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+ Factions :Progressisme[8]Centrisme[9],[10]Conservatisme[10]Socialisme démocratique[11],[12],[13],[14]Populisme de gauche[15],[16],[17]Social-démocratie[18]
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+ Le Parti démocrate est un parti politique américain qui s'oppose, dans le contexte du système bipartite, au Parti républicain. Il est l'une des plus grandes organisations politiques mondiales avec plus de 44 millions d'adhérents en 2017.
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+ Le Parti démocrate conçoit la société américaine comme une union des communautés de citoyens. Il veut assurer la protection égale de leurs droits particuliers, notamment pour les moins puissants. Il est donc traditionnellement la « grande tente » dans laquelle les minorités se retrouvent[22], qu'elles soient ethniques (Afro-Américains depuis le New Deal, Hispaniques et Latino-Américains, Asio-Américains), religieuses (catholiques, musulmans et juifs) ou sociologiques (intellectuels, artistes). Son principal adversaire, le Parti républicain, est considéré a contrario comme un parti White Anglo-Saxon Protestant visant à imposer la force de l'Union par le respect des valeurs centrales qui permettent la réussite des meilleurs, proche des milieux d'affaires et financiers, soutenu par les professions libérales et les entrepreneurs.
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+ Le Parti démocrate est issu de la scission du Parti républicain-démocrate fondé par Thomas Jefferson en 1792[23]. Doyen des partis américains et mondiaux, il est à l'origine un parti anti-fédéraliste défendant la liberté des États face au pouvoir fédéral, et celle des propriétaires individuels face aux intérêts bancaires et industriels. À l'époque de la Guerre de Sécession, il défend également l'esclavage face au parti républicain de Lincoln, abolitionniste. Il évolue nationalement vers une vision moins conservatrice[24] et moins méfiante du pouvoir fédéral dès les années 1890, et plus nettement dans les années 1930 avec le président Franklin Delano Roosevelt, en valorisant le rôle de l'État dans la protection des minorités. Dans les années 1960 et 1970, il s'inscrit à gauche sous l'impulsion des sénateurs Hubert Humphrey, George McGovern ou Edward Moore Kennedy, puis se place vers le centre sous les mandats de Jimmy Carter et Bill Clinton avant de se réorienter à gauche sous la présidence de Barack Obama avec l'influence de Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Jesse Jackson, Keith Ellison et Nancy Pelosi.
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+ À l'échelle internationale, le Parti démocrate est, depuis 2013, membre de l'Alliance progressiste qui regroupe l'ensemble des partis politiques progressistes, sociaux-démocrates et socialistes proche de l'Internationale socialiste. Il est dirigé par le Comité national démocrate.
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+ L'ancêtre de l'actuel Parti démocrate est le Parti républicain-démocrate de Thomas Jefferson et James Madison qui s'était constitué entre 1793 et 1798 face au Parti fédéraliste de George Washington et de John Adams.
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+ Le débat entre partisans d'une unité centralisée (donc fédéraliste) et partisans du droit des États et de l'individu marque les premières années des États-Unis. Les fédéralistes sont dirigés par Adams, puritain, anglophile, soutenu par la bourgeoisie du Nord qui s'inquiète des désordres populaires. Les républicains-démocrates défendent l'idéal jeffersonien d'un peuple de petits propriétaires indépendants et égaux. Proche des valeurs de la Révolution française, ce parti refuse qu'une élite urbaine financière limite leurs particularismes et leur droit à l'expansion (conquête de l'Ouest, libre commerce). Cela conduit le parti à s'opposer aux taxes fédérales et à une banque centrale contrôlant la monnaie, ce qui en fait un partisan du libéralisme en économie. Le parti s'affiche contre les empiétements de l'État fédéral. Indirectement, en refusant une loi fédérale abolissant l'esclavage, il soutient l'« institution particulière », ce qui le rend très populaire dans l'électorat du sud, qui exporte le coton et est donc favorable à des droits de douanes faibles.
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+ Avec la victoire à la présidence de Jefferson en 1800, l'achat de la Louisiane à la France, qui double les terres ouvertes aux fermiers pour la « poursuite du bonheur », et la fin de la guerre de 1812 contre les Anglais qui assure la liberté du commerce et rend possible la doctrine Monroe (« l'Amérique aux Américains »), les républicains-démocrates prennent durablement le pouvoir. La régionalisation puis la disparition du Parti fédéraliste, permet au Parti démocrate d'être, pendant une trentaine d'années, le seul parti politique national d'importance des États-Unis (1795-1825). Il est alors dirigé par de grands propriétaires virginiens, Madison et Monroe succédant à Jefferson à la présidence.
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+ Le Parti républicain-démocrate se divise vers 1825. La montée électorale du représentant des fermiers de l'Ouest, le populiste Andrew Jackson, provoque l'inquiétude des élites virginiennes et puritaines qui finissent par lui préférer le fils de John Adams, John Quincy Adams qui crée le parti national-républicain. Cette scission entraîne un changement de nom du parti de Jackson, qui prend rapidement le nom de Parti démocrate. Adams étant connu pour son antiesclavagisme, Jackson reçoit le soutien du Sud grâce au sénateur Calhoun, important porte parole des états esclavagistes, théoricien du droit de « nullification » des lois fédérales par les états locaux. Jackson en outre, par son opposition populiste à l'élite Wasp, attire les fermiers de l'ouest et les nouveaux arrivants, en particulier catholiques (Irlandais puis Italiens). Le parti démocrate les fédère autour de la machine politique à New York que domine Martin Van Buren, un descendant de Néerlandais qui a le soutien des locofocos (en) (démocrates qui défendent les classes populaires). Cette coalition permet la victoire de Jackson à la présidentielle de 1829. La fonction publique est alors contrôlée par les démocrates (système des dépouilles).
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+ De 1833 à 1856, le parti de Jackson est principalement opposé au Parti whig. Ce parti, issu des partisans d'Adams, reconstitue un certain idéal fédéraliste, représente les milieux d'affaires du nord du pays voulant une économie de marché moderne, axée sur l'éducation morale, des droits de douane protégeant l'industrie et une banque centrale stabilisant la monnaie. Pour les Whigs, le commerce et les infrastructures ont plus de poids que la main-d'œuvre et la possession de terres. Ils reprochent à Jackson son autoritarisme et son populisme. Le parti de Jackson a une implantation sociale et géographique éloignée des élites urbaines : les migrants, les colons de l'ouest, le sud esclavagiste et les minorités new yorkaises ou bostoniennes se reconnaissent dans le populisme de Jackson ou l'autorité de Polk, futur président. Les chefs du parti conduisent une politique clientéliste, ouvrant de nouvelles terres à la conquête, politique annexionniste vis-à-vis des indiens, de la frontière canadienne et du Mexique (Polk). Mais le parti ne parvient ni à juguler la crise économique de 1837, liée à leur politique financière, ni, surtout à trouver un compromis durable sur l'esclavage dans les terres conquises : les démocrates du Nord (dont Van Buren) y sont hostiles, alors que l'extension est essentielle pour ceux du Sud qui se reconnaissent dans l'argumentation quasi sécessionniste de Calhoun qui finit par entrer en conflit avec Jackson et Polk.
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+ Le Comité national démocrate (DNC) est structuré en 1848 pour tenter de conserver l'unité du parti, difficile à maintenir. Même si le parti adverse whig est lui aussi divisé et moribond à cause de ses ambiguïtés sur les annexions et sur la question esclavagiste, les présidents démocrates ne parviennent ni à maintenir ni à trouver un compromis sur la question de l'esclavage : Van Buren, président des États-Unis de 1837 à 1841, crée un parti antiesclavagiste, Fillmore, partisan du retour à un compromis Nord/Sud perd le soutien des sudistes de son parti, et Buchanan plus favorable à l'extension de l'esclavage, ne peut empêcher la rupture entre pro et anti-esclavagistes, à la fin des années 1850. Le parti se divise. Devant la crise des deux grands partis, se crée le Parti républicain composé d'anti-esclavagistes des deux bords. Lors de l'élection présidentielle de 1860, le Parti démocrate ne peut se mettre d'accord sur un candidat et se divise entre démocrates du nord (candidat Stephen A. Douglas modéré) et démocrates du sud (John Cabell Breckinridge esclavagiste). Cette division face au candidat Whig affaibli et surtout au parti républicain qui présente Abraham Lincoln permet à celui-ci d'être élu alors qu'il est minoritaire en voix.
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+ La défaite démocrate entraîne la sécession des États et des élus du Sud qui font du démocrate esclavagiste Jefferson Davis leur nouveau président. La Guerre de Sécession dure jusqu'en 1865, année de la victoire des Nordistes. Les démocrates du nord se divisent entre les pacifistes Copperheads et quelques unionistes qui rejoignent Lincoln (ainsi Andrew Johnson, seul sénateur démocrate antisécessionniste, colistier pour sa réélection). À la fin de la guerre les États rebelles sont privés du droit de vote lors des premières années de la période de la reconstruction après la guerre de Sécession. Privé du « solide Sud » le parti démocrate est laminé par les Républicains. Après l'assassinat de Lincoln, le démocrate Johnson devient président mais, isolé face à la majorité républicaine et considéré comme un traitre par les sudistes, il échappe de peu à une procédure d'impeachment. Dès 1868, la présidence revient pour de longues années aux républicains, les démocrates ne présentant pas vraiment de candidat en 1872 (soutien à Horace Greeley).
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+ Le Parti démocrate devient, après 1877, lorsque tous les anciens États confédérés ont été rétablis dans leurs droits et que l'occupation des troupes nordistes a pris fin, le refuge de tous les anciens esclavagistes et des ségrégationnistes. Jusqu'en 1964, où le candidat républicain l'emportera sur Lyndon B. Johnson dans ces États, le sud reste un bastion électoral imprenable où le parti démocrate fait souvent figure de parti unique et où les divergences politiques ne s'expriment qu'en son sein, opposant les populistes, les conservateurs et les modérés.
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+ Dans les États du nord, le Parti démocrate appuie son électorat sur les immigrants de la Nouvelle-Angleterre, particulièrement des Irlandais catholiques qu'ils avaient protégé contre l'hostilité des « natifs » ; dans les États de l'ouest, il est l'expression des classes populaires immigrées d'Europe, qui sont en butte avec l'administration républicaine au sujet des tarifs douaniers et de la restriction monétaire.
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+ Ainsi, face à un parti républicain, regroupant les WASP aisés et les esclaves libérés du sud, le parti démocrate recueille les suffrages des Blancs du sud, des autres minorités ethniques juives et catholiques, des couches populaires, ouvrières et des immigrants récents du nord-est. Les historiens socio-culturels notent une opposition entre les « piétistes » républicains (religion individuelle morale en lien direct avec la transcendance) et les « liturgistes » démocrates (membres de communautés reconnaissant l'intercession d'un clergé pour une présence immanente du mystère divin). Cette opposition n'est pas que théorique : elle a un rôle électoral quand, par exemple, les piétistes entendent prohiber l'alcool.
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+ Face à la domination des républicains, les démocrates fédèrent les couches dominées (nouveaux habitants de l'ouest, Blancs du sud et migrants catholiques et juifs des villes côtières). Ils menacent ainsi les républicains en particulier lors de l'élection de 1876, largement frauduleuse, où leur candidat, le New Yorkais Samuel Jones Tilden est majoritaire en voix. En échange de l'élection, les républicains doivent concéder un compromis dans les États du sud : ils mettent fin à la « Reconstruction », retirent l'armée et rendent le pouvoir local aux blancs démocrates. La Cour suprême réduit les droits (notamment du vote) des Afro-Américains : le sud est redevenu un bastion démocrate ségrégationniste. Ailleurs, le Parti démocrate, en particulier à New York, dans l'immeuble Tammany Hall, s'organise comme un réseau d'entraide, de patronage. Le système du bossisme y domine, avec pour effet de réduire le parti à une machine électorale et clientéliste. Vers 1880, l'immobilisme et la corruption, voire la fraude sont communs aux deux partis.
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+ Devant la multitude des scandales et du favoritisme (culminant avec l'assassinat du président républicain Garfield par un militant déçu), une génération nouvelle visant à s'afficher comme efficace, morale et rigoureuse, réforme profondément les pratiques et bouscule les vieilles machines électorales. La chute de William Tweed, démocrate de New York, assainit le Parti démocrate, en partie grâce à Samuel Jones Tilden. Le magistrat démocrate Grover Cleveland de l'État de New York obtient l'investiture de son parti en 1884 sur sa réputation réformiste. Leader d'une fraction du parti, les démocrates Bourbons très libéraux en économie, hostiles à toute intervention de l'État central sur l'économie, il parvient à remporter l'élection présidentielle face aux républicains divisés par la crise réformiste et les revendication des fermiers de l'ouest, en 1884 et en 1892 (étant majoritaire en voix en 1888 quoique battu). Il a su entraîner une partie de l'électorat républicain : son réformisme lui attire en effet la sympathie de certains jeunes républicains, les Mugwumps (dont Theodore Roosevelt) et son orientation très libérale en économie lui vaut la bienveillance des milieux boursiers. Pendant son mandat, Cleveland s'oppose systématiquement à toute intervention de l'État fédéral en faveur d'un groupe particulier (y compris les anciens combattants invalides de la guerre de Sécession). Sa politique étrangère se refuse à de nouvelles annexions (Hawaï) et renoue avec la doctrine Monroe, s'opposant par des interventions au Venezuela aux impérialismes européens en Amérique centrale.
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+ Toutefois ce réformisme libéral de Cleveland échoue lors de la crise économique de 1893. Dans son propre parti, le courant populiste des fermiers de l'ouest lui reproche sa politique de restriction monétaire, son soutien aux milieux financiers et son action contre les grèves. Sous l'impulsion de William Jennings Bryan, orateur inspiré, le parti adopte la plateforme du mouvement populiste. Cela le réoriente économiquement à gauche, comme partisan d'une plus grande circulation de la monnaie (bimétallisme) tout en restant sociétalement très conservateur et religieux. Bryan y perd le soutien des milieux d'affaire et échoue successivement trois fois contre les républicains, en particulier contre Theodore Roosevelt le républicain réformateur, impérialiste et nationaliste qui donne à la présidence un rôle hyperactif et « vole » aux démocrates le thème de la croisade antitrust.
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+ Le parti, devant l'échec de la voie populiste, se tourne, en 1912, vers un progressiste universitaire, axant son action sur ses principes moraux et sa rigueur. Woodrow Wilson se fait le champion de la lutte contre la corruption et les promoteurs, de la prise en compte de la volonté populaire (primaires au suffrage universel pour empêcher les jeux d'appareil). Il profite de la brouille des républicains entre l'ancien président et son successeur : l'élection de 1912 est une triangulaire où la conception démocratique (nouvelle liberté) de Wilson l'emporte sur la vision autoritaire de la new nation de l'ancien président Théodore Roosevelt et sur le Big Business des monopoles qui soutiennent le président républicain sortant Taft.
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+ Au pouvoir, Wilson applique une politique démocrate à partir d'un pouvoir exécutif fort (conformément à ses théories politiques) : il élargit le rôle du suffrage direct (le XVIIe amendement pour le Sénat, désormais élu directement par deux représentants par État, et en donnant par le XIXe le droit de vote aux femmes) protège l'électorat du sud ségrégationniste, les migrants (tentative de veto à des mesures anti-migration) et les minorités (nomination d'un Juif à la Cour suprême). Il fait voter des lois pour les fermiers, les travailleurs du rail, contre le travail des enfants (loi invalidée par la Cour suprême), contre les trusts et permet la création d'un impôt sur le revenu baisse les droits de douane. Mais il concède aussi à ses adversaires politiques en restant proche de la vision de l'exécutif de Théodore Roosevelt, en acceptant la création d'une réserve fédérale et en accédant à une revendication des moralistes (prohibition de l'alcool).
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+ En politique étrangère, Wilson pratique un interventionnisme mesuré (non impérialiste), visant à l'extension de la démocratie et à l'établissement d'une Société des Nations. Cela explique ses actions militaires en Amérique centrale l'intervention de 1917 au Mexique (en) puis son entrée en guerre tardive en 1917 (alors qu'il faisait campagne pour la paix en 1916 lors de sa réélection). Cela provoque la démission de l'ancien meneur démocrate, Bryan, resté pacifiste et assez rapidement l'hostilité de la population. Wilson prend momentanément pendant la guerre, des mesures de dirigisme économique qui peuvent avoir inspiré le new Deal.
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+ Face aux républicains à nouveau unis, isolationnistes, s'étant ralliés les milieux affairistes et moralistes (prohibition), les démocrates perdent l'élection de 1920. Les républicains dominent à nouveau la scène jusqu'en 1932. Les démocrates, malgré l'activité de certains chefs locaux (comme le cousin éloigné de l'ancien président Roosevelt, Franklin Delano Roosevelt à New York, candidat à la vice-présidence) ne peuvent faire face à la machine républicaine qui accompagne la croissance rapide de l'économie et souffrent dans les villes de la montée de mouvements de gauche (socialistes menés par Eugene Victor Debs). Le parti peine à trouver un projet commun. Il est fortement divisé sur la question de la prohibition ou sur celle de la condamnation du Ku Klux Klan (repoussée d'une voix lors de la convention de 1924).
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+ En 1927, André Siegfried décrit ainsi le Parti démocrate :
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+ « la tradition démocrate réside essentiellement dans la défense des minorités, des non-organisés. De ce fait, le parti ne trouve pas d'unité dans un principe constructif ; son esprit véritable est celui de l'opposition ; il ne maintient sa raison d'être que dans une perpétuelle et changeante coalition de mécontents. Protéger les immigrants contre les assimilateurs ; l'individu contre l'État, combattre l'oppression légale et sociale de la majorité, revendiquer pour les communautés locales, contre le gouvernement central, le droit de régler elles-mêmes leurs problèmes, c'est-à-dire préserver les États contre l'emprise excessive de la fédération… C'est toujours une clientèle locale brimée, ou s'estimant telle, qu'il soutient : le Sud contre le Nord, l'Ouest agricole contre l'Est capitaliste, les grandes cités cosmopolites contre l'américanisme protestant. Ses victoires sont nombreuses, mais elles restent de caractère local : gouverneurs, législatures d'États… »
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+ Face à la crise de 1929, et à l'échec du laissez-faire initial des républicains, les démocrates emportent l'élection de 1932. Franklin Delano Roosevelt conduit la politique du New Deal qui ramène durablement les démocrates au pouvoir grâce à un programme progressiste volontariste et keynésien. Il met ainsi fin à l'image rétrograde du parti en se faisant le champion de l'État-providence à l'européenne. Son interventionnisme social et économique est une nouveauté pour les démocrates jusqu'ici antidirigistes. Sa politique est donc contestée par la Cour suprême, par des démagogues, ou par des conservateurs, qui, y compris dans son parti lui reprochent soit son « socialisme » (ainsi le fit son vice-président John Nance Garner ou Wendell Willkie, un démocrate qui devient républicain et son opposant lors de la présidentielle de 1940), soit son interventionnisme anti-nazi (notamment l'ambassadeur Joseph Patrick Kennedy). Toutefois, la reprise économique puis les victoires militaires de la Seconde Guerre mondiale permettent à Roosevelt d'être trois fois réélu et aux démocrates de dominer le Congrès. La société américaine est profondément changée par la puissance nouvelle donnée au rôle social et économique donné à l'État. Dans un même temps, le Parti démocrate s'enracine auprès des couches populaires, en témoigne la création en 1944 du Minnesota Democratic-Farmer-Labor Party dans l'État éponyme, section locale toujours active du parti.
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+ Le successeur de Roosevelt, Harry S. Truman, fait difficilement face à une remontée des républicains au Congrès. Il ne parvient pas à imposer tout à fait sa politique sociale ambitieuse et se laisse déborder par la croisade anticommuniste qu'il avait pourtant tout d'abord approuvée, le maccarthysme (le vice-président de la commission est un démocrate, l'un des frères Kennedy, et cette politique était soutenue à l'époque par l'acteur syndicaliste démocrate Ronald Reagan qui se rapproche alors des républicains). Cela lui fait perdre le soutien de l'aile la plus progressiste du parti (incarnée par Henry Wallace) ce qui entraîne une progressive rupture avec la jeunesse, pendant que les électeurs du sud s'inquiètent des réformes sociales et antiségrégationnistes ce qui affaiblit le parti de Roosevelt et Truman. Les démocrates continuent de fédérer les minorités (catholiques italiens hispaniques ou irlandais, Juifs) et les ouvriers (parmi lesquels des Noirs du nord) qui se sentent désormais protégés par un État social. Mais la classe moyenne, et en particulier dans les États conservateurs du sud, très attachée à la ségrégation et très anticommuniste, s'inquiète de l'orientation sociale et ouverte aux Afro-Américains du parti.
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+ Le parti est divisé entre conservateurs du sud et modernistes progressistes des villes sur la question de la ségrégation raciale. Dès la fin des années 1940, les démocrates du nord, sous l'impulsion du Président Harry S. Truman et du Sénateur Hubert Humphrey, se prononcent pour la fin des inégalités de traitement entre Blancs et Noirs d'abord dans l'armée puis dans la société civile. C'est la consternation chez les « Southern Democrats » ségrégationnistes (les Dixiecrats) : ils soutiennent à l’élection présidentielle de 1948 Strom Thurmond, le gouverneur de Caroline du Sud contre le président démocrate sortant Harry S. Truman. Thurmond n'obtient que 2,4 % des suffrages sur le plan national, mais remporte la majorité dans quatre États du Sud, soit 39 votes des grands électeurs, ce qui manque de faire perdre Truman face à Thomas Dewey et contribue au recul des démocrates face aux républicains.
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+ Durant les années 1950, le Parti démocrate retrouve un semblant d'unité durant la présidence de Dwight D. Eisenhower, mais ne peut faire gagner Adlai Stevenson. En 1960, la dynamique campagne de John Fitzgerald Kennedy face à Richard Nixon permet au premier élu catholique d'entrer à la Maison-Blanche sur le thème de la Nouvelle Frontière qui veut étendre le rêve américain aux pauvres. Confronté à la crise des missiles de Cuba et au mouvement antiségrégationniste, Kennedy, puis, après son assassinat, son successeur Lyndon B. Johnson, conduisent une politique progressiste à l'intérieur, multipliant les lois sociales (en particulier l’affirmative action) et un anticommunisme à l'extérieur. Cela provoque le ralliement massif des jeunes et des Afro-Américains au parti.
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+ Mais cela provoque la perte des dixies : l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis déclarant la ségrégation raciale anticonstitutionnelle et les lois mettant fin à la discrimination raciale, font qu'en 1964, les États du sud votent pour la première fois pour un républicain, le conservateur Barry Goldwater, alors que dans le reste du pays le président Johnson est largement plébiscité. Ce départ des conservateurs du sud pousse le parti à gauche : l'accord des droits civiques aux Afro-Américains assure leur soutien politique qui compense la perte des voix des dixies. L'aile progressiste d'Eugene McCarthy ou de Robert Francis Kennedy a le soutien des jeunes opposés à la guerre du Viêt Nam. Mais, lors de la campagne de 1968, après l'assassinat de Robert Francis Kennedy, le choix par la convention de Chicago de Hubert Humphrey, vice-président, (antiségrégationniste, mais favorable à la guerre), provoque à la fois la protestation de la jeunesse radicale, et la scission avec l'aile la plus conservatrice : les Démocrates du Sud forment l'American Independent Party. Leur candidat, George Wallace, gouverneur de l'Alabama, obtient 13,5 % des suffrages et la majorité dans tous les États du Vieux Sud. Il prive le candidat démocrate Humphrey de toute chance de victoire face à Richard Nixon.
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+ Usés par la guerre du Viêt Nam qui les avait un temps coupés de la jeunesse libérale la plus à gauche, les démocrates se radicalisent, du fait de l'éloignement des démocrates conservateurs, et présentent en 1972 George McGovern, qui, accusé de complaisance avec le communisme, subit un échec cuisant face à Nixon. Les démocrates comprennent alors que, sans renier leurs idéaux de protection des minorités (Noirs ou Indiens), il leur faut présenter des candidats susceptibles de rallier les suffrages du sud. Ils ont aussi conscience que la majorité parlementaire dont ils disposent au Congrès depuis les années 1950 ne peut survivre à une désertion des électeurs blancs sudistes, lesquels représentent près d'une trentaine de sénateurs. En 1976, Jimmy Carter, gouverneur peu connu de Géorgie, membre des communautés évangéliques, réussit ainsi la synthèse entre les libéraux du nord et les conservateurs du sud, sans toutefois revenir sur le programme progressiste du Parti démocrate, pour accéder à la présidence. Mais son moralisme ne suffit pas face à la crise économique et sa politique des droits de l'homme échoue à l'étranger.
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+ La vague conservatrice de 1980, qui propulse Ronald Reagan à la Maison-Blanche et permet aux républicains d'obtenir, pour la première fois depuis 30 ans, la majorité au Sénat, est un avertissement sévère pour les démocrates. Si, comme au début des années 1970, ils semblent d'abord se radicaliser sur l'aile la plus sociale du parti, comme le montre la candidature de Walter Mondale en 1984, le mouvement des Nouveaux démocrates réoriente le parti vers le centre, et participe à la victoire de Bill Clinton, gouverneur de l'Arkansas, à l'élection présidentielle de 1992 face à un camp conservateur pour une fois divisé (la candidature du populiste de droite Ross Perot, qui obtint 19 % des suffrages, prive George H. W. Bush, avec 37,5 % des voix, d'un second mandat). Bill Clinton toutefois, ne parvient pas à imposer les réformes sociales dans le domaine de la santé : en 1994, le Parti démocrate, qui dominait le Congrès depuis le début des années 1950 (hormis le Sénat entre 1980 et 1986) connaît une défaite historique en perdant la majorité dans les deux assemblées ainsi que la majorité des postes de gouverneurs. Bill Clinton parvient toutefois à s'assurer une popularité personnelle grâce à son habile politique économique amenant à la prospérité des États-Unis et à se faire réélire en 1996. Il est partisan d'une troisième voie, libérale en économie, limitant l'assistanat.
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+ Après avoir dominé les deux chambres du Congrès quasiment sans interruption pendant 40 ans (durant quelques brèves périodes, le Sénat passe sous le contrôle républicain), le Parti démocrate perd la majorité en 1994 face au Parti républicain.
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+ En 2000, le scrutin présidentiel oppose le vice-président sortant Al Gore au fils de l'ancien président Bush, George W. Bush. Le résultat national est incertain et dépend de la Floride mais un recomptage y est nécessaire. Bush emporte l'élection de moins de 600 voix en Floride et la Cour suprême le déclare vainqueur par l'arrêt Bush v. Gore. Bush est toutefois minoritaire par le vote populaire.
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+ Durant la session 2004-2006, le parti est minoritaire au Sénat avec 44 sièges sur 100, à la Chambre des représentants avec 202 sièges sur 435 et en nombre de gouverneurs avec 22 postes sur 50. John Kerry échoue à l'élection présidentielle face au sortant, George W. Bush.
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+ Après 12 années en position minoritaire au Congrès (à l'exception des années 2001-2002 pour le Sénat), le Parti démocrate reprend le contrôle des deux chambres du Congrès après les élections du 7 novembre 2006 en arrachant la victoire au Sénat avec (51 sièges de démocrates et assimilés sur 100[25]) et en gagnant plus largement à la Chambre des représentants (233 sièges sur 435).
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+ En 2008, le sénateur de l'Illinois Barack Obama, gagnant des primaires présidentielles face à Hillary Clinton et passant pour une figure centriste, est élu président des États-Unis contre le candidat républicain John McCain. Il s'agit du premier ticket démocrate élu ne comprenant aucun candidat issu du sud ; néanmoins, trois États du sud votèrent pour Obama : la Floride, la Caroline du Nord et la Virginie. Cette élection constitue un profond bouleversement dans la situation du Parti démocrate, qui domine toutes les institutions nationales jusqu'en janvier 2011. Depuis cette date, la Chambre des représentants, issue des élections de novembre 2010, est dominée par les républicains (242 contre 193) tandis que le Sénat conserve une majorité démocrate (53 contre 47). Lors des élections américaines de la Chambre des représentants de 2012, ces nombres passent respectivement à 201 élus démocrates à la Chambre et 55 au Sénat[26].
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+ Durant sa présidence, Obama veut trancher avec son prédécesseur, qui avait lancé les guerres d'Afghanistan et d'Irak après les attentats du 11 septembre 2001. La protection de l'environnement, la réforme du financement du système de santé dite Obamacare, la réforme du système financier après la crise des subprimes et la défense des droits des minorités (le mariage gay est légalisé fédéralement en 2015 par la Cour suprême) sont les lignes directrices de sa présidence sur le plan intérieur. Se décrivant comme Bill Clinton comme étant membre des Nouveaux démocrates, centriste, il apparaît cependant plus à gauche que ce dernier et réussit donc à rassembler le parti derrière sa personne.
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+ Durant ces mêmes années, les électeurs affiliés au Parti démocrate évoluent progressivement vers la gauche. D'après un sondage de The Gallup Organization, les électeurs démocrates deviennent de plus en plus libéraux (libéralisme américain, c'est-à-dire de gauche)[27] :
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+ Par ailleurs, les démocrates s'opposent aux républicains à propos du réchauffement climatique : un sondage de 2014 du Pew Research Center indiquait que, sur un échantillon de plus de 2 000 personnes interrogées, 80 % des individus s'identifiant comme démocrates reconnaissaient l'origine anthropique du changement climatique, mais que cette proportion descendait à seulement 10 % chez les républicains conservateurs[28]. 57 % des conservateurs pensent même qu'il n'y a pas de preuve solide soutenant la thèse du réchauffement climatique (contre à peine 10 % des libéraux)[28].
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+ La défense des droits des femmes, des homosexuels, des minorités ethniques et religieuses, la lutte contre le port d’armes, les inégalités sociales, l’amélioration du système scolaire, la taxation des plus hauts revenus, l'augmentation du salaire minimum ainsi que la dénonciation des spéculations économiques des systèmes bancaires et financiers sont au cœur des programmes de campagne des candidats aux primaires du Parti démocrate en vue de l’élection présidentielle 2016[29]. L'indépendant devenu démocrate Bernie Sanders, sénateur du Vermont, se présente comme « démocrate socialiste » et assume des positions sociales très peu jusqu'ici relayées à l'échelle nationale (salaire minimum universel à 15 dollars de l'heure, université gratuite, « révolution politique », opposition au libre-échange). Alors que les commentateurs politiques le voyaient rapidement balayé par la désormais ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton, il gagne des primaires avec des scores écrasants dans de petits États : 78 % dans l'Idaho, 79 % dans l'Utah, 80 % en Alaska, 70 % à Hawaï et 72 % dans l'État de Washington. Cependant, Clinton bénéficie de forts soutiens dans le sud des États-Unis et remporte la primaire.
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+ Lors de l'élection présidentielle américaine de 2016, Clinton, bien qu'ayant obtenu le plus de voix, échoue à devenir la première femme présidente des États-Unis face au républicain Donald Trump, qui accède à la présidence des États-Unis grâce au mode de scrutin. Pour le journaliste américain Thomas Frank, cette défaite est liée à une tendance plus globale, qui a vu le parti se couper des classes populaires depuis la présidence de Bill Clinton, en s'appuyant sur les élites du système et en se rapprochant des milieux financiers[30].
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+ Le parti est à nouveau majoritaire à la Chambre des représentants après les élections de mi-mandat de 2018, avec 235 sièges sur 435. Cependant il recule au Sénat en perdant un siège bien qu'il recueille environ 59 % des voix au niveau national.
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+ Le parti demeure tiraillé entre :
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+ Localement, le Parti démocrate reste souvent plus conservateur[réf. nécessaire] que nationalement et donc proche de son adversaire républicain, notamment dans l'ouest non côtier, le centre et le sud des États-Unis où il a aussi longtemps disposé du soutien des Dixiecrats — les ségrégationnistes des États du sud, qui avaient fait obstruction au Congrès et au niveau des États en 1964 pour empêcher l'adoption de la loi sur les droits civiques. Au contraire, dans la région de la baie de San Francisco en Californie, dans le Puget Sound (Seattle et le comté de King dans l'État de Washington, le centre de l'Oregon) et l'ouest des Grands lacs (Minnesota et Wisconsin), les branches du Parti démocrate se situent plus à gauche.
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+ Les résultats des législatives sont cumulés sur tout le territoire des États-Unis et ne reflètent donc pas la grande diversité des électorats selon les États.
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+ D'autre part, la Chambre des représentants est renouvelée tous les deux ans donc la notion de victoire et de défaite est relative. Un parti peut gagner des sièges sur une élection et rester minoritaire à la chambre.
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+ Le terme de Jackass (« bougre d’âne », jeu de mots injurieux sur le patronyme Jackson) aurait été utilisé pour désigner le premier président démocrate, Andrew Jackson, lors de la campagne présidentielle de 1828. Une caricature de 1837, représentant Jackson chevauchant son parti figuré sous la forme d'un âne, serait la première transcription graphique de ce jeu de mot.
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+ Le 15 janvier 1870, une caricature politique de Thomas Nast parue dans le Harper's Weekly réutilise et popularise davantage cette image. Nommée A live Jackass Kicking a Dead Lion, (« Un âne bien vivant frappant un lion mort »), elle fait référence à la fable de Phèdre, Le Lion devenu vieux, le sanglier, le taureau et l'âne. Reprise par La Fontaine dans Le Lion devenu vieux, cette fable est à l'origine de l'expression « donner le coup de pied de l'âne » pour désigner une attaque lâche et sans risque contre un adversaire affaibli. Dans la caricature de Nast, l'âne incarne les journaux favorables aux Copperheads, ces démocrates nordistes qui étaient opposés à la politique et à l'héritage du républicain Abraham Lincoln et des membres de son administration. Parmi ces derniers, Edwin M. Stanton, mort l'année précédente, est figuré sous les traits du lion mort subissant de lâches outrages.
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+ L'âne, depuis lors largement utilisé pour représenter le parti, était donc un symbole plutôt négatif, mis en place par les adversaires des démocrates, avant une édulcoration progressive. C'est ce qui explique que, contrairement à l’éléphant républicain, l’âne n’a jamais été officiellement adopté comme logo du parti[39].
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+ Au début du XXe siècle, les États du Midwest, comme l'Ohio et l'Indiana, adoptent le coq, face à l'aigle des républicains. Au Missouri, les démocrates se présentèrent un temps sous l'emblème de la statue de la Liberté, abandonné par la suite pour éviter les confusions avec le symbole du Parti libertarien. Le coq et la statue de la Liberté étaient deux symboles significatifs de la sympathie que portent les démocrates américains à la France, notamment à travers le personnage de La Fayette.
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+ 1837 : première apparition de l'âne démocrate.
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+ Caricature « A live Jackass Kicking a Dead Lion ».
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+ Logo officieux du Parti démocrate.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le ski est un moyen de locomotion[1],[2] individuel de glisse[2] pratiqué à l'aide de patins[2] longs et étroits appelés skis, fixés aux pieds, et un ensemble de disciplines sportives essentiellement hivernales. Principalement connue par le ski sur neige[2], introduite dans les Alpes et les autres massifs européens à la fin du XIXe siècle, cette pratique du ski sur neige naturelle est évidemment dépendante de la présence, de la résistance et de l'épaisseur du manteau neigeux, ce qui limite l'activité aux régions montagneuses ou nordiques, ainsi qu'à la saison hivernale.
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+ Le ski peut également se pratiquer sur toutes surfaces glissantes possédant une tension superficielle non négligeable : l'eau — on parle alors de ski nautique —, des roches comme le sable ou la pouzzolane, les prairies en pente, voire des sols recouverts de neige ou de glace artificielles, d'aiguilles de pin, ou même d'armatures en treillis couvertes de feutres ou de textiles synthétiques sur des pistes en salle.
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+ Le ski est cependant resté longtemps seulement un moyen de déplacement et un mode de transport, commun pendant les longs hivers enneigés dans les pays nordiques, les contrées sibériennes et les montagnes de l'Asie centrale. Le ski dit « nordique » est originaire de Scandinavie. Il a également servi de mode de déplacement hivernal dans certaines armées (guerre à ski) et, ultérieurement, dans les troupes de montagne.
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+ Originellement activité de pleine nature, le ski de descente, qui consiste à descendre des pentes de déclivité variable, a conduit à la construction de sites dédiés. Devenu ainsi sport de glisse prenant le nom en Europe de ski alpin, des domaines skiables et des stations de sports d'hiver ont été ainsi aménagées dans des sites jugés propices à une pratique ludique du ski moyennant travaux : terrassements, équipement de remontées mécaniques, de canons à neige, travail de la neige, etc. générant un vaste secteur touristique, notamment dans les Alpes.
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+ La pratique du ski en terrain à faible déclivité a conduit de son côté au développement de sports plus orientés pleine nature, comme les différentes formes de ski nordique. Bien que le ski de fond et le ski de descente soient regroupés sous la même appellation de « ski », aussi bien les techniques que le matériel sont très différents entre ces deux disciplines.
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+ Il existe aussi plusieurs techniques nordiques de ski de randonnée et de descente, qui portent le nom de localités ou de contrées de Norvège : le télémark, le christiania…
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+ Le substantif masculin[4],[5] ski (prononcé : [ski][4]) est un emprunt[4] au norvégien ski[4],[5].
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+ Le mot français ski(e) survient dès 1841, par l'intermédiaire de la simple lecture défectueuse, comme l'atteste sa prononciation spécifique, peut-être par l'anglais ou l'allemand, du mot norvégien ski, prononcé [ʃiː][Note 1]. Le mot français skie paraît hésiter entre féminin et masculin. En 1841, il est plutôt du genre féminin[6]. En 1876, après son entrée au dictionnaire de Pierre Larousse, il adopte le genre masculin. En 1891, il perd son e final et devient ski[Note 2].
20
+
21
+ L'article souvent cité du Magasin pittoresque de 1841 est en réalité celui de janvier 1842 (néant en 1841)[7]. D'autre part, il existe de nombreux autres exemples du mot ski(e) entre 1797 et 1842[8].
22
+
23
+ Le terme norrois, langue à l'origine du rameau des langues scandinaves, ski remplace le mot patin en usage depuis le siècle des Lumières[Note 3]. Le vieux-norvégien skidh désigne une billette de bois, une chaussure ou une raquette pour la neige. Le verbe norrois skidh, c'est-à-dire briser ou fendre, s'apparente au grec schizein, fendre, au latin scridere, scinder, provoquer la scission, au gothique skaider, séparer. En norvégien, ski signifierait morceau de bois.
24
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25
+ Il n'est toutefois pas à exclure que le terme norrois soit né d'un rapprochement avec un mot onomatopée d'une langue non indo-européenne, le finnois de Scandinavie aujourd'hui disparu au sud. Les dialectes finnois proches de la mer Baltique emploient les termes suhsi, suksi, suks, sohs. Les Toungouzes de Sibérie orientale connaissent suuksildae, huksille... D'une manière générale, les peuples du Nord euro-asiatique, Zyrianes, Sames, Vogoules, Ostiaks, Samoyèdes connaissent l'art du ski et le pratiquent aussi. Le passage d'un groupe de skieurs génère des sons de frottements chuintants ou doucement susurrants selon la nature et la consistance de la piste glacée ou enneigée. L'art du ski aurait été appris par les premiers Germains scandinaves, locuteurs du norrois primitif, mais leur maîtrise technique du travail du bois et du métal leur ont permis d'assimiler le vocable fenno-scandinave et de fabriquer plus aisément l'ustensile.
26
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27
+ Les sagas norvégiennes décrivent les exploits d'Ullr, le dieu lumineux du ski et de Skadi, la déesse aux raquettes qui préside à la mort froide. En réalité, ces deux divinités du panthéon nordique sont les derniers géants de la montagne, qui témoignent d'un monde disparu[Note 4]. Les rois mythiques de l'ancienne Norvège privilégient ce mode de déplacement pour des raisons rituelles, mais se révèlent aussi d'habiles skieurs. Parmi ces rituels, le saut à ski est un acte de bravoure.
28
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29
+ Le fait de marcher et de glisser sur ces planches remonterait à plus de 5 000 ans, sans que l'archéologue puisse affirmer s'il s'agit de skiage ou de rituel néolithique. Les plus anciens vestiges archéologiques sont des skis en bois retrouvés en Russie près du lac Sindor et datant d'environ 6300 à 5000 av. J.-C.[9]. Des peintures rupestres dans l'Altaï, qui seraient datées de 10 000 ans, montrent des chasseurs qui poursuivent buffles et chevaux. Certains sont représentés sur une longue planche rectangulaire, avec des sortes de perches dans les mains[10].
30
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+ Les gravures rupestres découvertes sur l'île de Rødøy, au sud du Nordland âgées de 4000 ans, montrent un skieur sur des planches démesurées, équivalentes à des skis de 4,5 mètres pour un homme actuel, muni d'un bâton rame. Près de la mer Blanche, à Zalavroug, en Russie actuelle, des gravures rupestres datées entre 2000 et 1500 ans av. J.-C. détaillent l'art et la technique de chasse à l'élan d'un trio de chasseurs en proposant un plan de leurs traces complètes sans oublier les marques des bâtons plantés sur la neige fraîche. Cette tradition de représentation rituelle, associée à la chasse hivernale, a été maintenue sur les pierres runiques. On retrouve une scène d'archers tirant à ski sur la pierre de Böksta, en Uppland suédois, érigée vers 1050.
32
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+ L'étude comparée des traditions des populations germaniques montre leur adoption du ski entre le sixième et le douzième siècle. Il semble qu'elles l'empruntent aux fenno-scandinaves qui, bien qu'en voie d'assimilation au sud, occupent encore la majeure partie des terres scandinaves.
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+
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+ L'invention des planches est néolithique. Elle est attestée très tôt en Sibérie, Scandinavie et dans les pays baltes. La section archéologie du musée du ski du Västerbotten à Umeå présente des lames en bois extraites des marais et tourbières. Le marais de Kalvsträsk a fourni des planches remarquablement bien préservées de plus de deux mètres de long, de 15,5 centimètres de large, ainsi que des bâtons se terminant par des formes proches de pelles ou cuillères de poussée, immergées il y a 3 200 ans av. J.-C.[Note 5]. De nombreuses mises au jour en Suède témoignent de l'usage continu des planches de skis : à Storbäck, 1 200 ans av. J.-C., à Jarvsträsk vers 700 apr. J.-C., à Ajaur vers 1100…
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+ Le ski attelé date de 2 500 ans av. J.-C., date à laquelle on retrouve les premières traces en Scandinavie du Shörekjöring, ancêtre du skijoering, qui n’est à l’époque qu’un moyen de locomotion[12].
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+ Les archéologues distinguent trois principaux types de ski selon leur origine géographique : le type arctique, planches de bois courtes (patins d'environ 1,5 m de longueur) mais larges (environ 20 cm), sans rainures, parfois doublées de peau, utilisées en Laponie et en Sibérie ; le type nordique, constitué d'une planche droite plus courte que la gauche (utilisé pour le plat et pour prendre de la vitesse) et qui prédomine en Scandinavie ; le type méridional, longues planches (plus de 2 m) avec une excavation en forme de baquet pour placer les pieds, utilisé lors de la dernière période glaciaire en Slovénie, en Pologne et dans les pays baltes[13].
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41
+ Procope de Césarée décrit en 552, dans son De origine Actibusque Gotorum (« De l'origine et des actions des Goths »), une population de Skridfinnar (« Finnois glissants »)[14]. Saxo Grammaticus (v. 1150 - v. 1220) rapporte que « les Finnois, qui se sont toujours déplacés sur des planches glissantes (...) sont capables d'être en un lieu et d'en disparaître en un éclair (...) La souplesse de leur corps sur les skis leur permet d'attaquer ou de battre en retraite en toute sécurité »[15].
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+
43
+ En 1307, l'écrivain Fadl Allah Rashid ed-Din mentionne l'usage de planches dénommées Sana ou Hana, fixées aux pieds par des courroies avec lesquelles les montagnards entre Turkestan et Mongolie dévalent les monts et franchissent en prenant appui avec un bâton des distances considérables dans leurs pays de neige abondante, là où les congères entravent la progression ou piègent simplement les chevaux ou animaux de bât. L'écrivain persan n'ignore pas que les contrées boisées, mais aussi les steppes, les vastes plaines, les vallées et collines fréquemment enneigées au nord des grandes chaînes de montagnes connaissent ce moyen de locomotion. La glissade sur une surface de neige plus ou moins gelée s'effectue comme un canoë sur l'eau. Le trait d'un traîneau est possible, comme la descente en pente raide par le biais de courbes. Les peuples finnois, ainsi que les Toungouzes et les Ostiaks, surpassent alors la rapidité animale, celle de l'élan en particulier.
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+ L'usage du ski pour les déplacements hivernaux, en particulier pour le commerce et la guerre, semble aussi fort lointain. En Norvège, si les Birkebeiners ou les soldats royaux semblent déjà se déplacer déjà à ski, le fait est assuré par les archives au XIVe siècle. Notons toutefois qu'en 1206, le roi Haakon III craignant la guerre civile confie son fils nouveau-né de dix-huit mois à deux proscrits birkebeiner pour qu'ils le portent en urgence en lieu sûr. C'est l'origine légendaire servant à justifier la création en 1932 de la course de fond de 54 km entre Rena et Lillehammer.
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+ Il sert aussi en Suède et en Finlande dans les unités combattantes dès le XVIe siècle. La Suède occupée depuis 1518 par les troupes de Christian II, roi du Danemark hésite entre révolte et soumission. Reprenant le flambeau de la résistance, le noble Gustave Vasa tente un soulèvement en Dalécarlie. Mais quelques combattants volontaires répondent seulement à son vibrant appel. Craignant pour sa vie à la Noël 1522, il décide de fuir vers la Norvège. Au cours de leur long conseil solsticial, les édiles locaux influencés par la mainmise danoise sur le commerce et les mines de cuivre, en particulier de Falun, changent d'avis. Ils lancent alors leurs meilleurs hommes à la poursuite du chef fuyard. Ceux-ci rejoignent Gustave Vasa au terme d'une folle course poursuite de 90 kilomètres et le décident à rebrousser chemin. C'est l'origine de la célèbre course de fond de Vasaloppet, créée en 1922. Entre Noël et le nouvel An, elle commémore ce tournant fatidique de la résistance suédoise à l'occupant, puisque le 1er janvier 1523, le soulèvement dalécarlien est à l'origine de l'accession de la dynastie Vasa au trône de Suède, en commençant par Gustave Ier Vasa.
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+ L'historiographe suédois, Olaus Magnus impressionné par la mobilité d'une armée de skieurs, sans doute les Dalécarliens de Gustave Vasa en rébellion, a décrit en 1539 les usages du ski à la chasse et à la guerre[16]. Il rappelle doctement que de nombreux rois légendaires du Nord ont utilisé les attelages de rennes et les skieurs pour surprendre les fantassins ennemis. Les skieurs habiles, clairsemés en avant-garde, sont d'utiles éclaireurs, mais peuvent aussi se rassembler en un front massif. Son ouvrage Historia de gentibus septentrionalibus en 1555 ressasse le thème du ski, y incluant la mythologie nordique. Traduit en Europe occidentale, l'ouvrage a été illustré par d'habiles dessinateurs italiens, qui, ignorant l'art du ski, représentent abusivement les skis en longs sabots excessivement pointus. En 1733, le lieutenant norvégien Jens Henrik Emmausen de Trondheim rédige en Allemagne le premier manuel à l'usage des troupes à ski[17].
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+ Avec la divulgation de telles descriptions et imageries, il était évident que les voyageurs de l'âge classique rationaliste aient été tentés par un voyage septentrional. Le prêtre originaire de Ravenne Francesco Negri passe deux années en Laponie dans les années 1660 et témoigne de son apprentissage du ski. Il décrit les skis ou patins comme de minces planchettes de bois, de faible largeur et d'environ 1,6 à 1,8 mètre de long. Au milieu du ski, une cordelette de fixation est ancrée à la partie antérieure. Le long bâton de poussée est terminé par un cercle de bois pour ne pas s'enfoncer dans la neige. Il décrit la marche glissée. Pour la montée, une pelisse de renne, poils retournés à l'envers, fixée sous le ski permet de freiner la reculade. À la descente, les poils sont orientés dans le bon sens. C'est l'origine du ski de randonnée alpin[Note 6]. Il décrit la rapidité du descendeur qu'est le chasseur lapon, accroupi, maintenant ses skis parallèles et suffisamment proches. L'arrêt peut s'effectuer par un virage rapide à droite ou à gauche, en remontant en travers de la pente, le freinage utilise une technique de slalom. Les distances parcourues peuvent être considérables pour un bon skieur : de l'ordre minimal de soixante kilomètres par jour.
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+ Le Strasbourgeois Jean Scheffer a observé en Laponie l'usage de paires de skis à longueurs inégales, l'un plus petit pour faciliter les manœuvres et l'autre pour la poussée et assurer la vitesse[18].
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55
+ En 1774, il existe des règlements de courses militaires en Norvège. Celles-ci codifient un délassement et une activité physique appréciée par les soldats gardiens des forteresses entre Norvège danoise et Suède. Dans ces contrées montagneuses s'accumulent plus de dix pieds de neige, la nécessité de chemin battu et déblayé des congères entrave toute marche à pied alors que chaussé de ski, de simples traces suffisent pour accomplir un rapide déplacement. Au terme de la restructuration des forces de défense des royaumes suédois et norvégien unifiés après 1814, l'abandon de la gestion coûteuse des forteresses frontalières amène la création de régiments de patineurs.
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+ En France, en 1975, on trouve encore quelques skis militaires blancs métalliques, de marque Aluflex, sans carres, en dotation à l'École militaire de haute montagne (EMHM, Chamonix).
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+ Les Norvégiens peuvent être considérés comme les inventeurs du ski moderne. Les compatriotes contemporains des explorateurs Fridtjof Nansen et Roald Amundsen louent ainsi le plus national, le roi des sports norvégiens. Plusieurs facteurs expliquent ce réel engouement populaire. Primo le grand nombre de skieurs aussi bien des milieux urbains que paysans induit une multitude d'ateliers prônant autant de fabrications artisanales associées à pléthore de techniques et de milieux. Secundo une industrie de transformation du bois était née de la demande des marchands anglais à Christiania et, confrontée à la crise, celle-ci saisit tous les créneaux de diversification. Ainsi s'ouvre en 1886 dans la capitale norvégienne la première usine de fabrication de ski, s'ensuit une course acharnée aux brevets technologiques, concernant l'équipement, les fixations, le ou les bâtons, les chaussures, l'art du fart à chaud... Tertio, si le long intérêt militaire avait stimulé une première réflexion sur l'équipement et la pratique, le développement des compétitions militaires et civiles favorise l'émulation entre les hommes et les lieux de diverses pratiques. Spécialistes reconnus de cette spécialité, quelques habitants de ce petit pays deviennent les premiers instructeurs internationaux, dans les domaines civil et militaire. Ainsi les contrées de concours, les monts de Christiania et du Télémark donnent leur nom aux façons de skier.
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+ Il n'était pas rare, bien avant la Belle Époque, que les petits Norvégiens aient des patins aux pieds dès l'âge de trois à quatre ans. Initiés dans leur prime jeunesse, ils vont plus tard à l'école en hiver. Mieux, leurs maîtres savent greffer sur cette pratique coutumière une éducation technique et sportive. La course, le saut ou encore la descente rapide requièrent de l'adresse et de la volonté, de la prudence et de l'esprit d'attention. Ces activités donnent au corps de la souplesse et de l'élasticité. Dans le monde économique changeant après 1880, les adultes apprécient ce sport naissant ou ce loisir de découverte d'un monde féerique enneigé, véritable corps à corps avec la nature[Note 7].
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+ Il n'est pas étonnant que le vocabulaire actuel garde d'autres traces de ce premier laboratoire norvégien. Le fart, mot norvégien entre dans le Larousse en 1907 avant de générer verbe et substantifs dérivés : farter, fartage... Le slalom, mot français depuis 1910, signifie le fait de zigzaguer ou mieux d'accomplir une succession de virages maîtrisés, son étymologie semble indiquer ce qui reste sur le plan de neige, c'est-à-dire des traces de ski inclinées[Note 8]. L'analyse du virage dans une technique donnée révèle des conceptions techniques induites de la physique de la glisse, intégrant équipement aux pieds et maîtrise des mouvements du corps. Le virage télémark nécessite une génuflexion gracieuse afin de tourner à droite ou à gauche dans les pentes les plus raides. Avec une légère anticipation, il suffit de fléchir la jambe, intérieure au virage, en arrière en relevant le talon, puis de pousser sur le ski mis en avant en faisant déraper la partie postérieure. Le virage Christiania, plus simple, plus rapide, ne comprend pas de contorsions potentiellement dangereuses pour les débutants, mais nécessite un matériel performant, avec de bonnes fixations et de bonnes prises de carres. Skis parallèles, il suffit d'alléger l'arrière en répartissant la portée du corps vers l'avant, et de provoquer le dérapage des deux skis parallèles, en s'efforçant de placer les talons du côté opposé au virage. Le ski alpin dérive de façon lointaine des techniques Christiania, imposant déjà des fixations solidaires.
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+ La Norvège, devenue nation indépendante après 1905, s'est empressée d'exporter l'art du ski que ses explorateurs avaient utilisé pour la conquêtes des pôles et ses indispensables équipements. Le premier essor du ski scandinave, dans tous les massifs du monde de l'Atlas algérien au Kilimandjaro, des Appalaches aux Cascades ou aux Sierra californiennes, des montagnes Rocheuses aux Andes, sur les contreforts de l'Himalaya ou du Tibet, dans les montagnes de Corée ou du Japon, sur les monts du Sud-Est australiens ou néo-zélandais se déroule avant le premier conflit mondial, entre 1908 et 1912. Les stations les mieux équipées promeuvent aussi le bobsleigh. En France, le capitaine Bernard discute des avantages comparés des attaches norvégiennes Huitfeldt, Sigurd, Houm[19]... Les meilleures entreprises ou sociétés d'importation françaises, telle Koski gérée par G. de Coninck, à Maisons-Laffitte, ne peuvent que se réclamer de brevets norvégiens. Les fabriques de ski françaises prennent modèle : ainsi, l'entreprise Rossignol à Voiron délaisse la conception de navettes textiles pour suivre l'exemple de sociétés scandinaves. Même la mode, joignant le luxe à l'utile, observe les magasins de sports d'hiver scandinaves, et s'inspire de ce champ d'activité nordique, valorisant l'hiver par le pull à col roulé, les pantalons seyants avec, ultérieurement, l'apparition des fuseaux, les bandes molletières, les gants et bonnets[Note 9].
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+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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+ De la rivalité du télémark et du christiania, à l'hyperspécialisation du ski alpin basée sur des écoles techniques extraordinairement sophistiquées, en passant par le ski acrobatique, jusqu'au ski extrême sans compter les mutations de la planche de snowboard et le speed flying ou ski tracté par une voile, l'art de dévaler les pentes a connu plusieurs révolutions. Les formes de ski nordique ont également connu de spectaculaires progrès. Aussi faut-il distinguer plusieurs temps forts :
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+ Le ski a été puissamment vulgarisé par le monde associatif, le Touring club de France et les sections du Club alpin et du Club pyrénéen en France, du Club vosgien en Alsace allemande... Il se diffuse plus lentement dans les régions paysannes grâce à l'effort des militaires, soucieux de défense mobile du territoire en cas d'hiver enneigé. L'école de Briançon instruit en tout 5 000 soldats skieurs, jusqu'en 1914 et forme les premiers bataillons de chasseurs alpins. Après les premiers concours du Sappey-en-Chartreuse puis de Montgenèvre en 1907 et de Chamonix en 1908, la presse française n'est plus rigolarde : le ski décrié des pionniers a désormais une fonction utilitaire reconnue partout officiellement, les dingues sur patins cèdent la place aux skieurs, vrais sportifs durs à cuire, même avec leur bonnet et leurs mitaines. Les administrations rurales des zones enneigées, à l'instar du corps des Eaux-et-Forêts, demandent des instructeurs pour leurs employés et leurs gardes. Des cantonniers, en accord avec leur hiérarchie, se proposent de devenir formateur auprès des populations montagnardes. Des instituteurs sont invités à former la jeunesse. Le Touring Club de France publie Le ski utilitaire, une méthode de fabrication familiale à l'usage des paysans montagnards[Note 10].
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+ L'engouement pour le ski de loisirs grandit dans les années 1930, après les premiers Jeux olympiques d'hiver, en 1924, à Chamonix. Les années 1960 marquent le boum des sports d'hiver. Grâce au « plan neige », lancé en 1965, des stations de ski sortent de terre par dizaines. En 1970, plus de 360 stations sont répertoriées en France. En 1984, la Fédération Française de Ski compte 794 000 licenciés dans 2 350 clubs. L'essor de la pratique est vif, avec 6 % de croissance des effectifs cette même année. Le ski est un des sports populaires qui connaît une forte progression, à l'instar du tennis, du foot-ball et du judo.
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+ Dans les années 2000, à chaque saison, les stations françaises accueillent sept millions de skieurs[réf. nécessaire].
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+ Le ski alpin est une expression générique qui englobe plusieurs disciplines pratiquées comme activités de loisirs ou en compétition. Le ski alpin étant un sport de descente, il est généralement pratiqué dans des stations offrant des remontées mécaniques, sur des pistes damées ou à proximité (bords de piste, zones de transition, hors-piste). C'est un sport en constante évolution en matière de matériel et d'équipement, mais aussi en termes de diversité de pratiques et de déclinaisons : ski de piste, hors-piste, ski freeride, ski freestyle (ski acrobatique), freeski.
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+
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+ Il se distingue du ski nordique et du ski de randonnée par le matériel utilisé et l'environnement spécifique dans lequel il s'exerce (infrastructures nécessaires, aménagement des sites).
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+ En compétition, le ski alpin se compose de cinq disciplines :
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+ En ski de loisirs pratiqué en station, il est communément désigné sous le nom de ski de piste.
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+
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+ Le ski nordique englobe les disciplines où le talon de la chaussure n'est pas fixé au ski.
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+
87
+ Le ski de fond se pratique sur site aménagé ouvert ou en forêt, sur une piste damée et tracée notamment pour le fond classique qui nécessite deux rails qui guident l'évolution du skieur en alternatif. L'accès à ces sites est généralement payant.
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+
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+ En ski de fond, la retenue qui permet l'impulsion qui propulse le fondeur est assurée soit par des écailles ou des bandes de peau de phoque sous la semelle (skis de location), soit par fartage (conjugaison de farts de glisse et de retenue) qui tient compte de la qualité de la neige et de sa température (ski de fond de compétition).
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+
91
+ Le ski freestyle se pratique sur des sites aménagés appelés snowparks et comporte six disciplines :
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+ De nouvelles disciplines se sont rajoutées au fil du temps, parfois considérées comme sports extrêmes :
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+ Enfin, le ski freestyle backcountry (ou ski backcountry) : c'est une variante du ski freestyle qui se pratique en hors-piste et qui se caractérise par des figures acrobatiques à ski (rotation inversée, grab, etc) dans la poudreuse en sautant des blocs voire des barres rocheuses, des séracs ou depuis des tremplins naturels ou artificiels ; compte tenu du terrain d'évolution, elle présente de nombreuses similitudes avec le ski freeride.
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+
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+ Le ou les skis sont fixés aux pieds par une coque maintenant le pied et fixée sur le patin.
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+
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+ Le skieur pratique le ski, le plus souvent derrière un bateau, dans trois disciplines : slalom, saut et figures.
100
+ cf. Ski nautique
101
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+ Le ski de randonnée nordique (SRN) est une discipline intermédiaire entre le ski de fond et le ski de randonnée. Elle utilise un matériel spécifique, à savoir des skis plus larges que ceux employés pour le fond mais ne présentant pas toutefois les caractéristiques et les avantages d'une paire de skis de randonnée car le talon de la chaussure de SRN n'est pas solidaire du ski, à l'instar du matériel de fond.
103
+
104
+ Le SRN permet d'évoluer sur des terrains hors piste peu à moyennement vallonnés (type plateau du Vercors) et d'effectuer des raids avec dénivelé modéré.
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+
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+ Afin d'assurer la retenue dans les montées, les semelles sont pourvues d'écailles ou de peaux de phoque.
107
+
108
+ Le ski de randonnée (ou ski de montagne ou encore ski-alpinisme dans sa version de compétition) est une discipline qui se pratique en terrain accidenté non aménagé. Le matériel ressemble à celui utilisé en ski alpin mais possède quelques spécificités qui permettent de gravir les pentes avant de les descendre : les skis sont plus légers, les fixations possèdent deux positions : une première pour la montée qui laisse le talon libre afin de faciliter la marche, une deuxième pour la descente qui verrouille le talon. On utilise des peaux de phoque que l'on colle sous les skis et qui empêchent le recul. Pour empêcher le ski de chasser en neige dure, on lui ajoute des « couteaux » (pièces métalliques en forme de « U inversé » qui mordent la neige). Chaque ski est également équipé d'une cale rabattable qui, lorsqu'elle est déployée, permet à la chaussure de former un angle qui compense l'inclinaison du buste provoquée par la pente et soulage du poids du sac.
109
+
110
+ À ce matériel s'ajoute éventuellement le matériel spécifique d'alpinisme : crampons et piolet qui permettent de gravir des itinéraires plus escarpés en mettant les skis sur le sac à dos, baudrier et corde pour des itinéraires glaciaires.
111
+
112
+ Outre le dévissage, les chutes de pierres ou les crevasses, l'avalanche représente le plus grand danger de ce sport, d'autant plus présent dans les statistiques d'accidents que le passage des skieurs est susceptible de déclencher le départ des avalanches — généralement « de plaque » — dont l'issue peut être fatale.
113
+
114
+ Le freeride, version contemporaine du ski hors piste, est une déclinaison du ski alpin. Il s'agit le plus souvent de descendre des pentes non balisées, si possible recouvertes d'une couche de neige poudreuse fraîche. Cette pratique nécessite des skis plus larges (skis fat) que ceux utilisés pour le ski de piste, afin d'obtenir une meilleure portance dans la neige profonde. Pour les puristes[réf. nécessaire], le ski freeride possède un talon plat. Le freeride s'est considérablement développé à la fin des années 1990 ; en 2005 la plupart des fabricants de ski proposent des gammes spécifiques à des prix relativement abordables.
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+
116
+ Le freerider se doit d'avoir toujours sur lui le trio DVA-pelle-sonde de façon à pouvoir dégager les skieurs éventuellement pris sous une avalanche, et le cas échéant être repéré sous une coulée.
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+
118
+ Il s'agit de pratiquer du ski sur des pentes dites extrêmes (supérieures à 50°). À ce titre, cette discipline est plus connue du grand public sous l'appellation historique de ski extrême. Les skis sont généralement peu taillés et rigides. Les pentes sont souvent remontées à pied pour évaluer les conditions de neige et anticiper les passages difficiles. Cette discipline est beaucoup plus proche de l'alpinisme compte tenu des techniques utilisées mais également par son engagement et son exposition. Enfin, elle nécessite de par sa difficulté un très bon niveau de ski freeride.
119
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+ Le télémark est une technique nordique de descente, originaire du comté de Telemark en Norvège. Inventée par le menuisier Sondre Norheim dans les années 1860, elle consiste en un fléchissement de la jambe intérieure au virage. D'abord oublié au profit du virage « christiania », le télémark réapparaît aux États-Unis dans les années 1970. Son développement s'est accéléré à la fin des années 1990 avec l'apparition de skis plus courts, taillés (désormais identiques aux skis alpins) et des chaussures à coque plastique. Cette technique élégante fait désormais de nombreux adeptes, dans toutes les disciplines : freeride, freestyle, compétition, randonnée, etc.
121
+
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+ Le ski de vitesse (kilomètre lancé) est un sport qui consiste à descendre une piste damée le plus vite possible afin d'atteindre la plus grande vitesse. Les skieurs peuvent subir une accélération identique à celle d’une F1 (0 à 200 km/h en moins de 6 secondes). Le record du monde, détenu par Simone Origone, est de 252,454 km/h sur la piste de KL de Chabrières à Vars[25]. Cet exploit a été réalisé le 31 mars 2015.
123
+
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+ Il y a plusieurs pistes de ski de vitesse en France :
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+ Il se pratique avec un cheval ou un poney attelé qui tire le skieur grâce à un cadre, bien souvent rigide. Les skis ne doivent pas dépasser 1,50 m pour ne pas gêner le cheval. Il se pratique sur neige damée, en carrière fermée, sur les pistes ou plus rarement en chemins. Cette discipline convient aussi bien aux skieurs qu'aux cavaliers.
127
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128
+ Le SnowK Ball est un sport collectif joué avec deux équipes de quatre joueurs, souvent sur une piste rouge. Le principe est globalement similaire au rugby : il faut aplatir la « balle » derrière la ligne de l'adversaire, bien que les plaquages soient interdits[26]
129
+
130
+ Avant d'être au centre d'une activité industrielle, parfois de haute technologie, le monde du ski a été ancré dans la civilisation traditionnelle nordique : ski, chaussures, fixations et déjà vêtements et lunettes à fentes adaptés constituaient un équipement artisanal à fabriquer et à entretenir chez soi. Les pionniers bourgeois d'Europe occidentale ont parfois eu quelques réticences à adapter cette façon d'être en bloc, d'autant que la première industrialisation du ski dès 1880 avait déjà gommé les adaptations paysannes parfois trop voyantes ou rudimentaires, et déjà exporté une façon d'être moderne sur la neige.
131
+
132
+ L'école militaire de ski de Briançon dispose dès sa fondation d'un atelier. Le capitaine Rivas, conseillé par les deux instructeurs norvégiens, dénonce le mauvais manuel de Wilhelm Paulcke qui donne une idée hasardeuse de la fabrication des skis[27]. Tout au plus disposera-t-on de skis voilés, à mauvaises courbures et galbes. Il invite les stagiaires de l'atelier à préparer des moules et des formes à skis spécifiques, en tenant compte des neiges locales.
133
+
134
+ Ainsi les anciens skieurs militaires initiés à la fabrication en atelier pourront revenir dans leur village en homme de métier et propagandiste concret de ce sport. Outre l'art de réparer les planches, de favoriser leur glissement par fartage, de les faire sécher après usage dans des boîtes de formes adaptées, ils connaissent les subtilités de la fabrication des skis avec leur moule personnel ainsi que des bâtons, des diverses fixations rudimentaires selon l'usage à base de courroies ou d'étriers. Ils peuvent alors réaliser des skis à l'aide de planches en pin sylvestre ou pin cembro.
135
+
136
+ La qualité du moule à ski est primordiale. Cette boîte de cintrage doit permettre le serrage et l'équerrage de la paire de planchettes humides. Si la forme est mal préparée ou gauchie avec le temps, les skis seront voilés. Le capitaine Rivas a supervisé différents types de moules à skis, parmi lesquelles la Briançonnaise[Note 13].
137
+
138
+ Le procédé se sépare en quatre étapes :
139
+
140
+ Les skis préparés à l'aide de matériaux polymères composites moulés sont le fruit d'une technologie sophistiquée et adaptée à chaque type d'activités sportives. Le fartage a bénéficié des meilleures connaissances en physico-chimie moléculaire et en tribologie.
141
+
142
+ L'ensemble des fixations, chaussures et vêtements bénéficie également du spectaculaire essor des matériaux depuis soixante ans. Ils ont de plus évolué avec la médiatisation de la compétition et la démocratisation des sports d'hiver.
143
+
144
+ La tenue de ski a évolué au fil du temps et en fonction des impératifs des différentes disciplines. Elle a également connu des modes au fil des décennies des XIXe siècle au XXIe siècle.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
147
+
148
+ Sur l'époque moderne :
149
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150
+ Pionniers des associations et introducteurs militaires :
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+ Explorateurs :
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+ Généralités :
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+ Le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (en allemand : Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, désigné sous le sigle NSDAP)[4], souvent dénommé simplement « parti nazi » ou « parti national-socialiste » était un parti politique allemand d'extrême droite nationaliste et rattaché à la famille politique du fascisme[5]. Son nom est également traduit par Parti national-socialiste ouvrier allemand[6] ou Parti ouvrier allemand national-socialiste[7],[8].
4
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5
+ Fondé en 1920, il est arrivé au pouvoir le 30 janvier 1933 avec la nomination de son chef, Adolf Hitler, au poste de chancelier du Reich par le maréchal Hindenburg, président du Reich. Le terme « nazi » (abréviation de l'allemand nationalsozialistisch, soit « national-socialiste ») est utilisé en référence aux membres de ce parti ou aux adhérents de l'idéologie politique du national-socialisme, couramment désignée par l'abréviation « nazisme ».
6
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7
+ Apparu au début de la république de Weimar, le NSDAP fut la seule force politique autorisée dans le Reich entre juillet 1933 et la fin de la Seconde Guerre mondiale en mai 1945. Le parti fut alors déclaré illégal et ses représentants arrêtés et jugés au procès de Nuremberg. Le NSDAP y fut condamné en tant que personne morale et reconnu comme organisation criminelle. Les vainqueurs procédèrent ensuite à une dénazification de la société allemande.
8
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9
+ Le NSDAP, à l'époque un « groupuscule extrémiste de droite »[9], est apparu en 1920 à Munich. Il est le successeur de l'éphémère DAP (Parti ouvrier allemand) fondé en 1919, très probablement à l'instigation[10] d'une société occulte munichoise, la société Thulé, dont le but est de protéger le « sang aryen » des Juifs et des francs-maçons. Celle-ci inspire l'usage de symboles comme les runes et la croix gammée et attire des hommes comme Alfred Rosenberg, Hans Frank, Dietrich Eckart et même le moine défroqué Bernhard Stempfle[11]. Thulé compte une centaine de membres, pour la plupart issus de la bonne société munichoise[12]. La société financera modestement[13] le jeune Parti ouvrier allemand.
10
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11
+ Le 5 janvier 1919, Anton Drexler, serrurier dans un atelier de réparation des Chemins de fer bavarois[14],[15], ainsi que le journaliste sportif Karl Harrer du München-Augsburger Abendzeitung[16],[17], fondent le Parti ouvrier allemand (DAP Deutsche Arbeiter Partei) au sein du Cercle politique ouvrier (Politischer Arbeiterzirkel) qu'ils avaient eux-mêmes fondé quelques mois auparavant. Dirigé par Harrer, le parti compte à sa création une bonne vingtaine de membres[18]. D'orientation pangermaniste, il se réclame d'un « socialisme germanique » mal défini mais conçu d'emblée comme opposé au marxisme[19]. Parmi les autres membres ayant participé à la création du DAP, on trouve aussi Dietrich Eckart et Gottfried Feder, membres ou associés de la société Thulé[20],[21]. Le DAP est l'un des nombreux mouvements völkisch[12] à la fois nationalistes, antisémites, anticommunistes et anticapitalistes qui émergent en Allemagne après la défaite du pays à la fin de la Première Guerre mondiale et cherchent à se rallier la classe ouvrière[19]. Il recrute parmi les couches moyennes inférieures. On y prêche la lutte contre la finance internationale et « l'esclavage de l'intérêt ».
12
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13
+ En septembre 1919, la Bavière sort à peine d'une période révolutionnaire mouvementée, qui fut marquée par l'éphémère existence d'une république des conseils et par l'impitoyable répression qui suivit sa chute. Le chef de la propagande du service d'information de la Reichswehr, le capitaine Karl Mayr charge le caporal Hitler et l'adjudant Alois Grillmeier d'une mission de propagande[22] au sein du DAP. Le 12 septembre 1919, Hitler se rend à une réunion du parti en compagnie de l'adjudant Alois Grillmeier ainsi que six autres anciens agents de propagande[23][24] placés sous le ordre de Karl Mayer. Ce dernier était également attendu à cette réunion, comme l'atteste une note sur la liste de présence[23]. À la fin de cette réunion, Hitler prend la parole à l'improviste pour fustiger la proposition d'un intervenant, favorable à une sécession de la Bavière[25]. Remarqué par Drexler, il adhère au DAP (Deutsche Arbeiterpartei : le Parti ouvrier allemand), probablement aussi sur ordre de ses supérieurs. Notons qu'une demande d'adhésion de Hitler au Parti socialiste-allemand (Deutschsozialistische Partei), un autre parti d'extrême droite, avait été rejetée cette même année[26]. Contrairement à ce qu'il prétendra par la suite, Adolf Hitler n'est pas le 7e membre du parti. La carte de membre de Hitler portait le numéro 555[27] et les premiers numéros ne furent pas attribués dans l'ordre d'arrivée des membres mais, aux alentours de fin 1919 début 1920, en suivant l'ordre alphabétique des membres du moment. Ce n'est qu'à partir de la carte de membre 714 (25 janvier 1920) que les numéros suivirent l'ordre chronologique[28]. La seule chose dont nous soyons certain c'est que Hitler faisait partie des quelque deux cent premiers membres qui rejoignirent le parti avant la fin de l'année 1919[29].
14
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15
+ Hitler devient vite l'orateur principal du groupuscule. Il a lu la Psychologie des foules de Gustave Le Bon. Il en tire la conclusion que pour s'adresser aux masses, il ne faut pas argumenter mais séduire et frapper les esprits. Il se distingue par ses discours passionnés, par son refus des discussions et sa répétition des mêmes thèmes[30].
16
+
17
+ La structure et les thèmes de ses discours ne variaient quasiment jamais[31] : il commençait le plus souvent par comparer la situation de l'Allemagne avant la guerre et sa situation présente, moins réjouissante et dépeinte aussi théâtralement que possible. Il s'attardait ensuite longuement sur les causes de la guerre (dont il attribuait l'origine aux Alliés), la défaite et la révolution, sur l'injustice du traité de Versailles et l'impuissance du gouvernement face aux vexations des vainqueurs de la guerre. Selon Hitler, les « responsables » de tout cela étaient avant tout les Juifs. Inspiré par Feder et sa critique du « capital financier », Hitler s'enflammait alors contre le « grand capital juif international », qui dirigeait la politique de guerre des Alliés, ainsi que contre les « trafiquants » et les « usuriers » juifs qui étaient largement responsables de la misère économique, divisaient la patrie et la faisaient tomber de plus en plus bas. Hitler distinguait ensuite systématiquement les différences insurmontables entre l'Allemagne et les puissances occidentales dominées par « les Juifs ». Si la France était « l'ennemi historique », à cette époque, la Grande-Bretagne représentait à ses yeux « l'adversaire absolu ». D'où l'idée de chercher à coopérer avec la Russie, mais il fallait que ce soit une Russie libérée du « bolchévisme juif » : « notre salut ne vient jamais de l'Ouest. Nous devons chercher à nous rapprocher de la Russie nationale, antisémite. Pas du soviétisme. » Ce motif est présent dans ses discours jusqu’au printemps 1922, probablement sous l'influence du cercle d’immigrants allemands originaires des pays baltes réuni autour d'Alfred Rosenberg et de Max Erwin von Scheubner-Richter, fortement représenté à Munich[32].
18
+
19
+ Jusqu'en automne 1919, le parti végète et l'auditoire de ses conférences est clairsemé ; les talents oratoires de Hitler attirent l'intérêt d'un public d'une tout autre ampleur. Ainsi, lors de la proclamation du Programme en 25 points du 24 février 1920, l'assemblée réunit près de 2 000 personnes.[réf. nécessaire]
20
+
21
+ En 1920, Adolf Hitler, chef de propagande du NSDAP, dessine le drapeau du parti (fond rouge, cercle blanc, svastika noir). Dans Mein Kampf, il détaille cet épisode, et notamment son choix du rouge et du noir, couleurs de l'Empire allemand, mais aussi pour ne pas laisser le monopole du rouge au communisme. Il compose aussi les premières affiches du parti[33].
22
+
23
+ Le 24 février 1920, Hitler fait approuver le programme du parti par l'assistance. Le Programme en 25 points, qu'il a rédigé avec Drexler, entend modifier les bases économiques, politiques et sociales de l'Allemagne. Proche du programme du Deutschsozialistische Partei (DSP) publié en 1919, il reprend les idées Völkisch de l'époque en proposant de « réunir tous les Allemands » dans une « Grande Allemagne », d'abroger le traité de Versailles et de Saint-Germain et d'obtenir des colonies. Le programme prône l'interdiction de la nationalité allemande aux Juifs car ils n'étaient pas de « sang allemand » et n'étaient ainsi pas des Volksgenosse (« concitoyens »). À la lecture du programme, il apparaît que toute une série de points sont incontestablement antisémites, même s'ils visent expressément les « non-Allemands »[34] : ce sont des « hôtes » selon la législation sur les étrangers et ils ne doivent pas avoir le droit d'occuper une fonction publique ou d'occuper le poste de journaliste. En cas de pénurie alimentaire, ils doivent être expulsés et tous les non-Allemands qui ont immigré depuis le début de la guerre doivent être forcés à quitter le Reich. En chassant les juifs, en démantelant les grands magasins au profit des petits commerçants, en supprimant « l'esclavage des intérêts », en demandant la « suppression du revenu du non travail et de la paresse » et la « confiscation de tous les butins de guerre », en germanisant le droit public, les nazis désignent ainsi des « ennemis » responsables de tous les maux dont souffre le pays. Le programme prévoit aussi de contrôler l'enseignement, lutter contre l'esprit critique et instaurer un pouvoir central fort. Ce programme vise les couches populaires, mais en fait Hitler ne s'intéresse qu'à la partie nationaliste et antisémite[35]. D'un point de vue économique, le programme exige la participation au profit des grandes entreprises, la « municipalisation des grands entrepôts » et leur location à de petits artisans et commerçants, l'arrêt de la « spéculation sur les terres », la peine de mort pour « les auteurs de crimes contre le peuple, les usuriers, les trafiquants, etc. » mais aussi, par exemple, la hausse des pensions pour les personnes âgées. Ceci dit, l'économie n'était, semble-t-il, à cette époque, qu'« une chose d'importance secondaire » pour Hitler[36].
24
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25
+ Le 24 février 1920 restera de fait dans les annales du parti comme le jour où le NSDAP fut fondé. Il se proclame « socialiste » mais est violemment anti-marxiste et anti-communiste[37]. Hitler quitte l'armée en mars 1920. La première section locale non munichoise fut fondée en avril 1920 à Rosenheim, suivie par d'autres à Stuttgart, Dortmund, Starnberg, Tegernsee, Landsberg et Landshut la même année[38]. Entre le mois de janvier et la fin de l'année 1920, le nombre d'adhésions au parti passa de 200 à plus de 2100[39].
26
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27
+ En 1921, une épreuve de force s'engage entre le comité du parti, qui veut fusionner avec d'autres partis d'extrême droite, et Hitler, qui ne veut pas d'une fusion sur des bases programmatiques. Hitler sort vainqueur de la confrontation et obtient le pouvoir de nommer seul un comité d'action de trois personnes pour épurer le parti. Il en profite pour évincer Anton Drexler et prend la tête du mouvement. Il s'entoure de quelques fidèles comme Ernst Röhm, Dietrich Eckart, Alfred Rosenberg. Il le réorganise totalement pour en faire un parti de masse, recrutant des cadres, rachetant un journal, le Völkischer Beobachter (grâce à des fonds de l’armée fournis par l'officier Franz von Epp[40]), créant des groupes en dehors de Munich, formant une véritable milice chargée d'assurer l'ordre dans les rassemblements politiques et dans la rue, les Sturmabteilungen (« sections d'assaut ») ou SA, dirigées par Ernst Röhm. En 1922, le vocable Führer (« guide ») devient la règle pour dénommer Hitler[41]. À cette époque déjà, les manifestations du NSDAP se distinguent par leur violence. Le parti se dote de ses grands symboles : le drapeau rouge déployé lors des défilés, la croix gammée, symbole du renouveau aryen combinée aux couleurs de l'Allemagne impériale : noir, blanc, rouge. En application de leur idéologie officielle, les SA brutalisent leurs adversaires politiques dans la rue[42]. Les 14 et 15 octobre 1922, 400 SA dirigés par Hitler lui-même parviennent à faire reculer une manifestation du SPD[43]. Cet épisode confère une aura de supériorité au NSDAP.
28
+
29
+ Les membres du parti sont plutôt jeunes (32 ans en moyenne), ont tous un passé dans les organisations Völkisch[44]. D'un point de vue sociologique, le parti est composé d'un tiers d'artisans et d'ouvriers qualifiés, de 14,5 % de fonctionnaires et d'employés, de la même proportion de membres des professions libérales, de 13 % de soldats ou d'anciens soldats, de 7 % d'étudiants, de 4 % de boutiquiers et de 2,5 % d'ouvriers non qualifiés[45]. Mais c'est surtout une alliance entre les activistes de la SA et de la bourgeoisie moyenne qui fournit au parti naissant, et à Hitler, leurs premières troupes, malgré les nombreuses divergences qui existent entre ces deux groupes, les premiers souhaitant tout détruire sur leur passage, les seconds aspirant à une réintégration au sein de la société bourgeoise[46]. Cette alliance n'est possible qu'en raison d'une haine commune à l'égard des Juifs et des Prussiens et de la présence de Hitler qui est proche des deux groupes à la fois : il appartient au premier par son passé dans l'armée et les positions développées avant 1923, tout en étant en mesure de se rapprocher du second, surtout à partir de l'échec du putsch de 1923[46].
30
+
31
+ En 1923, un an après l'assassinat de l'ancien ministre Walter Rathenau assassiné par un extrémiste antisémite membre d'un groupe clandestin, le NSDAP compte 55 000 membres et les SA 30 000 hommes[47]. La violence politique est dès le départ une marque de fabrique du parti. Les militants du NSDAP n'hésitant pas à « faire le coup de poing » et à commettre des meurtres (le journaliste Hugo Bettauer, comme tant d'autres, est assassiné en 1925, à Vienne, par un membre du NSDAP).
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+ En novembre 1923, à la suite de l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises et belges et de l'effondrement du mark, Adolf Hitler profite de l'émoi des Allemands et tente de renverser le gouvernement de Bavière le 8 novembre. Les militants du NSDAP font irruption dans une grande brasserie où 3 000 bourgeois sont réunis pour écouter les trois principaux dirigeants du Land. Hitler, revolver au poing, entraîne les dirigeants bavarois dans une arrière-salle et leur intime l'ordre de lui céder le pouvoir[48]. Après la fuite des hommes politiques, la police met fin au putsch de la Brasserie dans le sang. Dès le lendemain le NSDAP est interdit. Hitler est condamné à cinq ans de prison et incarcéré durant 13 mois. La propagande du Troisième Reich fera plus tard de ce jour un événement historique. Le 9 novembre deviendra le jour anniversaire du parti.
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+ Alors qu'il est emprisonné, Hitler tire la conclusion que c'est par le jeu politique qu'il parviendra à prendre le pouvoir[49]. Il profite de son emprisonnement pour rédiger la première partie de Mein Kampf, à la fois autobiographie et ouvrage de théorie politique. Il bénéficie d'une libération anticipée le 20 décembre 1924.
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+ Le 18 juillet 1925, paraît le premier volume de Mein Kampf (« Mon combat »). Le second sort le 11 décembre 1926. À sa parution, le livre ne connaît qu'un succès modeste : jusqu'en 1929, seuls 23 000 exemplaires du premier volume et 13 000 du second sont vendus. Après 1930, le tirage augmente fortement : jusqu'en 1935, il s'en vend 1,5 million exemplaires. À partir de 1936, il devient le cadeau de mariage de l'État aux couples allemands. On estime son tirage à près de 10 millions d'exemplaires jusqu'en 1945, auxquels s'ajoutent les traductions, autorisées ou non, en seize langues étrangères. Cependant Mein Kampf reste peu lu par les Allemands[50]. Hitler y expose d'une façon très crue et très directe une conception du monde fondée sur la lutte des races, sa vision du monde, Weltanschauung, fondée sur la conquête du Lebensraum (l'« espace vital ») de la nation allemande aux dépens des Slaves, l'idéal pangermaniste, l'antisémitisme et l'antichristianisme[51]. Il annonce aux Allemands « une paix garantie par l'épée victorieuse d'un peuple de maîtres qui mettra le monde entier au service d'une civilisation supérieure ». Mais Hitler sait laisser de côté ses idées les plus violentes pour se consacrer à son premier objectif, la conquête du pouvoir par les voies légales. De ce fait, ses propos, lors des réunions publiques, ressemblent à ce que pense l'Allemand moyen, la passion et la conviction en plus[52].
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+ Dans le même temps, le programme de 1920, déclaré inviolable, est progressivement mis de côté, à la fois par Hitler qui ne souhaite pas se lier les mains par un programme trop précis[53] et par le parti, lorsque des propositions de lois sont votées dans les parlements, le Reichstag ou les chambres des États fédérés[54]. De plus, l'organisation de groupes d'adhérents par professions ou catégories sociales contribue à brouiller le message politique du parti, à masquer l'absence de programme politique précis pour le Reich dans son ensemble derrière la formule de défense du Reich, un certain nombre de distinctions symboliques entre les militants et l'usage de formules destinées à renforcer le sentiment de camaraderie au sein de la communauté du parti[55].
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+ Alors que Hitler est emprisonné, le parti éclate en deux tendances, la NS-Freiheitsbewegung dans le Nord de l'Allemagne dirigé par Gregor Strasser et Erich Ludendorff, la Grossdeutsche Volksgemeinschaft au sud, dirigée par Hermann Esser et Streicher. Chacune de ces tendances renvoie en réalité à un recrutement spécifique dans le Reich : la tendance regroupée autour de Strasser, Goebbels et Muchow (en), est urbaine, socialisante, révolutionnaire, tentée par une alliance avec le KPD, alors que la tendance regroupée autour d’Esser et Streicher est populiste, raciste, rurale et opposée aux évolutions de la société industrielle[44]. En 1925, le débat sur l'expropriation des familles princières menace de faire éclater le parti : en effet, malgré la présence de Feder, les dirigeants du nord du Reich, Strasser, Goebbels, Kaufmann, Hildebrandt, Koch, Kerrl et Rust sont favorables à l'expropriation[56].
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+ Le 27 janvier 1925, Hitler refonde le NSDAP, mais il doit lutter contre l'aile gauche des frères Strasser qui se sont efforcés de noyauter les SA dirigés par Röhm.
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+ Pour se protéger, il s'entoure d'une garde rapprochée de fidèles, les SS (Schutzstaffel, les « brigades de protection »). Ceux-ci sont à cette époque soumis aux SA dont ils forment l'élite.
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+ L'élection présidentielle de 1925, pour la première fois au suffrage universel direct, ne permet pas à Adolf Hitler encore sous interdit judiciaire et n'ayant pas la nationalité allemande, de se présenter. Le NSDAP propose la candidature d'Erich Ludendorff, qui échoue au premier tour avec un résultat de 1,1 % et se discrédite complètement.
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+ Hitler s'efforce de réorganiser le NSDAP de manière à contrôler tout ce qui se passe dans le parti. Cette réorganisation se manifeste de plusieurs manières : refonte des circonscriptions du parti, reprise en main de l'appareil, grande souplesse de l'appareil et création de structures pour chaque électorat potentiel et mise en place d'un cérémonial axé sur le culte au Führer.
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+ Il installe des gauleiter dans chaque division administrative du parti, le Gau lui-même divisé en districts, les Kreise. Cette organisation est basée sur les circonscriptions électorales du Reich. Au sommet, il existe deux organismes : les PO I (organisation politique no 1) et le PO II (organisation politique no 2). Elles ont comme mission de séparer le pouvoir en place et de former un « gouvernement fantôme » avec des sections correspondant aux différents ministères[57]. Le parti comporte alors 27 000 membres divisés en 607 groupements locaux dont la moitié en Bavière.
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+ La reprise en main de l'appareil du parti se fait selon deux axes : l'élimination des concurrents potentiels et la création d'un entourage personnellement lié au Führer et exerçant les responsabilités au sein du parti. Les deux concurrents les plus importants du groupe de Munich, qui entoure Hitler, sont Gregor et Otto Strasser. Organisateurs, ils font progresser les effectifs dans les régions industrielles du Nord-Ouest, défendant l'idée que le nazisme constitue la voie allemande du socialisme[58]. Ils professent un nationalisme anticapitaliste que partage aussi Joseph Goebbels qui les soutient à l'époque. Mais, en février 1926, lors de la tentative de réconciliation sous les auspices de Streicher, dans son fief de Bamberg, les nazis du Nord du Reich, emmenés par Strasser, font leur soumission[59].
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+ En mai 1926, sorti victorieux des luttes internes, Hitler obtient le pouvoir de désigner seul les membres dirigeants du parti. Il parvient à s'attacher Goebbels qu'il envoie à Berlin avec la mission de discipliner les SA. Le congrès de Weimar de juillet 1926, prévu par les statuts, fournit l'occasion de l'affirmation du lien entre les membres du parti et le Führer et de l'évocation du souvenir sanglant du putsch de la Brasserie[60]. On y inaugure le serment de fidélité par le toucher du drapeau du 9 novembre 1923, qui « bénit » les drapeaux, et le salut fasciste. Lors du congrès de Nuremberg de 1927, le décorum du NSDAP se met en place. Hitler, en chemise brune, occupe une position centrale. Le parti militarisé défile au milieu d'un déploiement de drapeaux donnant une impression de force.
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+ Si le parti donne une impression de force, c'est aussi en raison de la lutte extrême que les instances centrales laissent se développer en son sein. En effet, pour Hitler, un chef, à quelque échelon que ce soit, a conquis sa place et doit être en mesure de la défendre contre les prétentions d'autres membres du mouvement ; selon cette logique inspirée du darwinisme social, seuls les plus féroces et les plus efficaces parviennent à se maintenir longtemps à leur poste dans cette lutte constante[61]. L'absence de programme précis est cachée par le mythe du Führer. Celui-ci exalte surtout la communauté du peuple uni, Volksgemeinschaft, sous la direction du chef. Il cherche avant tout à provoquer une communion avec son auditoire[62]. Les thèmes antisémites et anti-internationalistes sont toujours très présents. Au sein du parti, Gregor Strasser développe les associations socio-professionnelles : étudiants, médecins, instituteurs, femmes… En 1929, il existe une structure d'accueil pour chaque catégorie de citoyens. Cela permet au NSDAP de conquérir une partie du monde paysan et un grand nombre d'étudiants issus de la classe moyenne très antisémite[63]. Cette conquête de pans de plus en plus importants de la population est masquée par l'absence de succès électoraux : le parti compte en 1928 178 000 adhérents (il en comptait 25 000 en 1925), répartis dans l'ensemble de la société, fournissant les cadres pour l'expansion future[64].
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+ Dans le même temps, l'aile nordiste du parti, défaite en 1925-1926, obtient qu'une réflexion soit organisée autour de l'opportunité de l'organisation de syndicats nazis : en 1928, Adolf Wagner est nommé référent pour les problèmes syndicaux[65], et Goebbels reconnaît l'existence de syndicats nationaux-socialistes au congrès de Berlin au mois de juillet[66]. Au congrès de Nuremberg en 1929, les cellules d'entreprises sont fédérées dans une organisation spécifique, mais leur propagande est limitée en raison de l'absence de fonds envoyés depuis Munich[66].
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+ Aux élections générales de 1928, le NSDAP obtient seulement 800 000 voix représentant 2,6 % du corps électoral, ce qui lui vaut douze sièges au Reichstag. Cela ne représente que huit fois le nombre d'adhérents[67]. Bien que recrutant dans toutes les couches, le parti attire surtout les classes moyennes indépendantes et les petits-bourgeois[67].
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+ La montée du nazisme est due à la conjonction des deux crises, l'une politique et l'autre économique. En mai 1928, la gauche a fortement progressé en Allemagne, entraînant l'accession au pouvoir du socialiste Hermann Müller. Sa présence est insupportable aux ultra-conservateurs comme le président Hindenburg qui va soutenir la campagne des nationalistes et des nationaux-socialistes contre le plan Young, pourtant un beau succès diplomatique. En novembre-décembre 1929, Hindenburg va même jusqu'à financer des rassemblements politiques de Hitler contre le plan qui prévoit le rééchelonnement du paiement des réparations[68]. L'activisme du parti national-socialiste attire une importante clientèle électorale. À elle seule, la campagne contre le plan Young apporte 20 000 nouveaux adhérents au NSDAP. Un des slogans du NSDAP est à ce moment : « Du travail et du pain »[69]. Les nationaux-socialistes obtiennent quelques succès aux élections régionales de 1929[70]. Au printemps 1930, le parti compte 200 000 membres.
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+ Au même moment, la crise économique de 1929 prive l'Allemagne et l'Autriche des capitaux américains investis après-guerre. Ceci provoque la faillite du système bancaire allemand et la chute de la production industrielle. En décembre 1931, il y a six millions de chômeurs à 100 % et 8 millions de chômeurs partiels. La politique menée par Brüning, baisse de l'allocation chômage et des allocations sociales, entraîne une sévère déflation qui favorise la radicalisation politique[71]. En 1931 l'économie allemande chute de 7,7 %, en 1932 de 7,5 %[72]. Des historiens et économistes (Maury Klein (en), Daniel Cohen, Joseph Stiglitz, entre autres) expliquent que le krach boursier de Wall Street en 1929 eut un impact majeur sur la jeune démocratie allemande : le retrait des capitaux américains d’Allemagne, qui soutenaient alors une économie allemande balbutiante, a déclenché une crise économique terrible, poussant la classe moyenne dans la misère et laissant un espace politique libre pour le parti nazi[73].
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+ Les premiers succès du parti sont locaux et localisés dans les régions rurales et arriérées du Reich, la Thuringe, pays marqué par le travail à domicile et le chômage : Wilhelm Frick est élu au parlement, exerce des responsabilités et se place dans son action en réaction à la modernisation des années 1920, dont Weimar avait été l'un des centres, politiques et artistiques[74].
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+ Josef Goebbels et Walter Darré sont chargés de la propagande aux élections de 1930. Darré, chargé du milieu rural, fait campagne sur les thèmes de la défense et de la propriété agricole, de l'aide de l'État à la production et au soutien des prix[42]. Aux élections générales de septembre 1930, le NSDAP obtient 6,4 millions de voix, grâce à une poussée dans le monde paysan, représentant 18,3 % du corps électoral et remporte 107 sièges au Reichstag. Il recueille son meilleur score dans les campagnes protestantes en Prusse, Schleswig-Holstein, dans les villages protestants de Franconie et de Bade[75]. Hitler affirme en septembre 1930 qu'il compte arriver au pouvoir par le suffrage universel, et il ajoute : « Alors nous construirons l'État tel que nous le souhaitons[76]. » Mais les SA réclament de l'action. Sous l'impulsion de leur chef Stennes, les SA de Berlin se révoltent contre l'abandon du volet social du NSDAP. Les SS, dirigés par Heinrich Himmler, circonscrivent la rébellion et commencent à assurer la police interne. Ils répriment une autre révolte de SA au nord du pays. Cela permet à Hitler de se donner une image de chef modéré, soucieux de contenir ses troupes. Contre la politique d'austérité de Brüning, les nationalistes (des associations d'anciens combattants, des agrariens, quelques hommes d'affaires, etc.) et les nationaux-socialistes se rassemblent en octobre 1931 dans le Front de Harzburg, faisant de Hitler un personnage de premier plan[68]. Hitler, soucieux de respectabilité, a depuis 1926 désavoué la partie « anticapitaliste » des 25 points du programme de 1920. Mais il n'obtient que peu de succès auprès des grands capitalistes. Les quelques ralliements d'industriels sont toujours individuels avant 1933. C'est le cas de Fritz Thyssen, d'Emil Kirdorf (en) et de Friedrich Flick[77]. Du côté des banquiers, il faut noter le ralliement d'Emil Georg von Stauss (en) et de Kurt von Schroeder qui prend en main le programme économique du parti[78]. Le ralliement de Hjalmar Schacht, qui avait jugulé l'hyperinflation en 1924, vers 1930, est certainement le plus prestigieux[79]. Ces ralliements entraînent une refonte des orientations du parti, et donc un risque de perte de contrôle du parti par Hitler et par le groupe de Munich[55] : pour éviter cet écueil, généré par la contradiction entre les aspirations de la base du parti, et les souhaits de ses bailleurs de fonds, Hitler s'appuie sur la SA, radicalise son discours, exploite politiquement la composition du cabinet Papen, le cabinet des Barons et lance le parti dans un rapprochement avec les communistes lors la grève des transports berlinois de 1932[55].
70
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+ Au fil des mois de l'année 1930 et de l'année 1931, marqués par la montée du chômage, la paupérisation de pans de plus en plus importants de la population, le parti connaît des succès électoraux de plus en plus nombreux, liés en partie à l'élargissement de la base du parti, qui ne s'opère pas partout sur les mêmes bases ; ainsi dans les régions proches de la frontière polonaise, marquées par un fort nationalisme, son essor se fait aux dépens des conservateurs[74], dans les régions centrales du Reich, ce sont les petits propriétaires qui passent du vote conservateur ou libéral au vote nazi[74].
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+ Début 1932, le parti compte 1,5 million d'adhérents, dont 350 000 SA et SS qui multiplient les exactions et les démonstrations de force. Les batailles de rue contre les communistes se multiplient. En 1931, elles font 300 morts pour la seule Prusse. Les Jeunesses hitlériennes de leur côté enrôlent plus de 107 956 jeunes[réf. nécessaire]. En 1931, le Zentrum, le parti catholique, pense pouvoir amadouer les nationaux-socialistes en associant Hitler au pouvoir. Le président Hindenburg reçoit même celui-ci le 10 octobre 1931 pour lui proposer un poste[80]. En vain. Le Führer refuse les seconds rôles. Le succès du parti entraîne une lente mutation sociale de ses adhérents. La proportion d'ouvriers augmente par la suite de la création du syndicat Betriebszellen-Organisation (NSBO) qui compte 100 000 membres en 1932[76]. Ceux-ci restent cependant sous-représentés par rapport à la petite bourgeoisie. Les jeunes, surtout ceux issus des classes moyennes qui n'ont jamais intégré le monde du travail, affluent vers le NSDAP, mais le parti se définit surtout comme un parti de trentenaires[81]. Quant à l'électorat, il est beaucoup plus important dans les régions protestantes du Nord et de l'Est que dans l'Ouest et le Sud catholiques, dans les campagnes et les petites villes, les banlieues petit-bourgeoises que dans les centres urbains et les banlieues ouvrières[82]. En 1933, un protestant sur deux vote national-socialiste, un catholique sur trois[83] ; toutes choses égales par ailleurs, les protestants sont au moins deux fois et demi plus enclins à voter pour les nazis que les catholiques, ce qui s'explique notamment par l’attitude offensive à l'égard des nazis de la hiérarchie catholique, très liée au Zentrum[84]. La répartition par âge et par catégorie socio-professionnelle varie d'une région à l'autre voire d'une ville à l'autre et dépend des particularismes locaux[85]. En réalité, ces succès doivent beaucoup au fait que le NSDAP promet tout à tout le monde, donc rien à personne, tout en renvoyant à plus tard, c'est-à-dire après la prise du pouvoir, les mesures concrètes à mettre en œuvre une fois cet objectif atteint[86].
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+ Le 25 février 1932 Hitler obtient la nationalité allemande, et à l’élection présidentielle de mars-avril, il obtient 13 418 517 voix au second tour, représentant 36,7 % du corps électoral, mais il est battu par le maréchal Hindenburg. Aussitôt après les élections, un décret-loi du chancelier Heinrich Brüning interdit les SA et les SS. Mais Brüning qui dirige le gouvernement depuis octobre 1930 s'est fait beaucoup d'ennemis à droite, car il s'appuie sur le SPD pour gouverner. Schleicher rencontre Hitler et conclut un accord avec lui. Le NSDAP ne s'oppose pas à un cabinet sans Brüning. En échange, le Reichstag est dissous et les SS et SA sont de nouveau autorisés[87]. La campagne électorale qui s'ensuit est extrêmement violente. Entre le 14 juin et le 20 juillet, les combats de rue font 99 morts rien qu'en Prusse. Le 17 juillet à Altona (Hambourg), a lieu un affrontement dont le bilan est terrible : 17 morts et 100 blessés à cause des violences nationales-socialistes[88]. Les élections du 31 juillet 1932 donnent au NSDAP 37,3 % des voix. Papen et Schleicher proposent aux nationaux-socialistes deux ministères, mais Hitler réclame la chancellerie. De ce fait, les SA multiplient leurs violences[89]. Un décret-loi instaure alors la peine de mort pour les auteurs de violences de rue mortelles. Lorsqu'un mineur communiste est piétiné à mort par neuf SA, ils sont condamnés à mort. Hitler réclame leur libération. Finalement graciés, ils ne feront que quelques mois de prison[90]. Hitler dicte désormais sa loi au pouvoir légitime.
76
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77
+ Dès sa réunion, le Reichstag s'en prend au nouveau chancelier von Papen et l'oblige à dissoudre de nouveau l'assemblée et à procéder à de nouvelles élections. À ce moment-là, le parti national-socialiste est traversé par des courants contradictoires. Hitler, soutenu par Goebbels, réclame le pouvoir pour le seul NSDAP. Gregor Strasser milite pour une participation à un gouvernement selon les conditions d'Hindenburg et von Papen[90]. Il cherche aussi à établir sur le parti une structure hiérarchique pour contrôler les gauleiter. Mais cette démarche va à l'encontre des intérêts de Hitler qui, grâce à son charisme, contrôle personnellement les responsables régionaux. Pendant la campagne électorale, a lieu un événement improbable. Les communistes et les nationaux-socialistes s'unissent pour faire grève dans les tramways berlinois, s'opposant ainsi aux syndicats et au SPD qui appellent au travail. Cette alliance incroyable montre que l'union des partis de gauche est impossible en Allemagne même pour contrer la menace d'extrême-droite. À l'automne 1932, les nationaux-socialistes mènent une campagne très violente avec, entre autres, des thèmes anticapitalistes, populistes et proagrairiens. Les grands patrons inquiets proposent une union de toutes les forces nationalistes sauf les nationaux-socialistes[79].
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+ Les élections générales de novembre marquent un recul du NSDAP avec ses 11,74 millions de voix, soit 33,1 % du corps électoral. Les nationaux-socialistes perdent deux millions de voix[91]. Les partis communiste et socialiste dépassent le NSDAP de plus de 1,5 million de voix, mais ils sont divisés. Les caisses du parti national-socialiste sont vides. Le recul aux élections de novembre le laisse dans un certain désarroi. Le nouveau chancelier Schleicher tente de faire éclater le parti en proposant à Gregor Strasser le poste de vice-chancelier[92]. Mais soumis à la pression de Goebbels, Strasser quitte le parti national-socialiste en dénonçant la politique de Hitler.
80
+
81
+ Après les élections de novembre, Hitler sait que pour arriver au pouvoir, il doit pactiser avec les milieux d'affaires, très insatisfaits des politiques menées par les chanceliers successifs. Au cours de l'année 1932, il a acquis une certaine respectabilité auprès des grands patrons qu'il a rencontrés à Düsseldorf le 27 janvier 1932 grâce à Schroeder. Il bénéficie aussi des intrigues de von Papen, mécontent d'avoir été écarté du pouvoir par Schleicher, et qui espère revenir aux affaires dans le sillage de Hitler. Les deux hommes se rencontrent à deux reprises les 4 et 18 janvier 1933. Hindenburg est hostile à la nomination de Hitler comme chancelier, mais une coterie fait pression sur le président pour qu'il remplace Schleicher par le chef des nationaux-socialistes. Hindenburg finit par demander à von Papen de clarifier la situation politique. Celui-ci propose un gouvernement avec Hitler comme chancelier. Il assure le vieux président que Hitler sera neutralisé par les ministres conservateurs. Le 30 janvier 1933, après une dernière intrigue de von Papen, Hitler devient chancelier[93]. L'importance de l'hypothèse d'un soutien des milieux financiers et patronaux à Hitler est discutée pour ce qui concerne la période avant 1933[94] ; elle est avérée par la suite[95].
82
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83
+ Pour les militants du NSDAP, Hitler est le rédempteur de l'Allemagne. Ils s'efforcent dans leurs actions d'en convaincre les électeurs. Les défilés dans les rues, les rassemblements politiques sont de plus en plus ritualisés.
84
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85
+ Joseph Goebbels, responsable de la propagande nazie, est l'un des maîtres d'œuvre des succès électoraux. Il parvient à mythifier le militant nazi en le transformant en héros prêt à donner sa vie pour la cause. Pour exemple, le cas du SA Horst Wessel : au cours d'une rixe pour une prostituée, ce dernier est tué par un communiste et Goebbels en fait un martyr du national-socialisme. Alors que le SA se débat encore entre la vie et la mort dans un hôpital de Berlin, Goebbels fait publier de ses nouvelles deux fois par semaine dans l'organe de presse local du NSDAP. Il organise même le 7 février 1930, un rassemblement de plus de 10 000 personnes. À la fin de la réunion, la foule entonne un chant écrit par le SA blessé, le Horst-Wessel-Lied qui deviendra l'hymne du parti et le deuxième hymne national allemand. Lors de l'enterrement de Wessel, des milliers de sympathisants font le salut hitlérien au passage du cercueil. Goebbels fait ainsi de Wessel un preux chevalier des temps modernes[96].
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+
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+ Lors de l'élection de 1930, les nationaux-socialistes n'ont pas encore accès à la radio et la presse nationale. Goebbels compense ce handicap en inondant le pays de tracts, d'affiches, de journaux distribués par les SA. En 1932, pour la campagne présidentielle, les nationaux-socialistes collent près d'un million d'affiches à travers toute l'Allemagne. Huit millions de tracts et douze millions de journaux sont distribués[97]. Dans les régions isolées, des voitures tapissées d'affiches du NSDAP sillonnent les routes tandis que des haut-parleurs scandent les slogans nationaux-socialistes. Les réunions électorales sont aussi un moyen très efficace de propager les thèmes nationaux-socialistes. En 1932, il s'en tient 300 par jour pendant la campagne. La mise en scène soignée : multiplications des drapeaux rouge et blanc avec des croix gammées, chants, uniformes, parades de SA, fanfares, lumières des torches, donnent à la foule un sentiment d'unité et de force qui emporte l'adhésion[97]. Pour donner à Hitler une image moderne, Goebbels affrète un avion qui transporte Hitler, candidat à la présidentielle, de rassemblements en rassemblements avec comme slogan : « Le Führer au-dessus de l'Allemagne »[98].
88
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89
+ À partir de 1929, le NSDAP sous l'inspiration de Goebbels s'en prend aux intellectuels et aux artistes jugés « néfastes » pour l'Allemagne. Les étudiants nationaux-socialistes, pourtant minoritaires dans les universités, dressent des listes d'enseignants juifs, comme les étudiants nazis de Göttingen[81], entretiennent une agitation constante et peu réprimée. Ils empêchent les professeurs juifs ou libéraux de faire cours. Les présidents d'université en viennent à en renvoyer certains dans l'espoir que les agitateurs nationaux-socialistes laissent enfin l'université en paix. Les spectacles, théâtres, cinémas ou cabarets jugés contraires à « l'honneur allemand » sont régulièrement perturbés par les SA. Ils finissent par être retirés de l'affiche par les directeurs de salle[99]. Les journaux du NSDAP publient des listes noires d'artistes ou d'écrivains en leur promettant un châtiment exemplaire le jour où Hitler arrivera au pouvoir (parmi les plus menacés : Kurt Tucholsky, Erich Kästner, Bertolt Brecht, Erwin Piscator, Vassily Kandinsky, Ossietsky…). En 1929, Wilhelm Frick devient ministre de l'Instruction publique du Land de Thuringe dans un gouvernement de coalition de droite mené par Erwin Baum (de). Il fait interdire les œuvres des artistes honnis par le national-socialisme. Mais son action suscite une telle réprobation qu'il est obligé de démissionner au bout de quelques semaines. En fait, entre 1929 et 1933, les campagnes d'intimidation sont bien plus efficaces qu'une censure directe[100].
90
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+ En France, en janvier 1932, le député Paul Faure intervint vivement à la Chambre des députés en accusant le groupe Creusot-Schneider d’aider au réarmement allemand, via ses implantations en Tchécoslovaquie et en Hongrie, tandis qu’un de ses associés aux Pays-Bas drainait des fonds pour le NSDAP[101]. Fritz Thyssen verse un million de marks au parti en 1931, mais parce qu'il finance tous les partis sans distinction. En 1932, sur les plusieurs millions qu'il verse aux différents partis, le NSDAP en reçoit 3 % contre 8 % aux partis de droite, 6 % à ceux de gauche et 83 % aux partis du centre[102]. Plusieurs auteurs ont évoqué la parution aux Pays-Bas d’un opuscule sous le pseudonyme de Sydney Warburg, De Geldbronnen van het nationaal-sozialism: drie gesprenken met Hitler (les ressources du national-socialisme, trois conversations avec Hitler) et traitant des ressources financières du nazisme en 1929, 1931 et 1933, apparemment rédigé par un infiltré et désignant des bailleurs de fonds liés à la haute-finance américaine[101]. Le NSDAP bénéficie aussi de l'appui financier de l'industriel Emil Kirdorf et de l'ancien président de la Reichsbank Hjalmar Schacht[103].
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+
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+ Le but du NSDAP est la prise du pouvoir afin d’instaurer une dictature autour d’Adolf Hitler. Selon le Führer, ce régime est seul capable de lancer un vaste programme d’économie de guerre, avec pour objectif le réarmement massif du pays, afin de lui permettre de se lancer dans une série de conquêtes militaires et d’élargir ce qu’il appelle son « espace vital ». L’idéologie du parti nazi était nationaliste, raciste et antisémite. Une fois le pouvoir obtenu, le parti se trouve confronté à ses contradictions de la période précédente, balloté entre un programme flou, axé autour de la « création d'une autorité centrale forte » et des aspirations divergentes au sein du parti : certains, la majorité, veulent refonder le Reich sur les bases de celui de 1871, d'autres veulent la remise en place de l'État allemand, sous leur contrôle, d'autres encore, autour de Röhm, souhaitent l'initialisation d'un processus révolutionnaire[104].
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+ À l'annonce de la nomination de Hitler comme chancelier, des milliers de SA défilent sous les fenêtres de leur chef et devant la porte de Brandebourg dans une longue retraite aux flambeaux qui dure 5 heures[105]. Goebbels note dans son journal « C'est comme dans un rêve »[106]. Le 30 janvier, il n'y a, en plus de Hitler, que deux autres nationaux-socialistes dans le nouveau gouvernement : Frick à l'Intérieur et Hermann Göring au ministère de l'Aviation, qu'il cumule avec celui de l'Intérieur de Prusse, le principal État fédéré du Reich. Les autres ministres sont à peu près ceux du gouvernement précédent. Dès le 1er février 1933, le nouveau chancelier Hitler obtient du président Hindenburg la dissolution du Parlement. Grâce à l'argent fourni par les industriels (3 millions de marks), le NSDAP multiplie la propagande. Goebbels s'assure le contrôle de la radio d'État et multiplie les rassemblements grandioses. Le 5 février, il organise des funérailles nationales pour deux militants tués durant le défilé aux flambeaux du 30 janvier au soir. Tous les moyens sont bons pour glorifier les deux héros : présence des plus hauts dirigeants nationaux-socialistes dont Hitler accompagnés des fils de l'empereur Guillaume II, survol du cortège funèbre par deux avions parés de croix gammées, cérémonie dans la cathédrale et enfin, hommage funèbre prononcé par Goebbels en personne[107]. Tout en tenant un discours rassurant, le parti s'emploie à prendre le contrôle de toutes les institutions du pays, à partir du ministère du Reich à l'Intérieur, détenu par Frick[108]. Ainsi Göring signe un décret, le 22 février 1933, en tant que ministre de l'Intérieur de Prusse, qui fait des SA et des SS du Land des auxiliaires de police. 40 000 nazis peuvent ainsi se livrer en toute impunité à la violence en pleine campagne électorale.
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+ Le 27 février, le palais du Reichstag est totalement détruit par un incendie criminel. L'incendiaire étant un jeune Hollandais d'extrême-gauche, les nationaux-socialistes en profitent pour développer la thèse de la préparation d'un soulèvement communiste. Dès le lendemain, une réunion ministérielle décide d'adopter le décret « pour la protection du peuple et de l'État » qui supprime la quasi-totalité des droits fondamentaux. Plus de 4 000 militants du Parti communiste d'Allemagne (KPD) sont arrêtés ainsi que bon nombre de dirigeants de la gauche : ils sont assassinés ou seront envoyés vers les premiers camps de concentration nazis[109]. Les journaux sont suspendus et les rassemblements interdits. Les SA multiplient les brutalités. Ils ouvrent même des « centres privés de détention » où ils torturent en toute impunité leurs prisonniers personnels[110]. Environ 50 000 personnes sont internés dans ces camps improvisés[111]. Goebbels multiplie la propagande à la radio.
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+ Aux élections fédérales de mars 1933, le NSDAP obtient 17,28 millions de voix représentant 43,9 % du corps électoral. Il n'a donc pas la majorité absolue, ce qui constitue un demi-échec, vu les conditions du scrutin. Dès le lendemain des élections, les SA s'attaquent aux gouvernements locaux qui ne sont pas aux ordres du NSDAP. Ils envahissent les gouvernements locaux, les directions de la police régionale où ils hissent le drapeau national-socialiste. Aussitôt, Frick considère que le gouvernement local n'est plus en mesure de maintenir l'ordre dans le Land et nomme à sa place un commissaire du Reich nazi[112]. Les partisans de Hitler déstabilisent ainsi le pouvoir légal pour pouvoir le remplacer. Le stratagème est utilisé à Hambourg le 5 mars, à Brême, Lübeck le 6, en Hesse le 7, en Saxe, Wurtemberg et Bade le 8. Seule la Bavière tente de résister mais se soumet le 16 mars au pouvoir national-socialiste. Au sein des Länder sont nommés des Reichsstatthalter, dépendant directement du pouvoir central, le plus souvent recrutés parmi les gauleiter des régions concernés[108], disposant des pleins pouvoirs, dont ceux de nommer et de dissoudre les gouvernements des États fédérés, leurs assemblées, de nommer et de révoquer les fonctionnaires, de pourchasser ou d'amnistier des citoyens du Reich ou encore de promulguer des lois[113].
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+ Certains conservateurs finissent par protester contre les violences de SA. Mais Hitler prend ouvertement leur défense et menace à mots couverts les protestataires.
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+ Goebbels, désormais ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande, met au point les derniers stratagèmes pour désarmer toute opposition. Lors d'une cérémonie à la mise en scène soignée, Hitler rend hommage devant toutes les forces sociales et religieuses, sauf les partis de gauche, aux « martyrs » du parti national-socialiste. Il s'agenouille ensuite devant le président Hindenburg, symbole de l'Allemagne éternelle[114]. Cette mise en scène, filmée et radiodiffusée dans toute l'Allemagne donne aux Allemands un sentiment d'unité. Le 20 mars, les nationaux-socialistes obtiennent le soutien du Zentrum. Le 23 mars, le Reichstag, réuni à l'opéra Kroll, est entouré par les SA et les SS qui exigent le vote des pleins pouvoirs pour leur chef. Il lui faut réunir les deux tiers des suffrages des députés. Hitler lui-même apparaît en tenue de SA. Seuls les 94 députés du parti social-démocrate (SPD) osent s'opposer (les députés communistes étant emprisonnés). 444 députés votent l'« acte d'habilitation ». La Gleichschaltung (« mise au pas » du pays) est en marche. Le même jour est ouvert à Dachau, en Bavière, le premier camp de concentration. Il reçoit les opposants politiques[115].
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+ Le 29 mars, les libertés fondamentales sont abolies. Peu à peu, tous les partis et syndicats, autres que ceux d'inspiration nazie, sont dissous. Le NSDAP met la main sur la presse communiste et socialiste. Le 14 juillet, il est proclamé parti unique par la loi contre la formation de nouveaux partis[116]. La loi du 1er décembre 1933 sur « l'unité du parti et de l'État » dicte : « Le NSDAP est étroitement lié à l'État ». Il devient donc une institution de l'État. Il existe désormais un chevauchement de compétences entre l'État et le parti national-socialiste. Les gauleiter peuvent ainsi s'adresser directement au Führer pour les affaires politiques. Tout tourne désormais autour de Hitler.
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+ La classe ouvrière est contrôlée grâce à la création du Front du travail, Deutsche Arbeitsfront ou DAF dont le chef est le docteur Robert Ley, et auquel tous les ouvriers ont l'obligation d'adhérer. Le DAF ne peut s'occuper que de l'amélioration du cadre de travail, sans pouvoir faire de revendications salariales[117]. Les nationaux-socialistes prennent aussi le contrôle des organisations des petites entreprises par l'intermédiaire du N-S Kampfbund für den Gewerblichen Mittelstand. Les organisations agricoles étant déjà infiltrées en 1933, il est très facile pour les nationaux-socialistes de les contrôler totalement. Walter Darré devient à la fois, le responsable du NSDAP pour les affaires agricoles, le chef des organisations agricoles et le ministre de l'Agriculture du Reich. Le patronat est lui aussi en grande partie nazifié. L'industriel Gustav Krupp, président du Reichsverband der Deutschen Industrie ou RDI, le syndicat de la grande industrie allemande, écrit en février 1933 à Hitler : « L'évolution politique coïncide avec les vœux que moi-même et le bureau avons formés depuis longtemps »[118]. Le 1er avril 1933, les SA occupent le siège du RDI et en font chasser les membres juifs. Le RDI est dissous le 22 mai et devient la corporation de l'industrie allemande. Elle conserve une certaine autonomie, car Hitler a besoin de la grande industrie pour mener sa politique de réarmement.
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+ Le nazisme exerce une fascination sur certains intellectuels qui, par carriérisme (comme le chef d'orchestre Herbert von Karajan) ou par conviction, adhèrent au NSDAP. C'est le cas du philosophe Martin Heidegger, qui adhère au NSDAP le 1er mai 1933 et en restera membre jusqu’en 1945, payant régulièrement ses cotisations[119]. D'autres artistes et intellectuels sont victimes d'une épuration qui commence dès le 1er février 1933. Ils sont arrêtés ou préfèrent fuir à l'étranger. Les SA et les étudiants, souvent encouragés par certains de leurs enseignants, brûlent dans des autodafés les ouvrages interdits : le 10 mai 1933, Goebbels assiste à celui de Berlin où, à la tombée de la nuit, dans une atmosphère hystérique, plus de 20 000 livres sont brûlés[120].
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+ Au sein du NSDAP, il existe encore une opposition à Hitler. Elle est menée par Ernst Röhm, le chef des SA qui veut faire de ses troupes une milice populaire à la base d'une nouvelle armée. La majorité des SA ambitionnent une promotion sociale. Ils souhaitent une « seconde révolution » que redoute le Führer. À partir du printemps 1934, les SA deviennent incontrôlables. La Reichswehr qui s'est très rapidement « nazifiée » parvient à éviter l’incorporation des SA dans ses rangs. En même temps, se noue une alliance entre Reichswehr et SS.
112
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113
+ Les Allemands connaissent des difficultés d'approvisionnement. Ils tournent alors leur mécontentement contre le parti unique, le NSDAP. La droite traditionnelle relève la tête et ses responsables, à l'instar de von Papen, critiquent ouvertement le pouvoir[121]. Hitler choisit alors de s'allier à l'armée pour consolider son pouvoir et lâche les SA.
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115
+ Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich et Werner von Blomberg, alors ministre de la Reichswehr, s'efforcent de persuader Hitler que Röhm met en place un complot contre lui. Malgré l'absence de preuves, le Führer se décide à agir fin juin 1934. Il demande une réunion des chefs SA à Bad Wiessee en Bavière. Dans la nuit du vendredi 29 juin 1934 au samedi 30 juin 1934, il lance les SS de Himmler, avec le soutien de l'armée, dans une opération d'envergure qui ne s'interrompt que le lundi 2 juillet 1934 suivant : de Berlin à Munich, plusieurs centaines de SA et d'opposants sont arrêtés ou assassinés, Ernst Röhm est exécuté dans sa prison après avoir refusé le suicide, en même temps que de vieux adversaires de Hitler, tels Gregor Strasser, l'ancien chancelier Kurt von Schleicher, Gustav von Kahr, responsable de l'échec du putsch de la Brasserie, et des collaborateurs de Franz von Papen. Au total, sur ces trois nuits et trois jours de purge, on compte 89 victimes[122]. De nombreux généraux de la Reichswehr se sont montrés complices actifs de cette opération et deviennent dès lors liés à Hitler par un « pacte du sang ». Les SA continuent d'exister, mais ont ensuite un rôle mineur dans la structure du parti : Hitler a désormais tout le pouvoir à la fois sur le parti et sur l'Allemagne.
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+ De janvier à mai 1933, le nombre d'adhérents au NSDAP triple. Il atteint 2,5 millions de membres en 1935. Du coup, le parti freine le recrutement le réservant dans un premier temps aux jeunes issus des jeunesses hitlériennes. En 1939, le parti compte 5 339 567 adhérents[123],[124]. Durant la guerre, le nombre d'adhérents ne cesse de croître : entre 1939 et 1941, ce sont 1,8 millions d'Allemands qui rejoignent ses rangs, auxquels s'ajoutent 200 000 nouveaux membres entre 1941 et 1943 ; en 1945, 8 millions d'Allemands sont membres du NSDAP[123]. La composition du parti se rapproche de plus en plus de la composition sociale de la population allemande. On peut considérer comme nationaux-socialistes « authentiques » ceux qui ont adhéré aux organisations politiques et sociales les plus typiquement nationales-socialistes : Frauenschaft, SA, SS, Gestapo et SD[125] ; ceux qui ont donné leur adhésion très tôt soit avant, soit peu après la « prise du pouvoir » (30 janvier 1933) ; et enfin ceux qui ont occupé des postes importants. Ils sont pénétrés de l'idéologie nationale-socialiste dont ils acceptent sans réserve principes et méthodes[126]. Les motivations des nouveaux adhérents sont, elles, surtout professionnelles et liées à un désir de promotion sociale. Ceci provoque l'amertume et la désaffection des anciens membres du parti[127]. La hiérarchie des cadres reflète celle de la société traditionnelle. Parmi les responsables nationaux, on ne trouve plus aucun ouvrier. Une des fonctions du parti est de faire la liaison entre le peuple et le Führer[127].
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+ Avec la loi du 1er décembre 1933, se termine le processus qui transforme la gestion du parti en affaire d'État[113]. En effet, d'un côté, le parti est en surimposition par rapport aux administrations publiques, d'autre, il en est totalement exclu. Une fois la fonction publique épurée de ses membres juifs et opposants au nazisme, de nombreux conflits éclatent entre responsables de la hiérarchie de l'État et responsables de la hiérarchie du parti : ainsi, alors que deux chancelleries, celle du Reich et celle du parti, subsistent, la chancellerie du Reich prend rapidement le pas sur la seconde[108]. De même, l'État doit accueillir en son sein des cohortes de vieux militants du parti, souvent méprisés ; dans le cas du ministère des Affaires étrangères, c'est essentiellement par le biais d'agences partisanes que le NSDAP prend pied dans ce domaine réservé des conservateurs[108].
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+ Mais les ministres nationaux-socialistes se mettent vite à défendre leur bureaucratie contre le parti, d'où de nombreux conflits. Lors du congrès de Nuremberg de 1935, Hitler précise sa pensée sur le partage du pouvoir entre l'État et le parti : « Ce que l'État ne peut réaliser, sera fait par le parti »[128]. Cette phrase obscure ne permet pas de trancher le problème. D'ailleurs aux plus hautes fonctions de l'État, le cumul avec une fonction dans le parti est la règle. Du fait de l'imprécision de la hiérarchie et des compétences de chacun, les dignitaires se font concurrence pour légiférer. Ceci n'empêche pas le régime d'être autoritaire. Les nouveaux fonctionnaires sont presque tous liés au parti. En effet, les examens, les promotions dépendent de plus en plus de l'appartenance au parti. L'exclusion du NSDAP entraîne souvent la perte de l'emploi. Le 26 janvier 1937, une loi permet au Führer de licencier tout fonctionnaire dont la fidélité est mise en doute par le parti. De plus les fonctionnaires sont obligés de signaler au NSDAP tout fait risquant de nuire au parti même s'ils en ont eu connaissance en dehors de leur travail. Ils deviennent donc des puissants instruments de délation. Ils ont aussi interdiction d'acheter dans les magasins juifs. En 1937, 63 % des fonctionnaires allemands sont membres du NSDAP alors qu'ils n'étaient que 6,7 % en 1933[129].
122
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+ Après son accession au pouvoir, Hitler choisit Rudolf Hess comme suppléant à la tête du NSDAP. Il est aussi ministre sans portefeuille avec le droit de contrôler la nomination des hauts fonctionnaires[130]. En 1935, il se trouve à la tête de 25 000 employés dont 1 600 pour le seul siège de Munich. Mais Hess doit compter avec l'ambition des autres dirigeants nationaux socialistes. Il a beaucoup à faire avec Robert Ley, le responsable du Front du travail, qui étend son autorité sur 23 millions de travailleurs et 40 000 fonctionnaires[131] et à qui il demande notamment d'organiser les Ordenburgen. Le parti encadre étroitement la population.
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+ Le Blockleiter chapeaute les habitants de l'immeuble, le Zellenleiter ceux du quartier. L'Ortsgruppenleiter surveille les habitants et les administratifs de la commune. Le Kreisleiter a un rôle d'animateur politique, d'organisateur de fêtes et de quêtes diverses dans une circonscription plus vaste, l'arrondissement (Kreisleitung). Enfin le gauleiter est nommé parmi les fidèles de Hitler. Bien payé, il contrôle l'administration régionale. D'ailleurs, le plus souvent, les gouverneurs, les Statthalter, sont souvent issus de leur rang. Ils disposent d'une vingtaine de services spécialisés et s'attachent une cohorte de fidèles[132]. En 1935, le Reich compte 33 gauleiter, 827 Kreisleiter, 21 000 Ortsgruppenleiter, 250 000 Zellenleiter et Blockleiter[133]. En 1943, ce sont 43 Gaue, 869 Kreise, 26 103 Ortsgruppen, 106 118 Zellen et 559 029 Blockgruppen que compte le parti, l'expansion géographique du Reich se reflétant dans les structures du parti[123].
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+ En ajoutant les maires et les conseillers municipaux, tous membres du parti nazi, le total des responsables politiques du NSDAP atteint les 700 000 en 1935. Cette même année, le parti emploie 25 000 permanents dont 1 600 uniquement pour le siège à Munich. L'État n'a aucun contrôle sur les finances du parti. Le parti exerce essentiellement une activité de contrôle et de propagande auprès de la population. Les Politische Leiter ont par exemple pour fonction de délivrer de certificats de fiabilité politique pour ceux qui postulent une fonction. Ils en profitent souvent pour s'enrichir aux dépens de la population. La corruption est un fléau récurrent. En 1935, le trésorier du NSDAP dénonce 2 350 cas, tous réglés par des tribunaux internes.
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+ Le Führerprinzip s'étend à tous les échelons. Chaque domaine de compétence est centré sur une personne dévouée personnellement à Hitler[134]. Lui seul peut garantir la bonne marche du système. En 1937, il rappelle aux membres du parti que les qualités d'un chef politique sont l'obéissance aveugle, le courage physique et l'autorité. Elles doivent être valorisées par rapport aux compétences administratives[135].
130
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+ Au sein du parti, Heinrich Himmler, assisté de Reinhard Heydrich devenu chef de la sécurité, Sicherheitsdienst-SD, est à la tête d'un véritable État dans l'État. En 1937, les polices politiques de toute l'Allemagne passent sous le commandement d'Himmler. Pour Heydrich, l'État SS garantit « la prise en main totale et permanente de tous les habitants du Reich ». Ce désir de contrôle totalitaire de la population fait partie des objectifs du NSDAP et non seulement des SS. Un manuel de formation des militants de 1936 précise qu'un des devoirs de la police est de contrôler « l'ensemble des devoirs d'un individu à l'égard de la communauté populaire »[136]. Les SS sont indépendants de l'appareil d'État et dépendent directement de Hitler. Ils sont 238 000 en 1938. Après la disparition des SA, ce sont eux qui s'occupent des camps de concentration ouverts dès 1933. En 1938, il y a quatre camps, dont Dachau et Sachsenhausen. Le travail forcé y est instauré.
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133
+ Le ministère de la Propagande, dirigé par Joseph Goebbels, utilise les moyens de communication les plus modernes, comme la radio ou le cinéma pour diffuser l'idéologie nationale-socialiste. Des rassemblements spectaculaires et impressionnants de militants sont organisés à la gloire du national-socialisme. En effet, les grandes cérémonies sont un élément essentiel de l'esprit communautaire voulu par Hitler. Elles sont mises en scène par l'architecte Albert Speer. Il construit des stades gigantesques. Il utilise des projecteurs pour créer des faisceaux lumineux de 1 000 mètres[137]. Les fêtes sont toujours mises en scène soigneusement et se déroulent le plus souvent la nuit, ce qui permet de mettre en valeur les symboles et les chefs par les jeux de lumière. Le calendrier tourne donc autour de fêtes célébrant le national-socialisme. L'objectif de l'aile radicale du NSDAP est de remplacer les fêtes chrétiennes par les fêtes nationales-socialistes. Le 30 janvier, est célébrée la prise de pouvoir de Hitler et le 24 février, la fondation du parti. Le putsch de Munich est commémoré le 9 novembre[138]. La seule fête chrétienne préservée dans le calendrier officiel est Noël.
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+ En septembre, huit jours sont consacrés au congrès du parti à Nuremberg. Hitler est au centre des cérémonies. Il s'adresse à une foule ordonnée en colonnes impeccables. Ceci donne l'image d'un dictateur absolu maître d'une organisation dévouée et disciplinée[139]. C'est à l'occasion du congrès de 1934 que Leni Riefenstahl réalise Le Triomphe de la volonté. Ce film poursuit les mêmes objectifs que les cérémonies qui y sont filmées, absorber l'individu dans la masse, lui faire perdre tout recul, pour qu'il souhaite consacrer sa vie au triomphe du national-socialisme. Les nazis ont compris que les rites et l'émotion poussent les hommes à l'action collective[140].
136
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137
+ Les SS, troupes d'élites du NSDAP, sont dotées par Himmler d'un cérémonial initiatique dont le but est d'augmenter la cohésion et le fanatisme du groupe. On peut citer la cérémonie du Blutfahne. Elle tire son origine de la mort du SA Andreas Bauriedl (chapelier de son état) lors du putsch de la Brasserie de 1923. Lorsqu'il est abattu par la police, son sang se répand sur un drapeau national-socialiste, qui devient une relique sacrée servant à « baptiser » les fanions des nouvelles unités SS[141].
138
+
139
+ À côté de ces grands-messes, d'autres réunions rythment la vie politique au sein du NSDAP : une fois par an, se tient le congrès des gauleiter, celui de 1944, par exemple, est largement marqué par l'attentat du 20 juillet[142].
140
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141
+ L'un des objectifs de Hitler est la création d'un espace vital d'où les Juifs seraient absents. La politique de persécution menée dans les années trente vise à leur faire quitter l'Allemagne.
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+ À partir de la prise du pouvoir en janvier 1933, le NSDAP est avant tout utilisé pour populariser les thèmes développés dans la propagande[143]. Dès mars 1933, la propagande est confiée au ministre Joseph Goebbels, qui signe de nombreux écrits antisémites[144] : éditorialiste régulier du Völkischer Beobachter, il rédige à partir de 1940 les éditoriaux hebdomadaires de l'autre journal du parti, Das Reich[145]. De plus, l'interpénétration entre le parti et l'État durant le Troisième Reich[144] se manifeste aussi dans les multiples campagnes de propagande orchestrées par le bureau de presse du Reich, confié à Otto Dietrich, vétéran du parti dont le pouvoir dépend avant tout des liens qu'il a su tisser avec Adolf Hitler[146] ; ses consignes énoncées lors de conférences de presse quotidiennes[147] étaient relayées à tous les échelons du parti[147].
144
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145
+ Dès l'arrivée au pouvoir de Hitler, des agressions contre les Juifs sont orchestrées par les nazis, principalement les SA. Dès le 10 février, Göring dans un discours laisse entendre une relative impunité à ceux qui s'en prendraient aux Juifs. Dès lors, le SA commence à molester certains Juifs et à confisquer leurs biens. Le 1er mars à Mannheim, les SA font fermer les magasins juifs[148]. Le gauleiter Julius Streicher organise une vaste campagne antisémite sous le prétexte de défense contre les « violences juives ». Le 1er avril 1933, les SA se postent devant les magasins juifs. Ils dressent des pancartes incitant à ne pas acheter chez les Juifs. Les médecins et les avocats juifs subissent les mêmes intimidations. Le soir même, des nationaux-socialistes défilent pour protester contre les « agissements des Juifs ». Comme la population se montre peu réceptive au boycott antijuif, l'opération est vite arrêtée[149]. En 1935, sous l'impulsion de Goebbels et de Julius Streicher, des « manifestations spontanées » sont organisées contre les Juifs. Elles aboutissent à la publication des lois de Nuremberg qui privent les Juifs de leurs droits civiques. Le harcèlement est atténué au moment des Jeux olympiques de Berlin en 1936 mais reprend de plus belle à partir de 1938 : pillages, arrestations de « Juifs délinquants » se multiplient pendant l'été 1938[150].
146
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147
+ Le 7 novembre 1938, Ernst vom Rath, conseiller de l'ambassade d'Allemagne à Paris est assassiné par un jeune Juif polonais qui voulait protester contre le sort fait aux Juifs allemands. Le soir du 9 novembre, Goebbels jette les militants hitlériens dans les rues pour venger la mort de vom Rath. Les SA, les SS et les Jeunesses hitlériennes pillent les synagogues et les locaux des organisations juives allemandes, les magasins et les biens des Juifs. Près d'une centaine de personnes sont tuées pendant la nuit de Cristal. Une centaine de synagogues sont brûlées et 7 500 magasins sont pillés. Trente-cinq mille Juifs sont aussi arrêtés, déportés dans des camps de concentration, Dachau, Buchenwald et Sachsenhausen, et pour la plupart libérés après versement d'une rançon[151]. À cette époque, l'objectif est l'émigration totale des Juifs d'Allemagne[152]. Entre 1933 et 1939, environ la moitié des 500 000 Juifs d'Allemagne quittent le Reich.
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149
+ Dans les campagnes, les mesures antisémites vexatoires sont le plus souvent le fait des maires avec l'appui des militants locaux du NSDAP : pancartes insultantes, interdiction de la commune aux Juifs de passage… En ville, les violences sont le fait des SA et des membres du parti régulièrement excités et manipulés par leur encadrement[153].
150
+
151
+ Un NSDAP autrichien est créé dès 1926. Devenu chancelier d'Autriche le 20 mai 1932, le dictateur Engelbert Dollfuss lutte contre les nationaux-socialistes autrichiens qui réclament l'Anschluss, n'hésitant pas à les arrêter. Le 25 juillet 1934, 154 SS autrichiens, peut-être commandités par Hitler[154] font irruption dans la Chancellerie, revêtus d'uniformes militaires autrichiens et tirent sur Dollfuss, le blessant mortellement. Mais les forces gouvernementales arrêtent les assassins. Treize d'entre eux seront condamnés à mort et exécutés[155]. Les arrestations et les interdictions de Kurt von Schuschnigg, le successeur de Dollfuss, n'empêchent les nationaux-socialistes autrichiens de continuer les campagnes annexionnistes. Après le rapprochement entre Benito Mussolini et Hitler, le gouvernement autrichien est obligé de tolérer les agissements du NSDAP pourtant interdit. Le 11 mars 1938, sous la pression allemande, Schuschnigg cède la place au national-socialiste Arthur Seyss-Inquart. Celui-ci ouvre le lendemain, les frontières aux troupes allemandes[156]. L’Anschluss s'accompagne de la venue de 25 000 militants nationaux-socialistes qui exproprient les Juifs, en profitant souvent pour s'enrichir.
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153
+ Deux semaines après son entrée dans Vienne, Hitler demande à Konrad Henlein, le chef du NSDAP des Sudètes, de déstabiliser la Tchécoslovaquie. Hitler menace ensuite d'intervenir pour défendre les intérêts de la minorité allemande de Tchécoslovaquie. C'est à l'occasion de la crise des Sudètes que les accords de Munich sont signés le 30 septembre 1938. Les Sudètes sont annexées à l'Allemagne.
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155
+ Au Royaume-Uni, Oswald Mosley est le chef de la British Union of Fascists qui ne compte en 1934 qu'une vingtaine de milliers de membres. Aux Pays-Bas, Anton Mussert dirige le mouvement national-socialiste qui a 40 000 membres et obtient 8 % des voix en 1935. Pendant la crise économique, des organisations nationales-socialistes connaissent un certain succès en Suisse, au Danemark, en Norvège, en Irlande. Mais leurs popularité reflue avec la reprise économique et la résistance des partis démocrates[157].
156
+
157
+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans une partie des pays occupés, les Allemands s'appuient sur les partis s'inspirant du NSDAP. En Norvège, occupée depuis avril 1940, Vidkun Quisling, chef du Nasjonal Samling, mouvement d'extrême-droite norvégien et sympathisant du national-socialisme allemand, se proclame chef du « gouvernement national » en 1942. Il tente de convertir l'Église luthérienne, les écoles et les jeunes au national-socialisme, mais se heurte à l'opposition farouche de la grande majorité des Norvégiens. Son parti, proclamé parti unique et qui n'avait obtenu aucun résultat électoral probant avant la guerre, ne parvient cependant pas à devenir un mouvement de masse en Norvège.
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+
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+ Aux Pays-Bas occupés, Seyss-Inquart devient Reichskommissar. Il accorde un large soutien au Mouvement national-socialiste aux Pays-Bas (NSB), qui collabore activement avec l'occupant. En France, le Parti populaire français, d'inspiration fasciste, prône la collaboration active avec l'Allemagne après la défaite française de 1940. Le Rassemblement national populaire de Marcel Déat voit dans l'Allemagne nationale-socialiste un modèle à suivre, de même que le petit Parti franciste. Ils incitent les Français à s'engager dans la Légion des volontaires français contre le bolchevisme puis directement dans la Waffen-SS dans la division Charlemagne. Ces partis sont cependant, jusqu'aux derniers mois de l'occupation, tenus à l'écart du gouvernement de Vichy et Marcel Déat ne devient ministre qu'en 1944. Un parti national-socialiste français, dirigé par Christian Message, existe durant les premiers mois de l'occupation, mais ne constitue qu'un groupuscule sans aucune importance[158]. Au sud-est de l'Europe, l'Allemagne nationale-socialiste s'appuie sur les oustachis croates, parti unique de l'État indépendant de Croatie. En 1944, le Parti des Croix fléchées est mis au pouvoir en Hongrie par les Allemands après le renversement du régent Horthy.
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+ À la faveur de la guerre, le parti ouvre de nouveau les inscriptions. Celles-ci se multiplient pour atteindre 8 millions en 1944. Le parti devient plus populaire et plus ouvrier, même si le pourcentage d'adhérents ouvriers est inférieur à la place qu'ils occupent dans la société[159]. De plus, la proportion de femmes augmente sans arrêt et contribue au rajeunissement de l'âge moyen des membres du NSDAP.
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163
+ Dès le début du conflit, le parti participe à la propagande de guerre et sert de caisse de résonance à la propagande antisémite du IIIe Reich : selon le ministère de l'Éducation du peuple et de la Propagande du Reich, durant les treize premiers mois du conflit, entre le 1er septembre 1939 et le 1er octobre 1940, le parti aurait organisé environ 200 000 rassemblements politiques dans tout le Reich, et 30 000 projections cinématographiques réunissant près de 4 millions et demi de spectateurs ; de plus, durant cette période, neuf séries de diapositives et plus de trente millions de la citation hebdomadaire du parti sont produites et diffusées dans la population[160].
164
+
165
+ En 1943, le parti, non content d'avoir rempli la salle du Sportpalast de nazis fanatiques, diffuse largement dans la population le texte du discours : en novembre, quatorze millions d'exemplaires sont distribués à travers le Reich[161]. Mais l'action de propagande du parti ne s'arrête pas : le ministère de la Propagande adresse à l'ensemble des responsables du partis, orateurs, Ortgruppenleiter, Kreisleiter et gauleiter, des directives de propagande. Ainsi, le 5 mai 1943, l'ensemble de ces cadres reçoivent une directive intitulée La question juive en tant qu'arme de politique intérieure et étrangère, qui insiste sur la nécessité de maintenir l'attention de la population sur les Juifs, par l'organisation de réunions publiques sur la question de la responsabilité des Juifs dans le déclenchement du conflit, et par la popularisation au sein du parti de l'essai de Goebbels intitulé : « La Guerre et les Juifs »[162].
166
+
167
+ Confronté à une baisse de moral au sein de la population à la fin de l'hiver 1944-1945, le NSDAP tente de relever l'esprit combattif de la Wehrmacht et de la population civile : ainsi, au mois de mars 1945, est mise en place l'action orateurs. Des orateurs du parti sont dépêchés auprès des unités combattantes et développent auprès des troupes un argumentaire mis au point par Goebbels, destiné à apporter des réponses aux questions soulevée par les soldats du front : les réserves du Reich en armes et en vivres doivent permettre au Reich de tenir, l'efficacité des armes miracles et l'immense superficie nécessaire au déploiement des armées alliées, censée les affaiblir[163]. Ces orateurs ont aussi pour tâche de détourner les critiques vers les Alliés et se voient fournir des argumentaires pour répondre aux objections des soldats ; toutes les réponses contournent les réalités du rapport de force du printemps 1945 pour marteler la certitude de la victoire du Reich, sans rencontrer aucun succès devant les civils (à quelques exceptions près) et les soldats du front[164]. Prenant conscience de l'inutilité de ces actions, Goebbels souhaite à partir du 11 mars 1945 que des mesures brutales soient adoptées contre le défaitisme ambiant qui règne dans le Reich[165].
168
+
169
+ Sous l'impulsion de Goebbels et de Rosenberg, le parti accentue son inflexion anti-chrétienne. Les sections locales développent le dimanche matin, au moment du culte chrétien, des cérémonies en l'honneur des héros morts à la guerre ou dans le combat politique. Les nationaux-socialistes convaincus, seuls participants à ces cérémonies, écoutent de la musique, de la poésie, des commentaires des citations de Hitler et chantent les hymnes du parti[166]. Ces réunions semblent avoir connu un certain succès. Ce n'est pas le cas des fêtes néo-païennes devant remplacer les fêtes chrétiennes comme Pâques, les mariages ou les baptêmes. La réticence de la population vis-à-vis de la « nouvelle foi » n'empêche pas le parti d'intensifier sa politique de déchristianisation. Le gauleiter de Bavière supprime les prières et les crucifix des écoles publiques ; en réponse, les mères de familles menacent de boycotter les magasins tenus par des membres du parti et d'informer leurs maris au front, ce qui oblige le gauleiter à revenir sur ces décisions. Début 1941, 123 couvents sont fermés. Ce n'est que lorsque Hitler comprend que la guerre va durer, après l'invasion de l'URSS, qu'il renonce à sa politique anticatholique[167] : dans un contexte de guerre totale, le besoin d'unité du peuple se fait plus important.
170
+
171
+ Cadre traditionnel par excellence, l'armée suscite dès 1933 de fortes réserves de la part du parti. Après l'échec des projets militaires de Röhm, l'armée constitue un soutien solide du régime et du parti. Les succès diplomatiques et militaires des années 1935-1941 renforcent cette alliance, non exempte d'arrière-pensées de part et d'autre. Cependant, à partir de la bataille de Stalingrad, la censure allemande contrôle les lettres de soldats envoyées depuis la ville assiégée à leurs familles restées en Allemagne ; les lettres des officiers en poste dans Stalingrad montrent de la part de ces derniers un fort ressentiment contre le NSDAP, son idéologie et son chef[168] ; la lecture de ces lettres renforce les préventions des dirigeants nazis, essentiellement Goebbels et Hitler, à l'encontre des officiers de carrière[169]. L'attentat raté contre Hitler du 20 juillet 1944 donne l’occasion de mener une violente campagne contre les militaires et les nobles de haut rang. De plus, des rassemblements de soutien au régime sont organisés avec des succès mitigés[170]. Pour renforcer le contrôle du parti sur les militaires, deux directions sont explorées : le contrôle par le parti de la Volkssturm, et la création, effective après bien des tergiversations, des officiers d'action psychologique ou NSFO chargés de diffuser auprès des soldats, sur le front ou en garnison, la propagande national-socialiste[169].
172
+
173
+ À La faveur des annexions entre 1938 et 1943, le NSDAP étend son réseau de militants dans les régions annexées. Ainsi, en 1938, l'Autriche, puis les Sudètes connaissent une division en Gaue ; en 1939, l'annexion de larges portions de la Pologne entraîne l'agrandissement du Gau de Prusse-Orientale vers le sud ; le Gau de Silésie se voit agrandi vers l'est, tandis que deux Gaue sont créés, celui de Posnanie et celui de Prusse-Occidentale[171]. Recrutés parmi les vétérans du parti, les gauleiter des Gaue nouvellement constitués cumulent leurs fonctions au sein du parti avec les fonctions de gouverneur, comme l'ensemble de leurs subordonnés[171].
174
+
175
+ Hitler confie à ses proches, membres du parti avant 1925 pour la plupart, créés Reichsleiter ou Gauleiter, l'administration des régions conquises destinées à être intégrées au Reich. Il leur donne des pouvoirs étendus. Dans l'Est de l'Europe, des militants du parti viennent encadrer les minorités allemandes qui y vivaient avant la guerre. Ainsi, dans le gouvernement général de Pologne, 15 000 nationaux-socialistes venus d'Allemagne occupent des postes dans l'administration. Mais en général, le parti envoie les plus médiocres de ses militants pour se débarrasser d'eux. Incapables de gérer le gouvernement général, ils finissent par céder le pouvoir aux SS[172]. Eupen, Malmedy, le grand-duché de Luxembourg, l'Alsace, la Moselle sont annexés de fait et dépendent de gauleiter du Reich. Ceux-ci y introduisent dès 1941 les organisations nationales-socialistes et cherchent à germaniser les populations[173].
176
+
177
+ Les pouvoirs de ces chefs territoriaux sont renforcés encore au mois de juillet 1944., puis après le 20 juillet 1944. En effet, dans la semaine précédant l'attentat, un décret de Hitler intronise ces derniers commissaires à la défense du Reich, ce qui leur confère une autorité sur les militaires en cas d'invasion d'une partie du territoire du Reich[174]. L'attentat renforce encore leur pouvoir, car ils reçoivent par délégation une partie des nouveaux pouvoirs de Goebbels, créé plénipotentiaire pour la guerre totale[175]. Ainsi, ils exercent un contrôle de plus en plus fort sur la vie politique et administrative du Reich, matérialisée par leur congrès tenu le 3 aout 1944, au château de Poznań[176].
178
+
179
+ De plus, en octobre 1944, sur proposition de Heinz Guderian, Hitler avalise la création du Volkssturm dont la commandement est confiée aux gauleiter. Face à l'avancée des troupes alliées, ces derniers ordonnent une défense acharnée des villes, parfois contre l'avis des militaires et de l'administration civile. Celui de Brême, par exemple, oblige la population à résister jusqu'au bout. Mais, dans d'autres régions du Reich, à l'Est notamment, complètement discrédités[177], ils ne sont capables d'organiser ni une véritable défense, à quelques exceptions près, comme Karl Hanke à Breslau, par exemple, ni une évacuation dans des conditions correctes des populations civiles[178] qui prennent la fuite dans des conditions effroyables[179].
180
+
181
+ Dans les dernières semaines du conflit, en raison des fréquents changements d'adresse des administrations de l'État[180], Les gauleiter prennent en charge l'administration du Reich et proposent des solutions pour tenter de retourner le cours des évènements : certains proposent la mise en place de commandos suicide, d'autres des organisations de partisans, tous cependant incarnent la volonté de résister jusqu'au bout[181].
182
+
183
+ Dans le même temps, le décret du 15 février 1945, promulgué par Thierack, à la demande de Hitler, les Gauleiter se voient confier la responsabilité de la mise en œuvre des cours martiales d’exception, composées d'un responsable du NSDAP (ou d'une organisation satellite) et d'un officier[182].
184
+
185
+ Substitut de l'administration depuis le milieu des années 1930, le parti nazi occupe de plus en plus des périmètres dévolus à l'administration de l'État. À tous les échelons, du chef de bloc, installé dans son immeuble, au gauleiter, dans son Gau, les membres du parti tentent de maintenir la mobilisation de la population : les responsables nazis organisent ainsi à la fois le déblaiement des décombres dans les villes bombardées, les services de la population dans les batteries antiaériennes, ou encore la répartition de l'aide sociale du parti (différente de celle organisée par l'État)[183]. Ces multiples domaines d'intervention du parti contribuent, avec la terreur qui se déchaîne dans le Reich, à maintenir dans la population un sentiment de docilité envers le régime, lors que celui-ci apparaît davantage chaque jour des quatre premiers mois de l'année 1945, en état de dislocation avancée[184].
186
+
187
+ Dans les premières semaines de l'année 1945, dans le contexte de l'écroulement du front de l'Est et d'échec définitif de l'offensive des Ardennes à l'ouest, les gauleiter se retrouvent chargés de passer leur Gau au peigne fin pour débusquer les soldats débandés et les renvoyer sur le front[185].
188
+
189
+ Parallèlement à ce travail d'appui aux civils et aux militaires, le parti tente de définir, jusqu'aux derniers jours du conflit, les modalités du travail politique, comme le rappelle le Kreisleiter de Freiberg, dans ses instructions du 28 avril 1945, ou encore Goebbels dans Berlin lorsque, début avril 1945, il organise des réunions politiques pour diminuer l'impact des pillages dans la capitale du Reich[186].
190
+
191
+ Malgré ces actions, les permanents du parti ont cependant très mauvaise réputation. L'opinion publique les considère comme des planqués. En 1942, sur 85 000 chefs politiques à plein temps, seuls 15 000 sont mobilisables[187]. En 1943, les Allemands sont indignés d'apprendre qu'ils échappent aussi à la réquisition pour le travail à l'usine. Des rumeurs courent, en Bavière, sur le train de vie princier des dignitaires du parti. Certains militants de ce Land vont jusqu'à ne plus porter l'insigne du parti pour éviter les moqueries de la population et renâclent même devant la formation idéologique[188]. En Bavière, Paul Giesler doit rappeler non seulement aux membres, mais aussi aux permanents du partis, qu'ils doivent porter en permanence leur insigne pour les uns, leur uniforme de service pour les autres[189].
192
+
193
+ Les permanents du parti ont une mission de propagande et présentent la guerre de façon optimiste. Ils font un portrait dévalorisant ou terrifiant des ennemis du Reich. Anglais et Américains sont présentés comme les instruments de la finance juive, l'URSS comme le pays dans lequel la figure du judéo-bolchevique règne en maître et soumet les civils à un régime de terreur. En ce qui concerne l'URSS, Goebbels accrédite l'idée de la bienveillance des peuples conquis. Quand l'armée allemande commence à reculer, la propagande se lance dans des appels à la guerre totale pour la survie du pays. Puis, pour soutenir le moral de la population, elle développe le thème des armes miracles qui renverseront la situation. Cependant pour la population, les héros ne sont pas les membres du NSDAP, mais les militaires. Les soldats eux-mêmes semblent haïr les représentants du parti : à Himmler qui propose de mettre en place des commissaires politiques au sein des unités du front de l'Est, les officiers répondent que ces derniers seraient très probablement assassinés par les hommes dont ils auraient la charge[189].
194
+
195
+ Dans les derniers mois du conflit, les dirigeants et les membres du parti sont les cibles de la colère de la population allemande : tout d'abord en raison de l'acharnement à vouloir continuer inutilement un conflit qui est perçu, même par de nombreux Allemands, comme perdu[190], ensuite en raison de l'incapacité à organiser correctement la Volkssturm, puis en raison de l'inaction dans les évacuations des civils devant les avances alliées et enfin à cause de la propension des membres éminents du parti à fuir vers l'ouest.
196
+
197
+ La fuite vers l'ouest, abondamment rapportée par les populations en fuite vers l'ouest joue un grand rôle dans le discrédit du parti. Ainsi, Arthur Greiser, Gauleiter du Wartheland, le premier Gauleiter à fuir devant l'avance alliée, se replie, après l'accord de Bormann, le 20 janvier 1945, avec son administration, à Francfort-sur-l'Oder : il abandonne ainsi une population civile à elle-même, dans un contexte de débâcle militaire et de fuite éperdue de la population civile vers l'ouest, fuite qu'il a interdite jusqu'au 17 janvier, tout en ne donnant pas de publicité à cette décision[191]. De même, Hans Frank, le prédateur et corrompu gouverneur général de Pologne, se réfugie-t-il à SeichauSichów, en Silésie ; après avoir festoyé dans le château, au grand scandale de la population de la ville, il reprend la route de l'ouest, avec le fruit de ses rapines en Pologne, jusqu'en Bavière[192].
198
+
199
+ Alors que les cadres fuient vers l'ouest et que les coups de boutoir soviétiques se font de plus en plus pressants, les Gauleiter des régions directement menacés, responsables en dernier ressort des décisions d'évacuation des populations civiles, refusent à donner des ordres d'évacuation générale de la population civile, comme Koch, Gauleiter de Prusse-Orientale, à Memel[193], ce qui accentue le discrédit des Gauleiter et, plus généralement du parti, incapable aux yeux des réfugiés (et de proche en proche de l'ensemble de la population du Reich, de mener à bien l'évacuation de la population des Gaue menacés par l'Armée rouge[194]. Refusant de prendre ces mesures, montrant leur incapacité lorsqu'il a fallu encadrer les réfugiés, les cadres du parti sont largement tenus responsables de la confusion régnant dans les provinces orientales à partir de l'automne 1944[195]. Sur le front, la suggestion de Himmler de faire servir les cadres du parti comme officier de la propagande est simplement écartée par les commandants responsables de ce front, qui mettent en avant le risque pour ces cadres de se faire tuer par les soldats de la Wehrmacht[189].
200
+
201
+ Les populations des Gaue occidentaux connaissent eux aussi le même sort : en dépit de proclamations à la guerre à outrance, les responsables territoriaux du parti sont parmi les premiers à fuir à partir du mois de mars.
202
+
203
+ À Vienne, les rapports envoyés à Bormann mentionnent une atmosphère de quasi rébellion et d'insécurité de plus en plus grande pour les militants du NSDAP, qui n'osent plus sortir de chez eux désarmés ; les insultes, les menaces et les crachats semblent devenus leur lot quotidien[196].
204
+
205
+ Pour faire face à ce discrédit, issu du comportement de certains membres du NSDAP, Bormann édicte au cours du mois de février 1945 de nombreuses directives détaillant les sanctions encourues par les responsables ayant abandonné leur poste : ainsi, le 24 février, Bormann rappelle dans une circulaire interne que les défaillants doivent être considérés comme des traîtres[197].
206
+
207
+ Pour tenter de pallier la diffusion de ce discrédit qui pèse sur les responsables, Bormann édicte un certain nombre de circulaires insistant sur l'exemplarité dont doivent faire preuve les cadres et militants du NSDAP[198], notamment celle du 24 février 1945, rendant les fonctionnaires et militants responsables de traîtrise en cas d'abandon de poste[197].
208
+
209
+ Ni le discrédit qui frappe les membres du parti, ni la répression qui s'abat sur ceux qui souhaitent la fin des combats ne masque le processus de désintégration que connaît le parti durant les dernières semaines du conflit[186]. Le contrôle de la chancellerie du parti vole en éclats avec la désorganisation des communications qui sévit dans ce qui reste du Reich à partir du mois de mars 1945 : ainsi, les consignes du pouvoir central à destination des Gauleiter du sud du Reich, relatives à l'accueil et à l'approvisionnement des populations du sud du Reich en fuite devant l'avance de l'Armée rouge, restent-elles lettre morte, malgré les courriers insistantes de Bormann aux Gauleiter du Sud du Reich[199].
210
+
211
+ Cette désintégration est aussi le fait des Gauleiter eux-mêmes, par la politique qu'il mènent : certains abandonnent tout simplement leur circonscription, comme Albert Hoffmann (en), Gauleiter de Westphalie du Sud, ou Erich Koch[200], d'autres se battent jusqu'au bout, comme Karl Hanke à Breslau (avant de prendre la fuite, quelques heures avant la reddition de la ville le 5 mai 1945[201]), Karl Holz en Franconie, mort dans les ruines du siège de police de Nuremberg[202], d'autres, enfin, se rapprochent de Walther Model, comme Josef Grohé, Gauleiter de Cologne-Aix-la-Chapelle, ou Albert Hoffmann[200]. Ce dernier prononce même, de son propre chef, la dissolution du NSDAP dans son Gau le 13 avril, à l'issue d'une réunion avec les Kreisleiter de son district, avant de fuir vers le centre du Reich[200].
212
+
213
+ La fin du conflit exacerbe également certaines rancœurs entre responsables territoriaux : ainsi, à Bayreuth, Fritz Wächtler, est-il exécuté sur ordre de son adjoint et rival Ludwig Ruckdeschel, pour abandon de poste, alors qu'il avait déménagé ses services près de la frontière tchèque[203].
214
+
215
+ Des suicides en masse touchent, entre autres, des cadres du parti devant la débâcle.
216
+
217
+ Ce n'est que le 20 septembre 1945, plusieurs mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, que le NSDAP, qui a déjà disparu dans les faits, est officiellement interdit, dans le cadre d'un accord entre les gouvernements alliés responsables de l'occupation de l'Allemagne[204]. Le procès de Nuremberg (20 novembre 1945-10 octobre 1946) déclare criminelles quatre organisations nazies : le NSDAP, la SS, le SD et la Gestapo. Cela implique que le simple fait d'en avoir fait partie est un crime[205]. En ce qui concerne le NSDAP, seul le corps de chefs du parti est déclaré criminel à savoir, le Führer, la Reichsleitung, les gauleiter et leurs principaux collaborateurs, les Kreitsleiter et leurs collaborateurs, les Ortsgruppenleiter, les Zellenleiter et les Blockleiter. Les simples membres ne sont pas inquiétés s'ils se sont bornés à avoir une carte du NSDAP[206].
218
+
219
+ Dans l'immédiat après-guerre, beaucoup de nationaux-socialistes, et en particulier de SS, furent ainsi détenus dans des camps de prisonniers ou exécutés, soit par la Résistance, soit après procès. Une partie, cependant, échappa à toute condamnation. Si dès 1943, les Alliés avaient mis en place la Commission des crimes de guerre des Nations unies (UNWCS) chargée de dresser une liste des criminels de guerre nazis, celle-ci, ainsi que d'autres organismes nationaux, durent faire face à d'importants problèmes pratiques d'organisation, en particulier après 1947 et le déclenchement officiel de la guerre froide. L'échec du CROWCASS (Registre central des criminels de guerre et des suspects pour la sécurité), créé en mars 1945, est symptomatique de ce changement de priorité politique. De leur côté, certains d'entre eux s'organisaient, par exemple dans l'association d'entre-aide des ex-membres de la Waffen-SS, la Hilfsgemeinschaft auf Gegenseitigkeit der ehemaligen Angehörigen der Waffen-SS créée en 1951 et dissoute en 1992.
220
+
221
+ Les nazis qui échappèrent à la justice dans l'immédiat après-guerre peuvent ainsi être classés en plusieurs catégories :
222
+
223
+ Parmi ces fugitifs, on peut citer, parmi les plus connus, Josef Mengele (mort en 1979), Barbie (qui travailla pour la dictature bolivienne avant d'être rattrapé par la justice française), Eichmann (jugé à Jérusalem), Alois Brunner, Aribert Heim (toujours recherché mais peut-être mort), le commandant de Treblinka Franz Stangl, l'aviateur letton Herberts Cukurs (assassiné par le Mossad), etc. Une partie des fugitifs a été rattrapée par la justice.
224
+
225
+ Enfin, une partie, certes marginale, des anciens cadres nationaux-socialistes réussirent à dissimuler leur passé et à obtenir des postes politiques plus ou moins importants après la guerre. Ces faits ont souvent suscité le scandale et la démission des personnalités concernées quand furent révélées les fonctions qu'ils avaient exercées pendant le national-socialisme. On peut ainsi citer :
226
+
227
+ Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations unies de 1972 à 1981 et président de l'Autriche de 1986 à 1992, est sans doute l'ex-nazi ayant eu les fonctions les plus importantes après-guerre. Waldheim, qui avait été inscrit comme suspect sur la liste de l'UNWCS[207], était membre de la SA et fut Oberleutnant de la Wehrmacht sur le front de l'Est, et on s'intéressa beaucoup à son rôle lors de la bataille de Kozara (Bosnie), dans la 714e division d'infanterie dirigée par le général Friedrich Stahl (it). Bien que l'unité militaire de laquelle il fit partie se fût rendue coupable d'exactions nombreuses, aucune preuve ne l'impliquant directement dans des crimes de guerre n'a pu cependant être fournie[207]. Le département de la Justice des États-Unis refusa toutefois en 1987 de le laisser entrer sur le territoire national, en affirmant qu'il avait pris part à la déportation, au mauvais traitement et à l'exécution de civils et de soldats alliés durant la guerre[207].
