur d'environ 70 cm. Ces requins sont alors des prédateurs rapides mais sont loin d'être en position de superprédateur mais plutôt de proie, en particulier des Placodermes qui sont les géants des mers à cette époque, tel Dunkleosteus qui peut atteindre jusqu'à 9 mètres de long[38]. La disparition des Placodermes vers 354 Ma lors de l'extinction du Dévonien libère une niche écologique et favorise le développement des chondrichtyens, en particulier en matière de diversité[37].
113
+
114
+ À la fin du Permien, une extinction de masse se produit, faisant disparaître 90 % des espèces marines, dont des chondrichtyens. Une deuxième extinction à la fin du Trias opère à nouveau une sélection et élimine, par exemple, les xénacanthes qui avaient vécu pendant 200 Ma. Au Mésozoïque les hybodontes se distinguent par leur grande taille (au moins 3 m) et une mâchoire capable de broyer n'importe quelle carapace[37]. Au Jurassique les néosélaciens sont en compétition avec les hybodontes mais l'extinction du Crétacé il y a 65 Ma provoqua la fin des hybodontes ainsi que celle de beaucoup d'autres espèces à commencer par les dinosaures[39].
115
+
116
+ Ces néosélaciens ont la plupart des caractéristiques du requin moderne. Le mégalodon a probablement été le superprédateur des océans tropicaux à partir du Miocène, d'une taille supposée de 20 m, on trouve en abondance ses dents fossilisées. Ce requin s'est éteint vraisemblablement il y a 1,6 Ma.
117
+
118
+ Louis Agassiz est le premier ichtyologiste à classer les poissons fossiles. Les volumes de ses Recherches sur les poissons fossiles parus entre 1833 et 1843 recensent et nomment près de la moitié des requins fossiles actuels[40]. La classification des espèces fossiles est en grande partie complétée par le catalogue d'Arthur Smith Woodward, Catalogue of the Fossil Fishes in the British Museum (1889–1901)[41].
119
+
120
+ Les premières études phylogénétiques, qui se basaient sur la morphologie, plaçaient les raies parmi les requins, ce qui en faisait un groupe polyphylétique d'espèces. Les sélachimorphes étaient alors divisés en deux groupes, Galea et Squalea. Ce dernier rassemblait certains requins et toutes les raies, avec comme trait commun l'absence de nageoire anale (sauf pour les Hexanchiformes), un caractère typique des poissons dits primitifs. En 2003, la phylogénie moléculaire a rendu ce regroupement obsolète, suggérant que les ressemblances anatomiques entre les raies et les requins modernes ne sont que le fruit de convergences évolutives. Les requins forment donc un groupe monophylétique d'espèces divisé en deux groupes : les Galeomorphii et les Squalimorphii, complètement distinct des raies (devenues le super-ordre des Batoidea). Cependant, la position des ordres au sein du super ordre est encore sujette à débat et varie selon les études[42].
121
+
122
+ Les requins sont présents dans toutes les mers et tous les océans du globe, à l'exception de l'Antarctique. Quelques espèces, comme le requin-bouledogue (Carcharhinus leucas), sont capables de vivre en eau douce ou peu salée (fleuves, rivières, estuaires, lacs). Il leur arrive de remonter certains fleuves jusqu'à plus de 3 000 km à l'intérieur des terres, comme dans le Zambèze et le lac Victoria, en Afrique. Des membres d'une espèce (Pristiophoridés) sont même présents dans le Lac Titicaca, en Amérique du Sud, s'y étant retrouvés enfermés après que l’ensemble de l’Altiplano ait été soulevé autrefois.
123
+
124
+ Certaines espèces sont pélagiques, d'autres côtières ; on trouve des requins depuis la surface jusqu'à 2,500 m de profondeur environ[44].
125
+
126
+ On pense souvent que les requins sont des chasseurs solitaires, parcourant les océans en quête de nourriture. En vérité, c'est le cas de seulement quelques espèces. La plupart sont sédentaires et mènent une vie benthique. Même les requins solitaires se rencontrent pour la reproduction ou sur les terrains de chasse riches, qui peuvent les conduire à couvrir des milliers de miles en un an. Les schémas de migration de requin peuvent être encore plus complexes que chez les oiseaux, avec de nombreux requins couvrant des bassins océaniques entiers. Les requins peuvent être très sociaux et former de grands bancs. Parfois, plus de 100 requins-marteaux se rassemblent autour de monts sous-marins et d'îles, notamment dans le golfe de Californie. Chez certaines espèces une hiérarchie sociale existe. Par exemple, les requins longimanes dominent les requins soyeux de taille comparable lors de l'alimentation.
127
+
128
+ Une étude faite en 2014 à l'Université d'Exeter a démontré que les petites roussettes possèdent des traits de personnalité. Certains individus sont plus sociables que d'autres, certains plus agressifs, d'autres encore ont un goût plus prononcé pour l'exploration.[45][46]
129
+
130
+ La plupart des requins se reproduisent dans l'océan ; cependant, certains requins de l'ordre des pristiophoriformes choisissent les lacs (Amérique centrale)[47].
131
+
132
+ Contrairement aux autres poissons, les requins ont un mécanisme de reproduction peu efficace et rarement observé. La maturité sexuelle est atteinte tardivement (plusieurs années, 20 ans chez certaines espèces, au moins 150 ans pour le requin du Groenland[note 4],[48],[49]), le nombre d'individus par portée est très faible (d'un individu à quelques centaines selon les espèces) et la durée de la gestation est particulièrement longue (de 7 mois à 2 ans). On parle d'espèce à stratégie K.
133
+
134
+ Lors de l'accouplement, le mâle mord la femelle assez violemment au-dessus de la tête pour la maintenir en position d'accouplement. La femelle mettra environ un mois à cicatriser. Le mâle dispose de deux ptérygopodes mais un seul est utilisé. Le sperme est déposé dans le cloaque de la femelle.
135
+
136
+ Le développement des embryons varie selon l'espèce considérée ; il peut être :
137
+
138
+ Plusieurs cas de reproduction sans accouplement[50],[51],[52] sont documentés et laissent supposer que certains requins seraient capables de parthénogenèse. Dans tous les cas, le requin est autonome à sa naissance.
139
+
140
+ La plupart des requins vivent entre 10 et 80 ans[53] ; le requin du Groenland, cependant, fait partie des espèces ayant une sénescence négligeable [54], et peut atteindre l'âge de 400 ans.
141
+
142
+ Tous les requins sont carnivores. Certaines espèces, comme le requin-tigre, sont opportunistes, mais la grande majorité cherche des proies spécifiques et varie rarement son régime alimentaire. Le requin-baleine, le requin pèlerin et le requin grande gueule sont des requins planctophages. Ce type d'alimentation nécessite des branchiospines, de longs filaments minces qui forment un tamis très efficace, analogues aux fanons des grandes baleines pour piéger le plancton. Les dents de ces espèces sont relativement petites, car elles ne sont pas nécessaires pour l'alimentation.
143
+
144
+ Les autres requins hautement spécialisés comprennent le squalelet féroce, qui prélève de gros morceaux de chair à de grands poissons et de mammifères marins avec ses dents inférieures particulièrement pointues[55]. Certaines espèces benthiques sont de redoutables prédateurs en embuscade. Les anges de mer et les requins-tapis utilisent un camouflage pour guetter et aspirer des proies dans leur bouche. Beaucoup de requins benthiques se nourrissent exclusivement de crustacés dont ils écrasent la carapace avec leurs molaires[56].
145
+
146
+ Les céphalopodes et les poissons constituent les proies favorites de la plupart des requins. L'aiguillat-vipère a des dents qu'il peut pointer vers l'extérieur pour capturer des proies qu'il avale intactes. Le grand requin blanc et d'autres grands prédateurs, avalent en entier de petites proies ou prélèvent de grands morceaux sur les grands animaux. Les requins-renards utilisent leur longue queue pour étourdir les poissons vivant en bancs, et le requins-scies déloge ses proies du sol ou les assomme avec son long rostre muni de dents[19].
147
+
148
+ Beaucoup de requins, y compris le requin-corail chassent en meute afin de capturer des proies rapides. Ces requins sociaux sont souvent migrateurs, parcourent de longues distances autour des bassins océaniques en grands bancs. Ces migrations servent en partie à trouver de nouvelles sources alimentaires.
149
+
150
+ Malgré leur peau épaisse et robuste, les requins sont affectés par divers parasites externes. Ce sont surtout des petits copépodes qui, à l'aide de leurs crochets acérés, s'accrochent à la peau des squales pour se nourrir des tissus de leur hôte. Certains protozoaires peuvent également affecter les requins.
151
+
152
+ Les squales ont un métabolisme peu propice à l'épanouissement des parasites internes, notamment à cause de leur régulation osmotique avec leur urée. Seuls les vers plats peuvent s'y développer, comme les trématodes, les cestodes et les nématodes.
153
+
154
+ Les rémoras sont des organismes commensaux qui s'attachent au corps des grands squales à l'aide de leur nageoire dorsale modifiée. Elles profitent ainsi de la protection, du flux hydrique de déplacement et des restes fournis par leur hôte, mais surtout elles débarrassent les requins des parasites qui infestent leur peau. Les poissons-pilotes ne guident pas les requins, comme on le pensait autrefois, ils profitent du flux hydrique créé par la nage du requin. La plupart des squales fréquentent les « stations de nettoyages » près des récifs, où des poissons et des crevettes spécialisés se nourrissent des parasites externes sans craindre d'être mangés à leur tour[26].
155
+
156
+ En général, les requins nagent à une vitesse moyenne de 8 km/h, mais lorsqu'il chasse, le requin peut atteindre une vitesse moyenne de 19 km/h. Le requin mako, requin le plus rapide et l'un des poissons les plus rapides, peut atteindre des vitesses allant jusqu'à 50 km/h[57]. Le grand requin blanc est également capable de faire des sprints. Ces exceptions s'expliqueraient par l'endothermie de ces espèces, c'est-à-dire leur capacité à produire de la chaleur pour maintenir leur sang à une température plus élevée que le milieu ambiant. Les denticules cutanés des espèces actives, présents sur la peau des requins, favorisent un écoulement laminaire des fluides en facilitant l'écoulement hydrodynamique par la création d'une couche limite d'eau permanente contre la peau, permettant une pénétration facilitée au cours du déplacement[58].
157
+
158
+ Les requins pélagiques sont capables de parcourir des distances considérables, et pour certaines espèces comme le requin bleu d'avoir parfois un circuit migratoire[59], mais peu de données sont disponibles. Toutefois, un traçage par satellite a montré qu'un grand requin blanc, surnommé « Nicole », a effectué une migration d'Afrique du Sud vers l'Australie[60]. La distance d'environ 11 000 km a été couverte en 99 jours soit une vitesse moyenne de 4,6 km/h[25].
159
+
160
+ Seules cinq espèces sont qualifiées de dangereuses compte tenu de leur taille et de leur régime alimentaire : le requin tigre (Galeocerdo cuvieri), le requin blanc (Carcharodon carcharias), le requin bouledogue (Carcharhinus leucas), le requin mako (Isurus oxyrinchus) et le requin longimane (Carcharhinus longimanus)[61].
161
+
162
+ Le nombre d'accidents causés par les requins est extrêmement faible : entre 57 et 78 attaques de requin non provoquées par an dans le monde entier[62]. Le plus grand nombre d'attaques ayant été 80 attaques sur toute l'année 2000.
163
+
164
+ Le danger n'est pas forcément lié à une morsure, car un coup de queue peut aussi être très dangereux, comme ceux des mammifères marins (orque, baleine). De plus, du fait de sa rugosité, la peau du requin ainsi que les ailerons peuvent provoquer des blessures importantes par simple frôlement[63],[64].
165
+
166
+ Généralement, parmi les quelques dizaines d'attaques recensées tous les ans, seules quatre ou cinq sont mortelles, dues principalement aux blessures traitées trop tard. En effet, lorsqu'un requin mord un homme, c'est la plupart du temps par accident. Le requin le confond avec sa proie habituelle : très souvent, il ne s'acharne pas dessus et préfère faire demi-tour. Aux États-Unis, seuls dix décès par morsure de requin ont été recensés entre 2001 et 2010, contre 263 victimes de chiens.
167
+
168
+ Dans la culture occidentale, les mythes et légendes, ainsi que différentes œuvres accordent aux requins une mauvaise réputation. Notamment la tétralogie Les Dents de la mer, qui présente le grand requin blanc comme un mangeur d'hommes, ce qui dans les faits n'est pas crédible et ne pourrait être le fait d'un seul requin[17].
169
+
170
+ Paradoxalement, la réputation du requin tient surtout à l'aspect exceptionnel et rare d'une attaque. En effet, l'éléphant, le crocodile, l'hippopotame ou le cobra tuent des milliers de personnes chaque année dans le monde sans pour autant que cela soit médiatisé, en revanche une attaque ou même la seule présence d'un requin dans l'eau donne lieu à un article en bonne place dans les journaux. En fait, la raison de cette crainte est surtout liée à la perception psychologique, voire psychanalytique, des profondeurs sombres et inconnues des océans qui alimentent tous les fantasmes[réf. nécessaire].
171
+
172
+ Le requin est un prédateur, notamment spécialisé dans le nettoyage de cadavres et l'attaque d'animaux malades.
173
+ Qualifier un requin de mangeur d'homme est impropre, car son régime ne comprend qu'exceptionnellement des êtres humains. La majorité des rares attaques de requins sont du type mordu-relâché (ou morsure d'exploration) sans autre suite que les conséquences de l'unique morsure (qui peut être mutilante et fatale pour cause d'hémorragie).
174
+
175
+ Le plus souvent une attaque est liée à une erreur d'identification ou peut être motivée par la curiosité ; cette dernière hypothèse devenant de plus en plus crédible aux yeux de spécialistes du grand requin blanc comme R. Aidan Martin[65].
176
+
177
+ Un événement aussi spectaculaire qu'une attaque de requin a souvent une large couverture médiatique, alimentée par la recherche du sensationnel. En mai 2002, George Burgess, spécialiste des requins du muséum d'histoire naturelle de Floride et responsable de la base de données mondiales des attaques de requins, avance qu'il y aurait statistiquement plus de risque d'être tué en allant se baigner en Floride par une noix de coco qui tombe sur la tête que par un requin[66]. Cette statistique est cependant controversée[67], George Burgess ayant repris une donnée publiée par une compagnie d'assurances[68], qui a elle-même obtenu ce nombre en extrapolant les résultats obtenus par une étude publiée en 1984 faisant état de deux morts dues à des chutes de noix de coco en 4 ans dans un hôpital de Papouasie-Nouvelle-Guinée[69]. Quoi qu'il en soit, le nombre de morts par an est ridiculement bas en comparaison d'autres risques : le Muséum de Floride relève ainsi que l'on recense 75 fois plus de morts à cause des éclairs, 132 fois plus de noyades ou 491 000 fois plus de morts dues aux accidents domestiques[70].
178
+
179
+ Les requins sont intensivement pêchés, le plus souvent uniquement pour leurs ailerons qui constituent l'ingrédient principal de mets, notamment la soupe d'ailerons de requin, appréciés en Asie du Sud-Est. Ils font aussi parfois partie des captures involontaires ou accessoires, même dans des filets de pêche artisanale.
180
+
181
+ La plupart des études estiment que le nombre de requins tués pour leurs ailerons serait de 38 à 100 millions chaque année dans le monde entier[71],[72]. Mais l'intensification de cette pêche, l'augmentation de la demande d'ailerons et l’absence de données internationales fiables laissent à penser que ce nombre est fortement sous-évalué aujourd'hui. L'Union européenne évaluait les pêches de requin à 800 000 t/an en 2008, dont 100 000 t/an essentiellement pêchées en mer du Nord, Atlantique nord-est et eaux norvégiennes, mais aussi en Atlantique central, océan Indien ou Pacifique par des bateaux européens.
182
+
183
+ Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, 890 000 tonnes de requins étaient pêchées en 2000, contre 770 000 tonnes en 2005 et 740 000 tonnes en 2008[73]. En 2008, l'Indonésie était le premier pays pêcheur de requins au monde avec 110 000 tonnes, suivi par l'Inde (80 000 tonnes), l'Espagne (56 000 tonnes), l'Argentine (46 000 tonnes), Taïwan (41 000 tonnes), les États-Unis (37 000 tonnes), le Mexique (29 000 tonnes) et la Malaisie (23 000 tonnes)[73].
184
+
185
+ Outre l'utilisation de sa chair et de ses ailerons pour l'alimentation, le requin est entièrement exploitable. Toutefois, la disproportion du prix d'achat entre les ailerons et les autres parties du corps fait qu'en pratique le requin n'est exploité quasiment que pour ses ailerons, le reste étant retourné à la mer pour ne pas encombrer les cales[74].
186
+
187
+ Le cartilage des ailerons agrémente des soupes en Chine, et les dents y sont vendues comme souvenir.
188
+
189
+ Commercialisée sous le nom de « peau de chagrin » ou « galuchat » tout comme la peau de raie, la peau de requin était prisée pour les capacités abrasives des denticules dermiques. Les artisans l'utilisaient, avant l'invention du papier de verre, notamment pour travailler l'ivoire.
190
+ La peau servait aussi à recouvrir les manches des katanas des samouraïs japonais ou des objets précieux pour les rendre plus solides. Au XXIe siècle, elle n'est plus très recherchée et son utilisation se limite à la maroquinerie et autres accessoires de mode.
191
+
192
+ Le foie des requins, riche en huiles hépatiques, est exploité dans l'industrie pharmaceutique, dans les cosmétiques ou pour la lubrification de machines depuis longtemps. L'exploitation à grande échelle débuta lorsqu'on mit en évidence la forte concentration en vitamine A et en squalène. Ce lipide de composition hydrocarbonée est utilisé par l'industrie pharmaceutique et cosmétique, notamment dans des vaccins et des crèmes. Dans les cas graves d’infarctus, certains acides gras polyinsaturés du foie servent d'anticoagulants.
193
+
194
+ Contrairement à ce qui est parfois avancé, les requins peuvent développer un cancer[75],
195
+ [76]. Cependant, ils disposent de mécanismes biologiques particuliers qui semblent être très efficaces pour prévenir l'angiogénèse, c'est-à-dire la formation de petits vaisseaux qui irriguent les cellules cancéreuses. Les médicaments à base de cartilages de requin sont sujets à caution dans le milieu scientifique. La squalamine, substance extraite de l'estomac du requin, pourrait être efficace dans le traitement des tumeurs cancéreuses. La squalamine affamerait les cellules cancéreuses en inhibant l'angiogénèse[77].
196
+
197
+ Depuis quelques années se développe la plongée sans cage avec des requins en milieu tropical. Les requins sont alors, parfois, habitués à être nourris, une activité communément appelée feeding (de « to feed », « nourrir » en anglais). Des centaines de plongées sont organisées chaque jour dans le monde en compagnie essentiellement de requins de récif mais également à l'occasion en présence de requins tigres, de grands requins-marteaux ou encore de requins bouledogues. Cette activité permet de démystifier le requin auprès des plongeurs et de l'observer en milieu naturel. Cet écotourisme rencontre un réel succès et participe pour une part importante à l'économie de pays comme l'Égypte, les Maldives ou encore la Polynésie française. C'est pourquoi des mesures interdisant ou limitant la pêche aux ailerons de requins ont été prises sous la pression de l'industrie touristique et des plongeurs[78].
198
+
199
+ Reste à savoir, sur le moyen terme, l'impact que peut avoir cet écotourisme. Habituer le requin à être nourri par la main de l'homme est aussi une manière de l'habituer à s'approcher des hommes. Sachant que le requin est un animal sauvage et qu'on ne peut l'apprivoiser, cet écotourisme pourrait être à double tranchant.[réf. nécessaire]
200
+
201
+ Jusqu'à récemment, seules quelques espèces benthiques de requins, comme le requin dormeur cornu, le requin-léopard et roussettes survivaient dans des conditions d'aquarium pendant un an ou plus. Cela a donné lieu à la croyance que les requins, tout en étant difficiles à capturer et à transporter, étaient difficiles à élever en captivité. L'avancée des connaissances a permis de maintenir plus d'espèces en captivité (y compris les grands requins pélagiques). Dans le même temps, les techniques de transport plus sûres ont permis de déplacer des requins sur de longues distances. Le grand requin blanc est longtemps resté un requin impossible à garder en captivité. Mais en septembre 2004, le Monterey Bay Aquarium a réussi à garder une jeune femelle pendant 198 jours, avant de la relâcher.
202
+
203
+ La plupart des espèces ne sont pas adaptées pour les aquariums des particuliers et toutes les espèces vendues dans les magasins d'animaux de compagnie ne sont pas appropriées. Certaines espèces peuvent prospérer dans les aquariums d'eau salée à la maison. Mais des commerçants mal informés ou peu scrupuleux vendent parfois des requins juvéniles, comme le requin nourrice, qui à l'âge adulte atteint une taille beaucoup trop grande pour un aquarium de particulier. Les aquariums publics n'acceptent généralement pas les spécimens donnés, certains propriétaires ont donc été tentés de les libérer dans l'océan. Les espèces appropriées pour les aquariums à domicile représentent des investissements spatiaux et financiers considérables, car généralement un adulte dépasse un mètre et peut vivre jusqu'à 25 ans.
204
+
205
+ Une maturité sexuelle tardive et une durée particulièrement longue de la gestation, ainsi qu'une faible production d'embryons rendent les requins particulièrement vulnérables à la surexploitation. En 2008, près de 10 % des espèces d'élasmobranches (requins et raies) figuraient sur la liste rouge de l'UICN et sont menacées d'extinction à des degrés divers. 1,41 million de tonnes de requins sont capturés chaque année, ce qui correspond, selon le modèle des moyennes de poids adopté, à une mortalité de 63 à 273 millions de requins par an (le chiffre moyen de 100 millions étant généralement adopté)[79].
206
+
207
+ La Méditerranée détenait selon l'UICN le plus grand nombre d'espèces de poissons cartilagineux menacés de disparition, avec en 2007 42 %[80] des espèces de requins et raies menacées d'extinction. Trente espèces sont menacées de disparition :
208
+
209
+ Dans cette région, les causes sont :
210
+
211
+ L'UICN alerte sur le fait que le filet dérivant, bien qu'interdit en mer Méditerranée, continue à être utilisé et à capturer de nombreux requins. En 2007, seuls le requin blanc et le requin pèlerin étaient protégés dans les eaux de la Communauté européenne (et en Croatie). L'UICN notait en novembre 2007 que bien que huit espèces de requins et de raies aient été listées par quatre conventions internationales sur la conservation de la faune sauvage méditerranéenne, seules trois espèces ont été protégées. L'UICN a donc demandé : un moratoire sur la pêche profonde, l'interdiction des filets dérivants, et une application des lois, des quotas et limites de prise de pêche pour les requins (et les raies) en Méditerranée.
212
+
213
+ La Commission européenne, reconnaissant le laxisme de l'Europe responsable de 56 % des importations mondiales de chair de requin et de 32 % des exportations, et notant que les États-membres n'ont pas honoré leur engagement à traduire dans les faits un plan d'action adopté aux Nations unies dix ans plus tôt, a produit en février 2009 un « plan d'action en faveur des requins » : les pêcheurs devront tenir à jour un registre des captures, respecter des quotas moins largement attribués et qui respectent mieux les recommandations des scientifiques. La pêche aux ailerons (rejet en mer de requins dont on a simplement coupé les nageoires), déjà théoriquement interdite en Europe, devrait être mieux contrôlée et verbalisée, y compris pour les pêcheurs européens pêchant hors des eaux européennes. Les requins capturés en prises accessoires devront être rejetés en mer, et localement, la pêche d'espèces jugées très vulnérables pourra être interdite. Les fonds de l'Atlantique nord-est (hautement prioritaires) bénéficieront d'un programme d'observation. Mais le plan ne sera applicable qu'après validation par le Parlement et le Conseil.
214
+
215
+ Différentes études[81],[82] démontrent une baisse alarmante des populations de requins, allant dans le golfe du Mexique jusqu'à 99 % pour le requin longimane sur une période de seulement 50 ans. La taille et la masse moyenne des poissons pélagiques et des requins pêchés sont en très forte baisse[83] ce qui laisse penser que beaucoup de requins sont pêchés avant de pouvoir atteindre la maturité sexuelle et donc se reproduire. Shark Alliance, qui regroupe soixante ONG, réclame l'interdiction immédiate de tout prélèvement de nageoires en mer et des contrôles suffisants.
216
+
217
+ L'image négative des requins dans la culture occidentale date seulement de la fin du XXe siècle. Auparavant, c'était les prédateurs terrestres, comme le loup et l'ours qui véhiculaient le mal et la crainte. Après la parution de Moby Dick de Herman Melville en 1851, les baleines avaient suscité l'effroi, mais rien de comparable avec la peur actuelle des requins. Pourtant ces derniers étaient bien connus, Aristote avait décrit leurs principales caractéristiques dans un de ses traités de zoologie. De plus, les marins de la Grèce antique avaient une bonne connaissance du milieu marin et ils croisaient souvent des requins en Méditerranée. Durant les siècles qui suivirent, la culture occidentale ne mentionna plus les requins, même si on accorde l'explication du mythe du serpent de mer à certains requins, comme le requin-lézard et le requin pèlerin.
218
+
219
+ La figure du « mangeur d'hommes » n'est apparue que dans les années soixante, après plusieurs accidents dans les mers australiennes. La psychose culmina lors de la parution du best seller Les Dents de la mer de Peter Benchley en 1974, puis l'adaptation éponyme au cinéma par Steven Spielberg en 1975. Depuis, les squales trainent une mauvaise réputation dans la culture occidentale et symbolisent le danger, la mort et la peur. Après avoir fait part publiquement de ses regrets, Peter Benchley milite activement pour la protection des requins. Le mégalodon, un requin géant préhistorique disparu, a aussi fait l'objet de films.
220
+
221
+ Contrairement à la culture occidentale, la culture des mers tropicales considère les requins comme des divinités. Les populations autochtones, dépendantes des ressources de la mer, côtoient les squales et connaissent leurs habitudes comportementales. Dans les îles du Pacifique, de la Nouvelle-Guinée de l'Australie et de l'Océanie, les requins sont considérés comme des divinités qui secourent les nageurs en danger et les ramènent sur la rive. Le nageur doit cependant savoir respecter les requins, au risque de ne pas être sauvé. En Amérique du Nord, les peuples vivant au bord du Pacifique utilisaient les dents de requins pour leurs pointes de flèches et représentaient des requins dans leurs totems[74].
222
+
223
+ En 2008, Bernard Séret[84], faisait état de la découverte de douze nouvelles espèces de requins, raies et chimères entre la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie en moins de quatre semaines de prospection. Dans les 15 ans qui ont précédé ces découvertes, 130 espèces nouvelles de requins ont été décrites, mais il pourrait en exister 1 500 à 2 000 espèces (requins + raies) pour 529 décrites en 2014. L'essentiel de la connaissance sur les requins vient de l’étude d’une dizaine d’espèces.
224
+
225
+ Depuis 1995, le « Shark Lab » (laboratoire d'études des requins appelé officiellement Bimini Biological Field Station), dirigé par le docteur Samuel H. Gruber (docteur en biologie marine, professeur d'éthologie et d'écologie marine de l'université de Miami) a procédé au marquage de près de 3 000 squales. Une petite plaque métallique placée sous la peau de l'animal permet de suivre l'évolution des populations.
226
+
227
+ L'une des missions de Shark Lab consiste à capturer, mesurer, marquer et prélever un échantillon d'ADN sur les requins citrons. On trouve environ soixante-dix espèces de requins dans les eaux des Bahamas et le requin citron n'a pas été choisi au hasard mais bien parce que c'est le seul capable de vivre en captivité dans un petit espace.
228
+
229
+ Depuis 2006, les requins peuvent être marqués avec de nouvelles balises dotées d'inclinomètres, qui renseignent sur leurs déplacements horizontaux mais aussi verticaux. Au bout de trois mois à un an, les données sont récupérées. Sont ainsi connus le moment où ils chassent et mangent, les trajets qu'ils réalisent... Quelques centaines d'animaux (requins blancs, requins-baleines et requins soyeux, notamment) sont déjà équipés dans le monde.
230
+
231
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3324.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,161 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le Rhin (en français /ʁɛ̃/ Écoutez, allemand Rhein, néerlandais Rijn, romanche Rein) est un fleuve d'Europe centrale et de l'Ouest, long de 1 233 km. Il est la colonne vertébrale de l'Europe rhénane, l’espace économique le plus dynamique d’Europe et l’un des grands lieux de puissance du monde. Son bassin versant, de 198 000 km2, comprend le Liechtenstein, la majeure partie de la Suisse et du Grand-Duché de Luxembourg, une partie de l'Autriche, de l'Italie et de la Belgique, de grandes parties de l'Allemagne et des Pays-Bas et une partie de la France. Il s'agit du plus long fleuve se déversant dans la mer du Nord et de l'une des voies navigables les plus fréquentées du monde. Il fournit de l'eau potable à plus de 30 millions de personnes[3].
4
+
5
+ Il donne son nom à la Rhénanie, une région de l'Ouest de l'Allemagne, à deux länder de l'Allemagne — la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Nordrhein-Westfalen) et la Rhénanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz) — ainsi qu'aux deux départements français du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
6
+
7
+ Parmi les villes les plus grandes et importantes sur le Rhin se trouvent Cologne, Rotterdam, Strasbourg et Bâle.
8
+
9
+ Le Rhin, considéré pendant plusieurs décennies comme mesurant 1 320 km[4], a en fait une longueur de 1 232,7 km[5]. Bruno Kremer, biologiste à l'université de Cologne, a soulevé début 2010 la question de la longueur exacte du Rhin, soupçonnant un mastic (c.-à-d. une inversion des chiffres marquant les centaines et les dizaines) dans une source initiale de référence, reproduite ensuite par toutes les autres[6]. La Commission internationale pour l'hydrologie du bassin du Rhin a tranché la question en janvier 2015, après avoir compilé les données que lui ont transmises des autorités suisses, allemandes et néerlandaises[5].
10
+
11
+ 883 km sont accessibles aux navires à grand gabarit. À son embouchure, son débit moyen est d'environ 2 330 m3/s ; le maximum mesuré atteint 12 000 m3/s (1926), le minimum 600 m3/s (1947). Le bassin versant du Rhin recouvre 198 000 km2.
12
+
13
+ Le bassin du Rhin est limitrophe (à partir de l'ouest et dans le sens des aiguilles d'une montre) des bassins de la Meuse, de l'Ems, de la Weser et de l'Elbe (tous se déversant dans la mer du Nord), du Danube (mer Noire), du Pô (mer Adriatique) et du Rhône (mer Méditerranée). Le Rhin s'écoule dans une direction générale nord-nord-ouest le long de régions naturelles très différentes comme les Alpes, les Préalpes suisses, le plateau suisse, le fossé rhénan, le seuil des Moyennes Montagnes (de) ou la plaine du Rhin inférieur (en). Son bassin s'étend également en France (une moitié environ du Grand Est[Note 1]) presque tout le Luxembourg, et draine également les eaux de la Sûre en Belgique et du Reno di Lei en Italie.
14
+
15
+ N.B. Les pertes du Danube constituent une particularité hydrographique : une partie des eaux du Danube supérieur s'infiltrent et vont rejoindre le lac de Constance au travers du Radolfzeller Aach, depuis la résurgence de l'Aachtopf. Il s'agit là d'un phénomène de capture.
16
+
17
+ Le fleuve traverse la Suisse, l'Autriche, l'Allemagne et les Pays-Bas. Il sert de frontière à la Suisse avec le Liechtenstein, avec l'Autriche et avec l'Allemagne. Il marque la frontière entre l'Allemagne et la France.
18
+
19
+ Le bassin versant du Rhin mesure environ 198 000 km2 et se déploie dans neuf pays[7] :
20
+
21
+ Le nom du fleuve est issu du celtique rēnos « rivière, fleuve », à l'origine « qui coule, flot »[8]. Le mot celtique est continué par le vieil irlandais rían « océan mer ». Le nom latin du fleuve Rhēnus est une latinisation du mot celtique avec un h intercalaire non étymologique et une désinence -us latine.
22
+
23
+ Le nom du Rhin est Rhein en allemand (Rhīn en vieux haut allemand), Rijn en néerlandais et Rain en romanche, et aussi « le Rhin »[9] en français.
24
+
25
+ Le mot procède de l'indo-européen * h3reiH-. Cet étymon est commun au latin rivus, à l'espagnol rio « rivière », au sanskrit rétah « flot », au vieux slave rĕka « fleuve »[9].
26
+
27
+ Le Rhin prend sa source dans les Alpes suisses aux Grisons, au sud du col de l'Oberalp dans la vallée du Rhin antérieur. Le cours officiel du Rhin débute à la source du Rhin antérieur, qui prendra le nom de « Rhin » à partir de son confluent avec le Rhin postérieur. Il tourne alors vers le nord et parcourt alors la vallée du Rhin alpin.
28
+
29
+ Il fait ensuite un passage par les deux parties du lac de Constance : d’abord l’Obersee (« lac supérieur »), puis reprend une allure fluviale sur 4 km en prenant le nom le Seerhein (« Rhin du lac »), pour aboutir à l’Untersee (« lac inférieur »).
30
+
31
+ Puis, il continue par les chutes près de Schaffhouse et conflue avec l'Aar, au débit supérieur, en amont de Bâle. Par un coude du Rhin le fleuve tourne au nord et descend alors vers la mer au milieu de la plaine supérieure du Rhin, recevant l'Ill et la Lauter à l'ouest, le Neckar de l'est.
32
+
33
+ À Mayence, il reçoit le Main et tourne à l'ouest, pour traverser ensuite vers le nord le massif schisteux rhénan, où il grossit de la Lahn de l'est et de la Moselle de l'ouest à Coblence. Dans cette section, la vallée du fleuve se resserre et s'encaisse, c'est ce qu'on appelle la « vallée héroïque », dominée par de nombreux châteaux médiévaux chargés d'histoire et de légendes (notamment celle de la Lorelei).
34
+
35
+ À Bonn, ancienne capitale de l'Allemagne de l'Ouest, il entre dans la plaine avant de traverser la métropole de plus d'un million d'habitants Cologne et la capitale de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Düsseldorf. À Duisbourg, où se trouve le plus grand port fluvial européen (« Duisburg-Ruhrorter Häfen »), le Rhin reçoit la Ruhr et puis à Wesel, la Lippe. Peu après Emmerich, il entre aux Pays-Bas et finalement se jette dans la mer du Nord en mêlant partiellement ses eaux avec celles de la Meuse dans un grand delta.
36
+
37
+ Son lit traverse ou longe six pays : la Suisse, le Liechtenstein, l'Autriche, l'Allemagne, la France[10] et les Pays-Bas. Il constitue une frontière naturelle entre la Suisse et le Liechtenstein, en grande partie entre la Suisse et l'Autriche, entre l'Allemagne et la Suisse et, en partie, entre l'Allemagne et la France. Il traverse ce que l'on nomme l'Europe rhénane, région la plus dynamique d'Europe et l'une des plus dynamiques du monde.
38
+
39
+ Le Rhin prend son nom à partir de la confluence du Rhin antérieur et du Rhin postérieur, à Tamins dans le canton des Grisons, dans l'Est de la Suisse. En amont de cette confluence, le bassin des deux cours d'eau qui forment le Rhin s'étend sur une vaste zone ramifiée depuis le massif du Saint-Gothard à l'ouest jusqu'au val di Lei en Italie au sud et Davos à l'est. Les cinq plus gros cours d'eau du bassin sont le Rhin antérieur, le Rhin postérieur, l'Albula, la Landwasser et la Julia.
40
+
41
+ Le Rhin antérieur prend son origine de plusieurs sources dans l'Ouest du Surselva et se dirige ensuite vers l'est. L'une de ces sources, située au lac de Toma à 2 345 m d'altitude, est généralement considérée comme la source du Rhin ; le lac s'écoule ensuite dans le Rein da Tuma (de). Le lac de Toma n'est pas la source la plus lointaine du Rhin, ce point revenant à la source du Rein da Medel (de). Le Rein da Tuma est également plus court que le Rein da Maighels (de), le Rein da Curnera (de) et le Dischmabach (de). Dans son cours inférieur, le Rhin antérieur traverse la gorge de la Ruinaulta (de).
42
+
43
+ Le Rhin postérieur est légèrement plus court que le Rhin antérieur. Il prend sa source sur les flancs du Rheinwaldhorn dans le massif de l'Adula, près de la frontière entre les Grisons et le Tessin, puis se dirige tout d'abord vers l'est avant d'obliquer vers le nord.
44
+
45
+ Le Rhin postérieur est rejoint près de Sils im Domleschg par l'Albula. L'Albula est lui-même alimenté par la Julia et la Landwasser. La source de l'Albula se situe à Bergün/Bravuogn, celle de la Julia au-dessus de Bivio au col du Julier et celles de la Landwasser dans la vallée de Davos.
46
+
47
+ La source du cours d'eau le plus méridional, le Reno di Lei, se situe en Lombardie au lac de Lei.
48
+
49
+ Le Rhin antérieur et le Rhin postérieur confluent à Bonaduz pour former le Rhin alpin (Alpenrhein en allemand). À Coire, celui-ci s'oriente de façon marquée vers le nord. Entre Bonaduz et le lac de Constance, il parcourt 86 km et descend de 599 m d'altitude à 396 m. Il s'écoule à travers la vallée du Rhin (de), une vallée glaciaire alpine. Près de Sargans, la ligne de partage des eaux entre le Rhin et l'Aar n'est située qu'à quelques mètres au-dessus de la cote maximale du Rhin. Le Rhin alpin forme après Sargans la frontière entre le Liechtenstein et la Suisse, puis une partie de la frontière entre l'Autriche et la Suisse.
50
+
51
+ Le Rhin se jette dans le lac de Constance sous la forme d'un petit delta intérieur, délimité à l'ouest par l'Alter Rhein et à l'est par le Rhein canalisé. Ce delta constitue en plusieurs endroits une réserve naturelle et ornithologique et comprend les localités autrichiennes de Gaißau, Höchst et Fußach.
52
+
53
+ Le Rhin alpin se déverse dans le lac de Constance. Celui-ci est constitué de deux lacs distincts, l'Obersee (« lac supérieur »), le plus grand des deux, et l'Untersee (« lac inférieur »), reliés par un cours d'eau de 4 km de long, le Seerhein (« Rhin du lac »).
54
+
55
+ Le Rhin quitte l'Untersee au niveau de Stein am Rhein, une soixantaine de km à l'ouest de son arrivée dans le lac de Constance.
56
+
57
+ Après Stein am Rhein, à l'extrémité ouest du lac de Constance, débute le Haut-Rhin (Hochrhein en allemand). Il coule vers l'ouest et passe de 395 m d'altitude à 252 m.
58
+
59
+ Après Schaffhouse se situent les chutes du Rhin ; avec un débit moyen de 373 m3/s (700 m3/s en été), il s'agit de la deuxième chute d'eau la plus puissante d'Europe après le Dettifoss en Islande. Le Haut-Rhin est marqué par de nombreux barrages, les parties naturelles comportant plusieurs rapides. À Koblenz, le Rhin est rejoint par l'Aar, qui avec 557 m3/s est plus puissant que le premier (439 m3/s), mais plus court.
60
+
61
+ Le Haut-Rhin délimite sur la majorité de son cours la frontière entre l'Allemagne et la Suisse. La Suisse ne s'étend sur la rive nord qu'à Stein am Rhein, Schaffhouse et près de Bâle.
62
+
63
+ Dans le centre de Bâle, la première grande ville sur le parcours du fleuve, le Rhin forme un coude et se dirige vers le nord. Le pont Mittlere Brücke qui se situe au centre du coude délimite le Haut-Rhin et le Rhin supérieur. Celui-ci s'écoule sur environ 300 km à travers le fossé rhénan, passant de 252 m d'altitude à 75 m. Il est rejoint par l'Ill près de Strasbourg, par le Neckar à Mannheim et par le Main en face de Mayence.
64
+
65
+ La moitié sud du Rhin supérieur forme la frontière entre l'Allemagne et la France. La moitié aval au nord sépare la Rhénanie-Palatinat à l'ouest du Bade-Wurtemberg et de la Hesse à l'est.
66
+
67
+ Le Rhin supérieur a fait l'objet de travaux de rectification et d'aménagements très importants entre 1817 et 1876, qui ont permis de restreindre ses débordements et de le rendre navigable à partir de 1907.
68
+
69
+ Le Rhin moyen est une section entièrement allemande, limitée par Bingen am Rhein en amont et Bonn en aval. Cette portion est notamment célèbre pour ses gorges entre Rüdesheim am Rhein et Coblence (le Rhin moyen supérieur). La vallée du Haut-Rhin moyen est en effet préservé au titre du patrimoine mondial de l'UNESCO. Près de Sankt Goarshausen se trouve le rocher de la Lorelei, la créature de légende qui a inspiré des auteurs romantiques allemands, tels que Heinrich Heine. Le Rhin a également alimenté la saga des Niebelungen dont une partie de l'intrigue se situe sur les collines des Siebengebirge à proximité de Königswinter, au sud de Bonn.
70
+
71
+ En aval de Cologne, le Rhin amorce son dernier tronçon dans la plaine de l'Europe du Nord et forme le Rhin inférieur. Ses eaux s'écoulent lentement au cœur de vastes méandres, recevant successivement sur sa rive droite la Ruhr, l'Emscher, et la Lippe. Peu après Emmerich, le Rhin s'oriente vers l’ouest et entre aux Pays-Bas. Il se divise ensuite en trois bras principaux, l'IJssel vers le nord, le Lek et la Waal vers l'ouest.
72
+
73
+ Le delta qu’il formait étendait autrefois ses innombrables ramifications auxquelles venaient s'ajouter les bras de la Meuse, multipliant les risques d'inondation. Face à cette menace, les Hollandais ont modifié l'embouchure de la Meuse. Le fleuve est contraint aujourd'hui de se jeter dans l'estuaire du Hollands Diep. La plupart des terres environnantes sont situées au-dessous du niveau de la mer, et constituent un paysage de polder très particulier.
74
+
75
+ Peu après son entrée dans les Pays-Bas, le Rhin forme un grand delta en se divisant d'abord en deux bras, le Nederrijn (« Rhin inférieur ») et la Waal, ce dernier étant l'émissaire principal du fleuve. À Arnhem, le Nederrijn se divise en deux bras, le Nederrijn et l'IJssel, ce dernier bifurquant vers le nord pour se jeter dans l'IJsselmeer.
76
+
77
+ La Waal continue quant à elle sa course vers l'ouest, et ce sans se diviser ; elle change de nom à plusieurs reprises : Merwede supérieure, Merwede inférieure, Nouvelle Merwede et Nouvelle Meuse, cours d'eau reliés à de nombreux autres, dont le Noord et le Dordtsche Kil. Elle court jusqu'au Biesbosch, marécages boisés où les eaux du Rhin et de la Meuse se mélangent. Une partie de ses eaux est déviée par un canal qui les conduit vers Rotterdam où elles confluent avec le Lek (en fait la suite du Nederrijn) pour former la Nieuwe Maas (« Nouvelle Meuse »), se jetant dans la mer du Nord par l'intermédiaire du Nieuwe Waterweg (« nouvelle voie navigable »), un large canal au milieu du port de Rotterdam. Le cours principal, après le Biesbosch, se réunifie et prend le nom de Hollands Diep, puis de Haringvliet, où il se jette dans la mer. Enfin, la Kromme Rijn (« Rhin courbé »), qui est l'ancien cours principal du fleuve, se détache du Rhin inférieur et continue comme sous les noms de Leidse Rijn (« Rhin de Leyde ») et de Oude Rijn (« Vieux Rhin ») pour se jeter dans la mer du Nord à Katwijk.
78
+
79
+ Pour protéger les Pays-Bas des invasions marines (telles que l'inondation de 1953), tous les bras de mer du delta, à l'exclusion de l'estuaire de l'Escaut (le Westerschelde) et du Nieuwe Waterweg, ont été fermés par une série de digues ou de barrages. Dans les cas de l'Oosterscheldekering et du Maeslantkering, il s'agit de barrages mobiles ne fermant leur embouchure qu'en cas de forte tempête.
80
+
81
+ Le Rhin à Willemstad, non loin de son embouchure.
82
+
83
+ Cliché satellite des principales embouchures du Rhin.
84
+
85
+ Les principales embouchures du delta du Rhin fermées par les digues et barrages du plan Delta.
86
+
87
+ Le régime hydrologique du Rhin est généralement « harmonieux », tous ses affluents ont des apports complémentaires. Jusqu'au lac de Constance, son régime est nival. Le lac de Constance a tendance à diminuer sa vitalité. Après les chutes du Rhin, il reçoit les eaux plus abondantes et marquées par l'empreinte glaciaire. Le Rhin roulant 410 m3/s et l'Aar 610 m3/s, portent le Rhin à Bâle à 1 030 m3/s avec un maximum en juin et un minimum en janvier. Le Rhin y roule presque la moitié de son débit pour 20 % de son bassin. À Strasbourg, il reçoit l'Ill, qui lui apporte 60 m3/s, atténuant peu son régime nival. Il perdra ce régime au fur et à mesure qu'il recevra des affluents au régime pluvial avec hautes eaux d'hiver. Les apports du Neckar et du Main ont tendance à régulariser son débit. Mais c'est à Coblence que le Rhin perd son régime nival pour un régime pluvio-nival à deux maximums grâce à l'apport de la Moselle (400 m3/s), à maximum hivernal. À partir de Coblence, son maximum d'hiver dépasse celui d'été, plaçant le minimum en octobre. Son débit moyen atteint 2 000 m3/s. Il reçoit peu d'affluents importants après Coblence, à part la Lippe et la Ruhr qui portent son débit final à Lobith à 2 300 m3/s.
88
+
89
+ Il est arrivé que le Rhin soit à sec (par exemple à Cologne en 1134), ou soit source de crues importantes liées à la fonte de neige ou de fortes pluies printanières.
90
+
91
+ Le Rhin a aussi parfois été entièrement gelé en hiver sur une grande partie de son cours, par exemple en 1150[11] et en 1306[11].
92
+
93
+ Débits[Où ?] :
94
+
95
+
96
+
97
+ En hiver
98
+
99
+ Même dans un passé récent le Rhin a gelé, dont :
100
+
101
+ Tendance au réchauffement chronique :
102
+
103
+ L'eau du Rhin s'est échauffée de 2 °C en été (près de Coblence) de 1978 à 2011, à cause du réchauffement de l'air mais aussi des rejets chauds de plusieurs centrales électriques et installations industrielles[3].
104
+ Des températures tropicales (25 °C et plus) sont déjà mesurées et le nombre maximum de jours successifs avec une température de l'eau dépassant 27 °C augmente de 4 jours dans la période de référence (à Coblence) à 10 jours dans un proche avenir, et sera de 17 jours dans un avenir lointain[3]. Ceci pourrait bouleverser la chaîne alimentaire, favoriser certaines espèces potentiellement invasives et perturber les processus biologiques du Rhin[3].
105
+ Selon les modèles disponibles, la température de l'eau augmentera encore de 2015 à 2100 en réponse au changement climatique[3] ; de +0,6 à +1,4 °C dans un proche avenir, puis entre +1,9 et +2,2 °C dans un avenir plus lointain. L'augmentation est plus élevée en été et moindre au printemps[3]. Vers 2100 la hausse pourrait être de +2,7 à +3,4 °C en fin d'été et de +0,4 à +1,3 °C au printemps (par rapport à 2015)[3].
106
+
107
+ L'histoire a gardé en mémoire plusieurs inondations majeures du Rhin :
108
+
109
+ Le caractère de frontière internationale du Rhin est relativement récent, à l'exception de la période où l'Empire romain en avait fait son rempart nord contre les barbares, avec une frontière (le limes) ponctuée de forts, tels que Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Cologne) ou Argentoratum (Strasbourg). Un bateau transportant des meules originaires de l'Eifel et qui coula à la Wantzenau au IIIe siècle apr. J.-C. constitue un des rares témoignages de la navigation à longue distance sur le Rhin à ces époques reculées[16]. Entre la chute de l'Empire romain et la conquête de l'Alsace par Louis XIV, ce fleuve était une partie intégrante et un des ferments du monde germanique, qui le surnommait Vater Rhein, le « Rhin paternel ». Lors des travaux de corrections du Rhin alpin (XIXe) et du Rhin supérieur (1810-1865), la frontière est déplacée à plusieurs reprises, pour épouser le nouveau cours du Rhin.
110
+
111
+ Le Haut-Rhin, partie du fleuve qui coule d'est en ouest du lac de Constance à Bâle, forme l'essentiel de la frontière entre l'Allemagne et la Suisse.
112
+
113
+ Deux anciens départements brièvement créés sous Napoléon Ier — les Bouches-du-Rhin et le Rhin-et-Moselle — portent son nom.
114
+
115
+ Les travaux des géographes Fanny Arnaud et Laurent Schmitt ont montré, à partir de cartes et d'illustrations anciennes sur la section entre Kembs et Vieux-Brisach, le caractère récent du tracé rectiligne du Rhin. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le fleuve était divisé en de nombreux chenaux et bras morts que séparaient d'innombrables îles et îlots. Les aménagements humains s'étalent sur plus d'un siècle et les travaux de restauration écologique doivent tenir compte de cette histoire, faute de pouvoir trouver une situation de référence[17].
116
+
117
+ En 2003, l’UNESCO a inscrit les 68 km de la vallée du Haut-Rhin moyen entre Bingen et Coblence sur le cours de Mittelrheintal dans la liste du patrimoine mondial avec le rocher de la Lorelei près de la ville de Sankt Goar. Sur les versants au bord du Rhin trônent les châteaux forts, au-dessus des vignes escarpées du Rheingau. Les touristes qui veulent faire l’expérience du romantisme sont attirés ici par le mythe de la Lorelei.
118
+
119
+ La vallée du Rhin offre une importante concentration de châteaux. Demeures seigneuriales, châteaux défensifs, péages, protection des voyageurs, tous avaient leur utilité. Beaucoup perdirent leurs tours crénelées dans les incendies provoqués par l'armée française de Louis XIV puis, au XVIIIe siècle, lors des combats entre les révolutionnaires français et les émigrants nobles réfugiés à Coblence. C'est au XIXe siècle, avec la création de la Confédération germanique en 1815, qu'un grand nombre de châteaux furent reconstruits.
120
+
121
+ Le Rhin constitue depuis le Moyen Âge une exceptionnelle voie d'échanges commerciaux et une artère vitale de l'Occident. Entre Bâle et son estuaire, le Rhin traverse l'une des zones les plus densément peuplées d'Europe occidentale, historiquement riche en échanges mutuels. Ce secteur est le cœur de la dorsale européenne.
122
+
123
+ La vallée rhénane fut également le berceau de l'un des principaux sites de la révolution industrielle : la Ruhr, qui bénéficiait d'un important gisement de ressources minières et notamment de charbon, facile d'accès et favorable au développement de l'industrialisation.
124
+
125
+ L’Acte final du congrès de Vienne consacrait, en 1815, le principe de la liberté de navigation sur les cours d’eau internationaux.
126
+
127
+ En 1831, avec la première convention rhénane (la convention de Mayence, Mainzer Akte), les villes ont perdu le droit de pile. Depuis la convention de Mannheim de 1868, le Rhin est classé « eaux internationales » depuis le dernier pont de Bâle jusqu'à la mer du Nord, assurant à la Suisse un accès libre à la mer. Le siège de la Commission centrale pour la navigation du Rhin est à Strasbourg ; fondée en 1815 lors du congrès de Vienne, il s'agit de la plus ancienne organisation internationale.
128
+
129
+ Le tirant d'eau (profondeur de mouillage), la largeur et le tirant d'air (sous les ponts) du chenal de navigation se réduisent de l'aval vers l'amont. Le mouillage minimum (à l'étiage) passe de 2,8 mètres de profondeur des Pays-Bas à Krefeld, à 2,5 mètres de Krefeld à Coblence, 1,9 mètres jusqu'à Mayence puis 2,1 mètres jusqu'à Lauterbourg pour finir à 3 mètres jusqu'à Bâle (grand canal d'Alsace). De même, la largeur du chenal à l'étiage passe de 150 mètres des Pays-Bas jusqu'à Coblence, puis 120 mètres jusqu'à Ludwigshafen, 92 mètres jusqu'à Lauterbourg et enfin 88 mètres jusqu'à Bâle. Enfin le tirant d'air est à 8,6 mètres (à cause du pont Josef-Kardinal-Frings à Düsseldorf) jusqu'à Strasbourg, où le pont de l'Europe limite la navigation vers l'amont à 6,79 mètres[21].
130
+
131
+ Le transport fluvial sur le Rhin (de) est utilisé pour le vrac solide (charbon, minerai de fer, matériaux de construction, matériaux de récupération et produits agricoles), le vrac liquide (produits pétroliers et chimiques), les conteneurs (biens d'équipement et de consommation) ainsi que les passagers (lors de croisières fluviales touristiques). Bien que la navigation intérieure soit le seul mode de transport terrestre en Europe capable de transporter des conteneurs superposés (impossible sur les routes et voies ferrées européennes) et d'un coût réduit, la concurrence est forte avec les autres modes de transport plus flexibles[22]. 180 millions de tonnes de marchandises ont été transportées sur le Rhin en 2010, y compris environ 1,9 million d'EVP[23].
132
+
133
+ Les principaux ports fluviaux sur le Rhin (de) sont de l'aval vers l'amont : Rotterdam, Dordrecht, Moerdijk, Nimègue, Duisbourg (le Duisburg-Ruhrorter Häfen, plus grand port fluvial du monde, fournissant charbon et minerai de fer à toute la Ruhr), Neuss-Düsseldorf (avec 680 000 EVP transbordés en 2010), Cologne (notamment pour les produits pétroliers et chimiques), Mayence, Ludwigshafen, Mannheim, Spire, Karlsruhe, Strasbourg (notamment pour les produits agricoles et les matériaux de construction), Ottmarsheim (port de Mulhouse) et les ports de Bâle (10 à 12 % de toutes les marchandises importées et un litre d’essence, de gazole ou de fioul domestique sur trois ou quatre atteignent la Suisse via les ports de Bâle[24])[25].
134
+
135
+ Le cours du fleuve est barré de douze écluses :
136
+
137
+ Tout au long de son cours, l'énergie hydraulique du Rhin est utilisée pour produire de l'électricité[26],[27] :
138
+
139
+ Quelques kilomètres en aval de Bâle, le Rhin se sépare en deux parties. C'est sur le grand canal d'Alsace que sont localisées les quatre premières centrales hydroélectriques françaises du Rhin :
140
+
141
+ Une micro-centrale est construite sur le cours principal du Rhin.
142
+
143
+ En aval de Vogelgrun, le Rhin et le grand canal d'Alsace se rejoignent et 6 centrales sont présentes :
144
+
145
+ Le site d'Iffezheim est principalement situé en territoire allemand, contrairement aux autres installations hydroélectriques d'Alsace.
146
+
147
+ Plusieurs centrales nucléaires ont été construites sur les bords du Rhin, dont elles utilisent l'eau pour leur circuit de refroidissement[29] :
148
+
149
+ Tout au long de son cours la qualité de l'eau du Rhin est contrôlée. La France a installé une station d'alerte à Huningue, à l'entrée du Rhin en territoire français[31], tandis que les Pays-Bas contrôlent en continu la qualité de l'eau du Rhin qui entre dans leur pays dans la station d'alerte de Lobith[32].
150
+
151
+ Selon l'université de Bâle, le Rhin rejette à la mer 191 millions de particules de plastique flottantes chaque jour[33],[34].
152
+
153
+ Les mines de potasse d'Alsace, exploitées de 1904 à 2002, ont eu à traiter les masses de sels résiduaires du traitement de la potasse à hauteur de quelque 6 millions de tonnes par an. Ils ont d’abord été systématiquement mis en terrils puis, à partir de 1934, en majeure partie dissous et rejetés dans le Rhin sous forme de saumures par un canal ouvert dit "saumoduc"[35]. Ces rejets massifs ont donné lieu à des doléances du gouvernement néerlandais à partir de 1961 (déclaration des Pays-Bas à la conférence de Genève sur la pollution des eaux), car la salinité excessive du Rhin représente un enjeu vital pour l'agriculture néerlandaise[36]. Ce conflit diplomatique aboutit à une convention franco-néerlandaise pour réguler au mieux les déversements de chlorures dans le Rhin[37]. Les rejets sont aujourd'hui encadrés par une convention signée en décembre 1976 à Bonn par les membres de la Commission Internationale pour la protection du Rhin contre la pollution [35],[38].
154
+
155
+ La nuit du 31 octobre 1986, à Bâle, un incendie se déclare dans un entrepôt des laboratoires Sandoz. Près de 1 250 tonnes de produits chimiques brûlent, dont des quantités importantes (non chiffrable) de substances toxiques[réf. souhaitée]. Les équipes de pompiers luttent cinq heures d'affilée pour éteindre l'incendie. Mais, l'eau utilisée pour éteindre les flammes, chargée de substances toxiques, retourne au Rhin et le contamine. Les poissons meurent par milliers et dans toute la région l'approvisionnement en eau potable doit être stoppé. Pour l'écosystème, l'événement est difficilement quantifiable ainsi que les conséquences à long terme[réf. souhaitée]. Après Schweizerhalle, tous les États riverains du Rhin se sont notamment assurés que les entreprises situées dans le bassin versant du fleuve avaient amélioré les mesures de sécurité. Depuis lors, les accidents ont fortement diminué sur le Rhin[réf. souhaitée].
156
+
157
+ Sur les autres projets Wikimedia :
158
+
159
+
160
+
161
+ Les coordonnées de cet article :
fr/3325.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3326.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,63 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le romantisme est un mouvement culturel apparu à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne et en Angleterre et se diffusant à toute l’Europe au cours du XIXe siècle, jusqu’aux années 1850. Il s’exprime dans la littérature, la peinture, la sculpture, la musique, la politique et la danse et se caractérise par une volonté de l'artiste d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer ses états d'âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé, l'idéal ou le cauchemar d'une sensibilité passionnée et mélancolique. Ses valeurs esthétiques et morales, ses idées et thématiques nouvelles ne tardèrent pas à influencer d'autres domaines, en particulier la peinture et la musique.
4
+
5
+ L'adjectif romantic nait en Angleterre vers 1650, dérivé du français « roman/romanz », il fait référence aux romans du Moyen Âge, les récits versifiés en langue romane, par opposition aux ouvrages rédigés en latin : « Romantic est proche de médiéval ou de gothique d'un côté, de romanesque, merveilleux, fabuleux, imaginaire ou fictif de l'autre »[1]. Traduit en romantisch, l'adjectif passe en Allemagne à la fin du XVIIe siècle, où cette idée de « qui est semblable au roman » prend une connotation péjorative pour « éveiller dans l'âme le goût dangereux des chimères »[2]. Au cours du XVIIIe siècle, il prend la signification de « comme dans un tableau », devenant synonyme de pictural car « dans l'expérience romantique, la nature est perçue à travers le prisme de l'art (originellement, le roman) »[3]. C'est dans cette acception que le mot fait son entrée dans la langue française avec Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau où il donne le qualificatif de romantique aux rives sauvages du lac de Bienne. Coïncidant avec la mode du jardin anglais organisant la nature comme dans un tableau, il s'associe à la notion de pittoresque.
6
+
7
+ À la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, le romantisme, revenant à son sens médiéval, s'oppose à l'Antiquité et au classicisme. Dans les années 1797-1798, Novalis forge le mot romantisieren, désignant un processus de poétisation du monde : « Le monde doit être romantisé. […] Cette opération reste totalement inconnue. En conférant aux choses secrètes une haute signification, au quotidien un mystérieux prestige, au connu la dignité de l'inconnu, au fini l'apparence de l'infini, je les romantise »[4]. August Wilhelm Schlegel, dans ses Cours de littérature dramatique, diffuse le concept de romantique en Europe, ramenant la poésie romantique à la poésie moderne, marquée par la tradition chrétienne, progressive, ouverte aux mélanges des genres.
8
+
9
+ « Le romantisme qui fut un phénomène de portée révolutionnaire dans tous les arts plonge ses racines au cœur même du siècle des Lumières. Ses principes constitutifs furent formulés pour la première fois en Allemagne entre 1770 et 1780 par les représentants du Sturm und Drang (Tempête et Passion), le nom du mouvement, emprunté au titre d'un drame de Friedrich Maximilian Klinger, trahissait la portée contestataire de son programme idéologique. Mû par un sentiment de révolte à l'égard de la culture dominante des Lumières, le Sturm und Drang célébrait la force irrépressible du sentiment et le culte de l'individualité, considérés comme les préalables nécessaires à toute activité créatrice. Il ne s'agissait pas d'une rupture brutale avec le présent, mais d'une élaboration du culte du sentiment et du grand mythe de la nature énoncés par Jean-Jacques Rousseau au milieu du XVIIIe siècle. […] Une des idées les plus novatrices de ce mouvement fut le concept de génie artistique, irrationnel et créatif, non plus discipliné par la raison comme pour les Lumières, mais animé d'une liberté intérieure capable de briser le carcan des codes et des conventions, puisant au contraire dans la subjectivité et prêtant l'oreille à l'inspiration divine, à l'intuition, aux passions. Ainsi s'esquissait le portrait de l'homme révolté, d'un surhomme se mesurant avec Dieu. Ainsi naissait, surtout, une nouvelle conception de l'art, compris comme liberté absolue de création, qui refusait les contraintes imposées par les règles et les traditions, et qui revendiquait le droit de l'imagination individuelle à s'exprimer selon son propre langage »[5],[6]. Si le Sturm und Drang ouvre la voie au Romantisme, par le déferlement des passions et la spontanéité de l'individu, leurs modèles de beauté se référaient encore aux canons classiques, aux œuvres de l'Antiquité.
10
+
11
+ Le véritable rejet du classicisme fut exprimé par les collaborateurs de la revue Athenaeum, fondée en 1798 par les frères Schlegel. Avec Ludwig Tieck, Schelling et Novalis ils formèrent le « groupe d'Iéna ». « Rejetant les modèles grecs et romains à l'époque où triomphait l'esthétique néo-classique, cette conception privilégiait l'expression de l'irrationnel et le mysticisme, le sentiment de l'infini et de l'immensité, le rapport entre la nature et le sentiment intérieur »[7]. En Angleterre, l'essai d'Edmund Burke, Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau, paru en 1756, eut une influence considérable, sur la peinture du sublime et sur le mysticisme du paysage, tel que l'illustra Caspar David Friedrich. « En interprétant le sentiment du sublime comme un état d'âme provoqué par les violentes manifestations de la nature qui, par les cataclysmes ou les visions troublantes, frappent l'homme de stupeur, Edmund Burke rompait avec la conception classique de la nature, source d'harmonie et de sérénité… »[7]. En 1762, James Macpherson publiait ses Poèmes d'Ossian, dont le succès provoqua une vague de celtomanie dans toute l'Europe. Inspiré d'ancien poèmes Gaëlique, Macpherson les réécrit et les attribue à un barde écossais du IIIe siècle. En 1764, Le Château d'Otrante d'Horace Walpole inaugurait le genre du « roman noir », dont le décor ténébreux et les atmosphères effrayantes correspondaient à ce que Burke avait défini comme le « sublime ».
12
+
13
+ La tourmente de la Révolution française puis de l’Empire provoque un bouleversement, politique, social et culturel dont les effets se font sentir dans l’Europe entière.
14
+
15
+ « L'embrasement du romantisme qui enflamme l'Europe au début du XIXe siècle est de nature essentiellement politique et reflète l'aspiration profonde des peuples à voir des régime plus démocratiques remplacer les dynasties autoritaires ». « La Révolution française, en l'espace de quelques années, a paru réaliser instantanément et miraculeusement l'idéal romantique de nation libre, consciente d'elle-même et maîtresse de son destin. [...] Cette circonstance explique à elle seule la force et l'éclat du romantisme français. Sans ce séisme politique, il est probable que la France, nourrie de culture classique et arc-boutée sur ses certitudes aristocratiques, n'aurait jamais pu faire un tel accueil à l'esprit du romantisme ». En France, « la Révolution amplifie les ferments du romantisme »[8].
16
+
17
+ La diffusion des idées du Romantisme allemand joue un rôle important dans l'histoire du romantisme :
18
+
19
+ « Sous l'Empire, tout un groupe d'écrivains, dont Madame de Staël est le plus célèbre représentant, plaident la cause allemande aux dépens de la tragédie et du poème classiques. Le Nord c'est la nostalgie, les sentiments sombres, l'infini. “Ce que l'homme a fait de plus grand, comme l'écrit en 1800 Madame de Staël, il le doit au sentiment douloureux de l'incomplet de sa destinée. … le sublime de l'esprit, des sentiments et des actions doit son essor au besoin d'échapper aux bornes qui circonscrivent l'imagination” »[9].
20
+
21
+ Le romantisme est une nouvelle sensibilité, s'opposant au Classicisme, aux Lumières et à la rationalité. Elle proclame le culte du moi, l'expression des sentiments jusqu'aux passions. « Issu de bouleversements politiques et sociaux sans précédent, il met l'homme et l'artiste devant un destin, improbable, inquiétant. Cette vision dramatique de l'humanité est alors commune à tous les arts, même au théâtre et à l'opéra, sous la magnificence des décors… Le réel, que les romantiques rendent expressif, dramatique, l'emporte sur le beau idéal »[10]. Neuve et subversive, cette sensibilité se manifeste dans la littérature et les arts plastiques par un renouvellement thématique, le Moyen Âge[11], l'Orient, l'époque napoléonienne, la littérature étrangère, etc.
22
+
23
+ Décrire le Mal du siècle, thématique chère aux Romantiques, commence par Alfred de Musset qui en 1836 dans La Confession d'un enfant du siècle résume le mal dont souffre la jeunesse française :
24
+
25
+ « Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes ; le peuple qui a passé par 1793 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n’est plus ; tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux. »
26
+
27
+ — Alfred de Musset, Confessions d'un enfant du siècle, Première partie, chapitre II (1836)
28
+
29
+ Selon le philosophe Michael Löwy, la vision romantique constitue une « autocritique de la réalité » qui porte sur cinq thèmes principaux : le désenchantement du monde, sa quantification, sa mécanisation, l'abstraction rationaliste et la dissolution des liens sociaux[12].
30
+
31
+ Le premier romantisme, appelé Frühromantik, naît en Allemagne à Iéna. Le cercle de Iéna est très cosmopolite. Il est composé de figures telles que Novalis, Ludwig Tieck, Frédéric Schlegel qui se réclamaient proches de la pensée de Fichte. Ce sont eux qui élaboreront la doctrine romantique et le romantisme politique. Après 1804, le romantisme allemand prend une nouvelle direction, c'est la Hochromantik de l'école de Heidelberg avec des noms tels que Clemens Brentano, Joseph von Eichendorff, Achim von Arnim et les Jacob et Wilhelm Grimm. La dernière période, la Spätromantik, s'étend de 1815 à 1848.
32
+
33
+ Dans les années 1760 les Graveyard Poets (« les Poètes du cimetière »), en particulier Gray et son Élégie d'un cimetière de campagne, sondent les sentiments liés au deuil, à la perte et à l'anéantissement, voire à l'horreur de la putréfaction des corps, les émotions malséantes.
34
+
35
+ En 1764, Horace Walpole avec son roman Le château d’Otrante, créé un nouveau genre : le roman gothique (The Gothic Novel). Repris par Ann Radcliffe, dont Les Mystères d’Udolfe, le Roman de la forêt et L’Italien connaissent un vif succès, ces romans noirs exaltent le goût pour le morbide, le terrifiant, le mystère, autant que l'inquiétante étrangeté des ruines médiévales.
36
+
37
+ Avec son Pèlerinage de Childe Harold paru en 1813, Lord Byron connaît une célébrité foudroyante. Son héros qui traîne sa mélancolie désenchantée à travers l’Europe et l’Orient devient le modèle du héros byronien que l’on retrouve dans ses poèmes orientaux : Le Corsaire, le Giaour, La Fiancée d’Abydos… Sa vie scandaleuse et sa mort en 1824 à Missolonghi, pour la cause de l’indépendance grecque, le transforme en mythe. Son influence poétique et politique sur toute la jeunesse européenne est immense : les auteurs veulent écrire comme Byron, les révolutionnaires veulent mourir pour la liberté comme Byron[13], phénomène qualifié de « byronisme »[14].
38
+
39
+ Si le romantisme a été en Allemagne en partie un retour aux fonds primitif et indigène, en France, ce fut au contraire une réaction contre la littérature nationale. Les littératures anglaise et allemande ne s'étaient asservies que momentanément à la discipline du classicisme, sous l'influence prédominante de notre grand siècle ; et ce qu'on appelle proprement romantisme outre-Manche et outre-Rhin c'est la période littéraire où le génie septentrional, reprenant conscience de lui-même, répudie l'imitation française. En France, au contraire, pays de culture et de tradition gréco-latines, la littérature était classique depuis la Renaissance, et l'on appelle romantiques les écrivains qui, au début du XIXe siècle, se sont affranchis des règles de pensée, en opposition au classicisme et au réalisme des philosophes du XVIIIe siècle.
40
+
41
+ Pas plus qu'en Allemagne, cette révolution ne s'est accomplie d'un seul coup en France. À cause de son caractère de rupture avec la tradition nationale, et non avec des habitudes passagères, d'importation étrangère, elle a été plus tardive et a eu plus de peine à se réaliser. Commencée en réalité vers 1750, elle n'a atteint son terme qu'un siècle plus tard. Préparée au XVIIIe siècle, contenue et même refoulée pendant la Révolution et l'Empire, elle n'est arrivée à maturité que sous la Restauration et son triomphe ne s'est affirmé vers 1830 qu'après des luttes ardentes et passionnées.
42
+
43
+ En 1927, on fête le centenaire du romantisme, en prenant comme référence la publication de la Préface de Cromwell de Victor Hugo en 1827[15]. À Bagnères-de-Luchon, on baptise alors les rue Lamartine, rue Alexandre-Dumas et rue Victor-Hugo que l'on pare de plaques de marbres commémoratives.
44
+
45
+ En musique, le romantisme prend des formes variées, mettant au premier plan l'expression de l'émotion. De nombreux compositeurs célèbres s'illustreront dans cette longue période, aussi bien dans la musique instrumentale et orchestrale que dans l'art lyrique et vocal.
46
+
47
+ Le piano-forte, en remplaçant le clavecin, permet désormais d'exploiter de puissants contrastes de dynamique. De la même façon, l'orchestration devient de plus en plus audacieuse et élaborée, d'autant plus que certains instruments, comme le cor, sont modifiés par les facteurs d'instruments de manière à devenir plus maniables. Les sonorités inventées par les romantiques sont particulièrement colorées et évocatrices, davantage en tout cas que chez des classiques comme Joseph Haydn ou Wolfgang Amadeus Mozart. À la jonction de ces deux courants se situe la puissante personnalité de Ludwig van Beethoven, dont les premières œuvres se rattachent à l'esthétique classique tandis que celles de sa maturité sont considérées comme le début du romantisme musical.
48
+
49
+ Tout au long du XIXe siècle, la musique romantique conservera dans ses caractéristiques une certaine continuité, une homogénéité temporelle de style, que les autres formes artistiques du romantisme ne connurent pas. À la base de cette continuité se trouve peut-être une idéologie philosophique : la musique devenait enfin une réelle forme d'art. La musique commençait à prendre une tout autre dimension : elle n'était désormais plus considérée comme un art mineur, œuvre d'artisans. Par conséquent, ce qui caractérise la musique romantique est surtout l'individualité dans les styles. Cette époque incarne avant tout la liberté.
50
+
51
+ Le ballet romantique apparaît au début du XIXe siècle, et succède au ballet d'action dont Jean-Georges Noverre fut le grand théoricien. La période du ballet romantique dure une trentaine d'années, de 1815 à 1845-1850.
52
+
53
+ La première période du romantisme (1780-1810) se développe en opposition au néoclassicisme (1760-1800). Là ou le néoclassicisme prône une beauté idéale, le rationalisme, la vertu, la ligne, le culte de l’Antiquité classique et de la Méditerranée ; le romantisme s’oppose et promeut le cœur et la passion, l’irrationnel et l’imaginaire, le désordre et l’exaltation, la couleur et la touche, et des mythologies de l’Europe du Nord.
54
+
55
+ Néanmoins, le romantisme en peinture ne se définit pas qu’en termes d’opposition, et développe ses propres caractéristiques, influencées par le baroque :
56
+
57
+ Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827, Musée du Louvre,
58
+
59
+ Caspar David Friedrich, Abbaye dans une forêt de chênes, 1809-1810.
60
+
61
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
62
+
63
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3327.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,29 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Les Travaux d'Héraclès — ou d'Hercule chez les Romains —, également appelés Douze Travaux (en grec ancien Δωδέκαθλος / Dôdékathlos), sont les exploits exécutés par le héros Héraclès sur l'ordre d'Eurysthée. Ils constituent l'un des épisodes les plus célèbres de la mythologie grecque ainsi qu'une source iconographique majeure de l'art occidental.
2
+
3
+ Fils de Zeus et d’Alcmène, Héraclès est poursuivi depuis sa naissance par la haine d'Héra, furieuse d'avoir été trompée par son mari. Une nuit, la déesse envoie deux serpents pour tuer l'enfant, nommé Alcide. Celui-ci découvre alors sa force extraordinaire et se débarrasse des deux vipères. Afin d'apaiser sa femme, Zeus décide de le renommer Héraclès, ce qui signifie « gloire d’Héra ». Dans un moment de folie inspirée par celle-ci, Héraclès tue sa femme Mégara et ses fils. Revenu à la raison, il consulte la Pythie pour savoir comment expier sa faute : après avoir changé son nom en Héraclès (« gloire à Héra »), elle lui ordonne de se mettre au service d'Eurysthée, son plus vieil ennemi, et d'accomplir les tâches qu'il lui ordonnerait : ce seront les douze travaux. Au départ, il y aurait dû n'y en avoir que dix, mais Eurysthée estima que le combat contre l'hydre de Lerne (deuxième tâche) n'était pas valide car Héraclès avait été aidé par Iolaos ; de même pour le nettoyage des écuries d'Augias car il avait demandé à être payé par Augias pour accomplir cette tâche.
4
+
5
+ Homère évoque déjà, dans l’Iliade et l’Odyssée, des « travaux » accomplis par Héraclès sur l'ordre d'Eurysthée, dont la descente aux Enfers pour aller capturer Cerbère[1]. La Théogonie d'Hésiode cite également la victoire contre le lion de Némée et l'hydre de Lerne, ainsi que le vol des bœufs de Géryon[2]. Pisandre ajoute à la liste la biche de Cérynie et les oiseaux du lac Stymphale. Outre les travaux déjà cités, la peinture sur vases à figures noires représente les épisodes du sanglier d'Érymanthe, du taureau de Crète, des juments de Diomède, du combat contre les Amazones et de la quête des pommes d'or du jardin des Hespérides[3].
6
+
7
+ À ce stade, la liste des travaux n'en compte donc que onze. Sur ce nombre, seuls deux — la descente aux Enfers et le sanglier d'Erymanthe — sont explicitement rattachés à Eurysthée[3]. Il est possible qu'à cette étape de la constitution du mythe, Héraclès ait entrepris les autres travaux de lui-même[3].
8
+
9
+ Les travaux d'Héraclès sont tous cités et résumés dans la Bibliothèque du Pseudo-Apollodore[4].
10
+
11
+ Dans la version de Diodore de Sicile, ces travaux doivent être accomplis pour qu'Héraclès atteigne l'immortalité ; en effet, promis par Zeus à posséder le royaume des Persides, Héra empêche sa naissance le jour prévu (alors que Zeus avait destiné le royaume des Persides à l'enfant qui naîtrait un jour précis, Héra hâte la naissance d'Eurysthée et retarde celle d'Héraclès) et Eurysthée se trouve en possession du royaume. Sans s'estimer parjure [sic], Zeus demande à Héraclès d'accomplir les douze travaux qui lui ont été prophétisés par l'oracle de Delphes, et lui promet en échange l'immortalité[5].
12
+
13
+ La liste canonique des douze travaux est fixée à l'époque hellénistique, en se référant à la liste des travaux représentés sur les douze métopes sculptés du temple de Zeus à Olympie, datant de la première moitié du Ve siècle av. J.-C.. Elle comprend deux séries : les travaux effectués dans le Péloponnèse et ceux qui prennent place dans le reste du monde[6].
14
+
15
+ Note : l'ordre des travaux varie selon les sources. Ainsi Diodore de Sicile mentionne le sanglier d'Erymanthe (3), la biche de Cérynie (4), les oiseaux du lac Stymphale (5), les écuries d'Augias (6), la capture de Cerbère (11) et les pommes d'or des Hespérides (12).
16
+
17
+ Il fallut dix années à Héraclès pour terminer ces douze travaux. Il connut cependant de nombreuses autres aventures, tant lors de leur accomplissement qu'après — notamment lors de son séjour près d'Omphale : certaines d'entre elles sont désignées sous le nom de « travaux mineurs ».
18
+
19
+ Héraclès est également cité dans la liste des Argonautes. Il se serait embarqué avec son éromène, Hylas, qu'il perdit au cours de l'aventure. Un jour que les Argonautes faisaient escale près de la ville de Cios, en Bithynie près des côtes de Mysie, Héra fit tomber les nymphes des lieux amoureuses du bel Hylas alors de corvée d'eau, en leur soufflant l'idée de l'entraîner avec elles dans les tréfonds de leur demeure aquatique, le noyant du même coup, et ce afin de faire souffrir davantage son beau-fils. Héraclès toujours à sa recherche, ne revenant pas de la chasse pour laquelle il avait quitté l’Argo, fut laissé en arrière par les Argonautes, incapables de le retrouver et désireux de poursuivre leur route vers la Colchide tandis que le fils de Zeus gémissait dans la forêt sur la disparition de son ami qui restait introuvable.
20
+
21
+ Les douze travaux d'Hercule sont racontés par Édouard Cour (scénario et dessin) dans les albums Herakles aux éditions Akileos. Les huit premiers travaux dans le tome 1 (160 p., 2012), les quatre derniers dans le tome 2 (160 p., 2014).
22
+
23
+ Morvan transpose les travaux dans le futur pour sa BD Hercule[7], dessinée par Looky. De prime abord déroutant, le concept reprend néanmoins tous les éléments clefs de la légende.
24
+
25
+ Les Travaux d'Héraclès ont également inspiré René Goscinny et Albert Uderzo dans le film d'animation Les Douze Travaux d'Astérix sorti en 1976. Astérix et Obélix se confrontent à douze épreuves à la suite d'un défi lancé par Jules César.
26
+
27
+ L'un des premiers courts-métrages d'animation mettant en scène Hercule est Les Douze Travaux d'Hercule, réalisé par le cinéaste français Émile Cohl en 1910, qui montre successivement les douze travaux. Par la suite, de nombreux films en prises de vue réelles ou en animation mettent en scène le héros, souvent dans des aventures inspirées par ses travaux.
28
+
29
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3328.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,274 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Anthophila
2
+
3
+ Clade
4
+
5
+ Les abeilles (Anthophila) forment un clade d'insectes hyménoptères de la superfamille des Apoïdes. Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète[1] dont environ 2 000 en Europe et près de 1 000 en France[2]. En Europe, l'espèce la plus connue est Apis mellifera qui, comme la plupart des abeilles à miel, appartient au genre Apis. Cependant, la majorité des abeilles ne produit pas de miel, elles se nourrissent du nectar des fleurs. Une abeille d'hiver peut vivre jusqu'à 10 mois, tandis qu'une abeille d'été peut vivre jusqu'à 1 mois.
6
+
7
+ Les abeilles peuvent être classées selon leur mode de vie : abeilles domestiques ou sauvages, solitaires ou bien sociales, etc. Elles sont nettement distinctes des guêpes par leur morphologie et leur comportement, notamment leur alimentation. Les bourdons en revanche sont un groupe particulier d'abeilles[3],[4].
8
+
9
+ Les abeilles, et les autres espèces pollinisatrices, sont actuellement gravement menacées, avec un taux d'extinction qui est "de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale", selon l'ONU [5]. Lors de la "Journée mondiale des abeilles", le 20 mai 2019, l'ONU a détaillé les principales causes du déclin des pollinisateurs : l'utilisation de pesticides, la monoculture, les pratiques agricoles intensives, le changement climatique, le changement d'affectation des terres et la destruction des habitats[5].
10
+
11
+ Le mot abeille est attesté en français pour la première fois au XIVe siècle[6].
12
+
13
+ D'abord mentionné sous les formes abueille, abele, aboille ou encore abeulle, ce mot est un emprunt à l'occitan abelha [aˈβeʎo][6],[7], lui-même issu du latin ăpĭcŭla « petite abeille », diminutif d’apis « abeille »[8]. Cette forme est aussi attesté dans de nombreuses autres langues : l'arpitan avelye[9], le portugais abelha[10], le catalan abella[11], le castillan abeja[12], etc.
14
+
15
+ Il remplace un ancien terme d'oïl ef, puis é (pluriel es) issu directement du latin apis ; le terme de mouche-ep est aussi trouvé et eps employé par Montaigne. Au début du XIXe siècle l'Atlas linguistique de la France repère l'abeille encore sous le nom « é » dans quelques localités du nord, puis comme « mouche à miel » dans les deux tiers nord du domaine d'oïl (Bretagne « mouche à mièl », Normandie « mouque à mié », Ile-de-France, Picardie, Wallonie, Lorraine « mouche é mi », Bourgogne), « mouchette » dans la frange est (Lorraine orientale « mouchette, mohhâte », Franche-Comté du nord « môtchotte »), « abeille » dans le sud-ouest (Poitou, Saintonge « aboeille »), et « avette » dans le val inférieur de la Loire[13].
16
+
17
+ D'ailleurs, dans sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l'Académie française définit l'abeille comme étant une « mouche à miel, sauvage ou domestique »[14]. La définition du mot abeille dans les dictionnaires évolue peu avec le temps. Il faut attendre le XIXe siècle avec la 6e édition (1832-1835) de ce dictionnaire pour voir apparaître des précisions sur cette sorte de mouche : « Insecte ailé […] qui produit la cire et le miel » et le XXe siècle avec la 8e édition de 1932-1935 pour qu'elle soit classée parmi les hyménoptères tout en précisant également qu'elle « vit en essaim »[15]. Cette définition est très proche de celle donnée par le Trésor de la Langue Française (1971-1994)[6], ce qui réduit progressivement l'usage du mot aux seules abeilles à la fois sociales et productrices de miel[16].
18
+
19
+ Pourtant, parmi les insectes appelés « abeille » en français, il existe en réalité des espèces solitaires et d'autres qui ne produisent que peu ou pas du tout de miel. Cette différence va être intégrée à la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française qui, tout en réduisant la définition de l'abeille à la « famille des Apidés », explique qu'elle vit en société et produit du miel.
20
+
21
+ Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[17] en français.
22
+
23
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
24
+
25
+ Les caractéristiques générales des abeilles sont celles des guêpes apoïdes, ce sont donc des insectes hyménoptères dont les adultes sont généralement velus et se nourrissent de nectar, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie. Par exemple, pour les abeilles à miel d'Europe, voir tout le genre Apis et principalement Apis mellifera.
26
+
27
+ L’histoire évolutive des insectes met en évidence que les premiers insectes apparaissent vers 400 Ma au Dévonien, les insectes volants vers 350 Ma au Carbonifère[34].
28
+
29
+ On ignore encore quel est l’ancêtre commun à tous les Apoïdes[1]. Les premières abeilles stricto sensu sont probablement apparues en même temps que les premières fleurs, c'est-à-dire il y a plus de 100 millions d’années, la flore terrestre étant auparavant dominée par les Gymnospermes[1]. Les études génétiques suggèrent que les abeilles proviennent, comme les fourmis, de la spécialisation de guêpes prédatrices de la famille des Crabronidés, le changement du comportement alimentaire pouvant s'expliquer par la consommation par ces guêpes de proies qui visitaient les fleurs et se couvraient de pollen[35]. Les premières abeilles ont probablement été solitaires et spécialistes (pollinisation d'un nombre défini de fleurs), certaines évoluant vers des formes sociales plus ou moins élaborées et devenant des pollinisateurs généralistes mais ces transitions instables font que certaines sont retournées vers un mode de vie solitaire[36].
30
+
31
+ On a retrouvé les plus anciens fossiles d'abeilles en inclusion dans de l'ambre. Ces abeilles appartiennent à des espèces et des genres à présent éteints. Le plus vieux fossile à ce jour est Melittosphex burmensis (en) : datée de 100 millions d'années, cette espèce minuscule découverte en 2006 en Birmanie avait des grains de pollen sur les pattes[37]. Sa découverte confirme l'origine commune des guêpes et des abeilles et l'ancienneté de la coévolution entre les « abeilles » et les Angiospermes (spécialisation dans la consommation de nectar et de pollen et rôle dans la pollinisation). Cette découverte suggère que les premières abeilles végétariennes ont émergé à partir d'ancêtres guêpes insectivores[38].
32
+ Le genre Electrapis vivait au Crétacé supérieur, il y a environ 70 millions d’années, dans l’actuelle région de la Baltique et avait une forme très proche de l'abeille à miel contemporaine[1].
33
+
34
+ Toutes les abeilles sont des insectes hyménoptères, végétariens et butineurs. Butiner signifie voler de fleur en fleur à la recherche de nourriture. L'abeille récolte ainsi dans la nature nectar, propolis, miellat et pollen. En butinant l'abeille assure également la pollinisation, c'est-à-dire le transport du pollen permettant la reproduction des plantes.
35
+
36
+ Leur taille distingue les abeilles des guêpes, qui ont quant à elles la taille fine, en général moins de poils et leurs larves sont carnivores[39]. Les bourdons, qui semblent au premier abord plus ronds et généralement plus gros que d'autres espèces, sont tout de même un groupe spécifique d'abeilles (Bombus), bien que le nom vernaculaire d'abeille ne s'y réfère généralement pas. Le nom d'abeille est ainsi généralement accordé aux espèces dont l'aspect se rapproche de celui des mouches. Leurs quatre ailes reliées deux à deux différencient pourtant facilement les abeilles des mouches, notamment des syrphes, ces diptères également pollinisateurs qui arborent par mimétisme le costume rayé de la guêpe et parfois celui, plus poilu, des abeilles.
37
+
38
+ Selon les habitudes de vie des différentes espèces d'abeilles, on distingue plusieurs catégories d'abeilles : l'expression « abeille domestique » est l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera)[26] mais elle peut aussi être employée pour toute autre abeille domestiquée par l'Homme. Par opposition, on nomme « abeille sauvage » une abeille non domestiquée. L'expression « abeille sociale » désigne une espèce d'abeille vivant en colonie, sinon il s'agit d'une « abeille solitaire » constituant plutôt des agrégations (ou bourgades) de terriers individuels[40]. D'autres espèces sont des « abeilles parasites » ou « abeilles coucous » qui pratiquent le cleptoparasitisme.
39
+
40
+ Certaines abeilles transforment une partie de leur récolte en produits dérivés : miel, cire ou gelée royale. Ces produits sont stockés dans des nids plus ou moins élaborés : de simples galeries pour les espèces solitaires, des assemblages complexes de rayons de cire pour les espèces sociales. Les espèces qui en produisent en quantité significative sont appelées des « abeilles à miel ».
41
+
42
+ La taille et le poids des abeilles varient selon les espèces, leur taille va de 9 à 15 mm de long et elles peuvent peser de 60 à 80 mg.
43
+
44
+ Abeille européenne (Apis mellifera).
45
+
46
+ Abeille indienne (Apis cerana).
47
+
48
+ Abeille géante (Apis dorsata).
49
+
50
+ Abeille charpentière (ici Xylocopa violacea).
51
+
52
+ Abeille découpeuse de la luzerne (Megachile rotundata).
53
+
54
+ Abeille maçonne (ici Osmia cornuta).
55
+
56
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
57
+
58
+ La majorité des plus de 20 000 espèces d'abeilles[41] et des abeilles sauvages sont solitaires : elles ne fondent pas de colonie pérenne (pluriannuelle), les abeilles femelles construisant individuellement un petit nid au sol, sous une pierre, dans des structures creuses (trou dans un arbre, coquille d'escargot, etc.)[42]. Certaines espèces, comme l’halicte (Halictus) ont cependant une vie communautaire, sans être eusociales[43]. Si les femelles ont parfois une même entrée de nid, elles construisent et s'occupent seules de leurs propres cellules et n'ont aucun contact avec leur descendance[44].
59
+
60
+ Les abeilles solitaires ne produisent pas de miel[41]. Certaines espèces sont des « rubicoles » (au sens strict « qui habitent les ronces ») et nidifient dans des tiges de plantes à moelle. D'autres espèces sont des « xylicoles » qui utilisent des galeries creusées dans le bois, soit par elles-mêmes, soit par des insectes xylophages. D'autres espèces enfin creusent leur nid dans des parois de terre sèche ou dans le sol[43]. Chaque cellule, contenant une larve et du pain d'abeille, est scellée par un bouchon[44].
61
+
62
+ Une abeille maçonne (ici Osmia cornifrons) explorant une cavité.
63
+
64
+ Abeille solitaire (ici Dasypoda altercator).
65
+
66
+ Andrena vaga sur une feuille.
67
+
68
+ Ce sont des insectes solitaires qui pratiquent le cleptoparasitisme en parasitant les couvains d’autres espèces.
69
+
70
+ Les abeilles sociales forment des colonies, groupes d'abeilles vivant en société. La colonie est composée de trois castes :
71
+
72
+ Une colonie peut perdurer pendant plusieurs années si elle survit à la saison froide.
73
+
74
+ Un essaim[46] d'abeilles est un rassemblement en nombre important d'abeilles de la même famille. Quand une vieille reine quitte le nid avec une fraction de sa population (environ la moitié) pour former une nouvelle colonie, laissant la place à une jeune reine, on parle d'essaimage. Les abeilles évitent ainsi d'engendrer un super-organisme étouffant.
75
+
76
+ L'essaimage des abeilles est un véritable processus anarchiste d'intelligence collective puisqu'il s'agit de parvenir à un consensus pour définir la future localisation de la colonie. Les éclaireuses relatent une position qui leur semble propice à l'installation de la colonie par une danse dont la vivacité reflète la qualité du lieu désigné, et suffisamment explicite pour en indiquer la position. Toutes les exploratrices ont le même pouvoir d'information et présentent de manière transparente et souvent simultanément leurs découvertes. Selon l'intensité de la communication, l'abeille découvreuse d'un site va recruter un nombre plus ou moins grand de nouvelles éclaireuses qui iront chacune le visiter et entreprendre une évaluation indépendante. Elles pourront à leur tour donner leur opinion, et cette mutualisation perpétuelle des connaissances aboutit au consensus pour une destination[47].
77
+
78
+ L'expression « abeille à miel » ou « abeille mellifère » est un nom vernaculaire désignant en français des insectes sociaux parmi les abeilles qui produisent du miel en quantité significative mais, par métonymie, c'est aussi l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera).
79
+
80
+ Les abeilles à miel appartiennent majoritairement au genre Apis, de la sous-famille des Apinés, mais c'est Apis mellifera et, dans une moindre mesure, son homologue asiatique Apis cerana, l'espèce qui se prête le mieux à l'apiculture[48]. D'autres espèces produisent du miel mais pas en quantité suffisante pour mériter cette appellation.
81
+
82
+ Les abeilles domestiques sont principalement de l'espèce Apis mellifera. Originaire d'Europe et d'Afrique, c'est en effet l'espèce la plus utilisée pour produire du miel. Elle a donné de nombreuses sous-espèces ainsi que de nombreux hybrides de ces sous-espèces, dont certains, comme l'abeille buckfast, sont obtenus par croisements au sein des élevages. Apis cerana est également exploitée dans certaines régions de l'Asie.
83
+
84
+ Les autres espèces du genre Apis (Apis florea, Apis dorsata, etc.) se trouvent uniquement à l'état sauvage.
85
+
86
+ Des abeilles de la tribu des Meliponini produisent également de petites quantités de miel. Le rendement des colonies d'abeilles en miel dépend aussi des végétaux à la disposition des butineuses, car les plantes à fleurs sont plus ou moins mellifères.
87
+
88
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
89
+
90
+ Vue dorsale des trois principales espèces.
91
+
92
+ Vue latérale des trois principales espèces.
93
+
94
+ Abeille à miel d'Europe et d'Afrique : Apis mellifera.
95
+
96
+ Favorite de l'apiculture en Europe, sous-espèce de la précédente, l'Abeille noire : Apis mellifera mellifera.
97
+
98
+ Abeille à miel asiatique : Apis cerana.
99
+
100
+ Abeilles à miel géantes : Apis dorsata.
101
+
102
+ Abeille à miel d'Amérique du Sud : Trigona spinipes.
103
+
104
+ Avant Linné, on ne connaissait comme abeille que la « mouche à miel ». Le père de la taxinomie moderne ajoute à cette abeille domestiquée d'autres espèces d'hyménoptères qui, comme elle, vivent de nectar et de pollen. En 1758 il les classe toutes dans un genre nommé Apis (abeille en latin)[49].
105
+
106
+ Les connaissances sur ces insectes progressant, un seul genre Apis se révèle bientôt insuffisant pour contenir toutes les nouvelles abeilles répertoriées. Avec les travaux de Kirby et Latreille, suivis par Schenk et Thomson, les classifications gagnent en précision : Apis ne conserve qu'un petit nombre d'espèces proches de l'abeille domestique et de nombreux autres genres sont créés. On distingue alors deux grands groupes d'abeilles : les abeilles à langue courte et les abeilles à langue longue. Ces dernières sont divisées à leur tour en abeilles solitaires ou abeilles sociales (les abeilles « vraies »). Plus d'une centaine de genres se répartissent à l'intérieur de ces grands groupes[50]. Les abeilles à langue longue sont considérées comme les plus évoluées. Les guêpes apoïdes (Sphecidae sensu lato) sont reconnues comme apparentées aux abeilles à langue courte[51].
107
+
108
+ À la fin du XIXe siècle sont reconnus comme portant le nom d'abeille « tous les hyménoptères dont la larve se nourrit de miel et de pollen, quels que soient d'ailleurs le genre de vie et les mœurs de l'adulte »[49].
109
+
110
+ Dans la classification classique, les abeilles font toutes partie de la superfamille des Apoïdes[27] créée en 1802 par Pierre-André Latreille et qui regroupe les abeilles et les guêpes apoïdes. Toutefois, la classification des abeilles est en constante évolution[52].
111
+
112
+ La classification classique est historiquement centrée sur l'abeille mellifère. Ceci aurait amené les entomologistes à considérer que les abeilles à langue longue formaient un groupe plus évolué que celui des abeilles à langue courte. Les premières classifications phylogénétiques ont maintenu cette hypothèse, en plaçant la famille des Colletidés (à langue courte) à la base de l'arbre phylogénétique des Apoïdes. Cependant, en 2007 des travaux d'analyse moléculaire démontrent que la langue courte des Colletidés n'est pas un caractère hérité des Sphecidés, mais découle d'une évolution parallèle. Ces conclusions bouleversent la classification classique et désignent la famille des melittidés comme la plus ancienne des familles d'abeilles[51].
113
+
114
+ Liste des familles actuelles selon Debevic et al. 2012[53] et Hedtke et al. 2013[54], en concordance avec ITIS[55]:
115
+
116
+ Note: Les Apidés et les Mégachilidés sont considérées comme les abeilles à langues longues, les autres familles à l'exception des Mélittidés sont considérées comme les abeilles à langues courtes.
117
+
118
+ Phylogénie des hyménoptères apoïdes actuels d'après Debevic et al, (2012)[56] :
119
+
120
+ Ampulicidae (guêpes à blattes)
121
+
122
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 1
123
+
124
+ Sphecidae s.s. (guêpes fouisseuses)
125
+
126
+ Crabroninae
127
+
128
+ Bembicini
129
+
130
+ Astatinae et Nyssonini
131
+
132
+ (Heterogynaidae) Hypothèse 2
133
+
134
+ Pemphredoninae et Philanthinae
135
+
136
+ Anthophila (abeilles)
137
+
138
+
139
+
140
+ Phylogénie des familles actuelles d'abeilles, d'après Hedtke et al., 2013 :[54]
141
+
142
+ Melittidae (avec l'abeille à culotte)
143
+
144
+ Apidae (abeilles sociales)
145
+
146
+ Megachilidae (abeilles découpeuses, abeilles maçonnes)
147
+
148
+ Andrenidae (abeilles des sables)
149
+
150
+ Halictidae (abeilles de la sueur)
151
+
152
+ Colletidae (abeilles à face jaune)
153
+
154
+ Stenotritidae
155
+
156
+ Toutes les abeilles peuvent jouer un rôle important pour la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées. Toutefois on doit en général considérer que les abeilles domestiques des apiculteurs jouent un rôle supplétif perturbant la nature[réf. nécessaire].
157
+
158
+ Certaines espèces sont plus performantes que d'autres de ce point de vue : le taux de pollinisation et l'efficacité de celle-ci sont ainsi deux fois plus importants par les abeilles sauvages que par les abeilles domestiques[57]. Les plantes dont la pollinisation est favorisée par l'abeille sont dites mellitophiles. En effet, lorsque les abeilles récoltent des ressources alimentaires, elles se couvrent de pollen. Le pollen est le gamète mâle de la fleur. Elles butinent ensuite d'autres fleurs afin d'y récolter le nectar et se frottent alors contre les parties reproductrices des autres fleurs. Ainsi, le pollen déposé à la surface de la fleur colonise ses graines femelles[58]. Involontairement, les abeilles permettent donc le contact entre les gamètes mâles et femelles des différentes fleurs.
159
+
160
+ Les abeilles bénéficient également de la pollinisation car, en récoltant le nectar et pollen, elles constituent leurs réserves alimentaires. De plus, une grande densité de fleurs aux alentours de la ruche leur est bénéfique car cela minimise leur temps de recherche de nourriture.
161
+
162
+ Enfin, les populations humaines sont directement et indirectement dépendantes des fleurs pour un tiers de leur régime alimentaire[59]. L'absence des pollinisateurs indigènes naturels les plus répandus pourrait donc avoir des conséquences économiques, sociales et écologiques.
163
+
164
+ Or, on constate dans l'Hémisphère nord une baisse de la population des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles[2],[60]. Un des symptômes de ce phénomène est le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, qui connaît une recrudescence au début du XXIe siècle. De multiples causes semblent être à l'origine de cette baisse de la population : parasites, champignons, prédateurs, monoculture intensive, alimentation trop peu diversifiée ou de mauvaise qualité, réchauffement climatique… Les produits phytosanitaires agricoles, les cultures d'OGM et la pollution électromagnétique sont également cités mais leur implication est de moins en moins controversée avec un consensus scientifique croissant sur le rôle dévastateur des insecticides[61]. En tant qu'animal bioindicateur, cette situation inquiète non seulement les apiculteurs, mais aussi de nombreux écologues, économistes et experts en raison de l'importance économique et écologique de l'abeille. En février 2010, l'Union européenne met en place le programme STEP afin de préciser les causes et les impacts de ce déclin et d'en assurer le suivi.
165
+
166
+ Un groupement d'apiculteurs et d'acteurs intéressés crée en 2011 le réseau européen Bee-Secured, pour la surveillance de l'environnement et de la biodiversité. En 2012, le réseau prend une dimension hors Europe.[réf. nécessaire]
167
+
168
+ La pollinisation par les insectes indigènes non domestiques est un enjeu important de l'écologie. En effet, les insectes sauvages permettent d'effectuer naturellement des fécondations croisées : l'ovule d'une plante reçoit le pollen d'une autre plante de la même espèce, cela permet de conserver une grande diversité génétique. Or, la diversité génétique permet d'éviter les dépressions de consanguinité et augmente la résilience de la population face aux perturbations environnementales et aux nouvelles maladies. Dans une population à grande diversité génétique, le risque d'extinction est beaucoup plus faible[62].
169
+
170
+ Le 16 avril 2014 les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi sur l'avenir de l'agriculture reconnaissant l'abeille comme « un bio-indicateur dans le cadre de la surveillance des produits phytopharmaceutiques »[63].
171
+
172
+ En butinant d'un arbre à l'autre, les abeilles (Apis mellifera), ainsi que d'autres insectes pollinisateurs, contribuent à la diffusion de bactéries phytopathogènes, telles que Erwinia amylovora, agent pathogène du feu bactérien, maladie bactérienne grave qui affecte des arbres fruitiers de la sous-famille des Maloideae[64], ou Pseudomonas syringae, agent de diverses maladies du type chancre bactérien, notamment le chancre bactérien du kiwi, causé par le pathovar Pseudomonas syringae pv. actinidiae[65].
173
+ Du fait de leur intense activité de pollinisation, les abeilles sont un vecteur très efficace de transmission de ces bactéries. Toutefois, comme les bactéries ne peuvent survivre l'hiver dans les ruches, les abeilles ne peuvent en aucun cas être responsables d'une inoculation primaire, mais seulement d'inoculation secondaire, transmettant les bactéries de fleur en fleur[66],[67].
174
+ Selon une étude néo-zélandaise de 2014, Pseudomonas syringae, comme Erwinia amylovora, peut survivre et se propager au sein des ruches pendant un temps limité. Les auteurs appuient donc la recommandation d'une période de retrait minimum avant de transporter dans un verger sain des ruches provenant d'un verger contaminé[65].
175
+
176
+ L'abeille est la plus ancienne amie de l'homme, bien qu'apparue avant lui, il y a 45 millions d'années[68]!
177
+
178
+ Très tôt les humains ont pris conscience de leur intérêt à protéger, voire héberger ou même élever et, plus simplement, à observer les abeilles.
179
+ Outre leurs fonctions écosystémiques, les abeilles présentent une fonction économique importante.
180
+
181
+ Les substances produites par certaines abeilles – cire d'abeille, propolis, gelée royale, miels de différentes plantes et même leur venin – ont la réputation ancestrale d'être excellentes pour la santé.
182
+
183
+ Ce sont évidemment les abeilles à miel domestiquées qui en sont les meilleures pourvoyeuses.
184
+
185
+ À la différence des guêpes et des frelons, l'abeille n'est pas un prédateur et ne chasse pas pour se nourrir[69]. Une abeille en train de butiner est généralement inoffensive[70].
186
+
187
+ Cependant, les abeilles défendent leur nid et leurs routes aériennes des intrus. Les espèces prisées pour l'apiculture sont les plus tolérantes à cet égard. D'autres, comme l'abeille tueuse, hybride apparu au Brésil dans les années 1950, sont plus agressives à l'approche de leur nid[71] tandis que chez certaines espèces comme les mélipones, l'aiguillon, sous-développé, ne permet pas la piqûre : l'abeille se défend alors par une morsure urticante[72].
188
+
189
+ L'abeille utilise son dard cranté pour injecter du venin à son agresseur lorsqu'elle se trouve menacée. Cet aiguillon dentelé, dont seules les femelles sont pourvues, reste fiché dans la peau de la victime et est arraché de l'abdomen de l'abeille lorsque celle-ci s'éloigne. Il entraîne à sa suite une partie des organes internes de l'abeille, dont son sac à venin. Cette déchirure est presque toujours fatale à l'abeille piqueuse[73]. Mais l'abeille peut repartir indemne, si sa victime s'avère être un autre insecte, dépourvu de la peau épaisse des mammifères[73].
190
+
191
+ Une piqûre injecte en moyenne 50 à 140 µg de venin (contre 10 µg pour la guêpe qui possède un dard lisse mais peut piquer plusieurs fois), selon l'espèce d'abeille et le délai avant lequel l'aiguillon est retiré[74]. Même après le départ de l'abeille, les contractions réflexe des muscles arrachés continuent d'injecter le venin contenu dans le sac, une trentaine de secondes étant nécessaires pour vider celui-ci. Il faut donc éviter de le compresser en le retirant dans les secondes suivant la piqûre[74].
192
+
193
+ Sauf en cas d'intolérance, une unique piqûre est inoffensive pour l'homme (et pourrait même avoir parfois des effets bénéfiques notamment pour lutter contre la maladie de Parkinson). Toutefois, l'emplacement des piqûres, leur nombre ou une sensibilité allergique peuvent occasionner des décès en cas de choc anaphylactique[75].
194
+
195
+ En l'absence de données significatives, la dose létale médiane n'est pas établie avec certitude et oscille, selon les auteurs, entre 1,3 mg. kg−1[71] et 3,5 mg. kg−1[74] de venin. Le nombre de piqûres nécessaires pour atteindre ces doses, pour un adulte pesant entre 60 kg et 70 kg, varie selon les espèces et les estimations entre 600[73] et 1 750[74]. Seules les abeilles tueuses, au comportement extrêmement agressif, sont susceptibles de causer un si grand nombre de piqûres. En revanche, leur venin ne diffère pas sensiblement de celui des autres espèces d'Apis mellifera[71].
196
+
197
+ L'apiculture est la discipline liée à l'élevage des abeilles domestiques, l'éleveur étant un apiculteur.
198
+ Les abeilles d'élevage vivent dans une ruche, une structure artificielle faite à base de paille, de bois ou de plastique et destinée à abriter une colonie d'abeilles sociales butineuses. Un ensemble de ruches constitue un rucher.
199
+
200
+ L’osmiculture est la technique d’élevage local d’abeilles indigènes et solitaires qui nichent hors sol. L'osmiculteur fournit un environnement de nidification (nichoir d'abeilles) adapté à l’espèce, identifie et élimine les parasites qui s’incrustent dans cette population. Il ne gère pas de récolte car les abeilles indigènes pollinisent mais ne fabriquent pas de miel.
201
+
202
+
203
+
204
+ Métaphore de l’harmonie politique et sociale depuis l’Antiquité, l'abeille était censée symboliser, dans l'Égypte antique, la Basse-Égypte, le pharaon étant désigné comme étant « Celui des carex et de l'abeille » (les carex représentant la Haute-Égypte).
205
+
206
+ Le Coran porte un chapitre nommé « Les abeilles ». Sourate no 16 les abeilles, verset [68-69].
207
+
208
+ L'abeille a pu symboliser la résurrection et l'immortalité pour les Mérovingiens. Des représentations d'abeilles ont été retrouvées parmi les éléments funéraires de Childéric Ier[76].
209
+
210
+ En France, Napoléon Bonaparte a repris[77] – avec l’aigle, symbole de l’Empire carolingien – cet insecte industrieux et a remplacé par les abeilles impériales les fleurs de lys du semis des armoiries royales.
211
+
212
+ Dans les pays scandinaves, sur certaines tombes, l'abeille est un symbole utilisé pour représenter le caractère travailleur et industrieux de la personne décédée[78].
213
+
214
+ Dans la culture populaire, l'abeille fait majoritairement référence aux abeilles sociales à miel et en Occident à l'abeille domestique Apis mellifera.
215
+
216
+ Depuis les années 1970 avec une accélération depuis la fin des années 1990, de nombreuses espèces d'abeilles sont en forte régression (ou ont localement disparu) en raison, semble-t-il, de parasites, virus, champignons, bactéries, mais aussi de la dégradation des habitats (urbanisation, imperméabilisation des sols, débocagisation) et du réchauffement climatique qui a un impact sur la phénologie des plantes hôtes et des fleurs pollinisées. Or, ces abeilles ont une importance majeure pour la pollinisation de nombreuses espèces de fruits, légumes et céréales. Les impacts de l'usage croissant de certains pesticides et insecticides écotoxiques sont également suspectés depuis la fin des années 1990 d'avoir un lien avec le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles domestiques. Ce lien a été confirmé par deux études faites en milieu naturel (« conditions réalistes »), publiées par la revue Science en mars 2012, confirmant des impacts négatifs des néonicotinoïdes sur deux pollinisateurs essentiels, l'abeille domestique[79] et le bourdon commun. Présents par diffusion dans le nectar et le pollen des fleurs de cultures industrielles telles que le maïs et le colza, ils affectent le système nerveux des insectes[80]. Il ne s'agirait pas de la seule cause du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, mais il y participe et accélère la régression de ces pollinisateurs[81].
217
+
218
+ Dans l'Union européenne, le règlement (CE) no1107/2009 indique qu'"une substance active, un phytoprotecteur ou un synergiste n’est approuvé que s’il est établi, au terme d’une évaluation des risques appropriée sur la base de lignes directrices pour les essais adoptées au niveau communautaire ou au niveau international, que l’utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active, ce phytoprotecteur ou ce synergiste, dans les conditions d’utilisation proposées n’aura pas d’effets inacceptables aigus ou chroniques sur la survie et le développement des colonies, compte tenu des effets sur les larves d’abeille et le comportement des abeilles"[82].
219
+
220
+ Le règlement de 2009 devait conduire à la refonte des tests de toxicité à réaliser sur les abeilles, avant la mise sur le marché d'un pesticide. L'EFSA, l'Autorité sanitaire européenne, a constaté en 2012 que ces tests étaient très insuffisants, les produits phytosanitaires étant mis sur le marché sans avoir été correctement évalués[83]. L'EFSA[84] a élaboré de nouveaux protocoles complets : Ces lignes directrices incluent l'évaluation de la toxicité chronique, les effets sur les larves, sur les abeilles sauvages et bourdons et non pas seulement les abeilles à miel, les différentes voies de contamination (eau, poussières...)[84].
221
+
222
+ Ce document guide a été publié en 2013, mais les États membres ne l'ont jamais adopté (entre 2013 et 2019, il a été inscrit à l’ordre du jour du Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed, ou SCoPAFF, une trentaine de fois). Depuis 2013, l’European Crop Protection Association (ECPA), l’association professionnelle des fabricants de pesticides, s'oppose fermement à la mise en application de ce document[83]. Les industriels de l’agrochimie ont adressé à l’exécutif européen de nombreuses lettres contre le document guide de l’EFSA.
