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+ Le crâne est une structure osseuse ou cartilagineuse de la tête, caractéristique des crâniates (dont font partie les vertébrés). Le rôle principal du crâne est de protéger le système nerveux central qu'il entoure, il sert aussi de points d'attache à des muscles du visage et du cou.
2
+
3
+ Le crâne est composé de deux parties : le neurocrâne (ou boîte crânienne) et le splanchnocrâne (ou viscérocrâne, ou crâne facial). Certaines espèces possèdent aussi un dermocrâne, formé d'os dermiques.
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+
5
+ Le crâne est toujours cartilagineux chez l'embryon mais devient au moins partiellement ossifié chez l'adulte pour toute la lignée des Ostéichtyens (qui inclut l'Homme).
6
+
7
+ Le crâne est composé de deux parties : le neurocrâne (ou boîte crânienne), partie supérieure qui protège le cerveau et les organes sensoriels pairs, et le splanchnocrâne (ou viscérocrâne, ou crâne facial), partie inférieure qui soutient les cavités buccale et pharyngienne[1].
8
+
9
+ Le splanchnocrâne a primitivement une fonction respiratoire mais cette fonction se perd dans la plupart des lignées et le splanchnocrâne entre donc principalement dans la constitution du squelette des mâchoires, du palais, de l’oreille moyenne, de la face, du cou, de la langue, du larynx et du neurocrâne[2].
10
+
11
+ Histologiquement, le crâne des Vertébrés peut passer par différents stades[1] :
12
+
13
+ Le dermatocrâne est un revêtement d'os dermiques (jamais de cartilage) qui recouvre le neurocrâne et le splanchnocrâne. Il constituait le bouclier céphalothoracique chez certains Vertébrés fossiles, les Ostracodermes[2]. Il ne se retrouve actuellement que dans la lignée des Ostéichthyens où il a été secondairement incorporé aux deux formations précédentes tout en conservant une action inductrice sur le développement de certains os dermiques (voûte du crâne, voûte palatine, différentes unités du splanchnocrâne)[2]. Chez les Chondrichtyens, le dermocrâne a régressé, est devenu indifférencié, et n’est représenté que par des écailles placoïdes fixées dans le derme qui recouvrent tout le corps.
14
+
15
+ Neurocrâne et splanchnocrâne sont issus de deux mécanismes embryologiques différents.
16
+ Le neurocrâne est issue du mésenchyme. Ces éléments peuvent se présenter sous deux formes : une cartilagineuse qui forme le crâne cartilagineux ou chondrocrâne; crâne définitif chez les Chondrichtiens, les Myxine et les Lamproie. Chez tous les autres vertébrés cette forme est remplacée par une forme osseuse qui donne l'ostéocrâne.
17
+
18
+ Chez les mammaliens le chondrocrâne se forme à la base du crâne embryonnaire et se compose de trois noyaux cartilagineux: le basi-ethmoïde, le basi-sphénoïde et le basi-occipital.
19
+ Les cartilages paracordaux se développent pour former la plaque basale et d'autres cartilages occipitaux se développent pour former l'arc occipitale (cartilage entourant complètement la corde). Des cartilages vont être associés à la plaque éthmoïde (issu du développement de cartilages trabéculaires): ce sont les capsules olfactifs et les capsules nasales. La moelle épinière se dilate dans le chondrocrâne en passant dans le foramen magnum. L'oreille interne occupera la capsule otique.
20
+
21
+ Le neurocrâne serait la partie la plus ancienne du crâne car c'est la seule qui existe chez les Myxines. Le splanchnocrâne est présent chez les lamproies mais pas le dermocrâne qui semble donc être apparu en dernier.
22
+
23
+ Le neurocrâne évolue grâce à une réduction du nombre d'os et à un allongement dû aux fosses temporales.
24
+ Il existe plusieurs types de neurocrâne :
25
+
26
+ le splanchnocrâne ou squelette viscérale est constitué par des pièces cartilagineuse ou ossifiées. Il forme la mâchoire chez les gnathostomes. Le premier arc du splanchnocrâne est l'arc mandibulaire. Cet arc est composé du cartilage ptérygo-carré (partie supérieure) et du cartilage de Meckle (partie inférieure). Trois pièces de l'arc hyoïde viennent renforcer l'arc mandibulaire:
27
+ - le cartilage hyomandibulaire
28
+ - le cartilage cératobranchiale
29
+ - le cartilage basibranchiale
30
+
31
+ Le cartilage ptérygo-carré donne l'épiptérigoïde et l'os carré (enclume) chez les mammifères. le cartilage de Meckle quant à lui donne l'os articulaire (marteau) chez les mammifères.
32
+ L'hyomandibulaire donne la columelle tympanique chez les tétrapodes non mammaliens et l'étrier chez les mammifères.
33
+ Le cératobranchiale donne les cornes hyoïdiennes chez les tétrapodes non mammaliens et l'apophyse styloïde du temporal et les cornes hyoïdiennes chez les mammaliens. Celui-ci devient de plus en plus long, large, haut et rond. On passe d’une forme de ballon de rugby à celle d’un ballon de football. Cette évolution du crâne est caractérisée par une évolution du cerveau, qui est de plus en plus volumineux[3]. Depuis les premiers hominidés qui se sont mis à marcher, on est passé de 350 cm3 à 1400 cm3 en moyenne aujourd’hui.
34
+
35
+ Les fosses temporales sont des traits anatomiques du crâne des amniotes, caractérisés par des cavités symétriques bilatérales dans l'os temporal.
36
+
37
+ Des hypothèses physiologiques ont associé ces fosses à une augmentation des niveaux métaboliques et/ou à un accroissement de la musculature de la mâchoire. Les premiers amniotes du carbonifère ne possédaient pas de fosses temporales alors que les sauropsides et les synapsides plus avancés en avaient. Au cours des âges géologiques, les fosses temporales des sauropsides et des synapsides se modifièrent et devinrent plus larges. On a d'abord cru que c'était pour permettre l'implantation de muscles des mâchoires plus épais permettant des morsures plus puissantes, mais il semble finalement que ces trous permettaient plutôt de réchauffer ou refroidir plus rapidement le cerveau de l'animal. Ceci a été déduit de l'observation des fosses similaires qui existent sur les crânes d'alligators. D'une part, elles ne servent pas d'attaches aux muscles des mâchoires et d'autre part, quand on les filme sur l'animal vivant à la caméra thermique, on voit qu'elles sont plus chaudes ou froides que le reste de la tête et du crâne[4],[5].
38
+
39
+ Les dinosaures, qui sont des sauropsides, ont de large ouvertures et leurs descendants les oiseaux, ont des fosses temporales qui se sont modifiées. Les mammifères, qui sont des synapsides, ne possèdent plus d'ouverture au niveau du crâne, tellement le caractère anatomique a été modifié. Ils possèdent encore cependant l'orbite temporale (qui ressemble à une ouverture) et les muscles temporaux. Il s'agit d'un trou dans la tête qui est située à l'arrière de l'orbite oculaire derrière l'œil.
40
+
41
+ La présence et la morphologie des fosses temporales est un point critique pour la classification taxonomique des synapsides, dont font partie les mammifères.
42
+
43
+ Les euryapsides (plésiosauriens et des ichtyosauriens) ont une seule grande ouverture sur les côtés de leur crâne, tout comme les synapsides, mais les eurapsides sont en fait des diapsides, dont la fosse temporale inférieure a disparu.
44
+
45
+ Les anapsides (chéloniens) n'en possèdent pas.
46
+
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+ Crâne d'élan
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+ Bufo bufo
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+
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+ Espèce
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+
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+ Statut de conservation UICN
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+
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+ LC  : Préoccupation mineure
8
+
9
+ Bufo bufo, le Crapaud commun, est une espèce d'amphibiens de la famille des Bufonidae[1]. C'est l'espèce de crapauds la plus répandue en Europe.
10
+
11
+ Le Crapaud commun est un anoure de taille moyenne à grande, mesurant de 50 à 90 mm chez le mâle, de 80 à 110 mm, voire plus, chez la femelle, avec des tailles plus grande au Sud qu'au Nord[6]. C'est le plus gros crapaud européen[7]. C'est un animal court sur pattes et trapu.
12
+
13
+ La pupille est horizontale, avec l'iris uniformément rouge cuivré ou orange, légèrement vermiculé de noir (fig. 2).
14
+ Derrière chaque œil, les glandes parotoïdes sont très proéminentes, divergentes, allongées, au moins deux fois plus longues que larges (à la différence de celles du Crapaud calamite beaucoup plus courtes).
15
+
16
+ Sur le dos, sa peau est pustuleuse, c'est-à-dire couverte de saillies formées par des glandes granuleuses, capables de sécréter un venin crémeux, contenant des amines, des peptides et des alcaloïdes[6]. Le venin des glandes parotoïdes et des pustules a pour fonction de protéger les crapauds contre les prédateurs et joue aussi un rôle antiseptique et antibiotique pour un animal qui ne possède pas un système immunitaire aussi performant que celui des mammifères. Ce poison n'est dangereux que pour les carnassiers qui veulent le mordre, sauf les serpents réfractaires au venin.
17
+ Certaines glandes sécrètent un mucus lui permettant de ne pas se dessécher et de préserver ainsi l'humidité et l'élasticité de sa peau.
18
+
19
+ Le crapaud commun est généralement marron, gris jaunâtre ou roussâtre. Sa robe est souvent unie mais elle peut porter quelques taches plus sombres, surtout dans le Sud. La face inférieure est blanc jaunâtre, unie ou tachetée.
20
+
21
+ Le mâle reproducteur a souvent la peau assez lisse, d'un teint vert olive (fg. 3). Il porte des callosités nuptiales brun noir, sur les doigts I, II et III. Il est dépourvu de sac vocal.
22
+
23
+ Le crapaud commun se rencontre jusqu'à 3 000 m d'altitude en Europe et dans l'ouest de l'Asie[1] :
24
+
25
+ Avec l'élévation au rang d'espèce de Bufo spinosus, la distribution du crapaud commun est modifiée, il n'est plus présent dans le Sud de la France, en Espagne, au Portugal, au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
26
+
27
+ En France, cette espèce est présente au Nord d'une ligne Rouen-Alpes maritimes[1] ; au Sud de cette ligne, elle est remplacée par Bufo spinosus. Elle est en général commune et seulement plus rare dans certains secteurs de vallées, de plaines ou de plateaux des Alpes.
28
+
29
+ Le crapaud commun vit à peu près partout en plaine et en forêt notamment dans les milieux humides. Il est présent du niveau de la mer jusqu'à 1 500 m d'altitude environ dans le Jura et les Alpes.
30
+
31
+ Il apprécie les milieux frais et boisés et évite les habitats chauds et secs, comme les cordons dunaires du littoral ou les Causses du Sud de la France qu'il laisse au Crapaud calamite.
32
+
33
+ Il vit sur terre et rejoint l'eau uniquement pendant la brève période de reproduction. Les sites de ponte sont en priorité des plans d'eau permanents de grandes dimensions, souvent riches en poissons, comme lacs, étangs, bras mort de rivières, mares, rivières, bassins de carrière et sablières, marécages, tourbières etc.
34
+ Bon marcheur, on peut le rencontrer très loin des plans d'eau.
35
+
36
+ Le crapaud commun est actif surtout la nuit. Avec ses membres assez courts, il ne se déplace que lentement et plutôt lourdement. Il ne s’appuie que sur ses doigts (c'est un digitigrade, ne prenant pas appui sur sa paume). Inquiété, il peut s'éloigner à petits bonds.
37
+
38
+ Le jour, il se cache dans un trou qu'il creuse au ras du sol ou dans un terrier de rongeur, dans une taupinière ou sous du bois mort ou des pierres. Plusieurs individus peuvent occuper le même terrier.
39
+
40
+ Le crapaud commun se nourrit principalement d'insectes divers et de petits animaux (limaces, vers de terre, chenilles, cloportes, mille-pattes, petits coléoptères, scolopendres, mouches etc.) qu'il attrape avec sa langue collante. Il mastique sa proie en l'écrasant avec le palais car il ne possède pas de dents. Quand il mange ses yeux se ferment et rentrent dans sa tête. Il chasse à l'affût et il lui faut un petit objet en mouvement pour lancer une attaque.
41
+
42
+ La période d'hivernage se déroule habituellement d'octobre-novembre à février-mars, dans un site terrestre situé généralement à moins de 500 m du site de ponte[6]. À l'automne, en effet, il se rapproche de sa mare de reproduction mais attend le printemps pour effectuer le trajet final[7]. Pour hiverner, il se réfugie dans une cavité à l'abri du gel (tunnel d'animal, cave, tas de bois). Durant cette période, il peut effectuer quelques sorties par temps doux.
43
+
44
+ À la fin de l'hiver, les crapauds se regroupent par dizaines voire par centaines autour de points d'eau pour s'accoupler et pondre leurs œufs qui deviendront têtards et se transformeront en petits crapauds en quelques semaines.
45
+
46
+ La période de reproduction débute de décembre à février dans le Sud et le Sud-Ouest, de février à mars dans le reste de la zone et encore plus tard en altitude. L'adulte mue peu avant ce moment[6]. Il se défait de son épiderme hivernal et acquiert une peau dorsale lisse.
47
+
48
+ La migration prénuptiale s'effectue principalement par nuits douces. Les crapauds se déplacent en grand nombre vers un point d'eau. Les mâles arrivent en général les premiers et y restent plusieurs semaines. Ils sont fidèles à leur frayère. Lors du trajet, certains mâles ayant rencontré des femelles, s'agrippent sur leur dos et ne les lâchent plus jusqu'au site de ponte. La femelle, déjà chargée par son gros abdomen plein d'ovocytes, n'a plus alors qu'à avancer avec son partenaire fermement rivé sur le dos et à se frayer un chemin cahin-caha parmi les feuilles et les cailloux.
49
+
50
+ Dans l'eau, la concurrence entre mâles est très forte et les bagarres sont nombreuses. Lorsqu'une femelle arrive dans l'eau, les mâles se jettent sur elle, en poussant de petits cris d'amour plaintifs, pour essayer d'être les premiers à l'agripper sous les aisselles, dans la position dite d'amplexus axillaire (fig. 6). Souvent, on peut voir cinq ou six mâles s'accrocher les uns aux autres pour essayer de déloger celui qui tient la femelle. Celui qui est en meilleure position fait tout pour repousser les rivaux de ses pattes arrière. Mais lorsque la femelle manifeste les symptômes de la ponte, les intrus abandonnent finalement la lutte et laissent le couple réaliser tranquillement ses objectifs.
51
+ Leur instinct de reproduction les mène à s'accrocher à d'autres espèces (grenouilles, poissons, pied agité au bord de l'eau) et à ne lâcher prise parfois que plusieurs jours après.
52
+
53
+ Le chant nuptial est très discret : « cout...couac...cout ». Le mâle produit des cris de contact, dans l'eau ou à terre.
54
+
55
+ Dès que la femelle commence à évacuer ses ovocytes, le mâle l'aide en stimulant l'orifice cloacal de ses orteils et en frappant de petits coups sur ses flancs. La ponte de deux longs cordons d’œufs (un par ovaire) que le mâle arrose au fur et à mesure de son sperme peut durer plusieurs heures. Ces longs cordons d’œufs sont fixés à la végétation aquatique. Une femelle pond habituellement entre 5 000 et 7 000 œufs. Chaque femelle pondrait tous les deux ans.
56
+
57
+ L'éclosion des œufs se fait au bout de deux à trois semaines, suivant la température de l'eau. Le têtard, un être aquatique, possède des branchies et une queue. Il se nourrit de déchets organiques et d'algues. Sa métamorphose en jeune crapaud (imago) terrestre, se fait ensuite en un mois et demi à trois mois, ce qui porte courant juin en général, et début juillet sur les reliefs.
58
+
59
+ À la fin de la reproduction, les adultes entament une migration postnuptiale vers un lieu de séjour estival.
60
+
61
+ La maturité sexuelle est atteinte à l'âge de 3 à 7 ans dans le nord et probablement plus tôt dans le Sud.
62
+ Il vit une dizaine d'années.
63
+
64
+ Comme la plupart des amphibiens, la destruction et l'assèchement des marais ainsi que les pesticides constituent une menace pour l'espèce. Beaucoup de Crapauds communs sont écrasés sur les routes en rejoignant leur zone de reproduction. L'installation de barrières temporaires ou de crapauducs est recommandée pour protéger cet amphibien.
65
+
66
+ C'est juste après la métamorphose et au sortir de l'eau que le Crapaud commun est le plus vulnérable à ses prédateurs, à la déshydratation, aux pesticides et l'écrasement sur les routes.
67
+
68
+ Adulte, il a peu de prédateurs en raison de sa toxicité : la couleuvre à collier, le héron cendré, le hérisson, la loutre et le putois. Ce dernier est capable de creuser jusqu'à un mètre sous la neige pour capturer un crapaud en train d'hiverner. D'instinct, il n'en consommera que la partie postérieure, sans la peau, afin d'éviter les glandes à venin. Une mouche verte parasite, Lucilia bufonivora (Calliphoridae), pond son œuf dans la narine du crapaud où sa larve se développe et dévore sa tête.
69
+
70
+ En France, le Crapaud commun est protégé par l'arrêté du 22 juillet 1993 (article 1), et par la convention de Berne (annexe III). Cette espèce est classée parmi les espèces "à surveiller", dans le livre rouge des vertébrés de France.
71
+
72
+ Période de reproduction, on remarque les œufs en chapelets et un couple accidentel : Grenouille rousse X Crapaud commun.
73
+
74
+ Quelque milliers de têtards (Orne, France).
75
+
76
+ Têtards
77
+
78
+ Juste après la métamorphose, il est alors le plus vulnérable.
79
+
80
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
81
+
82
+ Le venin de crapaud comporte plus d'une centaine de composés bioactifs dont des bufotoxines aux propriétés cardiotoxiques. Les principaux composés actifs sont des bufadiénolides, des stéroïdes cardiotoniques homologues aux cardiénolides présents dans la feuille de digitale. Ils provoquent une libération d'ions K+, avec une hyperkaliémie, responsable de décès par fibrillation ventriculaire.
83
+
84
+ L'ingestion de crapauds par les chiens est responsable de troubles digestifs, nerveux et cardiaques[8]. Pour les petits chiens, la seule prise en gueule de crapauds suffit pour provoquer les premiers signes en moins de 20 min. Les symptômes digestifs sont la salivation, les vomissements et parfois des diarrhées s'il y a eu ingestion. Sur le plan nerveux, les symptômes sont l'ataxie, les tremblements, les convulsions ou au contraire l'abattement et le coma. Les symptômes cardiaques peuvent être une tachycardie associée à une extrasystole ou une bradycardie avec des blocs atrio-ventriculaires[N 1] de grade II. Le pronostic est réservé car la mort peut survenir brutalement dans les deux heures par arrêt cardiaque ou éventuellement à la suite d'un état de choc.
85
+
86
+ Chez l'homme, plusieurs cas d'intoxication graves ont été rapportés par les centres antipoisons des États-Unis et du Canada[9]. Six jeunes hommes en bonne santé ayant ingéré un prétendu aphrodisiaque « Hard rock » ou « Love stone » acheté dans des boutiques chinoises ou spécialisées, ont manifesté très rapidement des signes d'envenimation : nausées, vomissements, douleurs abdominales, bradycardie. L'analyse chimique d'échantillon de « Love stone » a montré que le produit était identique à un médicament traditionnel chinois, le chansu, à base de peaux de crapauds du genre Bufo. Malgré les meilleurs soins de réanimation moderne, quatre sur six de ces patients sont décédés. Les deux patients qui ont pu être réanimés ont reçu des fragments d'immunoglobuline Fab antidigoxine. La digoxine est un glycoside cardiotonique présent dans les feuilles de digitale. Les composants les plus toxiques du venin de crapauds sont des stéroïdes à la structure similaire à celle de la digoxine. Un niveau positif de digoxine a été trouvé chez ces patients.
87
+
88
+ Des cas d'intoxication par le venin de Bufo gargarizans dont deux fatals, ont été rapportés à Taïwan. Des réactions d'intoxications sévères ou des décès sont arrivés après la prise en bouche de crapauds et après l'ingestion d'un crapaud en entier, d'une soupe de crapauds, ou d’œufs de crapauds[9]. La grande presse anglo-saxonne a rapporté dans les années 1988-1992, que certains individus léchaient la peau de crapauds ou en fumaient la peau séchée. Les sécrétions de peau contiennent de la bufoténine, un alcaloïde aux propriétés hallucinogènes. Mais celle-ci n'est active qu'injectée et pas par voie orale[10]. Par contre, l'absorption concomitante de bufotoxine a été responsable d'accidents graves[11]. Encore récemment, le cas d'une mort subite d'un jeune de 24 ans après une injection intraveineuse d'extrait de crapaud a été rapporté en Australie[12]. Ce que le jeune croyait être de l'ecstasy (MDMA) n'était d'après les analyses que du venin de crapauds, additionné de paracétamol, promethazine et diclofenac, provenant probablement de chansu frelaté, comme c'est souvent avec la drogue des rues.
89
+
90
+ La médecine traditionnelle chinoise (MTC) utilise depuis des siècles une préparation à base de sécrétions de peau de crapauds géants, comportant le Bufo bufo gargarizans Cantor et Bufo melanostictus Schneider, pour traiter le mal de gorge, les inflammations, les douleurs, les accidents cardiaques, les problèmes de peau et le cancer[13]. Cette préparation faite à partir du venin séché de Bufonidés, est connue sous le nom de chansu, 蟾酥, « Bufonis Venenum ».
91
+ Le chansu est une matière médicale première entrant dans de nombreuses formules compliquées de MTC comme les pilules Liushen, Shexiang Baoxin. Les composants bioactifs sont des bufadiènolides (hexadiènolactone (pyran-2-one) en C17).
92
+ Ce sont des stéroïdes classés comme cardiotoniques (stimulateurs cardiaques). La bufaline est un des bufadiènolides les plus importants dont les activités pharmacologiques antitumorales, apoptiques ont été établies. Autres composants : la bufotaline (un cardio-tonique, antihémorragique, ocytocique et cortico-surrénalotonique[14]), bufoténine (alcaloïde indolique, dérivé de la sérotonine, aux propriétés hallucinogènes), bufonine, arénobufagine, resibufogénine.
93
+
94
+ Ce taxon admet de nombreux synonymes[1] :
95
+
96
+ La sous-espèce Bufo bufo spinosus a été élevée au rang d'espèce[15],[16].
97
+
98
+ Dans la symbolique chrétienne, le crapaud symbolise la luxure. On trouve sur les corniches, façades et tympans des églises romanes des sculptures qui vilipendent avec force la luxure et les plaisirs de la chair. Péché inséparable de la femme, la luxure est représentée sous forme d'une femme nue avec deux grands serpents s'abreuvant à sa poitrine et un crapaud (ou une salamandre) accrochée à son sexe (Abbatiale Saint-Pierre de Beaulieu-sur-Dordogne, Corrèze). Le vice est évoqué sur le chapiteau de la porte de l’Église Saint-Léger-de-Montbrillais (Vienne) par une femme allaitant deux crapauds[17].
99
+
100
+ Pour les moralistes médiévaux, le crapaud le plus enflé des "reptiles", figurait aussi l'orgueil et en enfer, les gloutons sont «��repus de crapauds et autres bêtes venimeuses »[18]. Créature mortifère, le crapaud incarne Satan. La Bulle contre les sorcières Vox in Rama (1233) du Pape Grégoire IX indique que le crapaud était une des formes prise par le diable aux réunions de certains hérétiques allemands. Cette association du crapaud au Diable sera reprise trois siècles plus tard par les juges ecclésiastiques cherchant à diaboliser les sorcières.
101
+
102
+ Aux XVIe et XVIIe siècles, le crapaud deviendra la bête de la sorcellerie par excellence. Au cours des agapes sabbatiques, des crapauds sont écorchés et consommés en fricassée par les sorcières. Dès 1562, une sorcière de la ville de Seix, en Ariège, fut accusée entretenir chez elle un crapaud familier dont l'urine lui servait à fabriquer du poison[18].
103
+
104
+ Des textes de cette époque donnent les procédures d'extraction du venin du crapaud.
105
+ Pierre de Lancre (1553-1631) est le juge démonologue qui, en 1609, « purifia » le Pays basque de ses sorcières, affirme que le crapaud participe au sabbat. Lors de ces cérémonies démoniaques, la bête vêtue de velours rouge et ornée de clochettes, reçoit le baptême puis on asperge l'assemblée de son urine en simulacre de bénédiction. Pierre de Lancre indique dans ce poème[19] comment procédaient les sorcières :
106
+
107
+ En tant qu'incarnation du diable, le crapaud concentre certains pouvoirs de Satan "prince de l'air". Il entrait à ce titre dans la composition des onguents dont les sorcières usaient pour s'envoler.Dans un procès en sorcellerie, à propos des onguents il est précisé que « l'accusée disait qu'elle avait un crapaud et qu'elles le fouettaient avec de la bruyère, prenaient ce qu'elles lui faisaient rejeter, s'en enduisaient et allaient ainsi où elles voulaient »[18].
108
+
109
+ Au XVIIIe siècle, les crapauds, après avoir été baptisés du nom de Jésus-Christ au cours d'une messe noire, étaient ensuite crucifiés la tête en bas[20].
110
+
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+ Taxons concernés
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+ notamment :
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+ Le mot crapaud est un nom vernaculaire ambigu qui est donné en français à plus de 500 différentes espèces d'amphibiens anoures, les Bufonidae et notamment parmi eux, les représentants du genre Bufo, genre le mieux représenté sur la planète avec plus de 250 espèces.
8
+
9
+ Comme d'autres amphibiens (dendrobates par exemple), les crapauds produisent, parfois déjà à l'état de têtard, des venins contenant des agents toxiques et parfois aussi hallucinogènes, qui les protègent de nombreux prédateurs. De plus leur peau est plus épaisse et résistante à la déshydratation et aux blessures.
10
+
11
+ Les crapauds descendraient d'un ancêtre commun sud-américain qui vivait il y a plus de 10 millions d'années. Mais ils ont depuis lentement colonisé presque tous les continents[1]. Ils sont absents ou récemment introduits par l'homme à Madagascar, en Australie, dans les petites îles isolées et dans quelques grandes îles du Pacifique.
12
+
13
+ Quelques espèces ont été introduites en Australie (vers 1935) et dans certaines îles, pour chasser des insectes parasites, dans la canne à sucre notamment, mais ils sont alors souvent devenus invasifs, sans jouer le rôle qu'on attendait. En particulier le Bufo marinus pose de sérieux problèmes en Australie[1].
14
+
15
+ Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[2] en français.
16
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide.
17
+
18
+ Un Crapaud commun (Bufo bufo)
19
+
20
+ Un Crapaud boréal (Anaxyrus boreas)
21
+
22
+ Un Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans)
23
+
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+ Crapaud calamite (Bufo calamita)
25
+
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+ Un crapaud buffle (Rhinella marina)
27
+
28
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
29
+
30
+ Les caractéristiques générales des crapauds sont celles des Anoures (Anura), avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur comportement ou leur physiologie respective.
31
+
32
+ Comme tous les anoures, les crapauds sont des animaux dits à sang froid (poïkilothermes).
33
+
34
+ Ils sont anamniotes, c'est-à-dire que l'embryon ne possède pas d'amnios. La fécondation est externe (à l'extérieur des voies génitales), dans l'eau le plus souvent (certaines espèces mouillent régulièrement leurs chapelets d'œufs dans le cas du crapaud Alyte accoucheur). Leur développement post-embryonnaire comporte généralement une métamorphose.
35
+
36
+ Les espèces qui prennent soin de leur progéniture (crapaud accoucheur) pondent peu d'œufs ; d'autres espèces peuvent pondre jusqu'à 45 000 œufs[1], dont un faible pourcentage survivra.
37
+
38
+ Le début de leur vie se passe dans l'eau, puis l'adulte, sauf au moment de la reproduction, vit plutôt sur la terre, généralement en forêt ou dans des zones hygrométriques élevées, mais il existe quelques espèces de milieux relativement arides.
39
+
40
+ Les crapauds sont depuis longtemps considérés comme utiles (« auxiliaires de l'agriculture ») dans l'agriculture et le jardinage, car ils consomment, dans la strate herbacée, une grande quantité de nuisibles, insectes et limaces, notamment.
41
+
42
+ Ils sont cependant victimes de nombreux pesticides insecticides, directement ou indirectement (par la disparition de leurs proies naturelles). (voir infra)
43
+
44
+ Comme la plupart des autres amphibiens (hormis pour quelques espèces invasives comme le crapaud buffle), les crapauds semblent en voie de régression sur toute la planète, pour des raisons mal comprises et sans doute multifactorielles, qui pourraient associer :
45
+
46
+ Tous les crapauds (au sens large du terme) sont des espèces menacées et protégées dans de nombreux pays (hormis quelques espèces introduites devenues invasives).
47
+
48
+ Les batraciens désignés par des termes correspondant à celui de crapaud en français sont au centre d'une abondante symbolique un peu partout dans le monde.
49
+
50
+ En Europe puis en Occident ;
51
+
52
+ Au Moyen-Orient ;
53
+
54
+ Dans les Amériques ;
55
+
56
+ En Asie ;
57
+
58
+ En Afrique ;
59
+
60
+ Des pluies de crapauds sont parfois évoquées.
61
+
62
+ Les crapauds (comme probablement d'autres espèces) semblent pressentir les séismes par certains signes discrets.
63
+
64
+ On a vu en Indonésie que de nombreux animaux avaient quitté le littoral quand la vague du tsunami s'y est jetée. La capacité des crapauds à détecter un tremblement de terre avant les hommes a été confirmée quelques jours avant le séisme de l’Aquila en 2009 par des chercheurs de l’Open University et une étude de Rachel Grant du London Institute of Zoology ;
65
+ - 5 jours avant le séisme, 96 % des mâles avaient quitté la mare où ils étaient observés, or cette mare était située à 74 kilomètres de l’épicentre. Le séisme se préparait au moment de la reproduction des crapauds. Ces derniers ont néanmoins alors provisoirement perdu tout instinct de reproduction et d'amplexus ; ils ont quitté leur mare pour aller s'abriter en forêt.
66
+ - 3 jours avant le séisme, tous les couples en amplexus avaient abandonné la reproduction (aucune fécondation n’a été observée cette année-là avant la fin des dernières répliques[10]).
67
+
68
+ Ce n'est donc peut-être pas par hasard que ce soit dans la gueule de 12 petits crapauds de bronze que les 12 dragons sculptés entourant les « vases - sismographes » de bronze chinois (dits Houfeng Didong Yi, inventés par Chang Heng) laissaient tomber la bille (autrement en équilibre précaire) qui annonçait le tremblement de terre et la direction de son épicentre[11].
69
+
70
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/138.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,166 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+ Taxons concernés
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+
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+ modifier
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+
7
+ Les algues /alg/ sont des organismes vivants capables de photosynthèse oxygénique dont le cycle de vie se déroule généralement en milieu aquatique. Elles constituent une part très importante de la biodiversité et la base principale des chaînes alimentaires des eaux douces, saumâtres et marines. Diverses espèces sont utilisées pour l'alimentation humaine, l'agriculture ou l'industrie.
8
+
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+ Les algues ne constituent pas un groupe évolutif unique, mais rassemblent toute une série d'organismes pouvant appartenir à des groupes phylogénétiques très différents[1]. De fait, les algues ont souvent été définies par défaut, par simple opposition aux végétaux terrestres ou aquatiques pluricellulaires.
10
+
11
+ L'étude des algues s'appelle la phycologie. Le terme d'algologie est parfois utilisé, mais il désigne également la branche de la médecine qui traite de la douleur[2].
12
+
13
+ De nombreuses estimations ont fait varier le nombre d’espèces d’algues de 30 000 à plus d'un million. Malgré les incertitudes quant aux organismes qui devraient être considérés comme des algues, un inventaire établi en 2012, d'après la base de données AlgaeBase (qui inclut 15 phyla et 64 classes mais ne prend pas en compte les quelque 200 000 espèces de diatomées, micro-algues siliceuses), recense 72 500 espèces d’algues différentes[3].
14
+
15
+ Dans l'acception la plus large du terme, les algues rassemblent :
16
+
17
+ La morphologie est donc très diversifiée : de nombreuses espèces sont unicellulaires, éventuellement mobiles, d'autres forment des filaments cellulaires ou des lames simples, d'autres développent des architectures complexes et différenciées, par apposition cellulaire ou par enchevêtrement de filaments tubulaires. Les algues ne possèdent cependant pas de tissus nettement individualisés, comme on peut en trouver parmi les végétaux terrestres vasculaires. Les couleurs des algues, qui peuvent être très variées (verte, jaune, rouge, brune...) ont servi, dans le sillage de Lamouroux à désigner les différents « groupes » taxinomiques d'algues.
18
+
19
+ Bien que pouvant appartenir à des groupes non apparentés, les algues peuvent constituer des groupes écologiques pertinents : les macro-algues marines, le phytoplancton, etc.
20
+
21
+ Certaines algues contribuent à des formes symbiotiques stabilisées très répandues dans la nature, telles que les lichens et les coraux zooxanthellés, mais certaines espèces peuvent aussi être impliquées dans des formes de symbioses plus rares ou plus insolites, par exemple avec certaines éponges d'eau douce comme Spongilla lacustris, avec des mollusques nudibranches comme Phyllodesmium longicirrum et même, cas unique connu chez les Vertébrés, avec la salamandre maculée Ambystoma maculatum.
22
+
23
+ Il existe quelques cas d'algues parasites[réf. nécessaire].
24
+
25
+ Tous les végétaux aquatiques ne sont cependant pas des algues. Plusieurs groupes de plantes terrestres se sont adaptés à une existence immergée en eau douce (des mousses, les fougères Hydropteridales, diverses Spermaphytes dont les Potamogetonacées, les Hydrocharitacées, les Utriculaires, etc.).
26
+ Quelques familles de plantes à fleurs vivent même exclusivement ou partiellement dans la mer (Zostéracées, Posidoniacées, Cymodoceaceae, certaines Hydrocharitaceae, Ruppiaceae et Zannichelliaceae).
27
+
28
+ À l'inverse, de nombreuses algues unicellulaires ont conquis des habitats terrestres très diversifiés, pourvu qu'ils soient au moins un peu humides.
29
+
30
+ Ainsi, Chlamydomonas nivalis vit dans les glaciers. Des algues verdissent de nombreuses écorces d'arbres. L'algue Klebsormidium est fréquemment trouvée sur les façades d'Europe ainsi que d'autres espèces selon Ortega-Calvo et al.(1991)[4] ; Rindi et Guiry (2004)[5] ; Barberousse (2006)[6] et Rindi (2004)[7],[8], dont Trentepohlia, Trebouxia, Prasiola et Chlorella ou encore une espèce du genre Trentepohlia est responsable des traînées rougeâtres sur le ciment de poteaux électriques, de murs ou sur le crépi de mortier appliqué sur certaines façades de bâtiments, par exemple assez fréquemment dans l'ouest de la France. Des murs peuvent être teintés de jaune-orangé, brun ou bordeaux en raison de la présence de caroténoïdes et de produits de dégradation de la chlorophylle (les phycobiliprotéines) issus d’algues, de cyanobactéries et de microchampignons. La colonisation de crépis par des bactéries chemo-organotrophiques et/ou les produits de dégradation des cyanobactéries et des algues enrichies en fer provoque une coloration rouge et rose des façades selon Warscheid et Braams (2000)[9], cités par Estelle Dalod dans sa thèse sur l'influence de la composition chimique de mortiers sur leur biodétérioration par les algues[10].
31
+
32
+ Algues vertes (et mousses) sur vieux mur humide
33
+
34
+ Algues rouges sur mur (Bretagne)
35
+
36
+ trainées rouges
37
+
38
+ Algues rouges sur mur
39
+
40
+ Traditionnellement, on classait les Cyanobactéries parmi les algues, référencées comme cyanophytes ou algues bleu-vert, bien que certains traités les en aient exclues. Elles apparaissent déjà dans des fossiles du Précambrien, datant d'environ 3,8 milliards d'années. Elles auraient joué un grand rôle dans la production de l'oxygène de l'atmosphère. Leurs cellules ont une structure procaryote typique des bactéries. La photosynthèse se produit directement dans le cytoplasme. Lorsqu'elles sont en symbiose avec un champignon, elles forment un lichen.
41
+
42
+ Elles sont à l'origine des chloroplastes des cellules eucaryotes, et ont ainsi permis aux végétaux de réaliser la photosynthèse, à la suite d'une endosymbiose.
43
+
44
+ Toutes les autres algues sont eucaryotes. Chez-elles, la photosynthèse se produit dans des structures particulières, entourées d'une membrane, qu'on appelle chloroplastes. Ces structures contiennent de l'ADN et sont similaires aux cyanobactéries validant l'hypothèse de l'endosymbiose.
45
+
46
+ Trois groupes de végétaux ont des chloroplastes « primaires » :
47
+
48
+ Dans ces groupes, le chloroplaste est entouré par 2 membranes. Ceux des algues rouges ont plus ou moins la pigmentation typique des cyanobactéries, alors que la couleur verte, et celle des plantes supérieures, est due à la chlorophylle a et b. L'analyse biochimique des membranes permet raisonnablement de soutenir l'hypothèse que ces groupes ont un ancêtre commun, c'est-à-dire que l'existence des chloroplastes serait la conséquence d'un seul événement endosymbiotique[1].
49
+
50
+ Deux autres groupes, les Euglénophytes et les Chlorarachniophytes, ont des chloroplastes verts contenant de la chlorophylle a et b. Ces chloroplastes sont entourés, respectivement, de trois ou quatre membranes et furent probablement acquis de l'incorporation d'une algue verte. Ceux des Chlorarachniophytes contiennent un petit nucléomorphe, reste du noyau de la cellule. On suppose que les chloroplastes des Euglénophytes ont seulement 3 membranes parce qu'ils furent acquis par myzocytose plutôt que par phagocytose.
51
+
52
+ Les autres algues ont toutes des chloroplastes contenant des chlorophylles a et c. Ce dernier type de chlorophylle n'est pas connu du moindre procaryote ou chloroplaste primaire, mais des similarités génétiques suggèrent une relation avec l'algue rouge. Ces groupes comprennent :
53
+
54
+ Dans les trois premiers de ces groupes (Chromista), le chloroplaste a 4 membranes retenant un nucléomorphe chez les Cryptophytes, et on suppose maintenant qu'ils ont en commun un ancêtre coloré. Le chloroplaste des Dinoflagellés typiques a 3 membranes, mais il y a une diversité considérable dans les chloroplastes de ce groupe, quelques membres ayant acquis leurs plastes par d'autres sources. Les Apicomplexa, un groupe de parasites étroitement apparentés, ont aussi des plastes dégénérés appelés apicoplastes, différents toutefois des véritables chloroplastes, qui semblent avoir une origine commune avec ceux des dinoflagellés.
55
+
56
+ Quelques genres, classés selon Catalogue Of Life :
57
+
58
+ Prokaryota
59
+ Règne Bacteria
60
+
61
+ Eukaryota
62
+ Règne Chromista
63
+
64
+ Règne Plantae
65
+
66
+ Règne Protozoa
67
+
68
+ Un des projets collaboratifs de Tela botanica porte sur la création d'une base de données Algues[11] pour les algues (macro-algues et micro-algues marines, saumâtres, dulçaquicoles et terrestres) de France métropolitaine, et éventuellement ensuite des territoires d'outre-mer.
69
+
70
+ La plupart des algues les plus simples sont unicellulaires flagellés ou amoeboïdes, mais des formes coloniales et non-mobiles se sont développées indépendamment dans plusieurs de ces groupes. Les niveaux d'organisation les plus courants, dont plusieurs peuvent intervenir dans le cycle de vie d'une espèce, sont les suivants :
71
+
72
+ Des niveaux plus élevés d'organisation ont même été atteints, menant à des organismes avec des différenciations complètes des tissus. Ce sont les algues brunes qui peuvent atteindre 70 m de long (varech) ; les algues rouges et les algues vertes. Les formes les plus complexes se trouvent chez les algues vertes (voir Charales), dans une lignée qui a conduit aux plantes supérieures. Le point où ces dernières commencent et où les algues s'arrêtent est marqué habituellement par la présence d'organes reproductifs munis de couches de cellules protectrices, une caractéristique qu'on ne trouve pas dans les autres groupes d'algues.
73
+
74
+ Les algues constituent, avec les bactéries et le zooplancton, une part essentielle importante de l'écologie aquatique et de l'environnement marin notamment. Elles ont adopté des modes de vie très divers, certaines vivant même hors de l'eau. Grâce à des spores résistantes, nombre d'entre elles ont une capacité exceptionnelle de résistance. Le vent, les embruns et les oiseaux migrateurs[12] contribuent à leur dispersion.
75
+
76
+ Les algues jouent un rôle fondamental dans le cycle du carbone[13]. En effet, elles fixent le carbone atmosphérique via la photosynthèse et contribuent ainsi à limiter l'effet de serre.
77
+
78
+ Bien qu'elles soient toutes pourvues de chlorophylle, elles peuvent être autonomes (autotrophes ou saprophytes), parasites, ou vivre en symbiose.
79
+
80
+ Les macro-algues croissent surtout dans les eaux peu profondes et procurent des habitats différents. Les micro-algues, qui composent le phytoplancton, sont à la base de la chaîne alimentaire marine. Le phytoplancton peut être présent en forte densité là où les nutriments sont abondants, par exemple dans les zones de remontée d'eau ou eutrophisées. Elles peuvent alors former des efflorescences, et changer la couleur de l'eau.
81
+
82
+ Les marées vertes qui peuvent couvrir certaines plages d'un matelas nauséabond de quelques décimètres d'épaisseur et de quelques mètres voire dizaines de mètres de large, sont dues à la prolifération d'algues vertes, essentiellement Ulva lactuca, dans un milieu enrichi en nitrates par le ruissellement dans les zones d'agriculture intensive ou par un traitement insuffisant des eaux usées de zones urbaines.
83
+
84
+ La consommation animale de populations algales est le fait de filtreurs (micro-algues, spores d'algues), de brouteurs d'algues (animaux marins qui raclent ou sucent, à l'aide de leur radula, les algues microscopiques, les jeunes germinations des macro-algues) ou de patureurs (animaux broutant des morceaux de macro-algues, principalement les poissons phytophages). La pression animale sur ces populations provient essentiellement des animaux de la zone de balancement des marées qui ont également une répartition étagée : Mollusques Gastéropodes (Littorines, aplysies, Gibbules, Troques, Pourpres, Patelles) et des Crustacés Cirripèdes représentés par plusieurs espèces de Balanes[14].
85
+
86
+ Les algues offrent des supports à l'épifaune fixée (ascidies, vers polychètes), abritent une macrofaune vagile (crabes, oursins) et une microfaune importantes servant de nourriture à différents prédateurs (poissons, crustacés)[15].
87
+
88
+ Le plus ancien document attestant de l'usage médicinal des algues remonte en Chine avec le Shennong bencao jing, ouvrage traitant des drogues végétales, animales et minérales et dont la paternité a été attribuée à un empereur mythique Shennong vivant aux environs de 2800 av. J.-C. Un chapitre entier de ce livre traite des algues et recommande notamment l'usage d'algues brunes riches en iode (Laminaria digitata, Laminaria saccharina, Fucus vesiculosus, Sargassum) dans le traitement du goitre, réalisant une iodothérapie avant la lettre[16]. L'auteur chinois Sze Teu écrit en 600 av. J.-C. « certaines algues sont les seuls mets dignes de la table d'un roi » mais la civilisation gréco-romaine se montre moins enthousiaste pour les végétaux marins (la seule exception étant les matrones romaines qui destinent le Fucus à des usages cosmétiques. Ainsi Virgile écrit dans l’Énéide « nihil vilior alga » (rien de plus vil que les algues)[17].
89
+
90
+ L'exploitation des goémons comme engrais remonte au moins au haut Moyen Âge en France. L'exploitation du varech devient industrielle à partir du XVIe siècle[18].
91
+
92
+ Légume méprisé car situé en bas de la chaîne des êtres d'Aristote, l'algue est parfois consommée par les population littorales pour faire face aux difficultés et aux menaces de disettes, cette consommation étant supplantée par celle de la pomme de terre dont la culture s'étend en Europe pendant toute la première moitié du XVIIIe siècle et contribue à mettre fin aux famines endémiques[19].
93
+
94
+ Les décennies 1990 et 2000 voient les algues être stigmatisées : les plages doivent en être débarrassées pour les touristes qui veulent des plages « propres » et les marées vertes produisent un effet désastreux sur l'opinion publique ; mais leur retour en grâce est amorcé avec la valorisation de nombreux produits à base d'algues pour l'industrie cosmétique, l'alimentation, la médecine, la thalassothérapie, etc.[20]
95
+
96
+ Une cinquantaine d'espèces d'algues comestibles sauvages ou cultivées[21] sont utilisées pour l'alimentation humaine, soit directement, soit sous forme de compléments alimentaires, soit sous forme d'additifs :
97
+
98
+ Les algues sont aussi une source d'oligo-éléments, notamment de magnésium et d'iode, qui font souvent défaut à l'alimentation dans les pays industrialisés (ceux qui consomment peu de poisson notamment, et qui consomment du sel raffiné dépouillé de son iode naturel). Elles renferment également des polyphénols antioxydants appelés phlorotanins.
99
+
100
+ Il faut éviter la consommation d'algues qui vivent dans l'eau polluée, car certains polluants sont absorbés par ces végétaux. C'est le cas par exemple avec les rejets d'eau radioactive près des centrales nucléaires côtières, des centres de retraitement de déchets radioactifs (Windscale en Grande-Bretagne, usine de la Hague en France par exemple) ou des lieux d'expérimentation de bombes atomiques (l'atoll de Moruroa en Polynésie française par exemple) : les teneurs en radionucléides peuvent alors rendre ces algues dangereuses pour la santé.
101
+
102
+ On note l'utilisation ancienne du goémon dans la fabrication de farines et tourteaux incorporés aux aliments composés, pour volailles notamment.
103
+
104
+ Le goémon, ou varech, est récolté sur les côtes, notamment en Bretagne depuis très longtemps pour en faire de l'engrais. Autrefois, il servait aussi à produire de la soude et de la potasse. Il existe plusieurs façons d'utiliser les algues comme engrais naturels pour l'usage agricole ou de jardinage.
105
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106
+ Deux usages sont préconisés : l'alternance des types de fumure 1 an sur 2 (algue-fumier animal) ; et une utilisation modérée 2 à 3 kg/m2 ou 20 tonnes par hectare. Lors du ramassage, il faut prendre en compte le sable associé aux dépôts d'algue d'estran, il peut représenter 25 à 30 % du poids total, et selon la nature du sol à amender, il est susceptible de fragiliser la structure de rétention aqueuse des sols initiaux ou au contraire alléger des sols un peu lourd.
107
+
108
+ Le maërl, ou Phymatolithon calcareum (Lithothamnium calcareum), une algue rouge calcifiée, était utilisé pour l'amendement des sols acides. Les fonds à maërl sont maintenant protégés.
109
+
110
+ Certaines entreprise comme Goëmar font des recherches sur les algues utilisées comme auxiliaire de culture grâce à leurs propriétés de biostimulant (stimulation de la défense des plantes et augmentation de leur capacité d'absorption de nutriments)[23].
111
+
112
+ Certaines substances tirées des algues, notamment l'algine, déjà citée, sont utilisées comme gélifiants, épaississants, émulsifiants, dans de nombreuses industries : pharmacie, cosmétiques, matières plastiques, peintures…
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+ L'agar-agar sert de base pour la fabrication des milieux de culture bactériologique.
115
+
116
+ Phymatolithon calcareum (Lithothamnium) fournit un calcaire poreux utilisé pour la filtration de l'eau.
117
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118
+ La capacité des algues à filtrer l'eau en concentrant ses constituants est également utilisable dans des stations d'épuration des eaux usées (villes) ou des eaux sortant d'installations industrielles (industrie chimique notamment). Il reste à choisir ce qu'il est fait de ces algues devenues des déchets, en général toxiques.
119
+
120
+ Il est également possible de fabriquer du plastique biodégradable à partir d'algues, sans faire appel au pétrole. C'est ce qu'a réalisé un ingénieur breton, Rémy Lucas, qui a créé l'entreprise Algopack en 2010[24],[25].
121
+
122
+ C'est probablement à partir d'algues que les biocarburants pourront être produits avec le meilleur rendement[26],[27] rendant ainsi envisageable une production en quantité significative sans déforestation massive. Des cultures d'algues unicellulaires à forte teneur en lipides (50 % à 80 % en masse) et à temps de doublement rapide (de l'ordre de 24 h) permettent en effet une production de biodiesel moins polluante et incomparablement plus efficace que l'agriculture intensive de végétaux terrestres : les superficies nécessaires sont 30 fois moindres.
123
+ Plusieurs techniques de production sont étudiées :
124
+
125
+ Les lipides extraits de cette biomasse peuvent être utilisés soit directement comme huile végétale pour alimenter les moteurs diesel - à 100 % pour ceux qui le tolèrent : tracteurs, moteurs de bateaux, moteurs de camions et voitures de modèles des années 1990 ; ou en mélange à du gazole, jusqu'à 50 % sans modification, pour les moteurs récents, plus sensibles-, soit soumis à une transesterification pour produire du biodiesel. Les résidus peuvent encore être valorisés, par exemple par une fermentation produisant du bioéthanol.
126
+
127
+ Une limite de cette filière est la nécessité d'alimenter les cultures d'algues en fortes concentrations de CO2. Tant que ce CO2 sera issu de l'exploitation d'une énergie fossile, on ne pourra pas considérer cette source de biocarburant comme une énergie renouvelable.
128
+
129
+ La microalgue euglena est un exemple tangible de biocarburant à base d'algue. En effet, en 2015, la société japonaise Euglena (entreprise) fournit quotidiennement un bus en biocarburant, composé à hauteur de 1% d'euglena[29]. La société a aussi pour ambition de développer du biocarburant pour avion, et a annoncé vouloir l’utiliser à l’occasion des Jeux Olympiques d'été de 2020, mais aucun avion n’a pour le moment volé avec du biocarburant produit par la société[30],[31].
130
+
131
+ Les macro-algues marines constituent une source de recherche non négligeable pour les molécules antifouling[32]. En effet ces organismes sont sujet au biofouling avec l’adhésion de multiples organismes tels que des bactéries, des micro-algues, d’autres macro-algues ou encore divers mollusques. Il y a par exemple entre 102 et 107 cellules.cm-2 de bactéries épiphytes selon les espèces de macro-algues[33]. Le développement de biofouling peut avoir des effets délétères pour l’algue. En effet, le recouvrement de leur surface d’échange par les organismes invasifs peut limiter l’accès aux nutriments[34] mais aussi à la lumière, empêchant la photosynthèse. Les microorganismes adhérés peuvent également être pathogènes pour l’algue et nuire à son développement[35]. Pour contrer le biofouling, la macro-algue développe donc des moyens de défense chimiques et physiques. Par exemple, l’algue peut endiguer l’invasion d’organismes en générant des dérivés réactifs de l’oxygène (ROS)[2], mais aussi en sécrétant des métabolites secondaires biocides ou répulsifs (molécules anti-quorum sensing[36]). Certaines macro-algues présentent également une topographie particulière de surface[37], recouverte d’une couche mucilagineuse inhospitalière limitant la fixation d’organismes.
132
+
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+ Les revêtements antifouling éco-responsables peuvent donc s’inspirer des algues pour inhiber l’adhésion des organismes sur une surface, à la fois en imitant leur topographie de surface, mais aussi en y greffant des molécules d’algues à visée antifouling. Quelques exemples de molécules et leur spectre d’action sont présentés dans le tableau ci-dessous.
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+ Les principales familles de molécules anti-inflammatoires présentes chez les macro-algues sont les polysaccharides sulfatés, les acides gras polyinsaturés (PUFAs), le vidadol A et B, les caroténoïdes (fucoxanthine, astaxanthine), les alcaloïdes (caulerpine), les terpénoïdes, et la phéophytine a[43].
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+ La fucoxantine est un dérivé des caroténoïdes et a été isolé chez l’algue brune Myagropsis myagroides. Des études in vitro sur des lignées cellulaires de macrophages de souris RAW 264 induites par LPS ont permis de montrer qu’il y a principalement inhibition de la production de NO de manière dose-dépendante par la fucoxantine et que ceci est dû à l’inhibition de la transcription de iNOS (en). Il y a donc inhibition de la sécrétion de cytokine et en particulier de TNFα. La fucoxanthine réduit aussi la translocation vers le noyau des protéines P50 et P65 et donc la dégradation, dans le cytoplasme, de l’inhibiteur de B (ikB) ce qui induit la diminution de la transactivation du facteur NFkB et inhibe la phosphorylation des protéines kinases mitogènes (MAPKs, JNK, ERK…). De plus, des tests LDH ont permis d’établir la non cytotoxicité de la fucoxantine [44].
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+ La caulerpine est un alcaloïde bi-indolé. Plusieurs isomères de la caulerpine ont été isolés chez les rhodophycées et les chlorophycées. Pour étudier in vivo l’effet anti-inflammatoire de la caulerpine, deux modèles ont été utilisés chez la souris : l’œdème de l’oreille induit par des capsaicines et la l’inflammation du péritoine induite par des carrageenans. Une inhibition de la formation de l’œdème des oreilles de souris de 56 % est observée lorsqu’il y a eu préalablement traitement à la caulerpine. De même, il y a réduction de l’inflammation du péritoine chez les souris traitées à la caulerpine. Des mécanismes d’action similaires à l’indométhacine tels que l’inhibition de COX et des phosphilases A sont possibles. La caulerpine est aussi antinociceptive, anti-tumorale, régulatrice de croissance et a des propriétés stimulantes pour la croissance de la racine des plantes[45].
140
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+ Une étude in vitro révèle que la phéophytine a isolée d’Ulva (Enteromorpha) prolifera supprime l’induction de la production d’anion superoxyde par un composé pro-inflammatoire. La phéophytine inhibe la chimiotaxie des leucocytes ainsi que la formation de l’œdème de l’oreille de souris et ce, in vivo[46].
142
+
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+ L’effet cytotoxique d’un ensemble de polysaccharides sulfatés extraits de l’algue Sargassum hemiphyllum a été testé in vitro en mesurant la prolifération cellulaire ainsi que la production de LDH ; il n’y a pas d’effet cytotoxique détectable in vitro. Des analyses in vitro semblent montrer que les polysaccharides inhibent la formation des médiateurs de l’inflammation tels que les cytokines. Ces études mènent les chercheurs à penser que les polysaccharides sulfatés interagissent avec la voie de formation du facteur de transcription trimérique NF-kB en séquestrant l'un des monomères à l’extérieur du noyau [47].
144
+
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+ En zone intertidale, les algues, qui sont des organismes fixés, sont soumises à de nombreux stress, dont le rayonnement ultraviolet (UV). Les UVs provoquent un stress oxydant en entraînant la formation de dérivés réactifs de l’oxygène (DRO) comme le peroxyde d’hydrogène (H2O2). Ces DRO peuvent endommager l'ADN, et provoquer la peroxydation des lipides et la carboxylation des protéines au sein des cellules. À long terme, cela peut engendrer le vieillissement cellulaire, des cancers, ou encore des inflammations. Afin de tolérer ces stress, les algues possèdent des stratégies d’adaptation comme la synthèse de métabolites secondaires photoprotecteurs.
146
+
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+ Il existe chez les algues une diversité importante de molécules photoprotectrices, qui agissent de différentes manières : filtres UVA-filtre UVB, molécules induisant la mélanogénèse, molécules réflectrices, anti-oxydantes et cicatrisantes. Leurs propriétés intéressent de plus en plus les industriels, notamment en cosmétique : l’objectif est de trouver des filtres naturels afin de réduire les filtres chimiques présents dans les crèmes solaires afin de limiter les réactions d’allergies et réduire la pollution des milieux par ces substances. Les molécules photoprotectrices qui sont le plus fréquemment retrouvées chez les algues sont les acides aminés type mycosporine ou MAAs (pour mycosporine-like amino acid). Pour les algues n’ayant pas de MAAs pour se protéger vis-à-vis des UVs, il existe d’autres types de molécules comme les phlorotanins ou les caroténoïdes.
148
+
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+ Les MAAs sont présents chez de nombreux organismes (mollusques, macro-algues, bactéries, cyanobactéries…). Les MAAs sont de petits métabolites secondaires, d’une grande diversité structurale et possédant la propriété de chromophore : ils ont la possibilité de former un nuage électronique délocalisé pouvant entrer en résonance avec des rayons incidents d’une longueur d’onde donnée. Par exemple, le porphyra-334, extrait de Porphyra umbilicalis, capte et reflète les UVs d’une longueur d’onde de 334 nm (UVA) sans produire de dérivés réactifs de l'oxygène. Leur synthèse est induite par l’exposition aux rayonnements solaires.
150
+
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+ Leur propriété photoprotectrice est transmise le long de la chaine trophique jusqu’au consommateur secondaire. Par exemple, les oursins doivent se nourrir d’algues possédant des MAAs afin de conférer à leurs œufs une résistance solaire permettant leur bon développement. Récemment, une équipe de chercheurs a mis en évidence l’efficacité photoprotectrice des MAAs et notamment la porphyra-334 chez des fibroblastes humains. La porphyra-334 ne semble pas toxique pour ces cellules et semble réduire leur sénescence. Cette MAA limite le stress en reflétant les radiations UVA, réduisant le stress oxydatif lié à l'exposition aux UVs et réduit la synthèse de métalloprotéases matricielles (MMPs) impliquées dans la destruction des tissus conjonctifs. La porphyra-334 est également impliquée dans la capture des DRO impliqués dans les dommages ADN, peroxydation des lipides et carboxylation des protéines.
152
+
153
+ Ainsi les MAAs présentent un haut potentiel cosmétique dans la protection solaire et la lutte contre la sénescence cellulaire.
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+
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+ Les phlorotanins sont des polyphénols trouvés chez les algues brunes. Ce sont des oligomères de phloroglucinol avec une variété de combinaison entrainant une diversité importante de ces molécules.
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+ Ils ont différents rôles comme la protection contre les herbivores. Ils sont suspectés de protéger les algues contre les UVB puisque leur spectre d’absorption présente un pic à environ 270 nm (UVB). En 2011, une équipe de chercheurs a démontré que les phlorotanins avaient un effet photoprotecteur chez des embryons de poisson zèbre. En effet, les phlorotanins réduisent la génération de dérivés réactifs de l'oxygène, l’hyperpigmentation et la mort cellulaire liées à une exposition aux UVB chez ces embryons.
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+ Des algues unicellulaires microscopiques (Dinoflagellées) peuvent rendre toxiques pour l'homme les mollusques (moules, huîtres, praires, coques, palourdes…) et interdire leur consommation sous peine de troubles gastro-entériques graves ou, plus rarement, d'atteintes neuro-musculaires ; c'est un phénomène assez récurrent dans la mytiliculture du bassin de Thau en Languedoc et sur les côtes de l'Atlantique, notamment en Bretagne et en Vendée.
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+
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+ Sargassum muticum, algue brune introduite accidentellement en Europe en 1973 avec des huitres japonaises, a colonisé rapidement le littoral atlantique de l'Espagne à la Norvège ainsi que la Méditerranée occidentale jusqu'à Venise. Elle a remplacé certaines espèces (laminairia saccharina en particulier) et a pu constituer une nuisance importante pour la conchyliculture. Ce phénomène a été clairement caractérisé pour la première fois dans les années 1970, les pollutions augmentant de manière importante dans les années 1980, avant de se stabiliser dans les années 1990.
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+
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+ Caulerpa taxifolia, algue verte tropicale échappée accidentellement du musée océanographique de Monaco est devenue depuis quelques années envahissante en mer Méditerranée au détriment de la végétation autochtone, entre autres les herbiers de posidonie. Elle présente un faible toxicité et n'est pas consommée par la faune locale.
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+ Les goémoniers considèrent comme une « mauvaise herbe » Saccorhiza polyschides, une laminaire très robuste, sans intérêt économique, qui colonise rapidement les rochers dépouillés par l'exploitation des Laminaria digitata.
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+ Une cravate est une bande de tissu destinée à être passée autour du cou, sous le col d'une chemise, et qui se noue par devant. Elle dissimule les boutons de fermeture de la chemise. Elle peut être de différentes teintes, et présenter des motifs variés.
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+ Il existe différents nœuds de cravate[1], qui peuvent être serrés ou lâches. Il existe également les cravates militaires, dites aussi cravates de sécurité, à clip rapide avec un nœud permanent. Elle fait surtout partie de la garde-robe masculine standard. Peu de femmes en portent une. Le plus souvent les femmes qui portent un tailleur ou un chemisier le font sans cravate. Il existe plusieurs largeurs de cravates (de 4 cm à 9,5 cm).
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+ L'éventail des prix en est extrêmement ouvert, en Europe, de quelques euros à une centaine d'euros, autant selon le prestige du fabricant et le mode de commercialisation qu'à partir du coût réel de l'étoffe, du coût de la main-d'œuvre et du design.
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+
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+ C'est un objet n'ayant aucun intérêt vestimentaire particulier, servant seulement d'apparat, qui s'est imposé, durant le XXe siècle, comme un standard vestimentaire, souvent associé à la tenue d'un costume, chez les hommes aisés ou les hommes ayant un emploi les mettant en visibilité devant un public.
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+ Le port de la cravate est autant perçu comme un signe de distinction sociale que comme une contrainte sociale quasiment toujours abandonnée hors de tout contexte professionnel[2].
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+ Les origines de la cravate sont anciennes. Les soldats de la garde personnelle de l'empereur Qin Shi Huangdi (IIIe siècle av. J.-C.) sont « cravatés » d'un nœud en soie comme le montre le mausolée de l'empereur Qin[3]. Les orateurs et légionnaires romains portent le focalium (du latin fauces, la « gorge »), sorte d'écharpe en laine ou en soie autour du cou pour se protéger du froid. Parfois, ils nouent autour de leur cou une sorte de mouchoir appelé sudarium[4].
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+
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+ La cravate moderne est un attribut vestimentaire particulier d'un régiment de hussards croates créé sous Louis XIII, et dont l'uniforme comprenait une écharpe blanche dont la mode gagnera la cour de France. Ce régiment de cavalerie légère recevra de Louis XIV, en 1666, le nom de Royal-Cravates[5]. Il est aujourd’hui le 10e régiment de cuirassiers de l'armée française. Le mot cravate tire de là son origine, une déformation du mot croate[6].
14
+
15
+ La mode du port de la cravate en Europe paraît débuter au XVIIe siècle. Elle commence alors à remplacer les jabots de dentelle, qui eux-mêmes avaient supplanté les fraises, plus encombrantes et certainement moins confortables. La cravate est alors généralement une large bande de coton ou de lin, décorée de dentelles. Cette bande est enroulée autour du cou et nouée sur le devant en laissant pendre les deux extrémités.
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+
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+ Sous Louis XIV, on commence à agrémenter ce nœud de rubans multicolores. C'est également le Roi Soleil qui crée la « fonction » de « cravatier ». Celui-ci dépend du « Grand Maître de la Garde Robe » dont la charge a été créée en 1669. Le cravatier appartient donc aux services de la chambre du roi et a le statut d'écuyer. Sa fonction est alors de choisir et d'ajuster la cravate du roi, mais également les boutons de manchette et les diamants.
18
+
19
+ Vers la fin du XVIIe siècle, c'est au tour de la cravate dite Steinkerque de faire son entrée. Elle apparut lors de la bataille des Flandres du même nom. C'est une cravate au nœud simple dont on passe l'un des pans dans la boutonnière. Celle-ci disparaît au début du XVIIIe siècle pour faire place à de nouvelles modes, notamment le « stock ». Cette dernière est modifiée vers la fin du XVIIIe siècle par l'ajout d'un ruban noir entourant le cou et maintenant les cheveux derrière la tête. Cette cravate est la plus connue de ce siècle, et on la retrouve d'ailleurs dans bon nombre de reconstitutions historiques de l'époque.
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+
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+ Malgré quelques débats houleux sur la place sociale de cet accessoire, la Révolution française ne viendra pas à bout de la cravate, bien au contraire. Alors que les Français s'essaient à une cravate très bouffante, dite à la Garat, du nom du comédien l'ayant popularisée, les Britanniques ne jurent que par la cravate blanche aux nœuds complexes, à l'instar de Brummell, grand dandy de son époque. Ce type de cravate de couleur noire, porté par Diderot notamment, devient alors à la mode en France.
22
+
23
+ Peu de temps après[Quand ?], face à la difficulté de nouer ce genre d'accessoires (la plupart étant d'ailleurs vendus déjà montés), apparaît la cravate « régate »[7] qui est véritablement l'ancêtre de notre cravate actuelle. C'est d'ailleurs au même moment qu'apparaît le nœud papillon moderne. Le cravatier new-yorkais Langdorf aura l'idée en 1924 de la couper en diagonale et de l'assembler en trois parties pour en simplifier l'usage. Une invention de taille qui viendra donner à la cravate son aspect actuel.
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+
25
+ La cravate en tricot apparaît probablement dans les années 1920 aux États-Unis, de nombreuses photographies montrant par ailleurs l'écrivain Francis Scott Fitzgerald en porter, tout comme par la suite les acteurs Cary Grant et Paul Newman ainsi que le président John Fitzgerald Kennedy. Elle arrive en Europe dans les années 1950, est notamment portée par les Beatles. Lorsqu'elle se termine en pointe, la matière n'a pas été tricotée mais a été tissée sur un métier à plat : on parle alors de grenadine, et d'étamine si le tissu est très fin[8].
26
+
27
+ Au fil des siècles, la cravate a évolué en suivant les codes de la mode. Pour preuve, entre les années 1960 et le début des années 1980, la largeur de la cravate a augmenté de quatorze centimètres. La cravate extra-large accessoirisait très bien le pantalon à pattes d’éléphant et la chemises à col « pelle à tarte » des années disco.
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+ Pendant la décennie suivante (années 1980) la cravate fine, également appelée « slim », la cravate tricot encore (appelée aussi cravate en tricot de laine) ou la cravate en cuir connaissent leurs heures de gloire.
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+
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+ Accessoire masculin elle s'est par la suite déclinée en un accessoire féminin, mais demeure, dans cet usage, assez marginale.
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+ Aujourd’hui la cravate « standard » varie entre 7,5 cm et 8,5 cm de largeur sauf pour la « slim fit » des années 1960 qui fait son retour avec une largeur de 5 à 7 cm[9] : si dans les années 1960, les Rolling Stones, les Kinks ou les Mods portent la cravate fine et influencent l'époque, celle-ci est remise au goût du jour quatre décennies plus tard, entre autres par Hedi Slimane chez Dior[10].
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+
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+ Accessoire usuel de la mode, la plupart des maisons de mode masculine en réalisent. Elle concurrence le nœud papillon comme accessoire du costume pour les grandes occasions et reste un élément de la tenue habituelle voire de la tenue règlementaire de certaines professions. Certains la considèrent cependant comme un accessoire trop sérieux, symbole du conformisme, de bureaucratie, de technocratie et de phallocratie, surtout depuis les années 1980.[réf. nécessaire] Face à ce sentiment, une mode venue des États-Unis, autorise les cadres à ne pas porter la cravate le vendredi, veille du week-end. C'est le Friday Wear, ou Casual Friday.
35
+
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+ Toutes les cravates utilisent une étoffe d'habillage.
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+
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+ L'étoffe d'habillage est une étoffe au moins choisie pour son aspect esthétique, sa première fonction est en effet de donner les motifs de la cravate : motifs géométriques et figuratifs, couleurs, reflets.
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+
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+ Au-delà des motifs une matière peut être par ailleurs préférée en raison de sa tenue spécifique, de son caractère précieux ou pour la facilité de son nettoyage.
41
+
42
+ Les étoffes suivantes sont le plus souvent employées : polyester, laine, lin, soie, ou bien le cuir.
43
+
44
+ Il existe trois procédés employés pour obtenir des motifs. Ces procédés peuvent être utilisés cumulativement pour l'obtention des motifs, c'est alors le dernier procédé employé pour la fabrication des motifs de l'étoffe qui est généralement déterminant sur les motifs obtenus et qui donne spécifiquement son nom à la cravate.
45
+
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+ Les cravates tissées sont les cravates dont les motifs sont formés lors du tissage par l'entrelacement de fils préalablement sélectionnés pour leur matière, leur texture et la couleur dont ils ont été teintés. L'obtention des motifs par tissage est privilégié pour les cravates en laine et en lin. La méthode de tissage est également employée avec le polyester afin d'obtenir un effet moiré ; elle permet avec la soie d'en orienter la brillance afin d'obtenir des contrastes variant avec le mouvement de la cravate et l'exposition à la lumière, voire d'obtenir un effet métallique spécialité de la maison traditionnelle Charvet Place Vendôme.
47
+
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+ Les cravates imprimées sont les cravates dont les motifs sont obtenus par la soumission d'un tissu, généralement tissé de fils teintés d'une couleur, ou d'une matière à la technique d'impression des motifs. Cette méthode permet de réaliser des cravates avec des motifs figuratifs, des motifs plus fins que ceux obtenus par le tissage, ou encore aux couleurs très diversifiées et complexes. Cette technique donne un rendu généralement mat ou uniformément brillant. Elle est privilégiée par la grande maison italienne E. Marinella (en).
49
+
50
+ Les cravates teintées sont les cravates dont les motifs sont obtenus par la soumission d'un tissu ou d'une matière à la technique de la teinture. Essentiellement utilisée pour le cuir, elle permet par ailleurs d'obtenir un effet de nuages ou brouillard de couleurs.
51
+
52
+ Il existe deux grands procédés de montage d'une cravate : l'assemblage et le 7 plis.
53
+
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+ Les cravates artisanales comme industrielles sont aujourd’hui généralement réalisées par l'assemblage de trois principales étoffes :
55
+ une étoffe de matelassage est enveloppée de deux étoffes ;
56
+ l'étoffe d'habillage du côté exposé et sur la longueur de la partie destinée à être contre le corps ;
57
+ l'étoffe de doublure aux extrémités de la partie destinée à être contre le corps.
58
+
59
+ L'étoffe du matelassage est une étoffe légère mais relativement épaisse. Sa fonction est de donner l'épaisseur, la tenue et de
60
+ maintenir la forme de la cravate. Cette étoffe est généralement de la ouate. Les indications sur le tissu employé (100 % soie, 80 % soie et 20 % lin…), sur les étiquettes des cravates, ne sont que celles de l'étoffe d'habillage.
61
+
62
+ L'étoffe d'habillage est découpée de façon à simplement envelopper complètement l'étoffe de matelassage et à être fermée avec des points de couture. L'étoffe de doublure est découpée de façon à simplement couvrir les extrémités de la cravate, dont l'étoffe de matelassage n'est pas cachée par l'étoffe d'habillage ; la doublure est cousue à l'habillage.
63
+
64
+ Le nom cravate sept plis désigne des cravates formées avec un seul morceau d'étoffe qui en constitue l'épaisseur.
65
+
66
+ L'origine du nom sept plis renvoi au procédé de montage : l'étoffe (soit uniquement d'habillage, soit d'habillage doublée finement sans matelassage) est découpée en une forme spécifique. Ce morceau d'étoffe est ensuite replié sept fois sur lui-même de façon à donner la
67
+ forme, l'épaisseur et la tenue à la cravate. Le pliage est enveloppé sur lui-même et fermé par des points de couture.
68
+
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+ Il existe aussi des cravates neuf plis sur le même principe.
70
+
71
+ Il existe enfin de fausses cravates sept plis. L'apparition de ces fausses cravates repose sur le fait qu'extérieurement, sans démonter la cravate, le moyen de vérifier le procédé de fabrication sept plis est de constater six (le 7e étant au-delà du point de couture) ou sept des plis aux extrémités de la cravate. Partant de ce moyen de vérification faillible, certaines entreprises ont donc eu l'idée de fabriquer et vendre sous le nom « sept plis » des cravates sur lesquelles elles ont fait des plis à l'extrémité large ou aux deux extrémités, mais, au-delà de ce pliage, en ayant fabriqué cette cravate par la méthode de l'assemblage décrite ci-dessus : le démontage de ces cravates révèle alors que les plis s'arrêtent juste au-dessus des points de couture, et que l'intérieur de la cravate est rempli d'un matelassage. La production d'une cravate sept plis impliquant une grande quantité de tissu d'habillage, souvent de soie, un prix identique ou inférieur à des cravates fabriquées par assemblage est un indice d'une fausse cravate sept plis.
72
+
73
+ La galerie ci-dessous donne la méthode pour l'exécution du nœud de cravate Windsor. Les images donnent l'aperçu du porteur de la cravate (sauf pour la dernière étape).
74
+
75
+ Enrouler la cravate autour du col. Croiser la bande large au niveau de la couture (voir détail).
76
+
77
+ Faire le tour du brin. Tendre légèrement.
78
+
79
+ Passer derrière le petit bout. Maintenir tendu.
80
+
81
+ Faire le tour en remontant du deuxième brin. Maintenir tendu.
82
+
83
+ Passer devant le nœud. Cette partie constitue la partie définitive du nœud.
84
+
85
+ Passer derrière le premier brin.
86
+
87
+ Passer dans le nœud sous le premier pli.
88
+
89
+ Ajuster le nœud en tirant sur le petit bout. Glisser le petit bout dans l'étiquette.
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+
91
+ Le nœud peut présenter un pli central (photo), ou non.
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+
93
+ Pour retirer la cravate sortir complètement le petit bout.
94
+
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+ Claquer le nœud en tirant sur les deux extrémités.
96
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+ Il existe de nombreux nœuds de cravate dont certains avec des variantes :
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99
+ Il existe également des « variantes » à la cravate :
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+ Dans son Art de mettre sa cravate, publié en 1827 sous le pseudonyme d'Émile de L'Empésé, Émile Marco de Saint-Hilaire énumère 13 manières « connues et usitées » de porter la cravate, du « nœud gordien » à la « cravate à la gastronome », et en ajoute 18 autres, « restées jusqu'à ce jour inédites »[12]. Selon Riccardo Villarosa et Davide Mosconi, il existe 188 façons de nouer une cravate[13]. Les mathématiciens américains Thomas Fink et Yong Mao n'en comptent que 85, dont seulement 13 sont « esthétiques » en termes de forme, de symétrie et d'équilibre[14],[15],[16]. Cette affirmation a été contestée par des mathématiciens suédois et anglais, inspirés par une scène du film Matrix Reloaded[17], qui en décomptent dans un premier temps 177 147[18], puis 266 682[19].