228
+
229
+ En 1953, le Sozialistische Reichspartei, qui se présente comme successeur du NSDAP, est interdit. En 1964, le NPD (Nationaldemokratische Partei Deutschlands) est créé. Malgré des propos racistes et d'extrême-droite, le parti n'est toujours pas interdit, même si cette question occupe régulièrement la classe politique allemande.
230
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231
+ Aux États-Unis, en 1979, suite à de nombreux dysfonctionnements dans la recherche d'anciens criminels nazis parmi les immigrés, la représentante Elizabeth Holtzman a fait voter une loi instituant le Bureau d'enquêtes spéciales (en) (en anglais : Office of Special Investigations), optimisant les procédures d'investigation et renforçant les pouvoirs de sanction du département de la Justice.
232
+
233
+ Le Royaume-Uni, également, vota, après un long débat, le War Crimes Act 1991 (en), qui accordait à ses tribunaux une compétence juridictionnelle sur les personnes soupçonnées de crimes de guerre commis lors de la guerre et ayant par la suite acquis la citoyenneté britannique. La seule personne jugée - et condamnée - en vertu de cette loi fut l'ex-SS Anthony Sawoniuk (en) (Polonais ou Biélorusse).
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+
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+ Actuellement, les Européens ne parviennent pas à s'entendre sur une loi commune à propos du nazisme. En janvier 2007, le projet d’interdiction des symboles nazis par tous les pays membres de l'Union européenne a été rejeté. En effet, pour la communauté hindoue britannique, le svastika est avant tout un symbole de paix, et ceci depuis 5 000 ans.
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+ L’incitation à la haine raciale et à la xénophobie sont passibles des délits punis de la même manière dans les 27 États membres, par des peines de 1 à 3 ans de prison. Mais le négationnisme n’est délictueux qu’en France, en Allemagne et en Autriche[208].
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+ Pearl Harbor (littéralement le « port des Perles ») est une baie peu profonde située sur l'île d'Oahu, dans l'État américain d'Hawaï, à l'ouest d'Honolulu. Pearl Harbor était jadis considérée comme la résidence de la déesse requin Ka'ahupahau, et de son frère Kahi'uka.
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+ Depuis la fin du XIXe siècle, elle abrite une base navale des États-Unis, la base navale de Pearl Harbor, et le quartier général de la flotte du Pacifique des États-Unis d'une superficie, en 2013, de 5 304 hectares. Le port et la base sont implantés autour d'une rade au centre de laquelle se trouve l’île de Ford. L'entrée de cette rade se fait par un chenal très étroit. Pearl Harbor est devenue célèbre en raison de l'attaque aérienne surprise lancée par le Japon le 7 décembre 1941, qui allait provoquer l'entrée en guerre des États-Unis.
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+ En anglais, « pearl harbor » signifie « port des perles ». Les Hawaïens l'appellent :
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+ Le port était principalement utilisé pour la production d'huîtres perlières jusqu'à la fin du XIXe siècle.
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+ Dans les années qui suivirent l’arrivée du capitaine James Cook (1778), les Européens considéraient que la rade ne pouvait accueillir un port à cause de la faible profondeur de ses eaux.
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+ Les États-Unis et le royaume d'Hawaï signèrent un traité de réciprocité en 1875, complété par la convention du 6 décembre 1884 et ratifié en 1887. Le 20 janvier de la même année, le Sénat des États-Unis autorisa la marine à louer Pearl Harbor comme base navale. En échange, les Hawaïens obtinrent le droit exclusif de pouvoir exporter aux États-Unis du sucre sans droit de douane. La guerre hispano-américaine de 1898 et le besoin des États-Unis de posséder une présence permanente dans le Pacifique conduisirent à l'annexion de l'archipel.
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+ Les chantiers navals de Pearl Harbor furent inaugurés en 1908 et l’île de Ford fut achetée par l’armée pour développer l’aviation militaire dans le Pacifique. Dans le contexte de l’expansionnisme japonais, le général Harry Yarnell anticipait une invasion d’Hawaï. Au cours d’un exercice militaire le 7 février 1932, ce dernier avait mis en évidence la vulnérabilité d’Oahu en cas d’attaque aérienne par le nord-ouest. La simulation avait montré que des avions ennemis pourraient infliger de sérieux dommages et que la flotte ennemie, restée à l'écart des côtes, serait indétectable pendant 24 heures.
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+ En 1939, débute la Seconde Guerre mondiale. S'affrontent alors le camp des Alliés, comprenant la France et l’Angleterre, contre les pays de l’Axe, formé par l’Italie, l’Allemagne et le Japon. Entraîné par ses alliances avec l’Allemagne, et du fait du blocus américain sur le pétrole, le Japon provoqua l’entrée en guerre des États-Unis parmi les Alliés, avec pour 1er objectif la destruction de la base navale de Pearl Harbor[1].
18
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+ En 1941, l’expansion du Japon sur le territoire chinois devenant alarmante, Franklin Delano Roosevelt, le président des États-Unis de l'époque, décida de s’allier à la Chine. C’est pourquoi il gela, le 25 juillet, les avoirs financiers nippons en plus de provoquer un embargo des matières premières au Japon dont le pétrole, nécessaire à la production de son armement[2].
20
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21
+ Le 20 novembre 1941, le Japon envoie aux États-Unis une note en cinq points, comme dernière proposition de négociation, demandant l’arrêt de l’embargo, du gel des crédits et de l’aide matérielle et morale à la Chine en échange de son retrait dans la péninsule indochinoise, en particulier d'Indochine française. Le 26 novembre, les États-Unis ripostent par une réponse en dix points, la note de « Hull ».Refusant de se soumettre aux restrictions menaçant son expansion, le Japon donne l’ordre de départ en date du 26 novembre à son aviation aéronavale embarquée sur six porte-avions. Fin novembre, les Japonais avaient atteint la baie d’Hito-Kappu au centre de l'île d'Iturup dans l'archipel des iles Kouriles, au nord du Japon d'alors (aujourd'hui appartenant à la Russie), ce qui met la flotte japonaise à 4000 miles de Pearl Harbor et à un endroit idéal pour passer inaperçue des Américains[3].
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+ Un élément ayant permis l’attaque japonaise de ce grand port pétrolier fut l’espionnage. Effectivement, Otto Kuehn, un agent allemand affilié aux Japonais, fut arrêté à Hawaï après l’invasion et déclara au cours de son procès qu’il y avait jusqu’à 200 agents secrets japonais infiltrés et répartis sur chacune des îles. Ceux-ci communiquaient par signaux lumineux avec leurs sous-marins et possédaient plusieurs postes à des endroits stratégiques, camouflés grâce au relief montagneux. Ces espions infiltrés avaient ainsi fourni des documents présentant en détail l’île, et des éléments essentiels au projet d’attaque[4].
24
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25
+ À la veille de l'attaque japonaise du 7 décembre 1941 à 8 h 15, la flotte de guerre américaine du Pacifique, stationnée à Pearl Harbor, comprenait 86 unités : vingt huit destroyers, neuf croiseurs, huit cuirassés, cinq sous-marins, un cuirassé-cible (l'USS Utah) et une trentaine de bâtiments auxiliaires. On comptait enfin 25 000 hommes sur la base et 231 avions dans l’île. Le général Walter Short était le commandant des forces terrestres, tandis que la flotte du Pacifique était sous les ordres de l'amiral Husband Kimmel. La défense des installations et des ateliers de réparation était assurée, notamment, par 35 B-17, la DCA et les défenses littorales.
26
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27
+ Les Japonais avaient recouru à une cache dans la baie d’Hito-Kappu sur l’île Etorofu, dans les îles Kouriles[5]. L'escadre japonaise comportait 353 avions, elle était située à environ 300 km au nord d'Oahu, à bord de six porte-avions. À 6 h, une première vague de 183 avions partait des porte-avions japonais, à environ 200 miles de Pearl Harbor, en direction de la base navale[6].
28
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29
+ L'attaque se fit en deux vagues successives. La première attaque eut lieu à 7 h 49 précises et était composée de 43 chasseurs, 49 bombardiers à haute altitude, 51 bombardiers en piqué et 40 avions lance-torpilles. Les forces aériennes américaines disponibles à Hawaï ce jour-là comportaient 231 avions mais beaucoup furent endommagés au sol et ne purent servir. La disposition linéaire et entassée des avions sur terre fut une erreur des Américains, puisque les attaquants n’ont eu qu’à faire feu en les prenant en enfilade pour détruire et endommager la majorité des avions, attaquant également les dortoirs et réfectoires militaires au passage[6].
30
+
31
+ La première vague a pu bénéficier de l'effet de surprise bien que les renseignements américains possédaient les codes japonais, car ces derniers n'ont déchiffré le message annonçant l'attaque de Pearl Harbor qu'environ une demi-heure après l'attaque. Le personnel militaire était, pour la plupart, toujours endormi ou en train de prendre le petit déjeuner. La réaction des Américains se fit rapidement puisqu’environ cinq minutes après les premiers bombardements aériens, des soldats étaient déjà à leur poste de canonniers anti-aériens[6].
32
+
33
+ La deuxième vague eut pour mission d'achever les navires très endommagés, mais la fumée les empêchait de voir correctement leurs objectifs et ils lancèrent leurs bombes sur des navires moins endommagés. À 8 h, une alerte de détresse était lancée sur toute la flotte du Pacifique par l’amiral Husband Edward Kimmel : « AIR RAID ON PEARL HARBOR X THIS IS NOT DRILL. »[6].
34
+
35
+ À 9 h 45, l’attaque était déjà terminée et les Japonais en route vers leurs porte-avions, qu'ils atteignirent à 12 h 14. Ils repartaient vers leur pays une heure plus tard, avec seulement vingt-neuf avions et cinq sous-marins de poche en moins[6]. En définitive, l'amiral Nagumo ramenait une flotte aérienne presque intacte, mais il avait refusé une troisième attaque, sollicitée par son entourage.
36
+
37
+ Cette attaque incita le Congrès des États-Unis à entrer officiellement dans la Seconde Guerre mondiale, déclaration de guerre signée par le président Roosevelt le 11 décembre.
38
+
39
+ Le bilan de l’assaut contre Pearl Harbor fut que dix huit des quatre vingt seize bâtiments présents sur l’île d’Oahu furent démolis ou endommagés et que les dommages matériels s’élevèrent à 500 000 $. Les porte-avions n’étaient pas à la base navale le jour de l’attaque, mais huit des douze cuirassés furent coulés et endommagés, dont deux, l'USS Arizona et l'USS Oklahoma, furent perdus définitivement. Quatre destroyers furent détruits, trois croiseurs endommagés, ainsi que quatre navires auxiliaires, un mouilleur de mines et un navire. Cent quatre vingt huit avions ont été détruits et cent cinquante neuf endommagés. Les pertes humaines étaient estimées à 2 335 tués, 1 143 blessés, mais la population fut également touchée avec 68 civils décédés et 35 blessés[7].
40
+
41
+ L’Honolulu Star-Bulletin (1st extra) publie une édition spéciale de huit pages le 7 décembre 1941 titrée « War! : Oahu bombed by Japanese planes » (« Guerre ! : Oahu bombardé par des avions japonais »). Cette édition est la première édition de trois « extras » et 250 000 exemplaires sont imprimés le jour même de l’attaque de Pearl Harbor[8].
42
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43
+ L’explosion de la soute à munitions du Shaw, un contre-torpilleur américain, a été causée par l’attaque aérienne japonaise de Pearl Harbor du 7 décembre 1941[9].
44
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45
+ La base navale de Pearl Harbor est actuellement l'une des bases les plus importantes de l'United States Navy. Construite au tournant du XIXe siècle, elle abrite le siège de l'United States Pacific Fleet et une flotte permanente d’une dizaine de navires de surface et une quinzaine de sous-marins d’attaque.
46
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47
+ Le film Hawaii-Midway Battle of the Sea and Sky : Storm in the Pacific Ocean, ayant pour titre américain I bombed Pearl Harbor, fut réalisé au Japon en 1960. Ce film aborde la Seconde Guerre mondiale, l’attaque sur Pearl Harbor et la défaite lors de la bataille de Midway du point de vue des Japonais[10].
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+ Le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (en allemand : Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, désigné sous le sigle NSDAP)[4], souvent dénommé simplement « parti nazi » ou « parti national-socialiste » était un parti politique allemand d'extrême droite nationaliste et rattaché à la famille politique du fascisme[5]. Son nom est également traduit par Parti national-socialiste ouvrier allemand[6] ou Parti ouvrier allemand national-socialiste[7],[8].
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+
5
+ Fondé en 1920, il est arrivé au pouvoir le 30 janvier 1933 avec la nomination de son chef, Adolf Hitler, au poste de chancelier du Reich par le maréchal Hindenburg, président du Reich. Le terme « nazi » (abréviation de l'allemand nationalsozialistisch, soit « national-socialiste ») est utilisé en référence aux membres de ce parti ou aux adhérents de l'idéologie politique du national-socialisme, couramment désignée par l'abréviation « nazisme ».
6
+
7
+ Apparu au début de la république de Weimar, le NSDAP fut la seule force politique autorisée dans le Reich entre juillet 1933 et la fin de la Seconde Guerre mondiale en mai 1945. Le parti fut alors déclaré illégal et ses représentants arrêtés et jugés au procès de Nuremberg. Le NSDAP y fut condamné en tant que personne morale et reconnu comme organisation criminelle. Les vainqueurs procédèrent ensuite à une dénazification de la société allemande.
8
+
9
+ Le NSDAP, à l'époque un « groupuscule extrémiste de droite »[9], est apparu en 1920 à Munich. Il est le successeur de l'éphémère DAP (Parti ouvrier allemand) fondé en 1919, très probablement à l'instigation[10] d'une société occulte munichoise, la société Thulé, dont le but est de protéger le « sang aryen » des Juifs et des francs-maçons. Celle-ci inspire l'usage de symboles comme les runes et la croix gammée et attire des hommes comme Alfred Rosenberg, Hans Frank, Dietrich Eckart et même le moine défroqué Bernhard Stempfle[11]. Thulé compte une centaine de membres, pour la plupart issus de la bonne société munichoise[12]. La société financera modestement[13] le jeune Parti ouvrier allemand.
10
+
11
+ Le 5 janvier 1919, Anton Drexler, serrurier dans un atelier de réparation des Chemins de fer bavarois[14],[15], ainsi que le journaliste sportif Karl Harrer du München-Augsburger Abendzeitung[16],[17], fondent le Parti ouvrier allemand (DAP Deutsche Arbeiter Partei) au sein du Cercle politique ouvrier (Politischer Arbeiterzirkel) qu'ils avaient eux-mêmes fondé quelques mois auparavant. Dirigé par Harrer, le parti compte à sa création une bonne vingtaine de membres[18]. D'orientation pangermaniste, il se réclame d'un « socialisme germanique » mal défini mais conçu d'emblée comme opposé au marxisme[19]. Parmi les autres membres ayant participé à la création du DAP, on trouve aussi Dietrich Eckart et Gottfried Feder, membres ou associés de la société Thulé[20],[21]. Le DAP est l'un des nombreux mouvements völkisch[12] à la fois nationalistes, antisémites, anticommunistes et anticapitalistes qui émergent en Allemagne après la défaite du pays à la fin de la Première Guerre mondiale et cherchent à se rallier la classe ouvrière[19]. Il recrute parmi les couches moyennes inférieures. On y prêche la lutte contre la finance internationale et « l'esclavage de l'intérêt ».
12
+
13
+ En septembre 1919, la Bavière sort à peine d'une période révolutionnaire mouvementée, qui fut marquée par l'éphémère existence d'une république des conseils et par l'impitoyable répression qui suivit sa chute. Le chef de la propagande du service d'information de la Reichswehr, le capitaine Karl Mayr charge le caporal Hitler et l'adjudant Alois Grillmeier d'une mission de propagande[22] au sein du DAP. Le 12 septembre 1919, Hitler se rend à une réunion du parti en compagnie de l'adjudant Alois Grillmeier ainsi que six autres anciens agents de propagande[23][24] placés sous le ordre de Karl Mayer. Ce dernier était également attendu à cette réunion, comme l'atteste une note sur la liste de présence[23]. À la fin de cette réunion, Hitler prend la parole à l'improviste pour fustiger la proposition d'un intervenant, favorable à une sécession de la Bavière[25]. Remarqué par Drexler, il adhère au DAP (Deutsche Arbeiterpartei : le Parti ouvrier allemand), probablement aussi sur ordre de ses supérieurs. Notons qu'une demande d'adhésion de Hitler au Parti socialiste-allemand (Deutschsozialistische Partei), un autre parti d'extrême droite, avait été rejetée cette même année[26]. Contrairement à ce qu'il prétendra par la suite, Adolf Hitler n'est pas le 7e membre du parti. La carte de membre de Hitler portait le numéro 555[27] et les premiers numéros ne furent pas attribués dans l'ordre d'arrivée des membres mais, aux alentours de fin 1919 début 1920, en suivant l'ordre alphabétique des membres du moment. Ce n'est qu'à partir de la carte de membre 714 (25 janvier 1920) que les numéros suivirent l'ordre chronologique[28]. La seule chose dont nous soyons certain c'est que Hitler faisait partie des quelque deux cent premiers membres qui rejoignirent le parti avant la fin de l'année 1919[29].
14
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15
+ Hitler devient vite l'orateur principal du groupuscule. Il a lu la Psychologie des foules de Gustave Le Bon. Il en tire la conclusion que pour s'adresser aux masses, il ne faut pas argumenter mais séduire et frapper les esprits. Il se distingue par ses discours passionnés, par son refus des discussions et sa répétition des mêmes thèmes[30].
16
+
17
+ La structure et les thèmes de ses discours ne variaient quasiment jamais[31] : il commençait le plus souvent par comparer la situation de l'Allemagne avant la guerre et sa situation présente, moins réjouissante et dépeinte aussi théâtralement que possible. Il s'attardait ensuite longuement sur les causes de la guerre (dont il attribuait l'origine aux Alliés), la défaite et la révolution, sur l'injustice du traité de Versailles et l'impuissance du gouvernement face aux vexations des vainqueurs de la guerre. Selon Hitler, les « responsables » de tout cela étaient avant tout les Juifs. Inspiré par Feder et sa critique du « capital financier », Hitler s'enflammait alors contre le « grand capital juif international », qui dirigeait la politique de guerre des Alliés, ainsi que contre les « trafiquants » et les « usuriers » juifs qui étaient largement responsables de la misère économique, divisaient la patrie et la faisaient tomber de plus en plus bas. Hitler distinguait ensuite systématiquement les différences insurmontables entre l'Allemagne et les puissances occidentales dominées par « les Juifs ». Si la France était « l'ennemi historique », à cette époque, la Grande-Bretagne représentait à ses yeux « l'adversaire absolu ». D'où l'idée de chercher à coopérer avec la Russie, mais il fallait que ce soit une Russie libérée du « bolchévisme juif » : « notre salut ne vient jamais de l'Ouest. Nous devons chercher à nous rapprocher de la Russie nationale, antisémite. Pas du soviétisme. » Ce motif est présent dans ses discours jusqu’au printemps 1922, probablement sous l'influence du cercle d’immigrants allemands originaires des pays baltes réuni autour d'Alfred Rosenberg et de Max Erwin von Scheubner-Richter, fortement représenté à Munich[32].
18
+
19
+ Jusqu'en automne 1919, le parti végète et l'auditoire de ses conférences est clairsemé ; les talents oratoires de Hitler attirent l'intérêt d'un public d'une tout autre ampleur. Ainsi, lors de la proclamation du Programme en 25 points du 24 février 1920, l'assemblée réunit près de 2 000 personnes.[réf. nécessaire]
20
+
21
+ En 1920, Adolf Hitler, chef de propagande du NSDAP, dessine le drapeau du parti (fond rouge, cercle blanc, svastika noir). Dans Mein Kampf, il détaille cet épisode, et notamment son choix du rouge et du noir, couleurs de l'Empire allemand, mais aussi pour ne pas laisser le monopole du rouge au communisme. Il compose aussi les premières affiches du parti[33].
22
+
23
+ Le 24 février 1920, Hitler fait approuver le programme du parti par l'assistance. Le Programme en 25 points, qu'il a rédigé avec Drexler, entend modifier les bases économiques, politiques et sociales de l'Allemagne. Proche du programme du Deutschsozialistische Partei (DSP) publié en 1919, il reprend les idées Völkisch de l'époque en proposant de « réunir tous les Allemands » dans une « Grande Allemagne », d'abroger le traité de Versailles et de Saint-Germain et d'obtenir des colonies. Le programme prône l'interdiction de la nationalité allemande aux Juifs car ils n'étaient pas de « sang allemand » et n'étaient ainsi pas des Volksgenosse (« concitoyens »). À la lecture du programme, il apparaît que toute une série de points sont incontestablement antisémites, même s'ils visent expressément les « non-Allemands »[34] : ce sont des « hôtes » selon la législation sur les étrangers et ils ne doivent pas avoir le droit d'occuper une fonction publique ou d'occuper le poste de journaliste. En cas de pénurie alimentaire, ils doivent être expulsés et tous les non-Allemands qui ont immigré depuis le début de la guerre doivent être forcés à quitter le Reich. En chassant les juifs, en démantelant les grands magasins au profit des petits commerçants, en supprimant « l'esclavage des intérêts », en demandant la « suppression du revenu du non travail et de la paresse » et la « confiscation de tous les butins de guerre », en germanisant le droit public, les nazis désignent ainsi des « ennemis » responsables de tous les maux dont souffre le pays. Le programme prévoit aussi de contrôler l'enseignement, lutter contre l'esprit critique et instaurer un pouvoir central fort. Ce programme vise les couches populaires, mais en fait Hitler ne s'intéresse qu'à la partie nationaliste et antisémite[35]. D'un point de vue économique, le programme exige la participation au profit des grandes entreprises, la « municipalisation des grands entrepôts » et leur location à de petits artisans et commerçants, l'arrêt de la « spéculation sur les terres », la peine de mort pour « les auteurs de crimes contre le peuple, les usuriers, les trafiquants, etc. » mais aussi, par exemple, la hausse des pensions pour les personnes âgées. Ceci dit, l'économie n'était, semble-t-il, à cette époque, qu'« une chose d'importance secondaire » pour Hitler[36].
24
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25
+ Le 24 février 1920 restera de fait dans les annales du parti comme le jour où le NSDAP fut fondé. Il se proclame « socialiste » mais est violemment anti-marxiste et anti-communiste[37]. Hitler quitte l'armée en mars 1920. La première section locale non munichoise fut fondée en avril 1920 à Rosenheim, suivie par d'autres à Stuttgart, Dortmund, Starnberg, Tegernsee, Landsberg et Landshut la même année[38]. Entre le mois de janvier et la fin de l'année 1920, le nombre d'adhésions au parti passa de 200 à plus de 2100[39].
26
+
27
+ En 1921, une épreuve de force s'engage entre le comité du parti, qui veut fusionner avec d'autres partis d'extrême droite, et Hitler, qui ne veut pas d'une fusion sur des bases programmatiques. Hitler sort vainqueur de la confrontation et obtient le pouvoir de nommer seul un comité d'action de trois personnes pour épurer le parti. Il en profite pour évincer Anton Drexler et prend la tête du mouvement. Il s'entoure de quelques fidèles comme Ernst Röhm, Dietrich Eckart, Alfred Rosenberg. Il le réorganise totalement pour en faire un parti de masse, recrutant des cadres, rachetant un journal, le Völkischer Beobachter (grâce à des fonds de l’armée fournis par l'officier Franz von Epp[40]), créant des groupes en dehors de Munich, formant une véritable milice chargée d'assurer l'ordre dans les rassemblements politiques et dans la rue, les Sturmabteilungen (« sections d'assaut ») ou SA, dirigées par Ernst Röhm. En 1922, le vocable Führer (« guide ») devient la règle pour dénommer Hitler[41]. À cette époque déjà, les manifestations du NSDAP se distinguent par leur violence. Le parti se dote de ses grands symboles : le drapeau rouge déployé lors des défilés, la croix gammée, symbole du renouveau aryen combinée aux couleurs de l'Allemagne impériale : noir, blanc, rouge. En application de leur idéologie officielle, les SA brutalisent leurs adversaires politiques dans la rue[42]. Les 14 et 15 octobre 1922, 400 SA dirigés par Hitler lui-même parviennent à faire reculer une manifestation du SPD[43]. Cet épisode confère une aura de supériorité au NSDAP.
28
+
29
+ Les membres du parti sont plutôt jeunes (32 ans en moyenne), ont tous un passé dans les organisations Völkisch[44]. D'un point de vue sociologique, le parti est composé d'un tiers d'artisans et d'ouvriers qualifiés, de 14,5 % de fonctionnaires et d'employés, de la même proportion de membres des professions libérales, de 13 % de soldats ou d'anciens soldats, de 7 % d'étudiants, de 4 % de boutiquiers et de 2,5 % d'ouvriers non qualifiés[45]. Mais c'est surtout une alliance entre les activistes de la SA et de la bourgeoisie moyenne qui fournit au parti naissant, et à Hitler, leurs premières troupes, malgré les nombreuses divergences qui existent entre ces deux groupes, les premiers souhaitant tout détruire sur leur passage, les seconds aspirant à une réintégration au sein de la société bourgeoise[46]. Cette alliance n'est possible qu'en raison d'une haine commune à l'égard des Juifs et des Prussiens et de la présence de Hitler qui est proche des deux groupes à la fois : il appartient au premier par son passé dans l'armée et les positions développées avant 1923, tout en étant en mesure de se rapprocher du second, surtout à partir de l'échec du putsch de 1923[46].
30
+
31
+ En 1923, un an après l'assassinat de l'ancien ministre Walter Rathenau assassiné par un extrémiste antisémite membre d'un groupe clandestin, le NSDAP compte 55 000 membres et les SA 30 000 hommes[47]. La violence politique est dès le départ une marque de fabrique du parti. Les militants du NSDAP n'hésitant pas à « faire le coup de poing » et à commettre des meurtres (le journaliste Hugo Bettauer, comme tant d'autres, est assassiné en 1925, à Vienne, par un membre du NSDAP).
32
+
33
+ En novembre 1923, à la suite de l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises et belges et de l'effondrement du mark, Adolf Hitler profite de l'émoi des Allemands et tente de renverser le gouvernement de Bavière le 8 novembre. Les militants du NSDAP font irruption dans une grande brasserie où 3 000 bourgeois sont réunis pour écouter les trois principaux dirigeants du Land. Hitler, revolver au poing, entraîne les dirigeants bavarois dans une arrière-salle et leur intime l'ordre de lui céder le pouvoir[48]. Après la fuite des hommes politiques, la police met fin au putsch de la Brasserie dans le sang. Dès le lendemain le NSDAP est interdit. Hitler est condamné à cinq ans de prison et incarcéré durant 13 mois. La propagande du Troisième Reich fera plus tard de ce jour un événement historique. Le 9 novembre deviendra le jour anniversaire du parti.
34
+
35
+ Alors qu'il est emprisonné, Hitler tire la conclusion que c'est par le jeu politique qu'il parviendra à prendre le pouvoir[49]. Il profite de son emprisonnement pour rédiger la première partie de Mein Kampf, à la fois autobiographie et ouvrage de théorie politique. Il bénéficie d'une libération anticipée le 20 décembre 1924.
36
+
37
+ Le 18 juillet 1925, paraît le premier volume de Mein Kampf (« Mon combat »). Le second sort le 11 décembre 1926. À sa parution, le livre ne connaît qu'un succès modeste : jusqu'en 1929, seuls 23 000 exemplaires du premier volume et 13 000 du second sont vendus. Après 1930, le tirage augmente fortement : jusqu'en 1935, il s'en vend 1,5 million exemplaires. À partir de 1936, il devient le cadeau de mariage de l'État aux couples allemands. On estime son tirage à près de 10 millions d'exemplaires jusqu'en 1945, auxquels s'ajoutent les traductions, autorisées ou non, en seize langues étrangères. Cependant Mein Kampf reste peu lu par les Allemands[50]. Hitler y expose d'une façon très crue et très directe une conception du monde fondée sur la lutte des races, sa vision du monde, Weltanschauung, fondée sur la conquête du Lebensraum (l'« espace vital ») de la nation allemande aux dépens des Slaves, l'idéal pangermaniste, l'antisémitisme et l'antichristianisme[51]. Il annonce aux Allemands « une paix garantie par l'épée victorieuse d'un peuple de maîtres qui mettra le monde entier au service d'une civilisation supérieure ». Mais Hitler sait laisser de côté ses idées les plus violentes pour se consacrer à son premier objectif, la conquête du pouvoir par les voies légales. De ce fait, ses propos, lors des réunions publiques, ressemblent à ce que pense l'Allemand moyen, la passion et la conviction en plus[52].
38
+
39
+ Dans le même temps, le programme de 1920, déclaré inviolable, est progressivement mis de côté, à la fois par Hitler qui ne souhaite pas se lier les mains par un programme trop précis[53] et par le parti, lorsque des propositions de lois sont votées dans les parlements, le Reichstag ou les chambres des États fédérés[54]. De plus, l'organisation de groupes d'adhérents par professions ou catégories sociales contribue à brouiller le message politique du parti, à masquer l'absence de programme politique précis pour le Reich dans son ensemble derrière la formule de défense du Reich, un certain nombre de distinctions symboliques entre les militants et l'usage de formules destinées à renforcer le sentiment de camaraderie au sein de la communauté du parti[55].
40
+
41
+ Alors que Hitler est emprisonné, le parti éclate en deux tendances, la NS-Freiheitsbewegung dans le Nord de l'Allemagne dirigé par Gregor Strasser et Erich Ludendorff, la Grossdeutsche Volksgemeinschaft au sud, dirigée par Hermann Esser et Streicher. Chacune de ces tendances renvoie en réalité à un recrutement spécifique dans le Reich : la tendance regroupée autour de Strasser, Goebbels et Muchow (en), est urbaine, socialisante, révolutionnaire, tentée par une alliance avec le KPD, alors que la tendance regroupée autour d’Esser et Streicher est populiste, raciste, rurale et opposée aux évolutions de la société industrielle[44]. En 1925, le débat sur l'expropriation des familles princières menace de faire éclater le parti : en effet, malgré la présence de Feder, les dirigeants du nord du Reich, Strasser, Goebbels, Kaufmann, Hildebrandt, Koch, Kerrl et Rust sont favorables à l'expropriation[56].
42
+
43
+ Le 27 janvier 1925, Hitler refonde le NSDAP, mais il doit lutter contre l'aile gauche des frères Strasser qui se sont efforcés de noyauter les SA dirigés par Röhm.
44
+
45
+ Pour se protéger, il s'entoure d'une garde rapprochée de fidèles, les SS (Schutzstaffel, les « brigades de protection »). Ceux-ci sont à cette époque soumis aux SA dont ils forment l'élite.
46
+
47
+ L'élection présidentielle de 1925, pour la première fois au suffrage universel direct, ne permet pas à Adolf Hitler encore sous interdit judiciaire et n'ayant pas la nationalité allemande, de se présenter. Le NSDAP propose la candidature d'Erich Ludendorff, qui échoue au premier tour avec un résultat de 1,1 % et se discrédite complètement.
48
+
49
+ Hitler s'efforce de réorganiser le NSDAP de manière à contrôler tout ce qui se passe dans le parti. Cette réorganisation se manifeste de plusieurs manières : refonte des circonscriptions du parti, reprise en main de l'appareil, grande souplesse de l'appareil et création de structures pour chaque électorat potentiel et mise en place d'un cérémonial axé sur le culte au Führer.
50
+
51
+ Il installe des gauleiter dans chaque division administrative du parti, le Gau lui-même divisé en districts, les Kreise. Cette organisation est basée sur les circonscriptions électorales du Reich. Au sommet, il existe deux organismes : les PO I (organisation politique no 1) et le PO II (organisation politique no 2). Elles ont comme mission de séparer le pouvoir en place et de former un « gouvernement fantôme » avec des sections correspondant aux différents ministères[57]. Le parti comporte alors 27 000 membres divisés en 607 groupements locaux dont la moitié en Bavière.
52
+
53
+ La reprise en main de l'appareil du parti se fait selon deux axes : l'élimination des concurrents potentiels et la création d'un entourage personnellement lié au Führer et exerçant les responsabilités au sein du parti. Les deux concurrents les plus importants du groupe de Munich, qui entoure Hitler, sont Gregor et Otto Strasser. Organisateurs, ils font progresser les effectifs dans les régions industrielles du Nord-Ouest, défendant l'idée que le nazisme constitue la voie allemande du socialisme[58]. Ils professent un nationalisme anticapitaliste que partage aussi Joseph Goebbels qui les soutient à l'époque. Mais, en février 1926, lors de la tentative de réconciliation sous les auspices de Streicher, dans son fief de Bamberg, les nazis du Nord du Reich, emmenés par Strasser, font leur soumission[59].
54
+
55
+ En mai 1926, sorti victorieux des luttes internes, Hitler obtient le pouvoir de désigner seul les membres dirigeants du parti. Il parvient à s'attacher Goebbels qu'il envoie à Berlin avec la mission de discipliner les SA. Le congrès de Weimar de juillet 1926, prévu par les statuts, fournit l'occasion de l'affirmation du lien entre les membres du parti et le Führer et de l'évocation du souvenir sanglant du putsch de la Brasserie[60]. On y inaugure le serment de fidélité par le toucher du drapeau du 9 novembre 1923, qui « bénit » les drapeaux, et le salut fasciste. Lors du congrès de Nuremberg de 1927, le décorum du NSDAP se met en place. Hitler, en chemise brune, occupe une position centrale. Le parti militarisé défile au milieu d'un déploiement de drapeaux donnant une impression de force.
56
+
57
+ Si le parti donne une impression de force, c'est aussi en raison de la lutte extrême que les instances centrales laissent se développer en son sein. En effet, pour Hitler, un chef, à quelque échelon que ce soit, a conquis sa place et doit être en mesure de la défendre contre les prétentions d'autres membres du mouvement ; selon cette logique inspirée du darwinisme social, seuls les plus féroces et les plus efficaces parviennent à se maintenir longtemps à leur poste dans cette lutte constante[61]. L'absence de programme précis est cachée par le mythe du Führer. Celui-ci exalte surtout la communauté du peuple uni, Volksgemeinschaft, sous la direction du chef. Il cherche avant tout à provoquer une communion avec son auditoire[62]. Les thèmes antisémites et anti-internationalistes sont toujours très présents. Au sein du parti, Gregor Strasser développe les associations socio-professionnelles : étudiants, médecins, instituteurs, femmes… En 1929, il existe une structure d'accueil pour chaque catégorie de citoyens. Cela permet au NSDAP de conquérir une partie du monde paysan et un grand nombre d'étudiants issus de la classe moyenne très antisémite[63]. Cette conquête de pans de plus en plus importants de la population est masquée par l'absence de succès électoraux : le parti compte en 1928 178 000 adhérents (il en comptait 25 000 en 1925), répartis dans l'ensemble de la société, fournissant les cadres pour l'expansion future[64].
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+ Dans le même temps, l'aile nordiste du parti, défaite en 1925-1926, obtient qu'une réflexion soit organisée autour de l'opportunité de l'organisation de syndicats nazis : en 1928, Adolf Wagner est nommé référent pour les problèmes syndicaux[65], et Goebbels reconnaît l'existence de syndicats nationaux-socialistes au congrès de Berlin au mois de juillet[66]. Au congrès de Nuremberg en 1929, les cellules d'entreprises sont fédérées dans une organisation spécifique, mais leur propagande est limitée en raison de l'absence de fonds envoyés depuis Munich[66].
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+ Aux élections générales de 1928, le NSDAP obtient seulement 800 000 voix représentant 2,6 % du corps électoral, ce qui lui vaut douze sièges au Reichstag. Cela ne représente que huit fois le nombre d'adhérents[67]. Bien que recrutant dans toutes les couches, le parti attire surtout les classes moyennes indépendantes et les petits-bourgeois[67].
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+ La montée du nazisme est due à la conjonction des deux crises, l'une politique et l'autre économique. En mai 1928, la gauche a fortement progressé en Allemagne, entraînant l'accession au pouvoir du socialiste Hermann Müller. Sa présence est insupportable aux ultra-conservateurs comme le président Hindenburg qui va soutenir la campagne des nationalistes et des nationaux-socialistes contre le plan Young, pourtant un beau succès diplomatique. En novembre-décembre 1929, Hindenburg va même jusqu'à financer des rassemblements politiques de Hitler contre le plan qui prévoit le rééchelonnement du paiement des réparations[68]. L'activisme du parti national-socialiste attire une importante clientèle électorale. À elle seule, la campagne contre le plan Young apporte 20 000 nouveaux adhérents au NSDAP. Un des slogans du NSDAP est à ce moment : « Du travail et du pain »[69]. Les nationaux-socialistes obtiennent quelques succès aux élections régionales de 1929[70]. Au printemps 1930, le parti compte 200 000 membres.
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+ Au même moment, la crise économique de 1929 prive l'Allemagne et l'Autriche des capitaux américains investis après-guerre. Ceci provoque la faillite du système bancaire allemand et la chute de la production industrielle. En décembre 1931, il y a six millions de chômeurs à 100 % et 8 millions de chômeurs partiels. La politique menée par Brüning, baisse de l'allocation chômage et des allocations sociales, entraîne une sévère déflation qui favorise la radicalisation politique[71]. En 1931 l'économie allemande chute de 7,7 %, en 1932 de 7,5 %[72]. Des historiens et économistes (Maury Klein (en), Daniel Cohen, Joseph Stiglitz, entre autres) expliquent que le krach boursier de Wall Street en 1929 eut un impact majeur sur la jeune démocratie allemande : le retrait des capitaux américains d’Allemagne, qui soutenaient alors une économie allemande balbutiante, a déclenché une crise économique terrible, poussant la classe moyenne dans la misère et laissant un espace politique libre pour le parti nazi[73].
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+ Les premiers succès du parti sont locaux et localisés dans les régions rurales et arriérées du Reich, la Thuringe, pays marqué par le travail à domicile et le chômage : Wilhelm Frick est élu au parlement, exerce des responsabilités et se place dans son action en réaction à la modernisation des années 1920, dont Weimar avait été l'un des centres, politiques et artistiques[74].
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+ Josef Goebbels et Walter Darré sont chargés de la propagande aux élections de 1930. Darré, chargé du milieu rural, fait campagne sur les thèmes de la défense et de la propriété agricole, de l'aide de l'État à la production et au soutien des prix[42]. Aux élections générales de septembre 1930, le NSDAP obtient 6,4 millions de voix, grâce à une poussée dans le monde paysan, représentant 18,3 % du corps électoral et remporte 107 sièges au Reichstag. Il recueille son meilleur score dans les campagnes protestantes en Prusse, Schleswig-Holstein, dans les villages protestants de Franconie et de Bade[75]. Hitler affirme en septembre 1930 qu'il compte arriver au pouvoir par le suffrage universel, et il ajoute : « Alors nous construirons l'État tel que nous le souhaitons[76]. » Mais les SA réclament de l'action. Sous l'impulsion de leur chef Stennes, les SA de Berlin se révoltent contre l'abandon du volet social du NSDAP. Les SS, dirigés par Heinrich Himmler, circonscrivent la rébellion et commencent à assurer la police interne. Ils répriment une autre révolte de SA au nord du pays. Cela permet à Hitler de se donner une image de chef modéré, soucieux de contenir ses troupes. Contre la politique d'austérité de Brüning, les nationalistes (des associations d'anciens combattants, des agrariens, quelques hommes d'affaires, etc.) et les nationaux-socialistes se rassemblent en octobre 1931 dans le Front de Harzburg, faisant de Hitler un personnage de premier plan[68]. Hitler, soucieux de respectabilité, a depuis 1926 désavoué la partie « anticapitaliste » des 25 points du programme de 1920. Mais il n'obtient que peu de succès auprès des grands capitalistes. Les quelques ralliements d'industriels sont toujours individuels avant 1933. C'est le cas de Fritz Thyssen, d'Emil Kirdorf (en) et de Friedrich Flick[77]. Du côté des banquiers, il faut noter le ralliement d'Emil Georg von Stauss (en) et de Kurt von Schroeder qui prend en main le programme économique du parti[78]. Le ralliement de Hjalmar Schacht, qui avait jugulé l'hyperinflation en 1924, vers 1930, est certainement le plus prestigieux[79]. Ces ralliements entraînent une refonte des orientations du parti, et donc un risque de perte de contrôle du parti par Hitler et par le groupe de Munich[55] : pour éviter cet écueil, généré par la contradiction entre les aspirations de la base du parti, et les souhaits de ses bailleurs de fonds, Hitler s'appuie sur la SA, radicalise son discours, exploite politiquement la composition du cabinet Papen, le cabinet des Barons et lance le parti dans un rapprochement avec les communistes lors la grève des transports berlinois de 1932[55].
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+ Au fil des mois de l'année 1930 et de l'année 1931, marqués par la montée du chômage, la paupérisation de pans de plus en plus importants de la population, le parti connaît des succès électoraux de plus en plus nombreux, liés en partie à l'élargissement de la base du parti, qui ne s'opère pas partout sur les mêmes bases ; ainsi dans les régions proches de la frontière polonaise, marquées par un fort nationalisme, son essor se fait aux dépens des conservateurs[74], dans les régions centrales du Reich, ce sont les petits propriétaires qui passent du vote conservateur ou libéral au vote nazi[74].
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+ Début 1932, le parti compte 1,5 million d'adhérents, dont 350 000 SA et SS qui multiplient les exactions et les démonstrations de force. Les batailles de rue contre les communistes se multiplient. En 1931, elles font 300 morts pour la seule Prusse. Les Jeunesses hitlériennes de leur côté enrôlent plus de 107 956 jeunes[réf. nécessaire]. En 1931, le Zentrum, le parti catholique, pense pouvoir amadouer les nationaux-socialistes en associant Hitler au pouvoir. Le président Hindenburg reçoit même celui-ci le 10 octobre 1931 pour lui proposer un poste[80]. En vain. Le Führer refuse les seconds rôles. Le succès du parti entraîne une lente mutation sociale de ses adhérents. La proportion d'ouvriers augmente par la suite de la création du syndicat Betriebszellen-Organisation (NSBO) qui compte 100 000 membres en 1932[76]. Ceux-ci restent cependant sous-représentés par rapport à la petite bourgeoisie. Les jeunes, surtout ceux issus des classes moyennes qui n'ont jamais intégré le monde du travail, affluent vers le NSDAP, mais le parti se définit surtout comme un parti de trentenaires[81]. Quant à l'électorat, il est beaucoup plus important dans les régions protestantes du Nord et de l'Est que dans l'Ouest et le Sud catholiques, dans les campagnes et les petites villes, les banlieues petit-bourgeoises que dans les centres urbains et les banlieues ouvrières[82]. En 1933, un protestant sur deux vote national-socialiste, un catholique sur trois[83] ; toutes choses égales par ailleurs, les protestants sont au moins deux fois et demi plus enclins à voter pour les nazis que les catholiques, ce qui s'explique notamment par l’attitude offensive à l'égard des nazis de la hiérarchie catholique, très liée au Zentrum[84]. La répartition par âge et par catégorie socio-professionnelle varie d'une région à l'autre voire d'une ville à l'autre et dépend des particularismes locaux[85]. En réalité, ces succès doivent beaucoup au fait que le NSDAP promet tout à tout le monde, donc rien à personne, tout en renvoyant à plus tard, c'est-à-dire après la prise du pouvoir, les mesures concrètes à mettre en œuvre une fois cet objectif atteint[86].
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+ Le 25 février 1932 Hitler obtient la nationalité allemande, et à l’élection présidentielle de mars-avril, il obtient 13 418 517 voix au second tour, représentant 36,7 % du corps électoral, mais il est battu par le maréchal Hindenburg. Aussitôt après les élections, un décret-loi du chancelier Heinrich Brüning interdit les SA et les SS. Mais Brüning qui dirige le gouvernement depuis octobre 1930 s'est fait beaucoup d'ennemis à droite, car il s'appuie sur le SPD pour gouverner. Schleicher rencontre Hitler et conclut un accord avec lui. Le NSDAP ne s'oppose pas à un cabinet sans Brüning. En échange, le Reichstag est dissous et les SS et SA sont de nouveau autorisés[87]. La campagne électorale qui s'ensuit est extrêmement violente. Entre le 14 juin et le 20 juillet, les combats de rue font 99 morts rien qu'en Prusse. Le 17 juillet à Altona (Hambourg), a lieu un affrontement dont le bilan est terrible : 17 morts et 100 blessés à cause des violences nationales-socialistes[88]. Les élections du 31 juillet 1932 donnent au NSDAP 37,3 % des voix. Papen et Schleicher proposent aux nationaux-socialistes deux ministères, mais Hitler réclame la chancellerie. De ce fait, les SA multiplient leurs violences[89]. Un décret-loi instaure alors la peine de mort pour les auteurs de violences de rue mortelles. Lorsqu'un mineur communiste est piétiné à mort par neuf SA, ils sont condamnés à mort. Hitler réclame leur libération. Finalement graciés, ils ne feront que quelques mois de prison[90]. Hitler dicte désormais sa loi au pouvoir légitime.
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+ Dès sa réunion, le Reichstag s'en prend au nouveau chancelier von Papen et l'oblige à dissoudre de nouveau l'assemblée et à procéder à de nouvelles élections. À ce moment-là, le parti national-socialiste est traversé par des courants contradictoires. Hitler, soutenu par Goebbels, réclame le pouvoir pour le seul NSDAP. Gregor Strasser milite pour une participation à un gouvernement selon les conditions d'Hindenburg et von Papen[90]. Il cherche aussi à établir sur le parti une structure hiérarchique pour contrôler les gauleiter. Mais cette démarche va à l'encontre des intérêts de Hitler qui, grâce à son charisme, contrôle personnellement les responsables régionaux. Pendant la campagne électorale, a lieu un événement improbable. Les communistes et les nationaux-socialistes s'unissent pour faire grève dans les tramways berlinois, s'opposant ainsi aux syndicats et au SPD qui appellent au travail. Cette alliance incroyable montre que l'union des partis de gauche est impossible en Allemagne même pour contrer la menace d'extrême-droite. À l'automne 1932, les nationaux-socialistes mènent une campagne très violente avec, entre autres, des thèmes anticapitalistes, populistes et proagrairiens. Les grands patrons inquiets proposent une union de toutes les forces nationalistes sauf les nationaux-socialistes[79].
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+
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+ Les élections générales de novembre marquent un recul du NSDAP avec ses 11,74 millions de voix, soit 33,1 % du corps électoral. Les nationaux-socialistes perdent deux millions de voix[91]. Les partis communiste et socialiste dépassent le NSDAP de plus de 1,5 million de voix, mais ils sont divisés. Les caisses du parti national-socialiste sont vides. Le recul aux élections de novembre le laisse dans un certain désarroi. Le nouveau chancelier Schleicher tente de faire éclater le parti en proposant à Gregor Strasser le poste de vice-chancelier[92]. Mais soumis à la pression de Goebbels, Strasser quitte le parti national-socialiste en dénonçant la politique de Hitler.
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+ Après les élections de novembre, Hitler sait que pour arriver au pouvoir, il doit pactiser avec les milieux d'affaires, très insatisfaits des politiques menées par les chanceliers successifs. Au cours de l'année 1932, il a acquis une certaine respectabilité auprès des grands patrons qu'il a rencontrés à Düsseldorf le 27 janvier 1932 grâce à Schroeder. Il bénéficie aussi des intrigues de von Papen, mécontent d'avoir été écarté du pouvoir par Schleicher, et qui espère revenir aux affaires dans le sillage de Hitler. Les deux hommes se rencontrent à deux reprises les 4 et 18 janvier 1933. Hindenburg est hostile à la nomination de Hitler comme chancelier, mais une coterie fait pression sur le président pour qu'il remplace Schleicher par le chef des nationaux-socialistes. Hindenburg finit par demander à von Papen de clarifier la situation politique. Celui-ci propose un gouvernement avec Hitler comme chancelier. Il assure le vieux président que Hitler sera neutralisé par les ministres conservateurs. Le 30 janvier 1933, après une dernière intrigue de von Papen, Hitler devient chancelier[93]. L'importance de l'hypothèse d'un soutien des milieux financiers et patronaux à Hitler est discutée pour ce qui concerne la période avant 1933[94] ; elle est avérée par la suite[95].
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+ Pour les militants du NSDAP, Hitler est le rédempteur de l'Allemagne. Ils s'efforcent dans leurs actions d'en convaincre les électeurs. Les défilés dans les rues, les rassemblements politiques sont de plus en plus ritualisés.
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+ Joseph Goebbels, responsable de la propagande nazie, est l'un des maîtres d'œuvre des succès électoraux. Il parvient à mythifier le militant nazi en le transformant en héros prêt à donner sa vie pour la cause. Pour exemple, le cas du SA Horst Wessel : au cours d'une rixe pour une prostituée, ce dernier est tué par un communiste et Goebbels en fait un martyr du national-socialisme. Alors que le SA se débat encore entre la vie et la mort dans un hôpital de Berlin, Goebbels fait publier de ses nouvelles deux fois par semaine dans l'organe de presse local du NSDAP. Il organise même le 7 février 1930, un rassemblement de plus de 10 000 personnes. À la fin de la réunion, la foule entonne un chant écrit par le SA blessé, le Horst-Wessel-Lied qui deviendra l'hymne du parti et le deuxième hymne national allemand. Lors de l'enterrement de Wessel, des milliers de sympathisants font le salut hitlérien au passage du cercueil. Goebbels fait ainsi de Wessel un preux chevalier des temps modernes[96].
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+ Lors de l'élection de 1930, les nationaux-socialistes n'ont pas encore accès à la radio et la presse nationale. Goebbels compense ce handicap en inondant le pays de tracts, d'affiches, de journaux distribués par les SA. En 1932, pour la campagne présidentielle, les nationaux-socialistes collent près d'un million d'affiches à travers toute l'Allemagne. Huit millions de tracts et douze millions de journaux sont distribués[97]. Dans les régions isolées, des voitures tapissées d'affiches du NSDAP sillonnent les routes tandis que des haut-parleurs scandent les slogans nationaux-socialistes. Les réunions électorales sont aussi un moyen très efficace de propager les thèmes nationaux-socialistes. En 1932, il s'en tient 300 par jour pendant la campagne. La mise en scène soignée : multiplications des drapeaux rouge et blanc avec des croix gammées, chants, uniformes, parades de SA, fanfares, lumières des torches, donnent à la foule un sentiment d'unité et de force qui emporte l'adhésion[97]. Pour donner à Hitler une image moderne, Goebbels affrète un avion qui transporte Hitler, candidat à la présidentielle, de rassemblements en rassemblements avec comme slogan : « Le Führer au-dessus de l'Allemagne »[98].
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+ À partir de 1929, le NSDAP sous l'inspiration de Goebbels s'en prend aux intellectuels et aux artistes jugés « néfastes » pour l'Allemagne. Les étudiants nationaux-socialistes, pourtant minoritaires dans les universités, dressent des listes d'enseignants juifs, comme les étudiants nazis de Göttingen[81], entretiennent une agitation constante et peu réprimée. Ils empêchent les professeurs juifs ou libéraux de faire cours. Les présidents d'université en viennent à en renvoyer certains dans l'espoir que les agitateurs nationaux-socialistes laissent enfin l'université en paix. Les spectacles, théâtres, cinémas ou cabarets jugés contraires à « l'honneur allemand » sont régulièrement perturbés par les SA. Ils finissent par être retirés de l'affiche par les directeurs de salle[99]. Les journaux du NSDAP publient des listes noires d'artistes ou d'écrivains en leur promettant un châtiment exemplaire le jour où Hitler arrivera au pouvoir (parmi les plus menacés : Kurt Tucholsky, Erich Kästner, Bertolt Brecht, Erwin Piscator, Vassily Kandinsky, Ossietsky…). En 1929, Wilhelm Frick devient ministre de l'Instruction publique du Land de Thuringe dans un gouvernement de coalition de droite mené par Erwin Baum (de). Il fait interdire les œuvres des artistes honnis par le national-socialisme. Mais son action suscite une telle réprobation qu'il est obligé de démissionner au bout de quelques semaines. En fait, entre 1929 et 1933, les campagnes d'intimidation sont bien plus efficaces qu'une censure directe[100].
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+ En France, en janvier 1932, le député Paul Faure intervint vivement à la Chambre des députés en accusant le groupe Creusot-Schneider d’aider au réarmement allemand, via ses implantations en Tchécoslovaquie et en Hongrie, tandis qu’un de ses associés aux Pays-Bas drainait des fonds pour le NSDAP[101]. Fritz Thyssen verse un million de marks au parti en 1931, mais parce qu'il finance tous les partis sans distinction. En 1932, sur les plusieurs millions qu'il verse aux différents partis, le NSDAP en reçoit 3 % contre 8 % aux partis de droite, 6 % à ceux de gauche et 83 % aux partis du centre[102]. Plusieurs auteurs ont évoqué la parution aux Pays-Bas d’un opuscule sous le pseudonyme de Sydney Warburg, De Geldbronnen van het nationaal-sozialism: drie gesprenken met Hitler (les ressources du national-socialisme, trois conversations avec Hitler) et traitant des ressources financières du nazisme en 1929, 1931 et 1933, apparemment rédigé par un infiltré et désignant des bailleurs de fonds liés à la haute-finance américaine[101]. Le NSDAP bénéficie aussi de l'appui financier de l'industriel Emil Kirdorf et de l'ancien président de la Reichsbank Hjalmar Schacht[103].
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+ Le but du NSDAP est la prise du pouvoir afin d’instaurer une dictature autour d’Adolf Hitler. Selon le Führer, ce régime est seul capable de lancer un vaste programme d’économie de guerre, avec pour objectif le réarmement massif du pays, afin de lui permettre de se lancer dans une série de conquêtes militaires et d’élargir ce qu’il appelle son « espace vital ». L’idéologie du parti nazi était nationaliste, raciste et antisémite. Une fois le pouvoir obtenu, le parti se trouve confronté à ses contradictions de la période précédente, balloté entre un programme flou, axé autour de la « création d'une autorité centrale forte » et des aspirations divergentes au sein du parti : certains, la majorité, veulent refonder le Reich sur les bases de celui de 1871, d'autres veulent la remise en place de l'État allemand, sous leur contrôle, d'autres encore, autour de Röhm, souhaitent l'initialisation d'un processus révolutionnaire[104].
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+ À l'annonce de la nomination de Hitler comme chancelier, des milliers de SA défilent sous les fenêtres de leur chef et devant la porte de Brandebourg dans une longue retraite aux flambeaux qui dure 5 heures[105]. Goebbels note dans son journal « C'est comme dans un rêve »[106]. Le 30 janvier, il n'y a, en plus de Hitler, que deux autres nationaux-socialistes dans le nouveau gouvernement : Frick à l'Intérieur et Hermann Göring au ministère de l'Aviation, qu'il cumule avec celui de l'Intérieur de Prusse, le principal État fédéré du Reich. Les autres ministres sont à peu près ceux du gouvernement précédent. Dès le 1er février 1933, le nouveau chancelier Hitler obtient du président Hindenburg la dissolution du Parlement. Grâce à l'argent fourni par les industriels (3 millions de marks), le NSDAP multiplie la propagande. Goebbels s'assure le contrôle de la radio d'État et multiplie les rassemblements grandioses. Le 5 février, il organise des funérailles nationales pour deux militants tués durant le défilé aux flambeaux du 30 janvier au soir. Tous les moyens sont bons pour glorifier les deux héros : présence des plus hauts dirigeants nationaux-socialistes dont Hitler accompagnés des fils de l'empereur Guillaume II, survol du cortège funèbre par deux avions parés de croix gammées, cérémonie dans la cathédrale et enfin, hommage funèbre prononcé par Goebbels en personne[107]. Tout en tenant un discours rassurant, le parti s'emploie à prendre le contrôle de toutes les institutions du pays, à partir du ministère du Reich à l'Intérieur, détenu par Frick[108]. Ainsi Göring signe un décret, le 22 février 1933, en tant que ministre de l'Intérieur de Prusse, qui fait des SA et des SS du Land des auxiliaires de police. 40 000 nazis peuvent ainsi se livrer en toute impunité à la violence en pleine campagne électorale.
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+ Le 27 février, le palais du Reichstag est totalement détruit par un incendie criminel. L'incendiaire étant un jeune Hollandais d'extrême-gauche, les nationaux-socialistes en profitent pour développer la thèse de la préparation d'un soulèvement communiste. Dès le lendemain, une réunion ministérielle décide d'adopter le décret « pour la protection du peuple et de l'État » qui supprime la quasi-totalité des droits fondamentaux. Plus de 4 000 militants du Parti communiste d'Allemagne (KPD) sont arrêtés ainsi que bon nombre de dirigeants de la gauche : ils sont assassinés ou seront envoyés vers les premiers camps de concentration nazis[109]. Les journaux sont suspendus et les rassemblements interdits. Les SA multiplient les brutalités. Ils ouvrent même des « centres privés de détention » où ils torturent en toute impunité leurs prisonniers personnels[110]. Environ 50 000 personnes sont internés dans ces camps improvisés[111]. Goebbels multiplie la propagande à la radio.
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+ Aux élections fédérales de mars 1933, le NSDAP obtient 17,28 millions de voix représentant 43,9 % du corps électoral. Il n'a donc pas la majorité absolue, ce qui constitue un demi-échec, vu les conditions du scrutin. Dès le lendemain des élections, les SA s'attaquent aux gouvernements locaux qui ne sont pas aux ordres du NSDAP. Ils envahissent les gouvernements locaux, les directions de la police régionale où ils hissent le drapeau national-socialiste. Aussitôt, Frick considère que le gouvernement local n'est plus en mesure de maintenir l'ordre dans le Land et nomme à sa place un commissaire du Reich nazi[112]. Les partisans de Hitler déstabilisent ainsi le pouvoir légal pour pouvoir le remplacer. Le stratagème est utilisé à Hambourg le 5 mars, à Brême, Lübeck le 6, en Hesse le 7, en Saxe, Wurtemberg et Bade le 8. Seule la Bavière tente de résister mais se soumet le 16 mars au pouvoir national-socialiste. Au sein des Länder sont nommés des Reichsstatthalter, dépendant directement du pouvoir central, le plus souvent recrutés parmi les gauleiter des régions concernés[108], disposant des pleins pouvoirs, dont ceux de nommer et de dissoudre les gouvernements des États fédérés, leurs assemblées, de nommer et de révoquer les fonctionnaires, de pourchasser ou d'amnistier des citoyens du Reich ou encore de promulguer des lois[113].
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101
+ Certains conservateurs finissent par protester contre les violences de SA. Mais Hitler prend ouvertement leur défense et menace à mots couverts les protestataires.
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+ Goebbels, désormais ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande, met au point les derniers stratagèmes pour désarmer toute opposition. Lors d'une cérémonie à la mise en scène soignée, Hitler rend hommage devant toutes les forces sociales et religieuses, sauf les partis de gauche, aux « martyrs » du parti national-socialiste. Il s'agenouille ensuite devant le président Hindenburg, symbole de l'Allemagne éternelle[114]. Cette mise en scène, filmée et radiodiffusée dans toute l'Allemagne donne aux Allemands un sentiment d'unité. Le 20 mars, les nationaux-socialistes obtiennent le soutien du Zentrum. Le 23 mars, le Reichstag, réuni à l'opéra Kroll, est entouré par les SA et les SS qui exigent le vote des pleins pouvoirs pour leur chef. Il lui faut réunir les deux tiers des suffrages des députés. Hitler lui-même apparaît en tenue de SA. Seuls les 94 députés du parti social-démocrate (SPD) osent s'opposer (les députés communistes étant emprisonnés). 444 députés votent l'« acte d'habilitation ». La Gleichschaltung (« mise au pas » du pays) est en marche. Le même jour est ouvert à Dachau, en Bavière, le premier camp de concentration. Il reçoit les opposants politiques[115].
104
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105
+ Le 29 mars, les libertés fondamentales sont abolies. Peu à peu, tous les partis et syndicats, autres que ceux d'inspiration nazie, sont dissous. Le NSDAP met la main sur la presse communiste et socialiste. Le 14 juillet, il est proclamé parti unique par la loi contre la formation de nouveaux partis[116]. La loi du 1er décembre 1933 sur « l'unité du parti et de l'État » dicte : « Le NSDAP est étroitement lié à l'État ». Il devient donc une institution de l'État. Il existe désormais un chevauchement de compétences entre l'État et le parti national-socialiste. Les gauleiter peuvent ainsi s'adresser directement au Führer pour les affaires politiques. Tout tourne désormais autour de Hitler.
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107
+ La classe ouvrière est contrôlée grâce à la création du Front du travail, Deutsche Arbeitsfront ou DAF dont le chef est le docteur Robert Ley, et auquel tous les ouvriers ont l'obligation d'adhérer. Le DAF ne peut s'occuper que de l'amélioration du cadre de travail, sans pouvoir faire de revendications salariales[117]. Les nationaux-socialistes prennent aussi le contrôle des organisations des petites entreprises par l'intermédiaire du N-S Kampfbund für den Gewerblichen Mittelstand. Les organisations agricoles étant déjà infiltrées en 1933, il est très facile pour les nationaux-socialistes de les contrôler totalement. Walter Darré devient à la fois, le responsable du NSDAP pour les affaires agricoles, le chef des organisations agricoles et le ministre de l'Agriculture du Reich. Le patronat est lui aussi en grande partie nazifié. L'industriel Gustav Krupp, président du Reichsverband der Deutschen Industrie ou RDI, le syndicat de la grande industrie allemande, écrit en février 1933 à Hitler : « L'évolution politique coïncide avec les vœux que moi-même et le bureau avons formés depuis longtemps »[118]. Le 1er avril 1933, les SA occupent le siège du RDI et en font chasser les membres juifs. Le RDI est dissous le 22 mai et devient la corporation de l'industrie allemande. Elle conserve une certaine autonomie, car Hitler a besoin de la grande industrie pour mener sa politique de réarmement.
108
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109
+ Le nazisme exerce une fascination sur certains intellectuels qui, par carriérisme (comme le chef d'orchestre Herbert von Karajan) ou par conviction, adhèrent au NSDAP. C'est le cas du philosophe Martin Heidegger, qui adhère au NSDAP le 1er mai 1933 et en restera membre jusqu’en 1945, payant régulièrement ses cotisations[119]. D'autres artistes et intellectuels sont victimes d'une épuration qui commence dès le 1er février 1933. Ils sont arrêtés ou préfèrent fuir à l'étranger. Les SA et les étudiants, souvent encouragés par certains de leurs enseignants, brûlent dans des autodafés les ouvrages interdits : le 10 mai 1933, Goebbels assiste à celui de Berlin où, à la tombée de la nuit, dans une atmosphère hystérique, plus de 20 000 livres sont brûlés[120].
110
+
111
+ Au sein du NSDAP, il existe encore une opposition à Hitler. Elle est menée par Ernst Röhm, le chef des SA qui veut faire de ses troupes une milice populaire à la base d'une nouvelle armée. La majorité des SA ambitionnent une promotion sociale. Ils souhaitent une « seconde révolution » que redoute le Führer. À partir du printemps 1934, les SA deviennent incontrôlables. La Reichswehr qui s'est très rapidement « nazifiée » parvient à éviter l’incorporation des SA dans ses rangs. En même temps, se noue une alliance entre Reichswehr et SS.
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113
+ Les Allemands connaissent des difficultés d'approvisionnement. Ils tournent alors leur mécontentement contre le parti unique, le NSDAP. La droite traditionnelle relève la tête et ses responsables, à l'instar de von Papen, critiquent ouvertement le pouvoir[121]. Hitler choisit alors de s'allier à l'armée pour consolider son pouvoir et lâche les SA.
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+ Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich et Werner von Blomberg, alors ministre de la Reichswehr, s'efforcent de persuader Hitler que Röhm met en place un complot contre lui. Malgré l'absence de preuves, le Führer se décide à agir fin juin 1934. Il demande une réunion des chefs SA à Bad Wiessee en Bavière. Dans la nuit du vendredi 29 juin 1934 au samedi 30 juin 1934, il lance les SS de Himmler, avec le soutien de l'armée, dans une opération d'envergure qui ne s'interrompt que le lundi 2 juillet 1934 suivant : de Berlin à Munich, plusieurs centaines de SA et d'opposants sont arrêtés ou assassinés, Ernst Röhm est exécuté dans sa prison après avoir refusé le suicide, en même temps que de vieux adversaires de Hitler, tels Gregor Strasser, l'ancien chancelier Kurt von Schleicher, Gustav von Kahr, responsable de l'échec du putsch de la Brasserie, et des collaborateurs de Franz von Papen. Au total, sur ces trois nuits et trois jours de purge, on compte 89 victimes[122]. De nombreux généraux de la Reichswehr se sont montrés complices actifs de cette opération et deviennent dès lors liés à Hitler par un « pacte du sang ». Les SA continuent d'exister, mais ont ensuite un rôle mineur dans la structure du parti : Hitler a désormais tout le pouvoir à la fois sur le parti et sur l'Allemagne.
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+ De janvier à mai 1933, le nombre d'adhérents au NSDAP triple. Il atteint 2,5 millions de membres en 1935. Du coup, le parti freine le recrutement le réservant dans un premier temps aux jeunes issus des jeunesses hitlériennes. En 1939, le parti compte 5 339 567 adhérents[123],[124]. Durant la guerre, le nombre d'adhérents ne cesse de croître : entre 1939 et 1941, ce sont 1,8 millions d'Allemands qui rejoignent ses rangs, auxquels s'ajoutent 200 000 nouveaux membres entre 1941 et 1943 ; en 1945, 8 millions d'Allemands sont membres du NSDAP[123]. La composition du parti se rapproche de plus en plus de la composition sociale de la population allemande. On peut considérer comme nationaux-socialistes « authentiques » ceux qui ont adhéré aux organisations politiques et sociales les plus typiquement nationales-socialistes : Frauenschaft, SA, SS, Gestapo et SD[125] ; ceux qui ont donné leur adhésion très tôt soit avant, soit peu après la « prise du pouvoir » (30 janvier 1933) ; et enfin ceux qui ont occupé des postes importants. Ils sont pénétrés de l'idéologie nationale-socialiste dont ils acceptent sans réserve principes et méthodes[126]. Les motivations des nouveaux adhérents sont, elles, surtout professionnelles et liées à un désir de promotion sociale. Ceci provoque l'amertume et la désaffection des anciens membres du parti[127]. La hiérarchie des cadres reflète celle de la société traditionnelle. Parmi les responsables nationaux, on ne trouve plus aucun ouvrier. Une des fonctions du parti est de faire la liaison entre le peuple et le Führer[127].
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+ Avec la loi du 1er décembre 1933, se termine le processus qui transforme la gestion du parti en affaire d'État[113]. En effet, d'un côté, le parti est en surimposition par rapport aux administrations publiques, d'autre, il en est totalement exclu. Une fois la fonction publique épurée de ses membres juifs et opposants au nazisme, de nombreux conflits éclatent entre responsables de la hiérarchie de l'État et responsables de la hiérarchie du parti : ainsi, alors que deux chancelleries, celle du Reich et celle du parti, subsistent, la chancellerie du Reich prend rapidement le pas sur la seconde[108]. De même, l'État doit accueillir en son sein des cohortes de vieux militants du parti, souvent méprisés ; dans le cas du ministère des Affaires étrangères, c'est essentiellement par le biais d'agences partisanes que le NSDAP prend pied dans ce domaine réservé des conservateurs[108].
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+ Mais les ministres nationaux-socialistes se mettent vite à défendre leur bureaucratie contre le parti, d'où de nombreux conflits. Lors du congrès de Nuremberg de 1935, Hitler précise sa pensée sur le partage du pouvoir entre l'État et le parti : « Ce que l'État ne peut réaliser, sera fait par le parti »[128]. Cette phrase obscure ne permet pas de trancher le problème. D'ailleurs aux plus hautes fonctions de l'État, le cumul avec une fonction dans le parti est la règle. Du fait de l'imprécision de la hiérarchie et des compétences de chacun, les dignitaires se font concurrence pour légiférer. Ceci n'empêche pas le régime d'être autoritaire. Les nouveaux fonctionnaires sont presque tous liés au parti. En effet, les examens, les promotions dépendent de plus en plus de l'appartenance au parti. L'exclusion du NSDAP entraîne souvent la perte de l'emploi. Le 26 janvier 1937, une loi permet au Führer de licencier tout fonctionnaire dont la fidélité est mise en doute par le parti. De plus les fonctionnaires sont obligés de signaler au NSDAP tout fait risquant de nuire au parti même s'ils en ont eu connaissance en dehors de leur travail. Ils deviennent donc des puissants instruments de délation. Ils ont aussi interdiction d'acheter dans les magasins juifs. En 1937, 63 % des fonctionnaires allemands sont membres du NSDAP alors qu'ils n'étaient que 6,7 % en 1933[129].
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+ Après son accession au pouvoir, Hitler choisit Rudolf Hess comme suppléant à la tête du NSDAP. Il est aussi ministre sans portefeuille avec le droit de contrôler la nomination des hauts fonctionnaires[130]. En 1935, il se trouve à la tête de 25 000 employés dont 1 600 pour le seul siège de Munich. Mais Hess doit compter avec l'ambition des autres dirigeants nationaux socialistes. Il a beaucoup à faire avec Robert Ley, le responsable du Front du travail, qui étend son autorité sur 23 millions de travailleurs et 40 000 fonctionnaires[131] et à qui il demande notamment d'organiser les Ordenburgen. Le parti encadre étroitement la population.
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+ Le Blockleiter chapeaute les habitants de l'immeuble, le Zellenleiter ceux du quartier. L'Ortsgruppenleiter surveille les habitants et les administratifs de la commune. Le Kreisleiter a un rôle d'animateur politique, d'organisateur de fêtes et de quêtes diverses dans une circonscription plus vaste, l'arrondissement (Kreisleitung). Enfin le gauleiter est nommé parmi les fidèles de Hitler. Bien payé, il contrôle l'administration régionale. D'ailleurs, le plus souvent, les gouverneurs, les Statthalter, sont souvent issus de leur rang. Ils disposent d'une vingtaine de services spécialisés et s'attachent une cohorte de fidèles[132]. En 1935, le Reich compte 33 gauleiter, 827 Kreisleiter, 21 000 Ortsgruppenleiter, 250 000 Zellenleiter et Blockleiter[133]. En 1943, ce sont 43 Gaue, 869 Kreise, 26 103 Ortsgruppen, 106 118 Zellen et 559 029 Blockgruppen que compte le parti, l'expansion géographique du Reich se reflétant dans les structures du parti[123].
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+ En ajoutant les maires et les conseillers municipaux, tous membres du parti nazi, le total des responsables politiques du NSDAP atteint les 700 000 en 1935. Cette même année, le parti emploie 25 000 permanents dont 1 600 uniquement pour le siège à Munich. L'État n'a aucun contrôle sur les finances du parti. Le parti exerce essentiellement une activité de contrôle et de propagande auprès de la population. Les Politische Leiter ont par exemple pour fonction de délivrer de certificats de fiabilité politique pour ceux qui postulent une fonction. Ils en profitent souvent pour s'enrichir aux dépens de la population. La corruption est un fléau récurrent. En 1935, le trésorier du NSDAP dénonce 2 350 cas, tous réglés par des tribunaux internes.
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+ Le Führerprinzip s'étend à tous les échelons. Chaque domaine de compétence est centré sur une personne dévouée personnellement à Hitler[134]. Lui seul peut garantir la bonne marche du système. En 1937, il rappelle aux membres du parti que les qualités d'un chef politique sont l'obéissance aveugle, le courage physique et l'autorité. Elles doivent être valorisées par rapport aux compétences administratives[135].
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+ Au sein du parti, Heinrich Himmler, assisté de Reinhard Heydrich devenu chef de la sécurité, Sicherheitsdienst-SD, est à la tête d'un véritable État dans l'État. En 1937, les polices politiques de toute l'Allemagne passent sous le commandement d'Himmler. Pour Heydrich, l'État SS garantit « la prise en main totale et permanente de tous les habitants du Reich ». Ce désir de contrôle totalitaire de la population fait partie des objectifs du NSDAP et non seulement des SS. Un manuel de formation des militants de 1936 précise qu'un des devoirs de la police est de contrôler « l'ensemble des devoirs d'un individu à l'égard de la communauté populaire »[136]. Les SS sont indépendants de l'appareil d'État et dépendent directement de Hitler. Ils sont 238 000 en 1938. Après la disparition des SA, ce sont eux qui s'occupent des camps de concentration ouverts dès 1933. En 1938, il y a quatre camps, dont Dachau et Sachsenhausen. Le travail forcé y est instauré.
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+ Le ministère de la Propagande, dirigé par Joseph Goebbels, utilise les moyens de communication les plus modernes, comme la radio ou le cinéma pour diffuser l'idéologie nationale-socialiste. Des rassemblements spectaculaires et impressionnants de militants sont organisés à la gloire du national-socialisme. En effet, les grandes cérémonies sont un élément essentiel de l'esprit communautaire voulu par Hitler. Elles sont mises en scène par l'architecte Albert Speer. Il construit des stades gigantesques. Il utilise des projecteurs pour créer des faisceaux lumineux de 1 000 mètres[137]. Les fêtes sont toujours mises en scène soigneusement et se déroulent le plus souvent la nuit, ce qui permet de mettre en valeur les symboles et les chefs par les jeux de lumière. Le calendrier tourne donc autour de fêtes célébrant le national-socialisme. L'objectif de l'aile radicale du NSDAP est de remplacer les fêtes chrétiennes par les fêtes nationales-socialistes. Le 30 janvier, est célébrée la prise de pouvoir de Hitler et le 24 février, la fondation du parti. Le putsch de Munich est commémoré le 9 novembre[138]. La seule fête chrétienne préservée dans le calendrier officiel est Noël.
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135
+ En septembre, huit jours sont consacrés au congrès du parti à Nuremberg. Hitler est au centre des cérémonies. Il s'adresse à une foule ordonnée en colonnes impeccables. Ceci donne l'image d'un dictateur absolu maître d'une organisation dévouée et disciplinée[139]. C'est à l'occasion du congrès de 1934 que Leni Riefenstahl réalise Le Triomphe de la volonté. Ce film poursuit les mêmes objectifs que les cérémonies qui y sont filmées, absorber l'individu dans la masse, lui faire perdre tout recul, pour qu'il souhaite consacrer sa vie au triomphe du national-socialisme. Les nazis ont compris que les rites et l'émotion poussent les hommes à l'action collective[140].
136
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137
+ Les SS, troupes d'élites du NSDAP, sont dotées par Himmler d'un cérémonial initiatique dont le but est d'augmenter la cohésion et le fanatisme du groupe. On peut citer la cérémonie du Blutfahne. Elle tire son origine de la mort du SA Andreas Bauriedl (chapelier de son état) lors du putsch de la Brasserie de 1923. Lorsqu'il est abattu par la police, son sang se répand sur un drapeau national-socialiste, qui devient une relique sacrée servant à « baptiser » les fanions des nouvelles unités SS[141].
138
+
139
+ À côté de ces grands-messes, d'autres réunions rythment la vie politique au sein du NSDAP : une fois par an, se tient le congrès des gauleiter, celui de 1944, par exemple, est largement marqué par l'attentat du 20 juillet[142].
140
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141
+ L'un des objectifs de Hitler est la création d'un espace vital d'où les Juifs seraient absents. La politique de persécution menée dans les années trente vise à leur faire quitter l'Allemagne.
142
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143
+ À partir de la prise du pouvoir en janvier 1933, le NSDAP est avant tout utilisé pour populariser les thèmes développés dans la propagande[143]. Dès mars 1933, la propagande est confiée au ministre Joseph Goebbels, qui signe de nombreux écrits antisémites[144] : éditorialiste régulier du Völkischer Beobachter, il rédige à partir de 1940 les éditoriaux hebdomadaires de l'autre journal du parti, Das Reich[145]. De plus, l'interpénétration entre le parti et l'État durant le Troisième Reich[144] se manifeste aussi dans les multiples campagnes de propagande orchestrées par le bureau de presse du Reich, confié à Otto Dietrich, vétéran du parti dont le pouvoir dépend avant tout des liens qu'il a su tisser avec Adolf Hitler[146] ; ses consignes énoncées lors de conférences de presse quotidiennes[147] étaient relayées à tous les échelons du parti[147].
144
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145
+ Dès l'arrivée au pouvoir de Hitler, des agressions contre les Juifs sont orchestrées par les nazis, principalement les SA. Dès le 10 février, Göring dans un discours laisse entendre une relative impunité à ceux qui s'en prendraient aux Juifs. Dès lors, le SA commence à molester certains Juifs et à confisquer leurs biens. Le 1er mars à Mannheim, les SA font fermer les magasins juifs[148]. Le gauleiter Julius Streicher organise une vaste campagne antisémite sous le prétexte de défense contre les « violences juives ». Le 1er avril 1933, les SA se postent devant les magasins juifs. Ils dressent des pancartes incitant à ne pas acheter chez les Juifs. Les médecins et les avocats juifs subissent les mêmes intimidations. Le soir même, des nationaux-socialistes défilent pour protester contre les « agissements des Juifs ». Comme la population se montre peu réceptive au boycott antijuif, l'opération est vite arrêtée[149]. En 1935, sous l'impulsion de Goebbels et de Julius Streicher, des « manifestations spontanées » sont organisées contre les Juifs. Elles aboutissent à la publication des lois de Nuremberg qui privent les Juifs de leurs droits civiques. Le harcèlement est atténué au moment des Jeux olympiques de Berlin en 1936 mais reprend de plus belle à partir de 1938 : pillages, arrestations de « Juifs délinquants » se multiplient pendant l'été 1938[150].
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+ Le 7 novembre 1938, Ernst vom Rath, conseiller de l'ambassade d'Allemagne à Paris est assassiné par un jeune Juif polonais qui voulait protester contre le sort fait aux Juifs allemands. Le soir du 9 novembre, Goebbels jette les militants hitlériens dans les rues pour venger la mort de vom Rath. Les SA, les SS et les Jeunesses hitlériennes pillent les synagogues et les locaux des organisations juives allemandes, les magasins et les biens des Juifs. Près d'une centaine de personnes sont tuées pendant la nuit de Cristal. Une centaine de synagogues sont brûlées et 7 500 magasins sont pillés. Trente-cinq mille Juifs sont aussi arrêtés, déportés dans des camps de concentration, Dachau, Buchenwald et Sachsenhausen, et pour la plupart libérés après versement d'une rançon[151]. À cette époque, l'objectif est l'émigration totale des Juifs d'Allemagne[152]. Entre 1933 et 1939, environ la moitié des 500 000 Juifs d'Allemagne quittent le Reich.
148
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+ Dans les campagnes, les mesures antisémites vexatoires sont le plus souvent le fait des maires avec l'appui des militants locaux du NSDAP : pancartes insultantes, interdiction de la commune aux Juifs de passage… En ville, les violences sont le fait des SA et des membres du parti régulièrement excités et manipulés par leur encadrement[153].
150
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151
+ Un NSDAP autrichien est créé dès 1926. Devenu chancelier d'Autriche le 20 mai 1932, le dictateur Engelbert Dollfuss lutte contre les nationaux-socialistes autrichiens qui réclament l'Anschluss, n'hésitant pas à les arrêter. Le 25 juillet 1934, 154 SS autrichiens, peut-être commandités par Hitler[154] font irruption dans la Chancellerie, revêtus d'uniformes militaires autrichiens et tirent sur Dollfuss, le blessant mortellement. Mais les forces gouvernementales arrêtent les assassins. Treize d'entre eux seront condamnés à mort et exécutés[155]. Les arrestations et les interdictions de Kurt von Schuschnigg, le successeur de Dollfuss, n'empêchent les nationaux-socialistes autrichiens de continuer les campagnes annexionnistes. Après le rapprochement entre Benito Mussolini et Hitler, le gouvernement autrichien est obligé de tolérer les agissements du NSDAP pourtant interdit. Le 11 mars 1938, sous la pression allemande, Schuschnigg cède la place au national-socialiste Arthur Seyss-Inquart. Celui-ci ouvre le lendemain, les frontières aux troupes allemandes[156]. L’Anschluss s'accompagne de la venue de 25 000 militants nationaux-socialistes qui exproprient les Juifs, en profitant souvent pour s'enrichir.
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153
+ Deux semaines après son entrée dans Vienne, Hitler demande à Konrad Henlein, le chef du NSDAP des Sudètes, de déstabiliser la Tchécoslovaquie. Hitler menace ensuite d'intervenir pour défendre les intérêts de la minorité allemande de Tchécoslovaquie. C'est à l'occasion de la crise des Sudètes que les accords de Munich sont signés le 30 septembre 1938. Les Sudètes sont annexées à l'Allemagne.
154
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155
+ Au Royaume-Uni, Oswald Mosley est le chef de la British Union of Fascists qui ne compte en 1934 qu'une vingtaine de milliers de membres. Aux Pays-Bas, Anton Mussert dirige le mouvement national-socialiste qui a 40 000 membres et obtient 8 % des voix en 1935. Pendant la crise économique, des organisations nationales-socialistes connaissent un certain succès en Suisse, au Danemark, en Norvège, en Irlande. Mais leurs popularité reflue avec la reprise économique et la résistance des partis démocrates[157].
156
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157
+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans une partie des pays occupés, les Allemands s'appuient sur les partis s'inspirant du NSDAP. En Norvège, occupée depuis avril 1940, Vidkun Quisling, chef du Nasjonal Samling, mouvement d'extrême-droite norvégien et sympathisant du national-socialisme allemand, se proclame chef du « gouvernement national » en 1942. Il tente de convertir l'Église luthérienne, les écoles et les jeunes au national-socialisme, mais se heurte à l'opposition farouche de la grande majorité des Norvégiens. Son parti, proclamé parti unique et qui n'avait obtenu aucun résultat électoral probant avant la guerre, ne parvient cependant pas à devenir un mouvement de masse en Norvège.
158
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159
+ Aux Pays-Bas occupés, Seyss-Inquart devient Reichskommissar. Il accorde un large soutien au Mouvement national-socialiste aux Pays-Bas (NSB), qui collabore activement avec l'occupant. En France, le Parti populaire français, d'inspiration fasciste, prône la collaboration active avec l'Allemagne après la défaite française de 1940. Le Rassemblement national populaire de Marcel Déat voit dans l'Allemagne nationale-socialiste un modèle à suivre, de même que le petit Parti franciste. Ils incitent les Français à s'engager dans la Légion des volontaires français contre le bolchevisme puis directement dans la Waffen-SS dans la division Charlemagne. Ces partis sont cependant, jusqu'aux derniers mois de l'occupation, tenus à l'écart du gouvernement de Vichy et Marcel Déat ne devient ministre qu'en 1944. Un parti national-socialiste français, dirigé par Christian Message, existe durant les premiers mois de l'occupation, mais ne constitue qu'un groupuscule sans aucune importance[158]. Au sud-est de l'Europe, l'Allemagne nationale-socialiste s'appuie sur les oustachis croates, parti unique de l'État indépendant de Croatie. En 1944, le Parti des Croix fléchées est mis au pouvoir en Hongrie par les Allemands après le renversement du régent Horthy.
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+ À la faveur de la guerre, le parti ouvre de nouveau les inscriptions. Celles-ci se multiplient pour atteindre 8 millions en 1944. Le parti devient plus populaire et plus ouvrier, même si le pourcentage d'adhérents ouvriers est inférieur à la place qu'ils occupent dans la société[159]. De plus, la proportion de femmes augmente sans arrêt et contribue au rajeunissement de l'âge moyen des membres du NSDAP.
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+ Dès le début du conflit, le parti participe à la propagande de guerre et sert de caisse de résonance à la propagande antisémite du IIIe Reich : selon le ministère de l'Éducation du peuple et de la Propagande du Reich, durant les treize premiers mois du conflit, entre le 1er septembre 1939 et le 1er octobre 1940, le parti aurait organisé environ 200 000 rassemblements politiques dans tout le Reich, et 30 000 projections cinématographiques réunissant près de 4 millions et demi de spectateurs ; de plus, durant cette période, neuf séries de diapositives et plus de trente millions de la citation hebdomadaire du parti sont produites et diffusées dans la population[160].
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+ En 1943, le parti, non content d'avoir rempli la salle du Sportpalast de nazis fanatiques, diffuse largement dans la population le texte du discours : en novembre, quatorze millions d'exemplaires sont distribués à travers le Reich[161]. Mais l'action de propagande du parti ne s'arrête pas : le ministère de la Propagande adresse à l'ensemble des responsables du partis, orateurs, Ortgruppenleiter, Kreisleiter et gauleiter, des directives de propagande. Ainsi, le 5 mai 1943, l'ensemble de ces cadres reçoivent une directive intitulée La question juive en tant qu'arme de politique intérieure et étrangère, qui insiste sur la nécessité de maintenir l'attention de la population sur les Juifs, par l'organisation de réunions publiques sur la question de la responsabilité des Juifs dans le déclenchement du conflit, et par la popularisation au sein du parti de l'essai de Goebbels intitulé : « La Guerre et les Juifs »[162].
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+ Confronté à une baisse de moral au sein de la population à la fin de l'hiver 1944-1945, le NSDAP tente de relever l'esprit combattif de la Wehrmacht et de la population civile : ainsi, au mois de mars 1945, est mise en place l'action orateurs. Des orateurs du parti sont dépêchés auprès des unités combattantes et développent auprès des troupes un argumentaire mis au point par Goebbels, destiné à apporter des réponses aux questions soulevée par les soldats du front : les réserves du Reich en armes et en vivres doivent permettre au Reich de tenir, l'efficacité des armes miracles et l'immense superficie nécessaire au déploiement des armées alliées, censée les affaiblir[163]. Ces orateurs ont aussi pour tâche de détourner les critiques vers les Alliés et se voient fournir des argumentaires pour répondre aux objections des soldats ; toutes les réponses contournent les réalités du rapport de force du printemps 1945 pour marteler la certitude de la victoire du Reich, sans rencontrer aucun succès devant les civils (à quelques exceptions près) et les soldats du front[164]. Prenant conscience de l'inutilité de ces actions, Goebbels souhaite à partir du 11 mars 1945 que des mesures brutales soient adoptées contre le défaitisme ambiant qui règne dans le Reich[165].
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+
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+ Sous l'impulsion de Goebbels et de Rosenberg, le parti accentue son inflexion anti-chrétienne. Les sections locales développent le dimanche matin, au moment du culte chrétien, des cérémonies en l'honneur des héros morts à la guerre ou dans le combat politique. Les nationaux-socialistes convaincus, seuls participants à ces cérémonies, écoutent de la musique, de la poésie, des commentaires des citations de Hitler et chantent les hymnes du parti[166]. Ces réunions semblent avoir connu un certain succès. Ce n'est pas le cas des fêtes néo-païennes devant remplacer les fêtes chrétiennes comme Pâques, les mariages ou les baptêmes. La réticence de la population vis-à-vis de la « nouvelle foi » n'empêche pas le parti d'intensifier sa politique de déchristianisation. Le gauleiter de Bavière supprime les prières et les crucifix des écoles publiques ; en réponse, les mères de familles menacent de boycotter les magasins tenus par des membres du parti et d'informer leurs maris au front, ce qui oblige le gauleiter à revenir sur ces décisions. Début 1941, 123 couvents sont fermés. Ce n'est que lorsque Hitler comprend que la guerre va durer, après l'invasion de l'URSS, qu'il renonce à sa politique anticatholique[167] : dans un contexte de guerre totale, le besoin d'unité du peuple se fait plus important.
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+ Cadre traditionnel par excellence, l'armée suscite dès 1933 de fortes réserves de la part du parti. Après l'échec des projets militaires de Röhm, l'armée constitue un soutien solide du régime et du parti. Les succès diplomatiques et militaires des années 1935-1941 renforcent cette alliance, non exempte d'arrière-pensées de part et d'autre. Cependant, à partir de la bataille de Stalingrad, la censure allemande contrôle les lettres de soldats envoyées depuis la ville assiégée à leurs familles restées en Allemagne ; les lettres des officiers en poste dans Stalingrad montrent de la part de ces derniers un fort ressentiment contre le NSDAP, son idéologie et son chef[168] ; la lecture de ces lettres renforce les préventions des dirigeants nazis, essentiellement Goebbels et Hitler, à l'encontre des officiers de carrière[169]. L'attentat raté contre Hitler du 20 juillet 1944 donne l’occasion de mener une violente campagne contre les militaires et les nobles de haut rang. De plus, des rassemblements de soutien au régime sont organisés avec des succès mitigés[170]. Pour renforcer le contrôle du parti sur les militaires, deux directions sont explorées : le contrôle par le parti de la Volkssturm, et la création, effective après bien des tergiversations, des officiers d'action psychologique ou NSFO chargés de diffuser auprès des soldats, sur le front ou en garnison, la propagande national-socialiste[169].
172
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173
+ À La faveur des annexions entre 1938 et 1943, le NSDAP étend son réseau de militants dans les régions annexées. Ainsi, en 1938, l'Autriche, puis les Sudètes connaissent une division en Gaue ; en 1939, l'annexion de larges portions de la Pologne entraîne l'agrandissement du Gau de Prusse-Orientale vers le sud ; le Gau de Silésie se voit agrandi vers l'est, tandis que deux Gaue sont créés, celui de Posnanie et celui de Prusse-Occidentale[171]. Recrutés parmi les vétérans du parti, les gauleiter des Gaue nouvellement constitués cumulent leurs fonctions au sein du parti avec les fonctions de gouverneur, comme l'ensemble de leurs subordonnés[171].
174
+
175
+ Hitler confie à ses proches, membres du parti avant 1925 pour la plupart, créés Reichsleiter ou Gauleiter, l'administration des régions conquises destinées à être intégrées au Reich. Il leur donne des pouvoirs étendus. Dans l'Est de l'Europe, des militants du parti viennent encadrer les minorités allemandes qui y vivaient avant la guerre. Ainsi, dans le gouvernement général de Pologne, 15 000 nationaux-socialistes venus d'Allemagne occupent des postes dans l'administration. Mais en général, le parti envoie les plus médiocres de ses militants pour se débarrasser d'eux. Incapables de gérer le gouvernement général, ils finissent par céder le pouvoir aux SS[172]. Eupen, Malmedy, le grand-duché de Luxembourg, l'Alsace, la Moselle sont annexés de fait et dépendent de gauleiter du Reich. Ceux-ci y introduisent dès 1941 les organisations nationales-socialistes et cherchent à germaniser les populations[173].
176
+
177
+ Les pouvoirs de ces chefs territoriaux sont renforcés encore au mois de juillet 1944., puis après le 20 juillet 1944. En effet, dans la semaine précédant l'attentat, un décret de Hitler intronise ces derniers commissaires à la défense du Reich, ce qui leur confère une autorité sur les militaires en cas d'invasion d'une partie du territoire du Reich[174]. L'attentat renforce encore leur pouvoir, car ils reçoivent par délégation une partie des nouveaux pouvoirs de Goebbels, créé plénipotentiaire pour la guerre totale[175]. Ainsi, ils exercent un contrôle de plus en plus fort sur la vie politique et administrative du Reich, matérialisée par leur congrès tenu le 3 aout 1944, au château de Poznań[176].
178
+
179
+ De plus, en octobre 1944, sur proposition de Heinz Guderian, Hitler avalise la création du Volkssturm dont la commandement est confiée aux gauleiter. Face à l'avancée des troupes alliées, ces derniers ordonnent une défense acharnée des villes, parfois contre l'avis des militaires et de l'administration civile. Celui de Brême, par exemple, oblige la population à résister jusqu'au bout. Mais, dans d'autres régions du Reich, à l'Est notamment, complètement discrédités[177], ils ne sont capables d'organiser ni une véritable défense, à quelques exceptions près, comme Karl Hanke à Breslau, par exemple, ni une évacuation dans des conditions correctes des populations civiles[178] qui prennent la fuite dans des conditions effroyables[179].
180
+
181
+ Dans les dernières semaines du conflit, en raison des fréquents changements d'adresse des administrations de l'État[180], Les gauleiter prennent en charge l'administration du Reich et proposent des solutions pour tenter de retourner le cours des évènements : certains proposent la mise en place de commandos suicide, d'autres des organisations de partisans, tous cependant incarnent la volonté de résister jusqu'au bout[181].
182
+
183
+ Dans le même temps, le décret du 15 février 1945, promulgué par Thierack, à la demande de Hitler, les Gauleiter se voient confier la responsabilité de la mise en œuvre des cours martiales d’exception, composées d'un responsable du NSDAP (ou d'une organisation satellite) et d'un officier[182].
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+
185
+ Substitut de l'administration depuis le milieu des années 1930, le parti nazi occupe de plus en plus des périmètres dévolus à l'administration de l'État. À tous les échelons, du chef de bloc, installé dans son immeuble, au gauleiter, dans son Gau, les membres du parti tentent de maintenir la mobilisation de la population : les responsables nazis organisent ainsi à la fois le déblaiement des décombres dans les villes bombardées, les services de la population dans les batteries antiaériennes, ou encore la répartition de l'aide sociale du parti (différente de celle organisée par l'État)[183]. Ces multiples domaines d'intervention du parti contribuent, avec la terreur qui se déchaîne dans le Reich, à maintenir dans la population un sentiment de docilité envers le régime, lors que celui-ci apparaît davantage chaque jour des quatre premiers mois de l'année 1945, en état de dislocation avancée[184].
186
+
187
+ Dans les premières semaines de l'année 1945, dans le contexte de l'écroulement du front de l'Est et d'échec définitif de l'offensive des Ardennes à l'ouest, les gauleiter se retrouvent chargés de passer leur Gau au peigne fin pour débusquer les soldats débandés et les renvoyer sur le front[185].
188
+
189
+ Parallèlement à ce travail d'appui aux civils et aux militaires, le parti tente de définir, jusqu'aux derniers jours du conflit, les modalités du travail politique, comme le rappelle le Kreisleiter de Freiberg, dans ses instructions du 28 avril 1945, ou encore Goebbels dans Berlin lorsque, début avril 1945, il organise des réunions politiques pour diminuer l'impact des pillages dans la capitale du Reich[186].
190
+
191
+ Malgré ces actions, les permanents du parti ont cependant très mauvaise réputation. L'opinion publique les considère comme des planqués. En 1942, sur 85 000 chefs politiques à plein temps, seuls 15 000 sont mobilisables[187]. En 1943, les Allemands sont indignés d'apprendre qu'ils échappent aussi à la réquisition pour le travail à l'usine. Des rumeurs courent, en Bavière, sur le train de vie princier des dignitaires du parti. Certains militants de ce Land vont jusqu'à ne plus porter l'insigne du parti pour éviter les moqueries de la population et renâclent même devant la formation idéologique[188]. En Bavière, Paul Giesler doit rappeler non seulement aux membres, mais aussi aux permanents du partis, qu'ils doivent porter en permanence leur insigne pour les uns, leur uniforme de service pour les autres[189].
192
+
193
+ Les permanents du parti ont une mission de propagande et présentent la guerre de façon optimiste. Ils font un portrait dévalorisant ou terrifiant des ennemis du Reich. Anglais et Américains sont présentés comme les instruments de la finance juive, l'URSS comme le pays dans lequel la figure du judéo-bolchevique règne en maître et soumet les civils à un régime de terreur. En ce qui concerne l'URSS, Goebbels accrédite l'idée de la bienveillance des peuples conquis. Quand l'armée allemande commence à reculer, la propagande se lance dans des appels à la guerre totale pour la survie du pays. Puis, pour soutenir le moral de la population, elle développe le thème des armes miracles qui renverseront la situation. Cependant pour la population, les héros ne sont pas les membres du NSDAP, mais les militaires. Les soldats eux-mêmes semblent haïr les représentants du parti : à Himmler qui propose de mettre en place des commissaires politiques au sein des unités du front de l'Est, les officiers répondent que ces derniers seraient très probablement assassinés par les hommes dont ils auraient la charge[189].
194
+
195
+ Dans les derniers mois du conflit, les dirigeants et les membres du parti sont les cibles de la colère de la population allemande : tout d'abord en raison de l'acharnement à vouloir continuer inutilement un conflit qui est perçu, même par de nombreux Allemands, comme perdu[190], ensuite en raison de l'incapacité à organiser correctement la Volkssturm, puis en raison de l'inaction dans les évacuations des civils devant les avances alliées et enfin à cause de la propension des membres éminents du parti à fuir vers l'ouest.
196
+
197
+ La fuite vers l'ouest, abondamment rapportée par les populations en fuite vers l'ouest joue un grand rôle dans le discrédit du parti. Ainsi, Arthur Greiser, Gauleiter du Wartheland, le premier Gauleiter à fuir devant l'avance alliée, se replie, après l'accord de Bormann, le 20 janvier 1945, avec son administration, à Francfort-sur-l'Oder : il abandonne ainsi une population civile à elle-même, dans un contexte de débâcle militaire et de fuite éperdue de la population civile vers l'ouest, fuite qu'il a interdite jusqu'au 17 janvier, tout en ne donnant pas de publicité à cette décision[191]. De même, Hans Frank, le prédateur et corrompu gouverneur général de Pologne, se réfugie-t-il à SeichauSichów, en Silésie ; après avoir festoyé dans le château, au grand scandale de la population de la ville, il reprend la route de l'ouest, avec le fruit de ses rapines en Pologne, jusqu'en Bavière[192].
198
+
199
+ Alors que les cadres fuient vers l'ouest et que les coups de boutoir soviétiques se font de plus en plus pressants, les Gauleiter des régions directement menacés, responsables en dernier ressort des décisions d'évacuation des populations civiles, refusent à donner des ordres d'évacuation générale de la population civile, comme Koch, Gauleiter de Prusse-Orientale, à Memel[193], ce qui accentue le discrédit des Gauleiter et, plus généralement du parti, incapable aux yeux des réfugiés (et de proche en proche de l'ensemble de la population du Reich, de mener à bien l'évacuation de la population des Gaue menacés par l'Armée rouge[194]. Refusant de prendre ces mesures, montrant leur incapacité lorsqu'il a fallu encadrer les réfugiés, les cadres du parti sont largement tenus responsables de la confusion régnant dans les provinces orientales à partir de l'automne 1944[195]. Sur le front, la suggestion de Himmler de faire servir les cadres du parti comme officier de la propagande est simplement écartée par les commandants responsables de ce front, qui mettent en avant le risque pour ces cadres de se faire tuer par les soldats de la Wehrmacht[189].
200
+
201
+ Les populations des Gaue occidentaux connaissent eux aussi le même sort : en dépit de proclamations à la guerre à outrance, les responsables territoriaux du parti sont parmi les premiers à fuir à partir du mois de mars.
202
+
203
+ À Vienne, les rapports envoyés à Bormann mentionnent une atmosphère de quasi rébellion et d'insécurité de plus en plus grande pour les militants du NSDAP, qui n'osent plus sortir de chez eux désarmés ; les insultes, les menaces et les crachats semblent devenus leur lot quotidien[196].
204
+
205
+ Pour faire face à ce discrédit, issu du comportement de certains membres du NSDAP, Bormann édicte au cours du mois de février 1945 de nombreuses directives détaillant les sanctions encourues par les responsables ayant abandonné leur poste : ainsi, le 24 février, Bormann rappelle dans une circulaire interne que les défaillants doivent être considérés comme des traîtres[197].
206
+
207
+ Pour tenter de pallier la diffusion de ce discrédit qui pèse sur les responsables, Bormann édicte un certain nombre de circulaires insistant sur l'exemplarité dont doivent faire preuve les cadres et militants du NSDAP[198], notamment celle du 24 février 1945, rendant les fonctionnaires et militants responsables de traîtrise en cas d'abandon de poste[197].
208
+
209
+ Ni le discrédit qui frappe les membres du parti, ni la répression qui s'abat sur ceux qui souhaitent la fin des combats ne masque le processus de désintégration que connaît le parti durant les dernières semaines du conflit[186]. Le contrôle de la chancellerie du parti vole en éclats avec la désorganisation des communications qui sévit dans ce qui reste du Reich à partir du mois de mars 1945 : ainsi, les consignes du pouvoir central à destination des Gauleiter du sud du Reich, relatives à l'accueil et à l'approvisionnement des populations du sud du Reich en fuite devant l'avance de l'Armée rouge, restent-elles lettre morte, malgré les courriers insistantes de Bormann aux Gauleiter du Sud du Reich[199].
210
+
211
+ Cette désintégration est aussi le fait des Gauleiter eux-mêmes, par la politique qu'il mènent : certains abandonnent tout simplement leur circonscription, comme Albert Hoffmann (en), Gauleiter de Westphalie du Sud, ou Erich Koch[200], d'autres se battent jusqu'au bout, comme Karl Hanke à Breslau (avant de prendre la fuite, quelques heures avant la reddition de la ville le 5 mai 1945[201]), Karl Holz en Franconie, mort dans les ruines du siège de police de Nuremberg[202], d'autres, enfin, se rapprochent de Walther Model, comme Josef Grohé, Gauleiter de Cologne-Aix-la-Chapelle, ou Albert Hoffmann[200]. Ce dernier prononce même, de son propre chef, la dissolution du NSDAP dans son Gau le 13 avril, à l'issue d'une réunion avec les Kreisleiter de son district, avant de fuir vers le centre du Reich[200].
212
+
213
+ La fin du conflit exacerbe également certaines rancœurs entre responsables territoriaux : ainsi, à Bayreuth, Fritz Wächtler, est-il exécuté sur ordre de son adjoint et rival Ludwig Ruckdeschel, pour abandon de poste, alors qu'il avait déménagé ses services près de la frontière tchèque[203].
214
+
215
+ Des suicides en masse touchent, entre autres, des cadres du parti devant la débâcle.
216
+
217
+ Ce n'est que le 20 septembre 1945, plusieurs mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, que le NSDAP, qui a déjà disparu dans les faits, est officiellement interdit, dans le cadre d'un accord entre les gouvernements alliés responsables de l'occupation de l'Allemagne[204]. Le procès de Nuremberg (20 novembre 1945-10 octobre 1946) déclare criminelles quatre organisations nazies : le NSDAP, la SS, le SD et la Gestapo. Cela implique que le simple fait d'en avoir fait partie est un crime[205]. En ce qui concerne le NSDAP, seul le corps de chefs du parti est déclaré criminel à savoir, le Führer, la Reichsleitung, les gauleiter et leurs principaux collaborateurs, les Kreitsleiter et leurs collaborateurs, les Ortsgruppenleiter, les Zellenleiter et les Blockleiter. Les simples membres ne sont pas inquiétés s'ils se sont bornés à avoir une carte du NSDAP[206].
218
+
219
+ Dans l'immédiat après-guerre, beaucoup de nationaux-socialistes, et en particulier de SS, furent ainsi détenus dans des camps de prisonniers ou exécutés, soit par la Résistance, soit après procès. Une partie, cependant, échappa à toute condamnation. Si dès 1943, les Alliés avaient mis en place la Commission des crimes de guerre des Nations unies (UNWCS) chargée de dresser une liste des criminels de guerre nazis, celle-ci, ainsi que d'autres organismes nationaux, durent faire face à d'importants problèmes pratiques d'organisation, en particulier après 1947 et le déclenchement officiel de la guerre froide. L'échec du CROWCASS (Registre central des criminels de guerre et des suspects pour la sécurité), créé en mars 1945, est symptomatique de ce changement de priorité politique. De leur côté, certains d'entre eux s'organisaient, par exemple dans l'association d'entre-aide des ex-membres de la Waffen-SS, la Hilfsgemeinschaft auf Gegenseitigkeit der ehemaligen Angehörigen der Waffen-SS créée en 1951 et dissoute en 1992.
220
+
221
+ Les nazis qui échappèrent à la justice dans l'immédiat après-guerre peuvent ainsi être classés en plusieurs catégories :
222
+
223
+ Parmi ces fugitifs, on peut citer, parmi les plus connus, Josef Mengele (mort en 1979), Barbie (qui travailla pour la dictature bolivienne avant d'être rattrapé par la justice française), Eichmann (jugé à Jérusalem), Alois Brunner, Aribert Heim (toujours recherché mais peut-être mort), le commandant de Treblinka Franz Stangl, l'aviateur letton Herberts Cukurs (assassiné par le Mossad), etc. Une partie des fugitifs a été rattrapée par la justice.
224
+
225
+ Enfin, une partie, certes marginale, des anciens cadres nationaux-socialistes réussirent à dissimuler leur passé et à obtenir des postes politiques plus ou moins importants après la guerre. Ces faits ont souvent suscité le scandale et la démission des personnalités concernées quand furent révélées les fonctions qu'ils avaient exercées pendant le national-socialisme. On peut ainsi citer :
226
+
227
+ Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations unies de 1972 à 1981 et président de l'Autriche de 1986 à 1992, est sans doute l'ex-nazi ayant eu les fonctions les plus importantes après-guerre. Waldheim, qui avait été inscrit comme suspect sur la liste de l'UNWCS[207], était membre de la SA et fut Oberleutnant de la Wehrmacht sur le front de l'Est, et on s'intéressa beaucoup à son rôle lors de la bataille de Kozara (Bosnie), dans la 714e division d'infanterie dirigée par le général Friedrich Stahl (it). Bien que l'unité militaire de laquelle il fit partie se fût rendue coupable d'exactions nombreuses, aucune preuve ne l'impliquant directement dans des crimes de guerre n'a pu cependant être fournie[207]. Le département de la Justice des États-Unis refusa toutefois en 1987 de le laisser entrer sur le territoire national, en affirmant qu'il avait pris part à la déportation, au mauvais traitement et à l'exécution de civils et de soldats alliés durant la guerre[207].
228
+
229
+ En 1953, le Sozialistische Reichspartei, qui se présente comme successeur du NSDAP, est interdit. En 1964, le NPD (Nationaldemokratische Partei Deutschlands) est créé. Malgré des propos racistes et d'extrême-droite, le parti n'est toujours pas interdit, même si cette question occupe régulièrement la classe politique allemande.
230
+
231
+ Aux États-Unis, en 1979, suite à de nombreux dysfonctionnements dans la recherche d'anciens criminels nazis parmi les immigrés, la représentante Elizabeth Holtzman a fait voter une loi instituant le Bureau d'enquêtes spéciales (en) (en anglais : Office of Special Investigations), optimisant les procédures d'investigation et renforçant les pouvoirs de sanction du département de la Justice.
232
+
233
+ Le Royaume-Uni, également, vota, après un long débat, le War Crimes Act 1991 (en), qui accordait à ses tribunaux une compétence juridictionnelle sur les personnes soupçonnées de crimes de guerre commis lors de la guerre et ayant par la suite acquis la citoyenneté britannique. La seule personne jugée - et condamnée - en vertu de cette loi fut l'ex-SS Anthony Sawoniuk (en) (Polonais ou Biélorusse).
234
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+ Actuellement, les Européens ne parviennent pas à s'entendre sur une loi commune à propos du nazisme. En janvier 2007, le projet d’interdiction des symboles nazis par tous les pays membres de l'Union européenne a été rejeté. En effet, pour la communauté hindoue britannique, le svastika est avant tout un symbole de paix, et ceci depuis 5 000 ans.
236
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+ L’incitation à la haine raciale et à la xénophobie sont passibles des délits punis de la même manière dans les 27 États membres, par des peines de 1 à 3 ans de prison. Mais le négationnisme n’est délictueux qu’en France, en Allemagne et en Autriche[208].
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+ Factions :Centrisme[8]Libertarianisme[9]Néo-conservatisme[9]Populisme de droite[10],[11]
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+ Le Parti républicain (en anglais : Republican Party, également surnommé Grand Old Party et abrégé en GOP) est l'un des deux grands partis politiques américains contemporains[b]. Il est fondé le 28 février 1854 par des dissidents nordistes du Parti whig et du Parti démocrate, opposés au Kansas-Nebraska Act et à l'expansion de l'esclavage mais aussi aux revendications souverainistes de plusieurs États du Sud. Élu en 1860, Abraham Lincoln a été le premier président républicain.
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+ Supplantant le Parti whig moribond, le GOP devint le principal parti politique du pays alternant au pouvoir avec le Parti démocrate. Depuis sa fondation, le GOP est le parti qui a le plus exercé le pouvoir exécutif aux États-Unis, y compris sur une durée continue (1861-1885)[c].
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+
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+ Parti originellement attaché au libéralisme classique jusqu'à lutter contre l'esclavage avec Abraham Lincoln, l'idéologie du Parti républicain du XXIe siècle est le conservatisme : fiscal, social et sociétal. Le GOP soutient la baisse des impôts, le capitalisme, le libre marché, les restrictions à l'immigration, l'augmentation des dépenses militaires, le droit au port d'armes, les restrictions à l'avortement, la déréglementation et les restrictions aux syndicats.
10
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11
+ Longtemps considéré comme le parti des entrepreneurs et des grandes entreprises (réalignement de 1896), la base électorale du GOP a commencé à évoluer dans les années 1960 quand le parti a effectué une percée dans les États dixiecrat après le vote de la loi sur les droits civiques. Les catégories sociologiques dans lequel l'électorat du parti républicain du XXIe siècle est majoritaire sont les Blancs, les hommes, les femmes blanches[17], les couples mariés, les chrétiens évangéliques, les résidents des zones rurales, les personnes appartenant à la génération silencieuse et à celle du baby boom, les personnes à hauts revenus et les personnes sans diplôme universitaire[18],[19],[20].
12
+
13
+ Dans le référentiel bipartite classique de l’échiquier politique américain, le Parti républicain est classé au centre droit, et de plus en plus nettement à droite, un virage entamé en 1912 et accentué depuis les années 1980 (révolution conservatrice sous Ronald Reagan, révolution républicaine de 1994). Donald Trump, qui investit ses fonctions de président des États-Unis le 20 janvier 2017, est le 20e et plus récent président issu du parti à ce jour[21]. Sous le mandat de celui-ci, le parti adopte un positionnement plus isolationniste en matière de politique extérieure[22],[23].
14
+
15
+ En 2020, des membres du Parti républicain contrôlent la présidence (Donald Trump), la majorité au Sénat américain, une majorité des gouvernorats des États, une majorité des législatures des États (il est notamment majoritaire au gouvernorat et aux deux chambres législatives de 21 États). Cinq des neuf juges de la Cour suprême des États-Unis ont été nommés par des présidents républicains.
16
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17
+ Le Parti républicain est fondé en 1854 à Pittsburgh pour s'opposer à la loi Kansas-Nebraska, autorisant la pratique de l'esclavage au Kansas. Les activistes républicains y voient la preuve du pouvoir des propriétaires d'esclaves, conspirant pour s'emparer du pouvoir fédéral et étendre l'esclavage à tout le pays. Il s'agit pour ses fondateurs de proclamer les vertus républicaines comme l'opposition à l'aristocratie et à la corruption. Le programme du Parti républicain propose alors une vision progressiste et libérale d'une société industrielle et éduquée, fondée sur la liberté individuelle, la promotion sociale par l'effort et le mérite, une société où la loi du marché l'emporte sur toutes les formes d'asservissement économiques comme l'esclavage.
18
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19
+ Les premiers partisans du Parti républicain sont alors les whigs (libéraux) et les démocrates de Nouvelle-Angleterre et de la région des Grands Lacs comme les gouverneurs ou candidats au poste de gouverneurs comme Nathaniel Prentice Banks (Massachusetts), Hannibal Hamlin (Maine), Kinsley Bingham (Michigan), la majorité des membres du Parti du sol libre opposé à l'esclavage se rallièrent à ce nouveau parti.
20
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21
+ C’est à Ripon, le 20 mars 1854, qu’eut lieu la première convention du Parti républicain. Le 6 juillet, à Jackson, les délégués républicains proclamèrent que le nouveau parti était opposé à l’extension de l’esclavage dans les nouveaux territoires et commença à sélectionner des candidats pour les élections au Congrès. Le parti s’organisa rapidement dans tout le pays à l’exception du Sud esclavagiste où il ne comptait quasiment aucun partisan.
22
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23
+ Son moralisme et son puritanisme lui acquièrent rapidement le soutien des Yankees de Nouvelle-Angleterre, de New York et du Midwest, et plus précisément des presbytériens, des méthodistes, des quakers et des luthériens d’origine scandinave. A contrario, il échoue à emporter l’adhésion des catholiques, des épiscopaliens et des luthériens d’origine germanique.
24
+
25
+ En 1856, son premier candidat à l’élection présidentielle est John Frémont sur un programme proposant « une terre libre, la liberté du travail, la liberté d’expression et des hommes libres ». Frémont est battu avec 33 % des voix par le démocrate James Buchanan (45 %), tandis que le vieux Parti whig s’effondre avec seulement 22 % des voix pour son candidat, l’ancien président Millard Fillmore. Néanmoins, le Parti républicain remporte un incontestable succès immédiat puisqu’il s’impose en Nouvelle-Angleterre, à New York et dans les États de la région des grands lacs. Frémont n’obtient cependant presque aucun suffrage dans le sud et échoue face à un candidat démocrate soutenu par un parti rassemblé, unissant les ségrégationnistes du sud et les démocrates « conciliants » du Nord.
26
+
27
+ En 1860, le candidat du Parti républicain est Abraham Lincoln de l’Illinois. Le contexte de l’élection présidentielle est alors très différent de celui de 1856. L’unité démocrate a implosé et le parti présente deux candidats. L’un est un sudiste ségrégationniste, John Cabell Breckinridge, et l’autre un nordiste modéré, Stephen A. Douglas. C’est la chance du candidat républicain. Au soir des élections, Abraham Lincoln est en tête des candidats et par conséquent est élu président avec 39 % des voix alors que les démocrates divisés totalisaient ensemble 48 % des suffrages.
28
+
29
+ L’arrivée au pouvoir d’un républicain « yankee » (nordiste) soutenu par les abolitionnistes déclenche le processus qui mène à la guerre de Sécession.
30
+ Lincoln parvint brillamment à rassembler les courants de son parti autour de lui et à faire front pour défendre l’intégrité de l’Union. Il reçut également dans un premier temps le soutien des démocrates du nord, appelés alors démocrates de guerre tandis que les républicains-radicaux envisageaient déjà de sanctionner durement les sudistes à la fin de la guerre.
31
+
32
+ Quand Lincoln proclama que le but de guerre serait l’abolition de l’esclavage, une partie des démocrates le lâchèrent pour devenir des « démocrates de paix » alors que les partis républicains de chaque État de l’Union se rangeaient à la cause abolitionniste, à l’exception des républicains du Kentucky.
33
+
34
+ En 1862, alors que le pays est en pleine guerre civile, les républicains alliés aux démocrates de guerre remportèrent les élections de mi-mandat. Lincoln est à son tour réélu en 1864 mais est assassiné en avril 1865 par un partisan sudiste alors que la guerre vient de prendre fin avec la victoire des armées de l’Union.
35
+
36
+ Après la victoire des armées du Nord en 1865, les républicains vont dominer la vie politique nationale jusqu’en 1932.
37
+
38
+ Ils imposent la reconstruction au Sud et privent brièvement de droit de vote les États sécessionnistes.
39
+
40
+ En 1864, le Congrès passe sous la domination des républicains-radicaux, résolus à se venger lourdement contre les États confédérés pour avoir brisé l’unité de l’Union et à leur imposer de très dures sanctions économiques.
41
+
42
+ Lincoln était méfiant envers les républicains-radicaux mais en choisissant Andrew Johnson comme vice-président, un sudiste-unioniste, il espérait freiner les appels à la vengeance.
43
+
44
+ Quand Johnson succède à Lincoln après l’assassinat de ce dernier, il rompt ses liens avec les radicaux et constitue une alliance des républicains et démocrates modérés afin de restituer aux sudistes leurs droits politiques. Cependant, lors des élections de 1866, les Radicaux remportent de nouveau la majorité des sièges au Congrès et imposent leur vision politique de la Reconstruction du Sud. Profitant de leur domination, ils tentent de destituer le président Johnson par la procédure d’impeachment mais échouent à une voix près.
45
+
46
+ En 1868, Johnson est contraint de renoncer à solliciter un nouveau mandat et laisse la présidence à un républicain-radical, le général Ulysses S. Grant, chef victorieux de l’armée de l'Union. Les radicaux sont alors à leur zénith politique, contrôlant la Maison-Blanche, le Congrès, le Parti républicain et l’armée. Ils visent alors à construire un bastion républicain dans le sud des États-Unis, basé sur le vote des anciens esclaves devenus des hommes libres, des scalawags (natifs du Sud collaborant avec le nouveau pouvoir), des soldats de l’Union cantonnés dans le Sud, et des Carpetbaggers (immigrés économiques venant du Nord pour faire fortune dans le sud, voyageant avec un sac de voyage en toile à tapis). Dans ce but, les républicains du Sud s’organisent sous forme de ligues unionistes afin de mobiliser les électeurs et de combattre les anciens sécessionnistes dont certains s’organisent sous la bannière du Ku Klux Klan. Les premiers membres afro-américains du Congrès des États-Unis ont été élus sous l'étiquette Républicaine en novembre 1868. Il a fallu attendre 1934 pour que le parti démocrate ait ses premiers candidats noirs.
47
+
48
+ Le président Grant soutint activement la politique des radicaux dans le Sud et la mise en place du 14e amendement sur le droit de vote et les droits civiques des hommes libres. Le vote de ces nouveaux électeurs (noirs, soldats de l’Union, Carpetbaggers) et la privation des droits civiques des anciens officiers et sous-officiers de l’armée confédérée et des partisans connus de la sécession permet la victoire de gouverneurs républicains.
49
+
50
+ Dès 1872 cependant, le Parti républicain connaît des dissensions internes alors que Grant est facilement réélu président contre Horace Greeley, un républicain dissident, soutenu par les libéraux du Parti républicain, menés par Carl Schurz, et les démocrates. Le Parti républicain, omnipotent qu’il est, est alors gangrené par la corruption alors qu’une opposition libérale interne s’active et demande la réconciliation avec les États du Sud, en commençant par mettre fin à la vengeance politique, en rappelant les soldats yankees dans leurs foyers et en rendant leurs droits civiques aux anciens confédérés.
51
+
52
+ En 1873, le pays connaît des problèmes économiques ce qui permet au Parti démocrate de réémerger politiquement et de gagner la chambre des représentants, mettant fin à la domination des radicaux. Dans le Sud, des coalitions anti-républicaines (qui deviendront les « Dixiecrats ») parviennent progressivement à récupérer le contrôle des États, à mettre en fuite les Carpetbaggers, parfois avec violence, tout en réglant leurs comptes aux scalawags et en « dissuadant », par la peur, les anciens esclaves de profiter de leurs droits civiques.
53
+
54
+ En 1876, l’élection présidentielle met un terme définitif à la politique de Reconstruction. L’élection ayant été marquée dans certains États du Sud par la fraude et les intimidations en faveur des républicains, c’est une commission électorale bi-partisane qui proclame finalement vainqueur le candidat républicain Rutherford B. Hayes, minoritaire en voix, après que celui-ci eut promis de rapatrier au nord toutes les troupes fédérales et de rendre leur souveraineté aux trois derniers États sudistes encore sous contrôle fédéral. Ce faisant, démontrant l’échec de la politique des radicaux dans le Sud, Hayes donne aux démocrates un contrôle absolu sur cette région jusqu’en 1964, caractérisé également par l’abandon politique des anciens esclaves et la quasi-disparition du Parti républicain sur le territoire des anciens États confédérés.
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+
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+ En 1874, un dessin politique de Thomas Nast représentant le parti en éléphant fut repris pour symboliser le parti[24].
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+ De 1877 à 1932, malgré son échec dans le Sud, le Parti républicain reste le parti dominant de la vie politique américaine. Il bénéficie de l’assimilation populaire des démocrates à la rébellion (guerre de Sécession), à la minorité catholique (les Irlandais catholiques dominent alors le parti démocrate et dirigent de nombreuses grandes villes) et aux débits de boisson (les intérêts des débiteurs de boissons alcoolisées sont réputés proches des démocrates et non des puritains associés aux républicains).
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+ Divisée entre une aile progressiste et une aile conservatrice, la ligne politique générale du Parti républicain est modérée tantôt libérale tantôt conservatrice, tantôt isolationniste, tantôt internationaliste. La croissance économique est son credo. Il se fait le défenseur de l’économie capitaliste, de l’industrialisation du pays et du développement de ses moyens de transport.
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+ En 1884, il perd la présidence pour la première fois en 24 ans. Son candidat, James Blaine, perçu comme corrompu est battu par le démocrate Grover Cleveland.
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+ En 1890, bien que proches des grands conglomérats et des grandes industries, le Parti républicain est l’initiateur des premières lois antitrust (Sherman Anti-Trust Act, Interstate Commerce Commission) afin de protéger les petits commerces et les agriculteurs.
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+ À partir de 1896 et de l’élection de William McKinley, les républicains s’imposent pour de nombreuses années à la Maison-Blanche et au Congrès, en consolidant l’adhésion de la classe moyenne et des industriels. Le Parti républicain est alors tout à la fois progressiste, capitaliste et puritain. C’est le parti du business. Son emprise est aussi locale où des candidats issus de ses rangs dirigent de nombreuses grandes villes du nord (Détroit avec Hazen Pingree, New York avec Seth Low, Toledo avec Rule Jones…).
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+ Au début du XXe siècle, le mouvement populiste, opposé à la politique économique des Républicains jugées défavorables aux États de l’Ouest, est absorbé par les démocrates. Au contraire, le mouvement progressiste, puissant au début du XXe siècle, qui réclame une moralisation de la vie publique et une meilleure prise en compte des aspirations de la population, inspire certains dirigeants républicains, comme le président Theodore Roosevelt. Dès son arrivée à la présidence en 1901, après l’assassinat de McKinley, il s’oppose aux grandes entreprises, aux trusts et réclame un pouvoir fédéral fort, capable de réglementer l’activité économique. Il proclame également que la prospérité doit être partagée et doit concerner toutes les races et toutes les religions.
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+ En 1908, les premières élections des sénateurs au suffrage direct donnent une large majorité aux républicains (60 républicains contre 40 démocrates).
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+ En 1910, les républicains perdent le contrôle de la chambre des représentants tandis qu’ils se divisent entre progressistes rooseveltiens et conservateurs. En 1912, Roosevelt rompt avec les républicains et se présente comme candidat progressiste contre le président sortant, le républicain William Howard Taft. La division républicaine amène logiquement à un éparpillement des voix (35 % pour Roosevelt, 23 % pour Taft) et conduit le candidat démocrate, Woodrow Wilson (41 % des voix), à la Maison-Blanche et les démocrates à devenir majoritaire au Sénat.
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+ Le Parti républicain reprend la Maison-Blanche et le Congrès dès le début des années 1920 sur un programme économiquement et politiquement isolationniste et anti-SDN. Warren G. Harding, Calvin Coolidge et Herbert Hoover, tous trois républicains, se succèdent à la Maison-Blanche alors que les États-Unis connaissent une vague de prospérité économique sans précédent.
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+ Le krach de 1929 plonge le pays dans la Grande Dépression et les politiques républicaines non interventionnistes axées prioritairement sur l’équilibre budgétaire paraissent inadaptées à stopper la montée du chômage et à freiner les faillites. En 1932, pour la première fois depuis la guerre de Sécession, les républicains perdent le contrôle de la majorité des grandes villes du pays. Ils vont ensuite perdre la Maison-Blanche, le Congrès, la majorité des postes de gouverneurs et le vote des noirs du Nord du pays. L’année 1936 est la pire année politique de l'histoire des républicains. Lors de l’élection présidentielle, le démocrate Franklin Delano Roosevelt est triomphalement réélu contre le républicain Alf Landon. Seuls deux États, le Vermont et le Maine, restent alors fidèles au parti de Lincoln alors qu’au Congrès, 17 sénateurs et 88 représentants républicains rescapés font face à un « rouleau compresseur » composé de 79 sénateurs et 334 représentants démocrates.
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+ Réduit à un pôle minoritaire, le Parti républicain très divisé doit se reconstruire. Il se replie d’abord principalement sur deux courants, l’un conservateur issu de l’ouest et du sud-est du pays et l’autre libéral issu de Nouvelle-Angleterre, tous deux emprunts d’un résidu de la pensée progressiste, autrefois incarnée par Teddy Roosevelt. En 1936, Alf Landon, le gouverneur du Kansas, un républicain favorable au New Deal, l’emporte sur le courant conservateur soutenu par Herbert Hoover et devient le candidat républicain à la présidence. Il est cependant laminé par Franklin Roosevelt. Le parti est alors de nouveau tiraillé entre les isolationnistes, opposants au New Deal comme le sénateur Robert Taft de l’Ohio et les libéraux du nord-est comme Thomas Dewey, le gouverneur de l'État de New York, plus favorable au New Deal. Ainsi, divisé, le parti est par conséquent incapable de faire front face aux démocrates.
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+ À partir de 1939, Robert Taft est la figure de proue des opposants à Roosevelt. Au Sénat, il fédère autour de lui les conservateurs et les démocrates du Sud sur des positions économiques isolationnistes, non interventionnistes en matière de politique étrangère et hostiles au New Deal.
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+ Après 1941 et l'attaque de Pearl Harbor, les républicains jouent le jeu de l’union nationale derrière le gouvernement et au nom de la « realpolitik », en 1945, le Parti républicain accepte l’implication forcée des États-Unis dans les affaires du monde dans le contexte de guerre froide bien qu’en 1947, les isolationnistes menés par Taft tentent encore de s’opposer à l’adhésion du pays à l’ONU et à saper la fondation de l’OTAN. Et c’est de justesse qu’ils approuvent le plan Marshall, pourtant concocté par un républicain.
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+ Le Parti républicain commence pourtant à regagner la faveur de l’opinion comme le démontrent ses victoires au Congrès en 1946 qui leur permet l'année suivante de faire adopter, en dépit de l'hostilité du président Harry S. Truman, la loi Taft-Hartley dont l'objet est de diminuer les prérogatives des syndicats et de limiter le droit de grève.
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+ En 1948, Thomas Dewey échoue cependant de justesse à l’élection présidentielle face à Harry S. Truman, jugé plus crédible pour défendre les États-Unis face au communisme. En effet, à cette époque, des républicains isolationnistes comme Robert Taft s’inquiètent davantage de la bureaucratie et du niveau des dépenses publiques que des conséquences du rideau de fer tombé sur l’Europe.
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+ En 1952, le général Dwight D. Eisenhower, un internationaliste de la lignée politique de Dewey, partisan de l’Organisation du traité de l'Atlantique nord, l’emporte lors de primaires républicaines présidentielles sur Robert Taft. Eisenhower est élu président en novembre 1952, mettant fin à 20 années de règne démocrate sur la Maison-Blanche alors que le pays est en plein maccarthysme. Il ne remet pas en cause le New Deal et étend le système de sécurité sociale, met en œuvre un système autoroutier inter-État, poursuit la politique américaine de son prédécesseur face au communisme et fait respecter dans l’ancien Sud confédéré, au besoin par l’armée, les arrêts de la Cour suprême des États-Unis en matière de déségrégation raciale. Eisenhower est réélu facilement en 1956 mais l’échec de Richard Nixon en 1960 face au candidat démocrate John Fitzgerald Kennedy permet à l’aile conservatrice du parti de prendre de l’ascendant sur l’aile modérée, héritée de Dewey, en imposant ses candidats aux présidentielles (Barry Goldwater en 1964, Ronald Reagan en 1980, George W. Bush en 2000).
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+ À partir des années 1960, les républicains récupèrent les thèmes conservateurs propres aux blancs du Sud et de l'ouest, comme la méfiance vis-à-vis de l’État fédéral et la défense des droits des États fédérés contre les empiétements du pouvoir central. Dans les années 1970, le parti opère une percée dans le Sud grâce à cette ligne conservatrice en accaparant le vote des électeurs blancs qui désertent avec leurs élus le parti démocrate dominé alors par l'aile gauche du parti. En reprenant ainsi dans le sud des thèmes comme la généralisation de la prière à l’école, les droits des états fédérés, l’interdiction de l’avortement ou la défense des valeurs familiales, les républicains parviennent dans les années 1970 et 1980, à y faire élire des gouverneurs, pour la première fois depuis la fin de la période de reconstruction (la Géorgie se dote ainsi en 2001 de son premier gouverneur républicain en 124 ans). En même temps, le parti rompt avec la tradition isolationniste symbolisée autrefois par Robert Taft et entreprend une politique étrangère active dont l’objet est l’endiguement du communisme par tous les moyens. Cette politique symbolisée par le Secrétaire d’État Henry Kissinger oblige néanmoins à quelques choix inattendus comme la reconnaissance de la République populaire de Chine, le début en 1972 des négociations sur la limitation des armements stratégiques avec l'URSS et le retrait des forces américaines du Viêt Nam.
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+ Dans les années 1980, la « révolution conservatrice » lancée par le président Ronald Reagan finit d’ancrer nationalement le parti à droite, malgré l’intermède de 1989 à 1993 de la présidence de George Bush, représentant de l’aile réformiste.
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+ En 1984, Ronald Reagan est triomphalement réélu, remportant 49 des 50 États du pays puis contribue à faire élire en 1988 son vice-président, George H. W. Bush, à la présidence du pays. Cependant, en dépit de ces victoires présidentielles, le Parti républicain peine à renverser la majorité démocrate du Congrès.
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+ En 1992, le parti est de nouveau victime de ses divisions. Le courant conservateur, qui n’a pas digéré les augmentations d’impôts du président, préfère alors soutenir un dissident, Ross Perot, privant George H. W. Bush d’une réélection annoncée. Les deux premières années du mandat du démocrate Bill Clinton à la Maison-Blanche, maladroitement gérées, permettent aux républicains de se rassembler sur un programme conservateur intitulé « contrat avec l’Amérique ».
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+ En 1994, pour la première fois depuis 40 ans, le Parti républicain remporte les deux chambres du Congrès et redevient majoritaire. Il le restera jusqu’en 2007 (à l’exception des années 2001-2002 pour le Sénat).
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+ Depuis les années 1980-90, le Parti républicain remplace le parti démocrate dans ses anciennes zones d’influence, à savoir le Sud, mais perd bon nombre d’électeurs en Nouvelle-Angleterre, dans les Grands Lacs et sur la côte Ouest. Si le parti se maintient encore localement dans ses anciennes places fortes grâce à des élus modérés, il est nationalement ancré au sud et à l’ouest non côtier. En 2007, 20 des 26 sénateurs des États de l’ancienne Confédération sont républicains. Il y a 30 ans, ils étaient tous démocrates.
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+ De 2001 à 2009, les républicains conservateurs étaient à la Maison-Blanche avec le président George W. Bush, et le vice-président, Dick Cheney, réélus en 2004.
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+ Depuis la révolution conservatrice menée sous Ronald Reagan dans les années 1980, le Parti républicain est dominé par sa branche conservatrice. Celle-ci s’est renforcée en 1994 avec la conquête du Congrès mené par Newt Gingrich et son « contrat pour l’Amérique » puis avec l’arrivée au pouvoir du Texan conservateur George W. Bush, fils du 41e président des États-Unis.
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+ Cette branche conservatrice s’appuie sur ses bastions électoraux du Sud et de l’Ouest et repose sur un électorat essentiellement blanc (à dominante WASP), banlieusard et rural, patriote et évangélique. Cette posture conservatrice lui a aussi attiré, dans une moindre mesure, un soutien non négligeable de la communauté hispanique et des catholiques, traditionnellement démocrates. Par ailleurs, une majorité des républicains sont climato-sceptiques. Un sondage de 2015 du Pew Research Center indiquait que 64 % des individus s'identifiant comme démocrates reconnaissaient le changement climatique d'origine anthropique, contre 22 % chez les républicains[25].
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+ La branche modérée dite libérale (au sens américain du terme) du Parti républicain (représentée par Arnold Schwarzenegger, Arlen Specter, Olympia Snowe, Susan Collins, Gordon Smith, Jim Douglas, Rudy Giuliani) a été la victime de la droitisation du parti.
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+ Ses places fortes du nord-est et de la Californie se sont effondrées d’abord lors des élections présidentielles puis lors des élections locales et fédérales. Les élus républicains qui ont réussi à s’y maintenir sont souvent en dissidence de la ligne officielle conservatrice du parti et de l’administration de George W. Bush. À cause de l'impopularité du président, le parti a perdu le contrôle des deux chambres du Congrès dans les élections de mi-mandat en 2006.
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+ Une petite branche centriste incarnée par John McCain ou George H. W. Bush subsiste pour tenter de rassembler l’aile gauche et l’aile droite du parti et d’incarner ainsi la tradition historique modérée du Parti républicain. Ses représentants comme Rudolph Giuliani, John McCain et Mitt Romney furent les candidats favoris des sondages pour représenter le camp républicain lors de l'élection présidentielle en 2008 au côté de l'ancien sénateur (conservateur) du Tennessee et acteur de cinéma, Fred Thompson.
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+ Le 4 septembre 2008, lors de la réunion de la convention nationale républicaine à Saint Paul (Minnesota), les délégués républicains confirmèrent John McCain, qui s'était imposé lors des élections primaires, comme candidat à l'élection présidentielle de 2008, ainsi que Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, comme candidate à la vice-présidence. Lors de l'élection du 4 novembre 2008, John McCain est battu par le candidat démocrate, Barack Obama.
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+ Lors des élections sénatoriales de mi-mandat de novembre 2010, le parti présente plusieurs candidats issus du mouvement des Tea Party, notamment dans le Nevada, le Kentucky et l'Alaska. Dans les élections, le parti a repris une majorité dans la Chambre des représentants avec 242 des 435 sièges, et il a augmenté sa minorité dans le Sénat avec 47 des 100 sièges. De plus, après l'élection, 29 des 50 États seront dirigés par un gouverneur républicain.
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+ Longtemps considéré comme le parti de l'« Amérique blanche », le Parti républicain s'est féminisé et a accordé une place importante à la diversité depuis le début de la décennie, avec notamment l'élection des gouverneurs Jindal et Haley (d'origine asiatique), celle des gouverneurs Martinez et Sandoval (d'origine hispanique), ainsi que l'élection de nombreux membres issus des minorités ethniques au Congrès comme les sénateurs Marco Rubio, Ted Cruz et Tim Scott et la représentante Mia Love[26]. On peut également souligner la candidature d'Herman Cain, un temps favori et premier afro-américain à avoir eu une chance de décrocher l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012[27]. Pour l'élection présidentielle de 2016, cette ouverture aux minorités se concrétise par la candidature de l'Afro-américain Ben Carson, des sénateurs hispaniques Cruz et Rubio et du gouverneur Jindal pour décrocher l'investiture républicaine. Le 1er février 2016, les caucus de l'Iowa ont vu la victoire de Ted Cruz, devenu ainsi le premier Latino-Américain, tous partis confondus, à gagner une primaire[28].
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+
120
+ Paradoxalement, le Parti républicain est confronté, à l'occasion de ses primaires en vue de l'élection présidentielle de 2016, à une vague populiste sans précédent : la campagne est en effet largement dominée par le milliardaire Donald Trump, qui, dans un langage volontiers vulgaire et violent, accumule les déclarations contre l'immigration, notamment musulmane (qu'il veut interdire d'entrée aux États-Unis)[29] et mexicaine (contre qui il propose de construire un mur)[30], ainsi que pour un retour à l'isolationnisme[31] et un durcissement de l'emprisonnement des terroristes, caractérisé notamment par le retour à la torture[32] utilisée lors de l'administration Bush. Ce discours décrit[Par qui ?] comme extrêmement dur, accompagné d'une critique de « l'establishment », le place au centre de la campagne où il enchaîne les victoires et domine rapidement la course aux délégués. Cette montée du populisme au sein du Parti républicain est confirmée par les très bons scores de l'outsider Ted Cruz, sénateur au discours très religieux et même plus à droite que Trump sur un certain nombre de sujets[33], et par les scores médiocres voire mauvais de Jeb Bush[33], Marco Rubio[34] et John Kasich, considérés comme les favoris de l'establishment. La direction du parti tente alors plusieurs moyens de faire perdre Trump[35], n'approuvant pas ses manières vulgaires[36], ses déclarations considérées comme racistes par certains[37], la plupart de ses idées, son instabilité, et craignant une lourde défaite face au candidat démocrate lors de l'élection générale[38].
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+ En novembre 2016, Donald Trump remporte l'élection présidentielle en dépit des pronostics peu favorables[39]. Il est officiellement investi en tant que président des États-Unis le 20 janvier 2017. Ses premières mesures visent à réduire le champ d'action de l'Obamacare, se retirer du traité transatlantique et limiter le financement d'ONG pro-avortement ; ce dont les républicains se félicitent[40].
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+ Le Parti républicain paraît plus homogène que le Parti démocrate bien qu’il soit également traversé par de nombreux courants internes souvent contradictoires. On discerne ainsi deux grands courants, l'un conservateur et l'autre modéré, tous deux divisés entre plusieurs factions qui ne sont pas exclusives les unes des autres dont notamment :
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+ Depuis les années 1980, on distingue un antagonisme assez prononcé, bien que non exclusif, entre les républicains de l’ouest, libertariens et individualistes, et ceux du Sud, chrétiens fondamentalistes, concentrées sur les valeurs morales et religieuses.
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+ Le Parti républicain est globalement considéré comme un parti politiquement à droite, socialement plus conservateur et économiquement plus libertarien que son homologue démocrate. Proche des milieux d’affaires, il compte très peu de soutiens chez les syndicats.
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+ Le Parti républicain considère que c’est le seul Congrès des États-Unis qui doit légiférer au niveau national et que les juges, notamment ceux de la Cour suprême, n’ont pas à interpréter la constitution pour créer parallèlement d’autres normes à valeur législatives ou constitutionnelles (cas du droit à l’avortement avec l’arrêt Roe v. Wade). C’est ce que les républicains appellent l’activisme judiciaire. Les républicains centristes considèrent cependant que c’est le travail des juges d’interpréter la constitution et de protéger les droits des citoyens contre l’abus du pouvoir législatif ou du pouvoir exécutif.
131
+
132
+ Les républicains ont historiquement défendu le développement du pouvoir fédéral au détriment des pouvoirs des États. Mais ils ont ensuite opté pour une redéfinition des compétences en choisissant de limiter le pouvoir de l’État fédéral au profit des différents États constituant les États-Unis. Les libertariens sont ainsi les plus hostiles au pouvoir fédéral.
133
+
134
+ Dans cette optique libertarienne, le Parti républicain est hostile à un système de sécurité sociale universel tel qu’il existe au Canada et en Europe. Il défend le principe d’un système de santé individuel secondé par une sécurité sociale gratuite pour les plus âgés et les plus démunis.
135
+
136
+ Le Parti républicain défend le principe d’une fiscalité modérée (baisse d’impôts), d’une intervention réduite au minimum de l’État dans l’économie. Ainsi, le principe du moindre État se résume dans la déclaration du président Ronald Reagan dans son discours inaugural en 1981 quand il déclara que « dans les temps de crise, le gouvernement n’est pas la solution à vos problèmes, le gouvernement est le problème »[41]. Partisan du libéralisme économique, le Parti républicain préfère le développement des accords de libre-échange bilatéraux aux grands accords internationaux. D’ordinaire, il préconise la maitrise des dépenses et le principe de l’équilibre budgétaire, sans nécessairement s'y tenir.[réf. nécessaire]
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+
138
+ Le Parti républicain défend l’individualisme contre le collectivisme et le communautarisme et ses membres sont majoritairement hostiles à la politique de discrimination positive et aux quotas raciaux, globalement parce qu’ils refusent de faire de distinctions entre Américains[d]. Partisans de l’école libre et donc de laisser aux parents le droit de choisir l’école de leurs enfants, les républicains sont favorables à l’évaluation qualitative de l’enseignement et des résultats scolaires dans les écoles publiques. La branche conservatrice du parti soutient le principe de la prière à l’école dans les établissements publics tout comme une partie de ce courant soutient la thèse du dessein intelligent (créationniste), opposé au darwinisme.
139
+
140
+ Au nom de la responsabilité individuelle, les républicains sont aussi souvent des partisans de la liberté de ports d’armes et de la répression maximum en matière de criminalité. Ainsi, ils sont très largement favorables à la peine de mort.
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+
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+ Dans une moindre mesure, les républicains sont favorables également à la restriction du droit à l’avortement.
143
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144
+ Ils sont aussi très majoritairement hostiles au mariage homosexuel mais plus divisés sur les unions civiles homosexuelles (les libertariens y sont plutôt favorables).
145
+
146
+ Le parti est particulièrement divisé sur les recherches sur les cellules souches à partir d’embryons humains, sur les problèmes liés à l’environnement (protocole de Kyoto, forages en Alaska…) et sur la politique d’immigration à tenir envers les Hispaniques.
147
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148
+ À la suite des attentats du 11 septembre 2001, un courant jusque-là discret et très minoritaire a pris de l’ascendant sur le Parti républicain. Le courant néo-conservateur a imposé une politique étrangère unilatéraliste et idéaliste concrétisée par une hostilité renforcée au multilatéralisme et à l’ONU, par la Guerre d'Afghanistan en 2001 puis surtout par la guerre d'Irak à partir de 2003, le but étant d’apporter la paix et la démocratie au Moyen-Orient. Cette politique a été néanmoins remise en cause électoralement à la fin de l’année 2006.
149
+
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+ En 2006, la base sociale du Parti républicain se compose majoritairement d’hommes d’affaires, d’entrepreneurs et des membres de professions libérales. On y trouve majoritairement des hommes, des Blancs d’ascendance WASP[e],[f], des couples mariés avec enfants, des banlieusards, des habitants de zones rurales et des chrétiens (61 % des pratiquants, 59 % de protestants et 52 % de catholiques en 2004[g]). En 2004, le président Bush a obtenu aussi le vote de 41 % des 20 % Américains les plus pauvres, 55 % des 20 % les plus riches et 53 % des 60 % Américains des classes moyennes.
151
+
152
+ Seulement 23-25 % des membres de la communauté homosexuelle votent pour les candidats du Parti républicain.
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+ Selon l'écrivain et commentateur politique démocrate Ben Rhodes, par ailleurs ancien conseiller adjoint de Barack Obama à la sécurité nationale, le parti républicain, au moment de l'entrée de Donald Trump dans la sphère politique, se trouve « intellectuellement et moralement en faillite », « n'a aucune philosophie de gouvernement » et fait preuve d'une « mentalité puérile », en s'opposant sans aucune rationalité à n'importe quelle mesure ou prise de position de Barack Obama ou des démocrates, par exemple sur la question du changement climatique[42]. Considérant que le GOP a glissé à l'extrême droite[42], Rhodes porte une critique virulente de l'administration Trump, qu'il qualifie d'« immorale »[42].
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+ Depuis 1856, les candidats du Parti républicain ont remporté 23 des 39 élections présidentielles dont 7 des 11 dernières élections depuis 1968. Le parti compte dans ses rangs 18 des 28 derniers présidents américains.
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+ Le Parti républicain a dominé quasi sans interruption les deux chambres du Congrès des États-Unis de 1995 à 2007 et de 2015 à 2019.
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+ En 2005, si autant d'Américains se déclaraient républicains que démocrates (39 % chacun), ils étaient, selon le recensement de 2004, 55 millions à être enregistrés sur les listes électorales comme républicains contre 72 millions en tant que démocrates et 42 millions en tant qu'indépendants[43].
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+ En janvier 2011, les 23 plus grandes villes du pays dirigées par un maire républicain ou issu de ses rangs étaient New York[44], Dallas, San Diego, Jacksonville, Indianapolis, Oklahoma City, Tucson, Albuquerque, Fresno, Mesa, Virginia Beach, Miami, Tulsa, Colorado Springs, Arlington, Anaheim, Greensboro, St. Petersburg, Reno, Vancouver, Topeka, Manchester et Bismarck auxquelles s'ajoutent notamment les villes de Cedar Rapids, Stratford, Norwich et Knoxville.
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+ En 2017, sur 50 États, le pays compte 33 gouverneurs républicains[45] : en Alabama, Arizona, Arkansas, Caroline du Sud, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Floride, Géorgie, Idaho, Illinois, Indiana, Iowa, Kansas, Kentucky, Maine, Maryland, Michigan, Massachusetts, Mississippi, Missouri, Nebraska, Nevada, New Hampshire, New Jersey, Nouveau-Mexique, Ohio, Oklahoma, Tennessee, Texas, Utah, Vermont, Virginie, Wisconsin et Wyoming.
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+ À partir janvier 2009, le Parti républicain domine la législature (les deux chambres locales) de 13 États fédérés et en partage 13 autres avec le parti démocrate[46]. À la suite des élections de novembre 2010, le Parti républicain contrôle depuis janvier 2011 les législatures de 26 états (contre 18 pour les Démocrates) et en partage au moins 4 autres (contrôlant au moins l'une des deux chambres de la législature d’État)[47],[48] :
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168
+ Kevin McCarthy, chef de la minorité à la Chambre des représentants
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+ Mitch McConnell, chef de la majorité au Sénat.
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+ L’industrie du cinéma américain est connue aux États-Unis pour être un bastion du « libéralisme » (progressisme) américain et du parti démocrate. Certains s’amusent à comparer la cérémonie des Oscars avec une assemblée de généreux donateurs au parti démocrate.
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+ Cependant, des stars se sont affichées comme républicaines ou ont soutenu des candidats républicains lors des élections présidentielles.
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+ Par le passé, le Parti républicain pouvait toujours compter sur le soutien de John Wayne, Cecil B. DeMille, Gary Cooper, Glenn Ford, James Stewart, Cary Grant ou Sonny Bono. D’anciens démocrates les avaient ralliés comme Ronald Reagan (sous Eisenhower), Frank Sinatra (sous Richard Nixon), Charlton Heston (sous Ronald Reagan) ou Lara Flynn Boyle (sous George W. Bush).
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+ Plus récemment, d’autres acteurs, cinéastes ou producteurs du monde du spectacle ont affiché leur appartenance au parti de Reagan ou soutenu les candidats républicains lors d'élections présidentielles. Parmi ceux-ci, on peut citer Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis, Clint Eastwood, Robert Duvall, James Woods, Dennis Hopper, Jon Voight, Tom Selleck, Kelsey Grammer, Gary Sinise, Marc Cherry, Jerry Bruckheimer, Rip Torn, Adam Sandler, Melissa Gilbert, Bruce Boxleitner, Dennis Miller, Britney Spears, Heather Locklear, Sarah Michelle Gellar, Freddie Prinze Jr. ou encore, plus récemment, Angie Harmon (star de la série Rizzoli & Isles)[52].
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+ L’éléphant comme emblème du Parti républicain remonte à la campagne présidentielle de 1860. On l’aperçoit d’abord dans The Rail Splitter, journal soutenant Abraham Lincoln. Quatre ans plus tard, l'éléphant est revu dans un autre journal dont le nom laisse peu de place au doute, Father Abraham. Mais il semble être vraiment associé aux Républicains quand, en 1874, le dessinateur Thomas Nast représente un éléphant faisant face à un âne déguisé en lion dans Harper’s Weekly. Ce dernier effraie tout le monde, sauf l’éléphant, qui joue de la trompe et sur lequel est écrit « le vote républicain »[54].
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+ Factions :Centrisme[8]Libertarianisme[9]Néo-conservatisme[9]Populisme de droite[10],[11]
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+ Le Parti républicain (en anglais : Republican Party, également surnommé Grand Old Party et abrégé en GOP) est l'un des deux grands partis politiques américains contemporains[b]. Il est fondé le 28 février 1854 par des dissidents nordistes du Parti whig et du Parti démocrate, opposés au Kansas-Nebraska Act et à l'expansion de l'esclavage mais aussi aux revendications souverainistes de plusieurs États du Sud. Élu en 1860, Abraham Lincoln a été le premier président républicain.
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+ Supplantant le Parti whig moribond, le GOP devint le principal parti politique du pays alternant au pouvoir avec le Parti démocrate. Depuis sa fondation, le GOP est le parti qui a le plus exercé le pouvoir exécutif aux États-Unis, y compris sur une durée continue (1861-1885)[c].
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+
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+ Parti originellement attaché au libéralisme classique jusqu'à lutter contre l'esclavage avec Abraham Lincoln, l'idéologie du Parti républicain du XXIe siècle est le conservatisme : fiscal, social et sociétal. Le GOP soutient la baisse des impôts, le capitalisme, le libre marché, les restrictions à l'immigration, l'augmentation des dépenses militaires, le droit au port d'armes, les restrictions à l'avortement, la déréglementation et les restrictions aux syndicats.
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+
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+ Longtemps considéré comme le parti des entrepreneurs et des grandes entreprises (réalignement de 1896), la base électorale du GOP a commencé à évoluer dans les années 1960 quand le parti a effectué une percée dans les États dixiecrat après le vote de la loi sur les droits civiques. Les catégories sociologiques dans lequel l'électorat du parti républicain du XXIe siècle est majoritaire sont les Blancs, les hommes, les femmes blanches[17], les couples mariés, les chrétiens évangéliques, les résidents des zones rurales, les personnes appartenant à la génération silencieuse et à celle du baby boom, les personnes à hauts revenus et les personnes sans diplôme universitaire[18],[19],[20].
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+
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+ Dans le référentiel bipartite classique de l’échiquier politique américain, le Parti républicain est classé au centre droit, et de plus en plus nettement à droite, un virage entamé en 1912 et accentué depuis les années 1980 (révolution conservatrice sous Ronald Reagan, révolution républicaine de 1994). Donald Trump, qui investit ses fonctions de président des États-Unis le 20 janvier 2017, est le 20e et plus récent président issu du parti à ce jour[21]. Sous le mandat de celui-ci, le parti adopte un positionnement plus isolationniste en matière de politique extérieure[22],[23].
14
+
15
+ En 2020, des membres du Parti républicain contrôlent la présidence (Donald Trump), la majorité au Sénat américain, une majorité des gouvernorats des États, une majorité des législatures des États (il est notamment majoritaire au gouvernorat et aux deux chambres législatives de 21 États). Cinq des neuf juges de la Cour suprême des États-Unis ont été nommés par des présidents républicains.
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+
17
+ Le Parti républicain est fondé en 1854 à Pittsburgh pour s'opposer à la loi Kansas-Nebraska, autorisant la pratique de l'esclavage au Kansas. Les activistes républicains y voient la preuve du pouvoir des propriétaires d'esclaves, conspirant pour s'emparer du pouvoir fédéral et étendre l'esclavage à tout le pays. Il s'agit pour ses fondateurs de proclamer les vertus républicaines comme l'opposition à l'aristocratie et à la corruption. Le programme du Parti républicain propose alors une vision progressiste et libérale d'une société industrielle et éduquée, fondée sur la liberté individuelle, la promotion sociale par l'effort et le mérite, une société où la loi du marché l'emporte sur toutes les formes d'asservissement économiques comme l'esclavage.
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+
19
+ Les premiers partisans du Parti républicain sont alors les whigs (libéraux) et les démocrates de Nouvelle-Angleterre et de la région des Grands Lacs comme les gouverneurs ou candidats au poste de gouverneurs comme Nathaniel Prentice Banks (Massachusetts), Hannibal Hamlin (Maine), Kinsley Bingham (Michigan), la majorité des membres du Parti du sol libre opposé à l'esclavage se rallièrent à ce nouveau parti.
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+
21
+ C’est à Ripon, le 20 mars 1854, qu’eut lieu la première convention du Parti républicain. Le 6 juillet, à Jackson, les délégués républicains proclamèrent que le nouveau parti était opposé à l’extension de l’esclavage dans les nouveaux territoires et commença à sélectionner des candidats pour les élections au Congrès. Le parti s’organisa rapidement dans tout le pays à l’exception du Sud esclavagiste où il ne comptait quasiment aucun partisan.
22
+
23
+ Son moralisme et son puritanisme lui acquièrent rapidement le soutien des Yankees de Nouvelle-Angleterre, de New York et du Midwest, et plus précisément des presbytériens, des méthodistes, des quakers et des luthériens d’origine scandinave. A contrario, il échoue à emporter l’adhésion des catholiques, des épiscopaliens et des luthériens d’origine germanique.
24
+
25
+ En 1856, son premier candidat à l’élection présidentielle est John Frémont sur un programme proposant « une terre libre, la liberté du travail, la liberté d’expression et des hommes libres ». Frémont est battu avec 33 % des voix par le démocrate James Buchanan (45 %), tandis que le vieux Parti whig s’effondre avec seulement 22 % des voix pour son candidat, l’ancien président Millard Fillmore. Néanmoins, le Parti républicain remporte un incontestable succès immédiat puisqu’il s’impose en Nouvelle-Angleterre, à New York et dans les États de la région des grands lacs. Frémont n’obtient cependant presque aucun suffrage dans le sud et échoue face à un candidat démocrate soutenu par un parti rassemblé, unissant les ségrégationnistes du sud et les démocrates « conciliants » du Nord.
26
+
27
+ En 1860, le candidat du Parti républicain est Abraham Lincoln de l’Illinois. Le contexte de l’élection présidentielle est alors très différent de celui de 1856. L’unité démocrate a implosé et le parti présente deux candidats. L’un est un sudiste ségrégationniste, John Cabell Breckinridge, et l’autre un nordiste modéré, Stephen A. Douglas. C’est la chance du candidat républicain. Au soir des élections, Abraham Lincoln est en tête des candidats et par conséquent est élu président avec 39 % des voix alors que les démocrates divisés totalisaient ensemble 48 % des suffrages.
28
+
29
+ L’arrivée au pouvoir d’un républicain « yankee » (nordiste) soutenu par les abolitionnistes déclenche le processus qui mène à la guerre de Sécession.
30
+ Lincoln parvint brillamment à rassembler les courants de son parti autour de lui et à faire front pour défendre l’intégrité de l’Union. Il reçut également dans un premier temps le soutien des démocrates du nord, appelés alors démocrates de guerre tandis que les républicains-radicaux envisageaient déjà de sanctionner durement les sudistes à la fin de la guerre.
31
+
32
+ Quand Lincoln proclama que le but de guerre serait l’abolition de l’esclavage, une partie des démocrates le lâchèrent pour devenir des « démocrates de paix » alors que les partis républicains de chaque État de l’Union se rangeaient à la cause abolitionniste, à l’exception des républicains du Kentucky.
33
+
34
+ En 1862, alors que le pays est en pleine guerre civile, les républicains alliés aux démocrates de guerre remportèrent les élections de mi-mandat. Lincoln est à son tour réélu en 1864 mais est assassiné en avril 1865 par un partisan sudiste alors que la guerre vient de prendre fin avec la victoire des armées de l’Union.
35
+
36
+ Après la victoire des armées du Nord en 1865, les républicains vont dominer la vie politique nationale jusqu’en 1932.
37
+
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+ Ils imposent la reconstruction au Sud et privent brièvement de droit de vote les États sécessionnistes.
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+
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+ En 1864, le Congrès passe sous la domination des républicains-radicaux, résolus à se venger lourdement contre les États confédérés pour avoir brisé l’unité de l’Union et à leur imposer de très dures sanctions économiques.
41
+
42
+ Lincoln était méfiant envers les républicains-radicaux mais en choisissant Andrew Johnson comme vice-président, un sudiste-unioniste, il espérait freiner les appels à la vengeance.
43
+
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+ Quand Johnson succède à Lincoln après l’assassinat de ce dernier, il rompt ses liens avec les radicaux et constitue une alliance des républicains et démocrates modérés afin de restituer aux sudistes leurs droits politiques. Cependant, lors des élections de 1866, les Radicaux remportent de nouveau la majorité des sièges au Congrès et imposent leur vision politique de la Reconstruction du Sud. Profitant de leur domination, ils tentent de destituer le président Johnson par la procédure d’impeachment mais échouent à une voix près.
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+ En 1868, Johnson est contraint de renoncer à solliciter un nouveau mandat et laisse la présidence à un républicain-radical, le général Ulysses S. Grant, chef victorieux de l’armée de l'Union. Les radicaux sont alors à leur zénith politique, contrôlant la Maison-Blanche, le Congrès, le Parti républicain et l’armée. Ils visent alors à construire un bastion républicain dans le sud des États-Unis, basé sur le vote des anciens esclaves devenus des hommes libres, des scalawags (natifs du Sud collaborant avec le nouveau pouvoir), des soldats de l’Union cantonnés dans le Sud, et des Carpetbaggers (immigrés économiques venant du Nord pour faire fortune dans le sud, voyageant avec un sac de voyage en toile à tapis). Dans ce but, les républicains du Sud s’organisent sous forme de ligues unionistes afin de mobiliser les électeurs et de combattre les anciens sécessionnistes dont certains s’organisent sous la bannière du Ku Klux Klan. Les premiers membres afro-américains du Congrès des États-Unis ont été élus sous l'étiquette Républicaine en novembre 1868. Il a fallu attendre 1934 pour que le parti démocrate ait ses premiers candidats noirs.
47
+
48
+ Le président Grant soutint activement la politique des radicaux dans le Sud et la mise en place du 14e amendement sur le droit de vote et les droits civiques des hommes libres. Le vote de ces nouveaux électeurs (noirs, soldats de l’Union, Carpetbaggers) et la privation des droits civiques des anciens officiers et sous-officiers de l’armée confédérée et des partisans connus de la sécession permet la victoire de gouverneurs républicains.
49
+
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+ Dès 1872 cependant, le Parti républicain connaît des dissensions internes alors que Grant est facilement réélu président contre Horace Greeley, un républicain dissident, soutenu par les libéraux du Parti républicain, menés par Carl Schurz, et les démocrates. Le Parti républicain, omnipotent qu’il est, est alors gangrené par la corruption alors qu’une opposition libérale interne s’active et demande la réconciliation avec les États du Sud, en commençant par mettre fin à la vengeance politique, en rappelant les soldats yankees dans leurs foyers et en rendant leurs droits civiques aux anciens confédérés.
51
+
52
+ En 1873, le pays connaît des problèmes économiques ce qui permet au Parti démocrate de réémerger politiquement et de gagner la chambre des représentants, mettant fin à la domination des radicaux. Dans le Sud, des coalitions anti-républicaines (qui deviendront les « Dixiecrats ») parviennent progressivement à récupérer le contrôle des États, à mettre en fuite les Carpetbaggers, parfois avec violence, tout en réglant leurs comptes aux scalawags et en « dissuadant », par la peur, les anciens esclaves de profiter de leurs droits civiques.
53
+
54
+ En 1876, l’élection présidentielle met un terme définitif à la politique de Reconstruction. L’élection ayant été marquée dans certains États du Sud par la fraude et les intimidations en faveur des républicains, c’est une commission électorale bi-partisane qui proclame finalement vainqueur le candidat républicain Rutherford B. Hayes, minoritaire en voix, après que celui-ci eut promis de rapatrier au nord toutes les troupes fédérales et de rendre leur souveraineté aux trois derniers États sudistes encore sous contrôle fédéral. Ce faisant, démontrant l’échec de la politique des radicaux dans le Sud, Hayes donne aux démocrates un contrôle absolu sur cette région jusqu’en 1964, caractérisé également par l’abandon politique des anciens esclaves et la quasi-disparition du Parti républicain sur le territoire des anciens États confédérés.
55
+
56
+ En 1874, un dessin politique de Thomas Nast représentant le parti en éléphant fut repris pour symboliser le parti[24].
57
+
58
+ De 1877 à 1932, malgré son échec dans le Sud, le Parti républicain reste le parti dominant de la vie politique américaine. Il bénéficie de l’assimilation populaire des démocrates à la rébellion (guerre de Sécession), à la minorité catholique (les Irlandais catholiques dominent alors le parti démocrate et dirigent de nombreuses grandes villes) et aux débits de boisson (les intérêts des débiteurs de boissons alcoolisées sont réputés proches des démocrates et non des puritains associés aux républicains).
59
+
60
+ Divisée entre une aile progressiste et une aile conservatrice, la ligne politique générale du Parti républicain est modérée tantôt libérale tantôt conservatrice, tantôt isolationniste, tantôt internationaliste. La croissance économique est son credo. Il se fait le défenseur de l’économie capitaliste, de l’industrialisation du pays et du développement de ses moyens de transport.
61
+
62
+ En 1884, il perd la présidence pour la première fois en 24 ans. Son candidat, James Blaine, perçu comme corrompu est battu par le démocrate Grover Cleveland.
63
+
64
+ En 1890, bien que proches des grands conglomérats et des grandes industries, le Parti républicain est l’initiateur des premières lois antitrust (Sherman Anti-Trust Act, Interstate Commerce Commission) afin de protéger les petits commerces et les agriculteurs.
65
+
66
+ À partir de 1896 et de l’élection de William McKinley, les républicains s’imposent pour de nombreuses années à la Maison-Blanche et au Congrès, en consolidant l’adhésion de la classe moyenne et des industriels. Le Parti républicain est alors tout à la fois progressiste, capitaliste et puritain. C’est le parti du business. Son emprise est aussi locale où des candidats issus de ses rangs dirigent de nombreuses grandes villes du nord (Détroit avec Hazen Pingree, New York avec Seth Low, Toledo avec Rule Jones…).
67
+
68
+ Au début du XXe siècle, le mouvement populiste, opposé à la politique économique des Républicains jugées défavorables aux États de l’Ouest, est absorbé par les démocrates. Au contraire, le mouvement progressiste, puissant au début du XXe siècle, qui réclame une moralisation de la vie publique et une meilleure prise en compte des aspirations de la population, inspire certains dirigeants républicains, comme le président Theodore Roosevelt. Dès son arrivée à la présidence en 1901, après l’assassinat de McKinley, il s’oppose aux grandes entreprises, aux trusts et réclame un pouvoir fédéral fort, capable de réglementer l’activité économique. Il proclame également que la prospérité doit être partagée et doit concerner toutes les races et toutes les religions.