223
+
224
+ Dans une tribune du 9 février 2019, l'eurodéputé Eric Andrieu, président de la commission spéciale du Parlement européen sur la procédure d’autorisation des pesticides par l’Union, écrit: "sous la pression incessante des lobbyistes des industriels de l’agrochimie, certains États demandent aujourd’hui à l’EFSA de réviser son document de 2013, qui n’a jamais été mis en œuvre. Et pour cause : selon l’industrie, 82 % des produits phytosanitaires seraient alors sur la sellette !"[85]
225
+
226
+ Les protocoles d’évaluation des pesticides sur les pollinisateurs se référent toujours à un texte de 2002, totalement obsolète selon les spécialistes. La toxicité chronique, cause importante de la mortalité des pollinisateurs, n'est pas évaluée, ni les effets délétères sur les espèces sauvages. "Pendant ce temps, le taux de mortalité des abeilles atteint les 80 % dans certaines régions de l’UE. Alors que les études montrent que l’utilisation de pesticides représente un risque réel pour les abeilles sauvages et les abeilles mellifères, les gouvernements des 28, en particulier les 16 États qui bloquent la proposition, doivent enfin prendre leurs responsabilités", estime Eric Andrieu, "Les chefs d’État doivent en finir avec leur hypocrisie sur la question des pesticides et cesser de dérouler le tapis rouge aux multinationales de l’agrochimie"[85]. Selon l'eurodéputé et Nicolas Laarman, de l'Ong Pollinis, « l’extinction en cours des abeilles et autres insectes pollinisateurs est un enjeu vital, et la réforme de notre système d’homologation des pesticides, une urgence absolue[86] ».
227
+
228
+ "En renonçant à la mise à jour des principes d’évaluation des risques des pesticides, la Commission européenne participe à la dégradation dramatique de l’environnement", écrit l'éditorialiste du journal Le Monde, le 27 août 2019[87].
229
+
230
+ Une étude française conduite par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) avec le réseau des instituts des filières agricoles et végétales (ACTA), s’est basé sur le radiosuivi d’abeilles par micropuces (système RFID) identifiant 653 abeilles mellifères, et un comptage électronique des entrées/sorties de ruche.
231
+
232
+ Comme certains apiculteurs l'avaient pressenti ou observé, au moins l’un des néonicotinoïdes les plus utilisés perturbe l'orientation des abeilles ; le thiaméthoxame (matière active de produits commerciaux tels que le Cruiser, Flagship, Illium, Axoris[79]). 10 % à 31 % des abeilles ayant ingéré cette molécule, même à de très faibles doses, se sont montrées incapables de rejoindre leur ruche[79]. Or, la perte de repères est l’un des éléments du syndrome d'effondrement des colonies. Hors de la ruche, ces abeilles meurent trois fois plus que le taux normal[79].
233
+
234
+ Le projet « EPILOBEE » est la première surveillance épidémiologique de la mortalité des colonies d’abeilles domestiques en Europe. Au total, ce sont 31 832 colonies d’abeilles provenant de 3 284 ruchers qui ont été suivies entre l’automne 2012 et l’été 2013. Les premiers résultats provenant des 17 pays européens participants montrent une grande variabilité des taux de mortalité en fonction des zones géographiques en Europe. Les taux de mortalité hivernaux s’échelonnent suivant les pays de 3,5 % à 33,6 %. Les taux de mortalité des colonies pendant la saison apicole sont quant à eux plus faibles et sont compris entre 0,3 % et 13,6 %. En additionnant la mortalité hivernale à la mortalité de la saison apicole, c’est la Belgique qui arrive en tête de ce lugubre classement, avec un taux de mortalité de 42,5 %. Viennent ensuite le Royaume-Uni (38,5 %), la Suède (31,1 %), la Finlande (29,8 %) et la France (27,7 %)[88].
235
+
236
+ Le nombre de ruches est un bon indicateur de la population d'abeilles domestiques. Au niveau mondial les chiffres sont soumis à beaucoup d'incertitudes, par contre les données de l'Union européenne sont plus fiable. Le rapport du CMO [89](Common Market Organisation) d'avril 2019 montre que le nombre de ruches est passé de 11.6 millions en 2004 à 17.5 millions en 2017. En France, d'après la Fédération ADA France[90] le nombre de ruches en 2017 était de 1.3 million, nombre similaire à celui de 1994 après une baisse entre 2010 et 2015 avec 1 million de ruches recensées . Étonnamment, ces chiffres, au niveau européen, sont en contradiction avec le syndrome d’effondrement des colonies. Malgré une forte mortalité le nombre de ruches en Europe continue de croitre ce qui est en adéquation avec la production européenne de miel qui était de 209 000 tonnes en 2017.
237
+
238
+ Le déclin des abeilles semble avoir pour cause principale l'usage des pesticides : Cuba, qui n'en utilise que très peu et dont l'agriculture est essentiellement biologique, est l'un des rares pays où les populations d'abeilles se sont maintenues à un niveau stable[91].
239
+
240
+ Depuis l'introduction des néonicotinoïdes, dans les années 1990, les trois quarts des insectes volants ont disparu d’Europe de l'Ouest[92]. Dans son livre Et le monde devint silencieux[93], le journaliste du Monde, Stéphane Foucart, raconte comment les entreprises de l’agrochimie ont tenté de faire croire que l’effondrement des pollinisateurs était un mystère, et n'était surtout pas lié à la mise sur le marché des insecticides néonicotinoïdes (une « stratégie du doute » calquée sur celle de l’industrie du tabac). Le journaliste analyse leurs méthodes pour infiltrer et financer des organisations scientifiques et des associations. Face à ces firmes, 70 scientifiques tentent de mener des recherches totalement indépendantes[92].
241
+
242
+ Dans la revue PLOS One, une étude[94] montre que « le paysage agricole américain est aujourd'hui 48 fois plus toxique qu'il ne l'était il y a 25 ans pour les abeilles et probablement d'autres insectes. Cette toxicité accrue est presque entièrement liée à l'usage des pesticides néonicotinoïdes. Parallèlement à cette montée en flèche de la toxicité, les populations d'abeilles, de papillons, d'autres pollinisateurs et même d'oiseaux ont quant à elle enregistré un déclin »[95].
243
+
244
+ En 2017, des chercheurs révèlent la disparition de 80 % des insectes volants en Allemagne en moins de trente ans, une situation qui est extrapolée à l’échelle de l’Europe[96]. En février 2019, des scientifiques publient dans Biological Conservation la synthèse de 73 études[97] : 40 % des populations d’insectes sont menacées d’extinction dans le monde, avec le risque d’un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels ». Les chercheurs considèrent l'agriculture conventionnelle, et ses pesticides, comme l'une des causes principales du déclin des insectes.
245
+
246
+ Une étude américaine publiée en septembre 2018 montre les dégâts du glyphosate sur les abeilles : cet herbicide altère leur flore intestinale, barrière contre de nombreux pathogènes[98]. Elles se retrouvent ensuite plus vulnérables aux bactéries (les abeilles contaminées au glyphosate ont eu une mortalité de 80 % après avoir été exposées à la bactérie Serratia marcescens). Le chercheur Jean-Marc Bonmatin, du CNRS, spécialiste des abeilles, explique que : « plus il y a de pesticides, plus les abeilles sont sensibles aux pathogènes », du fait d’une « perturbation de leur biologie »[99].
247
+
248
+ En cas de manque de pollinisateurs, plusieurs conséquences directes peuvent être répertoriées.
249
+
250
+ Premièrement, le rendement des cultures destinées à notre régime alimentaire serait considérablement amoindri. On estime que la pollinisation par les insectes contribue au rendement de 75 % des grandes cultures[100][réf. à confirmer]. Ceci entrainerait une hausse des prix des fruits et légumes.
251
+
252
+ Deuxièmement, le nombre d'apiculteurs professionnels chuterait ainsi que l'économie liée à la vente de produits de la ruche.
253
+
254
+ Troisièmement, l'augmentation des prix des fruits et légumes due au manque de pollinisateurs pourrait accentuer la tendance à la sous-consommation de ces produits, particulièrement pour les groupes sociaux à bas-revenu[101].
255
+
256
+ Une première évaluation (liste rouge) a été publiée en 2015[102], faite par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour une partie des 1 960 espèces d’abeilles sauvages recensées en Europe : 9,2 % des espèces sauvages étudiées sont en voie d’extinction selon l'UICN et 5,2 % le seront dans un avenir proche. Plus précisément, 7,7 % (150 espèces) sont en déclin certain, 12,6 % (244 espèces) semblent plus ou moins stables et 0,7 % (soit 13 espèces) seraient en augmentation[102].
257
+
258
+ La situation est peut-être plus grave, car alors que des phénomènes de perte de compétence (orientation, capacité à se nourrir) est constatée chez certaines espèces à des échelles nationales[103], pour plus de 79 % des espèces, une tendance n'a pu être évaluée et pour 56,7 % des espèces, leur statut de menace n'a pu être évalué faute de données scientifiques[102]. De plus, ce déclin est associé à une forte chute de la diversité génétique pour les espèces en déclin, mais l'UICN signale aussi que ce déclin contribue à la crise de la biodiversité avec en Europe près de 30 % des espèces d’abeilles menacées (en danger critique, en danger, vulnérables) qui sont endémiques au continent européen ou à une partie de ce continent (l’Europe abrite 10 % des espèces d'abeilles connues dans le monde, sur 7 % des habitats terrestres mondiaux)[102]. Diverses plantes (sauvages ou cultivées) ne peuvent être pollinisées que par une ou quelques espèces d'abeilles « spécialistes »[104] ; leur régression entraine donc aussi une perte de diversité végétale. De plus, selon les données les plus récentes, ce sont les abeilles sauvages qui assurent maintenant la plus grande part de la pollinisation (autrefois attribuée à l'abeille domestique)[105].
259
+
260
+ L’intensification de l'agriculture (avec ses effets collatéraux tels que l'augmentation de l'utilisation de pesticides, néonicotinoïdes notamment[106], le drainage, le recul des prairies permanentes et du bocage) est pointée comme première menace via la destruction et pollution des habitats des abeilles sauvages[107]. Même dans des pays à l'environnement considéré comme relativement préservé comme la Suède, un effondrement de certaines espèces (de bourdons par exemple)[108],[109], est constaté.
261
+
262
+ Bien des insectes pollinisateurs, comme des papillons et des bourdons, subissent le même déclin.
263
+
264
+ Dans le monde, diverses initiatives sont nées à différents niveaux de collectivités (du local à l'international). Des plans visent à protéger les abeilles, ou parfois plus largement les pollinisateurs sauvages.
265
+
266
+ En Europe, la France a lancé en 2015 un projet Plan national d'actions (PNA) « pour la préservation des abeilles et insectes pollinisateurs sauvages » dénommé « France, terre de pollinisateurs », qui comprend vingt actions pour cinq ans, dont l'une est que 20 % au moins du territoire soit concerné par des pratiques favorables aux pollinisateurs ; avec fauchage tardif et jachères fleuries sur les dépendances vertes des axes de transport ; une surface comparable à celle des parcs nationaux[110].
267
+
268
+ La Wallonie en 2011 a produit un « Plan Maya »[111], intégré dans un projet plus général de renaturation « partout et par tous ».
269
+
270
+ En juillet 2019, contre l’avis de ses propres experts et de la communauté scientifique, l'Union européenne renonce à agir en faveur de la protection des abeilles[83].
271
+
272
+ Sur les autres projets Wikimedia :
273
+
274
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
fr/3329.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,75 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le sang est un liquide biologique vital qui circule continuellement dans les vaisseaux sanguins et le cœur, notamment grâce à la pompe cardiaque. Il est composé d'un fluide aqueux, le plasma, et de milliards de cellules, principalement les globules rouges, qui lui donnent sa couleur.
2
+
3
+ Ce liquide transporte le dioxygène (O2) et les éléments nutritifs nécessaires aux processus vitaux de tous les tissus du corps, ainsi que les déchets, tels que le dioxyde de carbone (CO2) ou les déchets azotés, vers les sites d'évacuation (reins, poumons, foie, intestins). Il permet également d'acheminer les cellules et les molécules du système immunitaire vers les tissus, et de diffuser les hormones dans tout l’organisme.
4
+
5
+ Chez l'adulte, c’est la moelle osseuse qui produit les cellules sanguines au cours d’un processus appelé l'hématopoïèse. Hors de la moelle, le sang est dit périphérique.
6
+
7
+ Le sang est à première vue reconnaissable à l'ouverture des tout premiers vertébrés, comme la lamproie marine (Petromyzon marinus), espèce vivant encore actuellement. Dans la classification phylogénétique, depuis le Cambrien (environ 500 millions d'années), les Petromyzontidae présentaient déjà une hémoglobine permettant le transport du dioxygène vers les tissus, dans une circulation fermée, où le sang pouvait conserver ses propriétés.
8
+ Normalement inapparent, c'est par son écoulement (le saignement), qu'il a commencé à être reconnu et identifié par ses particularités sensorielles (couleur, odeur, goût, toucher) avant les analyses physico-chimiques plus spécifiques. En cas de brèche ou d'effraction des vaisseaux, ses propriétés de fluide mobile coloré se transforment spontanément, rapidement et irréversiblement, le sang versé signant ainsi l'atteinte de l'intégrité d'un organisme vivant évolué - et par là donc, sa vulnérabilité - et cette caractéristique participe depuis, au cycle des comportements de prédation de très nombreuses espèces.
9
+
10
+ Le sang des vertébrés est rouge. Il devient rouge clair lors de l’oxygénation dans les poumons ou les branchies. De couleur rouge dans les artères, il devient ensuite rouge foncé quand il perd son dioxygène au profit des tissus. En observant les veines au travers des peaux claires, le sang paraît bleu mais il est bien rouge sombre, même à l’intérieur des veines. C'est la peau qui agit comme un filtre, ne laissant passer que le bleu[1].
11
+
12
+ Le cœur met le sang en circulation dans tout l’organisme. Il passe par les poumons (petite circulation) pour se charger en dioxygène et évacuer le dioxyde de carbone, et circule ensuite à travers le corps via les vaisseaux sanguins (grande circulation). Il libère son dioxygène et prend en charge le dioxyde de carbone au niveau des capillaires sanguins qui sont les plus petits vaisseaux sanguins de l’organisme. Dans son état désoxygéné, sa couleur rouge est moins brillante (comme dans le cas du sang veineux périphérique, par exemple).
13
+
14
+ Le sang véhicule les déchets métaboliques des organes qui sont toxiques au-delà d'une certaine concentration. Le foie et les reins extraient ces déchets, évacués dans la bile et les urines.
15
+
16
+ Chez tous les vertébrés, l'oxygène est transporté par l'hémoglobine, qui colore le sang en rouge. Chez certains invertébrés comme les arthropodes (l'embranchement des arthropodes est de très loin celui qui possède le plus d'espèces et le plus d'individus de tout le règne animal, comme les crustacés, les arachnides, et les insectes) et les mollusques, c'est un atome de cuivre (et non de fer) qui transporte l'oxygène dans l'hémocyanine, d'où un sang bleu-vert[2].
17
+
18
+ En tant que tissu conjonctif liquide, le sang contient des éléments cellulaires et des substances fondamentales, sans fibres, contrairement aux tissus conjonctifs solides. Son pH varie entre 7,35 et 7,45[3]. Sa couleur provient de l'hémoglobine (protéine comportant quatre hèmes).
19
+
20
+ Ces éléments figurés constituent 45 % du sang (voir hématocrite), ce sont toutes les cellules contenues dans le sang. Les 55 % restants constituent le plasma sanguin, un liquide jaunâtre qui est la phase liquide dans laquelle sont en suspension les éléments figurés.
21
+
22
+ Le plasma est la composante liquide du sang dans laquelle baignent les éléments figurés. Il est constitué d’eau, d’ions et de différentes molécules qui sont ainsi transportées à travers l’organisme. Il faut encore le distinguer du sérum sanguin, liquide issu d'un caillot sanguin rétracté, dont la composition est un peu différente de celle du plasma sanguin, car dépourvu en particulier du fibrinogène.
23
+
24
+ Les principales molécules du soluté du plasma (le solvant étant l'eau qui est la principale composante du sang) sont :
25
+
26
+ Certains de ces éléments sont des hormones, pouvant être des protéines, des acides aminés modifiés, des stéroïdes, ou des lipides modifiés (dont les prostaglandines et les thromboxanes).
27
+
28
+ Autres composants potentiels :
29
+
30
+ Il contribue également �� la régulation de nombreuses fonctions : pression artérielle, pression oncotique, régulation du pH, maintien de la température corporelle, etc.
31
+
32
+ Le sang peut être fractionné entre ses différents composants de deux façons, selon l'utilisation d'anticoagulant.
33
+
34
+ Si le sang est prélevé sur un anticoagulant (comme l'EDTA), la centrifugation sépare 2 phases, un surnageant jaunâtre, le plasma, et un culot, constitué par les hématies, dont la hauteur dans le tube définit l'hématocrite, normalement de 45 %. À l’interface entre ces 2 phases, on peut observer un mince anneau blanchâtre contenant les leucocytes et les plaquettes. Une simple agitation permet de mélanger tous ces composants et de les remettre en suspension.
35
+
36
+ Si le sang est prélevé sans anticoagulant, on obtient un surnageant jaunâtre, le sérum, et un culot, contenant les hématies emprisonnées dans un réseau de fibrine. Les hématies ne peuvent pas être remises en suspension.
37
+
38
+ L’hématologie est la spécialité médicale chargée de l’étude des affections de la circulation sanguine :
39
+
40
+ Certaines maladies peuvent être transmises par transfusion sanguine, dont notamment l’hépatite C et le sida (le virus (VIH) peut se transmettre par contact entre le sang d’une personne et le sang ou/et le sperme). Pour cette raison, dans certains contextes, on traite les objets tachés de sang comme un danger biologique.
41
+
42
+ Chez l'humain, le sang représente en moyenne 7 à 8 % de sa masse corporelle.
43
+
44
+ Son parcours à travers le corps humain peut être résumé en une série de différentes étapes.
45
+
46
+ Le cycle commence après un passage au niveau des poumons. Le sang, alors riche en dioxygène, est envoyé vers le cœur par quatre veines pulmonaires : les veines pulmonaires inférieure et supérieure droite, et inférieure et supérieure gauche. Une fois à l'intérieur, il transite par l'oreillette et le ventricule gauche avant de rejoindre l'aorte, le plus gros vaisseau sanguin de l'organisme, puis les organes en empruntant l'ensemble du réseau artériel. Il est à noter que les artères, par un système de dilatation pariétale permettant la variation de leur volume, représente le réservoir de pression du système cardio-vasculaire.
47
+ Une fois le dioxygène distribué le sang, alors chargé en dioxyde de carbone libéré par les organes, va retourner vers le cœur via le réseau veineux puis les deux veines caves, inférieure et supérieure. La proportion volumique de sang dans les veines est plus grande que celle dans les artères, elles servent de réservoir sanguin à la pompe cardiaque. Après un passage par l'oreillette droite puis le ventricule droit, il va finalement être ramené par les artères pulmonaires au niveau des poumons afin d'y être de nouveau oxygéné, entamant ainsi un nouveau cycle.
48
+ L'ensemble du flux sanguin passe de cette manière par les poumons, assurant une oxygénation constante de l'organisme.
49
+
50
+ Le sang circule, toujours dans le même sens, à l’intérieur d’un circuit entièrement clos formé de vaisseaux sanguins de divers calibres, répartis dans tout le corps. Les contractions du cœur assurent la circulation du sang. Quatre valves dont deux atrio-ventriculaires (entre l'oreillette et le ventricule du cœur) et deux ventriculaires (entre le ventricule du cœur et l'artère) assurent la circulation unidirectionnelle du sang dans l'organisme.
51
+
52
+ Le passage du sang des oreillettes aux ventricules est appelé systole auriculaire, celui des ventricules vers l'aorte ou l'artère pulmonaire systole ventriculaire. La diastole, période de relâchement du myocarde, permet quant à elle le remplissage en sang des ventricules et oreillettes.
53
+
54
+ Le cœur est une pompe foulante et aspirante qui éjecte le sang dans les vaisseaux de l’appareil circulatoire et qui contribue au retour veineux.
55
+
56
+ Le sang est composé de 54 % de plasma, 45 % de globules rouges et 1 % de globules blancs et de plaquettes.
57
+
58
+ Un millilitre de sang contient 0,5 mg de fer[6].
59
+
60
+ Au niveau mondial, l'exportation de sang humain et de sérum a représenté un marché de 127,6 milliards de dollars américains en 2015, en hausse de 41,9 % depuis 2009 (soit plus que les ventes à l'exportation de l’industrie aérospatiale)[7].
61
+
62
+ Le christianisme a rapidement abandonné les règles de la cacherout, mais l’interdit du sang issu des lois noahides est repris dans les Actes des Apôtres 15[8]. : « Lorsqu’ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole, et dit : […] je suis d’avis qu’on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais qu’on leur écrive de s’abstenir des souillures des idoles, de l’impudicité, des animaux étouffés et du sang ». L'interdiction des animaux étouffés va dans le même sens que l'interdiction du sang : un animal étouffé (non égorgé) reste rempli de son sang.
63
+ Aussi, certains groupes religieux chrétiens l'appliquent également, tels les Témoins de Jéhovah qui vont jusqu’à prohiber la transfusion sanguine, présentée comme une violation de la loi divine[9].
64
+
65
+ La perte de sang liée à la menstruation est un phénomène physiologique « spectaculaire », à l'origine de nombreuses croyances et tabous culturels ; Cesare Lombroso la liait ainsi à la criminalité féminine[10].
66
+
67
+ Masters et Johnson rappellent :
68
+
69
+ « En 1878, le prestigieux British Médical Journal édita une série de lettres de médecins qui donnaient des « preuves » que le contact d’une femme qui avait ses règles pouvait abîmer le jambon qu’elle avait touché[11]. »
70
+
71
+ Le sang fait partie des quatre humeurs d'Hippocrate :
72
+
73
+ Source : cours d'histophysiologie animale de L1 de SV.
74
+
75
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/333.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,182 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Araignées
2
+
3
+ Ordre
4
+
5
+ Sous-ordres de rang inférieur
6
+
7
+ Les araignées ou Aranéides (ordre des Araneae de la classe des Arachnides, à laquelle il a donné son nom) sont des prédateurs invertébrés arthropodes. Comme tous les chélicérates, leur corps est divisé en deux tagmes, le prosome ou céphalothorax (partie antérieure dépourvue de mandibules et d'antennes, dotée de huit pattes) et l’opisthosome ou abdomen qui porte à l'arrière des filières. Elles sécrètent par ces appendices de la soie qui sert à produire le fil qui leur permet de se déplacer, de tisser leur toile ou des cocons emprisonnant leurs proies ou protégeant leurs œufs ou petits, voire de faire une réserve provisoire de sperme ou un dôme leur permettant de stocker de l’air sous l’eau douce. Contrairement aux insectes, elles ne disposent ni d'ailes ni d'antennes ni de pièces masticatrices dans la bouche. Elles possèdent en général six à huit yeux qui peuvent être simples ou multiples.
8
+
9
+ Parmi les 47 000 espèces connues que compte cet ordre en 2017, une seule est majoritairement herbivore, Bagheera kiplingi, et une seule immergée, Argyroneta aquatica.
10
+
11
+ L'ordre des Araneae est très homogène aux points de vue morphologique et anatomique, mais de biologie extrêmement variée, tant par les divers usages de la soie que par les modalités du comportement lors de prédation ou de la reproduction.
12
+
13
+ En tant que prédatrices, les araignées jouent un rôle majeur dans la régulation des populations d'insectes, et elles sont elles-mêmes régulées par des prédateurs souvent spécifiques (reptiles, oiseaux ou insectes de la famille des pompilidae). Elles se sont adaptées à presque tous les milieux, de cavernicoles à montagneux, des milieux arctiques à équatoriaux. Seuls les eaux salées, les très hautes altitudes et les milieux très froids n’ont pas été colonisés par les Araneae.
14
+
15
+ La branche de l'arachnologie qui leur est consacrée est l'aranéologie. La peur des araignées ou arachnophobie est une des phobies les plus communes.
16
+
17
+ À l'exception de celles appartenant à deux familles (les Uloboridae et les Holarchaeidae) et au groupe des Mesothelae (350 espèces en tout), les araignées peuvent inoculer un venin pour se protéger ou paralyser leurs proies en liquéfiant leurs organes internes au moyen d'enzymes.
18
+
19
+ Les morsures de grandes espèces sont souvent douloureuses mais ne laissent pas de séquelles. Seules 200 espèces connues infligent des morsures susceptibles d'affecter la santé de l'Homme.
20
+
21
+ L’anatomie de l'araignée est celle des Arthropodes Chélicérates : corps divisé en deux tagmes, le prosome ou céphalothorax (partie antérieure dépourvue de mandibules et d'antennes, recouverte par une carapace en bouclier) et l’opisthosome dont les deux premiers métamères sont modifiés en organe génital. Le prosome a une première paire d’appendices transformée en chélicères et une deuxième paire d’appendices transformée en pédipalpes. Le prosome et l'opisthosome sont séparés par un pédicelle, appelé aussi le pédicule.
22
+
23
+ L’anatomie de l'araignée est également celle des Arachnides : prosoma équipé de paires d'yeux simples et de six paires d’appendices chez l’adulte (chélicères, pédipalpes et quatre paires de pattes ambulatoires) ; réduction voire perte des appendices de l’opisthosome ; développement d’un système respiratoire aérien qui peut avoir la forme d’un système trachéen ou d’un système pulmonaire.
24
+
25
+ Mais les araignées ont des adaptations qui les distinguent des autres arachnides : le prosome et l’opisthosome sont articulés par le pédicule ; les sternites du prosome sont fusionnés au niveau ventral pour former un sternum ; la paire de chélicères biarticulés en crochets est parfois reliée à une glande à venin ; un bulbe copulateur est généralement présent sur le pédipalpe des mâles ; parmi les quatre paires de pattes locomotrices, les deux premières paires de pattes antérieures sont dites tractives et les deux paires postérieures sont dites pulsives ; l’opisthosome non segmenté est muni en position postérieure de glandes séricigènes qui produisent de la soie filée par une à six paires de filières, appendices spécialisés excréteurs. Il est également équipé d'un organe sexuel externe féminin spécialisé, l'épigyne (plaque chitineuse en position ventrale qui contient un crochet et un réceptacle séminal).
26
+
27
+ Le prosome assume au point de vue physiologique l'intégration neuro-sensorielle (vision généralement mauvaise, fonction tactile grâce à des mécanorécepteurs, odorat grâce aux chimiorécepteurs), la prise de nourriture, la locomotion grâce à quatre paires de pattes ambulatoires, une partie de l'activité sexuelle (pédipalpes, pièces buccales) et un rôle glandulaire phéromonal, surtout chez le mâle. L'opisthosome assume sur le plan physiologique des fonctions végétatives (digestion, circulation intérieure, respiration, excrétion, reproduction et fabrication de la soie).
28
+
29
+ Le nom d'araignée vient du mythe Arachné (en grec ancien Ἀράχνη / Arákhnê), qui se vantait de tisser mieux qu'Athéna. C'était vrai, Athéna furieuse détruisit son travail. Humiliée, Arachné alla se pendre. La déesse, prise de remords, décida d'offrir une seconde vie à Arachné : elle la changea en araignée suspendue à son fil, la condamnant à tisser sa toile pour l'éternité.
30
+
31
+ Les araignées (47 000 espèces connues en 2017[1] selon le World Spider Catalog[2] dont 7 000 recensées dans la région ouest-paléarctique — Europe et bassin méditerranéen[3] et 1 700 dans une cinquantaine de familles en France[4]) ont conquis presque tout le domaine terrestre émergé hors haute montagne et zones polaires, certaines étant même capables de vivre en grande partie dans des bulles qu'elles construisent sous l'eau (en eau douce exclusivement). Elles sont donc ubiquistes. Beaucoup ont développé un mimétisme les rendant discrètes voire presque indétectables dans leur habitat. D'autres ont des comportements sociaux très développés.
32
+
33
+ Elles sont plutôt a priori généralistes en termes de proies, mais spécialisées en termes d'habitat. Pour la plupart des araignées, les proies sont cependant exclusivement des insectes ou leur larves et parfois d'autres arachnides ou de petits crustacés terrestres (ex : cloportes..). Les araignées sont cannibales et n'hésitent pas à se nourrir d'autres araignées, qu'elles soient d'espèce différente ou même de leur propre espèce ou de leur propre fratrie.
34
+
35
+ Les araignées interagissent avec leur environnement et entre elles en adaptant, pour certaines espèces au moins, leurs stratégies de chasse ;
36
+ Par exemple, deux araignées sympatriques (occupant le même habitat forestier en Europe), Frontinellina frutetorum (CL Koch) et Neriene radiata (Walckenaer) (Araneae : Linyphiidae) vivent normalement à la même hauteur dans les arbres forestiers. Quand elles coexistent, ces deux espèces se montrent capables d'utiliser des hauteurs sensiblement différentes sur les arbres pour tisser leur toile. F. frutetorum sélectionne plutôt la strate plus élevée, alors que N. radiata tissera ses toiles, plus près du sol, ce qui permet aux deux espèces de limiter leur concurrence dans la même niche écologique. Cela laisse penser qu'une plus grande diversité d'espèces invite les araignées à exploiter une plus large partie de leur environnement.
37
+
38
+ Les populations d'araignées sont dans la nature contrôlées par divers prédateurs, dont :
39
+
40
+ Les araignées sont aussi victimes de maladies dues à des bactéries, virus, parasites (dont certains champignons parasites par exemple les Cordyceps[5],[6] ou champignons du genre Gibellula[7],[8]) qui peuvent les tuer[9] comme cela existe assez fréquemment aussi chez d'autres arthropodes[10], dont on découvre encore de nouvelles espèces[11].
41
+
42
+ Les espèces connues d'araignées sont prédatrices, à l'exception très marginale de quelques espèces très dérivées comme Bagheera kiplingi, araignée sud-américaine, qui se nourrit principalement de pousses d'acacia[12].
43
+ Carnassières, elles se nourrissent exclusivement de proies vivantes qu'elles chassent à l'aide de pièges (toile d'araignée, araignée gladiateur, araignées-lasso ou araignées Bolas (en)), à courre ou à l'affût. Pour ne pas perdre leur proies, la plupart des espèces l'enroulent de soie. Nombre d'espèces sont nocturnes ou plus actives la nuit. Elles se nourrissent principalement d'arthropodes, mais certaines grandes araignées chassent des vertébrés (les veuves noires, par exemple, peuvent piéger des petits lézards). Sur tous les continents sauf l'Antarctique, des espèces se nourrissent parfois de poissons[13]. La majorité des espèces sont des prédateurs généralistes et opportunistes. Quelques rares espèces ont une spécialisation alimentaire stricte : le genre Zodarion se nourrit exclusivement de fourmis ; les genres Zora, Ero et Mimetus sont cannibales[14].
44
+
45
+ Comme tous les arachnides, l'araignée n'absorbe que des liquides : elle doit donc lyser ses proies par digestion extra-orale ou exodigestion — c'est-à-dire les liquéfier au moyen d'enzymes digestives injectées par les chélicères — avant de pouvoir s'en nourrir[15].
46
+
47
+ Les araignées ont un rôle écologique capital en capturant chaque année 400 millions d'insectes par hectare (loin devant les oiseaux)[16] : cette estimation est basée sur les données relatives au spectre des proies de l'Argiope frelon qui peut capturer, durant toute sa vie (d'avril à novembre) jusqu'à 900 proies, principalement des pucerons ailés (30 %), des Diptères (26,8 %), des Sauterelles (17,9 %) et des Hyménoptères (12,6 %)[17]. Elles sont capables de consommer quotidiennement 10 à 20 % de leur poids[18]. En tout, les araignées consommeraient ainsi entre 400 et 800 millions de tonnes d'insectes par an[19], ce qui en fait très probablement le premier groupe de prédateurs au monde (70 millions de tonnes pour les oiseaux marins, entre 280 et 500 millions de tonnes pour les baleines, et 400 millions de tonnes pour l'humanité)[20]. Elles constituent donc le principal levier de contrôle des populations d'insectes, et jouent à ce titre un rôle stratégique pour l'agriculture et l'équilibre des écosystèmes.
48
+
49
+ Selon une étude en mars 2017, chaque année l'ensemble des araignées de la planète (qui rassemblées pèseraient le poids de 478 Titanics) capturent et mangent environ 400 à 800 millions de tonnes de proies ; c'est autant de "viande" que ce que mangent les humains voire deux fois plus dans l'estimation haute (les humains consomment environ 400 millions de t/an de viande et de poisson). Pour donner une autre référence : c'est aussi une à deux fois la biomasse totale de tous les humains peuplant la planète[21].
50
+
51
+ Si les araignées sont traditionnellement considérées comme des prédateurs à l’alimentation exclusivement carnivore, des études plus fines montrent que les ressources alimentaires d’origine végétale peuvent représenter un complément important (jusqu'à 25 % de leur régime alimentaire). Les araignées peuvent en effet absorber les particules d'aéroplancton (spores de champignons, grains de pollen) piégés par les toiles et qui sont ingérés au moment où elles récupèrent la soie des fils, pendant le recyclage normal de la toile ou lors de sa réparation[22]. De nombreuses familles d'araignées complémentent également leur alimentation par du nectar[23].
52
+
53
+ En conditions défavorables, elles sont capables de jeûner pendant des mois, voire près d'une année[24].
54
+
55
+ Les soins parentaux sont assurés par les femelles, parfois par les deux parents ou par les mâles[25] : transport des œufs, protection de la progéniture, alimentation (régurgitation, ponte d'œufs stériles, sorte d'« allaitement » chez Toxeus magnus[26]).
56
+
57
+ Les glandes séricigènes produisent de la soie filée par de petites protubérances articulées (les filières), le plus souvent au nombre de 6, situées sur la face ventrale plus ou moins à l'extrémité de l'abdomen. La soie est liquide dans les glandes, mais se solidifie en fibrilles une fois sortie par les fusules, sous l'effet de la traction exercée par les pattes de l'animal et au contact de l'air. Le fil de soie est en fait constitué par un entrelacement d'un nombre élevé de fibrilles élémentaires, de 0,05 µm de diamètre chacun. Le diamètre du fil de soie varie entre 25 et 70 µm (à diamètre équivalent, ces fils sont réputés plus résistants que l'acier et possèdent une mémoire de forme 5 à 12 fois plus grande que le latex).
58
+
59
+ Les araignées produisent plusieurs types de soies en fonction de l'usage qu'elles vont en faire. La soie collante n'est qu'un des types existants.
60
+
61
+ Principaux usages de la soie :
62
+
63
+ On considère que l'usage initial de la soie était la fabrication du cocon pour protéger les œufs, car les araignées considérées comme « primitives » ne tissent pas de toile.
64
+
65
+ Plus de la moitié des espèces ne construisent pas de toile. D'ailleurs, la tendance évolutive de la stratégie de chasse chez les araignées est d'abandonner la chasse à l'aide de ce piège au profit de la chasse à courre ou à l'affût[28]. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet abandon : la prédation par les toiles exerce de fortes pressions sélectives sur les populations de proies qui développent une « course aux armes » (écailles des lépidoptères qui restent collées à la toile alors que les papillons peuvent se dégager) ; les araignées tisseuses de toiles sont elles-mêmes plus vulnérables aux prédateurs spécialisés (guêpes arachnophages du genre Sceliphron, araignées cannibales de la famille des Mimetidae, oiseaux, lézards ou petits mammifères)[29].
66
+
67
+ La plupart des espèces d'araignées possèdent des glandes à venin[30].
68
+
69
+ L'envenimation humaine après une morsure d'araignée, appelée aranéisme, cause des troubles provoqués par des arachnotoxines. Des quelque 42 000 espèces décrites, seules 200 espèces de 20 genres différents peuvent provoquer une réaction épidermique chez l'homme (depuis de simples boutons[31] jusqu'aux dermonécroses) et une vingtaine présente un danger pour les êtres humains[32]. Les morsures d'araignées sont rares chez l'homme, soit parce que les araignées sont trop petites pour pouvoir percer la peau humaine[33], soit parce qu'elles n'ont pas de comportement agressif, la morsure étant une attitude de défense utilisée qu'en dernier recours[34]. Enfin, la rencontre physique avec ces animaux est rare[35].
70
+
71
+ Des espèces appartenant aux mygalomorphes possèdent des poils urticants sur l'abdomen.
72
+
73
+ Parmi les espèces potentiellement dangereuses, citons certaines veuves noires, l’Atrax robustus présent en Australie, et les "araignées-bananes" du genre Phoneutria au Brésil. Une dizaine de morts attribuées aux araignées sont recensées annuellement, et encore les causes ne sont pas dues uniquement à l'envenimation mais aussi aux surinfections[36]. Dans ces rares cas, toutefois, la preuve qu'il s'agit bien d'une morsure d'araignée est souvent absente[37].
74
+
75
+ Les araignées possèdent deux chélicères à l'avant du corps qui encadrent la bouche : ce sont ces appendices qui injectent du venin. Elles sont constituées d'un gros stipe et d'un crochet mobile au bout duquel débouche le canal à venin. Ces chélicères peuvent aussi servir à transporter des proies, à les dilacérer, à transporter le cocon ovigère, etc.
76
+
77
+ Le venin peut être composé de nombreuses toxines nécrotiques (genre Loxosceles) ou neurotoxines. Parmi ces dernières, signalons celles de type polyamine agissant sur le système nerveux central, en particulier en inhibant la fonction des canaux NMDA. Il existe beaucoup de molécules décrites provenant de venin d'araignée. Leur étude a permis le développement de plusieurs molécules d'intérêt clinique. Elles donnent aussi quelques outils de choix dans des recherches plus fondamentales. Des centaines, voire des milliers de publications scientifiques traitent des nombreuses toxines isolées du venin des araignées et l'énoncé des propriétés spécifiques à chacune dépasse largement le cadre d'une encyclopédie.
78
+
79
+ Comme chez tous les arthropodes, la croissance se fait par mues successives de l'exosquelette. Selon les espèces, il y a de 8 à 13 mues pour atteindre l'état adulte. Les mygales continuent de muer à peu près une fois par an après avoir atteint l'âge adulte.
80
+
81
+ Le dimorphisme sexuel des araignées est généralement faible, les femelles se distinguant par une taille supérieure et un abdomen plus gros. Les mâles adultes se reconnaissent, en plus de leur petite taille, à leurs pédipalpes qui portent à leur extrémité un organe de stockage de sperme appelé bulbe copulatoire.
82
+ La différence de taille est parfois spectaculaire, comme chez les néphiles où il est difficile de croire qu'il s'agit de la même espèce.
83
+
84
+ Les araignées sont ovipares : elles pondent des œufs, qui sont emballés dans un cocon de soie. En fonction de la taille de l'espèce, le nombre d'œufs varie de un à plusieurs milliers. Si certaines espèces abandonnent le cocon, d'autres le transportent accroché aux filières ou maintenu par les chélicères. Chez ces dernières espèces, dès leur éclosion, les jeunes montent sur le dos de leur mère qui les protège et les nourrit jusqu'à ce qu'ils soient capables de se défendre.
85
+
86
+ Beaucoup d'espèces ont une parade nuptiale élaborée consistant surtout pour le mâle à se faire distinguer d'une proie pour éviter d'être dévoré par la femelle. Il développe plusieurs stratégies de survie pour lutter contre ce cannibalisme sexuel : il peut attacher les pattes de sa femelle avant l'accouplement ou lui apporter directement un cadeau comestible[38]. Le cannibalisme nuptial après l'accouplement fournit un complément nutritif à la femelle qui augmente sa fécondité (cas de la veuve noire Latrodectus mactans, de l'épeire Araneus diadematus). Ce cannibalisme sexuel serait un mécanisme adaptatif visant à favoriser la reproduction en augmentant la durée de l'accouplement[39].
87
+
88
+ Le mâle tisse une toile spermatique sur laquelle il dépose son sperme, qu'il aspire ensuite dans ses bulbes copulateurs.
89
+
90
+ Les araignées sont réputées pour leur vie solitaire. Cependant, une trentaine d'espèces présentent une « vie sociale » élaborée[40]. Ces espèces dont Agelena consociata ou Anelosimus eximius sont généralement localisées dans des régions tropicales. Les colonies peuvent inclure des dizaines voire des centaines d'individus de tous âges et présentent une organisation sociale sophistiquée incluant la construction collective d'un piège soyeux pouvant atteindre un volume de plusieurs m³, la coopération dans la chasse et les soins aux jeunes. La communication entre les individus est phéromonale mais également basée sur les vibrations de la toile, qui permettent de transmettre rapidement des informations au groupe[41]. À la différence des insectes eusociaux (fourmis, certaines espèces d'abeilles), les araignées sociales ne présentent pas de division du travail reproductif. Toutes les espèces d'araignées solitaires présentent néanmoins une phase grégaire temporaire suite de l'émergence du cocon des juvéniles. À l'issue de cette phase grégaire, dont la durée est variable selon les espèces, les araignées se dispersent pour mener une vie solitaire[40].
91
+
92
+ Les consommateurs occasionnels des araignées sont des prédateurs qui, entre autres proies, se nourrissent d'araignées à tous les stades de développement. On compte les Arachnides et surtout les araignées[42], mais également des oiseaux[43], des reptiles comme le lézard vivipare pour lequel les araignées occupent une très forte proportion dans son alimentation[44], ou encore de micro-mammifères telle la musaraigne qui peut limiter sensiblement des populations d'araignées[45]. Des acariens ont été mentionnés détruisant des œufs d'araignée dans certaines conditions[46]. Les insectes[47] occupent une place privilégiée en tant que consommateurs spécialisés d'araignées, que ce soit comme consommateurs d’œufs, endoparasites ou ectoparasites[48]. Les insectes qui recherchent les cocons d'araignées pour y déposer leur ponte sont les plus abondants, tel le Tromatobia ornata en liaison avec les caractéristiques des cocons d'Argiope bruennichi qu'il infeste[49].
93
+
94
+ Bien que les araignées soient rarement bien préservées dans les couches fossiles du fait de leur fragilité et d'un corps mou (ce qui explique que les sources les plus fréquentes proviennent d'inclusions dans l'ambre), les arachnologues ont identifié parmi tous les fossiles examinés près de 1 000 espèces différentes[50].
95
+
96
+ Le plus ancien fossile d'Arachnide connu, découvert en 1987, est l'espèce Attercopus fimbriunguis datant de 386 millions d'années (période du Dévonien), soit 100 millions d'années avant les dinosaures et juste une dizaine de millions d'années après la sortie des eaux des Arthropodes au Silurien[51]. Possédant une mâchoire pourvue de crochets sur lesquels se trouvent des canaux à poison et les plus vieux organes producteurs de soie connus, ce fossile a depuis fait l'objet d'une réinterprétation qui le place désormais dans un genre éteint d'arachnide. La soie débouche en effet au niveau de simples conduits sur la face ventrale de l'abdomen et non sur des appendices pluriarticulés, les filières, organes éminemment caractéristiques des Araignées[52]. Les plus anciens fossiles d'araignées à ce jour appartiennent au sous-ordre des Mesothelae, avec notamment l'espèce Paleothele montceauensis qui date de 299 million d'années (période du carbonifère inférieur)[53]. À partir du Trias, la diversification des Aranae est rapide et, au Crétacé, les principales familles actuelles sont déjà présentes[54].
97
+
98
+ Les études génomiques et biomoléculaires complètes sont encore rares, mais de nombreux travaux ont porté sur les gènes et les protéines d'araignées, qui aideront à éclairer leur biologie des araignées. Ces travaux montrent des chemins évolutifs complexes qui ont permis de développer une grande variété de comportements, de soies et de venins[55]. En 2017, trois génomes complets ont été séquencés (Nephila, une araignée sociale africaine de la famille des Eresidae et une araignée domestique commune[55].
99
+
100
+ L'ordre des Araneae se subdivise aujourd'hui en deux sous-ordres : le sous-ordre des Mesothelae (0,2 % des espèces décrites), dont les membres sont des espèces primitives de l'Asie, présentes dès le Carbonifère ; et le sous-ordre des Opisthothelae présent dès le Trias, qui est constitué des infra-ordres des Araneomorphae (les espèces modernes, 93,4 % des espèces d'araignées décrites à ce jour) et des Mygalomorphae (mygales, 6,4 % des espèces décrites)[56].
101
+
102
+ Certaines araignées fréquentent les milieux humides. L'Argyroneta est inféodée au milieu aquatique. Des membres de la famille des Pisauridae, notamment ceux du genre Dolomedes, vivent au bord des cours d'eau, sur les plantes aquatiques et chassent leurs proies dans le milieu liquide. Des araignées marines vivent dans la zone de balancement des marées et sont régulièrement immergées à marée haute (Mygales tropicales de la famille des Barychelidae, représentants de la famille des Amaurobioidae[57] et des Desidae[58]). D'autres sont capables de coloniser de hauts glaciers d'altitude, telle l’Euophrys omnisuperstes découverte à 6 700 m d'altitude dans le massif de l'Everest[59].
103
+
104
+ Les 47 000 espèces d'araignées recensées à ce jour sont diverses : de 10 cm chez certaines mygales à 0,2 mm chez les plus petites (araignée Patu marplesi)[60].
105
+
106
+ Heteropoda maxima est la plus grande araignée connue à ce jour, avec une envergure pattes étalées de 25 à 30 cm pour un corps de 46 mm au maximum[61].
107
+
108
+ La Tégénaire géante détient le record de vitesse de déplacement dans le Livre Guinness des records, cette espèce pouvant parcourir 0,53 mètre par seconde[62].
109
+
110
+ Pour les Araignées, les densités observées varient en moyenne de 20 à 120 individus par m2 selon les types d'agrosystèmes[63]. Elles peuvent atteindre plus de 800 individus au m2 dans les prairies les plus fertiles[64].
111
+
112
+ Il y aurait 117 familles d'Arachnea selon le World Spider Catalog[65].
113
+
114
+ Quelques familles et regroupements importants :
115
+
116
+ Araignée-loup et son Cephalothorax (vue de face)
117
+
118
+ Pisaura mirabilis
119
+
120
+ Pisaura mirabilis ou Pisaure admirable.
121
+
122
+ Araneus diadematus
123
+
124
+ Araneus marmoreus
125
+
126
+ Argiope
127
+
128
+ Selon les cultures, les araignées sont perçues avec crainte, méfiance ou respect. Les toiles que tissent de nombreuses espèces a inspiré des légendes. Quelques espèces d'araignées se sont adaptées à la présence humaine et sont devenues synanthropes (tégénaires, pholques, zygielle des fenêtres). Une espèce est consommée au Cambodge.
129
+
130
+ Malgré la crainte qu'elles provoquent chez certaines personnes, les araignées ne représentent pas une menace sérieuse pour l'Homme : selon la spécialiste Christine Rollard, professeure au Muséum National d'Histoire Naturelle, « Pour les araignées, nous ne sommes pas des proies : nous ne sommes rien ! », et celles-ci n'ont aucune raison de s'attaquer gratuitement à un être humain, car leur venin est précieux et représente leur seul moyen de défense comme d'alimentation, et ne doit donc pas être gaspillé. Ainsi, une grande partie des « morsures d'araignées » signalées sont en réalité dues à d'autres animaux, et les morsures de défense (par exemple si l'animal est saisi et se sent menacé) se font souvent sans injection de venin, par économie. Toujours selon Christine Rollard, « quand bien même elles en injecteraient, celui-ci est très peu actif sur les gros mammifères que nous sommes. Aucune araignée n’est mortelle pour l’Homme. »[66]. La morsure de quelques espèces est potentiellement dangereuse à cause de l'envenimation, mais surtout à cause des réactions inflammatoires et des surinfections[67].
131
+
132
+ Depuis au moins quatre mille ans, l'araignée est utilisée comme symbole dans de nombreuses civilisations, soit comme prédatrice (on la retrouve dans de nombreux films d'épouvante), soit en raison de sa toile étonnamment régulière, fragile[68] et évoquant la fragilité de nos certitudes et des apparences trompeuses[69], régulièrement reconstruite (1 à 2 fois par jour pour certaines espèces), mais si bien adaptée au piégeage des insectes, soit en raison du fil qu'elle tisse, qui évoque celui des Parques. L'araignée (ou sa toile) est présente dans certains décors, et dans divers mythes fondateurs en tant que démiurge, créatrice cosmique. Connue sous le nom de « Anansi » en Afrique de l'Ouest, elle est présentée comme ayant préparé le matériau qui a produit les premiers hommes. Créatrice du Soleil rayonnant, de la Lune et des étoiles, elle aurait aussi apporté les céréales et la houe aux hommes. Au Mali, une légende raconte que déguisée en oiseau, elle régule le temps et initie la rosée (Tegh 56). En Inde, les Upanishad voient un symbole de liberté dans l'araignée qui peut descendre, mais surtout s'élever le long du fil qu'elle crée selon ses besoins ; le fil équivalent du yogi étant la syllabe « Om̐ » qui doit lui permettre de s'élever jusqu'à la révélation et à la libération[70].
133
+
134
+ Au Cameroun, les Bamouns pensaient autrefois que la mygale pouvait déchiffrer l'avenir. Le Ngaame (un des noms de la mygale) est lié au destin des hommes qu'il peut lire et traduire. On place des signes divinatoires au-dessus du trou d'une mygale et on interprète leur position après que celle-ci les a déplacés la nuit[71].
135
+ Certains initiés Bambara ont le droit d'être appelés araignées, pour avoir atteint un niveau de vie intérieure et d'intuition réalisatrice très élevés[72].
136
+
137
+ Les Incas du Pérou utilisaient aussi l'araignée pour la divination (une araignée qui n'a pas au moins une patte pliée lorsqu'on soulève le pot sous lequel elle était maintenue prisonnière était un mauvais présage). Les Muisca lui attribuaient le pouvoir, sur un bateau en toile d'araignée, de transporter les âmes sur le fleuve des âmes des morts, et pour les Aztèques, elle symbolisait le dieu des enfers[73].
138
+ Elle est un symbole parfois très positif, tel que chez les peuples altaïques de Sibérie et d'Asie centrale où on pensait qu'elle était une âme libérée d'un corps, ou un animal psychopompe. Les peuples montagnards du Sud-Viêt Nam ne doivent pas tuer d'araignées, car c'est une âme échappée de personnes qui dorment. La tuer pourrait tuer le dormeur.
139
+
140
+ On la retrouve plus ambigüe dans le mythe d'Arachné en zone méditerranéenne ; Arachné était une belle jeune fille ayant défié les dieux, qui s'est suicidée après avoir été frappée par Athéna qui n'avait pas supporté la beauté de ses toiles, mais à laquelle Athéna a ensuite donné une seconde vie en la transformant en araignée[74].
141
+
142
+ En Micronésie, dans les îles Gilbert, le seigneur araignée est l'être initiateur de tous les autres[75].
143
+
144
+ Les Ashantis pensent que les hommes ont été créés par une araignée primordiale.
145
+ Des psychologues, sociologues, ethnologues et psychanalystes (Beaudoin par exemple) se sont intéressés au symbole que peut représenter l'araignée dans l'arachnophobie, l'araignée prédatrice, mais dont la vie ne tient qu'à un fil, certains y voyant aussi un symbole sexuel.
146
+
147
+ Le réseau de fils de la toile d’araignée (spiderweb) est à l’origine de l'utilisation du mot anglais Web, symbolisant le système d’interconnexion complexe de ce réseau.
148
+
149
+ À part dans certains films (notamment ceux qui parlent de Spider-Man), l'araignée est souvent utilisée pour la peur et l'épouvante qu'elle véhicule. Ainsi, elle est souvent associée à l'ennemi du héros, à un monstre angoissant ou un nuisible qu'il faut éradiquer.
150
+
151
+ Ainsi, Arachne, est un des monstres que doit combattre le héros de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Pour les raisons précitées, l'araignée est souvent utilisée dans des films d'épouvante. Un des films qui exploitent le mieux son caractère monstrueusement angoissant est Arachnophobie de Frank Marshall, avec Jeff Daniels, sorti en 1990. Plus ancien, le téléfilm américain La Malédiction de la veuve noire de Dan Curtis sorti en 1977 met en scène une histoire fantastique où, pendant la pleine lune, une femme présentant une marque rouge en forme de sablier sur l'abdomen (tout comme la veuve noire d'Amérique du Nord Latrodectus mactans) se transforme en araignée à taille humaine et tue ses victimes avant de les emmailloter dans sa toile et de les dévorer. Beaucoup plus ancien et improbable, Tarantula ! de Jack Arnold avec John Agar et Leo G. Carroll, sorti en 1955 met en scène une araignée géante qui effraie les populations à la façon de Godzilla. Ce film a la particularité d'incruster une véritable mygale agrandie par effet optique, ce qui donne un effet d'un réalisme saisissant pour l'époque. En 1957, L'Homme qui rétrécit met en scène un combat entre Grant Williams rétrécissant inexorablement face à une araignée. Enfin, le film d'auteur s'est également penché de façon métaphorique sur l'étrangeté de l'animal grâce à Spider de David Cronenberg en 2002. La même année, sortait le film d'horreur grand public Arac Attack, les monstres à huit pattes, teinté d'une dose d'humour. En 2014 sort en France le film Enemy, de Denis Villeneuve, où l'araignée possède une symbolique propre et permet de déchiffrer l'intrigue du film.
152
+
153
+ En bande dessinée, on évoquera l'album de Tintin, L'Étoile mystérieuse, qui joue à deux reprises sur la peur des araignées.
154
+
155
+ Plusieurs facteurs de menace s'additionnent :
156
+
157
+ Dans certains pays asiatiques, comme au Cambodge (à Skun), on mange des araignées grillées ou frites.[réf. nécessaire]
158
+
159
+ Une étude a porté sur les communautés arachnologiques de pommiers, en termes de stratégies de chasse, cycle biologique des espèces et localisation dans l'environnement (sol, tronc, branches…). Elle a mis en évidence des groupes fonctionnels complémentaires, ayant une incidence démontrée sur chaque type de proies consommées. Les araignées, si on considère leurs espèces séparément, sont des prédateurs relativement spécialisés.
160
+
161
+ Conserver ou restaurer une grande biodiversité arachnologique sur un site cultivé accroît les potentialités de trouver l'espèce adaptée à protéger l'agro-écosystème considéré aux différentes époques de l'année. En complément d'autres espèces insectivores (reptiles, amphibiens, hirondelles et autres oiseaux, chauves-souris et autres mammifères insectivores), les araignées peuvent être incluses dans les stratégies de lutte biologique contre les insectes dits nuisibles[77].
162
+
163
+ En Europe, le labour ou les pesticides dans les vergers ont fait régresser, ou localement disparaitre, les espèces de plus grande taille (Clubionidae et Philodromidae[78]), qui comme plusieurs dizaines d'autres espèces européennes hibernent dans les fentes ou anfractuosités de troncs d'arbres (à condition que l'écorce n'en soit pas lisse)[78]. En l'absence de vieux arbres à écorces rugueuses, Pekar recommande la pose de gîtes artificiels d'hivernage, faits de bandes de carton sur les troncs de jeunes arbres aux écorces encore lisses[78] pour faciliter l'hivernage de ces espèces (retrouvées dans des vergers abandonnés, mais éliminées des vergers commerciaux non bio)[78].
164
+
165
+ Les Araneae sont des prédateurs polyphages de nombreux invertébrés dont certains peuvent être considérés comme nuisibles pour l'agriculture. Il existe une étroite correspondance entre la richesse, l'architecture et l'âge de la végétation, et la composition de la communauté d'araignées associées, au point que pour plusieurs pays européens, des auteurs ont pu proposer des méthodes de classifications écologiques des habitats naturels uniquement fondées sur la diversité des araignées.
166
+
167
+ L'écologue, l'agriculteur ou l'arboriculteur peuvent les considérer comme des auxiliaires efficaces, mais aussi les utiliser comme des bioindicateurs de l'état général du milieu[79], dans le cadre de l'évaluation environnementale d'une parcelle (biodiagnostic) agricole ou d'un diagnostic agroenvironnemental[79].
168
+
169
+ Le taux de croissance ou le taux de reproduction observés dans les populations naturelles peut être corrélé avec la quantité de proies ingérées dans le domaine[79]. En outre, en zone tempérée européenne, une corrélation négative significative a été observée entre grosses araignées (Philodromidae) et petites espèces (Theridiidae, Dictynidae)[78]. Néanmoins, il ne semble pas y avoir de corrélation linéaire entre Philodromidae : Clubionidae, Clubionidae: Theridiidae, et Clubionidae: Dictynidae, ce qui laisse penser que les Clubionidae n'interagissent pas avec les autres espèces sur les sites d'hivernage où l'activité de prédation est de toute façon très limitée[78].
170
+
171
+ Les araignées semblent pouvoir aussi être utilisées dans la bioindication de pollutions de l'air et du sol par les pesticides, y compris dans les vergers, où près de 30 espèces peuvent hiverner sur les troncs (comptages faits en Tchéquie[78]). Les vergers commerciaux ont perdu leurs grosses araignées au profit de quelques petites espèces qui semblent plus « tolérantes » aux pesticides (ou qui sont apportées par le vent)[78].
172
+
173
+ Les araignées peuvent aussi renseigner sur la pollution par les métaux lourds[79] ou d'autres modifications anthropiques de l'environnement, ainsi que pour la gestion ou gestion restauratoire des agroécosystèmes[80].
174
+
175
+ Selon les espèces, la durée et les possibilités de recolonisation d'un champ (après un labour ou un traitement pesticides par exemple) ou d'un site particulier varient fortement. Certaines espèces se laissant porter par le vent ont un haut pouvoir de recolonisation, d'autres espèces sont peu mobiles[79]. La conservation ou restauration d'une trame verte et bleue incluant des bandes enherbées et du bocage sont nécessaires à la préservation d'une bonne biodiversité en araignées.
176
+
177
+ Les venins d'araignées ont été étudiés, notamment pour produire des sérums ou médicaments.
178
+ Le fil produit par certaines araignées est plus solide que l'acier, à épaisseur égale (il est utilisé pour fabriquer le réticule des télescopes). Le gène qui en contrôle la production a été isolé, et l'industrie biotechnologique tente de l'introduire par transgenèse dans le génome d'autres espèces pour en faire un OGM capable de produire un fil solide permettant par exemple de fabriquer des gilets pare-balles plus légers.
179
+
180
+ Le fil de l'araignée (plus solide et plus élastique que l'acier, à épaisseur égale) a inspiré des chercheurs en génie génétique qui cherchent à le valoriser pour des textiles spéciaux. Des espèces sont capables de se déplacer en sautant ou en se laissant porter par le vent ou en marchant sur l'eau, ou encore en se laissant rouler (dont une araignée du genre Cebrennus qui dans le Sahara utilise ses pattes de manière à accélérer ses roulades le long des pentes), ce qui inspire aussi certains chercheurs et auteurs de science-fiction pour de nouveaux modèles de robots ou véhicules[81].
181
+
182
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3330.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,195 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Sus scrofa • Sanglier d'Europe, Sanglier d'Eurasie
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Répartition géographique
6
+
7
+ Statut de conservation UICN
8
+
9
+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Le sanglier d'Europe, sanglier d'Eurasie ou plus simplement sanglier (Sus scrofa), est une espèce de mammifères omnivores, forestiers de la famille des Suidés. Cette espèce abondamment chassée est aussi considérée comme une espèce-ingénieur[1], capable de développer des stratégies d'adaptation à la pression de chasse, ce qui lui confère parfois un caractère envahissant[1].
12
+
13
+ Le porc (ou cochon) est issu de la domestication du sanglier. Longtemps considéré comme une sous-espèce du sanglier sous le nom de Sus scrofa domesticus il est maintenant considéré comme une espèce à part entière (Sus domesticus) afin de limiter les confusions entre les populations sauvages et domestiques[2].
14
+
15
+ Une femelle de sanglier est une laie [11],[12],[13] et un jeune sanglier âgé de moins de six mois, à la livrée rayée, est un marcassin[14],[15],[16]. Dans le lexique de la chasse, notamment celui de la vénerie, un jeune sanglier âgé de six mois à un an, qui a perdu sa livrée de marcassin, est appelé une bête rousse[17],[18] ; un mâle adulte, une bête noire, ou bête de compagnie à un an[17],[18] ; un ragot à deux ans[19],[20] ; un tiers-an, ou tiers-ans, à trois ans[21] ; un quartanier, ou quartannier, de 4 à 5 ans[22],[23] ; un vieux sanglier à six ans ; et un grand vieux sanglier à sept ans et plus. Un solitaire est un sanglier qui vit seul[24].
16
+
17
+ Le substantif masculin « sanglier » vient du latin vulgaire singularis (porcus)[9] qui signifie littéralement « porc solitaire »[9] et a d'abord désigné « le mâle qui vit seul »[9]. Il est attesté vers 1140 sous les graphies sengler et senglier[9].
18
+
19
+ L'avant-train est puissant, le cou massif. La tête (hure) a une forme globalement conique. Les flancs sont comprimés. Le pelage est constitué de longs jarres très rêches (les soies) ainsi que d'un épais duvet.
20
+
21
+ Les adultes sont de couleur gris-brun uniforme, foncé en général ; les plus jeunes ont un pelage formé de bandes rousses et crème horizontales. Les oreilles (les écoutes) triangulaires sont toujours dressées. Les canines sont particulièrement développées. Celles de la mâchoire supérieure, les grès, se recourbent vers le haut durant la croissance. La taille des mâles est plus importante que celle des femelles. En outre, les sujets présents dans le sud de l'Eurasie sont plus petits que ceux du nord et de l'est, en accord avec la règle de Bergmann. Leurs dimensions augmentent aussi de l'ouest vers l'est de l'Europe. En Sardaigne, on trouve de très petits sujets.
22
+
23
+ Le sanglier européen peut peser de 150 à 160 kg pour le mâle et 100 kg pour la femelle environ. Le poids d'un sanglier de plaine où les cultures de maïs abondent est significativement plus important que celui de son congénère établi en montagne. Sa longueur, de la tête et du corps varie de 1,10 à 1,80 m et sa hauteur au garrot de 0,60 à 1,15 m.
24
+
25
+ Sa queue moyennement longue (25 à 30 cm) se termine par un long pinceau de soies. Généralement, elle est pendante quand l'animal est calme et bien dressée s'il est inquiet ou en colère.
26
+
27
+ Le sanglier possède un corps trapu et une tête volumineuse. Sa tête est prolongée d'un groin très allongé appelé boutoir, et de deux grandes oreilles mobiles. Ses canines sont très développées : les supérieures s'appellent les grès et les inférieures les défenses. Ces défenses poussent tout au long de la vie du sanglier. Les plus beaux trophées proviennent des mâles les plus âgés. En ouvrant et fermant sa gueule, le sanglier aiguise ses défenses sur les grès. Résultat: elles sont acérées en permanence.
28
+
29
+ Le squelette est massif et solide, le crâne a une forme trapézoïdale (vue de profil). On en retrouve des éléments (dents, défenses, sabot percé, os) qui semblent avoir servi de bijoux ou éléments pendentifs[25] de décor durant la Préhistoire. On retrouve aussi des défenses associées à des tombes ou puits funéraires préhistoriques[26].
30
+
31
+ Le cochon domestique, une sous-espèce (Sus scrofa domesticus), possède 38 chromosomes. Le sanglier européen n'en détient que 36, à la suite d'une fusion ancestrale. Leur descendance commune, appelée cochonglier ou sanglochon, est fertile. Les hybrides de première génération possèdent 37 chromosomes. Ensuite ils peuvent en avoir 36, 37 ou 38. L'hybridation est fréquente dans les régions d'élevage de cochons en plein air ou bien lorsque la population sauvage a été reconstituée par des femelles de cochons domestiques saillies par un sanglier mâle. Le sanglier corse est génétiquement très proche du cochon domestique.
32
+
33
+ Le sanglier a été introduit par l'Homme hors de son aire naturelle de répartition, dont en Amérique du Nord où il a parfois été croisé avec diverses souches de cochons. Ceci complexifie encore sa génétique, mais aussi sa dénomination commerciale légale. En Amérique du Nord, où il n'existe normalement pas dans la nature, certaines étiquettes commerciales qualifient sa viande de « sanglier sauvage », alors qu'il est élevé, et introduit.
34
+
35
+ Le sanglier est essentiellement nocturne (une évolution peut-être due à la présence de l'homme). Il est plutôt sédentaire et apparemment attaché à son territoire quand il est entouré d'obstacles[27], mais dans un milieu qui lui convient, il peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres dans la nuit et son aire vitale peut atteindre de 100 hectares à plus de 1 000 ha[28],[29]. Il sélectionne ses habitats selon la saison, l'heure du jour ou de la nuit et ses besoins alimentaires[30].
36
+
37
+ Régulièrement, le sanglier se vautre dans la boue dans des lieux appelés « souilles », et se frotte avec insistance contre les troncs d'arbres avoisinants pour se débarrasser d'un certain nombre de parasites, réguler sa température corporelle et marquer son territoire. Il dort dans de petites dépressions du sol, sèches, bien dissimulées, nommées « bauges ».
38
+
39
+ Les sangliers sont grégaires[31]. Ils forment des troupes (ou bandes) appelées hardes[32] ou compagnies[33] et dont la taille varie selon le lieu et la saison[31]. Une harde (ou compagnie) compte d'ordinaire de six à vingt individus[31], quoique des troupes (ou bandes) de plus de cent individus aient déjà été observées[31]. L'unité de base est un noyau composé d'une ou plusieurs laies et leurs dernières portées de marcassins[31]. La dynamique du groupe inclut l'isolement de la laie (pré)parturiente puis sa rentrée avec sa portée, l'entrée de laies nullipares ainsi que l'arrivée de mâles adultes avec le départ simultané d'individus subadultes[31]. Les ragots (sangliers de 2 à 4 ans) ferment la marche lors des déplacements, mais sont remplacés par des mâles plus âgés en période de rut. Les cortèges sont souvent bruyants, non seulement par le bruit lourd des pas, mais aussi par les grognements, cris, soufflements et autres reniflements. Cependant, les sangliers savent se montrer discrets et silencieux s'ils se sentent menacés.
40
+
41
+ Le sanglier, omnivore et volontiers fouisseur, consomme de très nombreuses parties d'un grand nombre de végétaux (tubercules, rhizomes fruits dont les glands et les noix, céréales, etc.), des champignons (dont champignons à fructification souterraine tels que truffe ou truffe du cerf), de nombreux animaux (vers, mollusques, insectes et leurs larves, petits mammifères, lissamphibiens, oiseaux et autres sauropsides) morts ou vivants. S'il est affamé, il est réputé pour pouvoir occasionnellement s'attaquer à un animal plus grand mourant, voire à une brebis en bonne santé, en particulier lors de la mise-bas. Il se montre volontiers nécrophage.
42
+
43
+ À l'approche de l'homme, le sanglier prend généralement la fuite avant qu'on ne l'ait détecté et peut se montrer étonnamment agile et rapide. Une laie pressentant un danger pour ses marcassins, peut se montrer dangereuse et charger, ou attaquer un chien, de même qu'un adulte blessé. Irrité, un sanglier claque violemment des dents ; on dit alors qu'il « casse la noisette ».
44
+
45
+ Les déplacements importants d'individus ou de groupes sont habituellement induits par le manque de nourriture ou d'eau mais un autre facteur croissant de déplacement de groupes de sangliers est le dérangement : surfréquentation des couverts forestiers par les promeneurs et les cueilleurs de champignons (qui dans certains cas écument certaines parcelles forestières), poursuite par les chiens non tenus en laisse, traque lors des journées de chasse en battue, chantiers forestiers, construction de lotissements sur des terres agricoles, etc.
46
+
47
+ Les sangliers peuvent ainsi, seuls ou en groupe, parcourir des distances très importantes, traverser des fleuves et des routes, ce qui occasionne de nombreuses collisions avec des véhicules. Néanmoins, les individus semblent généralement ensuite chercher à revenir sur leur territoire.
48
+
49
+ À certaines périodes de l'année, il est d'autant plus important de respecter la tranquillité du sanglier, afin de ne pas l'encourager à investir les cultures agricoles :
50
+
51
+ À défaut, les agriculteurs subissent d'importants dégâts dans leurs récoltes tandis que les chasseurs doivent payer les factures des dégâts et endosser la colère des exploitants agricoles.
52
+
53
+ L'activité reproductrice du sanglier a tendance à être saisonnière[31] et est corrélée à la disponibilité relative des principales denrées alimentaires ou est reliée à des facteurs climatiques[31] .
54
+
55
+ Le rut s'étale d'octobre à janvier avec une activité importante dans les mois de novembre et décembre. Lors d'affrontements violents entre mâles, des blessures parfois importantes peuvent être occasionnées. La gestation dure 3 mois, 3 semaines, 3 jours (soit 114 à 116 jours), la laie met bas dans le chaudron (une excavation plus ou moins aménagée dans la végétation basse) de 2 à 10 marcassins aux yeux ouverts. Le nombre de petits est corrélé au poids initial de la femelle (40 kg : deux petits, 60 kg : quatre petits), mais dans le sud de la France les populations de sangliers ont été recréées ou renforcées par des hybrides de cochon domestique dans le but d'augmenter la prolificité. L'allaitement dure 3 à 4 mois, mais les jeunes sont aptes à suivre la mère dans ses déplacements dès la fin de leur première semaine. Bien que capables de subvenir à leurs propres besoins vers l'âge de six mois, ils demeureront dans le groupe familial encore une ou deux années.
56
+
57
+ Le sanglier remplit des fonctions complexes et importantes au sein des écosystèmes qu'il fréquente.
58
+
59
+ Le sanglier affectionne particulièrement les zones arborées disposant de points d'eau. Cependant, il est relativement ubiquiste et on peut le rencontrer dans de nombreux autres types de milieux. Les landes sont par exemple des milieux très favorables pourvu qu'une strate arbustive même discontinue approche un mètre de haut. Il évite simplement les grandes zones trop à découvert. Il est aussi visible dans une très grande partie de la Sologne.
60
+
61
+ Il est présent dans de nombreuses régions d'Europe (une partie du Danemark, des Pays-Bas, de Belgique, d'Italie, d'ex-Yougoslavie…) et d'Asie, ainsi qu'en Afrique du Nord. Il a disparu des Îles Britanniques.
62
+
63
+ Au moment de la chasse ou à d'autres périodes, des sangliers sont de plus en plus souvent observés[37] en zone périurbaine, et plus rarement en centre ville. Leur présence dans ces zones peut poser des problèmes sanitaires et de sécurité (routière notamment).
64
+
65
+ Ainsi, des compagnies de sangliers sont régulièrement observées sur les hauteurs de Barcelone et en périphérie de la ville. Et il y aurait à Berlin entre 5 000 et 8 000 sangliers périodiquement réfugiés ou vivant dans le réseau des espaces verts berlinois[38]. En 2004, à Saint-Amand (Nord), un sanglier s'est réfugié 18 heures (avant d'être abattu par un chasseur) dans la cour intérieure de l'hôpital[39]. En octobre 2011, le terrain de football de Metz-en-Couture est en partie « muloté » (retourné) par des sangliers[40]. En novembre 2011 à Toulouse, une laie désorientée a erré plusieurs heures dans le centre historique de Toulouse, traversant la place du Capitole, avant de plonger dans le Canal du Midi face à la gare où elle a été abattue sur ordre du préfet[41], au lieu d'être sortie de l’eau et relâchée dans la nature, comme le réclamaient quelques témoins de la scène.
66
+
67
+ Tout comme l'ensemble du grand gibier (cerfs, chevreuils)[42], une prolifération des sangliers est observée en Europe (augmentation de quatre ou cinq fois en moyenne par pays en vingt ans[43]), et plus particulièrement en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, au Luxembourg, au Portugal[43] et en Suisse[42], depuis les années 1980-1990[42],[43]. Celle-ci entraîne une hausse des dégâts agricoles et forestiers, entravant par exemple le taux de renouvellement de la forêt[42], un risque de prolifération de maladies et l'augmentation du risque d'accidents de la route. Cette prolifération inquiète aussi certaines zones urbaines[43]. Elle s'explique par une plus grande précocité reproductive[44], l'évolution des emblavements des cultures refuges, le changement climatique et une régulation déficiente par la prédation ou la chasse[43]. En 2009, le ministre français de l'Écologie Jean-Louis Borloo lance un Plan national de maîtrise du sanglier[44].
68
+
69
+ Le sanglier, porc féral (redevenu sauvage) ou des croisements de porcs et sangliers ont été introduits (volontairement ou involontairement) dans plusieurs régions du monde et dans de nombreuses îles.
70
+
71
+ Ainsi en 1493, Christophe Colomb a importé huit porcs aux Antilles. Plusieurs importations ont eu lieu sur le continent américain dès le milieu du XVIe siècle par Hernán Cortés et Hernando de Soto, et au milieu du XVIIe siècle par le sieur de La Salle. Du sanglier eurasien « pur » a aussi été importé pour satisfaire la « chasse sportive » au début du XXe siècle[45]. De vastes populations de sangliers se sont ainsi peu à peu formées en Australie, Nouvelle-Zélande et l'Amérique du Nord et du Sud[46]. Aux États-Unis, il y aurait environ 6 millions de porcs redevenus sauvages[47] et dans la première décennie du XXIe siècle, des sangliers échappés de fermes d'élevage se sont rapidement reproduits au Canada en Alberta et en Saskatchewan ; des primes sont offertes pour les paires d'oreilles rapportées par les chasseurs.
72
+
73
+ Au Royaume-Uni où l'espèce a probablement disparu au XIIIe siècle à la suite d'une chasse intensive, des échappés d'élevage et d'autres sangliers importés du continent pour satisfaire la chasse de loisir ont formé de nouvelles populations[48].
74
+
75
+ Le genre Sus appartient à la famille des Suidés, dans l'ordre des Artiodactyla ou des cétartiodactyles selon les classifications.
76
+
77
+ Selon ITIS (14 septembre 2017)[49] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (14 septembre 2017)[50] :
78
+
79
+ C'est le grand mammifère chassé dont la population augmente le plus en Europe[51], à la suite des plans de chasse, mais aussi par l'agrainage abondamment pratiqué, la déprise agricole au profit de la forêt et de la garrigue, la grande quantité de nourriture dans les champs exploités (notamment les vastes monocultures de maïs qui offrent un refuge aux hardes)[52].
80
+
81
+ L'agrainage notamment lorsqu'il est réalisé, de façon linéaire (c'est-à-dire avec un petit épandeur tout en circulant le long d'un chemin), vise à disperser une quantité modérée de maïs grain (2 à 3 kg/100 ha de surface boisée) sur une distance, longue de plusieurs centaines de mètres. Il en résulte que les sangliers vont passer du temps à ramasser les grains ; temps pendant lequel la nuit va passer en grande partie, les amenant aussi à trouver d'autres fruits forestiers et, leur éviter ainsi de se rendre dans les cultures agricoles, aux alentours des forêts.
82
+
83
+ L'agrainage est, par exemple, interdit à moins de 250 m de toute surface agricole (y compris zone d'habitations) dans le département de la Moselle depuis plusieurs années.
84
+
85
+ En France, les chasseurs ont lâché dans la nature, et ce des années durant, des animaux croisés en captivité (une pratique désormais interdite), provoquant une très forte augmentation de leur nombre[56]. Les chasseurs le chassent à l'affût, ou organisent des battues pour en prélever et réduire leur nombre : depuis les années 2010, ils tuent environ 500 000 sangliers par an, y compris hors de la saison de la chasse, soit quatre fois plus qu’il y a vingt ans (la Fédération nationale des chasseurs estimant que leur population est de 1 à 1,5 million d'individus) et ils sont désormais classés « nuisibles » dans nombre de départements[57]. Le naturaliste Pierre Rigaux souligne que « le nombre faramineux de sangliers abattus chaque année est la conséquence mal maîtrisée d’une volonté politique et historique de disposer d’une abondance d’animaux à tuer, résume l’écologue. Les chasseurs ont maintenant le beau rôle, celui de régulateurs de sangliers, justifiant plus largement dans l’inconscient collectif leur rôle de régulateur de la faune sauvage[56]. »
86
+
87
+ Le sanglier sauvage avait disparu en Grande-Bretagne et en Irlande au XVIIe siècle, mais des individus d'élevage échappés des enclos de ferme ont récemment été repérés à travers le Weald[58].
88
+
89
+ À Berlin, leur population est estimée entre 5 000 et 8 000 individus, et plus de 500 bêtes ont été abattues entre avril et novembre 2008 à l'initiative de la municipalité[38].
90
+
91
+ Il a fait l'objet de réintroductions en France[59], en Égypte[60] et plusieurs études ont étudié les possibilités de réintroduction au Royaume-Uni (en Écosse notamment dont pour évaluer le nombre minimal de sanglier à introduire pour avoir une population viable à long terme (« Minimum viable population » ou MVP pour les anglophones)[61] et pour savoir s'il existait encore en Écosse, région fortement déforestée, des boisements assez grands pour abriter une telle population[62].
92
+
93
+ En France, à la suite d'une augmentation de population dépassant nettement les prélèvements, et pour limiter les coûts des dégâts du gibier (indemnisations aux agriculteurs passées de 20 à 30 millions d'€ par an entre 2000 et 2010 en raison notamment du doublement du prix des céréales[63]), pour limiter certains risques sanitaires[63] (risque de « retour » de certaines zoonoses transmissibles entre animaux sauvages et d'élevage ou à l'homme), un plan national de maîtrise du sanglier a été mis en place en 2009, sur tout le territoire avec 13 mesures[64] (à appliquer dans chaque département) pour en limiter la démographie puis en maîtriser les populations. L'agrainage du sanglier pourrait aussi être interdit[63], sauf cas particulier (quand sa nécessité est démontrée).
94
+
95
+ 747 000 sangliers étaient abattus en France en 2019, contre 36 000 en 1973[52].
96
+
97
+ Le sanglier est apprécié en venaison pour sa chair goûteuse et peu grasse. À l'instar du porc, tout se mange dans un sanglier. Certains bouchers et charcutiers produisent du jambon fumé de sanglier, notamment en Ardenne belge.
98
+
99
+ Sur la base d'une compilation de 144 206 résultats d'analyses de plomb dans les aliments recueillis en Europe durant neuf ans, l'AESA[65] notait en 2012 qu'alors que la plupart des aliments ont un taux de plomb qui a diminué, la viande de sanglier (avec celle du faisan et divers abats d'autres espèces gibier) reste préoccupante en termes de teneur en plomb (teneur moyenne de 1143 μg/kg, soit environ 100 fois plus élevée que la viande de porc/porcelet (11 μg/kg en moyenne), et 1 600 fois la dose moyenne ingérée par jour par un européen moyen (0.68 µg/kg/jour/personne)[65]. Un échantillon de viande de sanglier sauvage a culminé à 232 000 μg/kg, le record pour près de 145 000 analyses parmi 734 catégories d'aliments consommés en Europe[65]. Ces teneurs très élevées en plomb peuvent être dues au caractère nécrophage du sanglier, son goût pour les champignons (dont certains bioconcentrent très bien le plomb, notamment dans certaines forêts de guerre où le plomb des munitions fait partie des séquelles laissées par les conflits armés), mais les résidus de plomb laissés par les munitions qui ont servi à le tuer sont aussi en cause[66].
100
+
101
+ Les défenses, en ivoire, matériau dur, étaient utilisés pour réaliser des casques en défense de sanglier par la Civilisation minoenne.
102
+
103
+ En France, de 1984 à 1986[67] (en 3 ans), il y avait eu 11 055 collisions avec animaux sauvages (phénomène dit de roadkill) déclarées (un peu moins de 4 000/an), ayant fait 75 blessés[63].
104
+
105
+ En 1993-94, pour 25 départements étudiés, on a constaté un triplement du nombre de collisions (par rapport au précédent recensement), sur des routes départementales le plus souvent, mais avec une augmentation préoccupante sur les autoroutes (de 6,8 % en 1984-86, 18,3 % en 1993-94). Le sanglier est en cause dans 1/3 des cas environ, derrière le chevreuil (75 % des collisions, en forêt presque toujours) avec selon les statistiques de la police et gendarmerie pour 2008-2010 : 500 accidents corporels dus à animal sauvage (+/-170/an), 35 tués (+/-12/an), 350 hospitalisations (+/-115 par an) et 200 blessés légers (65 par an). Depuis 2003, le fonds de garantie (n'indemnisant originellement que les victimes d’accidents de la circulation dont les auteurs sont non-assurés ou non-identifiés) intervient. En 2008 il y eut près de 35 000 collisions déclarées, dont plus de 60 % par du grand gibier (36 % sangliers, 17 % chevreuils, 8 % cerfs), pour 16 millions d'euros de dégâts réglés par les assureurs. En 2009, le fonds de garantie a été déchargé de sa mission d’indemnisation au profit d'un règlement des dommages par les assurances et risques assurables[63].
106
+
107
+ De manière générale, une « surpopulation » de sangliers peut augmenter certains risques pour les élevages porcins proches, mais aussi pour la santé humaine, dont via des virus grippaux porcins, et peut-être celui de la grippe aviaire[réf. nécessaire] ou assurément via la maladie de Lyme, la peste porcine, la peste africaine, la maladie d'Aujeszky (aussi dite « pseudo-rage ») ou diverses parasitoses dues à des nématodes Metastrongylus, la trichinose (affection dont l'augmentation est liée au nombre de sangliers), ou encore via une augmentation du risque d'accidents de la route, avec des dégâts matériels importants, des blessures corporelles voire pertes en vies humaines[68].
108
+
109
+ Les « pullulations » locales de sanglier, peuvent être source de risque épidémique[69], y compris aux États-Unis où des sangliers introduits à partir de l'Europe (dès les années 1500) comme gibier ont localement proliféré, notamment là où ils se sont croisés avec des porcs domestiques (ils seraient au moins 4 millions dans 39 États du pays, surtout en Californie, au Texas et dans le Sud-Est du pays). Une étude publiée en 2011, confirmant d'autres études faites au Texas ou dans d'autres États a montré que les risques d'exposition aux parasites Toxoplasma gondii et Trichinella (trouvés dans le sang de 83 sangliers sauvages tués en Caroline du Nord de 2007 et 2009) augmente alors que ces deux parasites (ici trouvés pour la première fois chez des sangliers) avaient été éliminés des élevages de porcs. Ces parasites ingérés provoquent des symptômes pouvant être confondus avec ceux de la grippe, mais T. Gondii est dangereux pour la femme enceinte et les personnes ayant un système immunitaire affaibli (C'est une cause majeure de décès pour cause de maladie d'origine alimentaire aux États-Unis)[69]. Trichinella peut produire des symptômes légers à sévères, avec dans le pire des cas des problèmes cardiaques potentiellement mortels et de graves problèmes respiratoires selon les CDC[69]. Même dans les cas modérés, la fatigue, un état de faiblesse et des diarrhées peuvent durer des mois[69].
110
+
111
+ Omnivore et nécrophage à l'odorat fin, le sanglier a aussi un rôle sanitaire : il détecte et élimine rapidement les cadavres de nombreux petits et gros animaux, même cachés, en évitant qu'ils contaminent les eaux superficielles par des pathogènes ou toxines (botuliques notamment, auxquelles il se montre très résistant). Pour cette raison, c'est une espèce qui – bien que non située en bout de chaîne alimentaire – peut fortement bioconcentrer certains toxiques et polluants (via les cadavres qu'il mange ou via les champignons basidiomycètes et souterrains contaminés (dont par des radionucléides[70], après Tchernobyl par exemple) qu'il consomme en grande quantité).
112
+
113
+ Selon Fernández & al., au-delà des considérations empiriques[71], les risques zoonotique, sanitaire pour les élevages et écoépidémiologiques devraient être mieux pris en compte lors des opérations de translocation ou de réintroduction[72]
114
+
115
+ Les sangliers ne sont pas situés en fin de la chaîne alimentaire. Mais en tant qu'animaux fouisseurs omnivores, nécrophages et mycophages ils sont vulnérables à certains polluants ; ainsi de l'hydrogène sulfuré a tué, au cours de l'été 2011, 36 sangliers (pour un seul ragondin) sur une zone de marées vertes en Bretagne[75].
116
+
117
+ Ils sont également impliqués dans la remise au jour et la bioconcentration de certains radionucléides. Ainsi, sur les zones touchées par les retombées de la catastrophe de Tchernobyl, l'iode radioactif en raison de sa courte période radioactive, a rapidement disparu de l'environnement, mais les sangliers ont continué à accumuler du césium 137, à partir de leurs aliments. Or, ce cation est radiologiquement et chimiquement toxique[76], très soluble dans le bol alimentaire et traverse facilement la barrière intestinale au niveau du petit intestin[74] d'où il gagne facilement toutes les parties du corps (comme s'il avait été inhalé)[77],[78].
118
+
119
+
120
+
121
+ Selon l'IRSN, en 1986, en France, la radioactivité des champignons (mets particulièrement recherchés par les sangliers) était 5 à 10 fois plus élevée que celle du lait ou des céréales (273 à 1 165 Bq/kg pour les champignons analysés dans le parc national du Mercantour). Plus grave pour les animaux mycophages, elle diminuait beaucoup moins chez les champignons (de même que dans le gibier) de 1986 à 2003 (dépassant parfois la limite de commercialisation), ce qui démontre une bioconcentration et contamination persistantes de la chaine alimentaire. Un sanglier consommant les champignons sur une tache de contamination du Mercantour, selon l'IRSN, était alors exposé à une « dose efficace » très élevée (de 10 microsievert (µSv) à 100 microsievert) ; or, les champignons à fructification souterraine n'ont pas été pris en compte par cette étude, alors qu'il a été ensuite démontré qu'ils concentrent plus encore que les autres le césium radioactif ; avec un délai lié au temps de percolation du césium dans le sol (1 cm par an en moyenne). Il faut probablement 10 à 20 ans pour que le césium lessivé atteigne la zone de prospection des truffes (plus tôt dans les zones acides ou pauvres en nutriments), alors les sangliers augmentent leur risque d'être contaminé (de même pour les écureuils ou certains micro-mammifères qui s'en sont nourri ou pour certains nécrophages ou ceux qui consommeront des nécrophages contaminés[86]. En 2005, des études[74] sur le radiocésium de Tchernobyl dans le Land de Rhénanie-Palatinat (Allemagne) ont confirmé la persistance du phénomène dans les deux décennies qui ont suivi l'accident, sur la base d'analyse de 2 433 sangliers échantillonnés dans une zone de 45 400 ha de forêts (de janvier 2001 à février 2003), qui a par ailleurs fait l'objet de plusieurs études sur la radioactivité des sangliers[87] et des sols[88]. Les chercheurs ont aussi étudié le contenu et la radioactivité des estomacs de 689 des sangliers tués à la chasse, mettant en évidence une courbe saisonnière de contamination, dépassant les taux admissibles en été pour 21 à 26 % des sangliers (au sud-ouest de l'Allemagne, avec un gradient croissant Est-ouest, et avec une forte réduction en hiver (1 à 9,3 % qui correspond à une consommation plus élevée de nourriture contaminée en période de végétation, avant l'arrivée des glands et faines de hêtres pas ou peu contaminés[74]. L’été 2002, une analyse précise du contenu en nourriture des 18 estomacs les plus radioactifs (345 à 1 749 Bq/kg de matière fraîche) a été faite, ainsi que pour les 18 estomac présentant les plus bas taux de césium radioactif (moins de 20 à 199 Bq/kg). Des restes de truffes du cerf (Elaphomyces granulatus) ont été trouvés dans des proportions beaucoup plus élevées dans les estomacs très contaminés que dans des estomacs faiblement contaminés. Cette truffe est donc la principale cause de contamination des sangliers[74]. Elle est méconnue car invisible (fructification souterraine), mais un chien truffier en a détecté en moyenne une par 20 mètres carrés en forêt du Palatinat, surtout sous des résineux[89]. Leur teneur moyenne en césium 137 était de 6 030 Bq/kg[90].
122
+
123
+ La saisonnalité de la concentration dans cette région n'est pas nécessairement extrapolable ailleurs, car dans d'autres régions, plus au sud par exemple, on trouve d'autres espèces de truffes qui arrivent à maturité à d'autres époques (en automne ou hiver par exemple). le Césium 234 a dû être également bioaccumulé après l'accident, mais sa courte période radioactive (2 ans) fait qu'il ne pose probablement plus de problème de radioactivité[74]. À la suite de ces découvertes, l'autoconsommation (de certains « gibiers » ou champignons en particulier) dans les zones de retombées radioactives a été reconnue comme source de risque radiologique[91], la législation allemande impose maintenant une analyse de radioactivité pour tout sanglier chassé dans la forêt du Palatinat, parmi celles touchée par des pluies radioactives lors du passage du nuage de Tchernobyl[92]. Cette analyse doit être faite avant que le sanglier ne soit livré à la consommation. En 2011, le laboratoire fédéral allemand de la santé (Landesuntersuchungsamt) et l’Institut für Lebensmittelchemie Speyer (Institut de chimie et de l’alimentation, notamment chargé de la surveillance des radionucléides dans les aliments, et des centrales nucléaires) ont rappelé que des analyses de sangliers sauvages (cette fois faites sur 2 200 individus tués à la chasse entre 2010 et mars 2011) en forêt du palatinat (Rhénanie-Palatinat) confirment que de nombreux sangliers sont encore radioactifs en forêts (avec dépassement des normes dans 20 % de ces 2 200 cas), malgré les 25 ans écoulés depuis le passage du nuage. Pour la période mars 2010 - mars 2011, 400 de ces sangliers présentaient une radioactivité dépassant le seuil (600 becquerels par kilogramme) d'autorisation de mise sur le marché (pour la radioactivité maximale cumulée en Cs 134 et 137). L’un d’entre eux présentait une activité radioactive de 5 389 becquerels (9 fois la dose autorisée). En ce qui concerne l'exposition immédiate au rayonnement, 200 grammes de viande de sanglier avec une charge de 4 000 becquerels ne correspondent qu’à l’exposition externe au rayonnement cosmique durant un vol de Francfort à l'île Grande Canarie, mais l’ingestion de cette viande expose à une contamination interne, avec un risque très différent si les radionucléides responsables de ce rayonnement se fixent dans l’organisme. En effet, concernant les effets radiatifs et ionisants, il faut distinguer l'exposition externe, et l'exposition interne. Cette dernière est beaucoup plus dangereuse, car la toxicité du césium inhalé ou ingéré est fortement exacerbée par le fait que le césium 137 est un analogue du potassium ; ce qui explique qu’il est rapidement assimilé, dans n'importe quelle partie de l’organisme, d’où il ne sera éliminé qu’avec une période biologique de 70 jours environ[93]. L’enfant y est plus vulnérable, car ayant des besoins en potassium supérieurs à ceux d’un adulte, et parce qu’il en absorbe et en fixe plus que ce dernier, proportionnellement à sa masse corporelle. Le césium est particulièrement bien bioaccumulé sous les forêts qui le protègent du lessivage et des réenvols et où il reste biodisponible[94].
124
+
125
+ Les facteurs de transfert de radioactivité[95], notamment étudiés[96] en Allemagne en forêt, varient[97] selon les types de forêt (pH du sol, densité en champignons, relief…). Le contenu de l'estomac de sangliers tués à la chasse varie selon les saisons, mais aussi selon l’habitat fréquenté par les animaux avant qu’ils n'aient été tués (démontré par une étude[98] la saison[99] ayant porté sur l’analyse des contenus stomacaux d'environ 430 sangliers tués dans le Bade-Wurtemberg.
126
+
127
+ Lors de la fructification des champignons souterrains, les sangliers sont – comme l’écureuil roux – victimes de leur attrait pour les truffes. En zone contaminée, la radioactivité de ces truffes dépasse souvent les doses qui seraient exceptionnellement admises pour l'alimentation porcine en situation d'« urgence radiologique » post-accident nucléaire en Europe (1250 Bq/kg Cs-134 et Cs-137[100]) ; la viande de porc ne devant pas elle-même (pour le Codex alimentarius) dépasser 1 000 Bq/kg - dans ce type de situation exceptionnelle et quel que soit le pays - pour pouvoir être commercialisée[101]. Or, les truffes et en particulier Elaphomyces granulatus concentrent fortement le césium qui s'accumule plus dans les forêts que dans les champs, rivières et mers et qu'ailleurs[102]. Comme les truffes vont continuer à concentrer ce radiocésium et sachant que son temps de demi-vie (période radioactive) est de 30 ans environ, les sanglier sauvages et d’autres animaux qui mangeraient ces truffes resteront radioactifs, et à contrôler durant encore plusieurs décennies[103]. On avait dès 1995 montré que les champignons (et un peu moindrement certaines espèces de fougères) bioaccumulaient le mieux et très fortement parfois le radiocésium[104]. Selon des études[105] sur les transferts de césium chez le lapin, on suppose par extrapolation que le Césium aurait une durée de « demi-vie biologique » dans le sanglier en moyenne de 2-3 semaines (avant d’être éliminé, essentiellement via l’urine et donc de pouvoir recontaminer des plantes, invertébrés ou champignons).
128
+
129
+ Ce même rapport montre que dans le parc naturel Pfälzerwald situé au-dessus de l’Alsace et à l’est de la Belgique et du Luxembourg, plus on se déplace vers l’ouest plus la contamination est importante et plus le pourcentage de dépassement de norme de radioactivité pour la viande est élevé parmi les sangliers tués à la chasse, avec possiblement une contamination des consommateurs de sanglier contaminé ou d'autre gibier sauvage contaminé[106]. L'Institut fédéral pour l'écologie forestière et des forêts, après étude du contenu stomacal des sangliers du Palatinat[107] a confirmé que les champignons souterrains étaient encore, 25 ans après Tchernobyl, les premières sources de contamination des sangliers. Bien que le porc soit un animal-modèle très utilisé en laboratoire (génétiquement et biologiquement à la fois assez proche de l'Homme et très proche du sanglier), il ne semble pas[108] avoir fait l'objet d'études publiées sur la manière dont il se contamine par le Césium 134 ou 137, via les truffes ou d'autres aliments forestiers (rhizomes de fougères par exemple[107]).
130
+
131
+ C'est en Allemagne que le problème de la contamination des sangliers par le Césium 137 semble avoir été le mieux détecté, étudié et traité (pour ce qui est du nombre d'animaux analysés, du suivi et de la précaution).
132
+
133
+ En 2010-2011[109] de la nourriture contenant 1 250 mg de bleu de Prusse par kg d'aliments a été distribuée à des sangliers bavarois durant toute une saison de chasse, pour tester l’effet de cette molécule sur l’absorption de Césium 13 par le sanglier. Un effet significatif, déjà montré chez d’autres mammifères[110] a été confirmé chez 285 sangliers tués en 2011 dans 6 zones de chasse dont deux traitées par ce chélateurs(la radioactivité moyenne de la viande des sangliers traités était de 522 Bq (pour le 137Cs)/kg de viande maigre de muscle squelettique, soit 211 Bq/kg de radioactivité en moins (en moyenne) (p<0,001) que l'effet soit -344 Bq/kg (p<0,05)[109].
134
+
135
+ En Suède alors que les rennes et élans sont très rarement contaminés, la bioconcentration des sangliers semble se poursuivre ; avec en août 2017 un individu tué à la chasse émettant 13 000 Bq/kg (becquerel par kilogramme), puis un autre tué (au nord de l'Uppland, en octobre) contrôlé à 16 000 Bq/Kg (soit plus de 10 fois le seuil suédois pour le gibier : 1 500 Bq/kg)[111],[112] ; En 2017 pour 30 sangliers testés seuls 5 ou 6 étaient sous le seuil toléré par l’Agence suédoise de l’alimentation ; les régions à risques sont celles d'Uppsala, Gävle et Västerbotten où il a plu lors du passage du nuage[113]. Selon Pål Andersson (de l'Autorité suédoise de radioprotection SVT), les personnes exposées à ce rayonnement en mangeant la viande d'un animal aussi radioactif que cela présenteront un « risque accru de cancer »[112] (risque faible selon le SVT[114]).
136
+
137
+ Bien qu'assez peu représenté sur les peintures et gravures rupestres, on sait par les archéologues que le sanglier était chassé durant la Préhistoire. Il est possible qu'il ait dans les derniers millénaires, alors que se développaient les populations humaines de chasseurs-cueilleurs, profité du recul des grands prédateurs tels que le lion des cavernes, le tigre à dent de sabre et l'ours des cavernes.
138
+
139
+ Chez les Indo-Européens, le sanglier symbolise la caste sacerdotale tandis que l’ours correspond à la caste guerrière.
140
+
141
+ Le sanglier est le troisième Avatar (descente, incarnation) du dieu Vishnou, Varaha, chargé de sauver la déesse Terre (son épouse) d'un démon des eaux d'un déluge. C'est donc un animal particulièrement sacré en Inde.
142
+
143
+ La symbolique du sanglier est très riche chez les Celtes mais également présente, et de façon généralisée dans les mythes indo-européens : la Grèce mycénienne, l'Inde védique, chez les Germains laissant imaginer une origine commune.
144
+
145
+ Il représente la force et le courage mais aussi la connaissance et a un rapport avec l'au-delà.
146
+
147
+ Les Celtes le considèrent comme un animal sacré. Des têtes de sanglier ornent les armes et sa viande accompagne les défunts dans leur dernier voyage. Son rôle est à rapprocher de celui du taureau dans les mythologies des origines de l'Europe. Le sanglier est donc l'attribut des druides et certains se faisaient même appeler « sanglier ».
148
+
149
+ Le quatrième des 12 travaux d'Hercule était de rapporter vivant le sanglier d'Érymanthe.
150
+
151
+ En Occident, dans l'antiquité romaine, germano-gauloise et galloromaine, sa chasse semble avoir été particulièrement valorisée. Dans la religion celtique, il s'agissait de la nourriture des héros rassemblé chez les dieux[115].
152
+
153
+ L'animal était considéré comme courageux et fort et se battant jusqu'au bout. Le chasser devient un combat entre le guerrier et l'animal, un combat singulier où l'homme doit supporter les cris, les coups et l'odeur de la bête. Le vaincre est alors un exploit.
154
+
155
+ Ces qualités sont aussi reconnues chez les Romains comme chez les Germains, qui semblent avoir fait de la chasse au sanglier un rituel initiatique indispensable du guerrier pour devenir libre et adulte. Les Celtes en ont fait un gibier de rois et une chasse symbolique[116].
156
+
157
+ Cette tradition continue tout au long du Haut Moyen Âge, mais s'inverse aux alentours du XIIIe siècle, d'abord en France et en Angleterre puis en Italie et en Allemagne aux siècles suivants. Le sanglier et sa chasse sont progressivement dévalorisés.
158
+
159
+ Le sanglier n'est plus le gibier des rois et des princes; il perd cette qualité au profit du cerf qui lui est opposé. L'une des raisons serait que la chasse au sanglier demandant peu d'espace, contrairement à la chasse au cerf, les grands seigneurs auraient alors « laissé » sa chasse aux seigneurs moins importants. La chasse au cerf serait devenue un moyen de se démarquer pour les seigneurs ayant des forêts assez vastes pour se la permettre.
160
+
161
+ L'autre raison principale de cette dévalorisation a été la « propagande » de l'Église. Les qualités du sanglier vantées à l'Antiquité en font, pour l'Église, l'animal des païens, voire l'animal du diable. L'Église va tourner toutes ses qualités en défauts, et sa force et son courage deviennent de la férocité. Le cerf, auquel elle l'oppose aussi, a lui toutes les vertus : c'est le Christ des animaux. Avec le temps, et plus récemment, la chasse au sanglier devient aussi le moyen de se débarrasser d'animaux dangereux qui abîment les cultures[117],[118].
162
+
163
+ En astrologie chinoise, le sanglier est considéré comme un signe particulièrement auspicieux et un gage de loyauté.
164
+
165
+ Le sanglier est le symbole du :
166
+
167
+ Le Moyen Âge européen a repris cette symbolique en héraldique où le sanglier est très représenté (notamment dans les Ardennes[125]), et aussi dans le vocabulaire de l'escrime (garde de la « dent du sanglier »).
168
+
169
+ En règle générale, le sanglier apparait de profil dans les blasons, et passant, c'est-à-dire semblant avancer trois pattes au sol et une patte avant levée. Il est dit « défendu » si ses défenses sont d'une couleur différente de celle du corps. On nomme sa tête « hure », son nez « boutoir » et sa couche « bauge ».
170
+
171
+ Ebersviller (Moselle)
172
+
173
+ Sanglier de sable défendu d'argent (Champ-Dolent - Eure)
174
+
175
+ Sanglier de sable, défendu d'argent, baugé dans un buisson (Baugé - Maine-et-Loire)
176
+
177
+ Trois hures de sanglier (Givonne - Ardennes)
178
+
179
+ Défense de sanglier d'argent (Albignac - Corrèze)
180
+
181
+ D'argent au sanglier de sable défendu du champ… (Courcelles-sur-Viosne - Val-d'Oise)
182
+
183
+ … trois hures de sanglier… (Baillou - Loir-et-Cher)
184
+
185
+ …hures arrachées de sanglier en pal… (Booth - Angleterre)
186
+
187
+ Le sanglier est le symbole des Ardennes où il abonde. Il en est devenu la mascotte et la sculpture du « plus grand sanglier du monde », Woinic, symbolise le département.
188
+
189
+ Il est aussi le symbole du premier club de football du département, le Club Sportif Sedan Ardennes, étant représenté sur l'écusson du club depuis ses débuts.
190
+
191
+ Il est enfin le symbole du régiment des chasseurs ardennais caserné à Marche-en-Famenne (Belgique), ainsi que l'unité aérienne du 2 Wing Tactique de Florennes (Belgique) ayant pour mascotte Bull Rusch (mâle) et Gipsy (femelle).
192
+
193
+ Il a parfois été repris par l'armée, notamment l'armée de l'air — par exemple, à des fins commémoratives, où le sanglier a décoré des avions en l'honneur d’escadrilles affectées dans les Ardennes. Un exemplaire de mirage III décoré aux couleurs des Ardennes et comportant une tête de sanglier imposante est toujours visible et accessible au public sur le site des Ailes Anciennes à Blagnac, pour célébrer le cinquantième anniversaire de l'escadron de chasse 3/3 Ardennes[126]
194
+
195
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3331.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,254 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Animalia
4
+
5
+ Règne
6
+
7
+ Taxons de rang inférieur
8
+
9
+ Synonymes
10
+
11
+ Metazoa Haeckel, 1874[1]
12
+
13
+ Les Animaux (Animalia) (du latin animalis « animé, vivant, animal ») sont en biologie, selon la classification classique, des êtres vivants hétérotrophes, c’est-à-dire qui se nourrissent de substances organiques. On réserve aujourd'hui le terme « animal » à des êtres complexes et multicellulaires, bien qu’on ait longtemps considéré les protozoaires comme des animaux unicellulaires. Comme les autres êtres vivants, tout animal a des semblables avec qui il forme un groupe homogène, appelé espèce.
14
+
15
+ Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia (création originale de Linné en 1758, eu égard au Code international de nomenclature zoologique (ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874). Quel que soit le terme employé ou quelle que soit la classification retenue (évolutionniste ou cladiste), les animaux sont consensuellement décrits comme des organismes eucaryotes pluricellulaires généralement mobiles et hétérotrophes.
16
+
17
+ Dans le langage courant, le terme « animal » ou « bête » ou encore « animal non-humain » est souvent utilisé pour distinguer le reste du monde animal des humains. Le langage courant diffère également du biologique par le fait que « animal » renvoie souvent à une certaine taille qui exclut entre autres les insectes. Enfin, il peut être utilisé en opposition à « végétal ».
18
+
19
+ La science consacrée à l'étude du règne animal est la zoologie.
20
+
21
+ Le registre fossile des animaux est dominé par l'explosion cambrienne (−541 à −530 Ma), qui a marqué un développement et une diversification extrêmes, avec l'apparition de tous les grands plans d'organisation actuels.
22
+
23
+ Les animaux complexes sont cependant apparus au moins des dizaines de millions d'années auparavant, sans doute pendant l'Édiacarien (−635 à −541 Ma). Les fossiles les plus anciens ont été trouvés à Terre-Neuve et datent d'environ 571 Ma, mais le biote édiacarien est resté peu diversifié jusque vers −560 Ma. Les premières traces de l'existence d'animaux sont plus anciennes encore (−650 Ma dans le supergroupe de Huqf en Oman, −635 Ma dans la formation de Lantian en Chine méridionale), mais reposent sur des biomarqueurs comme le stérane ou sur des empreintes mal identifiables, et sont contestées[2].
24
+
25
+ Comme tous les organismes vivants, les animaux ont besoin d'eau, d'un comburant qui est exclusivement le dioxygène pour ces espèces, et de matières organiques provenant d'autres organismes car ils ne peuvent pas la produire par eux-mêmes à partir de molécules ne provenant pas du vivant. On dit qu'ils sont chimio-organotrophes. Cette nourriture répond à trois objectifs : fournir les substances qui servent à créer d'autres cellules; produire des substances utiles à créer des molécules et structures de l'organisme (os, poils, larmes, odeurs, etc.), et surtout fournir de l'énergie.
26
+
27
+ Comme pour tous les organismes vivants, l'eau est l'élément dont les animaux ont le plus de mal à se passer. En plus du fait que les cellules sont essentiellement constituées d'eau, l'eau est nécessaire à la plupart des réactions biochimiques où elle sert de solvant. Mais, en outre, elle sert à l'évacuation des déchets azotés produits par le métabolisme des protéines qui doivent être éliminées. Les animaux sont, comme les autres espèces même non aquatiques, également confrontés aux problèmes liés à l'osmorégulation. Le besoin en eau implique d'avoir un système de régulation osmotique.
28
+
29
+ Ils ont besoin de se procurer leur nourriture en se déplaçant ou en l'attrapant, et grâce à un système digestif, de dissocier les organismes en substances nécessaires qui leur sont utiles, puis de les assimiler. L'acquisition de dioxygène sert à oxyder des hydrates de carbones pour produire de l'énergie chimique, est donc aussi une priorité pour la plupart des animaux. La plupart des espèces disposent d'un système respiratoire pour absorber le dioxygène. Le dioxygène, l'eau et les diverses substances sont amenées vers les cellules, et les sous-produits inutiles sont évacués (excrétion) grâce à divers systèmes circulatoires. Les problèmes posés par les différents milieux supposent des adaptations spécifiques. Ainsi l'acquisition de dioxygène pour un organisme terrestre est moins difficile que l'acquisition de l'eau. L'inverse est vrai dans un milieu aquatique. Pour acquérir ces substances essentielles à la vie, la plupart des animaux utilisent des organes de perception. Ils utilisent également leurs sens pour fuir leurs prédateurs.
30
+ Pour assimiler les substances nécessaires à sa vie qu'il puise dans d'autres organismes vivants, l'animal a le plus souvent besoin d'un système digestif et donc d'un système d'excrétion.
31
+
32
+ Les fonctions de reproduction sont également importantes chez les animaux qui sont principalement sexués, mais certaines espèces comme l'hydre peuvent aussi se reproduire d'une manière asexuée (par bourgeonnement dans son cas). L'appareil de reproduction est vital à l'espèce seulement, sans quoi, inévitablement celle-ci disparaîtrait après un certain temps.
33
+
34
+ Les animaux possèdent également des systèmes très divers de locomotion, de perception.
35
+
36
+ En outre, ils possèdent divers systèmes de circulation de fluide à l'intérieur du corps et de coordination des différentes cellules. Le vieillissement ne semble pas faire partie des caractéristiques fondamentales, car certaines espèces d'éponges ne vieillissent pas[4].
37
+
38
+ L'organisation interne des animaux peut être très variable, comme des organisations complexes comme les insectes ou des vertébrés ou des colonies de cellules relativement amorphes que forment les éponges . Scientifiquement, les animaux sont des organismes eucaryotes multicellulaires (exception faite des Myxozoa) ce qui les différencie des Bacteria et des Protista et dépourvus de chloroplastes (hétérotrophes), ce qui les distingue des végétaux et algues. Ils se distinguent également des Mycota. Ils sont les seuls organismes vivants qui passent dans une étape de leur développement par un blastocyste[réf. nécessaire]. Ils sont aptes au mouvement, parfois seulement sous forme larvaire (cas des éponges et de nombreux invertébrés benthiques fixés au substrat). Ils forment le règne Animalia, subdivision du domaine Eukaryota.
39
+
40
+ Les animaux (ou métazoaires) sont l'un des types d'eucaryotes à s'être développés sur un mode multicellulaire, comme les plantes, certains champignons, et les algues brunes par opposition aux unicellulaires qui regroupent les levures, d'autres algues et champignons, des protozoaires, ainsi que les êtres vivants regroupés au sein des Prokaryota, composés des Eubacteria et Archaea.
41
+
42
+ On distingue, selon leur complexité d'organisation interne, trois groupes ou niveaux[5].
43
+
44
+ Les cellules animales sont hétérotrophes, c'est-à-dire qu'elles doivent manger pour survivre, contrairement aux plantes. Le mode de nutrition est souvent une caractéristique contraignante pour les animaux. La stratégie des éponges consiste à filtrer l'eau qui les traverse, pour y capturer des proies et particules.
45
+
46
+ Les éponges (Porifera) ont une organisation souvent décrite comme simple : ce sont des colonies de cellules pratiquement indifférenciées, sans structures internes bien identifiables. Ce sont des animaux sans système nerveux ni tube digestif. Leur corps n’est formé que par deux couches de cellules (ectoderme et endoderme).
47
+
48
+ Les polypes quant à eux poussent la nourriture vers un ventre (cavité gastrique) où elle pourra être digérée sans pouvoir s'échapper.
49
+
50
+ Cette autre stratégie permet de se nourrir de proies plus grosses (ce que les éponges ne peuvent pas filtrer). Par rapport aux éponges ce plan d'organisation suppose deux choses : les cellules se spécialisent (avec l'acquisition de cellules nerveuses et musculaires permettant des mouvements coordonnés) et l'organisme gagne la capacité à prendre une forme définie (morphogénèse), pour que des tentacules efficaces puissent pousser leur proie vers la cavité gastrique.
51
+
52
+ L'organisation de type ver est un autre type de plan d'organisation. La stratégie de base des organismes de type « ver » (vermiforme) est de se déplacer pour aller chercher la nourriture, au lieu d'attendre qu'elle passe à portée. Cette stratégie permet notamment d'exploiter des déchets organiques, qui peuvent être à haute valeur nutritive, mais ne se déplacent pas.
53
+
54
+ Passé le cap des éponges et des polypes, tous les organismes complexes sont des bilatériens, qui dérivent d'un schéma fondamental : le tube. Le développement est organisé autour d'un axe tête / queue d'une part, et dos / ventre d'autre part. Ces deux axes conduisent à un plan d'ensemble où les côtés droit et gauche tendent à être symétriques, d'où leur nom de bilatérien.
55
+
56
+ D'un point de vue fondamental les vers diffèrent des cnidaires les cellules nerveuses s'organisent en un système nerveux cohérent, qui chez certains organismes pourra donner un cerveau à l'avant de l'animal. Un tissu intermédiaire important est aussi présent chez les vers qui se trouve entre les tissus extérieurs qui forment la peau (ectoderme) et les tissus intérieurs du système digestif (endoderme) : le mésoderme qui peut former des organes internes complexes. On parle d'animaux triploblastiques.