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1
+ Frère, Little Hawk (en), Oncle du même nom Little Hawk (en), sœur, Laughing One. Cousins, Touch the Clouds (en), Flying Hawk (en), Kicking Bear (en), Black Fox II, Eagle Thunder et Walking Eagle. Grands-parents, Black Buffalo et White Cow (aussi appelée Iron Cane). Oncles, Spotted Tail, Lone Horn (en). Tantes, Good Looking Woman, Looks At It (appelée plus tard They Are Afraid of Her), épouses du père, Iron Between Horns, Kills Enemy, et Red Leggins.
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5
+ Crazy Horse est un chef amérindien, né vers 1840 et mort le 5 septembre 1877, qui fut, avec Sitting Bull, l'un des grands chefs lakotas ayant lutté contre les militaires américains.
6
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7
+ Son nom en langue anglaise (traduisible en français par « Cheval fou ») est la traduction depuis la langue lakota de Tashunca-Uitco ou, pour respecter la graphie, Tašúŋke Witkó, littéralement : « ses chevaux ont le feu sacré » en lakota.
8
+
9
+ Crazy Horse est né vers 1840[2]. Son lieu de naissance n’est pas non plus connu avec certitude. Certaines sources indiquent les bords de la South Cheyenne River, d’autres les environs de l’actuelle ville de Rapid City, d’autres encore les environs de Sturgis, dans le Dakota du Sud.
10
+
11
+ Crazy Horse est membre de la tribu des Lakotas Oglalas. Son père se nommait également Crazy Horse et l'a changé en celui de Worm lorsqu'il le lui a transmis. Sa mère, Rattling Blanket, est une Lakota Miniconjou. Crazy Horse a également eu une sœur dont le nom n'est pas connu et un demi-frère, Little Hawk, né après le mariage de son père avec les deux sœurs de Spotted Tail, le chef des Lakotas Brûlés.
12
+
13
+ Le premier nom porté par Crazy Horse est celui de Little Hair ou Curly Hair, selon les sources. Il a hérité du nom de son père à l'âge de 18 ans après un combat fougueux contre les Inuna-ina.
14
+
15
+ En 1854, il est présent dans le camp des Brûlés de Conquering Bear (en) et assiste au massacre de Grattan, ainsi qu'à la mort de Conquering Bear. Le jeune Curley s'isole dans la nature à la recherche d'une vision. Il restera couché durant trois jours en attente d'une vision qui ne viendra finalement pas. Il s’apprête alors à retourner au camp, mais s'évanouit en voulant monter sur son cheval. Il rêve alors d'un homme monté sur un cheval et traversant un nuage de balles et de flèches sans se faire blesser et un orage sans réagir. Un faucon à queue rouge vole au-dessus de sa tête. À la fin de la vision, alors qu'il a résisté aux balles et aux flèches, le cavalier est désarçonné et mis à terre par les gens de son peuple. L'orage lui dessine la foudre sur son visage et de la grêle sur son corps. Il attendra plusieurs années pour faire le récit de sa vision à son père. Celui-ci lui expliquera alors que l'homme de son rêve n'était autre que lui. Désormais Curley s'appelle Crazy Horse.
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+
17
+ Par la suite, il se couvre de poussière de terrier de spermophile pour se protéger des balles, se peint la foudre sur son visage et la grêle sur son corps, et s'accroche un faucon rouge naturalisé dans ses cheveux qu'il laisse dénoués. Sa vision lui interdisant de prendre des scalps, il n'en prendra aucun.
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+ Au cours des années suivantes, il se bâtit une solide réputation de guerrier courageux et efficace. En 1865, il devient membre de la prestigieuse société guerrière des Porteurs de Chemises.
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+ En 1866, malgré l’opposition des Lakotas, les militaires américains, sous la direction du colonel Henry B. Carrington (en), construisent plusieurs forts (fort Reno, fort Phil Kearny) le long de la piste Bozeman allant de fort Laramie au territoire minier des monts Big Horn. Les Lakotas menés par le chef Red Cloud décident de défendre leurs terres.
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+ C’est dans ce contexte que se place le premier grand exploit de Crazy Horse. Le 21 décembre 1866, un parti de guerriers indiens attaque un groupe de soldats chargés d’une corvée de bois près du fort Kearny. Le capitaine William J. Fetterman (en) est envoyé en renfort avec 80 soldats. Avec une dizaine d'hommes, Crazy Horse entraine les militaires à sa poursuite, les narguant en s'arrêtant à portée de fusil pour gratter la glace des sabots de son cheval, faisant mine de se reposer… Les guerriers attirent les soldats dans une embuscade. Encerclé par 500 guerriers sioux et cheyennes, le détachement américain est anéanti. Il s’agissait à cette date de la pire défaite de l’armée américaine lors des guerres indiennes dans les Grandes Plaines de l’Ouest. On appelle cet affrontement la bataille de Fetterman
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+ Par la suite, les troupes de l’Union décident d'évacuer les forts. Des négociations aboutissent au traité de 1868 dans lequel le gouvernement américain reconnaît la région comprise entre le Missouri supérieur, le Wyoming, les Rocheuses et la Yellowstone River comme territoire indien. De leur côté, les Lakotas s’engagent à laisser passer les officiers, agents et employés gouvernementaux munis d’une autorisation.
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+ Cependant, si Red Cloud, Spotted Tail et tous les chefs Sioux influents signent le traité, Crazy Horse et Sitting Bull le refusent et continuent à vivre en dehors des réserves, à faire la guerre à leurs ennemis traditionnels et aux Blancs.
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+ En 1870, Crazy Horse tombe amoureux de Black Buffalo Woman. Il décide de la courtiser, mais c'est No Water, un homme réputé violent et issu d'une famille influente, qui obtient la main de la jeune femme. Elle divorce cependant pour épouser Crazy Horse. No Water n'accepte pas le divorce. Échauffé par ce qu'il estime être un vol, il se rend dans le village de Crazy Horse avec un groupe d’amis. Entrant dans le tipi de Crazy Horse, No Water lui tire une balle dans la mâchoire. Sérieusement blessé, Crazy Horse survit cependant à sa blessure, gardant une importante cicatrice sur la joue gauche. Afin d’éviter de nouveaux troubles, sa femme Black Buffalo Woman repart vivre avec No Water. Les Lakotas obligent celui-ci à offrir trois chevaux à Crazy Horse pour clore la dispute[3].
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+ En 1871, Little Hawk, le jeune frère de Crazy Horse, est tué lors d'une expédition sur la Platte River. Le chef lakota épouse alors la jeune veuve, Black Shawl.
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+ Il a finalement une fille avec Black Shawl. Sa femme contracte la tuberculose et sa fille (encore toute jeune) meurt du choléra.
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+ La découverte d'or dans les Black Hills en 1874 incite les militaires américains à investir la région en violation du traité de Fort Laramie de 1868. Le 17 septembre 1875, une commission officielle rencontre Red Cloud, Spotted Tail et les autres chefs lakotas et leur propose d'acheter le territoire à un prix ridiculement bas (six millions de dollars), ce qu'ils s'empressent de refuser. C'est de nouveau la guerre.
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+ En avril 1876, le chef Sitting Bull invite les autres chefs lakotas à un grand conseil. Une grande coalition indienne se forme sous ses ordres ayant pour premier objectif d'empêcher l'infiltration croissante des Blancs sur leur territoire. Trois colonnes militaires convergent vers les Indiens.
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+
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+ C'est Crazy Horse qui conduit la première bataille le 17 juin lorsque son armée de Lakotas et de Cheyennes attaque les 1 000 soldats et 300 éclaireurs indiens du brigadier-général George Crook sur les bords de la Rosebud River. Le combat, indécis, se termine par la perte de 22 guerriers et d'une quarantaine de blessés de part et d'autre. Le général Crook s’étant replié sur sa base de départ le lendemain, cette bataille est généralement considérée comme une victoire stratégique pour les Amérindiens.
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+ Quelques jours plus tard, le 25 juin, le 7e de Cavalerie du général George Armstrong Custer lance ses troupes sur le village des Sioux, des Cheyennes et des Arapahos coalisés sur les bords de la rivière Little Bighorn. Les Amérindiens repoussent le premier assaut mené par le commandant Marcus Reno, puis décident de contre-attaquer. Le détachement de Custer, en infériorité numérique, est écrasé par les guerriers de Crazy Horse et Gall. Il y a 268 tués et 52 blessés chez les militaires.
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+ Après cette victoire, Crazy Horse et Sitting Bull sont contraints de séparer leurs troupes, car leurs chevaux nécessitaient de grandes quantités d'herbe. Crazy Horse va s'installer sur les bords de la Rosebud River pendant que Sitting Bull part chasser le bison sur la Big Dry. Le colonel Nelson A. Miles attaque celui-ci par surprise et réussit à le battre. Sitting Bull parvient à s'enfuir au Canada par les Bad Lands.
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+ Le 8 janvier 1877, Miles attaque Crazy Horse à Wolf Mountain. Les Amérindiens parviennent à décrocher, profitant d'une tempête de neige. Mais les membres de sa tribu, affamés et malades, sont démoralisés.
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+ Au terme de ce long hiver, les Oglalas sont affamés, à bout de force et cernés par des milliers de soldats réguliers et d'éclaireurs amérindiens, parmi lesquels on compte déjà des Sioux et des Cheyennes. Se voyant dans l'impossibilité de passer la frontière canadienne, influencé par son peuple et par des Indiens qui viennent des réserves pour le convaincre de les rejoindre, Crazy Horse se rend à Fort Robinson dans le territoire du Nebraska avec 889 Oglalas le 6 mai 1877. Au moment de sa reddition, des centaines, des milliers d'Indiens se rassemblent sur son passage et chantent.
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+ Dans la réserve, les agents américains créent des dissensions entre les différents chefs. Le chef Red Cloud, jaloux de la réputation de Crazy Horse propage des rumeurs à son sujet.
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+ Peu après, les Américains demandent à Crazy Horse de les accompagner et de les servir comme éclaireur pour faire la guerre contre les Nez-Percés de Chef Joseph, enfuis de leur réserve. Crazy Horse refuse dans un premier temps, puis, devant l'insistance des soldats, déclare « Si nous empruntons cette voie [la guerre contre les Nez-Percés] nous nous battrons jusqu'à la mort du dernier Nez-Percé[4]. » Cependant, l'interprète, probablement à la solde de Red Cloud, jaloux du succès de Crazy Horse, déclare que celui-ci souhaite « tuer tous les Blancs ».
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+ Inquiété par cet événement et par des rumeurs, le général Crook annonce qu'il souhaite rencontrer Crazy Horse.
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+ Ce dernier est conduit dans un bâtiment de fort Robinson. Le chef Oglala entre, pensant trouver Crook et pouvoir s'expliquer avec lui. Il s'aperçoit alors qu'il s'agit d'une prison avec des barreaux aux portes. Crazy Horse se débat et tente de s'échapper, sort un couteau qu'il avait gardé caché sur lui. Il est alors retenu par le gardien de la prison, son ancien compagnon d'armes et ami, qui fut un temps l'un de ses lieutenants, Little Big Man (en). Le soldat de garde lui enfonce sa baïonnette dans l'abdomen (d'autres sources affirment que Little Big Man l'aurait poignardé avec le couteau que tenait Crazy Horse).
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+ Crazy Horse est porté sur un lit et meurt dans la nuit, entouré de ses parents, le 5 septembre 1877. Selon des sources, ses derniers mots auraient été : « Mon père, je suis grièvement blessé, dis au peuple de ne plus compter sur moi ».
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+ Le corps de Crazy Horse a été rendu à ses parents qui l'enterrèrent dans un lieu tenu secret, quelque part dans la vallée de Wounded Knee.
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+ Le capitaine Bourke, qui a assisté à sa reddition en 1877, le décrit ainsi :
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+ « Je vis devant moi un jeune homme ne dépassant pas 30 ans et d'une taille d'un mètre quatre-vingts, avec une cicatrice en pleine face. Son expression et sa contenance étaient remplies de noblesse, mais aussi de hargne et de tristesse. Il ressemblait à un homme acceptant son destin avec dignité. Pendant qu'il parlait à Frank Gouard (l'interprète) il semblait prendre un certain plaisir mais, en d'autres temps, il demeurait morose et réservé. Tous les Indiens le tenaient en une haute réputation de courage et de générosité. Quand il courait au-devant de l'ennemi, aucun de ses guerriers n'avait le droit de le dépasser. Il s'était fait une centaine d'amis à cause de sa charité envers les pauvres, et il se faisait un point d'honneur à ne rien garder pour lui lors du partage du butin, à part les armes de guerre. Jamais je n'ai entendu un Indien prononcer son nom sans y mettre un accent de profond respect. »
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+ L'absence de photographies, le fait que Crazy Horse refusa toujours de vivre dans une maison et de renoncer aux traditions de son peuple, d'apprendre l'anglais et également le fait que l'emplacement de sa sépulture est inconnu contribuent à faire de lui l'un des chefs amérindiens les plus appréciés, un mythe, un véritable héros de la résistance amérindienne.
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+ En 1948, en réponse à la profanation des Black Hills par les Blancs avec la construction du mont Rushmore, une gigantesque sculpture monumentale fut construite non loin du mont Rushmore. La sculpture du Crazy Horse Memorial n'est toujours pas achevée. Le Crazy Horse Memorial devrait être la plus grande sculpture du monde quand il sera fini.
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+ Crazy Horse est considéré comme étant l'un des plus grands chefs de guerre de l'Ouest.
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+ Il existe de nombreuses controverses au sujet de prétendues photographies, mais il est difficile de savoir si elles sont authentiques ou non. Il est cependant plus probable qu'il n'ait jamais été photographié, pour plusieurs raisons : Crazy Horse était très méfiant vis-à-vis des Blancs, et ne passa que quelques mois dans la réserve, durant lesquels il évitait le plus souvent possible le contact avec ceux-ci. Il est de plus difficile de penser que Crazy Horse aurait pu rester immobile pendant les longues minutes nécessaires pour l'obtention d'un bon cliché, en face de ceux qu'il considérait comme ses ennemis. Enfin, il suffit de citer les paroles du jeune chef à un photographe qui lui demandait de prendre une photo de lui : « Pourquoi voudriez vous me prendre mon ombre ? »
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+ La crèche de Noël est une mise en scène associée à la religion chrétienne dans différents arts en trois dimensions (essentiellement la sculpture et le théâtre) de la Nativité, c'est-à-dire de la naissance de Jésus de Nazareth, sous forme de personnages immuables, avec en premier lieu la Sainte Famille et surtout l'Enfant-Jésus dans la crèche (qui désigne une mangeoire) d'une étable ou d'une grotte. Cette iconographie originelle s'enrichit progressivement avec différentes formules scéniques, personnages (bergers, anges, Rois mages) et animaux (bœuf, âne, moutons, chameaux) entourant l'Enfant-Jésus nu dans son auge, son berceau ou sur la paille. La crèche de Noël peut être statique, mécanique ou vivante. Construction ou représentation occasionnelle et passagère, associée traditionnellement aux fêtes de Noël, elle est plus rarement une reproduction permanente et inamovible.
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+ Selon la tradition hagiographique franciscaine, les crèches de Noël vivantes se développent en Europe à partir du XIIIe siècle dans le cadre d'un des aspects saillants de la théologie des Frères mineurs, le christocentrisme, à la suite de la réalisation d'une crèche vivante par François d'Assise à Greccio, en Italie, la nuit de Noël 1223. À la fin du XVIe siècle, les Jésuites, conscients du pouvoir de la célébration de la Nativité, multiplient dans toute la chrétienté les crèches en modèle réduit telles que nous les connaissons aujourd'hui, s'en servant de catéchèse dans le cadre de la Contre-Réforme.
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+ Les crèches de Noël permettent à la piété populaire de s'exprimer lors de cérémonies liturgiques ou paraliturgiques. Dans le cadre de la laïcisation de la fête de Noël, les crèches ne s'exposent plus seulement dans les églises mais aussi dans les maisons et les bâtiments publics.
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7
+ Dans la lettre apostolique Admirabile Signum sur la signification et la valeur de la crèche Pape François a conclu en disant: "Chers frères et sœurs, la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi. Dès l'enfance et ensuite à chaque âge de la vie, elle nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l'amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui, tous fils et frères grâce à cet Enfant qui est Fils de Dieu et de la Vierge Marie ; et à éprouver en cela le bonheur. À l'école de saint François, ouvrons notre cœur à cette grâce simple et laissons surgir de l'émerveillement une humble prière : notre "merci" à Dieu qui a voulu tout partager avec nous afin de ne jamais nous laisser seuls."[1]
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9
+ Le substantif féminin[2],[3],[4],[5] « crèche » est un emprunt[2] à l'ancien bas francique[2],[3] *krippia[3],[5], ou *krippja[2], apparenté au germanique *kribjon[3] qui a donné Krippe en allemand, kribbe en néerlandais, krybbe en danois, crib en anglais.
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11
+ Les mots italiens presepe et presepio[6] sont dérivés du terme latin de la Vulgate, praesepe ou praesepium (de prae, « devant » et saepire, « ceindre », ce terme désignant originellement l’enclos pour les animaux). L'espagnol belén[7] est dérivé de Bethléem.
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+ Pris absolument, la Crèche, ou Sainte Crèche, est la mangeoire pour animaux dans laquelle, d'après l'Évangile selon Luc (Lc 2,16), l'Enfant-Jésus a été déposé après sa naissance[3].
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15
+ D'après l'évangile selon saint Luc[N 1], Jésus est né dans une étable car ses parents n'ont pas trouvé un espace approprié[N 2] dans la καταλυματι (kataluma, « salle haute, salle de séjour »[8]), terme qui ne se traduit pas[N 3] par « hôtellerie », « auberge » ou « relais de caravansérail » mais désigne plus probablement la chambre prévue pour les hôtes, ce qui suggère que la Sainte Famille logeait chez des proches[9],[10]. L'évangile utilise le terme grec φάτνῃ, « phatnê », traduit en latin dans la Vulgate par praesepium qui désigne l'étable à l'étage inférieur d'une maison israélite ou en plein air dans sa cour (une famille de condition moyenne y abritant la nuit un âne, une vache ou quelques moutons), mais aussi la stalle d'une étable, le râtelier ou la mangeoire selon le principe du « pars pro toto »[11]. Marie a placé Jésus dans cet endroit probablement attenant à la kataluma sans que l'évangile précise s'il s'agit d'une auge de pierre[N 4] surmontée d'un râtelier de bois destiné à porter le fourrage des bestiaux comme l'évoquent souvent les scènes de la Nativité[12]. Tout au plus peut-on considérer que l'étable fournissait chaleur et discrétion nécessaires pour un accouchement alors que la chambre d'hôte était pleine ou trop petite[13]. La mangeoire pour les animaux est désignée par le francique *krippia, le latin cripia, d'où est issu le mot « crèche » qui désigne spécifiquement à partir du XIIIe siècle la mangeoire dans laquelle le Christ a été déposé à sa naissance[14].
16
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17
+ Le thème légendaire de la naissance dans une grotte se développe au IIe siècle, d'abord dans le Dialogue avec Tryphon 78,5 de l'apologète et philosophe chrétien Justin de Naplouse puis dans le Protévangile de Jacques, ce qui suggère l'existence assez tôt d'une tradition locale sur le lieu précis de la naissance[15]. Les maisons à flanc de colline pouvaient en effet abriter une étable dans une grotte[16]. La Basilique de la Nativité de Bethléem est d'ailleurs construite au IVe siècle au-dessus de plusieurs grottes[17].
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+
19
+ L'Évangile du Pseudo-Matthieu du VIIIe siècle combine la version de la grotte et celle de la crèche : le voyage des parents est interrompu sur l'ordre d'un ange qui invite Marie à entrer dans une grotte où jaillit une lumière miraculeuse qui resplendit pendant tout son accouchement.
20
+ Deux jours après la naissance, Marie quitte la grotte, entre dans une étable et dépose l'enfant dans une crèche, le bœuf et l'âne l'adorant[18],[N 5]. La tradition de l'association de ces deux animaux remonte au Livre d'Isaïe[N 6],[19].
21
+
22
+ L’Évangile selon Matthieu[N 7] raconte que les Rois mages adorent l’enfant à Bethléem même, dans une oikos (« maisonnée », domus de la Vulgate). L'allégorie des trois présents (encens, myrrhe et or) est reprise par les apocryphes. Le Pseudo-Matthieu fait donner par chacun des Mages, en sus des présents traditionnels, une pièce d'or[20].
23
+
24
+ La Légende dorée parvient à mêler tous ces éléments, évoquant le bœuf, unique tête de bétail de Joseph qu'il a emmené pour le vendre, l'âne servant de monture à la Vierge et juxtapose à six mots de distance, la domus de Matthieu et le praesepium de Luc[21].
25
+
26
+ Le récit de la crèche et de l'adoration des bergers et des mages ne doit pas faire l'objet d'une lecture littéraliste mais appartient au registre littéraire du merveilleux et à la théologie métaphorique. En effet, les récits de l'enfance de Jésus de Matthieu et Luc « posent de nombreux problèmes littéraires et historiques, tant leur écriture apparaît tardive, relevant plutôt du merveilleux à la manière des récits d'enfance du monde judéo-hellénistique »[22]. De plus, la triple mention de l'enfant « couché dans une crèche » (verset 7, 12 et 16) est un effet littéraire[23]. Outre ce merveilleux, le symbolisme de la crèche ou de la grotte est un rappel du dépouillement et de l'humble cadre du lieu de naissance du Christ, reprenant le motif théologique de la kénose[24].
27
+
28
+ Les plus anciennes représentations de la Nativité sont issues de l'art paléochrétien. Elles sont essentiellement des fresques et des bas-reliefs datant du IIIe siècle et surtout du IVe et Ve siècles[25].
29
+
30
+ En l'église Sainte Marie de l'Incarnation de Jésus, aujourd'hui Sainte Marie Majeure à Rome, on sait qu'une célébration de Noël est commémorée pendant la nuit du 25 décembre depuis le IVe siècle.
31
+ En effet, la date du 25 décembre a été fixée comme date de la naissance du divin à cette époque. Les débats qui ont amené cette décision ont permis de développer une pratique religieuse autour de cet événement.
32
+
33
+ À partir du VIe siècle, les écrits anciens, tel le Liber Pontificalis, rapportent que la célébration de la nuit de Noël se déroulait ad praesepe dans cette église de Sainte Marie à Rome, ce qui signifie littéralement « autour de la crèche », mais ce lieu désignait probablement l'« oratoire de la Crèche »[N 8], petite chapelle à quelques mètres de la basilique rappelant par sa disposition et ses reliques la grotte de Bethléem[26].
34
+
35
+ Ce n'est probablement qu'à partir du XIIe siècle que l'on célèbre la fête de l'Épiphanie avec l'adoration de l'enfant Jésus par les trois Mages, Gaspar, Melchior et Balthazar. C'est dans ce deuxième courant de dévotion que se situe saint François d'Assise.
36
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37
+ Une légende tenace veut que François d'Assise ait créé à Greccio, en Italie, la nuit de Noël 1223 la première crèche vivante alors que ces scènes étaient déjà jouées depuis plusieurs siècles par des acteurs[N 9] dans les mystères de la Nativité dans les églises puis sur leurs parvis, tableaux animés à l'origine des crèches spectacles[28]. La tradition hagiographique rappelle, mais sans véritable certitude historique[N 10], que François d'Assise, après avoir été impressionné par sa visite de la basilique de la Nativité de Bethléem, veut reproduire la scène de la Nativité lorsque cette basilique n'est plus accessible aux pèlerins à la suite de l'échec de la cinquième croisade. Il utilise pour ce faire une mangeoire remplie de foin, un âne et un bœuf réels dans une grotte (appelée « Chapelle de la Crèche ») de la région où les frères mineurs avaient établi l'ermitage de Greccio (it) accroché au flanc de la montagne, avec la coopération du seigneur du village Jean Velita de Greccio[29]. L'originalité de François d'Assise est d'avoir célébré une crèche vivante dans un cadre naturel plus évocateur en associant les villageois du Greccio qui ont pu expérimenter la « Nativité » et avoir l'impression d'incarner les personnages des écrits bibliques[30]. Thomas de Celano, premier biographe de François, rapporte que François prêche, durant la messe de Noël, et que l'un des assistants le voit se pencher vers la crèche et prendre un enfant dans ses bras[31]. À Greccio se trouve encore un ermitage franciscain qui commémore cette première crèche vivante. Plus tard, on place parfois un véritable enfant dans la mangeoire. Petit à petit, selon la tradition franciscaine qui apporte une importance démesurée à l'importance du Noël de Greccio en 1223 et à ses conséquences[32], la coutume se répand, sous l'influence de Claire d'Assise et des prédicateurs franciscains, surtout dans les oratoires franciscains en Provence et en Italie, sous forme de crèches vivantes mais aussi de crèches fabriquées avec de grandes figurines en bois ou en terre et qui pouvaient être exposées plus longtemps[33]. Ces figurines ont alors comme finalité de matérialiser l'image du Christ et de ses parents auprès de populations analphabètes.
38
+
39
+ La plus ancienne crèche monumentale et non vivante connue date de 1252 au monastère franciscain de Füssen en Bavière[34]. Il s'agit d'une crèche permanente qui contient des personnages de différentes tailles en bois. Dans la basilique Sainte-Marie-Majeure est conservée la première crèche permanente réalisée en pierre en 1288, à la suite de la commande du pape Nicolas IV au sculpteur Arnolfo di Cambio d'une représentation de la Nativité[35]. Ces reproductions permanentes de la Nativité se développent particulièrement en Toscane, en Ombrie et surtout en Campanie avec les crèches napolitaines réalisées par des sculpteurs germaniques et qui apparaissent dans les églises au XIVe siècle puis dans les familles aristocratiques de Naples les siècles suivants[36].
40
+
41
+ Aux XVe et XVIe siècles, les fidèles dans les églises peuvent bercer les « repos de Jésus » en tirant sur le ruban attaché à ces berceaux[37]. Au XVe siècle, dans le cadre des progrès de l'horlogerie, apparaissent les crèches mécaniques qui deviennent populaires au XVIIe siècle dans toute l’Europe, telle le vertep russe[38].
42
+
43
+ Les premières crèches ressemblant à celles que nous connaissons (mise en scène occasionnelle et passagère de la Nativité non plus sur des peintures, fresques, mosaïques ou bas-reliefs mais avec des statues « indépendantes ») font leur apparition dans les églises et les couvents au XVIe siècle, surtout en Italie, supplantant les formules précédentes[30]. La première crèche miniature documentée historiquement date de 1562 à Prague[39]. Ce sont surtout les Jésuites qui ont diffusé les crèches en modèle réduit (moins chères à confectionner et facilement transportables) dans les églises conventuelles de toute la chrétienté, s'en servant de catéchèse dans le cadre de la Contre-Réforme[40]. La crèche domestique se diffuse progressivement (la première attestée est celle de la duchesse d'Amalfi Constanza Piccolomini di Aragona en 1567[41]), les moines en fabriquant dans ce but des petites en cire avec des personnages habillés de vêtements précieux[33]. Les grandes crèches napolitaines (ornées de statues en bois avec des yeux en verre, démontables et refaites chaque année) de style baroque connaissent leur apogée au XVIIIe siècle[42].
44
+
45
+ Crèche de Noël traditionnelle du Portugal
46
+
47
+ Crèche de Noël traditionnelle italienne, XXe siècle
48
+
49
+ Crèche dans une église du plateau d'Albion
50
+
51
+ Crèche de Noël bavaroise
52
+
53
+ En France, la première crèche mécanisée connue est celle créée à Marseille, en 1775, par un dénommé Laurent[43]. Elle est constituée de mannequins articulés vêtus de costumes locaux. Pour y ajouter un brin d'exotisme, le créateur y a placé des girafes, des rennes et des hippopotames. Jean-Paul Clébert raconte : « À l'époque du Concordat, Laurent montrait même un carrosse qui s'avançait vers l'étable ; le pape en descendait, suivi des cardinaux. Devant eux s'agenouillait toute la Sainte-Famille et le pape lui donnait sa bénédiction. Pendant l'adoration des bergers, un rideau se levait, dévoilant la mer sur laquelle voguait un bâtiment de guerre. Une salve d'artillerie saluait l'enfant Jésus qui, réveillé en sursaut, ouvrait les yeux, tressaillait et agitait les bras »[44].
54
+
55
+ Après la période de la Révolution pendant laquelle cette pratique religieuse est interdite, les crèches se multiplient dans les maisons de familles aisées sous forme de boîtes vitrées appelées « grottes » ou « rocailles » apparues au cours du XVIIe siècle : les figurines, réalisées en cire, en mie de pain ou en verre filé, apparaissent dans un décor en rocaille (cascades d'animaux, fleurs de papier et de frittes de verre, fragments de miroir figurant lacs et jets d’eau) évoquant le paradis[45]. Au début du XIXe siècle, la crèche retourne dans les rues françaises essentiellement sous la forme d’automates mécaniques qui mettent en scène des personnages grotesques. Les crèches provençales avec leurs « santons » (du provençal santoun, « petits saints » plus petits et plus rustiques avec multiplication de personnages dans leur costume local représentant tous les métiers de l'époque dans un style naïf), se développent non seulement dans les églises mais aussi dans les maisons particulières à partir de 1803, juste après le Concordat de 1802[46].
56
+
57
+ La démocratisation des crèches domestiques est favorisée au XIXe siècle par la fabrication en série des figurines en plâtre peint et leur diffusion par les marchands d'objets religieux, leurs matériaux, techniques et scénographies (crèche-armoire, hutte, « Mont de Nativité »[N 11]) connaissant une grande variété. Cette vulgarisation correspond à l'âge d'or de la crèche de style sulpicien entre 1860 et 1920[47].
58
+
59
+ Au XXe siècle, la tradition de la crèche de Noël s'est développée dans le monde entier selon le processus d'inculturation[36].
60
+
61
+ En fin d'année 1960 est inaugurée sous le chapiteau du Grand cirque de France (Paris) la plus grande crèche du monde[48].
62
+
63
+ En 2016, les tensions religieuses en France suscitent des polémiques liées à la fête de Noël et amènent le Conseil d’État à statuer sur la possibilité de mettre une crèche dans un bâtiment public[49].
64
+
65
+ Crèche au Brésil
66
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67
+ Crèche de Noël provençale
68
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69
+ Crèches andines (le lama remplaçant le bœuf)
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+ Crèche alsacienne, Noël 2011
72
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+ Crèche wallonne
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75
+ Crèche de Noël, Montréal, Canada
76
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77
+ Crèche de Noël, oratoire Saint-Joseph, Montréal, Canada
78
+
79
+ Crèche de Noël, Montréal, Canada
80
+
81
+ Crèche au sud de la Seine et Marne. Treuzy-Levelay. France.
82
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83
+ Crèche au sud de la Seine et Marne. Flagy. France.
84
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85
+ Crèche au sud de la Seine et Marne. Égreville. France.
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+ Crèche du sud Seine et Marne. Nemours. France.
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+ Crèche à Dülmen, Allemagne.
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+ Installation d'une crèche de Noël à l'église Saint-Michel d'Évreux, France.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ Dans la tradition napolitaine, le décor était constitué des ruines d'un temple romain, symbole de la fin de la civilisation antique devant l'essor de la chrétienté. Plus couramment, la crèche prend place dans une grotte ou une étable.
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+
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+ Dans les églises chrétiennes, la crèche est généralement installée dans les jours qui précèdent la fête de la Nativité tandis que dans les foyers, son installation varie selon les régions (premier dimanche de l'Avent, fête de l’Immaculée Conception, Sainte-Lucie, Saint-Nicolas, etc.), voire selon les familles[51].
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+
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+ On place généralement l'enfant Jésus au centre à minuit le 24 décembre pour symboliser sa naissance, encadré par Marie et Joseph. Ils sont accompagnés d'un âne, ayant transporté Marie enceinte et d'un bœuf qui, selon la tradition, aurait réchauffé le nouveau né de son souffle. Il est notable que la Vierge Marie est très souvent représentée à genoux devant son Fils et dans ses habits ordinaires alors qu'elle vient d'accoucher, signifiant ainsi qu'elle n'a pas subi l'épuisement habituellement lié à l'enfantement. On place également dans la crèche des bergers accompagnés de leurs agneaux, puisque c'est à eux que la nouvelle de la naissance du Christ aurait été annoncée en premier. En France, depuis la création des santons en Provence, la scène peut comprendre d'autres personnes, y compris des personnages ou des métiers contemporains.
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+ En installant la crèche, certaines personnes y placent au début la mangeoire vide, et n'ajoutent la figurine représentant le Christ que dans la nuit du 24 au 25.
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+ Il est fréquent de mettre une étoile au sommet d'une crèche. Cette étoile rappelle celle qui, d'après les écritures, a guidé les trois Mages (Gaspard, Melchior et Balthazar, qui symbolisent l'ensemble des peuples de la terre) parés de leurs vêtements bibliques, vers la crèche. Ils peuvent être accompagnés d'animaux exotiques leur servant de monture (un cheval, un éléphant et un dromadaire). Certaines personnes ne les placent qu'à partir de l'Épiphanie ; d'autres les mettent à un autre endroit de la maison et les font avancer peu à peu vers la crèche.
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+ L'usage de faire figurer un ange parmi les personnages de la crèche est également répandu.
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+ Dans la tradition chrétienne, on enlève la crèche le 2 février, jour de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem ou juste après la fête de l'Épiphanie[51].
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+ La crèche est pour les chrétiens une représentation du sens de la fête de Noël[52]. Elle est d'abord un rappel historique de la naissance du Christ et des circonstances de sa venue au monde dans une mangeoire à Bethléem. Elle exprime le sens de la naissance de Jésus qui vient habiter parmi les hommes (dans leur logis et dans leur cœur) par son Incarnation[53]. La crèche sous toutes ses formes rappelle le message d'amour de Dieu pour l'humanité qui envoie son fils unique afin de la racheter. Les personnages de la crèche ont également une signification historique et symbolique.
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+
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+ Les bergers qui gardent leurs moutons au loin et qui sont les premiers à venir adorer Jésus[54] rappellent la pauvreté intérieure de la condition humaine et le fait que Jésus soit venu pour tous les hommes, en premier lieu les plus simples[55]. Les bergers peuvent également symboliser la possibilité d'une relation directe à Dieu avec la naissance de son fils sans qu'un intermédiaire ne soit nécessaire.
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+
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+ Enfin, les mages qu'on installe dans la crèche à l'occasion de la fête de l'Épiphanie font écho au psaume 71 de l'Ancien Testament « Les rois de Tarsis et des Îles
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+ apporteront des présents,
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+ les rois de Saba et de Seba
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+ feront leur offrande ». Ils symbolisent la portée universelle du message de Noël qui s'adresse à tous les hommes[56] et le mouvement des « chercheurs de Dieu » vers l'enfant de la crèche. Pour Joseph Ratzinger
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+
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+ « Comme les bergers qui, en tant que premiers hôtes auprès de l’Enfant nouveau-né couché dans la mangeoire, personnifient les pauvres d’Israël et, en général, les âmes humbles qui vivent intérieurement en étant très proches de Jésus, ainsi les hommes provenant de l’Orient personnifient le monde des peuples, l’Église des gentils, les hommes qui à travers tous les siècles se mettent en marche vers l’Enfant de Bethléem, honorent en lui le Fils de Dieu et se prosternent devant lui »[57].
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+ Les statues n'étant pas dans leur tradition, les orthodoxes ne font pas de crèche mais ils représentent la Nativité avec des îcones[58].
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+ Les protestants ne font en général pas de crèche, ils préfèrent développer la tradition avec le sapin, symbole de l'arbre de vie[58].
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+ Stratigraphie
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+ Jurassique Paléogène
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+ Cénozoïque
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+
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+ Paléogéographie et climat
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+ Contexte géodynamique
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+
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+ Faune et flore
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+ Évolution
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+ modifier
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+
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+ Le Crétacé est une période géologique qui s’étend d'environ −145,0 à −66,0 Ma[4]. Elle se termine avec la disparition des dinosaures non aviens, des ammonites et de nombreuses autres formes de vie. Cette période est la troisième et dernière de l’ère Mésozoïque ; elle suit le Jurassique et précède le Paléogène.
20
+
21
+ Sa fin est marquée par un stratotype riche en iridium que l’on pense associé à l’impact d’une météorite dans le Yucatan. Cette collision est considérée comme ayant participé fortement à l’extinction massive ayant entraîné entre autres la disparition des dinosaures. Néanmoins, la géologie montre que l'activité volcanique de grande ampleur commune aux cinq grandes extinctions avait déjà commencé avant l'arrivée du bolide[5].
22
+
23
+ Le Crétacé est nommé d’après le latin creta, « craie », se référant aux vastes dépôts crayeux marins datant de cette époque et que l’on retrouve en grande quantité en Europe, notamment dans le Nord de la France (affleurant par exemple au cap Blanc-Nez, aux falaises du pays de Caux et du val de Seine en Normandie ou encore en Champagne crayeuse)[6] et en Grande-Bretagne. Il a été défini par Jean-Baptiste d'Omalius en 1822 d’après des couches stratigraphiques présentes dans le Bassin parisien[7].
24
+
25
+ Certains anciens textes français emploient plutôt le terme Crétacique[8].
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+
27
+ Le Crétacé est généralement divisé en deux époques appelées Crétacé inférieur et supérieur.
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+
29
+ Sources[4].
30
+
31
+ Durant le Crétacé, le supercontinent Pangée finit de se scinder pour former les continents actuels, bien que leurs positions soient encore substantiellement différentes de ce qu'elles sont de nos jours. L’océan Atlantique s’élargit alors que l’Amérique du Nord se dirige vers l’ouest ; dans le même temps le Gondwana, qui s’était auparavant détaché de la Pangée, se fracture en Antarctique, Amérique du Sud et Australie, et s’éloigne de l’Afrique. L’Inde et Madagascar restent rattachés à la plaque africaine au début du Crétacé ; l’Inde s’en détache vers la fin du Berriasien. L’océan Indien et l’Atlantique Sud apparaissent durant cette période.
32
+
33
+ Cette activité crée des chaînes de montagnes sous-marines le long des lignes de fractures, provoquant l’élévation du niveau de la mer dans le monde entier : c’est la crise magmatique du Crétacé supérieur, à l’origine des plateaux des Caraïbes, d’Otong-Java… Au nord de l’Afrique, la mer de Téthys continue de rétrécir. En Amérique du Nord une mer intérieure peu profonde se forme (voie maritime intérieure de l'Ouest), puis commence à diminuer en laissant des dépôts marins minces intercalaires entre des couches de charbon. D’autres affleurements de cette période se situent en Europe et en Chine. Au maximum du niveau de la mer pendant le Crétacé, près d’un tiers des terres actuelles est submergé[9].
34
+
35
+ Le Crétacé est renommé pour ses formations calcaires : aucune autre période du Phanérozoïque n’en a produit autant[10]. L’activité au niveau des dorsales océaniques enrichit les océans en calcium, permettant aux coccolithophoridés de s’approvisionner en cet élément[11].
36
+
37
+ De plus, dans la région de l’Inde, des éruptions volcaniques massives se produisent vers la fin du Crétacé et le début du Paléocène, formant les trapps du Deccan.
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+
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+ Au début du Crétacé, la tendance au refroidissement amorcée à la fin du Jurassique se poursuit pendant le Berriasien. Les pôles ont peut-être connu à cette époque des glaciers permanents, ainsi que quelques montagnes élevées aux latitudes moyennes. Ce refroidissement n’est pas typique du Crétacé. À la fin du Berriasien les températures remontent puis restent relativement stables pendant le reste de cette période[12].
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+
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+ Cette tendance est due à l’activité volcanique intense qui produit de larges quantités de dioxyde de carbone. La mer de Téthys connecte les océans tropicaux d’ouest en est, permettant d’adoucir le climat global. Des fossiles de plantes adaptées à la chaleur ont été trouvés dans des régions aux latitudes élevées telles que l’Alaska ou le Groenland, et des fossiles de dinosaures sont présents à des latitudes éloignées du pôle Sud de seulement 15°.
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+
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+ Le gradient de température équateur-pôle est bien moins élevé que de nos jours ; les vents sont donc plus faibles, et en conséquence les remontées d’eau des océans sont moins accentuées et les océans plus stagnants. Ces océans sont donc moins oxygénés, et des événements anoxiques sont enregistrés dans les dépôts de schiste noir[13]. La température de surface et en profondeur des océans est nettement plus élevée que de nos jours.
44
+
45
+ Le climat global est donc chaud, avec des régions polaires dépourvues de glace permanente, sauf peut-être ponctuellement au Turonien. En effet, selon une étude publiée dans la revue Science, une équipe conduite par l’Allemand André Bornemann est parvenue à prouver l’existence de glaciers et à montrer que ces glaciers ont pu atteindre, sur de courtes périodes, jusqu'à 60 % du volume actuel de l’Antarctique ; le niveau de la mer chutant de 25 à 40 mètres, alors que la température de l’océan dans les zones tropicales avoisinait 37 °C contre les 28 °C actuels pour la zone ouest tropicale de l'Atlantique[14].
46
+
47
+ Les angiospermes s’étendent mais ne deviennent dominantes qu'à partir de la fin du Crétacé, pendant le Campanien. Leur dissémination est aidée par l’apparition des abeilles - les relations insectes-angiospermes sont un bon exemple de coévolution. Les premiers représentants d’arbres à feuilles : figuiers, magnolias et Platanaceae, apparaissent durant le Crétacé. Les gymnospermes du Trias, tels que les conifères, continuent de se développer. Les Bennettitales apparus pendant le Trias s’éteignent vers la fin du Crétacé[15]. Les plantes se modernisent, bien que les herbes n’évoluent pas avant la fin de cette période.
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+
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+ Les mammifères sont petits et n’ont que peu d’importance dans le règne animal. La faune est dominée par les reptiles archosauriens, essentiellement des dinosaures.
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+ Dans le ciel, les ptérosaures sont communs dans les environnements maritimes, en particulier durant le Crétacé inférieur et moyen. Mais sur terre ils doivent faire face à la radiation évolutive des oiseaux ; à la fin du Crétacé, seules subsistent deux espèces de ptérosaures très spécialisées.
52
+
53
+ Les dépôts sédimentaires de la province chinoise du Liaoning fournissent de bons enregistrements fossiles du Crétacé inférieur : les restes bien conservés de nombreux petits mammifères, oiseaux et dinosaures, y ont été découverts.
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+ Durant le Crétacé, les insectes se diversifient. Les plus vieux termites et fourmis, Aphidoidea, Cynipidae et sauterelles apparaissent ainsi que quelques nouvelles familles de papillons.
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+ Dans les mers, les raies, les requins modernes et les poissons deviennent communs ainsi que les reptiles marins : Ichthyosaures durant le Crétacé inférieur, Plésiosaures durant toute la période, et Mosasaures durant le Crétacé supérieur.
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+ Les baculites, un genre d’ammonite, sont florissantes. Les hesperornithiformes, des oiseaux dinosauriens marins communs au Mésozoïque, n’ont pas de concurrents. Les Foraminifera, Globotruncana, et des échinodermes tels les étoiles de mer ou les oursins se développent. La première expansion des diatomées se fait dans les océans pendant le Crétacé - les diatomées d’eau douce n’apparaissent pas avant le Miocène. Le Crétacé est aussi une période importante pour l’évolution des organismes attaquant les couches calcaires, et la bioérosion devient un facteur important dans l’évolution des couches sédimentaires[16].
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+ La fin du Crétacé voit un déclin progressif de la biodiversité durant le Maastrichtien, un peu avant la crise écologique qui culmine lors de l’extinction du Crétacé. Après cette dernière, en dépit des nombreuses niches écologiques libérées la biodiversité mettra longtemps avant de redevenir aussi riche qu'auparavant[17].
62
+
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+ En dépit de la sévérité de cette extinction, la vitesse de disparition varie entre et à l’intérieur des différents clades. Les espèces qui dépendent de la photosynthèse déclinent à cause du blocage de l’énergie solaire par les particules en suspension dans l’air après l’impact de Chicxulub. Tout comme aujourd’hui, le phytoplancton et les plantes terrestres étaient à la base de la chaîne alimentaire ; les herbivores dépendant de ces sources de nourriture se sont éteints, puis leurs prédateurs tel que le Tyrannosaurus rex[18].
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+ Les Coccolithophoridés et les mollusques, y compris les ammonites, les rudistes, les escargots d’eau douce et les moules, ainsi que les organismes les consommant, s’éteignent ou subissent des pertes massives ; par exemple les Mosasauridae disparaissent[19].
66
+
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+ Les omnivores, insectes et charognards survivent mieux à cette extinction. À la fin du Crétacé, il ne semble plus y avoir de mammifères purement carnivores ou herbivores. Les mammifères ou les oiseaux qui ont survécu semblent se nourrir d’insectes, de larves, de vers ou d’escargots, qui à leur tour se nourrissent de plantes mortes ou sont des charognards[17],[20],[21].
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+
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+ Dans les biocénoses vivant en eau courante, les extinctions sont moins marquées. Leurs communautés vivent fréquemment de détritus tombant dans l’eau plutôt que de plantes vivantes, et ces niches écologiques sont moins touchées[22]. Des modèles similaires mais plus complexes prévalent aussi dans les océans, les animaux vivant sur les fonds sont moins touchés que ceux vivant dans la zone pélagique, ces derniers dépendant plus directement de la productivité primaire du phytoplancton tandis que les animaux vivant sur ou dans les fonds marins vivent de déchets[17].
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+
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+ Les plus grands animaux survivant respirant de l’air, des crocodiliens et des champsosaures, sont semi-aquatiques. Les espèces modernes de crocodiles peuvent se nourrir de détritus et survivre pendant de longues périodes sans nourriture ; ces caractéristiques sont héritées de leur survie pendant l’extinction du Crétacé[20].
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+
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+ La plus fameuse des disparitions, celle des dinosaures, n’est donc que la partie visible d’un iceberg. Cette extinction massive est une des plus importantes dans l’histoire de la Terre.
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+ La Crète, en grec Κρήτη, en grec ancien Krḗtē, grec moderne Kríti, est une île grecque, autrefois appelée « île de Candie ». Plus grande des îles grecques et cinquième île de la mer Méditerranée en superficie, elle est rattachée en 1913 à la Grèce, dont elle constitue, avec d'autres petites îles, l'une des treize périphéries (région administrative), ainsi que l'un des sept diocèses décentralisés créés par le programme Kallikratis en janvier 2011.
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+ La Crète est le berceau de la civilisation minoenne, dont Knossos est le cœur et le site archéologique le plus important.
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+ Située dans la méditerranée orientale au sud-est du Péloponnèse, la Crète est bordée au nord par la mer de Crète, depuis le cap Plaka (en) sur la côte est jusqu'à l'île d'Agria Gramvousa au nord-ouest, par la mer Méditerranée à l'ouest, par la mer de Libye au sud et le bassin levantin à l'est (au sud de l'Ákra Pláka). Une distance de 96 kilomètres sépare l'Akra Spátha, au nord-ouest de l'île, de l'Akra Maléas, à l'extrémité sud-est de la Grèce continentale. L'île possède une forme étirée : elle s'étend sur 255 km d'est en ouest et, dans sa plus grande largeur, sur 55 km du nord au sud. D'une superficie de 8 400 km2, et d'une périphérie d'environ 1 000 km, elle est la cinquième île de Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne, Chypre et la Corse.
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+ L'île est montagneuse ; trois massifs montagneux la dominent : les Lefká Óri (2 453 m) ou montagnes Blanches à l'ouest, le massif du mont Psiloritis (2 456 m) ou mont Ida au centre (le point culminant de l'île) et le massif du mont Dikti (2 148 m) à l'est. À l'ouest de l'île se trouvent des gorges, les gorges de Samaria. Les massifs calcaires sont karstifiés et abritent des cavités remarquables par leurs dimensions, telles que Mavro Skiadi…
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+ La Crète compte officiellement environ 35 millions d’oliviers. Riche de milieux naturels diversifiés, elle abrite plusieurs espèces d'animaux endémiques, ainsi qu'une flore très variée. L'île est bercée par un climat méditerranéen : l'été est chaud et sec, alors que l'hiver est plutôt doux.
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+
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+ La Crète souffre en revanche de problèmes environnementaux. Il y a quelques années encore, une immense décharge à ciel ouvert située près de La Canée posait d'importants problèmes écologiques. L'État grec a donc décidé de la fermer, mais il existe encore beaucoup de décharges sauvages un peu partout sur l'île. Les plages sont, elles aussi, envahies de déchets en tout genre (bien que certaines d'entre elles soient régulièrement nettoyées, comme Elafonissi). Les rivages crétois sont malheureusement victimes également de dégazages. Cependant, depuis les années 2000, les Crétois ont pris conscience que les problèmes environnementaux ne faisaient pas bon ménage avec leur principal revenu, le tourisme. De gros efforts ont été entrepris pour garder les plages propres et les habitants sont devenus beaucoup plus respectueux de la nature.
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+
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+ (source : recensement général de 2011)
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+ L'île de Crète a été le théâtre de nombreux épisodes de la mythologie grecque :
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19
+ Parmi les Grecs, les Crétois sont identifiables d'une part par leur dialecte crétois, d'autre part par la terminaison en άκις : akis, très fréquente dans leurs patronymes. Leur costume traditionnel, encore revêtu lors des commémorations ou festivals culturels, était assez différent de celui des autres Grecs, en tissu souvent noir ou bleu, large ceinture et bottes. Danses, musiques et cuisine aussi sont spécifiques à l'île. Le régime crétois a été élu comme le modèle de la diète méditerranéenne après « l'étude des sept pays »[4]. Le tsípouro ou tsikoudiá est un alcool spécifiquement crétois de marc de raisin.
20
+
21
+ Du point de vue religieux, la Crète a été évangélisée dès les premiers temps du christianisme. Son apôtre aurait été Tite, disciple de saint Paul, auquel ce dernier a écrit une épître. Sous les dominations abbasside et ottomane, l'islam sunnite a aussi été présent dans l'île, en position politiquement dominante, laissant ici ou là des ruines de mosquées ; sous la domination vénitienne, c'est le catholicisme romain qui s'est trouvé en position politiquement dominante.
22
+
23
+ La religion majoritaire est le christianisme gréco-orthodoxe. L'Église crétoise est indépendante de l'Église grecque, et relève directement du patriarcat œcuménique de Constantinople. Elle a été un des éléments les plus importants de la résistance à l'occupant turc.
24
+
25
+ Les populations musulmanes installées en Crète après la conquête de l'île par l'Empire ottoman, ou converties sur place, et qui regroupaient près de 30 % de la population au recensement de 1881[5],[6] ont commencé à partir dans les années 1890, avant que les derniers soient expulsés lors des échanges de populations entre la Grèce et la Turquie en 1924, conformément au traité de Lausanne de 1923. La Crète a alors accueilli de nombreux réfugiés grecs d'Asie Mineure, de religion orthodoxe, expulsés de Turquie.
26
+
27
+ La Crète est depuis le XIXe siècle au moins, sinon depuis l'Antiquité, l'une des régions de Grèce qui produit le plus d'huile d'olive. L'olivier occupe une grande partie des plaines, collines et pentes des montagnes crétoises. Un début de recherche de la qualité s'observe avec des huiles d'olive d'origine contrôlée à la mode française, notamment à Zakros (est).
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+
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+ L'élevage ovin et caprin est en déclin, même si l'agrimi, krikri ou chèvre sauvage fait toujours partie du paysage.
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+ Les plantations agricoles (tomates, primeurs) bénéficient d'un ensoleillement exceptionnel mais restent limitées (secteur de Moires, dans la Messara).
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+ La ressource croissante de la Crète est son énorme potentiel touristique, associant mer, soleil, montagne, culture, sites archéologiques ; comme en Espagne, il devrait conduire vers un tourisme de plus en plus éclectique et amoureux de l'environnement et de la culture crétoise. La côte Sud est beaucoup plus traditionnelle, liant vieux monastères, villages hauts-perchés des montagnes et criques sablonneuses accessibles seulement à pied.
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+ Les ressources invisibles ne sont pas évaluées (transferts de ressources de Grèce continentale vers la Crète et notamment revenus tirés de la marine marchande)[réf. nécessaire].
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+ La Crète, en grec Κρήτη, en grec ancien Krḗtē, grec moderne Kríti, est une île grecque, autrefois appelée « île de Candie ». Plus grande des îles grecques et cinquième île de la mer Méditerranée en superficie, elle est rattachée en 1913 à la Grèce, dont elle constitue, avec d'autres petites îles, l'une des treize périphéries (région administrative), ainsi que l'un des sept diocèses décentralisés créés par le programme Kallikratis en janvier 2011.
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+ La Crète est le berceau de la civilisation minoenne, dont Knossos est le cœur et le site archéologique le plus important.
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+ Située dans la méditerranée orientale au sud-est du Péloponnèse, la Crète est bordée au nord par la mer de Crète, depuis le cap Plaka (en) sur la côte est jusqu'à l'île d'Agria Gramvousa au nord-ouest, par la mer Méditerranée à l'ouest, par la mer de Libye au sud et le bassin levantin à l'est (au sud de l'Ákra Pláka). Une distance de 96 kilomètres sépare l'Akra Spátha, au nord-ouest de l'île, de l'Akra Maléas, à l'extrémité sud-est de la Grèce continentale. L'île possède une forme étirée : elle s'étend sur 255 km d'est en ouest et, dans sa plus grande largeur, sur 55 km du nord au sud. D'une superficie de 8 400 km2, et d'une périphérie d'environ 1 000 km, elle est la cinquième île de Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne, Chypre et la Corse.
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+ L'île est montagneuse ; trois massifs montagneux la dominent : les Lefká Óri (2 453 m) ou montagnes Blanches à l'ouest, le massif du mont Psiloritis (2 456 m) ou mont Ida au centre (le point culminant de l'île) et le massif du mont Dikti (2 148 m) à l'est. À l'ouest de l'île se trouvent des gorges, les gorges de Samaria. Les massifs calcaires sont karstifiés et abritent des cavités remarquables par leurs dimensions, telles que Mavro Skiadi…
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+ La Crète compte officiellement environ 35 millions d’oliviers. Riche de milieux naturels diversifiés, elle abrite plusieurs espèces d'animaux endémiques, ainsi qu'une flore très variée. L'île est bercée par un climat méditerranéen : l'été est chaud et sec, alors que l'hiver est plutôt doux.
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+ La Crète souffre en revanche de problèmes environnementaux. Il y a quelques années encore, une immense décharge à ciel ouvert située près de La Canée posait d'importants problèmes écologiques. L'État grec a donc décidé de la fermer, mais il existe encore beaucoup de décharges sauvages un peu partout sur l'île. Les plages sont, elles aussi, envahies de déchets en tout genre (bien que certaines d'entre elles soient régulièrement nettoyées, comme Elafonissi). Les rivages crétois sont malheureusement victimes également de dégazages. Cependant, depuis les années 2000, les Crétois ont pris conscience que les problèmes environnementaux ne faisaient pas bon ménage avec leur principal revenu, le tourisme. De gros efforts ont été entrepris pour garder les plages propres et les habitants sont devenus beaucoup plus respectueux de la nature.
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+ Du point de vue religieux, la Crète a été évangélisée dès les premiers temps du christianisme. Son apôtre aurait été Tite, disciple de saint Paul, auquel ce dernier a écrit une épître. Sous les dominations abbasside et ottomane, l'islam sunnite a aussi été présent dans l'île, en position politiquement dominante, laissant ici ou là des ruines de mosquées ; sous la domination vénitienne, c'est le catholicisme romain qui s'est trouvé en position politiquement dominante.
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+ La religion majoritaire est le christianisme gréco-orthodoxe. L'Église crétoise est indépendante de l'Église grecque, et relève directement du patriarcat œcuménique de Constantinople. Elle a été un des éléments les plus importants de la résistance à l'occupant turc.
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+
25
+ Les populations musulmanes installées en Crète après la conquête de l'île par l'Empire ottoman, ou converties sur place, et qui regroupaient près de 30 % de la population au recensement de 1881[5],[6] ont commencé à partir dans les années 1890, avant que les derniers soient expulsés lors des échanges de populations entre la Grèce et la Turquie en 1924, conformément au traité de Lausanne de 1923. La Crète a alors accueilli de nombreux réfugiés grecs d'Asie Mineure, de religion orthodoxe, expulsés de Turquie.
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27
+ La Crète est depuis le XIXe siècle au moins, sinon depuis l'Antiquité, l'une des régions de Grèce qui produit le plus d'huile d'olive. L'olivier occupe une grande partie des plaines, collines et pentes des montagnes crétoises. Un début de recherche de la qualité s'observe avec des huiles d'olive d'origine contrôlée à la mode française, notamment à Zakros (est).
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+ L'élevage ovin et caprin est en déclin, même si l'agrimi, krikri ou chèvre sauvage fait toujours partie du paysage.
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+ Les plantations agricoles (tomates, primeurs) bénéficient d'un ensoleillement exceptionnel mais restent limitées (secteur de Moires, dans la Messara).
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+ La ressource croissante de la Crète est son énorme potentiel touristique, associant mer, soleil, montagne, culture, sites archéologiques ; comme en Espagne, il devrait conduire vers un tourisme de plus en plus éclectique et amoureux de l'environnement et de la culture crétoise. La côte Sud est beaucoup plus traditionnelle, liant vieux monastères, villages hauts-perchés des montagnes et criques sablonneuses accessibles seulement à pied.
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+ Les ressources invisibles ne sont pas évaluées (transferts de ressources de Grèce continentale vers la Crète et notamment revenus tirés de la marine marchande)[réf. nécessaire].
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+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+
5
+ Le crime désigne la catégorie des infractions les plus graves, catégorie plus ou moins vaste suivant les pays et systèmes juridiques. Le terme provient du latin crimen, qui signifie en latin classique « l’accusation » ou le « chef d’accusation » puis, en bas latin, « faute » ou « souillure ».
6
+
7
+ En anglais courant, le mot crime désigne indifféremment un crime ou un délit, même toutes les infractions à la loi en général. Aux États-Unis en particulier, le mot "felon" désigne les infractions graves d'une manière similaire au mot en français.
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+
9
+ Les principes de Nuremberg de 1950, sans valeur positive, formulent trois catégories de crimes de droit pénal international :
10
+
11
+ Le crime d’agression est une nouvelle catégorie de crime de droit international. Cependant, sa définition précise n’a pas encore été formulée par le Statut de Rome de 1998. Par conséquent, ce type de crime demeure en suspens.
12
+
13
+ La Cour pénale internationale (CPI) est un organe principal de l’Organisation des Nations unies et seule compétente, depuis 2002, pour juger les crimes de droit international commis par des individus citoyens d’un État membre. Alors que plusieurs conventions internationales furent adoptées par différents pays, telles la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, divers organismes furent mis sur pied par la communauté internationale afin de prévenir les crimes d’envergure mondiale, notamment l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, l’Organe international de contrôle des stupéfiants et Interpol.
14
+
15
+ Le crime, au sens pénal du terme, est l'une des trois classifications d'infractions qui se distingue du délit et de la contravention selon le degré de gravité de l'infraction commise. Le code pénal français qualifie ainsi de crime : le meurtre, homicide volontaire non prémédité, l'assassinat (homicide volontaire prémédité), mais aussi d'autres infractions pénales telles que le viol.
16
+
17
+ Le crime se détermine par sa sanction et plus précisément par la peine encourue qui est de plus de dix ans de réclusion criminelle pour les crimes de droit commun et de plus de dix ans de détention criminelle pour les crimes politiques selon l'article 131-1 du code pénal français.
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+ La personne suspectée d'avoir commis un crime est jugée en cour d'assises.
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21
+ L'avortement a longtemps été considéré comme un crime en France, jusqu'en 1920[1]. Cependant, l'avortement a été correctionnalisé en 1923, parce que les Cours d'Assises acquittaient souvent les accusés[2].
22
+
23
+ Généralement, une infraction est considérée être un crime si elle porte atteinte au bien-être collectif de la société ou si elle déroge significativement des normes socio-culturelles qui dictent la conduite normale d'une personne. Toutefois, les tribunaux sont appelés à rédiger une définition générale, sur la base de la coutume et des conventions populaires, par voie d'arrêts afin de créer un cadre légal qui permet de catégoriser les infractions qui peuvent être considérées comme des crimes. Par ailleurs, sans porter atteinte à la disposition législative même, les tribunaux peuvent décréter en vertu de cette définition qu'une infraction donnée ne constitue pas un crime, mais plutôt une infraction mineure, et que la procédure et les sanctions applicables doivent donc être adaptées en conséquence. D'autre part, la mise en application des lois criminelles peut parfois s'avérer difficile dans certaines situations étant donnée la fréquence des changements (économiques, sociaux, culturels et psychologiques) et la rapidité d'exécution des autorités.
24
+
25
+ Dans les systèmes juridiques de la common law, un individu ne devient criminel que lorsque les deux éléments fondamentaux constituant le crime sont réunis, à savoir l'acte coupable (actus reus) et l'intention coupable (mens rea). Le principe de la responsabilité criminelle d'un individu se résume par la phrase latine : « Actus non facit reum nisi mens sit rea » qui signifie que l'acte ne rend pas un individu criminel à moins d'une intention coupable. Par conséquent, la responsabilité criminelle d'une personne n'est révélée que s'il existe une intention de commettre l'acte coupable. Toute forme d'intention est par ailleurs pertinente pour former une mens rea et peut même, pour certaines infractions, se définir par exemple comme une insouciance déréglée ou une témérité quelconque. En règle générale, un individu ne pourrait donc, par exemple, être déclaré coupable d'un homicide involontaire puisque le caractère involontaire de l'acte empêche la formation de l'intention coupable. Cependant, un meurtre peut être considéré comme un homicide involontaire coupable dans la situation où l'acte est commis par suite d'un accès de colère causé par une provocation soudaine. Bien que l'intention de commettre l'acte n'est pas présente avant la perpétration du crime, il est généralement reconnu que, dans ces circonstances, l'intention s'est formée à l'instant même où celui-ci a été commis et que par conséquent, l’actus reus et la mens rea sont réunis au moment où l'acte est commis envers la victime.
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27
+ Comme une intention doit obligatoirement être rattachée à un acte pour qu'un individu soit criminel, l'accusé déclaré coupable, à tort, n'est pas criminel. Il est cependant réputé l'être jusqu'à ce que l'erreur juridique soit découverte. À l'inverse, un individu est criminel s'il a commis un acte coupable avec une intention, et ce, même s'il n'est pas découvert.
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+
29
+ La criminologie classe les crimes selon leur nature juridique, les moyens utilisés, leur cible et le nombre de victimes réelles ou potentielles en catégories distinctes : les crimes avec usage de la force, les crimes contre la propriété, les crimes contre l'ordre public, les crimes haineux, les crimes contre l'État, les crimes contre la justice, les crimes environnementaux et les crimes non parfaits.
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31
+ D'autre part, les crimes sont catégorisés en infractions mala in se (mot à mot : « mal en soi ») et en infractions mala prohibita (mot à mot : « mal interdit »).
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33
+ La vulnérabilité physique ou vulnérabilité psychologique de la victime (cas des crimes visant des handicapés, personnes âgées, malades, enfants[10]...), le degré de malveillance, de perversité ou de responsabilité et dangerosité[11] des auteurs ou encore la nature et le degré des préjudices matériels et moraux sont aussi des facteurs d'appréciation du niveau de gravité du crime.
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+ Certains crimes liés aux « illégalismes financiers »[12], au trafic d'influence, aux fraudes fiscales sont dits « crimes en col blanc »[13].
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+ Dans les juridictions de common law (ex. : Canada, États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Irlande, Royaume-Uni, Inde), les infractions criminelles sont classifiées en deux catégories distinctes : l’acte criminel (indictable offence), qui constitue l'infraction dont le degré de gravité est le plus élevé, et l'infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire (summary offence). De plus, certaines juridictions acceptent des infractions mixtes (hybrid offence), c'est-à-dire des infractions criminelles pour lesquelles la procédure peut être adaptée à la discrétion d'un procureur, ou d'un tribunal, et qui peuvent donc être traitées comme des actes criminels ou des infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
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39
+ Bien que la procédure de mise en accusation (indictment) pour l'acte criminel ainsi que la voie sommaire soient similaires dans tous les cas, les termes « felony » (félonie) et « misdemeanor » (méfait) sont toutefois encore utilisés aux États-Unis pour définir, respectivement, les deux types d'infractions criminelles, les autres juridictions de common law ayant pour leur part modifié et normalisé leur terminologie.
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+
41
+ Dans les situations qui ne constituent pas des infractions criminelles au sens strict du terme, ces dernières seront distinguées des infractions mineures (infraction ou petty offence). Celles-ci seront sanctionnées par voie de brefs (writ), à savoir par des contraventions directes (summons, ou communément ticket) ou des citations à comparaître (subpoena), selon l'infraction. Les peines infligées pour des infractions mineures peuvent varier de l'emprisonnement aux dommages-intérêts, mais sont généralement moins importantes que celles des infractions criminelles.
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+ Là où l'assemblée législative d'une juridiction n'a pas expressément édicté des dispositions à l'effet de créer un tribunal ayant compétence pour statuer sur une cause portant sur un type d'infraction criminelle, seules les cours supérieures, ou de compétence générale, ont le pouvoir de se prononcer dans une poursuite au criminel. Autrement dit, les tribunaux définis par leur juridiction comme étant des cours supérieures ont le pouvoir inhérent de jugement dans un procès pour une infraction criminelle. Alors que les cours inférieures, ou de compétence limitée, doivent se restreindre aux pouvoirs qui leur sont dévolus de façon expresse par la législature qui les a créées. Par leur compétence générale et leur pouvoir inhérent de juger sur toute matière criminelle, chaque ressort territorial ne possède qu'un seul tribunal défini comme étant une cour supérieure ; les autres tribunaux (de première instance ou d'appel) sont des cours inférieures.
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+
45
+ Des exemples de tribunaux ayant pouvoir inhérent de jugement dans une poursuite au criminel comprennent : la Cour suprême de l'État de New York (Supreme Court of the State of New York), les Cours supérieures de la Californie, les Cours supérieures de l'Arizona, la Cour suprême du Canada, la Cour supérieure du Québec, la Cour supérieure de justice de l'Ontario, la Cour du banc de la reine du Manitoba, la Cour fédérale de l'Australie (Federal Court of Australia), la Cour suprême de l'Australie du Sud (Supreme Court of South Australia), la section du banc de la reine du tribunal de première instance du Royaume-Uni (Queen's Bench Division of the High Court of Justice), etc.
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+ Des exemples de tribunaux ayant une compétence limitée dans un procès pour une infraction criminelle comprennent : la Cour du Québec, la Cour de justice de l'Ontario, la Cour provinciale de la Nouvelle-Écosse (Provincial Court of Nova Scotia), les cours fédérales des États-Unis, la Cour des magistrats de Tasmanie (Magistrates' Court of Tasmania), etc.
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+ D'autre part, dans une poursuite au criminel, les tribunaux d'un pays peuvent, là où il n'existe aucun précédent ou là où la procédure est ambiguë, s'appuyer sur les jugements des autres tribunaux de common law dans le monde en rapportant les points pertinents à leurs causes. Les tribunaux ont par ailleurs recours à ce principe lorsqu'ils fondent leurs interprétations juridiques sur les écrits de William Blackstone dans son manifeste sur les lois de l'Angleterre (Commentaries on the Laws of England).
50
+
51
+ D'un point de vue sociologique le crime ne se définit pas intrinsèquement comme un acte. Un crime ce n'est pas l'acte en lui-même, on ne devient pas criminel parce qu'on commet un acte conçu comme un crime par la loi. En effet, l'« accusé à tort » entre dans la catégorie des criminels. Le coupable non découvert n'est pas un criminel.
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+
53
+ Émile Durkheim donne du crime la définition suivante : « tout acte qui, à un degré quelconque, détermine contre son auteur cette réaction caractéristique qu’on nomme la peine »[14]. Dans Les Règles de la méthode sociologique, paru en 1894, il précise cette définition : « Un acte est criminel quand il offense les états forts et définis de la conscience commune. Nous ne le réprouvons pas parce qu'il est un crime. Il est un crime parce que nous le réprouvons »[15].
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55
+ La sociologie du crime met les normes au centre de son analyse, mais ne se contente pas d'être une sociologie de la déviance, car elle tient compte de la spécificité de la norme pénale et donc de la peine. La sociologie du crime s'articule autour d'un triptyque théorique, elle étudie :
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+ Il est difficile de faire une véritable sociologie du crime sans passer par ce triptyque.
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+ Le crime désigne la catégorie des infractions les plus graves, catégorie plus ou moins vaste suivant les pays et systèmes juridiques. Le terme provient du latin crimen, qui signifie en latin classique « l’accusation » ou le « chef d’accusation » puis, en bas latin, « faute » ou « souillure ».
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+ En anglais courant, le mot crime désigne indifféremment un crime ou un délit, même toutes les infractions à la loi en général. Aux États-Unis en particulier, le mot "felon" désigne les infractions graves d'une manière similaire au mot en français.
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+ Les principes de Nuremberg de 1950, sans valeur positive, formulent trois catégories de crimes de droit pénal international :
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+ Le crime d’agression est une nouvelle catégorie de crime de droit international. Cependant, sa définition précise n’a pas encore été formulée par le Statut de Rome de 1998. Par conséquent, ce type de crime demeure en suspens.
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+ La Cour pénale internationale (CPI) est un organe principal de l’Organisation des Nations unies et seule compétente, depuis 2002, pour juger les crimes de droit international commis par des individus citoyens d’un État membre. Alors que plusieurs conventions internationales furent adoptées par différents pays, telles la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, divers organismes furent mis sur pied par la communauté internationale afin de prévenir les crimes d’envergure mondiale, notamment l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, l’Organe international de contrôle des stupéfiants et Interpol.
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+ Le crime, au sens pénal du terme, est l'une des trois classifications d'infractions qui se distingue du délit et de la contravention selon le degré de gravité de l'infraction commise. Le code pénal français qualifie ainsi de crime : le meurtre, homicide volontaire non prémédité, l'assassinat (homicide volontaire prémédité), mais aussi d'autres infractions pénales telles que le viol.
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+ Le crime se détermine par sa sanction et plus précisément par la peine encourue qui est de plus de dix ans de réclusion criminelle pour les crimes de droit commun et de plus de dix ans de détention criminelle pour les crimes politiques selon l'article 131-1 du code pénal français.
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+ La personne suspectée d'avoir commis un crime est jugée en cour d'assises.
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+ L'avortement a longtemps été considéré comme un crime en France, jusqu'en 1920[1]. Cependant, l'avortement a été correctionnalisé en 1923, parce que les Cours d'Assises acquittaient souvent les accusés[2].
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+ Généralement, une infraction est considérée être un crime si elle porte atteinte au bien-être collectif de la société ou si elle déroge significativement des normes socio-culturelles qui dictent la conduite normale d'une personne. Toutefois, les tribunaux sont appelés à rédiger une définition générale, sur la base de la coutume et des conventions populaires, par voie d'arrêts afin de créer un cadre légal qui permet de catégoriser les infractions qui peuvent être considérées comme des crimes. Par ailleurs, sans porter atteinte à la disposition législative même, les tribunaux peuvent décréter en vertu de cette définition qu'une infraction donnée ne constitue pas un crime, mais plutôt une infraction mineure, et que la procédure et les sanctions applicables doivent donc être adaptées en conséquence. D'autre part, la mise en application des lois criminelles peut parfois s'avérer difficile dans certaines situations étant donnée la fréquence des changements (économiques, sociaux, culturels et psychologiques) et la rapidité d'exécution des autorités.
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+ Dans les systèmes juridiques de la common law, un individu ne devient criminel que lorsque les deux éléments fondamentaux constituant le crime sont réunis, à savoir l'acte coupable (actus reus) et l'intention coupable (mens rea). Le principe de la responsabilité criminelle d'un individu se résume par la phrase latine : « Actus non facit reum nisi mens sit rea » qui signifie que l'acte ne rend pas un individu criminel à moins d'une intention coupable. Par conséquent, la responsabilité criminelle d'une personne n'est révélée que s'il existe une intention de commettre l'acte coupable. Toute forme d'intention est par ailleurs pertinente pour former une mens rea et peut même, pour certaines infractions, se définir par exemple comme une insouciance déréglée ou une témérité quelconque. En règle générale, un individu ne pourrait donc, par exemple, être déclaré coupable d'un homicide involontaire puisque le caractère involontaire de l'acte empêche la formation de l'intention coupable. Cependant, un meurtre peut être considéré comme un homicide involontaire coupable dans la situation où l'acte est commis par suite d'un accès de colère causé par une provocation soudaine. Bien que l'intention de commettre l'acte n'est pas présente avant la perpétration du crime, il est généralement reconnu que, dans ces circonstances, l'intention s'est formée à l'instant même où celui-ci a été commis et que par conséquent, l’actus reus et la mens rea sont réunis au moment où l'acte est commis envers la victime.
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+ Comme une intention doit obligatoirement être rattachée à un acte pour qu'un individu soit criminel, l'accusé déclaré coupable, à tort, n'est pas criminel. Il est cependant réputé l'être jusqu'à ce que l'erreur juridique soit découverte. À l'inverse, un individu est criminel s'il a commis un acte coupable avec une intention, et ce, même s'il n'est pas découvert.
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+ La criminologie classe les crimes selon leur nature juridique, les moyens utilisés, leur cible et le nombre de victimes réelles ou potentielles en catégories distinctes : les crimes avec usage de la force, les crimes contre la propriété, les crimes contre l'ordre public, les crimes haineux, les crimes contre l'État, les crimes contre la justice, les crimes environnementaux et les crimes non parfaits.
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+ D'autre part, les crimes sont catégorisés en infractions mala in se (mot à mot : « mal en soi ») et en infractions mala prohibita (mot à mot : « mal interdit »).
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+ La vulnérabilité physique ou vulnérabilité psychologique de la victime (cas des crimes visant des handicapés, personnes âgées, malades, enfants[10]...), le degré de malveillance, de perversité ou de responsabilité et dangerosité[11] des auteurs ou encore la nature et le degré des préjudices matériels et moraux sont aussi des facteurs d'appréciation du niveau de gravité du crime.
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+ Certains crimes liés aux « illégalismes financiers »[12], au trafic d'influence, aux fraudes fiscales sont dits « crimes en col blanc »[13].