69
+
70
+ En 1908, les premières élections des sénateurs au suffrage direct donnent une large majorité aux républicains (60 républicains contre 40 démocrates).
71
+
72
+ En 1910, les républicains perdent le contrôle de la chambre des représentants tandis qu’ils se divisent entre progressistes rooseveltiens et conservateurs. En 1912, Roosevelt rompt avec les républicains et se présente comme candidat progressiste contre le président sortant, le républicain William Howard Taft. La division républicaine amène logiquement à un éparpillement des voix (35 % pour Roosevelt, 23 % pour Taft) et conduit le candidat démocrate, Woodrow Wilson (41 % des voix), à la Maison-Blanche et les démocrates à devenir majoritaire au Sénat.
73
+
74
+ Le Parti républicain reprend la Maison-Blanche et le Congrès dès le début des années 1920 sur un programme économiquement et politiquement isolationniste et anti-SDN. Warren G. Harding, Calvin Coolidge et Herbert Hoover, tous trois républicains, se succèdent à la Maison-Blanche alors que les États-Unis connaissent une vague de prospérité économique sans précédent.
75
+
76
+ Le krach de 1929 plonge le pays dans la Grande Dépression et les politiques républicaines non interventionnistes axées prioritairement sur l’équilibre budgétaire paraissent inadaptées à stopper la montée du chômage et à freiner les faillites. En 1932, pour la première fois depuis la guerre de Sécession, les républicains perdent le contrôle de la majorité des grandes villes du pays. Ils vont ensuite perdre la Maison-Blanche, le Congrès, la majorité des postes de gouverneurs et le vote des noirs du Nord du pays. L’année 1936 est la pire année politique de l'histoire des républicains. Lors de l’élection présidentielle, le démocrate Franklin Delano Roosevelt est triomphalement réélu contre le républicain Alf Landon. Seuls deux États, le Vermont et le Maine, restent alors fidèles au parti de Lincoln alors qu’au Congrès, 17 sénateurs et 88 représentants républicains rescapés font face à un « rouleau compresseur » composé de 79 sénateurs et 334 représentants démocrates.
77
+
78
+ Réduit à un pôle minoritaire, le Parti républicain très divisé doit se reconstruire. Il se replie d’abord principalement sur deux courants, l’un conservateur issu de l’ouest et du sud-est du pays et l’autre libéral issu de Nouvelle-Angleterre, tous deux emprunts d’un résidu de la pensée progressiste, autrefois incarnée par Teddy Roosevelt. En 1936, Alf Landon, le gouverneur du Kansas, un républicain favorable au New Deal, l’emporte sur le courant conservateur soutenu par Herbert Hoover et devient le candidat républicain à la présidence. Il est cependant laminé par Franklin Roosevelt. Le parti est alors de nouveau tiraillé entre les isolationnistes, opposants au New Deal comme le sénateur Robert Taft de l’Ohio et les libéraux du nord-est comme Thomas Dewey, le gouverneur de l'État de New York, plus favorable au New Deal. Ainsi, divisé, le parti est par conséquent incapable de faire front face aux démocrates.
79
+
80
+ À partir de 1939, Robert Taft est la figure de proue des opposants à Roosevelt. Au Sénat, il fédère autour de lui les conservateurs et les démocrates du Sud sur des positions économiques isolationnistes, non interventionnistes en matière de politique étrangère et hostiles au New Deal.
81
+
82
+ Après 1941 et l'attaque de Pearl Harbor, les républicains jouent le jeu de l’union nationale derrière le gouvernement et au nom de la « realpolitik », en 1945, le Parti républicain accepte l’implication forcée des États-Unis dans les affaires du monde dans le contexte de guerre froide bien qu’en 1947, les isolationnistes menés par Taft tentent encore de s’opposer à l’adhésion du pays à l’ONU et à saper la fondation de l’OTAN. Et c’est de justesse qu’ils approuvent le plan Marshall, pourtant concocté par un républicain.
83
+
84
+ Le Parti républicain commence pourtant à regagner la faveur de l’opinion comme le démontrent ses victoires au Congrès en 1946 qui leur permet l'année suivante de faire adopter, en dépit de l'hostilité du président Harry S. Truman, la loi Taft-Hartley dont l'objet est de diminuer les prérogatives des syndicats et de limiter le droit de grève.
85
+
86
+ En 1948, Thomas Dewey échoue cependant de justesse à l’élection présidentielle face à Harry S. Truman, jugé plus crédible pour défendre les États-Unis face au communisme. En effet, à cette époque, des républicains isolationnistes comme Robert Taft s’inquiètent davantage de la bureaucratie et du niveau des dépenses publiques que des conséquences du rideau de fer tombé sur l’Europe.
87
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88
+ En 1952, le général Dwight D. Eisenhower, un internationaliste de la lignée politique de Dewey, partisan de l’Organisation du traité de l'Atlantique nord, l’emporte lors de primaires républicaines présidentielles sur Robert Taft. Eisenhower est élu président en novembre 1952, mettant fin à 20 années de règne démocrate sur la Maison-Blanche alors que le pays est en plein maccarthysme. Il ne remet pas en cause le New Deal et étend le système de sécurité sociale, met en œuvre un système autoroutier inter-État, poursuit la politique américaine de son prédécesseur face au communisme et fait respecter dans l’ancien Sud confédéré, au besoin par l’armée, les arrêts de la Cour suprême des États-Unis en matière de déségrégation raciale. Eisenhower est réélu facilement en 1956 mais l’échec de Richard Nixon en 1960 face au candidat démocrate John Fitzgerald Kennedy permet à l’aile conservatrice du parti de prendre de l’ascendant sur l’aile modérée, héritée de Dewey, en imposant ses candidats aux présidentielles (Barry Goldwater en 1964, Ronald Reagan en 1980, George W. Bush en 2000).
89
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90
+ À partir des années 1960, les républicains récupèrent les thèmes conservateurs propres aux blancs du Sud et de l'ouest, comme la méfiance vis-à-vis de l’État fédéral et la défense des droits des États fédérés contre les empiétements du pouvoir central. Dans les années 1970, le parti opère une percée dans le Sud grâce à cette ligne conservatrice en accaparant le vote des électeurs blancs qui désertent avec leurs élus le parti démocrate dominé alors par l'aile gauche du parti. En reprenant ainsi dans le sud des thèmes comme la généralisation de la prière à l’école, les droits des états fédérés, l’interdiction de l’avortement ou la défense des valeurs familiales, les républicains parviennent dans les années 1970 et 1980, à y faire élire des gouverneurs, pour la première fois depuis la fin de la période de reconstruction (la Géorgie se dote ainsi en 2001 de son premier gouverneur républicain en 124 ans). En même temps, le parti rompt avec la tradition isolationniste symbolisée autrefois par Robert Taft et entreprend une politique étrangère active dont l’objet est l’endiguement du communisme par tous les moyens. Cette politique symbolisée par le Secrétaire d’État Henry Kissinger oblige néanmoins à quelques choix inattendus comme la reconnaissance de la République populaire de Chine, le début en 1972 des négociations sur la limitation des armements stratégiques avec l'URSS et le retrait des forces américaines du Viêt Nam.
91
+
92
+ Dans les années 1980, la « révolution conservatrice » lancée par le président Ronald Reagan finit d’ancrer nationalement le parti à droite, malgré l’intermède de 1989 à 1993 de la présidence de George Bush, représentant de l’aile réformiste.
93
+
94
+ En 1984, Ronald Reagan est triomphalement réélu, remportant 49 des 50 États du pays puis contribue à faire élire en 1988 son vice-président, George H. W. Bush, à la présidence du pays. Cependant, en dépit de ces victoires présidentielles, le Parti républicain peine à renverser la majorité démocrate du Congrès.
95
+
96
+ En 1992, le parti est de nouveau victime de ses divisions. Le courant conservateur, qui n’a pas digéré les augmentations d’impôts du président, préfère alors soutenir un dissident, Ross Perot, privant George H. W. Bush d’une réélection annoncée. Les deux premières années du mandat du démocrate Bill Clinton à la Maison-Blanche, maladroitement gérées, permettent aux républicains de se rassembler sur un programme conservateur intitulé « contrat avec l’Amérique ».
97
+
98
+ En 1994, pour la première fois depuis 40 ans, le Parti républicain remporte les deux chambres du Congrès et redevient majoritaire. Il le restera jusqu’en 2007 (à l’exception des années 2001-2002 pour le Sénat).
99
+
100
+ Depuis les années 1980-90, le Parti républicain remplace le parti démocrate dans ses anciennes zones d’influence, à savoir le Sud, mais perd bon nombre d’électeurs en Nouvelle-Angleterre, dans les Grands Lacs et sur la côte Ouest. Si le parti se maintient encore localement dans ses anciennes places fortes grâce à des élus modérés, il est nationalement ancré au sud et à l’ouest non côtier. En 2007, 20 des 26 sénateurs des États de l’ancienne Confédération sont républicains. Il y a 30 ans, ils étaient tous démocrates.
101
+
102
+ De 2001 à 2009, les républicains conservateurs étaient à la Maison-Blanche avec le président George W. Bush, et le vice-président, Dick Cheney, réélus en 2004.
103
+
104
+ Depuis la révolution conservatrice menée sous Ronald Reagan dans les années 1980, le Parti républicain est dominé par sa branche conservatrice. Celle-ci s’est renforcée en 1994 avec la conquête du Congrès mené par Newt Gingrich et son « contrat pour l’Amérique » puis avec l’arrivée au pouvoir du Texan conservateur George W. Bush, fils du 41e président des États-Unis.
105
+
106
+ Cette branche conservatrice s’appuie sur ses bastions électoraux du Sud et de l’Ouest et repose sur un électorat essentiellement blanc (à dominante WASP), banlieusard et rural, patriote et évangélique. Cette posture conservatrice lui a aussi attiré, dans une moindre mesure, un soutien non négligeable de la communauté hispanique et des catholiques, traditionnellement démocrates. Par ailleurs, une majorité des républicains sont climato-sceptiques. Un sondage de 2015 du Pew Research Center indiquait que 64 % des individus s'identifiant comme démocrates reconnaissaient le changement climatique d'origine anthropique, contre 22 % chez les républicains[25].
107
+
108
+ La branche modérée dite libérale (au sens américain du terme) du Parti républicain (représentée par Arnold Schwarzenegger, Arlen Specter, Olympia Snowe, Susan Collins, Gordon Smith, Jim Douglas, Rudy Giuliani) a été la victime de la droitisation du parti.
109
+
110
+ Ses places fortes du nord-est et de la Californie se sont effondrées d’abord lors des élections présidentielles puis lors des élections locales et fédérales. Les élus républicains qui ont réussi à s’y maintenir sont souvent en dissidence de la ligne officielle conservatrice du parti et de l’administration de George W. Bush. À cause de l'impopularité du président, le parti a perdu le contrôle des deux chambres du Congrès dans les élections de mi-mandat en 2006.
111
+
112
+ Une petite branche centriste incarnée par John McCain ou George H. W. Bush subsiste pour tenter de rassembler l’aile gauche et l’aile droite du parti et d’incarner ainsi la tradition historique modérée du Parti républicain. Ses représentants comme Rudolph Giuliani, John McCain et Mitt Romney furent les candidats favoris des sondages pour représenter le camp républicain lors de l'élection présidentielle en 2008 au côté de l'ancien sénateur (conservateur) du Tennessee et acteur de cinéma, Fred Thompson.
113
+
114
+ Le 4 septembre 2008, lors de la réunion de la convention nationale républicaine à Saint Paul (Minnesota), les délégués républicains confirmèrent John McCain, qui s'était imposé lors des élections primaires, comme candidat à l'élection présidentielle de 2008, ainsi que Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, comme candidate à la vice-présidence. Lors de l'élection du 4 novembre 2008, John McCain est battu par le candidat démocrate, Barack Obama.
115
+
116
+ Lors des élections sénatoriales de mi-mandat de novembre 2010, le parti présente plusieurs candidats issus du mouvement des Tea Party, notamment dans le Nevada, le Kentucky et l'Alaska. Dans les élections, le parti a repris une majorité dans la Chambre des représentants avec 242 des 435 sièges, et il a augmenté sa minorité dans le Sénat avec 47 des 100 sièges. De plus, après l'élection, 29 des 50 États seront dirigés par un gouverneur républicain.
117
+
118
+ Longtemps considéré comme le parti de l'« Amérique blanche », le Parti républicain s'est féminisé et a accordé une place importante à la diversité depuis le début de la décennie, avec notamment l'élection des gouverneurs Jindal et Haley (d'origine asiatique), celle des gouverneurs Martinez et Sandoval (d'origine hispanique), ainsi que l'élection de nombreux membres issus des minorités ethniques au Congrès comme les sénateurs Marco Rubio, Ted Cruz et Tim Scott et la représentante Mia Love[26]. On peut également souligner la candidature d'Herman Cain, un temps favori et premier afro-américain à avoir eu une chance de décrocher l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012[27]. Pour l'élection présidentielle de 2016, cette ouverture aux minorités se concrétise par la candidature de l'Afro-américain Ben Carson, des sénateurs hispaniques Cruz et Rubio et du gouverneur Jindal pour décrocher l'investiture républicaine. Le 1er février 2016, les caucus de l'Iowa ont vu la victoire de Ted Cruz, devenu ainsi le premier Latino-Américain, tous partis confondus, à gagner une primaire[28].
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+ Paradoxalement, le Parti républicain est confronté, à l'occasion de ses primaires en vue de l'élection présidentielle de 2016, à une vague populiste sans précédent : la campagne est en effet largement dominée par le milliardaire Donald Trump, qui, dans un langage volontiers vulgaire et violent, accumule les déclarations contre l'immigration, notamment musulmane (qu'il veut interdire d'entrée aux États-Unis)[29] et mexicaine (contre qui il propose de construire un mur)[30], ainsi que pour un retour à l'isolationnisme[31] et un durcissement de l'emprisonnement des terroristes, caractérisé notamment par le retour à la torture[32] utilisée lors de l'administration Bush. Ce discours décrit[Par qui ?] comme extrêmement dur, accompagné d'une critique de « l'establishment », le place au centre de la campagne où il enchaîne les victoires et domine rapidement la course aux délégués. Cette montée du populisme au sein du Parti républicain est confirmée par les très bons scores de l'outsider Ted Cruz, sénateur au discours très religieux et même plus à droite que Trump sur un certain nombre de sujets[33], et par les scores médiocres voire mauvais de Jeb Bush[33], Marco Rubio[34] et John Kasich, considérés comme les favoris de l'establishment. La direction du parti tente alors plusieurs moyens de faire perdre Trump[35], n'approuvant pas ses manières vulgaires[36], ses déclarations considérées comme racistes par certains[37], la plupart de ses idées, son instabilité, et craignant une lourde défaite face au candidat démocrate lors de l'élection générale[38].
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+ En novembre 2016, Donald Trump remporte l'élection présidentielle en dépit des pronostics peu favorables[39]. Il est officiellement investi en tant que président des États-Unis le 20 janvier 2017. Ses premières mesures visent à réduire le champ d'action de l'Obamacare, se retirer du traité transatlantique et limiter le financement d'ONG pro-avortement ; ce dont les républicains se félicitent[40].
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+ Le Parti républicain paraît plus homogène que le Parti démocrate bien qu’il soit également traversé par de nombreux courants internes souvent contradictoires. On discerne ainsi deux grands courants, l'un conservateur et l'autre modéré, tous deux divisés entre plusieurs factions qui ne sont pas exclusives les unes des autres dont notamment :
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+ Depuis les années 1980, on distingue un antagonisme assez prononcé, bien que non exclusif, entre les républicains de l’ouest, libertariens et individualistes, et ceux du Sud, chrétiens fondamentalistes, concentrées sur les valeurs morales et religieuses.
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+ Le Parti républicain est globalement considéré comme un parti politiquement à droite, socialement plus conservateur et économiquement plus libertarien que son homologue démocrate. Proche des milieux d’affaires, il compte très peu de soutiens chez les syndicats.
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+ Le Parti républicain considère que c’est le seul Congrès des États-Unis qui doit légiférer au niveau national et que les juges, notamment ceux de la Cour suprême, n’ont pas à interpréter la constitution pour créer parallèlement d’autres normes à valeur législatives ou constitutionnelles (cas du droit à l’avortement avec l’arrêt Roe v. Wade). C’est ce que les républicains appellent l’activisme judiciaire. Les républicains centristes considèrent cependant que c’est le travail des juges d’interpréter la constitution et de protéger les droits des citoyens contre l’abus du pouvoir législatif ou du pouvoir exécutif.
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+ Les républicains ont historiquement défendu le développement du pouvoir fédéral au détriment des pouvoirs des États. Mais ils ont ensuite opté pour une redéfinition des compétences en choisissant de limiter le pouvoir de l’État fédéral au profit des différents États constituant les États-Unis. Les libertariens sont ainsi les plus hostiles au pouvoir fédéral.
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+ Dans cette optique libertarienne, le Parti républicain est hostile à un système de sécurité sociale universel tel qu’il existe au Canada et en Europe. Il défend le principe d’un système de santé individuel secondé par une sécurité sociale gratuite pour les plus âgés et les plus démunis.
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+
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+ Le Parti républicain défend le principe d’une fiscalité modérée (baisse d’impôts), d’une intervention réduite au minimum de l’État dans l’économie. Ainsi, le principe du moindre État se résume dans la déclaration du président Ronald Reagan dans son discours inaugural en 1981 quand il déclara que « dans les temps de crise, le gouvernement n’est pas la solution à vos problèmes, le gouvernement est le problème »[41]. Partisan du libéralisme économique, le Parti républicain préfère le développement des accords de libre-échange bilatéraux aux grands accords internationaux. D’ordinaire, il préconise la maitrise des dépenses et le principe de l’équilibre budgétaire, sans nécessairement s'y tenir.[réf. nécessaire]
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+
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+ Le Parti républicain défend l’individualisme contre le collectivisme et le communautarisme et ses membres sont majoritairement hostiles à la politique de discrimination positive et aux quotas raciaux, globalement parce qu’ils refusent de faire de distinctions entre Américains[d]. Partisans de l’école libre et donc de laisser aux parents le droit de choisir l’école de leurs enfants, les républicains sont favorables à l’évaluation qualitative de l’enseignement et des résultats scolaires dans les écoles publiques. La branche conservatrice du parti soutient le principe de la prière à l’école dans les établissements publics tout comme une partie de ce courant soutient la thèse du dessein intelligent (créationniste), opposé au darwinisme.
139
+
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+ Au nom de la responsabilité individuelle, les républicains sont aussi souvent des partisans de la liberté de ports d’armes et de la répression maximum en matière de criminalité. Ainsi, ils sont très largement favorables à la peine de mort.
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+ Dans une moindre mesure, les républicains sont favorables également à la restriction du droit à l’avortement.
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+ Ils sont aussi très majoritairement hostiles au mariage homosexuel mais plus divisés sur les unions civiles homosexuelles (les libertariens y sont plutôt favorables).
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+ Le parti est particulièrement divisé sur les recherches sur les cellules souches à partir d’embryons humains, sur les problèmes liés à l’environnement (protocole de Kyoto, forages en Alaska…) et sur la politique d’immigration à tenir envers les Hispaniques.
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+ À la suite des attentats du 11 septembre 2001, un courant jusque-là discret et très minoritaire a pris de l’ascendant sur le Parti républicain. Le courant néo-conservateur a imposé une politique étrangère unilatéraliste et idéaliste concrétisée par une hostilité renforcée au multilatéralisme et à l’ONU, par la Guerre d'Afghanistan en 2001 puis surtout par la guerre d'Irak à partir de 2003, le but étant d’apporter la paix et la démocratie au Moyen-Orient. Cette politique a été néanmoins remise en cause électoralement à la fin de l’année 2006.
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+ En 2006, la base sociale du Parti républicain se compose majoritairement d’hommes d’affaires, d’entrepreneurs et des membres de professions libérales. On y trouve majoritairement des hommes, des Blancs d’ascendance WASP[e],[f], des couples mariés avec enfants, des banlieusards, des habitants de zones rurales et des chrétiens (61 % des pratiquants, 59 % de protestants et 52 % de catholiques en 2004[g]). En 2004, le président Bush a obtenu aussi le vote de 41 % des 20 % Américains les plus pauvres, 55 % des 20 % les plus riches et 53 % des 60 % Américains des classes moyennes.
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+ Seulement 23-25 % des membres de la communauté homosexuelle votent pour les candidats du Parti républicain.
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+ Selon l'écrivain et commentateur politique démocrate Ben Rhodes, par ailleurs ancien conseiller adjoint de Barack Obama à la sécurité nationale, le parti républicain, au moment de l'entrée de Donald Trump dans la sphère politique, se trouve « intellectuellement et moralement en faillite », « n'a aucune philosophie de gouvernement » et fait preuve d'une « mentalité puérile », en s'opposant sans aucune rationalité à n'importe quelle mesure ou prise de position de Barack Obama ou des démocrates, par exemple sur la question du changement climatique[42]. Considérant que le GOP a glissé à l'extrême droite[42], Rhodes porte une critique virulente de l'administration Trump, qu'il qualifie d'« immorale »[42].
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+ Depuis 1856, les candidats du Parti républicain ont remporté 23 des 39 élections présidentielles dont 7 des 11 dernières élections depuis 1968. Le parti compte dans ses rangs 18 des 28 derniers présidents américains.
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+ Le Parti républicain a dominé quasi sans interruption les deux chambres du Congrès des États-Unis de 1995 à 2007 et de 2015 à 2019.
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+ En 2005, si autant d'Américains se déclaraient républicains que démocrates (39 % chacun), ils étaient, selon le recensement de 2004, 55 millions à être enregistrés sur les listes électorales comme républicains contre 72 millions en tant que démocrates et 42 millions en tant qu'indépendants[43].
161
+
162
+ En janvier 2011, les 23 plus grandes villes du pays dirigées par un maire républicain ou issu de ses rangs étaient New York[44], Dallas, San Diego, Jacksonville, Indianapolis, Oklahoma City, Tucson, Albuquerque, Fresno, Mesa, Virginia Beach, Miami, Tulsa, Colorado Springs, Arlington, Anaheim, Greensboro, St. Petersburg, Reno, Vancouver, Topeka, Manchester et Bismarck auxquelles s'ajoutent notamment les villes de Cedar Rapids, Stratford, Norwich et Knoxville.
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164
+ En 2017, sur 50 États, le pays compte 33 gouverneurs républicains[45] : en Alabama, Arizona, Arkansas, Caroline du Sud, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Floride, Géorgie, Idaho, Illinois, Indiana, Iowa, Kansas, Kentucky, Maine, Maryland, Michigan, Massachusetts, Mississippi, Missouri, Nebraska, Nevada, New Hampshire, New Jersey, Nouveau-Mexique, Ohio, Oklahoma, Tennessee, Texas, Utah, Vermont, Virginie, Wisconsin et Wyoming.
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+ À partir janvier 2009, le Parti républicain domine la législature (les deux chambres locales) de 13 États fédérés et en partage 13 autres avec le parti démocrate[46]. À la suite des élections de novembre 2010, le Parti républicain contrôle depuis janvier 2011 les législatures de 26 états (contre 18 pour les Démocrates) et en partage au moins 4 autres (contrôlant au moins l'une des deux chambres de la législature d’État)[47],[48] :
167
+
168
+ Kevin McCarthy, chef de la minorité à la Chambre des représentants
169
+
170
+ Mitch McConnell, chef de la majorité au Sénat.
171
+
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+ L’industrie du cinéma américain est connue aux États-Unis pour être un bastion du « libéralisme » (progressisme) américain et du parti démocrate. Certains s’amusent à comparer la cérémonie des Oscars avec une assemblée de généreux donateurs au parti démocrate.
173
+
174
+ Cependant, des stars se sont affichées comme républicaines ou ont soutenu des candidats républicains lors des élections présidentielles.
175
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+ Par le passé, le Parti républicain pouvait toujours compter sur le soutien de John Wayne, Cecil B. DeMille, Gary Cooper, Glenn Ford, James Stewart, Cary Grant ou Sonny Bono. D’anciens démocrates les avaient ralliés comme Ronald Reagan (sous Eisenhower), Frank Sinatra (sous Richard Nixon), Charlton Heston (sous Ronald Reagan) ou Lara Flynn Boyle (sous George W. Bush).
177
+
178
+ Plus récemment, d’autres acteurs, cinéastes ou producteurs du monde du spectacle ont affiché leur appartenance au parti de Reagan ou soutenu les candidats républicains lors d'élections présidentielles. Parmi ceux-ci, on peut citer Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis, Clint Eastwood, Robert Duvall, James Woods, Dennis Hopper, Jon Voight, Tom Selleck, Kelsey Grammer, Gary Sinise, Marc Cherry, Jerry Bruckheimer, Rip Torn, Adam Sandler, Melissa Gilbert, Bruce Boxleitner, Dennis Miller, Britney Spears, Heather Locklear, Sarah Michelle Gellar, Freddie Prinze Jr. ou encore, plus récemment, Angie Harmon (star de la série Rizzoli & Isles)[52].
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+
180
+ L’éléphant comme emblème du Parti républicain remonte à la campagne présidentielle de 1860. On l’aperçoit d’abord dans The Rail Splitter, journal soutenant Abraham Lincoln. Quatre ans plus tard, l'éléphant est revu dans un autre journal dont le nom laisse peu de place au doute, Father Abraham. Mais il semble être vraiment associé aux Républicains quand, en 1874, le dessinateur Thomas Nast représente un éléphant faisant face à un âne déguisé en lion dans Harper’s Weekly. Ce dernier effraie tout le monde, sauf l’éléphant, qui joue de la trompe et sur lequel est écrit « le vote républicain »[54].
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+ Citrullus lanatus
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+ Espèce
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+ Classification phylogénétique
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+
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+ La pastèque (Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai, 1916), aussi appelée melon d'eau, est une espèce de plantes herbacées de la famille des Cucurbitacées, originaire d'Afrique de l'Ouest[1], largement cultivée pour ses gros fruits lisses, à chair rouge, jaune, verdâtre ou blanche et à graines noires ou rouges. Le terme désigne également ce fruit. Le fruit pèse généralement, à maturité, entre 2 et 5 kg.
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9
+ Il faut distinguer la pastèque consommable crue de la pastèque à confiture ou « citre » qui doit être cuite. Cette dernière est aussi communément appelée « courge gigérine » ou « courge barbarine » dans le sud de la France et « melons de Moscovie » en Charentes.
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+
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+ Elle est appelée anguria ou cocomero en italien, sandía en espagnol, melancia en portugais, بطّيخ (battikh) en arabe (au Maghreb دلّاع, dallaâ, d’où tadellaât en kabyle), арбуз (arbouz) en russe, καρπούζι (karpouzi) en grec moderrne, karpuz en turc, tarbuz en hindi, هندوانه (handevaneh) en persan, ou encore chinois : xigua en mandarin, d'où suika (スイカ?) en japonais[2]. Les termes en anglais, en allemand et en néerlandais se traduisent littéralement « melon d’eau » : respectivement : watermelon, Wassermelone et watermeloen.
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+ À La Réunion (département français dans l'océan Indien), la pastèque était appelée « melon ». Cette appellation vient du fait que ce fruit a été introduit pour la première fois dans l'île par des navigateurs anglais au milieu du XIXe siècle. Pastèque se disant watermelon en anglais, les insulaires, ne connaissant pas encore à l'époque le melon (cucumis melo), ont tout naturellement désigné la pastèque par le vocable « melon ». Par la suite, au début du XXe siècle, quand les métropolitains[Qui ?] leur ont fait découvrir le melon, l'appellation « melon de France » a été adoptée. Cette terminologie est toujours employée par certains Réunionnais plus âgés.
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+
15
+ De même, on appelle les pastèques à confiture : « melons de Moscovie » ou « melons d'eau » en Charentes. Les « melons d'Espagne » à Bordeaux et en Périgord désignent le melon jaune, ou cantaloup.
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+
17
+ Lanatus signifie laineux, en référence aux longs poils blancs qui recouvrent les tiges de la pastèque[3].
18
+
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+ La pastèque est une plante annuelle à tiges rampantes, pourvues de longs poils blancs, pouvant atteindre trois mètres de long.
20
+
21
+ Les feuilles, de forme généralement triangulaire, sont très découpées, avec des lobes arrondis, profondément incisés mais aux sinus également arrondis. Certaines sont transformées en vrilles permettant à la plante de s'accrocher et de grimper sur des supports variés.
22
+
23
+ Les fleurs, à corole jaune pâle sont, comme sur la plupart des cucurbitacées soit mâles, soit femelles, mais toutes sont présentes sur le même pied (plante monoïque).
24
+
25
+ Les fruits sont des baies particulières, des péponides, de forme sphérique, plus ou moins oblongue, de couleur vert foncé souvent marbré de blanc.
26
+
27
+ Leur « diamètre » est de 30 à 60 cm et leur poids peut aller de 3 à 4 kg pour la variété Sugar Baby jusqu'à 40 kg pour la variété Yellow Belly. La chair de la pastèque à confiture est verdâtre et contient des graines rouges. Le melon d'eau contient jusqu'à 92,7 % d'eau (90,9 % en moyenne)[4]. Il est très désaltérant et peu calorique.
28
+
29
+ Les pastèques sont des plantes tropicales ou subtropicales et ont besoin de températures supérieures à 25 °C pour prospérer. À l'échelle du jardin, les graines sont généralement semées en godet au chaud et transplantées dans un sol sableux bien drainé avec un pH compris entre 5,5 et 7 et des niveaux moyens d'azote.
30
+
31
+ Les principaux ravageurs de la pastèque sont les pucerons, les mouches des fruits et les nématodes à galles. Dans des conditions d'humidité élevée, les plantes sont sujettes à des maladies des plantes telles que l'oïdium et le virus de la mosaïque. Raison pour laquelle, en Afrique, on les sème en fin de saison des pluies (septembre ou octobre).
32
+
33
+ Certaines variétés souvent cultivées au Japon et dans d'autres parties de l'Extrême-Orient sont sensibles au flétrissement par fusarium. Le greffage de ces variétés sur des porte-greffes résistants aux maladies offre une protection.
34
+
35
+ Le département américain de l'Agriculture recommande d'utiliser au moins une ruche par acre (4 000 m2 par ruche) pour la pollinisation des variétés conventionnelles. Les hybrides sans pépins ont du pollen stérile. Cela nécessite de planter des rangées de variétés de pollinisateurs avec du pollen viable. Étant donné que l'approvisionnement en pollen viable est réduit et que la pollinisation est beaucoup plus critique pour produire la variété sans pépins, le nombre recommandé de ruches par acre (densité de pollinisateur) augmente à trois ruches par acre (1300 m2 par ruche). Les pastèques ont une période de croissance prenant au minimum 85 jours à partir du moment de la transplantation pour que le fruit mûrisse correctement.
36
+
37
+ Au Japon, des agriculteurs de la ville de Zentsūji dans la préfecture de Kagawa ont trouvé un moyen de produire des pastèques cubiques en faisant pousser les fruits dans des bocaux en verre, la croissance du fruit suivant alors naturellement la forme du récipient[5]. Cette forme rend le fruit plus facile à empiler et à stocker, cependant, la récolte étant effectuée bien avant la maturité, ces fruits ne sont pas comestibles mais sont utilisés comme plantes ornementales, et leur prix est beaucoup plus élevé que celui d'une pastèque normale (10 000 yens l'unité soit un peu plus de 80 euros)[6].
38
+
39
+ Des pastèques en forme de pyramide ont également été développées et toute forme polyédrique peut potentiellement être utilisée.
40
+
41
+ Plus de 480 variétés sont inscrites au Catalogue européen des espèces et variétés, 31 variétés sont inscrites au Catalogue officiel français dont 4 sur la liste SVI (anciennes variétés pour amateurs). Parmi celles-ci on trouve :
42
+
43
+ La pastèque Fashion est une variété sans pépins qui est le résultat d'un croisement forcé entre une variété tétraploïde (produite par traitement à la colchicine) et une variété diploïde, ce qui donne une variété triploïde ayant la particularité d'être sans pépins et stérile[7].
44
+
45
+ Il existe également des variétés-populations de pastèques à confiture appelées citre ou gigérine, cultivées au Japon et dans le Sud de l'Europe.
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+
47
+ Variété sans pépin
48
+
49
+ Variété « Orangeglo »
50
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51
+ Bien que la pastèque soit originaire d'Afrique de l'Ouest[1], on a longtemps pensé que son origine était sud-africaine, en particulier de la région du Kalahari où plusieurs espèces du genre Citrullus poussent naturellement. Cette erreur vient du fait que le type de la pastèque (Citrullus lanatus), préparé par le collecteur linnéen Carl Peter Thunberg, a été victime d'une erreur d'identification il y a plus de 80 ans[Quand ?]. C'est en séquençant l'ADN de ce spécimen que Chomicki et Renner[1] se sont rendu compte qu'il ne s'agissait pas d'une réelle pastèque, mais d'une autre espèce.
52
+
53
+ La culture de la pastèque est très ancienne et attestée dans l'Égypte antique, il y a plus de cinq mille ans. Elle s'est répandue sur les bords de la Méditerranée puis dans l'ensemble des pays chauds.
54
+
55
+ La pastèque (Citrullus lanatus) fait partie du genre Citrullus, qui contient sept espèces[1] :
56
+
57
+ L'espèce la plus proche de la pastèque (Citrullus lanatus) est Citrullus mucosospermus, une espèce provenant d'Afrique de l'Ouest. Ces différentes espèces ont divergé il y a environ trois millions d'années[1].
58
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+ Composée à 90,9 % d'eau en moyenne[4], avec des propriétés hydratantes, la pastèque est faible en matières grasses et ne contient pas de cholestérol. Elle contient de nombreux éléments intéressants d'un point de vue nutritionnel, comme la citrulline, qui sert à synthétiser un autre acide aminé capital dans l'organisme, l'arginine, celle-ci jouant un rôle clé dans la division cellulaire, la cicatrisation et l'élimination de l'ammoniaque.
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+
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+ La pastèque est surtout réputée pour être riche en antioxydants. Elle contient également quelques vitamines (vitamine C, vitamine B1, vitamine B6 et vitamine A).
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+
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+ Le poids est un indice de maturité, elle doit donc être lourde. Elle doit sonner creux quand on la frappe légèrement. Sur la plante, elle doit être cueillie dès que la vrille opposée à son pédoncule est complètement sèche : c'est le signe de sa maturité.
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+ Cette pastèque est essentiellement connue des amateurs. C'était un classique des cuisines provençale et charentaise pour la fabrication de confitures[8].
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+ La maturation de la pastèque à confiture dure tout l'été ; elle doit être cueillie à l'automne avant les premiers frimas et mise à l'abri où elle peut continuer à mûrir tout l'hiver.
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+ Production en tonnes. Chiffres 2004-2005. Données de FAOSTAT (FAO). Base de données de la FAO, accès du 14 novembre 2006.
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+ Aux États-Unis, la pastèque est associée au racisme envers les Afro-Américains.
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+ Après la guerre de Sécession, des cartes postales montrant des Noirs américains se gorgeant de pastèques sont devenues extrêmement populaires. Une fois qu'ils sont devenus libres, de nombreux noirs ont en effet gagné leur vie en cultivant et en vendant des pastèques. Le fruit était donc un symbole de liberté.
77
+
78
+ « Comme les blancs du sud se sont sentis menacés par la libération des noirs, ils ont répondu en faisant de ce fruit un symbole de leurs stéréotypes sur la saleté, la paresse et la puérilité des noirs », explique William Black, doctorant en histoire à Rice University[9].
79
+
80
+ Le sénat de l’Oklahoma a voté une loi le 17 avril 2007 déclarant la pastèque comme son légume officiel, parce que l’un de ses villages (Rush Springs) organise un festival de la pastèque chaque année. Bien que des sénateurs aient objecté que la pastèque est définie par les dictionnaires comme étant un fruit, la loi est adoptée, d’autres sénateurs expliquant que la courge et le concombre, membres de la même famille de végétaux, sont cuisinés comme des légumes : la définition des fruits et des légumes n'était ici, selon eux, qu'élargie[10],[11].
81
+
82
+ Utilisé dans le milieu du spectacle depuis le début des années 1990, le terme « pastèque » désigne une tâche fastidieuse à accomplir.[réf. nécessaire]
83
+
84
+ La pastèque (melancia en portugais) est aussi le sobriquet donné au groupe politique portugais Coalition démocratique unitaire, qui réunit les communistes et les écologistes (vert dehors, rouge dedans).[réf. nécessaire]
85
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86
+ Le ski en pastèques est une activité récréative proposée en Australie lors du Chinchilla Melon Festival[12],[13].
87
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88
+ Dans le calendrier républicain, la pastèque est le nom donné au 11e jour du mois de fructidor[14].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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2
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3
+ Le terme populaire automobile[a] (simplification historique de l'expression « voiture légère automobile ») désigne un véhicule à roues, motorisé et destiné au transport terrestre de quelques personnes et de leurs bagages[1]. L'abréviation populaire « voiture » est assez courante, bien que ce terme désigne de nombreux types de véhicules qui ne sont pas tous motorisés[2].
4
+
5
+ L'automobile s'est progressivement imposée dans les pays développés comme le principal mode de transport pour la circulation des individus et des marchandises. Son industrie a été l'un des secteurs les plus importants et les plus influents depuis le début du XXe siècle.
6
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7
+ L'automobile a révolutionné le transport et a entraîné de profonds changements sociaux, en particulier dans le rapport des individus à l'espace. Elle a favorisé le développement des échanges économiques et culturels et conduit au développement massif de nouvelles infrastructures. Tout un univers culturel s'est construit à partir de sa diffusion comme objet de consommation grand public et elle représente aujourd'hui — à l'instar d'autres inventions du XXe siècle comme la radio, la télévision ou le réfrigérateur — un équipement largement considéré comme indispensable dans les foyers des pays développés. À la fois moyen de distinction sociale et instrument de loisir, l'automobile occupe une place éminente dans le mode de vie contemporain.
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+ L'industrie automobile est, par métonymie, un secteur économique important pour les pays possédant des constructeurs.
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+ L'automobile est un moyen de transport privé parmi les plus répandus. Sa capacité est généralement de deux à cinq personnes, mais peut varier de une à neuf places.
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+ L'usage limite l'emploi du terme automobile aux véhicules possédant quatre roues, ou plus rarement trois ou six roues, de dimensions inférieures à celle des autobus et des camions, mais englobe parfois les camionnettes. Bien qu'étant des « véhicules automobiles », les motocyclettes ne sont pas habituellement classées dans cette catégorie.
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+ Le terme « automobile » est un adjectif issu de la concaténation du préfixe grec αὐτός (soi-même) et du suffixe latin mobilis (mobile). Il a été créé, initialement, pour désigner les voitures automobiles lors de l'invention des premières « voitures sans chevaux », qui étaient munies d'un moteur avec source d'énergie embarquée[3]. Le terme permettait de faire la distinction d'avec les autres voitures alors tractées, notamment diligences, calèches, carrioles, chariots. Ces autres voitures étaient mues par des animaux de trait (généralement des chevaux, avec les voitures hippomobiles, ou des bœufs) et plus tard le chemin de fer.
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+ Le substantif « automobile » est attesté vers 1890, mais son genre, aujourd'hui seulement féminin, a fait pour les linguistes l'objet de débats[4]: le féminin fait référence à la notion de voiture automobile, alors que le masculin fait référence à la notion de véhicule automobile[5]. L'Académie française s'est ainsi prononcée dès 1901 pour le genre féminin[6], mais la polémique ne s'est éteinte que bien après, le masculin étant attesté ponctuellement jusqu'en 1944[4],[réf. nécessaire].
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+ Pour parler d'un véhicule de tourisme, les termes automobiles et voiture peuvent être utilisés, toutefois avec la réglementation du secteur des définitions parfois différentes ont été utilisées, notamment dans la convention de Vienne sur la circulation routière. Dans les accords internationaux la catégorie de véhicule qui se rapproche le plus de la voiture est la catégorie M1.
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+ Le terme véhicule automobile est plus large que le terme voiture automobile, il couvre l'ensemble des véhicules motorisés d'au moins quatre roues ainsi, dès 1956, Chapelain note que : « De par leur destination les véhicules automobiles sont classés en: − voitures de tourisme; − véhicules utilitaires; − véhicules spéciaux[7] »
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+ En France, le code de la route définit la voiture particulière comme un véhicule de catégorie M1, quatre roues, neuf places au plus, ne répondant pas à la définition du véhicule de la catégorie L6e ou L7e et ayant un poids total autorisé en charge inférieur ou égal à 3,5 tonnes[8]. Aujourd'hui, en France on désigne une Voiture de tourisme souvent comme une « voiture », et parfois comme une « auto », mais très rarement « automobile », pas assez spécifique et devenu désuet. Le terme automobile reste employé comme adjectif.
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+ Au Québec, le code de la sécurité routière définit le «véhicule automobile» comme « un véhicule routier motorisé qui est adapté essentiellement pour le transport d’une personne ou d’un bien »
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+ En Suisse, la loi définit les véhicules automobiles dans son article 7:
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+ « 1 Est réputé véhicule automobile au sens de la présente loi tout véhicule pourvu d’un propre dispositif de propulsion lui permettant de circuler sur terre sans devoir suivre une voie ferrée.
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+ 2 Les trolleybus et véhicules analogues sont soumis à la présente loi dans la mesure prévue par la législation sur les entreprises de trolleybus. »
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+ Dans l'union européenne, les différentes notions nationales ont été harmonisées dans le but du marché commun par la directive 70/156/CEE du Conseil, du 6 février 1970, qui base l'alignement sur les définitions des accords internationaux :
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+ En raison de sa large diffusion et de son usage dans les milieux les plus variés, la voiture automobile est aujourd'hui appelée par de nombreux noms familiers, comme « auto », « bagnole », ou « char »[9] en Amérique du nord francophone, et argotiques, comme « tacot », « caisse », « tire »[10], « guimbarde », « chignole », « charrette » en Europe, ainsi que « minoune » au Canada[réf. souhaitée].
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+ Le principe de l'automobile consiste à placer sur un châssis roulant un groupe motopropulseur et tous les accessoires nécessaires à son fonctionnement. Ces éléments sont contrôlés par le conducteur via des commandes, le plus souvent sous la forme d'un volant de direction et de pédales commandant l'accélération, le freinage et souvent l'embrayage.
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+ Un châssis ou une carrosserie autoporteuse supporte et réunit tous les composants de l'automobile. Le châssis est monté sur quatre roues, dont deux sont directrices ou plus rarement les quatre, permettant sa mobilité. Des suspensions réalisent quant à elles une liaison élastique entre le châssis et les roues. Une carrosserie, en partie vitrée, constituant un habitacle fermé muni de sièges, permet le transport de personnes assises, par tout temps tandis que les cabriolets reçoivent une capote ou un toit escamotable.
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+ Les automobiles sont généralement propulsées par un moteur à combustion interne, mais un ou plusieurs moteurs électriques peuvent également fonctionner de concert avec le moteur thermique, voire le remplacer. La puissance mécanique fournie par le moteur est transmise aux roues par l'intermédiaire des organes de transmission dont une boîte de vitesses. Un réservoir permet le stockage du carburant nécessaire au fonctionnement du moteur thermique, tandis qu'une batterie, rechargée par un alternateur entrainé par le moteur, alimente en électricité tous les organes et accessoires le nécessitant.
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+ Les instruments de contrôle et les commandes tels que le volant, les pédales, l'indicateur de vitesse ou le tachymètre, permettent la conduite de l'automobile. Enfin, les éléments de confort (chauffage, ventilation, climatisation, autoradio, etc.) et de sécurité (éclairage, ABS, etc.) sont des accessoires en nombre toujours croissant.
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+ Le premier véhicule automobile fonctionnel a été inventé en 1769 par Nicolas Joseph Cugnot sous le nom de fardier de Cugnot[11] mais il faut attendre la deuxième moitié du XIXe siècle et les progrès liés à la révolution industrielle pour que les véhicules automobiles personnels se développent et prennent finalement leur nom actuel d'automobile.
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+ La naissance de l'automobile s'est faite par l'adaptation d'une machine à vapeur sur un châssis autonome mais des problèmes techniques et sociaux ont retardé son développement. L'encombrement de la chaudière, les matériaux inadaptés aux hautes pressions et les châssis supportant mal les vibrations furent les principaux obstacles techniques et la dangerosité perçue et réelle de ces engins sur les routes à l'époque a conduit à des législations contraignantes, comme le Locomotive Act au Royaume-Uni[12].
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+ L'aventure automobile a commencé dans la vallée d'Aoste (Italie), où les premières expériences réussies ont eu lieu en 1864. Ce fut Innocent Manzetti d'Aoste qui réalisa une voiture à vapeur qui pouvait circuler le long des rues[13]. Les journaux d'Aoste et de Turin en parlèrent entre 1869 et 1870[14].
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+ En France, les premières automobiles produites et commercialisées sont à vapeur (L'Obéissante d'Amédée Bollée en 1873[15]) et, les premiers prototypes utilisant les nouveaux moteurs à explosion moins encombrants au milieu des années 1880 sous l'impulsion d'un ingénieur français Édouard Delamare-Deboutteville et d'un ingénieur allemand Gottlieb Daimler. En 1881, Charles Jeantaud sort sa première voiture automobile électrique, équipée de batteries d'accumulateurs Faure, la Tilbury.
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+ Très rapidement ce genre de prototypes a connu le succès grâce à d'autres réalisateurs et conduit à ce qu'en 1895 environ 350 automobiles circulaient sur le territoire français, contre 75 en Allemagne, et seulement 80 aux États-Unis.[réf. nécessaire] En 1900 la France est le premier producteur mondial d’automobiles avec près de 50 % de la production. C'était une époque où on ne parlait pas vraiment de fabricants d'automobiles, mais plutôt de carrossiers car le châssis était acheté séparément.
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+ Le développement des connaissances liées à l'électricité mène à la réalisation des premières voitures électriques : on a donc trois modes de propulsion en concurrence au tournant du XXe siècle. La vapeur est rapidement supplantée et le développement rapide des performances des voitures électriques est stoppé par l'absence de progrès notable dans le stockage de l'énergie, c'est donc le moteur à explosion qui l'emporte sur les autres modes de propulsion. Cette époque est celle de la course à la vitesse, et c'est d'abord la voiture électrique qui s'y illustre (La Jamais contente est la première à franchir la barre des 100 km/h, en 1899[16]) avant d'être supplantée par la voiture à moteur à explosion. C'est aussi la période de naissance des premières compétitions automobiles, telle Paris-Rouen en 1894. L'automobile reste alors un produit de luxe, à l'usage contraignant, utilisé sur des infrastructures totalement inadaptées.
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+ L'histoire de la voiture a fait naître et vivre différents métiers. À ce moment de l'histoire, construire une voiture était une affaire collective dans laquelle carrossiers, mais aussi charrons, serruriers, malletier, selliers-garnisseurs, bourreliers, plaqueurs et peintres étaient impliqués ensemble. Tout était fait sur mesure, des carrosseries qui s'adaptaient aux châssis, en passant par les sièges ou les bagages arrimés à l'arrière pour les premiers voyages.
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+ Deux facteurs vont contribuer à son développement : le revêtement progressif des routes en ville puis en campagne afin de faciliter l'usage des bicyclettes et des voitures, et le développement de nouvelles méthodes de production (taylorisme, fordisme, toyotisme), qui mènent à la première voiture de grande série, la Ford T. Celle-ci pose définitivement l'empreinte de l'automobile sur la société du XXe siècle. Les innovations se succèdent ensuite, mais sans changement fondamental conceptuel. Les grandes lignes de l'automobile de série actuelle sont tracées par Lancia en 1922 avec la Lambda à carrosserie autoporteuse et suspension avant indépendante, Chrysler en 1934 avec la Airflow qui introduit l'aérodynamique dans l'automobile de série, Citroën et le développement de la Traction Avant à partir de 1934, puis l'introduction des freins à disque sur la DS en 1955, ou encore par Porsche et la boîte de vitesses à synchroniseurs coniques de la 356[17]. Après la guerre, la société de consommation contribue aussi au succès de l'automobile. Selon l'historien J-C Daumas, c'est dans les années 1950-1960 que beaucoup de salariés acquièrent leur première voiture[18].
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+ L'automobile a connu dans tous les pays une longue période d'engouement ; le temps moyen passé au volant a connu une forte croissance avec aux États-Unis un driving boom ; de 1970 à 2004, la distance parcourue au volant par un Américain moyen a presque doublé (+ 85 %), passant de 8 700 à 16 100 km/an. Ensuite cette tendance s'est stabilisée jusqu'en 2011 et une légère diminution en 2012 (1 000 km/an en moins par conducteur)[19]. Sur cette base, un scénario prospectif dit « Ongoing Decline » a postulé en 2013 que par imitation de la jeune génération actuelle, le déclin de l'appétence pour l'automobile pourrait se poursuivre[20]. Dans plusieurs pays, le désir de posséder une voiture ou un permis de conduire semble s'atténuer, dans les zones urbaines notamment. Ce mouvement est le plus marqué chez la génération Y : les 16-34 ans prennent moins le volant ; -23 % de 2001 à 2009 du nombre de km/an parcourus[20].
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+ En occident, le rythme le plus rapide de croissance du marché a été lié à l'engouement pour la voiture des « années folles ». Il fut ensuite marqué par des crises (krach de 1929, Seconde Guerre mondiale, crises de l'énergie...) qui ont plusieurs fois redistribué les cartes industrielles, favorisant les regroupements, et provoqué le retour en grâce des petites automobiles ; l'apogée de ce phénomène étant atteinte en Allemagne dans les années 1950 avec les micro-voitures telles l'Isetta.
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+ Les Trente Glorieuses ont relancé l'essor de tous les secteurs automobiles, traduit par une augmentation du choix, de la production et de l'accession à l'automobile, via l'ouverture du recours au crédit dans les années 1960[21], élan stoppé par le premier choc pétrolier. Celui-ci, conjugué à la hausse de l'insécurité routière, aura des conséquences durables sur la relation entre l'automobile et la société, conduisant en particulier à une forte vague de réglementation de la vitesse.
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+ Puis les aspects socioenvironnementaux (écologie, sécurité routière) sont devenus des enjeux, tant pour la conception des automobiles et des transports à la fin de XXe siècle, que pour les choix des consommateurs, conduisant à des innovations telles que le downsizing, la motorisation hybride lancée sur la Toyota Prius (1997) puis la Honda Insight (1999) et, le retour de la voiture tout électrique Renault Zoé, Tesla tous modèles.
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+ L'industrie automobile prend une place importante dans l'industrie de plusieurs grands pays industrialisés. Elle prend parfois un aspect stratégique compte tenu à la fois de sa proximité historique avec les industries militaires, de l'importance qu'elle peut prendre dans le produit intérieur brut et l'emploi de certains pays (États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne) et de l'image que l'automobile peut donner d'un pays auprès de l'extérieur (le design italien, l'american way of life, la mécanique allemande, le zéro défaut japonais, l'innovation française, etc.).
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+ Le secteur de l'industrie automobile est aujourd'hui organisé en grands groupes d'assembleurs finaux qui utilisent des pièces en provenance d'un grand nombre de fournisseurs et de sous-traitants, mais qui maintiennent généralement en interne les activités industrielles les plus lourdes comme la tôlerie ou la production des moteurs.
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+ En 2013, la production globale s'élève à 83 millions de voitures particulières, soit 20 % de plus qu'en 2008[25].
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+ Les équipementiers, dont le chiffre d'affaires est supérieur à 10 milliards d'euros, sont Denso, Delphi, Visteon, Valeo, Faurecia, Magna International, Bosch.
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+ En date de 2012, les principaux producteurs mondiaux d'automobiles, par groupe, en 2010 (VP) incluent :
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+ La vente d'automobiles représente aussi un important secteur économique. La diffusion de la production automobile est généralement assurée par un réseau d'entreprises indépendantes, pour les constructeurs nationaux, ou via un importateur, avec le même type de réseau, pour les autres. L'importateur peut ne pas être une filiale du fabricant. Le réseau est généralement assuré d'une exclusivité régionale. Ce schéma classique de distribution a été mis à mal par les règles de libre concurrence s'exerçant dans de nombreux pays, et a conduit au développement des mandataires automobiles.
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+ En outre, la consommation automobile représente la part la plus importante du volume des crédits à la consommation, avec, en France en 2001, 37 % du volume de crédit affecté à l'achat de voitures neuves, et 66 % si on y ajoute les voitures d'occasion[26].
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+ Dès sa naissance, l'automobile a été perçue comme une invention dangereuse. Son évolution, destinée à répondre à la problématique soulevée par la prévention et la sécurité routières telles qu'elle était perçue au cours des années, a été tortueuse. Hormis la gestion du réseau routier ou du comportement des usagers, les problèmes soulevés sont ceux de la sécurité passive — la protection des occupants en cas d'accident de la route — et de la sécurité active — la prévention afin d'éviter l'accident. Historiquement, seul ce dernier aspect a continûment été amélioré ; L'amélioration de la sécurité passive n'a commencé que dans les années 1970, période de recrudescence des accidents mortels.
83
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+ Les premières voitures allaient à la vitesse du cheval mais contrairement à lui, étaient incapables d'être stoppées rapidement, surtout sur un réseau routier inadapté. La difficulté de leur conduite et la peur de cet engin nouveau ont conduit certains pays à légiférer très strictement en la matière, en imposant aux voitures d'êtres précédées d'un homme à pied (« Locomotive Act » au Royaume-Uni par exemple)[27].
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+ Le changement de perception par le grand public s'est produit lorsque l'automobile s'est démocratisée. Des années 1920 aux années 1960, la sécurité routière, ou son absence, n'émeuvent personne. La vitesse est libre hors agglomération et les comportements inciviques banals. En France, l'hécatombe a connu un sommet en 1972 avec 16 548 morts cette année-là, qui est marquée par la création de l'organisme interministériel de la sécurité routière[28]. Une baisse significative a été obtenue par la suite grâce à l'amélioration des véhicules, à la mise en place des limitations de vitesse, de l'obligation de port de la ceinture de sécurité, grâce à l'extension des autoroutes et à la réduction de la consommation de psychotropes et notamment l'alcool, pour arriver à environ 6 000 tués en France au début des années 2000.
87
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+ Cette évolution observable dans les pays développés est loin d'être généralisée. L'augmentation extrêmement rapide du nombre de véhicules en circulation dans les pays en développement (Chine, Inde, etc.) ou l'absence d'intervention pour la sécurité routière dans d'autres (Russie, Iran, etc.), conduit à une mortalité routière toujours en hausse à l'échelle mondiale, et pourrait devenir une des trois premières causes de mortalité[29]. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en juin 2009 le premier rapport mondial sur la sécurité routière de 178 pays qui conclut que les accidents de la route font chaque année 1,2 million de morts et 20 à 50 millions de traumatismes non mortels. Plus de 90 % des accidents ont lieu dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires, qui comptent moins de la moitié du parc automobile mondial[30].
89
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+ Les évolutions des suspensions, des pneumatiques et l'apport de systèmes électroniques de contrôle de stabilité et d'autres aides à la conduite ont permis des progrès intéressants en matière de tenue de route des automobiles, favorisant la sécurité routière. Les automobiles dont la tenue de route est considérée comme dangereuse par les journalistes automobiles sont devenues rarissimes, alors que leur fréquence dans les années 1960 était plus significative.
91
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+ Il semble que les prochaines améliorations en matière de sécurité porteront moins sur la limitation des dégâts causés par les accidents que sur la réduction de leur nombre et de leur impact. En effet, les avancées de l'électronique et les efforts des constructeurs et équipementiers ont donné le jour à des équipements très sophistiqués qui se sont ou devraient progressivement se généraliser sur tous les véhicules. Le plus connu d'entre eux est l'ABS, permettant d'éviter le blocage des roues lors d'un freinage important du véhicule, et qui permet de conserver le contrôle de sa trajectoire[31]. Plus récemment, les constructeurs automobiles tentent de s'attaquer au problème primordial du comportement du conducteur, en intégrant des systèmes actifs destinés à pallier les défaillances de celui-ci, soit en le sollicitant directement (systèmes détectant le niveau de vigilance du conducteur), soit en le remplaçant (par exemple via des systèmes anti-collision pouvant freiner sans l'intervention du conducteur ou des voitures complètement autonomes).
93
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+ Les systèmes proposés par Mobileye (composés d’une caméra intelligente et d’un écran LED posé sur le tableau de bord) proposent plusieurs types d’alertes sonores et visuelles en temps réel d’aide à la conduite.
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+ Les systèmes de sécurité actifs ou passifs précédemment décrits contribuent à produire des voitures plus sûres. L'efficacité de ces systèmes est testée et mesurée lors d'essais de choc (ou crash tests) par des organismes internationaux comme l'EuroNCAP pour la communauté européenne. Une voiture sûre pour ses passagers constitue désormais un argument de vente pour les constructeurs automobiles qui font de gros efforts sur la question.
97
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+ De véritables progrès ont été faits depuis quelques années, notamment en ce qui concerne les « airbags » (coussins gonflables de sécurité) ou les ceintures à prétensionneurs évitant un choc violent du conducteur sur le volant. Sur les cabriolets, des arceaux situés derrière les sièges remontent très rapidement lorsque le calculateur estime qu'il y a un risque de retournement. Les constructeurs automobiles travaillent également sur des systèmes encore plus performants. Un important progrès dans ce domaine réside dans le fait que le nombre de coussins gonflables est passé de deux à huit en quelques années. Désormais plus aucune voiture ne sort sans en être équipée.
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+ Si les passagers sont de mieux en mieux protégés, ce n'était en revanche pas forcément le cas des piétons. Les nouvelles normes de sécurité prennent en compte les dommages portés à ceux-ci lors d'un choc frontal. Ces changements ont amené les constructeurs à développer des capots et des boucliers avant capables d'absorber une partie de l'énergie du choc afin de limiter les dégâts infligés aux piétons. Certains véhicules sont ainsi équipés de déclencheurs pyrotechniques qui soulèvent de quelques centimètres le capot lors d'un accident, pouvant éviter ou limiter le choc d'un piéton avec le bloc moteur.
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102
+ Le rapport entre l'automobile et la sécurité routière ne consiste pas seulement à évaluer la sécurité du véhicule considéré seul, mais aussi à étudier l'interaction entre les véhicules et les accidents. De ce point de vue, les 4x4, SUV, camionnettes et monospaces sont fréquemment critiqués en raison de l'obstruction du champ visuel des autres conducteurs qu'ils causent. Mais c'est surtout leur dangerosité en cas de collision avec une automobile légère ou un usager vulnérable qui leur est reprochée.
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104
+ Lors d'une collision entre deux véhicules, ceux-ci doivent dissiper la totalité de leur énergie cinétique, sous forme d'énergie mécanique (déformation des véhicules) ou cinétique (rebond possible d'un des véhicules). L'énergie cinétique étant proportionnelle à la masse, ces véhicules lourds provoquent des dégâts bien supérieurs à ceux d'un véhicule plus léger à vitesse égale. La dangerosité de ce type de véhicule pour les usagers vulnérables, en particulier les piétons, est liée à deux aspects : d'une part leur comportement routier inférieur (capacité d'évitement inférieure, distances de freinage plus longues) augmente le risque de collision avec un piéton dans les zones urbaines où la vitesse est inférieure à 60 km/h, et d'autre part la conception de ces véhicules est plus dangereuse pour les piétons lors d'accidents dans des zones où la vitesse est inférieure à 60 km/h[32].
105
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106
+ Ce problème avéré de conception est mis en évidence par les tests EuroNCAP de choc avec un piéton, et parfois accentué par un accessoire à l'utilité discutable, le pare-buffle. Les propriétaires de ces voitures sont donc considérés par certains comme mettant en danger la vie d'autrui, et faisant le choix de leur sécurité propre au détriment de la sécurité des autres usagers de la route, idée contredite par certaines statistiques d'accidents[33]. À l'opposé, les défenseurs de ce genre de véhicule font valoir qu'une moyenne de comportement ne condamne pas l'ensemble des conducteurs. On ne peut juger un individu coupable par défaut, surtout de rouler dans un véhicule homologué. S'il y a une insuffisance, elle serait alors à chercher dans les objectifs que se fixent les administrations dont le rôle est d'assurer la sécurité de la population.
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+ La première course automobile est créée en 1894, reliant Paris à Rouen (distance de 130 km)[34]. Ces compétitions se multiplient et l'on voit émerger divers types d'épreuves mettant en œuvre des véhicules très différents.
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+ Certaines de ces compétitions voient s'affronter des modèles standards commercialisés à grande échelle, mais plus ou moins lourdement modifiés, par exemple les rallyes ou le supertourisme, alors que d'autres mettent en scène des véhicules spécialement conçus pour la course, comme la Formule 1, ou les Sport-prototypes qui participent aux 24 Heures du Mans. Le succès dans ces sports dépend tout autant du véhicule et de l'équipe qui le prépare que du pilote. Certaines catégories couronnent d'ailleurs à la fois le meilleur pilote et le meilleur constructeur ou la meilleure écurie.
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+ La compétition automobile peut être extrêmement physique (accélération centrifuge en courbe, en phases d'accélération et aux freinages), en F1, il n'est pas rare de dépasser les 4 g. Un pilote peut perdre jusqu'à cinq kilos lors d'un Grand Prix ou d'une course d'endurance (déshydratation).
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+ Les confrontations entre constructeurs ou contre la montre sont aussi les deux moyens permettant l'innovation et le développement technologique. C'est notamment pour tester la fiabilité des moteurs thermiques qu'ont été créés les premiers rallyes au début du XXe siècle. C'est dans cette même optique qu'en 2014 est lancé un championnat de formule électrique ou que sont construits des démonstrateurs de technologies tels que la Venturi VBB 2.5 véhicule le plus rapide du monde, flashé à 495 km/h[35] par la Fédération internationale de l'automobile (FIA) en 2010.
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+ L'organisation du sport automobile est chapeautée par la Fédération internationale de l'automobile, qui collabore avec des fédérations sportives nationales, dont la Fédération française du sport automobile, qui compte 70 000 licenciés. Il existe une variété de compétitions amateur et professionnelles, du karting aux formules monoplaces, ou du slalom au rallye, en passant par la course de côte, ainsi que des filières permettant la progression compétitive des jeunes pilotes.
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+ L'entretien et la réparation des automobiles occupe une part importante dans le nombre d'emplois, mais surtout dans le nombre d'entreprises, liées à la filière de l'automobile. Ce sont l'ensemble des concessionnaires, garages, réseaux de vente de pièces détachées et d'accessoires (centres auto ou démolisseurs), pour la plupart des PME. C'est aussi, sur la durée de vie d'un véhicule, un coût financier non négligeable. Enfin, lorsqu'une réparation n'est plus possible ou souhaitée, on trouve dans cette filière les professionnels du recyclage des véhicules en fin de vie. Les réseaux d'entretien et de ventes d'accessoires sont aussi associés au phénomène du tuning, qui a eu pour effet de donner naissance à des rassemblements durant lesquels les voitures concourent pour leur technique ou leur aspect esthétique.
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+ Dans le cadre de la sécurité routière, de nombreux pays ont estimé nécessaire d'introduire un contrôle technique des véhicules automobiles, afin d'améliorer l'état du parc roulant et à en faire sortir les véhicules dangereux ou trop polluants. Un premier contrôle est effectué après 3 ou 4 ans, puis tous les ans ou tous les 2 ans selon les pays. Le coût du contrôle est très variable ; au Japon par exemple, son coût d'au minimum 70 000 ¥, soit 600 €, incite les usagers à se débarrasser de leur véhicule avant l'échéance[36].
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+ Dès ses débuts, l'automobile a posé un problème de cohabitation avec les autres usagers des rues et des routes. Aussi dès la fin du XIXe siècle, les responsables de la sécurité ont commencé à réglementer son usage[37], d'abord par des permis de conduire, puis par le Code de la route, apparu en France en 1921[38]. Aujourd'hui, un permis de conduire est requis dans pratiquement tous les pays du monde, mais son obtention, et l'apprentissage de la conduite en général peuvent prendre des formes très différentes. Un âge minimal est requis, souvent celui de la majorité, donc compris entre 16 et 21 ans, pour conduire seul une automobile. L'apprentissage est généralement effectué dans une auto-école, mais il reste, en France, légalement possible d'apprendre la conduite sans passer par ce type d'organismes. En France un nouveau permis de conduire sera délivré à partir de lundi 16 septembre 2013[39], ce nouveau permis doté d’une carte à puce électronique et d’une bande MRZ est ultra-sécurisé et quasiment infalsifiable. Les statistiques de la sécurité routière ayant montré la prépondérance des jeunes conducteurs parmi les accidentés de la route, des mesures spécifiques pour les premières années après l'obtention du permis sont prises dans beaucoup de pays : identification visible des jeunes conducteurs (A en France, L en Allemagne, Suisse, Royaume-Uni...), limitations de vitesses abaissées pour eux, ou encore limitation du rapport poids-puissance des véhicules (cas de l'Italie).
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124
+ En raison de son importance économique, le secteur de l'automobile, comprenant aussi bien la production que l'entretien, est un très gros employeur. Le seul secteur de la conception et de la production emploie environ 1,9 million de personnes en l'Europe des quinze, et 1,1 million aux États-Unis, soit jusqu'à plus de 10 % de la population active dans le cas de l'Allemagne[40].
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+ En 2012, l'industrie automobile en France emploie directement 583 000 personnes (matières premières, construction, équipements) et 2,351 millions au sens large, ce qui comprend les emplois dans l'industrie, dans l'usage de l'automobile (vente, maintenance, assurances, auto-écoles, presse, vente de carburants...) et les transports (transport routier de marchandises et de voyageurs, construction et entretien des routes...), soit environ 9 % de la population active[41]. Cette importance économique nécessite une filière de formation adaptée.
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+ En France, celle-ci part du CAP pour aller jusqu'aux écoles d'ingénieurs généralistes telles que les Écoles centrales, ou spécialisées comme l'ESTACA, l'École nationale supérieure du pétrole et des moteurs ou l'ISAT, en passant par des BEP, baccalauréats professionnels et des BTS dont celui de d'après-vente automobile.
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+
130
+ Reflets d'un secteur économique, les salons sont pour ses entreprises l'occasion de rivaliser en grandeur, innovations, etc. Dans le cas de l'automobile, cela se traduit entre autres par la production de concept-cars. Les principaux salons sont[42] :
131
+
132
+ En France il existe de nombreux magazines automobiles, aussi bien destinés aux professionnels qu'au grand public. Une partie des journalistes spécialisés sont regroupés au sein de l'association française de la presse automobile (AFPA). Les magazines automobiles francophones généralistes hors de France sont beaucoup plus rares. Ce secteur se distingue outre ses journaux d'actualité, par un grand nombre de magazines consacrés aux véhicules de collection en général, on bien à un type de véhicule précis (spécialité du groupe Michel Hommell), et enfin quelques magazines de tuning. Les plus lus sont Auto Moto, L'Automobile Magazine et Auto Plus[43].
133
+
134
+ Parmi les principaux magazines d'actualités, on retrouve :
135
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+ Et parmi les magazines spécialisés :
137
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+ Parmi les principaux sites internet, on retrouve :
139
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+ Le rôle de la publicité est de présenter un produit sous un angle le plus positif possible, en faisant abstraction des défauts ou en déformant la réalité pour qu’il soit vendu le plus possible auprès des consommateurs, et il en va ainsi de tous les produits de consommation. Dans le cas des publicités pour les automobiles, il y a grand écart entre l’image qui est présentée et la réalité, car l’'élément récurrent pour promouvoir l'automobile, outre le modèle en lui-même, concerne les sentiments de liberté et d'indépendance que pourrait procurer l'automobile. Pour créer ces impressions auprès des consommateurs, les publicitaires mettent en avant dans les publicités télévisées, les magazines, les journaux, l'automobile dans un contexte idéal, où l'automobile (et ses occupants) est quasi systématiquement seule sur les routes, pour éviter certes de montrer d’autres marques, mais aussi dans un contexte où il n'y a aucun obstacle à son parcours, où il n'y a jamais d'embouteillage, de feu de circulation, de panneau de stop, de panneau de cédez-le-passage, de radar de contrôle routier, ou d'accident de la route notamment. Dans les publicités télévisées, une automobile s’arrête pour ainsi dire uniquement pour mettre en avant les performances de freinage. L'automobile évolue également souvent dans un environnement verdoyant ou en osmose avec la nature, alors qu'elle est l'une des principales sources de pollution de l'air qui se répercute sur la faune et la flore, y compris les voitures dites « vertes », car pour fabriquer et entretenir des voitures « vertes », il faut aussi extraire des matières premières qui sont source de pollution, ainsi que par sa contribution au mitage du territoire, par la création et l'entretien de routes, d'autoroutes ou de voies d'accès.[interprétation personnelle]
141
+
142
+ L'automobile a eu une place centrale dans de nombreux romans ou nouvelles et de nombreux films (notamment américains).
143
+
144
+ La généralisation de l'automobile à l'échelle planétaire depuis la fin du siècle dernier pose des problèmes quant au réchauffement climatique, à la pollution, à la sécurité et à la santé des personnes et en particulier des plus faibles (piétons, cyclistes, enfants, personnes âgées, etc.), à l'utilisation des ressources naturelles et en particulier à l'épuisement des réserves de pétrole.
145
+
146
+ L'impact sur l'environnement s'accroît avec l'augmentation du poids de l'automobile. En effet un véhicule lourd a un besoin en énergie plus important qu'un petit. L'aérodynamisme du véhicule devient prépondérant lorsque la vitesse augmente, les véhicules à surface frontale élevée sont alors défavorisés.
147
+
148
+ La recherche d'améliorations sur les moteurs est guidée par deux objectifs contradictoires : les pouvoirs publics imposent des normes environnementales de plus en plus sévères, qui vont à l'encontre de la diminution de la consommation. Par exemple, les obstacles à l'échappement (pot catalytique, filtre à particules) entraînent une augmentation de la consommation. Depuis la prise de conscience publique de l'impact environnemental des automobiles, le niveau de compromis est passé progressivement d'une forte volonté de réduire les polluants locaux, sources directes de maladies et de décès, durant les années 1970 à 1990, à une réglementation axée aujourd'hui vers une diminution des émissions de CO2. L'aspect des polluants locaux est traité à l'échelle européenne par les normes successives d'émissions (normes dites « Euro » 1 à 6), tandis que l'aspect des émissions de CO2 est pour l'instant traité par l'intermédiaire des objectifs globaux des constructeurs, ou via des législations fiscales nationales.
149
+
150
+ Au cours de sa fabrication, de sa maintenance et de son recyclage, l'automobile, comme de nombreux autres produits manufacturés, génère de la pollution, contribue à la raréfaction des ressources non renouvelables et consomme de l'énergie, dite énergie grise.
151
+
152
+ Autour de l'automobile, il faut prendre en compte l'infrastructure et la logistique nécessaire pour la fabrication, le transport, la maintenance, la réparation, le recyclage, la publicité ou l'organisation de salons automobiles ou dans un autre registre, pour soigner les blessés lors des accidents ou pour le contrôle policier des automobilistes lors de leurs déplacements. Cela comprend notamment, la fabrication et l'entretien d'usines, de garages, de stations-service, de stations de lavage, d'ateliers de réparation automobiles, de machines, d'outils, de pièces de rechange, de produits d'entretien ou de nettoyage, et du transport pour acheminer ces différents éléments du lieu d'extraction des matières premières tout au long de la chaîne de valeur jusqu'au lieu de vente du produit fini. La production de ces différents produits et services nécessite à son tour d'autres consommations intermédiaires.
153
+
154
+ L'impact environnemental le plus connu est la pollution atmosphérique due aux gaz d'échappements, qui peut aggraver les maladies respiratoires[44]. Avec les appareils de chauffage domestique, l'automobile est devenue le principal responsable de la pollution urbaine et du smog[réf. nécessaire], situation chronique dans la plupart des grandes villes surtout en période anticyclonique[interprétation personnelle]. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET), la pollution atmosphérique aux particules fines, liée pour près d'un tiers aux rejets polluants des voitures[45], serait responsable chaque année du décès prématuré de 6 500 à 9 500 personnes en France[46].
155
+
156
+ Par ailleurs, une étude européenne de 2005 estime que les particules en suspension, produites notamment par les véhicules diesel et par d'autres secteurs économiques (chauffage, industrie, agriculture), ont causé 42 090 décès prématurés en 2000 en France[47],[48].
157
+
158
+ Les principaux rejets des pots d'échappement automobiles sont[49] :
159
+
160
+ Ces rejets sont soumis à réglementations dans différents pays, par exemple les normes européennes d'émission pour l'Union européenne. Ces normes sont attachées à des cycles de conduite normalisés, comme le nouveau cycle européen de conduite ou ses homologues américains censés représenter un comportement routier typique. Les seuils adoptés par ces réglementations baissent régulièrement au cours des années.
161
+
162
+ Pour un modèle donné, une voiture à essence consomme un plus grand volume de carburant qu'une fonctionnant au Diesel car l'essence a une énergie volumique plus faible que le gazole. Mais aussi, le rendement thermodynamique d'un moteur essence est inférieur[réf. à confirmer][55]. La quasi-totalité des conducteurs observent des consommations supérieures à celles mesurées selon les normes dans des cycles de conduite fixés, qui sont pourtant celles utilisées commercialement[réf. à confirmer][56].
163
+
164
+ L'automobile a d'autres effets négatifs sur l'environnement :
165
+
166
+ La massification de l'automobile dans les soci��tés occidentales au cours du XXe siècle a eu des conséquences sociales nombreuses et profondes. Elle a contribué notamment au développement des banlieues puis de la périurbanisation, et au succès du modèle de la grande distribution. Les automobiles ont nécessité une adaptation et un développement considérable du réseau routier.
167
+
168
+ Les infrastructures routières nécessitent d'importants investissements[59],[60] et dépenses de fonctionnement. Elles fragmentent les paysages, morcellent les forêts, dénaturent le territoire et endommagent les écosystèmes et la santé. Selon les « détracteurs » de l'automobile comme les partisans du mouvement international Carfree, cet argent, investi dans des moyens de transports alternatifs ou plus communautaires permettrait un service de transport plus efficace, plus soutenable et durable et moins émetteur de gaz à effet de serre[61]. Pour certains, l'automobile renforce certaines inégalités sociales : les personnes pauvres et vulnérables ont moins d'accès à certains services tout en étant plus directement exposées aux nuisances de l'automobile et routières (bruits, pollution de l'air, accidents, détours imposés aux piétons et aux cyclistes, relégation urbaine, etc.).
169
+
170
+ L'automobile génère ainsi en amont et en aval de son usage[62] des coûts cachés (externalités, environnementales notamment) estimés par l'université technique de Dresde en 2012[63] à 373 milliards d'euros par an pour l'Europe (UE-27), pour les coûts évaluables. Chaque voiture immatriculée génère ainsi en moyenne 1 600 euros de coûts sociaux et environnementaux impayés (soit au total environ 3 % du PIB européen)[64]. La plupart des scénarios de prospective envisagent une augmentation des transports à horizon 2050, éventuellement au profit d'alternatives (dont « décarbonées »[65]) à la voiture dans les zones urbaines et périurbaines, selon les choix individuels et collectifs qui seront faits[66].
171
+
172
+ Si l'automobile est critiquée, pour d'autres elle est au contraire un formidable objet technologique qui évolue en permanence et est de moins en moins polluant[réf. nécessaire]. Elle est indispensable à de nombreuses personnes pour travailler et se déplacer ; l'industrie automobile, dans laquelle l'Europe et la France continuent d'occuper une place importante au niveau mondial, fournit directement ou indirectement un emploi à des millions de personnes. Enfin, conduire et avoir une voiture peut être un plaisir et doit pour certains rester une liberté qui, pour l'immense majorité des automobilistes, qui sont aussi des piétons ou des utilisateurs d'autres modes de transport, s'exerce dans le respect d'autrui.
173
+
174
+ La liberté de déplacement (en horaire et en itinéraire) qu'octroie la voiture personnelle la rend en effet plus souple que les transports collectifs. Au demeurant, ceux-ci ne peuvent répondre à tous les besoins, notamment dans les endroits éloignés des centres urbains, ou pour tout transport de charges ne serait-ce que modérément lourdes ou volumineuses.
175
+
176
+ Une autre approche, tenant compte de certains reproches formulées à l'encontre de la voiture personnelle, est en développement depuis le début des années 1990. On a vu se développer les solutions du covoiturage, de l'autopartage, ou plus simplement de la location de voiture, qui toutes optimisent l'usage d'un véhicule donné.
177
+
178
+ Face à ces controverses, mais aussi face à la pression financière ou légale exercée par les États, des associations de défense de l'automobile et des automobilistes sont nées, qu'elles soient historiques ou récentes. Les plus importantes historiquement sont les Automobile Club, nés autour de 1900, dont l'Automobile Club de l'Ouest, l'Automobile Club, ou l'ADAC allemand, qui, avec 20 millions de membres, est sans doute le plus important à l'échelle mondiale. Leur travail concerne aussi bien la défense politique que pratique, la promotion du sport automobile ou l'assistance routière, tout particulièrement pour l'ADAC ou le Touring Club Suisse. Plus récemment, en France, face à la montée de la répression des associations plus revendicatives sont apparues, comme 40 millions d'automobilistes ou la Ligue de Défense des Conducteurs[67].
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+ « Sources that were identified as being common key categories for six of the seven main pollutants were Road transportation, Manufacturing industries and construction, National navigation (shipping) Agriculture/forestry/fishing and Residential. The importance of the Road transportation category in terms of the contribution it makes to total EU‑27 emissions is clear — it is the most significant source of NOX, CO, and NMVOCs, and the second most important source for PM10 and PM2.5 emissions. »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ La maladie est une altération des fonctions ou de la santé d'un organisme vivant.
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+ On parle aussi bien de la maladie, se référant à l'ensemble des altérations de santé, que d'une maladie, qui désigne alors une entité particulière caractérisée par des causes, des symptômes, une évolution et des possibilités thérapeutiques propres.
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9
+ Un ou une malade est une personne souffrant d'une maladie, qu'elle soit déterminée ou non. Lorsqu'elle fait l’objet d'une prise en charge médicale, on parle alors de patient(e).
10
+
11
+ La santé et la maladie sont liées aux processus biologiques et aux interactions avec le milieu social et environnemental. Généralement, la maladie se définit comme une entité opposée à la santé, dont l'effet négatif est dû à une altération ou à une désharmonisation d'un système à un niveau quelconque (moléculaire, corporel, mental, émotionnel…) de l'état physiologique ou morphologique considérés comme normal, équilibré ou harmonieux. On peut parler de mise en défaut de l'homéostasie.
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13
+ Les termes maladie et malade proviennent du latin male habitus signifiant qui est en mauvais état.
14
+
15
+ Ce terme est unique en français, italien et espagnol, alors que l'anglais et l'allemand disposent de doublons tels que illness et disease, Erkrankung et Krankheit qui expriment des distinctions particulières de sens[1].
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+
17
+ Il n'existe pas de terme commun désignant la maladie dans le groupe des langues indo-européennes, on note l'existence de nombreux synonymes dont la signification étymologique appartient à quatre champs sémantiques[1] :
18
+
19
+ Le concept initial d'état morbide ou de maladie s'appuie sur un critère objectif (incapacité de fournir un travail pour soi ou pour la société), et un critère subjectif (de la gêne ou indisposition à la douleur aiguë).
20
+
21
+ Ce concept n'est pas socialement neutre, car il implique un jugement moral et esthétique : il y a la maladie, mais aussi le mal, le mauvais, et le laid[1].
22
+
23
+ En français, les termes « maladie » et « malade » sont utilisés de façon indistincte pour signifier « avoir une maladie » (reconnue par un médecin), « être malade » (se sentir mal), « être un malade » (être reconnu comme tel par l'entourage ou la société).
24
+
25
+ L'anglais utilise trois termes, plus ou moins interchangeables, mais en principe utilisés le plus souvent dans un contexte spécifique. Disease se rapporte à une perturbation biomédicale, objectivée par une maladie reconnue par un médecin, dans le cadre d'une pathologie référencée (nosologie).
26
+
27
+ Illness se rapporte à l'expérience vécue, personnelle et intime, de la maladie : « je me sens, ou je suis, malade ».
28
+
29
+ Sickness se rapporte à la perception de la maladie dans le cadre de l'entourage non-médical (social ou culturel) : «je suis un malade» (reconnu comme tel)[1].
30
+
31
+ Il a été montré en 1989 que plus les étudiants en médecine étaient avancés dans leur cursus plus ils avaient tendance à qualifier de maladie les conditions parmi 38 qui leur étaient présentées, sans que cette qualification n'ait de lien fort avec les propriétés de gravité, curabilité, responsabilité du patient ou causalité externe[2]. L'idée de maladie, plutôt qu'être parfaitement définie, évolue donc chez l'étudiant en fonction de son avancement dans le cursus.
32
+
33
+ Classifier un certain état comme une maladie est aussi un fait social d'évaluation. Ainsi, certains états ne sont reconnus comme des maladies que dans certaines cultures, ou à certaines époques, et pas dans d'autres. On parle alors de syndromes culturels. Parfois la catégorisation d'un état comme une maladie est controversé au sein d'une même société. L'hyperactivité et l'obésité sont par exemple des états de plus en plus considérés comme des maladies par l'opinion publique dans les pays occidentaux mais n'étaient pas ainsi considérés il y a encore quelques décennies, et ne le sont toujours pas dans certains pays.
34
+
35
+ La maladie est à différencier des blessures, handicaps, syndromes et affections.
36
+
37
+ Une blessure est une lésion, physique ou psychique.
38
+
39
+ Un handicap est une déficience qui peut aussi bien être due à une maladie qu'à une blessure.
40
+
41
+ Un syndrome est un ensemble de signes ou de symptômes qui apparaissent simultanément. Ainsi l'usage médical distingue une maladie, qui a une cause spécifique connue, d'un syndrome, qui ne se préoccupe pas des causes.
42
+
43
+ Une affection désigne une altération de fonctions qui est rattachée à un organe spécifique et qui ne prend en compte ni les causes, ni les symptômes, ni le traitement. Tout comme les syndromes, elle est parfois distinguée d'une maladie.
44
+
45
+ Par extension, on peut associer la maladie à des entités non biologiques pour signifier qu'elles sont altérées ou que leur fonctionnement n'est plus considéré comme bon. Il est ainsi habituel d'entendre les termes « société malade » ou « entreprise malade » par exemple.
46
+
47
+ Les facteurs des maladies sont le domaine d'étude de l'étiologie et physiologie.
48
+
49
+ Il existe de nombreux facteurs différents pouvant entraîner l'apparition d'une maladie.
50
+
51
+ Ces facteurs peuvent être aussi bien intrinsèques qu'extrinsèques à l'organisme concerné par la maladie.
52
+
53
+ La présence d'un facteur intrinsèque n'exclut pas celle d'un facteur extrinsèque, et inversement. Ainsi, de nombreuses maladies résultent d'une combinaison de facteurs intrinsèques et extrinsèques.
54
+
55
+ Les facteurs peuvent être répartis dans les catégories suivantes :
56
+
57
+ Les facteurs environnementaux incluent les produits chimiques toxiques (par exemple les acétaldéhydes dans la fumée de cigarette et les dioxines relâchées lors de l'utilisation d'Agent orange) et les agents infectieux (par exemple les virus de la varicelle ou de la polio).
58
+
59
+ Certains facteurs peuvent faire partie de plus d'une catégorie.
60
+
61
+ C'est le cas des causes biochimiques de maladies qui peuvent être considérées comme un spectre où à l'une des extrémités la maladie est causée exclusivement par des facteurs génétiques (par exemple les répétitions CAG dans le gène HD (ou gène huntingtine ou encore gène IT15) qui cause la maladie de Huntington) et à l'autre causée entièrement par des facteurs environnementaux.
62
+
63
+ Entre ces deux extrêmes, gènes et facteurs environnementaux interagissent pour causer la maladie comme c'est le cas pour la maladie inflammatoire appelée maladie de Crohn où les gènes NOD2/CARD15 et la flore intestinale jouent chacun un rôle. L'absence de facteur génétique ou environnemental dans ce cas a pour résultat l'absence de manifestation de la maladie.
64
+
65
+ Les postulats de Koch peuvent être utilisés pour déterminer si une maladie est causée par un agent infectieux. L'émergence de nouvelles maladies infectieuses est liée aux activités humaines perturbant l'équilibre des écosystèmes.
66
+
67
+ Par exemple, l'Institut de recherche pour le développement indique que « le déboisement des forêts primaires reste l'une des causes principales de l'apparition de nouveaux agents infectieux et de leur circulation épidémique dans les populations humaines »[3]. En effet, les forêts jouent un rôle essentiel pour la biodiversité terrestre, élément stabilisateur des agents pathogènes[4].
68
+
69
+ Pour déterminer si une maladie est causée par un facteur génétique, les chercheurs étudient la présence de la maladie dans l'arbre généalogique familial.
70
+ Cela fournit des informations qualitatives à propos de la maladie, c'est-à-dire comment elle est héritée.
71
+
72
+ Un exemple classique de cette méthode de recherche est l'héritage de l'hémophilie dans la famille royale britannique. Plus récemment cette méthode a été utilisée pour identifier le gène Apoliprotéine E (ApoE) comme un gène susceptible d'être lié à la maladie d'Alzheimer, bien que certaines formes de ce gène (ApoE2) en soient moins susceptibles.
73
+
74
+ Pour déterminer jusqu'à quel point une maladie est causée par des facteurs génétiques, c'est-à-dire pour obtenir des informations quantitatives, des études sur des jumeaux sont effectuées. Les jumeaux monozygotes sont génétiquement identiques alors que les jumeaux dizygotes sont seulement génétiquement similaires. De plus des jumeaux, qu'ils soient monozygotes ou dizygotes, partagent souvent un environnement similaire. Ainsi en comparant l'incidence de la maladie (nommée taux de concordance) chez des jumeaux monozygotes avec l'incidence de la maladie chez des jumeaux dizygotes, la contribution de chaque gène à la maladie peut être déterminée.
75
+
76
+ Les gènes suspects peuvent être identifiés grâce à plusieurs méthodes. L'une d'entre elles est la recherche de mutation d'un organisme modèle (par exemple les organismes Mus musculus, Drosophila melanogaster, Caenhorhabditis elegans, Brachydanio rerio et Xenopus tropicalis) qui possèdent un phénotype similaire à la maladie étudiée. Une autre approche est la recherche de ségrégation de gènes ou l'utilisation de marqueurs génétiques (par exemple les polymorphismes nucléotidiques et marqueurs de séquences exprimées).
77
+
78
+ Les maladies complexes sont dues à l'interaction entre un profil génétique particulier et un environnement particulier. Quelques exemples :
79
+
80
+ Un symptôme se distingue d'un signe. Le symptôme est l'expression subjective des effets ressentis par le malade alors que les signes en sont l'expression objective déduite par le médecin, ou plus généralement de la personne réalisant un diagnostic.
81
+
82
+ Certaines maladies sont contagieuses ou infectieuses, comme c'est le cas par exemple de l'influenza (ou grippe). Les maladies infectieuses peuvent être transmises par un grand nombre de mécanismes, incluant l'expulsion de particules dans l'air lors d'un éternuement ou d'une toux, les fomites (objets contaminés par des pathogènes), les morsures et piqûres d'insectes ou autres animaux vecteurs porteurs de la maladie, et l'absorption d'eau ou de nourriture contaminée.
83
+
84
+ Il existe également des infections ou maladies sexuellement transmissibles (MST ou IST). Ce sont des maladies infectieuses qui se transmettent au cours de rapports sexuels, ou de contacts sanguins. Au début du XXIe siècle, un des principaux représentants de ces maladies est le SIDA. Un représentant plus ancien est la syphilis.
85
+
86
+ Certaines maladies sont dites non transmissibles, elle ne se transmettent pas directement. Il y a par exemple les maladies liées à l'environnement.
87
+
88
+ Une des principales mesures permettant d'éviter la propagation d'une maladie parmi une population ou seulement le développement d'une maladie chez un individu est la prévention.
89
+
90
+ Elle peut se décomposer en trois parties :
91
+
92
+ En médecine, on parle plus particulièrement de prophylaxie, le processus qui vise à prévenir les épidémies et la propagation d'une maladie. La prophylaxie est, plutôt qu'un traitement médical, une promotion de la prise de conscience générale des bonnes conduites à adopter face à la maladie.
93
+
94
+ Les principales mesures de prévention de la maladie sont l'amélioration de l'hygiène et la vaccination.
95
+
96
+ La thérapeutique est la section de la médecine s'occupant de l'étude des traitements.
97
+
98
+ Les traitements consistent souvent, suivant le niveau évolutif de la société humaine concernée, en la prise de médicaments à base de molécules de synthèse ou bien de remèdes produits à partir de l'environnement naturel. Il existe toutefois de nombreuses autres thérapies, telles la radiothérapie ou la kinésithérapie, n'ayant pas recours à l'ingestion et à l'injection de substances extérieures.
99
+
100
+ L'identification d'un état comme une maladie, plutôt que comme une simple variation de la structure humaine ou de fonctions, peut avoir des implications sociales et économiques significatives et peut changer le statut social de l'être concerné[5].
101
+
102
+ La maladie peut parfois entraîner l'exclusion sociale des personnes touchées. Un exemple est l'exclusion des lépreux, courante en Europe depuis le Moyen Âge, et leur regroupement dans des établissements appelés léproseries dans le but de limiter la propagation de la maladie par contagion.
103
+
104
+ La peur de la maladie a été et est encore un phénomène social très répandu, bien que toutes les maladies, notamment les plus bénignes, n'aient pas ce genre de répercussions sociales.
105
+
106
+ Dans certains pays, les maladies infectieuses les plus dangereuses, du point de vue du risque épidémique, sont des maladies à déclaration obligatoire, c'est-à-dire qu'elles doivent être déclarées aux autorités dès qu'elles sont diagnostiquées par le médecin ou le vétérinaire.
107
+
108
+ Certains dispositifs ont également été mis en place dans de nombreux pays pour éviter ou compenser les effets néfastes de la maladie. C'est dans cette optique qu'est apparue l'assurance maladie, qui est un dispositif chargé d'apporter une compensation financière à un individu subissant ou ayant subi une maladie.
109
+
110
+ Une dérive consiste à élargir les descriptions nosographiques des maladies tout en y sensibilisant le grand public afin d'augmenter le marché de certains fournisseurs de traitements contre ces mêmes maladie. Cette pratique est appelée le disease mongering.
111
+
112
+ L'étude des différentes classifications de la maladie concerne la branche de la médecine appelée « nosologie ».
113
+
114
+ Il existe différentes tentatives de classification des maladies. Toutefois, du fait de la constante évolution de la médecine, elles ne sont pas figées. Les maladies peuvent être catégorisées en fonction de leurs causes et facteurs, de leurs symptômes ou des fonctions et organes touchés. On parle alors respectivement de classification étiologique, nosographique et fonctionnelle.
115
+
116
+ On peut également séparer les maladies en :
117
+
118
+ L'Organisation mondiale de la santé publie et est responsable de l'évolution de la Classification internationale des maladies, poursuite des travaux de Jacques Bertillon. Cette classification permet le codage des maladies, des traumatismes et de l'ensemble des motifs de recours aux services de santé grâce aux codes CIM (ou ICD en anglais). Elle permet également l'analyse systématique et l'interprétation des causes de morbidité et de mortalité dans le monde entier. Son but est notamment l'organisation et le financement des services de santé.
119
+
120
+ De nombreuses cultures ont tenté de donner une signification et une origine à la maladie.
121
+
122
+ Dans la mythologie grecque, l'apparition de la maladie est expliquée par l'ouverture de la boîte de Pandore. Zeus, qui voulait se venger des hommes à la suite du vol du feu par Prométhée, ordonne la création de Pandore, femme qu'il envoie auprès du frère de ce dernier. Pandore apporte avec elle une boîte qu'il lui est interdit d'ouvrir. La curiosité la pousse à le faire tout de même et c'est ainsi qu'elle libère la maladie et les autres maux de l'humanité que la boîte contenait.
123
+
124
+ Au Proche-Orient ancien, l'origine naturelle de la maladie est concevable, mais elle se rajoute à une origine surnaturelle, par exemple la colère des dieux, la première étant la conséquence de la seconde.
125
+
126
+ À partir de 1860, la pensée tendait vers l'idée que les homosexuel(le)s souffraient plutôt d'une maladie. Cette position de la communauté médicale et scientifique a perduré jusque vers les années soixante, où plusieurs voix se sont manifestées pour remettre en question cette vision de l'homosexualité. En 1974, l'Association américaine de psychiatrie a éliminé l'homosexualité de sa liste des maladies mentales, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux[6]. Le 17 mai 1990, c'était au tour de l'Organisation mondiale de la santé de prendre la même position et de retirer l'homosexualité de sa Classification internationale des maladies dans sa dixième version (CIM-10)[7].
127
+
128
+ La maladie a inspiré de nombreuses créations artistiques.
129
+
130
+ Le personnage du malade tient par exemple la place centrale dans Le Malade imaginaire, la dernière comédie écrite par Molière.
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+ Le patinage est l'action de glisser en se déplaçant, soit par forces volontaires, soit par forces involontaires.
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+ Par extension, le patinage est aussi un sport consistant à glisser, soit sur une surface glacée (canaux, fleuves, lacs gelés ou patinoires), soit sur une surface solide à l'aide de patins à glace ou de patins à roulettes.
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+ Les premières compétitions de patinage artistique furent organisées dans les années 1880 et l'union internationale de patinage fut créée en 1892.
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+ Paul Gardner Allen, né le 21 janvier 1953 à Seattle (État de Washington, États-Unis) et mort le 15 octobre 2018 dans la même ville, est un informaticien, chef d'entreprise, homme d'affaires et mécène américain. Pionnier et visionnaire dans le domaine de la micro-informatique, il cofonde en 1975, avec Bill Gates, la société Microsoft. Il est aussi patron actionnaire d'un empire financier de multiples sociétés dans les domaines des hautes technologies, de la recherche, des médias et des sports, regroupées pour la plupart sous la société mère Vulcan Ventures. En 2011, Paul Allen est considéré comme le 57e homme le plus riche au monde avec une fortune personnelle de 13 milliards de dollars.
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+ Paul Allen est né à Seattle dans l'État de Washington aux États-Unis le 21 janvier 1953. Fils d'un bibliothècaire, il découvre l'informatique à la Lakeside School[1], école privée de Seattle, où il devient ami avec Bill Gates. L'école loue à la compagnie multinationale General Electric du temps d'utilisation d'un ordinateur PDP-10 avec lequel il réalise avec son ami Bill Gates son premier programme informatique : un jeu de morpion.
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+ En 1968, âgé de 15 ans, il fonde avec son ami Bill Gates, âgé de 13 ans, et quelques autres, le Lakeside Programmers Group et parvient à trouver quelques clients essentiellement pour tester, déboguer, optimiser et sécuriser des programmes informatiques existants écrits en langage assembleur.
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+ Allen poursuit ses études à l'université d'État de Washington qu'il abandonne au bout de deux ans pour devenir programmeur dans la société de domotique industrielle Honeywell à Boston, mais son ami d'école Bill Gates le pousse à rapidement tout laisser tomber pour fonder une société avec lui. Allen suggère le nom de Microsoft, mélangeant les termes de microcomputer (« micro-ordinateur ») et software (« logiciel »)[1].
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+ Il coréalise avec Bill Gates un interpréteur BASIC pour l'Altair 8800. Ce sera le premier langage de programmation développé pour le premier ordinateur personnel. Ce sera également le premier logiciel édité par Microsoft (appelé alors Micro-Soft), fondée pour l'occasion en 1975, alors qu'Allen est âgé de 22 ans et Gates de 19 ans, à Albuquerque dans un motel du Nouveau-Mexique.
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+ Allen négocie l'achat par Microsoft du système d'exploitation QDOS pour 50 000 dollars. Après l'avoir légèrement remanié pour en faire le PC-DOS (premier MS-DOS), Paul Allen et Bill Gates, assistés par le père de Gates, William Henri Gates II, important et brillant juriste et avocat d'affaire international des États-Unis, parviennent à le vendre au géant de l'informatique IBM pour équiper son nouveau produit : le micro ordinateur IBM PC à base de microprocesseur x86 Intel 8088. Microsoft est propriétaire de tous les droits d'auteur et de commercialisation de MS-DOS et parvient à négocier avec le géant IBM un dividende de 35 dollars par copie de MS-DOS vendue par IBM PC à partir de 1981. C'est la fortune, car le PC se vend en quelques années à des millions d'exemplaires, et le succès ne cessera plus de croître jusqu'en 2000. Microsoft gère très bien ses filières : le succès de PC-DOS et MS-DOS finance un Windows au début déficitaire, le succès de Windows financera Windows NT au début déficitaire, etc. Microsoft crée également de multiples logiciels évolutifs associés.
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+ Paul Allen, qui est plus technicien que commercial, devient directeur technique et laisse à Bill Gates le soin du management et du marketing de Microsoft tout en restant un des actionnaires principaux.
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+ À la suite du diagnostic en 1982 d'un lymphome de Hodgkin[2] et à son traitement par plusieurs mois de radiothérapie, il quitte son poste de directeur technique de Microsoft en 1983 tout en restant au conseil d'administration et actionnaire. Il devient homme d'affaires et mécène en fondant et gérant un empire de sociétés dont il est fondateur, mécène ou actionnaire. Ces sociétés sont chapeautées par sa société-mère Vulcan Ventures, dont Charter Communications, DreamWorks SKG, Oxygen Media et plus d’une quarantaine d’autres sociétés dans les domaines des hautes technologies et des médias...
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+ En 1986, Microsoft fait son entrée en bourse. Ses deux fondateurs sont parmi les hommes les plus riches du monde, multimilliardaires avec à ce jour 13 milliards de dollars pour Paul Allen et plus de 90 milliards de dollars pour Bill Gates selon Forbes (2018).
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+ En 1995, Paul Allen est à nouveau touché par la maladie de Hodgkin dont il parvient à guérir après plusieurs mois de radiothérapie et après une transplantation de moelle osseuse.
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+ En 1997, il fonde la société Vulcan Productions, société de production de films de cinéma.
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+ En novembre 2000, Paul Allen démissionne du conseil d'administration de Microsoft et en reste uniquement actionnaire.
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+ En 2003, il se fait construire le plus long et le plus luxueux yacht de la planète, atteignant 127 m de long, qu'il baptise Octopus (en 2012, ce yacht n'est plus que le 12e plus long du monde).
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33
+ En 2003, il fonde aussi l'Allen Institute for Brain Sciences[3] pour lequel il donne au cours de sa vie 2 milliard de dollars. Ceci permet la création d'outils utilisés par de nombreux scientifiques du monde entier.
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+ Le 4 octobre 2004, il remporte le prix de l’Ansari X Prize[4] et dix millions de dollars après avoir financé et mis au point le SpaceShipOne , le premier vaisseau spatial civil privé envoyé dans l’espace. Il a personnellement participé à son vol inaugural.
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+
37
+ Le 16 novembre 2009, Jody Allen, CEO de Vulcan et sœur de Paul, annonce publiquement que son frère s'est vu diagnostiquer un lymphome non-hodgkinien pour lequel il a commencé une chimiothérapie[5].
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39
+ Le 15 juillet 2009, Paul Allen s'engage officiellement à léguer une partie de sa fortune à des œuvres philanthropiques comme Bill Gates et Warren Buffett, en adhérant au Giving Pledge[6].
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41
+ En 2011, il fonde Stratolaunch, un projet d’avion gigantesque lanceur de fusées, basé à Mojave, dans le désert californien[4].
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+
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+ Collectionneur d'art, il possède entre autres une version des Poseuses de Seurat, rachetée à la famille d'Heinz Berggruen et considérée comme plus importante que la version de la fondation Barnes de Philadelphie.
44
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45
+ Il a une passion pour la volcanologie. En 2017, il se rend à La Réunion pour visiter le piton de la Fournaise. Le milliardaire l'a survolé lorsqu'il était en éruption et s’est ensuite rendu à Sainte-Rose et à Saint-Philippe pour observer les coulées et la route des laves[7].
46
+
47
+ Paul Allen meurt le 15 octobre 2018 des suites de complications dues à un lymphome non hodgkinien[8], à l'âge de 65 ans[9].
48
+
49
+ Paul Allen est un important patron d'équipe de sports américains de basket-ball NBA et de football américain. Il possède et finance deux équipes américaines de haut niveau :
50
+
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+ Depuis sa prime jeunesse, Paul Allen s'est passionné pour le monde aéronautique et pour la conquête spatiale[10]. De là est issu son intérêt pour les warbirds, ces avions de combat de la Seconde Guerre mondiale, dont il entretient en état de vol une riche collection ouverte au public, la Flying Heritage Collection[11]. Créée en 2004 à Everett, dans l'État de Washington, cette collection constitua la base du Flying Heritage & Combat Armor Museum, ouvert sur l'aéroport d'Everett. La collection compte une trentaine d'avions parmi lesquels Supermarine Spitfire, North American P-51 Mustang, Focke-Wulf Fw 190, Iliouchine Il-2, et même un MiG-29[12].
52
+
53
+ Cet intérêt pour un glorieux passé aéronautique le mène aussi à s'intéresser au devenir de l'aviation, il devient ainsi actionnaire de la société Scaled Composites qui a créé le SpaceShipOne, un avion suborbital capable de monter dans l'espace.
54
+
55
+ Son nom a été donné au radiotélescope Allen Telescope Array qu'il a financé en tant que mécène et qui permet entre autres, de surveiller un million d'étoiles à la recherche d'émissions radio électriques d'origine extraterrestre.
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+
57
+ En 2017, la société Stratolaunch dévoile qu'il finance un avion géant, le Stratolaunch, propulsé par six réacteurs et capable de lancer une fusée[13].
58
+
59
+ Paul Allen est amateur de yachts et en possède plusieurs modèles. En 2003, il fait construire le plus long et le plus luxueux de la planète à son lancement, baptisé Octopus (pieuvre) en clin d’œil à la chanson Octopus's Garden des Beatles. Avec 127 mètres de long, il est détrôné depuis par l'Eclipse du russe Roman Abramovitch. Il n'est plus en 2013 qu'à la quatorzième place du palmarès. Il était le plus extravagant, avec à son bord salle de cinéma, piscine, terrain de basket-ball, héliport et même un sous-marin. Octopus abrite aussi une salle de vidéoconférence qui permet à Paul Allen de discuter à tout moment avec les dirigeants de ses entreprises.
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+
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+ Paul Allen possède aussi deux autres yachts, Tatoosh et Méduse.
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+
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+ L'île Allan (en) est une île privée de 292 acres (118 ha) située au sud-ouest d'Anacortes, dans l'État de Washington, et fait partie de la chaîne des îles San Juan.
64
+
65
+ Le milliardaire Paul Allen achète l'île en 1992. Allen avait initialement l'intention de construire une maison de vacances sur l'île Allan, jusqu'à ce qu'il achète une propriété distincte dans les San Juans en 1996 qu'il préférait à la place. Une tentative de vente d'Allan Island en 2005 pour 25 millions de dollars n'a pas réussi à attirer les acheteurs. Allen a encore essayé de vendre l'île en 2011 pour 13,5 millions de dollars. Il l'a finalement vendue en décembre 2013 pour 8 millions de dollars[14].
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+
67
+ En 1988, Paul Allen fonde avec sa soeur, Jody Allen, la fondation the Paul G. Allen Family Foundation[15].
68
+
69
+ En 2006, il crée la fondation Paul G. Allen Family Foundation à qui il va léguer 100 millions de dollars. Cette fondation a pour mission d'aider des projets dans le domaine de l'art, de la culture, de l'éducation et du social.
70
+
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+ En 2014, il fait un don de 100 millions de dollars à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour lutter contre le virus ebola[16].
72
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+ La même année, il consacre 100 millions de dollars pour créer le Allen Instit Cell Science, un organisme de recherche dont la mission est consacrée à la compréhension du rôle des cellules du corps humain dans le déclenchement et la progression d'une maladie chez l'homme[17].
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+ Pearl Harbor (littéralement le « port des Perles ») est une baie peu profonde située sur l'île d'Oahu, dans l'État américain d'Hawaï, à l'ouest d'Honolulu. Pearl Harbor était jadis considérée comme la résidence de la déesse requin Ka'ahupahau, et de son frère Kahi'uka.
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+ Depuis la fin du XIXe siècle, elle abrite une base navale des États-Unis, la base navale de Pearl Harbor, et le quartier général de la flotte du Pacifique des États-Unis d'une superficie, en 2013, de 5 304 hectares. Le port et la base sont implantés autour d'une rade au centre de laquelle se trouve l’île de Ford. L'entrée de cette rade se fait par un chenal très étroit. Pearl Harbor est devenue célèbre en raison de l'attaque aérienne surprise lancée par le Japon le 7 décembre 1941, qui allait provoquer l'entrée en guerre des États-Unis.
6
+
7
+ En anglais, « pearl harbor » signifie « port des perles ». Les Hawaïens l'appellent :
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9
+ Le port était principalement utilisé pour la production d'huîtres perlières jusqu'à la fin du XIXe siècle.
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+ Dans les années qui suivirent l’arrivée du capitaine James Cook (1778), les Européens considéraient que la rade ne pouvait accueillir un port à cause de la faible profondeur de ses eaux.
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+
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+ Les États-Unis et le royaume d'Hawaï signèrent un traité de réciprocité en 1875, complété par la convention du 6 décembre 1884 et ratifié en 1887. Le 20 janvier de la même année, le Sénat des États-Unis autorisa la marine à louer Pearl Harbor comme base navale. En échange, les Hawaïens obtinrent le droit exclusif de pouvoir exporter aux États-Unis du sucre sans droit de douane. La guerre hispano-américaine de 1898 et le besoin des États-Unis de posséder une présence permanente dans le Pacifique conduisirent à l'annexion de l'archipel.
14
+
15
+ Les chantiers navals de Pearl Harbor furent inaugurés en 1908 et l’île de Ford fut achetée par l’armée pour développer l’aviation militaire dans le Pacifique. Dans le contexte de l’expansionnisme japonais, le général Harry Yarnell anticipait une invasion d’Hawaï. Au cours d’un exercice militaire le 7 février 1932, ce dernier avait mis en évidence la vulnérabilité d’Oahu en cas d’attaque aérienne par le nord-ouest. La simulation avait montré que des avions ennemis pourraient infliger de sérieux dommages et que la flotte ennemie, restée à l'écart des côtes, serait indétectable pendant 24 heures.
16
+
17
+ En 1939, débute la Seconde Guerre mondiale. S'affrontent alors le camp des Alliés, comprenant la France et l’Angleterre, contre les pays de l’Axe, formé par l’Italie, l’Allemagne et le Japon. Entraîné par ses alliances avec l’Allemagne, et du fait du blocus américain sur le pétrole, le Japon provoqua l’entrée en guerre des États-Unis parmi les Alliés, avec pour 1er objectif la destruction de la base navale de Pearl Harbor[1].
18
+
19
+ En 1941, l’expansion du Japon sur le territoire chinois devenant alarmante, Franklin Delano Roosevelt, le président des États-Unis de l'époque, décida de s’allier à la Chine. C’est pourquoi il gela, le 25 juillet, les avoirs financiers nippons en plus de provoquer un embargo des matières premières au Japon dont le pétrole, nécessaire à la production de son armement[2].
20
+
21
+ Le 20 novembre 1941, le Japon envoie aux États-Unis une note en cinq points, comme dernière proposition de négociation, demandant l’arrêt de l’embargo, du gel des crédits et de l’aide matérielle et morale à la Chine en échange de son retrait dans la péninsule indochinoise, en particulier d'Indochine française. Le 26 novembre, les États-Unis ripostent par une réponse en dix points, la note de « Hull ».Refusant de se soumettre aux restrictions menaçant son expansion, le Japon donne l’ordre de départ en date du 26 novembre à son aviation aéronavale embarquée sur six porte-avions. Fin novembre, les Japonais avaient atteint la baie d’Hito-Kappu au centre de l'île d'Iturup dans l'archipel des iles Kouriles, au nord du Japon d'alors (aujourd'hui appartenant à la Russie), ce qui met la flotte japonaise à 4000 miles de Pearl Harbor et à un endroit idéal pour passer inaperçue des Américains[3].
22
+
23
+ Un élément ayant permis l’attaque japonaise de ce grand port pétrolier fut l’espionnage. Effectivement, Otto Kuehn, un agent allemand affilié aux Japonais, fut arrêté à Hawaï après l’invasion et déclara au cours de son procès qu’il y avait jusqu’à 200 agents secrets japonais infiltrés et répartis sur chacune des îles. Ceux-ci communiquaient par signaux lumineux avec leurs sous-marins et possédaient plusieurs postes à des endroits stratégiques, camouflés grâce au relief montagneux. Ces espions infiltrés avaient ainsi fourni des documents présentant en détail l’île, et des éléments essentiels au projet d’attaque[4].
24
+
25
+ À la veille de l'attaque japonaise du 7 décembre 1941 à 8 h 15, la flotte de guerre américaine du Pacifique, stationnée à Pearl Harbor, comprenait 86 unités : vingt huit destroyers, neuf croiseurs, huit cuirassés, cinq sous-marins, un cuirassé-cible (l'USS Utah) et une trentaine de bâtiments auxiliaires. On comptait enfin 25 000 hommes sur la base et 231 avions dans l’île. Le général Walter Short était le commandant des forces terrestres, tandis que la flotte du Pacifique était sous les ordres de l'amiral Husband Kimmel. La défense des installations et des ateliers de réparation était assurée, notamment, par 35 B-17, la DCA et les défenses littorales.
26
+
27
+ Les Japonais avaient recouru à une cache dans la baie d’Hito-Kappu sur l’île Etorofu, dans les îles Kouriles[5]. L'escadre japonaise comportait 353 avions, elle était située à environ 300 km au nord d'Oahu, à bord de six porte-avions. À 6 h, une première vague de 183 avions partait des porte-avions japonais, à environ 200 miles de Pearl Harbor, en direction de la base navale[6].
28
+
29
+ L'attaque se fit en deux vagues successives. La première attaque eut lieu à 7 h 49 précises et était composée de 43 chasseurs, 49 bombardiers à haute altitude, 51 bombardiers en piqué et 40 avions lance-torpilles. Les forces aériennes américaines disponibles à Hawaï ce jour-là comportaient 231 avions mais beaucoup furent endommagés au sol et ne purent servir. La disposition linéaire et entassée des avions sur terre fut une erreur des Américains, puisque les attaquants n’ont eu qu’à faire feu en les prenant en enfilade pour détruire et endommager la majorité des avions, attaquant également les dortoirs et réfectoires militaires au passage[6].
30
+
31
+ La première vague a pu bénéficier de l'effet de surprise bien que les renseignements américains possédaient les codes japonais, car ces derniers n'ont déchiffré le message annonçant l'attaque de Pearl Harbor qu'environ une demi-heure après l'attaque. Le personnel militaire était, pour la plupart, toujours endormi ou en train de prendre le petit déjeuner. La réaction des Américains se fit rapidement puisqu’environ cinq minutes après les premiers bombardements aériens, des soldats étaient déjà à leur poste de canonniers anti-aériens[6].
32
+
33
+ La deuxième vague eut pour mission d'achever les navires très endommagés, mais la fumée les empêchait de voir correctement leurs objectifs et ils lancèrent leurs bombes sur des navires moins endommagés. À 8 h, une alerte de détresse était lancée sur toute la flotte du Pacifique par l’amiral Husband Edward Kimmel : « AIR RAID ON PEARL HARBOR X THIS IS NOT DRILL. »[6].
34
+
35
+ À 9 h 45, l’attaque était déjà terminée et les Japonais en route vers leurs porte-avions, qu'ils atteignirent à 12 h 14. Ils repartaient vers leur pays une heure plus tard, avec seulement vingt-neuf avions et cinq sous-marins de poche en moins[6]. En définitive, l'amiral Nagumo ramenait une flotte aérienne presque intacte, mais il avait refusé une troisième attaque, sollicitée par son entourage.
36
+
37
+ Cette attaque incita le Congrès des États-Unis à entrer officiellement dans la Seconde Guerre mondiale, déclaration de guerre signée par le président Roosevelt le 11 décembre.
38
+
39
+ Le bilan de l’assaut contre Pearl Harbor fut que dix huit des quatre vingt seize bâtiments présents sur l’île d’Oahu furent démolis ou endommagés et que les dommages matériels s’élevèrent à 500 000 $. Les porte-avions n’étaient pas à la base navale le jour de l’attaque, mais huit des douze cuirassés furent coulés et endommagés, dont deux, l'USS Arizona et l'USS Oklahoma, furent perdus définitivement. Quatre destroyers furent détruits, trois croiseurs endommagés, ainsi que quatre navires auxiliaires, un mouilleur de mines et un navire. Cent quatre vingt huit avions ont été détruits et cent cinquante neuf endommagés. Les pertes humaines étaient estimées à 2 335 tués, 1 143 blessés, mais la population fut également touchée avec 68 civils décédés et 35 blessés[7].
40
+
41
+ L’Honolulu Star-Bulletin (1st extra) publie une édition spéciale de huit pages le 7 décembre 1941 titrée « War! : Oahu bombed by Japanese planes » (« Guerre ! : Oahu bombardé par des avions japonais »). Cette édition est la première édition de trois « extras » et 250 000 exemplaires sont imprimés le jour même de l’attaque de Pearl Harbor[8].
42
+
43
+ L’explosion de la soute à munitions du Shaw, un contre-torpilleur américain, a été causée par l’attaque aérienne japonaise de Pearl Harbor du 7 décembre 1941[9].
44
+
45
+ La base navale de Pearl Harbor est actuellement l'une des bases les plus importantes de l'United States Navy. Construite au tournant du XIXe siècle, elle abrite le siège de l'United States Pacific Fleet et une flotte permanente d’une dizaine de navires de surface et une quinzaine de sous-marins d’attaque.
46
+
47
+ Le film Hawaii-Midway Battle of the Sea and Sky : Storm in the Pacific Ocean, ayant pour titre américain I bombed Pearl Harbor, fut réalisé au Japon en 1960. Ce film aborde la Seconde Guerre mondiale, l’attaque sur Pearl Harbor et la défaite lors de la bataille de Midway du point de vue des Japonais[10].
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+ 30 juin Commémoraison de saint Paul (calendrier traditionnel) 18 novembre (Fête de la dédication des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul)
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+
5
+ Paul de Tarse ou saint Paul ([pɔl]), portant aussi le nom juif de Saul ([sol], hébreu : שאול - Šā’ûl qui signifie « demandé [à Dieu] »[1] et qui se prononce [ʃaul] en hébreu) (né vers 8, probablement à Tarse en Cilicie au début du Ier siècle et mort vers 64 à Rome), est un apôtre de Jésus-Christ, qui ne fait pas partie des « Douze ». Il est citoyen romain de naissance et juif pharisien. Le Nouveau Testament le présente comme un persécuteur des disciples de Jésus jusqu'à sa rencontre mystique avec le Christ, vers 32-36[2], mais l'historicité de ces persécutions fait débat dans la recherche moderne, tout comme l'emploi du terme de « conversion » à son propos.
6
+
7
+ Au cours des années 40, Paul fonde plusieurs Églises dans le territoire de la Turquie actuelle, et effectue un deuxième voyage missionnaire en Asie Mineure et en Grèce. Dans les années 50 et 60, tout en poursuivant sa mission itinérante, il adresse un certain nombre de lettres à ces nouvelles Églises.
8
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9
+ Ces lettres, dites « épîtres pauliniennes », sont les documents les plus anciens du christianisme. Elles représentent l'un des fondements de la théologie chrétienne, en particulier dans le domaine de la christologie, mais aussi, d'un point de vue historique, une source majeure sur les origines du christianisme.
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+ La biographie de Paul repose uniquement sur deux types de sources : « ses treize lettres (dont sept sont admises comme authentiques par la presque totalité des commentateurs), et les Actes des Apôtres de Luc, dont la deuxième partie est presque tout entière un récit de la vie missionnaire de Paul jusqu'à son arrivée à Rome[3] ».
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+ Cependant, il arrive que certaines données des Actes ne se concilient pas avec les informations puisées dans les lettres. Les historiens considèrent celles-ci comme la source la plus fiable : « On sait mieux aujourd'hui que Luc, aussi bien dans son premier que dans son deuxième livre [des Actes], était d'abord un théologien du Fils de Dieu et de son Église, et que ses relations avec les « faits historiques » n'étaient pas aussi naïves qu'on le croyait[3]. »
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+ Selon les écrits de Paul lui-même, on peut savoir qu'il est issu d'une famille juive et qu'il peut tracer son ascendance généalogique à la tribu de Benjamin[4], comme on peut lire dans les passages suivants : « moi, circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d'Hébreux [...][p 1], » « Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Loin de là ! Car moi aussi je suis israélite, de la postérité d'Abraham, de la tribu de Benjamin[p 2]. » et « Sont-ils Hébreux ? Moi aussi. Sont-ils Israélites ? Moi aussi. Sont-ils de la postérité d'Abraham ? Moi aussi[p 3]. » De plus, selon Luc, il provient de Tarse en Cilicie, une région située dans la partie méridionale de l'actuelle Turquie, comme on peut le lire dans les passages suivants[5] : « Je suis Juif, reprit Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville qui n'est pas sans importance. [...][p 4] » et « Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie [...][p 5] ». Selon saint Jérôme, il serait plutôt né à Giscala en Galilée et sa famille aurait été déportée à Tarse alors qu'il était encore un enfant[5],[6].
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+ La date de naissance de Paul est inconnue, mais il est possible de déterminer qu'il est probablement venu au monde juste avant ou juste après le début du Ier siècle[7].
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+ Paul aurait été instruit à un jeune âge à Jérusalem pour y apprendre la loi par Gamaliel[6]. Il le mentionne lui-même en disant : « Je suis juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j'ai été élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui[p 5]. »
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+ Paul fit preuve d'un zèle profond pour sa religion, le judaïsme enseigné selon la tradition des pharisiens, et fut un persécuteur des premiers disciples de Jésus-Christ. Selon les Actes des Apôtres, il participa à la lapidation de saint Étienne[p 6].
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+ La conversion de Paul a eu lieu entre 31 et 36[8],[9],[10]. Selon les Actes des Apôtres, celle-ci s'est produite au cours d'un voyage pour se rendre à Damas lorsque celui-ci rencontra Jésus-Christ ressuscité. En effet, ceux-ci rapportent que « [Paul] tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons[p 7]. » Paul sortit de cette rencontre profondément bouleversé et définitivement persuadé que celui qu'il persécutait était le seigneur donné par Dieu pour le salut de son peuple. Selon les Actes des Apôtres, suite à ce bouleversement, il perdit la vue pendant trois jours[p 8]. À la suite de ces trois jours, il fut baptisé au nom du Christ par Ananie de Damas lorsque ce dernier « [...] imposa [ses] mains à Saul, en disant : Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m'a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli du Saint Esprit[p 9]. » Immédiatement après cela, « [...] il recouvra la vue. Il se leva, et fut baptisé[p 10]. »
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+ Sa fonction d'apôtre est confirmée par les trois « colonnes » qui dirigent le mouvement (Jacques le Juste, saint Pierre et saint Jean) (Galates 2, 7:9) « 2.7 Au contraire, voyant que l'Évangile m'avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, 2.8 car celui qui a fait de Pierre l'apôtre des circoncis a aussi fait de moi l'apôtre des païens, 2.9 et ayant reconnu la grâce qui m'avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, me donnèrent, à moi et à Barnabas, la main d'association, afin que nous allassions, nous vers les païens, et eux vers les circoncis. 2.10 Ils nous recommandèrent seulement de nous souvenir des pauvres, ce que j'ai bien eu soin de faire », il se présente alors lui-même lors de ses voyages comme un apôtre désigné directement par le Christ, et comme le bénéficiaire de la dernière apparition de Jésus (1 Co 15,8).
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+ Il fut l'apôtre qui favorisa activement, sans en être cependant l'initiateur, l'« ouverture vers les gentils » de l'Église naissante. À cette époque, l'enseignement du messie s'adressait principalement aux Juifs que l'on cherchait à convertir. Pour les premiers chrétiens, juifs d'origine, cet enseignement ne remettait pas en question la loi de Moïse. Ainsi, les incirconcis demeuraient des personnes peu fréquentables, auxquelles le message du Christ ne semblait pas destiné. Paul, à la suite de Barnabé, alla prêcher chez eux. Selon Luc, au Concile de Jérusalem, il réussit à convaincre les autres chefs des premières communautés chrétiennes que l'on pouvait être baptisé sans avoir été au préalable circoncis (Ac 21, 18), développant ainsi l'adresse universelle du message chrétien. Les tensions persistèrent avec le courant mené par Jacques (Ga 2, 11s). Paul, grand voyageur, a fondé et soutenu des Églises dans tout l'est du bassin méditerranéen, plus particulièrement en Asie Mineure. Quand il ne leur rendait pas visite personnellement, il communiquait avec eux par lettres (épîtres).
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+ Son engagement auprès des gentils et ses convictions religieuses lui attirèrent l'inimitié de certains juifs. Il fut arrêté à Jérusalem et manqua d'être lapidé. Arrêté par les Romains, il argua de sa citoyenneté romaine, affirmant Civis romanus sum (« je suis citoyen romain ») pour être jugé non par le Sanhédrin mais par le gouverneur, qui le fit emprisonner durant deux ans à Césarée. Puis, à sa propre demande, il fut conduit à Rome pour comparaître devant l'empereur. Une tempête le détourna vers Malte, où il resta quelques mois. Il s'installa ensuite à Rome, d'abord en liberté surveillée puis complètement libre. Il y mourut décapité (en tant que citoyen romain), probablement en 67[11], à la suite de l'incendie de Rome (64), et après un procès probable sous le règne de Néron :
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+ Paul de Tarse, envoyé à Damas pour persécuter les premiers chrétiens, dit avoir eu une apparition du Christ. Selon les Écritures il eut la révélation de la foi sur le chemin de Damas (Ac 9,3-18). Les chrétiens le connaîtront surtout sous son nom romain de Paul, « Apôtre des Nations ». L'épisode, rapporté dans les Actes des Apôtres, symbolise, depuis, tout lieu où un retournement subit de convictions permet l'accès à la religion. Il s'agit plus d'une rencontre intime avec le Christ. Le terme de conversion, Paul l'utilisera pour les païens qui se convertissent au christianisme.
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+ Après sa conversion, Paul séjourne quelque temps à Damas, puis en Arabie, ensuite à Jérusalem, Tarse, avant d'être invité par Barnabé à Antioche. C'est de cette ville qu'il partira pour ses voyages missionnaires. On peut raisonnablement dater ses voyages dans un intervalle de quelques années de 45 à 58 environ[p 11].
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+ C'est un voyage aller-retour qu'il effectue en compagnie de Barnabé et de Jean Marc (cousin de Barnabé). Il visite Chypre (Paphos), la Pamphylie (Pergé) et prêche autour d'Antioche de Pisidie. Paul et Barnabé cherchent à convertir des Juifs, prêchent dans les synagogues, sont souvent mal reçus et obligés de partir précipitamment – à cause de leur annonce du salut et de la résurrection en Jésus (Actes 13:15-41) mais pas forcément mal reçus (Actes 13:42-49). Sur le chemin du retour, ils ne repassent pas par Chypre et se rendent directement de Pergé à Antioche.
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+ La réunion de Jérusalem et le conflit d'Antioche — que l'on date généralement autour de l’année 50[a] et dont l'ordre de déroulement lui-même fait l’objet de débats[14] — sont les deux premiers épisodes attestés d'un profond différend qui s'est développé à l'intérieur même du mouvement des disciples de Jésus. Il va opposer, de manière parfois très vive et durant plus d'une décennie, Paul représentant les chrétiens d'origine grecque, à Pierre et Jacques représentant les chrétiens d'origine judéenne[12].
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+ De manière plus générale, ces événements — avec d'autres péripéties conservées dans certaines lettres de Paul[p 12], citées par Mimouni[15]. — ont eu une incidence considérable sur les rapports entre les deux tendances principales : les « pauliniens », d'une part, qui soulignent la valeur de la croyance dans le Messie et les « jacobiens » et « pétriniens », d'autre part, qui maximalisent la portée de l'observance de la Torah[16] : en d'autres termes, est-ce que le salut s'obtient par la croyance au Messie ou par l’observance de la Torah[17] ? Les premiers sont à l’origine du courant rétrospectivement appelé « pagano-christianisme » et les seconds à celui nommé « judéo-christianisme »[18].
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+ Paul rapporte de façon assez détaillée, mais naturellement de son point de vue, ce conflit et la réunion de Jérusalem dans une lettre écrite aux communautés de Galatie, probablement la communauté d'Éphèse, dans les années 54-55[19], alors que le « document paulinien » qui a servi à rédiger la partie relative à cet épisode dans les Actes des Apôtres daterait d'une trentaine d'années après les faits.
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+ Les débats que soulèvent ces événements ne sont pas doctrinaux ni liés à la théologie de Paul — qui semble se développer ultérieurement — mais d'ordre rituel[12] et consécutifs à un phénomène nouveau, l'apparition d'adeptes non juifs au sein du mouvement de Jésus, Grecs issus du paganisme. L'observance des règles prescrites dans la Torah par ces chrétiens d'origine polythéiste — par exemple la question de la circoncision, déjà problématique médicalement pour un adulte à l'époque, mais en plus interdite pour un non-juif dans la société romaine[b] — est devenue une question épineuse.
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+ Lors de la réunion de Jérusalem, l'observance de la Torah par les chrétiens d'origine polythéiste est examinée[19] et la question de la circoncision y est notamment soulevée par des pharisiens devenus chrétiens. Examinée par les apôtres et les presbytres (« anciens ») en présence de la communauté, elle est arbitrée par Pierre qui adopte le principe suivant, accepté par Jacques, l’autre dirigeant de la communauté hiérosolymitaine : Dieu ayant purifié le cœur des païens par la croyance en la messianité de Jésus, il n'y a plus de raison de leur imposer le « joug » de la Torah[20].
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+ Toutefois, Jacques reste inquiet par des problèmes pratiques, qui naîtront dans les « communautés mixtes »[19] qui réunissent les chrétiens d'origine juive et ceux d'origine païenne[c] : les premiers ne doivent pas avoir à craindre de souillure à la fréquentation des seconds qui doivent observer un minimum de préceptes qui sont communiqués par une lettre à destination de ces derniers, connue sous le nom de « décret apostolique »[21]. Mais il n'y est plus question de la circoncision, pourtant à l’origine du débat[17].
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+ La réunion de Jérusalem n'a pas réglé le problème de la coexistence de chrétiens de divers courants et origines culturels, notamment au moment des banquets cérémoniels, le partage eucharistique[22]. C'est à la même époque que prend place un épisode de tension entre Paul et Pierre, connu sous le nom de « conflit » ou « rupture » d'Antioche, au terme duquel Paul quitte Antioche, dans ce qui s'apparente à un exil d'une communauté qu'il a contribué à fonder[23].
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+ Après la réunion de Jérusalem, les Actes des Apôtres[p 13] mentionnent la lettre écrite par les apôtres Jacques, Pierre et Jean avec les anciens de la communauté de Jérusalem est envoyée aux communautés d'Antioche, de Syrie et de Cilicie - zone de mission confiée à Paul et Barnabé - et probablement portée par ceux qu'une épître de Paul appelle les « envoyés (apostoloi, apôtres) de Jacques »[24]. On ne sait toutefois pas si ce document, qui soulève de nombreuses questions d'ordre littéraire et historique[21], est à l'origine du différend ou s'il a été rédigé pour apaiser les esprits après l’incident[22].
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+ Il y est demandé aux destinataires d'observer un compromis défini par Jacques. Cette lettre contient probablement les quatre clauses que la tradition chrétienne appelle « décret apostolique »[21], et dont voici l'une des versions :
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+ « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu[p 14]. »
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+ À la lumière d'une lettre de Paul[24], il est possible que l'observance de ces quatre clauses ait visé à résoudre l’épineux problème de la communauté de table entre les disciples d'origine juives et d'origine païenne[21], même s'il n'en est fait aucune mention dans le décret tel qu'il a été conservé[d].
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+ En tout état de cause, la venue des « envoyés de Jacques » à Antioche, avec probablement des directives orales, semble avoir provoqué un bouleversement dans les habitudes des communautés chrétiennes de la ville où les judéo-chrétiens et les « pagano-chrétiens » avaient pris l'habitude de prendre les repas symbolisant l'eucharistie en commun[25]. Ce à quoi la venue des émissaires de Jacques, muni de ses directives, semble avoir voulu mettre un terme. Cela ne se passe pas sans émoi et Paul prend vertement[26] à partie l'apôtre Pierre[27] qui, alors qu'il partageait jusque-là les repas en compagnie des « paganos-chrétiens », se tient à l'écart de ceux-ci consécutivement au passage des envoyés de Jérusalem[25], se voyant alors reprocher son hypocrisie[26].
60
+
61
+ C'est peut-être l'attitude tranchante de Paul dans certaines de ses lettres à la suite de ces événements — et d'autres dans ses missions ultérieures — qui a fourni au « parti des circoncis »[25], insatisfait de l’arbitrage de Jérusalem et n’ayant pas renoncé à imposer l’observance de la Torah pour le salut des fidèles[28], une raison de considérer ce dernier comme rompu par lui, initiant contre Paul, lors de sa visite à Jérusalem de 58, un cycle de procès et d'incarcérations qui le mèneront, si l'on suit les Actes[29] — de Jérusalem à Rome[30].
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+
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+ Paul effectue ce deuxième voyage en compagnie de Silas.
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+
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+ Son premier objectif est de rencontrer à nouveau les communautés qui se sont créées en Cilicie et Pisidie.
66
+
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+ À Lystre, il rencontre Timothée qui continue le voyage avec eux.
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+ Ils parcourent la Phrygie, la Galatie, la Mysie. À Troie, ils s'embarquent pour la Macédoine. Paul séjourne quelque temps à Athènes puis à Corinthe où il rencontre le proconsul Gallion.
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+ Il retourne ensuite à Antioche en passant par Éphèse et Césarée.
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+ C'est un voyage de consolidation : Paul retourne voir les communautés qui se sont créées en Galatie, Phrygie, à Éphèse, en Macédoine jusqu'à Corinthe. Puis il retourne à Troie en passant par la Macédoine. De là, il embarque et finit son trajet par bateau jusqu'à Tyr, Césarée et Jérusalem où il est arrêté.
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+ Dans les Actes des Apôtres[p 15], il est rapporté que lors de son dernier séjour à Jérusalem en 58[31], Paul a été accueilli très chaleureusement par Jacques le Juste[30], le « frère du Seigneur » et chef de la communauté des nazôréens, ainsi que par les anciens (Actes 21:17-26). Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux juifs de la diaspora l'« apostasie » vis-à-vis de « Moïse », c'est-à-dire le refus de la circoncision de leurs enfants et l'abandon des règles alimentaires juives[30]. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi[30], il doit entamer son vœu de naziréat et payer les frais pour quatre autres hommes qui ont fait le même vœu. Puis, ils lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'aurait pas remplies[30].
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+ Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des juifs d'Asie entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le Temple[p 16],[32]. Paul est accusé d'avoir fait pénétrer un « païen », Trophime d'Éphèse, dans la partie du Temple où ceux-ci sont interdits sous peine de mort. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée »[32] puis plus tard à Rome[32]. Selon Simon Claude Mimouni, cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d'observance[32], probablement lié à la crise provoquée par les Zélotes, qui aboutira en 66 « à une révolte armée des Juifs contre les Romains »[32].
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+ Paul comparait devant le procurateur Antonius Felix[33], alors que le grand-prêtre Ananie[34], soutient l'accusation contre lui[31]. L'orateur Tertullus l'accuse alors d'être un chef de la « secte » des Nazôréens et de « susciter des séditions chez tous les Juifs de la terre habitée »[p 17]. Toutefois, Felix ne statue pas sur son cas et le maintient en prison à Césarée[33]. Pour décider du sort de Paul, Porcius Festus le successeur de Felix, organise en 60 une autre comparution devant lui, en y associant Agrippa II et sa sœur Bérénice[33].
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+ Selon le récit des Actes des Apôtres cité par Schwentzel, Bérénice « fait son entrée en grande pompe dans la salle d'audience où elle siège aux côtés d'Agrippa II, lors de la comparution de Paul à Césarée. Après le procès, elle participe à la délibération entre le roi et le gouverneur Porcius Festus[p 18],[35] (procurateur de Judée de 60 à 62[36]). »
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+ Ayant fait « appel à César » en tant que citoyen romain, Paul est renvoyé à Rome pour y être jugé[p 19].
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+ Pendant le voyage de Césarée à Rome, l'action d'évangélisation de Paul — dont les gardiens semblent complaisants — se poursuit (Actes 28, 30-31). C'est au cours de ce voyage qu'il fait naufrage à Malte « où les habitants lui témoignent une humanité peu ordinaire » (Actes 28:1-2). Après il débarque à Pouzzoles où il est reçu par une petite communauté chrétienne (Actes 28:13-14). Il serait arrivé à Rome vers 60. On aurait permis à Paul de vivre dans une maison privée sous la garde d’un soldat, avec l'assistance de l'esclave Onésime (Phil 8-19). D’après une ancienne tradition, l’Apôtre vécut dans une maison louée près du méandre du Tibre, sur sa rive gauche, à la hauteur de l’Île Tibérine, zone très peuplée où il y avait de nombreux Juifs. Des fouilles archéologiques ont permis d’identifier qu’ils étaient tanneurs, pour la plupart. Ce logement se situerait à l'emplacement de l’église San Paolo alla Regola, la seule se trouvant à l’intérieur du Mur d'Aurélien qui soit dédiée à l’apôtre. La présence d’un silo spacieux, évoqué dans des documents du IIe siècle décrivant la demeure de Paul, explique que, dès son arrivée dans la ville, l'apôtre ait pu convoquer chez lui un grand nombre de juifs qui vivaient à Rome pour leur annoncer le royaume de Dieu.
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+ La fin de sa vie reste obscure : les Actes des Apôtres se terminent brusquement sur l'indication qu'il est resté deux ans à Rome en liberté surveillée. Ainsi, ni le martyre de Jacques le Juste (62), ni celui des deux héros des Actes — Pierre et Paul — ne sont racontés. Par contre, plusieurs sources évoquent sa mission à Éphèse vers 65 et une deuxième arrestation le conduisant à nouveau à Rome[37],[38].
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+ Selon Eusèbe de Césarée, « après avoir plaidé sa cause, l'apôtre repartit de Rome, de nouveau, dit-on, pour le ministère de la prédication[p 20] » : Marie-Françoise Baslez estime « vraisemblable » la mission en Espagne, que Clément de Rome évoque dans son épître à la fin du Ier siècle[40]. « Les Actes de Pierre, biographie romancée composée vers 180, affirment la réalité du voyage espagnol et l’interprètent comme une nouvelle étape dans l'évangélisation du monde païen[40]. » Selon les Actes de Pierre, « pour accomplir cette tâche ses fidèles de Rome lui donne un an »[p 21],[42].
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+ Sans préjuger de leur authenticité, la lettre à Tite ainsi que les deux adressées à Timothée situent les dernières années de Paul dans la province romaine d'Asie[42]. Elles sont écrites par des contemporains de Paul et « les indications de personnes et de lieux, dépourvues de significations particulières, ont toutes chances d'avoir un caractère historique[42]. » Paul arrive à Éphèse vers 65, « alors que le groupe chrétien de la ville est en crise[38]. » Il oblige Timothée à lui céder sa place à la tête de la communauté des chrétiens, « mais face aux difficultés que lui font ses opposants, il se retire à Milet et demande à Tychique de lui succéder[38]. »
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+ Durant deux années, Éphèse constitue la base de la mission de Paul en direction des « Juifs et des Grecs » de la province romaine d'Asie[38]. C'est à cette communauté que Paul adresse son épître aux Éphésiens, — dont l'authenticité est discutée[38].
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+ Paul est arrêté dans la province d'Asie[43]. Cette fois encore, l'accusation de subversion motive son arrestation[44].
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+ Plusieurs passages des épîtres pauliniennes laissent entendre que l'apôtre souffrait d'une maladie chronique potentiellement mortelle. Lorsqu’il aborde cette question, Paul en parle comme d’une
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+ « écharde » enfoncée dans sa chair. Le mot grec qu'il utilise, skolops, désigne littéralement un « pieu » ou un « pal ». Plusieurs pathologies ont été suggérées : ophtalmie purulente, épilepsie, thalassémie, paludisme. Plusieurs chercheurs se sont prononcés en faveur de cette dernière hypothèse dont l’archéologue écossais William Mitchell Ramsay, le père Ernest-Bernard Allo et l'historien Thierry Murcia[45]. Le paludisme était, tout comme aujourd'hui, la maladie la plus répandue dans l'Antiquité et les crises paludéennes, dont on ignorait l'origine, étaient alors fréquemment attribuées à l'action d'un démon. Thierry Murcia précise :
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+ Traditionnellement, la mort de Paul est associée à la répression collective des chrétiens de Rome, accusés d'avoir incendié la ville en 64. Il n'existe cependant aucune source qui établisse un lien entre cette répression et la condamnation de Paul[47]. En outre, la Première épître de Clément (5,7 et 6,1) « distingue clairement le martyre de l'apôtre et la persécution de 64[48] ». Les plus anciennes indications chronologiques au sujet de sa mort datent du IVe siècle et font référence aux années 67-68[47]. Pour M.-F. Baslez « les Actes du martyre de Paul, tel que le souvenir s'en conserva dans la province romaine d'Asie jusqu'au IIe siècle, situent l'événement dans le même contexte que la lettre aux Philippiens et que la Deuxième épître à Timothée[49]. » Paul aurait donc continué ses activités missionnaires après avoir été relâché, avant d’être de nouveau arrêté et ramené à Rome pour y être jugé.
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+ Après sa condamnation, Paul est conduit à la sortie de Rome, sur la Via Ostiense, pour y être décapité[49]. Outre Luc et Tite, il aurait été entouré par des convertis issus de la maison impériale[49]. La tradition orale des chrétiens de Rome indique qu'il se tourna vers l'orient pour prier longuement. « Il termina sa prière en hébreu pour être en communion avec les Patriarches. Puis il tendit son cou, sans plus prononcer un mot[p 22],[49]. »
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+ Plusieurs aspects de la vie de Paul demeurent mal expliqués : sa double appartenance juive et romaine, sa conversion radicale, ses contacts avec les autorités romaines. Quant à sa citoyenneté romaine réelle ou supposée, elle embarrasse de nombreux historiens. Toutefois les recherches modernes montrent que bien des citoyens de son époque disposaient d'une tribu (inscription électorale), nécessairement romaine, et d'une origo, une cité d'origine (père, grand-père, etc.) pérégrine ou même étrangère de droit à l'empire. Voltaire ignorait manifestement cette situation.
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+ Paul indique que la citoyenneté romaine lui vient de son père. Celui-ci ou un de ses ancêtres, aurait-il bénéficié de cette citoyenneté sur décision impériale ? C'est peu probable si l'on se fie à une inscription datant de l'époque d'Auguste trouvée à Pergame, en Asie mineure, où l'on ne compte aucun citoyen romain parmi les notables, tandis que des octrois de citoyenneté romaine à des magistrats de haut rang sont attestés aux époques plus tardives de Trajan et d'Hadrien[50]. La présence de Juifs citoyens romains à Éphèse en 48 av. J.-C. ainsi qu'à Sardes et Délos est cependant mentionnée par Flavius Josèphe[51].
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+ L'information donnée par Jérôme de Stridon (qui la tiendrait d'Origène), selon laquelle la famille de Paul était originaire de Galilée, déplacée à Tarse à la suite d'exactions commises par les armées romaines dans la province de Judée (en 4 avant l'ère chrétienne, ou 6 après l'e.c.), « cette version des faits permet d'accorder une certaine confiance à quelques données jusque-là difficiles à expliquer », écrit Michel Trimaille. La revendication de Paul d'être « hébreu, fils d'Hébreux » (Philippiens, 3, 5 ; 2e lettre aux Corinthiens, 11, 22), suppose, avec la Judée, des relations plus étroites que celles d'un quelconque Juif de la Diaspora. « Si la famille de Paul a été déportée depuis une génération seulement, il n'est pas étonnant que dans sa famille, on n'ait pas oublié l'appartenance à la tribu de Benjamin (Philippiens 3, 5), alors que la plupart des Juifs des anciennes diasporas avaient perdu la mémoire de leurs racines tribales. Ses anciennes études à Jérusalem (Actes, 22, 3) deviennent plus vraisemblables[52] ».
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+ Selon Michel Trimaille encore, la citoyenneté romaine de Paul peut être mise en doute : en effet, même si elle « n'imposait pas d'obligations inconciliables avec la foi juive », elle impliquait malgré tout « la reconnaissance d'institutions, y compris culturelles et religieuses, difficilement acceptable pour un pharisien strict. On peut considérer que Luc [qui présente Paul comme citoyen romain dans les Actes des Apôtres] a vu là une simple manière de situer son héros au sommet de la hiérarchie sociale ». Dans les Actes des Apôtres, l'apôtre Paul affirme qu'il est citoyen romain par naissance[53] ce qui s'explique si l'apôtre Paul appartient à la famille hérodienne [54].
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+ Paul connaissait l'araméen et l'hébreu. Sa langue maternelle est le grec de la koinè[55], et c'est dans la traduction des Septante qu'il lit la Bible. Il ajoute à son nom hébraïque, Saül, le cognomen romain de Paulus. Les études récentes ont fait apparaître une maîtrise de la diatribe grecque[56], ce qui suppose une éducation sérieuse à Tarse. Il était de famille apparemment aisée, puisqu'elle possédait le droit de cité romain, ce qui ne l'a pas empêché, selon une pratique assez courante à l'époque dans les familles juives, et en particulier parmi les rabbins, d'apprendre un métier manuel : les Actes nous apprennent qu'il fabriquait des tentes, c'est-à-dire qu'il était probablement tisserand ou sellier.
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113
+ Doutant que le Sanhédrin de Jérusalem ait pu disposer du pouvoir d'extrader des Juifs de Damas, Alfred Loisy a jugé invraisemblable cet aspect de la mission répressive de Paul contre les chrétiens de Damas racontée en 9,2[57]. Flavius Josèphe nous apprend qu'un tel pouvoir d'extradition avait été accordé par les Romains à Hérode le Grand, mais c'est insuffisant pour conclure[57].
114
+
115
+ L'arrestation de Paul est consécutive à une accusation liée à une supposition non avérée d'introduction d'un païen dans le sanctuaire de Jérusalem, ou à sa présence elle-même.
116
+
117
+ [Actes 21:27-30]
118
+
119
+ �� 21.27 Sur la fin des sept jours, les Juifs d'Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule, et mirent la main sur lui, 21.28 en criant : Hommes Israélites, au secours ! Voici l'homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu ; il a même introduit des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu. 21.29 Car ils avaient vu auparavant Trophime d'Éphèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l'avait fait entrer dans le temple. 21.30 Toute la ville fut émue, et le peuple accourut de toutes parts. Ils se saisirent de Paul, et le traînèrent hors du temple, dont les portes furent aussitôt fermées. »
120
+
121
+ Ce qui était passible de mort selon la loi juive, mais son état de citoyen romain empêchant qu'il ne soit livré au Sanhédrin a embarrassé les deux procurateurs qui se sont succédé en Judée et ont fait traîner l'affaire, de même que la juridiction impériale devant laquelle il demanda à comparaître. La fin de sa vie reste obscure : les Actes des Apôtres se terminent brusquement sur l'indication qu'il est resté deux ans à Rome en liberté surveillée. Il serait mort en 64 lors de la persécution des chrétiens ordonnée par Néron, à moins que, relâché, il ait continué ses activités missionnaires avant d’être de nouveau arrêté, ramené à Rome, puis décapité en 67.
122
+
123
+ Dans le Nouveau Testament, 13 épîtres sont explicitement attribuées à Paul (l’épître aux Hébreux étant anonyme) :
124
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125
+ On peut grouper[réf. souhaitée] ces lettres selon les thèmes traités et l'époque à laquelle elles auraient été écrites :
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127
+ D'après un passage de l'épître aux Romains, les épîtres auraient été dictées à un secrétaire[p 23]. On sait en effet que l'écriture n'était pas chose aisée et que les écrits étaient dictés à un ou plusieurs scribes.
128
+
129
+ Le discours paulinien a un aspect très répétitif. Cette parole insistante a souvent été comparée à la parole d'un bègue. Jacques-Bénigne Bossuet par exemple écrivait que les beaux esprits ont appris « à bégayer humblement dans l'école de Jésus-Christ, sous la discipline de Paul » (cité par Chateaubriand, Le Génie du christianisme, livre V, chapitre 2, note 21). Ernest Renan quant à lui se demandait : « Le style de saint Paul […], qu'est-il, à sa manière, si ce n'est l'improvisation étouffée, haletante, informe, du « glossolale » ? […] On dirait un bègue dans la bouche duquel les sons s'étouffent, se heurtent et aboutissent à une pantomime confuse, mais souverainement expressive[58]. »
130
+
131
+ L'attribution des lettres de Paul n'a pas été remise en question avant 1840, quand les travaux de l'Allemand Ferdinand Christian Baur l'amenèrent à n'accepter que quatre lettres comme authentiques (Romains, Corinthiens 1 & 2, et Galates). Si les courants exégétiques de la critique radicale estimèrent longtemps que rien des lettres de Paul n'était authentique, les théologiens Adolf Hilgenfeld (1875) et Heinrich Julius Holtzmann (1885) rajoutèrent à la liste de Baur les épîtres à Philémon, aux Thessaloniciens 1 et aux Philippiens, pour constituer ce qui est généralement considéré aujourd'hui comme les sept « lettres incontestées » de Paul ou épîtres « proto-pauliniennes ». De nos jours, l'authenticité ou l'attribution des autres est plus ou moins discutée. On distingue classiquement :
132
+
133
+ Elles sont considérées comme étant de Paul, avec des dates de rédaction allant de 51 (la première aux Thessaloniciens) à 55 (pour la première aux Corinthiens), ce qui en fait les plus anciens écrits chrétiens qui nous soient parvenus[59].
134
+
135
+ Ce sont :
136
+
137
+ Ces trois lettres seraient l'œuvre de disciples de Paul sans qu'on puisse identifier ces auteurs.
138
+
139
+ En 2000, la question de l'authenticité des épîtres se présente comme suit :
140
+
141
+ Ces statistiques évoquées par Régis Burnet sont reconnues par la communauté scientifique dans son ensemble[60].
142
+
143
+ Les trois épîtres pastorales sont probablement dues à des disciples de Paul : il est très généralement admis par les exégètes (par exemple Raymond E. Brown) que ces épîtres sont des pseudépigraphes[61].
144
+
145
+ Ce sont :
146
+
147
+ Depuis 1976 et les travaux d'Albert Vanhoye, il est admis que l'épître aux Hébreux n'est pas une épître mais un traité et que Paul de Tarse n'en est pas l'auteur.
148
+
149
+ Les différences entre le Jésus de Paul et celui des Évangiles ont parfois été jugées considérables. Selon certains, Paul mène une réflexion sur le rôle du Christ et ses implications dans la vie plus qu'il n'en répercute le message direct.
150
+
151
+ Inversement, il est aussi mis en évidence la continuité entre l’enseignement de Jésus de Nazareth et celui de Paul concernant l'interprétation de l'histoire, l'amour de Dieu pour tous les hommes, la justification par la foi, l'éthique[63].
152
+
153
+ Cet enseignement est centré sur le Christ, « mort pour nos péchés, selon les Écritures », « ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (1 Co 15, 3-4), désigné comme le « Seigneur » (1 Co 12, 3), le « Fils de Dieu » (Rm 1, 4, etc.) qui est l’« Esprit de vie » (Rm 8, 2), et en qui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2, 9) :
154
+
155
+ La rédemption s’adresse à tous, indépendamment de la race, de la condition sociale, du sexe, etc.
156
+
157
+ Ainsi, l’Église ne représente plus seulement une communauté de croyants mais devient un corps mystique (Ep 1, 23 ; Col 1, 24).
158
+
159
+ Saint Paul met l'accent sur la foi, l'espérance et donne une place fondamentale à l'amour, sans lequel toute recherche de vie intérieure, de spiritualité profonde ou de salut est vaine :
160
+
161
+ L'« Apôtre des gentils » a structuré la doctrine chrétienne.
162
+
163
+ L'épître aux Romains a servi de référence à Luther pour fonder sa doctrine de la justification par la foi. Elle sert aussi de référent au théologien Karl Barth et au juriste Carl Schmitt pour penser l'origine de l'État ou les impasses de la démocratie[58].
164
+
165
+ Alain Badiou déclare à son sujet : « Pour moi, Paul est un penseur-poète de l'événement, en même temps que celui qui pratique et énonce des traits invariants de ce qu'on peut appeler la figure militante. Il fait surgir la connexion, intégralement humaine, et dont le destin me fascine, entre l'idée générale d'une rupture […], et celle d'une pensée-pratique, qui est la matérialité subjective de cette rupture[58]. »
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167
+ Jean-Michel Rey, dans son essai Paul ou les ambiguïtés[64], souligne l'étrange actualité de l'apôtre : « La pensée paulinienne imprègne toute notre conception de la politique ; elle en organise, le plus souvent à notre insu, les principales articulations[58] ». En effet, que l'on soit réformiste ou révolutionnaire, nous sommes incapables de dire la nouveauté autrement que sur un mode violent : une conversion absolue, où l'accueil de l'inédit appelle non seulement une émancipation à l'égard du passé, mais encore le désaveu de l'antérieur. Ce modèle propre aux philosophies de l'histoire, ce prototype des idéologies progressistes est propre à la structure de pensée de Paul. Son discours sépare en toute netteté le présent du passé. Le passé est désigné comme ne pouvant pas comprendre et reconnaître les formes de la nouvelle réalité[58].
168
+
169
+ Divers aspects de l’enseignement de Paul ont été très critiqués. Dans L'Antéchrist, pour dénoncer la valorisation de ce qu'il désigne comme une décadence à imputer au christianisme, Nietzsche rappelle plusieurs paroles de Paul, dont celle-ci présente en 1 Co 1, 28 : « « Dieu a choisi ce qui est faible devant le monde, ce qui est insensé devant le monde, ce qui est ignoble et méprisé » : c'est là ce qui fut la formule, in hoc signo, la décadence fut victorieuse[65]. » Voici les versets concernés :
170
+
171
+ Dans l’Antéchrist (fin de l'aphorisme 45), le philosophe (anti-nationaliste, anti-chrétien et « anti-antisémite », et même parfois philosémite, sous l'influence de Paul Rée[66]) écrit également :
172
+
173
+ « Qu’on lise la première partie de ma Généalogie de la morale : pour la première fois, j’y ai mis en lumière le contraste entre une morale noble et une morale de tchândâla [« mangeur de chien » en sanskrit, hors-caste dans l'hindouisme], née de ressentiment et de vengeance impuissante. Saint Paul fut le plus grand des apôtres de la vengeance[67]… »
174
+
175
+ Pour Nietzsche, le christianisme, inventé par Saint Paul (et non par Jésus, vu comme un « surhomme »), dévalorise le monde vivant et matériel au profit d'un « arrière-monde » idéal ; le philosophe allemand considère en effet que le christianisme de Saint Paul (qui est pour lui un platonisme vulgarisé) promeut l'idée que la Création, le monde sensible, est un monde mauvais et en le considérant ainsi le christianisme a rendu réellement mauvais le monde (contrairement aux Anciens grecs, par exemple, qui acceptaient le monde sensible ou la Nature pour l'embellir, pour y puiser leur mythologie, pour s'en inspirer et créer en son honneur des fêtes sacrées, source de puissance et de beauté, toujours selon Nietzsche).
176
+
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+ Les propos de Paul concernant les femmes lui ont été vivement reprochés et ont été opposés à la sollicitude que Jésus a manifestée à leur égard. Ils doivent cependant être contextualisés : il s'agit de rappels à l'ordre témoignant justement du fait que les femmes jouissaient d'une participation active au sein des premières communautés chrétiennes[68]. Pour Paul, comme dans la relation entre maîtres et esclaves (1 Co 7, 21-23), le statut compte moins que la fraternité dans les relations sociales ; de même l'autorité étatique doit être acceptée si elle s'exerce avec justice :
178
+
179
+ Du fait de sa théologie et du rôle qu’il a joué dans la propagation du message chrétien aux païens, un courant minoritaire soutient que Paul est le fondateur véritable du christianisme. Reimarus, au XVIIIe siècle, en fait l’inventeur du christianisme. Pour Nietzsche, au siècle suivant, il en est le fondateur[69].
180
+
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+ Cette idée est réfutée par d'autres auteurs, comme Étienne Trocmé, qui dit à ce sujet :
182
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183
+ Sur l’importance de Paul dans la propagation du message christique en dehors du judaïsme, il faut là aussi nuancer et ne pas oublier que Jésus et les premiers disciples étaient originaires de Galilée, une région où se côtoyaient Juifs et non-Juifs comme le rappelle Marie-Françoise Baslez : « Terre de contacts, la Galilée était aussi à l’époque de Jésus, une terre de contrastes et d’antagonismes. Dans la prédication apostolique qui s’adressa, au-delà des Juifs, à la terre entière, l’insistance sur l’enracinement galiléen permit d’affirmer d’emblée la perspective universaliste d’une religion dont le fondateur n’était presque jamais sorti de Palestine. On comprend mieux aussi la vocation des apôtres[71]. »
184
+
185
+ Néanmoins, ainsi que le relève Henri Persoz, pourquoi Paul cite-t-il si peu les paroles du Christ[72] ? Il ne suffit pas de dire comme Christophe Senft que « la comparaison de la prédication de Jésus et l'évangile de Paul fait apparaître de surprenantes convergences entre la parole de Jésus et celle de son apôtre »[73]. Selon Charles L'Eplattenier :
186
+
187
+ Paul se veut relativement indépendant des autres apôtres. Étant directement inspiré du Ressuscité, il ne se sent pas lié à une tradition humaine concernant Jésus (Gal. 1:16-17, cf. II Cor, 5: 16). Son christianisme a des points communs avec le christianisme hellénistique d'Étienne mais est distinct de lui. Le christianisme « paulinien » s'est fédéré a posteriori avec les tendances dirigées par Pierre et Jacques (Gal. 2:9).
188
+
189
+ Une tradition chrétienne[75] rapporte qu'en 258, au cours des persécutions de Valérien, les reliques de Paul et de Pierre furent placées temporairement dans les catacombes de Saint-Sébastien appelées à cette époque « Memoria Apostolorum » en raison du culte de ces deux saints, des graffiti sur les murs attestant de ce culte.
190
+
191
+ Une autre tradition chrétienne attestée depuis le IVe siècle attribue à Paul de Tarse un tombeau situé au-dessous de l'autel majeur de l'actuelle basilique Saint-Paul-hors-les-Murs au sud de Rome[76]. Des fouilles récentes y ont été effectuées qui ont été rapportées dans un communiqué de l'Agence de presse internationale catholique (APIC) du 17 février 2005 :
192
+
193
+ « Un sarcophage pouvant contenir les reliques de l’apôtre Paul a été identifié dans la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs, selon Giorgio Filippi, responsable du département épigraphique des Musées du Vatican.Sous le maître-autel actuel, une plaque de marbre du IVe siècle, visible depuis toujours, porte l’inscription Paulo apostolo mart (Paul apôtre martyr, ndlr). La plaque est munie de trois orifices probablement liés au culte funéraire de saint Paul. D’après Giorgio Filippi, ces trous étaient utilisés « pour la création de reliques par simple contact » avec le tombeau de l’apôtre.Le long de la voie Ostiense, un édicule aurait été élevé sur la tombe de l’apôtre Paul, après sa mort dans le cours du Ier siècle. Comme pour saint Pierre, l’empereur Constantin entreprit ensuite au début du IVe siècle de faire construire une basilique pour abriter la tombe. Puis, en 386, un demi-siècle après la mort de Constantin, devant l’afflux des pèlerins, une basilique plus grande fut construite à la demande des empereurs Valentinien II, Théodose et Arcadius[77]. »
194
+
195
+ Le 28 juin 2009, le pape Benoît XVI a confirmé qu'un sondage a été effectué dans le sarcophage de pierre. Une petite perforation a été pratiquée afin d'introduire une sonde, grâce à laquelle ont été relevées des traces d'un tissu précieux en lin coloré de pourpre, laminé d'or fin, d'un tissu de couleur bleu avec des filaments de lin. On a aussi relevé la présence de grains d'encens rouge, de substances protéiques et calcaires et de fragments d'os, qui ont été soumis à l'examen du carbone 14 effectué « par des experts ignorant leur provenance ». Ceux-ci ont conclu qu'il s'agissait d'ossements appartenant à « une personne ayant vécu entre le Ier et le IIe siècle ». Pour Benoît XVI, « cela semble confirmer la tradition unanime et incontestée qu'il s'agisse des restes mortels de l'apôtre Paul[78] ».
196
+
197
+ Plusieurs reliques du saint ont été transférées ailleurs. En 665, le pape Vitalien envoie des reliques au roi Oswiu de Northumbrie et pour la reine fait un cadeau d'une croix avec une clé d'or fabriquée à partir des chaînes de Pierre et de Paul[79]. Le 2 mars 1370, le pape Urbain V fait porter les chefs de Pierre et Paul, placées dans des reliquaires, dans le ciborium de la basilique Saint-Jean-de-Latran[80].
198
+
199
+ Dans le calendrier liturgique romain, Paul est fêté :
200
+
201
+ L'année 2008-2009 allant du 29 juin 2008 au 29 juin 2009 est déclarée « année jubilaire œcuménique saint Paul » par le pape Benoît XVI[81].
202
+
203
+ La Conversion de saint Paul sur le chemin de Damas, Le Caravage, Église Sainte-Marie-du-Peuple, Rome.
204
+
205
+ La Conversion de saint Paul (Michel-Ange), Chapelle Paolina, Vatican.
206
+
207
+ La Décollation de Paul, Petit Palais.
208
+
209
+ Fouesnant : église paroissiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, statue de saint Paul.
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+ Angers : collégiale Saint-Martin, statue de saint Paul attribuée à Pierre Biardeau (vers 1650).
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+ Paul Gauguin, né le 7 juin 1848 à Paris et mort, le 8 mai 1903, à Atuona, Hiva Oa, aux îles Marquises, est un peintre postimpressionniste. Chef de file de l'École de Pont-Aven et inspirateur des nabis, il est considéré comme l'un des peintres français majeurs du XIXe siècle, et l'un des plus importants précurseurs de l'art moderne avec Klimt, Cézanne, Munch, Seurat et van Gogh.
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5
+ Eugène Henri Paul Gauguin naît à Paris, en 1848. Son père, Clovis Louis Pierre Guillaume Gauguin (1814-1851), est un journaliste républicain au National[2]. Sa mère, Aline Chazal (1825-1867), est la fille de Flora Tristan et donc, la petite fille de Mariano de Tristán y Moscoso et de Thérèse Laisnay. Elle descend de propriétaires terriens espagnols d'Amérique du Sud et même, selon la légende, d'un vice-roi du Pérou[2].
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+ Le peintre a d'ailleurs passé les années de sa plus jeune enfance à Lima, où son père, mort durant le voyage en 1851 au large de Punta Arenas et enterré à Puerto del Hambre, fuyait le régime politique de Napoléon III, auteur la même année d'un coup d'État qui conforta son pouvoir [2].
8
+ De retour en France à l'âge de 7 ans, Paul fait ses études, d'abord au petit séminaire de La Chapelle-Saint-Mesmin dirigé à cette époque par Mgr Félix Dupanloup[3] puis à Orléans, notamment au lycée Pothier[4]. Gauguin est embarqué sur le clipper Luzitano en qualité de novice/pilotin en décembre 1865, inscrit au Havre sous le matricule 790-3157. Il apprend aussi à jouer de l'accordéon. Il obtient le grade de lieutenant et embarque, en 1866, sur le trois-mâts Chili, dont il est le second lieutenant. Il effectue par la suite, en 1868, son service militaire dans la marine nationale, embarqué sur la corvette Jérôme-Napoléon[5],[6]. Il participe à la guerre de 1870 et prend part à la capture de six navires allemands. Après son retour à Toulon, le 23 avril 1871, il quitte la marine[6]. Il devient agent de change à la Bourse à Paris et connaît un certain succès dans ses affaires. Il partage alors une vie bourgeoise confortable avec son épouse danoise, Mette-Sophie Gad (1850-1920), et leurs cinq enfants : Émile (es) (1874-1955), Aline, Clovis, Jean-René (en) (1881-1961), sculpteur et Paul-Rollon (en) (1883-1961). Il s'installe avec sa famille en 1877, dans le XVe arrondissement de Paris, d'abord rue des Fourneaux (actuelle rue Falguière), puis rue Carcel[7].
9
+
10
+ Son tuteur, Gustave Arosa, homme d'affaires et grand amateur d'art, introduit Gauguin auprès des impressionnistes. En 1874, il fait la connaissance du peintre Camille Pissarro et voit la première exposition du courant impressionniste. Comme son tuteur, il devient amateur d'art et s'essaye alors à la peinture. Il expose par conséquent avec les impressionnistes en 1879, 1880, 1881, 1882 et 1886.