57
+
58
+ Un second caractère considéré important chez les vers (absent par exemple chez les vers plats) est la présence d'un canal alimentaire : à une extrémité, une bouche absorbe la nourriture, à l'autre, un anus excrète les déchets.
59
+
60
+ L'invention du tube digestif à partir de la cavité gastrique ancestrale semble avoir été faite deux fois. Chez les protostomiens, les deux orifices du canal alimentaire sont formés à partir du blastopore, dont les lèvres se rapprochent pour former un canal par soudure longitudinale. Chez les deutérostomiens, l'orifice du blastopore devient l'anus, le canal alimentaire étant formé par un percement ultérieur qui évoluera vers la bouche.
61
+
62
+ On trouvera chez les vers une autre caractéristique évolutive importante de certains animaux : la segmentation (métamérie) qui semble être apparue dans plusieurs branches différentes.
63
+
64
+ L'apparition du tube digestif (avec deux orifices, une bouche et un anus) et de la capacité de se déplacer (en rampant) a été une innovation évolutive fondamentale chez les bilatériens : les organismes vermiformes sont assez polyvalents, et peuvent servir de base à des modes de vie très variés. C'est ce qu'on appelle une explosion radiative : à partir d'un schéma de base commun, les formes prennent des voies divergentes, se diversifiant à partir d'une forme commune.
65
+
66
+ Les principaux groupes qui relèvent du niveau d'organisation vermiforme sont :
67
+
68
+ On retrouve également cette forme chez de nombreux arthropodes (notamment les asticots), des échinodermes (concombres de mer), et même des mollusques (solenogastres).
69
+
70
+ Tous les bilatériens ne gardent pas une morphologie vermiforme. Des organismes comme les tuniciers ressemblent plus à des formes d'éponges ou de coraux qu'à des vers (ce sont des organismes fixés et filtreurs), ce qui est généralement le cas des formes retournant à un mode de vie végétatif.
71
+
72
+ Enfin, cette forme d'organisation se complexifie suivant de multiples voies, dont les parties dures pourront laisser des fossiles, par exemple :
73
+
74
+ Les mollusques évoluent à partir d'une organisation de type ver. Une innovation évolutive importante des mollusques est la coquille, permettant de se protéger des prédateurs : l'acquisition de plaques calcaires protégeant le dos. Les premiers mollusques devaient donc avoir certains points communs avec les polyplacophores (une sorte d'escargot marin qui peut se rouler en boule comme un cloporte).
75
+
76
+ Les mollusques comprennent les classes importantes suivantes :
77
+
78
+ Sur la formule générale des vers, les arthropodes ont superposé plusieurs innovations évolutives remarquables :
79
+
80
+ Cette organisation correspond à la forme générale des mille-pattes. Elle a été immédiatement à l'origine d'une nouvelle explosion radiative, entraînant la modification de certaines paires de pattes en mâchoires, antennes, pattes spécialisées, sur certaines parties du corps, ou perdant leurs pattes sur d'autres parties du corps.
81
+
82
+ L'embranchement des arthropodes est de très loin celui qui possède le plus d'espèces et le plus d'individus de tout le règne animal. On compte plus d'un million et demi d'espèces actuelles d'arthropodes. Le nombre de pattes, la manière dont le corps est organisé en différentes parties et la forme de ces pattes semblent avoir beaucoup participé à la diversification foisonnante des arthropodes.
83
+
84
+ La fonctionnalité essentielle qui a initialement structuré ce groupe a été la capacité de nager dans l'eau.
85
+
86
+ Mais cette capacité a conduit à une première explosion radiative des vertébrés: les poissons ont vite envahi l'espace en trois dimensions formé par l'eau des océans, et se sont diversifiés en un grand nombre d'espèces à l'écologie et à la morphologie différentes, en passant par l'hippocampe, le poisson lune et le requin baleine.
87
+
88
+ Plusieurs innovations marqueront l'histoire évolutive des poissons : l'apparition progressive de la tête et de la mâchoire, et enfin, la conquête de l'environnement aérien avec l'apparition de pattes, continuant leur explosion radiative en donnant les sauriens.
89
+
90
+ Les tétrapodes, animaux à quatre membres, ont eu une explosion radiative après avoir conquis la capacité à se déplacer sur la terre ferme. Cependant, certains groupes d'espèces comme les cétacés ou les serpents ne gardent, à la suite de leur évolution, que des vestiges de membres.
91
+
92
+ Les tétrapodes regroupent des animaux de tailles très différentes, des micro-mammifères à la baleine bleue qui est le plus gros animal connu de tous les temps, mais ils ne représentent qu'une infime partie à la fois des espèces vivantes (au plus 2 %) et de la biomasse. Malgré cela, ils sont parmi les espèces les mieux connues de l'homme, qui en fait lui-même partie. Bien que l'homme ait, depuis Aristote au moins, essayé de regrouper les différentes espèces suivant des groupes homogènes, il n'est parvenu à comprendre la phylogénie de ce groupe qu'à la fin du XIXe siècle. On considère aujourd'hui que ce groupe est composé des amphibiens, des Sauropsida (dont les reptiles et les oiseaux) et des mammifères.
93
+
94
+ Les mammifères sont généralement identifiables par leur peau, qui est au moins partiellement couverte de poils. Le fait que les femelles allaitent leurs petits est la caractéristique majeure de ce groupe.
95
+
96
+ Environ 1 250 000 espèces animales sont connues et répertoriées sur Terre[6]. Certains scientifiques estiment qu'il y a dix millions d'espèces vivant actuellement sur Terre et qu'il y a eu cent millions d'espèces qui ont existé en comptant toutes les espèces qui ont vécu sur Terre depuis l'apparition du vivant[7].
97
+
98
+ Une étude publiée en 2011, indique que parmi les 8 750 000 espèces (±1 300 000) d'eucaryotes estimées, la Terre recenserait 7 770 000 espèces animales (±958 000), dont 2 150 000 (±145 000) espèces vivant dans les océans[6]. Parmi ces espèces, seules 953 000 sont répertoriées dont 171 000 espèces océaniques[6].
99
+
100
+ Il existe des grandes caractéristiques générales qui permettent de classer les espèces vivantes en embranchements. D'après la théorie de l'évolution, les embranchements d'animaux actuels sont les groupes survivants de près d'une centaine existants au Cambrien, ceux-ci ne sont connus que par leurs fossiles.
101
+
102
+ Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia[1],[11] (création originale de Linné en 1758, eu égard au Code international de nomenclature zoologique (ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874).
103
+
104
+ Plusieurs bases de données en ligne existent qui tentent de recenser l'ensemble des taxons actuellement reconnus. Chacune se fonde sur des choix étayés par des études publiées, ce qui ne les empêche pas forcément de se contredire, en particulier pour les taxons fossiles, pour lesquels la vérification génétique n'est pas possible.
105
+
106
+ Cette classification taxinomique est un outil pratique pour les biologistes, mais elle range artificiellement côte à côte des groupes dont le statut et l'âge n'est cependant pas le même : elle doit donc être complétée par une classification phylogénétique, sous forme d'arborescence, qui détaille le moment de divergence des différents groupes à partir d'un unique ancêtre commun.
107
+
108
+ Selon World Register of Marine Species (7 mars 2016)[12] :
109
+
110
+ Selon Catalogue of Life (7 mars 2016)[13] :
111
+
112
+
113
+
114
+ Macracanthorhynchus hirudinaceus, un Acanthocephala.
115
+
116
+ Phyllodoce mucosa, un ver Annelida.
117
+
118
+ Différents Arthropoda.
119
+
120
+ Liospiriferina rostrata, un Brachiopoda.
121
+
122
+ Sertella septentrionalis, un Bryozoa.
123
+
124
+ Priapulus caudatus, un Cephalorhyncha.
125
+
126
+ Spadella cephaloptera, un Chaetognatha.
127
+
128
+ Différents Chordata.
129
+
130
+ Différents Cnidaria.
131
+
132
+ Mnemiopsis leidyi, un Ctenophora.
133
+
134
+ Différents Echinodermata.
135
+
136
+ Barentsa discreta, un Entoprocta.
137
+
138
+ Un Gastrotricha.
139
+
140
+ Différents Hemichordata.
141
+
142
+ Différents Mollusca.
143
+
144
+ Des Nematoda.
145
+
146
+ Différents vers Nemertea.
147
+
148
+ Phoronis australis, un Phoronida.
149
+
150
+ Trichoplax adhaerens, un Placozoa.
151
+
152
+ Pseudobiceros hancockanus, un Plathelminthes.
153
+
154
+ Xestospongia testudinaria, un Porifera.
155
+
156
+ Habrotrocha rosa, un Rotifera.
157
+
158
+ Thysanocardia nigra, un Sipuncula.
159
+
160
+ Hypsibius dujardini, un Tardigrada.
161
+
162
+ Différents Xenacoelomorpha.
163
+
164
+ Diverses sciences visent à étudier le monde animal par exemple la zoologie qui se décompose en une multitude de spécialités, la médecine vétérinaire, mais aussi d'une façon dérivée la paléontologie, la biologie, et la microbiologie et l'agronomie pour son implication économique.
165
+
166
+ Depuis l'apparition de la vie, de nombreuses espèces disparaissent tandis que d'autres évoluent et donnent de nouvelles espèces. Au cours de l'histoire du vivant, il y a eu des extinctions massives (on en distingue habituellement cinq majeures) notamment après certains cataclysmes. Ces extinctions sont suivies par des explosions radiatives, c'est-à-dire une forte augmentation d'espèces nouvelles.
167
+
168
+ L'homme en tentant de domestiquer la nature, en favorisant un nombre forcément restreint d'espèces, a eu tendance à réduire le nombre de biomes. D'autre part, les pollutions générées par l'industrie et la société de consommation ont également pour effet de déstabiliser les biomes et de réduire le nombre d'espèces. Les espèces de grandes tailles sont les plus particulièrement touchées si bien que l'on considère que le nombre d'espèces pouvant s'éteindre dans les années à venir pourrait être massif. L'extinction actuelle est nommée extinction de l'Holocène et son rythme serait dix à cent fois supérieur à celui des extinctions passées.
169
+
170
+ De nombreuses lois visent à protéger la faune, ses habitats des impacts des actions des humains. Certaines sont plus spécifiques à la protection des milieux naturels et d'autres plus spécifiques à protéger les animaux de la malveillance, du roadkill, de la surexploitation ou de risques d'empoisonnement, etc.
171
+
172
+ Il existe également plusieurs types d'organisations pour la protection animale et la protection de la nature, par exemple :
173
+
174
+ Une grande partie des maladies infectieuses ou dues à un prion pathogène peuvent être véhiculées par des animaux domestiques ou sauvages. Dans un contexte de mondialisation accélérée, l'OMS, la FAO et l'OIE[14] encouragent un meilleur suivi écoépidémiologique et la mise en place de dispositifs de sécurisation des échanges ou ventes d'animaux (morts ou vifs), qui se heurtent aussi au trafic d'animaux.
175
+
176
+ Dans les cultures au droit formalisé ou coutumier, les relations entre les humains et les autres espèces animales ont beaucoup varié dans l'espace et dans le temps, et selon l'animal, avec souvent un statut particulier pour les espèces-gibier, domestiques ou des animaux-totems ou symboliques ou emblématiques.
177
+
178
+ Il a beaucoup varié selon les époques, les pays, le droit coutumier et les espèces considérées, ou encore selon que l'animal soit sauvage ou domestiqué ; de l'animal sacré ou royal à la bête de somme, en passant par l'animal de compagnie et au chien de travail ou de chasse ou de garde et jusqu'à l'abeille domestique, etc.
179
+
180
+ Des animaux semblent avoir été considérés comme responsable pénalement dans tout l'Occident chrétien entre le milieu du XIIIe siècle jusqu'à l'époque moderne. La majorité des cas connus de procès d'animaux ont eu lieu au XVIe siècle, mais ces pratiques, finalement assez rares (un peu plus de 200 affaires recensés en Europe entre le Moyen Âge et le XIXe siècle), sont considérés par les historiens comme des manifestations de la survie d'archaïsmes judiciaires[15].
181
+
182
+ En France, l'animal domestique est aujourd'hui une res propria (ayant un propriétaire, qui en est responsable). Le Code pénal considère comme un délit le fait d'infliger des souffrances injustifiées à un animal domestique. En 1976, la loi précise que « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce »[16]. Le code rural en septembre 2000[17], puis le code civil en 2015 ont reconnu l'animal comme « doué de sensibilité » mettant ainsi le droit français en conformité au droit européen, et répondant à une demande depuis longtemps portée par diverses ONG (ex. : Fondation 30 millions d'amis) et diverses personnalités dont 24 intellectuels ayant récemment, avec l'éthologue Boris Cyrulnik ou le philosophe Michel Onfray, soutenu une pétition. Cet ajout au Code civil a été fait alors qu'un groupe d'étude sur la protection des animaux, constitué au sein de l'Assemblée, préparait un projet de nouveau statut pour les animaux, et il ne change pas les catégories et statuts juridiques existants[18].
183
+
184
+ L'animal sauvage reste aujourd’hui considéré par le code rural ou le code civil ou le code de l'environnement comme res nullius (c'est-à-dire n'appartenant à personne en particulier). Et l'animal domestique reste un bien meuble[19]. Seules des espèces menacées ou jugées utiles (pour l'agriculture en général) peuvent être partiellement ou complètement protégées par la loi (Loi n°76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature[20]). Certains animaux peuvent être à certaines conditions, localement et durant un certain temps (celui durant lequel on peut démontrer que leurs populations sont excessives) déclarés nuisibles (concept ancien qui fait l'objet de polémiques au regard des progrès de la science) et peuvent alors être chassés ou piégés plus largement. Le bien-être animal ainsi que les droits des animaux et la protection des animaux sont des préoccupations croissantes dans de nombreux pays, dont dans les contextes d'élevage, animaleries, chasse, pêche, cirques, corrida, expositions animalières, expérimentation animale (scientifique, cosmétique, alimentaire ou médicale), transport d'animaux, abattoirs, trafic d'animaux, abandon d'animaux, etc.
185
+
186
+ Selon Jean-Luc Guichet, chercheur au Centre d'étude et de recherche politiques (CERPO), l'évolution de l'animal n'a été que de se rapprocher de l'homme, de sauvage à domestique puis de familier à apprivoisé[21]. L'axe de progression ainsi dégagé dans la relation de l'homme et de l'animal est celui de l'extérieur de la maison vers l'intérieur de la famille :
187
+
188
+ Plusieurs espèces disposent de plans de gestion d'espèces ou de groupes d'espèces menacées ou jugées patrimonialement importantes, visant parfois (comme pour le bison européen) à lutter contre la pollution génétique[22] ou à aider une espèce qui a failli disparaître à sortir d'un goulot d'étranglement génétique. Certains plans visent au contraire à freiner la diffusion d'espèces invasives.
189
+
190
+ En France, des « ORGFH » (Orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats) ont été écrites dans chaque région. Ce document pourra peut-être être remplacé et complété par le SRCE (Schéma régional de cohérence écologique)[23].
191
+
192
+ Plus on remonte dans le temps, plus les animaux semblent avoir eu une importance culturelle pour les sociétés humaines[24] ; l'exemple de la vénération pour la vache, pour les bovins, est le plus significatif chez les humains ayant acquis l'agriculture : vénération d'abord commune à l'ensemble de l'humanité, de même que celle d'arbres (Nietzsche, dans son cours le service divin des Grecs, rappelle que vénérer des arbres est une pratique commune à l'ensemble de l'humanité lors de la Préhistoire et pendant l'Antiquité, les arbres étant les « premiers temples […] où logeait l'esprit des divinités »[25]), la vénération sacrée des animaux (ou zoolâtrie ; les dieux prenant souvent les traits d'animaux, comme en Égypte antique) s'est éteinte (le christianisme l'ayant combattu sur les cinq continents)[24], pour ne survivre que dans des régions « animistes » ou culturellement hindoues (« Mère vache » en est le symbole). Ce qui signifie que plus on avance dans le temps, plus les animaux perdent leur statut saint ou sacré[24], statut qui garantissait à certains d'entre eux (vivant spécialement parmi les hommes) le respect[24], pour devenir dans la société de consommation des « animaux-objets » (pour les loisirs), ou des « abstractions » totales (afin de ne pas laisser place à l'affect), leur sort laissant en fait indifférent la majorité des humains de ce type de société[24].
193
+
194
+ Depuis le Paléolithique, pour s'assurer la présence d'animaux pouvant lui rendre service, l'homme en a domestiqué un certain nombre d'espèces et a créé des élevages. Les éleveurs ont su, par sélection des croisements afin d'obtenir des animaux plus dociles ou économiquement plus rentables, changer les caractéristiques de certaines espèces et créer des hybrides pour que les animaux répondent plus efficacement à leurs besoins utilitaires de produire soit du lait, des œufs, de la viande, du cuir et de la laine, soit des bêtes de somme ou de trait (la zootechnie n'ayant pas permis d'éviter l'appauvrissement génétique des animaux d'élevage, du fait de la consanguinité importante créée par des hommes[26]).
195
+
196
+ Certains animaux sont une source de revenus pour les humains, allant de la nourriture au transport, en passant par l'exhibition (on payait les montreurs d'ours pour voir leur animal), l'habillement, etc. L'utilisation des animaux (transport, élevage) explose à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, auparavant les ressources alimentaires limitées étaient réservées à la famille[27].
197
+
198
+ L'homme utilise aussi les animaux pour ses loisirs en élevant des animaux de compagnie, en les filmant, en les découvrant dans le cadre de parcs zoologiques ou de parcs safaris. Ces deux dernières activités tendent à devenir plus respectueuses de la sauvegarde des animaux dans leur milieu naturel en favorisant la reproduction d'espèces menacées et l'étude pour les parcs.
199
+
200
+ Les différentes définitions de la protection animale sont axées autour d'une même préoccupation : préserver le bien-être des animaux, en d'autres termes leur épargner toute souffrance inutile. Le bien-être de l'animal englobe sa condition physique et physiologique, et réciproquement sa bonne condition implique une santé physique satisfaisante et un sentiment de bien-être. Le bien-être animal est décliné en cinq libertés correspondant aux besoins fondamentaux de l'animal :
201
+
202
+ En Occident, Aristote a divisé le monde du vivant entre les animaux et les plantes. Celui-ci ne se pose pas encore clairement la question de la fixité des espèces, et les théologiens chrétiens qui prennent sa suite, en faisant une lecture littérale de la Bible, instituent le fixisme en considérant que l'univers et le monde connu ont été créés en une semaine, idée qui devient un dogme inquestionnable jusqu'au XVIIIe siècle. Dans cette vision, les animaux étaient là pour servir l'homme, qui dominait la Création. Cependant à partir de la Renaissance, certaines idées sont remises en question. Alors que les travaux de Carl von Linné au XVIIIe siècle cherchent à classer systématiquement toutes les espèces vivantes en leur donnant un nom unique et précis (nom binomial), Jean-Baptiste Lamarck, puis surtout Charles Darwin, élaborent des théories d'une évolution des espèces. De ces théories, et plus particulièrement avec celle de Darwin va naître une controverse avec les créationnistes qui souvent revendiquent leur soutien à une vision biblique chrétienne de l'origine de la vie. La théorie de Darwin fait de l'homme un animal, fruit d'une évolution par des processus de sélection naturelle dont la sexualité.
203
+
204
+ Linné avait défini au départ trois royaumes (Mineralia, Vegetalia, Animalia) avec les animaux séparés eux-mêmes dans les groupes suivants : Vermes, Insecta, Pisces, Amphibia, Aves, et Mammalia. Ce classement va peu à peu évoluer au fil des découvertes en zoologie ou en paléontologie. Cette classification basée sur les caractères anatomiques et physiologiques tend à devenir une classification phylogénétique, c'est-à-dire la plus proche possible de l'arbre phylogénétique.
205
+
206
+ Le catholicisme (le judaïsme et l'islam ne sont pas aussi radicaux sur ce point[réf. nécessaire]) sépare l'« Homme » du règne animal dans sa nature, son essence (l'« Homme » est le seul être créé à l'image de Dieu, qui est en l'occurrence Jésus, sauveur des seuls hommes selon le christianisme de saint Paul) comme dans sa fonction (Dieu donne la nature à l'Homme pour assurer sa subsistance, l'Homme doit « dominer » la nature)[28]. Cela n'est pas le cas néanmoins dans le catharisme, du fait de la croyance en la réincarnation.
207
+
208
+ Cette séparation radicale entre humanité et animalité a été vigoureusement critiquée, correspondant de manière plus large à celle du « posthumanisme », qui a connu un développement certain avec les sciences sociales qui puisent leur source dans la pensée rousseauiste), par Claude Lévi-Strauss.
209
+
210
+ Les religions « animistes » (africaines, asiatiques, américaines, etc.), les religions chinoises (confucianisme, taoïsme) et spécialement les religions indiennes (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme) intègrent complètement l'animal et l'homme dans l'univers, sans rupture de continuité (la différence est de degré, non de nature), tous les êtres étant dotés d'une âme, d'un même principe vital (d'un même « vouloir-vivre » selon le philosophe Arthur Schopenhauer).
211
+
212
+ La philosophie antique a légué sa vision de l'animal à partir d'une problématique de l'homme au monde : les Stoïciens ont une vision dogmatique et anthropocentriste de l'animal alors que les Académiciens ont une vision holistique, plaçant l'histoire générale des animaux et des hommes dans l'histoire plus large de la biosphère[29].
213
+
214
+ Le philosophe français René Descartes (1596-1650) est dualiste, distinguant nettement deux formes de réalité : la pensée (l'âme) et l'étendue (la matière). L'animal, qui n'a pas d'âme, n'est donc qu'une « machine », un automate perfectionné. C'est la théorie de l'animal-machine[30]. Cette théorie, se démarquant du regard bienveillant porté par Montaigne (1533-1592) sur le monde animal et récusant son nominalisme hyperbolique[31], a été vigoureusement attaquée par le poète Jean de la Fontaine[32] et scrupuleusement disséquée par le philosophe français Jacques Derrida avec son dernier ouvrage, L'Animal que donc je suis, faisant référence au « je pense donc je suis » de Descartes, dont il accuse l'idéalisme dangereux de ce dernier.
215
+
216
+ Le philosophe français Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) voit aussi dans tout animal, y compris l'Homme, une « machine ingénieuse ». Mais il distingue l'Homme de l'animal en ce que « la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. » La différence vient ici de la pensée et de la capacité d'initiative et de liberté de l'Homme qui en découle[33].
217
+
218
+ La critique du dualisme radical s'est tournée vers la théorie du continuisme selon laquelle les animaux possèdent des ébauches (proto-langage, proto-culture, ébauche de conscience ou d'âme) de ce que l'homme possède en plein. Ainsi dans cette perspective philosophique spiritualiste, l'homme est un animal non seulement parmi les autres, mais aussi comme les autres[34]. Une vision matérialiste et évolutionniste de ce continuisme soutient au contraire la thèse de la singularité humaine : selon Ian Tattersall, les animaux ne sont ni rationnels ni doués de conscience[35].
219
+
220
+ L'hypothèse Gaïa proposée par l'écologiste anglais James Lovelock en 1970, mais également évoquée par d'autres scientifiques avant lui (comme le géologue Eduard Suess qui émet en 1875 le concept de biosphère, théorisé en 1926 par le minéralogiste Vladimir Vernadski)[36], considère l'ensemble des êtres vivants sur Terre comme formant une sorte de vaste super-organisme (qu'il nomme Gaïa d'après le nom de la déesse primordiale de la mythologie grecque personnifiant la Terre), réalisant l'autorégulation de ses composants pour favoriser la continuité de la vie et une certaine stabilité du climat.
221
+
222
+ Le terme « animal », au singulier, est rejeté par le philosophe français Jacques Derrida dans sa généralité, – parce qu'il est une « simplification conceptuelle » vue comme un premier geste de « répression violente » à l'égard des animaux de la part des hommes, et qui consiste à faire une césure totale entre l'humanité et l'animalité, et un regroupement tout aussi injustifié entre des animaux qui demeurent des vivants radicalement différents les uns des autres, d'une espèce à une autre[37] :
223
+
224
+ Jacques Derrida a créé le mot-valise « l'animot » qui, prononcé, fait entendre le pluriel « animaux » dans le singulier, et rappelle l'extrême diversité des animaux que « l'animal » efface[38],[39].
225
+
226
+ À la différence, la philosophe Élisabeth de Fontenay préfère l'emploi du vieux mot français « bête », qu'elle met au pluriel « les bêtes »[40].
227
+
228
+ La phénoménologie de l'animalité propose le concept d'« existence animale », dépassant le dualisme existentialiste entre « vie animale » et « existence humaine », dans la mesure où la subjectivité n'est pas confondue à la conscience réflexive[41].
229
+
230
+ La notion d'animalité[42] a souvent été utilisée comme repoussoir par les grandes religions du livre révélé ou par la politique[43] mais des courants de pensée suggèrent de mieux reconnaître et prendre en compte l'animalité présente en chacun des hommes[44], dont sur des bases scientifiques, ce qui questionne le statut de l'humain[45],[46] et de la frontière animalité/humanité[47],[48] (Existe-t-il une « animalité transcendentale » se demande Depraz (1995)[49]), pourrait pour certains légitimer certaines formes de violence[50] et n'est pas selon Brels (2012) sans conséquences éthico-juridiques[51].
231
+
232
+ La sociologie, en ce qu’elle s’intéresse à l’homme et aux collectifs humains, propose elle aussi un point de vue et des angles d’approche de la question animale. La sociologie a pour objets d’étude les faits sociaux et essaye de percevoir dans l’activité humaine des régularités afin de comprendre et d’expliquer les actions des collectifs. C’est à l’aide d’outils théoriques et méthodologiques que la discipline institutionnalisée par les travaux d’Emile Durkheim sur le suicide[52] ou par ceux de Max Weber sur l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme[53] tente soit d’approcher les motivations des individus qui les poussent à agir d’une certaine manière, soit d’étudier les structures objectives de la société qui dirigent les actions de ces derniers. Nous pouvons par exemple citer Durkheim qui explique qu’il faut « expliquer le social par le social », soit s’écarter des considérations individuelles des actions de chacun pour s’intéresser au fait social comme une « chose » qui ne s’explique pas par l’agrégation d’actions individuelles, c’est le caractère « Sui generis » du fait social, et qui possède son propre genre. Ainsi, les individus agissent dans des cadres prénormés et préréglés avec tout de même une certaine marge de manœuvre.
233
+
234
+ La sociologie ambitionne donc de dénaturaliser les comportements individuels et collectifs en introduisant la dimension culturelle des sociétés et le caractère socialisant des catégories et représentations présentes au sein de celles-ci. Après avoir expliqué ceci, nous voyons clairement que l’analyse sociologique prend tout son sens quand il s’agit de s’intéresser aux rapports entre les individus et les animaux. C’est de cette manière que les individus évoluant dans une société particulière vont devoir agir dans la particularité que cette même société et ses cadres normés proposent.
235
+
236
+ L’analyse d’Howard Becker peut d’ailleurs nous éclairer fortement dans son analyse de la déviance[54]. En effet, celui-ci met en avant le fait qu’un acte n’est pas déviant en soi mais qu’il présente un caractère déviant en fonction des règles et des normes qu’il est amené à transgresser. Il y a selon lui un processus déviant, une carrière déviante de l’individu qui va se socialiser à l’acte déviant et être étiqueté comme déviant par d’autres individus qui eux prennent pour champ des possibles les actions encadrées par les normes et les règles présentes dans un collectif. Ce sont ces écarts à la norme que la sociologie se propose donc d’étudier ; la maltraitance des animaux ou encore la sur-humanisation de ces derniers. Cette discipline considère que la plupart des actions ne sont pas naturelles et sont par exemple régies par des mécanismes de domination pour certains (Bourdieu) ou, autre exemple, par des jeux d’acteurs (la métaphore dramaturgique[55] de Goffman).
237
+
238
+ Les sentiments et les émotions des individus représentent aussi pour la sociologie des forces du social en ce qu’ils contraignent les individus à agir dans un cadre prédéfini normativement. Ainsi, Norbert Elias observe et nous explique que nos émotions peuvent être une force d’inertie dans la mesure où elles sanctionnent déjà les actions qui ne sont pas conformes aux normes sociales et ceci avant qu’elles aient lieu. Dans cette perspective, l’individu va se conformer à des normes sociales préexistantes en adaptant ses émotions positives ou négatives vis-à-vis d’un comportement ou de la position d’un individu. Nous voyons ici que maltraiter un chat sera fortement condamné par la société et que de ce fait les émotions de l’individu vont prendre en charge de possible pulsion jusqu’à contraindre ce dernier à l’affection pour l’animal.
239
+
240
+ Dans une perspective socio-historique nous pouvons voir que la place de l’animal et son rapport à l’Homme évolue dans le temps. En effet, celui-ci a d’abord été vu comme une fin matérielle en soi (possibilité de subsister en le consommant, ou récupérer certains de ses organes pour des rites symboliques), avec une vision humaniste anthropocentrique. D’un point de vue occidental, celui-ci a petit à petit été intégré à la vie quotidienne humaine, toujours dans le même but au début (aide à la chasse dans la royauté par exemple), pour obtenir une place de choix auprès de l’Homme de nos jours, considéré parfois comme son égal. Un droit des animaux existe dans le but de sanctionner certaines maltraitances à leur encontre, ce genre de pratiques pouvant entraîner des sanctions plus graves que certains délits commis envers d’autres êtres humains, ce qui aurait pu choquer il y a à peine un siècle.
241
+
242
+ L’élevage intensif actuel des sociétés occidentales dans le but de répondre à des demandes toujours plus grandes et des délais toujours plus brefs se développe en même temps qu’un certain mode de vie : celui de ne pas du tout consommer de viande, ni d’aliments ayant un lien avec l’exploitation des animaux (comme les œufs et le lait par exemple). Ce mode de vie connaît nombre de variantes, et évolue en permanence en fonction des pratiques de consommation. Le mot « Vegan » (végétalien en anglais) regroupe plusieurs de ces modes de vie. Les individus se revendiquent eux-mêmes « Vegan », mot qui reste employé en anglais, se diffusant à travers les pays selon différents processus sociaux[pas clair]. Les pratiques observées dans certains abattoirs sont également dénoncées à travers des reportages dans les médias. On peut observer le développement de certaines contradictions en ce qui concerne le respect de la dignité des animaux et dans le même temps l'intensification de la production animale ou encore le développement d'énormes structures de production.
243
+
244
+ La place des animaux a donc grandement évolué dans le temps, et notamment ces dernières années. Claude Lévi-Strauss disait : « Un jour viendra où l'idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair en lambeaux dans des vitrines, inspirera sans doute la même répulsion qu'aux voyageurs du XVIe ou du XVIIe siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains[56]. »
245
+
246
+ La culture est donc très importante pour envisager sociologiquement les actions individuelles et collectives observables dans la société. Ainsi, la culture occidentale va plus intégrer un animal comme le chien quand la culture moyen-orientale va considérer ce dernier comme impur. Cette supposée impureté du chien va interdire aux individus des sociétés moyen-orientales de faire rentrer cet animal dans leur domicile quand un congénère évoluant par exemple en Europe pourra lui s’installer sur le sofa du salon d’un appartement parisien. Nous voyons ici que les catégories ne sont pas les mêmes en fonction des cultures des sociétés. Nous pouvons souligner de plus, pour l’exemple du chien dans les pays musulmans, que nous voyons dans cet interdit une expression culturelle d’une injonction cultuel. En effet, les chiens dans l’islam ne doivent pas être présents dans les habitations et les propriétés des individus sauf si ces derniers servent à garder un troupeau de bêtes, une ferme ou s'ils aident les hommes à la chasse. Tout l’enjeu pour la sociologie est ici de dénaturaliser la possession de l’animal et les comportements qui accompagnent cette possession. Ces analyses ont pour objectifs d’éviter l’ethnocentrisme qui amène les individus à la sur-légitimation de leurs comportements et à la condamnation sans équivoque des actions régies par d’autres prismes culturels. C’est une horizontalité culturelle que la sociologie propose pour comprendre le rapport aux animaux.
247
+
248
+ Les hommes, depuis la nuit des temps, ont prêté aux animaux des vertus ou des caractéristiques soit humaines, soit divines. Mythes fondateurs et mythologies font une place essentielle à des animaux parfois réels (louve, renard pâle, aigle du Caucase), parfois fantastiques (hydre, dragon, oiseau-tonnerre…)[57]. Le thème de la métamorphose de l'homme en animal y revient souvent (Lycaon, Callisto)[58] et nombre d'êtres mythiques sont mi-humains, mi-animaux (femme bison[59], Minotaure).
249
+
250
+ Certains animaux sont devenus des symboles, et on n'est pas étonné que les expressions populaires en fourmillent (avoir le cafard, devenir chèvre, noyer le poisson)[60]. Bon nombre de contes sont anthropomorphiques : les contes africains, par exemple, font de certains animaux des archétypes de qualités humaines : le lièvre (Lëk en wolof) et l'araignée (Jargooñ) personnifient l'astuce et l'intelligence, la hyène (Bukki) la bêtise gloutonne[61]. Les animaux tiennent une grande place dans le vocabulaire amoureux (biche, lapin, crapaud mort d'amour) depuis le Cantique des cantiques (brebis, colombe), mais aussi dans les insultes (butor, ours mal léché), d'ailleurs parfois dénommés « noms d'oiseaux »…
251
+
252
+ Certaines espèces d'animaux ont également été déifiées par certains peuples. Les animaux dans les univers de fiction sont toujours très abondants. L'art martial d'animal imite des animaux, pour leur redoutable efficacité martiale.
253
+
254
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3332.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,127 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+
4
+
5
+
6
+
7
+
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Le mot Arabes désigne à l'origine les habitants de la péninsule arabique, dont une partie parlait l'arabe (au nord et au centre de la péninsule), une autre s'exprimait dans des langues différentes (au sud). Aujourd'hui, le terme est utilisé pour désigner des populations liées par la pratique de la langue arabe et/ou la culture arabe, réparties sur une vaste zone qui s’étend d’Oman à la Mauritanie ; cela comprend la majorité des habitants de la péninsule arabique, du Machrek et du Maghreb qui parlent des variantes de l'arabe, une langue sémitique. Ces pays appartiennent pour la plupart à la Ligue arabe.
12
+
13
+ Ainsi définis, ils sont estimés à environ 450 millions dans le monde[4]. Ils forment la population majoritaire dans de nombreux pays d'Asie occidentale et d'Afrique du Nord et une diaspora parfois importante ailleurs en Afrique, en Europe occidentale et en Amérique du nord et du sud.
14
+
15
+ L’origine du mot Arabe, du latin Arabus, qui provient lui-même du grec Αραψ (Araps), demeure obscure, malgré les nombreuses recherches[5]. Dans la mythologie grecque ce nom vient du héros Arabos, né dans une vaste contrée à qui il donna son nom, l'Arabie, et à son peuple. Il est fils du dieu Hermès et père de Cassiopée[réf. nécessaire]. Il pourrait provenir de l'akkadien Arabu, qui veut dire désert[6].
16
+
17
+ L’étymologie arabe considère que le mot arabe dérive du verbe « exprimer »[5]. Ce radical pourrait également désigner « le lieu où le soleil se couche » (cf. Érèbe, les ténèbres), c’est-à-dire l’Occident. Arabe et Europe pourraient provenir du sémitique `ereb, qui signifie « coucher du soleil » (donc occident), en hébreu. Arabi a la même racine que « Erev »: le soir (« maarav »: l'occident, le couchant). L'arabe est mentionné à plusieurs reprises dans la Bible, ce qui laisserait penser que l'hébreu (« Ivri » descend d'Ever / Eber, voulant dire la traversée, le passage) venait à l'origine de l'est de l'Arabie. « Erev » (« soir » en hébreu) et Ever (personnage biblique ancêtres des Hébreux, représentant le mouvement d'une traversée) sont constitués des mêmes lettres mais n'ont pas du tout la même racine (les langues sémitiques étant construites sur des racines/ des radicaux de lettres), ni étymologie, ni signification. (Erev # Ever.)
18
+
19
+ Le mot Aribi a été trouvé dans une inscription assyrienne qui date de 853 av. J.-C. Le roi Salmanazar III relate une rébellion du prince Gindibou l’Aribi[7]. Vers 530 av. J.-C., le mot Arabaya est transcrit dans plusieurs documents persans. Le nom de lieu Arabia est transcrit en grec par Hérodote. Par la suite tous les écrivains grecs ou latins élargissent le sens en désignant l’endroit et les habitants par le mot arabique[7].
20
+
21
+ D’après Deroy & Mulon, « arabe » s’« approche de l’ hébreu ‘arâb « aride, stérile »"[8].
22
+
23
+ Selon l’Encyclopædia Britannica : un Arabe est « quelqu’un dont la langue maternelle est l’arabe »[9].
24
+
25
+ Pour Maxime Rodinson, on peut « considérer comme appartenant à l’ethnie, peuple ou nationalité arabe ceux qui : 1˚ parlent une variante de la langue arabe et, en même temps, considèrent que c’est leur langue “naturelle”, celle qu’ils doivent parler, ou bien, sans la parler, la considèrent comme telle ; 2˚ regardent comme leur patrimoine l’histoire et les traits culturels du peuple qui s’est appelé lui-même et que les autres ont appelé Arabes, ces traits culturels englobant depuis le VIIe siècle l’adhésion massive à la religion musulmane (qui est loin d’être leur exclusivité) ; 3˚ (ce qui revient au même) revendiquent l’identité arabe, ont une conscience d’arabisé »[10].
26
+
27
+ Selon Ibn Taymiyya, « est arabe celui que l'arabité domine, même s'il n'est pas descendant d'arabes, mais celui qui a abandonné l'arabité n'est plus arabe, même s'il est descendant d'arabes »[11].
28
+
29
+ Avec l’expansion de la religion musulmane à partir du VIIe siècle, certains groupes sociaux ou politiques s’arabisent petit à petit. La culture arabo-musulmane se propage, en particulier au détriment des langues locales (grec, égyptien, syriaque, berbère), notamment au Proche-Orient (Liban, Syrie, Palestine, Jordanie et Irak) et aussi en Afrique du Nord (Égypte, Maghreb, Soudan). Selon Maxime Rodinson, « les coutumes arabes admettaient et favorisaient l’adoption par les clans de gens de toute espèce et de toute origine qui devenaient ainsi des Arabes à part entière. [… De nombreux soumis] se rattachèrent aux Arabes, se considérèrent comme des Arabes, devinrent réellement des Arabes. Mais des masses encore bien plus nombreuses devinrent musulmanes »[12].
30
+
31
+ Les populations « arabisées » parlent souvent des variantes de l'arabe, mélangé aux langues antérieures, appelés « dialectaux ». À l'écrit, des formes normalisées de l'arabe sont cependant le plus souvent pratiquées, soit l'arabe classique, soit l'arabe moderne. Par exemple, les Maltais parlent le maltais, une variante de l'arabe proche du tunisien, sans se considérer comme Arabes. En effet, le mouvement nationaliste maltais, au XIXe siècle, s'est construit autour du mythe d'une origine phénicienne pour contrer les partisans de l’annexion de Malte par l’Italie, alors en cours d’unification.
32
+
33
+ Les habitants de l’Arabie et du désert s’étendant de la Mésopotamie jusqu’en Syrie sont de langue sémite. La présence de populations bédouines y est très ancienne, puisqu’elles sont mentionnées dans des textes assyriens et babyloniens du IXe siècle av. J.-C. mais aussi dans la Bible. Selon celle-ci, elles seraient issus des fils d’Abraham, leur ancêtre serait Ismaël, frère d’Isaac l'ancêtre des Hébreux.
34
+
35
+ L’historien Marc Bergé écrivit :
36
+
37
+ « "Les Arabes font leur première apparition dans l’histoire en 854 av. J.-C. : l’arabe Gindibu soutint Bin Idri de Damas (le Ben Hadad II de la Bible) en lui amenant mille chameliers du pays d’Aribi à l’occasion de la bataille de Qarqar […] Peut-être le camp de Gindibu était-il situé au sud-est de Damas. Il est certain que les éléments bédouins de la péninsule arabique - qu’on appelait probablement indifféremment Aram, Eber ou Haribu - devaient être installés, à l’origine, dans la région qui s’étend entre la Syrie et la Mésopotamie et qui fut, avec la Syrie le berceau le plus ancien des Sémites[13]. »
38
+
39
+ À partir du VIIe siècle, certains sont partis au Proche-Orient, vers l'Asie, l’Afrique du Nord et la péninsule Ibérique, dans le cadre de la diffusion de l’islam. Il existe aujourd’hui d'importantes diasporas issues de ces pays et qualifiées d'«arabes» en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique de l'Ouest, de l'Est.
40
+
41
+ Une étude génétique récente publiée dans le "European Journal of Human Genetics" dans Nature (2019) a montré que les populations d'Asie occidentale, arabes, européennes, nord-africaines, sud-asiatiques (Indiens) et certaines populations d'Asie centrale sont étroitement liées les unes aux autres, et peuvent être distinguées des Africains subsahariens ou des populations d'Asie de l'Est[14].
42
+
43
+ L'histoire traditionnelle arabe classe les peuples arabes en trois catégories, à savoir : les « arabes disparus », les « arabes arabisants » (Qahtân), et les « arabes arabisés » ('Adnân), ces derniers descendraient d'Ismaël fils d'Abraham. Qahtân, originaire du Yemen, est considéré l'ancêtre des « Arabes du sud », et 'Adnan, le descendant d'Ismaël ibn Ibrahim, celui des « Arabes du nord »[15]. Selon les textes coraniques et bibliques, Ibrahim (pour les musulmans) ou Abraham (pour les hébreux et les chrétiens) descendrait de Sem fils de Noé. Il est considéré comme l'ancêtre principal du peuple arabe. Son fils Ismaël ayant épousé la fille d'un descendant de Qahtân nommé Mudâd, engendra les douze ancêtres des douze tribus ayant peuplé La Mecque avant de se disperser de toutes parts en Arabie[16].
44
+
45
+ Les « arabes disparus » formèrent des tribus qui laissèrent peu de traces archéologiques, la tradition nous livre cependant leurs noms, à savoir : les 'Ād (en arabe : عاد), les 'Imlaq, les Jadîs, les Tasm , ou encore les Thamûd disparus avant le VIe siècle. La légende pré-islamique des tribus de Tasm et Jadis les situe dans la région de Kharj.
46
+
47
+ Les « arabes arabisants » descendant de Qahtân sont d'abord les tribus de Jurhum et de Ya'rub. De Ya'rub proviennent ensuite les Kahlân et les Himyar.
48
+
49
+ Des Kahlân ayant émigré du Yémen vers le nord se détachent les Azd, ancêtres des Ghassanides établis de Tabûk à Palmyre. Les Judhâm et Lukhm descendent aussi des Kahlân, Lukhm est considéré l'ancêtre des Lakhmides qui occuperont la rive occidentale de l'Euphrate. Autres descendants des Kahlân sont les Kinda qui fondent un royaume tribal de Kinda dans le Najd, ils émigrent aussi à Bahrein, d'où ils redescendront vers l'Hadramaout. D'autres tribus descendant de Kahlân sont les Anmâr, les Aws, les Hamadân, les Khazraj, les Mudhaj, et bien d'autres encore dont les Tayyi' qui s'établirent dans les montagnes du même nom au grand désert de Néfoud.
50
+
51
+ Les Himyar du Yémen sont les ancêtres de diverses tribus parmi lesquelles se détachent les Bahrâ dont un fils célèbre est Miqdad ibn Amr al-Bahrani compagnon du Prophète, les Balî, les Juhayna, les Kalb, les Qudâ'a et bien d'autres encore.
52
+
53
+ La tradition nomme « arabes arabisés » les 'Adnân mentionnés ci-dessus car ils descendent d'Ismaël qui, par son mariage avec une fille arabe de la tribu de Mudâd, dut apprendre la langue arabe, lui-même et ses douze enfants mâles qui sont pour cette raison qualifiés d'arabes arabisés. L'un des douze est Qidâr, père de 'Adnân qui généra Mu'id, le père de Nizar. Le prophète Mahomet s'inscrit dans cette lignée des 'Adnân.
54
+
55
+ Selon Ibn Khaldoun, les Arabes appartiennent à quatre groupes distincts, les Aribah, les Mustaribah, les Tabia lil Arab et les Mustajam[17]. D’après lui[18], les généalogistes arabes classent les tribus de leur nation en deux catégories. De la première, Qahtân, descendent les Kahlan et les Himyar comme expliqué ci-dessus, de la seconde, issue d’Ismaël[19] descend Nizar ibn Mu'id ibn Qîdâr, lequel Nizar eut quatre fils Anmâr, Iyad, Rabîa et aussi Mudr l'ancêtre lointain des Quraych et du prophète Mahomet, mais aussi de la famille Al Thani qui règne depuis 150 ans sur le Qatar.
56
+
57
+ Selon Tabari, un historien musulman, Ève aurait habité à Jeddah et Adam seul à Sarandib (Sri Lanka) dans une montagne. L'explorateur Ibn Battuta prétend avoir identifié cette dernière, qui porte maintenant le nom de pic d’Adam[20]. Adam et Ève seraient passés par l’actuelle Arabie saoudite, où Adam fit son pèlerinage et retourna à sa nouvelle demeure, à savoir La Mecque actuelle[21].
58
+
59
+ Tabari fait remonter Ismaël, en passant par Abraham et Noé, à Adam.
60
+
61
+ D’autres philosophes musulmans pensent que la langue d’Adam était l’arabe, mais cela a été contesté par Ibn Jinni au Xe siècle[22].
62
+
63
+ Une « Apocalypse d'Adam » qui reprend divers psaumes et préceptes d’Adam est un ouvrage apocryphe dont existent quatre versions en langue arabe conservées au Vatican[23], qui possède aussi deux versions en syriaque de cet écrit[24].
64
+
65
+ D'après la Torah et le Coran, la mère d’Ismaël est Agar, une Égyptienne[25], et son père était Abraham[26]. Le roi égyptien avait quatre cents femmes, dont Agar. Il offre à Sarah, l’épouse d’Abraham, de choisir deux jeunes filles parmi ces femmes. Sarah n'en choisit qu'une seule, Agar, qui occupait un rang plus élevé que celui des autres, et qui se prit d’affection pour Sarah[27].
66
+
67
+ Le géographe grec Strabon, au Ier siècle av. J.-C., commence à décrire avec précision le territoire des Arabes : il bénéficie du témoignage des marchands de la route de l'encens, et des explorateurs romains[28].
68
+
69
+ Les livres Les Ethniques de Étienne de Byzance, lexicographe byzantin, formaient une étude philologique et grammaticale de termes toponymiques de l’Antiquité. La région d’Arabie y est présentée peuplée par des tribus nomades dont la langue semble être l'arabe. L’Arabie centrale y est peu présente, Yathrib et Makka ne sont pas mentionnées.
70
+ Des références à des ouvrages de l’Antiquité traitant uniquement de l’Arabie et de sa population sont faites. L'auteur s’était basé sur les travaux de géographes (Ptolémée, Strabon et Pausanias) et grammairiens et commentateurs d'Homère[29],[30].
71
+
72
+ D’après Ctésias, au temps des Phéniciens, les Béroses étaient composés de Chaldéens et d’Arabes. Le roi arabe à cette époque était Ariée, il faisait la guerre contre Ninus, chef de Babylone et de Ninive[31]. Selon Ferd Hoefer, une dynastie arabe avait occupé Babylone en 1400 av. J.-C.Cusan - Risataim, un Madianite (tribu qui appartient aux Ismaélites) était le roi de la Mésopotamie. Plusieurs peuples (phéniciens, hébreux) étaient soumis à ce roi. Les Ismaélites occupaient une partie de la Mésopotamie et une grande partie de l’Arabie. La guerre éclate entre les Hébreux et Cusan - Risataim à cause de Yahweh (dieu du Proche-Orient). Les Hébreux ont dénigré ce dieu et se sont mis à adorer Baalim (les Baal) et Astaroth (Astarté). À la fin, les Hébreux offrent leur soumission à Cusan- Risataim durant huit ans[32].
73
+
74
+ La langue du sud est différente du nord de la péninsule de l’Arabie. Le Sud était en plein déclin, après la chute successive du Royaume de Saba qui a duré des millénaires. Les Himyarites sont les derniers souverains de cette région. Dhu Nuwas fut le dernier roi de la dynastie à la fin du Ve siècle, il se convertit au judaïsme et punit les chrétiens à cause de la persécution des Byzantins. Les Éthiopiens, en majorité chrétiens, prennent la région. Vers 575, les Perses font une incursion. La domination des Éthiopiens et des Perses a été éphémère.
75
+ La société était très développée par rapport aux autres. Les habitants sont sédentaires, habiles dans la construction de digues et l’agriculture. Ils produisaient et exportaient les épices, la myrrhe, l’encens, les aromates, etc., à une partie du monde. Les routes étaient prospères pendant le temps de la paix (accord signé entre les Arabes et les Romains à l’époque de l’empereur romain et arabe Philippe l’Arabe). Le Yémen était une société monarchique et la religion était polythéiste. Plusieurs inscriptions découvertes dans la région laissent penser qu’une partie de la population savait écrire[33][source insuffisante].
76
+
77
+ Ces régions étaient influencées par la culture araméenne hellénisée. Les pistes commerciales étaient établies. Les Nabatéens fondent leur royaume et la ville de Pétra fut la capitale. Trajan concrétise une province romaine au nord de la Nabatène. De 244 à 249, Philippe l’Arabe dirigeait toute la province. Au sud la Syrie était connue sous le nom de Palmyre, Odenathus (« Udhayna ») était le premier souverain puis sa femme Zénobie (« Zayneb ») le remplaça. Aurélien prend la région puisque presque la totalité de la population était semi-nomade ou nomade. L’histoire demeure sombre au sujet des autres dynasties Lihyan et Thamud. Des inscriptions relèvent l’existence des deux pays. Le Coran mentionne Thamud. En 384, le traité de paix entre les Sassanides et les Romains fait arrêter les guerres dans la région. Cette paix durera jusqu’en 502. Les Byzantins et les Perses parcouraient les routes de la région qui étaient sûres[34][source insuffisante].
78
+
79
+ Entre le IVe siècle et le VIe siècle, la région se dégrade. Les Byzantins et les Sassanides s’en sont désintéressés. La société arabe demeure tribale. L’élevage était important pour la survie ; parfois les Bédouins attaquent les caravanes des Arabes sédentaires. Les tribus arabes avaient un chef élu et avaient un conseil formé de membre de la même famille (Ahl al Bayt) (les gens de la maison). La religion des tribus était le polydémonisme[34][source insuffisante].
80
+
81
+ La ville réunissait les grands marchands de la tribu des Quraychites. Ces derniers concluaient des traités avec les Byzantins, les Éthiopiens, les Sassanides, etc. La Mecque était une ville marchande. Ses notables dirigeaient tout par l’intermédiaire d’un conseil (Madjles)[34][source insuffisante].
82
+
83
+ Avant le début de la conquête musulmane, les tribus arabes au centre de l’Arabie étaient essentiellement nomades, mais avaient développé des civilisations urbaines et des royaumes au sud de la péninsule Arabique; comme ceux du Yémen (Saba, Hadramaout, Ma'in, Himyar), au nord de la péninsule (royaumes Lakhmide de Al-Hira, Ghassanide), en Mésopotamie, et en Syrie (royaumes de Palmyre, de Pétra, de Hatra).
84
+
85
+ C’est à Yathrib, la future Médine, que l’islam commence à établir son pouvoir (voir Tribus musulmanes et juives de Yathrib).
86
+
87
+ Après la conquête de la péninsule Arabique par l’islam, les Arabes ont conquis aux VIIe et VIIIe siècles les régions voisines du Proche-Orient, l’Asie mineure, l’Afrique du Nord dans laquelle ils fondent Kairouan première cité musulmane du Maghreb[35]. Après une conversion rapide à l’islam, une armée d'Amazigh et Arabes conquit l’Espagne pour le compte du calife omeyyade de Damas. Toutes les villes tombaient au pouvoir des Omeyyades. Plusieurs dynasties se sont maintenues pendant huit siècles, mais le règne des musulmans finit par tomber sous les attaques des chrétiens du nord. La seule dynastie survivante était la dynastie arabe des Nasrides à Grenade, elle fut la dernière à tomber en 1492. En même temps, la découverte de l’Amérique fut entamée.
88
+
89
+ Les musulmans ont régné près de huit siècles (de 711 à 1492) en Andalousie. Ils conquirent aussi le Portugal. Les Maures furent expulsés de la péninsule ibérique en 1609 sous Philippe III[36][réf. non conforme]. Une partie d’entre eux s’installe en France[réf. nécessaire] surtout les chrétiens. Le reste revient en Afrique du Nord. Certains pouvoirs en Andalousie s’entendaient avec les trois communautés religieuses chrétienne, juive et musulmane. À partir de 1492, les Espagnols diffusent en Amérique des techniques et des denrées empruntées à la culture maure (les techniques d’irrigation, le sucre, le café, etc.)[37].
90
+
91
+ Une tête de pont musulmane se maintient en Provence dans le massif des Maures, dans le Sud de la France, jusqu’à la fin du Xe siècle[38].
92
+
93
+ La Sicile fut également sous domination musulmane pendant près de 250 ans et la majeure partie de ses habitants se convertirent à l’islam jusqu’à ce que les armées chrétiennes et normandes récupèrent l’île, fondant le royaume de Sicile. Cette islamisation et cette arabisation furent d’autant plus radicales qu’une immigration berbère importante suivit les famines qui ravagèrent l’Afrique du Nord de 1004-1005 à 1040.
94
+
95
+ Sur plusieurs vagues Les Hilaliens et les Banou Salim, des tribus du centre de la péninsule arabique, s'installent d'abord en Égypte avant de faire la conquête du Maghreb au milieu du XIe siècle[39].
96
+
97
+ Le Proche-Orient et le Maghreb ont par la suite été intégrés en totalité ou en partie à d'autres empires (ottomans, espagnols, portugais, anglais, français, etc.).
98
+
99
+ Dans l'Antiquité, les habitants de l'Arabie pratiquaient des religions animistes[40] variées[41]. La Mythologie arabe préislamique comptait de nombreuses divinités[42] (Allat (parfois écrit Al Lât), Hubel, Quzeh, , Al Ozzâ, Wadd (Amour), Amm, Yagût, Nasr, etc.[41]). La Kaaba était un lieu sacré en Arabie avant Mahomet[41],[43]. On peut mentionner aussi le mythe de la Reine de Saba, appelée « Balqis » en arabe.
100
+
101
+ Des Arabes pratiquaient des religions monothéistes (christianisme, judaïsme, etc.) avant l’apparition de l’islam. De nombreux Arabes de religion juive vivaient dans la région[44], notamment à Yathrib (Médine) où ils étaient agriculteurs et artisans[33][source insuffisante]. Certaines y sont restées jusqu'au XXe siècle, en particulier au Yémen. Après l'hégire, une grande partie des Arabes embrassent la religion musulmane.
102
+
103
+ Il existe près de quinze millions d’Arabes chrétiens dans l’aire géographique arabo-musulmane : en Égypte (de 8-16 %), en Syrie (5,4-9,4 %), au Liban (34-41 %), en Palestine (6 %, 11 % avec la diaspora palestinienne), en Israël (2%), en Jordanie (3-4 %), en Irak (2,7-3,5 %)[45].
104
+
105
+ Parmi les Arabes du Brésil qui constituent environ 7 % de la population[46], la communauté arabe compte ainsi 8 millions[37]. Les chrétiens de la Grande Syrie sont venus au Brésil en 1837. En tout, il y a 17 millions d’Arabes en Amérique latine[37].
106
+
107
+ Aux États-Unis, les Arabes sont estimés à 3,5 millions, dont environ 63 % sont chrétiens et 24 % musulmans[47]. Leur communauté qui s’est installée dès le début du XXe siècle en provenance de Syrie, du Liban et d’Égypte, regroupe une population peu nombreuse mais très bien assimilée, avec de nombreux exemples de réussites personnelles, tels John Sununu et Ralph Nader dans la politique, Bobby Rahal dans le sport, ou Paul Anka et Frank Zappa dans la musique. Ces dernières années, de nouveaux immigrants sont arrivés d’Irak.
108
+
109
+ L'expression « juifs arabes » désigne les personnes de religion juive dont l'arabe est la langue maternelle et/ou originaires d'un pays arabe. La présence de juifs dans la péninsule arabique, et dans des pays qui seront arabisés après la conquête arabe du VIIe siècle, est très ancienne. Elle peut être attribuée d'une part à des vagues migratoires de juifs originaires de Jérusalem et du royaume de Juda, fuyant les persécutions (voir dans l'article diaspora juive, la première et la deuxième diaspora) ; d'autre part, à des conversions au judaïsme dans les pays où ces juifs exilés s'étaient établis[48]. Pour une vue d'ensemble, voir l'article Juifs arabes et pour l'histoire de ces juifs par pays, voir les différents articles Histoire des Juifs par pays[49].
110
+
111
+ Après la création d'Israël en 1948, quand de nombreux pays arabes mènent une politique discriminatoire et répressive à l'égard des juifs, près de 900 000 d'entre eux partent ou sont chassés des pays arabes, où ils résidaient et étaient nés, et partent habiter dans le nouvel État dont ils obtiennent la nationalité ou ailleurs en Europe et en Amérique.
112
+
113
+ Il est communément admis que ce sont des chrétiens syriaques qui ont traduit la majorité des textes des auteurs grecs en arabe et que les versions commentées d’Aristote, de Platon ou d’autres sont parvenues en Europe avec des annotations des penseurs musulmans qui ont ainsi contribué d’une certaine manière au mouvement des idées sans en avoir été pour autant les importateurs exclusifs. La latinisation du nom de ces commentateurs montre leur prestige auprès des savants européens[50] : Ibn Rushd est devenu Averroès, Ibn Sina Avicenne, Ibn Tufayl Abubacer, Ibn Bajjah Avempace, Hunayn ibn Ishaq Johannitius.
114
+
115
+ L’islam a rapidement conquis la Perse sassanide et la majeure partie de la chrétienté orientale où chrétiens et juifs reçoivent le statut de dhimmi soumis à l’impôt. Les conquérants exigent également de leurs tributaires une contribution intellectuelle qui nourrira cette civilisation naissante en puisant dans les trésors de la pensée antique. La Syrie devint le principal centre de la pensée hellénique, après que Justinien a fermé les écoles d’Athènes. À l’exception de quelques œuvres traduites directement du grec en arabe, les ouvrages grecs étaient traduits en syriaque, une forme tardive d’araméen, dans un mouvement qui s’amplifia après la conquête musulmane[51].
116
+
117
+ Le calife Al-Mamun (Abbasside) qui est attaché à la doctrine Mutazilite met en place au début du IXe siècle un atelier de traduction appelé Bayt al Hikma (Maison de la sagesse) à Bagdad[52] et envoient des caravanes à Byzance pour acquérir des manuscrits grecs. Ce mouvement de traduction inclut des ouvrages tant de médecine, de logique ou de philosophie grecques que de littérature persane ou d’astronomie indienne qui font émerger une nouvelle culture philosophique et scientifique arabe appelée l’adab, imprimant un essor nouveau aux savoirs en général et à la science en particulier[53].
118
+
119
+ Parmi les traducteurs fameux, on peut mentionner au IXe siècle le médecin Hunayn ibn Ishaq, connu en Occident sous le nom de Johannicius. Ce nestorien arabe transcrit les corpus médicaux d’Hippocrate et de Galien qui serviront de base au Canon de médecine d’Avicenne qui sera lui-même traduit en latin et fera autorité durant cinq siècles. D’autres personnalités sont à mentionner tels al-Farabi (872-950) qui donne une interprétation d’Aristote et de Platon harmonisant les deux philosophies ou encore le savant al-Biruni (973-1048), qui décrit l’histoire de l’Univers dans la tradition grecque. Enfin, l’œuvre d’Averroes (~1126-1198), philosophe, théologien et savant musulman, commentateur des œuvres d’Aristote, soulève des débats passionnés qui auront une influence telle dans l’Occident médiéval qu’on parle d’averroïsme.
120
+
121
+ Les traductions d’Aristote et d’autres auteurs antiques gagnent l’Espagne sarrasine et la Sicile où l’on traduit activement les œuvres de l’arabe en latin. Tolède, conquise par les chrétiens en 1085, devient un lieu de contacts féconds entre culture musulmane et monde chrétien : de 1130 à 1150, l’archevêque Raymond d’Agen emploie des «médiateurs juifs» qui parlent hébreux, arabe, castillan et latin ou encore des savants chrétiens comme Gérard de Crémone. Ainsi les auteurs anciens et les commentaires arabes pénètrent en Occident influençant profondément la pensée d'auteurs chrétiens comme Albert le Grand et Thomas d’Aquin[54].
122
+
123
+ Cette théorie est aujourd’hui partiellement contestée par des historiens comme Jacques Heers ou Sylvain Gouguenheim[55]. Ce dernier explique dans un ouvrage fort critiqué par ses pairs, Aristote au Mont-Saint-Michel[56],[57], qu’à côté de la transmission arabe, il aurait existé une filière directe de traductions du grec au latin, dont le Mont-Saint-Michel aurait été le centre au début du XIIe siècle, grâce à Jacques de Venise. Selon le conservateur des manuscrits médiévaux des traités d’Aristote à Avranches, cette théorie relève du « roman », les renseignements sur Jacques de Venise étant pratiquement inexistants et le Mont-Saint-Michel traversant une période troublée à cette époque[58]. L’historien confirme néanmoins la reprise arabo-musulmane de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs, mais considère que la pensée d’Aristote n’y eut pas d’influence dans les secteurs de la politique et du droit, du moins du VIIIe au XIIe siècle[59].
124
+
125
+ Pour Gabriel Martinez-Gros, professeur à l’université de Paris X, « si le Moyen Âge occidental minimise l’apport des Arabes, c’est qu’il cherche avant tout à renouer avec un patrimoine antique qu’il tient pour sien ; l’Islam médiéval quant à lui exalte une Grèce antique sans parenté avec l’Empire byzantin »[60].
126
+
127
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3333.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,69 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un avion[1] est un aérodyne (un aéronef plus lourd que l'air), entraîné par un propulseur[N 1], dont la portance aérodynamique est obtenue par des surfaces fixes. Lorsque la portance est obtenue (à l'arrêt ou en mouvement) par des surfaces en rotation, l'appareil est alors dit à « voilure tournante » (hélicoptère, autogire, girodyne).
2
+
3
+ Un avion équipé d'un dispositif lui permettant de décoller et de se poser sur l'eau (amerrir) est un hydravion. D'autres accessoires permettent l'atterrissage et le décollage sur des surfaces enneigées comme des skis situés sous les roues de l'avion.
4
+
5
+ Celui qui le dirige est appelé pilote ou aviateur.
6
+
7
+ Le mot « aviation » (du latin « avis », qui signifie « oiseau »[2], et du suffixe « atio ») a été employé pour la première fois par Gabriel de La Landelle, en 1863, dans le livre Aviation ou navigation aérienne sans ballon, un ouvrage rendant compte des tentatives d'envol de Jean-Marie Le Bris dans un appareil plus lourd que l'air.
8
+
9
+ Le substantif masculin[3],[4],[5] « avion » est un dérivé savant du latin avis[6]. Il est attesté au XIXe siècle[3] : d'après le Trésor de la langue française informatisé[4], il a peut-être été créé en 1875 mais sa plus ancienne occurrence connue se trouve dans le brevet no BB 205 155, déposé le 19 avril 1890 par Clément Ader[7] et relatif à « un appareil ailé pour la navigation aérienne dénommé Avion »[8]. C'est ainsi qu'Ader a appelé l'appareil baptisé Éole, avec lequel il décolle le 9 octobre 1890 puis rase le sol sur 50 mètres à 20 cm au-dessus de la piste. Cet événement ne sera toutefois pas homologué comme étant un vol : la hauteur atteinte était insuffisante pour le qualifier de tel.
10
+
11
+ Le troisième prototype de Clément Ader, l'Avion III, effectue un vol de trois cents mètres devant un comité militaire le 14 octobre 1897 à Satory[9]. Une autre raison à la non-homologation des vols de Clément Ader est que ces vols étaient soumis au secret militaire.
12
+
13
+ À la même époque Otto Lilienthal, grâce à des prototypes qui étaient réalisés à partir de structures de bambou entoilées de coton, pouvait planer jusqu'à 400 mètres en se lançant du haut d'une colline haute d'environ vingt mètres. Le contrôle de la machine se faisait par des déplacements du corps comme pour les deltaplanes pendulaires contemporains.
14
+
15
+ Dans les premières années de l'aéronautique, après les vols en planeur des frères Wright de 1902 et leur premier vol motorisé du 17 décembre 1903[10][source insuffisante], on ne parle pas encore d'avions mais d'aéroplanes. En 1908, Ferber, dans une note de bas de page de son ouvrage L’aviation, ses débuts, son développement[11], écrit « Il n'y a pas de mot pour désigner l'aéroplane en particulier ; on pourrait prendre le nom créé par M. Ader ». En 1911, en hommage à Clément Ader, le général Roques, créateur de l'aviation militaire, décide que tous les aéroplanes militaires s'appelleront des avions. Mais ce n'est qu'avec la Première Guerre mondiale que les mots « avion » et « aviation » deviennent communs.
16
+
17
+ Alberto Santos Dumont construisit de nombreux ballons à bord desquels il vola et conçut le premier dirigeable pratique. La démonstration de son aéroplane plus-lourd-que-l'air, le 14 Bis, eut lieu dans le parc de Bagatelle près de Paris, avec un vol public, homologuant par là même le premier record du monde d'aviation, le 23 octobre 1906.
18
+
19
+ Un avion est constitué :
20
+
21
+ Un avion vole grâce à l'écoulement de l'air autour de l'aile produisant des forces aérodynamiques :
22
+
23
+ Plus l'angle formé entre l'aile et le vent relatif (angle appelé incidence) est important, plus les forces aérodynamiques sont grandes. Ceci reste vrai jusqu'à l'angle de décrochage, où la portance commence à décroître à cause du décollement des filets d'air au-dessus de l'aile (l'extrados).
24
+
25
+ La force de portance est générée en réaction à la masse d'air qui est défléchie vers le bas. Par réaction l'aile est tirée vers le haut, en vertu de la troisième loi de Newton[12] :
26
+
27
+ La masse d'air est défléchie vers le bas, en raison de :
28
+
29
+ Quand le vent relatif passe au-dessus et au-dessous de l'aile, l'air qui passe sur l'extrados va plus vite que l'air qui passe sur l'intrados, obéissant ainsi à la condition de Kutta. La pression à l'extrados est plus faible que celle à l'intrados. La dépression sur l'extrados et la pression sur l'intrados engendrent une force sur l'aile appelée portance.
30
+
31
+ Un avion subit trois types de forces :
32
+
33
+ Ces forces sont représentées par quatre vecteurs :
34
+
35
+ Quand l'avion vole en palier à vitesse constante le poids est équilibré par la portance, la traînée est compensée par la traction.
36
+
37
+ À partir de cette position d'équilibre, toute modification de l'un des paramètres entraîne une modification de l'équilibre. Si le pilote réduit les gaz, la traction diminue, la traînée devient prépondérante et la vitesse diminue. Étant proportionnelle au carré de la vitesse, la portance diminue avec la vitesse : l'avion s'inscrit dans une trajectoire descendante, entraîné par son poids. En descendant, l'avion accélère à nouveau : la portance croît à nouveau, égale et dépasse le poids : l'avion remonte. En remontant, la vitesse diminue, et ainsi de suite… Lorsque les oscillations s'amortissent du fait de la stabilité en tangage, l'avion se stabilise en un nouveau point d'équilibre : soit en descente à la même vitesse, soit en palier à une vitesse plus faible suivant son attitude de vol.
38
+
39
+ Le pilotage dans le plan vertical (en tangage) consiste à intervenir sur la portance et la traction. Le pilotage dans le plan horizontal (en virage ou en dérapage) consiste à intervenir sur le roulis (inclinaison latérale) et sur le lacet (la direction).
40
+
41
+ Il existe plusieurs modes de propulsion permettant aux avions d'atteindre et de maintenir la vitesse nécessaire au vol, les plus répandus sont :
42
+
43
+ Différents paramètres permettent de caractériser les performances d'un avion :
44
+
45
+ Les avions ont un impact local au voisinage des aéroports et un impact global sur le climat. Localement, la rotation des avions dans les aéroports provoque des nuisances sonores et contribue à la pollution de l'air. Les vols d'avions militaires à basse altitude sont également une source de nuisance sonore. Globalement, les émissions des avions contribuent à l'augmentation de l'effet de serre et donc au réchauffement climatique.
46
+
47
+ L'impact climatique du transport aérien résulte principalement de la combustion de kérosène dans les réacteurs d'avion. Celle-ci est responsable de l'émission de dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre qui s'accumule dans l'atmosphère et dont les émissions représentent de 3 à 4 % des émissions mondiales, ainsi que d'autres émissions à courte durée de vie, dont la contribution à l'effet de serre n'est pas évaluée avec autant de précision. Il s'agit en particulier des émissions d'oxydes d'azote (NOx), qui provoquent indirectement le réchauffement du climat, et surtout des traînées de condensation et des cirrus artificiels qui se forment dans certaines conditions.
48
+
49
+ Pour consolider les effets sur le climat de l'ensemble des émissions anthropiques, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) utilise le forçage radiatif qui mesure les conséquences des activités passées et présentes sur la température globale. Il a estimé que le forçage radiatif dû à l'aviation représentait 4,9 % du forçage radiatif total de 1790 à 2005, environ trois fois plus que le seul impact du CO2. Avec la croissance rapide et continue du transport aérien (de 6 à 7 % par an depuis 2015) et l'incapacité du secteur à la compenser au même rythme par des améliorations techniques ou opérationnelles, son impact climatique ne cesse de croître. Selon des projections de la tendance actuelle, la part des émissions de CO2 de l'aviation pourrait monter à 22 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050.
50
+
51
+ Après plus de 15 ans de négociations, un accord mondial visant à réduire l'impact climatique du transport aérien a été conclu le 6 octobre 2016 sous l'égide de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Il vise à combler l'absence de mesures concernant le transport aérien dans l'Accord de Paris de 2015 et à atteindre les objectifs que s'était fixés l'organisation en 2010 : améliorer l'efficacité énergétique de 2 % par an et stabiliser les émissions de CO2 au niveau qu'elles auront atteint en 2020. Il institue pour cela un système de compensation des émissions de CO2 pour la fraction des émissions qui dépasserait le niveau atteint en 2020 malgré un « panier de mesures techniques » adoptées dans le même temps. Ce système se traduira par l’achat de crédits-carbone par les compagnies aériennes auprès d’autres secteurs via une bourse d’échanges, sur volontariat à partir de 2021, puis de manière obligatoire à partir de 2027. De nombreuses voix, en particulier celles d'Organisations non gouvernementales environnementales (ONGE), ont dénoncé le manque d'ambition de cet accord.
52
+
53
+ Né en Suède en 2018, le sentiment de flygskam (traduit en français par « honte de prendre l'avion ») défie le transport aérien. Des voyageurs sensibilisés à la protection de l'environnement prennent moins l'avion et privilégient le train[14],[15],[16].
54
+
55
+ Depuis les premiers jets, la consommation des avions au siège par kilomètre a déjà baissé de 80 %. Mais l'objectif que s'est fixé le transport aérien, de réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 (et même de 75 % en Europe), malgré le doublement attendu du trafic, sera difficile à atteindre. Il passera d'abord par l'achat d'avions plus modernes, dont la consommation de carburant est de moins de 3 litres par passager pour 100 km et même moins de 2 litres pour un A321neo, ainsi que par l'utilisation de biocarburants, de 50 % moins polluants, et un recours accru à l'électricité pour actionner les équipements hydrauliques et pneumatiques. De nouveaux modèles d'aéronefs, comme les avions-taxis et les drones de livraison, utiliseront des moteurs électriques. Les perspectives d'une propulsion 100 % électrique sur des avions de ligne sont beaucoup plus lointaines, voire incertaines : les deux obstacles principaux sont le poids des batteries et la difficulté de sécuriser un réseau à plus de 1000 volts à bord de l'avion. Le projet le plus ambitieux de Safran se limite à un avion de 10 à 12 places pour des distances de 400 à 500 km, qui associerait à deux moteurs à hélices turbopropulsés classiques, six petits moteurs électriques, réduisant d'au moins 50 % les émissions de gaz d'un turbopropulseur, lui-même déjà de 40 à 50 % plus vertueux qu'un jet. Il pourrait être lancé dès 2025, avec un marché potentiel de plusieurs milliers d'appareils. L'étape suivante pourrait être la mise au point, vers 2030, d'avions régionaux de 40 sièges, toujours à motorisation hybride. D'autres pistes sont les biocarburants et l'hydrogène[17].
56
+
57
+ La fabrication des avions fait appel à des matériaux dont la production est également — en amont — source d'impacts énergétiques, écologiques et sanitaires. Et le traitement des avions en fin de vie pose encore problème, avec un nombre d'avions à démanteler de plus en plus élevé (300 avions/an[réf. nécessaire]), sans compter les épaves déjà stockées à proximité des aéroports dans le monde. Des avions ont été transformés en récifs artificiels, mais avec des controverses sur les impacts de ce type d'opération. Les avions contiennent des matériaux précieux dont la fabrication a causé l'émission d’importantes quantités de gaz à effet de serre et de métaux lourds, mais les carlingues n'ont pas été conçues pour faciliter la récupération de ces matériaux en fin de vie.
58
+
59
+ En France, le programme Pamela piloté par Airbus (3,242 millions d'euros aidé par l'Europe), à Tarbes, expérimente des procédés de déconstruction et valorisation ou recyclage des matériaux[18].
60
+
61
+ Les deux grandes catégories sont les avions civils (commerciaux ou de tourisme) et les avions
62
+
63
+ militaires
64
+
65
+ Les avions civils peuvent être classés comme ;
66
+
67
+ Les avions militaires sont généralement classés selon leur emploi :
68
+
69
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3334.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3335.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3336.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3337.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,27 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ La mer Égée [mɛʁ eʒe][1] (en grec moderne : Αιγαίο Πέλαγος Aigaio pélagos [eˈʝeo ˈpelaɣos][2] Écouter ; en turc : Ege Denizi [eˈɟe deniˈzi][3]) est une mer intérieure du bassin méditerranéen, située entre l’Europe et la Grèce à l’ouest, et l’Asie et la Turquie à l’est. Elle s'étend de la côte thrace et du détroit des Dardanelles au nord jusqu’à la Crète au sud.
4
+
5
+ Elle est limitée sur trois côtés par le continent ou des péninsules ; au sud, un chapelet d’îles la sépare du bassin oriental de la Méditerranée : Cythère, la Crète, Karpathos et Rhodes. D’est en ouest, elle est large de 300 à 400 km ; du nord au sud, elle fait 600 km. Ses fonds les plus profonds se trouvent au nord de la Crète, et atteignent 2 100 mètres. Le plateau continental (profondeur inférieure à 200 m) est très limité.
6
+
7
+ Elle baigne un très grand nombre d’îles dont la principale est la Crète. Chacune des zones comprend des îles importantes et densément peuplées :
8
+
9
+ L’Organisation hydrographique internationale détermine les limites de la mer Égée de la façon suivante[4] :
10
+
11
+ L’étymologie du nom « mer Égée » est discutée. Selon certains auteurs latins[5], il viendrait de la légende du roi Égée qui, dans la mythologie grecque, se serait suicidé lors du retour de Crète de son fils Thésée. Les marins devaient mettre des voiles blanches à leurs navires si Thésée revenait vivant, et noires si celui-ci avait péri lors de son duel contre le Minotaure. Toutefois, l’équipage ivre de joie et de vin oublia cette promesse. Lorsque les bateaux revinrent, Égée crut alors que son fils était mort et, submergé de douleur, il se tua en se jetant à la mer.
12
+
13
+ Une autre étymologie rapproche ce nom du terme grec ancien aigailos désignant le « bord de mer », et qui est censé abriter, selon l’Odyssée et l’Iliade, la demeure du dieu Poséidon[6].
14
+
15
+ À l’époque franque, les Vénitiens désignaient la mer Égée par le terme Arcipelago, par déformation du grec Aigaion Pelagos[7]. Ce terme apparaît pour la première fois en 1268, dans un traité signé entre le doge de Venise et l’empereur byzantin Michel VIII Paléologue, et désignait également par métonymie l’ensemble des îles Égéennes. Finalement, ce terme traduit en français par « archipel », a fini dans la langue courante (même en grec) par signifier tout ensemble d'îles.
16
+
17
+ Durant l’Antiquité, la mer Égée favorise le développement de la navigation maritime des Cycladiques, des Minoens, des Lélèges, des Phéniciens et des Grecs. Ses côtes montagneuses et irrégulières forment des abris naturels fréquents ; le très grand nombre d’îles, montagneuses elles aussi, fait qu’il est possible de toujours naviguer à vue, sans jamais perdre une côte de vue. Le bois, à l’époque, ne manquait pas pour construire des embarcations.
18
+
19
+ La mer Égée est ainsi le berceau des premières thalassocraties de l’histoire européenne, celle des Minoens de Crète et celle d’Athènes au Ve siècle av. J.-C. (ligue de Délos).
20
+
21
+ Avec la conquête romaine (Rome commence à administrer la Grèce à partir de 167 av. J.-C.), les côtes de la mer Égée font partie du même ensemble pour plusieurs siècles : Empire romain (devenu l’Empire romain d'Orient que nous appelons « byzantin ») jusqu’au XIIe siècle, auquel succèdent les « Francs » puis des Turcs.
22
+
23
+ Les rivages sont partagés entre les différents États grecs, les Turcs et les États latins, jusqu’à la chute de Rhodes en 1522, puis la conquête de la Crète, auparavant vénitienne, au XVIIe siècle (prise de Candie en 1669 et de Spinalonga en 1715).
24
+
25
+ La Grèce obtient son indépendance contre l’Empire ottoman en 1830. D’abord limitée au Péloponnèse et à l’Attique, elle s’agrandit au cours des XIXe et XXe siècles à la suite de plusieurs guerres, allant jusqu’à se voir attribuer l’Ionie (une partie de la côte d’Anatolie occidentale), dans le but de rassembler les terres peuplées de Grecs. Cependant, le traité de Lausanne de 1922 rend la rive orientale à la Turquie, provoque d’importants déplacements de population et met fin à deux millénaires et demi de peuplement grec en Asie Mineure.
26
+
27
+ Depuis, un contentieux oppose toujours les deux États à propos de la mer Égée, notamment concernant la souveraineté sur certains îlots inhabités et la répartition des eaux territoriales et de l'espace aérien, donnant lieu à des incidents répétés.
fr/3338.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,157 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Taxons concernés
2
+
3
+ Escargots d'eau douce :
4
+
5
+ Escargots :
6
+
7
+ Escargots :
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Le terme escargot est un nom vernaculaire qui en français désigne des gastéropodes à coquille, généralement terrestres et appelés aussi des colimaçons, par opposition aux limaces. Ce sont tous des mollusques, quelle que soit leur taille (certains mesurent à peine 2 millimètres) ou leur forme. 40 % des mollusques étant des escargots terrestres[1], certains escargots toutefois sont des espèces aquatiques, plutôt d'eau douce : Basommatophora tels les limnées ou les planorbes, souvent appelés « escargots nettoyeurs » par les amateurs d'aquariophilie.
12
+
13
+ La différence entre escargot et limace n'est pas toujours évidente. Ainsi, certaines limaces comme les testacelles sont-elles pourvues d'une coquille rudimentaire mais bien visible, alors que les escargots de la famille des Vitrinidae appelés glass snails (escargots de verre) par les anglophones, par exemple Eucobresia nivalis (en)[2] ou Semilimax semilimax (en), n'ont qu'une coquille fragile et incomplète dans laquelle l'animal ne peut généralement pas se retirer complètement. Intermédiaires, les semi-limaces (en) sont des gastéropodes terrestres dont la coquille est trop petite pour que l'animal adulte entre entièrement dedans, mais cette coquille n'est pas vestigiale.
14
+
15
+ La plupart des escargots sont phytophages, quoique quelques espèces soient omnivores, zoophages ou détritivores.
16
+
17
+ Il en existe de nombreuses espèces, les plus discrètes restant très mal connues et beaucoup sans doute encore inconnues. En 2004, près de 80 000 avaient été décrites, sur les 200 000 mollusques répertoriés[3] (selon le biologiste Benoît Fontaine il pourrait en exister de 5 à 10 millions), dont 500 en France[4]. Rien qu'en Slovaquie, les spécialistes ont identifié 53 espèces aquatiques (en eau douce) et 175 terrestres, soit 228 au total[5]. C'est beaucoup plus qu’aux Pays-Bas, où 169 espèces ont quand même été identifiées (52 en eau douce et 117 sur terre).
18
+
19
+ Il est fréquent de trouver des espèces endémiques sur les îles ou dans des milieux très isolés depuis longtemps.
20
+
21
+ En 2011 pour la France métropolitaine les familles de la collection de référence pour la malacofaune terrestre de France répertoriées par l'inventaire national de la biodiversité (INPN) étaient (par ordre alphabétique : Aciculidae (14 taxons) ; Argnidae (3 taxons) ; Assimineidae (6 taxons) ; Bradybaenidae (1 taxon) ; Chondrinidae (35 taxons) ; Clausiliidae (47 taxons) ; Cochlicellidae (3 taxons) ; Cochlicopidae (9 taxons) ; Diplommatinidae (15 taxons) ; Discidae (3 taxons) ; Ellobiidae (6 taxons) ; Elonidae (2 taxons) ; Enidae (6 taxons) ; Euconulidae (4 taxons) ; Ferussaciidae (6 taxons) ; Gastrodontidae (3 taxons) ; Helicidae (50 taxons) ; Helicodiscidae (2 taxons) ; Helicodontidae (2 taxons) ; Hygromiidae (82 taxons) ; Lauriidae (3 taxons) ; Orculidae (6 taxons) ; Oxychilidae (35 taxons) ; Pomatiidae (2 taxons) ; Pristilomatidae (7 taxons) ; Punctidae (2 taxons) ; Pupillidae (6 taxons) ; Pyramidulidae (2 taxons) ; Sphincterochilidae (1 taxon) ; Subulinidae (1 taxon); Succineidae (5 taxons) ; Testacellidae (5 taxons) ; Trissexodontidae (3 taxons) ; Truncatellidae (1 taxon) ; Valloniidae (8 taxons) ; Argnidae (18 taxons) ; Vitrinidae (11 taxons) ; Zonitidae (1 taxon )[6]
22
+
23
+ Liste alphabétique des noms vulgaires ou des noms vernaculaires attestés[7] en français.
24
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms vernaculaires et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. La malacofaune continentale de France compte aujourd'hui environ 700 espèces valides, ce qui fait de ce pays l'un des plus riches en mollusques continentaux pour l'Europe[8] ; une diversité qui traduit celle des milieux (montagnes, plaines, milieu souterrain), des substrats pédogéologiques et des aires biogéographiques (croisée des aires continentale, atlantique et méditerranéenne). Ce patrimoine est encore plus riche si l'on considère la France de l'Outre-mer, et notamment la Guyane.
25
+
26
+ Mais les escargots peuvent recevoir d'autres noms vernaculaires :
27
+
28
+ Une liste de référence de noms français[9] permet de désigner les espèces d'escargots et limaces de France dans une optique de communication pour la préservation de la biodiversité.
29
+
30
+ Les escargots disposent d'une ou deux paires de tentacules rétractiles (une paire chez les Basommatophores, deux chez les Stylommatophores), appelés cornes ou « antennes » dans le langage familier[10].
31
+
32
+ Dans la partie supérieure de la tête la première paire de « cornes » abrite les yeux, mais la vue est un sens peu utilisé par les escargots. Ils possèdent surtout un bulbe olfactif sous l'œil et la deuxième paire de tentacules est un organe olfactif et tactile (épithélium) qui est en revanche très utilisé[10].
33
+
34
+ La bordure située à l'ouverture de la coquille est appelée péristome. La forme, l'épaisseur et la couleur du péristome ont souvent une grande importance dans l'identification des espèces de gastéropodes[10].
35
+
36
+ Son orifice respiratoire est appelé pneumostome. Il se situe juste à côté de son anus[10].
37
+
38
+ Quelle que soit son allure, la coquille de l'escargot est toujours hélicoïdale. La plupart du temps, l'hélice s'enroule vers la droite, et on parle alors d'escargot à coquille dextre. Il existe également, mais de manière plus rare et anormale, des escargots à coquille sénestre, c'est-à-dire dont la coquille tourne vers la gauche, « à l'envers »[10]. Un de ses représentants le plus célèbre, est le londonnien Jeremy.
39
+
40
+ L’escargot, comme de nombreux autres mollusques, dispose de neurones géants permettant l'implantation d'électrodes intracellulaires largement utilisées en recherches neurologiques pour mieux comprendre le mode de fonctionnement des neurones humains.
41
+
42
+ L'escargot se déplace, seulement vers l'avant, grâce à son pied, qui est en fait un gigantesque muscle qui se contracte et s'allonge alternativement, c'est le phénomène de reptation. La vitesse moyenne, par exemple, d'un escargot turc adulte est d'un millimètre par seconde, soit six centimètres par minute.
43
+
44
+ Les glandes des escargots sécrètent aussi différents types de mucus (la « bave ») contenant de nombreux composés (allantoïne, collagène, élastine) qui lui permettent à la fois d'avancer plus facilement en glissant sur les obstacles et de se fixer même verticalement sur certaines parois. Il peut ainsi également franchir des obstacles particulièrement agressifs tels que des rangées d'épines ou des lames de rasoir[10]. Le mucus sert aussi à l'escargot à se débarrasser de certaines substances, comme les métaux lourds, et entre aussi dans la composition de la coquille. Le mucus est épais, il durcit et sèche au contact de l'air en laissant une traînée brillante à la lumière.
45
+
46
+ Les escargots, comme les limaces, s'alimentent grâce à une langue dentée nommée radula (1 500 à 2 500 dents). La langue de l'escargot est couverte d'aspérités très dures, disposées en rangées régulières, de façon analogue par exemple à une râpe de menuisier[10].
47
+
48
+ L'alimentation des escargots varie selon l'espèce. Certains escargots sont phytophages, détritivores, d'autres nécrophages, d'autres enfin prédateurs, parfois cannibales. Les escargots peuvent s'attaquer aux plantes cultivées des jardins (salade, tomates écrasées, fanes de carottes, de céleris…) causant parfois de gros dégâts aux récoltes.
49
+
50
+ Les escargots phytophages hébergent dans leur intestin une flore bactérienne qui participe à la digestion des végétaux. Les bactéries se maintiennent en vie durant l'estivation ou l'hibernation, en se nourrissant du mucus qui est sécrété par l'épithélium intestinal[réf. souhaitée].
51
+
52
+ Le parasitisme semble rare chez les escargots, mais on connait au moins une espèce marine de Nouvelle-Calédonie (Hydroginella caledonica) qui peut parasiter de nuit, durant leur sommeil certaines espèces de poissons des familles des Scaridae, Serranidae et Pomacentridae. L'escargot introduit son proboscis dans les tissus du poisson et semble pouvoir aspirer par ce moyen des fluides corporels[11].
53
+
54
+ Les chants et bruits peuvent s'entendre chez de nombreuses espèces de mollusques : Planorbes, gros Murex, Buccins, Pectens, Myes, Solen, Céphalopodes. Ils paraissent tous se ramener, avec des variantes, à un phénomène physique unique : sous l'effet d'une rétraction brusque et rapide de l'animal, retiré hors de son élément et excité, une masse de gaz, telle des bulles d'air, emprisonnée dans une cavité quelconque (cavités palléales, interstices entre la coquille et le pied, siphons, etc.), se trouve violemment chassée et passe à travers un orifice étroit, encombré de liquide plus ou moins visqueux, et elle barbotte : le bruit produit ainsi peut, suivant les circonstances, et surtout suivant la pression, aller d'un simple gazouillement à un son presque musical. Par analogie physiologique et accoustique, le son est proche du baiser. De même, Le contact entre la coquille de l'escargot et une vitre en verre émet, lors du déplacement de l'animal, un bruit similaire à celui d'un doigt mouillé sur un verre ; la coquille jouant, vis-à-vis de la vitre, le rôle d'un archet sur un instrument à cordes[12].
55
+
56
+ Helix aperta et Limnea stagnalis produisent des cris plaintifs lorsqu'ils sont attrapés. En captivité, des Planorbis corneus, émettaient une note aiguë, analogue au son produit par une flûte, à chaque nourrissements quotidiens. Certains escargots, comme Helix aspersa, lancent des cris d'agonie lorsqu'ils sont cuits vivants[12].
57
+
58
+ Ces bruits ont été à l'origine de croyances européennes attribuant au « chant » des escargots une valeur maléfique et prémonitoire[12].
59
+
60
+ La durée de vie des escargots varie selon les espèces. Dans la nature, les Achatinidae vivent de cinq à sept ans alors que les Helix dépassent rarement l'âge de trois ans. Leur mort est souvent due à des prédateurs ou à des parasites.
61
+
62
+ En captivité, leur longévité est bien plus longue et va de dix à quinze ans pour la plupart des espèces. Certains escargots ont vécu plus de trente ans[13].
63
+
64
+ Les escargots terrestres ne sont actifs que lorsque l’humidité est suffisamment élevée. Dans le cas contraire, l’animal se rétracte à l’intérieur de sa coquille qu’il obture par un voile muqueux (courte inactivité) ou par un épiphragme[14], ce qui lui évite la déshydratation. Certains escargots grimpent sur un mur ou en haut des tiges d’herbe pour fuir la fournaise du sol, d'autres comme Sphincterochila boissieri (en) vit dans les déserts du Néguev et du Sinaï grâce à sa xérotolérance, se retirant dans les dernières spires afin de former dans la première une chambre à air isolant de l'air sec[15]. L'hibernation d'un escargot peut durer de 3 à 6 mois.
65
+
66
+ La photopériode et la température sont des variables saisonnières qui induisent les états d'inactivité. Hibernation et estivation sont des réponses à des stress environnementaux prévisibles. Chaque espèce présente une stratégie adaptée pour résister à ces stress.
67
+
68
+ L'épiphragme est un bouchon de mucus, plus ou moins imprégné de calcaire, qui durcit en séchant.
69
+
70
+ Presque tous les escargots sont hermaphrodites, produisant spermatozoïdes et ovules. Quelques escargots d'eaux douce et marine ont cependant des sexes différents et sont donc à l'inverse gonochoriques (mâles ou femelles).
71
+
72
+ Avant la reproduction, tous les escargots terrestres pratiquent une cour de deux à douze heures avant l'accouplement. Les escargots terrestres pulmonates, prolifiques reproducteurs, s'inséminent réciproquement par paires afin de fertiliser leurs ovules. Chaque portée peut contenir jusqu'à cent œufs.
73
+
74
+ Les escargots terrestres pulmonates et les limaces ont une ouverture de reproduction d'un côté du corps, près de l'avant, à travers lequel l'organe reproducteur externe est extrudé afin que l'échange de spermatozoïdes puisse avoir lieu. La fécondation peut alors avoir lieu et les œufs se développer. Dès le début de l'accouplement, chaque individu enfonce un dard calcaire dans la chair de son congénère, ce dard d'amour contenant une glande sécrétant des hormones qui favorisent la fécondation dans la bourse copulatrice[16].
75
+
76
+ Les escargots, entre autres animaux, possèdent une spermathèque. Lorsqu'une nouvelle portée d’œufs arrive, ceux-ci sont donc fécondés par un mélange de spermatozoïdes provenant de différents individus. Cela favorise le brassage génétique indispensable à toute population.
77
+
78
+ Les escargots des jardins enterrent leurs œufs à la limite de la surface, de cinq à dix centimètres de profondeur, principalement lorsque le temps est tiède et légèrement humide, creusant avec leur « pied » (l'arrière de leur queue). La taille des œufs diffère selon les espèces, de trois millimètres de diamètre jusqu'à six centimètres pour les escargots terrestres géants africains. Après deux à quatre semaines de climat favorable, ces œufs éclosent et les jeunes sortent. Les escargots peuvent pondre des œufs jusqu'à une fois par mois.
79
+
80
+ Les escargots peuvent pour partie refléter la qualité de leur environnement en accumulant dans leur chair ou dans leur coquille certains polluants ou toxiques présents dans leur milieu. Leur mucus les protège des agressions extérieures, bactériennes et fongiques notamment. Il contribue à leur régulation thermique. Comme ce mucus est riche en acide sialique, la cible du virus grippal, la question a été posée de leur capacité à abriter une partie du cycle du virus grippal. Certaines espèces sont inféodées à un milieu particulier (roselière, boisements (pour l'Hélice des bois par exemple), etc. ce qui leur confère aussi une valeur d'indicateur.
81
+
82
+ Les escargots terrestres sont très sensibles aux paramètres thermohygrométriques et semblent également sensibles à la pollution lumineuse qui peut dérégler leur système chronobiologique et perturber les phases d'estivation ou d'hibernation.
83
+
84
+ Les escargots ont disparu d'une grande partie des territoires agricoles cultivés à cause des pesticides. Le réseau bocager leur permet de mieux survivre, et il est permis d'espérer que les bandes enherbées rendues récemment obligatoires sur certaines surfaces en Europe puissent augmenter leurs chances de survie dans les milieux cultivés.
85
+
86
+ Les escargots sont un élément important des réseaux trophiques. Ils ont de nombreux prédateurs tels que des mammifères, rongeurs ou hérissons notamment, ou des oiseaux, mais aussi parfois d'autres escargots tels que le bulime tronqué. Il existe même un rapace, le milan des marais dont la nourriture quasi exclusive est constituée de gros escargots aquatiques sud-américains de la famille des Ampullariidae, dont essentiellement Pomacea bridgesii.
87
+
88
+ L'élevage (héliciculture) donne des résultats acceptables dans les conditions économiques actuelles. Il concerne principalement Helix aspersa. Le lieu où s'élèvent les escargots est appelé une escargotière, mais c'est aussi le nom du plat spécifique, creusé de petites cavités pour mettre les escargots au four et les servir. Les textes réglementaires de la Communauté européenne ne considèrent pas l'escargot terrestre comme un mollusque. Il ne rentre pas non plus dans la définition juridique de viande.
89
+
90
+ Les escargots issus d'élevage ne sont que rarement toxiques car leur alimentation est contrôlée. Les escargots dans un milieu pollué peuvent fixer dans leurs chairs des métaux lourds, le jeûne ne permet pas à l'escargot de relarguer ces métaux. Un jeûne de 32 h est suffisant pour que l'intestin de l'escargot soit complètement vidé.
91
+
92
+ En Afrique on consomme certains escargots géants, en particulier l'achatine (Achatina fulica) très prisée depuis la Guinée jusqu'en Angola et dont le ramassage intensif menace certaines populations. On encourage dans ces pays l'« achatiniculture », sous forme de mini élevages[17]. En revanche, cette espèce doit être gérée avec précautions car dans d'autres régions l'achatine peut se révéler invasive et elle est vecteur de Angiostrongylus cantonensis, le ver rond responsable de la méningo-encéphalite éosinophilique chez les humains.
93
+
94
+ Les escargots terrestres, les escargots d'eau douce et les escargots de mer sont consommés dans un certain nombre de pays. Principalement les Philippines, l’Indonésie, le Vietnam, le Laos, le Cambodge, sud-ouest de la Chine, le Terai du Népal, l'Inde du Nord comme Manipur, le Tripura, le Maroc, l'Algérie, le Nigeria, le Ghana, le Cameroun, la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, Chypre, la Belgique, Malte et une partie des États-Unis).
95
+
96
+ En plus des Escargots de Bourgogne et autres espèces du même genre élevées en héliciculture, savourés en cuisine gastronomique, et des escargots terrestres géants africains (Achatinidae) qui sont produits commercialement pour la nourriture, diverses autres espèces d'escargots terrestres fournissent une source facilement récoltée de protéines pour de nombreuses personnes dans les communautés pauvres à travers le monde. De nombreux escargots terrestres sont précieux parce qu'ils peuvent se nourrir sur un large éventail de déchets agricoles, tels que dans les plantations de bananes.
97
+
98
+ On donne parfois le nom d'escargot de mer au bigorneau, mollusque marin d'apparence voisine.
99
+
100
+ Trois espèces du genre Helix sont ordinairement consommées sous le nom d'escargot, notamment en France :
101
+
102
+ À Rome, on mange les escargots en sauce tomate parfumée à la menthe, c'est la ciumacata ou lumache di San Giovanni.
103
+
104
+ On consomme aussi les œufs d'escargot sous la forme de caviar.
105
+
106
+ Dans certaines parties du monde, les escargots sont frits.
107
+ En Indonésie, les escargots des rizières sont frits en satay (brochettes), un plat connu comme sate kakul, ou bien grillés, le sate kolombi de Tondano.
108
+
109
+ A Java-Ouest, les escargots des rizières sont appelés tutut, et consommés avec différentes sauces (curry, etc.).
110
+
111
+ Les escargots sont élevés à échelle industrielle par de grands groupes de l'industrie cosmétique, mais aussi par certaines communautés comme les Mapuches pour récupérer leur mucus. La bave de certaines espèces comme le Helix aspersa est riche en protéines d'acide hyaluronique et en antioxydants, et aurait des effets bénéfiques quand elle est appliquée sur la peau[18]. Ces composants auraient un effet stimulant sur la production de collagène, d'élastine et d'allantoïne responsables de la prévention du vieillissement cutané du à l'exposition au soleil, et les antioxydants auraient pour effet de minimiser les dégâts occasionnés par les radicaux libres à l'origine du vieillissement prématuré de la peau. Cependant, certains professionnels pointent du doigt la rareté des études fiables permettant de soutenir ces affirmations.
112
+
113
+ L'extraction du mucus nécessite de stresser l'animal pour obtenir le meilleur rendement, souvent en posant une pile de 9 V quelques minutes sur l'escargot. Par ailleurs, afin de stabiliser le mucus, il est nécessaire d'y ajouter des stabilisants, en général du Glydant un formaldéhyde.[réf. nécessaire]. En Europe, il est interdit de faire souffrir les animaux[19]. Plusieurs héliciculteurs[20],[21] produisent de la bave d'escargot en France par une méthode plus respectueuse de l'animal[22],[23]. Le procédé consiste à mettre les escargots dans des filets de 5 à 10 kg où ils sont brassés par un bras mécanique[24],[25].
114
+
115
+ Comme le ver de terre, l'escargot a la particularité de concentrer dans ses tissus les substances chimiques présentes dans le sol, l'air et les plantes de son environnement (cadmium, plomb, zinc, cuivre, mercure, arsenic)[26]. En observant ce qui est accumulé dans l'organisme du gastéropode, on peut donc savoir si un sol est pollué mais également évaluer la quantité de polluants susceptible de se disperser dans la nature et de contaminer les êtres vivants. Des informations très utiles pour tester des pesticides par exemple et qu'il serait impossible d'obtenir avec une méthode classique d'analyse du sol.
116
+
117
+ Plusieurs espèces d'escargot sont faciles à collecter, à élever et à identifier, et peuvent être trouvées presque partout. Via la pluie et la rosée, les végétaux et le contact avec le sol superficiel, l'escargot est en contact avec divers contaminants qu'il absorbe par voie transcutanée, par voie digestive ou respiratoire[27]. Il peut accumuler dans sa coquille des minéraux (magnésium par exemple[28]), des métaux toxiques (plomb par exemple[28]) ou des radionucléides qui « mémorisent » ainsi une partie de son exposition passée à certains contaminants. L'escargot terrestre se déplace relativement peu et bioaccumule au cours de sa croissance de nombreux contaminants[29],[30],[31],[32].
118
+
119
+ Sa physiologie[33], son écologie et sa variabilité[34] sont maintenant connus[35] et il est facile à élever en condition normalisée de laboratoire[36],[37]. Il est sensible à de nombreux contaminants[38].
120
+
121
+ La qualité de la croissance[39] et reproduction de certains escargots donnent des indices de degré de pollution du sol, par exemple par des pesticides ou certains éléments-trace métalliques[40]. Il permet par exemple l'évaluation de la teneur en chrome bioassimilable d'un sol par exemple[41] ou de pesticides organophosphorés[29] ou encore d'étudier la bioaccumulation de métaux lourds dans la partie du réseau trophique qui le concerne[42].
122
+
123
+ Comme il est saprophage et phytophage, et qu'il pond et hiverne dans le sol, il semblait pertinent de le considérer comme une espèce sentinelle[27] et tester ses vertus bioindicatrices[43],[44],[45].
124
+
125
+ L'AFNOR travaille en 2010-2011 à plusieurs projets de normes, dont un projet de norme PR NF EN ISO 15952 /Qualité du sol − effets des polluants vis-à-vis des escargots juvéniles (Helicidae) − détermination des effets sur la croissance par contamination du sol (soumis à enquête et consultation du public jusqu'au 28 février 2011[46]). L'AFNOR considère que l'espèce qui se prête la mieux à ce travail en France est le petit-gris (Helix aspersa aspersa Müller), car le plus commun et facile à trouver. De plus, bien que d'origine européenne, il a été introduit dans le monde entier (hors sur le continent antarctique[34]).
126
+
127
+ Les escargots (ainsi que les limaces) sont des ravageurs polyphages susceptibles de causer des dégâts à diverses cultures car ils se nourrissent non seulement de matière végétale en décomposition, mais aussi de plantes vivantes. Attaquant de préférence les feuilles tendres et les fleurs dans lesquelles ils creusent des trous irréguliers, ils s'en prennent surtout aux jeunes plantules et aux plantes herbacées, mais également aux fruits en cours de maturation comme les fraises et les tomates. Les agrumes y sont particulièrement sensibles, en particulier en Californie.
128
+
129
+ Dans certains cas les escargots peuvent aussi être des vecteurs de maladies des plantes. Par exemple, on a démontré que Helix aspersa pouvait transmettre une espèce de pseudo-champignons, Phytophthora citrophthora, agent de la gommose des agrumes en Espagne[47].
130
+
131
+ Diverses méthodes de lutte peuvent être utilisées pour limiter les dégâts dus aux escargots : le ramassage manuel envisageable surtout dans les jardins, les méthodes de lutte physique à l'aide de pièges et de barrières, et la lutte chimique à l'aide de molluscicides tels que des appâts au métaldéhyde ou l' orthophosphate de fer (ce dernier n'étant pas toxique pour les animaux sauvages et domestiques)[48],[49].
132
+
133
+ Certains escargots sont des espèces protégées comme l'Otala de Catalogne, Iberus gualtieranus[50] et d'autres bénéficient d'une protection partielle dans la nature comme en France l'Escargot de Bourgogne, le Petit gris et l'Escargot peson dont le ramassage des jeunes spécimens est interdit mais également la collecte des escargots de Bourgogne adultes en période de reproduction (1er avril au 30 juin)[51].
134
+
135
+ En Région wallonne, non seulement le ramassage des Escargots de Bourgogne et Petits gris sont limités, mais l'introduction ou la mise en liberté d'espèces non indigènes ( Helix lucorum, Helix adanentis, Helix cincta ou Achatina fulica) est interdite[52].
136
+
137
+ L'Escargot de Bourgogne (Helix pomatia) est le plus réputé en gastronomie, mais il ne s'élève pas, ou difficilement.
138
+
139
+ Helix lucorum, ne peut en aucun cas bénéficier de l'appellation « Escargot de Bourgogne », même cuisiné à la bourguignonne
140
+
141
+ Helix aspersa, bien que plus petit, est l'un des escargots les plus appréciés des gourmets.
142
+
143
+ Les dessins de la coquille de l'Escargot des jardins sont extrêmement variables.
144
+
145
+ L'Escargot des bois est souvent confondu avec son cousin l'Escargot des jardins.
146
+
147
+ Les ampullaires (Pomacea bridgesii) sont les plus grands escargots d'eau douce vivants.
148
+
149
+ Le Limnée des étangs est le plus grand de son genre.
150
+
151
+ Theba pisana est l'escargot que l'on voit agglutiné en grande quantité sur les tiges herbacées sèches du Midi de la France.
152
+
153
+ Angustopila dominikae (dans le chas d'une aiguille), plus petit escargot et mollusque terrestre au monde
154
+
155
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
156
+
157
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3339.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,63 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Dans la mythologie grecque, un centaure (en grec ancien Κένταυροι / Kéntauroi) est une créature mi-homme, mi-cheval (homme-cheval), que l'on disait issue soit d'Ixion et de Néphélé, soit de Centauros et des juments de Magnésie.
2
+
3
+ Une étymologie ancienne fait dériver leur nom de deux mots grecs : κεντεῖν / kenteîn, « piquer », et ταῦρος / taûros, « taureau ». Dans l’Iliade cependant, Homère utilise le mot φήρ / phếr, « bête » (I, 268 et II, 743) pour désigner les adversaires de Pirithoos, décrits comme de sauvages habitants des montagnes de la Thessalie. Le terme de « centaure » est réservé à Chiron, « le plus juste des centaures » et aussi le plus connu (XI, 832).
4
+
5
+ Le comparatiste Georges Dumézil, puis d'autres spécialistes, ont rapproché le mot grec de celui des êtres célestes que sont les Gandharvas cités dans les Védas indiens[1].
6
+
7
+ Les centaures sont décrits comme ayant la partie inférieure équine. Ils vivaient à l'origine sur le mont Pélion, en Thessalie. Parmi les plus connus : Chiron (centaure connu pour sa sagesse, qui sert de précepteur à de nombreux héros grecs dont Achille et Jason), Pholos (un centaure calme, ami d'Héraclès) et Nessos, un centaure sauvage qui tente d'enlever Déjanire (épouse d'Héraclès), avant d'être tué par lui. La mythologie grecque compte plusieurs autres centaures : Eurytion, Homade, Hyléos et Rhoécos, Crotos, Thérée.
8
+
9
+ Atalante croise un jour la route de deux centaures, Hyléos et Rhoécos : ceux-ci veulent abuser de la jeune vierge, mais sont transpercés par ses flèches.
10
+
11
+ Les centaures du Mont Pélion avaient pour voisins les Lapithes, dont ils descendaient. Ils sont invités à l'occasion du mariage du roi Pirithoos avec Hippodamie (tout comme Thésée), mais le banquet tourne mal : plusieurs centaures ivres, notamment Eurytion, tentent de violer Hippodamie et d'autres femmes lapithes qui étaient aussi des dieux. Un combat s'engage, au cours duquel de nombreux centaures sont tués. Les autres, chassés du mont Pélion, se réfugient pour la plupart autour de Pholos sur le mont Pholoé.
12
+
13
+ Le poète latin Ovide imagine, dans ce contexte, l'histoire de Cyllare, centaure d'une grande beauté tué par les Lapithes. Son épouse, la centauresse Hylonomé, affligée par sa mort, se suicide[3].
14
+
15
+ Tandis qu'il traquait le sanglier d'Érymanthe, Héraclès est un temps l'hôte de Pholos. Il exprime un jour le souhait de boire du vin : Pholos le prévient qu'il n'ose ouvrir la jarre à vin, commune à tous les centaures. Mais sur l'insistance du héros, il s'y résout : les autres centaures, sentant l'odeur du vin, deviennent alors furieux et se jettent sur Héraclès, qui en tue plusieurs et pourchasse les autres.
16
+
17
+ Après avoir été chassé du mont Pélion, Chiron s'installe au cap Malée. Or, les autres centaures, toujours traqués par Héraclès, parviennent jusqu'à lui ; là, le héros utilise ses flèches empoisonnées et en décoche une par mégarde sur Chiron, son tuteur. Celui-ci, rongé de douleurs, mais ne pouvant mourir parce qu'il est immortel, obtient finalement de Zeus de mourir à la place de Prométhée.
18
+
19
+ Les rares survivants sont par la suite dispersés dans le Péloponnèse ou près d'Éleusis, avec l'aide de Poséidon qui en cache certains.
20
+
21
+ Durant l'époque classique grecque, les métopes du Parthénon, qui décorent le Parthénon, grand temple d'Athéna à Athènes, arborent plusieurs bas-reliefs dont l'un représente le combat entre les Centaures et les Lapithes. Ce combat figurait également sur le fronton ouest du temple de Zeus à Olympie.
22
+
23
+ Les Centaures de Furietti sont une paire de sculptures datant de l'époque hellénistique et représentant deux centaures, l'un jeune et l'autre vieux.
24
+
25
+ L'art romain antique, influencé par la mythologie grecque, représente lui aussi fréquemment des centaures. Les Thermes de Trajan d'Acholla, construits par l'empereur romain Trajan à Acholla (dans l'actuelle Tunisie) au IIe siècle, arborent de nombreuses mosaïques, dont un plafond montrant un combat entre des centaures et des fauves.
26
+
27
+ Si l'on excepte Pholos et Chiron, tous deux « avisés » (leur parenté est d'ailleurs différente des autres), les centaures symbolisaient pour les Grecs les appétits animaux (concupiscence et ivresse en sont les traits caractéristiques). Ainsi le combat contre les Lapithes peut se lire comme une parabole de l'affrontement des états civilisé et sauvage.[réf. nécessaire]
28
+
29
+ L'origine de leur représentation est généralement expliquée ainsi : le cheval a été introduit en Grèce dès le XVIe siècle av. J.-C., mais n'était alors utilisé que comme bête d'attelage ; les centaures représenteraient, dans les légendes de l'Âge héroïque, les premiers cavaliers.
30
+
31
+ Il existe quatre types de centaures : le bucentaure, dont le corps est celui d'un taureau, assimilé au Minotaure ; l'onocentaure, avec un corps d'âne ; l'ichtyocentaure, aussi appelé centaure-triton ou centaure marin, avec un corps de poisson et des pattes avant de cheval (cheval marin qui tire le char de Poséidon) ; et le centaure commun, aussi appelé hippocentaure, avec un corps de cheval et un buste d'homme.
32
+
33
+ Les centaures de l'Antiquité sont en principe de sexe mâle. Mais, par la suite, on trouve des représentations de centaures femelles, appelées centauresses.
34
+
35
+ Le centaure est une figure héraldique imaginaire correspondant à sa figuration mythologique. Il est par défaut armé d'une massue. Sa variante principale est le centaure-sagittaire, qui tire à l'arc.