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+ Dans les juridictions de common law (ex. : Canada, États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Irlande, Royaume-Uni, Inde), les infractions criminelles sont classifiées en deux catégories distinctes : l’acte criminel (indictable offence), qui constitue l'infraction dont le degré de gravité est le plus élevé, et l'infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire (summary offence). De plus, certaines juridictions acceptent des infractions mixtes (hybrid offence), c'est-à-dire des infractions criminelles pour lesquelles la procédure peut être adaptée à la discrétion d'un procureur, ou d'un tribunal, et qui peuvent donc être traitées comme des actes criminels ou des infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
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+ Bien que la procédure de mise en accusation (indictment) pour l'acte criminel ainsi que la voie sommaire soient similaires dans tous les cas, les termes « felony » (félonie) et « misdemeanor » (méfait) sont toutefois encore utilisés aux États-Unis pour définir, respectivement, les deux types d'infractions criminelles, les autres juridictions de common law ayant pour leur part modifié et normalisé leur terminologie.
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+ Dans les situations qui ne constituent pas des infractions criminelles au sens strict du terme, ces dernières seront distinguées des infractions mineures (infraction ou petty offence). Celles-ci seront sanctionnées par voie de brefs (writ), à savoir par des contraventions directes (summons, ou communément ticket) ou des citations à comparaître (subpoena), selon l'infraction. Les peines infligées pour des infractions mineures peuvent varier de l'emprisonnement aux dommages-intérêts, mais sont généralement moins importantes que celles des infractions criminelles.
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+ Là où l'assemblée législative d'une juridiction n'a pas expressément édicté des dispositions à l'effet de créer un tribunal ayant compétence pour statuer sur une cause portant sur un type d'infraction criminelle, seules les cours supérieures, ou de compétence générale, ont le pouvoir de se prononcer dans une poursuite au criminel. Autrement dit, les tribunaux définis par leur juridiction comme étant des cours supérieures ont le pouvoir inhérent de jugement dans un procès pour une infraction criminelle. Alors que les cours inférieures, ou de compétence limitée, doivent se restreindre aux pouvoirs qui leur sont dévolus de façon expresse par la législature qui les a créées. Par leur compétence générale et leur pouvoir inhérent de juger sur toute matière criminelle, chaque ressort territorial ne possède qu'un seul tribunal défini comme étant une cour supérieure ; les autres tribunaux (de première instance ou d'appel) sont des cours inférieures.
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+ Des exemples de tribunaux ayant pouvoir inhérent de jugement dans une poursuite au criminel comprennent : la Cour suprême de l'État de New York (Supreme Court of the State of New York), les Cours supérieures de la Californie, les Cours supérieures de l'Arizona, la Cour suprême du Canada, la Cour supérieure du Québec, la Cour supérieure de justice de l'Ontario, la Cour du banc de la reine du Manitoba, la Cour fédérale de l'Australie (Federal Court of Australia), la Cour suprême de l'Australie du Sud (Supreme Court of South Australia), la section du banc de la reine du tribunal de première instance du Royaume-Uni (Queen's Bench Division of the High Court of Justice), etc.
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+ Des exemples de tribunaux ayant une compétence limitée dans un procès pour une infraction criminelle comprennent : la Cour du Québec, la Cour de justice de l'Ontario, la Cour provinciale de la Nouvelle-Écosse (Provincial Court of Nova Scotia), les cours fédérales des États-Unis, la Cour des magistrats de Tasmanie (Magistrates' Court of Tasmania), etc.
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+ D'autre part, dans une poursuite au criminel, les tribunaux d'un pays peuvent, là où il n'existe aucun précédent ou là où la procédure est ambiguë, s'appuyer sur les jugements des autres tribunaux de common law dans le monde en rapportant les points pertinents à leurs causes. Les tribunaux ont par ailleurs recours à ce principe lorsqu'ils fondent leurs interprétations juridiques sur les écrits de William Blackstone dans son manifeste sur les lois de l'Angleterre (Commentaries on the Laws of England).
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+ D'un point de vue sociologique le crime ne se définit pas intrinsèquement comme un acte. Un crime ce n'est pas l'acte en lui-même, on ne devient pas criminel parce qu'on commet un acte conçu comme un crime par la loi. En effet, l'« accusé à tort » entre dans la catégorie des criminels. Le coupable non découvert n'est pas un criminel.
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+ Émile Durkheim donne du crime la définition suivante : « tout acte qui, à un degré quelconque, détermine contre son auteur cette réaction caractéristique qu’on nomme la peine »[14]. Dans Les Règles de la méthode sociologique, paru en 1894, il précise cette définition : « Un acte est criminel quand il offense les états forts et définis de la conscience commune. Nous ne le réprouvons pas parce qu'il est un crime. Il est un crime parce que nous le réprouvons »[15].
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+ La sociologie du crime met les normes au centre de son analyse, mais ne se contente pas d'être une sociologie de la déviance, car elle tient compte de la spécificité de la norme pénale et donc de la peine. La sociologie du crime s'articule autour d'un triptyque théorique, elle étudie :
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+ Il est difficile de faire une véritable sociologie du crime sans passer par ce triptyque.
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+ Un cristal est un solide dont les constituants (atomes, molécules ou ions) sont assemblés de manière régulière[1], par opposition au solide amorphe[1]. Par « régulier » on veut généralement dire qu'un même motif est répété à l'identique un grand nombre de fois selon un réseau régulier, la plus petite partie du réseau permettant de recomposer l'empilement étant appelée une « maille ».
2
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3
+ Les cristaux les plus communs sont la neige, le sucre, les sels, les silicates, les oxydes, les sulfures, les métaux et les pierres précieuses (gemmes).
4
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5
+ On appelle « phénocristal » ou « monocristal » un cristal de taille telle qu'il est visible à l’œil nu. La plupart des solides cristallisés sont polycristallins, c'est-à-dire qu'ils sont composés de plusieurs microcristaux accolés (ou cristallites). Un monocristal dont l'une des dimensions est inférieure à 100 nm est une nanoparticule aussi appelée « nanocristal ». Il arrive que cette dimension soit réduite à une seule couche d'atomes, par exemple avec le graphène.
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7
+ Un cristal idéal ne comporte pas de défauts cristallins, mais les cristaux réels sont loin de cette perfection. Au-delà d'une certaine concentration des défauts, le concept de structure cristalline cesse d'être utile et l'on considère que c'est un matériau amorphe tel que le verre. L'état amorphe s'apparente fortement à l'état liquide mais il existe aussi des cristaux liquides.
8
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9
+ Selon l'Union internationale de cristallographie, tout solide dont le diffractogramme est essentiellement discret est un cristal. Sur la base d'une propriété structurelle essentielle, cette définition englobe les cristaux classiques mais aussi les quasi-cristaux. Les propriétés des cristaux s'expliquent par leur composition atomique et l'arrangement spatial des atomes qui le constituent.
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+ L'émerveillement procuré par les cristaux est loin d'être récent. Déjà les Égyptiens connaissaient la turquoise et les gemmes (diamant, saphir, émeraude, rubis) étaient très appréciés au temps de l'antiquité. Strabon invente le mot Krystallos pour désigner le quartz[2]. Il est évident que les cristaux ont toujours fasciné tant par leur aspect translucide et coloré que par leur forme facettée. Ces deux aspects sont intimement liés aux propriétés physiques propres aux cristaux et au fait qu'ils soient ordonnés. Cependant cet ordre est resté fort longtemps incompris. L'histoire de la cristallographie s'étale principalement sur deux siècles (XIXe et XXe siècles).
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+ À partir de la fin du XVIIIe siècle, l'approche que l'on va avoir du monde des cristaux va être d'ordre purement géométrique, inspirée en cela par l'extrême rigidité du monde minéral. Domaine réservé tout d'abord aux naturalistes, la cristallographie va prendre son envol en France essentiellement au cours des XIXe et XXe siècles et sera marquée principalement par trois figures : Jean-Baptiste Romé de l'Isle, René Just Haüy et Auguste Bravais.
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+ Romé de l'Isle, en reprenant les travaux de Sténon, remarque en 1772 que, bien que les faces des cristaux soient en général de tailles différentes du fait même de leur croissance, deux faces adjacentes forment toujours entre elles des angles égaux. Cette loi tout à fait générale ouvre la voie à une description unique de l'ensemble des cristaux en termes purement géométriques. Cependant il n'arrivera pas à déterminer l'ensemble des formes à partir de ce principe unique.
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+ C'est l'abbé René Just Haüy qui va réaliser le bond en avant et ceci par une découverte fortuite. En faisant tomber un cristal de calcite, il découvre qu'en se brisant, les fragments de tailles différentes présentent toujours le même caractère de facette que le cristal d'origine. Haüy en déduit que le cristal d'origine peut être décrit par un empilement de « molécules » semblables qu'il nomme « molécule intégrante ». Celles-ci, de forme parallélépipédique, s'emboîtent parfaitement pour constituer un solide homogène. D'après ce principe, la forme d'un cristal va dépendre du nombre d'éléments le composant, de sorte que les faces du cristal soient formées de minuscules gradins. En effectuant ainsi ce qu'il appelle le « décroissement égal sur tous les sommets », et qui consiste simplement à enlever des parallélépipèdes en nombre décroissant à partir des sommets ou d'une arête de la forme complète, il explique un grand nombre de formes naturelles (par exemple à partir d'un cube, on peut par décroissement à partir des sommets obtenir une morphologie octaédrique, comme celle de la fluorine). Il retrouve ainsi la loi de Romé de L'Isle sur la constance des angles, puisque pour un empilement, les angles sont conservés, et explique du même coup la notion de clivage.
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+ Son travail ne s'arrête pas là puisqu'il trouve de façon mathématique que beaucoup de formes idéalisées peuvent être décrites par trois types de parallélépipèdes, dits « primitifs ». Du même coup, il montre l'impossibilit�� de construire un cristal avec des prismes pentagonaux, octogonaux. Gabriel Delafosse, élève d'Haüy, remplacera le terme de molécule intégrante par celui de « maille élémentaire », terme qui passera à la postérité. Cependant, les déductions d'Haüy ne sont pas complètes pour décrire l'ensemble des structures cristallographiques. Ceci nous amène à la définition du cristal, plus précisément du réseau cristallin, comme étant la répétition d'une maille élémentaire dans les trois directions de l'espace, avec la notion de pavage : un cristal est un objet périodique.
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+ Les travaux d'Haüy vont être repris par Weiss lequel va recenser les faces d'un cristal par rapport à des éléments de symétrie. Ce principe très important en physique va guider toute la cristallographie. Ainsi, pour passer d'une face à l'autre, il est possible d'appliquer une opération de symétrie qui peut être une rotation, une inversion par rapport à un centre.
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+ En 1848, Auguste Bravais rend une étude purement mathématique sur la classification des cristaux. Il décrit l'ensemble des structures possédant des symétries d'orientation compatibles avec la triple périodicité des cristaux dans les trois directions de l'espace (symétrie de translation). Il trouve ainsi 32 classes de symétrie réparties en 14 types de réseaux, les réseaux de Bravais que l'on peut regrouper en 7 systèmes définissant la forme de la maille élémentaire. Cette analyse affirme simplement que l'on ne peut disposer les points d'un réseau de façon arbitraire. Prenons le cas plus simple d'un réseau du plan (les résultats se généralisent à 3D).
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+ L'ère purement géométrique venait de finir, elle avait permis la classification exhaustive de l'ensemble des structures, reste à savoir ce qu'était véritablement une structure réelle. En cette fin de XIXe siècle, la physique est en ébullition tant le concept d'atome bouleverse les règles établies. La théorie atomiste naissante est en partie bâtie à partir des conclusions fournies par la cristallographie. Gabriel Delafosse, en introduisant le concept de maille, avait déjà pressenti que l'on pouvait dissocier organisation et composant élémentaire : le cristal peut être décrit par une maille élémentaire décorée par un motif atomique.
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+ La découverte de la nature réticulaire des cristaux, c'est-à-dire le fait que l'on puisse décrire les structures comme un ensemble de familles de plans (un empilement de couches d'atomes), chaque plan d'une même famille étant séparé d'une distance constante, la distance interréticulaire, a des conséquences importantes. Elle est due à Max von Laue[3] qui découvre que les rayons X sont diffractés par la matière cristalline. Ce phénomène a lieu lorsque la taille de la fente par laquelle on fait traverser un rayonnement est de l'ordre de la longueur d'onde. Pour un cristal, la distance entre deux plans est de l'ordre de la distance entre atomes, c'est-à-dire 1/10 de milliardième de mètre[4]. Dans ce cas pour obtenir le phénomène de diffraction, il faut un rayonnement dont la longueur d'onde est très courte. Cette condition est réalisée par les rayons X, qui permettent de sonder la matière. En particulier lorsqu'on éclaire un cristal dans une orientation particulière, le rayonnement n'est diffracté que dans des directions spécifiques : on obtient des clichés dits « de diffraction », un réseau de taches qui a les mêmes symétries que le cristal.
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+ Le travail de caractérisation des structures cristallines fut alors engagé par William Lawrence Bragg aidé par son père Sir William Henry Bragg (découverte pour laquelle ils reçurent le prix Nobel en 1915) et ne cessa de se développer avec un grand succès.
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+ Il a ainsi été possible d'identifier un grand nombre de structures. Par exemple, les métaux cristallisent selon trois types de réseaux : cubique centré (fer, chrome), cubique à faces centrées (aluminium, cuivre), et hexagonal compact (zinc, titane). D'autres structures cristallisent aussi. C'est par exemple les protéines, les virus. L'exemple le plus célèbre est celui de la molécule d'ADN, constituant élémentaire de nos cellules. En 1953, Crick et Watson découvrent la structure en double hélice de cette molécule grâce à l'analyse des clichés de diffraction réalisés dans l'ombre par R. Franklin de la molécule cristallisée.
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+ Le sel de mer est lui aussi un cristal : celui de chlorure de sodium (NaCl) qui cristallise selon un réseau cubique à faces centrées. Dans ce cas, on comprend mieux la notion de maille et de motif se répétant dans la maille.
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+ Au début des années 1980, travaillant sur un alliage d'aluminium et de manganèse rapidement solidifié Dan Shechtman obtint un spécimen cristallin qui présentait un cliché de diffraction très particulier. Le cliché était très net, ce qui indiquait une structure cristalline, mais il présentait une symétrie pentagonale qui selon la théorie bien établie était impossible. Différentes explications furent avancées mais bientôt il fallut se rendre à l'évidence : une nouvelle variété de cristaux avait été découverte. Trois autres chercheurs, Ilan Blech, John-Werner Cahn et Denis Gratias ont signé avec Schechtman l'article fondateur, paru en 1984[5]. Cette publication signale le début d'une véritable révolution scientifique : d'abord une controverse, amenant bientôt un renversement d'opinion, que suit la découverte rétrospective des cas occultés auparavant. Les cristaux classiques et bien connus sont depuis considérés comme un cas particulier : ce sont des cristaux périodiques. Dans une autre catégorie, on classe les cristaux apériodiques, où sont inclus les cristaux incommensurables reconnus avant la découverte de ceux qu'on appelait « quasi-cristaux ». Au début des années 1990, l'Union internationale de cristallographie a adopté une nouvelle définition de son objet principal, le cristal. Ainsi, on admet maintenant que la périodicité est une composante suffisante mais non nécessaire à l'ordre cristallin.
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+ Un cristal se forme si la température d'une coulée descend assez lentement sous le point de fusion et que le mouvement thermique des différents atomes atteint une valeur si faible que les connexions réciproques ne peuvent plus être fracturées par des oscillations - on vient en formation d'un treillis uniforme qui est marqué par un ordre à distance. Ce treillis uniforme a une plus faible enthalpie libre que le verre amorphe, qui se dispose seulement selon un ordre local (la disposition locale des atomes ne se répète pas régulièrement dans un verre). On qualifie ce processus de cristallisation.
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+ Dans les cas où la température d'une coulée descend rapidement, différents phénomènes sont observés et les solides ainsi obtenus peuvent avoir des propriétés bien particulières.
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+ Un cristal est un solide dont les constituants (atomes, molécules ou ions) sont assemblés de manière régulière[1], par opposition au solide amorphe[1]. Par « régulier » on veut généralement dire qu'un même motif est répété à l'identique un grand nombre de fois selon un réseau régulier, la plus petite partie du réseau permettant de recomposer l'empilement étant appelée une « maille ».
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+ Les cristaux les plus communs sont la neige, le sucre, les sels, les silicates, les oxydes, les sulfures, les métaux et les pierres précieuses (gemmes).
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+ On appelle « phénocristal » ou « monocristal » un cristal de taille telle qu'il est visible à l’œil nu. La plupart des solides cristallisés sont polycristallins, c'est-à-dire qu'ils sont composés de plusieurs microcristaux accolés (ou cristallites). Un monocristal dont l'une des dimensions est inférieure à 100 nm est une nanoparticule aussi appelée « nanocristal ». Il arrive que cette dimension soit réduite à une seule couche d'atomes, par exemple avec le graphène.
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+ Un cristal idéal ne comporte pas de défauts cristallins, mais les cristaux réels sont loin de cette perfection. Au-delà d'une certaine concentration des défauts, le concept de structure cristalline cesse d'être utile et l'on considère que c'est un matériau amorphe tel que le verre. L'état amorphe s'apparente fortement à l'état liquide mais il existe aussi des cristaux liquides.
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+ Selon l'Union internationale de cristallographie, tout solide dont le diffractogramme est essentiellement discret est un cristal. Sur la base d'une propriété structurelle essentielle, cette définition englobe les cristaux classiques mais aussi les quasi-cristaux. Les propriétés des cristaux s'expliquent par leur composition atomique et l'arrangement spatial des atomes qui le constituent.
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+ L'émerveillement procuré par les cristaux est loin d'être récent. Déjà les Égyptiens connaissaient la turquoise et les gemmes (diamant, saphir, émeraude, rubis) étaient très appréciés au temps de l'antiquité. Strabon invente le mot Krystallos pour désigner le quartz[2]. Il est évident que les cristaux ont toujours fasciné tant par leur aspect translucide et coloré que par leur forme facettée. Ces deux aspects sont intimement liés aux propriétés physiques propres aux cristaux et au fait qu'ils soient ordonnés. Cependant cet ordre est resté fort longtemps incompris. L'histoire de la cristallographie s'étale principalement sur deux siècles (XIXe et XXe siècles).
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+ À partir de la fin du XVIIIe siècle, l'approche que l'on va avoir du monde des cristaux va être d'ordre purement géométrique, inspirée en cela par l'extrême rigidité du monde minéral. Domaine réservé tout d'abord aux naturalistes, la cristallographie va prendre son envol en France essentiellement au cours des XIXe et XXe siècles et sera marquée principalement par trois figures : Jean-Baptiste Romé de l'Isle, René Just Haüy et Auguste Bravais.
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+ Romé de l'Isle, en reprenant les travaux de Sténon, remarque en 1772 que, bien que les faces des cristaux soient en général de tailles différentes du fait même de leur croissance, deux faces adjacentes forment toujours entre elles des angles égaux. Cette loi tout à fait générale ouvre la voie à une description unique de l'ensemble des cristaux en termes purement géométriques. Cependant il n'arrivera pas à déterminer l'ensemble des formes à partir de ce principe unique.
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+ C'est l'abbé René Just Haüy qui va réaliser le bond en avant et ceci par une découverte fortuite. En faisant tomber un cristal de calcite, il découvre qu'en se brisant, les fragments de tailles différentes présentent toujours le même caractère de facette que le cristal d'origine. Haüy en déduit que le cristal d'origine peut être décrit par un empilement de « molécules » semblables qu'il nomme « molécule intégrante ». Celles-ci, de forme parallélépipédique, s'emboîtent parfaitement pour constituer un solide homogène. D'après ce principe, la forme d'un cristal va dépendre du nombre d'éléments le composant, de sorte que les faces du cristal soient formées de minuscules gradins. En effectuant ainsi ce qu'il appelle le « décroissement égal sur tous les sommets », et qui consiste simplement à enlever des parallélépipèdes en nombre décroissant à partir des sommets ou d'une arête de la forme complète, il explique un grand nombre de formes naturelles (par exemple à partir d'un cube, on peut par décroissement à partir des sommets obtenir une morphologie octaédrique, comme celle de la fluorine). Il retrouve ainsi la loi de Romé de L'Isle sur la constance des angles, puisque pour un empilement, les angles sont conservés, et explique du même coup la notion de clivage.
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+ Son travail ne s'arrête pas là puisqu'il trouve de façon mathématique que beaucoup de formes idéalisées peuvent être décrites par trois types de parallélépipèdes, dits « primitifs ». Du même coup, il montre l'impossibilit�� de construire un cristal avec des prismes pentagonaux, octogonaux. Gabriel Delafosse, élève d'Haüy, remplacera le terme de molécule intégrante par celui de « maille élémentaire », terme qui passera à la postérité. Cependant, les déductions d'Haüy ne sont pas complètes pour décrire l'ensemble des structures cristallographiques. Ceci nous amène à la définition du cristal, plus précisément du réseau cristallin, comme étant la répétition d'une maille élémentaire dans les trois directions de l'espace, avec la notion de pavage : un cristal est un objet périodique.
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+ Les travaux d'Haüy vont être repris par Weiss lequel va recenser les faces d'un cristal par rapport à des éléments de symétrie. Ce principe très important en physique va guider toute la cristallographie. Ainsi, pour passer d'une face à l'autre, il est possible d'appliquer une opération de symétrie qui peut être une rotation, une inversion par rapport à un centre.
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+ En 1848, Auguste Bravais rend une étude purement mathématique sur la classification des cristaux. Il décrit l'ensemble des structures possédant des symétries d'orientation compatibles avec la triple périodicité des cristaux dans les trois directions de l'espace (symétrie de translation). Il trouve ainsi 32 classes de symétrie réparties en 14 types de réseaux, les réseaux de Bravais que l'on peut regrouper en 7 systèmes définissant la forme de la maille élémentaire. Cette analyse affirme simplement que l'on ne peut disposer les points d'un réseau de façon arbitraire. Prenons le cas plus simple d'un réseau du plan (les résultats se généralisent à 3D).
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+ L'ère purement géométrique venait de finir, elle avait permis la classification exhaustive de l'ensemble des structures, reste à savoir ce qu'était véritablement une structure réelle. En cette fin de XIXe siècle, la physique est en ébullition tant le concept d'atome bouleverse les règles établies. La théorie atomiste naissante est en partie bâtie à partir des conclusions fournies par la cristallographie. Gabriel Delafosse, en introduisant le concept de maille, avait déjà pressenti que l'on pouvait dissocier organisation et composant élémentaire : le cristal peut être décrit par une maille élémentaire décorée par un motif atomique.
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+ La découverte de la nature réticulaire des cristaux, c'est-à-dire le fait que l'on puisse décrire les structures comme un ensemble de familles de plans (un empilement de couches d'atomes), chaque plan d'une même famille étant séparé d'une distance constante, la distance interréticulaire, a des conséquences importantes. Elle est due à Max von Laue[3] qui découvre que les rayons X sont diffractés par la matière cristalline. Ce phénomène a lieu lorsque la taille de la fente par laquelle on fait traverser un rayonnement est de l'ordre de la longueur d'onde. Pour un cristal, la distance entre deux plans est de l'ordre de la distance entre atomes, c'est-à-dire 1/10 de milliardième de mètre[4]. Dans ce cas pour obtenir le phénomène de diffraction, il faut un rayonnement dont la longueur d'onde est très courte. Cette condition est réalisée par les rayons X, qui permettent de sonder la matière. En particulier lorsqu'on éclaire un cristal dans une orientation particulière, le rayonnement n'est diffracté que dans des directions spécifiques : on obtient des clichés dits « de diffraction », un réseau de taches qui a les mêmes symétries que le cristal.
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+ Le travail de caractérisation des structures cristallines fut alors engagé par William Lawrence Bragg aidé par son père Sir William Henry Bragg (découverte pour laquelle ils reçurent le prix Nobel en 1915) et ne cessa de se développer avec un grand succès.
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+ Il a ainsi été possible d'identifier un grand nombre de structures. Par exemple, les métaux cristallisent selon trois types de réseaux : cubique centré (fer, chrome), cubique à faces centrées (aluminium, cuivre), et hexagonal compact (zinc, titane). D'autres structures cristallisent aussi. C'est par exemple les protéines, les virus. L'exemple le plus célèbre est celui de la molécule d'ADN, constituant élémentaire de nos cellules. En 1953, Crick et Watson découvrent la structure en double hélice de cette molécule grâce à l'analyse des clichés de diffraction réalisés dans l'ombre par R. Franklin de la molécule cristallisée.
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+ Le sel de mer est lui aussi un cristal : celui de chlorure de sodium (NaCl) qui cristallise selon un réseau cubique à faces centrées. Dans ce cas, on comprend mieux la notion de maille et de motif se répétant dans la maille.
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+ Au début des années 1980, travaillant sur un alliage d'aluminium et de manganèse rapidement solidifié Dan Shechtman obtint un spécimen cristallin qui présentait un cliché de diffraction très particulier. Le cliché était très net, ce qui indiquait une structure cristalline, mais il présentait une symétrie pentagonale qui selon la théorie bien établie était impossible. Différentes explications furent avancées mais bientôt il fallut se rendre à l'évidence : une nouvelle variété de cristaux avait été découverte. Trois autres chercheurs, Ilan Blech, John-Werner Cahn et Denis Gratias ont signé avec Schechtman l'article fondateur, paru en 1984[5]. Cette publication signale le début d'une véritable révolution scientifique : d'abord une controverse, amenant bientôt un renversement d'opinion, que suit la découverte rétrospective des cas occultés auparavant. Les cristaux classiques et bien connus sont depuis considérés comme un cas particulier : ce sont des cristaux périodiques. Dans une autre catégorie, on classe les cristaux apériodiques, où sont inclus les cristaux incommensurables reconnus avant la découverte de ceux qu'on appelait « quasi-cristaux ». Au début des années 1990, l'Union internationale de cristallographie a adopté une nouvelle définition de son objet principal, le cristal. Ainsi, on admet maintenant que la périodicité est une composante suffisante mais non nécessaire à l'ordre cristallin.
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+ Un cristal se forme si la température d'une coulée descend assez lentement sous le point de fusion et que le mouvement thermique des différents atomes atteint une valeur si faible que les connexions réciproques ne peuvent plus être fracturées par des oscillations - on vient en formation d'un treillis uniforme qui est marqué par un ordre à distance. Ce treillis uniforme a une plus faible enthalpie libre que le verre amorphe, qui se dispose seulement selon un ordre local (la disposition locale des atomes ne se répète pas régulièrement dans un verre). On qualifie ce processus de cristallisation.
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+ Aliénor d'Aquitaine, aussi connue sous le nom d’Éléonore d'Aquitaine ou de Guyenne, née vers 1122 [1],[2] et morte le 31 mars ou le 1er avril 1204[3] à Poitiers[4], et non à l'abbaye de Fontevraud[5],[6], a été tour à tour reine de France, puis reine d'Angleterre.
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5
+ Duchesse d'Aquitaine et comtesse de Poitiers, elle occupe une place centrale dans les relations entre les royaumes de France et d'Angleterre au XIIe siècle : elle épouse successivement le roi de France Louis VII (1137), puis Henri Plantagenêt (1152), futur roi d'Angleterre Henri II, renversant ainsi le rapport des forces en apportant ses terres à l'un puis à l'autre des deux souverains. À la cour fastueuse qu'elle tient en Aquitaine, elle favorise l'expression poétique des troubadours en langue d'oc. À compter de son premier mariage (pendant lequel elle a participé à la deuxième croisade), elle joue un rôle politique important dans l'Europe médiévale.
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+ Aliénor d'Aquitaine est la fille aînée de Guillaume X, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, lui-même fils de Guillaume IX le Troubadour[7], et d'Aénor de Châtellerault, fille d'Aymeric Ier de Châtellerault, un des vassaux de Guillaume X.
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9
+ Aliénor, « l'autre Aénor » en langue d'oc, est ainsi nommée en référence à sa mère Aénor. Le prénom devient Éléanor ou Élléonore en langue d'oïl, Eleanor ou Ellinor en anglais[8].
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+ Elle reçoit l'éducation soignée d'une femme noble de son époque à la cour d'Aquitaine, l'une des plus raffinées du XIIe siècle, celle qui voit naître l'amour courtois (la fin amor), et le rayonnement de la langue occitane, entre les différentes résidences des ducs d'Aquitaine : Poitiers, Bordeaux, le château de Belin où elle serait née, soit encore dans un monastère féminin[9]. Elle apprend le latin, la musique et la littérature, mais aussi l'équitation et la chasse.
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13
+ Elle devient l'héritière du duché d'Aquitaine à la mort de son frère Guillaume Aigret, en 1130[10]. Lors de son quatorzième anniversaire (1136), les seigneurs d'Aquitaine lui jurent fidélité. Son père meurt à trente-huit ans (1137), le Vendredi saint au cours d'un pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle épouse alors le fils et héritier du roi de France (Louis VI le Gros), le 5e successeur de Hugues Capet, et qui deviendra le futur Louis VII et à qui elle donna deux filles. Deux versions sur la conclusion de ces noces sont possibles : soit, craignant que sa fille soit enlevée (et épousée) par un de ses vassaux ou de ses voisins, le duc Guillaume avait proposé à son suzerain le roi de France, avant de mourir, d'unir leurs héritiers, soit le roi fait jouer la tutelle féodale que le suzerain détient sur l'orpheline héritière d'un de ses vassaux, et la marie à son fils[11] (situation qui rappelle le « mariage oblique » décrit par les ethnologues)[12],[7]. Le roi de France devient duc d'Aquitaine par mariage. Pour autant, le duché d'Aquitaine n'est pas rattaché au domaine royal, et Aliénor en reste la duchesse[13]. L'éventuel fils aîné du couple serait titré roi de France et duc d'Aquitaine, car la fusion entre les deux domaines ne devait intervenir qu'à la génération suivante[14].
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+ Les noces entre Aliénor et le futur Louis VII, roi de France, ont lieu le 25 juillet 1137 dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Comme de coutume, les festivités de mariage durent plusieurs jours, au palais de l'Ombrière à Bordeaux, et se répètent tout au long du voyage vers Paris. La nuit de noces a lieu au château de Taillebourg. Les époux sont couronnés ducs d'Aquitaine à la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers (aujourd'hui remplacée par une cathédrale gothique) le 8 août[15]. Pendant leur voyage, ils apprennent la mort du roi Louis VI.
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+ Aliénor est couronnée reine des Francs à Noël 1137 à Bourges (son époux avait déjà été sacré du vivant de son père, à l'âge de neuf ans, mais il est couronné sous le nom de Louis VII). Très belle[16], d'esprit libre et enjoué, Aliénor déplaît à la cour de France. Elle est critiquée pour sa conduite et ses tenues jugées indécentes, tout comme ses suivantes et comme une autre reine des Francs venue du Midi un siècle plus tôt, Constance d'Arles. Ses goûts luxueux (des ateliers de tapisserie sont créés, elle achète beaucoup de bijoux et de robes) étonnent. Les troubadours qu'elle fait venir ne plaisent pas toujours[7] : Marcabru est renvoyé de la cour pour avoir chanté son amour pour la reine.
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19
+ Certains historiens attribuent ces critiques à l'influence qu'elle aurait sur le roi. Celle-ci est difficile à démontrer selon l'historien Edmond-René Labande[17]. Le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées :
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+
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+ Au cours de ce conflit avec Thibaut IV de Blois, en janvier 1143, la ville de Vitry-en-Perthois est prise, et l'église dans laquelle s'étaient réfugiés ses habitants incendiée. En 1146, le pape Eugène III jette l'interdit sur le royaume de France. Profondément marqué par le drame de Vitry-en-Perthois et la sanction papale qui touche le royaume, Louis VII, à qui la jeune reine vient de donner une fille, annonce à Bourges, lors d'une assemblée tenue le 25 décembre 1145, qu'il participera à la deuxième croisade avec son épouse Aliénor.
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+ Deux filles sont nées du mariage avec Louis VII :
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+ Durant toute cette période, l'analyse des chartes montre une assez faible implication d'Aliénor dans le gouvernement : elle est là pour légitimer les actes[20].
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+ Elle invite le troubadour Jaufré Rudel à la suivre lors de la deuxième croisade, et emmène avec elle toute une suite, avec de nombreux chariots. Augmentée des épouses des autres croisés, la croisade française se trouve encombrée d'un interminable convoi qui la ralentit. La découverte de l'Orient, avec ses fastes et ses mystères, fascine Aliénor et rebute Louis à la piété austère et rigoureuse[21].
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+ Les causes de discorde entre les deux époux s'ajoutent aux difficultés du voyage :
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+ Tout cela provoque, avec l'infidélité supposée d'Aliénor (voir plus bas), une rupture entre les deux époux. Ils reviennent séparément en bateau jusqu'en Italie. La nef d'Aliénor est prise dans une bataille navale entre Roger II de Sicile et l'empereur Manuel Comnène : elle tombe aux mains des Byzantins, avant d'être aussitôt délivrée par les Normands de Sicile[22]. Elle aborde à Palerme, puis rejoint Louis VII en Calabre, où il a débarqué le 29 juillet. Après un arrêt dû à une maladie d'Aliénor[23], ils remontent ensuite vers la France. Le pape Eugène III à l'abbaye du Mont-Cassin, puis Suger (par lettres interposées), réussissent à les réconcilier. Leur seconde fille naît d'ailleurs l'année suivante. Cependant, le désaccord ressurgit à l'automne 1151. Début 1152, le couple relève les garnisons royales présentes dans le duché d'Aquitaine[24]. Enfin, le mariage est annulé le 21 mars 1152 par le second concile de Beaugency, en l'église Notre-Dame de l'abbaye de Beaugency, pour motif de consanguinité[25] aux 4e et 5e degrés (à strictement parler le divorce[26] n'existe pas à l'époque).
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33
+ Les événements d'Antioche, ramenés à l'importance d'un incident par l'historien Jean Flori, ont depuis presque neuf siècles suscité une abondante littérature : cette infidélité d'Aliénor (dont tous les historiens ne sont pas convaincus) a non seulement des conséquences graves sur l'histoire politique, mais son rapport par les chroniqueurs nous en apprend beaucoup sur les mentalités de l'époque, et cet épisode est devenu depuis un enjeu pour les historiens, toujours controversé[28].
34
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35
+ Au début du printemps 1148[29], la croisade s'arrête dix jours[30] à Antioche : elle y est accueillie par Raymond de Poitiers, oncle d'Aliénor, prince d'Antioche.
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+ Il est certain qu'Aliénor et Raymond de Poitiers s'entendent à merveille et passent beaucoup de temps ensemble[7]. Des soupçons naissent sur la nature de leurs relations et une dispute éclate entre Louis VII et Aliénor.
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+ Louis VII souhaite engager son armée vers Jérusalem, mais Aliénor refuse de quitter son oncle et rappelle alors à son époux leur degré de consanguinité et qu'elle pourrait donc demander l'annulation de leur mariage. Cette consanguinité était connue au moins depuis 1143, mais Bernard de Clairvaux lui-même ne jugeait pas cela d'une très grande gravité[31].
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+ De nuit, Louis VII quitte Antioche en juillet 1148[32], forçant Aliénor à le suivre.
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+ Plusieurs chroniqueurs[33] évoquent l'affaire tout en écrivant qu'il vaut mieux ne pas en parler, signe qu'elle est connue de tous et de nature à porter atteinte à la réputation de certains contemporains. Parmi les chroniqueurs les mieux placés, Eudes de Deuil choisit d'arrêter son récit juste avant l'arrivée du couple royal à Antioche. L'historien Jean Flori interprète ce silence comme un désir de ne pas nuire au roi[34]. Une lettre de Suger[35] à Louis VII évoque elle aussi des troubles graves dans le couple. Guillaume de Tyr donne, quant à lui, une explication politique : Raymond de Poitiers aurait tenté de manipuler la croisade pour l'orienter vers le siège d'Alep et de Césarée, et aurait manipulé Aliénor afin d'influencer le roi. Cette trahison politique d'Aliénor doublerait donc la trahison matrimoniale. Aliénor est, pour lui, une « poupée manipulée », sans volonté[36], ce qui est une des deux manières principales dont elle a été représentée (avec la figure de la nymphomane). Les historiens ont aujourd'hui complètement abandonné les accusations de nymphomanie et celles qui lui sont liées[37].
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+ Quant à l'infidélité de la reine, elle n'est pas impensable au XIIe siècle : parmi les exemples de l'histoire, le plus proche est celui de la reine Marguerite, épouse d'Henri le Jeune soupçonnée d'avoir été pour un temps maîtresse de Guillaume le Maréchal[38]. Le contexte de la croisade aggrave encore la sensibilité à ce qui touche la sexualité : Jean Flori note que, en arrière-plan, la sexualité au cours de la croisade, même légale, était déjà jugée de façon défavorable : sans évoquer Aliénor, plusieurs contemporains attribuent l'échec de la deuxième croisade aux fautes morales des croisés. La même explication est donnée pour l'échec de celle de 1101 (celle de Guillaume le Troubadour)[39].
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+ Sur cet incident, une infidélité qui paraît acquise aux contemporains[40], et même bien avant la mort d'Aliénor[41], les chroniqueurs brodent assez rapidement : Hélinand de Froidmont, dans sa Chronique universelle, comme Aubry de Trois-Fontaines affirment qu'elle se conduisit plus en putain qu'en reine. Le but est ici politique : mettre en valeur la vertueuse dynastie capétienne et justifier sa suprématie sur un lignage Plantagenêt immoral[42]. Avant la fin du Moyen Âge, l'évènement est grossi et transformé : on identifie l'amant à Raoul de Faye ou à un Sarrasin bientôt assimilé à Saladin[43] (enfant à l'époque). L'épisode de la maîtresse d'Henri II, Rosemonde, se greffant là-dessus (rumeur d'empoisonnement sur ordre d'Aliénor), certains chroniqueurs lui prêtent une liaison avec l'évêque de Poitiers Gilbert de la Porrée et le connétable d'Aquitaine Saldebreuil[44], etc.
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49
+ Pour Jean Flori, il a pu se passer deux choses :
50
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+ Dans les deux cas, l'élément primordial est cette évocation d'une possibilité d'annulation du mariage à l'initiative de l'épouse[45], et qui a forcément dû être préméditée[46]. Ce faisant, c'est elle qui décide de la rupture du mariage, chose impensable dans l'univers mental masculin d'alors : c'est pratiquement elle qui répudie son mari.
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+
53
+ Il est difficile de trancher sur la réalité de l'adultère, comme Jean Flori s'interdit de le faire :
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+ « On peut (…) penser que les soupçons de Louis VII étaient justifiés, comme l'ont fait la plupart des chroniqueurs dès que l'incident a été narré, ou au contraire estimer que l'intimité très naturelle de l'oncle et de sa nièce fut à tort jugée coupable par les trop austères chevaliers et prélats du Nord qui exigeaient d'une reine un comportement plus strict, au point de suspecter sa vertu et de conseiller au roi, agacé de ces rumeurs, de l'entraîner avec lui sans tarder. Dans ce cas, comme le fait remarquer Jean de Salisbury, l'accent doit être porté sur la demande de rupture formulée par la reine pour motif de consanguinité[47]. »
56
+
57
+ « Au demeurant, la réalité de l'adultère importe peu (…). Ce qui est très important (…) c'est le fait (…) que les contemporains d'Aliénor ont réellement cru qu'elle était une reine luxurieuse et (pis encore !) une reine n'hésitant pas à prendre l'initiative de la rupture[48] »
58
+
59
+ Il est fort probable qu'elle ait déjà eu en tête à Antioche de se séparer de Louis VII. Puis plus tard, 3 ans après le retour de la croisade, Aliénor pensait peut-être déjà épouser Henri, le fils de Geoffroy V d'Anjou, qu'elle avait rencontré en août 1151 à Paris[49] alors qu'il accompagnait son père, qui avait été convoqué par Louis VII[50]. Le 21 mars 1152, l'annulation du mariage fut prononcée lors du second concile de Beaugency.
60
+
61
+ Aussitôt, elle rentre à Poitiers et manque d'être enlevée deux fois en route par des nobles qui convoitent la main du plus beau parti de France : le comte Thibaud V de Blois et Geoffroi Plantagenêt[51]. Elle échange quelques courriers avec Henri Plantagenêt aperçu à la cour de France, en août 1151, à l'occasion d'un règlement de conflit réclamant sa présence et, le 18 mai 1152, huit semaines après l'annulation de son premier mariage, elle épouse à Poitiers ce jeune homme fougueux, futur roi d'Angleterre, d'une dizaine d'années son cadet et qui a un degré de parenté encore plus proche que Louis VII[52].
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+ Le 19 décembre 1154, ils sont couronnés roi et reine d'Angleterre par Thibaut du Bec, archevêque de Cantorbéry[53], permettant à l'Angleterre l'accroissement inespéré de ses territoires continentaux. En Allemagne, la beauté de la reine Aliénor d'Aquitaine est chantée dans Carmina Burana[54]:
63
+
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+ «Si tout l'univers était à moiDepuis l'Océan jusqu'au RhinJ'y renoncerais avec joiePour pouvoir tenir dans mes brasLa reine d'Angleterre»[55]
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+ Dans les treize années qui suivent, elle lui donne cinq fils et trois filles :
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+ Durant les deux premières années de ce mariage, Aliénor affirme son autorité. Mais rapidement, c'est Henri II qui prend les décisions ; cinq grossesses les sept premières années la tiennent peut-être à distance. En tout cas, elle le suit au cours de ses voyages s'il a besoin d'elle, le représente quand il ne peut se déplacer (à Londres fin 1158 et en 1160), sinon elle est tenue plus souvent dans les domaines Plantagenêt que dans les siens. Après 1154, tous ses actes sont soit précédés d'une décision du roi d'Angleterre, soit confirmés ensuite par lui[59]. Malgré sa réputation de femme légère, forgée a posteriori par des chroniqueurs[Contradiction], Aliénor est excédée par les infidélités de son époux. Ainsi, son premier fils Guillaume et un bâtard d'Henri sont-ils nés à quelques mois d'écart ; Henri eut beaucoup d'autres bâtards tout au long de leur mariage. Néanmoins, elle obtient en 1191 du pape Célestin III pour l'un d'entre eux, Geoffroy, l'archevêché d'York[60].
69
+
70
+ L'échec de la conférence de Montmirail (6 janvier 1169), et la difficulté de maintenir sa domination sur un ensemble aussi vaste et hétérogène poussent Henri II à une réforme dynastique. En 1170, Richard est proclamé duc d'Aquitaine et Aliénor gouverne son duché en son nom. Elle s'établit à Poitiers, y crée la Cour d'amour, dont quelques règles ont été rédigées par André le Chapelain (ou Andreas Capellanus) (voir plus bas). Tout comme avec Louis VII, elle n'agit que très peu politiquement[61].
71
+
72
+ Aliénor est horrifiée par l'assassinat de Thomas Becket dans sa cathédrale de Cantorbéry en Angleterre, en 1170[réf. nécessaire].
73
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74
+ Les historiens ont longtemps attribué à Aliénor d'Aquitaine un rôle important de mécène, notamment auprès des troubadours, ayant été formée à l'exemple de ses père et grand-père. Cette vision a été radicalement remise en cause récemment par K. M. Broadhurst : en effet, en regardant en détail les œuvres auparavant considérées comme commandées ou dues au patronage d'Aliénor, très peu comportent une mention de cette commande. De plus, en se fondant sur le fait que le seul troubadour présent dans les chartes au même endroit qu'Aliénor est Arnaut-Guilhem de Marsan, coseigneur de Marsan lors d'un plaid tenu à Bordeaux, l'existence même de ces cours poétiques est remise en cause[62]. Arnaut-Guilhem de Marsan était l'auteur d'un célèbre (au Moyen Âge) Ensenhamen de l'escuder, un guide qui expliquait comment se comporter en bon chevalier.
75
+
76
+ Il affirme également que ces cours d'amour sont des inventions d'André le Chapelain qui poursuivait peut-être des buts politiques en voulant discréditer Aliénor. Il était en effet un clerc du roi de France Philippe Auguste, fils de Louis VII, et son ironie à l'égard d'Aliénor est évidente[63], de même qu'il n'a jamais fréquenté sa cour.
77
+
78
+ Cependant, on peut attribuer la commande d'une traduction de Monmouth[64] à Wace, qu'il enrichit et en fait son Roman de Brut, qui lui est probablement dédicacé ; c'est une œuvre importante de 15 000 vers, qui a au moins dû recevoir un encouragement ou une incitation princière. On peut joindre à cette attribution a minima l'Histoire des ducs de Normandie, par Benoît de Sainte-Maure[65]. D'un autre côté, sans qu'on puisse attribuer l'origine d'œuvres à des commandes royales, un certain nombre ont certainement été composées en leur honneur, ou dans le but de leur plaire, ou ont dû valoir à leur auteur une généreuse récompense. Enfin, le prestige du couple est tel qu'il est présent dans la littérature contemporaine : dans les années 1150, un trouvère anonyme, originaire de l'Angoumois, refait la geste de Girart de Roussillon, en glissant plusieurs allusions à Aliénor d'Aquitaine[66]. Plus tard, en 1155, le Normand Benoît de Sainte-Maure ne la nomme pas, mais fait son éloge dans son Roman de Troie, manière de dédicace[67] ; de même, il chante les louanges du couple royal deux fois dans la Vie de saint Édouard[68]. Le troubadour Bernard de Ventadour, qu'elle accueille à sa cour en 1153[69], lui dédicace l'une de ses chansons en la surnommant « la duchesse de Normandie ». Quand elle règne à Poitiers, elle ouvre une cour lettrée, y accueillant entre autres sa fille Marie de Champagne (protectrice de Chrétien de Troyes)[70]. De même, Barking et Philippe de Thaon lui dédient des œuvres[71].
79
+
80
+ En 1162, à sa demande, commencent les travaux d'une nouvelle cathédrale à Poitiers[72].
81
+
82
+ Il apparaît donc que la cour Plantagenêt protège les artistes, et que l'époque connaît une importante floraison littéraire, qui pénètre très peu la cour de France[73]. Malgré cela, Henri II tient probablement un rôle important dans le patronage des artistes : il commissionne dans les années 1160 la rédaction du Roman de Rou[74], conjointement à Aliénor[75].
83
+
84
+ En 1173, elle trame le complot qui soulève ses fils Richard, Geoffroy et Henri le Jeune contre leur père, Henri II[76]. Cette révolte est soutenue par Louis VII, le roi d'Écosse Guillaume Ier, ainsi que les plus puissants barons anglais. Aliénor espère reprendre le pouvoir à Henri II, mais, lors d'un voyage, elle est capturée et Richard finit par rallier son père.
85
+
86
+ Aliénor tente de rejoindre la cour de Louis VII à Paris mais est arrêtée auparavant par les soldats de son mari. Elle est emprisonnée pendant presque quinze années, d'abord à Chinon, puis à Salisbury, et dans divers autres châteaux d'Angleterre. Dans un premier temps, Henri II tente de faire dissoudre le mariage (jusqu'à la mort de Rosemonde de Clifford)[réf. nécessaire], mais le cardinal Ugucione, nonce apostolique, lui oppose une fin de non-recevoir[77].
87
+
88
+ En 1183, Henri le Jeune, endetté et auquel son père refuse la Normandie, se révolte à nouveau. Il tend un guet-apens à son père à Limoges, soutenu par son frère Geoffroy et par le roi de France Philippe Auguste. Mais il échoue, et doit subir un siège à Limoges, puis s'enfuir. Il erre ensuite en Aquitaine, et meurt finalement de dysenterie. Mais avant de mourir, il a demandé à son père, le roi Henri II d'Angleterre, de libérer sa mère. De même, en 1184, Henri le Lion et son épouse Mathilde d'Angleterre intercèdent auprès d'Henri II, et la captivité d'Aliénor s'adoucit. Pour la Pâques 1185, il la fait revenir sur le continent lors de la nouvelle révolte de leur fils Richard (Cœur de Lion), fils préféré d'Aliénor, afin qu'elle le ramène à la docilité[78].
89
+
90
+ C'est dans la période 1167-1173 qu'elle commence à prendre des décisions d'importance, sans avoir besoin d'une confirmation d'Henri II. Mais là encore, elle n'exerce seule et pleinement le pouvoir, que parce que le roi se retire volontairement[79]. Son activité est suspendue pour la période 1173-1189, avant de reprendre dès sa libération. Lors de cette période de retraite monastique entrecoupée de sorties dans le monde, son autonomie de gouvernement n'est en rien limitée. Sans en faire une reine indépendante, Jean Flori reconnaît qu'elle a tenté d'exercer le pouvoir, ce qui est déjà exceptionnel pour l'époque ; qu'elle l'a fait de manière conjointe et limitée avec Louis VII ; et de manière discontinue et incomplète avec Henri II. Le fait d'être femme a limité ses pouvoirs pendant les périodes de crise[80]. Le principal étant qu'elle montre une inépuisable énergie pour maintenir entier le domaine des Plantagenêt.
91
+
92
+ S'inspirant des conventions maritimes qui existaient déjà en Méditerranée orientale, Aliénor jette les bases d'un droit maritime avec la promulgation en 1160 des Rôles d'Oléron lesquels sont à l'origine de la loi actuelle de l'Amirauté britannique, et du droit maritime moderne. Elle passe également des accords commerciaux avec Constantinople et les ports des Terres saintes[réf. nécessaire].
93
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94
+ Elle accorde une charte de commune à Poitiers, et modernise la ville : construction de halles, d'une enceinte nouvelle, agrandissement de son palais, etc.
95
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+ Après la mort d'Henri II, le 6 juillet 1189, elle est libérée par ordre du nouveau roi, son fils Richard Cœur de Lion. Elle parcourt alors l'Angleterre, y libère les prisonniers d'Henri II et leur fait prêter serment de fidélité au nouveau roi. Elle y gouverne en son nom jusqu'au début de 1191[81]. Alors que Richard Cœur de Lion est parti pour la troisième croisade, elle va chercher Bérangère de Navarre et la conduit, en plein hiver, par les Alpes et l'Italie, jusqu'à Messine, où Richard s'apprête à appareiller pour la Terre sainte[82]. Aliénor et Bérangère le rejoignent le 30 mars. Ils préparent hâtivement les épousailles. Richard épouse Bérangère à Limassol le 16 mai.
97
+
98
+ Aliénor retourne précipitamment en Angleterre empêcher son plus jeune fils, Jean sans Terre, le mal-aimé, de trahir son frère Richard. Elle n'y parvient qu'un temps : en mars 1193, il cède le Vexin à Philippe Auguste : aussitôt, elle l'assiège avec tous les barons anglo-normands (dont Guillaume le Maréchal) à Windsor[83].
99
+
100
+ Sur le chemin du retour, Richard est capturé en Autriche. Indignée par la nouvelle, et par l'absence de réaction du pape (qui protège normalement les croisés), Aliénor écrit néanmoins à celui-ci pour lui demander de l'aide et fustiger son inertie, parvient à rassembler l'énorme rançon (cent cinquante mille marcs d'argent, équivalant à deux années de recettes pour le royaume d'Angleterre[84]) qu'elle apporte elle-même à Mayence à Henri VI, fils de Frédéric Barberousse (hiver 1193–1194)[85].
101
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102
+ Elle se retire ensuite à Fontevraud. La blessure de Richard Cœur de Lion au siège du château de Châlus-Chabrol la tire de sa retraite. Il meurt le 6 avril 1199, et elle prend aussitôt parti pour son dernier fils Jean[86] : à 77 ans, elle parcourt tout l'Ouest de la France, rallie l'Anjou qui s'était prononcé pour le comte de Bretagne, et fait prêter serment à Jean sans Terre dans son duché d'Aquitaine. En juillet, elle rend hommage au roi Philippe II de France, à Tours, puis rencontre son fils Jean sans Terre à Rouen. Enfin, en janvier 1200, elle est en Castille où elle doit ramener une épouse pour l'héritier du trône de France : elle préfère Blanche de Castille, parmi ses deux petites-filles. Cette enfant deviendra la mère de Saint Louis[87].
103
+
104
+ Aliénor se retire en 1200 à l'abbaye de Fontevraud[90]. Malade, elle ramène néanmoins, en février 1201, le puissant vicomte Aimery VII de Thouars, qui s'était révolté[91], à l'obéissance.
105
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106
+ En juillet 1202, Philippe Auguste déclare Jean sans Terre félon, et saisit ses domaines continentaux. Une de ses armées, à Tours, est commandée par le petit-fils d'Aliénor, Arthur de Bretagne, et menace Fontevraud. Elle fuit l'abbaye pour se réfugier à Poitiers, mais ne peut y parvenir et s'abrite à Mirebeau, y est assiégée par le duc de Bretagne du 15 juillet[92] au 1er août, avant d'être délivrée par son fils Jean[93].
107
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108
+ Elle se retire à nouveau à Fontevraud à l'automne, et meurt à Poitiers, à l'âge de 82 ans, le 31 mars 1204, quelques semaines après la prise de Château-Gaillard par Philippe Auguste[94]. Elle est inhumée à Fontevraud où l'on peut toujours voir son gisant polychrome qui voisine avec ceux de son second mari Henri II Plantagenêt, de son troisième fils arrivé à l'âge adulte Richard Cœur de Lion et d'Isabelle d'Angoulême, l'épouse de Jean sans Terre.
109
+
110
+ Les ducs d'Aquitaine inclus dans ces arbres étaient aussi comtes de Poitiers. On n'a conservé que le premier titre pour alléger le texte et pour respecter la hiérarchie nobiliaire.
111
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112
+ Une « légende noire » s'est tout d'abord constituée autour d'Aliénor d'Aquitaine avant sa réhabilitation par les historiens. Ce personnage historique hors norme a inspiré de nombreuses fictions, notamment romanesques.
113
+
114
+ La représentation d'Aliénor d'Aquitaine sur le mur de la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon est sujette à caution : il pourrait s'agir en fait de son fils Henri le Jeune couronné du vivant de son père ce qui lui permettait de porter couronne et manteau de vair[95].
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+ Une rose portant son nom a été créée en 2005[96].
117
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+ Un timbre poste est édité pour le 800e anniversaire de sa mort (LA POSTE, Aliénor d’Aquitaine v.1122-1204, Timbre-poste, Paris, La Poste, 2004).
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+ Un cristal est un solide dont les constituants (atomes, molécules ou ions) sont assemblés de manière régulière[1], par opposition au solide amorphe[1]. Par « régulier » on veut généralement dire qu'un même motif est répété à l'identique un grand nombre de fois selon un réseau régulier, la plus petite partie du réseau permettant de recomposer l'empilement étant appelée une « maille ».
2
+
3
+ Les cristaux les plus communs sont la neige, le sucre, les sels, les silicates, les oxydes, les sulfures, les métaux et les pierres précieuses (gemmes).
4
+
5
+ On appelle « phénocristal » ou « monocristal » un cristal de taille telle qu'il est visible à l’œil nu. La plupart des solides cristallisés sont polycristallins, c'est-à-dire qu'ils sont composés de plusieurs microcristaux accolés (ou cristallites). Un monocristal dont l'une des dimensions est inférieure à 100 nm est une nanoparticule aussi appelée « nanocristal ». Il arrive que cette dimension soit réduite à une seule couche d'atomes, par exemple avec le graphène.
6
+
7
+ Un cristal idéal ne comporte pas de défauts cristallins, mais les cristaux réels sont loin de cette perfection. Au-delà d'une certaine concentration des défauts, le concept de structure cristalline cesse d'être utile et l'on considère que c'est un matériau amorphe tel que le verre. L'état amorphe s'apparente fortement à l'état liquide mais il existe aussi des cristaux liquides.
8
+
9
+ Selon l'Union internationale de cristallographie, tout solide dont le diffractogramme est essentiellement discret est un cristal. Sur la base d'une propriété structurelle essentielle, cette définition englobe les cristaux classiques mais aussi les quasi-cristaux. Les propriétés des cristaux s'expliquent par leur composition atomique et l'arrangement spatial des atomes qui le constituent.
10
+
11
+ L'émerveillement procuré par les cristaux est loin d'être récent. Déjà les Égyptiens connaissaient la turquoise et les gemmes (diamant, saphir, émeraude, rubis) étaient très appréciés au temps de l'antiquité. Strabon invente le mot Krystallos pour désigner le quartz[2]. Il est évident que les cristaux ont toujours fasciné tant par leur aspect translucide et coloré que par leur forme facettée. Ces deux aspects sont intimement liés aux propriétés physiques propres aux cristaux et au fait qu'ils soient ordonnés. Cependant cet ordre est resté fort longtemps incompris. L'histoire de la cristallographie s'étale principalement sur deux siècles (XIXe et XXe siècles).
12
+
13
+ À partir de la fin du XVIIIe siècle, l'approche que l'on va avoir du monde des cristaux va être d'ordre purement géométrique, inspirée en cela par l'extrême rigidité du monde minéral. Domaine réservé tout d'abord aux naturalistes, la cristallographie va prendre son envol en France essentiellement au cours des XIXe et XXe siècles et sera marquée principalement par trois figures : Jean-Baptiste Romé de l'Isle, René Just Haüy et Auguste Bravais.
14
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15
+ Romé de l'Isle, en reprenant les travaux de Sténon, remarque en 1772 que, bien que les faces des cristaux soient en général de tailles différentes du fait même de leur croissance, deux faces adjacentes forment toujours entre elles des angles égaux. Cette loi tout à fait générale ouvre la voie à une description unique de l'ensemble des cristaux en termes purement géométriques. Cependant il n'arrivera pas à déterminer l'ensemble des formes à partir de ce principe unique.
16
+
17
+ C'est l'abbé René Just Haüy qui va réaliser le bond en avant et ceci par une découverte fortuite. En faisant tomber un cristal de calcite, il découvre qu'en se brisant, les fragments de tailles différentes présentent toujours le même caractère de facette que le cristal d'origine. Haüy en déduit que le cristal d'origine peut être décrit par un empilement de « molécules » semblables qu'il nomme « molécule intégrante ». Celles-ci, de forme parallélépipédique, s'emboîtent parfaitement pour constituer un solide homogène. D'après ce principe, la forme d'un cristal va dépendre du nombre d'éléments le composant, de sorte que les faces du cristal soient formées de minuscules gradins. En effectuant ainsi ce qu'il appelle le « décroissement égal sur tous les sommets », et qui consiste simplement à enlever des parallélépipèdes en nombre décroissant à partir des sommets ou d'une arête de la forme complète, il explique un grand nombre de formes naturelles (par exemple à partir d'un cube, on peut par décroissement à partir des sommets obtenir une morphologie octaédrique, comme celle de la fluorine). Il retrouve ainsi la loi de Romé de L'Isle sur la constance des angles, puisque pour un empilement, les angles sont conservés, et explique du même coup la notion de clivage.
18
+
19
+ Son travail ne s'arrête pas là puisqu'il trouve de façon mathématique que beaucoup de formes idéalisées peuvent être décrites par trois types de parallélépipèdes, dits « primitifs ». Du même coup, il montre l'impossibilit�� de construire un cristal avec des prismes pentagonaux, octogonaux. Gabriel Delafosse, élève d'Haüy, remplacera le terme de molécule intégrante par celui de « maille élémentaire », terme qui passera à la postérité. Cependant, les déductions d'Haüy ne sont pas complètes pour décrire l'ensemble des structures cristallographiques. Ceci nous amène à la définition du cristal, plus précisément du réseau cristallin, comme étant la répétition d'une maille élémentaire dans les trois directions de l'espace, avec la notion de pavage : un cristal est un objet périodique.
20
+
21
+ Les travaux d'Haüy vont être repris par Weiss lequel va recenser les faces d'un cristal par rapport à des éléments de symétrie. Ce principe très important en physique va guider toute la cristallographie. Ainsi, pour passer d'une face à l'autre, il est possible d'appliquer une opération de symétrie qui peut être une rotation, une inversion par rapport à un centre.
22
+
23
+ En 1848, Auguste Bravais rend une étude purement mathématique sur la classification des cristaux. Il décrit l'ensemble des structures possédant des symétries d'orientation compatibles avec la triple périodicité des cristaux dans les trois directions de l'espace (symétrie de translation). Il trouve ainsi 32 classes de symétrie réparties en 14 types de réseaux, les réseaux de Bravais que l'on peut regrouper en 7 systèmes définissant la forme de la maille élémentaire. Cette analyse affirme simplement que l'on ne peut disposer les points d'un réseau de façon arbitraire. Prenons le cas plus simple d'un réseau du plan (les résultats se généralisent à 3D).
24
+
25
+ L'ère purement géométrique venait de finir, elle avait permis la classification exhaustive de l'ensemble des structures, reste à savoir ce qu'était véritablement une structure réelle. En cette fin de XIXe siècle, la physique est en ébullition tant le concept d'atome bouleverse les règles établies. La théorie atomiste naissante est en partie bâtie à partir des conclusions fournies par la cristallographie. Gabriel Delafosse, en introduisant le concept de maille, avait déjà pressenti que l'on pouvait dissocier organisation et composant élémentaire : le cristal peut être décrit par une maille élémentaire décorée par un motif atomique.
26
+
27
+ La découverte de la nature réticulaire des cristaux, c'est-à-dire le fait que l'on puisse décrire les structures comme un ensemble de familles de plans (un empilement de couches d'atomes), chaque plan d'une même famille étant séparé d'une distance constante, la distance interréticulaire, a des conséquences importantes. Elle est due à Max von Laue[3] qui découvre que les rayons X sont diffractés par la matière cristalline. Ce phénomène a lieu lorsque la taille de la fente par laquelle on fait traverser un rayonnement est de l'ordre de la longueur d'onde. Pour un cristal, la distance entre deux plans est de l'ordre de la distance entre atomes, c'est-à-dire 1/10 de milliardième de mètre[4]. Dans ce cas pour obtenir le phénomène de diffraction, il faut un rayonnement dont la longueur d'onde est très courte. Cette condition est réalisée par les rayons X, qui permettent de sonder la matière. En particulier lorsqu'on éclaire un cristal dans une orientation particulière, le rayonnement n'est diffracté que dans des directions spécifiques : on obtient des clichés dits « de diffraction », un réseau de taches qui a les mêmes symétries que le cristal.
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+ Le travail de caractérisation des structures cristallines fut alors engagé par William Lawrence Bragg aidé par son père Sir William Henry Bragg (découverte pour laquelle ils reçurent le prix Nobel en 1915) et ne cessa de se développer avec un grand succès.
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+ Il a ainsi été possible d'identifier un grand nombre de structures. Par exemple, les métaux cristallisent selon trois types de réseaux : cubique centré (fer, chrome), cubique à faces centrées (aluminium, cuivre), et hexagonal compact (zinc, titane). D'autres structures cristallisent aussi. C'est par exemple les protéines, les virus. L'exemple le plus célèbre est celui de la molécule d'ADN, constituant élémentaire de nos cellules. En 1953, Crick et Watson découvrent la structure en double hélice de cette molécule grâce à l'analyse des clichés de diffraction réalisés dans l'ombre par R. Franklin de la molécule cristallisée.
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+ Le sel de mer est lui aussi un cristal : celui de chlorure de sodium (NaCl) qui cristallise selon un réseau cubique à faces centrées. Dans ce cas, on comprend mieux la notion de maille et de motif se répétant dans la maille.
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+ Au début des années 1980, travaillant sur un alliage d'aluminium et de manganèse rapidement solidifié Dan Shechtman obtint un spécimen cristallin qui présentait un cliché de diffraction très particulier. Le cliché était très net, ce qui indiquait une structure cristalline, mais il présentait une symétrie pentagonale qui selon la théorie bien établie était impossible. Différentes explications furent avancées mais bientôt il fallut se rendre à l'évidence : une nouvelle variété de cristaux avait été découverte. Trois autres chercheurs, Ilan Blech, John-Werner Cahn et Denis Gratias ont signé avec Schechtman l'article fondateur, paru en 1984[5]. Cette publication signale le début d'une véritable révolution scientifique : d'abord une controverse, amenant bientôt un renversement d'opinion, que suit la découverte rétrospective des cas occultés auparavant. Les cristaux classiques et bien connus sont depuis considérés comme un cas particulier : ce sont des cristaux périodiques. Dans une autre catégorie, on classe les cristaux apériodiques, où sont inclus les cristaux incommensurables reconnus avant la découverte de ceux qu'on appelait « quasi-cristaux ». Au début des années 1990, l'Union internationale de cristallographie a adopté une nouvelle définition de son objet principal, le cristal. Ainsi, on admet maintenant que la périodicité est une composante suffisante mais non nécessaire à l'ordre cristallin.
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+ Un cristal se forme si la température d'une coulée descend assez lentement sous le point de fusion et que le mouvement thermique des différents atomes atteint une valeur si faible que les connexions réciproques ne peuvent plus être fracturées par des oscillations - on vient en formation d'un treillis uniforme qui est marqué par un ordre à distance. Ce treillis uniforme a une plus faible enthalpie libre que le verre amorphe, qui se dispose seulement selon un ordre local (la disposition locale des atomes ne se répète pas régulièrement dans un verre). On qualifie ce processus de cristallisation.
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+ Dans les cas où la température d'une coulée descend rapidement, différents phénomènes sont observés et les solides ainsi obtenus peuvent avoir des propriétés bien particulières.
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+ République de Croatie
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+ (hr) Republika Hrvatska Écouter
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+ 45°48' - 45°49' N, 15°57' - 15°58' E
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+ La Croatie, en forme longue la république de Croatie, en croate : Hrvatska et Republika Hrvatska écouter, est un pays d'Europe centrale et du Sud, indépendant depuis 1991 lors de la dislocation violente de la Yougoslavie. Il s'étend depuis les confins de l'extrémité orientale des Alpes au nord-ouest et depuis les plaines pannoniennes au nord-est, jusqu'au littoral de la mer Adriatique au sud-sud-ouest, en passant par le massif montagneux des Alpes dinariques au centre. Elle est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. Sa capitale est Zagreb et elle est membre de l'Union européenne depuis le 1er juillet 2013[4], de l'OMC depuis 2000[5] et de l'OTAN depuis 2009.
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+ La Croatie fut, tout au long de son histoire, au carrefour de quatre grands espaces culturels, ce qui confère une richesse à son patrimoine, tant architectural qu'artistique. Outre le caractère slave de ses habitants qui remonte à la fin du VIe siècle, la Croatie a subi les influences vénitiennes sur la côte dalmate d'une part, et les influences austro-hongroises dans les plaines du Nord de Slavonie et dans le bassin du Danube d'autre part. Cet héritage vient se superposer à celui préroman — romain et byzantin — plus diffus mais auquel elle doit sa tradition chrétienne. Le voisinage immédiat de l'Empire ottoman, du XVe au XIXe siècle, dont l'expansion s'est arrêtée en terre croate, a également eu son importance. Premier peuple slave christianisé, dès le début du VIIe siècle, les Croates sont encore aujourd'hui très majoritairement catholiques.
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+ La Croatie contemporaine est également l'héritière du royaume croate médiéval, d'abord indépendant puis associé en 1102 à la couronne hongroise puis intégré, en 1527, aux terres des Habsbourg, devenues l'Autriche-Hongrie de 1867 à 1918. Au début du XVe siècle, la province côtière de Dalmatie devint vénitienne pour quatre siècles, puis française de 1809 à 1814, au sein des Provinces illyriennes qui mirent fin à la république de Raguse. Les Croates aspirèrent à la formation d'un royaume de Croatie-Slavonie-Dalmatie, dans le cadre de la monarchie austro-hongroise, mais l'accord austro-hongrois de 1867 laissa le royaume de Dalmatie à l'Autriche, tandis que le royaume de Croatie-Slavonie demeura en union personnelle avec la Hongrie, relation spécifique respectant les subjectivités politiques des deux royaumes, et comparable au lien unissant l'Écosse et l'Angleterre. La côte adriatique a longtemps été peuplée de colons italiens qui érigeront des villes en républiques indépendantes avant de se soumettre à Venise. Néanmoins ces Latins resteront principalement sur les côtes, s'aventurant peu à l'intérieur des terres peuplées de Slaves.
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+ Si les Croates ont toujours lutté, depuis la fin du XIe siècle, pour conserver leur autonomie, le sentiment panslave et yougoslave s'y développa à partir des années 1830. Le XXe siècle voit, pour la première fois, la Croatie unie à ses voisins slaves. De 1918 à 1941, c'est sous la forme d'un royaume centralisé sous le sceptre d'une dynastie serbe, au sein du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, renommé royaume de Yougoslavie le 6 janvier 1929[6]. En 1941, après l'invasion de la Yougoslavie par les forces de l'Axe, l'État indépendant de Croatie — État satellite de l'Italie et de l'Allemagne nazie — est mis en place par les envahisseurs et confié au mouvement indépendantiste et fasciste des oustachis, dirigés par Ante Pavelić. Les collaborateurs mettent en place une politique de persécution des populations serbes et juives et des résistants antifascistes croates, qui causa des dizaines de milliers de morts. Par rapport à la Croatie actuelle, cet État était amputé d'une partie de la Dalmatie et de l'Istrie (annexées par l'Italie), mais englobait la quasi-totalité de la Bosnie-Herzégovine. Parallèlement, et à la suite de l'insurrection antifasciste du 22 juin 1941, a été mis en place un Conseil antifasciste de la guerre de Libération de Croatie (en) (ZAVNOH). Véritable gouvernement de la « Croatie libre » contrôlant de vastes portions de l'État indépendant de Croatie, il rassemble la résistance croate au sein des partisans de Josip Broz Tito. De ce fait, concomitamment à la retraite allemande, la Croatie est libérée en 1945 par les Serbes de Croatie et de Bosnie qui formaient 90 % de l'armée des partisans et seront pour la plupart amenés à soutenir ou à rejoindre les Partisans après avoir été chassés de leur maison par les Oustachis. Dès novembre 1943, les partisans annoncent leur projet de mettre en place une nouvelle Yougoslavie qui serait fédérale. La république socialiste de Croatie devient un État fédéré au sein de la république fédérative populaire de Yougoslavie (de 1945 à 1963), puis de la république fédérative socialiste de Yougoslavie (de 1963 à 1990), composées de six républiques.
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+ Dans la foulée de la chute du mur de Berlin et de l'effondrement du bloc communiste, les premières élections multipartites de Croatie sont organisées en avril-mai 1990. Elles voient la défaite du Ligue des communistes de Croatie et la victoire du parti clandestin et nationaliste qu'est l'Union démocratique croate, emmenée par l'ancien-communiste[7], dissident et négationniste[8], Franjo Tuđman. À partir d'août 1990, une rébellion armée conduite par des citoyens yougoslaves majoritairement serbe éclate dans des régions yougoslaves majoritairement peuplé de Serbes : de vastes zones du territoire yougoslave sont soustraites au contrôle des séparatistes croates, avec l'appui de l'armée yougoslave qui s'interpose en protégeant les citoyens yougoslaves. Une « République serbe de Krajina » est proclamée le 16 mars 1991 sur près d'un tiers du territoire yougoslave, et son maintient au sein de la Yougoslavie est proclamé le 1er avril 1991. Le 31 mars 1991, les premières rixes armées éclatent dans le Parc national des lacs de Plitvice avec leur annexion par la Région autonome serbe de Krajina : deux citoyens yougoslaves et un séparatiste croate furent tués et à la bataille de Borovo Selo où douze séparatistes croates et trois soldats yougoslaves furent tués au cours d'une bataille dans le village de Borovo Selo[9] sont les premiers morts de la guerre qui va suivre, le 2 mai 1991, le dernier président de la Youglosavie, Stjepan Mesić, quitte ce poste pour prendre part à la présidence fédérale de la RFS Yougoslavie, en tant que vice-président. Le 19 mai 1991 plus de 94 % des Croates se prononcent par référendum en faveur de la transformation de la Yougoslavie en confédération d'États souverains (proposition slovéno-croate), ou, en cas de refus de Belgrade, de l'indépendance pure et simple de la Croatie. Belgrade ayant rapidement rejeté toute proposition visant à démocratiser la fédération yougoslave, le 25 juin 1991 la Croatie est amenée, tout comme la Slovénie, à déclarer son indépendance. Le gouvernement fédéral yougoslave ne reconnut pas cette déclaration et, au nom de la préservation de l'État fédéral et de la minorité serbe de Croatie, mena une guerre avec l'armée yougoslave (4e armée européenne[réf. nécessaire]) et des groupes paramilitaires serbes. La Croatie fut reconnue internationalement le 15 janvier 1992. La nouvelle armée croate mena des opérations contre les forces de la République serbe de Krajina soutenues par l'Armée populaire yougoslave (JNA), notamment en 1995, les opérations Éclair (Operacija Bljesak) en Slavonie occidentale et l'opération Tempête (Operacija Oluja)[10] pour reconquérir la République serbe de Krajina. Ces opérations se sont accompagnées de l'exode de 120 000 Serbes, principalement vers la Bosnie-Herzégovine et la Serbie, provoqué par l'évacuation forcée[11] de la population civile ordonnée par les responsables séparatistes croates. La Slavonie orientale et la Syrmie occidentale furent rendues pacifiquement à la souveraineté croate, en 1998.
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+ L'élection du modéré Stjepan Mesić, en 2000, à la suite du décès de Franjo Tuđman qui avait dirigé le pays au cours des dix années précédentes, a constitué un tournant politique et économique majeur. Le pays s'est démocratisé et s'est ouvert sur l'Europe ; les auteurs d'exactions pendant les conflits militaires ont été poursuivis. Le pays a mené une politique de privatisations et s'est ouvert aux investisseurs étrangers. Cela s'est fait, toutefois, avec de fortes résistances internes du fait de la présence de nationalistes extrémistes dans certaines structures de l'appareil d'État (défense) et dans certaines régions (Split). La Croatie s'est officiellement déclarée candidate, le 21 février 2003, à l'adhésion à l'Union européenne et le statut d'État candidat lui a été reconnu officiellement lors du Conseil européen des 17 – 18 juin 2004. L'ouverture des négociations d'adhésion avait, toutefois, été retardée jusqu'au 3 octobre 2005 du fait de la coopération jugée insuffisante de la Croatie, avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), en ce qui concerne l'arrestation de l'ancien général Ante Gotovina finalement arrêté en décembre 2005, pour en fin de compte être acquitté en appel en 2012. Le pays a rejoint l'OTAN dès 2009, soit seulement onze ans après le départ du dernier casque bleu (de Slavonie orientale).
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+ La Croatie est une république parlementaire, démocratique et multi-partite. Elle a déjà connu trois alternances depuis son indépendance, même si la décennie 1990 – 2000 a été dominée par l'Union démocratique croate (HDZ) et Franjo Tuđman. La déclaration d'indépendance a eu lieu en 1991.