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12
+ En 1882, il abandonne son emploi de courtier en bourse (qui est dans une phase de mauvaise conjoncture, avec la faillite de l'Union générale) pour se consacrer à sa nouvelle passion, la peinture. De janvier à novembre 1884, il s'établit à Rouen, où Camille Pissarro, qui l'avait guidé dans son approche de l'impressionnisme, vit également. Pendant ces dix mois passés à Rouen, il réalise près de quarante tableaux, principalement des vues de la ville et de ses alentours. Cela ne suffit pas pour vivre et il part vivre avec sa femme et ses enfants dans la famille de celle-ci à Copenhague. Le courant passe mal avec la belle-famille. Ses affaires ne vont pas bien. Il retourne à Paris en 1885 pour peindre à plein temps, laissant femme et enfants au Danemark, n'ayant pas les moyens d'assurer leur subsistance ; il est déchiré par cette situation[réf. nécessaire]. Il participe, de 1879 à 1886, aux cinq dernières expositions du groupe des impressionnistes. En 1885, Paul Gauguin commence à travailler la céramique et s’associe avec Ernest Chaplet pour produire 50 œuvres en céramique. Cette même année, il fréquente le café-restaurant Au Tambourin, tenu par d'Agostina Segatori, une modèle italienne, au 62 boulevard de Clichy[8]
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+ En 1886, sur les conseils d'Armand Félix Marie Jobbé-Duval[9], Gauguin effectue un premier séjour à Pont-Aven en Bretagne, où il rencontre Émile Bernard, le tenant du cloisonnisme. De retour à Paris, il rencontre pour la première fois Vincent van Gogh, en novembre de la même année.
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+ En avril 1887, il s'embarque avec le peintre Charles Laval pour le Panama où ils vont travailler au percement du canal. Ils y rencontrent des conditions de vie particulièrement difficiles et décident de partir dès qu'ils auront réuni suffisamment d'argent pour la Martinique, que Gauguin avait découverte lors d'une escale.
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+ Après un séjour à l'île de Taboga, il rejoint la Martinique où il reste dans des conditions précaires, de juin à octobre 1887, à l'Anse Turin au Carbet à deux kilomètres de Saint-Pierre, où se trouve, toujours aujourd'hui, un Centre d’Interprétation[10] qui lui est consacré. Enthousiasmé par la lumière et les paysages, il peint dix-sept toiles lors de son séjour[11].
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+ « L’expérience que j’ai faite à la Martinique est décisive. Là seulement je me suis senti vraiment moi-même, et c’est dans ce que j’ai rapporté qu’il faut me chercher si on veut savoir qui je suis, plus encore que dans mes œuvres de Bretagne. » (Paul Gauguin à Charles Morice, 1891)
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+ Malade de dysenterie et du paludisme, et sans ressources pour vivre, Gauguin regagne la métropole en novembre 1887. Laval prolonge son séjour jusqu'en 1888.
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+ De retour en métropole, il vit à Paris, avant de rejoindre, début 1888, la Bretagne, où il est le centre d'un groupe de peintres expérimentaux connus comme l'école de Pont-Aven. Dans une lettre de 1888 écrite à Émile Schuffenecker, Paul Gauguin lui exprime son credo qui sera l'âme des contestations artistiques à venir :
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+ « Un conseil, ne copiez pas trop d'après nature, l'art est une abstraction, tirez-la de la nature en rêvant devant, et pensez plus à la création qu'au résultat. C'est le seul moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin Maître, créer. »
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+ L'aubergiste bretonne Marie-Angélique Satre (1868-1932) alias « La Belle Angèle » fut immortalisée en 1889 par Paul Gauguin dont l'œuvre La Belle Angèle (titre écrit en lettres majuscules sur la toile), est actuellement conservée au musée d’Orsay.
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+ Sous l'influence du peintre Émile Bernard, son style évolue, il devient plus naturel et plus synthétique. Il cherche son inspiration dans l'art exotique, les vitraux médiévaux et les estampes japonaises. Cette année-là, il peint La Vision après le sermon aussi appelée La Lutte de Jacob avec l'ange, qui influencera Pablo Picasso, Henri Matisse et Edvard Munch.
33
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34
+ L'œuvre la Vision après le sermon est pour Gauguin le moyen de représenter « une hallucination collective ». Il unit par la simplicité le style et le thème. Le thème de la prière est depuis longtemps un sujet important chez les peintres depuis la Renaissance. Mais Gauguin traite le sujet d'une autre façon en ce sens qu'il ne représente pas les femmes dans des postions très significatives. En effet il n'y a qu'une femme que l'on voit en prière. La place sur toute la partie supérieure est laissée pour cette vision assez « superstitieuse » comme disait Gauguin. C'est la superstition des femmes qui détermine leur attitude. En cela, Gauguin porte un regard qui fait de ces femmes des représentations d'une crédulité religieuse. Ce tableau est significatif de son rapport au village de Pont-Aven ; Gauguin voyait dans ces gens des représentants d'un archaïsme provincial et rustique. Lorsqu'il s'y installe, il retourne à un certain primitivisme de l'art, retour à ses origines. C'est également à Pont-Aven que Gauguin développe son questionnement sur le « sauvage » qu'il approfondira lors de ses voyages suivants.
35
+
36
+ C'est son ami le peintre et avocat Ernest de Chamaillard qui l'assiste dans l'affaire qui l'oppose à l'aubergiste Marie Henry[réf. nécessaire].
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38
+ Gauguin rejoint Vincent van Gogh qui l'a invité à venir à Arles, dans le sud de la France, en 1888, grâce au frère de celui-ci, Théodorus. Il découvre les estampes japonaises à travers Vincent van Gogh, alors qu'ils passent ensemble deux mois (d'octobre à décembre) à peindre. Ils peignent alors la série sur les Alyscamps, des portraits, des paysages et des natures mortes. Les deux confrères sont très sensibles et connaissent des moments de dépression — Gauguin, comme Van Gogh, tentera de se suicider.
39
+
40
+ Rapprochés par un intérêt commun pour la couleur, les deux peintres entrent en conflit personnel et artistique, qui culmine quand Gauguin peint Van Gogh peignant des tournesols, portrait dont Van Gogh dira : « C'est bien moi, mais devenu fou[12]. » Leur cohabitation tourne mal et se termine sur le fameux épisode de l'oreille coupée de Van Gogh, le 23 décembre 1888[13].
41
+
42
+ En 1891, ruiné, il habite un temps à l'hôtel Delambre, au no 35 de la rue du même nom dans le 14e arrondissement, puis, inspiré par l'œuvre de Jacques-Antoine Moerenhout, s'embarque pour la Polynésie, grâce à une vente de ses œuvres dont le succès est assuré par deux articles enthousiastes d'Octave Mirbeau.
43
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44
+ Il s'installe à Tahiti (c'est là qu'il peint le portrait de Suzanne Bambridge) où il espère pouvoir fuir la civilisation occidentale et tout ce qui est artificiel et conventionnel. Il passe désormais toute sa vie dans ces régions tropicales, d'abord à Tahiti puis dans l'île de Hiva Oa dans l'archipel des Marquises. Il rentre en métropole une seule fois.
45
+
46
+ Les caractéristiques essentielles de sa peinture (dont l'utilisation de grandes surfaces de couleurs vives) ne connaissent pas beaucoup de changements. Il soigne particulièrement l'expressivité des couleurs, la recherche de la perspective et l'utilisation de formes pleines et volumineuses. Influencé par l'environnement tropical et la culture polynésienne, son œuvre gagne en force, il réalise des sculptures sur bois et peint ses plus beaux tableaux, notamment son œuvre majeure, aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Boston : D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, qu'il considère lui-même comme son testament pictural.
47
+
48
+ À Tahiti, il fait la connaissance de Teha'amana (appelée aussi Tehura), jeune fille native de Rarotonga dans les îles Cook, à l'ouest de la Polynésie française (Gauguin la croit originaire des îles Tonga)[14]. Celle-ci, âgée de treize ans, devient son modèle et alors qu'il est âgé de 43 ans, il entame une relation avec elle, critiquée et parfois jugée pédophile par certains commentateurs actuels[15]. Il est très inspiré et peint soixante-dix toiles en quelques mois. Mais après quelques années de bonheur, des soucis administratifs et plus personnels (mort de sa fille Aline en 1897, la préférée de ses cinq enfants) le minent. Il a également des ennuis de santé : à la suite d'une agression, il a une blessure à la jambe qui ne guérit pas depuis 1894, si bien qu'il déprime et tente de se suicider. Il est contraint de vendre ses toiles pour acheter morphine et arsenic qui calment les plaies qu'il a à la jambe[16]. Il contracte également une syphilis peu avant son départ[17].
49
+
50
+ Les œuvres de son premier séjour à Tahiti sont marquées par une sorte de figure « sauvage » qui est omniprésente dans ses toiles. De plus il ajoute des sculptures sur bois qui allient des formes exotiques aux figures. En arrivant à Papeete, il veut se faire ethnologue et essayer de comprendre les principes d'une civilisation qui a été encore préservée des habitudes occidentales. Il parle d'une « corruption » occidentale qui serait une corruption non pas symbolique mais réelle pour la société.
51
+
52
+ Dans ses tableaux où les figures tahitiennes sont présentes, il y a comme une sorte de mélancolie qui s'échappe, autour d'une situation les personnages ont des regards absents avec des attitudes dont se dégage une certaine douceur.
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+
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+ La plupart des tableaux de cette époque sont des scènes de la vie de tous les jours.
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+ Il se fait rapatrier en France, à Paris, en 1893, n'est pas trop bien reçu. Il se met en ménage avec Annah la Javanaise[18], grâce à Ambroise Vollard, à Paris, puis à Pont-Aven. Il a un tibia brisé lors d'une altercation à Concarneau le 25 mai 1894, responsable de sa boiterie, de sa canne, de ses douleurs, du laudanum. Il repart seul le 3 juillet 1895 pour Tahiti. Il se met en ménage avec Pau'ura (quatorze ans), peint encore, s'alcoolise, s'aigrit (contre les protestants et les Chinois), écrit et caricature dans des petits journaux éphémères Le Sourire (journal sérieux)[19], Le Sourire (journal méchant)[20]. Il est embauché par le maire de Papeete, François Cardella, pour le mensuel Les Guêpes[21], jusqu'au départ du gouverneur Gustave Gallet, combattu par le Parti Catholique.
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+
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+ Il décide alors de partir enfin pour les Marquises, où il débarque le 16 septembre 1901, afin de retrouver l'inspiration. Arrivé à Atuona (sur l'île de Hiva Oa), il fait la connaissance de l'infirmier du dispensaire, l'Annamite déporté Ky Dong (vi)[22],[23] (1875-1929), de l'Américain Ben Varney et du Breton Émile Frébault. L'évêque Martin, chef de la Mission catholique, finit par lui vendre un terrain marécageux. Il y fait construire une maison sur pilotis, qu'il baptise en guise de provocation Maison du Jouir[24]. Il lui semble être au paradis. Il va vite déchanter en se rendant compte des abus de l'administration coloniale et en essayant de se battre pour les indigènes. Il refuse notamment de payer ses impôts et incite les Marquisiens à en faire de même. Il essaie, sans succès, de posséder une plantation et de devenir juge de paix[25].
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+
60
+ Dès son arrivée aux Marquises, il enlève à l'école catholique, avec l'accord du chef d'un petit village, Marie-Rose Vaeoho (1887-1914), âgée de 13 ans, 39 ans plus jeune que lui, qui devient sa vahiné[15]. Enceinte, elle est envoyée dans son village pour accoucher de leur fille Tikaomata et le peintre, voulant se moquer de l'évêque, la remplace par Henriette, élève de l'école des Sœurs et épouse du servant de messe[26].
61
+
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+ Il enchaîne procès sur procès et, le 31 mars 1903, il est condamné à cinq cents francs d'amende et trois mois de prison ferme pour diffamation envers un brigadier de gendarmerie[16]. Ambroise Vollard, avec lequel il est sous contrat, lui verse des mensualités de 300 francs, et lui fournit gratuitement toile et couleurs, contre un minimum de vingt-cinq tableaux par an, essentiellement des natures mortes dont le marchand a fixé le prix unitaire à 200 francs[27].
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+
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+ Affaibli, sa blessure à la jambe s'étant transformée en eczéma purulent très douloureux, fatigué de lutter et rongé par la syphilis, il meurt le 8 mai 1903 en artiste maudit dans une misérable case[28]. Il est enterré dans le cimetière d'Atuona (où la tombe de Jacques Brel viendra côtoyer la sienne, 75 ans et demi plus tard). Il laisse sur place une mauvaise réputation après sa mort, auprès des Polynésiens en général et des Marquisiens en particulier, qui ont l'impression d'avoir eu affaire à un homme qui s'est servi des Polynésiens, surtout des femmes, comme si cela lui était dû[25],[29], mais aussi auprès de certains colons (l'évêque, l'administration, les gendarmes avec qui il a eu des démêlés incessants).
65
+
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+ Ses tableaux sur place sont vendus à un prix dérisoire, beaucoup de ses sculptures sont détruites.
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+
68
+ De nombreuses toiles de Paul Gauguin sont peintes des deux côtés. Comme beaucoup de peintres du XIXe siècle désargentés, Paul Gauguin retournait certaines toiles qu'il possédait de peintres de son époque pour y composer ses propres œuvres. C'est le cas, par exemple, du nu de la collection Slomovic comportant au verso la vue d'une chambre. Un autre cas est la nature morte Villa Julia de l'ancienne collection Lefort des Ylouses montrant un nu (inachevé et non identifié) de l'autre côté.
69
+
70
+ Georges Wildenstein a établi un catalogue raisonné et dénombré 638 peintures (numérotées W1 à W638), parmi lesquelles :
71
+
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+ Cochons noirs (1891), musée des beaux-arts de Budapest.
73
+
74
+ Portrait de Suzanne Bambridge (1891), Bruxelles, musées royaux des beaux-arts de Belgique.
75
+
76
+ Fatata te Miti (1892), Washington, National Gallery of Art.
77
+
78
+ Femme à la mer (1892), Buenos Aires, Musée national des Beaux-Arts.
79
+
80
+ Vairumati (1897), Paris, musée d'Orsay.
81
+
82
+ Cavaliers sur la plage (1902), collection Stavros Niarchos, Grèce.
83
+
84
+ La naissance (Te tamari no atua) (1896), Berlin, Neue Pinakothek.
85
+
86
+ « Polynésiennes » (date inconnue)
87
+
88
+ Le catalogue raisonné de son œuvre gravé a été établi par Marcel Guérin en 1927 chez Henri Floury et révèle moins d'une centaine de pièces, englobant toutes les techniques : gravure sur bois (une cinquantaine), zincographie, lithographie, une eau-forte, etc., sans compter près de 140 monotypes aquarellés[33].
89
+
90
+ Il s'initie à la céramique avec Ernest Chaplet à partir de 1886, créant des poteries à décor anthropomorphe et zoomorphe dont il subsiste une soixantaine de pièces[37]. La dernière, et l'une des plus remarquables, est Oviri, une statuette en grès glaçuré, faite en 1894 (conservé au musée d'Orsay), que l'artiste souhaitait disposer sur sa tombe[38].
91
+
92
+ Gauguin a écrit de nombreux articles pour différentes revues. Il a également conçu plusieurs ouvrages illustrés destinés à l'édition.
93
+
94
+ Près de deux cents lettres ont été retrouvées, certaines étant illustrées. Les correspondants sont des membres de sa famille, mais aussi de grands noms du milieu artistique : Camille Pissaro, Émile Bernard ou Vincent van Gogh[39].
95
+
96
+ À Clohars-Carnoët, la Maison-Musée du Pouldu[43] : reconstitution de l'auberge du XIXe siècle, où se sont retrouvés les peintres de l'école de Pont-Aven : Paul Gauguin, Paul Sérusier, Charles Filiger et Meijer de Haan (Meyer de Haan).
97
+
98
+ En 2003, le maire d'Atuona, Guy Rauzy lance la création d'un centre culturel Paul-Gauguin dans sa commune. Sur demande de Jean Saucourt, une équipe de fouille retrouve le puits dans lequel les restes invendus de la maison de Gauguin avaient été jetés, on y retrouve, dans une bouteille, quatre dents qui seront confiées à l'historienne Caroline Boyle-Turner. Cette dernière, passionnée par la vie du peintre, entreprend un test ADN et des analyses chimiques qui révèlent que les dents du peintre ne contenaient pas de trace de mercure utilisé pour soigner la syphilis qu'aurait contracté le peintre en 1895 selon plusieurs de ses biographes, et pas de trace d'arsenic qu'il aurait utilisé pour calmer les douleurs de ses plaies aux jambes[44].
99
+
100
+ Selon Paul-Robert Thomas, le musée Gauguin d'Atuona présente des toiles du copiste Alin Marthouret, ancien détenu et vrai faussaire « officiel »[45].
101
+
102
+ Paul Gauguin rencontre pour la première fois Emile Bernard à Pont-Aven ; il n'a que 42 ans et Bernard seulement 18 ans. Bernard est déjà l'inventeur d'une technique nouvelle : le cloisonnisme. Les peintres de l’académie Julian (Denis, Serusier, Scuffenecker, Laval) s'en inspirent, ainsi que le groupe des Nabis.
103
+
104
+ Emile Bernard est parfois vu comme le fondateur de l'école de Pont-Aven. Gauguin conserve avant son départ pour Tahiti une relation amicale avec lui et avec sa sœur Madeleine.
105
+
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+ Gauguin poursuivit les expérimentations d'Emile[46] sur la couleur et la fonction de la lumière, et donc de l'ombre. L'ensemble de son œuvre influence l'évolution de la peinture de l'époque, notamment le fauvisme du XXe siècle.
107
+
108
+ En marge des Impressionnistes, Gauguin est sans doute, avec Paul Cézanne et Vincent van Gogh, Emile Bernard, le peintre de cette fin de XIXe siècle qui a eu le plus d'influence sur les mouvements de peinture du XXe siècle. Cette influence réside probablement, moins dans sa peinture que dans ses écrits, lesquels contiennent des formules qui, comme le dit Léon Gard, « flattent ce penchant des hommes pour les recettes mirifiques, en même temps que leurs instincts de garnements déchaînés qui se saoulent d'indiscipline[47] » :
109
+
110
+ « Comment voyez-vous cet arbre ? écrivait Gauguin, Vert ? Mettez donc le plus beau vert de votre palette ; et cette ombre ? Plutôt bleue ? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible. »Ou encore :
111
+ « Ne copiez pas trop d'après nature. L'art est une abstraction. »Ou encore : « Vous connaissez depuis longtemps ce que j'ai voulu établir : le droit de tout oser[48]. »
112
+
113
+ Gauguin a animé les mouvements mystiques et symbolistes de Pont-Aven, puis des nabis où ses théories sur le cloisonnisme et le synthétisme ont été initiées par Émile Bernard, Paul Sérusier et Maurice Denis et par le critique symboliste Gabriel-Albert Aurier. À la mort de Gauguin, à l'occasion d'expositions lui rendant hommage, ses idées se sont répandues, non sans extrapolation souvent, au Picasso de la période bleue et rose, puis aux groupes des fauves (André Derain, Raoul Dufy), des cubistes (Roger de La Fresnaye), des expressionnistes allemands (Jawlensky, Otto Mueller, Ernst Ludwig Kirchner, Paula Modersohn-Becker…) et le groupe Die Brücke.
114
+
115
+ La première rétrospective a lieu, en Allemagne à Weimar, organisée par le comte Harry Kessler, en relation avec Gustave Fayet, collectionneur qui lui prête de nombreuses toiles. Fayet a sans doute été le collectionneur français détenant le plus grand nombre d'œuvres de Gauguin (70 à son décès en 1925[49]).
116
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117
+ « Ce que le film ne mentionne pas, regrette Léo Pajon, c’est que cette “femme” (qui s’appelle en réalité Tehamana) avait 13 ans. L’actrice qui interprète Tehura, Tuheï Adams, est plus âgée. Paul Gauguin (1848-1903) a eu d’autres partenaires au cours de ses deux voyages en Polynésie et, même si l’on comprend que plusieurs histoires aient été résumées en une pour des raisons de longueur du scénario, elles étaient toutes plus ou moins du même âge »
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+ « On ne peut pas faire un film aujourd’hui sur Gauguin sans le resituer dans le contexte colonial », fait d’emblée remarquer le géographe. Certes, le texte de sa plume Noa Noa raconte le dégoût de Gauguin pour l’administration coloniale et ses désillusions après son premier voyage à Tahiti, où il n’a pas trouvé le paradis primitif qu’il espérait. Et le film en rend plutôt bien compte, car on est loin du Tahiti solaire et préservé des cartes postales. « Mais il s’est lui-même comporté comme un colon, tranche M. Staszak. Au cours de son second séjour, il a tenu un journal, il était proche des partis locaux, il a cherché à posséder une plantation et à devenir juge de paix, même s’il n’y est pas parvenu. Il voulait devenir un notable, et en cela il ne remettait pas en cause l’administration coloniale. »
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+ Giovanni Battista Montini, né le 26 septembre 1897 à Concesio, près de Brescia en Italie, et mort le 6 août 1978 à Castel Gandolfo, est un prélat catholique italien, élu pape le 21 juin 1963 sous le nom de Paul VI (en latin Paulus VI, en italien Paolo VI). En qualité d'évêque de Rome, il est le 262e pape de l'Église catholique, et son pontificat s'étend de 1963 à sa mort en 1978.
8
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+ Il est béatifié le 19 octobre 2014, puis canonisé le 14 octobre 2018, et fêté le 29 mai.
10
+
11
+ Issu d'une famille catholique d'origine montagnarde[1], Giovanni Battista Enrico Antonio Maria Montini est le fils de Giorgio Montini (1860-1943), directeur du journal catholique Il cittadino di Brescia, plusieurs fois parlementaire, et de Giuditta Alghisi (1874-1943).
12
+
13
+ Après avoir achevé ses études de droit en 1882, Giorgio Montini prend la direction du journal catholique de la ville de Brescia, Il Cittadino di Brescia. Représentant dans sa province du Mouvement catholique (Movimento cattolico)[note 1], il fonde des cuisines économiques, un dortoir Saint-Vincent pour accueillir les déshérités, et un « Secrétariat du peuple » destiné à donner des conseils juridiques et administratifs aux paysans et aux ouvriers[2].
14
+
15
+ Giuditta Alghisi est originaire de Verolavecchia, un village situé au sud de Brescia. Ayant perdu ses parents très jeune, elle fut placée sous l'autorité d'un tuteur et envoyée dans un pensionnat religieux à Milan. Elle épouse Giorgio Montini le 1er août 1895 à 21 ans, quinze jours à peine après sa majorité.
16
+
17
+ Giovanni Battista Montini naît le 26 septembre 1897 à Concesio. Il est baptisé à l'église de Pieve di Concesio le 30 septembre de la même année[3].
18
+
19
+ Il a deux frères : l'aîné, Lodovico (né le 8 mai 1896[4])[5], devient sénateur, et le puîné, Francesco (décédé le 8 janvier 1971)[6], médecin.
20
+
21
+ Comme le veut la coutume pour les familles bourgeoises de Brescia, il est confié à une nourrice. C'est Clorinda Zanotti, une mère de quatre enfants vivant à Sacca di Nave (près de Concesio), qui s'occupe de lui pendant quatorze mois.
22
+
23
+ Giorgio Montini meurt en janvier 1943. Giuditta meurt en mai 1943, quelques mois après son mari.
24
+
25
+ En 1902, Giovanni Battista commence sa scolarité au collège Cesare-Arici de Brescia, tenu par des jésuites. Il y fait la connaissance d'Andrea Trebeschi, avec qui il entame ses premières grandes actions[Lesquelles ?] pendant la Première Guerre mondiale. Il fréquente également en parallèle la congrégation des oratoriens de Santa Maria della Pace, inspirée par Philippe Néri.
26
+
27
+ De santé fragile, il est handicapé par une croissance trop rapide et souffre de problèmes cardiaques[7], ce qui le contraint à suspendre sa scolarité au bout de deux ans. Sa mère le fait alors étudier à la maison.
28
+
29
+ L'année suivante (en 1905), Montini reprend l'école. Ses études, quoique décousues, sont assez brillantes, si bien que ses camarades le surnomment « le bûcheur ». Il doit suspendre à nouveau ses études en 1910, toujours pour des raisons de santé. Ses parents décident alors de le retirer définitivement du collège et de lui faire donner des cours particuliers, afin qu'il puisse présenter l'examen de fin d'études secondaires en candidat libre.
30
+
31
+ Dès le collège, il rejoint l'association Manzoni, du nom de l'auteur italien Alessandro Manzoni, qui rassemble des élèves et des étudiants catholiques.
32
+
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+ En 1913, il présente un examen d'études secondaires au lycée d'État de Chiari puis passe sa maturità classica, l'équivalent italien du baccalauréat français, en juin 1916. Il est admis au séminaire à la rentrée suivante.
34
+
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+ Giovanni Battista Montini n'ayant laissé aucun journal intime, on ne peut déterminer avec exactitude comment est née sa vocation. Plusieurs épisodes de sa jeunesse l'ont néanmoins marqué, ce qui a pu déclencher chez lui les premières interrogations.
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+ En 1903, son père lui annonce la mort du pape Léon XIII. Paul VI avouera plus tard qu'il en ressentit « une grande émotion[8]. »
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+
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+ La famille Montini se rend à Rome en 1907 et est reçue par le pape Pie X. La même année, Giovanni Battista Montini fait sa première communion et reçoit quinze jours plus tard le sacrement de confirmation. Toujours la même année, les Montini emménagent au 17 via delle Grazie, à proximité de l'église Santa Maria delle Grazie. Ce sanctuaire marial est régulièrement fréquenté par la famille.
40
+
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+ En 1910, une communauté bénédictine s'installe à Chiari. Giovanni Battista Montini, contraint de rester chez lui pour étudier, assiste souvent aux complies et y fait quelques retraites spirituelles. Il restera toujours en contact avec les moines de cette abbaye : recevant en 1973 au Vatican des abbés bénédictins, il leur dit que c'est à Chiari qu'a germé sa vocation.
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+
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+ Enfin, après avoir quelque temps songé à la vie religieuse, il entre au séminaire en septembre 1916.
44
+
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+ C'est au séminaire Santangelo de Brescia que Giovanni Battista Montini entre en septembre 1916. Pourtant, il ne suit pas la même formation que ses confrères séminaristes : son état de santé demeurant fragile, le supérieur du séminaire et l'évêque de Brescia acceptent d'emblée que le jeune homme ne soit pas soumis à la vie d'internat. Assistant d'abord aux cours en habits civils, il ne peut rapidement plus venir au séminaire. S'ensuit alors une formation solitaire, à la maison, où quelques prêtres viennent l'assister.
46
+
47
+ Ces temps de solitude lui permettent de garder un lien fort avec la société qui l'entoure. Il prend tout d'abord la présidence de l'association Manzoni en 1917, grâce à laquelle il lance une « bibliothèque du soldat » destinée à envoyer aux soldats du front de bons livres leur permettant de se distraire et de nourrir leur foi chrétienne. Il fonde en parallèle la « Maison du soldat français »[réf. nécessaire], où les militaires peuvent lire journaux et livres.
48
+
49
+ En juin 1918, Giovanni Battista Montini s'attelle à un autre grand projet : défendre la liberté de l'enseignement. Il lance avec des amis le magazine La Fionda, dans lequel il réclame notamment la création d'une université catholique.
50
+
51
+ Enfin, il prend position en faveur du PPI dont son père est député à trois reprises. Ce parti prône la liberté de l'enseignement, la défense de la famille et d'autres points plus administratifs.
52
+
53
+ Ces actions sociales entament nécessairement le temps de formation sacerdotale du jeune séminariste, dont les études sont alors parcellaires et discontinues. Hormis les quelques cours particuliers que certains prêtres viennent lui dispenser, il étudie des compendiums et lit des ouvrages éclectiques, religieux comme profanes. Ce sont des « lectures variées et hétérogènes, vastes et désordonnées[9] ».
54
+
55
+ Le 21 novembre 1919, il revêt enfin la soutane. Six mois plus tard, il est ordonné prêtre : entre les deux dates, il reçoit la tonsure le 30 novembre, puis les ordres sacrés, notamment le sous-diaconat le 28 février 1920 qui le conduit à l'ordination sacerdotale.
56
+
57
+ Après une retraite spirituelle qu'il doit interrompre à cause de la chaleur, Montini est ordonné prêtre le 29 mai 1920. Une dérogation a dû lui être accordée du fait de son âge, le Code de droit canonique disposant alors que le candidat doit avoir vingt-quatre ans révolus.
58
+
59
+ Il célèbre sa première messe le lendemain en l'église Santa Maria delle Grazie de Brescia ; la nappe d'autel a été taillée dans une robe de sa mère. Les images d'ordination qu'il a fait imprimer portent une citation de Pie X : « Accordez, ô mon Dieu, que tous les esprits s'unissent dans la Vérité et tous les cœurs dans la Charité ».
60
+
61
+ La santé de don Montini ne lui permettant pas de lui voir confier la charge d'une paroisse, son évêque Mgr Gaggia qui a repéré ses qualités intellectuelles et spirituelles décide de l'envoyer à Rome pour compléter ses études[10].
62
+
63
+ Montini arrive à Rome le 10 novembre 1920, demeurant au séminaire pontifical lombard. Il y étudie dans deux universités : à la Grégorienne (dirigée par les Jésuites) et à la Sapienza (université d'État, laïque). Cette double formation coïncide avec la ligne directrice qui orientera son pontificat : l'ouverture vers le monde laïc. Parallèlement à ses études, il continue de collaborer pour La Fionda et écrit des nouvelles.
64
+
65
+ Il aide en outre son père à mener sa campagne électorale pour la XXVIe législature du royaume d'Italie. Le Parti populaire italien n'y obtient que 107 sièges. Pour la première fois, 35 fascistes (dont Mussolini) y sont élus.
66
+
67
+ Le 27 octobre 1921, Montini se fait connaître des autorités vaticanes par l'intermédiaire d'un ami de son père, le député Giovanni Maria Longinotti (it)[note 2]. Il est reçu par Mgr Giuseppe Pizzardo, substitut à la secrétairerie d'État. Recommandé par Longinotti, Montini se voit proposer une inscription à l'Académie des nobles ecclésiastiques sise à Rome. Cette institution de haut niveau avait été fondée en 1701 par Clément XI pour former les clercs destinés au service diplomatique du Saint-Siège.
68
+
69
+ Intégré à contre-cœur en novembre à l'Académie, Montini y étudie le latin, l'histoire ecclésiastique, la diplomatie et le droit. Il publie un opuscule commentant l'ouvrage de son maître spirituel le père Giulio Bevilacqua (oratorien de Brescia qu'il fera cardinal en février 1965[11]), La Lumière et les ténèbres.
70
+
71
+ Après avoir voyagé en Allemagne et en Autriche durant l'été 1922[note 3], le jeune prêtre passe son doctorat en droit canon le 9 décembre suivant.
72
+
73
+ En mai 1923, Montini apprend qu'il est affecté à la nonciature de Varsovie en tant qu'attaché à la nonciature. Sans attribution déterminée, il ne touche aucun traitement et vit de l'argent que ses parents lui envoient et des honoraires de messes. De la Pologne, il suit la politique italienne et dénonce dans ses lettres le rapprochement de certains membres du PPI avec le parti de Mussolini. Don Battista est admis à revenir à Rome en octobre 1923, grâce au nonce de Varsovie Mgr Lauri, et à son père qui fait valoir que la santé de son fils supporterait très mal l'hiver polonais.
74
+
75
+ La FUCI (Fédération des universitaires catholiques italiens) est une branche de l'Action catholique italienne (it) (ACI). Il s'agit d'une association composée de différents cercles en liens étroits avec la hiérarchie ecclésiastique, chaque cercle étant spirituellement dirigé par un aumônier.
76
+
77
+ Un an après son retour de Pologne, Montini est nommé fin novembre 1923 aumônier du Cercle romain de la FUCI par son protecteur et ami Mgr Pizzardo. Son travail est de remettre de l'ordre dans ce cercle en y épurant ses activités politiques agitées pour y remettre un sang neuf de vie culturelle et religieuse, dans le but indirect de renforcer les liens entre la FUCI et l'ACI.
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+ Don Battista n'abandonne pas pour autant son combat politique et milite pour l'indépendance du PPI face au fascisme pour les élections législatives de 1924. Toutefois, le parti est divisé et n'obtient plus qu'une quarantaine de fauteuils à l'assemblée.
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+ Durant l'été 1924, Montini fait un séjour d'un mois en France : il prend des cours de français à l'Alliance française de Paris dispensés par René Doumic, et visite notamment le musée du Louvre et la ville de Lisieux et on carmel où repose sainte Thérèse.
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+ Alors qu'il n'a que vingt-sept ans, Montini reçoit une lettre de Mgr Pizzardo l'informant que le pape Pie XI l'autorise à le faire entrer à la secrétairerie d'État. Il commence sa fonction le 24 octobre 1924 en tant que préposé, le poste le plus modeste.
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+ Après plusieurs mois d'apprentissage, on le nomme minutante le 9 avril 1925 à la section des Affaires ordinaires. Il est chargé de rédiger, d'après les instructions reçues, les brouillons, instructions et circulaires envoyés par la section.
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+ Montini continue en parallèle son apostolat auprès des jeunes, travaillant au Vatican le matin puis au Cercle romain de la FUCI l'après-midi. Son activité apostolique n'est pas de tout repos : il organise des conférences, donne des leçons sur la morale chrétienne et prêche des retraites. Pourtant, un incident survient au printemps 1925 : don Battista organise une semaine d'études sociales pour les jeunes où son frère Lodovico, alors enseignant en sciences économiques et sociales à Milan, fait une intervention. Le quotidien du PPI vante l'engagement politique des Montini dans lequel est inclus le jeune prêtre. Le cardinal Pompilj se plaint auprès de Mgr Pizzardo que le Cercle se « politise ».
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+ Mais les événements internes à la FUCI incitent le pape Pie XI à nommer Montini aumônier national de la FUCI en vue de « dépolitiser » la fédération, de la désolidariser du PPI et de contrôler les mouvements étudiants.
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+ Pour renforcer l'autorité de l'aumônier, Pie XI le nomme camérier secret, titre qui ne correspond plus à une fonction précise. Don Battista, que l'on appelle désormais Mgr Montini en raison de sa fonction, donne une ligne plus culturelle et religieuse à la fédération.
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+ La direction spirituelle de la FUCI doit faire face aux multiples incidents qui naissent entre les étudiants catholiques et fascistes. Par exemple, à l'occasion de la réouverture de l'église Saint-Yves de Rome, un journal (La Sapienza) est édité, on y trouve des critiques contre le gouvernement et, indirectement, contre le pape lui-même, jugé inactif. Pie XI convoque Montini pour avoir le nom de l'auteur de l'article provocateur. La tentative d'assassinat de Mussolini, le 31 octobre 1926, envenime ces oppositions.
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+ Montini adopte alors une nouvelle stratégie pour évangéliser le milieu étudiant sans risquer de heurts : le combat culturel, visant à former de l'intérieur le milieu étudiant en donnant un nouvel élan à la culture catholique. Il fonde la maison d'édition Studium et crée un bimensuel, Azione fucina. Tout en publiant des articles, il rédige aussi une importante étude sur la vie et l'enseignement du Christ d'après le Nouveau Testament. Ses écrits témoignent de l'influence qu'exercent sur lui l'abbé Maurice Zundel[note 4] et le philosophe Jacques Maritain[note 5].
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+ La montée du fascisme inquiète Montini, qui émet les plus grandes réserves lors de la conclusion des accords du Latran. « La méfiance et la prudence ne doivent jamais cesser, voilà la conclusion, et seuls les superficiels et les irresponsables peuvent éprouver, d'une façon méprisable, une joie complète », écrit-il à ses parents une semaine après la signature des accords[12]. Il accepte toutefois d'y assister. Peu après, il exclut de la FUCI les étudiants qui refusent de quitter le Groupement universitaire fasciste. Malgré ses concessions, il est repéré à l'intérieur comme à l'extérieur de la curie comme un des tenants de la ligne d'opposition au fascisme. Il rencontre de futurs dirigeants de la Démocratie chrétienne, parmi lesquels Aldo Moro, avec lequel il entretient des rapports personnels d'amitié.
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+ Un an après la signature des accords du Latran, le cardinal Pietro Gasparri abandonne sa charge de secrétaire d'État, poste rapidement pourvu par le cardinal Pacelli, futur Pie XII. Ce changement de poste est précédé par un remaniement au sein de la congrégation, et Mgr Montini est nommé primo minutante en succession de Mgr Domenico Tardini, nommé sous-secrétaire.
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+ Malgré son nouveau poste et l'accroissement de la charge de travail en découlant, Mgr Montini continue son apostolat auprès des étudiants de la FUCI.
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+ Néanmoins, le mouvement essuie bientôt de grandes difficultés, et Montini se voit contraint d'en démissionner.
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+ D'une part, la presse fasciste soupçonne la FUCI et autres mouvements catholiques d'être des « organisations concurrentes des corporations fascistes », ce qui conduit Mussolini à interdire aux adhérents du Parti fasciste d'appartenir à tout mouvement d'action catholique[13]. Des accords sont signés le 2 septembre 1931 entre le Saint-Siège et le gouvernement, dans lesquels l'Église fait de nombreuses concessions, ce que désapprouve Montini.
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+ D'autre part, Montini lui-même doit faire face à plusieurs accusations. Le nouvel aumônier du cercle romain de la FUCI, Mgr Ronca, dénonce la circulaire envoyée par Montini (aumônier national) pour Pâques 1931, dans laquelle il critique notamment « l'inutile et malséante multiplicité de candélabres, palmes, fleurs, etc. » qui décore les autels des églises[14], ce qui choque plusieurs aumôniers locaux du mouvement. Ensuite, son ouvrage La Via di Cristo (La Voie du Christ) n'obtient que difficilement le nihil obstat de l'évêque de Brescia. Enfin, des rivalités naissent entre la FUCI et les jésuites, qui enseignent à la Grégorienne, l'enseignement des deux mouvements étant en concurrence.
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+ Le 12 mars 1933, un article anonyme d'Azione fucina annonce la démission de Mgr Montini de sa charge d'aumônier national des associations universitaires catholiques. Beaucoup pensent qu'il s'agit là d'une démission forcée[15].
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+ Une fois démis de ses fonctions, Mgr Montini consacre son temps, parallèlement au léger travail qu'il exerce à la secrétairerie d'État, à l'enseignement et à l'écriture. Il poursuit en effet son enseignement d'histoire de la diplomatie pontificale à l'université du Latran et assure un cours d'introduction au dogme catholique dans la même université. Il publie en outre La Vie du Christ et une Introduction à l'étude du Christ, et réalise une traduction de La Religion personnelle du père de Grandmaison. L'été 1934 est pour lui l'occasion de voyager en France, en Grande-Bretagne et en Irlande. Il s'éloigne de Rome pendant toute l'année 1935 pour des raisons de santé, et se repose près de sa région natale de Brescia. À son retour, il retourne à son travail à la secrétairerie d'État, sans entrain et avec lassitude.
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+ Lors du consistoire du 13 décembre 1937, le pape Pie XI crée cardinal Mgr Pizzardo. Ce dernier est remplacé aux Affaires extraordinaires par Mgr Tardini, lui-même remplacé à sa charge de substitut aux Affaires ordinaires par Mgr Montini.
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+ Cette promotion importante, faisant connaître Montini au-delà du Vatican, s'accompagne d'autres promotions annexes : consulteur de la Congrégation consistoriale et consulteur de la Congrégation du Saint-Office. Montini quitte alors le palais du Belvédère pour loger au palais apostolique, sous les bureaux de la secrétairerie d'État. En tant que substitut aux Affaires ordinaires, Montini devient un proche collaborateur du pape et il est chargé des relations du Saint-Siège avec les grands organismes de l'Église ; il peut transmettre des recommandations et des directives de la part de l'autorité supérieure, en plus d'un rôle d'intermédiaire où il fait part notamment du point de vue du Saint-Siège à des personnalités venant le visiter. Sa journée-type commence par une étude des dossiers, puis une réception par le secrétaire d'État Pacelli, avant la réception de cardinaux, évêques ou diplomates lors des audiences qu'il accorde.
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+ Cependant, la Seconde Guerre mondiale bouscule cette organisation. Montini, présent lors de la signature du concordat du 20 juillet 1933 entre le Saint-Siège (représenté par Pacelli, le futur pape Pie XII) et le Troisième Reich[16], est en effet être un témoin privilégié de la guerre et de l'action du Saint-Siège face à celle-ci. Le nazisme, déjà condamné par Pie XI dans l'encyclique Mit brennender Sorge, continue d'inquiéter le Saint-Siège quand l'Allemagne annexe l'Autriche en mars 1938, lors de l'Anschluss.
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+ Le 10 février 1939, le pape Pie XI meurt ; son successeur, le cardinal Pacelli, est élu le 2 mars suivant et prend le nom de Pie XII. Pendant le temps du conclave, Montini veille à l'organisation matérielle des lieux où se réunissent les cardinaux. Une fois élu, Pie XII nomme le cardinal Luigi Maglione secrétaire d'État, mais garde les deux substituts. Montini et le pape se voient tous les jours avant la guerre et pendant celle-ci, multipliant les audiences et les productions de documents. En juillet et août 1939, le Dr Manfred Kirschberg, de Paris, demande à Mgr Montini d'attribuer aux juifs d'Europe un territoire en Angola (territoire portugais) pour les préserver des persécutions, mais le projet n'aboutit pas[17].
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+ Dès le début de la guerre, Montini se voit confier la responsabilité du Bureau d'informations, organe de liaison entre les prisonniers de guerre ou internés civils et leurs familles, notamment en donnant à ces dernières des nouvelles des prisonniers par radio. En janvier 1940, Pie XII demande à Montini de diffuser des messages via Radio Vatican pour dénoncer le sort réservé par les nazis au clergé et aux civils polonais. Après l'entrée des Allemands dans Paris le 14 juin 1940, Montini adresse un message de soutien à l'abbé Martin, seul Français de son service[18]. Outre les activités prenantes du Bureau d'informations, le substitut accorde de nombreuses audiences aux diplomates en visite au Vatican, et participe à la distribution de secours, par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, aux prisonniers et aux populations civiles.
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+ Rapidement, Mgr Montini est au centre de deux incidents diplomatiques entre l'Italie fasciste et le Saint-Siège. D'une part, fin avril 1941, il est accusé par le ministre Galeazzo Ciano, gendre de Mussolini, d'avoir diffusé un tract antifasciste à des étudiants romains, mais aucun tract n'est retrouvé ; d'autre part, une note envoyée au Saint-Siège l'accuse d'avoir organisé une réunion antifasciste dans les appartements du Vatican, avec des diplomates étrangers : l'information est vite démentie par le secrétaire d'État.
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+ En novembre 1941, le substitut préside la nouvelle « Commission pour les secours », chargée d'envoyer des aides financières et des médicaments aux prisonniers, alliés ou non. À partir de 1942, le Saint-Siège est informé du sort réservé aux Juifs d'Europe. Ceux de Slovaquie sont momentanément préservés de la déportation grâce à l'intervention de la secrétairerie d'État[19] mais, très vite, on informe le Saint-Siège des conséquences de ces interventions : le 24 juin 1942, le nonce apostolique à Berlin Cesare Orsenigo informe Mgr Montini que les démarches tentées en faveur des Juifs « ne sont pas bien accueillies ; au contraire, elles finissent par indisposer les autorités »[20]. À partir de ce moment, le Saint-Siège, et en particulier le pape Pie XII, réagissent discrètement face aux atrocités nazies, de peur des représailles[21].
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+ À partir de septembre 1942, Montini se trouve au cœur d'un complot visant à renverser Mussolini[22]. La princesse de Piemont, Marie-José de Belgique,épouse du prince-héritier et belle-fille du roi Victor-Emmanuel III, est reçue en audience le 3 septembre 1942 par Mgr Montini. Elle explique au substitut que le peuple italien est prêt à abandonner le régime fasciste, que des hommes sont prêts à assurer la relève et qu'une paix séparée peut être conclue avec les Alliés[23]. Montini, à qui sa fonction permet de rencontrer les diplomates alliés, fait donc part de ce projet aux Alliés, qui font preuve de bonnes dispositions. Néanmoins, ils mettent en œuvre leur propre stratégie : ils commencent par débarquer en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, se rapprochant ainsi de l'Italie. À l'issue du bombardement de Rome par les Alliés le 19 juillet 1943, Montini accompagne Pie XII dans les rues de la ville afin de prier et de secourir les pauvres. L'approche des Alliés ébranle le gouvernement fasciste ; le 24 juillet 1943, le Grand Conseil du fascisme vote les pleins pouvoirs au roi Victor-Emmanuel III. Le 25 juillet au matin, l'un des membres du Conseil qui a voté les pleins pouvoirs, Alberto De Stefani (it), demande à Montini que le Saint-Siège serve d'intermédiaire entre les Alliés et le nouveau gouvernement à venir[24]. Le lendemain, le roi demande au maréchal Badoglio de former un ministère et ce dernier fait arrêter Mussolini. Le 13 août 1943, un nouveau bombardement allié survient sur Rome : Montini accompagne à nouveau le pape sur les lieux touchés afin de réconforter la population. Le lendemain, le gouvernement Badoglio proclame Rome « ville ouverte ».
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+ Jusqu'à la fin de la guerre, Montini est témoin des différents événements qui touchent Rome, notamment l'occupation de la ville par les Allemands à partir du 10 septembre 1943, puis sa libération par les forces alliées le 4 juin 1944. Cette guerre est aussi pour lui le temps des épreuves : ses parents meurent en 1943, et plusieurs de ses amis sont déportés dans des camps de concentration ; enfin, son ami Longinotti (qui l'avait fait entrer à l'Académie des nobles ecclésiastiques), meurt dans un accident de voiture en 1944.
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+ Le secrétaire d'État Luigi Maglione meurt d'une crise cardiaque le 22 août 1944. Le pape Pie XII ne le remplace pas et la fonction de secrétaire d'État reste vacante jusqu'à l'élection de Jean XXIII.
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+ Malgré cela, Mgr Montini a un rôle important dans les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et les États sortant de la guerre. Bien qu'il n'ait pas pris place dans le dialogue entre Pie XII et le gouvernement français pour remplacer quelques évêques « collaborateurs »[25], il sert d'intermédiaire entre le pape et Jacques Maritain, nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège, au sujet de la responsabilité du peuple allemand. Pie XII avait en effet estimé que le peuple allemand n'était pas collectivement coupable de la Seconde Guerre mondiale, ce à quoi le philosophe Jacques Maritain répondait que le peuple allemand était responsable comme peuple. L'ambassadeur français insiste aussi auprès de Montini pour que Pie XII renouvelle son soutien au peuple juif en faisant une déclaration solennelle de compassion en faveur des victimes de la Shoah. Au sujet des pays d'Europe de l'Est soumis au régime soviétique, Mgr Montini adresse aux diplomates occidentaux plusieurs rapports sur la situation de ces pays. Il continue d'œuvrer au sein du Bureau d'informations en faveur des prisonniers libérés et des nouveaux prisonniers que l'épuration a créé. De plus, il se charge de la création d'un service d'assistance aux émigrés à la fin de l'année 1946, pour venir en aide aux populations italiennes, allemandes et polonaises contraintes de quitter leur territoire du fait des nouvelles frontières dessinées.
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+ Parallèlement au devenir de l'Europe d'après-guerre, Mgr Montini a un rôle déterminant dans l'évolution politique de l'Italie, jusque dans les années 1950. Face à la Démocratie chrétienne dirigée par Alcide De Gasperi, d'autres partis dits chrétiens apparaissent, notamment à gauche. Montini refuse un tel pluralisme et Démocratie chrétienne se trouve seule à la tête du gouvernement italien, les autres partis ne recevant pas le soutien de l'Église. Lors de l'élaboration de la Constitution de l'Italie faisant suite au référendum du 2 juin 1946, Montini insiste pour que les accords du Latran soient inscrits dans le texte constitutionnel. Lors de la signature du traité de l'Atlantique nord en 1949, il se prononce pour l'adhésion de l'Italie à l'OTAN, exprimant ainsi sa propre volonté et celle de Pie XII. Concernant les syndicats, il inspire la création des Associations catholiques des travailleurs italiens (it) (ACLI). Il promeut en même temps la création de syndicats indépendants de l'Église catholique.
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+ Le pape Pie XII n'ayant pas pris de secrétaire d'État depuis la mort de Mgr Luigi Maglione, Mgr Montini devient donc le subalterne direct du Saint-Père aux affaires ordinaires. Partant, il rédige ou signe pour le pape un grand nombre de discours, messages ou allocutions à des organisations, personnalités ou pèlerins de passage au Vatican. En outre, il aide le souverain pontife dans la rédaction des encycliques et autres grands textes pontificaux. Par exemple, à Frédéric Joliot-Curie qui demande au pape d'intervenir pour inciter les pays à réduire leur armement, Montini répond que la véritable paix a sa source « dans la doctrine enseignée par Notre-Seigneur Jésus-Christ[26]. » Autre exemple : quand l'archevêque orthodoxe d'Athènes Spyridon Ier demande au pape de venir à une célébration pour l'occasion du XIXe centenaire de l'arrivée de saint Paul en Grèce, c'est encore Montini qui décline l'invitation.
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+ Pour autant, ces décisions ne reflètent pas toujours la personnalité du substitut lui-même. Ce dernier est réputé pour être ouvert d'esprit, et les théologiens condamnés par le Saint-Office ou en passe de l'être viennent d'abord se référer à Montini avant d'aller voir le pape. Un adage se forme ainsi dans les milieux ecclésiastiques : « Pourquoi aller à la montagne (Pie XII) quand on peut passer par Montini[27]? » Un exemple permet de mieux comprendre le rôle d'intermédiaire joué par le substitut : le père Yves Congar et le père Féret publient dans La Maison-Dieu un article critiquant la nouvelle traduction latine du psautier engagée par Pie XII. Recevant le père Congar le 21 mai 1946, Montini dialogue avec lui sur ces critiques puis sur les thèses d'avant-guerre du père relatives à l'œcuménisme, jugées suspectes par Rome[28]. Montini transmet aux dicastères compétents des dossiers, envoyés par le père Congar, sur l'œcuménisme. Montini apporte aussi son soutien au père Henri de Lubac, théologien controversé depuis son ouvrage Surnaturel. En 1948, il réussit à convaincre Pie XII de recevoir en audience Mgr Bruno de Solages, recteur de l'Institut catholique de Toulouse, suspecté d'approuver les idées du père Teilhard de Chardin. Le 1er septembre de la même année, il épargne de l'Index le livre de Maxence Van der Meersch, La Petite Sainte Thérèse. Puis, en mars 1949, il reçoit le frère Roger Schutz et Max Thurian, responsables de la Communauté de Taizé, pour entamer avec eux un dialogue œcuménique et préparer leur audience prochaine avec le pape.
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+ En 1950, Pie XII charge Mgr Montini de la préparation matérielle de l'Année sainte : calendrier des pèlerinages nationaux et des audiences publiques, et possibilités d'hébergement notamment. Quelques jours avant l'ouverture de cette Année sainte, il anime une conférence à Rome devant les autorités civiles et politiques de la capitale, visant à présenter ladite année. L'assistance admire le prélat et d'aucuns y voient déjà un futur pape[29].
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+ 1950 est aussi l'année de la publication de l'encyclique Humani Generis, dans laquelle le pape dénonce notamment « quelques opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique »[30]. Montini relativise la portée du texte en confiant à son ami Jean Guitton que le pape ne dénonce pas des erreurs mais seulement des opinions pouvant aboutir à des erreurs[31].
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+ Autre grand fait majeur pour l'Église en cette même année : la proclamation du dogme de l'Assomption le 1er novembre. Les protestants s'insurgent contre cette proclamation car elle attribue un privilège supplémentaire à la Vierge Marie qui n'est pas attesté historiquement et, aussi, elle engage l'infaillibilité du pape, notion que les protestants refusent également. Recevant Roger Schutz et Max Thurian au Vatican, Montini leur fait part de son souhait d'une « plus grande discipline et un texte qui précise la pureté de la doctrine »[32].
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+ Montini reçoit beaucoup de prélats et de diplomates au Vatican. Parmi ceux-ci, dom Hélder Câmara avec qui il évoque la création d'une conférence épiscopale pour le Brésil. Enfin, le substitut effectue un voyage au Canada et aux États-Unis en 1951, où il rencontre notamment Mgr Spellman, archevêque de New York.
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+ En novembre 1952, Mgr Montini et Mgr Tardini obtiennent le titre de pro-secrétaires d'État, distinction purement honorifique. Lors du consistoire du 12 janvier suivant, Pie XII annonce aux nouveaux cardinaux qu'il les a nommés pro-secrétaires d'État car ils ont refusé la barrette de cardinal[33].
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+ Selon certains, Pie XII lui aurait « suggéré » de renoncer à cette promotion, probablement parce qu'il ne voulait pas de lui comme successeur[34]. Quelques auteurs, dont Jean Guitton, l'ont en effet affirmé. Le philosophe et ami de Montini dira plusieurs décennies plus tard : « Il y a des choses que je sais et qui sont difficiles à dire. Il est certain que ce fut dramatique. À un certain moment, Pie XII a conçu pour Montini de la défiance. Il a compris que c'était son devoir d'empêcher Montini de devenir pape[35]. » Plusieurs prises de position politiques lui sont en effet reprochées au sein même de la secrétairerie d'État, comme l'unité des catholiques dans la Démocratie chrétienne ou encore l'hostilité à la création d'un syndicat catholique. De plus, il adopte des positions différentes du Saint-Siège, quand il défend sans ambigüité le livre Vraie et Fausse Réforme de l'Église d'Yves Congar[36] ou encore quand il dit à Mgr Lefebvre que l'Église ne doit pas condamner Réarmement moral[37], organisation pourtant critiquée par le Saint-Office en 1955. Enfin, quand Alcide de Gasperi était président du Conseil, Montini l'encouragea discrètement, en contradiction avec les instructions de Pie XII, à se rapprocher du Parti Socialiste Italien, dirigé par Pietro Nenni, pour éloigner ce dernier des communistes. Le théologien jésuite Alighiero Tondi compromis dans une affaire d'espionnage soviétique au Vatican en 1953 fut le secrétaire de Montini[38].
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+ Malgré tout cela, Mgr Tardini, substitut aux Affaires extraordinaires, affirma plus tard que Montini et lui ont refusé la barrette rouge quand Pie XII la leur proposa en mai 1952[39]. Pourtant, ils l'accepteront tous les deux dès le premier consistoire de Jean XXIII le 15 décembre 1958.
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+ L'année 1953 est aussi pour l'Église l'occasion d'interdire progressivement l'apostolat des prêtres-ouvriers dans les usines, ceux-ci étant suspectés d'être trop politisés et de se situer dans une mouvance marxiste[40]. En juillet, le cardinal Giuseppe Pizzardo (préfet de la Congrégation des séminaires) interdit aux séminaristes d'effectuer des stages dans des usines ; en août, interdiction est faite aux « religieux-ouvriers » de fréquenter les usines ; en septembre enfin, le nonce à Paris Mgr Roncalli (futur Jean XXIII) demande aux évêques français d'interdire l'expérience des prêtres-ouvriers en France. Dans toutes ces condamnations, Montini approuve le Saint-Siège et justifie ses décisions. Néanmoins en 1965, devenu pape, il rétablira l'expérience des prêtres-ouvriers.
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+ Le cardinal Schuster, archevêque de Milan depuis le 26 juin 1929, meurt le 30 août 1954. Peu de temps après, Pie XII annonce à Montini qu'il songe à le nommer à cette fonction.
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+ Bien que le siège archiépiscopal de Milan soit considéré comme illustre, Montini ressent cette nomination comme une sanction[41]. Il souffre qu'on l'éloigne ainsi de Rome. Plusieurs raisons ont été avancées pour tenter d'expliquer cette nomination : Pie XII, ne voyant pas Montini devenir pape, souhaitait l'éloigner du Vatican ; Montini s'écarte de la tradition de l'intransigeantisme ; Montini serait entré en contact, à l'insu du pape, avec les autorités soviétiques pour améliorer les relations entre l'URSS et le Vatican, ce qui aurait scandalisé Pie XII et l'aurait incité à éloigner son pro-secrétaire d'État[42].
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+ Cependant, le siège de Milan est cardinalice, et même « papable » : Pie XI venait de Milan. En lui donnant l'expérience pastorale du plus gros archevêché d'Italie, Pie XII compense partiellement son refus de créer cardinal celui qui va devenir l'un des principaux candidats à sa succession, immédiate ou non.
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+ Quoi qu'il en soit, le futur évêque se prépare à sa nouvelle charge, et reçoit dès le mois de novembre 1954 l'évêque auxiliaire et le vicaire général de l'archidiocèse de Milan. Et le 6 novembre, Mgr Montini fait ses adieux aux membres du corps diplomatique du Saint-Siège.
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+ La consécration épiscopale a lieu le 12 décembre 1954 en la basilique Saint-Pierre. Pie XII, malade, ne peut procéder lui-même au sacre. Le cardinal Eugène Tisserant est donc le principal consécrateur du nouvel évêque ; il est secondé par Mgr Giacinto Tredici (it) et Mgr Domenico Bernareggi (en). Le pape a néanmoins enregistré un message qui est diffusé lors de la cérémonie, dans lequel il adresse sa bénédiction à son « fidèle collaborateur, devenu aujourd'hui son frère dans l'ordre épiscopal »[43].
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+ Montini est amené à choisir son blason[note 6] et sa devise épiscopale « In nomine Domini » (« Au nom du Seigneur »)[note 7].
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+ Mgr Montini part de Rome le 4 janvier 1955 pour son nouveau diocèse, après avoir dit la Messe à l'autel saint Pie X dans la basilique Saint-Pierre. Il prend le train jusqu'à la ville de Lodi, où il est reçu par l'évêque du lieu et le vicaire général de Milan. Puis, se rendant à Milan en voiture, le nouvel archevêque descend du véhicule et embrasse le sol de son nouveau diocèse.
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+ Le 6 janvier suivant, jour de l'Épiphanie, Montini fait son entrée officielle à Milan devant une foule nombreuse et les autorités civiles et religieuses de la ville. Debout dans une voiture précédant une file de véhicules officiels, l'archevêque bénit ses fidèles à travers les rues de la ville. Arrivé au dôme de Milan, il prononce un discours mêlant esprit de tradition (« Notre catholicisme doit être intègre et fidèle ») et esprit d'ouverture (il faut œuvrer à la « pacification de la tradition catholique italienne avec le bon humanisme de la vie moderne »).
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+ Le diocèse de Milan, le plus important d'Italie avec plus de trois millions d'habitants, est en proie à la déchristianisation et à la libéralisation des mœurs. Le nouvel évêque prend donc la charge d'un diocèse difficile à gérer, lui qui n'a jamais eu à diriger de paroisse en tant que prêtre.
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+ Mgr Montini se constitue progressivement un cercle restreint de clercs qui seront aussi ses conseillers, notamment le supérieur du séminaire de Milan qu'il reçoit tous les mercredis. Puis, très vite, le prélat s'implique totalement dans la vie politique et sociale de son diocèse : visite de la Foire internationale de Milan en avril 1955[note 8], visite des hôpitaux, des usines, des paroisses et des communautés religieuses de son archevêché.
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+ L'archevêque s'implique aussi dans la construction de nouvelles églises : à son départ en 1963, il a fait construire soixante-douze églises, et mis une vingtaine en chantier. C'est pour lui l'occasion d'inviter les artistes contemporains à créer pour l'Église. Il reconfigure les paroisses, incitant les curés à y inclure des salles de spectacles et des équipements sportifs. Il crée des mouvements pastoraux comme un bureau d'études promouvant de nouvelles méthodes de catéchèse et éditant des manuels de liturgie ; un « Office pastoral social » pour insérer les immigrants dans les églises ; et enfin, un « Office d'assistance sociale » distribuant des secours aux nécessiteux.
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+ L'intensité de ces activités fragilisant davantage sa santé, l'archevêque obtient la nomination de deux nouveaux évêques auxiliaires pour l'aider dans sa tâche[note 9] : Mgr Sergio Pignedoli et Mgr Schiavini.
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+ Il continue à recevoir Roger Schutz, Max Thurian et des ecclésiastiques anglicans, ainsi que des évêques avec qui il joura plus tard un grand rôle pendant le Concile, tels Mgr Maurice Roy (archevêque de Québec) ou encore Mgr Léon-Joseph Suenens (évêque auxiliaire de Malines). Politiquement, il prend position contre l'ouverture à gauche de la Démocratie chrétienne, dont le secrétaire élu en 1959 était Aldo Moro.
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+ Selon son ami Jean Guitton, Montini était triste et « souffrait le martyre », éloigné de Rome et des affaires du Saint-Siège où il avait travaillé pendant 30 ans.
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+ Peu après son installation, l'archevêque émet l'idée d'une grande mission diocésaine lors d'une réunion avec des prêtres. Cette mission, limitée à la seule ville de Milan, a pour but d'aller vers tous ceux qui sont éloignés de l'Église, les « égarés et les tourmentés, les perdus et les solitaires ».
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+ Le projet est annoncé officiellement au début de l'année 1956, le jour de l'Épiphanie[note 10]. Pendant plusieurs mois, de multiples réunions sont organisées et des livres de chants et de prières pour la famille sont édités.
188
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189
+ La mission se déroule durant vingt jours, du 5 au 24 novembre 1957. L'événement est considérable : deux cardinaux (Giuseppe Siri et Giacomo Lercaro), vingt-quatre archevêques et évêques, plus d'un millier de prêtres et religieux[44] sont mobilisés pour prêcher dans les lieux de la ville. Églises, places publiques, magasins, usines, hôpitaux, écoles et administrations profitent des prédications toutes construites sur le thème « Dieu le Père ». Montini insiste pour que la mission n'offense personne et s'ouvre à tous les Milanais. Il utilise tous les moyens modernes (hélicoptère…).
190
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191
+ Les fruits de la Mission seront pourtant médiocres car, après une courte ferveur, la situation religieuse et morale[pas clair] de la ville va en se dégradant. Montini déclarera plus tard lors d'un synode diocésain : « L'impulsion de ferveur religieuse suscitée par la mission citadine de 1957 n'a pas eu les suites positives auxquelles nous nous attendions. La situation religieuse de la ville est alarmante. »
192
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193
+ Pour fêter les cent ans des apparitions mariales de Lourdes, le prélat organise un pèlerinage sur ce lieu avec 4 500 fidèles de son diocèse, du 26 juin au 1er juillet 1958. Ils rendent grâce ensemble pour les fruits de la Mission de Milan. Mgr Montini fait deux retraites le mois d'août suivant, dans l'abbaye d'Einsiedeln puis dans celle d'Engelberg en Suisse.
194
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195
+ Le pape Pie XII meurt le 9 octobre 1958 à Castel Gandolfo, après trois jours d'agonie. Depuis son ordination épiscopale, Montini ne l'avait vu qu'à quelques audiences publiques mais jamais personnellement. En se recueillant devant la dépouille du pape le 10 octobre, le prélat aurait murmuré « Comme je lui voulais du bien. Et pourtant nous ne nous sommes pas compris »[45].
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197
+ Bien que Montini ne soit pas cardinal, certains envisagent quand même son élection au trône de saint Pierre, ce qui est canoniquement possible mais ne s'était pas produit depuis l'élection d'Urbain VI en 1378. Certains cardinaux, dont Giuseppe Siri, s'y opposent néanmoins farouchement[46].
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+ Le conclave de 1958 s'ouvre le 26 octobre et, après deux jours et dix scrutins infructueux, le cardinal Roncalli est élu le 28 et prend le nom de Jean XXIII. Le patriarche de Venise est un ancien diplomate du Vatican en Bulgarie, en Turquie et en France, qui avait été en contact direct avec Montini, dès le début de sa carrière, et qui en est proche.
200
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201
+ Peu de temps avant son couronnement du 4 novembre 1958, Jean XXIII écrit à Mgr Montini pour l'informer qu'il sera très bientôt créé cardinal, avec notamment Mgr Domenico Tardini (nouveau secrétaire d'État), pour réparer ce que l'archevêque ressent encore comme une injustice de la part de Pie XII. L'annonce de la nomination de 23 nouveaux cardinaux devient officielle le 17 novembre suivant.
202
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203
+ Mgr Montini est finalement nommé cardinal-prêtre au titre de Santi Silvestro e Martino ai Monti lors du consistoire du 15 décembre 1958.
204
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+ Le 25 janvier 1959, Jean XXIII annonce officiellement son intention de procéder à un concile œcuménique, afin de prolonger les travaux du concile Vatican I, interrompu en 1870. Le lendemain, Mgr Montini adresse un communiqué à ses diocésains en affirmant que ce concile est un « événement historique de première grandeur […], grand pour l'Église entière et pour l'humanité ».
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207
+ Le 17 mai de la même année est créée une commission antépréparatoire au concile, dirigée par le secrétaire d'État Domenico Tardini, afin tout d'abord de recueillir les vœux des évêques du monde entier sur les sujets à débattre au concile. Parmi toutes les réponses recueillies, reviennent régulièrement une proclamation d'un dogme de la médiation de la Vierge Marie, la condamnation du communisme et l'instauration de la langue vernaculaire dans la liturgie. Montini, interrogé en tant qu'archevêque de Milan, propose lui aussi l'instauration de la langue vernaculaire, mais ne souhaite aucune proclamation de dogme ni aucune condamnation de doctrines dangereuses. Il propose en outre, pour préparer le concile, des réunions contradictoires entre catholiques, protestants et orthodoxes.
208
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209
+ Le 5 juin 1960 sont créées dix commissions préparatoires chargées de rédiger des schémas, textes qui seront soumis au vote des évêques lors des sessions du concile. Parmi ces dix commissions, la commission théologique, celle de la liturgie et celle des missions. Trois secrétariats y sont adjoints : secrétariat pour les questions concernant la presse, secrétariat technique et administratif, ainsi que secrétariat pour l'unité des chrétiens. C'est le pape qui préside la commission centrale, chargée de superviser l'ensemble des organismes.
210
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211
+ Chaque commission est présidée par un cardinal, composée de plusieurs évêques, prêtres ou religieux compétents dans la matière concernée, et corroborée par des experts (« consulteurs ») à qui l'on pouvait faire appel pour divers conseils. Jusqu'en juin 1962, ces commissions tiennent des sessions puis soumettent leurs travaux à l'approbation de la commission centrale. Mgr Montini ne fait partie d'aucune de ces commissions mais des proches, dont son théologien privé don Carlo Colombo, en font partie et peuvent ainsi le tenir informé de l'évolution des travaux. Le cardinal organise néanmoins plusieurs sessions d'études dans son propre diocèse, où il montre un fervent optimisme, expliquant que ce concile, « à la différence de beaucoup de ceux qui l'ont précédé, se réunit en un moment paisible et fervent de la vie de l'Église. »[47]
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+ À la fin de l'année 1961, Jean XXIII nomme le cardinal Montini membre de la commission centrale. L'archevêque y prend la parole une soixantaine de fois durant les cinq sessions qui se tiennent avant l'ouverture du concile, refusant la proclamation d'un dogme de la médiation de la Vierge Marie, ou encore se prononçant pour l'abolition de la censure[note 11]. De plus, il se prononce en faveur de la liberté religieuse définie comme un droit que l'homme a, par sa nature même. Recevant quelques membres de la commission préparatoire de la liturgie, le cardinal prend position pour l'emploi de la langue vernaculaire (tout en conservant le latin pour le canon de la Messe)[48].
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+ L'ouverture du concile est fixée au 11 octobre 1962, trop tôt selon le cardinal Montini[49] ; en effet, beaucoup de textes vont être proposés à la discussion des évêques, et aucun plan d'ensemble n'est prévu.
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217
+ Le concile Vatican II s'ouvre à Rome le 11 octobre 1962 ; plus de 2 000 évêques et supérieurs d'ordres religieux du monde entier, ainsi qu'une trentaine d'observateurs non catholiques, se rassemblent pour l'occasion dans la basilique Saint-Pierre. Mgr Montini y est présent, et il a fait inviter son ami Jean Guitton parmi les observateurs.
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+ Montini, que Jean XXIII a pris soin de loger dans une maison attenante à la basilique, est resté très discret durant cette première session. Il ne prend en effet la parole qu'à deux reprises (en latin, comme l'exige le règlement). Le 11 novembre d'une part, pour défendre le schéma sur la liturgie qui est proposé au vote, en rassurant les évêques que les dispositions du texte inquiètent. D'autre part, il intervient dans les débats le 5 décembre : il y appuie la proposition du cardinal Léon-Joseph Suenens qui, deux jours auparavant, avait émis le souhait que la deuxième session ait pour thème l'Église. Il demande en outre au pape le 20 novembre, en compagnie des cardinaux Albert Meyer et Paul-Émile Léger, de retirer le texte sur la Révélation car il estime que ce schéma offre trop peu d'ouverture à l'égard des non-catholiques.
220
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221
+ De manière générale, Mgr Montini déplore que le concile ne suive pas de plan précis. Dans une lettre adressée au cardinal Amleto Cicognani[50], il propose que le concile suive trois sessions : la première aurait pour but de définir l'Église, la deuxième les fonctions de l'Église (liturgie, morale et missions), et la troisième les relations entre l'Église et le monde (œcuménisme, dialogue interreligieux et relation avec les États). Dans le journal catholique de Milan, l'archevêque publie des Lettres du concile dans lesquelles il résume les travaux conciliaires. À ce titre, il se plaint que les schémas proposés manquent de cohérence et que les pères conciliaires prennent trop souvent la parole.
222
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223
+ Les 5 et 6 décembre, la voix de Montini est écoutée : Jean XXIII proclame la création d'une commission de coordination ayant pour but de relier les autres commissions entre elles ; elle est composée de cinq cardinaux : Léon-Joseph Suenens, Paul-Émile Léger, Giacomo Lercaro, Julius Döpfner et Giovanni Battista Montini. De plus, le pape réduit le nombre des schémas de 70 à 17.
224
+
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+ Mgr Montini, outre ses activités au concile et à Milan, prend des positions publiques et fait des voyages qui en font un papabile de plus en plus vraisemblable après Jean XXIII. Il donne ainsi une image de modernité ouverte sur le monde tout en maintenant une position morale stricte.
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+
227
+ Voyages
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+ Parmi ses prises de positions, on peut noter la condamnation assez ferme de La dolce vita de Federico Fellini, dans le cadre d'une polémique interne entre les jésuites et le conservateur Siri, polémique et interdiction qui aurait contribué paradoxalement au succès du film[52].
230
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231
+ Jean XXIII meurt le 3 juin 1963. Dans l'éloge funèbre qu'il prononce dans la cathédrale de Milan le 7 juin suivant, Mgr Montini exprime son admiration face au pape disparu, attestant que « sa tombe ne peut renfermer son héritage, ni la mort étouffer son esprit ». Le 15 juin, la veille de partir au conclave, Montini écrit au père Bevilacqua qu'il faut maintenant à l'Église « un pape efficace et sage », mais précise de suite « Non certes moi, comme l'habitude de désigner des papes préfabriqués peut l'insinuer »[53].
232
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233
+ Montini part pour le conclave le 16 juin : il loge d'abord chez les sœurs de Marie-Enfant puis à Castel Gandolfo. Le 18 juin, il célèbre la messe à l'abbaye Sainte-Priscille.
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235
+ Le conclave qui va élire le successeur de Jean XXIII s'ouvre dans l'après-midi du 19 juin 1963, dans la chapelle Sixtine. Avec 80 cardinaux présents, c'est à l'époque le conclave qui réunit le plus grand nombre d'électeurs de l'histoire.
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+ Le premier scrutin commence le lendemain, 20 juin. Pour être élu, le futur pape doit recevoir au moins 54 voix en sa faveur. Les favoris, papables, sont les cardinaux Montini, Lercaro et Siri.
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+ Après cinq scrutins, le cardinal Montini est élu pape au sixième tour, le 21 juin 1963, avec quelque 60 voix : il a 65 ans. Il devance les cardinaux Siri, Lercaro, Antoniutti, Agagianian et Suenens. Il était pressenti favori par tous à tel point que le journal La Croix publia son édition spéciale sur sa nomination quelques minutes à peine après l'annonce officielle.
240
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241
+ Au cardinal doyen (Eugène Tisserant) qui lui demande s'il accepte la lourde charge qui lui est confiée, Montini répond « Accepto in nomine domini » (« J'accepte au nom du Seigneur »), reprenant ainsi sa devise épiscopale. À la question portant sur le nom choisi, il répond « Vocabor Paulus » (« Je m'appellerai Paul ») : le nouveau pape se nomme donc Paul VI, en hommage à saint Paul et Paul V, pape qui avait mis en œuvre les décisions du concile de Trente et canonisa Charles Borromée.
242
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243
+ Vers midi, le cardinal Ottaviani annonce l'élection du nouveau pape à la foule massée place Saint-Pierre. Selon la formule rituelle, il prononce ces mots : « Annuntio vobis gaudium magnum ; habemus Papam »[54] (Je vous annonce une grande joie, nous avons un pape).
244
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245
+ Quelques instants plus tard, le nouveau pape apparaît à la loggia de la basilique Saint-Pierre : il y donne sa première bénédiction Urbi et Orbi, mais ne prend pas la parole.
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247
+ Après son apparition place Saint-Pierre, le nouveau pape retourne parmi les cardinaux et partage un banquet avec eux, en prenant la même place que pendant le conclave[55].
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249
+ Le lendemain, il prend possession des appartements pontificaux, aux deuxième et troisième étages du palais du Vatican. Dès les mois suivants, il y ordonne d'importants travaux (entre autres : remplacement des meubles dorés par un mobilier au design moderne ; mise en place d'œuvres d'art contemporain dans les musées du Vatican[note 12],[56] ; rénovation de la chapelle Pauline ; aménagement d'une terrasse sur le toit du palais pour sa promenade quotidienne, avec installation d'un ascenseur). Le premier soir où il loge dans ses appartements, il se plaint d'être gêné par le bruissement des fontaines de la place Saint-Pierre. Sous son pontificat, elles seront coupées tous les soirs à partir de 23 h puis remises en fonction le matin.
250
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251
+ Le 22 juin, lendemain de son élection, le pape s'adresse aux cardinaux réunis dans la chapelle Sixtine dans un message retransmis par Radio Vatican. Il affirme les principaux objectifs de son pontificat : reprendre le concile Vatican II (« La partie la plus importante de notre pontificat sera occupée par la continuation du deuxième concile œcuménique du Vatican, vers lequel sont tournés les yeux de tous les hommes de bonne volonté. »), œuvrer à la paix entre les peuples et à l'unité des chrétiens.
252
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253
+ Le 30 juin 1963 a lieu le couronnement de Paul VI. Pour la première fois dans l'histoire de la papauté, la cérémonie se déroule à l'extérieur de la basilique Saint-Pierre, en raison de l'affluence prévue[note 13]. Une centaine d'États sont représentés par leur souverain ou chef d'État. Le pape arrive en sedia gestatoria. Au cours d'une longue cérémonie, l'épître et l'évangile sont chantés en latin puis en grec, puis Paul VI fait une allocution au cours de laquelle il parle en neuf langues[57]. Il y déclare notamment : « Nous défendrons la Sainte Église contre les erreurs de doctrine et de pratique qui tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église menacent son intégrité et cachent sa beauté »[58].
254
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255
+ Après cette allocution, le cardinal Ottaviani, protodiacre, pose sur la tête du souverain pontife la tiare qui a été dessinée selon les indications du nouveau pape : simple et fuselée. Paul VI aura été le dernier pape à porter la tiare, son successeur Jean-Paul Ier la refusera.
256
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257
+ Le 27 juin 1963, le secrétaire d'État Amleto Cicognani annonce que le concile reprendra le 29 septembre. Pour préparer cette reprise, Paul VI réunit à deux reprises la commission de coordination, les 3 juillet et le 31 août. Il approuve l'idée d'organiser les sessions selon un plan précis, confirme le cardinal Suenens en tant que légat au sein du concile[note 14], et émet le souhait d'unifier les tendances traditionalistes et progressistes. Lors du mois d'août 1963 qu'il passe à Castel Gandolfo, le nouveau pape s'adonne aux derniers préparatifs de la reprise du concile : élargissement du conseil de présidence à douze membres (trois nouveaux membres nommés : les cardinaux Albert Meyer, Giuseppe Siri et Stefan Wyszyński) et nomination de quatre modérateurs chargés de diriger les travaux des congrégations générales (les cardinaux Julius August Döpfner, Giacomo Lercaro, Léon-Joseph Suenens et Grégoire-Pierre XV Agagianian).
258
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259
+ Il précise ses intentions pour le IIe concile du Vatican dans un discours du 6 septembre : « Aujourd'hui, ce mot glorieux aggiornamento constitue tout un programme. Le concile œcuménique, chacun le sait, l'a fait sien, polarisant en lui les objectifs de réforme et de renouveau. Il ne faut pas voir dans cet adjectif qui accompagne les manifestations les plus hautes et les plus caractéristiques de la vie ecclésiale un fléchissement inconscient, mais nocif, vers le pragmatisme et l'activisme de notre temps, au détriment de la vie intérieure et de la contemplation, lesquelles doivent avoir la première place dans l'échelle de nos valeurs religieuses. »
260
+
261
+ Enfin, le 21 septembre, il s'adresse à la Curie romaine et lui annonce deux projets de réforme : création d'un conseil d'évêques du monde entier en qualité de membres dans les congrégations de la Curie romaine (futur motu proprio Pro comperto sane du 6 août 1967) et réforme générale de la Curie romaine (futur Règlement général de la Curie romaine du 22 février 1968).
262
+
263
+ La deuxième session du concile s'ouvre le 29 septembre 1963. Encore peu d'évêques des pays communistes sont présents à cette session. En revanche, nombreux sont les observateurs non catholiques et laïcs. Parmi ces derniers, outre Jean Guitton déjà présent lors de la première session, assistent désormais douze autres laïcs du monde entier (dirigeants d'organisations catholiques internationales). Ces observateurs prennent part à la rédaction de certains textes. La presse est aussi plus largement informée des déroulements de la session, une conférence de presse étant organisée quotidiennement.
264
+
265
+ Dans le discours d'ouverture de cette deuxième session, le pape réaffirme la vérité de la foi catholique mais invite en même temps à reconnaître les « richesses spirituelles » qu'ont gardées les « frères séparés » ; il affirme aussi que l'Église doit demander pardon pour les offenses qu'elle a commises dans le passé.
266
+
267
+ Plusieurs schémas y sont discutés, modifiés et renvoyés devant les commissions compétentes : le schéma sur l'Église, où a été âprement discutée la thèse de la primauté du pape ou à l'inverse celle de la collégialité des évêques ; le schéma sur la Vierge Marie, qui ne fut finalement qu'un chapitre à l'intérieur du schéma sur l'Église, et où la qualité de « Marie médiatrice de toutes grâces » ne fut pas adoptée. En outre, est discutée la question de la collégialité des évêques et les questions sur l'œcuménisme commencent à jaillir.
268
+
269
+ Lors de la clôture de cette session le 4 décembre, Paul VI promulgue deux textes : le décret Inter Mirifica sur les moyens de communication sociale, et la constitution Sacrosanctum Concilium sur la liturgie. Enfin, le pape annonce solennellement qu'il accomplira son premier voyage à l'étranger en janvier suivant : un pèlerinage en Terre sainte. Cette annonce remarquable entraîna une salve d'applaudissements. C'est la première fois depuis Pie VII qu'un pape quitte l'Italie.
270
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271
+ Le dialogue avec les religions non catholiques, en particulier le judaïsme, se développe pendant le pontificat de Paul VI, sous l'impulsion de la déclaration Nostra Ætate.
272
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273
+ En dehors du monde chrétien, le pape rencontre en 1971 Kalou Rinpoché lors de son premier voyage en Occident. Le 30 septembre 1973, Paul VI reçoit en audience le 14e dalaï-lama, Tenzin Gyatso au Vatican[59]. Le 17 janvier 1975, il reçoit en audience le 16e karmapa, Rangjung Rigpe Dorje[60]. En 1974, il rencontre les oulémas d'Arabie[réf. nécessaire].
274
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275
+ Paul VI reste fidèle aux traditions italiennes qui fait du pape un acteur important de la vie politique et un leader, de fait, de la Démocratie chrétienne. Au moment où il lance l'Ostpolitik du Vatican par le biais de Mgr Casaroli pour améliorer le sort des catholiques vivant dans les pays communistes, Paul VI bloque toutes les tentatives du PCI et de son chef Berlinguer pour accéder au pouvoir en s'alliant à la Démocratie chrétienne. En effet, Paul VI ne veut pas donner l'impression de négocier avec les Soviétiques en position de faiblesse ou pour des raisons de politique intérieure. Le PCI ne s'y trompe pas et tente d'amadouer le pape, sans succès. Il se retrouve en effet au cœur de la tension entre ces deux tendances de la démocratie chrétienne (celle anticommuniste de Giulio Andreotti, et celle favorable à l'alliance de son ancien étudiant Aldo Moro), lorsqu’il doit faire face à l’enlèvement par les Brigades rouges de son ami Aldo Moro, qui demande une négociation pour sa propre libération alors que le parti de la Démocratie chrétienne refuse avec Andreotti, toute discussion avec les terroristes. Un des membres du commando est d'ailleurs le fils d'un ami du pape, qui est appelé au secours par Moro et qui écrit une lettre demandant la libération (mais en ayant ajouté « sans préalable »). Moro dans ses lettres se montre critique vis-à-vis de cette action trop faible à son goût. Après l'assassinat de Moro qui affecte profondément le pape, il fait une homélie marquante[61].
276
+
277
+ Le 3 février 1964, Mgr de Proença Sigaud remet au pape un document, signé par 510 évêques de 78 pays, demandant de faire droit à une demande de Notre-Dame de Fátima : consacrer le monde au Cœur immaculé de Marie pour la conversion de la Russie. Paul VI ne fait pas droit à cette demande mais concéde d'accorder à la Vierge Marie le titre de « Mère de l'Église » lors de la troisième session du concile.
278
+
279
+ Paul VI publie en 1967 une encyclique, Sacerdotalis Cælibatus, défendant le célibat des prêtres. Le 25 janvier 1970, dans le cadre du « Concile pastoral de la province ecclésiastique des Pays-Bas », les évêques néerlandais se prononcent en faveur de l'ordination d'hommes mariés[62]. Après avoir exprimé « de graves réserves » dans une lettre du 2 février 1970 au cardinal Villot face à la suggestion de permettre l'ordination d'hommes mariés dans les cas de forte pénurie de prêtres[63], Paul VI décide de réunir, fin 1971, un synode des évêques sur ce thème. 107 pères optent pour une formule extrêmement restrictive, 87 adoptent une position proche de la réforme envisagée dans la lettre au cardinal Villot, et il y a 2 abstentions et 2 bulletins nuls[64]. La réforme n'est pas adoptée. Pour Louis de Vaucelles, la procédure est responsable de cet échec : les dossiers préparés par les conférences épiscopales ont été sous-utilisés, il n'y a pas eu de débats, les échanges se réduisant à une série de monologues[65], et la présidence (trois présidents nommés par le pape) a éludé des questions de manière arbitraire[66]. Ces difficultés ont été accrues par la diversité des mentalités et des situations pastorales[67].
280
+
281
+ Paul VI encouragea le renouveau charismatique catholique, qu'il considérait comme une chance pour l'Église et pour le monde.
282
+
283
+ Il déclara lors de son discours au IIIe congrès international du renouveau charismatique catholique, le 19 mai 1975 : « Car Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ, dont l’Église est le Corps mystique, et c’est en elle que l’Esprit du Christ fut communiqué au jour de la Pentecôte, quand il descendit sur les Apôtres réunis dans « la chambre haute », « assidus à la prière », « autour de Marie, mère de Jésus » ».
284
+
285
+ Publiée sous forme de motu proprio le 30 juin 1968, à l'issue d'une « année de la foi », ce texte a été rédigé principalement par Jacques Maritain et transmis à Paul VI par le cardinal Journet[68]
286
+
287
+ L'encyclique Humanae vitae proscrit la contraception, tandis que la déclaration Persona Humana[69] prône la chasteté avant le mariage, sanctionne la masturbation et interdit l'homosexualité.
288
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289
+ Le pape Paul VI est le premier pape à avoir fait état de préoccupations écologiques.
290
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291
+ Le lundi 16 novembre 1970, à l'occasion du 25e anniversaire de la FAO, il déclare[70] :
292
+
293
+ En 1971, pour le 80e anniversaire de l’encyclique Rerum novarum, il identifie dans sa lettre apostolique Octogesima adveniens l'environnement comme l'une des thématiques sociales émergentes que l’Église doit désormais considérer sérieusement[71] :
294
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295
+ En juin 1972, il envoie un message pour l'ouverture de la conférence des Nations unies sur l'environnement de Stockholm[72] :
296
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297
+ En avril 1976, un article d'Il Tempo relate les déclarations de l'ancien diplomate et écrivain français Roger Peyrefitte, qui dénonce la supposée hypocrisie de Paul VI sur la question de l'homosexualité. L'écrivain dit tenir de personnes de la haute noblesse italienne des informations selon lesquelles lorsqu'il était archevêque de Milan, Paul VI aurait eu une aventure homosexuelle avec un jeune acteur de cinéma, dont il dit connaître le nom[73]. Paul Hofmann, correspondant à Rome du New York Times, reprend ces affirmations et donne le nom de l'acteur italien Paolo Carlini[74]. De son côté, Franco Bellegrandi, membre de la Garde noble pontificale, affirme que Paul VI, alors archevêque de Milan, se serait fait interpeller par la police locale au cours d'une de ses visites nocturnes, que sous son pontificat des employés auraient été licenciés pour faire place à ses favoris, et réaffirme l'allégation selon laquelle l'acteur aurait eu libre accès aux appartements pontificaux[75].
298
+
299
+ Le 27 novembre 1970, à son arrivée à l'aéroport international de Manille, Paul VI réchappe d'une tentative d'assassinat[76] perpétrée par Benjamín Mendoza y Amor Flores, artiste-peintre bolivien de 35 ans originaire de La Paz[77]. Déguisé en prêtre, crucifix en main, Mendoza parvient à approcher le pape avant de le frapper de deux coups de poignard dans le cou, portés de part et d'autre de la veine jugulaire. Le secrétaire particulier de Paul VI, Mgr Pasquale Macchi, atténue la violence des coups en retenant le bras de l'agresseur[78],[79]. Le col rigide que porte le pape pour le soulager de l'arthrose cervicale contribue à la légèreté des blessures dont l'existence n'est toutefois révélée qu'après sa mort en 1979. Paul VI poursuit sa visite officielle selon le programme prévu. Mendoza, qui affirme lors de son procès « vouloir sauver l'humanité de la superstition », est condamné pour tentative de meurtre. Après avoir purgé une peine de 38 mois de prison aux Philippines, il est expulsé vers la Bolivie en 1974[80].
300
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301
+ Âgé de 80 ans et souffrant d'arthrose, Paul VI vit ses derniers jours presque toujours allongé.
302
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303
+ Il est victime d'une crise cardiaque en fin d'après-midi le 6 août 1978 dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo et meurt quatre heures plus tard, à 21 h, le jour de la Transfiguration du Christ[81].
304
+
305
+ Il est inhumé le 12 août 1978 et enterré, selon ses souhaits, dans les grottes du Vatican, après une cérémonie qui a lieu sur le parvis de la basilique Saint-Pierre.
306
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307
+ Certains groupes minoritaires estiment néanmoins que Paul VI a été remplacé par un sosie et est toujours vivant[82].
308
+
309
+ Son procès en béatification a été ouvert en 1993 par l'Église catholique qui le reconnaît donc officiellement « Serviteur de Dieu ». Le pape Benoît XVI proclame l'héroïcité de ses vertus le 20 décembre 2012 : Paul VI devient donc, jusqu'en 2014, le vénérable Paul VI[83]. Le pape Paul VI est béatifié le 19 octobre 2014, l'annonce officielle en a été faite par le Vatican, le 10 mai 2014.
310
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311
+ Le 6 février 2018, la Congrégation pour les causes des saints attribue une guérison miraculeuse[Laquelle ?] à l'intercession de Paul VI. Le pape François le canonise le 14 octobre 2018 sur la place Saint-Pierre de Rome, durant le synode des évêques pour les jeunes[84]. Il devient ainsi Saint Paul VI.
312
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313
+ Paul VI fut le premier pape depuis Pie VII à voyager hors d'Italie et à populariser la pratique de baiser la terre à son arrivée sur un sol étranger, pratique reprise par Jean-Paul II[85].
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315
+ Au cours de son pontificat, il prit part à onze voyages apostoliques, dont neuf hors d'Italie[86].
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317
+ La première audience générale de Paul VI a lieu le 13 juillet 1963. Jusqu'à sa mort, il tiendra une audience hebdomadaire tous les mercredis, sauf les jours de fête et ceux où il y a un empêchement majeur (voyage, maladie, retraite de carême)[note 15]. Certaines de ces audiences ont lieu dans la salle Paul VI, inaugurée en 1971 et pouvant accueillir jusqu'à 12 000 personnes debout.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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+ La pauvreté désigne la situation d’une personne ou d'un groupe de personnes qui est dans l'incapacité d'accéder à une nourriture en quantité suffisante, à l’eau potable, aux vêtements, à un logement et au chauffage de ce dernier lorsque le lieu de vie l'exige. La satisfaction de ces besoins de base est jugée comme indispensable à la vie décente d'un être humain[1]. Toutefois avec le progrès technique et l'amélioration des conditions de vie dans les pays développés, une définition plus large basée sur des seuils de pauvreté relatifs au revenu médian a vu le jour sans lien avec la satisfaction de ces besoins. Le terme « pauvreté », relatif à celui de richesse, fait ainsi davantage référence aux situations d'inégalités économiques et politiques entre individus et entre sociétés.
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+ Les sciences économiques tentent d'expliquer l'existence de la pauvreté, ainsi que les mécanismes de l'accroissement de la richesse. Les gouvernements ont un souci universel du phénomène de la pauvreté, et s’efforcent de la contrôler, si ce n’est par égard pour la vie des individus et des groupes de personnes parce que des conflits entre les pauvres et les riches ont jalonné l'histoire du monde, et peuvent donc menacer les pouvoirs existants. La pauvreté est une cause majeure de souffrance, et l'égalité entre les êtres humains est au centre de diverses conceptions morales, philosophiques et religieuses. Il existe différents types de pauvreté.
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+ La pauvreté est un phénomène qui peut être considéré sous divers aspects, en lien avec la richesse disponible, l'organisation du travail et le chômage, le développement des sociétés et les modes d'impositions des gouvernements, ainsi que les principes moraux et religieux qui peuvent se manifester en rapport avec les inégalités économiques.
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+ La pauvreté matérielle dans les cercles d'échanges économiques est associé à l'incapacité totale ou partielle d'obtenir de la nourriture, des vêtements et un abri pour se nourrir, s'habiller et se loger.
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+ Elle est estimée au moyen de seuils de pauvreté (un individu est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi). Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté absolus. Du fait de sa simplicité, cette définition est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population.
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+ Ces deux mesures dévoilent deux regards sur le problème de la pauvreté, deux conceptions politiques que l'on pourra en première approche qualifier de « socialistes » et de « libérales ». À travers le prisme socialiste, la pauvreté s'analyse avant tout comme étant le résultat d'une situation d'exclusion : les rapports sociaux et les inégalités de richesse sont des mécanismes générateurs de discrimination et la principale cause de la pauvreté. La vision libérale considère la pauvreté comme étant l'incapacité ou l'impossibilité pour un individu d'accéder comme les autres à l'épanouissement et à la satisfaction de ses besoins fondamentaux, souvent pour des causes relevant de la volonté ou de la capacité de l'individu lui-même. Les deux conceptions, simplifiées ici, reconnaissent que la pauvreté peut aussi résulter d'incapacités physiques ou mentales se traduisant par un handicap, mais diffèrent sur les moyens d'y remédier.
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+ Outre la dimension pécuniaire, la pauvreté s'exprime sous des dimensions regroupées sous le terme de « pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle, sociale, culturelle, et politique de la pauvreté.
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+ Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a créé en 1990 l’indice de développement humain, puis deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2 (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très corrélés.
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+ La pauvreté peut résulter de situations chroniques hérités de la naissance, dont le cas extrême est l'esclavage, mais également se perpétuer de génération en génération par le biais de l’organisation sociale en lien avec l'accès à l’éducation, l’état de santé, ou des statuts politiques particuliers ; elle peut également survenir par des incidents dans la vie d'une personne, comme la spoliation, les catastrophes naturelles et la destruction de biens, le chômage, etc.
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25
+ Mais cela engendre souvent un cercle vicieux. La pauvreté oblige à se loger à bas prix, donc dans des quartiers ayant mauvaise réputation, où il y a peu de travail et une offre éducative dégradée, une criminalité sinon plus élevée du moins plus violente, une prévention médicale moins active, etc. Les chances de trouver un revenu par le travail sont moindres, la tentation plus forte de faire appel au travail illégal (« au noir »), à des sources de revenu illusoires (loteries, paris) ou dangereuses (crime, drogue) ou encore dégradantes (prostitution), les risques d'accidents sont plus importants, et l'exploitation par les mafias, ou groupes organisés, sont des facteurs de désocialisation, voire d'une insécurité à la fois personnelle et globale[8],[9].
26
+
27
+ Ce phénomène peut toucher les enfants et les adolescents, qui dans un tel contexte commencent leur vie avec un handicap, même si le pire n'est nullement atteint pour eux. Dans les pays en développement, où les ressources sont rares, les conséquences sont encore plus marquées (famines, catastrophes sanitaires...)[10].
28
+
29
+ En particulier, en Occident, la mobilité spatiale souvent nécessaire pour trouver un emploi hors de zones d'habitation qui en offrent peu est freinée par la pauvreté. Et le coût de cette mobilité (déménagement, frais de déplacements ou possession d'un véhicule) pèse d'autant plus lourd que les revenus sont faibles[11].
30
+
31
+ Au début du XXe siècle, Benjamin Seebohm Rowntree effectue de nombreuses enquêtes sur la pauvreté dans la Ville d'York et distingue ce qu'il appelle la pauvreté primaire (absence de ressources suffisantes) de la pauvreté secondaire (niveau de ressources qui pourrait être suffisant mais qui est compromis par une gestion déraisonnable ou des dépenses inconsidérées)
32
+
33
+ Serge Paugam[12] distingue trois formes de pauvreté :
34
+
35
+ En appliquant ce modèle aux différents pays d'Europe, plusieurs grandes régions se distinguent : au Sud, l'Italie, la Grèce, le Portugal ou l'Espagne ont des taux de pauvreté plus importants (plus de pauvres, et des pauvres plus démunis) qu'au Nord, mais les pauvres sont bien intégrés dans la population ; ils ne sont pas stigmatisés. Au Nord (pays scandinaves), le système préventif est très développé et maintient le niveau de vie des pauvres au prix d'un contrôle étroit de leur vie privée. Cette situation de pauvreté marginale correspond également grosso modo à la situation de la France des années 1960 et 1970.
36
+
37
+ En France, la pauvreté disqualifiante domine. Par ailleurs, il y aurait en France une double institutionnalisation de la pauvreté : d'une part par le revenu de solidarité active (RSA), sorte d'officialisation de la pauvreté, d'autre part en déléguant la distribution alimentaire aux associations comme Les Restos du cœur, à l'origine conçus comme un palliatif temporaire et qui sont maintenant pleinement intégrés à la gestion de la pauvreté[13].
38
+
39
+ Les estimations de la pauvreté dépendent des définitions utilisées. Ainsi, d’après le Programme des Nations unies pour le développement, les pays où la pauvreté est la plus forte sont des pays d’Afrique, en particulier les pays les moins avancés[14].
40
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41
+ Les indicateurs du Pnud permettent d’établir des comparaisons entre pays ; ainsi, vers 2005, le Tchad est le pays où la pauvreté humaine est la plus forte, et la Sierra Leone est le pays où le développement humain est le plus faible ; l’Islande est le pays à plus grand développement humain, et la Suède à plus faible pauvreté humaine[15].
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+
43
+ En 2008, la Banque mondiale a fixé à 1,25 dollar américain par jour le seuil de pauvreté international[16], contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente le seuil de pauvreté moyen des 10 à 20 pays les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2005, contre 1,9 milliard en 1981. Le taux de pauvreté mondial a été divisé par deux (de 52 % à 26 %), mais il est stable en Afrique subsaharienne (50 %). Pour les pays à revenu intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars par jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil.
44
+
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+ Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en PPA 1985, la majorité des pauvres se trouvent en Asie du Sud (39 %), Asie de l'Est (33 %) et en Afrique subsaharienne (17 %). Les pays comptant plus de la moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont: Guatemala, Guinée-Bissau, Inde, Kenya, Lesotho, Madagascar, Népal, Niger, Sénégal, et Zambie[17].
46
+
47
+ Les appréciations divergent sur l'évolution de la pauvreté. Les clivages portent sur :
48
+
49
+ Durant la Révolution française est apparu un moment le « Quatrième ordre », celui des pauvres journaliers, des Infirmes, des Indigents... à côté des trois « ordres » (Noblesse, Clergé, tiers état) convoqués aux États g��néraux[18].
50
+ Selon un rapport de la Banque mondiale publié le 26 août 2008, le nombre des « extrêmement pauvres » dans le monde (vivant avec moins de 1,25 $ par jour) a diminué de 500 millions, et leur proportion dans la population totale est tombée de 52 % à 26 % entre 1981 et 2005, avec des revenus restant en dessous du seuil de 2 $ par jour[19].
51
+
52
+ Ces progrès diffèrent selon les régions. L'Asie de l'Est affichait le taux de pauvreté le plus élevé du monde avec 80 % en 1981. Ce taux est tombé à 18 % et 600 millions de personnes sont sorties de la très grande misère. Le taux de pauvreté recule aussi en Asie du Sud, en Amérique latine, aux Caraïbes, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, cependant le nombre des très pauvres ne baisse pas.
53
+
54
+ Le taux de pauvreté de l'Afrique subsaharienne n'a pas diminué depuis vingt-cinq ans (50 %). Le nombre de très pauvres (en moyenne, moins de 0,70 dollar de revenu par jour) a pratiquement doublé, passant de 200 à 380 millions de personnes. En 2015, un tiers du milliard de pauvres du monde habitera l'Afrique subsaharienne[19],[21].
55
+
56
+ Les inégalités régionales s'accroissent donc surtout aux dépens de l'Afrique noire. Si l'on prend l'indicateur de pauvreté à 1,08 $. En 1981 un pauvre sur dix vivait en Afrique ; en 2003 c'est près d'un sur trois. L'autre grande zone où la pauvreté s'est accrue regroupe les pays de l'URSS. Elle a explosé après l'effondrement du bloc socialiste de 1990, la situation semble cependant s'améliorer sensiblement ces dernières années. Les deux grandes zones où la pauvreté a régressé sont l'Asie de l'est et l'Asie du sud, avec un résultat un peu moins bon pour l'Inde que dans le reste de la région. Enfin l'Amérique Latine, les Caraïbes et le Moyen-Orient restent relativement stables[20].
57
+
58
+ Cette mesure de la pauvreté et de son évolution contrarie l'idée popularisée dans certains milieux politiques que la situation économique se dégrade pour les plus pauvres du fait de la mondialisation et plus généralement du capitalisme ; elle suscite donc scepticisme et critique. Par exemple selon Thomas Pogge (un philosophe de la justice, et non un économiste)
59
+
60
+ « les méthodes de calcul de la Banque Mondiale sont extrêmement douteuses. Il y a des raisons de penser qu’avec une méthode plus plausible on observerait une tendance plus négative et une pauvreté beaucoup plus étendue (…) Tant que la méthode actuelle de la Banque mondiale et les données qui se basent sur elle conserveront leur monopole dans les organisations internationales et dans la recherche universitaire sur la pauvreté, on ne pourra pas prétendre prendre ce problème réellement au sérieux[22]. »
61
+
62
+ Selon l'économiste François Bourguignon, professeur à l'École d'économie de Paris après avoir été économiste en chef et premier vice-président de la Banque mondiale, la notion de « pauvreté extrême », sur laquelle se base la Banque Mondiale pour proclamer la réussite des Objectifs du millénaire pour le développement (elle aurait diminué de moitié sur les dix dernières années et d'un peu moins des deux tiers depuis 1990), dissimule une réalité de la pauvreté bien moins rassurante : doubler le seuil de pauvreté de 1,90 à 3,80 dollars par jour multiplie le nombre de pauvres par trois, le portant à plus de 2 milliards en 2015, et divise par deux son rythme de décroissance[23].
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64
+ En plus d'être en elle-même une situation de carences provoquant stress et détresse, la pauvreté est reliée à des phénomènes de stigmatisation et de marginalisation sociale et politique sur la base d’affirmations plus ou moins fondées, discutables, mais exprimées et perçues comme des préjugés[24]. Le phénomène est universel, et le recensement des préjugés contre les pauvres par des organismes comme ATD Quart Monde et la Mission régionale d'information sur l'exclusion (MRIE) de Rhône-Alpes a une portée générale ; on dit par exemple que « les pauvres sont des "paresseux" et des "incompétents" qui "se complaisent dans leur situation" ; que ce sont des "fraudeurs" et des "voleurs du système" », quand ils reçoivent une aide de l'État.
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66
+ Les préjugés contre les pauvres tendent parfois à remettre en question les droits des personnes, avec des affirmations telles que « ils font des enfants pour toucher des prestations sociales », ou « ils n'ont rien à dire sur rien parce qu'ils sont exemptés d'impôts ». Puisque ces préjugés sont véhiculés dans les médias, et qu'ils trouvent des échos ou même des défenseurs chez les politiciens, il demeure difficile pour les pauvres d'avoir une reconnaissance sociale et politique constructive, et de mener une lutte contre la pauvreté en tant que classe, alors que prévaut une espèce de lutte contre les pauvres, notamment de la part de ceux qui sont à peine plus riches et qui ont des emplois précaires ou mal payés.
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68
+ La société médiévale occidentale est une unité fondée sur la domination du christianisme et sur le programme universaliste de l’Église qui engendrent toute une variété d’attitudes, de comportements envers la pauvreté, tous argumentés à partir de la même source : l’Écriture Sainte[25]. Englobant une grande partie d’indigents, le terme de pauvreté au Moyen Âge peut aussi bien désigner l’infirme, que la veuve, l’orphelin, le lépreux ou encore le fou. C’est dans cette pluralité de la misère que les élites, les clercs et les aristocrates nous livrent des conceptions ambivalentes de la pauvreté qui témoignent non seulement d’un fort enracinement religieux mais aussi d’une évolution de ce terme au cours du Moyen Âge. Selon la définition donnée par Michel Mollat, le pauvre est « celui qui, de façon permanente ou temporaire, se trouve dans une situation de faiblesse, de dépendance, d’humiliation, caractérisée par la privation des moyens, variables selon les époques et les sociétés, de puissance et de considération sociale : argent, relations, influence, pouvoir, science, qualification technique, honorabilité de la naissance, vigueur physique, capacité intellectuelle, liberté et dignité personnelle »[26]. La pauvreté, pleinement acceptée dans la société médiévale, est investie d’un rôle structurel, l’Église en est la représentante et assure en grande partie l’aumône ainsi que les activités de bienfaisance.
69
+
70
+ La vision manichéenne propre aux écrits catholiques, cette lutte permanente entre le Bien et le Mal a des répercussions dans la conception même du pauvre puisqu’à « la pauvreté honnête et sanctifiante s’oppose la pauvreté pécheresse »[27]. Dans les mentalités médiévales, c’est Dieu qui décide du sort de chacun et qui est donc l’auteur de cette « inégalité divine » : tandis que les uns sont dotés de richesse et de puissance sociale, d’autres souffrent dans une grande misère. Dans cette pensée, l’homme doit accepter avec humilité sa condition puisque ce comportement sera alors garant du rachat de ses péchés et du Salut de son âme. Imprégné dans cette dualité, le pauvre et les sentiments qu’il inspire s’inscrivent pleinement dans cette dynamique chrétienne qui l’utilise pour pérenniser l’ordre social : la présence des pauvres est considérée comme s’inscrivant naturellement dans le plan du Salut[28]. Qu’il soit « bon » ou « mauvais », « volontaire » ou « involontaire », le pauvre est utile à la société médiévale en tant qu’intercesseur privilégié entre les riches et Dieu, lié par un contrat avec l’aumône. « Dieu aurait pu faire tous les hommes riches, mais il voulut qu’il y ait des pauvres en ce monde, afin que les riches aient une occasion de racheter leurs péchés »[29].
71
+
72
+ Si la société mérovingienne était plutôt méprisante à l’égard des pauvres, c’est seulement au cours des XIe et XIIe siècles, sous l’influence des Pères de l’Église et de l’activité monastique, que la pauvreté devient une valeur spirituelle. Ce sont ces Pères de l’Église qui ont fait la distinction entre pauvreté et indigence et ont prôné l’acceptation de la pauvreté matérielle comme étant le meilleur moyen d’accéder au Salut[30]. Selon cette doctrine, la pauvreté est valorisée lorsqu’elle procède d’un libre choix. À l’instar de Jésus, qui se dépouilla volontairement de sa puissance de roi et de fils de Dieu, le moine devient un « pauvre du Christ ». Tout acte de renoncement à ses biens matériels, à son rôle social et à son pouvoir est considéré comme digne d’être imité[31]. L’éloge de la pauvreté ne concerne alors, à ce moment-là, pas tous les pauvres, mais seulement une mince frange de la société, une élite en quête de perfection dans sa vie chrétienne, qui renonce volontairement à accomplir son rôle social. Cette « économie du Salut » reposerait alors sur une « répartition des tâches » puisque le message varie en fonction du milieu auquel il s’adresse : les indigents, qui ne font pas partie de cette catégorie de pauvres volontaires et qui subissent leur condition, sont encouragés à accepter humblement leur statut. En effet, dans leur cas, abandonner leur rôle social est un acte orgueilleux et non emplit d’humilité[32]. Cette recherche d’un idéal de vie ascétique ne concerne que le milieu aristocratique, puisque, dans une certaine mesure, la voie du Salut passe par la contestation de la réalité sociale de ce monde. Les mouvements érémitiques ont entraîné de nombreuses personnes à leur suite et sous leur impulsion, très rarement de pauvres, mais plutôt des hommes et des femmes d’origines aisées. Ces exclus volontaires, dans leur idéal d’imitation du Christ, partent vivre en forêt, loin de toute civilisation et vivent très modestement[33]. Quant aux monastères bénédictins, ils accordent une grande importance à l’accueil du pauvre involontaire (l'indigent). Il convient alors de l’accueillir honorablement, puisque, dans le dogme catholique, servir le pauvre c'est servir le Christ : les moines lui lavent les pieds, lui donnent à manger, puis lui proposent le gîte.
73
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74
+ Même inspirée de sentiments de charité, cette bienfaisance reste préméditée puisqu’elle constitue le moyen le plus sûr d’obtenir le Salut et permet, en même temps, au donateur d’augmenter son prestige social. Le pauvre reste un oublié au XIIe siècle, instrument du riche bienfaiteur, il est occulté par ce dernier[34]. Son rôle est d’abord et avant tout de recevoir : il doit prier pour le riche auprès du Christ. Il n’est pas sujet mais objet de sanctification[35]. Cette charité, considérée comme un devoir général, sanctionne, tout en la justifiant idéologiquement, la richesse : le riche peut désormais se racheter par l’aumône.
75
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+ Les XIIe et XIIIe siècles et leurs contextes économiques, culturels et politiques difficiles participent à une paupérisation de la population occidentale. Les famines qui se succèdent à de nombreuses reprises, la peste ainsi que les guerres fragilisent les populations et beaucoup sont contraints à l'exil. La pauvreté est complexe et se traduit par le manque de terres cultivables, l’endettement et l’explosion démographique que la production agricole avec ses outils peu développés n’arrive pas à englober[36]. Les monastères bénédictins perdent progressivement le monopole de la bienfaisance car les charges deviennent trop lourdes. Il y a beaucoup trop de pauvres à nourrir et certains établissements ont même dû se sacrifier[37]. C’est une période de mutation et de nouvelles impulsions pour les œuvres de bienfaisance au XIIe siècle. Les nouvelles élites bourgeoises s’investissent de plus en plus dans les milieux urbains auprès des pauvres et fondent même des hôpitaux. En effet, les progrès de la circulation monétaire ont permis à de nombreux laïcs de suppléer les seigneurs et les monastères[38].
77
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+ Dans un contexte d’effervescence intellectuelle propre au XIIe siècle, un nouveau regard sur le pauvre se construit par le biais du mouvement canonial. Sous l’impulsion de Saint-François et de Saint-Dominique, les Ordres mendiants proclame la valeur humaine du pauvre et la sacralise avec le Christ. Saint-François estime le pauvre pour sa valeur spirituelle et humaine propre et non plus en tant qu’instrument servile du salut du riche[39]. « Le pauvre est essentiellement l’homme que la faiblesse de ses moyens met à la merci de tous dans la société » disait Saint-Dominique. Allant chercher les modèles de pauvreté les plus aigus, les Ordres mendiants, d’abord placés en périphérie des villes, réussirent à s’intégrer au tissu urbain. Ayant eu un vif succès, la charge d’âmes qui leur fut accordée par l’autorité apostolique fit qu’une très large part des œuvres de miséricorde furent effectuées sous leur influence[40]. En contact constant avec la pauvreté, les Ordres mendiants détaillent de manière précise les différentes catégories de pauvres : affamés, aveugles, boiteux, infirmes, lépreux, orphelins et enfin les dépendants. L’enseignement de ces ordres a donné une vive impulsion au mouvement de la charité entre le XIIe et le XIIIe siècle, jamais un enseignement n’avait eu une diffusion aussi large et une base doctrinale aussi élaborée. Certains cependant comme Saint-Thomas d’Aquin critiquent cette austérité et ce renoncement à l’intégralité de ses biens. Selon lui la privation de biens matériels à un tel degré doit être combattue parce que les nécessités de la vie physique sont plus impératives que celles du bien-être spirituel lui-même[41].
79
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+ Dans ce mouvement de charité, les aumôneries princières apparaissent comme des versions laïques des aumôneries ecclésiastiques. Il s’agit de la première forme d’institution laïque d’assistance qui entrainera derrière elle d’autres initiatives semblables au XIIIe siècle au niveau des paroisses et des confréries[42]. La charité étant un devoir général, le roi se doit de nourrir chaque jour un certain nombre de pauvres : d’une part afin d’attester de sa religiosité, d’autre part pour affirmer sa puissance, sa capacité économique à soutenir chaque jour des centaines voir des milliers d’affamés. La pauvreté et la place qu’on lui accorde est une fois de plus l’instrument du prestige social des puissants. En somme, les initiatives, quelles soient laïques ou religieuses ont permis au cours des XIIe et XIIIe siècles de construire un réseau serré d’hôpitaux et des services réguliers d’aumônes. Les structures ainsi que les institutions mises en place se solidifient et s’organisent progressivement.
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+
82
+ À cette valorisation spirituelle de la pauvreté succède une conception fortement dépréciative du pauvre au XIVe siècle. En effet, le contexte est une fois de plus très difficile : les disettes, l’instabilité monétaire, la hausse des prix des vivres et des loyers, les exigences fiscales et l’exploitation du travail manuel ont aggravé les conditions de vie de la population occidentale. De nouveaux pauvres viennent grossir les rangs des indigents : ce sont des villageois en difficultés. À la ville comme à la campagne, la pauvreté devient laborieuse : elle touche des personnes qui travaillent mais qui n’arrivent plus à vivre décemment avec leurs revenus. Certains sont même obligés de se mettre en position de dépendance, dans un contrat de servage, afin d’avoir la protection nécessaire pour vivre. À la campagne, le travail précaire et le resserrement des liens de dépendance sont de nouvelles composantes de la pauvreté paysanne[43].
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84
+ De nouveaux écrits critiques apparaissent entre le XIIIe et XIVe siècles et portent sur la condition des mendiants. Ils s’attachent à démontrer le caractère humiliant de la misère matérielle et de l’acte de mendier, c’est notamment le cas de Guillaume Saint-Amour qui est l’un des plus virulents sur ce sujet. Dans ce courant de pensée, la misère engendre le péché de convoitise parce que le pauvre refuse d’accepter avec humilité sa condition. Les comportements qui leur sont imputés sont l’ivrognerie, la paresse, la débauche et l’escroquerie comme faisant partie intégrante de leur vie. Ces écrits témoignent d’une attitude très négative de la part des ecclésiastiques de cette époque à l’égard des pauvres. La littérature des pauvres, notamment celle des vilains est significative à maints égards puisqu’elle témoigne de l’évolution des conceptions de la pauvreté au cours du Moyen Âge. Ainsi, jusqu’au XIIe siècle, la critique des pauvres dans la littérature moralisatrice en faisait des victimes de la méchanceté des élites et des puissants. Mais au XIIIe siècle un basculement s’opère et le pauvre devient à son tour l’objet de reproches[44].
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+ Les XVIIe et XVIIIe siècles apportent sur cette notion un grand bouleversement. En France, l’abbé de Saint-Pierre en 1724 est l'un des premiers à réfléchir sous un jour nouveau à cette question. Non pas sur la cause fondamentale des inégalités mais il cherche à concilier utilité et philanthropie. Il préconise le retour au travail comme moyen principal de la lutte contre la pauvreté et dans le même temps contre un facteur d'entropie sociale. C'est dans ce cadre de pensée qu'est mis en place le système de l'hôpital général. Très rapidement la population enfermée dans les établissements parisiens atteint le seuil de 6 000 personnes, soit 1 % de la population de l'époque. Les provinces furent également gagnées par ce mouvement de réaction à la misère et, à la veille de la Révolution, 32 hôpitaux généraux existaient dans tout le pays. Mais ce mouvement dépasse largement la France, cette politique d'internement forcé des pauvres a affecté l'ensemble des États européens. En Angleterre, dès 1575, un acte d'Élisabeth I institue des établissements visant « la punition des vagabonds et le soulagement des pauvres ». Les « Houses of correction » qui auraient dû être présentes dans chaque comté vont laisser la place aux workhouses qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle trouveront leur véritable expansion. Michel Foucault note qu'en « quelques années, c'est tout un réseau qui a été jeté sur l'Europe. » En Hollande, en Italie, en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux d'internement de même nature[45].
87
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88
+ Cette politique d'enfermement systématique apparaît maintenant inhumaine et dangereuse sur le plan sanitaire. De nombreuses références existent, notamment les monographies consacrées à l'histoire d'un Hôpital : L'Hôtel-Dieu et l'hôpital général de Meaux aux XVIIe et XVIIIe siècles : étude des institutions et des populations reçues[46]. Elle est contestée par les philosophes des Lumières et finalement abandonnée. En France, la Révolution enclenche une évolution dans la conception de la pauvreté. La pauvreté devient l'expression de dysfonctionnements dans la société. À la suite d'un vote de la Convention girondine, le décret du 19 mars 1793 affirme, conjointement au droit au travail, le droit à l'assistance pour tout homme hors d'état de travailler ; les secours publics sont une « dette sacrée ». Un traitement laïc et social de celle-ci nécessite un questionnement de son origine et induit de nouvelles réponses. À partir du moment où le principal facteur de la pauvreté est un facteur économique, bien que le discours moral ne soit pas absent des débats de l'époque, le principe de la redistribution des richesses et des allocations devient possible et même nécessaire aux nouveaux principes de la République. Les personnes prises en charge font partie de catégories spécifiques : veuves, orphelins.
89
+
90
+ La Déclaration et programme d'action de Vienne affirment que l'extrême pauvreté et l'exclusion sociale sont la violation de la dignité humaine[47]. L'article 30 de la Charte sociale européenne aussi assure la protection contre la pauvreté et l'exclusion sociale[48].
91
+
92
+ Avec des nuances dans l'analyse ou la vision politique, la mise en place dans des pays développés de l'État-providence va contribuer à étendre l’aide sociale sous la pression d'hommes aussi divers que Charles Booth, Benjamin Seebohm Rowntree et David Lloyd George (en Angleterre), Villermé (France) et Bismarck (Allemagne).
93
+
94
+ Aux États-Unis, environ 80 % des personnes inculpées pour des crimes passibles d'une peine supérieure à un an d'incarcération vivent dans la pauvreté[49].
95
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96
+ Chaque État-membre de l'OCDE et de la banque mondiale est invité à rédiger et mettre en œuvre un Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté et l'ONU a de nombreuses politiques encourageant cette réduction, dans le cadre des objectifs du millénaire notamment.
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+
98
+ Depuis le XIXe siècle, certains pays occidentaux ont tenté de remédier à la pauvreté en instituant des garanties de ressources minimales.
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+
100
+ Pour les enfants :
101
+
102
+ Pour les adultes, l'État peut chercher à :
103
+
104
+ Mais c'est surtout au milieu du XXe siècle que certains États s'engagent dans un programme d'intervention directe massive, en prenant le contrôle des institutions privées (caisses de retraite, assurances chômage) et en diversifiant ses interventions.
105
+
106
+ Dans certains pays, l’État soutient des initiatives de type microcrédit[51].
107
+
108
+ Les aides au revenu sans condition d'utilisation sont plus récentes. L'Allemagne fut l'une des premières à l'établir. En France, le revenu de solidarité active (RSA) fait partie de ce filet de sécurité destiné à garantir à ses bénéficiaires un revenu minimum.
109
+
110
+ Des associations mènent également une lutte contre la pauvreté.
111
+
112
+ En 1987, le rapport Brundtland, fondateur du concept de développement durable, faisait le constat d'« un avenir compromis », et identifiait la pauvreté comme l'un des symptômes de cette situation[52]. En 1992, lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro, un chapitre de l'Agenda 21 fut consacré à la lutte contre la pauvreté, exprimée en ces termes : « Une stratégie visant à lutter spécifiquement contre la pauvreté est donc l’une des conditions essentielles pour assurer un développement durable[53]. »
113
+
114
+ L'ONU a mis en place un plan de réduction de la pauvreté au sein de ses Objectifs du millénaire, ratifiés en 2000 par les États membres, et qui est depuis une priorité mondiale[54]. Le premier objectif du millénaire se donne deux cibles[55] :
115
+
116
+ L'« éradication de la pauvreté » est l'un des principaux objectifs de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, qui eut lieu à Rio de Janeiro du 20 au 22 juin 2012.
117
+
118
+ La Banque mondiale a pour mission de lutter contre la pauvreté en finançant des projets pouvant réduire la misère. L'Unicef lutte en particulier contre la pauvreté des enfants. Certaines organisations non gouvernementales luttent également contre la pauvreté : Oxfam, ATD Quart Monde.
119
+
120
+ Le problème posé par la lutte contre la pauvreté, une mission qui fait tellement l’unanimité qu’elle ne nécessite ni argumentation, ni justification, est qu’elle occulte largement le débat sur les inégalités en matière de revenus comme de patrimoine[56].
121
+
122
+ Comme dans les autres domaines politiques, l'évaluation de l'efficacité des politiques de luttes contre la pauvreté est très peu développée[57]. Néanmoins le domaine commence à percer, avec la constitution d'équipe de recherche[58] qui publient des résultats précis et exploitables[59], et l'attribution de prix prestigieux à des chercheurs du domaine et leur apparition dans des médias grand public[60].
123
+
124
+ Dans Population Matters, les éditeurs présentent une série d'articles réalisés par des économistes, relus par des spécialistes d'analyse politique, qui s'intéressent aux conséquences du boom démographique dans les pays émergents sur leur développement économique et discutent les choix politiques de ces pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en termes de croissance, de réduction de la pauvreté et des inégalités ainsi que du développement d'une agriculture durable. Les résultats sont catégoriques et en opposition aux propositions tenues jusqu'alors. Ces études soulignent l’efficacité du contrôle des naissances dans la réduction de la pauvreté[61]. Plus précisément (voir introduction page 6 et aussi Lori S. Ashford[62]) :
125
+
126
+ « Les paysans les plus pauvres du monde vivent majoritairement en Afrique. L'homme le plus pauvre du monde est sans doute l'un d'eux. C'est une femme, une femme africaine[63]. »
127
+
128
+ Selon l'agronome René Dumont[64] : « Tous les jours elle doit marcher plus de deux heures pour se rendre à son lieu de travail. Elle porte sur sa tête jusqu'à 50 kg de charges, sur son dos son dernier enfant et dans le ventre, bien souvent, un enfant à naitre. Au Zaire, 70 % des tâches domestiques ou de production sont faites par des femmes. Les jeunes filles sont mises à contribution dès l'âge de 10 ans. Elles pilent le manioc, s'occupent des enfants plus jeunes. A 14 ans, elles seront mariées. »
129
+
130
+ René Dumont raconte la suite de leur existence. Il a rencontré dans un village du Sénégal ce qu'il appelle des « paysans-pachas » : « Ils gardent auprès d'eux l'une de leurs coépouses et envoient les autres travailler en ville pour un an, pour y gagner la vie du « ménage ». Ces femmes travaillent douze heures par jour et seront jugées à leur retour au village par leur famille et leur mari au poids de leurs cadeaux. »
131
+
132
+ Selon l'économiste Daniel Cohen[65] :
133
+
134
+ « Il n'est pas excessif de dire que les femmes africaines sont les esclaves d'aujourd'hui. L'exploitation des femmes n'est pas seulement une insulte au reste de l'humanité qui en accepte hypocritement l'existence. Elle provoque un cercle auto-entretenu de pauvreté et d'exploitation. L'esclavage des femmes dispense en effet les hommes d'investir dans la machine. L'épargne sert à acheter une autre femme, qui donnera d'autres enfants qui travailleront pour le père ou seront vendus, si ce sont des filles. »
135
+
136
+ Sur les autres projets Wikimedia :
137
+
138
+ Louis-Napoléon Bonaparte, avant de devenir Président de la république (Deuxième République; 1848) puis Empereur des Français (Second Empire; 1852), a écrit un bref ouvrage intitulé De l'extinction du paupérisme (1844) alors qu'il est enfermé au fort de Ham. Il y est enfermé pour avoir une énième fois tenté de renverser le régime en place (La Monarchie de Juillet dirigée par Louis-Philippe Ier). Il s'évade la même année, déguisé en ouvrier avant de rallier l'Angleterre.
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+ La pauvreté désigne la situation d’une personne ou d'un groupe de personnes qui est dans l'incapacité d'accéder à une nourriture en quantité suffisante, à l’eau potable, aux vêtements, à un logement et au chauffage de ce dernier lorsque le lieu de vie l'exige. La satisfaction de ces besoins de base est jugée comme indispensable à la vie décente d'un être humain[1]. Toutefois avec le progrès technique et l'amélioration des conditions de vie dans les pays développés, une définition plus large basée sur des seuils de pauvreté relatifs au revenu médian a vu le jour sans lien avec la satisfaction de ces besoins. Le terme « pauvreté », relatif à celui de richesse, fait ainsi davantage référence aux situations d'inégalités économiques et politiques entre individus et entre sociétés.
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+ Les sciences économiques tentent d'expliquer l'existence de la pauvreté, ainsi que les mécanismes de l'accroissement de la richesse. Les gouvernements ont un souci universel du phénomène de la pauvreté, et s’efforcent de la contrôler, si ce n’est par égard pour la vie des individus et des groupes de personnes parce que des conflits entre les pauvres et les riches ont jalonné l'histoire du monde, et peuvent donc menacer les pouvoirs existants. La pauvreté est une cause majeure de souffrance, et l'égalité entre les êtres humains est au centre de diverses conceptions morales, philosophiques et religieuses. Il existe différents types de pauvreté.
10
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11
+ La pauvreté est un phénomène qui peut être considéré sous divers aspects, en lien avec la richesse disponible, l'organisation du travail et le chômage, le développement des sociétés et les modes d'impositions des gouvernements, ainsi que les principes moraux et religieux qui peuvent se manifester en rapport avec les inégalités économiques.
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+ La pauvreté matérielle dans les cercles d'échanges économiques est associé à l'incapacité totale ou partielle d'obtenir de la nourriture, des vêtements et un abri pour se nourrir, s'habiller et se loger.
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+ Elle est estimée au moyen de seuils de pauvreté (un individu est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi). Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté absolus. Du fait de sa simplicité, cette définition est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population.
16
+
17
+ Ces deux mesures dévoilent deux regards sur le problème de la pauvreté, deux conceptions politiques que l'on pourra en première approche qualifier de « socialistes » et de « libérales ». À travers le prisme socialiste, la pauvreté s'analyse avant tout comme étant le résultat d'une situation d'exclusion : les rapports sociaux et les inégalités de richesse sont des mécanismes générateurs de discrimination et la principale cause de la pauvreté. La vision libérale considère la pauvreté comme étant l'incapacité ou l'impossibilité pour un individu d'accéder comme les autres à l'épanouissement et à la satisfaction de ses besoins fondamentaux, souvent pour des causes relevant de la volonté ou de la capacité de l'individu lui-même. Les deux conceptions, simplifiées ici, reconnaissent que la pauvreté peut aussi résulter d'incapacités physiques ou mentales se traduisant par un handicap, mais diffèrent sur les moyens d'y remédier.
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+
19
+ Outre la dimension pécuniaire, la pauvreté s'exprime sous des dimensions regroupées sous le terme de « pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle, sociale, culturelle, et politique de la pauvreté.
20
+
21
+ Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a créé en 1990 l’indice de développement humain, puis deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2 (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très corrélés.
22
+
23
+ La pauvreté peut résulter de situations chroniques hérités de la naissance, dont le cas extrême est l'esclavage, mais également se perpétuer de génération en génération par le biais de l’organisation sociale en lien avec l'accès à l’éducation, l’état de santé, ou des statuts politiques particuliers ; elle peut également survenir par des incidents dans la vie d'une personne, comme la spoliation, les catastrophes naturelles et la destruction de biens, le chômage, etc.
24
+
25
+ Mais cela engendre souvent un cercle vicieux. La pauvreté oblige à se loger à bas prix, donc dans des quartiers ayant mauvaise réputation, où il y a peu de travail et une offre éducative dégradée, une criminalité sinon plus élevée du moins plus violente, une prévention médicale moins active, etc. Les chances de trouver un revenu par le travail sont moindres, la tentation plus forte de faire appel au travail illégal (« au noir »), à des sources de revenu illusoires (loteries, paris) ou dangereuses (crime, drogue) ou encore dégradantes (prostitution), les risques d'accidents sont plus importants, et l'exploitation par les mafias, ou groupes organisés, sont des facteurs de désocialisation, voire d'une insécurité à la fois personnelle et globale[8],[9].
26
+
27
+ Ce phénomène peut toucher les enfants et les adolescents, qui dans un tel contexte commencent leur vie avec un handicap, même si le pire n'est nullement atteint pour eux. Dans les pays en développement, où les ressources sont rares, les conséquences sont encore plus marquées (famines, catastrophes sanitaires...)[10].
28
+
29
+ En particulier, en Occident, la mobilité spatiale souvent nécessaire pour trouver un emploi hors de zones d'habitation qui en offrent peu est freinée par la pauvreté. Et le coût de cette mobilité (déménagement, frais de déplacements ou possession d'un véhicule) pèse d'autant plus lourd que les revenus sont faibles[11].
30
+
31
+ Au début du XXe siècle, Benjamin Seebohm Rowntree effectue de nombreuses enquêtes sur la pauvreté dans la Ville d'York et distingue ce qu'il appelle la pauvreté primaire (absence de ressources suffisantes) de la pauvreté secondaire (niveau de ressources qui pourrait être suffisant mais qui est compromis par une gestion déraisonnable ou des dépenses inconsidérées)
32
+
33
+ Serge Paugam[12] distingue trois formes de pauvreté :
34
+
35
+ En appliquant ce modèle aux différents pays d'Europe, plusieurs grandes régions se distinguent : au Sud, l'Italie, la Grèce, le Portugal ou l'Espagne ont des taux de pauvreté plus importants (plus de pauvres, et des pauvres plus démunis) qu'au Nord, mais les pauvres sont bien intégrés dans la population ; ils ne sont pas stigmatisés. Au Nord (pays scandinaves), le système préventif est très développé et maintient le niveau de vie des pauvres au prix d'un contrôle étroit de leur vie privée. Cette situation de pauvreté marginale correspond également grosso modo à la situation de la France des années 1960 et 1970.
36
+
37
+ En France, la pauvreté disqualifiante domine. Par ailleurs, il y aurait en France une double institutionnalisation de la pauvreté : d'une part par le revenu de solidarité active (RSA), sorte d'officialisation de la pauvreté, d'autre part en déléguant la distribution alimentaire aux associations comme Les Restos du cœur, à l'origine conçus comme un palliatif temporaire et qui sont maintenant pleinement intégrés à la gestion de la pauvreté[13].
38
+
39
+ Les estimations de la pauvreté dépendent des définitions utilisées. Ainsi, d’après le Programme des Nations unies pour le développement, les pays où la pauvreté est la plus forte sont des pays d’Afrique, en particulier les pays les moins avancés[14].
40
+
41
+ Les indicateurs du Pnud permettent d’établir des comparaisons entre pays ; ainsi, vers 2005, le Tchad est le pays où la pauvreté humaine est la plus forte, et la Sierra Leone est le pays où le développement humain est le plus faible ; l’Islande est le pays à plus grand développement humain, et la Suède à plus faible pauvreté humaine[15].
42
+
43
+ En 2008, la Banque mondiale a fixé à 1,25 dollar américain par jour le seuil de pauvreté international[16], contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente le seuil de pauvreté moyen des 10 à 20 pays les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2005, contre 1,9 milliard en 1981. Le taux de pauvreté mondial a été divisé par deux (de 52 % à 26 %), mais il est stable en Afrique subsaharienne (50 %). Pour les pays à revenu intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars par jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil.
44
+
45
+ Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en PPA 1985, la majorité des pauvres se trouvent en Asie du Sud (39 %), Asie de l'Est (33 %) et en Afrique subsaharienne (17 %). Les pays comptant plus de la moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont: Guatemala, Guinée-Bissau, Inde, Kenya, Lesotho, Madagascar, Népal, Niger, Sénégal, et Zambie[17].
46
+
47
+ Les appréciations divergent sur l'évolution de la pauvreté. Les clivages portent sur :
48
+
49
+ Durant la Révolution française est apparu un moment le « Quatrième ordre », celui des pauvres journaliers, des Infirmes, des Indigents... à côté des trois « ordres » (Noblesse, Clergé, tiers état) convoqués aux États g��néraux[18].
50
+ Selon un rapport de la Banque mondiale publié le 26 août 2008, le nombre des « extrêmement pauvres » dans le monde (vivant avec moins de 1,25 $ par jour) a diminué de 500 millions, et leur proportion dans la population totale est tombée de 52 % à 26 % entre 1981 et 2005, avec des revenus restant en dessous du seuil de 2 $ par jour[19].
51
+
52
+ Ces progrès diffèrent selon les régions. L'Asie de l'Est affichait le taux de pauvreté le plus élevé du monde avec 80 % en 1981. Ce taux est tombé à 18 % et 600 millions de personnes sont sorties de la très grande misère. Le taux de pauvreté recule aussi en Asie du Sud, en Amérique latine, aux Caraïbes, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, cependant le nombre des très pauvres ne baisse pas.
53
+
54
+ Le taux de pauvreté de l'Afrique subsaharienne n'a pas diminué depuis vingt-cinq ans (50 %). Le nombre de très pauvres (en moyenne, moins de 0,70 dollar de revenu par jour) a pratiquement doublé, passant de 200 à 380 millions de personnes. En 2015, un tiers du milliard de pauvres du monde habitera l'Afrique subsaharienne[19],[21].
55
+
56
+ Les inégalités régionales s'accroissent donc surtout aux dépens de l'Afrique noire. Si l'on prend l'indicateur de pauvreté à 1,08 $. En 1981 un pauvre sur dix vivait en Afrique ; en 2003 c'est près d'un sur trois. L'autre grande zone où la pauvreté s'est accrue regroupe les pays de l'URSS. Elle a explosé après l'effondrement du bloc socialiste de 1990, la situation semble cependant s'améliorer sensiblement ces dernières années. Les deux grandes zones où la pauvreté a régressé sont l'Asie de l'est et l'Asie du sud, avec un résultat un peu moins bon pour l'Inde que dans le reste de la région. Enfin l'Amérique Latine, les Caraïbes et le Moyen-Orient restent relativement stables[20].
57
+
58
+ Cette mesure de la pauvreté et de son évolution contrarie l'idée popularisée dans certains milieux politiques que la situation économique se dégrade pour les plus pauvres du fait de la mondialisation et plus généralement du capitalisme ; elle suscite donc scepticisme et critique. Par exemple selon Thomas Pogge (un philosophe de la justice, et non un économiste)
59
+
60
+ « les méthodes de calcul de la Banque Mondiale sont extrêmement douteuses. Il y a des raisons de penser qu’avec une méthode plus plausible on observerait une tendance plus négative et une pauvreté beaucoup plus étendue (…) Tant que la méthode actuelle de la Banque mondiale et les données qui se basent sur elle conserveront leur monopole dans les organisations internationales et dans la recherche universitaire sur la pauvreté, on ne pourra pas prétendre prendre ce problème réellement au sérieux[22]. »
61
+
62
+ Selon l'économiste François Bourguignon, professeur à l'École d'économie de Paris après avoir été économiste en chef et premier vice-président de la Banque mondiale, la notion de « pauvreté extrême », sur laquelle se base la Banque Mondiale pour proclamer la réussite des Objectifs du millénaire pour le développement (elle aurait diminué de moitié sur les dix dernières années et d'un peu moins des deux tiers depuis 1990), dissimule une réalité de la pauvreté bien moins rassurante : doubler le seuil de pauvreté de 1,90 à 3,80 dollars par jour multiplie le nombre de pauvres par trois, le portant à plus de 2 milliards en 2015, et divise par deux son rythme de décroissance[23].
63
+
64
+ En plus d'être en elle-même une situation de carences provoquant stress et détresse, la pauvreté est reliée à des phénomènes de stigmatisation et de marginalisation sociale et politique sur la base d’affirmations plus ou moins fondées, discutables, mais exprimées et perçues comme des préjugés[24]. Le phénomène est universel, et le recensement des préjugés contre les pauvres par des organismes comme ATD Quart Monde et la Mission régionale d'information sur l'exclusion (MRIE) de Rhône-Alpes a une portée générale ; on dit par exemple que « les pauvres sont des "paresseux" et des "incompétents" qui "se complaisent dans leur situation" ; que ce sont des "fraudeurs" et des "voleurs du système" », quand ils reçoivent une aide de l'État.
65
+
66
+ Les préjugés contre les pauvres tendent parfois à remettre en question les droits des personnes, avec des affirmations telles que « ils font des enfants pour toucher des prestations sociales », ou « ils n'ont rien à dire sur rien parce qu'ils sont exemptés d'impôts ». Puisque ces préjugés sont véhiculés dans les médias, et qu'ils trouvent des échos ou même des défenseurs chez les politiciens, il demeure difficile pour les pauvres d'avoir une reconnaissance sociale et politique constructive, et de mener une lutte contre la pauvreté en tant que classe, alors que prévaut une espèce de lutte contre les pauvres, notamment de la part de ceux qui sont à peine plus riches et qui ont des emplois précaires ou mal payés.
67
+
68
+ La société médiévale occidentale est une unité fondée sur la domination du christianisme et sur le programme universaliste de l’Église qui engendrent toute une variété d’attitudes, de comportements envers la pauvreté, tous argumentés à partir de la même source : l’Écriture Sainte[25]. Englobant une grande partie d’indigents, le terme de pauvreté au Moyen Âge peut aussi bien désigner l’infirme, que la veuve, l’orphelin, le lépreux ou encore le fou. C’est dans cette pluralité de la misère que les élites, les clercs et les aristocrates nous livrent des conceptions ambivalentes de la pauvreté qui témoignent non seulement d’un fort enracinement religieux mais aussi d’une évolution de ce terme au cours du Moyen Âge. Selon la définition donnée par Michel Mollat, le pauvre est « celui qui, de façon permanente ou temporaire, se trouve dans une situation de faiblesse, de dépendance, d’humiliation, caractérisée par la privation des moyens, variables selon les époques et les sociétés, de puissance et de considération sociale : argent, relations, influence, pouvoir, science, qualification technique, honorabilité de la naissance, vigueur physique, capacité intellectuelle, liberté et dignité personnelle »[26]. La pauvreté, pleinement acceptée dans la société médiévale, est investie d’un rôle structurel, l’Église en est la représentante et assure en grande partie l’aumône ainsi que les activités de bienfaisance.
69
+
70
+ La vision manichéenne propre aux écrits catholiques, cette lutte permanente entre le Bien et le Mal a des répercussions dans la conception même du pauvre puisqu’à « la pauvreté honnête et sanctifiante s’oppose la pauvreté pécheresse »[27]. Dans les mentalités médiévales, c’est Dieu qui décide du sort de chacun et qui est donc l’auteur de cette « inégalité divine » : tandis que les uns sont dotés de richesse et de puissance sociale, d’autres souffrent dans une grande misère. Dans cette pensée, l’homme doit accepter avec humilité sa condition puisque ce comportement sera alors garant du rachat de ses péchés et du Salut de son âme. Imprégné dans cette dualité, le pauvre et les sentiments qu’il inspire s’inscrivent pleinement dans cette dynamique chrétienne qui l’utilise pour pérenniser l’ordre social : la présence des pauvres est considérée comme s’inscrivant naturellement dans le plan du Salut[28]. Qu’il soit « bon » ou « mauvais », « volontaire » ou « involontaire », le pauvre est utile à la société médiévale en tant qu’intercesseur privilégié entre les riches et Dieu, lié par un contrat avec l’aumône. « Dieu aurait pu faire tous les hommes riches, mais il voulut qu’il y ait des pauvres en ce monde, afin que les riches aient une occasion de racheter leurs péchés »[29].
71
+
72
+ Si la société mérovingienne était plutôt méprisante à l’égard des pauvres, c’est seulement au cours des XIe et XIIe siècles, sous l’influence des Pères de l’Église et de l’activité monastique, que la pauvreté devient une valeur spirituelle. Ce sont ces Pères de l’Église qui ont fait la distinction entre pauvreté et indigence et ont prôné l’acceptation de la pauvreté matérielle comme étant le meilleur moyen d’accéder au Salut[30]. Selon cette doctrine, la pauvreté est valorisée lorsqu’elle procède d’un libre choix. À l’instar de Jésus, qui se dépouilla volontairement de sa puissance de roi et de fils de Dieu, le moine devient un « pauvre du Christ ». Tout acte de renoncement à ses biens matériels, à son rôle social et à son pouvoir est considéré comme digne d’être imité[31]. L’éloge de la pauvreté ne concerne alors, à ce moment-là, pas tous les pauvres, mais seulement une mince frange de la société, une élite en quête de perfection dans sa vie chrétienne, qui renonce volontairement à accomplir son rôle social. Cette « économie du Salut » reposerait alors sur une « répartition des tâches » puisque le message varie en fonction du milieu auquel il s’adresse : les indigents, qui ne font pas partie de cette catégorie de pauvres volontaires et qui subissent leur condition, sont encouragés à accepter humblement leur statut. En effet, dans leur cas, abandonner leur rôle social est un acte orgueilleux et non emplit d’humilité[32]. Cette recherche d’un idéal de vie ascétique ne concerne que le milieu aristocratique, puisque, dans une certaine mesure, la voie du Salut passe par la contestation de la réalité sociale de ce monde. Les mouvements érémitiques ont entraîné de nombreuses personnes à leur suite et sous leur impulsion, très rarement de pauvres, mais plutôt des hommes et des femmes d’origines aisées. Ces exclus volontaires, dans leur idéal d’imitation du Christ, partent vivre en forêt, loin de toute civilisation et vivent très modestement[33]. Quant aux monastères bénédictins, ils accordent une grande importance à l’accueil du pauvre involontaire (l'indigent). Il convient alors de l’accueillir honorablement, puisque, dans le dogme catholique, servir le pauvre c'est servir le Christ : les moines lui lavent les pieds, lui donnent à manger, puis lui proposent le gîte.
73
+
74
+ Même inspirée de sentiments de charité, cette bienfaisance reste préméditée puisqu’elle constitue le moyen le plus sûr d’obtenir le Salut et permet, en même temps, au donateur d’augmenter son prestige social. Le pauvre reste un oublié au XIIe siècle, instrument du riche bienfaiteur, il est occulté par ce dernier[34]. Son rôle est d’abord et avant tout de recevoir : il doit prier pour le riche auprès du Christ. Il n’est pas sujet mais objet de sanctification[35]. Cette charité, considérée comme un devoir général, sanctionne, tout en la justifiant idéologiquement, la richesse : le riche peut désormais se racheter par l’aumône.
75
+
76
+ Les XIIe et XIIIe siècles et leurs contextes économiques, culturels et politiques difficiles participent à une paupérisation de la population occidentale. Les famines qui se succèdent à de nombreuses reprises, la peste ainsi que les guerres fragilisent les populations et beaucoup sont contraints à l'exil. La pauvreté est complexe et se traduit par le manque de terres cultivables, l’endettement et l’explosion démographique que la production agricole avec ses outils peu développés n’arrive pas à englober[36]. Les monastères bénédictins perdent progressivement le monopole de la bienfaisance car les charges deviennent trop lourdes. Il y a beaucoup trop de pauvres à nourrir et certains établissements ont même dû se sacrifier[37]. C’est une période de mutation et de nouvelles impulsions pour les œuvres de bienfaisance au XIIe siècle. Les nouvelles élites bourgeoises s’investissent de plus en plus dans les milieux urbains auprès des pauvres et fondent même des hôpitaux. En effet, les progrès de la circulation monétaire ont permis à de nombreux laïcs de suppléer les seigneurs et les monastères[38].
77
+
78
+ Dans un contexte d’effervescence intellectuelle propre au XIIe siècle, un nouveau regard sur le pauvre se construit par le biais du mouvement canonial. Sous l’impulsion de Saint-François et de Saint-Dominique, les Ordres mendiants proclame la valeur humaine du pauvre et la sacralise avec le Christ. Saint-François estime le pauvre pour sa valeur spirituelle et humaine propre et non plus en tant qu’instrument servile du salut du riche[39]. « Le pauvre est essentiellement l’homme que la faiblesse de ses moyens met à la merci de tous dans la société » disait Saint-Dominique. Allant chercher les modèles de pauvreté les plus aigus, les Ordres mendiants, d’abord placés en périphérie des villes, réussirent à s’intégrer au tissu urbain. Ayant eu un vif succès, la charge d’âmes qui leur fut accordée par l’autorité apostolique fit qu’une très large part des œuvres de miséricorde furent effectuées sous leur influence[40]. En contact constant avec la pauvreté, les Ordres mendiants détaillent de manière précise les différentes catégories de pauvres : affamés, aveugles, boiteux, infirmes, lépreux, orphelins et enfin les dépendants. L’enseignement de ces ordres a donné une vive impulsion au mouvement de la charité entre le XIIe et le XIIIe siècle, jamais un enseignement n’avait eu une diffusion aussi large et une base doctrinale aussi élaborée. Certains cependant comme Saint-Thomas d’Aquin critiquent cette austérité et ce renoncement à l’intégralité de ses biens. Selon lui la privation de biens matériels à un tel degré doit être combattue parce que les nécessités de la vie physique sont plus impératives que celles du bien-être spirituel lui-même[41].
79
+
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+ Dans ce mouvement de charité, les aumôneries princières apparaissent comme des versions laïques des aumôneries ecclésiastiques. Il s’agit de la première forme d’institution laïque d’assistance qui entrainera derrière elle d’autres initiatives semblables au XIIIe siècle au niveau des paroisses et des confréries[42]. La charité étant un devoir général, le roi se doit de nourrir chaque jour un certain nombre de pauvres : d’une part afin d’attester de sa religiosité, d’autre part pour affirmer sa puissance, sa capacité économique à soutenir chaque jour des centaines voir des milliers d’affamés. La pauvreté et la place qu’on lui accorde est une fois de plus l’instrument du prestige social des puissants. En somme, les initiatives, quelles soient laïques ou religieuses ont permis au cours des XIIe et XIIIe siècles de construire un réseau serré d’hôpitaux et des services réguliers d’aumônes. Les structures ainsi que les institutions mises en place se solidifient et s’organisent progressivement.
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+ À cette valorisation spirituelle de la pauvreté succède une conception fortement dépréciative du pauvre au XIVe siècle. En effet, le contexte est une fois de plus très difficile : les disettes, l’instabilité monétaire, la hausse des prix des vivres et des loyers, les exigences fiscales et l’exploitation du travail manuel ont aggravé les conditions de vie de la population occidentale. De nouveaux pauvres viennent grossir les rangs des indigents : ce sont des villageois en difficultés. À la ville comme à la campagne, la pauvreté devient laborieuse : elle touche des personnes qui travaillent mais qui n’arrivent plus à vivre décemment avec leurs revenus. Certains sont même obligés de se mettre en position de dépendance, dans un contrat de servage, afin d’avoir la protection nécessaire pour vivre. À la campagne, le travail précaire et le resserrement des liens de dépendance sont de nouvelles composantes de la pauvreté paysanne[43].
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+ De nouveaux écrits critiques apparaissent entre le XIIIe et XIVe siècles et portent sur la condition des mendiants. Ils s’attachent à démontrer le caractère humiliant de la misère matérielle et de l’acte de mendier, c’est notamment le cas de Guillaume Saint-Amour qui est l’un des plus virulents sur ce sujet. Dans ce courant de pensée, la misère engendre le péché de convoitise parce que le pauvre refuse d’accepter avec humilité sa condition. Les comportements qui leur sont imputés sont l’ivrognerie, la paresse, la débauche et l’escroquerie comme faisant partie intégrante de leur vie. Ces écrits témoignent d’une attitude très négative de la part des ecclésiastiques de cette époque à l’égard des pauvres. La littérature des pauvres, notamment celle des vilains est significative à maints égards puisqu’elle témoigne de l’évolution des conceptions de la pauvreté au cours du Moyen Âge. Ainsi, jusqu’au XIIe siècle, la critique des pauvres dans la littérature moralisatrice en faisait des victimes de la méchanceté des élites et des puissants. Mais au XIIIe siècle un basculement s’opère et le pauvre devient à son tour l’objet de reproches[44].
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+ Les XVIIe et XVIIIe siècles apportent sur cette notion un grand bouleversement. En France, l’abbé de Saint-Pierre en 1724 est l'un des premiers à réfléchir sous un jour nouveau à cette question. Non pas sur la cause fondamentale des inégalités mais il cherche à concilier utilité et philanthropie. Il préconise le retour au travail comme moyen principal de la lutte contre la pauvreté et dans le même temps contre un facteur d'entropie sociale. C'est dans ce cadre de pensée qu'est mis en place le système de l'hôpital général. Très rapidement la population enfermée dans les établissements parisiens atteint le seuil de 6 000 personnes, soit 1 % de la population de l'époque. Les provinces furent également gagnées par ce mouvement de réaction à la misère et, à la veille de la Révolution, 32 hôpitaux généraux existaient dans tout le pays. Mais ce mouvement dépasse largement la France, cette politique d'internement forcé des pauvres a affecté l'ensemble des États européens. En Angleterre, dès 1575, un acte d'Élisabeth I institue des établissements visant « la punition des vagabonds et le soulagement des pauvres ». Les « Houses of correction » qui auraient dû être présentes dans chaque comté vont laisser la place aux workhouses qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle trouveront leur véritable expansion. Michel Foucault note qu'en « quelques années, c'est tout un réseau qui a été jeté sur l'Europe. » En Hollande, en Italie, en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux d'internement de même nature[45].
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+ Cette politique d'enfermement systématique apparaît maintenant inhumaine et dangereuse sur le plan sanitaire. De nombreuses références existent, notamment les monographies consacrées à l'histoire d'un Hôpital : L'Hôtel-Dieu et l'hôpital général de Meaux aux XVIIe et XVIIIe siècles : étude des institutions et des populations reçues[46]. Elle est contestée par les philosophes des Lumières et finalement abandonnée. En France, la Révolution enclenche une évolution dans la conception de la pauvreté. La pauvreté devient l'expression de dysfonctionnements dans la société. À la suite d'un vote de la Convention girondine, le décret du 19 mars 1793 affirme, conjointement au droit au travail, le droit à l'assistance pour tout homme hors d'état de travailler ; les secours publics sont une « dette sacrée ». Un traitement laïc et social de celle-ci nécessite un questionnement de son origine et induit de nouvelles réponses. À partir du moment où le principal facteur de la pauvreté est un facteur économique, bien que le discours moral ne soit pas absent des débats de l'époque, le principe de la redistribution des richesses et des allocations devient possible et même nécessaire aux nouveaux principes de la République. Les personnes prises en charge font partie de catégories spécifiques : veuves, orphelins.
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+ La Déclaration et programme d'action de Vienne affirment que l'extrême pauvreté et l'exclusion sociale sont la violation de la dignité humaine[47]. L'article 30 de la Charte sociale européenne aussi assure la protection contre la pauvreté et l'exclusion sociale[48].
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+ Avec des nuances dans l'analyse ou la vision politique, la mise en place dans des pays développés de l'État-providence va contribuer à étendre l’aide sociale sous la pression d'hommes aussi divers que Charles Booth, Benjamin Seebohm Rowntree et David Lloyd George (en Angleterre), Villermé (France) et Bismarck (Allemagne).
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+ Aux États-Unis, environ 80 % des personnes inculpées pour des crimes passibles d'une peine supérieure à un an d'incarcération vivent dans la pauvreté[49].
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+ Chaque État-membre de l'OCDE et de la banque mondiale est invité à rédiger et mettre en œuvre un Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté et l'ONU a de nombreuses politiques encourageant cette réduction, dans le cadre des objectifs du millénaire notamment.
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+ Depuis le XIXe siècle, certains pays occidentaux ont tenté de remédier à la pauvreté en instituant des garanties de ressources minimales.
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+ Pour les enfants :
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+ Pour les adultes, l'État peut chercher à :
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+ Mais c'est surtout au milieu du XXe siècle que certains États s'engagent dans un programme d'intervention directe massive, en prenant le contrôle des institutions privées (caisses de retraite, assurances chômage) et en diversifiant ses interventions.
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+ Dans certains pays, l’État soutient des initiatives de type microcrédit[51].
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+ Les aides au revenu sans condition d'utilisation sont plus récentes. L'Allemagne fut l'une des premières à l'établir. En France, le revenu de solidarité active (RSA) fait partie de ce filet de sécurité destiné à garantir à ses bénéficiaires un revenu minimum.
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+ Des associations mènent également une lutte contre la pauvreté.
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+ En 1987, le rapport Brundtland, fondateur du concept de développement durable, faisait le constat d'« un avenir compromis », et identifiait la pauvreté comme l'un des symptômes de cette situation[52]. En 1992, lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro, un chapitre de l'Agenda 21 fut consacré à la lutte contre la pauvreté, exprimée en ces termes : « Une stratégie visant à lutter spécifiquement contre la pauvreté est donc l’une des conditions essentielles pour assurer un développement durable[53]. »
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+ L'ONU a mis en place un plan de réduction de la pauvreté au sein de ses Objectifs du millénaire, ratifiés en 2000 par les États membres, et qui est depuis une priorité mondiale[54]. Le premier objectif du millénaire se donne deux cibles[55] :
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+ L'« éradication de la pauvreté » est l'un des principaux objectifs de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, qui eut lieu à Rio de Janeiro du 20 au 22 juin 2012.
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118
+ La Banque mondiale a pour mission de lutter contre la pauvreté en finançant des projets pouvant réduire la misère. L'Unicef lutte en particulier contre la pauvreté des enfants. Certaines organisations non gouvernementales luttent également contre la pauvreté : Oxfam, ATD Quart Monde.
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+ Le problème posé par la lutte contre la pauvreté, une mission qui fait tellement l’unanimité qu’elle ne nécessite ni argumentation, ni justification, est qu’elle occulte largement le débat sur les inégalités en matière de revenus comme de patrimoine[56].
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+
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+ Comme dans les autres domaines politiques, l'évaluation de l'efficacité des politiques de luttes contre la pauvreté est très peu développée[57]. Néanmoins le domaine commence à percer, avec la constitution d'équipe de recherche[58] qui publient des résultats précis et exploitables[59], et l'attribution de prix prestigieux à des chercheurs du domaine et leur apparition dans des médias grand public[60].
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+ Dans Population Matters, les éditeurs présentent une série d'articles réalisés par des économistes, relus par des spécialistes d'analyse politique, qui s'intéressent aux conséquences du boom démographique dans les pays émergents sur leur développement économique et discutent les choix politiques de ces pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en termes de croissance, de réduction de la pauvreté et des inégalités ainsi que du développement d'une agriculture durable. Les résultats sont catégoriques et en opposition aux propositions tenues jusqu'alors. Ces études soulignent l’efficacité du contrôle des naissances dans la réduction de la pauvreté[61]. Plus précisément (voir introduction page 6 et aussi Lori S. Ashford[62]) :
125
+
126
+ « Les paysans les plus pauvres du monde vivent majoritairement en Afrique. L'homme le plus pauvre du monde est sans doute l'un d'eux. C'est une femme, une femme africaine[63]. »
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+
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+ Selon l'agronome René Dumont[64] : « Tous les jours elle doit marcher plus de deux heures pour se rendre à son lieu de travail. Elle porte sur sa tête jusqu'à 50 kg de charges, sur son dos son dernier enfant et dans le ventre, bien souvent, un enfant à naitre. Au Zaire, 70 % des tâches domestiques ou de production sont faites par des femmes. Les jeunes filles sont mises à contribution dès l'âge de 10 ans. Elles pilent le manioc, s'occupent des enfants plus jeunes. A 14 ans, elles seront mariées. »
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+
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+ René Dumont raconte la suite de leur existence. Il a rencontré dans un village du Sénégal ce qu'il appelle des « paysans-pachas » : « Ils gardent auprès d'eux l'une de leurs coépouses et envoient les autres travailler en ville pour un an, pour y gagner la vie du « ménage ». Ces femmes travaillent douze heures par jour et seront jugées à leur retour au village par leur famille et leur mari au poids de leurs cadeaux. »
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+
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+ Selon l'économiste Daniel Cohen[65] :
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+
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+ « Il n'est pas excessif de dire que les femmes africaines sont les esclaves d'aujourd'hui. L'exploitation des femmes n'est pas seulement une insulte au reste de l'humanité qui en accepte hypocritement l'existence. Elle provoque un cercle auto-entretenu de pauvreté et d'exploitation. L'esclavage des femmes dispense en effet les hommes d'investir dans la machine. L'épargne sert à acheter une autre femme, qui donnera d'autres enfants qui travailleront pour le père ou seront vendus, si ce sont des filles. »
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Louis-Napoléon Bonaparte, avant de devenir Président de la république (Deuxième République; 1848) puis Empereur des Français (Second Empire; 1852), a écrit un bref ouvrage intitulé De l'extinction du paupérisme (1844) alors qu'il est enfermé au fort de Ham. Il y est enfermé pour avoir une énième fois tenté de renverser le régime en place (La Monarchie de Juillet dirigée par Louis-Philippe Ier). Il s'évade la même année, déguisé en ouvrier avant de rallier l'Angleterre.
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+ Le pavé tactile[1],[2], parfois appelé touchpad ou trackpad, est un dispositif de pointage utilisé principalement sur les ordinateurs portables en remplacement d'une souris. Selon la Smart Computing Encyclopedia, le pavé tactile a été inventé par George E. Gerpheide en 1988. Gerpheide décrit son invention, avec le numéro de brevet 5305017, comme des « méthodes et appareils pour la saisie des données ».
2
+
3
+ Le pavé tactile a été inventé par George E. Gerpheide, un docteur en informatique américain, en 1988. Son objectif était de créer un dispositif de pointage adapté à l'interface graphique d'un Macintosh ne demandant pas d'éloigner conséquemment les mains du clavier[3].
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+
5
+ Après avoir utilisé pendant 20 ans un PC IBM avec le système DOS, sans interface graphique, et dont les seules interactions se faisaient donc avec le clavier, il ne trouvait en effet pas confortable d’éloigner ses mains de ce clavier auquel il était habitué pour manipuler la souris. C'est pour résoudre ce problème que le pavé tactile fut créé, permettant de manipuler une interface graphique du bout des doigts en gardant les mains proches du clavier[3].
6
+
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+ Le pavé tactile a été conçu pour être fixe (contrairement à la souris que l'on déplace lors de son utilisation), plus simple et plus confortable à utiliser qu’une souris (mains proches du clavier, doigts sur une surface lisse), bien que les retours des utilisateurs montrent que ces derniers objectifs n’ont pas été atteints[4].
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+ Le pavé tactile permet, tout comme la souris, de contrôler le pointeur d'une interface graphique. Il est maintenant utilisé par défaut sur tous les ordinateurs portables.
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+
11
+ Le pavé tactile fonctionne comme un dispositif de pointage relatif. Il n'existe pas de relation entre la position du doigt et celle du curseur à l’écran. Cependant, certains fabricants mettent à disposition des API permettant aux programmeurs de connaître la position absolue du doigt, ainsi que la pression exercée. Par exemple, Apple, profitant du fait qu’il est à la fois fabriquant d’ordinateurs, des systèmes tournant sur ces ordinateurs et des outils (comme les API) pour les développeurs créant des programmes pour ces ordinateurs, propose les API Force Touch[5]. Celles-ci permettent au programme de connaître la pression exercée par l’utilisateur sur le pavé, de distinguer plusieurs types de clics en fonction de la pression (clic doux, clic fort), et de fournir un retour haptique à l’utilisateur[5], afin qu’il sente, par exemple, si l’action qu’il est en train d’effectuer est autorisée par le programme en fonction du feedback haptique qu'il ressent lorsqu'il effectue cette action.
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+
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+ Les boutons au-dessus ou au-dessous du pavé tactile servent de boutons de souris.
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+ Certains pavés tactiles offrent des zones réservées, pouvant servir à différentes fonctions, par exemple pour faire défiler les barres de défilement (comme la roulette d'une souris).
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+
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+ Les pavés tactiles Synaptics (utilisés avec le bon pilote) réservent ainsi le bord droit du pavé au défilement vertical et la partie au-dessus du bord inférieur au défilement horizontal (même si aucun symbole ne l'indique sur votre pavé tactile).
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+
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+ Certains pavés tactiles peuvent aussi émuler le clic de la souris en tapant sur leur surface.
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+
21
+ Il est également possible d'effectuer des clics des 3 boutons de souris en appuyant sur la surface (exemple avec Linux et le driver Synaptics) :
22
+
23
+ Certains modèles de pavé tactile, utilisés avec un système adapté au modèle, souvent celui fourni avec le matériel (ex : macOS pour un pavé Apple), permettent à l'utilisateur d'effectuer un panel d'action beaucoup plus large que ce qui est possible avec une souris (défilement à 2 doigts, gestes à 3 ou 4 doigts...)[5], mais les utilisateurs tendent à préférer l'utilisation d'une souris à celle d'un pavé tactile[4]. Ils sont en effet plus performants (plus rapides, tout en faisant autant d’erreurs) et trouvent que l’expérience est plus intuitive lorsqu’ils utilisent la souris plutôt que le pavé tactile[4]. Seule une minorité de gestes Windows (edge-swipe gestures) sont considérés comme plus simples à effectuer avec un pavé tactile[4]. Ce dernier reste cependant très utilisé sur les ordinateurs portables : ceci est surtout dû au fait qu'ils sont intégrés dans la majorité de ces ordinateurs, restant donc la solution par défaut des utilisateurs qui ne veulent pas transporter ou acheter un autre dispositif de pointage.
24
+
25
+ Lors de l'utilisation d'un pavé tactile, les mouvements effectués sont moins amples que ceux effectués lors de l'utilisation d'une souris. La posture est donc plus naturelle, mais aussi plus statique[6], ce qui contribue à augmenter le stress biomécanique au niveau des muscles[6]. C'est pourquoi il est recommandé de préférer l'utilisation d'une souris à celle d'un pavé tactile lors d'une utilisation prolongée.
26
+
27
+ On dirige le pointeur en déplaçant le doigt sur une surface sensible. La surface du pavé tactile varie, mais dépasse rarement 50 cm².
28
+
29
+ La plupart des pavés tactiles utilisent une propriété physique nommée capacité électrique : quand deux corps conduisant l'électricité sont très proches l'un de l'autre sans se toucher, leurs champs électriques interagissent pour former une certaine capacité. La surface du pavé tactile est composée d'un maillage d'électrodes métalliques conductives et le doigt étant lui aussi un conducteur électrique, chaque contact sur la couche de protection du pavé tactile crée une capacité ; le doigt n'entre pas directement en contact avec la surface conductrice grâce à la couche de protection mais il en est très proche.
30
+
31
+ Afin de détecter la capacité générée, des capteurs capacitifs sont placés sur les axes horizontaux et verticaux de la surface pour former un maillage. La position du doigt est déterminée par la combinaison de la position des capteurs dont la capacité augmente.