36
+
37
+ Les mythes mettant en scène les centaures sont régulièrement évoqués par les écrivains. Le poète romantique français Maurice de Guérin compose un poème en prose intitulé Le Centaure en 1840[4]. Le poète parnassien français Leconte de Lisle inclut dans son recueil Poèmes antiques en 1852 un poème intitulé « La Robe du centaure » où il relate la mort d'Héraclès tué par le poison du centaure Nessos. Autre parnassien, José-Maria de Heredia consacre plusieurs poèmes aux centaures et à leur disparition dans son recueil Les Trophées (1893) : « Nessus », « La Centauresse », « Centaures et Lapithes » et « Fuite de Centaures ».
38
+
39
+ Le roman en prose poétique d'André Lichtenberger, Les Centaures (1924), un des précurseurs du genre de la fantasy en France, se déroule dans un monde imaginaire fortement inspiré de la mythologie gréco-romaine et où les centaures forment l'un des principaux peuples.
40
+
41
+ À partir du XXe siècle, les centaures apparaissent régulièrement dans les univers de fantasy qui s'inspirent fréquemment de la mythologie grecque et des bestiaires médiévaux. Ils sont notamment présents dans les suites romanesques Narnia de C.S. Lewis et Harry Potter de J.K. Rowling. On peut aussi les trouver, entre autres fantastiques créatures hybrides, dans le monde de Xanth, de la série de Light Fantasy éponyme de Piers Anthony. Le réalisme magique met lui aussi en scène la figure du centaure, avec le roman Les Grottes de Haydrahodahus de l'écrivain syrien Salim Barakat (2008) et sa suite ẖawāfir muhashshimat fī Haydrahōdahūs (2010).
42
+
43
+ Les Centaures apparaissent très souvent dans les illustrations et les peintures à sujets mythologiques, du Moyen Âge à nos jours.
44
+
45
+ Les centaures apparaissent collectivement dans des scènes de genre qui les dépeignent comme des êtres pacifiques coulant des jours paisibles dans une campagne idéalisée. Pierre Paul Rubens peint ainsi Les Amours des Centaures en 1635. Eugène Fromentin peint des Centaures et centauresses s'entraînant au tir à l'arc. Vers 1887, John LaFarge peint une Centauresse. Edoardo Ettore Forti peint une Fête des centaures entre 1880 et 1920. Le peintre symboliste allemand Max Frey peint une Centaurine en 1928. Wilhelm Trübner, autre peintre allemand, peint plusieurs tableaux représentant les amours de centaures et de centauresses.
46
+
47
+ À l'inverse, d'autres peintres conservent une représentation des centaures comme des êtres sauvages. Au XIXe siècle, c'est le cas d'Arnold Böcklin qui peint un Combat de centaures et un Paysage rocheux avec centaures à la chasse.
48
+
49
+ Vers 1492, le jeune Michel-Ange sculpte la Bataille des Centaures, un bas-relief représentant des centaures engagés dans un combat contre des humains. Le bas-relief a fait l'objet d'interprétations variées.
50
+
51
+ En 1985, le sculpteur français César achève une sculpture intitulée Le Centaure, qui décore la Place Michel-Debré, dans le 6e arrondissement de Paris, en France.
52
+
53
+ Outre leurs apparitions fréquentes dans les bandes dessinées adaptées de mythes gréco-romains, les centaures font parfois l'objet d'inventions originales ou de créations plus librement dérivées de ces mythes. La série de bandes dessinées belges Les Centaures, scénarisée et dessinée par Pierre Seron et parue à partir de 1977, a pour personnages principaux deux centaures, Aurore et Ulysse, qui quittent l'Olympe où ils sont nés pour explorer le monde à diverses époques.
54
+
55
+ Les centaures apparaissent dans plusieurs films, mythologiques ou fantastiques, parmi lesquels :
56
+
57
+ Les centaures apparaissent logiquement dans les jeux vidéo inspirés de la mythologie grecque et romaine. Dans le jeu de stratégie Age of Mythology, où l'on développe une armée formée de héros et de créatures mythologiques, le centaure figure parmi les unités mythologiques grecques.
58
+
59
+ Une apparition dans les jeux God of War, qui est une série de jeux où l'on incarne un héros qui s est fait trahir par le dieu Arès et voulant se venger des dieux en les tuant tous un par un.[À développer]
60
+
61
+ Dans l'univers des jeux vidéo Warcraft, plusieurs tribus rivales de centaures se disputent les terres de Kalimdor, en particulier dans la région de Désolace, dans le MMORPG World of Warcraft qui montre des centaures fils et filles d'un ancêtre nommé Cénarius. Ce sont des centaures pacifiques, protecteurs et gardiens de la nature, à corps de cheval ou de biche.
62
+
63
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/334.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,106 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Le sapin de Noël est une tradition (souvent associée aux cadeaux de Noël et à la crèche de Noël), apparue au Moyen Âge dans les pays germaniques et généralisée à partir du XIXe siècle. Sous la reine Victoria : le prince Albert a introduit sur le sol britannique cette tradition provenant de sa Saxe natale[1] tandis qu'en France, elle sera diffusée par les optants Alsaciens et Lorrains[2]. Les sapins de Noël sont de nos jours traditionnellement décorés de boules de Noël en verre ou en plastique, de guirlandes traditionnelles ou éclairées par des LED, de bougies, petits objets décoratifs, étoiles (dont souvent une au sommet), etc.
4
+
5
+ Les sapins de Noël peuvent être vendus coupés ou en pot, ce qui permet dans ce dernier cas de le replanter à la fin des festivités. Le sapin replanté peut lui-même servir de sapin de Noël d'extérieur : la généralisation de guirlandes électriques « tous temps » permet aux particuliers de décorer un arbre de leur jardin, souvent visible de la rue, ainsi que la façade de leur maison.
6
+
7
+ L'usage de sapin artificiel en plastique, souvent pliable, réutilisable, est une alternative à celle du sapin naturel. Certains de ces sapins sont vendus « enneigés » (les feuilles sont en plastique blanc ou elles sont recouvertes d'une poudre blanche) ou même décorés (boules et guirlandes pré-accrochées) voire parfumés. Ce traitement peut aussi être fait sur des sapins naturels. L'image auprès du public d'un sapin en plastique est moins positive que celle d'un sapin naturel, mais c'est souvent le moyen le plus économique (à long terme), le moins salissant et le plus aisé (pas d'élimination du sapin à prévoir) pour qui habite en ville. De plus, la variété des tailles permet de choisir un sapin correspondant à la place disponible dans l'habitation[3]. Toutefois, bien qu'il soit réutilisable plusieurs années, ce type de sapin n'est pas écologique pour autant de par son impact environnemental beaucoup plus important que celui d'un sapin naturel.
8
+
9
+ S'il est clair que la coutume du sapin de Noël moderne remonte à la Renaissance dans les pays germaniques (attestation au XVe siècle dans les cérémonies de fin d'année des guildes germaniques et livoniennes), Riga prétend officiellement qu'a été érigé et décoré le premier arbre de Noël dans sa cité en 1510[4]. Il existe un certain nombre de théories qui spéculent quant à son origine plus lointaine[5].
10
+
11
+ L'une des anciennes mentions d'un arbre à Noël se trouve dans un livre de comptes de la ville de Sélestat (Bas-Rhin), en 1521, conservé aux Archives municipales de la cité (et non pas à la Bibliothèque Humaniste comme on l'indique trop souvent). En fait, il en existe 6 mentions dans les livres de comptes de la cité.
12
+
13
+ « Comment on dresse les mais (sapins) – De même le soir de Noël les gardes forestiers apportent les mais. La nuit les messagers, les courriers et les sergents aident l'échanson à le dresser et à le décorer avec des pommes et des hosties. Ce que l'échanson dépense pour l'achat de pommes et autres, on le lui rembourse à la douane. Le cuisinier lui donnera une bouteille de vin, six livres de pain et des lumières. Jusqu'au début de la messe, ils se rendent aux domiciles des membres du Magistrat munis de lampes à poix et de torches et ils les accompagnent pour l'aller et le retour de la messe. »
14
+
15
+ Un sapin, dressé et décoré, restera dans la salle de la Herrenstübe jusqu'à la fête de l'Épiphanie, où est consommée une galette contenant une fève servant à désigner le roi de la fête. Après cela les enfants des magistrats, des conseillers de la ville et des employés sont convoqués pour secouer les arbres de Noël et les dépouiller de leurs décorations et gourmandises.
16
+
17
+ C'est le premier texte où la décoration du sapin est ainsi évoquée.
18
+
19
+ L'image de l'arbre comme symbole de renouveau de la vie est un thème traditionnel païen qui se retrouve dans le monde antique et médiéval (voir notamment le culte idolâtrique et les nombreuses mythologies liées à l'Arbre du Monde) avant que ce symbole soit assimilé par le christianisme. Le sapin et l'épicéa, conifères à feuilles persistantes, rappellent depuis longtemps ce symbolisme de la renaissance lors du solstice d'hiver, comme en attestent les gravures rupestres dans les régions scandinaves[6].
20
+
21
+ Selon l’Encyclopædia Britannica, l'utilisation d'arbres à feuilles persistantes, de couronnes et de guirlandes pour symboliser la vie éternelle est une coutume antique chez les Égyptiens, Chinois et Hébreux. Lors des Saturnales, les Romains décoraient leurs maisons de branches de laurier, de buis ou d'olivier et laissaient des lampes allumées pour éloigner les démons[7]. Le culte des arbres est courant dans l'Europe païenne et survit à sa conversion au christianisme dans les coutumes scandinaves, où persiste la tradition lors des fêtes d'hiver de Yule de décorer la maison et la grange avec des conifères auxquels on attache des torches et des rubans de couleur, ou de suspendre des branches de sapin dans la maison pour chasser les mauvais esprits[8].
22
+
23
+ D'autres légendes lui attribuent une origine chrétienne en Gaule, aucun des documents médiévaux ne faisant mention de cette origine[9]. La coutume du sapin décoré remonterait au missionnaire saint Colomban qui fonde en 590 le monastère de Luxeuil au pied des Vosges. Un soir de Noël, il aurait emmené avec lui quelques-uns de ses religieux jusqu’au sommet de la montagne où présidait un antique sapin, objet de culte païen. Les moines accrochent à l’arbre leurs lanternes et leurs torches et dessinent une croix lumineuse au sommet. Cet acte syncrétique permet à saint Colomban de raconter les merveilles de la naissance de Jésus aux paysans accourus voir ce spectacle et d'en convertir plusieurs, lançant la coutume d’installer chaque année des sapins illuminés[10]. Une autre légende du VIIIe siècle est l'histoire du chêne de Thor de Boniface de Mayence qui illustre bien la confrontation entre le chêne païen et le sapin chrétien. La forme conique du sapin permet à l'« apôtre de l'Allemagne » d'enseigner la notion de Trinité[4].
24
+
25
+ Cette influence chrétienne se retrouve au Moyen Âge dans les mystères qui ont notamment pour décor un arbre de Noël (symbolisant l'arbre du paradis qui fait pour les chrétiens référence à la croix du Christ qui, par son incarnation, sauve l'humanité[11]) garni de pommes rouges (elles représentent le fruit défendu ; devant la difficulté à trouver un pommier en hiver on aurait alors opté pour le sapin[11]). L'arbre pouvait également être garni d'oublies (ils représentent les hosties de l'Eucharistie) et au sommet l'Étoile de Bethléem à partir du XIVe siècle. Dès le XVe siècle, cet arbre du paradis est dressé dans les sièges des corporations et les hôpitaux en Allemagne[12] puis est installé dans les foyers des familles bourgeoises protestantes (les familles catholiques se différenciant quant à elles avec leur crèche de Noël), les pommes étant remplacées par des objets ronds comme des boules rouges brillantes[13].
26
+
27
+ Cette tradition protestante scandinave et germanique se répand dans les villes comme dans les campagnes (les bougies en cire décorant alors les sapins étant encore onéreuses), au XVIIe siècle avec le décor des hosties et de la pomme de Noël remplacé par des papillotes en forme de roses et autres fleurs en papier multicolore, mais surtout au XVIIIe siècle avec la multiplication des décorations[14]. Elle est néanmoins mentionnée pour la première fois sur l'actuel territoire français en Alsace (mais à l'époque partie du saint Empire romain germanique) à Strasbourg en 1492, l’Œuvre Notre-Dame achète neuf sapins pour les neuf paroisses de la ville pour « accueillir la nouvelle année ». Le sapin est alors davantage lié au nouvel an qu'à Noël mais les arbres étaient probablement déjà en place dans les églises lors des fêtes de Noël. Ces neuf sapins coûtent à l’œuvre deux Florins[15]. Une seconde mention à Sélestat, le 21 décembre 1521, dans un livre de compte de la ville[16] fait mention d'une rémunération versée aux gardes forestiers pour la surveillance de la coupe des sapins, un édit municipal protégeant la forêt d'un abattage excessif en autorisant uniquement la coupe de petits arbres[17] ; la décoration des maisons se fait alors non pas avec le sapin entier mais avec des branches coupées 3 jours avant Noël[10]. En France, cette tradition se limite alors dans l'Alsace protestante qui utilise le sapin entier en décor à partir du XVIIe siècle. Les Alsaciens apportent la tradition du sapin de Noël dans l'hexagone en s’expatriant après la guerre de 1870[18]. Notons cependant que cette tradition fait de quelques apparitions dans la capitale française. Marie Leszczynska, fille du Duc de Lorraine Stanislas et épouse polonaise de Louis XV, aurait fait installer un sapin à Versailles en 1738. Un siècle plus tard en 1837, la belle-fille de Louis-Philippe, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, fait décorer un sapin aux Tuileries[19].
28
+
29
+ L'arbre de Noël devient une tradition profondément enracinée en Allemagne qu'à partir du XIXe siècle (aussi bien dans les familles protestantes que catholiques), des colons allemands l'ayant exporté en Amérique du Nord au début du XVIIe siècle[8]. Il est à la même période progressivement adopté par la noblesse européenne : la princesse Henriette de Nassau-Weilbourg introduit l'arbre de Noël à la Cour de Vienne en 1816 ; la duchesse d'Orléans d'origine allemande, bru du roi Louis-Philippe[20] puis princesse princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin, l'aurait introduit à la Cour de France en 1837 et popularisé cette coutume germanique dans la bourgeoisie française à la mode, qui redécouvrait dans le même temps les vertus du « cercle de famille »[21].
30
+
31
+ Traditionnellement, l'arbre de Noël ne doit pas être érigé avant la veille de Noël, c'est-à-dire le 24 décembre et doit être enlevé douze nuits après, pour l'Épiphanie[22]. Dans les faits, les décorations des rues démarrent nettement plus tôt et il n'est donc pas rare qu'un sapin survive jusqu'à la Chandeleur peu de jours avant le début du Carême[source insuffisante].
32
+
33
+ Le sapin étant devenu un objet de grande consommation pour le mois de décembre, des plantations uniquement destinées à fournir la demande sont réalisées afin de limiter les coupes dans les bois. En France, le « sapin » de Noël est non pas un sapin blanc (Abies alba, sapin le plus répandu mais trop sensible au gel de printemps et aux rameaux moins fournis) mais un épicéa commun (Picea abies), arbre moins cher, parfumé et à croissance plus rapide, mais qui garde ses aiguilles moins longtemps que le sapin de Nordmann (Abies nordmanniana), apparu plus récemment sur le marché et qui est en constante progression (beau vert luisant, aiguilles souples qui ne piquent pas) malgré son prix plus élevé et son parfum résineux nettement plus discret : en 2016, les Nordmanns représentent les trois quarts des achats[23]. Ce sapin a été découvert par le botaniste finlandais Alexander von Nordmann [24]
34
+
35
+ Le port majestueux, le parfum balsamique et la robustesse des aiguilles vert-bleuté du sapin noble font de lui un compromis entre l'épicéa et le Nordmann[25].
36
+
37
+ Au Canada, la tradition veut que l'on utilise le sapin baumier (Abies balsamea) qui a la propriété de dégager un parfum fort apprécié. Une autre essence est aussi utilisée au Canada, le sapin Fraser (Abies fraseri) qui conserve mieux ses aiguilles que le sapin baumier.
38
+
39
+ A La Réunion, c'est le pin de Norfolk, un conifère tropical, qui est utilisé pour les sapins de Noël.
40
+
41
+ Le sapin de Noël se caractérise aussi par les décorations qu'il porte. Celles-ci sont de plusieurs types :
42
+
43
+ Le sapin de Noël est par ailleurs souvent associé à une Crèche de Noël et à d'autres accessoires festifs.
44
+
45
+ En 2011, les deux tiers des sapins de Noël artificiels vendus dans le monde entier viendraient du sud de la Chine et en particulier du Yiwu, situé dans la province du Zhejiang[27].
46
+
47
+ En Belgique, la production est en 2009 presque exclusivement issue des forêts ardennaises wallonnes, principalement en province de Luxembourg, Liège et Namur.
48
+
49
+ En un demi-siècle, la production a été quadruplée pour atteindre 4 millions d’arbres. Quatre arbres de Noël sur cinq partent pour l’exportation, essentiellement dans les pays voisins et en Italie. Un sapin ardennais parcourt, en moyenne, un millier de kilomètres[28][source insuffisante].
50
+
51
+ Au Canada, où la production du sapin de Noël est concentrée, 2 381 fermes ont cultivé des arbres de Noël en 2011[29]. Selon Statistique Canada, en 2011, cette production a généré des recettes évaluées à 51,3 millions de dollars canadiens, dont 28,2 millions à l'exportation (25,8 millions vers les États-Unis, soit près de 1,6 million d’arbres)[29].
52
+
53
+ En 2011, 96 % des sapins de Noël artificiels importés aux États-Unis étaient produits en République populaire de Chine[27]. La Chine a également exporté pour 46 millions de dollars canadiens de sapins artificiels vers le Canada en 2011[29].
54
+
55
+ Le Danemark est le plus important exportateur au monde de sapins de Noël. Les 4 000 exploitants forestiers danois exportent 10 millions d'arbres, qui sont à 95 % de l'espèce Nordmann. Ce commerce rapporte annuellement près de 150 millions d’euros[Quand ?].
56
+
57
+ La coupe commence le 15 novembre et dure quatre semaines dans d'énormes plantations. Chaque bûcheron coupe jusqu'à mille sapins de Noël par jour ; il est payé trente centimes d'euro par arbre coupé. Il faut entre six et huit ans pour qu'un nordmann soit à la taille d'un sapin de Noël. Il existe trois catégories : la première avec des branches bien réparties et une belle flèche en haut du sapin (33 % de la production), la deuxième catégorie plus moyenne et la troisième catégorie de qualité médiocre.
58
+
59
+ Le quart des sapins produits en France viennent du Morvan en Bourgogne, première région productrice[30]. On distingue principalement deux espèces :
60
+
61
+ Le sapin pectiné est parfois encore utilisé dans les régions où il pousse de façon spontanée, de même que certains pins dans le sud du pays. Depuis quelques années[Quand ?], on commercialise aussi le sapin noble (Abies procera) à l'odeur de résine marquée. En Corse, c'est l'arbousier qui prend place dans les foyers et est décoré de la même façon que le sapin traditionnel continental.
62
+
63
+ Afin de permettre aux particuliers de bénéficier de sapins de Noël de qualité supérieure, un signe de qualité sous la forme d'un Label rouge a été créé par l'association "Excellence végétale".
64
+
65
+ En outre, depuis quelques années on trouve quelques producteurs de sapin français certifiés bio ( agriculture biologique). Les sapins bio ne reçoivent aucun traitement chimique contrairement à leurs homologues dans le conventionnel ( fongicides, insecticides, hormones de croissance, produits phytosanitaires).
66
+
67
+ Dans l'hémisphère sud, Noël ne tombe pas en période hivernale et froide, mais au contraire en été.
68
+
69
+ En Nouvelle-Calédonie, où Noël tombe en plein été, on utilise parfois de petits pins colonaires (parfois, la cime d'un pin adulte) en guise de sapin de Noël. Cette solution n'est pas toujours des plus appropriées, sachant que les branches sont souvent très espacées et que les aiguilles tombent rapidement. Toutefois, cela permet de disposer d'un véritable arbre dans une région où il n'existe aucune variété de sapins.
70
+
71
+ Dans l'hémisphère sud, Noël est en plein été et l'arbre de Noël est quelque peu différent. En Nouvelle-Zélande, par exemple, c'est le pohutukawa, dont les fleurs rouges éclosent lors des fêtes de fin d'année[32].
72
+
73
+ Le sapin de Noël naturel est un choix écologique. Il constitue également le choix éthique puisqu'il génère des emplois locaux, soutenant l'économie locale, étant cultivé localement.
74
+ Une étude professionnelle portant sur l'analyse du cycle de vie des sapins de Noël révèle qu'un arbre de Noël artificiel devra être utilisé pendant au moins 20 ans afin d'avoir aussi peu d'impact sur l'environnement que le sapin de Noël naturel[33]. L'étude révèle également qu'un arbre de Noël naturel génère environ 3 kg de gaz à effet de serre tandis qu'un arbre artificiel en émet environ 8 kg par année[Note 1].
75
+
76
+ Le mode de production intensif des sapins naturels destinés à une utilisation festive est assez critiqué[34] : bien que ne contribuant pas à la déforestation, puisqu'ils sont essentiellement cultivés dans des plantations spécialement aménagées, la réduction de la diversité biologique liée à la monoculture dans ces zones en perturbe l'écosystème. Pour avoir une belle couronne (branches du bas) il faut que la plantation soit bien propre, l'utilisation de certain désherbants peut être préjudiciable, certains produits sont d'ailleurs supprimés de la vente.
77
+
78
+ Les premiers sapins artificiels sont apparus en Allemagne au XIXe siècle ; de petite taille, ils utilisaient des plumes d'oie teintées en vert[35],[36]. Le premier sapin en plume d'oie arrive aux États-Unis en 1913[35]. Dans les années 1930, la société américaine Addis Brush Company commence à produire des arbres avec des poils d'animaux eux aussi teintés en vert, puis, à la fin des années 1950 des entreprises développent des arbres fait d'aluminium non teinté, qui seront très populaires jusqu'au milieu des années 1960[35].
79
+
80
+ Les sapins artificiels actuels sont principalement fabriqués en PVC et sont majoritairement importés de Chine. On trouve aussi des sapins de plus petite taille en fibre optique, en carton, en verre, en céramique, etc.
81
+
82
+ Les arbres artificiels sont très populaires, entre autres, aux États-Unis, où on les considère comme plus pratiques et, s'ils sont réutilisés plusieurs années de suite, moins chers que de vrais arbres. Certains conservent l'arbre entier, encore décoré, dans de grands sacs prêts à l'emploi pour l'année suivante. En 2002, les foyers américains ont acheté 7 millions de sapins artificiels contre 22,3 millions « vrais » sapins de Noël, mais parce que de nombreux foyers disposaient déjà d'arbres artificiels, 70 % des sapins installés étaient artificiels[36]. Les guirlandes électriques ont remplacé les bougies dans la plupart des foyers et il existe des systèmes de diffusion de parfums tentant de recréer l'odeur du sapin naturel.
83
+
84
+ Les arbres artificiels ont l'avantage de présenter moins de risques d'incendie et peuvent s'avérer indispensables pour ceux qui présentent des allergies aux conifères.
85
+
86
+ L'arbre peut aussi être remplacé par des illuminations en forme de sapin, comme l'arbre de Noël du mont Ingino en Italie[37].
87
+
88
+ Sapin de Noël sous la neige à Pontarlier dans le Haut-Doubs.
89
+
90
+ Sapin de Noël aux Galeries Lafayette à Paris.
91
+
92
+ Sapin de Noël dans un centre commercial de Stockholm.
93
+
94
+ Sapin de Noël floqué.
95
+
96
+ Support métallique pour sapin de Vienne.
97
+
98
+ Une boule de Noël en verre transparent.
99
+
100
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
101
+
102
+ (fr)Comment choisir son sapin de Noël sur www.sapins-noel.org
103
+
104
+ Sur les autres projets Wikimedia :
105
+
106
+ : source utilisée pour la rédaction de l'article
fr/3340.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,171 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Les avis sur cette proposition sont rassemblés dans une section de Wikipédia:Pages à fusionner. Les modifications majeures apportées, entre temps, aux articles doivent être commentées sur la même page.
2
+
3
+
4
+
5
+ Vous venez d’apposer le modèle {{à fusionner}}, suivez ces étapes :
6
+
7
+ Apposez le bandeau sur les autres pages à fusionner :
8
+
9
+ Utilisez ce texte :
10
+ {{à fusionner |Fungi |Champignon}}
11
+
12
+ Important : ajoutez une section dans Pages à fusionner en motivant votre proposition.
13
+
14
+ Pour créer la section :
15
+
16
+ Créer la section sur la page des Pages à fusionner
17
+
18
+ Pensez à informer les contributeurs principaux de la page et les projets associés lorsque cela est possible.
19
+
20
+ Utilisez ce texte :
21
+ {{subst:Avertissement fusion |Fungi |Champignon}}
22
+
23
+ Taxons concernés
24
+
25
+ modifier
26
+
27
+ Les champignons sont des eucaryotes pluricellulaires ou unicellulaires. Le terme « champignon » est devenu ambigu car il désigne un taxon obsolète. Ce terme englobe à la fois les Fungi (ou mycètes), les oomycètes, les chytridiomycètes et les mycétozoaires. Leurs cellules, pourvues d'une paroi chitineuse ou cellulosique, sont immobiles et se nourrissent par l’absorption des molécules organiques directement dans le milieu. La cellule ou les cellules sont dépourvues de chlorophylles et/ou de plastes car ces organismes sont hétérotrophes vis-à-vis du carbone. Leur appareil végétatif est un thalle : ce sont donc des thallophytes. L'étude de ces champignons, la mycologie, est pratiquée par des mycologues.
28
+
29
+ Tous les véritables champignons appartiennent au groupe des eumycètes et se répartissent au sein des basidiomycètes, comme les amanites ou, pour quelques-uns, parmi les ascomycètes, à l'exemple des morilles ou des truffes. Deux groupes sont communément appelés « champignons » mais n'en sont pas au sens strict du terme : les oomycètes (plus proches génétiquement des algues brunes) et les myxomycètes.
30
+
31
+ Présents dans le registre fossile depuis 450 millions d'années, soit le Silurien, ils ont colonisé presque tous les milieux terrestres et même aquatiques en eaux douce, saumâtre et même marine (1500 espèces au moins, qui ont un rôle écologique important[1] ; via des symbioses avec des algues parfois).
32
+ Les premiers champignons mycorhiziens de type gloméromycètes ont vraisemblablement aidé les premières plantes terrestres à coloniser les terres émergées[2].
33
+
34
+ Ce qu'on appelle couramment « champignon » n'est en fait que la « fructification » temporaire et visible, le sporophore (autrefois appelé « carpophore »), d'un organisme à caractère plus durable et plus discret, le macromycète, dont la structure habituellement filamenteuse constitue le mycélium, formé de filaments généralement invisibles à l’œil nu lorsqu'ils sont isolés. Le sporophore se présente souvent sous forme d'un pied (le stipe) portant un chapeau. D'autres silhouettes de sporophores sont bien connues : en forme de petits buissons comme les clavaires, de langues sur le tronc des arbres comme les fistulines, de coupes comme les pézizes, de sphères comme les vesses-de-loup, etc.
35
+
36
+ Il existe une grande dispersion étymologique pour désigner les champignons, ce qui peut laisser penser que les hommes pré- et protohistoriques consommaient rarement ces organismes[3]. Cependant, la découverte en 1991 d'Ötzi révèle que cet homme, vivant vers 2500 av. J.-C., transportait dans son sac deux champignons, des polypores du bouleau, probablement à usage médicinal, et de l'amadou, probable allume-feu, ce qui suggère que les hommes de cette époque qui vivaient de chasse et de cueillette, ont récolté des champignons pour leur consommation, comme le font encore de nos jours maintes peuplades exploitant la nature[4].
37
+
38
+ Le terme champignon vient de l'ancien français du XIIIe siècle champignuel[5] (par substitution du suffixe -on*) du bas latin campinolius[6] « petits produits des campagnes » ou « qui pousse dans les champs » (dérivé en -ŏlu de campania), lui-même issu de la racine latine campus, « campagne », qui donne le champ[7], la plaine.
39
+
40
+ Le mousseron, perçu comme poussant dans la mousse, a donné en anglais le nom générique du champignon, mushroom. La racine de ce mot semble être la mousse, mais est plus probablement l'indo-européen *meu qui l’apparente au latin muscus (« mousse »), mucus (« morve »), mucor (« moisissure ») et au grec mykès (d'où les Mycètes) désignant d'abord les champignons en général[8]. Les termes grec et latin sont ainsi une allusion possible aux champignons qui se protègent contre la dessication par une couche de mucus qui recouvre leur chapeau et parfois aussi leur pied, ou à la mycophobie ancestrale, les champignons étant associés aux mucosités nasales repoussantes[8].
41
+
42
+ Selon une étymologie populaire, fungus et fongus sont la contraction du latin funus, « funérailles » et d'ago, « produire », rappelant les nombreux décès provoqués par les champignons toxiques[9]. Une origine plus probable de ce terme serait une allusion à l'aspect poreux ou spongieux des champignons : les mots espagnol (hongo) et italien (fungo) remontent en effet à une racine méditerranéenne[10], *sfong-/*fung-, qui a donné en grec spongos et en anglais sponge, signifiant « éponge », et en latin fungus qui signifie en même temps « champignon » et « éponge »[11].
43
+
44
+ Dans la langue commune, le terme « champignon » désigne un organisme vivant charnu, constitué généralement d'un pied surmonté d'un chapeau, à l'image du champignon de Paris ou du bolet.
45
+
46
+ Aussi loin que remontent les sources documentaires, les champignons ont attiré les hommes pour leurs propriétés comestibles ou hallucinogènes. Ils les ont aussi effrayés par leur toxicité. Les premières descriptions en langues européennes datent du Grec Théophraste (-371, -288) qui observe que les champignons (mykès) sortent des racines des chênes et que les Grecs savent les faire croître sur les fumiers[12]. On trouve de nombreuses mentions chez les auteurs gréco-latins de divers fungus (mykès) : Nicandre rapporte les noms de champignons mortels de l'olivier, du grenadier et de l’yeuse, Pline l'Ancien[13] et Dioscoride, décrivent l'agaricum[N 1] (ou en grec agaricon[14], ἀγαρικόν) et Athénée[15] comme ses prédécesseurs, distingue les champignons, la truffe et le pezis. La classification des champignons parmi les plantes vient des Grecs et perdurera jusqu'au XXe siècle.
47
+
48
+ Il faut attendre l'invention du microscope et son perfectionnement au XVIIe siècle pour découvrir les parties invisibles des champignons (nommées actuellement les "spores" et les "hyphes"), sans que l'on connaisse encore leurs rôles[16]. Au siècle des Lumières, les premières cultures de laboratoire permettent au botaniste italien Pier Antonio Micheli de décrire et dessiner les spores (qu'il appelle graines) de tous les grands groupes de champignons. Il est le premier à établir le cycle de développement partant de la spore, passant par le mycélium et donnant l'appareil reproducteur charnu (le sporophore). Mais comme ses contemporains, Michelli classe les champignons parmi les plantes et utilise les termes de graines, de fruits et même de fleurs pour désigner les parties qu'il dessine pourtant correctement (Nova plantarum genera (1729) Michelli[17]).
49
+ Linné ne sait que faire de ces êtres vivants qu'il classe comme Fungi[18] dans les Cryptogamia regroupant « les plantes dont les noces ne sont pas publiques » (Species plantarum, 1753).
50
+
51
+ La croyance en une génération spontanée a longtemps persisté même parmi les savants. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les travaux sur la multiplication des champignons comme ceux de Micheli ou de Della Porta, Malpighi et Spallanzani ont eu beau réfuter cette croyance tenace, certains (comme le botaniste Medicus, directeur de l'université de Heidelberg) continuaient à penser que les champignons provenaient de la gelée issue de la décomposition des feuilles mortes[17].
52
+
53
+ Plusieurs mycologues sont considérés comme les pères de la classification mycologique moderne : Christiaan Hendrik Persoon qui publie deux volumes du Synopsis methodica fungorum en 1801, Elias Magnus Fries qui publie entre 1821 et 1832 les trois volumes de son Systema Mycologicum…, Lewis David von Schweinitz « père de la mycologie américaine » qui publie Synopsis Fungorum Carolinæ Superioris en 1822 et Miles Joseph Berkeley « père de la mycologie britannique » pour son apport dans la British Flora en 1836[19].
54
+
55
+ En 1827, J. J. Schilling décrit comment le mycélium naît de graines (samen) et comment il a suivi au microscope la germination d' Aspergillus niger. Schilling eut beau, lui aussi, publier des dessins soignés de ses observations, rien n'y fit : ceux qui considéraient les champignons comme le produit de la génération spontanée restaient toujours nombreux. On peut citer de grands noms des débuts de la mycologie comme Persoon, Rudolphi (1807), Link, Nees, Unger (1833) et même Naegeli (1842) et E.M. Fries[17]. Pourtant ce fut ce même Elias Magnus Fries (1794-1878), surnommé le « Linné des champignons », qui donna la première classification systématique des champignons dans Systema mycologicum (1821-1832) et marqua ainsi le début de la mycologie moderne. Ce n'est qu'avec le développement de la théorie cellulaire et de la théorie de l'évolution, dans la seconde moitié du XIXe siècle, que les botanistes cessent de croire dans la génération spontanée des champignons et qu'ils commencent à les détacher des plantes vasculaires. Ainsi, le botaniste autrichien Endlicher proposa de séparer le règne des Plantae en Cormophytes et Thallophytes ("plantes inférieures", non vascularisées), ces derniers regroupant les champignons, les algues et les lichens[N 2].
56
+
57
+ Les champignons sont considérés jusqu'au milieu du XXe siècle comme des plantes imparfaites en raison de leur immobilité mais leur inclusion dans le règne végétal tel qu'il a été défini par Linné a souvent été plus ou moins controversée. Comme celles des végétaux, leurs cellules possèdent une paroi et une vacuole mais, à la différence des plantes, leur paroi n'est pas constituée de cellulose mais de chitine, molécule que l'on trouve aussi chez les insectes et les crustacés. Jusqu'au milieu du XXe siècle, les naturalistes les considèrent comme des plantes primitives ou dégénérées (des thallophytes cryptogames)[20]. En 1969, Robert H. Whittaker les individualise enfin dans un règne particulier, les Fungi[16], le botaniste proposant une division en cinq règnes[21] : les procaryotes (ou bactéries, à cellules sans noyau), les protistes (eucaryotes unicellulaires), les végétaux Plantae (eucaryotes pluricellulaires photosynthétiques), les animaux Animalia (eucaryotes pluricellulaires hétérotrophes) et les champignons Fungi (eucaryotes pluricellulaires non-photosynthétiques).
58
+ Les champignons avaient enfin leur règne et on aurait pu attendre un répit dans les remaniements incessants des siècles passés. La coupure avec les plantes et les animaux semblait bien établie mais c'était sans compter sur les avancées techniques dans le séquençage des gènes.
59
+
60
+ La comparaison des séquences de gènes permet de reconstruire l'histoire évolutive des êtres vivants en suivant les modifications de leur génome. Ces nouvelles méthodes de phylogénie moléculaire vont alors faire voler en éclats la division en cinq règnes[16] : finie la division en procaryotes et eucaryotes, finie la division entre règne animal et règne végétal, finie l'unité des Fungi, etc. L'évolution des eucaryotes a donné naissance à deux grandes lignées de champignons : les eumycètes ou « vrais champignons » et les pseudomycètes ou « pseudochampignons » (comme les mildious). Les vrais champignons sont de proches parents des animaux alors que les pseudochampignons sont plus proches des plantes. Les pseudochampignons Oomycètes (hétérotrophes filamenteux comme les mildious) qui par certains caractères semblent proches des vrais champignons (Eumycètes) ne sont pourtant pas monophylétiques avec ces derniers : leur ressemblance est le fruit d'une convergence évolutive car de leur ancêtre commun (le plus proche), descendent aussi d'autres lignées.
61
+
62
+ Après avoir considéré les champignons comme des plantes primitives ou dégénérées (des thallophytes cryptogames, Endlicher 1840), puis comme des organismes formant un règne à part (le règne fongique parmi les cinq règnes, Whittaker 1969) et actuellement en 2013, comme un ensemble artificiel, polyphylétique, d'organismes présentant des caractères communs par convergence évolutive, le progrès des connaissances va certainement continuer à nous obliger à toujours revoir et perfectionner les classifications. Les études phylogéniques se poursuivent toujours car la place de plusieurs groupes de champignons est encore incertaine[16].
63
+
64
+ La classification des champignons relève de la mycologie. Elle évolue, notamment en raison des progrès de la génétique, y compris pour des organismes symbiotes (ex. : les lichens ont un temps été classés hors du monde fongique, et y ont récemment été réintroduits). Les listes et classifications sont donc régulièrement mises à jour[22]. Deux classifications sont actuellement proposées: la classification classique et la classification phylogénétique.
65
+
66
+ Les champignons ont été considérés jusqu'au milieu du XXe siècle comme des végétaux, en raison de leur immobilité et de la présence d'une paroi cellulaire épaissie, végétaux dits « cryptogames » car ne produisant pas de fleurs.
67
+
68
+ Mais les champignons constituent un règne à part car ils se différencient des plantes et des algues par plusieurs caractères[23],[24] :
69
+
70
+ Le botaniste Robert H. Whittaker a donc logiquement créé pour les champignons, en 1969, le règne spécifique des Fungi (du latin littéraire fungus, le champignon) pour y placer ces êtres particuliers, non seulement ceux produisant des sporophores, mais également dans les définitions les plus larges qui ont pu exister toutes sortes d'organismes eucaryotes multicellulaires ni végétaux, ni animaux, comme les moisissures, les rouilles, le mildiou, les saprolègnes, etc. et même parfois unicellulaires comme les levures.
71
+
72
+ L'usage du mot champignon s'est alors étendu dans le langage commun à des formes biologiques très diverses. Ainsi le terme de champignon est utilisé parfois extensivement pour désigner aussi bien des agents responsables de dermatophytoses (types d'affections rencontrées fréquemment sous les ongles des pieds), les feutrages des oïdiums qui parasitent le feuillage des végétaux, l'ergot de seigle, des plasmodes coloniaux comme les fleurs de tan, les Penicillium du fromage de Roquefort, etc. À l'analyse, il s'avère que certains de ces « champignons inférieurs » sont effectivement apparentés de manière très proche aux champignons à sporophores, alors que d'autres appartiennent à des groupes très distants. Les définitions des différents taxons scientifiques ont alors été précisées, mais l'emploi élargi du mot champignon est resté.
73
+
74
+ Il y a de très nombreuses espèces de champignons, dont épiphytes, endogés ou aquatiques, et il en reste beaucoup à découvrir. Sur les 100 000 espèces de champignons répertoriées en 2015 (sur un nombre total estimé[26] de cinq millions, voire de 10 millions d'espèces[27]), « près de 10 000 produisent des fructifications à l'œil nu, un peu plus de 1 100 sont comestibles et consommés comme aliments, et environ 500 sont utilisés comme remèdes dans la médecine traditionnelle de tous les pays en développement »[28].
75
+
76
+ La classification des champignons a été totalement revue :
77
+
78
+ La fructification chez les Eumycètes, appelée précisément sporophore (organe portant les spores permettant d'accomplir le cycle de vie, terme aujourd'hui préféré à « carpophore ») est particulièrement développée pour certaines espèces, le reste de l'organisme appelé le mycélium étant souterrain et donc invisible. Certains Eumycètes disposent de sporophores en surface tandis que d'autres, par exemple ceux des truffes, sont souterrains.
79
+
80
+ Il existe cependant bien d'autres espèces appelées champignons, qu'elles soient uni- ou pluri-cellulaire, tels que les rouilles, les levures, les moisissures ou encore certains parasites de l'homme . Bien qu'ayant été par le passé regroupées au sein d'un même groupe, elles peuvent n'avoir que peu de rapport entre elles. Les actuels taxons des Fungi / Mycota, des Oomycota, des Hyphochytriomycota, des Labyrinthulomycota, et des Mycetozoa ont été classés ensemble dans le passé comme faisant partie du règne végétal du fait de la présence d'une paroi cellulaire, et de plusieurs similitudes entre leurs cycles de vie et ceux des algues avec lesquelles ils formaient les thallophytes. Les Mycetozoa, souvent décrits comme des champignons-animaux ou amiboïdes, n'ont en fait en commun qu'une ressemblance externe de leur appareil sporifère et sont assez proches des amibes. Des découvertes ont montré que les Oomycota n'étaient en revanche pas des champignons, mais plutôt des cousins des algues et des diatomées. C'est par exemple pour cela que les traitements antifongiques contre le mildiou n'ont jamais été efficaces.
81
+
82
+ Transporté dans les sciences naturelles, le mystère demeura en partie, comme le montrent les premières classifications botaniques qui les laissèrent longtemps placées dans les cryptogames ou végétaux à reproduction cachée, principalement en raison de la discrétion et de la complexité de leur mode de reproduction.
83
+
84
+ Fungi - Basidiomycota, espèce Boletus chrysenteron (un Bolet)
85
+
86
+ Fungi - Basidiomycota, espèce Clavaria zollingeri (un clavaire)
87
+
88
+ Fungi - Basidiomycota, espèce Armillaria mellea
89
+
90
+ Fungi - Ascomycota, espèce Tuber melanosporum (une Truffe)
91
+
92
+ Fungi - Ascomycota, espèce Penicillium roqueforti
93
+
94
+ Fungi - Ascomycota, espèce Trichophyton rubrum (donne une mycose)
95
+
96
+ Fungi - Ascomycota, espèce Claviceps purpurea (donne l'ergotisme ou mal des ardents)
97
+
98
+ Fungi - Chytridiomycota, espèce Cladochytrium menyanthis
99
+
100
+ Chromalveolata - Oomycetes, espèce Phytophthora infestans (donne un mildiou)
101
+
102
+ Amoebozoa - Mycetozoa, espèce Fuligo septica
103
+
104
+ Basidiomycota - Meruliaceae, espèce Chondrostereum purpureum
105
+
106
+ Agaric des trottoirs perçant à travers le macadam en juin en région parisienne
107
+
108
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
109
+
110
+ Certains champignons microscopiques sont responsables de pathologies humaines infectieuses.
111
+
112
+ Certains champignons peuvent également se révéler pathogènes d'un point de vue toxique en cas d'ingestion.
113
+
114
+ En France, les pharmaciens jadis formés à identifier les principaux champignons comestibles et vénéneux, le sont de moins en moins depuis les années 2000[29].
115
+
116
+ Plusieurs espèces de champignon sont utilisées pour épurer un milieu (eau, air, sol) ou un substrat de culture d'un ou plusieurs polluants ou éléments chimiques indésirables : c'est la technique de mycoremédiation.
117
+
118
+ Un des critères permettant d'identifier les champignons peut être l'odeur qu'ils dégagent[30]. Les fonges émettent des composés organiques volatils montrant une grande diversité de structures chimiques : composés aromatiques, terpènes, dérivés d’acides gras (notamment l'octène-1-ol-3 que l'on retrouve chez de nombreuses espèces telles que les champignons de couche, les cèpes ou les girolles)[31]. Le ratio bactérie/champignon dépend du pH. Le ratio odeur de champignon (principalement l'octénol) / odeur de terre (due à la géosmine produite par des bactéries) permet à un écologue d'évaluer la richesse d'un sol par son odeur. Plus un sol sent l'octénol, plus il est riche en champignon et est acide (exemple : mor, moder de landes ou de forêts de résineux issues de la dégradation lente d'une litière acidifiante). Plus un sol sent l'odeur de terre, plus il est riche en bactéries qui traduisent un recyclage rapide de la matière organique avec des vers de terre (surnommés par Aristote "les intestins de la terre") consommateurs de ces bactéries (exemple : mull de pelouse, d'agrosystème, de forêt productive)[32].
119
+
120
+ Il existe principalement deux grandes catégories de champignons parasitant les arbres[33], soit les champignons saprophytes qui se nourrissent d’arbres en décomposition et les champignons lignivores qui se nourrissent de matière organique vivante, c'est-à-dire la cellulose et la lignine des arbres
121
+
122
+ Ces champignons sont des parasites véritables des arbres, puisqu'ils s'attaquent à de la matière végétale vivante causant leur dépérissement jusqu'à leur mort après quelques années dans certains cas, selon la virulence du champignon en question.
123
+
124
+ Le parasitisme par les champignons se produit quelquefois en réponse à un stress important que l’arbre a subi. Par exemple : le bris d'une branche, l'écorce détériorée par les mammifères s'en nourrissant et même un accident de voiture ayant partiellement altéré son écorce[34]. Ainsi, l'arbre ayant perdu sa couche de protection externe est exposée à plusieurs parasites dont les spores des champignons. De plus, dans ces cas, l'impact écologique sur l’abondance d’une espèce d’arbre dans nos forêts est souvent minime, puisque le phénomène se produit à petite échelle, à l’exception de tous les phénomènes naturels causant des stress beaucoup plus importants. Il faut noter qu’une perte en matière végétale vivante (arbre dans ce cas) ne peut qu’être bénéfique pour les organismes décomposeurs qui ont besoin de cette matière morte afin d’assurer leur survie et le maintien des réseaux trophique de l’écosystème.
125
+
126
+ Par contre, certains champignons n’ont pas besoin de profiter de ces altérations majeures. Effectivement, les champignons ayant pour hôte une famille ou espèce d’arbres en particulier[35] réussiront à trouver une petite faille dans la défense de ceux-ci et pourront, par un simple contact, le parasiter et causer sa mort à court ou long terme. Ainsi, un champignon pourrait avoir comme hôte primaire, par exemple, un insecte, qui lui permettra de passer à travers la barrière végétale d’un arbre et d’y implanter ledit parasite mycologique. C'est ce type de champignon qui aura un plus grand impact sur la diversité forestière, surtout si aucune mesure de protection n’est prise et que l’espèce de champignon est une espèce exotique, c’est-à-dire qu’elle s’est répandue dans une région ou sur un continent où elle n’était pas présente auparavant.
127
+
128
+ D'un point de vue écologique, une espèce envahissante[36] va créer un déséquilibre naturel dans les écosystèmes déjà en place dans une région donnée. Ainsi, une espèce de champignon envahissante fera compétition à d’autres espèces animales et végétales, dites indigène, afin d’obtenir des ressources nécessaires pour assurer sa survie, ce qui finira par dégrader l’habitat de plusieurs autres espèces, altérer les ressources en eau et minéraux disponibles et même causer la quasi-disparition d’espèces locales qui n’auront pas pu compétitionner avec la nouvelle espèce. On peut nommer comme exemple la maladie hollandaise de l’orme.
129
+
130
+ La cueillette de champignons correspond principalement à la collecte de champignons comestibles à usage domestique ou dans un but commercial, plus rarement de champignons hallucinogènes ou aux médicinaux. La récolte concerne également les mycologues qui déterminent les espèces au cours d'excursions mycologiques, ou encore la prospection pour la mise en marché de champignons dans des domaines innovants (cosméceutique (en), pharmaceutique, nutraceutique, etc.).
131
+
132
+ Les prélèvements en grande quantité, voire la « sur-récolte », entraînent des atteintes à la biodiversité forestière, des troubles à l’ordre public, voire des infractions plus graves (destruction, dégradation …). La cueillette des champignons, qu'elle soit familiale ou commerciale, peut ainsi être réglementée[37].
133
+
134
+ L'utilisation des champignons remonte probablement aux temps les plus reculés. Ainsi Ötzi qui vivait au Chalcolithique (4 546 ± 15 ans BP) portait sur lui deux types de champignons, un morceau d'Amadouvier sur lequel étaient fixés des cristaux de marcassite (associé à un silex, il était utilisé pour la production du feu) et des morceaux de polypores du bouleau enfilés sur une lanière de cuir, à usage probablement médicinal (vermifuge)[38].
135
+
136
+ Toutes les mythologies ont en commun de considérer les champignons comme étant les produits d'une réaction mystérieuse entre la terre humide et un élément surnaturel. Ainsi dans la mythologie nordique, le premier homme Odin chevauche Sleipnir dans une forêt ou dans le ciel par des nuits orageuses, poursuivi par des démons. Des gouttes d'écume ensanglantée tombant de la bouche de son cheval Sleipnir donnent naissance à l'amanite tue-mouches dont la poussée est stimulée par la foudre[39].
137
+
138
+ Les différentes dénominations des champignons rappellent leur rôle néfaste. Sénèque les appelle voluptuarium venenum, « poison voluptueux », et Pline anceps cibus, « mets suspect ». Encore appelés Mycètes ou Fungi, ils ont une étymologie en lien avec leur rôle funeste. Mycète vient du grec mykes, « mucus » apparenté à de la moisissure et pourriture. Une étymologie populaire de Fungi en fait la contraction du latin funus, « funérailles » et d'ago, « produire », rappelant les nombreux décès provoqués par les champignons[40]. Ainsi selon Pline, la quatrième femme de l'empereur romain Claude aurait empoisonné son mari en remplaçant son mets favori, l'Amanite des Césars, par l'Amanite phalloïde, champignon probablement responsable aussi de la mort de l’empereur du Saint-Empire Romain Germanique Charles VI[41].
139
+
140
+ Au Moyen Âge, les champignons sont classés au plus bas de l'« échelle des êtres ». À l'exception des champignons comestibles (moins de 0,1 % de l'ensemble des espèces fongiques), ils sont associés à la mort et la putréfaction, considérés comme pervers (forme du pied de champignons phalliques). Considérés comme des « excréments de la terre », diaboliques et démoniaques, les adeptes de la magie noire les utilisent dans leurs élixirs[42]. Selon la théorie enthéogène des religions, certains champignons hallucinogènes sont à l'origine du phénomène magique et religieux : sorciers, chamanes et autres grands prêtres de différentes ethnies, souvent très éloignées géographiquement les unes des autres, utilisent ces substances sacrées accompagnant le surgissement des civilisations (tels les chamanes Paléo-Sibériens avec l'Amanita muscaria, ou le língzhī, « champignon divin » de la Chine)[43]. Il est ainsi possible que les autorités religieuses du Moyen Âge aient fait du champignon un élément chtonien maléfique pour empêcher la diffusion de ce savoir millénaire chamanique devenu ésotérique[44]. Les épidémies de mal des ardents qui s'abattent sur des régions au Moyen Âge, tuent des dizaines de milliers de personnes et provoquent des ravages jusqu'au XVIIe siècle[45].
141
+
142
+ En Asie, le champignon est symbole de longévité, par exemple, pour les Coréens le champignon magique est l'un des dix symboles de longévité et aussi un symbole de fertilité[46]. Dans la peinture chinoise c'est le cerf qui apporte le champignon, tous deux sont des symboles de longue vie, la croyance chinoise voulant que le cerf vive très vieux et soit donc le seul animal capable de trouver le champignon sacré de l’immortalité[47],[48].
143
+
144
+ « Autant de sons nés du même instrument, autant de champignons nés d'une même humidité[49]. » Ainsi Zhuangzi explique-t-il que les êtres sont l'émanation fugitive d'une seule et même essence.
145
+
146
+ En Pologne, consommer des champignons à Noël facilitait les contacts avec les morts[50].
147
+
148
+ En héraldique le champignon est également le symbole de la fertilité ainsi que de la puissance sexuelle[51].
149
+
150
+ La rapidité de croissance des champignons fascine. Ils sont présents dans l'imagerie populaire sous forme de champignons géants, thème qui intéresse encore les journalistes : en juillet 2006 sur l'île taïwanaise de Taitung on aurait découvert deux champignons plats de 60 cm de diamètre et pesant chacun environ 20 kg[52]. En juillet 2007 un champignon géant de plus de 70 cm de haut et pesant plus de 20 kg aurait été découvert au Mexique, dans la forêt de Tapachula (Chiapas), à la frontière du Guatemala[53].
151
+
152
+ L'armillaire d'Ostoya (Armillaria ostoyae) est particulièrement connu pour détenir le titre du plus grand organisme vivant, un individu couvrant une surface de 8,9 km2 ayant été trouvé en Oregon, dans l'ouest des États-Unis[54].
153
+
154
+ Termitomyces titanicus est le plus grand champignon comestible sur terre avec un « chapeau » atteignant un diamètre d'un mètre[55].
155
+
156
+ Dans son roman Voyage au centre de la Terre, Jules Verne évoque une forêt de champignons géants.
157
+ Dans la bande dessinée L'Étoile mystérieuse, le héros Tintin est confronté à des champignons géants à la croissance instantanée. On retrouve le même thème dans le jeu de société pour enfants Spirou et les champignons géants.
158
+
159
+ L'artiste chrétien médiéval représente rarement les champignons, considérés comme maléfiques, si ce n'est pour évoquer leur symbolisme démoniaque. Un bolet à pied rouge et une amanite tue-mouches figurent au centre du triptyque Le Jardin des délices de Jérôme Bosch[56]. Tout comme dans les aventures d'Alice au pays des merveilles, le champignon évoquerait plutôt les effets hallucinogènes de certains champignons, dits magiques, modifiant la perception de la réalité[57].
160
+
161
+ Les artistes contemporains s'intéressent eux aussi aux champignons, fascinants parce qu'ils poussent dans la pourriture et prolifèrent sur des organismes morts[58].
162
+
163
+ Par exemple un artiste comme Michel Blazy travaille, entre autres, sur les moisissures et pourrissements microscopiques générés par les altérations biologiques sur des installations éphémères. La prolifération incontrôlée de micro-organismes dont les transformations et changements d’état sont autant de moments nécessaires à l’activation de ce type d'œuvre et à son développement, au sens propre du terme[59].
164
+
165
+
166
+
167
+ Les champignons sont utilisés depuis peu dans la mode. En effet, on a réussi à créer un cuir à base de champignons. Son nom commercial est le Muskin, nom donné par l'entreprise Grado Zero Espace. Ce cuir est une peau extraite du chapeau du champignon. Ce cuir n'utilise pas de substance chimique et n'est pas toxique, il est 100% biodégradable[61].
168
+
169
+
170
+
171
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3341.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,389 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Felis silvestris catus
4
+
5
+ Sous-espèce
6
+
7
+ Le Chat domestique (Felis silvestris catus) est la sous-espèce issue de la domestication du Chat sauvage, mammifère carnivore de la famille des Félidés.
8
+
9
+ Il est l’un des principaux animaux de compagnie et compte aujourd’hui une cinquantaine de races différentes reconnues par les instances de certification. Dans de très nombreux pays, le chat entre dans le cadre de la législation sur les carnivores domestiques à l’instar du chien et du furet. Essentiellement territorial, le chat est un prédateur de petites proies comme les rongeurs ou les oiseaux. Les chats ont diverses vocalisations dont les ronronnements, les miaulements, les feulements ou les grognements, bien qu’ils communiquent principalement par des positions faciales et corporelles et des phéromones.
10
+
11
+ Selon les résultats de travaux menés en 2006 et 2007[1], le chat domestique est une sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) issue d’ancêtres appartenant à la sous-espèce du chat sauvage d’Afrique (Felis silvestris lybica). Les premières domestications auraient eu lieu il y a 8 000 à 10 000 ans au Néolithique dans le Croissant fertile, époque correspondant au début de la culture de céréales et à l’engrangement de réserves susceptibles d’être attaquées par des rongeurs, le chat devenant alors pour l’Homme un auxiliaire utile se prêtant à la domestication.
12
+
13
+ Tout d’abord vénéré par les Égyptiens, il fut diabolisé en Europe au Moyen Âge et ne retrouva ses lettres de noblesse qu’au XVIIIe siècle. En Asie, le chat reste synonyme de chance, de richesse ou de longévité. Ce félin a laissé son empreinte dans la culture populaire et artistique, tant au travers d’expressions populaires que de représentations diverses au sein de la littérature, de la peinture ou encore de la musique.
14
+
15
+ Le chat domestique mâle est couramment appelé un « chat » tandis que la femelle est appelée « chatte »[2] et le jeune un « chaton »[3],[4],[5].
16
+
17
+ Le mot chat vient du bas latin cattus, qui, d’après le Littré (édition de 1878), provient du verbe cattare, qui signifie guetter, ce félin étant alors considéré comme un chasseur qui guette sa proie. Cette interprétation porte cependant à controverse, au vu des termes utilisés dans certaines langues afro-asiatiques (berbère kadiska)[6] ou nilo-sahariennes (nubien kadis)[6]. En latin classique, « chat » se dit felis (d’où, en français, félin, félidés, etc.), mais désigne uniquement le chat sauvage d’Europe, tandis que cattus s’applique au chat domestique[7].
18
+
19
+ On désigne aussi plus familièrement le chat par minet ou minou et la chatte par minette. Ce terme, attesté dès 1560, provient de mine, nom populaire du chat en gallo-roman. Ce mot est à l’origine de l’expression dès potron-minet, qui signifie « de bon matin ». D’après le Littré, il s’agirait d’une déformation de paître au minet, c’est-à-dire du moment où le chat, qui se lève tôt, va chercher son paître : sa pâture, sa nourriture… Cette explication doit sans doute à la pudeur de cet auteur du XIXe siècle : selon Claude Duneton[8], cette expression provient de poitron-jacquet, jacquet désignant un écureuil (animal matinal marchant la queue levée) et poitron désignant le postérieur. Dès potron-minet signifie donc : « à l’heure où l’on voit le derrière du chat ». Quant au « minet » ou à la « minette » qui « fait des mines », lorsque ce terme est appliqué à l’être humain, c’est un jeune homme ou une jeune fille qui s’efforce de plaire et se préoccupe beaucoup de son apparence[A 1].
20
+
21
+ Un chat mâle non castré est un « matou », terme à l’origine incertaine qui viendrait peut-être d’une dérivation de mite comme dans chattemite[9]. Le chat est aussi nommé familièrement « mistigri », mot-valise composé du préfixe miste, signifiant adroit, et de gris, la couleur[10].
22
+
23
+ En argot, un chat s’appelle un « greffier »[11],[12],[13]. Deux explications s’opposent, qui peut-être n’en font qu’une : d’une part, le jeu de mots sur griffe est évident ; d’autre part, la fourrure de certains chats noirs comporte une sorte de plastron blanc sur le poitrail, et celui-ci évoque le rabat blanc que l’on voit sur la robe noire des greffiers à l'audience[A 2].
24
+
25
+ L'anatomie du chat est semblable à celle des autres espèces de félidés. Il possède un corps fort et flexible, des réflexes rapides, des dents pointues et des griffes rétractables adaptées à la mise à mort de petites proies.
26
+
27
+ Le squelette est composé de 250 os. Les vertèbres du cou sont courtes, et la colonne vertébrale est très souple.
28
+
29
+ La clavicule des chats, de petite taille comme pour tous les félins, est reliée au sternum par un unique ligament : cela lui confère une grande souplesse, les épaules pouvant bouger indépendamment l’une de l’autre. Comme tous les carnivores, la dernière prémolaire supérieure et la première molaire inférieure forment les carnassières qui permettent au chat de déchirer sa nourriture, grâce à des muscles puissants fixés aux parois latérales de son crâne, et de l’avaler sans la mâcher. L’os hyoïde est entièrement ossifié, ce qui permet au chat de ronronner mais pas de rugir[14].
30
+
31
+ Les pattes sont pourvues de griffes rétractiles. Le chat possède cinq doigts aux pattes antérieures, dont seulement quatre touchent le sol, le pouce restant à l’écart, ainsi que quatre doigts aux pattes postérieures[14]. Des cas de polydactylie existent et certains standards de races de chats l’admettent dans les concours[A 3]. Les coussinets ou pelotes, sont constitués d’une membrane élastique qui confère une marche silencieuse[15].
32
+
33
+ Ces spécificités confèrent à l’animal une grande souplesse et une détente ample lors des sauts : il peut notamment sauter à une hauteur cinq fois supérieure à sa taille[16]. À la course, sa vitesse moyenne est de 40 km/h et il met 9 secondes pour faire 100 m, mais il n’est pas un coureur de fond et il se fatigue assez vite[16]. Contrairement à ce que l’on peut penser, tous les chats savent très bien nager et ils n’hésiteront pas à se jeter à l’eau s’ils y sont contraints[17].
34
+
35
+ Un chat pèse en moyenne entre 2,5 et 4,5 kg et mesure de 46 à 51 cm sans la queue, qui peut, elle mesurer de 20 à 25 cm de long. Le record de poids et de taille est détenu par Himmy, un chat castré australien qui, à sa mort en 1986, pesait 21,3 kg pour 96,5 cm de longueur totale et un tour de taille de 84 cm[18].
36
+
37
+ Coussinet d'un chat.
38
+
39
+ Griffe avec le nerf visible.
40
+
41
+ Thermographie infrarouge du chat.
42
+
43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
+
45
+ Le chat mastique peu et le processus de digestion commence directement dans l’estomac de petite taille (environ 300 millilitres) mais qui possède un pH très acide qui est également utile comme moyen de prévention des infections digestives[19]. Son intestin est plutôt court (environ un mètre pour l’intestin grêle et de 20 à 40 centimètres pour le gros intestin), typique du chasseur de petites proies. Ces dimensions expliquent pourquoi le chat doit manger fréquemment mais en petites quantités (entre 10 et 16 repas journaliers)[20]. Le système digestif du chat est également peu adapté à la diversité alimentaire, qui lui vaut généralement des diarrhées et vomissements. Enfin, le transit digestif du chat est rapide, entre 12 et 14 heures[19].
46
+
47
+ Les types de pelages sont nombreux, car très variables en fonction des races. Le pelage du chat est composé de poils longs (jarre) et portant les marques de la robe (taches par exemple). En dessous se trouvent les poils plus courts (bourre), puis le duvet. Cette organisation permet une bonne isolation du corps. Il existe des poils longs, courts, frisés, et même crépus. Certaines races, comme le sphynx, sont presque dépourvues de poils : un très léger duvet recouvre le corps, ainsi que la queue[16].
48
+
49
+ La robe d’un chat est composée d’une ou plusieurs couleurs qui forment diverses combinaisons (les motifs) appelés patrons : certains individus présentent de larges taches, d’autres des rayures ou des mouchetures, d’autres encore un pelage uni[16]. La robe peut aussi avoir une pigmentation plus foncée vers les extrémités du corps (robes colourpoint, mink et sépia). L’alliance des différentes couleurs et des patrons donnent toutes les variations de fourrure possibles pour un chat. La couleur de la fourrure du chat peut prendre de nombreuses teintes (noir, blanc, bleu, roux…), plus ou moins diluées ou foncées. Les mâles pour des raisons génétiques ne peuvent avoir qu’une seule ou deux couleurs à la fois (sauf exceptions) ; seules en principe les femelles peuvent en comporter trois : ce sont les robes écaille de tortue et calico[21],[22]. Un effet désigne une teinte aux reflets changeants due à la variation de clair et de foncé sur la longueur du poil (robes chinchilla, shaded, smoke ou cameo).
50
+
51
+ Prédateur crépusculaire (coucher et lever du soleil) à l’origine, le chat possède des sens très développés. Il perçoit son univers différemment des humains, et on lui a même prêté des pouvoirs surnaturels. Il existe ainsi de nombreuses légendes de chats ayant prédit des tremblements de terre ou autres catastrophes. L’explication la plus probable est que ses vibrisses et ses oreilles sont aptes à percevoir des vibrations indécelables pour les humains[16].
52
+
53
+ Son ouïe est particulièrement sensible dans les hautes fréquences : il perçoit des ultrasons jusqu’à 50 000 Hz alors que l’oreille humaine est limitée à 20 000 Hz[24]. Son pavillon en cornet peut être orienté grâce à vingt-sept muscles, ce qui lui permet de pivoter chaque oreille indépendamment pour localiser avec précision la source d’un bruit et sa distance[16].
54
+
55
+ La surdité des chats blancs est liée au gène « W », qui est responsable de l’absence de pigment dans le poil, qui paraît blanc. Il est en effet démontré que l’allèle W est directement responsable d’une dégénérescence de l’oreille interne, occasionnant la surdité. La surdité ne s’exprime pas systématiquement chez tous les chats : elle peut être la surdité bilatérale, unilatérale ou absente. Le chaton naît normal mais vers l’âge d’une semaine, son oreille interne, au lieu de continuer à se développer subit des altérations progressives. La dégénérescence est généralement complète à trois semaines[23].
56
+
57
+ La vue est son sens primordial. Son champ de vision est plus étendu que celui des humains : l’angle de vision binoculaire est de 130°, pour un champ de vision total de 287°, contre seulement 180° chez l’homme[25], ce qui reste cependant loin du record absolu du monde animal. Le chat est nyctalope, l’intensité lumineuse influence la forme de sa pupille : allongée en fente étroite en pleine lumière, elle se dilate en un cercle parfait à la pénombre. Contrairement à une idée répandue, il est incapable de voir dans le noir complet. Il est toutefois beaucoup plus performant que l’œil humain dans la pénombre. La nuit, l’aspect brillant des yeux est dû à une couche de cellules de la rétine, appelée tapetum lucidum, qui agit comme un miroir et renvoie la lumière perçue, ce qui la fait passer une seconde fois dans la rétine et multiplie son acuité visuelle dans l’obscurité[16].
58
+
59
+ En revanche, il semblerait (cela est encore discuté) que le chat ne perçoive pas la couleur rouge et que, d’une manière générale, il distingue très mal les détails. Sa vision est granuleuse sur les images fixes tandis qu’un objet en mouvement lui apparaît plus net (par exemple, une proie en mouvement)[16]. Une particularité de l’œil du chat est qu’outre les paupières inférieure et supérieure, il est protégé par une troisième paupière, la membrane nictitante. Celle-ci se ferme à partir du bord inférieur du coin interne de l’œil vers l’extérieur. Quand elle ne se referme pas complètement, c’est souvent le signe d’un problème de santé chez le chat[16]. Les chats peuvent avoir les yeux de différentes couleurs : bleu, vert, jaune, marron…
60
+
61
+ Une étude parue dans la revue Live Science, en 2014, par le biologiste anglais Ronald Douglas, de la City University of London, semble indiquer que le chat (et le chien) voit dans l'ultraviolet[26]. De fait il serait capable de voir dans son environnement des marqueurs biologiques des autres animaux (comme l'urine par exemple)[27].
62
+
63
+ L’odorat a une grande importance dans la vie sociale du félin pour délimiter son territoire. Par ailleurs, c’est son odorat développé qui lui permet de détecter la nourriture avariée et empoisonnée. Il possède deux cents millions de terminaux olfactifs, contre cinq millions pour l’homme[28].
64
+ Ce sens est de 50 à 70 fois mieux développé que chez l’homme.
65
+
66
+ Le sens du goût est développé chez le chat, moins que chez l’homme cependant : chez le chat adulte, on compte 250 papilles comptant 2 000 bourgeons gustatifs[29]. Contrairement au chien, le sens gustatif du chat est localisé à l’extrémité de la langue, ce qui lui permet de goûter sans avaler. Il est sensible à l’amer, à l’acide et au salé, mais non au sucré[16].
67
+
68
+ Son sens du toucher est également bien développé. Ses vibrisses (longs poils présents sur les moustaches, sur les pattes, sous le menton, les sourcils) lui indiquent la proximité d’obstacles, même dans l’obscurité totale, en lui permettant de détecter les variations de pression de l’air. Celles-ci lui permettent aussi de mesurer la largeur d’un passage. Il ne faut surtout pas les couper car le chat serait déstabilisé[30]. Les coussinets garnissant ses pattes sont très sensibles aux vibrations et sa peau est constellée de cellules tactiles extrêmement sensibles[16].
69
+
70
+ L’organe de Jacobson est un véritable sixième sens. Comme le chien ou le cheval, le chat est capable de goûter les odeurs à l’aide de son organe voméro-nasal. Il retrousse ses babines pour permettre aux odeurs de remonter par deux petits conduits situés derrière les incisives jusqu’à deux sacs remplis de fluide dans les cavités nasales chargées de concentrer les odeurs[16]. Cette aptitude caractéristique, commune à plusieurs mammifères, est aussi appelée « réaction de Flehmen ».
71
+
72
+ Son organe vestibulaire est également particulièrement développé, lui conférant un bon sens de l’équilibre. Ceci explique l’étonnante faculté qu’ont les chats de se retourner rapidement pour retomber sur leurs pattes lors d’une chute[16].
73
+
74
+ Si un chat fait une chute de deux mètres et plus (si tel n’est pas le cas, sa technique ne marche pas) alors qu’il est sur le dos, il peut se retourner afin d’amortir cette chute. En effet, il tourne d’abord sa tête en direction du sol, entraînant les pattes avant puis les pattes arrière[31]. Le chat se retrouve alors le ventre en direction du sol et prend une position qui ressemble à celle d’un écureuil volant. Il ne lui reste qu’à courber le dos et dès qu’il se rapproche du sol, il rassemble ses pattes, comme s’il était sur terre. Cependant cela ne le sauve pas forcément mais rend juste la chute moins grave[32].
75
+
76
+ Les caractéristiques essentiellement de morphologie et de couleur conservées entre générations de chats servent usuellement à définir des races, dont la pureté repose sur la constance et la concordance avec des standards. Rappelons que cette notion de race a d’abord un but descriptif de catégorisation arbitraire, plutôt qu’une consistance biologique forte (seule l’espèce montre une homogénéité dont, pour certains critères, anatomiques, génétiques… la variance est parfois moindre que dans la population d’une race). Les races restent interfécondes. La consanguinité produit fréquemment des tares. Par exemple, la surdité est fréquente sur les chatons croisés de chats blancs.
77
+
78
+ En France, un chat de race est un chat ayant un pedigree[33]. Les registres d’immatriculation des spécimens sont maintenus par différentes associations comme les américaines TICA, l’ACFA et le CFA, la française LOOF, deux fédérations internationales, la FIFé et la WCF ou encore la GCCF britannique. Ces associations permettent l’inscription des spécimens sur des critères d’origines génétiques stricts. Ainsi tout animal dont les géniteurs ne sont pas inscrits est écarté. Ces inscriptions sont payantes.
79
+
80
+ Les chats de race sont une minorité et ne représentent selon l’AFIRAC que 5 % de la population totale des chats[34]. Tous les autres chats domestiques, ceux ne possédant pas de pedigree, sont considérés comme chats de gouttière, appelés également chats de maison. Le nombre de races reconnues varie du simple au double selon ces organisations[A 4]. Certaines sont très anciennes, comme le siamois ou l’angora turc, d’autres ont été créées plus récemment, comme le ragdoll ou le peterbald. L’homme a également procédé à des hybridations entre chats domestiques et petits félins, ce qui a donné naissance à des races telles que le bengal.
81
+
82
+ Le chat est un chasseur solitaire, mais une espèce sociable. C'est un prédateur qui est très actif à l'aube et au crépuscule. Il sécrète et perçoit les phéromones.
83
+
84
+ Le chat est généralement d’une nature très indépendante, mais cela peut varier selon les races et la façon dont le chat a été élevé. Contrairement au chien, il se promène seul. C’est un animal rituel qui apprécie bien les situations récurrentes (heures fixes pour les repas par exemple). Bien que territorial, c’est un animal sociable. Bon nombre de chats harets vivent en groupe.
85
+
86
+ Le chat est un animal territorial. Cela signifie que la préservation de son lieu de vie est le moteur principal de ses interactions avec les autres individus. Lorsque plusieurs chats partagent le même appartement, il n’est pas rare de les voir choisir chacun son propre « chemin » pour aller d’un lieu à un autre ; ils se partagent ainsi leur territoire.
87
+
88
+ Le chat n’est pas un animal strictement solitaire : selon l’espace et les ressources disponibles, les chats forment différentes structures spatiales et sociales. Cela va des chats solitaires en milieu rural aux larges et denses groupes en milieu urbain. Il est démontré que ces différentes organisations spatiales et sociales entraînent différents systèmes d’appariement[35] : en milieu rural, le système est polygyne, tandis qu’en milieu urbain, il est difficile pour les mâles dominants de monopoliser plusieurs femelles.
89
+
90
+ La communication avec les chats comprend des vocalisations tel que le miaulement, le ronronnement, les trilles, les sifflements, les grognements ainsi que le langage corporel spécifique au chat.
91
+
92
+ Les chats communiquent principalement entre eux par des phéromones ou des positions corporelles. Les glandes contenant les phéromones se trouvent en de nombreux points sur le corps : glandes anales, autour de la queue et de la bouche, sur les joues, entre les coussinets et se déposent également dans la salive, les selles et l’urine. Elles ont l’avantage de pouvoir durer dans le temps, même en l’absence du chat, contrairement aux vocalises ou aux positions corporelles. Elles peuvent être déposées de manière volontaire (marquage du territoire, contacts sociaux comme l’allotoilettage…) ou involontairement (stress, attachement de la mère à ses chatons, phéromones sexuelles)[36]. Le chat utilise également une large gamme de positions corporelles pour communiquer. La position générale du corps, ses mimiques faciales ou les mouvements de sa queue, de ses yeux et de ses oreilles indiquent l’état dans lequel se trouve le chat[36]. En dehors de la relation entre une chatte et ses petits, le miaulement est très peu utilisé lorsque des chats communiquent entre eux. Par contre, au contact de l’humain, il continue souvent à utiliser différentes vocalises pour communiquer[36].
93
+
94
+ Chat soumis à un autre.
95
+
96
+ Chat se hérissant et courbant le dos.
97
+
98
+ Groupe de chats se partageant des ordures devant les remparts de Rhodes.
99
+
100
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
101
+
102
+
103
+
104
+ Le miaulement est un cri caractéristique du chat[A 5]. En général, le chat est d’un tempérament plutôt discret, mais certaines races, notamment les siamois, sont plus « bavardes » que d’autres.
105
+
106
+ Le chat crie souvent et fortement quand il cherche un compagnon ou une compagne. Certains disent alors qu’il « margotte », au sens figuré[A 6]. Les miaulements sont poussés tout d’abord par la femelle au début de l’œstrus, puis pendant toute la période d’accouplement, par le mâle et la femelle, avec de nombreuses variations possibles[37].
107
+
108
+ Plus rarement, le chat émet un miaulement saccadé d’intensité faible lors d’une frustration, comme lorsqu’il voit une proie hors de portée tel un oiseau ou un insecte volant. Ce miaulement est souvent accompagné de claquement des mâchoires, parfois accompagné de vifs mouvements de queue, que l’on pourrait comparer à notre expression avoir « l’eau à la bouche »[36].
109
+
110
+ En présence de l’humain, le chat très imprégné utilise souvent un registre spécifique, qui varie selon l’individu et qui semble en grande partie acquis. Selon le chercheur John Bradshaw, le chat peut utiliser une dizaine de vocalises selon les circonstances et sa situation. Ainsi, il peut accueillir son maître avec des petits miaulements brefs en rafales (comme s’il « aboyait »), saluer les passants, demander une action spécifique (le brossage, par exemple), signaler qu’il a faim, ou mal[38],[39],[A 7].
111
+
112
+ D'une façon générale les chats ne communiquent que très rarement entre eux en miaulant. En fait ils utilisent le miaulement par rapport aux hommes, pour attirer leur attention.
113
+
114
+ Le chat, en position d’attaque ou de défense, est aussi capable de grogner et de souffler. Le terme de feulement est également utilisé dans le sens de grondement. Par exemple, de nombreux grognements et sifflements — en plus des miaulements — sont émis par les mâles qui s’affrontent pour la femelle lors des périodes de reproduction[37].
115
+
116
+ Produit à l’expiration comme à l’inspiration, le ronronnement est un son de basse fréquence. Le mécanisme du ronronnement est encore mal expliqué. La théorie dominante est que le son est produit par des contractions des muscles du larynx[40] déclenchées par une oscillation neurale et faisant vibrer les cordes vocales[41],[40].
117
+
118
+ Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature. Le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la tétée, où chatte et chatons communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère[28]. Le ronronnement se manifeste le plus souvent lorsque l’animal éprouve du plaisir mais aussi de la souffrance : stressé, blessé et même en mourant, le chat peut ronronner ; il s’agit donc de l’expression d’un sentiment fort. Enfin, le ronronnement sert aussi à communiquer, puisque la rencontre de deux chats déclenche des ronronnements[42]. Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la dépendance affective[28] : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses.
119
+
120
+ Comparé au sourire par certains auteurs[43], son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’être humain, est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-douleur[44]. En effet, une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. Le ronronnement aurait un effet bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant[44], qui a été popularisé dans la presse par le terme « ronron-thérapie »[45].
121
+
122
+ Le chat a besoin d’entre 12 et 16 heures de sommeil quotidien mais, en général, il dort plus, soit en moyenne 15 à 18 heures par jour. Il reste ainsi éveillé environ 6 à 9 heures dont une partie de la nuit pour chasser. Le chat est un animal avec une grande proportion de phases de sommeil paradoxal dont une partie correspond à des rêves : la durée quotidienne de cette phase dure de 180 à 200 minutes chez le chat, contre environ 100 pour l’Homme[46]. C’est pour cette raison que le chat est fréquemment utilisé dans le cadre d’expérimentations sur les cycles du sommeil.
123
+
124
+ Durant les phases de sommeil paradoxal, l’activité électrique du cerveau est semblable à celle de l'éveil. Par contre, cette phase de sommeil se caractérise par une atonie musculaire, causée par une inhibition des centres moteurs, structures cérébrales contrôlant le mouvement[47]. On observe néanmoins d'importants mouvements oculaires, caractéristiques de cette phase. Quelques mouvements tels que l’agitation des vibrisses, des sursauts des pattes ou de la queue, le hérissement du pelage sont aussi observables mais beaucoup plus anecdotiques[48]. Il est à noter que ces phases de sommeil paradoxal sont très importantes chez le chat : cela lui permet de garder un équilibre au niveau mental[49]. Ce sommeil paradoxal peut voir son temps augmenté par des repas échelonnés au cours de la journée. Durant ce sommeil paradoxal, le tracé de son encéphalogramme est analogue à celui de l’éveil malgré une totale perte de conscience : le système nerveux fonctionne probablement à vide, soit pour sélectionner et mettre en mémoire les événements de la journée, soit pour évoquer le souvenir des perceptions passées, d’où l’hypothèse que le sommeil paradoxal est un témoin de l’activité onirique[49].
125
+
126
+ La pousse des griffes du chat est continue et compense leur usure naturelle. Le chat peut ajuster la longueur de ses griffes et les aiguiser en les frottant contre une surface rugueuse : il « fait ses griffes ». Les griffades sont des marquages visuels et olfactifs. Ce comportement est un outil de communication. Le chat possède entre les coussinets des glandes sudoripares émettrices de phéromones qui servent à signaler son passage aux autres chats. En outre, les traces de griffades sont un marquage visuel, pour signaler la présence d’un chat sur le territoire.
127
+
128
+ L’onyxectomie est parfois pratiquée par les propriétaires : elle consiste en l’ablation totale de la griffe et l’amputation de la troisième phalange sur laquelle celle-ci est insérée. Le plus souvent, elle n’est réalisée que sur les pattes antérieures. La plupart des associations de défense des animaux condamnent cette opération, considérée comme cruelle[50]. L’animal privé de ses griffes, incapable de se défendre ou de grimper aux arbres, devient également plus vulnérable puisqu’il ne peut échapper à ses prédateurs. L’ablation des griffes est couramment pratiquée aux États-Unis et au Canada. Cette opération est en revanche interdite dans 29 pays, principalement européens[51]. D’autres techniques d'onyxectomie, moins douloureuses pour le chat, existent, comme la tendinectomie ou la brûlure des nerfs au laser.
129
+
130
+ Lors de leur toilette (un quart de leur journée est consacrée à cette activité alors que le chat dort en moyenne 14 heures par jour[52]), ils avalent de nombreux poils morts qui s’accumulent dans l’estomac, formant des boules de poils, appelées trichobézoards. Cela perturbe leur transit intestinal et ils sont obligés de les régurgiter afin d’éviter une occlusion intestinale. Leur salive contient l’allergène qui provoque l’allergie aux poils de chat. C’est donc lors de sa toilette que le chat le dépose sur ses poils.
131
+
132
+ La langue des chats contient en moyenne 300 petites papilles cornées mesurant 2,3 mm. Elles sont creuses, ce qui assure la remontée de la salive par capillarité et leur permet de mouiller la base des poils de leur fourrure[52].
133
+
134
+ L’« allotoilettage » (action de se lécher mutuellement) est réservé aux chats qui se connaissent et s’apprécient. Ils se lèchent pour échanger leur odeur et déposent sur l’autre des phéromones apaisantes[36]. Quand ils s’entendent bien, les chats adultes dorment volontiers ensemble, serrés l’un contre l’autre comme lorsqu’ils étaient chatons. Un moyen de se procurer mutuellement chaleur et sécurité. En dormant ensemble, les chats échangent aussi leur odeur.
135
+
136
+ Le chat, à l’instar des félidés, a une technique de lapement différente des autres animaux. On pensait que les papilles cornifiées de sa langue lui servaient à retenir l’eau mais il en est tout autrement. Alors que l’homme boit par la technique de succion et que le chien, comme beaucoup d’autres vertébrés, plonge le museau et plie sa langue comme une cuillère, ce qui amène le liquide vers sa gueule, le chat plie la pointe de la langue vers le bas et vers sa face dorsale pour effleurer le liquide, puis la retire aussitôt, ce qui crée une colonne de liquide. Le chat, au moment où la gravité reprend le pas sur la force d’inertie et va faire retomber la colonne, referme sa mâchoire et aspire alors une partie de cette colonne[53]. Cette technique de lapement (en moyenne 4 lapées par seconde pour le chat, moins pour les félidés plus gros[A 8]) a été modélisée mathématiquement et reproduite par un robot (disque de verre rond remontant par un piston à la même vitesse que la langue féline, soit 1 m/s[54]). Une hypothèse expliquant cette technique sophistiquée met en cause la région extrêmement sensible du nez et des moustaches du chat, ce dernier lapant en cherchant à maintenir cette région la plus sèche possible[55].
137
+
138
+ Les chats, dans la nature, choisissent un coin de terre meuble pour y laisser leurs déjections. Ils les recouvrent ensuite de terre, en grattant cette dernière avec leurs pattes avant. L’odeur des selles déclenche le recouvrement ; cela permettait à l’état sauvage de ne pas faire repérer leurs odeurs par les prédateurs et de diminuer les risques d’infections parasitaires[56]. Elle est inculquée très tôt par la mère aux chatons, ce qui laisse à penser qu'elle n'est pas instinctive. Toutefois, les personnes[Qui ?] ayant eu à s’occuper de chatons orphelins ont l'heureuse surprise de voir ce comportement émerger de lui-même, pour autant que de la terre meuble soit disponible.
139
+
140
+ Le chat défèque une à deux fois par jour[56] et urine jusqu’à cinq fois par jour[57]. Il ne faut pas confondre le marquage urinaire, c’est-à-dire l’opération de marquage du territoire qui est un comportement, et la miction, où le chat « se soulage »[57] : dans le premier cas, le chat est debout, la queue levée et dos à l’élément qu’il compte marquer, dans le second cas, il adopte une position analogue à celle de la défécation. La défécation enfouie ne constitue probablement pas un signe du marquage du territoire chez le chat, au contraire des déjections situées bien en vue sur des lieux de passage des chats (en hauteur, par exemple sur une souche)[56].
141
+
142
+ Avec le vieillissement de l’animal, le volume d’urine peut croître à cause de fréquents problèmes bénins d’hyperthyroïdie[58].
143
+
144
+ Le chat est essentiellement carnivore. Son métabolisme a besoin de taurine présente dans la viande, qui est un dérivé d’acide aminé qu’il ne peut synthétiser en quantité suffisante. Une carence en taurine entraîne chez le chat des troubles oculaires, cardiaques, des déficits immunitaires et des problèmes de reproduction chez les femelles[59]. Deux stratégies de chasse peuvent être distinguées[60] : la stratégie mobile (ou chasse à l’approche), comportant une phase d’approche de la proie, suivie d’une phase d’attaque et la stratégie stationnaire (ou chasse à l’affût), qui comporte une phase attentive et immobile, suivie d’une phase d’attaque. Les méthodes de chasse utilisées ne semblent pas spécifiques à l’espèce chassée.
145
+
146
+ Pour tuer sa proie, le chat mord généralement à la nuque, en brisant ainsi la colonne vertébrale[60]. Les proies les plus courantes sont de petits rongeurs mais ils s’attaquent aussi aux lézards, aux petits oiseaux, aux insectes, aux lapereaux et parfois à des proies moins conventionnelles comme la grenouille, le hérisson ou l’écureuil. Opportuniste, le chat ne rechigne pas à s’attaquer aux déchets[60]. La chasse peut simplement se dérouler dans une optique de jeu. Chez le chaton, on observe des jeux de chasse comme chez les autres félins, avec un rôle social similaire.
147
+
148
+ Approche.
149
+
150
+ Chat ayant capturé un oiseau.
151
+
152
+ Chat tenant un rongeur dans sa gueule.
153
+
154
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
155
+
156
+ L’instinct de prédateur du chat se traduit par le fait que, même parfaitement « domestiqué », et bien nourri, il ne renonce pas pour autant à tuer des proies autour de lui.
157
+ C'est une espèce très adaptable, désormais présente dans tous les continents, sauf l'Antarctique, et sur 118 des 131 principaux archipels, même sur les plus isolés comme les îles Kerguelen[61],[62].
158
+ La capacité du chat domestique à prospérer dans presque tous les habitats terrestres constitue une menace pour la conservation de la biodiversité[63] et a conduit à son inscription dans la liste des cent pires espèces envahissantes du monde[64]
159
+
160
+ Un certain nombre d’études ont été faites pour mesurer l’impact de ce comportement, au Royaume-Uni et aux États-Unis :
161
+
162
+ On a remarqué que le problème vient du fait que cette prédation n’est pas naturelle, puisqu’elle dépend d’une population de chats anormalement importante, car son nombre est défini par l’homme, et non par les ressources naturelles[67]. Ceci se traduit en particulier par le fait que le chat entre en concurrence avec les prédateurs naturels de la région, dont la survie est ainsi rendue plus difficile. Mais il a aussi été rappelé que ces populations domestiques de chats existent depuis déjà des siècles, sans que les équilibres naturels en aient été profondément affectés, ni qu’on puisse leur attribuer la disparition de telle ou telle espèce d’oiseau. Le point crucial dépend donc de la densité de population humaine elle-même, ainsi que l’augmentation du nombre moyen de chats par foyer humain. L’étude menée par Peter B. Churcher et John H. Lawton eux-mêmes, si sérieusement qu’elle ait été conduite, porte sur un échantillonnage trop faible pour pouvoir être extrapolée au niveau d’un pays tout entier[68].
163
+
164
+ Reste le fait que le potentiel destructeur du chat domestique s’est révélé, lors de ces études, être beaucoup plus important que ce que l’on pensait jusqu’alors, s’agissant d’une population domestique sans réel besoin de trouver sa nourriture par elle-même.
165
+
166
+ S’il existe des chats redevenus sauvages dans de nombreux pays, c’est dans l’hémisphère sud, dans des pays comme l’Australie[69] ou la Nouvelle-Zélande — où les chats n’ont jamais été une population d’origine indigène — que ce problème présente le plus d’acuité. En effet, ces terres abritent des espèces, telles que le kakapo, particulièrement fragiles face à des carnivores mammifères placentaires importés, tels que les dingos ou les chats redevenus sauvages (« chat haret »). Ces chats ont eu des effets importants sur ces espèces animales, et ont joué un rôle majeur dans les risques d’extinction de plusieurs d’entre elles.
167
+
168
+ En Australie, de nombreuses espèces indigènes, des oiseaux, des lézards, de petits marsupiaux sont chaque année la proie de chats harets. Les chats, introduits en Australie au XVIIIe siècle par des colons britanniques, ont donné lieu à l’apparition d’une population sauvage, en particulier au XIXe siècle, où des chats domestiques ont été délibérément relâchés pour lutter contre la prolifération de souris et de lapins. Cette population redevenue sauvage est aujourd’hui très importante, puisqu’elle a été évaluée en 2004 à 18 millions de chats[70]. Des mesures d’éradication de ces chats, considérés comme envahissants, y sont d’ailleurs régulièrement menées par le gouvernement australien[69], sous le nom de Threat Abatement Plans (« Plans d’amoindrissement de la menace » sur la biodiversité). Ces plans identifient les espèces menacées par les chats (une trentaine d’espèces pour les seuls oiseaux, par exemple), ainsi que les actions à mener et les moyens à mettre en œuvre. Ils donnent lieu ensuite à une analyse des résultats obtenus.
169
+
170
+ Le problème écologique ainsi posé à l’Australie est extrêmement complexe, puisque la totale extermination des chats harets se traduirait aussitôt par la multiplication incontrôlée d’autres espèces envahissantes importées, comme les lapins et les rats[70]. C’est ce qui est arrivé par exemple dans l’île Macquarie, où l’éradication du chat s’est traduite par une explosion désastreuse du nombre de lapins[71]. En Nouvelle-Zélande, la menace est du même ordre, à la fois dans son origine (population de chats domestiques relâchés au XIXe siècle pour lutter contre la prolifération des lapins), et dans ses conséquences sur les espèces locales. Les chats harets sont par ailleurs soupçonnés de véhiculer la tuberculose, même s’il est loin d’être prouvé qu’ils puissent transmettre la maladie à d’autres espèces[72]. Il est permis en Nouvelle-Zélande de tirer sur les chats soupçonnés d’être des chats harets, ce qui amène à garder enfermés chez soi les chats domestiques lorsque des battues sont organisées.
171
+
172
+ Le développement des fonctions reproductrices du chat mâle commence vers trois mois avec l’augmentation de la production de testostérone. Vers six ou sept mois des épines apparaissent sur le pénis du chat[36]. À cet âge, il peut commencer à se reproduire et souvent, marque son territoire en émettant des jets d’urine très odorants.
173
+
174
+ La femelle devient pubère dès son premier œstrus (communément appelé « chaleurs ») qui survient en moyenne entre sept et dix mois[73]. Dès les premières chaleurs, qui durent de un à cinq jours[73], la chatte est capable de se reproduire. Elle connaît ensuite de nombreuses périodes de chaleurs, généralement situées du printemps à l’automne. Il est possible qu’une chatte soit de nouveau fécondée deux semaines après avoir mis bas[36].
175
+
176
+ Lorsque les mâles sont à même de pouvoir s’accoupler avec la femelle, encore faut-il que cette dernière les accepte. Lors de l’accouplement, qui dure entre 5 et 15 secondes[36], le mâle monte sur le dos de la femelle, ce qui accentue la courbure lombaire de sa partenaire (réflexe de lordose), lui mord la peau du cou et piétine la croupe pour améliorer la pénétration. Les petites épines présentes sur le pénis du mâle orientées vers l’arrière raclent les parois du vagin de la femelle. Cette stimulation du vagin est nécessaire pour déclencher l’ovulation chez la chatte[74]. À chaque pénétration, la chatte émettra un nouvel ovule, ce qui explique pourquoi les chatons d’une même portée peuvent être de pères différents[75].
177
+
178
+ Des hybridations sont possibles entre le chat domestique et le chat forestier (à ne pas confondre avec les chats harets), chat sauvage autochtone d'Europe[76],[77] protégé par la Convention de Berne et qui n'a jamais été domestiqué. On s’attend à ce que ce phénomène soit de plus en plus fréquent avec la fragmentation des forêts et une pénétration plus forte des chats domestiques, et il pourrait être une source de « pollution génétique[78] » et de propagation de zoonoses et de virus[79] ou autres pathogènes et parasites félins[77].
179
+
180
+ La gestation dure 63 à 65 jours et une portée compte en moyenne quatre à cinq chatons, le maximum étant de huit[73]. Le ventre de la chatte commence à gonfler vers quatre semaines de gestation. À environ 35 jours, les mamelles de la femelle grossissent et rosissent. À sept semaines, elle commencera à chercher un endroit calme et convenable pour mettre bas (voir photo ci-contre)[80].
181
+
182
+ Environ vingt minutes après ses contractions, la chatte met bas son premier chaton, puis, en général, les autres chatons arrivent toutes les quinze minutes. Les chatons arrivent dans une poche, la chatte lave immédiatement ses petits à coups de langue pour stimuler leur première inspiration. Ensuite, elle mange le placenta, qui est très nutritif, et coupe le cordon ombilical[80].
183
+
184
+ Lorsque les chats vivent en groupe, il y a une synchronisation de l’œstrus entre les femelles du groupe. Ceci favorise les naissances synchronisées et permet un élevage communautaire des jeunes. L’élevage communautaire est important car en cas de disparition d’une des mères, les chatons orphelins sont élevés par les autres femelles[35]. Notons que de nombreux cas ont montré que, chez le chat domestique, l’élevage des chatons orphelins peut être la tâche d’une chatte ou d’un chat stérilisé. La synchronisation de l’œstrus permet donc juste l’allaitement par des femelles elles-mêmes allaitantes. Selon N. Magno, psychologue et passionnée d’éthologie, le comportement maternel est indépendant des hormones ovariennes ; il peut être stimulé par une forte chute du niveau d’œstrogène et de progestérone, qui se produit après la stérilisation comme après la mise bas[81].
185
+
186
+ Le chaton naît aveugle (les yeux fermés) et sourd et pèse de 100 à 110 g[73] ; lorsqu’il ouvre les yeux, à l’âge de huit à douze jours, ils sont de couleur bleue jusqu’au changement définitif (vers deux mois)[82]. Tous les chatons naissent avec des rayures fantômes qui disparaissent peu à peu avec la pousse du poil[37]. La chatte apprend aux chatons à se laver, se nourrir, etc. À quatre semaines, elle leur apporte leur première proie vivante, puis à cinq semaines, elle leur apprend les rudiments de la chasse[37]. L’émancipation se produit entre huit et douze semaines, mais la séparation de la famille se déroule à l’âge de six à huit mois[73].
187
+
188
+ Chatte et sa portée.
189
+
190
+ Chaton âgé de trois heures.
191
+
192
+ Chaton âgé d’un mois.
193
+
194
+ Chaton âgé de six semaines.
195
+
196
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
197
+
198
+ La stérilisation est une opération chirurgicale destinée à empêcher la reproduction de l’animal. Chez le mâle, elle est appelée castration et consiste en l’ablation des testicules. Chez la femelle, la stérilisation est effectuée par l’ablation des ovaires : l’ovariectomie. Les chats peuvent aussi être stérilisés par sectionnement du canal déférent chez le mâle, ou des trompes chez la femelle[83]. Outre l’arrêt de la reproduction (limitation de la taille de population), la stérilisation modifie le comportement et la physiologie de l’animal. Chez le mâle, une stérilisation précoce (avant la puberté) limite le comportement territorial et diminue la tendance au marquage (urine, griffades). Les chaleurs des femelles s’arrêtent. Les changements hormonaux accompagnant la stérilisation peuvent provoquer une prise de poids car les besoins énergétiques sont réduits[84]. Comme le chat est encore en pleine « adolescence », il faut limiter le développement des cellules graisseuses. Si le chat est trop nourri au regard de ses nouveaux besoins, leur nombre aura tendance à augmenter. C’est pourquoi il est fortement recommandé de surveiller le régime alimentaire du chat stérilisé (mâle ou femelle) pendant les trois mois qui suivent l’intervention. Ainsi, à l’âge adulte, les risques d’obésité deviendront minimes[85].
199
+
200
+ Pour les femelles, la prise de pilules ou de piqûres contraceptives, qui bloquent le cycle de reproduction et fait disparaître les chaleurs, sont parfois utilisées comme une alternative à la stérilisation chirurgicale. Les injections, quant à elles, permettent de stériliser provisoirement une femelle sur de plus longues périodes. En général, leurs effets s’étalent sur trois mois lors de la première injection, puis sur cinq mois si l’on poursuit régulièrement le même traitement. Étant incompatibles avec un état de gestation, elles doivent être administrées de préférence en dehors des périodes de chaleurs, sous peine de risques d’infections. Ces méthodes de contraception sont soupçonnées d’avoir des effets secondaires comportementaux et cancérigènes[86].
201
+
202
+ Le chat domestique a une longévité atteignant régulièrement 12 à 18 ans[73]. Creme Puff (3 août 1967 au 6 août 2005), qui mourut à l’âge de 38 ans et 3 jours, est le plus vieux chat jamais enregistré, selon l’édition 2007 du livre Guinness des records ; il vivait avec son propriétaire, Jake Perry, à Austin, Texas, États-Unis[87]. Le précédent record était antérieurement détenu par Puss, chat tigré britannique mort en 1939 à l’âge de 36 ans[18].
203
+
204
+ Le chat peut être sujet à de nombreux parasites.
205
+
206
+ Des ectoparasites, comme à d’autres carnivores, peuvent leur transmettre un petit ténia (Dipylidium caninum)[88] ; en particulier, Ctenocephalides felis, une puce plus spécifique aux félidés. Le chat peut également être touché par d’autres espèces de puces.
207
+
208
+ Felicola subrostratus est une espèce de pou spécifique infectant principalement les animaux âgés.
209
+
210
+ Quelques espèces de tiques peuvent infecter les chats bien qu'ils soient plus rarement touchés que les hommes ou les chiens.
211
+
212
+ Les parasites internes sont moins spécifiques. Concernant les parasites intestinaux, les chats comme les chiens peuvent être affectés par des vers plats, dits cestodes (comme les ténias), ou des vers ronds, dits nématodes, principalement les ankylostomes et les ascaris, les trichuris affectant les chiens mais non les chats[89].
213
+
214
+ D’autres parasites sont mieux connus du public par les maladies qu’ils causent comme la toxoplasmose et la giardose (causées par des protozoaires), la gale auriculaire (due à un acarien), la dirofilariose (dit « ver du cœur »), l'ankylostomose (causées par des nématodes), la douve du foie (causée par des vers plats).
215
+
216
+ Les maladies propres au chat sont courantes chez les individus vivant à l’extérieur. Le risque qu’ils les contractent peut être minimisé de manière très importante en procédant à leur vaccination, à leur stérilisation et en restreignant leurs accès à l’extérieur. Certaines maladies du chat sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles à l’homme.
217
+ En dehors des maladies infectieuses, parasitaires et virales, le chat peut être sujet à diverses maladies dues à son alimentation (allergie, diabète sucré, obésité…), à des blessures, à des maladies génétiques, etc. Certaines pathologies peuvent être plus ou moins fréquentes selon les races : par exemple, environ 40 % des persans et exotiques à poils courts sont sujets à la polykystose rénale[90], et l’abyssin est fréquemment atteint d’amyloïdose rénale[91].
218
+
219
+ Parmi celles-ci, les plus connues sont la rage, la tuberculose, la toxoplasmose, la lymphoréticulose, la pasteurellose et la yersiniose[92].
220
+ On peut également citer les salmonelloses, la brucellose, certaines encephalopathies et certaines hépatites virales.
221
+ À l'occasion de morsures ou de griffures, certaines maladies très sévères peuvent survenir, via transmission de germes.
222
+
223
+ Comme tous les carnivores domestiques de compagnie le chat doit posséder un passeport européen pour voyager[93] et pour cela être vacciné, examiné et identifié. Les animaux de compagnie, et notamment les chats, ne peuvent être vendus à des mineurs de moins de 16 ans, sauf avec l’accord exprès du responsable parental[94].
224
+
225
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
226
+
227
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
228
+
229
+ Divagations de l’animal :
230
+ « Est considéré comme en état de divagation tout chat non identifié trouvé à plus de deux cents mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de mille mètres du domicile de son maître et qui n’est pas sous la surveillance immédiate de celui-ci, ainsi que tout chat dont le propriétaire n’est pas connu et qui est saisi sur la voie publique ou sur la propriété d’autrui[98] ». Il peut alors être capturé et conduit en fourrière[99] pour être placé ou euthanasié à moins d’être réclamé et identifié par son propriétaire dans les huit jours qui suivent[100].
231
+
232
+ En Suisse, le propriétaire d’un chat domestique doit faire en sorte que son animal ait des contacts quotidiens avec des êtres humains ou un contact visuel avec des congénères. Les chats domestiques ne peuvent être détenus en enclos que pour des durées passagères et doivent pouvoir en sortir au moins cinq jours par semaine ; de plus, les dimensions de cet enclos sont réglementées[101].
233
+
234
+ Il est recommandé que le chat soit également vacciné contre le typhus, le coryza et la leucose féline, et qu’il ait été régulièrement vermifugé depuis l’âge de trois à quatre semaines.
235
+
236
+ Sa première description par Carl von Linné en 1758 est en tant qu’espèce Felis catus dans la trentième édition de Systema naturae[A 9]. Le chat domestique a pris tantôt le statut d’espèce, tantôt celui de sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) et de nombreux synonymes de l’un ou l’autre des termes ont existé. Le Chat sauvage (Felis silvestris) a ainsi parfois été considéré comme une sous-espèce de Felis catus étant donné l'antériorité du nom de Linné[102]. Mais en 2003, La Commission internationale de nomenclature zoologique a fixé le nom du Chat sauvage à Felis silvestris[103]. Une population de la Transcaucasie a été nommée Felis daemon (Satunin 1904) mais elle est aujourd’hui considérée comme appartenant au Chat domestique[104].
237
+ Des études génétiques récentes montrent que le Chat domestique est bien une sous-espèce de Felis silvestris issu du Chat sauvage d'Afrique, mais une convention de l'ICZN authorise l'utilisation du premier synonyme senior proposé (Felis Catus) pour les animaux domestiques[103].
238
+
239
+ La lignée du genre Felis diverge de celle des genres Otocolobus et Prionailurus il y a environ 6,2 millions d’années. L'ancêtre commun du genre Felis date d'il y a environ 3,4 millions d’années. Ces petits félins s’adaptèrent a un habitat varié, se répandant sur toute la surface du globe (excepté l’Australie, où le chat domestique fut introduit par les colons : chats harets). Le chat, au sens plus courant, est typiquement devenu le Felis silvestris (Chat sauvage commun), dont on distingue le Felis silvestris silvestris (Chat européen), le Felis silvestris libyca (Chat sauvage africain) et le Felis margarita (Chat des sables). Il est impossible d’établir précisément le moment où le chat, ou du moins l’un de ces félins, a été domestiqué, alors même que sa classification en espèces et sous-espèces reste controversée, et compliquée par la domestication et le marronnage. La domestication par l’homme notamment du Felis silvestris silvestris (Chat domestique (Felis silvestris forma catus) encore appelé Chat de maison, Chat de gouttière) fut probablement tardive, vu son comportement indépendant, du moins n’apparaît-il jamais dans les peintures préhistoriques.
240
+
241
+ En 2006, des travaux effectués sur les chromosomes sexuels et l’ADN mitochondrial de toutes les espèces de félins, conjugués à des recherches paléontologiques, ont révélé que l'ancêtre commun du genre Felis vivait il y a 3,4 millions d’années, au Pliocène, dans les déserts et les forêts denses du bassin méditerranéen[105]. Une autre étude moléculaire menée sur 979 individus (chats des sables, chats sauvages de différentes sous-espèces et chat domestique) en 2007 a permis de montrer les liens proches entre le chat domestique et le chat ganté (Felis silvestris lybica), une sous-espèce qui aurait divergé il y a environ 130 000 ans[1].
242
+
243
+ Felis silvestris silvestris - Chat sauvage d’Europe
244
+
245
+ Felis silvestris cafra - Chat sauvage sub-saharien
246
+
247
+ Felis silvestris ornata - Chat orné
248
+
249
+ Felis silvestris bieti - Chat de Biet
250
+
251
+ Felis silvestris lybica - Chat ganté
252
+
253
+ Felis silvestris catus - Chat domestique
254
+
255
+ Les premières découvertes paléontologiques situaient les premiers foyers de domestication du chat en Égypte, vers 2000 av. J.-C., mais la découverte en 2004, par une équipe d’archéo-zoologie des restes d’un chat aux côtés de ceux d’un enfant dans une sépulture à Chypre repousse le début de cette relation entre 9000 et 7500 av. J.-C. Le chat découvert présente une morphologie très proche du chat sauvage d’Afrique, sans les modifications du squelette dues à la domestication : il s’agissait d’un chat apprivoisé plutôt que domestiqué. La cohabitation des chats et des hommes est probablement arrivée avec le début de l’agriculture : le stockage du grain a attiré les souris et les rats, qui ont attiré les chats, leurs prédateurs naturels[106],[107].
256
+
257
+ L’étude menée par Carlos Driscoll sur 979 chats a permis de déterminer l’origine probable du chat domestique : c’est dans le Croissant fertile que félins et hommes auraient noué contact. Cinq domestications différentes du Chat ganté eurent lieu, il y a 8 000 à 10 000 ans[105]. Le chat domestique n’est pas la seule espèce parmi les Felinae utilisée comme animal de compagnie, le Chat ganté[108] et le Jaguarondi[109] sont ou ont été apprivoisés eux aussi pour chasser les souris et les rats.
258
+
259
+ Une étude effectuée en 2017 par deux chercheurs de l'institut Jacques-Monod et publiée par la revue Nature Ecology and Evolution confirme l'ascendance lybica et le rôle de l'apparition de l'agriculture dans la domestication du chat[110],[111].
260
+
261
+ L’évolution des chats domestiques dirigée par l’homme, en tant qu’animaux de compagnie, auxiliaires utiles, puis aujourd’hui sélection de Pedigrees, a conduit à une cinquantaine de races. L’évolution a croisé d’autres voies non naturelles, comme pour le chat Bengal (croisé d’un chat commun avec le chat léopard du Bengale, Prionailurus bengalensis), ou naturelles pour des chats d’autres genres que Felis (Chat de Temminck, Catopuma temminckii ; Chat à tête plate, Prionailurus planiceps).
262
+
263
+ Les Égyptiens de l’Antiquité divinisent le chat sous les traits de la déesse protectrice Bastet, symbole de la fécondité et de l’amour maternel, dont le culte se situe principalement dans la ville de Bubastis. Les archéologues ont découvert de très nombreuses momies de chats qui montrent à quel point les Égyptiens les vénèrent ; on peut voir ces momies, entre autres, à Paris (musée du Louvre), à Londres (British Museum) ou au Caire (Musée égyptien du Caire)[112].
264
+
265
+ En guise d’animaux chasseurs de rongeurs, la Grèce antique ne connaît longtemps que les mustélidés (furets et belettes). Ce sont les Phéniciens qui volent aux Égyptiens quelques couples de leur animal sacré pour les revendre aux Grecs. Aristophane cite même la présence d’un marché aux chats à Athènes[112],[A 10].
266
+
267
+ Les Romains, en revanche, vouent une passion aux gros animaux agressifs, et plus tardivement au chat : d’abord réservé aux classes aisées, l’usage de posséder un chat se répand dans tout l’Empire et dans toutes les couches de la population, défendant les récoltes et les greniers contre la menace des rongeurs habituels, et assurant la dispersion de l’animal dans toute l’Europe[112]. Mais ces mêmes Romains, afin d'éviter que la zoolâtrie égyptienne ne gagne les terres de l’Empire, donnent au chat une réputation sulfureuse en l'associant à la luxure, comme en attestent les graffiti obscènes de lupanars de Pompéi qui accolent le nom de « chatte » (felis, plus tard catta, d'où le glissement pour désigner le sexe féminin) ou de « petite chatte » (felicula) à celui d'une prostituée[113].
268
+
269
+ En principe, l’image du chat est positive dans l’islam en raison de l’affection qu’éprouve Mahomet, sauvé de la morsure d’un serpent par un chat[114]. À l’inverse, le chat est satanisé dans l’Europe chrétienne durant la majeure partie du Moyen Âge, manifestement en raison de son adoration passée de la part des païens et surtout de la réflexion de la lumière dans ses yeux, qui passe pour être les flammes de l’Enfer. Dans la symbolique médiévale, le chat est associé à la malchance et au mal, d’autant plus quand il est noir, ainsi qu’à la sournoiserie et à la féminité. C’est un animal du diable et des sorcières[115]. On lui attribue des pouvoirs surnaturels, dont la faculté de posséder neuf vies[112],[A 11]. Dans certaines régions françaises, la légende attribue au matagot, un chat noir diabolique, la possibilité de rendre riche son maître en lui rapportant chaque nuit des pièces d'or[116].
270
+
271
+ Toutefois le chat est un animal courant et banal[117] tout au long du Moyen Âge et on lui reconnaît un rôle prophylactique[118]. Sa fourrure est couramment un objet de commerce[119].
272
+
273
+ Cependant, la Renaissance marque un certain retour en grâce du chat, principalement en raison de son action préventive contre les rongeurs, dévoreurs de récolte. Les Grandes découvertes et la mise au jour d’espèces exotiques jouèrent également un rôle certain. L’empereur Charles Quint emporte ainsi avec lui lors de sa retraite au monastère de Yuste deux petits chats brésiliens qui lui ont été offerts par sa sœur Catherine de Portugal[120].
274
+
275
+ Une première tentative de réhabilitation est la célèbre Histoire des Chats : dissertation sur la prééminence des chats dans la société, sur les autres animaux d’Égypte, sur les distinctions et privilèges dont ils ont joui personnellement (1727) de François-Augustin de Paradis de Moncrif. L'auteur y prend la défense du chat à travers des références historiques, notamment à l’ancienne Égypte, qui se veulent érudites et constituent en réalité un pastiche de la pédanterie[121].
276
+
277
+ Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi son rôle de prédateur pour devenir progressivement un animal de compagnie[122]. Malgré de nobles exceptions comme les chartreux de Richelieu ou le persan blanc de Louis XV, le chat ne connaît son véritable retour en grâce qu’à la faveur du romantisme : il devient l’animal romantique par excellence, mystérieux et indépendant ; le chat noir devient quant à lui un des symboles récurrents du romantisme noir à la même période[123]. Toujours au XIXe siècle, il se retrouve également symbole du mouvement anarchiste[A 12] (France), à travers son image poétique, autonome et gracieuse. Le XXe siècle, quant à lui, garde cette vision romantique tout en s’intéressant au chat d’une manière plus scientifique.
278
+
279
+ Selon des études datant de 2008 en France, le chat en tant qu'animal de compagnie connaît un fort essor : alors que la population de chiens baisse de 3,3 % entre 2006 et 2008 pour arriver à 7 800 000 représentants, le nombre de chats augmente de 6,5 % dans ce même laps de temps, pour atteindre 10 700 000 animaux en 2008[124]. En 2008, les trois races de chats préférées des Français sont le siamois, le persan et le chartreux[124].
280
+
281
+ La population française de chats issus de croisement augmente sensiblement entre 2006 et 2008 : de 54,1 % à 63,4 %, tandis que les chats de gouttière progressent également[124]. 4,2 % des chats sont déclarés comme étant de pure race par leurs maîtres, toujours en 2008, dont 1,9 % avec pedigree[124].