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+ Le président de la république de Croatie (Predsjednik) est le chef de l'État ; il est également le chef des armées et il a le devoir de désigner le président du gouvernement (le « Premier ministre ») avec l'accord du Parlement. Il a également une certaine influence sur la politique étrangère. Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois.
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+ Le Parlement croate, la Diète (Sabor) est un Parlement monocaméral composé de 153 députés (140 élus dans dix circonscriptions, 10 par les minorités ethniques, 3 par la diaspora) élus pour une législature de quatre ans. Les sessions ordinaires se déroulent du 15 janvier au 15 juillet et du 15 septembre au 15 décembre.
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+ Le gouvernement croate (Vlada) est dirigé par le président du gouvernement (couramment qualifié de « Premier ministre » dans les médias croates et étrangers) et se compose de vice-présidents et de ministres en nombre variable. Le pouvoir exécutif a la charge de proposer des lois et un budget, de veiller à l'application des lois et de guider la politique intérieure et étrangère.
30
+
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+ En 2000, le social-démocrate Ivica Račan devient président du gouvernement, tandis que Stjepan Mesić est élu président de la République, ce qui marque la première véritable alternance. Bien que la HDZ revienne au pouvoir dès 2003, le virage proeuropéen pris par son président, Ivo Sanader, marque une nouvelle alternance. Lors de l'élection présidentielle du 16 janvier 2005, Stjepan Mesić a été réélu au second tour pour un second mandat présidentiel face à Jadranka Kosor avec plus de 60 % des suffrages. Celle-ci a succédé à Ivo Sanader à la tête du gouvernement en 2009.
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+ La Croatie a obtenu, le 17 juin 2004, le statut de candidat à l'Union européenne et le Conseil de l'Union européenne a reconnu, le 3 octobre 2005, qu'elle remplissait l'ensemble des conditions pour lancer les négociations d'adhésion. Ceci n'a été possible qu'après que le gouvernement croate a accepté de mieux coopérer avec le TPIY. La Croatie est également membre de l'OTAN. Elle a par ailleurs obtenu au Sommet de Ouagadougou en novembre 2004 le statut d'observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie, malgré le faible nombre de personnes parlant le français.
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35
+ Le 27 décembre 2009, la Croatie entreprend une élection présidentielle. Les résultats sont connus le 10 janvier 2010, Ivo Josipović remporte le second tour avec 60,29 % des voix, contre le maire de Zagreb, Milan Bandić (39,71 %)[12]. Environ deux ans plus tard, aux élections législatives du 4 décembre 2011, une alliance de centre-gauche conduite par le Parti social-démocrate de Croatie (SDP) remporte la majorité absolue des sièges, permettant la nomination de Zoran Milanović comme président du gouvernement.
36
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+ L'élection présidentielle croate de 2014 – 2015 s'est déroulée les 28 décembre 2014 et 11 janvier 2015. Au premier tour, le président sortant Ivo Josipović obtient 38,56 % des suffrages contre 37,08 % à Kolinda Grabar-Kitarović, ancienne ministre des Affaires étrangères.
38
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+ Au second tour, Kolinda Grabar-Kitarović est élue avec 50,4 % des voix contre 49,6 % à Ivo Josipović.
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+ Après la clôture de ses négociations d'adhésion à l'UE, le 30 juin 2011, le référendum du 22 janvier 2012[13] a donné le feu vert à l'intégration dans l'Union européenne[14]. Le traité d'adhésion, que la Croatie et l'UE ont signé en décembre 2011, fut approuvé par le Parlement européen et ratifié par chacun des vingt-sept États membres et par le Parlement de Croatie, entérinant son adhésion à l'Union européenne, qu'elle intègre officiellement le 1er juillet 2013. Quant à son adoption de l'euro, si elle est prévue, aucune date n'a encore été fixée.
42
+
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+ Le processus d'adhésion, qui a duré dix ans, a abouti le 1er juillet 2013, faisant de la Croatie le 28e État membre, marquant une étape importante pour ce pays dont le PIB par habitant représente 61 % de la moyenne du continent[15], lui ouvrant la voie au marché commun européen et la poussant à renforcer ses exportations et son attractivité[16].
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+ La Croatie a une forme particulière semblable à un croissant ou un fer à cheval, ce qui explique qu'elle ait des frontières avec de nombreux pays : la Slovénie au nord-ouest, la Hongrie au nord-est, la Serbie à l'est, la Bosnie-Herzégovine au sud-est, le Monténégro au sud-sud-est, et une frontière maritime avec l'Italie dans la mer Adriatique. Le bout de son territoire continental est divisé en deux parties non contiguës par le port de Neum en Bosnie-Herzégovine.
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+ Le relief est assez diversifié et comprend :
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+ Il y a plusieurs climats en Croatie. La partie nord-est du pays est de climat continental alors que le climat du littoral est de type méditerranéen, et que celui de la partie centrale et sud-est montagneux.
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+ Le pays contient huit parcs nationaux : trois en zone montagneuse (Paklenica, Plitvice, Risnjak) et cinq en zone côtière (Brijuni (Brioni), Mljet, Kornati, Krka, Parc national de Sjeverni Velebit) représentant une superficie de 79 320 hectares, soit 7,5 % du pays avec comme projet de doubler l'étendue des espaces protégés dans le cadre de parcs nationaux ou d'autres régimes de protection de l'environnement.
52
+
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+ La côte croate est très découpée si bien que la Croatie compte 698 îles, 389 îlots et 78 récifs. 47 îles sont habitées.
54
+
55
+ Parmi les lacs de Croatie, Omladinsko jezero et les lacs de Plitvice sont remarquables.
56
+
57
+ Le sommet le plus élevé en Croatie est le pic de Dinara, culminant à 1 830 mètres d'altitude.
58
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59
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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61
+ En décembre 2018, la Croatie comptait 779 sites dont :
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+ La Croatie est une république unitaire. L'organisation territoriale du pays comprend deux niveaux.
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65
+ Aux termes de l'article 4 de la Constitution, l'exercice des pouvoirs de l'État se trouve limité par l'autonomie accordée aux collectivités territoriales et régionales, définie au titre VI de la Constitution. En outre, à chaque niveau d'organisation territoriale (municipalité, villes, županije) correspond un transfert de compétences de l'État vers le type de collectivité considérée, régi par la Loi sur l'autonomie locale du 10 avril 2001.
66
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+ Membre du Conseil de l'Europe, la Croatie est aussi signataire depuis 1997 de la Charte européenne de l'autonomie locale[21] laquelle vise à garantir l'autonomie des collectivités territoriales.
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+
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+ Les collectivités territoriales ont la charge de fonctions très variées et d'une importance primordiale pour la vie collective :
70
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+ Les comitats ou županije et les villes de plus de 30 000 habitants disposent, en outre, de compétences propres quant à :
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+
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+ Les citoyens peuvent également prendre une part active dans les affaires de la collectivité locale par le biais de référendums locaux.
74
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+ Le comitat ou Županija est caractérisé par un territoire qui se veut le reflet d'une unité géographique, historique, économique, défini dans l'intention de favoriser le développement coordonné de la région dans son ensemble. La capitale, Zagreb, constitue à elle seule une županija.
76
+
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+ De manière analogue au rôle rempli par le conseil municipal à l'échelon inférieur, l'assemblée régionale (Županijska skupstina), élue pour quatre ans, constitue l'assemblée représentative de la županija et règle par ses délibérations les affaires de celle-ci. L'assemblée régionale, composée d'un nombre impair de membres, compte de 31 à 51 membres. Son président, élu parmi les conseillers régionaux, est secondé par deux vice-présidents. Au moins une fois par trimestre, le président (predsjednik Županijske skupstine) convoque les sessions de l'Assemblée régionale, qu'il préside et représente. Ses autres prérogatives sont fixées par l'Assemblée régionale.
78
+
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+ L'assemblée régionale est compétente pour :
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+
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+ Les municipalités ou communes, au nombre de 423, comprennent généralement plusieurs localités habitées, dont le nombre sur l'ensemble du territoire croate s'élève à quelque 6 700. Elles comptent au maximum 30 000 habitants. Le statut de ville est attribué aux chefs-lieux des županije, aux agglomérations de plus de 10 000 habitants et, à titre exceptionnel, aux cités qui peuvent y prétendre pour des raisons historiques, économiques, urbanistiques, etc. De statut comparable, les communes et les villes sont des municipalités.
82
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+ Les principales villes sont Zagreb, Split, Rijeka, Osijek, Zadar, Slavonski Brod, Pula, Karlovac, Varaždin, Šibenik, Sisak, Vinkovci, Velika Gorica, Dubrovnik.
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+ Le conseil municipal est, aussi bien dans le cadre de la commune (opcinsko vijece) que dans celui de la ville (gradsko vijece), l'assemblée représentative de la municipalité qui règle par ses délibérations les affaires de celle-ci. Élu pour quatre ans, il est composé d'un nombre impair de membres :
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+
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+ Son président, élu parmi les conseillers municipaux, est secondé par deux vice-présidents. Au moins une fois par trimestre, le président (predsjednik opcinskog vijeca / predsjednik gradskog vijeca) convoque les sessions du conseil municipal, qu'il préside et représente. Les autres prérogatives du président sont fixées par le conseil municipal.
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+ Le conseil municipal est compétent pour :
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+
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+ Dans les municipalités de moins de 3 000 habitants, les fonctions relevant de l'exécutif municipal sont remplies par le Conseil municipal tandis que le président du conseil municipal exerce la fonction de maire. Autrement dit, une même personne exerce alors les fonctions de président du conseil municipal et de maire. En revanche, les communes de plus de 3 000 habitants, ainsi que les villes, disposent généralement d'un exécutif municipal propre (Poglavarstvo) dont les membres, élus par le conseil municipal parmi ses membres, renoncent alors à leur mandat de conseillers municipaux (cette fonction étant incompatible avec l'appartenance à l'instance exécutive locale). Le maire, élu par le conseil municipal est, quant à lui, traditionnellement choisi parmi les têtes de liste des partis représentés. Il préside l'exécutif municipal, composé de membres également élus pour quatre ans. Toutefois, dans les communes de 3 001 à 10 000 habitants, le conseil municipal a la possibilité de s'investir du droit d'exercer les fonctions d'exécutif municipal, en l'inscrivant dans le Statut municipal. L'exécutif, composé d'un nombre impair de membres, compte :
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+ L'exécutif municipal est en premier lieu chargé de :
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+ Le processus de transition d'un système d'économie planifiée vers une économie de marché a commencé à la fin des années 1980, mais la désindustrialisation et les dommages dus à la guerre d'indépendance ont ralenti cette mutation. Les privatisations commencées pendant la guerre d'indépendance ont été entachées de scandales politico-financiers.
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+ Le pays s'est engagé dans un vaste programme de reconstruction mené par le gouvernement : depuis 1996, la moitié du parc immobilier détruit a été rebâtie quasiment sans aide internationale, tandis que la croissance du PIB a atteint une moyenne de 6 %, et l'inflation annuelle moyenne sur cinq ans demeure inférieure à 4 %. Depuis la fin de la guerre, le pays connaît une croissance économique assez rapide.
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+ La situation macroéconomique de la Croatie est plutôt bonne, avec une inflation contenue (estimation 2005 : 3,3 %) et une croissance assez soutenue (2005 : 4 %), mais depuis 2009 suivie de quatre années de récession (prévision 2013 croissance négative -1 %). Le déficit public est important (2004 : 4,2 %, 2005 : 3,7 %, 2012 : 4,3 %). Le niveau de la dette externe est élevé (85 % du PNB) soit 35 milliards de $[22] 7 700 $ par habitant, même si l'endettement public est plus modéré (65 % du PNB). La Croatie a conclu en août 2004 un accord avec le FMI, lui accordant un prêt de 140 millions d'euros, sous réserve d'une réduction sensible du déficit budgétaire consolidé et d'une stabilisation de l'endettement externe. Il devrait être prolongé. La monnaie est la kuna.
100
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+ Les échanges extérieurs sont fortement déséquilibrés, le taux de couverture des importations n'étant que de 43 %. Les revenus engendrés par l'industrie du tourisme (17 % du PIB) compensent en partie le déficit de la balance commerciale. La balance des paiements croate est caractéristique de celle d'un pays en transition. La balance commerciale est très déficitaire mais le déficit des paiements courants n'est que de 5 % grâce à l'importance des revenus touristiques (officiellement le tourisme représente 25 % du PIB). Le PIB par habitant (2009) est de l'ordre de 13 921 euros par habitant et de 19 986 $ (soit 59,3 % de la moyenne de l'Union européenne) en termes de parité de pouvoir d'achat par habitant.
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+ La Croatie a une économie principalement fondée sur les services et un peu sur l'industrie légère. Le problème économique principal est un chômage structurel important (19 % en 2012)[23]. La poursuite des réformes structurelles est programmée. La BERD, la BEI et la Banque mondiale jouent un rôle essentiel dans le financement des projets et des entreprises[réf. nécessaire].
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+
105
+ La population de la Croatie est en lente diminution depuis la dernière décennie (de 4,3 millions d'habitants en 2007 à 4,1 millions en 2017). Le taux de natalité est faible (environ 9 ‰); la transition démographique a été atteinte il y a environ cinquante ans. L'espérance de vie moyenne est d'environ 75 ans (hommes : 71,8 ans, femmes : 78,8 ans, en 2005[1]) et le taux d'alphabétisation est de 98,5 %, ce qui est assez élevé. En outre, le taux de fécondité était en 2006 de 1,4 enfant/femme pour une mortalité infantile de 6,72 ‰[1]. Au dernier recensement (2011), la Croatie était peuplée de 4 284 889 habitants[24].
106
+
107
+ Depuis la fin des années 1990, 350 000 personnes ont émigré de Croatie[25]. Les inégalités, la corruption et le manque d’opportunités constituent les raisons principales expliquant ces départs[25].
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109
+ La Croatie est habitée principalement par les Croates (89,6 %). Il y a également une vingtaine de minorités, dont la plus grande sont les Serbes (4,5 % de nos jours, 12 % avant-guerre, selon le recensement de 1991), tandis que les autres ont moins de 0,5 % chacune.
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+
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+ La religion principale est le catholicisme (87,8 %). Il y a aussi des minorités chrétiennes orthodoxes (4,4 %) et musulmanes sunnites (1,3 %). Toutes les autres religions ensemble couvrent moins de 1 % de la population.
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+ La langue officielle — et la plus courante — est le croate, une langue slave, qui utilise l'alphabet latin étendu par quelques signes diacritiques. Moins de 5 % de la population utilise une autre langue comme langue maternelle. L'italien est également langue officielle en Istrie, notamment dans les villes de Pola/Pula, Rovigno/Rovinj, Umago/Umag.
114
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+ La langue officielle de la Croatie est le croate qui est une langue du groupe méridional des langues slaves, de la famille des langues indo-européennes. Même si les linguistes utilisent le terme de serbo-croate (peu à peu remplacé par BCMS) pour définir la langue parlée en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro, officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue croate, bosniaque, serbe ou monténégrin. Il n'y a pas d'isoglosse entre ces langues (les locuteurs se comprennent, sans faire appel à un traducteur dans la plupart des cas), leur définition est historique et politique. En revanche, il y a des différences de lexique (certains mots (environ 10 % selon les langues), certaines conjugaisons ou déclinaisons varient) et une différence d'alphabet : il est latin en Croatie et dans la fédération de Bosnie-et-Herzégovine, tandis qu'en Serbie, au Monténégro et dans la République serbe de Bosnie cohabitent les alphabets cyrillique et latin.
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117
+ L'anglais est beaucoup parlé par les plus jeunes, surtout dans les secteurs du tourisme et du commerce, et l'italien est tout aussi présent, surtout vers la côte dalmate où il est même la langue officielle de quelques municipalités à égalité avec le croate, mais aussi dans le reste du pays. Pour des raisons historiques, l'allemand est aussi parlé (la Croatie est une ancienne région de la monarchie austro-hongroise, et aussi l'allemand est une langue pratiquée par une partie de la diaspora croate qui travaille en Allemagne et en Autriche). Le hongrois, lui, est parlé dans les régions de l'Est de la Croatie en Baranya.
118
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119
+ La Croatie s'est associée à la candidature de la diète méditerranéenne à la liste du patrimoine culturel immatériel en 2013. Les vertus de la cuisine croate pour la santé avaient été observées dans les années 1960 en Dalmatie dans le cadre de l'étude des sept pays[26].
120
+
121
+ Le catholicisme est la religion la plus répandue en Croatie avec 87,8 % de la population qui se déclare catholique. Cependant la plupart des autres religions sont présentes sur le sol croate dont certaines comme l'orthodoxie, le judaïsme ou l'islam[27].
122
+
123
+ La Croatie est vice-championne du monde de football en 2018[28]. L'audience de la finale a cumulé 1,12 milliard de téléspectateurs[29].
124
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+ Le 25 novembre 2018, l'équipe de tennis de Croatie remporte la finale de la Coupe Davis face à la France tenante du titre 3-1, c'est la seconde fois qu'elle remporte cette compétition de son histoire[30].
126
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+ Plusieurs scientifiques et inventeurs proviennent de Croatie.
128
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+ Le tourisme est une source de revenus importante, grâce à la beauté du pays et des diverses activités culturelles et de loisirs. La Croatie, qui ne compte que 4,6 millions d'habitants, a reçu 18,5 millions de touristes en 2017[31].
130
+
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+ Le tourisme représente 18,4 % du PIB en 2018. Cependant, Le Courrier des Balkans indique que « le poids réel du secteur est encore bien plus élevé, si l’on prend en compte les revenus de l’économie grise, des jobs au noir, des chambres et des appartements loués sur la côte sans être déclarés, ce qui fait de la Croatie le pays européen le plus dépendant de la mono-activité touristique »[32].
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+ La Croatie a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République de Croatie
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+ 45°48' - 45°49' N, 15°57' - 15°58' E
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+ La Croatie, en forme longue la république de Croatie, en croate : Hrvatska et Republika Hrvatska écouter, est un pays d'Europe centrale et du Sud, indépendant depuis 1991 lors de la dislocation violente de la Yougoslavie. Il s'étend depuis les confins de l'extrémité orientale des Alpes au nord-ouest et depuis les plaines pannoniennes au nord-est, jusqu'au littoral de la mer Adriatique au sud-sud-ouest, en passant par le massif montagneux des Alpes dinariques au centre. Elle est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. Sa capitale est Zagreb et elle est membre de l'Union européenne depuis le 1er juillet 2013[4], de l'OMC depuis 2000[5] et de l'OTAN depuis 2009.
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+ La Croatie fut, tout au long de son histoire, au carrefour de quatre grands espaces culturels, ce qui confère une richesse à son patrimoine, tant architectural qu'artistique. Outre le caractère slave de ses habitants qui remonte à la fin du VIe siècle, la Croatie a subi les influences vénitiennes sur la côte dalmate d'une part, et les influences austro-hongroises dans les plaines du Nord de Slavonie et dans le bassin du Danube d'autre part. Cet héritage vient se superposer à celui préroman — romain et byzantin — plus diffus mais auquel elle doit sa tradition chrétienne. Le voisinage immédiat de l'Empire ottoman, du XVe au XIXe siècle, dont l'expansion s'est arrêtée en terre croate, a également eu son importance. Premier peuple slave christianisé, dès le début du VIIe siècle, les Croates sont encore aujourd'hui très majoritairement catholiques.
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+ La Croatie contemporaine est également l'héritière du royaume croate médiéval, d'abord indépendant puis associé en 1102 à la couronne hongroise puis intégré, en 1527, aux terres des Habsbourg, devenues l'Autriche-Hongrie de 1867 à 1918. Au début du XVe siècle, la province côtière de Dalmatie devint vénitienne pour quatre siècles, puis française de 1809 à 1814, au sein des Provinces illyriennes qui mirent fin à la république de Raguse. Les Croates aspirèrent à la formation d'un royaume de Croatie-Slavonie-Dalmatie, dans le cadre de la monarchie austro-hongroise, mais l'accord austro-hongrois de 1867 laissa le royaume de Dalmatie à l'Autriche, tandis que le royaume de Croatie-Slavonie demeura en union personnelle avec la Hongrie, relation spécifique respectant les subjectivités politiques des deux royaumes, et comparable au lien unissant l'Écosse et l'Angleterre. La côte adriatique a longtemps été peuplée de colons italiens qui érigeront des villes en républiques indépendantes avant de se soumettre à Venise. Néanmoins ces Latins resteront principalement sur les côtes, s'aventurant peu à l'intérieur des terres peuplées de Slaves.
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+ Si les Croates ont toujours lutté, depuis la fin du XIe siècle, pour conserver leur autonomie, le sentiment panslave et yougoslave s'y développa à partir des années 1830. Le XXe siècle voit, pour la première fois, la Croatie unie à ses voisins slaves. De 1918 à 1941, c'est sous la forme d'un royaume centralisé sous le sceptre d'une dynastie serbe, au sein du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, renommé royaume de Yougoslavie le 6 janvier 1929[6]. En 1941, après l'invasion de la Yougoslavie par les forces de l'Axe, l'État indépendant de Croatie — État satellite de l'Italie et de l'Allemagne nazie — est mis en place par les envahisseurs et confié au mouvement indépendantiste et fasciste des oustachis, dirigés par Ante Pavelić. Les collaborateurs mettent en place une politique de persécution des populations serbes et juives et des résistants antifascistes croates, qui causa des dizaines de milliers de morts. Par rapport à la Croatie actuelle, cet État était amputé d'une partie de la Dalmatie et de l'Istrie (annexées par l'Italie), mais englobait la quasi-totalité de la Bosnie-Herzégovine. Parallèlement, et à la suite de l'insurrection antifasciste du 22 juin 1941, a été mis en place un Conseil antifasciste de la guerre de Libération de Croatie (en) (ZAVNOH). Véritable gouvernement de la « Croatie libre » contrôlant de vastes portions de l'État indépendant de Croatie, il rassemble la résistance croate au sein des partisans de Josip Broz Tito. De ce fait, concomitamment à la retraite allemande, la Croatie est libérée en 1945 par les Serbes de Croatie et de Bosnie qui formaient 90 % de l'armée des partisans et seront pour la plupart amenés à soutenir ou à rejoindre les Partisans après avoir été chassés de leur maison par les Oustachis. Dès novembre 1943, les partisans annoncent leur projet de mettre en place une nouvelle Yougoslavie qui serait fédérale. La république socialiste de Croatie devient un État fédéré au sein de la république fédérative populaire de Yougoslavie (de 1945 à 1963), puis de la république fédérative socialiste de Yougoslavie (de 1963 à 1990), composées de six républiques.
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+ Dans la foulée de la chute du mur de Berlin et de l'effondrement du bloc communiste, les premières élections multipartites de Croatie sont organisées en avril-mai 1990. Elles voient la défaite du Ligue des communistes de Croatie et la victoire du parti clandestin et nationaliste qu'est l'Union démocratique croate, emmenée par l'ancien-communiste[7], dissident et négationniste[8], Franjo Tuđman. À partir d'août 1990, une rébellion armée conduite par des citoyens yougoslaves majoritairement serbe éclate dans des régions yougoslaves majoritairement peuplé de Serbes : de vastes zones du territoire yougoslave sont soustraites au contrôle des séparatistes croates, avec l'appui de l'armée yougoslave qui s'interpose en protégeant les citoyens yougoslaves. Une « République serbe de Krajina » est proclamée le 16 mars 1991 sur près d'un tiers du territoire yougoslave, et son maintient au sein de la Yougoslavie est proclamé le 1er avril 1991. Le 31 mars 1991, les premières rixes armées éclatent dans le Parc national des lacs de Plitvice avec leur annexion par la Région autonome serbe de Krajina : deux citoyens yougoslaves et un séparatiste croate furent tués et à la bataille de Borovo Selo où douze séparatistes croates et trois soldats yougoslaves furent tués au cours d'une bataille dans le village de Borovo Selo[9] sont les premiers morts de la guerre qui va suivre, le 2 mai 1991, le dernier président de la Youglosavie, Stjepan Mesić, quitte ce poste pour prendre part à la présidence fédérale de la RFS Yougoslavie, en tant que vice-président. Le 19 mai 1991 plus de 94 % des Croates se prononcent par référendum en faveur de la transformation de la Yougoslavie en confédération d'États souverains (proposition slovéno-croate), ou, en cas de refus de Belgrade, de l'indépendance pure et simple de la Croatie. Belgrade ayant rapidement rejeté toute proposition visant à démocratiser la fédération yougoslave, le 25 juin 1991 la Croatie est amenée, tout comme la Slovénie, à déclarer son indépendance. Le gouvernement fédéral yougoslave ne reconnut pas cette déclaration et, au nom de la préservation de l'État fédéral et de la minorité serbe de Croatie, mena une guerre avec l'armée yougoslave (4e armée européenne[réf. nécessaire]) et des groupes paramilitaires serbes. La Croatie fut reconnue internationalement le 15 janvier 1992. La nouvelle armée croate mena des opérations contre les forces de la République serbe de Krajina soutenues par l'Armée populaire yougoslave (JNA), notamment en 1995, les opérations Éclair (Operacija Bljesak) en Slavonie occidentale et l'opération Tempête (Operacija Oluja)[10] pour reconquérir la République serbe de Krajina. Ces opérations se sont accompagnées de l'exode de 120 000 Serbes, principalement vers la Bosnie-Herzégovine et la Serbie, provoqué par l'évacuation forcée[11] de la population civile ordonnée par les responsables séparatistes croates. La Slavonie orientale et la Syrmie occidentale furent rendues pacifiquement à la souveraineté croate, en 1998.
20
+
21
+ L'élection du modéré Stjepan Mesić, en 2000, à la suite du décès de Franjo Tuđman qui avait dirigé le pays au cours des dix années précédentes, a constitué un tournant politique et économique majeur. Le pays s'est démocratisé et s'est ouvert sur l'Europe ; les auteurs d'exactions pendant les conflits militaires ont été poursuivis. Le pays a mené une politique de privatisations et s'est ouvert aux investisseurs étrangers. Cela s'est fait, toutefois, avec de fortes résistances internes du fait de la présence de nationalistes extrémistes dans certaines structures de l'appareil d'État (défense) et dans certaines régions (Split). La Croatie s'est officiellement déclarée candidate, le 21 février 2003, à l'adhésion à l'Union européenne et le statut d'État candidat lui a été reconnu officiellement lors du Conseil européen des 17 – 18 juin 2004. L'ouverture des négociations d'adhésion avait, toutefois, été retardée jusqu'au 3 octobre 2005 du fait de la coopération jugée insuffisante de la Croatie, avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), en ce qui concerne l'arrestation de l'ancien général Ante Gotovina finalement arrêté en décembre 2005, pour en fin de compte être acquitté en appel en 2012. Le pays a rejoint l'OTAN dès 2009, soit seulement onze ans après le départ du dernier casque bleu (de Slavonie orientale).
22
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23
+ La Croatie est une république parlementaire, démocratique et multi-partite. Elle a déjà connu trois alternances depuis son indépendance, même si la décennie 1990 – 2000 a été dominée par l'Union démocratique croate (HDZ) et Franjo Tuđman. La déclaration d'indépendance a eu lieu en 1991.
24
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25
+ Le président de la république de Croatie (Predsjednik) est le chef de l'État ; il est également le chef des armées et il a le devoir de désigner le président du gouvernement (le « Premier ministre ») avec l'accord du Parlement. Il a également une certaine influence sur la politique étrangère. Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois.
26
+
27
+ Le Parlement croate, la Diète (Sabor) est un Parlement monocaméral composé de 153 députés (140 élus dans dix circonscriptions, 10 par les minorités ethniques, 3 par la diaspora) élus pour une législature de quatre ans. Les sessions ordinaires se déroulent du 15 janvier au 15 juillet et du 15 septembre au 15 décembre.
28
+
29
+ Le gouvernement croate (Vlada) est dirigé par le président du gouvernement (couramment qualifié de « Premier ministre » dans les médias croates et étrangers) et se compose de vice-présidents et de ministres en nombre variable. Le pouvoir exécutif a la charge de proposer des lois et un budget, de veiller à l'application des lois et de guider la politique intérieure et étrangère.
30
+
31
+ En 2000, le social-démocrate Ivica Račan devient président du gouvernement, tandis que Stjepan Mesić est élu président de la République, ce qui marque la première véritable alternance. Bien que la HDZ revienne au pouvoir dès 2003, le virage proeuropéen pris par son président, Ivo Sanader, marque une nouvelle alternance. Lors de l'élection présidentielle du 16 janvier 2005, Stjepan Mesić a été réélu au second tour pour un second mandat présidentiel face à Jadranka Kosor avec plus de 60 % des suffrages. Celle-ci a succédé à Ivo Sanader à la tête du gouvernement en 2009.
32
+
33
+ La Croatie a obtenu, le 17 juin 2004, le statut de candidat à l'Union européenne et le Conseil de l'Union européenne a reconnu, le 3 octobre 2005, qu'elle remplissait l'ensemble des conditions pour lancer les négociations d'adhésion. Ceci n'a été possible qu'après que le gouvernement croate a accepté de mieux coopérer avec le TPIY. La Croatie est également membre de l'OTAN. Elle a par ailleurs obtenu au Sommet de Ouagadougou en novembre 2004 le statut d'observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie, malgré le faible nombre de personnes parlant le français.
34
+
35
+ Le 27 décembre 2009, la Croatie entreprend une élection présidentielle. Les résultats sont connus le 10 janvier 2010, Ivo Josipović remporte le second tour avec 60,29 % des voix, contre le maire de Zagreb, Milan Bandić (39,71 %)[12]. Environ deux ans plus tard, aux élections législatives du 4 décembre 2011, une alliance de centre-gauche conduite par le Parti social-démocrate de Croatie (SDP) remporte la majorité absolue des sièges, permettant la nomination de Zoran Milanović comme président du gouvernement.
36
+
37
+ L'élection présidentielle croate de 2014 – 2015 s'est déroulée les 28 décembre 2014 et 11 janvier 2015. Au premier tour, le président sortant Ivo Josipović obtient 38,56 % des suffrages contre 37,08 % à Kolinda Grabar-Kitarović, ancienne ministre des Affaires étrangères.
38
+
39
+ Au second tour, Kolinda Grabar-Kitarović est élue avec 50,4 % des voix contre 49,6 % à Ivo Josipović.
40
+
41
+ Après la clôture de ses négociations d'adhésion à l'UE, le 30 juin 2011, le référendum du 22 janvier 2012[13] a donné le feu vert à l'intégration dans l'Union européenne[14]. Le traité d'adhésion, que la Croatie et l'UE ont signé en décembre 2011, fut approuvé par le Parlement européen et ratifié par chacun des vingt-sept États membres et par le Parlement de Croatie, entérinant son adhésion à l'Union européenne, qu'elle intègre officiellement le 1er juillet 2013. Quant à son adoption de l'euro, si elle est prévue, aucune date n'a encore été fixée.
42
+
43
+ Le processus d'adhésion, qui a duré dix ans, a abouti le 1er juillet 2013, faisant de la Croatie le 28e État membre, marquant une étape importante pour ce pays dont le PIB par habitant représente 61 % de la moyenne du continent[15], lui ouvrant la voie au marché commun européen et la poussant à renforcer ses exportations et son attractivité[16].
44
+
45
+ La Croatie a une forme particulière semblable à un croissant ou un fer à cheval, ce qui explique qu'elle ait des frontières avec de nombreux pays : la Slovénie au nord-ouest, la Hongrie au nord-est, la Serbie à l'est, la Bosnie-Herzégovine au sud-est, le Monténégro au sud-sud-est, et une frontière maritime avec l'Italie dans la mer Adriatique. Le bout de son territoire continental est divisé en deux parties non contiguës par le port de Neum en Bosnie-Herzégovine.
46
+
47
+ Le relief est assez diversifié et comprend :
48
+
49
+ Il y a plusieurs climats en Croatie. La partie nord-est du pays est de climat continental alors que le climat du littoral est de type méditerranéen, et que celui de la partie centrale et sud-est montagneux.
50
+
51
+ Le pays contient huit parcs nationaux : trois en zone montagneuse (Paklenica, Plitvice, Risnjak) et cinq en zone côtière (Brijuni (Brioni), Mljet, Kornati, Krka, Parc national de Sjeverni Velebit) représentant une superficie de 79 320 hectares, soit 7,5 % du pays avec comme projet de doubler l'étendue des espaces protégés dans le cadre de parcs nationaux ou d'autres régimes de protection de l'environnement.
52
+
53
+ La côte croate est très découpée si bien que la Croatie compte 698 îles, 389 îlots et 78 récifs. 47 îles sont habitées.
54
+
55
+ Parmi les lacs de Croatie, Omladinsko jezero et les lacs de Plitvice sont remarquables.
56
+
57
+ Le sommet le plus élevé en Croatie est le pic de Dinara, culminant à 1 830 mètres d'altitude.
58
+
59
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
60
+
61
+ En décembre 2018, la Croatie comptait 779 sites dont :
62
+
63
+ La Croatie est une république unitaire. L'organisation territoriale du pays comprend deux niveaux.
64
+
65
+ Aux termes de l'article 4 de la Constitution, l'exercice des pouvoirs de l'État se trouve limité par l'autonomie accordée aux collectivités territoriales et régionales, définie au titre VI de la Constitution. En outre, à chaque niveau d'organisation territoriale (municipalité, villes, županije) correspond un transfert de compétences de l'État vers le type de collectivité considérée, régi par la Loi sur l'autonomie locale du 10 avril 2001.
66
+
67
+ Membre du Conseil de l'Europe, la Croatie est aussi signataire depuis 1997 de la Charte européenne de l'autonomie locale[21] laquelle vise à garantir l'autonomie des collectivités territoriales.
68
+
69
+ Les collectivités territoriales ont la charge de fonctions très variées et d'une importance primordiale pour la vie collective :
70
+
71
+ Les comitats ou županije et les villes de plus de 30 000 habitants disposent, en outre, de compétences propres quant à :
72
+
73
+ Les citoyens peuvent également prendre une part active dans les affaires de la collectivité locale par le biais de référendums locaux.
74
+
75
+ Le comitat ou Županija est caractérisé par un territoire qui se veut le reflet d'une unité géographique, historique, économique, défini dans l'intention de favoriser le développement coordonné de la région dans son ensemble. La capitale, Zagreb, constitue à elle seule une županija.
76
+
77
+ De manière analogue au rôle rempli par le conseil municipal à l'échelon inférieur, l'assemblée régionale (Županijska skupstina), élue pour quatre ans, constitue l'assemblée représentative de la županija et règle par ses délibérations les affaires de celle-ci. L'assemblée régionale, composée d'un nombre impair de membres, compte de 31 à 51 membres. Son président, élu parmi les conseillers régionaux, est secondé par deux vice-présidents. Au moins une fois par trimestre, le président (predsjednik Županijske skupstine) convoque les sessions de l'Assemblée régionale, qu'il préside et représente. Ses autres prérogatives sont fixées par l'Assemblée régionale.
78
+
79
+ L'assemblée régionale est compétente pour :
80
+
81
+ Les municipalités ou communes, au nombre de 423, comprennent généralement plusieurs localités habitées, dont le nombre sur l'ensemble du territoire croate s'élève à quelque 6 700. Elles comptent au maximum 30 000 habitants. Le statut de ville est attribué aux chefs-lieux des županije, aux agglomérations de plus de 10 000 habitants et, à titre exceptionnel, aux cités qui peuvent y prétendre pour des raisons historiques, économiques, urbanistiques, etc. De statut comparable, les communes et les villes sont des municipalités.
82
+
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+ Les principales villes sont Zagreb, Split, Rijeka, Osijek, Zadar, Slavonski Brod, Pula, Karlovac, Varaždin, Šibenik, Sisak, Vinkovci, Velika Gorica, Dubrovnik.
84
+
85
+ Le conseil municipal est, aussi bien dans le cadre de la commune (opcinsko vijece) que dans celui de la ville (gradsko vijece), l'assemblée représentative de la municipalité qui règle par ses délibérations les affaires de celle-ci. Élu pour quatre ans, il est composé d'un nombre impair de membres :
86
+
87
+ Son président, élu parmi les conseillers municipaux, est secondé par deux vice-présidents. Au moins une fois par trimestre, le président (predsjednik opcinskog vijeca / predsjednik gradskog vijeca) convoque les sessions du conseil municipal, qu'il préside et représente. Les autres prérogatives du président sont fixées par le conseil municipal.
88
+
89
+ Le conseil municipal est compétent pour :
90
+
91
+ Dans les municipalités de moins de 3 000 habitants, les fonctions relevant de l'exécutif municipal sont remplies par le Conseil municipal tandis que le président du conseil municipal exerce la fonction de maire. Autrement dit, une même personne exerce alors les fonctions de président du conseil municipal et de maire. En revanche, les communes de plus de 3 000 habitants, ainsi que les villes, disposent généralement d'un exécutif municipal propre (Poglavarstvo) dont les membres, élus par le conseil municipal parmi ses membres, renoncent alors à leur mandat de conseillers municipaux (cette fonction étant incompatible avec l'appartenance à l'instance exécutive locale). Le maire, élu par le conseil municipal est, quant à lui, traditionnellement choisi parmi les têtes de liste des partis représentés. Il préside l'exécutif municipal, composé de membres également élus pour quatre ans. Toutefois, dans les communes de 3 001 à 10 000 habitants, le conseil municipal a la possibilité de s'investir du droit d'exercer les fonctions d'exécutif municipal, en l'inscrivant dans le Statut municipal. L'exécutif, composé d'un nombre impair de membres, compte :
92
+
93
+ L'exécutif municipal est en premier lieu chargé de :
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+
95
+ Le processus de transition d'un système d'économie planifiée vers une économie de marché a commencé à la fin des années 1980, mais la désindustrialisation et les dommages dus à la guerre d'indépendance ont ralenti cette mutation. Les privatisations commencées pendant la guerre d'indépendance ont été entachées de scandales politico-financiers.
96
+
97
+ Le pays s'est engagé dans un vaste programme de reconstruction mené par le gouvernement : depuis 1996, la moitié du parc immobilier détruit a été rebâtie quasiment sans aide internationale, tandis que la croissance du PIB a atteint une moyenne de 6 %, et l'inflation annuelle moyenne sur cinq ans demeure inférieure à 4 %. Depuis la fin de la guerre, le pays connaît une croissance économique assez rapide.
98
+
99
+ La situation macroéconomique de la Croatie est plutôt bonne, avec une inflation contenue (estimation 2005 : 3,3 %) et une croissance assez soutenue (2005 : 4 %), mais depuis 2009 suivie de quatre années de récession (prévision 2013 croissance négative -1 %). Le déficit public est important (2004 : 4,2 %, 2005 : 3,7 %, 2012 : 4,3 %). Le niveau de la dette externe est élevé (85 % du PNB) soit 35 milliards de $[22] 7 700 $ par habitant, même si l'endettement public est plus modéré (65 % du PNB). La Croatie a conclu en août 2004 un accord avec le FMI, lui accordant un prêt de 140 millions d'euros, sous réserve d'une réduction sensible du déficit budgétaire consolidé et d'une stabilisation de l'endettement externe. Il devrait être prolongé. La monnaie est la kuna.
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+ Les échanges extérieurs sont fortement déséquilibrés, le taux de couverture des importations n'étant que de 43 %. Les revenus engendrés par l'industrie du tourisme (17 % du PIB) compensent en partie le déficit de la balance commerciale. La balance des paiements croate est caractéristique de celle d'un pays en transition. La balance commerciale est très déficitaire mais le déficit des paiements courants n'est que de 5 % grâce à l'importance des revenus touristiques (officiellement le tourisme représente 25 % du PIB). Le PIB par habitant (2009) est de l'ordre de 13 921 euros par habitant et de 19 986 $ (soit 59,3 % de la moyenne de l'Union européenne) en termes de parité de pouvoir d'achat par habitant.
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+ La Croatie a une économie principalement fondée sur les services et un peu sur l'industrie légère. Le problème économique principal est un chômage structurel important (19 % en 2012)[23]. La poursuite des réformes structurelles est programmée. La BERD, la BEI et la Banque mondiale jouent un rôle essentiel dans le financement des projets et des entreprises[réf. nécessaire].
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+ La population de la Croatie est en lente diminution depuis la dernière décennie (de 4,3 millions d'habitants en 2007 à 4,1 millions en 2017). Le taux de natalité est faible (environ 9 ‰); la transition démographique a été atteinte il y a environ cinquante ans. L'espérance de vie moyenne est d'environ 75 ans (hommes : 71,8 ans, femmes : 78,8 ans, en 2005[1]) et le taux d'alphabétisation est de 98,5 %, ce qui est assez élevé. En outre, le taux de fécondité était en 2006 de 1,4 enfant/femme pour une mortalité infantile de 6,72 ‰[1]. Au dernier recensement (2011), la Croatie était peuplée de 4 284 889 habitants[24].
106
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+ Depuis la fin des années 1990, 350 000 personnes ont émigré de Croatie[25]. Les inégalités, la corruption et le manque d’opportunités constituent les raisons principales expliquant ces départs[25].
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+ La Croatie est habitée principalement par les Croates (89,6 %). Il y a également une vingtaine de minorités, dont la plus grande sont les Serbes (4,5 % de nos jours, 12 % avant-guerre, selon le recensement de 1991), tandis que les autres ont moins de 0,5 % chacune.
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+ La religion principale est le catholicisme (87,8 %). Il y a aussi des minorités chrétiennes orthodoxes (4,4 %) et musulmanes sunnites (1,3 %). Toutes les autres religions ensemble couvrent moins de 1 % de la population.
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+ La langue officielle — et la plus courante — est le croate, une langue slave, qui utilise l'alphabet latin étendu par quelques signes diacritiques. Moins de 5 % de la population utilise une autre langue comme langue maternelle. L'italien est également langue officielle en Istrie, notamment dans les villes de Pola/Pula, Rovigno/Rovinj, Umago/Umag.
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+ La langue officielle de la Croatie est le croate qui est une langue du groupe méridional des langues slaves, de la famille des langues indo-européennes. Même si les linguistes utilisent le terme de serbo-croate (peu à peu remplacé par BCMS) pour définir la langue parlée en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro, officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue croate, bosniaque, serbe ou monténégrin. Il n'y a pas d'isoglosse entre ces langues (les locuteurs se comprennent, sans faire appel à un traducteur dans la plupart des cas), leur définition est historique et politique. En revanche, il y a des différences de lexique (certains mots (environ 10 % selon les langues), certaines conjugaisons ou déclinaisons varient) et une différence d'alphabet : il est latin en Croatie et dans la fédération de Bosnie-et-Herzégovine, tandis qu'en Serbie, au Monténégro et dans la République serbe de Bosnie cohabitent les alphabets cyrillique et latin.
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+ L'anglais est beaucoup parlé par les plus jeunes, surtout dans les secteurs du tourisme et du commerce, et l'italien est tout aussi présent, surtout vers la côte dalmate où il est même la langue officielle de quelques municipalités à égalité avec le croate, mais aussi dans le reste du pays. Pour des raisons historiques, l'allemand est aussi parlé (la Croatie est une ancienne région de la monarchie austro-hongroise, et aussi l'allemand est une langue pratiquée par une partie de la diaspora croate qui travaille en Allemagne et en Autriche). Le hongrois, lui, est parlé dans les régions de l'Est de la Croatie en Baranya.
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+ La Croatie s'est associée à la candidature de la diète méditerranéenne à la liste du patrimoine culturel immatériel en 2013. Les vertus de la cuisine croate pour la santé avaient été observées dans les années 1960 en Dalmatie dans le cadre de l'étude des sept pays[26].
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+ Le catholicisme est la religion la plus répandue en Croatie avec 87,8 % de la population qui se déclare catholique. Cependant la plupart des autres religions sont présentes sur le sol croate dont certaines comme l'orthodoxie, le judaïsme ou l'islam[27].
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+
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+ La Croatie est vice-championne du monde de football en 2018[28]. L'audience de la finale a cumulé 1,12 milliard de téléspectateurs[29].
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+
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+ Le 25 novembre 2018, l'équipe de tennis de Croatie remporte la finale de la Coupe Davis face à la France tenante du titre 3-1, c'est la seconde fois qu'elle remporte cette compétition de son histoire[30].
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127
+ Plusieurs scientifiques et inventeurs proviennent de Croatie.
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+ Le tourisme est une source de revenus importante, grâce à la beauté du pays et des diverses activités culturelles et de loisirs. La Croatie, qui ne compte que 4,6 millions d'habitants, a reçu 18,5 millions de touristes en 2017[31].
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+ Le tourisme représente 18,4 % du PIB en 2018. Cependant, Le Courrier des Balkans indique que « le poids réel du secteur est encore bien plus élevé, si l’on prend en compte les revenus de l’économie grise, des jobs au noir, des chambres et des appartements loués sur la côte sans être déclarés, ce qui fait de la Croatie le pays européen le plus dépendant de la mono-activité touristique »[32].
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+ La Croatie a pour codes :
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+ La dent est un organe dur et fortement minéralisé implanté dans le palais des raies, la gencive des requins ou les os des mâchoires supérieure et inférieure des autres vertébrés, et dont les fonctions principales sont de saisir, retenir, déchirer et broyer les aliments, mais aussi la défense contre les prédateurs ou les rivaux.
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+ Les dents sont souvent caractérisées par le régime alimentaire de l'espèce qui conditionne leur forme, leur nombre, leur implantation ou leur pérennité. Par exemple, les félins ont des dents carnassières très développées afin de déchiqueter leur proies, alors que les dents des humains sont adaptées à leur régime omnivore. On trouve des dents chez trois classes de vertébrés : poissons, reptiles et mammifères, mais certains groupes de ces classes n'en sont pas pourvues, tandis que d'autres voient leurs dents renouvelées tout au long de leur vie.
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+ La dent est un organe minéralisé des vertébrés composé de structures organiques parmi les plus dures connues. Elle est constituée d'une partie implantée dans une structure osseuse, la racine, et d'une partie libre, la couronne. Le tissu constamment présent est la dentine, mais d'autres peuvent également être associés : pulpe dentaire, émail dentaire, cément et émailloïde[1].
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+ La dent, qui a une structure homologue à celle de l'écaille placoïde chez le requin, est parfois considérée comme étant un phanère[2]. Cependant, un phanère est habituellement défini comme étant une production de l'épiderme[3].
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+ Chez les mammifères, l'émail, constituant l'épithélium dentaire, dérive de l'ectoderme de la cavité buccale, tandis que chez les vertébrés inférieurs, c'est l'endoderme qui participe à la formation des dents pharyngiennes. Les autres tissus (pulpe dentaire, dentine et parodonte), constituant le mésenchyme dentaire, dérivent de la crête neurale[4].
10
+
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+ Issu du latin dens de même sens, provenant d'une racine indoeuropéenne (reconstruite) °d-, °ed, °denk ou °dent (mordre, mâcher)[5], d'où sont aussi issus, entre autres, les mots odontos (grec ancien), tand (néerlandais).
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+
13
+ La denture d'un animal est l'ensemble de ses dents. Le nombre, la nature et la disposition des dents varient selon les espèces, et parfois selon les individus. Elle est en général caractéristique de leur régime alimentaire de l'espèce animale.
14
+
15
+ On utilise couramment le mot dentition à la place de denture, alors que, stricto sensu, la dentition est le processus de mise en place de la denture. La dentition permet d'estimer, dans la plupart des cas, l'âge d'un animal tant qu'il n'est pas encore hors âge.
16
+
17
+ On parle de dents palatines quand elles s'enchâssent dans le palais, des dents linguales sur la langue, et de dents vomériennes lorsqu'elles sont enchâssées dans le vomer tandis que des dents portés sur la mâchoire, comme pour les mammifères sont des dents maxillaires.
18
+
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+ La morphologie et l'organisation des dents sont souvent utilisées pour caractériser les taxons animaux, et il existe tout un vocabulaire particulier caractérisant la dentition :
20
+
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+ Par extension, le terme de dent est employé en zoologie pour désigner un organe présentant une analogie de forme ou d'implantation :
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+ Par dérivation, le mot dent désigne des éléments pointus ou découpés :
24
+
25
+ En effet, le régime alimentaire influe beaucoup sur les caractéristiques des dents. Selon les proies qu'ils mangent, chaque groupe d'animal a une dentition spécifique qui leur permet de capturer, manger et mâcher leur proie qu'elle soit animale ou végétale. Cette bonne corrélation entre le régime alimentaire et la morphologie des dents, jugales surtout, est notamment mise en évidence chez les mammifères[6].
26
+
27
+ Par contre, certains groupes d'animaux ne sont pas pourvus de dents :
28
+
29
+ Au contraire, certains animaux ont des dents qui sont renouvelées tout au long de la vie :
30
+
31
+ Les carnassiers sont caractérisés par des canines (crocs) proéminentes et fortes. Ils ont une dentition complète soit composée d'incisives, de canines, de prémolaires et de molaires. Leur dentition fait souvent place à des dents carnassière pour déchirer la viande de leur proie.
32
+
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+ Les dents des herbivores leur servent à mastiquer les fibres ligneuses des plantes.
34
+
35
+ Cet organe hautement différencié d'origine ectodermique et mésodermique a une fonction initiale de protection dans l'évolution (organe exosquelettique). La dent haplodonte (du grec απλοος, haploos « simple » et ὀδούς, odoús « dent ») des reptiles et des poissons a pour fonction principale la préhension et la rétention des proies, la dent plexodonte (du grec πλέγοος, plegoos « complexe ») des mammifères voit sa fonction se spécialiser dans la mastication.
36
+
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+ Sous-ordre des caniformes (Caniformia) :
38
+
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+ Sous-ordre des féloidés ou féliformes (Feliformia) :
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+ Les insectivores ont une dentition complète caractérisée par des dents jugales pointues et des dents colorées (souvent rouges à la pointe).
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+ Les Chiroptères (chauve-souris) ont aussi une dentition complète, mais qui est caractérisée par des canines proéminentes et des espaces significatifs entre les incisives.
44
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+ Les lagomorphes (lièvres, lapins...) sont caractérisés par deux paires d'incisives rainurées et la présence d'un diastème, ce qui les distingue des rongeurs.
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+ Les rongeurs ont des incisives proéminentes et colorées (souvent jaunâtres) qui poussent continuellement durant toute leur vie, ce qui leur permet de ronger activement sans crainte d'usure prématurée, mais pose de graves problèmes en cas de malocclusion dentaire. Il y a aussi présence de dents jugales après le diastème.
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+ Les artiodactyles n'ont pas d'incisives supérieures et possèdent un diastème.
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+ Les Proboscidiens (éléphants...) sont caractérisés par des incisives qui leur servent de défenses. Chez les éléphantoïdes, la formule dentaire n'est jamais complète (2 prémolaires et 3 molaires). Le jeune possède des prémolaires de lait qui tombent quand les molaires apparaissent, il n'y a pas de prémolaires définitives. Quand la troisième molaire apparait, c'est au tour de la première de tomber.
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+ Les reptiles sont parfois caractérisés par des crochets à venin de certains serpents.
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+ Les balistes ou les tétraodons ont des dents antérieures élargies et soudées ainsi que des dents pharyngiennes.
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+ Enseigne d'un dentiste
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+ Coque peinte d'un bateau
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+ Détail d'un totem canadien
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+ Dent de requin montée en pendentif
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+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations du projet herpétologie.
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+ Famille
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+ Sous-familles de rang inférieur
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+ Les Crocodilidés (Crocodylidae) sont une famille de crocodiliens. Elle a été créée par Georges Cuvier en 1807. Cette famille regroupe comme espèces actuelles les crocodiles (Crocodylinae) et le Faux-gavial de Malaisie (Tomistominae). Toutefois des analyses génétiques récentes incluent les tomistominés dans la famille des gavialidés[1]
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+ Les espèces de cette famille se rencontrent en Afrique, en Amérique tropicale, en Asie du Sud, en Asie du Sud-Est et en Océanie.
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+ et les genres fossiles basaux, d'après Paleobiology Database (2014)[2]:
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+ (Le genre de crocodile Osteolaemus et les genres fossiles basaux cités sont parfois regroupés au sein de la sous-famille des Osteolaeminae.)
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+ Cladogramme simplifié possible d'après C. A. Brochu and G. W. Storrs (2012)[3] :
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+ Tomistoma
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+ †Mekosuchinae
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+ Crocodylus
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+ Le mot vient du latin crocodilus, mot venant lui-même du grec krokodilos qui désigne les lézards. Hérodote explique que le mot krokodilos était donné par les Ioniens aux lézards des murailles et par analogie a été donné aux crocodiles vivant dans le Nil.
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+ Les Crocodilidés (Crocodylidae) sont une famille de crocodiliens. Elle a été créée par Georges Cuvier en 1807. Cette famille regroupe comme espèces actuelles les crocodiles (Crocodylinae) et le Faux-gavial de Malaisie (Tomistominae). Toutefois des analyses génétiques récentes incluent les tomistominés dans la famille des gavialidés[1]
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+ Les espèces de cette famille se rencontrent en Afrique, en Amérique tropicale, en Asie du Sud, en Asie du Sud-Est et en Océanie.
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+ (Le genre de crocodile Osteolaemus et les genres fossiles basaux cités sont parfois regroupés au sein de la sous-famille des Osteolaeminae.)
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+ Les croisades du Moyen Âge sont des expéditions militaires organisées pour pouvoir mener le pèlerinage des chrétiens en Terre sainte[1] afin d'aller prier sur le Saint-Sépulcre[2]. À cette époque, elles sont d'ailleurs conçues comme une forme très particulière de pèlerinage, un « pèlerinage en armes »[2]. Elles ont été prêchées par des papes, par des autorités spirituelles de l'Occident chrétien comme Bernard de Clairvaux, ou par des souverains comme Frédéric Barberousse.
6
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7
+ La première croisade est lancée en 1095 par le pape Urbain II pour rétablir l'accès aux lieux de pèlerinages chrétiens en Terre sainte, autorisé jusque-là par les Arabes Abbassides, mais interdit par les nouveaux maîtres de Jérusalem à partir de 1071, les Turcs Seldjoukides, de nouveaux venus provenant des steppes de l'Asie. À l'époque, Jérusalem n'était plus aux mains des chrétiens depuis de nombreux siècles. La croisade répond aussi à une demande de l'empereur d'Orient, inquiet de l'expansion turque qui menace son empire[2].
8
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9
+ Cette première croisade aboutit à la fondation des États latins d'Orient, dont la défense va motiver les sept principales croisades ultérieures, de 1147 à 1291, date de la perte du dernier port encore contrôlé par les chrétiens en Orient, Saint-Jean-d'Acre. Toutefois, dès 1187, moins d'un siècle après sa conquête, les musulmans reprennent définitivement Jérusalem grâce à Saladin, même si les croisés gardent la haute main sur de vastes régions[2].
10
+
11
+ À partir de la quatrième croisade, qui s'empare de Constantinople en 1204, l'idée est parfois dévoyée : des expéditions sont organisées par le pape contre ses opposants chrétiens (Albigeois, Hohenstaufen, Aragon ou encore Hussites au XVe siècle…) ou païens (baltes). Si elles permettent le maintien provisoire des États latins d'Orient, ces croisades n'ont plus pour objectif Jérusalem.
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+ Les croisés ne firent pas de conquêtes durables, se désintéressèrent de la question une fois que Saladin eut rétabli l'accès aux pèlerinages, hormis pour ceux qui s'étaient installés sur place, et en fin de compte affaiblirent les chrétiens d'Orient plus qu'ils ne les aidèrent.
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+ Les cités marchandes italiennes ont retiré d'immenses profits économiques des croisades, et développé dans la foulée des liens entre les places commerciales européennes. Parallèlement, c'est également à cette période que fait son apparition la violence anti-juive en Europe[2].
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+ La période dite des croisades couvre, selon la définition traditionnelle, les expéditions en Terre sainte, de 1095 à 1291, c'est-à-dire du concile de Clermont à la prise de Saint-Jean-d'Acre. Des historiens la prolongent jusqu'à la bataille de Lépante (1571), en y incluant donc la Reconquista espagnole et toutes les guerres contre les Infidèles et les hérétiques sanctionnées par la papauté, qui y attache des récompenses spirituelles et des indulgences.
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+ Pour L'historien Jacques Le Goff, ces croisades sont une forme pervertie de la foi[3]. Il partage l'opinion de Steven Runciman : « Les hauts idéaux de la croisade ont été gâtés par la cruauté et la cupidité, la hardiesse et la résistance aux épreuves par une dévotion aveugle et étroite, et la Guerre sainte n'a rien été de plus qu'un long acte d'intolérance au nom de Dieu, ce qui est le péché même contre l'Esprit »[4].
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+ Le terme « croisade » n'apparaît pas avant le milieu du XIIIe siècle en latin médiéval (seulement vers 1850 dans le monde arabe) et est rarement utilisé à cette époque[5]. Les textes médiévaux parlent le plus souvent de « voyage à Jérusalem » (iter hierosolymitanum) ou encore de peregrinatio, « pèlerinage »[5]. Plus tard, sont aussi employés les termes de auxilium terre sancte, « aide à la Terre sainte », expeditio, transitio ainsi que « passage général » (expéditions d'armées nationales), « passage régulier » et « passage particulier », ces passages étant des incursions ponctuelles (plus ou moins locales, de brigandage et pillage) et non les « guerres saintes » et « grandes expéditions » que sont les croisades[5].
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+ Le terme de croisade n'apparaît que tardivement en français : le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) fait remonter l'expression « soi cruisier » (se croiser) à la Vie de St Thomas le martyr de Guernes de Pont-Sainte-Maxence datée de 1174, et « croiserie » en ancien français apparaît dans la chronique de Robert-de-Clari durant la quatrième croisade (1204), tandis que l'on trouve l'espagnol cruzada dans une charte en Navarre de 1212. En réalité, ces termes sont des substantifs de l'adjectif crucesignatus, « croisé » (littéralement « marqué par la croix ») qui, lui, apparaît dans la chronique d'Albert d'Aix (sans doute écrite, pour sa première partie, dès 1106) ou du verbe crucesignare, prendre la croix, qui est fréquent au XIIe siècle.
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+ Le terme à proprement parlé de « croisade » apparaît selon le TLFi dans les Chroniques de Chastellain datées d'avant 1475, notant qu'il s'agit d'un substitut de termes proches tels que « croisement », « croiserie » ou « croisière » qui sont plus anciens ; le Dictionnaire historique de la langue française note une première apparition du mot vers 1460 et note également qu'il dérive de « croisement », que l'on rencontre avant la fin du XIIe siècle.
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+ Il est donc clair que ce que nous appelons « première croisade » n'était pas connue sous cette dénomination par ses contemporains.
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+ Du point de vue musulman, les croisades ne sont d'ailleurs pas perçues comme une nouveauté, mais comme la continuation de la lutte contre l'Empire romain d'Orient[6], qui durait depuis plusieurs siècles. Pourtant, il est aussi évident que les contemporains ont eu très tôt conscience que la croisade n'était pas un simple pèlerinage armé ni une opération militaire comme les autres mais bien une réalité différente, alliant les caractéristiques du pèlerinage à Jérusalem aux impératifs d'une guerre pour la défense de la foi[réf. nécessaire].
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+ Jérusalem restait pour les chrétiens le centre du monde spirituel terrestre. Le pèlerin pouvait s'y recueillir devant le calvaire et le Saint-Sépulcre. La « vraie Croix » y était vénérée[7]. Parmi les fidèles se répandait même l'idée que le pèlerinage lavait les péchés.
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+ La conquête de la Palestine par les Arabes (Jérusalem fut prise en 638) n'affecta guère les pèlerinages vers les lieux saints ; les Fatimides imposèrent simplement une redevance aux pèlerins[8]. Les dangers à braver en chemin faisaient partie de la spiritualité du pèlerinage. Avec la fin de la piraterie dans la seconde moitié du Xe siècle, le flux des pèlerins s'amplifia. En 1009, le calife fatimide du Caire, al-Hakim, fit détruire le Saint-Sépulcre[8]. Son successeur permit à l'Empire byzantin de le rebâtir, et les pèlerinages furent à nouveau autorisés.
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+ Ainsi, lors de l'invasion arabe, les chrétiens ne songèrent guère à reprendre le contrôle des lieux saints[2]. L'Occident chrétien n'en n'avait ni la force ni même le désir, et les relations avec les musulmans qui gouvernaient en Terre sainte étaient dans l'ensemble assez bonnes[2].
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+ À l'approche du millénaire de la mort du Christ (1033), le flot des pèlerins augmenta encore. De nombreux monastères furent construits dans la ville. Les plus riches pèlerins étaient parfois dépouillés par les bédouins[9], et certains groupes de pèlerins s'organisèrent en véritables troupes armées. En 1045, l'abbé Richard emmenait avec lui sept cents compagnons qui ne purent arriver que jusqu'à Chypre. L'historien Jacques Heers[10] mentionne un pèlerinage d'une troupe importante, conduite en 1064 par Siegfried, archevêque de Mayence, attaquée et presque entièrement décimée à Ramallah par des Bédouins le 25 mars 1065.
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+ Surtout, la prise de Jérusalem par les Turcs Seldjoukides aux Arabes Fatimides en 1071 font de la Terre sainte un endroit plus dangereux qu'auparavant, serait-ce que parce que les nouvelles élites turques converties à l'islam sont moins cultivées, moins tolérantes et plus belliqueuses que les élites arabes[2]. L'historien Robert Mantran indique toutefois que des pèlerinages, dont six entre les années 1085 et 1092, semblent s'être déroulés sans difficultés particulières[11].
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+ L'histoire des croisades s'inscrit à la suite d'une longue période de lutte défensive contre les invasions sarrasines.
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+ Dès le VIIIe siècle, la chrétienté occidentale est confrontée à l'expansion de l'islam ; la péninsule ibérique est occupée et le royaume franc est envahi jusqu'à Poitiers. Une première phase de présence des armées omeyyades est enregistrée entre 719 et 759 dans la province de Septimanie, avec Narbonne pour capitale.
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+ Du IXe siècle au XIe siècle, les côtes méditerranéennes continuent à subir les assauts répétés de bandes armées bien organisées. Malgré l'extension de l'empire carolingien et sa puissance certaine, la Méditerranée reste dominée par la piraterie musulmane. Le contrôle de la Sicile, de la Corse, des îles Baléares et de la péninsule ibérique leur permet une grande mobilité au long des côtes de Septimanie, de Provence, et du sud de l'Italie où ils mènent des raids et des razzias profondément à l'intérieur des terres[12]. Entre 890 et 973, une seconde phase de présence musulmane s'établit en Provence pendant près de 80 ans, au cours de laquelle ils établirent plusieurs camps fortifiés[13]. Au XIe siècle, l'affaiblissement des structures politiques du califat fatimide permet aux chrétiens la reconquête progressive des terres occupées. La Sicile repasse ainsi sous domination chrétienne dans la seconde moitié du XIe siècle.
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+ Les Romains d'Orient (dits « byzantins » depuis le XVIe siècle) parlaient grec, étaient chrétiens, mais restaient attachés à la Pentarchie et ne reconnaissent pas la primauté de Rome depuis la querelle du Filioque en 1054 (séparation des Églises d'Orient et d'Occident).
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+ À l'époque de la première croisade, les Byzantins nommaient les Occidentaux « Francs » ou « Celtes », mais les Occidentaux qu'ils connaissaient le mieux étaient les Normands. D'abord employés comme mercenaires, appréciés par les généraux byzantins pour leur courage et leur cohésion, ils s'émancipèrent rapidement. En 1071, ils réalisent la conquête de toute l'Italie du Sud[14] où ils fondent un royaume indépendant. De 1081 à 1085, ils mènent une série d'attaques contre la Grèce sous la direction de Robert Guiscard.
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+ Afin de faire face à ses nouveaux ennemis, Turcs seldjoukides, l'empereur byzantin demande l'aide de troupes occidentales. Au concile de Plaisance de juin 1095, les ambassadeurs de l'empereur byzantin Alexis Comnène réclament aux Occidentaux une assistance militaire pour lutter contre les Turcs. Byzance n'appelle pas pour autant à la croisade pour délivrer Jérusalem : lutter contre les menaces présumées des Arabes et certaines des Turcs est avant tout une question de défense de l'Empire[15].
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+ D'ailleurs, si la pénétration des Seldjoukides en Asie mineure byzantine s'était accompagnée de plusieurs pillages et exactions contre les populations locales, en Syrie, déjà sous domination musulmane, l'arrivée des Turcs suscite moins de brutalité[16] et les chrétiens locaux ne semblent pas demander d'aide.
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+ À la fin du XIe siècle, le Proche-Orient est divisé. Au Sud, les Fatimides chiites sont au pouvoir en Égypte et contrôlent une partie de la Palestine. Le reste du Proche-Orient est sous la domination des Seldjoukides, un peuple turc nomade converti à l'islam sunnite au IXe siècle qui a mis fin à l'empire arabe et d'une manière générale à la suprématie des Arabes ; Arabes absents des croisades pour cette raison. En 1055, les Seldjoukides prennent le contrôle du califat abbasside à Bagdad[17]. Après la victoire de Mantzikert en 1071, les Turcs atteignent le Bosphore, mais très tôt, l'Empire seldjoukide est divisé en une série de principautés rivales dont la principale était le sultanat de Roum. La Syrie est aussi divisée en plusieurs États indépendants autour d'Alep, de Damas, de Tripoli, d'Apamée et de Shaizar.
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+ Au Proche-Orient les divisions sont d'ordre religieux et ethnique. Les Turcs sunnites sont minoritaires. La population arabe était de confession chiite, ismaélienne ou chrétienne[18]. Les chrétiens sont eux-mêmes de différentes tendances : orthodoxes, melkites, et monophysites. Il y a des Arméniens en Syrie du Nord. Pour ces populations musulmanes ou chrétiennes, les croisades sont des expéditions militaires de secours après l'invasion musulmane, expéditions auxquelles ils prennent part en faisant entrer les croisés dans Antioche, ou pendant la traversée du Liban avant le siège de Jérusalem[Lequel ?][19].
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+ L'affaiblissement de l'islam a permis l'essor du commerce par les villes italiennes en Méditerranée. Venise, Bari et Amalfi nouent des liens avec l'Orient, et, Pise et Gênes ont chassé les Sarrasins de la mer Tyrrhénienne[20]. La Méditerranée devient un lac latin. Les villes italiennes créent des comptoirs de commerce fructueux, qu'elles réussiront à conserver après la fin des croisades. Elles détournent à leur profit le commerce entre Orient et Occident. Les croisades sont une étape décisive de l'essor de l'Occident chrétien et du déclin du monde arabe amorcé dès le Xe siècle en Orient.
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+ Vingt ans après la prise de Jérusalem aux Arabes par les Turcs et six mois après le concile de Plaisance, Urbain II convoque un concile à Clermont en 1095 auquel participent surtout des évêques francs. Un des canons du concile promet l'indulgence plénière, c'est-à-dire la remise de la pénitence imposée pour le pardon des péchés (et non la rémission des péchés) à ceux qui partiront délivrer Jérusalem. Pour clore le concile, au cours d'un célèbre prêche public le 27 novembre 1095, Urbain appelle aux armes toute la chrétienté. Il évoque les « malheurs de chrétiens d'Orient ». Il appelle les chrétiens d'Occident à cesser de se faire la guerre et à s'unir pour combattre les « païens[réf. nécessaire] » et délivrer les frères d'Orient. Il ne cache pas les souffrances qui attendent les pèlerins[21]. À cet appel lancé directement aux chevaliers sans passer par les rois, la foule enthousiaste répond : « Deus lo volt » (Dieu le veut) et décide de prendre la croix, c'est-à-dire fait vœu d'aller à Jérusalem. Le signe de ce vœu est une croix de tissu, symbole de renoncement et d'appartenance à la nouvelle communauté des pèlerins en armes dotés de privilèges. On appelle ceux qui la portent les cruce signati[N 1].
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+ Urbain II essaie alors de tempérer l'enthousiasme que son appel a suscité et qu'il juge déraisonnable : les clercs ont interdiction de partir sans le consentement de leur supérieur, les jeunes maris sans celui de leur femme et les laïcs sans celui d'un clerc. Urbain II reste dix mois de plus en Francie occidentale pour y prêcher la croisade. Son appel s'adresse surtout à son milieu d'origine, la noblesse franque du Sud de la Loire. Mais à l'été 1096, les contingents réunis dépassent largement ce cadre[22]. Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et son frère Baudouin de Boulogne ont rejoint l'expédition, ainsi que le frère du roi, Hugues de Vermandois, Robert II de Normandie et Étienne de Blois. Bohémond, fils aîné de Robert Guiscard, décide lui aussi de se « croiser ». Le départ est fixé au 15 août 1096.
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+ Le succès considérable, qui parait peu explicable dans l'état d'esprit actuel du moins, pourrait avoir, disent certains, des explications matérielles : le mouvement de paix et le resserrement des liens vassaliques limitent les possibilités d'aventure en Occident. En partant en croisade, le chevalier peut ainsi garder sa possibilité de salut sans renoncer pour autant au métier des armes[23]. Il convient toutefois d'observer que le départ en croisade est très couteux, certains croisés vendent leurs biens pour s'équiper à cette fin et subissent un préjudice grave du fait de leur longue absence. Jacques Heers précise dans L'islam cet inconnu que les croisés « quittaient leurs biens et leurs familles pour se mettre au service de Dieu »[réf. nécessaire].
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+ De nombreux prédicateurs populaires relaient l'appel de la croisade. Le plus connu est Pierre l'Ermite. Beaucoup attendant l'Apocalypse partent sans espoir de retour avant la date officielle fixée par le pape. Pierre l'Ermite commence sa prédication dans le Berry, puis l’Orléanais, la Champagne, la Lorraine et la Rhénanie, emmenant dans son sillage quinze mille pèlerins, encadrés par des nobles et des chevaliers dont Gautier Sans-Avoir. Arrivé à Cologne le 12 avril 1096, il continue de prêcher auprès des populations germaniques, tandis que Gautier Sans-Avoir conduit les pèlerins en direction de Constantinople[24].
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+ Des bandes parties de Rhénanie s'acharnent au départ sur les communautés juives des villes rhénanes, cherchant à les convertir de force. Le refus du baptême est, pour le peuple, considéré comme une insulte à Dieu pouvant attirer sa colère sur les hommes[25]. Présents depuis des siècles, les Juifs deviennent soudain des étrangers et des assassins du Christ qu'il convient de punir avant de délivrer les lieux saints comme Jérusalem [26]. Peut-être douze mille Juifs ont-ils péri en 1096[27]. Certains évêques protègent la communauté de la ville[28],[29]. Le pape condamne ces violences, souvent l'œuvre de la lie de la société. Il ne semble pas que Pierre l’Ermite ait appelé à persécuter les Juifs, mais les terreurs créées par les pogroms commis en Germanie lui permettent d'obtenir des communautés juives des régions qu’il traverse le ravitaillement et le financement des croisés.
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+ Ayant persuadé un certain nombre de Germaniques à partir, Pierre l'Ermite quitte Cologne à la tête d’environ douze mille croisés le 19 avril 1096 et traverse le Saint-Empire et la Hongrie en suivant le Danube. Sur le chemin, les troupes dirigées par Pierre l'ermite se livrent à des confrontations locales dans Belgrade et dans le faubourg de Constantinople, incapables de s'acheter par leur propres moyens leur nourriture. Les groupes partis du Nord de Francie occidentale et de Rhénanie en avril 1096, arrivent sans trop de difficultés à Constantinople quelques mois plus tard. Mais la plupart des groupes germaniques ne sont jamais arrivées à Constantinople, anéanties ou dispersées par les troupes hongroises[28].
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+ Quatre armées de chevaliers partent à la date prévue. Celle de la Francie du Nord et de la Basse-Lorraine, conduite par Godefroy de Bouillon suit la route du Danube. La deuxième armée venant des régions du Sud de la Francie, dirigée par le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, et le légat du pape, Adhémar de Monteil passe par la Lombardie, la Dalmatie et le Nord de la Grèce. La troisième, d'Italie méridionale, commandée par le prince normand Bohémond gagne Durazzo par mer. La quatrième, de la Francie centrale, dont les chefs sont Étienne de Blois et Robert de Normandie passe par Rome[30].
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+ Si les premières arrivées se passent bien, au fur et à mesure que les troupes croisées arrivent, les incidents se multiplient. Les croisés se livrent à des pillages et à des violences[31]. L'empereur Alexis Ier Commène cherche à obtenir un serment d'allégeance de la part des chefs croisés, et à rendre à l'empire toutes les terres qui lui appartenaient avant l'invasion turque. La plupart acceptent[32]. Les croisés assiègent Nicée qui est rendue en juin 1097 aux Byzantins. Ils battent plusieurs émirs turcs en marchant à travers l'Anatolie, traversent le Taurie, parviennent en Cilicie et mettent le siège devant Antioche le 20 octobre 1097[33].
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+ Les croisés manifestent des ambitions territoriales pour leur propre compte. Baudouin de Boulogne aide l'arménien Thoros à secouer la tutelle turque à Édesse et devient son héritier. Le siège d'Antioche est long et difficile. Les croisés développent un fort ressentiment contre les Byzantins qu'ils accusent de double jeu avec les Turcs. Bohémond réussit à faire promettre aux combattants qu'il prendrait possession de la ville, s'il y entrait en premier et si l'empereur byzantin ne venait pas lui-même prendre possession de la ville. Grâce à une complicité intérieure, il parvient à entrer dans la ville. Aussitôt les assiégeants se retrouvent assiégés par les Turcs et subissent un siège très éprouvant. L'armée de secours, dirigée par Bohémond parvient à vaincre les Turcs sans l'aide de l'empereur. Les croisés s'estiment déliés de leur serment de leur fidélité et gardent la ville pour eux[34].
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+ Pendant l'été, les chefs croisés prennent le contrôle des places-fortes dans les régions voisines d'Antioche. L'historien arabe Ibn Al Athir rapporte que de nombreux actes de barbarie ont été perpétrés par de très nombreux croisés fanatisés. C'est le cas lors de la prise de Maara (Maarat al'Nouman) où la population est massacrée malgré la promesse de Bohémond de laisser la vie sauve à ses habitants. « A l'aube, les Franj arrivent : c'est le carnage. Pendant trois jours ils passèrent les gens au fil de l'épée »[35].