32
+
33
+ Le fait que les corps en contact doivent être conducteurs explique que l'on ne puisse pas utiliser un pavé tactile avec un stylo ou un gant. Des doigts moites pourront aussi empêcher la conduction. Par contre, cela fonctionnera s'il l'on tient un objet conducteur de la grosseur d'un doigt (le champ généré doit être suffisamment important pour être détecté).
34
+
35
+ La pression exercée par le doigt est aussi détectée par certains pavés tactiles, soit par le biais de capteurs de pression indépendants (ce qui est plutôt rare, mais offre l'avantage de permettre au pavé tactile de fonctionner avec des corps non-conducteurs, comme un stylet), soit en analysant le nombre d'électrodes « activées ». En effet, plus la pression est forte, plus le doigt s'aplatit sur le pavé tactile, activant un plus grand nombre d'électrodes.
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+ Pavo cristatus
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+
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
4
+
5
+ Espèce
6
+
7
+ Statut de conservation UICN
8
+
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+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Statut CITES
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+
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+ Le Paon bleu (Pavo cristatus) est une espèce d'oiseaux galliformes de la famille des Phasianidés. Son cri strident et la longue queue au plumage ocellé qui permet au mâle de « faire la roue », de même que les nuances métalliques - bleu paon - arborées par celui-ci, expliquent la notoriété de cet oiseau de grande taille. L'espèce est originaire des forêts d'Asie, plus principalement d'Inde, du Pakistan et du Sri Lanka, mais on l'élève un peu partout dans le monde comme animal domestique depuis l'Antiquité. Comme la plupart des Phasianidés, le dimorphisme sexuel est important et par ailleurs plusieurs variétés colorées ont été obtenues en plus du bleu d'origine : blanc, nigripenne et arlequin. Le paon bleu est traditionnellement utilisé comme ornement des grands parcs ou comme volaille comestible, et ses plumes ornent les chapeaux ou les bouquets. Dans la culture populaire c'est un symbole religieux et un thème récurrent des beaux arts.
14
+
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+ Linné (1758) l’avait nommé Pavo cristatus. Le nom spécifique cristatus provient aussi du latin et veut dire « crêté, qui porte une crête » et fait référence à la huppe que le mâle et la femelle portent sur la tête, disposée en éventail.
16
+
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+ Le mâle est facilement reconnaissable à son plumage, sa huppe et sa traîne. Il mesure 90 à 110 cm sans sa queue, atteignant 195 à 225 cm de longueur totale avec sa queue. La femelle est plus petite et mesure autour de 86 cm. Elle n'a pas de traîne et son plumage est moins éclatant.
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+
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+ Femelle.
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+
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+ Mâle.
22
+
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+ Mâle en vol
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+ Poussin et œufs.
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+
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+ Un paon et ses petits.
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+
29
+ Détail d'une plume ocellée.
30
+
31
+ Un paon bleu de profil, à La Palma (îles Canaries).
32
+
33
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
34
+
35
+ La tête, le cou et la poitrine du plumage du mâle sont bleu-vert et violet avec des reflets métalliques. Autour des yeux se trouve une tache dénudée, et une crête de plumes, munies de barbes uniquement à leur extrémité, orne la couronne. Le bec, d'assez grande taille, est brun clair comme l'iris. Les plumes du dos sont vert doré avec des bordures couleur bronze, les couvertures alaires tertiaires blanches avec de fines rayures noires, les couvertures alaires primaires et secondaires d'un bleu-vert métallique et les rémiges et rectrices brunes. Les plumes sus-caudales au nombre de 100 à 150 en moyenne sont beaucoup plus longues que les rectrices et forment la traîne du paon. Ces plumes dites en « terminaison en queue de poisson » peuvent atteindre jusqu'à 1,5 mètre de longueur - elles grandissent jusqu'à la sixième année - mais en principe ne dépassent pas un mètre. Elles possèdent de longues barbes vert métallique avec des reflets bleus et de couleur bronze, formant, près de leur extrémité, une tache évoquant un œil et connue sous le nom d'ocelle (ocelles disposés à l'intersection de deux familles de spirales), dont le centre d'un bleu vif est entouré d'anneaux concentriques brun, jaune d'or et violet.
36
+
37
+ En ce qui concerne les reflets métalliques bleus et verts, il s'agit d'un effet d'optique dû à la diffusion de la lumière. Les plumes sont constituées d'un réseau de barbules, lui-même organisé en lamelles. Ce réseau de microstructures diffracte la lumière (la dévient en fonction de la longueur d’onde). La répétition du motif entraîne des interférences au niveau des ondes lumineuses ce qui, ajouté à la pigmentation par la kératine, produit les couleurs observées. La diffraction et les interférences résultant des microstructures périodiques sont à l'origine des variations de couleurs selon l’angle d’observation. Les couleurs disparaissent lorsqu'on observe les plumes à l'envers et par transparence[1].
38
+
39
+ Le Paon bleu vit au Pakistan à l’est du fleuve Indus, en Inde, au Sri Lanka et au Bangladesh d’où il a peut-être maintenant disparu. De petites populations introduites existent aux États-Unis (sud-est de la Californie), aux îles Hawaï (Maui, Niihau, Oahu, Hawaï), aux Bahamas (Little Exuma), en Afrique du Sud (Robben Island), en Nouvelle-Zélande (île du Nord) et en Australie (îles du détroit de Bass).
40
+
41
+ Dans son milieu naturel, de manière générale, le paon bleu est inféodé aux forêts caduques ouvertes, sèches ou humides et à proximité des cours d’eau.
42
+
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+ L’ensemble des données montre que le régime alimentaire est omnivore. Il se compose de grains (sauvages et cultivés), de graines d’herbes, de particules d’herbes tendres, de feuilles, de pétales de fleurs avec une préférence pour les baies et les drupes de Carissa, Lantana, Zizyphus et les figues sauvages (Ficus). Les champs cultivés, en jachère ou en friche sont aussi visités. La nourriture animale comporte toutes sortes d’insectes et de leurs larves, des petits lézards, des grenouilles, des micro-mammifères et même des serpents[2].
44
+
45
+ Comme la majorité des Phasianidés et malgré sa taille imposante, le paon peut voler, mais c'est de préférence un animal terrestre qui marche, grimpe et court plutôt que de prendre son vol[3].
46
+
47
+ Le paon bleu est le plus actif entre 9 h et 11 h et entre 17 h et 18 h quand la lumière est suffisante, et la chaleur pas trop forte. Les femelles et les jeunes sont prompts à l’envol, parcourant la forêt d’un bout à l’autre, alors que les mâles volent beaucoup moins.
48
+
49
+ La plupart des auteurs ont décrit le mâle comme vivant en polygamie avec un harem de plusieurs femelles. Pourtant Sharma (1972) ne fait pas mention de cette organisation sociale et l'observation de paons en liberté montre que chaque mâle défend de petits territoires que visitent les femelles qui elles vivent en petits groupes. Rands et al. (1984) ont signalé ce même comportement chez des paons en semi-liberté en Grande-Bretagne.
50
+
51
+ Fait exceptionnel chez les oiseaux, les mâles et parfois les femelles présentent un comportement assimilable à un jeu en se poursuivant autour d'un buisson ou autres objets apparemment sans but spécifique et hors des périodes de reproduction.[réf. nécessaire]
52
+
53
+ Pour séduire les femelles, les plumes très longues du dos forment une traîne que le mâle déploie en éventail lors de la parade nuptiale.
54
+
55
+ Pour des prétendants dont la roue présente 140 à 170 ocelles, le succès de la parade ne dépend pas de ce nombre d'ocelles ni de la longueur des plumes, leur séduction diminuant lorsqu'ils en ont moins de 140 : application de la loi de Weber ou bien les femelles sont-elles sensibles à une combinaison de couleurs et de motifs[4]?
56
+
57
+ Selon l'ornithologue israélien Amotz Zahavi, il s'agit d'une illustration de la théorie du handicap, en gros, les mâles qui ont les meilleures capacités biologiques signalent cet état de fait de façon ostentatoire en affichant qu'ils peuvent même se permettre un encombrement et un surpoids au vol et à la course, alors que cela semble a priori réduire les chances de survie de l'individu[5].
58
+
59
+ De son côté, Ronald Aylmer Fisher, fait de la traîne du mâle un exemple classique d'emballement fisherien, parce que son développement ne donne aucun avantage à part celui d'attirer les paonnes.
60
+
61
+ Les mâles sont souvent observés aussi faisant la roue alors qu'ils sont seuls, sans femelle, ni rival à proximité. La paonne a des plumes plus ternes que le mâle, comme c'est le cas pour de nombreuses espèces d'oiseaux. Il arrive cependant qu'elle fasse également la roue, en période de reproduction ou d'excitation émotionnelle par exemple, ou en période d'élevage en cas de danger.[réf. souhaitée]
62
+
63
+ Son répertoire vocal comprend une série d’appels criards, sonores et claironnants dont le « léon » qu’il serait plus juste de transcrire par une sorte de « héhan » que les Anglais reproduisent d’ailleurs par « may-awe » ou « mee-ow ». Les indiens traduisent ce cri par « minh-ao » qui annoncerait la pluie car, disent-ils, il lance son cri particulièrement avant l’orage. Les deux sexes ont des cris similaires mais le mâle, plus vocal, les répète plus souvent[2].
64
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65
+ On dit qu'il braille, criaille ou paonne[6].
66
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+ La parade frontale prend toute son ampleur avec le déploiement de la traîne qui constitue la fameuse « roue du paon ». Ainsi, le mâle relève à la verticale et ouvre largement ses longues plumes ornementales, soutenues par les rectrices, en un immense éventail parsemé d’ocelles chatoyants. Il offre alors le spectacle de son corps bleu brillant, rayonnant au centre. Habituellement le mâle déploie sa traîne mais se tourne dans le sens opposé à l’entrée de l’arène quand s’approche une femelle. Lorsqu’elle entre dans l’arène, il fait la roue, en gardant le dos tourné, montrant ainsi l’envers de ses plumes bien moins coloré, et en agitant de haut en bas ses rémiges primaires entrouvertes. Le rythme des saccades s’accélère à mesure que la femelle se rapproche, produisant un bruissement d’ailes de plus en plus fort. Puis il se tourne subitement vers sa partenaire, comme pour créer un effet de surprise, cesse d’agiter ses rémiges primaires et se penche fortement vers elle tout en rabattant son éventail en avant. Parfois c’est la femelle qui le contourne pour se positionner en face de lui. Il se pavane alors à pas lents autour d’elle, dresse le cou, bombe le torse tout en exhibant ses plumes ocellées. Si la femelle, apparemment indifférente, continue à vaquer à ses occupations, il la suit lentement mais si elle lui fait face, il imprime des tremblements rapides à ses rectrices ce qui a pour effet de produire un frémissement des barbes et un chatoiement des ocelles sur les plumes ornementales. Ces tremblements ne durent que quelques secondes mais peuvent être répétés à chaque fois que la femelle relève la tête. Après quoi, il peut tourner à nouveau le dos et agiter ses rémiges primaires. Puis il lance un sifflement et se précipite vers la femelle, ce qui occasionne généralement sa fuite. Ce manège peut être répété plusieurs fois avant qu’elle se couche au sol devant le mâle, alors au comble de l’excitation, qui rabaisse aussitôt son éventail, se rue sur elle en criant et la couvre en étalant ses sus-caudales[2].
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+ La période de nidification varie à travers son aire mais elle est liée, de façon générale, à la saison des pluies. Sharma (1972) a mené une étude de terrain dans la région de Jodhpur (Rajasthan, nord-ouest de l’Inde) et a précisé qu’il faut attendre 10 jours après les premières fortes averses de fin-juin pour trouver les premières pontes avec un pic pendant la seconde quinzaine de juillet et en août. Les pontes ne prennent un rythme régulier que lorsque les pluies ont atteint 30 mm et que la pousse des herbes commence à cacher les nids. Après 5 années d’observation, l’auteur conclut que « le retard et l’irrégularité des premières pluies réduisent la ponte ; au contraire une mousson précoce et importante l’augmente ».
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+ Au moment de la couvaison, les mâles ne s'éloignent jamais beaucoup du nid et montent la garde en donnant l'alerte par un cri sonore au moindre changement de l'environnement. Les œufs ont une durée d'incubation de 28 à 30 jours[7].
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+ Selon Sharma (1972), la destruction de pontes est due surtout aux chiens errants (75 % en zone sub-urbaine), à l’homme (dérangement par les enfants, ramassage par des chasseurs, collecte pour la fabrication d’aphrodisiaques).
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+ L’espèce est considérée comme « globalement non menacée » (Birdlife International 2004) mais, en raison de son abondance en Inde, sauf dans le nord-est de l’Inde où elle est rare, voire absente, elle n’a fait l’objet que de peu d’études précises d’autant que son statut d’oiseau national lui confère une protection à travers tout le pays. Au Sri Lanka, elle est localement très commune dans les parcs naturels de Yala, Bundala et Wilpattu. Dans de nombreuses localités, elle est également protégée pour des motifs religieux (Yézidi,bouddhiste et hindouiste) ce qui explique qu’elle vit à proximité immédiate de l’homme, près des habitations, des temples ou aux abords des villages. Elle est largement répartie et souvent très commune à travers son aire, notamment dans les zones protégées. Au Pakistan, il reste seulement deux populations mais elles sont nombreuses, l’une dans l’extrême nord-est du Pendjab, l’autre dans l’extrême sud-est du Sind. Au Népal, l’espèce est localement commune, au Bhoutan, elle est répartie très localement dans les plaines du sud alors qu’au Bangladesh, elle est peut-être éteinte (Madge & McGowan 2002).
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+ Seuls le paon blanc, le paon nigripenne et le paon panaché sont considérés comme domestiques en droit français.
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+ « Le paon est la gloire de Dieu » disait déjà un ancien texte sanscrit. De tout temps, artistes, écrivains et poètes ont chanté et célébré sa beauté légendaire. Les Hindous le vénèrent encore comme le symbole du dieu Krishna. Il est l’oiseau national de l’Inde et bénéficie, de ce fait, d’un statut de protection gouvernementale mais il est également protégé pour des raisons religieuses et philosophiques. Ses cris puissants évoquent aussi, pour les Indiens, la voix de la déesse de la connaissance. Mais le paon est également vénéré dans les pays voisins. Ainsi, à Bhaktapur (près de Katmandou au Népal), on peut admirer, sur la façade d’un monastère brahmanique construit en 1763, la célèbre « fenêtre du paon », une sculpture en bois représentant un paon dont la queue forme une rosace de bois très finement ouvragée. La petite ville de Thimi (à l’ouest de Bhaktapur) est renommée dans toute la vallée pour le talent de ses potiers. Des hommes et des petits garçons façonnent, avec de l'argile locale, toutes sortes de récipients et de figurines. Ils créent notamment des éléphants et des paons miniatures sur le dos desquels ils plantent des fleurs ou des bâtonnets d’encens. Au Bhoutan, les danseurs de « la danse des chapeaux noirs » arborent, au sommet de leur chapeau, de petites plumes de paon ocellées. Les « chapeaux noirs » proclament la victoire du bouddhisme sur les mauvais esprits.
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+ L'histoire veut que l’introduction du paon bleu en Europe incombe à Alexandre le Grand (356-323 av. J. C.) mais le décryptage de hiéroglyphes, la lecture d’anciens documents grecs et la datation de bas-reliefs suggèrent une importation beaucoup plus ancienne. On sait, par exemple, que la flotte du roi Salomon (970-931 av. J. C.) ramena plusieurs spécimens, qu'Assourbanipal, roi d’Assyrie (669-627 av. J. C.) élevait déjà des paons dans des enclos et que Darius Ier, roi des Perses (522-486 av. J. C.) détenait aussi des paons dans ses jardins. La Mésopotamie entretenait, déjà vers 520 av. J. C. des échanges commerciaux avec l'Inde donc près de deux siècles avant les conquêtes d'Alexandre le Grand. Mentionné dans la Bible comme animal domestique, le paon fut élevé dans l'Antiquité en Égypte, en Palestine et en Macédoine vers 440 av. J. C. Il fut introduit chez les anciens Grecs qui le consacrèrent à Héra, déesse grecque du mariage. Mais après les nombreuses luttes fratricides que se livrèrent les différentes cités grecques, il disparut d'Asie Mineure et Alexandre le Grand ne fit que le réintroduire en Macédoine vers 330 av. J. C.
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+ On trouve des représentations de paons sur les fresques de Pompéi. Il était, pour les Romains, tout à la fois, un oiseau de table et d'agrément.
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+ Le Paon bleu est répandu comme oiseau domestique dans une grande partie du monde en raison de ses parures majestueuses. Ils errent en liberté sur les parcours et accompagnent les visiteurs, habitués à leur donner à manger, dans les parcs et jardins d'agglomération et parfois les parcs zoologiques.
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+ Le paon est souvent donné en exemple pour illustrer le concept de sélection sexuelle (processus selon lequel la compétition entre les individus en vue de l'accouplement est un facteur de l'évolution de certains traits héréditaires) notamment en raison de phénomènes d'apparence contraire aux nécessités de survie ; on parle aussi de théorie du handicap (sa queue majestueuse le fait préférer des femelles mais le handicape pour fuir devant l'ennemi).
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+ La couleur blanche ou noire du paon s'explique par la concentration de mélanine dans le plumage. L'absence de mélanine donnera un animal blanc aux yeux rouges (albinos), la plume blanche reflète l'intégralité du spectre lumineux, d'où l'absence de couleurs. La non migration totale ou partielle dans les plumes de ce pigment donnera un animal plus ou moins blanc aux yeux et aux pattes colorées (leucistique) comme dans le cas de la mutation alba du paon bleu (paon blanc) ou dans la mutation panachée. Au contraire, une concentration excessive en mélanine donnera un animal au plumage plus sombre (mélanistique) comme dans le cas de la mutation nigripennis du paon bleu (paon nigripenne)[8].
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+ Pavo cristatus (mâle).
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+ Queue de paon bleu (mâle).
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+ Pavo cristatus mutation alba (mâle).
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+ Pavo cristatus mutation nigripenne (couple).
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+ Queue de paon nigripenne (mâle).
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+ Pavo cristatus mutation panachée (mâle).
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+ Paon blanc mâle, dans le Palmitos Park, aux Canaries. Mai 2018.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
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+ La Pax Romana (expression latine traduite par « paix romaine ») désigne la longue période de paix (du Ier siècle au IIe siècle apr. J.-C.) imposée par l'Empire romain aux régions conquises.
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+ L'expression provient du fait que l'administration et le système légal romain pacifiaient les régions qui avaient souffert des querelles entre chefs rivaux. Pendant ce temps, Rome livrait toujours bataille contre les peuples et les tribus en périphérie, notamment les peuples germaniques et parthes (nord-est de l'Iran).
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+ Il s'agit d'une ère de relative tranquillité, pendant laquelle Rome n'éprouva ni guerre civile majeure, ni de grande invasion, du type de la deuxième guerre punique du siècle antérieur.
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+ Cette période a duré du Ier au IIe siècle apr. J.-C. Cette période est généralement considérée comme ayant duré de -27, quand l'empereur Auguste déclara la fin des grandes guerres civiles du Ier siècle, jusqu'en 180 à l'annonce de la mort de l'empereur Marc Aurèle[1].
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+ Cependant, l'année des quatre empereurs correspond à une période de guerre civile, qui prend naissance dans les derniers mois du règne de Néron, au printemps de 68, pour s'achever avec l'investiture officielle de Vespasien par le Sénat en 70. Bien qu'elle fût brève, l'Empire connut tout de même une guerre civile et une crise politique marquantes après Auguste[2].
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+ Maurice Griffe accorde à cette période de paix une durée allant de 70 à 253 dans son tableau synoptique de l'Italie (frise chronologique).
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+ La Pax Romana (expression latine traduite par « paix romaine ») désigne la longue période de paix (du Ier siècle au IIe siècle apr. J.-C.) imposée par l'Empire romain aux régions conquises.
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+ L'expression provient du fait que l'administration et le système légal romain pacifiaient les régions qui avaient souffert des querelles entre chefs rivaux. Pendant ce temps, Rome livrait toujours bataille contre les peuples et les tribus en périphérie, notamment les peuples germaniques et parthes (nord-est de l'Iran).
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+ Il s'agit d'une ère de relative tranquillité, pendant laquelle Rome n'éprouva ni guerre civile majeure, ni de grande invasion, du type de la deuxième guerre punique du siècle antérieur.
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+ Cette période a duré du Ier au IIe siècle apr. J.-C. Cette période est généralement considérée comme ayant duré de -27, quand l'empereur Auguste déclara la fin des grandes guerres civiles du Ier siècle, jusqu'en 180 à l'annonce de la mort de l'empereur Marc Aurèle[1].
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+ Cependant, l'année des quatre empereurs correspond à une période de guerre civile, qui prend naissance dans les derniers mois du règne de Néron, au printemps de 68, pour s'achever avec l'investiture officielle de Vespasien par le Sénat en 70. Bien qu'elle fût brève, l'Empire connut tout de même une guerre civile et une crise politique marquantes après Auguste[2].
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+ Maurice Griffe accorde à cette période de paix une durée allant de 70 à 253 dans son tableau synoptique de l'Italie (frise chronologique).
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+ Royaume des Pays-Bas
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+ Koninkrijk der Nederlanden
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+ 52° 22′ nord, 4° 53′ est
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+ UTC +1 (HEC) ;
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+ modifier
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+
11
+ Les Pays-Bas (en néerlandais : Nederland), en forme longue le royaume des Pays-Bas (Koninkrijk der Nederlanden), sont un pays d'Europe de l'Ouest, frontalier avec la Belgique au sud et l'Allemagne à l'est, possédant également une frontière avec la France sur l'île de Saint-Martin (Caraïbes). Monarchie constitutionnelle comptant 17,2 millions d'habitants en 2019, le pays a pour capitale Amsterdam[1], bien que les institutions gouvernementales — exécutif, législatif et judiciaire[7] — siègent à La Haye. Il est administré en quatre territoires autonomes : Aruba, Curaçao, Saint-Martin et le territoire européen[8], lui-même divisé en douze provinces, auxquelles s'ajoutent trois autres communes à statut spécial situées outre-mer (Bonaire, Saba et Saint-Eustache). Géographiquement, le pays dispose de caractéristiques uniques, possédant l'une des altitudes moyennes les plus faibles au monde : environ un quart du territoire en Europe est situé sous le niveau de la mer du Nord, qui le baigne à l'ouest et au nord[9],[10],[11]. 18,41 % de la superficie totale des Pays-Bas est couverte d'eau.
12
+
13
+ Les territoires aujourd'hui rassemblés en tant que Pays-Bas sont dans leur histoire relativement indépendants de tout pouvoir royal centralisé avant le XVIe siècle bien que temporairement inclus dans le Saint-Empire romain germanique. Alors que Charles Quint affirme une unité nationale en 1549, son fils Philippe II voit la révolte des habitants des Pays-Bas contre son autorité lors de la guerre de Quatre-Vingts Ans[12],[13]. La république est alors fondée sur sa défaite[14]. Le nouvel État connaît un siècle d'or[15], lorsqu'il constitue un Empire colonial dont les vestiges sont les territoires caribéens conservés aujourd'hui, portant son rayonnement culturel et artistique à un niveau mondial[16]. Affaibli par les guerres napoléoniennes et la capture de sa flotte navale, le pays devient le royaume de Hollande en 1806 et ne revient pas à un régime républicain lors du départ des Français, en 1815. Il est l'un des premiers États au monde à se doter d'un système parlementaire élu qui n'est pas renversé. À partir de 1848, les Pays-Bas sont gouvernés comme une démocratie parlementaire sous l'influence de Johan Thorbecke, durant le règne de Guillaume II. Avec une longue tradition de tolérance sociale, ils sont généralement vus comme un pays progressiste et novateur, en abolissant la peine de mort en 1870, en autorisant le droit de vote des femmes en 1917 et en décriminalisant relativement tôt l'avortement, la prostitution, l'euthanasie, ainsi que certaines drogues. Le poète français Charles Baudelaire décrit les Pays-Bas en 1868 comme un lieu « où tout est beau, riche, tranquille, honnête », avant d'ajouter : « pays singulier, supérieur aux autres »[17].
14
+
15
+ Restés neutres durant la Première Guerre mondiale et engagés dans le camp des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas signent en 1945 avec la Belgique et le Luxembourg le traité économique d'union douanière du Benelux, négocié pendant le conflit par les gouvernements en exil des trois pays à Londres. Par la suite, dans son histoire contemporaine, le pays devient l'un des membres fondateurs de l'ONU, de l'UE, de l'OTAN, de l'OCDE et de l'OMC. La construction du plan Delta, système de protection des terres contre la mer, l'une des Sept Merveilles du monde moderne, est achevée en 1997, après 47 ans de travaux. En 2001, le pays devient le premier au monde à rendre possible le mariage homosexuel, tandis que l'année suivante, l'euro est adopté comme monnaie en remplacement du florin néerlandais. Figurant dans les années 2010 parmi les États les plus démocratiques et les moins corrompus au monde, les Pays-Bas en sont l'un des pays les plus développés selon le rapport annuel des Nations unies sur l'IDH et le premier concernant le bonheur des enfants d'après l'UNICEF[18]. Le pays est également le deuxième au monde concernant la liberté de la presse selon Reporters sans frontières[19], premier quant à l'équilibre entre vies personnelle et professionnelle selon l'OCDE[20], et « troisième pire paradis fiscal » après les Bermudes et les îles Caïman pour l'ONG Oxfam[21].
16
+
17
+ À l'apogée de l'État bourguignon à la fin de la période médiévale, la partie nord des possessions ducales, dans ce qui est actuellement le territoire belge et néerlandais, est appelé « États de par-deçà » ou « Pays-Bas » pour les distinguer des « États de par-delà » (Bourgogne proprement dite et Franche-Comté). Là est l'origine du terme de la région historique des Pays-Bas, terme qui sera donné au cours des siècles et sous différentes formes et à plusieurs pays sur ce territoire.
18
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19
+ Le nom du pays fait allusion à son altitude peu élevée et par conséquent à sa lutte permanente contre les eaux. Cependant, pour l'appellation « Hollande��», la signification du nom est « pays creux ». Une synecdoque courante parfois pratiquée par les Néerlandais eux-mêmes désigne les Pays-Bas du nom de Hollande, ainsi que les Néerlandais par les Hollandais et parfois la langue néerlandaise par le hollandais. La Hollande stricto sensu n'est que l'une des régions des Pays-Bas divisée en deux provinces (Hollande-Septentrionale et Hollande-Méridionale), abritant les grandes villes du pays (Amsterdam, La Haye, Rotterdam)[22], et le hollandais une catégorie de dialectes parlés dans ces provinces.
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21
+ Précocement et largement urbanisé par rapport à la moyenne européenne, le pays préserve cependant en son centre une vaste étendue boisée désignée comme son cœur vert. Cette région est généralement associée au Waterland (« Pays de l'eau » en néerlandais), territoire situé au nord d'Amsterdam, composé essentiellement de lacs et de canaux. Le climat des Pays-Bas européens est tempéré océanique, c'est-à-dire présentant un été souvent frais et un hiver marqué. Les îles dans les Caraïbes sont pour la plupart à climat tropical (Saint-Eustache, Saint-Martin), même si Saba et Curaçao sont plus sèches.
22
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23
+ Un quart du territoire néerlandais européen se situe sous le niveau de la mer et atteint même plus de 6,76 mètres en négatif, record en Europe[23]. Or, d'après les scientifiques, les terres de très basse altitude (en dessous de 10 mètres) pourraient être très vite affectées par la montée des océans. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat) considère par ailleurs le delta du Rhin comme l'un des plus vulnérables du monde. Les Pays-Bas entrent pour cette raison dès les années 1980 dans une logique de développement durable[réf. nécessaire]. Les sols aux Pays-Bas sont très fertiles, donc très importants dans l'économie du pays. Le centre du pays alterne forêts et espaces sablonneux, l'est se compose de landes, tandis que le Limbourg, au sud, a un paysage composé de collines calcaires. Le paysage touristique des champs de tulipes est visible essentiellement dans les environs d'Amsterdam et de La Haye (Westland), les visiteurs internationaux se rendant généralement à Lisse.
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+ La lutte contre les eaux est toujours présente : l'aspect du littoral néerlandais est considérablement modifié dans le temps en raison de catastrophes naturelles et de l'intervention humaine, notamment via l'apparition des lacs de bordure. Une perte de terre notable a lieu avec la tempête de 1134, qui créé l'archipel devenu la province de Zélande (Zeeland en néerlandais, « pays de la mer ») dans le Sud-Ouest. Lors de plusieurs inondations mémorables dont celle de la Sainte-Lucie, la mer du Nord envahit la partie centrale du pays en absorbant le lac Flevo pour former le Zuiderzee.
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27
+ En 1421, l'inondation de la Sainte-Élisabeth fait céder les digues à plusieurs endroits. Ces dernières ne sont alors plus convenablement entretenues car le pays est alors en guerre civile (rivalités entre les Hameçons et les Cabillauds). Cette inondation remplace le polder nouvellement asséché par une véritable mer intérieure. Les terres alors submergées sont encore aujourd'hui sous les eaux. Le célèbre parc national De Biesbosch en fait partie. Les parties qui sont regagnées sur les eaux sont l'île de Dordrecht, l'île de Hoeksche Waard et une pointe dans le Nord-Ouest du Brabant-Septentrional. Le pays doit de nouveau faire face au XVIe siècle à deux grandes inondations qui causent la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes : à la Saint-Félix en 1530 et à la Toussaint 40 ans plus tard.
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+ Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953, de nombreuses digues des provinces de Zélande, de Hollande-Méridionale et du Brabant-Septentrional ne résistent pas à la combinaison des grandes marées et d'une tempête venant du Nord-Ouest. Sur les îles et sur le continent, de vastes zones du pays sont complètement inondées et un millier de personnes tuées. Pour éviter que de pareilles catastrophes se reproduisent, un ambitieux projet est imaginé et mis en œuvre : le plan Delta, construit entre 1950 et 1997, composé de barrages, d'écluses, de digues, et de barrières pour contrer les montées subites d'eau dans le Sud-Ouest des Pays-Bas, pour protéger de larges zones de terre contre la mer. Ce projet vient renforcer l'Houtribdijk et l'Afsluitdijk, digues établies en mer du Nord, à la suite des larges inondations subies par le pays en 1916, dans le cadre des travaux du Zuiderzee. Longues d'environ 30 kilomètres chacune et inaugurées dans les années 1930, la superficie du lac d'eau douce qu'elles créé atteint plus de 110 000 hectares. L'Office des eaux des Pays-Bas surveille en permanence les nombreux cours d'eau du pays. Dès le XIIe siècle, une telle société est mise en place dans le pays pour coordonner les efforts des différents territoires dans la lutte contre les eaux. Avec un budget très important, cette agence découpe les Pays-Bas en 24 districts et a pour objectif la prévention de nouvelles catastrophes (en coordination avec la Rijkswaterstaat, qui gère les infrastructures nationales), et, le cas échéant, la gestion des populations concernées. Les 24 Offices régionaux ordonnent notamment le rehaussement de certaines voies de circulation en campagne pour qu'elles contiennent l'eau en cas de perforation d'une digue, afin que les autorités aient assez de temps pour évacuer les habitants. Cependant, ces dernières investissent en moyenne un milliard d'euros chaque année à l'entretien des systèmes de régulation des eaux, et les nouvelles normes de sécurité sur lesquelles sont construites les digues — les plus strictes au monde — réduisent largement le risque que de nouvelles catastrophes puissent avoir lieu. Les agences de l'eau fonctionnent sous le principe de la démocratie fonctionnelle, leurs membres étant élus dans les zones sur lesquelles elles ont autorité.
30
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31
+ Le 24 juin 2015, un tribunal de La Haye impose à l'État de réduire d'ici 2020 de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre, par rapport au niveau de 1990. Le juge donne raison à un collectif de citoyens, en estimant que les gaz rejetés nuisent à la santé publique, et que l'État doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la population. Ce jugement est une première mondiale, mais l'État indique qu'il fera appel[24], tout en réévaluant sa projection de réduction d'émissions de gaz à effet de serre à 16 % d'ici à 2020[25]. En 2018, les États généraux votent une loi obligeant le gouvernement à mettre en œuvre une réduction de 95 % des émissions par rapport au niveau de 1990 d'ici à 2050. Les voitures à essence et au diesel seront également interdites d'ici à 2030[26].
32
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33
+ Le mois de juin 2019 a été le plus chaud jamais enregistré aux Pays-Bas[27]
34
+
35
+ Le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des Pays-Bas[Note 1] est le 4 mai[28]. Les Pays-Bas sont l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
36
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37
+ Le nombre d'insectes volants aux Pays-Bas a chuté de 75 % depuis les années 1990[29].
38
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39
+ Les Pays-Bas sont menacés de disparition à cause de l'élévation du niveau de la mer[30].
40
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41
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
42
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43
+ En décembre 2018, les Pays-Bas comptait 196 sites dont :
44
+
45
+ La superficie totale est de 20 605 km2, ce qui représente 13,3 % de la surface terrestre et marine du territoire des Pays-Bas[31].
46
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+ Idéalement situés en Europe, les Pays-Bas ont d'importantes infrastructures de transport. Le port de Rotterdam est le plus grand d'Europe et l'un des plus importants au monde. Les autres ports importants du pays sont le port d'Amsterdam, le port d'Ems et celui de Vlissingen-Oost. L'arrière-pays de ces ports est composé d'un vaste réseau de rivières, canaux et autres voies navigables. La façade maritime joue donc un rôle important dans l'économie néerlandaise. Les fleuves du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut provenant des pays voisins et aboutissant à la mer du Nord, ont fait durant des siècles, et font toujours, des Pays-Bas une plaque tournante pour les transports intérieurs européens.
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+ L'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, est le plus grand aéroport des Pays-Bas et le troisième européen en nombre de passagers, accueillant chaque année plus de 60 millions de personnes. L'aéroport d'Eindhoven est, depuis 2006, le plus grand aéroport régional aux Pays-Bas, devant l'aéroport de Rotterdam-La Haye. Ce dernier est cependant l'aéroport officiel pour les réceptions diplomatiques. La KLM Royal Dutch Airlines est la compagnie aérienne nationale ; fondée en 1919, elle est la plus vieille compagnie aérienne du monde encore en activité. Ses avions bleus, surnommés les « blue birds », font de nos jours partie de l'identité nationale néerlandaise.
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+ Le vélo est un mode de transport très répandu aux Pays-Bas. Au quotidien, en 2011, il est le mode de transport principal le plus employé (31 %) après la voiture (49 %), mais est majoritaire dans les villes[32]. Les autoroutes du pays sont très utilisées et sans péages. La totalité des voies routières atteint une longueur totale d'environ 116 500 kilomètres.
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+ Le réseau ferroviaire atteint une longueur totale de 2 808 kilomètres et est l'un des plus fréquentés en Europe. Le transporteur national privé, la Nederlandse Spoorwegen (NS), assure les liaisons par rail à travers le pays. Des bus urbains et régionaux sont également largement utilisés par ces transporteurs. Dans le cadre d'un plan européen de voyage à grande vitesse par rail, les Pays-Bas ouvrent la HSL-Zuid en 2009, reliant Amsterdam à la frontière belge. Il s'agit de la seule LGV du pays en activité, que les trains de Thalys, de la High Speed Alliance et d'Eurostar empruntent à destination de la France, de la Belgique, de l'Allemagne et du Royaume-Uni. Une nouvelle ligne à grande vitesse reliant Amsterdam à la frontière allemande, la HSL-Oost, est en projet, visant à supporter l'activité de la ligne de la Betuwe.
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+ Le royaume des Pays-Bas est constitué, depuis la dissolution de la fédération des Antilles néerlandaises le 10 octobre 2010, de quatre territoires autonomes[33] : les Pays-Bas, Aruba, Curaçao et Saint-Martin.
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+ Le royaume des Pays-Bas comprend trois territoires insulaires dans les Antilles : Aruba, Curaçao et Saint-Martin. Les Antilles néerlandaises annoncent dans les années 2000 vouloir réformer leur statut. Un référendum local aux Antilles approuve le changement qui est inscrit et ratifié dans la Constitution du royaume. Les Antilles commencent leur réforme le 1er juillet 2007 : Saint-Martin et Curaçao ont obtenu transitoirement le statut de collectivités reconnues, avant de devenir en octobre 2010 des territoires autonomes dans le royaume, comme Aruba.
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+ Les autres îles des Antilles néerlandaises, Bonaire, Saba et Saint-Eustache (Pays-Bas caribéens) deviennent des municipalités des Pays-Bas à statut particulier. L'administration de ces trois îles est partagée entre l'Office national des Pays-Bas caribéens (en néerlandais, Rijksdienst Caribisch Nederland) et l'administration locale. Ces trois îles, au contraire d'Aruba, Curaçao et Saint-Martin, ont le droit de vote aux élections législatives néerlandaises, les États autonomes disposant de leur propre Parlement et gouvernement. Un gouverneur, nommé sur proposition du Premier ministre insulaire, y représente le monarque.
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+ Les Pays-Bas actuels sont habités durant la dernière période glaciaire.
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+ Par la suite, en évoluant, plusieurs peuples habitent le territoire des actuels Pays-Bas et de la Belgique. Outre les Belgae et les Frisons, les Francs et les Saxons, les Bataves, qui s'établissent sur place[34], sont par la suite assimilés par les Francs saliens.
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+ Jules César conquiert les Pays-Bas autour de l'année 58 av. J.-C., ce qui en fait la frontière nordique de l'Empire romain. Dans la Guerre des Gaules, Jules César ne fait cependant aucune mention des Bataves[35]. La première référence aux Bataves remonte à l'an 12 av. J.-C. ; les Romains construisent les premières villes et introduisent, dans la région, l'écriture. Le Nord des Pays-Bas, qui est en dehors de l'Empire romain et où vivent les Frisons, est également fortement influencée par son puissant voisin méridional.
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+ La civilisation romaine cède la place aux peuples germaniques qui fusionnent avec les habitants pour former trois peuples : les Frisons le long de la côte, les Saxons dans l'Est et les Francs dans le Sud. La fin du royaume des Frisons survient en 734 sur les rives de la Boarn, lorsque les Frisons sont défaits par les Francs, qui occupent la partie occidentale jusqu'à la Lauwers. Les Francs attaquent l'Est du Lauwers en 785, quand Charlemagne bat Widukind.
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+ En 843, par le traité de Verdun, l'Empire franc est divisé en trois : la Francie occidentale (la France), la Francie médiane (Lotharingie) (allant du centre de l'Italie à la Frise) et la Francie orientale (communément nommée Germanie, noyau du futur Saint-Empire romain germanique). Le territoire des Pays-Bas actuels fait alors partie de la Lotharingie, à l'exception de la rive gauche de l'Escaut (actuelle Flandre zélandaise). Celle-ci disparaît rapidement : les terres néerlandaises contemporaines sont annexées par l'Empire germanique (traités de Meerssen et de Ribemont). La plupart des Pays-Bas est occupée par le Viking jutes Rorik de Dorestad aux environs de 840 à 880. La suprématie des Vikings est détruite en 920 quand le roi Henri Ier de Germanie libère Utrecht. Les Pays-Bas sont alors réintégrés dans le Saint-Empire entre les Xe et XIe siècles.
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+ Une grande partie de l'Ouest des Pays-Bas est à peine habitée entre la fin de la période romaine et autour de 1100. Vers 1000, les fermiers flamands et d'Utrecht commencent à acheter les terres marécageuses, à les assécher et à les cultiver. Ce processus se produit rapidement et le territoire inhabité est occupé en quelques générations. Des fermes indépendantes qui ne font pas partie de villages sont construites, ce qui est alors unique en Europe. Avant cette période, la langue et la culture de la majeure partie des individus habitant dans l'actuelle région de Hollande est frisonne, aujourd'hui culturellement plus présente dans la région de Frise occidentale. La conquête de ces nouvelles terres progressant, la région devient la région de Hollande au XIIe siècle. Des villes s'épanouissent, particulièrement dans le comté de Flandre et dans le duché de Brabant. Le Saint-Empire romain germanique ne peut pas maintenir l'unité politique : en plus de l'indépendance croissante des villes, les lois locales transforment les comtés et duchés en royaumes privés. Les divers États féodaux sont dans un état de guerre presque continuel.
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+ Les provinces formant actuellement les Pays-Bas sont progressivement rassemblées, par mariage, achat ou conquête par les ducs de Bourgogne, qui contrôlent aussi, au sud, Anvers, première place boursière mondiale. Cet ensemble de Dix-Sept Provinces passe par héritage à Charles Quint, descendant à la fois des ducs de Bourgogne et des Habsbourg. Marie de Bourgogne, la fille de Charles le Téméraire, épouse l'empereur Maximilien Ier. La Frise, la région d'Utrecht, la région de Groningue et des Ommelanden, la Drenthe et la Gueldre sont rattachées progressivement au domaine des Habsbourg après des décennies de relations conflictuelles avec le duc de Gueldre. Sous le règne de Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique et roi d'Espagne, la région fait partie des 17 provinces des Pays-Bas espagnols qui comprend également la Belgique, le Nord-Pas-de-Calais actuel et une partie de la Picardie.
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+ Lors des XVe et XVIe siècles, Érasme, théologien originaire de Rotterdam, publie divers ouvrages humanistes ; ce nouveau mouvement de pensée, qui met l'homme au centre des préoccupations, est rapidement suivi dans l'Europe entière grâce à l'imprimerie, libre dans le pays.
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+ En janvier 1579, l'indépendance des Provinces-Unies est consacrée par l'Union d'Utrecht. La république ainsi créée comporte un ensemble de sept provinces — plus leurs dépendances — comportant chacune un Parlement ainsi qu'un gouverneur. Ces provinces sont indépendantes les unes des autres, et peuvent lever les impôts ainsi que des armées séparément. La jeune république des Provinces-Unies ne sera reconnue qu'en 1596 par la France et en 1648 par l'Espagne. Dans le Sud des Provinces-Unies, les pays de la Généralité (actuelles provinces de Zélande et du Brabant-Septentrional), sous contrôle du gouvernement central, forment alors un espace stratégique entre les Pays-Bas espagnols au sud, la Belgica Regia[36] (qui deviendra les Pays-Bas autrichiens, la future Belgique) et les Pays-Bas protestants et calvinistes au nord conduits par le pouvoir d'Amsterdam.
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+ Le cas des Provinces-Unies à la fin du XVIe siècle est tout à fait particulier, puisque c'est le jeune stathouder Guillaume d'Orange qui va mener une véritable révolution partie de Bruxelles lors de l'exécution des chefs de la noblesse dressés contre le pouvoir espagnol, aussi appelée la révolte des Gueux. Il en résultera une guerre connue sous le nom de guerre de Quatre-Vingts Ans de 1568 à 1648, conduisant les Néerlandais à l'indépendance de la couronne d'Espagne. Dès lors, les Pays-Bas vont entrer dans la période du « Gouden Eeuw », un âge d'or caractérisé par la prospérité économique et culturelle de la république néerlandaise et par une urbanisation précoce doublée d'un essor démographique soutenu en Hollande et Zélande. Les explorateurs du pays fondent de nombreuses colonies aujourd'hui connues sous d'autres noms, telles que l'Indonésie, l'Afrique du Sud, le Suriname, Taïwan, la Tasmanie ou encore la Nouvelle-Zélande. Avec sa Compagnie néerlandaise des Indes orientales et Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui utilisent la rixdale comme monnaie internationale, l'armada des Pays-Bas est l'une des plus puissantes au monde. Le pays doit cependant parfois céder des territoires aux autres puissances : la Nouvelle-Néerlande (futurs États américains de New York et du New Jersey, perdus à la suite de la signature du traité de Westminster) et la Nouvelle-Hollande d'Australie sont intégrées à l'Empire britannique, la Nouvelle-Hollande brésilienne est rendue aux Portugais, et la Nouvelle-Hollande en Acadie est donnée aux Français après la signature des traités de Nimègue avec le roi Louis XIV.
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+ La métropole bénéficie grandement des colonies, principalement sous l'aspect économique : la ville d'Amsterdam atteint un niveau de vie bien supérieur à celui de Paris, de nombreux individus chassés des autres pays d'Europe pour des raisons religieuses s'installent dans le pays, qui porte l'image d'un État riche et tolérant. L'armée néerlandaise teste également, lors de différents conflits, une nouvelle technique de guerre : lors de la troisième guerre anglo-néerlandaise, les autorités font inonder des terrains fermiers autour d'Amsterdam pour empêcher l'avancée des troupes ennemies et ne pas avoir à se battre frontalement avec une armée à la puissance supérieure. Les agriculteurs recevaient une compensation monétaire pendant le temps de leur hébergement dans la capitale.
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+ Transformé dans un premier temps en république par la révolution batave (menée par les « patriotes »), de 1795 à 1806, et dans un second temps en royaume de Hollande, de 1806 à 1810, le pays est par la suite intégré dans l'Empire français, sous Napoléon. Ce dernier organise en janvier 1795 la capture de la flotte hollandaise au Helder, afin de déstabiliser le pouvoir républicain et finalement placer son frère à la tête du royaume créé en 1806.
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+ En 1815, le Luxembourg est élevé au rang de grand-duché. Guillaume VI d'Orange, fils du stathouder Guillaume V des Provinces-Unies, devient Guillaume Ier, roi des Pays-Bas et grand duc de Luxembourg. Guillaume reçoit le Luxembourg à titre personnel, comme compensation pour la perte de ses territoires allemands (Nassau et Fulda). Un nouveau pays est alors fondé lors du congrès de Vienne de 1815, sous le nom de « royaume uni des Pays-Bas ».
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+ Il rassemble les actuels territoires du Benelux ainsi que les colonies néerlandaises, dont la plus importante est les Indes orientales néerlandaises, l'actuelle Indonésie. Son premier roi est Guillaume d'Orange-Nassau, l'un des vainqueurs de la bataille de Waterloo. Le royaume a deux capitales : Amsterdam et Bruxelles. En 1830, la Belgique se soulève. Peuplée surtout de catholiques, elle supporte mal le règne du protestant Guillaume Ier, mais aussi sa politique d'imposition de la langue néerlandaise comme seule langue officielle. La révolution belge aboutit à la création du nouveau royaume de Belgique (région des Pays-Bas méridionaux), qui intègre également le Luxembourg. La convention de Zonhoven en 1833, met fin officiellement au conflit. Le grand duché reste intégré à la Belgique jusqu'en 1839, date à laquelle sa moitié orientale est érigée en État indépendant, le grand-duché de Luxembourg, membre de la confédération germanique. Ce nouvel État et le royaume des Pays-Bas restent toutefois jusqu'en 1890 en union personnelle, c'est-à-dire partageant le même souverain. Le traité sur le tracé des frontières avec la Belgique date de 1843.
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+ Créé par décret le 19 avril 1839, le royaume des Pays-Bas prospère économiquement. Il se démocratise peu à peu, sous l'impulsion d'une réécriture de sa Constitution en 1848, menée par Johan Rudolf Thorbecke. Il connaît cependant à la fin du XIXe siècle ce qui sera par la suite appelé la « guerre scolaire », conflit politique opposant les écoles publiques et privées. Les Pays-Bas n’abolissent l’esclavage dans leurs colonies qu’en 1863[37]. En 1879 est créé par le pasteur Abraham Kuyper le premier parti politique néerlandais, le Parti antirévolutionnaire. Étant neutre pendant la Première Guerre mondiale, le pays accueille des réfugiés belges persécutés par le Gouvernement général impérial allemand de Belgique. Cependant, en 1915, ce dernier fait installer une clôture électrique à la frontière entre les deux pays, rendant tout passage impossible. En 1917, tous les hommes de plus de 18 ans obtiennent le droit de vote, suivis par les femmes en 1919.
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+ Les Pays-Bas sont envahis par l'Allemagne en mai 1940 sans déclaration de guerre préalable. Cette invasion donne lieu à la bataille des Pays-Bas, au cours de laquelle l'armée néerlandaise est vaincue, et la ville de Rotterdam quasiment rasée par les bombardements. La bataille se solde par la capitulation des forces néerlandaises, et le gouvernement dut s'exiler à Londres. Pieter Gerbrandy, opposé à une domination allemande et partageant l'opinion des Britanniques, est provisoirement nommé Premier ministre par la reine Wilhelmine pour remplacer Dirk Jan de Geer, qui avait préconisé la négociation d'une paix séparée. Le pays développe plusieurs réseaux de résistance face à l'occupant allemand et des milliers de citoyens manifestent à travers le pays pour diverses raisons, comme la grève de février 1941 à Amsterdam pour dénoncer les déportations de Juifs néerlandais vers l'Allemagne. Bien que les mouvements alliés visant à libérer le pays (notamment l'opération Market Garden), commencent dès 1944, les Pays-Bas ne sont totalement libres qu'en mai 1945, après que la population a vécu un hiver de famine tuant près de 20 000 personnes. L'opération Manna est cependant déclenchée du 29 avril au 8 mai 1945 pour parachuter des vivres.
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+ Les soldats néerlandais venus des colonies ou réfugiés en Grande-Bretagne participent aussi au débarquement puis à la bataille de Normandie, avant de se diriger vers les Pays-Bas à la fin de l'année 1944 pour participer à la libération de leur pays et de la Belgique aux côtés des forces étrangères et des réseaux de résistance[38]. Profitant du conflit, Soekarno proclame l'indépendance de l'Indonésie en 1945, avec le soutien du Japon, qui décrète l'indépendance du territoire après l'avoir envahi en 1941. Il s'ensuit un conflit de quatre ans au terme duquel les Pays-Bas sont conduits à reconnaître l'indépendance indonésienne, élément déclencheur du déclin de la puissance commerciale néerlandaise. À la fin de la Seconde Guerre mondiale sont formellement adoptés les accords de coopération économique du Benelux avec la Belgique et le Luxembourg.
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+ Sortant du conflit planétaire ruinés, les Pays-Bas proposent le plan Bakker-Schut aux forces Alliées en guise de réparation de guerre, mais le projet consistant en l'annexion d'une partie de l'Allemagne est rejeté. Les États-Unis font alors bénéficier le royaume du plan Marshall. En 1948, les Pays-Bas approuvent le principe d'une autonomie des Antilles néerlandaises, proclamée en 1954 (État fédéral autonome des Antilles néerlandaises). En 1962, la Nouvelle-Guinée néerlandaise, maintenue un temps sous la coupe néerlandaise, rejoint l'Indonésie et devient sa province de Nouvelle-Guinée occidentale ; ceci intervient après une tentative de débarquement indonésien pour garantir son rattachement et éviter une indépendance de la dite province, puis un passage provisoire sous l'égide de l'autorité exécutive temporaire des Nations unies. En 1975, la Guyane néerlandaise, actuel Suriname, prend son indépendance du royaume. L'île d'Aruba se détache des Antilles néerlandaises en 1986 pour former une entité propre du royaume. En 2002, l'euro remplace le florin néerlandais, et, en 2005, le pays rejette par référendum le projet de traité constitutionnel européen. En 2009, la famille royale est la cible d'un attentat le jour de la fête nationale, faisant sept victimes. Le 10 octobre 2010, les Antilles néerlandaises sont dissoutes, faisant de Curaçao et de Saint-Martin des États autonomes propres comme Aruba avant eux. Bonaire, Saba et Saint-Eustache, qui font alors également partie des Antilles néerlandaises, intègrent le pays européen en tant que municipalités à caractère particulier sous le nom de Pays-Bas caribéens ou îles BES.
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+ La Constitution (Grondwet) actuellement en vigueur a été adoptée en 1815, et révisée plusieurs fois depuis : elle fait état que les Pays-Bas sont une monarchie. La famille royale est de confession protestante réformée. Hommes et femmes peuvent accéder au trône. Après les rois Guillaume Ier (1815-1840), Guillaume II (1840-1849) et Guillaume III (1849-1890), la régente Emma et les reines Wilhelmine (1898-1948), Juliana (1948-1980) et Beatrix (1980-2013), c'est depuis le 30 avril 2013 que le roi Willem-Alexander est le chef de l'État néerlandais. Après lui, le prochain souverain devrait être la princesse Catharina-Amalia, fille aînée du roi Willem-Alexander et princesse d'Orange.
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+ Le monarque est garant de l'unité du pays. Constitutionnellement, le roi a un rôle dans le processus législatif : la signature royale auprès de celle d'au moins un ministre est indispensable pour valider toute loi. Le roi est également président du Conseil d'État (Raad van State), organe qui conseille le gouvernement sur chaque loi et tribunal suprême en matière de droit administratif. Depuis la reine Wilhelmine, les monarques veillent à ne pas paraître montrer une faveur particulière envers une opinion politique.
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+ Autrefois, le pouvoir royal intervenait dans le choix des ministres et du président du Conseil. Actuellement, il est du rôle du président de la Seconde Chambre des États généraux de désigner un « informateur » (étudiant les possibilités de formations) puis un formateur, généralement le chef du parti vainqueur aux élections, et ce dernier dirige les négociations avec les partis politiques. Lorsque les négociations sont terminées, le gouvernement nommé par le roi est la formation bâtie par le Premier ministre, le monarque ne validant que les noms qui lui sont soumis. Lorsqu'un gouvernement perd la confiance du Parlement, le Premier ministre doit présenter sa démission au souverain. Le gouvernement peut également demander au Parlement la destitution du monarque s'il le juge inapte à assumer ses fonctions.
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+ Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement, responsable pénal des actions entreprises par le pays. Il est composé de ministres et de secrétaires d'État, les premiers uniquement siégeant au Conseil des ministres. Le gouvernement est présidé par le Premier ministre des Pays-Bas, assisté d'un ou plusieurs vice-Premiers ministres. Depuis 1945, 15 personnes se sont succédé à la tête du gouvernement, Willem Drees, Ruud Lubbers, Wim Kok et Jan Peter Balkenende étant les plus notables.
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+ L'actuel Premier ministre, le libéral Mark Rutte, est en fonction depuis le 14 octobre 2010. Il dirige un gouvernement majoritaire à la chambre basse entre le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), l'Appel chrétien-démocrate (CDA), les Démocrates 66 (D'66) et l'Union chrétienne (CU), le cabinet Rutte III. Ses vice-Premiers ministres, Hugo de Jonge, Kajsa Ollongren et Carola Schouten, sont issus des partis avec lesquels il fait alliance. Bien que le Premier ministre soit le premier représentant du pays à l'étranger, il est parfois accompagné du roi.
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+ La Seconde Chambre des États généraux étant élue au scrutin proportionnel quasi-intégral[39], les Pays-Bas sont toujours dirigés par un gouvernement de coalition quoique cela ne soit pas une obligation constitutionnelle. Or, depuis longtemps, le corps électoral n'accorde plus la majorité absolue à un parti pour lui permettre de gouverner seul. Le gouvernement a besoin de l'appui de la Seconde Chambre mais peut être minoritaire au Sénat. Le Premier ministre a son bureau au Torentje, bâtiment adjacent au Binnenhof, siège du Parlement, en centre-ville de La Haye. Tous les ministères sont également installés dans la ville. Le gouvernement des Pays-Bas ne siège donc pas dans la capitale, Amsterdam.
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+ Les États généraux du royaume des Pays-Bas (en néerlandais Staten-Generaal), sont le Parlement des Pays-Bas.
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+ Ils comprennent deux chambres : la plus importante, la Seconde Chambre, également dite Chambre des représentants, est la chambre basse du Parlement des Pays-Bas. Elle est élue pour quatre ans. Elle comprend 150 membres élus au suffrage universel direct, au scrutin proportionnel. Elle possède des prérogatives plus importantes que le Sénat. C'est dans la Seconde Chambre que se forment, et tombent, les coalitions de gouvernement. Les ministres sont également politiquement responsables devant celle-ci. Un ministre ou un gouvernement ne peut pas se maintenir sans le soutien d'une majorité à la seconde Chambre, et celle-ci possède trois fonctions principales qui incluent : le contrôle du gouvernement, un rôle de colégislateur (avec le gouvernement et la Première Chambre) et la représentation de la population.
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+ La Première Chambre des États généraux, ou le Sénat, est la chambre haute du Parlement des Pays-Bas. Elle est élue pour quatre ans. Elle comprend 75 membres élus au suffrage universel indirect par les douze provinces du royaume, et les trois territoires insulaires dans les Antilles. La dissolution de la Seconde Chambre entraîne celle de la Première Chambre. La première Chambre dispose de moyens de contrôle de l'exécutif communs avec la Seconde Chambre. Le rôle de la chambre haute dans le vote de la loi est restreint par rapport à celui de la chambre basse. Les projets de loi lui sont transmis après approbation par cette dernière. Elle ne peut pas amender le texte, mais seulement l'approuver ou le rejeter.
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+ Le royaume des Pays-Bas est composé de douze provinces et de trois territoires insulaires dans les Antilles. Chaque province est gouvernée par un commissaire du Roi nommé par le souverain — sur recommandation du corps législatif provincial — et par une députation provinciale, élue par ce même corps législatif (les États provinciaux), élu lui-même par le peuple. Comparativement aux provinces du Canada ou aux États des États-Unis, les provinces néerlandaises ne disposent pas de pouvoirs très étendus, bien que chacune d'entre elles possède son Parlement local ; il s’agit de pouvoirs administratifs qui assurent la liaison entre l'État et les communes. L'essentiel des pouvoirs juridiques, politiques et financiers sont exercés par le gouvernement central, et non par les gouvernements provinciaux. Les municipalités, pour leur part, sont dirigées par un conseil élu et un bourgmestre nommé par décret par le souverain en tenant compte de la majorité au conseil municipal et de l'avis de son commissaire dans la dite province. Un bourgmestre est ainsi choisi sur ses capacités à diriger une ville avec ses attributs spécifiques.
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+ Les Pays-Bas comptent également une autre strate administrative propre à leur histoire : l'Office des eaux des Pays-Bas est une agence du gouvernement assurant un financement de projets d'infrastructure votés en 24 conseils de districts élus. Ces conseils ont pour but de protéger les terres des problèmes liés à l'eau.
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+ Les trois États autonomes d'outre-mer disposent quant à eux d'un Premier ministre propre, d'un Parlement local et d'un gouvernement insulaire, traitant de questions moins régaliennes que le gouvernement des Pays-Bas, à qui revient les questions de diplomatie et de défense des îles.
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+ Les Pays-Bas sont membres fondateurs de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ils appartiennent à l'Union Benelux et sont soumis à la cour de justice Benelux et la cour européenne des droits de l'homme. Jusqu'en 1940, les Pays-Bas suivaient une politique de neutralité, mais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils s'engagent à la construction de l'Union européenne et au maintien de la paix à travers le monde. De plus, avec la prise d’indépendance de nombreuses colonies du pays, ce dernier possède encore une grande influence dans les régions en développement grâce à une présence accrue de ses ressortissants. Les Pays-Bas contribuent au budget annuel des Nations unies à hauteur de 1,65 %.
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+ Le pays est de longue date engagé dans l'aide au développement et dans la défense des droits de l’homme. En 2014, les fonds du pays pour des missions humanitaires a représenté 0,64 % de son PIB. Les Pays-Bas sont fréquemment invités aux sommets du Groupe des vingt, sans en faire partie, bien que la puissance économique du pays soit parmi les 20 premières mondiales.
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+ La Haye est devenue au cours du XXe siècle la capitale mondiale du droit. Elle abrite le siège de nombreuses organisations internationales à caractère juridique :
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+ Les Forces armées néerlandaises sont composées de :
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+ L'ensemble des forces armées emploie environ 51 000 personnes en 2009. Il s'agit d'une force volontaire, le service militaire étant suspendu mais pas aboli. L'armée néerlandaise est aussi composée d'une force de gendarmerie, la maréchaussée royale. Les Pays-Bas dépensent environ 1,17 % de leur PIB en 2014 à l'entretien de leur défense, soit une dotation de 7 602 033 000 €. Le pays dispose de missiles nucléaires américains dans le cadre du plan de partage de l'OTAN.
128
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129
+ Selon l'article no 97 de la Constitution, elles ont pour rôle de « défendre le royaume des Pays-Bas et de défendre ses intérêts dans le monde » et de « protéger et promouvoir la primauté du droit international ». Le pays est actuellement engagé dans la MINUSMA et la coalition internationale en Irak et en Syrie.
130
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131
+ Véhicule de soutien léger de l'armée de terre.
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+ Frégate de la classe De Zeven Provinciën.
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+ Escadron en formation.
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+ Forces britanniques sur le pont d'un sous-marin de classe Walrus.
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+ Au premier janvier 2016, les Pays-Bas comptaient 16 979 120 habitants, contre 16 305 526 habitants en 2005. La population est en constante augmentation, de manière modeste (0,4 % par an en moyenne), et cela essentiellement grâce à l'immigration (Antilles néerlandaises, Turquie, Maroc)[réf. nécessaire]. Avec plus de quatre cents habitants par kilomètre carré, les Pays-Bas font partie des pays les plus densément peuplés d'Europe. La population du pays devrait continuer à augmenter jusqu'en 2060 au moins[40].
140
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141
+ Outre cela, les Pays-Bas ont l'un des taux de criminalité les plus faibles au monde. En 2016, l'État prévoit de fermer neuf prisons d'ici 2020 faute d'occupants des cellules[41].
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143
+ Dans l’État autonome des Pays-Bas (un des quatre états autonomes du royaume), le néerlandais est la langue officielle[42] utilisée par les services publics et la majorité des habitants pour communiquer entre eux. Cependant, ce n'est pas la Constitution qui définit la langue officielle des Pays-Bas, mais la Algemene wet bestuursrecht[43]. Dans la province de la Frise, le frison est reconnu comme seconde langue officielle pour un usage régional[44]. Vers la fin de la 20e siècle, le limbourgeois est reconnu par l'État comme langue régionale politique et juridique[45] et le bas saxon néerlandais est reconnu comme langue régionale le 10 octobre 2018[46], mais ces deux langues ne sont pas reconnues comme officielles. Dans les trois îles aux Antilles faisant part de l'état autonome des Pays-Bas, en plus du néerlandais, le papiamento et l'anglais sont reconnus comme langues officielles pour un usage régional[47]. D'autres dialectes provinciaux proches de la langue commune et des langues étrangères sont également utilisées. Selon différentes études, les Néerlandais sont parmi les peuples à couramment parler le plus de langues étrangères, notamment l'anglais, l'allemand et le français[48],[49].La plupart des habitants parlent couramment l'anglais[50].
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+ Selon les statistiques néerlandaises basées sur une étude effectuée en 2005[51], 42 % des Néerlandais (pratiquant ou non pleinement leur religion) se déclaraient sans religion, 29 % catholiques, 19 % protestants, 5 % musulmans et 5 % d'une autre religion.
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147
+ La communauté islamique regroupe officiellement environ 4,9 % des Néerlandais, contre 9,5 % pour l'Église protestante aux Pays-Bas. La communauté juive néerlandaise ne compte plus que 30 000 membres de nos jours, bien qu'ayant été importante dans le passé.
148
+
149
+ Le système éducatif néerlandais[52] est plus libre[53] que celui de ses grands voisins européens, tels que la France ou le Royaume-Uni. Il est également particulièrement performant, parfois qualifié de meilleur d'Europe avec ceux des pays scandinaves[54]. Les langues étrangères tiennent une place importante dans l'éducation, d'où la bonne maîtrise de langues étrangères dans le pays. Le système éducationnel est scindé en deux entités : une école primaire de six ans puis un choix entre trois types de collèges, plus ou moins longs dans la durée, variant dans les matières enseignées et ouvrant sur différents types d'éducation universitaire[55].
150
+
151
+ Le pays possède une forte densité d'universités réputées — parmi les cent meilleures universités au niveau mondial[56], l'on trouve sept universités néerlandaises : l'université de Leyde, l'université de Wageningue, l'université Érasme de Rotterdam, l'université de technologie de Delft, l'université d'Amsterdam et l'université de Groningue — souvent fondées au XIXe siècle.
152
+
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+ Les grands quotidiens néerlandais les plus lus sont De Telegraaf, Algemeen Dagblad, de Volkskrant, NRC Handelsblad, et Trouw. Het Parool est moins lu mais possède un important passé historique : il a été créé pendant la Seconde Guerre mondiale comme journal d'opposition[57]. Les journaux gratuits Spits et Metro distribués dans les gares et les stations de métro sont également très lus.
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+
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+ Dans le domaine télévisuel, il existe quatre chaînes publiques, et les principales entreprises qui fournissent la télévision commerciale sont RTL Nederland et SBS6, qui gèrent ensemble sept stations au total. D'autres diffuseurs commerciaux qui ciblent des publics particuliers sont Nickelodeon, Comedy Central et Kindernet.
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+
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+ Dans le domaine de la radio, il existe également un grand nombre de stations. Le radiodiffuseur public NPO, la même entreprise que pour le domaine téléviséB se compose de sept chaînes. Radio Pays-Bas internationale (RNW) est une chaîne diffusée à l'international pour les ressortissants néerlandais installés dans d'autres pays. Radio 538, Sky Radio, et Qmusic sont les principaux acteurs sur le marché commercial.
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+ Aux Pays-Bas, un grand degré de liberté de la presse prévaut sans contrôles sur les publications dans la presse ou les diffusions de radio, télévision et Internet. La loi dispose que quiconque se rend coupable d'injure, de discrimination, d'incitation à la haine sera mis en accusation si une plainte est déposée, mais toute forme de satire est autorisée et ne peut être réprimée. La loi sur les médias prévoit le pluralisme des médias dans le système de radiodiffusion publique. L'autorité compétente peut aussi fixer des limites d'âge pour l'accès à certains médias.
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+ Aux Pays-Bas, le football est le sport le plus populaire. L'équipe de football nationale néerlandaise a remporté le Championnat d'Europe de football 1988 et termine deuxième lors des Coupes du monde de 1974, 1978 et 2010. Arrivée troisième lors de la dernière édition, en 2014, la formation néerlandaise est très réputée dans le monde et considérée comme la meilleure équipe n'ayant jamais remporté le tournoi. Ayant développé le « football total » dans les années 1970, elle compte nombre d'anciens joueurs réputés avoir été parmi les meilleurs de leur génération : Johan Cruyff, Dennis Bergkamp, Patrick Kluivert, Edwin van der Sar, Marco van Basten, Ruud Gullit ou encore Arjen Robben sont fréquemment cités. L'actuelle équipe est entraînée par Ronald Koeman. Les Oranjes jouent à domicile à la Johan Cruyff Arena, le plus grand stade du pays. Les autres sports populaires pratiqués en compétition sont le patinage, la natation et le hockey sur gazon. Le cyclisme est ancré dans la culture néerlandaise, et est pratiqué par toutes les couches sociales régulièrement, du fait de l'absence de relief dans le pays, et de l'importance accordée à l'écologie dans la société[58].
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+ Dès la seconde moitié du XIXe siècle, les clubs et les fédérations sportives sont formés. Une figure importante dans l'histoire du sport néerlandais est Pim Mulier, qui met en avant, à la fin du XIXe siècle, un grand nombre de sports jusque-là peu connus aux Pays-Bas et professionnalisés. Il a également été l'initiateur du tour des Onze Villes, une épreuve qui attire à chaque édition de milliers de touristes étrangers, de 200 km de patin à glace naturelle le long des onze grandes villes frisonnes. Depuis, ce sport s'est énormément développé. La première participation des Pays-Bas aux Jeux olympiques remonte à 1900. Depuis, plus de 300 médailles olympiques ont été gagnées par des Néerlandais, dont environ 100 d'or.
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+
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+ La Nederlandse Sport Federatie (nl) (NSF) est l'organisation sportive de coordination des associations sportives néerlandaises et le représentant officiel du pays auprès du Comité international olympique. Amsterdam a accueilli les Jeux olympiques d'été de 1928, et en 1980, les Jeux paralympiques ont eu lieu à Arnhem. Plus récemment, les Pays-Bas ont co-organisés avec la Belgique le Championnat d'Europe de football 2000. En outre, le pays examine une candidature pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2028 à Amsterdam, 100 ans après l'organisation des Jeux de 1928.
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+
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+ Date
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+ Nom français
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+ Nom local
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+ Remarques
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+ Un moulin décoré pour la fête nationale.
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+ Feux traditionnels de Pâques.
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+ Carnaval d'automne.
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+
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+ Saint-Nicolas arrive sur son bateau (avec une soute chargée de cadeaux pour les enfants), ici à Schiedam[N 2].
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+
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+ L'économie des Pays-Bas repose, outre le commerce international, sur les grands groupes néerlandais, la plupart anciens monopoles publics (Damen Group, KPN, Groupe ING, Nederlandse Spoorwegen, TNT Express ou PostNL).
184
+
185
+ Pour 2017, la croissance économique du pays est de 3 % du PIB. En 2018, une croissance de 2,9 % est prévue pour un taux de chômage de 3,9 %. Les Pays-Bas sont le 11e pays du monde en termes de PIB par habitant, avec 52 770 dollars américains annuels par tête en moyenne[59]. Le pays est en outre la 17e puissance économique mondiale.
186
+
187
+ Cependant, le temps de travail hebdomadaire moyen par habitant n'est que d'environ 29 heures, et ce pour une productivité plus forte que la moyenne européenne[60].
188
+
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+ L'agriculture est très mécanisée et emploie à peine 4 % de la population active. Les Pays-Bas sont le deuxième pays exportateur[61] de produits agricoles du monde, et le cinquième en prenant en compte tous les produits échangés. L'entreprise de distribution et de production agroalimentaire néerlandaise Unilever, quatrième mondiale dans son domaine d'activités, s'occupe souvent du transport et de l'emballage des produits exportés depuis les Pays-Bas. Elle possède également de nombreuses marques à travers le monde : Lipton, Knorr, Ben & Jerry's, Magnum entre autres. La grande activité de l'agriculture néerlandaise reste l'élevage qui occupe près de la moitié des exploitations. En nombre d'exploitations, l'horticulture et le maraîchage occupent le deuxième rang. Le pays a connu l'une des premières bulles spéculatives au monde : la tulipomanie. Les tulipes, mais plus généralement les fleurs, restent un symbole des Pays-Bas, qui en sont le premier exportateur au monde. Cependant, la plupart des fermes néerlandaises élèvent des vaches, les vaches de race Holstein étant elles aussi un emblème du pays.
190
+
191
+ Environ onze millions de touristes se rendent chaque année aux Pays-Bas, généralement dans l'une des deux provinces de la Hollande (Méridionale ou Septentrionale), le reste du pays étant moins couru. Dix milliards d'euros sont dépensés chaque année par ces visiteurs en souvenirs et autres marchandises. Le tourisme est une source importante de revenus pour le pays. Les destinations les plus appréciées sont Amsterdam, Giethoorn, Volendam, Kinderdijk, Rotterdam et La Haye. Les gens se rendant aux Pays-Bas souhaitent généralement voir des canaux, des maisons avec le pignon en façade et les célèbres moulins, s'ils ne s'y rendent pas pour des affaires (Rotterdam, Amsterdam et La Haye disposent de grands quartiers financiers, siège de nombreuses entreprises néerlandaises ou internationales). Ils sont là aussi pour goûter les bières et les fromages typiques du pays. La côte néerlandaise est visitée principalement par les habitants du pays, même s'il n'est pas impossible d'y croiser des étrangers. En sus du néerlandais, les habitants parlent également en grande majorité l'anglais, la plupart comprennent l'allemand, et se débrouillent parfois en français, ce qui rend la communication aisée. Le pays a en outre l'un des plus forts taux de musées au mètre carré au monde.
192
+
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+ Le pays est également connu pour le tourisme de la drogue. En effet, certains étrangers se rendent aux frontières, où ils achètent du cannabis dans les coffee shops, chose que les dirigeants voudraient bien faire cesser, c'est-à-dire limiter ce droit aux néerlandais ou fermer les coffee shops se situant aux frontières[62],[63] malgré l'apport conséquent de devises que procure au pays l'existence de ce commerce. La ville de Maastricht, située à la frontière belge, teste depuis 2013 la wietpass, qui n'autorise que les habitants du pays à acheter des substances.
194
+
195
+ Le Rijks d'Amsterdam, qui dispose d'un fonds de plus d'un million d'œuvres, est le musée le plus visité du pays.
196
+
197
+ Entrée du parc de loisirs Efteling (Brabant-Septentrional). Il est, avec 5 millions de visiteurs annuels, l'un des premiers parcs d'attractions en Europe en termes de fréquentation.
198
+
199
+ Les sabots, symbole des Pays-Bas au même titre que les fleurs.
200
+
201
+ Le NEMO (bâtiment vert) avec la réplique du VOC Amsterdam accostée au premier plan dans la ville éponyme. Le musée maritime néerlandais au second plan à droite.
202
+
203
+ Le jardin de Keukenhof. Très visité, il est le plus grand parc floral au monde.
204
+
205
+ La chimie et le raffinage sont concentrés dans le port de Rotterdam, qui n'en a cependant pas l'exclusivité. Il est un port d'importation via le transit vers l'Europe centrale, et de réexport après traitement des denrées. À moindre échelle, le gisement de gaz de Groningue, plus grand d'Europe, permet également d'alimenter les foyers néerlandais et l'export.
206
+
207
+ Les Pays-Bas instaurent durant leur siècle d'or de longues routes commerciales et ouvert des comptoires marchands dans différents pays et l'export de nos jours en est hérité. Les grandes banques néerlandaises et leurs réseaux en sont descendants, appuyés par les infrastructures néerlandaises d'interfaces commerciaux.
208
+
209
+ Le gouvernement expérimente depuis 2014 une économie circulaire autour de la Randstad, avec la participation des plus grandes banques néerlandaises[64].
210
+
211
+ Le secteur néerlandais des nouvelles technologies est notamment représenté par la marque d'électroménager Philips, basée à Eindhoven et l'Institut néerlandais de recherche spatiale, basé à Utrecht. D'autres plus petites sociétés sont implantées dans les régions urbaines néerlandaises, bénéficiant notamment d'une fiscalité leur permettant un développement rapide.
212
+
213
+ Les Pays-Bas sont régulièrement qualifiés de « paradis fiscal qui ne dit pas son nom »[65], en facilitant l'existence de sociétés boîtes aux lettres n'ayant pas d'activité réelle aux Pays-Bas, notamment du fait d'une faille dans le droit néerlandais qui permet à de nombreuses entreprises de pratiquer l'optimisation fiscale. Cette faille permet une double domiciliation d'une entreprise aux Pays-Bas et aux États-Unis, les États-Unis estimant que l'impôt doit être payé aux Pays-Bas et inversement. Ce dispositif sera supprimé le 1er janvier 2020 avec l'entrée en vigueur de la directive européenne anti-évasion fiscale[66].
214
+
215
+ Parmi les entreprises américaines citées pour profiter du système néerlandais et réduire considérablement leur niveau d'imposition figurent Netflix[67], Starbucks[68], Caterpillar, General Electric, Heinz, Nike, Tesla et Uber. Selon Gabriel Zucman, des centaines de milliards de dollars de profits ne sont pas taxés. L'ONG Oxfam classe les Pays-Bas « troisième pire paradis fiscal » après les Bermudes et les îles Caïman
216
+ [69].
217
+ Plusieurs lois sont en cours d'examen aux États généraux pour renforcer la législation financière. Le Premier ministre Mark Rutte cherche notamment à supprimer les failles dans le système d'impôts pour que tous les revenus devant êtres taxés le soient aux taux appropriés. Les lois néerlandaises entendent dès 2019 aller plus loin que ce que la Commission européenne propose en matière de lutte contre l'évasion fiscale[70].
218
+
219
+ Certains bâtiments aux Pays-Bas sont vieux de plus de 1 000 ans. La plupart des administrations ont conservé leurs locaux construits au XVIIe siècle, lors du siècle d'or. Tous les centres-villes du pays sont composés à une très large majorité d'immeubles historiques. Les villes de Rotterdam et d'Eindhoven (bombardées durant la Seconde Guerre mondiale) et les communes du Flevoland (polder stabilisé au XXe siècle) ne possèdent pas d'hyper-centres historiques. Les constructions dans le pays se font principalement avec le même matériau, une brique locale, ce qui donne un aspect d'homogénéité aux banlieues et espaces ruraux du pays.
220
+
221
+ L'éclairage public est allumé alors que le soleil vient de se coucher sur Amsterdam.
222
+
223
+ Centre-ville de Rotterdam, ville candidate à l'Exposition universelle de 2025.
224
+
225
+ Rue commerçante à La Haye.
226
+
227
+ La cathédrale Saint-Martin d'Utrecht de nuit, dominée par sa tour de 112 mètres.
228
+
229
+ Les maisons et bureaux d'anciennes compagnies commerciales sont décorées à l'extérieur de sculptures et de reliefs, montrant la puissance du propriétaire initial à ses visiteurs. Les demeures d'Amsterdam sont souvent étroites mais profondes, avec un jardin partagé à l'arrière. Les pignons à l'avant servaient d'antan à décharger les marchandises arrivant par canal, et des nos jours aux déménagements. Le style néo-classique néerlandais suppose des maisons aux hautes vitres, collées et pas toujours droites, car s'enfonçant dans les eaux. La plupart des châteaux et complexes ayant un cachet sont classés au titre de Rijksmonument (Monument d'État).
230
+
231
+ Le château d'Erp, massif, est l'un des plus anciens du pays.
232
+
233
+ Huis ten Bosch, la résidence du roi à La Haye.
234
+
235
+ Maison d'agriculteur à Dalfsen.
236
+
237
+ Habitations côtières dans le nord du pays.
238
+
239
+ Le château de Haar est aujourd'hui un musée.
240
+
241
+ Bâtiment universitaire à Groningue.
242
+
243
+ Maison dans le village de Grootschermer.
244
+
245
+ La peinture néerlandaise, dite flamande durant l'époque baroque, était principalement matérialisée en les personnes d'Antoon van Dyck, Jan van Eyck, Jérôme Bosch et Pierre Paul Rubens, bien qu'ayant tous des styles différents.
246
+
247
+ Au cours du siècle d'or néerlandais, nombre de peintres atteignent la gloire historique : Rembrandt van Rijn, Johannes Vermeer et Frans Hals vont s'imposer comme les grands maîtres de l'école hollandaise du XVIIe siècle, Pieter de Hooch, Jan van Goyen, Adriaen van Ostade, Willem Claeszoon Heda, les père et fils Van de Velde, Gerrit Berckheyde, Pieter Jansz Saenredam, Jan Steen, Jacob van Ruisdael, Meindert Hobbema suivront. D'autres domaines picturaux sont également servis, par les peintres de l'école caravagesque d'Utrecht par exemple. Plus tard, le pays verra naître le peintre considéré comme le plus grand de tous les temps : Vincent van Gogh. Ses œuvres ont inspiré générations d'artistes, et ses dessins ou toiles ont été vendues à des prix records, mêlant différents styles. Le musée Van Gogh à Amsterdam possède la plupart des réalisations de l'artiste. Au XXe siècle, alors que beaucoup pensaient la peinture néerlandaise appartenir au passé, les peintres Karel Appel, Kees van Dongen, Willem de Kooning ou Piet Mondrian renouvellent le genre et proposent une nouvelle vue sur le monde.Sans oublier le discret mais profond Bram van velde. Paul Gabriël est également largement réputé aux Pays-Bas, car il a peint sur la majorité de ses toiles moulins, polders et champs de fleurs représentatifs du pays.
248
+
249
+ Sont également renommés les carreaux et la faïence de Delft, un art de coloration de la porcelaine au bleu émaillé d'autres couleurs. La plupart des grandes pièces créées par les artisans de Delft sont visibles dans les plus hauts lieux d'Europe, représentant des paysages ou des scènes historiques.
250
+
251
+ Les quatre écrivains néerlandais les plus connus sont sans doute Harry Mulisch, Willem Frederik Hermans, Gerard Reve et Hella Haasse. La Découverte du ciel par Harry Mulisch, s'il n'est pas le roman le plus connu, il est par vote, reconnu comme le meilleur roman néerlandais de tout temps. Le philosophe Baruch Spinoza est en outre considéré comme un grand penseur, influent sur ses contemporains, tout comme le poète Hendrik Marsman.
252
+
253
+ Les Pays-Bas ont un riche passé de musique classique, la langue néerlandaise ayant été fédératrice dans les arts. Bien que situé près de la Scandinavie, le royaume néerlandais a connu un destin différent concernant sa musique traditionnelle, influencée par l'Allemagne, plus proche.
254
+
255
+ Au XXe siècle, la nederpop était le courant musical principal dans le pays même si d'autres styles étaient écoutés. Parmi de nombreux genres musicaux actuels, les Pays-Bas sont le berceau d'une musique électronique connue sous les termes de hardcore et gabber. Le pays est hôte de plusieurs grands festivals d'envergure mondiale, à savoir le Thunderdome, le Sensation, le Mystery Land et l'Amsterdam Dance Event. Aujourd'hui, le principal mouvement musical électronique néerlandais est la Dirty Dutch House, popularisée par des artistes tels qu'Afrojack, Chuckie ou Glowinthedark. Le pays est mondialement renommé pour sa musique électronique : de nombreux artistes majeurs sont néerlandais, et parmi les plus connus se trouvent Angerfist, Tiësto, Hardwell, Armin van Buuren, Vicetone, Showtek, Blasterjaxx, Nicky Romero, Don Diablo, Oliver Heldens ou encore Martin Garrix.
256
+
257
+ Le plus important festival de cinéma aux Pays-Bas est le Festival international du film de Rotterdam (IFFR), mais le Festival du cinéma néerlandais d'Utrecht est celui le plus suivi dans le pays. Le festival international, l'un des plus populaires en Europe ne juge que les deux premiers longs métrages d'un auteur. Un autre festival d'importance internationale est le Festival international du film documentaire d'Amsterdam (IDFA). Il est considéré comme le plus important festival de films documentaires au monde.
258
+
259
+ Le petit déjeuner et le déjeuner néerlandais sont des repas à base de tranches de pain à tartiner avec du fromage, des tranches de viande froide, ou des gourmandises telles que la confiture, le rinse appelstroop (sirop de pomme à tartiner), le pindakaas (beurre d'arachide à tartiner), le hagelslag et vlokken (vermicelles au chocolat à tartiner).
260
+
261
+ Pour le dîner, le plat principal est habituellement composé d'une source de protéines (viande, ou poisson), d'un féculent (pommes de terre, riz ou pâtes) et d'un ou plusieurs légumes verts. Le stamppot, une purée de légumes et de pommes de terre, accompagnée de viande, est une spécialité d'hiver. Il en est de même des frites, accompagnées d'une sauce mayonnaise, quoique plus souvent consommées en été. De nombreuses brasseries servent des frites, en plus des croquettes locales, des fricandelles aux différentes sauces, des soufflés au fromage et d'autres apéritifs chauds. Dans ces lieux, mais aussi dans les gares, il existe des distributeurs automatiques de petits repas chauds.
262
+
263
+ Le pays produit de nombreux fromages, tels le gouda, le leidse kaas (une forme de komijnekaas, fromage au cumin), l'edam ou encore le hollandse gatenkaas (dont le Leerdammer).
264
+
265
+ Beaucoup de spécialités néerlandaises sont méconnues internationalement. Assez célèbres sont les maatjes qui consistent en une dégustation de harengs marinés que l'on tient par la queue avant de les avaler. Les moules et frites sont un plat typiquement néerlandais et belge, la plupart des moules vendues en Belgique venant de Zélande. Les poissons comme la sole ou le haddock sont également très appréciés. Les Pays-Bas sont également un pays de bière, on y trouve l'une des sept fabriques de bières trappistes (La Trappe), les six autres se trouvant en Belgique. Les différentes bières sont Bavaria, Grolsch, Hertog Jan, Amstel, Amsterdam, Heineken, ou encore Dommelsch. Le jenever (genièvre) est un alcool typique des Pays-Bas, décliné en plusieurs parfums tel le cassis ; sur les marchés de Noël à côté des baraques servant du vin chaud, il y a aussi des baraques servant du genièvre chaud.
266
+
267
+ Les Pays-Bas ont une longue tradition de café, par exemple la marque Jacobs Douwe Egberts est distribuée en Europe. Rarement bu noir, le café est soit servi avec de la crème séparée, soit une recette locale est appliquée[71]. Le thé est aussi apprécié des Néerlandais, en raison de circonstances historiques, et se déguste généralement avec le typique appelgebak (sorte de gâteau aux pommes avec de la cannelle) généralement servi avec de la crème chantilly.
268
+
269
+ Il existe de nombreuses pâtisseries dont la plus emblématique est sûrement le spéculoos, un petit biscuit croquant à la cannelle. Comme en Allemagne, la cannelle est très présente dans la pâtisserie néerlandaise, également beaucoup de petits gâteaux secs comme les bredele alsaciens. Une spécialité des Pays-Bas est la gaufrette au caramel, la stroopwafel, qui se fait partout dans le pays et que l'on peut déguster chaude sur les marchés. Les poffertjes, sortes de blinis saupoudrés de sucre glace, sont également très appréciés, tout comme les bonbons au réglisse drops.
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+ Les Pays-Bas ont pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Royaume des Pays-Bas
2
+
3
+ Koninkrijk der Nederlanden
4
+
5
+ 52° 22′ nord, 4° 53′ est
6
+
7
+ UTC +1 (HEC) ;
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les Pays-Bas (en néerlandais : Nederland), en forme longue le royaume des Pays-Bas (Koninkrijk der Nederlanden), sont un pays d'Europe de l'Ouest, frontalier avec la Belgique au sud et l'Allemagne à l'est, possédant également une frontière avec la France sur l'île de Saint-Martin (Caraïbes). Monarchie constitutionnelle comptant 17,2 millions d'habitants en 2019, le pays a pour capitale Amsterdam[1], bien que les institutions gouvernementales — exécutif, législatif et judiciaire[7] — siègent à La Haye. Il est administré en quatre territoires autonomes : Aruba, Curaçao, Saint-Martin et le territoire européen[8], lui-même divisé en douze provinces, auxquelles s'ajoutent trois autres communes à statut spécial situées outre-mer (Bonaire, Saba et Saint-Eustache). Géographiquement, le pays dispose de caractéristiques uniques, possédant l'une des altitudes moyennes les plus faibles au monde : environ un quart du territoire en Europe est situé sous le niveau de la mer du Nord, qui le baigne à l'ouest et au nord[9],[10],[11]. 18,41 % de la superficie totale des Pays-Bas est couverte d'eau.
12
+
13
+ Les territoires aujourd'hui rassemblés en tant que Pays-Bas sont dans leur histoire relativement indépendants de tout pouvoir royal centralisé avant le XVIe siècle bien que temporairement inclus dans le Saint-Empire romain germanique. Alors que Charles Quint affirme une unité nationale en 1549, son fils Philippe II voit la révolte des habitants des Pays-Bas contre son autorité lors de la guerre de Quatre-Vingts Ans[12],[13]. La république est alors fondée sur sa défaite[14]. Le nouvel État connaît un siècle d'or[15], lorsqu'il constitue un Empire colonial dont les vestiges sont les territoires caribéens conservés aujourd'hui, portant son rayonnement culturel et artistique à un niveau mondial[16]. Affaibli par les guerres napoléoniennes et la capture de sa flotte navale, le pays devient le royaume de Hollande en 1806 et ne revient pas à un régime républicain lors du départ des Français, en 1815. Il est l'un des premiers États au monde à se doter d'un système parlementaire élu qui n'est pas renversé. À partir de 1848, les Pays-Bas sont gouvernés comme une démocratie parlementaire sous l'influence de Johan Thorbecke, durant le règne de Guillaume II. Avec une longue tradition de tolérance sociale, ils sont généralement vus comme un pays progressiste et novateur, en abolissant la peine de mort en 1870, en autorisant le droit de vote des femmes en 1917 et en décriminalisant relativement tôt l'avortement, la prostitution, l'euthanasie, ainsi que certaines drogues. Le poète français Charles Baudelaire décrit les Pays-Bas en 1868 comme un lieu « où tout est beau, riche, tranquille, honnête », avant d'ajouter : « pays singulier, supérieur aux autres »[17].
14
+
15
+ Restés neutres durant la Première Guerre mondiale et engagés dans le camp des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas signent en 1945 avec la Belgique et le Luxembourg le traité économique d'union douanière du Benelux, négocié pendant le conflit par les gouvernements en exil des trois pays à Londres. Par la suite, dans son histoire contemporaine, le pays devient l'un des membres fondateurs de l'ONU, de l'UE, de l'OTAN, de l'OCDE et de l'OMC. La construction du plan Delta, système de protection des terres contre la mer, l'une des Sept Merveilles du monde moderne, est achevée en 1997, après 47 ans de travaux. En 2001, le pays devient le premier au monde à rendre possible le mariage homosexuel, tandis que l'année suivante, l'euro est adopté comme monnaie en remplacement du florin néerlandais. Figurant dans les années 2010 parmi les États les plus démocratiques et les moins corrompus au monde, les Pays-Bas en sont l'un des pays les plus développés selon le rapport annuel des Nations unies sur l'IDH et le premier concernant le bonheur des enfants d'après l'UNICEF[18]. Le pays est également le deuxième au monde concernant la liberté de la presse selon Reporters sans frontières[19], premier quant à l'équilibre entre vies personnelle et professionnelle selon l'OCDE[20], et « troisième pire paradis fiscal » après les Bermudes et les îles Caïman pour l'ONG Oxfam[21].
16
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+ À l'apogée de l'État bourguignon à la fin de la période médiévale, la partie nord des possessions ducales, dans ce qui est actuellement le territoire belge et néerlandais, est appelé « États de par-deçà » ou « Pays-Bas » pour les distinguer des « États de par-delà » (Bourgogne proprement dite et Franche-Comté). Là est l'origine du terme de la région historique des Pays-Bas, terme qui sera donné au cours des siècles et sous différentes formes et à plusieurs pays sur ce territoire.
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+ Le nom du pays fait allusion à son altitude peu élevée et par conséquent à sa lutte permanente contre les eaux. Cependant, pour l'appellation « Hollande��», la signification du nom est « pays creux ». Une synecdoque courante parfois pratiquée par les Néerlandais eux-mêmes désigne les Pays-Bas du nom de Hollande, ainsi que les Néerlandais par les Hollandais et parfois la langue néerlandaise par le hollandais. La Hollande stricto sensu n'est que l'une des régions des Pays-Bas divisée en deux provinces (Hollande-Septentrionale et Hollande-Méridionale), abritant les grandes villes du pays (Amsterdam, La Haye, Rotterdam)[22], et le hollandais une catégorie de dialectes parlés dans ces provinces.
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+ Précocement et largement urbanisé par rapport à la moyenne européenne, le pays préserve cependant en son centre une vaste étendue boisée désignée comme son cœur vert. Cette région est généralement associée au Waterland (« Pays de l'eau » en néerlandais), territoire situé au nord d'Amsterdam, composé essentiellement de lacs et de canaux. Le climat des Pays-Bas européens est tempéré océanique, c'est-à-dire présentant un été souvent frais et un hiver marqué. Les îles dans les Caraïbes sont pour la plupart à climat tropical (Saint-Eustache, Saint-Martin), même si Saba et Curaçao sont plus sèches.
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+ Un quart du territoire néerlandais européen se situe sous le niveau de la mer et atteint même plus de 6,76 mètres en négatif, record en Europe[23]. Or, d'après les scientifiques, les terres de très basse altitude (en dessous de 10 mètres) pourraient être très vite affectées par la montée des océans. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat) considère par ailleurs le delta du Rhin comme l'un des plus vulnérables du monde. Les Pays-Bas entrent pour cette raison dès les années 1980 dans une logique de développement durable[réf. nécessaire]. Les sols aux Pays-Bas sont très fertiles, donc très importants dans l'économie du pays. Le centre du pays alterne forêts et espaces sablonneux, l'est se compose de landes, tandis que le Limbourg, au sud, a un paysage composé de collines calcaires. Le paysage touristique des champs de tulipes est visible essentiellement dans les environs d'Amsterdam et de La Haye (Westland), les visiteurs internationaux se rendant généralement à Lisse.
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+ La lutte contre les eaux est toujours présente : l'aspect du littoral néerlandais est considérablement modifié dans le temps en raison de catastrophes naturelles et de l'intervention humaine, notamment via l'apparition des lacs de bordure. Une perte de terre notable a lieu avec la tempête de 1134, qui créé l'archipel devenu la province de Zélande (Zeeland en néerlandais, « pays de la mer ») dans le Sud-Ouest. Lors de plusieurs inondations mémorables dont celle de la Sainte-Lucie, la mer du Nord envahit la partie centrale du pays en absorbant le lac Flevo pour former le Zuiderzee.
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+ En 1421, l'inondation de la Sainte-Élisabeth fait céder les digues à plusieurs endroits. Ces dernières ne sont alors plus convenablement entretenues car le pays est alors en guerre civile (rivalités entre les Hameçons et les Cabillauds). Cette inondation remplace le polder nouvellement asséché par une véritable mer intérieure. Les terres alors submergées sont encore aujourd'hui sous les eaux. Le célèbre parc national De Biesbosch en fait partie. Les parties qui sont regagnées sur les eaux sont l'île de Dordrecht, l'île de Hoeksche Waard et une pointe dans le Nord-Ouest du Brabant-Septentrional. Le pays doit de nouveau faire face au XVIe siècle à deux grandes inondations qui causent la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes : à la Saint-Félix en 1530 et à la Toussaint 40 ans plus tard.
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+ Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953, de nombreuses digues des provinces de Zélande, de Hollande-Méridionale et du Brabant-Septentrional ne résistent pas à la combinaison des grandes marées et d'une tempête venant du Nord-Ouest. Sur les îles et sur le continent, de vastes zones du pays sont complètement inondées et un millier de personnes tuées. Pour éviter que de pareilles catastrophes se reproduisent, un ambitieux projet est imaginé et mis en œuvre : le plan Delta, construit entre 1950 et 1997, composé de barrages, d'écluses, de digues, et de barrières pour contrer les montées subites d'eau dans le Sud-Ouest des Pays-Bas, pour protéger de larges zones de terre contre la mer. Ce projet vient renforcer l'Houtribdijk et l'Afsluitdijk, digues établies en mer du Nord, à la suite des larges inondations subies par le pays en 1916, dans le cadre des travaux du Zuiderzee. Longues d'environ 30 kilomètres chacune et inaugurées dans les années 1930, la superficie du lac d'eau douce qu'elles créé atteint plus de 110 000 hectares. L'Office des eaux des Pays-Bas surveille en permanence les nombreux cours d'eau du pays. Dès le XIIe siècle, une telle société est mise en place dans le pays pour coordonner les efforts des différents territoires dans la lutte contre les eaux. Avec un budget très important, cette agence découpe les Pays-Bas en 24 districts et a pour objectif la prévention de nouvelles catastrophes (en coordination avec la Rijkswaterstaat, qui gère les infrastructures nationales), et, le cas échéant, la gestion des populations concernées. Les 24 Offices régionaux ordonnent notamment le rehaussement de certaines voies de circulation en campagne pour qu'elles contiennent l'eau en cas de perforation d'une digue, afin que les autorités aient assez de temps pour évacuer les habitants. Cependant, ces dernières investissent en moyenne un milliard d'euros chaque année à l'entretien des systèmes de régulation des eaux, et les nouvelles normes de sécurité sur lesquelles sont construites les digues — les plus strictes au monde — réduisent largement le risque que de nouvelles catastrophes puissent avoir lieu. Les agences de l'eau fonctionnent sous le principe de la démocratie fonctionnelle, leurs membres étant élus dans les zones sur lesquelles elles ont autorité.
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+ Le 24 juin 2015, un tribunal de La Haye impose à l'État de réduire d'ici 2020 de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre, par rapport au niveau de 1990. Le juge donne raison à un collectif de citoyens, en estimant que les gaz rejetés nuisent à la santé publique, et que l'État doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la population. Ce jugement est une première mondiale, mais l'État indique qu'il fera appel[24], tout en réévaluant sa projection de réduction d'émissions de gaz à effet de serre à 16 % d'ici à 2020[25]. En 2018, les États généraux votent une loi obligeant le gouvernement à mettre en œuvre une réduction de 95 % des émissions par rapport au niveau de 1990 d'ici à 2050. Les voitures à essence et au diesel seront également interdites d'ici à 2030[26].
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+ Le mois de juin 2019 a été le plus chaud jamais enregistré aux Pays-Bas[27]
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+ Le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) des Pays-Bas[Note 1] est le 4 mai[28]. Les Pays-Bas sont l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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+ Le nombre d'insectes volants aux Pays-Bas a chuté de 75 % depuis les années 1990[29].
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+ Les Pays-Bas sont menacés de disparition à cause de l'élévation du niveau de la mer[30].
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+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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+ En décembre 2018, les Pays-Bas comptait 196 sites dont :
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+ La superficie totale est de 20 605 km2, ce qui représente 13,3 % de la surface terrestre et marine du territoire des Pays-Bas[31].
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+ Idéalement situés en Europe, les Pays-Bas ont d'importantes infrastructures de transport. Le port de Rotterdam est le plus grand d'Europe et l'un des plus importants au monde. Les autres ports importants du pays sont le port d'Amsterdam, le port d'Ems et celui de Vlissingen-Oost. L'arrière-pays de ces ports est composé d'un vaste réseau de rivières, canaux et autres voies navigables. La façade maritime joue donc un rôle important dans l'économie néerlandaise. Les fleuves du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut provenant des pays voisins et aboutissant à la mer du Nord, ont fait durant des siècles, et font toujours, des Pays-Bas une plaque tournante pour les transports intérieurs européens.
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+ L'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, est le plus grand aéroport des Pays-Bas et le troisième européen en nombre de passagers, accueillant chaque année plus de 60 millions de personnes. L'aéroport d'Eindhoven est, depuis 2006, le plus grand aéroport régional aux Pays-Bas, devant l'aéroport de Rotterdam-La Haye. Ce dernier est cependant l'aéroport officiel pour les réceptions diplomatiques. La KLM Royal Dutch Airlines est la compagnie aérienne nationale ; fondée en 1919, elle est la plus vieille compagnie aérienne du monde encore en activité. Ses avions bleus, surnommés les « blue birds », font de nos jours partie de l'identité nationale néerlandaise.
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+ Le vélo est un mode de transport très répandu aux Pays-Bas. Au quotidien, en 2011, il est le mode de transport principal le plus employé (31 %) après la voiture (49 %), mais est majoritaire dans les villes[32]. Les autoroutes du pays sont très utilisées et sans péages. La totalité des voies routières atteint une longueur totale d'environ 116 500 kilomètres.
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+ Le réseau ferroviaire atteint une longueur totale de 2 808 kilomètres et est l'un des plus fréquentés en Europe. Le transporteur national privé, la Nederlandse Spoorwegen (NS), assure les liaisons par rail à travers le pays. Des bus urbains et régionaux sont également largement utilisés par ces transporteurs. Dans le cadre d'un plan européen de voyage à grande vitesse par rail, les Pays-Bas ouvrent la HSL-Zuid en 2009, reliant Amsterdam à la frontière belge. Il s'agit de la seule LGV du pays en activité, que les trains de Thalys, de la High Speed Alliance et d'Eurostar empruntent à destination de la France, de la Belgique, de l'Allemagne et du Royaume-Uni. Une nouvelle ligne à grande vitesse reliant Amsterdam à la frontière allemande, la HSL-Oost, est en projet, visant à supporter l'activité de la ligne de la Betuwe.
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+ Le royaume des Pays-Bas est constitué, depuis la dissolution de la fédération des Antilles néerlandaises le 10 octobre 2010, de quatre territoires autonomes[33] : les Pays-Bas, Aruba, Curaçao et Saint-Martin.
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+ Le royaume des Pays-Bas comprend trois territoires insulaires dans les Antilles : Aruba, Curaçao et Saint-Martin. Les Antilles néerlandaises annoncent dans les années 2000 vouloir réformer leur statut. Un référendum local aux Antilles approuve le changement qui est inscrit et ratifié dans la Constitution du royaume. Les Antilles commencent leur réforme le 1er juillet 2007 : Saint-Martin et Curaçao ont obtenu transitoirement le statut de collectivités reconnues, avant de devenir en octobre 2010 des territoires autonomes dans le royaume, comme Aruba.
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+ Les autres îles des Antilles néerlandaises, Bonaire, Saba et Saint-Eustache (Pays-Bas caribéens) deviennent des municipalités des Pays-Bas à statut particulier. L'administration de ces trois îles est partagée entre l'Office national des Pays-Bas caribéens (en néerlandais, Rijksdienst Caribisch Nederland) et l'administration locale. Ces trois îles, au contraire d'Aruba, Curaçao et Saint-Martin, ont le droit de vote aux élections législatives néerlandaises, les États autonomes disposant de leur propre Parlement et gouvernement. Un gouverneur, nommé sur proposition du Premier ministre insulaire, y représente le monarque.
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+ Les Pays-Bas actuels sont habités durant la dernière période glaciaire.
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+ Par la suite, en évoluant, plusieurs peuples habitent le territoire des actuels Pays-Bas et de la Belgique. Outre les Belgae et les Frisons, les Francs et les Saxons, les Bataves, qui s'établissent sur place[34], sont par la suite assimilés par les Francs saliens.
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+ Jules César conquiert les Pays-Bas autour de l'année 58 av. J.-C., ce qui en fait la frontière nordique de l'Empire romain. Dans la Guerre des Gaules, Jules César ne fait cependant aucune mention des Bataves[35]. La première référence aux Bataves remonte à l'an 12 av. J.-C. ; les Romains construisent les premières villes et introduisent, dans la région, l'écriture. Le Nord des Pays-Bas, qui est en dehors de l'Empire romain et où vivent les Frisons, est également fortement influencée par son puissant voisin méridional.
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+ La civilisation romaine cède la place aux peuples germaniques qui fusionnent avec les habitants pour former trois peuples : les Frisons le long de la côte, les Saxons dans l'Est et les Francs dans le Sud. La fin du royaume des Frisons survient en 734 sur les rives de la Boarn, lorsque les Frisons sont défaits par les Francs, qui occupent la partie occidentale jusqu'à la Lauwers. Les Francs attaquent l'Est du Lauwers en 785, quand Charlemagne bat Widukind.
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+ En 843, par le traité de Verdun, l'Empire franc est divisé en trois : la Francie occidentale (la France), la Francie médiane (Lotharingie) (allant du centre de l'Italie à la Frise) et la Francie orientale (communément nommée Germanie, noyau du futur Saint-Empire romain germanique). Le territoire des Pays-Bas actuels fait alors partie de la Lotharingie, à l'exception de la rive gauche de l'Escaut (actuelle Flandre zélandaise). Celle-ci disparaît rapidement : les terres néerlandaises contemporaines sont annexées par l'Empire germanique (traités de Meerssen et de Ribemont). La plupart des Pays-Bas est occupée par le Viking jutes Rorik de Dorestad aux environs de 840 à 880. La suprématie des Vikings est détruite en 920 quand le roi Henri Ier de Germanie libère Utrecht. Les Pays-Bas sont alors réintégrés dans le Saint-Empire entre les Xe et XIe siècles.
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+ Une grande partie de l'Ouest des Pays-Bas est à peine habitée entre la fin de la période romaine et autour de 1100. Vers 1000, les fermiers flamands et d'Utrecht commencent à acheter les terres marécageuses, à les assécher et à les cultiver. Ce processus se produit rapidement et le territoire inhabité est occupé en quelques générations. Des fermes indépendantes qui ne font pas partie de villages sont construites, ce qui est alors unique en Europe. Avant cette période, la langue et la culture de la majeure partie des individus habitant dans l'actuelle région de Hollande est frisonne, aujourd'hui culturellement plus présente dans la région de Frise occidentale. La conquête de ces nouvelles terres progressant, la région devient la région de Hollande au XIIe siècle. Des villes s'épanouissent, particulièrement dans le comté de Flandre et dans le duché de Brabant. Le Saint-Empire romain germanique ne peut pas maintenir l'unité politique : en plus de l'indépendance croissante des villes, les lois locales transforment les comtés et duchés en royaumes privés. Les divers États féodaux sont dans un état de guerre presque continuel.
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+ Les provinces formant actuellement les Pays-Bas sont progressivement rassemblées, par mariage, achat ou conquête par les ducs de Bourgogne, qui contrôlent aussi, au sud, Anvers, première place boursière mondiale. Cet ensemble de Dix-Sept Provinces passe par héritage à Charles Quint, descendant à la fois des ducs de Bourgogne et des Habsbourg. Marie de Bourgogne, la fille de Charles le Téméraire, épouse l'empereur Maximilien Ier. La Frise, la région d'Utrecht, la région de Groningue et des Ommelanden, la Drenthe et la Gueldre sont rattachées progressivement au domaine des Habsbourg après des décennies de relations conflictuelles avec le duc de Gueldre. Sous le règne de Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique et roi d'Espagne, la région fait partie des 17 provinces des Pays-Bas espagnols qui comprend également la Belgique, le Nord-Pas-de-Calais actuel et une partie de la Picardie.
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+ Lors des XVe et XVIe siècles, Érasme, théologien originaire de Rotterdam, publie divers ouvrages humanistes ; ce nouveau mouvement de pensée, qui met l'homme au centre des préoccupations, est rapidement suivi dans l'Europe entière grâce à l'imprimerie, libre dans le pays.
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+ En janvier 1579, l'indépendance des Provinces-Unies est consacrée par l'Union d'Utrecht. La république ainsi créée comporte un ensemble de sept provinces — plus leurs dépendances — comportant chacune un Parlement ainsi qu'un gouverneur. Ces provinces sont indépendantes les unes des autres, et peuvent lever les impôts ainsi que des armées séparément. La jeune république des Provinces-Unies ne sera reconnue qu'en 1596 par la France et en 1648 par l'Espagne. Dans le Sud des Provinces-Unies, les pays de la Généralité (actuelles provinces de Zélande et du Brabant-Septentrional), sous contrôle du gouvernement central, forment alors un espace stratégique entre les Pays-Bas espagnols au sud, la Belgica Regia[36] (qui deviendra les Pays-Bas autrichiens, la future Belgique) et les Pays-Bas protestants et calvinistes au nord conduits par le pouvoir d'Amsterdam.
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+ Le cas des Provinces-Unies à la fin du XVIe siècle est tout à fait particulier, puisque c'est le jeune stathouder Guillaume d'Orange qui va mener une véritable révolution partie de Bruxelles lors de l'exécution des chefs de la noblesse dressés contre le pouvoir espagnol, aussi appelée la révolte des Gueux. Il en résultera une guerre connue sous le nom de guerre de Quatre-Vingts Ans de 1568 à 1648, conduisant les Néerlandais à l'indépendance de la couronne d'Espagne. Dès lors, les Pays-Bas vont entrer dans la période du « Gouden Eeuw », un âge d'or caractérisé par la prospérité économique et culturelle de la république néerlandaise et par une urbanisation précoce doublée d'un essor démographique soutenu en Hollande et Zélande. Les explorateurs du pays fondent de nombreuses colonies aujourd'hui connues sous d'autres noms, telles que l'Indonésie, l'Afrique du Sud, le Suriname, Taïwan, la Tasmanie ou encore la Nouvelle-Zélande. Avec sa Compagnie néerlandaise des Indes orientales et Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui utilisent la rixdale comme monnaie internationale, l'armada des Pays-Bas est l'une des plus puissantes au monde. Le pays doit cependant parfois céder des territoires aux autres puissances : la Nouvelle-Néerlande (futurs États américains de New York et du New Jersey, perdus à la suite de la signature du traité de Westminster) et la Nouvelle-Hollande d'Australie sont intégrées à l'Empire britannique, la Nouvelle-Hollande brésilienne est rendue aux Portugais, et la Nouvelle-Hollande en Acadie est donnée aux Français après la signature des traités de Nimègue avec le roi Louis XIV.
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+ La métropole bénéficie grandement des colonies, principalement sous l'aspect économique : la ville d'Amsterdam atteint un niveau de vie bien supérieur à celui de Paris, de nombreux individus chassés des autres pays d'Europe pour des raisons religieuses s'installent dans le pays, qui porte l'image d'un État riche et tolérant. L'armée néerlandaise teste également, lors de différents conflits, une nouvelle technique de guerre : lors de la troisième guerre anglo-néerlandaise, les autorités font inonder des terrains fermiers autour d'Amsterdam pour empêcher l'avancée des troupes ennemies et ne pas avoir à se battre frontalement avec une armée à la puissance supérieure. Les agriculteurs recevaient une compensation monétaire pendant le temps de leur hébergement dans la capitale.
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+ Transformé dans un premier temps en république par la révolution batave (menée par les « patriotes »), de 1795 à 1806, et dans un second temps en royaume de Hollande, de 1806 à 1810, le pays est par la suite intégré dans l'Empire français, sous Napoléon. Ce dernier organise en janvier 1795 la capture de la flotte hollandaise au Helder, afin de déstabiliser le pouvoir républicain et finalement placer son frère à la tête du royaume créé en 1806.
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+ En 1815, le Luxembourg est élevé au rang de grand-duché. Guillaume VI d'Orange, fils du stathouder Guillaume V des Provinces-Unies, devient Guillaume Ier, roi des Pays-Bas et grand duc de Luxembourg. Guillaume reçoit le Luxembourg à titre personnel, comme compensation pour la perte de ses territoires allemands (Nassau et Fulda). Un nouveau pays est alors fondé lors du congrès de Vienne de 1815, sous le nom de « royaume uni des Pays-Bas ».
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+ Il rassemble les actuels territoires du Benelux ainsi que les colonies néerlandaises, dont la plus importante est les Indes orientales néerlandaises, l'actuelle Indonésie. Son premier roi est Guillaume d'Orange-Nassau, l'un des vainqueurs de la bataille de Waterloo. Le royaume a deux capitales : Amsterdam et Bruxelles. En 1830, la Belgique se soulève. Peuplée surtout de catholiques, elle supporte mal le règne du protestant Guillaume Ier, mais aussi sa politique d'imposition de la langue néerlandaise comme seule langue officielle. La révolution belge aboutit à la création du nouveau royaume de Belgique (région des Pays-Bas méridionaux), qui intègre également le Luxembourg. La convention de Zonhoven en 1833, met fin officiellement au conflit. Le grand duché reste intégré à la Belgique jusqu'en 1839, date à laquelle sa moitié orientale est érigée en État indépendant, le grand-duché de Luxembourg, membre de la confédération germanique. Ce nouvel État et le royaume des Pays-Bas restent toutefois jusqu'en 1890 en union personnelle, c'est-à-dire partageant le même souverain. Le traité sur le tracé des frontières avec la Belgique date de 1843.
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+ Créé par décret le 19 avril 1839, le royaume des Pays-Bas prospère économiquement. Il se démocratise peu à peu, sous l'impulsion d'une réécriture de sa Constitution en 1848, menée par Johan Rudolf Thorbecke. Il connaît cependant à la fin du XIXe siècle ce qui sera par la suite appelé la « guerre scolaire », conflit politique opposant les écoles publiques et privées. Les Pays-Bas n’abolissent l’esclavage dans leurs colonies qu’en 1863[37]. En 1879 est créé par le pasteur Abraham Kuyper le premier parti politique néerlandais, le Parti antirévolutionnaire. Étant neutre pendant la Première Guerre mondiale, le pays accueille des réfugiés belges persécutés par le Gouvernement général impérial allemand de Belgique. Cependant, en 1915, ce dernier fait installer une clôture électrique à la frontière entre les deux pays, rendant tout passage impossible. En 1917, tous les hommes de plus de 18 ans obtiennent le droit de vote, suivis par les femmes en 1919.
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+ Les Pays-Bas sont envahis par l'Allemagne en mai 1940 sans déclaration de guerre préalable. Cette invasion donne lieu à la bataille des Pays-Bas, au cours de laquelle l'armée néerlandaise est vaincue, et la ville de Rotterdam quasiment rasée par les bombardements. La bataille se solde par la capitulation des forces néerlandaises, et le gouvernement dut s'exiler à Londres. Pieter Gerbrandy, opposé à une domination allemande et partageant l'opinion des Britanniques, est provisoirement nommé Premier ministre par la reine Wilhelmine pour remplacer Dirk Jan de Geer, qui avait préconisé la négociation d'une paix séparée. Le pays développe plusieurs réseaux de résistance face à l'occupant allemand et des milliers de citoyens manifestent à travers le pays pour diverses raisons, comme la grève de février 1941 à Amsterdam pour dénoncer les déportations de Juifs néerlandais vers l'Allemagne. Bien que les mouvements alliés visant à libérer le pays (notamment l'opération Market Garden), commencent dès 1944, les Pays-Bas ne sont totalement libres qu'en mai 1945, après que la population a vécu un hiver de famine tuant près de 20 000 personnes. L'opération Manna est cependant déclenchée du 29 avril au 8 mai 1945 pour parachuter des vivres.
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+ Les soldats néerlandais venus des colonies ou réfugiés en Grande-Bretagne participent aussi au débarquement puis à la bataille de Normandie, avant de se diriger vers les Pays-Bas à la fin de l'année 1944 pour participer à la libération de leur pays et de la Belgique aux côtés des forces étrangères et des réseaux de résistance[38]. Profitant du conflit, Soekarno proclame l'indépendance de l'Indonésie en 1945, avec le soutien du Japon, qui décrète l'indépendance du territoire après l'avoir envahi en 1941. Il s'ensuit un conflit de quatre ans au terme duquel les Pays-Bas sont conduits à reconnaître l'indépendance indonésienne, élément déclencheur du déclin de la puissance commerciale néerlandaise. À la fin de la Seconde Guerre mondiale sont formellement adoptés les accords de coopération économique du Benelux avec la Belgique et le Luxembourg.
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+ Sortant du conflit planétaire ruinés, les Pays-Bas proposent le plan Bakker-Schut aux forces Alliées en guise de réparation de guerre, mais le projet consistant en l'annexion d'une partie de l'Allemagne est rejeté. Les États-Unis font alors bénéficier le royaume du plan Marshall. En 1948, les Pays-Bas approuvent le principe d'une autonomie des Antilles néerlandaises, proclamée en 1954 (État fédéral autonome des Antilles néerlandaises). En 1962, la Nouvelle-Guinée néerlandaise, maintenue un temps sous la coupe néerlandaise, rejoint l'Indonésie et devient sa province de Nouvelle-Guinée occidentale ; ceci intervient après une tentative de débarquement indonésien pour garantir son rattachement et éviter une indépendance de la dite province, puis un passage provisoire sous l'égide de l'autorité exécutive temporaire des Nations unies. En 1975, la Guyane néerlandaise, actuel Suriname, prend son indépendance du royaume. L'île d'Aruba se détache des Antilles néerlandaises en 1986 pour former une entité propre du royaume. En 2002, l'euro remplace le florin néerlandais, et, en 2005, le pays rejette par référendum le projet de traité constitutionnel européen. En 2009, la famille royale est la cible d'un attentat le jour de la fête nationale, faisant sept victimes. Le 10 octobre 2010, les Antilles néerlandaises sont dissoutes, faisant de Curaçao et de Saint-Martin des États autonomes propres comme Aruba avant eux. Bonaire, Saba et Saint-Eustache, qui font alors également partie des Antilles néerlandaises, intègrent le pays européen en tant que municipalités à caractère particulier sous le nom de Pays-Bas caribéens ou îles BES.
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+ La Constitution (Grondwet) actuellement en vigueur a été adoptée en 1815, et révisée plusieurs fois depuis : elle fait état que les Pays-Bas sont une monarchie. La famille royale est de confession protestante réformée. Hommes et femmes peuvent accéder au trône. Après les rois Guillaume Ier (1815-1840), Guillaume II (1840-1849) et Guillaume III (1849-1890), la régente Emma et les reines Wilhelmine (1898-1948), Juliana (1948-1980) et Beatrix (1980-2013), c'est depuis le 30 avril 2013 que le roi Willem-Alexander est le chef de l'État néerlandais. Après lui, le prochain souverain devrait être la princesse Catharina-Amalia, fille aînée du roi Willem-Alexander et princesse d'Orange.
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+ Le monarque est garant de l'unité du pays. Constitutionnellement, le roi a un rôle dans le processus législatif : la signature royale auprès de celle d'au moins un ministre est indispensable pour valider toute loi. Le roi est également président du Conseil d'État (Raad van State), organe qui conseille le gouvernement sur chaque loi et tribunal suprême en matière de droit administratif. Depuis la reine Wilhelmine, les monarques veillent à ne pas paraître montrer une faveur particulière envers une opinion politique.
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+ Autrefois, le pouvoir royal intervenait dans le choix des ministres et du président du Conseil. Actuellement, il est du rôle du président de la Seconde Chambre des États généraux de désigner un « informateur » (étudiant les possibilités de formations) puis un formateur, généralement le chef du parti vainqueur aux élections, et ce dernier dirige les négociations avec les partis politiques. Lorsque les négociations sont terminées, le gouvernement nommé par le roi est la formation bâtie par le Premier ministre, le monarque ne validant que les noms qui lui sont soumis. Lorsqu'un gouvernement perd la confiance du Parlement, le Premier ministre doit présenter sa démission au souverain. Le gouvernement peut également demander au Parlement la destitution du monarque s'il le juge inapte à assumer ses fonctions.
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102
+ Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement, responsable pénal des actions entreprises par le pays. Il est composé de ministres et de secrétaires d'État, les premiers uniquement siégeant au Conseil des ministres. Le gouvernement est présidé par le Premier ministre des Pays-Bas, assisté d'un ou plusieurs vice-Premiers ministres. Depuis 1945, 15 personnes se sont succédé à la tête du gouvernement, Willem Drees, Ruud Lubbers, Wim Kok et Jan Peter Balkenende étant les plus notables.
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+ L'actuel Premier ministre, le libéral Mark Rutte, est en fonction depuis le 14 octobre 2010. Il dirige un gouvernement majoritaire à la chambre basse entre le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), l'Appel chrétien-démocrate (CDA), les Démocrates 66 (D'66) et l'Union chrétienne (CU), le cabinet Rutte III. Ses vice-Premiers ministres, Hugo de Jonge, Kajsa Ollongren et Carola Schouten, sont issus des partis avec lesquels il fait alliance. Bien que le Premier ministre soit le premier représentant du pays à l'étranger, il est parfois accompagné du roi.
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+ La Seconde Chambre des États généraux étant élue au scrutin proportionnel quasi-intégral[39], les Pays-Bas sont toujours dirigés par un gouvernement de coalition quoique cela ne soit pas une obligation constitutionnelle. Or, depuis longtemps, le corps électoral n'accorde plus la majorité absolue à un parti pour lui permettre de gouverner seul. Le gouvernement a besoin de l'appui de la Seconde Chambre mais peut être minoritaire au Sénat. Le Premier ministre a son bureau au Torentje, bâtiment adjacent au Binnenhof, siège du Parlement, en centre-ville de La Haye. Tous les ministères sont également installés dans la ville. Le gouvernement des Pays-Bas ne siège donc pas dans la capitale, Amsterdam.
107
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108
+ Les États généraux du royaume des Pays-Bas (en néerlandais Staten-Generaal), sont le Parlement des Pays-Bas.
109
+ Ils comprennent deux chambres : la plus importante, la Seconde Chambre, également dite Chambre des représentants, est la chambre basse du Parlement des Pays-Bas. Elle est élue pour quatre ans. Elle comprend 150 membres élus au suffrage universel direct, au scrutin proportionnel. Elle possède des prérogatives plus importantes que le Sénat. C'est dans la Seconde Chambre que se forment, et tombent, les coalitions de gouvernement. Les ministres sont également politiquement responsables devant celle-ci. Un ministre ou un gouvernement ne peut pas se maintenir sans le soutien d'une majorité à la seconde Chambre, et celle-ci possède trois fonctions principales qui incluent : le contrôle du gouvernement, un rôle de colégislateur (avec le gouvernement et la Première Chambre) et la représentation de la population.
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+ La Première Chambre des États généraux, ou le Sénat, est la chambre haute du Parlement des Pays-Bas. Elle est élue pour quatre ans. Elle comprend 75 membres élus au suffrage universel indirect par les douze provinces du royaume, et les trois territoires insulaires dans les Antilles. La dissolution de la Seconde Chambre entraîne celle de la Première Chambre. La première Chambre dispose de moyens de contrôle de l'exécutif communs avec la Seconde Chambre. Le rôle de la chambre haute dans le vote de la loi est restreint par rapport à celui de la chambre basse. Les projets de loi lui sont transmis après approbation par cette dernière. Elle ne peut pas amender le texte, mais seulement l'approuver ou le rejeter.
112
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+ Le royaume des Pays-Bas est composé de douze provinces et de trois territoires insulaires dans les Antilles. Chaque province est gouvernée par un commissaire du Roi nommé par le souverain — sur recommandation du corps législatif provincial — et par une députation provinciale, élue par ce même corps législatif (les États provinciaux), élu lui-même par le peuple. Comparativement aux provinces du Canada ou aux États des États-Unis, les provinces néerlandaises ne disposent pas de pouvoirs très étendus, bien que chacune d'entre elles possède son Parlement local ; il s’agit de pouvoirs administratifs qui assurent la liaison entre l'État et les communes. L'essentiel des pouvoirs juridiques, politiques et financiers sont exercés par le gouvernement central, et non par les gouvernements provinciaux. Les municipalités, pour leur part, sont dirigées par un conseil élu et un bourgmestre nommé par décret par le souverain en tenant compte de la majorité au conseil municipal et de l'avis de son commissaire dans la dite province. Un bourgmestre est ainsi choisi sur ses capacités à diriger une ville avec ses attributs spécifiques.
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+
115
+ Les Pays-Bas comptent également une autre strate administrative propre à leur histoire : l'Office des eaux des Pays-Bas est une agence du gouvernement assurant un financement de projets d'infrastructure votés en 24 conseils de districts élus. Ces conseils ont pour but de protéger les terres des problèmes liés à l'eau.
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+ Les trois États autonomes d'outre-mer disposent quant à eux d'un Premier ministre propre, d'un Parlement local et d'un gouvernement insulaire, traitant de questions moins régaliennes que le gouvernement des Pays-Bas, à qui revient les questions de diplomatie et de défense des îles.
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119
+ Les Pays-Bas sont membres fondateurs de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ils appartiennent à l'Union Benelux et sont soumis à la cour de justice Benelux et la cour européenne des droits de l'homme. Jusqu'en 1940, les Pays-Bas suivaient une politique de neutralité, mais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils s'engagent à la construction de l'Union européenne et au maintien de la paix à travers le monde. De plus, avec la prise d’indépendance de nombreuses colonies du pays, ce dernier possède encore une grande influence dans les régions en développement grâce à une présence accrue de ses ressortissants. Les Pays-Bas contribuent au budget annuel des Nations unies à hauteur de 1,65 %.
120
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+ Le pays est de longue date engagé dans l'aide au développement et dans la défense des droits de l’homme. En 2014, les fonds du pays pour des missions humanitaires a représenté 0,64 % de son PIB. Les Pays-Bas sont fréquemment invités aux sommets du Groupe des vingt, sans en faire partie, bien que la puissance économique du pays soit parmi les 20 premières mondiales.
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123
+ La Haye est devenue au cours du XXe siècle la capitale mondiale du droit. Elle abrite le siège de nombreuses organisations internationales à caractère juridique :
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+ Les Forces armées néerlandaises sont composées de :
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+ L'ensemble des forces armées emploie environ 51 000 personnes en 2009. Il s'agit d'une force volontaire, le service militaire étant suspendu mais pas aboli. L'armée néerlandaise est aussi composée d'une force de gendarmerie, la maréchaussée royale. Les Pays-Bas dépensent environ 1,17 % de leur PIB en 2014 à l'entretien de leur défense, soit une dotation de 7 602 033 000 €. Le pays dispose de missiles nucléaires américains dans le cadre du plan de partage de l'OTAN.
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+ Selon l'article no 97 de la Constitution, elles ont pour rôle de « défendre le royaume des Pays-Bas et de défendre ses intérêts dans le monde » et de « protéger et promouvoir la primauté du droit international ». Le pays est actuellement engagé dans la MINUSMA et la coalition internationale en Irak et en Syrie.
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+ Véhicule de soutien léger de l'armée de terre.
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+ Frégate de la classe De Zeven Provinciën.
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+ Escadron en formation.
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+ Forces britanniques sur le pont d'un sous-marin de classe Walrus.
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+ Au premier janvier 2016, les Pays-Bas comptaient 16 979 120 habitants, contre 16 305 526 habitants en 2005. La population est en constante augmentation, de manière modeste (0,4 % par an en moyenne), et cela essentiellement grâce à l'immigration (Antilles néerlandaises, Turquie, Maroc)[réf. nécessaire]. Avec plus de quatre cents habitants par kilomètre carré, les Pays-Bas font partie des pays les plus densément peuplés d'Europe. La population du pays devrait continuer à augmenter jusqu'en 2060 au moins[40].
140
+
141
+ Outre cela, les Pays-Bas ont l'un des taux de criminalité les plus faibles au monde. En 2016, l'État prévoit de fermer neuf prisons d'ici 2020 faute d'occupants des cellules[41].
142
+
143
+ Dans l’État autonome des Pays-Bas (un des quatre états autonomes du royaume), le néerlandais est la langue officielle[42] utilisée par les services publics et la majorité des habitants pour communiquer entre eux. Cependant, ce n'est pas la Constitution qui définit la langue officielle des Pays-Bas, mais la Algemene wet bestuursrecht[43]. Dans la province de la Frise, le frison est reconnu comme seconde langue officielle pour un usage régional[44]. Vers la fin de la 20e siècle, le limbourgeois est reconnu par l'État comme langue régionale politique et juridique[45] et le bas saxon néerlandais est reconnu comme langue régionale le 10 octobre 2018[46], mais ces deux langues ne sont pas reconnues comme officielles. Dans les trois îles aux Antilles faisant part de l'état autonome des Pays-Bas, en plus du néerlandais, le papiamento et l'anglais sont reconnus comme langues officielles pour un usage régional[47]. D'autres dialectes provinciaux proches de la langue commune et des langues étrangères sont également utilisées. Selon différentes études, les Néerlandais sont parmi les peuples à couramment parler le plus de langues étrangères, notamment l'anglais, l'allemand et le français[48],[49].La plupart des habitants parlent couramment l'anglais[50].
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+
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+ Selon les statistiques néerlandaises basées sur une étude effectuée en 2005[51], 42 % des Néerlandais (pratiquant ou non pleinement leur religion) se déclaraient sans religion, 29 % catholiques, 19 % protestants, 5 % musulmans et 5 % d'une autre religion.
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+ La communauté islamique regroupe officiellement environ 4,9 % des Néerlandais, contre 9,5 % pour l'Église protestante aux Pays-Bas. La communauté juive néerlandaise ne compte plus que 30 000 membres de nos jours, bien qu'ayant été importante dans le passé.
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+ Le système éducatif néerlandais[52] est plus libre[53] que celui de ses grands voisins européens, tels que la France ou le Royaume-Uni. Il est également particulièrement performant, parfois qualifié de meilleur d'Europe avec ceux des pays scandinaves[54]. Les langues étrangères tiennent une place importante dans l'éducation, d'où la bonne maîtrise de langues étrangères dans le pays. Le système éducationnel est scindé en deux entités : une école primaire de six ans puis un choix entre trois types de collèges, plus ou moins longs dans la durée, variant dans les matières enseignées et ouvrant sur différents types d'éducation universitaire[55].
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+ Le pays possède une forte densité d'universités réputées — parmi les cent meilleures universités au niveau mondial[56], l'on trouve sept universités néerlandaises : l'université de Leyde, l'université de Wageningue, l'université Érasme de Rotterdam, l'université de technologie de Delft, l'université d'Amsterdam et l'université de Groningue — souvent fondées au XIXe siècle.
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+
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+ Les grands quotidiens néerlandais les plus lus sont De Telegraaf, Algemeen Dagblad, de Volkskrant, NRC Handelsblad, et Trouw. Het Parool est moins lu mais possède un important passé historique : il a été créé pendant la Seconde Guerre mondiale comme journal d'opposition[57]. Les journaux gratuits Spits et Metro distribués dans les gares et les stations de métro sont également très lus.
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+ Dans le domaine télévisuel, il existe quatre chaînes publiques, et les principales entreprises qui fournissent la télévision commerciale sont RTL Nederland et SBS6, qui gèrent ensemble sept stations au total. D'autres diffuseurs commerciaux qui ciblent des publics particuliers sont Nickelodeon, Comedy Central et Kindernet.
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+ Dans le domaine de la radio, il existe également un grand nombre de stations. Le radiodiffuseur public NPO, la même entreprise que pour le domaine téléviséB se compose de sept chaînes. Radio Pays-Bas internationale (RNW) est une chaîne diffusée à l'international pour les ressortissants néerlandais installés dans d'autres pays. Radio 538, Sky Radio, et Qmusic sont les principaux acteurs sur le marché commercial.
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+ Aux Pays-Bas, un grand degré de liberté de la presse prévaut sans contrôles sur les publications dans la presse ou les diffusions de radio, télévision et Internet. La loi dispose que quiconque se rend coupable d'injure, de discrimination, d'incitation à la haine sera mis en accusation si une plainte est déposée, mais toute forme de satire est autorisée et ne peut être réprimée. La loi sur les médias prévoit le pluralisme des médias dans le système de radiodiffusion publique. L'autorité compétente peut aussi fixer des limites d'âge pour l'accès à certains médias.
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+ Aux Pays-Bas, le football est le sport le plus populaire. L'équipe de football nationale néerlandaise a remporté le Championnat d'Europe de football 1988 et termine deuxième lors des Coupes du monde de 1974, 1978 et 2010. Arrivée troisième lors de la dernière édition, en 2014, la formation néerlandaise est très réputée dans le monde et considérée comme la meilleure équipe n'ayant jamais remporté le tournoi. Ayant développé le « football total » dans les années 1970, elle compte nombre d'anciens joueurs réputés avoir été parmi les meilleurs de leur génération : Johan Cruyff, Dennis Bergkamp, Patrick Kluivert, Edwin van der Sar, Marco van Basten, Ruud Gullit ou encore Arjen Robben sont fréquemment cités. L'actuelle équipe est entraînée par Ronald Koeman. Les Oranjes jouent à domicile à la Johan Cruyff Arena, le plus grand stade du pays. Les autres sports populaires pratiqués en compétition sont le patinage, la natation et le hockey sur gazon. Le cyclisme est ancré dans la culture néerlandaise, et est pratiqué par toutes les couches sociales régulièrement, du fait de l'absence de relief dans le pays, et de l'importance accordée à l'écologie dans la société[58].
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+ Dès la seconde moitié du XIXe siècle, les clubs et les fédérations sportives sont formés. Une figure importante dans l'histoire du sport néerlandais est Pim Mulier, qui met en avant, à la fin du XIXe siècle, un grand nombre de sports jusque-là peu connus aux Pays-Bas et professionnalisés. Il a également été l'initiateur du tour des Onze Villes, une épreuve qui attire à chaque édition de milliers de touristes étrangers, de 200 km de patin à glace naturelle le long des onze grandes villes frisonnes. Depuis, ce sport s'est énormément développé. La première participation des Pays-Bas aux Jeux olympiques remonte à 1900. Depuis, plus de 300 médailles olympiques ont été gagnées par des Néerlandais, dont environ 100 d'or.
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+ La Nederlandse Sport Federatie (nl) (NSF) est l'organisation sportive de coordination des associations sportives néerlandaises et le représentant officiel du pays auprès du Comité international olympique. Amsterdam a accueilli les Jeux olympiques d'été de 1928, et en 1980, les Jeux paralympiques ont eu lieu à Arnhem. Plus récemment, les Pays-Bas ont co-organisés avec la Belgique le Championnat d'Europe de football 2000. En outre, le pays examine une candidature pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2028 à Amsterdam, 100 ans après l'organisation des Jeux de 1928.
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+
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+ Date
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+ Nom français
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+ Nom local
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+
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+ Remarques
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+
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+ Un moulin décoré pour la fête nationale.
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+ Feux traditionnels de Pâques.
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+ Carnaval d'automne.
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+
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+ Saint-Nicolas arrive sur son bateau (avec une soute chargée de cadeaux pour les enfants), ici à Schiedam[N 2].
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+
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+ L'économie des Pays-Bas repose, outre le commerce international, sur les grands groupes néerlandais, la plupart anciens monopoles publics (Damen Group, KPN, Groupe ING, Nederlandse Spoorwegen, TNT Express ou PostNL).
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+
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+ Pour 2017, la croissance économique du pays est de 3 % du PIB. En 2018, une croissance de 2,9 % est prévue pour un taux de chômage de 3,9 %. Les Pays-Bas sont le 11e pays du monde en termes de PIB par habitant, avec 52 770 dollars américains annuels par tête en moyenne[59]. Le pays est en outre la 17e puissance économique mondiale.
186
+
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+ Cependant, le temps de travail hebdomadaire moyen par habitant n'est que d'environ 29 heures, et ce pour une productivité plus forte que la moyenne européenne[60].
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+ L'agriculture est très mécanisée et emploie à peine 4 % de la population active. Les Pays-Bas sont le deuxième pays exportateur[61] de produits agricoles du monde, et le cinquième en prenant en compte tous les produits échangés. L'entreprise de distribution et de production agroalimentaire néerlandaise Unilever, quatrième mondiale dans son domaine d'activités, s'occupe souvent du transport et de l'emballage des produits exportés depuis les Pays-Bas. Elle possède également de nombreuses marques à travers le monde : Lipton, Knorr, Ben & Jerry's, Magnum entre autres. La grande activité de l'agriculture néerlandaise reste l'élevage qui occupe près de la moitié des exploitations. En nombre d'exploitations, l'horticulture et le maraîchage occupent le deuxième rang. Le pays a connu l'une des premières bulles spéculatives au monde : la tulipomanie. Les tulipes, mais plus généralement les fleurs, restent un symbole des Pays-Bas, qui en sont le premier exportateur au monde. Cependant, la plupart des fermes néerlandaises élèvent des vaches, les vaches de race Holstein étant elles aussi un emblème du pays.
190
+
191
+ Environ onze millions de touristes se rendent chaque année aux Pays-Bas, généralement dans l'une des deux provinces de la Hollande (Méridionale ou Septentrionale), le reste du pays étant moins couru. Dix milliards d'euros sont dépensés chaque année par ces visiteurs en souvenirs et autres marchandises. Le tourisme est une source importante de revenus pour le pays. Les destinations les plus appréciées sont Amsterdam, Giethoorn, Volendam, Kinderdijk, Rotterdam et La Haye. Les gens se rendant aux Pays-Bas souhaitent généralement voir des canaux, des maisons avec le pignon en façade et les célèbres moulins, s'ils ne s'y rendent pas pour des affaires (Rotterdam, Amsterdam et La Haye disposent de grands quartiers financiers, siège de nombreuses entreprises néerlandaises ou internationales). Ils sont là aussi pour goûter les bières et les fromages typiques du pays. La côte néerlandaise est visitée principalement par les habitants du pays, même s'il n'est pas impossible d'y croiser des étrangers. En sus du néerlandais, les habitants parlent également en grande majorité l'anglais, la plupart comprennent l'allemand, et se débrouillent parfois en français, ce qui rend la communication aisée. Le pays a en outre l'un des plus forts taux de musées au mètre carré au monde.
192
+
193
+ Le pays est également connu pour le tourisme de la drogue. En effet, certains étrangers se rendent aux frontières, où ils achètent du cannabis dans les coffee shops, chose que les dirigeants voudraient bien faire cesser, c'est-à-dire limiter ce droit aux néerlandais ou fermer les coffee shops se situant aux frontières[62],[63] malgré l'apport conséquent de devises que procure au pays l'existence de ce commerce. La ville de Maastricht, située à la frontière belge, teste depuis 2013 la wietpass, qui n'autorise que les habitants du pays à acheter des substances.
194
+
195
+ Le Rijks d'Amsterdam, qui dispose d'un fonds de plus d'un million d'œuvres, est le musée le plus visité du pays.
196
+
197
+ Entrée du parc de loisirs Efteling (Brabant-Septentrional). Il est, avec 5 millions de visiteurs annuels, l'un des premiers parcs d'attractions en Europe en termes de fréquentation.
198
+
199
+ Les sabots, symbole des Pays-Bas au même titre que les fleurs.
200
+
201
+ Le NEMO (bâtiment vert) avec la réplique du VOC Amsterdam accostée au premier plan dans la ville éponyme. Le musée maritime néerlandais au second plan à droite.
202
+
203
+ Le jardin de Keukenhof. Très visité, il est le plus grand parc floral au monde.
204
+
205
+ La chimie et le raffinage sont concentrés dans le port de Rotterdam, qui n'en a cependant pas l'exclusivité. Il est un port d'importation via le transit vers l'Europe centrale, et de réexport après traitement des denrées. À moindre échelle, le gisement de gaz de Groningue, plus grand d'Europe, permet également d'alimenter les foyers néerlandais et l'export.
206
+
207
+ Les Pays-Bas instaurent durant leur siècle d'or de longues routes commerciales et ouvert des comptoires marchands dans différents pays et l'export de nos jours en est hérité. Les grandes banques néerlandaises et leurs réseaux en sont descendants, appuyés par les infrastructures néerlandaises d'interfaces commerciaux.
208
+
209
+ Le gouvernement expérimente depuis 2014 une économie circulaire autour de la Randstad, avec la participation des plus grandes banques néerlandaises[64].
210
+
211
+ Le secteur néerlandais des nouvelles technologies est notamment représenté par la marque d'électroménager Philips, basée à Eindhoven et l'Institut néerlandais de recherche spatiale, basé à Utrecht. D'autres plus petites sociétés sont implantées dans les régions urbaines néerlandaises, bénéficiant notamment d'une fiscalité leur permettant un développement rapide.
212
+
213
+ Les Pays-Bas sont régulièrement qualifiés de « paradis fiscal qui ne dit pas son nom »[65], en facilitant l'existence de sociétés boîtes aux lettres n'ayant pas d'activité réelle aux Pays-Bas, notamment du fait d'une faille dans le droit néerlandais qui permet à de nombreuses entreprises de pratiquer l'optimisation fiscale. Cette faille permet une double domiciliation d'une entreprise aux Pays-Bas et aux États-Unis, les États-Unis estimant que l'impôt doit être payé aux Pays-Bas et inversement. Ce dispositif sera supprimé le 1er janvier 2020 avec l'entrée en vigueur de la directive européenne anti-évasion fiscale[66].
214
+
215
+ Parmi les entreprises américaines citées pour profiter du système néerlandais et réduire considérablement leur niveau d'imposition figurent Netflix[67], Starbucks[68], Caterpillar, General Electric, Heinz, Nike, Tesla et Uber. Selon Gabriel Zucman, des centaines de milliards de dollars de profits ne sont pas taxés. L'ONG Oxfam classe les Pays-Bas « troisième pire paradis fiscal » après les Bermudes et les îles Caïman
216
+ [69].
217
+ Plusieurs lois sont en cours d'examen aux États généraux pour renforcer la législation financière. Le Premier ministre Mark Rutte cherche notamment à supprimer les failles dans le système d'impôts pour que tous les revenus devant êtres taxés le soient aux taux appropriés. Les lois néerlandaises entendent dès 2019 aller plus loin que ce que la Commission européenne propose en matière de lutte contre l'évasion fiscale[70].
218
+
219
+ Certains bâtiments aux Pays-Bas sont vieux de plus de 1 000 ans. La plupart des administrations ont conservé leurs locaux construits au XVIIe siècle, lors du siècle d'or. Tous les centres-villes du pays sont composés à une très large majorité d'immeubles historiques. Les villes de Rotterdam et d'Eindhoven (bombardées durant la Seconde Guerre mondiale) et les communes du Flevoland (polder stabilisé au XXe siècle) ne possèdent pas d'hyper-centres historiques. Les constructions dans le pays se font principalement avec le même matériau, une brique locale, ce qui donne un aspect d'homogénéité aux banlieues et espaces ruraux du pays.
220
+
221
+ L'éclairage public est allumé alors que le soleil vient de se coucher sur Amsterdam.
222
+
223
+ Centre-ville de Rotterdam, ville candidate à l'Exposition universelle de 2025.
224
+
225
+ Rue commerçante à La Haye.
226
+
227
+ La cathédrale Saint-Martin d'Utrecht de nuit, dominée par sa tour de 112 mètres.
228
+
229
+ Les maisons et bureaux d'anciennes compagnies commerciales sont décorées à l'extérieur de sculptures et de reliefs, montrant la puissance du propriétaire initial à ses visiteurs. Les demeures d'Amsterdam sont souvent étroites mais profondes, avec un jardin partagé à l'arrière. Les pignons à l'avant servaient d'antan à décharger les marchandises arrivant par canal, et des nos jours aux déménagements. Le style néo-classique néerlandais suppose des maisons aux hautes vitres, collées et pas toujours droites, car s'enfonçant dans les eaux. La plupart des châteaux et complexes ayant un cachet sont classés au titre de Rijksmonument (Monument d'État).
230
+
231
+ Le château d'Erp, massif, est l'un des plus anciens du pays.
232
+
233
+ Huis ten Bosch, la résidence du roi à La Haye.
234
+
235
+ Maison d'agriculteur à Dalfsen.
236
+
237
+ Habitations côtières dans le nord du pays.
238
+
239
+ Le château de Haar est aujourd'hui un musée.
240
+
241
+ Bâtiment universitaire à Groningue.
242
+
243
+ Maison dans le village de Grootschermer.
244
+
245
+ La peinture néerlandaise, dite flamande durant l'époque baroque, était principalement matérialisée en les personnes d'Antoon van Dyck, Jan van Eyck, Jérôme Bosch et Pierre Paul Rubens, bien qu'ayant tous des styles différents.
246
+
247
+ Au cours du siècle d'or néerlandais, nombre de peintres atteignent la gloire historique : Rembrandt van Rijn, Johannes Vermeer et Frans Hals vont s'imposer comme les grands maîtres de l'école hollandaise du XVIIe siècle, Pieter de Hooch, Jan van Goyen, Adriaen van Ostade, Willem Claeszoon Heda, les père et fils Van de Velde, Gerrit Berckheyde, Pieter Jansz Saenredam, Jan Steen, Jacob van Ruisdael, Meindert Hobbema suivront. D'autres domaines picturaux sont également servis, par les peintres de l'école caravagesque d'Utrecht par exemple. Plus tard, le pays verra naître le peintre considéré comme le plus grand de tous les temps : Vincent van Gogh. Ses œuvres ont inspiré générations d'artistes, et ses dessins ou toiles ont été vendues à des prix records, mêlant différents styles. Le musée Van Gogh à Amsterdam possède la plupart des réalisations de l'artiste. Au XXe siècle, alors que beaucoup pensaient la peinture néerlandaise appartenir au passé, les peintres Karel Appel, Kees van Dongen, Willem de Kooning ou Piet Mondrian renouvellent le genre et proposent une nouvelle vue sur le monde.Sans oublier le discret mais profond Bram van velde. Paul Gabriël est également largement réputé aux Pays-Bas, car il a peint sur la majorité de ses toiles moulins, polders et champs de fleurs représentatifs du pays.
248
+
249
+ Sont également renommés les carreaux et la faïence de Delft, un art de coloration de la porcelaine au bleu émaillé d'autres couleurs. La plupart des grandes pièces créées par les artisans de Delft sont visibles dans les plus hauts lieux d'Europe, représentant des paysages ou des scènes historiques.
250
+
251
+ Les quatre écrivains néerlandais les plus connus sont sans doute Harry Mulisch, Willem Frederik Hermans, Gerard Reve et Hella Haasse. La Découverte du ciel par Harry Mulisch, s'il n'est pas le roman le plus connu, il est par vote, reconnu comme le meilleur roman néerlandais de tout temps. Le philosophe Baruch Spinoza est en outre considéré comme un grand penseur, influent sur ses contemporains, tout comme le poète Hendrik Marsman.
252
+
253
+ Les Pays-Bas ont un riche passé de musique classique, la langue néerlandaise ayant été fédératrice dans les arts. Bien que situé près de la Scandinavie, le royaume néerlandais a connu un destin différent concernant sa musique traditionnelle, influencée par l'Allemagne, plus proche.
254
+
255
+ Au XXe siècle, la nederpop était le courant musical principal dans le pays même si d'autres styles étaient écoutés. Parmi de nombreux genres musicaux actuels, les Pays-Bas sont le berceau d'une musique électronique connue sous les termes de hardcore et gabber. Le pays est hôte de plusieurs grands festivals d'envergure mondiale, à savoir le Thunderdome, le Sensation, le Mystery Land et l'Amsterdam Dance Event. Aujourd'hui, le principal mouvement musical électronique néerlandais est la Dirty Dutch House, popularisée par des artistes tels qu'Afrojack, Chuckie ou Glowinthedark. Le pays est mondialement renommé pour sa musique électronique : de nombreux artistes majeurs sont néerlandais, et parmi les plus connus se trouvent Angerfist, Tiësto, Hardwell, Armin van Buuren, Vicetone, Showtek, Blasterjaxx, Nicky Romero, Don Diablo, Oliver Heldens ou encore Martin Garrix.
256
+
257
+ Le plus important festival de cinéma aux Pays-Bas est le Festival international du film de Rotterdam (IFFR), mais le Festival du cinéma néerlandais d'Utrecht est celui le plus suivi dans le pays. Le festival international, l'un des plus populaires en Europe ne juge que les deux premiers longs métrages d'un auteur. Un autre festival d'importance internationale est le Festival international du film documentaire d'Amsterdam (IDFA). Il est considéré comme le plus important festival de films documentaires au monde.
258
+
259
+ Le petit déjeuner et le déjeuner néerlandais sont des repas à base de tranches de pain à tartiner avec du fromage, des tranches de viande froide, ou des gourmandises telles que la confiture, le rinse appelstroop (sirop de pomme à tartiner), le pindakaas (beurre d'arachide à tartiner), le hagelslag et vlokken (vermicelles au chocolat à tartiner).
260
+
261
+ Pour le dîner, le plat principal est habituellement composé d'une source de protéines (viande, ou poisson), d'un féculent (pommes de terre, riz ou pâtes) et d'un ou plusieurs légumes verts. Le stamppot, une purée de légumes et de pommes de terre, accompagnée de viande, est une spécialité d'hiver. Il en est de même des frites, accompagnées d'une sauce mayonnaise, quoique plus souvent consommées en été. De nombreuses brasseries servent des frites, en plus des croquettes locales, des fricandelles aux différentes sauces, des soufflés au fromage et d'autres apéritifs chauds. Dans ces lieux, mais aussi dans les gares, il existe des distributeurs automatiques de petits repas chauds.
262
+
263
+ Le pays produit de nombreux fromages, tels le gouda, le leidse kaas (une forme de komijnekaas, fromage au cumin), l'edam ou encore le hollandse gatenkaas (dont le Leerdammer).
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+ Beaucoup de spécialités néerlandaises sont méconnues internationalement. Assez célèbres sont les maatjes qui consistent en une dégustation de harengs marinés que l'on tient par la queue avant de les avaler. Les moules et frites sont un plat typiquement néerlandais et belge, la plupart des moules vendues en Belgique venant de Zélande. Les poissons comme la sole ou le haddock sont également très appréciés. Les Pays-Bas sont également un pays de bière, on y trouve l'une des sept fabriques de bières trappistes (La Trappe), les six autres se trouvant en Belgique. Les différentes bières sont Bavaria, Grolsch, Hertog Jan, Amstel, Amsterdam, Heineken, ou encore Dommelsch. Le jenever (genièvre) est un alcool typique des Pays-Bas, décliné en plusieurs parfums tel le cassis ; sur les marchés de Noël à côté des baraques servant du vin chaud, il y a aussi des baraques servant du genièvre chaud.
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+ Les Pays-Bas ont une longue tradition de café, par exemple la marque Jacobs Douwe Egberts est distribuée en Europe. Rarement bu noir, le café est soit servi avec de la crème séparée, soit une recette locale est appliquée[71]. Le thé est aussi apprécié des Néerlandais, en raison de circonstances historiques, et se déguste généralement avec le typique appelgebak (sorte de gâteau aux pommes avec de la cannelle) généralement servi avec de la crème chantilly.
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+ Il existe de nombreuses pâtisseries dont la plus emblématique est sûrement le spéculoos, un petit biscuit croquant à la cannelle. Comme en Allemagne, la cannelle est très présente dans la pâtisserie néerlandaise, également beaucoup de petits gâteaux secs comme les bredele alsaciens. Une spécialité des Pays-Bas est la gaufrette au caramel, la stroopwafel, qui se fait partout dans le pays et que l'on peut déguster chaude sur les marchés. Les poffertjes, sortes de blinis saupoudrés de sucre glace, sont également très appréciés, tout comme les bonbons au réglisse drops.
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+ Les Pays-Bas ont pour codes :
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+ Le Pays basque ou Euskal Herria, soit le pays de la langue basque (l'euskara), est un territoire de traditions (anciennes, renouvelées, ou nouvelles), de cultures et d'histoire basque, terre traditionnelle du peuple autochtone des Basques[1] dont la langue basque est parlée par 28,4 % de la population et comprise par 44,8 %[2],[3]. Appelé au Moyen Âge Vasconie et très probablement Cantabrie à l’époque romaine, il s'étend de l'Èbre à l'Adour, sur deux pays, l'Espagne principalement et la France, à cheval sur l'extrémité occidentale de la chaîne des Pyrénées, et est baigné par le golfe de Gascogne.
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+ Il est difficile de préciser avec exactitude les contours d'Euskal Herria dont les frontières administratives ne coïncident pas toujours avec les frontières ethniques et culturelles[4]. Selon l'Académie de la langue basque, il s'agit des territoires de langue basque nommés en 1643 par l'écrivain Axular dans l'avant-propos de son livre « Gero »[5],[6], à savoir les sept provinces basques traditionnelles (Zazpiak Bat) : le Labourd, la Soule, la Basse-Navarre, la Navarre, la Biscaye, l'Alava et le Guipuscoa.
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+ Sur la base de cette définition, Le Pays basque recouvre actuellement 20 500 km2 et compte trois millions d'habitants[7], répartis en trois entités politiques distinctes. Deux communautés autonomes espagnoles : la communauté autonome du Pays basque (dont les trois provinces, Alava, Guipuscoa et Biscaye, représentent 35 % du territoire et 70 % de la population totale), et la Navarre (plus de 50 % du territoire et 20 % de la population totale). Ainsi qu'une portion du département français des Pyrénées-Atlantiques : le Pays basque français (le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule représentent 15 % du territoire et 10 % de la population), représenté par la communauté d'agglomération du Pays Basque depuis janvier 2017[8].
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+ C'est à l'unité linguistique d'une grande partie de ses habitants que l'ensemble doit son nom[9]. En basque, le nom du pays est aussi étroitement lié à celui de sa langue. Pays basque se traduit par Euskal Herria (Pays basque) = Euskararen Herria (le pays de la langue basque), et Basque par euskaldun = Euskara dun (celui qui possède la langue basque)[10]. Très peu de peuples se désignent et désignent leur pays par la connaissance de leur langue[10]. Quant au mot Euskadi[5], initialement orthographié « Euzkadi » et inventé par le père du nationalisme basque, Sabino Arana, au XIXe siècle, il désigne la patrie basque. Les deux termes ont donc une portée différente. « Euskal Herria » est une notion plus géographique et culturelle, alors que « Euskadi » est une notion politique : elle désigne la nation basque. À l'heure actuelle, Euskadi est le nom basque de la Communauté autonome du Pays basque formée par les 3 provinces : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa (Araba, Bizkaia et Gipuzkoa en basque ; cf. infra).
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+ En février 2011, la séance plénière du Congrès des députés d'Espagne a fait un premier pas pour changer la toponymie officielle des trois territoires de la Communauté autonome basque, qui sont désormais écrits de la façon suivante : Araba-Álava, Bizkaia, Gipuzkoa[11].
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+ Longtemps le royaume de Navarre fut l'expression la plus aboutie de la souveraineté du peuple basque. À la suite de la disparition forcée de ce royaume au XVIe siècle la notion ethno-culturelle « Pays basque » a fini par prendre le dessus sur le concept politique « royaume de Navarre »[réf. nécessaire]. L'expression « Terre des Basques » apparaît très précocement dans les textes en français, ainsi la lit-on déjà dans les « Chroniques » de Jean Froissart écrites dans la deuxième moitié du XIVe siècle[12]. Jusqu'au XVIIIe siècle, l'expression « Pays des Basques » est utilisée pour désigner des espaces d'étendue variable peuplés de Basques.
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+ En basque, la formule Euskal Herria est attestée à partir du XVIe siècle (chez Joanes Leizarraga en 1571). Comme pour les formes françaises, on désigne ainsi les régions peuplées de Basques. En 1643, le traité de religion Gero de Pedro de Axular, en langue basque, est le premier document connu qui décrit territorialement ce « Pays basque » en fournissant l'énumération des sept provinces qui le composent[13].
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+ Une telle description géographique demeure isolée. On note une nouvelle énumération des sept provinces (désignées comme « pays particuliers ») constituant un Pays basque, cette fois en français sous la plume du chevalier de Béla dans son Histoire des Basques rédigée entre 1761 et 1766[14].
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+ Au XIXe siècle, l'expression « Pays basque » est désormais d'usage courant en français[15], encore que son sens varie selon le contexte : région de langue basque, territoire des sept provinces ou territoire des trois provinces basques de France. Pendant cette même période País Vasco reste rare en espagnol : les terres peuplées de Basques sont désignées comme Vascongadas, comme País Vasco- Navarro, País euskaro[15], par l'expression basque Euskal Herría intégrée à la langue espagnole (sous des orthographes variées : Euskal-Erria, escualherria…)[13], ou tout simplement comme Señorío de Vizcaya.
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+ Ainsi dans la deuxième moitié du XIXe siècle, sous des appellations assez variées, le territoire composé des sept « provinces » traditionnelles est devenu un cadre conceptuel d'usage courant, bien au-delà des cercles nationalistes selon l'Académie de la langue basque[13]. À titre d'exemple, on peut mentionner la carte des dialectes basques dressée en 1869 par Louis Lucien Bonaparte qui est intitulée : « Carte des sept provinces basques »[16].
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23
+ Il est a noter que les basques mexicains composent l'un des groupes européens les plus importants et les plus nombreux au Mexique. Ils sont en général originaires de Navarre, d'Euskadi ou d'Iparralde. C'est l'une des plus grandes diasporas basques au monde.
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+ Avec la montée en puissance du nationalisme basque, Sabino Arana invente un nouveau mot à la fin du XIXe siècle : Euzkadi, la « patrie basque ». Désignant le même territoire que le « Pays basque », il fait plus que décrire la délimitation d'une région culturelle et sous-tend un projet politique pour ce territoire[13]. Un autre terme basque, Zazpiak Bat (« les sept font un ») va fournir encore une autre façon, plus lyrique, de se référer à ce projet politique[16].
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27
+ On pourrait aussi définir le Pays basque à partir d'un critère purement linguistique, et en retirer notamment le sud de l'Alava et de la Navarre. Ce point de vue est courant voire majoritaire au XIXe siècle ; ainsi à partir de cette définition la Grande Encyclopédie de Berthelot peut-elle écrire au XIXe siècle que « ni Bayonne, ni Pampelune, ni Bilbao ne sont basques ». On retrouve encore ce mode de définition tardivement au XXe siècle comme dans Le Pays basque de Georges Viers, publié en 1975. Cette conception s'est toutefois essoufflée et n'est pratiquement plus défendue de nos jours, où l'identité basque est conçue comme transcendant largement la seule identité linguistique[17].
28
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+ Plus anecdotique est le projet ultra-nationaliste de Federico Krutwig pour qui le Pays basque doit être une « grande Vasconie » incluant toutes les terres qui auraient été basques un jour : Gascogne, région de Jaca, la Rioja et la Bureba[18]. C'est ce qu'on dénomme en basque Orok Bat, qui signifie « Toutes unies »[19].
30
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31
+ La validité du concept de « Pays basque » transnational, au sein duquel s'intègre le Pays basque français, ne pose guère question du côté nord de la frontière[20]. L'inclusion dans le territoire du Pays basque de zones où la langue populaire était le gascon (surtout Bayonne) a pu être une question polémique jusqu'au-delà du milieu du XXe siècle : en 1922 le choix du nom à donner au « Musée basque et de la tradition bayonnaise » est l'objet de « vives discussions » avant d'aboutir à un « compromis »[21], et en 1986 encore, Manex Goyhenetche juge nécessaire, dans son guide historique de Bayonne, de consacrer trois pages véhémentes à affirmer la basquitude de la ville contre « certains auteurs » selon lui « non dépourvus parfois de sentiments anti-basques »[22]. Mais avec le temps, les représentations collectives évoluent et, comme le note Gisèle Carrière-Prignitz, même la rive droite de l'Adour, à Boucau et Saint-Esprit, est aujourd'hui « intégrée » au Pays basque[23] ; les voix regrettant cet état de fait semblent en ce début de XXIe siècle être peu audibles[24], même si Barbara Loyer estime que « cette représentation de l’identité basque de l’agglomération fâche ou inquiète une partie de la population »[25].
32
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33
+ En revanche une partie significative de l'opinion publique espagnole et particulièrement navarraise refuse d'admettre la pertinence de ce concept de « Pays basque ». Le chef de l'opposition espagnole, Mariano Rajoy va jusqu'à déclarer, en avril 2006 : « La Navarre est la Navarre depuis des siècles, Euskal Herria n'existe pas »[26].
34
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35
+ La Navarre, dont la partie sud n'est plus bascophone, est l'objet d'un sentiment d'identité régionale particulièrement marqué — à tel point qu'on parle de navarrisme. Son articulation avec l'identité basque n'est pas simple et surtout pas univoque, si bien qu'on peut parler aujourd'hui de navarrismes au pluriel : un navarrisme qualifié d'« espagnoliste » par ses adversaires – qui revendique son ancrage à l'Espagne et se construit en s'opposant aux revendications basquisantes – qui s'oppose à un navarrisme basquiste – qui voit dans le projet politique national basque le cadre le plus approprié pour l'épanouissement de l'identité navarraise[27].
36
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37
+ Cette dualité de conceptions de l'identité navarraise se manifeste dans le sentiment populaire vis-à-vis du concept d'« Euskal Herria », et cette idée d'un grand Pays basque incluant leur province semble rejetée par environ la moitié de la population[28]. On a pu utiliser l'expression d'« Ulster basque » pour décrire l'écartèlement de l'opinion publique navarraise[29].
38
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39
+ Pierre Letamendia fait remarquer que cette situation n'était pas une fatalité historique : rapprochant la Navarre de l'Alava, il souligne la grande similitude culturelle entre les deux provinces, toutes deux non bascophones au sud, toutes deux marquées par le carlisme et très conservatrices au moment de la guerre civile, toutes deux rurales s'industrialisant seulement au milieu du XXe siècle. Il isole des différences fortuites : l'Alava a adhéré au statut de 1936, la Navarre a un passé de royaume, mais considère aussi comme essentiel le rôle de la presse locale et notamment du Heraldo de Navarra dans la construction d'une identité navarraise en opposition à l'identité basque[30].
40
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41
+ La conception extensive du territoire basque qui est l'objet de cet article n'est pas dépourvue de cohérence : ainsi délimité, le Pays basque est simplement la réunion des sept provinces qui contiennent des locuteurs du basque. Pour Barbara Loyer, la formation sociale du territoire va de pair avec l'évolution de l'identité basque. Dans un premier temps essentiellement linguistique, elle est alors « une représentation ethnique avant d'être politique » ; lorsque le nationalisme basque se développe, l'existence d'institutions provinciales similaires dans les sept provinces constitue un élément d'unité particulièrement structurant pour la nouvelle idéologie[31], et cette focalisation sur les anciennes libertés et les fueros conforte l'installation de l'identité nationale basque dans la grille préexistante des limites provinciales[32]. Béatrice Leroy, en posant les difficultés de l'écriture d'une histoire dans ce cadre préétabli, accepte l'exercice en rattachant la territorialité basque aux « normes de la géopolitique du XIXe siècle »[33].
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+ Les auteurs proches du nationalisme basque posent souvent le concept d'« Euskal Herria » comme une donnée, sans discussion de sa validité — même dans des présentations relativement longues de son territoire ou discussions de l'identité basque[34]. La question n'est toutefois pas systématiquement éludée par les nationalistes basques : ainsi Manex Goyhenetche, qui est d'abord un historien, en fait l'ouverture de son Histoire générale du Pays basque sous le titre provocateur « Le Pays basque existe-t-il ? ». Il conclut à une communauté de destin des habitants du territoire, qui malgré leur grande diversité « sont définis par un ensemble de caractères relativement stables susceptibles de conférer une personnalité collective, voire une identité collective »[35]. Plus récemment, Jean-Louis Davant juge qu'il convient de « débattre du principe de la territorialité » puis défend le cadre des sept provinces comme « le plus cohérent » pour représenter le territoire basque[36].
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+ La pensée de Pierre Letamendia est nuancée : pour lui « Ce n'est que par convention et par construction sociale et politique qu'on peut identifier le Pays basque et les sept provinces historiques traditionnelles. Ces dernières ont incontestablement un enracinement historique et politique. Mais celui-ci n'est pas fondé exclusivement ou même principalement sur un substrat culturel basque »[4]. Il admet par ailleurs qu'« il est certain qu'une réelle parenté culturelle rassemble, ou plutôt a rassemblé l'ensemble des Basques »[37].