282
+
283
+ Si la tendance est à l'augmentation du nombre de chats et à la baisse du nombre de chiens, la proportion du nombre de foyers possédant l'un ou l'autre augmente dans les deux cas : en 2006, 24,1 % des foyers possèdent au moins un chien, pour 25 % en 2008[124]. De même, pour les chats, 25,9 % des foyers en possèdent au moins un en 2006, pour 27 % en 2008[124].
284
+
285
+ Un des principaux inconvénients de posséder un chat aujourd’hui est le besoin de le stériliser : en effet, en 2008, seuls 29,8 % des chiens sont stérilisés en France, contre 72,2 % chez les chats, même si le taux du premier augmente maintenant plus rapidement[124].
286
+
287
+ Au contraire du chien ou du cheval, célèbres par leurs actes, le chat est surtout connu comme l’animal de compagnie de personnages célèbres. Tels les chats tueurs de souris de la résidence du premier ministre du Royaume-Uni ou les chats des écrivains (« Hodge », le chat de Samuel Johnson, encore « Kiki la Doucette », « Toune » et « Minionne » de Colette, ou « Bébert », de Louis-Ferdinand Céline), la célébrité d’un chat s’acquiert par la notoriété de son maître.
288
+
289
+ Cependant quelques chats se signalent par leur comportement, comme Oscar, qui détecterait la mort imminente des patients d’une unité hospitalière de Rhode Island, encore Orangey, le chat acteur, ou le chat à l'origine du nom de la rue du Chat-qui-Pêche, à Paris.
290
+
291
+ Au Japon, le chat est un porte-bonheur au travers des Maneki-Neko, ces talismans représentants un chat avec la patte derrière l’oreille. Diverses légendes attribuent aux chats le pouvoir de prédire le temps qu’il fera : en Thaïlande, la bienveillance du dieu Indra est demandée au travers d’un rituel consistant à asperger d’eau un chat dans une cage, promenée autour du village[125]. Les chats pourraient aussi prévoir les séismes. On lui associe aussi le chiffre neuf : les sorcières pouvaient se changer en chat neuf fois, le chat aurait neuf vies[125] et pourrait avoir neuf propriétaires différents, le dernier étant emporté en enfer[126] ; enfin, citons ce fouet de marine : le chat à neuf queues.
292
+
293
+ En Europe, le chat est le représentant du diable au Moyen Âge, ou est offert par celui-ci pour enrichir son propriétaire, comme la légende provençale des matagots qui ramènent une pièce d’or chaque matin[127]. Le chat amène aussi les sorcières au sabbat sur leur dos ; celles-ci peuvent aussi se jucher sur des chars tirés par des chats[127], de la même manière que la déesse Freya. De nombreux sorciers prennent la forme de chat durant leur réunion : c’est ce que reconnurent les sorciers du Vernon lors de leur procès en 1566[128].
294
+
295
+ Le chat noir est particulièrement sujet aux superstitions et croyances. En France, le noir et le rouge représentent les couleurs du diable ; aussi les chats noirs étaient-ils souvent rejetés de peur qu’ils n’attirent le malheur. Au contraire, au Royaume-Uni, croiser un chat noir porte bonheur[125].
296
+
297
+ En Europe, le chat a mis longtemps à conquérir sa place dans le monde artistique. À partir du XVIIe siècle, il apparaît de-ci de-là dans la peinture française, flamande, anglaise ou italienne, mais le plus souvent comme un élément du décor et généralement dans une scène de cuisine où il joue le rôle d’un voleur de nourriture. Le tableau le plus célèbre, en ce sens, est sans doute La Raie de Chardin, avec le chat arc-bouté sur la table. Il faudra attendre des œuvres comme La Fillette au chat, La Petite Fille au chat ou le Portrait de Magdaleine Pinceloup de La Grange, de Jean-Baptiste Perronneau[A 13], pour qu’il figure au premier plan d’un tableau, ne serait-ce qu’en tant que sujet secondaire.
298
+
299
+ Cependant, ce sont les XIXe et XXe siècles qui l’ont consacré, avec des sculpteurs tels que Antoine-Louis Barye ou Diego Giacometti. Dans le domaine pictural, des artistes comme Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Franz Marc, Raoul Dufy, Théophile Steinlen, Paul Klee, Balthus ou encore l’humoriste Albert Dubout – sans oublier Jacques Faizant, pour le chat noir et blanc qui accompagnait les « vieilles dames » du Figaro et de Paris Match – l’ont représenté par la peinture sur toile, le dessin, le pastel, la gravure, la lithographie ou encore l’estampe. Léon Huber a bâti sa notoriété en figurant des chats. Son nom est oublié du grand public. Les reproductions de ses œuvres continuent à avoir du succès auprès des amis des chats[130].
300
+
301
+ Le peintre anglais Louis Wain s’est quant à lui spécialisé dans la représentation des chats, de manières différentes au long de sa carrière : au début de celle-ci, les chats étaient, à la manière des écrits de Jean de La Fontaine, représentés avec des comportements humains. Wain s’est ensuite intéressé au chat en lui-même par des portraits, qui sont devenus de plus en plus abstraits, au fur et à mesure que la schizophrénie de l’artiste s’aggravait.
302
+
303
+ Dans l’art japonais, des artistes comme Hokusai et Hiroshige ont mis en scène des chats. Avant eux, un artiste comme Kaigetsudo Anchi en fait apparaître un, tenu en laisse par une élégante courtisane, dans une célèbre estampe conservée au musée national des Arts asiatiques-Guimet et publiée aux alentours de 1715[131].
304
+
305
+ L’apparition du chat dans la littérature fut d’abord discrète. Peu aimé au Moyen Âge, où on ne lui confère guère que l’utilité de chasser les souris, les écrits le concernant reflètent les idées de l’époque. Au IXe siècle, Hildegarde de Bingen, dans son Livre des subtilités des créatures divines lui consacre un paragraphe bref et peu élogieux : « Au plus fort des mois d’été, […] le chat demeure sec et froid. Le chat ne reste pas volontiers avec l’homme, excepté celui qui le nourrit[132]. » Le célèbre Roman de Renart a laissé l’image de Tibert le chat, tout aussi rusé et hypocrite que Renart, mais aimé par Noble, le lion[132].
306
+
307
+ Le chat est peu à peu « réhabilité » durant la Renaissance et de nombreux écrivains et poètes tels Pétrarque, mort la tête posée sur son chat, ou encore Joachim du Bellay améliorent la réputation du chasseur de souris. Au XIXe siècle, les auteurs romantiques portent une grande affection au félin : en 1869 paraît Les Chats[A 14] de Champfleury réunissant la somme des connaissances de l’époque sur le chat, et qui révèle la place privilégiée du chat dans les milieux intellectuels[133]. Depuis le début du XXe siècle, les œuvres littéraires ayant pour héros principal ou secondaire le chat se sont multipliées. De nombreux auteurs, notamment Colette, ont mis en exergue leur(s) chat(s).
308
+
309
+ Dans les fables, le chat garde une image d’animal malin mais profiteur. Raminagrobis[A 15] est un chat gras et bien nourri que l’on trouve dans les Fables de La Fontaine, tout comme Rodilardus ou Rodilard[A 16], repris par Rabelais. Le chat est souvent mis en scène avec des souris ou des rats, dont il est le chasseur. Son comportement profiteur et sa malice sont mises en valeur par des compères aussi rusés que lui, comme le singe ou le renard[A 17].
310
+
311
+ S’agissant de la poésie lyrique, le chat fait son entrée réelle comme objet littéraire à l’aube du XIXe siècle, d’abord chez les romantiques (notamment Victor Hugo), puis chez les parnassiens (Théodore de Banville) et les symbolistes (Baudelaire, Verlaine, Emmanuel-Henri Gaudicour), pour aboutir aux prémices de la modernité avec des poètes tels qu’Anna de Noailles ou Apollinaire.
312
+
313
+ Dans les contes, le chat a une image plus mystérieuse. Ainsi, dans Les Contes du chat perché de Marcel Aymé, Alphonse dans le conte intitulé La patte du chat, peut faire pleuvoir en passant sa patte derrière l’oreille. Dans Alice au pays des merveilles, le chat du Cheshire apparait et disparait par morceaux mystérieusement, en laissant flotter son sourire. Quant au chat botté, il est l’héritage bienheureux que lègue le meunier à son troisième fils et qui rend son maître riche par la ruse[A 18]. On retrouve ce même personnage au côté de la Chatte Blanche dans l'acte III du ballet La Belle au bois dormant, Chatte Blanche qui dans le conte du même nom est en réalité une princesse prisonnière de sa forme animale.
314
+
315
+ Dans les romans et nouvelles, le chat garde souvent son aspect mystérieux, inspirant des écrits fantastiques comme Le Chat noir d’Edgar Allan Poe où deux chats noirs précipitent la folie du personnage principal. Le chat peut aussi être le témoin de la vie des hommes : dans le classique japonais Je suis un chat de Sōseki Natsume, un chat dépeint la société japonaise de l’ère Meiji et dans Les Sept Vies des chats d'Athènes de Tákis Theodorópoulos, la société grecque du début des années 2000 est montrée. D’une autre manière, des sociétés félines, uniquement composées de chats, apparaissent comme La Cité des chats de Lao She ou la série de romans pour la jeunesse La Guerre des clans.
316
+
317
+ Le chat peut aussi être détective comme Kao K’o Kung et Yom-Yom, deux chats siamois mis en scène dans une série de romans de Lilian Jackson Braun ou encore Francis, le chat détective de Akif Pirinçci, dont la série de romans Félidés, Chien méchant, Francis et les chats sauvages aborde des problèmes philosophiques ou éthiques.
318
+
319
+ Dans les univers médiévaux-fantastiques, on trouve parfois des races hybrides dont les caractéristiques sont à la fois humaines et félines. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les mangas, anime et autres jeux vidéo japonais, qui comportent assez souvent un personnage de jeune fille-chat, la nekomimi ou nekomusume.
320
+
321
+ Les chats sont bien représentés dans la bande dessinée. Personnages principaux d’aventures comiques comme Garfield, Le Chat de Geluck , Simon's Cat ou encore Krazy Kat, les chats peuvent aussi conter leur histoire comme Le Chat du rabbin[134]. Souvent accompagnés d’un compère antagoniste pour faire rire, tels Sylvestre de Titi et Grosminet, Tom de Tom et Jerry ou Hercule de Pif et Hercule, les chats sont aussi des personnages secondaires récurrents comme les chats Artémis, Luna et Diana dans le manga Sailor Moon ou encore Azraël compagnon de Gargamel dans Les Schtroumpfs de Peyo. Le personnage du détective Blacksad, de la série éponyme, est un chat anthropomorphe.
322
+ Art Spiegelman transpose le récit autobiographique de son père dans un univers animalier, où les nazis sont représentés par des chats et les Juifs par des souris (Maus en allemand).
323
+
324
+ Les chats sont régulièrement les protagonistes de films.
325
+
326
+ Les films en prises de vue réelles donnent très tôt le rôle principal aux chats avec le court-métrage américain Boxing Cats réalisé par William Kennedy Laurie Dickson en 1894 et, en France, Le Déjeuner du chat de Louis Lumière en 1897[135]. Plusieurs films forment américains des parodies subtiles ou grand-guignolesques de films d'espionnage ou de films policiers : L'Espion aux pattes de velours (Robert Stevenson, 1965)[136], Ace Ventura, détective chiens et chats (Tom Shadyac, 1994), Comme chiens et chats (Lawrence Guterman, 2001)[135]. Les chats donnent également lieu à des films de science-fiction : dans Le Chat qui vient de l'espace de Norman Tokar, en 1978, l'arrivée sur Terre d'un chat extra-terrestre révèle la convoitise des militaires. Ma vie de chat (Barry Sonnenfeld, 2016) imagine l'esprit d'un homme prisonnier du corps d'un chat. L'animal apparaît aussi en tant que créature de films d'horreur, comme dans les adaptations du roman Simetierre de Stephen King en 1989 puis en 2019, qui mettent en scène un chat mort-vivant maléfique[137],[135]. La comédie dramatique L'Incroyable Voyage, adaptée du roman éponyme, imagine en 1993 les aventures d'une chatte et de deux chiens qui entreprennent une longue route pour rentrer chez leurs maîtres[135].
327
+
328
+ De nombreux films d'animation mettent en scène des chats. Les Aristochats des studios Disney, sorti en 1970, montre un miroir des relations entre des milieux sociaux différents par la rencontre entre un groupe de chats vivant dans une famille riche et un chat vagabond. Autre dessin animé des studios Disney moins connu, Oliver et compagnie, sorti en 1988, est une adaptation libre du roman Oliver Twist de Dickens. Dans l'intervalle, en 1972, Ralph Bakshi a subverti la figure du chat en animation avec Fritz le chat[135], film d'animation pour adultes qui évoque plusieurs problèmes de société aux États-Unis et contient assez d'éléments sexuels pour devenir le premier film d'animation classé X. Quelque temps après, les chats investissent le genre de la fantasy à la faveur du film Shrek 2 des studios Dreamworks, où apparaît le Chat potté, parodie du personnage du conte du Chat botté. Le personnage a droit à son propre film, Le Chat potté, en 2011. Plusieurs longs-métrages adaptent des bandes dessinées (Garfield, Peter Hewitt, 2002 ; Catwoman de Pitof en 2004) ou portent sur le grand écran des personnages de séries télévisées (Tom et Jerry, le film, Phil Roman, 1992)[135].
329
+
330
+ En Europe, La Mouette et le Chat d'Enzo D'Alò adapte en 1998 l’Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepúlveda, conte pour la jeunesse dans lequel un chat se retrouve père adoptif d'un bébé mouette. Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux adapté en 2011 de la bande dessinée du même nomde Sfar, met en scène un chat parlant qui pose des questions audacieuses sur les religions. Inspiré du genre du roman policier, Macskafogó, film hongrois de Béla Ternovszky, sorti en 1986, en donne une parodie. Au contraire, Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (2010) met en scène un chat qui accompagne un cambrioleur dans ses maraudes nocturnes dans une intrigue qui prend au sérieux les codes du genre.
331
+
332
+ Le cinéma d'animation japonais donne une place notable aux chats. En 1985, Train de nuit dans la Voie lactée de Gisaburō Sugii adapte librement la nouvelle de Kenji Miyazawa en faisant de tous les personnages des chats. Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondo, produit par le studio Ghibli en 1995 d'après le manga d'Aoi Hiiragi, montre une jeune fille qui suit un chat dans les rues et découvre ainsi une mystérieuse boutique d'antiquités où l'attend une statuette en forme de chat anthropomorphe vêtu comme un dandy, le Baron, qui lui inspire des aventures oniriques. Une suite, Le Royaume des chats de Hiroyuki Morita, imagine en 2002 de nouvelles aventures du Baron dans un monde parallèle où vit le roi des chats. En 2012, Budori, l'étrange voyage, réalisé par Gisaburō Sugii d'après une nouvelle de Kenji Miyazawa, met en scène un monde merveilleux peuplé de chats. Le cinéma d'animation chinois laisse également une place aux chats avec Oscar et le monde des chats de Gary Wang (2018)[135].
333
+
334
+ Une des premières occurrences du chat en musique classique occidentale est d’Adriano Banchieri dans son Contrapunto bestiale ou Festin de Jeudi-Gras (1608)[139]. Par la suite, le félin a inspiré de nombreux compositeurs tels que Carlo Farina avec Capriccio stravagante, Il gatto en 1627 ou encore Hans Werner Henze, La Chatte anglaise[A 19]. Des airs d'opéra sont composés de miaulements, notamment L’Enfant et les Sortilèges selon un livret de Colette. Enfin, les chats furent les sujets principaux de la comédie musicale à succès Cats. Dans la chanson populaire (La mère Michel a perdu son chat) comme dans le rock (Le chat, de Téléphone), le chat est mis en scène ou porté aux nues : la chanson Delilah dans l’album Innuendo de Queen est par exemple un hommage au chat de Freddie Mercury.
335
+
336
+ Georges Brassens était un amoureux des chats, il en possédait neuf lorsqu’il vivait Impasse Florimont. Il leur dédia plusieurs vers dont ceux-ci dans sa chanson Le Testament : « Qu’il boive mon vin, qu’il aime ma femme, qu’il fume ma pipe et mon tabac / Mais que jamais, mort de mon âme, jamais il ne fouette mes chats / Quoique je n’ai pas un atome, une once de méchanceté / S’il fouette mes chats, y’a un fantôme qui viendra le persécuter. »
337
+
338
+ Le chat est au cœur de l'imaginaire du chat perché, jeu enfantin traditionnel où un enfant en poursuit d'autres comme un chat poursuit les souris.
339
+
340
+ Au moins deux jeux de rôles sur table proposent de jouer des chats. Le premier porte le titre de « Cat », de John Wick. Les chats y combattent les terribles boggins qui se nourrissent des rêves et des âmes des humains[140]. Sous-titré « A little game about little heroes » ce jeu en anglais propose de nombreuses informations véridiques sur les chats mais également un cadre de jeu sans fin puisqu'une partie des scénarios peut se dérouler dans le monde des rêves.
341
+
342
+ Malgré un titre anglophone, « Cats! The Masquerade » est un jeu de rôles français. Dans ce jeu, les chats constituent la première espèce intelligente apparue sur Terre, bien avant les humains qu’ils ont créé pour être leurs serviteurs. Malgré leurs immenses pouvoirs, les chats ont perdu leur prééminence et doivent désormais survivre dans un monde qui leur est hostile. « Cats » propose également de jouer un Bastet, un corps humain dans lequel est emprisonné l’esprit d’un chat[141].
343
+
344
+ D’autres jeux de rôles proposent de jouer des êtres mi-humain mi-chat, comme les félis dans Nightprowler[142], inspirés d’un article du magazine Casus Belli pour Donjons et Dragons.
345
+
346
+ L’ouvrage le plus célèbre sur le sujet : Le Mystère des chats peintres (1995) (Why cats paint)[143], de Burton Silver et Heather Buch, a connu une renommée internationale. Au départ conçu comme une vaste parodie critique de l’art contemporain (on y voit des photos de canapés éventrés et de souris mortes exhibées comme créations plastiques…), ce livre trop bien conçu est devenu référence en ce domaine. L’art félin est devenu un thème sérieux. Burton Silver est parodiste, caricaturiste et critique d’art ; Heather Buch, peintre et photographe. Why cats paint est le pendant de Why paint cats[144],[145] (Pourquoi peindre les chats), suivi quelques années plus tard par Danse avec les chats[146] (Dancing with cats) qui connut aussi un immense succès. Selon les éditeurs (quatrième de couverture) : « De plus en plus de personnes, dans le monde entier, se laissent séduire par cette extraordinaire méthode de canalisation de l’énergie féline… »
347
+
348
+ Le Musée du chat à Amsterdam, aux Pays-Bas, présente des dessins, peintures, gravures et autres œuvres dédiés à l'animal.
349
+
350
+ Les proverbes et idiotismes liés au chat se comptent par dizaines en langue française, soit qu’ils mettent en scène l’animal lui-même (qui court vite, dort beaucoup et chasse les souris) ou mette en avant une de ces caractéristiques (« Avoir des yeux de chat », par exemple), soit que le terme de « chat » désigne l’homme, qui s’identifie alors au félin. La plupart de ces dictons datent de plusieurs siècles ; certains remontent même au Moyen Âge.
351
+
352
+ La viande de chat est mangée dans certaines régions du monde comme le sud-est de la Chine[147], le Viêt Nam, le Lesotho… Ces traditions sont cependant contestées, par exemple dans certaines provinces de Chine où le mode de vie des habitants tend à se rapprocher de celui des pays occidentaux : les chats commençant à être considérés comme des animaux de compagnie, leur consommation devient un tabou alimentaire[148].
353
+
354
+ En France, aucune loi n'interdit de manger du chat[149].
355
+
356
+ Cette viande est interdite partout en Europe[150], sauf en Suisse[150],[151].
357
+
358
+ En Italie, chaque année, quelque 7 000 chats seraient consommés dans les régions du nord, bien que théoriquement interdite[150].
359
+
360
+ Dans certains pays, la fourrure du chat fait l’objet, comme celle du chien, d’une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent l’utilisation de la fourrure des chats[16]. Elle est désormais interdite d’importation et d’exportation en Europe depuis le 31 décembre 2008[152],[153].
361
+
362
+ Les mesures prises par l’Europe dans ce domaine visent à mettre fin — de façon identique dans toute l’Europe — aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l’étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d’autres désignations, par exemple en tant que fourrure synthétique). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l’élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[154].
363
+
364
+ Comme l’a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
365
+
366
+ « Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu’il est inacceptable d’élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L’interdiction à l’échelle communautaire que nous proposons aujourd’hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[154]. »
367
+
368
+ D’après les enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du Sud, les chiens et les chats feraient l’objet en Chine d’un commerce très important, dans des conditions particulièrement choquantes[155] :
369
+
370
+ La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l’importation dans la Communauté et l’exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l’étiquetage constatées de la part de certains pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[153] :
371
+
372
+ Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu’elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[A 20], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d’action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28 février 2006] »[153].
373
+
374
+ Le marché de l’alimentation des chiens et chats (qui constitue le plus gros marché lié aux animaux de compagnie) a représenté en 2003 un total de 35 milliards d’USD au niveau mondial[156], dont entre 25 % et 30 % pour les États-Unis à eux seuls. Parmi les fabricants et marques les plus connues, on compte Nestlé (Purina Beneful, Cat Chow, Dog Chow, Fancy Feast, Friskies, Tender Vittles), Masterfoods, filiale de Mars (Cesar, Pedigree, Royal Canin, Sheba, Whiskas), Procter & Gamble (Eukanuba, Iams), ou encore Colgate-Palmolive (Hill’s Science Diet)[156].
375
+
376
+ Le marché américain des aliments pour chats (environ un gros quart du total, puisqu’il était en 2002 de 4,20 milliards de USD, soit 52 % du marché des aliments pour chiens[157][réf. non conforme]) présente une forte segmentation : aliments secs, aliments en boîte, snacks pour chats, aliments semi-humides, boissons… Les aliments secs gagnent du terrain sur le marché des aliments pour chats[158]. En France, le marché des aliments pour chats est constitué pour 67 % d’aliments humides, secteur dominé par Nestlé-Purina et Masterfoods ; mais ce secteur s’effrite (avec en particulier l’effondrement des marques « bas de gamme » Ronron et Kitekat, de Masterfoods), et la part de marché des aliments secs pour chat (dominé par Nestlé-Purina avec Friskies et Purina one) tend à progresser[159]. Dans la mesure où un kilogramme d’aliment sec équivaut à 4 kg d’aliment humide, les fabricants d’aliments pour chats peinent à compenser la baisse des aliments humides. Le marché français des aliments pour chats a donc tendance à stagner, voire à baisser.
377
+
378
+ Ce marché, qui regroupe l’ensemble des dépenses non alimentaires (les plus importantes étant les dépenses de santé), comprend, pour les animaux de compagnie en général[160] :
379
+
380
+ Les chiffres disponibles[A 22] prennent en compte les différents marchés de façon globale, pour l’ensemble des animaux de compagnie. Dans la mesure où, aux États-Unis (le principal marché), 71 % des propriétaires de chats ou de chiens achètent pour eux des médicaments (ce qui limite un biais éventuel)[161], il n’est pas illégitime de penser que la part des dépenses pour les chats est assez symétrique des dépenses d’alimentation, soit entre un quart et un tiers du total (les dépenses de ce type se concentrant sur les chiens et chats). Les analystes s’accordent à considérer que le marché américain pour ces produits de santé pour les animaux de compagnie représentent environ 40 % du total mondial[162]. L’analyse du marché des États-Unis fournit donc une bonne base pour la compréhension du marché mondial.
381
+
382
+ Le marché des médicaments et soins pour les animaux de compagnie en général est encore peu important par rapport aux médicaments et aux soins destinés aux humains. Il est cependant très lucratif, car les propriétaires des animaux de compagnie n’hésitent pas à payer le prix fort pour soigner ceux-ci, qu’ils considèrent comme partie intégrante de leur famille.
383
+
384
+ En 2006, le marché aux États-Unis pour les médicaments, soins vétérinaires, produits et services autres que les seuls aliments s’est élevé à 18,5 milliards d’USD, et les attentes pour 2007 étaient une croissance de 6 % par rapport à ce chiffre[162], soit près de 20 milliards d’USD. Là dessus, les produits (hors soins et services) destinés à la santé des animaux de compagnie ont représenté environ 6,6 milliards d’USD de dépense globale, dont un tiers correspond aux produits contre les puces et les tiques. Le produit « vedette » est l’anti-parasite Frontline, de Merial (fipronil), qui a atteint en 2007 le statut de médicament blockbuster (« champion des ventes ») avec un chiffre d’affaires de plus de un milliard d’USD[161].
385
+
386
+ Pour l’année 2007, d’autres études évaluent le marché aux États-Unis des dépenses de santé pour animaux de compagnie au chiffre encore plus élevé de 25,3 milliards d’USD[161]. Outre les médicaments (qui incluent maintenant des anti-dépresseurs[163]), les animaux de compagnie bénéficient de soins vétérinaires.
387
+ La montée des dépenses pour les animaux de compagnie se traduit aussi par l’apparition de contrats d’assurance qui leur sont spécifiques. La Suède est très en pointe dans ce domaine, loin devant l’Angleterre ou les États-Unis, puisque, en 2005, 50 % des propriétaires suédois d’animaux de compagnie avaient une assurance pour eux, contre moins de 10 % aux États-Unis[164], représentant 0,7 milliard de dollars aux États-Unis en 2007[165]. En France, seuls 8 % des animaux de compagnie sont assurés[166].
388
+
389
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3342.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,156 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Artikel 1
4
+
5
+ L’allemand (en allemand : Deutsch), /ˈdɔʏtʃ/ Écouter) est l'une des langues indo-européennes appartenant à la branche occidentale des langues germaniques. Du fait de ses nombreux dialectes, l'allemand constitue dans une certaine mesure une langue-toit (Dachsprache).
6
+
7
+ Son histoire, en tant que langue distincte des autres langues germaniques occidentales, débute au haut Moyen Âge, lors de la seconde mutation consonantique.
8
+
9
+ Au XXIe siècle, ses locuteurs, appelés « germanophones », se répartissent principalement, avec près de 100 millions de locuteurs, en Europe, ce qui fait de leur langue la plus parlée au sein de l'Union européenne (UE).
10
+
11
+ Avec la première mutation consonantique (erste germanische Lautverschiebung) aux environs du Ve siècle av. J.-C., naissait le germanique commun à partir d'un dialecte indo-européen. Cette transformation explique des différences entre les langues germaniques (plus l'arménien) et les autres langues indo-européennes. On peut, pour simplifier, présenter les faits ainsi :
12
+
13
+ On commence à parler de langue allemande (ou, en linguistique « haut allemand ») lorsque les dialectes parlés dans le sud-ouest de l'Allemagne subirent la seconde mutation consonantique (zweite germanische Lautverschiebung ou hochdeutsche Lautverschiebung, que l'on situe autour du VIe siècle), période au cours de laquelle la langue commença à se différencier des dialectes du nord (Niederdeutsch, bas allemand).
14
+
15
+ Cette modification phonétique explique un certain nombre de différences entre l'allemand actuel et, par exemple, le néerlandais ou l'anglais[6]:
16
+
17
+ pour résumer, *k / *p / *t ➜ ch / pf (ou f) / ts (ou s)
18
+
19
+ Les dialectes du nord qui n'ont pas ou peu subi cette seconde mutation phonétique sont qualifiés de bas allemand. Cette appellation est jugée abusive par certains linguistes, notamment néerlandais (qui ne sont pas « allemands », du moins depuis les traités de Westphalie). Mais le terme « allemand » n'est ici qu'un terme linguistique, un peu comme « roman », « slave » ou « scandinave ».
20
+
21
+ Entre le Xe siècle et le XVe siècle eut lieu une diphtongaison dans les parlers du Sud-Ouest concernant l'articulation en deux phonèmes de ei, eu et au. Cela explique à nouveau certaines différences entre l'allemand standard et, par exemple, le néerlandais (les lettres dans les parenthèses expliquent la prononciation en utilisant la langue française):
22
+
23
+ Contrairement aux États voisins, les contrées germaniques sont restées morcelées (Kleinstaaterei) au cours de l'ensemble du Moyen Âge, ce qui contribua au développement de dialectes très différents et parfois mutuellement inintelligibles. Un premier pas vers une langue interrégionale correspond au Mittelhochdeutsch poétique des poètes de cour vers le XIIIe siècle, bien que l'influence sur la langue vulgaire fût quasiment nulle, en raison de la faible alphabétisation. Aussi les régions germaniques restèrent-elles longtemps coupées en deux régions linguistiques :
24
+
25
+ La période de « l'allemand moderne » « commence conventionnellement avec les écrits de Luther »[7].
26
+
27
+ Martin Luther traduisit la Bible en « allemand » à l'adresse de « tous les hommes », alle mannen (étymologie germano-latine du mot « allemand »[8]), c'est-à-dire à l'adresse des « Allemands », afin que le peuple des chrétiens « laïcs » ait accès aux textes religieux, réservés jusque là aux clercs. Il peut être considéré en ce sens, historiquement celui de la Réforme, comme le créateur de la langue allemande moderne. L'allemand moderne est de ce fait une langue écrite, le Schriftdeutsch (« allemand écrit ») : ce sera « la langue de Goethe » — selon l'expression consacrée, dans laquelle écriront en particulier les poètes (Dichter), écrivains et philosophes du « temps de Goethe » (ainsi qu'on désigne habituellement la large période littéraire du romantisme allemand qui s'étend de la fin du XVIIIe siècle au XIXe siècle).
28
+
29
+ Luther traduisit le Nouveau Testament en 1521 et l'Ancien Testament en 1534. Bien qu'il ne fût pas pionnier dans l'établissement d'une langue interrégionale — en élaboration depuis le XIVe siècle — il n'en reste pas moins qu'avec la Réforme protestante, il contribua à implanter l'allemand standard dans les administrations et les écoles, y compris dans le nord de l'Allemagne, qui finit par l'adopter. En 1578, Johannes Clajus se fonda sur la traduction de Luther pour rédiger une grammaire allemande[9].
30
+
31
+ Jusqu'au début du XIXe siècle, le Hochdeutsch resta une langue souvent écrite, que beaucoup d'Allemands, en particulier dans le sud, apprenaient à l'école un peu comme « une langue étrangère », à côté des dialectes demeurés vivaces jusqu'à aujourd'hui (notamment en Suisse alémanique).
32
+
33
+ Au milieu du XVIIIe siècle, concernant la diction, les Allemands conviennent que c'est à Dresde et surtout à Leipzig que l’on parle le mieux allemand. À l'inverse, la Westphalie et la Basse-Saxe sont les deux régions dans lesquelles on parle « le plus mauvais allemand »[10].
34
+
35
+ Avec la domination de l'Empire austro-hongrois en Europe centrale, l'allemand y devint la langue véhiculaire. En particulier, jusqu'au milieu du XIXe siècle, les marchands et, plus généralement, les citadins y parlaient l'allemand, indépendamment de leur nationalité : Prague, Budapest, Presbourg, Agram et Laibach constituaient des îlots germanophones au milieu des campagnes qui avaient conservé leur langue vernaculaire.
36
+
37
+ Johann Christoph Adelung publia en 1781 le premier dictionnaire allemand exhaustif, initiative suivie par Jacob et Wilhelm Grimm en 1852. Le dictionnaire des frères Grimm, publié en seize tomes entre 1852 et 1860, reste le guide le plus complet du vocabulaire allemand. La normalisation progressive de l'orthographe fut achevée grâce au Dictionnaire orthographique de la langue allemande de Konrad Duden en 1880, qui fut, à des modifications mineures près, déclaré comme référence officielle dans la réforme de l'orthographe de 1901.
38
+
39
+ Comme l'anglais, l'allemand fait partie des langues germaniques occidentales, proche, notamment, du néerlandais. Les autres branches sont la branche nord (dit scandinave) avec le suédois, le danois, le norvégien et l'islandais, et la branche est, éteinte aujourd'hui.
40
+
41
+ L'allemand s'écrit avec les 26 lettres de l'alphabet latin, trois voyelles surmontées d'un Umlaut (sorte de tréma) ä, ö et ü, et un symbole graphique spécial ß, Eszett ou scharfes S (ligature de S long et de « s » ou « z »), utilisé en lieu et place de ss dans certains cas (principalement après une voyelle longue ou une diphtongue). La Suisse n'utilise plus le ß depuis les années 1930. Jusque dans les années 1940, l'allemand était imprimé en écriture gothique (Fraktur) et écrit en sütterlin, qui sont différentes versions de l'alphabet latin.
42
+
43
+ L'orthographe allemande se déduit en général de la prononciation et d'un minimum de connaissances. Mais les fortes disparités régionales dans la prononciation peuvent rendre la tâche ardue. Les principales difficultés orthographiques de l'allemand résident dans :
44
+
45
+ Afin de supprimer une partie des difficultés décrites ci-dessus, les représentants allemands, suisses et autrichiens convinrent d'une réforme de l'orthographe. Elle est entrée en vigueur en 1998 en Allemagne et est devenue obligatoire à partir de la mi-2005. La dernière réforme datait de 1901 et portait entre autres sur la suppression du h dans Thor et sur l'ajout du e pour les voyelles longues et accentuées dans la conjugaison des verbes, par exemple kritisirt ➜ kritisiert).
46
+
47
+ Les principaux changements concernent :
48
+
49
+ Cette réforme rencontre une forte critique en Allemagne. Le Land de Schleswig-Holstein a voté le retour à l'orthographe traditionnelle en 1998 (décision annulée pourtant par le parlement régional) et certains journaux et éditeurs ont depuis décidé de revenir à la graphie conventionnelle.
50
+
51
+ Contrairement à des langues telles que l'anglais, l'allemand standard (Hochdeutsch) se prononce de manière assez conforme au texte écrit et contient très peu d'exceptions (les sons se prononcent souvent de la même façon), hormis pour les mots d'emprunt. Presque toutes les voyelles se prononcent clairement, voire longuement, même sans être suivies de lettre muette servant à insister sur la lettre précédente.
52
+
53
+ Toutefois, les francophones qui apprennent l'allemand rencontrent généralement quelques difficultés, listées ci-dessous.
54
+
55
+ Tous les sons n'y figurant pas se prononcent toujours de la même manière qu'en français (a, b, d, f, i, k, l, m, n, o, p, ph, q, r, t, x).
56
+
57
+ Lettres à Umlaut (le tréma français)
58
+
59
+ Les umlauts indiquent également l'accentuation. Ils marquent souvent le pluriel ou le diminutif (avec « -chen » et « -lein ») des mots.
60
+
61
+ Lorsque les Umlauts ne sont pas accessibles (clavier étranger, Internet…), ils sont représentés par « e » : ae pour ä, oe pour ö, ue pour ü.
62
+
63
+ En Alsace-Moselle, on remplace habituellement les umlauts : Koenigshoffen, Haut-Koenigsbourg, Hœnheim (dans ces exemples, c'est le ö qui est remplacé), ou encore "Schweighaeuser".
64
+
65
+ Il faut bien veiller à ne prononcer qu'un son et pas deux sons distincts pour les combinaisons de deux voyelles : par exemple, pour la combinaison [ei], il faudra prononcer ail (ou le [i] du mot anglais knife) et non le [aï] de na|ïf. Le son français [oi] en est l'exemple même : il ne se prononce pas directement [ou|a].
66
+
67
+ * [ɔi] est parfois retranscrit en [ɔy].
68
+
69
+ Notes :
70
+
71
+
72
+
73
+ L'allemand est une langue flexionnelle comportant des conjugaisons et des déclinaisons.
74
+
75
+ Le principe de la conjugaison allemande est assez proche du principe de la conjugaison française. Les différences notables sont :
76
+
77
+ En ce qui concerne la morphologie, les trois principaux types de verbes sont :
78
+
79
+ Parmi les verbes irréguliers se rangent également les auxiliaires de mode (können, pouvoir ; dürfen, avoir le droit ;, etc..), qui sont employés dans un nombre important de contextes différents.
80
+
81
+ La déclinaison allemande comporte quatre cas, le nominatif, l'accusatif, le datif et le génitif, auxquels se combinent trois genres grammaticaux, le masculin, le féminin et le neutre ainsi que deux nombres, le singulier et le pluriel.
82
+
83
+ Le porteur essentiel de la marque de déclinaison est le déterminant, secondé par l'adjectif épithète si le déterminant est absent ou bien sans désinence (marque de déclinaison).
84
+
85
+ Le nom porte également la marque de déclinaison au datif pluriel à tous les genres, au génitif singulier masculin ou neutre.
86
+
87
+ Les déclinaisons sont employées :
88
+
89
+ L'allemand a pour particularité syntaxique principale de placer des éléments importants, soit en première position dans la phrase, soit en dernière position. L'inversion du verbe et du sujet a lieu quand un complément vient en tête de phrase ;
90
+ « heute geht es ihm gut == aujourd'hui il va bien » ; le rejet est le renvoi du verbe en fin de phrase dans les subordonnées « …, wenn er Wein trinkt = lorsqu'il boit du vin »
91
+
92
+ Autre exemple :
93
+
94
+ Er nahm gestern trotz aller Schwierigkeiten diese Maschine in Betrieb.
95
+
96
+ Il a mis cette machine en service hier malgré toutes les difficultés.
97
+
98
+ Sont mis en valeur :
99
+
100
+ Avant l'action et l'objet sont énumérées les circonstances. L'ordre de la phrase peut être modifié pour insister sur un des éléments, que l'on place alors en tête de phrase :
101
+
102
+ Gestern nahm er trotz aller Schwierigkeiten diese Maschine in Betrieb.
103
+
104
+ C'est hier qu'il a mis cette machine en service malgré toutes les difficultés.
105
+
106
+ Trotz aller Schwierigkeiten nahm er gestern diese Maschine in Betrieb.
107
+
108
+ Malgré toutes les difficultés, il a mis cette machine en service hier.
109
+
110
+ Diese Maschine nahm er gestern trotz aller Schwierigkeiten in Betrieb.
111
+
112
+ C'est cette machine qu'il a mise en service hier malgré toutes les difficultés.
113
+
114
+ La langue allemande peut se passer d'article au génitif en juxtaposant deux éléments (déterminants + déterminé) — ou même beaucoup plus. L'allemand est même connu pour sa capacité à former des surcomposés de grande longueur que les Allemands eux-mêmes appellent par dérision Bandwürmer « vers solitaires »…
115
+
116
+ Exemples :
117
+
118
+ Certains des exemples ci-dessus sont fictifs (ils sont morphologiquement corrects, mais n'ont pas été employés de façon réelle). D'autre part, quand un surcomposé est très long ou peu courant, on peut le diviser par un trait d'union : Mehrjahres-Programmvereinbarungen, « conventions-programmes pluriannuelles ».
119
+
120
+ La composition à multiples éléments ne se limite pas au couple objet possédé-possesseur (du type Kapitänsmütze « casquette de capitaine ») mais aussi à toutes sortes de relations :
121
+
122
+ En français, la possession marquée par « de » a plusieurs sens qui se rendent en allemand de trois manières distinctes :
123
+
124
+ Il faut savoir avant tout qu'en allemand, le premier mot dans un composé est, comme l'adjectif qui précède le sujet, moins mis en avant que s'il est placé après le sujet.
125
+
126
+ Prenons le titre du 3e tome de la bande dessinée Broussaille, La Nuit du chat. Dans le titre (et dans l'histoire), l'élément (et le sujet) important est le chat, connu et recherché. C'est la nuit du chat, qui « appartient » au chat.
127
+ On va donc préférer la traduction Die Nacht der Katze (La nuit du chat) à Die Katzenacht (La nuit à chats). Dans cette dernière formulation, c'est l'élément nuit (Nacht) qui est visé.
128
+
129
+ Autre exemple plus rapproché de la syntaxe française : Dans « Nuits dans les jardins d'Espagne », la traduction correcte est Nächte in den Gärten von Spanien et non Nächte in den spanischen Gärten. La traduction de Nächte in den spanischen Gärten est « Nuits dans les jardins espagnols ».
130
+
131
+ La langue allemande (ainsi que le peuple) a la particularité d'avoir des appellations très différentes d'une langue à l'autre (par exemple German, Deutsch, alemán, német, etc.). En effet, six racines différentes entrent en jeu :
132
+
133
+ En hébreu classique, les pays allemands sont connus sous l’appellation de ashkenaz (אשכנז), par généalogie populaire d'après Gen. 10:3. Pour l’hébreu moderne, voir plus haut.
134
+
135
+ Un nombre important de mots furent empruntés aux dialectes germaniques par le roman et l'ancien français (par ex. heaume, éperon, cible, fauteuil) ; seuls les mots d'origine plus récente sont encore discernables en tant qu'emprunts lexicaux (frichti, ersatz).
136
+
137
+ Exemples de phrases :
138
+
139
+ L'allemand a toujours la possibilité sémantique de former de nouveaux mots par les procédés de composition et de dérivation.
140
+
141
+ Tout comme le français a créé le verbe des pacsés/se pacser à partir d'une abréviation administrative de l'état civil (PACS), l'allemand peut adapter dans le langage courant des termes nouveaux adaptés à l'actualité.
142
+
143
+ Exemple :
144
+
145
+ Le mot apprenti s'est dit pendant des siècles Lehrling du verbe lehren « enseigner » signifiant donc « celui à qui l'on enseigne quelque chose », suivi du diminutif -ling. Son maître était le Meister.
146
+
147
+ La réforme administrative au début des années 1970 a remplacé le terme Meister par deux termes précisant que l'un enseigne effectivement (der Ausbildende, gérondif de ausbilden « former ») et que l'autre a le droit et la responsabilité de la formation (der Ausbilder « le formateur »). L'apprenti devint logiquement der Auszubildende (c'est-à-dire celui qui doit être formé), en abrégé AZUBI (prononcé ATSOUBI). Le génie de la langue ajouta pour la forme féminine la terminaison habituelle -in et l'on prononça le tout ATSOUBINE. Or, le terme Biene « abeille » désigne aussi une jolie fille ce qui transforma la sèche abréviation en un joli petit nom.
148
+
149
+ Prononciation; certaines lettres se prononcent différemment en Autriche. Le « R » a tendance à être roulé, un peu comme dans le Sud de l'Allemagne (Bavière).
150
+
151
+ D'une manière générale, dans la République démocratique allemande, la langue s'était enrichie de termes officiels, spécifiques au régime politique tout comme sous le régime national-socialiste. Dans le langage courant, de nombreux termes tournaient ces derniers en dérision. Par exemple, l'abréviation VEB (pour Volkseigener Betrieb, usine propriété du peuple) devenait Vaters ehemaliger Betrieb (l'ancienne usine de Papa)...
152
+
153
+ De très nombreuses abréviations tirées de l'idéologie communiste avaient cours, les étudiants devaient tous suivre des cours de ML (marxisme-léninisme),
154
+ On retrouve des néologismes ou de nouvelles expressions dans un nombre important de domaines, notamment :
155
+
156
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3343.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,177 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
2
+
3
+ Les chutes du Niagara[1] ou chutes Niagara (toponyme officiel au Canada[2],[3]) (en anglais : Niagara Falls) sont un ensemble de trois chutes d’eau situées sur la rivière Niagara qui relie le lac Érié au lac Ontario, dans l’est de l’Amérique du Nord, à la frontière entre le Canada et les États-Unis :
4
+
5
+ Bien qu’elles ne soient pas particulièrement hautes, les chutes du Niagara sont très larges. Avec un débit[4] de plus de 2 800 m3/s, elles sont les chutes les plus puissantes d’Amérique du Nord[N 1] et parmi les plus connues[5] à travers le monde.
6
+
7
+ Renommées pour leur beauté, les chutes du Niagara sont aussi une source immense d’énergie hydroélectrique et leur préservation est un défi écologique. Cette merveille naturelle, haut-lieu du tourisme depuis plus d’un siècle, est partagée par les villes jumelles de Niagara Falls (New York) aux États-Unis et Niagara Falls (Ontario) au Canada.
8
+
9
+ Les chutes du Niagara, ainsi que la rivière Niagara et les Grands Lacs nord-américains, sont apparues lors de la déglaciation qui a suivi la période glaciaire du
10
+ Wisconsin, il y a environ 30 000 à 50 000 ans. Durant cette période, cette région était couverte par un énorme glacier continental (inlandsis laurentidien) qui en fluant vers le sud depuis le territoire canadien oriental a broyé et transporté roches et sols sur son parcours. Il a surcreusé des vallées, emplacements des futurs lacs, et en a barré d’autres par des moraines.
11
+
12
+ Pendant et après la fonte de l'inlandsis, les cours d’eau ont dû se frayer un chemin vers le nord-ouest, dans une topographie bouleversée, en incisant de nouveaux lits. La localisation actuelle du canal Welland correspondrait à une ancienne vallée. Les flots provenant des Grands Lacs en amont formèrent l’actuelle rivière Niagara. Celle-ci ne pouvant plus suivre son ancienne vallée remblayée emprunta alors un nouvel exutoire passant par un escarpement de regard nord qu'il éroda en gorges. Cet escarpement est un front de cuesta dû à un pendage monoclinal vers le sud[6] et à la résistance de la formation géologique du Lockport[7] (-415 millions d’années, Silurien), résistante à l'érosion, entre le lac Érié et le lac Ontario. La partie inférieure de l'escarpement, composée de roches marines largement antérieures à la dernière glaciation, a ainsi été soumise à l'érosion de la rivière Niagara. Trois principales formations géologiques sont à l'affleurement dans les gorges du Niagara.
13
+
14
+ La rivière nouvellement établie rencontra d'abord la résistante formation du Lockport, dont l’érosion se fit beaucoup plus lentement que celle des roches plus tendres situées en dessous. La photo aérienne montre clairement le chapeau rocheux composé de la roche dure de la formation de Lockport (Silurien moyen), en amont des rapides. Son dénivelé représente environ le tiers supérieur de la hauteur des chutes. Cette formation est composée d’une couche très dense et très dure de calcaire et de dolomite.
15
+
16
+ Les deux tiers inférieurs de l'escarpement laissent apparaître la formation de Rochester (Bas Silurien), une couche beaucoup plus tendre et friable, avec un pendage plus fort. Elle est principalement composée de marne, bien qu’entrecoupée de fines couches de pierre calcaire, et contient de nombreux fossiles. Cette couche s'érodant plus rapidement, la rivière a contourné de part et d'autre l'éminence rocheuse dure et a creusé les chutes.
17
+
18
+ Submergée sous la rivière, dans la vallée inférieure, à l’abri des regards, se situe la formation de Queenston (Ordovicien supérieur), composée de schistes et de grès fins. Les trois formations proviennent d’une ancienne mer, et leurs différents faciès sont issus d’un changement de conditions de cette mer.
19
+
20
+ À l’origine, les chutes du Niagara étaient proches du site actuel de Lewiston dans l'État de New York et de Queenston en Ontario, mais l’érosion de ces crêtes a causé le recul des chutes d’eau de quelques kilomètres. Juste en amont de l’endroit actuel des chutes, Goat Island divisa le courant de la rivière Niagara, ce qui eut pour conséquence de séparer le « Fer à Cheval » à l’ouest des chutes américaines et Bridal Veil à l’est. Bien que l’érosion et la récession des chutes aient été ralenties dernièrement grâce aux nouvelles technologies, les chutes vont sans doute reculer assez loin pour drainer la plupart du lac Érié, dont le fond est plus profond que la hauteur des chutes. Les ingénieurs s’efforcent aujourd’hui de réduire le taux d’érosion pour retarder cet événement aussi longtemps que possible.
21
+
22
+ Les chutes tombent d’une hauteur de 52 mètres (170 pieds), bien qu'en ce qui concerne les chutes américaines l’on ne puisse voir clairement qu'une hauteur de 21 mètres (70 pieds) avant que l'eau n’atteigne un amas de roches brisées provenant d’un énorme rocher tombé en 1954. Les chutes canadiennes, les plus larges, ont une longueur d’environ 792 mètres (2 600 pieds), alors que les chutes américaines sont larges seulement de 323 mètres (1 060 pieds). Le débit des chutes durant la haute saison est de 5 720 m3/s. Pendant l’été, lors de la déviation maximale de l'eau servant à la production hydroélectrique, le débit chute à 2 832 m3/s, dont près de 90 % passent par « le Fer à Cheval ». Ce débit est encore divisé par deux durant la nuit, quand la majeure partie de la déviation de l'eau à des fins hydroélectriques se produit.
23
+
24
+ Le mot « Niagara » pourrait venir du mot iroquoien Onguiaahra, mais aucune explication n'est définitivement acceptée[8].
25
+
26
+ Le nom autochtone Onguiaahra apparaît, dans les écrits du prêtre jésuite Jérôme Lalemant en 1641, mais il ne dit rien de sa signification. L'historien Alun Hughes a constaté que deux interprétations prédominent[8] :
27
+
28
+ Au moment de l'arrivée des Français, les habitants de cette région étaient les Ongiara, une tribu faisant partie de la confédération des « Neutres ».
29
+
30
+ À l'époque de Champlain, on y réfère par « sault Mocosans », de Mocosa, le nom ancien de la Virginie[9].
31
+
32
+ Dans les relations des Jésuites, on trouve ce passage au sujet du père Brébeuf : « D'autres disaient, qu'Echon, après avoir fait mourir par maladie une partie des Hurons, était allé faire alliance avec les Sonont8ehronons, qui sont une Nation d'Iroquois, la plus redoutée et la plus voisine de nos Hurons, comme n'étant éloigné que d'une journée du dernier bourg de la Nation Neutre du côté de l'Orient, nommé Onguiaahra, du même nom que la Rivière. Qu'il les était allé trouver pour leur faire présent de colliers de pourcelaine et fers de flèche, et les exciter à venir achever de ruiner le pays. »
33
+
34
+ Les relations des Jésuites, contiennent la note suivante des éditeurs : « Le nom Niagara, ou Onguiahra, est généralement considéré comme étant d'origine mohawk (ou neutre apparenté) et signifiant « cou », ce qui fait référence à la bande de terre entre les lacs Érié et Ontario, coupée par cette rivière. Le village le plus à l'est des Neutres, probablement près des chutes, portait le même nom[10]. »
35
+
36
+ Pour l'historien Lucien Campeau, le nom de Niagara proviendrait d'une nation neutre représentée chez Paul Le Jeune par « Ongmarahronon, qui est une mauvaise lecture d'Onghiarahronon, nation vivant dans un seul bourg et qui a donné le nom de Niagara »[11]. L'anthropologue Bruce Trigger écrit : « ... Des cartes françaises de la fin du XVIIe siècle semblent indiquer le nom et l'emplacement de trois d'entre elles (tribus confédérées neutres). Ce sont la tribu Attiragenrega,.... la tribu Antouaronon,... et la tribu Niagagarega qui est juste à l'ouest de la rivière qui porte encore son nom. »[12].
37
+
38
+ L'orthographe moderne de « Niagara » est mentionnée pour la première fois dans un mémoire de La Chesnaye, en 1676[13] ; et dans des livres imprimés, dans « Louisiane » de Hennepin, en 1683.
39
+
40
+ Le nom « Niagara » apparaît sur la Carte de la Nouvelle France et de la Louisiane nouvellement découverte / par le révérend père belge Louis Hennepin de 1683[14] ; sur une autre de Coronelli, en 1688 (voir illustration ci-contre).
41
+
42
+ Une polémique existe pour savoir quel Européen fut le premier à fournir des descriptions écrites et orales des chutes du Niagara. Samuel de Champlain eut connaissance de Niagara par ses échanges avec des autochtones. « Ce ne peuvent être aussi que les Hurons qui ont révélé à Champlain l'existence d'une route fluviale reliant sans interruption le lac Huron au fleuve Saint-Laurent. Même les chutes du Niagara ont dû alors lui être signalées, car il dessinera clairement une cascade sur sa carte de 1632,... »[11] Le cartographe Guillaume Delisle compila les renseignements des récits de Champlain et de Cartier sur une carte sur laquelle apparaît un saut d'environ une lieue de large, d'où il descend un très grand courant dans le grand lac[15].
43
+
44
+ Le 2 novembre 1640, le père Jérôme Lalemant décrit la rivière Niagara comme élément du système hydrologique à l'origine du fleuve Saint-Laurent : « Cette rivière ou fleuve est celui par lequel se décharge notre grand lac des Hurons ou mer Douce, qui se rend premièrement dans le lac Erié ou de la nation du Chat, et jusque-là elle entre dans les terres de la nation Neutre et prend le nom d'Onguiaahra, jusqu'à ce qu'elle se soit déchargée dans l'Ontario ou lac de Saint-Louis, d'où enfin sort le fleuve qui passe devant Quebek, dit de Saint-Laurent. De sorte que si une fois on était maître de la côte de la mer (le lac Ontario) plus proche de la demeure des Iroquois, on monterait par le fleuve de Saint-Laurent, sans danger, jusqu'à la nation Neutre, et au-delà de beaucoup, avec épargne notable de peine et de temps[16]. »
45
+
46
+ Le Père Ragueneau écrivait du pays des Hurons, le 16 avril 1648 : « De la nation Neutre, tirant jusqu'au midi, on trouve un grand lac quasi de deux cents lieues de tour, nommé Erié, qui se forme de la décharge de la Mer Douce, et qui va se précipiter par une chute d'eau d'une effroyable hauteur dans un troisième lac nommé Ontario, que nous appelons lac Saint-Louis. Ce lac nommé Erié était autrefois habité, en ses côtes qui sont vers le midi, par de certains peuples que nous nommons la nation du Chat, qui ont été obligés de se retirer bien avant dans les terres pour s'éloigner de leurs ennemis, qui sont plus vers l'occident. Ces gens de la nation du Chat ont quantité de bourgades arrêtées, car ils cultivent la terre et sont de même langue que nos Hurons."[17],[18]. »
47
+
48
+ Paul Ragueneau visita les chutes 35 ans avant Hennepin[19],[20] Le père Louis Hennepin observa et décrivit les chutes du Niagara beaucoup plus tard, en 1678[21], après avoir parcouru la région avec l’explorateur René Robert Cavelier, sieur de la Salle, le soumettant ainsi à l’attention du monde entier.
49
+
50
+ Hennepin fut aussi le premier à décrire les chutes de Saint Anthony dans le Minnesota. Il revendiqua par ailleurs avoir descendu le fleuve Mississippi jusqu’au golfe du Mexique, ce qui fut ultérieurement réfuté et porta le doute sur la validité de ses écrits et croquis des chutes du Niagara.
51
+
52
+ Certains attribuent au naturaliste finno-suédois Pehr Kalm la description originale manuscrite faite lors d’une expédition dans la région au début du XVIIIe siècle.
53
+
54
+ Pendant le XIXe siècle, le tourisme devint populaire, et ce fut une des zones touristiques les plus visitées à partir du milieu du siècle. Le frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte les visita avec sa jeune femme au début du XIXe siècle[22]. Les nombreuses réclamations pour la création d'un passage au-dessus de la rivière Niagara ont conduit, en 1848, à la construction d'une passerelle puis à la construction du « pont suspendu de Niagara » par Charles R. Ellet.
55
+
56
+ Il fut supplanté, en 1855, par le « pont suspendu des chutes Niagara » du germano-américain John Augustus Roebling. En 1886, Leffert Buck remplaça le pont de Roebling fait de bois et de pierre par un pont en acier qui aujourd’hui encore continue de transporter des trains au-dessus de la rivière Niagara. La première voûte en acier construite à côté des chutes fut achevée en 1897. Aujourd'hui connu comme le Whirlpool Rapids Bridge (pont des rapides tourbillonnants), il transporte des véhicules, des trains, ainsi que des piétons entre le Canada et les États-Unis en passant juste au-dessous des chutes. En 1941, la « Commission des ponts des Chutes du Niagara » réalisa la troisième traversée dans la région des chutes du Niagara avec le Rainbow Bridge (pont de l'arc-en-ciel), qui transporte à la fois des piétons et des véhicules[23].
57
+
58
+ Les chutes font l'objet d'innombrables histoires, une des plus intéressantes raconte le jour où elles ont cessé de couler. Le 29 mars 1848, le grondement habituel des chutes s'est arrêté. Le flot des chutes avait fait place à un mince filet d'eau. Les gens ont accouru en foule pour observer ce phénomène invraisemblable. Certains l'ont vu comme un signe que la fin du monde approchait. D'autres se sont amusés à traverser à maintes reprises le lit de la rivière, acte qui aurait normalement causé la mort de quiconque aurait tenté de le faire. On a découvert une multitude d'objets au fond de la rivière tarie, notamment des baïonnettes, des fusils, des tomahawks et d'autres artéfacts datant de la guerre anglo-américaine de 1812. Un encombrement de la rivière par de la glace s'était formé en amont, à l'embouchure de la rivière Niagara et du lac Érié, et empêchait les eaux de descendre la rivière. Pendant la nuit du 31 mars, la glace a cédé et la rivière a recommencé à couler jusqu'aux chutes.
59
+
60
+ En particulier après la Première Guerre mondiale, le tourisme a connu un nouveau boom car les automobiles rendirent l'accès aux chutes beaucoup plus aisé.
61
+
62
+ L'histoire des chutes du Niagara, au XXe siècle, est en grande partie liée aux efforts faits pour capter l'énergie des chutes pour l'énergie hydroélectrique et pour maîtriser le développement effréné de chaque côté — américain et canadien — qui menaçait la beauté naturelle du site.
63
+
64
+ Le 5 août 1951, William « Red » Hill Jr perd la vie en tentant de sauter les chutes dans un cylindre formé de 13 chambres à air reliées et retenues par un filet, appareil bricolé sans grand moyen qu'il a baptisé « the Thing » (la « Chose ») et qui se révèle insuffisamment robuste pour supporter le choc des chutes. À la suite de cette mort, toute tentative d'acrobatie de la part du public est interdite sur les chutes.
65
+
66
+ La puissance considérable déployée par les chutes a depuis longtemps été utilisée comme source d'énergie. C'est ainsi que, dès 1759, Daniel Joncairs construisit un petit canal en amont des chutes dans le but d'alimenter sa scierie. Plus tard, en 1805, Augustus et Peter Porter rachetèrent au gouvernement de l'État de New York l'ensemble des chutes du côté américain et agrandirent le petit canal afin de constituer de l'énergie hydraulique pour leur tannerie. En 1853, la Niagara Falls Hydraulic Power and Mining Company fut créée, qui par la suite construisit les canaux qui seraient utilisés pour produire de l'électricité. En 1881, sous la conduite de Jacob Schoellkopf, suffisamment de puissance était produite pour envoyer du courant continu afin d'éclairer les deux côtés des chutes et le village voisin, Niagara Falls.
67
+
68
+ Quand Nikola Tesla, pour qui un mémorial fut construit plus tard dans la ville de Niagara Falls, a inventé le système triphasé du courant alternatif pour le transport de l'énergie, le transport à distance de l'électricité est devenu possible. En 1883, la Niagara Falls Power Company, un successeur de la compagnie de Schoellkopf, engage George Westinghouse afin de développer un système visant à produire du courant alternatif. En 1886, grâce à l'aide de financiers célèbres comme J.P. Morgan, John Jacob Astor IV et les Vanderbilts, d'immenses conduits souterrains furent construits, menant à des turbines pouvant générer jusqu'à 100 000 chevaux-vapeurs (75 MW), et pouvant fournir en électricité une ville comme Buffalo à 32 km de là. Du côté canadien certaines compagnies privées commencèrent aussi à exploiter l'énergie hydraulique des chutes en employant soit des entreprises américaines, soit des entreprises du cru, dans leurs efforts. Le gouvernement de la province d'Ontario décida finalement de nationaliser la distribution d'électricité en 1906, approvisionnant ainsi toute la province en électricité produite par le Niagara. Au XXIe siècle, entre 50 % et 70 % du débit de la rivière sont détournés dans quatre tunnels gigantesques loin en amont des chutes. L'eau ainsi détournée passe ensuite dans des turbines hydroélectriques qui approvisionnent en électricité les parties américaines et canadiennes environnantes, avant d'être reversée dans la rivière loin en aval des chutes.
69
+
70
+ Les centrales hydroélectriques les plus puissantes sur le Niagara sont Sir Adam Beck 1 et 2 (1954) du côté canadien et la Robert Moses Niagara Power Plant (1961), ainsi que la Lewiston Pump Generating Plant, du côté américain. Ensemble, les centrales du Niagara peuvent produire environ 4,4 GW d'électricité.
71
+
72
+ En août 2005, la compagnie Ontario Power Generation, qui gère les centrales de Sir Adam Beck, a décidé de construire un nouveau tunnel de 10,2 km de long, afin d'aller collecter de l'eau plus en amont du Niagara qu'il n'est possible à présent. La fin de la construction de ce tunnel, prévue pour 2009, devait permettre d'augmenter la production d'électricité de Sir Adam Beck de 182 MW (4,2 %). La mise en service du tunnel a finalement eu lieu début mars 2013, permettant la production annuelle supplémentaire de 1 500 MW d'électricité[24],[25].
73
+
74
+ Afin de contourner les chutes, le transport fluvial emprunte le canal Welland. Il fut inauguré en 1829 et ne cessa d'être amélioré jusqu'à nos jours, les derniers travaux importants datant des années 1960-1970. Il fait maintenant partie du réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent[26]. Ces détournements de trafic fluvial se sont faits aux dépens de la ville voisine de Buffalo, contribuant ainsi au déclin économique de nombre de ses entreprises, entreprises sidérurgiques et céréalières en particulier. Cependant l'augmentation d'électricité a aussi provoqué un essor économique dans la vallée de la rivière Niagara dans les années 1970. Un essor économique régional qui est depuis retombé.
75
+
76
+ Les villes jumelles de Niagara Falls (Ontario) et Niagara Falls (New York) sont reliées par 3 ponts, le Rainbow Bridge légèrement en aval, offrant la vue la plus proche sur les chutes ; le pont Whirlpool Rapids et, le pont le plus récent, le Lewiston-Queenston Bridge situé près de l'escarpement.
77
+
78
+ Pendant les deux premiers siècles après l'installation des Européens, les terres des deux côtés des chutes du Niagara appartenaient à des personnes privées. Dans les années 1870, les chutes du Niagara devinrent une importante destination touristique, le site des chutes accueillant chaque année un quart de million de visiteurs. Cependant, les touristes visitant les chutes du Niagara des deux côtés de la rivière étaient consternés par les pratiques commerciales privées qui se développaient aux abords des chutes sans aucun contrôle. Les visiteurs se voyaient souvent harcelés et l’accès au site ne leur était possible que moyennant le paiement de commissions exorbitantes.
79
+
80
+ Le mécontentement populaire a conduit à la formation du mouvement Free Niagara (« Libérer le Niagara »), qui comprenait l'artiste Frederic Edwin Church, l'architecte paysagiste Frederick Law Olmsted et le journaliste Jonathan Baxter Harrison. Une série de lettres qu'Harrison a envoyées aux journaux à Boston et à New York (réunies en 1992 dans le pamphlet The Condition of Niagara Falls, and the Measures Needed to Preserve Them (« La Situation des chutes du Niagara, et les mesures nécessaires pour les préserver ») ont eu une influence toute particulière dans le retournement de l'opinion publique en faveur de la préservation[27].
81
+
82
+ En 1878, lord Dufferin, gouverneur général du Canada, a exprimé ses préoccupations lors de son discours au cours du déjeuner de l’Ontario Society of Artists à Toronto. Il suggéra que « les gouvernements de New York et de l’Ontario, ou du Canada, devraient s’associer pour acquérir tous les droits qui ont pu être établis à l’encontre du public, et créer autour des chutes un petit parc public international (...) sous la responsabilité de bons gardiens » pour préserver le décor des chutes du Niagara. Bien que la suggestion originale de lord Dufferin ait concerné un « parc international », les deux rives, américaine et canadienne, ont développé leurs parcs séparément et indépendamment.
83
+
84
+ En 1885, l'État de New York commença à acheter les terres aux entrepreneurs, pour constituer la Niagara Falls State Park. La même année, la province de l’Ontario créa la Commission des parcs du Niagara. Cette dernière acquit des terrains situés le long de la rivière Niagara pour constituer le parc de la Reine Victoria aux Chutes de Niagara, totalement gratuit, qui accueillit ses premiers visiteurs le 24 mai 1888. Sous la gouverne de la Commission, ce parc s’étendant au départ sur 62,2 hectares, est devenu un parc de renom mondial de 1 720 hectares longeant toute la rivière Niagara, du lac Érié au lac Ontario, et comptant d’importants lieux historiques nationaux et provinciaux, des jardins botaniques, une école d’horticulture et des aires récréatives[28]. Ces deux organismes ont réussi remarquablement dans les opérations de restrictions du développement des chutes et de la rivière Niagara.
85
+
86
+ Jusqu'à récemment, les chutes ont reculé vers le sud à cause de l'érosion de 0,6 à 3 m par an et sont maintenant à 11 km de leur point d'origine[pas clair]. Ce processus a été ralenti par le détournement de quantités d'eau croissantes de la rivière Niagara dans des centrales hydroélectriques, aussi bien aux États-Unis qu'au Canada. Le 2 janvier 1929, le Canada et les États-Unis sont parvenus à un accord sur un plan d'action visant à préserver les chutes. En 1950, les deux pays signèrent le Traité concernant la dérivation d'eau du Niagara[29].
87
+
88
+ Outre le détournement de l'eau vers les centrales hydroélectriques, les efforts de contrôle de l'érosion ont établi des déversoirs souterrains visant à rediriger les courants les plus dévastateurs, et finalement des renforcements mécaniques en haut des chutes. Les travaux les plus spectaculaires ont eu lieu en 1969. En juin, le cours d'eau fut complètement détourné des chutes américaines pendant plusieurs mois grâce à la construction d'un barrage temporaire de terre et de pierre (clairement visible en haut à droite de la photo), ce qui eut pour effet d'arrêter les chutes américaines. Pendant que les chutes canadiennes accueillaient le débit supplémentaire, le corps des ingénieurs de l’United States Army a étudié le lit de la rivière et a comblé mécaniquement les fissures qui auraient autrement accéléré le retrait des chutes américaines. Un projet datant de 1954 d'enlever une énorme quantité d'alluvions fut finalement abandonné pour raison budgétaire, et en novembre 1969, le barrage temporaire fut dynamité, redonnant leur débit aux chutes américaines qui avaient été stoppées quelque temps, l'armée ayant fait dévier le cours du fleuve[30].
89
+
90
+ Après cette entreprise, Luna Island, le petit bout de terre situé entre la chute principale et celle du Voile de la mariée, est restée interdit au public pour des années en raison des craintes d'instabilité et du risque de voir l'île s'effondrer dans la rivière Niagara à tout moment.
91
+
92
+ La construction récente de grands bâtiments (pour la plupart des hôtels) du côté canadien des chutes a causé le changement de direction des vents au-dessus de ces dernières[31]. Des étudiants de l'université de Guelph ont démontré, en utilisant des modèles réduits, que l'air passant au-dessus des nouveaux hôtels conduit la poussière vers le sud des bâtiments, où elle tombe dans les rigoles sous les chutes et vient se mélanger aux tourbillons d'air humide. La conséquence est que les points de vue du côté canadien sont maintenant souvent couverts d'un brouillard venant des chutes. Ce problème va être très difficile à résoudre.
93
+
94
+ En octobre 1829, Sam Patch, qui se faisait appeler « le sauteur Yankee », a sauté dans la chute du Fer à Cheval et est devenu la première personne connue à avoir survécu à la chute. Il a ainsi initié une longue tradition de casse-cous qui ont tenté de survivre à une descente des chutes. En 1901, Annie Edson Taylor fut la première personne à descendre les chutes en tonneau. Elle sortit quasiment indemne de la chute. Depuis la chute historique de Taylor, 14 personnes se sont intentionnellement jetées des chutes, sur ou dans un esquif. Certaines ont survécu sans dommage, d'autres ont coulé ou ont été sérieusement blessées. La descente des chutes étant illégale des deux côtés de la frontière, les survivants de telles cascades sont généralement poursuivis devant les tribunaux et soumis à de fortes amendes.
95
+
96
+ D'autres aventuriers ont tenté de traverser les chutes. Cela a commencé en 1859 par le passage réussi de l’équilibriste Jean-François « Blondin » Gravelet au-dessus des chutes. Cet exploit avait rassemblé une foule importante. Le filin traversait les gorges à proximité du pont de l'Arc-en-ciel, pas tout à fait au-dessus des chutes. Le capitaine britannique Matthew Webb, premier homme à avoir traversé la Manche à la nage, se noya en 1883 en tentant de nager à travers les rapides et les tourbillons en aval des chutes.
97
+
98
+ Le 9 juillet 1960, au cours de ce qui fut ensuite appelé « le miracle des chutes du Niagara », Roger Woodward, un garçon américain de 7 ans fut jeté par-dessus les chutes du Fer à Cheval, protégé uniquement par son gilet de sauvetage. Deanne, sa sœur de 17 ans, fut rattrapée par deux touristes, à seulement 6 mètres de la chute, au niveau de l'île de la chèvre[32]. Roger fut recueilli dans les bassins bouillonnant aux pieds de la chute du Fer à Cheval, après avoir réussi à attraper une bouée de sauvetage envoyée par l'équipe du bateau Maid of the Mist. Son histoire fit le tour du monde.
99
+
100
+ Le 2 juillet 1984, le Canadien Karel Soucek réussit à plonger des chutes du Fer à Cheval dans un tonneau en n'ayant que de légères blessures. Il fut condamné à 500 dollars d'amende pour avoir réalisé sa cascade sans autorisation. Il périt quelques mois plus tard, le 20 janvier 1985, lors d'un autre défi à la mort.
101
+
102
+ Le 20 octobre 2003, Kirk Jones fut le premier à sauter des chutes sans matériel de flottaison. Bien qu'on ne sache toujours pas s'il souhaitait ou non se suicider, il survécut à l'équivalent d'une chute de 16 étages avec seulement quelques côtes cassées, des éraflures et des ecchymoses.
103
+
104
+ Personne n'a jamais survécu à une descente des chutes américaines, en raison des nombreux rochers et du faible courant. Tous les survivants et cascadeurs ont descendu les chutes du Fer à Cheval, où les rochers sont relativement moins nombreux et où le courant pousse les gens loin du bord et leur permet de les éviter.
105
+
106
+ Le 4 août 2005, le golfeur professionnel John Daly tenta d'envoyer une balle de golf de l'autre côté des chutes du Niagara à une distance d'environ 331 mètres (362 yards). Il échoua de peu, au bout de 20 tentatives.
107
+
108
+ Le 15 juin 2012, le funambule américain Nik Wallenda a traversé sur un câble métallique, la chute du Fer à Cheval qui sépare la rive américaine de la rive canadienne. Il lui a fallu 40 minutes pour parcourir les 550 mètres[33].
109
+
110
+ Selon une légende de la nation Tsonnontouan (Seneca), Lelawala, une magnifique jeune femme, fut fiancée par son père à un brave homme qu’elle méprisait. Plutôt que de se marier, Lelawala choisit de se sacrifier à son véritable amour He-No, le dieu du tonnerre qui vivait dans une cave derrière le « Fer à Cheval ». Elle amena son canoë jusqu’au rapide de la rivière Niagara et fut renversée par-dessus bord. He-No la rattrapa alors qu’elle tombait et leurs esprits seraient liés ensemble à jamais dans le sanctuaire du dieu du tonnerre, à l’abri des chutes.
111
+
112
+ Au Canada, les chutes furent représentées dès la fin du XVIIIe par Elizabeth Simcoe, artiste britannique et mémorialiste du Canada colonial.
113
+
114
+ Plusieurs grands noms de la peinture américaine ont représenté les chutes du Niagara. L'un des premiers est John Trumbull (1756-1843), davantage connu pour ses sujets historiques. Deux de ses toiles sur les chutes datant de 1807-1808 sont conservées au Wadsworth Atheneum d’Hartford dans le Connecticut[34]. George Catlin (1796-1872), peintre des Amérindiens, réalisa View of Table Rock and Horseshoe Falls from Below en 1827 (Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg) et Niagara Falls (1827-1828, Smithsonian American art museum, Washington). Le quaker Edward Hicks (1780-1849) figure une version naïve des chutes (Falls of Niagara, vers 1835, Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg, Virginie).
115
+
116
+ Au XIXe siècle, les peintres de l'Hudson River School, spécialisés dans le paysage, ont consacré de nombreuses œuvres aux chutes du Niagara. Ils pensaient que la Nature était la manifestation de la puissance et de la bonté divine[35],[36]. On peut citer Thomas Cole (1801-1848), considéré comme le fondateur de l'école de l'Hudson, Jasper Francis Cropsey (1823 –1900), Frederic Edwin Church (1826-1900), Louis Rémy Mignot (1831-1870) ou encore Albert Bierstadt (1830-1902)[34]. L'une des dernières toiles de William Morris Hunt (1824-1879) s'intitule Niagara Falls (1878, Williams College Museum of Art, Williamstown). Dans les années 1880, George Inness (1825-1894) proposa plusieurs versions des chutes dans le style du tonalisme[34]. Le site inspira également les impressionnistes John Henry Twachtman (1853-1902) et Soren Emil Carlsen (en) (1853–1932).
117
+
118
+ Niagara Falls, Ontario par Elizabeth Simcoe, été 1792
119
+
120
+ La cascade de Niagara, cette surprenante chute d'eau..., 1794, gravure de Robert Hancock (graveur) (en) basée sur celle de Louis Hennepin.
121
+
122
+ Les chutes du Niagara en 1866 par Louis Rémy Mignot (1866), Brooklyn Museum
123
+
124
+ Arthur Parton, Niagara Falls, Brooklyn Museum
125
+
126
+ Thomas Cole, Distant View of Niagara Falls 1830, Art Institute of Chicago
127
+
128
+ Alvan Fisher, A General View of the Falls of Niagara, 1820, The Smithsonian Institution
129
+
130
+ Frederic Edwin Church, Niagara Falls, 1857, Corcoran Gallery of Art, Washington
131
+
132
+ William Morris Hunt, Niagara Falls, 1878
133
+
134
+ Alors que les chutes du Niagara étaient déjà un immense lieu touristique et l'un des hauts-lieux des lunes de miel, les visites connurent une hausse soudaine à partir de 1953, avec la sortie de Niagara, un film avec Marilyn Monroe. Plus tard, les chutes figurèrent également dans Superman 2 et furent le sujet d'un film populaire en technologie IMAX. Une grande partie de l'épisode Le Retour du Technodrome dans la série Les Tortues Ninja se déroule à proximité des chutes du Niagara et de son usine hydroélectrique. En 1990, l'illusionniste David Copperfield a réalisé un tour où on le voyait se déplacer au-dessus des chutes. Le complexe touristique situé à proximité des chutes fut le théâtre d'une brève série télévisée américaine début 2004, Wonderfalls. Les chutes servirent de lieu de tournage au film Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde[37]. Enfin, elles apparaissent comme un lieu romantique dans un épisode d’Une nounou d'enfer et de The Office.
135
+
136
+ Le sieur de la Franchise écrit en 1604 une épitre dans un livre de Champlain[38],[39] :
137
+
138
+ Muses,Si vous chantez, vrayment je vous conseille
139
+ Que vous louiez Champlain, pour être courageux :
140
+ Sans crainte des hasards, il a vu tant de lieux,
141
+ Que ses relations nous contentent l'oreille.
142
+
143
+ Il a vu le Pérou[40], Mexique & la Merveille
144
+ Du Vulcan infernal qui vomit tant de feux,
145
+ Et les saults Mocosans[41], qui offensent les yeux
146
+ De ceux qui osent voir leur chute nonpareille.
147
+
148
+ Il nous promet encor de passer plus avant,
149
+ Reduire les Gentils, & trouver le Levant,
150
+ Par le Nord, ou le Sud, pour aller à la Chine.
151
+ C'est charitablement tout pour l'amour de Dieu.
152
+ Si des lâches poltrons qui ne bougent d'vn lieu !
153
+ Leur vie, sans mentir, me paraît trop mesquine.
154
+
155
+ — Sieur de la Franchise, Des sauvages... de Champlain
156
+
157
+ Les chutes du Niagara et la ville ontarienne de Niagara Falls servent de cadre à une partie de la trilogie Les Particules réfractaires, de Mikhaïl W. Ramseier. Dans le dernier tome, Marges, publié en 2016, presque toute l'action se déroule dans la région, entre le centre-ville et la bourgade de Chippawa (en).
158
+
159
+ Le roman Les Chutes, de Joyce Carol Oates, a été publié en 2005 aux éditions Philippe Rey et a reçu le prix Fémina étranger la même année. Comme son titre l'indique, toute l'intrigue du livre se passe dans la région des chutes.
160
+
161
+ L'écrivain français Jules Verne a plusieurs fois décrit Niagara dans ses romans: Une ville flottante, en 1869; Le Testament d'un excentrique, en 1897, qui offre une belle description des chutes du Niagara.
162
+
163
+ L'afflux maximum de visiteurs se fait en été, lorsque l'on peut admirer le spectacle des chutes du Niagara de jour comme en soirée. Du côté canadien, des projecteurs illuminent les deux côtés des chutes du crépuscule à minuit.
164
+
165
+ Du côté américain, les chutes du Niagara peuvent être admirées des chemins de randonnées ou de la tour d'observation de Prospect Park (en). Près de là, les sentiers des Cavernes des Vents mènent les randonneurs par un escalier de quelque trois cents marches jusqu'à un point situé sous les chutes du Voile de la mariée. Les Niagara Scenic Trolley (« Tramways pittoresques du Niagara ») offrent également des circuits guidés le long des chutes américaines.
166
+
167
+ Du côté canadien, le parc de la Reine Victoria (en) présente des jardins travaillés, et des terrasses offrant une vue sur les chutes américaines et du Fer à Cheval. Le soir, en fonction des saisons et des jours, le parc est animé d'illuminations et des feux d'artifice. En souterrain, un chemin mène dans des chambres d'observations qui donnent l'illusion d'être à l'intérieur même des chutes. Le point d'observation de la tour Skylon, située non loin de là, offre le point de vue culminant sur les chutes, et dans la direction opposée, permet de voir aussi loin que Toronto. C'est, avec la tour Konica Minolta, l'une des deux tours canadiennes avec vue sur les chutes. Le long de la rivière Niagara, le Niagara River Recreational Trail (« Chemin récréatif de la rivière Niagara ») parcourt les 56 km séparant Fort Erie de Fort George, et présente de nombreux sites historiques de la guerre de 1812.
168
+
169
+ Les croisières Maid of the Mist nommées d'après un personnage de la mythologie indienne Ogiara, transportent des passagers dans les tourbillons derrière les chutes depuis 1846. Les téléphériques espagnols, construits en 1916 d'après les plans de l'ingénieur espagnol Leonardo Torres Quevedo, sont des téléphériques qui transportent des passagers au-dessus du tourbillon, derrière les chutes du côté canadien.
170
+
171
+ En 2016, deux tyroliennes sont désinstallées[42].
172
+
173
+ Une statue de l'inventeur Nikola Tesla a été installée.
174
+
175
+ Le développement du site en fonction du tourisme de masse, au détriment de la nature, suscite des critiques[43]. Dès le dix-neuvième siècle, en 1883, l'architecte paysagiste Olmsted et l'historien de l'art Norton contribuent à fonder la Niagara Falls Association[44]. La base de données mondiale World Waterfall Database ajoute cette remarque : « Les chutes du Niagara sont un parfait exemple de la façon de ne pas développer un site naturel d'importance mondiale »[45].
176
+
177
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3344.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,11 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Dans la tradition interprétative de la mythologie grecque, les divinités olympiennes sont les divinités principales du culte. Elle tiennent leur nom du mont Olympe, sur lequel elles sont censées résider, encore que deux d'entre elles, Poséidon et Hadès ont leurs demeures à l'opposé.
2
+
3
+ Comme dans de nombreuses autres cultures polythéistes, la religion grecque connaît l’existence de panthéons, soit des ensembles de divinités ayant chacune ses caractéristiques propres. En Grèce, le panthéon le plus connu est celui de l'Olympe. Si le nombre de ses divinités est fixé à douze, la liste en est mouvante et il n'existe en la matière aucune orthodoxie. Seules les religions monothéistes construisent au cours de leur histoire une orthodoxie.
4
+
5
+ La liste traditionnelle comprend :
6
+
7
+ Mais il arrive aussi qu'Arès et Dionysos soient remplacés par Hadès et Hestia[4]. De même, certains textes font d'Héraclès et Dionysos des Olympiens. La tradition n'explique jamais quels dieux sortent de la liste quand d'autres y entrent.
8
+
9
+ En gras, les douze (en fait quatorze) divinités olympiennes. En italique, les mortels.
10
+
11
+ Cette généalogie est cependant très variable selon les auteurs, les traditions et les époques : Homère fait par exemple de Zeus le père de presque tous les autres dieux (et notamment d'Aphrodite, qui est plus souvent considérée comme sa sœur). Des dieux tels qu'Arès et Aphrodite sont absents de certaines listes. Il faut bien se garder de prêter à la religion grecque une quelconque orthodoxie.
fr/3345.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,11 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Dans la tradition interprétative de la mythologie grecque, les divinités olympiennes sont les divinités principales du culte. Elle tiennent leur nom du mont Olympe, sur lequel elles sont censées résider, encore que deux d'entre elles, Poséidon et Hadès ont leurs demeures à l'opposé.
2
+
3
+ Comme dans de nombreuses autres cultures polythéistes, la religion grecque connaît l’existence de panthéons, soit des ensembles de divinités ayant chacune ses caractéristiques propres. En Grèce, le panthéon le plus connu est celui de l'Olympe. Si le nombre de ses divinités est fixé à douze, la liste en est mouvante et il n'existe en la matière aucune orthodoxie. Seules les religions monothéistes construisent au cours de leur histoire une orthodoxie.
4
+
5
+ La liste traditionnelle comprend :
6
+
7
+ Mais il arrive aussi qu'Arès et Dionysos soient remplacés par Hadès et Hestia[4]. De même, certains textes font d'Héraclès et Dionysos des Olympiens. La tradition n'explique jamais quels dieux sortent de la liste quand d'autres y entrent.
8
+
9
+ En gras, les douze (en fait quatorze) divinités olympiennes. En italique, les mortels.
10
+
11
+ Cette généalogie est cependant très variable selon les auteurs, les traditions et les époques : Homère fait par exemple de Zeus le père de presque tous les autres dieux (et notamment d'Aphrodite, qui est plus souvent considérée comme sa sœur). Des dieux tels qu'Arès et Aphrodite sont absents de certaines listes. Il faut bien se garder de prêter à la religion grecque une quelconque orthodoxie.
fr/3346.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,29 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Les Travaux d'Héraclès — ou d'Hercule chez les Romains —, également appelés Douze Travaux (en grec ancien Δωδέκαθλος / Dôdékathlos), sont les exploits exécutés par le héros Héraclès sur l'ordre d'Eurysthée. Ils constituent l'un des épisodes les plus célèbres de la mythologie grecque ainsi qu'une source iconographique majeure de l'art occidental.
2
+
3
+ Fils de Zeus et d’Alcmène, Héraclès est poursuivi depuis sa naissance par la haine d'Héra, furieuse d'avoir été trompée par son mari. Une nuit, la déesse envoie deux serpents pour tuer l'enfant, nommé Alcide. Celui-ci découvre alors sa force extraordinaire et se débarrasse des deux vipères. Afin d'apaiser sa femme, Zeus décide de le renommer Héraclès, ce qui signifie « gloire d’Héra ». Dans un moment de folie inspirée par celle-ci, Héraclès tue sa femme Mégara et ses fils. Revenu à la raison, il consulte la Pythie pour savoir comment expier sa faute : après avoir changé son nom en Héraclès (« gloire à Héra »), elle lui ordonne de se mettre au service d'Eurysthée, son plus vieil ennemi, et d'accomplir les tâches qu'il lui ordonnerait : ce seront les douze travaux. Au départ, il y aurait dû n'y en avoir que dix, mais Eurysthée estima que le combat contre l'hydre de Lerne (deuxième tâche) n'était pas valide car Héraclès avait été aidé par Iolaos ; de même pour le nettoyage des écuries d'Augias car il avait demandé à être payé par Augias pour accomplir cette tâche.
4
+
5
+ Homère évoque déjà, dans l’Iliade et l’Odyssée, des « travaux » accomplis par Héraclès sur l'ordre d'Eurysthée, dont la descente aux Enfers pour aller capturer Cerbère[1]. La Théogonie d'Hésiode cite également la victoire contre le lion de Némée et l'hydre de Lerne, ainsi que le vol des bœufs de Géryon[2]. Pisandre ajoute à la liste la biche de Cérynie et les oiseaux du lac Stymphale. Outre les travaux déjà cités, la peinture sur vases à figures noires représente les épisodes du sanglier d'Érymanthe, du taureau de Crète, des juments de Diomède, du combat contre les Amazones et de la quête des pommes d'or du jardin des Hespérides[3].
6
+
7
+ À ce stade, la liste des travaux n'en compte donc que onze. Sur ce nombre, seuls deux — la descente aux Enfers et le sanglier d'Erymanthe — sont explicitement rattachés à Eurysthée[3]. Il est possible qu'à cette étape de la constitution du mythe, Héraclès ait entrepris les autres travaux de lui-même[3].
8
+
9
+ Les travaux d'Héraclès sont tous cités et résumés dans la Bibliothèque du Pseudo-Apollodore[4].
10
+
11
+ Dans la version de Diodore de Sicile, ces travaux doivent être accomplis pour qu'Héraclès atteigne l'immortalité ; en effet, promis par Zeus à posséder le royaume des Persides, Héra empêche sa naissance le jour prévu (alors que Zeus avait destiné le royaume des Persides à l'enfant qui naîtrait un jour précis, Héra hâte la naissance d'Eurysthée et retarde celle d'Héraclès) et Eurysthée se trouve en possession du royaume. Sans s'estimer parjure [sic], Zeus demande à Héraclès d'accomplir les douze travaux qui lui ont été prophétisés par l'oracle de Delphes, et lui promet en échange l'immortalité[5].
12
+
13
+ La liste canonique des douze travaux est fixée à l'époque hellénistique, en se référant à la liste des travaux représentés sur les douze métopes sculptés du temple de Zeus à Olympie, datant de la première moitié du Ve siècle av. J.-C.. Elle comprend deux séries : les travaux effectués dans le Péloponnèse et ceux qui prennent place dans le reste du monde[6].
14
+
15
+ Note : l'ordre des travaux varie selon les sources. Ainsi Diodore de Sicile mentionne le sanglier d'Erymanthe (3), la biche de Cérynie (4), les oiseaux du lac Stymphale (5), les écuries d'Augias (6), la capture de Cerbère (11) et les pommes d'or des Hespérides (12).
16
+
17
+ Il fallut dix années à Héraclès pour terminer ces douze travaux. Il connut cependant de nombreuses autres aventures, tant lors de leur accomplissement qu'après — notamment lors de son séjour près d'Omphale : certaines d'entre elles sont désignées sous le nom de « travaux mineurs ».
18
+
19
+ Héraclès est également cité dans la liste des Argonautes. Il se serait embarqué avec son éromène, Hylas, qu'il perdit au cours de l'aventure. Un jour que les Argonautes faisaient escale près de la ville de Cios, en Bithynie près des côtes de Mysie, Héra fit tomber les nymphes des lieux amoureuses du bel Hylas alors de corvée d'eau, en leur soufflant l'idée de l'entraîner avec elles dans les tréfonds de leur demeure aquatique, le noyant du même coup, et ce afin de faire souffrir davantage son beau-fils. Héraclès toujours à sa recherche, ne revenant pas de la chasse pour laquelle il avait quitté l’Argo, fut laissé en arrière par les Argonautes, incapables de le retrouver et désireux de poursuivre leur route vers la Colchide tandis que le fils de Zeus gémissait dans la forêt sur la disparition de son ami qui restait introuvable.
20
+
21
+ Les douze travaux d'Hercule sont racontés par Édouard Cour (scénario et dessin) dans les albums Herakles aux éditions Akileos. Les huit premiers travaux dans le tome 1 (160 p., 2012), les quatre derniers dans le tome 2 (160 p., 2014).
22
+
23
+ Morvan transpose les travaux dans le futur pour sa BD Hercule[7], dessinée par Looky. De prime abord déroutant, le concept reprend néanmoins tous les éléments clefs de la légende.
24
+
25
+ Les Travaux d'Héraclès ont également inspiré René Goscinny et Albert Uderzo dans le film d'animation Les Douze Travaux d'Astérix sorti en 1976. Astérix et Obélix se confrontent à douze épreuves à la suite d'un défi lancé par Jules César.
26
+
27
+ L'un des premiers courts-métrages d'animation mettant en scène Hercule est Les Douze Travaux d'Hercule, réalisé par le cinéaste français Émile Cohl en 1910, qui montre successivement les douze travaux. Par la suite, de nombreux films en prises de vue réelles ou en animation mettent en scène le héros, souvent dans des aventures inspirées par ses travaux.
28
+
29
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3347.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,29 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Les Travaux d'Héraclès — ou d'Hercule chez les Romains —, également appelés Douze Travaux (en grec ancien Δωδέκαθλος / Dôdékathlos), sont les exploits exécutés par le héros Héraclès sur l'ordre d'Eurysthée. Ils constituent l'un des épisodes les plus célèbres de la mythologie grecque ainsi qu'une source iconographique majeure de l'art occidental.
2
+
3
+ Fils de Zeus et d’Alcmène, Héraclès est poursuivi depuis sa naissance par la haine d'Héra, furieuse d'avoir été trompée par son mari. Une nuit, la déesse envoie deux serpents pour tuer l'enfant, nommé Alcide. Celui-ci découvre alors sa force extraordinaire et se débarrasse des deux vipères. Afin d'apaiser sa femme, Zeus décide de le renommer Héraclès, ce qui signifie « gloire d’Héra ». Dans un moment de folie inspirée par celle-ci, Héraclès tue sa femme Mégara et ses fils. Revenu à la raison, il consulte la Pythie pour savoir comment expier sa faute : après avoir changé son nom en Héraclès (« gloire à Héra »), elle lui ordonne de se mettre au service d'Eurysthée, son plus vieil ennemi, et d'accomplir les tâches qu'il lui ordonnerait : ce seront les douze travaux. Au départ, il y aurait dû n'y en avoir que dix, mais Eurysthée estima que le combat contre l'hydre de Lerne (deuxième tâche) n'était pas valide car Héraclès avait été aidé par Iolaos ; de même pour le nettoyage des écuries d'Augias car il avait demandé à être payé par Augias pour accomplir cette tâche.
4
+
5
+ Homère évoque déjà, dans l’Iliade et l’Odyssée, des « travaux » accomplis par Héraclès sur l'ordre d'Eurysthée, dont la descente aux Enfers pour aller capturer Cerbère[1]. La Théogonie d'Hésiode cite également la victoire contre le lion de Némée et l'hydre de Lerne, ainsi que le vol des bœufs de Géryon[2]. Pisandre ajoute à la liste la biche de Cérynie et les oiseaux du lac Stymphale. Outre les travaux déjà cités, la peinture sur vases à figures noires représente les épisodes du sanglier d'Érymanthe, du taureau de Crète, des juments de Diomède, du combat contre les Amazones et de la quête des pommes d'or du jardin des Hespérides[3].
6
+
7
+ À ce stade, la liste des travaux n'en compte donc que onze. Sur ce nombre, seuls deux — la descente aux Enfers et le sanglier d'Erymanthe — sont explicitement rattachés à Eurysthée[3]. Il est possible qu'à cette étape de la constitution du mythe, Héraclès ait entrepris les autres travaux de lui-même[3].
8
+
9
+ Les travaux d'Héraclès sont tous cités et résumés dans la Bibliothèque du Pseudo-Apollodore[4].
10
+
11
+ Dans la version de Diodore de Sicile, ces travaux doivent être accomplis pour qu'Héraclès atteigne l'immortalité ; en effet, promis par Zeus à posséder le royaume des Persides, Héra empêche sa naissance le jour prévu (alors que Zeus avait destiné le royaume des Persides à l'enfant qui naîtrait un jour précis, Héra hâte la naissance d'Eurysthée et retarde celle d'Héraclès) et Eurysthée se trouve en possession du royaume. Sans s'estimer parjure [sic], Zeus demande à Héraclès d'accomplir les douze travaux qui lui ont été prophétisés par l'oracle de Delphes, et lui promet en échange l'immortalité[5].
12
+
13
+ La liste canonique des douze travaux est fixée à l'époque hellénistique, en se référant à la liste des travaux représentés sur les douze métopes sculptés du temple de Zeus à Olympie, datant de la première moitié du Ve siècle av. J.-C.. Elle comprend deux séries : les travaux effectués dans le Péloponnèse et ceux qui prennent place dans le reste du monde[6].
14
+
15
+ Note : l'ordre des travaux varie selon les sources. Ainsi Diodore de Sicile mentionne le sanglier d'Erymanthe (3), la biche de Cérynie (4), les oiseaux du lac Stymphale (5), les écuries d'Augias (6), la capture de Cerbère (11) et les pommes d'or des Hespérides (12).
16
+
17
+ Il fallut dix années à Héraclès pour terminer ces douze travaux. Il connut cependant de nombreuses autres aventures, tant lors de leur accomplissement qu'après — notamment lors de son séjour près d'Omphale : certaines d'entre elles sont désignées sous le nom de « travaux mineurs ».
18
+
19
+ Héraclès est également cité dans la liste des Argonautes. Il se serait embarqué avec son éromène, Hylas, qu'il perdit au cours de l'aventure. Un jour que les Argonautes faisaient escale près de la ville de Cios, en Bithynie près des côtes de Mysie, Héra fit tomber les nymphes des lieux amoureuses du bel Hylas alors de corvée d'eau, en leur soufflant l'idée de l'entraîner avec elles dans les tréfonds de leur demeure aquatique, le noyant du même coup, et ce afin de faire souffrir davantage son beau-fils. Héraclès toujours à sa recherche, ne revenant pas de la chasse pour laquelle il avait quitté l’Argo, fut laissé en arrière par les Argonautes, incapables de le retrouver et désireux de poursuivre leur route vers la Colchide tandis que le fils de Zeus gémissait dans la forêt sur la disparition de son ami qui restait introuvable.
20
+
21
+ Les douze travaux d'Hercule sont racontés par Édouard Cour (scénario et dessin) dans les albums Herakles aux éditions Akileos. Les huit premiers travaux dans le tome 1 (160 p., 2012), les quatre derniers dans le tome 2 (160 p., 2014).
22
+
23
+ Morvan transpose les travaux dans le futur pour sa BD Hercule[7], dessinée par Looky. De prime abord déroutant, le concept reprend néanmoins tous les éléments clefs de la légende.
24
+
25
+ Les Travaux d'Héraclès ont également inspiré René Goscinny et Albert Uderzo dans le film d'animation Les Douze Travaux d'Astérix sorti en 1976. Astérix et Obélix se confrontent à douze épreuves à la suite d'un défi lancé par Jules César.
26
+
27
+ L'un des premiers courts-métrages d'animation mettant en scène Hercule est Les Douze Travaux d'Hercule, réalisé par le cinéaste français Émile Cohl en 1910, qui montre successivement les douze travaux. Par la suite, de nombreux films en prises de vue réelles ou en animation mettent en scène le héros, souvent dans des aventures inspirées par ses travaux.
28
+
29
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3348.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,168 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings) est un roman en trois volumes de J. R. R. Tolkien paru en 1954 et 1955.
4
+
5
+ Prenant place dans le monde de fiction de la Terre du Milieu, il suit la quête du hobbit Frodon Sacquet, qui doit détruire l'Anneau unique afin que celui-ci ne tombe pas entre les mains de Sauron, le Seigneur des ténèbres. Plusieurs personnages lui viennent en aide, parmi lesquels son serviteur Sam, le mage Gandalf ou encore l'humain Aragorn, héritier d'une longue lignée de rois.
6
+
7
+ À la suite du succès critique et commercial du Hobbit, Tolkien entreprend la rédaction du Seigneur des anneaux à la fin des années 1930 à la demande de son éditeur, Allen & Unwin[1]. Il lui faut douze ans pour parvenir à achever cette suite, qu'il truffe de références et d'allusions au monde du Silmarillion, la Terre du Milieu, sur lequel il travaille depuis 1917 et dans lequel Le Hobbit a été attiré « contre l'intention première » de son auteur[2].
8
+
9
+ À l'origine, Tolkien souhaite publier Le Seigneur des anneaux en un seul volume, mais le prix du papier étant trop élevé en cette période d'après-guerre, l'œuvre est divisée en trois volumes : La Communauté de l'Anneau (The Fellowship of the Ring), Les Deux Tours (The Two Towers) et Le Retour du roi (The Return of the King). C'est un succès commercial immédiat qui ne se dément pas tout au long de la deuxième moitié du XXe siècle et donne lieu à des adaptations sur plusieurs supports, dont une série de trois films à grand budget réalisés par Peter Jackson et sortis entre 2001 et 2003.
10
+
11
+ C'est une des œuvres fondamentales de la littérature dite de fantasy, terme que Tolkien explicite dans son essai Du conte de fées de 1939. Tolkien lui-même considérait son livre comme « un conte de fées […] pour des adultes », écrit « pour amuser (au sens noble) : pour être agréable à lire[3] ».
12
+
13
+ Après un prologue décrivant les Hobbits et leurs mœurs, le passé de la Terre du Milieu et un rapide résumé des aventures de Bilbon Sacquet, le livre I s'ouvre sur le cent onzième anniversaire de ce dernier, soixante années après les événements décrits dans Le Hobbit. Au cours de la réception, Bilbon s'éclipse grâce à l'invisibilité que lui confère son anneau magique et quitte Hobbitebourg, laissant la plus grande partie de ses biens, anneau compris, à son neveu et héritier désigné, Frodon Sacquet. Dix-sept ans plus tard, leur vieil ami, le magicien Gandalf le Gris, révèle à Frodon que son anneau est en réalité l'Anneau unique, instrument du pouvoir de Sauron, le Seigneur Sombre, qui l'a perdu jadis ; s'il devait le retrouver, son pouvoir deviendrait insurmontable. Gandalf presse Frodon de quitter la Comté, qui n'est plus sûre pour lui et de se mettre en route pour le refuge qu'est Fondcombe, la demeure d'Elrond le Semi-elfe.
14
+
15
+ Frodon vend sa demeure de Cul-de-Sac, dissimulant son départ sous le prétexte d'un déménagement au Pays-de-Bouc, à la lisière orientale de la Comté. Accompagné de son jardinier Sam Gamegie et d'un jeune ami, Peregrin Touque (Pippin), il échappe de justesse à plusieurs reprises aux Cavaliers noirs, serviteurs de Sauron chargés de retrouver l'Anneau unique. Les trois compagnons atteignent le Pays-de-Bouc, à l'est de la Comté, où Meriadoc Brandebouc (Merry) les rejoint. Les quatre hobbits poursuivent leur route vers l'est, échappant aux dangers de la Vieille Forêt et des Hauts des Galgals grâce à l'énigmatique Tom Bombadil. À Bree, ils font la connaissance de l'étrange Grands-Pas, un ami de Gandalf, qui devient leur guide. Les Cavaliers noirs, toujours à leurs trousses, parviennent à blesser Frodon près du Mont Venteux, mais grâce à l'elfe Glorfindel, il parvient à franchir le gué de Bruinen. Les Cavaliers, qui le suivent de près, sont emportés par une crue soudaine de la rivière, et Frodon s'évanouit.
16
+
17
+ Au début du livre II, Frodon se réveille à Fondcombe, où il a reçu les soins d'Elrond et où il retrouve Bilbon. S'ensuit le Conseil d'Elrond, auquel assistent des représentants des principales races de la Terre du Milieu : Elfes, Nains et Hommes. Gandalf leur apprend la trahison de Saroumane, son supérieur dans l'Ordre des Mages, qui recherche l'Unique pour lui-même. Après avoir examiné toutes les possibilités qui s'offrent à eux, les participants au Conseil décident que le seul moyen de vaincre Sauron est de détruire l'Anneau en l'amenant au cœur du Mordor, pays de Sauron, et en le jetant dans la lave des Crevasses du Destin, là où il fut forgé. Frodon se déclare volontaire pour accomplir cette tâche, et une « Communauté de l'Anneau » est formée pour l'accompagner et l'aider : elle comprend Frodon et ses trois compagnons hobbits, Gandalf, Aragorn, Boromir du Gondor, Gimli le nain et Legolas l'elfe.
18
+
19
+ La compagnie traverse l'Eregion déserte avant de tenter de franchir les Monts Brumeux par le col enneigé du Caradhras. Après leur échec face aux éléments déchaînés, Gandalf conduit ses compagnons dans les mines de Moria, ancienne cité naine désormais peuplée par des gobelins, mais il tombe dans un gouffre en affrontant le Balrog, une antique créature démoniaque. La Communauté, désormais menée par Aragorn, quitte la Moria et entre dans le pays elfique de Lothlórien, gouverné par Celeborn et Galadriel. Frodon et Sam regardent dans le miroir de Galadriel et voient des visions du passé, du présent et d'un possible futur. Terrifié par l'Œil de Sauron, Frodon propose de remettre l'Anneau à Galadriel, mais celle-ci surmonte la tentation. Les compagnons quittent la Lórien à bord de trois bateaux et descendent le grand fleuve Anduin. Arrivée à hauteur des chutes de Rauros, la Communauté se sépare après une attaque d'Orques et Frodon et Sam partent seuls en direction du Mordor.
20
+
21
+ Le deuxième volume suit les différents chemins empruntés par les membres de la Communauté défunte.
22
+
23
+ Au début du livre III, Boromir meurt en tentant de défendre Merry et Pippin, qui sont enlevés par les Uruk-hai de Saroumane. Après avoir offert des funérailles au capitaine du Gondor, Aragorn, Legolas et Gimli se lancent à leurs trousses à travers les plaines du Rohan. Aux abords de la forêt de Fangorn, ils retrouvent Gandalf, désormais le Blanc, qui a été renvoyé en Terre du Milieu pour achever sa mission après avoir péri en terrassant le Balrog. Les quatre compagnons se rendent à Edoras, où Gandalf libère le roi Théoden de l'emprise de son conseiller Gríma Langue de Serpent, un pantin de Saroumane. Ils participent à la guerre du Rohan contre les armées de Saroumane, qui sont vaincues lors de la bataille de Fort-le-Cor tandis qu'Orthanc, la forteresse de Saroumane, est prise d'assaut par les Ents, des créatures à l'apparence d'arbres menées par Sylvebarbe, auprès de qui Merry et Pippin ont trouvé refuge. Refusant de se repentir de ses erreurs, Saroumane est exclu de l'Ordre des Mages par Gandalf.
24
+
25
+ Le livre IV suit Frodo et Sam sur la route du Mordor. Ils parviennent à capturer et à apprivoiser Gollum, l'ancien possesseur de l'Anneau, qui les suivait depuis la Moria. Il les guide vers une entrée secrète du Mordor, dans la vallée de Minas Morgul. Traversant l'Ithilien, ils sont capturés par Faramir, le frère de Boromir, qui les relâche lorsqu'il apprend l'importance de leur mission. À la fin du livre, Gollum trahit Frodon en le menant dans le repaire d'Arachne, l'araignée géante. Il survit, mais est fait prisonnier par les Orques de Cirith Ungol après que Sam lui a pris l'Anneau, le croyant mort empoisonné par le venin de l'araignée.
26
+
27
+ Le livre V relate la lutte entre le Gondor et le Mordor, vue par Merry aux côtés du roi Théoden et Pippin à Minas Tirith, capitale du Gondor. La Cité Blanche, assiégée par des milliers d'Orques, est sauvée par l'arrivée des cavaliers du Rohan, puis par celle d'Aragorn, qui a libéré le sud du Gondor grâce à l'armée des Morts et s'est emparé de la flotte des pirates d'Umbar, alliés de Sauron. La bataille des champs du Pelennor se conclut par une défaite des forces de Sauron, mais ce dernier dispose encore de forces prodigieuses dont ne peuvent espérer triompher les Peuples libres. Afin de détourner l'attention de Sauron de la quête de Frodo, Aragorn mène une armée devant la Morannon, la Porte Noire du Mordor, pour y livrer une bataille désespérée.
28
+
29
+ Le livre VI revient à Sam, qui libère Frodon des Orques de Cirith Ungol. Les deux hobbits traversent à grand-peine le désert du plateau de Gorgoroth et atteignent le Mont Destin, Gollum sur leurs talons. La tentation se révèle alors trop forte pour Frodon, qui revendique l'Anneau et le passe à son doigt. Il est attaqué par Gollum, qui lui tranche le doigt à coups de dents pour récupérer l'Unique avant de tomber dans les flammes de la montagne en fêtant son triomphe. Par ce retournement de situation eucatastrophique, l'Anneau est détruit, Sauron définitivement vaincu et ses armées en déroute. Aragorn est couronné roi du Gondor et épouse sa promise Arwen, la fille d'Elrond. Après plusieurs semaines de festivités, les membres de la Communauté retournent chez eux. De retour dans la Comté, les quatre hobbits retrouvent leur pays ravagé par des brigands humains et des semi-orques. À Cul-de-Sac, après avoir mis les bandits en déroute, ils découvrent que le responsable de ce chaos n'est autre que Saroumane, qui trouve peu après la mort aux mains de Gríma. la Comté connaît par la suite une grande embellie, mais Frodon, blessé physiquement et mentalement, ne peut apprécier ce renouveau. Il finit par faire voile vers l'Ouest avec Bilbon pour y trouver la paix, accompagné des porteurs des Trois anneaux des Elfes, Galadriel, Elrond et Gandalf. Le Troisième Âge du Soleil et Le Seigneur des anneaux s'achèvent.
30
+
31
+ Le récit proprement dit est suivi de six appendices, visant à donner de plus amples informations sur des éléments passés de l'histoire des peuples présents dans le livre.
32
+
33
+ Un mois après la publication du Hobbit, le 21 septembre 1937, Stanley Unwin, l'éditeur de Tolkien, lui écrit qu'un « large public réclamerait à cor et à cri dès l'année suivante qu'il leur en dise plus au sujet des Hobbits ! », ce à quoi Tolkien, « inquiet », répond qu'il « ne saurai[t] que dire de plus à propos des Hobbits », mais qu'il n'a « en revanche que trop de choses à dire […] à propos du monde dans lequel ce Hobbit a fait intrusion »[4] : en effet, cela fait vingt ans qu'il travaille sur les textes du « Silmarillion ». Après une réponse encourageante d'Unwin[N 1], Tolkien promet qu'il commencera quelque chose dès que possible. Le 19 décembre, il écrit à C. A. Furth, de Allen & Unwin : « J'ai écrit le premier chapitre d'une nouvelle histoire sur les Hobbits — "Une réception depuis longtemps attendue"[5]. » Dans ce chapitre, le héros est encore Bilbon Sacquet, qui disparaît de Hobbitebourg lors de la réception donnée pour son soixante-dixième anniversaire : le trésor qu'il a rapporté d'Erebor est épuisé, et il éprouve le désir de repartir à l'aventure[6].
34
+
35
+ Après plusieurs faux départs, Tolkien décide de placer l'anneau trouvé par Bilbon lors de son aventure au centre de cette suite : à l'origine simple objet magique, il devient au fil des réécritures le terrible Anneau unique forgé par Sauron[7]. L'histoire se met lentement en place : les hobbits Bingo, Frodon et Odo partent pour Fondcombe, dans un récit au ton encore bon enfant, proche de celui du Hobbit, qui subsistera en grande partie dans la version définitive des premiers chapitres du Livre I. Sur leur route, les hobbits croisent un cavalier entièrement drapé dans un manteau. Après un bref moment d'angoisse, le cavalier éclate de rire : il s'agit du magicien Gandalf[8]. Mais Tolkien abandonne aussitôt cette idée au profit d'une autre, bien plus sinistre : Bingo et ses compagnons sont désormais poursuivis par des Cavaliers Noirs. Dans une lettre à Stanley Unwin, Tolkien indique alors que l'histoire a pris « un tour inattendu[9] ».
36
+
37
+ À la mi-septembre 1938, le récit atteint le milieu de la conversation entre Bingo, peu après rebaptisé Frodo, et le nain Glóin à Fondcombe. Tolkien s'arrête alors un moment et retravaille les premiers chapitres, car l'histoire évolue alors même qu'il l'écrit, nécessitant de fréquentes corrections pour accorder les passages les plus anciens avec les plus récents. Le livre couvre alors 300 pages manuscrites et Tolkien, optimiste, estime qu'il en faudra encore 200 pour le terminer[10]. Le récit est pourtant encore loin de sa version finale : par exemple, l'étranger que les hobbits rencontrent à Bree n'est pas encore Aragorn, Rôdeur descendant des rois de jadis, mais Trotter, un simple hobbit aventureux qui porte des chaussures de bois[11].
38
+
39
+ 1939 est une année difficile pour Tolkien : un accident survenu au cours de l'été se solde par une commotion cérébrale, et le début de la Seconde Guerre mondiale entraîne un accroissement de ses responsabilités à Oxford. Il continue pourtant à travailler sur Le Seigneur des anneaux, qui atteint le chapitre « Les Mines de la Moria » (finalement « Un voyage dans le noir », chapitre 4 du Livre II) en décembre[12]. Il n'y revient pas avant août 1940, mais se consacre à des corrections dans le texte déjà existant, et ne recommence à écrire qu'à la fin de l'année 1941. Il termine alors le Livre II et commence le III, dont les quatre premiers chapitres sont écrits fin janvier. À l'automne, le Livre III est terminé.
40
+
41
+ Le livre ne progresse plus avant le printemps 1944, lorsque Tolkien entame « dans la douleur[13] » le Livre IV. Tolkien écrit les chapitres et les fait lire au fur et à mesure à son ami C. S. Lewis et à son fils Christopher, qui se trouve alors en Afrique du Sud pour s'entraîner avec la Royal Air Force. Tous deux sont très enthousiastes, ce qui motive Tolkien : il achève le Livre IV à la fin du mois de mai, avant de s'arrêter de nouveau. Le 12 août, il écrit à Christopher : « Toute inspiration pour [Le Seigneur des anneaux] s'est complètement tarie, et j'en suis au même point qu'au printemps, avec toute l'inertie à surmonter de nouveau. Quel soulagement ce serait d'en finir[14]. »
42
+
43
+ Tolkien commence le Livre V, persuadé qu'il s'agira du dernier, en octobre. Mais il n'avance guère, et ce n'est qu'en septembre 1946 qu'il progresse véritablement, après un long moment sans avoir travaillé sur le récit. Ce cinquième livre est achevé un peu plus d'un an plus tard, en octobre 1947, Tolkien ayant dans le même temps apporté le lot habituel de corrections aux premiers livres. Finalement, la rédaction du Seigneur des anneaux est achevée, du moins au brouillon, entre la mi-août et la mi-septembre 1948. Le livre inclut alors un épilogue centré sur Sam et ses enfants, mais Tolkien se laisse convaincre de l'omettre[15].