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+ Mais le plus terrifiant reste ces actes de cannibalisme rapportés par le chroniqueur franc Raoul de Caen « A Maara, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans les marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés » ou par un autre chroniqueur franc Albert d'Aix « Les nôtres ne répugnaient pas à manger non seulement les Turcs et les Sarrasins tués mais aussi les chiens ! »[36]. Le supplice de la ville de Maara ne prend fin que le 13 janvier 1099 (soit environ un mois après la prise de la ville), lorsque des centaines de Franj armés de torche parcourent les ruelles, mettant le feu à chaque maison. Ce terrible épisode contribue à creuser entre les Arabes et les Franj un fossé que plusieurs siècles ne suffisent pas à combler. Les populations paralysées par la terreur ne résistent plus et les émirs syriens s'empressent d'envoyer aux envahisseurs des émissaires chargés de présents pour les assurer de leur bonne volonté, leur proposer toute l'aide dont ils auraient besoin.
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+ L'armée ne prend la route de Jérusalem qu'en janvier 1099[37]. Les chrétiens syriens indiquent la route la plus sûre aux chevaliers latins. Ils descendent le long de la côte, prenant plusieurs villes. Ils prennent Bethléem le 6 juin et assiègent Jérusalem le lendemain. Par une ironie de l'histoire, les Arabes avaient entretemps repris la ville aux Turcs[réf. souhaitée]. Les croisés manquent d'eau, de bois, d'armes et ne sont pas assez nombreux pour investir la ville. Une expédition à Samarie et l'arrivée d'une flotte génoise à Jaffa leur fournissent tout ce qui leur manque.
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+ Jérusalem est prise le 15 juillet 1099 après un assaut de deux jours. Une fois les croisés entrés dans la ville, de nombreux habitants furent tués jusqu'au matin suivant. Le bilan humain varie selon les sources : pour les auteurs chrétiens, 10 000 morts, pour les musulmans, de 30 000 à 50 000. Le gouverneur de Jérusalem s'était barricadé dans la Tour de David, qu'il donna à Raymond en échange de la vie sauve pour lui et ses hommes. Ils purent se rendre à Ascalon avec la population civile musulmane et juive survivante.
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+ Un certain nombre de pèlerins après avoir accompli leurs dévotions prirent le chemin de retour. Ils ont délivré Jérusalem, et donc accompli leur vœu. D'autres croisés s'apprêtèrent à rester en Orient. Godefroy de Bouillon fut élu par les siens comme prince de Jérusalem. Godefroi n'a joué aucun rôle décisif pendant la croisade mais les barons préférèrent ce conciliateur sans ambition à l'impétueux et intransigeant Raymond de Saint-Gilles désigné par le pape comme chef militaire de la croisade[38]. Il refusa d'être nommé roi du royaume de Jérusalem. Il dit : « Je ne porterais pas une couronne d'or, là où le Christ porta une couronne d'épines ». Il prit alors le nom d'Avoué du Saint-Sépulcre, soit advocatus Sancti Sepulchri, réservant les droit éminents du nouvel État à l'Église. En septembre, il resta seul dans ses nouvelles possessions avec seulement trois cents chevaliers et deux mille piétons. Les établissements francs étaient très isolés les uns des autres et mal reliés à la mer[39]. Jérusalem devint la capitale du royaume latin de Jérusalem qui s'étendait jusqu'à la mer Rouge et à l'isthme de Suez. Repeuplée de chrétiens, elle était le siège des ordres militaires du Temple de Jérusalem et de l'hôpital de Saint-Jean, ainsi qu'un site actif de pèlerinage. Jérusalem devint alors une cité romane. Le Saint-Sépulcre fut reconstruit en 1149. Une citadelle fut édifiée, dite tour de David[40]. Chrétiens d'Orient et Latins cohabitèrent sans trop de difficultés.
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+ En Occident, la nouvelle de la prise de Jérusalem provoqua le départ de nouvelles armées dépassant parfois le millier d'hommes. Mais faute d'ententes, ces croisades échouèrent toutes en Anatolie, face aux Turcs qui avaient provisoirement refait leur unité. La mer devint alors le seul moyen de communication avec l'Occident. L'archevêque Daimbert de Pise, arrivé à Jaffa avec cent vingt bateaux, se fit nommer patriarche latin de Jérusalem, et suzerain de la principauté d'Antioche et du royaume de Jérusalem, se fit attribuer un quart de Jérusalem et la totalité de Jaffa. Godefroi, de son côte promit aux Vénitiens qui venaient de prendre Haïfa, le tiers de toutes les villes qu'ils aideraient à conquérir[41]. Des contingents, norvégiens, arrivés eux aussi par bateau aidèrent également les croisés établis en Terre sainte à occuper les villes de la côte[30].
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+ Quelques mois plus tard, après la mort de Godefroi, son frère Baudouin, comte d'Édesse, se fit couronner Roi de Jérusalem par le patriarche latin de la ville. Il étendit le royaume de Jérusalem par les conquêtes d'Arsouf, de Césarée, de Beyrouth et de Sidon. De son côté, Raymond de Toulouse fit la conquête, avec l'aide de Gênes du comté de Tripoli[42]. Les marchands italiens, d'abord réticents à l'idée d'une aventure guerrière risquant de détériorer leurs relations commerciales avec l'Orient, commencèrent à voir dans les croisades un moyen d'élargir le champ de leurs activités et d'acheter les produits d'Orient à leur source, sans passer par l'intermédiaire des musulmans ou des Byzantins[43].
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+ À partir de 1128, l'Islam reprit l'initiative autour des souverains de Mossoul, l'atabeg Zengi. Le pape Calixte II songea à organiser une nouvelle croisade pour secourir les Latins d'Orient mais son appel demeura sans suite. Cependant, durant tout le XIIe siècle, des pèlerins, individuellement ou en groupe, accomplirent le pèlerinage vers Jérusalem et secoururent les Francs[30]. Zengi parvint à reprendre Édesse.
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+ L'initiative de la croisade revient au roi Louis VII. Il désirait se rendre en pèlerinage à Jérusalem pour expier ses fautes[44] : un crime dont le souvenir le tourmentait : l’incendie de l'église de Vitry-en-Perthois dans laquelle plus de mille personnes trouvèrent la mort[45]. Il obtient du pape la nouvelle promulgation d'une bulle de croisade, jusque-là sans effet. La prédication revient à Bernard de Clairvaux à Vézelay le 31 mars 1146 puis à Spire. En Germanie, la prédication populaire d'un ancien moine cistercien provoque une nouvelle flambée de violence contre les Juifs que Bernard de Clairvaux parvient à stopper[46].
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+ Les armées franques et germaniques réunissent plus de 200 000 croisés, dont une bonne part d'éléments populaires particulièrement indisciplinés et prompts à la violence, principalement dans l'armée de Conrad III, l'empereur germanique. Une grande partie n'est pas composée de soldats mais de civils : des gens pauvres, qui se sont croisés pour se faire pardonner leurs péchés et assurer leur salut dans la vie éternelle. Il n'est donc guère surprenant que l'empereur germanique ait eu peu de contrôle sur une telle armée. Conrad III part de Ratisbonne en mai 1147 suivant la rive du Danube en direction d’Édesse. Les Francs, ayant à leur tête Louis VII, partent de Paris un mois plus tard, soit en juin 1147, par le même chemin que les troupes germaniques. L’indiscipline dans l’armée germanique provoque des incidents dans les Balkans.
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+ À Constantinople, l’empereur byzantin Manuel Ier Comnène souhaite retrouver sa suzeraineté sur Antioche et demande aux deux souverains de lui prêter hommage. Conrad III et Louis VII refusent. Ils perdent donc l’appui et l’aide des Byzantins qui refusent de les approvisionner, ce qui a pour conséquence de compliquer la traversée de l’Asie Mineure. L'empereur de Constantinople, soucieux de voir les importants effectifs croisés aux portes de sa cité, les presse de franchir le Bosphore pour rejoindre l'Asie.
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+ Alors que les armées byzantines sont occupées à surveiller les croisés, Roger II de Sicile en profite pour s'emparer de Corfou, de Céphalonie et pour piller Corinthe et Thèbes. C'est l'amiral Georges d'Antioche, émir des émirs, c'est-à-dire premier ministre de Roger II, qui, bien que syrien et orthodoxe, commande de la flotte sicilienne opérant les ravages sur les rivages byzantins. La deuxième croisade favorise donc les ambitions normandes dans l'Empire byzantin. Manuel Ier Comnène se résigne à signer un traité avec le sultan de Roum[47].
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+ Les relations s'enveniment entre Francs et Germaniques, qui décident de cheminer séparément. L’armée de Conrad est battue à Dorylée. Conrad se réconcilie avec Manuel qui lui propose des vaisseaux byzantins qui les emmènent à Acre. Louis VII et son armée suivent le littoral, mais harcelés dans la vallée du Méandre, il abandonne les non-combattants à Antalya. Ces derniers, privés de protection militaire sont massacrés par les Turcs. À ce moment de l’expédition, les trois quarts des effectifs partis d'Europe ont disparu.
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+ Louis VII embarque avec ses chevaliers vers Antioche. Raymond de Poitiers, prince d'Antioche, lui propose une expédition contre Alep, qui menace ses possessions. Mais il ridiculise Louis VII en ayant une aventure avec sa nièce Aliénor d'Aquitaine, épouse du roi[48]. Louis VII soucieux de réaliser son pèlerinage, peu enclin à écouter son rival et ignorant les réalités militaires des États latins d'Orient, refuse. Il rejoint donc Conrad à Jérusalem. Leur pèlerinage terminé, certains repartent en Europe ; les deux souverains se laissent entraîner par les barons de Jérusalem dans une expédition contre, non pas Édesse comme prévu, mais Damas. Les croisés abandonnent le siège au bout de quatre jours (24-28 juillet 1148). La deuxième croisade se termine sans aucun résultat. Le prestige de Louis VII est fortement entamé. L’échec de cette deuxième croisade est attribué par l’opinion populaire aux excès de péchés des croisés. L'échec de la deuxième croisade est même reproché à Bernard de Clairvaux car il avait prêché une croisade de pénitence sans se soucier de son organisation[49].
106
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+ Les atabeks de Mossoul ont remis à l'honneur le thème du djihad et étendent leur contrôle de la Syrie. Nur-al-Dîn, le fils de Zengi, s'assure le contrôle définitif d'Édesse[50]. Les chefs des États latins sont obligés de s'allier avec l'empire byzantin. Les vizirs fatimides se maintiennent en faisant appel soit aux Francs et soit aux Syriens[51]. Finalement Saladin, qui est un kurde à l'esprit religieux, parvient à devenir vizir du dernier fatimide et, à la mort de celui-ci, devient lieutenant de l'atabek pour l'Égypte et rétablit le sunnisme (1169), réalisant ainsi l'union de la Syrie et de l'Égypte.
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+ Saladin attaque les positions franques[52]. Il cherche à isoler les Latins. il conclut pour cela des alliances avec les Seldjoukides en 1179, avec l'Empire byzantin et Chypre en 1180. En effet, l'Empire byzantin est menacé en Europe par les Hongrois, les Serbes et les Normands de Sicile et n'a plus les capacités de soutenir ses anciens alliés.
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+ Une trêve avec les Latins est cependant conclue en 1180. Elle est renouvelée en 1185. Saladin en profite pour s'assurer le contrôle d'Alep et de Mossoul. En même temps, de graves dissensions internes minent le royaume de Jérusalem.
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+ Le roi Baudouin IV de Jérusalem est très malade — il est lépreux. La classe dirigeante se déchire sur sa succession. Le royaume de Jérusalem, menacé, ne peut compter sur aucun secours extérieur. À la mort de Baudouin, Sibylle, sœur du roi défunt, et son mari Guy de Lusignan sont couronnés. Raymond III, comte de Tripoli, déçu d'être écarté, demande l'aide de Saladin. Celui-ci refuse dans un premier temps car il vient de renouveler la trêve avec le royaume. Mais Renaud de Châtillon, un seigneur brigand, pille une caravane arabe se rendant à Damas en 1187 et refuse, malgré l'ordre du nouveau roi, de rendre le butin. Saladin proclame la guerre sainte[53].
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+ Lors de la bataille de Hattin, les chevaliers francs sont presque tous capturés et ne sont délivrés qu'en échange d'une rançon ou de leurs châteaux[54]. Renaud de Châtillon, deux cents Templiers ou Hospitaliers sont tués et presque tous les chevaliers sont capturés. Les sergents ou piétons sont massacrés ou vendus comme esclaves. Saladin prend l'une après l'autre les places fortes de l'intérieur. Il autorise le départ contre rançon d'une partie des combattants et des habitants vers Tyr pour embarquer vers l'Europe, le reste de la population est livrée à l'esclavage. À Jérusalem, Balian d'Ibelin obtient de Saladin une capitulation honorable permettant le rachat d'un tiers de la population le 2 octobre 1187 (environ 10 000 habitants sont livrés à la déportation et l'esclavage[19]).
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+ Les proclamations triomphales envoyées à travers le monde musulman y consacrent la gloire du vainqueur[55]. Les établissements sont alors réduits à Tyr et à Beaufort pour le royaume de Jérusalem et à Tripoli, au Krak des Chevaliers, à Antioche et à Margat au nord[54].
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+ Quand la nouvelle de la prise de Jérusalem par Saladin parvient en Occident, le pape Grégoire VIII lance des appels à une nouvelle croisade et à la paix. Richard de Poitou, futur Richard Cœur de Lion, prend la croix le premier, bientôt suivi par son père, Henri II d'Angleterre et par le roi de France, Philippe Auguste. Dans le même temps, la flotte navale de Guillaume II de Sicile fait voile vers les avant-postes de Tripoli, Antioche et Tyr et assure le ravitaillement des dernières places fortes en armes et en hommes[56]. Le même mois, l'empereur Frédéric Ier Barberousse quitte Ratisbonne avec la plus grande armée croisée jamais rassemblée, au moins 20 000 chevaliers. Il suit la route terrestre.
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+ L'hostilité entre Byzantins et croisés germaniques est très importante et Barberousse menace de marcher sur Constantinople. Sous la pression, l'empereur Isaac Ange signe la paix et s'engage à faire traverser le détroit à l'armée germanique. Alors que la traversée de l'Anatolie s'achève, Barberousse se noie accidentellement le 10 juin 1190 dans les eaux du fleuve Saleph, (actuellement Göksu, « eau bleue » en Asie Mineure) et une grande partie de ses troupes retourne en Europe. Quelques centaines de chevaliers germaniques seulement parviennent à Acre.
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+ Un conflit franco-anglais retarde le départ des rois des deux royaumes jusqu'en 1190. Embarquant à Gênes et à Marseille, les troupes de croisés hivernent en Sicile où ils se disputent sur de nombreux sujets politiques et personnels[56]. La prise de Chypre par le roi d'Angleterre assure aux croisés une base proche du lieu des conflits[57].
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+ En Terre sainte, le roi de Jérusalem Guy de Lusignan a commencé à assiéger Saint-Jean-d'Acre avec une petite troupe en août 1188[56]. Les deux souverains arrivent à Acre avec la plus grande armée franque jamais réunie. Les troupes de Saladin la tiennent à leur tour dans un demi-siège préjudiciable à ses communications et à son ravitaillement. Mais Saladin ne parvient pas à briser l'encerclement d'Acre et les Francs reprennent la ville aux musulmans le 12 juillet 1192 après deux ans de siège.
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+ L'échec des musulmans tient en partie à leur mode de combat, inadapté à celui de l'armée franque, mais surtout à la lassitude des troupes musulmanes. Les alliés et les vassaux avaient été contraints d'amener des contingents, mais la campagne avait été trop longue et n'avait même pas la perspective d'un butin compensateur[55].
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+ Après la prise d'Acre, Philippe Auguste retourne en France[58]. Richard Cœur de Lion, resté seul, bat les musulmans à Arsouf. Arrivé à Jaffa en septembre, il passe l'année en Palestine du sud, période durant laquelle il fait reconstruire Ascalon pour fortifier les frontières méridionales du Royaume de Jérusalem. Il force l'admiration de l'ennemi par ses prouesses.
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+ Par deux fois (en décembre 1191 puis en juin 1192), il parvient à quelques kilomètres de Jérusalem, mais ne peut reprendre la ville. En effet, il ne peut pénétrer trop longtemps à l'intérieur des terres sous peine de voir ses communications coupées. Il s'occupe aussi de régler les problèmes dynastiques du royaume de Jérusalem. Guy de Lusignan, dont la femme était décédée, conserve le titre royal qui doit revenir à sa mort à Isabelle, l'héritière du trône, et à son époux Conrad de Montferrat. Après avoir signé un traité par lequel Saladin renonce à éliminer les colonies franques de Syrie, il repart pour l'Angleterre en octobre 1192 et est capturé par Léopold V de Babenberg, duc d'Autriche et emprisonné pendant un an et demi.
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+ La troisième croisade a empêché la chute de la Syrie franque et permis l'établissement d'un second royaume de Jérusalem, en fait royaume d'Acre, réduit à une frange côtière où les communautés marchandes italiennes jouent un rôle considérable[59]. Les souverains anglais et français se détournent désormais de la croisade. Pour les chevaliers, elle devient une sorte de rite de passage et une institution. En 1194, l'ordre des Trinitaires est fondé par Jean de Matha pour le rachat des captifs prisonniers des musulmans. Il est plus tard confirmé par le pape Innocent III dans la bulle Operante divine dispositionis.
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+ L'empereur Henri VI, fils de Frédéric Barberousse et maître du royaume de Sicile veut reprendre la croisade à son compte dans le but d'imposer sa suzeraineté à l'empereur byzantin et aux royaumes nouvellement institués de Chypre et d'Arménie. Il lance l'appel à la Croisade à Bari en 1195 ; les Allemands se rassemblent en Italie du sud au cours de l'été et débarquent à Acre en septembre 1197. Ils prennent Sidon et Beyrouth et rétablissent la continuité territoriale entre Acre et Tripoli, mais leur armée se disperse immédiatement après l'annonce de sa mort, survenue à Messine le 28 septembre 1197.
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+ Les années entre 1187 et 1204 marquent un tournant dans l'histoire de l'Orient latin :
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+ La quatrième croisade est appelée par le pape Innocent III en 1202. Dès le début de son pontificat, il souhaite lancer une nouvelle croisade vers les lieux saints d'inspiration purement pontificale. Il forge l'idée de « croisades politiques » qui sera reprise par ses successeurs. Il lève le premier des taxes pour financer les croisades et exprime le premier le droit à « l'exposition de proie », c'est-à-dire le droit pour le pape d'autoriser les catholiques à s'emparer des terres de ceux qui ne réprimeraient pas l'hérésie[60].
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+ La croisade est prêchée en France par le légat Pierre de Capoue et le curé de Neuilly-sur Marne, Foulques de Neuilly, avec beaucoup de succès auprès de la noblesse champenoise[61]. Elle est dirigée par le marquis Boniface de Montferrat.
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+ Mais la IVe croisade ne prend pas le tour prévu par le pape. Les croisés traitent avec Venise. Ils louent une flotte pour 85 000 marcs d'argent pour transporter 4 500 chevaliers, 9 000 écuyers et 20 000 fantassins. Les croisés, qui ne peuvent pas payer leurs voyages aux armateurs vénitiens, sont détournés par eux à Zara (Zadar) sur la côte dalmate qu'ils assiègent et prennent pour le compte de Venise. Le pape excommunie les croisés et Venise mais lève très vite l'excommunication pour les croisés[62]. Philippe de Souabe, beau-frère d'Alexis Ange, fils de l'empereur byzantin déchu Isaac II, promet l'aide de l'Empire byzantin pour la croisade si Isaac est rétabli dans son trône[63]. Ceci est fait en 1203 après un premier siège de Constantinople. Mais Isaac II et son fils devenu Alexis IV sont renversés par le parti antilatin de la ville, dirigé par Alexis Murzuphle. Les croisés s'emparent alors de la cité pour leur compte en 1204. Enrico Dandolo fait désigner Baudouin de Flandre comme empereur d'Orient. Innocent III accepte le fait accompli se satisfaisant des promesses d'union des Églises et de soutien aux États latins d'Orient. Innocent III espère tirer parti des divisions byzantines pour rétablir l'unité de l'Église[64] Mais, informé des excès des croisés, il parle le premier de détournement de la croisade et accuse les Vénitiens. Le concept de déviation est donc contemporain de la quatrième croisade[65].
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+ Si Innocent III est à l'origine du dévoiement de l'idée de croisades, la responsabilité de Venise est écrasante dans la prise de Constantinople. La république utilise au mieux les circonstances pour servir ses intérêts. Depuis 1082, elle a obtenu dans l'Empire byzantin des privilèges commerciaux immenses qui ont presque sans arrêt été renouvelés. Mais elle se sent menacée par la concurrence commerciale de Gênes et de Pise qui ont obtenu des avantages semblables, par la piraterie que l'Empire byzantin ne réprime pas et par l'hostilité de plus en plus grande des Grecs. En 1172 et 1182, des émeutes anti-latines ont abouti au massacre et à l'expulsion de marchands italiens.
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+ Attaqué de toute part l'Empire est en voie de désagrégation. La conquête de Constantinople permettrait aux Vénitiens de circuler dans la mer Noire qui est pour l'instant interdite aux étrangers. Les intérêts économiques de Venise la poussent à vouloir dominer Constantinople[66]. Le doge Enrico Dandolo dispose de moyens de pression considérables : les créances des croisés, le « bon droit » d'Alexis IV et les immenses richesses dans la vieille capitale.
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+ En fait, l'empire vénitien sera l'établissement le plus durable de ceux issus de la quatrième croisade[67]. À Venise, échoit un quartier entier de Constantinople, les ports de Coron et de Modon au sud du Péloponnèse et la Crète qui fournit à partir du XIVe siècle, le bois, le blé et les denrées agricoles. Les îles grecques où se sont installées de familles vénitiennes restent plus ou moins dans la mouvance de la Sérénissime[68].
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+ La déviation de l'idée même de croisade et le pillage de Constantinople chrétienne transforment les ordres militaires en puissances financières et, par là même, politiques[69].
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+ La cinquième croisade est précédée de la croisade des enfants déclenchée simultanément dans la région parisienne, en Rhénanie et dans le nord de l'Italie, peu après l'émotion suscitée, à la Pentecôte 1212, par les processions ordonnées pour aider à la victoire sur les Sarrasins d'Espagne. À la suite d'une vision, le jeune Berger Estienne de Cloyes-sur-le-Loir rassemble des pèlerins et les mène vers Saint-Denis pour y rencontrer le roi Philippe Auguste. À la même époque, d'autres groupes partent de Germanie et se rendent vers les ports de Gênes et de Marseille. Les chroniqueurs mentionnent que certains réussirent à embarquer et qu'ils sont vendus comme esclaves ou bien meurent de faim pendant le voyage. Certains réussissent à gagner Rome. L'empereur Frédéric II fait pendre quelques-uns des trafiquants marseillais compromis dans l'affaire. Malgré un nom (croisade des enfants) qui vient de traductions incertaines et de documents tardifs, ce mouvement affecte peu de véritables enfants ; les participants sont surtout de pauvres gens désireux de donner une leçon aux chrétiens plus favorisés, chez qui l'idée de croisade s'émoussait[70].
154
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+ Dans le même temps, Innocent III essaie de convaincre le sultan d'Égypte de restituer Jérusalem aux chrétiens, pour que la paix s'installe entre musulmans et chrétiens. La construction d'une forteresse musulmane sur le mont Thabor, bloquant Acre, le décide à prêcher la croisade[30] au quatrième concile de Latran en 1215. Les armées de la Hongrie, de l'Autriche et de la Bavière s'attaquent d'abord à la forteresse du Mont-Thabor. Puis le 31 mai 1218, l'armée des croisés mouille sa flotte devant Damiette, port situé sur la grande branche oriental du Nil et gardant la route du Caire.
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+ Alors que la ville est assiégée, saint François d'Assise et un de ses disciples se présentent à l'armée musulmane. Ils sont arrêtés comme espions. Ils n'ont la vie sauve que grâce au sultan d'Égypte[71]. Après un long siège, les croisés s'emparent de Damiette le 5 novembre 1219. Après le saccage de la ville, le légat du pape Pélage Galvani les persuade d'attaquer Le Caire. Arrivés près de la ville de Mansourah, ils se retrouvent bloqués par les eaux du Nil que le sultan ayyoubide Al-Kâmil a laissé se répandre dans la plaine en ouvrant les digues de protection ; les croisés doivent capituler sans conditions. Avant de rembarquer, ils rétrocèdent Damiette.
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+ Lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle en 1220, Frédéric II promet au pape de partir en croisade. Mais dans l'Empire, il doit faire face à la résistance des communes lombardes en 1225-1226 et tarde à accomplir son vœu. Entretemps, les croisés déjà arrivés en Orient, après avoir restauré quelques places fortes, commencent à repartir pour l'Occident. Or, la papauté cherche à desserrer l'étau que fait peser l'empereur du Saint-Empire sur ses États pontificaux en éloignant l'ambitieux souverain[72]. Frédéric est donc excommunié par Grégoire IX en 1227 pour ne pas avoir honoré sa promesse de lancer la sixième croisade. Il embarque à Brindisi pour la Syrie l'année suivante alors que son excommunication n'est pas levée. Sa brève croisade se termine en négociations et par un simulacre de bataille avec le sultan Malik Al-Kâmil « le Parfait », avec qui des liens d'amitié s'étaient tissés, et par un accord, le traité de Jaffa en 1229. Il récupère sans combattre les villes de Jérusalem (où le Temple restait aux musulmans), de Bethléem et de Nazareth. Il est ensuite couronné roi de Jérusalem le 18 mars 1229.
160
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+ Alors que Frédéric II est parti en Orient pour respecter sa promesse de se croiser, le pape lance contre lui une armée financée par une taxe sur les revenus du clergé et les reliquats des sommes prélevées pour la croisade des albigeois[60]. L'Orient latin est remis en selle pour une dizaine d'années.
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+ En 1237, une nouvelle croisade est lancée par le pape Grégoire IX. Cette « croisade des barons » est dirigée par le comte de Champagne, le duc de Bourgogne et Richard de Cornouailles. Elle poursuit la tradition des négociations avec les princes musulmans, en exploitant leurs rivalités. Le comte Richard obtient la restitution d'une grande partie du royaume de Jérusalem (1239-1241), complétant ainsi l'œuvre de Frédéric II[30].
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+ La situation reste confuse en Orient. Les Francs s'allient aux Syriens contre l’Égypte. Les Templiers attaquent l'Égypte en 1243, sont vaincus, et en 1244 les Khwarezmiens (bandes turcomanes au service des Égyptiens) reprennent Jérusalem. Le pape Innocent IV lance un nouvel appel à la croisade. Le roi de France, Louis IX (dit « Saint Louis »), et celui de Norvège décident de prendre la croix mais seul Louis IX part accompagné de barons anglais et du prince de Morée. Il part d'Aigues-Mortes en France et débarque à Chypre en 1248. L'armée croisée s'empare de Damiette en 1249 et entreprend la conquête de l'Égypte. Cette campagne est un lourd échec durant lequel Louis IX est capturé avec ses hommes en 1250[30]. Les succès de l'armée égyptienne, principalement composée des Mamelouks a pour conséquence l'arrivée au pouvoir de ces derniers qui massacrent les derniers ayyoubides.
166
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+ La captivité de Louis IX provoque la croisade des pastoureaux à l'initiative d'un certain Job, ou Jacob ou Jacques, moine hongrois de l'ordre de Cîteaux qui prétend avoir reçu de la Vierge Marie une lettre affirmant que les puissants, les riches et les orgueilleux ne pourront jamais reprendre Jérusalem, mais que seuls y parviendront les pauvres, les humbles, les bergers, dont il doit être le guide, un peu dans l'esprit de la précédente « croisades des enfants ».
168
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+ Des milliers de bergers et de paysans prennent la croix, et marchent vers Paris, armés de haches, de couteaux et de bâtons. Sur la route, les pastoureaux accusent abbés et prélats de cupidité et d'orgueil, et s'en prennent même à la chevalerie, accusée de mépriser les pauvres et de tirer profit de la croisade. Les juifs sont molestés et certains tués[73]. Des villes sont pillées. Il s'ensuit une féroce répression et seuls quelques rescapés parviennent jusqu'à Marseille et s'embarquent pour Saint-Jean-d'Acre, où ils rejoignent les croisés.
170
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171
+ Pour être libérés, les prisonniers du sultan d'Égypte doivent verser une lourde rançon et abandonner Damiette. Louis IX séjourne ensuite plusieurs années en Terre sainte pour mettre en état de défense les territoires conservés par les Francs. Dans le même temps, il noue des relations diplomatiques avec le successeur de Gengis Khan, Kubilaï, croyant à l'intérêt d'une alliance pouvant prendre l'Islam à revers[74].
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+ Louis IX négocie des trêves avec les princes musulmans avant de repartir pour la France en 1254. Cette conciliation est de courte durée. Les États latins d'Orient sont de nouveau menacés par les Égyptiens.
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+ Urbain IV appelle à une huitième croisade. Les croisés partent de 1265 à 1272. Ils consacrent leurs efforts à aider les Francs d'Acre à d��fendre leurs dernières places. Pour Louis IX, cette huitième croisade est un pèlerinage expiatoire. Il se dirige vers Tunis car il espère convertir au christianisme l'émir hafside al-Mustansir et, peut-être, faire de la Tunisie une base d'attaque vers l'Égypte mamelouke qui contrôle alors la Terre sainte. Il apparaît très vite que l'émir n'a aucune intention de se convertir. La dysenterie (ou le typhus) fait des ravages dans les troupes. Louis IX, touché à son tour, meurt, le 25 août 1270 à Carthage[75]. En Orient, Édouard d'Angleterre parvient à amener le sultan à accorder une nouvelle trêve aux Latins.
176
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+ Le deuxième concile de Lyon, présidé par Grégoire X en 1274 décide d'une nouvelle croisade. Mais les hésitations des princes et les lenteurs de la préparation font qu'elle n'a jamais eu lieu. Après la chute de Tripoli en 1289, Nicolas IV proclame une autre croisade. Mais elle échoue à sauver Acre en 1291[30]. À partir de cette date, il n'y a plus d'États latins en Orient. Les Latins sont ainsi privés d'une base commerciale importante.
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179
+ L'initiative de la croisade revient le plus souvent au pape, plus rarement à un souverain. Ainsi en 1267, Louis IX se croise de lui-même après en avoir informé le pape[76]. Le pape prêche lui-même la croisade ou en confie la prédication à des clercs autorisés. Au XIIe siècle, il faut souvent freiner l'ardeur des prédicateurs populaires à l'origine de nombreux excès. De la IIe à la IVe croisade, la prédication de la croisade est confiée à l'ordre cistercien.
180
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+ Le pèlerin reçoit des privilèges spirituels et matériels constituant le statut du croisé. Lors de la première croisade, Urbain II promet à celui qui meurt en chemin ou au combat la rémission des péchés, à ceux qui accomplissent le vœu de croisade l'indulgence plénière[77].
182
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183
+ Au IVe siècle, saint Augustin avait exprimé une théorie de la « juste guerre » à laquelle l'Église s'était ralliée. Au IXe siècle, les papes s'étaient efforcés de créer les « milices du Christ » pour protéger Rome, menacée par la seconde vague d'invasions[78]. Le pape Jean VIII accordait même l'absolution à ceux qui étaient prêts à mourir pour la défense des chrétiens contre les Sarrasins en Italie. À partir de la fin du Xe siècle, l'Église s'efforça de christianiser les mœurs guerrières des chevaliers en leur proposant entre autres de combattre les Sarrasins aux frontières de la chrétienté, en Espagne.
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+ En 1063, dans une lettre envoyée à l'archevêque de Narbonne, le pape écrivit que ce n'était pas un péché de verser le sang des infidèles[79]. Ce document innovait en affirmant que prendre part à une guerre utile à l'Église était une pénitence comme l'aumône ou un pèlerinage[80]. Le succès n'avait pas été au rendez-vous, mais l'Église autorisait, voire encourageait désormais la défense armée globale des chrétiens contre les attaques des musulmans[81], et y autorisait la participation des chevaliers francs. Les royaumes frontières étaient devenus les vassaux du Saint-Siège, atout important dans la lutte des papes contre le Saint-Empire romain germanique[82].
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+ À partir d'Innocent III, les canonistes élaborent une doctrine cohérente de la croisade. Ils justifient ainsi la guerre sainte, pourtant contraire au message évangélique, en arguant que les infidèles ont occupé la Terre consacrée par la mort du Christ et maltraité des chrétiens. La guerre de conquête et les conversions forcées sont justifiées par l'impossibilité qu'ont les missionnaires chrétiens de propager la parole de Dieu en terre musulmane. Il faut donc la conquérir pour pouvoir annoncer l'Évangile. Les canonistes fixent aussi une hiérarchie des indulgences suivant le temps passé en Terre sainte : deux ans pour une indulgence plénière[83]. Avec le quatrième concile du Latran, l'indulgence plénière est étendue à ceux qui contribuent à la construction de bateaux pour la croisade alors que jusque-là seuls les combattants en bénéficiaient. C'est un appel direct aux armateurs de villes italiennes[30]. Les décisions ont comme but d'associer toute la chrétienté à l'idéal des croisades et non pas seulement les combattants. Il suffit pour cela d'aider financièrement à l'organisation de la cinquième croisade[84]. En proposant à tous les fidèles de participer à la croisade par la prière, le don ou le combat, le pape inaugure la spiritualisation de la croisade.
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+ La bulle quantum praedecessores stipule que le croisé, sa famille et ses biens sont placés sous la protection de l'Église. Il est pendant son voyage exempté de taxes, d'aide, de péages. Le paiement de ses dettes est suspendu jusqu'à son retour[85]. Le pouvoir civil proteste contre cet empiétement de l'Église qui le prive de soldats et de revenus. D'ailleurs dès la première croisade, Urbain II précise que le vassal doit obtenir l'aval de son seigneur afin de diminuer les conflits. Après l'échec de la IIe croisade, le statut de croisé est le plus souvent attribué à des hommes en armes. Au XIIIe siècle, la croix est donnée à des femmes, des enfants, des vieillards qui doivent alors racheter leur vœu[86].
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+ Le financement varie lui aussi avec le temps. Lors de la première croisade, les croisés doivent financer eux-mêmes leur voyage. Beaucoup gagent des terres auprès des ordres monastiques dont les propriétés foncières augmentent. Là encore, il s'agit d'une entorse au droit féodal car en théorie le fief ne peut revenir qu'au seigneur. Au cours du XIIe siècle, le seigneur en vient à exiger l'aide de ses vassaux. Les rois de France lèvent des contributions en 1166, 1183 et 1185, un ou deux deniers par livre de biens pour la défense des terres franques en Orient. La dîme saladine de 1188 est le véritable premier impôt levé sur les biens meubles et les revenus en France et en Angleterre.
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+ De son côté l'Église passe de la collecte des dons à la taxation. C'est Innocent III qui impose pour la première fois le clergé. En 1199, il décide de prélever un quarantième des revenus de l'ensemble du clergé et un dixième pour les cardinaux, d'où le nom de décimes[87]. Le quatrième concile du Latran, qu'il préside, décide par ailleurs de frapper les revenus ecclésiastiques d'un impôt d'un vingtième et les biens du pape et des cardinaux d'un impôt d'un dixième[88]. La décime devient courante au XIIIe siècle. Elle entraîne la création d'une administration financière spécialisée. Ce sont les légats qui en contrôlent la levée, ainsi que les autres ressources : legs, rachat de vœux, dons assortis d'une indulgence proportionnelle[89].
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+ Si dans l'ensemble, les sommes sont consacrées à la croisade, toutefois il y a parfois des détournements. Le reliquat de la décime versée par le clergé français pour la croisade des Albigeois est même utilisé pour mener la guerre contre Frédéric II. Ce « détournement » affaiblit la cause de la croisade.
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+ Lors des deux premières croisades, les croisés empruntent la route terrestre et traversent l'Empire byzantin. L'empereur s'engage à assurer des marchés approvisionnés le long du parcours[90]. En terre byzantine, les croisés connaissent des problèmes de change, les changeurs byzantins leur proposant des taux défavorables. Lors de la traversée de l'Anatolie, il faut prévoir vingt jours de vivres. Mais les attaques des Turcs et le manque d'eau provoquent des pertes considérables parmi les bêtes et les hommes. De ce fait lors de la troisième croisade, deux des trois souverains choisissent la voie maritime.
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+ La route maritime est ancienne. Dès la fin du XIe siècle, les pèlerins scandinaves et anglais gagnaient la Terre sainte en contournant la péninsule Ibérique. D'ailleurs le seul succès de la deuxième croisade a été la prise de Lisbonne par des croisés anglais et flamands. Au XIIe siècle, Gênes, Pise puis Venise commencent à ravitailler les États latins et ceci dès la fin de la première croisade. Les cités maritimes italiennes aident à la prise de ports[91]. Elles transportent régulièrement des pèlerins. Lors de la IIIe croisade, Gênes s'engage à assurer le passage de six cent cinquante chevaliers, mille trois cents écuyers, autant de chevaux et le ravitaillement pour le compte de Philippe Auguste. Au XIIIe siècle, les accords entre les ports italiens et les croisés portent plutôt sur la location de bateaux[92].
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+ Les croisades permettent le développement de l'activité commerciale des cités italiennes. En échange de l'aide de Gênes, les barons francs attribuent aux Génois une part de butin, un quartier ou fondouk, l'exemption des taxes dans les villes conquises. Outre au transport et au ravitaillement des États latins, les comptoirs servent de support aux importations en Occident des produits de luxe de l'Orient comme les épices, aux exportations en Orient de draps de laine, d'armes, de bois et de fer. L'Orient devient ainsi le champ des rivalités entre Gênes et Venise. Après la quatrième croisade et la prise de Constantinople par les croisés, Gênes est exclue des terres byzantines. La cité offre donc son appui à Michel VIII Paléologue qui, redevenu maître de Constantinople, donne à ses alliés le monopole du commerce en mer Noire[93].
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203
+ Afin d'éviter d'avoir à changer leur monnaie à un taux désavantageux, les croisés utilisent un système d'escompte. Les Templiers versent en Syrie l'argent dont Louis VII a besoin et se font rembourser à Paris. Les croisades permettent ainsi de développer les activités bancaires[94].
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+ Dès l'origine de la croisade, l'expédition est une entreprise féodale réservée à la chevalerie. L'accomplissement du vœu de croix devient une étape indispensable à la formation du parfait chevalier. Dans l'imaginaire chevaleresque, le christ devient le parfait seigneur pour lequel on peut se sacrifier. Le chevalier croisé est donc un miles christi, « chevalier du Christ ». Les chroniqueurs comparent les croisés au peuple élu qui écrit une nouvelle histoire sainte[95]. Les prédicateurs n'hésitent pas non plus à parler des richesses qui attendent les croisés en Terre sainte. Ils parlent d'une terre riche et fertile qui comblera leurs espérances[96].
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+ De grandes figures épiques rentreront à cette occasion dans la mémoire collective, comme Godefroi de Bouillon, Richard Cœur de Lion ou encore Saint-Louis.
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+ Le fait que des milliers d'hommes et de femmes se soient mis en mouvement et aient accepté de braver le danger et la souffrance pour l'amour de Dieu est la preuve que les masses humaines de la fin du XIe siècle étaient très réceptives à la promesse de l'indulgence plénière mais surtout à l'espoir que la récupération du Saint-Sépulcre serait le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de l'Église et du monde[97]. L'attente eschatologique et millénariste est très forte dans le peuple. Empêcher la venue de l'Antéchrist, hâter la parousie font partie de ses préoccupations. Ceux qui ont répondu à l'appel de la croisade, sont aussi convaincus que Dieu leur a assigné une tâche : libérer les lieux saints et purifier le monde du mal afin de préparer son retour[25]. Les armes de la victoire sont pour ces masses, la pénitence symbolisée par la croix cousue sur le vêtement, les jeûnes, les prières, les processions, d'où les nombreuses mortifications que s'infligent les pèlerins. Les croisades révèlent pour la première fois en Occident l'existence d'une spiritualité populaire tournée vers l'action, moyen de gagner le salut[98].
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+ Dans les milieux populaires, la croisade fait appel au merveilleux. Les foules voient des signes et des prodiges manifestant la volonté divine au moment des prédications, ce qui les entraîne à partir. Des rumeurs circulent sur les croix marquées dans la chair des croisés morts ou vivants. Ces « prodiges » sont accompagnés de prophéties et entretiennent l'idée que la fin du monde approche. L'attente de la parousie se colore de légendes politiques. Le roi des derniers jours prendra sa couronne sur le Golgotha et sera un Franc[99]. De même, la soumission du « roi des Grecs » est dans toutes les traditions, le prélude au retour d'un âge d'or. La foule cherche aussi à imposer l'idéal de pauvreté et de pénitence aux grands notamment lors de la première croisade[100]. Les attentes millénaristes ont pour corollaire le fanatisme et la violence contre les juifs et les musulmans. Les millénaristes « tendent à faire table rase du groupe des autres »[101]. Les croisades répondent ainsi à l'attente des fidèles aspirant à un salut qui semble difficile à atteindre dans la vie quotidienne[102].
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+ Les croisades contribuent à éloigner les chrétiens des musulmans mais surtout les catholiques des orthodoxes[103]. Après les croisades, les catholiques ne peuvent plus, durant cinq siècles, faire le pèlerinage de Jérusalem. Principalement, les croisades ont permis une propagation des connaissances de l'Orient vers l'Occident[103]. Elles ont aussi permis à l'Occident de créer des comptoirs de commerce en Orient, qui ont pris en mains une partie du commerce entre l'Europe et l'Orient, jusque-là monopole oriental. Venise a atteint son but. L'Europe a conservé des croisades un profit économique dont les musulmans n'ont pas vu l'importance.
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+ Il apparaît toutefois exagéré de parler de colonialisme même sous une forme embryonnaire ; tout au plus peut-on tirer des parallèles avec la colonisation puisque les croisés s'installent en nombre et durablement sur de nouveaux territoires, mais sans toutefois entretenir un rapport de domination exercée depuis une métropole européenne[104].
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+ L'idée de croisade est « encore vivante au début des Temps modernes, sous Charles Quint et à la bataille de Lépante, et encore lors du siège de Vienne en 1683 »[105].
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219
+ Un certain nombre d’adaptations visent à limiter l’échauffement au soleil : plusieurs auteurs signalent de nombreuses morts dues à l’insolation. Le heaume est souvent remplacé par le chapel de fer, le long haubert par une cotte de maille plus courte, le haubergeon, ou par le gambison (vêtement rembourré porté sous la cotte de maille, pour amortir les chocs). De même, des housses couvrent les armures et les chevaux, pour limiter l’échauffement au soleil. Les chevaux turcomans sont aussi achetés (ou volés) en grand nombre, pour remplacer les chevaux tués au combat ou morts. L’armement local, d’excellente qualité (les armuriers de Damas avaient excellente réputation), sert aussi pour remplacer les armes que les combattants européens ont perdues ou cassées.
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+ De façon plus large, l’emploi de la masse turque, qui permet de défoncer les pièces d’armure, se généralise en Europe après les croisades. Elle entraîne l’abandon du heaume à sommet plat, remplacé par les casques bombés, déviant les coups.
221
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+ Les principales adaptations militaires sont situées toutefois dans la tactique. L’efficacité meurtrière des archers montés, qui souvent visent les chevaux des Francs, pousse à une remise en cause du combat fondé sur la recherche du choc frontal. Le recours plus fréquent à l’infanterie, protégeant les chevaux derrière de longs boucliers, et aux archers et surtout aux arbalétriers, plus puissants et précis que les archers, permet de rivaliser avec les cavaliers musulmans. Des unités d’arbalétriers montés sont aussi créées, ainsi que des unités de cavalerie légère indigène, les turcopoles, très utiles aussi pour le renseignement.
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+ Mais la tactique favorite, la charge massive créant la rupture de l’armée ennemie, n’est pas abandonnée, et l’armement lourd non plus. D’une part, les habitudes et les dépenses lourdes dans cet armement font qu’il était difficile de les abandonner. D’autre part, l’armement lourd assure une supériorité certaine à des combattants chrétiens le plus souvent en infériorité numérique. Enfin, en choisissant le moment du combat pour que les combattants n’attendent pas en armes sous le soleil, et pour que le combat soit bref, les Européens ont parfois d’excellents résultats[106].
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+ Pour soutenir la cause de la défense de la Terre sainte, les premiers ordres de moines-soldats sont fondés, comme les Templiers ou les Hospitaliers, mêlant à l'instinct hospitalier ou guerrier l'idéal monastique. Les premiers ordres, français et espagnols, sont constitués en communautés, ascétisme et prière purifiant l'épée destinée à défendre le pèlerin et à pourfendre le « païen », l'identifiant au glaive de l'archange saint Michel transperçant le dragon. Au XIVe siècle, alors qu'il n'y a plus de croisades en Terre sainte de nombreux nouveaux ordres apparaissent, toujours dotés d'un idéal de sacrifice et de pureté, toujours voués à la prière et à la mortification. Mais les mortifications sont dédiées à une dame plus souvent qu'à Dieu, fêtes et tournois prennent le pas sur la prière. Le crépuscule du Moyen Âge transforme les ordres de chevalerie en cercles aristocratiques où s'élabore un art de vivre, un langage allégorique, une imagerie littéraire ou graphique qui transpose dans l'illusion la geste chevaleresque[69].
227
+
228
+ Bien que dirigées contre les musulmans, les croisades ont été contraires aux intérêts de l'Empire byzantin[107]. Les troupes qui traversent l'Empire byzantin commettent d'inévitables excès de par leur taille[107]. Il arrive ainsi que les Normands profitent des croisades pour attaquer l'Empire. Les mesures prises par les empereurs pour protéger l'Empire des croisés (surveillance des troupes latines, alliance avec les Turcs…) entraînent une grande méfiance vis-à-vis de Byzance et un sentiment de trahison. Alexis Comnène est traité de perfide et de traitre. La propagande normande amplifie le thème de la perfidie grecque qui devient un lieu commun et une explication aux échecs des croisés[108]. Elle légitime la prise de Constantinople en 1204. Pour les Byzantins, cet événement fait définitivement des croisades un acte de piraterie dont le but religieux n'est qu'une façade.
229
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230
+ La notion de croisade ou de guerre sainte est incompréhensible pour les Byzantins. Les guerres sont pour eux uniquement des actes politiques. L'Église orthodoxe est hostile à l'emploi des armes par les laïcs[Quoi ?] et encore plus par les clercs. Les Byzantins sont donc indignés de voir, parfois, des prêtres latins participer personnellement aux combats[109]. Malgré ces différences au XIIe siècle, pour la plupart des Latins, les Byzantins sont des frères chrétiens. La conscience du schisme ne dépasse guère les milieux ecclésiastiques. Ce sont finalement les événements de 1204 qui creusent réellement et définitivement la séparation entre catholiques et orthodoxes. La haine du Latin devient plus forte que celle du Turc[110].
231
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232
+ À la fin du XIe siècle, le djihad a perdu sa force d'attraction parmi les musulmans. L'Occident latin est entré dans une phase de reconquête aux dépens de l'Islam. De même que les musulmans reconnaissent les communautés juive et chrétienne, les États chrétiens d'Orient et la Sicile accordent aux musulmans des institutions propres et une certaine liberté de culte. Aux excès des premiers croisés — un trait classique de tout assaut quels que soient les assaillants — a donc succédé une cohabitation acceptable et tout à fait comparable à la pratique musulmane[111].
233
+
234
+ Les musulmans de l'époque ne perçoivent pas le motif religieux de la croisade et celle-ci tient peu de place dans les ouvrages des chroniqueurs arabes mis à part ceux originaires des pays voisins des Francs comme Ibn al-Athîr [112]. L'opinion publique des pays menacés ou lésés uniquement, en premier lieu la Syrie du Nord, est réellement hostile aux croisés[113]. De fait, les croisades n'ont pas provoqué de « contre-croisades ». Ainsi le regain d'intérêt pour la guerre sainte, le djihad, ne sert surtout qu'à rassembler la Djazira, la Syrie, l'Égypte, les Arabes et les Kurdes ainsi que d'éliminer les Chiites[113].
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+ En revanche, l'établissement d'un État militaire en Égypte dans la seconde partie du XIIIe��siècle peut être considéré comme une conséquence directe des croisades. Cet État est très intolérant envers les dhimmis (juifs et chrétiens) car il craint une alliance à revers entre eux et la puissance mongole en pleine expansion[113].
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+ Les croisades n'ont pas favorisé la connaissance réciproque des deux civilisations. Des contacts plus enrichissants se sont noués en Espagne, en Sicile et à Constantinople après 1204. Comme toute propagande, celle des croisades est plutôt négative. Les musulmans sont accusés à cette occasion d'idolâtrie, d'immoralité et même de louer et justifier la violence, alors que les chrétiens eux-mêmes faisaient l'apologie de la guerre pour rassembler et recruter des chevaliers sous la bannière du Christ. Les croisades ont été l'occasion pour les chrétiens occidentaux d'être confrontés à une masse de non-chrétiens[114]. Les disputations religieuses sont rares. Les conversions religieuses vers le christianisme se sont rarement faites sous la contrainte[23]. Le missionnaire Ricoldo loue l'hospitalité des musulmans[115].
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+ Abraham Lincoln (prononcé en anglais : /ˈeɪ.bɹə.hæm ˈliŋ.kən/)[1], né le 12 février 1809 dans le comté de Hardin (Kentucky) et mort assassiné le 15 avril 1865 à Washington, D.C., est un homme d'État américain. Il est le seizième président des États-Unis. Il est élu à deux reprises président des États-Unis, en novembre 1860 et en novembre 1864. Il est le premier président républicain de l’histoire du pays. Il a dirigé les États-Unis lors de la pire crise constitutionnelle, militaire et morale de leur histoire, la guerre de Sécession, et réussit à préserver l’Union. C’est au cours de celle-ci qu’il fait ratifier le XIIIe amendement de la Constitution des États-Unis, qui abolit l’esclavage. Il sort victorieux de la guerre. Assassiné cinq jours plus tard, à la suite d'un complot organisé par des confédérés, il ne termine pas son second mandat.
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+ Lincoln naît dans une famille modeste. Après une enfance et adolescence sans relief, il apprend le droit seul grâce à ses talents d’autodidacte et devient avocat itinérant. Entraîné peu à peu sur le terrain de la politique, il dirige un temps le Parti whig et est élu à la Chambre des représentants de l'Illinois dans les années 1830, puis à celle des États-Unis pour un mandat dans les années 1840. Alors que le pays traverse depuis plusieurs années une période de fortes tensions au sujet de l’esclavage, Lincoln, s’opposant à son extension dans les nouveaux États fédérés, acquiert une notoriété nationale en 1858 à la suite d’une série de débats contre Stephen A. Douglas, partisan du droit des États à introduire ou non l'esclavage sur leur territoire. Porté par cette popularité, Lincoln est choisi par le Parti républicain nouvellement formé, pour porter ses couleurs aux élections présidentielles de 1860. Lâché par les États du Sud, il remporte la plupart des États du Nord et est élu président en 1860. Cette élection entraîne immédiatement la sécession de sept États esclavagistes du Sud et la formation des États confédérés d'Amérique, bientôt rejoints par d’autres États malgré des tentatives de compromis et de réconciliation de la part de l'Union.
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+ L'attaque de fort Sumter le 12 avril 1861 par les troupes confédérées pousse la majeure partie du Nord à se regrouper derrière l'étendard national et Lincoln à concentrer sa politique et son action sur l'effort de guerre. Son but est alors de réunir la nation. Tandis que le Sud entre en état d'insurrection, Lincoln exerce son droit de suspendre l'habeas corpus, ce qui permet l'arrestation et la détention sans procès de milliers de suspects de sympathies sécessionnistes. Pendant la guerre, son combat pour l'abolition de l’esclavage apparaît notamment à travers la Proclamation d'émancipation, en vigueur le 1er janvier 1863, dans laquelle il encourage les États intermédiaires à abolir progressivement l’esclavage. Cette proclamation est également la première étape d'un processus qui, à terme, conduit à la ratification du XIIIe amendement de la Constitution par le Congrès, donnant la liberté à tous les esclaves du pays en décembre 1865. Lincoln suit de près l'évolution de la guerre et supervise notamment la nomination des généraux, dont celle d'Ulysses S. Grant. Dans son cabinet, il réunit les différents dirigeants de son parti et les oblige à coopérer, avec le soutien des Démocrates de guerre.
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+ Sous son commandement, l'Union met en place un blocus naval pour paralyser les échanges commerciaux du Sud, prend le contrôle des États frontaliers au début de la guerre, gagne celui des réseaux de communication fluviaux du Sud et essaie sans relâche de s'emparer de la capitale confédérée, Richmond en Virginie, jusqu’aux succès de Grant en 1865. Une succession de batailles victorieuses, ainsi que des tentatives d’entente avec les démocrates lui assurent sa réélection en 1864. Après la défaite des États confédérés, Lincoln se veut conciliant avec le Sud lors de son discours d’investiture de second mandat, et appelle à l’apaisement. Mais son programme de reconstruction ne voit pas le jour, en raison de son assassinat le 14 avril 1865 par John Wilkes Booth, partisan sudiste. Le meurtre de Lincoln est le premier assassinat d'un président des États-Unis et plonge le pays dans le deuil. Lincoln est considéré tant par les historiens que par le public comme un des plus grands présidents des États-Unis.
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+ Son père, Thomas Lincoln, descend d'une longue lignée de Lincoln, dont le premier avait émigré d'Angleterre dans le Massachusetts en 1637. De là, les générations ont voyagé en Pennsylvanie, en Virginie puis dans le Kentucky. Le père de Thomas, nommé aussi Abraham, a été tué par des Indiens en 1786[2]. Simple charpentier illettré au départ, Thomas est devenu un des fermiers les plus riches du comté[3].
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+ Sa mère, Nancy Hanks, est née en Virginie de Lucy Hanks et de père inconnu. Illettrée, elle est élevée par des parents et des tuteurs jusqu'à son mariage. Elle inculque la religion chrétienne à ses enfants en leur citant des passages de la Bible[4].
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+ Le couple se marie en 1806. De cette union naîtront trois enfants. Le premier est Sarah, née en 1807, et le second, Abraham ; le troisième, Thomas, décédé en bas âge, est enterré dans une petite tombe en vue de la cabane familiale[4]. Leur propriété de trois cent quarante huit acres (cent quarante hectares) se trouve sur les rives de la Nolin Creek dans la partie sud-est du comté de Hardin (Kentucky), près de Hodgenville[2].
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+ Abraham Lincoln naît dans le comté de Hardin, sur la « Frontière » le 12 février 1809 dans la cabane en rondins de ses parents, un couple de fermiers sans fortune[2]. Il est prénommé Abraham, sans deuxième prénom, en souvenir de son grand-père paternel. Le mythe a quelque peu exagéré la pauvreté de ses parents à sa naissance. Abraham fréquente l'école de Cumberland Road avec sa sœur.
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+ À l'automne 1816, Thomas Lincoln décide d’emmener sa famille dans le sud-ouest de l’Indiana, notamment à cause de démêlés judiciaires concernant une erreur dans les titres de propriété des terres du Kentucky qu'il a toutes perdues. Il occupe des terres publiques situées dans l'agglomération de Little Pigeon Creek, au fond des bois. La famille vit provisoirement dans une ferme à demi construite à laquelle manque une façade. Après avoir construit un habitat plus acceptable, il achète le terrain et le cultive. Abraham participe au travail des champs et à l’élevage mais répugne à la chasse et à la pêche. Issu d'une famille esclavagiste, Thomas Lincoln partage originairement les préjugés raciaux de sa famille, avant de rejoindre cette même année de 1816 une Église séparatiste qui combat l'alcoolisme et l'esclavagisme[4].
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+ En 1818, alors qu’il n'a que neuf ans, la mère d'Abraham meurt de la « maladie du lait », provoquée par l'ingestion de lait d'animaux ayant mangé de l'eupatoire rugueuse[5]. Quand elle décède, Nancy Lincoln a 34 ans[6]. Dans l’année qui suit, Thomas Lincoln épouse Sarah « Sally » Bush Johnston, une veuve qu'il connaît depuis plusieurs années, de dix ans sa cadette et ayant deux filles et un fils[6]. Elle s’occupe du logis et traite Abraham à égalité avec ses propres enfants. Abraham et Sarah deviennent si proches que plus tard, il se souvient d’elle comme son « angel mother ».
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+ De onze à quinze ans, Abraham fréquente l'école de façon irrégulière, entre les récoltes d'hiver et les labours de printemps. Il s'intéresse néanmoins à la poésie, écrit des vers et des lettres pour ses parents, et développe rapidement un appétit certain pour la lecture, passion encouragée par sa belle-mère Sarah mais incomprise par son père. Malgré cela, Lincoln n'aurait pu lire effectivement que quelques livres, dont il a toutefois su garder souvenir. Au fil de ses lectures, il découvre la Bible, l’histoire de l’Angleterre et des États-Unis. Parmi les livres qu’il aurait lus, on trouve Robinson Crusoé de Daniel Defoe ou encore les Fables d’Ésope. Son voisinage rapporte plus tard qu’il était prêt à parcourir des miles pour aller emprunter un livre.
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+ À dix-sept ans, Abraham quitte quelque temps la maison familiale pour travailler sur un ferry à la jonction d'Anderson et de l'Ohio.
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+ À dix-neuf ans, il perd sa sœur Sarah, morte en donnant naissance à son premier enfant. En avril 1828, il signe un contrat avec James Gentry, un colon voisin, aux termes duquel il doit acheminer un bateau de produits agricoles jusqu'à La Nouvelle-Orléans. Le périple dure trois mois, au cours duquel il descend avec un des fils Gentry l'Ohio puis le Mississippi, où ils doivent affronter des courants violents et une attaque de leur cargaison. De retour en Indiana, Abraham donne à son père les 25 dollars que ce contrat lui a rapportés.
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+ En mars 1830, alors qu’Abraham a 21 ans, Thomas Lincoln décide de rejoindre les terres fertiles de l’Illinois, sur le bord de la rivière SangamonSangamon. Son fils l'aide à défricher ses nouvelles terres. L'hiver suivant est rude et la famille reste bloquée plusieurs mois par la neige et la glace.
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+ En mars 1831, Abraham projette de gagner de l'argent en proposant à un spéculateur nommé Denton Offutt de convoyer un chaland de marchandises jusqu'à La Nouvelle-Orléans. Il s'avère que ledit Offutt ne possède pas de péniche. Abraham, son cousin John Hanks et John Johnston (le fils de Sarah Lincoln) en construisent une eux-mêmes au bord de la Sangamon. Lincoln devient ainsi matelot et fait un voyage sur le Mississippi jusqu’à La Nouvelle-Orléans. Sur le retour, il s’installe dans le village de New Salem (en), sur la rivière Sangamon. Il y devient magasinier, postier, surveillant. En 1832, il s’enrôle dans la milice locale pour combattre les Indiens de Black Hawk et est élu capitaine de sa compagnie. Il déclarera plus tard n’avoir jamais vu de guerriers indiens, mais avoir participé à des disputes virulentes entre miliciens.
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+ Aspirant à une vie publique, il se présente aux élections pour siéger à l’assemblée de l’État comme représentant du Parti whig, mais est défait la première fois avant d’être élu puis plusieurs fois réélu. Hésitant, il préfère finalement devenir avocat plutôt que forgeron pour gagner sa vie. Après avoir déjà étudié les mathématiques et la grammaire, il commence donc à étudier le droit. En 1836, il réussit l’examen du barreau.
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+ Juriste de province autodidacte, Lincoln part s'installer en 1837 à Springfield et commence à exercer son métier. Il contracte la syphilis en 1836[7].
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+ Il est réélu quatre fois comme représentant à la chambre de l'Illinois. Il aspire ensuite à devenir représentant de l'Illinois à la Chambre des représentants des États-Unis à Washington, D.C.
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+ Il est élu en 1846 et siège à partir de la fin 1847. À Washington, il s'oppose à la guerre contre le Mexique, qu'il juge inconstitutionnelle et injuste. Malgré cette opinion, il vote plusieurs fois l’envoi de troupes supplémentaires. Ses opinions sont jugées anti-patriotiques et suscitent le mécontentement parmi les électeurs de l'Illinois, si bien que Lincoln ne sollicite pas le renouvellement de son mandat. Au cours de la guerre, son futur adversaire s'illustre au contraire par une attitude inverse.
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+ De retour à Springfield, il se concentre sur son métier de lawyer (juriste dont une des facettes du métier est trial lawyer, avocat) et devient célèbre, se constituant une importante clientèle à Chicago. Il défend notamment l’Illinois Central Railroad pour qu’elle obtienne une charte de l’État. Il lutte contre le comté de McLean, qui souhaite instaurer une taxe sur les activités de cette compagnie. Il reçoit 5 000 dollars à cette occasion, mais doit se retourner contre la compagnie pour les obtenir. Parmi les affaires qu’il traite, on trouve aussi des affaires criminelles. Défendant Duff Armstrong (en), accusé de meurtre, il doit s'opposer à un témoin prétendant avoir vu son client parmi les meurtriers grâce à la lumière de la lune. Sur la base d’un seul almanach, Lincoln soutient que la lune n’a pu permettre au témoin de voir la scène et obtient l’acquittement. Lincoln s'illustre également dans le procès des frères Snow.
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+ Cette carrière d’homme de loi exemplaire contribue à donner à Lincoln une réputation d’homme brillant, éloquent et honnête.
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+ Abraham Lincoln est élu au Congrès des États-Unis tout en exerçant la profession d’avocat. Dès cette période, ses positions anti-esclavagistes sont apparentes mais il n'est pas en faveur du droit de vote pour la population noire. Il se fait connaître en tant que défenseur des compagnies de chemin de fer, mais aussi par ses discours contre l’admission de nouveaux États esclavagistes dans l’Union en particulier lorsqu’il se présente aux élections sénatoriales de 1858. La loi Kansas-Nebraska de 1854, qui abroge les limites de la diffusion de l'esclavage (Compromis du Missouri), remet Lincoln sur le devant de la scène politique. Le sénateur démocrate Stephen A. Douglas propose un référendum sur la question de l'esclavage dans les territoires en question. En 1858, Lincoln prononce un discours qui met en évidence le danger de désunion du pays sur le problème de l'esclavage[8]. Étant candidat aux élections sénatoriales de 1858 dans l'Illinois face à Stephen A. Douglas, il affronte ce dernier dans une série de débats ; il y défend l'idée que l'esclavage est contraire aux droits de l'homme et qu'à ce titre, cette question ne peut faire l'objet d'un vote démocratique[9]. Bien qu'il perde l'élection, il acquiert avec cet épisode une notoriété nationale qui lui permet de se présenter à l'élection présidentielle de 1860 malgré une expérience de seulement deux ans à la Chambre des représentants (1847-1849)[9]. En 1860, son futur conseiller, Henry Charles Carey, influença la vision protectionniste des républicains[10].
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+ Lincoln, choisi par les républicains pour l'élection présidentielle de 1860, est élu le 6 novembre 1860, devenant le 16e président des États-Unis avec 39,9 % des voix, grâce aux divisions au sein du Parti démocrate. Il écarte ainsi les autres candidats, Stephen A. Douglas[9] (29,5 %), John Cabell Breckinridge (18,1 %) et John C. Bell (12,5 %).
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+ Peu après l’élection, alors que le nouveau président n’est pas encore investi, sept États font sécession : la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, l’Alabama, la Géorgie, la Louisiane et le Texas. Les six derniers décideront le 4 février 1861 de former les États confédérés d'Amérique, que Lincoln refusa de reconnaître. Les États du Delaware, Maryland, Virginie, Caroline du Nord, Tennessee, Kentucky, Missouri et Arkansas décident de rester dans l'Union mais avertissent Lincoln qu'ils n'accepteront pas le passage des troupes sur leur territoire.
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+ Nonobstant les nombreuses menaces de mort qu'il reçut, un complot d'extrémistes sécessionnistes pour assassiner le nouveau président avant son investiture fut déjoué dans la matinée du 23 février 1861 à Baltimore. Dès mars 1861, il affirma que l'Union ne pouvait être brisée.
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+ Sa désapprobation personnelle de l'esclavage ne signifiait pas qu'il avait l'intention de l'interdire : « Je n'ai pas l'intention, insistait-il dans un débat en 1858, d'interférer avec les institutions de l'esclavage dans les États où il existe. Il répéta la même chose lors de sa campagne électorale de 1860[11]. »
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+ 4 mars : investiture d’Abraham Lincoln en tant que seizième président des États-Unis.
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+ 12 avril : début de la guerre de Sécession avec la bataille de Fort Sumter en Caroline du Sud, par les forces confédérées. Trois jours plus tard, Lincoln déclare l’état d’insurrection et prévoit la levée d’une armée de 75 000 volontaires. Les États de Virginie, Caroline du Nord, Tennessee et Arkansas font sécession.
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+ Fin avril : Lincoln ordonne le blocus des ports des États confédérés et interdit le commerce avec eux.
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+ Le 1er novembre 1861, surestimant les capacités du général George McClellan, il lui confie les fonctions de général en chef de toutes les armées de l'Union[12].
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+ 27 janvier : Lincoln signe l’ordre de début des opérations militaires contre les États confédérés.
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+ 20 mai : la loi du Homestead Act est signée par Abraham Lincoln. Elle permet à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain depuis 5 ans d'en revendiquer la propriété privée, et ce dans la limite de 160 acres (soit 65 hectares). Si la famille y vit depuis au moins 6 mois, elle peut aussi sans attendre acheter le terrain à un prix relativement faible de 1,25 dollar par acre (soit 308 dollars pour 1 km2). Cette loi a joué un rôle éminent dans la conquête de l'Ouest américain.
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+ 19 juin : il commence à rédiger la proclamation d’émancipation des esclaves.
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+ 1er juillet : il institue l’impôt sur le revenu pour financer la guerre de Sécession.
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+ 2 juillet : Morrill Land-Grant Colleges Act.
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+ 22 septembre : il annonce qu’il publiera sa proclamation d’émancipation des esclaves dans les États en sécession. Elle sera à l’origine de deux amendements à la Constitution, le premier abolissant l’esclavage, le second garantissant les droits civils.
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+ 1er janvier : les esclaves sont émancipés.
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+ 20 juin : Lincoln incorpore l'Ouest de la Virginie dans l’Union, la Virginie-Occidentale devient donc le 35e État.
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+ 3 juillet : victoire nordiste de Gettysburg, en Pennsylvanie.
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+ 3 octobre : Lincoln institue la fête nationale de l'Action de Grâce au dernier jeudi de novembre.
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+ 19 novembre : Lincoln fait un discours pour l’inauguration du cimetière national situé sur le champ de bataille de Gettysburg.
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+ 8 décembre : Lincoln annonce son programme pour la reconstruction des États du Sud et fait une offre d’amnistie aux déserteurs de l’armée confédérée.
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+ 12 mars : Lincoln nomme le général Ulysses S. Grant en tant que commandant en chef des armées de l’Union.
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+ 7 juin : la convention nationale du parti républicain désigne Lincoln comme son candidat pour les prochaines élections.
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+ 18 juillet : Lincoln ordonne le recrutement de 500 000 volontaires dans l’armée.
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+ 8 novembre : Lincoln est réélu pour un second mandat avec 56 % du vote populaire.
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+ 3 février : Lincoln tente une dernière fois de terminer la guerre de Sécession par la négociation. Il exige la reddition des forces confédérées et le retour des États dans l’Union. Ces derniers veulent leur indépendance et la réunion se termine par un échec.
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+ Alors que la guerre suivait son cours, Lincoln dut se préparer à sa réélection pour l'élection présidentielle de 1864. Lincoln, fin politicien, rassembla autour de lui les principales factions du Parti républicain ainsi que certains démocrates comme Edwin Stanton et Andrew Johnson[13],[14]. Il passait plusieurs heures par semaine à s'entretenir avec des hommes politiques de tout le pays et usa de ses relations aussi bien pour maintenir unies les différentes factions du parti que pour se doter d'une assise solide favorable à sa politique et contrer les efforts des radicaux qui souhaitaient le retirer du ticket présidentiel[15],[16]. Lors de sa convention de 1864, le Parti républicain désigna comme colistier de Lincoln le sénateur Andrew Johnson, un démocrate du Sud originaire du Tennessee. Afin d'élargir sa coalition non seulement aux républicains mais aussi aux démocrates favorables à la poursuite de la guerre, Lincoln décida de se présenter sous la bannière du Parti de l'union nouvellement créé[17]. Les offensives menées par le général Grant au printemps 1864, en dépit d'affrontements particulièrement sanglants, s'étaient achevées sur une impasse ; l'absence de réussite sur le plan militaire affecta fortement les chances du président de pouvoir être réélu et de nombreux républicains craignirent que Lincoln soit battu à l'élection. Lincoln lui-même partageait cette crainte et signa un document dans lequel il s'engageait, en cas de défaite, à battre la Confédération avant de quitter définitivement la Maison-Blanche[18] : « ce matin, comme depuis quelques jours, il semble excessivement probable que cette administration ne soit pas réélue. Il sera alors de mon devoir de coopérer avec le président-élu afin de préserver l'Union entre l'élection et la cérémonie d'investiture et de faire en sorte qu'il puisse assurer son élection sur des fondements dont il ne pourra faire l'économie après »[19].
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+ Alors que le programme électoral des démocrates réaffirmait la volonté du parti de conclure la paix avec les confédérés et considérait la guerre comme un « échec », leur candidat, le général George McClellan, était partisan de l'effort de guerre et rejeta en grande partie les idées défendues par son camp politique. De son côté, Lincoln fournit à Grant des troupes supplémentaires et mobilisa son parti afin de renouveler son soutien à son général en chef. La prise d'Atlanta par Sherman au mois de septembre et la victoire du contre-amiral David Farragut lors de la bataille de Mobile Bay coupèrent court aux attitudes défaitistes[20] et entraînèrent une crise profonde au sein du Parti démocrate, certains de ses leaders politiques et la plupart des soldats se déclarant ouvertement pour Lincoln. À l'inverse, le Parti de l'Union nationale fut redynamisé et Lincoln fit de l'émancipation un thème central de sa campagne tandis que les républicains s'employèrent à démontrer à l'échelle locale la perfidie des copperheads[21]. Le 8 novembre, Lincoln remporta une victoire écrasante contre son adversaire démocrate, remportant tous les États sauf trois et recueillant 78 % des suffrages des soldats de l'Union[18],[22].
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+ Le 4 mars 1865, Abraham Lincoln est investi pour un deuxième mandat. Républicain, il avait choisi en 1864 pour vice-président le démocrate Andrew Johnson[13],[14].
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+ 9 avril : capitulation des Confédérés mettant fin à la guerre de Sécession.
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+ 15 avril : assassinat du Président Lincoln à Washington.
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+ 23 juin : ultime reddition du général sudiste Stand Watie, chef cherokee.
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+ 6 décembre : adoption du Treizième amendement de la Constitution des États-Unis abolisant l'esclavage.
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+ Vu sous l’angle de la politique étrangère le problème de la sécession des États du Sud se résume à la reconnaissance de la Confédération des États d’Amérique par les autres pays et les États européens en particulier. En fait ces derniers étaient surtout intéressés par la poursuite des relations commerciales et ont évité de soutenir la Confédération au risque de voir s’établir des relations privilégiées entre l’Union et leurs compétiteurs.
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+ Toutefois, selon André Kaspi, spécialiste de l'histoire américaine : « Lincoln avait dans son cabinet des gens hostiles à la proclamation de l'émancipation en 1862. Il est passé outre car il pensait que c'était indispensable, essentiellement pour des raisons diplomatiques. La Grande-Bretagne [où l'esclavage a été aboli en 1838] soutenait les abolitionnistes et la France [esclavage aboli en 1848, sauf en Algérie] était plutôt du côté des esclavagistes. »[23].
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+ Dès son élection, A. Lincoln est confronté au problème de la sécession des États sudistes. En fait cette sécession ainsi que la création de la Confédération par les États du Sud n’est pas reconnue par les États de l’Union d'où le terme « guerre civile (Civil War) » employé par les Américains (et non « guerre de Sécession » employé dans les ouvrages francophones). L'objectif de la guerre, toujours dans le même esprit, est de préserver l'Union.
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+ Le maintien de l’Union et la réintégration des États sécessionnistes constituent la première priorité du président. Il dirige directement les opérations des forces armées avant de trouver en la personne du général Ulysses S. Grant un chef en qui il peut avoir confiance. La conduite de la guerre nécessite des hommes et un financement ; Lincoln introduit le service militaire pour pallier le déficit de volontaires et l’impôt sur le revenu. Sa contribution la plus connue restera la Proclamation d'émancipation libérant les esclaves dans les États confédérés qui n'étaient pas sous contrôle de l'Union. La proclamation concernait donc 3 millions d'esclaves dans le Sud, mais n'avait aucun effet sur près d'un million d'esclaves vivant dans les États esclavagistes restés dans l'Union (Delaware, Kentucky, Maryland, Missouri) ou dans le Tennessee occupé par les troupes de l'Union[24].
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+ Il s'attacha également à la création d'un système de banques nationales (National Banking Acts entre 1863 et 1865).
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+ Avant d'être élu président, et pendant sa campagne électorale en particulier, Lincoln avait fait plusieurs déclarations indiquant clairement son opposition à l'esclavage au nom de principes moraux. Il restera dans l’histoire comme l’auteur de la Proclamation d’émancipation des esclaves, mais les historiens rappellent que sa priorité en tant que président ayant juré sur la Constitution était liée à la restauration de l'Union, pas aux droits civiques des esclaves. « Si je pouvais sauver l'Union sans libérer un seul esclave, je le ferais ; si je ne pouvais la sauver qu'en les libérant tous, je le ferais aussi… Cela est ma position officielle et n'a rien à voir avec mes convictions personnelles… J'ai dit assez souvent que, selon moi, tous les hommes, partout, devaient être libres »[25].
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+ Dans son livre Les Américains, André Kaspi écrit : « Lincoln abolitionniste ? Oui avec modération. Ami des Noirs ? Non. L'Illinois est d'ailleurs un État libre qui refuse que les noirs s'y établissent. Et Lincoln ne cache pas ses sentiments : « Je dirai donc que je ne suis pas et que n'ai jamais été en faveur de l'égalité politique et sociale de la race noire et de la race blanche, que je ne veux pas et que je n'ai jamais voulu que les noirs deviennent jurés ou électeurs ou qu'ils soient autorisés à détenir des charges politiques ou qu'il leur soit permis de se marier avec des blanches. [...] Dans la mesure où les deux races ne peuvent vivre ainsi, il doit y avoir, tant qu'elles resteront ensemble, une position inférieure et une position supérieure. Je désire, tout autant qu'un autre, que la race blanche occupe la position supérieure. »[26],[27].