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+ La géopolitologue Barbara Loyer, foncièrement hostile aux nationalismes régionaux, propose une peinture très critique des enjeux territoriaux de la construction de l'identité. Pour elle « plus on prend en considération des ensembles spatiaux vastes, plus on néglige les diversités locales au profit des représentations ». Dressant un tableau très pessimiste des conséquences des revendications nationales et notamment linguistiques, elle fournit une lecture conflictuelle des inscriptions territoriales ; dans le cas spécifique de la Navarre, elle voit dans le projet national basque une volonté de « faire coïncider par une relation d’appartenance historique une langue et un territoire, sans tenir compte des locuteurs qui y viennent ou qui s’en vont ». Pour elle, « rien n’est moins naturel qu’un territoire » : derrière le choix d'une représentation territoriale, il y a des enjeux géopolitiques en termes de pouvoir[38].
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+ Des auteurs plus ouverts au nationalisme basque sont beaucoup plus optimistes et voient au contraire dans la montée en puissance de la territorialisation de l'identité basque une chance. Interviewé dans Lema, mensuel du parti nationaliste basque, Jean-Philippe Larramendy déclare « J'aime cette idée qu'il suffit d'habiter au Pays basque pour devenir basque »[39]. Une analyse de Thomas Pierre décrit l'évolution de la pensée nationaliste qui, bâtissant depuis les dernières années du XXe siècle une nouvelle « identité territoriale », redéfinit ce que signifie être basque. S'éloignant de la conception linguistique inadéquate et de la conception ethnique qui a longtemps imprégné le mouvement national basque, elle se débarrasse ainsi d'une catégorie de pensée peu rigoureuse. Il est d'ailleurs selon Thomas Pierre intéressant de relever qu'au même moment ce sont les opposants à l'institutionnalisation de la culture basque qui, tout en dénonçant chez leurs adversaires des dérives ethnicistes fantasmées, sont paradoxalement ceux qui continuent à raisonner dans des cadres ethniques périmés[40].
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+ Traditionnellement, le Pays basque est décrit comme formé par la réunion de sept provinces, ou territoires historiques. Quatre au sud des Pyrénées forment le pays basque espagnol (ou Pays basque sud) (Hegoalde) et trois au nord forment le pays basque français (ou Pays basque nord) (Iparralde).
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+ Avec une précision au km² près, chaque source ou presque fournit une valeur différente de la superficie du territoire. Cela peut s'expliquer d'une part par l'indétermination des frontières exactes du pays basque français et d'autre part par le choix d'inclure ou non l'enclave de Treviño dans le calcul : on lit ainsi 20 551 km2 dans Nationalismes au Pays basque[41] ; 20 587 km2 dans Nosostros Los Vascos[42], 20 657 km2 dans l'article (en espagnol) Geografia de l'encyclopédie Auñamendi, 20 664 km2 dans Euskal Herria - Un pueblo[43], 20 725 km2 dans Notre terre basque[44].
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+ Le Pays basque sud (Hegoalde), c'est-à-dire sa partie située en Espagne est formé de deux communautés autonomes :
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+ Pour certaines sources, deux enclaves à l'intérieur de la communauté autonome basque font également partie du Pays basque[46] : l'enclave de Treviño, enclave de la province de Burgos au sein de l'Alava (280 km2[47]) et Valle de Villaverde (20 km2), enclave de la Cantabrie en Biscaye.
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+ Le Pays basque nord (Iparralde en basque), c'est-à-dire la partie du Pays basque située en France, couvre la partie occidentale du département des Pyrénées-Atlantiques. Pour les sources récentes, il est composé de l'arrondissement de Bayonne et des cantons de Mauléon-Licharre et Tardets-Sorholus, les sources divergeant pour inclure ou exclure la commune d'Esquiule[48]. Si on accepte ces conventions[49], la superficie du Pays basque français (y compris les 29 km2 d'Esquiule) est de 2 995 km2[50].
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+ Le Pays basque, dont les frontières ont été définies par la loi Pasqua en 1997, compte 158 communes. Délimitées par les Landes, le golfe de Gascogne, les Pyrénées et la Bidassoa.
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+ Traditionnellement, le Pays basque français est divisé en trois provinces :
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+ Une présentation aussi sommaire est peu cohérente avec l'appartenance au Pays basque de communes du Bas-Adour difficilement rattachables aux anciens territoires des provinces, qui est généralement admise de nos jours ; il est sans doute plus exact de suivre Jean Goyhenetche dans sa description du Pays basque septentrional comme formé de « cinq entités administratives : les deux provinces traditionnelles de Soule et Labourd, le royaume de (basse) Navarre, la ville de Bayonne, la principauté féodale de Gramont »[51].
66
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+ La Révolution française ayant totalement refondu le système d'administration de la France, les trois provinces (augmentées de villes et villages du Bas-Adour) sont d'abord devenus des districts : celui d'Ustaritz pour le Labourd, celui de Saint-Palais pour la Basse-Navarre, celui de Mauléon pour la Soule. Ces districts sont réunis à trois districts béarnais pour former le nouveau département des Basses-Pyrénées[52]. Au gré des modifications ultérieures du découpage interne du département, les provinces basques ont cessé d'exister dans l'ordre administratif. Un mouvement très actif depuis les dernières décennies du XXe siècle, milite pour la constitution d'un « département Pays basque » dont le territoire serait celui du Pays basque nord (voir à ce sujet l'article Batera).
68
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69
+ Trois provinces se partagent la côte basque : le Labourd côté français et le Guipuscoa et la Biscaye côté espagnol. La région est très marquée par l'influence maritime et Bilbao et Bayonne en sont les deux villes rayonnantes. La côte basque commence au sud de l'Adour avec des plages de sables fins qui correspondent au prolongement de la côte landaise. À Anglet, à la chambre d'Amour, les longues plages se terminent et laissent la place à des falaises de 30 à 50 m de hauteur et à des petites plages enfoncées dans des criques. Cette formation rocheuse provient du massif pyrénéen qui rencontre le golfe de Gascogne au niveau de la frontière franco-espagnole (Pointe Sainte Anne, Cap du Figuier). Les formations géologiques sont très hétérogènes le long de la côte. On rencontre du grès calcaire à la pointe Saint-Martin, des marnes bleues sur la côte des basques, ou du flysh vers Bidart, dans la baie de Loya, à Hendaye ou à Zumaia. La côte est alors très découpée et change inexorablement avec l'érosion des pluies et de la mer. Au milieu de ces falaises, on trouve des plages étroites, assez rares et parfois composées de galets et des estuaires qui sont devenus les lieux privilégiés d'urbanisme.
70
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71
+ On observe une différence nette entre la côte basque française et la costa vasca (côte basque espagnole). L'expansion de l'urbanisme est importante côté français à cause notamment du tourisme grandissant. Environ 5 % de la côte est libre de construction[réf. nécessaire]. Côté espagnol, la côte est plus préservée et moins urbanisée.
72
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73
+ La montagne domine tout le reste du territoire basque avec des hauteurs dépassant 400 m sur plus de la moitié du pays. Ce sont les Pyrénées qui sont dans le centre du Pays basque et coupent ce dernier en deux, formant la frontière entre la France et l'Espagne. Le point culminant des Pyrénées basques est la Table des Trois Rois (Hiru Errege Mahaia) à 2 421 m suivi par les pics d'Ezkaurre (2 047 m) et d'Arlas (2 044 m)[53]. À l'est, les Pyrénées sont élevées et parsemées de forêts et de pâturages d'altitude avec des vallées assez profondes. À l'ouest, la chaîne pyrénéenne est plus calme et forme des plateaux herbeux et des sommets arrondis jusqu'à la mer. Au nord du massif, en Iparralde, les collines vertes dominent jusqu'à l'Adour. On y trouve des prairies, des bois et des champs cultivés de maïs. Au-dessus de l'Adour se forme une plaine alluviale marécageuse appelée les barthes. Au sud de la chaîne axiale, en Navarre, les Pyrénées sont présentes tout le long de la frontière et se prolongent jusqu'à la côte basque espagnole avec des vallées plus vertes et moins étroites. À l'ouest, dans la communauté autonome basque, on trouve la cordillère Cantabrique qui se prolonge vers Bilbao. Elle est formée d'une succession de massifs : le massif d'Aralar, d'Urbasa et d'Andia. Enfin, vers l'Èbre, les plateaux disparaissent au profit d'une grande vallée.
74
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+ Le climat du Pays basque est varié et fortement influencé par l'océan Atlantique. Le littoral bénéficie de l'influence du Gulf Stream, qui donne un climat tempéré et des températures douces. La température annuelle moyenne est de 13 °C. Les vents dominants sont orientés d'ouest en est et amènent des précipitations régulières en hiver. Au sud, en Espagne, des vents du sud appelés localement haize hegoa permettent de réchauffer tout le pays. Les étés restent doux grâce à l'océan. Les pluies sont assez abondantes et tombent très rapidement sous forme d'orages ce qui donne une végétation riche et verte même en été. Vers le sud du Pays basque en Espagne, le climat devient plutôt méditerranéen voire presque continental avec des hivers secs et froids et une végétation plus steppique.
76
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+ La faune est très variée sur ce vaste territoire. Les oiseaux sont très présents sur le littoral. On retrouve l'hirondelle de rochers qui niche dans les falaises, l'océanite tempête qui est un oiseau devenu rare, ou le tournepierre à collier que l'on trouve très fréquemment sur les plages et les rochers. Le cormoran, le goéland, la mouette et l'huîtrier pie sont des oiseaux qui fréquentent les côtes basques. C'est aussi un lieu d'hivernage pour le macareux moine, le guillemot de Troïl et le pingouin torda. La montagne est le refuge de nombreux rapaces comme le milan noir, la buse variable ou le vautour fauve.
78
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79
+ Des mammifères sont familiers du Pays basque. Autrefois, l'ours brun peuplait les montagnes. Maintenant, on trouve des cerfs, des sangliers, des pottoks (prononcé pottiok), des renards. De nombreux lapins de garenne font le bonheur des chasseurs de la région.
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+ La flore du Pays basque est variée et différente suivant l'altitude et le climat. Sur le littoral, la flore est adaptée aux conditions maritimes de vent et de sel. On y trouve de la lande et de la prairie maritime avec des ajoncs, de la bruyère, de la sérapia langue et du crithme marin. Sur la côte espagnole, les dunes sont fixées grâce à des plantations de pins maritimes, des tamaris et de l'eucalyptus. Le paysage de collines est dominé par des prairies herbeuses et de la lande. En paysage montagnard, on trouve essentiellement des forêts de chênes et de hêtres. Arbailles et Iraty sont les plus grandes forêts de hêtres d'Europe. Au-dessus de 1 800 m, la lande reprend le relais ainsi que les pâturages d'estive. On y retrouve le rhododendron et la myrtille.
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+ L'histoire du Pays basque commence à la préhistoire tels en témoignent les objets retrouvés dans les grottes d'Isturitz et d'Oxocelhaya et de très anciennes sépultures[54].
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+ Comme pour le reste du territoire français ou de la péninsule Ibérique, les populations présentes dans cette région sont caractérisées par l'arrivée au néolithique d'agriculteurs venus d'Anatolie qui se sont mélangés avec la population locale de chasseurs-cueilleurs[55]. Le Pays basque ne se distingue également en rien de l'Ouest de la France, il voit environ 2.000 avant notre ère le remplacement de 40 % des ancêtres présents et de près de 100 % de ses chromosomes Y par des personnes d'ascendance steppique. Ces études montrent que durant l'âge du fer, l'ascendance steppique s'est répandue non seulement dans les régions parlant des langues indo-européennes, mais aussi dans les régions de langues non indo-européennes. L'haplogroupe R-DF27, un sous clade de R-M269 haplogroupe très présent parmi les populations celtiques, atteint 74 % chez les Basques[56]. Il s'est étendu dans la péninsule Ibérique principalement entre 3 500 et 3 000 ans, soit à l'Âge du Bronze moyen[56].
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+ D'une manière générale, les études génétiques révèlent que les Basques actuels sont mieux décrits comme étant une population typique de l'âge du fer sans les adjonctions qui ont ensuite affecté le reste de la péninsule Ibérique[57]. Les Basques représentent un isolement récent avec des goulots d'étranglement de l'ADN-Y après les mouvements de population de l'âge du fer à l'époque romaine[57].
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+ Les historiens romains relatent l'existence de nombreuses tribus différentes des Celtes ou des Gaulois : Autrigons, Caristes, Vardules, Bérones, Vascons et Aquitains. Ces derniers collaborent sans doute pleinement avec les Romains. Au Moyen Âge, les Romains sont supplantés par les Wisigoths qui ont envahi toute la péninsule et les Francs qui se trouvent au nord des Pyrénées. Au milieu se forme le territoire des Vascons. Ils ne se soumettent pas au roi des Francs et n'hésitent pas à piller les villages au sud comme au nord. La particularité basque d'une société indépendante et très égalitaire apparaît alors à cette période.[réf. nécessaire]
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+ Au VIIIe siècle, l'invasion musulmane provenant du sud prend le territoire des Basques. Se forme alors le royaume de Pampelune, prélude du royaume de Navarre. Charlemagne, à la suite de sa déconvenue à Saragosse[58], met à sac la ville de Pampelune et détruit ses murailles. En 778 eut lieu la Bataille de Roncevaux, où, pour se venger, les Vascons attaquèrent l'arrière-garde de l'armée franque de Charlemagne, privant ainsi de sa protection la constitution d'une zone d'influence carolingienne[59] dans la vallée de l'Èbre, similaire aux marches hispaniques de Catalogne. Cette bataille donna naissance à la fameuse Chanson de Roland.
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+ Au IXe siècle, c'est le début de la reconquête des terres prises par les musulmans (Reconquista) et le Pays basque fut alternativement partie du royaume de Navarre et du royaume de Castille. Des conflits existaient entre les commerçants du Pays basque espagnol et les commerçants de Bayonne. C'est aussi le moment de la mise en place des fueros (fors). En Espagne, il s'agit d'une charte accordant aux populations des privilèges et des libertés et issue d'une synthèse entre les lois romaines et wisigothes. Elles sont conclues entre le roi et une vallée, une ville ou un village. Dans les provinces basques, il s'agit au contraire d'un texte que le seigneur jure de respecter pour obtenir l'obéissance de son peuple. Les députés des provinces basques y mettent par écrit les libertés et les franchises que le peuple basque veut conserver.
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+ La province de Navarre sera la plus prospère sous le règne de Sanche le Grand au XIe siècle s'étendant sur une partie de l'Aquitaine au nord et en Aragon à l'est. Au XIIe siècle, elle éclate mais chaque province conserve son système de fueros. La Soule et le Labourd qui reviennent à l'Aquitaine tombent sous domination anglaise avec le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et du roi d'Angleterre. Et durant la guerre de Cent Ans, le Pays basque est écartelé entre la France et l'Angleterre.
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+ En 1521, la Navarre fut envahie par les troupes espagnoles et son territoire au sud des Pyrénées fut annexé à l'Espagne, moyennant promesse royale de respecter les fors de Navarre. Le royaume de Navarre sous domination de la Maison de Foix se réduisait alors aux territoires au nord des Pyrénées. En 1659 est signé le traité des Pyrénées à Hendaye qui marque le rapprochement de l'Espagne et de la France, et la reconnaissance implicite de la frontière au Pays basque, qui sépare donc définitivement en deux parties la Navarre.
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+ Pendant ce temps, les Basques participèrent à une lucrative chasse à la baleine qui les emmena jusqu'aux terres inconnues de l'actuelle Terre-Neuve. De nombreux marins et explorateurs sont issus des territoires basques. La toponymie basque à l'embouchure du Saint-Laurent représente quelques dizaines de noms reconnus, surtout à Terre-Neuve. Par exemple, en Gaspésie nous trouvons « Barachois », l'« Ile aux Basques » face à la ville de Trois-Pistoles. Dans la baie de Sept-Îles, on trouve les îles « Île Grande Basque » et « Île Petite Basque », près d'Escoumins « L'anse aux Basques », du côté de Charlevoix « Lac du Basque » et « L'anse du Chafaud aux Basques ». À ces noms-là, on peut ajouter : Orignac, Orignal, originaires du nom basque orein qui signifie cerf. En outre, certains chercheurs, utilisent les commentaires de Koldo Mitxelena, faits en 1961, qui mentionnaient que le nom de Gaspé est d'origine basque gerizpe/kerizpe ce qui signifie sous l'abri.
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+ La Révolution française voit la réorganisation administrative complète du Pays basque français et la suppression des assemblées spécifiques des trois provinces du nord (Biltzar du Labourd, États de Navarre, Cour d'Ordre en Soule). Au sud, le pouvoir des fueros est contesté par des économistes qui y voient un frein au développement économique. Lors d'une guerre de succession entre Isabelle II d'Espagne et son oncle Don Carlos, les avis sont partagés sur les fueros entre ces deux héritiers du trône. C'est la première puis la seconde guerre carliste entre 1833-1839 puis 1872-1876 qui déchirent l'Espagne. Des guérillas des populations basques s’opposent aux armées des gouvernements libéraux espagnols. Mais en 1876, les fueros sont abolis par ordre du roi et le pouvoir central est affirmé.
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+ La fin du XIXe siècle est marquée, côté espagnol, par la naissance du nationalisme basque. En 1895, le mouvement nationaliste basque, EAJ/PNV (Euzko Alderdi Jeltzalea - Partido Nacionalista Vasco, en castillan) ou EAJ-PNB (Parti Nationaliste Basque, en français), voit le jour et réclame le retour des fueros et l'autonomie des provinces basques. En 1930, des mouvements de gauche et du Front populaire émergent dans les deux pays[réf. nécessaire]. En 1931, la république est déclarée en Espagne et la droite prend le pouvoir.
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+ En 1936, débute la guerre civile espagnole. Dès le lendemain du soulèvement militaire, en juillet 1936, EAJ-PNB, le Parti Nationaliste Basque, proclame son soutien au gouvernement légal républicain de Madrid. En remerciement, les républicains accordent un statut d'autonomie du Pays basque. La Navarre prise dès les premiers jours par le général Mola, et marquée par le Carlisme, soutient Franco tandis que la Biscaye et le Guipuscoa où le Parti nationaliste basque (EAJ-PNB) est puissant, soutiennent le pouvoir républicain en place. Franco attaque le Pays basque en 1937 et le bombardement de Guernica (immortalisé par un célèbre tableau de Picasso) fait de nombreuses victimes civiles. Le gouvernement autonome présidé par José Antonio Aguirre (EAJ-PNB) s'exile à Bayonne lorsque Bilbao est prise en juin 1937. De nombreux exilés rejoignent la partie française du Pays basque. Il ne fallut d'ailleurs pas attendre 1939 qui marque la victoire définitive de Franco pour que commence la répression franquiste.
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+ La résistance basque rejoint les territoires du nord et en plus d'EAJ-PNB, deux mouvements se forment : ETA (Euskadi ta Askatasuna) en 1959 au sud, vite influencé par les idées révolutionnaires, et Enbata en 1963 au nord. Les mouvements se radicalisent et appellent à la violence. C'est le début du terrorisme. Avec l'arrivée de Juan Carlos au pouvoir, des concessions sont faites par le gouvernement espagnol mais cela ne satisfait pas les révolutionnaires qui veulent un peuple basque libre et socialiste. En 1979, le statut de la communauté autonome basque est signé par les provinces sauf la Navarre. Depuis, des institutions basques (parlement, gouvernement, système éducatif, radio-TV) sont mises en place.
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+ Le gouvernement du Pays basque Sud (Hegoalde) de 1937 a émis sa monnaie. Il avait également son passeport, son armée, etc. José Antonio Aguirre était le lehendakari (président). Les quatre provinces basques de Biscaye, du Guipuscoa, de Navarre et d'Alava se déclarèrent autonomes le 8 octobre 1936. Ce régime s’acheva le 18 juin 1937.
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+ Elle commença à être frappée durant la troisième guerre carliste à Paris et Bruxelles. Les dernières monnaies autochtones sont celles frappées par le gouvernement basque en 1937 en Belgique, où l'on a fabriqué 7 millions de pièces de 1 Peseta (nickel, Ø 22 mm, tête de la liberté) et 6 million de pièces de 2 Pesetas (nickel, Ø 26 mm). Pour d'autre raisons, en 1937, on a frappé à Guernica, 50 000 pièces de une peseta pour le conseil des Asturies et León. La même année, à Bilbao, 80 000 pièces de cinquante centimes et 100 000 pièces de une peseta ont été frappées pour le conseil de Santander, Palencia et Burgos.
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+ Le 2 juin 1782 se crée la banque de San Carlos qui émet pour la première fois des billets signés et numérotés à la main en mars 1783. Les séries les mieux accueillies à Madrid sont celles de 200, 500 et 1 000 réals.
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+ Au Pays basque, la banco de Bilbao est la première a émettre, en 1857, des billets pour une valeur de 3 millions de réals et, en 1863, suit la banque de San Sébastian (Donosti en euskara) qui émet pour une valeur de 6 millions de réals. En 1864, les banques de Pampelune (Iruñea en euskara) et Vitoria-Gasteiz émettent respectivement pour 1,3 million réals et 4,1 million réals. Ces trois dernières banques fusionnent avec la banque d'Espagne en 1874, à l'intérieur de laquelle, celle de Bilbao continue son activité commerciale en reprenant ses billets.
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+ Durant la seconde guerre carliste, on émet à Bayonne, des bons du trésor de la Real Hacienda, avec la formule : « remboursable comme dette préférable pour le trésor public » dans les cinq premières années de la pacification du royaume.
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+ Durant la dernière guerre civile et au reste du nord de l'Espagne et isolée de la zone républicaine, la junte de défense de Biscaye dispose de l'émission de talons, émission ratifiée par le gouvernement d'Euskadi (décret du 21 octobre 1936). En 1937, sont émis des billets de 5, 10, 25, 50, 100, 500 et 1 000 pesetas qui présentent le même endroit mais différents motifs pour les revers. Quelques exemplaires portent en violet le sceau du gouvernement d'Euskadi. Existent aussi des sceaux de couleur rouge pour la délégation de Hacienda du gouvernement d'Euskadi en Catalogne.
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+ Ci-dessous des billets de banque émis par la Banco de Bilbao entre 1937 et 1939 pour le gouvernement d'Euskadi.
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+ Note : tous ces billets ont un recto identique, seul le verso diffère.
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+
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+ Recto 5 pesetas
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+ Verso 5 pesetas
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+ Recto 10 pesetas
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+ Verso 10 pesetas
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+
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+ Recto 25 pesetas
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+ Verso 25 pesetas
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+ Recto 50 pesetas
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+ Verso 50 pesetas
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+ Recto 100 pesetas
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+ Verso 100 pesetas
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+ Le tourisme est la principale économie du Pays basque surtout pour la partie nord. Il représente 20 % du PIB pour le Pays basque français tandis que l'industrie réduit cette proportion à 4 % au Pays basque espagnol. Le tourisme est apparu au XIXe siècle avec l'arrivée des premiers touristes à Biarritz venant goûter aux bains marins. De nombreuses personnes célèbres comme Eugénie l'épouse de Napoléon III, le roi Édouard VII d'Angleterre, Edmond Rostand et bien d'autres vedettes se rendront dans le Pays basque afin de profiter des bienfaits de la mer et du thermalisme. Côté espagnol, la ville de Saint-Sébastien attire le plus grand nombre de touristes. Bilbao tire aussi son épingle du jeu avec notamment son musée Guggenheim. La renommée de Saint-Sébastien vient des premiers souverains espagnols puis des riches Espagnols qui allaient en vacances dans cette belle ville côtière. Enfin, les fêtes de San Fermin, qui se déroulent au mois de juillet à Pampelune, sont considérées comme l'une des plus grandes fêtes du monde, et attire plus de 2 millions de personnes chaque année.
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+ L'attrait du Pays basque s'explique aussi par son climat clément en été, mais aussi sa culture, ses traditions et son patrimoine. De nombreuses activités et de nombreux loisirs attirent les touristes. La nature permet de pratiquer la chasse et la pêche mais aussi les sports d'eau vive sur la Nive à Bidarray, la randonnée et le VTT.
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+ La pêche est une activité économique très présente en Pays basque comme en témoignent les nombreux ports que l'on y trouve. Autrefois, les basques pêchaient activement la baleine dont on extrayait de nombreux produits dérivés comme le savon et l'huile. Mais, avec la raréfaction des baleines et l'interdiction de sa chasse, les basques se tournent vers la pêche à la morue au XIXe siècle. Le port de Saint-Jean-de-Luz est typique et permet de retrouver toute l'ambiance d'un port basque. Son activité fut essentiellement tournée vers la sardine et le thon malgré les rivalités avec les pêcheurs bretons sur ces produits.
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+ Au XXe siècle, des rivalités opposent les pêcheurs espagnols aux pêcheurs français qui détériorent les conditions de travail. De plus la réglementation européenne et la raréfaction des ressources provoquent une crise importante dans la profession. Les pêcheurs s'organisent alors en coopératives puis modifient leurs zones de pêche en se déplaçant vers les côtes africaines. Les bateaux-usines se développent pour permettre de réaliser de plus grandes campagnes de pêche. Il existe tout de même un fossé entre les pêcheurs français et espagnols car ces derniers pêchent beaucoup plus que les pêcheurs du Pays basque français.
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+ Les plus grosses industries se situent autour du pôle Bayonne-Anglet-Biarritz côté Nord. Le port de Bayonne est très dynamique et assure les livraisons de soufre et du pétrole de Lacq vers l'extérieur. Il est aussi la plate-forme européenne de distribution des véhicules Ford et General Motors fabriqués en Espagne et au Portugal. Enfin, on retrouve à Anglet l'usine de Dassault Aviation et le technopôle Izarbel à Bidart.
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+ Quelques industries sont issues directement de l'artisanat du Moyen Âge comme la tannerie du cuir à Hasparren, l'espadrille à Mauléon, le linge de table et les textiles dans le Pays basque français.
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+ À Saint-Jean-de-Luz se trouvent au moins trois entreprises mondialement connues : la marque Quiksilver, le groupe Olano et le groupe médical B. Braun. S'y trouve aussi une grande clinique des yeux, première en Aquitaine, travaillant en collaboration avec celle de Toulouse.
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+ Au sud regroupe les mines de fer de Biscaye qui assurent 10 % de la production mondiale et la sidérurgie à Bilbao. Côté financier, Bilbao et BBVA se sont unis afin de créer la deuxième place financière de l'Espagne.
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+ Au sud, l'ameublement et le travail du bois au Guipuscoa et en Biscaye sont très présents.
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+ Aujourd’hui, la Communauté autonome basque fait partie des dix régions dont le niveau d’industrialisation et le niveau de richesse sont les plus élevés d’Europe, aux côtés de la Bavière, du Bade-Wurtemberg, de la Lombardie et de la Haute-Autriche. En juin 2007, le taux de chômage atteignait le niveau record de 3,4 % et le taux de croissance du PIB 4,2 %. Après avoir traversé une grave crise économique et sociale pendant les années 1980, la Communauté autonome basque (ou Euskadi) a opéré un redressement économique spectaculaire.
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+ Avec un PIB par habitant supérieur à la moyenne de l'Union européenne (indice 140 en 2007 contre 109 en Espagne - 111 en France), le Pays basque est devenu en 2007 la région la plus riche d’Espagne devant la Communauté de Madrid (indice 139 en 2007). C'est la première fois qu'une Communauté autonome dépasse la région capitale qui s'était toujours, logiquement, imposée comme la plus riche du pays.
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+ Le centre financier du Pays basque est Bilbao, siège de la Bourse de Bilbao et des banques comme BBVA, et caisse d'épargne Bilbao Bizkaia Kutxa (BBK).
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+ Le Pays basque est une région fortement rurale pour 90 % de son territoire. Le maïs domine les cultures agricoles du Pays basque français et les Pyrénées-Atlantiques sont le deuxième département au niveau national en termes de production de maïs. Mais, la production est fortement concurrentielle et subit des baisses du cours. Certains producteurs préfèrent se tourner vers des productions plus rustiques et de qualité comme le piment d'Espelette, la cerise noire d'Itxassou, les pommes à cidre ou les produits biologiques.
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+ L'agriculture connaît un regain comme nulle part ailleurs en France. Elle représente désormais 6 % de l'activité locale contre 3 % pour le reste du pays, devenant ainsi le premier pôle économique de la région. Et 21 % des exploitations sont gérées par des paysans de moins de 35 ans, contre 15 % pour le reste de l'Hexagone. Compte tenu du relief très vallonné qui ne favorise pas la culture maraîchère, les trois quarts des 5 000 fermes se consacrent à l'élevage ovin : 2 000 d'entre elles possèdent le label AOC et 500 le label bio. « Les petites fermes et les petites collectivités assurent toute la chaîne de production, culture, transformation et vente, explique Michel Bidegain, conseiller à l'agriculture basque. Nous parions sur le marché de produits du terroir et de haute qualité ». Parmi ces productions désormais très valorisées, le piment d'Espelette qui commence à trouver sa place sur les tables des plus grands chefs et dans les épiceries de luxe. Le jambon Quintoa, lui, s'exporte en Asie et attend son appellation AOC. En 2013, un autre label estampillé « Pays basque », viendra confirmer le dynamisme régional. « Il permettra, en outre, de développer et atteindre des nouveaux marchés, des consommateurs toujours plus soucieux de produits authentiques », relève Jean-Baptiste Etcheto[60].
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+ Le vin était très présent dans tout le Pays basque, seuls quelques terroirs demeurent aujourd'hui comme le vin d'Irouléguy les vins de la Rioja, de Navarre et le txakoli autour de Getaria. Quelques cultures d'oliviers sont visibles dans le bassin de l'Èbre. La Navarre est aussi une région de maraîchage.
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+ Les régions montagneuses sont propices à l'élevage pour la production de fromage. Le Pays basque est notamment réputé pour la diversité des fromages de brebis, tant du côté nord que du côté sud avec des appellations protégées telle que l'ossau-iraty, le Roncal ou l'Idiazabal.
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+ Outre un grand nombre de petits producteurs artisanaux, de grands groupes industriels sont installés notamment en Pays basque français telle que Lactalis (fromagerie Pyrénéfrom à Larceveau produisant le fromage Istara ou le Petit Basque) ou le groupe Bongrain (fromagerie des Chaumes à Mauléon avec l'Etorki). Parmi les races ovines typiques de la région, l'on trouve la manech tête noire, la manech tête rousse ou encore la basco-béarnaise.
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+ Les Aquitains (comme les Gascons), les Vardules, les Autrigons, les Caristes et surtout les Vascons sont à l'origine de la culture basque actuelle qui au cours des siècles, a subi d'innombrables influences mais dont la langue ainsi que certaines coutumes sont les fondements. De nos jours, la culture basque vit un véritable renouveau.
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+ Chaque province du Pays Basque possède ses propres particularités culturelles.
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+ L'identité basque est, comme d'autres, complexe et différente selon les individus. Elle s'avère « à géométrie variable » selon le lieu et le concept d'appartenance. L'influence navarraise, française ou espagnole est, selon occurrence, très marquée. Le sentiment d'avoir une, deux, voire trois identités différentes est très répandu dans la population, sans que cela apparaisse aux intéressés comme contradictoire. En Alava, par exemple, où seulement un quart de la population est bascophone, 79 % se considèrent « basques », la langue étant un facteur identitaire parmi d'autres.
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+ La langue basque, ou euskara est une des composantes importantes de la culture basque. C'est une langue vivante, qui est parlée par plus de 1 063 700 personnes, soit 26 % des habitants[61]. En 2010, seulement 22,9 % des habitants du Pays basque ayant accès à Internet à la maison utilisaient la langue basque sur Internet[61]. On peut présumer de son origine au paléolithique supérieur si l'on se réfère aux récentes recherches génétiques et scientifiques, combinées à la linguistique qui démontrent que les Basques d'aujourd'hui sont les descendants les plus fidèles d'un groupe humain qui vivait dans le Pays basque actuel durant cette période et qui survécut à la dernière glaciation[62]. On retrouve pourtant des similarités grammaticales et lexicales avec de nombreuses langues de contrées lointaines (Caucase, Inde dravidienne, Sibérie) mais aucun lien d'échanges linguistiques avec la langue basque n'a encore été prouvé. En revanche la structure grammaticale du basque le distingue fortement de toutes les langues indo-européennes, ce qui lui vaut sa réputation de complexité.
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+ Le basque utilise la déclinaison. Tous les groupes de mots d'une phrase se déclinent et leur terminaison est différente suivant leur rôle dans la phrase. Ces rôles ne coïncident pas partout avec les catégories grammaticales des langues indo-européennes, comme « sujet » et « complément d'objet direct » (le basque est une langue ergative). De plus, le basque est une langue agglutinante, c’est-à-dire que l'on peut cumuler plusieurs suffixes pour obtenir nuances et combinaisons de sens. Pour la conjugaison enfin, la forme du verbe dépend non seulement du temps, du mode et de la personne du sujet, mais elle peut aussi dépendre du complément d'objet direct, de la personne du complément d'attribution, et même des statuts respectifs de la personne qui parle et de celle à qui elle s'adresse (prolongement du tutoiement / vouvoiement).
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+ Dans la communauté autonome basque et le nord de la Communauté forale de Navarre, la langue basque est officielle avec l'espagnol, avec respectivement 99,4 % des enfants qui sont scolarisés dans une école où le basque est enseigné et 41,4 % en Navarre. Les médias aussi favorisent son expansion et son utilisation. En France, la langue est considérée comme une langue minoritaire et seules des associations locales militent pour la sauvegarde et la transmission de la langue. Ces associations locales ont œuvré à la fondation et font vivre des « ikastolak » (écoles basques) dans lesquelles la totalité ou presque de l'enseignement est dispensé en langue basque. Ces ikastola, peu nombreuses, scolarisent les enfants de la maternelle au lycée. Tout comme les écoles confessionnelles, elles ont un statut d'écoles privées sous contrat avec l'État Français, et, à ce titre, bénéficient de financements d'État. De même, les enseignants et personnels de ces établissements sont rémunérés par l'État. Il existe aussi de nombreux établissements scolaires publics qui dispensent un enseignement bilingue (basque/français) de la maternelle au lycée, toutefois, seuls 21,7 % des enfants du Pays basque nord (France) sont scolarisés dans une école basque dont les écoles maternelles représentent plus de 35,5 % du total pour l'année scolaire 2004-2005.
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+
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+ Le Pays basque est connu pour ses fêtes et festivals qui se déroulent toute l'année. Cette particularité peut s'expliquer par la vie autrefois rurale des habitants du Pays basque, par le catholicisme et aussi par un renouveau traditionnel encouragé par le tourisme important de la région.
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192
+ La Soule est notamment réputée pour sa pastorale, représentation théâtrale. Elle est organisée chaque année par un village différent.
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+ Il existe une communauté basque aux États-Unis (près de 100 000 personnes), essentiellement regroupée dans les États de la Californie, le Nevada et l'Idaho. La ville d'Elko dans l'État du Nevada organise chaque mois de juillet un festival basque (National Basque Festival) avec des danses traditionnelles, des spécialités culinaires, des courses de taureaux et des épreuves de force. D'autres festivals tel que celui de Boise dans l'Idaho sont également réputés. Il existe aussi une fête basque à Saint-Pierre-et-Miquelon, car des familles de pêcheurs basques sont venues s'y établir.
195
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196
+ Par ailleurs, la plus grande concentration de Basques se situe en Argentine (près de 3 millions et demi de personnes soit 10 % de la population totale du pays), qui organise chaque année, la Semana Nacional Vasca (la Semaine Nationale Basque). 30 % de la population chilienne porte un nom de famille basque et 30 % de la population uruguayenne a des origines basques.
197
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198
+ Le Parlement de la Communauté autonome basque adopte la date du 25 octobre comme « Jour du Pays basque » (« Euskadi Eguna » ou « Día de Euskadi »), commémorant ainsi le Statut de Gernika approuvé par référendum le 25 octobre 1979. Ce premier jour férié sera fêté en 2011[63].
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+ Grâce à sa pêche traditionnelle on trouve sur les marchés du Pays basque et dans les poissonneries une très grande variété de produits de la mer (thons, sardines, anchois, dorades, soles, merlus, louvines, chipirons, palourdes, crabes, araignées de mer, etc.) et aussi des poissons d'eau douce (truites, saumons, anguilles, pibales, etc.). Avec une agriculture traditionnelle faite de petites exploitations, un climat et une géographie exceptionnels, le Pays basque dispose d’un large éventail de produits du terroir (fromages, agneau, porcs, piments, vins, cidres…). Cependant, des influences gasconnes se font sentir du côté de la France tandis qu'au sud on retrouve des influences espagnoles avec l'huile d'olive, la tomate et les poivrons, la cuisine ne connaissant pas les frontières administratives.
201
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202
+ Dans la culture basque les sociétés gastronomiques ont toujours joué un rôle primordial. Lieux de rencontre, les sociétés gastronomiques sont des associations de village, de quartier, ou socioprofessionnelles qui allient les différentes structures de la culture basque (la langue basque, les danses et les chants basques, les sports basques, et bien sûr la gastronomie basque). La réputation légendaire des Basques pour les défis et les concours fit le reste. Toutes les fêtes et rassemblements populaires sont prétextes à des concours de cuisine, entre quartiers, villages, villes, sociétés gastronomiques ou entre amis. C’est ainsi que les tapas et pintxos (véritables plats traditionnels en miniatures) se sont développés. Dans les bars de Donostia (Saint-Sébastien) comme dans tout le Pays basque on rivalise d’ingéniosité pour créer les meilleures tapas et gagner les différents concours.
203
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204
+ La cuisine basque utilise des produits de la mer comme le thon rouge frit servi avec une piperade (compote de tomates, de piments doux et d'oignons) dans la recette de la marmitako. La morue est cuisinée à la Biscaye avec des tomates et des poivrons. D'autres spécialités à base de poissons sont cuisinées dans le Pays basque : le merlu koxkera, la daurade d'Oihartzun, le ttoro (soupe de poisson spécialité de Saint-Jean-de-Luz), les chipirons (nom local des encornets cuisinés avec leur encre) et le txanguro qui est un crabe farci.
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206
+ Le porc et l'agneau sont les viandes les plus consommées du Pays basque. Dans le Pays basque du sud, l'agneau est servi avec de la sauce basquaise et à Espelette on cuisine l'axoa qui est un plat à base de viande de veau ou d'agneau avec du piment d'Espelette. La viande de porc est du cochon-pie qui a été élevé en semi-liberté et nourri de glands. Le poulet est consommé à la basquaise c'est-à-dire avec une sauce à base de tomates.
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+ Contrairement à l'erreur commise par bien des personnes, il ne faut pas confondre la sauce basquaise avec la piperade (sauce basquaise additionnée d'œufs)
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+ Le fromage basque est un fromage de brebis frais au lait cru. Trois appellations contrôlées distinguent les fromages basques : l'ossau-iraty, le roncal et l'idiazabal. Le jambon dit « de Bayonne » est en réalité basco-béarnais et fabriqué à partir de porcs du Pays basque Nord et des vallées d'Ossau et d'Aspe. Ce jambon était historiquement salé grâce au sel de Salies-de-Béarn puis exporté via l'Adour depuis le port de Bayonne d'où l'appellation jambon de Bayonne qui perdure aujourd'hui. Le porc, et en particulier le porc noir, a été réintroduit dans le Pays basque dans les années 1960 pour faire face à une grave crise agricole. Le foehn, vent sec de cette région, permet lors du séchage de faire pénétrer le sel à l'intérieur du jambon. Enfin, moins connus, les chichons, sorte de rillons et la ventrèche (xingar ou chingar), poitrine séchée et pimentée sont aussi des spécialités locales.
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+ Côté alcool, quatre appellations existent dans le Pays basque : le vin d'Irouléguy appellation du Pays basque nord, le vin blanc de txakoli, les vins de la Rioja et les vins rouges de la région de Tudela, Tafalla et Estella. L'izarra et le patxaran sont des liqueurs basques.
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+ Côté douceurs, les chocolats de Bayonne, de Saint-Sébastien et de Tolosa, les vasquitos et nesquitas de Vitoria, les macarons de Saint-Jean-de-Luz, les goxuas, sortes de baba au rhum à la crème patissière et au caramel, et le fameux gâteau Basque, originaire de Cambo-les-Bains.
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+ Au Pays basque les activités traditionnelles, force basque ou pelote basque, côtoient les activités plus contemporaines comme le golf (huit parcours) ou le surf[64]. La pelote basque est un sport très ancien possédant de nombreuses spécialités avec autant de règles particulières. Le jeu de base se joue à main nue sur le fronton dont chaque village est équipé. La danse, le chant et la musique sont également des éléments traditionnels qui forgent la culture basque.
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+ La maison basque ou etxe est typique et représentative du Pays basque. Mais, on observe des différences régionales comme en Labourd où la maison est asymétrique au niveau de sa toiture ou en Basse-Navarre ou en Soule. Elle servait à accueillir les hommes et les bêtes sous le même toit.
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+ Le Pays basque ou Euskal Herria, soit le pays de la langue basque (l'euskara), est un territoire de traditions (anciennes, renouvelées, ou nouvelles), de cultures et d'histoire basque, terre traditionnelle du peuple autochtone des Basques[1] dont la langue basque est parlée par 28,4 % de la population et comprise par 44,8 %[2],[3]. Appelé au Moyen Âge Vasconie et très probablement Cantabrie à l’époque romaine, il s'étend de l'Èbre à l'Adour, sur deux pays, l'Espagne principalement et la France, à cheval sur l'extrémité occidentale de la chaîne des Pyrénées, et est baigné par le golfe de Gascogne.
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+ Il est difficile de préciser avec exactitude les contours d'Euskal Herria dont les frontières administratives ne coïncident pas toujours avec les frontières ethniques et culturelles[4]. Selon l'Académie de la langue basque, il s'agit des territoires de langue basque nommés en 1643 par l'écrivain Axular dans l'avant-propos de son livre « Gero »[5],[6], à savoir les sept provinces basques traditionnelles (Zazpiak Bat) : le Labourd, la Soule, la Basse-Navarre, la Navarre, la Biscaye, l'Alava et le Guipuscoa.
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+ Sur la base de cette définition, Le Pays basque recouvre actuellement 20 500 km2 et compte trois millions d'habitants[7], répartis en trois entités politiques distinctes. Deux communautés autonomes espagnoles : la communauté autonome du Pays basque (dont les trois provinces, Alava, Guipuscoa et Biscaye, représentent 35 % du territoire et 70 % de la population totale), et la Navarre (plus de 50 % du territoire et 20 % de la population totale). Ainsi qu'une portion du département français des Pyrénées-Atlantiques : le Pays basque français (le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule représentent 15 % du territoire et 10 % de la population), représenté par la communauté d'agglomération du Pays Basque depuis janvier 2017[8].
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+ C'est à l'unité linguistique d'une grande partie de ses habitants que l'ensemble doit son nom[9]. En basque, le nom du pays est aussi étroitement lié à celui de sa langue. Pays basque se traduit par Euskal Herria (Pays basque) = Euskararen Herria (le pays de la langue basque), et Basque par euskaldun = Euskara dun (celui qui possède la langue basque)[10]. Très peu de peuples se désignent et désignent leur pays par la connaissance de leur langue[10]. Quant au mot Euskadi[5], initialement orthographié « Euzkadi » et inventé par le père du nationalisme basque, Sabino Arana, au XIXe siècle, il désigne la patrie basque. Les deux termes ont donc une portée différente. « Euskal Herria » est une notion plus géographique et culturelle, alors que « Euskadi » est une notion politique : elle désigne la nation basque. À l'heure actuelle, Euskadi est le nom basque de la Communauté autonome du Pays basque formée par les 3 provinces : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa (Araba, Bizkaia et Gipuzkoa en basque ; cf. infra).
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+ En février 2011, la séance plénière du Congrès des députés d'Espagne a fait un premier pas pour changer la toponymie officielle des trois territoires de la Communauté autonome basque, qui sont désormais écrits de la façon suivante : Araba-Álava, Bizkaia, Gipuzkoa[11].
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+ Longtemps le royaume de Navarre fut l'expression la plus aboutie de la souveraineté du peuple basque. À la suite de la disparition forcée de ce royaume au XVIe siècle la notion ethno-culturelle « Pays basque » a fini par prendre le dessus sur le concept politique « royaume de Navarre »[réf. nécessaire]. L'expression « Terre des Basques » apparaît très précocement dans les textes en français, ainsi la lit-on déjà dans les « Chroniques » de Jean Froissart écrites dans la deuxième moitié du XIVe siècle[12]. Jusqu'au XVIIIe siècle, l'expression « Pays des Basques » est utilisée pour désigner des espaces d'étendue variable peuplés de Basques.
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+ En basque, la formule Euskal Herria est attestée à partir du XVIe siècle (chez Joanes Leizarraga en 1571). Comme pour les formes françaises, on désigne ainsi les régions peuplées de Basques. En 1643, le traité de religion Gero de Pedro de Axular, en langue basque, est le premier document connu qui décrit territorialement ce « Pays basque » en fournissant l'énumération des sept provinces qui le composent[13].
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+ Une telle description géographique demeure isolée. On note une nouvelle énumération des sept provinces (désignées comme « pays particuliers ») constituant un Pays basque, cette fois en français sous la plume du chevalier de Béla dans son Histoire des Basques rédigée entre 1761 et 1766[14].
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+ Au XIXe siècle, l'expression « Pays basque » est désormais d'usage courant en français[15], encore que son sens varie selon le contexte : région de langue basque, territoire des sept provinces ou territoire des trois provinces basques de France. Pendant cette même période País Vasco reste rare en espagnol : les terres peuplées de Basques sont désignées comme Vascongadas, comme País Vasco- Navarro, País euskaro[15], par l'expression basque Euskal Herría intégrée à la langue espagnole (sous des orthographes variées : Euskal-Erria, escualherria…)[13], ou tout simplement comme Señorío de Vizcaya.
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+ Ainsi dans la deuxième moitié du XIXe siècle, sous des appellations assez variées, le territoire composé des sept « provinces » traditionnelles est devenu un cadre conceptuel d'usage courant, bien au-delà des cercles nationalistes selon l'Académie de la langue basque[13]. À titre d'exemple, on peut mentionner la carte des dialectes basques dressée en 1869 par Louis Lucien Bonaparte qui est intitulée : « Carte des sept provinces basques »[16].
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+ Il est a noter que les basques mexicains composent l'un des groupes européens les plus importants et les plus nombreux au Mexique. Ils sont en général originaires de Navarre, d'Euskadi ou d'Iparralde. C'est l'une des plus grandes diasporas basques au monde.
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+ Avec la montée en puissance du nationalisme basque, Sabino Arana invente un nouveau mot à la fin du XIXe siècle : Euzkadi, la « patrie basque ». Désignant le même territoire que le « Pays basque », il fait plus que décrire la délimitation d'une région culturelle et sous-tend un projet politique pour ce territoire[13]. Un autre terme basque, Zazpiak Bat (« les sept font un ») va fournir encore une autre façon, plus lyrique, de se référer à ce projet politique[16].
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+ On pourrait aussi définir le Pays basque à partir d'un critère purement linguistique, et en retirer notamment le sud de l'Alava et de la Navarre. Ce point de vue est courant voire majoritaire au XIXe siècle ; ainsi à partir de cette définition la Grande Encyclopédie de Berthelot peut-elle écrire au XIXe siècle que « ni Bayonne, ni Pampelune, ni Bilbao ne sont basques ». On retrouve encore ce mode de définition tardivement au XXe siècle comme dans Le Pays basque de Georges Viers, publié en 1975. Cette conception s'est toutefois essoufflée et n'est pratiquement plus défendue de nos jours, où l'identité basque est conçue comme transcendant largement la seule identité linguistique[17].
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+ Plus anecdotique est le projet ultra-nationaliste de Federico Krutwig pour qui le Pays basque doit être une « grande Vasconie » incluant toutes les terres qui auraient été basques un jour : Gascogne, région de Jaca, la Rioja et la Bureba[18]. C'est ce qu'on dénomme en basque Orok Bat, qui signifie « Toutes unies »[19].
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+ La validité du concept de « Pays basque » transnational, au sein duquel s'intègre le Pays basque français, ne pose guère question du côté nord de la frontière[20]. L'inclusion dans le territoire du Pays basque de zones où la langue populaire était le gascon (surtout Bayonne) a pu être une question polémique jusqu'au-delà du milieu du XXe siècle : en 1922 le choix du nom à donner au « Musée basque et de la tradition bayonnaise » est l'objet de « vives discussions » avant d'aboutir à un « compromis »[21], et en 1986 encore, Manex Goyhenetche juge nécessaire, dans son guide historique de Bayonne, de consacrer trois pages véhémentes à affirmer la basquitude de la ville contre « certains auteurs » selon lui « non dépourvus parfois de sentiments anti-basques »[22]. Mais avec le temps, les représentations collectives évoluent et, comme le note Gisèle Carrière-Prignitz, même la rive droite de l'Adour, à Boucau et Saint-Esprit, est aujourd'hui « intégrée » au Pays basque[23] ; les voix regrettant cet état de fait semblent en ce début de XXIe siècle être peu audibles[24], même si Barbara Loyer estime que « cette représentation de l’identité basque de l’agglomération fâche ou inquiète une partie de la population »[25].
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+ En revanche une partie significative de l'opinion publique espagnole et particulièrement navarraise refuse d'admettre la pertinence de ce concept de « Pays basque ». Le chef de l'opposition espagnole, Mariano Rajoy va jusqu'à déclarer, en avril 2006 : « La Navarre est la Navarre depuis des siècles, Euskal Herria n'existe pas »[26].
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+ La Navarre, dont la partie sud n'est plus bascophone, est l'objet d'un sentiment d'identité régionale particulièrement marqué — à tel point qu'on parle de navarrisme. Son articulation avec l'identité basque n'est pas simple et surtout pas univoque, si bien qu'on peut parler aujourd'hui de navarrismes au pluriel : un navarrisme qualifié d'« espagnoliste » par ses adversaires – qui revendique son ancrage à l'Espagne et se construit en s'opposant aux revendications basquisantes – qui s'oppose à un navarrisme basquiste – qui voit dans le projet politique national basque le cadre le plus approprié pour l'épanouissement de l'identité navarraise[27].
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37
+ Cette dualité de conceptions de l'identité navarraise se manifeste dans le sentiment populaire vis-à-vis du concept d'« Euskal Herria », et cette idée d'un grand Pays basque incluant leur province semble rejetée par environ la moitié de la population[28]. On a pu utiliser l'expression d'« Ulster basque » pour décrire l'écartèlement de l'opinion publique navarraise[29].
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39
+ Pierre Letamendia fait remarquer que cette situation n'était pas une fatalité historique : rapprochant la Navarre de l'Alava, il souligne la grande similitude culturelle entre les deux provinces, toutes deux non bascophones au sud, toutes deux marquées par le carlisme et très conservatrices au moment de la guerre civile, toutes deux rurales s'industrialisant seulement au milieu du XXe siècle. Il isole des différences fortuites : l'Alava a adhéré au statut de 1936, la Navarre a un passé de royaume, mais considère aussi comme essentiel le rôle de la presse locale et notamment du Heraldo de Navarra dans la construction d'une identité navarraise en opposition à l'identité basque[30].
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+ La conception extensive du territoire basque qui est l'objet de cet article n'est pas dépourvue de cohérence : ainsi délimité, le Pays basque est simplement la réunion des sept provinces qui contiennent des locuteurs du basque. Pour Barbara Loyer, la formation sociale du territoire va de pair avec l'évolution de l'identité basque. Dans un premier temps essentiellement linguistique, elle est alors « une représentation ethnique avant d'être politique » ; lorsque le nationalisme basque se développe, l'existence d'institutions provinciales similaires dans les sept provinces constitue un élément d'unité particulièrement structurant pour la nouvelle idéologie[31], et cette focalisation sur les anciennes libertés et les fueros conforte l'installation de l'identité nationale basque dans la grille préexistante des limites provinciales[32]. Béatrice Leroy, en posant les difficultés de l'écriture d'une histoire dans ce cadre préétabli, accepte l'exercice en rattachant la territorialité basque aux « normes de la géopolitique du XIXe siècle »[33].
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+ Les auteurs proches du nationalisme basque posent souvent le concept d'« Euskal Herria » comme une donnée, sans discussion de sa validité — même dans des présentations relativement longues de son territoire ou discussions de l'identité basque[34]. La question n'est toutefois pas systématiquement éludée par les nationalistes basques : ainsi Manex Goyhenetche, qui est d'abord un historien, en fait l'ouverture de son Histoire générale du Pays basque sous le titre provocateur « Le Pays basque existe-t-il ? ». Il conclut à une communauté de destin des habitants du territoire, qui malgré leur grande diversité « sont définis par un ensemble de caractères relativement stables susceptibles de conférer une personnalité collective, voire une identité collective »[35]. Plus récemment, Jean-Louis Davant juge qu'il convient de « débattre du principe de la territorialité » puis défend le cadre des sept provinces comme « le plus cohérent » pour représenter le territoire basque[36].
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+ La pensée de Pierre Letamendia est nuancée : pour lui « Ce n'est que par convention et par construction sociale et politique qu'on peut identifier le Pays basque et les sept provinces historiques traditionnelles. Ces dernières ont incontestablement un enracinement historique et politique. Mais celui-ci n'est pas fondé exclusivement ou même principalement sur un substrat culturel basque »[4]. Il admet par ailleurs qu'« il est certain qu'une réelle parenté culturelle rassemble, ou plutôt a rassemblé l'ensemble des Basques »[37].
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+ La géopolitologue Barbara Loyer, foncièrement hostile aux nationalismes régionaux, propose une peinture très critique des enjeux territoriaux de la construction de l'identité. Pour elle « plus on prend en considération des ensembles spatiaux vastes, plus on néglige les diversités locales au profit des représentations ». Dressant un tableau très pessimiste des conséquences des revendications nationales et notamment linguistiques, elle fournit une lecture conflictuelle des inscriptions territoriales ; dans le cas spécifique de la Navarre, elle voit dans le projet national basque une volonté de « faire coïncider par une relation d’appartenance historique une langue et un territoire, sans tenir compte des locuteurs qui y viennent ou qui s’en vont ». Pour elle, « rien n’est moins naturel qu’un territoire » : derrière le choix d'une représentation territoriale, il y a des enjeux géopolitiques en termes de pouvoir[38].
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+ Des auteurs plus ouverts au nationalisme basque sont beaucoup plus optimistes et voient au contraire dans la montée en puissance de la territorialisation de l'identité basque une chance. Interviewé dans Lema, mensuel du parti nationaliste basque, Jean-Philippe Larramendy déclare « J'aime cette idée qu'il suffit d'habiter au Pays basque pour devenir basque »[39]. Une analyse de Thomas Pierre décrit l'évolution de la pensée nationaliste qui, bâtissant depuis les dernières années du XXe siècle une nouvelle « identité territoriale », redéfinit ce que signifie être basque. S'éloignant de la conception linguistique inadéquate et de la conception ethnique qui a longtemps imprégné le mouvement national basque, elle se débarrasse ainsi d'une catégorie de pensée peu rigoureuse. Il est d'ailleurs selon Thomas Pierre intéressant de relever qu'au même moment ce sont les opposants à l'institutionnalisation de la culture basque qui, tout en dénonçant chez leurs adversaires des dérives ethnicistes fantasmées, sont paradoxalement ceux qui continuent à raisonner dans des cadres ethniques périmés[40].
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+ Traditionnellement, le Pays basque est décrit comme formé par la réunion de sept provinces, ou territoires historiques. Quatre au sud des Pyrénées forment le pays basque espagnol (ou Pays basque sud) (Hegoalde) et trois au nord forment le pays basque français (ou Pays basque nord) (Iparralde).
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+ Avec une précision au km² près, chaque source ou presque fournit une valeur différente de la superficie du territoire. Cela peut s'expliquer d'une part par l'indétermination des frontières exactes du pays basque français et d'autre part par le choix d'inclure ou non l'enclave de Treviño dans le calcul : on lit ainsi 20 551 km2 dans Nationalismes au Pays basque[41] ; 20 587 km2 dans Nosostros Los Vascos[42], 20 657 km2 dans l'article (en espagnol) Geografia de l'encyclopédie Auñamendi, 20 664 km2 dans Euskal Herria - Un pueblo[43], 20 725 km2 dans Notre terre basque[44].
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+ Le Pays basque sud (Hegoalde), c'est-à-dire sa partie située en Espagne est formé de deux communautés autonomes :
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+ Pour certaines sources, deux enclaves à l'intérieur de la communauté autonome basque font également partie du Pays basque[46] : l'enclave de Treviño, enclave de la province de Burgos au sein de l'Alava (280 km2[47]) et Valle de Villaverde (20 km2), enclave de la Cantabrie en Biscaye.
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+ Le Pays basque nord (Iparralde en basque), c'est-à-dire la partie du Pays basque située en France, couvre la partie occidentale du département des Pyrénées-Atlantiques. Pour les sources récentes, il est composé de l'arrondissement de Bayonne et des cantons de Mauléon-Licharre et Tardets-Sorholus, les sources divergeant pour inclure ou exclure la commune d'Esquiule[48]. Si on accepte ces conventions[49], la superficie du Pays basque français (y compris les 29 km2 d'Esquiule) est de 2 995 km2[50].
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+ Le Pays basque, dont les frontières ont été définies par la loi Pasqua en 1997, compte 158 communes. Délimitées par les Landes, le golfe de Gascogne, les Pyrénées et la Bidassoa.
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+ Traditionnellement, le Pays basque français est divisé en trois provinces :
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+ Une présentation aussi sommaire est peu cohérente avec l'appartenance au Pays basque de communes du Bas-Adour difficilement rattachables aux anciens territoires des provinces, qui est généralement admise de nos jours ; il est sans doute plus exact de suivre Jean Goyhenetche dans sa description du Pays basque septentrional comme formé de « cinq entités administratives : les deux provinces traditionnelles de Soule et Labourd, le royaume de (basse) Navarre, la ville de Bayonne, la principauté féodale de Gramont »[51].
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+ La Révolution française ayant totalement refondu le système d'administration de la France, les trois provinces (augmentées de villes et villages du Bas-Adour) sont d'abord devenus des districts : celui d'Ustaritz pour le Labourd, celui de Saint-Palais pour la Basse-Navarre, celui de Mauléon pour la Soule. Ces districts sont réunis à trois districts béarnais pour former le nouveau département des Basses-Pyrénées[52]. Au gré des modifications ultérieures du découpage interne du département, les provinces basques ont cessé d'exister dans l'ordre administratif. Un mouvement très actif depuis les dernières décennies du XXe siècle, milite pour la constitution d'un « département Pays basque » dont le territoire serait celui du Pays basque nord (voir à ce sujet l'article Batera).
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+ Trois provinces se partagent la côte basque : le Labourd côté français et le Guipuscoa et la Biscaye côté espagnol. La région est très marquée par l'influence maritime et Bilbao et Bayonne en sont les deux villes rayonnantes. La côte basque commence au sud de l'Adour avec des plages de sables fins qui correspondent au prolongement de la côte landaise. À Anglet, à la chambre d'Amour, les longues plages se terminent et laissent la place à des falaises de 30 à 50 m de hauteur et à des petites plages enfoncées dans des criques. Cette formation rocheuse provient du massif pyrénéen qui rencontre le golfe de Gascogne au niveau de la frontière franco-espagnole (Pointe Sainte Anne, Cap du Figuier). Les formations géologiques sont très hétérogènes le long de la côte. On rencontre du grès calcaire à la pointe Saint-Martin, des marnes bleues sur la côte des basques, ou du flysh vers Bidart, dans la baie de Loya, à Hendaye ou à Zumaia. La côte est alors très découpée et change inexorablement avec l'érosion des pluies et de la mer. Au milieu de ces falaises, on trouve des plages étroites, assez rares et parfois composées de galets et des estuaires qui sont devenus les lieux privilégiés d'urbanisme.
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+ On observe une différence nette entre la côte basque française et la costa vasca (côte basque espagnole). L'expansion de l'urbanisme est importante côté français à cause notamment du tourisme grandissant. Environ 5 % de la côte est libre de construction[réf. nécessaire]. Côté espagnol, la côte est plus préservée et moins urbanisée.
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+ La montagne domine tout le reste du territoire basque avec des hauteurs dépassant 400 m sur plus de la moitié du pays. Ce sont les Pyrénées qui sont dans le centre du Pays basque et coupent ce dernier en deux, formant la frontière entre la France et l'Espagne. Le point culminant des Pyrénées basques est la Table des Trois Rois (Hiru Errege Mahaia) à 2 421 m suivi par les pics d'Ezkaurre (2 047 m) et d'Arlas (2 044 m)[53]. À l'est, les Pyrénées sont élevées et parsemées de forêts et de pâturages d'altitude avec des vallées assez profondes. À l'ouest, la chaîne pyrénéenne est plus calme et forme des plateaux herbeux et des sommets arrondis jusqu'à la mer. Au nord du massif, en Iparralde, les collines vertes dominent jusqu'à l'Adour. On y trouve des prairies, des bois et des champs cultivés de maïs. Au-dessus de l'Adour se forme une plaine alluviale marécageuse appelée les barthes. Au sud de la chaîne axiale, en Navarre, les Pyrénées sont présentes tout le long de la frontière et se prolongent jusqu'à la côte basque espagnole avec des vallées plus vertes et moins étroites. À l'ouest, dans la communauté autonome basque, on trouve la cordillère Cantabrique qui se prolonge vers Bilbao. Elle est formée d'une succession de massifs : le massif d'Aralar, d'Urbasa et d'Andia. Enfin, vers l'Èbre, les plateaux disparaissent au profit d'une grande vallée.
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+ Le climat du Pays basque est varié et fortement influencé par l'océan Atlantique. Le littoral bénéficie de l'influence du Gulf Stream, qui donne un climat tempéré et des températures douces. La température annuelle moyenne est de 13 °C. Les vents dominants sont orientés d'ouest en est et amènent des précipitations régulières en hiver. Au sud, en Espagne, des vents du sud appelés localement haize hegoa permettent de réchauffer tout le pays. Les étés restent doux grâce à l'océan. Les pluies sont assez abondantes et tombent très rapidement sous forme d'orages ce qui donne une végétation riche et verte même en été. Vers le sud du Pays basque en Espagne, le climat devient plutôt méditerranéen voire presque continental avec des hivers secs et froids et une végétation plus steppique.
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+ La faune est très variée sur ce vaste territoire. Les oiseaux sont très présents sur le littoral. On retrouve l'hirondelle de rochers qui niche dans les falaises, l'océanite tempête qui est un oiseau devenu rare, ou le tournepierre à collier que l'on trouve très fréquemment sur les plages et les rochers. Le cormoran, le goéland, la mouette et l'huîtrier pie sont des oiseaux qui fréquentent les côtes basques. C'est aussi un lieu d'hivernage pour le macareux moine, le guillemot de Troïl et le pingouin torda. La montagne est le refuge de nombreux rapaces comme le milan noir, la buse variable ou le vautour fauve.
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+ Des mammifères sont familiers du Pays basque. Autrefois, l'ours brun peuplait les montagnes. Maintenant, on trouve des cerfs, des sangliers, des pottoks (prononcé pottiok), des renards. De nombreux lapins de garenne font le bonheur des chasseurs de la région.
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+ La flore du Pays basque est variée et différente suivant l'altitude et le climat. Sur le littoral, la flore est adaptée aux conditions maritimes de vent et de sel. On y trouve de la lande et de la prairie maritime avec des ajoncs, de la bruyère, de la sérapia langue et du crithme marin. Sur la côte espagnole, les dunes sont fixées grâce à des plantations de pins maritimes, des tamaris et de l'eucalyptus. Le paysage de collines est dominé par des prairies herbeuses et de la lande. En paysage montagnard, on trouve essentiellement des forêts de chênes et de hêtres. Arbailles et Iraty sont les plus grandes forêts de hêtres d'Europe. Au-dessus de 1 800 m, la lande reprend le relais ainsi que les pâturages d'estive. On y retrouve le rhododendron et la myrtille.
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+ L'histoire du Pays basque commence à la préhistoire tels en témoignent les objets retrouvés dans les grottes d'Isturitz et d'Oxocelhaya et de très anciennes sépultures[54].
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+ Comme pour le reste du territoire français ou de la péninsule Ibérique, les populations présentes dans cette région sont caractérisées par l'arrivée au néolithique d'agriculteurs venus d'Anatolie qui se sont mélangés avec la population locale de chasseurs-cueilleurs[55]. Le Pays basque ne se distingue également en rien de l'Ouest de la France, il voit environ 2.000 avant notre ère le remplacement de 40 % des ancêtres présents et de près de 100 % de ses chromosomes Y par des personnes d'ascendance steppique. Ces études montrent que durant l'âge du fer, l'ascendance steppique s'est répandue non seulement dans les régions parlant des langues indo-européennes, mais aussi dans les régions de langues non indo-européennes. L'haplogroupe R-DF27, un sous clade de R-M269 haplogroupe très présent parmi les populations celtiques, atteint 74 % chez les Basques[56]. Il s'est étendu dans la péninsule Ibérique principalement entre 3 500 et 3 000 ans, soit à l'Âge du Bronze moyen[56].
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+
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+ D'une manière générale, les études génétiques révèlent que les Basques actuels sont mieux décrits comme étant une population typique de l'âge du fer sans les adjonctions qui ont ensuite affecté le reste de la péninsule Ibérique[57]. Les Basques représentent un isolement récent avec des goulots d'étranglement de l'ADN-Y après les mouvements de population de l'âge du fer à l'époque romaine[57].
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+
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+ Les historiens romains relatent l'existence de nombreuses tribus différentes des Celtes ou des Gaulois : Autrigons, Caristes, Vardules, Bérones, Vascons et Aquitains. Ces derniers collaborent sans doute pleinement avec les Romains. Au Moyen Âge, les Romains sont supplantés par les Wisigoths qui ont envahi toute la péninsule et les Francs qui se trouvent au nord des Pyrénées. Au milieu se forme le territoire des Vascons. Ils ne se soumettent pas au roi des Francs et n'hésitent pas à piller les villages au sud comme au nord. La particularité basque d'une société indépendante et très égalitaire apparaît alors à cette période.[réf. nécessaire]
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+ Au VIIIe siècle, l'invasion musulmane provenant du sud prend le territoire des Basques. Se forme alors le royaume de Pampelune, prélude du royaume de Navarre. Charlemagne, à la suite de sa déconvenue à Saragosse[58], met à sac la ville de Pampelune et détruit ses murailles. En 778 eut lieu la Bataille de Roncevaux, où, pour se venger, les Vascons attaquèrent l'arrière-garde de l'armée franque de Charlemagne, privant ainsi de sa protection la constitution d'une zone d'influence carolingienne[59] dans la vallée de l'Èbre, similaire aux marches hispaniques de Catalogne. Cette bataille donna naissance à la fameuse Chanson de Roland.
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+ Au IXe siècle, c'est le début de la reconquête des terres prises par les musulmans (Reconquista) et le Pays basque fut alternativement partie du royaume de Navarre et du royaume de Castille. Des conflits existaient entre les commerçants du Pays basque espagnol et les commerçants de Bayonne. C'est aussi le moment de la mise en place des fueros (fors). En Espagne, il s'agit d'une charte accordant aux populations des privilèges et des libertés et issue d'une synthèse entre les lois romaines et wisigothes. Elles sont conclues entre le roi et une vallée, une ville ou un village. Dans les provinces basques, il s'agit au contraire d'un texte que le seigneur jure de respecter pour obtenir l'obéissance de son peuple. Les députés des provinces basques y mettent par écrit les libertés et les franchises que le peuple basque veut conserver.
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+ La province de Navarre sera la plus prospère sous le règne de Sanche le Grand au XIe siècle s'étendant sur une partie de l'Aquitaine au nord et en Aragon à l'est. Au XIIe siècle, elle éclate mais chaque province conserve son système de fueros. La Soule et le Labourd qui reviennent à l'Aquitaine tombent sous domination anglaise avec le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et du roi d'Angleterre. Et durant la guerre de Cent Ans, le Pays basque est écartelé entre la France et l'Angleterre.
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+ En 1521, la Navarre fut envahie par les troupes espagnoles et son territoire au sud des Pyrénées fut annexé à l'Espagne, moyennant promesse royale de respecter les fors de Navarre. Le royaume de Navarre sous domination de la Maison de Foix se réduisait alors aux territoires au nord des Pyrénées. En 1659 est signé le traité des Pyrénées à Hendaye qui marque le rapprochement de l'Espagne et de la France, et la reconnaissance implicite de la frontière au Pays basque, qui sépare donc définitivement en deux parties la Navarre.
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+ Pendant ce temps, les Basques participèrent à une lucrative chasse à la baleine qui les emmena jusqu'aux terres inconnues de l'actuelle Terre-Neuve. De nombreux marins et explorateurs sont issus des territoires basques. La toponymie basque à l'embouchure du Saint-Laurent représente quelques dizaines de noms reconnus, surtout à Terre-Neuve. Par exemple, en Gaspésie nous trouvons « Barachois », l'« Ile aux Basques » face à la ville de Trois-Pistoles. Dans la baie de Sept-Îles, on trouve les îles « Île Grande Basque » et « Île Petite Basque », près d'Escoumins « L'anse aux Basques », du côté de Charlevoix « Lac du Basque » et « L'anse du Chafaud aux Basques ». À ces noms-là, on peut ajouter : Orignac, Orignal, originaires du nom basque orein qui signifie cerf. En outre, certains chercheurs, utilisent les commentaires de Koldo Mitxelena, faits en 1961, qui mentionnaient que le nom de Gaspé est d'origine basque gerizpe/kerizpe ce qui signifie sous l'abri.
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+ La Révolution française voit la réorganisation administrative complète du Pays basque français et la suppression des assemblées spécifiques des trois provinces du nord (Biltzar du Labourd, États de Navarre, Cour d'Ordre en Soule). Au sud, le pouvoir des fueros est contesté par des économistes qui y voient un frein au développement économique. Lors d'une guerre de succession entre Isabelle II d'Espagne et son oncle Don Carlos, les avis sont partagés sur les fueros entre ces deux héritiers du trône. C'est la première puis la seconde guerre carliste entre 1833-1839 puis 1872-1876 qui déchirent l'Espagne. Des guérillas des populations basques s’opposent aux armées des gouvernements libéraux espagnols. Mais en 1876, les fueros sont abolis par ordre du roi et le pouvoir central est affirmé.
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+ La fin du XIXe siècle est marquée, côté espagnol, par la naissance du nationalisme basque. En 1895, le mouvement nationaliste basque, EAJ/PNV (Euzko Alderdi Jeltzalea - Partido Nacionalista Vasco, en castillan) ou EAJ-PNB (Parti Nationaliste Basque, en français), voit le jour et réclame le retour des fueros et l'autonomie des provinces basques. En 1930, des mouvements de gauche et du Front populaire émergent dans les deux pays[réf. nécessaire]. En 1931, la république est déclarée en Espagne et la droite prend le pouvoir.
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+ En 1936, débute la guerre civile espagnole. Dès le lendemain du soulèvement militaire, en juillet 1936, EAJ-PNB, le Parti Nationaliste Basque, proclame son soutien au gouvernement légal républicain de Madrid. En remerciement, les républicains accordent un statut d'autonomie du Pays basque. La Navarre prise dès les premiers jours par le général Mola, et marquée par le Carlisme, soutient Franco tandis que la Biscaye et le Guipuscoa où le Parti nationaliste basque (EAJ-PNB) est puissant, soutiennent le pouvoir républicain en place. Franco attaque le Pays basque en 1937 et le bombardement de Guernica (immortalisé par un célèbre tableau de Picasso) fait de nombreuses victimes civiles. Le gouvernement autonome présidé par José Antonio Aguirre (EAJ-PNB) s'exile à Bayonne lorsque Bilbao est prise en juin 1937. De nombreux exilés rejoignent la partie française du Pays basque. Il ne fallut d'ailleurs pas attendre 1939 qui marque la victoire définitive de Franco pour que commence la répression franquiste.
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+ La résistance basque rejoint les territoires du nord et en plus d'EAJ-PNB, deux mouvements se forment : ETA (Euskadi ta Askatasuna) en 1959 au sud, vite influencé par les idées révolutionnaires, et Enbata en 1963 au nord. Les mouvements se radicalisent et appellent à la violence. C'est le début du terrorisme. Avec l'arrivée de Juan Carlos au pouvoir, des concessions sont faites par le gouvernement espagnol mais cela ne satisfait pas les révolutionnaires qui veulent un peuple basque libre et socialiste. En 1979, le statut de la communauté autonome basque est signé par les provinces sauf la Navarre. Depuis, des institutions basques (parlement, gouvernement, système éducatif, radio-TV) sont mises en place.
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+ Le gouvernement du Pays basque Sud (Hegoalde) de 1937 a émis sa monnaie. Il avait également son passeport, son armée, etc. José Antonio Aguirre était le lehendakari (président). Les quatre provinces basques de Biscaye, du Guipuscoa, de Navarre et d'Alava se déclarèrent autonomes le 8 octobre 1936. Ce régime s’acheva le 18 juin 1937.
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+ Elle commença à être frappée durant la troisième guerre carliste à Paris et Bruxelles. Les dernières monnaies autochtones sont celles frappées par le gouvernement basque en 1937 en Belgique, où l'on a fabriqué 7 millions de pièces de 1 Peseta (nickel, Ø 22 mm, tête de la liberté) et 6 million de pièces de 2 Pesetas (nickel, Ø 26 mm). Pour d'autre raisons, en 1937, on a frappé à Guernica, 50 000 pièces de une peseta pour le conseil des Asturies et León. La même année, à Bilbao, 80 000 pièces de cinquante centimes et 100 000 pièces de une peseta ont été frappées pour le conseil de Santander, Palencia et Burgos.
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+ Le 2 juin 1782 se crée la banque de San Carlos qui émet pour la première fois des billets signés et numérotés à la main en mars 1783. Les séries les mieux accueillies à Madrid sont celles de 200, 500 et 1 000 réals.
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+ Au Pays basque, la banco de Bilbao est la première a émettre, en 1857, des billets pour une valeur de 3 millions de réals et, en 1863, suit la banque de San Sébastian (Donosti en euskara) qui émet pour une valeur de 6 millions de réals. En 1864, les banques de Pampelune (Iruñea en euskara) et Vitoria-Gasteiz émettent respectivement pour 1,3 million réals et 4,1 million réals. Ces trois dernières banques fusionnent avec la banque d'Espagne en 1874, à l'intérieur de laquelle, celle de Bilbao continue son activité commerciale en reprenant ses billets.
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+ Durant la seconde guerre carliste, on émet à Bayonne, des bons du trésor de la Real Hacienda, avec la formule : « remboursable comme dette préférable pour le trésor public » dans les cinq premières années de la pacification du royaume.
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+ Durant la dernière guerre civile et au reste du nord de l'Espagne et isolée de la zone républicaine, la junte de défense de Biscaye dispose de l'émission de talons, émission ratifiée par le gouvernement d'Euskadi (décret du 21 octobre 1936). En 1937, sont émis des billets de 5, 10, 25, 50, 100, 500 et 1 000 pesetas qui présentent le même endroit mais différents motifs pour les revers. Quelques exemplaires portent en violet le sceau du gouvernement d'Euskadi. Existent aussi des sceaux de couleur rouge pour la délégation de Hacienda du gouvernement d'Euskadi en Catalogne.
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+ Ci-dessous des billets de banque émis par la Banco de Bilbao entre 1937 et 1939 pour le gouvernement d'Euskadi.
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+ Note : tous ces billets ont un recto identique, seul le verso diffère.
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+ Recto 5 pesetas
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+ Verso 5 pesetas
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+ Recto 10 pesetas
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+ Verso 10 pesetas
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+ Recto 25 pesetas
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+ Verso 25 pesetas
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+ Recto 50 pesetas
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+ Verso 50 pesetas
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+ Recto 100 pesetas
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+ Verso 100 pesetas
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+ Le tourisme est la principale économie du Pays basque surtout pour la partie nord. Il représente 20 % du PIB pour le Pays basque français tandis que l'industrie réduit cette proportion à 4 % au Pays basque espagnol. Le tourisme est apparu au XIXe siècle avec l'arrivée des premiers touristes à Biarritz venant goûter aux bains marins. De nombreuses personnes célèbres comme Eugénie l'épouse de Napoléon III, le roi Édouard VII d'Angleterre, Edmond Rostand et bien d'autres vedettes se rendront dans le Pays basque afin de profiter des bienfaits de la mer et du thermalisme. Côté espagnol, la ville de Saint-Sébastien attire le plus grand nombre de touristes. Bilbao tire aussi son épingle du jeu avec notamment son musée Guggenheim. La renommée de Saint-Sébastien vient des premiers souverains espagnols puis des riches Espagnols qui allaient en vacances dans cette belle ville côtière. Enfin, les fêtes de San Fermin, qui se déroulent au mois de juillet à Pampelune, sont considérées comme l'une des plus grandes fêtes du monde, et attire plus de 2 millions de personnes chaque année.
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+ L'attrait du Pays basque s'explique aussi par son climat clément en été, mais aussi sa culture, ses traditions et son patrimoine. De nombreuses activités et de nombreux loisirs attirent les touristes. La nature permet de pratiquer la chasse et la pêche mais aussi les sports d'eau vive sur la Nive à Bidarray, la randonnée et le VTT.
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+ La pêche est une activité économique très présente en Pays basque comme en témoignent les nombreux ports que l'on y trouve. Autrefois, les basques pêchaient activement la baleine dont on extrayait de nombreux produits dérivés comme le savon et l'huile. Mais, avec la raréfaction des baleines et l'interdiction de sa chasse, les basques se tournent vers la pêche à la morue au XIXe siècle. Le port de Saint-Jean-de-Luz est typique et permet de retrouver toute l'ambiance d'un port basque. Son activité fut essentiellement tournée vers la sardine et le thon malgré les rivalités avec les pêcheurs bretons sur ces produits.
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+ Au XXe siècle, des rivalités opposent les pêcheurs espagnols aux pêcheurs français qui détériorent les conditions de travail. De plus la réglementation européenne et la raréfaction des ressources provoquent une crise importante dans la profession. Les pêcheurs s'organisent alors en coopératives puis modifient leurs zones de pêche en se déplaçant vers les côtes africaines. Les bateaux-usines se développent pour permettre de réaliser de plus grandes campagnes de pêche. Il existe tout de même un fossé entre les pêcheurs français et espagnols car ces derniers pêchent beaucoup plus que les pêcheurs du Pays basque français.
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+ Les plus grosses industries se situent autour du pôle Bayonne-Anglet-Biarritz côté Nord. Le port de Bayonne est très dynamique et assure les livraisons de soufre et du pétrole de Lacq vers l'extérieur. Il est aussi la plate-forme européenne de distribution des véhicules Ford et General Motors fabriqués en Espagne et au Portugal. Enfin, on retrouve à Anglet l'usine de Dassault Aviation et le technopôle Izarbel à Bidart.
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+ Quelques industries sont issues directement de l'artisanat du Moyen Âge comme la tannerie du cuir à Hasparren, l'espadrille à Mauléon, le linge de table et les textiles dans le Pays basque français.
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+ À Saint-Jean-de-Luz se trouvent au moins trois entreprises mondialement connues : la marque Quiksilver, le groupe Olano et le groupe médical B. Braun. S'y trouve aussi une grande clinique des yeux, première en Aquitaine, travaillant en collaboration avec celle de Toulouse.
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+ Au sud regroupe les mines de fer de Biscaye qui assurent 10 % de la production mondiale et la sidérurgie à Bilbao. Côté financier, Bilbao et BBVA se sont unis afin de créer la deuxième place financière de l'Espagne.
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+ Au sud, l'ameublement et le travail du bois au Guipuscoa et en Biscaye sont très présents.
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+ Aujourd’hui, la Communauté autonome basque fait partie des dix régions dont le niveau d’industrialisation et le niveau de richesse sont les plus élevés d’Europe, aux côtés de la Bavière, du Bade-Wurtemberg, de la Lombardie et de la Haute-Autriche. En juin 2007, le taux de chômage atteignait le niveau record de 3,4 % et le taux de croissance du PIB 4,2 %. Après avoir traversé une grave crise économique et sociale pendant les années 1980, la Communauté autonome basque (ou Euskadi) a opéré un redressement économique spectaculaire.
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+ Avec un PIB par habitant supérieur à la moyenne de l'Union européenne (indice 140 en 2007 contre 109 en Espagne - 111 en France), le Pays basque est devenu en 2007 la région la plus riche d’Espagne devant la Communauté de Madrid (indice 139 en 2007). C'est la première fois qu'une Communauté autonome dépasse la région capitale qui s'était toujours, logiquement, imposée comme la plus riche du pays.
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+ Le centre financier du Pays basque est Bilbao, siège de la Bourse de Bilbao et des banques comme BBVA, et caisse d'épargne Bilbao Bizkaia Kutxa (BBK).
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+ Le Pays basque est une région fortement rurale pour 90 % de son territoire. Le maïs domine les cultures agricoles du Pays basque français et les Pyrénées-Atlantiques sont le deuxième département au niveau national en termes de production de maïs. Mais, la production est fortement concurrentielle et subit des baisses du cours. Certains producteurs préfèrent se tourner vers des productions plus rustiques et de qualité comme le piment d'Espelette, la cerise noire d'Itxassou, les pommes à cidre ou les produits biologiques.
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+ L'agriculture connaît un regain comme nulle part ailleurs en France. Elle représente désormais 6 % de l'activité locale contre 3 % pour le reste du pays, devenant ainsi le premier pôle économique de la région. Et 21 % des exploitations sont gérées par des paysans de moins de 35 ans, contre 15 % pour le reste de l'Hexagone. Compte tenu du relief très vallonné qui ne favorise pas la culture maraîchère, les trois quarts des 5 000 fermes se consacrent à l'élevage ovin : 2 000 d'entre elles possèdent le label AOC et 500 le label bio. « Les petites fermes et les petites collectivités assurent toute la chaîne de production, culture, transformation et vente, explique Michel Bidegain, conseiller à l'agriculture basque. Nous parions sur le marché de produits du terroir et de haute qualité ». Parmi ces productions désormais très valorisées, le piment d'Espelette qui commence à trouver sa place sur les tables des plus grands chefs et dans les épiceries de luxe. Le jambon Quintoa, lui, s'exporte en Asie et attend son appellation AOC. En 2013, un autre label estampillé « Pays basque », viendra confirmer le dynamisme régional. « Il permettra, en outre, de développer et atteindre des nouveaux marchés, des consommateurs toujours plus soucieux de produits authentiques », relève Jean-Baptiste Etcheto[60].
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+ Le vin était très présent dans tout le Pays basque, seuls quelques terroirs demeurent aujourd'hui comme le vin d'Irouléguy les vins de la Rioja, de Navarre et le txakoli autour de Getaria. Quelques cultures d'oliviers sont visibles dans le bassin de l'Èbre. La Navarre est aussi une région de maraîchage.
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+ Les régions montagneuses sont propices à l'élevage pour la production de fromage. Le Pays basque est notamment réputé pour la diversité des fromages de brebis, tant du côté nord que du côté sud avec des appellations protégées telle que l'ossau-iraty, le Roncal ou l'Idiazabal.
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+ Outre un grand nombre de petits producteurs artisanaux, de grands groupes industriels sont installés notamment en Pays basque français telle que Lactalis (fromagerie Pyrénéfrom à Larceveau produisant le fromage Istara ou le Petit Basque) ou le groupe Bongrain (fromagerie des Chaumes à Mauléon avec l'Etorki). Parmi les races ovines typiques de la région, l'on trouve la manech tête noire, la manech tête rousse ou encore la basco-béarnaise.
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+ Les Aquitains (comme les Gascons), les Vardules, les Autrigons, les Caristes et surtout les Vascons sont à l'origine de la culture basque actuelle qui au cours des siècles, a subi d'innombrables influences mais dont la langue ainsi que certaines coutumes sont les fondements. De nos jours, la culture basque vit un véritable renouveau.
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+ Chaque province du Pays Basque possède ses propres particularités culturelles.
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+ L'identité basque est, comme d'autres, complexe et différente selon les individus. Elle s'avère « à géométrie variable » selon le lieu et le concept d'appartenance. L'influence navarraise, française ou espagnole est, selon occurrence, très marquée. Le sentiment d'avoir une, deux, voire trois identités différentes est très répandu dans la population, sans que cela apparaisse aux intéressés comme contradictoire. En Alava, par exemple, où seulement un quart de la population est bascophone, 79 % se considèrent « basques », la langue étant un facteur identitaire parmi d'autres.
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+ La langue basque, ou euskara est une des composantes importantes de la culture basque. C'est une langue vivante, qui est parlée par plus de 1 063 700 personnes, soit 26 % des habitants[61]. En 2010, seulement 22,9 % des habitants du Pays basque ayant accès à Internet à la maison utilisaient la langue basque sur Internet[61]. On peut présumer de son origine au paléolithique supérieur si l'on se réfère aux récentes recherches génétiques et scientifiques, combinées à la linguistique qui démontrent que les Basques d'aujourd'hui sont les descendants les plus fidèles d'un groupe humain qui vivait dans le Pays basque actuel durant cette période et qui survécut à la dernière glaciation[62]. On retrouve pourtant des similarités grammaticales et lexicales avec de nombreuses langues de contrées lointaines (Caucase, Inde dravidienne, Sibérie) mais aucun lien d'échanges linguistiques avec la langue basque n'a encore été prouvé. En revanche la structure grammaticale du basque le distingue fortement de toutes les langues indo-européennes, ce qui lui vaut sa réputation de complexité.
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+ Le basque utilise la déclinaison. Tous les groupes de mots d'une phrase se déclinent et leur terminaison est différente suivant leur rôle dans la phrase. Ces rôles ne coïncident pas partout avec les catégories grammaticales des langues indo-européennes, comme « sujet » et « complément d'objet direct » (le basque est une langue ergative). De plus, le basque est une langue agglutinante, c’est-à-dire que l'on peut cumuler plusieurs suffixes pour obtenir nuances et combinaisons de sens. Pour la conjugaison enfin, la forme du verbe dépend non seulement du temps, du mode et de la personne du sujet, mais elle peut aussi dépendre du complément d'objet direct, de la personne du complément d'attribution, et même des statuts respectifs de la personne qui parle et de celle à qui elle s'adresse (prolongement du tutoiement / vouvoiement).
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+ Dans la communauté autonome basque et le nord de la Communauté forale de Navarre, la langue basque est officielle avec l'espagnol, avec respectivement 99,4 % des enfants qui sont scolarisés dans une école où le basque est enseigné et 41,4 % en Navarre. Les médias aussi favorisent son expansion et son utilisation. En France, la langue est considérée comme une langue minoritaire et seules des associations locales militent pour la sauvegarde et la transmission de la langue. Ces associations locales ont œuvré à la fondation et font vivre des « ikastolak » (écoles basques) dans lesquelles la totalité ou presque de l'enseignement est dispensé en langue basque. Ces ikastola, peu nombreuses, scolarisent les enfants de la maternelle au lycée. Tout comme les écoles confessionnelles, elles ont un statut d'écoles privées sous contrat avec l'État Français, et, à ce titre, bénéficient de financements d'État. De même, les enseignants et personnels de ces établissements sont rémunérés par l'État. Il existe aussi de nombreux établissements scolaires publics qui dispensent un enseignement bilingue (basque/français) de la maternelle au lycée, toutefois, seuls 21,7 % des enfants du Pays basque nord (France) sont scolarisés dans une école basque dont les écoles maternelles représentent plus de 35,5 % du total pour l'année scolaire 2004-2005.
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+ Le Pays basque est connu pour ses fêtes et festivals qui se déroulent toute l'année. Cette particularité peut s'expliquer par la vie autrefois rurale des habitants du Pays basque, par le catholicisme et aussi par un renouveau traditionnel encouragé par le tourisme important de la région.
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+ La Soule est notamment réputée pour sa pastorale, représentation théâtrale. Elle est organisée chaque année par un village différent.
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+ Il existe une communauté basque aux États-Unis (près de 100 000 personnes), essentiellement regroupée dans les États de la Californie, le Nevada et l'Idaho. La ville d'Elko dans l'État du Nevada organise chaque mois de juillet un festival basque (National Basque Festival) avec des danses traditionnelles, des spécialités culinaires, des courses de taureaux et des épreuves de force. D'autres festivals tel que celui de Boise dans l'Idaho sont également réputés. Il existe aussi une fête basque à Saint-Pierre-et-Miquelon, car des familles de pêcheurs basques sont venues s'y établir.
195
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196
+ Par ailleurs, la plus grande concentration de Basques se situe en Argentine (près de 3 millions et demi de personnes soit 10 % de la population totale du pays), qui organise chaque année, la Semana Nacional Vasca (la Semaine Nationale Basque). 30 % de la population chilienne porte un nom de famille basque et 30 % de la population uruguayenne a des origines basques.
197
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+ Le Parlement de la Communauté autonome basque adopte la date du 25 octobre comme « Jour du Pays basque » (« Euskadi Eguna » ou « Día de Euskadi »), commémorant ainsi le Statut de Gernika approuvé par référendum le 25 octobre 1979. Ce premier jour férié sera fêté en 2011[63].
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+ Grâce à sa pêche traditionnelle on trouve sur les marchés du Pays basque et dans les poissonneries une très grande variété de produits de la mer (thons, sardines, anchois, dorades, soles, merlus, louvines, chipirons, palourdes, crabes, araignées de mer, etc.) et aussi des poissons d'eau douce (truites, saumons, anguilles, pibales, etc.). Avec une agriculture traditionnelle faite de petites exploitations, un climat et une géographie exceptionnels, le Pays basque dispose d’un large éventail de produits du terroir (fromages, agneau, porcs, piments, vins, cidres…). Cependant, des influences gasconnes se font sentir du côté de la France tandis qu'au sud on retrouve des influences espagnoles avec l'huile d'olive, la tomate et les poivrons, la cuisine ne connaissant pas les frontières administratives.
201
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202
+ Dans la culture basque les sociétés gastronomiques ont toujours joué un rôle primordial. Lieux de rencontre, les sociétés gastronomiques sont des associations de village, de quartier, ou socioprofessionnelles qui allient les différentes structures de la culture basque (la langue basque, les danses et les chants basques, les sports basques, et bien sûr la gastronomie basque). La réputation légendaire des Basques pour les défis et les concours fit le reste. Toutes les fêtes et rassemblements populaires sont prétextes à des concours de cuisine, entre quartiers, villages, villes, sociétés gastronomiques ou entre amis. C’est ainsi que les tapas et pintxos (véritables plats traditionnels en miniatures) se sont développés. Dans les bars de Donostia (Saint-Sébastien) comme dans tout le Pays basque on rivalise d’ingéniosité pour créer les meilleures tapas et gagner les différents concours.
203
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204
+ La cuisine basque utilise des produits de la mer comme le thon rouge frit servi avec une piperade (compote de tomates, de piments doux et d'oignons) dans la recette de la marmitako. La morue est cuisinée à la Biscaye avec des tomates et des poivrons. D'autres spécialités à base de poissons sont cuisinées dans le Pays basque : le merlu koxkera, la daurade d'Oihartzun, le ttoro (soupe de poisson spécialité de Saint-Jean-de-Luz), les chipirons (nom local des encornets cuisinés avec leur encre) et le txanguro qui est un crabe farci.
205
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206
+ Le porc et l'agneau sont les viandes les plus consommées du Pays basque. Dans le Pays basque du sud, l'agneau est servi avec de la sauce basquaise et à Espelette on cuisine l'axoa qui est un plat à base de viande de veau ou d'agneau avec du piment d'Espelette. La viande de porc est du cochon-pie qui a été élevé en semi-liberté et nourri de glands. Le poulet est consommé à la basquaise c'est-à-dire avec une sauce à base de tomates.
207
+ Contrairement à l'erreur commise par bien des personnes, il ne faut pas confondre la sauce basquaise avec la piperade (sauce basquaise additionnée d'œufs)
208
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209
+ Le fromage basque est un fromage de brebis frais au lait cru. Trois appellations contrôlées distinguent les fromages basques : l'ossau-iraty, le roncal et l'idiazabal. Le jambon dit « de Bayonne » est en réalité basco-béarnais et fabriqué à partir de porcs du Pays basque Nord et des vallées d'Ossau et d'Aspe. Ce jambon était historiquement salé grâce au sel de Salies-de-Béarn puis exporté via l'Adour depuis le port de Bayonne d'où l'appellation jambon de Bayonne qui perdure aujourd'hui. Le porc, et en particulier le porc noir, a été réintroduit dans le Pays basque dans les années 1960 pour faire face à une grave crise agricole. Le foehn, vent sec de cette région, permet lors du séchage de faire pénétrer le sel à l'intérieur du jambon. Enfin, moins connus, les chichons, sorte de rillons et la ventrèche (xingar ou chingar), poitrine séchée et pimentée sont aussi des spécialités locales.
210
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211
+ Côté alcool, quatre appellations existent dans le Pays basque : le vin d'Irouléguy appellation du Pays basque nord, le vin blanc de txakoli, les vins de la Rioja et les vins rouges de la région de Tudela, Tafalla et Estella. L'izarra et le patxaran sont des liqueurs basques.
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213
+ Côté douceurs, les chocolats de Bayonne, de Saint-Sébastien et de Tolosa, les vasquitos et nesquitas de Vitoria, les macarons de Saint-Jean-de-Luz, les goxuas, sortes de baba au rhum à la crème patissière et au caramel, et le fameux gâteau Basque, originaire de Cambo-les-Bains.
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+ Au Pays basque les activités traditionnelles, force basque ou pelote basque, côtoient les activités plus contemporaines comme le golf (huit parcours) ou le surf[64]. La pelote basque est un sport très ancien possédant de nombreuses spécialités avec autant de règles particulières. Le jeu de base se joue à main nue sur le fronton dont chaque village est équipé. La danse, le chant et la musique sont également des éléments traditionnels qui forgent la culture basque.
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+ La maison basque ou etxe est typique et représentative du Pays basque. Mais, on observe des différences régionales comme en Labourd où la maison est asymétrique au niveau de sa toiture ou en Basse-Navarre ou en Soule. Elle servait à accueillir les hommes et les bêtes sous le même toit.
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+ Wales (en)Cymru (cy)
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+ Le pays de Galles (en anglais : Wales, en gallois : Cymru) est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l'Ouest de l'île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l'Angleterre à l'est et est bordé par la mer d'Irlande au nord et à l'ouest et le canal de Bristol au sud.
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+ Le pays de Galles s'étend sur environ 20 779 km2 et son relief, majoritairement montagneux, culmine à 1 085 m d'altitude avec le mont Snowdon. Sa capitale et plus grande ville est Cardiff avec 315 000 habitants.
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+ Politiquement, le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni, au même titre que l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande du Nord. Dans le cadre de la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni, le pays de Galles dispose d'un organe législatif, le Parlement gallois, et d'un Premier ministre, poste actuellement occupé par Mark Drakeford.
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+ Jusqu'à sa conquête en 1284 par Édouard Ier, le pays de Galles était constitué de nombreuses principautés indépendantes. Les Laws in Wales Acts de 1535 et 1542 intègrent le système juridique gallois à celui du royaume d'Angleterre. En 1998, le Government of Wales Act (en) met en place la dévolution du pouvoir et crée l'Assemblée nationale et le poste de Premier ministre.
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+ Culturellement, le pays de Galles est l'une des six nations celtiques. Depuis 1301, il est traditionnel pour le monarque du Royaume-Uni de sacrer son fils aîné prince de Galles, même si ce n'est pas automatique puisque le titre est octroyé lors d'une cérémonie ad hoc[Note 1].
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+ Le nom anglais, Wales, est issu du mot germanique Walh, qui signifie « parlant une langue celtique ou romane ». Il a donné Galles en français car le W germanique est devenu G en français (ex. : Wilhelm = Guillaume, Walho = pays gallo). On retrouve ce terme dans d'autres langues et dans d'autres régions pour désigner soit des populations parlant une langue celtique ou romane, soit les terres qu'ils habitent (Walcheren, Wallonie, Welche, Valachie…).
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+ Le nom gallois, Cymru, signifie « compatriote ».
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+ Le pays de Galles est situé sur une péninsule dans le Centre-Ouest de la Grande-Bretagne. Sa superficie est d'environ 20 779 km2, soit environ le quart de la superficie de l'Écosse. Il a une longueur de 270 km du nord au sud et 97 km d'est en ouest. Le pays de Galles est bordé par l'Angleterre à l'est et par la mer dans les trois autres directions. Au total, le pays de Galles a plus de 1 200 km de littoral.
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+ Il existe plusieurs îles au large de son littoral (la plus importante étant Ynys Môn (Anglesey), au nord-ouest). La plupart de la population et les principales zones industrielles sont en Galles du Sud, composées des villes de Cardiff (Caerdydd), Swansea (Abertawe) et Newport (Casnewydd) et ses environs ; un important foyer de peuplement existe également dans le Nord-Est autour de Wrexham (Gwrecsam). La plus grande partie du territoire de Galles est montagneuse, en particulier dans le Nord et les régions centrales. Les plus hautes montagnes du pays de Galles se situent en Snowdonia (Eryri), et particulièrement le mont Snowdon (Yr Wyddfa), qui culmine à 1 085 m et qui est le sommet le plus élevé du pays de Galles. Le pays de Galles compte trois parcs nationaux : Snowdonia (Eryri), Brecon Beacons (Bannau Brycheiniog) et Pembrokeshire Coast (Arfordir Sir Benfro). Il dispose également de quatre zones de beauté naturelle exceptionnelle.
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+ Les Romains ont établi quelques places fortes dans le Sud du pays et dans sa partie occidentale, comme à Caerfyrddin/Carmarthen (Moridunum). Ils ont également bâti la grande forteresse de Caerleon (Isca), où se trouve l'amphithéâtre le mieux préservé de Grande-Bretagne.
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25
+ Les Saxons ont toujours échoué à conquérir le pays de Galles, tant en raison du terrain montagneux que de la résistance acharnée du peuple gallois. L'un des rois saxons, Offa de Mercie, finit par ériger un grand mur de terre, « Offa's Dyke », à la frontière de son pays, pour délimiter la partie de la région du Powys qu'il venait de conquérir. Certains vestiges de cette construction sont encore visibles. Les Normands finissent par dominer le pays, mais cette domination fut plus progressive que la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Commencée par les Saxons, au VIe siècle, la conquête du pays de Galles ne s'acheva qu'en 1282 sur un champ de bataille, avec la victoire d'Édouard Ier sur Llywelyn le Dernier, le dernier prince indépendant. Pour asseoir sa domination, Édouard bâtit dans la région plusieurs grands châteaux, dont celui de Caernarfon, celui de Conwy et celui d'Harlech.
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+ Le pays est resté celtique et l'usage de la langue galloise s'est toujours perpétué, alors même qu'en Angleterre et en Écosse, l'usage des langues celtiques s'est perdu ou a largement diminué.
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+ Le pays de Galles est une principauté depuis le XIIIe siècle, sous le prince gallois, Llywelyn le Grand, et son petit-fils, Llywelyn le Dernier, qui prit le nom de Prince des Gallois aux environs de 1258 et a été reconnu par les rois anglais par le traité d'Aberconwy en 1277.
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+ Depuis 1999, la principauté dispose d'institutions spécifiques dans le cadre d'une dévolution du pouvoir au sein du Royaume-Uni : un Parlement gallois (située à Cardiff) et un gouvernement local. Le pays de Galles fait partie du Royaume-Uni, reconnaissant la reine Élisabeth II comme chef de l'État et son chef du gouvernement comme Premier ministre[5].
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+ Le bureau pour le pays de Galles est un organe qui veille à la représentation du pays de Galles au sein du gouvernement du Royaume-Uni.
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+ Le Premier ministre du pays de Galles est le chef du gouvernement du pays de Galles. Il est désigné par le roi d'Angleterre qui suit les recommandations de l'Assemblée. Ses bureaux officiels sont situés à Cardiff[6].
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+ L'espérance de vie au pays de Galles est en moyenne inférieure d'un an à celle constatée en Angleterre. En 2014, elle est de 78,3 ans pour les hommes et de 82,3 ans pour les femmes[7]. Une étude publiée en 2013 révèle qu'une femme vivant dans une des régions les plus pauvres du pays de Galles peut vivre 10 ans de moins qu'une femme vivant dans une région plus aisée[8].
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+ Le bureau pour le pays de Galles est un organe du gouvernement du Royaume-Uni dont un des rôles est de veiller à la sécurité du budget gallois.
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+ La Chambre de commerce de Galles du Sud est la voix des petites et moyennes entreprises au pays de Galles. La chambre est axée sur ses membres, est dirigée par ses membres et vise à soutenir les entreprises locales. Sa mission est de renforcer les entreprises membres et de stimuler la prospérité commerciale du pays de Galles[9].
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+ La première langue parlée aujourd'hui est l'anglais. La deuxième langue est le gallois, langue historique du pays de Galles, de la famille des langues celtiques et plus précisément de la branche brittonique, proche parente du breton continental et du cornique.
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+ Depuis 1993, une loi reconnait l'égalité entre les deux langues. Apparurent dès lors nombre d'informations et de documents bilingues, ainsi que la signalisation routière en double forme anglaise/galloise. D'après le recensement de population de 1991, il y avait 508 098 personnes parlant gallois au pays de Galles. Une enquête ultérieure, réalisée en 1992 par le ministère des Affaires galloises (Bureau gallois), a cependant estimé que le nombre de personnes parlant gallois s'élevait à 930 200, dont 467 300 parlant un peu gallois, 94 900 le parlant relativement couramment et 368 000 personnes le parlant couramment.
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+ Au début du XXe siècle, 50 % de la population parlait gallois dans la vie courante. La proportion était tombée à 20 % à la fin du siècle. Grâce à l'intégration du gallois dans l'enseignement, elle est remontée à 23 % en 2001 et poursuit sa progression. Aujourd'hui, le gallois est, après l'irlandais, la deuxième langue celtique la plus parlée au monde, avec plus de 580 000 locuteurs recensés au pays de Galles[10] et 133 000 en Angleterre. Il existe une chaîne de télévision qui émet exclusivement dans cette langue (S4C), une station de radio nationale (BBC Radio Cymru), et d'autres stations locales diffusent régulièrement des émissions en gallois. Tous les panneaux indicateurs sont libellés à la fois en anglais et en gallois.
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+ Dans l'enseignement, environ 20 % des enfants sont scolarisés uniquement en gallois ; pour le reste, l'étude du gallois comme deuxième langue est obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans. Par conséquent, c'est dans les classes d'âge les plus jeunes que l'on trouve le plus de gallophones. Dans les régions de l'Ouest et du Nord du pays, où le gallois est la langue maternelle de la majorité, les collèges et les lycées sont plutôt bilingues, pour que ceux qui ne parlent pas le gallois couramment puissent l'apprendre.
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+ Le dragon rouge (Y ddraig goch en gallois) symbolise la lutte entre les Saxons et les Celtes. Une légende raconte que le roi Uther Pendragon (père du roi Arthur) voulait construire un château mais la terre tremblait et en détruisait sans arrêt les fondations. Merlin, appelé Myrddin en gallois, qui avait le don de voyance, comprit que ce tumulte était causé par deux dragons : l'un, le dragon blanc, avait pris la place de l'autre, le dragon rouge, dans sa caverne. Le dragon rouge, qui représente métaphoriquement les Bretons, finirait par l'emporter sur l'envahisseur saxon. On connaît quelques poèmes, probablement apocryphes, de Merlin. Il est l'insigne royal du pays de Galles depuis 1901 et, depuis 1959, sur ordre de la reine, le drapeau le représentant sur un fond vert et blanc est le drapeau gallois officiel.
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+ Le 1er mars est la fête de saint David, évangélisateur du pays de Galles.
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+ En l'honneur du saint patron du pays de Galles, il est de tradition de porter un poireau le 1er mars. De nos jours, le poireau cenhinen, (pl. cennin) est souvent remplacé par la jonquille, qui porte presque le même nom en gallois : cenhinen Bedr.
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+ L'origine du poireau comme symbole remonte à une bataille qui se déroula dans un champ de poireaux, où saint David conseilla aux combattants gallois de s'en munir pour se distinguer de leurs assaillants. Ce fut une grande victoire galloise. Pour d'autres auteurs, le symbole originel ne serait pas un poireau, mais un bouquet de plumes d'autruche (également un trophée guerrier), vite interprété comme un poireau, objet plus familier.
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+ Aujourd'hui encore, chaque 1er mars, le plus jeune membre du régiment des Gardes gallois mange un poireau cru sous les acclamations de ses pairs.
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+ Et, de même, la pièce galloise de 1 sterling porte sur une face un poireau, et sur sa tranche la devise : « pleidiol wyf i'm gwlad » (« Je suis fidèle à mon pays »). À noter également que l'équipe du pays de Galles de rugby à XV est familièrement appelée par ses supporters « le XV du poireau ».
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+ Le badge héraldique du Parlement gallois reprend le blason du prince médiéval Llywelyn le Grand, entouré de la devise Pleidiol Wyf I'm Gwlad et des emblèmes végétaux des nations constitutives du Royaume-Uni : la rose anglaise, le poireau gallois, le trèfle irlandais et le chardon écossais.
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+ Le dragon rouge qui figure sur le drapeau du pays de Galles.
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+ L'emblème du prince de Galles, avec les plumes d'autruche.
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+ Le badge héraldique du Parlement gallois.
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+ Le druidisme, fondement de la civilisation celtique a progressivement disparu du pays de Galles, avec la romanisation et le massacre des druides par les légions romaines en 61 apr. J.-C. Le christianisme s'est implanté au VIe siècle : saint David (Dewi Sant 515-589), le saint patron du pays, est célèbre pour être allé en pèlerinage à Rome et avoir à son retour institué le diocèse du pays de Galles, avant même qu'Augustin de Cantorbéry ne fonde le diocèse de Canterbury et n'entreprenne d'évangéliser l'Angleterre. Le pays de Galles a développé et maintenu un christianisme teinté de pratiques et croyances plus anciennes. Cependant, pour les mouvements contemporains qui se prévalent aujourd'hui de la tradition druidique, comme le « Gorsedd » ou assemblée des bardes, il est généralement admis que ceux-ci n'ont pas de continuité historique avec les druides de l'époque romaine, mais sont des réinventions de lettrés du XVIIIe siècle.
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+ De nos jours, le taux d'assistance aux célébrations religieuses au pays de Galles est de 8,6 %, soit le plus bas du Royaume-Uni. Les deux organisations religieuses les plus répandues du pays sont l'Église anglicane du pays de Galles (Yr Eglwys yng Nghymru / The Church in Wales) et l'Église catholique. Cette dernière est majoritairement composée de personnes originaires d'autres pays européens, surtout l'Irlande. Il existe aussi un grand nombre d'églises indépendantes (les chapels) — issues de la forte tradition non conformiste galloise — dont la plupart sont regroupées en trois fédérations : l'Église presbytérienne du pays de Galles (Eglwys Bresbyteraidd Cymru / The Presbyterian Church of Wales) — environ 38 000 adhérents ; l'Union des indépendants gallois (Undeb yr Annibynwyr Cymraeg / The Union of Welsh Independents) — 36 000 ; l'Union baptiste du pays de Galles (Undeb Bedyddwyr Cymru / The Baptist Union of Wales) — 25 000.
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+ Évolution de la part des différentes religions entre 2001 et 2011[11] :
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+ L'hymne officiel du pays de Galles est Hen Wlad fy Nhadau (« L'ancienne terre de mes Pères »), tandis que God Save the Queen est l'hymne officiel du Royaume-Uni. Le pays de Galles est réputé pour le nombre et la qualité de ses chorales et fanfares. La musique traditionnelle est aussi en pleine renaissance. Parmi les airs traditionnels gallois, on peut citer Llwyn Onn.
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+ L'agneau est au premier rang des mets servis au pays de Galles. Les calws sont aussi servies au pays de Galles : il s'agit de soupes épaisses dont la composition varie selon les saisons. Les saucisses de Glamorgan (Glamorgan sausages), qui sont faites à partir de pain, de fromage, de poireaux et d'oignons sont des saucisses sans viande qu'on retrouve dans la gastronomie locale. Les Welsh faggots, petites boulettes de foie et d'oignons et les Welsh rarebits qui sont des toasts tartinés de fromage et de lait complétés par des tomates ou un œuf sont aussi des plats typiques.
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+ D'autres spécialités forment la gastronomie du pays de Galles comme le cawl cenni, les buns et le laverbread.
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+ Enfin côté dessert, on retrouve surtout un gâteau aux fruits, le bara brith, et les gâteaux gallois (Welsh cakes), des petits gâteaux aux raisins[12].
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+ Le sport le plus populaire au pays de Galles est le rugby à XV. L'équipe du pays de Galles, aussi appelé XV du Poireau bien que ce soient les trois plumes d'Autruche qui sont représentées sur le logo de l'équipe, participe chaque année au tournoi des Six Nations, compétition qu'elle a gagnée 23 fois dont dix grands chelems. Depuis 1987, le pays de Galles participe à la coupe du monde de rugby, elle a été demi-finaliste en 1987, 2011 et 2019. Le rugby à XV au pays de Galles est un sport plus prolétaire que dans le reste des îles Britanniques. Quatre équipes galloises participent au Pro12, compétition regroupant des équipes irlandaises, écossaises et italiennes : les Ospreys, les Llanelli Scarlets, les Cardiff Blues et les Newport Gwent Dragons, ainsi qu'à la coupe d'Europe de rugby à XV. Ces clubs sont le fruit de fusion de clubs gallois, les équipes historiques sont par exemple Neath RFC, Newport RFC, Llanelli RFC, Swansea RFC ou encore Cardiff RFC. Ces équipes disputent maintenant le championnat de rugby à XV du pays de Galles, qui est un championnat semi-professionnel.
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+ Après le rugby, le sport populaire du pays de Galles est le football. Avant sa qualification pour l'Euro 2016, l'équipe de football du pays de Galles n'a participé qu'à une seule phase finale d'un grand tournoi international : la Coupe du monde de football 1958, dont elle atteint les quarts de finale. Elle atteint également les quarts de finale de l'Euro 1976, à une époque où la phase finale ne débute qu'à l'étape suivante. Les clubs de football du pays de Galles participent, avec les clubs anglais, à la Barclays Premier League. Au cours de l'édition 2015-2016, le seul club gallois jouant en première division est le Swansea City Association Football Club. Des joueurs se sont illustrés toutefois dans ce Championnat tels que John Charles, Ian Rush ou Ryan Giggs, ce dernier est le joueur ayant disputé le plus de matchs dans l'histoire de la Premier League avec le club de Manchester. Le gallois Gareth Bale est de plus en 2017, le deuxième joueur le plus cher de l'histoire du football, avec un transfert de 100 millions d'euros vers le Real de Madrid en 2013.
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+ Le stade le plus important du pays de Galles est le Millenium Stadium de Cardiff, stade construit en 1999 et qui a une capacité de 74 500 places. Les équipes de rugby et de football jouent leurs matchs internationaux dans ce stade. Avant les matchs internationaux, les équipes galloises de football et de rugby chantent l'hymne Hen Wlad fy Nhadau (qui signifie en français : vieux pays de mes ancêtres).
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+ Le pays de Galles est, selon les paroles de l'hymne officiel, gwlad beirdd a chantorion, un « pays de bardes et de chanteurs ». On peut en citer un certain nombre.
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+ Le pays de Galles a pour codes :
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+ Le pays de Galles (en anglais : Wales, en gallois : Cymru) est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l'Ouest de l'île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l'Angleterre à l'est et est bordé par la mer d'Irlande au nord et à l'ouest et le canal de Bristol au sud.
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+ Le pays de Galles s'étend sur environ 20 779 km2 et son relief, majoritairement montagneux, culmine à 1 085 m d'altitude avec le mont Snowdon. Sa capitale et plus grande ville est Cardiff avec 315 000 habitants.
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+ Politiquement, le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni, au même titre que l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande du Nord. Dans le cadre de la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni, le pays de Galles dispose d'un organe législatif, le Parlement gallois, et d'un Premier ministre, poste actuellement occupé par Mark Drakeford.
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+ Jusqu'à sa conquête en 1284 par Édouard Ier, le pays de Galles était constitué de nombreuses principautés indépendantes. Les Laws in Wales Acts de 1535 et 1542 intègrent le système juridique gallois à celui du royaume d'Angleterre. En 1998, le Government of Wales Act (en) met en place la dévolution du pouvoir et crée l'Assemblée nationale et le poste de Premier ministre.
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+ Culturellement, le pays de Galles est l'une des six nations celtiques. Depuis 1301, il est traditionnel pour le monarque du Royaume-Uni de sacrer son fils aîné prince de Galles, même si ce n'est pas automatique puisque le titre est octroyé lors d'une cérémonie ad hoc[Note 1].
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+ Le nom anglais, Wales, est issu du mot germanique Walh, qui signifie « parlant une langue celtique ou romane ». Il a donné Galles en français car le W germanique est devenu G en français (ex. : Wilhelm = Guillaume, Walho = pays gallo). On retrouve ce terme dans d'autres langues et dans d'autres régions pour désigner soit des populations parlant une langue celtique ou romane, soit les terres qu'ils habitent (Walcheren, Wallonie, Welche, Valachie…).
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+ Le nom gallois, Cymru, signifie « compatriote ».
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+ Le pays de Galles est situé sur une péninsule dans le Centre-Ouest de la Grande-Bretagne. Sa superficie est d'environ 20 779 km2, soit environ le quart de la superficie de l'Écosse. Il a une longueur de 270 km du nord au sud et 97 km d'est en ouest. Le pays de Galles est bordé par l'Angleterre à l'est et par la mer dans les trois autres directions. Au total, le pays de Galles a plus de 1 200 km de littoral.
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+ Il existe plusieurs îles au large de son littoral (la plus importante étant Ynys Môn (Anglesey), au nord-ouest). La plupart de la population et les principales zones industrielles sont en Galles du Sud, composées des villes de Cardiff (Caerdydd), Swansea (Abertawe) et Newport (Casnewydd) et ses environs ; un important foyer de peuplement existe également dans le Nord-Est autour de Wrexham (Gwrecsam). La plus grande partie du territoire de Galles est montagneuse, en particulier dans le Nord et les régions centrales. Les plus hautes montagnes du pays de Galles se situent en Snowdonia (Eryri), et particulièrement le mont Snowdon (Yr Wyddfa), qui culmine à 1 085 m et qui est le sommet le plus élevé du pays de Galles. Le pays de Galles compte trois parcs nationaux : Snowdonia (Eryri), Brecon Beacons (Bannau Brycheiniog) et Pembrokeshire Coast (Arfordir Sir Benfro). Il dispose également de quatre zones de beauté naturelle exceptionnelle.
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+ Les Romains ont établi quelques places fortes dans le Sud du pays et dans sa partie occidentale, comme à Caerfyrddin/Carmarthen (Moridunum). Ils ont également bâti la grande forteresse de Caerleon (Isca), où se trouve l'amphithéâtre le mieux préservé de Grande-Bretagne.
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+ Les Saxons ont toujours échoué à conquérir le pays de Galles, tant en raison du terrain montagneux que de la résistance acharnée du peuple gallois. L'un des rois saxons, Offa de Mercie, finit par ériger un grand mur de terre, « Offa's Dyke », à la frontière de son pays, pour délimiter la partie de la région du Powys qu'il venait de conquérir. Certains vestiges de cette construction sont encore visibles. Les Normands finissent par dominer le pays, mais cette domination fut plus progressive que la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Commencée par les Saxons, au VIe siècle, la conquête du pays de Galles ne s'acheva qu'en 1282 sur un champ de bataille, avec la victoire d'Édouard Ier sur Llywelyn le Dernier, le dernier prince indépendant. Pour asseoir sa domination, Édouard bâtit dans la région plusieurs grands châteaux, dont celui de Caernarfon, celui de Conwy et celui d'Harlech.
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+ Le pays est resté celtique et l'usage de la langue galloise s'est toujours perpétué, alors même qu'en Angleterre et en Écosse, l'usage des langues celtiques s'est perdu ou a largement diminué.
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+ Le pays de Galles est une principauté depuis le XIIIe siècle, sous le prince gallois, Llywelyn le Grand, et son petit-fils, Llywelyn le Dernier, qui prit le nom de Prince des Gallois aux environs de 1258 et a été reconnu par les rois anglais par le traité d'Aberconwy en 1277.
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+ Le bureau pour le pays de Galles est un organe qui veille à la représentation du pays de Galles au sein du gouvernement du Royaume-Uni.
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+ Le Premier ministre du pays de Galles est le chef du gouvernement du pays de Galles. Il est désigné par le roi d'Angleterre qui suit les recommandations de l'Assemblée. Ses bureaux officiels sont situés à Cardiff[6].
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+ L'espérance de vie au pays de Galles est en moyenne inférieure d'un an à celle constatée en Angleterre. En 2014, elle est de 78,3 ans pour les hommes et de 82,3 ans pour les femmes[7]. Une étude publiée en 2013 révèle qu'une femme vivant dans une des régions les plus pauvres du pays de Galles peut vivre 10 ans de moins qu'une femme vivant dans une région plus aisée[8].
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+ Le bureau pour le pays de Galles est un organe du gouvernement du Royaume-Uni dont un des rôles est de veiller à la sécurité du budget gallois.
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+ La Chambre de commerce de Galles du Sud est la voix des petites et moyennes entreprises au pays de Galles. La chambre est axée sur ses membres, est dirigée par ses membres et vise à soutenir les entreprises locales. Sa mission est de renforcer les entreprises membres et de stimuler la prospérité commerciale du pays de Galles[9].
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+ La première langue parlée aujourd'hui est l'anglais. La deuxième langue est le gallois, langue historique du pays de Galles, de la famille des langues celtiques et plus précisément de la branche brittonique, proche parente du breton continental et du cornique.
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+ Depuis 1993, une loi reconnait l'égalité entre les deux langues. Apparurent dès lors nombre d'informations et de documents bilingues, ainsi que la signalisation routière en double forme anglaise/galloise. D'après le recensement de population de 1991, il y avait 508 098 personnes parlant gallois au pays de Galles. Une enquête ultérieure, réalisée en 1992 par le ministère des Affaires galloises (Bureau gallois), a cependant estimé que le nombre de personnes parlant gallois s'élevait à 930 200, dont 467 300 parlant un peu gallois, 94 900 le parlant relativement couramment et 368 000 personnes le parlant couramment.
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+ Au début du XXe siècle, 50 % de la population parlait gallois dans la vie courante. La proportion était tombée à 20 % à la fin du siècle. Grâce à l'intégration du gallois dans l'enseignement, elle est remontée à 23 % en 2001 et poursuit sa progression. Aujourd'hui, le gallois est, après l'irlandais, la deuxième langue celtique la plus parlée au monde, avec plus de 580 000 locuteurs recensés au pays de Galles[10] et 133 000 en Angleterre. Il existe une chaîne de télévision qui émet exclusivement dans cette langue (S4C), une station de radio nationale (BBC Radio Cymru), et d'autres stations locales diffusent régulièrement des émissions en gallois. Tous les panneaux indicateurs sont libellés à la fois en anglais et en gallois.
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+ Dans l'enseignement, environ 20 % des enfants sont scolarisés uniquement en gallois ; pour le reste, l'étude du gallois comme deuxième langue est obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans. Par conséquent, c'est dans les classes d'âge les plus jeunes que l'on trouve le plus de gallophones. Dans les régions de l'Ouest et du Nord du pays, où le gallois est la langue maternelle de la majorité, les collèges et les lycées sont plutôt bilingues, pour que ceux qui ne parlent pas le gallois couramment puissent l'apprendre.
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+ Le dragon rouge (Y ddraig goch en gallois) symbolise la lutte entre les Saxons et les Celtes. Une légende raconte que le roi Uther Pendragon (père du roi Arthur) voulait construire un château mais la terre tremblait et en détruisait sans arrêt les fondations. Merlin, appelé Myrddin en gallois, qui avait le don de voyance, comprit que ce tumulte était causé par deux dragons : l'un, le dragon blanc, avait pris la place de l'autre, le dragon rouge, dans sa caverne. Le dragon rouge, qui représente métaphoriquement les Bretons, finirait par l'emporter sur l'envahisseur saxon. On connaît quelques poèmes, probablement apocryphes, de Merlin. Il est l'insigne royal du pays de Galles depuis 1901 et, depuis 1959, sur ordre de la reine, le drapeau le représentant sur un fond vert et blanc est le drapeau gallois officiel.
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+ Le 1er mars est la fête de saint David, évangélisateur du pays de Galles.
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+ En l'honneur du saint patron du pays de Galles, il est de tradition de porter un poireau le 1er mars. De nos jours, le poireau cenhinen, (pl. cennin) est souvent remplacé par la jonquille, qui porte presque le même nom en gallois : cenhinen Bedr.
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+ L'origine du poireau comme symbole remonte à une bataille qui se déroula dans un champ de poireaux, où saint David conseilla aux combattants gallois de s'en munir pour se distinguer de leurs assaillants. Ce fut une grande victoire galloise. Pour d'autres auteurs, le symbole originel ne serait pas un poireau, mais un bouquet de plumes d'autruche (également un trophée guerrier), vite interprété comme un poireau, objet plus familier.
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+ Aujourd'hui encore, chaque 1er mars, le plus jeune membre du régiment des Gardes gallois mange un poireau cru sous les acclamations de ses pairs.
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+ Et, de même, la pièce galloise de 1 sterling porte sur une face un poireau, et sur sa tranche la devise : « pleidiol wyf i'm gwlad » (« Je suis fidèle à mon pays »). À noter également que l'équipe du pays de Galles de rugby à XV est familièrement appelée par ses supporters « le XV du poireau ».
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+ Le badge héraldique du Parlement gallois reprend le blason du prince médiéval Llywelyn le Grand, entouré de la devise Pleidiol Wyf I'm Gwlad et des emblèmes végétaux des nations constitutives du Royaume-Uni : la rose anglaise, le poireau gallois, le trèfle irlandais et le chardon écossais.
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+ Le dragon rouge qui figure sur le drapeau du pays de Galles.
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+ L'emblème du prince de Galles, avec les plumes d'autruche.
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+ Le badge héraldique du Parlement gallois.
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+ Le druidisme, fondement de la civilisation celtique a progressivement disparu du pays de Galles, avec la romanisation et le massacre des druides par les légions romaines en 61 apr. J.-C. Le christianisme s'est implanté au VIe siècle : saint David (Dewi Sant 515-589), le saint patron du pays, est célèbre pour être allé en pèlerinage à Rome et avoir à son retour institué le diocèse du pays de Galles, avant même qu'Augustin de Cantorbéry ne fonde le diocèse de Canterbury et n'entreprenne d'évangéliser l'Angleterre. Le pays de Galles a développé et maintenu un christianisme teinté de pratiques et croyances plus anciennes. Cependant, pour les mouvements contemporains qui se prévalent aujourd'hui de la tradition druidique, comme le « Gorsedd » ou assemblée des bardes, il est généralement admis que ceux-ci n'ont pas de continuité historique avec les druides de l'époque romaine, mais sont des réinventions de lettrés du XVIIIe siècle.
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+ De nos jours, le taux d'assistance aux célébrations religieuses au pays de Galles est de 8,6 %, soit le plus bas du Royaume-Uni. Les deux organisations religieuses les plus répandues du pays sont l'Église anglicane du pays de Galles (Yr Eglwys yng Nghymru / The Church in Wales) et l'Église catholique. Cette dernière est majoritairement composée de personnes originaires d'autres pays européens, surtout l'Irlande. Il existe aussi un grand nombre d'églises indépendantes (les chapels) — issues de la forte tradition non conformiste galloise — dont la plupart sont regroupées en trois fédérations : l'Église presbytérienne du pays de Galles (Eglwys Bresbyteraidd Cymru / The Presbyterian Church of Wales) — environ 38 000 adhérents ; l'Union des indépendants gallois (Undeb yr Annibynwyr Cymraeg / The Union of Welsh Independents) — 36 000 ; l'Union baptiste du pays de Galles (Undeb Bedyddwyr Cymru / The Baptist Union of Wales) — 25 000.
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+ Évolution de la part des différentes religions entre 2001 et 2011[11] :
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+ L'hymne officiel du pays de Galles est Hen Wlad fy Nhadau (« L'ancienne terre de mes Pères »), tandis que God Save the Queen est l'hymne officiel du Royaume-Uni. Le pays de Galles est réputé pour le nombre et la qualité de ses chorales et fanfares. La musique traditionnelle est aussi en pleine renaissance. Parmi les airs traditionnels gallois, on peut citer Llwyn Onn.
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+ L'agneau est au premier rang des mets servis au pays de Galles. Les calws sont aussi servies au pays de Galles : il s'agit de soupes épaisses dont la composition varie selon les saisons. Les saucisses de Glamorgan (Glamorgan sausages), qui sont faites à partir de pain, de fromage, de poireaux et d'oignons sont des saucisses sans viande qu'on retrouve dans la gastronomie locale. Les Welsh faggots, petites boulettes de foie et d'oignons et les Welsh rarebits qui sont des toasts tartinés de fromage et de lait complétés par des tomates ou un œuf sont aussi des plats typiques.
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+ D'autres spécialités forment la gastronomie du pays de Galles comme le cawl cenni, les buns et le laverbread.
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+ Enfin côté dessert, on retrouve surtout un gâteau aux fruits, le bara brith, et les gâteaux gallois (Welsh cakes), des petits gâteaux aux raisins[12].
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+ Le sport le plus populaire au pays de Galles est le rugby à XV. L'équipe du pays de Galles, aussi appelé XV du Poireau bien que ce soient les trois plumes d'Autruche qui sont représentées sur le logo de l'équipe, participe chaque année au tournoi des Six Nations, compétition qu'elle a gagnée 23 fois dont dix grands chelems. Depuis 1987, le pays de Galles participe à la coupe du monde de rugby, elle a été demi-finaliste en 1987, 2011 et 2019. Le rugby à XV au pays de Galles est un sport plus prolétaire que dans le reste des îles Britanniques. Quatre équipes galloises participent au Pro12, compétition regroupant des équipes irlandaises, écossaises et italiennes : les Ospreys, les Llanelli Scarlets, les Cardiff Blues et les Newport Gwent Dragons, ainsi qu'à la coupe d'Europe de rugby à XV. Ces clubs sont le fruit de fusion de clubs gallois, les équipes historiques sont par exemple Neath RFC, Newport RFC, Llanelli RFC, Swansea RFC ou encore Cardiff RFC. Ces équipes disputent maintenant le championnat de rugby à XV du pays de Galles, qui est un championnat semi-professionnel.
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+ Après le rugby, le sport populaire du pays de Galles est le football. Avant sa qualification pour l'Euro 2016, l'équipe de football du pays de Galles n'a participé qu'à une seule phase finale d'un grand tournoi international : la Coupe du monde de football 1958, dont elle atteint les quarts de finale. Elle atteint également les quarts de finale de l'Euro 1976, à une époque où la phase finale ne débute qu'à l'étape suivante. Les clubs de football du pays de Galles participent, avec les clubs anglais, à la Barclays Premier League. Au cours de l'édition 2015-2016, le seul club gallois jouant en première division est le Swansea City Association Football Club. Des joueurs se sont illustrés toutefois dans ce Championnat tels que John Charles, Ian Rush ou Ryan Giggs, ce dernier est le joueur ayant disputé le plus de matchs dans l'histoire de la Premier League avec le club de Manchester. Le gallois Gareth Bale est de plus en 2017, le deuxième joueur le plus cher de l'histoire du football, avec un transfert de 100 millions d'euros vers le Real de Madrid en 2013.
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+ Le stade le plus important du pays de Galles est le Millenium Stadium de Cardiff, stade construit en 1999 et qui a une capacité de 74 500 places. Les équipes de rugby et de football jouent leurs matchs internationaux dans ce stade. Avant les matchs internationaux, les équipes galloises de football et de rugby chantent l'hymne Hen Wlad fy Nhadau (qui signifie en français : vieux pays de mes ancêtres).
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+ Le pays de Galles est, selon les paroles de l'hymne officiel, gwlad beirdd a chantorion, un « pays de bardes et de chanteurs ». On peut en citer un certain nombre.
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+ Le pays de Galles a pour codes :
fr/4465.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,93 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Wales (en)Cymru (cy)
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+ Le pays de Galles (en anglais : Wales, en gallois : Cymru) est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l'Ouest de l'île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l'Angleterre à l'est et est bordé par la mer d'Irlande au nord et à l'ouest et le canal de Bristol au sud.
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+ Le pays de Galles s'étend sur environ 20 779 km2 et son relief, majoritairement montagneux, culmine à 1 085 m d'altitude avec le mont Snowdon. Sa capitale et plus grande ville est Cardiff avec 315 000 habitants.
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+ Politiquement, le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni, au même titre que l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande du Nord. Dans le cadre de la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni, le pays de Galles dispose d'un organe législatif, le Parlement gallois, et d'un Premier ministre, poste actuellement occupé par Mark Drakeford.
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+ Jusqu'à sa conquête en 1284 par Édouard Ier, le pays de Galles était constitué de nombreuses principautés indépendantes. Les Laws in Wales Acts de 1535 et 1542 intègrent le système juridique gallois à celui du royaume d'Angleterre. En 1998, le Government of Wales Act (en) met en place la dévolution du pouvoir et crée l'Assemblée nationale et le poste de Premier ministre.
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+ Culturellement, le pays de Galles est l'une des six nations celtiques. Depuis 1301, il est traditionnel pour le monarque du Royaume-Uni de sacrer son fils aîné prince de Galles, même si ce n'est pas automatique puisque le titre est octroyé lors d'une cérémonie ad hoc[Note 1].
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+ Le nom anglais, Wales, est issu du mot germanique Walh, qui signifie « parlant une langue celtique ou romane ». Il a donné Galles en français car le W germanique est devenu G en français (ex. : Wilhelm = Guillaume, Walho = pays gallo). On retrouve ce terme dans d'autres langues et dans d'autres régions pour désigner soit des populations parlant une langue celtique ou romane, soit les terres qu'ils habitent (Walcheren, Wallonie, Welche, Valachie…).
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+ Le nom gallois, Cymru, signifie « compatriote ».
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+ Le pays de Galles est situé sur une péninsule dans le Centre-Ouest de la Grande-Bretagne. Sa superficie est d'environ 20 779 km2, soit environ le quart de la superficie de l'Écosse. Il a une longueur de 270 km du nord au sud et 97 km d'est en ouest. Le pays de Galles est bordé par l'Angleterre à l'est et par la mer dans les trois autres directions. Au total, le pays de Galles a plus de 1 200 km de littoral.
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+ Il existe plusieurs îles au large de son littoral (la plus importante étant Ynys Môn (Anglesey), au nord-ouest). La plupart de la population et les principales zones industrielles sont en Galles du Sud, composées des villes de Cardiff (Caerdydd), Swansea (Abertawe) et Newport (Casnewydd) et ses environs ; un important foyer de peuplement existe également dans le Nord-Est autour de Wrexham (Gwrecsam). La plus grande partie du territoire de Galles est montagneuse, en particulier dans le Nord et les régions centrales. Les plus hautes montagnes du pays de Galles se situent en Snowdonia (Eryri), et particulièrement le mont Snowdon (Yr Wyddfa), qui culmine à 1 085 m et qui est le sommet le plus élevé du pays de Galles. Le pays de Galles compte trois parcs nationaux : Snowdonia (Eryri), Brecon Beacons (Bannau Brycheiniog) et Pembrokeshire Coast (Arfordir Sir Benfro). Il dispose également de quatre zones de beauté naturelle exceptionnelle.
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+ Les Romains ont établi quelques places fortes dans le Sud du pays et dans sa partie occidentale, comme à Caerfyrddin/Carmarthen (Moridunum). Ils ont également bâti la grande forteresse de Caerleon (Isca), où se trouve l'amphithéâtre le mieux préservé de Grande-Bretagne.
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+ Les Saxons ont toujours échoué à conquérir le pays de Galles, tant en raison du terrain montagneux que de la résistance acharnée du peuple gallois. L'un des rois saxons, Offa de Mercie, finit par ériger un grand mur de terre, « Offa's Dyke », à la frontière de son pays, pour délimiter la partie de la région du Powys qu'il venait de conquérir. Certains vestiges de cette construction sont encore visibles. Les Normands finissent par dominer le pays, mais cette domination fut plus progressive que la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Commencée par les Saxons, au VIe siècle, la conquête du pays de Galles ne s'acheva qu'en 1282 sur un champ de bataille, avec la victoire d'Édouard Ier sur Llywelyn le Dernier, le dernier prince indépendant. Pour asseoir sa domination, Édouard bâtit dans la région plusieurs grands châteaux, dont celui de Caernarfon, celui de Conwy et celui d'Harlech.
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+ Le pays est resté celtique et l'usage de la langue galloise s'est toujours perpétué, alors même qu'en Angleterre et en Écosse, l'usage des langues celtiques s'est perdu ou a largement diminué.
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+ Le pays de Galles est une principauté depuis le XIIIe siècle, sous le prince gallois, Llywelyn le Grand, et son petit-fils, Llywelyn le Dernier, qui prit le nom de Prince des Gallois aux environs de 1258 et a été reconnu par les rois anglais par le traité d'Aberconwy en 1277.
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+ Depuis 1999, la principauté dispose d'institutions spécifiques dans le cadre d'une dévolution du pouvoir au sein du Royaume-Uni : un Parlement gallois (située à Cardiff) et un gouvernement local. Le pays de Galles fait partie du Royaume-Uni, reconnaissant la reine Élisabeth II comme chef de l'État et son chef du gouvernement comme Premier ministre[5].
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+ Le bureau pour le pays de Galles est un organe qui veille à la représentation du pays de Galles au sein du gouvernement du Royaume-Uni.
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+ Le Premier ministre du pays de Galles est le chef du gouvernement du pays de Galles. Il est désigné par le roi d'Angleterre qui suit les recommandations de l'Assemblée. Ses bureaux officiels sont situés à Cardiff[6].
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+ L'espérance de vie au pays de Galles est en moyenne inférieure d'un an à celle constatée en Angleterre. En 2014, elle est de 78,3 ans pour les hommes et de 82,3 ans pour les femmes[7]. Une étude publiée en 2013 révèle qu'une femme vivant dans une des régions les plus pauvres du pays de Galles peut vivre 10 ans de moins qu'une femme vivant dans une région plus aisée[8].
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+ Le bureau pour le pays de Galles est un organe du gouvernement du Royaume-Uni dont un des rôles est de veiller à la sécurité du budget gallois.
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+ La Chambre de commerce de Galles du Sud est la voix des petites et moyennes entreprises au pays de Galles. La chambre est axée sur ses membres, est dirigée par ses membres et vise à soutenir les entreprises locales. Sa mission est de renforcer les entreprises membres et de stimuler la prospérité commerciale du pays de Galles[9].
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+ La première langue parlée aujourd'hui est l'anglais. La deuxième langue est le gallois, langue historique du pays de Galles, de la famille des langues celtiques et plus précisément de la branche brittonique, proche parente du breton continental et du cornique.
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+ Depuis 1993, une loi reconnait l'égalité entre les deux langues. Apparurent dès lors nombre d'informations et de documents bilingues, ainsi que la signalisation routière en double forme anglaise/galloise. D'après le recensement de population de 1991, il y avait 508 098 personnes parlant gallois au pays de Galles. Une enquête ultérieure, réalisée en 1992 par le ministère des Affaires galloises (Bureau gallois), a cependant estimé que le nombre de personnes parlant gallois s'élevait à 930 200, dont 467 300 parlant un peu gallois, 94 900 le parlant relativement couramment et 368 000 personnes le parlant couramment.
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+ Au début du XXe siècle, 50 % de la population parlait gallois dans la vie courante. La proportion était tombée à 20 % à la fin du siècle. Grâce à l'intégration du gallois dans l'enseignement, elle est remontée à 23 % en 2001 et poursuit sa progression. Aujourd'hui, le gallois est, après l'irlandais, la deuxième langue celtique la plus parlée au monde, avec plus de 580 000 locuteurs recensés au pays de Galles[10] et 133 000 en Angleterre. Il existe une chaîne de télévision qui émet exclusivement dans cette langue (S4C), une station de radio nationale (BBC Radio Cymru), et d'autres stations locales diffusent régulièrement des émissions en gallois. Tous les panneaux indicateurs sont libellés à la fois en anglais et en gallois.
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+ Dans l'enseignement, environ 20 % des enfants sont scolarisés uniquement en gallois ; pour le reste, l'étude du gallois comme deuxième langue est obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans. Par conséquent, c'est dans les classes d'âge les plus jeunes que l'on trouve le plus de gallophones. Dans les régions de l'Ouest et du Nord du pays, où le gallois est la langue maternelle de la majorité, les collèges et les lycées sont plutôt bilingues, pour que ceux qui ne parlent pas le gallois couramment puissent l'apprendre.
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+ Le dragon rouge (Y ddraig goch en gallois) symbolise la lutte entre les Saxons et les Celtes. Une légende raconte que le roi Uther Pendragon (père du roi Arthur) voulait construire un château mais la terre tremblait et en détruisait sans arrêt les fondations. Merlin, appelé Myrddin en gallois, qui avait le don de voyance, comprit que ce tumulte était causé par deux dragons : l'un, le dragon blanc, avait pris la place de l'autre, le dragon rouge, dans sa caverne. Le dragon rouge, qui représente métaphoriquement les Bretons, finirait par l'emporter sur l'envahisseur saxon. On connaît quelques poèmes, probablement apocryphes, de Merlin. Il est l'insigne royal du pays de Galles depuis 1901 et, depuis 1959, sur ordre de la reine, le drapeau le représentant sur un fond vert et blanc est le drapeau gallois officiel.
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+ Le 1er mars est la fête de saint David, évangélisateur du pays de Galles.
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+ En l'honneur du saint patron du pays de Galles, il est de tradition de porter un poireau le 1er mars. De nos jours, le poireau cenhinen, (pl. cennin) est souvent remplacé par la jonquille, qui porte presque le même nom en gallois : cenhinen Bedr.
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+ L'origine du poireau comme symbole remonte à une bataille qui se déroula dans un champ de poireaux, où saint David conseilla aux combattants gallois de s'en munir pour se distinguer de leurs assaillants. Ce fut une grande victoire galloise. Pour d'autres auteurs, le symbole originel ne serait pas un poireau, mais un bouquet de plumes d'autruche (également un trophée guerrier), vite interprété comme un poireau, objet plus familier.
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+ Aujourd'hui encore, chaque 1er mars, le plus jeune membre du régiment des Gardes gallois mange un poireau cru sous les acclamations de ses pairs.
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+ Et, de même, la pièce galloise de 1 sterling porte sur une face un poireau, et sur sa tranche la devise : « pleidiol wyf i'm gwlad » (« Je suis fidèle à mon pays »). À noter également que l'équipe du pays de Galles de rugby à XV est familièrement appelée par ses supporters « le XV du poireau ».
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+ L'emblème du prince de Galles, avec les plumes d'autruche.
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+ De nos jours, le taux d'assistance aux célébrations religieuses au pays de Galles est de 8,6 %, soit le plus bas du Royaume-Uni. Les deux organisations religieuses les plus répandues du pays sont l'Église anglicane du pays de Galles (Yr Eglwys yng Nghymru / The Church in Wales) et l'Église catholique. Cette dernière est majoritairement composée de personnes originaires d'autres pays européens, surtout l'Irlande. Il existe aussi un grand nombre d'églises indépendantes (les chapels) — issues de la forte tradition non conformiste galloise — dont la plupart sont regroupées en trois fédérations : l'Église presbytérienne du pays de Galles (Eglwys Bresbyteraidd Cymru / The Presbyterian Church of Wales) — environ 38 000 adhérents ; l'Union des indépendants gallois (Undeb yr Annibynwyr Cymraeg / The Union of Welsh Independents) — 36 000 ; l'Union baptiste du pays de Galles (Undeb Bedyddwyr Cymru / The Baptist Union of Wales) — 25 000.
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+ Le sport le plus populaire au pays de Galles est le rugby à XV. L'équipe du pays de Galles, aussi appelé XV du Poireau bien que ce soient les trois plumes d'Autruche qui sont représentées sur le logo de l'équipe, participe chaque année au tournoi des Six Nations, compétition qu'elle a gagnée 23 fois dont dix grands chelems. Depuis 1987, le pays de Galles participe à la coupe du monde de rugby, elle a été demi-finaliste en 1987, 2011 et 2019. Le rugby à XV au pays de Galles est un sport plus prolétaire que dans le reste des îles Britanniques. Quatre équipes galloises participent au Pro12, compétition regroupant des équipes irlandaises, écossaises et italiennes : les Ospreys, les Llanelli Scarlets, les Cardiff Blues et les Newport Gwent Dragons, ainsi qu'à la coupe d'Europe de rugby à XV. Ces clubs sont le fruit de fusion de clubs gallois, les équipes historiques sont par exemple Neath RFC, Newport RFC, Llanelli RFC, Swansea RFC ou encore Cardiff RFC. Ces équipes disputent maintenant le championnat de rugby à XV du pays de Galles, qui est un championnat semi-professionnel.
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+ Après le rugby, le sport populaire du pays de Galles est le football. Avant sa qualification pour l'Euro 2016, l'équipe de football du pays de Galles n'a participé qu'à une seule phase finale d'un grand tournoi international : la Coupe du monde de football 1958, dont elle atteint les quarts de finale. Elle atteint également les quarts de finale de l'Euro 1976, à une époque où la phase finale ne débute qu'à l'étape suivante. Les clubs de football du pays de Galles participent, avec les clubs anglais, à la Barclays Premier League. Au cours de l'édition 2015-2016, le seul club gallois jouant en première division est le Swansea City Association Football Club. Des joueurs se sont illustrés toutefois dans ce Championnat tels que John Charles, Ian Rush ou Ryan Giggs, ce dernier est le joueur ayant disputé le plus de matchs dans l'histoire de la Premier League avec le club de Manchester. Le gallois Gareth Bale est de plus en 2017, le deuxième joueur le plus cher de l'histoire du football, avec un transfert de 100 millions d'euros vers le Real de Madrid en 2013.
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+ Le stade le plus important du pays de Galles est le Millenium Stadium de Cardiff, stade construit en 1999 et qui a une capacité de 74 500 places. Les équipes de rugby et de football jouent leurs matchs internationaux dans ce stade. Avant les matchs internationaux, les équipes galloises de football et de rugby chantent l'hymne Hen Wlad fy Nhadau (qui signifie en français : vieux pays de mes ancêtres).
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+ Le pays de Galles est, selon les paroles de l'hymne officiel, gwlad beirdd a chantorion, un « pays de bardes et de chanteurs ». On peut en citer un certain nombre.
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+ Le pays de Galles a pour codes :
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+ Wales (en)Cymru (cy)
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+ Le pays de Galles (en anglais : Wales, en gallois : Cymru) est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l'Ouest de l'île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l'Angleterre à l'est et est bordé par la mer d'Irlande au nord et à l'ouest et le canal de Bristol au sud.
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+ Le pays de Galles s'étend sur environ 20 779 km2 et son relief, majoritairement montagneux, culmine à 1 085 m d'altitude avec le mont Snowdon. Sa capitale et plus grande ville est Cardiff avec 315 000 habitants.
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+ Politiquement, le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni, au même titre que l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande du Nord. Dans le cadre de la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni, le pays de Galles dispose d'un organe législatif, le Parlement gallois, et d'un Premier ministre, poste actuellement occupé par Mark Drakeford.
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+ Jusqu'à sa conquête en 1284 par Édouard Ier, le pays de Galles était constitué de nombreuses principautés indépendantes. Les Laws in Wales Acts de 1535 et 1542 intègrent le système juridique gallois à celui du royaume d'Angleterre. En 1998, le Government of Wales Act (en) met en place la dévolution du pouvoir et crée l'Assemblée nationale et le poste de Premier ministre.
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+ Culturellement, le pays de Galles est l'une des six nations celtiques. Depuis 1301, il est traditionnel pour le monarque du Royaume-Uni de sacrer son fils aîné prince de Galles, même si ce n'est pas automatique puisque le titre est octroyé lors d'une cérémonie ad hoc[Note 1].
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+ Le nom anglais, Wales, est issu du mot germanique Walh, qui signifie « parlant une langue celtique ou romane ». Il a donné Galles en français car le W germanique est devenu G en français (ex. : Wilhelm = Guillaume, Walho = pays gallo). On retrouve ce terme dans d'autres langues et dans d'autres régions pour désigner soit des populations parlant une langue celtique ou romane, soit les terres qu'ils habitent (Walcheren, Wallonie, Welche, Valachie…).
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+ Le nom gallois, Cymru, signifie « compatriote ».
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+ Le pays de Galles est situé sur une péninsule dans le Centre-Ouest de la Grande-Bretagne. Sa superficie est d'environ 20 779 km2, soit environ le quart de la superficie de l'Écosse. Il a une longueur de 270 km du nord au sud et 97 km d'est en ouest. Le pays de Galles est bordé par l'Angleterre à l'est et par la mer dans les trois autres directions. Au total, le pays de Galles a plus de 1 200 km de littoral.
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+
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+ Il existe plusieurs îles au large de son littoral (la plus importante étant Ynys Môn (Anglesey), au nord-ouest). La plupart de la population et les principales zones industrielles sont en Galles du Sud, composées des villes de Cardiff (Caerdydd), Swansea (Abertawe) et Newport (Casnewydd) et ses environs ; un important foyer de peuplement existe également dans le Nord-Est autour de Wrexham (Gwrecsam). La plus grande partie du territoire de Galles est montagneuse, en particulier dans le Nord et les régions centrales. Les plus hautes montagnes du pays de Galles se situent en Snowdonia (Eryri), et particulièrement le mont Snowdon (Yr Wyddfa), qui culmine à 1 085 m et qui est le sommet le plus élevé du pays de Galles. Le pays de Galles compte trois parcs nationaux : Snowdonia (Eryri), Brecon Beacons (Bannau Brycheiniog) et Pembrokeshire Coast (Arfordir Sir Benfro). Il dispose également de quatre zones de beauté naturelle exceptionnelle.
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+ Les Romains ont établi quelques places fortes dans le Sud du pays et dans sa partie occidentale, comme à Caerfyrddin/Carmarthen (Moridunum). Ils ont également bâti la grande forteresse de Caerleon (Isca), où se trouve l'amphithéâtre le mieux préservé de Grande-Bretagne.
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+ Les Saxons ont toujours échoué à conquérir le pays de Galles, tant en raison du terrain montagneux que de la résistance acharnée du peuple gallois. L'un des rois saxons, Offa de Mercie, finit par ériger un grand mur de terre, « Offa's Dyke », à la frontière de son pays, pour délimiter la partie de la région du Powys qu'il venait de conquérir. Certains vestiges de cette construction sont encore visibles. Les Normands finissent par dominer le pays, mais cette domination fut plus progressive que la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Commencée par les Saxons, au VIe siècle, la conquête du pays de Galles ne s'acheva qu'en 1282 sur un champ de bataille, avec la victoire d'Édouard Ier sur Llywelyn le Dernier, le dernier prince indépendant. Pour asseoir sa domination, Édouard bâtit dans la région plusieurs grands châteaux, dont celui de Caernarfon, celui de Conwy et celui d'Harlech.
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+ Le pays est resté celtique et l'usage de la langue galloise s'est toujours perpétué, alors même qu'en Angleterre et en Écosse, l'usage des langues celtiques s'est perdu ou a largement diminué.
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+ Le pays de Galles est une principauté depuis le XIIIe siècle, sous le prince gallois, Llywelyn le Grand, et son petit-fils, Llywelyn le Dernier, qui prit le nom de Prince des Gallois aux environs de 1258 et a été reconnu par les rois anglais par le traité d'Aberconwy en 1277.
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+ Depuis 1999, la principauté dispose d'institutions spécifiques dans le cadre d'une dévolution du pouvoir au sein du Royaume-Uni : un Parlement gallois (située à Cardiff) et un gouvernement local. Le pays de Galles fait partie du Royaume-Uni, reconnaissant la reine Élisabeth II comme chef de l'État et son chef du gouvernement comme Premier ministre[5].
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+ Le bureau pour le pays de Galles est un organe qui veille à la représentation du pays de Galles au sein du gouvernement du Royaume-Uni.
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+ Le Premier ministre du pays de Galles est le chef du gouvernement du pays de Galles. Il est désigné par le roi d'Angleterre qui suit les recommandations de l'Assemblée. Ses bureaux officiels sont situés à Cardiff[6].
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+ L'espérance de vie au pays de Galles est en moyenne inférieure d'un an à celle constatée en Angleterre. En 2014, elle est de 78,3 ans pour les hommes et de 82,3 ans pour les femmes[7]. Une étude publiée en 2013 révèle qu'une femme vivant dans une des régions les plus pauvres du pays de Galles peut vivre 10 ans de moins qu'une femme vivant dans une région plus aisée[8].
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39
+ Le bureau pour le pays de Galles est un organe du gouvernement du Royaume-Uni dont un des rôles est de veiller à la sécurité du budget gallois.
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+ La Chambre de commerce de Galles du Sud est la voix des petites et moyennes entreprises au pays de Galles. La chambre est axée sur ses membres, est dirigée par ses membres et vise à soutenir les entreprises locales. Sa mission est de renforcer les entreprises membres et de stimuler la prospérité commerciale du pays de Galles[9].
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+ La première langue parlée aujourd'hui est l'anglais. La deuxième langue est le gallois, langue historique du pays de Galles, de la famille des langues celtiques et plus précisément de la branche brittonique, proche parente du breton continental et du cornique.
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+ Depuis 1993, une loi reconnait l'égalité entre les deux langues. Apparurent dès lors nombre d'informations et de documents bilingues, ainsi que la signalisation routière en double forme anglaise/galloise. D'après le recensement de population de 1991, il y avait 508 098 personnes parlant gallois au pays de Galles. Une enquête ultérieure, réalisée en 1992 par le ministère des Affaires galloises (Bureau gallois), a cependant estimé que le nombre de personnes parlant gallois s'élevait à 930 200, dont 467 300 parlant un peu gallois, 94 900 le parlant relativement couramment et 368 000 personnes le parlant couramment.
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+ Au début du XXe siècle, 50 % de la population parlait gallois dans la vie courante. La proportion était tombée à 20 % à la fin du siècle. Grâce à l'intégration du gallois dans l'enseignement, elle est remontée à 23 % en 2001 et poursuit sa progression. Aujourd'hui, le gallois est, après l'irlandais, la deuxième langue celtique la plus parlée au monde, avec plus de 580 000 locuteurs recensés au pays de Galles[10] et 133 000 en Angleterre. Il existe une chaîne de télévision qui émet exclusivement dans cette langue (S4C), une station de radio nationale (BBC Radio Cymru), et d'autres stations locales diffusent régulièrement des émissions en gallois. Tous les panneaux indicateurs sont libellés à la fois en anglais et en gallois.
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+ Dans l'enseignement, environ 20 % des enfants sont scolarisés uniquement en gallois ; pour le reste, l'étude du gallois comme deuxième langue est obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans. Par conséquent, c'est dans les classes d'âge les plus jeunes que l'on trouve le plus de gallophones. Dans les régions de l'Ouest et du Nord du pays, où le gallois est la langue maternelle de la majorité, les collèges et les lycées sont plutôt bilingues, pour que ceux qui ne parlent pas le gallois couramment puissent l'apprendre.
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+ Le dragon rouge (Y ddraig goch en gallois) symbolise la lutte entre les Saxons et les Celtes. Une légende raconte que le roi Uther Pendragon (père du roi Arthur) voulait construire un château mais la terre tremblait et en détruisait sans arrêt les fondations. Merlin, appelé Myrddin en gallois, qui avait le don de voyance, comprit que ce tumulte était causé par deux dragons : l'un, le dragon blanc, avait pris la place de l'autre, le dragon rouge, dans sa caverne. Le dragon rouge, qui représente métaphoriquement les Bretons, finirait par l'emporter sur l'envahisseur saxon. On connaît quelques poèmes, probablement apocryphes, de Merlin. Il est l'insigne royal du pays de Galles depuis 1901 et, depuis 1959, sur ordre de la reine, le drapeau le représentant sur un fond vert et blanc est le drapeau gallois officiel.
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+ Le 1er mars est la fête de saint David, évangélisateur du pays de Galles.
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+ En l'honneur du saint patron du pays de Galles, il est de tradition de porter un poireau le 1er mars. De nos jours, le poireau cenhinen, (pl. cennin) est souvent remplacé par la jonquille, qui porte presque le même nom en gallois : cenhinen Bedr.
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+ L'origine du poireau comme symbole remonte à une bataille qui se déroula dans un champ de poireaux, où saint David conseilla aux combattants gallois de s'en munir pour se distinguer de leurs assaillants. Ce fut une grande victoire galloise. Pour d'autres auteurs, le symbole originel ne serait pas un poireau, mais un bouquet de plumes d'autruche (également un trophée guerrier), vite interprété comme un poireau, objet plus familier.
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+ Aujourd'hui encore, chaque 1er mars, le plus jeune membre du régiment des Gardes gallois mange un poireau cru sous les acclamations de ses pairs.
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+ Et, de même, la pièce galloise de 1 sterling porte sur une face un poireau, et sur sa tranche la devise : « pleidiol wyf i'm gwlad » (« Je suis fidèle à mon pays »). À noter également que l'équipe du pays de Galles de rugby à XV est familièrement appelée par ses supporters « le XV du poireau ».
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+ Le badge héraldique du Parlement gallois reprend le blason du prince médiéval Llywelyn le Grand, entouré de la devise Pleidiol Wyf I'm Gwlad et des emblèmes végétaux des nations constitutives du Royaume-Uni : la rose anglaise, le poireau gallois, le trèfle irlandais et le chardon écossais.
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+ Le dragon rouge qui figure sur le drapeau du pays de Galles.
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+ L'emblème du prince de Galles, avec les plumes d'autruche.
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+ Le badge héraldique du Parlement gallois.
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+ Le druidisme, fondement de la civilisation celtique a progressivement disparu du pays de Galles, avec la romanisation et le massacre des druides par les légions romaines en 61 apr. J.-C. Le christianisme s'est implanté au VIe siècle : saint David (Dewi Sant 515-589), le saint patron du pays, est célèbre pour être allé en pèlerinage à Rome et avoir à son retour institué le diocèse du pays de Galles, avant même qu'Augustin de Cantorbéry ne fonde le diocèse de Canterbury et n'entreprenne d'évangéliser l'Angleterre. Le pays de Galles a développé et maintenu un christianisme teinté de pratiques et croyances plus anciennes. Cependant, pour les mouvements contemporains qui se prévalent aujourd'hui de la tradition druidique, comme le « Gorsedd » ou assemblée des bardes, il est généralement admis que ceux-ci n'ont pas de continuité historique avec les druides de l'époque romaine, mais sont des réinventions de lettrés du XVIIIe siècle.
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+ De nos jours, le taux d'assistance aux célébrations religieuses au pays de Galles est de 8,6 %, soit le plus bas du Royaume-Uni. Les deux organisations religieuses les plus répandues du pays sont l'Église anglicane du pays de Galles (Yr Eglwys yng Nghymru / The Church in Wales) et l'Église catholique. Cette dernière est majoritairement composée de personnes originaires d'autres pays européens, surtout l'Irlande. Il existe aussi un grand nombre d'églises indépendantes (les chapels) — issues de la forte tradition non conformiste galloise — dont la plupart sont regroupées en trois fédérations : l'Église presbytérienne du pays de Galles (Eglwys Bresbyteraidd Cymru / The Presbyterian Church of Wales) — environ 38 000 adhérents ; l'Union des indépendants gallois (Undeb yr Annibynwyr Cymraeg / The Union of Welsh Independents) — 36 000 ; l'Union baptiste du pays de Galles (Undeb Bedyddwyr Cymru / The Baptist Union of Wales) — 25 000.
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+ Évolution de la part des différentes religions entre 2001 et 2011[11] :
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+ L'hymne officiel du pays de Galles est Hen Wlad fy Nhadau (« L'ancienne terre de mes Pères »), tandis que God Save the Queen est l'hymne officiel du Royaume-Uni. Le pays de Galles est réputé pour le nombre et la qualité de ses chorales et fanfares. La musique traditionnelle est aussi en pleine renaissance. Parmi les airs traditionnels gallois, on peut citer Llwyn Onn.
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+ L'agneau est au premier rang des mets servis au pays de Galles. Les calws sont aussi servies au pays de Galles : il s'agit de soupes épaisses dont la composition varie selon les saisons. Les saucisses de Glamorgan (Glamorgan sausages), qui sont faites à partir de pain, de fromage, de poireaux et d'oignons sont des saucisses sans viande qu'on retrouve dans la gastronomie locale. Les Welsh faggots, petites boulettes de foie et d'oignons et les Welsh rarebits qui sont des toasts tartinés de fromage et de lait complétés par des tomates ou un œuf sont aussi des plats typiques.
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+ D'autres spécialités forment la gastronomie du pays de Galles comme le cawl cenni, les buns et le laverbread.
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+ Enfin côté dessert, on retrouve surtout un gâteau aux fruits, le bara brith, et les gâteaux gallois (Welsh cakes), des petits gâteaux aux raisins[12].
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+ Le sport le plus populaire au pays de Galles est le rugby à XV. L'équipe du pays de Galles, aussi appelé XV du Poireau bien que ce soient les trois plumes d'Autruche qui sont représentées sur le logo de l'équipe, participe chaque année au tournoi des Six Nations, compétition qu'elle a gagnée 23 fois dont dix grands chelems. Depuis 1987, le pays de Galles participe à la coupe du monde de rugby, elle a été demi-finaliste en 1987, 2011 et 2019. Le rugby à XV au pays de Galles est un sport plus prolétaire que dans le reste des îles Britanniques. Quatre équipes galloises participent au Pro12, compétition regroupant des équipes irlandaises, écossaises et italiennes : les Ospreys, les Llanelli Scarlets, les Cardiff Blues et les Newport Gwent Dragons, ainsi qu'à la coupe d'Europe de rugby à XV. Ces clubs sont le fruit de fusion de clubs gallois, les équipes historiques sont par exemple Neath RFC, Newport RFC, Llanelli RFC, Swansea RFC ou encore Cardiff RFC. Ces équipes disputent maintenant le championnat de rugby à XV du pays de Galles, qui est un championnat semi-professionnel.
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+ Après le rugby, le sport populaire du pays de Galles est le football. Avant sa qualification pour l'Euro 2016, l'équipe de football du pays de Galles n'a participé qu'à une seule phase finale d'un grand tournoi international : la Coupe du monde de football 1958, dont elle atteint les quarts de finale. Elle atteint également les quarts de finale de l'Euro 1976, à une époque où la phase finale ne débute qu'à l'étape suivante. Les clubs de football du pays de Galles participent, avec les clubs anglais, à la Barclays Premier League. Au cours de l'édition 2015-2016, le seul club gallois jouant en première division est le Swansea City Association Football Club. Des joueurs se sont illustrés toutefois dans ce Championnat tels que John Charles, Ian Rush ou Ryan Giggs, ce dernier est le joueur ayant disputé le plus de matchs dans l'histoire de la Premier League avec le club de Manchester. Le gallois Gareth Bale est de plus en 2017, le deuxième joueur le plus cher de l'histoire du football, avec un transfert de 100 millions d'euros vers le Real de Madrid en 2013.
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+ Le stade le plus important du pays de Galles est le Millenium Stadium de Cardiff, stade construit en 1999 et qui a une capacité de 74 500 places. Les équipes de rugby et de football jouent leurs matchs internationaux dans ce stade. Avant les matchs internationaux, les équipes galloises de football et de rugby chantent l'hymne Hen Wlad fy Nhadau (qui signifie en français : vieux pays de mes ancêtres).
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+ Le pays de Galles est, selon les paroles de l'hymne officiel, gwlad beirdd a chantorion, un « pays de bardes et de chanteurs ». On peut en citer un certain nombre.
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+ Le pays de Galles a pour codes :
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+ L'hémisphère sud, austral ou méridional est la moitié qui s'étend entre l'équateur et le pôle Sud d'une planète.
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+ En astronomie, ce terme désigne la partie du ciel située au sud de l'équateur céleste (déclinaisons négatives).
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+ L'hémisphère sud terrestre est essentiellement marin. Les terres émergées (50 millions de kilomètres carrés) ne représentent que 20 % de sa surface et le tiers des terres émergées terrestres. Entre 50 et 65 degrés de latitude sud, il n'y a quasiment pas de terre émergée, ce qui n'est pas le cas de l'hémisphère nord. Le point culminant de cet hémisphère est l'Aconcagua en Argentine, plus haut sommet de la cordillère des Andes avec 6 962 m, et situé à 150 kilomètres au nord-est de la capitale chilienne, Santiago. L'Antarctique est le seul continent sans population indigène et, avec sa glace, environ 70 % des réserves d'eau douce disponible planétaire.
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+ L'hémisphère sud terrestre, en géopolitique ou en économie, comprend de nombreux pays émergents (Brésil, Chili, et au sud de l'Afrique) et quelques pays industrialisés (en Océanie), par opposition à l'hémisphère nord. Il est à remarquer qu'une petite partie de l'humanité (un peu plus de 10 % de la population totale) vit dans cet hémisphère.
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+ Le portugais y est la langue la plus parlée, devant le malais-indonésien et l'anglais.
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15
+ Des sources spécialisées en typographie, dont le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale[1] et Jean-Pierre Lacroux[2] préconisent la minuscule à l'adjectif « sud ».