44
+
45
+ Les brouillons du Seigneur des anneaux ont été publiés et étudiés par Christopher Tolkien dans les tomes 6 à 9 de son Histoire de la Terre du Milieu, non traduits en français : The Return of the Shadow, The Treason of Isengard, The War of the Ring et Sauron Defeated (1988-1992).
46
+
47
+ En mai 1957, Tolkien vend les brouillons du Seigneur des anneaux (entre autres) pour 1 500 £ à l'université Marquette de Milwaukee, à la requête du bibliothécaire de cette dernière, William B. Ready. Avant de les envoyer, Tolkien entreprend de les annoter et de les classifier, mais la tâche se révèle trop longue, et en fin de compte, les papiers sont envoyés dans le désordre à Marquette en 1958. Tolkien s'aperçoit ultérieurement que certains papiers liés au Seigneur des anneaux (principalement parmi les brouillons les plus anciens) sont toujours en sa possession. Finalement, c'est son fils Christopher qui, après avoir étudié et publié ces brouillons dans le cadre de son Histoire de la Terre du Milieu, envoie ces documents à Marquette. L'université américaine possède plus de 9 200 pages concernant Le Seigneur des anneaux[16].
48
+
49
+ Le Seigneur des anneaux est né des passions de Tolkien : la philologie, les contes de fées ainsi que les sagas norroises, notamment Beowulf et les Eddas, et le Kalevala, l'épopée nationale finlandaise. L'idée de l'Anneau unique qui gouverne le monde et trompe son porteur est présente dans le cycle des Nibelungen, saga germanique médiévale reprise par Richard Wagner dans sa tétralogie de L'Anneau du Nibelung. Tolkien nie cependant cette influence : « Ces deux anneaux sont ronds, et c'est là leur seule ressemblance », répond-il à l'introduction de la traduction suédoise du Seigneur des anneaux qui affirme que « l'Anneau est, d'une certaine manière, "der Nibelungen Ring"[17] ». Comme le soulignent Wayne G. Hammond et Christina Scull, l'anneau d'invisibilité est un objet courant dans la littérature, que l'on retrouve dans les contes de fées d'Andrew Lang, chez Chrétien de Troyes (Yvain ou le Chevalier au lion) et jusque dans La République de Platon avec l'anneau de Gygès[18].
50
+
51
+ De la même façon, Tolkien réfute vigoureusement toute interprétation allégorique de son œuvre[3], en particulier celle visant à dresser un parallèle entre la guerre de l'Anneau et la Seconde Guerre mondiale :
52
+
53
+ « La vraie guerre ne ressemble en rien à la guerre légendaire, dans sa manière ou dans son déroulement. Si elle avait inspiré ou dicté le développement de la légende, l'Anneau aurait certainement été saisi et utilisé contre Sauron ; celui-ci n'aurait pas été anéanti, mais asservi, et Barad-dûr n'aurait pas été détruite, mais occupée. Saruman, n'ayant pas réussi à s'emparer de l'Anneau, aurait profité de la confusion et de la fourberie ambiantes pour trouver, au Mordor, le chaînon manquant de ses propres recherches dans la confection d'anneaux ; et bientôt il aurait fabriqué son propre Grand Anneau, de manière à défier le Maître autoproclamé de la Terre du Milieu. Dans un tel conflit, les deux camps n'auraient eu que de la haine et du mépris pour les hobbits, qui n'auraient pas survécu longtemps, même en tant qu'esclaves. »
54
+
55
+ — Avant-propos de la seconde édition du Seigneur des anneaux
56
+
57
+ Il ne nie toutefois pas avoir été influencé par la « noirceur » des années d'écriture du Seigneur des anneaux[19].
58
+
59
+ Dans une lettre au père Robert Murray, Tolkien décrit Le Seigneur des anneaux comme « une œuvre fondamentalement religieuse et catholique ; de manière inconsciente dans un premier temps, puis de manière consciente lorsque je l'ai retravaillée[20] ». Plusieurs thèmes mythologiques et catholiques sous-tendent la narration : l'ennoblissement des humbles, la pitié, le libre arbitre, ainsi que l'attirance pour le pouvoir et la « tentation du Bien », celle qui vise à atteindre le Bien en usant de tous les moyens, même les plus mauvais, à laquelle Gandalf et Galadriel manquent de succomber. Mais pour Tolkien, l'élément au centre de son livre n'est autre que la Mort et le désir d'immortalité[21]. Cet aspect est étudié par Vincent Ferré dans son livre Tolkien : sur les rivages de la Terre du Milieu (Christian Bourgois, 2001).
60
+
61
+ Le Seigneur des anneaux est globalement achevé en octobre 1949. En théorie, il devrait être publié par Allen & Unwin, à qui Tolkien avait promis une suite du Hobbit. Cependant, l'idée le prend de vouloir publier Le Seigneur des anneaux avec Le Silmarillion, qui avait été refusé par Allen & Unwin en 1937, lorsque Tolkien le leur avait soumis — refus qui, par ailleurs, a fait naître un certain ressentiment chez lui.
62
+
63
+ Durant l'automne 1949, Tolkien fait la connaissance de Milton Waldman, de la maison d'édition londonienne Collins, par l'entremise de Gervase Mathew, un membre des Inklings[22]. Waldman propose à Tolkien d'éditer les deux livres ensemble, offre que Tolkien s'empresse d'accepter. En février 1950, il écrit à Stanley Unwin qu'il exige que Le Silmarillion soit édité avec Le Seigneur des anneaux. Après quelques mésaventures, notamment une note de Rayner Unwin que Tolkien n'aurait pas dû lire, dans laquelle le fils de Stanley propose à son père d'éditer Le Seigneur des anneaux, puis de « laisser tomber » Le Silmarillion[23], Tolkien pose un ultimatum à Unwin : soit il prend les deux ouvrages, soit il n'en a aucun. Unwin refuse, n'ayant même pas vu le manuscrit du Seigneur des anneaux[24].
64
+
65
+ Tolkien s'en remet alors à Waldman ; celui-ci l'assure que Collins éditera ses deux livres durant l'automne 1950. Mais Waldman, malade, est forcé de faire de fréquents séjours en Italie, et ses remplaçants sont beaucoup moins enthousiastes au sujet des deux volumineux livres de Tolkien. Au début de l'année 1952, rien n'est encore fait, si bien que Tolkien somme Collins de publier Le Seigneur des anneaux au plus tôt, sans quoi il se rapproprie le manuscrit. La longueur du texte affole les éditeurs, qui refusent net[N 2].
66
+
67
+ Rayner Unwin, au courant de ses démêlés avec Collins, reprend alors contact avec Tolkien, qui fait son mea culpa et demande s'il est encore possible de faire quelque chose « pour déverrouiller les portes que j'ai moi-même claquées[25] ? », ce à quoi Unwin répond : « Nous voulons absolument vous publier — ce ne sont que les circonstances qui nous ont retenus. » S'ensuit un long travail de relecture et de correction, au cours duquel il est finalement décidé de publier le livre en trois volumes. Après beaucoup d'hésitations, les titres La Communauté de l'Anneau (The Fellowship of the Ring), Les Deux Tours (The Two Towers) et Le Retour du Roi (The Return of the King) sont choisis, ce dernier contre l'avis de Tolkien qui préfère La Guerre de l'anneau (The War of the Ring), moins révélateur de l'issue du récit[26].
68
+
69
+ Ce découpage en trois tomes fait que l'on décrit souvent le Seigneur des anneaux comme une trilogie, mais ce terme est techniquement incorrect, car il a été écrit et conçu d'un seul tenant. Néanmoins, Tolkien lui-même reprend dans ses lettres, de temps à autre, le terme de « trilogie » lorsqu'il est employé par ses correspondants[N 3]
70
+
71
+ La Communauté de l'Anneau est publié au Royaume-Uni par Allen & Unwin le 29 juillet 1954, suivi par Les Deux Tours le 11 novembre 1954 et par Le Retour du Roi le 20 octobre 1955, ce tome ayant été retardé à cause des difficultés de Tolkien pour écrire les appendices[27]. Aux États-Unis, Houghton Mifflin publie le volume 1 le 21 octobre 1954, le volume 2 le 21 avril 1955 et le volume 3 le 5 janvier 1956. Défiant les prévisions pessimistes de Rayner Unwin, le premier tirage des deux premiers volumes, assez faible (4 500 exemplaires pour La Communauté de l'Anneau et 4 250 pour Les Deux Tours, couvrant les marchés britannique et américain) est rapidement épuisé, réclamant une réimpression rapide. Ce succès explique que le tirage initial du Retour du Roi, paru un an plus tard, ait été de 12 000 exemplaires[28].
72
+
73
+ Au début des années 1960, Donald Wollheim, un auteur de science-fiction pour la maison d'édition Ace Books, estime que Le Seigneur des anneaux ne bénéficie pas de la protection du copyright américain à l'intérieur des États-Unis, en raison de l'édition en couverture rigide (hardcover) du livre chez Houghton Mifflin, compilée à partir de pages imprimées au Royaume-Uni pour l'édition britannique. Ace Books publie une édition pirate, sans avoir obtenu d'autorisation de la part de Tolkien et sans lui offrir aucune compensation. Tolkien le fait savoir clairement aux fans américains qui lui écrivent et passe l'été 1965 à réviser le texte du livre, corrigeant les fautes, adaptant quelques éléments de la mythologie toujours mouvante du Silmarillion et rédigeant un nouvel avant-propos, disant à propos de celui de la première édition : « confondre (comme il le fait) de véritables éléments personnels avec la "machinerie" du Conte est une grave erreur[29] ». Cette seconde édition du Seigneur des anneaux est publiée au format poche chez Ballantine Books en octobre 1965[28]. Ace Books finit par abandonner l'édition non autorisée et par signer un accord à l'amiable avec Tolkien, lui payant 4 % des bénéfices et s'engageant à ne pas réimprimer le livre[30]. Par la suite, Wollheim continue cependant à affirmer qu'Ace Books était dans son droit en publiant cette édition pirate. Ce n'est qu'en 1992 que cette controverse est tranchée par une décision de justice, qui statue que la première édition américaine du Seigneur des anneaux chez Houghton Mifflin était bien soumise au copyright américain[31].
74
+
75
+ À l'occasion du cinquantième anniversaire de la publication du Seigneur des anneaux, une nouvelle édition du livre est parue, sous la direction de Wayne G. Hammond et Christina Scull. Un grand nombre de coquilles y sont corrigées, ainsi que certaines erreurs du texte lui-même. La liste des corrections se trouve dans l'ouvrage séparé The Lord of the Rings: A Reader's Companion.
76
+
77
+ Avec la sortie de l'adaptation filmée, les ventes de livres grimpent. Selon David Brawn, l'éditeur de Tolkien chez HarperCollins, qui détient les droits pour le monde anglo-saxon, à l'exception des États-Unis : « En trois ans, de 2001 à 2003, il s'est vendu 25 millions d'exemplaires du Seigneur des anneaux — 15 millions en anglais et 10 millions dans les autres langues. Et au Royaume-Uni les ventes ont augmenté de 1000 % après la sortie du premier film de la trilogie »[32].
78
+
79
+ Le livre a été traduit dans une trentaine de langues. La traduction initiale en français est due à Francis Ledoux et est publiée par l'éditeur Christian Bourgois en 1972-1973. Le premier tome reçoit le Prix du Meilleur livre étranger en 1973[33]. Cette traduction est sujette à débat : si elle est d'une certaine qualité littéraire (Ledoux a également traduit Charles Dickens, Daniel Defoe, Edgar Allan Poe, entre autres[34]), elle est truffée de coquilles et d'erreurs de traduction, certaines imputables au fait que Ledoux ne disposait pas du Silmarillion, notamment pour les pluriels des noms en quenya : the Valar est ainsi traduit par « le Valar » au lieu de « les Valar »[35]. Le premier tome d'une nouvelle traduction, assurée par Daniel Lauzon, est paru chez Christian Bourgois en 2014 sous le titre La Communauté de l'Anneau[36], suivi des Deux Tours en 2015 et du Retour du Roi en 2016[37].
80
+
81
+ Philologue, connaissant une douzaine de langues anciennes et modernes (parmi lesquelles le norrois, le gotique, le vieil anglais, le latin, le grec, l'espagnol, le français, le finnois, le gallois, le russe ou l'italien[38]), Tolkien s'intéresse de près aux premières traductions de son livre (néerlandaise en 1956-1957, suédoise en 1959-1961) et émet plusieurs commentaires afin d'éclairer ses intentions dans la création de tel ou tel nom, en particulier les toponymes de la Comté, dans lesquels Tolkien a glissé nombre de jeux de mots philologiques à plusieurs niveaux. Conscient des difficultés posées par les noms propres de son œuvre, Tolkien aborde la question dans un long essai, « Guide to the Names in The Lord of the Rings », publié à titre posthume dans le recueil A Tolkien Compass (1975). Les dernières éditions de ce recueil ne contiennent plus l'essai de Tolkien, mais une version augmentée est reprise dans The Lord of the Rings: A Reader's Companion. Les problèmes posés par la traduction des livres de Tolkien ont par la suite été abordés par d'autres auteurs[39].
82
+
83
+ Si la valeur littéraire du Seigneur des anneaux est reconnue presque universellement, le livre est longtemps l'objet d'un certain mépris universitaire qui s'inscrit dans un mouvement qu'Ursula K. Le Guin caractérise comme une « méfiance puritaine profonde à l'égard du fantastique ». Les accusations les plus récurrentes touchent au discours politique attribué au texte, tour à tour qualifié de paternaliste, réactionnaire, anti-intellectuel ou fasciste[40].
84
+
85
+ À la parution de La Communauté de l'Anneau, les critiques sont dans l'ensemble mitigées. La plus élogieuse est celle de C. S. Lewis, ami de Tolkien, qui déclare, dans sa critique pour Time and Tide :
86
+
87
+ « Ce livre est comme un éclair dans un ciel ensoleillé : aussi différent, aussi inattendu à notre époque que Les Chants d'Innocence l'étaient à la leur. Il est inadéquat de dire qu'à l'intérieur la romance héroïque, superbe, éloquente, et vierge de toute honte, a soudain réapparu dans une période à l'antiromantisme presque pathologique. Pour nous, qui vivons en ces étranges temps, le retour, et le soulagement pur qui en découle, est sans nul doute chose importante. Mais dans l'histoire du Roman elle-même, une histoire qui remonte jusqu'à l'Odyssée et au-delà, il ne s'agit pas d'un recul, mais d'une avancée et d'une révolution : la conquête de nouveaux territoires. »
88
+
89
+ — C. S. Lewis, « The Gods Return to Earth », dans Time and Tide, 14 août 1954
90
+
91
+ Néanmoins, Lewis, auteur controversé, prévient Tolkien que son soutien « peut [lui] faire plus de mal que de bien[41] », et c'est effectivement ce qui se passe : plusieurs critiques préfèrent moquer l'enthousiasme de Lewis et sa comparaison du Seigneur des anneaux avec L'Arioste que s'attacher vraiment au livre de Tolkien. Beaucoup d'entre eux trouvent à redire au style : dans le Daily Telegraph, Peter Green trouve qu'il varie « du préraphaélite au Boy's Own Paper [un journal pour enfants] », et ajoute que le livre « devrait être immensément populaire chez les enfants de 10 ans qui ne préfèrent pas la science-fiction[42] ». Même ainsi, il reconnaît que « cet ouvrage informe exerce une fascination indéniable », et la plupart des critiques s'accordent avec lui : quels que soient les défauts qu'ils lui trouvent, Le Seigneur des anneaux possède quelque chose d'indéfinissable et de marquant, qui fait que « même une simple lecture ne sera pas oubliée de sitôt[43] ».
92
+
93
+ Les critiques des deux autres volumes suivent peu ou prou le même modèle, mais la parution du Retour du Roi permet aux journalistes d'appréhender enfin Le Seigneur des anneaux dans son entièreté. C. S. Lewis publie une seconde critique dans Time and Tide, où il déclare que, s'il est encore trop tôt pour juger le livre, « il nous a fait quelque chose. Nous ne sommes plus tout à fait les mêmes[44]. » À l'opposé se trouve la critique fameuse d'Edmund Wilson pour The Nation, selon laquelle peu de choses, dans le livre, « dépasse[nt] l'entendement d'un enfant de sept ans », et que les compliments qui lui sont faits ne sont dus qu'au fait que « certaines personnes – peut-être en particulier en Grande-Bretagne – ont toute leur vie un goût pour des déchets juvéniles »[45] ». Dans sa propre critique, W. H. Auden, qui a déjà déclaré au sujet de La Communauté de l'Anneau qu'« aucune œuvre de fiction ne [lui] a donné autant de plaisir ces cinq dernières années[46] », résume les réactions passionnées au Seigneur des anneaux : « Je ne me rappelle guère d'autre livre au sujet duquel nous ayons eu d'aussi violentes disputes. Personne ne semble avoir une opinion modérée ; soit, comme moi-même, les gens trouvent qu'il s'agit d'une œuvre maîtresse de son genre ou ils ne peuvent le supporter[47]. » Amusé par ces querelles, Tolkien compose ce petit quatrain[48] :
94
+
95
+ Le Seigneur des anneaux
96
+ Est une de ces choses :
97
+ Si vous l'aimez c'est bien
98
+ Sinon vous criez bah !
99
+
100
+ À la fin du XXe siècle, plusieurs sondages effectués au Royaume-Uni montrent l'engouement populaire suscité par Le Seigneur des anneaux : un sondage organisé par la chaîne de magasins Waterstone's et la chaîne Channel 4 en 1996 l'élit « plus grand livre du siècle », loin devant 1984 de George Orwell. Ce résultat est confirmé peu après par des sondages réalisés par le Daily Telegraph et la Folio Society. En 2003, Le Seigneur des anneaux arrive encore en tête d'un sondage de la BBC concernant le livre favori des sondés[49].
101
+
102
+ En France, le premier à évoquer Tolkien et son roman dans une publication est Jacques Bergier, tout d'abord par une mention dans Le Matin des magiciens (1960)[50], puis plus longuement dans Admirations, en 1970[51]. Celui-ci recommande ensuite Le Seigneur des anneaux à Christian Bourgois, qui le fait traduire et le publie en 1972-1973[52]. La réception de la presse est alors bonne, tant locale (Le Républicain lorrain) que nationale : Le Point, Le Figaro où Jean-Louis Curtis fait l'éloge d'un livre qu'il avait proposé à la publication chez Julliard[33].
103
+
104
+ Par la suite, outre la citation du Seigneur des anneaux comme source de La Gloire de l'Empire, de Jean d'Ormesson (1971) et l'admiration manifestée par Julien Gracq pour un livre « où la vertu romanesque ressurgissait intacte et neuve dans un domaine complètement inattendu[53] », ou encore celle manifestée par le père Louis Bouyer, ami personnel de Tolkien, dans ses Lieux magiques de la légende du Graal, il faut attendre vingt ans pour qu'un premier ouvrage critique, écrit par Pierre Jourde, soit publié sur Tolkien, avant ceux d'Édouard Kloczko, de Nicolas Bonnal et de Vincent Ferré[54]. À la suite de la sortie des films de Peter Jackson, de nombreux ouvrages ont par la suite été traduits ou publiés.
105
+
106
+ Avant cette occasion, les critiques restent rares : divers articles dans la presse lors de la sortie des différentes traductions suivantes, articles commentés par Vincent Ferré comme pleins d'erreurs[33], un article de l'essayiste « traditionaliste » Julius Evola dans la revue Totalité qui célèbre la dimension spirituelle du livre en 1981, ou Les Cahiers de l'imaginaire l'année suivante[51]. Les critiques littéraires rouvrent en 2001 Le Seigneur des anneaux, comme Patrick Besson, qui publie dans Le Figaro un article titré « Le Seigneur des Fachos »[55], auquel répondent des spécialistes de Tolkien, parlant de « critiques largement réfutées[56] ». Du reste, Le Figaro littéraire fait sa une à la même époque sur « Tolkien : le dernier des magiciens » où Jean-Marie Rouart, de l'Académie française affirme que :
107
+
108
+ « Avec le retour de Tolkien, dont le succès brave tous les ukases de la littérature expérimentale ou minimaliste, le romanesque reprend sa revanche : une orgie de féerie, un bain dans l'imaginaire le plus débridé, un abandon dans l'irrationnel. »
109
+
110
+ — Jean-Marie Rouart[57]
111
+
112
+ Forrest J Ackerman est le premier à entrer en contact avec J. R. R. Tolkien, en 1957, pour lui proposer une adaptation cinématographique du Seigneur des anneaux, alors que les ventes du livre restent confidentielles : il obtient les droits pour un an et penche pour un film en prise de vues réelle alors que l'auteur privilégie un film d'animation ; mais aucun producteur ne se montre intéressé[58].
113
+
114
+ Durant les années 1960 et 1970, Le Seigneur des anneaux devient la base d'un véritable phénomène : le livre est considéré comme un symbole de la contreculture[59],[58]. On peut citer les slogans « Frodo Lives! » (« Frodon est vivant ») ou « Gandalf for President » (« Gandalf président »), très populaires chez les fans de Tolkien durant ces deux décennies, ou les nombreuses parodies d��rivées de l'œuvre, dont la plus connue est sans doute Lord of the Ringards (Bored of the Rings), écrite par des rédacteurs du Harvard Lampoon et publiée en 1969.
115
+
116
+ En plein succès, les Beatles cherchent à monter une adaptation cinématographique sur l'impulsion de John Lennon ; ils s'accordent à ce que ce dernier joue le rôle de Gollum, Paul McCartney celui de Frodon, George Harrison celui de Gandalf et Ringo Starr celui de Sam ; Heinz Edelmann, qui travaille alors pour le quatuor sur leur film d’animation Yellow Submarine, imagine « un genre d’opéra, une sorte d’impression opératique […] une distillation de l’ambiance et de l’histoire qui n’aurait pas suivi chaque recoin de l’intrigue » ; mais Stanley Kubrick décline la proposition de réaliser ce projet et J. R. R. Tolkien n'est pas séduit par l'idée[58],[60].
117
+
118
+ Le studio United Artists achète les droits d'adaptation en 1969 pour 250 000 dollars : John Boorman est chargé de mener le projet et collabore avec Rospo Pallenberg ; les Beatles sont toujours envisagés par le studio dans le rôle des Hobbits ; mais le scénario élaboré est finalement rejeté par United Artists, ainsi que par d'autres studios dont Disney. Boorman et Pallenberg s'inspirent cependant de leur travail pour produire Excalibur (1981)[58].
119
+
120
+ Le succès populaire du Seigneur des anneaux a pour effet d'étendre la demande pour la science-fiction et la fantasy. L'évolution de ce genre dans les années 1960 et 1970 est largement due au Seigneur des anneaux. Un grand nombre de livres dans la même veine sont alors publiés, comme Le Cycle de Terremer de Ursula K. Le Guin ou les livres de Shannara de Terry Brooks.
121
+
122
+ L'industrie du jeu de rôle a aussi été fortement marquée par Le Seigneur des anneaux : Donjons et Dragons, l'ancêtre du genre, inclut de nombreuses races issues du roman : hobbits, elfes, nains, demi-elfes, orques et dragons. Gary Gygax, principal créateur du jeu, maintient cependant n'avoir été que peu influencé par Tolkien, n'ayant inclus ces éléments que pour rendre son jeu plus populaire[61]. L'univers de Tolkien a connu deux adaptations directes en jeu de rôle, la première en 1984 (JRTM, édité par Iron Crown Enterprises), la seconde à la suite de l'adaptation de Peter Jackson, en 2002 (Jeu de rôle du Seigneur des Anneaux, édité par Decipher).
123
+
124
+ Le livre a également influencé de nombreux musiciens. Le groupe de rock anglais Led Zeppelin a composé plusieurs morceaux qui font explicitement référence au Seigneur des anneaux : Ramble On (sur Led Zeppelin II), The Battle of Evermore et Misty Mountain Hop (sur Led Zeppelin IV), et Over the Hills and Far Away (sur Houses of the Holy). Le Seigneur des anneaux est souvent considéré comme ayant eu une influence directe sur Stairway to Heaven, la plus célèbre composition du groupe[62], mais Robert Plant a déclaré qu'il n'en était rien[réf. nécessaire]. Le musicien suédois Bo Hansson consacre l'intégralité de Music Inspired by Lord of the Rings, son premier album, au livre de Tolkien. Mirage, le second album du groupe Camel, contient trois morceaux inspirés par le livre (Nimrodel, The Procession et The White Rider). Le pseudonyme de Steve Peregrin Took, percussionniste du groupe T. Rex, vient du nom du hobbit Peregrin Touque. Le groupe de rock progressif canadien Rush a été également influencé par l'œuvre de Tolkien, avec la chanson Rivendell, par exemple.
125
+
126
+ L'œuvre de Tolkien a beaucoup inspiré les groupes de metal. La quasi-totalité de la discographie du groupe Summoning se fonde sur celle-ci. Le groupe de power metal allemand Blind Guardian a composé un grand nombre de morceaux contenant des références à l'œuvre de Tolkien[63]. Plusieurs groupes, comme Burzum, Gorgoroth ou Amon Amarth, tirent leurs noms de termes forgés par J. R. R. Tolkien, en général associés au Mordor : le terme burzum (qui apparaît dans les vers gravés sur l'Anneau unique) signifierait « ténèbres » en noir parler, Gorgoroth est le nom d'une région du Mordor, et Amon Amarth est le nom sindarin du Mont Destin.
127
+
128
+ L'histoire du Seigneur des anneaux se déroule sur la Terre du Milieu, principal continent d'Arda, univers créé de toutes pièces par l'auteur. J. R. R. Tolkien appelle ce travail littéraire « sous-création » (aussi traduit par « subcréation »). En réalité, Le Seigneur des anneaux n'a pas lieu sur une autre planète ou dans une autre dimension : il s'agit simplement d'un « passé imaginaire » de la Terre :
129
+
130
+ « J'ai construit, je le crois, une époque imaginaire, mais quant au lieu j'ai gardé les pieds sur ma propre Terre maternelle. Je préfère cela à la mode moderne qui consiste à rechercher des planètes lointaines dans "l'espace". Quoique curieuses, elles nous sont étrangères, et l'on ne peut les aimer avec l'amour de ceux dont nous partageons le sang. »
131
+
132
+ — Lettre no 211 à Rhona Beare (14 octobre 1958)
133
+
134
+ Ce « passé imaginaire » est décrit avec une précision chirurgicale par son créateur, qui va jusqu'à réécrire des passages entiers du Seigneur des anneaux afin que les phases de la lune soient cohérentes[N 4]. La géographie du récit a été soigneusement élaborée par l'auteur : « J'ai commencé, avec sagesse, par une carte, à laquelle j'ai subordonné l'histoire (globalement en apportant une attention minutieuse aux distances). Faire l'inverse est source de confusion et de contradictions[64]. » Les trois cartes que comprend Le Seigneur des anneaux (la carte générale, celle de la Comté et celle représentant le Gondor, le Rohan et le Mordor à grande échelle) ont été dessinées par Christopher Tolkien d'après des croquis de son père.
135
+
136
+ Tolkien a doté la Terre du Milieu d'une histoire propre, de la création du monde à la naissance des hommes en passant par celle des Elfes et des Nains. Cette histoire, qui n'apparaît qu'en retrait dans le texte du livre, à travers les nombreuses allusions qui y sont faites et les poèmes qui émaillent le récit, est détaillée dans les Appendices, ainsi que dans Le Silmarillion. Elle sous-tend néanmoins Le Seigneur des anneaux tout entier, lui conférant une grande profondeur. Comme son auteur le reconnaît lui-même :
137
+
138
+ « Une partie de l’attrait du Seigneur des anneaux est due, je pense, aux aperçus d’une vaste Histoire qui se trouve à l’arrière-plan : un attrait comme celui que possède une île inviolée que l’on voit de très loin, ou des tours d’une ville lointaine miroitant dans un brouillard éclairé par le soleil. S’y rendre, c’est détruire la magie, à moins que n’apparaissent encore de nouvelles visions inaccessibles. »
139
+
140
+ — Lettre no 247 au colonel Worskett (20 septembre 1963)
141
+
142
+ Pour maintenir cette fiction historique, Tolkien prétend ne pas être l'auteur du Seigneur des anneaux, mais simplement son traducteur et éditeur, sa source étant le fictif Livre Rouge de la Marche de l'Ouest, c'est-à-dire les mémoires de Bilbon, qui forment Le Hobbit, et de Frodon, qui constituent Le Seigneur des anneaux. Par un procédé de mise en abyme, la page de titre de ce Livre Rouge est visible dans le dernier chapitre du Seigneur des anneaux, « Les Havres Gris » : il s'intitule La Chute du Seigneur des anneaux et le Retour du Roi[65].
143
+
144
+ La richesse du développement de la Terre du Milieu se voit aussi dans des domaines plus inattendus. Elle est peuplée de nombreuses créatures plus ou moins fantastiques, des mouches du Mordor aux trolls des cavernes. L'auteur s'est également soucié de la flore d'Arda dont l'elanor ou le mallorn sont les exemples les plus évidents. Pour ce qui est de l'astronomie, si les constellations et les planètes visibles dans le ciel nocturne sont les mêmes que les nôtres, elles reçoivent de nouveaux noms : par exemple, la Grande Ourse devient Valacirca, la « Faucille des Valar », et la planète Mars devient Carnil, « la Rouge ». Cette polyvalence ne va pas sans poser quelques problèmes à Tolkien, bien en peine de répondre à toutes les demandes de ses lecteurs :
145
+
146
+ « … beaucoup réclament comme vous des cartes, d'autres veulent des indications sur la géologie plutôt que sur les lieux ; beaucoup veulent des grammaires et phonologies elfiques et des exemples ; certains veulent de la métrique et de la prosodie […] Les musiciens veulent des mélodies et une notation musicale ; les archéologues veulent des précisions sur la céramique et la métallurgie. Les botanistes veulent une description plus précise des mallorn, elanor, niphredil, alfirin, mallos et symbelmynë ; et les historiens veulent davantage de détails sur la structure sociale et politique du Gondor ; ceux qui ont des questions plus générales veulent des informations sur les Chariotiers, le Harad, les origines des Nains, les Morts, les Béorniens et les deux mages (sur cinq) disparus[66]. »
147
+
148
+ Le travail de Tolkien débute par la création de langues puis la mise en place d'un décor et de personnages parlant ces langues, élaborées pendant plus de soixante ans. Au début, les récits sont en quelque sorte là pour donner de la crédibilité aux langues et rendre leur existence plus vraisemblable : à un fâcheux, Tolkien répond que Le Seigneur des anneaux est « une tentative pour créer une situation dans laquelle on pourrait avoir comme phrase de salutation habituelle elen síla lúmenn' omentielmo, et que cette phrase précédait de beaucoup le livre[67] ». Il s'agit clairement d'une exagération : l'expression elen síla lúmenn' omentielmo[68], qui signifie « une étoile brille sur l'heure de notre rencontre », n'est apparue qu'au cours de la rédaction du livre. Cette anecdote permet toutefois de saisir l'importance des langues dans l'œuvre de Tolkien, qu'il qualifie lui-même « d'inspiration fondamentalement linguistique[69] ».
149
+
150
+ Après un premier projet de dessin animé avorté, dont le scénario a été abondamment commenté par Tolkien[70], suivi de tentatives plus ou moins abouties par les Beatles ou John Boorman[71], la première adaptation du Seigneur des anneaux sur grand écran sort en 1978. Ce film d'animation, réalisé par Ralph Bakshi, ne couvre qu'une partie du récit : il s'arrête à la bataille de Fort-le-Cor. Le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson a réalisé une seconde adaptation, intégrale, dont les trois volets sont sortis en salles entre 2001 et 2003.
151
+
152
+ En 2014 la chaine Arte diffuse À la recherche du Hobbit, une série documentaire en cinq épisodes de 26 minutes, produite par Yannis Metzinger et Alexis Metzinger, et réalisée par Olivier Simonnet. La série amène le spectateur aux sources des légendes et des inspirations qui ont mené J. R. R. Tolkien à écrire les romans du Hobbit et du Seigneur des anneaux.
153
+
154
+ En 1993, une série télé finoise intitulée : Hobitit, est créée. Elle compte une saison de 9 épisodes de 30 minutes. Elle présente uniquement les événements du Seigneur des Anneaux vécus par Frodon Sacquet et Samsagace Gamegie avec quelques exceptions comme la mort de Boromir.C'est aussi la seule adaptation où l'on voit Tom Bombadil et le nettoyage de la Comté.
155
+
156
+ En novembre 2017, Amazon acquiert les droits TV mondiaux du Seigneur des anneaux et annonce la production d'une série médiéval-fantastique adaptée[72],[73].
157
+
158
+ Deux versions radiophoniques du Seigneur des anneaux ont été produites par la BBC, en 1955 et en 1981. La première s'est faite sous le regard de Tolkien, qui a échangé une correspondance volumineuse avec le producteur Terence Tiller, tandis que la seconde, réalisée par Brian Sibley et Michael Bakewell, est généralement considérée comme la plus fidèle[74]. Une troisième adaptation a été réalisée aux États-Unis en 1979.
159
+
160
+ De nombreux jeux sont adaptés de l'univers du Seigneur des anneaux. En premier lieu, plusieurs jeux de rôle en ont été directement dérivés, notamment par Iron Crown Enterprises (JRTM) et Decipher (Jeu de rôle du Seigneur des Anneaux). Par la suite, de nombreux jeux vidéo se sont inspirés de l'œuvre, ainsi que des jeux de société et de figurines. Les années 2000 ont connu une accentuation du phénomène à la suite du succès des adaptations cinématographiques de Peter Jackson.
161
+
162
+ Dès 1965, Donald Swann met en musique six poèmes du Seigneur des anneaux et un des Aventures de Tom Bombadil, avec l'approbation de Tolkien, qui suggère un arrangement en plain-chant pour le Namárië. Les chansons sont publiées en 1967 dans le recueil The Road Goes Ever On: A Song Cycle, auquel Tolkien contribue en produisant des calligraphies des poèmes Namárië et A Elbereth Gilthoniel. La même année paraît chez Caedmon Records un enregistrement des chansons par William Elvin au chant et Donald Swann au piano[75].
163
+
164
+ Entre 1984 et 1988, le compositeur néerlandais Johan de Meij écrit sa Symphonie no 1 « Le Seigneur des anneaux » pour orchestre d'harmonie en cinq mouvements. Elle est créée le 15 mars 1988 à Bruxelles sous la direction de Nobert Nozy. En 2001, De Meij l'adapte pour orchestre symphonique, et cette nouvelle version est créée la même année par l'Orchestre philharmonique de Rotterdam.
165
+
166
+ L'ensemble danois du Tolkien Ensemble a publié quatre albums entre 1997 et 2005 qui reprennent l'intégralité des poèmes du Seigneur des anneaux, parfois avec la participation de l'acteur Christopher Lee, qui interprète Saroumane dans les films de Peter Jackson.
167
+
168
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3349.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,168 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Le Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings) est un roman en trois volumes de J. R. R. Tolkien paru en 1954 et 1955.
4
+
5
+ Prenant place dans le monde de fiction de la Terre du Milieu, il suit la quête du hobbit Frodon Sacquet, qui doit détruire l'Anneau unique afin que celui-ci ne tombe pas entre les mains de Sauron, le Seigneur des ténèbres. Plusieurs personnages lui viennent en aide, parmi lesquels son serviteur Sam, le mage Gandalf ou encore l'humain Aragorn, héritier d'une longue lignée de rois.
6
+
7
+ À la suite du succès critique et commercial du Hobbit, Tolkien entreprend la rédaction du Seigneur des anneaux à la fin des années 1930 à la demande de son éditeur, Allen & Unwin[1]. Il lui faut douze ans pour parvenir à achever cette suite, qu'il truffe de références et d'allusions au monde du Silmarillion, la Terre du Milieu, sur lequel il travaille depuis 1917 et dans lequel Le Hobbit a été attiré « contre l'intention première » de son auteur[2].
8
+
9
+ À l'origine, Tolkien souhaite publier Le Seigneur des anneaux en un seul volume, mais le prix du papier étant trop élevé en cette période d'après-guerre, l'œuvre est divisée en trois volumes : La Communauté de l'Anneau (The Fellowship of the Ring), Les Deux Tours (The Two Towers) et Le Retour du roi (The Return of the King). C'est un succès commercial immédiat qui ne se dément pas tout au long de la deuxième moitié du XXe siècle et donne lieu à des adaptations sur plusieurs supports, dont une série de trois films à grand budget réalisés par Peter Jackson et sortis entre 2001 et 2003.
10
+
11
+ C'est une des œuvres fondamentales de la littérature dite de fantasy, terme que Tolkien explicite dans son essai Du conte de fées de 1939. Tolkien lui-même considérait son livre comme « un conte de fées […] pour des adultes », écrit « pour amuser (au sens noble) : pour être agréable à lire[3] ».
12
+
13
+ Après un prologue décrivant les Hobbits et leurs mœurs, le passé de la Terre du Milieu et un rapide résumé des aventures de Bilbon Sacquet, le livre I s'ouvre sur le cent onzième anniversaire de ce dernier, soixante années après les événements décrits dans Le Hobbit. Au cours de la réception, Bilbon s'éclipse grâce à l'invisibilité que lui confère son anneau magique et quitte Hobbitebourg, laissant la plus grande partie de ses biens, anneau compris, à son neveu et héritier désigné, Frodon Sacquet. Dix-sept ans plus tard, leur vieil ami, le magicien Gandalf le Gris, révèle à Frodon que son anneau est en réalité l'Anneau unique, instrument du pouvoir de Sauron, le Seigneur Sombre, qui l'a perdu jadis ; s'il devait le retrouver, son pouvoir deviendrait insurmontable. Gandalf presse Frodon de quitter la Comté, qui n'est plus sûre pour lui et de se mettre en route pour le refuge qu'est Fondcombe, la demeure d'Elrond le Semi-elfe.
14
+
15
+ Frodon vend sa demeure de Cul-de-Sac, dissimulant son départ sous le prétexte d'un déménagement au Pays-de-Bouc, à la lisière orientale de la Comté. Accompagné de son jardinier Sam Gamegie et d'un jeune ami, Peregrin Touque (Pippin), il échappe de justesse à plusieurs reprises aux Cavaliers noirs, serviteurs de Sauron chargés de retrouver l'Anneau unique. Les trois compagnons atteignent le Pays-de-Bouc, à l'est de la Comté, où Meriadoc Brandebouc (Merry) les rejoint. Les quatre hobbits poursuivent leur route vers l'est, échappant aux dangers de la Vieille Forêt et des Hauts des Galgals grâce à l'énigmatique Tom Bombadil. À Bree, ils font la connaissance de l'étrange Grands-Pas, un ami de Gandalf, qui devient leur guide. Les Cavaliers noirs, toujours à leurs trousses, parviennent à blesser Frodon près du Mont Venteux, mais grâce à l'elfe Glorfindel, il parvient à franchir le gué de Bruinen. Les Cavaliers, qui le suivent de près, sont emportés par une crue soudaine de la rivière, et Frodon s'évanouit.
16
+
17
+ Au début du livre II, Frodon se réveille à Fondcombe, où il a reçu les soins d'Elrond et où il retrouve Bilbon. S'ensuit le Conseil d'Elrond, auquel assistent des représentants des principales races de la Terre du Milieu : Elfes, Nains et Hommes. Gandalf leur apprend la trahison de Saroumane, son supérieur dans l'Ordre des Mages, qui recherche l'Unique pour lui-même. Après avoir examiné toutes les possibilités qui s'offrent à eux, les participants au Conseil décident que le seul moyen de vaincre Sauron est de détruire l'Anneau en l'amenant au cœur du Mordor, pays de Sauron, et en le jetant dans la lave des Crevasses du Destin, là où il fut forgé. Frodon se déclare volontaire pour accomplir cette tâche, et une « Communauté de l'Anneau » est formée pour l'accompagner et l'aider : elle comprend Frodon et ses trois compagnons hobbits, Gandalf, Aragorn, Boromir du Gondor, Gimli le nain et Legolas l'elfe.
18
+
19
+ La compagnie traverse l'Eregion déserte avant de tenter de franchir les Monts Brumeux par le col enneigé du Caradhras. Après leur échec face aux éléments déchaînés, Gandalf conduit ses compagnons dans les mines de Moria, ancienne cité naine désormais peuplée par des gobelins, mais il tombe dans un gouffre en affrontant le Balrog, une antique créature démoniaque. La Communauté, désormais menée par Aragorn, quitte la Moria et entre dans le pays elfique de Lothlórien, gouverné par Celeborn et Galadriel. Frodon et Sam regardent dans le miroir de Galadriel et voient des visions du passé, du présent et d'un possible futur. Terrifié par l'Œil de Sauron, Frodon propose de remettre l'Anneau à Galadriel, mais celle-ci surmonte la tentation. Les compagnons quittent la Lórien à bord de trois bateaux et descendent le grand fleuve Anduin. Arrivée à hauteur des chutes de Rauros, la Communauté se sépare après une attaque d'Orques et Frodon et Sam partent seuls en direction du Mordor.
20
+
21
+ Le deuxième volume suit les différents chemins empruntés par les membres de la Communauté défunte.
22
+
23
+ Au début du livre III, Boromir meurt en tentant de défendre Merry et Pippin, qui sont enlevés par les Uruk-hai de Saroumane. Après avoir offert des funérailles au capitaine du Gondor, Aragorn, Legolas et Gimli se lancent à leurs trousses à travers les plaines du Rohan. Aux abords de la forêt de Fangorn, ils retrouvent Gandalf, désormais le Blanc, qui a été renvoyé en Terre du Milieu pour achever sa mission après avoir péri en terrassant le Balrog. Les quatre compagnons se rendent à Edoras, où Gandalf libère le roi Théoden de l'emprise de son conseiller Gríma Langue de Serpent, un pantin de Saroumane. Ils participent à la guerre du Rohan contre les armées de Saroumane, qui sont vaincues lors de la bataille de Fort-le-Cor tandis qu'Orthanc, la forteresse de Saroumane, est prise d'assaut par les Ents, des créatures à l'apparence d'arbres menées par Sylvebarbe, auprès de qui Merry et Pippin ont trouvé refuge. Refusant de se repentir de ses erreurs, Saroumane est exclu de l'Ordre des Mages par Gandalf.
24
+
25
+ Le livre IV suit Frodo et Sam sur la route du Mordor. Ils parviennent à capturer et à apprivoiser Gollum, l'ancien possesseur de l'Anneau, qui les suivait depuis la Moria. Il les guide vers une entrée secrète du Mordor, dans la vallée de Minas Morgul. Traversant l'Ithilien, ils sont capturés par Faramir, le frère de Boromir, qui les relâche lorsqu'il apprend l'importance de leur mission. À la fin du livre, Gollum trahit Frodon en le menant dans le repaire d'Arachne, l'araignée géante. Il survit, mais est fait prisonnier par les Orques de Cirith Ungol après que Sam lui a pris l'Anneau, le croyant mort empoisonné par le venin de l'araignée.
26
+
27
+ Le livre V relate la lutte entre le Gondor et le Mordor, vue par Merry aux côtés du roi Théoden et Pippin à Minas Tirith, capitale du Gondor. La Cité Blanche, assiégée par des milliers d'Orques, est sauvée par l'arrivée des cavaliers du Rohan, puis par celle d'Aragorn, qui a libéré le sud du Gondor grâce à l'armée des Morts et s'est emparé de la flotte des pirates d'Umbar, alliés de Sauron. La bataille des champs du Pelennor se conclut par une défaite des forces de Sauron, mais ce dernier dispose encore de forces prodigieuses dont ne peuvent espérer triompher les Peuples libres. Afin de détourner l'attention de Sauron de la quête de Frodo, Aragorn mène une armée devant la Morannon, la Porte Noire du Mordor, pour y livrer une bataille désespérée.
28
+
29
+ Le livre VI revient à Sam, qui libère Frodon des Orques de Cirith Ungol. Les deux hobbits traversent à grand-peine le désert du plateau de Gorgoroth et atteignent le Mont Destin, Gollum sur leurs talons. La tentation se révèle alors trop forte pour Frodon, qui revendique l'Anneau et le passe à son doigt. Il est attaqué par Gollum, qui lui tranche le doigt à coups de dents pour récupérer l'Unique avant de tomber dans les flammes de la montagne en fêtant son triomphe. Par ce retournement de situation eucatastrophique, l'Anneau est détruit, Sauron définitivement vaincu et ses armées en déroute. Aragorn est couronné roi du Gondor et épouse sa promise Arwen, la fille d'Elrond. Après plusieurs semaines de festivités, les membres de la Communauté retournent chez eux. De retour dans la Comté, les quatre hobbits retrouvent leur pays ravagé par des brigands humains et des semi-orques. À Cul-de-Sac, après avoir mis les bandits en déroute, ils découvrent que le responsable de ce chaos n'est autre que Saroumane, qui trouve peu après la mort aux mains de Gríma. la Comté connaît par la suite une grande embellie, mais Frodon, blessé physiquement et mentalement, ne peut apprécier ce renouveau. Il finit par faire voile vers l'Ouest avec Bilbon pour y trouver la paix, accompagné des porteurs des Trois anneaux des Elfes, Galadriel, Elrond et Gandalf. Le Troisième Âge du Soleil et Le Seigneur des anneaux s'achèvent.
30
+
31
+ Le récit proprement dit est suivi de six appendices, visant à donner de plus amples informations sur des éléments passés de l'histoire des peuples présents dans le livre.
32
+
33
+ Un mois après la publication du Hobbit, le 21 septembre 1937, Stanley Unwin, l'éditeur de Tolkien, lui écrit qu'un « large public réclamerait à cor et à cri dès l'année suivante qu'il leur en dise plus au sujet des Hobbits ! », ce à quoi Tolkien, « inquiet », répond qu'il « ne saurai[t] que dire de plus à propos des Hobbits », mais qu'il n'a « en revanche que trop de choses à dire […] à propos du monde dans lequel ce Hobbit a fait intrusion »[4] : en effet, cela fait vingt ans qu'il travaille sur les textes du « Silmarillion ». Après une réponse encourageante d'Unwin[N 1], Tolkien promet qu'il commencera quelque chose dès que possible. Le 19 décembre, il écrit à C. A. Furth, de Allen & Unwin : « J'ai écrit le premier chapitre d'une nouvelle histoire sur les Hobbits — "Une réception depuis longtemps attendue"[5]. » Dans ce chapitre, le héros est encore Bilbon Sacquet, qui disparaît de Hobbitebourg lors de la réception donnée pour son soixante-dixième anniversaire : le trésor qu'il a rapporté d'Erebor est épuisé, et il éprouve le désir de repartir à l'aventure[6].
34
+
35
+ Après plusieurs faux départs, Tolkien décide de placer l'anneau trouvé par Bilbon lors de son aventure au centre de cette suite : à l'origine simple objet magique, il devient au fil des réécritures le terrible Anneau unique forgé par Sauron[7]. L'histoire se met lentement en place : les hobbits Bingo, Frodon et Odo partent pour Fondcombe, dans un récit au ton encore bon enfant, proche de celui du Hobbit, qui subsistera en grande partie dans la version définitive des premiers chapitres du Livre I. Sur leur route, les hobbits croisent un cavalier entièrement drapé dans un manteau. Après un bref moment d'angoisse, le cavalier éclate de rire : il s'agit du magicien Gandalf[8]. Mais Tolkien abandonne aussitôt cette idée au profit d'une autre, bien plus sinistre : Bingo et ses compagnons sont désormais poursuivis par des Cavaliers Noirs. Dans une lettre à Stanley Unwin, Tolkien indique alors que l'histoire a pris « un tour inattendu[9] ».
36
+
37
+ À la mi-septembre 1938, le récit atteint le milieu de la conversation entre Bingo, peu après rebaptisé Frodo, et le nain Glóin à Fondcombe. Tolkien s'arrête alors un moment et retravaille les premiers chapitres, car l'histoire évolue alors même qu'il l'écrit, nécessitant de fréquentes corrections pour accorder les passages les plus anciens avec les plus récents. Le livre couvre alors 300 pages manuscrites et Tolkien, optimiste, estime qu'il en faudra encore 200 pour le terminer[10]. Le récit est pourtant encore loin de sa version finale : par exemple, l'étranger que les hobbits rencontrent à Bree n'est pas encore Aragorn, Rôdeur descendant des rois de jadis, mais Trotter, un simple hobbit aventureux qui porte des chaussures de bois[11].
38
+
39
+ 1939 est une année difficile pour Tolkien : un accident survenu au cours de l'été se solde par une commotion cérébrale, et le début de la Seconde Guerre mondiale entraîne un accroissement de ses responsabilités à Oxford. Il continue pourtant à travailler sur Le Seigneur des anneaux, qui atteint le chapitre « Les Mines de la Moria » (finalement « Un voyage dans le noir », chapitre 4 du Livre II) en décembre[12]. Il n'y revient pas avant août 1940, mais se consacre à des corrections dans le texte déjà existant, et ne recommence à écrire qu'à la fin de l'année 1941. Il termine alors le Livre II et commence le III, dont les quatre premiers chapitres sont écrits fin janvier. À l'automne, le Livre III est terminé.
40
+
41
+ Le livre ne progresse plus avant le printemps 1944, lorsque Tolkien entame « dans la douleur[13] » le Livre IV. Tolkien écrit les chapitres et les fait lire au fur et à mesure à son ami C. S. Lewis et à son fils Christopher, qui se trouve alors en Afrique du Sud pour s'entraîner avec la Royal Air Force. Tous deux sont très enthousiastes, ce qui motive Tolkien : il achève le Livre IV à la fin du mois de mai, avant de s'arrêter de nouveau. Le 12 août, il écrit à Christopher : « Toute inspiration pour [Le Seigneur des anneaux] s'est complètement tarie, et j'en suis au même point qu'au printemps, avec toute l'inertie à surmonter de nouveau. Quel soulagement ce serait d'en finir[14]. »
42
+
43
+ Tolkien commence le Livre V, persuadé qu'il s'agira du dernier, en octobre. Mais il n'avance guère, et ce n'est qu'en septembre 1946 qu'il progresse véritablement, après un long moment sans avoir travaillé sur le récit. Ce cinquième livre est achevé un peu plus d'un an plus tard, en octobre 1947, Tolkien ayant dans le même temps apporté le lot habituel de corrections aux premiers livres. Finalement, la rédaction du Seigneur des anneaux est achevée, du moins au brouillon, entre la mi-août et la mi-septembre 1948. Le livre inclut alors un épilogue centré sur Sam et ses enfants, mais Tolkien se laisse convaincre de l'omettre[15].
44
+
45
+ Les brouillons du Seigneur des anneaux ont été publiés et étudiés par Christopher Tolkien dans les tomes 6 à 9 de son Histoire de la Terre du Milieu, non traduits en français : The Return of the Shadow, The Treason of Isengard, The War of the Ring et Sauron Defeated (1988-1992).
46
+
47
+ En mai 1957, Tolkien vend les brouillons du Seigneur des anneaux (entre autres) pour 1 500 £ à l'université Marquette de Milwaukee, à la requête du bibliothécaire de cette dernière, William B. Ready. Avant de les envoyer, Tolkien entreprend de les annoter et de les classifier, mais la tâche se révèle trop longue, et en fin de compte, les papiers sont envoyés dans le désordre à Marquette en 1958. Tolkien s'aperçoit ultérieurement que certains papiers liés au Seigneur des anneaux (principalement parmi les brouillons les plus anciens) sont toujours en sa possession. Finalement, c'est son fils Christopher qui, après avoir étudié et publié ces brouillons dans le cadre de son Histoire de la Terre du Milieu, envoie ces documents à Marquette. L'université américaine possède plus de 9 200 pages concernant Le Seigneur des anneaux[16].
48
+
49
+ Le Seigneur des anneaux est né des passions de Tolkien : la philologie, les contes de fées ainsi que les sagas norroises, notamment Beowulf et les Eddas, et le Kalevala, l'épopée nationale finlandaise. L'idée de l'Anneau unique qui gouverne le monde et trompe son porteur est présente dans le cycle des Nibelungen, saga germanique médiévale reprise par Richard Wagner dans sa tétralogie de L'Anneau du Nibelung. Tolkien nie cependant cette influence : « Ces deux anneaux sont ronds, et c'est là leur seule ressemblance », répond-il à l'introduction de la traduction suédoise du Seigneur des anneaux qui affirme que « l'Anneau est, d'une certaine manière, "der Nibelungen Ring"[17] ». Comme le soulignent Wayne G. Hammond et Christina Scull, l'anneau d'invisibilité est un objet courant dans la littérature, que l'on retrouve dans les contes de fées d'Andrew Lang, chez Chrétien de Troyes (Yvain ou le Chevalier au lion) et jusque dans La République de Platon avec l'anneau de Gygès[18].
50
+
51
+ De la même façon, Tolkien réfute vigoureusement toute interprétation allégorique de son œuvre[3], en particulier celle visant à dresser un parallèle entre la guerre de l'Anneau et la Seconde Guerre mondiale :
52
+
53
+ « La vraie guerre ne ressemble en rien à la guerre légendaire, dans sa manière ou dans son déroulement. Si elle avait inspiré ou dicté le développement de la légende, l'Anneau aurait certainement été saisi et utilisé contre Sauron ; celui-ci n'aurait pas été anéanti, mais asservi, et Barad-dûr n'aurait pas été détruite, mais occupée. Saruman, n'ayant pas réussi à s'emparer de l'Anneau, aurait profité de la confusion et de la fourberie ambiantes pour trouver, au Mordor, le chaînon manquant de ses propres recherches dans la confection d'anneaux ; et bientôt il aurait fabriqué son propre Grand Anneau, de manière à défier le Maître autoproclamé de la Terre du Milieu. Dans un tel conflit, les deux camps n'auraient eu que de la haine et du mépris pour les hobbits, qui n'auraient pas survécu longtemps, même en tant qu'esclaves. »
54
+
55
+ — Avant-propos de la seconde édition du Seigneur des anneaux
56
+
57
+ Il ne nie toutefois pas avoir été influencé par la « noirceur » des années d'écriture du Seigneur des anneaux[19].
58
+
59
+ Dans une lettre au père Robert Murray, Tolkien décrit Le Seigneur des anneaux comme « une œuvre fondamentalement religieuse et catholique ; de manière inconsciente dans un premier temps, puis de manière consciente lorsque je l'ai retravaillée[20] ». Plusieurs thèmes mythologiques et catholiques sous-tendent la narration : l'ennoblissement des humbles, la pitié, le libre arbitre, ainsi que l'attirance pour le pouvoir et la « tentation du Bien », celle qui vise à atteindre le Bien en usant de tous les moyens, même les plus mauvais, à laquelle Gandalf et Galadriel manquent de succomber. Mais pour Tolkien, l'élément au centre de son livre n'est autre que la Mort et le désir d'immortalité[21]. Cet aspect est étudié par Vincent Ferré dans son livre Tolkien : sur les rivages de la Terre du Milieu (Christian Bourgois, 2001).
60
+
61
+ Le Seigneur des anneaux est globalement achevé en octobre 1949. En théorie, il devrait être publié par Allen & Unwin, à qui Tolkien avait promis une suite du Hobbit. Cependant, l'idée le prend de vouloir publier Le Seigneur des anneaux avec Le Silmarillion, qui avait été refusé par Allen & Unwin en 1937, lorsque Tolkien le leur avait soumis — refus qui, par ailleurs, a fait naître un certain ressentiment chez lui.
62
+
63
+ Durant l'automne 1949, Tolkien fait la connaissance de Milton Waldman, de la maison d'édition londonienne Collins, par l'entremise de Gervase Mathew, un membre des Inklings[22]. Waldman propose à Tolkien d'éditer les deux livres ensemble, offre que Tolkien s'empresse d'accepter. En février 1950, il écrit à Stanley Unwin qu'il exige que Le Silmarillion soit édité avec Le Seigneur des anneaux. Après quelques mésaventures, notamment une note de Rayner Unwin que Tolkien n'aurait pas dû lire, dans laquelle le fils de Stanley propose à son père d'éditer Le Seigneur des anneaux, puis de « laisser tomber » Le Silmarillion[23], Tolkien pose un ultimatum à Unwin : soit il prend les deux ouvrages, soit il n'en a aucun. Unwin refuse, n'ayant même pas vu le manuscrit du Seigneur des anneaux[24].
64
+
65
+ Tolkien s'en remet alors à Waldman ; celui-ci l'assure que Collins éditera ses deux livres durant l'automne 1950. Mais Waldman, malade, est forcé de faire de fréquents séjours en Italie, et ses remplaçants sont beaucoup moins enthousiastes au sujet des deux volumineux livres de Tolkien. Au début de l'année 1952, rien n'est encore fait, si bien que Tolkien somme Collins de publier Le Seigneur des anneaux au plus tôt, sans quoi il se rapproprie le manuscrit. La longueur du texte affole les éditeurs, qui refusent net[N 2].
66
+
67
+ Rayner Unwin, au courant de ses démêlés avec Collins, reprend alors contact avec Tolkien, qui fait son mea culpa et demande s'il est encore possible de faire quelque chose « pour déverrouiller les portes que j'ai moi-même claquées[25] ? », ce à quoi Unwin répond : « Nous voulons absolument vous publier — ce ne sont que les circonstances qui nous ont retenus. » S'ensuit un long travail de relecture et de correction, au cours duquel il est finalement décidé de publier le livre en trois volumes. Après beaucoup d'hésitations, les titres La Communauté de l'Anneau (The Fellowship of the Ring), Les Deux Tours (The Two Towers) et Le Retour du Roi (The Return of the King) sont choisis, ce dernier contre l'avis de Tolkien qui préfère La Guerre de l'anneau (The War of the Ring), moins révélateur de l'issue du récit[26].
68
+
69
+ Ce découpage en trois tomes fait que l'on décrit souvent le Seigneur des anneaux comme une trilogie, mais ce terme est techniquement incorrect, car il a été écrit et conçu d'un seul tenant. Néanmoins, Tolkien lui-même reprend dans ses lettres, de temps à autre, le terme de « trilogie » lorsqu'il est employé par ses correspondants[N 3]
70
+
71
+ La Communauté de l'Anneau est publié au Royaume-Uni par Allen & Unwin le 29 juillet 1954, suivi par Les Deux Tours le 11 novembre 1954 et par Le Retour du Roi le 20 octobre 1955, ce tome ayant été retardé à cause des difficultés de Tolkien pour écrire les appendices[27]. Aux États-Unis, Houghton Mifflin publie le volume 1 le 21 octobre 1954, le volume 2 le 21 avril 1955 et le volume 3 le 5 janvier 1956. Défiant les prévisions pessimistes de Rayner Unwin, le premier tirage des deux premiers volumes, assez faible (4 500 exemplaires pour La Communauté de l'Anneau et 4 250 pour Les Deux Tours, couvrant les marchés britannique et américain) est rapidement épuisé, réclamant une réimpression rapide. Ce succès explique que le tirage initial du Retour du Roi, paru un an plus tard, ait été de 12 000 exemplaires[28].
72
+
73
+ Au début des années 1960, Donald Wollheim, un auteur de science-fiction pour la maison d'édition Ace Books, estime que Le Seigneur des anneaux ne bénéficie pas de la protection du copyright américain à l'intérieur des États-Unis, en raison de l'édition en couverture rigide (hardcover) du livre chez Houghton Mifflin, compilée à partir de pages imprimées au Royaume-Uni pour l'édition britannique. Ace Books publie une édition pirate, sans avoir obtenu d'autorisation de la part de Tolkien et sans lui offrir aucune compensation. Tolkien le fait savoir clairement aux fans américains qui lui écrivent et passe l'été 1965 à réviser le texte du livre, corrigeant les fautes, adaptant quelques éléments de la mythologie toujours mouvante du Silmarillion et rédigeant un nouvel avant-propos, disant à propos de celui de la première édition : « confondre (comme il le fait) de véritables éléments personnels avec la "machinerie" du Conte est une grave erreur[29] ». Cette seconde édition du Seigneur des anneaux est publiée au format poche chez Ballantine Books en octobre 1965[28]. Ace Books finit par abandonner l'édition non autorisée et par signer un accord à l'amiable avec Tolkien, lui payant 4 % des bénéfices et s'engageant à ne pas réimprimer le livre[30]. Par la suite, Wollheim continue cependant à affirmer qu'Ace Books était dans son droit en publiant cette édition pirate. Ce n'est qu'en 1992 que cette controverse est tranchée par une décision de justice, qui statue que la première édition américaine du Seigneur des anneaux chez Houghton Mifflin était bien soumise au copyright américain[31].
74
+
75
+ À l'occasion du cinquantième anniversaire de la publication du Seigneur des anneaux, une nouvelle édition du livre est parue, sous la direction de Wayne G. Hammond et Christina Scull. Un grand nombre de coquilles y sont corrigées, ainsi que certaines erreurs du texte lui-même. La liste des corrections se trouve dans l'ouvrage séparé The Lord of the Rings: A Reader's Companion.
76
+
77
+ Avec la sortie de l'adaptation filmée, les ventes de livres grimpent. Selon David Brawn, l'éditeur de Tolkien chez HarperCollins, qui détient les droits pour le monde anglo-saxon, à l'exception des États-Unis : « En trois ans, de 2001 à 2003, il s'est vendu 25 millions d'exemplaires du Seigneur des anneaux — 15 millions en anglais et 10 millions dans les autres langues. Et au Royaume-Uni les ventes ont augmenté de 1000 % après la sortie du premier film de la trilogie »[32].
78
+
79
+ Le livre a été traduit dans une trentaine de langues. La traduction initiale en français est due à Francis Ledoux et est publiée par l'éditeur Christian Bourgois en 1972-1973. Le premier tome reçoit le Prix du Meilleur livre étranger en 1973[33]. Cette traduction est sujette à débat : si elle est d'une certaine qualité littéraire (Ledoux a également traduit Charles Dickens, Daniel Defoe, Edgar Allan Poe, entre autres[34]), elle est truffée de coquilles et d'erreurs de traduction, certaines imputables au fait que Ledoux ne disposait pas du Silmarillion, notamment pour les pluriels des noms en quenya : the Valar est ainsi traduit par « le Valar » au lieu de « les Valar »[35]. Le premier tome d'une nouvelle traduction, assurée par Daniel Lauzon, est paru chez Christian Bourgois en 2014 sous le titre La Communauté de l'Anneau[36], suivi des Deux Tours en 2015 et du Retour du Roi en 2016[37].
80
+
81
+ Philologue, connaissant une douzaine de langues anciennes et modernes (parmi lesquelles le norrois, le gotique, le vieil anglais, le latin, le grec, l'espagnol, le français, le finnois, le gallois, le russe ou l'italien[38]), Tolkien s'intéresse de près aux premières traductions de son livre (néerlandaise en 1956-1957, suédoise en 1959-1961) et émet plusieurs commentaires afin d'éclairer ses intentions dans la création de tel ou tel nom, en particulier les toponymes de la Comté, dans lesquels Tolkien a glissé nombre de jeux de mots philologiques à plusieurs niveaux. Conscient des difficultés posées par les noms propres de son œuvre, Tolkien aborde la question dans un long essai, « Guide to the Names in The Lord of the Rings », publié à titre posthume dans le recueil A Tolkien Compass (1975). Les dernières éditions de ce recueil ne contiennent plus l'essai de Tolkien, mais une version augmentée est reprise dans The Lord of the Rings: A Reader's Companion. Les problèmes posés par la traduction des livres de Tolkien ont par la suite été abordés par d'autres auteurs[39].
82
+
83
+ Si la valeur littéraire du Seigneur des anneaux est reconnue presque universellement, le livre est longtemps l'objet d'un certain mépris universitaire qui s'inscrit dans un mouvement qu'Ursula K. Le Guin caractérise comme une « méfiance puritaine profonde à l'égard du fantastique ». Les accusations les plus récurrentes touchent au discours politique attribué au texte, tour à tour qualifié de paternaliste, réactionnaire, anti-intellectuel ou fasciste[40].
84
+
85
+ À la parution de La Communauté de l'Anneau, les critiques sont dans l'ensemble mitigées. La plus élogieuse est celle de C. S. Lewis, ami de Tolkien, qui déclare, dans sa critique pour Time and Tide :
86
+
87
+ « Ce livre est comme un éclair dans un ciel ensoleillé : aussi différent, aussi inattendu à notre époque que Les Chants d'Innocence l'étaient à la leur. Il est inadéquat de dire qu'à l'intérieur la romance héroïque, superbe, éloquente, et vierge de toute honte, a soudain réapparu dans une période à l'antiromantisme presque pathologique. Pour nous, qui vivons en ces étranges temps, le retour, et le soulagement pur qui en découle, est sans nul doute chose importante. Mais dans l'histoire du Roman elle-même, une histoire qui remonte jusqu'à l'Odyssée et au-delà, il ne s'agit pas d'un recul, mais d'une avancée et d'une révolution : la conquête de nouveaux territoires. »
88
+
89
+ — C. S. Lewis, « The Gods Return to Earth », dans Time and Tide, 14 août 1954
90
+
91
+ Néanmoins, Lewis, auteur controversé, prévient Tolkien que son soutien « peut [lui] faire plus de mal que de bien[41] », et c'est effectivement ce qui se passe : plusieurs critiques préfèrent moquer l'enthousiasme de Lewis et sa comparaison du Seigneur des anneaux avec L'Arioste que s'attacher vraiment au livre de Tolkien. Beaucoup d'entre eux trouvent à redire au style : dans le Daily Telegraph, Peter Green trouve qu'il varie « du préraphaélite au Boy's Own Paper [un journal pour enfants] », et ajoute que le livre « devrait être immensément populaire chez les enfants de 10 ans qui ne préfèrent pas la science-fiction[42] ». Même ainsi, il reconnaît que « cet ouvrage informe exerce une fascination indéniable », et la plupart des critiques s'accordent avec lui : quels que soient les défauts qu'ils lui trouvent, Le Seigneur des anneaux possède quelque chose d'indéfinissable et de marquant, qui fait que « même une simple lecture ne sera pas oubliée de sitôt[43] ».
92
+
93
+ Les critiques des deux autres volumes suivent peu ou prou le même modèle, mais la parution du Retour du Roi permet aux journalistes d'appréhender enfin Le Seigneur des anneaux dans son entièreté. C. S. Lewis publie une seconde critique dans Time and Tide, où il déclare que, s'il est encore trop tôt pour juger le livre, « il nous a fait quelque chose. Nous ne sommes plus tout à fait les mêmes[44]. » À l'opposé se trouve la critique fameuse d'Edmund Wilson pour The Nation, selon laquelle peu de choses, dans le livre, « dépasse[nt] l'entendement d'un enfant de sept ans », et que les compliments qui lui sont faits ne sont dus qu'au fait que « certaines personnes – peut-être en particulier en Grande-Bretagne – ont toute leur vie un goût pour des déchets juvéniles »[45] ». Dans sa propre critique, W. H. Auden, qui a déjà déclaré au sujet de La Communauté de l'Anneau qu'« aucune œuvre de fiction ne [lui] a donné autant de plaisir ces cinq dernières années[46] », résume les réactions passionnées au Seigneur des anneaux : « Je ne me rappelle guère d'autre livre au sujet duquel nous ayons eu d'aussi violentes disputes. Personne ne semble avoir une opinion modérée ; soit, comme moi-même, les gens trouvent qu'il s'agit d'une œuvre maîtresse de son genre ou ils ne peuvent le supporter[47]. » Amusé par ces querelles, Tolkien compose ce petit quatrain[48] :
94
+
95
+ Le Seigneur des anneaux
96
+ Est une de ces choses :
97
+ Si vous l'aimez c'est bien
98
+ Sinon vous criez bah !
99
+
100
+ À la fin du XXe siècle, plusieurs sondages effectués au Royaume-Uni montrent l'engouement populaire suscité par Le Seigneur des anneaux : un sondage organisé par la chaîne de magasins Waterstone's et la chaîne Channel 4 en 1996 l'élit « plus grand livre du siècle », loin devant 1984 de George Orwell. Ce résultat est confirmé peu après par des sondages réalisés par le Daily Telegraph et la Folio Society. En 2003, Le Seigneur des anneaux arrive encore en tête d'un sondage de la BBC concernant le livre favori des sondés[49].
101
+
102
+ En France, le premier à évoquer Tolkien et son roman dans une publication est Jacques Bergier, tout d'abord par une mention dans Le Matin des magiciens (1960)[50], puis plus longuement dans Admirations, en 1970[51]. Celui-ci recommande ensuite Le Seigneur des anneaux à Christian Bourgois, qui le fait traduire et le publie en 1972-1973[52]. La réception de la presse est alors bonne, tant locale (Le Républicain lorrain) que nationale : Le Point, Le Figaro où Jean-Louis Curtis fait l'éloge d'un livre qu'il avait proposé à la publication chez Julliard[33].
103
+
104
+ Par la suite, outre la citation du Seigneur des anneaux comme source de La Gloire de l'Empire, de Jean d'Ormesson (1971) et l'admiration manifestée par Julien Gracq pour un livre « où la vertu romanesque ressurgissait intacte et neuve dans un domaine complètement inattendu[53] », ou encore celle manifestée par le père Louis Bouyer, ami personnel de Tolkien, dans ses Lieux magiques de la légende du Graal, il faut attendre vingt ans pour qu'un premier ouvrage critique, écrit par Pierre Jourde, soit publié sur Tolkien, avant ceux d'Édouard Kloczko, de Nicolas Bonnal et de Vincent Ferré[54]. À la suite de la sortie des films de Peter Jackson, de nombreux ouvrages ont par la suite été traduits ou publiés.
105
+
106
+ Avant cette occasion, les critiques restent rares : divers articles dans la presse lors de la sortie des différentes traductions suivantes, articles commentés par Vincent Ferré comme pleins d'erreurs[33], un article de l'essayiste « traditionaliste » Julius Evola dans la revue Totalité qui célèbre la dimension spirituelle du livre en 1981, ou Les Cahiers de l'imaginaire l'année suivante[51]. Les critiques littéraires rouvrent en 2001 Le Seigneur des anneaux, comme Patrick Besson, qui publie dans Le Figaro un article titré « Le Seigneur des Fachos »[55], auquel répondent des spécialistes de Tolkien, parlant de « critiques largement réfutées[56] ». Du reste, Le Figaro littéraire fait sa une à la même époque sur « Tolkien : le dernier des magiciens » où Jean-Marie Rouart, de l'Académie française affirme que :
107
+
108
+ « Avec le retour de Tolkien, dont le succès brave tous les ukases de la littérature expérimentale ou minimaliste, le romanesque reprend sa revanche : une orgie de féerie, un bain dans l'imaginaire le plus débridé, un abandon dans l'irrationnel. »
109
+
110
+ — Jean-Marie Rouart[57]
111
+
112
+ Forrest J Ackerman est le premier à entrer en contact avec J. R. R. Tolkien, en 1957, pour lui proposer une adaptation cinématographique du Seigneur des anneaux, alors que les ventes du livre restent confidentielles : il obtient les droits pour un an et penche pour un film en prise de vues réelle alors que l'auteur privilégie un film d'animation ; mais aucun producteur ne se montre intéressé[58].
113
+
114
+ Durant les années 1960 et 1970, Le Seigneur des anneaux devient la base d'un véritable phénomène : le livre est considéré comme un symbole de la contreculture[59],[58]. On peut citer les slogans « Frodo Lives! » (« Frodon est vivant ») ou « Gandalf for President » (« Gandalf président »), très populaires chez les fans de Tolkien durant ces deux décennies, ou les nombreuses parodies d��rivées de l'œuvre, dont la plus connue est sans doute Lord of the Ringards (Bored of the Rings), écrite par des rédacteurs du Harvard Lampoon et publiée en 1969.
115
+
116
+ En plein succès, les Beatles cherchent à monter une adaptation cinématographique sur l'impulsion de John Lennon ; ils s'accordent à ce que ce dernier joue le rôle de Gollum, Paul McCartney celui de Frodon, George Harrison celui de Gandalf et Ringo Starr celui de Sam ; Heinz Edelmann, qui travaille alors pour le quatuor sur leur film d’animation Yellow Submarine, imagine « un genre d’opéra, une sorte d’impression opératique […] une distillation de l’ambiance et de l’histoire qui n’aurait pas suivi chaque recoin de l’intrigue » ; mais Stanley Kubrick décline la proposition de réaliser ce projet et J. R. R. Tolkien n'est pas séduit par l'idée[58],[60].
117
+
118
+ Le studio United Artists achète les droits d'adaptation en 1969 pour 250 000 dollars : John Boorman est chargé de mener le projet et collabore avec Rospo Pallenberg ; les Beatles sont toujours envisagés par le studio dans le rôle des Hobbits ; mais le scénario élaboré est finalement rejeté par United Artists, ainsi que par d'autres studios dont Disney. Boorman et Pallenberg s'inspirent cependant de leur travail pour produire Excalibur (1981)[58].
119
+
120
+ Le succès populaire du Seigneur des anneaux a pour effet d'étendre la demande pour la science-fiction et la fantasy. L'évolution de ce genre dans les années 1960 et 1970 est largement due au Seigneur des anneaux. Un grand nombre de livres dans la même veine sont alors publiés, comme Le Cycle de Terremer de Ursula K. Le Guin ou les livres de Shannara de Terry Brooks.
121
+
122
+ L'industrie du jeu de rôle a aussi été fortement marquée par Le Seigneur des anneaux : Donjons et Dragons, l'ancêtre du genre, inclut de nombreuses races issues du roman : hobbits, elfes, nains, demi-elfes, orques et dragons. Gary Gygax, principal créateur du jeu, maintient cependant n'avoir été que peu influencé par Tolkien, n'ayant inclus ces éléments que pour rendre son jeu plus populaire[61]. L'univers de Tolkien a connu deux adaptations directes en jeu de rôle, la première en 1984 (JRTM, édité par Iron Crown Enterprises), la seconde à la suite de l'adaptation de Peter Jackson, en 2002 (Jeu de rôle du Seigneur des Anneaux, édité par Decipher).
123
+
124
+ Le livre a également influencé de nombreux musiciens. Le groupe de rock anglais Led Zeppelin a composé plusieurs morceaux qui font explicitement référence au Seigneur des anneaux : Ramble On (sur Led Zeppelin II), The Battle of Evermore et Misty Mountain Hop (sur Led Zeppelin IV), et Over the Hills and Far Away (sur Houses of the Holy). Le Seigneur des anneaux est souvent considéré comme ayant eu une influence directe sur Stairway to Heaven, la plus célèbre composition du groupe[62], mais Robert Plant a déclaré qu'il n'en était rien[réf. nécessaire]. Le musicien suédois Bo Hansson consacre l'intégralité de Music Inspired by Lord of the Rings, son premier album, au livre de Tolkien. Mirage, le second album du groupe Camel, contient trois morceaux inspirés par le livre (Nimrodel, The Procession et The White Rider). Le pseudonyme de Steve Peregrin Took, percussionniste du groupe T. Rex, vient du nom du hobbit Peregrin Touque. Le groupe de rock progressif canadien Rush a été également influencé par l'œuvre de Tolkien, avec la chanson Rivendell, par exemple.
125
+
126
+ L'œuvre de Tolkien a beaucoup inspiré les groupes de metal. La quasi-totalité de la discographie du groupe Summoning se fonde sur celle-ci. Le groupe de power metal allemand Blind Guardian a composé un grand nombre de morceaux contenant des références à l'œuvre de Tolkien[63]. Plusieurs groupes, comme Burzum, Gorgoroth ou Amon Amarth, tirent leurs noms de termes forgés par J. R. R. Tolkien, en général associés au Mordor : le terme burzum (qui apparaît dans les vers gravés sur l'Anneau unique) signifierait « ténèbres » en noir parler, Gorgoroth est le nom d'une région du Mordor, et Amon Amarth est le nom sindarin du Mont Destin.
127
+
128
+ L'histoire du Seigneur des anneaux se déroule sur la Terre du Milieu, principal continent d'Arda, univers créé de toutes pièces par l'auteur. J. R. R. Tolkien appelle ce travail littéraire « sous-création » (aussi traduit par « subcréation »). En réalité, Le Seigneur des anneaux n'a pas lieu sur une autre planète ou dans une autre dimension : il s'agit simplement d'un « passé imaginaire » de la Terre :
129
+
130
+ « J'ai construit, je le crois, une époque imaginaire, mais quant au lieu j'ai gardé les pieds sur ma propre Terre maternelle. Je préfère cela à la mode moderne qui consiste à rechercher des planètes lointaines dans "l'espace". Quoique curieuses, elles nous sont étrangères, et l'on ne peut les aimer avec l'amour de ceux dont nous partageons le sang. »
131
+
132
+ — Lettre no 211 à Rhona Beare (14 octobre 1958)
133
+
134
+ Ce « passé imaginaire » est décrit avec une précision chirurgicale par son créateur, qui va jusqu'à réécrire des passages entiers du Seigneur des anneaux afin que les phases de la lune soient cohérentes[N 4]. La géographie du récit a été soigneusement élaborée par l'auteur : « J'ai commencé, avec sagesse, par une carte, à laquelle j'ai subordonné l'histoire (globalement en apportant une attention minutieuse aux distances). Faire l'inverse est source de confusion et de contradictions[64]. » Les trois cartes que comprend Le Seigneur des anneaux (la carte générale, celle de la Comté et celle représentant le Gondor, le Rohan et le Mordor à grande échelle) ont été dessinées par Christopher Tolkien d'après des croquis de son père.
135
+
136
+ Tolkien a doté la Terre du Milieu d'une histoire propre, de la création du monde à la naissance des hommes en passant par celle des Elfes et des Nains. Cette histoire, qui n'apparaît qu'en retrait dans le texte du livre, à travers les nombreuses allusions qui y sont faites et les poèmes qui émaillent le récit, est détaillée dans les Appendices, ainsi que dans Le Silmarillion. Elle sous-tend néanmoins Le Seigneur des anneaux tout entier, lui conférant une grande profondeur. Comme son auteur le reconnaît lui-même :
137
+
138
+ « Une partie de l’attrait du Seigneur des anneaux est due, je pense, aux aperçus d’une vaste Histoire qui se trouve à l’arrière-plan : un attrait comme celui que possède une île inviolée que l’on voit de très loin, ou des tours d’une ville lointaine miroitant dans un brouillard éclairé par le soleil. S’y rendre, c’est détruire la magie, à moins que n’apparaissent encore de nouvelles visions inaccessibles. »
139
+
140
+ — Lettre no 247 au colonel Worskett (20 septembre 1963)
141
+
142
+ Pour maintenir cette fiction historique, Tolkien prétend ne pas être l'auteur du Seigneur des anneaux, mais simplement son traducteur et éditeur, sa source étant le fictif Livre Rouge de la Marche de l'Ouest, c'est-à-dire les mémoires de Bilbon, qui forment Le Hobbit, et de Frodon, qui constituent Le Seigneur des anneaux. Par un procédé de mise en abyme, la page de titre de ce Livre Rouge est visible dans le dernier chapitre du Seigneur des anneaux, « Les Havres Gris » : il s'intitule La Chute du Seigneur des anneaux et le Retour du Roi[65].
143
+
144
+ La richesse du développement de la Terre du Milieu se voit aussi dans des domaines plus inattendus. Elle est peuplée de nombreuses créatures plus ou moins fantastiques, des mouches du Mordor aux trolls des cavernes. L'auteur s'est également soucié de la flore d'Arda dont l'elanor ou le mallorn sont les exemples les plus évidents. Pour ce qui est de l'astronomie, si les constellations et les planètes visibles dans le ciel nocturne sont les mêmes que les nôtres, elles reçoivent de nouveaux noms : par exemple, la Grande Ourse devient Valacirca, la « Faucille des Valar », et la planète Mars devient Carnil, « la Rouge ». Cette polyvalence ne va pas sans poser quelques problèmes à Tolkien, bien en peine de répondre à toutes les demandes de ses lecteurs :
145
+
146
+ « … beaucoup réclament comme vous des cartes, d'autres veulent des indications sur la géologie plutôt que sur les lieux ; beaucoup veulent des grammaires et phonologies elfiques et des exemples ; certains veulent de la métrique et de la prosodie […] Les musiciens veulent des mélodies et une notation musicale ; les archéologues veulent des précisions sur la céramique et la métallurgie. Les botanistes veulent une description plus précise des mallorn, elanor, niphredil, alfirin, mallos et symbelmynë ; et les historiens veulent davantage de détails sur la structure sociale et politique du Gondor ; ceux qui ont des questions plus générales veulent des informations sur les Chariotiers, le Harad, les origines des Nains, les Morts, les Béorniens et les deux mages (sur cinq) disparus[66]. »
147
+
148
+ Le travail de Tolkien débute par la création de langues puis la mise en place d'un décor et de personnages parlant ces langues, élaborées pendant plus de soixante ans. Au début, les récits sont en quelque sorte là pour donner de la crédibilité aux langues et rendre leur existence plus vraisemblable : à un fâcheux, Tolkien répond que Le Seigneur des anneaux est « une tentative pour créer une situation dans laquelle on pourrait avoir comme phrase de salutation habituelle elen síla lúmenn' omentielmo, et que cette phrase précédait de beaucoup le livre[67] ». Il s'agit clairement d'une exagération : l'expression elen síla lúmenn' omentielmo[68], qui signifie « une étoile brille sur l'heure de notre rencontre », n'est apparue qu'au cours de la rédaction du livre. Cette anecdote permet toutefois de saisir l'importance des langues dans l'œuvre de Tolkien, qu'il qualifie lui-même « d'inspiration fondamentalement linguistique[69] ».
149
+
150
+ Après un premier projet de dessin animé avorté, dont le scénario a été abondamment commenté par Tolkien[70], suivi de tentatives plus ou moins abouties par les Beatles ou John Boorman[71], la première adaptation du Seigneur des anneaux sur grand écran sort en 1978. Ce film d'animation, réalisé par Ralph Bakshi, ne couvre qu'une partie du récit : il s'arrête à la bataille de Fort-le-Cor. Le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson a réalisé une seconde adaptation, intégrale, dont les trois volets sont sortis en salles entre 2001 et 2003.
151
+
152
+ En 2014 la chaine Arte diffuse À la recherche du Hobbit, une série documentaire en cinq épisodes de 26 minutes, produite par Yannis Metzinger et Alexis Metzinger, et réalisée par Olivier Simonnet. La série amène le spectateur aux sources des légendes et des inspirations qui ont mené J. R. R. Tolkien à écrire les romans du Hobbit et du Seigneur des anneaux.
153
+
154
+ En 1993, une série télé finoise intitulée : Hobitit, est créée. Elle compte une saison de 9 épisodes de 30 minutes. Elle présente uniquement les événements du Seigneur des Anneaux vécus par Frodon Sacquet et Samsagace Gamegie avec quelques exceptions comme la mort de Boromir.C'est aussi la seule adaptation où l'on voit Tom Bombadil et le nettoyage de la Comté.
155
+
156
+ En novembre 2017, Amazon acquiert les droits TV mondiaux du Seigneur des anneaux et annonce la production d'une série médiéval-fantastique adaptée[72],[73].
157
+
158
+ Deux versions radiophoniques du Seigneur des anneaux ont été produites par la BBC, en 1955 et en 1981. La première s'est faite sous le regard de Tolkien, qui a échangé une correspondance volumineuse avec le producteur Terence Tiller, tandis que la seconde, réalisée par Brian Sibley et Michael Bakewell, est généralement considérée comme la plus fidèle[74]. Une troisième adaptation a été réalisée aux États-Unis en 1979.
159
+
160
+ De nombreux jeux sont adaptés de l'univers du Seigneur des anneaux. En premier lieu, plusieurs jeux de rôle en ont été directement dérivés, notamment par Iron Crown Enterprises (JRTM) et Decipher (Jeu de rôle du Seigneur des Anneaux). Par la suite, de nombreux jeux vidéo se sont inspirés de l'œuvre, ainsi que des jeux de société et de figurines. Les années 2000 ont connu une accentuation du phénomène à la suite du succès des adaptations cinématographiques de Peter Jackson.
161
+
162
+ Dès 1965, Donald Swann met en musique six poèmes du Seigneur des anneaux et un des Aventures de Tom Bombadil, avec l'approbation de Tolkien, qui suggère un arrangement en plain-chant pour le Namárië. Les chansons sont publiées en 1967 dans le recueil The Road Goes Ever On: A Song Cycle, auquel Tolkien contribue en produisant des calligraphies des poèmes Namárië et A Elbereth Gilthoniel. La même année paraît chez Caedmon Records un enregistrement des chansons par William Elvin au chant et Donald Swann au piano[75].
163
+
164
+ Entre 1984 et 1988, le compositeur néerlandais Johan de Meij écrit sa Symphonie no 1 « Le Seigneur des anneaux » pour orchestre d'harmonie en cinq mouvements. Elle est créée le 15 mars 1988 à Bruxelles sous la direction de Nobert Nozy. En 2001, De Meij l'adapte pour orchestre symphonique, et cette nouvelle version est créée la même année par l'Orchestre philharmonique de Rotterdam.
165
+
166
+ L'ensemble danois du Tolkien Ensemble a publié quatre albums entre 1997 et 2005 qui reprennent l'intégralité des poèmes du Seigneur des anneaux, parfois avec la participation de l'acteur Christopher Lee, qui interprète Saroumane dans les films de Peter Jackson.
167
+
168
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/335.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,194 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un arbre (du latin arbor [1],[2],[3]) est une plante ligneuse terrestre comportant un tronc sur lequel s'insèrent des branches ramifiées portant le feuillage dont l'ensemble forme le houppier, appelé aussi couronne.
2
+
3
+ Les arbres sont des plantes pérennes qui vivent plusieurs années, de plusieurs décennies à plusieurs siècles, et dans de rares cas plusieurs millénaires.
4
+
5
+ Selon les estimations, la planète compte entre 60 000 et 100 000 espèces d'arbres.
6
+
7
+ Les formations végétales dominées par des arbres poussant les uns à côté des autres sont des forêts, mais les arbres peuvent aussi croître de manière plus ou moins isolée hors des forêts (dans la savane notamment)[4].
8
+
9
+ Ils jouent un rôle majeur dans le fonctionnement écologique terrestre, en raison de leur capacité à stocker le carbone (leur production de matière sèche annuelle correspond à deux tiers de la production mondiale des plantes terrestres[5]), à prendre une part active dans le cycle de l'eau et de manière générale à constituer les écosystèmes complexes que sont les forêts, sources et refuges de biodiversité.
10
+
11
+ Ils constituent aussi pour les sociétés humaines une ressource considérable de matériaux (principalement du bois), de denrées (notamment des fruits) et de multiples services. Ils occupent dans presque toutes les cultures du monde une place pratique et symbolique importante.
12
+
13
+ La dendrologie (du grec dendron, « arbre », et logos, « discours, science ») est la science de reconnaissance (et classification) des arbres, et plus généralement la science des végétaux ligneux.
14
+
15
+ Il n'existe pas de définition universelle de l'arbre, tant ce concept recouvre une grande variété de formations et d'espèces aux agencements divers et localisés, si bien que les botanistes, arboriculteurs et forestiers continuent encore de débattre à ce sujet[6].
16
+
17
+ Dans l’optique de constituer des normes permettant de réaliser des comparaisons des ressources forestières à l’échelle mondiale, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) propose une définition, essentiellement basée sur la hauteur. La FAO considère qu'un arbre est une espèce végétale capable dans de bonnes conditions de croissance[7] de pousser au moins à 5 m de hauteur (pour les pays en développement) ou 7 m (pour les pays développés) à l'état adulte, ce qui le distingue de l'arbuste dont la hauteur à maturité est comprise entre 0,5 et 5 ou 7 m, et qui n'a pas de couronne définie[8]. La FAO inclut ainsi dans les arbres les espèces non ligneuses (bambous, palmiers) ayant les critères ci-dessus[9].
18
+
19
+ L'IFN définit l'arbre comme un végétal ligneux ayant une tige nue et non ramifiée dès la base, d'une hauteur supérieure ou égale à cinq mètres ou susceptible d'atteindre cette dimension à maturité in situ[10].
20
+
21
+ Les écologues distinguent parfois les espèces arborescentes dont la taille est au maximum de 15 mètres et les espèces arborées (arbres stricto sensu) qui dépassent cette hauteur[11].
22
+
23
+ Les botanistes donnent une définition plus restrictive, caractérisant les arbres par la croissance secondaire en épaisseur de leur tronc, et des couches de tissus similaires, ce qui favorise leur développement en hauteur et la ramification des branches leur permettant d'augmenter la capacité d'exploitation de l'espace aérien[12]. Cette caractéristique, associée à la position des feuilles sur plusieurs niveaux leur permettant de multiplier la surface d'échange pour la photosynthèse, les distingue des palmiers et des bambous qui n'ont pas de tronc. Cette anatomie rend leur tronc autoportant, ce qui exclut les macroalgues, comme Macrocystis, qui atteignent 50 mètres de hauteur mais ne sont verticales que grâce à la poussée d'Archimède, ou les lianes, plantes grimpantes qui s'élèvent verticalement en s'appuyant, en s'accrochant ou en s'enroulant sur ou autour d'un support vertical[13].
24
+
25
+ Au sens botanique, les arbres sont ainsi des plantes à bois véritable. Celui-ci, également appelé xylème secondaire, est produit par une rangée cellulaire (l'assise libéro-ligneuse) appelée cambium, située sous l'écorce. La genèse du bois est un processus répétitif qui dépose une couche nouvelle sur les précédentes. Le résultat est souvent visible sous la forme de cernes d'accroissement. Ce résultat est une croissance en épaisseur issue du fonctionnement du cambium qui est le méristème secondaire du bois (le phellogène étant le méristème secondaire de l'écorce). On ne trouve de plantes à bois véritable, et donc d'arbres au sens strict, que chez les Gymnospermes et les Angiospermes Dicotylédones. Preuves de leur origine commune, on trouve des homologues des gènes responsables de la croissance secondaire des arbres, chez les plantes herbacées et les gymnospermes[14].
26
+
27
+ Il existe d'autres types de plantes à bois véritable, mais les arbres s'en distinguent par des dimensions plus importantes (comparées à celles des arbustes) ou par la formation d'un tronc nettement individualisé (que ne possèdent pas les arbrisseaux) et porteur (alors que les lianes ligneuses doivent trouver un support pour s'élever).
28
+
29
+ Les spécialistes de l’architecture végétale distinguent quatre stades de développement : arbre jeune, stade adulte, stade mature, phase de sénescence[15] irréversible[16].
30
+
31
+ Dans la classification classique, les arbres font partie de la division des spermaphytes (Spermatophyta) : les plantes produisant des graines.
32
+
33
+ Le sous-embranchement des gymnospermes correspond aux plantes se reproduisant par des graines dites nues (embryon entouré de l'albumen et d'un tissu de protection), alors que celui des angiospermes correspond aux plantes se reproduisant avec des graines protégées (par un mécanisme de double fécondation, elles produisent des tissus nourriciers supplémentaires) à l'intérieur de l'ovaire qui donne le fruit.
34
+
35
+ Ce sont les plus anciens. Ce groupe (majoritairement monoïque) développe des ovules nus simplement protégés par des écailles. La pollinisation se fait grâce au vent ou à la simple gravité, leur dissémination pouvant être favorisée par certains primates (macaques), rongeurs (écureuils) et certaines espèces d'oiseaux spécialisées dans l'extraction de ces graines (becs croisés).
36
+
37
+ Communément, ces arbres sont appelés « conifères », car la plupart produisent des fruits en forme de cône, aussi appelés pommes de pin ou pives. Ils sont également qualifiés de « résineux » car la plupart produisent de la résine, substance chimique complexe qui permet à l'arbre de lutter contre le froid et contre certaines attaques de parasites ; cette résine est ainsi à son tour utilisée par des insectes : abeilles, fourmis, comme agent désinfectant dans leurs colonies. Ils possèdent plusieurs cotylédons.
38
+
39
+ Ce groupe fut en voie de régression au sens de l'évolution puisqu'il dut céder nombre de niche écologiques au groupe des angiospermes.
40
+
41
+ La maturation des graines gymnospermes est longue, allant de quelques mois à plusieurs années (pins : 2 à 3 ans).
42
+
43
+ Apparu plus récemment (plus de 100 millions d'années), ce groupe d'arbres communément appelé feuillus, est considéré comme plus évolué. On a donc vu se succéder d'abord les conifères comme le pin, puis les premiers feuillus colonisateurs comme le bouleau suivi du noisetier, de l'aulne, du frêne et du chêne qui devient l'espèce dominante en plaine alors que l'épicéa triomphe en montagne. À partir de 2000 ans av. J.-C., la température baisse à nouveau. Le hêtre qui a besoin de moins de chaleur que le chêne devient alors le feuillu dominant. En montagne, le sapin, le mélèze et le pin cembro rejoignent l'épicéa.
44
+
45
+ Dans leur mode de sexualité, les angiospermes ont développé une stratégie différente et plus économique en pollen, donc en énergie. Une coévolution avec les insectes permet une pollinisation plus raisonnée.
46
+
47
+ Les plantes protègent les ovules par des membranes, l'ensemble formant le fruit. Celui-ci peut être chez les arbres une baie, une drupe, un akène…
48
+
49
+ La production semencière de nombreux arbres forestiers varie d'une année à l'autre. Une année de production abondante (une « année à semences », appelée aussi « année semencière » ou « année à glands ») peut être suivie d'une ou plusieurs années de production médiocre ou nulle[23]. Les proverbes associés à cette production semencière (« année de glands, année d'enfants » pour symboliser la fécondité, « année de glands , année de cher temps » ou « année de glands, année de pommes ensuivant », « année à glands, année à sang », « année de glands, année de peste ») sont parfois sans fondement mais peuvent corréler l'année à l'importance de la pluie qui augmente la production de semences mais provoque aussi des nuisances climatiques[24].
50
+
51
+ Les feuilles de l'arbre, plus particulièrement les cellules du parenchyme palissadique, permettent de produire, par photosynthèse, cellulose, hémicellulose et lignine.
52
+
53
+ Certaines cellules permettent à un arbre de se redresser au cours de sa croissance grâce à des agrégats de glycogène qui jouent le rôle de niveau à bulle[26].
54
+
55
+ Plusieurs mécanismes permettent aux arbres de se défendre contre des parasites :
56
+
57
+ Le professeur A. Shigo découvre et explique ce principe, et le nomme CODIT (Compartimentation Of Decay In Trees). Cette découverte met en lumière l'incapacité des ligneux de cicatriser, et le modèle propre à la dendro biologie.
58
+
59
+ Un arbre est généralement composé de racines, d'un ou plusieurs troncs principaux et de ramifications appelées branches.
60
+
61
+ La partie basale du tronc qui est dégarnie de branches forme le fût. Sa zone circulaire inférieure faisant jonction avec les racines s'appelle le collet.
62
+
63
+ L'ensemble des branches forme le houppier. La silhouette d'un arbre est caractérisée par son ou ses fûts, l'angle des rameaux entre eux, la disposition des branches au départ du tronc ainsi que la forme générale de son houppier : on parle du port de l'arbre. Par exemple, un houppier triangulaire large à la base et en pointe au sommet caractérise de nombreux résineux.
64
+
65
+ Le tronc et les branches comportent sur leurs périphéries des cellules mortes appelées rhytidome ou écorce, celle-ci protège la partie vivante des branches et du tronc. Cette écorce peut être une simple petite pellicule ou être très épaisse chez certaines variétés : elle approche les 30 cm chez les séquoias.
66
+
67
+ La plupart des arbres possèdent des feuilles chargées d'assurer la photosynthèse et l'essentiel des échanges gazeux. Quelques espèces ont cependant, à la place des feuilles, d'autres organes qui peuvent leur ressembler et qui assurent les mêmes fonctions : certains acacias portent des phyllodes qui sont des pétioles transformés, certains euphorbes arborescents ont des rameaux nus chlorophylliens, les aiguilles des pins sont des pseudophylles (des fausses feuilles de formation secondaire) et les filaos possèdent des extrémités ressemblant à des tiges de prêles. En revanche, les aiguilles des sapins sont de vraies feuilles en forme d'aiguilles.
68
+
69
+ À la surface des troncs apparaissent quelquefois aussi des « épicormiques » : bourgeons, amas, pousses épicormiques (poils, gourmands et branches gourmandes), picots, sphéroblastes et broussins ; ceux-ci apparaissent à partir de stimuli (lumière, blessures, infections, tensions, etc.) et évoluent avec l'âge de l'arbre et selon l'essence considérée[28].
70
+
71
+ La morphologie du tronc, des branches et des racines, correspond à une structure fractale : chaque branche peut être considérée comme un tronc plus petit pourvu lui aussi de branches et ainsi de suite jusqu'aux plus petits rameaux. Racines et radicelles se structurent également de manière auto-similaire. Il en ressort que l'arbre a une forme de dimension fractale de l’ordre de 2,5[29]. Cette forme résulte du programme génétique de l'arbre, mais aussi d'interactions avec le sol, le climat, d'autres arbres, ou des animaux. La morphologie générale de l'arbre résulte ainsi de plusieurs facteurs, essentiellement : la maximisation de la performance hydraulique dans la conduction de la sève des racines vers les feuilles ; la portée mécanique maximale évitant aux arbres de s’effondrer sous leur propre poids ; la compétition pour l'accès à la lumière ; la réponse au vent, la thigmomorphogenèse, qui contrôle l’évolution du diamètre des branches[30].
72
+
73
+ Un accès différencié à la lumière où à une lumière plus vive (réverbérée par l'eau près des berges par exemple), ainsi que des contraintes et efforts internes modifiés par le vent, des accidents de vie sont sources de déformations de structures, dues à des maturations exprimées de manière différentielle lors de la formation du bois, des racines et de l'écorce[31]. De même quand un arbre se met à pencher à la suite d'un mouvement du terrain (les branches cherchent à se redresser)[31].
74
+
75
+ Ces déformations externes se traduisent par des modifications anatomique du bois, autrefois mis à profit, par exemple pour des bois de marine naturellement courbes (moins de risques de casse et de fentes)[31].
76
+
77
+ Le tronc est naturellement unique mais il arrive parfois, à la suite d'un accident de croissance, ou d'une section due à un herbivore ou à un castor, qu'il se dédouble ou qu'il soit fourchu. La sylviculture en taillis, qui coupe les arbres et laisse les souches bourgeonner, donne notamment des troncs multiples appelés « cépées ».
78
+
79
+ Le premier arbre connu date du Dévonien. Il s'agit d'Archaeopteris, qui aurait vécu il y a 370 millions d'années. Pendant le Carbonifère, une période au climat chaud et humide, de grandes forêts s'étendent sur la surface du globe. L'un des arbres les plus communs de cette époque est Lépidodendron : il atteint une hauteur de 30 mètres et a un tronc de 3 mètres de diamètre.
80
+ Les premiers conifères apparaissent à la fin de cette période ; les taxons les plus proches de ces gymnospermes primitifs seraient Araucaria, Podocarpus et Taxus[32].
81
+
82
+ En Europe, les trois dernières glaciations voient les essences des zones tempérées disparaître des zones septentrionales pour reculer vers le Sud ou survivre dans quelques « zones refuges » de l’Europe septentrionale (nord de la Méditerranée) pour ensuite reconquérir, « assez » rapidement (à une vitesse de 0,42 à 1 km/an), le continent lors du réchauffement holocène, 11 000 ans avant nos jours[33].
83
+
84
+ Il existe plusieurs manières de catégoriser les arbres :
85
+
86
+ Selon les estimations, la planète compte entre 60 000 et 100 000 espèces d'arbres.
87
+
88
+ L'UICN évalue dans les années 1990 à quelque 100 000 espèces arborées ou arborescentes connues dans l'ensemble de la biosphère[36]. Une modélisation réalisée en 2008 confirme cette estimation de 100 000 espèces[37].
89
+
90
+ Selon une étude publiée en 2017 par l'association Botanic Gardens Conservation International (BGCI), il existerait 60 065 espèces d'arbres différentes dans le monde. Le Brésil compte la plus grande variété d'arbres sur son territoire avec 8 715 espèces, suivie par la Colombie avec 5 776 espèces, et l'Indonésie avec 5 142 espèces. Excepté l'Arctique et l'Antarctique, où aucun arbre n'est recensé, l'Amérique du Nord présente la plus faible diversité avec 1 400 espèces. D'autre part, 58 % des espèces sont présentes dans un seul pays. Ainsi, 4 333 espèces se trouvent uniquement au Brésil, contre 2 991 espèces à Madagascar et 2 584 espèces en Australie. Le BGCI précise également que 9 600 espèces sont menacées d'extinction[38].
91
+
92
+ Une étude publiée en 2015 dans la revue Nature[39] revoit à la hausse d'un facteur 10 l'estimation du nombre d'arbres sur Terre[40] par rapport aux précédentes. « Les résultats indiquent qu'il y a environ 3 000 milliards d'arbres sur Terre, dont près de la moitié dans les forêts tropicales et subtropicales. Les régions boréales en abritent 740 milliards, et les régions tempérées, 610 milliards ». L'étude estime également que la surface occupée par les forêts diminue chaque année d'environ 192 000 km2 (un peu moins d'un tiers de la superficie de la France), ce qui représente environ 15,3 milliards d'arbres. Les chercheurs estiment que la superficie des forêts aurait diminué de 45,8 % depuis les grandes phases de défrichement (défrichages afin de disposer de surfaces cultivables) lors des débuts de l'agriculture il y a environ 11 000 ans[41], ces bouleversements étant jugés suffisamment profond par certains chercheurs que ces derniers, inspirés par le marxisme, ont évoqué une « révolution néolithique »[42].
93
+
94
+ Les forêts ont une densité d’environ 500 arbres par hectare. Les forêts tropicales humides présentent une large variété floristique associée à une abondance de grands arbres (200 à 300 espèces en moyenne par hectare, jusqu'à 500 parfois), mais bien moindre que la variété microbienne dans le sol. Les forêts tempérées n'hébergent qu'une dizaine à une quinzaine d'espèces d'arbres par hectare[43].
95
+
96
+ Un rapport[44] sur l'état de conservation des quelque 100 000 espèces d'arbres recense à la fin du XXe siècle 95 espèces éteintes (y compris 18 à l'état sauvage), 976 dans un état de danger critique, 1 319 menacées et 3 609 vulnérables[45].
97
+
98
+ Depuis l'invention de la filière bois, la mécanique a fait son entrée dans la botanique. Il y a eu la simulation numérique par de Reffye de la croissance des arbres, puis la Mécanique de l'arbre sur pied par Guitard et le modèle mécanique de la croissance d'une branche par Schaeffer[46],[47].
99
+
100
+ L'arbre joue un rôle majeur dans le cycle du carbone. On le présente souvent comme étant en constante compétition pour les ressources que sont l’eau, les nutriments du sol, la lumière et le gaz carbonique. Cependant l'arbre est aussi capable de symbioses (microbiennes et fongiques) et d’échanges ou de partage de ressources, comparé par une étude récente à une sorte de marché souterrain horizontal du carbone[48]. Ainsi, il prend dans l’air le CO2 nécessaire à ses besoins immédiats et futurs (pour sa reproduction et croissance) ; il le stocke principalement sous forme de sucres, de lignine et de cellulose, il produit aussi des protéines complexes et des lipides. ces molécules sont utilisées pour construire son troncs, ses branches, feuilles et racines. Mais au fur et à mesure de sa croissance, l'arbre échange aussi - et de plus en plus - de grandes quantités de carbone avec ses voisins, via le gigantesque « réseau souterrain »[49],[50] de mycéliums des champignons symbiotiques du sol. Ces derniers acquièrent du sol et de la biomasse en décomposition des nutriments qu'ils transfèrent à leurs plantes-hôtes, en échange de carbone et d'autres nutriments (apport non négligeable car atteignant 80 % pour l'azote et le phosphore chez certains végétaux[49]). Ils permettent aussi de recycler et valoriser une grande partie du carbone qu'on aurait pu croire « perdu » par les feuilles mortes, les fleurs tombées, les pollens et le bois mort d’autres arbres ou de l’individu-arbre lui-même) et il est maintenant confirmé qu’ils permettent des échanges importants de carbone d’un arbre à l’autre ; et même entre arbres d’espèces différentes[48].
101
+
102
+ On avait déjà montré que les jeunes plants d'arbres bénéficiaient d'apports importants de carbone via le réseau mycorhizien souterrain[49], mais des chercheurs de l’Université de Bâle et de l'Institut Paul Scherrer (PSI) ont récemment (2016) montré que les arbres adultes de forêts tempérées exportent également de grandes quantités de sucres et bien plus loin qu'on ne le pensait. Pour cela, à partir d’une grue installée dans une forêt située près de Bâle, ils ont utilisé un réseau de longs tubes de plastique pour diffuser sur les couronnes d’arbres (épinettes) de 40 m, âgés de 120 ans environ un flux de dioxyde de carbone radiomarqué[51] afin de pouvoir tracer la cinétique environnementale de ce carbone dans l’arbre (des feuilles aux racines) et l’écosystème[48]. Lors de cette expérience, une surprise a été de rapidement aussi trouver ce carbone radiomarqué dans les racines des arbres voisins bien qu’ils n’en aient pas directement reçu, y compris chez des arbres provenant d'autres espèces (pin, mélèze)[48].
103
+
104
+ Pour les auteurs de l'étude : ceci confirme l'importance encore sous-estimée du rôle des champignons, et que la "Forêt est plus que la somme de ses arbres" ; Ainsi, dans leur rapport au CO2 (et donc au climat) les arbres ne doivent pas uniquement être considérés comme des individus, mais aussi comme éléments interagissants entre eux et avec les autres arbres, dans l’écosystème forestier et la biosphère[52].
105
+
106
+ Les plus vieux arbres connus au monde furent jusqu'en 2008 des pins de Bristlecone (Pinus longaeva) comme ici dans les Inyo Mountains, en Californie. Ils peuvent vivre plus de 4 000 ans, certains individus ont presque 5 000 ans.
107
+
108
+ Les arbres les plus volumineux du monde sont des séquoias géants (Sequoiadendron gigantea), comme ici le Grizzly Giant dans le Parc national de Yosemite. Le plus imposant spécimen, baptisé General Sherman, a un tronc de 1 487 m3 pour une hauteur de 83,8 m.
109
+
110
+ Les arbres aux troncs les plus gros sont des baobabs d'Afrique (Adansonia digitata) Leur tronc peut atteindre jusqu'à 7 m de diamètre.
111
+
112
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
113
+
114
+ L'arbre procure des matières premières pour un grand nombre d'industries (papetière, seconde transformation du bois, chimique…) ; il joue un rôle économique important.
115
+
116
+ Voici quelques exemples de son exploitation :
117
+
118
+ En outre, de nombreuses espèces sont utilisées en phytothérapie ou en sylvothérapie (système immunitaire humain bénéficiant des effets attribués aux phytoncides)[65].
119
+
120
+ Certaines espèces d'arbres comme le moringa, le margousier ou le moabi cumulent de nombreux avantages économiques et culturels ; ils sont actuellement étudiés pour être produits à grande échelle.
121
+
122
+ L'arbre urbain est maintenant considéré comme un bien commun et une source de services écosystémiques et d'intérêt public et général.
123
+
124
+ Il joue un rôle essentiel dans l'écologie urbaine — on parle parfois d′urbanisme végétal — comme élément de décor, d'aménagement, et participe à l'atténuation légère de la pollution sonore, de la pollution de l'air et des pics thermo-hygrométriques propres aux microclimats urbains, fonctionnant comme un véritable dispositif d'épuration atmosphérique et constituant un écrans anti-bruit[66]. David J. Nowak parle même de biotechnologie, pour décrire le boisement urbain (Urban forestry) et ses capacités à améliorer, dépolluer l'eau, l'air (un arbre adulte retient en moyenne 100 kg de poussières par an[67]), le sol, à tamponner les chocs climatiques et à constituer un puits de carbone[68].
125
+
126
+ Néanmoins les gestionnaires d'arbres urbains doivent relever de nombreux défis, car dans l'espace public et hors de quelques grands parcs urbains publics ou privés, ces arbres sont soumis à de nombreux stress qui abrègent fortement leur espérance de vie (ne dépassant généralement pas 30 ans[69]).
127
+
128
+ Les racines manquent de place et tendent à se diriger vers les égouts pour trouver de l'eau, au risque de les pénétrer et parfois les obstruer. Elles doivent se développer dans un sol souvent de piètre qualité, imperméabilisé et alors exposé à des alternances de manque et d'excès d'eau.
129
+
130
+ Le tronc, les branches et les racines subissent des agressions, notamment des dommages mécaniques et chimiques, le vandalisme, des tailles dures et la pollution urbaine. Les distances de plantation, le jalonnement et les protections demeurent parfois inadaptés. L'environnement évolue autour de l'arbre sans tenir compte de son intégrité, comme dans le cas de la coupure du système racinaire. Les propriétaires inexpérimentés ou certaines entreprises insuffisamment formées traitent les arbres de manière inappropriée. Les canopées manquent souvent de lumière le jour et subissent la pollution lumineuse la nuit. En raison de la bulle de chaleur urbaine et de la pollution lumineuse, le débourrement se montre souvent plus précoce, et la chute des feuilles beaucoup plus tardive ; parfois de plusieurs mois sous les lampadaires. Selon la NASA, ils produisent 20 % de moins d'oxygène que le même arbre dans la nature. Néanmoins une étude récente laisse penser qu'on a pu sous-estimer la capacité des arbres à épurer l'air de certains polluants, en particulier des composés organiques volatils.
131
+
132
+ Planter des arbres déjà adultes se montre très coûteux et la plantation et protection des jeunes arbres, qui installent mieux leur système racinaire mais restent vulnérables durant de longues années, reste difficile. Beaucoup de cultivars plantés en alignement mono-spécifiques s'avèrent à terme vulnérables aux épidémies et à divers pathogènes, en plus de contribuer à une perte de diversité génétique chez les espèces-mères. Une bonne gestion nécessite des inventaires souvent mis à jour et une surveillance sanitaire plus étroite. La taille reste obligatoire dans de nombreux cas, avec une accessibilité parfois difficile ; elle constitue une porte d'entrée pour de nombreux pathogènes et doit alors se poursuivre dans le temps chez certaines espèces.
133
+
134
+ Une gestion attentive et une communication adaptée sont nécessaires pour trouver le soutien ou l'appui actif du public, et pour que l'arbre urbain soit considéré par le plus grand nombre comme un avantage plus qu'un inconvénient.