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+ Connu comme le grand émancipateur, Lincoln était une figure complexe qui luttait avec ses propres opinions sur la race[28]. Au fil du temps, les générations successives ont interprété différemment les points de vue de Lincoln sur les Afro-Américains : « Appliquer les croyances et les normes du XXe siècle à une Amérique de 1858 et qualifier Abraham Lincoln de « raciste » est une vision erronée qui déforme injustement le vrai rôle de Lincoln dans l'avancement des droits civiques et humains. Pour les standards et les normes de son époque, les opinions de Lincoln sur la race et l'égalité étaient progressistes et ont vraiment changé les esprits, les politiques et, surtout, les cœurs pour les années à venir »[28].
126
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+ La principale audience de Lincoln était les électeurs blancs. Ses points de vue sur l'esclavage, l'égalité raciale et la colonisation afro-américaine sont souvent entremêlés[28]. Au cours des débats de 1858 avec Stephen A. Douglas, Lincoln exprima le fait qu'il croyait que les Blancs étaient supérieurs aux Noirs[28]. Il déclara qu'il était contre le métissage et le droit accordé aux Noirs de servir en tant que jurés. Cependant, ses opinions évoluèrent au fil du temps et durant sa présidence, à mesure que la guerre de Sécession progressait, Lincoln préconisa et mit en œuvre des politiques antiracistes, incluant la Proclamation d'émancipation et le suffrage limité pour les Afro-Américains. L'ancien esclave et militant abolitionniste Frederick Douglass considérait sans équivoque Lincoln comme partageant « les préjugés de ses compatriotes blancs contre le négro »[29] mais observa aussi de Lincoln qu'« en sa compagnie, il ne me rappela jamais mon humble origine, ou ma couleur impopulaire »[30]. Douglass témoigna du véritable respect de Lincoln envers lui et d'autres Noirs et de la sagesse de son action, en obtenant à la fois la préservation de l'Union (son devoir assermenté en tant que Président) et la libération des esclaves. Dans un discours de 1876, il défendit ainsi les actions de Lincoln :
128
+
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+ « Sa grande mission était d'accomplir deux choses : d'abord, sauver son pays du démembrement et de la ruine ; et, deuxièmement, libérer son pays du grand crime de l'esclavage. Pour faire l'un ou l'autre, ou les deux, il doit avoir la sincère sympathie et la puissante coopération de ses fidèles compatriotes. Sans cette condition primordiale et essentielle au succès, ses efforts devaient être vains et absolument infructueux. S'il avait placé l'abolition de l'esclavage avant le salut de l'Union, il aurait inévitablement chassé de lui une classe puissante du peuple américain et rendu impossible la résistance à la rébellion.
130
+
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+ Vu de l'authentique sol abolitionniste, M. Lincoln semblait lent, froid, terne et indifférent ; mais en l'évaluant par le sentiment de son pays, sentiment qu'il était tenu de consulter en tant qu'homme d'État, il était prompt, zélé, radical et déterminé…
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+ En le prenant dans son ensemble, en mesurant l'énorme ampleur du travail à accomplir, en considérant les moyens nécessaires à la fin, et en l'examinant de la fin depuis le début, la sagesse infinie a rarement envoyé au monde un homme mieux adapté à sa mission qu'Abraham Lincoln. »
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+ - Frederick Douglass, Oraison en la mémoire d'Abraham Lincoln[29].
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+ Par le passé, Lincoln vécu dans un quartier de classe moyenne et racialement mixte à Springfield en Illinois. Un de ses voisins de longue date, Jameson Jenkins (probablement né esclave), était venu de Caroline du Nord et a été publiquement impliqué dans les années 1850 en tant que conducteur de chemin de fer clandestin. En 1861, Lincoln appela Jenkins pour lui faire un tour au dépôt de train, où Lincoln prononça son discours d'adieu avant de quitter Springfield pour la dernière fois[31].
138
+
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+ Durant son second mandat présidentiel, Lincoln prononça un discours le 11 avril 1865 dans lequel il promut le droit de vote pour les Noirs[32]. John Wilkes Booth, un sympathisant confédéré, assista au discours et devint déterminé à assassiner Lincoln en raison de son soutien à la citoyenneté pour les Noirs[33]. Trois jours plus tard, Lincoln n'échappa pas à une tentative d'assassinat sur sa personne perpétré par Booth et mourut le lendemain des suites de ses blessures.
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+ L'historien Eugene H. Berwanger note :
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+ « Pendant sa présidence, Lincoln prit un parcours raisonné qui aida le gouvernement fédéral à la fois à détruire l'esclavage et à faire avancer la cause du suffrage noir. Pour un homme qui avait refusé les deux réformes quatre ans plus tôt, le changement d'attitude de Lincoln fut rapide et décisif. Il était à la fois ouvert d'esprit et perspicace aux besoins de sa nation dans une ère d'après-guerre. Une fois engagé dans un principe, Lincoln s'y dirigea avec un progrès constant et déterminé[34]. »
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+
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+ La politique du président Lincoln bénéficie très vite de l'augmentation de la masse monétaire grâce à la découverte du plus grand gisement d'argent-métal de l'histoire après le Potosi bolivien, qui voit se constituer en quelques années les grandes fortunes de l'Ouest américain. Dès 1862, plusieurs centaines de petites compagnies minières se partagent le gisement du Comstock Lode découvert trois ans plus tôt à Virginia City, dans le Nevada, sous les yeux du journaliste Mark Twain, en pleine conquête de l'Ouest. Alors que les États du Sud émettent en Europe un emprunt indexé sur la valeur du coton, profitant du rayonnement de la place financière parisienne, Lincoln préfère développer la finance américaine, lorsqu'il est obligé d'emprunter à tour de bras pour équiper les armées, avec l'aide d'un proche, Jay Cooke (10 août 1821 - 8 février 1905), qui crée une des premières banques d'investissement américaines, Jay Cooke & Co, pour organiser les émissions d'obligation.
146
+
147
+ Le président Lincoln décide d'opérer très tôt la reconstruction du Sud par des programmes sociaux. En 1862 et 1864 il fait voter deux lois successives pour apporter le soutien de l'État à la construction des premiers chemins de fer transcontinentaux, achevés en 1869 et permettant de donner du travail aux soldats démobilisés. Le gouvernement soutient aussi Associated Press et la Western Union, en leur confiant les commandes aux Journal officiel de Washington[35], amenant la création par les journaux du MidWest d'une nouvelle Associated Press. Soixante ans plus tard, le président Franklin Delano Roosevelt rappela ce mot d'Abraham Lincoln : « Le plus fort lien de sympathie entre les hommes après les relations de travail devait être celui qui unit les travailleurs de toutes les Nations ».
148
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149
+ Il se montre par ailleurs favorable à une amplification des mesures protectionnistes[36].
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151
+ Lincoln est élu à la présidence essentiellement en raison des dissensions au sein du Parti démocrate. Au cours de son mandat, il est critiqué au sein de son propre parti car la guerre est longue et coûteuse et beaucoup d’Américains ne voient pas de raison de se battre pour le droit des Noirs. Il sera malgré tout réélu car l’Union est opportunément victorieuse sur le champ de bataille au moment du vote.
152
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153
+ Ayant perdu le premier amour de sa vie, Ann Rutledge (en), probablement morte de typhoïde, il courtise Mary Owens, la sœur de son amie Elizabeth Abell. Lincoln fait sa demande en mariage à Owens en mai 1837, mais elle refuse. Dix-huit mois plus tard, il se fiance à Mary Todd. Finalement le 4 novembre 1842, ils se marient. Ils s'installent ensuite dans une maison sur la Huitième et Jackson à Springfield, qui se trouve à proximité de son étude d'avocat. Mary peine un peu à s'accoutumer à sa nouvelle existence, ayant eu l'habitude d'être toujours servie par les nombreux esclaves que possédait sa famille. La relative pauvreté dans laquelle vit le couple est aussi difficile pour elle qui n'a jamais manqué de rien. Des tensions se font jour entre Abraham et Mary lors des premières années de leur mariage, mais elles s'atténuent lorsque naît leur premier fils.
154
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+ Le couple a quatre enfants. Robert Todd Lincoln naît le 1er août 1843, à Springfield dans l'Illinois. Il est le seul de leurs enfants qui ait atteint l'âge adulte. Les autres, nés également à Springfield, vont mourir pendant leur enfance ou durant l'adolescence. Edward Baker Lincoln naît le 10 mars 1846 et meurt le 1er février 1850. William Wallace Lincoln (en) vient au monde le 21 décembre 1850 et meurt à Washington D.C. le 20 février 1862, lors du premier mandat présidentiel de son père. Thomas « Tad » Lincoln naît le 4 avril 1853 et meurt le 16 juillet 1871, à Chicago. Le dernier descendant de Lincoln, en ligne directe, était Robert Todd Lincoln Beckwith, mort le 24 décembre 1985. Mary est décrite comme étant une personne « assez instable »[23].
156
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+ La sexualité d'Abraham Lincoln est sujette à débat. Plusieurs personnes ont émis l'hypothèse qu'il était homosexuel ou bisexuel, parmi lesquelles le chercheur Clarence Arthur Tripp, qui a notamment mis en avant les relations ambiguës qu'il aurait entretenues avec des hommes, alors qu'il faisait preuve de distance envers les femmes ; Tripp a ainsi fait état de deux relations homoérotiques de Lincoln[37].
158
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159
+ Lincoln reste dans l'histoire des États-Unis le plus grand des présidents par la taille : 1,93 m[38], il a les cheveux noirs et épais, un grand nez et de grandes oreilles[39]. Les portraits les plus connus de Lincoln le montrent barbu alors qu'il n'a porté la barbe que dans les dernières années de sa vie. Il semble qu'il l'ait laissée pousser en 1860 à la demande de Grace Bedell, une petite fille de 11 ans[40],[41].
160
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+ De nature hypocondriaque, Lincoln qui souffre, semble-t-il de dépressions chroniques, est à la fin de la guerre civile très diminué ayant perdu vingt kilos[42]. Hormis la syphilis — que Lincoln soignait au mercure, les chercheurs se sont interrogés sur les autres maladies dont aurait souffert le président américain sans parvenir à des conclusions définitives[42],[43].
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+ Abraham Lincoln rencontre souvent le général Grant, qui commande les troupes de l'Union, pour aborder les problèmes de la reconstruction des États sudistes. Le 14 avril 1865, c’est au cours d’une sortie au théâtre Ford à Washington (la pièce s'appelait Our American Cousin) qu’il est assassiné[6] par un sympathisant sudiste. Ce dernier, John Wilkes Booth, s'introduit derrière Lincoln et lui tire une balle à bout portant derrière la tête, au niveau de la nuque. Les médecins accourent et voient tout de suite que la balle a atteint le cerveau. Ils le transportent dans une maison en face du théâtre où il passe la nuit sans reprendre connaissance. Lincoln meurt le lendemain matin, à 7 h 22. Booth cria en s'enfuyant « Sic semper tyrannis! » (latin : « Ainsi en est-il toujours des tyrans ! »). Cette citation se trouve dans l'hymne du Maryland, où Booth avait rencontré un certain succès en tant qu'acteur, et sur le Grand Sceau de l'État de Virginie dont elle est la devise officielle. La nouvelle arrive en Europe dix jours plus tard, par le paquebot Australasian, puis télégraphiée par Reuters assez tôt pour le bouclage de l'édition du 27 avril 1865 du quotidien Le Temps[44],[45].
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+ Ironiquement, le propre frère de Booth, Edwin, avait sauvé la vie du fils de Lincoln, quelques années auparavant, alors que celui-ci, étant tombé sur une voie ferrée, risquait d'être heurté par le train arrivant en gare[46].
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+ Quatre personnes furent condamnées à mort par un tribunal militaire à la suite de l’assassinat de Lincoln. Parmi elles, Mary Surratt, qui fut la première femme à être exécutée par le gouvernement des États-Unis.
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+ Abraham Lincoln est enterré à Springfield, en Illinois, dans une crypte fortifiée bâtie en 1901 à la suite de menaces proférées contre sa dépouille. Auparavant, son cercueil avait été déplacé 17 fois depuis son enterrement initial en 1865 ainsi qu'ouvert à 5 reprises : le 21 décembre 1865, le 19 septembre 1871, le 9 octobre 1874, le 14 avril 1887 et le 26 septembre 1901.
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+ Lincoln est l’un des présidents les plus admirés de l’histoire des États-Unis[39] : selon un classement dressé par des historiens pour le magazine The Atlantic Monthly, il est l'Américain le plus influent de l'Histoire[47]. Son nom a été donné à la capitale de l’État du Nebraska, un monument (le Lincoln Memorial) est érigé en son honneur au centre de la capitale fédérale et son effigie apparaît sur la pièce de 1 ¢ comme sur le billet de 5 $, elle est aussi apparue sur un billet de 100 $ émis le 10 mars 1863 en Louisiane qui est un des premiers billets émis par le gouvernement américain après que le National Banking Act fut accepté en février 1863. Son portrait est sculpté sur le mont Rushmore et les endroits importants de sa vie ont été transformés en musées. Depuis sa mort, environ 16 000 livres lui auraient été consacrés, selon les estimations de la commission du bicentenaire d'Abraham Lincoln[39]. Le musée Abraham Lincoln de Springfield, dans l'Illinois est l'un des principaux musées consacrés au président.
172
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+ L’anniversaire de sa naissance a été déclaré jour férié — jusqu’à la création du Presidents Day (« jour des présidents »), jour férié destiné à honorer tous les présidents des États-Unis. Le 12 février 2009, plusieurs cérémonies célébrant le bicentenaire de sa naissance eurent lieu au Lincoln Memorial, dans la capitale fédérale. Le théâtre Ford, lieu de son assassinat, a organisé un gala pour fêter sa réouverture après les travaux de rénovation qui coûtèrent plusieurs millions de dollars[39].
174
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175
+ L’assassinat d'Abraham Lincoln, quelques jours après la fin de la guerre de Sécession, a empêché ses contemporains de critiquer son action. Certains historiens relèvent aujourd’hui qu’il était bien plus préoccupé par le maintien de l’Union que par les droits des esclaves. L'écrivain Jorge Luis Borges porte même à son égard un jugement plus sévère encore (voir article), mais cet avis reste isolé.
176
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177
+ La marine américaine a honoré sa mémoire en nommant plusieurs de ses navires USS Abraham Lincoln. Il s'agit d'un sous-marin lance-missiles et d'un porte-avions nucléaire.
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+ Jusqu'à 5 000 Américains, réunis dans la Brigade Abraham Lincoln, ont participé aux brigades internationales pendant la guerre d'Espagne (1936-1939)[48].
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181
+ L'État de Illinois est surnommé Land of Lincoln (la terre de Lincoln) et cette appellation est reprise sur les plaques d'immatriculation de cet État.
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183
+ Lincoln Park, le plus vaste parc urbain public de la ville de Chicago (Illinois), et deuxième plus grand du pays après celui de Central Park, fut nommé en son honneur. Il abrite également le Lincoln Monument, une statue de bronze haute de 3,7 m en hommage à Lincoln. Plusieurs statues de Lincoln trônent à travers la ville de Chicago, notamment à Grant Park.
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+ Lincoln Center for the Performing Arts, est un centre culturel de New York. Construit dans les années 1960, il est le siège d'une douzaine de compagnies artistiques.
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+ Au cours de la guerre de Sécession, Lincoln prononce sur le champ de bataille de Gettysburg son célèbre discours de Gettysburg en hommage aux soldats morts pour « la renaissance de la liberté — un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Le texte, très court, est gravé sur le monument qui lui rend hommage à Washington ; il est considéré par les Américains comme une déclaration d’importance majeure que les élèves du primaire apprennent par cœur.
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+ Lincoln est aussi renommé pour la lettre qu'il envoya en novembre 1864 à une certaine Madame Bixby, une veuve de Boston dont les cinq fils seraient tombés pendant la guerre de Sécession. Ce texte est généralement considéré comme un des plus beaux de Lincoln, au même titre que son discours de Gettysburg et le discours inaugural de sa deuxième présidence.
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+ Aliénor d'Aquitaine, aussi connue sous le nom d’Éléonore d'Aquitaine ou de Guyenne, née vers 1122 [1],[2] et morte le 31 mars ou le 1er avril 1204[3] à Poitiers[4], et non à l'abbaye de Fontevraud[5],[6], a été tour à tour reine de France, puis reine d'Angleterre.
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+ Duchesse d'Aquitaine et comtesse de Poitiers, elle occupe une place centrale dans les relations entre les royaumes de France et d'Angleterre au XIIe siècle : elle épouse successivement le roi de France Louis VII (1137), puis Henri Plantagenêt (1152), futur roi d'Angleterre Henri II, renversant ainsi le rapport des forces en apportant ses terres à l'un puis à l'autre des deux souverains. À la cour fastueuse qu'elle tient en Aquitaine, elle favorise l'expression poétique des troubadours en langue d'oc. À compter de son premier mariage (pendant lequel elle a participé à la deuxième croisade), elle joue un rôle politique important dans l'Europe médiévale.
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+ Aliénor d'Aquitaine est la fille aînée de Guillaume X, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, lui-même fils de Guillaume IX le Troubadour[7], et d'Aénor de Châtellerault, fille d'Aymeric Ier de Châtellerault, un des vassaux de Guillaume X.
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+ Aliénor, « l'autre Aénor » en langue d'oc, est ainsi nommée en référence à sa mère Aénor. Le prénom devient Éléanor ou Élléonore en langue d'oïl, Eleanor ou Ellinor en anglais[8].
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+ Elle reçoit l'éducation soignée d'une femme noble de son époque à la cour d'Aquitaine, l'une des plus raffinées du XIIe siècle, celle qui voit naître l'amour courtois (la fin amor), et le rayonnement de la langue occitane, entre les différentes résidences des ducs d'Aquitaine : Poitiers, Bordeaux, le château de Belin où elle serait née, soit encore dans un monastère féminin[9]. Elle apprend le latin, la musique et la littérature, mais aussi l'équitation et la chasse.
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+ Elle devient l'héritière du duché d'Aquitaine à la mort de son frère Guillaume Aigret, en 1130[10]. Lors de son quatorzième anniversaire (1136), les seigneurs d'Aquitaine lui jurent fidélité. Son père meurt à trente-huit ans (1137), le Vendredi saint au cours d'un pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle épouse alors le fils et héritier du roi de France (Louis VI le Gros), le 5e successeur de Hugues Capet, et qui deviendra le futur Louis VII et à qui elle donna deux filles. Deux versions sur la conclusion de ces noces sont possibles : soit, craignant que sa fille soit enlevée (et épousée) par un de ses vassaux ou de ses voisins, le duc Guillaume avait proposé à son suzerain le roi de France, avant de mourir, d'unir leurs héritiers, soit le roi fait jouer la tutelle féodale que le suzerain détient sur l'orpheline héritière d'un de ses vassaux, et la marie à son fils[11] (situation qui rappelle le « mariage oblique » décrit par les ethnologues)[12],[7]. Le roi de France devient duc d'Aquitaine par mariage. Pour autant, le duché d'Aquitaine n'est pas rattaché au domaine royal, et Aliénor en reste la duchesse[13]. L'éventuel fils aîné du couple serait titré roi de France et duc d'Aquitaine, car la fusion entre les deux domaines ne devait intervenir qu'à la génération suivante[14].
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+ Les noces entre Aliénor et le futur Louis VII, roi de France, ont lieu le 25 juillet 1137 dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Comme de coutume, les festivités de mariage durent plusieurs jours, au palais de l'Ombrière à Bordeaux, et se répètent tout au long du voyage vers Paris. La nuit de noces a lieu au château de Taillebourg. Les époux sont couronnés ducs d'Aquitaine à la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers (aujourd'hui remplacée par une cathédrale gothique) le 8 août[15]. Pendant leur voyage, ils apprennent la mort du roi Louis VI.
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+ Aliénor est couronnée reine des Francs à Noël 1137 à Bourges (son époux avait déjà été sacré du vivant de son père, à l'âge de neuf ans, mais il est couronné sous le nom de Louis VII). Très belle[16], d'esprit libre et enjoué, Aliénor déplaît à la cour de France. Elle est critiquée pour sa conduite et ses tenues jugées indécentes, tout comme ses suivantes et comme une autre reine des Francs venue du Midi un siècle plus tôt, Constance d'Arles. Ses goûts luxueux (des ateliers de tapisserie sont créés, elle achète beaucoup de bijoux et de robes) étonnent. Les troubadours qu'elle fait venir ne plaisent pas toujours[7] : Marcabru est renvoyé de la cour pour avoir chanté son amour pour la reine.
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+ Certains historiens attribuent ces critiques à l'influence qu'elle aurait sur le roi. Celle-ci est difficile à démontrer selon l'historien Edmond-René Labande[17]. Le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées :
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+ Au cours de ce conflit avec Thibaut IV de Blois, en janvier 1143, la ville de Vitry-en-Perthois est prise, et l'église dans laquelle s'étaient réfugiés ses habitants incendiée. En 1146, le pape Eugène III jette l'interdit sur le royaume de France. Profondément marqué par le drame de Vitry-en-Perthois et la sanction papale qui touche le royaume, Louis VII, à qui la jeune reine vient de donner une fille, annonce à Bourges, lors d'une assemblée tenue le 25 décembre 1145, qu'il participera à la deuxième croisade avec son épouse Aliénor.
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+ Deux filles sont nées du mariage avec Louis VII :
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+ Durant toute cette période, l'analyse des chartes montre une assez faible implication d'Aliénor dans le gouvernement : elle est là pour légitimer les actes[20].
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+ Elle invite le troubadour Jaufré Rudel à la suivre lors de la deuxième croisade, et emmène avec elle toute une suite, avec de nombreux chariots. Augmentée des épouses des autres croisés, la croisade française se trouve encombrée d'un interminable convoi qui la ralentit. La découverte de l'Orient, avec ses fastes et ses mystères, fascine Aliénor et rebute Louis à la piété austère et rigoureuse[21].
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+ Les causes de discorde entre les deux époux s'ajoutent aux difficultés du voyage :
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+ Tout cela provoque, avec l'infidélité supposée d'Aliénor (voir plus bas), une rupture entre les deux époux. Ils reviennent séparément en bateau jusqu'en Italie. La nef d'Aliénor est prise dans une bataille navale entre Roger II de Sicile et l'empereur Manuel Comnène : elle tombe aux mains des Byzantins, avant d'être aussitôt délivrée par les Normands de Sicile[22]. Elle aborde à Palerme, puis rejoint Louis VII en Calabre, où il a débarqué le 29 juillet. Après un arrêt dû à une maladie d'Aliénor[23], ils remontent ensuite vers la France. Le pape Eugène III à l'abbaye du Mont-Cassin, puis Suger (par lettres interposées), réussissent à les réconcilier. Leur seconde fille naît d'ailleurs l'année suivante. Cependant, le désaccord ressurgit à l'automne 1151. Début 1152, le couple relève les garnisons royales présentes dans le duché d'Aquitaine[24]. Enfin, le mariage est annulé le 21 mars 1152 par le second concile de Beaugency, en l'église Notre-Dame de l'abbaye de Beaugency, pour motif de consanguinité[25] aux 4e et 5e degrés (à strictement parler le divorce[26] n'existe pas à l'époque).
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+ Les événements d'Antioche, ramenés à l'importance d'un incident par l'historien Jean Flori, ont depuis presque neuf siècles suscité une abondante littérature : cette infidélité d'Aliénor (dont tous les historiens ne sont pas convaincus) a non seulement des conséquences graves sur l'histoire politique, mais son rapport par les chroniqueurs nous en apprend beaucoup sur les mentalités de l'époque, et cet épisode est devenu depuis un enjeu pour les historiens, toujours controversé[28].
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+ Au début du printemps 1148[29], la croisade s'arrête dix jours[30] à Antioche : elle y est accueillie par Raymond de Poitiers, oncle d'Aliénor, prince d'Antioche.
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+ Il est certain qu'Aliénor et Raymond de Poitiers s'entendent à merveille et passent beaucoup de temps ensemble[7]. Des soupçons naissent sur la nature de leurs relations et une dispute éclate entre Louis VII et Aliénor.
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+ Louis VII souhaite engager son armée vers Jérusalem, mais Aliénor refuse de quitter son oncle et rappelle alors à son époux leur degré de consanguinité et qu'elle pourrait donc demander l'annulation de leur mariage. Cette consanguinité était connue au moins depuis 1143, mais Bernard de Clairvaux lui-même ne jugeait pas cela d'une très grande gravité[31].
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+ De nuit, Louis VII quitte Antioche en juillet 1148[32], forçant Aliénor à le suivre.
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+ Plusieurs chroniqueurs[33] évoquent l'affaire tout en écrivant qu'il vaut mieux ne pas en parler, signe qu'elle est connue de tous et de nature à porter atteinte à la réputation de certains contemporains. Parmi les chroniqueurs les mieux placés, Eudes de Deuil choisit d'arrêter son récit juste avant l'arrivée du couple royal à Antioche. L'historien Jean Flori interprète ce silence comme un désir de ne pas nuire au roi[34]. Une lettre de Suger[35] à Louis VII évoque elle aussi des troubles graves dans le couple. Guillaume de Tyr donne, quant à lui, une explication politique : Raymond de Poitiers aurait tenté de manipuler la croisade pour l'orienter vers le siège d'Alep et de Césarée, et aurait manipulé Aliénor afin d'influencer le roi. Cette trahison politique d'Aliénor doublerait donc la trahison matrimoniale. Aliénor est, pour lui, une « poupée manipulée », sans volonté[36], ce qui est une des deux manières principales dont elle a été représentée (avec la figure de la nymphomane). Les historiens ont aujourd'hui complètement abandonné les accusations de nymphomanie et celles qui lui sont liées[37].
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+ Quant à l'infidélité de la reine, elle n'est pas impensable au XIIe siècle : parmi les exemples de l'histoire, le plus proche est celui de la reine Marguerite, épouse d'Henri le Jeune soupçonnée d'avoir été pour un temps maîtresse de Guillaume le Maréchal[38]. Le contexte de la croisade aggrave encore la sensibilité à ce qui touche la sexualité : Jean Flori note que, en arrière-plan, la sexualité au cours de la croisade, même légale, était déjà jugée de façon défavorable : sans évoquer Aliénor, plusieurs contemporains attribuent l'échec de la deuxième croisade aux fautes morales des croisés. La même explication est donnée pour l'échec de celle de 1101 (celle de Guillaume le Troubadour)[39].
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+ Sur cet incident, une infidélité qui paraît acquise aux contemporains[40], et même bien avant la mort d'Aliénor[41], les chroniqueurs brodent assez rapidement : Hélinand de Froidmont, dans sa Chronique universelle, comme Aubry de Trois-Fontaines affirment qu'elle se conduisit plus en putain qu'en reine. Le but est ici politique : mettre en valeur la vertueuse dynastie capétienne et justifier sa suprématie sur un lignage Plantagenêt immoral[42]. Avant la fin du Moyen Âge, l'évènement est grossi et transformé : on identifie l'amant à Raoul de Faye ou à un Sarrasin bientôt assimilé à Saladin[43] (enfant à l'époque). L'épisode de la maîtresse d'Henri II, Rosemonde, se greffant là-dessus (rumeur d'empoisonnement sur ordre d'Aliénor), certains chroniqueurs lui prêtent une liaison avec l'évêque de Poitiers Gilbert de la Porrée et le connétable d'Aquitaine Saldebreuil[44], etc.
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+ Pour Jean Flori, il a pu se passer deux choses :
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+ Dans les deux cas, l'élément primordial est cette évocation d'une possibilité d'annulation du mariage à l'initiative de l'épouse[45], et qui a forcément dû être préméditée[46]. Ce faisant, c'est elle qui décide de la rupture du mariage, chose impensable dans l'univers mental masculin d'alors : c'est pratiquement elle qui répudie son mari.
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+ Il est difficile de trancher sur la réalité de l'adultère, comme Jean Flori s'interdit de le faire :
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+ « On peut (…) penser que les soupçons de Louis VII étaient justifiés, comme l'ont fait la plupart des chroniqueurs dès que l'incident a été narré, ou au contraire estimer que l'intimité très naturelle de l'oncle et de sa nièce fut à tort jugée coupable par les trop austères chevaliers et prélats du Nord qui exigeaient d'une reine un comportement plus strict, au point de suspecter sa vertu et de conseiller au roi, agacé de ces rumeurs, de l'entraîner avec lui sans tarder. Dans ce cas, comme le fait remarquer Jean de Salisbury, l'accent doit être porté sur la demande de rupture formulée par la reine pour motif de consanguinité[47]. »
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+ « Au demeurant, la réalité de l'adultère importe peu (…). Ce qui est très important (…) c'est le fait (…) que les contemporains d'Aliénor ont réellement cru qu'elle était une reine luxurieuse et (pis encore !) une reine n'hésitant pas à prendre l'initiative de la rupture[48] »
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+
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+ Il est fort probable qu'elle ait déjà eu en tête à Antioche de se séparer de Louis VII. Puis plus tard, 3 ans après le retour de la croisade, Aliénor pensait peut-être déjà épouser Henri, le fils de Geoffroy V d'Anjou, qu'elle avait rencontré en août 1151 à Paris[49] alors qu'il accompagnait son père, qui avait été convoqué par Louis VII[50]. Le 21 mars 1152, l'annulation du mariage fut prononcée lors du second concile de Beaugency.
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+ Aussitôt, elle rentre à Poitiers et manque d'être enlevée deux fois en route par des nobles qui convoitent la main du plus beau parti de France : le comte Thibaud V de Blois et Geoffroi Plantagenêt[51]. Elle échange quelques courriers avec Henri Plantagenêt aperçu à la cour de France, en août 1151, à l'occasion d'un règlement de conflit réclamant sa présence et, le 18 mai 1152, huit semaines après l'annulation de son premier mariage, elle épouse à Poitiers ce jeune homme fougueux, futur roi d'Angleterre, d'une dizaine d'années son cadet et qui a un degré de parenté encore plus proche que Louis VII[52].
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+ Le 19 décembre 1154, ils sont couronnés roi et reine d'Angleterre par Thibaut du Bec, archevêque de Cantorbéry[53], permettant à l'Angleterre l'accroissement inespéré de ses territoires continentaux. En Allemagne, la beauté de la reine Aliénor d'Aquitaine est chantée dans Carmina Burana[54]:
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+ «Si tout l'univers était à moiDepuis l'Océan jusqu'au RhinJ'y renoncerais avec joiePour pouvoir tenir dans mes brasLa reine d'Angleterre»[55]
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+ Dans les treize années qui suivent, elle lui donne cinq fils et trois filles :
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+ Durant les deux premières années de ce mariage, Aliénor affirme son autorité. Mais rapidement, c'est Henri II qui prend les décisions ; cinq grossesses les sept premières années la tiennent peut-être à distance. En tout cas, elle le suit au cours de ses voyages s'il a besoin d'elle, le représente quand il ne peut se déplacer (à Londres fin 1158 et en 1160), sinon elle est tenue plus souvent dans les domaines Plantagenêt que dans les siens. Après 1154, tous ses actes sont soit précédés d'une décision du roi d'Angleterre, soit confirmés ensuite par lui[59]. Malgré sa réputation de femme légère, forgée a posteriori par des chroniqueurs[Contradiction], Aliénor est excédée par les infidélités de son époux. Ainsi, son premier fils Guillaume et un bâtard d'Henri sont-ils nés à quelques mois d'écart ; Henri eut beaucoup d'autres bâtards tout au long de leur mariage. Néanmoins, elle obtient en 1191 du pape Célestin III pour l'un d'entre eux, Geoffroy, l'archevêché d'York[60].
69
+
70
+ L'échec de la conférence de Montmirail (6 janvier 1169), et la difficulté de maintenir sa domination sur un ensemble aussi vaste et hétérogène poussent Henri II à une réforme dynastique. En 1170, Richard est proclamé duc d'Aquitaine et Aliénor gouverne son duché en son nom. Elle s'établit à Poitiers, y crée la Cour d'amour, dont quelques règles ont été rédigées par André le Chapelain (ou Andreas Capellanus) (voir plus bas). Tout comme avec Louis VII, elle n'agit que très peu politiquement[61].
71
+
72
+ Aliénor est horrifiée par l'assassinat de Thomas Becket dans sa cathédrale de Cantorbéry en Angleterre, en 1170[réf. nécessaire].
73
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74
+ Les historiens ont longtemps attribué à Aliénor d'Aquitaine un rôle important de mécène, notamment auprès des troubadours, ayant été formée à l'exemple de ses père et grand-père. Cette vision a été radicalement remise en cause récemment par K. M. Broadhurst : en effet, en regardant en détail les œuvres auparavant considérées comme commandées ou dues au patronage d'Aliénor, très peu comportent une mention de cette commande. De plus, en se fondant sur le fait que le seul troubadour présent dans les chartes au même endroit qu'Aliénor est Arnaut-Guilhem de Marsan, coseigneur de Marsan lors d'un plaid tenu à Bordeaux, l'existence même de ces cours poétiques est remise en cause[62]. Arnaut-Guilhem de Marsan était l'auteur d'un célèbre (au Moyen Âge) Ensenhamen de l'escuder, un guide qui expliquait comment se comporter en bon chevalier.
75
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+ Il affirme également que ces cours d'amour sont des inventions d'André le Chapelain qui poursuivait peut-être des buts politiques en voulant discréditer Aliénor. Il était en effet un clerc du roi de France Philippe Auguste, fils de Louis VII, et son ironie à l'égard d'Aliénor est évidente[63], de même qu'il n'a jamais fréquenté sa cour.
77
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+ Cependant, on peut attribuer la commande d'une traduction de Monmouth[64] à Wace, qu'il enrichit et en fait son Roman de Brut, qui lui est probablement dédicacé ; c'est une œuvre importante de 15 000 vers, qui a au moins dû recevoir un encouragement ou une incitation princière. On peut joindre à cette attribution a minima l'Histoire des ducs de Normandie, par Benoît de Sainte-Maure[65]. D'un autre côté, sans qu'on puisse attribuer l'origine d'œuvres à des commandes royales, un certain nombre ont certainement été composées en leur honneur, ou dans le but de leur plaire, ou ont dû valoir à leur auteur une généreuse récompense. Enfin, le prestige du couple est tel qu'il est présent dans la littérature contemporaine : dans les années 1150, un trouvère anonyme, originaire de l'Angoumois, refait la geste de Girart de Roussillon, en glissant plusieurs allusions à Aliénor d'Aquitaine[66]. Plus tard, en 1155, le Normand Benoît de Sainte-Maure ne la nomme pas, mais fait son éloge dans son Roman de Troie, manière de dédicace[67] ; de même, il chante les louanges du couple royal deux fois dans la Vie de saint Édouard[68]. Le troubadour Bernard de Ventadour, qu'elle accueille à sa cour en 1153[69], lui dédicace l'une de ses chansons en la surnommant « la duchesse de Normandie ». Quand elle règne à Poitiers, elle ouvre une cour lettrée, y accueillant entre autres sa fille Marie de Champagne (protectrice de Chrétien de Troyes)[70]. De même, Barking et Philippe de Thaon lui dédient des œuvres[71].
79
+
80
+ En 1162, à sa demande, commencent les travaux d'une nouvelle cathédrale à Poitiers[72].
81
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82
+ Il apparaît donc que la cour Plantagenêt protège les artistes, et que l'époque connaît une importante floraison littéraire, qui pénètre très peu la cour de France[73]. Malgré cela, Henri II tient probablement un rôle important dans le patronage des artistes : il commissionne dans les années 1160 la rédaction du Roman de Rou[74], conjointement à Aliénor[75].
83
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+ En 1173, elle trame le complot qui soulève ses fils Richard, Geoffroy et Henri le Jeune contre leur père, Henri II[76]. Cette révolte est soutenue par Louis VII, le roi d'Écosse Guillaume Ier, ainsi que les plus puissants barons anglais. Aliénor espère reprendre le pouvoir à Henri II, mais, lors d'un voyage, elle est capturée et Richard finit par rallier son père.
85
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+ Aliénor tente de rejoindre la cour de Louis VII à Paris mais est arrêtée auparavant par les soldats de son mari. Elle est emprisonnée pendant presque quinze années, d'abord à Chinon, puis à Salisbury, et dans divers autres châteaux d'Angleterre. Dans un premier temps, Henri II tente de faire dissoudre le mariage (jusqu'à la mort de Rosemonde de Clifford)[réf. nécessaire], mais le cardinal Ugucione, nonce apostolique, lui oppose une fin de non-recevoir[77].
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88
+ En 1183, Henri le Jeune, endetté et auquel son père refuse la Normandie, se révolte à nouveau. Il tend un guet-apens à son père à Limoges, soutenu par son frère Geoffroy et par le roi de France Philippe Auguste. Mais il échoue, et doit subir un siège à Limoges, puis s'enfuir. Il erre ensuite en Aquitaine, et meurt finalement de dysenterie. Mais avant de mourir, il a demandé à son père, le roi Henri II d'Angleterre, de libérer sa mère. De même, en 1184, Henri le Lion et son épouse Mathilde d'Angleterre intercèdent auprès d'Henri II, et la captivité d'Aliénor s'adoucit. Pour la Pâques 1185, il la fait revenir sur le continent lors de la nouvelle révolte de leur fils Richard (Cœur de Lion), fils préféré d'Aliénor, afin qu'elle le ramène à la docilité[78].
89
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90
+ C'est dans la période 1167-1173 qu'elle commence à prendre des décisions d'importance, sans avoir besoin d'une confirmation d'Henri II. Mais là encore, elle n'exerce seule et pleinement le pouvoir, que parce que le roi se retire volontairement[79]. Son activité est suspendue pour la période 1173-1189, avant de reprendre dès sa libération. Lors de cette période de retraite monastique entrecoupée de sorties dans le monde, son autonomie de gouvernement n'est en rien limitée. Sans en faire une reine indépendante, Jean Flori reconnaît qu'elle a tenté d'exercer le pouvoir, ce qui est déjà exceptionnel pour l'époque ; qu'elle l'a fait de manière conjointe et limitée avec Louis VII ; et de manière discontinue et incomplète avec Henri II. Le fait d'être femme a limité ses pouvoirs pendant les périodes de crise[80]. Le principal étant qu'elle montre une inépuisable énergie pour maintenir entier le domaine des Plantagenêt.
91
+
92
+ S'inspirant des conventions maritimes qui existaient déjà en Méditerranée orientale, Aliénor jette les bases d'un droit maritime avec la promulgation en 1160 des Rôles d'Oléron lesquels sont à l'origine de la loi actuelle de l'Amirauté britannique, et du droit maritime moderne. Elle passe également des accords commerciaux avec Constantinople et les ports des Terres saintes[réf. nécessaire].
93
+
94
+ Elle accorde une charte de commune à Poitiers, et modernise la ville : construction de halles, d'une enceinte nouvelle, agrandissement de son palais, etc.
95
+
96
+ Après la mort d'Henri II, le 6 juillet 1189, elle est libérée par ordre du nouveau roi, son fils Richard Cœur de Lion. Elle parcourt alors l'Angleterre, y libère les prisonniers d'Henri II et leur fait prêter serment de fidélité au nouveau roi. Elle y gouverne en son nom jusqu'au début de 1191[81]. Alors que Richard Cœur de Lion est parti pour la troisième croisade, elle va chercher Bérangère de Navarre et la conduit, en plein hiver, par les Alpes et l'Italie, jusqu'à Messine, où Richard s'apprête à appareiller pour la Terre sainte[82]. Aliénor et Bérangère le rejoignent le 30 mars. Ils préparent hâtivement les épousailles. Richard épouse Bérangère à Limassol le 16 mai.
97
+
98
+ Aliénor retourne précipitamment en Angleterre empêcher son plus jeune fils, Jean sans Terre, le mal-aimé, de trahir son frère Richard. Elle n'y parvient qu'un temps : en mars 1193, il cède le Vexin à Philippe Auguste : aussitôt, elle l'assiège avec tous les barons anglo-normands (dont Guillaume le Maréchal) à Windsor[83].
99
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100
+ Sur le chemin du retour, Richard est capturé en Autriche. Indignée par la nouvelle, et par l'absence de réaction du pape (qui protège normalement les croisés), Aliénor écrit néanmoins à celui-ci pour lui demander de l'aide et fustiger son inertie, parvient à rassembler l'énorme rançon (cent cinquante mille marcs d'argent, équivalant à deux années de recettes pour le royaume d'Angleterre[84]) qu'elle apporte elle-même à Mayence à Henri VI, fils de Frédéric Barberousse (hiver 1193–1194)[85].
101
+
102
+ Elle se retire ensuite à Fontevraud. La blessure de Richard Cœur de Lion au siège du château de Châlus-Chabrol la tire de sa retraite. Il meurt le 6 avril 1199, et elle prend aussitôt parti pour son dernier fils Jean[86] : à 77 ans, elle parcourt tout l'Ouest de la France, rallie l'Anjou qui s'était prononcé pour le comte de Bretagne, et fait prêter serment à Jean sans Terre dans son duché d'Aquitaine. En juillet, elle rend hommage au roi Philippe II de France, à Tours, puis rencontre son fils Jean sans Terre à Rouen. Enfin, en janvier 1200, elle est en Castille où elle doit ramener une épouse pour l'héritier du trône de France : elle préfère Blanche de Castille, parmi ses deux petites-filles. Cette enfant deviendra la mère de Saint Louis[87].
103
+
104
+ Aliénor se retire en 1200 à l'abbaye de Fontevraud[90]. Malade, elle ramène néanmoins, en février 1201, le puissant vicomte Aimery VII de Thouars, qui s'était révolté[91], à l'obéissance.
105
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106
+ En juillet 1202, Philippe Auguste déclare Jean sans Terre félon, et saisit ses domaines continentaux. Une de ses armées, à Tours, est commandée par le petit-fils d'Aliénor, Arthur de Bretagne, et menace Fontevraud. Elle fuit l'abbaye pour se réfugier à Poitiers, mais ne peut y parvenir et s'abrite à Mirebeau, y est assiégée par le duc de Bretagne du 15 juillet[92] au 1er août, avant d'être délivrée par son fils Jean[93].
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+
108
+ Elle se retire à nouveau à Fontevraud à l'automne, et meurt à Poitiers, à l'âge de 82 ans, le 31 mars 1204, quelques semaines après la prise de Château-Gaillard par Philippe Auguste[94]. Elle est inhumée à Fontevraud où l'on peut toujours voir son gisant polychrome qui voisine avec ceux de son second mari Henri II Plantagenêt, de son troisième fils arrivé à l'âge adulte Richard Cœur de Lion et d'Isabelle d'Angoulême, l'épouse de Jean sans Terre.
109
+
110
+ Les ducs d'Aquitaine inclus dans ces arbres étaient aussi comtes de Poitiers. On n'a conservé que le premier titre pour alléger le texte et pour respecter la hiérarchie nobiliaire.
111
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112
+ Une « légende noire » s'est tout d'abord constituée autour d'Aliénor d'Aquitaine avant sa réhabilitation par les historiens. Ce personnage historique hors norme a inspiré de nombreuses fictions, notamment romanesques.
113
+
114
+ La représentation d'Aliénor d'Aquitaine sur le mur de la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon est sujette à caution : il pourrait s'agir en fait de son fils Henri le Jeune couronné du vivant de son père ce qui lui permettait de porter couronne et manteau de vair[95].
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116
+ Une rose portant son nom a été créée en 2005[96].
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+ Un timbre poste est édité pour le 800e anniversaire de sa mort (LA POSTE, Aliénor d’Aquitaine v.1122-1204, Timbre-poste, Paris, La Poste, 2004).
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+ Les croisades du Moyen Âge sont des expéditions militaires organisées pour pouvoir mener le pèlerinage des chrétiens en Terre sainte[1] afin d'aller prier sur le Saint-Sépulcre[2]. À cette époque, elles sont d'ailleurs conçues comme une forme très particulière de pèlerinage, un « pèlerinage en armes »[2]. Elles ont été prêchées par des papes, par des autorités spirituelles de l'Occident chrétien comme Bernard de Clairvaux, ou par des souverains comme Frédéric Barberousse.
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+ La première croisade est lancée en 1095 par le pape Urbain II pour rétablir l'accès aux lieux de pèlerinages chrétiens en Terre sainte, autorisé jusque-là par les Arabes Abbassides, mais interdit par les nouveaux maîtres de Jérusalem à partir de 1071, les Turcs Seldjoukides, de nouveaux venus provenant des steppes de l'Asie. À l'époque, Jérusalem n'était plus aux mains des chrétiens depuis de nombreux siècles. La croisade répond aussi à une demande de l'empereur d'Orient, inquiet de l'expansion turque qui menace son empire[2].
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+ Cette première croisade aboutit à la fondation des États latins d'Orient, dont la défense va motiver les sept principales croisades ultérieures, de 1147 à 1291, date de la perte du dernier port encore contrôlé par les chrétiens en Orient, Saint-Jean-d'Acre. Toutefois, dès 1187, moins d'un siècle après sa conquête, les musulmans reprennent définitivement Jérusalem grâce à Saladin, même si les croisés gardent la haute main sur de vastes régions[2].
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+ À partir de la quatrième croisade, qui s'empare de Constantinople en 1204, l'idée est parfois dévoyée : des expéditions sont organisées par le pape contre ses opposants chrétiens (Albigeois, Hohenstaufen, Aragon ou encore Hussites au XVe siècle…) ou païens (baltes). Si elles permettent le maintien provisoire des États latins d'Orient, ces croisades n'ont plus pour objectif Jérusalem.
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+ Les croisés ne firent pas de conquêtes durables, se désintéressèrent de la question une fois que Saladin eut rétabli l'accès aux pèlerinages, hormis pour ceux qui s'étaient installés sur place, et en fin de compte affaiblirent les chrétiens d'Orient plus qu'ils ne les aidèrent.
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+ Les cités marchandes italiennes ont retiré d'immenses profits économiques des croisades, et développé dans la foulée des liens entre les places commerciales européennes. Parallèlement, c'est également à cette période que fait son apparition la violence anti-juive en Europe[2].
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+ La période dite des croisades couvre, selon la définition traditionnelle, les expéditions en Terre sainte, de 1095 à 1291, c'est-à-dire du concile de Clermont à la prise de Saint-Jean-d'Acre. Des historiens la prolongent jusqu'à la bataille de Lépante (1571), en y incluant donc la Reconquista espagnole et toutes les guerres contre les Infidèles et les hérétiques sanctionnées par la papauté, qui y attache des récompenses spirituelles et des indulgences.
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+ Pour L'historien Jacques Le Goff, ces croisades sont une forme pervertie de la foi[3]. Il partage l'opinion de Steven Runciman : « Les hauts idéaux de la croisade ont été gâtés par la cruauté et la cupidité, la hardiesse et la résistance aux épreuves par une dévotion aveugle et étroite, et la Guerre sainte n'a rien été de plus qu'un long acte d'intolérance au nom de Dieu, ce qui est le péché même contre l'Esprit »[4].
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+ Le terme « croisade » n'apparaît pas avant le milieu du XIIIe siècle en latin médiéval (seulement vers 1850 dans le monde arabe) et est rarement utilisé à cette époque[5]. Les textes médiévaux parlent le plus souvent de « voyage à Jérusalem » (iter hierosolymitanum) ou encore de peregrinatio, « pèlerinage »[5]. Plus tard, sont aussi employés les termes de auxilium terre sancte, « aide à la Terre sainte », expeditio, transitio ainsi que « passage général » (expéditions d'armées nationales), « passage régulier » et « passage particulier », ces passages étant des incursions ponctuelles (plus ou moins locales, de brigandage et pillage) et non les « guerres saintes » et « grandes expéditions » que sont les croisades[5].
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+ Le terme de croisade n'apparaît que tardivement en français : le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) fait remonter l'expression « soi cruisier » (se croiser) à la Vie de St Thomas le martyr de Guernes de Pont-Sainte-Maxence datée de 1174, et « croiserie » en ancien français apparaît dans la chronique de Robert-de-Clari durant la quatrième croisade (1204), tandis que l'on trouve l'espagnol cruzada dans une charte en Navarre de 1212. En réalité, ces termes sont des substantifs de l'adjectif crucesignatus, « croisé » (littéralement « marqué par la croix ») qui, lui, apparaît dans la chronique d'Albert d'Aix (sans doute écrite, pour sa première partie, dès 1106) ou du verbe crucesignare, prendre la croix, qui est fréquent au XIIe siècle.
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+ Le terme à proprement parlé de « croisade » apparaît selon le TLFi dans les Chroniques de Chastellain datées d'avant 1475, notant qu'il s'agit d'un substitut de termes proches tels que « croisement », « croiserie » ou « croisière » qui sont plus anciens ; le Dictionnaire historique de la langue française note une première apparition du mot vers 1460 et note également qu'il dérive de « croisement », que l'on rencontre avant la fin du XIIe siècle.
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+ Il est donc clair que ce que nous appelons « première croisade » n'était pas connue sous cette dénomination par ses contemporains.
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+ Du point de vue musulman, les croisades ne sont d'ailleurs pas perçues comme une nouveauté, mais comme la continuation de la lutte contre l'Empire romain d'Orient[6], qui durait depuis plusieurs siècles. Pourtant, il est aussi évident que les contemporains ont eu très tôt conscience que la croisade n'était pas un simple pèlerinage armé ni une opération militaire comme les autres mais bien une réalité différente, alliant les caractéristiques du pèlerinage à Jérusalem aux impératifs d'une guerre pour la défense de la foi[réf. nécessaire].
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+ Jérusalem restait pour les chrétiens le centre du monde spirituel terrestre. Le pèlerin pouvait s'y recueillir devant le calvaire et le Saint-Sépulcre. La « vraie Croix » y était vénérée[7]. Parmi les fidèles se répandait même l'idée que le pèlerinage lavait les péchés.
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+ La conquête de la Palestine par les Arabes (Jérusalem fut prise en 638) n'affecta guère les pèlerinages vers les lieux saints ; les Fatimides imposèrent simplement une redevance aux pèlerins[8]. Les dangers à braver en chemin faisaient partie de la spiritualité du pèlerinage. Avec la fin de la piraterie dans la seconde moitié du Xe siècle, le flux des pèlerins s'amplifia. En 1009, le calife fatimide du Caire, al-Hakim, fit détruire le Saint-Sépulcre[8]. Son successeur permit à l'Empire byzantin de le rebâtir, et les pèlerinages furent à nouveau autorisés.
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+ Ainsi, lors de l'invasion arabe, les chrétiens ne songèrent guère à reprendre le contrôle des lieux saints[2]. L'Occident chrétien n'en n'avait ni la force ni même le désir, et les relations avec les musulmans qui gouvernaient en Terre sainte étaient dans l'ensemble assez bonnes[2].
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+ À l'approche du millénaire de la mort du Christ (1033), le flot des pèlerins augmenta encore. De nombreux monastères furent construits dans la ville. Les plus riches pèlerins étaient parfois dépouillés par les bédouins[9], et certains groupes de pèlerins s'organisèrent en véritables troupes armées. En 1045, l'abbé Richard emmenait avec lui sept cents compagnons qui ne purent arriver que jusqu'à Chypre. L'historien Jacques Heers[10] mentionne un pèlerinage d'une troupe importante, conduite en 1064 par Siegfried, archevêque de Mayence, attaquée et presque entièrement décimée à Ramallah par des Bédouins le 25 mars 1065.
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+ Surtout, la prise de Jérusalem par les Turcs Seldjoukides aux Arabes Fatimides en 1071 font de la Terre sainte un endroit plus dangereux qu'auparavant, serait-ce que parce que les nouvelles élites turques converties à l'islam sont moins cultivées, moins tolérantes et plus belliqueuses que les élites arabes[2]. L'historien Robert Mantran indique toutefois que des pèlerinages, dont six entre les années 1085 et 1092, semblent s'être déroulés sans difficultés particulières[11].
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+ L'histoire des croisades s'inscrit à la suite d'une longue période de lutte défensive contre les invasions sarrasines.
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+ Dès le VIIIe siècle, la chrétienté occidentale est confrontée à l'expansion de l'islam ; la péninsule ibérique est occupée et le royaume franc est envahi jusqu'à Poitiers. Une première phase de présence des armées omeyyades est enregistrée entre 719 et 759 dans la province de Septimanie, avec Narbonne pour capitale.
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+ Du IXe siècle au XIe siècle, les côtes méditerranéennes continuent à subir les assauts répétés de bandes armées bien organisées. Malgré l'extension de l'empire carolingien et sa puissance certaine, la Méditerranée reste dominée par la piraterie musulmane. Le contrôle de la Sicile, de la Corse, des îles Baléares et de la péninsule ibérique leur permet une grande mobilité au long des côtes de Septimanie, de Provence, et du sud de l'Italie où ils mènent des raids et des razzias profondément à l'intérieur des terres[12]. Entre 890 et 973, une seconde phase de présence musulmane s'établit en Provence pendant près de 80 ans, au cours de laquelle ils établirent plusieurs camps fortifiés[13]. Au XIe siècle, l'affaiblissement des structures politiques du califat fatimide permet aux chrétiens la reconquête progressive des terres occupées. La Sicile repasse ainsi sous domination chrétienne dans la seconde moitié du XIe siècle.
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+ Les Romains d'Orient (dits « byzantins » depuis le XVIe siècle) parlaient grec, étaient chrétiens, mais restaient attachés à la Pentarchie et ne reconnaissent pas la primauté de Rome depuis la querelle du Filioque en 1054 (séparation des Églises d'Orient et d'Occident).
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+ À l'époque de la première croisade, les Byzantins nommaient les Occidentaux « Francs » ou « Celtes », mais les Occidentaux qu'ils connaissaient le mieux étaient les Normands. D'abord employés comme mercenaires, appréciés par les généraux byzantins pour leur courage et leur cohésion, ils s'émancipèrent rapidement. En 1071, ils réalisent la conquête de toute l'Italie du Sud[14] où ils fondent un royaume indépendant. De 1081 à 1085, ils mènent une série d'attaques contre la Grèce sous la direction de Robert Guiscard.
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+ Afin de faire face à ses nouveaux ennemis, Turcs seldjoukides, l'empereur byzantin demande l'aide de troupes occidentales. Au concile de Plaisance de juin 1095, les ambassadeurs de l'empereur byzantin Alexis Comnène réclament aux Occidentaux une assistance militaire pour lutter contre les Turcs. Byzance n'appelle pas pour autant à la croisade pour délivrer Jérusalem : lutter contre les menaces présumées des Arabes et certaines des Turcs est avant tout une question de défense de l'Empire[15].
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+ D'ailleurs, si la pénétration des Seldjoukides en Asie mineure byzantine s'était accompagnée de plusieurs pillages et exactions contre les populations locales, en Syrie, déjà sous domination musulmane, l'arrivée des Turcs suscite moins de brutalité[16] et les chrétiens locaux ne semblent pas demander d'aide.
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+ À la fin du XIe siècle, le Proche-Orient est divisé. Au Sud, les Fatimides chiites sont au pouvoir en Égypte et contrôlent une partie de la Palestine. Le reste du Proche-Orient est sous la domination des Seldjoukides, un peuple turc nomade converti à l'islam sunnite au IXe siècle qui a mis fin à l'empire arabe et d'une manière générale à la suprématie des Arabes ; Arabes absents des croisades pour cette raison. En 1055, les Seldjoukides prennent le contrôle du califat abbasside à Bagdad[17]. Après la victoire de Mantzikert en 1071, les Turcs atteignent le Bosphore, mais très tôt, l'Empire seldjoukide est divisé en une série de principautés rivales dont la principale était le sultanat de Roum. La Syrie est aussi divisée en plusieurs États indépendants autour d'Alep, de Damas, de Tripoli, d'Apamée et de Shaizar.
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+ Au Proche-Orient les divisions sont d'ordre religieux et ethnique. Les Turcs sunnites sont minoritaires. La population arabe était de confession chiite, ismaélienne ou chrétienne[18]. Les chrétiens sont eux-mêmes de différentes tendances : orthodoxes, melkites, et monophysites. Il y a des Arméniens en Syrie du Nord. Pour ces populations musulmanes ou chrétiennes, les croisades sont des expéditions militaires de secours après l'invasion musulmane, expéditions auxquelles ils prennent part en faisant entrer les croisés dans Antioche, ou pendant la traversée du Liban avant le siège de Jérusalem[Lequel ?][19].
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+ L'affaiblissement de l'islam a permis l'essor du commerce par les villes italiennes en Méditerranée. Venise, Bari et Amalfi nouent des liens avec l'Orient, et, Pise et Gênes ont chassé les Sarrasins de la mer Tyrrhénienne[20]. La Méditerranée devient un lac latin. Les villes italiennes créent des comptoirs de commerce fructueux, qu'elles réussiront à conserver après la fin des croisades. Elles détournent à leur profit le commerce entre Orient et Occident. Les croisades sont une étape décisive de l'essor de l'Occident chrétien et du déclin du monde arabe amorcé dès le Xe siècle en Orient.
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+ Vingt ans après la prise de Jérusalem aux Arabes par les Turcs et six mois après le concile de Plaisance, Urbain II convoque un concile à Clermont en 1095 auquel participent surtout des évêques francs. Un des canons du concile promet l'indulgence plénière, c'est-à-dire la remise de la pénitence imposée pour le pardon des péchés (et non la rémission des péchés) à ceux qui partiront délivrer Jérusalem. Pour clore le concile, au cours d'un célèbre prêche public le 27 novembre 1095, Urbain appelle aux armes toute la chrétienté. Il évoque les « malheurs de chrétiens d'Orient ». Il appelle les chrétiens d'Occident à cesser de se faire la guerre et à s'unir pour combattre les « païens[réf. nécessaire] » et délivrer les frères d'Orient. Il ne cache pas les souffrances qui attendent les pèlerins[21]. À cet appel lancé directement aux chevaliers sans passer par les rois, la foule enthousiaste répond : « Deus lo volt » (Dieu le veut) et décide de prendre la croix, c'est-à-dire fait vœu d'aller à Jérusalem. Le signe de ce vœu est une croix de tissu, symbole de renoncement et d'appartenance à la nouvelle communauté des pèlerins en armes dotés de privilèges. On appelle ceux qui la portent les cruce signati[N 1].
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+ Urbain II essaie alors de tempérer l'enthousiasme que son appel a suscité et qu'il juge déraisonnable : les clercs ont interdiction de partir sans le consentement de leur supérieur, les jeunes maris sans celui de leur femme et les laïcs sans celui d'un clerc. Urbain II reste dix mois de plus en Francie occidentale pour y prêcher la croisade. Son appel s'adresse surtout à son milieu d'origine, la noblesse franque du Sud de la Loire. Mais à l'été 1096, les contingents réunis dépassent largement ce cadre[22]. Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et son frère Baudouin de Boulogne ont rejoint l'expédition, ainsi que le frère du roi, Hugues de Vermandois, Robert II de Normandie et Étienne de Blois. Bohémond, fils aîné de Robert Guiscard, décide lui aussi de se « croiser ». Le départ est fixé au 15 août 1096.
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+ Le succès considérable, qui parait peu explicable dans l'état d'esprit actuel du moins, pourrait avoir, disent certains, des explications matérielles : le mouvement de paix et le resserrement des liens vassaliques limitent les possibilités d'aventure en Occident. En partant en croisade, le chevalier peut ainsi garder sa possibilité de salut sans renoncer pour autant au métier des armes[23]. Il convient toutefois d'observer que le départ en croisade est très couteux, certains croisés vendent leurs biens pour s'équiper à cette fin et subissent un préjudice grave du fait de leur longue absence. Jacques Heers précise dans L'islam cet inconnu que les croisés « quittaient leurs biens et leurs familles pour se mettre au service de Dieu »[réf. nécessaire].
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+ De nombreux prédicateurs populaires relaient l'appel de la croisade. Le plus connu est Pierre l'Ermite. Beaucoup attendant l'Apocalypse partent sans espoir de retour avant la date officielle fixée par le pape. Pierre l'Ermite commence sa prédication dans le Berry, puis l’Orléanais, la Champagne, la Lorraine et la Rhénanie, emmenant dans son sillage quinze mille pèlerins, encadrés par des nobles et des chevaliers dont Gautier Sans-Avoir. Arrivé à Cologne le 12 avril 1096, il continue de prêcher auprès des populations germaniques, tandis que Gautier Sans-Avoir conduit les pèlerins en direction de Constantinople[24].
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+ Des bandes parties de Rhénanie s'acharnent au départ sur les communautés juives des villes rhénanes, cherchant à les convertir de force. Le refus du baptême est, pour le peuple, considéré comme une insulte à Dieu pouvant attirer sa colère sur les hommes[25]. Présents depuis des siècles, les Juifs deviennent soudain des étrangers et des assassins du Christ qu'il convient de punir avant de délivrer les lieux saints comme Jérusalem [26]. Peut-être douze mille Juifs ont-ils péri en 1096[27]. Certains évêques protègent la communauté de la ville[28],[29]. Le pape condamne ces violences, souvent l'œuvre de la lie de la société. Il ne semble pas que Pierre l’Ermite ait appelé à persécuter les Juifs, mais les terreurs créées par les pogroms commis en Germanie lui permettent d'obtenir des communautés juives des régions qu’il traverse le ravitaillement et le financement des croisés.
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+ Ayant persuadé un certain nombre de Germaniques à partir, Pierre l'Ermite quitte Cologne à la tête d’environ douze mille croisés le 19 avril 1096 et traverse le Saint-Empire et la Hongrie en suivant le Danube. Sur le chemin, les troupes dirigées par Pierre l'ermite se livrent à des confrontations locales dans Belgrade et dans le faubourg de Constantinople, incapables de s'acheter par leur propres moyens leur nourriture. Les groupes partis du Nord de Francie occidentale et de Rhénanie en avril 1096, arrivent sans trop de difficultés à Constantinople quelques mois plus tard. Mais la plupart des groupes germaniques ne sont jamais arrivées à Constantinople, anéanties ou dispersées par les troupes hongroises[28].
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+ Quatre armées de chevaliers partent à la date prévue. Celle de la Francie du Nord et de la Basse-Lorraine, conduite par Godefroy de Bouillon suit la route du Danube. La deuxième armée venant des régions du Sud de la Francie, dirigée par le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, et le légat du pape, Adhémar de Monteil passe par la Lombardie, la Dalmatie et le Nord de la Grèce. La troisième, d'Italie méridionale, commandée par le prince normand Bohémond gagne Durazzo par mer. La quatrième, de la Francie centrale, dont les chefs sont Étienne de Blois et Robert de Normandie passe par Rome[30].
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+ Si les premières arrivées se passent bien, au fur et à mesure que les troupes croisées arrivent, les incidents se multiplient. Les croisés se livrent à des pillages et à des violences[31]. L'empereur Alexis Ier Commène cherche à obtenir un serment d'allégeance de la part des chefs croisés, et à rendre à l'empire toutes les terres qui lui appartenaient avant l'invasion turque. La plupart acceptent[32]. Les croisés assiègent Nicée qui est rendue en juin 1097 aux Byzantins. Ils battent plusieurs émirs turcs en marchant à travers l'Anatolie, traversent le Taurie, parviennent en Cilicie et mettent le siège devant Antioche le 20 octobre 1097[33].
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+ Les croisés manifestent des ambitions territoriales pour leur propre compte. Baudouin de Boulogne aide l'arménien Thoros à secouer la tutelle turque à Édesse et devient son héritier. Le siège d'Antioche est long et difficile. Les croisés développent un fort ressentiment contre les Byzantins qu'ils accusent de double jeu avec les Turcs. Bohémond réussit à faire promettre aux combattants qu'il prendrait possession de la ville, s'il y entrait en premier et si l'empereur byzantin ne venait pas lui-même prendre possession de la ville. Grâce à une complicité intérieure, il parvient à entrer dans la ville. Aussitôt les assiégeants se retrouvent assiégés par les Turcs et subissent un siège très éprouvant. L'armée de secours, dirigée par Bohémond parvient à vaincre les Turcs sans l'aide de l'empereur. Les croisés s'estiment déliés de leur serment de leur fidélité et gardent la ville pour eux[34].
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+ Pendant l'été, les chefs croisés prennent le contrôle des places-fortes dans les régions voisines d'Antioche. L'historien arabe Ibn Al Athir rapporte que de nombreux actes de barbarie ont été perpétrés par de très nombreux croisés fanatisés. C'est le cas lors de la prise de Maara (Maarat al'Nouman) où la population est massacrée malgré la promesse de Bohémond de laisser la vie sauve à ses habitants. « A l'aube, les Franj arrivent : c'est le carnage. Pendant trois jours ils passèrent les gens au fil de l'épée »[35].
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+ Mais le plus terrifiant reste ces actes de cannibalisme rapportés par le chroniqueur franc Raoul de Caen « A Maara, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans les marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés » ou par un autre chroniqueur franc Albert d'Aix « Les nôtres ne répugnaient pas à manger non seulement les Turcs et les Sarrasins tués mais aussi les chiens ! »[36]. Le supplice de la ville de Maara ne prend fin que le 13 janvier 1099 (soit environ un mois après la prise de la ville), lorsque des centaines de Franj armés de torche parcourent les ruelles, mettant le feu à chaque maison. Ce terrible épisode contribue à creuser entre les Arabes et les Franj un fossé que plusieurs siècles ne suffisent pas à combler. Les populations paralysées par la terreur ne résistent plus et les émirs syriens s'empressent d'envoyer aux envahisseurs des émissaires chargés de présents pour les assurer de leur bonne volonté, leur proposer toute l'aide dont ils auraient besoin.
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+ L'armée ne prend la route de Jérusalem qu'en janvier 1099[37]. Les chrétiens syriens indiquent la route la plus sûre aux chevaliers latins. Ils descendent le long de la côte, prenant plusieurs villes. Ils prennent Bethléem le 6 juin et assiègent Jérusalem le lendemain. Par une ironie de l'histoire, les Arabes avaient entretemps repris la ville aux Turcs[réf. souhaitée]. Les croisés manquent d'eau, de bois, d'armes et ne sont pas assez nombreux pour investir la ville. Une expédition à Samarie et l'arrivée d'une flotte génoise à Jaffa leur fournissent tout ce qui leur manque.
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+ Jérusalem est prise le 15 juillet 1099 après un assaut de deux jours. Une fois les croisés entrés dans la ville, de nombreux habitants furent tués jusqu'au matin suivant. Le bilan humain varie selon les sources : pour les auteurs chrétiens, 10 000 morts, pour les musulmans, de 30 000 à 50 000. Le gouverneur de Jérusalem s'était barricadé dans la Tour de David, qu'il donna à Raymond en échange de la vie sauve pour lui et ses hommes. Ils purent se rendre à Ascalon avec la population civile musulmane et juive survivante.
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+ Un certain nombre de pèlerins après avoir accompli leurs dévotions prirent le chemin de retour. Ils ont délivré Jérusalem, et donc accompli leur vœu. D'autres croisés s'apprêtèrent à rester en Orient. Godefroy de Bouillon fut élu par les siens comme prince de Jérusalem. Godefroi n'a joué aucun rôle décisif pendant la croisade mais les barons préférèrent ce conciliateur sans ambition à l'impétueux et intransigeant Raymond de Saint-Gilles désigné par le pape comme chef militaire de la croisade[38]. Il refusa d'être nommé roi du royaume de Jérusalem. Il dit : « Je ne porterais pas une couronne d'or, là où le Christ porta une couronne d'épines ». Il prit alors le nom d'Avoué du Saint-Sépulcre, soit advocatus Sancti Sepulchri, réservant les droit éminents du nouvel État à l'Église. En septembre, il resta seul dans ses nouvelles possessions avec seulement trois cents chevaliers et deux mille piétons. Les établissements francs étaient très isolés les uns des autres et mal reliés à la mer[39]. Jérusalem devint la capitale du royaume latin de Jérusalem qui s'étendait jusqu'à la mer Rouge et à l'isthme de Suez. Repeuplée de chrétiens, elle était le siège des ordres militaires du Temple de Jérusalem et de l'hôpital de Saint-Jean, ainsi qu'un site actif de pèlerinage. Jérusalem devint alors une cité romane. Le Saint-Sépulcre fut reconstruit en 1149. Une citadelle fut édifiée, dite tour de David[40]. Chrétiens d'Orient et Latins cohabitèrent sans trop de difficultés.
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+ En Occident, la nouvelle de la prise de Jérusalem provoqua le départ de nouvelles armées dépassant parfois le millier d'hommes. Mais faute d'ententes, ces croisades échouèrent toutes en Anatolie, face aux Turcs qui avaient provisoirement refait leur unité. La mer devint alors le seul moyen de communication avec l'Occident. L'archevêque Daimbert de Pise, arrivé à Jaffa avec cent vingt bateaux, se fit nommer patriarche latin de Jérusalem, et suzerain de la principauté d'Antioche et du royaume de Jérusalem, se fit attribuer un quart de Jérusalem et la totalité de Jaffa. Godefroi, de son côte promit aux Vénitiens qui venaient de prendre Haïfa, le tiers de toutes les villes qu'ils aideraient à conquérir[41]. Des contingents, norvégiens, arrivés eux aussi par bateau aidèrent également les croisés établis en Terre sainte à occuper les villes de la côte[30].
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+ Quelques mois plus tard, après la mort de Godefroi, son frère Baudouin, comte d'Édesse, se fit couronner Roi de Jérusalem par le patriarche latin de la ville. Il étendit le royaume de Jérusalem par les conquêtes d'Arsouf, de Césarée, de Beyrouth et de Sidon. De son côté, Raymond de Toulouse fit la conquête, avec l'aide de Gênes du comté de Tripoli[42]. Les marchands italiens, d'abord réticents à l'idée d'une aventure guerrière risquant de détériorer leurs relations commerciales avec l'Orient, commencèrent à voir dans les croisades un moyen d'élargir le champ de leurs activités et d'acheter les produits d'Orient à leur source, sans passer par l'intermédiaire des musulmans ou des Byzantins[43].
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+ À partir de 1128, l'Islam reprit l'initiative autour des souverains de Mossoul, l'atabeg Zengi. Le pape Calixte II songea à organiser une nouvelle croisade pour secourir les Latins d'Orient mais son appel demeura sans suite. Cependant, durant tout le XIIe siècle, des pèlerins, individuellement ou en groupe, accomplirent le pèlerinage vers Jérusalem et secoururent les Francs[30]. Zengi parvint à reprendre Édesse.
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+ L'initiative de la croisade revient au roi Louis VII. Il désirait se rendre en pèlerinage à Jérusalem pour expier ses fautes[44] : un crime dont le souvenir le tourmentait : l’incendie de l'église de Vitry-en-Perthois dans laquelle plus de mille personnes trouvèrent la mort[45]. Il obtient du pape la nouvelle promulgation d'une bulle de croisade, jusque-là sans effet. La prédication revient à Bernard de Clairvaux à Vézelay le 31 mars 1146 puis à Spire. En Germanie, la prédication populaire d'un ancien moine cistercien provoque une nouvelle flambée de violence contre les Juifs que Bernard de Clairvaux parvient à stopper[46].
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+ Les armées franques et germaniques réunissent plus de 200 000 croisés, dont une bonne part d'éléments populaires particulièrement indisciplinés et prompts à la violence, principalement dans l'armée de Conrad III, l'empereur germanique. Une grande partie n'est pas composée de soldats mais de civils : des gens pauvres, qui se sont croisés pour se faire pardonner leurs péchés et assurer leur salut dans la vie éternelle. Il n'est donc guère surprenant que l'empereur germanique ait eu peu de contrôle sur une telle armée. Conrad III part de Ratisbonne en mai 1147 suivant la rive du Danube en direction d’Édesse. Les Francs, ayant à leur tête Louis VII, partent de Paris un mois plus tard, soit en juin 1147, par le même chemin que les troupes germaniques. L’indiscipline dans l’armée germanique provoque des incidents dans les Balkans.
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+ À Constantinople, l’empereur byzantin Manuel Ier Comnène souhaite retrouver sa suzeraineté sur Antioche et demande aux deux souverains de lui prêter hommage. Conrad III et Louis VII refusent. Ils perdent donc l’appui et l’aide des Byzantins qui refusent de les approvisionner, ce qui a pour conséquence de compliquer la traversée de l’Asie Mineure. L'empereur de Constantinople, soucieux de voir les importants effectifs croisés aux portes de sa cité, les presse de franchir le Bosphore pour rejoindre l'Asie.
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+ Alors que les armées byzantines sont occupées à surveiller les croisés, Roger II de Sicile en profite pour s'emparer de Corfou, de Céphalonie et pour piller Corinthe et Thèbes. C'est l'amiral Georges d'Antioche, émir des émirs, c'est-à-dire premier ministre de Roger II, qui, bien que syrien et orthodoxe, commande de la flotte sicilienne opérant les ravages sur les rivages byzantins. La deuxième croisade favorise donc les ambitions normandes dans l'Empire byzantin. Manuel Ier Comnène se résigne à signer un traité avec le sultan de Roum[47].
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+ Les relations s'enveniment entre Francs et Germaniques, qui décident de cheminer séparément. L’armée de Conrad est battue à Dorylée. Conrad se réconcilie avec Manuel qui lui propose des vaisseaux byzantins qui les emmènent à Acre. Louis VII et son armée suivent le littoral, mais harcelés dans la vallée du Méandre, il abandonne les non-combattants à Antalya. Ces derniers, privés de protection militaire sont massacrés par les Turcs. À ce moment de l’expédition, les trois quarts des effectifs partis d'Europe ont disparu.
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+ Louis VII embarque avec ses chevaliers vers Antioche. Raymond de Poitiers, prince d'Antioche, lui propose une expédition contre Alep, qui menace ses possessions. Mais il ridiculise Louis VII en ayant une aventure avec sa nièce Aliénor d'Aquitaine, épouse du roi[48]. Louis VII soucieux de réaliser son pèlerinage, peu enclin à écouter son rival et ignorant les réalités militaires des États latins d'Orient, refuse. Il rejoint donc Conrad à Jérusalem. Leur pèlerinage terminé, certains repartent en Europe ; les deux souverains se laissent entraîner par les barons de Jérusalem dans une expédition contre, non pas Édesse comme prévu, mais Damas. Les croisés abandonnent le siège au bout de quatre jours (24-28 juillet 1148). La deuxième croisade se termine sans aucun résultat. Le prestige de Louis VII est fortement entamé. L’échec de cette deuxième croisade est attribué par l’opinion populaire aux excès de péchés des croisés. L'échec de la deuxième croisade est même reproché à Bernard de Clairvaux car il avait prêché une croisade de pénitence sans se soucier de son organisation[49].