16
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+ D'autres sources dont la typographie n'est pas la spécialité, comme le Trésor de la langue française informatisé, font de même[3] ou bien utilisent la majuscule, comme le Larousse[4].
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+ L'Académie française a un usage variable[5],[6].
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+ Des sites canadiens comme la Banque de dépannage linguistique[7] ou Termium Plus[8] mettent la majuscule à « Sud ».
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ Un pays est un territoire (qui doit être impérativement habité en cas de pays souverain), constituant une entité géographique et humaine[1]. Il est caractérisé par une ou plusieurs langues à l'oral et à l'écrit utilisées par les habitants du pays.
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7
+ Le mot français pays est issu du latin pagus[2],[3] qui désignait une subdivision territoriale et tribale d'étendue restreinte (de l'ordre de quelques centaines de km2), subdivision de la civitas gallo-romaine. Comme la civitas qui subsiste le plus souvent sous forme de comté ou d’évêché, le pagus subsiste au Moyen Âge[4].
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+ Le sens le plus courant est aujourd'hui celui d'État ou État souverain. Toutefois, « pays » est moins précis et plus neutre qu’« État » et permet de désigner des espaces géographiques aux statuts très divers. Tous les pays reconnus suivent les standards internationaux en termes de symboles nationaux tels les drapeaux et de droits politiques telle la citoyenneté. Il y a, en 2013, 195 pays reconnus par l'Organisation des Nations unies. D'autres pays ne sont pas à l'ONU, pour des raisons politiques, par exemple Taïwan.
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+ Un pays est une désignation géographique, une nation désigne le peuple tandis qu'un État désigne les institutions fonctionnant sur un territoire.
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+ Certains pays sont des États-nations, par exemple la France ; une nation en particulier est alors dominante. D'autres États, tels la Chine, l'Espagne, la Belgique, le Canada ou le Royaume-Uni rassemblent plusieurs nations, ou une partie d'une population formant elle-même une nation.
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+ Il convient aussi de mentionner la notion d'État fédéré ou d'« État dans l'État » : dans ce cas, l'État fédéral (comme le Canada, la Suisse, l'Allemagne, la Belgique et les États-Unis) et l'État fédéré (la province au Canada, le canton en Suisse, le Land en Allemagne, l'État aux États-Unis) se partagent les compétences sur le territoire et la population qu'ils gouvernent conjointement. Cependant, la politique internationale est le ressort exclusif de l'État fédéral.
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+
17
+ Le mot « pays » est souvent utilisé dans le langage parlé pour désigner l'État ; cependant le mot « État » a un sens plus précis et est utilisé dans les accords, traités et législations. Un État souverain est un territoire et une entité politiquement indépendante possédant ses propres gouvernement, administration, lois et armée. La souveraineté est toutefois relative et peut être limitée par les traités conclus, par l'adhésion à un État fédéral ou par le simple jeu de la mondialisation. Le « pays », lui, est le lieu géographique qui, historiquement parlant, provient d'un peuple partageant les mêmes coutumes sur un territoire précis.
18
+
19
+ Ainsi de la même manière que l'on peut dire que le Royaume-Uni est un pays, on peut dire que l'Angleterre est une nation. L'usage préfère dénommer « pays » l'Angleterre plutôt que le Royaume-Uni[réf. nécessaire], ce qui n'empêche pas le Royaume-Uni d'être un État souverain et de mener la politique internationale. L'imprécision de « pays » a toutefois l'avantage de rendre son utilisation neutre et non polémique.
20
+
21
+ Au sens de « petite région », pays peut désigner une région naturelle ou un territoire, de dimensions un peu plus grandes ou un peu plus petites que le pagus gallo-romain.
22
+
23
+ « Le terme « pays » […] signifie fondamentalement « terre natale », et s'applique plus proprement au territoire local qu'au territoire national. C'est en ce sens que la plupart des Français l'emploient ; ils donnent ce nom à des régions plus ou moins grandes, parfois à une province, parfois à une vallée, à une plaine limitée, et ils appellent ainsi ceux de leurs compatriotes qui partagent avec eux cette petite patrie. Le pays peut être […] une division administrative, une région entière (Périgord, Marche ou Quercy) ou simplement (le plus souvent) une paroisse ou un village. »
24
+
25
+ — Eugen Weber, La Fin des terroirs. La modernisation de la France rurale 1870-1914, p. 77.
26
+
27
+ D'une manière générale, l'association d'une épithète à « pays » permet de désigner facilement un ensemble géographique partageant les mêmes caractéristiques (« pays chauds », « pays riches », « pays baltes »…).
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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3
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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5
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La Scandinavie (en danois : Skandinavien ; en suédois : Skandinavien ; en norvégien : Skandinavia) est une région historique et culturelle d'Europe du Nord constituée de trois monarchies constitutionnelles, le Danemark, la Norvège et la Suède. Le terme de « Scandinavie » est souvent improprement utilisé pour désigner l'ensemble des pays nordiques, c'est-à-dire en ajoutant aux États précédents l'Åland, la Finlande, l'Islande, les îles Féroé et le Groenland. Ses habitants sont appelés les Scandinaves.
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+ En raison des vagues successives de glaciation qui l'ont frappée, la Scandinavie a été plusieurs fois dépeuplée et dépourvue de faune et flore terrestres.
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+ On inclut en général par le terme « Scandinavie », la Norvège, la Suède et le Danemark ; cet ensemble est assez homogène ethniquement et linguistiquement, hormis les Samis et les Finnois. Ces trois pays ont également une longue histoire commune, souvent réduite à tort à la période viking du VIIIe siècle au XIe siècle, puisqu'ils ont été souvent réunis sous la même couronne (notamment dans le cadre de l'Union de Kalmar).
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+ Depuis les années 1850, la Scandinavie incluait, politiquement et culturellement, le Danemark, la Norvège et la Suède. Géographiquement, la péninsule Scandinave inclut la Norvège (hormis le comté de Troms et le Finnmark) et la Suède, alors que la péninsule du Jutland inclut le Danemark et une petite région de l'Allemagne (le Danemark n'a plus aucun territoire sur la péninsule Scandinave depuis le début du XIXe siècle).
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+ Le Danemark, la Norvège et la Suède sont vus comme région politique et culturelle unie pendant la montée des mouvements nationalistes dans ces pays au milieu du XIXe siècle dans le cadre du scandinavisme. Avant le milieu du XIXe siècle, la limite a couvert une plus grande région de l'Europe nordique comprenant les régions adjacentes de l'Allemagne et de la Russie encadrant la Finlande et l'Estonie. Cette dernière, par sa proximité linguistique avec la Finlande, se revendique autant nordique que balte.
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+ Aujourd'hui, les similitudes linguistiques autant qu'historiques et culturelles permettent d'unir la Scandinavie. Ces similitudes ont en outre persisté après l'hostilité des politiques de ces pays pendant les deux guerres mondiales et la guerre froide, et les positions différentes sur l'adhésion aux organismes internationaux (par exemple l'OTAN et l'Union européenne).
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+ Au sens large, on y inclut parfois la Finlande, longtemps sous domination suédoise et dont la minorité suédophone réside dans les centres urbains, et l'Islande, longtemps gouvernée par le Danemark et de peuplement originellement norvégien, ainsi que les îles Féroé, région autonome du Danemark et au sens maximal, le Svalbard et le Groenland car dépendant respectivement de la Norvège et du Danemark[réf. souhaitée]. Dans l'utilisation actuelle, le terme Scandinavie est souvent employé par erreur comme synonyme de « pays nordiques », qui désigne sans ambiguïté le Danemark, la Norvège, la Suède, la Finlande et l'Islande, tous pays membres du Conseil nordique.
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+ Toutefois, alors que l'inclusion de l'Islande et des territoires dépendant du Danemark peut se défendre (leur peuplement et leur langue découlent du Danemark et du danois), celle de la Finlande est incorrecte sur le plan historique et géographique. En effet, la langue finnoise n'a aucun rapport avec les langues scandinaves (le finnois n'appartient pas à l'ensemble indo-européen), et la Finlande forme un ensemble géographique distinct de la péninsule Scandinave.
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+ Rigoureusement, l'addition de la Finlande et de la Scandinavie est désignée sous le terme de Fennoscandie.
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+ Trois hypothèses d'origine expliquent le nom « Scandinavie » :
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+ La Scandinavie comprend toute la péninsule Scandinave, le Jutland et l'ensemble des îles de la région, à l'exception de la province insulaire d'Åland. Une petite partie de la péninsule du Jutland appartient à l'Allemagne, cette fraction n'est par conséquent pas comprise dans la Scandinavie.
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+ La Scandinavie se caractérise par un climat allant d'un climat océanique tempéré au Danemark (Cfb selon la classification de Köppen) à un climat de toundra (ET) dans la chaîne scandinave (et en Islande), en passant par des climats continentaux (Dfb) et subarctiques (Dfc).
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+ Les pays scandinaves bénéficient d'une nature sauvage et d'une faune exceptionnellement bien conservées pour l'Europe, ainsi que de paysages peu anthropisés[réf. nécessaire]. La forêt y est cependant de plus en plus artificialisée et intensivement exploitée pour répondre aux demandes en bois et pâte à papier du pays et des autres pays[réf. nécessaire].
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+ La zone a été touchée, deux fois, par le nuage de Tchernobyl et par des rejets radioactifs venant de l'est.
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+ La mer Baltique, semi-fermée est très polluée, avec plusieurs zones mortes, probablement en raison de l'eutrophisation, de la pollution générale et localement de graves pollutions liées aux munitions immergées après les deux guerres mondiales[3]. Cela représente 40 000 tonnes de munitions, dont 15 000 tonnes d'agents de guerre chimique selon la commission Helcom[4].
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+ L'utilisation moderne du terme Scandinavie provient du Mouvement politique de Scandinavie, qui était en activité au milieu du XIXe siècle, principalement entre la première guerre de Schleswig (Slesvig) (1848-1850), dans laquelle la Suède-Norvège a montré sa considérable force militaire et la seconde guerre du Schleswig (1864) où le Parlement de la Suède a rejeté les promesses du roi d'apporter un appui militaire.
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+ Le roi a proposé l'unification du Danemark, de la Norvège et de la Suède en « Royaume-Uni ». Ceci après les évènements tumultueux pendant les guerres napoléoniennes qui menèrent à la division de la Suède (la partie orientale devenant le grand-duché de Finlande en 1809) et du Danemark. La Finlande devenant une partie de la Russie impériale signifiait alors qu'elle devrait être laissée hors de toute tentative d'union politique entre pays nordiques.
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+ La Scandinavie géographique incluait la Norvège, la Suède et des régions de Finlande, mais la Scandinavie politique incluait également le Danemark. Politiquement la Suède et la Norvège ont été unies dans une union sous un monarque et la Finlande a constitué une partie de la Suède. Le Danemark comportait également les territoires d'Islande, des Îles Féroé et le Groenland dans l'océan Atlantique (qui cependant historiquement avait appartenu à la Norvège, mais involontairement resté avec le Danemark selon le traité de Kiel).
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+ La fin du mouvement politique scandinave est arrivée lorsque le Danemark a refusé son appui militaire à la Suède-Norvège pour l'annexion du duché de Schleswig. La seconde guerre du Schleswig suivit en 1864. Ce fut une brève mais désastreuse guerre entre le Danemark et la Prusse (soutenue par l'Autriche). Le Schleswig-Holstein a été conquis par la Prusse, et après le succès de la Prusse dans la guerre franco-prussienne de 1870, un Empire allemand a été créé et un nouvel équilibre autour de la mer Baltique fut établi.
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+ Même si une union politique scandinave n'est jamais apparue, il y eut une Union monétaire scandinave avec la couronne comme devise commune qui dura de 1873 au début de la Première Guerre mondiale.
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+ Après la Première Guerre mondiale, la coopération scandinave reprit avec la participation de la Finlande nouvellement indépendante et, depuis 1944, l'Islande. En 1952, les pays nordiques s'associèrent au sein du Conseil nordique.
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+ La plupart des langues scandinaves (danois au Danemark, suédois en Suède et en Finlande, et norvégien en Norvège) sont mutuellement intelligibles[5]. Les Scandinaves peuvent facilement comprendre les langues de chacun de leurs voisins car elles apparaissent quotidiennement dans la presse et sont entendues à la radio et à la télévision. Le danois, le suédois et le norvégien sont traditionnellement vus en tant que des langues différentes alors qu'elles sont plutôt des dialectes d'une langue commune. Cette langue est liée aux autres langues germaniques du nord, l'islandais et le féroïen qui descendent du vieux norrois. Depuis le Moyen Âge, le danois, le suédois et le norvégien ont été influencés à des degrés divers par l'allemand. Une quantité substantielle de cette influence provient de l'activité économique gérée par les hanses germanophones.
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+ Les Norvégiens, qui ont deux formes d'écriture parallèles et une forte présence de dialectes locaux, sont accoutumés à des variations et peuvent percevoir le danois et le suédois comme des dialectes légèrement plus éloignés.
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+ Les langues scandinaves sont, en tant que famille de langue, entièrement indépendantes du finnois, des langues sames et de l'estonien, qui comme langues finno-ougriennes sont liées au hongrois. Cependant, il y a toujours eu beaucoup d'emprunts à la langue suédoise par ces langues.
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+ Pearl Harbor (littéralement le « port des Perles ») est une baie peu profonde située sur l'île d'Oahu, dans l'État américain d'Hawaï, à l'ouest d'Honolulu. Pearl Harbor était jadis considérée comme la résidence de la déesse requin Ka'ahupahau, et de son frère Kahi'uka.
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+ Depuis la fin du XIXe siècle, elle abrite une base navale des États-Unis, la base navale de Pearl Harbor, et le quartier général de la flotte du Pacifique des États-Unis d'une superficie, en 2013, de 5 304 hectares. Le port et la base sont implantés autour d'une rade au centre de laquelle se trouve l’île de Ford. L'entrée de cette rade se fait par un chenal très étroit. Pearl Harbor est devenue célèbre en raison de l'attaque aérienne surprise lancée par le Japon le 7 décembre 1941, qui allait provoquer l'entrée en guerre des États-Unis.
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+ En anglais, « pearl harbor » signifie « port des perles ». Les Hawaïens l'appellent :
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+ Le port était principalement utilisé pour la production d'huîtres perlières jusqu'à la fin du XIXe siècle.
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+ Dans les années qui suivirent l’arrivée du capitaine James Cook (1778), les Européens considéraient que la rade ne pouvait accueillir un port à cause de la faible profondeur de ses eaux.
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+ Les États-Unis et le royaume d'Hawaï signèrent un traité de réciprocité en 1875, complété par la convention du 6 décembre 1884 et ratifié en 1887. Le 20 janvier de la même année, le Sénat des États-Unis autorisa la marine à louer Pearl Harbor comme base navale. En échange, les Hawaïens obtinrent le droit exclusif de pouvoir exporter aux États-Unis du sucre sans droit de douane. La guerre hispano-américaine de 1898 et le besoin des États-Unis de posséder une présence permanente dans le Pacifique conduisirent à l'annexion de l'archipel.
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+ Les chantiers navals de Pearl Harbor furent inaugurés en 1908 et l’île de Ford fut achetée par l’armée pour développer l’aviation militaire dans le Pacifique. Dans le contexte de l’expansionnisme japonais, le général Harry Yarnell anticipait une invasion d’Hawaï. Au cours d’un exercice militaire le 7 février 1932, ce dernier avait mis en évidence la vulnérabilité d’Oahu en cas d’attaque aérienne par le nord-ouest. La simulation avait montré que des avions ennemis pourraient infliger de sérieux dommages et que la flotte ennemie, restée à l'écart des côtes, serait indétectable pendant 24 heures.
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+ En 1939, débute la Seconde Guerre mondiale. S'affrontent alors le camp des Alliés, comprenant la France et l’Angleterre, contre les pays de l’Axe, formé par l’Italie, l’Allemagne et le Japon. Entraîné par ses alliances avec l’Allemagne, et du fait du blocus américain sur le pétrole, le Japon provoqua l’entrée en guerre des États-Unis parmi les Alliés, avec pour 1er objectif la destruction de la base navale de Pearl Harbor[1].
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+ En 1941, l’expansion du Japon sur le territoire chinois devenant alarmante, Franklin Delano Roosevelt, le président des États-Unis de l'époque, décida de s’allier à la Chine. C’est pourquoi il gela, le 25 juillet, les avoirs financiers nippons en plus de provoquer un embargo des matières premières au Japon dont le pétrole, nécessaire à la production de son armement[2].
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21
+ Le 20 novembre 1941, le Japon envoie aux États-Unis une note en cinq points, comme dernière proposition de négociation, demandant l’arrêt de l’embargo, du gel des crédits et de l’aide matérielle et morale à la Chine en échange de son retrait dans la péninsule indochinoise, en particulier d'Indochine française. Le 26 novembre, les États-Unis ripostent par une réponse en dix points, la note de « Hull ».Refusant de se soumettre aux restrictions menaçant son expansion, le Japon donne l’ordre de départ en date du 26 novembre à son aviation aéronavale embarquée sur six porte-avions. Fin novembre, les Japonais avaient atteint la baie d’Hito-Kappu au centre de l'île d'Iturup dans l'archipel des iles Kouriles, au nord du Japon d'alors (aujourd'hui appartenant à la Russie), ce qui met la flotte japonaise à 4000 miles de Pearl Harbor et à un endroit idéal pour passer inaperçue des Américains[3].
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+ Un élément ayant permis l’attaque japonaise de ce grand port pétrolier fut l’espionnage. Effectivement, Otto Kuehn, un agent allemand affilié aux Japonais, fut arrêté à Hawaï après l’invasion et déclara au cours de son procès qu’il y avait jusqu’à 200 agents secrets japonais infiltrés et répartis sur chacune des îles. Ceux-ci communiquaient par signaux lumineux avec leurs sous-marins et possédaient plusieurs postes à des endroits stratégiques, camouflés grâce au relief montagneux. Ces espions infiltrés avaient ainsi fourni des documents présentant en détail l’île, et des éléments essentiels au projet d’attaque[4].
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+ À la veille de l'attaque japonaise du 7 décembre 1941 à 8 h 15, la flotte de guerre américaine du Pacifique, stationnée à Pearl Harbor, comprenait 86 unités : vingt huit destroyers, neuf croiseurs, huit cuirassés, cinq sous-marins, un cuirassé-cible (l'USS Utah) et une trentaine de bâtiments auxiliaires. On comptait enfin 25 000 hommes sur la base et 231 avions dans l’île. Le général Walter Short était le commandant des forces terrestres, tandis que la flotte du Pacifique était sous les ordres de l'amiral Husband Kimmel. La défense des installations et des ateliers de réparation était assurée, notamment, par 35 B-17, la DCA et les défenses littorales.
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+ Les Japonais avaient recouru à une cache dans la baie d’Hito-Kappu sur l’île Etorofu, dans les îles Kouriles[5]. L'escadre japonaise comportait 353 avions, elle était située à environ 300 km au nord d'Oahu, à bord de six porte-avions. À 6 h, une première vague de 183 avions partait des porte-avions japonais, à environ 200 miles de Pearl Harbor, en direction de la base navale[6].
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+ L'attaque se fit en deux vagues successives. La première attaque eut lieu à 7 h 49 précises et était composée de 43 chasseurs, 49 bombardiers à haute altitude, 51 bombardiers en piqué et 40 avions lance-torpilles. Les forces aériennes américaines disponibles à Hawaï ce jour-là comportaient 231 avions mais beaucoup furent endommagés au sol et ne purent servir. La disposition linéaire et entassée des avions sur terre fut une erreur des Américains, puisque les attaquants n’ont eu qu’à faire feu en les prenant en enfilade pour détruire et endommager la majorité des avions, attaquant également les dortoirs et réfectoires militaires au passage[6].
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+ La première vague a pu bénéficier de l'effet de surprise bien que les renseignements américains possédaient les codes japonais, car ces derniers n'ont déchiffré le message annonçant l'attaque de Pearl Harbor qu'environ une demi-heure après l'attaque. Le personnel militaire était, pour la plupart, toujours endormi ou en train de prendre le petit déjeuner. La réaction des Américains se fit rapidement puisqu’environ cinq minutes après les premiers bombardements aériens, des soldats étaient déjà à leur poste de canonniers anti-aériens[6].
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+ La deuxième vague eut pour mission d'achever les navires très endommagés, mais la fumée les empêchait de voir correctement leurs objectifs et ils lancèrent leurs bombes sur des navires moins endommagés. À 8 h, une alerte de détresse était lancée sur toute la flotte du Pacifique par l’amiral Husband Edward Kimmel : « AIR RAID ON PEARL HARBOR X THIS IS NOT DRILL. »[6].
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+ À 9 h 45, l’attaque était déjà terminée et les Japonais en route vers leurs porte-avions, qu'ils atteignirent à 12 h 14. Ils repartaient vers leur pays une heure plus tard, avec seulement vingt-neuf avions et cinq sous-marins de poche en moins[6]. En définitive, l'amiral Nagumo ramenait une flotte aérienne presque intacte, mais il avait refusé une troisième attaque, sollicitée par son entourage.
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+ Cette attaque incita le Congrès des États-Unis à entrer officiellement dans la Seconde Guerre mondiale, déclaration de guerre signée par le président Roosevelt le 11 décembre.
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+ Le bilan de l’assaut contre Pearl Harbor fut que dix huit des quatre vingt seize bâtiments présents sur l’île d’Oahu furent démolis ou endommagés et que les dommages matériels s’élevèrent à 500 000 $. Les porte-avions n’étaient pas à la base navale le jour de l’attaque, mais huit des douze cuirassés furent coulés et endommagés, dont deux, l'USS Arizona et l'USS Oklahoma, furent perdus définitivement. Quatre destroyers furent détruits, trois croiseurs endommagés, ainsi que quatre navires auxiliaires, un mouilleur de mines et un navire. Cent quatre vingt huit avions ont été détruits et cent cinquante neuf endommagés. Les pertes humaines étaient estimées à 2 335 tués, 1 143 blessés, mais la population fut également touchée avec 68 civils décédés et 35 blessés[7].
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+ L’Honolulu Star-Bulletin (1st extra) publie une édition spéciale de huit pages le 7 décembre 1941 titrée « War! : Oahu bombed by Japanese planes » (« Guerre ! : Oahu bombardé par des avions japonais »). Cette édition est la première édition de trois « extras » et 250 000 exemplaires sont imprimés le jour même de l’attaque de Pearl Harbor[8].
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+ L’explosion de la soute à munitions du Shaw, un contre-torpilleur américain, a été causée par l’attaque aérienne japonaise de Pearl Harbor du 7 décembre 1941[9].
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+ La base navale de Pearl Harbor est actuellement l'une des bases les plus importantes de l'United States Navy. Construite au tournant du XIXe siècle, elle abrite le siège de l'United States Pacific Fleet et une flotte permanente d’une dizaine de navires de surface et une quinzaine de sous-marins d’attaque.
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+ Le film Hawaii-Midway Battle of the Sea and Sky : Storm in the Pacific Ocean, ayant pour titre américain I bombed Pearl Harbor, fut réalisé au Japon en 1960. Ce film aborde la Seconde Guerre mondiale, l’attaque sur Pearl Harbor et la défaite lors de la bataille de Midway du point de vue des Japonais[10].
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+ Pearl Harbor (littéralement le « port des Perles ») est une baie peu profonde située sur l'île d'Oahu, dans l'État américain d'Hawaï, à l'ouest d'Honolulu. Pearl Harbor était jadis considérée comme la résidence de la déesse requin Ka'ahupahau, et de son frère Kahi'uka.
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+ Depuis la fin du XIXe siècle, elle abrite une base navale des États-Unis, la base navale de Pearl Harbor, et le quartier général de la flotte du Pacifique des États-Unis d'une superficie, en 2013, de 5 304 hectares. Le port et la base sont implantés autour d'une rade au centre de laquelle se trouve l’île de Ford. L'entrée de cette rade se fait par un chenal très étroit. Pearl Harbor est devenue célèbre en raison de l'attaque aérienne surprise lancée par le Japon le 7 décembre 1941, qui allait provoquer l'entrée en guerre des États-Unis.
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+ En anglais, « pearl harbor » signifie « port des perles ». Les Hawaïens l'appellent :
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+ Le port était principalement utilisé pour la production d'huîtres perlières jusqu'à la fin du XIXe siècle.
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+ Dans les années qui suivirent l’arrivée du capitaine James Cook (1778), les Européens considéraient que la rade ne pouvait accueillir un port à cause de la faible profondeur de ses eaux.
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+ Les États-Unis et le royaume d'Hawaï signèrent un traité de réciprocité en 1875, complété par la convention du 6 décembre 1884 et ratifié en 1887. Le 20 janvier de la même année, le Sénat des États-Unis autorisa la marine à louer Pearl Harbor comme base navale. En échange, les Hawaïens obtinrent le droit exclusif de pouvoir exporter aux États-Unis du sucre sans droit de douane. La guerre hispano-américaine de 1898 et le besoin des États-Unis de posséder une présence permanente dans le Pacifique conduisirent à l'annexion de l'archipel.
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+ Les chantiers navals de Pearl Harbor furent inaugurés en 1908 et l’île de Ford fut achetée par l’armée pour développer l’aviation militaire dans le Pacifique. Dans le contexte de l’expansionnisme japonais, le général Harry Yarnell anticipait une invasion d’Hawaï. Au cours d’un exercice militaire le 7 février 1932, ce dernier avait mis en évidence la vulnérabilité d’Oahu en cas d’attaque aérienne par le nord-ouest. La simulation avait montré que des avions ennemis pourraient infliger de sérieux dommages et que la flotte ennemie, restée à l'écart des côtes, serait indétectable pendant 24 heures.
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+ En 1939, débute la Seconde Guerre mondiale. S'affrontent alors le camp des Alliés, comprenant la France et l’Angleterre, contre les pays de l’Axe, formé par l’Italie, l’Allemagne et le Japon. Entraîné par ses alliances avec l’Allemagne, et du fait du blocus américain sur le pétrole, le Japon provoqua l’entrée en guerre des États-Unis parmi les Alliés, avec pour 1er objectif la destruction de la base navale de Pearl Harbor[1].
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+ En 1941, l’expansion du Japon sur le territoire chinois devenant alarmante, Franklin Delano Roosevelt, le président des États-Unis de l'époque, décida de s’allier à la Chine. C’est pourquoi il gela, le 25 juillet, les avoirs financiers nippons en plus de provoquer un embargo des matières premières au Japon dont le pétrole, nécessaire à la production de son armement[2].
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+ Le 20 novembre 1941, le Japon envoie aux États-Unis une note en cinq points, comme dernière proposition de négociation, demandant l’arrêt de l’embargo, du gel des crédits et de l’aide matérielle et morale à la Chine en échange de son retrait dans la péninsule indochinoise, en particulier d'Indochine française. Le 26 novembre, les États-Unis ripostent par une réponse en dix points, la note de « Hull ».Refusant de se soumettre aux restrictions menaçant son expansion, le Japon donne l’ordre de départ en date du 26 novembre à son aviation aéronavale embarquée sur six porte-avions. Fin novembre, les Japonais avaient atteint la baie d’Hito-Kappu au centre de l'île d'Iturup dans l'archipel des iles Kouriles, au nord du Japon d'alors (aujourd'hui appartenant à la Russie), ce qui met la flotte japonaise à 4000 miles de Pearl Harbor et à un endroit idéal pour passer inaperçue des Américains[3].
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+ Un élément ayant permis l’attaque japonaise de ce grand port pétrolier fut l’espionnage. Effectivement, Otto Kuehn, un agent allemand affilié aux Japonais, fut arrêté à Hawaï après l’invasion et déclara au cours de son procès qu’il y avait jusqu’à 200 agents secrets japonais infiltrés et répartis sur chacune des îles. Ceux-ci communiquaient par signaux lumineux avec leurs sous-marins et possédaient plusieurs postes à des endroits stratégiques, camouflés grâce au relief montagneux. Ces espions infiltrés avaient ainsi fourni des documents présentant en détail l’île, et des éléments essentiels au projet d’attaque[4].
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+ À la veille de l'attaque japonaise du 7 décembre 1941 à 8 h 15, la flotte de guerre américaine du Pacifique, stationnée à Pearl Harbor, comprenait 86 unités : vingt huit destroyers, neuf croiseurs, huit cuirassés, cinq sous-marins, un cuirassé-cible (l'USS Utah) et une trentaine de bâtiments auxiliaires. On comptait enfin 25 000 hommes sur la base et 231 avions dans l’île. Le général Walter Short était le commandant des forces terrestres, tandis que la flotte du Pacifique était sous les ordres de l'amiral Husband Kimmel. La défense des installations et des ateliers de réparation était assurée, notamment, par 35 B-17, la DCA et les défenses littorales.
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+ Les Japonais avaient recouru à une cache dans la baie d’Hito-Kappu sur l’île Etorofu, dans les îles Kouriles[5]. L'escadre japonaise comportait 353 avions, elle était située à environ 300 km au nord d'Oahu, à bord de six porte-avions. À 6 h, une première vague de 183 avions partait des porte-avions japonais, à environ 200 miles de Pearl Harbor, en direction de la base navale[6].
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+ L'attaque se fit en deux vagues successives. La première attaque eut lieu à 7 h 49 précises et était composée de 43 chasseurs, 49 bombardiers à haute altitude, 51 bombardiers en piqué et 40 avions lance-torpilles. Les forces aériennes américaines disponibles à Hawaï ce jour-là comportaient 231 avions mais beaucoup furent endommagés au sol et ne purent servir. La disposition linéaire et entassée des avions sur terre fut une erreur des Américains, puisque les attaquants n’ont eu qu’à faire feu en les prenant en enfilade pour détruire et endommager la majorité des avions, attaquant également les dortoirs et réfectoires militaires au passage[6].
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+ La première vague a pu bénéficier de l'effet de surprise bien que les renseignements américains possédaient les codes japonais, car ces derniers n'ont déchiffré le message annonçant l'attaque de Pearl Harbor qu'environ une demi-heure après l'attaque. Le personnel militaire était, pour la plupart, toujours endormi ou en train de prendre le petit déjeuner. La réaction des Américains se fit rapidement puisqu’environ cinq minutes après les premiers bombardements aériens, des soldats étaient déjà à leur poste de canonniers anti-aériens[6].
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+ La deuxième vague eut pour mission d'achever les navires très endommagés, mais la fumée les empêchait de voir correctement leurs objectifs et ils lancèrent leurs bombes sur des navires moins endommagés. À 8 h, une alerte de détresse était lancée sur toute la flotte du Pacifique par l’amiral Husband Edward Kimmel : « AIR RAID ON PEARL HARBOR X THIS IS NOT DRILL. »[6].
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+ À 9 h 45, l’attaque était déjà terminée et les Japonais en route vers leurs porte-avions, qu'ils atteignirent à 12 h 14. Ils repartaient vers leur pays une heure plus tard, avec seulement vingt-neuf avions et cinq sous-marins de poche en moins[6]. En définitive, l'amiral Nagumo ramenait une flotte aérienne presque intacte, mais il avait refusé une troisième attaque, sollicitée par son entourage.
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+ Cette attaque incita le Congrès des États-Unis à entrer officiellement dans la Seconde Guerre mondiale, déclaration de guerre signée par le président Roosevelt le 11 décembre.
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+ Le bilan de l’assaut contre Pearl Harbor fut que dix huit des quatre vingt seize bâtiments présents sur l’île d’Oahu furent démolis ou endommagés et que les dommages matériels s’élevèrent à 500 000 $. Les porte-avions n’étaient pas à la base navale le jour de l’attaque, mais huit des douze cuirassés furent coulés et endommagés, dont deux, l'USS Arizona et l'USS Oklahoma, furent perdus définitivement. Quatre destroyers furent détruits, trois croiseurs endommagés, ainsi que quatre navires auxiliaires, un mouilleur de mines et un navire. Cent quatre vingt huit avions ont été détruits et cent cinquante neuf endommagés. Les pertes humaines étaient estimées à 2 335 tués, 1 143 blessés, mais la population fut également touchée avec 68 civils décédés et 35 blessés[7].
40
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41
+ L’Honolulu Star-Bulletin (1st extra) publie une édition spéciale de huit pages le 7 décembre 1941 titrée « War! : Oahu bombed by Japanese planes » (« Guerre ! : Oahu bombardé par des avions japonais »). Cette édition est la première édition de trois « extras » et 250 000 exemplaires sont imprimés le jour même de l’attaque de Pearl Harbor[8].
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43
+ L’explosion de la soute à munitions du Shaw, un contre-torpilleur américain, a été causée par l’attaque aérienne japonaise de Pearl Harbor du 7 décembre 1941[9].
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+ La base navale de Pearl Harbor est actuellement l'une des bases les plus importantes de l'United States Navy. Construite au tournant du XIXe siècle, elle abrite le siège de l'United States Pacific Fleet et une flotte permanente d’une dizaine de navires de surface et une quinzaine de sous-marins d’attaque.
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47
+ Le film Hawaii-Midway Battle of the Sea and Sky : Storm in the Pacific Ocean, ayant pour titre américain I bombed Pearl Harbor, fut réalisé au Japon en 1960. Ce film aborde la Seconde Guerre mondiale, l’attaque sur Pearl Harbor et la défaite lors de la bataille de Midway du point de vue des Japonais[10].
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+ La banane est le fruit ou la baie dérivant de l’inflorescence du bananier. Les bananes sont des fruits très généralement stériles issus de variétés domestiquées. Seuls les fruits des bananiers sauvages et de quelques cultivars domestiques contiennent des graines. Les bananes sont généralement jaunes avec des taches brunâtres lorsqu'elles sont mûres et vertes quand elles ne le sont pas.
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+ Les bananes constituent un élément essentiel du régime alimentaire dans certaines régions[Lesquelles ?], comme en Ouganda, qui offrirait une cinquantaine de variétés de ce fruit[3].
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+ Le mot « banane » est dérivé du portugais, lui-même emprunté au bantou de Guinée, dans l’expression en portugais rapportée en 1602 « Figueira Banana » (« figuier portant bananes »)[4]. Elle est appelée « figue », en créole, à La Réunion et aux Antilles.
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+ Les formes sauvages Musa acuminata et Musa balbisiana qui donnent les bananes actuelles se rencontrent encore aujourd’hui dans une grande partie du Sud-Est asiatique, de l’Inde à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. On retrouve dans ces régions des bananiers sauvages riches en graines et pauvres en pulpe dans les milieux ouverts (clairières, lisières des forêts)[5].
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+
11
+ Le centre de domestication primaire semble être les hautes terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée, il y a 6 950 à 6 440 ans avec M. Acuminata. Des traces de production bananière pour une consommation humaine datant d'environ de cette époque[6] en Nouvelle-Guinée. Leur diffusion s'est rapidement étendue dans une zone qui va de l'Inde au sud de la Chine via la Birmanie, de Taïwan jusqu'au nord de l'Australie et la Polynésie via les Philippines, l'Indonésie et la Nouvelle-Guinée. Des preuves archéologiques de la culture du bananier se trouvent en Malaisie en 3 000 avant notre ère, au Pakistan en 2 500 avant notre ère, dans le centre de l’Inde 600 ans avant notre ère et au Laos 500 ans avant notre ère. La diffusion en Afrique des plantains AAB daterait de 4 500 ans avant notre ère en Ouganda et de 2 750 à 2 300 au Cameroun. À l'Île de Pâques son introduction daterait de 1 200 de notre ère. La première apparition au Moyen-Orient date de 300 de notre ère.
12
+
13
+ Une hypothèse récente est que la domestication des bananiers Eumusa s'est produite, il y a environ 10 000 ans, dans les hautes terres de Nouvelle-Guinée. La variété Musa acuminata banksii, à l’origine de la plupart de celles qui sont cultivées aujourd’hui, y serait née et se serait ensuite répandue en Asie du Sud-Est où elle se serait hybridée avec les variétés locales[7].
14
+
15
+ Un centre secondaire de biodiversité se trouve en Afrique de l'est avec le groupe des bananiers triploïdes des hautes-terres de l'est africain dit Groupe Mutika/Lujugira (AAA-EA).
16
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17
+ Une légende indienne rapporte que la banane Musa ×paradisiaca était originaire de l'île de Ceylan, paradis terrestre duquel furent chassés Adam et Ève, leurs corps couverts de feuilles de bananier. Linné a d'ailleurs donné le nom de Musa paradisiaca au « Bananier du Paradis » (banane plantain) et celui de Musa sapientum au « Bananier des sages » (banane dessert), nommé aussi « figuier du Paradis » ou « figuier d'Adam ». Cette légende est en fait issue d'une tradition syrienne qui fait de la banane un fruit du paradis d'autant plus symbolique que lorsqu'elle est coupée, les fibres de sa tranche semblent dessiner une croix[8]. Marco Polo aurait nommé ce fruit « pomme du Paradis »[9].
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+
19
+ « On retrouve la trace de la banane pour la première fois dans un texte bouddhiste datant de 600 ans avant Jésus-Christ. Selon certains auteurs, Alexandre le Grand l'aurait découverte lors d'une expédition dans la vallée de l'Indus, en 327 avant Jésus-Christ. Pour d'autres, le bénéfice revient à Marco Polo, lors de son voyage en Chine. »[10]
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+
21
+ Le bananier a été introduit en Afrique de l’Est, en Chine, en Mélanésie, dans le Pacifique Sud à partir du commencement de l’ère chrétienne. Sa culture commence à Madagascar vers 500 de notre ère. Il fut importé en Méditerranée (Afrique du nord et Espagne) par les Arabes à partir de 650. Début XVIe siècle les Portugais l’implantent dans les Canaries et de là en 1516 le frère Tomas de Berlanga prélève des rejets dans le cloître des franciscains près de Las Palmas et les transporte à Hispaniola.
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+ À la fin du XIXe siècle la culture du bananier devint un enjeu économique important influant même des choix politiques internationaux.
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+ 1870 voit les premières importations de bananes (variété Gros Michel) aux États-Unis depuis l’Amérique centrale, notamment la Jamaïque. La rentabilité du marché amène des entrepreneurs américains à investir dans le marché et à ouvrir des plantations industrielles de bananiers. Dès 1871, Minor Cooper Keith fait établir une liaison par chemin de fer avec le Costa Rica et y implante les premières plantations à grande échelle. En 1899, il créa la United Fruit Company qui devint une puissance néocoloniale au pouvoir politique énorme pendant 70 ans. En 1911, un soulèvement populaire contre le gouvernement du Honduras voit l'intervention de l'armée des États-Unis. La raison officielle invoquée pour cette intervention est la protection des « travailleurs américains » de la United Fruit Company, qui a fait de ce pays son principal fournisseur de bananes. Entre 1930 et 1940, la United Fruit Company inclut la Colombie et l’Équateur dans ses exportateurs. Des coups d’État, dont celui au Guatemala en 1954, sont télécommandés par les États-Unis pour défendre les intérêts de la compagnie.
26
+
27
+ Cette puissance économique combinée à la menace militaire américaine transforme les fragiles États d'Amérique centrale en « républiques bananières » (l'expression vient de là), dont l'indépendance n'est plus qu'un simulacre. Cette hégémonie américaine a par ailleurs suscité la naissance du syndicalisme d'Amérique du Sud et l'engagement des premiers groupes tiers-mondistes[11].
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29
+ Les exportations (essentiellement la variété « Gros Michel »[12]) au début du XXe siècle sont assurées par les navires à vapeur produisant du froid dans les cales. Le mode de transport par navire reefer s'impose dans les années 1950 alors que la demande des marchés développés s'accroît au nord.
30
+
31
+ L'année 1974 est marquée par les « guerres de la banane ». L'Union des pays exportateurs de bananes (en) veut prendre le contrôle du commerce bananier mais doit céder face aux grandes compagnies qui conservent leur position oligopolistique[13].
32
+
33
+ Les années 1970 à 1990 voient les armateurs accumuler d'importantes capacités de transport en ligne pour s'adapter au mieux à la massification et à la conteneurisation des exportations bananières en défiant la concurrence. Le mode de transport bascule dans les années 1990 du navire reefer vers le conteneur à 55 %.
34
+
35
+ Le commerce international de la banane a triplé entre les années 1970 et 2010 et est caractérisé par une forte concentration de ses acteurs : en 2010, cinq pays (l'Équateur, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala et les Philippines) représentent 83 % des exportations alors que le commerce mondial est dominé par cinq grands groupes (Chiquita Brands International, Dole Fruit Company, Del Monte Foods, Fyffes et Grupo Noboa [Bonita]).
36
+
37
+ Les gaines foliaires forment un pseudo-tronc, au centre duquel émerge l'inflorescence qui est un épi complexe constitué d'un pédoncule sur lequel les fleurs sont arrangées en grappes nodales, chaque grappe étant protégée par une feuille modifiée (large bractée florale généralement richement colorée, appelée spathe) qui se détache éventuellement, le tout formant une « main » (ou « patte ») de bananes. Le nombre de fleurs par nœud varie de 5 à 15 et le nombre de nœuds par inflorescence peut varier entre 5 et 20. Chaque fleur, trimère et zygomorphe, est composée d'un périanthe de 5 tépales jaunâtres dont 5 sons soudés et 1 libre ; de l'androcée constitué de 5 ou 6 étamines (chez les fleurs femelles, ces étamines sont réduites à des staminodes) ; du pistil formé de 3 carpelles et d'un ovaire infère (chez les fleurs mâles, ce pistil est petit et parfois transformé en nectaires)[14].
38
+
39
+ La banane est une baie allongée légèrement incurvée, souvent regroupée sur le bananier en grappes nommées « régimes » dont il est facile de la détacher. Le fruit est constitué d'une « peau » (épicarpe[15] jaune, vert ou rouge, selon les espèces et le niveau de maturité, recouvrant une zone sous-épidermique chlorophyllienne) et d'une pulpe (mésocarpe à grosses cellules ovoïdes amylifères, donnant à la chair un goût sucré et une consistance généralement fondante, et endocarpe entourant les ovules avortés). Les cavités carpellaires médianes comportent les ovules et leurs placentas, ainsi que des poils microscopiques mous amylacés[16].
40
+
41
+ La cueillette de banane est fait 6 à 7 mois après la plantation.
42
+
43
+ La banane sauvage est une baie polycarpique, c'est-à-dire contenant de nombreux pépins anguleux durs. Les variétés commerciales sont souvent triploïdes stériles produisant ainsi des baies parthénocarpiques formées sans fécondation ne contenant donc pas de graines (si on fend cette « banane domestique » dans le sens de la longueur, on observe une série longitudinale de petits points noirs qui sont des ovules non fécondés). L’arôme principal de banane est l’acétate d’isoamyle.
44
+
45
+ La chair du fruit est généralement blanc crème. Les bananes mûres sont riches en sucres. Elles sont très nourrissantes (90 kcal/100 g) et très digestes en raison de leur faible teneur en graisses.
46
+
47
+ Fruit climactérique, les bananes sont cueillies vertes dans les plantations, aussi appelées bananeraies. Moins fragiles que les bananes mûres, elles supportent mieux le transport. Elles sont immédiatement acheminées vers les centres de distribution (marchés d’exportation), où le processus de maturation est parfois activé en ajoutant aux fruits de l’éthylène qui est fabriqué par la plante elle-même en conditions naturelles[17].
48
+
49
+ Le mot « banane » ou « fausse banane » désigne également les fruits des plantes du genre Ensete.
50
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+ L'ouverture de la banane est beaucoup plus facile si on la pince par le bas. En effet près de la tige elle est beaucoup plus solidement attachée. Ainsi la banane ne tombe pas au moindre coup de vent.
52
+
53
+ La banane est une bonne source de potassium, bien que moins riche que ce qui est habituellement cru (86e meilleure source[18]).
54
+
55
+ Bien que le bananier puisse atteindre une taille relativement grande (9 mètres), ce n’est pas un arbre. En effet, il ne forme pas un tronc ligneux. Le pseudo-tronc est en réalité formé par les pétioles des feuilles. Ceux-ci se recouvrent partiellement et constituent une structure portante, un « faux tronc ». Les pétioles portent à leur extrémité un grand limbe allongé avec au centre une nervure médiane. Les feuilles peuvent atteindre 4 m de long et 1 m de large. La tige du bananier est très courte et entièrement souterraine. Elle apparaît sur un rhizome, qui produit régulièrement de nouvelles tiges. Le rhizome porte une masse importante de racines longues et fines, situées juste sous la surface du sol.
56
+
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+ La floraison se produit au bout de sept mois et les fruits sont mûrs quatre mois plus tard. Après la floraison, la tige ayant porté l'inflorescence se dessèche mais en même temps, la tige souterraine forme des rejets latéraux. Ce sont ceux-ci qui donneront de nouvelles tiges capables de fleurir.
58
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+ Après environ un an et demi, le bananier est capable de fleurir. La tige souterraine forme alors une inflorescence qui se développe au travers du « faux-tronc » creux pour apparaître au centre des feuilles. Au début, l’inflorescence est dressée mais, sous l’effet du poids, elle va rapidement devenir pendante. Les fleurs qui apparaissent à l’extrémité de l’inflorescence (donc en dessous) sont mâles, celles situées plus vers le début de l’axe (donc au-dessus) sont femelles. Ces dernières vont donner naissance aux bananes. Entre les fleurs mâles et les femelles, il peut encore y avoir des fleurs stériles. Sur l’axe de l’inflorescence, les fleurs sont implantées en plusieurs rangées doubles transversales. Chaque rangée double est protégée par une bractée pourpre. Chaque jour, une bractée va s’enrouler et tomber, libérant ainsi les fleurs qui pourront être pollinisées. Les fleurs fécondées donneront naissance aux fruits. Dans la nature, ce sont les chauves-souris qui assurent la pollinisation. Chaque régime peut comporter jusqu’à 200 fruits. Les bananes sont généralement vendues sous forme de « mains », correspondant chacune à une double rangée de fleurs femelles.
60
+
61
+ Dans les variétés cultivées, la fructification est très généralement parthénocarpique, il n'y a donc pas de pollinisation et les ovaires se transforment en fruits ne contenant pas de pépins.
62
+
63
+ La sélection par l’homme a permis au fil des siècles de créer les variétés consommées de nos jours. Plusieurs équipes de recherche développent actuellement des programmes d’amélioration variétale du bananier à travers le monde, comme l'Université catholique de Louvain (Belgique), le Cirad aux Antilles françaises, l’Embrapa au Brésil, la FHIA au Honduras, le CARBAP au Cameroun et de nombreux autres organismes en Inde, au Viêt Nam, en Afrique… Selon les écoles, les stratégies d’amélioration sont variées, mais reposent toutes plus ou moins sur des biotechnologies modernes. Elles permettent de créer de nouvelles variétés plus résistantes aux parasites et ravageurs de cette culture. La recherche internationale sur le bananier est fédérée par l’INIBAP, une organisation internationale membre du CGIAR. L’INIBAP gère entre autres une banque de gènes du bananier, stockée in vitro à Louvain (Belgique) ainsi qu’une base de données sur les ressources génétiques du bananier appelée Musa Germplasm Information System (MGIS[22]). Le système d’information sur les ressources génétiques de Musa contient une information détaillée et standardisée sur les accessions détenues par de nombreuses banques de gènes autour du monde.
64
+
65
+ Avant 2002, le genre Musa était divisé en cinq sections : Eumusa, Rhodochlamys, Callimusa, Australimusa, Ingentimusa. En 2002 des études génétiques ont ramené à seulement trois sections selon la numération chromosomique : section Eumusa regroupant Rhodochlamys x = 11, section Callimusa regroupant Australimusa x = 10, section Ingentimusa x = 7 pour la seule espèce M. ingens.
66
+
67
+ La section Eumusa principalement avec M. acuminata et M. balbisiana est à l’origine de la majorité des bananiers cultivés pour leurs fruits dans le monde. On y retrouve des variétés sauvages, diploïdes et fertiles, des variétés ancestrales, également diploïdes mais assez fortement stériles pour que leurs fruits soient consommables (très peu de graines dans les fruits), et de nombreuses variétés cultivées, triploïdes et stériles.
68
+
69
+ Dans la même section Eumusa, il existe aussi quelques hybrides de distribution restreinte issus de M. schizocarpa participant à quelques cultivars alimentaires parthénocarpiques en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
70
+
71
+ La section Callimusa a donné des variétés cultivées localement comme le « Groupe Fe'i » peut-être issu de M. maclayi, lolodensis, peekelii ou troglodytarum connu seulement en Polynésie aux fruits à chair orange avec un taux élevé de bêta-carotène ou comme quelques hybrides d'autres espèces (par exemple M. jackeyi) de la même section ainsi que M. textilis, cultivée aux Philippines pour la production de fibres.
72
+
73
+ Le type sauvage diploïde de M. acuminata (AAs) pousse dans les régions tropicales humides de Nouvelle-Guinée, Bornéo, Indonésie, Indochine, Golfe du Bengale. Ses fruits sont comestibles quoique peu charnus et contenant beaucoup de graines. Il était probablement plus recherché comme aliment pour ses cormes, fleurs et jeunes pousses que pour ses fruits par les habitants des régions côtières de Malaisie. C'est probablement les sous-espèces banksii ou errans qui furent d'abord domestiquées pour leurs fruits d'une part parce que ce sont les seules présentant une parthénocarpie naturelle motivant leur multiplication en culture d'autre part parce que leurs génomes ont été identifiés chez pratiquement tous les bananiers di- et triploïdes. Leurs diffusions entraînèrent une hybridation avec d'autres sous-espèces particulièrement malaccensis et zebrina ce qui produisit des plants dioïques à stérilité femelle plus ou moins prononcée dû aux anomalies d'appariements des différentes formules chromosomiques ou des plants triploïdes AAA (3n = 33), dont les fruits étaient encore plus développés, plus charnus et plus sucrés. Ces formes triploïdes ont évidemment été cultivées préférentiellement et ont donné les variétés modernes de bananes dessert. Vers 1920, des programmes d'amélioration ont abouti à la création de tétraploïdes AAAA (4n = 44).
74
+
75
+ M. balbisiana type sauvage diploïde (BBs) est originaire de régions subtropicales à période sèche marquée de Nouvelle-Guinée, Philippines, sud de la Chine, Golfe du Bengale. Ce type sauvage donne des fruits non comestibles à nombreuses graines et n'est jamais parthénocarpique. Des formes cultivées de M. acuminata diploïdes et parthénocarpiques furent accidentellement pollinisées par M. balbisiana donnant des hybrides naturelles diploïdes AB (2n = 22) à stérilité femelle encore plus marquée et donc plus de fruits apyrènes. Un processus de polyploïdisation donna des formes triploïdes AAB (3n = 33). Depuis le début du XXe siècle, l'hybridation contrôlée permit l'obtention de triploïdes ABB et de tétraploïdes AABB (4n = 44).
76
+
77
+ La très grande majorité des bananes consommées de nos jours sont issues de ces deux espèces sauvages M. acuminata et M. balbisiana seuls ou hybridées. D'une façon générale le génome chloroplastique est d'hérédité maternelle et le génome mitochondrial d'hérédité paternelle. Plusieurs systèmes sont proposés pour la dénomination correcte des espèces cultivées :
78
+
79
+ La phylogénie des bananiers cultivés est complexe, les clones d'un même sous-groupe descendant les uns des autres par dérives génétiques progressives car ils sont sujets à des mutations somatiques relativement fréquentes, ce qui rend d'ailleurs aussi sa multiplication in vitro assez délicate. Sur le terrain, l'observation de 15 descripteurs morphologiques en rapport avec les 2 espèces M. acuminata et M. balbisiana permet de préjuger la structuration génomique des variétés, mais cette identification reste partielle car l'analyse génétique est parfois en contradiction avec l'observation in vivo. Elles sont ainsi classées en groupes selon leur constitution génétique et leur niveau de ploïdie, parfois en divisions ou sous-divisions, puis en sous-groupes rassemblant les variétés dérivant les unes des autres et enfin en types. Par exemple, dans le groupe AABB on trouve le sous-groupe Pisang awak, dans lequel se trouve le type Isla comprenant les variétés 'Isla Del Alto Huallaga', 'Isla Guayaquil', 'Isla Maleño', 'Isla Nacional', 'Isla De Tingo María', 'Isla Vaporino', 'Isleño'
80
+
81
+ Les plantes issues de M. acuminata et M. balbisiana et leurs hybrides sont désignés par deux à quatre lettres permettant de connaître leur ascendance et leur degré de ploïdies :
82
+
83
+ Groupe AA (diploïdes)
84
+
85
+ Groupe AAA (triploïdes)
86
+
87
+ Groupe AAAA (tétraploïdes)
88
+
89
+ Groupe AAAB (tétraploïdes)
90
+
91
+ Groupe AABB (tétraploïdes)
92
+
93
+ Groupe ABBB (tétraploïdes)
94
+
95
+ Groupe BBBB (tétraploïdes)
96
+
97
+ Groupe BBB (triploïdes)
98
+
99
+ Groupe ABB (triploïdes) (bananes à cuire) - résiste à la sécheresse et au sigatoka
100
+
101
+ Groupe AAB (triploïdes)
102
+
103
+ Groupe AB (diploïdes)
104
+
105
+ Groupe BB (diploïdes) - fruits non comestibles, cultivés pour les feuilles ou la nourriture animale
106
+
107
+ Autres génomes fournissant des bananes comestibles
108
+
109
+ Le bananier cultivé en plantations traditionnelles demande un sol bien drainé, profond et légèrement acide. La culture est exigeante en éléments minéraux. Une pluviométrie annuelle d'environ 1 200 mm et des températures supérieures à 15 °C sont nécessaires. Le bananier est une plante pérenne, le cycle végétatif dure environ un an. Après la récolte du régime, la pousse principale périclite, c'est à partir d'un rejet latéral qu'un nouveau cycle de culture redémarre grâce à la technique de bouturage. La plantation préexistante est détruite, les plantes lacérées sur place et la parcelle replantée plus loin. En cours de cycle, des rejets, qu'il faut supprimer, apparaissent continuellement. On en garde cependant un tous les trois mois de manière à pouvoir récolter régulièrement un nouveau régime (tous les trois mois). Les souches produisent pendant cinq ans. Au-delà, il faut replanter à partir d'un rejet latéral prélevé sur un plant sain.
110
+
111
+ Cette méthode de reproduction par multiplication végétative a deux inconvénients majeurs : une faible diversité des variétés cultivées, d'où des risques accrus de parasitose, et la propagation par les rejets de parasites (notamment les nématodes). Les plantations industrielles ont donc tendance à utiliser une autre technique : le vitroplant (plant obtenu in vitro en laboratoire aseptisé à partir d'un « plant-mère » désinfecté et cultivé sur un milieu nutritif stérile). Ainsi le bananier, planté sur un sol préalablement assaini par des techniques de rotation culturale ou de jachère est indemne de parasites. Cela permet une meilleure productivité (l'homogénéité variétale favorise l'augmentation du nombre de cycles réalisés entre deux replantations) et l'épandage de nématicide est réduit de 50 %. Par contre, cette technique de clonage menace la diversité génétique et fait dire à certains scientifiques que le bananier cultivé tel qu'on le connaît risque de disparaître.
112
+
113
+ Parmi les bananiers comestibles, seul le bananier nain, Musa acuminata 'Dwarf Cavendish', se prête facilement à être cultivé en pots. Cette variété reste relativement petite, 2 m au maximum. La plante demande beaucoup d'eau, beaucoup de nourriture, une forte humidité atmosphérique et beaucoup de lumière. Le bananier nain n'est pas trop sensible aux basses températures et supporte jusqu’à un minimum de 10 °C durant l’hiver. D'autres bananiers sauvages peuvent être cultivés de la même manière. Musa textilis (qui fournit des fibres textiles) et Musa basjoo conviennent à une serre de petite dimension mais leurs fruits ne sont pas comestibles.
114
+
115
+ Une nouvelle hybride de hasard Helen's Hybrid issu de M. sikkimensis et M. (AB) 'Ney Poovan' découvert récemment produit des fruits comestibles bien qu'avec des graines et sa souche résiste à des températures inférieurs à −12 °C. Il est originaire d'un petit village près de Kalimpong à 1 500 m d'altitude en Inde. L'horticulteur Ganesh Mani Pradhan remarqua ce bananier dans le jardin de leur cuisinière, Hélène. Comme pour sikkimensis, il a une nervure centrale rouge foncé et le revers des feuilles rougeâtre. Les pétioles sont glauques recouverts plus ou moins d'une pruine blanchâtre.
116
+
117
+ La culture de la banane sous serre a été développée en Islande entre les années 1940 et 1960, mais en 2017 il n'y reste plus qu'une seule bananeraie en activité.
118
+
119
+ Les bananes figurent incontestablement parmi les fruits tropicaux les plus importants. En 1992, la production totale s’élevait à 66 millions de tonnes (bananes et bananes plantains) ; elle n’était dépassée que par la production d’agrumes. En 2013, la production atteint 130 millions de tonnes (dont 66 millions en circulation), le commerce international de ce fruit tropical s’élevant à 7 milliards de dollars par an, ce qui fait de la banane la huitième culture alimentaire mondiale et la quatrième dans les pays les moins avancés selon la FAO[23].
120
+
121
+ Le marché oligopolistique (oligopole à frange) de la banane est libéralisé depuis 2006. Les exportations connaissent en conséquence des mutations rapides et récentes. Trois grandes destinations d'exportations de bananes par transport reefer subsistent :
122
+
123
+ Pour donner un aperçu succinct en 2008 des dépendances économiques engendrées par l'économie bananière libéralisée, l'Amérique latine exporte 10,3 millions de tonnes de bananes, alors que l'Asie exporte 1,9 million.
124
+
125
+ Le marché mondial de la banane est dominé à 60 % par trois multinationales américaines :
126
+
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+ En 2005, 87 % du marché mondial est concentré dans quatre multinationales (Chiquita, Dole, Del Monte, Fyffes) et une entreprise internationale (Grupo Noboa, détenu par Álvaro Noboa, détenteur de la marque Bonita), qui ont adopté des stratégies de processus (intégration verticale à l'exception de la phase productive[24]), d'expansion (participation, fusion-acquisition, alliance, diversification, localisation) et de positionnement (de coût et de marché par produit, selon son prix et sa qualité)[25].
128
+
129
+ Au niveau macroéconomique, la part du prix final — payé par le consommateur — qui revient dans le pays producteur est de 10 à 20 %. La part des hommes et des femmes qui travaillent dans les plantations est de 1,5 à 3 %. Au Guatemala par exemple, la plupart des salariés de l'industrie de la banane ne gagnent pas le salaire minimum légal de 5 dollars par jour.
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+
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+ Bien que l'économie bananière soit dominée par des plantations de moyenne et grande taille, il existe une dizaine de milliers de petits producteurs qui continuent de fournir le marché international.
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+
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+ En termes de valeur de production, les bananes desserts et plantains se situent au quatrième rang des plantes alimentaires d’importance au niveau mondial. 90 % de la production est consommée localement principalement avec les bananes à cuire représentant 25 % de la production mondiale de bananes. Les bananes exportées sont placées au quatrième rang des produits de base au niveau mondial et au troisième rang en tant que fruit (derrière l'orange et le raisin).
134
+
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+ La production est assurée à 50 % par un seul sous-groupe de bananes cultivées appelé Cavendish[26] qui est victime dans certains pays asiatiques de la « maladie de Panama »[27]. La maladie qui frappe la Cavendish constitue un avertissement et il serait bon de songer à lui trouver une remplaçante au cas où elle devrait subir le même sort que la variété « Gros Michel », elle aussi attaquée par un champignon, et disparue des étals depuis 1960.
136
+
137
+ Plus de 400 millions de personnes de 120 pays en développement dépendent de la banane, à la fois comme aliment de base et comme produit important pour le commerce local et international. De plus, les exportations de la banane sont une source de devises essentielle à l'économie de pays africains et américains, au point qu'elle y est qualifiée d'« or vert »[31].
138
+
139
+ En 1993, des quotas ont été fixés par région de production pour l’accès au marché de l’Union européenne mais, depuis, celle des Caraïbes a diminué au profit de l’Afrique, en particulier le Cameroun. En février 2006, une révision pour réduire le commerce des licences n'a pas porté ses fruits.
140
+
141
+ La France est nette importatrice de bananes, d'après les Douanes françaises.
142
+
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+ En 2014 ont été exportées mensuellement en moyenne 25 000 tonnes et importées 48 000 tonnes, avec un prix moyen observé à la frontière de 650 €/t[32].
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+
145
+ Dans les pays producteurs, les bananes dessert et bananes plantain constituent une ressource alimentaire importante pour plus de 400 millions d'habitants des pays tropicaux de la planète[33]. Au niveau mondial, les bananes et les bananes plantain sont la quatrième denrée alimentaire de base, derrière le riz, le blé, et le maïs[34]. Deux autres atouts majeurs font de la banane un élément alimentaire vital dans de nombreuses zones rurales pauvres : sa haute valeur nutritionnelle (riches en vitamines A, C et B6, par exemple), et sa production sans interruption pendant toute l'année.
146
+
147
+ Dans les pays importateurs, même si la sécurité alimentaire des consommateurs ne dépend pas de la disponibilité de la banane, le fruit se trouve sur les étals toute l'année. En 2003, selon la FAO, les Suédois en consommaient 19 kg par habitant et par an, les Danois, 14 kg, et les Norvégiens, 13 kg.
148
+
149
+ La banane est le troisième fruit consommé en France (part de marché en 2010 : 12,2 %) derrière la pomme (22,6 %) et l'orange (12,3 %)[35].
150
+
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+ Une banane pouvant être consommée avec la peau a été développée par une firme agroalimentaire japonaise cette banane, appelée « Mongee » est née des scientifiques de D&T Farm.[36].
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+
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+ La fleur de banane (babafigue) est également consommée par exemple à La Réunion en accompagnement du carry.
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157
+ Il existe trois grands types de banane d’un point de vue alimentaire : les bananes dessert, les bananes à cuire (parmi lesquelles les bananes plantains occupent une place prépondérante) et les bananes à bière (en Afrique la bière de banane (kasiksi) de productions artisanale ou industrielle).
158
+
159
+ La banane est un fruit très énergétique (90 kilo calories/100 g) et très riche en potassium, dont elle peut couvrir les besoins quotidiens. Nutritive, facile à digérer, elle est riche en glucides, phosphore, calcium, vitamines A, B et C. Son apport en fer est faible (moins de 5 % de l'apport quotidien pour un homme adulte) et il s'agit de fer non héminique qui est mal absorbé. Son goût est dû à l'acétate d’isoamyle. Elle est aussi vendue sous forme de nectar.
160
+
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+ L'index glycémique de la banane est assez élevé lorsque celle-ci devient très mûre. Son apport calorique est de 93,6 pour 100 grammes[38].
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+ Milena Rodrigues Boniolo a testé la poudre de pelure de banane comme support de filtration des métaux lourds ou radionucléides de l’industrie nucléaire dans l’eau, et les usines d’engrais (cadmium contaminant naturel des phosphates). Cette poudre ajoutée à l’eau fortement mélangée durant 40 minutes en extrait environ 65 % des métaux lourds, l’opération pouvant être répétée. Sa charge négative lui permet de fixer les ions métalliques positifs[39].
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+ La peau (/po/, provenant du latin : pellis) est un organe composé de plusieurs couches de tissus. Elle est la première barrière de protection de l'organisme des animaux vertébrés.
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+ Chez l'être humain, elle est l'organe le plus étendu et le plus lourd du corps[1] ; chez l'adulte sa surface est d'environ 2 m2 [2], l'épaisseur varie de 1 à 3 mm. Sa surface d'échange est cependant bien plus petite que l'intestin (300 à 400 m2, environ deux terrains de tennis) et le poumon (80 m2)[3].
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+ La dermatologie est la spécialité médicale qui traite les affections de la peau.
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+ Un traitement médical basé sur une substance active qui doit être administrée en lui faisant traverser la peau est dit « percutané ».
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+ Selon l'espèce considérée la peau est plus ou moins épaisse, souple, innervée et riche en vaisseaux sanguins, et plus ou moins liée aux muscles et fascia et organes sous-jacents. La peau est souvent protégée par des écailles et/ou un mucus, des poils, des pics (hérisson, porc-épic) ou des plumes.
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+ Certains animaux ont une peau très lâche qui leur permet par exemple de se comprimer pour passer dans un petit orifice (si la tête passe, le reste du corps peut suivre). Un des cas les plus spectaculaires est celui des Myxine qui peuvent faire des nœuds complexes, s'enfouir dans le sédiment ou s'introduire dans un cadavre immergé, et passer comme les poulpes et certains rongeurs dans des trous de faible diamètre. On a récemment montré que cette peau très souple, indépendante des organes sous-jacents et entourant une cavité très élastique emplie de fluide vital (sang) leur permet même de survivre indemnes à une morsure de requin[4].
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+ Des points de vue histologique et anatomique, la peau comprend trois parties principales :
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+ L'ensemble « peau » et ses phanères (ongles, poils) se nomme le « tégument ».
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+ 9 - Poil10 - Cornée11 - Couche pigmentée12 - Kératinocytes13 - Mélanocytes14 - Muscle érecteur du poil15 - Glande sébacée16 - Follicule pileux17 - Bulbe18 - Nerf19 - Système lymphatique et vasculaire20 - Glande sudoripare exocrine21 - Corpuscule de Pacini
22
+
23
+ 1 - Pore de transpiration2 - Jonction dermo-épidermique3 - Terminaison nerveuse (toucher)4 - Épiderme (anatomie)5 - Derme6 - Hypoderme7 - Veine8 - Artère
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+
25
+ A- Couche cornéeB- Couche claireC- Couche granuleuseD- Couche épineuse ou couche de MalpighiE- Couche basale
26
+
27
+ L'épiderme est composé principalement de kératinocytes, qui sont segmentées dans la couche cornée, ainsi que les mélanocytes, donnant la pigmentation de la peau et sont juste au-dessus de la strate germinative. Dans les coupes histologiques on peut observer les cellules de Langerhans et des lymphocytes qui sont responsables d'assurer la protection immunitaire, en plus de trouver la ou les cellules mécanoréceptrices de Merkel.
28
+
29
+ La peau humaine est naturellement couverte d'une population de micro-organismes, spécialisés ou opportunistes, que l'on nomme flore cutanée ou microbiote cutané : bactéries, acariens, micro-nématodes, micro-champignons.
30
+ Ce micro-écosystème est organisé en biofilm et s'alimente à la fois de molécules et de composés excrétés par la peau elle-même, et de composés sécrétés par ces communautés de micro-organismes plus ou moins symbiotes.
31
+ La composition de cette « flore cutanée » varie selon les individus, leur âge, leur sexe, leurs activités, leur comportement et l'environnement. Elle varie selon les parties du corps : mains, cuir chevelu, visage, dos, aisselles, etc.
32
+ La peau d'un adulte héberge en moyenne 1012 (mille milliards) bactéries de plus de 200 espèces différentes.
33
+
34
+ La peau selon son épaisseur, sa texture et sa couleur absorbe et/ou émet plus ou moins bien le rayonnement visible, ultraviolet ou infrarouge[5] ; la présence de poils, plumes, écailles modifient également les caractéristiques d'absorption et d'émission de rayonnements.
35
+
36
+ L'organisme peut modifier - dans une certaine mesure - ces caractéristiques en changeant la couleur de la peau (bronzage, rougeur) ou à court terme par la sécrétion de sueur qui joue un rôle majeur dans la régulation de la température corporelle (la production de sueur augmente avec la température extérieure ou avec celle de l'intérieur de l'organisme, en situation d'effort par exemple), et provoque un rafraîchissement de la peau grâce à son évaporation en surface par effet de refroidissement éolien. Elle diminue lorsque la température s'affaiblit.
37
+
38
+ Presque tous les mammifères ont une peau recouverte de poils. Ceux-ci interviennent dans la régulation thermique par leur rôle isolant contre le froid ou le chaud, ce en créant une couche d'air isolante entre la peau et les poils. Le fonctionnement est identique à celui des plumes.
39
+
40
+ La peau, caractérisée par une grande capacité de régénération et de cicatrisation, constitue - en continuité avec les muqueuses - une barrière physique souple qui protège les tissus et les organes de la plupart des agressions extérieures. La peau est résistante à la plupart des infections tant que son intégrité physique et fonctionnelle est assurée.
41
+
42
+ La peau permet de maintenir le milieu corporel intérieur isolé et limite les pertes d'eau, tout en contenant les fluides corporels (sang, lymphe…) bien qu'étant semi-perméable face aux liquides extérieurs.
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44
+ Par ailleurs, elle joue un rôle de protection contre les rayons solaires, en particulier les ultraviolets, notamment grâce à la présence de mélanocytes.
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46
+ La peau joue un rôle dans la nociception. Les terminaisons nerveuses contenues dans la peau, et notamment au bout des doigts, permettent à l'homme d'explorer son environnement par le toucher. La peau permet ainsi une sensibilité à la pression, à la température, et à la douleur. Elle possède quatre types de récepteurs, qui réagissent en fonction de stimuli différents, et qui retournent des informations interprétables par le cerveau. Ces informations parcourent la colonne vertébrale, jusqu’au thalamus via deux types de canaux : l’un pour les informations concernant la douleur et la température, l’autre pour le toucher à proprement parler (texture, dureté, etc.).
47
+
48
+ Certaines cellules épidermiques jouent un rôle important dans la protection immunitaire du corps humain. On y trouve des cellules dendritiques, autrement appelées cellules de Langerhans.
49
+
50
+ Le derme contient un réseau de vaisseaux sanguins représentant environ 10 % du sang chez l'adulte. Durant l'exercice physique, les vaisseaux sanguins de la peau se contractent pour favoriser l'apport sanguin aux muscles (vasoconstriction).
51
+
52
+ Lorsqu'elle est exposée aux rayons ultraviolets, la peau participe à la synthèse de la vitamine D (à partir de dérivés du cholestérol) nécessaire à la croissance et à l'équilibre calcique et phosphorique du corps humain.
53
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54
+ En médecine humaine, la branche traitant des affections de la peau est la dermatologie.
55
+
56
+ Une « peau saine » présente des caractéristiques mécaniques (souplesse, élasticité), biologiques (cellules et biofilm de microflore en bon état, de même que les systèmes lymphatiques, nerveux et sanguins qui irriguent la peau), d'intégrité (barrière) et d'épaisseur. Ces caractéristiques varient selon l'âge et les conditions environnementales. Il existe de nombreux moyens, non-invasifs, d'étudier et mesurer les qualités de la peau[6].
57
+
58
+ Les affections sont isolées et plus ou moins systématiquement localisées sur le corps (morphées) ou elles constituent une atteinte systémique, c'est-à-dire touchant toute la surface de la peau. Les causes sont souvent multifactorielles et liées à un déséquilibre du biofilm cutané. L'intégrité de la peau peut être mise en jeu par des agents externes, comme une colonisation par des micro-organismes pathogènes, des insectes ou parasites, des altérations provoquées par des piqûres, brûlures, ou un traumatisme ou encore par une affection systémique.
59
+
60
+ Le pH « naturel » de la surface de la peau de l'homme est en moyenne de 4,7. D'après une étude de Sara Lee Corporation, le simple usage d'eau du robinet, augmenterait le pH de la peau humaine jusqu’à 6 heures après l'application de l'eau[7]. Notamment en Europe, où le pH de l'eau du robinet est autour de 8,0. Une peau au pH en dessous de 5,0 serait en meilleure condition qu'une peau au pH au-dessus de 5,0[7]. L'utilisation de produits cosmétiques, spécialement les savons, aurait une influence profonde sur ce pH, le rendant plus basique[7].
61
+
62
+ Localement, la peau salie, érodée ou blessée peut être source de développement d'organismes pathogènes.
63
+
64
+ Certains de ces micro-organismes, composant la flore cutanée, peuvent par ailleurs devenir pathogènes s’ils se développent en excès en raison d'un déséquilibre du milieu cutané. Le déséquilibre peut être induit par un excès de souillures ou à contrario, une trop forte détersion. Une rupture ou perturbation de cet équilibre peut conduire à la prolifération d’un ou plusieurs organismes et à une infection (externe ou interne de l’organisme). L'érosion excessive par exfoliateurs ou produits nettoyants attaquant les sébums et organismes protecteurs, comme un biocide, un antibiotique ou autre produit cosmétique, tue les organismes protecteurs de la peau ou de la muqueuse. Il peut en résulter une brutale prolifération de champignons, conduisant à une mycose.
65
+
66
+ Les cellules mortes qui s’accumulent sur l’épiderme, mélangées avec des sécrétions sébacées et à la sueur ainsi qu’à la poussière, la terre ou à diverses substances (dont maquillages, crèmes…) peuvent former une couche de surface supportant le développement de nombreux micro-organismes, spécialisés ou opportunistes, en particulier par une flore bactérienne susceptible de produire une odeur caractéristique.
67
+
68
+ Par ailleurs, les agents externes, qu'ils soient chimiques ou organiques, peuvent contribuer à des réactions allergiques.
69
+
70
+ Des perturbations (hormonales ou autres) impliquant une suractivité des glandes sébacées (produisant le sébum, lubrifiant naturel de la peau saine) conduisent à une peau plus grasse et épaisse. La peau grasse est moins sujette à l’apparition de rides ou d'autres symptômes de vieillissement, l'huile du sébum contribuant à la maintenir humide et mieux protégée sous l’épiderme. La peau grasse est davantage susceptible de produire des boutons d’acné, au niveau des pores visibles (sauf autour des yeux et du cou sur la tête), ou des pores obstrués (phénomène dit de « points noirs »). Par ailleurs, une tentative sévère de dégraissage peut favoriser une aggravation de la sécrétion de sébum, ce pourquoi les détergents doux sans alcool et au pH adapté sont recommandés aux peaux grasses.
71
+
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+ Celles-ci peuvent être de causes locales, le reflet d'une affection systémique ou les deux.
73
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74
+ La peau a été le support de peintures, tatouages, incisions, perçages, stigmates et marques traditionnelles d'asservissement (esclaves marqués) ou d'appartenance à un groupe ethnique, religieux ou culturel…
75
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+ La couleur ou pâleur de la peau, son épaisseur ou sa finesse, ou le bronzage ont des valeurs et évocations qui changent selon les civilisations et les époques, de même que les cicatrices de blessures ou de maladies (par exemple, les signes révélateurs d'une variole guérie étaient au XVIIIe siècle associée à une immunité acquise pouvant aider à obtenir un emploi et étaient considérés comme un facteur de beauté pour les femmes, notion qui a même alimenté des controverses quand l'éradication de la variole est devenue possible grâce à la vaccination[8]). Selon les époques, les civilisations et les classes sociales ou l'âge, elle est plus ou moins cachée ou exposée. Catarina Pigorini-Beri ou Catherine Pigorini-Berri estimait en 1891 que les tatouages que se faisaient faire les pèlerins de Notre-Dame de Lorette étaient originellement une figuration de la stigmatisation de Saint François d'Assise, et que les tatouages amoureux des marins, paysans et pêcheurs des marches italiennes en dériveraient aussi (cité dans Archives d'Anthropologies criminelle). Les Planche (103 tatouages) ayant servi à illustrer son article sur « Le tatouage religieux et amoureux au pèlerinage de Notre-Dame de Lorette » (publié dans les Archives de l’Anthropologie criminelle (1891, vol. 6). 1891 sont archivées dans le Fonds Lacassagne[9].
77
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78
+ La peau est le support de l'acuponcture ou de techniques de massages, moxa, etc. Elle fait l'objet de soins particulier, est traitée par des onguents devenus des produits cosmétiques. Des anomalies (locales ou générales) de sa couleur peut renseigner sur la santé de la personne (peau jaune, grise, rouge, bleutée, ecchymoses, etc.), et on a prétendu pouvoir lire l'avenir de chacun dans les lignes de sa main. Charcot et Ducamp[10] ont vu dans la dermographie une marque de l'hystérie[11].
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+ La greffe de peau est une opération chirurgicale assez facile et courante (en autogreffe). Des cellules de peau peuvent être cultivées in vitro afin de réaliser des greffes[12]. Le cas de l'autogreffe permet d'éviter le risque de rejet immunologique inhérent aux greffes. Une culture de peau peut être utilisée pour tester le caractère toxique de certains produits chimiques, ou d'irradiations sur la peau humaine.
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+ L'entreprise américaine Organovo a élaboré une technique d'impression permettant de créer de la peau synthétique à partir de cellules humaines et d'une matrice en hydrogel[13].
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+ On appelle cuir la peau épaisse de certains animaux (bovins). Le cuir est aussi la peau tannée de certains animaux (bœuf, chèvre, chevreau, agneau…).
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+ Pégase (en grec ancien Πήγασος / Pếgasos, en latin Pegasus) est un cheval ailé divin, l'une des créatures fantastiques les plus célèbres de la mythologie grecque. Généralement blanc, ayant pour père Poséidon, Pégase naît avec son frère Chrysaor du sang de la Gorgone Méduse, lorsqu'elle est décapitée par le héros Persée. D'après les poètes gréco-romains, il monte au ciel après sa naissance et se met au service de Zeus, qui le charge d'apporter les éclairs et le tonnerre sur l’Olympe.
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+ Ami des Muses, Pégase crée la source Hippocrène qu'il fait jaillir d'un coup de sabot. Capturé par Bellérophon près de la fontaine de Pirène, grâce à l'aide de la déesse Athéna et de Poséidon, Pégase permet à ce héros grec de le monter afin de vaincre la Chimère, et réalise avec son cavalier beaucoup d'autres exploits. Bellérophon tombe victime de son orgueil et chute en tentant d’atteindre le mont Olympe sur le dos du cheval ailé. Pégase retrouve Zeus, qui finit par le transformer en constellation et le placer dans le ciel.
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+ Peut-être issu d'un ancien dieu des orages de la mythologie hittite portant l'épithète de Pihassassa, Pégase voit une partie de son mythe passer des peuples louvitophones aux anciens Grecs. D'autres théories évoquent l'observation des forces naturelles, de l'eau, de la foudre ou des oiseaux, ou encore la domestication du cheval. Le mythe de Pégase connait une large diffusion dans le monde antique ; repris par les Romains, il est partiellement christianisé et fait l'objet de nombreux commentaires, de théories et de reconstitutions depuis le Moyen Âge. Des hypothèses sont proposées quant à son lien avec les Muses, les dieux Athéna, Poséidon, Zeus et Apollon, ou encore le héros Persée.
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+ La vaste symbolique de Pégase suit les époques et les courants de pensée. Symbole de sagesse et surtout de renommée du Moyen Âge aux Temps modernes, il devient celui de la poésie et le créateur des sources dans lesquelles les poètes viennent puiser l’inspiration, particulièrement au XIXe siècle où de nombreux poèmes l'exaltent. Pégase est le sujet d'une iconographie très riche à toutes les époques, des poteries grecques antiques aux peintures et sculptures de la Renaissance, jusqu'aux dessins modernes. Personnification de l'eau, mythe solaire, monture chamanique ou alchimique, son lien avec l'imagination humaine est mis en valeur dans les travaux des psychanalystes continuateurs de Carl Gustav Jung. Une profonde symbolique ésotérique en relation avec l'énergie spirituelle qui permet d'accéder au domaine des dieux, le mont Olympe, lui est attachée.
10
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11
+ Aux XXe et XXIe siècles, il fait son apparition au cinéma, dans les littératures de l'imaginaire telles que la fantasy, dans les jeux vidéo et les jeux de rôle, où le nom de « pégase » est souvent devenu un nom commun qui désigne tous les chevaux ailés du bestiaire fantastique.
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+
13
+ Le nom mentionné dans les premiers poèmes en grec ancien est Πήγασος, qui a lui-même donné Pếgasos et Pegasus en latin, puis le nom propre « Pégase » en français. Les auteurs greco-latins attribuent de nombreuses épithètes à Pégase, parmi lesquelles Hyios gorgoneus (« fils de la Gorgone »), equus Gorgoneus (« cheval de la Gorgone »), prœpes Médusae ; Peirenœos polos (« cheval de Pirène ») ; equus Bellerophonteus (« cheval de Bellérophon ») ; ales (« ailé ») ; aerlus equus, (« cheval ailé ») et sonipes (« au pied sonore »)[1]. Selon le poète grec Hésiode, le nom Pếgasos provient du grec ancien πηγή / pêgế, qui signifie « source » ou « fontaine » :
14
+
15
+ « Et celui-ci fut ainsi nommé parce que ce fut près des sources Océaniennes qu'il naquit »
16
+
17
+ — Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne], vers 280
18
+
19
+ Le nom de Pégase signifierait en grec ancien « de la source » (pêgê) ou « la source jaillissante »[2], et se rapproche du mot « source »[3] ainsi que du concept d'eau. Certains philologues attribuent à ce nom une origine carienne[4]. Pégase est en effet associé aux sources et aux fontaines, la source Hippocrène de l'Hélicon et une source près de Trézène sont l'une et l'autre jaillies sous son sabot. En outre, le lieu de rencontre de Pégase et de Bellérophon, héros solaire, n’était autre que la fontaine Pirène à Corinthe, ville dont précisément Pégase est le symbole[5]. Toutefois, pour d'autres spécialistes, cette origine relève de la légende plutôt que de l'histoire, car le suffixe -asos suggère une origine pré-grecque du nom[6], qui renvoie à une périphrase pour désigner un animal blanc porteur de foudre[4].
20
+
21
+ Adalbert Kuhn a supposé en 1852 que le nom de Pégase dérive du même radical qu'un verbe et un adjectif signifiant « épais » et « fort », et pourrait être rapproché du sanscrit védique pâjas, signifiant « force » et « puissance »[7],[8]. La même théorie est soutenue par Sri Aurobindo[9].
22
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23
+ L'étude du langage proto-indo-européen suggère que le mot d'origine pour cheval, *ekwo-, a donné le hiéroglyphe hittite asu ou asuwa. Le *-k- de *ekwo- se serait changé en -s- dans les langues anatoliennes[10]. Un autre rapprochement récent existe entre « Pégase » et le louvite pihassas, qui signifie « éclair ». Dans la même langue, Pihassasas est soit une divinité, soit une épithète pour le dieu des tempêtes Tarhu. Il semble que la racine piha- ait désigné la luminosité et la splendeur[11],[a]. Cette épithète ou cet ancien dieu de l'orage pourrait être à l'origine de Pégase, dont le nom Πήγασος serait une version grecque du louvite Pihassassas[12], mais cette théorie reste à l'état de spéculation en l'absence de preuves plus solides[b].
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+ Sans qu'une étude fasse le rapprochement, Pegah (پگاه) signifie « l'aube » ou « l'aurore » en persan[13]. Il semblerait qu'en hébreu, Peka, Pega ou Pehah désignent le chef et Sùs un cheval[14], mais cette théorie n'est pas reprise par des travaux de recherche rigoureux, pas plus que celle qui voudrait que le nom de Pégase dérive de l'égyptien pgw, désignant la cruche en usage pour se laver[15].
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+ « Pégase » peut être un nom commun pour le cheval ailé. C'est le cas en héraldique, où le nom commun pégase désigne la figure du cheval ailé, mais aussi dans les jeux de rôle comme Donjons et Dragons, et les jeux vidéo qui donnent le nom de « pégases » aux représentants de la « race » des chevaux ailés. On retrouve ce nom devenu commun dans de multiples mondes imaginaires inspirés du mythe antique, comme celui de Warhammer où ils peuvent servir de monture aux chevaliers de Bretonnie, dans la saga Heroes of Might and Magic, ou encore dans les deux versions du film Le Choc des Titans.
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+ Plusieurs auteurs et chercheurs se sont penchés sur l'origine du mythe de Pégase, divers courants de pensée s'affrontent. En 1955, Édouard Will penchait pour une origine purement européenne[16]. La théorie la plus largement reconnue par les historiens au début du XXIe siècle laisse à penser qu'il est d'origine asiatique[17].
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+ Le mythe de Pégase est vraisemblablement issu des dieux lyciens et assyriens[17]. Comme le souligne l'historien du cheval Marc-André Wagner, les premières représentations de chevaux ailés datent du XIXe siècle av. J.-C., chez les proto-hittites. Il est possible que le mythe se soit répandu chez les Assyriens ensuite, puis ait gagné l'Asie mineure et la Grèce. Les animaux porteurs d'éclairs sont d'origine orientale, le cheval se substituant au taureau dans ce rôle[4]. En se basant sur les travaux des philologues et des hittitologues, cette théorie laisse à penser que Pégase est issu d'une ancienne divinité des orages connue des peuples louvitophones[18], avec influence des Perses. Ce nom louvite aurait évolué vers le lycien et le grec ancien, la plupart des éléments originels se seraient perdus, le mythe grec de Pégase devenant « l'habillage d'une divinité indigène »[19] liée aux orages. Les historiens supposent l'existence d'un culte à cette ancienne divinité grâce à une hypostase en louvite[20]. Une grande partie du mythe de Pégase et de Bellérophon évoque des aventures en Lycie (Asie Mineure), illustrant les liens particuliers de cette région avec la cité de Corinthe, dont Pégase était l'un des emblèmes[21].
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+ D'autres théories voient dans Pégase un être totalement imaginaire[22]. Sa figure est peut-être issu de l'observation des forces naturelles (orages, cours d'eau rappelant la course du cheval, etc.), ou de celle des oiseaux dont les ailes seraient devenues une métaphore de rapidité, et auraient donné naissance à la figure du cheval ailé dans plusieurs régions du monde[22].
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+ Si l'existence biologique de Pégase est très hautement improbable, une question soulevée par ce mythe est celle de la construction de la figure du cheval ailé[23]. Pégase est, tout comme le sphinx, le centaure ou le griffon, composé d'éléments qui existent réellement, à savoir un cheval et les ailes d'un oiseau[23]. Le processus d'invention consisterait à combiner des éléments existants par l'imagination[23]. Bien que Pégase n'existe pas dans le monde physique, il possède une forme de réalité dans le domaine du rêve, du surnaturel et de la mythologie : la réalité physique est constitutive de la réalité interne[23]. Chaque personne qui imagine Pégase crée « son » Pégase, en lui attribuant une certaine couleur, une certaine manière de voler, ou d'autres particularités en fonction des éléments qu'elle connaît, qu'elle a lus ou qu'elle a vus[23].
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+ D'anciennes théories associent Pégase au combat naval, ou voient en lui un simple navire. Plutarque livre dans ses Œuvres morales une version du mythe dépouillée de tout aspect fantastique : Bellérophon est un prince de Lycie, la Chimère n'est pas un monstre mais un capitaine pirate nommé Chimarros, qui cause de nombreux dommages aux Lyciens. Son bateau est orné d'un lion à la proue et d'un dragon à la poupe. Bellérophon le prend en chasse avec Pégase, et le tue[24]. Le théologien Jacques-Paul Migne affirme en 1855 que Méduse est l’un des cinq navires de la flotte de Phorcis, prince phénicien et roi d'Ithaque. La tête de Méduse représenterait le commandant du vaisseau tué, Chrysaor et Pégase des personnes libérées du vaisseau[25].
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+ La figure du cheval ailé est universellement présente en Eurasie. Les chevaux ailés de Tarquinia chez les Étrusques, Chollima en Corée, Ponkhiraj au Bangladesh, Tarkshya en Inde, Tianma en Chine ou encore Tulpar chez les Tatars attestent de la popularité de cette créature. Le mythe de Pégase partage des traits communs avec d'autres histoires, sans que l'on puisse toujours savoir s'il y a inspirations ou influences communes. La mythologie comparée permet de mettre en relief ces points communs parmi les mythes et traditions des indo-européens.
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+ L'idée d'une origine commune du mythe de Pégase et des traditions indiennes connait une grande popularité au XIXe siècle. Louis-Ferdinand-Alfred Maury et Charles-François Dupuis le rapprochent de la création des sources de l'Ashvamedha (sacrifice védique du cheval), et d'une tradition où un cheval fait jaillir de son sabot la boisson inspirée qui ouvre les yeux de l'esprit et procure la vue des cieux. La dernière incarnation de Vishnou, le cheval blanc Kalkî, est vue comme un cheval ailé qui détruira le monde d'un coup de sabot[26]. Le héros Vêdu possède un magnifique cheval blanc tueur de serpents, qui incarnerait le soleil comme Pégase[27]. La naissance de Pégase et Chrysaor se rapprocherait ainsi des croyances védiques personnifiant le principe de végétation né des eaux[8], la création des Ashvins par Vivasvat et Saranya est elle aussi évoquée en parallèle[28].
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+ L'idée générale veut que ces chevaux indiens et grecs évoquent un dieu végétal primordial sorti de l'eau, origine de toute vie. Elle est remise en cause par la philosophe croate Marina Milićević-Bradač. Le thème du cheval franchissant l'eau avec son cavalier pour voyager sur de vastes distances se retrouve dans la mythologie celtique, dans le Rig-Véda, et dans des régions aussi variées que l'Irlande, la Grèce, l'Europe du Nord, la Perse et l'Inde. Ce thème se retrouve largement dans la monture chamanique du dieu suprême finno-ougrien, un cerf blanc ailé qui permet à son cavalier et maître de parcourir le monde à toute vitesse. Ces coursiers fabuleux ont souvent une particularité morphologique, telle que des ailes, un nombre anormal de membres, ou plusieurs têtes. Les proto-Indo-Européens sont restés en contact étroit durant la préhistoire, ce qui laisse entrevoir un mythe commun d'inspiration chamanique avant la dispersion, ou du moins, une influence commune : celle d'un cheval psychopompe passeur de frontières (symbolisée par l'eau) et voyageant entre les mondes[29].
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+ Selon l'auteur ésotériste D. J. Conway, Pégase viendrait d'Égypte via une hypothétique source sacrée d'Osiris, près d'Abydos, 2000 ans avant notre ère, qui aurait porté le nom de Pega[30].
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+ En 1854, Désiré Monnier parle de la cavalerie des Parthes, les Usbeks se servaient d'oiseaux de proie pour la chasse aux chevaux sauvages, et les dressaient à saisir l'animal par la tête ou le cou. Il affirme que « l'on a fini, en reproduisant ce dessin mal compris, par ne garder de l'oiseau que les ailes, et par les attacher immédiatement aux épaules du quadrupède même. Voilà Pégase, voilà la noble monture aérienne dont la poésie a tiré un si grand parti »[31]. Cette théorie est désormais obsolète.
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+ De toutes les créatures fantastiques de la mythologie grecque, Pégase est l'une des plus connues[32]. Les épisodes de son mythe proviennent des poètes gréco-romains. La plus ancienne source écrite est celle d'Hésiode, au IXe ou VIIIe siècle av. J.-C., qui parle de la naissance de Pégase et de la Chimère dans sa Théogonie. Ovide raconte sa naissance dans les Métamorphoses, Hygin évoque plusieurs épisodes dans ses Fables, et Pindare conte la façon dont Bellérophon capture Pégase au VIe siècle av. J.-C. Il est très difficile de restituer un ordre chronologique à l'histoire de Pégase. De nombreux auteurs évoquent ce mythe plus ou moins brièvement, en se contredisant parfois entre eux.
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+ Pégase est considéré comme le fils du dieu Poséidon et de la Gorgone Méduse. Hésiode dit que « Poseidaôn (Poséidon) aux cheveux noirs s'unit à Médousa (Méduse) dans une molle prairie, sur des fleurs printanières[33] ». L'épithète « aux cheveux noirs » est traduit plus récemment par « Sombre-crinière », indiquant que Poséidon prend la forme du cheval pour s'unir à Méduse[34]. La version d'Ovide est plus complète :
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+
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+ Clarissima forma
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+ multorumque fuit spes inuidiosa procorum
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+ illa, neque in tota conspectior ulla capillis
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+ pars fuit ; inueni, qui se uidisse referret.
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+ Hanc pelagi rector templo uitiasse Mineruae
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+ dicitur ; auersa est et castos aegide uultus
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+ nata Iouis texit ; neue hoc inpune fuisset,
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+ Gorgoneum crinem turpes mutauit in hydros[35].
61
+
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+ Très célèbre pour sa beauté,
63
+ Méduse éveilla l'espoir jaloux de nombreux prétendants
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+ et, de toute sa personne, rien n'était plus remarquable
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+ que sa chevelure ; j'ai connu quelqu'un qui disait l'avoir vue.
66
+ Le maître de la mer l'aurait outragée dans le temple de Minerve
67
+ la fille de Jupiter se détourna, dissimula derrière son égide
68
+ son chaste visage et, pour ne pas laisser cet acte impuni,
69
+ transforma les cheveux de la Gorgone en hydres affreuses[36].
70
+
71
+ À la suite de sa métamorphose, Méduse se met à dévaster la contrée avec ses deux sœurs. Plus tard, rapporte Ovide, le héros Persée reçoit l’ordre de tuer Méduse, seule mortelle des trois gorgones. Deux êtres, Pégase et Chrysaor, étaient en elle et sont libérés par le coup d’épée de Persée qui lui tranche la tête[37]. Hésiode dit que « lorsque Perseus lui eut coupé la tête, le grand Khrysaôr naquit d'elle, et le cheval Pegasos aussi[33] », c'est-à-dire que Pégase jaillit avec son frère Chrysaor du corps décapité de Méduse. Selon les Métamorphoses toutefois, Pégase naît du sang de sa mère[37].
72
+
73
+ dumque grauis somnus colubrasque ipsamque tenebat,
74
+ eripuisse caput collo pennisque fugacem
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+ Pegason et fratrem matris de sanguine natos[38].
76
+
77
+ et tandis qu'elle et ses vipères dormaient d'un lourd sommeil,
78
+ il lui avait séparé la tête du cou ; ensuite, du sang de leur mère
79
+ étaient nés Pégase aux ailes rapides et son frère[36].
80
+
81
+ Le pseudo-Apollodore dit que Pégase et Chrysaor jaillissent du corps de Méduse lorsqu'elle est décapitée, et que Poséidon est le père des deux[39]. La naissance de Pégase est rapportée succinctement dans les mêmes termes par Strabon[40], Hygin[41], et Nonnos de Panopolis[42]. Dans ses Fastes, Ovide dit que « les hommes croient que Pégase s'élança avec sa crinière éclaboussée de sang depuis le cou tranché de Méduse alors qu'elle était enceinte. Comme il se glissait au-dessus des nuages et sous les étoiles, le ciel était sa terre et les ailes étaient ses pieds »[43].
82
+
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+ Hésiode précise que ce cheval ailé nait près des sources (pêgai) du fleuve Océan, à l’extrémité occidentale du monde[44].
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+
85
+ Il est possible de reconstituer les origines de Pégase grâce aux informations sur sa généalogie fournies par la Théogonie et la cosmogonie orphique, où Æther est parent de Pontos à la place d'Ouranos :
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+ Un lien étroit existe entre Pégase et la source Hippocrène (du grec hippos, « cheval », et krênê, « source », ce qui signifie la « source du cheval »), qui est aussi la source des Muses. D'après les Métamorphoses, l'Hippocrène est si célèbre que la déesse Athéna s'y rend pour l'admirer. Guidée par Uranie, la muse de l’astronomie, Athéna s’approche des eaux et s'en fait raconter l'histoire :
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+
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+ « Pallas […] se dirige vers Thèbes et vers l’Hélicon, séjour des chastes Muses. Elle s’arrête sur ce mont, et tient ce langage aux doctes sœurs : “La Renommée a porté jusqu’à mes oreilles la nouvelle de cette fontaine que Pégase aux ailes rapides a fait jaillir de terre sous ses pieds vigoureux ; elle est l’objet de mon voyage : j’ai voulu voir cette merveille opérée par le coursier qui naquit sous mes yeux du sang de sa mère”. Uranie lui répond : “Quel que soit le motif qui te fait visiter nos demeures, ô déesse ! ta présence remplit nos âmes de joie ; la Renommée dit vrai : c’est à Pégase que nous devons cette source.” À ces mots, elle conduit Pallas vers l’onde sacrée. La déesse admire longtemps ces eaux que le pied de Pégase a fait sortir de la terre […] »
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+ — Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne], V, 250
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+ La raison pour laquelle Pégase a créé cette source diffère selon les auteurs. Ovide précise dans ses Fastes que le cheval venait protester contre son étrange bridage par Bellérophon, et que son sabot de lumière creusa la source[43]. Pour Antoninus Liberalis, lorsque les Muses chantaient, le ciel, les étoiles, la mer et les rivières s'arrêtaient, tandis que le mont Hélicon, séduit par le plaisir d'entendre leurs voix, enflait jusqu'à atteindre le ciel. Par la volonté de Poséidon, Pégase frappa le sommet du mont de ses sabots et celui-ci reprit une taille normale[45].
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+ Aratos de Soles évoque dans ses Phénomènes « celui qui a été, dit-on, à l'origine de l'eau claire de l'Hippocrène » : le cheval frappa de son pied droit et aussitôt l'eau jaillit[46]. De nombreux autres auteurs gréco-latins parlent de cet épisode, notamment Strabon qui évoque une roche sous la montagne que Pégase aurait brisée d'un coup de sabot[40]. Nonnos de Panopolis parle « de la fontaine qui naquit à l'endroit où le sabot humide du cheval gratta la surface de la terre et fit un creux pour l'eau qui prit son nom de lui »[47]. Pour Callistrate, les eaux de la source sacrée des Muses étaient de couleur violet-noir[48]. Hygin[49] et Pausanias[50] évoquent brièvement ce mythe mais Pausanias précise plus loin que le cheval ailé créa une autre source de la même manière, près de Trézène :
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+ « Entre les différentes choses qui servirent à purifier Oreste, les Trézéniens citent l'eau de l'Hippocrène, car ils ont aussi une fontaine de ce nom, et ils en racontent l'origine de la même manière que les Béotiens, car ils disent que l'eau jaillit de la terre à l'endroit que le cheval Pégase avait frappé du pied. »
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+ — Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], II, 31
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+ Une tradition attribue aux eaux de la source Hippocrène la faculté de changer en poète ceux qui en boivent, mais elle est postérieure à l'Antiquité. Elle est cependant évoquée par Properce dans ses Élégies, où il dit avoir rêvé « à l'ombre douce de l'Hélicon, où coule la fontaine du cheval de Bellérophon », qu'il possédait le pouvoir de proclamer le roi d'Alba et ses actes en les accompagnant de sa lyre[51].
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103
+ L'histoire de Pégase se mêle à celle du héros grec Bellérophon. Ce dernier est surtout connu par l'Iliade d'Homère[c], où Glaucos fils d'Hippoloque répond à Diomède qui l'interroge sur sa généalogie[52]. Bellérophon est reçu par le roi Iobatès et boît à sa table, avant que celui-ci ne voie le message que porte le jeune homme, disant de tuer le porteur. Réticent à tuer son invité[53], Iobatès donne à Bellérophon l'ordre d'abattre un monstre terrible, « lion par devant, serpent par derrière et chèvre entre les deux », capable de cracher le feu, la Chimère. Le jeune homme ne peut pas reparaître devant le roi de Lycie avant que ce soit fait, sous peine de mort[52]. Bien que l'Iliade ne cite pas Pégase, d'autres auteurs rapportent que Bellérophon part en quête du cheval ailé Pégase avant d'accomplir cette tâche.
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105
+ Les Olympiques de Pindare (XIII), composées dans le cadre des jeux olympiques, rapportent la capture de Pégase par Bellérophon :
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+ « Bellérophon brûlait du désir de dompter Pégase qui devait le jour à l'une des Gorgones, aux cheveux hérissés de serpents ; mais ses efforts furent inutiles jusqu'au moment où la chaste Pallas lui apporta un frein enrichi de rênes d'or. Réveillé en sursaut d'un sommeil profond, il la voit apparaître à ses yeux et l'entend prononcer ces paroles : Tu dors, roi, descendant d'Éole ! Prends ce philtre, seul capable de rendre les coursiers dociles ; après l'avoir offert à Neptune (Poséidon), ton père, immole un superbe taureau à ce dieu si habile à dompter les coursiers.
108
+ La déesse à la noire égide ne lui en dit pas davantage au milieu du silence de la nuit. Bellérophon se lève aussitôt et, saisissant le frein merveilleux, le porte au fils de Coeramus, le devin de ces contrées. Il lui raconte la vision qu'il a eue, comment, docile à ses oracles, il s'est endormi pendant la nuit sur l'autel de la déesse et comment cette fille du dieu, à qui la foudre sert de lance lui a donné elle-même ce frein d'or sous lequel doit plier Pégase. Le devin lui ordonne d'obéir sans retard à ce songe et d'élever un autel à Minerve Équestre (Athéna Hippia), après avoir immolé un taureau au dieu, qui de ses ondes environne la terre.
109
+ C'est ainsi que la puissance des dieux rend facile ce que les mortels jureraient être impossible et désespéreraient même d'exécuter jamais. Tressaillant d'allégresse, l'intrépide Bellérophon saisit le cheval ailé : tel qu'un breuvage calmant, le frein dont il presse sa bouche modère sa fougue impétueuse ; alors, s'élançant sur son dos, Bellérophon, revêtu de ses armes, le dresse au combat en se jouant. Bientôt, transporté avec lui dans le vide des airs sous un ciel glacé, il accable de ses traits les Amazones, habiles à tirer de l'arc, tue la Chimère qui vomissait des flammes et défait les Solymes. Je ne parlerai point de la mort de Bellérophon : je dirai seulement que Pégase fut reçu dans les étables de l'immortel roi de l'Olympe. »
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+ — Pindare, Odes [détail des éditions] (lire en ligne), Olympiques, XIII, traduction de M. Al. Perrault-Maynand[54]
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+ Pour Hygin dans ses Astronomiques, Proétos, sachant que Bellérophon a le cheval Pégase, l'envoie au père d'Antia (ou Sthénébée), pour lui permettre de défendre la chasteté de sa fille[49]. Strabon précise que Pégase est capturé par Bellérophon alors qu'il buvait à la fontaine de Pirène[40]. Toutefois, selon les Corinthiens et ainsi que le rapporte Pausanias dans ses Descriptions de la Grèce, Pégase est amené à Bellérophon par Athéna, qui l'avait dompté et soumis au frein elle-même[55]. Si on en croit le pseudo-Hésiode dans son Catalogue des femmes, c'est Poséidon, père de Pégase et de Bellérophon, qui lui amène le coursier alors que le héros errait en quête d'une solution pour tuer la Chimère[56].
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+ L'épisode le plus célèbre du mythe de Pégase et de Bellérophon est celui de leur victoire sur la Chimère, dont parlait déjà Hésiode dans sa Théogonie[57],[58]. Hygin précise que la Chimère, à cette époque, ravageait le pays des Lyciens de ses flammes[49]. Le pseudo-Apollodore précise que le héros Bellérophon accomplit tue le monstre en le survolant et parvient à la victoire grâce à son arc et à ses flèches[59]. Pour Oppien de Syrie, « les chevaux au-delà de toutes les créatures mortelles sont celles à qui la nature ingénue a donné un esprit subtil et du cœur… ainsi, le cheval Pégase a-t-il porté Bellérophon qui tua la Chimère au-dessus des nuages »[60]. Apulée fait référence à ce combat dans L'Âne d'or, lorsqu'il dit que la panique plus que tout avait incité le célèbre Pégase à prendre l'air. La tradition selon laquelle il avait des ailes était justifiée, car il bondit aussi haut que le ciel dans sa peur d'être mordu par la Chimère cracheuse de feu[61].
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+ Bellérophon, devenu orgueilleux, s'estime digne de rejoindre le séjour des dieux, l'Olympe, avec sa monture.
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+ Après la création de la source Hippocrène, dit Hygin dans ses Astronomiques, et alors qu'il tentait de voler jusqu'au ciel et l'avait presque atteint, Bellérophon s'effraie en regardant la terre, tombe et meurt sur le coup[49]. Pindare dit dans ses Odes que « le cheval ailé Pégase jeta son seigneur Bellérophon de haut vers la terre, lui qui pensait atteindre les demeures du ciel »[62] et Nonnos que « Pégase aux ailes rapides », ce cheval ailé inlassable à la course et passant dans l'air comme une rafale de vent, jeta Bellérophon[63] et l'envoya tête baissée vers le sol. Selon lui, le héros a survécu parce qu'il est du sang de Poséidon, que le cheval lui-même partage[64]. Hygin dit toutefois dans ses Fables que Bellérophon tombe dans les plaines d'Aelia, en Lycie, où il se démet la hanche[53], et finit donc sa vie estropié.
120
+
121
+ Horace évoque l'essence de ce mythe en disant que :
122
+
123
+ « Par un terrible exemple, Pégase, l'animal ailé qui ne put supporter Bellérophon, son cavalier terrestre, t'enseigne à rechercher toujours des objets à ta mesure, et, tenant pour sacrilège d'espérer au-delà des limites permises, à éviter un compagnon mal assorti[65] »
124
+
125
+ À la Renaissance se répand une version selon laquelle Zeus envoie un taon piquer le cheval, qui désarçonne alors son cavalier : elle est peut-être issue des Mythologiae de Natale Conti (livre IX ch.4) ; son succès est tel qu'André Dacier[66] la considère (sans en mentionner d'origine) comme la version courante, sur laquelle il s'appuie pour critiquer la version d'Horace.
126
+
127
+ Il existe relativement peu de sources écrites concernant l'arrivée de Pégase sur l'Olympe, son rôle auprès de Zeus et sa transformation en constellation. Pour Hésiode, Pégase, juste après sa naissance, « s'envolant loin de la terre féconde en troupeaux, parvint jusqu'aux Dieux. Et il habite dans les demeures de Zeus, et il porte le tonnerre et la foudre du sage Zeus »[67]. Sa version est antérieure à l'histoire de Bellérophon et à celle de Pindare, qui précise qu'après la mort de son cavalier, Pégase est reçu « dans les étables de Zeus sur le mont Olympe »[54], continuant (selon Hygin) son ascension interrompue[49]. Dans tous les cas, Pégase atteint l'Olympe et rejoint Zeus. Lorsque ce dernier veut utiliser les éclairs et le tonnerre, c'est Pégase qui les lui apporte depuis la forge d'Héphaïstos, en traversant le ciel[44].
128
+
129
+ Dans Phèdre, Platon évoque un rôle de cheval d'attelage pour Pégase, disant que les chevaux ailés et les cochers des dieux sont tous des nobles, et de noble lignée […] Zeus tient les rênes d'un char ailé, ouvre la voie dans le ciel, ordonnant à tous et prenant soin de tous[68].
130
+
131
+ Pégase est immortel car Zeus le change en constellation[49]. Aratos de Soles dit que l'immense constellation du cheval, c'est Pégase […] « qui fait des cercles dans le ciel de Zeus et est toujours là pour te voir »[46]. Nonnos écrit que Pégase continue à voler là-haut, fendant l'air de ses longues ailes[69]. Pour Ovide, il jouit du ciel que jadis il cherchait à atteindre au galop de ses ailes, et il brille et scintille de ses quinze étoiles[43].
132
+
133
+ Les plus anciens chevaux ailés représentés semblent être d'origine orientale. Ils apparaissent sur des sceaux assyriens au XIIIe siècle av. J.-C., mais en l'absence d'autre élément, il est impossible de savoir s'ils ont une quelconque relation avec Pégase[70]. La première représentation attestée de Pégase date du VIIe siècle av. J.-C. : il s'agit d'un combat au sol contre la Chimère. Dès le milieu du VIIe siècle av. J.-C., Pégase est représenté en vol, ce qui reste la règle jusqu'à l'époque archaïque, où il est souvent seul à lutter contre la Chimère[71].
134
+ Il arrive que d'anciennes représentations le figurent sans ailes, ce qui le rend difficile à identifier[72]. Son iconographie a peut-être été influencée par celle de l'hippalectryon, créature hybride mi-coq et mi-cheval, sans mythe connu[73].
135
+
136
+ Pégase est figuré le plus souvent seul, ou accompagné de Bellérophon combattant la Chimère, auquel cas la représentation la plus classique montre le héros en selle, brandissant une lance face au monstre[74],[d]. Une tradition de l'époque archaïque veut que le héros mette pied à terre avant de combattre. On en retrouve des représentations dans l'art grec antique mettant en scène le combat contre la Chimère[75]. Pégase est aussi représenté aux côtés des Muses[e], lors de sa naissance avec Méduse, capturé près de la fontaine de Pirène[f] ou encore abreuvé par ce dernier[76]. La Description de la Grèce de Pausanias atteste que Pégase était une figure ornementale dans l'art antique : à Corinthe, où l'on rendait un culte héroïque à Bellérophon, une statue de ce héros et du cheval Pégase décorait le temple de Poséidon[77]. « La plus remarquable des fontaines de Corinthe » était un Bellérophon placé auprès d'Artémis, monté sur Pégase, l'eau sortant d'un sabot du cheval[78].
137
+
138
+ Le mythe a été repris par les Romains. Ils y ont fait des ajouts avant l'essor du christianisme, notamment dans la symbolique psychopompe et son association avec l'empereur Auguste. Le cheval ailé est d’ailleurs l’emblème de plusieurs légions romaines comme Legio II Adiutrix ou Legio II Augusta[79]
139
+
140
+ Pégase est représenté sur de nombreuses céramiques attiques à figures noires ou rouges, principalement retrouvées en Grèce et dans les régions avoisinantes. On le retrouve aussi, entre autres, sur des casques et des assiettes antiques.
141
+
142
+ Pégase. Fragment attique à figures noires, fin du VIe siècle av. J.-C.
143
+
144
+ Figurine en bronze, fabriquée dans un atelier de Grèce du Nord-Ouest, VIe siècle av. J.-C..
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+ Pégase. Lécythe aryballisque attique à figures rouges, 480-460 av. J.-C. Provenance : Sicile.
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+ Plat en bronze de l'époque parthe représentant Pégase (Pegaz en perse). Trouvée à Masjed Soleiman, Khouzistan, en Iran.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Pégase est présent sur des médailles. Une série de pièces antiques grecques nommées les « poulains de Corinthe » présentent Pégase accompagné de la déesse Athéna. Elles font partie des pièces de monnaie antiques les plus connues et typiquement reconnaissables[80]. On le retrouve sur de nombreuses pièces romaines[81].
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154
+ De nombreuses études tentent de reconstituer le rôle et le symbolisme de Pégase à l'époque antique, où il semble avoir été vénéré[82]. Selon le Dictionnaire des symboles, il allie la symbolique positive du cheval, soit la fougue, l'impétuosité et la force, à celle de l’oiseau, l'indépendance et l'élévation vers le ciel, la légèreté, la rapidité et l'ascension vers le sacré[83]. Le vol et la course de Pégase symbolisent sa légèreté[84], car l'une des grandes particularités de Pégase sur un cheval « normal » est de posséder des ailes, comme l'attestent ses premières descriptions connues :
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+ « Un coursier ailé, inlassable à la course, et qui passe dans l'air comme une rafale de vent »
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+ — Catalogue des femmes[56]
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+ Bien que l'apparence de Pégase soit celle d'une créature composite, il n'est pas symboliquement perçu comme un être mi-oiseau et mi-cheval, contrairement à d'autres créatures comme l'hippocampe, décrit comme un hybride de cheval et de monstre marin, le centaure, moitié homme et moitié cheval, Arion, qui possède parfois deux pieds humains et la parole, ou encore l'hippogriffe, mélange de cheval et de griffon. De même, il n'est jamais dit que Pégase se métamorphoserait périodiquement en oiseau : il est toujours perçu comme un cheval et rien qu'un cheval[85]. Il s'opposerait à (ou complèterait) Arion, un autre cheval grec mythique, mais vu comme totalement terrestre, et fils de Cérès, la déesse des moissons[86]. Dans la filiation établie par Hésiode, Pégase est ambigu puisqu'il nait d'un monstre et d'un dieu. Sa forme chevaline terrestre, chtonienne, le rend responsable des tremblements de terre ou du jaillissement des sources[87]. Naître du sang de la tête de Méduse, centre de l'intelligence, le relie à la connaissance et à l'intelligence hérétique[88]. Sachant que la tête de Méduse est couverte de serpents, cela fait de lui, « le premier étalon », un « fils de serpents » associé à la symbolique de cet animal et tout ce qu'elle suppose[89] de mortel et de négatif[29].
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+ Si les anciens textes attestent bien que Pégase est le porteur de la foudre de Zeus, c'est-à-dire un « coursier du tonnerre »[90], il s'est vu attribuer bien d'autres fonctions.
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+
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+ La première interprétation du mythe de Pégase semble être celle, très classique, du combat des dieux et des héros solaires contre les monstres infernaux et souterrains[91]. Monture « des héros de la lumière et des rapides écuyers »[86], animal divin, il permet aux mortels de s'élever au niveau des dieux mais ceux-ci deviennent dépendants de lui, de la mobilité et de la force qu'il leur apporte[82].
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+ Bellérophon ne peut atteindre l'Olympe tandis que Pégase y parvient[30]. De plus, Hésiode semble attribuer un plus grand rôle au cheval ailé qu'à son cavalier, puisque c'est Pégase qui arrache la vie de la Chimère, Bellérophon étant réduit à un simple complément d'objet. La raison pourrait-être imputable à l'origine asiatique du mythe. Ludolf Malten a évoqué le dieu cavalier du cheval-éclair terrassant un monstre hybride comme un concept religieux typique de l'Asie mineure, dès les troisièmes et deuxièmes millénaires. Adopté par les Grecs, le dieu asiatique pourrait être devenu un héros pour ne pas concurrencer Zeus dans son rôle. Bellérophon aurait été condamné à disparaitre dans le mythe grec, tandis que Pégase survit et se met au service de Zeus[91].
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+ Les archéologues ont retrouvé de nombreuses représentations de Pégase sans cavalier, sur des monuments et objets funéraires dans l'Antiquité, laissant à penser qu'il s'agit d'un animal psychopompe dont la charge est de ramener les âmes descendues sur terre vers le soleil[92],[93]. Il aurait un rôle éminemment positif, héroïsant et immortalisant la personne près de laquelle il est représenté[76].
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+ Des légendes, en plus de celle de l'empereur Auguste, parlent de personnages illustres enlevés par Pégase après leur mort[94]. La symbolique du cheval est, de manière générale, celle d'un psychopompe[95], la présence de Pégase symbolise probablement la promesse d'une immortalité bienheureuse[94].
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+ La figure psychopompe du cheval dans la mythologie grecque semble découler de son lien avec l'eau, qui symbolise la frontière entre le monde des vivants et l'au-delà. Le cheval, notamment Pégase, est chargé de porter l'âme du défunt par delà cette frontière, tout comme il permet au chaman de réaliser son voyage extatique[29].
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+ En 1988, le doctorant en littérature grecque Jacques Desautels note que les chevaux violents et nerveux sont qualifiés par les anciens Grecs de gorgos, c'est-à-dire « terrifiants, inquiétants, dont les yeux reflètent un éclat diabolique ». La violence et la puissance dont ces animaux peuvent faire preuve inquiétait.
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+ On retrouverait les traces de cette symbolique dans les origines de Pégase, la Gorgone Méduse et le dieu Poséidon, tous deux des figures puissantes et inquiétantes[96],[87]. Jacques Desautels s'appuie sur la composition des Odes de Pindare en faveur d'un athlète des jeux olympiques dont il aurait voulu louer l'habileté pour affirmer que le mythe du dressage de Pégase par Bellérophon représente la domestication du cheval, cet animal inquiétant et sauvage, par les anciens Grecs. Grâce au mors fourni par Athéna, vu comme étant un objet en or doté de vertus magiques[g], Pégase devient le premier cheval dompté[87].
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+ Il est possible que l'épithète gorgo attribuée au cheval signifie que Méduse puisse avoir elle-même l'apparence de cet animal[29].
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+ Le lien entre Pégase et l'eau est connu de longue date. Dès la fin du XIIe siècle, un mythographe du Vatican assure que le nom de Pégase s'applique à tous les cours d'eau, car ceux-ci évoquent la rapidité de la course du cheval[97]. En 1857, Louis-Ferdinand-Alfred Maury rapproche Pégase d'« une personnification de l’eau des sources qui s'élance et qui sourd », à l’image de tous les chevaux de la Grèce antique qu'il personnifie à lui seul[8]. Les anciens Grecs symbolisent les eaux et les fontaines sous l'emblème du cheval, c'est pourquoi cet animal est consacré à Poséidon qui l'aurait créé avec son trident[8]. La foudre, c'est-à-dire « l'arme d'or de Zeus », naît, tout comme Pégase, des eaux qui s'écoulent, figurées par le sang de Méduse, et s'élance au ciel[8].
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+ Au XXe siècle, le Dictionnaire des symboles met en avant ce lien entre Pégase et l'eau : la foudre et le tonnerre qu'il porte pour Zeus créent les orages, donc la pluie[83]. Il est le fils du dieu de la mer Poséidon, son nom est tiré du mot « source », il est né aux « sources de l'Océan », il peut créer des sources d'un coup de sabot et il est capturé par Bellérophon alors qu'il boit à la fontaine Pirène[83] (cet épisode présente un rapport entre la fécondité et l'élévation[98]). L'ouvrage en conclut qu'il est une « source ailée » et un « nuage porteur d'eau féconde »[83].
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+ Carl Gustav Jung voit dans le sabot du cheval Pégase « le dispensateur du fluide fécondant »[99], que Jean-Paul Clébert interprète comme le sexe masculin, tandis que le sabot en forme de fer à cheval représente selon lui le vagin féminin[100]. Le pied de Pégase, créateur de sources, aurait pu être un symbole de l'acte reproductif, source de toute vie[17].
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+ Dans Le bestiaire divin, Jacques Duchaussoy voit dans les sources créées par Pégase et le cheval Bayard d'un coup de pied des « sources de connaissance spirituelle » qui finissent par devenir l'eau pure destinée à désaltérer le pèlerin ou le voyageur le long du chemin[101].
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+ Selon Paul Diel, qui s'attache au côté spirituel du mythe, le don de Pégase à Bellérophon par Athéna, symbole de la combativité sublime, signifie que l'homme ne peut vaincre l'exaltation imaginative (symbolisée par la Chimère) qu'à condition de maîtriser l'énergie spirituelle représentée par le cheval ailé. Il s'oppose à la Chimère, monstre composé du corps d'un lion, d'un bouc et d'un serpent, où le lion représenterait la perversion des désirs matériels, le bouc la domination perverse sexuelle et le serpent le mensonge. Pégase symboliserait l'élévation des désirs essentiels de spiritualité opposée à la banalisation et la perversion représentées par la Chimère[102].
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+ Diel souligne aussi que Pégase, en tant que cheval des Muses, représente « l'art et l'élévation par la beauté ». Il est le contraire de la laideur de Méduse dont il est issu. Le sublime de l'imagination créatrice jaillit ainsi de la perversion de l'imaginaire, dont il est indissociable : « Méduse aussitôt morte, l'image vraie de la vie, la vision sublime, la beauté, Pégase, est délivrée »[103]. La beauté que crée l'artiste est profondément ancrée dans une expérience sublimée des affects.
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+
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+ Les ailes de Pégase, peut-être héritées de sa mère Méduse qui possède des ailes d'or, en font une créature surnaturelle qui échappe aux limites du monde connu[29] et le relient à l'extase du chaman qui monte au ciel sur une créature ailée, généralement un oiseau. Dans toutes les pratiques chamaniques, l'homme qui entreprend un voyage spirituel est assisté d'un « animal qui n'a pas oublié comment on acquérait des ailes », faute de quoi il ne peut s'élever. Ces ailes sont à rapprocher du mythe d'Icare, des sandales de Persée et de celles d'Hermès dans sa fonction de messager des dieux[104]. Selon l'auteur ésotériste D. J. Conway, Pégase représente le désir humain de s'élever au-delà du monde matériel, la quête spirituelle, mais aussi l'attrait pour le voyage astral. La chute de Bellérophon semble indiquer que cette connaissance intime procurée par Pégase peut rendre une personne orgueilleuse et la pousser à se sentir supérieure aux autres[30].
193
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194
+ Jacques Desautels assimile Pégase, premier cheval dressé, à une jeune femme qui n'a pas encore subi « le joug du mariage », l'époux étant celui qui applique le mors ou les rênes et réussi à subjuguer le vigoureux animal indompté. Il note également que cette réussite du dressage de Pégase devait symboliquement promettre à Bellérophon un mariage heureux[96]. Bellérophon porte le surnom d'Hipponoos, qui signifie « dompteur de chevaux », il est considéré comme le premier homme qui enseigna l'art de conduire un cheval avec la bride[105].
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+ Selon la logique de Robert Graves, la Chimère est un monstre composé de trois principes féminins[106] et le combat de Bellérophon monté sur Pégase serait celui d'un homme contre la société matriarcale. Il met en avant le fait que les Grecs formaient une société patriarcale et s'opposaient aux sociétés dirigées par des femmes, comme en témoigne le mythe des Amazones, probablement inspiré par les peuples scythes et sarmates d'Asie mineure, où les femmes avaient l'habitude de prendre les armes[106]. La Chimère serait l'un des aspects négatifs de la Terre-Mère. Éric Neumann voit dans le Pégase « un symbole de la libido masculine qui se libère de l'étreinte de la Grande Mère », et qui se révèle nécessaire à cette victoire « héroïque » des valeurs patriarcales sur le matriarcat qui exerçait alors son pouvoir. Il est possible que le cheval ailé prête son assistance à Bellérophon parce qu'il est lui-même le fils de Méduse, un monstre chtonien représentant l'un des mauvais aspects de la terre-mère. De plus, il est « libéré » de Méduse par un autre héros masculin en la personne de Persée. Contrairement à Persée qui prend de grands risques pour décapiter Méduse, Bellérophon tue la Chimère avec une relative facilité, prenant de la distance grâce à l'avantage tactique que lui procurent son cheval, son arc et ses flèches. La seconde version de la mort de la Chimère rapportée par Robert Graves veut que Bellérophon utilise une lance lestée de plomb que le monstre fait fondre de ses propres flammes, se tuant sur le coup. Cela rend la victoire de Bellérophon bien moins héroïque qu'on ne le supposerait[107].
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+
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+ L'idée de mythe solaire semble attestée par deux vases où Bellérophon, monté sur Pégase, a la tête radiée. Il existe une étude scolastique qui relie Bellérophon et Pégase à Hélios, et une association entre Pégase et Sol à Délos. De manière générale, les combats héroïques de la mythologie grecque symbolisent l'idée de ciel contre l'enfer et de soleil contre les ténèbres. Cette idée est reprise dans une étude consacrée au chamanisme, qui voit dans le cheval la monture appropriée pour s'élever dans le ciel et tirer le char du soleil d'est en ouest, direction que rejoignent les âmes des morts[104]. Elle est connue depuis le début du XIXe siècle :
199
+
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+ « Pégase est un mythe astronomique né de l'Orient [...] Pégase est l'emblème de la Course infatigable et rapide du soleil, qu'on sait cependant n'être qu'apparente autour de la terre. Cette source inspiratrice, enivrante, qu'il fait jaillir, sont ces sources de feu et de vie qui s'élancent sur le globe, en moins de huit minutes, de l'astre enflammé. Ce sang pourpré de Méduse dont il naquit est la couleur rouge du jour naissant, que les poètes appellent les doigts de rose de l'Aurore. Son voyage des monts de l'Éthiopie aux limites de la Mauritanie, vers les extrémités de l'océan, où le flambeau du monde semble s'éteindre dans les ondes, est le symbole de la moitié de la course du soleil d'orient en occident. Bellérophon, bien que monté sur Pégase, le cheval de flamme, n'est la personnification que des feux terrestres, de ceux des volcans [...] Ces sources de l'océan près desquelles est né Pégase, la source par excellence, n'est-ce point cette multitude de fleuves dont l'océan est le père ? Ces mêmes ondes ne sont-elles point comme le cheval merveilleux, terrestres et célestes, terrestres quand elles sourdent de la terre, célestes quand, pompées par le soleil, elles retombent en pluie ou en rosée ? [...] »
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+
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+ — Dictionnaire de la conversation et de la lecture, 1837[108]
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+ Selon une thèse universitaire de 1990, la victoire de Persée sur la Gorgone Méduse serait un mythe solaire cosmologique où un génie solaire met fin au règne de l’hiver. Les gorgones sont liées au monde noir d'Ouranos et résident à l’extrême occident où le soleil disparaît chaque jour. Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse est celui du gel. En décapitant Méduse, Persée anéantit une force hivernale et permet la libération des forces solaires, les jumeaux divins Pégase et Chrysaor. Tous deux incarnent la vie solaire jaillissant de la mort hivernale[109], et Pégase est sur de nombreux points une incarnation du soleil[27].
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206
+ Les mythologies et l'art antique comptent beaucoup de chevaux ailés, mais Pégase est le plus connu[4]. On ignore de quelle façon son culte s'est transmis à toute la Grèce et la Lycie. Dès l'époque classique, cet animal déifié fait partie intégrante de l'iconographie funéraire lycienne et des institutions civiques[18],[17]. La cité de Corinthe, où il apparaît sur des pièces dès le VIe siècle av. J.-C.[110] et dont il devient l'emblème monétaire[111], pourrait avoir joué un rôle majeur puisqu'un culte y était rendu à Bellérophon et Athéna en relation avec la pratique de l'équitation, qui serait originaire de cette cité. Le chercheur J.J. Dunbabin suppose qu'on y trouvait jadis, en plus des statues déjà évoquées par Pausanias dans sa Description de la Grèce, une grande peinture de Bellérophon combattant la Chimère sur Pégase, qui aurait inspiré de nombreux autres artistes et serait à l'origine (du moins en partie) d'une abondante iconographie dans les arts mineurs[110]. D. J. Conway évoque la fontaine de Pirène, située dans la même ville selon Pindare, qui aurait été sacrée et à laquelle auraient présidé des prêtresses portant le nom de « Pegae », et un masque de cheval[30].
207
+
208
+ La parodie de la chute de Bellérophon réalisée par Aristophane dans La Paix, où le rôle de Pégase est joué par un scarabée, laisse à penser que ce mythe était très connu au Ve siècle av. J.-C.[h],[112]. À l'époque hellénistique, il apparaît sur les pièces d'Alabanda et d'autres cités de Carie, en référence à son origine lycienne[111].
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210
+ Son mythe est repris par les Romains, comme pour bien d'autres créatures de la mythologie grecque[81]. On en retrouve des mentions et des représentations dans de nombreux lieux du monde antique et sur plusieurs siècles, au moins depuis le VIIe siècle av. J.-C. et jusqu'au IVe siècle. À l'époque grecque, il y en a en Lycie (actuelle Turquie), à Athènes, en Sicile[74], ou encore en Iran. Pour l'époque romaine, on le retrouve sur un sarcophage conservé dans l'actuelle Algérie, en France, et jusqu'en Angleterre[113],[i].
211
+
212
+ D'après l'historien des religions Marcel Simon, le mythe de Pégase est progressivement christianisé, surtout au IVe siècle, lors de la réhabilitation partielle de la mythologie. Douze mosaïques représentant le combat de Bellérophon monté sur Pégase contre la Chimère ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques dans des villas en Europe, dont deux en Angleterre[j]. Elles associent des symboles chrétiens à Bellérophon et Pégase. Cela tend tend à démontrer que le propriétaire des lieux s'est converti au christianisme mais n'a pu se résoudre à faire disparaître ses représentations païennes ; il s'est contenté de leur donner une place moins importante.
213
+
214
+ La symbolique psychopompe de Pégase, avec son côté solaire, réputé dans une large partie du monde antique, a sans doute largement contribué à son succès et à sa diffusion avant celle du christianisme. L'évhémérisme chrétien ravale le héros au rang de mortel avec des arguments parfois violents, comme ceux de Justin : « les démons racontent que Bellérophon, homme et fils des hommes, monta au ciel sur le cheval Pégase ». Toutefois, le mythe n'est pas véritablement combattu. Il se trouve changé, devenant plus allégorique. Les attributs de Bellérophon se fondent peu à peu dans ceux de Jésus, et plus tard dans ceux des saints préchrétiens remarquables par leurs vertus et leurs actions[113].
215
+
216
+ La forte diffusion du mythe de Pégase durant l'Antiquité laisse supposer qu'il a influencé d'autres mythes, légendes et religions. Marcel Simon note que plusieurs historiens ont remarqué que l'iconographie de Bellérophon et Pégase contre la Chimère a pu fixer celle des saints sauroctones, comme Georges de Lydda. Il serait toutefois faux de dire que ces saints ont « la figure de Bellérophon sous un autre nom », en raison de la large période de temps qui s'écoule entre la christianisation de Bellérophon et l'hagiographie des saints sauroctones[113]. Le Bouraq (éclair), jument psychopompe ailée à tête de femme qui permet au prophète Mahomet de monter au ciel selon la tradition islamique, présente de nombreux points communs avec Pégase dont elle est peut-être une réminiscence[114].
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218
+ Dans le légendaire jurassien du XIXe siècle sont mentionnés plusieurs chevaux ailés de couleur blanche, dont la tradition s'est transmise par le folklore local. Ils sont peut-être en partie issus du mythe de Pégase selon Désiré Monnier. Le château de l'Aigle est assimilé au mont Olympe et la cime d'une montagne proche de Foncine-le-Haut, au mont Parnasse grec[115],[116]. L'origine de l'image du « cheval ailé au sommet d'une montagne » est clairement liée au mythe de Pégase. Un personnage du légendaire jurassien, le sylphe cavalier de Bonlieu, rappelle Bellérophon[117].
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+
220
+ On dit de l'Hippogriffe d'Arioste, créature mi-cheval mi-aigle rapide comme la foudre, que son créateur aurait écrit le Roland furieux en s'inspirant de divers mythes grecs dont celui de Pégase[118]. Toutefois, la symbolique de Pégase, monture des poètes, n'est pas la même que celle de l'hippogriffe, monture de guerriers. L'hippogriffe imaginé par l'Arioste comme monture des chevaliers est célébré au XIXe siècle comme étant le « Pégase du Moyen Âge »[119].
221
+
222
+ Les textes des auteurs gréco-latins ont fait l'objet de commentaires et de réécritures dès le Moyen Âge. L'une des plus célèbres reconstitutions est le manuscrit anonyme L'Ovide moralisé, publié vers 1320, qui réinterprète l'œuvre d'Ovide et exerce une influence durable sur la perception de cette mythologie chez les auteurs et les artistes[120].
223
+
224
+ Un manuscrit de l’histoire des deux destructions de Troie, moins connu, comporte le récit des mythes de Bellérophon et de Persée[k]. Exécuté pour Louis XII lorsqu’il était duc d’Orléans, il fut probablement offert à Charles Guillard qui fit exécuter une miniature de Pégase chargé d’un phylactère à sa devise[121].
225
+
226
+ De multiples analyses, ajouts, compléments et interprétations du mythe de Pégase n'ont jamais cessé de se bâtir sur les récits originaux de la mythologie grecque, dont les auteurs se contredisaient parfois déjà.
227
+
228
+ Pégase est considéré comme le fils de la Gorgone Méduse (parfois représentée avec une tête de cheval) et du Dieu Poséidon. Ce dernier s'est, selon l'historien Marc-André Wagner, changé en cheval (comme il en a l'habitude)[4] afin de la violer[86],[l]. Jacques Duchaussoy rappelle dans Le bestiaire divin que la naissance de Pégase est le résultat d'un sacrifice, soit le meurtre de Méduse par Persée[122]. De plus, la Gorgone Méduse accouche de Pégase par le col, ce qui induit une inversion des fonctions de l'orifice buccal et vaginal[123].
229
+
230
+ Les sources semblent indiquer que Pégase et Chrysaor naissent complètement formés et d'apparence adulte[17], mais il est possible d'y voir différentes interprétations selon que Pégase soit né directement du sang de Méduse, que son sang coule jusqu'à la mer et se mélange à l'écume, que le sang de Méduse arrose le sable (peut-être avec l'intervention de Poséidon), voire que Pégase soit né des menstrues de Méduse[30]. L'interprétation des frères Michaud (1833) veut que le sang de Méduse forme une source étincelante dont sortent Pégase et Chrysaor[86], et une autre qu'il arrose la terre, coule jusqu'à la mer (les sources de l'Océan), puis que le cheval ailé jaillisse des vagues[124]. Le frère de Pégase, Chrysaor, est parfois vu comme un cheval fauve[125]. Selon Hésiode et d'autres auteurs gréco-latins, Chrysaor est un géant portant une épée d'or, et non pas un cheval[44].
231
+
232
+ Pour les frères Michaud, sitôt né, « Pégase s’envola dans les régions d’où partent la foudre et les éclairs »[86]. Jacques Desautels, s'appuyant sur la Théogonie d'Hésiode, estime que dès sa naissance, Pégase prit son envol et se plaça au service de Zeus à qui il apporta ses armes, la foudre et le tonnerre[126].
233
+
234
+ Pégase est souvent vu comme un cheval blanc immaculé[17], il est parfois considéré comme le premier cheval blanc[127]. L'étymologie asiatique renvoie à cette couleur, tout comme certains témoignages archéologiques antiques, mais aucun texte mythologique ne la mentionne[104]. La plupart des chevaux réels décrits comme blancs ont une robe grise et un pelage perçu à tort comme blanc. Les véritables chevaux blancs[128] - de robe blanche - sont extrêmement rares ; leur peau, sous le pelage uniformément blanc, est rose et non grise comme celle du cheval dit "gris", leurs sabots sont tous clairs. Cette rareté a pu influencer les mythes et légendes. Une robe qui n'existe pas chez le cheval réel désigne à coup sûr un animal venu d'un autre monde[129]. En outre, chez les Hommes, devenir blanc indique toujours que l'on est proche d'une transformation[130],[m].
235
+
236
+ Il existe un très grand nombre d'associations entre Persée et Pégase, bien qu'elles ne soient issues ni des textes fondateurs, ni de l'art antique[131]. En effet, selon les auteurs gréco-romains tels que Pindare, Persée, après avoir contribué par le meurtre de Méduse à la naissance de Pégase et de Chrysaor, s'enfuit des sources de l'Océan grâce aux sandales ailées qu'Athéna lui avait offertes[132],[133],[131].
237
+
238
+ L'historien des religions Salomon Reinach affirme que Pégase n'a jamais servi de monture à Persée[134], les multiples représentations de la délivrance d'Andromède dans les tableaux des peintres de la Renaissance seraient des erreurs, ainsi que l'établit une étude de Rensselaer W. Lee, selon laquelle cette figure résulte d'une combinaison du thème de Roger chevauchant l’hippogriffe et terrassant un monstre marin pour délivrer Angélique dans le Roland furieux, du mythe de Bellérophon et du mythe de Persée.
239
+
240
+ L'association des mythes de Persée et de Pégase remonte aux premiers commentaires médiévaux des textes classiques, elle est popularisée par le manuscrit de L'Ovide moralisé qui fait suivre le récit de la mort de Méduse par celui de Bellérophon et de Pégase, et induit donc une confusion entre les deux[135],[131]. Une édition des Métamorphoses en 1497 contenait une illustration de Persée sur Pégase, qui a servi de source d'inspiration à de nombreux peintres[133],[136].
241
+
242
+ Au XIXe siècle, de nombreuses interprétations veulent qu'Athéna ou Poséidon aient dompté Pégase pour en faire don au héros Persée, qui s'envole alors en Éthiopie pour secourir la princesse Andromède livrée à la colère d'un monstre marin[86],[105]. Persée aurait pu, suivant des interprétations du même type bâties sur les textes d'Hésiode, dompter lui-même Pégase dès sa naissance après le meurtre de Méduse, et le chevaucher afin d'échapper à la colère des deux autres Gorgones restées en vie, avant de partir délivrer Andromède. Le pseudo-Hésiode attribue en effet le qualificatif de « dompteur de chevaux » à Persée[137]. Des dizaines d'ouvrages, même récents, existent pour affirmer que Pégase sert de monture à Persée[127],[138],[89]. Par ailleurs, la constellation de Pégase est voisine de celles d'Andromède et de Persée.
243
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244
+ Il semblerait que le mont Hélicon soit été la demeure favorite de Pégase, tout comme il était celle des Muses[124]. Toutefois, il n'existe pas de preuve d'une relation plus étroite, le cheval ailé n'ayant que créé la source sacrée Hippocrène. La célébration de Pégase comme cheval des Muses est plus récente, liée à son statut de symbole de la poésie, d'où découle aussi le pouvoir des eaux de l'Hippocrène, qui n'est pas clairement évoqué dans les récits mythologiques[139].
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+
246
+ Des tentatives de reconstitutions postérieures aux textes gréco-romains visent à savoir quelle série d'évènement a pu le conduire à frapper le mont Hélicon du sabot pour en faire jaillir la source dont les eaux acquièrent plus tard le pouvoir de changer en poète celui qui en boit. Selon l'une d'elles, dès que le dieu Apollon voit le cheval ailé Pégase, il l’enfourche, prend les neuf Muses en croupe et lui demande de les porter jusqu’à la cour de Dionysos où elles ont une dispute avec les Piérides[105]. L'Ovide moralisé reprend le récit d'Antoninus Liberalis, disant que sur le mont Hélicon, les Muses proposent un concours de chant aux orgueilleuses Piérides. Leur mont sacré se met à enfler d’allégresse au point de menacer d’atteindre le ciel. Pégase reçoit l'ordre, de Zeus ou de Poséidon, de ramener le mont Hélicon à sa taille normale[140]. Pendant que les Muses, vainqueurs, changent les Piérides en pies, Pégase donne un coup de sabot à la montagne et une source en jaillit, celle que l’on nomme désormais l’Hippocrène. L’Hippocrène devient sacrée pour les Muses qui s’y baignent, et ses eaux, source d’inspiration inépuisable pour les poètes[140], sont aussi une métaphore de l'origine[3].
247
+
248
+ D'autres auteurs pensent que Pégase avait simplement soif, et créé la source pour se désaltérer lui-même[139]. Le cheval ailé est cité pour avoir peut-être lui-même créé la fontaine de Pirène[141],[139] et celle d'Aganippe[142],[143].
249
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250
+ Bellérophon et Pégase partagent une origine commune puisque selon Pindare, Poséidon était le père divin de Bellérophon. Ils sont donc demi-frères. Jacques Desautels ajoute que l'association de Bellérophon et Pégase commence avec le récit des Odes de Pindare, près de la source Pirène à Corinthe, alors que le héros fait de multiples tentatives pour capturer le cheval ailé. Il n'y parvient que grâce à la bride d'or fournie par Athéna[96].
251
+
252
+ Dans la version de l'histoire de Bellérophon fournie par l'Iliade, Pégase n'est pas mentionné. Robert Graves suppose pourtant que le héros s'est acquitté des autres tâches que lui impose le roi Iobatès après la mort de la Chimère grâce à l'aide du cheval ailé. Ainsi, selon lui, Bellérophon vainc les Amazones et les Solymes en volant loin au-dessus d'eux, hors de portée de leurs flèches et en leur décochant de nombreux projectiles. Pour vaincre les pirates de Carie puis la garde royale lycienne, Bellérophon ne fait toutefois pas appel à l'aide de Pégase[144].
253
+
254
+ Un autre point que note Jacques Desautels réside dans les relations qu'entretiennent les divinités Athéna et Poséidon avec le cheval dans la mythologie grecque. Poséidon est associé à l'épithète hippio, soit « équestre » ou « hippique », et partage son caractère imprévisible avec son animal favori qu'il a créé d'un coup de trident (ce premier cheval[29], est apparu lors de la fondation d'Athènes, il est parfois confondu avec Pégase[145]). C'est lui qui demeure le seul dieu capable de contrôler et maîtriser les coursiers avant l'invention du mors par sa rivale, Athéna, qui porte l'épithète « au mors »[146] et a peut-être, de ce fait, chevauché Pégase[17]. C'est pourquoi, après avoir fait don du mors à Bellérophon, la déesse lui demanderait d'effectuer un sacrifice au dieu des mers afin de l'apaiser, avant de lui enseigner l'art de mener un cheval à la guerre. La cité de Corinthe, où a eu lieu le domptage de Pégase par Bellérophon, était réputée pour le culte rendu à ces deux divinités[146].
255
+
256
+ Suivant la logique de Jacques Desautels, la venue de Bellérophon à la cour du roi de Tirynthe, sa rencontre avec Sthénébée qui le trahit et fait qu'il vient à la cour du roi de Lycie, Iobatès, porteur d'un message disant de le tuer, viennent après le dressage de Pégase. Iobatès exige de Bellérophon qu'il tue la Chimère, persuadé que le héros y trouvera la mort[147].
257
+
258
+ Le combat contre la Chimère est une seconde association évidente entre le héros et le cheval, ces combats contre des monstres chtoniens formant un thème fréquent dans la mythologie grecque[94]. Bellérophon est censé survoler la Chimère sur Pégase, sa « monture divine », et vaincre le monstre « d'un seul coup »[148], grâce à un arc et des flèches ou, d'après Robert Graves, en utilisant une lance lestée de plomb qui aurait fondu dans la gueule enflammée du monstre, lui brûlant les entrailles[149].
259
+
260
+ Lors de ce combat, quelques auteurs anciens mentionnent un hypothétique compagnon de Bellérophon, Bargyte, que Pégase aurait blessé gravement d'une ruade dans le ventre alors qu'il tentait de s'emparer du cheval ailé. Il serait mort et Bellérophon aurait fondé une ville à son nom pour lui rendre hommage[105],[86]. Aucun compagnon de Bellérophon n'existe dans les sources littéraires classiques, bien que des représentations antiques du combat contre la Chimère montrent Bellérophon accompagné[74],[150].
261
+
262
+ Paul Diel a noté qu'en capturant Pégase avec une bride dorée et en le chevauchant, Bellérophon est capable de vaincre la Chimère mais que cette victoire « chimérique » et passagère le rend vaniteux et, par là même, précipite sa chute. Bellérophon croit pouvoir accéder à l'immortalité en atteignant l'Olympe, mais Pégase ne reste pas soumis à un orgueilleux bien longtemps. La symbolique de la chute de Bellérophon du dos de Pégase lors de l'ascension de l'Olympe est celle de l'orgueil qui finit par causer la perte de l'homme qui veut s'élever au niveau des dieux : abandonné par son allié, Pégase, il chute[102].
263
+
264
+ Jacques Duchaussoy fait la même remarque dans Le bestiaire divin et note que Bellérophon est foudroyé en chemin car non-initié, rapprochant ce mythe de celui de Phaéton, qui veut conduire le char de son père[151]. Il peut aussi être rapproché de celui d'Icare, avec lequel il présente un parallèle évident : un héros parvient à voler, devient orgueilleux, n'écoute plus les conseils et chute, soit en se tuant sur le coup, soit en survivant mais en devenant fou[152].
265
+
266
+ Dans un fragment d'une tragédie d'Euripide, Bellérophon, ayant dompté Pégase, se venge de la reine Sthénébée[153] qui l'a autrefois accusé faussement auprès de son père, le roi de Tirynthe, en lui proposant de chevaucher avec lui au-dessus des flots. II fait monter Sthénébée sur le cheval ailé et s'élève dans les airs, au-dessus de la mer. Parvenu dans les parages de l'île de Mélos, il la fait tomber en la précipitant du haut du cheval[154].
267
+
268
+ La version pour la chute de Bellérophon qui met en scène un taon est souvent évoquée depuis le XIXe siècle :
269
+
270
+ « Jupiter, pour punir son audace, envoya un taon qui piqua Pégase, et Bellérophon fut secoué et renversé par terre. Horace prétend que le cheval ailé avoit dédaigné de porter plus long-temps un mortel. Libre de sa charge, il continua sa route, et arriva au ciel, où Jupiter le mit au rang des constellations. »
271
+
272
+ — Mathieu Guillaume Thérèse de Villenave, Les Métamorphoses d'Ovide : traduction nouvelle avec le texte Latin, 1806[155]
273
+
274
+ Cette version où Zeus envoie un taon est reprise par Robert Graves, qui précise que l'insecte piqua le cheval ailé sous la queue et que celui-ci se cabra en jetant Bellérophon à terre[156]. Cette version met en avant le fait que le roi des dieux envoie un simple insecte volant piquer « les fesses » d'une autre créature volante qui se livre à un rodéo dans le ciel, induisant une grande déchéance[157], et signifiant selon les termes de Carl Gustav Jung que Zeus dégonfle l'ego du héros qui s'estime à son niveau[152].
275
+
276
+ Pégase était assurément le cheval messager de la colère du roi des dieux[158],[94], en relation étroite avec Zeus[159] qu'il assistait peut-être pour transmettre des messages entre les différentes divinités[124]. C'est surtout dans sa fonction de dieu du Tonnerre « lançant de sa main le trident de feu sur les ailes de l'aigle ou de Pégase, coursiers aériens de l'éclair », que Zeus fait appel à Pégase avant la venue du monothéisme[159]. Il s'agit d'un grand honneur pour le cheval ailé que de porter l'attribut de Zeus[157]. Dans son ouvrage consacré aux structures anthropologiques de l'imaginaire, Gilbert Durand rappelle aussi que le Pégase, fils de Poséidon et démon de l'eau, porte les foudres de Jupiter et que son galop est isomorphe du claquement du tonnerre, provoquant un son effrayant[160].
277
+
278
+ Les Romains ont fait de Pégase le servant d'Éos, ou l'Aurore[17], déesse vêtue d'une robe couleur safran qui l'attellerait lorsqu'elle n'utilise pas les deux chevaux du soleil, Lampus et Phaéton, pour parcourir le ciel et chasser la nuit[161],[105]. Toujours selon les Romains, Pégase devient la monture du dieu du Soleil, Apollon, lorsqu'il n'utilise pas son char. Lorsque le dieu solaire est mis au service d'Admète, Pégase aurait fait partie du troupeau[86]. Ils associaient l'empereur Auguste au dieu Apollon et ce dernier aurait été enlevé par Pégase après sa mort, de nombreuses représentations attestant de cette légende, notamment en numismatique[162].
279
+
280
+ La transformation en constellation vise probablement à remercier le cheval ailé de ses bons et loyaux services[124]. À l'instant de cette transformation et sous l'action de Zeus, un ajout au mythe veut qu'une plume blanche soit tombée sur le sol près d'une ville qui prit le nom de Tarse en hommage[163].
281
+
282
+ Un scoliaste d'Homère fait de Pégase le père des Centaures, qui naquirent, dit-il, « d'une esclave avec laquelle Ixion et le coursier des Muses eurent commerce dans la même nuit »[1]. Une autre interprétation tardive dit que Pégase a eu un frère du nom de Celeris, associé à la constellation du Petit Cheval[164].
283
+
284
+ Le symbolisme de Pégase a changé au fil du temps, depuis les mythographes du Vatican jusqu'aux travaux des psychanalystes, il est devenu celui de la sagesse, de la Renommée, de la poésie, de l'imagination et de l'érection. Les astrologues qui ont étudié la constellation de Pégase disent que ceux qui naissent sous ce signe aiment la gloire et les armes. Ils ajoutent qu'ils ont beaucoup de talent pour la poésie[165].
285
+
286
+ Entre 1181 et 1202, Maître Albéric, chanoine de Saint-Paul de Londres, interprète les mythes et leurs allégories. Dans la traduction effectuée par Philippe Dain en 2005, le chanoine assure que pour quelques-uns de ses contemporains, Pégase représente la sagesse, la mise à mort de Méduse étant le commencement de celle-ci : le nom de Méduse signifierait « la terreur », soit la crainte du commencement de la sagesse. Pégase naît de la mort de Méduse une fois que la crainte, fruit de la déraison, est dissipée et réduite à néant et que la sagesse s’introduit dans l’esprit de chacun. Avec ses ailes, la sagesse survole ensuite ce qui existe dans le monde à la rapidité de la pensée. Il interprète la Chimère comme « les vagues de la passion » et voit dans le combat de Bellérophon aidé par Pégase une lutte contre le plaisir des sens, qui est contraire à la vertu[97].
287
+
288
+ À partir du Moyen Âge, peut-être à la suite des écrits de Fulgence, Pégase devient un symbole de la Renommée acquise par la pratique de la virtù. Pour cet auteur, « Pégase […] passe pour un cheval volant, parce que la renommée a des ailes »[166],[n].
289
+
290
+ Cette image est reprise par les trois mythographes du Vatican[166] et Boccace, qui est cité par l'auteur anonyme du manuscrit médiéval de l'Histoire des deux destructions de Troie : « Pégase, cheval qui vole par les airs, n’est autre chose que la Renommée des gestes des conquérants ». L'auteur du manuscrit le décrit comme un monstre portant deux cornes sur la tête, avec l'haleine de feu et des pieds de fer[o]. Selon son interprétation, « le fait que Pégase soit le fils de la Gorgone Méduse et de Poséidon le rattache aux batailles sur la terre (Méduse) comme sur mer (Poséidon) d'où naît la renommée des princes et des ducs.
291
+
292
+ Que Pégase soit conçu dans un temple de Minerve, déesse de la Sagesse, signifie que les batailles doivent être menées avec une grande prudence et en suivant de bons conseils pour conduire à la Renommée, sous peine de ne conduire qu'à la présomption et à l'infamie symbolisées par la chute de Bellérophon. Les pieds de fer de Pégase signifient que la Renommée ne perd jamais sa vigueur en avançant, mais qu'elle accroît au contraire sa force et sa vertu. Les cornes du cheval, que l'on doit exalter les faits des hommes nobles selon leurs mérites. L’haleine enflammée symbolise l’ardent désir que doivent avoir ceux qui récitent les gestes des conquérants, afin d'émouvoir les auditeurs à leurs vertus. Lorsque les poètes disent que Pégase a fait apparaître la fontaine Castalie en frappant un rocher, ils ont voulu dire que les poètes et historiens, en illustrant les gestes des princes et des rois conquérants, forment comme de nombreux ruisseaux qui partent de la source Castalie, c’est-à-dire de la fontaine d’éloquence qui rafraîchit la mémoire des hommes »[167].
293
+
294
+ La transformation de Pégase en constellation signifierait que la Renommée reste éternellement gravée dans la mémoire des hommes, à l'instar des étoiles dans le ciel[84]. Selon eux, lorsque le courage a surmonté les obstacles et éliminé la crainte, il fait naître la renommée. Les poètes auraient considéré la Renommée qui entoure les héros comme un thème pour leurs écrits[97]. Ce symbolisme se développe tout particulièrement à la Renaissance, dans le domaine de la sculpture.
295
+
296
+ C'est après l'Antiquité classique, à partir du XVe siècle[168] et principalement au XIXe siècle que Pégase obtient, « comme coursier des Muses, une célébrité qu'il n'avait jamais eue chez les Grecs »[1]. Il devient le symbole de la poésie[169] et par extension de l'inspiration poétique, « la Poésie qui d'un bond s'élance jusqu'aux cieux[125] ». Dans sa fonction d'allié des poètes, probablement popularisée par Boiardo[1], les ailes de Pégase ne sont plus celles d'un psychopompe mais symbole d'un appel de l'inspiration, du besoin de s'élever dans les solitudes célestes, du bondissement de l'âme que la pensée arrache au sol[170].
297
+
298
+ Pégase est décrit comme l'allié des poètes qu'il assiste quels que soient leurs écrits[97]. D'après Jacques-Paul Migne et plusieurs ouvrages du XIXe siècle, les Muses, déesses des Arts, portaient le surnom de « Pégasides », c'est-à-dire « de la source Hippocrène »[25],[1].
299
+
300
+ Cette symbolique a donné naissance à des expressions littéraires liées à la poésie, mentionnées par l'Académie française au XIXe siècle. « Enfourcher Pégase » ou « monter sur Pégase » signifie « avoir de l'inspiration » et faire des vers, c'est-à-dire écrire de la poésie. « Son Pégase est rétif » ou « Pégase est rétif pour lui » désigne les mauvais poètes[171].
301
+
302
+ Le lien entre cette fonction d'allié des poètes et la symbolique originelle de Pégase dans la geste de Bellérophon semble découler du fait qu'en exerçant leur art, les poètes « deviennent Bellérophon volant sur Pégase, le cheval doté des ailes de l'imagination »[85]. Écrire de la poésie demande, entre autres qualités, d'avoir de l'intuition et de l'imagination, indispensable pour le poète : il aurait beau manier les mots avec la plus grande habileté, s'il n'a pas d'imagination, il ne peut être poète[172]. La bride offerte par Athéna devient l'objet modérant la fougue poétique. Si l'animal ailé est indispensable au poète, la bride permet de ne pas être dominé par lui dans une forme d'envoûtement passionnel[173].
303
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304
+ Selon l'Adepte Fulcanelli dans Les demeures philosophales, le latin caballus et le grec ancien caballès, qui signifient tous deux « cheval de somme », auraient un rapport étroit avec la Cabale hermétique, signifiant par là qu'elle soutient la somme des connaissances antiques et de la chevalerie ou cabalerie médiévale, ainsi que des vérités ésotériques transmises à travers les âges. La langue secrète des cabaliers, cavaliers ou chevaliers serait la langue du cheval, connue des seuls initiés et intellectuels de l'Antiquité[174],[175].
305
+
306
+ Pégase y symboliserait la cavale, le véhicule spirituel qu'ils enfourchaient pour accéder à la plénitude du savoir. Lui seul permettrait aux élus d'accéder aux régions inconnues du savoir, de tout voir et de tout comprendre à travers l'espace et le temps, l'éther et la lumière. Connaître la Cabale signifierait donc parler la langue de Pégase, la langue du cheval. De plus, l'étymologie de Pégase le relie à la source hermétique des alchimistes[175]. Il symboliserait la connaissance rédemptrice, « descendue sur terre sous la forme de Pégase »[127].
307
+
308
+ La figure de Pégase a fait l'objet d'études par le biais de la psychanalyse et de la psychologie analytique, notamment grâce aux élèves de Carl Gustav Jung. Une conférence réunissant des psychanalystes est consacrée à l'image du cheval ailé en 1984. De manière générale, il s'agit d'un symbole de quête lié à l'inconscient, aux instincts et à l'intuition, dont les ailes symbolisent « le pouvoir transformateur et transcendant de l'imagination »[176].
309
+
310
+ Wilhelm Stekel évoque dans un livre publié en 1943 l'un de ses patients qui voit la moitié d'un cheval ailé tenter de s'extraire du sol où il git en battant d'une aile unique. Cet homme gagne sa vie comme journaliste, mais aurait voulu devenir romancier. Selon son interprétation, le rêve symbolise son ambition et son impuissance : le cheval ailé représente Pégase, la monture des poètes, coupée à moitié à cause des limites imposées par la fonction de journaliste. Wilhelm Stekel dit à son patient que son Pégase est mutilé car son métier de journaliste ne lui permet d'exprimer que la moitié de son imagination[177].
311
+
312
+ Selon le Dictionnaire des symboles et Paul Diel, Pégase représente l'imagination et l'inspiration créatrice sublimées[83],[102]. Dans l'iconographie moderne, les ailes blanches de Pégase sont semblables à celles des anges[102]. Pour l'écrivain de jeunesse Nathaniel Hawthorne, elles sont en métal, précisément en argent[178], mais il arrive aussi qu'elles soient décrites comme d'or[30], à l'instar de celles de Méduse. Si la bride donnée par Athéna permet à Bellérophon de diriger le vol de sa monture où bon lui semble, les ailes de Pégase, dans leur fonction d'ailes de l'imagination, sont un don de naissance que rien ni personne ne peut « fabriquer » ou « produire ». En psychologie analytique, l'imagination est assimilée aux ailes du cheval Pégase, une forme de grâce transcendante qui peut être méritée ou pas. Ceux qui en bénéficient doivent respecter leur don[172].
313
+
314
+ Gilbert Durand parle du cheval dans ses Structures anthropologiques de l'imaginaire, distinguant plusieurs types d'animaux, comme le chtonien, l'ailé, ou le solaire. Il voit dans Pégase un symbole de la fulgurance des changements psychiques, souvent terribles, car il est associé au tonnerre[160].
315
+
316
+ Un patient du psychanalyste Joseph E. Henderson fait mention d'un médaillon au cheval ailé portant un cavalier, apparu dans un rêve alors qu'il se posait des questions sur sa réussite professionnelle. Ce dernier a vu dans l'apparition de Pégase un symbole de l'instinct incontrôlé qui, avec suffisamment de doigté, peut acquérir les ailes lui permettant de se libérer de la matière. Il met en avant le paradoxe soulevé par la figure de Pégase, à la fois introvertie et extravertie, terrestre et céleste, verticale (le vol) et horizontale (le galop). Il conclut que son patient pensait que son cheval ailé devait être mis au service de sa réussite professionnelle et qu'il ne le laisserait pas voler au-delà des limites imposées par le contrat social. Il s'agit d'un exemple où le rêveur choisit de ne pas faire l'expérience du « vol transcendant » que Pégase permet[179].
317
+
318
+ Le patient que Wilhelm Stekel évoque dans son ouvrage de 1943 dit que Pégase était aussi le surnom que sa femme donnait à son pénis, et que lorsqu'il n'avait pas d'érection, celle-ci lui disait que « Pégase a perdu ses ailes ». La figure du pénis ailé est vue par Carl Gustav Jung comme un archétype très ancien. C'est un certain Thomas Wright qui parle le premier de « triple phallus » et y voit, outre un symbole de l'érection, une créature dotée de trois extrémités, c'est-à-dire d'un « corps », d'une « tête » et d'une « queue ». Cette figure est aussi évoquée par Freud vers 1900. Pour voler, c'est-à-dire avoir une érection, le pénis doit posséder deux ailes en état de fonctionner. La figure de Pégase est ici en relation avec la libido, qui n'a toutefois pas qu'une valeur sexuelle selon la conception de Jung[180].
319
+
320
+ Pégase est le sujet d'une iconographie très riche, à toutes les époques, même après l'antiquité. Au Moyen Âge, les œuvres sont peu nombreuses et incluent une tapisserie de l'histoire de Persée réalisée vers 1400[84]. Il faut attendre la Renaissance pour voir l’image de Pégase abondamment reprise, surtout au XVIe siècle où elle figure la « Renommée ».
321
+
322
+ Le regain d'intérêt pour la mythologie grecque à la Renaissance permet au mythe de Pégase d'être abondamment représenté par la peinture et la sculpture, le succès du cheval ailé dans l'art ne se dément pas jusqu'à l'époque actuelle.
323
+
324
+ À partir des années 1970, Pégase devient une créature de jeu de rôle et rejoint le bestiaire inspiré de la fantasy. Son attribut, les ailes, est parfois mélangé à celui de la licorne, la corne, pour donner un cheval ailé et cornu. Boris Vallejo figure parmi les artistes de fantasy qui font ce type de représentations[181].
325
+
326
+ Le mythe de Pégase est omniprésent dans la littérature classique et dans la poésie, à tel point qu'on ne compte plus les auteurs qui lui ont dédié un ou plusieurs textes, en particulier des poèmes où il fait référence à l'appel de l'inspiration. Voltaire, Honoré de Balzac, Friedrich von Schiller, Heinrich Heine, Victor Hugo, Alice de Chambrier, José-Maria de Heredia ou encore Jean Cocteau ont rendu hommage au cheval ailé de la mythologie grecque à travers leurs œuvres.
327
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328
+ En héraldique, le « pégase » est un nom commun qui désigne la figure héraldique imaginaire du cheval ailé, dont la symbolique est conforme à l'image mythologique. Le pégase est assez souvent utilisé[182].
329
+
330
+ En France, Pégase est le symbole du département de la Mayenne, en Italie, il figure sur le drapeau de la région de Toscane et en Angleterre, sur les armoiries de l'Inner Temple et du Robinson College.
331
+
332
+ Pégase et sa légende continuent à être énormément employés ou évoqués dans la culture populaire, que ce soit par le nom et la symbolique, comme en dressage équestre où un pégase en pesade est une figure équestre où le cheval s'élève, comme s'il s'apprêtait à s'envoler[183], ou comme emblème et logo, principalement par des entreprises, l'armée, le domaine aéronautique et en numismatique. À l'instar d'autres créatures telles que la licorne ou le dragon, Pégase a trouvé sa place au cinéma, dans les littératures de l'imaginaire et dans les bestiaires de nombreux jeux de rôle et jeux vidéo.
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le terme peinture peut faire référence[1] :
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+ Dans les arts, « peinture » peut désigner :
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+ Peinture ou Peintures est un titre d'œuvre notamment porté par :
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+ Le baroque est un mouvement artistique qui trouve son origine en Italie dans des villes telles que Rome, Mantoue, Venise et Florence dès le milieu du XVIe siècle et qui se termine au milieu du XVIIIe siècle. Il y a un âge baroque différent selon les domaines, qu'ils soient intellectuels, historiques ou artistiques. Certains critiques y voient une constante culturelle qui revient tout au long de l'histoire comme l'a écrit Eugenio d'Ors.
2
+
3
+ Si la définition du baroque reste ouverte, comme son étude, on peut en proposer l’approche suivante :
4
+
5
+ Au sens propre, le terme baroque, qui n’a d’ailleurs jamais été utilisé au XVIIe s., s’applique à un style architectural créé alors à Rome et qui s’est propagé dans d’autres pays. De l’architecture, ce vocable s’est étendu à la sculpture et à la peinture et aux autres formes de la production spirituelle contemporaine.
6
+
7
+ Si les dates du baroque varient d’un pays à l’autre, on s’accorde à situer l’ensemble entre le commencement du XVIIe et la première moitié du XVIIIe s., cela n’impliquant pas pour autant que tout ce qui appartient à cette époque soit baroque.
8
+
9
+ Entre la fin de la Renaissance et le baroque, on s’accorde aujourd’hui à insérer la phase maniériste. D’autre part, une esthétique du rococo est en voie d’être clairement définie. Cette restriction du champ d’application du terme baroque semble utile dans l’effort de clarification entrepris.