135
+
136
+ Rappelons toutefois un principe :
137
+
138
+ « Situé dans un milieu qui lui convient, auquel il s'est peu à peu adapté, ne subissant pas de contraintes particulières dans son expansion aérienne ou souterraines et ne présentant pas de signes de dépérissement ou d'attaque parasitaires, un arbre n'a pas besoin d'être taillé. » (E. Michau)[70]
139
+
140
+ L'arbre est un schème qui semble quasiment universel. Même dans les contextes très artificialisés, il reste très souvent associé, notamment par les adultes des conurbations, au sentiment positif d'une présence agréable et relaxante. Une enquête faite aux États-Unis laisse penser que ce sentiment n'est pas uniquement lié aux expériences de l'enfance (présence d'arbres dans l'environnement proche, activité dans la nature…), mais aussi aux sentiments exprimés par les parents sur la nature, avec des variations selon le sexe, l'âge et l'origine ethnique des personnes interrogées[71].
141
+
142
+ Les gens montrent des préférences pour la taille, forme et couleur des arbres[72]. De manière générale, les couleurs vertes et rouges semblent préférées au jaunâtre et pourpre, peut-être parce que celles-là sont associées à des arbres en meilleur santé, et donc à un environnement plus propice au développement humain[72]. La naturalité d'un paysage, sa richesse et son harmonie, et la présence de l'arbre dans ce cadre jouent aussi un rôle important dans le sentiment de paix ou de bien-être qu'il procure[73]. Ainsi au Japon, une étude sur l'effet curatif de la végétation existant dans le paysage a montré que 94 % des interrogés décrivent spontanément préférer un paysage très naturel, contre 1 % préférant un paysage artificiel, avec des variations selon l'âge.
143
+
144
+ Dans la littérature, l'arbre provoque des émotions selon qu'il est tour à tour objet de crainte (arbre des sorcières, arbre au gibet, arbre terrifiant dans les cauchemars d'enfants comme chez George Sand) ou d'amour (lieu de la rêverie romantique, initiales ou cœur gravé sur l'écorce — pratique déjà décrite dans le temple d'Astrée où les noms des dieux sont inscrits dans l'écorce d'un chêne — ou encore lieu de la liberté comme dans Le Baron perché), arbre chtonien ou ouranien[74].
145
+
146
+ L'arbre symbolise tantôt les forces de la Vie comme l'arbre de vie, tantôt l'homme, tantôt une famille : arbre généalogique.
147
+
148
+ Dans la Bible, plus particulièrement dans le second récit de la Création du Livre de la Genèse, le tronc de l'arbre fait fonction de lien entre la terre où il a ses racines et le ciel où il est dirigé. L'arbre est donc un symbole de la communion entre les deux mondes : celui d'en haut où habite la divinité et celui d'en bas où habitent les humains[75].
149
+
150
+ L’Arbre est la reprise de l'arbre de vie sumérien, puis mésopotamien avant de passer dans la Bible. Le vol des pommes d'or dans le jardins des Hespérides devient le fruit de l'arbre du Paradis[76].
151
+
152
+ Dans le jardin d'Éden, il y a des arbres, dont deux particuliers : l'arbre de vie, qui symbolise l'immortalité, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal, qui symbolise le savoir illimité, deux caractéristiques réservées à Dieu[77].
153
+
154
+ Dans les traditions nordiques Yggdrasil est un arbre qui symbolise le Monde. En Islam, il est également fait référence, dans certains écrits spirituels, à l'Arbre du Monde[78].
155
+
156
+ Lors des cycles saisonniers, la « mort » présumée et la « renaissance » annuelle de l'arbre au printemps l'ont fait adopter comme symbole de la fécondité, de retour à la vie. Témoins les traditions d'arbre de mai et d'arbre de Noël.
157
+
158
+ Certains arbres ont une symbolique propre : l'olivier (Olea europea) représente la paix, la sérénité (c'est aussi un symbole du Christ), le chêne (Quercus sp.) représente la robustesse, la longévité.
159
+
160
+ On retrouve cette représentation dans certains tests psychologiques (Test de l'arbre) : les racines représentent l'ancrage de la personne dans sa propre vie, dans la réalité, le tronc sa posture, les branches et les feuilles son épanouissement.
161
+
162
+ L'olivier est un des symboles de l'Athènes antique : il aurait été offert à la cité par la déesse Athéna à l'occasion d'un concours avec le dieu de la mer Poséidon. L'olivier est aussi symbole de paix.
163
+
164
+ Arbres emblèmes : la feuille d'érable à sucre (Acer saccharum) est l'emblème du Canada, le cèdre (Cedrus libani) celui du Liban. Le pernambouc (Caesalpinia echinata) est l'arbre national du Brésil (voir aussi la liste des plantes-emblèmes).
165
+
166
+ Au Japon, Hanami, la période de floraison des cerisiers, les Sakura, (Prunus sp.) à la fin de l'hiver et Momijigari, la période de passage aux couleurs d'automne de l'érable japonais (Acer japonicum) sont des événements célébrés dans tout le pays.
167
+
168
+ En Afrique, l'arbre à palabres est un lieu traditionnel de rassemblement.
169
+
170
+ Les pièces de 1 et de 2 euros, œuvres de Joaquin Jimenez, sont frappées depuis 1999 ; « elles portent "l’Arbre étoilé" et arborent un symbole fort de liberté, de vie et de croissance, de pérennité et de renouveau »[79].
171
+
172
+ Si la forêt et les bois sont plus ou moins protégés par le droit coutumier ou codifié de par le monde, l'arbre en tant qu'individu a rarement de statut juridique clair, même quand une valeur patrimoniale importante lui est unanimement reconnue (arbre remarquable).
173
+
174
+ Dans certaines cultures, des arbres peuvent être sacrés, de même qu'existent des bois sacrés.
175
+
176
+ Dans certains pays un arbre ou des arbres peuvent être protégés par une servitude environnementale qui peut interdire aux générations successives d'acheteurs d'un terrain de les couper et/ou exploiter.
177
+
178
+ L'arbre en ville a pu faire l'objet de protections spécifique car présentant une valeur particulière en raison de sa rareté et vulnérabilité dans le contexte urbain[80], d'abord grâce au droit du patrimoine « remarquable » (Loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques, loi du 2 mai 1930 sur les sites et monuments naturels, Zones de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager instaurées par la loi de décentralisation du 7 janvier 1983 et secteurs sauvegardés de la loi Malraux de 1962 qui toutes peuvent protéger des arbres remarquables), aujourd'hui sous l'égide du Service départemental de l'architecture et du patrimoine (SDAP).
179
+
180
+ Des réflexions existent pour donner aux arbres et en particulier aux arbres remarquables un statut plus clair[81],[82].
181
+
182
+ La loi Paysage a modifié les modalités d'enquête publique et introduit des outils permettant dans une certaine mesure la protection d'arbres dans le paysage (arbres et alignements remarquables)[83]. Parmi les outils mobilisables pour protéger des arbres figurent (principalement dans le cadre de la loi paysage et du droit de l'urbanisme) :
183
+
184
+ Des outils de contractualisation (chartes, plans, contrats...) sont susceptibles de prévenir ou limiter le risque de conflits juridiques souvent aléatoires et d'autres outils du droit de l'environnement peuvent parfois être utilisés : les Espaces naturels sensibles, la loi Littoral, les réserves naturelles régionales ou encore le droit civil quand il règle les relations de voisinage concernant les arbres en limites de propriété.
185
+
186
+ À la suite de la destruction de nombreuses haies et arbres isolés par les remembrements, il a été interdit de détruire des arbres durant la procédure de préparation d'un remembrement.
187
+
188
+ En Suisse, les arbres sont légiférés notamment dans la loi fédérale sur les forêts et l'Ordonnance sur les forêts. En 2011, le Conseil fédéral a fixé les lignes stratégiques de la politique forestière 2020, mises en œuvre notamment par l'Office fédéral de l'environnement[89]. Les cantons et certaines communes suisses ont également une législation concernant la protection des arbres.
189
+
190
+ Dans un souci de préservation de la biodiversité, le quart du budget de l'Arboretum national du vallon de l'Aubonne est financé à hauteur d'environ 250 000 francs suisses par les pouvoirs publics[90].
191
+
192
+ Aux Pays-Bas, en vertu des lois sur la protection environnementale, il est interdit de couper un arbre si un autre n'est pas planté à la place. Ainsi, le pays sécurise le nombre de ses arbres et peut uniquement le revoir à la hausse.
193
+
194
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3350.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,334 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Serpents
2
+
3
+ Sous-ordre
4
+
5
+ Classification phylogénétique
6
+
7
+ Les serpents (du latin serpentes), formant le sous-ordre des Serpentes (prononcer « serpentèces »), sont des reptiles carnivores au corps très allongé et dépourvus de membres apparents. Comme tous les squamates, ce sont des vertébrés amniotes caractérisés par un tégument recouvert d'écailles, imbriquées les unes sur les autres et protégées par une couche cornée épaisse, et par une thermorégulation assurée par trois mécanismes, l'ectothermie, la poïkilothermie et le bradymétabolisme. Ils sont aussi appelés plus rarement Ophidiens (du grec ὄφεις / ópheis).
8
+
9
+ Les serpents ont comme caractéristiques spécifiques d'avoir une langue bifide, des yeux sans paupière, un crâne articulé et des mâchoires mobiles qui facilitent l'ingestion de proies. Ils partagent la disparition des pattes avec deux autres groupes de vertébrés tétrapodes : les amphisbènes, d'autres squamates, et les gymnophiones, qui appartiennent au groupe des lissamphibiens.
10
+
11
+ Au cours de leur longue évolution qui remonte au Crétacé, les serpents ont perfectionné plusieurs modes de locomotion apode ainsi que leur système de préhension des proies, ce qui leur a permis de conquérir les biotopes les plus variés et d'occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires.
12
+
13
+ Le nom vernaculaire « serpent » est issu du latin serpens, signifiant « animal qui se traîne », participe présent du verbe serpĕre, « se traîner ». L'équivalent grec, qui lui est apparenté, est le verbe ἕρπω / herpô (d'où les termes d'herpétologie, d'herpétologue et d'herpétophobie), de même sens[1]. L’affaiblissement de la sifflante initiale, aboutissant à une aspiration, est une caractéristique du grec ancien. Les termes grec et latin se rattachent à une racine indo-européenne °serp- qui est sans doute un élargissement de °ser- « aller, couler » (racine qui se retrouve dans le nom sérum)[2].
14
+
15
+ L'ordre des Serpentes paraît dans la dixième édition de l'ouvrage Systema naturae du naturaliste Linné édité en 1758[3]. Dans son Essai d'une classification naturelle des reptiles paru en 1800, le naturaliste Brongniart identifie quatre ordres de reptiles : les chelonia (tortues), les sauria comprenant les lézards et les crocodiliens, les batrachia (batraciens) et les ophidia (serpents au sens large, incluant toutes les espèces fossiles plus proches des serpents actuels)[4]. Brongniart crée le sous-ordre des ophidiens en s'appuyant sur la racine grecque ὄφεις óphis (issu de l'indo-européen h₁ógʷʰis, serpent de la mythologie indo-européenne)[5] qui se retrouve dans les termes ophiophagie, ophiophobie, ophiologie et Ophioglossaceae[6].
16
+
17
+ Les serpents sont des reptiles dépourvus de pattes, même s'ils ne sont pas les seuls. En effet, les amphisbènes et certains lézards apodes comme les orvets présentent également cette particularité[7]. Leur corps est cylindrique et de forme allongée bien que la silhouette soit très variable selon les espèces. Par exemple, le serpent arboricole Imantodes cenchoa a une silhouette gracile et élancée tandis que le python à queue courte Python curtus a un aspect plus ramassé[8].
18
+
19
+ La taille des serpents est également très variable selon les espèces. Certains serpents aveugles de la famille des Typhlopidae peuvent mesurer une dizaine de centimètres à l'âge adulte[9] tandis que l'Anaconda vert (Eunectes murinus) et le Python réticulé (Broghammerus reticulatus) se disputent le titre de plus grand serpent, le premier étant le plus lourd[10] (les adultes peuvent atteindre un poids de 250 kg[11]) et le second étant vraisemblablement le plus long (avec une taille maximale de 9 à 10 m[12]). Ces records sont toutefois à considérer avec circonspection, les observations les plus impressionnantes datant généralement de plusieurs décennies et ayant vraisemblablement été déformées au cours du temps[13]. Les très grandes espèces de serpents vivent majoritairement dans les zones les plus chaudes du globe, où la température élevée permet de réchauffer efficacement un gros corps et où les proies sont abondantes[9].
20
+
21
+ Bien que la section transversale des serpents soit globalement cylindrique, il existe des disparités entre espèces. Ainsi, on distingue quatre grands types de sections[8] :
22
+
23
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
24
+
25
+ Le Python fouisseur du Mexique (Loxocemus bicolor) a un mode de vie fouisseur et un corps cylindrique[14].
26
+
27
+ Drymarchon corais a une section triangulaire.
28
+
29
+ La Vipère du Gabon (Bitis gabonica), comme les autres grosses vipères, a une section aplatie dorsalement.
30
+
31
+ Le boa arboricole Corallus hortulanus a une section aplatie latéralement.
32
+
33
+ Il existe un rapport étroit entre la taille et la silhouette d'un serpent et son mode de vie. Ainsi, les serpents arboricoles ont généralement un corps allongé et mince, avec une queue préhensile et un corps aplati latéralement qui leur fournit une rigidité suffisante pour se déplacer de branche en branche[15]. Les espèces fouisseuses ont quant à elles un corps cylindrique, court et avec une tête peu distincte du corps[16]. Enfin, beaucoup d'espèces aux mœurs aquatiques ont les yeux et les narines placées en haut du crâne, ce qui leur permet de les garder émergés lorsqu'elles nagent à la surface de l'eau[17].
34
+
35
+ La ceinture scapulaire est toujours absente du squelette des serpents, sinon chez certains ophidiens tels que les Boïdés qui présentent des vestiges de ceinture pelvienne (qui peut servir d'organe excitateur lors de l'accouplement). La colonne vertébrale est constituée d'un grand nombre de vertèbres (160 à 400) très bien articulées les unes par rapport aux autres ; les ondulations du corps sont donc possibles grâce à cette structure d'une part et d'autre part grâce à l'existence de muscles latéraux qui présentent la particularité d'avoir leurs insertions apophysaires opposées fort éloignées les unes des autres (jusqu'à 30 vertèbres d'écart). La bouche peut se distendre au passage des proies qu'ils capturent. Cette grande ouverture buccale est rendue possible car d'une part le carré est une baguette allongée qui s'articule très en arrière du neurocrâne ; d'autre part la rotation du carré autour de son articulation éloigne très nettement la mandibule (mâchoire inférieure très flexible pouvant aller pratiquement dans tous les sens) de la mâchoire supérieure (liée aux os du crâne de façon lâche). Par ailleurs un muscle puissant (le « depressor mandibulae ») tendu entre la région temporale et l'extrémité postérieure de la mandibule contribue à abaisser encore plus ventralement cette dernière. De ce fait, les serpents sont capables d'avaler des proies énormes : dans l'estomac d'un python de cinq mètres on a trouvé un léopard (préalablement étouffé). Par ailleurs, les glandes salivaires sécrètent assez de salive pour faciliter l'ingestion des proies en les lubrifiant. L’estomac produit un suc extrêmement acide capable de dissoudre même les dents. Remarquez qu'en dessous de 10 °C, le processus digestif ne peut fonctionner efficacement et le serpent doit régurgiter sa proie ; la température idéale pour la digestion est de 30 °C. C'est pourquoi le serpent cherche à atteindre cette température, en se chauffant au soleil par exemple lorsqu'il vient de se nourrir.
36
+
37
+ Le corps des serpents est recouvert d'écailles. Comme chez les autres squamates et contrairement par exemple aux poissons, celles-ci sont des zones épaissies de l'épiderme et non des écailles individualisées[18]. Les écailles peuvent avoir toutes sortes de tailles, de formes, de textures et de dispositions, y compris au sein d'une même espèce.
38
+
39
+ La forme, le nombre et la disposition des écailles permettent de différencier les différentes espèces de serpents[19]. En particulier, les différentes écailles de la tête sont généralement caractéristiques d'une espèce, ainsi que le nombre de rangées d'écailles dorsales (dans le sens de la largeur) et le nombre d'écailles ventrales (dans le sens de la longueur)[20].
40
+
41
+ La Vipère velue (Atheris hispida) a des écailles allongées et pointues.
42
+
43
+ Le Serpent à tentacules (Erpeton tentaculatum) a deux appendices sur le museau.
44
+
45
+ Langaha madagascariensis a des écailles qui forment un long rostre.
46
+
47
+ Les écailles ont plusieurs fonctions[21]. En premier lieu, elles offrent une protection mécanique contre l'usure de la peau. Cette protection est particulièrement importante, puisque l'usure de l'épiderme est très rapide chez ces animaux qui se déplacent en rampant. Les écailles permettent également sans doute de limiter la déshydratation, même si cette capacité est mal connue et peut-être surestimée. Elles peuvent également faciliter le déplacement, des écailles lisses permettant de réduire les frottements dans la végétation et le sable tandis que des écailles plus rugueuses permettent de s'accrocher plus facilement[22]. Les serpents à groin, comme ceux du genre Heterodon, ont une écaille rostrale retroussée qui leur permet de creuser[23]. De plus, elles peuvent avoir une fonction de camouflage, des écailles proéminentes permettant de briser la ligne de contours de la tête de l'animal aux yeux d'éventuels proies ou prédateurs[24].
48
+
49
+ Certains serpents, notamment la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), la Couleuvre de Moïla (Rhagerhis moilensis) et diverses couleuvres du genre Psammophis polissent leurs écailles dorsales et ventrales grâce à un liquide visqueux sécrété non loin des narines. Ce polissage a probablement pour fonction de limiter l'évaporation transcutanée en recouvrant les écailles de lipides, mais pourrait également être un moyen de communication chimique[25].
50
+
51
+ Les serpents peuvent présenter à peu près toutes les couleurs existantes. Certains serpents ont une couleur unie tandis que d'autres ont des motifs très complexes. La coloration est d'ailleurs un critère de d��termination des espèces bien que la variabilité au sein d'une même population, voire chez un même individu à différents moments de sa vie, puisse être très importante[26].
52
+
53
+ La couleur est déterminée en premier lieu par les pigments contenus dans les chromatophores présents entre le derme et l'épiderme[26]. Elle dépend également des caractéristiques physiques des écailles (épidermicule ornée d'épines ou de crêtes microscopiques) qui peuvent produire des phénomènes d'iridescence et d'effet Tyndall[27].
54
+
55
+ Bel exemple d'homochromie, la couleuvre Opheodrys aestivus a une couleur de fond verte presque unie.
56
+
57
+ Rhabdophis tigrinus a quant à elle des motifs complexes.
58
+
59
+ Lampropeltis getulus a des motifs annelés.
60
+
61
+ Le Boa arc-en-ciel Epicrates cenchria a des écailles très iridescentes.
62
+
63
+ La couleur des serpents peut varier au cours de la vie chez un même individu. Ainsi, certaines espèces peuvent changer de couleur au cours d'une même journée, à la manière des caméléons, mais d'autres changent de couleur sur le plus long terme[28]. Ainsi, la couleur des jeunes individus peut être très différente de la couleur des adultes[29].
64
+
65
+ La couleur des serpents joue un rôle important puisqu'elle leur permet de se camoufler aux yeux des prédateurs et des proies potentielles. Ainsi, les serpents arboricoles sont généralement verts[15], les serpents terrestres assortis au substrat[30], etc.
66
+
67
+ Les jeunes Rhynchophis boulengeri sont gris…
68
+
69
+ … tandis que les adultes sont vert vif.
70
+
71
+ Selon leur type de denture, on peut distinguer cinq catégories de serpents :
72
+
73
+ Dans les deux derniers cas le serpent envenime sa proie avant de l'ingérer ; dans tous les cas le venin est expulsé des glandes (qui sont parfois très volumineuses par rapport à l'animal) par la contraction des muscles mandibulaires adducteurs. C'est également une action musculaire qui entraîne lors de la morsure le redressement des crochets horizontaux au repos.
74
+
75
+ Les serpents ont une respiration pulmonaire. L'appareil respiratoire est constitué d'un poumon gauche atrophié ou absent, excepté chez les boas et les pythons. Le poumon droit est en revanche hypertrophié. Ce poumon droit est tripartite, avec un poumon trachéen (supplément de capacité respiratoire qui peut aider le serpent à respirer tout en avalant une grosse proie), un poumon bronchial vascularisé et un poumon sacculaire non vascularisé (cette partie règle l'équilibre hydrostatique des serpents aquatiques)[31].
76
+
77
+ De façon générale, les serpents ont une très mauvaise vue : le champ visuel d’un animal se déplaçant au ras du sol étant par ailleurs limité, certains serpents se dressent sur leur corps quand ils chassent ; ils se repèrent dans leur milieu en sentant les odeurs et les déplacements d'air grâce à leur langue bifide. Les performances olfactives sont difficiles à évaluer car elles sont fréquemment associées à d'autres sensibilités sensorielles : vue, détection des phéromones par un organe sensoriel pair particulier dans la cavité buccale des Squamates : l'organe chimio-sensible de Jacobson. Les extrémités de la langue bifide pénètrent dans chacune des deux cavités de l'organe de Jacobson, situé dans le palais. Les boïdés et certains vipéridés, les crotales, ont quant à eux une image thermique de leur proie. Ils sont sensibles aux radiations infrarouges et peuvent percevoir les plus infimes changements de température[32].
78
+
79
+ L'audition, sens peu développé chez les serpents, est assurée par l'oreille interne qui capte les vibrations du sol en contact direct avec la tête, ces vibrations étant transmises par les mâchoires à l'os carré, puis à l'osselet et au cerveau. L'absence d'oreille externe et une oreille moyenne très réduite suggère que leur perception des vibrations aériennes est réduite[33].
80
+
81
+ Lors de l'accouplement, le mâle enroule sa queue autour de celle de sa partenaire et introduit son hémipénis dans la fente cloacale de la femelle. L'accouplement peut durer plusieurs heures[34].
82
+
83
+ La fécondation est interne et différée. La plupart des serpents sont ovipares mais quelques-uns sont ovovivipares (vipères en France), surtout dans les régions froides : l'ovoviviparité est probablement une adaptation nécessaire là où la période estivale est courte. Ainsi la femelle peut mieux régler la température de développement des petits que si elle pondait simplement ses œufs dans le sol. La durée de gestation est liée à la température, donc à la durée d'insolation, et varie de 2 à 4,5 mois[35]. Dans les régions tempérées, les femelles pondent leurs œufs à la fin de l'été, et sont parfois incapables de se nourrir suffisamment avant l'hibernation[36].
84
+
85
+ Accouplement de couleuvres Pantherophis obsoletus, l'hémipénis rose étant visible sous la partie antérieure de la queue.
86
+
87
+ Dans un nœud de vipères ou de couleuvres, la femelle est prise d'assaut par plusieurs mâles qui s'enroulent les uns avec les autres.
88
+
89
+ Nœud de serpents, agrégats rencontrés surtout en d��but d'hivernage, favorisant une certaine cohérence sociale et les futurs accouplements.
90
+
91
+ Les serpents, marins ou terrestres se déplacent par reptation, c'est-à-dire qu'ils utilisent l'ensemble de leur corps pour se mouvoir. Les serpents dont le corps est important (comme chez les serpents à sonnettes) peuvent également se déplacer en ligne droite en alternant un mouvement avant de la peau et un ancrage des écailles du ventre qui sont orientées vers l'extrémité postérieure, suivi d'un mouvement vers l'avant de la partie interne du corps.
92
+ Dans des lieux plus exigus, certaines espèces utilisent des mouvements d'accordéon ou télescopiques : le serpent ancre son extrémité postérieure par quelques courbes horizontales, étend son corps puis ancre à nouveau son extrémité antérieure et tire la partie arrière vers l'avant. La forme la plus spécialisée de reptation est le roulement ou zigzag latéral qui n'est utilisable que sur des substrats mous et chauds tel que le sable dans le désert. L'animal recourbe son corps en S, pour ne toucher le sable qu'en deux endroits, puis il fait progressivement « glisser » ces deux points de contact le long de son corps, vers l'arrière, en avançant vers l'avant : le déplacement est alors latéral par rapport à l'axe du corps.
93
+ La vitesse des serpents se situe en général autour d'un maximum de 6 km/h, les mambas constituant une exception notable (bien que les témoignages divergent, il a été attesté que ces serpents atteignent 12 km/h et prétendu de façon moins vérifiable que certains d'entre eux ont été chronométrés à 20 voire 30 km/h)[réf. nécessaire].
94
+
95
+ Les serpents sont tous zoophages (carnivores). Les serpents utilisent, de façon générale, deux types de chasse : soit ils pratiquent l'embuscade, soit ils maraudent. Le serpent s'approche lentement de sa proie une fois qu'il l'a repérée puis il s’arrête à une certaine distance. La tête du serpent joue un rôle important lors de l’attaque : il la projette en avant au moment de saisir la proie tout en ouvrant les mâchoires et frappe ainsi sa proie très violemment. Les espèces arboricoles (comme certains boas) ont une approche différente : ils se laissent pendre à une branche et se laissent choir sur leurs proies. Comme chez la plupart des Squamates, l'ingestion de proies de très forte taille relativement au prédateur est l'aboutissement de l'évolution de la mâchoire : la rupture de l'arc jugalo-quadrato-jugal a rendu possible la « libération » de l'os carré, devenu mobile relativement au crâne. Le cinétisme intra-crânien se manifeste « par l'intermédiaire de deux processus différents : d'une part, la mobilité propre du carré (streptostylie) par rapport à la boîte crânienne, dorsalement, et à la mâchoire inférieure, ventralement ; d'autre part, la mobilité de la portion antérieure du dermocrâne par rapport à la portion postorbitaire »[37].
96
+
97
+ Les serpents peuvent avaler une grande quantité de nourriture en une seule fois et sont capables de jeûner pendant de nombreux jours à la suite de cela. Un Python réticulé a survécu pendant 2 ans ½ sans s’alimenter. Il arrive très fréquemment que le serpent jeûne en captivité. On a constaté que les serpents ne s’alimentent pas pendant la période qui précède la mue. Les jeunes serpents ont besoin de se nourrir plus souvent.
98
+
99
+ Les serpents procèdent de quatre manières différentes suivant les espèces afin de donner le coup de grâce :
100
+ les constricteurs étouffent leur proie ; la plupart des espèces inoculent un venin neurotoxique ; les serpents minutes ingèrent directement leur proie. Une majorité de couleuvres ont une salive toxique et utilisent aussi la constriction.
101
+
102
+ La mise à mort par constriction est la plus primitive. Boas, pythons et certaines couleuvres maintiennent leur victime dans leurs mâchoires et enroulent leur corps autour d’elle en la comprimant afin de l'étouffer. Certains cobras africains, tels que Naja nigricollis et Naja mossambica, ainsi que certains cobras asiatiques sont des serpents cracheurs, c'est-à-dire qu'ils peuvent projeter leur venin à plusieurs mètres grâce à une spécialisation des crochets à venin.
103
+
104
+ Qualifiés à tort d'animaux « à sang froid », les serpents sont des animaux ectothermes, poïkilothermes et bradymétaboliques. La thermorégulation des serpents terrestres étant assurée par héliothermie, exposition au soleil qui permet le réchauffement du sang ou par thigmothermie, capacité à capter de la chaleur sous abri par conduction thermique[38].
105
+
106
+ Les serpents muent régulièrement, les jeunes serpents au moins une fois par mois, les adultes entre 3 et 4 fois par an. Certaines mues sont aussi caractéristiques de périodes bien définies, la naissance (une semaine environ), après la période d’hibernation ou avant la fécondation. Lors de la mue appelée aussi exuviation, les serpents cherchent un endroit adapté (lieu humide pour favoriser le renouvellement[39] de la « peau » et supports rugueux pour la détacher). Ils abandonnent en quelques minutes leur exuvie (la « peau » morte) en s'en échappant par une fente qui débute au bout du museau : l'écaille rostrale frottée sur un support rugueux se détache en premier, puis l'animal contracte progressivement ses muscles latéraux et se contorsionne afin de sortir de son fourreau corné et faciliter son retournement le long de son corps, centimètre par centimètre, à la manière d'une chaussette que l'on retire[40]. Un serpent en bonne santé mue d'un seul tenant (la couche cornée des écailles se désquame en une seule fois) et abandonne sur place son exuvie qui reproduit fidèlement tous les détails du tégument (écailles, dessins, cicatrices)[41].
107
+
108
+ L'ophiophagie est le fait de capturer et consommer des serpents, certains mammifères, oiseaux ou autres reptiles sont des prédateurs sténophages d'autres des prédateurs opportunistes.
109
+
110
+ Au cours de leur évolution, « les serpents ont pu occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires, et tous les biotopes, depuis les déserts sableux jusqu'aux forêts inondées et aux torrents de montagne »[42].
111
+
112
+ Les serpents retrouvés en Tasmanie sont tous venimeux. Cet État australien n'abrite que trois espèces de serpents[43].
113
+
114
+ Dans la classification phylogénétique qui remplace aujourd'hui la classification classique, le terme de reptile est devenu obsolète. D'après la classification phylogénétique, les ’serpents' appartiennent au groupe des Squamates.
115
+
116
+ Cependant, ce sont bien les herpétologues qui étudient les serpents.
117
+
118
+ Plus de 3 500 espèces de serpents sont recensées dans le monde[44]. Treize espèces vivent en France, quatre vipères et neuf couleuvres[31]. Près de 515 espèces sont venimeuses[45].
119
+ N.B. : la systématique des reptiles et squamates étant en pleine mutation, les classifications proposées peuvent différer selon les sources et les moments.
120
+
121
+ Selon The Reptile Database (février 2017):
122
+
123
+ Note: les anciennes familles Dipsadidae, Natricidae et Pseudoxenodontidae sont aujourd'hui des sous-familles de Colubridae.
124
+
125
+
126
+
127
+ Acrochordus arafurae, un Acrochordidae
128
+
129
+ Anilius scytale, un Aniliidae
130
+
131
+ Anomochilus weberi, un Anomochilidae
132
+
133
+ Corallus caninus, un Boidae
134
+
135
+ Casarea dussumieri, un Bolyeriidae
136
+
137
+ Cylindrophis ruffus, un Cylindrophiidae
138
+
139
+ Siphlophis compressus, un Dipsadidae
140
+
141
+ Ophiophagus hannah, un Elapidae
142
+
143
+ Cerberus schneiderii, un Homalopsidae
144
+
145
+ Malpolon monspessulanus, un Lamprophiidae
146
+
147
+ Loxocemus bicolor, un Loxocemidae
148
+
149
+ Natrix natrix, un Natricidae
150
+
151
+ Pareas margaritophorus, un Pareatidae
152
+
153
+ Pseudoxenodon macrops, un Pseudoxenodontidae
154
+
155
+ Python brongersmai, un Pythonidae
156
+
157
+ Tropidophis melanurus, un Tropidophiidae
158
+
159
+ Melanophidium khairei, un Uropeltidae
160
+
161
+ Bothriechis schlegelii, un Viperidae
162
+
163
+ Achalinus formosanus, un Xenodermatidae
164
+
165
+ Xenopeltis unicolor, un Xenopeltidae
166
+
167
+ Leptotyphlops macrolepis, un Leptotyphlopidae
168
+
169
+ Rhinotyphlops schinzi, un Typhlopidae
170
+
171
+ Selon ITIS : (24 familles)
172
+
173
+ Phylogénie des familles actuelles de squamates (en dehors du clade Toxicofera) d'après Wiens et al., 2012[46] et Zeng et Wiens, 2016[47] :
174
+
175
+ Dibamidae
176
+
177
+ Diplodactylidae
178
+
179
+ Carphodactylidae
180
+
181
+ Pygopodidae
182
+
183
+ Eublepharidae
184
+
185
+ Sphaerodactylidae
186
+
187
+ Gekkonidae
188
+
189
+ Phyllodactylidae
190
+
191
+ Scincidae
192
+
193
+ Xantusiidae
194
+
195
+ Cordylidae
196
+
197
+ Gerrhosauridae
198
+
199
+ Gymnophthalmidae
200
+
201
+ Teiidae
202
+
203
+ Lacertidae
204
+
205
+ Rhineuridae
206
+
207
+ Bipedidae
208
+
209
+ Blanidae
210
+
211
+ Cadeidae
212
+
213
+ Amphisbaenidae
214
+
215
+ Trogonophiidae
216
+
217
+ Serpentes
218
+
219
+ Anguimorpha
220
+
221
+ Iguania
222
+
223
+
224
+
225
+ Phylogénie des familles actuelles de serpents, d'après Wiens et al., 2012[46] et Zeng et Wiens, 2016[47] :
226
+
227
+ Leptotyphlopidae
228
+
229
+ Gerrhopilidae
230
+
231
+ Typhlopidae
232
+
233
+ Xenotyphlopidae
234
+
235
+ Anomalepididae
236
+
237
+ Aniliidae
238
+
239
+ Tropidophiidae
240
+
241
+ Uropeltidae
242
+
243
+ Anomochilidae
244
+
245
+ Cylindrophiidae
246
+
247
+ Xenopeltidae
248
+
249
+ Loxocemidae
250
+
251
+ Pythonidae
252
+
253
+ Boidae
254
+
255
+ Bolyeriidae
256
+
257
+ Xenophidiidae
258
+
259
+ Acrochordidae
260
+
261
+ Xenodermatidae
262
+
263
+ Pareatidae
264
+
265
+ Viperidae
266
+
267
+ Homalopsidae
268
+
269
+ Colubridae
270
+
271
+ Elapidae
272
+
273
+ Lamprophiidae
274
+
275
+ Les fossiles de serpents sont rares car leurs squelettes sont généralement petits et fragiles. Cependant, des spécimens de 150 millions d'années, facilement identifiables comme des serpents, mais avec des structures squelettiques de lézards, ont été découverts en Amérique du Sud (Tetrapodophis, fossile avec quatre pattes) et en Afrique. L'anatomie comparée et une récente étude au synchrotron sur l’holotype d’Eupodophis descouensi, confirme que les serpents descendent des lézards terrestres[48].
276
+
277
+ Les serpents ne présentant aucune trace osseuse de membres antérieurs ou postérieurs existent depuis au moins 85 millions d'années (Dinilysia patagonica). Pour autant, les pythons et les boas - groupes primitifs parmi les serpents modernes - ont des membres postérieurs vestigiaux : sur leur extérieur subsistent des minuscules éperons pelviens qui leur permettent de se saisir lors de l'accouplement. Les Leptotyphlopidae et les Typhlopidae possèdent également des vestiges de la ceinture pelvienne ayant une fonction d'excitation tactile avant l'accouplement[49].
278
+
279
+ Les membres antérieurs sont inexistants chez tous les serpents. Ceci est causé par l'évolution des gènes HOX qui régulent la morphogenèse des membres. Le squelette axial de l'ancêtre commun des serpents avait, comme la plupart des tétrapodes, des spécialisations régionales au niveau des vertèbres cervicales, thoraciques, de la région lombaire et caudale. Tôt dans l'évolution des serpents, l'expression des gènes Hox agissant sur le squelette axial responsable du développement du thorax est devenu prédominant. Les côtes se trouvent exclusivement sur les vertèbres thoraciques. Le cou, les vertèbres lombaires et pelviennes sont très réduites en nombre (seulement 2 à 10 vertèbres lombaires et pelviennes sont présentes), tandis que les vertèbres caudales forment une queue bien moins développée que le thorax. Cette queue est encore assez importante chez de nombreuses espèces et est modifiée chez certaines espèces arboricoles et aquatiques.
280
+
281
+ Les serpents modernes se sont largement diversifiés au cours du paléocène. Cela s'est produit lors de la radiation évolutive des mammifères, à la suite de l'extinction des dinosaures. Les colubridés, l'un des groupes les plus communs de serpent, s'est particulièrement diversifié grâce à la prédation de rongeurs, un groupe de mammifères particulièrement prospère. Il y a plus de 3500[50] espèces de serpents, s'étendant depuis le cercle polaire arctique en Scandinavie et jusqu'au sud en Australie et Tasmanie. On les retrouve sur tous les continents (à l'exception de l'Antarctique), dans la mer, et jusqu'à une altitude de 4 900 m dans les montagnes de l'Himalaya. Ils sont absents dans de nombreuses îles (comme l'Irlande, l'Islande ou la Nouvelle-Zélande)[51].
282
+
283
+ Au moins 421 000 envenimements et 20 000 morts sont causés par des morsures de serpent chaque année et les nombres pourraient s'élever jusqu'à 1 841 000 envenimements et 94 000 morts[52],[53]. Les régions les plus touchées sont l'Asie du Sud, l'Asie du Sud-Est et l'Afrique subsaharienne.
284
+
285
+ De nombreux serpents sont tués par les insecticides, sont écrasés sur les routes (phénomène dit de roadkill[54],[55]) ou dans les champs par les engins ou encore directement par l'homme en raison de la crainte qu'ils suscitent. Leurs populations en déclin s'expliquent également par la destruction des zones naturelles, la fragmentation des habitats et l'abandon progressif des activités agropastorales (pâturage, coupe du bois) qui entraîne la fermeture de leur milieu de vie[56].
286
+
287
+ Dans de nombreux pays, les populations de serpents semblent rapidement et fortement régresser (de nombreuses espèces ont disparu sur une grande partie de leur aire naturelle de répartition). Une étude internationale[57] publiée en juin 2010, ayant porté sur cinq pays, suggère un déclin préoccupant ; sur 17 populations étudiées représentant huit espèces, en Australie, France, Italie, Nigeria et Royaume-Uni, onze ont été décimées (jusqu’à 90 % de régression), ces dernières décennies. Parmi les autres, seules cinq sont restées stables et une a légèrement et localement augmenté. Plusieurs populations semblent avoir connu un effondrement accéléré en 1998 (année la plus chaude depuis la révolution industrielle, ce qui laisse penser aux auteurs que le dérèglement climatique pourrait être l'une des causes du problème).
288
+
289
+ Face à ces menaces, plusieurs programmes de préservation des serpents sont lancés, tel celui de l'Arche de la nature au Mans en 2006[58].
290
+
291
+ Les terrariophiles qualifiés de « généralistes » possèdent différents types de reptiles, parfois aussi des amphibiens, des insectes. Mais souvent, le terrariophile se spécialise dans un certain type d'animaux, par exemple les terrariophiles herpétologues spécialisés dans les serpents. La mode des NAC a créé une terrariophilie de masse basée sur le commerce d'espèces exotiques maintenues en captivité par des néophytes qui manquent de connaissances sur la biologie des espèces[59].
292
+
293
+ La symbolique du serpent est l'une des plus profondes et complexes. Il n'est guère de cultures et de mythologies qui n'aient leur Grand Serpent, presque toujours marin et ambigu, sinon ambivalent.
294
+
295
+ Serpents et dragons, amphisbènes, basilics, guivres, hydres, chimères, les monstres ophidiens sont présents sous de nombreuses formes dans presque tous les folklores. Ils y jouent deux rôles principaux : celui de gardien (légendes de la Toison d'or, de saint Georges) ou d'initiateur (Fáfnir et Sigurd).
296
+
297
+ Le « Grand Serpent », le Trimégiste, cosmogonique ou cosmique, n'a cessé de hanter l'imaginaire des hommes, de Ras Shamra au Loch Ness ; il cristallise les peurs, les angoisses, les désirs, les espoirs[réf. nécessaire]. On remarquera d'ailleurs que la figure serpentine est souvent présente dans les « hallucinations », chamaniques ou non, provoquées par des plantes psychotropes[60].
298
+
299
+ Selon une légende, le serpent ne peut être regardé en face, comme le Soleil dont il semble l'antagoniste parce que le serpent qui a les paupières soudées ne cille pas ni ne semble jamais dormir. Opposé au « Feu Primal », il est cependant fortement associé à la Terre à cause de son mode de déplacement.
300
+
301
+ Selon le texte biblique au commencement, le serpent ne rampait pas, il parlait avec Adam et Ève mais c’est la malédiction de Dieu qui lui enleva ses pieds (Gen.3:14).
302
+
303
+ Puisque chthonien et rival de la lumière primale, il est associé au monde des morts et de la nuit[réf. nécessaire] ; certainement aussi parce que son corps étrangement froid semble se passer de la chaleur de la vie. Puisqu'il connaît les secrets de l'après-vie et qu'il est une figure de patience, il devient symbole de toute sagesse et de gnose [réf. nécessaire]; il est souvent le hiérophante du héros perdu (comme Sigurd encore ainsi que Marduk). Il possède un savoir inquiétant et mystérieux, essentiel et vital, capable de révéler l'avenir et le passé[réf. nécessaire]. Il est aussi associé à l'Eau parce que ses écailles le rapprochent du poisson (sinon que comme tous les reptiles elles sont soudées contrairement aux poissons) et par sa reptation qui le fait se mouvoir comme une vague mouvante[réf. nécessaire]. Il est l'être qui se joue des catégories topiques, semblable de corps et de régime qu'il habite dans l'eau ou sur terre [réf. nécessaire]; rien d'étonnant alors que plusieurs mythes l'aient doté d'ailes. Le Grand Serpent porteur de connaissance, évoque un autre porteur de lumière, Lucifer.
304
+
305
+ Dans le Gnosticisme le symbole du Serpent ramène à la symbolique de la peau et de cette mue que l'homme subit et qu’il quitte afin de devenir éveillé, il est de plus dans toutes les cultures, le symbole de la Connaissance Divine. La mue du Serpent symbolise également le dualisme de la matière et de l'esprit donc plus particulièrement de l'âme et du corps.
306
+
307
+ Le serpent est aussi l'animal qui se régénère puisque la saison venue il mue, il change de peau : il fait peau neuve. Il représente l'une des plus vieilles aspirations chimériques à la jeunesse éternelle, rajeuni ou plutôt jamais mort. Les Alchimistes pensent que la pierre philosophale est logée dans sa tête oblongue.
308
+
309
+ Il semble souvent s'opposer à un dieu, au Dieu, à l'aigle, symbole de Zeus olympien qui affronte Typhon, le Satan qui s'oppose au Dieu biblique, Marduk et Tiamat, Thor pêchant Jörmungand, Thraetona et Azi Dahaka en Iran, Apollon et Python, Héraclès et l'Hydre de Lerne, Saint Georges et le Dragon.
310
+
311
+ Toutes les traditions ont des reptiles titanesques et volants qui mêlent la puissance physique à l'intelligence, tandis que d'autres opposent au travers du serpent et du héros salvateur, la domination de l'esprit sur le corps, ou la domination de l'homme sur la nature, ou sa nature sauvage.
312
+
313
+ L'art martial du serpent symbolise du serpent : Fluidité, rapidité. Les mains (telles la tête du serpent) sont « dressées et prêtes à mordre ». Les bouts des doigts y frappent directement les points vitaux.
314
+
315
+ Cette symbolique souvent maléfique est en partie à l'origine de beaucoup de croyances populaires et fausses qui entourent les serpents : légendes des serpents qui têtent les vaches[61] ou qui s'approchent des bébés pour boire le lait dans leur gorge, allant même jusqu'à mettre leur queue dans la bouche du nouveau-né pour l'empêcher de pleurer afin de téter la nourrice endormie[62] ; mythe des serpents qui hypnotisent[63] leurs proies[64].
316
+
317
+ Symbole chtonien, une croyance populaire tenace veut en faire des animaux froids, gluants et visqueux. En réalité ce sont des animaux poïkilothermes, au corps sec (leur tégument est dépourvu de glandes sudoripares et muqueuses) et doux (écailles en continuité les unes avec les autres)[65].
318
+
319
+ Dans l'iconographie antique le caducée, attribut de Mercure porte deux serpents, tandis que le bâton d'Esculape n'en porte qu'un seul. On trouve aussi le serpent dans les représentations d'Apollon terrassant Python ou d'Hercule enfant en train d'étrangler un serpent ou adulte combattant Achéloüs métamorphosé en serpent. Une des plus célèbres représentations du serpent dans l'art est le groupe sculpté dit du Laocoon[66], illustration d'un épisode de l'Iliade qui inspira le titre d'un ouvrage de Lessing. La chevelure de Méduse est formée d'un nœud grouillant de vipères, que l'on retrouve sur le bouclier de Persée son vainqueur. Les figures allégoriques de l'envie[67] sont également représentées avec une chevelure de serpents.
320
+
321
+ Les textes ont fourni aux peintres historiques matière à des épisodes où le serpent figure de façon prééminente, notamment la mort d'Eurydice, piquée par un serpent et celle de Cléopâtre, qui se suicide en se laissant mordre par un aspic.
322
+
323
+ Dans l'iconographie chrétienne, le serpent est un symbole ambigu. Il apparaît dans les illustrations du récit de la tentation d'Adam et Ève (Nahash) où il symbolise le tentateur, le mal, le péché ainsi que l'avènement de la mort. Par extension il devient un attribut de Lilith[68]. Il figure également dans les représentations de Moïse changeant en serpent la verge d'Aaron, ou l'épisode du serpent d'airain[69].
324
+
325
+ Saint Jean l'évangéliste est parfois représenté tenant la coupe de poison qui se transforme en serpents lorsqu'il la bénit[70].
326
+
327
+ Lorsque le serpent apparaît foulé aux pieds (par exemple les représentations de la Vierge de l'Immaculée Conception, il représente le mal écrasé par la foi, de même que dans le bestiaire sculpté des cathédrales où il est associé aux crapauds, mais il est aussi, avec le miroir, un des attributs de la Prudence.
328
+
329
+ Dieu du panthéon hindou, Shiva porte une guirlande de serpents autour du cou.
330
+ Le serpent apparaît également dans les représentations de Bouddha protégé par le Naga.
331
+
332
+ En matière de mode, le serpent a été utilisé en bijou, comme la reine Cléopâtre qui le portait en diadème, en ceinturon ou autour du cou ; cette iconographie est reprise dans le film homonyme de 1963 avec l'actrice Elizabeth Taylor. La chroniqueuse de mode Diana Vreeland le portait en bijou, avec des yeux en rubis. Dans les années 2010, il est autant utilisé dans des bijouteries de luxe (la créatrice Aurélie Bidermann ou la marque Bulgari) que de prêt-à-porter (H&M)[71].
333
+
334
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3351.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,297 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ États-Unis d'Amérique
2
+
3
+ (en) United States of America
4
+
5
+ en anglais : In God We Trust (« En Dieu nous croyons »), officielle, depuis 1956[1]
6
+
7
+ (38° 53′ N, 77° 02′ O)
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les États-Unis, en forme longue les États-Unis d'Amérique ou EUA[N 1] (en anglais : United States et United States of America, également connus sous les abréviations US et USA), sont un pays transcontinental dont l'essentiel du territoire se situe en Amérique du Nord. Les États-Unis ont la structure politique d'une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel composée de cinquante États, dont quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland. Celui-ci est encadré par l'océan Atlantique à l'est, le golfe du Mexique au sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud-ouest par le Mexique. Les deux États non limitrophes sont l'Alaska, situé au nord-ouest du Canada, et Hawaï, un archipel situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. La géographie et le climat du pays sont extrêmement diversifiés, abritant une grande variété de faune et de flore, faisant des États-Unis l'un des 17 pays mégadivers de la planète[4].
12
+
13
+ La capitale fédérale, Washington, est située dans le district de Columbia, une zone située hors des cinquante États. La monnaie est le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L'hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner (La Bannière étoilée). Il n'y a pas de langue officielle aux États-Unis, bien que la langue nationale de facto soit l'anglais américain.
14
+
15
+ Avant d'être exploré et conquis par les Européens, le territoire américain est d'abord occupé par les Amérindiens qui migrent depuis l'Eurasie il y a environ 15 000 ans[5]. La colonisation européenne débute au XVIe siècle. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée ; par la suite, douze autres colonies britanniques sont fondées le long de la côte Atlantique, tandis que d'autres puissances européennes explorent le reste du territoire américain. Une série de conflits entre les Treize Colonies et la Grande-Bretagne mènent à la guerre d'indépendance en 1775. La déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, dans laquelle les treize colonies se fédèrent pour former les États-Unis d'Amérique, la première nation décolonisée du monde[6],[7], reconnue par la Grande-Bretagne à la fin de la guerre en 1783. L'histoire contemporaine des États-Unis est marquée par la rivalité entre New York et Philadelphie, puis par la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession. Au début du XXe siècle, le pays devient une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières. Il participe à la Première Guerre mondiale et subit la Grande Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés, les États-Unis deviennent une superpuissance mondiale et sont confrontés à l'URSS pendant la guerre froide.
16
+
17
+ En 2019, les États-Unis comptent environ 328 millions d'habitants[2] et constituent le troisième pays du monde en termes de population après la Chine et l'Inde[N 2]. Le pays s'étend sur 9,6 millions de km2, ce qui en fait, selon les critères, le troisième ou quatrième pays du monde en superficie après la Russie, le Canada et la Chine[N 3]. La population américaine augmente grâce à un solde naturel et un solde migratoire positifs. Elle est marquée par une grande diversité ethnique en raison d'une immigration ancienne et diversifiée. L'économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2015[8],[9], et est alimentée par une productivité du travail élevée[10]. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les services. L'économie américaine est aussi l'une des plus grandes manufacturières du monde[11]. Le pays compte 37 % de la dépense militaire mondiale[12], et est une proéminente force politique et culturelle et un leader mondial dans la recherche scientifique et l'innovation technologique[13],[14],[15],[16],[17]. Les États-Unis sont membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), de l'Organisation des États américains (OEA), de l'ANZUS, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du G7, du G20, et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Ils sont une puissance nucléaire depuis 1945.
18
+
19
+ En 1507, le cartographe lorrain Martin Waldseemüller produit un planisphère (dit planisphère de Waldseemüller) représentant notamment la région méridionale de l'hémisphère ouest. Il y inscrivit alors le prénom féminisé « America », en l'honneur du navigateur florentin Amerigo Vespucci.
20
+
21
+ Le nom du pays fut suggéré par Thomas Paine et adopté pour la première fois par les Treize Colonies de l'Empire britannique dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776.
22
+
23
+ La désignation en forme courte — d'usage dans la vie courante, l'enseignement et la cartographie[18] — de ce pays est « États-Unis » (en anglais United States, abrégé en « US ») et la forme longue — d'usage dans les documents officiels — est « États-Unis d'Amérique » (en anglais : United States of America, abrégé en « USA »). La forme longue « États-Unis d'Amérique » ne ressemble pas à la grande majorité des formes longues qui commence par « République de », « Royaume de », etc. Elle est en revanche proche de celle du pays voisin, les États-Unis mexicains. En France et dans de nombreux autres pays, le pays est également désigné en forme courte, dans le langage courant[19], mais aussi parfois dans des discours officiels[20], par le terme informel d'« Amérique »[21]. En anglais, la forme courte « America » est largement utilisée, y compris dans les discours officiels[22].
24
+
25
+ En français, dans le langage courant, le pays est parfois également désigné par « les US », « les USA », « les States » ou « les États » (ce dernier est usité au Canada, principalement au Québec).
26
+
27
+ Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'Est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Depuis 1927, la théorie la plus communément admise est celle de l'immigration de peuples asiatiques il y a 12 000 ans par le détroit de Béring. Toutefois, certaines découvertes archéologiques relevées au cours des dernières années donnent de nouvelles orientations quant au processus de colonisation préhistorique de l'Amérique du Nord.
28
+
29
+ Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, 17 000 ans avant notre ère[réf. nécessaire], lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud[23].
30
+
31
+ Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations se sont développées sur le territoire actuel des États-Unis : les Mound Builders ont aménagé les premiers tertres vers 3 400 av. J.-C.[24]. La cité de Cahokia, près de Saint-Louis comptait au XIIe siècle quelque 15 000[25] à 30 000 habitants[26] et 120 tumulus[25].
32
+
33
+ Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de personnes en 1492. Au XVIe siècle, les terres situées à l'est des montagnes Rocheuses sont peuplées par des tribus amérindiennes : Cheyennes, Crows, Sioux, Hurons-Wendats, Iroquois, Cherokees et Creeks qui chassent du bison mais aussi pratiquent la culture, la cueillette, l'élevage et la pêche. Les Iroquois vivent dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches. Ils comptent six grandes tribus.
34
+
35
+ Des tribus d'éleveurs et d'agriculteurs, Apaches, Comanches ou Pueblos, habitent les Rocheuses[27].
36
+
37
+ Christophe Colomb découvre le continent américain en 1492 puis explore l'actuelle Porto Rico l'année suivante. Au XVIe siècle, les puissances européennes à la recherche du passage du Nord-Ouest et de richesses, naviguent puis s'installent le long du littoral atlantique. Ici se succèdent des colonies espagnoles, anglaises, françaises, néerlandaises et scandinaves plus ou moins permanentes. Les établissements les plus célèbres et les plus anciens sont ceux de Saint Augustine (Floride, 1565), Jamestown (1607) et Plymouth (fondée par les Pères pèlerins puritains en 1620). Au sud-ouest, les Espagnols agrandissent la Nouvelle-Espagne en menant des expéditions depuis le Mexique. Au nord-ouest, les Russes s'installent le long de la côte Pacifique. Les Blancs entrent en contact et font du commerce avec les peuples autochtones. Mais les Amérindiens ne résistent pas aux épidémies introduites par les Européens (variole, rougeole), à l'acculturation (alcool, armes à feu), aux massacres et aux guerres coloniales.
38
+
39
+ Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles se forment progressivement les treize Colonies britanniques de la côte orientale, ancêtres des États-Unis (carte). La colonisation est assurée par des compagnies et un système de chartes. Les Français explorent la vallée du Mississippi et fondent la Louisiane. L'Amérique du Nord devient rapidement un enjeu entre les puissances coloniales : l'Angleterre (devenue la Grande-Bretagne en 1707 à la suite de son unification avec l'Écosse) assure peu à peu sa suprématie en remportant les guerres anglo-néerlandaises puis la guerre de Sept Ans (1763) contre la France, qui perd ses possessions de l'est du Mississippi (carte). Le peuplement se fait essentiellement par des migrants britanniques et par la traite négrière. Les esclaves noirs sont employés dans les plantations de tabac du sud mais aussi pour le développement des infrastructures. Vers 1775, les treize colonies sont prospères et comptent plus de deux millions d'habitants.
40
+
41
+ Dans le courant des années 1770, les colons américains s'opposent de plus en plus à leur métropole : Londres leur refuse les terres indiennes situées à l'ouest des montagnes Appalaches. Les taxes et les impôts sont augmentés alors que les sujets américains ne sont pas représentés au Parlement britannique. Le système de l'exclusif lèse les marchands de la côte est. De nouvelles troupes sont envoyées en Amérique et un climat révolutionnaire s'installe en Nouvelle-Angleterre, à Philadelphie et en Virginie. En 1770, les soldats britanniques tirent sur les manifestants (massacre de Boston). En décembre 1773, les colons détruisent une cargaison de thé (Boston Tea Party) : la guerre d'indépendance éclate l'année suivante.
42
+
43
+ Les insurgés envoient des représentants au Congrès continental qui approuvent la déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776. Ce texte, essentiellement rédigé par Thomas Jefferson, proclame les principes de liberté, d'égalité et de droit à la recherche du bonheur. La Déclaration d'indépendance américaine fonde aussi la première nation décolonisée du monde, bien que dans un premier temps, la Grande-Bretagne refuse de la reconnaître. Le Maroc fut le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis, en 1777[28]. Pendant la guerre, plusieurs milliers de loyalistes fuient le pays. L'armée américaine, commandée par George Washington, finit par vaincre les Britanniques avec le renfort de la France (ainsi que de l'Espagne et des Pays-Bas) ; le traité de Paris est signé en 1783, dans lequel la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance des États-Unis, mettant fin à la guerre.
44
+
45
+ Le second Congrès continental qui a ratifié les Articles de la Confédération en 1781, rédige la Constitution américaine à la Convention de Philadelphie en 1787. Ce texte, auquel sont ajoutés dix amendements (Déclaration des droits) en 1789 (définitivement ratifiés en 1791), demeure aujourd'hui encore le fondement de la démocratie américaine. George Washington est choisi comme premier Président américain en 1789. Les institutions s'installent définitivement à Washington, D.C. en 1800.
46
+
47
+ La Déclaration d'indépendance, la Déclaration des droits de l'État de Virginie, ainsi que la Déclaration des droits de 1789 influença les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle et au XXe siècle, elle servit de référence aux leaders indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation.
48
+
49
+ L'histoire américaine au XIXe siècle est marquée par quatre questions majeures : la conquête de l'Ouest, l'esclavage dans le Sud, l'industrialisation et l'immigration.
50
+
51
+ Le territoire américain s'agrandit progressivement vers l'ouest par des achats (Louisiane à la France en 1803, Alaska à la Russie en 1867) et des conflits. Poussés par la doctrine de la « Destinée manifeste » et par le « Mythe de la Frontière », les Américains font la guerre aux Amérindiens et s'étendent vers l'Ouest. La guerre contre le Mexique (1846-1848) et le traité de Guadeloupe Hidalgo entraînent l'annexion du Texas puis de la Californie. Le traité de l'Oregon (1846) définit le tracé de la frontière entre le Canada et les États-Unis à l'ouest des montagnes Rocheuses. La ruée vers l'or à partir du milieu du XIXe siècle accélère la colonisation blanche de l'Ouest. En 1859, la découverte des plus importants filons d'argent de l'histoire provoque l'afflux d'aventuriers dans le Nevada, sur le Comstock Lode.
52
+
53
+ Enfin, la construction du premier chemin de fer transcontinental (1869) facilite l'intégration des nouveaux territoires. La conquête de l'Ouest s'achève avec le massacre de Wounded Knee (1890), l'annexion d'Hawaï (1898) et l'entrée de l'Arizona dans l'Union (1912).
54
+
55
+ Alors que la traite des Noirs est supprimée au niveau fédéral en 1808 et que les États du Nord ont aboli l'esclavage entre 1777[N 4] et 1804, les planteurs du Sud continuaient de défendre cette institution. En 1860, Abraham Lincoln, candidat du parti antiesclavagiste, remporte l'élection présidentielle : sept États esclavagistes font alors sécession et forment les États confédérés d'Amérique. La bataille de Fort Sumter (avril 1861) marque le début de la guerre de Sécession qui fit 970 000 victimes (3 % de la population américaine), dont 620 000 soldats[29]. La guerre se termina en 1865, à l'avantage des États du Nord, protectionnistes et égalitaires face à ceux du Sud, libre-échangistes et esclavagistes. Après cette victoire, trois nouveaux amendements à la constitution sont votés pour abolir l'esclavage, libérer les quatre millions d'esclaves[30], leur donner la citoyenneté et le droit de vote. Mais les lois Jim Crow introduisent la ségrégation raciale dans le Sud, jusque dans les années 1950-1960. La guerre de Sécession a également pour conséquence de renforcer le pouvoir fédéral[31].
56
+
57
+ L'industrialisation débute à partir des années 1850. Elle entraîne des bouleversements démographiques, économiques et sociaux. Les villes américaines se multiplient et grandissent rapidement. L'immigration s'accélère et se diversifie. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la deuxième révolution industrielle voit l'apparition de la société de consommation et de l'automobile. Les premiers gratte-ciel sont construits dans les centres-villes de Chicago et New York. La presse écrite pénètre dans de nombreux foyers grâce aux gros tirages permis par l'invention de la rotative.
58
+
59
+ Le pays remporte la guerre hispano-américaine en 1898 : Porto Rico et les Philippines passent sous contrôle de Washington.
60
+
61
+ C'est véritablement la Première Guerre mondiale qui consacre la puissance américaine ; au XXe siècle, les États-Unis deviennent la première puissance économique, culturelle, politique et militaire du monde. D'abord neutre au début de la Première Guerre mondiale, le pays s'engage dans la Triple-Entente sous la présidence de Woodrow Wilson et entre en guerre le 6 avril 1917. Le pays dès lors renverse le rapport de force dans le conflit. Le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles (1919) et d'intégrer la Société des Nations, fidèle au principe de l'isolationnisme. L'entre-deux-guerres est d'abord une période de prospérité matérielle et d'effervescence culturelle appelée les « Roaring Twenties ». Les femmes puis les Amérindiens obtiennent le droit de vote. C'est également le temps de la Prohibition et de la mise en place de grands travaux publics par divers présidents (le barrage Hoover et le pont du Golden Gate dans les années 1930 notamment).
62
+
63
+ La Grande Dépression de 1929 qui suit le krach de Wall Street a en effet provoqué une montée du chômage. Le Dust Bowl affecte le sud du pays et accroît la misère des paysans. Franklin Delano Roosevelt est élu en 1932 et propose un New Deal (« Nouvelle Donne ») pour combattre la crise, en posant les bases de l'État-providence, au contraire de ses prédécesseurs Calvin Coolidge et Herbert Hoover qui menaient une politique de laissez-faire. Le chômage ne se résorbe totalement que pendant la Seconde Guerre mondiale. L'attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 provoque l'entrée en guerre des États-Unis dans le camp des Alliés contre l'Axe, mettant fin de facto aux lois des années 1930 sur la neutralité. L'armée américaine joue un grand rôle dans la libération de l'Europe occidentale et durant la guerre du Pacifique. En août 1945, le président Harry S. Truman décide d'envoyer deux bombes atomiques sur l'Empire du Japon pour le faire capituler. Les États-Unis deviennent une superpuissance aux côtés de l'URSS. La charte des Nations unies signée en juin 1945 à San Francisco, pose les bases de l'ONU, dont l'Assemblée générale siège à New York.
64
+
65
+ Dans les années qui suivent le conflit, les États-Unis se posent en meneurs du camp capitaliste face à l'Union soviétique : la guerre froide oppose alors deux modèles politiques et économiques. Afin d'endiguer le communisme, les Américains interviennent en Europe par le biais du plan Marshall — finançant la reconstruction après la guerre, mais aussi par leur présence militaire dans la capitale allemande lors du blocus de Berlin — et la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en Asie (guerre de Corée et du Viêtnam). Dans le même esprit, en 1949, Truman affirme sa volonté d'aider les pays sous-développés à accroître leur niveau de vie par l'industrialisation, grâce à l'apport de connaissance technique des États-Unis[32]. Depuis 1948 en outre, les États-Unis protègent diplomatiquement et fournissent en armes l'État d'Israël qu'ils ont soutenu à sa création comme un refuge pour les Juifs après le génocide qu'ils ont subi. Les États-Unis se lancent également dans la course à l'armement et à l'espace (création de la NASA en 1958, premiers pas sur la lune en 1969). En 1962, la crise des missiles de Cuba manque d'être l'élément déclencheur d'une Troisième Guerre mondiale et entraîne un embargo total des États-Unis sur Cuba décidé par John Fitzgerald Kennedy, toujours en vigueur, même si assoupli depuis.
66
+
67
+ L'histoire intérieure du pays est marquée par le mouvement afro-américain des droits civiques dans les années 1950 et 1960 mené par des Afro-Américains tels que Martin Luther King et Malcolm X et le scandale du Watergate touchant le président Richard Nixon en 1974[33], qui le contraint à la d��mission. La nouvelle politique de Ronald Reagan (dite des Reaganomics), élu en 1980, est un succès autant dans le pays qu'à l'étranger, où il favorise les relations, notamment avec l'URSS, et diminue les armements. Les États-Unis sont généralement perçus comme les vainqueurs de la guerre froide après l'effondrement du bloc communiste.
68
+
69
+ Depuis la fin de la Guerre froide et le démantèlement de l'Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis sont la seule hyperpuissance dans le monde. Le pays s'engage dans le réchauffement des relations diplomatiques au Proche-Orient, et participe à la guerre du Golfe. La présidence de Bill Clinton sera marquée par les guerres de Yougoslavie, par l'affaire Monica Lewinsky, l'explosion de la bulle Internet et une croissance économique continue.
70
+
71
+ George W. Bush arrive au pouvoir en 2001 après l'une des élections les plus controversées de l'histoire du pays, mais c'est une décision de la Cour suprême des États-Unis qui lui permettra de l'emporter sur Al Gore[34]. Le 11 septembre de la même année, les États-Unis sont victimes d'une vague d'attentats terroristes islamistes qui font près de trois mille morts. En réponse, le gouvernement fédéral lance une « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. En 2005, le sud du pays est frappé par Katrina, l'un des ouragans les plus ravageurs de l'histoire. Dès 2007, le pays est touché par une crise économique et financière, provoquée par la crise des subprimes et qui deviendra mondiale. De grandes compagnies comme Lehman Brothers ou General Motors sont en faillite.
72
+
73
+ En 2008, Barack Obama est élu à la présidence et devient le premier Afro-Américain chef de l'État américain[35]. Sa politique tranche avec son prédécesseur, notamment sur le plan intérieur, où il réussit à faire adopter une réforme du système de santé, un plan de relance de l'économie et le mariage homosexuel après une décision de la Cour suprême. En 2010, le golfe du Mexique et les plages du Sud des États-Unis sont touchés par la pire marée noire que le pays ait connue à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière de BP. Les États-Unis se réengagent militairement au Moyen-Orient dès 2014 avec une guerre contre l'État islamique en Irak et en Syrie ; deux ans plus tard, Donald Trump est élu président.
74
+
75
+ Les États-Unis sont une république fédérale présidentielle bicamériste. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire.
76
+
77
+ Les citoyens américains sont gouvernés à trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale Washington, D.C., le niveau des États fédérés et le niveau des autorités locales (comtés, municipalités). La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce extérieur relèvent de l'État fédéral. Le pays est constitué de cinquante États fédérés qui disposent d'une pleine souveraineté dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc. Chacun des 50 États a son drapeau, son gouverneur, son congrès et son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription à l'autre.
78
+
79
+ La Constitution américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en vigueur (1787). Complétée par la Déclaration des Droits et de nombreux amendements, elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des trois quarts des États fédérés.
80
+
81
+ Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) sont séparés :
82
+
83
+ La Maison-Blanche, symbole du pouvoir exécutif.
84
+
85
+ Le Capitole, siège du pouvoir législatif.
86
+
87
+ La Cour suprême, représentative du pouvoir judiciaire.
88
+
89
+ La vie politique est dominée par deux partis : le Parti républicain et le Parti démocrate. Le Parti républicain, fondé en 1854, est considéré comme conservateur ou de droite, son symbole est l'éléphant et sa couleur le rouge. Le Parti démocrate, fondé en 1828, est qualifié de libéral (dans le sens américain du terme) : il est classé au centre-gauche et sa couleur est le bleu. Des partis de moindre importance existent, parmi lesquels le Parti libertarien, le Parti vert des États-Unis, le Parti de la réforme et le Parti de la Constitution. Les États du Nord-Est, des Grands Lacs et de la côte ouest sont réputés plus progressistes que ceux du Sud et des Montagnes Rocheuses.
90
+
91
+ La Conférence des maires des États-Unis est une organisation officielle et non-partisane qui réunit toutes les villes américaines de 30 000 habitants ou plus. Aujourd'hui, elles sont au nombre de 1 408 villes. Ces villes sont représentées au sein de la Conférence par leur élu, le maire[37].
92
+
93
+ Les États-Unis sont composés de cinquante États et un district fédéral, le district de Columbia. Les quarante-huit États attenants — tous les États sauf l'Alaska et Hawaï — sont appelés États-Unis contigus (abrégé en CONUS (CONtiguous United States)) ou « lower 48 » (« les 48 plus bas ») et occupent la majeure partie du centre de l'Amérique du Nord. L'Alaska est séparé des États-Unis contigus par le Canada ; ensemble, ils forment les États-Unis continentaux. Hawaï, le cinquantième État, est situé dans le Pacifique.
94
+
95
+ En plus des territoires (Porto Rico, Guam, îles Mariannes du Nord, îles Vierges des États-Unis, Samoa américaines), les États-Unis comprennent aussi plusieurs autres espaces peu propices voire interdits à l'habitat. L'atoll Palmyra est un territoire non incorporé, mais il est inhabité. Les îles mineures éloignées des États-Unis sont des îles inhabitées et des atolls du Pacifique et de la mer des Caraïbes. De plus, l'US Navy a établi une importante base navale dans la baie de Guantánamo à Cuba depuis 1898 et sur l'atoll Diego Garcia dans l'océan Indien depuis 1971.
96
+
97
+ Reliefs.
98
+
99
+ Cartographie.
100
+
101
+ Précipitations moyennes annuelles.
102
+
103
+ Vents.
104
+
105
+ Principales agglomérations.
106
+
107
+ Densités.
108
+
109
+ Les États-Unis se classent au quatrième rang mondial en superficie (9 631 417 km2) derrière la Russie, le Canada et la Chine[38]. Avec 7 % des terres émergées de la planète, la taille du territoire américain est comparable à celle du continent européen. Les États de l'Alaska et du Texas sont ainsi plus grands que tout autre pays européen (hors Russie). Situés en Amérique du Nord, les 48 États d'un seul tenant (appelés parfois « Mainland » ou « États-Unis continentaux »), dont la forme évoque un pentagone s'étirent sur quatre fuseaux horaires. Une distance de 4 280 km sépare la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest[39]. À ces deux côtes, il faut ajouter celle qui borde le golfe du Mexique dans le Sud-Est du pays, entre la frontière mexicaine et l'extrême sud de la Floride. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique. Les États-Unis possèdent 12 034 km de frontières terrestres[40], 8 893 km avec le Canada (dont 2 477 km avec l'Alaska), 3 141 km avec le Mexique et 28 km avec Cuba (base navale de la baie de Guantánamo). La longueur totale des côtes américaines est de 19 924 km.
110
+
111
+ L'ensemble des fleuves du Missouri et du Mississippi parcourt plus de 6 000 km dans le Mainland, l'équivalent du cours de l'Amazone en Amérique du Sud. Les deux derniers États fédérés sont Hawaï, un archipel volcanique de l'océan Pacifique Nord, et l'Alaska, au nord-ouest du Canada. Dans l'Est des Caraïbes, l'île de Porto Rico est un territoire non incorporé.
112
+
113
+ Le point culminant du pays, le Denali (6 190 mètres), se trouve en Alaska. Hors Alaska, le principal sommet est le mont Whitney en Californie (4 421 mètres). L'altitude la plus basse est celle de Badwater dans le parc national de la vallée de la Mort en Californie (−86 mètres).
114
+
115
+ L'immensité du territoire, la grande variété des reliefs et des climats produisent des paysages très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du pays suivent grossièrement une organisation méridienne : à l'est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride, borde l'océan Atlantique. À l'est-nord-est du pays, la Nouvelle-Angleterre est soumise aux masses d'air polaires en hiver. Le Sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se succèdent les collines du piémont puis les montagnes Appalaches, qui culminent à 2 037 mètres d'altitude et sont couvertes de forêts.
116
+
117
+ Les plaines et plateaux du centre du pays (Nouvelle-France) sont drainés par l'ensemble fluvial du Mississippi et du Missouri. Au nord-est, les Grands Lacs représentent une importante voie de navigation reliée au fleuve Saint-Laurent. Les régions du Sud (du Texas, à la Floride) subissent le passage des cyclones à la fin de l'été, leur climat est subtropical humide sauf le sud de la Floride (région de Miami) déjà tropical. À l'est des montagnes Rocheuses s'étirent les Grandes Plaines fertiles puis les Hautes Plaines semi-arides, du Mexique au Canada. Aux États-Unis se trouve la Tornado Alley, une région couvrant plusieurs États ou parties d'États et où se produisent fréquemment des tornades.
118
+
119
+ L'Ouest américain (Nouvelle-Espagne) est dominé par les montagnes Rocheuses, la chaîne des Cascades et la Sierra Nevada qui encadrent des vallées (Vallée Centrale), plateaux (plateau du Colorado, plateau du Columbia) et des bassins d'altitude (Grand Bassin). Les montagnes Rocheuses culminent à environ 4 401 mètres dans le Colorado : le climat est montagnard et la végétation est étagée. Au nord se trouve le supervolcan du Yellowstone. Les bassins intérieurs sont marqués par l'aridité (désert des Mojaves, vallée de la Mort). La côte Pacifique est dominée par des chaînes de montagnes couvertes de forêts. L'influence maritime du Pacifique est immédiatement bloquée par les montagnes et est limitée à une étroite bande côtière. La région est soumise au risque volcanique (mont Saint Helens, mont Rainier) et sismique (faille de San Andreas). Le littoral des États de Washington et de l'Oregon est soumis au climat océanique très humide, celui de la Californie connaît un climat de type méditerranéen.
120
+
121
+ Située à l'extrémité nord-ouest de l'Amérique du Nord, l'Alaska est un État où dominent les montagnes et les volcans actifs (archipel Alexandre, îles Aléoutiennes) : le littoral subit les influences océaniques alors que l'extrême nord subit un climat polaire. Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de points chauds et connaît un climat tropical.
122
+
123
+ La plupart des volcans en activité se situent à l'ouest, en Alaska et sur l'archipel d'Hawaï :
124
+
125
+ Les Grands Lacs représentent ensemble une superficie d'environ 250 000 km2, soit la moitié de la superficie de la France métropolitaine.
126
+
127
+ Liste des Grands Lacs, classés du plus grand au plus petit :
128
+
129
+ Les autres lacs importants sont :
130
+
131
+ Les 328 millions d'Américains sont répartis de façon inégale sur le territoire. La densité de population est en effet plus élevée à l'est du pays que dans l'ouest. La moitié de la population est concentrée à l'est du 100e méridien avec la mégalopole de BosWash, les rives des Grands Lacs (Chicago, Détroit, Milwaukee, Cleveland) et ChiPitts, les Appalaches et le littoral atlantique. Au-delà du 100e méridien, les densités faiblissent pour des raisons historiques — le peuplement s’est fait d’est en ouest — et naturelles (aridité). La façade pacifique est plus dense avec l'axe californien (San Francisco, Los Angeles) et le bras du Puget Sound dit Pugetopolis (Seattle, Portland). Les villes et les aires urbaines d'Austin et de Dallas au Texas comprennent également des millions d'habitants, tout comme Orlando et Miami en Floride. La densité moyenne des États-Unis est de 31 habitants par km2.
132
+
133
+ Les Américains se concentrent sur les littoraux, y compris ceux des Grands Lacs. À l'ouest du 100e méridien jusqu'au littoral du Pacifique et en Alaska, les densités sont globalement faibles, sauf en quelques villes isolées et en Californie. Cette dernière est l'État le plus peuplé des États-Unis et continue d'attirer les flux migratoires internes et externes.
134
+
135
+ Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la population urbaine, en valeur absolue[41]. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants[42]. Ces agglomérations sont récentes et structurées en réseaux. Leur poids économique est considérable pour le pays. Elles connaissent des difficultés liées à l'immigration, aux mutations sociales et à la mondialisation.
136
+
137
+ La mégalopole du BosWash, un groupe d'aires urbaines du nord-est du pays, s'étend sur 800 km entre Boston et Washington, D.C. en passant par New York.
138
+
139
+ Les régions les plus dynamiques et les plus attractives sont situées dans la Sun Belt. La reconversion du Nord-Est du pays lui permet de tenir un rôle important.
140
+
141
+ Le développement sans précédent des activités humaines sur ce territoire (urbanisation, agriculture, exploitation des ressources énergétiques, infrastructures) ont eu un impact fort sur les paysages et l'environnement. Les États-Unis ont souvent été précurseurs dans le développement d'une politique environnementale ; ils ont les premiers mis en place depuis 1872 des parcs nationaux ; et une partie de la population est très active dans la protection de l'environnement. Dès les années 1970, la conscience écologique se développe aux États-Unis : le Jour de la Terre (Earth Day) célébré depuis 1970. L'Agence de protection de l'environnement est le principal organe des politiques environnementales. L'air, les paysages, l'eau et les sols ont été et restent néanmoins soumis à des contraintes fortes d'exploitations et de rejets, avec par exemple l'exploitation pétrolière à partir du XIXe siècle puis plus récemment la croissance de l'exploitation du gaz de schiste[43].
142
+
143
+ Le Service américain de la pêche et de la faune sauvage estime que chaque année 72 millions d'oiseaux sont tués par les pesticides aux États-Unis[44]
144
+
145
+ Les entreprises de forage ont utilisé 770 % d'eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016, tandis que les eaux usées toxiques relâchées ont augmenté de 1 440 %. La moitié des gazoducs et oléoducs en développement dans le monde en 2019 le sont en Amérique du Nord. Pour les États-Unis, ces nouveaux pipelines devraient être à l'origine de 559 millions de tonnes de CO2 par an d'ici à 2040[45]. Le gouvernement prend des mesures en 2018 pour étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines. Le ministère de l'Intérieur propose d'ouvrir presque entièrement le littoral du pays au forage[46].
146
+
147
+ De par leurs émissions importantes de gaz à effet de serre, les États-Unis sont un acteur majeur du réchauffement climatique. En 2010, avec plus de 5 300 millions de tonnes par an (en baisse d'année en année), ils sont le deuxième pays émetteur de dioxyde de carbone du monde derrière la Chine[47]. Cependant, des efforts sont réalisés pour diminuer ces émissions à tous les échelons, principalement à l'échelle locale. Ainsi, entre 1990 et 2016, les émissions de CO2 par habitant ont diminué de 21,9 %[48]. Avec 15,5 tonnes par habitant en 2016, les États-Unis figurent parmi les premiers émetteurs de CO2 derrière le Canada, l'Arabie Saoudite et les émirats du golfe arabo-persique[48].
148
+
149
+ Une grande partie des déchets produits par les États-Unis sont envoyés à l'étranger.[réf. nécessaire]
150
+ En 2018, 81 % des exportations américaines de déchets ménagers ont été expédiés en Asie. Alors que la Chine décide en 2018 de stopper les importations de déchets plastiques afin de ne plus être la « poubelle du monde », l'industrie du recyclage aux États-Unis s'en trouve bouleversé. Le prix du traitement des déchets augmente considérablement et de nombreuses villes préfèrent incinérer leurs déchets, affectant la qualité de l'air, ou ouvrir des décharges à ciel ouvert, source importante d'émission de méthane[49] En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets, soit 4,5 % de plus qu'en 2010 et 60 % de plus qu'en 1985 selon les données officielles[50] : cela s'explique en partie par la croissance démographique et économique du pays. De nombreuses grandes villes appliquent les recommandations environnementales de l'Agenda 21 et mettent en œuvre des politiques ambitieuses de recyclage, à l'instar de San Francisco.
151
+
152
+ Pour l'année 2019, le jour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des États-Unis[N 7] est le 15 mars. Les États-Unis sont le 2e pays (après le Luxembourg) dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète[51].
153
+
154
+ Le nombre de coléoptères aux États-Unis a chuté de 83 % depuis les années 1980[52].
155
+
156
+ Les États-Unis exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la ville de New York accueille le siège des Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine. En revanche, l'Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan, et Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis.
157
+
158
+ Les États-Unis bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande (dans le cadre de l'ANZUS), la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l'OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l'organisation des États américains et d'accords de libre-échange, telles que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En 2005, les États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du revenu national brut (RNB), la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non gouvernementales telles que des fondations privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB[53].
159
+
160
+ Le président détient le titre de commandant en chef de la nation et peut à ce titre selon son seul avis utiliser la bombe atomique. Il dirige les forces armées et nomme ses dirigeants, le secrétaire à la Défense et ceux du comité des chefs d'États-majors interarmes. Le département de la Défense des États-Unis administre les forces armées, y compris l'armée, la marine, le Marine Corps, et la force aérienne. La garde côtière est dirigée par le département de la Sécurité intérieure en temps de paix et par le département de la Marine en temps de guerre. En 2005, les forces armées avaient 1,38 million de personnels en service actif[54], en plus de plusieurs centaines de milliers dans la réserve et la Garde nationale, pour un total de 2,3 millions de soldats. Le ministère de la Défense emploie également environ 700 000 civils, sans compter ceux des services sous-traitants. Le service militaire est volontaire, bien que la conscription puisse se produire en temps de guerre par le biais du système de service sélectif. Les forces américaines peuvent être déployées rapidement par l'armée de l'air grâce à sa grande flotte d'avions de transport et de ravitaillement aériens, l'United States Navy composée de onze porte-avions, et les Marine Expeditionary Unit en mer sur tous les océans du globe. Hors des États-Unis, les forces armées sont déployées sur 770 bases et installations, sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique[55],[56].
161
+
162
+ Le total des dépenses militaires des États-Unis en 2013, plus de 640 milliards de dollars, comptait pour 36 % des dépenses militaires officielles mondiales et était égal à la somme des neuf autres budgets militaires les plus importants combinés. Les dépenses par habitant en 2006 étaient de 1 756 $, soit environ dix fois plus que la moyenne mondiale[57]. À 4,06 % du PIB, les dépenses militaires des États-Unis sont cependant classées 27e sur 172 nations[58]. Le coût estimé de la guerre d'Irak pour les États-Unis jusqu'en 2016 est de 2 267 milliards de dollars[59]. En date du 17 octobre 2008, engagés dans deux opérations militaires majeures, les États-Unis ont subi pendant la guerre d'Irak des pertes de 4 500 militaires tués et plus de 30 000 blessés[60] et 615 tués durant la guerre d'Afghanistan depuis 2001[61].
163
+
164
+ Quand le Royaume-Uni reconnaît l'indépendance des États-Unis en 1783, des relations diplomatiques officielles se sont rapidement mises en place dès 1785. De cette période jusqu'à aujourd'hui, les États-Unis n'ont pas d'allié plus proche que le Royaume-Uni et la politique étrangère britannique met l'accent sur une coordination étroite avec les États-Unis. Reflétée par la langue commune, les idéaux et les pratiques démocratiques des deux nations, une coopération bilatérale est établie entre les deux États. Les États-Unis et le Royaume-Uni se consultent continuellement sur la politique étrangère et les problèmes mondiaux. Enfin les deux États partagent les principaux objectifs de politique étrangère et de sécurité[62].
165
+
166
+ Les États-Unis sont devenus dans les années 1870 la première puissance économique mondiale[63]. En 2014, le PIB est de 17 416 milliards de dollars, soit environ un cinquième du PIB mondial.
167
+
168
+ Les États-Unis sont la première puissance économique mondiale, selon le PIB nominal, devant la Chine[64], mais la seconde après la Chine depuis 2014, selon les dernières estimations de la Banque mondiale, pour le PIB à parité de pouvoir d'achat (PPA)[65]. En 2017, le PIB américain est également supérieur à celui de l'Union européenne[66]. Le pays se place à la huitième place mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place à parité de pouvoir d'achat[9]. Les États-Unis possèdent une économie mixte dans laquelle le secteur public en 2007 représente 12,4 % du PIB[67]. Le taux de chômage est relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la population active. Cependant la crise économique de 2008 a entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux atteigne 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'OIT)[68], et atteint 9,9 % en avril 2010[69]. Le PIB américain a augmenté de 32 % entre 2000 et 2008 tandis le budget de l'État fédéral est passé durant la même période de 1 798 à 2 931 milliards de dollars soit une augmentation de presque 40 %[70].
169
+
170
+ Les secteurs les plus dynamiques sont la chimie, l'informatique, l'aérospatiale, la santé, les biotechnologies et les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le principal point fort de cette économie post-industrielle reste le secteur tertiaire (grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production cinématographique, tourisme…), qui contribue pour 75 % du PIB.
171
+
172
+ Les États-Unis sont les plus grands importateurs de biens et les troisièmes exportateurs derrière la Chine et l'Allemagne. Le Canada, la Chine, le Mexique, le Japon et l'Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux[71]. La balance commerciale américaine est déficitaire, en particulier avec la Chine. Le matériel électrique constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux véhicules automobiles[72]. Les bourses de New York (New York Stock Exchange) sont les premières du monde.
173
+
174
+ En 2016, la dette publique américaine est la plus élevée du monde avec plus de 19 000 milliards de dollars, devant l'Union européenne[73]. En 2015, les États-Unis se classent 38e sur 179 pays pour la dette rapportée au PIB[74].
175
+
176
+ Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie américaine : le territoire américain est immense, bien doté en ressources minières (deuxième producteur mondial de charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre…) et agricoles. Il est situé entre les deux grands océans de la planète, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également bien maîtrisé par un réseau de transport varié (Grands Lacs, voies ferrées, ports, aéroports) et dense. La population est cosmopolite, mobile et bien formée. Le niveau moyen de vie est fort, même si les inégalités sociales sont importantes. Le dollar et la langue anglaise ont acquis un rayonnement international. L'État fédéral investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et n'hésite pas à se montrer protectionniste. Les multinationales américaines sont présentes sur tous les continents et participent à la puissance économique du pays. Les États-Unis sont au cœur de l'ALENA, une organisation régionale qui favorise la libre circulation des marchandises et des capitaux. L'agriculture est très diversifiée, ce qui en fait à la fois un puissant contributeur aux marchés mondiaux des céréales et des oléagineux mais aussi un producteur encore significatif de coton, grâce au climat des États les plus au sud, comme le Texas. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa sixième place au palmarès des producteurs mondiaux de sucre[75], malgré un léger déclin. Parmi les points forts de son agriculture, le pays était aussi premier au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
177
+
178
+ En 2013, la population active est de 155 millions de salariés, soit une augmentation de moins de 1 % depuis janvier 2008[76]. Parmi eux, 87 % travaillaient à plein temps en 2012[77]. 79 % de la population active américaine travaille dans les services[78]. Avec environ 15,5 millions de personnes, la santé et la protection sociale sont les secteurs qui occupent le plus d'emplois[79]. Le taux de syndicalisation (en) est de 12 %, contre 30 % en Europe occidentale[80]. La mobilité du travail est importante et les congés payés sont plus courts que dans les autres pays industrialisés. Les États-Unis maintiennent l'une des productivités du travail les plus élevées du monde (troisième en 2009 derrière le Luxembourg et la Norvège)[81]. Aucune loi n'oblige les entreprises à accorder des congés payés à leurs employés. En 2013, selon le Bureau des statistiques du travail, un quart des salariés américains, soit 28 millions de personnes, ne bénéficient pas de congés payés : 10 % des salariés à plein temps et 60 % de ceux qui travaillent à temps partiel n'ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s'ils en prennent[82].
179
+
180
+ Depuis la crise économique de 2008, qui a lourdement impacté les plans épargne retraite des Américains, le nombre de personnes à travailler au-delà de 85 ans ne cesse d'augmenter. Elles sont 255 000 en 2018, soit près de 5 % de cette classe d'âge[83].
181
+
182
+ Selon une étude réalisée en 2018 par l'OCDE, les États-Unis présentent des inégalités de revenus beaucoup plus élevées et un pourcentage plus élevé de travailleurs pauvres que presque tous les autres pays développés, en grande partie parce que les travailleurs précaires ne reçoivent que très peu d'aides de l'État et du manque de conventions collectives[84]. D'après la réserve fédérale, les 50 % d'Américains les plus pauvres ont perdu 32 % de leurs richesses, corrigés de l'inflation, depuis 2003. En revanche, le patrimoine des 1 % d'Américains les plus riches a doublé[85]. Le coefficient de Gini, indice qui évalue les écarts de revenus, a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis 1967, moment auquel les autorités américaines ont commencé à le calculer[86].
183
+
184
+ Les États-Unis ont pris depuis longtemps (Buy American Act, 1933) des mesures visant à protéger leurs marchés publics contre les achats de biens manufacturés produits en dehors de leur territoire.
185
+
186
+ Au début des années 1990, le président Bill Clinton a lancé une politique très active d'intelligence économique, appelée politique d'advocacy (advocacy policy[87]). L'efficacité de cette politique relève de la capacité d'obtention, d'échange et d'exploitation de l'information entre une multitude d'acteurs et de décideurs, fédérés par des réseaux d'intérêt et de connivences. La perception du monde qu'ont ces acteurs est résolument électronique et leur champ de vision est une planète sous emprise américaine. Le moyen pour cela est le contrôle le plus étroit possible du complexe informations-médias parce qu'il confère le pouvoir. L'efficacité de cette stratégie tient en grande partie à la relation forte entre le secteur public, le secteur privé, et la société civile[88].
187
+
188
+ Le gouvernement fédéral exerce aussi une politique systématique d'influence, en s'appuyant sur la Common law et la normalisation internationale. Le gouvernement américain cherche à influencer les organisations multilatérales mondiales (OCDE, ONU, OIT), les institutions européennes et en particulier la Commission européenne, les enceintes privées (Chambre de commerce internationale, Business Action for Sustainable Development, International Accounting Standards Board), et les organisations de protection de l'environnement. L'influence s'exerce aussi dans les pratiques commerciales et les doctrines de l'aide au développement. Elle s'exerce enfin dans la sphère socioculturelle, en utilisant la technique du social learning, par l'enseignement, la langue anglaise et le cinéma[89].
189
+
190
+ Quelques chiffres récents :
191
+
192
+ Revenu moyen(en $ constant et par foyer)
193
+
194
+ 46 326[92]
195
+
196
+ 2005
197
+
198
+ IDH
199
+
200
+ Coefficient de Gini
201
+
202
+ 0,469
203
+
204
+ 2005
205
+
206
+ Pauvreté
207
+
208
+ 12,6 % à 3,3 %[92]
209
+
210
+ 2005
211
+
212
+ Les États-Unis sont un pays riche et développé, mais traversé par de fortes inégalités sociales. Avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,914 en 2013, le pays se classe au cinquième rang des États les plus développés de la planète. Selon le Bureau du recensement des États-Unis, le revenu brut moyen était de 46 326 dollars en 2005[92]. Il est le plus élevé du pays dans le New Jersey (60 246 $) et le plus bas dans le Mississippi (34 396 $)[93]. À parité de pouvoir d'achat, ces niveaux de revenus sont parmi les plus élevés au monde. En 2006, 10 % des ménages les plus riches concentrait près de 50 % du revenu[94]. Le pourcent le plus riche en recevait 23 %[95]. Cette dernière catégorie a bénéficié entre 2002 et 2006 des trois quarts de la progression des revenus. La part des Américains vivant sous le seuil de pauvreté a légèrement augmenté pendant les deux mandats de George W. Bush et surtout durant le mandat de Barack Obama qui a connu la crise des subprimes. En 2017, les mariages de mineurs (la majorité est atteinte à 21 ans aux États-Unis) sont encore légaux dans vingt-cinq États des États-Unis[96]. Selon l'association Unchained at Last, 248 000 enfants et adolescents ont été mariés dans le pays entre 2000 et 2010[96] ; un mariage d'enfant étant défini par l'Unicef et le département d'État des États-Unis comme « un mariage formel ou une union informelle avant l'âge de 18 ans »[97].
213
+
214
+ En 2016, les États-Unis se situent au dix-septième rang des pays de l'OCDE pour le taux de travail des femmes. D'après une étude du Bureau du recensement de 2014, les salariées gagnent en moyenne 21 % de moins que leurs collègues hommes. L'écart s'accentue quand elles sont noires (36 % de moins) ou hispaniques (44 %). Les États-Unis comptent parmi les quatre pays — avec le Eswatini, le Lesotho, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée — à ne pas garantir de congé maternité payé[98].
215
+
216
+ L'espérance de vie des Américains diminue pour la troisième année consécutive en 2019. Des chercheurs mettent en cause la crise des opioïdes ainsi que des “suicides de désespoir” provoqués par la dislocation du monde du travail, la stagnation du revenu médian des moins qualifiés sur une longue période, la dégradation de leur statut social, la perte de pouvoir des syndicats, et les dysfonctionnements du système de santé[99].
217
+
218
+ La protection sociale aux États-Unis couvre 90 % de la population américaine[100]. Depuis le New Deal et la création de l'État-providence (Welfare State), le gouvernement met en œuvre plusieurs programmes afin d'aider les personnes en difficulté : Medicare, Medicaid, Aid to Families with Dependent Children (AFDC) puis Temporary Assistance for Needy Families (TANF) pour les mères au foyer, Early Childhood Intervention et SCHIP pour les enfants en difficulté, SSI pour les personnes âgées, les aveugles et les handicapés[101], Low Income Home Energy Assistance Program (LIHEAP) pour les plus pauvres[102], Old-Age, Survivors, Disability and Health Insurance (OASDHI) pour les chômeurs et les veuves, etc.
219
+
220
+ En 2000, 180 millions d'Américains[103] bénéficiaient de la sécurité sociale. Le système de répartition des aides sociales est pluraliste et décentralisé : l'État fédéral donne une enveloppe fixe aux 50 États fédérés. La protection sociale dépend de la situation de l'individu : l'assurance maladie n'est pas obligatoire. L'organisation fédérale des États-Unis entraîne des inégalités géographiques quant aux dépenses et aux redistributions sociales. La philosophie dominante est que la meilleure assurance sociale reste le plein emploi : les divers gouvernements qui se succèdent cherchent avant tout à maintenir la croissance économique et à faire baisser le chômage. Contrairement aux idées reçues, le sort des pauvres ne laisse pas indifférent aux États-Unis[104]. La pauvreté est largement prise en charge par les Américains dans le cadre des associations caritatives (plus de 650 000 dans tout le pays), des organisations religieuses et des institutions philanthropiques ; les États-Unis sont le premier pays du monde pour le bénévolat[105] : 93 millions d'Américains[105] le pratiquent à différents degrés. Il implique surtout les retraités et les femmes. Le bénévolat américain est particulièrement développé dans le domaine des arts et contribue au fonctionnement de nombreuses institutions culturelles.
221
+
222
+ En 2005, le système des retraites procurait plus de la moitié de leurs revenus aux deux tiers des retraités des États-Unis[106]. Le système des retraites américain est complexe : la Social security est une retraite fédérale calculée en fonction du nombre d'années travaillées, des cotisations versées et de l'inflation. À la fin des années 1990, le gouvernement fédéral dépensait 289 milliards de dollars pour le système des retraites obligatoires[107]. Les Pensions sont payées par les grandes entreprises et les administrations publiques. Enfin, la retraite par capitalisation consiste en des plans d'épargne-retraite et des fonds de pension. Les retraités les plus pauvres reçoivent des aides fédérales complémentaires (OASDHI) et les soins (Medicaid). Le reste participe au système de santé fédéral (Medicare) et payent une cotisation mensuelle (135 $ en 2019).
223
+
224
+ Le taux de mortalité maternelle aux États-Unis est le plus élevé des pays développés. En augmentation depuis les années 1980, il se situe en 2016 à 42,8 pour 100 000 naissances vivantes pour les Afro-Américaines. Pour les femmes blanches, le taux est moindre, mais élevé lui aussi : 12,5, contre 9,6 en France et 4 en Suède. Selon la National Organization for Women, ce record tient à l'absence d'assurance-maladie pour de nombreuses mères[98]. Le système de santé américain est généralement considéré comme peu efficace et très inégalitaire. Avec moins de 3 lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants (6 en France), une espérance de vie inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE, les États-Unis comptent 30 millions de personnes qui n'ont aucune couverture santé, tandis qu'un Américain sur deux est sous-assuré[108].
225
+
226
+ Avec plus de 328 millions d'habitants depuis juillet 2019, la population des États-Unis représente environ 4,5 % de la population mondiale. Selon le Bureau du recensement, à la date du 1er avril 2010, la population résidente des États-Unis se chiffrait à 308 745 538[109].
227
+
228
+ La population américaine a augmenté de 27,3 millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance démographique annuelle est de 0,89 %[78]. L'indice de fécondité en 2012 est de 1,88 enfant par femme. Le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 12 millions de personnes, soit 4 % de la population totale[110]. En 2006, 1,27 million d'immigrés ont reçu une carte de résidence légale. Le Mexique est leur premier pays d'origine depuis deux décennies suivent, depuis 1998, la Chine, l'Inde et les Philippines[111].
229
+
230
+ En 2009, les cinq États les plus peuplés étaient la Californie (environ 37 millions d'habitants), le Texas (environ 25 millions), l'État de New York (environ 19,5 millions), la Floride (environ 18,5 millions) et l'Illinois (environ 13 millions)[112]. Sept États avaient une population inférieure à 1 million d'habitants : par ordre décroissant, le Montana, le Delaware, le Dakota du Sud, l'Alaska, le Dakota du Nord, le Vermont, et le Wyoming, qui constitue l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants[112]. Finalement, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus peuplés abritent 54 % de la population, tandis que 3 % de la population réside dans les dix États les moins peuplés. En 2000, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population) et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population) rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants, soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la révolution industrielle. Depuis les années 1950, on observe un déplacement du centre de gravité du pays depuis le Nord-Est (qui abritait 26 % de la population en 1950) vers le Sud-Ouest. Ce sont en effet les États de l'Ouest et du Sud qui enregistrent la plus forte progression démographique. Ainsi, entre 1980 et 1990, 54,3 % de la croissance démographique nationale s'est faite au bénéfice des trois États de Californie, de Floride et du Texas. Cette tendance a perduré entre 1990 et 2000, le taux de croissance de l'Ouest ayant été de 19,7 % et celui du Sud de 17,3 % tandis qu'il s'établissait à 5,5 % dans le Nord-Est ; le Texas est désormais plus peuplé que l'État de New York. Entre 1990 et 2000, pour la première fois, tous les États américains ont vu leur population augmenter, au premier rang desquels le Nevada. Comme au cours de la décennie précédente (+ 42 %), il a de nouveau enregistré le taux de croissance le plus important (+66 %). L'Arizona, le Colorado et l'Utah affichent des croissances atteignant plus de 30 %.
231
+
232
+ Structure par âge (estimation 2011[40]) :
233
+
234
+ La démographie des États-Unis diffère, sur certains points, de celle des autres pays industrialisés et développés :
235
+
236
+ La répartition de la population par groupe ethnique se modifie. Dès 2030, la population blanche devrait diminuer[réf. nécessaire]. En 2060, les populations hispaniques devraient constituer près d'un tiers des Américains[113].
237
+
238
+ Aucune loi n'a été votée pour préciser la ou les langues officielles à l'échelle fédérale. Toutefois, 32 États sur 50 ont voté de telles lois au profit de l'anglais comme langue officielle, dernièrement la Virginie-Occidentale en 2016[117]. En outre, l'État de Hawaï est officiellement bilingue anglais-hawaïen. L'État de l'Alaska reconnait les langues amérindiennes en plus de l'anglais. L'espagnol possède un statut spécial dans l'État du Nouveau-Mexique, sans qu'il ne soit officiel. De la même façon, le français possède un statut particulier mais non officiel en Louisiane et dans le Maine.
239
+
240
+ Dans les territoires insulaires, l'anglais ainsi qu'une ou deux langues autochtones sont officiels : l'espagnol à Porto Rico, le samoan dans les Samoa américaines, le chamorro dans l'île de Guam, le chamorro et le carolinien dans les Îles Mariannes du Nord.
241
+
242
+ Au XXIe siècle, les deux principaux partis politiques fédéraux ne semblent pas enclins à voter une loi au niveau fédéral, car elle pose le problème de la part de plus en plus importante des hispanophones dans certains États. Débattre de l'anglais comme langue officielle était considéré par ces partis comme une mise en conflit entre les électeurs anglophones et les électeurs issus d'une immigration récente. Des groupes de pression, comme U.S. English ou English First, tentent d'imposer l'anglais.
243
+
244
+ En 1968 en Louisiane , le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant et avocat francophone. Par la suite, le français gagne un statut spécial dans cet État (toutefois, la Louisiane n'est pas déclarée officiellement bilingue). Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.
245
+
246
+ Trois ans plus tard, en 1971, Edwin Edwards devient le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXe siècle. La ville de Lafayette (Louisiane) est en outre membre de l'Association internationale des maires francophones (AIMF)[118].
247
+
248
+ La culture américaine a une base anglo-saxonne, qui s'explique par les origines historiques du pays. L'anglais est la langue la plus parlée. Cependant, les apports d'autres cultures contribuent à faire des États-Unis un creuset culturel :
249
+
250
+ Depuis la fin du XIXe siècle, les États-Unis occupent les premiers rangs mondiaux pour la recherche scientifique et les innovations techniques. En 1876, Alexander Graham Bell dépose un brevet pour l'invention du téléphone. Le laboratoire de Thomas Edison met au point le phonographe, la lampe à incandescence et l'une des premières caméras. Au début du XXe siècle, les entreprises de Ransom E. Olds et d'Henry Ford expérimentent de nouvelles façons de produire les véhicules automobiles. En 1903, les frères Wright procèdent à l'un des premiers vols en avion. L'arrivée au pouvoir des nazis au début des années 1930 contraint de nombreux scientifiques européens à émigrer aux États-Unis, tels qu'Albert Einstein et Enrico Fermi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le projet Manhattan fait entrer le monde dans l'âge atomique. La course à l'espace pendant la Guerre froide a produit d'importantes avancées dans l'armement et l'industrie aérospatiale. C'est aux États-Unis que sont nés l'ARPANET et l'internet. Les systèmes informatiques pour la guerre en réseau développés au cours de la Guerre Iran-Irak se sont diffusés dans la plupart des entreprises stratégiques américaines, et assurent une domination par la connaissance technique. Le gouvernement fédéral apporte ainsi un soutien en information stratégique pour que les grandes entreprises américaines remportent des marchés à l'exportation[120]. Aujourd'hui, la recherche scientifique et technique reste en pointe notamment dans le domaine des OGM, grâce à d'importants investissements et des universités renommées. Une majorité des Américains aujourd'hui a un accès à internet, et 99 % sont possesseurs d'un poste de télévision (il y a aujourd'hui plus de téléviseurs que de résidents dans un foyer moyen, sans parler des postes qui se généralisent dans les lieux publics, tels les transports en commun, les ascenseurs ou les halls d'aéroports[121]).
251
+
252
+ Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la littérature américaine reste influencée par les œuvres et les auteurs européens[réf. nécessaire]. Vers le milieu du XIXe siècle apparaît une littérature proprement américaine avec des auteurs tels que Nathaniel Hawthorne, Edgar Allan Poe ou Henry David Thoreau. Le romancier Mark Twain et le poète Walt Whitman sont les principales figures littéraires des États-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Emily Dickinson, qui n'était pas célèbre de son vivant, fut par la suite reconnue comme l'une des poétesses essentielles de l'Amérique.
253
+
254
+ Onze Américains ont reçu le prix Nobel de littérature au XXe siècle, Toni Morrison étant la dernière en 1993. Ernest Hemingway, lauréat de l'année 1954, et John Steinbeck, lauréat de l'année 1962, sont des écrivains majeurs du XXe siècle. Parmi les romans les plus importants, on peut citer : Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885), Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald (1925), Les Raisins de la colère de John Steinbeck (1939).
255
+
256
+ Le roman noir est un des genres littéraires les plus populaires.
257
+
258
+ Les transcendantalistes menés par Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau sont à l'origine du premier mouvement philosophique américain au XIXe siècle. Après la guerre de Sécession, Charles Sanders Peirce puis William James et John Dewey développent le mouvement du pragmatisme. Au XXe siècle, Willard Van Orman Quine et Richard Rorty sont les représentants de la philosophie analytique.
259
+
260
+ Au milieu du XIXe siècle, l'Hudson River School est un mouvement artistique, fondé par un groupe de peintres influencés par le romantisme. Leurs tableaux représentent les paysages américains. L'exposition de l'Armory Show en 1913 à New York est considérée comme le point de départ de l'art moderne aux États-Unis. Georgia O'Keeffe, Marsden Hartley et d'autres artistes expérimentent de nouveaux styles et mettent en œuvre une sensibilité unique. Après 1945, Jackson Pollock et Willem de Kooning font naître l'expressionnisme abstrait ; Andy Warhol et Roy Lichtenstein inventent le pop art.
261
+ L'art de la photographie se développe de manière précoce aux États-Unis, dès le XIXe siècle, avec des photographes comme Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Ansel Adams, et bien d'autres. Dans le domaine de la bande dessinée, le comic et le comic strip sont deux genres nés dans la presse américaine. Les super-héros comme Superman (1938), Batman (1939) ou Spider-Man (1962), sont devenus des icônes et des symboles de l'Amérique.
262
+
263
+ L'architecture aux États-Unis est diverse selon les régions et s'est construite grâce aux apports extérieurs, qui n'ont pas été uniquement anglais. L'architecture amérindienne et coloniale a laissé peu de vestiges. Avec la naissance des États-Unis, les bâtiments publics sont influencés par l'Antiquité gréco-latine et reflètent l'idéal républicain. Au XIXe siècle se succèdent de nombreux styles tels que le Greek Revival, néo-gothique, City Beautiful, éclectisme, style Beaux-Arts, style victorien qui se rattachent aux traditions européennes.
264
+
265
+ L'architecture américaine s'émancipe vraiment à la fin du XIXe siècle avec la création d'un nouveau type de bâtiment : le gratte-ciel. Dans l'entre-deux-guerres, l'Empire State Building, le Chrysler Building et le Chicago Board of Trade Building sont des exemples fameux de style Art déco. La Prairie School inaugure la période de l'architecture organique aux États-Unis. Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright sont considérés comme ses principaux représentants. Le siège de l'ONU à New York est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Dans les années 1960, les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera. Les années 1970-1980 sont marquées par l'édification de musées aux formes audacieuses (Musée Guggenheim, Walker Art Center, Getty Center) et les architectes Pei et Richard Meier.
266
+
267
+ Phineas Taylor Barnum est l'un des premiers promoteurs du théâtre américain, qui commença dans le quartier des spectacles à Manhattan en 1841. Edward Harrigan et Tony Hart (en) s'associent dans les années 1870 pour produire une série de comédies musicales à New York. Au début du XXe siècle, Broadway devient le centre de ce genre aux États-Unis. Les chansons et les mélodies d'Irving Berlin, Cole Porter et Stephen Sondheim deviennent des classiques. En 1936, le dramaturge Eugene O'Neill remporte le prix Nobel de littérature ; le prix Pulitzer de théâtre récompense Tennessee Williams, Edward Albee et August Wilson.
268
+
269
+ En musique, Charles Ives (1874-1954) est considéré comme l'un des premiers grands compositeurs américains, dans les années 1910. Henry Cowell et John Cage ont essayé après lui de donner une approche américaine de la composition classique. Aaron Copland et George Gershwin développent une synthèse spécifiquement américaine de la musique populaire et classique.
270
+
271
+ En ce qui concerne la musique populaire du XXe siècle, les États-Unis sont le berceau du gospel, du jazz, du blues, du rhythm and blues, du rock 'n' roll, de la soul, de la house music, du disco, du funk, du jazz fusion et du rap. Représentant de loin le plus grand marché de l'industrie mondiale du disque, les plus grands vendeurs de disques de l'histoire, à l'exception des Beatles britanniques, sont américains : Elvis Presley, Michael Jackson, Madonna, Rihanna (de nationalité barbadienne mais dont l'ensemble de la carrière a été façonnée aux États-Unis) et Eminem sont les seuls artistes dont au moins 200 millions de ventes ont été certifiées.
272
+
273
+ Isadora Duncan et Martha Graham furent les figures centrales de la création en danse moderne ; George Balanchine et Jerome Robbins sont les grands noms du ballet.
274
+
275
+ La cuisine américaine est à l'image du peuplement du pays, c'est-à-dire diverse et métissée. Toutefois, les principaux apports sont allemand, hollandais et irlandais et ces influences perdurent jusqu'à nos jours. La cuisine amérindienne compte également beaucoup : les recettes traditionnelles des Indiens d'Alabama sont préservées et protégées comme un patrimoine culturel[122].
276
+
277
+ Il existe également de nombreux plats et cuisines régionaux : cuisine amish en Pennsylvanie, cuisine cadienne de la Louisiane, cuisine paysanne du Vieux Sud (dont la cuisine virginienne), californienne ou de la Nouvelle-Angleterre. C'est aux États-Unis que sont nés la cuisine rapide (fast-food) et les produits de consommation de masse, qui se sont diffusés dans le monde entier (Coca-Cola, McDonald's entre autres).
278
+
279
+ Depuis la fin du XVIIIe siècle, la religion est officiellement séparée de l'État et ce principe est assuré par la constitution (article VI et premier amendement). Dans la constitution et dans la Déclaration des Droits , il n'est jamais fait référence à Dieu ou à la Providence[123]. Cependant, il se retrouve sur la monnaie américaine : « In God We Trust » (qui signifie « En Dieu nous croyons ») est depuis 1956 la devise nationale et a été déclarée juridiquement compatible avec la constitution. Néanmoins, l'État fédéral ne subventionne aucune école religieuse au nom de la liberté religieuse[124]. Depuis 1962, la prière à l'école est prohibée par l'arrêt Engel contre Vitale[123]. Enfin, il ne faut pas oublier que le premier amendement garantit la non-ingérence de l'État dans les religions et la liberté de culte.
280
+
281
+ La société américaine accorde une place importante à la religion et à la spiritualité : par exemple, on peut trouver dans chaque chambre d'hôtel une Bible, dans les rues des drapeaux et autres vignettes clamant la souveraineté et la miséricorde de Jésus, et le président américain n'hésite pas à évoquer Dieu dans ses discours. On parle ainsi souvent de « religion civile ». La grande diversité des Églises et le dynamisme dont elles font preuve sont en grande partie expliqués par l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, les différentes Églises sont impliquées dans la vie sociale et politique de la nation. L'athéisme a tendance à progresser aux États-Unis[125]. Les athées américains s'organisent en associations parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, la Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays[125]. La composante chrétienne se voit renforcée aux États-Unis du fait de l'immigration soutenue provenant des pays hispaniques dont les populations sont majoritairement catholiques redonnant ainsi vigueur au catholicisme américain notamment dans les États de Californie, Arizona, Texas et Floride.
282
+
283
+ D'après une étude réalisée en 2014 par le Pew Research Center, 70,6 % des Américains se déclarent chrétiens (dont 46,5 % protestants et 20,8 % catholiques), 22,8 % n'ont pas de religion et 5,9 % pratiquent une autre religion (judaïsme - 1,9 %, islam - 0,9 %, bouddhisme - 0,7 %, hindouisme - 0,7 %, autres religions - 1,8 %)[126].
284
+
285
+ Depuis la fin du XIXe siècle, le baseball était considéré comme le sport national des États-Unis, avant d'être concurrencé puis égalé par le football américain[127]. La compétition automobile (Nascar), le basket-ball et le hockey sur glace sont d'autres disciplines majeures (dans cet ordre) dans le pays[127]. La boxe et les courses de chevaux sont les sports individuels les plus suivis, même s'ils sont concurrencés par le golf. Le football, appelé soccer aux États-Unis, est largement pratiqué par les jeunes et les équipes d'amateurs. Le tennis et d'autres sports de plein air sont également appréciés.