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+ Les atabeks de Mossoul ont remis à l'honneur le thème du djihad et étendent leur contrôle de la Syrie. Nur-al-Dîn, le fils de Zengi, s'assure le contrôle définitif d'Édesse[50]. Les chefs des États latins sont obligés de s'allier avec l'empire byzantin. Les vizirs fatimides se maintiennent en faisant appel soit aux Francs et soit aux Syriens[51]. Finalement Saladin, qui est un kurde à l'esprit religieux, parvient à devenir vizir du dernier fatimide et, à la mort de celui-ci, devient lieutenant de l'atabek pour l'Égypte et rétablit le sunnisme (1169), réalisant ainsi l'union de la Syrie et de l'Égypte.
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+ Saladin attaque les positions franques[52]. Il cherche à isoler les Latins. il conclut pour cela des alliances avec les Seldjoukides en 1179, avec l'Empire byzantin et Chypre en 1180. En effet, l'Empire byzantin est menacé en Europe par les Hongrois, les Serbes et les Normands de Sicile et n'a plus les capacités de soutenir ses anciens alliés.
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+ Une trêve avec les Latins est cependant conclue en 1180. Elle est renouvelée en 1185. Saladin en profite pour s'assurer le contrôle d'Alep et de Mossoul. En même temps, de graves dissensions internes minent le royaume de Jérusalem.
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+ Le roi Baudouin IV de Jérusalem est très malade — il est lépreux. La classe dirigeante se déchire sur sa succession. Le royaume de Jérusalem, menacé, ne peut compter sur aucun secours extérieur. À la mort de Baudouin, Sibylle, sœur du roi défunt, et son mari Guy de Lusignan sont couronnés. Raymond III, comte de Tripoli, déçu d'être écarté, demande l'aide de Saladin. Celui-ci refuse dans un premier temps car il vient de renouveler la trêve avec le royaume. Mais Renaud de Châtillon, un seigneur brigand, pille une caravane arabe se rendant à Damas en 1187 et refuse, malgré l'ordre du nouveau roi, de rendre le butin. Saladin proclame la guerre sainte[53].
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+ Lors de la bataille de Hattin, les chevaliers francs sont presque tous capturés et ne sont délivrés qu'en échange d'une rançon ou de leurs châteaux[54]. Renaud de Châtillon, deux cents Templiers ou Hospitaliers sont tués et presque tous les chevaliers sont capturés. Les sergents ou piétons sont massacrés ou vendus comme esclaves. Saladin prend l'une après l'autre les places fortes de l'intérieur. Il autorise le départ contre rançon d'une partie des combattants et des habitants vers Tyr pour embarquer vers l'Europe, le reste de la population est livrée à l'esclavage. À Jérusalem, Balian d'Ibelin obtient de Saladin une capitulation honorable permettant le rachat d'un tiers de la population le 2 octobre 1187 (environ 10 000 habitants sont livrés à la déportation et l'esclavage[19]).
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+ Les proclamations triomphales envoyées à travers le monde musulman y consacrent la gloire du vainqueur[55]. Les établissements sont alors réduits à Tyr et à Beaufort pour le royaume de Jérusalem et à Tripoli, au Krak des Chevaliers, à Antioche et à Margat au nord[54].
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+ Quand la nouvelle de la prise de Jérusalem par Saladin parvient en Occident, le pape Grégoire VIII lance des appels à une nouvelle croisade et à la paix. Richard de Poitou, futur Richard Cœur de Lion, prend la croix le premier, bientôt suivi par son père, Henri II d'Angleterre et par le roi de France, Philippe Auguste. Dans le même temps, la flotte navale de Guillaume II de Sicile fait voile vers les avant-postes de Tripoli, Antioche et Tyr et assure le ravitaillement des dernières places fortes en armes et en hommes[56]. Le même mois, l'empereur Frédéric Ier Barberousse quitte Ratisbonne avec la plus grande armée croisée jamais rassemblée, au moins 20 000 chevaliers. Il suit la route terrestre.
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+ L'hostilité entre Byzantins et croisés germaniques est très importante et Barberousse menace de marcher sur Constantinople. Sous la pression, l'empereur Isaac Ange signe la paix et s'engage à faire traverser le détroit à l'armée germanique. Alors que la traversée de l'Anatolie s'achève, Barberousse se noie accidentellement le 10 juin 1190 dans les eaux du fleuve Saleph, (actuellement Göksu, « eau bleue » en Asie Mineure) et une grande partie de ses troupes retourne en Europe. Quelques centaines de chevaliers germaniques seulement parviennent à Acre.
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+ Un conflit franco-anglais retarde le départ des rois des deux royaumes jusqu'en 1190. Embarquant à Gênes et à Marseille, les troupes de croisés hivernent en Sicile où ils se disputent sur de nombreux sujets politiques et personnels[56]. La prise de Chypre par le roi d'Angleterre assure aux croisés une base proche du lieu des conflits[57].
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+ En Terre sainte, le roi de Jérusalem Guy de Lusignan a commencé à assiéger Saint-Jean-d'Acre avec une petite troupe en août 1188[56]. Les deux souverains arrivent à Acre avec la plus grande armée franque jamais réunie. Les troupes de Saladin la tiennent à leur tour dans un demi-siège préjudiciable à ses communications et à son ravitaillement. Mais Saladin ne parvient pas à briser l'encerclement d'Acre et les Francs reprennent la ville aux musulmans le 12 juillet 1192 après deux ans de siège.
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+ L'échec des musulmans tient en partie à leur mode de combat, inadapté à celui de l'armée franque, mais surtout à la lassitude des troupes musulmanes. Les alliés et les vassaux avaient été contraints d'amener des contingents, mais la campagne avait été trop longue et n'avait même pas la perspective d'un butin compensateur[55].
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+ Après la prise d'Acre, Philippe Auguste retourne en France[58]. Richard Cœur de Lion, resté seul, bat les musulmans à Arsouf. Arrivé à Jaffa en septembre, il passe l'année en Palestine du sud, période durant laquelle il fait reconstruire Ascalon pour fortifier les frontières méridionales du Royaume de Jérusalem. Il force l'admiration de l'ennemi par ses prouesses.
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+ Par deux fois (en décembre 1191 puis en juin 1192), il parvient à quelques kilomètres de Jérusalem, mais ne peut reprendre la ville. En effet, il ne peut pénétrer trop longtemps à l'intérieur des terres sous peine de voir ses communications coupées. Il s'occupe aussi de régler les problèmes dynastiques du royaume de Jérusalem. Guy de Lusignan, dont la femme était décédée, conserve le titre royal qui doit revenir à sa mort à Isabelle, l'héritière du trône, et à son époux Conrad de Montferrat. Après avoir signé un traité par lequel Saladin renonce à éliminer les colonies franques de Syrie, il repart pour l'Angleterre en octobre 1192 et est capturé par Léopold V de Babenberg, duc d'Autriche et emprisonné pendant un an et demi.
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+ La troisième croisade a empêché la chute de la Syrie franque et permis l'établissement d'un second royaume de Jérusalem, en fait royaume d'Acre, réduit à une frange côtière où les communautés marchandes italiennes jouent un rôle considérable[59]. Les souverains anglais et français se détournent désormais de la croisade. Pour les chevaliers, elle devient une sorte de rite de passage et une institution. En 1194, l'ordre des Trinitaires est fondé par Jean de Matha pour le rachat des captifs prisonniers des musulmans. Il est plus tard confirmé par le pape Innocent III dans la bulle Operante divine dispositionis.
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+ L'empereur Henri VI, fils de Frédéric Barberousse et maître du royaume de Sicile veut reprendre la croisade à son compte dans le but d'imposer sa suzeraineté à l'empereur byzantin et aux royaumes nouvellement institués de Chypre et d'Arménie. Il lance l'appel à la Croisade à Bari en 1195 ; les Allemands se rassemblent en Italie du sud au cours de l'été et débarquent à Acre en septembre 1197. Ils prennent Sidon et Beyrouth et rétablissent la continuité territoriale entre Acre et Tripoli, mais leur armée se disperse immédiatement après l'annonce de sa mort, survenue à Messine le 28 septembre 1197.
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+ Les années entre 1187 et 1204 marquent un tournant dans l'histoire de l'Orient latin :
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+ La quatrième croisade est appelée par le pape Innocent III en 1202. Dès le début de son pontificat, il souhaite lancer une nouvelle croisade vers les lieux saints d'inspiration purement pontificale. Il forge l'idée de « croisades politiques » qui sera reprise par ses successeurs. Il lève le premier des taxes pour financer les croisades et exprime le premier le droit à « l'exposition de proie », c'est-à-dire le droit pour le pape d'autoriser les catholiques à s'emparer des terres de ceux qui ne réprimeraient pas l'hérésie[60].
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+ La croisade est prêchée en France par le légat Pierre de Capoue et le curé de Neuilly-sur Marne, Foulques de Neuilly, avec beaucoup de succès auprès de la noblesse champenoise[61]. Elle est dirigée par le marquis Boniface de Montferrat.
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+ Mais la IVe croisade ne prend pas le tour prévu par le pape. Les croisés traitent avec Venise. Ils louent une flotte pour 85 000 marcs d'argent pour transporter 4 500 chevaliers, 9 000 écuyers et 20 000 fantassins. Les croisés, qui ne peuvent pas payer leurs voyages aux armateurs vénitiens, sont détournés par eux à Zara (Zadar) sur la côte dalmate qu'ils assiègent et prennent pour le compte de Venise. Le pape excommunie les croisés et Venise mais lève très vite l'excommunication pour les croisés[62]. Philippe de Souabe, beau-frère d'Alexis Ange, fils de l'empereur byzantin déchu Isaac II, promet l'aide de l'Empire byzantin pour la croisade si Isaac est rétabli dans son trône[63]. Ceci est fait en 1203 après un premier siège de Constantinople. Mais Isaac II et son fils devenu Alexis IV sont renversés par le parti antilatin de la ville, dirigé par Alexis Murzuphle. Les croisés s'emparent alors de la cité pour leur compte en 1204. Enrico Dandolo fait désigner Baudouin de Flandre comme empereur d'Orient. Innocent III accepte le fait accompli se satisfaisant des promesses d'union des Églises et de soutien aux États latins d'Orient. Innocent III espère tirer parti des divisions byzantines pour rétablir l'unité de l'Église[64] Mais, informé des excès des croisés, il parle le premier de détournement de la croisade et accuse les Vénitiens. Le concept de déviation est donc contemporain de la quatrième croisade[65].
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+ Si Innocent III est à l'origine du dévoiement de l'idée de croisades, la responsabilité de Venise est écrasante dans la prise de Constantinople. La république utilise au mieux les circonstances pour servir ses intérêts. Depuis 1082, elle a obtenu dans l'Empire byzantin des privilèges commerciaux immenses qui ont presque sans arrêt été renouvelés. Mais elle se sent menacée par la concurrence commerciale de Gênes et de Pise qui ont obtenu des avantages semblables, par la piraterie que l'Empire byzantin ne réprime pas et par l'hostilité de plus en plus grande des Grecs. En 1172 et 1182, des émeutes anti-latines ont abouti au massacre et à l'expulsion de marchands italiens.
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+ Attaqué de toute part l'Empire est en voie de désagrégation. La conquête de Constantinople permettrait aux Vénitiens de circuler dans la mer Noire qui est pour l'instant interdite aux étrangers. Les intérêts économiques de Venise la poussent à vouloir dominer Constantinople[66]. Le doge Enrico Dandolo dispose de moyens de pression considérables : les créances des croisés, le « bon droit » d'Alexis IV et les immenses richesses dans la vieille capitale.
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+ En fait, l'empire vénitien sera l'établissement le plus durable de ceux issus de la quatrième croisade[67]. À Venise, échoit un quartier entier de Constantinople, les ports de Coron et de Modon au sud du Péloponnèse et la Crète qui fournit à partir du XIVe siècle, le bois, le blé et les denrées agricoles. Les îles grecques où se sont installées de familles vénitiennes restent plus ou moins dans la mouvance de la Sérénissime[68].
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+ La déviation de l'idée même de croisade et le pillage de Constantinople chrétienne transforment les ordres militaires en puissances financières et, par là même, politiques[69].
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+ La cinquième croisade est précédée de la croisade des enfants déclenchée simultanément dans la région parisienne, en Rhénanie et dans le nord de l'Italie, peu après l'émotion suscitée, à la Pentecôte 1212, par les processions ordonnées pour aider à la victoire sur les Sarrasins d'Espagne. À la suite d'une vision, le jeune Berger Estienne de Cloyes-sur-le-Loir rassemble des pèlerins et les mène vers Saint-Denis pour y rencontrer le roi Philippe Auguste. À la même époque, d'autres groupes partent de Germanie et se rendent vers les ports de Gênes et de Marseille. Les chroniqueurs mentionnent que certains réussirent à embarquer et qu'ils sont vendus comme esclaves ou bien meurent de faim pendant le voyage. Certains réussissent à gagner Rome. L'empereur Frédéric II fait pendre quelques-uns des trafiquants marseillais compromis dans l'affaire. Malgré un nom (croisade des enfants) qui vient de traductions incertaines et de documents tardifs, ce mouvement affecte peu de véritables enfants ; les participants sont surtout de pauvres gens désireux de donner une leçon aux chrétiens plus favorisés, chez qui l'idée de croisade s'émoussait[70].
154
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+ Dans le même temps, Innocent III essaie de convaincre le sultan d'Égypte de restituer Jérusalem aux chrétiens, pour que la paix s'installe entre musulmans et chrétiens. La construction d'une forteresse musulmane sur le mont Thabor, bloquant Acre, le décide à prêcher la croisade[30] au quatrième concile de Latran en 1215. Les armées de la Hongrie, de l'Autriche et de la Bavière s'attaquent d'abord à la forteresse du Mont-Thabor. Puis le 31 mai 1218, l'armée des croisés mouille sa flotte devant Damiette, port situé sur la grande branche oriental du Nil et gardant la route du Caire.
156
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+ Alors que la ville est assiégée, saint François d'Assise et un de ses disciples se présentent à l'armée musulmane. Ils sont arrêtés comme espions. Ils n'ont la vie sauve que grâce au sultan d'Égypte[71]. Après un long siège, les croisés s'emparent de Damiette le 5 novembre 1219. Après le saccage de la ville, le légat du pape Pélage Galvani les persuade d'attaquer Le Caire. Arrivés près de la ville de Mansourah, ils se retrouvent bloqués par les eaux du Nil que le sultan ayyoubide Al-Kâmil a laissé se répandre dans la plaine en ouvrant les digues de protection ; les croisés doivent capituler sans conditions. Avant de rembarquer, ils rétrocèdent Damiette.
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+ Lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle en 1220, Frédéric II promet au pape de partir en croisade. Mais dans l'Empire, il doit faire face à la résistance des communes lombardes en 1225-1226 et tarde à accomplir son vœu. Entretemps, les croisés déjà arrivés en Orient, après avoir restauré quelques places fortes, commencent à repartir pour l'Occident. Or, la papauté cherche à desserrer l'étau que fait peser l'empereur du Saint-Empire sur ses États pontificaux en éloignant l'ambitieux souverain[72]. Frédéric est donc excommunié par Grégoire IX en 1227 pour ne pas avoir honoré sa promesse de lancer la sixième croisade. Il embarque à Brindisi pour la Syrie l'année suivante alors que son excommunication n'est pas levée. Sa brève croisade se termine en négociations et par un simulacre de bataille avec le sultan Malik Al-Kâmil « le Parfait », avec qui des liens d'amitié s'étaient tissés, et par un accord, le traité de Jaffa en 1229. Il récupère sans combattre les villes de Jérusalem (où le Temple restait aux musulmans), de Bethléem et de Nazareth. Il est ensuite couronné roi de Jérusalem le 18 mars 1229.
160
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+ Alors que Frédéric II est parti en Orient pour respecter sa promesse de se croiser, le pape lance contre lui une armée financée par une taxe sur les revenus du clergé et les reliquats des sommes prélevées pour la croisade des albigeois[60]. L'Orient latin est remis en selle pour une dizaine d'années.
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+ En 1237, une nouvelle croisade est lancée par le pape Grégoire IX. Cette « croisade des barons » est dirigée par le comte de Champagne, le duc de Bourgogne et Richard de Cornouailles. Elle poursuit la tradition des négociations avec les princes musulmans, en exploitant leurs rivalités. Le comte Richard obtient la restitution d'une grande partie du royaume de Jérusalem (1239-1241), complétant ainsi l'œuvre de Frédéric II[30].
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+ La situation reste confuse en Orient. Les Francs s'allient aux Syriens contre l’Égypte. Les Templiers attaquent l'Égypte en 1243, sont vaincus, et en 1244 les Khwarezmiens (bandes turcomanes au service des Égyptiens) reprennent Jérusalem. Le pape Innocent IV lance un nouvel appel à la croisade. Le roi de France, Louis IX (dit « Saint Louis »), et celui de Norvège décident de prendre la croix mais seul Louis IX part accompagné de barons anglais et du prince de Morée. Il part d'Aigues-Mortes en France et débarque à Chypre en 1248. L'armée croisée s'empare de Damiette en 1249 et entreprend la conquête de l'Égypte. Cette campagne est un lourd échec durant lequel Louis IX est capturé avec ses hommes en 1250[30]. Les succès de l'armée égyptienne, principalement composée des Mamelouks a pour conséquence l'arrivée au pouvoir de ces derniers qui massacrent les derniers ayyoubides.
166
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+ La captivité de Louis IX provoque la croisade des pastoureaux à l'initiative d'un certain Job, ou Jacob ou Jacques, moine hongrois de l'ordre de Cîteaux qui prétend avoir reçu de la Vierge Marie une lettre affirmant que les puissants, les riches et les orgueilleux ne pourront jamais reprendre Jérusalem, mais que seuls y parviendront les pauvres, les humbles, les bergers, dont il doit être le guide, un peu dans l'esprit de la précédente « croisades des enfants ».
168
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+ Des milliers de bergers et de paysans prennent la croix, et marchent vers Paris, armés de haches, de couteaux et de bâtons. Sur la route, les pastoureaux accusent abbés et prélats de cupidité et d'orgueil, et s'en prennent même à la chevalerie, accusée de mépriser les pauvres et de tirer profit de la croisade. Les juifs sont molestés et certains tués[73]. Des villes sont pillées. Il s'ensuit une féroce répression et seuls quelques rescapés parviennent jusqu'à Marseille et s'embarquent pour Saint-Jean-d'Acre, où ils rejoignent les croisés.
170
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171
+ Pour être libérés, les prisonniers du sultan d'Égypte doivent verser une lourde rançon et abandonner Damiette. Louis IX séjourne ensuite plusieurs années en Terre sainte pour mettre en état de défense les territoires conservés par les Francs. Dans le même temps, il noue des relations diplomatiques avec le successeur de Gengis Khan, Kubilaï, croyant à l'intérêt d'une alliance pouvant prendre l'Islam à revers[74].
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+ Louis IX négocie des trêves avec les princes musulmans avant de repartir pour la France en 1254. Cette conciliation est de courte durée. Les États latins d'Orient sont de nouveau menacés par les Égyptiens.
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+ Urbain IV appelle à une huitième croisade. Les croisés partent de 1265 à 1272. Ils consacrent leurs efforts à aider les Francs d'Acre à d��fendre leurs dernières places. Pour Louis IX, cette huitième croisade est un pèlerinage expiatoire. Il se dirige vers Tunis car il espère convertir au christianisme l'émir hafside al-Mustansir et, peut-être, faire de la Tunisie une base d'attaque vers l'Égypte mamelouke qui contrôle alors la Terre sainte. Il apparaît très vite que l'émir n'a aucune intention de se convertir. La dysenterie (ou le typhus) fait des ravages dans les troupes. Louis IX, touché à son tour, meurt, le 25 août 1270 à Carthage[75]. En Orient, Édouard d'Angleterre parvient à amener le sultan à accorder une nouvelle trêve aux Latins.
176
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+ Le deuxième concile de Lyon, présidé par Grégoire X en 1274 décide d'une nouvelle croisade. Mais les hésitations des princes et les lenteurs de la préparation font qu'elle n'a jamais eu lieu. Après la chute de Tripoli en 1289, Nicolas IV proclame une autre croisade. Mais elle échoue à sauver Acre en 1291[30]. À partir de cette date, il n'y a plus d'États latins en Orient. Les Latins sont ainsi privés d'une base commerciale importante.
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+ L'initiative de la croisade revient le plus souvent au pape, plus rarement à un souverain. Ainsi en 1267, Louis IX se croise de lui-même après en avoir informé le pape[76]. Le pape prêche lui-même la croisade ou en confie la prédication à des clercs autorisés. Au XIIe siècle, il faut souvent freiner l'ardeur des prédicateurs populaires à l'origine de nombreux excès. De la IIe à la IVe croisade, la prédication de la croisade est confiée à l'ordre cistercien.
180
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+ Le pèlerin reçoit des privilèges spirituels et matériels constituant le statut du croisé. Lors de la première croisade, Urbain II promet à celui qui meurt en chemin ou au combat la rémission des péchés, à ceux qui accomplissent le vœu de croisade l'indulgence plénière[77].
182
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+ Au IVe siècle, saint Augustin avait exprimé une théorie de la « juste guerre » à laquelle l'Église s'était ralliée. Au IXe siècle, les papes s'étaient efforcés de créer les « milices du Christ » pour protéger Rome, menacée par la seconde vague d'invasions[78]. Le pape Jean VIII accordait même l'absolution à ceux qui étaient prêts à mourir pour la défense des chrétiens contre les Sarrasins en Italie. À partir de la fin du Xe siècle, l'Église s'efforça de christianiser les mœurs guerrières des chevaliers en leur proposant entre autres de combattre les Sarrasins aux frontières de la chrétienté, en Espagne.
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+ En 1063, dans une lettre envoyée à l'archevêque de Narbonne, le pape écrivit que ce n'était pas un péché de verser le sang des infidèles[79]. Ce document innovait en affirmant que prendre part à une guerre utile à l'Église était une pénitence comme l'aumône ou un pèlerinage[80]. Le succès n'avait pas été au rendez-vous, mais l'Église autorisait, voire encourageait désormais la défense armée globale des chrétiens contre les attaques des musulmans[81], et y autorisait la participation des chevaliers francs. Les royaumes frontières étaient devenus les vassaux du Saint-Siège, atout important dans la lutte des papes contre le Saint-Empire romain germanique[82].
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+ À partir d'Innocent III, les canonistes élaborent une doctrine cohérente de la croisade. Ils justifient ainsi la guerre sainte, pourtant contraire au message évangélique, en arguant que les infidèles ont occupé la Terre consacrée par la mort du Christ et maltraité des chrétiens. La guerre de conquête et les conversions forcées sont justifiées par l'impossibilité qu'ont les missionnaires chrétiens de propager la parole de Dieu en terre musulmane. Il faut donc la conquérir pour pouvoir annoncer l'Évangile. Les canonistes fixent aussi une hiérarchie des indulgences suivant le temps passé en Terre sainte : deux ans pour une indulgence plénière[83]. Avec le quatrième concile du Latran, l'indulgence plénière est étendue à ceux qui contribuent à la construction de bateaux pour la croisade alors que jusque-là seuls les combattants en bénéficiaient. C'est un appel direct aux armateurs de villes italiennes[30]. Les décisions ont comme but d'associer toute la chrétienté à l'idéal des croisades et non pas seulement les combattants. Il suffit pour cela d'aider financièrement à l'organisation de la cinquième croisade[84]. En proposant à tous les fidèles de participer à la croisade par la prière, le don ou le combat, le pape inaugure la spiritualisation de la croisade.
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+ La bulle quantum praedecessores stipule que le croisé, sa famille et ses biens sont placés sous la protection de l'Église. Il est pendant son voyage exempté de taxes, d'aide, de péages. Le paiement de ses dettes est suspendu jusqu'à son retour[85]. Le pouvoir civil proteste contre cet empiétement de l'Église qui le prive de soldats et de revenus. D'ailleurs dès la première croisade, Urbain II précise que le vassal doit obtenir l'aval de son seigneur afin de diminuer les conflits. Après l'échec de la IIe croisade, le statut de croisé est le plus souvent attribué à des hommes en armes. Au XIIIe siècle, la croix est donnée à des femmes, des enfants, des vieillards qui doivent alors racheter leur vœu[86].
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+ Le financement varie lui aussi avec le temps. Lors de la première croisade, les croisés doivent financer eux-mêmes leur voyage. Beaucoup gagent des terres auprès des ordres monastiques dont les propriétés foncières augmentent. Là encore, il s'agit d'une entorse au droit féodal car en théorie le fief ne peut revenir qu'au seigneur. Au cours du XIIe siècle, le seigneur en vient à exiger l'aide de ses vassaux. Les rois de France lèvent des contributions en 1166, 1183 et 1185, un ou deux deniers par livre de biens pour la défense des terres franques en Orient. La dîme saladine de 1188 est le véritable premier impôt levé sur les biens meubles et les revenus en France et en Angleterre.
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+ De son côté l'Église passe de la collecte des dons à la taxation. C'est Innocent III qui impose pour la première fois le clergé. En 1199, il décide de prélever un quarantième des revenus de l'ensemble du clergé et un dixième pour les cardinaux, d'où le nom de décimes[87]. Le quatrième concile du Latran, qu'il préside, décide par ailleurs de frapper les revenus ecclésiastiques d'un impôt d'un vingtième et les biens du pape et des cardinaux d'un impôt d'un dixième[88]. La décime devient courante au XIIIe siècle. Elle entraîne la création d'une administration financière spécialisée. Ce sont les légats qui en contrôlent la levée, ainsi que les autres ressources : legs, rachat de vœux, dons assortis d'une indulgence proportionnelle[89].
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+ Si dans l'ensemble, les sommes sont consacrées à la croisade, toutefois il y a parfois des détournements. Le reliquat de la décime versée par le clergé français pour la croisade des Albigeois est même utilisé pour mener la guerre contre Frédéric II. Ce « détournement » affaiblit la cause de la croisade.
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+ Lors des deux premières croisades, les croisés empruntent la route terrestre et traversent l'Empire byzantin. L'empereur s'engage à assurer des marchés approvisionnés le long du parcours[90]. En terre byzantine, les croisés connaissent des problèmes de change, les changeurs byzantins leur proposant des taux défavorables. Lors de la traversée de l'Anatolie, il faut prévoir vingt jours de vivres. Mais les attaques des Turcs et le manque d'eau provoquent des pertes considérables parmi les bêtes et les hommes. De ce fait lors de la troisième croisade, deux des trois souverains choisissent la voie maritime.
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+ La route maritime est ancienne. Dès la fin du XIe siècle, les pèlerins scandinaves et anglais gagnaient la Terre sainte en contournant la péninsule Ibérique. D'ailleurs le seul succès de la deuxième croisade a été la prise de Lisbonne par des croisés anglais et flamands. Au XIIe siècle, Gênes, Pise puis Venise commencent à ravitailler les États latins et ceci dès la fin de la première croisade. Les cités maritimes italiennes aident à la prise de ports[91]. Elles transportent régulièrement des pèlerins. Lors de la IIIe croisade, Gênes s'engage à assurer le passage de six cent cinquante chevaliers, mille trois cents écuyers, autant de chevaux et le ravitaillement pour le compte de Philippe Auguste. Au XIIIe siècle, les accords entre les ports italiens et les croisés portent plutôt sur la location de bateaux[92].
200
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201
+ Les croisades permettent le développement de l'activité commerciale des cités italiennes. En échange de l'aide de Gênes, les barons francs attribuent aux Génois une part de butin, un quartier ou fondouk, l'exemption des taxes dans les villes conquises. Outre au transport et au ravitaillement des États latins, les comptoirs servent de support aux importations en Occident des produits de luxe de l'Orient comme les épices, aux exportations en Orient de draps de laine, d'armes, de bois et de fer. L'Orient devient ainsi le champ des rivalités entre Gênes et Venise. Après la quatrième croisade et la prise de Constantinople par les croisés, Gênes est exclue des terres byzantines. La cité offre donc son appui à Michel VIII Paléologue qui, redevenu maître de Constantinople, donne à ses alliés le monopole du commerce en mer Noire[93].
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+ Afin d'éviter d'avoir à changer leur monnaie à un taux désavantageux, les croisés utilisent un système d'escompte. Les Templiers versent en Syrie l'argent dont Louis VII a besoin et se font rembourser à Paris. Les croisades permettent ainsi de développer les activités bancaires[94].
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+ Dès l'origine de la croisade, l'expédition est une entreprise féodale réservée à la chevalerie. L'accomplissement du vœu de croix devient une étape indispensable à la formation du parfait chevalier. Dans l'imaginaire chevaleresque, le christ devient le parfait seigneur pour lequel on peut se sacrifier. Le chevalier croisé est donc un miles christi, « chevalier du Christ ». Les chroniqueurs comparent les croisés au peuple élu qui écrit une nouvelle histoire sainte[95]. Les prédicateurs n'hésitent pas non plus à parler des richesses qui attendent les croisés en Terre sainte. Ils parlent d'une terre riche et fertile qui comblera leurs espérances[96].
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+ De grandes figures épiques rentreront à cette occasion dans la mémoire collective, comme Godefroi de Bouillon, Richard Cœur de Lion ou encore Saint-Louis.
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+ Le fait que des milliers d'hommes et de femmes se soient mis en mouvement et aient accepté de braver le danger et la souffrance pour l'amour de Dieu est la preuve que les masses humaines de la fin du XIe siècle étaient très réceptives à la promesse de l'indulgence plénière mais surtout à l'espoir que la récupération du Saint-Sépulcre serait le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de l'Église et du monde[97]. L'attente eschatologique et millénariste est très forte dans le peuple. Empêcher la venue de l'Antéchrist, hâter la parousie font partie de ses préoccupations. Ceux qui ont répondu à l'appel de la croisade, sont aussi convaincus que Dieu leur a assigné une tâche : libérer les lieux saints et purifier le monde du mal afin de préparer son retour[25]. Les armes de la victoire sont pour ces masses, la pénitence symbolisée par la croix cousue sur le vêtement, les jeûnes, les prières, les processions, d'où les nombreuses mortifications que s'infligent les pèlerins. Les croisades révèlent pour la première fois en Occident l'existence d'une spiritualité populaire tournée vers l'action, moyen de gagner le salut[98].
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+ Dans les milieux populaires, la croisade fait appel au merveilleux. Les foules voient des signes et des prodiges manifestant la volonté divine au moment des prédications, ce qui les entraîne à partir. Des rumeurs circulent sur les croix marquées dans la chair des croisés morts ou vivants. Ces « prodiges » sont accompagnés de prophéties et entretiennent l'idée que la fin du monde approche. L'attente de la parousie se colore de légendes politiques. Le roi des derniers jours prendra sa couronne sur le Golgotha et sera un Franc[99]. De même, la soumission du « roi des Grecs » est dans toutes les traditions, le prélude au retour d'un âge d'or. La foule cherche aussi à imposer l'idéal de pauvreté et de pénitence aux grands notamment lors de la première croisade[100]. Les attentes millénaristes ont pour corollaire le fanatisme et la violence contre les juifs et les musulmans. Les millénaristes « tendent à faire table rase du groupe des autres »[101]. Les croisades répondent ainsi à l'attente des fidèles aspirant à un salut qui semble difficile à atteindre dans la vie quotidienne[102].
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+ Les croisades contribuent à éloigner les chrétiens des musulmans mais surtout les catholiques des orthodoxes[103]. Après les croisades, les catholiques ne peuvent plus, durant cinq siècles, faire le pèlerinage de Jérusalem. Principalement, les croisades ont permis une propagation des connaissances de l'Orient vers l'Occident[103]. Elles ont aussi permis à l'Occident de créer des comptoirs de commerce en Orient, qui ont pris en mains une partie du commerce entre l'Europe et l'Orient, jusque-là monopole oriental. Venise a atteint son but. L'Europe a conservé des croisades un profit économique dont les musulmans n'ont pas vu l'importance.
214
+
215
+ Il apparaît toutefois exagéré de parler de colonialisme même sous une forme embryonnaire ; tout au plus peut-on tirer des parallèles avec la colonisation puisque les croisés s'installent en nombre et durablement sur de nouveaux territoires, mais sans toutefois entretenir un rapport de domination exercée depuis une métropole européenne[104].
216
+
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+ L'idée de croisade est « encore vivante au début des Temps modernes, sous Charles Quint et à la bataille de Lépante, et encore lors du siège de Vienne en 1683 »[105].
218
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219
+ Un certain nombre d’adaptations visent à limiter l’échauffement au soleil : plusieurs auteurs signalent de nombreuses morts dues à l’insolation. Le heaume est souvent remplacé par le chapel de fer, le long haubert par une cotte de maille plus courte, le haubergeon, ou par le gambison (vêtement rembourré porté sous la cotte de maille, pour amortir les chocs). De même, des housses couvrent les armures et les chevaux, pour limiter l’échauffement au soleil. Les chevaux turcomans sont aussi achetés (ou volés) en grand nombre, pour remplacer les chevaux tués au combat ou morts. L’armement local, d’excellente qualité (les armuriers de Damas avaient excellente réputation), sert aussi pour remplacer les armes que les combattants européens ont perdues ou cassées.
220
+ De façon plus large, l’emploi de la masse turque, qui permet de défoncer les pièces d’armure, se généralise en Europe après les croisades. Elle entraîne l’abandon du heaume à sommet plat, remplacé par les casques bombés, déviant les coups.
221
+
222
+ Les principales adaptations militaires sont situées toutefois dans la tactique. L’efficacité meurtrière des archers montés, qui souvent visent les chevaux des Francs, pousse à une remise en cause du combat fondé sur la recherche du choc frontal. Le recours plus fréquent à l’infanterie, protégeant les chevaux derrière de longs boucliers, et aux archers et surtout aux arbalétriers, plus puissants et précis que les archers, permet de rivaliser avec les cavaliers musulmans. Des unités d’arbalétriers montés sont aussi créées, ainsi que des unités de cavalerie légère indigène, les turcopoles, très utiles aussi pour le renseignement.
223
+
224
+ Mais la tactique favorite, la charge massive créant la rupture de l’armée ennemie, n’est pas abandonnée, et l’armement lourd non plus. D’une part, les habitudes et les dépenses lourdes dans cet armement font qu’il était difficile de les abandonner. D’autre part, l’armement lourd assure une supériorité certaine à des combattants chrétiens le plus souvent en infériorité numérique. Enfin, en choisissant le moment du combat pour que les combattants n’attendent pas en armes sous le soleil, et pour que le combat soit bref, les Européens ont parfois d’excellents résultats[106].
225
+
226
+ Pour soutenir la cause de la défense de la Terre sainte, les premiers ordres de moines-soldats sont fondés, comme les Templiers ou les Hospitaliers, mêlant à l'instinct hospitalier ou guerrier l'idéal monastique. Les premiers ordres, français et espagnols, sont constitués en communautés, ascétisme et prière purifiant l'épée destinée à défendre le pèlerin et à pourfendre le « païen », l'identifiant au glaive de l'archange saint Michel transperçant le dragon. Au XIVe siècle, alors qu'il n'y a plus de croisades en Terre sainte de nombreux nouveaux ordres apparaissent, toujours dotés d'un idéal de sacrifice et de pureté, toujours voués à la prière et à la mortification. Mais les mortifications sont dédiées à une dame plus souvent qu'à Dieu, fêtes et tournois prennent le pas sur la prière. Le crépuscule du Moyen Âge transforme les ordres de chevalerie en cercles aristocratiques où s'élabore un art de vivre, un langage allégorique, une imagerie littéraire ou graphique qui transpose dans l'illusion la geste chevaleresque[69].
227
+
228
+ Bien que dirigées contre les musulmans, les croisades ont été contraires aux intérêts de l'Empire byzantin[107]. Les troupes qui traversent l'Empire byzantin commettent d'inévitables excès de par leur taille[107]. Il arrive ainsi que les Normands profitent des croisades pour attaquer l'Empire. Les mesures prises par les empereurs pour protéger l'Empire des croisés (surveillance des troupes latines, alliance avec les Turcs…) entraînent une grande méfiance vis-à-vis de Byzance et un sentiment de trahison. Alexis Comnène est traité de perfide et de traitre. La propagande normande amplifie le thème de la perfidie grecque qui devient un lieu commun et une explication aux échecs des croisés[108]. Elle légitime la prise de Constantinople en 1204. Pour les Byzantins, cet événement fait définitivement des croisades un acte de piraterie dont le but religieux n'est qu'une façade.
229
+
230
+ La notion de croisade ou de guerre sainte est incompréhensible pour les Byzantins. Les guerres sont pour eux uniquement des actes politiques. L'Église orthodoxe est hostile à l'emploi des armes par les laïcs[Quoi ?] et encore plus par les clercs. Les Byzantins sont donc indignés de voir, parfois, des prêtres latins participer personnellement aux combats[109]. Malgré ces différences au XIIe siècle, pour la plupart des Latins, les Byzantins sont des frères chrétiens. La conscience du schisme ne dépasse guère les milieux ecclésiastiques. Ce sont finalement les événements de 1204 qui creusent réellement et définitivement la séparation entre catholiques et orthodoxes. La haine du Latin devient plus forte que celle du Turc[110].
231
+
232
+ À la fin du XIe siècle, le djihad a perdu sa force d'attraction parmi les musulmans. L'Occident latin est entré dans une phase de reconquête aux dépens de l'Islam. De même que les musulmans reconnaissent les communautés juive et chrétienne, les États chrétiens d'Orient et la Sicile accordent aux musulmans des institutions propres et une certaine liberté de culte. Aux excès des premiers croisés — un trait classique de tout assaut quels que soient les assaillants — a donc succédé une cohabitation acceptable et tout à fait comparable à la pratique musulmane[111].
233
+
234
+ Les musulmans de l'époque ne perçoivent pas le motif religieux de la croisade et celle-ci tient peu de place dans les ouvrages des chroniqueurs arabes mis à part ceux originaires des pays voisins des Francs comme Ibn al-Athîr [112]. L'opinion publique des pays menacés ou lésés uniquement, en premier lieu la Syrie du Nord, est réellement hostile aux croisés[113]. De fait, les croisades n'ont pas provoqué de « contre-croisades ». Ainsi le regain d'intérêt pour la guerre sainte, le djihad, ne sert surtout qu'à rassembler la Djazira, la Syrie, l'Égypte, les Arabes et les Kurdes ainsi que d'éliminer les Chiites[113].
235
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+ En revanche, l'établissement d'un État militaire en Égypte dans la seconde partie du XIIIe��siècle peut être considéré comme une conséquence directe des croisades. Cet État est très intolérant envers les dhimmis (juifs et chrétiens) car il craint une alliance à revers entre eux et la puissance mongole en pleine expansion[113].
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+ Les croisades n'ont pas favorisé la connaissance réciproque des deux civilisations. Des contacts plus enrichissants se sont noués en Espagne, en Sicile et à Constantinople après 1204. Comme toute propagande, celle des croisades est plutôt négative. Les musulmans sont accusés à cette occasion d'idolâtrie, d'immoralité et même de louer et justifier la violence, alors que les chrétiens eux-mêmes faisaient l'apologie de la guerre pour rassembler et recruter des chevaliers sous la bannière du Christ. Les croisades ont été l'occasion pour les chrétiens occidentaux d'être confrontés à une masse de non-chrétiens[114]. Les disputations religieuses sont rares. Les conversions religieuses vers le christianisme se sont rarement faites sous la contrainte[23]. Le missionnaire Ricoldo loue l'hospitalité des musulmans[115].
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+ Taxons concernés
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+ Articles sur le lapin commun
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+ Autres sous-pages sur les lapins
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+ Le mot lapin (/lapε̃/) est un terme très général qui désigne en français certains animaux lagomorphes à longues oreilles, que l'on différencie des lièvres par une silhouette moins élancée et par les petits qui naissent aveugles et nus, cachés dans un nid creusé au sol. Ces animaux ne correspondent donc pas à un niveau précis de classification scientifique.
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+ « Lapin » est en fait un nom vernaculaire ambigu, désignant une partie seulement des différentes espèces de mammifères classées dans la famille des Léporidés, une famille qui regroupe à la fois les lièvres et les lapins. Longtemps classés dans l'ordre des rongeurs, ils sont maintenant regroupés dans un ordre à part : les Lagomorphes.
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15
+ En employant le terme « lapin », on fait toutefois référence le plus souvent au lapin domestique issu du Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus), l'espèce sauvage d'origine européenne qui s'est répandue un peu partout, puisqu'elle est à la base des multiples races de lapins élevées à présent dans le monde entier, y compris des lapins nains. Cependant, les lapins ne se limitent pas à cette seule espèce européenne : il existe en effet plus d'une vingtaine d'espèces de lapins sauvages dans le monde, réparties dans neuf genres biologiques, mais dont plusieurs sont menacées d'extinction et protégées au XXIe siècle.
16
+
17
+ Le lapin est un gibier traditionnel, classé en cuisine avec les volailles. C'est aussi un animal très présent dans de nombreux domaines culturels. L'« animal aux longues oreilles » est évoqué dans l'art et la littérature tout autant que dans la culture populaire, la mythologie et la symbolique de plusieurs continents. De nombreux personnages célèbres de fiction sont des lapins, notamment dans l'univers enfantin. Le mot « lapin » est par ailleurs utilisé aussi bien comme patronyme que comme marque commerciale.
18
+
19
+ Le substantif masculin[1],[2],[3] lapin (prononcé : [lapɛ̃][2]) est dérivé de lapereau[1],[2] par changement de suffixe[2]. Il est attesté au XVe siècle[1],[2].
20
+
21
+ Les lapins sont présents un peu partout sur la planète et se répartissent en neuf genres, tous classés dans la famille des léporidés, avec leurs proches parents les lièvres. Ce ne sont donc pas des rongeurs mais des lagomorphes, une branche cousine qui comprend les lièvres, les lapins et les pikas.
22
+
23
+ Remarque : Les lapins domestiques sont tous issus de l'espèce Oryctolagus cuniculus, le Lapin de garenne, qui est à l'origine de toutes les races de lapin sélectionnées en élevage : voir la Liste des races de lapins.
24
+
25
+ Les lapins sont répartis dans les genres suivants de la famille des Leporidae : Brachylagus, Bunolagus, Caprolagus, Nesolagus, Oryctolagus (lapin commun), Pentalagus, Poelagus, Pronolagus, Romerolagus et Sylvilagus (ou lapins d'Amérique). C'est-à-dire que les Léporidés sont presque tous des lapins, à l'exclusion du genre Lepus qui rassemble les lièvres. Sept de ces genres ne comprennent qu'une seule espèce de lapin, on dit que ce sont des genres monospécifiques, le genre Nesolagus regroupe deux espèces, le genre Pronolagus en compte trois et le genre Sylvilagus rassemble quinze espèces, soit au moins 27 espèces différentes de lapins en tout.
26
+
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+ Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus), présent en Eurasie, en Australie et en Afrique du Nord
28
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+ Lapin de l'Assam (Caprolagus hispidus), au sud de l'Himalaya (menacé)
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31
+ Lapin des îles Amami (Pentalagus furnessi), au Japon (menacé)
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+ Lapin pygmée (Brachylagus idahoensis), petit lapin d'Oregon Country
34
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+ Lapin à queue blanche (Sylvilagus floridanus), du Canada au Vénézuéla
36
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+ Lapin des marais (Sylvilagus palustris), de la Virginie à la Floride
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+ Lapin aquatique (Sylvilagus aquaticus), du Texas à la Caroline du Sud
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+ Lapin du Brésil (Sylvilagus brasiliensis), du Mexique à l'Argentine
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+ Lapin d'Audubon (Sylvilagus audubonii), dans les zones désertiques de l'ouest américain et du Mexique
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+
45
+ Lapin de Bachman (Sylvilagus bachmani), sur la côte ouest de l'Amérique, de Portland à La Paz.
46
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+ Lapin de Nuttall (Sylvilagus nuttallii), dans la partie ouest de l'Amérique du Nord, du Canada à l'Arizona.
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+ Lapin des volcans (Romerolagus diazi), au Mexique (menacé)
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+ Lapin de Nouvelle-Angleterre (Sylvilagus transitionalis), en Nouvelle Angleterre (menacé)
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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55
+ Les lapins sont des mammifères terrestres herbivores. Leurs caractéristiques générales sont celles des Léporidés, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur comportement ou leur physiologie respective.
56
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57
+ Ces mammifères sont des proies plus grosses que la plupart des rongeurs, donc très recherchées par de nombreux carnivores. Ils tentent en permanence d'échapper à quantité de prédateurs, dont l'homme, grâce à une excellente vue à 360°, leurs grandes oreilles à l'ouïe fine et une morphologie particulièrement adaptée à la course. Leurs longues et puissantes pattes arrière repliées sous le corps leur permettent en outre de bondir ou de se tenir assis pour observer leur environnement.
58
+
59
+ Le dimorphisme sexuel est peu apparent entre le mâle et la femelle, même si la femelle est de constitution plus fine avec un bassin plus large. Seul un examen des parties génitales permet de différencier les jeunes individus entre eux. Toutefois, un fanon - sorte de double menton qui sert de réserve de graisse - est parfois bien visible chez la femelle adulte tandis qu'il est quasi inexistant chez le mâle, à moins d'être atteint d'obésité[4].
60
+
61
+ Le poids et la taille des lapins adultes varient grandement selon l'espèce biologique : un Lapin pygmée (Brachylagus idahoensis) fait en moyenne 25 cm de long (de 23,5 à 29,5 cm[5]) et pèse 400 g environ (entre 246 et 462 g[5]), tandis qu'un Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) peut mesurer jusqu'à 50 cm (de 38 à 50 cm[6]) pour un poids maximal de 2,5 kg (de 1,5 à 2,5 kg[6]). La différence est encore plus considérable si on considère les races d'élevage de lapins domestiques puisqu'une race comme le géant des Flandres peut faire plus de 10 kg à l'âge adulte et même certains individus dépasser les 20 kg pour plus d'un mètre de long[7].
62
+
63
+ Contrairement aux lièvres, tous les lapins vivent en groupe et creusent des terriers qui peuvent être complexes quand le terrain, ou garenne, est favorable. Ils se distinguent aussi de leurs cousins lièvres par le fait que les lapereaux naissent nus et aveugles. Les petits doivent rester cachés dans un nid tapissé du poil ventral de leur mère, creusé à même le sol ou au fond d'un terrier. Ils sont soignés et allaités par la lapine[8] durant plusieurs semaines, en début et en fin de journée, avant d'être capables de se débrouiller seuls. Vers deux semaines, ils commencent à grignoter des végétaux puis, vers quatre à cinq semaines, ils suivent leur mère avant de prendre leur indépendance. Une femelle peut avoir de trois à cinq portées par an, après une durée de gestation qui dure environ un mois. Le nombre ou le poids à la naissance des lapereaux est très variable en fonction de la taille de la portée et selon les espèces ou les races[9].
64
+
65
+ Lapins domestiques âgés d'une heure.
66
+
67
+ Lapereaux de Lapin à queue blanche dans leur nid au ras du sol.
68
+
69
+ Jeune Lapin à queue blanche âgé de plusieurs semaines.
70
+
71
+ Lapin, non domestique, en train de ronger.
72
+
73
+ Lapins en veille dans des dunes du littoral breton.
74
+
75
+ Strictement herbivores, les lapins se nourrissent à la belle saison surtout d'herbes diverses et de plantes fourragères. En hiver, les lapins n'hibernent pas, ils grignotent en revanche un peu tout ce qu'ils peuvent trouver comme végétation comestible. Le Lapin de Nuttall est même capable de grimper sur des troncs d'arbres inclinés pour trouver un peu de verdure en zone désertique. Comme tous les léporidés, ils pratiquent la cæcotrophie qui consiste à ingérer certaines de leurs déjections partiellement digérées pour en récupérer les derniers nutriments et micro-organismes. Les autres crottes forment des groupes de boulettes très sèches, abandonnées sur leurs lieux de pâturage. Une autre pratique d'hygiène commune avec les lièvres consiste à prendre des bains de poussière dans une dépression du sol, sec et gratté[9].
76
+
77
+ La stratégie de survie des lapins consiste à rester toujours en vue d'un refuge possible. De son côté, la hase ne rejoint le nid qu'à l'aube ou au crépuscule, restant loin des lapereaux le reste du temps afin de ne pas signaler ses petits aux prédateurs. Si l'un des membres de la colonie repère un danger, il ne crie pas mais tape rapidement le sol du pied pour alerter ses congénères, mais quand il est capturé et craint pour sa vie, il pousse un glapissement, sorte de puissant cri aigu. En cas d'alerte, les lapins sont capables de rester très longtemps immobiles pour passer inaperçus, ne prenant la fuite qu'au dernier moment, en zigzagant pour dérouter le poursuivant[9].
78
+
79
+ Ces animaux sont surtout actifs à l'aube et au crépuscule. Durant le jour, ils se cachent par exemple dans les buissons, sous les souches ou les tas de bois ou encore les vieux bâtiments agricoles. Ils n'hibernent pas et par grand froid cherchent refuge dans un terrier qu'ils creusent eux-mêmes ou abandonné par un autre animal[9].
80
+
81
+ Une garenne naturelle
82
+
83
+ Crottes de lapin
84
+
85
+ Lapin domestique creusant son terrier
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87
+ Entrée d'un terrier de Lapin de garenne
88
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89
+ Lapins se nourrissant en groupe, à l'aube
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+
91
+ Lapin d'Audubon en pose d'observation
92
+
93
+ Lapin à queue blanche photographié en plein bond
94
+
95
+ Un groupe de lapins dans un champ après récolte.
96
+
97
+ Malgré toutes ces précautions, un lapin vit rarement très vieux dans la nature. Quand ils ne meurent pas en bas âge, dévorés par des serpents et des petits carnivores comme les Mustélidés, les chats, etc. ou bien broyés dans leur nid par les engins agricoles, les adultes sont captur��s bien avant d'atteindre un âge avancé par des prédateurs plus costauds (rapaces nocturnes ou diurnes, Canidés, Félins...). Les hivers trop rigoureux ou au contraire sans neige suffisante pour s'enterrer leur sont fatals, à moins qu'ils ne soient décimés par les zoonoses. Les lapins sont également chassés par l'homme ou écrasés le long des routes, si bien que leur espérance de vie moyenne est d'une année dans la nature, même s'ils peuvent vivre deux ans ou plus en théorie[9].
98
+
99
+ Pour leur part, les lapins domestiques de compagnie peuvent vivre une dizaine d'années, s'ils sont bien soignés. Certains individus battent des records de longévité en dépassant une quinzaine d'années[10].
100
+
101
+ Les lapins ont une capacité de reproduction importante avec plusieurs portées par an de plusieurs petits. Certaines espèces peuvent même se montrer très envahissantes quand les conditions leur sont favorables. Avec cinq portées par an pouvant compter chacune jusqu'à 12 petits, on a calculé que la descendance théorique d'un seul couple de lapins de garenne pourrait atteindre le chiffre de 1 848 individus à la première génération, si tout facteur de mortalité précoce était écarté[11]. C'est ainsi que 24 lapins de garenne introduits en 1874 ont suffi à submerger l'Australie qui a compté jusqu'à 30 millions d'individus, faute de prédateurs et de virus pour limiter leur prolifération[12].
102
+
103
+ Même dans le cas d'une espèce volontairement introduite et qui se reproduit modérément, celle-ci peut perturber l'écosystème. Elle peut être un vecteur de maladies, ou de parasites, et occuper la niche écologique des espèces indigènes en causant notamment des dégâts sur la végétation. Ce fut par exemple le cas lors des essais d'introduction en Europe de lapins américains (Sylvilagus sp.) et en particulier du Lapin de Floride (Sylvilagus floridanus). En 1989, l'Union européenne a finalement mis fin à l'expérience en préconisant l'éradication totale des spécimens survivants déjà introduits[13].
104
+
105
+ Toutefois, les maladies comme la myxomatose ou la fièvre hémorragique virale, la réduction ou la dégradation de leur habitat naturel, que ce soit sous l'action de l'homme ou des changements climatiques[14], ou bien la chasse excessive ont progressivement réduit certaines populations de lapins, faisant craindre la disparition locale ou totale de bon nombre d'espèces. Le Lapin riverin par exemple a perdu 60 % de ses effectifs entre 1990 et 2010 environ, par perte de son habitat. Or ces léporidés font partie des espèces clé de voûte, d'importance vitale pour bon nombre de prédateurs qui se retrouvent affectés par leur déclin. Même le prolifique Lapin de garenne est menacé dans sa péninsule Ibérique d'origine depuis la fin du XXe siècle, à cause de l'épidémie de fièvre hémorragique, mettant en danger du même coup le Lynx ibérique (Lynx pardinus) ainsi que l'Aigle ibérique (Aquila adalberti). On comprend donc les enjeux qu'il y a à mettre en place des mesures de protection de ces animaux comme le préconise l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN)[15].
106
+
107
+ Le lapin domestique est la forme domestiquée du Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) et le Lapin nain un lapin domestique de moins de 2 kg.
108
+
109
+ Pour le nom des races de lapins domestiques voir la Liste des races de lapins.
110
+
111
+ Liste alphabétique de noms vernaculaires attestés[16] en français.
112
+ Note : Cette liste exclut les races de lapins domestiques. Certaines espèces ont plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
113
+
114
+ La dénomination qui peut désigner ces animaux change selon les cas :
115
+
116
+ Le terme lapin est le terme générique le plus utilisé. Son étymologie est incertaine. Il pourrait venir de « lapereau »[25] et dériver d'une interférence entre le terme « laper » (manger avec avidité) et de « levraut » (petit lièvre), ce dernier provenant de « lapriel » (du latin : leporellus, levraut).
117
+
118
+ Avec un ou deux N, le terme con(n)in ou con(n)il, au féminin con(n)ille[26], désigne le lapin dans les textes anciens[27], il dérive du latin cuniculus, mot d'origine ibérique[26]. On retrouve cette racine ancienne dans le castillan conejo, le catalan conill, l'italien coniglio, l'occitan conilh (qui coexiste avec lapin), le breton konifl, l'alsacien Kénjele, le néerlandais konijn ou l'allemand Kaninchen. Ce terme a été remplacé en français, probablement au XIVe siècle, par celui de « lapin »[25].
119
+
120
+ La femelle du lapin domestique est la « lapine » (/lapin/), tandis que la « hase » est celle du lapin de garenne, comme pour le lièvre[27]. Le « bouquin » ou « bouquet » désigne le mâle lapin comme le lièvre (rare) et le « lapereau » est leur petit[27]. « Lapiner » veut dire mettre bas[23].
121
+
122
+ Le cri de détresse du lapin se dit clapir (clapissement), glapir (glapissement), ou couiner (couinement).
123
+
124
+ Une « garenne » était autrefois une zone de chasse gardée pour le seigneur et désigne à présent l'espace où les lapins creusent leur terrier dans la nature[25], une « lapinière » est un élevage de lapins et un « clapier » un ensemble de cages à lapins[23].
125
+
126
+ La « cuniculture » désigne l'élevage du lapin domestique.
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+
128
+ Le lapin a été domestiqué tardivement au XVe siècle, c'est le seul animal d'élevage originaire d'Europe[28].
129
+
130
+ Le lapin domestique est exclusivement issu de la domestication d'une seule espèce : le Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus)[29]. Son élevage, appelé cuniculture, s'est développé à partir du Moyen Âge.
131
+
132
+ À lui seul Oryctolagus cuniculus est à l'origine des multiples races de lapins domestiques élevées à présent dans le monde entier[30] mais stabilisées uniquement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle[31].
133
+
134
+ Ces diverses races ont été progressivement développées grâce à l'élevage sélectif de ces animaux par l'homme. Elles présentent une très vaste gamme de tailles et de couleurs de robe et sont chacune adaptée à l'un de ces usages. Les grandes races (de 5 à 7 kg et plus) étaient destinées à la production de viande, bien que négligées par la suite dans l'élevage industriel. Les races moyennes (de 2,5 à 5,5 kg maximum) et petites races (idéalement de 2 à 3,5 kg) sont exploitées selon leurs qualités respectives, notamment les races à pelage spécial pour la fourrure ou le tissage (angora). Enfin, les races « naines » (de 0,8 à 2 kg maximum) sont généralement utilisées comme animal de compagnie[32].
135
+
136
+ Le Lapin domestique est élevé dans le monde entier pour sa peau et sa chair. Il existe de nombreuses races de lapins, de couleur variée
137
+
138
+ La race géant des Flandres peut atteindre 10 kg, ici à côté d'un chien berger des Shetland
139
+
140
+ Les races de lapins angoras procurent une fibre textile soyeuse, l'angora
141
+
142
+ Les races de lapins nains font moins de 2 kg et sont surtout des animaux de compagnie
143
+
144
+ Chaque année, 320 millions de lapins sont élevés pour leur viande en Europe, et 99 % d’entre eux sont enfermés en cage[33].
145
+
146
+ Les conditions d’élevage sont parfois contestées : « Les cages les empêchent d’exprimer leurs comportements naturels, comme se mettre debout, faire des bonds, creuser, ronger, et leur causent des blessures et un stress permanent », selon le CIWF France. Les lapins d'élevage passent leur vie entière en cage, dans des espaces étroits : ils naissent dans de petites cages grillagées hors-sol et y restent jusqu’à leur mort, 60 à 80 jours plus tard. Les lapines reproductrices sont quant à elles maintenues isolées et confinées pendant 13 à 24 mois jusqu’à leur abattage. Compte tenu des zoonoses inhérentes à la fois à l’espèce et à ce mode d’elevage, le recours aux produits vétérinaires, dont les antibiotiques est fréquent (les lapins sont les animaux les plus exposés à ces médicaments, devant les volailles et les porcs)[33].
147
+
148
+ Les lapins sauvages de toutes espèces sont chassés (ou braconnés) depuis toujours pour leur chair très largement appréciée, dont rôtie, en pâté ou en civet.
149
+
150
+ L'élevage familial en clapier a été pratiqué dès l'an 1000[34], puis s'est intensifié avec l'apparition de l'élevage industriel. Son but premier était la production de viande, mais il permet également la production de poils et de fourrures.
151
+
152
+ Par ailleurs, les lapins sont depuis plusieurs décennies et aujourd'hui encore employés comme modèles dans les laboratoires, pour tester l'innocuité de divers produits cosmétiques notamment, ou par exemple pour tester la reprotoxicité ou toxicité cellulaire de certains métaux tels que le cuivre[35],[36]
153
+
154
+ Les lapins (souches nanifiées notamment) peuvent également devenir des animaux de compagnie, du fait de leur caractère placide. Le marché du lapin nain, notamment, se développe à la fin du XXe siècle et en 2003 c'est le petit mammifère préféré des Français[37].
155
+
156
+ Leur peau a actuellement une valeur économique moindre que dans le passé où elle donnait lieu à un commerce traditionnel, récupérée par les chiffonniers, dits aussi « marchands de peaux de lapins » qui passaient à domicile collecter les peaux issues des élevages familiaux[31].
157
+
158
+ L'introduction d'une nouvelle espèce de lapin dans des contrées où ils n'ont pas de prédateur, comme le lapin de garenne, d'origine européenne, provoqua en Australie de nombreux dégâts écologiques et en fait une espèce invasive difficile à contenir[12].
159
+
160
+ La chasse au lapin est une source de nourriture de tout temps, comme ici en 1942
161
+
162
+ Clapiers classiques en bois grillagé
163
+
164
+ Vendeuse ambulante de jeunes lapins en cage en Chine (2008).
165
+
166
+ Cages à lapins d'un élevage français en 2009
167
+
168
+ Les agriculteurs utilisent des filets anti-lapins pour lutter contre les ravages produits par les lapins de garenne et lapins non domestiques.
169
+
170
+ Le lapin, sans référence à aucune espèce précise, est très présent dans la culture populaire et enfantine, ainsi que dans la mythologie. Le lapin est aussi fortement associé à la fête de Pâques.
171
+
172
+ Redouté par les marins qui ne prononcent jamais son nom, sous peine de porter malheur, et le désignent par des périphrases comme « l'animal aux longues oreilles », « cousin du lièvre », il est au contraire adopté comme symbole dans des cultures et des professions très diverses, un peu partout dans le monde.
173
+
174
+ L'univers du marketing s'en est également emparé, créant des mascottes célèbres. Le multimédia est également touché, notamment avec les lapins crétins d'Ubisoft.
175
+
176
+ Dans les jeux vidéo, les lapins peuvent être des ennemis. Dans Super Mario Odyssey par exemple, les Broodals, des lapins aux différentes formes, sont les minis boss du jeu. On peut aussi les trouver dans des productions indépendantes comme Braid, créé par Jonathan Blow, où les lapins tueront le joueur au premier contact.
177
+
178
+ En motifs, en peluches ou en personnages de fiction, les lapins font partie des classiques de l'univers enfantin, notamment Bugs Bunny, personnage célèbre et mascotte de la compagnie Warner Bros.
179
+
180
+ Poterie étrusque en forme de lapin
181
+
182
+ la « Vierge au lapin » du Titien, 1530
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+
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+ Le lapin blanc d'Alice au pays des merveilles
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+ Lapin de spectacle, partenaire des illusionnistes
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+ Ombre chinoise formant un lapin
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+ Des lapins de pâques
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+ Nabaztag, un objet communiquant en forme de lapin stylisé
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+ Lapins crétins d'Ubisoft
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
2
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3
+ L'orgue est un instrument à vent multiforme dont la caractéristique est de produire les sons à l’aide d’ensembles de tuyaux sonores accordés suivant une gamme définie et alimentés par une soufflerie. L'orgue est joué majoritairement à l’aide d’un ou plusieurs claviers et le plus souvent aussi d’un pédalier.
4
+
5
+ Il existe une autre catégorie d'instruments populaires appelés orgues mécaniques car l'émission sonore est assurée par des tuyaux ou flûtes, mais l'activation se fait par un système automatique de reproduction (cylindres, cartons, mémoire électronique). Certains de ces orgues disposent aussi d'un clavier ou d'un pédalier plus ou moins étendus.
6
+
7
+ Le mot orgue vient du grec οργανον (organon) (en latin organum), signifiant outil ou instrument (recouvrant par là la notion d’instrument de musique mais sans lien direct avec l’orgue). L’organa du Moyen Âge désignait aussi bien une polyphonie liturgique que le service religieux lui-même.
8
+
9
+ L’instrument a également reçu de nombreuses appellations métaphoriques : roi des instruments (expression attribuée à Guillaume de Machaut au XIVe siècle), ancilla Domini, servante du Seigneur ; mais aussi, plus péjorativement, cornemuses du diable[1]. N'oublions pas Hector Berlioz, qui, dans son traité d'instrumentation et d'orchestration (1844) : « L'orgue et l'orchestre sont Rois tous les deux ; ou plutôt l'un est Empereur et l'autre Pape ; leur mission n'est pas la même ; leurs intérêts sont trop vastes et trop divers pour être confondus ».
10
+
11
+ Le mot orgue est du genre masculin au singulier. Cependant, au pluriel il peut être soit féminin en parlant d’un seul instrument, dans un sens emphatique (de belles orgues, les grandes orgues de Notre-Dame de Paris), soit masculin en parlant de plusieurs instruments (les orgues fabriqués par Clicquot, les beaux orgues de Paris)[2].
12
+
13
+ Orgue partage cette particularité avec les termes amour et délice.
14
+
15
+ On s’accorde à dire que le premier orgue a été inventé par un Grec d’Alexandrie, Ctésibios[3], au IIIe siècle av. J.-C. Cet ancêtre fonctionnait avec de l'eau (celle-ci servant à égaliser la pression de l'air) et reçut le nom d’hydraulos, ou hydraule, c’est-à-dire « flûte (du grec aulos : tube, flûte) qui fonctionne avec de l’eau ».
16
+
17
+ L'iconographie nous apprend que l'hydraule accompagnait les combats de gladiateurs dans l'amphithéâtre romain. Pétrone, dans son Satyricon, dit que l'essédaire, gladiateur qui combattait sur un char, coordonnait ses gestes à la musique de l'hydraule[4].
18
+
19
+ De petits orgues comparables à nos orgues dits de Barbarie furent en usage chez les Romains, notamment dans les théâtres ; ceci explique la méfiance des premiers évêques chrétiens à l’égard des joueurs d’instruments et des musiciens, toutes catégories confondues[5]. Néron aurait découvert cet instrument pendant un voyage en Grèce, il fit vœu d'en jouer pour célébrer son triomphe si la victoire lui était donnée sur les Gaulois lors de la sédition de 67. Ses successeurs, Élagabal, Sévère Alexandre, Gallien, furent de fervents admirateurs de l’orgue[6].
20
+
21
+ Plusieurs fragments d'orgue d'époque romaine ont été retrouvés, dont celui d'Avenches[7] en Suisse. L’orgue disparaît néanmoins en Occident lors des invasions barbares.
22
+
23
+ À Byzance, l’orgue devient un instrument de la pompe impériale après le transfert du siège de l’Empire romain. Un orgue a été offert par une ambassade de Constantin V, empereur de Byzance, à Pépin le Bref en 757. Cette réintroduction de l’instrument en Occident, n’a d’abord servi qu’à rehausser la pompe profane des palais.
24
+
25
+ Ce n’est que plus tard qu’il fait progressivement son entrée dans la chrétienté occidentale : dans les cloîtres d’abord (comme « guide-chant ») au XIe siècle, puis au XIIe siècle dans les églises. Au XIIIe siècle, les grandes églises européennes rivalisent entre elles : elles agrandissent leurs instruments ou en construisent de nouveaux. L’orgue est définitivement reconnu par le monde religieux[8].
26
+
27
+ Du XIIIe siècle au XVe siècle vont apparaître les progrès techniques qui susciteront le développement du répertoire. Ainsi sera inventé l’abrégé qui permettra de regrouper les touches en un clavier (les notes étaient alors jouées par des tirettes directement positionnées sous le rang de tuyaux correspondant, empêchant toute virtuosité)[9]. Le pédalier fera également son apparition : une pédale indépendante est attestée dès le XIVe siècle pour les instruments suédois de Sundre et Norrlanda, ainsi qu’à Florence ou Halberstadt. Durant cette période, le buffet se développera, les claviers seront multiples pour le même instrument et la possibilité de différencier les jeux qui permettent de faire plusieurs instruments en un seul, abandonnée au début du Moyen Âge, sera redécouverte.
28
+
29
+ La diffusion de l’orgue fixe dans les églises ne devient importante qu’en liaison avec celle de la polyphonie à 4 parties. Du début du XIVe au milieu du XVIIIe siècle, les progrès techniques accompagnent et suscitent le développement du répertoire, aboutissant à un apogée au cours des XVIIe et XVIIIe siècles dans les principaux centres européens : Italie, France, pays germaniques, Pays-Bas, Angleterre et Espagne, créant des écoles associées de styles différents. En France, apparaît un ouvrage qui sera et restera la référence pour la construction des orgues dans l'esprit et la technique du XVIIIe siècle français : L'Art du facteur d'orgues, Dom. Bedos de Celles, 1766.
30
+
31
+ Du milieu du XVIIIe au début du XIXe siècle, l'orgue disparaît complètement du registre musical (phénomène du même ordre que pour le clavecin) au profit de l'orchestre symphonique, y compris dans le registre religieux, la facture d'orgues cesse lors de cette période[10].
32
+
33
+ Au XIXe siècle, l'orgue renaît avec l'apparition du style musical romantique et par la même occasion de la facture du même nom. La facture romantique renoue avec les progrès technologiques, sous l'impulsion notoire d'Aristide Cavaillé-Coll : ces progrès concernent au premier chef les modes de transmission et la production du vent, mais aussi l'esthétique musicale qui comporte la puissance autant que la délicatesse. Les compositeurs à l’utiliser à l'époque seront notamment César Franck et Felix Mendelssohn. La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle consacrent un orgue-orchestre : l’esthétique symphonique. Dans le même temps apparaît la facture de l'orgue de cinéma qui met en place l'esthétique moderne du son d'accompagnement de l'image avec des bruits (qui peuvent être de la percussion) et des sons mélodiques. Ce mouvement correspond à la mise en place du style laïc, essentiellement aux États-Unis où on trouve de la technologie moderne (par exemple par l'« orgue à vapeur » où le vent est remplacé par de la vapeur d'eau)[10]. Le XXe siècle voit cependant un intérêt grandissant pour les instruments anciens et leur style. Ce mouvement initié en Allemagne dans les années 1920 dans le même temps où les parties techniques du clavier sont modernisées avec l'électricité et la commande hydropneumatique, est poursuivi en France et dans les autres pays jusqu'à nos jours. Dans un premier temps, il constitue une esthétique nouvelle tentant une synthèse des orgues du XIXe siècle aux styles antérieurs : l'orgue néoclassique. Puis, plus tard, on se met à construire des orgues dans les styles d'avant le XIXe siècle que l'on redécouvre, dans un mouvement néo-baroque.
34
+
35
+ En France, ce mouvement se fait en parallèle avec un vaste chantier de restauration du patrimoine instrumental au titre des monuments historiques.
36
+
37
+ De nos jours, de nouvelles créations, poussées par le retour des orgues dans les salles de concert qui sont devenues pour la musique par leur capacité d'accueil et leurs caractéristiques sonores plus importantes que les églises (notamment au Japon, en Russie et aux États-Unis), s'inscrivent dans la continuité de la facture de l'orgue néo-baroque ou symphonique, en les reprenant avec des technologies nouvelles grâce à l'électricité et l'informatique et en reprenant des techniques de tuyaux à anches ou à sifflet dans l'ensemble réétudié des matières porteuses du son de l'orgue[10].
38
+
39
+ L’orgue se distingue de tous les autres instruments de musique par un certain nombre de caractéristiques qui le rendent à la fois unique en son genre et exceptionnel par bien des aspects.
40
+
41
+ Plus que pour tout autre, les caractéristiques peuvent varier considérablement d’un instrument à l’autre :
42
+
43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
+
45
+ Saint Cecilia et son orgue de table de 14 notes (Ambrosius Benson).
46
+
47
+ Orgue portatif (déplaçable, 33 notes).
48
+
49
+ Orgue positif (posé au sol, démontable).
50
+
51
+ Orgue de chœur, cathédrale de Moulins.
52
+
53
+ Cathédrale Sainte-Marie-Majeure de Marseille, orgue de chœur.
54
+
55
+ L'orgue de l'église de Pignans, dont le buffet est classé Monument Historique.
56
+
57
+ Cathédrale de Narbonne, orgues en nid d'hirondelle (67 jeux).
58
+
59
+ Grand orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris (115 jeux).
60
+
61
+ Grand orgue de l'église Saint-Eustache de Paris (101 jeux).
62
+
63
+ Sydney Town Hall Grand Organ.
64
+
65
+ Console du Boardwalk Hall Auditorium Organ d'Atlantic City (455 jeux). Cela autorise en théorie 2455 - 1 combinaisons, soit près de 10137.
66
+
67
+ Chaque grand instrument est un ouvrage unique. Il est adapté au local qui l’abrite, à sa destination musicale et liturgique, à l’importance du budget qui a pu lui être consacré : par nature, l'orgue est fabriqué sur mesure et surtout à la main. C'est donc une fabrication qui occupe beaucoup d'artisans hautement qualifiés, en faisant un instrument extrêmement coûteux, que ce soit en facture, en maintenance ou en restauration. À titre d'exemple une restauration d'un orgue de type symphonique d'une cinquantaine de jeux peut coûter plus de 900 000 €[15]. À l’époque baroque, l’orgue représente un des sommets de la technologie - seuls certains instruments d’horlogerie ou de serrurerie peuvent atteindre une complexité comparable.
68
+
69
+ L’organiste fait ses exercices sur un piano, un clavicorde ou un clavecin s’il ne possède pas lui-même un orgue. Si c’est le cas, il s’agit soit d’un orgue d'étude, soit d’un orgue de salon.
70
+
71
+ Depuis le XXe siècle, il existe aussi des orgues électromécaniques, tels les célèbres orgues Hammond, puis électroniques, dont le clavier et la registration ont des caractéristiques analogues, mais où la production des sons résulte d’une synthèse. De nos jours, ce sont les orgues numériques dont s’équipent principalement les particuliers (organistes, étudiants d’orgue et amateurs).
72
+
73
+ Deux instruments américains construits, le Wanamaker Grand Court Organ à Philadelphie dans le grand magasin Macy's[16] et le Boardwalk Hall Auditorium Organ (console : 337 jeux, 33 114 tuyaux, VII/P) à Atlantic City dans la vaste salle de spectacle (17 000 places) de Boardwalk Hall, sont considérés comme les plus grands au monde.
74
+
75
+ L'orgue peut être muni d'un système de jeu automatique. Il fut le premier à bénéficier de cette invention, éveillant l'étonnement de ses contemporains, et était actionné mécaniquement par un cylindre hérissé d'autant de picots que de notes à jouer. Haydn, Mozart et Beethoven furent commandités pour la composition de musique pour ce genre d'orgue. On distingue la serinette, la perroquette, l'orgue de barbarie et de nombreuses variantes d'orchestrions. Le limonaire appartient à cette catégorie. Le XIXe siècle vit la naissance du carton comme support d'enregistrement, d'abord lu mécaniquement puis pneumatiquement. Au XXe siècle se fit la lecture électrique et optoélectronique des cartons et papiers, puis apparurent les supports entièrement électroniques comme la carte mémoire.
76
+
77
+ Au XIXe siècle, un certain nombre d'orgues de salon, et plus tard de cinéma, furent construits pour être joués par ces deux systèmes. Déjà au XVIIIe siècle, surtout en Angleterre et en Suisse, on vit apparaître des orgues d'église à cylindre pour remédier au manque d'organistes[réf. souhaitée].
78
+
79
+ Quelle que soit la taille de l’instrument, l’orgue est composé des éléments suivants :
80
+
81
+ Ces éléments peuvent être regroupés en totalité ou en partie dans un meuble appelé buffet. Il peut y avoir plusieurs buffets distincts.
82
+ Dans une salle de concert, le buffet d’orgue est positionné derrière les places des autres instrumentistes de l’orchestre, mais également en tribune.
83
+ Dans les églises, le buffet peut être situé à différents endroits, plus ou moins favorables à l’acoustique :
84
+
85
+ Les orgues ont souvent un rôle décoratif important.