10
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+ Le baroque, qui touche tous les domaines, se caractérise par l’exagération du mouvement, la surcharge décorative, les effets dramatiques, la tension, l’exubérance des formes, la grandeur parfois pompeuse et le contraste, ce même contraste dont parlait Philippe Beaussant : l’époque baroque a tenté de dire « un monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles »[R 1].
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+ À l'origine, le baroque était un terme péjoratif, relevant de la bizarrerie et de l'étrangeté[1]. L’adjectif « baroque » apparaît au XVIe siècle sous le nom de berrueco (en Espagne) et barroco (au Portugal) pour désigner, en joaillerie, une perle irrégulière.
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+ Le mot « baroque » pourrait aussi provenir d'un moyen mnémotechnique utilisé à la Renaissance pour retenir la façon de construire, en logique aristotélicienne, un des syllogismes de la deuxième figure, Baroco. La bizarrerie qu'on attache depuis toujours au baroque serait née de cette manière futile et pédante de raisonner, pour finir, au XVIIIe siècle, par désigner « la forme la plus extrême du bizarre »[2].
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+ Il touche tous les domaines artistiques, sculpture, peinture, littérature, architecture, théâtre et musique et se répand rapidement dans la plupart des pays d’Europe.
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+ Le terme « baroque » vient du portugais « barroco » qui signifie « perle irrégulière »[Note 2]. Les idées germinales du baroque se retrouvent dans le travail de Michel-Ange. Le style baroque débute aux alentours de 1580.
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+ Les historiens de l’art, souvent protestants, ont traditionnellement accentué le fait que le style baroque évoluait à une époque où l’Église catholique romaine réagissait face à plusieurs mouvements culturels produisant une nouvelle science et de nouvelles formes de religions – la Réforme[Note 3],[R 2]. On a dit que le baroque monumental était un style que la papauté pouvait instrumentaliser, comme le firent les monarchies absolues, en imposant une voie d’expression à même de restaurer son prestige, au point de commencement symbolique de la Contre-Réforme catholique. Que ce fût ou non le cas, son développement eut du succès à Rome[Note 4] où l’architecture baroque renouvela largement le centre-ville ; peut-être la plus importante rénovation urbanistique.
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+ Le terme « baroque » dans son sens actuel, comme la plupart des périodes ou désignations stylistiques, a été inventé postérieurement par la critique d'art (c'est Heinrich Wolfflin qui impose cette catégorie esthétique en 1915 dans ses Principes fondamentaux de l'histoire de l'art) et non par les artistes des XVIe et XVIIe siècles. Ceux-ci ne se pensaient pas baroques, mais classiques. Ils utilisent les formes du Moyen Âge, les ordres classiques, les frontons, toute une modénature classique issue des modèles gréco-romains. Le baroque est né à Rome à la fin du XVIe siècle. En français, le terme est attesté dès 1531 à propos d'une perle, à la fin du XVIIe siècle au sens figuré[E 1]. Ainsi Jean-Jacques Rousseau écrit en 1768 dans son Dictionnaire de la musique « Baroque : Une musique baroque est celle dont l'harmonie est confuse, chargée de modulations et dissonances, le chant dur et peu naturel, l'intonation difficile, et le mouvement contraint. Il y a bien de l'apparence que ce terme vient du baroco des logiciens[E 2]. » C'est en 1855 que, pour la première fois, le mot est utilisé pour décrire la période et l’art succédant à la Renaissance sous la plume de l’historien d’art suisse Jacob Burckhardt dans Le Cicerone[A 2].
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+ Il faut attendre une génération et 1878 pour que le « style baroque » fasse son entrée dans le Dictionnaire de l’Académie française et que la définition perde un peu de son caractère dépréciatif[E 3]. Il est vrai que l’impératrice Eugénie a remis au goût du jour les mignardises et le style Louis XV et qu’est né, ce que nous appelons le style néo-baroque[Note 5] : la réhabilitation peut commencer et Wölfflin écrit son œuvre pour nous éclairer sur ce qu’est ce baroque si complexe, tourmenté, irrégulier et, au fond, plus fascinant que bizarre…
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+ L’historien d’art d’origine suisse Heinrich Wölfflin[R 3] (1864-1945), dans Renaissance et Baroque[A 3], définit le baroque comme un « mouvement importé en masse », un art antithèse de l’art de la Renaissance[Note 6]. Il ne fait pas de distinctions entre le maniérisme et le baroque, ce que font les auteurs modernes, et il ignore sa phase plus récente, le rococo qui s’épanouit dans la première moitié du XVIIIe siècle. En France et en Grande-Bretagne, son étude n’est prise au sérieux qu’à partir de l’influence prédominante que Wölfflin acquiert au sein de l’école germanique.
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+ Les historiens de l'art actuels utilisent avec réticence le mot baroque, terme polysémique qui a une signification trop floue et ambigüe[C 1].
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+ C’est grâce à l’implantation de l’Église catholique que l’art baroque se propage en Europe[R 4]. Il se diffuse au XVIIe siècle dans toute l’Europe, et plus particulièrement en Espagne, Europe centrale et Pays-Bas. En France par exemple Claude Lorrain a peint Port de mer au soleil couchant avec un grand travail de la lumière. Et en Espagne, Les Ménines de Vélasquez. On peut retrouver encore aujourd’hui des traces de ce mouvement baroque partout en Europe, par exemple la façade de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle.
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+ La popularité et le succès du baroque sont encouragés par l’Église catholique romaine quand elle décide que le côté théâtral du style des artistes du baroque pouvait promouvoir des thèmes religieux avec une implication directe et émotionnelle[R 5]. C’est un art du catholicisme tel qu'il fut défini en 1545-1563 par le concile de Trente, dont le décret le plus significatif est le Décret sur l’innovation et les reliques des saints, et sur les images saintes. C’est donc une esthétique de la Contre-Réforme, que l'on retrouve particulièrement dans l'art jésuite ; on a d'ailleurs longtemps assimilé l'« art jésuite » et l'« art baroque ». Cette esthétique rencontre de fortes résistances dans les pays acquis à la Réforme, où se développe un art protestant. L’Angleterre reste très réfractaire, la France également.
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+ L’aristocratie laïque considérait également l’effet spectaculaire des arts et de l’architecture baroque comme une façon d’impressionner leurs visiteurs et leurs éventuels rivaux. Les palais baroques sont constitués d’une succession de cours à l’entrée, d’antichambres, de grands escaliers et de salles de réception, dans un ordre de splendeur croissante. De nombreuses formes d’art – musique, architecture et littérature – s’inspirent les unes des autres au sein de ce mouvement culturel.
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+ Le charme du style baroque se transforme consciemment, passant de la finesse, des qualités intellectuelles de l’art maniériste du XVIe siècle au charme viscéral visant les sens. Il emploie une iconographie directe, simple, évidente et dramatique. L’art baroque s’inspire dans une certaine mesure des tendances héroïques d’Annibale Carracci et de son cercle, et trouve l’inspiration à travers d’autres artistes comme Le Corrège et Le Caravage et Federico Barocci, qualifiés parfois de nos jours de « proto-baroques ».
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+ On oppose souvent l’art des Carraccis (les frères et cousins) à l’art du Caravage par les termes de classique et baroque, ce sont deux influences opposées au niveau plastique (ce qui fut défini par Wölfflin) qui vont avoir beaucoup d’influences sur leurs successeurs.
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+ Le baroque tardif ou rococo succède au baroque classique, au XVIIIe siècle. Il apparaît dès la fin du XVIIe en Allemagne, en Autriche et en Bohême. Le goût de la beauté sensuelle apporte une composition plus libre au caractère systématique du baroque du XVIIe siècle.
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+ L'ornementation se multiplie, devient riche et fantaisiste. Les fresques en trompe-l'œil, les escaliers, les nymphées et les sculptures allégoriques vont jusqu'à la surcharge des églises, des châteaux et des fontaines. Vienne, Londres, Dresde, Turin, l'Allemagne du Sud et la Bohême en adoptent toutes les audaces. Le plaisir des yeux est impératif autour du capriccio exubérant du baroque tardif, comme la fontaine de Trevi à Rome (1732-1762) par Salvi et l'escalier de Caserte près de Naples (1751-1758) par Vanvitelli.
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+ Les espaces architecturaux s'ouvrent à Paris (place de la Concorde), à Bordeaux (place de la Bourse), à Nancy (place Stanislas). En Autriche, Fischer von Erlach et Lucas von Hildebrandt rivalisent d'architecture fantastique. En Bavière, les abbayes rurales se couvrent d'angelots. Les frères Asam sont célèbres à Munich. Le rococo d'Autriche, de Bohême, de Moravie et d'Allemagne du Sud orne les églises de pèlerinage, comme à Wies où les murs croulent sous les effets de dorures sur fond blanc.
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+ Les colonies américaines de l'Espagne et du Portugal influencent le style plateresque ibérique. En France, les disciples de Mansart se tournent vers les hôtels particuliers et leur décor intérieur, visibles dans le faubourg Saint-Germain et dans le Marais ou encore sur les boiseries extraordinaires de Rambouillet.
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+ La littérature baroque utilise de nombreuses métaphores et allégories dans ses œuvres. Le thème le plus abordé est le thème religieux mais les artistes baroques aiment aussi parler de la mort et utilisent fréquemment l’illusion dans leurs œuvres.
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+ Le théâtre est le lieu de l’illusion par excellence. Le théâtre baroque accentue cette illusion par de fréquents changements d’intrigues comme dans l’Illusion comique de Corneille. Le théâtre baroque est plutôt fondé sur les émotions que sur l’intellect.
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+ Dans les romans baroques, les intrigues sont complexes et multiples. On distingue de nombreux types de romans baroques, parmi eux le roman pastoral, qui présente un monde idéalisé et le roman picaresque, à mi-chemin entre idéal et réalité.
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+ La poésie baroque (1570-1630) fut d’abord épique pendant les guerres de religion puis pendant la paix devient lyrique. Il y a dans cette poésie de nombreux affrontements entre l’Église catholique et l’Église réformée.
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+ Le baroque exalte de nouvelles valeurs que l’on résume souvent à l’utilisation de métaphores et d’allégories, que l’on retrouve largement en littérature baroque, et en recherche de « maraviglia »[R 6] (merveilleux, étonnement, comme dans le maniérisme), et l’utilisation d’artifices. Si le maniérisme ouvrit une première brèche à la Renaissance, le baroque en fut la réponse opposée. On retrouva l’affliction psychologique de l’Homme – un thème abandonné après les révolutions de Copernic et de Luther dans la recherche d’un soutien solide, une preuve de l’ultime puissance humaine – à la fois dans l’art et l’architecture de la période baroque. Une part révélatrice des œuvres fut réalisée sur des thèmes religieux, puisque l’Église catholique romaine était alors le principal « client ».
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+ Les artistes recherchaient la virtuosité (et le virtuoso devint une forme commune d’art) avec le réalisme, soucieux du détail (certains parlent d’une « complexité » typique)[R 7].
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+ Le privilège donné aux formes extérieures devait composer et équilibrer le manque de contenu observé dans de nombreuses œuvres baroques : Maraviglia de Marino, par exemple, fut pratiquement réalisé à partir d’une forme primitive. Elles devaient susciter au spectateur, au lecteur, à l’auditeur, fantaisie et imagination. Toutes étaient focalisées sur l’homme en tant qu’individu, comme une relation directe avec l’artiste, ou directement entre l’art et ses utilisateurs, ses clients. L’art est alors moins distant de son utilisateur, s’approche de lui de manière plus directe, résolvant le fossé culturel qui tenait à l’écart l’art et l’usager l’un de l’autre, par Maraviglia. Mais l’attention croissante de l’individu, créa également avec ces principes quelques genres importants comme le Romanzo (roman) et met de côté d’autres formes populaires ou locales, en particulier la littérature dialectale, ce qu’il faut souligner. En Italie ce mouvement face au simple individu (que certains désignent comme un « descendant culturel », tandis que d’autres l’indiquent comme une cause possible de l’opposition classique au baroque) fut la cause du remplacement irrémédiable du latin par l’italien.
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+ Dans la littérature anglaise, les poètes métaphysiques représentent un mouvement très apparenté ; leur poésie employait de la même façon d’inhabituelles métaphores, qu’ils examinaient souvent avec précision. Leurs vers manifestent un goût pour le paradoxe, et pour d’inhabituelles et délibérément inventives tournures de phrase.
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+ Dans le domaine du théâtre, l’élaboration de vanités, de multiples changements d’intrigue, et une variété de circonstances caractéristiques du maniérisme (les tragédies de Shakespeare par exemple) sont supplantés par l’opéra qui regroupe tous les arts en un tout unifié.
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+ Plusieurs auteurs écrivent des pièces de théâtre durant la période baroque tels que Corneille (Comédies, L'Illusion comique) et Molière (Dom Juan ou le Festin de pierre) en France ; Shakespeare (Roméo et Juliette) en Angleterre ; Tirso de Molina (Marthe la dévote, comédie ; L'abuseur de Séville, drame historique) et Lope de Vega (l’Étoile de Séville, Aimer sans savoir qui, comédies) ou Calderón (La vie est un songe) en Espagne.
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+ Le théâtre baroque peut anachroniquement se définir, dans un premier temps, comme le négatif du théâtre classique. À l’analyse intellectuelle, le baroque préfère l’émotion, la perception ; face à la recherche de la vraisemblance, le baroque promeut l’illusion ; à l’unité de ton, le baroque privilégie l’inconstance et le paradoxe ; à la simplicité, le baroque oppose la complexité.
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+ En règle générale, la littérature baroque est marquée par une forte implication de la mort et du jeu de l’illusion. Comme dans les vanités en peinture, la mort est utilisée comme métaphore du temps qui passe, de l’irrémédiable, et de l’éphémère. Contrairement au romantisme, la mort ne représente pas une souffrance morale, mais plutôt une évidence métaphysique.
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+ L’illusion est aussi caractéristique du baroque qui se présente, étymologiquement, comme une pierre précieuse à multiples facettes. Ainsi, nombreuses œuvres sont porteuses de diverses mises en abyme : dans l’Illusion comique de Corneille, le public assiste au spectacle d’un père qui regarde son fils évoluer dans un milieu qui s’avère être celui de la comédie. De ce fait, l’auteur donne plus de force à son plaidoyer en faveur du théâtre et entraîne malgré lui le public à adhérer à son point de vue. Les personnages, tout comme le spectateur, sont, à un moment ou à un autre, victimes de l’illusion. Pridamant croit son fils mort au vers 977, Matamore croit en ses propres mensonges. L’Illusion comique ne fait pas que parler du théâtre : par ses personnages, cette pièce convoque aussi d’autres genres littéraires répandus au XVIIe siècle. Clindor est un héros picaresque, c’est-à-dire audacieux et opportuniste, vagabond et aventurier, tandis qu’Alcandre semble être un avatar des mages présent dans les pastorales. De même, le personnage de Matamore correspond au type du soldat fanfaron présent dans les comédies latines.
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+ L’illusion permet aussi de dire la vérité : on le voit dans la pièce Hamlet, de Shakespeare. Le jeune Hamlet sait que le roi actuel, son oncle, a tué son propre frère, autrement dit le père du jeune héros. Il fait représenter sous les yeux du roi une scène de meurtre semblable en tous points à celle que nous n’avons pas vue, mais que nous connaissons par le discours du fantôme du roi Hamlet assassiné par son frère. Le roi, devant cette représentation, quitte la scène. Dans cette pièce, illusion et vérité se rejoignent étrangement et provoquent ainsi un vertige chez le spectateur.
75
+ Dom Juan de Molière met aussi en scène un caractère baroque : l’inconstance. Pour le Héros séducteur, « tout le plaisir de l’amour est dans le changement », cette thèse s’applique dans tous les domaines et rejoint ainsi le mouvement baroque.
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+ L’esthétique baroque repose sur le mouvement, l’inconstance, la contradiction, l’antithèse. Les personnages passent d’une palette de sentiments à une autre. On est dans l’excès, le paroxysme. Le discours donne à voir plus qu’à entendre ; il s’agit de montrer, de convoquer les images par le procédé rhétorique de l’hypotypose. Alors que l’esthétique classique recherche l’unité, le baroque se complaît dans la pluralité, d’où son goût pour l’accumulation. Le baroque donne les deux versants d’une médaille : la vérité est indissociable du mensonge, comme le réel l’est du rêve, comme la vie l’est de la mort.
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+ La mise en scène s'est beaucoup développée à l'époque baroque. L'arrière-plan peint était changé à chaque acte. On a aussi vu l'apparition de machineries sophistiquées, tel que des chars de bois qui s'élevaient (difficilement) dans les airs et sortaient de la scène « par le haut ». Toutes ces machineries étaient un progrès extraordinaire pour l'époque et étaient réservées pour la cour du roi, de par leur prix. Cela s'est également traduit grâce à une certaine mise en scène (lumières, jeux, costumes...). Le jeu du théâtre baroque se base sur trois principes : le langage, le geste et l'énergie[3]. Le théâtre baroque se caractérise par une diction unique. Les acteurs reprennent le langage de cour, avec un grand travail de prononciation, dans la précision de certaines consonnes (par exemple : les « r » sont roulés) et de voyelles (les "a" sont ouverts). Le théâtre baroque se dissocie également des autres mouvements artistiques de par ses chorégraphies gestuelles, où l'acteur devra faire une adaptation de ses gestes par rapport au texte. Ainsi le geste sera le reflet d'un sentiment, d'une émotion que le texte a voulu faire ressentir. Le langage et le geste se réunissent dans l'axe de l'énergie corporelle et vocale. Il y a également une relation entre le spectateur et l'acteur, dans le cas où ils doivent se regarder, créant ainsi un jeu frontal, très spécifique du jeu baroque[4].
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+ La poésie de la période littéraire baroque entre 1570 et 1600 est qualifié de poésie épique[Note 7]. On qualifiera plus tard de poésie baroque la poésie riche et diverse qui s'est développée entre 1600 et 1630, ainsi les 4 grands poètes de l'époque baroque sont Mathurin Régnier[Note 8] (1573-1613), Théophile de Viau[Note 9](1590-1626), Malherbe[Note 10] et Saint-Amant[Note 11] (1594-1661)[R 8].
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+ La poésie baroque, inscrite entre l’humanisme et la littérature classique, utilise de nouvelles formes : le sonnet, l’ode et de nouveaux thèmes. Le baroque se prête à la satire qui permet de dénoncer les vices du temps mais il donne surtout naissance à une poésie lyrique subtile et émouvante, expression des sentiments personnels face à l’amour, la nature, la fuite du temps ou à la mort. La foi peut renforcer le lyrisme en l’élevant, en le sublimant et le baroque débouche sur une poésie religieuse.
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+ Les poètes Théodore Agrippa d'Aubigné, Théophile de Viau, François L'Hermite ou Marc-Antoine Girard de Saint-Amant ont en commun le goût de la sensualité, de l’ostentation, du contraste, du langage à effets, d’inhabituelles métaphores, hyperboles, oxymores.
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+ Des images de mouvement, symboles de l’éphémère, prédominent : flamme, nuage, arc-en-ciel, plume d’oiseau, bulle de savon, eau. Ils répondent à l’inconstance et à la fragilité de la vie par l’utilisation de la métamorphose et du surnaturel. Leur poésie exprime la tension permanente, dramatisée et théâtralisée, entre le désir de saisir le sens de la vie et la vanité de l’existence humaine. Depuis la révolution copernicienne, le monde est instable et l’homme fragilisé.
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+ Parmi les poètes baroques, il convient de signaler encore Pierre de Marbeuf, Jean de Sponde...
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+ Théophile de Viau, le poète le plus lu de l’époque baroque, traduit cet état d’esprit dans ses vers :
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+ «  Il faudrait inventer quelque nouveau langage
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+ Prendre un esprit nouveau, penser et dire mieux…  »
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+ — Élégie à une Dame
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+ La peinture baroque est née au XVIe siècle en Italie suivant le maniérisme. On peut y voir que les corps des personnages sont très détaillés comme dans L'Archange Michel écrasant les anges rebelles[R 9]. La perspective joue un rôle important, il y a un grand nombre d’effets de lumières (clair-obscur)[R 10] et de jeux d’ombre. Les tableaux sont formés de courbes ; on a du mal à repérer l’organisation du tableau du premier coup d’œil.
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+ Les principales caractéristiques de cette peinture sont :
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+ Une définition de la signification de baroque en peinture est fournie par les séries de tableaux exécutés par Pierre Paul Rubens[R 11] pour Marie de Médicis au Palais du Luxembourg à Paris (à présent au Louvre), dans lesquels un peintre catholique satisfait aux exigences d’un mécène catholique : les conceptions de la monarchie à l’ère baroque, l’iconographie, la maîtrise de la peinture et les compositions tout comme la description de l’espace et du mouvement. Du Caravage[R 12] à Pietro da Cortona, il y avait différentes ramifications dans l’école italienne baroque, tous deux approchant la dynamique émotionnelle dans des styles différents. Une autre œuvre fréquemment citée, Sainte-Thérèse en extase du Bernin, pour la chapelle Cornaro de Sainte Marie de la Victoire, rassemble architecture, sculpture et théâtre dans une grandiose vanité[R 13].
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+ Le style baroque tardif fait progressivement place à une décoration rococo, laquelle, cependant, contraste avec ce que l’on appela plus tard le baroque. Et en opposition au baroque on trouve l’art classique souvent directement assimilé à la France comme un art au service de la Monarchie.
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+ En sculpture baroque, les ensembles de figures prirent une importance nouvelle, il y eut un mouvement dynamique et une énergie portée par les formes humaines – elles s’enroulent en volutes autour d’un tourbillon central, ou atteignent vers l’extérieur les espaces alentour. À ce titre L'Annonciation (1603-1608) de Francesco Mochi, pour la cathédrale d'Orvieto, représente l'un des tout premiers exemples du genre[D 1]. De façon novatrice, la sculpture baroque eut plusieurs angles de vue idéaux. Une caractéristique de la sculpture baroque fut d’ajouter des éléments sculptés supplémentaires, par exemple, des éclairages dissimulés ou des fontaines[R 14].
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+ Une autre caractéristique de la sculpture baroque serait les piliers en forme de personnages mythologiques. Prenons l’exemple du palais du Belvédère supérieur à Vienne, bâti entre 1721 et 1722. Dans la salle du rez-de-chaussée, la voûte en pavillon est soutenue par des puissants télamons (sorte de titans ayant pris les traits des Turcs), sculptés dans le marbre. Les Turcs ayant été vaincus, il n’était pas rare de trouver ce genre de télamons sculptés dans les résidences baroques d’Autriche.
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+ En sculpture baroque ce fut Le Bernin qui marqua si bien qu'il fût surnommé le « second Michel-Ange », le Bernin était aussi une figure importante de l'architecture baroque[R 15],[Note 13].
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+ Le développement du style baroque est généralement défini comme consubstantiel à la Contre-Réforme. Il a néanmoins été adopté par les élites des pays protestants du nord de l’Europe et par celles du monde orthodoxe slave. Sa naissance à Rome est concomitante avec celle de la compagnie de Jésus, fondée en 1537 pour renforcer l’influence catholique perdue et évangéliser le Nouveau Monde ; et avec celle du concile de Trente (1545-1563) qui réforme les excès les plus patents de l'Église catholique romaine dont la réputation était entachée par le népotisme systématique et le scandale des indulgences. Il a ainsi essaimé dans l’Europe entière et le Nouveau-Monde[R 16].
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+ Le dernier édifice de Michel-Ange, la basilique Saint-Pierre, peut être considéré comme le précurseur de l’expression baroque en architecture, de par ses dimensions colossales inédites. Son élève, Giacomo della Porta en développe le langage, en particulier à travers l’élévation de la façade l’église du Gesù (1584), église-mère de la compagnie de Jésus alors en pleine expansion. Cet édifice est souvent considéré comme le premier exemple d’architecture baroque lequel influencera l’architecture religieuse pour le siècle à venir[Note 14].
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+ Dans l’architecture baroque, l’accent est mis à la fois sur l’aspect massif et chargé, colonnades, dômes, clair-obscur, effets colorés de peinture, et le jeu chargé des volumes opposés au vide, liberté des formes et profusion des ornements. Dans les intérieurs, le mouvement baroque se manifeste autour et à travers un savant escalier monumental sans précédent en architecture.
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+ Nous retrouvons cet escalier monumental dans le palais Zwinger à Dresde. Ce palais a été édifié à l’initiative d’Auguste le Fort comme lieu de fêtes entre 1709 et 1732 par les architectes Pöppelmann et Permoser. On remarque aussi sur cet édifice baroque des jeux d’ombre et de lumières qui sont le fait des pleins et des vides. Il y a un équilibre parfait entre sculpture et architecture sur l’entrée magistrale, qui est typique dans l’architecture baroque.
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+ L’autre invention du baroque que l’on retrouve dans les intérieurs du monde entier est l’appartement public, une succession processionnelle d’intérieurs de richesse croissante culminant avec l’emplacement de la chambre à coucher, de la salle du trône, ou d’une chambre publique. L’enchaînement de l’escalier monumental suivi de l’appartement public fut copié à moindre échelle partout dans les résidences aristocratiques de toutes prétentions.
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+ L’architecture baroque fut reprise avec enthousiasme dans la partie centrale de l’Allemagne (cf par exemple le Château de Ludwigsbourg et le Palais Zwinger à Dresde), en Autriche et en Pologne (cf par exemple Wilanów et le palais de Bialystok). En Angleterre, le point culminant de l’architecture baroque fut incarné par l’œuvre de Sir Christopher Wren, Sir John Vanbrugh et Nicholas Hawksmoor, de ~1660 vers ~1725. On retrouve de nombreux exemples d’architecture baroque et de plan de ville dans les autres villes d’Europe, ainsi qu’en Amérique hispanique. Les plans de ville de cette époque comprennent des avenues rayonnantes, avec des squares à leurs intersections, s’inspirant des plans des jardins baroques.
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+ Le style baroque se développe à partir de la deuxième moitié du XVIe siècle, d’abord à Rome, puis dans le reste de l’Italie. Il respecte tout d'abord le paradigme romain de la basilique en croix dont le chœur est surmonté d'un dôme. Outre l’Église du Gesù sus-citée, on considère que le pionnier de l'architecture baroque religieuse est Carlo Maderno avec son église Santa Susanna alle Terme di Diocleziano, construite entre 1585 et 1603. Le rythme dynamique des colonnes et pilastres, la façade centralisée et complexe, liant rigueur et jeu sur les codes classiques de la Renaissance, les statues placées dans des niches et rappelant furieusement la structure de la scène d'un théâtre romain antique en font l'un des premiers exemples du baroque. Ce premier essai est poursuivi par Pierre de Cortone dans son église Notre-Dame-de-la-Paix de Rome (1656) avec des ailes concaves qui rappellent une scène de théâtre et dont la partie centrale s'avance comme pour occuper la petite place qui lui fait face.
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+ Les Français appellent « classique » l’architecture du siècle de Louis XIV et de ses successeurs et rejettent l'appellation, péjorative en français[E 4], de « baroque ». Cette opposition entre un classicisme « raisonnable » à la française et un baroque « excessif » à l’italienne trouve sa source dans la volonté, affirmée dès le XVIIe siècle, de supplanter Rome et, dans les faits, c’est le moment où Versailles et la cour du Roi-Soleil prennent la place de l’Italie comme foyer de rayonnement culturel. Le tournant est le refus des plans du Bernin en avril 1665 pour la colonnade du Louvre : l’architecte le plus célèbre, le plus demandé d’Europe est rejeté par la Cour de France.
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+ Cependant, certains historiens de l’art considèrent l’architecture française des règnes de Louis XIV et Louis XV comme baroque : ils estiment que la plupart des constructions « classiques » françaises, qu'elles soient religieuses ou civiles, auraient pu être édifiées ailleurs en Europe et qu'elles comportent tous les éléments baroques : goût pour la magnificence, la perspective, le décor[Note 15].
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+ Au fur et à mesure que pénètre l'influence italienne au-delà des Pyrénées, elle fait reculer l'approche classicisant en vogue jusqu'alors sous la férule de Juan de Herrera. En 1667, les façades de la cathédrale de Grenade par Alonso Cano annoncent la victoire du baroque en Espagne. S'ensuit la cathédrale de Jaén par Eufrasio López de Rojas qui intègre les leçons baroques au structures architecturales spécifiquement espagnoles.
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+ En contraste avec l'art du nord de l'Europe, les Espagnols ont créé un art qui fait appel aux sens plus qu'à l'intellect. La famille Churriguera, architectes spécialisés dans le dessin et la construction d'autels et de retables s'est opposée au style dépouillé qu'on appelle « herreresque » en référence à son inventeur et promoteur principal, Juan de Herrera, et a promu un style exagéré, élaboré, presque capricieux qui couvre chaque pouce de surface disponible avec un motif et qui est passé à la postérité sous le vocable de « churrigueresque ». En moins d'un demi-siècle, les Churriguera transforment Salamanque en une cité modèle du style churrigueresque.
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+ Le Portugal, sous domination espagnole entre 1580 et 1640, est dans la sphère d'influence culturelle de son grand voisin et ne s'en distingue (ce qui est vrai aussi pour le Brésil vis-à-vis des colonies espagnoles d'Amérique latine) que par une atténuation sensible, empreinte d'une douceur toute portugaise.
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+ De même que l'art de la Renaissance connaît un déclin formel avec le maniérisme, le baroque s'épuise dans un académisme précieux, et qualifié de vain par ses détracteurs, dans le rococo.
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+ L'architecture baroque est consubstantielle à l’absolutisme, sa période rococo se termine avec celle du despotisme éclairé[Note 16]. Et on peut faire l'hypothèse que si le baroque s'épuise, c'est en raison de l'épuisement de la philosophie politique et religieuse (cuius regio, eius religio) qui le sous-tend.
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+ Au sens le plus large on considère la période baroque en musique comme s'étendant de 1600 à 1750, la musique baroque étant directement inspirée de l'architecture baroque.
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+ Le baroque couvre donc une large période dans l’histoire de la musique et de l'opéra. Il s’étend du début du XVIIe siècle environ au milieu du XVIIIe siècle, de façon plus ou moins uniforme selon les pays. De façon nécessairement schématique, l’esthétique et l’inspiration baroques succèdent à celles de la Renaissance (apogée du contrepoint et de la polymélodie) et précèdent celles du classicisme (naissance d'éléments discursifs, comme la phrase musicale ponctuée) : comme dans l'architecture, les « figures » musicales baroques sont soutenues par une « basse continue » très stable (on est à la jonction entre contrepoint et harmonie).
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142
+ On appelle musique baroque, l'école musicale du XVIIe siècle, d'un point de vue purement chronologique. Or, Jean-Jacques Rousseau définit la musique baroque comme celle « dont l'harmonie est confuse, chargée de modulations et de dissonances ». Il s'agit du style de musique composée au cours de la période chevauchant celle de l'art baroque, et également celui d'une période légèrement plus tardive. Jean-Jacques Rousseau affirmant son désaccord avec la musique baroque va être à l'origine de la Querelle des Bouffons.
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+ C'est en Italie qu'apparaît le mouvement de la musique baroque, sous l'influence du compositeur Monteverdi, qui avec Orfeo (considéré comme le premier opéra), marque une rupture dans l'histoire de la musique. En France, la musique étant peu développée[R 17], c'est un Italien, Jean-Baptiste Lully, qui va la développer auprès du roi Louis XIV. Lully inventa un genre d'opéra : la tragédie lyrique. Par la suite des compositeurs comme Jean-Philippe Rameau perpétueront la musique baroque française. Avec la musique baroque, se développe la cantate, suite de danse ; Courante, Sarabande, Allemande... et danse populaire : Les Folies d'Espagnes. En 1750, avec la mort du compositeur Allemand Johann Sebastian Bach, la période musicale du baroque laisse place à la musique classique.
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146
+ L'époque musicale baroque peut se découper en trois périodes différentes : le premier baroque de 1580 à 1630[Note 17], puis le baroque médian jusqu'à la fin du XVIIe siècle[Note 18], et enfin le dernier baroque jusqu'à la mort de Bach (1750)[Note 19],[R 18]. Les figures culminantes de la musique baroque à son apogée, c'est-à-dire lors du dernier baroque, sont Corelli (1653-1713) et Vivaldi (1678-1741) en Italie, Haendel (1685-1759) en Angleterre, Bach (1685-1750) en Allemagne. Pour la France, on retiendra Jean-Baptiste Lully (1632-1687) ou encore Jean-Philippe Rameau (1683-1764). L’étendue des points communs de la musique baroque avec les principes esthétiques des arts graphiques et littéraires de la période baroque est encore une question débattue.
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148
+ René Huyghe[Note 20], à propos du baroque : « le classique, tendant à la définition fixe, est de type « architectural » ; le baroque, excitant des perceptions émotives et mouvantes, est de type "musical" »[Note 21],[D 2].
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150
+ L’ère de la musique baroque débute symboliquement en Italie avec l'opéra de Claudio Monteverdi (1567-1643), L'Orfeo (1607), et se termine avec les contemporains de Jean-Sébastien Bach et Georg Friedrich Haendel. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Georg Philipp Telemann (1681-1767), du fait de leur longévité, composent leurs dernières œuvres dans les années 1760 mais, bien avant cette décennie, les compositeurs plus jeunes se sont tournés vers un nouveau style.
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152
+ Au cours de la période baroque, la musique instrumentale s’émancipe et naît véritablement : elle ne se contente plus d’accompagner ou de compléter une polyphonie essentiellement vocale ; si elle emprunte encore, au début du XVIIe siècle, ses formes à la musique vocale, elle ne tarde pas à élaborer ses propres structures, adaptées à leurs possibilités techniques et expressives.
153
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154
+ Les deux pôles de la musique baroque sont l’Italie et la France, dont les styles sont fortement opposés malgré des influences réciproques. Cette opposition était telle que beaucoup de musiciens de l’une des écoles allaient jusqu’à refuser de jouer des œuvres provenant de l’autre. Le style italien se diffusa largement hors d’Italie. La France est sans doute le pays qui résista le plus à cette domination, sous l’influence de Jean-Baptiste Lully (Italien naturalisé français), ceci jusqu’à la Querelle des Bouffons, au milieu du XVIIIe. Par ailleurs, la France a suivi avec retard le mouvement européen d’évolution de la musique vers le style dit « classique » illustré notamment par Haydn et Mozart.
155
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156
+ D’autres foyers existent et participent au mouvement en y apportant leurs spécificités : les Pays-Bas et l’Allemagne du Nord (le stylus fantasticus, le choral), l’Angleterre (l’art de la variation), un peu l’Espagne. Une synthèse apparaît dans la musique allemande, qui emprunte à ces différents courants et culmine dans l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Elle existe aussi, de façon beaucoup moins accomplie, chez quelques autres dont Johann Jakob Froberger (musicien européen par excellence), Georg Muffat, Savoyard devenu Autrichien après avoir étudié en France et en Italie, François Couperin (les Goûts Réunis). Quant à Haendel, son œuvre relève plus de l’assimilation personnelle de chaque style que d’une véritable synthèse : il sait composer comme un Allemand du Nord, comme un Italien, comme un Français, et crée même le nouveau genre de l’oratorio en anglais.
157
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158
+ Le style baroque se caractérise notamment par l’importance du contrepoint puis par une harmonie qui s’enrichit progressivement, par une expressivité accrue, par l’importance donnée aux ornements, par la division fréquente de l’orchestre avec basse continue, qui est nommé ripieno, par un groupe de solistes qui est le concertino et par la technique de la basse continue chiffrée comme accompagnement de sonates. C’est un style savant et sophistiqué.
159
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160
+ Le style baroque exprime aussi beaucoup de contrastes : les oppositions notes tenues/notes courtes, graves/aiguës, sombres/claires (un accord majeur à la fin d’une pièce mineure)... ou encore l’apparition du concerto (de l’italien concertare « dialoguer ») qui met en opposition un soliste au reste de l’orchestre (le tutti), l’opposition entre pièces d’invention (prélude, toccata, fantaisie) et pièces construites (fugue) ne sont que des exemples.
161
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162
+ Le classicisme, plus tard, aura pour ambition de « revenir à la nature ». La confrontation de ces deux idéaux trouve une de ses illustrations les plus célèbres dans la véhémente « Querelle des Bouffons » qui confronte, en France vers 1740 la tragédie lyrique à la française et l’opéra-bouffe italien (Rameau contre Rousseau).
163
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164
+ De nombreuses formes musicales sont créées pendant cette période d’un siècle et demi : certaines y atteignent leur apogée (par exemple : la suite, le concerto grosso…) pour ensuite tomber dans l’oubli, d’autres connaîtront une fortune qui durera bien au-delà de la fin du baroque : l’opéra, la sonate (qui engendrera la symphonie), le concerto de soliste.
165
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166
+ La période baroque est aussi un moment important pour ce qui concerne l’élaboration de la théorie musicale. On y passe progressivement des tonalités de la polyphonie (tons ecclésiastiques du plain-chant) à la gamme tempérée et aux deux modes majeur et mineur légués à la période classique. On aura entre-temps inventé et expérimenté de nombreux tempéraments et posé les bases de l’harmonie classique. Des instruments s’effacent, d’autres apparaissent ou prennent leur forme définitive, pendant que la facture fait de nombreux progrès et que les techniques d’exécution se stabilisent et se codifient. Il s’agit donc, à tous égards d’une période très féconde.
167
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+ Depuis les années 1960, on appelle danse baroque l'art chorégraphique des XVIIe et XVIIIe siècles, principalement la danse de cour et de théâtre[R 19].
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+ Étroitement liée à la musique baroque, tant par la chronologie que par le style, la danse baroque évolue dans le cadre du « merveilleux », que ce soit dans le ballet de cour, la tragédie en musique ou l'opéra-ballet. Dénommée à l'époque la « belle danse », elle a été remise au goût du jour par des chercheurs et des historiens de la danse qui ont réhabilité un art et un style de danse que le ballet classique et romantique avaient simplifiés et uniformisés[R 20].
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+ Plusieurs danses sont considérés comme baroque ainsi en danse binaire baroque on retrouve les danses d'entrée de ballets, les contredanses, les marches, les gavottes, la gaillarde, la sarabande, la folia, la chaconne, le menuet, la pavane et l'allemande. En ternaire on retrouve principalement les danses de la Sicilienne, la gigue, la canarie et la forlane[R 21],[R 22].
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+ Pékin[2] /pe.kɛ̃/[3] Écouter (chinois : 北京 ; pinyin : Běijīng /pe˨˩˦i.tɕi˥ŋ/[4] Écouter, litt. « capitale du nord »), ou Beijing[5], est la capitale de la République populaire de Chine. Située dans le Nord-Est du pays, la municipalité de Pékin, d'une superficie de 16 800 km2, est entourée par la province du Hebei ainsi que la municipalité de Tianjin. Pékin est considérée comme le centre politique et culturel de la Chine, tandis que Hong Kong et Shanghai dominent au niveau économique.
4
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+ D'abord ville périphérique de l'empire chinois sous les Han et les Tang, elle prend de l'importance lorsque les Jurchen, qui fondent la dynastie Jin, la choisissent comme leur capitale principale en 1153. Le prince mongol Kubilai Khan en fait de même sous le nom de Dadu (« grande métropole »), enfin les Ming y transfèrent leur administration en 1421, parachevant le choix de Pékin comme capitale de la Chine. Située à proximité de la Grande Muraille, Pékin abrite des monuments célèbres comme la Cité interdite et le Temple du ciel, qui sont inscrits au patrimoine mondial. De nombreuses réalisations architecturales et structurelles ont modifié la ville à l'occasion des Jeux olympiques d'été dont elle a été l'hôte en 2008. Pékin a été choisie par le CIO pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 2022 et sera la première ville à avoir accueilli les deux éditions de l'évènement sportif international.
6
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7
+ Avec 21,15 millions d'habitants en 2013, Pékin est la deuxième ville la plus peuplée de Chine après Shanghai. La zone urbaine compte quant à elle 18 millions d'habitants. Le parler pékinois forme la base du mandarin standard. D'un point de vue économique, Pékin est la deuxième ville de Chine par le PIB total derrière Shanghai.
8
+
9
+ La francisation « Pékin » aurait été introduite par un jésuite français au XVIe ou XVIIe siècle[6] et est donc antérieure au changement de prononciation (palatalisation) qui survint pendant la dynastie Qing et qui transforma le [k] devant un [i] en [tɕ] (notée j en pinyin). Cette appellation est semblable à celle qu'ont adoptée la plupart des langues occidentales : Pechino [pekino] en italien, Peking en allemand et en néerlandais, ou encore Pequim (prononciation semblable à celle du français) en portugais, par exemple.
10
+
11
+ En revanche, le terme Beijing est d'usage courant en anglais, où il a remplacé Peking[7].
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13
+ À l'ONU, « Beijing » et « Pékin » sont employés en français[8].
14
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15
+ La ville de Pékin est située dans le Nord-Est de la Chine. Sa superficie totale est de 16 808 km2.
16
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17
+ La ville est située à une latitude de 39° 54′ 20″ N et à une longitude de 116° 23′ 29″ E. Elle se trouve donc à la même latitude qu'Ankara, la capitale de la Turquie, ou que Valence en Espagne.
18
+
19
+ Pékin est située à l'extrémité nord-est de la plaine de la Chine du Nord, à 110 km de la mer de Bohai, à 809 km à l'ouest de Pyongyang, à 1 170 km au sud-est d'Oulan Bator, à 5 795 km à l'est-nord-est de Moscou et à 8 219 km au nord-est de Paris. Des montagnes se dressent à l'ouest et au nord de Pékin. Plus au nord encore se trouvent des régions rattachées tardivement à la Chine. C'est la raison pour laquelle la Grande Muraille de Chine, qui marquait la limite du territoire chinois vers le nord, passe à proximité de Pékin.
20
+
21
+ La grande plaine du Nord de la Chine, où se trouve Pékin, est géologiquement une zone de sédimentation constituée d'alluvions, amenées depuis des millénaires principalement par le fleuve Jaune, la rivière la plus riche en boue dans le monde, et dont les contreforts septentrionaux et méridionaux de la péninsule de Shandong atteignent la mer Jaune. Elle se compose de lœss alluviaux et de sables, apportés par les différentes rivières en provenance des montagnes de l'Ouest du pays. Cela a formé au cours du temps le delta du Nord de la Chine.
22
+
23
+ D'un point de vue climatique (étés chauds et humides et hivers froids et secs avec des tempêtes de poussières) et phytogéographique (paysage proche des caractéristiques des steppes), la région de Pékin est semblable aux paysages de collines voisins.
24
+
25
+ La région est soumise à de fréquents séismes à cause de l'activité tectonique et le lent passage de la plaque indienne sous la plaque eurasienne continentale. La vitesse de la tectonique de ces plaques est en moyenne d'environ quatre centimètres par an. Ainsi, le 28 juillet 1976, s'est produit à Tangshan, à 140 km à l'est de Pékin, un des séismes les plus catastrophiques du XXe siècle (voir le séisme de 1976 à Tangshan). D'une magnitude de 8,2 sur l'échelle de Richter, le bilan officiel du nombre de décès de la part du gouvernement de la République populaire de Chine fait mention d'un chiffre de 242 419 avec une puissance du séisme officiellement annoncée à 7,8, mais certaines estimations avancent un chiffre de près de 800 000 morts. Ce séisme a également donné lieu à des dommages à Pékin et dans d'autres villes de la région.
26
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27
+ Pékin n'est pas très éloigné de la mer, mais celle-ci se trouve à l'est, alors que les vents dominants viennent plutôt de l'ouest, comme c'est souvent le cas dans l'hémisphère Nord. C'est la raison pour laquelle le climat de Pékin est de type continental des façades orientales des continents, comme celui de New York mais de manière encore plus marquée. Les hivers sont froids et secs et les étés sont très chauds et humides avec des indices de chaleur qui peuvent atteindre ou dépasser les 45 °C pendant les fortes vagues de chaleur. Les différences de températures entre les saisons sont très fortes comme le montre le record maximal qui est de 42,6 °C et le record minimal qui est de −27,4 °C. Il pleut surtout en été, les pluies tombent sous forme de pluies chaudes. En effet juillet est le mois le plus pluvieux avec environ 13 jours de pluie en moyenne tandis qu'on compte seulement 2,8 jours de pluie en novembre.
28
+
29
+ Les températures moyennes vont de −2,7 °C pour le mois le plus froid à 27,0 °C pour le mois le plus chaud, avec une moyenne annuelle de 13,2 °C. La pluviométrie atteint 532,0 mm en moyenne par an, les pluies estivales sont dues à la mousson et s’abattent sous forme d'averses chaudes; la ville, qui connaît un climat sec, compte tout de même environ 70 jours de pluie par an.
30
+
31
+ Début 2008, les premières dunes du désert de Gobi se trouvaient à 80 km de la capitale[9]. Le réservoir de Guanting, qui alimente Pékin en eau, a vu son niveau baisser de moitié entre 2002 et 2007[9].
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34
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35
+ La capitale chinoise est confrontée à de nombreux problèmes environnementaux. Il s'agit notamment de la pollution excessive des rivières, des problèmes dans l'approvisionnement en eau potable, de la forte pollution atmosphérique, de l'insuffisance des transports publics et de l'accroissement de la circulation automobile. Depuis le début des années 1990, le gouvernement fait davantage d'efforts pour la protection de l'environnement. Il a ainsi instauré des lois favorisant le recyclage, normalisant l'évaluation d'impact environnemental, l'efficacité énergétique et monitorant la pollution atmosphérique.
36
+
37
+ Depuis le 1er janvier 2003, seules les voitures personnelles répondant à la norme Euro 2 pouvaient être enregistrées à Pékin. De nombreux autobus à moteur diesel ont été remplacés par des véhicules roulant au gaz naturel. En outre, le nombre de trolleybus électriques a atteint un total de 18 000 bus à Pékin. Pour le transport ferroviaire, des prolongations du réseau de métro ont été entreprises. La pollution de l'air dans la métropole est plus grave. La concentration élevée de particules et les émissions de dioxyde de carbone sont un problème majeur.
38
+
39
+ La qualité de l'air, selon l'OMS, reste l'une des pires au monde. Les raisons en sont les nombreuses usines et centrales électriques en périphérie de la ville, ainsi que le nombre des transports et des ménages utilisant des carburants ou combustibles polluants. L'urbanisation rapide, la forte augmentation du volume du trafic et de la concentration d'industries dans l'agglomération ont conduit à pollution élevée. Le smog, les NOx et ses sulfates y constituent une menace sérieuse pour la santé publique de plus de 400 millions de personnes en Chine du Nord, les maladies respiratoires y étant de plus en plus importantes, surtout dans la capitale[11].
40
+
41
+ Pour améliorer la qualité de l'air, des règles d'émission plus strictes ont été adoptées. Depuis le 1er mars 2008, toutes les voitures neuves doivent répondre à la norme d'émission Euro 4, qui est obligatoire en Europe pour les voitures neuves depuis janvier 2005 (Euro 5 est depuis entrée en vigueur en Europe en septembre 2009), mais le scandale Volkswagen a montré que de nombreux véhicules récents polluaient en situation réelle plus qu'annoncé par le fabricant et bien plus que sur les bancs d'essai.
42
+
43
+ À partir de 2008, l'ambassade américaine mesure la pollution à Pékin[12].
44
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45
+ Depuis octobre 2012, le gouvernement chinois installe des stations qui mesurent la pollution de l'air à Pékin[12]. En janvier 2013, la capitale en a 35[12]. Pékin n'a eu aucun plan d'urgence de l'air avant celui de janvier 2013[12].
46
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47
+ La concentration des particules inférieures à 2,5 µm de diamètre a battu le record des 700 µg/m3 durant trois jours en janvier 2013[12]. L'OMS conseille un maximum de 25 µg/m3 en moyenne sur 24 h[12]. De nombreux vols ont été annulés à cause d'un manque de visibilité. Le froid intense avait alors provoqué une augmentation importante du chauffage au bois et au charbon. Selon l'AIE, la Chine consomme la moitié du charbon mondial[12].
48
+
49
+ De plus, l'absence de vent, le nombre des véhicules à énergie fossile, et les centaines[12] d'usines près de Pékin ont empiré ce problème de pollution de l'air.
50
+
51
+ Le nuage acide de particules aurait tué 8 600 personnes en 2012 pour Pékin, Shanghai, Canton et Xi'an[13],[12]. Selon une étude (juin 2013) faite par l’ONG Greenpeace et des experts américains, centrée sur 196 centrales à charbon de la périphérie de Pékin, cette pollution a fait mourir près de 2 000 Pékinois en 2011, et environ 8 000 dans la province du Hebei[14].
52
+
53
+ Les premières traces d'habitations humaines à Pékin ont été retrouvées dans les cavernes de la Colline de l'os de dragon, près du village de Zhoukoudian dans le district de Fangshan, où l'Homme de Pékin vivait. Des fossiles d'homo erectus de ces cavernes remonteraient à 230 000 ou 250 000 années. Durant le paléolithique, l'homo sapiens y a également vécu il y a environ 27 000 ans[15]. Des cités datant du premier millénaire avant notre ère ont été découvertes à proximité de Pékin. La ville de Ji (薊 jì), au sud de l'actuel Pékin, fut la capitale du puissant État de Yan (燕 yān) à l'époque des Royaumes combattants (473-221 av. J.-C.)[16]. Qin Shi Huang (246-210 av. J.-C.) se rend maître de la ville et de tout le royaume. Devenu le premier empereur de Chine en 221 av. J.-C., il réorganise son vaste territoire en trente-six commanderies et Ji devient le siège de l'une d'entre elles. Ji, rebaptisée Youzhou sous l'empereur Wudi conserve une certaine importance sous les Han, mais il s'agit d'une ville périphérique par rapport aux grands centres chinois, situés plus au sud. Pendant la chute des Han, la ville devient le fief du seigneur de guerre Gongsun Zan. Sous la dynastie Tang, Ji devient le siège du jiedushi Fanyang, le gouverneur militaire de la région actuelle du Hebei. La révolte d'An Lushan part de là en l'an 755.
54
+
55
+ Au IXe siècle, Youzhou passe sous le contrôle des Khitans, peuple d'origine nomade. Ceux-ci fondent en 947 la dynastie Liao qui régnera sur le nord de la Chine et le sud de la Mandchourie jusqu'en 1122. Ils font de Pékin une de leurs quatre capitales secondaires en 938. En 979, l'empereur Taizong tente, sans succès de reprendre la ville. À cette époque, la région de Pékin, point de passage entre la Mandchourie et les centres politiques chinois traditionnels devient un point stratégique. Certains monuments actuels comme la mosquée de Niujie et le temple de Tianning datent de l'époque Liao.
56
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57
+ En 1125, les Jurchen, un autre peuple nomade, conquièrent l'empire Liao et fondent la dynastie Jin. En 1153, ils renomment la ville Zhongdu (« capitale du centre ») et en font leur capitale principale. Pour la première fois, Pékin est capitale d'un grand empire, mais pas de toute la Chine. La ville s'agrandit considérablement, mais en 1215, elle est pillée par les Mongols de Gengis Khan. Soixante ans plus tard, en vue de préparer la dynastie Yuan, le prince mongol Kublai Khan, maître d'une grande partie de la Chine, décide de faire de Pékin sa capitale sous le nom Dadu (« grande capitale »). Par ailleurs, elle est appelée Cambaluc ou Cambuluc dans les récits de Marco Polo. Il fait reconstruire et agrandir considérablement la ville. Son centre bouge vers le nord, à son emplacement actuel[17]. Il est centré sur ce qui est aujourd'hui la partie septentrionale du 2e boulevard périphérique et vers le nord s'étendait entre les 3e et 4e boulevards périphériques. Il existe des restes de la muraille de l'époque Yuan encore debout, et ils sont connus sous le nom de Tucheng (土城 littéralement, « le mur de terre »)[18]. La construction de Dadu s'achève en 1293. La décision de Kublai Khan a grandement accru le statut de la ville située au nord de la Chine historique.
58
+
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+ En 1368, Zhu Yuanzhang se déclare premier empereur de la dynastie Ming, puis prend le pouvoir de la cité. Le dernier empereur Yuan est renvoyé à Shangdu et les palais de Dadu sont anéantis[19]. La ville est alors rebaptisée Beiping[20] et la préfecture de Shuntian est établie autour de la ville. La capitale est à cette époque Nankin, située à un millier de kilomètres au sud de Pékin.
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61
+ Cependant, en 1403, l'empereur Yongle renomme la ville Pékin et en fait le siège du gouvernement, ce qui la met symboliquement sur un pied d'égalité avec Nankin. En 1421, il y fait transférer son administration. Yongle, entreprend des grands travaux à Pékin : il fait construire notamment la Cité interdite et le Temple du ciel. Une fois la Cité interdite établie, l'empereur prend résidence à Pékin. À partir de 1421, Pékin, également connue sous le nom de Jingshi (京师), devient la capitale officielle de la dynastie Ming et Nankin est reléguée au statut de capitale secondaire. Ce système de deux capitales (Pékin ayant une plus grande importance) perdure durant la dynastie Ming. Ainsi, 13 des 16 empereurs Ming sont enterrés dans des tombeaux majestueux près de Pékin.
62
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63
+ Au cours du XVe siècle, Pékin prend essentiellement sa forme actuelle et les murs de la cité sous l'époque Ming servent de murs de protection pour la ville jusqu'à l'époque moderne, au cours de laquelle ces murs sont détruits pour construire le second boulevard périphérique[21]. On estime que Pékin a été la plus grande ville du monde entre 1425 et 1650 puis entre 1710 et 1825[22]. D'autres constructions notables datent de l'époque Ming dont le Temple du Ciel, construit en 1420[23]. Tian'anmen (porte de la Paix céleste), symbole actuel de la République populaire de Chine qui l'utilise sur son emblème, est construit pour la première fois en 1420, avant d'être reconstruit au cours de l'histoire. La Place Tian'anmen a été construite en 1651 et élargie en 1958[24]. Les Jésuites construisent la première église catholique de style roman en 1652, près de la porte Xuanwu, où le jésuite italien Matteo Ricci a vécu. On leur doit aussi l'ancien observatoire. La cathédrale de l'Immaculée Conception de Pékin a été construite en 1904 sur la cathédrale originelle[25].
64
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65
+ La fin des Ming se produit en 1644 quand, pendant 40 jours, l'armée paysanne de Li Zicheng s'empare de Pékin et renverse le gouvernement Ming. Quand la puissante armée mandchoue arrive aux portes de la ville, Li et ses partisans abandonnent la ville si bien que les forces mandchoues, sous la direction du prince Dorgon, capturent Pékin sans livrer de combat.
66
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67
+ Le prince Dorgon établit la dynastie Qing comme succession directe à la dynastie Ming, et Pékin devient la capitale de la Chine[26]. Les empereurs Qing apportent quelques modifications à la résidence impériale mais, dans l'ensemble, les constructions Ming et la disposition générale restent inchangés. À cette époque, Pékin est connue sous le nom de Jingshi, qui correspond au nom mandchou Gemun Hecen[27]. Le roman classique chinois Le Rêve dans le pavillon rouge se déroule dans les premières années du règne Qing (fin des années 1600).
68
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69
+ Pendant la seconde guerre de l'opium, en 1857, les troupes britanniques marchèrent sur Pékin qu'elles mirent à sac[28]
70
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71
+ À la fin de la période Qing, Pékin est le siège des légations étrangères durant la Révolte des Boxers en 1900[29]. Certaines structures impériales importantes sont détruites pendant les affrontements, dont l'Académie Hanlin et l'Ancien palais d'été.
72
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73
+ La Révolution Xinhai de 1911, visant à remplacer le règne Qing par une république, avait à l'origine comme intention d'établir sa capitale à Nankin. Après que le haut fonctionnaire Yuan Shikai a forcé l'abdication de l'empereur Qing à Pékin et assuré le succès de la Révolution, les révolutionnaires à Nankin acceptent qu'Yuan soit président de la nouvelle République de Chine et que la capitale soit établie à Pékin. Yuan accroît progressivement son pouvoir et devient en 1915 le nouvel empereur de la Chine, mais décède moins d'un an après le début de son règne[30]. La Chine passe sous le contrôle des seigneurs de guerre locaux et les factions les plus puissantes s'affrontent lors de nombreuses guerres pour prendre le contrôle de la capitale Pékin. Suivant le succès de l'expédition du Nord du Kuomintang (KMT), qui a pacifié les seigneurs de guerre du Nord, Nankin est officiellement déclarée capitale de la République de Chine en 1928. Pékin est renommée Beiping (北平) en juin de la même année[31], ce qui signifie Paix du Nord ou Nord pacifié[32].
74
+
75
+ Le 29 juillet 1937, pendant la seconde guerre sino-japonaise, la ville devint partie intégrante de l'empire nippon lors de l'expansionnisme du Japon Shōwa[33]. Pékin devient la capitale du gouvernement collaborateur chinois, un gouvernement fantoche qui dirige les zones chinoises du nord occupées par le Japon[34]. Le gouvernement fusionne plus tard avec le gouvernement collaborateur de Wang Jingwei basé à Nankin[35].
76
+
77
+ Durant son occupation, l'armée japonaise implante à Pékin l'unité de recherche bactériologique 1855, une filiale de l'unité 731, où des médecins japonais pratiquaient des expérimentations sur des cobayes humains[36].
78
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79
+ Le 31 janvier 1949, pendant la guerre civile chinoise, les forces communistes rentrent dans Pékin sans résistance. Le 1er octobre de la même année, le Parti communiste chinois, sous la direction de Mao Zedong, annonce à Tian'anmen la création de la République populaire de Chine et renomme la ville en Pékin[37]. Quelques jours plus tôt, la Conférence consultative politique du peuple chinois avait décidé que Pékin deviendrait la capitale du nouveau gouvernement.
80
+
81
+ Au moment de la fondation de la République populaire, la municipalité de Pékin est constituée de la zone urbaine et des banlieues immédiates. La zone urbaine est divisée en plusieurs petits districts à l'intérieur de ce qui est maintenant le second boulevard périphérique. Les fortifications de Pékin sont démolies pour construire le second boulevard périphérique, qui est terminé en 1981. Cette route est la première construction ayant pour but de privilégier les automobiles par rapport aux vélos[38].
82
+
83
+ Pendant la Révolution culturelle, les gardes rouges rentrèrent dans les logements et « chassèrent de chez eux 100 000 habitants, environ 2 % de la population de la ville », censés appartenir à des catégories « ennemies »[39].
84
+
85
+ Suivant la réforme économique de Deng Xiaoping, la zone urbaine de Pékin est largement étendue. Autrefois confinée dans les second et troisième boulevards périphériques, la zone urbaine de Pékin s'étend jusqu'aux limites des actuels cinquième et sixième boulevards périphériques, avec de nombreuses anciennes zones agricoles devenues des zones résidentielles et commerciales[40]. Selon le rapport de 2005 d'un journal, la taille des nouvelles zones développées de Pékin est une fois et demie plus importante que l'ancienne ville de Pékin[41].
86
+
87
+ Wangfujing et Xidan sont développées en zones de commerce florissantes[42], alors que Zhongguancun devient un centre majeur de l'électronique en Chine[43]. Dans les dernières années, l'expansion de Pékin s'est heurtée à des problèmes d'urbanisation, tels que des embouteillages, l'appauvrissement de la qualité de l'air, la perte de quartiers historiques et un influx significatif de migrants venant des diverses zones rurales du pays[44].
88
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89
+ Pékin a été choisi pour organiser les Jeux olympiques d'été de 2008 par le CIO, le 13 juillet 2001 à Moscou. À cette occasion, l'urbanisme de la ville a subi d'importantes transformations. La destruction de nombreux quartiers a, selon certaines estimations, fait déplacer 1,5 million de Pékinois[45]. Un parc public de 7 km2, baptisé « forêt olympique », a été aménagé au nord du quatrième périphérique : il a été planté de 530 000 arbres, parmi lesquels beaucoup ont été déracinés en province[9].
90
+
91
+ À l'époque de la Chine impériale, Pékin est désigné pour la première fois comme capitale de l'Empire en 1153 sous la dynastie Jin. La ville perd son statut en 1368, au détriment de Nankin. Vers 1403, l'empereur Yongle transfère à nouveau la capitale à Pékin, un statut qu'elle ne perdra que pendant la période de troubles entre 1928 et 1949, date de la fondation de la République populaire de Chine par Mao Zedong[46].
92
+
93
+ De nos jours, Pékin constitue le véritable centre politique de la République populaire de Chine. On y trouve les sièges du gouvernement chinois. Ainsi, le Palais de l'Assemblée du Peuple est situé à l'ouest de la place Tian'anmen. Les autres bâtiments officiels (ministères ou commissions nationales) sont disséminés dans la ville[47].
94
+
95
+ En tant que capitale, la ville concentre également les ambassades de la plupart des pays étrangers[48].
96
+
97
+ L'organisation politique de Pékin est structurée dans un système à double-partie du gouvernement[49], comme toutes les autres institutions gouvernantes de la République populaire de Chine.
98
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99
+ Le maire de Pékin possède officiellement le rang le plus élevé dans le gouvernement populaire de Pékin. Depuis que Pékin est une municipalité, le maire occupe le même niveau de préséance que les gouverneurs des provinces. Cependant, dans le système à double-partie du gouvernement de la ville, son importance est moindre que le secrétaire du comité municipal de Pékin du Parti communiste chinois, qui possède le vrai pouvoir effectif[49].
100
+
101
+ La position de secrétaire du comité municipal de Pékin (北京市委书记) a toujours eu sa part de prestige et d'exposition nationale. Il est maintenant d'usage qu'il fasse partie de facto du Bureau politique du Parti communiste chinois, le plus important organisme dirigeant du pays. À cause du statut de Pékin en tant que capitale du pays, le secrétaire est également impliqué dans les décisions principales faites au niveau national[49]. Xie Fuzhi, qui occupa le poste de 1967 à 1972, a ainsi eu une influence significative sur le gouvernement national au cours de la révolution culturelle, ayant pu être en partie à l'origine de la montée de la violence[50]. L'influence de Chen Xitong (secrétaire entre 1992 et 1995) a été considérée comme une menace par la clique de Shanghai, qui le força à quitter ses fonctions et à être jugé pour corruption[51]. Pour la célébration du 50e anniversaire de la République, Jia Qinglin (secrétaire entre 1997 et 2002) présida la cérémonie. Enfin, Liu Qi, secrétaire depuis 2002, a été le président du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Pékin et prononça un discours lors des cérémonies d'ouverture et de clôture[52].
102
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103
+ La municipalité de Pékin exerce sa juridiction sur seize subdivisions : seize districts.
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105
+ Pékin est une des villes les plus développées en Chine avec l'industrie tertiaire qui compte pour 73,2 % de son PIB. Il s'agit de la première ville postindustrielle en Chine continentale[53]. La finance constitue la plus importante activité à Pékin[54]. À la fin de l'année 2007, 751 entreprises financières étaient présentes à Pékin et généraient 128,6 milliards RMB de revenu, ce qui représentait 11,6 % des revenus globaux de l'industrie financière dans tout le pays et 13,8 % du PIB de Pékin, soit le pourcentage le plus élevé de toutes les villes chinoises[55]. Pékin héberge 26 entreprises du Fortune Global 500, soit le troisième résultat derrière Tokyo et Paris[56].
106
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107
+ En 2009, le PIB de Pékin est de 1,19 billion de RMB (174 milliards de $), enregistrant une croissance annuelle de 10,1 %. Son PIB par habitant était de 68 788 RMB (10 070 $), soit en augmentation de 6,2 % par rapport à l'année précédente. Les secteurs primaire, secondaire et tertiaire pesaient respectivement 11,83 milliards, 274,31 milliards et 900,45 milliards de RMB. La valeur disponible urbaine par habitant était de 26 736 RMB, soit en augmentation de 8,1 % par rapport à l'année précédente. Par habitant, le revenu pur des résidents ruraux était de 11 986 RMB, soit en augmentation de 11,5 %[57]. Les revenus des 20 % de résidents aux plus faibles revenus ont augmenté de 16,7 %, soit 11,4 % de plus que ceux des 20 % plus riches. Le coefficient d'Engel pour les résidents urbains de Pékin a atteint 31,8 % en 2005 et celui des zones rurales 32,8 %, déclinant respectivement de 4,5 et 3,9 points de pourcentage par rapport à 2004[58].
108
+
109
+ Les secteurs des biens immobiliers et automobiles se sont fortement accrus ces dernières années. En 2005, 28,032 millions de mètres carrés de biens immobiliers se sont vendus pour un total de 175,88 milliards de RMB. On compte en 2010 à Pekin plus de 5 millions de véhicules particuliers.
110
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111
+ Pékin possède plusieurs quartier d'affaires, le secteur de Guomao est le principal central business district, viennent ensuite la rue de la Finance (金融街, Jinrong aie), dans les secteurs de Fuxingmen et Fuchengmen, qui est traditionnellement le centre financier de la ville, et un nouveau quartier d'affaires en construction à Lize Business district.
112
+
113
+ Les secteurs de Wangfujing et Xidan constituent les principaux axes commerciaux.
114
+
115
+ Zhongguancun, surnommé la Silicon Valley de la Chine, est un centre majeur en électronique et informatique, mais également en recherches pharmaceutiques. Pendant ce temps, Yizhuang, situé au sud de la zone urbaine, est devenu un nouveau centre pharmaceutique, informatique et d'ingénierie des matériaux[59].
116
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117
+ La ville de Pékin est également réputée comme étant un centre de marchandises contrefaites : dans les marchés partout dans la ville on peut trouver toutes les nouvelles tendances de la mode ou des DVD, souvent commercialisées pour les expatriés ou les touristes étrangers[60].
118
+
119
+ La principale zone industrielle est Shijingshan, située dans la périphérie occidentale de la ville[61]. L'agriculture est réalisée à l'extérieur de la zone urbaine de Pékin, avec essentiellement des cultures de blé et de maïs. Les légumes sont également cultivés dans les régions environnantes de la zone urbaine pour pouvoir fournir la ville.
120
+
121
+ Pékin voit sa réputation augmenter de plus en plus pour ses entreprises innovantes et des start-ups en pleine croissance. Sa culture est soutenue par une importante communauté d'entreprises chinoises et étrangères. Pourtant, Shanghai est souvent considérée comme le centre économique de la Chine, un plus grand nombre d'entreprises y étant présentes, alors que Pékin représente davantage le centre de l'esprit d'entreprise chinois[Quoi ?].
122
+
123
+ Le développement de Pékin continue sur un rythme rapide, et la vaste expansion de Pékin a créé une multitude de problèmes pour la ville. Pékin est connu pour son smog tout autant que pour ses fréquents programmes d'économie d'énergie lancés par le gouvernement. Les Pékinois mais aussi les touristes se plaignent régulièrement de la qualité de l'eau et du prix des services de base tels que l'électricité ou le gaz naturel. Pour réduire la pollution de l'air, certaines industries importantes ont été sommées de réduire leurs émissions ou de quitter la ville. Shougang, une société métallurgique, jadis plus gros employeur et pollueur de la ville, a déplacé ses activités à Tangshan dans la province voisine du Hebei[62],[63].
124
+
125
+ La population enregistrée dans la municipalité de Pékin est constituée des personnes possédant le hukou (résidence permanente) ou un permis temporaire de résidence.
126
+
127
+ En février 2010, le nombre de résidents permanents et non permanents dépassait 22 millions, dont huit à neuf millions de non permanents[64],[65]. De plus, de nombreux travailleurs migrants vivent dans la capitale avec d'autres permis officiels de résidence[66].
128
+
129
+ En 2006, la population du cœur urbain de Pékin représentait 13,33 millions d'habitants, soit 84,3 % de la population totale de la municipalité, qui s'élevait à 15,81 millions à cette époque[67]. En appliquant ce même ratio à la population actuelle de la municipalité, la population urbaine de Pékin serait de 18,54 millions d'individus. L'expansion urbaine continue sur un rythme élevé[68].
130
+
131
+ Après Chongqing[69] et avant Shanghai[70], Pékin est la seconde plus importante des quatre municipalités en République populaire de Chine.
132
+
133
+ La plupart des habitants de Pékin appartiennent à l'ethnie Han. Les autres ethnies minoritaires présentes sont notamment les Mandchous, les Hui, et les Mongols[71]. Un lycée en langue tibétaine existe pour les jeunes d'origine tibétaine, dont la quasi-totalité vient expressément à Pékin depuis le Tibet pour poursuivre ses études[72].
134
+
135
+ Une communauté internationale importante est installée à Pékin. La plupart des expatriés sont attirés par la forte croissance des secteurs des affaires et du commerce international, et d'autres par la culture à la fois traditionnelle et moderne de la ville. Beaucoup de membres de cette communauté vivent aux alentours du CBD de Pékin, à Sanlitun et à Wudaokou. Ces dernières années ont également connu un afflux important de Coréens du sud (estimé à environ 200 000 en 2009)[73] qui vivent à Pékin essentiellement pour des raisons professionnelles ou d'études. Beaucoup d'entre eux vivent dans les quartiers de Wangjing et Wudaokou[74],[75].
136
+
137
+ Ces chiffres excluent les membres en service actif dans l'Armée populaire de libération[76].
138
+
139
+ Grâce à son statut de capitale de République populaire de Chine, Pékin attire de nombreux étudiants de tout le pays, mais également étrangers. On y trouve en effet les universités les plus réputées de Chine, voire d'Asie[77]. Les universités à Pékin sont essentiellement localisées dans le district de Haidian.
140
+
141
+ Le Lycée français international Charles-de-Gaulle de Pékin est l'école française internationale à Pékin.
142
+
143
+ L'Université de Pékin, également connue en chinois sous le nom de Beida, est une importante université de recherche. Fondée en 1898, elle devint à partir de 1920 un centre de la pensée progressive. De nos jours, les divers classements internationaux d'universités la placent régulièrement dans les meilleures universités chinoises et asiatiques[78],[77]. L'université est également reconnue pour l'architecture traditionnelle de son campus.
144
+
145
+ Au cours de son histoire, l'Université de Pékin s'est imposée comme centre de la liberté intellectuelle et a formé de nombreux penseurs chinois modernes. Ainsi, elle est à l'origine de plusieurs mouvements de pensée ayant marqué la Chine, dont notamment le Mouvement du 4-Mai ou les manifestations de la place Tian'anmen.
146
+
147
+ L'Université Tsinghua est fondée en 1911 sous le nom de Tsinghua College (清華學堂 Qīnghuá Xuétáng), puis de Tsinghua School en 1912, avant d'être appelée Université Tsinghua en 1928. Sa devise Engagement d'auto-discipline et social montre que l'université est profondément tournée vers l'excellence, le bien-être de la société chinoise et le développement global.
148
+
149
+ Les classements internationaux d'universités placent régulièrement l'Université Tsinghua dans les meilleurs établissements chinois et asiatiques[78],[77]. De nombreuses personnalités chinoises sont sorties de cette université, dont les Prix Nobel de physique Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang, mais aussi le président chinois Hu Jintao ou l'écrivain Li Jianwu.
150
+
151
+ Pôle d'attraction pour les étudiants étrangers également, Pékin permet à ces derniers d'étudier la langue et la culture chinoises à l'Université des langues et des cultures de Pékin. Bien que largement orientée dans ces disciplines, l'université accueille également des étudiants chinois spécialisés dans les langues étrangères et dans d'autres domaines tels que les sciences humaines. L'université forme également des professeurs de chinois langue étrangère. Il s'agit du seul établissement de ce type en Chine.
152
+
153
+ L'École centrale de Pékin, créée le 12 avril 2005, a ouvert ses portes en septembre 2005[79]. Il s'agit de l'École sino-française d'ingénieurs de l'université de Beihang. L'école se fonde sur le projet et le modèle du Groupe Centrale en France.
154
+
155
+ En 2005, il s'agit du projet le plus ambitieux et le plus complet de la coopération franco-chinoise en matière d’enseignement supérieur. En France, il bénéficie du soutien des ministères de l’Éducation nationale, des Affaires étrangères, de l’Industrie et de l’Ambassade de France en Chine située à Pékin.
156
+
157
+ Le groupe Total a renouvelé le 17 novembre 2009 son accord avec l’École Centrale de Paris prolongeant son soutien à l’École Centrale de Pékin pour trois nouvelles années. L’objectif consiste à encourager la formation d’ingénieurs et de managers internationaux de haut niveau en Chine.
158
+
159
+ À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2008, à Pékin, les infrastructures sportives se sont considérablement modernisées. Le parc olympique a ainsi vu la construction d'un nouveau stade de 91 000 places, le Nid d'oiseau, ou encore d'un centre aquatique, appelé le Cube d'eau. Si ces nouveaux sites atypiques par leur architecture ont été nouvellement édifiés pour les principales compétitions, d'autres sites sportifs de la capitale ont été rénovés et réaménagés, tels que le stade du Centre sportif olympique de Pékin, le gymnase du centre sportif olympique de Pékin, le stade des ouvriers ou le palais des sports des ouvriers.
160
+
161
+ Stade national de Pékin, appelé le Nid d'oiseau
162
+
163
+ Centre national de natation de Pékin, appelé le Cube d'eau
164
+
165
+ Palais national omnisports de Pékin
166
+
167
+ Palais omnisports de Wukesong
168
+
169
+ Vélodrome de Laoshan
170
+
171
+ Parc aquatique olympique de Shunyi
172
+
173
+ Gymnase de l'Université de l'agriculture de Chine
174
+
175
+ Gymnase de l'Université des Sciences et Technologies de Pékin
176
+
177
+ La ville va accueillir les Jeux olympiques d'hiver de 2022.
178
+
179
+ Pékin héberge également de nombreux clubs sportifs professionnels, parmi lesquels :
180
+
181
+ L'équipe des Beijing Olympians de l'ABA, ancienne équipe de la CBA, a conservé son nom et maintenu une liste de joueurs chinois après avoir déménagé à Maywood en Californie en 2005.
182
+
183
+ La ferme de Qinghe ou Prison numéro 1 de Pékin est un centre de détention du laogai ouvert en 1950.
184
+
185
+ Human Rights Watch indique que depuis 2003 de nombreux citoyens chinois ont été secrètement incarcérés, sans contact avec l'extérieur, dans des centres de détention illégaux surnommés « prisons noires »[80]. Après cette révélation de Human Rights Watch, un porte-parole du gouvernement avait réfuté la présence de prisons noires en Chine. Or une enquête sur les prisons noires de Pékin a été publiée dans un magazine chinois dépendant du groupe de presse officiel Xinhua, le sujet n'est donc plus interdit[81].
186
+
187
+ Trois styles architecturaux prédominent dans la ville de Pékin. D'abord, l'architecture traditionnelle de la Chine impériale, dont les édifices les plus connus sont la porte Tian'anmen (qui est reprise sur l'emblème de la République populaire de Chine), la Cité interdite ou encore le Temple du ciel. Ensuite, il existe un style sino-soviétique dont les bâtiments ont été construits entre les années 1950 et 1970, avec des structures carrées et sobre de style[82], notamment le long de l'avenue Chang'an. Enfin, depuis l'ouverture de la Chine, des bâtiments d'inspiration moderne sont apparus, notamment dans le centre d'affaires et dans la rue de la finance de Pékin.
188
+
189
+ Pékin est connu pour ses quartiers traditionnels se trouvant essentiellement dans la Cité impériale, celle-ci comprenait un ensemble de jardins, tombeaux et divers bâtiments compris entre la Cité interdite dont elle était isolée par des douves de 52 m de large, et la ville tartare du Pékin historique dont elle était séparée par des murailles percées de cinq portes. Ces quartiers sont traversés par des ruelles traditionnelles, nommés des hutongs. Ce sont des quartiers populaires chinois constitués de maisons basses construites selon l'architecture traditionnelle des cours carrées : quatre bâtiments entourant une cour intérieure carrée.
190
+
191
+ Quelques quartiers de hutongs ont survécu au développement de la ville, localisés essentiellement à l'intérieur de l'actuelle 2ème périphérique de Pékin qui délimite la vieille ville. Ces quartiers sont désormais sous programme de protection historique et de réhabilitation et ne peuvent plus être détruits. Les plus connus qui existent encore se trouvent au sud de la porte Qianmen, le quartier historique de Dashilar (大栅栏), ainsi qu'autour du lac Qianhai et dans le quartier de Dongsi. Ils constituent sans aucun doute le riche patrimoine architectural du vieux Pékin.
192
+
193
+ Depuis le début du XXIe siècle, Pékin est sujet à une incroyable croissance de nouvelles constructions, montrant différents styles d'architectes internationaux. Un mélange d'architectures ancienne et moderne est visible à l'Espace 798, qui allie le design des années 1950 et le contemporain.
194
+
195
+ Il existe de nombreux théâtres (comme le Théâtre du Peuple), et le Beijing Concert Hall pour des spectacles musicaux. Le célèbre Opéra de Pékin est composé d'un mélange spécial de différentes formes d'art : le chant, la danse, l'acrobatie, l'expression faciale, et le jeu. L'histoire s'inspire principalement d'évènements historiques ou mythologiques. Cet art ancestral possède des codes bien définis et fixes.
196
+
197
+ En revanche, le théâtre contemporain est en mutation rapide, et propose depuis quelques années des traductions en chinois de pièces de théâtre occidentales et des productions expérimentales de dramaturges locaux.
198
+
199
+ Le théâtre parlé n'est apparu qu'au cours du XXe siècle dans les théâtres chinois. Son origine vient du théâtre d'art populaire de Pékin, qui est né avant la Révolution culturelle, et associe un jeu européen avec un message social clair. En 1968 cette forme d'art a été interdite par Jiang Qing, la troisième épouse de Mao Zedong, après seulement quelques pièces. Le théâtre et la plupart des cinémas ont été fermés pendant environ dix ans.
200
+
201
+ Le diffuseur China National Radio (CNR) a sa propre salle de concerts à l'acoustique excellente. Cette salle est également le studio de radiodiffusion, dans lequel les nombreux concerts sont enregistrés ou retransmis en direct à l'ensemble du pays. Elle abrite un des plus grands orgues de Chine, construit en Allemagne et installé en 1999 par le facteur d'orgue Gebr Oberlinger originaire de Windesheim, en Rhénanie[83].
202
+
203
+ Le grand théâtre national de Chine, conçu par le français Paul Andreu et inauguré en 2008, est en verre et en titane. Ce dôme peut accueillir 5��452 spectateurs en trois salles.
204
+
205
+ Il existe plus d'une centaine de musées à Pékin[84]. Si la Cité interdite abrite le plus grand musée (musée du Palais) de la capitale en regroupant de nombreuses antiquités chinoises dans les différents palais et bâtiments de la cité, il existe d'autres musées pékinois tels que le Musée national de Chine, le Musée de la capitale, le Musée d'art de Pékin, le Musée militaire de la révolution populaire chinoise, le Musée géologique de Chine, le Musée d'histoire naturelle de Pékin, le Musée paléontologique de Chine, le Rose Museum et le Musée de l'imprimerie de Chine.
206
+
207
+ En plus des musées thématiques, Pékin possède plusieurs mémoriaux dédiés à des personnalités. Le plus célèbre d'entre eux est le Mausolée de Mao Zedong sur la Place Tiananmen, d'autres personnalités comme Sun Yat-Sen, Cao Xueqin, etc. ont également le leur. Les touristes peuvent également visiter d'anciennes habitations occupées par des personnalités (le prince Gong, Lu Xun, Qi Baishi, Guo Moruo, etc.)[84]
208
+
209
+ Longue de 8 851,8 km selon les derniers relevés, la Grande Muraille constitue l'ouvrage le plus important en termes de longueur, surface et masse jamais construit par l'homme. Sa construction interrompue puis reprise selon les dynasties s'étale sur près de vingt siècles. Ce système de fortifications, composé de murs et de tours de défenses, était principalement destiné à protéger la Chine historique des envahisseurs, notamment mongols.
210
+
211
+ Même si la grande majorité de l'édifice se situe loin de Pékin, il est possible de visiter quelques tronçons de la Grande Muraille qui se trouvent sur le territoire de la municipalité, à quelques dizaines de kilomètres du centre-ville. Des agences organisent chaque jour des voyages en bus vers les sites de Badaling, Mutianyu, Jinshanling ou Simatai. Ces secteurs ont été restaurés afin d'accueillir en toute sécurité les touristes, alors qu'une grande partie de la Grande Muraille n'est pas ouverte au public.
212
+
213
+ La section de Badaling, sans doute la plus connue de toutes, sera desservie par la LGV Pékin - Zhangjiakou à la gare de Badalingchangcheng Railway Station, prévue pour les Jeux Olympiques d'hiver de 2022.
214
+
215
+ Construite sous l'ordre de l'empereur Ming Yongle au cours du XVe siècle, la Cité interdite fut la résidence principale des empereurs chinois, jusqu'au début du XXe siècle et la proclamation de la République de Chine. Sa construction dura 14 ans et réquisitionna environ un million d'ouvriers.
216
+
217
+ Sur une superficie de 72 hectares, ce palais possède selon la légende 9 999 pièces, mais 8 704 en réalité. Les différents bâtiments constituaient les bureaux, jardins et résidences de la cour impériale chinoise. La cité peut être divisée en deux parties : le sud, la cour extérieure, était destiné aux cérémonies et fonctions officielles publiques : le nord, la cour intérieure, était réservée aux habitations de l'empereur et de sa cour.
218
+
219
+ De nos jours, une fois rénové, le palais est devenu un musée qui conserve les trésors impériaux de la civilisation chinoise ancienne. La Cité interdite a été inscrite au patrimoine mondial de l'humanité en 1987 par l'UNESCO.
220
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221
+ Située au sud de la Cité interdite, entre la porte de la Paix Céleste (porte Tian'anmen) et la porte Qianmen, la place Tian'anmen est, avec ses 40 ha, la troisième plus grande place du monde. Au cœur de la ville, elle est entourée de monuments rappelant l'histoire de la Chine : la Cité interdite, la porte Zhengyang donnant accès à la ville impériale, le Palais de l'Assemblée du Peuple, le Monument aux Héros du Peuple, le Mausolée de Mao Zedong et le Musée national de Chine. Elle est le lieu privilégié pour toutes les cérémonies officielles (défilé militaire de la fête nationale, etc.). Un important dispositif de sécurité est mis en place autour de la place où l'accès ne se fait que par des checkpoints. La place est également connu pour les contestations qui ont eu lieu dans le passé : manifestations de la place Tiananmen.
222
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223
+ Le mausolée de Mao Zedong (毛主席纪念堂 - Máo Zhǔxí Jìniàntáng) est un monument sépulcral où est exposé le corps embaumé du dirigeant chinois Mao Zedong[85], ancien chef du politburo du Parti communiste chinois à partir de 1943 et président du comité central du PCC de 1945 à sa mort le 9 septembre 1976.
224
+
225
+ Bien que le dirigeant chinois ait souhaité lui-même être incinéré, il fut décidé peu après son décès de conserver son corps et de lui construire un tombeau monumental en plein milieu de la place Tian'anmen à l'emplacement de l'ancienne porte de Chine qui datait des dynasties Ming et Qing, et qui constituait l'entrée sud de la Cité impériale avec la ville tartare.
226
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227
+ Le Temple du Ciel est un complexe religieux datant du XVe siècle. Construit sous le règne de l'empereur Ming Yongle, il est constitué de plusieurs temples entourés d'un vaste parc, dont les plus importants sont le Hall de prières pour de bonnes récoltes, la Demeure du Seigneur du Ciel (entourée par un mur des échos), la Salle de l'abstinence ou l'Autel du ciel.
228
+
229
+ Lieu de religion, le Temple du Ciel était fréquenté par l'empereur (le Fils du Ciel) afin de montrer son respect au Ciel. Les cérémonies de sacrifice y étaient très importantes.
230
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231
+ Lieu hautement symbolique de la ville de Pékin, le Temple du Ciel a été inscrit par l'UNESCO à la liste du patrimoine mondial en 1998.
232
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233
+ Le Temple Zhenjue date de la dynastie Ming.
234
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235
+ Situé au Nord-est de la partie centrale de la ville, le Temple de Yonghe est le plus important temple de bouddhisme tibétain à Pékin. Construit à la fin du XVIIIe siècle, le temple est initialement la résidence officielle des eunuques de l'empereur, avant de devenir une lamaserie en 1722. Sauvé de la Révolution culturelle par Zhou Enlai, le temple est ouvert au public depuis 1981, mais reste cependant un monastère toujours en activité et il est possible d'y croiser des moines.
236
+
237
+ Ce temple est le deuxième plus grand temple confucéen de Chine après celui de Qufu. Le temple se trouve sur la rue Guozijian, à proximité de l'Académie impériale (Guozijian). La construction du temple débute en 1302, sous la dynastie Yuan, et les hauts dignitaires du régime viennent y révérer Confucius jusqu'en 1911. Son enceinte a été élargie à deux reprises, sous la dynastie Ming puis sous les Qing, et occupe aujourd'hui une surface de 20 000 mètres carrés. De 1981 à 2005, le temple confucéen de Pékin accueille également une partie de la collection d'œuvres d'art du Musée de la capitale.
238
+
239
+ Les tours de la cloche et du tambour sont deux tours situées au nord du Pékin historique. Ces édifices avaient pour fonction d'annoncer les heures, jusqu'en 1924, lorsque l'empereur de Chine dut quitter la Cité interdite. La tour de la cloche abrite la plus grande et lourde cloche de Chine, qui pouvait être entendue à une distance de 20 km[86].
240
+
241
+ Le palais du prince Gong est une siheyuan traditionnelle constituée de 40 bâtiments et réputée pour son ornementation et son extravagance.
242
+
243
+ Le Pont Marco Polo est situé à 15 kilomètres de la ville de Pékin et enjambe la rivière Yongding. Il tient son nom de l'évocation que Marco Polo en a faite lors de ses voyages en Chine pendant le XIIe siècle. Il fut également le théâtre de l'incident du pont Marco Polo qui a mené à la seconde guerre sino-japonaise. L'architecture de ce pont en arc est particulièrement connue pour sa balustrade composée de 281 piliers surmontés d'autant de lions en pierre.
244
+
245
+ En plus de nombreux temples bouddhistes, la métropole chinoise compte certains édifices religieux chrétiens et musulmans. Héritages de la mission jésuite en Chine, la cathédrale de l'Immaculée Conception, Pé-Tang et l'église Saint-Joseph de Wangfujing sont les monuments catholiques les plus remarquables de Pékin. Quant à la mosquée de Niujie, il s'agit de la plus ancienne (996) et la plus grande (6 000 m2) mosquée de Pékin.
246
+
247
+ Contrairement à l'idée largement répandue qui assimile Pékin à une mégalopole très polluée et bétonnée, Pékin possède de nombreux parcs au cœur de la ville et dans sa périphérie.
248
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249
+ Situé au nord-ouest de la Cité interdite, le parc Beihai s'étend sur 68 ha, dont 39 sont composés d'étendues d'eau. Construit depuis le Xe siècle, il s'agit d'un des parcs les plus anciens et le mieux entretenu, malgré le pillage des nations occidentales au XVIIIe siècle[87]. Au milieu du lac principal (Mer du nord) se trouve une pagode blanche qui domine le parc.
250
+
251
+ En périphérie de la ville, il est également possible de visiter deux anciennes résidences impériales, qui servaient de refuge à l'empereur pendant les périodes estivales, afin d'échapper aux tumultes et à l'agitation de la capitale. Il s'agit de l'ancien palais d'été et du palais d'été.
252
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253
+ L'ancien palais d'été était l'ancienne résidence des empereurs de la dynastie Qing. Ces derniers y menaient les affaires d'État, délaissant la Cité interdite pour les cérémonies formelles. Construit et aménagé sous le règne de différents empereurs, le palais était un parc constitué de nombreux bâtiments de style chinois mais aussi européen. Ainsi, sur plus de 3,5 km2 (8 fois la surface du Vatican), les palais réunissaient la plus grande collection d'antiquités chinoises de l'époque. En 1860, les troupes franco-britanniques pillent le palais et brûlent les bâtiments. La destruction du palais a ensuite continué dans l'histoire, notamment durant la Révolution culturelle. Désormais, l'ancien palais d'été représente pour les Chinois le symbole de l'humiliation infligée par les nations occidentales durant les guerres de l'opium et la période colonialiste.
254
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255
+ Le Palais d'été est construit non loin de l'ancien palais d'été, sous l'impulsion de l'impératrice Cixi à la fin du XIXe siècle, en réponse à la destruction de l'ancien palais. Sur une surface de 2,9 km2, le palais d'été comporte de nombreux palais et temples, qui représentent 70 000 m2 de constructions. Le parc est principalement dominé par la Colline de la Longévité et le Lac de Kunming. Comme autres curiosités, on y trouve notamment un bateau de marbre, une réplique des rues de la ville de Suzhou ou le Long Corridor (728 m) recouvert de plus de 14 000 peintures.
256
+
257
+ Le Parc des Bambous Pourpres est situé dans le district de Haidian, au nord-ouest de Pékin.
258
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259
+ La cuisine pékinoise compte de nombreuses spécialités, mais Pékin est surtout connue pour trois d'entre elles : le canard laqué de Pékin, la fondue chinoise et les jiaozi. Dans la rue, il est fréquent de trouver des Pingtang hulu (冰糖葫芦), sucreries à base de cenelles enrobées d'un glaçage.
260
+
261
+ Le canard laqué de Pékin est une spécialité servie dans le monde entier. Cependant, la façon de le déguster à Pékin diffère de celle des restaurants chinois à l'étranger. Le canard est laqué puis découpé en petits morceaux. Certains restaurants haut de gamme proposent même la découpe du canard devant le client, selon ses préférences, la peau croustillante étant séparée du reste de la viande. Il est ensuite servi avec des galettes dans lesquelles on roule la viande trempée préalablement dans de la sauce et de l'oignon vert. Le plat peut également être accompagné d'un bouillon préparé à partir de la carcasse de l'animal, et d'autres plats utilisant les abats.
262
+
263
+ La fondue chinoise est un plat qui consiste à faire cuire dans de l'eau bouillante de la viande coupée en fines lamelles, du poisson, des légumes et des pâtes. Le tout est accompagné de sauces diverses. À l'origine, la marmite centrale était chauffée avec des braises de charbon, mais pour des raisons économiques, cette tradition ne perdure plus dans la plupart des restaurants. C'est un dispositif électrique qui joue maintenant ce rôle.
264
+
265
+ Les jiaozi sont les ancêtres des raviolis italiens. À l'étranger, ils sont connus sous le nom de ravioli chinois. La pâte de jiaozi est fabriquée à partir de farine de blé et d'eau. Il existe de nombreuses variantes de la farce (viande, poisson, légumes), mais la recette la plus populaire dans le Nord de la Chine consiste à faire une farce de viande de porc hachée avec de la ciboule chinoise, de l'œuf et des assaisonnements (vin de cuisine, sauce de soja aux champignons). Les jiaozi peuvent être dégustés directement ou accompagnés de vinaigre doux. Selon les régions, il est possible de mélanger au vinaigre de la sauce soja et/ou de la sauce pimentée. Les jiaozi sont traditionnellement bouillis dans de l'eau, mais ils peuvent être frits ou sautés.
266
+
267
+ Découpe du canard laqué de Pékin dans un restaurant
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+
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+ Fondue chinoise
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+
271
+ Jiaozi (avant cuisson)
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273
+ Avec la croissance de la ville due aux réformes économiques, Pékin est devenu l'un des pôles de transports le plus important de la République populaire de Chine, et même de l'est de l'Asie. Autour de la ville, on compte 5 anneaux périphériques, 9 voies rapides, 11 autoroutes nationales, 7 lignes ferroviaires et deux aéroports internationaux.
274
+
275
+ Pékin possède deux grands aéroports internationaux. Les autres aéroports de Pékin sont Nanyuan, Liangxiang, Xijiao, Shahe et Badaling, mais ces aéroports sont principalement destinés à des usages militaires et sont moins connus du public. Nanyuan servait à une seule compagnie commerciale, China United Airlines, qui a fermé ses portes lors de l'inauguration du nouvel aéroport de Daxing.
276
+
277
+ Le principal aéroport de Pékin est l'aéroport international de Pékin-Capitale, situé à environ 20 km au nord-est de la ville. Après les rénovations pour les Jeux olympiques d'été de 2008, l'aéroport comporte trois terminaux, dont le terminal 3, qui est le plus vaste terminal au monde.
278
+
279
+ Soixante-treize millions de voyageurs sont passés par l'aéroport international de Pékin en 2010, ce qui en fait l'aéroport le plus fréquenté de Chine et le second du monde, derrière Atlanta[88]. La plupart des vols intérieurs et les vols internationaux courts partent de l'aéroport international, qui est le hub principal pour Air China. L'aéroport est desservi par une autoroute qui le met à 40 minutes environ du centre de la ville. Pour les Jeux olympiques, une seconde autoroute ainsi qu'une ligne ferroviaire liée au métro ont été mises en service.
280
+
281
+ Le nouvel aéroport international de Pékin-Daxing, inauguré le 25 septembre 2019, est le deuxième aéroport international de Pékin avec le terminal le plus grand au monde en surface. Il remplace l'aéroport de Nanyuan, le premier aéroport chinois.
282
+
283
+ Les compagnies de l'alliance Skyteam ainsi que China United Airlines, seront transférés vers le nouvel aéroport de Daxing. La construction du nouvel aéroport vise à désengorger l'aéroport de Pékin-Capitale et va permettre la desserte de la région Pékin-Tianjin-Hebei (Jing-jin-ji), incluant la nouvelle zone de Xiong'an.
284
+
285
+ Gare de Pékin
286
+
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+ Gare de Pékin-Ouest
288
+
289
+ Gare de Pékin-Sud
290
+
291
+ Gare de Qinghe
292
+
293
+ Un train Fuxing CR400
294
+
295
+ Pékin est depuis longtemps l'un des plus importants centres ferroviaires en Chine avec de nombreuses gares principales en direction de toute la Chine :
296
+
297
+ Selon le réseau national des chemins de fer, les grandes lignes sont organisées en étoile autour de Pékin. Des lignes ferroviaires partent en direction de toutes les plus grandes villes de Chine.
298
+
299
+ Pékin accueille également des lignes internationales en provenance de Mongolie, Russie, Viêt Nam et Corée du Nord.
300
+
301
+ Plusieurs autres gares urbaines absorbent le trafic régulier de voyageurs : la gare de Pékin-Est, la gare de Fengtai (en expansion pour désengorger Pékin-Ouest), la gare de Xinghuo (futur départ des trains à grande vitesse vers le nord-est, LGV Pékin - Shenyang) et d'autres gares plus petites. Il existe également d'autres gares desservant des zones suburbaines. Les trains de voyageurs en Chine sont numérotés en fonction de leur direction par rapport à Pékin.
302
+
303
+ C'est à Pékin qu'a ouvert la première ligne de métro chinoise, en 1971. Le métro de Pékin ne comptait que deux lignes jusqu'à l'inauguration de la ligne 13 en 2002. Depuis, le métro s'est étendu avec 22 lignes en activité[89]. Il constitue en 2016, un réseau de plus de 550 kilomètres de voies, soit le deuxième réseau en taille du pays, derrière celui de Shanghai[90].
304
+
305
+ Depuis 2015, le prix du ticket varie en fonction de la longueur du trajet. Avant 2015, ce ticket coûtait 2 yuans et permettait un nombre illimité de changements, à l'exception de la ligne express de l'aéroport, qui coûte 25 yuans par voyage. Pékin recense environ 700 lignes de bus et tramways, dont trois routes de transit rapide pour les bus[91]. Il est possible d'utiliser la carte Yikatong dans tous les transports en commun. Cette carte utilise la technologie RFID pour être détectée dans les stations de métro et les arrêts de bus.
306
+
307
+ On peut trouver des taxis enregistrés dans toute la ville, même si de nombreux taxis non officiels existent également. En juin 2008, le prix de la course dans les taxis légaux commençait à 10 yuans pour les 3 premiers kilomètres puis 2 yuans par kilomètre supplémentaire. Après 15 kilomètres, la course est majorée de 50 % sur l'ensemble des kilomètres parcourus. Entre 23 h et 5 h du matin, la course est majorée de 20 %, commençant à 11 yuans et 2,4 yuans le kilomètre supplémentaire. Les courses de plus de 15 km entre 23 h et 5 h sont doublement majorées de 80 % (120 % × 150 % = 180 %). La plupart des taxis sont des modèles Hyundai Elantra, Hyundai Sonata, Peugeot Citroën et Volkswagen Jetta.
308
+
309
+ Si, en 2017, un réseau de stations de vélos en libre service était en place depuis plusieurs années, des nouveaux réseaux de vélos, sans bornes, attachés uniquement par leur propre cadenas, dévérouillables par internet, via un QRcode se sont mis en place. Il est ainsi possible de prendre un vélo dans les nombreuses stations en comportant des ensembles de quelques dizaines à quelques centaines, et de les déposer où l'on désire, sur n'importe quel trottoir. Du fait de leur très grand nombre, cela rend également très aisée la prise d'un vélo à n'importe quel endroit de la ville. On retrouve également les vélos de ces compagnies utilisant ce principe, entre autres à Tianjin et Nanchang. Il y a principalement quatre compagnies à Pékin que l'on distingue par les couleurs des vélos, jaunes, bleus, orange, ou verts.
310
+
311
+ Ce nouveau service correspond à la quatrième exposition internationale de bicyclette et d’extérieur de 2017 et la fête des bicyclettes d’extérieur[92],[93].
312
+
313
+ De nombreuses voies rapides sillonnent Pékin. Une des particularités du réseau routier urbain est la présence de cinq boulevards périphériques concentriques autour du centre ville.
314
+
315
+ Pékin est connecté par des autoroutes à toute la Chine en tant que partie du tronc du réseau routier national. La capitale compte cinq boulevards périphériques concentriques autour du centre ville et 11 autoroutes nationales. Les périphériques ont une forme plutôt rectangulaire que circulaire. Héritage de la Chine ancienne, la plupart des routes à Pékin sont dirigées selon les points cardinaux.
316
+
317
+ Le trafic urbain dans Pékin est dépendant de cinq boulevards périphériques qui entourent successivement la ville et dont le centre est marqué géographiquement par la Cité interdite :
318
+
319
+ Les autoroutes menant au reste de la Chine sont généralement accessibles à partir du troisième boulevard périphérique, formant comme une toile d'araignée.
320
+
321
+ L'un des plus grands soucis de la circulation de Pékin réside dans ses embouteillages, bien que ces dernières années, des systèmes de transport intelligents aient été mis en œuvre dans de nombreux domaines pour tenter d'atténuer le phénomène. La circulation dans le centre ville est souvent engorgée, surtout aux heures de pointe. Même en dehors des heures de pointe, plusieurs routes sont toujours obstruées par le trafic. Les routes de la région urbaine périphérique et les grands axes, particulièrement près de l'avenue Chang'an, sont généralement cités comme des zones de congestion élevée[94].
322
+
323
+ Depuis 2008, la ville met en place des voies de bus qui ne peuvent être empruntées que par des bus.
324
+
325
+ L'avenue de Chang'an (littéralement Rue de la Paix éternelle) traverse le centre de Pékin en passant par la place Tian'anmen. Il s'agit de l'axe principal ouest-est traversant la ville.
326
+
327
+ La ville de Pékin est jumelée ou a signé des accords de partenariat avec de nombreuses villes dans le monde[95] :
328
+
329
+ Wangfujing, une grande rue commerciale
330
+
331
+ Quartier résidentiel dans le district de Chaoyang
332
+
333
+ Restes des anciennes fortifications de Pékin
334
+
335
+ Scène de la vie quotidienne : partie de Xiangqi (Échecs chinois)
336
+
337
+ Hutong restauré
338
+
339
+ Stade national de Pékin, le Nid
340
+
341
+ Pékin vu de nuit, sur le quartier de Guomao
342
+
343
+ L'avenue piétonne de Wangfujing
344
+
345
+ Quartier de Guomao
346
+
347
+ Parc des Ruines de la muraille de Ming
348
+
349
+ Lac Shichahai
350
+
351
+ Avenue Qianmen
352
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+ Panoramique de la Cité interdite
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+ Avenue Yonghegong
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1
+
2
+
3
+ Pékin[2] /pe.kɛ̃/[3] Écouter (chinois : 北京 ; pinyin : Běijīng /pe˨˩˦i.tɕi˥ŋ/[4] Écouter, litt. « capitale du nord »), ou Beijing[5], est la capitale de la République populaire de Chine. Située dans le Nord-Est du pays, la municipalité de Pékin, d'une superficie de 16 800 km2, est entourée par la province du Hebei ainsi que la municipalité de Tianjin. Pékin est considérée comme le centre politique et culturel de la Chine, tandis que Hong Kong et Shanghai dominent au niveau économique.
4
+
5
+ D'abord ville périphérique de l'empire chinois sous les Han et les Tang, elle prend de l'importance lorsque les Jurchen, qui fondent la dynastie Jin, la choisissent comme leur capitale principale en 1153. Le prince mongol Kubilai Khan en fait de même sous le nom de Dadu (« grande métropole »), enfin les Ming y transfèrent leur administration en 1421, parachevant le choix de Pékin comme capitale de la Chine. Située à proximité de la Grande Muraille, Pékin abrite des monuments célèbres comme la Cité interdite et le Temple du ciel, qui sont inscrits au patrimoine mondial. De nombreuses réalisations architecturales et structurelles ont modifié la ville à l'occasion des Jeux olympiques d'été dont elle a été l'hôte en 2008. Pékin a été choisie par le CIO pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 2022 et sera la première ville à avoir accueilli les deux éditions de l'évènement sportif international.
6
+
7
+ Avec 21,15 millions d'habitants en 2013, Pékin est la deuxième ville la plus peuplée de Chine après Shanghai. La zone urbaine compte quant à elle 18 millions d'habitants. Le parler pékinois forme la base du mandarin standard. D'un point de vue économique, Pékin est la deuxième ville de Chine par le PIB total derrière Shanghai.
8
+
9
+ La francisation « Pékin » aurait été introduite par un jésuite français au XVIe ou XVIIe siècle[6] et est donc antérieure au changement de prononciation (palatalisation) qui survint pendant la dynastie Qing et qui transforma le [k] devant un [i] en [tɕ] (notée j en pinyin). Cette appellation est semblable à celle qu'ont adoptée la plupart des langues occidentales : Pechino [pekino] en italien, Peking en allemand et en néerlandais, ou encore Pequim (prononciation semblable à celle du français) en portugais, par exemple.
10
+
11
+ En revanche, le terme Beijing est d'usage courant en anglais, où il a remplacé Peking[7].
12
+
13
+ À l'ONU, « Beijing » et « Pékin » sont employés en français[8].
14
+
15
+ La ville de Pékin est située dans le Nord-Est de la Chine. Sa superficie totale est de 16 808 km2.
16
+
17
+ La ville est située à une latitude de 39° 54′ 20″ N et à une longitude de 116° 23′ 29″ E. Elle se trouve donc à la même latitude qu'Ankara, la capitale de la Turquie, ou que Valence en Espagne.
18
+
19
+ Pékin est située à l'extrémité nord-est de la plaine de la Chine du Nord, à 110 km de la mer de Bohai, à 809 km à l'ouest de Pyongyang, à 1 170 km au sud-est d'Oulan Bator, à 5 795 km à l'est-nord-est de Moscou et à 8 219 km au nord-est de Paris. Des montagnes se dressent à l'ouest et au nord de Pékin. Plus au nord encore se trouvent des régions rattachées tardivement à la Chine. C'est la raison pour laquelle la Grande Muraille de Chine, qui marquait la limite du territoire chinois vers le nord, passe à proximité de Pékin.
20
+
21
+ La grande plaine du Nord de la Chine, où se trouve Pékin, est géologiquement une zone de sédimentation constituée d'alluvions, amenées depuis des millénaires principalement par le fleuve Jaune, la rivière la plus riche en boue dans le monde, et dont les contreforts septentrionaux et méridionaux de la péninsule de Shandong atteignent la mer Jaune. Elle se compose de lœss alluviaux et de sables, apportés par les différentes rivières en provenance des montagnes de l'Ouest du pays. Cela a formé au cours du temps le delta du Nord de la Chine.
22
+
23
+ D'un point de vue climatique (étés chauds et humides et hivers froids et secs avec des tempêtes de poussières) et phytogéographique (paysage proche des caractéristiques des steppes), la région de Pékin est semblable aux paysages de collines voisins.
24
+
25
+ La région est soumise à de fréquents séismes à cause de l'activité tectonique et le lent passage de la plaque indienne sous la plaque eurasienne continentale. La vitesse de la tectonique de ces plaques est en moyenne d'environ quatre centimètres par an. Ainsi, le 28 juillet 1976, s'est produit à Tangshan, à 140 km à l'est de Pékin, un des séismes les plus catastrophiques du XXe siècle (voir le séisme de 1976 à Tangshan). D'une magnitude de 8,2 sur l'échelle de Richter, le bilan officiel du nombre de décès de la part du gouvernement de la République populaire de Chine fait mention d'un chiffre de 242 419 avec une puissance du séisme officiellement annoncée à 7,8, mais certaines estimations avancent un chiffre de près de 800 000 morts. Ce séisme a également donné lieu à des dommages à Pékin et dans d'autres villes de la région.
26
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27
+ Pékin n'est pas très éloigné de la mer, mais celle-ci se trouve à l'est, alors que les vents dominants viennent plutôt de l'ouest, comme c'est souvent le cas dans l'hémisphère Nord. C'est la raison pour laquelle le climat de Pékin est de type continental des façades orientales des continents, comme celui de New York mais de manière encore plus marquée. Les hivers sont froids et secs et les étés sont très chauds et humides avec des indices de chaleur qui peuvent atteindre ou dépasser les 45 °C pendant les fortes vagues de chaleur. Les différences de températures entre les saisons sont très fortes comme le montre le record maximal qui est de 42,6 °C et le record minimal qui est de −27,4 °C. Il pleut surtout en été, les pluies tombent sous forme de pluies chaudes. En effet juillet est le mois le plus pluvieux avec environ 13 jours de pluie en moyenne tandis qu'on compte seulement 2,8 jours de pluie en novembre.
28
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29
+ Les températures moyennes vont de −2,7 °C pour le mois le plus froid à 27,0 °C pour le mois le plus chaud, avec une moyenne annuelle de 13,2 °C. La pluviométrie atteint 532,0 mm en moyenne par an, les pluies estivales sont dues à la mousson et s’abattent sous forme d'averses chaudes; la ville, qui connaît un climat sec, compte tout de même environ 70 jours de pluie par an.
30
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31
+ Début 2008, les premières dunes du désert de Gobi se trouvaient à 80 km de la capitale[9]. Le réservoir de Guanting, qui alimente Pékin en eau, a vu son niveau baisser de moitié entre 2002 et 2007[9].
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+ La capitale chinoise est confrontée à de nombreux problèmes environnementaux. Il s'agit notamment de la pollution excessive des rivières, des problèmes dans l'approvisionnement en eau potable, de la forte pollution atmosphérique, de l'insuffisance des transports publics et de l'accroissement de la circulation automobile. Depuis le début des années 1990, le gouvernement fait davantage d'efforts pour la protection de l'environnement. Il a ainsi instauré des lois favorisant le recyclage, normalisant l'évaluation d'impact environnemental, l'efficacité énergétique et monitorant la pollution atmosphérique.
36
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37
+ Depuis le 1er janvier 2003, seules les voitures personnelles répondant à la norme Euro 2 pouvaient être enregistrées à Pékin. De nombreux autobus à moteur diesel ont été remplacés par des véhicules roulant au gaz naturel. En outre, le nombre de trolleybus électriques a atteint un total de 18 000 bus à Pékin. Pour le transport ferroviaire, des prolongations du réseau de métro ont été entreprises. La pollution de l'air dans la métropole est plus grave. La concentration élevée de particules et les émissions de dioxyde de carbone sont un problème majeur.
38
+
39
+ La qualité de l'air, selon l'OMS, reste l'une des pires au monde. Les raisons en sont les nombreuses usines et centrales électriques en périphérie de la ville, ainsi que le nombre des transports et des ménages utilisant des carburants ou combustibles polluants. L'urbanisation rapide, la forte augmentation du volume du trafic et de la concentration d'industries dans l'agglomération ont conduit à pollution élevée. Le smog, les NOx et ses sulfates y constituent une menace sérieuse pour la santé publique de plus de 400 millions de personnes en Chine du Nord, les maladies respiratoires y étant de plus en plus importantes, surtout dans la capitale[11].
40
+
41
+ Pour améliorer la qualité de l'air, des règles d'émission plus strictes ont été adoptées. Depuis le 1er mars 2008, toutes les voitures neuves doivent répondre à la norme d'émission Euro 4, qui est obligatoire en Europe pour les voitures neuves depuis janvier 2005 (Euro 5 est depuis entrée en vigueur en Europe en septembre 2009), mais le scandale Volkswagen a montré que de nombreux véhicules récents polluaient en situation réelle plus qu'annoncé par le fabricant et bien plus que sur les bancs d'essai.
42
+
43
+ À partir de 2008, l'ambassade américaine mesure la pollution à Pékin[12].
44
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45
+ Depuis octobre 2012, le gouvernement chinois installe des stations qui mesurent la pollution de l'air à Pékin[12]. En janvier 2013, la capitale en a 35[12]. Pékin n'a eu aucun plan d'urgence de l'air avant celui de janvier 2013[12].
46
+
47
+ La concentration des particules inférieures à 2,5 µm de diamètre a battu le record des 700 µg/m3 durant trois jours en janvier 2013[12]. L'OMS conseille un maximum de 25 µg/m3 en moyenne sur 24 h[12]. De nombreux vols ont été annulés à cause d'un manque de visibilité. Le froid intense avait alors provoqué une augmentation importante du chauffage au bois et au charbon. Selon l'AIE, la Chine consomme la moitié du charbon mondial[12].
48
+
49
+ De plus, l'absence de vent, le nombre des véhicules à énergie fossile, et les centaines[12] d'usines près de Pékin ont empiré ce problème de pollution de l'air.
50
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51
+ Le nuage acide de particules aurait tué 8 600 personnes en 2012 pour Pékin, Shanghai, Canton et Xi'an[13],[12]. Selon une étude (juin 2013) faite par l’ONG Greenpeace et des experts américains, centrée sur 196 centrales à charbon de la périphérie de Pékin, cette pollution a fait mourir près de 2 000 Pékinois en 2011, et environ 8 000 dans la province du Hebei[14].
52
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53
+ Les premières traces d'habitations humaines à Pékin ont été retrouvées dans les cavernes de la Colline de l'os de dragon, près du village de Zhoukoudian dans le district de Fangshan, où l'Homme de Pékin vivait. Des fossiles d'homo erectus de ces cavernes remonteraient à 230 000 ou 250 000 années. Durant le paléolithique, l'homo sapiens y a également vécu il y a environ 27 000 ans[15]. Des cités datant du premier millénaire avant notre ère ont été découvertes à proximité de Pékin. La ville de Ji (薊 jì), au sud de l'actuel Pékin, fut la capitale du puissant État de Yan (燕 yān) à l'époque des Royaumes combattants (473-221 av. J.-C.)[16]. Qin Shi Huang (246-210 av. J.-C.) se rend maître de la ville et de tout le royaume. Devenu le premier empereur de Chine en 221 av. J.-C., il réorganise son vaste territoire en trente-six commanderies et Ji devient le siège de l'une d'entre elles. Ji, rebaptisée Youzhou sous l'empereur Wudi conserve une certaine importance sous les Han, mais il s'agit d'une ville périphérique par rapport aux grands centres chinois, situés plus au sud. Pendant la chute des Han, la ville devient le fief du seigneur de guerre Gongsun Zan. Sous la dynastie Tang, Ji devient le siège du jiedushi Fanyang, le gouverneur militaire de la région actuelle du Hebei. La révolte d'An Lushan part de là en l'an 755.
54
+
55
+ Au IXe siècle, Youzhou passe sous le contrôle des Khitans, peuple d'origine nomade. Ceux-ci fondent en 947 la dynastie Liao qui régnera sur le nord de la Chine et le sud de la Mandchourie jusqu'en 1122. Ils font de Pékin une de leurs quatre capitales secondaires en 938. En 979, l'empereur Taizong tente, sans succès de reprendre la ville. À cette époque, la région de Pékin, point de passage entre la Mandchourie et les centres politiques chinois traditionnels devient un point stratégique. Certains monuments actuels comme la mosquée de Niujie et le temple de Tianning datent de l'époque Liao.
56
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57
+ En 1125, les Jurchen, un autre peuple nomade, conquièrent l'empire Liao et fondent la dynastie Jin. En 1153, ils renomment la ville Zhongdu (« capitale du centre ») et en font leur capitale principale. Pour la première fois, Pékin est capitale d'un grand empire, mais pas de toute la Chine. La ville s'agrandit considérablement, mais en 1215, elle est pillée par les Mongols de Gengis Khan. Soixante ans plus tard, en vue de préparer la dynastie Yuan, le prince mongol Kublai Khan, maître d'une grande partie de la Chine, décide de faire de Pékin sa capitale sous le nom Dadu (« grande capitale »). Par ailleurs, elle est appelée Cambaluc ou Cambuluc dans les récits de Marco Polo. Il fait reconstruire et agrandir considérablement la ville. Son centre bouge vers le nord, à son emplacement actuel[17]. Il est centré sur ce qui est aujourd'hui la partie septentrionale du 2e boulevard périphérique et vers le nord s'étendait entre les 3e et 4e boulevards périphériques. Il existe des restes de la muraille de l'époque Yuan encore debout, et ils sont connus sous le nom de Tucheng (土城 littéralement, « le mur de terre »)[18]. La construction de Dadu s'achève en 1293. La décision de Kublai Khan a grandement accru le statut de la ville située au nord de la Chine historique.
58
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+ En 1368, Zhu Yuanzhang se déclare premier empereur de la dynastie Ming, puis prend le pouvoir de la cité. Le dernier empereur Yuan est renvoyé à Shangdu et les palais de Dadu sont anéantis[19]. La ville est alors rebaptisée Beiping[20] et la préfecture de Shuntian est établie autour de la ville. La capitale est à cette époque Nankin, située à un millier de kilomètres au sud de Pékin.
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+ Cependant, en 1403, l'empereur Yongle renomme la ville Pékin et en fait le siège du gouvernement, ce qui la met symboliquement sur un pied d'égalité avec Nankin. En 1421, il y fait transférer son administration. Yongle, entreprend des grands travaux à Pékin : il fait construire notamment la Cité interdite et le Temple du ciel. Une fois la Cité interdite établie, l'empereur prend résidence à Pékin. À partir de 1421, Pékin, également connue sous le nom de Jingshi (京师), devient la capitale officielle de la dynastie Ming et Nankin est reléguée au statut de capitale secondaire. Ce système de deux capitales (Pékin ayant une plus grande importance) perdure durant la dynastie Ming. Ainsi, 13 des 16 empereurs Ming sont enterrés dans des tombeaux majestueux près de Pékin.
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+ Au cours du XVe siècle, Pékin prend essentiellement sa forme actuelle et les murs de la cité sous l'époque Ming servent de murs de protection pour la ville jusqu'à l'époque moderne, au cours de laquelle ces murs sont détruits pour construire le second boulevard périphérique[21]. On estime que Pékin a été la plus grande ville du monde entre 1425 et 1650 puis entre 1710 et 1825[22]. D'autres constructions notables datent de l'époque Ming dont le Temple du Ciel, construit en 1420[23]. Tian'anmen (porte de la Paix céleste), symbole actuel de la République populaire de Chine qui l'utilise sur son emblème, est construit pour la première fois en 1420, avant d'être reconstruit au cours de l'histoire. La Place Tian'anmen a été construite en 1651 et élargie en 1958[24]. Les Jésuites construisent la première église catholique de style roman en 1652, près de la porte Xuanwu, où le jésuite italien Matteo Ricci a vécu. On leur doit aussi l'ancien observatoire. La cathédrale de l'Immaculée Conception de Pékin a été construite en 1904 sur la cathédrale originelle[25].
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+ La fin des Ming se produit en 1644 quand, pendant 40 jours, l'armée paysanne de Li Zicheng s'empare de Pékin et renverse le gouvernement Ming. Quand la puissante armée mandchoue arrive aux portes de la ville, Li et ses partisans abandonnent la ville si bien que les forces mandchoues, sous la direction du prince Dorgon, capturent Pékin sans livrer de combat.
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+ Le prince Dorgon établit la dynastie Qing comme succession directe à la dynastie Ming, et Pékin devient la capitale de la Chine[26]. Les empereurs Qing apportent quelques modifications à la résidence impériale mais, dans l'ensemble, les constructions Ming et la disposition générale restent inchangés. À cette époque, Pékin est connue sous le nom de Jingshi, qui correspond au nom mandchou Gemun Hecen[27]. Le roman classique chinois Le Rêve dans le pavillon rouge se déroule dans les premières années du règne Qing (fin des années 1600).
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+ Pendant la seconde guerre de l'opium, en 1857, les troupes britanniques marchèrent sur Pékin qu'elles mirent à sac[28]
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+ À la fin de la période Qing, Pékin est le siège des légations étrangères durant la Révolte des Boxers en 1900[29]. Certaines structures impériales importantes sont détruites pendant les affrontements, dont l'Académie Hanlin et l'Ancien palais d'été.
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+ La Révolution Xinhai de 1911, visant à remplacer le règne Qing par une république, avait à l'origine comme intention d'établir sa capitale à Nankin. Après que le haut fonctionnaire Yuan Shikai a forcé l'abdication de l'empereur Qing à Pékin et assuré le succès de la Révolution, les révolutionnaires à Nankin acceptent qu'Yuan soit président de la nouvelle République de Chine et que la capitale soit établie à Pékin. Yuan accroît progressivement son pouvoir et devient en 1915 le nouvel empereur de la Chine, mais décède moins d'un an après le début de son règne[30]. La Chine passe sous le contrôle des seigneurs de guerre locaux et les factions les plus puissantes s'affrontent lors de nombreuses guerres pour prendre le contrôle de la capitale Pékin. Suivant le succès de l'expédition du Nord du Kuomintang (KMT), qui a pacifié les seigneurs de guerre du Nord, Nankin est officiellement déclarée capitale de la République de Chine en 1928. Pékin est renommée Beiping (北平) en juin de la même année[31], ce qui signifie Paix du Nord ou Nord pacifié[32].
74
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+ Le 29 juillet 1937, pendant la seconde guerre sino-japonaise, la ville devint partie intégrante de l'empire nippon lors de l'expansionnisme du Japon Shōwa[33]. Pékin devient la capitale du gouvernement collaborateur chinois, un gouvernement fantoche qui dirige les zones chinoises du nord occupées par le Japon[34]. Le gouvernement fusionne plus tard avec le gouvernement collaborateur de Wang Jingwei basé à Nankin[35].
76
+
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+ Durant son occupation, l'armée japonaise implante à Pékin l'unité de recherche bactériologique 1855, une filiale de l'unité 731, où des médecins japonais pratiquaient des expérimentations sur des cobayes humains[36].
78
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79
+ Le 31 janvier 1949, pendant la guerre civile chinoise, les forces communistes rentrent dans Pékin sans résistance. Le 1er octobre de la même année, le Parti communiste chinois, sous la direction de Mao Zedong, annonce à Tian'anmen la création de la République populaire de Chine et renomme la ville en Pékin[37]. Quelques jours plus tôt, la Conférence consultative politique du peuple chinois avait décidé que Pékin deviendrait la capitale du nouveau gouvernement.
80
+
81
+ Au moment de la fondation de la République populaire, la municipalité de Pékin est constituée de la zone urbaine et des banlieues immédiates. La zone urbaine est divisée en plusieurs petits districts à l'intérieur de ce qui est maintenant le second boulevard périphérique. Les fortifications de Pékin sont démolies pour construire le second boulevard périphérique, qui est terminé en 1981. Cette route est la première construction ayant pour but de privilégier les automobiles par rapport aux vélos[38].
82
+
83
+ Pendant la Révolution culturelle, les gardes rouges rentrèrent dans les logements et « chassèrent de chez eux 100 000 habitants, environ 2 % de la population de la ville », censés appartenir à des catégories « ennemies »[39].
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+
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+ Suivant la réforme économique de Deng Xiaoping, la zone urbaine de Pékin est largement étendue. Autrefois confinée dans les second et troisième boulevards périphériques, la zone urbaine de Pékin s'étend jusqu'aux limites des actuels cinquième et sixième boulevards périphériques, avec de nombreuses anciennes zones agricoles devenues des zones résidentielles et commerciales[40]. Selon le rapport de 2005 d'un journal, la taille des nouvelles zones développées de Pékin est une fois et demie plus importante que l'ancienne ville de Pékin[41].
86
+
87
+ Wangfujing et Xidan sont développées en zones de commerce florissantes[42], alors que Zhongguancun devient un centre majeur de l'électronique en Chine[43]. Dans les dernières années, l'expansion de Pékin s'est heurtée à des problèmes d'urbanisation, tels que des embouteillages, l'appauvrissement de la qualité de l'air, la perte de quartiers historiques et un influx significatif de migrants venant des diverses zones rurales du pays[44].
88
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89
+ Pékin a été choisi pour organiser les Jeux olympiques d'été de 2008 par le CIO, le 13 juillet 2001 à Moscou. À cette occasion, l'urbanisme de la ville a subi d'importantes transformations. La destruction de nombreux quartiers a, selon certaines estimations, fait déplacer 1,5 million de Pékinois[45]. Un parc public de 7 km2, baptisé « forêt olympique », a été aménagé au nord du quatrième périphérique : il a été planté de 530 000 arbres, parmi lesquels beaucoup ont été déracinés en province[9].
90
+
91
+ À l'époque de la Chine impériale, Pékin est désigné pour la première fois comme capitale de l'Empire en 1153 sous la dynastie Jin. La ville perd son statut en 1368, au détriment de Nankin. Vers 1403, l'empereur Yongle transfère à nouveau la capitale à Pékin, un statut qu'elle ne perdra que pendant la période de troubles entre 1928 et 1949, date de la fondation de la République populaire de Chine par Mao Zedong[46].
92
+
93
+ De nos jours, Pékin constitue le véritable centre politique de la République populaire de Chine. On y trouve les sièges du gouvernement chinois. Ainsi, le Palais de l'Assemblée du Peuple est situé à l'ouest de la place Tian'anmen. Les autres bâtiments officiels (ministères ou commissions nationales) sont disséminés dans la ville[47].
94
+
95
+ En tant que capitale, la ville concentre également les ambassades de la plupart des pays étrangers[48].
96
+
97
+ L'organisation politique de Pékin est structurée dans un système à double-partie du gouvernement[49], comme toutes les autres institutions gouvernantes de la République populaire de Chine.
98
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99
+ Le maire de Pékin possède officiellement le rang le plus élevé dans le gouvernement populaire de Pékin. Depuis que Pékin est une municipalité, le maire occupe le même niveau de préséance que les gouverneurs des provinces. Cependant, dans le système à double-partie du gouvernement de la ville, son importance est moindre que le secrétaire du comité municipal de Pékin du Parti communiste chinois, qui possède le vrai pouvoir effectif[49].
100
+
101
+ La position de secrétaire du comité municipal de Pékin (北京市委书记) a toujours eu sa part de prestige et d'exposition nationale. Il est maintenant d'usage qu'il fasse partie de facto du Bureau politique du Parti communiste chinois, le plus important organisme dirigeant du pays. À cause du statut de Pékin en tant que capitale du pays, le secrétaire est également impliqué dans les décisions principales faites au niveau national[49]. Xie Fuzhi, qui occupa le poste de 1967 à 1972, a ainsi eu une influence significative sur le gouvernement national au cours de la révolution culturelle, ayant pu être en partie à l'origine de la montée de la violence[50]. L'influence de Chen Xitong (secrétaire entre 1992 et 1995) a été considérée comme une menace par la clique de Shanghai, qui le força à quitter ses fonctions et à être jugé pour corruption[51]. Pour la célébration du 50e anniversaire de la République, Jia Qinglin (secrétaire entre 1997 et 2002) présida la cérémonie. Enfin, Liu Qi, secrétaire depuis 2002, a été le président du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Pékin et prononça un discours lors des cérémonies d'ouverture et de clôture[52].
102
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103
+ La municipalité de Pékin exerce sa juridiction sur seize subdivisions : seize districts.
104
+
105
+ Pékin est une des villes les plus développées en Chine avec l'industrie tertiaire qui compte pour 73,2 % de son PIB. Il s'agit de la première ville postindustrielle en Chine continentale[53]. La finance constitue la plus importante activité à Pékin[54]. À la fin de l'année 2007, 751 entreprises financières étaient présentes à Pékin et généraient 128,6 milliards RMB de revenu, ce qui représentait 11,6 % des revenus globaux de l'industrie financière dans tout le pays et 13,8 % du PIB de Pékin, soit le pourcentage le plus élevé de toutes les villes chinoises[55]. Pékin héberge 26 entreprises du Fortune Global 500, soit le troisième résultat derrière Tokyo et Paris[56].
106
+
107
+ En 2009, le PIB de Pékin est de 1,19 billion de RMB (174 milliards de $), enregistrant une croissance annuelle de 10,1 %. Son PIB par habitant était de 68 788 RMB (10 070 $), soit en augmentation de 6,2 % par rapport à l'année précédente. Les secteurs primaire, secondaire et tertiaire pesaient respectivement 11,83 milliards, 274,31 milliards et 900,45 milliards de RMB. La valeur disponible urbaine par habitant était de 26 736 RMB, soit en augmentation de 8,1 % par rapport à l'année précédente. Par habitant, le revenu pur des résidents ruraux était de 11 986 RMB, soit en augmentation de 11,5 %[57]. Les revenus des 20 % de résidents aux plus faibles revenus ont augmenté de 16,7 %, soit 11,4 % de plus que ceux des 20 % plus riches. Le coefficient d'Engel pour les résidents urbains de Pékin a atteint 31,8 % en 2005 et celui des zones rurales 32,8 %, déclinant respectivement de 4,5 et 3,9 points de pourcentage par rapport à 2004[58].
108
+
109
+ Les secteurs des biens immobiliers et automobiles se sont fortement accrus ces dernières années. En 2005, 28,032 millions de mètres carrés de biens immobiliers se sont vendus pour un total de 175,88 milliards de RMB. On compte en 2010 à Pekin plus de 5 millions de véhicules particuliers.
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111
+ Pékin possède plusieurs quartier d'affaires, le secteur de Guomao est le principal central business district, viennent ensuite la rue de la Finance (金融街, Jinrong aie), dans les secteurs de Fuxingmen et Fuchengmen, qui est traditionnellement le centre financier de la ville, et un nouveau quartier d'affaires en construction à Lize Business district.
112
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113
+ Les secteurs de Wangfujing et Xidan constituent les principaux axes commerciaux.
114
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115
+ Zhongguancun, surnommé la Silicon Valley de la Chine, est un centre majeur en électronique et informatique, mais également en recherches pharmaceutiques. Pendant ce temps, Yizhuang, situé au sud de la zone urbaine, est devenu un nouveau centre pharmaceutique, informatique et d'ingénierie des matériaux[59].
116
+
117
+ La ville de Pékin est également réputée comme étant un centre de marchandises contrefaites : dans les marchés partout dans la ville on peut trouver toutes les nouvelles tendances de la mode ou des DVD, souvent commercialisées pour les expatriés ou les touristes étrangers[60].
118
+
119
+ La principale zone industrielle est Shijingshan, située dans la périphérie occidentale de la ville[61]. L'agriculture est réalisée à l'extérieur de la zone urbaine de Pékin, avec essentiellement des cultures de blé et de maïs. Les légumes sont également cultivés dans les régions environnantes de la zone urbaine pour pouvoir fournir la ville.
120
+
121
+ Pékin voit sa réputation augmenter de plus en plus pour ses entreprises innovantes et des start-ups en pleine croissance. Sa culture est soutenue par une importante communauté d'entreprises chinoises et étrangères. Pourtant, Shanghai est souvent considérée comme le centre économique de la Chine, un plus grand nombre d'entreprises y étant présentes, alors que Pékin représente davantage le centre de l'esprit d'entreprise chinois[Quoi ?].
122
+
123
+ Le développement de Pékin continue sur un rythme rapide, et la vaste expansion de Pékin a créé une multitude de problèmes pour la ville. Pékin est connu pour son smog tout autant que pour ses fréquents programmes d'économie d'énergie lancés par le gouvernement. Les Pékinois mais aussi les touristes se plaignent régulièrement de la qualité de l'eau et du prix des services de base tels que l'électricité ou le gaz naturel. Pour réduire la pollution de l'air, certaines industries importantes ont été sommées de réduire leurs émissions ou de quitter la ville. Shougang, une société métallurgique, jadis plus gros employeur et pollueur de la ville, a déplacé ses activités à Tangshan dans la province voisine du Hebei[62],[63].
124
+
125
+ La population enregistrée dans la municipalité de Pékin est constituée des personnes possédant le hukou (résidence permanente) ou un permis temporaire de résidence.
126
+
127
+ En février 2010, le nombre de résidents permanents et non permanents dépassait 22 millions, dont huit à neuf millions de non permanents[64],[65]. De plus, de nombreux travailleurs migrants vivent dans la capitale avec d'autres permis officiels de résidence[66].
128
+
129
+ En 2006, la population du cœur urbain de Pékin représentait 13,33 millions d'habitants, soit 84,3 % de la population totale de la municipalité, qui s'élevait à 15,81 millions à cette époque[67]. En appliquant ce même ratio à la population actuelle de la municipalité, la population urbaine de Pékin serait de 18,54 millions d'individus. L'expansion urbaine continue sur un rythme élevé[68].
130
+
131
+ Après Chongqing[69] et avant Shanghai[70], Pékin est la seconde plus importante des quatre municipalités en République populaire de Chine.
132
+
133
+ La plupart des habitants de Pékin appartiennent à l'ethnie Han. Les autres ethnies minoritaires présentes sont notamment les Mandchous, les Hui, et les Mongols[71]. Un lycée en langue tibétaine existe pour les jeunes d'origine tibétaine, dont la quasi-totalité vient expressément à Pékin depuis le Tibet pour poursuivre ses études[72].
134
+
135
+ Une communauté internationale importante est installée à Pékin. La plupart des expatriés sont attirés par la forte croissance des secteurs des affaires et du commerce international, et d'autres par la culture à la fois traditionnelle et moderne de la ville. Beaucoup de membres de cette communauté vivent aux alentours du CBD de Pékin, à Sanlitun et à Wudaokou. Ces dernières années ont également connu un afflux important de Coréens du sud (estimé à environ 200 000 en 2009)[73] qui vivent à Pékin essentiellement pour des raisons professionnelles ou d'études. Beaucoup d'entre eux vivent dans les quartiers de Wangjing et Wudaokou[74],[75].
136
+
137
+ Ces chiffres excluent les membres en service actif dans l'Armée populaire de libération[76].
138
+
139
+ Grâce à son statut de capitale de République populaire de Chine, Pékin attire de nombreux étudiants de tout le pays, mais également étrangers. On y trouve en effet les universités les plus réputées de Chine, voire d'Asie[77]. Les universités à Pékin sont essentiellement localisées dans le district de Haidian.
140
+
141
+ Le Lycée français international Charles-de-Gaulle de Pékin est l'école française internationale à Pékin.
142
+
143
+ L'Université de Pékin, également connue en chinois sous le nom de Beida, est une importante université de recherche. Fondée en 1898, elle devint à partir de 1920 un centre de la pensée progressive. De nos jours, les divers classements internationaux d'universités la placent régulièrement dans les meilleures universités chinoises et asiatiques[78],[77]. L'université est également reconnue pour l'architecture traditionnelle de son campus.
144
+
145
+ Au cours de son histoire, l'Université de Pékin s'est imposée comme centre de la liberté intellectuelle et a formé de nombreux penseurs chinois modernes. Ainsi, elle est à l'origine de plusieurs mouvements de pensée ayant marqué la Chine, dont notamment le Mouvement du 4-Mai ou les manifestations de la place Tian'anmen.
146
+
147
+ L'Université Tsinghua est fondée en 1911 sous le nom de Tsinghua College (清華學堂 Qīnghuá Xuétáng), puis de Tsinghua School en 1912, avant d'être appelée Université Tsinghua en 1928. Sa devise Engagement d'auto-discipline et social montre que l'université est profondément tournée vers l'excellence, le bien-être de la société chinoise et le développement global.
148
+
149
+ Les classements internationaux d'universités placent régulièrement l'Université Tsinghua dans les meilleurs établissements chinois et asiatiques[78],[77]. De nombreuses personnalités chinoises sont sorties de cette université, dont les Prix Nobel de physique Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang, mais aussi le président chinois Hu Jintao ou l'écrivain Li Jianwu.
150
+
151
+ Pôle d'attraction pour les étudiants étrangers également, Pékin permet à ces derniers d'étudier la langue et la culture chinoises à l'Université des langues et des cultures de Pékin. Bien que largement orientée dans ces disciplines, l'université accueille également des étudiants chinois spécialisés dans les langues étrangères et dans d'autres domaines tels que les sciences humaines. L'université forme également des professeurs de chinois langue étrangère. Il s'agit du seul établissement de ce type en Chine.
152
+
153
+ L'École centrale de Pékin, créée le 12 avril 2005, a ouvert ses portes en septembre 2005[79]. Il s'agit de l'École sino-française d'ingénieurs de l'université de Beihang. L'école se fonde sur le projet et le modèle du Groupe Centrale en France.
154
+
155
+ En 2005, il s'agit du projet le plus ambitieux et le plus complet de la coopération franco-chinoise en matière d’enseignement supérieur. En France, il bénéficie du soutien des ministères de l’Éducation nationale, des Affaires étrangères, de l’Industrie et de l’Ambassade de France en Chine située à Pékin.
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+
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+ Le groupe Total a renouvelé le 17 novembre 2009 son accord avec l’École Centrale de Paris prolongeant son soutien à l’École Centrale de Pékin pour trois nouvelles années. L’objectif consiste à encourager la formation d’ingénieurs et de managers internationaux de haut niveau en Chine.
158
+
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+ À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2008, à Pékin, les infrastructures sportives se sont considérablement modernisées. Le parc olympique a ainsi vu la construction d'un nouveau stade de 91 000 places, le Nid d'oiseau, ou encore d'un centre aquatique, appelé le Cube d'eau. Si ces nouveaux sites atypiques par leur architecture ont été nouvellement édifiés pour les principales compétitions, d'autres sites sportifs de la capitale ont été rénovés et réaménagés, tels que le stade du Centre sportif olympique de Pékin, le gymnase du centre sportif olympique de Pékin, le stade des ouvriers ou le palais des sports des ouvriers.
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+
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+ Stade national de Pékin, appelé le Nid d'oiseau
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+ Centre national de natation de Pékin, appelé le Cube d'eau
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+ Palais national omnisports de Pékin
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+ Palais omnisports de Wukesong
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+ Vélodrome de Laoshan
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+
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+ Parc aquatique olympique de Shunyi
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+ Gymnase de l'Université de l'agriculture de Chine
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+
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+ Gymnase de l'Université des Sciences et Technologies de Pékin
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+
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+ La ville va accueillir les Jeux olympiques d'hiver de 2022.
178
+
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+ Pékin héberge également de nombreux clubs sportifs professionnels, parmi lesquels :
180
+
181
+ L'équipe des Beijing Olympians de l'ABA, ancienne équipe de la CBA, a conservé son nom et maintenu une liste de joueurs chinois après avoir déménagé à Maywood en Californie en 2005.
182
+
183
+ La ferme de Qinghe ou Prison numéro 1 de Pékin est un centre de détention du laogai ouvert en 1950.
184
+
185
+ Human Rights Watch indique que depuis 2003 de nombreux citoyens chinois ont été secrètement incarcérés, sans contact avec l'extérieur, dans des centres de détention illégaux surnommés « prisons noires »[80]. Après cette révélation de Human Rights Watch, un porte-parole du gouvernement avait réfuté la présence de prisons noires en Chine. Or une enquête sur les prisons noires de Pékin a été publiée dans un magazine chinois dépendant du groupe de presse officiel Xinhua, le sujet n'est donc plus interdit[81].
186
+
187
+ Trois styles architecturaux prédominent dans la ville de Pékin. D'abord, l'architecture traditionnelle de la Chine impériale, dont les édifices les plus connus sont la porte Tian'anmen (qui est reprise sur l'emblème de la République populaire de Chine), la Cité interdite ou encore le Temple du ciel. Ensuite, il existe un style sino-soviétique dont les bâtiments ont été construits entre les années 1950 et 1970, avec des structures carrées et sobre de style[82], notamment le long de l'avenue Chang'an. Enfin, depuis l'ouverture de la Chine, des bâtiments d'inspiration moderne sont apparus, notamment dans le centre d'affaires et dans la rue de la finance de Pékin.
188
+
189
+ Pékin est connu pour ses quartiers traditionnels se trouvant essentiellement dans la Cité impériale, celle-ci comprenait un ensemble de jardins, tombeaux et divers bâtiments compris entre la Cité interdite dont elle était isolée par des douves de 52 m de large, et la ville tartare du Pékin historique dont elle était séparée par des murailles percées de cinq portes. Ces quartiers sont traversés par des ruelles traditionnelles, nommés des hutongs. Ce sont des quartiers populaires chinois constitués de maisons basses construites selon l'architecture traditionnelle des cours carrées : quatre bâtiments entourant une cour intérieure carrée.
190
+
191
+ Quelques quartiers de hutongs ont survécu au développement de la ville, localisés essentiellement à l'intérieur de l'actuelle 2ème périphérique de Pékin qui délimite la vieille ville. Ces quartiers sont désormais sous programme de protection historique et de réhabilitation et ne peuvent plus être détruits. Les plus connus qui existent encore se trouvent au sud de la porte Qianmen, le quartier historique de Dashilar (大栅栏), ainsi qu'autour du lac Qianhai et dans le quartier de Dongsi. Ils constituent sans aucun doute le riche patrimoine architectural du vieux Pékin.
192
+
193
+ Depuis le début du XXIe siècle, Pékin est sujet à une incroyable croissance de nouvelles constructions, montrant différents styles d'architectes internationaux. Un mélange d'architectures ancienne et moderne est visible à l'Espace 798, qui allie le design des années 1950 et le contemporain.
194
+
195
+ Il existe de nombreux théâtres (comme le Théâtre du Peuple), et le Beijing Concert Hall pour des spectacles musicaux. Le célèbre Opéra de Pékin est composé d'un mélange spécial de différentes formes d'art : le chant, la danse, l'acrobatie, l'expression faciale, et le jeu. L'histoire s'inspire principalement d'évènements historiques ou mythologiques. Cet art ancestral possède des codes bien définis et fixes.
196
+
197
+ En revanche, le théâtre contemporain est en mutation rapide, et propose depuis quelques années des traductions en chinois de pièces de théâtre occidentales et des productions expérimentales de dramaturges locaux.
198
+
199
+ Le théâtre parlé n'est apparu qu'au cours du XXe siècle dans les théâtres chinois. Son origine vient du théâtre d'art populaire de Pékin, qui est né avant la Révolution culturelle, et associe un jeu européen avec un message social clair. En 1968 cette forme d'art a été interdite par Jiang Qing, la troisième épouse de Mao Zedong, après seulement quelques pièces. Le théâtre et la plupart des cinémas ont été fermés pendant environ dix ans.
200
+
201
+ Le diffuseur China National Radio (CNR) a sa propre salle de concerts à l'acoustique excellente. Cette salle est également le studio de radiodiffusion, dans lequel les nombreux concerts sont enregistrés ou retransmis en direct à l'ensemble du pays. Elle abrite un des plus grands orgues de Chine, construit en Allemagne et installé en 1999 par le facteur d'orgue Gebr Oberlinger originaire de Windesheim, en Rhénanie[83].
202
+
203
+ Le grand théâtre national de Chine, conçu par le français Paul Andreu et inauguré en 2008, est en verre et en titane. Ce dôme peut accueillir 5��452 spectateurs en trois salles.
204
+
205
+ Il existe plus d'une centaine de musées à Pékin[84]. Si la Cité interdite abrite le plus grand musée (musée du Palais) de la capitale en regroupant de nombreuses antiquités chinoises dans les différents palais et bâtiments de la cité, il existe d'autres musées pékinois tels que le Musée national de Chine, le Musée de la capitale, le Musée d'art de Pékin, le Musée militaire de la révolution populaire chinoise, le Musée géologique de Chine, le Musée d'histoire naturelle de Pékin, le Musée paléontologique de Chine, le Rose Museum et le Musée de l'imprimerie de Chine.
206
+
207
+ En plus des musées thématiques, Pékin possède plusieurs mémoriaux dédiés à des personnalités. Le plus célèbre d'entre eux est le Mausolée de Mao Zedong sur la Place Tiananmen, d'autres personnalités comme Sun Yat-Sen, Cao Xueqin, etc. ont également le leur. Les touristes peuvent également visiter d'anciennes habitations occupées par des personnalités (le prince Gong, Lu Xun, Qi Baishi, Guo Moruo, etc.)[84]
208
+
209
+ Longue de 8 851,8 km selon les derniers relevés, la Grande Muraille constitue l'ouvrage le plus important en termes de longueur, surface et masse jamais construit par l'homme. Sa construction interrompue puis reprise selon les dynasties s'étale sur près de vingt siècles. Ce système de fortifications, composé de murs et de tours de défenses, était principalement destiné à protéger la Chine historique des envahisseurs, notamment mongols.
210
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211
+ Même si la grande majorité de l'édifice se situe loin de Pékin, il est possible de visiter quelques tronçons de la Grande Muraille qui se trouvent sur le territoire de la municipalité, à quelques dizaines de kilomètres du centre-ville. Des agences organisent chaque jour des voyages en bus vers les sites de Badaling, Mutianyu, Jinshanling ou Simatai. Ces secteurs ont été restaurés afin d'accueillir en toute sécurité les touristes, alors qu'une grande partie de la Grande Muraille n'est pas ouverte au public.
212
+
213
+ La section de Badaling, sans doute la plus connue de toutes, sera desservie par la LGV Pékin - Zhangjiakou à la gare de Badalingchangcheng Railway Station, prévue pour les Jeux Olympiques d'hiver de 2022.
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+
215
+ Construite sous l'ordre de l'empereur Ming Yongle au cours du XVe siècle, la Cité interdite fut la résidence principale des empereurs chinois, jusqu'au début du XXe siècle et la proclamation de la République de Chine. Sa construction dura 14 ans et réquisitionna environ un million d'ouvriers.
216
+
217
+ Sur une superficie de 72 hectares, ce palais possède selon la légende 9 999 pièces, mais 8 704 en réalité. Les différents bâtiments constituaient les bureaux, jardins et résidences de la cour impériale chinoise. La cité peut être divisée en deux parties : le sud, la cour extérieure, était destiné aux cérémonies et fonctions officielles publiques : le nord, la cour intérieure, était réservée aux habitations de l'empereur et de sa cour.
218
+
219
+ De nos jours, une fois rénové, le palais est devenu un musée qui conserve les trésors impériaux de la civilisation chinoise ancienne. La Cité interdite a été inscrite au patrimoine mondial de l'humanité en 1987 par l'UNESCO.
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221
+ Située au sud de la Cité interdite, entre la porte de la Paix Céleste (porte Tian'anmen) et la porte Qianmen, la place Tian'anmen est, avec ses 40 ha, la troisième plus grande place du monde. Au cœur de la ville, elle est entourée de monuments rappelant l'histoire de la Chine : la Cité interdite, la porte Zhengyang donnant accès à la ville impériale, le Palais de l'Assemblée du Peuple, le Monument aux Héros du Peuple, le Mausolée de Mao Zedong et le Musée national de Chine. Elle est le lieu privilégié pour toutes les cérémonies officielles (défilé militaire de la fête nationale, etc.). Un important dispositif de sécurité est mis en place autour de la place où l'accès ne se fait que par des checkpoints. La place est également connu pour les contestations qui ont eu lieu dans le passé : manifestations de la place Tiananmen.
222
+
223
+ Le mausolée de Mao Zedong (毛主席纪念堂 - Máo Zhǔxí Jìniàntáng) est un monument sépulcral où est exposé le corps embaumé du dirigeant chinois Mao Zedong[85], ancien chef du politburo du Parti communiste chinois à partir de 1943 et président du comité central du PCC de 1945 à sa mort le 9 septembre 1976.
224
+
225
+ Bien que le dirigeant chinois ait souhaité lui-même être incinéré, il fut décidé peu après son décès de conserver son corps et de lui construire un tombeau monumental en plein milieu de la place Tian'anmen à l'emplacement de l'ancienne porte de Chine qui datait des dynasties Ming et Qing, et qui constituait l'entrée sud de la Cité impériale avec la ville tartare.
226
+
227
+ Le Temple du Ciel est un complexe religieux datant du XVe siècle. Construit sous le règne de l'empereur Ming Yongle, il est constitué de plusieurs temples entourés d'un vaste parc, dont les plus importants sont le Hall de prières pour de bonnes récoltes, la Demeure du Seigneur du Ciel (entourée par un mur des échos), la Salle de l'abstinence ou l'Autel du ciel.
228
+
229
+ Lieu de religion, le Temple du Ciel était fréquenté par l'empereur (le Fils du Ciel) afin de montrer son respect au Ciel. Les cérémonies de sacrifice y étaient très importantes.
230
+
231
+ Lieu hautement symbolique de la ville de Pékin, le Temple du Ciel a été inscrit par l'UNESCO à la liste du patrimoine mondial en 1998.
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+
233
+ Le Temple Zhenjue date de la dynastie Ming.
234
+
235
+ Situé au Nord-est de la partie centrale de la ville, le Temple de Yonghe est le plus important temple de bouddhisme tibétain à Pékin. Construit à la fin du XVIIIe siècle, le temple est initialement la résidence officielle des eunuques de l'empereur, avant de devenir une lamaserie en 1722. Sauvé de la Révolution culturelle par Zhou Enlai, le temple est ouvert au public depuis 1981, mais reste cependant un monastère toujours en activité et il est possible d'y croiser des moines.
236
+
237
+ Ce temple est le deuxième plus grand temple confucéen de Chine après celui de Qufu. Le temple se trouve sur la rue Guozijian, à proximité de l'Académie impériale (Guozijian). La construction du temple débute en 1302, sous la dynastie Yuan, et les hauts dignitaires du régime viennent y révérer Confucius jusqu'en 1911. Son enceinte a été élargie à deux reprises, sous la dynastie Ming puis sous les Qing, et occupe aujourd'hui une surface de 20 000 mètres carrés. De 1981 à 2005, le temple confucéen de Pékin accueille également une partie de la collection d'œuvres d'art du Musée de la capitale.
238
+
239
+ Les tours de la cloche et du tambour sont deux tours situées au nord du Pékin historique. Ces édifices avaient pour fonction d'annoncer les heures, jusqu'en 1924, lorsque l'empereur de Chine dut quitter la Cité interdite. La tour de la cloche abrite la plus grande et lourde cloche de Chine, qui pouvait être entendue à une distance de 20 km[86].
240
+
241
+ Le palais du prince Gong est une siheyuan traditionnelle constituée de 40 bâtiments et réputée pour son ornementation et son extravagance.
242
+
243
+ Le Pont Marco Polo est situé à 15 kilomètres de la ville de Pékin et enjambe la rivière Yongding. Il tient son nom de l'évocation que Marco Polo en a faite lors de ses voyages en Chine pendant le XIIe siècle. Il fut également le théâtre de l'incident du pont Marco Polo qui a mené à la seconde guerre sino-japonaise. L'architecture de ce pont en arc est particulièrement connue pour sa balustrade composée de 281 piliers surmontés d'autant de lions en pierre.
244
+
245
+ En plus de nombreux temples bouddhistes, la métropole chinoise compte certains édifices religieux chrétiens et musulmans. Héritages de la mission jésuite en Chine, la cathédrale de l'Immaculée Conception, Pé-Tang et l'église Saint-Joseph de Wangfujing sont les monuments catholiques les plus remarquables de Pékin. Quant à la mosquée de Niujie, il s'agit de la plus ancienne (996) et la plus grande (6 000 m2) mosquée de Pékin.
246
+
247
+ Contrairement à l'idée largement répandue qui assimile Pékin à une mégalopole très polluée et bétonnée, Pékin possède de nombreux parcs au cœur de la ville et dans sa périphérie.
248
+
249
+ Situé au nord-ouest de la Cité interdite, le parc Beihai s'étend sur 68 ha, dont 39 sont composés d'étendues d'eau. Construit depuis le Xe siècle, il s'agit d'un des parcs les plus anciens et le mieux entretenu, malgré le pillage des nations occidentales au XVIIIe siècle[87]. Au milieu du lac principal (Mer du nord) se trouve une pagode blanche qui domine le parc.
250
+
251
+ En périphérie de la ville, il est également possible de visiter deux anciennes résidences impériales, qui servaient de refuge à l'empereur pendant les périodes estivales, afin d'échapper aux tumultes et à l'agitation de la capitale. Il s'agit de l'ancien palais d'été et du palais d'été.
252
+
253
+ L'ancien palais d'été était l'ancienne résidence des empereurs de la dynastie Qing. Ces derniers y menaient les affaires d'État, délaissant la Cité interdite pour les cérémonies formelles. Construit et aménagé sous le règne de différents empereurs, le palais était un parc constitué de nombreux bâtiments de style chinois mais aussi européen. Ainsi, sur plus de 3,5 km2 (8 fois la surface du Vatican), les palais réunissaient la plus grande collection d'antiquités chinoises de l'époque. En 1860, les troupes franco-britanniques pillent le palais et brûlent les bâtiments. La destruction du palais a ensuite continué dans l'histoire, notamment durant la Révolution culturelle. Désormais, l'ancien palais d'été représente pour les Chinois le symbole de l'humiliation infligée par les nations occidentales durant les guerres de l'opium et la période colonialiste.
254
+
255
+ Le Palais d'été est construit non loin de l'ancien palais d'été, sous l'impulsion de l'impératrice Cixi à la fin du XIXe siècle, en réponse à la destruction de l'ancien palais. Sur une surface de 2,9 km2, le palais d'été comporte de nombreux palais et temples, qui représentent 70 000 m2 de constructions. Le parc est principalement dominé par la Colline de la Longévité et le Lac de Kunming. Comme autres curiosités, on y trouve notamment un bateau de marbre, une réplique des rues de la ville de Suzhou ou le Long Corridor (728 m) recouvert de plus de 14 000 peintures.
256
+
257
+ Le Parc des Bambous Pourpres est situé dans le district de Haidian, au nord-ouest de Pékin.
258
+
259
+ La cuisine pékinoise compte de nombreuses spécialités, mais Pékin est surtout connue pour trois d'entre elles : le canard laqué de Pékin, la fondue chinoise et les jiaozi. Dans la rue, il est fréquent de trouver des Pingtang hulu (冰糖葫芦), sucreries à base de cenelles enrobées d'un glaçage.
260
+
261
+ Le canard laqué de Pékin est une spécialité servie dans le monde entier. Cependant, la façon de le déguster à Pékin diffère de celle des restaurants chinois à l'étranger. Le canard est laqué puis découpé en petits morceaux. Certains restaurants haut de gamme proposent même la découpe du canard devant le client, selon ses préférences, la peau croustillante étant séparée du reste de la viande. Il est ensuite servi avec des galettes dans lesquelles on roule la viande trempée préalablement dans de la sauce et de l'oignon vert. Le plat peut également être accompagné d'un bouillon préparé à partir de la carcasse de l'animal, et d'autres plats utilisant les abats.
262
+
263
+ La fondue chinoise est un plat qui consiste à faire cuire dans de l'eau bouillante de la viande coupée en fines lamelles, du poisson, des légumes et des pâtes. Le tout est accompagné de sauces diverses. À l'origine, la marmite centrale était chauffée avec des braises de charbon, mais pour des raisons économiques, cette tradition ne perdure plus dans la plupart des restaurants. C'est un dispositif électrique qui joue maintenant ce rôle.
264
+
265
+ Les jiaozi sont les ancêtres des raviolis italiens. À l'étranger, ils sont connus sous le nom de ravioli chinois. La pâte de jiaozi est fabriquée à partir de farine de blé et d'eau. Il existe de nombreuses variantes de la farce (viande, poisson, légumes), mais la recette la plus populaire dans le Nord de la Chine consiste à faire une farce de viande de porc hachée avec de la ciboule chinoise, de l'œuf et des assaisonnements (vin de cuisine, sauce de soja aux champignons). Les jiaozi peuvent être dégustés directement ou accompagnés de vinaigre doux. Selon les régions, il est possible de mélanger au vinaigre de la sauce soja et/ou de la sauce pimentée. Les jiaozi sont traditionnellement bouillis dans de l'eau, mais ils peuvent être frits ou sautés.
266
+
267
+ Découpe du canard laqué de Pékin dans un restaurant
268
+
269
+ Fondue chinoise
270
+
271
+ Jiaozi (avant cuisson)
272
+
273
+ Avec la croissance de la ville due aux réformes économiques, Pékin est devenu l'un des pôles de transports le plus important de la République populaire de Chine, et même de l'est de l'Asie. Autour de la ville, on compte 5 anneaux périphériques, 9 voies rapides, 11 autoroutes nationales, 7 lignes ferroviaires et deux aéroports internationaux.
274
+
275
+ Pékin possède deux grands aéroports internationaux. Les autres aéroports de Pékin sont Nanyuan, Liangxiang, Xijiao, Shahe et Badaling, mais ces aéroports sont principalement destinés à des usages militaires et sont moins connus du public. Nanyuan servait à une seule compagnie commerciale, China United Airlines, qui a fermé ses portes lors de l'inauguration du nouvel aéroport de Daxing.
276
+
277
+ Le principal aéroport de Pékin est l'aéroport international de Pékin-Capitale, situé à environ 20 km au nord-est de la ville. Après les rénovations pour les Jeux olympiques d'été de 2008, l'aéroport comporte trois terminaux, dont le terminal 3, qui est le plus vaste terminal au monde.
278
+
279
+ Soixante-treize millions de voyageurs sont passés par l'aéroport international de Pékin en 2010, ce qui en fait l'aéroport le plus fréquenté de Chine et le second du monde, derrière Atlanta[88]. La plupart des vols intérieurs et les vols internationaux courts partent de l'aéroport international, qui est le hub principal pour Air China. L'aéroport est desservi par une autoroute qui le met à 40 minutes environ du centre de la ville. Pour les Jeux olympiques, une seconde autoroute ainsi qu'une ligne ferroviaire liée au métro ont été mises en service.
280
+
281
+ Le nouvel aéroport international de Pékin-Daxing, inauguré le 25 septembre 2019, est le deuxième aéroport international de Pékin avec le terminal le plus grand au monde en surface. Il remplace l'aéroport de Nanyuan, le premier aéroport chinois.
282
+
283
+ Les compagnies de l'alliance Skyteam ainsi que China United Airlines, seront transférés vers le nouvel aéroport de Daxing. La construction du nouvel aéroport vise à désengorger l'aéroport de Pékin-Capitale et va permettre la desserte de la région Pékin-Tianjin-Hebei (Jing-jin-ji), incluant la nouvelle zone de Xiong'an.
284
+
285
+ Gare de Pékin
286
+
287
+ Gare de Pékin-Ouest
288
+
289
+ Gare de Pékin-Sud
290
+
291
+ Gare de Qinghe
292
+
293
+ Un train Fuxing CR400
294
+
295
+ Pékin est depuis longtemps l'un des plus importants centres ferroviaires en Chine avec de nombreuses gares principales en direction de toute la Chine :
296
+
297
+ Selon le réseau national des chemins de fer, les grandes lignes sont organisées en étoile autour de Pékin. Des lignes ferroviaires partent en direction de toutes les plus grandes villes de Chine.
298
+
299
+ Pékin accueille également des lignes internationales en provenance de Mongolie, Russie, Viêt Nam et Corée du Nord.
300
+
301
+ Plusieurs autres gares urbaines absorbent le trafic régulier de voyageurs : la gare de Pékin-Est, la gare de Fengtai (en expansion pour désengorger Pékin-Ouest), la gare de Xinghuo (futur départ des trains à grande vitesse vers le nord-est, LGV Pékin - Shenyang) et d'autres gares plus petites. Il existe également d'autres gares desservant des zones suburbaines. Les trains de voyageurs en Chine sont numérotés en fonction de leur direction par rapport à Pékin.
302
+
303
+ C'est à Pékin qu'a ouvert la première ligne de métro chinoise, en 1971. Le métro de Pékin ne comptait que deux lignes jusqu'à l'inauguration de la ligne 13 en 2002. Depuis, le métro s'est étendu avec 22 lignes en activité[89]. Il constitue en 2016, un réseau de plus de 550 kilomètres de voies, soit le deuxième réseau en taille du pays, derrière celui de Shanghai[90].
304
+
305
+ Depuis 2015, le prix du ticket varie en fonction de la longueur du trajet. Avant 2015, ce ticket coûtait 2 yuans et permettait un nombre illimité de changements, à l'exception de la ligne express de l'aéroport, qui coûte 25 yuans par voyage. Pékin recense environ 700 lignes de bus et tramways, dont trois routes de transit rapide pour les bus[91]. Il est possible d'utiliser la carte Yikatong dans tous les transports en commun. Cette carte utilise la technologie RFID pour être détectée dans les stations de métro et les arrêts de bus.
306
+
307
+ On peut trouver des taxis enregistrés dans toute la ville, même si de nombreux taxis non officiels existent également. En juin 2008, le prix de la course dans les taxis légaux commençait à 10 yuans pour les 3 premiers kilomètres puis 2 yuans par kilomètre supplémentaire. Après 15 kilomètres, la course est majorée de 50 % sur l'ensemble des kilomètres parcourus. Entre 23 h et 5 h du matin, la course est majorée de 20 %, commençant à 11 yuans et 2,4 yuans le kilomètre supplémentaire. Les courses de plus de 15 km entre 23 h et 5 h sont doublement majorées de 80 % (120 % × 150 % = 180 %). La plupart des taxis sont des modèles Hyundai Elantra, Hyundai Sonata, Peugeot Citroën et Volkswagen Jetta.
308
+
309
+ Si, en 2017, un réseau de stations de vélos en libre service était en place depuis plusieurs années, des nouveaux réseaux de vélos, sans bornes, attachés uniquement par leur propre cadenas, dévérouillables par internet, via un QRcode se sont mis en place. Il est ainsi possible de prendre un vélo dans les nombreuses stations en comportant des ensembles de quelques dizaines à quelques centaines, et de les déposer où l'on désire, sur n'importe quel trottoir. Du fait de leur très grand nombre, cela rend également très aisée la prise d'un vélo à n'importe quel endroit de la ville. On retrouve également les vélos de ces compagnies utilisant ce principe, entre autres à Tianjin et Nanchang. Il y a principalement quatre compagnies à Pékin que l'on distingue par les couleurs des vélos, jaunes, bleus, orange, ou verts.
310
+
311
+ Ce nouveau service correspond à la quatrième exposition internationale de bicyclette et d’extérieur de 2017 et la fête des bicyclettes d’extérieur[92],[93].
312
+
313
+ De nombreuses voies rapides sillonnent Pékin. Une des particularités du réseau routier urbain est la présence de cinq boulevards périphériques concentriques autour du centre ville.
314
+
315
+ Pékin est connecté par des autoroutes à toute la Chine en tant que partie du tronc du réseau routier national. La capitale compte cinq boulevards périphériques concentriques autour du centre ville et 11 autoroutes nationales. Les périphériques ont une forme plutôt rectangulaire que circulaire. Héritage de la Chine ancienne, la plupart des routes à Pékin sont dirigées selon les points cardinaux.
316
+
317
+ Le trafic urbain dans Pékin est dépendant de cinq boulevards périphériques qui entourent successivement la ville et dont le centre est marqué géographiquement par la Cité interdite :
318
+
319
+ Les autoroutes menant au reste de la Chine sont généralement accessibles à partir du troisième boulevard périphérique, formant comme une toile d'araignée.
320
+
321
+ L'un des plus grands soucis de la circulation de Pékin réside dans ses embouteillages, bien que ces dernières années, des systèmes de transport intelligents aient été mis en œuvre dans de nombreux domaines pour tenter d'atténuer le phénomène. La circulation dans le centre ville est souvent engorgée, surtout aux heures de pointe. Même en dehors des heures de pointe, plusieurs routes sont toujours obstruées par le trafic. Les routes de la région urbaine périphérique et les grands axes, particulièrement près de l'avenue Chang'an, sont généralement cités comme des zones de congestion élevée[94].
322
+
323
+ Depuis 2008, la ville met en place des voies de bus qui ne peuvent être empruntées que par des bus.
324
+
325
+ L'avenue de Chang'an (littéralement Rue de la Paix éternelle) traverse le centre de Pékin en passant par la place Tian'anmen. Il s'agit de l'axe principal ouest-est traversant la ville.
326
+
327
+ La ville de Pékin est jumelée ou a signé des accords de partenariat avec de nombreuses villes dans le monde[95] :
328
+
329
+ Wangfujing, une grande rue commerciale
330
+
331
+ Quartier résidentiel dans le district de Chaoyang
332
+
333
+ Restes des anciennes fortifications de Pékin
334
+
335
+ Scène de la vie quotidienne : partie de Xiangqi (Échecs chinois)
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337
+ Hutong restauré
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+ Stade national de Pékin, le Nid
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+ Pékin vu de nuit, sur le quartier de Guomao
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343
+ L'avenue piétonne de Wangfujing
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345
+ Quartier de Guomao
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347
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+ Panoramique de la Cité interdite
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