286
+
287
+ Si de nombreux sports ont été importés d'Europe, c'est aux États-Unis qu'est né le basket-ball: il fut inventé par le canadien James Naismith à Springfield (Massachusetts) en 1891. Quant à la crosse, elle dérive de pratiques autochtones précoloniales. Le surf existait dans les îles Hawaï dès le XVe siècle et fut remis au goût du jour par Duke Kahanamoku (1890-1968). Le skateboard et le snowboard ont été inventés aux États-Unis au XXe siècle.
288
+
289
+ Neuf jeux olympiques eurent lieu sur le territoire américain, cinq d'été (St Louis, 1904 ; Los Angeles, 1932 ; Los Angeles, 1984 ; Atlanta, 1996 ; Los Angeles, 2028), quatre d'hiver (Lake Placid, 1932 ; Squaw Valley, 1960 ; Lake Placid, 1980 ; Salt Lake City, 2002). Les athlètes américains ont remporté un total de 2 520 médailles depuis les débuts des jeux olympiques d'été, soit plus qu'aucun autre pays. Le pays occupe la quatrième place derrière l'Allemagne, la Norvège et la Russie pour les jeux olympiques d'hiver, avec 282 médailles. Plusieurs sportifs américains sont devenus célèbres dans le monde : on peut citer, parmi tant d'autres les joueurs de baseball Mickey Mantle et Babe Ruth, le boxeur Mohamed Ali, le joueur de tennis John McEnroe, l'athlète Carl Lewis, le joueur de basketball Michael Jordan, le golfeur Tiger Woods ou le nageur Michael Phelps.
290
+
291
+ Parmi les plus importantes manifestations sportives, on trouve le Super Bowl (finale du football américain), les World Series (finale de baseball), l'Indianapolis 500 (course automobile à la renommée mondiale), l'US Open de tennis, ou le marathon de New York. Une proportion importante des bourses d'études universitaires est attribuée à des athlètes. Le marché du sport professionnel aux États-Unis est d'environ 69 milliards de dollars, soit environ 50 % de plus que celui de l'ensemble de l'Europe, du Moyen-Orient et de l'Afrique réunis[128].
292
+
293
+ Certains jours sont fériés dans un État, mais pas dans l'autre : en Californie par exemple, le César Chávez Day (31 mars) ou le Native American Day (le 4e lundi de septembre), les écoles publiques peuvent être fermées.
294
+
295
+ Les États-Unis ont pour codes :
296
+
297
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3352.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3353.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,47 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Fleuve est un terme ambigu[1],[2],[3],[4] en français, où il désigne :
2
+
3
+ Le terme de rivière peut, de la même façon, qualifier un cours d'eau d'importance plus faible, même s'il se jette dans la mer[9] ou tout cours d'eau se jetant dans un fleuve ou une autre rivière. Jusqu'au XVIIIe siècle, une rivière peut également indifféremment désigner des cours d'eau comme la Seine, l'Oise ou l'Aisne[3].
4
+
5
+ En hydrographie contemporaine, la description d'un réseau fait appel à d'autres variables telles que les nombres de Strahler, l'importance des bassins versant et des régimes hydrologiques ; les fleuves obtenant dans ces critères les rangs les plus élevés.
6
+
7
+ Aux grandes échelles temporelles et géologiques, la dérive des continents, les transformations morphologiques naturelles, le réchauffement ou le refroidissement planétaire entraîne au rythme des phases glaciaires et interglaciaires des modifications régulières et très importantes des longueurs, largeur, débit et configuration des fleuves sur toute la surface du globe.
8
+
9
+ Il est difficile de mesurer, modéliser ou cartographier finement la longueur d'un fleuve et d'autres de ses caractéristiques[10], pour plusieurs raisons :
10
+
11
+ Les prospectivistes doivent aussi maintenant prendre en compte le dérèglement climatique et les besoins d'adaptation au changement climatique, pour l'homme comme pour les espèces des milieux aquatiques[12],[13],[14].
12
+
13
+ L'espace qu'occupe un cours d'eau varie selon son hydrologie[15] :
14
+
15
+ La faune et la flore, et en particulier les ripisylves, les grands herbivores et le castor interagissent naturellement avec l'écologie fluviale et la forme et le débit des cours d'eau. Depuis 200 ans, c'est l'homme et ses aménagements qui sont devenus la première cause de changement écologique et morphologique des cours d'eau, avec les barrages notamment.
16
+
17
+ Dans certains contextes (sols et substrats perméables ou semi-perméables), le lit interagit fortement avec des cours d'eau souterrains, les nappes (Loi de Darcy) et les zones humides adjacentes ou sous-jacentes et avec un compartiment sous-fluvial qui peut abriter une faune une biodiversité spécifique[16] généralement plutôt étudiée dans le cadre de l'« écologie souterraine ». L'eau souterraine constitue environ 98 % des ressources en eau contre moins de 2 % pour les lacs et les cours d'eau).
18
+
19
+ Dans l'hydrosphère, les fleuves sont classés parmi les systèmes lotiques, c'est-à-dire caractérisés par un certain débit, par opposition aux systèmes « lentiques » plus lents ou stables.
20
+
21
+ Ils abritent une succession d'écosystèmes, des sources à l'estuaire, chacun caractérisé par une faune, une flore, des champignons et des micro-organismes, planctoniques notamment[17] adaptés à la force du courant, à la profondeur et au débit de l'eau, à sa turbidité, son pH, sa dureté, etc.
22
+
23
+ La plupart des fleuves sont accompagnés d'« annexes écologiques » (zones humides, bras-morts et restes d'anciens méandres, etc.) et d'un « second fleuve » dit « compartiment sous-fluvial », qui s'écoulent beaucoup plus lentement dans le sol sous le précédent et à ses abords, avec des espèces spécifiques là où les eaux souterraines ou interstitielles permettent la vie.
24
+
25
+ Tous les fleuves sont aussi des corridors écologiques.
26
+
27
+ Plus des deux tiers des fleuves dépassant les 1 000 km sont entravés par des constructions humaines créées soit pour éviter les inondations, soit pour générer de l’électricité[18].
28
+
29
+ Les trois plus longs fleuves au monde sont le Nil avec 6 718 km[19], suivi par l'Amazone avec 6 500 km environ, et le Yangtsé avec 6 300 km.
30
+
31
+ L'Amazone est cependant le fleuve qui possède, et de loin, le plus grand bassin versant (6 150 000 km2) et le plus grand débit (190 000 m3/s)[4].
32
+
33
+ En Europe, les plus grands fleuves sont la Volga avec 3 700 km et le Danube avec 3 019 km (voir Delta du Danube).
34
+
35
+ En France le plus petit fleuve est la Veules long de 1 149 mètres.
36
+
37
+ Les données suivantes correspondent à une longueur moyenne estimée. La mesure de la longueur d'un fleuve dépend largement de la définition de la source, et de l'estuaire. De grandes différences de mesure existent et permettent de ce fait des contestations de ce classement.
38
+
39
+ Pour les trois premières places :
40
+
41
+ Les quatrième à septième places font consensus :
42
+
43
+ Pour les trois dernières places :
44
+
45
+ Sur les autres projets Wikimedia :
46
+
47
+ Voir la palette Morphologie de cours d'eau en fin d'article
fr/3354.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,230 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Les grandes découvertes sont la période historique qui s'étend du début du XVe siècle jusqu'au début du XVIIe siècle. Durant cette période, les monarchies et de riches compagnies commerciales européennes financent de grandes expéditions dans le but d'explorer le monde, cartographier la planète et établir des contacts directs avec l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et l'Océanie. L'expression d’Âge des découvertes est également utilisée par les cartographes.
2
+
3
+ Les Portugais vont explorer les côtes de l'Afrique sous l'impulsion du prince Henri dit « le Navigateur ». Ils atteignent l'océan Indien en 1488 en contournant le cap de Bonne-Espérance. Dinis Dias découvre le Cap-Vert en 1444. Le Sénégal est visité par Alvise Cadamosto en 1455 et quant à Gambie, elle est remontée par Diogo Gomes en 1456. En cherchant une nouvelle voie vers l'Asie, le navigateur italien Christophe Colomb — financé par la monarchie espagnole — traverse l'océan Atlantique et atteint en 1492 un « Nouveau Monde » : l'Amérique. Pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal, le traité de Tordesillas (1494) partage le monde en deux zones d'explorations où chacun des protagonistes aura l'exclusivité des droits sur ces découvertes. En 1498, une expédition portugaise menée par Vasco de Gama réalise finalement le rêve d'établir une liaison maritime avec l'Inde en naviguant autour de l'Afrique. Peu après, ils atteignent les « îles aux épices » en 1512 et la Chine, un an plus tard. Les explorations vers l'ouest et vers l'est se superposent lorsque l'Espagnol Juan Sebastián Elcano termine la première circumnavigation de la Terre en 1522. Dans le même temps, les conquistadors espagnols explorent l'intérieur des terres américaines et détruisent les empires amérindiens. À partir du XVIe siècle les Français, les Anglais et les Hollandais se lancent dans la course et contestent le monopole ibérique sur le commerce maritime. Ils participent à l'exploration des Amériques mais surtout à celle de l'Océanie. Parallèlement aux explorations maritimes, les Russes explorent et conquièrent la quasi-totalité de la Sibérie.
4
+
5
+ Au même titre que la Renaissance, l'« Âge des découvertes » constitue un pont entre Moyen Âge et Époque moderne. L'imprimerie (qui vient d'apparaître) contribue à répandre les récits d'exploration et les cartes de terres lointaines et alimente ainsi la montée de l'humanisme et du questionnement scientifique et intellectuel. L'expansion européenne mène à la mise en place des empires coloniaux : les contacts entre Ancien et Nouveaux Mondes produisent l'échange colombien qui désigne le transfert massif entre les hémisphères occidentaux et orientaux de plantes, d'animaux, de populations (dont les esclaves), de maladies infectieuses et de culture. Cette première mondialisation engendre des modifications écologiques, agricoles et culturelles parmi les plus importantes de l'histoire. L'exploration européenne continue jusqu'au XXe siècle, date à laquelle on estime que la totalité des terres émergées est cartographiée.
6
+
7
+ Autrefois qualifiée de l'ère des grandes découvertes, l'historiographie préfère aujourd'hui reconnaître l'aspect bilatéral de la rencontre de deux civilisations[1]. En 1992, de nombreux colloques et publications célébrant le 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique ont fait émerger l'expression de rencontre de deux mondes ou plus simplement de rencontres, en mettant en évidence que la notion des « grandes découvertes géographiques » n'est « qu'une construction intellectuelle du XIXe siècle, élaborée à son tour à partir d’une série de mythes fondateurs issus de stratégies éditoriales, politiques et religieuses du XVIe siècle, diffusés et consolidés par l’intermédiaire d’instruments, tels que l’iconographie et la littérature[2] ».
8
+
9
+ Au début du XVe, les Européens ont une très bonne idée de l'Europe et du bassin Méditerranéen, et quelques notions du reste de l'Afrique et de l'Asie, mais ces dernières restent confuses. Ils se doutent aussi que la Terre est ronde mais ne connaissent pas bien ses dimensions[3]. À la fin du XVIe siècle, les Européens ont découvert la côte Est de l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale, les littoraux de l'Amérique du Sud et de l'Afrique, ainsi qu'une grande partie de l'Asie (Sibérie, Inde).
10
+
11
+ À la fin du siècle, il reste encore beaucoup de territoires inconnus des Européens, comme l'Australie ou le centre de l'Afrique (et sans parler des régions polaires), mais les Européens ont une connaissance beaucoup plus précise des masses continentales, comme en témoignent les cartes de l'époque[4].
12
+
13
+ De nombreuses avancées technologiques diffusées à la fin du Moyen Âge, comme la caravelle ou l'astrolabe ont permis aux Européens une navigation plus sûre et grandement améliorée. La volonté de répandre la foi chrétienne et de découvrir de nouvelles voies maritimes et commerciales vers l'Asie a aussi joué en faveur des grandes découvertes.
14
+
15
+ Les connaissances européennes sur l'Asie au-delà des limites de l'Empire byzantin reposent sur des documents vagues, souvent obscurcis par des légendes et remontent parfois à l'époque des conquêtes d'Alexandre le Grand. Une autre source provient des Radhanites, marchands juifs qui établissent des routes commerciales entre l'Europe et le monde musulman à l'époque des Croisades. En 1154, le géographe arabe Al Idrissi réalise une carte, Tabula Rogeriana, rassemblant toutes les connaissances de son époque pour le compte du roi Roger II de Sicile[5],[6].
16
+
17
+ Une série d'expéditions terrestres européennes à travers l'Eurasie à la fin du Moyen Âge constitue le prélude aux grandes découvertes[7]. Les Mongols, après avoir envahi une grande partie de l'Asie et menacé l'Europe, unifient une bonne partie de l'Eurasie et la Pax Mongolica garantit l'existence de routes de commerce sûres entre le Moyen-Orient et la Chine[8],[9]. Plusieurs Européens en profitent pour explorer l'Orient: La plupart sont Italiens car le commerce entre l'Europe et le Moyen-Orient est contrôlé par les républiques maritimes comme Venise.
18
+
19
+ Des ambassadeurs chrétiens sont envoyés jusqu'à Karakorum dans l'actuelle Mongolie. Parmi eux, on peut citer Jean de Plan Carpin, envoyé par le pape Innocent IV à la cour du Grand Khan de 1241 à 1247[8]. Au même moment, Iaroslav II Vladimirski et ses fils André II Vladimirski et Alexandre Nevski se rendent à Karakorum mais ne laissent aucun récit détaillé. D'autres voyageurs comme le Français André de Longjumeau (en 1245 et 1249) et le Flamand Guillaume de Rubrouck traversent l'Asie centrale jusqu'en Chine[10]. Marco Polo relate dans le Devisement du monde, le récit détaillé de ses voyages en Asie entre 1271 et 1295 en tant qu'hôte de la dynastie Yuan de Kubilai Khan[11].
20
+
21
+ En 1291, les deux frères marchands Vandino et Ugolino Vivaldi partent de Gênes avec deux galères pour explorer l'Atlantique mais disparaissent le long de la côte marocaine, ce qui alimente les craintes sur la navigation dans l'Atlantique[12]. De 1325 à 1354, un érudit marocain Ibn Battûta réalise un impressionnant voyage qui l’amène de Tombouctou au sud à Bulghar (en actuelle Russie, sur la Volga) au nord et de Tanger à l’ouest à Quanzhou en Extrême-Orient. Ses récits sont compilés par Ibn Juzayy en un livre appelé Rihla (voyage). À partir de 1357, un livre retraçant les voyages supposés de Jean de Mandeville, le Livre des merveilles du monde, connaît un important succès malgré ses descriptions souvent fantastiques et douteuses.
22
+
23
+ En 1400, une traduction latine de la Géographie de Ptolémée atteint l'Italie depuis Constantinople. La redécouverte des connaissances antiques permet aux cartographes de l'époque d'améliorer leur compréhension du monde. En 1439, Nicolò de' Conti publie un récit de ses voyages en Asie du Sud-Est et Athanase Nikitine fait de même pour l'Inde en 1472.
24
+
25
+ Ces périples terrestres ont peu d'effets immédiats. L'Empire mongol s'effondre presque aussi vite qu'il était apparu et la route vers l'est devient beaucoup plus dangereuse. La peste noire du XIVe siècle ralentit le commerce terrestre tout comme la montée en puissance de l'Empire ottoman et force les Européens à chercher de nouvelles routes commerciales.
26
+
27
+ En 1368, après le renversement de la dynastie Yuan, les Mongols perdent la plupart de la Chine au profit de la dynastie Ming. Les Chinois établissent des relations commerciales maritimes jusqu'en Arabie depuis la dynastie Tang (618-907). Entre 1405 et 1421, le troisième empereur Ming Yongle encourage une série de voyages lointains dans l'océan Indien sous le commandement de l'amiral Zheng He[13]. À la différence des futurs voyages européens, ces expéditions ont un caractère essentiellement diplomatique.
28
+
29
+ Une large flotte de jonques est préparée pour ces voyages dont certaines mesurent plus de 60 mètres de longueur et des milliers de marins sont embarqués. Au moins sept expéditions sont lancées à partir de 1405, chacune étant plus ambitieuse que la précédente. Les flottes visitent l'Arabie, l'Afrique orientale, l'Inde, l'Insulinde et le Siam[14]. Zheng He offre des présents en or, en argent, en porcelaine et en soie et reçoit en échange des animaux exotiques comme des girafes, des autruches ou de l'ivoire[15],[16]. Cependant, la mort de l'empereur en 1433 entraîne l'arrêt brutal de ces expéditions très coûteuses pour le pouvoir. La Chine entre dans une période d'isolationnisme connue sous le nom d'haijin.
30
+
31
+ Du XIIIe au XVe siècle, les républiques maritimes italiennes possèdent le monopole du commerce entre l'Europe et le Moyen-Orient. Le commerce de la soie, des épices et de l'encens rend ces cités extraordinairement prospères et riches. Les épices sont parmi les produits les plus rares et les plus chers du Moyen Âge et se trouvent utilisés pour la médecine médiévale. Les épices — importées d'Asie et d'Afrique — sont à ce point importantes dans le concept médiéval de la théorie des humeurs que peu après la mise en place de routes de commerce maritimes, des apothicaires et des médecins comme Tomé Pires[17] ou Garcia de Orta envoyés en Inde pour étudier les espèces d'épices, rapportent leurs découvertes dans le Suma oriental[18] et dans les Colóquios dos simples e drogas da Índia. D'autres débouchés sont les rituels religieux, la cosmétique, la parfumerie et comme additif ou conservateur alimentaire[19].
32
+
33
+ Les marins musulmans basés au Yémen et à Oman qui dominent les routes maritimes dans tout l'océan Indien, achètent les épices en Asie du Sud-Est et les transfèrent dans les riches villes marchandes de l'Inde comme Kozhikode (Calicut) puis jusque dans le golfe Persique et la mer Rouge. À partir de là, les épices sont transportées par terre jusqu'aux côtes méditerranéennes. Les marchands, principalement vénitiens, redistribuent ensuite ces produits dans toute l'Europe. Cependant, la montée en puissance de l'Empire ottoman et la chute de Constantinople en 1453 induisent une forte hausse des taxes qui prive les Européens d'importantes routes commerciales.
34
+
35
+ Les Européens sont donc contraints de trouver de nouvelles voies d'approvisionnement. D'autant plus qu'ils souffrent d'un déficit grandissant en or et en argent[20] car les pièces utilisées pour acheter les épices et la soie affluent hors du continent pour l'Orient. La plupart des mines européennes s'épuisent ou deviennent inexploitables, compte tenu de la technologie disponible. Le manque de métaux précieux mène à la création d'un complexe système bancaire destiné à gérer les risques du commerce : la première banque véritable, l'Office de Saint Georges est fondée en 1407 à Gênes.
36
+
37
+ Pour leurs premières expéditions, les Européens utilisent la boussole. Cependant, les progrès de la cartographie et de l'astronomie entraînent l'apparition de l'astrolabe, du quadrant plus précis, et de la navigation astronomique. Les navigateurs restent à proximité des côtes et pratiquent le cabotage, guidés par des portulans, cartes qui indiquent les routes les plus sûres et les dangers de la navigation. Ainsi, les marins partent d'un point connu et se dirigent avec leur boussole, en s'aidant des indications des portulans pour trouver leur route[21]. On doit ainsi aux Portugais, à la charnière des XVe et XVIe siècles, la mise au point du premier système de navigation universelle avec l'utilisation maritime des portulans et de la détermination de la latitude par la hauteur de l'étoile polaire et du soleil méridien[22].
38
+
39
+ En 1297, après la fin de la Reconquista portugaise, le roi Denis Ier de Portugal s'intéresse personnellement au commerce et signe en 1317 un accord avec le marchand génois Manuel Pessanha, faisant de lui le premier amiral de la marine portugaise avec pour mission de défendre le pays contre les pirates musulmans[23]. L'épidémie de peste noire entraîne une sévère perte de population dans la seconde moitié du XIVe siècle et la plus grande partie de la population se tourne vers la mer pour pêcher et commercer le long des côtes[24]. Entre 1325 et 1357, le roi Alphonse IV de Portugal encourage le commerce maritime et lance les premières expéditions[25]. Les îles Canaries, connues depuis l'Antiquité, sont revendiquées à la fois par le Portugal et la Castille[26],[27]. En 1415, le Portugal s'empare de la ville de Ceuta dans le but de contrôler la navigation sur les côtes africaines. Le jeune prince Henri participe à l'attaque et réalise la richesse apportée par le commerce transsaharien. Depuis des siècles, les routes commerciales arabes lient la côte méditerranéenne à l'Afrique de l'Ouest à travers le Sahara. Les Africains fournissent des esclaves et de l'or en échange de sel et de produits manufacturés.
40
+
41
+ Henri veut savoir jusqu'où s'étend la domination musulmane en Afrique pour pouvoir commercer par mer directement avec l'Afrique de l'Ouest[28], il cherche également à trouver le légendaire royaume chrétien du prêtre Jean pour pouvoir prendre les musulmans à revers[29] et une route maritime vers les Indes orientales pour participer au très profitable commerce des épices. Il crée un groupe de marchands, d'armateurs, de cartographes et d'investisseurs dans la forteresse de Sagres dans le but d'organiser des expéditions le long des côtes africaines jusqu'en Mauritanie. Il reçoit ainsi son surnom d'Henri le Navigateur. Madère est ainsi atteinte en 1419 et les Açores en 1427. Les portugais en prennent possession et les colonisent très rapidement.
42
+
43
+ À cette époque, les cartes européennes s'arrêtent au cap Chaunar sur la côte africaine et personne ne sait s'il est possible de revenir de la mer des Ténèbres qui se trouve au-delà[30]. Malgré les mythes avertissant de la présence de monstres marins, le cap est franchi en 1421 et en 1434, Gil Eanes dépasse le dangereux cap Bojador mettant fin aux vieilles légendes.
44
+
45
+ L'introduction de la caravelle au milieu du XVe siècle représente une avancée majeure : elle est capable de remonter le vent mieux que n'importe quel autre navire de l'époque[31]. Issues des bateaux de pêches, elles sont les premiers navires à pouvoir naviguer en haute-mer à distance des récifs côtiers. La diffusion des éphémérides permet la navigation astronomique et l'orientation en pleine mer sans repère terrestre. Ces tables révolutionnent la navigation en permettant de calculer la latitude. Le calcul de la longitude demeure cependant aléatoire[32],[33]. Ainsi, l'exploration peut continuer progressant d'environ un degré par an[34]. L'actuel Sénégal et la presqu'île du Cap-Vert sont atteints en 1444 par Dinis Dias. Un an plus tard António Fernandes avance jusqu'à l'actuelle Sierra Leone.
46
+
47
+ La prise de Constantinople par les Ottomans en 1453 représente un choc pour la chrétienté et ralentit fortement le commerce avec l'Orient. En 1455, le pape Nicolas V rédige la bulle Romanus pontifex, qui renforce la précédente Dum Diversas de 1452, qui accordait toutes les terres découvertes au-delà du cap Bojador au roi Alphonse V de Portugal et à ses successeurs et autorisait l'asservissement des païens de ces régions[35]. Le roi commande alors une carte à des experts génois pour trouver une route vers l'Asie. Ceux-ci livrent la carte de Fra Mauro, probablement inspirée de la carte Kangnido d'origine chinoise, à Lisbonne en 1459[36].
48
+
49
+ En 1456, Diogo Gomes atteint l'archipel du Cap-Vert. Dans la décennie qui suit, les capitaines vénitien Alvise Cadamosto et génois António Noli au service du roi Henri fondent la ville de Cidade Velha, première ville européenne sous les tropiques.
50
+
51
+ Le prince Henri meurt en novembre 1460. Les faibles revenus issus des explorations font que le marchand Fernão Gomes reçoit en 1469 le monopole du commerce dans le golfe de Guinée en échange de quoi il est tenu d'explorer 100 miles par an durant cinq ans[37]. Avec son soutien, les navigateurs João de Santarém, Pedro Escobar, Lopo Gonçalves, Fernando Póo et Pêro de Sintra vont plus loin que ce qui avait été convenu. Ils atteignent l'hémisphère Sud et les îles du golfe de Guinée dont Sao Tomé-et-Principe et explorent la côte de l'actuel Ghana en 1471. Dans l'hémisphère sud, les marins découvrent la Croix du sud comme point de référence pour la navigation astronomique.
52
+
53
+ En 1481, le nouveau roi Jean II de Portugal décide d'implanter le comptoir d'Elmina au Ghana pour exploiter les alluvions chargées d'or. En 1482, le fleuve Congo est exploré par Diogo Cão[38] qui en 1486 atteint le Cape Cross dans l'actuelle Namibie.
54
+
55
+ L'avancée suivante est capitale. En 1488, Bartolomeu Dias franchit la pointe sud de l'Afrique qu'il nomme le « cap des Tempêtes » (Cabo das Tormentas) et continue jusqu'à l'actuel Port Elizabeth prouvant que l'océan Indien est accessible par l'Atlantique. Simultanément Pêro da Covilhã est envoyé secrètement par terre jusqu'en Éthiopie où il acquiert des informations sur la mer Rouge et la côte orientale de l'Afrique laissant supposer que la route des Indes est ouverte[39]. Le Cap des tempêtes est rapidement renommé « cap de Bonne-Espérance » (Cabo da Boa Esperança) par le roi Jean II à cause de l'espoir suscité par la possibilité d'une route vers l'Inde.
56
+
57
+ Le voisin et rival du Portugal, la Castille avait commencé à s'implanter dans les îles Canaries au large de la côte africaine en 1402 mais avait été détourné par des problèmes internes et la poursuite de la guerre avec les musulmans durant la plus grande partie du XVe siècle. L'achèvement de la Reconquista et l'union des royaumes de Castille et d'Aragon à la fin du XVe siècle permettent à l'Espagne de se consacrer à la recherche de nouvelles voies maritimes. La Couronne d'Aragon est un important potentat maritime en Méditerranée contrôlant des territoires dans l'Est de l'Espagne, le Sud de la France, la Sardaigne, la Sicile, Malte et le Royaume de Naples et des possessions jusqu'en Grèce. En 1492, les monarques catholiques envahissent le Royaume Maure de Grenade et décident de financer l'expédition de Christophe Colomb dans l'espoir de contourner le monopole portugais sur les routes maritimes le long de l'Afrique en atteignant les « Indes » (Est et Sud de l'Asie) par l'Ouest[40]. Par deux fois, en 1485 et 1488, le projet de Colomb avait été refusé par le Portugal.
58
+
59
+ Le 3 août 1492, Christophe Colomb quitte Palos de la Frontera avec trois navires, une caraque, la Santa Maria et deux caravelles, La Pinta et La Niña. Colomb fait d'abord escale aux Canaries où il se réapprovisionne et avance dans l'Atlantique dans ce qui sera nommé la mer des Sargasses.
60
+
61
+ L'expédition atteint les Bahamas le 12 octobre 1492 et Colomb pense avoir atteint les Indes occidentales. Il explore ensuite la côte Nord de Cuba et celle d'Hispaniola. Il est reçu par le cacique Guacanagari qui lui donne la permission de laisser quelques hommes derrière lui. Il fonde La Navidad dans l'actuel Haïti et y laisse 39 hommes[41]. Avant de repartir, il enlève une vingtaine d'autochtones dont seuls sept ou huit arrivèrent vivants en Espagne où ils firent forte impression à la cour du roi[42]. Il arrive à son port d'attache le 15 mars 1493 et la nouvelle de la découverte de nouvelles terres à l'ouest se répand rapidement en Europe[43].
62
+
63
+ Colomb et les autres explorateurs espagnols sont initialement déçus par leurs découvertes. À la différence de l'Asie et de l'Afrique, les habitants des Caraïbes ont peu de choses à échanger avec les navires espagnols. Il faudra attendre l'exploration du continent pour que les richesses attendues ne soient découvertes.
64
+
65
+ Après la découverte des « Indes occidentales », une répartition des zones d'influences devient nécessaire pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal[44]. Deux mois après le retour de Colomb, le pape Alexandre VI publie la bulle Inter caetera statuant que toutes les terres situées à l'ouest d'une ligne passant à 100 lieues des Açores appartenaient à l'Espagne. Il n'est cependant pas dit si les terres à l'est reviennent au Portugal. Le roi Jean II de Portugal n'est pas satisfait d'autant qu'une autre bulle donne à l'Espagne la souveraineté sur l'Inde même si celle-ci se trouve à l'est de ce méridien. Il négocie donc directement avec les monarques espagnols[45]. Un accord est trouvé en 1494 avec le traité de Tordesillas qui « divise » le monde entre les deux puissances. Dans ce traité, les Portugais reçoivent toutes les terres se trouvant à l'Est d'une ligne passant à 370 lieues des îles du Cap-Vert et les Espagnols toutes les terres à l'Ouest. Les autres puissances maritimes européennes (France, Angleterre, Pays-Bas…) se voient refuser tout droit sur ces nouvelles terres et ne peuvent dans un premier temps que recourir à la piraterie et à la contrebande pour profiter des richesses du Nouveau Monde.
66
+
67
+ Très peu de choses étaient connues sur les territoires à l'ouest du méridien de Tordesillas. Peu après le premier voyage de Christophe Colomb, un grand nombre d'explorateurs se lancent à la découverte de ces nouvelles terres. Jean Cabot, un marin italien soutenu par le roi Henri VII d'Angleterre quitte Bristol en 1497. Probablement financé par la Society of Merchant Venturers, Cabot traverse l'Atlantique par le Nord dans l'espoir de trouver une route plus rapide vers les « Indes occidentales »[46] et arrive quelque part en Amérique du Nord, probablement à Terre-Neuve.
68
+
69
+ En 1499, João Fernandes Lavrador et Pêro de Barcelos, financés par le roi du Portugal, découvrent le Labrador. Au même moment, les frères Gaspar et Miguel Corte-Real explorent les côtes du Groenland et de Terre-Neuve[47]. Les deux explorations sont mentionnées sur le planisphère de Cantino de 1502.
70
+
71
+ En 1497, le nouveau roi Manuel Ier de Portugal envoie une flotte d'exploration vers l'Est menée par Vasco de Gama pour achever le projet de ses prédécesseurs de trouver une route vers l'Inde. En juillet 1499, ce dernier revient à Lisbonne avec un important chargement d'épices et la nouvelle selon laquelle les Portugais ont atteint l'Inde se répand rapidement en Europe[48]. Alors que Colomb organise deux nouveaux voyages vers l'Amérique centrale, une seconde expédition portugaise est assemblée pour partir en Inde. La flotte de treize navires et 1 500 hommes quitte Lisbonne le 9 mars 1500. Le commandant est Pedro Álvares Cabral et il est accompagné par les marins Bartolomeu Dias, Nicolau Coelho et le notaire Pero Vaz de Caminha. Pour éviter les eaux sans vent du golfe de Guinée, la flotte s'oriente vers le sud-ouest. Le 21 avril, une montagne apparaît à l'horizon et est nommé Monte Pascoal ; le 22 avril, la flotte accoste sur la côte du Brésil et trois jours plus tard, elle jette l'ancre dans une baie nommée Porto Seguro. Cabral soupçonne que cette nouvelle terre se trouve à l'est du méridien de Tordesillas et renvoie un navire vers le Portugal avec l'importante nouvelle. Pensant avoir découvert une île, Cabral nomme cette terre Ilha de Vera Cruz (île de la Vraie Croix). Certains historiens soutiennent que les Portugais connaissaient l'existence du saillant sud-américain auparavant d'où l'insistance du roi Jean II pour déplacer le méridien de Tordesillas vers l'Ouest[49].
72
+
73
+ À l'invitation du roi Manuel Ier de Portugal, Amerigo Vespucci[50], Florentin travaillant à Séville pour la banque des Medicis, organise deux expéditions vers la Guyane avec Juan de la Cosa[51]. Voyages rendus célèbres par la publication entre 1502 et 1504 de trois lettres qui lui sont attribuées. Pour les Européens, il devient de plus en plus clair que Colomb n'a pas atteint l'Asie mais plutôt un Nouveau Monde, l'Amérique ainsi nommée en 1507, à Saint-Dié-des-Vosges, par les cartographes lorrains Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann. Probablement en référence à Amerigo Vespucci premier Européen à avoir suggéré que ces terres ne sont pas l'Asie mais bien un « Nouveau Monde »[52]. Le Mundus novus, titre latin d'un document basé sur les lettres de Vespucci à Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis connait un grand succès en Europe[53].
74
+
75
+ Protégées de la compétition directe avec l'Espagne grâce au traité de Tordesillas, les expéditions portugaises vers l'Est avancent rapidement. Par deux fois, en 1485 et 1488, le Portugal refuse officiellement l'idée de Christophe Colomb de rallier les Indes en naviguant vers l'Ouest. Les experts du roi Jean II de Portugal pensent en effet que les estimations de distance fournies par Colomb (3 800 km) sont sous-évaluées[54]. De plus, Bartolomeu Dias — parti en 1487 avec l'objectif de dépasser la pointe Sud de l'Afrique — et les experts pensent que voyager vers l'Est serait bien plus court. Le franchissement du cap de Bonne-Espérance en 1488 et le voyage de Pêro da Covilhã en Éthiopie par la terre indiquent que les richesses de l'océan Indien sont accessibles depuis l'Atlantique.
76
+
77
+ Sous l'impulsion du nouveau roi Manuel Ier de Portugal, une petite flotte d'exploration composée de quatre navires et de 170 hommes quitte le port de Lisbonne en juillet 1497 sous le commandement de Vasco de Gama. En décembre, la flottille dépasse le point où Dias avait fait demi-tour et entre dans des eaux inconnues. Le 20 mai 1498, ils arrivent à Calicut. Cependant Gama est handicapé par le manque de marchandises précieuses lui permettant d'acheter les produits rares qu'il convoite. Deux ans après leur départ, Gama et 55 hommes reviennent victorieusement au Portugal comme les premiers marins à avoir navigué directement d'Europe en Inde.
78
+
79
+ En 1500, une seconde flotte bien plus imposante de treize navires et 1 500 hommes est envoyée en Inde. Sous le commandement de Pedro Álvares Cabral, elle découvre la côte brésilienne puis dans l'océan Indien, un des navires atteint Madagascar (1501) qui sera partiellement explorée par Tristan da Cunha en 1507. L'île Maurice est découverte en 1507 et Socotra est occupée en 1506. La même année, Lourenço de Almeida débarque au Sri Lanka, l'île nommée « Taprobane » par les Grecs et les Romains. Les premiers comptoirs sont établis à Kochi et à Calicut en 1501 puis à Goa en 1510.
80
+
81
+ En 1511, Afonso de Albuquerque conquiert Malacca alors pivot du commerce en Asie et lance plusieurs missions diplomatiques à l'est : Duarte Fernandes est ainsi le premier Européen à être reçu à la cour du Royaume du Siam. Il découvre l'emplacement des fameuses « îles aux épices », les Moluques, alors seule zone de production de la muscade et du clou de girofle et y envoie une expédition menée par Antonio de Abreu où ils sont les premiers Européens en 1512[55]. Les Portugais installent un comptoir fortifié sur l'île de Ternate, le fort de São João Baptista de Ternate marquant ainsi leur présence en Insulinde.
82
+
83
+ En mai 1513, Jorge Álvares atteint la Chine : il est le premier à accoster dans le delta de la rivière des Perles. Rafael Perestrelo, un cousin du célèbre Christophe Colomb est le premier à explorer la côte Sud de la Chine et à commercer à Guangzhou[56],[57]. Fernão Pires de Andrade visite la ville en 1517 et y établit un comptoir commercial. En 1557, les Portugais reçoivent l'autorisation d'occuper Macao.
84
+
85
+ Pour renforcer le monopole sur le commerce dans l'océan Indien, Ormuz dans le golfe Persique est envahi par Afonso de Albuquerque en 1507 qui établit des relations diplomatiques avec la Perse. En 1513, en tentant de conquérir Aden, une expédition franchit le détroit de Bab-el-Mandeb et pénètre en mer Rouge. En 1521, une force menée par António Correia envahit Bahreïn annonçant une domination portugaise de 80 ans sur le golfe Persique[58]. En mer Rouge, Massaoua est le point le plus septentrional atteint par les Portugais jusqu'en 1541, lorsqu'une flotte atteint Suez.
86
+
87
+ En 1513, à environ 70 km au sud d'Acandí, dans l'actuelle Colombie, l'Espagnol Vasco Núñez de Balboa est informé des nouvelles inattendues qui évoquent une « autre mer » riche en or. Ce qu'il note avec grand intérêt[59]. Avec peu de ressources et utilisant les informations données par les caciques, il traverse l'isthme de Panama avec 190 soldats, quelques guides locaux et une poignée de chiens. Utilisant un petit brigantin et une dizaine de canoës, ils longent la côte et accostent à l'embouchure du Río Chuchunaque. Le 6 septembre, l'expédition est renforcée par 1 000 hommes qui doivent lutter contre les Indiens Kuna avant d'atteindre les montagnes d'où l'on peut voir l'« autre mer ». Première vision d'un Européen de l'océan Pacifique depuis le Nouveau Monde. L'expédition descend ensuite la chaîne de montagne et navigue jusqu'à la baie de San Miguel. L'objectif principal de Balboa est la recherche d'or mais il découvre un groupe d'îles qu'il nomme l'archipel des perles, nom qu'il porte encore. En 1516, Juan Díaz de Solís navigue jusqu'au Rio de la Plata, dans l'actuelle Argentine, et meurt en tentant de trouver un passage vers le Pacifique par le sud.
88
+
89
+ Dans le même temps, les Portugais présents en Asie du Sud-Est font les premières descriptions du Pacifique occidental en dépassant Bornéo et en atteignant Luçon dans les Philippines actuelles[60].
90
+
91
+ Depuis 1516, de nombreux Portugais opposés au roi Manuel Ier de Portugal se rassemblent à Séville et entrent au service du roi nouvellement couronné Charles Ier d'Espagne (Charles Quint). Parmi eux se trouvent les explorateurs Diogo and Duarte Barbosa, Estevão Gomes, João Serrão et Fernand de Magellan, les cartographes Jorge Reinel et Diego Ribero et le marchand flamand Christopher de Haro. Fernand de Magellan qui avait navigué en Inde pour le compte du Portugal jusqu'en 1513 lorsque les Moluques sont découvertes et qui garde le contact avec Francisco Serrão qui y vivait[66],[67], développe l'idée que ces îles se trouvent dans l'hémisphère dévolu à l'Espagne selon le traité de Tordesillas. Conscient des efforts espagnols pour trouver une route vers l'Inde en passant par l'est, Magellan leur présente un plan pour y arriver.
92
+
93
+ Afin de convaincre le souverain espagnol de soutenir l’expédition, Magellan lui fait remettre, en septembre 1519[68], un mémoire (Lembrança geográfica) dont l’interprétation géographique, par José Manuel Garcia (historien)[69], conteste l’idée reçue selon laquelle Magellan ignorait tout de l’immensité de l’océan Pacifique[70], aboutissant ainsi aux mêmes conclusions que les travaux de Xavier de Castro (nom de plume de Michel Chandeigne[71]), Jocelyn Hamon et Luís Filipe Thomaz sur la question[72] [73] [74].
94
+
95
+ Cette interprétation des différents calculs présentés par Magellan dans ce mémoire géographique laissent effectivement présager un très vaste océan entre le sud du continent américain et l’objectif premier de cette expédition maritime : l’archipel des Moluques (en Indonésie actuelle), ces légendaires « îles aux épices », alors productrices exclusives du clou de girofle[75] [76] [77] [78] [79].
96
+
97
+ Magellan place ainsi les Moluques à environ 4° à l’est du domaine espagnol délimité par la démarcation extrême-orientale – hypothétique – du méridien né du traité de Tordesillas (1494), alors que cet archipel se situe, en réalité, à 5° à l’ouest (et donc dans le domaine portugais) : une erreur d’autant plus faible qu’il était alors impossible de mesurer avec exactitude les longitudes, et que l’emplacement de l’archipel moluquois ne put être mesuré précisément que deux ou trois siècles plus tard[80].
98
+
99
+ Autre argument venant étayer cette interprétation, les conceptions géographiques évoquées dans le Lembrança geográfica de Magellan se retrouvent sur une carte maritime anonyme de 1519, document attribué au cartographe portugais Jorge Reinel qui, avec son père Pedro Reinel également cartographe, avait rejoint Magellan à Séville[81] [82].
100
+ Dès lors, il ne peut être exclu que cette carte était identique aux deux planisphères saisis par les Portugais sur la Trinidad (nef amirale de la flotte) le 28 octobre 1522[83] [84], ou encore semblable au globe peint que, selon le chroniqueur espagnol Bartolomé de Las Casas, Magellan et le cosmographe Rui Faleiro auraient présenté au jeune Charles 1er des Espagnes (futur Charles Quint; empereur du Saint-Empire romain germanique), fin février ou début mars 1518 à Valladolid[85] [86] [87], entrevue royale couronnée de succès puisque le souverain espagnol décida d’avaliser le projet d’expédition vers les Moluques[88].
101
+
102
+ Le roi d'Espagne et Christopher de Haro financent donc l'expédition de Magellan. Celle-ci est composée de cinq navires : le navire amiral et caravelle Trinidad et quatre caraques le San Antonio, la Concepcion, le Santiago et la Victoria ainsi que de 237 hommes de différentes nationalités. La flotte quitte Séville le 10 août 1519 avec l'objectif de rallier les Moluques en naviguant vers l'ouest pour les incorporer dans la zone d'influence espagnole[89].
103
+
104
+ La flotte navigue toujours plus vers le sud en évitant les territoires portugais du Brésil et touche la première la Terre de Feu à l'extrémité sud des Amériques. Le 21 octobre 1520, partant du cap Virgenes elle entame un périlleux voyage à travers les 600 km du détroit que Magellan nomme « détroit de tous les saints », le moderne détroit de Magellan. Le 28 novembre, trois navires entrent dans le Pacifique, ainsi nommé à cause de son apparente tranquillité[90]. L'expédition parvient à traverser le Pacifique, en ne croisant que les îles Infortunées, deux atolls inhabités et atteint les Philippines en mars 1521. Magellan est tué lors de la bataille de Mactan et c'est son second Juan Sebastián Elcano qui prend le commandement de l'expédition qui atteint les Moluques en novembre 1521. Le 6 septembre 1522, la Victoria est le premier navire (et seul rescapé) à réaliser la circumnavigation du monde avec seulement 18 hommes d'équipage. 17 autres arriveront plus tard, 13 capturés par les Portugais au Cap-Vert quelques semaines plus tôt et 5 survivants du Trinidad qui avaient été faits prisonniers par les Portugais en Indonésie. Antonio Pigafetta, un érudit vénitien et assistant de Magellan tint un journal de bord qui reste la source principale d'information sur le voyage.
105
+
106
+ Cette circumnavigation apporte à l'Espagne une connaissance précieuse du monde et de ses océans qui conduit à son installation aux Philippines. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une alternative réaliste à la route portugaise autour de l'Afrique[91] (le détroit de Magellan est trop éloigné et la traversée du Pacifique est trop longue depuis l'Espagne), plusieurs expéditions espagnoles utilisent cette voie pour naviguer depuis la côte mexicaine jusqu'aux Philippines. La seconde circumnavigation, par l'Anglais Francis Drake, n'aura lieu qu'entre 1577 et 1580.
107
+
108
+ Peu après l'expédition de Magellan, les Portugais se dépêchent d'agrandir leur fort sur l'île de Ternate[92]. En 1525, Charles Ier d'Espagne envoie une nouvelle expédition pour coloniser les Moluques qu'il revendique comme faisant partie de la zone dévolue à l'Espagne selon le traité de Tordesillas. La flotte de sept navires et 450 hommes est menée par García Jofre de Loaísa et compte parmi les plus brillants navigateurs espagnols dont Loaísa et Juan Sebastián Elcano qui meurent de maladie et le jeune Andrés de Urdaneta. Près du détroit de Magellan, un des navires est poussé par une tempête au-delà du 56e parallèle sud et le cap Horn est franchi pour la première fois. L'expédition atteint les Moluques avec de grandes difficultés et accoste à Tidore[92]. Le conflit avec les Portugais établis sur l'île voisine devient inévitable et une décennie d'escarmouches commence[94],[95].
109
+
110
+ Comme aucun accord ne prévoyait de limite orientale à la séparation de Tordesillas, les deux royaumes se concertent pour régler le problème. De 1524 à 1529, les experts Portugais et Espagnols se rassemblent à Elvas-Bajadoz sur la frontière entre les deux pays pour déterminer la position exacte de l'antiméridien prolongeant celui de Tordesillas qui divise le monde en deux hémisphères de taille égale. Malgré le talent des scientifiques, les connaissances de l'époque sont insuffisantes pour donner une estimation exacte de la longitude et chaque groupe revendique la souveraineté des îles. Le problème est finalement réglé en 1529 après une longue négociation par le traité de Saragosse qui attribue les Moluques au Portugal et les Philippines à l'Espagne[96]. Des calculs ultérieurs montreront que les deux archipels se trouvent en fait en territoire portugais.
111
+
112
+ Entre 1525 et 1528, le Portugal envoie plusieurs expéditions dans les Moluques. Gomes de Sequeira (pt) et Diogo da Rocha sont envoyés au nord par le gouverneur de Ternate, Jorge de Meneses et sont les premiers Européens à atteindre les Îles Carolines qu'ils nomment « îles de Sequeira »[97]. En 1526, Meneses accoste sur l'île de Waigeo en Nouvelle-Guinée. À partir de là, des historiens menés par l'Australien Kenneth McIntyre proposent une théorie selon laquelle les Portugais et en particulier Cristóvão de Mendonça seraient les premiers Européens à avoir atteint l'Australie.
113
+
114
+ En 1527, l'Espagnol Hernán Cortés organise une flotte pour découvrir de nouvelles terres dans la « mer du Sud » (l'océan Pacifique) et demande à son cousin Alvaro de Saavedra de la commander. Le 31 octobre 1527, Saavedra quitte la Nouvelle-Espagne (Mexique) et arrive en Nouvelle-Guinée. Un des navires atteint les Moluques en octobre 1528. Dans une tentative pour rejoindre la Nouvelle-Espagne, il est repoussé par les alizés venant du Nord-Est. Dans une nouvelle tentative, il découvre les îles de l'Amirauté et les îles Marshall mais ne parvient toujours pas à aller contre les alizés. La route entre les Philippines et le Mexique fut finalement découverte en 1565 par Andrés de Urdaneta[98].
115
+
116
+ Des rumeurs d'îles inconnues au nord-ouest d'Hispaniola arrivent en Espagne et convainquent le roi Ferdinand II d'Aragon d'organiser de nouvelles explorations dans la zone. Tandis que les Portugais réalisent d'énormes bénéfices dans l'océan Indien, les Espagnols entreprennent d'explorer l'intérieur des terres pour découvrir de l'or et des ressources précieuses. Les membres de ces expéditions, les Conquistadores sont généralement des nobles peu fortunés d'Espagne, individualistes, mercenaires dans l'âme qui entendent s'enrichir dans les « Indes » alors qu'ils n'y parvenaient en Europe. Ils s'équipent à leurs propres frais en échange d'une part des profits. Leur organisation ressemble plus à celle d'une milice qu'à celle d'une véritable armée professionnelle[99].
117
+
118
+ Dans les Amériques, les Espagnols découvrent de puissants empires aussi vastes et peuplés que ceux d'Europe. La capitale de l'Empire aztèque, Tenochtitlan compte plus de 200 000 habitants. Pourtant, avec des troupes bien inférieures en nombre à celles des empires auxquels ils s'attaquent, les conquistadores parviennent à soumettre et à éliminer les plus puissants souverains, aidés par une supériorité technologique certaine, une détermination sans faille, des circonstances politiques exceptionnellement favorables et par la propagation de nombreuses maladies apportées par les Européens, qui déciment les habitants du Nouveau Monde pour qui elles sont complètement nouvelles (variole, grippe, typhus…). Une fois sa souveraineté établie, l'Espagne peut se concentrer sur l'extraction et l'exportation de l'or et de l'argent.
119
+
120
+ En 1512, pour récompenser Juan Ponce de León d'avoir exploré Porto Rico en 1508, le roi Ferdinand II lui demande de chercher de nouvelles terres dont il pourrait devenir le gouverneur[100]. Avec trois navires et 200 hommes, León quitte Porto Rico en mars 1513 et arrive en Floride en avril. Il poursuit son voyage vers le nord et rencontre un puissant courant qui le ramène en arrière : première rencontre avec le Gulf Stream qui devient la principale route maritime de l'Amérique centrale vers l'Europe[101].
121
+
122
+ En 1517, le gouverneur de Cuba, Diego Velázquez de Cuéllar organise une flotte sous le commandement de Francisco Hernández de Córdoba pour explorer la péninsule du Yucatán. Cependant, une fois à terre, l'expédition est massacrée par les Mayas et seule une partie de l'équipage parvient à rentrer à Cuba. Velázquez organise alors une nouvelle expédition menée par son neveu, Juan de Grijalva, qui longe les côtes de l'État de Tabasco et découvre l'Empire aztèque. En 1518, Velázquez donne à Hernán Cortés le commandement d'une expédition destinée à sécuriser l'intérieur des terres du Mexique mais craignant que le gouverneur n'annule la mission, Cortés quitte Cuba en février 1519 dans un acte de mutinerie. Avec 11 navires, 500 hommes, 13 chevaux et quelques canons, il accoste sur la côte du Yucatán dans le territoire maya[102] qu'il revendique au nom de la couronne d'Espagne. Il remporte une victoire sur les indigènes et capture La Malinche qui deviendra sa maîtresse. Celle-ci parle le nahuatl (la langue aztèque) et le maya et connaît parfaitement les coutumes amérindiennes ce qui fait d'elle une interprète et une conseillère de très grande valeur. Grâce à elle, Cortés découvre la richesse de l'Empire aztèque.
123
+
124
+ En juillet, il fonde Veracruz sur la côte mexicaine qui devient le principal port sur l'Atlantique de la Nouvelle-Espagne. Cortés demande à plusieurs reprises à rencontrer l'empereur Aztèque Moctezuma II qui refuse à chaque fois. En octobre, Cortés marche vers la capitale Tenochtitlan et noue des alliances avec les tribus locales mécontentes de la domination aztèque. Soutenu par 3 000 Tlaxcaltèques, il entre dans Cholula, la deuxième plus grande ville de l'Empire. Soupçonnant une possible traîtrise des Aztèques, Cortès lance une attaque préventive et massacre plusieurs dizaines de milliers de personnes avant d'incendier la cité.
125
+
126
+ Arrivant à Tenochtitlan le 8 novembre avec une puissante armée, Cortès est reçu avec tous les égards par Moctezuma II qui sans doute espérait mieux le connaître pour ensuite pouvoir l'écraser[102]. L'empereur leur offre des cadeaux somptueux ce qui conforte les Espagnols dans l'idée que les Aztèques possèdent des quantités colossales d'or et mécontente la noblesse aztèque qui se méfie des Espagnols. Dans ses lettres à Charles V, Cortés raconte qu'il est considéré par les Aztèques comme un émissaire du dieu Quetzalcóatl ou Quetzalcóatl lui-même[103]. Cependant, il apprend que des chefs mexicains ont attaqué Veracruz et il décide de prendre en otage Moctezuma II.
127
+
128
+ Dans le même temps, Velázquez lance une nouvelle expédition menée par Pánfilo de Narváez pour punir Cortés[102]. Ce dernier laisse 200 hommes à Tenochtitlan et quitte la ville avec le reste de son armée pour affronter Narváez. Il sort victorieux de la bataille et convainc les vaincus de se joindre à lui. Cependant, craignant une révolte, l'un des lieutenants de Cortés à Tenochtitlan profite d'une fête aztèque pour massacrer l'aristocratie ce qui déclenche un soulèvement de la population. Cortès revient rapidement dans la ville et tente d'obtenir le soutien de Moctezuma II mais l'empereur est mort, probablement tué par ses sujets en colère contre sa trahison[104]. Lors de la Noche Triste, les Espagnols parviennent à quitter la ville au prix de lourdes pertes[102]. Après leur victoire inespérée lors de la bataille d'Otumba, les Espagnols arrivent à Tlaxcala[102]. Profitant du soutien indéfectible des Tlaxcaltèques, Cortès peut repartir à l'assaut de Tenochtitlan qui tombe le 13 août 1521. Le dernier empereur Cuauhtémoc est capturé, torturé et exécuté en février 1525 mettant fin à l'Empire aztèque. La ville de Tenochtitlan devint Mexico, la capitale de la Vice-Royauté de Nouvelle-Espagne.
129
+
130
+ Une première tentative d'exploration de l'Ouest de l'Amérique du Sud est organisée par Pascual de Andagoya. Les indigènes lui ont parlé d'un territoire riche en or appelé « Pirú ». Ayant atteint le Río San Juan, Andagoya tombe malade et doit retourner au Panama, où il parle du « Pirú » comme étant le légendaire Eldorado. Cela ajouté aux succès d'Hernán Cortés retient l'attention de Pizarro.
131
+
132
+ Francisco Pizarro avait accompagné Balboa dans sa traversée de l'isthme de Panama. En 1524, il forme un partenariat avec le prêtre Hernando de Luque et le soldat Diego de Almagro pour explorer le sud, s'accordant pour partager les profits. En septembre 1524, la première des trois expéditions part pour conquérir le Pérou avec 80 hommes et 40 chevaux. C'est un désastre : Pizarro ne dépasse même pas la Colombie et doit reculer à cause du mauvais temps, de la faim et de l'hostilité des indigènes. Les noms de lieux le long de leur route, Puerto deseado (port désiré), Puerto del hambre (port de la faim) and Puerto quemado (port brûlé) témoignent de leurs difficultés. Deux ans plus tard, une nouvelle expédition est organisée malgré le manque d'enthousiasme du gouverneur du Panama. En août 1526, les 160 hommes et deux navires atteignent le Río San Juan puis se séparent, Pizarro reste sur place pour explorer les marécages de la côte et Almagro est envoyé en arrière pour chercher des renforts. Ayant dépassé l'Équateur, l'un des navires de Pizarre capture un radeau de la Région de Tumbes. Celui-ci transporte des tissus, de la céramique mais surtout de l'or, de l'argent et des émeraudes. Après l'arrivée des renforts, la progression continue et ils atteignent Atacames où vit une importante population sous contrôle inca mais celle-ci semble si dangereuse que les Espagnols rebroussent chemin.
133
+
134
+ Au printemps 1528, Pizarre retourne en Espagne où il rencontre l'empereur Charles Quint. Ce dernier écoute son récit et promet de le soutenir. La Capitulación de Toledo[105] autorise Pizarro à conquérir le Pérou. Celui-ci convainc ses frères Hernando Pizarro, Juan Pizarro et Gonzalo Pizarro de le suivre ainsi que Francisco de Orellana qui explorera par la suite l'Amazone. La troisième et dernière expédition quitte Panama le 27 décembre 1530. Avec trois navires et 180 hommes, elle accoste au Pérou et découvre un Empire Inca déchiré par la guerre civile. Deux frères Huascar et Atahualpa s'affrontent pour accéder au trône. Pizarro propose à ce dernier de l'aider dans sa lutte contre son frère et une rencontre est organisée à Cajamarca. Malgré une supériorité numérique écrasante (7 000 Incas contre 200 Espagnols), Atahualpa est capturé. Apprenant que Huascar avait été capturé par ses armées et craignant que les Espagnols ne le libèrent, il fait exécuter son frère et devient ainsi le nouvel empereur inca. Pour obtenir sa libération, Atahualpa fait livrer plusieurs tonnes d'or et d'argent aux Espagnols. Voyant le pouvoir et la puissance du souverain, les Espagnols décident de l'exécuter le 29 août 1533 dans sa cellule.
135
+
136
+ En 1534, Pizarro envahit Cuzco et fonde la ville de Lima sur la côte péruvienne en janvier 1535. La conquête du pays ne fut achevée qu'en 1572 avec l'exécution du dernier Sapa Inca, Túpac Amaru.
137
+
138
+ En 1543, trois marchands Portugais deviennent accidentellement les premiers occidentaux à commercer au Japon. Selon Fernão Mendes Pinto qui déclare avoir participé à ce voyage, ils arrivent sur l'île de Tanegashima où les habitants sont impressionnés par leurs arquebuses et commencent à les fabriquer sur une grande échelle[106].
139
+
140
+ La conquête des Philippines est ordonnée par Philippe II d'Espagne en 1564 qui désigne Andrés de Urdaneta pour la conduire. Urdaneta accepte d'accompagner l'expédition mais refuse le commandement au profit de Miguel López de Legazpi. Après avoir passé quelque temps sur les îles, Urdaneta est envoyé chercher une voie maritime pour retourner en Nouvelle-Espagne : il fait route vers l'île de Cebu mais doit remonter jusqu'au 38e parallèle nord pour obtenir des vents favorables.
141
+
142
+ Il suppose que les alizés du Pacifique font une gyre de la même manière que ceux de l'Atlantique. Il parvient ainsi à revenir jusqu'au cap Mendocino en Californie puis il longe la côte jusqu'au port d'Acapulco. Une route maritime est ainsi ouverte entre les Philippines et le Mexique : une fois par an, le galion de Manille, en réalité une flotte de plusieurs navires, fait l'aller-retour entre Acapulco et Manille pour amener les marchandises qui sont ensuite rapatriées en Europe à travers l'Atlantique.
143
+
144
+ Les nations hors de la péninsule Ibérique refusèrent de reconnaitre le traité de Tordesillas. La France, les Provinces-Unies (Pays-Bas) et l'Angleterre avaient chacune une longue tradition maritime et étaient engagées dans la « guerre de course ». Malgré les résistances ibériques, les nouvelles technologies et les cartes se répandirent vers le nord.
145
+
146
+ En 1568, les Hollandais se soulèvent contre Philippe II d'Espagne menant à la guerre de Quatre-Vingts Ans. La guerre entre l'Espagne et l'Angleterre éclate également. En 1580, Philippe II devient roi du Portugal et l'union ibérique ainsi créée devient l'État le plus puissant d'Europe. Les troupes de Philippe envahissent les importantes cités commerciales de Bruges et de Gand. Anvers, alors le port le plus important du monde tombe en 1585. La population protestante reçut l'ordre de quitter la ville[107] et la plupart émigra à Amsterdam. Celle-ci était composée d'artisans expérimentés, de riches marchands et de réfugiés fuyant les persécutions religieuses comme les Juifs séfarades chassés d'Espagne et du Portugal puis plus tard les huguenots français. Les Pères pèlerins passèrent également du temps dans la ville avant de partir pour le Nouveau Monde. Cette intense immigration fut l'un des facteurs de l'expansion de la ville, d'un petit port en 1585, Amsterdam devint rapidement l'un des pôles financier et économique les plus importants au monde. Après la destruction de l'Invincible Armada en 1588, le commerce maritime connut une expansion fulgurante.
147
+
148
+ L'émergence de la puissance maritime hollandaise fut rapide et remarquable. Durant des années, les marins hollandais avaient participé aux voyages portugais vers l'est en tant que matelots et cartographes. En 1592, Cornelis de Houtman fut envoyé par des marchands hollandais de Lisbonne pour collecter le plus d'informations possibles sur les Moluques. En 1595, le marchand et explorateur Jan Huygen van Linschoten, qui avait navigué avec les Portugais dans l'océan Indien, publia un carnet de voyage à Amsterdam sous le titre de Reys-gheschrift vande navigatien der Portugaloysers in Orienten (Rapport de voyage sur la navigation portugaise dans l'Orient)[108]. Cet ouvrage incluait les routes maritimes permettant de naviguer entre le Portugal et les Indes Orientales. La même année, Houtman suivit ces indications pour réaliser le premier voyage d'exploration hollandais qui découvrit une nouvelle voie maritime traversant l'océan Indien directement depuis Madagascar jusqu'au détroit de la Sonde en Indonésie où il signa un traité avec le sultan de Banten.
149
+
150
+ Les premières compagnies à charte sont créées comme les Compagnies néerlandaise et anglaise des Indes orientales et la France, l'Angleterre et les Provinces-Unies commencent à s'attaquer au monopole portugais dans l'océan Indien[109].
151
+
152
+ L'expédition anglaise de 1497 menée par Jean Cabot fut la première d'une série de missions d'exploration de l'Amérique du Nord menées par la France et l'Angleterre. L'Espagne ne s'intéressa pas vraiment à ces territoires d'Amérique car ses ressources étaient concentrées en Amérique centrale et du Sud où la plus grande partie des richesses avaient été découvertes[110]. Ces expéditions avaient pour but principal la découverte du passage du Nord-Ouest permettant un commerce plus rapide avec l'Asie[110]. Celui-ci ne fut jamais découvert mais d'autres possibilités apparurent et au début du XVIIe siècle, des colonies de plusieurs pays européens commencèrent à s'implanter sur la côte est de l'Amérique du Nord.
153
+
154
+ En 1524, Giovanni da Verrazzano, un Florentin naviguant au service du roi François Ier de France, motivé par l'« insolence » de la division du monde entre les Portugais et les Espagnols, est le premier Européen à visiter la côte atlantique des actuels États-Unis, remontant la côte depuis la Caroline du Sud jusqu'en Nouvelle-Écosse. La même année, Estevão Gomes, un cartographe portugais qui avait navigué avec Magellan explore la Nouvelle-Écosse puis la côte du Maine jusqu'à l'estuaire de l'Hudson qui deviendra New York avant d'arriver en Floride en août 1525. En conséquence de cette expédition, la carte du monde de Diego Ribero de 1529 reproduit de manière presque parfaite la côte Est de l'Amérique du Nord. De 1534 à 1536, l'explorateur français Jacques Cartier, qui avait peut-être participé aux missions de Verrazzano en Nouvelle-Écosse et au Brésil est le premier Européen à voyager à l'intérieur de l'Amérique du Nord en remontant le fleuve Saint-Laurent qu'il nomme « pays de Canada » d'après un nom iroquoien. Il revendique la région de l'actuel Québec au nom du roi de France François Ier[111],[112].
155
+
156
+ L'exploration de la côte ouest commença au milieu du XVIe siècle. En 1539, Francisco de Ulloa explore la côte pacifique de l'actuel Mexique dont le golfe de Californie prouvant que la Basse-Californie est une péninsule[113], malgré cette découverte, il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que le mythe de l'Île de Californie ne disparaisse. Son journal fournit la première utilisation recensée du mot « Californie ». João Rodrigues Cabrilho, un navigateur portugais naviguant pour le compte de la couronne d'Espagne fut l'un des premiers Européens à poser le pied en Californie en débarquant en septembre 1542 dans la baie de San Diego[114]. Il accosta également sur les îles du détroit au large de l'actuel Los Angeles et continua jusqu'à Point Reyes. Après sa mort de maladie, l'équipage continua au nord jusqu'à l'Oregon. À bord du Golden Hind, l'Anglais Francis Drake réalise la seconde circumnavigation du monde et explore la côte pacifique qu'il revendique sous le nom de Nouvelle-Albion[115].
157
+
158
+ Entre 1609 et 1611, Henry Hudson, après une série de voyages pour le compte de marchands anglais pour découvrir un passage du Nord-Est vers l'Inde, explore la région autour de l'actuelle ville de New York. Il remonte l'Hudson et pose les bases de la colonisation hollandaise de la région. La dernière expédition de Hudson le mène très au nord à la recherche du passage du Nord-Ouest menant à la découverte du détroit et de la baie d'Hudson. Après avoir passé l'hiver dans la baie James, Hudson tente de reprendre sa route vers le nord au printemps 1611 mais son équipage se mutine et Hudson est abandonné sur une chaloupe.
159
+
160
+ La France, les Provinces-Unies et l'Angleterre ne disposent pas d'une route maritime vers l'Asie que ce soit par l'Afrique ou par l'Amérique du Sud. Lorsqu'il devient évident qu'un tel passage n'existe pas à travers le continent américain, l'attention se tourne vers un passage — dénommé le passage du Nord-Est — au-delà du cercle polaire arctique. Le désir d'établir une telle voie de communication motive l'exploration européenne sur les côtes russes. En Russie, le premier à lancer l'idée d'établir une voie maritime entre l'Atlantique et le Pacifique est le diplomate Dmitri GuerassimovDmitri Guerassimov en 1525, alors que les colons sur les côtes de la mer Blanche, les Pomors avaient déjà exploré une partie du territoire depuis le XIe siècle.
161
+
162
+ En 1553, les explorateurs anglais Hugh Willoughby et Richard Chancellor sont envoyés avec trois navires à la recherche du passage par la Company of Merchant Adventurers to New Lands. Durant le voyage à travers la mer de Norvège, les navires sont séparés par une tempête et Willoughby doit s'arrêter dans une baie près de l'actuelle frontière entre la Finlande et la Russie. Tout l'équipage dont Willoughby meurt de froid et le navire et le journal de bord sont retrouvés l'année suivante par un pêcheur russe. Richard Chancellor parvient à jeter l'ancre dans la mer Blanche et à se frayer un chemin jusqu'à Moscou et la cour du roi Ivan IV de Russie. Le pays s'ouvre au commerce et la Company of Merchant Adventurers devient la Compagnie de Moscovie.
163
+
164
+ Le 5 juin 1594, le cartographe Willem Barentsz quitte Texel aux Pays-Bas avec trois navires en direction de la mer de Kara avec l'espoir de trouver le passage du Nord-Est au-delà de la Sibérie[116]. Sur l'île Williams, l'équipage rencontre pour la première fois un ours blanc et il parvient à le capturer pour le ramener en Hollande mais l'animal saccage le navire et doit être tué. Barentsz atteint la côte occidentale de la Nouvelle-Zemble et remonte l'île jusqu'à être bloqué par des icebergs. L'année suivante, Maurice de Nassau le met à la tête d'une nouvelle expédition de six navires chargé de marchandises destinées à être vendues en Chine[117]. La flotte rencontre le peuple des Samis mais doit faire demi-tour car le détroit de Kara est gelé.
165
+
166
+ En 1596, les États généraux du Royaume des Pays-Bas annoncent qu'une grande récompense est offerte à celui qui naviguera « avec succès » le passage du Nord-Est. Le conseil municipal d'Amsterdam achète et équipe deux petits navires commandés par Jan Rijp et Jacob van Heemskerk pour trouver l'insaisissable passage sous le commandement de Barentsz. Ils partent en mai et en juin, la flotte découvre l'île aux Ours et le nord-ouest du Spitzberg. La flotte longe la côte de l'île Prins Karls Forland vers le sud et rejoint l'île aux Ours le 1er juillet ce qui provoque un désaccord. Barentsz veut contourner la Nouvelle-Zemble par le nord mais Rijp considère cela comme trop dangereux et refuse de le suivre. Barentsz atteint la Nouvelle-Zemble mais devient prisonnier des icebergs et de la banquise. Prisonniers, les 16 hommes d'équipage sont forcés de passer l'hiver sur place et ils démontent une partie du navire pour construire un abri de fortune et piègent les renards arctiques pour survivre. Au printemps suivant, la glace ne desserre pas son emprise sur le navire et les survivants atteints par le scorbut mettent deux chaloupes à la mer. Barentsz meurt le 20 juin 1597 et sept semaines sont nécessaires pour rejoindre Kola où l'équipage est secouru par un navire de pêche russe. 12 hommes rejoignent Amsterdam et deux membres d'équipage Jan Huygen van Linschoten et Gerrit de Veer publièrent leurs carnets sur ce voyage.
167
+
168
+ En 1608, Henry Hudson fait une nouvelle tentative en tentant de dépasser le sommet de la Russie mais doit faire demi-tour après la Nouvelle-Zemble.
169
+
170
+ Terra Australis incognita (latin, « la terre australe inconnue ») est un hypothétique continent qui apparait sur les cartes européennes du XVe au XVIIIe siècle et dont les origines remontent à Aristote. Elle est représentée sur les cartes de Dieppe datant du milieu du XVIe siècle par une ligne côtière juste au sud des îles des Indes orientales, souvent dessinée avec de nombreux détails alors que personne ne l'a encore vue. Les découvertes réduisent la zone de l'emplacement présumé du « continent » ; cependant, de nombreux cartographes comme Gérard Mercator (1569) et Alexander Dalrymple (1767)[118] invoquent l'hypothèse d'Aristote selon laquelle une grande masse de terres doit se trouver dans l'hémisphère Sud pour « faire contrepoids » aux masses terrestres connues de l'hémisphère Nord. Toutes nouvelles terres découvertes sont souvent rattachées à ce continent hypothétique.
171
+
172
+ L'Espagnol Juan Fernández naviguant depuis le Chili en 1576 prétend avoir découvert le continent austral (probablement la Nouvelle-Zélande)[119] mais meurt avant d'avoir pu pousser plus avant ses recherches. Luis Váez de Torrès, un marin de Galice naviguant pour la couronne d'Espagne prouve l'existence d'un passage au sud de la Nouvelle-Guinée qui porte aujourd'hui son nom : le détroit de Torrès. Pedro Fernandes de Queirós, un Portugais naviguant pour l'Espagne aperçoit une grande île au sud de la Nouvelle-Guinée en 1606 qu'il nomme Australie et qu'il présente au roi d'Espagne comme la Terra Australis incognita.
173
+
174
+ Le marin hollandais et gouverneur colonial Willem Janszoon est le premier Européen connu à avoir vu la côte australienne. Janszoon part de Hollande en direction des Indes orientales en décembre 1603 à bord du Duyfken (« petite colombe »), un des douze navires de la grande flotte de Steven van der Hagen (nl)[120]. Une fois sur place, Janszoon est envoyé à la recherche de nouveau débouchés pour le commerce, particulièrement dans le « grand territoire de Nova Guinea et des autres terres orientales et australes ». En novembre 1605, le Duyfken quitte Banten pour la côte occidentale de la Nouvelle-Guinée. Janszoon traverse ensuite l'extrémité orientale de la mer d'Arafura jusque dans le golfe de Carpentarie sans approcher le détroit de Torres. En février 1606, il accoste à l'embouchure de la Pennefather River sur la côte occidentale de la péninsule du cap York dans le Queensland. Janszoon cartographie 320 km de côtes qu'il pense être l'extrémité sud de la Nouvelle-Guinée. En 1615, Jacob Le Maire et Willem Schouten contournent le cap Horn prouvant que la Terre de Feu est une petite île.
175
+
176
+ En 1642-1644, Abel Tasman, un explorateur et marchand hollandais au service de la VOC fait le tour de la Nouvelle-Hollande prouvant que l'Australie n'est pas une partie du mythique continent austral. Il est le premier Européen à atteindre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande puis les îles Fidji en 1643. Tasman, son navigateur Visscher et le marchand Gilsemans cartographient d'importantes zones de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et des îles du Pacifique.
177
+
178
+ Au cours de la moitié du XVIe siècle, le Tsarat de Russie envahit les Khanat de Kazan et d'Astrakhan, annexant ainsi toute la région de la Volga et ouvrant la voie des montagnes de l'Oural. De même que l'exploration et la colonisation de l'Amérique, la colonisation des territoires orientaux est animée par de riches marchands comme les Stroganoff avec le soutien d'aventuriers comme les cosaques. Le tsar Ivan IV de Russie offre de vastes territoires exempts de taxes à Anikey Stroganoff qui organise l'émigration à grande échelle vers ces territoires. Stroganoff développe l'agriculture, la chasse, la production de sel, la pêche et l'exploitation minière dans l'Oural ainsi que le commerce avec les tribus sibériennes.
179
+
180
+ Vers 1578, Semyon Stroganoff et les autres fils d'Anikey Stroganoff engagent un chef cosaque appelé Yermak pour protéger leurs terres des attaques du Khan de Sibir Kuchum. À partir de 1580, Stroganoff et Yermak mettent en place une opération militaire pour chasser Kuchum. En 1581, Yermak commence son voyage dans les profondeurs de la Sibérie. Après quelques victoires mineures, Yermak écrase les armées de Kuchum lors de la bataille du Cap Chuvash près de l'actuel Perm en 1582. Les restes de l'armée du khan retraitent à travers la steppe et Yermak capture la capitale du Khanat, Qashliq près de l'actuel Tobolsk. Cependant Kuchum reste puissant et attaque Yermak par surprise. Ce dernier est blessé et se noie sous le poids de sa cotte de mailles en voulant traverser la Vagaï, un affluent de l'Irtych. Les cosaques doivent quitter la Sibérie mais grâce à l'exploration des principales voies navigables, les Russes peuvent revenir quelques années plus tard pour imposer leur domination.
181
+
182
+ Au début du XVIIe siècle, l'expansion russe vers la Sibérie est ralentie par des problèmes internes liés à la période des troubles. Cependant, l'exploration et la colonisation des immenses territoires sibériens reprend menée par les cosaques à la recherche de précieuses fourrures et d'ivoire. Tandis que les cosaques viennent du sud de l'Oural, une autre vague de Russes provient de l'océan Arctique. Il s'agit des Pomors issus de la Région du Nord qui commercent déjà avec la ville de Mangazeïa depuis longtemps. En 1607, le village de Touroukhansk est fondé sur l'Ienisseï près de l'embouchure de la Toungouska inférieure et en 1619, la forteresse de Ienisseïsk est construite au confluent de l'Ienisseï et de l'Angara.
183
+
184
+ Entre 1620 et 1624, un groupe de trappeurs mené par Demid Pyanda quitte Touroukhansk et remonte la Toungouska inférieure sur 2 300 km, hivernant près de la Viliouï et de la Léna. Il est le premier russe à rencontrer les Iakoutes et les Bouriates et explore la région de Sakha. Il montre que l'Angara et la Toungouska supérieure forment une seule et même rivière.
185
+
186
+ En 1627, Piotr Beketov est nommé voïvode de l'Ienisseï et il réalise avec succès un voyage destiné à collecter les impôts des Bouriates de Transbaïkalie. Il est alors le premier russe à pénétrer en Bouriatie et il y fonde le premier village russe, Rybinsky. Beketov est ensuite envoyé explorer la Léna en 1631 et fonde Iakoutsk l'année suivante. Ses cosaques remontent l'Aldan pour construire des forteresses et collecter les impôts[121].
187
+
188
+ Iakoutsk devient rapidement le point de départ principal des expéditions russes vers l'est, le sud et le nord. Maksim Perfilyev, qui avait été l'un des fondateurs de Ienisseïsk, fonde Bratsk le long de l'Angara en 1631 et en 1638, il est le premier russe à entrer en Transbaïkalie en venant de Iakoutsk[122],[123]. En 1643, Kurbat Ivanov mène un groupe de cosaques depuis Iakoutsk vers le sud des Monts Baïkal, découvre le lac Baïkal et visite l'île d'Olkhon. Par la suite, Ivanov fit la première carte et la première description du lac[124].
189
+
190
+ En 1639, un groupe d'explorateurs mené par Ivan Moskvitine deviennent les premiers Russes à atteindre l'océan Pacifique et découvrent la mer d'Okhotsk. Les cosaques apprennent des populations locales que le large fleuve Amour coule bien plus au sud. En 1640, ils arrivent à l'embouchure du fleuve et découvrent probablement les îles Chantar sur le chemin vers le sud. Basé sur le rapport de Moskvitine, Kurbat Ivanov réalise la première carte de l'Extrême-Orient russe en 1642.
191
+
192
+ En 1643, Vassili Poïarkov franchit les Monts Stanovoï et atteint la rivière Zeïa dans le pays des Daur qui payent un tribut à la dynastie chinoise des Qing. Après l'hiver, Poïarkov atteint le fleuve Amour qu'il descend jusqu'à l'embouchure. Comme ses cosaques s'étaient attirés l'hostilité des populations locales, Poïarkov décide de prendre une autre route pour le retour et construit des bateaux qui lui permettent de remonter le long des côtes de la mer d'Okhotsk avant de revenir finalement à Iakoutsk en 1646.
193
+
194
+ En 1644, Mikhaïl Stadoukhine découvre le fleuve Kolyma et fonde Srednekolymsk. Un marchand nommé Fedot Alekseyev Popov organise une expédition encore plus vers l'est et Simon Dejnev devient capitaine de l'un des koch. L'expédition part de Srednekolymsk en direction de l'Arctique et dépasse le cap Dejnev devenant la première à franchir le détroit de Béring et à arriver dans la péninsule tchouktche et dans la mer de Béring. Tous les navires et presque tous les hommes dont Popov sont perdus dans des tempêtes ou lors d'affrontements avec les locaux. Un petit groupe mené par Dejnev atteint l'embouchure de l'Anadyr et est secouru par Stadoukhine venant de l'est par la terre[125]. Ce dernier poursuit l'exploration des côtes nord de la mer d'Okhotsk
195
+
196
+ En 1649, Ierofeï Khabarov explore le bassin de l'Amour et revient avec une plus grande expédition en 1652. Cette fois, il rencontre une opposition armée de la part des Mandchous. Il passe l'hiver à Albazin puis descend l'Amour et fonde Achansk à proximité de l'actuel Khabarovsk. Il affronte les armées daouriennes, mandchoues, chinoises et même coréennes[126]. Par la suite, les Russes contrôlèrent la région de l'Amour jusqu'en 1689 lorsque le traité de Nertchinsk attribua ce territoire à la Dynastie Qing (la Russie récupérera cette zone lors du traité d'Aigun en 1858).
197
+
198
+ Au début des années 1660, Kurbat Ivanov retourne explorer la péninsule tchouktche et rédige la première carte du détroit de Béring où apparait l'île Wrangel, les îles Diomède et l'Alaska encore inconnus à l'époque en se basant sur les informations collectées chez les Tchouktches.
199
+
200
+ Ainsi, au milieu du XVIIe siècle, les Russes avaient exploré la quasi-totalité de la Sibérie à l'exception de l'Est de la péninsule de Kamtchatka et de certaines régions au-delà du cercle Arctique. La conquête du Kamtchatka fut terminée au début des années 1700 par Vladimir Atlassov tandis que l'exploration de l'Alaska et de la côte arctique sera finalisée par la grande expédition du Nord menée par Vitus Béring qui mit fin au rêve du passage du Nord-Est entre 1733 et 1743.
201
+
202
+ L'expansion outremer de l'Europe met en contact le Nouveau et l'Ancien Monde et débouche sur l'échange colombien[127] impliquant le transfert de produits inexistants dans l'autre Monde. Les Européens apportent les bovins, les chevaux et les moutons dans le Nouveau Monde. Ils y découvrent le tabac, les pommes de terre et le maïs. D'autres produits jouent un rôle majeur dans le développement du commerce mondial comme la canne à sucre, le coton, l'argent et l'or qui sont rapatriés non seulement en Europe mais également dans tout l'Ancien Monde.
203
+
204
+ Les nouveaux liens transocéaniques et leur domination par les Européens mènent à l'impérialisme. Ces derniers finissent par dominer la plus grande partie de la planète. Les appétits européens pour le commerce, les marchandises précieuses et cette domination affectent dramatiquement les autres régions du monde. L'Espagne mène une politique de destruction violente des empires amérindiens pour substituer son pouvoir aux leurs. Les autres nations suivent la même voie et anéantissent de nombreuses cultures à travers le monde en supprimant les rituels païens, en imposant le christianisme, de nouvelles langues et de nouvelles organisations culturelles et sociales. Dans de nombreuses régions comme l'Amérique du Nord, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou l'Argentine, les populations autochtones sont brutalisées et chassées de leurs terres avant d'être réduites au statut de minorités dépendantes.
205
+
206
+ Parallèlement, en Afrique de l'Ouest, les états locaux fournissent des esclaves destinés aux plantations européennes de l'autre côté de l'Atlantique. Cette traite négrière change profondément la nature des sociétés et bouleverse les économies locales (voir commerce triangulaire).
207
+
208
+ Les peuples amérindiens sont probablement ceux qui ont le plus souffert de l'expansion européenne car l'on estime qu'entre 50 et 90 % de leur population est décimée par les maladies importées par les Européens. Avant même leur première rencontre avec les Européens, certains peuples avaient déjà été anéantis[128].
209
+
210
+ Au cours du XVIe siècle, l'économie chinoise sous la dynastie Ming est stimulée par le commerce avec les Portugais, les Espagnols et les Hollandais. La Chine est impliquée dans le nouveau commerce mondial de marchandises, de plantes et d'animaux connu sous le nom d'échange colombien. Le commerce avec l'Europe apporte des quantités importantes de capitaux. Cependant, le pays ne parvient pas à développer une économie capitaliste sur le modèle européen permettant l'apparition d'une bourgeoisie composée de marchands capable d'organiser le commerce maritime international et la colonisation des nouveaux territoires. La baisse des revenus commerciaux, les effets du petit âge glaciaire sur l'agriculture, les épidémies, la menace des nomades mongols et le soulèvement de Li Zicheng entraînent le long déclin de la Chine qui se poursuivra jusqu'au XXe siècle.
211
+
212
+ Les plantes rapportées des Amériques par les colons espagnols au XVIe siècle participent à l'accroissement de la population en Asie[129]. Même si le gros des importations chinoises est composé d'argent, les Chinois achètent des plantes comme la patate douce, le maïs ou les arachides. Celles-ci peuvent être cultivées dans des zones où les cultures traditionnelles, le riz, le blé ou le millet ne poussent pas[130],[131]. La patate douce, en particulier, devient l'un des aliments de base de la population chinoise et conduit à son doublement entre le XVe et le XVIe siècle[132].
213
+
214
+ Le jésuite italien Matteo Ricci (1552-1610) est le premier Européen à pouvoir visiter la Cité interdite de Beijing où il traduit les textes chinois en latin et inversement. Il travaille en étroite collaboration avec le mathématicien Xu Guangqi (1562-1633).
215
+
216
+ L'arrivée des Portugais au Japon en 1543 marque le début de l'époque du commerce Nanban au cours de laquelle les Japonais adoptent de nombreuses technologies et pratiques culturelles occidentales comme l'arquebuse, des armures et les navires de style européen, le christianisme et les arts décoratifs. Après que la Chine a interdit le commerce direct entre les marchands chinois et le Japon, les Portugais servent d'intermédiaire entre les deux pays. Ils achètent la soie chinoise et l'échangent contre l'argent japonais[133]. Cependant, après l'établissement d'une base commerciale espagnole à Manille, l'argent produit en Amérique remplace celui produit au Japon dans les achats chinois[134].
217
+
218
+ Le développement du commerce maritime avec l'Asie et les Amériques modifie considérablement l'économie européenne. Les anciennes puissances navales de la Méditerranée comme la République de Venise ou la Ligue hanséatique en mer Baltique voient leur part dans le commerce stagner tandis que les ports de l'Atlantique connaissent un essor fulgurant. Les nouveaux produits comme le sucre, les épices, la soie et les porcelaines chinoises inondent le marché du luxe européen provoquant une mutation sociale.
219
+
220
+ Le cœur économique de l'Europe se déplace de la Méditerranée vers l'Atlantique. La ville d'Anvers du Duché de Brabant devient le centre du commerce international[135] et la ville la plus riche de l'époque[136]. Centré sur Anvers puis sur Amsterdam, le siècle d'or néerlandais repose fortement sur les grandes découvertes. François Guichardin, un émissaire vénitien note que des centaines de navires transitent par Anvers chaque jour et que 2 000 chariots entrent dans la ville chaque semaine. Les navires portugais chargés de poivre et de cannelle déchargent leurs cargaisons dans le port et celles-ci sont distribuées dans tout le continent. L'administration est contrôlée par une oligarchie de marchands venant de toute l'Europe. La politique de tolérance en vigueur dans les Provinces-Unies attire de nombreux bourgeois juifs ou protestants persécutés dans leur pays.
221
+
222
+ Les principales exportations chinoises sont la soie et la porcelaine, adaptées au goût des Européens. La porcelaine chinoise est tellement réputée qu'en Angleterre, le mot china devient un synonyme de porcelaine. Celle-ci apparaît dans de nombreux tableaux de l'âge d'or de la peinture néerlandaise. Le commerce florissant dans ce domaine pratiqué par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales importe 6 millions de produits en porcelaine entre 1602 et 1682[137],[138]. La porcelaine Medici fabriquée à Florence est la première à pouvoir égaler la porcelaine chinoise : la production européenne décolle après l'arrêt des exportations chinoises, décidé après la mort de Ming Wanli en 1620. La porcelaine bleu et blanc est rapidement imitée dans le monde entier comme à Arita au Japon, où les Portugais s'approvisionnent après la chute des exportations chinoises consécutive à l'effondrement de la dynastie Ming en 1644[139]. Finalement, en Europe, la faïence de Delft inspirée des motifs chinois s'impose à partir du milieu du XVIIe jusqu'au XVIIIe siècle.
223
+
224
+ Antonio de Morga (1559-1636), un officiel espagnol à Manille réalise une liste exhaustive des produits échangés avec la Chine au début du XVIIe siècle. Il rapporte par exemple qu'un galion à destination des territoires espagnols du Nouveau Monde transporte à l'aller 50 000 paires de bas de soie et au retour rapporte 10 tonnes d'argent. Dans ce commerce, les marchands chinois sont actifs et beaucoup émigrent aux Philippines ou en Indonésie pour en profiter[130].
225
+
226
+ L'accroissement de la richesse de l'Espagne coïncide avec un cycle de forte inflation en Europe. L'Espagne rapatrie des quantités colossales d'or et d'argent. La mine de Potosí en Bolivie produit à elle seule 240 tonnes d'argent par an entre 1560 et 1580[140]. Au cours du XVIe siècle, l'Espagne devient l'État le plus puissant d'Europe. Un voyageur français écrit en 1603 « En Espagne, tout est cher sauf l'argent »[141]. En inondant une Europe autrefois pauvre, cet argent provoque une importante inflation[142] aggravée par la stagnation de la population, les faibles salaires et la hausse du coût de la vie. Cet afflux n'enrichit cependant pas l'Espagne qui importe presque tous ses biens de l'étranger et devient de plus en plus dépendante des revenus fournis par son empire. Les nombreuses guerres ruinent le pays qui fait plusieurs fois défaut à la fin du XVIe siècle[143]. La perte du contrôle sur les Pays-Bas ruine davantage le royaume qui reste à la marge de l'essor européen.
227
+
228
+ Certes, l'essor du capitalisme et l'apparition d'une classe moyenne de bourgeois joue un rôle moteur dans le développement de la colonisation des terres nouvellement découvertes grâce aux compagnies commerciales. Mais, finalement, ce sont les nations du Nord de l'Europe comme la France ou l'Angleterre qui, malgré leur retard initial, vont le plus profiter de ces grandes découvertes. À ce point démarre, pour 400 ans, une ère de domination européenne sur le monde.
229
+
230
+ Sous le règne de Manuel Ier du Portugal se développe à la fin du XVe siècle un style artistique, nommé style manuélin à compter du XIXe siècle, qui se traduit par une abondance de motifs décoratifs liés aux découvertes et à la marine portugaise.
fr/3355.html.txt ADDED
The diff for this file is too large to render. See raw diff
 
fr/3356.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,121 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le siècle des Lumières est un mouvement philosophique, littéraire et culturel que connaît l'Europe du XVIIIe siècle (de 1715 à 1789) et qui se propose de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encouragent la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de « Lumières » a été consacré par l'usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants, de pensées ou de sensibilités et d’acteurs historiques.
2
+
3
+ La glorieuse Révolution de 1688 peut en constituer le premier jalon[1], mais pour l’historiographie française, la période charnière qui correspond à la fin du règne de Louis XIV (1643-1715) est comme sa gestation[2] et le siècle des Lumières commence conventionnellement, en 1715, à la mort de ce roi[3],[4],[5],[6],[7],[8]. La Révolution française en marque le déclin, la période 1789-1815 étant, suivant les auteurs, la conclusion ou la suite de cette période. Certains historiens, en fonction de leur objet d'étude, privilégient une chronologie plus ou moins large (1670-1820)[9].
4
+
5
+ Pour les arts plastiques, il couvre la transition entre les périodes classique, rococo et néoclassique, et pour la musique, celle de la musique baroque à la musique de la période classique. L’expression provient d’emblée de son utilisation massive par les contemporains. Puis, le développement et l’affirmation de l’histoire culturelle et sociale depuis les années 1970, ont favorisé l’usage d’une notion féconde qui permet de mener des recherches de façon transversale et internationale tout en multipliant les objets d'étude et en dépassant les cadres nationaux[10].
6
+
7
+ « Siècle des Lumières »[11] ? Le siècle se veut éclairé par la lumière métaphorique des connaissances — et non pas l’illumination divine, « émanation de l’absolu »[12], utilisé exclusivement au singulier — acquises par l’expérience et l’enseignement du passé. Elle suggère aussi une vision manichéenne du monde, où l’« homme éclairé » s’oppose à la masse de ceux restés dans les ténèbres. La formule a donc une dimension tant sociale que spatiale. Sous la plume des philosophes, les « Lumières » désignent par métonymie les élites européennes ouvertes aux nouveautés, une « République des Lettres éclairées ».
8
+
9
+ On trouve dès les années 1670, la mention de « siècle éclairé » dans certains écrits historiques ou philosophiques relatant les expériences et les progrès scientifiques du temps[13]. L’inflexion anticléricale et combative que prend la philosophie des Lumières dans les années 1750 devait marquer l’expression[14]. Dans la France prérévolutionnaire, la formule est consacrée par les représentants des Lumières puis par les révolutionnaires eux-mêmes[15]. L’historiographie française a retenu l’expression : « Le siècle des Lumières : siècle un, profondément, mais combien divers. La raison éclaire tous les hommes, elle est la lumière, ou plus précisément, ne s’agissant pas d’un rayon, mais d’un faisceau, les Lumières »[16]. L'image de la lumière renvoie à une coutume consistant à placer une bougie allumée à sa fenêtre pour annoncer un événement. Le voisin « illuminait » à son tour. De fenêtres en fenêtres les lumières éclairaient la nuit. Les philosophes séduits par cette pratique faisant de la transmission de l'information, de la connaissance, une chaîne de lumière et s'emparent de l'idée : ils transformeront la nuit de l'ignorance en clarté, guidés par la lumière de leur raison. Diderot écrit dans Addition aux pensées : « Si je renonce à ma raison, je n'ai plus de guide [...]. Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire. »
10
+
11
+ Le siècle des Lumières est marqué par une vision renouvelée et élargie du monde, héritée de questionnements, parfois angoissés, du dernier quart du XVIIe siècle. Six traits marquants d’une pensée moderne s’y affirment et peuvent être retenus[17] :
12
+
13
+ Ces champs de réflexion précurseurs, qui allaient former le socle de la Philosophie des Lumières, traversent le siècle et influencent de nombreux domaines, à l’instar de l’économie politique[18]. L’idée de progrès vient couronner tous ses traits dominants et les synthétiser dans les ouvrages de Nicolas de Condorcet – Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain – ou de Louis-Sébastien Mercier – L'An 2440, rêve s'il en fut jamais.
14
+
15
+ Les partisans des Lumières sont les acteurs de nombreux combats nés de « l’usage public de sa raison dans tous les domaines »[19]. Les « Causes Célèbres » ont permis une mise en perspective des lois et des coutumes d’Europe, ont ainsi opéré une révolution sociologique et ouvert la brèche à l’anthropologie politique. Le dépaysement est central dans cette démarche et le Persan et ses avatars – l’espion chinois[20], juif ou turc[21] – peut apparaître comme un symbole de cet effort de tolérance[22].
16
+
17
+ Les philosophes ne se contentent pas d’écrire. Ils se mettent aussi personnellement en cause, au risque d’être arrêtés, emprisonnés. Diderot et D'Alembert consacrent plus de vingt ans de leur vie à la publication de l’Encyclopédie, énorme dictionnaire de 28 volumes dont 11 volumes d’illustrations consacré à toutes les formes de la connaissance et des sciences. Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de l’Encyclopédie, dont la publication s’étend de 1751 à 1772. Accusé de propager des idées dangereuses, Diderot est emprisonné pendant plusieurs mois. Cependant la vraie volonté de Diderot et de tous les écrivains de l'Encyclopédie était de se battre contre ce qu'ils appelaient l'Obscurantisme religieux. On oppose ainsi les Lumières à l'obscurantisme, ou le manque de culture, de savoir. La lumière permet de lutter contre l'obscurantisme c'est-à-dire la bêtise et l'ignorance qui rendent intolérants. C'est un âpre combat : Voltaire connaît l'exil et la prison. Montesquieu doit faire imprimer les lettres persanes en Hollande pour déjouer la censure. Ce combat est cependant jugé indispensable. Kant ordonne : « ose savoir ». On promeut l'idée selon laquelle seule la connaissance permet de juger d'une situation en adulte sans obéir aveuglément aux tutelles que sont le roi, la religion, ou l'armée. Les travaux du juriste Beccaria, lui-même influencé par Montesquieu, trouvent leur retentissement dans les affaires Calas et Sirven, où sont affirmées la nécessaire abolition de la question et les limites du pouvoir exécutif. Le procès du chevalier de la Barre inspire à nombre de penseurs une réflexion sur la liberté de conscience. Leur but est avant tout de « sortir les Hommes des ténèbres de leur temps » et « d’Éclairer toute chose à la lumière de la raison ».
18
+
19
+ « Il est largement admis que la « science moderne » est née dans l'Europe du XVIIe siècle, introduisant une nouvelle compréhension du monde naturel. » Peter Barrett[23]. »
20
+
21
+ La France possède de nombreux philosophes et écrivains des Lumières, notamment Montesquieu, Voltaire, Diderot, Beaumarchais, Rousseau et D'Alembert.
22
+
23
+ L'époque des Lumières fut aussi celle de Bernoulli, Euler, Laplace, Lagrange, Monge, Condorcet, D'Alembert et Émilie du Châtelet en mathématiques, en physique générale et en astronomie. La compréhension du phénomène physique de l'électricité est amorcée en particulier par les travaux de Cavendish, Coulomb, Louis Sébastien Jacquet de Malzet et Volta.
24
+ Lavoisier pose les fondements de la chimie moderne.
25
+
26
+ Des savants naturalistes comme Linné, Réaumur, Buffon, Jussieu, Lamarck incarnent l'esprit des Lumières dans le domaine des sciences relevant de l'histoire naturelle dans toute son étendue.
27
+
28
+ À la faveur de ces évolutions apparaissent des espaces nouveaux où se diffusent les Lumières[24], entretenues par relations privées et quelquefois par le mécénat d’État. L’Europe des Lumières a ainsi ses lieux privilégiés : cénacles des grandes villes thermales, cours des capitales européennes, chambres de lectures, théâtres, opéras, cabinets de curiosités, salons littéraires et salons artistiques, voire salons de physique à l’instar de celui animé par l’abbé Nollet, Académies, loges maçonniques, cafés mondains, clubs politiques à l’anglaise. Dans ces cadres nouveaux ou renouvelés, les gens de lettres prennent le pouvoir de la critique et font vivre débats esthétiques, querelles littéraires, réflexions politiques[25].
29
+
30
+ Ces lieux où se croisent les anciennes et les nouvelles élites, les artistes sans fortune et leurs mécènes, les agents de l’État et les aventuriers, sont le creuset d’une communauté cosmopolite et hétérogène, faite d’entre soi et d’exclusion. Ils participent à l’affirmation d’une « sphère publique bourgeoise »[26], faite d’affrontements et de spectacles, où se déroulent, et plus particulièrement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les grandes affaires et les « causes célèbres » (Mémoire judiciaire) prérévolutionnaires. Dans ces nouveaux espaces de liberté se manifeste un véritable engouement pour les affaires européennes et se développe l’anglomanie.
31
+
32
+ Dans le cadre français, les Lumières voient basculer dans les années 1750 leur centre de gravité de Versailles à Paris qui apparaît comme la nouvelle capitale intellectuelle et artistique, comme une capitale des Lumières. Ce brassage implique une redéfinition sociale de l’écrivain.
33
+
34
+ Le phénomène se développe également en province, où magistrats et érudits locaux, gagnés par les Lumières, forment une classe sociale dirigeante aux nouvelles préoccupations[27].
35
+
36
+ Le phénomène des salons commence à la fin du XVIIe siècle, dans un contexte prospère. On s'adonne �� l'art de la conversation, il s'agit là d'un phénomène parisien et plutôt français. Les salons sont tenus essentiellement par des femmes, souvent issues de la bourgeoisie et ayant des connaissances (Madame du Deffand, Madame Lambert, Claudine Guérin de Tencin, Marie-Thérèse Geoffrin, etc.). Pour que son salon connaisse le succès, la maîtresse du lieu doit s'attacher les services d'un philosophe qui lance les débats. Tenir un salon est l'une des activités les plus recherchées par les femmes, la qualité des invités témoigne de leur pouvoir d'attraction et la réputation du salon repose sur les invités.
37
+
38
+ Les salons sont des lieux de diffusion de la culture. La liberté d'expression apparaît, ainsi que la notion d'égalité. Ils permettent aux encyclopédistes de faire passer leurs idées. Helvétius et Holbach exposent leurs idées matérialistes.
39
+
40
+ C'est un lieu de culture qui demeure mondain, en effet, le divertissement en est le but premier. On y expose ses idées mais il n'y a pas de combat pour la vérité. Ce qui compte, c'est la bonne compagnie, les récits amusants, il ne faut pas que les débats soient trop sérieux, le risque serait de passer pour quelqu'un d'ennuyeux[28].
41
+
42
+ Les vrais et grands philosophes se méfient de ces endroits de diffusion, mais pas de production d'idées. Jean-Jacques Rousseau dénonçait la futilité des discussions qui s’y tenaient et parlait de « Morale du bilboquet » pour toute personne qui s’en tenait à l’écart[29]. Les salons sont des lieux de regroupement pour les philosophes, les mathématiciens, etc.
43
+
44
+ Quoique l’histoire des académies en France au siècle des Lumières remonte à la fondation à Caen de l’Académie de physique de Caen, en 1662, c’est l’Académie des sciences fondée en 1666, étroitement liée à l’État français et agissant comme l’extension d’un gouvernement en sérieux manque de scientifiques, qui a contribué à promouvoir et à organiser de nouvelles disciplines, en formant de nouveaux scientifiques et en contribuant à l’amélioration du statut des scientifiques sociaux qu’elle considérait comme « les plus utiles de tous les citoyens ». Les Académies démontrent à la fois l’intérêt croissant pour la science ainsi que sa laïcisation accrue, comme en témoigne le petit nombre d’ecclésiastiques qui y appartenaient (13 %)[30].
45
+
46
+ En dépit de l’origine bourgeoise de la majorité des académiciens, cette institution était uniquement réservée aux élites scientifiques, qui se voyaient en « interprètes de la science pour le peuple ». C’est par exemple dans cet esprit que l'Académie entreprit de réfuter le magnétisme animal, pseudo-science qui inspire alors un enthousiasme populaire[31].
47
+
48
+ L’argument le plus fort en faveur de l’appartenance des académies à la sphère publique vient des concours qu’elles ont parrainés dans toute la France. Comme l’a fait valoir Jeremy L. Caradonna dans un récent article paru dans les Annales, « Prendre part au siècle des Lumières : le concours académique et la culture intellectuelle au XVIIIe siècle », ces concours étaient peut-être la plus publique de toutes les institutions du siècle des Lumières. L’Académie française a remis au goût du jour une pratique médiévale en relançant les concours publics au milieu du XVIIe siècle. Vers 1725, le sujet des essais, de la poésie ou la peinture qui tournait jusque-là autour de la religion et/ou la monarchie, s’est radicalement élargi et diversifié pour inclure la propagande royale, les batailles philosophiques et les réflexions critiques sur les institutions sociales et politiques de l’Ancien Régime. Caradonna montre que les sujets controversés n’étaient pas toujours évités en citant les théories de Newton et de Descartes, la traite négrière, l’éducation des femmes, et de la justice en France comme exemples[32]. L’ouverture à tous des concours et l’anonymat obligatoire des soumissions garantissaient l’impartialité du jugement eu égard au sexe et au rang social des candidats. En dépit de l’appartenance de la « vaste majorité » des participants aux couches les plus riches de la société (« les arts libéraux, le clergé, la magistrature et la profession médicale »), il existe des cas de membres de la classe populaire à avoir soumis des essais et même à les avoir remportés[33].
49
+
50
+ Un nombre important de femmes ont également participé – et remporté – des concours. Sur un total de 2 300 concours dotés de prix proposés en France, les femmes en ont remporté 49, la majorité à des concours de poésie. Ce chiffre est certes faible par rapport aux normes modernes, mais très important à une époque où la plupart des femmes ne recevaient pas de formation scolaire avancée sauf, justement, dans un genre comme la poésie[34].
51
+
52
+ En Angleterre, la Royal Society de Londres a également joué un rôle important dans la sphère publique et la propagation des idées des Lumières en agissant comme centre d’échange pour la correspondance et les échanges intellectuels[35] et jouant, en particulier, un rôle important dans la propagation à travers l’Europe de la philosophie expérimentale de Robert Boyle qui, comme l’ont fait valoir Steven Shapin et Simon Schaffer, était « l’un des fondateurs du monde expérimental dans lequel vivent et fonctionnent aujourd’hui les scientifiques ». La méthode de Boyle basée sur la connaissance et sur l’expérimentation ayant besoin de témoins pour assurer sa légitimité empirique, la Royal Society a joué un rôle avec ses salles d’assemblée qui constituaient des endroits idéaux pour des manifestations relativement publiques nécessaire à cet « acte collectif » de témoignage[36]. Tous les témoins n’étaient pourtant pas jugés crédibles : « Les professeurs d’Oxford étaient considérés plus fiables que les paysans de l’Oxfordshire ». Deux facteurs étaient pris en compte : la connaissance d’un témoin dans la région et la « constitution morale » du témoin. En d’autres termes, seule la société civile était prise en considération pour le public de Boyle.
53
+
54
+ La fondation officielle de la franc-maçonnerie remonte à 1717, lorsque Jean Théophile Désaguliers, James Anderson et quelques autres francs-maçons créèrent la Grande Loge de Londres. Désaguliers fut inspiré par son ami Isaac Newton qu'il avait rencontré à la Royal Society. On considère généralement que cet événement marque le début de la maçonnerie spéculative.
55
+
56
+ La franc-maçonnerie arrive officiellement sur le continent européen en 1734, avec l’ouverture d’une loge à La Haye. La première loge pleinement fonctionnelle paraît cependant avoir existé depuis 1721 à Rotterdam. De même, des traces de la réunion d’une loge à Paris en 1725 ou 1726 ont été retrouvées[37]. Comme l’écrit Daniel Roche, en 1789, la franc-maçonnerie était particulièrement répandue en France qui ne comptait alors peut-être pas moins de 100 000 francs-maçons, ce qui en ferait la plus populaire de toutes les associations des Lumières[38]. La franc-maçonnerie ne semble cependant pas avoir été confinée à l’Europe occidentale ; Margaret Jacob a retrouvé l’existence de loges en Saxe en 1729 et en Russie en 1731[39].
57
+
58
+ En dépit de ces preuves d’existence, la contribution ou même le rôle de la franc-maçonnerie comme facteur principal dans les Lumières a néanmoins fait récemment l’objet de débats parmi les historiens. Certes des figures majeures des Lumières, comme Montesquieu, Voltaire, Pope, Horace et Robert Walpole, Mozart, Goethe, Frédéric le Grand, Benjamin Franklin et George Washington étaient francs-maçons[40], mais des historiens comme Robert Palmer Roswell ont conclu que même en France, les francs-maçons, qui n’ont pas agi en groupe, étaient politiquement « inoffensifs voire ridicules »[41]. les historiens américains ont effectivement noté que Franklin et Washington étaient bien actifs dans la franc-maçonnerie, mais ils ont minimisé l’importance, à l’époque de la Révolution américaine, de ce mouvement apolitique qui comprenait aussi bien des Patriots que des Loyalistes[42].
59
+
60
+ En ce qui concerne l’influence de la franc-maçonnerie sur le continent européen, l’historien allemand Reinhart Koselleck a affirmé que « Sur le continent, il y avait deux structures sociales qui ont laissé une empreinte décisive sur les Lumières : la République des Lettres et les loges maçonniques »[43], tandis que Thomas Munck, professeur à l’université de Glasgow, a fait valoir que « bien que les francs-maçons aient favorisé les contacts internationaux et intersociaux essentiellement non-religieux et ce, largement en accord avec les valeurs des Lumières, on ne peut guère les décrire comme un important réseau radical ou réformiste en propre »[44].
61
+
62
+ Les loges maçonniques anglaises et écossaises originaires des guildes de compagnons du XVIIe siècle[45], se sont élargies à divers degrés, au XVIIIe siècle, dans un vaste ensemble d’associations interconnectées d’hommes, et parfois de femmes. Margaret Jacob affirme que celles-ci disposaient de leur propre mythologie et de codes de conduite spéciaux comprenant une même compréhension des notions de liberté et d’égalité héritées de la sociabilité des guildes : « liberté, fraternité et égalité »[46] La remarquable similitude de ces valeurs, généralement communes à la Grande-Bretagne et au continent, avec le slogan de la Révolution française de « Liberté, égalité, fraternité » a donné naissance à de nombreuses théories du complot. L’abbé Barruel a notamment fait remonter les origines des Jacobins et, partant, de la Révolution, aux francs-maçons français dans son Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (Londres, Ph. le Boussonnier ; Hambourg, P. Fauche 1797-98).
63
+
64
+ Il est probable que les loges maçonniques ont eu un effet, hormis les théories du complot, sur la société dans son ensemble. Giuseppe Giarrizzo a souligné le rapport étroit entre francs-maçons et Lumières[47]. Jacob fait valoir que les loges maçonniques ont « reconstitué la vie politique et instauré une forme constitutionnelle d’autonomie gouvernementale, avec ses constitutions, ses lois, ses élections et ses représentants ». En d’autres termes, les micro-sociétés mises en place dans les loges ont constitué un modèle normatif pour la société dans son ensemble. Ceci était particulièrement vrai sur le continent : lorsque les premières loges ont commencé à apparaître dans les années 1730, leur incarnation des valeurs britanniques a souvent été perçue comme une menace par les autorités gouvernementales locales. Par exemple, la loge parisienne qui s’est réunie au milieu des années 1720 se composait d’exilés jacobites anglais[48]. Les francs-maçons de toute l’Europe du XVIIIe siècle faisaient, en outre, référence aux Lumières en général. Le rite d’initiation des loges françaises citait ainsi explicitement les Lumières. Les loges britanniques se fixaient comme objectif d’« initier ceux qui ne sont pas éclairés », ce qui ne représente pas nécessairement un lien entre les loges et l’irréligion, mais ne les excluent pas non plus à l’occasion de l’hérésie. Beaucoup de loges rendaient en fait hommage au « Grand Architecte », le terme de la phraséologie maçonnique pour désigner le créateur divin d’un univers scientifiquement ordonné[49]. Daniel Roche conteste néanmoins les revendications égalitaristes de la franc-maçonnerie : « l’égalité réelle des loges était élitiste », n’attirant que les personnes de milieux sociaux similaires[50]. Cette absence de véritable égalité a été rendue explicite par la constitution de la loge de Lausanne en Suisse (1741) :
65
+
66
+ « L’ordre des francs-maçons est une société de confraternité et d’égalité représentée, à cette fin, sous l’emblème d’un niveau … un frère rend à un autre frère l’honneur et la déférence qui lui sont dus à juste titre à mesure de son rang dans la société civile[51]. »
67
+
68
+ L’élitisme a profité à certains membres de la société. La présence, par exemple, de femmes nobles dans les « loges d’adoption » françaises qui se sont formées dans les années 1780 est due en grande partie aux liens étroits entre ces loges et la société aristocratique[52],[53].
69
+
70
+ Les Lumières se sont pensées comme un mouvement européen[54], international et si le français qui a détrôné le latin comme langue « universelle »[55] semble s’imposer comme le langage par excellence de la nouvelle « République des Lettres », l’homme des Lumières est avant tout un « cosmopolite », un « citoyen du monde »[56] quand il n’est pas un apatride.
71
+
72
+ Dans Was ist Aufklärung? (Qu'est-ce que les Lumières ?) en 1784, le philosophe Emmanuel Kant dit que le progrès des Lumières consiste à limiter toujours davantage le despotisme du gouvernement. Frédéric II, roi de Prusse, pourtant despote lui-même, sut garantir dans son royaume la liberté de conscience et utilisa malicieusement les Lumières de Kant comme instrument de propagande et comme moyen de gouvernement en s'assurant l'alliance des meilleurs esprits de toute l'Europe en leur donnant la liberté de publier et de leur dire « Raisonnez tant que vous voudrez, mais obéissez ! », pendant qu'ailleurs ils devaient tout autant obéir, mais sans pouvoir raisonner[57].
73
+
74
+ Les philosophes de Lumières sont ouverts au monde et sont pour toute forme de liberté.
75
+ Tous les philosophes des Lumières cherchent à libérer les hommes de toutes croyances et superstitions. Mais leurs idées ont touché peu de monde car peu de personnes savaient lire à l'époque. Ils ont tout de même réussi à modifier les idées reçues.
76
+
77
+ Politiques, autant d'adversaires directs ou indirects des Ferveurs nouvelles. À leur influence s'ajoute, pour empêcher le progrès de la dévotion en France, la mode, cette mode qui, jusqu'au règne de Louis XIV, sert à l'impiété de recommandation parmi les gens du monde.
78
+
79
+
80
+
81
+
82
+
83
+ Les principales figures des Lumières:
84
+
85
+ Portrait de Emmanuel Kant, Auteur inconnu
86
+
87
+ Portrait de David Hume (1711-1776), par Allan Ramsay en 1766.
88
+
89
+ Portrait de Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1753)
90
+
91
+ Portrait de Suzanne Curchod (1739-1794)
92
+
93
+ Jean-Jacques Rousseau par Maurice Quentin de la Tour, au XVIIIe siècle, musée Antoine Lecuyer
94
+
95
+ Portrait de Denis Diderot (1713-1784)
96
+
97
+ Portrait de Madame du Deffand, par Eugène Asse (XVIIIe siècle)
98
+
99
+ Portrait de Marie Olympe de Gouges par Alexander Kucharsky.
100
+
101
+ Portrait de Alessandro Volta (1745-1827)
102
+
103
+ Portrait de Émilie du Châtelet (1706-1749).
104
+
105
+ Portrait de Montesquieu (1689-1755)
106
+
107
+ Portrait de Thomas Jefferson (1743-1826)
108
+
109
+ Portrait de Jean le Rond D'Alembert (1717-1783)
110
+
111
+ Portrait de Adam Smith
112
+
113
+ Portrait de Mario Pagano (1748-1799)
114
+
115
+ Portrait de Voltaire (1694-1778)
116
+
117
+ L'écume des lettres , Hachette édition
118
+
119
+ Sur les autres projets Wikimedia :
120
+
121
+ : document utilis�� comme source pour la rédaction de cet article.