86
+
87
+ Le buffet, dont les deux fonctions initiales sont de cacher et protéger, joue également un rôle essentiel de porte-voix et de résonateur ; il constitue souvent chez les anciens une œuvre d’ébénisterie très travaillée témoignant du style de son époque, alternant parties de menuiserie richement sculptée et espaces occupés par les tuyaux de montre disposés en plate-faces et tourelles en nombre varié (2, 3, ou plus).
88
+
89
+ Dans la tradition française, le bois est généralement brut ; chez les Allemands, les Italiens, les Hollandais, la décoration fait souvent appel à la peinture et la dorure. Les décorations y sont parfois exubérantes.
90
+ Si en Italie et en Angleterre le buffet est souvent unique et réunit l’ensemble de l’instrument, en Espagne on retrouve régulièrement deux buffets se faisant face dans le chœur.
91
+
92
+ Dans les pays germaniques, le Werkprinzip associe étroitement l’architecture extérieure et l’architecture musicale des plans sonores : on retrouvera le buffet de la pédale fixé de chaque côté de la balustrade et les autres plans étagés facilement identifiables (positif de poitrine, positif de dos ou de couronne…). En France, les buffets sont fortement marqués par l’architecture brabançonne où l’on associe le positif de dos (petit buffet au bord de la tribune) au grand orgue et à la pédale (buffet en arrière sur la tribune et de plus grandes dimensions) avec la console située entre les deux.
93
+
94
+ Dans la facture moderne, le buffet est souvent assez dépouillé et tend à mettre en valeur les tuyaux de montre comme principal élément décoratif. Il va même parfois jusqu’à disparaître durant quelques décennies, des années 1930 à 1960, ne faisant que cacher les mécanismes de transmission et de distribution du vent et laissant apparents les tuyaux[17].
95
+
96
+ C’est l’organe de commande de l’instrumentiste. La console regroupe les éléments suivants (si présents dans l'instrument) :
97
+
98
+ Chaque clavier commande un plan sonore et les principaux portent un nom spécifique. Un plan sonore est composé d'un ou plusieurs jeux activés individuellement par les tirants. Les claviers peuvent ainsi faire dialoguer plusieurs plans sonores ou les faire jouer ensemble pour plus de puissance[18].
99
+
100
+ Chaque clavier comprend en principe 56 ou 61 notes mais peuvent en comporter moins suivant l'époque ou le style de leur construction. L'orgue italien fait traditionnellement dépendre l'étendue du clavier de la taille de la salle à sonoriser, ainsi, des étendues allant dans la contre-octave se rencontrent fréquemment, parfois aussi en Angleterre et en Allemagne. Aux États-Unis, on rencontre occasionnellement des orgues dont un ou plusieurs des claviers ont l'étendue d'un piano - probablement à l'imitation de certains orgues de cinéma. Ceci exige la construction de tuyaux particulièrement grands ou de reprises, et l'abandon du système de la transmission mécanique, les soupapes devant être démesurément grandes, augmentant d'autant la résistance au doigt.
101
+
102
+ Noms en français des plans sonores couramment rencontrés :
103
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104
+ L'orgue baroque allemand ne varie guère de ces concepts, les claviers standards sont le Hauptwerk (division principale) et le Rückpositiv (positif de dos) dans le nord de l'Allemagne et l'Autriche, ce dernier cédant la place au positif intérieur dans le sud de l'Allemagne. Il s'enrichit alors selon le cas d'un Oberwerk (division supérieure), Unterwerk (division inférieure, comparable à l'écho français), Rückpositiv, Brustwerk (positif de poitrine, en face de l'organiste) ou Kronwerk (division de couronne). Cependant, l'orgue Allemand est moins systématique dans sa conception, puisqu'au Hauptwerk se joint fréquemment comme second clavier un Oberwerk, un Unterwerk, voire un Kronwerk. Certains instruments possèdent un Fernwerk (division lointaine), placé le plus souvent dans les combles et permettant des effets plus théâtraux que liturgiques.
105
+
106
+ L'orgue de chœur - antiphonal aux États-Unis - peut-être parfois joué depuis la console principale, même à l'extrémité opposée de l'église, grâce à la transmission électrique. Ceci est plus fréquent aux États-Unis
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+ Les claviers (notamment des XVIe et XVIIe siècles) peuvent être partagés en basses et dessus. Cette division se retrouve principalement en Italie et en Espagne, mais n'est pas rare en France dans de petits instruments.
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+ L’accouplement permet de jouer simultanément les touches de deux ou plusieurs claviers en n’en touchant qu’un seul, et donc d’actionner simultanément l’ensemble des registres qui leur sont associés. On rencontre également des accouplements d'octave graves et aigües. Un Do3 joué par exemple sur le Grand-Orgue peut jouer le Do4 du Récit et le Do2 du Positif. On réserve le terme de tirasse à l’accouplement des claviers avec le pédalier.
111
+
112
+ Les marches (ou notes, ou touches) du pédalier peuvent être disposées parallèlement avec des marches longues (« à l’allemande »), parallèlement avec des marches courtes (« à la française ») ou rayonnantes (« en éventail ») théoriquement pour faciliter le jeu : en fait le pédalier en éventail est surtout diffusé aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne. De nos jours le pédalier comporte en général 30 marches (Do 1 à Fa 3), parfois 32 (Do 1 à Sol 3).
113
+
114
+ À l’origine, la console est intégrée au buffet et on la dit en fenêtre. On peut bien souvent la fermer par des volets ou des portes. Elle peut aussi bien se trouver sur la face avant que sur l'un des côtés du buffet. Elle peut, par exemple, être orientée de telle façon que l’organiste regarde vers le chœur de l’église. Dans de rares cas, elle se trouve à l’arrière. Avec l’évolution des techniques de traction (pneumatique et électrique), elle peut être séparée du buffet pour devenir une pièce indépendante de l’instrument, offrant plus de liberté pour son placement. Certains instruments possèdent deux consoles, l’une en tribune à traction mécanique, l’autre, électrique et mobile, au niveau du sol. Ce type de consoles mobiles offre aux interprètes la possibilité de jouer, dans de très bonnes conditions, avec orchestre ou d’autres instruments solistes en permettant une parfaite écoute de l’instrument, l'organiste n'étant plus assourdi par la puissance sonore de celui-ci et restant visible du public. Néanmoins une distance trop importante entre la console et l'orgue pose des problèmes liés au délai de propagation de l'onde sonore pour le jeu des notes rapides; ce qui peut s'avérer déroutant pour l'exécutant.
115
+
116
+ L’électronique puis l'informatique ont également apporté leurs contributions au mode de fonctionnement de l’orgue. Plusieurs tâches sont affectées à un module électronique ou à l’ordinateur. Il est l’assistant pour la registration et s’occupe de changer les jeux suivant une programmation établie par l’organiste, pendant que ce dernier est occupé à jouer : c'est le combinateur. Les premiers combinateurs furent d'ailleurs purement électromécaniques. Il existe de façon croissante des orgues équipés d'une interface MIDI, permettant de jouer l'orgue depuis un autre instrument midi, ou inversement. L'ordinateur permet aussi d’enregistrer et de restituer ce qui a été joué[19].
117
+
118
+ La soufflerie traditionnelle était constituée de grands soufflets généralement en forme de coin, actionnés à la main ou aux pieds par un ou plusieurs assistants[20]. En raison de la place occupée par cette installation dans les orgues importants, elle était souvent reportée dans un local contigu de la nef. Plus habituellement, elle est sise derrière l’orgue, voire dans le soubassement du buffet. On a cherché aussitôt que possible à s’affranchir de la main-d’œuvre, souvent difficile à mobiliser lorsque l’organiste voulait jouer, en mécanisant le fonctionnement des soufflets pompes à l’aide de la machine à vapeur ou même de la force hydraulique, puis du moteur électrique. De nos jours, à de rares exceptions près (reconstitutions d’instruments historiques), la production de l’air sous pression est confiée à un ventilateur électrique dont le bruit du moteur doit évidemment être aussi faible que possible. Il convient, pour des questions de température et d'hygrométrie, que l’air soit aspiré dans le même environnement que l’orgue qu’il alimente.
119
+
120
+ L’air mis sous pression, le vent en termes de facture d’orgue, est dirigé vers un (ou plusieurs) réservoir à soufflet, en forme de coin (les tables inférieures et supérieures sont liées par une charnière), ou à table parallèle ; ce soufflet a pour fonction d’établir une pression du vent constante au moyen de poids disposés sur la table supérieure ; il doit aussi éliminer les variations brusques de pression préjudiciables à la qualité du son émis, variations qui surviennent lorsque l’organiste joue des accords répétés par exemple. Il est précédé par un régulateur dont il commande mécaniquement l’action. Ce régulateur sert à contrôler en permanence la quantité d’air introduite dans le soufflet, en fonction de la consommation d’air induite par le jeu plus ou moins fourni de l’organiste. Son principe peut reposer sur l’ouverture variable d’une soupape ou d’un volet à rouleau par exemple.
121
+
122
+ Le facteur d’orgues peut même adjoindre sur les porte-vents des antisecousses, pour parfaire l’égalité de la pression. Ce sont de petits soufflets ou tablettes mobiles mis en équilibre par la pression de l’air. À l’opposé, un autre dispositif, appelé tremblant, est destiné au contraire à faire onduler le vent et donc le son des tuyaux de manière régulière, pour apporter un caractère expressif à certaines pièces musicales. Le tremblant peut fonctionner « dans le vent », à l’aide d’un simple volet mobile obturant partiellement un porte-vent et animé d’un battement produit par le passage de l’air, ou « à vent perdu », il crée alors des échappements d’air répétés (dispositif bruyant).
123
+
124
+ Certains grands instruments disposent de pressions d’air différentes pour chaque sommier. En ce cas, chacun d’entre eux dispose de son propre réservoir à soufflet régulateur disposé à proximité ; cette régulation de la pression peut même être localisée dans le sommier lui-même, selon un dispositif apparu au milieu du XXe siècle.
125
+
126
+ Le vent est ensuite distribué depuis le réservoir régulateur à l’ensemble des sommiers à l’aide d’un réseau parfois complexe de porte-vents. Il s’agit de canaux usuellement en bois, de section carrée le plus fréquemment, adaptée aux besoins en air des sommiers qu’ils alimentent.
127
+
128
+ La soufflerie doit dans son ensemble répondre aux besoins en vent de l’orgue qu’elle fournit. Ainsi, les anciens orgues présentaient souvent des déficiences en la matière, en raison du sous dimensionnement de certains éléments de distribution ou de pompes insuffisamment performantes. Bien des éléments entrent en ligne de compte pour le calcul des besoins en vent d’un orgue : le nombre de ses jeux, le type d’harmonisation pratiquée (plus ou moins consommatrice de vent), la conception stylistique même de l’instrument ; les facteurs d’orgues n’ont eu de cesse de parvenir à maîtriser l’alimentation du vent des instruments au cours des siècles ; à cet égard, Aristide Cavaillé-Coll développe au XIXe siècle des solutions techniques novatrices (soufflets à plis multiples entre autres) pour assurer une production importante de vent parfaitement régulé et stabilisé.
129
+
130
+ C’est le cœur de l’instrument car c’est lui qui fournit l’air sous pression aux tuyaux sonores en fonction des touches actionnées et des registres sélectionnés par l’organiste. Le sommier est la partie la plus délicate de l’orgue, car il doit assurer une distribution parfaite et équilibrée du « vent » (air sous pression) venant de la soufflerie et la distribuer aux registres sélectionnés, sans fuites d’air qui pourraient faire « corner » l’instrument, c'est-à-dire faire parler certains tuyaux même quand les touches ne sont pas enfoncées. L’étanchéité doit en être parfaite, ainsi que l’« attaque » des notes.
131
+
132
+ Le vent arrive à la partie inférieure du sommier dans une sorte de caisson étanche (la laye) dont il peut sortir par des soupapes actionnées par l’organiste. La tige qui tire une soupape pénètre dans la laye au travers d’une boursette en cuir très souple qui assure l’étanchéité tout en permettant le mouvement.
133
+
134
+ Le fonctionnement décrit ci-dessous est delui du sommier à registres, aujourd'hui le plus courant. Il existe également un autre système (le sommier à ressorts) utilisé surtout dans le passé et dans d'autres pays que la France.
135
+
136
+ Lorsqu’une soupape s’abaisse, l’air pénètre dans un autre espace, la gravure, qui dessert l’ensemble des tuyaux correspondant à la note sélectionnée. La gravure est surmontée de bas en haut :
137
+
138
+ La position du registre, tiré ou poussé, met en communication, ou non, la gravure avec le ou les tuyaux correspondants : l’air traverse alors, par les trous mis en regard, la table, le registre et la chape.
139
+
140
+ Un tuyau est donc sélectionné, et résonne, lorsque son registre est en position adéquate et que l’on appuie sur la touche qui le commande.
141
+
142
+ On appelle transmission l’ensemble des organes qui transmettent aux soupapes situées dans le sommier le mouvement de la touche qui est appuyée par l’organiste. Les mêmes principes s’appliquent au maniement des registres situés dans le sommier et actionnés depuis la console, mais qu’on appelle traction.
143
+
144
+ À l’origine, la transmission était purement mécanique et se composait d’un ensemble de leviers, de renvois en équerre, de tringles mobiles appelées vergettes, reliant l’arrière de la touche à la soupape. Cette technologie (toujours en usage aujourd’hui) demandait une grande minutie de réalisation pour que le mouvement soit précis et le mécanisme le plus léger possible au toucher. La réduction des frottements avait une grande importance, et tout ici nécessitait que la console soit le plus près possible du sommier : l’organiste jouait presque toujours en tribune. Le mécanisme était le plus simple lorsque le clavier était tout près du sommier : toutefois l’écartement des touches étant nécessairement plus petit que celui des soupapes (en raison de l’espacement des tuyaux), le mécanisme minimal nécessitait ce qu’on appelle l’abrégé. Ce principe de transmission reste en usage aujourd’hui, bénéficiant des connaissances et des moyens de fabrication modernes.
145
+
146
+ À partir du XIXe siècle, les principes de transmission se multiplient :
147
+
148
+ Ces dispositifs éliminent certains inconvénients de la transmission mécanique mais distancient l’interprète des organes sonores et le privent du toucher propre à cette dernière.
149
+
150
+ Les orgues se caractérisent et se différencient les uns des autres par leur composition qui résulte de l'ensemble des jeux disponibles répartis sur les différents plans sonores. Bien qu'on désigne communément les différents timbres de l'orgue sous l'appellation « jeu » ou « registre », ces deux mots ne sont pas synonymes. Le jeu désigne l'ensemble des tuyaux produisant le même timbre. Certains jeux peuvent être constitués de plusieurs rangs de tuyaux (mixtures ou cornets par exemple) et il y aura donc plusieurs tuyaux par note. Le registre, pour sa part, désigne le mécanisme qui permet d'appeler le jeu ou tout autre capacité de l'orgue (tremblant par exemple), c'est-à-dire le tirant visible à la console et la tringlerie permettant de transmettre l'action jusqu'au sommier.
151
+
152
+ L’émission sonore est assurée par des tuyaux qui reçoivent, à leur base, l’air sous pression venant du sommier. Le plus souvent, les tuyaux ont une position verticale ; ils peuvent aussi être disposés horizontalement (disposition en éventail dite « en chamade » souvent usitée en Espagne et au Portugal).
153
+
154
+ Les tuyaux diffèrent entre eux par de nombreux paramètres :
155
+
156
+ Les tuyaux se répartissent en deux grandes catégories :
157
+
158
+ Le principe de fonctionnement est celui de la flûte à bec
159
+
160
+ Les plus grands tuyaux d'orgue, de 32 et 64 pieds, sont capables d'émettre des fréquences sonores allant nettement plus bas que la limite inférieure de l'audition humaine, communément admise à 20 Hz, avec respectivement environ 16 et 8 Hz. À de telles fréquences, seules les harmoniques sont audibles, en plus des vibrations physiquement perceptibles.
161
+
162
+ On distingue deux types de jeux d'anche : les jeux à anche battante et les jeux à anche libre.
163
+
164
+ Le principe de fonctionnement de l'anche battante s’apparente à celui de la clarinette de l'orchestre : une languette en laiton à laquelle l’harmoniste donne une courbure particulière, entre en vibration sur une gouttière ou canal (appelée anche, à ne pas confondre donc avec l'anche de la clarinette, qui est la languette) sur laquelle elle est maintenue par un coin en bois dur ; son timbre est amplifié par un corps de métal ou de bois, conique, cylindrique ou de formes diverses en fonction du timbre recherché. La longueur et la forme de ce corps ont donc une influence sur le timbre mais plus sur la hauteur de note, contrairement aux jeux de fonds. L’accord s’effectue à l’aide de la rasette, petite tige de métal permettant de modifier la longueur battante de l’anche, et ainsi sa fréquence vibratoire. Dans le tuyau d’orgue, la languette claque violemment à chaque vibration sur le canal (ce qui s’entend aisément dans les notes les plus graves d’un jeu de 32 pieds par exemple).
165
+
166
+ Les jeux à anche libre fonctionnent sur le même principe que l'harmonica, l'harmonium ou l'accordéon.
167
+
168
+ Le caractère des jeux à anche peut être très varié : ces registres imitent parfois des instruments à vent de l'orchestre (le cromorne, la clarinette, le hautbois, le basson...) ; d’autres présentent un corps de tuyau très raccourci, tels les jeux de régale, au timbre pincé, imitant le cri du corbeau. De plus, le caractère change d'une époque à une autre et d'un pays à l'autre : par exemple le timbre peut être éclatant pour la trompeta de batalla espagnole, brillant pour la trompette française ou plus rond pour la trompette allemande.
169
+
170
+ On peut classer les jeux d'anche de la famille des anches battantes en trois catégories :
171
+
172
+ Les orgues ne produisent pas le son uniquement avec de l’air et des tuyaux. Il existe de nombreux instruments qui disposent également de registres de percussions et divers accessoires de bruitages.
173
+
174
+ On les rencontre dès l'époque de la renaissance, où des mascarons situés sur les buffets produisaient un effet pittoresque de percussion grâce à une pédale actionnée par l'organiste (exemple : l'orgue de Saint-Savin dans les Hautes-Pyrénées). En Allemagne, on trouve régulièrement des registres de glockenspiel, et des accessoires comme le Zymbelstern (carillon), le coucou, le rossignol, etc.
175
+
176
+ À ce titre il faut citer aussi les orgues-orchestres produits par la facture italienne au XIXe siècle. On en trouve beaucoup dans l’Italie de l’ouest, notamment dans les églises de la vallée de la Roya, en Ligurie et dans le Piémont[réf. nécessaire]. On rencontre principalement les accessoires suivants : Usignolo, Viela, Rollante, Timpani, Banda militare. On y trouve également le jeu de clochettes ou carillon (Campane).
177
+
178
+ L’orgue de cinéma accueille également des jeux très typiques que l’on ne trouve que très rarement ou jamais dans l’orgue baroque et encore moins dans l’orgue d’église. Ce sont essentiellement des accessoires de bruitage : la grêle, le vent, le tonnerre, le sifflet de locomotive, la sirène, le klaxon, le rossignol. Et sur des instruments de grande taille, on trouvera également des jeux de percussions chromatiques : xylophone, vibraphone, marimba, célesta et même piano, gong, carillon, harpe et clavecin.
179
+
180
+ Les orgues géants des États-Unis, comme l’orgue Wanamaker dont on peut voir ci-contre la console de 6 claviers ou comme l’orgue du Convention Hall d’Atlantic City qui possède 7 claviers, disposent de nombreux jeux de percussions et bruitages.
181
+
182
+ Les orgues français dits « classiques » sont des instruments reflétant l’esthétique et les méthodes de construction des XVIIe siècle et XVIIIe siècle : traction mécanique suspendue, tuyauterie coupée au ton, éventuellement tempérament inégal, pédalier à marches parallèles courtes, accouplements à tiroirs.
183
+
184
+ Les plans sonores s'articulent entre le Grand Orgue et le Positif, parfois avec un Récit permettant de jouer le dessus de certains jeux (cornet). La composition donne une large part aux plein-jeu et jeux de mutations. Sur les grands instruments, un clavier de Bombarde regroupe une partie du chœur des jeux d'anches appelés « grands jeux » et un clavier d'Écho peut commander un plan sonore éloigné. N.B. : La Bombarde est un registre pour l'orgue ; ce n'est pas un clavier à la console de l'orgue.
185
+
186
+ Exemple d'orgues classiques notoires en France :
187
+
188
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
189
+
190
+ Orgue Dom Bedos de l'abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux (1748)
191
+
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+ Cintegabelle (Haute-Garonne), église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge, orgue de tribune (31 jeux).
193
+
194
+ Grand orgue de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers.
195
+
196
+ Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, grand orgue.
197
+
198
+ Cathédrale Saint-Sacerdos de Sarlat, orgue en nid d'hirondelle.
199
+
200
+ Grand orgue de l'église Saint-Thomas de Strasbourg.
201
+
202
+ Orgue de tribune à double façade de la cathédrale du Puy.
203
+
204
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
205
+
206
+ Falaise (Calvados), église Notre-Dame de Guibray, grand orgue de Claude Parisot.
207
+
208
+ Abbaye de Mondaye (Calvados), église abbatiale, grand orgue.
209
+
210
+ Cathédrale de la Sainte-Trinité de Dresde, orgue de Johann Gottfried Silbermann.
211
+
212
+ Ravensburg, Klosterkirche, orgue de Johann Nepomuk Holzhey.
213
+
214
+ Memmingen, St. Andreas in Babenhausen, orgue de Johann Nepomuk Holzhey.
215
+
216
+ Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, les grandes orgues.
217
+
218
+ Église Saint-Martin de Trujillo, grand orgue.
219
+
220
+ Ces instruments furent construits majoritairement dans le second quart du XIXe siècle, à traction mécanique directe. Leur composition s’enrichit parfois de jeux de flûte harmonique, gambes, voix céleste voire d'anches libres mais reste inspirée de la facture classique, avec une tuyauterie coupée au ton et le plus souvent un maintien des mutations, simples et composées.
221
+
222
+ Orgues de transition remarquables en France sont :
223
+
224
+ En Belgique : l'orgue Wilhelm Korfmacher de l'église Saint-Sébastien de Stavelot (1841).
225
+
226
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
227
+
228
+ Grand orgue de la collégiale Notre-Dame-des-Pommiers de Beaucaire
229
+
230
+ Le grand orgue de la cathédrale Saint-François-de-Sales de Chambéry
231
+
232
+ Guémar (Haut-Rhin), église Saint-Léger, orgues
233
+
234
+ Grand orgue de l'église Notre-Dame de Saint-Étienne
235
+
236
+ Les orgues dites « romantiques » sont des instruments construits dans le milieu du XIXe siècle, sur lesquels on voit disparaître petit à petit les caractéristiques de l'orgue classique français, au profit de la multiplication des jeux de fonds et d'anches, notamment d'une hauteur de huit pieds. Apparaît un récit expressif remplaçant le positif comme deuxième clavier, et un pédalier à marches parallèles longues dit « à l'allemande ». Le nombre de notes du clavier vers les aigus est augmenté.
237
+
238
+ Orgues romantiques remarquables en France :
239
+
240
+ Quelques autres instruments romantiques français :
241
+
242
+ Au Royaume-Uni :
243
+
244
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
245
+
246
+ Cathédrale Notre-Dame de Bayeux, grand orgue.
247
+
248
+ Abbatiale Saint-Volusien de Foix, grand orgue (40 jeux).
249
+
250
+ Paris, Église Sainte-Élisabeth-de-Hongrie, grand orgue.
251
+
252
+ Église Saint-Sulpice de Paris, grand orgue.
253
+
254
+ Grand orgue de la cathédrale-basilique de Saint-Denis.
255
+
256
+ Cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer, grandes orgues.
257
+
258
+ Les orgues dits « symphoniques » sont des instruments construits selon les critères musicaux de la fin du XIXe siècle, avec généralisation de l’entaille de timbre pour la tuyauterie, adoption de tailles généreuses, omniprésence des boîtes expressives et utilisation des appels de groupe de jeux et de combinaisons.
259
+
260
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
261
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262
+ Cathédrale Saint-Étienne de Châlons-en-Champagne, grand-orgue (John Abbey (1849), Eugène et John Albert Abbey (1898)
263
+
264
+ Église Saint-Vincent-de-Paul de Marseille, grandes orgues.
265
+
266
+ Cathédrale de Murcie (Espagne), grand orgue.
267
+
268
+ Grand orgue de la cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation de Nancy de Nicolas Dupont, 1763.
269
+
270
+ Cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, grand orgue.
271
+
272
+ Abbaye Saint-Ouen de Rouen, grandes orgues.
273
+
274
+ Toulouse, église Notre-Dame de la Dalbade, grand orgue.
275
+
276
+ Instruments construits au début du XXe siècle, avec une généralisation des tractions pneumatique ou électrique, dont la composition conserve les critères symphoniques, avec un retour aux jeux de mutations dont la fonction est cependant différente de celle de l'orgue classique, et ont pour but d'élargir la palette sonore.
277
+
278
+ Exemples notoires : cathédrale Notre-Dame de Verdun, cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d'Arras, cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême, cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne, collégiale Saint-Salvi d'Albi, église Saint-Jérôme de Toulouse.
279
+
280
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
281
+
282
+ Cathédrale Notre-Dame de Verdun, grand orgue.
283
+
284
+ Cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême, grand orgue.
285
+
286
+ Église Saint-Jérôme de Toulouse, orgue de tribune.
287
+
288
+ Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d'Arras, grand orgue (76 jeux) et orgue de chœur.
289
+
290
+ Les orgues néoclassiques construits à partir des années 1930 tendent à un retour à certaines caractéristiques de l’orgue classique qu'on veut harmoniser avec les caractéristiques de l'orgue romantique, en incluant des consoles modernes pour pouvoir interpréter tout le répertoire. Les noms des facteurs d'orgue Victor Gonzalez et Georges Danion sont principalement rattachés à ce courant esthétique promu par André Marchal et Norbert Dufourcq.
291
+
292
+ Exemples : cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons, église Notre-Dame-de-l'Assomption de Royan, cathédrale Saint-Pierre de Beauvais.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
295
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296
+ Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, orgue de tribune (77 jeux).
297
+
298
+ Lille, Cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, grand orgue néoclassique (101 jeux).
299
+
300
+ Église Notre-Dame de Royan, grandes orgues.
301
+
302
+ Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons, grand orgue.
303
+
304
+ Cathédrale Saint-Étienne de Toul, orgue de tribune néoclassique.
305
+
306
+ Les orgues néo-baroques sont des instruments du XXe siècle et XXIe siècle construits ou restaurés dans l'optique de jouer de la musique baroque, principalement allemande et celle de Bach en particulier, de manière la plus respectueuse de l'esprit d'origine. Inspirés des travaux d'Albert Schweitzer et de la réforme alsacienne des orgues, les instruments tentent d'imiter, par leur composition, leurs accessoires, et leur technique de fabrication, les instruments du XVIIIe siècle. Les pressions sont donc abaissées, la traction mécanique suspendue est favorisée, surtout en Europe, les accouplements �� tiroirs font leur retour, l'ambitus des claviers peut être réduit, avec retour de l'octave courte. La composition dépendra de l'école choisie (Hollandaise, Française, Allemagne du Nord, Centrale ou du sud...), les plans sonores sont redistribués suivant le werkprinzip, les boîtes expressives disparaissent. Le tempérament est généralement choisi inégal avec un diapason qui peut être différent de la norme actuelle du La à 440 Hz (par exemple 415 Hz). Un nouvel orgue baroque, réalisé par le facteur d'orgue Thomas Ospital[26] a été installé en 2012-2013 dans l'église Saint-Vincent de Ciboure[27]. Cet orgue compte 3 claviers, 35 jeux et 2600 tuyaux[28]. Le titulaire est Thomas Ospital, également titulaire de l'église Saint-Eustache de Paris et artiste en résidence à Radio France[29].
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+ Exemple d'orgues de ce style : musée des Augustins de Toulouse (Ahrend 1981)
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312
+ Orgue de Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Gérald Guillemin.
313
+
314
+ Église du musée des Augustins de Toulouse, orgue néo-baroque.
315
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316
+ Saint-Étienne, église Saint-Louis, grand orgue (Denis Londe, 1997, dans l'esthétique de G. Silbermann).
317
+
318
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
319
+
320
+ Cathédrale Saint-Étienne d'Agde, orgue de Gérald Guillemin, 1990.
321
+
322
+ Cathédrale Saint-André de Bordeaux, orgue de tribune.
323
+
324
+ Cathédrale Notre-Dame de Grâce de Cambrai, grand orgue (49 jeux).
325
+
326
+ Abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu (Haute-Loire), orgue de Marin Carouge, restauré par Michel Garnier.
327
+
328
+ Cathédrale Saint-Bénigne de Dijon, orgue de tribune.
329
+
330
+ Cathédrale Notre-Dame d'Évreux, orgue (53 jeux, 2006).
331
+
332
+ Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Arnoux de Gap, grandes orgues.
333
+
334
+ Cathédrale Notre-Dame du Havre, grand orgue.
335
+
336
+ Cathédrale Notre-Dame de Laon, orgue de tribune.
337
+
338
+ Cathédrale Saint-Pierre de Montpellier 1776, Jean-François L'Epine.
339
+
340
+ Orgue Dom Bedos-Puget de la basilique Notre Dame des Tables de Montpellier.
341
+
342
+ Abbatiale Notre-Dame de Mouzon (Ardennes), orgue de tribune
343
+
344
+ Église Saint-Étienne de Mulhouse, orgue de tribune.
345
+
346
+ Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, grand orgue.
347
+
348
+ Orgues de la cathédrale Sainte-Réparate de Nice.
349
+
350
+ Église Saint-Gervais-Saint-Protais de Paris, grand orgue (Couperin).
351
+
352
+ Poligny (Jura), Collégiale Saint-Hippolyte, orgue de tribune.
353
+
354
+ Cathédrale Saint-Corentin de Quimper, grandes orgues.
355
+
356
+ Cathédrale Saint-Pierre de Rennes, grandes orgues (Aristide Cavaillé-Coll, 1874, Haerpfer-Erman, 1970).
357
+
358
+ Abbaye de Royaumont (Val-d'Oise), orgue (44 jeux) construit en 1864 par Aristide Cavaillé-Coll.
359
+
360
+ Église abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire, orgue d'Alain Sals (1983).
361
+
362
+ Cathédrale Saint-Dié de Saint-Dié-des-Vosges, orgues.
363
+
364
+ Abbatiale de Saint-Riquier (Somme), grandes orgues.
365
+
366
+ Cathédrale Notre-Dame de Sées (Orne), grand orgue (Parisot 1743, Cavaillé-Coll 1883).
367
+
368
+ Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, grand orgue en nid d'hirondelle.
369
+
370
+ Toulouse, église Notre-Dame du Taur, orgue de tribune.
371
+
372
+ Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes, grandes orgues (55 jeux).
373
+
374
+ Cathédrale Saint-Louis de Versailles, grandes orgues.
375
+
376
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
377
+
378
+ Salt Lake City (États-Unis), orgue du Tabernacle mormon.
379
+
380
+ Abbaye de Poblet (Catalogne), 2012 (Metzler Orgelbau AG).
381
+
382
+ Église d'Aurigeno (Canton du Tessin - Suisse), orgue typique italien du Nord, Giacomo Mascioni (1884).
383
+
384
+ Serrières (Suisse), temple, orgue espagnol de Joaquin Lois Cabello (2009)
385
+
386
+ Magadino (canton du Tessin - Suisse), orgue italien Mascioni (Varese) de 1987 (sur un instrument Balbiani de Milan). Agrandi et reconstruit par Mascioni : 40 jeux, 3 claviers.
387
+
388
+ Cathédrale de Lausanne, grandes orgues du facteur C.B. Fisk inauguré en 2003 (Fernwerk inauguré en 2013).
389
+
390
+ Cathédrale Saint-Paul de Londres, l'orgue sud.
391
+
392
+ Collégiale Sainte-Waudru de Mons (Belgique). Grandes orgues en 2018, après restauration.
393
+
394
+
395
+
396
+ L’orgue, de par ses possibilités de registration et de sa place comme accompagnement dans la liturgie ou les cérémonies récurrentes, est un instrument dont l'histoire est fortement marquée par l'improvisation musicale.
397
+
398
+ Les pièces pour orgue seul ont une écriture dépendant fortement de l'époque, notamment des capacités techniques de l'instrument (étendue du clavier, pédale, expression...) et des influences des compositeurs (art vocal, clavecin...). Parmi les types de pièces les plus répandues on peut citer :
399
+
400
+ Par ses nombreuses possibilités sonores, l’orgue peut jouer des œuvres composées pour orchestre en solo, avec des retranscriptions minimes.
401
+
402
+ Il peut aussi servir à l’accompagnement, dans le continuo (on utilise alors un positif, petit orgue à un seul clavier et sans pédalier), ou en formation dans des œuvres telles que :
403
+
404
+ Les pièces peuvent être également composées par le musicien au moment où il joue, il s'agit alors d'improvisations. Les types d'œuvre imrpovisées peuvent être des thème et variations, symphonies improvisées, suites de danses, ou encore poèmes symphoniques. Parmi les grands improvisateurs, on peut citer Charles Tournemire, Marcel Dupré, Pierre Cochereau, Pierre Pincemaille, ou encore Thierry Escaich.
405
+
406
+ Du fait du coût et de l'encombrement des grands orgues, l'organiste est un musicien qui est amené à jouer presque exclusivement sur des instruments dont il n'est pas le propriétaire.
407
+
408
+ L'organiste peut être titulaire de l'instrument sur lequel il joue. S'il est salarié, un contrat de travail est établi entre lui et l'affectataire du bâtiment contenant l'instrument (association diocésaine par exemple). En cas de bénévolat, une simple nomination par cet affectataire suffit.
409
+
410
+ En France, les organistes titulaires sont principalement issus des classes d'orgue des conservatoires régionaux et nationaux et sanctionnés par un diplôme. Les tribunes d'instruments prestigieux choisissent leur titulaire par concours.
411
+
412
+ Les compétences des organistes portent sur plusieurs spécialités musicales : une maîtrise suffisante du répertoire de l'instrument à travers les époques ; l'accompagnement du chant, ce qui suppose une bonne connaissance de l'harmonie car souvent seule la ligne de chant est donnée à l'organiste qui doit réaliser son harmonisation ; l'organiste liturgique donne le ton au prêtre, mais celui-ci peut entonner un demi ton ou même un ton au-dessous, et l'organiste doit alors savoir transposer instantanément ; l'improvisation à l'orgue vient compléter le savoir-faire : en effet, le déroulement des offices ne permet pas toujours de disposer d'un temps suffisant pour exécuter une pièce de répertoire. Ces spécialités sont les disciplines enseignées dans les classes d'orgue des conservatoires.
413
+
414
+ Les organistes de la Zone Apostolique de Paris bénéficient d'un statut professionnel particulier encadré par une charte et une convention collective. Ils sont employés par les paroisses et doivent obtenir une carte professionnelle[31].
415
+
416
+ Concernant les tribunes paroissiales catholiques, le rôle de l'organiste liturgique est régi par les textes officiels du service national de la pastorale liturgique et sacramentelle et le droit canon. Commission épiscopale pour la liturgie, « Charte des Organistes liturgiques ».
417
+
418
+ Dans certaines paroisses dépourvues d'organiste attitré, il arrive qu'une personne qui sait jouer du piano se porte volontaire pour remplir cet office. Si le jeu du clavier lui est familier, le jeu du pédalier et surtout la transposition instantanée indispensable quand le prêtre entonne au-dessus ou au-dessous peut poser problème.
419
+
420
+ En Allemagne, en Suisse et en Autriche, l'organiste professionnel est le plus souvent aussi chef de chœur et dirige jusqu'à cinq ou six groupes musicaux, organisant par ailleurs toute la vie musicale de sa paroisse. La formation est une formation généraliste de niveau licence (B-Prüfung) mettant en avant l'orgue, l'improvisation et la direction de chœur comme disciplines principales. Issu de la tradition du Kantor, la fonction fut restructurée au XXe siècle et divisée en cinq échelons professionnels. C'est le plus souvent le Kantor qui décide, ou non, de souligner son travail organistique. De nombreux postes d'organistes sont tenus par des organistes non professionnels titulaires du C-Prüfung, D-Prüfung ou sans diplôme.
421
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422
+ Voir aussi une bibliographie sur l'orgue sur le site d'Ars Musicae et la bibliothèque du site L'Hydraule.org.
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424
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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426
+ La fauconnerie, un patrimoine humain vivant (avec 17 pays) (2016) · L'idée et la pratique d’intérêts communs organisés en coopératives (2016) · La fabrication des orgues et leur musique (2017) · Le Blaudruck/Modrotisk/ Kékfestés/Modrotlač, impression de réserves à la planche et teinture à l'indigo en Europe (avec 4 pays) (2018)
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+ République de Cuba
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+ (es) República de Cuba
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+ Cuba, en forme longue la république de Cuba (en espagnol : República de Cuba), est un État insulaire des Caraïbes formé de l'île de Cuba (la plus grande île des Antilles), de l'île de la Jeunesse (appelée île aux Pins jusqu'en 1978) et de 4 095 cayes et Îlots[3],[4],[5]. Il est situé à l'ouest des grandes Antilles, à la confluence de la mer des Caraïbes, du golfe du Mexique et de l'océan Atlantique ; au nord-est des Îles Caïmans ; au nord-nord-ouest de la Jamaïque ; à l'est du Mexique (Yucatán) ; au sud-sud-est de la péninsule de Floride ; au sud-ouest des Bahamas ; à l'ouest d'Haïti et des îles Turques-et-Caïques.
10
+
11
+ Devançant Hispaniola en superficie, Cuba est toutefois derrière en nombre d'habitants : c'est ainsi la deuxième île la plus peuplée des Caraïbes avec près de 11 253 000 habitants. Sa capitale est La Havane, sa langue officielle l'espagnol et deux monnaies y sont utilisées : le peso cubain et le peso cubain convertible.
12
+
13
+ L'île a été une colonie espagnole de 1492 à 1898 puis un territoire des États-Unis jusqu'au 20 mai 1902. Depuis la révolution de 1959, Cuba se définit comme une république socialiste[6], bien que Fidel Castro n'officialise le caractère socialiste du régime que le 17 août 1961 à la suite de l'épisode de la Baie des Cochons, dont le Parti communiste de Cuba, créé en 1965, constitue la « force dirigeante supérieure »[7], mais le pays est considéré par ses opposants comme une dictature[8],[9].
14
+
15
+ Cuba est membre de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) depuis la Déclaration conjointe signée par Hugo Chávez et Fidel Castro le 14 décembre 2004 à La Havane.
16
+
17
+ Il n'y a pas de consensus entre les historiens quant à l'origine du nom Cuba. Pour certains il viendrait des mots taïnos cubanacán signifiant « place centrale », ou cubao « terres fertiles ». Pour d'autres, le nom découlerait de la contraction des mots arawaks coa « lieu, terre » et bana « grande », coabana. D'autres encore affirment que le nom vient de Cuba, ville de la province de l'Alentejo au Portugal, seul autre endroit au monde à porter ce nom. Contrairement à ce qui est affirmé parfois, Christophe Colomb n'a pas appelé l'île Juana en l'honneur de la fille des Rois Catholiques espagnols mais, selon Bartolomé de las Casas, en l'honneur de leur fils, le prince Don Juan : « En 1492, Colomb a découvert Cuba lors de son premier voyage. L'Amiral de la Mer Océane, vice roi des terres qu'il vient de découvrir, nomme Juanna cette terre qu'il croit être une île rattachée au continent asiatique. Colomb l'a nommée ainsi en l'honneur de l'enfant don Juan, fils d'Isabelle et Ferdinand, les Rois Catholiques, afin de les remercier. » Le 4 octobre 1497, le prince don Juan décède. On envisage, en Espagne, de renommer l'île.
18
+
19
+ Le premier document qui comporte le nom de Cuba est la carte de Juan de la Cosa, dessinée dans la première moitié de l'année 1500. L'île a aussi été appelée, ultérieurement, Fernandina, en l'honneur du roi Ferdinand, époux de la reine Isabelle de Castille. Après la mort du prince don Juan, Ferdinand d'Aragon a renommé l'île par un décret du 28 février 1515. Malgré le décret du roi Ferdinand l'île a conservé le nom de Cuba.
20
+
21
+ Cuba était peuplée d'Amérindiens : les Ciboneys et les Taïnos. Les Ciboney étaient des chasseurs et des pêcheurs qui ont laissé des peintures rupestres - plus de 200 dans les grottes de Punta del Este sur la Isla de la Juventud. Les Tainos vivaient de la culture et de la chasse et possédaient une forme primitive d'organisation sociale. Ces sociétés disparurent en moins de 50 ans au contact des Européens.
22
+
23
+ La monarchie catholique espagnole conquiert l'île au cours du XVIe siècle après la découverte de l'île par Christophe Colomb le 28 octobre 1492[10] et l'intègre à son empire. La domination espagnole durera jusqu'à la signature du traité de Paris en 1898. Au cours de ces quatre siècles, de nouvelles villes verront le jour dont Santiago de Cuba (1514) et La Havane (1515). Malgré les efforts de Bartolomé de las Casas, la population indienne payera un lourd tribut : elle sera pratiquement décimée en quelques années. Déçus par la faible productivité des mines d'or, les conquistadors décident de faire de Cuba leur plaque tournante vers le continent et l'utilisent comme escale pour les navires chargés des richesses du Nouveau Monde à destination de l'Espagne. L'île se tourna donc vers de nouvelles activités : tabac (plus ou moins 300 millions de cigares par an ainsi qu'une douzaine de milliards de cigarettes brunes ou blondes), café et canne à sucre (héritée de quatre siècles de colonisation espagnole et qui procure à Cuba le plus gros de ses ressources). Cette dernière activité nécessitant une main d'œuvre importante, il sera fait appel aux esclaves africains. Il semble que l'on ait cultivé dès 1523 la canne à Cuba où elle a trouvé les meilleures conditions de croissance : climat chaud, sols humides et, juste avant la coupe, une période sèche propice à la concentration du saccharose. En 1620, Cuba produisait 550 tonnes de canne à sucre.
24
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25
+ En 1763, il n'y avait pas plus de trente-six mille esclaves dans toute l'île. La culture sucrière, sans être négligeable, était très loin du niveau des colonies françaises, comme Saint-Domingue, ou anglaises, comme la Jamaïque. Après la longue guerre qui dure de 1791 à 1803 contre les esclaves noirs beaucoup de propriétaires blancs de Saint-Domingue fuient à Cuba où ils apportent capitaux et savoir-faire. De 1792 à 1860, on introduit à Cuba plus de sept cent vingt mille esclaves, plus qu'au cours des deux siècles précédents. Ensuite, les planteurs francophones viennent grossir le flot des Réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique.
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27
+ Même si, au XVIIe siècle, la population avait augmenté avec l'arrivée des colons espagnols et des esclaves africains, Cuba était encore, au début du XVIIIe siècle, une petite colonie. Pendant l'été 1762, la capitale fut conquise par les Anglais conduits par Georges Keppel et lord Albemarle. Ils allaient régner sur l'île pendant neuf mois. Aussi brève fût-elle, l'occupation anglaise modifia l'organisation économique et sociale de Cuba. Les restrictions commerciales imposées par l'Espagne furent abolies, marquant le début des échanges avec les colonies anglaises d'Amérique du Nord. Le trafic des esclaves s'intensifia pour fournir la main d'œuvre nécessaire dans les plantations. À l'issue du traité de Paris, signé en 1763, Cuba fut rendue à l'Espagne en échange de la Floride attribuée aux Britanniques.
28
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29
+ Dans les régions plantées de palmiers royaux, trop accidentées pour les machines modernes, des brigades de travailleurs de provinces et de villes différentes et de toutes professions viennent encore couper la canne à la machette. Volontaires, nourris six fois par jour[réf. nécessaire], pouvant gagner cinq fois plus qu'un ouvrier ordinaire, ils ont droit à tous les égards. Au XVIIIe siècle, le châtiment le plus redouté par l'esclave urbain était d'être vendu aux planteurs de l'intérieur ; prisonniers du domaine, les Noirs ne recevaient ni argent ni éducation.
30
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31
+ Alors que la traite était officiellement abolie, plus de 360 000 esclaves furent débarqués entre 1820 et 1860 au port de La Havane, qui comptait au début du siècle 40 000 Blancs et 30 000 esclaves. C'est en 1886 que fut entièrement supprimé l'esclavage[11], fondement de l'économie coloniale, source des richesses de toute l'aristocratie créole.
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+ Les luttes pour l'indépendance remontent au milieu du XIXe siècle avec la guerre des Dix Ans qui débuta en 1868 ; Les États-Unis intervinrent dans la guerre d'indépendance cubaine, qui avait fait 200 000 morts depuis 1895 (soit 1/8 de la population), lors de la guerre hispano-américaine. Ils occupèrent ensuite l'île de 1901 à 1902, puis de 1905 à 1909. Les États-Unis poursuivirent une ingérence marquée jusqu'en 1934 (révocation de l'« amendement Platt » et Politique de bon voisinage).
34
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35
+ En 1924, Gerardo Machado devient président avec le soutien du Parti libéral et des États-Unis. Il dirige le pays d'une main de fer jusqu'en 1933, supprimant la liberté de la presse et réprimant l'opposition. La police secrète est organisée de manière à exercer un étroit contrôle sur le pays et les hommes de main du régime, les porristas, font le coup de feu en pleine ville, assurés de l'impunité. La police importe à Cuba la ley fuga du dictateur mexicain Porfirio Díaz qui permet d'abattre un prisonnier qui prend la fuite, procédé permettant l'élimination de nombre d'opposants gênants. Certains prisonniers sont même jetés aux requins. Le tourisme en provenance des États-Unis se développe considérablement. Les mouvements étudiants, les syndicats et les mouvements d'inspiration socialiste résistent à la dictature, ce qui aboutit à sa chute en 1933[12][source insuffisante].
36
+
37
+ Durant cette période et en particulier sous les gouvernements de Fulgencio Batista (1940-1944 et 1952-1959), l'île est massivement investie par la Cosa nostra qui y installe casinos et pratique le blanchiment d'argent à grande échelle[13]. Les mafias italo-américaines trouvent à Cuba « calme, impunité, profits » et pratiquent la corruption à large échelle des élites locales. Une convergence d'intérêts se crée entre ceux de la Cosa nostra, des grandes sociétés américaines implantées dans l'île et du gouvernement des États-Unis, notamment de ses services de renseignement[13].
38
+
39
+ Fidel Castro, en opposition avec l'idéologie capitaliste du nouveau dictateur, organise un premier coup d'État le 26 juin 1953 dans le Cuartel de la Moncada[C'est-à-dire ?] qui échoue. Ses participants et Fidel Castro lui-même sont jugés et emprisonnés. Deux ans plus tard, les protestations civiles demandant la libération de Fidel Castro poussent le gouvernement de Fulgencio Batista à l'expulser du pays. Il est ainsi libéré sous contrainte de s'exiler au Mexique. C'est là-bas qu'il prend la tête d'une armée rebelle en 1956, accompagné de son frère Raúl Castro et Che Guevara, en voyage dans le pays. La troupe faite de 82 hommes, prend le temps d'organiser une stratégie et de se former militairement pour renverser la dictature. Au même moment, le bateau El Grandma est rénové, et leur sert à la traversée du Mexique à Cuba. De retour à Cuba avec son armée, il renverse la dictature de Fulgencio Batista le 1er janvier 1959. Les États-Unis sont, en 1959, l'une des premières nations à reconnaître diplomatiquement le nouveau gouvernement, mais les rapports entre les deux pays se gâtent dès le mois de mai de la même année, lors de la nationalisation des avoirs étrangers (dont ceux de United Fruit Company).
40
+
41
+ Par la suite, du 17 au 19 avril 1961 eut lieu la tentative de débarquement à la baie des Cochons de 1 400 réfugiés, recrutés, payés et entraînés par la CIA américaine, qui se solda par un échec. Les États-Unis mirent alors en place un embargo économique en 1962, mais renoncèrent à toute invasion de Cuba, pourtant un temps envisagée selon les plans de l'opération Northwoods mais dont la mise en œuvre fut finalement refusée par le président John Kennedy, aux termes d'un accord signé pour conclure l'affaire des missiles de Cuba.
42
+
43
+ L'embargo des États-Unis contre Cuba (décrit à Cuba par le terme espagnol « el bloqueo » qui signifie « le blocus ») est un embargo économique, commercial et financier à l'égard de Cuba par les États-Unis mis en place le 7 février 1962 à la suite de nationalisations expropriant des compagnies américaines. Cet embargo commercial est le plus long de l'histoire moderne.
44
+
45
+ Le pays fut longtemps soutenu par l'URSS qui lui accordait une aide (4 à 6 milliards de dollars américains par an jusqu'en 1990) en échange de son alignement sur sa politique : envoi de forces cubaines dans plusieurs pays d'Afrique pour protéger des gouvernements communistes ou déstabiliser ceux du « camp adverse », soutien aux mouvements révolutionnaires d'Amérique latine. Mais cette question fait l'objet de controverses. Cuba avait sa propre logique tiers-mondiste et une population noire était particulièrement tentée d'envoyer de sa propre initiative des soldats en Angola en novembre 1975 soutenir le MPLA quand les troupes sud-africaines envahirent l'ancienne colonie portugaise. L'URSS intervint après pour aider les Cubains à redresser une situation militaire très difficile. En Amérique latine, Moscou avait conclu avec Washington en mai 1972 un « code de bonne conduite » qui lui interdisait d'aider militairement les mouvements révolutionnaires. À l'automne 1981, accusé par Ronald Reagan de fournir des armes à la guérilla salvadorienne, Fidel Castro démentit et invoqua la clause d'un accord avec l'URSS qui lui interdisait d'exporter les armes vers les guérillas latino-américaines. Cuba fait face à une grave crise économique depuis la disparition de l'URSS et le maintien de l'embargo des États-Unis.
46
+
47
+ Cinq agents de Cuba sont détenus aux États-Unis[14]. Arrêtés en septembre 1998, ils ont été condamnés en décembre 2001 à Miami, pour, notamment, conspiration en vue de commettre des actes d'espionnages et des délits. La justice américaine leur reproche de s'être fait employer à la Key West Naval Air Station pour espionner pour le compte du gouvernement cubain, ainsi que pour avoir fourni des informations ayant permis à l'armée cubaine d'abattre deux avions américains d'organisations cubo-américaines, hors du territoire cubain, faisant quatre victimes américaines[15]. En appel, certaines des condamnations ont été maintenues et d'autres revues à la baisse. En 2009, les peines de prison infligées ont été revues à la baisse. Selon le gouvernement cubain, ces agents n'étaient pas des espions mais devaient infiltrer des organisations terroristes anti-cubaines basées à Miami, organisant des attentats ultérieurement. Selon les défenseurs de ces agents, des violations de la loi dans leur traitement et leur procès auraient eu lieu. Au niveau international, de nombreuses organisations comme Amnesty International ont appelé à un nouveau procès, jugeant le fonctionnement de la justice inéquitable mais la cour suprême américaine a refusé de revoir le cas.
48
+
49
+ Selon Cuba, de nouvelles sanctions ont été introduites à son encontre par le gouvernement américain sous la présidence de George W. Bush[16]. La Commission for Assistance to a Free Cuba (en), créée en 2003 par le président Bush, a proposé de dégager tous les deux ans une somme de 80 millions de dollars destinée à financer activement « l'opposition démocratique cubaine » avec pour but « d'aider la société civile cubaine à réaliser la transition démocratique[17] » et la mise en place d'un « gouvernement de transition » reconnu par les États-Unis. En 2008, l'agence gouvernementale USAID s'est engagée à rendre effectives les propositions de la commission afin de lutter contre « la tyrannie à Cuba[18] ».
50
+
51
+ Le gouvernement cubain reproche également aux États-Unis d'héberger plusieurs terroristes ayant commis des attentats à Cuba, parmi lesquels Luis Posada Carriles (dont il réclame l'extradition au Venezuela[19]) et Orlando Bosch Ávila. Luis Posada Carriles a déclaré dans le New York Times du 12 juillet 1998 avoir été financé par la Cuban American National Foundation (CANF) (« Fondation nationale cubano-américaine »), organisation officielle basée à Miami.
52
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53
+ Fidel Castro dirige Cuba jusqu'au 31 juillet 2006 puis c'est son frère Raúl Castro Ruz qui, après avoir assuré l'intérim du pouvoir, est élu le 24 février 2008 président du Conseil d'État et du Conseil des ministres par l'Assemblée nationale.
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55
+ En mars 2009, le Congrès des États-Unis autorise les citoyens américains d'origine cubaine à se rendre à Cuba une fois par an[20] ; puis, le 13 avril 2009, le président annonce la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Cubano-Américains vers l'île[20]. Il est toujours interdit d'envoyer de l'argent à des membres de la fonction publique ou de l'armée cubaine[20], et l'embargo est, pour sa plus grande partie, maintenu.
56
+
57
+ Le 17 décembre 2014, les deux pays annoncent conjointement la reprise de leurs relations diplomatiques, impliquant un assouplissement de l'embargo américain sur Cuba[21]. À cette occasion, les trois agents cubains toujours emprisonnés aux États-Unis sont libérés.
58
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59
+ Le 20 juillet 2015, les bâtiments qui abritaient jusqu'à présent les sections d’intérêts dans chaque capitale ont retrouvé leur statut d’ambassade[22]. Les employés ont été accrédités auprès de ces dernières et les chefs de mission sont devenus chargés d'affaires, en attendant la nomination d'ambassadeurs.
60
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+ Le 20 mars 2016, le Président américain Barack Obama fait une visite officielle à Cuba. C'est la première fois depuis 1928 qu'un Président américain en exercice se rend sur le sol cubain[23].
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+ Les relations entre les deux pays se détériorent après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. La nouvelle administration cite Cuba comme partie intégrante de la « troïka de la tyrannie » (au côté du Venezuela et du Nicaragua) en Amérique latine[24]. Des sanctions économiques sont dirigées vers l'ile, notamment de fortes restrictions de l'activité touristique[25].
64
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+ La république de Cuba est située entre la mer des Caraïbes au sud, le golfe du Mexique au nord-ouest, la Floride au nord et les Bahamas au nord-est, elles-mêmes baignées par l'Atlantique Nord. C'est un archipel composé de l'île de Cuba, longue de 1 210 km (qui fait d'elle la plus grande île des Antilles), de l'île des Pins (île de la Jeunesse) et de 4 095 keys[3],[4],[5]. Géographiquement, elle se trouve à proximité du tropique du Cancer, à 87 km à l'ouest-nord-ouest de la pointe du Cheval Blanc, sur l'île d'Haïti; à 145 km au nord de la Jamaïque ; à 208 km de Punta Cayo Raton, sur la péninsule du Yucatán (Mexique), et à 212 km au sud de East Cape, sur la péninsule de Floride. La République comprend l'île entière ainsi que la Isla de la Juventud (« île de la Jeunesse »), mais l'entrée de la baie de Guantánamo est occupée depuis 1898 (officiellement loué depuis 1903) par les États-Unis qui y ont installé une importante base navale (que les États-Unis maintiennent malgré l'opposition du gouvernement cubain).
66
+
67
+ Cuba abrite une biodiversité particulièrement importante et un grand nombre d'espèces endémiques, allant du plus petit oiseau de la planète (le colibri d’Elena) au crocodile local qui peut mesurer jusqu'à six mètres de long en passant par les iguanes terrestres, le hutia, 370 espèces d’oiseaux, 26 de chauve-souris, et les escargots Polymita[26]. Le pays est l'un des rares où les populations d'abeilles n'ont pas décliné, grâce à la promotion d'une agriculture biologique[27].
68
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+ L'île a jusqu'à présent réussi à conserver sa beauté naturelle intacte et est considérée comme le poumon vert des Antilles. Les autorités cubaines font de la protection du patrimoine naturel une priorité et ont créé plus de deux cent cinquante zones naturelles protégées, couvrant l’équivalent de 22 % du pays. La réserve naturelle des Jardins de la reine, qui comprend près de 150 kilomètres d’îles, de récifs et de mangroves accueille un récif corallien parmi les mieux préservés au monde. Le développement du tourisme de masse et le réchauffement climatique font cependant peser certaines craintes[26],[28].
70
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71
+ Cuba est régulièrement frappée par des ouragans pendant l'été et l'automne. Parmi ceux-ci, l'ouragan de Cuba de 1910 a été particulièrement marquant, affectant l'île durant 5 jours. En juillet 2005, l'ouragan Dennis a fait 16 morts selon les autorités, provoqué d'importants dégâts et plus d'un million et demi de personnes furent obligées d'évacuer. Avec des vents de 300 km/h, ce dernier ouragan est passé à la catégorie 4 de l'échelle de Saffir-Simpson qui compte 5 catégories. La saison cyclonique 2008 a beaucoup pesé sur l'économie cubaine, surtout l'agriculture et l'élevage : les destructions causées par les cyclones sont évaluées par le dirigeant Raúl Castro à 10 milliards de dollars (7,9 milliards d'euros)[29]. 500 000 foyers ont été affectés, 156 000 hectares de canne à sucre ont été détruits et 500 000 ont été inondés[29].
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+
73
+ Face aux situations de crises que causent régulièrement les ouragans, le peuple cubain et l'État ont acquis une certaine expérience et mis en place une logistique permettant de protéger les personnes et les biens des vents sauvages assez fréquents dans l'île. Dix ouragans majeurs ont frappé Cuba entre 1985 et 2004, ne provoquant que vingt-deux décès. Ainsi, quand Cuba est frappé par l’Ouragan George en 1998, il n’y eut que quatre morts contre 600 dans les autres pays touchés. De même, l’ouragan Charley d’août 2004 provoqua quatre morts à Cuba contre 30 en Floride. Pour le responsable de l’agence des Nations unies « International Straegy for Disaster Reduction » M. Salavano Briceno, cette réussite cubaine repose sur l’importance de l’effort éducatif et de prévention consenti par les autorités cubaines. La qualité des services de secours cubain a fait l'objet d'un forum spécifique lors de la « World Conference on Disaster Reduction » de janvier 2005[30].
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+ L'île située au sud du tropique du cancer jouit essentiellement d'un climat tropical qui est presque partout rendu agréable par les alizés. La moyenne de température s'élève à 25,5 °C ou 78 °F. L'air ambiant est très humide[31]. La saison sèche va de novembre à avril. Le mois d'août est le plus pluvieux. Mais il ne pleut jamais plus de quarante-huit heures consécutives.
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+ Le pays est divisé en 15 provinces et une « municipalité spéciale » (l'île de la Jeunesse qui ne constitue pas une province à part entière). Chaque province est divisée en municipalités qui sont actuellement au nombre de 172 sur l'ensemble du territoire cubain.
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+ Les principales villes du pays sont :
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+ Le pays est régi par la Constitution de 1976. Cuba se présente comme un pays socialiste et se veut être une république unitaire des ouvriers et paysans et une république parlementaire. Le Parti communiste est le seul parti politique reconnu par la Constitution, qui le désigne comme « la force dirigeante supérieure de la société et de l'État »[7]. Néanmoins, il ne peut désigner les candidats aux élections. En effet, ils sont désignés soit directement par les électeurs pendant des réunions publiques ou soit par les assemblés municipales. Le régime cubain est souvent de ce fait qualifié de dictature[8],[9], mais un débat existe en France et ailleurs sur la pertinence de cette qualification : le diplomate Jean Mendelson, estime ainsi en 2016 que « Cuba ne correspond à aucune case : ni démocratie représentative, ni dictature »[32].
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+ L'organe suprême du pouvoir exécutif est le Conseil d'État, présidence collégiale composée de 31 membres élus par le Parlement pour cinq ans et dont le président exerce la charge de chef de l'État.
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+ Les fonctions gouvernementales sont exercées par le Conseil des ministres dont la présidence est exercée par le président du Conseil d'État.
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+ Fidel Castro est premier ministre de 1959 à 1976, puis, après l'abolition de cette charge, président du conseil d'État de 1976 à 2008. Il est devenu, en 1965, premier secrétaire du Parti communiste de Cuba et, en 1976, représentant à l'Assemblée nationale de la municipalité de Santiago de Cuba. Raúl Castro est investi par l'Assemblée nationale à la tête de l’État en juillet 2008, succédant à son frère Fidel Castro. Il lui succède, en 2011, à la tête du parti. Le 18 avril 2018, Miguel Díaz-Canel devient le premier président du Conseil d'État à ne pas être issu de la famille Castro. Raúl Castro reste toutefois à la tête du parti.
88
+
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+ Le parlement cubain est l'Assemblée nationale du pouvoir populaire (Asamblea Nacional del Poder Popular). C'est l'organe suprême du pouvoir de l'État, doté des droits de voter les lois et de modifier la Constitution. Ses 614 membres sont élus pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. L'Assemblée nationale élit en son sein le Conseil d'État et son président par un vote à bulletin secret. Selon la Constitution, les députés doivent rendre des comptes régulièrement à leurs électeurs et sont révocables par ceux-ci[33].
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+
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+ Les dernières élections municipales se sont tenues le 25 avril et 2 mai 2010, ayant désigné un peu plus de 15 000 délégués dans les 169 assemblées municipales. Selon la Constitution cubaine, c'est le seul scrutin permettant aux électeurs cubains de désigner directement leurs candidats lors de réunions publiques. En pratique, les délégués n’ont obtenu aucun pouvoir supplémentaire lors de la réforme constitutionnelle de 1992[34],[35]. De plus, selon une étude de Christian Nadeau, le Parti Communiste Cubain serait affecté par des problèmes de corruption[36].
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+ Lors des élections générales du 20 janvier 2008, les délégués municipaux ont désigné à leur tour les candidats à l'Assemblée nationale du pouvoir populaire (614 députés), et aux 14 Assemblées provinciales (1 200 délégués sur tout le pays). Parmi ces candidats, les députés sont élus au suffrage universel direct.
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+ L'Assemblée nationale a ensuite élu les 31 membres du Conseil d'État qui, selon la constitution cubaine, ont investi le 24 février 2008 Raúl Castro président de la république de Cuba.
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+ L'armée cubaine, appelée « Forces armées révolutionnaires », a été très développée durant la guerre froide avec l'aide massive de l'URSS, ainsi l’armée cubaine compta 162 000 hommes en 1985. Elle est en forte régression depuis 1990, son effectif était de 105 000 militaires en 1995 et de 49 000 soldats en 2004.
98
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99
+ En 2003, le budget de la défense était à 4 % du produit intérieur brut[37] et estimé à 380 millions de dollars[38].
100
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101
+ Le gouvernement cubain s'appuie également sur plusieurs forces paramilitaires et milices tels la Ejército Juvenil del Trabajo (armée des jeunes travailleurs), les Milicias de Tropas Territoriales (milices territoriales) et Comités de Defensa de la Revolucion (comités de défense de la révolution) sous contrôle du ministère de l'Intérieur[39].
102
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103
+ Elle a été massivement engagée dans plusieurs pays d'Afrique dès les années 1960[40]. Elle a notamment participé à la bataille de Cuito Cuanavale.
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+ Selon Amnesty International, les libertés fondamentales d'expression, d'association et de circulation[41] sont réduites, ce qui aurait contribué à provoquer l'exode de centaines de milliers de Cubains, réfugiés notamment en Floride. Selon Christian Nadeau, dans les années 1990, le pouvoir a maintenu un contrôle strict de la société civile, notamment par le biais des Comités de défense de la révolution, et augmenté la présence policière[35]. Toujours selon Christian Nadeau, en 1996, Raúl Castro a proclamé la fermeture politique totale de Cuba et la réforme constitutionnelle de 2002 a verrouillé toute possibilité de dissidence[42]. Selon Yannick Bovy, la répression s'est alors intensifiée à l’égard de toute opinion contraire à celle du gouvernement[43],[44].
106
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107
+ Des opposants au régime sont en prison : selon Amnesty, 62 personnes étaient incarcérées pour des raisons politiques fin 2007[41]. Cependant, selon Salim Lamrani, Amnesty admet que ces personnes ont accepté de toucher de l'argent de l'étranger, ce qui, en droit international, les classe non pas en opposants politiques mais en « agents stipendiés par une puissance étrangère » et tombent dans le cadre de la loi pénale[45]. Ces personnes ont été condamnées par un tribunal cubain pour avoir reçu de l'argent de la Section des Intérêts des États–Unis à La Havane[46], d'avoir collaboré clandestinement avec des médias américains et avoir diffusé de fausses nouvelles sur l’île, ce qui relève de la trahison. Trahison aussi et surtout parce que les informations payées[47] par l'administration américaine et diffusées par ces collaborateurs permettent aux États-Unis de justifier en partie le maintien de l'embargo sur Cuba. Cet épisode est un aspect de la guerre politique et économique que se livrent Cuba et les États-Unis depuis 60 ans où le vrai du faux est difficile à appréhender. Les détracteurs du gouvernement cubain les qualifient de « prisonniers politiques », tandis que ses partisans préfèrent le qualificatif de « mercenaires ».
108
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109
+ Ignacio Ramonet du Monde diplomatique souligne pour sa part que lorsque Raúl Castro arriva à la tête de l'État en 2008, il lança un vaste débat à l'échelle du pays pour déterminer les attentes principales de la population. De nombreuses critiques y furent formulées contre certains aspects de la politique menée[48].
110
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111
+ À la Commission des droits de l'homme de l'ONU, Cuba était toujours l'objet de critiques pour violations des droits de l’Homme[49]. Sur ce point, Cuba a dénoncé une « manipulation » de la part du gouvernement américain : les résolutions condamnant Cuba étaient présentées par les États-Unis et leurs alliés, et votées à une courte majorité, sous pression du gouvernement américain selon Cuba[50].
112
+
113
+ En juin 2007, le Conseil des droits de l'homme a supprimé le poste de rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme à Cuba, occupé par la juriste française Christine Chanet. En 2006, Cuba est élue membre du Conseil par l'Assemblée générale de l'ONU, lorsque celui-ci remplace la Commission. Le 12 mai 2009, Cuba a été réélue pour une seconde période de trois ans.
114
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115
+ Bien que Cuba n'ait pas aboli la peine de mort, la dernière exécution en date remonte à 2003. En 2010, l'île ne compte plus aucun condamné à mort, les dernières condamnations ayant été commuées[51].
116
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117
+ Selon l'ONG des droits de l'homme Amnesty International, 8 600 personnes ont été arrêtées pour des motifs politiques en 2015, pour des durées allant généralement de 1 à 30 heures[52]. En 2019, Amnesty International considère que Miguel Díaz-Canel maintient un dispositif répressif, au moins 70 personnes sont condamnées pour délit d'opinion[53].
118
+
119
+ Au lendemain de la prise de pouvoir, le gouvernement nationalise en 1960, 90 % du secteur industriel et 70 % des terres agricoles[54]. Il confisque les entreprises américaines, en représailles contre le non-respect du Sugar Act, qui prévoyait l'achat par les États-Unis du sucre à des prix au double de celui du marché, et conclut un accord commercial avec l'URSS. Le gouvernement cubain met en place une économie planifiée. La plupart des moyens de production sont contrôlés par l'État et la plupart de la main-d'œuvre est employée dans le secteur public. Ces dernières années le secteur privé s'est développé. En 2000, le secteur public représentait 77,5 % des emplois et le secteur privé 22,5 % alors qu'en 1981 le rapport était de 91,8 % et 8,2 %[55]. L'investissement est réglementé et la plupart des prix sont fixés par les autorités publiques.
120
+
121
+ La chute de l'Union soviétique et du COMECON qui priva l'île de ses principaux partenaires commerciaux et l'embargo des États-Unis eurent de lourdes conséquences sur l'économie cubaine. L'Union soviétique achetait le sucre cubain à un prix supérieur au prix du marché et fournissait du pétrole à bas prix. En 1992, le niveau des échanges avec les pays de l'ex-COMECON représentait moins de 7 % du niveau de 1989. Dans le même temps, le PNB cubain chuta de 34 %, les revenus par habitant de 39 %. En 1992, les États-Unis ont resserré l'embargo contre Cuba, tout bateau qui entrait dans un port cubain était refusé d'accès aux États-Unis pendant six mois. Des centaines de tonnes de nourriture et de médicaments étaient prises en otage. Quelques années plus tard, l'embargo fût intensifié, chaque pays qui commerçait avec Cuba se voyait interdit d'accès aux États-Unis, l'accès de Cuba aux capitaux étrangers s'écroulait.
122
+
123
+ Face à cette crise économique, Cuba libéralisa un peu son économie. Le développement d'entreprises privées de commerce et de manufactures fut permis, ainsi que la légalisation du dollar américain dans les magasins pour un temps (non permis depuis 2004). Le tourisme fut aussi encouragé. En 1996, l'activité touristique représentait plus que la culture de la canne à sucre en termes de devises. 1,9 million de touristes ont visité l'île en 2003, pour l'essentiel des touristes venant du Canada ou de l'Union européenne, générant 2,1 milliards de dollars de revenus[56]. La productivité cubaine demeure cependant insuffisante et les performances de l'économie entravées par le manque de moyens de transport[57].
124
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125
+ Sur la côte entre La Havane et Varadero, des pompes à pétrole rappellent que Cuba produit 4 millions de tonnes de brut par an. Le pays en importe aussi du Venezuela, « à prix d'ami ». Le régime, qui espère trouver des gisements offshore, a autorisé le géant pétrolier espagnol Repsol à prospecter au large de la capitale cubaine[58].
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127
+ Les prévisions de croissance de l'économie cubaine pour 2012 tournent autour de 3,4 %.
128
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+ Avant les années 1990, l'agriculture cubaine est basée sur le modèle productiviste, système rendu possible par le partenariat avec l'Union soviétique qui fournit pétrole, fertilisants, pesticides et machines agricoles. L’arrêt brutal de ces approvisionnements, l'embargo des États-Unis entraîne une grave crise alimentaire, l'agriculture cubaine est décimée ; les coupures de courant étaient fréquentes, la faim et la sous-alimentation sont répandues [réf. nécessaire]. Contraint par ces événements, Cuba est alors passé d'une agriculture intensive et productiviste dirigée vers l'exportation à une agriculture extensive et biologique de proximité[59]. L'agriculture vivrière est très développée à Cuba et en particulier l'agriculture urbaine[60] et biologique[61]. Le pays est aussi très en pointe en matière d'agroécologie et d'agroforesterie[62]. Seules les cultures d'exportation comme le tabac sont restées sur le modèle productiviste et intensif[63]. En 1996, l’objectif de fournir 300 grammes de légumes frais par jour à chacun était atteint[64],[65],[66]. Cuba est, selon l'UNICEF, le seul pays d’Amérique latine à s’être débarrassé de la sous-nutrition sévère chez les enfants[67].
130
+
131
+ Cette reconversion a été un succès, l'île de Cuba enregistre alors le meilleur score en matière de production alimentaire dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes, soit un taux de croissance annuel de 4,2 pour cent par habitant de 1996 à 2005, contre un taux moyen de 0 pour cent dans le reste de la région[68].
132
+
133
+ La recherche agricole y est notamment basée sur la phytosélection participative qui associe étroitement chercheurs et agriculteurs dans l'amélioration des semences[69].
134
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135
+ On doit l’arrivée de la « Coffea arabica » en sol cubain en 1748 à Don José Antonio Gelabert[70]. Il a d’abord été cultivé en quantités très limitées. La production ne prend son essor qu'après la forte croissance caféière vécue chez le voisin français lors de la Révolution du café de Saint-Domingue.
136
+
137
+ La révolution du café à Cuba désigne la période au cours de laquelle l’île est devenue le premier producteur mondial de café, grâce à un développement très rapide des plantations au cours des trois premières décennies du XIXe siècle. Cette période a profondément transformé la culture et la démographie de l'île, avec l’arrivée massive d’esclaves noirs et d’immigrants d’origine non-espagnole, principalement français. Cette « révolution » agricole, temps fort de l'histoire de la caféiculture, s’est principalement déroulée aux alentours de La Havane et dans l’est de l’île, région alors peu habitée, sur les pourtours du port de Santiago de Cuba et de la Sierra Maestra, qui culmine à 1 974 mètres au Pico Turquino, plus haut sommet du pays.
138
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139
+ En 1987, plus de 7 millions de tonnes de cannes à sucre sont produites. Les sacs de 50 kg sont expédiés durant la guerre froide surtout vers les pays de l'Est mais également en Libye. Cuba est devenu le premier exportateur mondial de canne à sucre. Cependant, cette culture a souffert au cours des années 1990 des problèmes d'approvisionnement en énergie, après la fin des grands accords de troc entre Cuba et l'URSS, qui voyaient cette dernière échanger du pétrole contre du sucre cubain. Sur les six premières années de la décennie 2010, Cuba n'est jamais parvenu à réintégrer le palmarès des huit plus grands producteurs mondiaux de sucre[71], en raison du déclin opéré vingt ans plus tôt.
140
+
141
+ L'embargo américain exclut Cuba du marché américain, qui représente à lui seul 40 % du marché mondial du rhum. Le durcissement des sanctions décidé par l'administration Trump complique plus encore la situation du rhum cubain. Nombre d'entreprises étrangères sont contraintes de suspendre toute collaboration avec Cuba, ce qui provoque des difficultés à se procurer des produits en partie issus des importations (les bouteilles, les étiquettes ou les bouchons)[72].
142
+
143
+ Le rhum est un produit d'exportation phare pour Cuba, qui en a expédié 397,642 hectolitres en 2018 dans 126 pays, principalement en Europe, pour 136 millions de dollars. La chute est de 40 % en volume, mais seulement de 9 % en valeur car le secteur a tenté de s’adapter en misant sur des produits plus élaborés et donc plus chers[72].
144
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145
+ Le castrisme n'avait pas aboli la propriété privée. Et 85 % des Cubains sont propriétaires de leur logement. Jusqu'en 2012, ils pouvaient seulement « permutar », échanger leur appartement. Désormais, ils sont autorisés à acheter ou vendre leur bien, dans la limite d'un logement principal et d'une résidence de vacances. Comme les agences immobilières restent interdites, une bourse aux logements se tient tous les samedis sur le paseo del Prado, à La Havane[73].
146
+
147
+ Il semble ne pas y avoir de sans-abris à Cuba. Bien que le logement ne soit pas gratuit, il est fortement subventionné. Les bidonvilles ont été progressivement éliminés depuis la révolution. Une étude de l'université Harvard publiée en 2002 soutient que la proportion de logements insalubres est passée de près de 50 % en 1960 à moins de 15 %[74].
148
+
149
+ Après le tourisme, c'est le secteur des biotechnologies qui arrive en deuxième position : 32 instituts et entreprises sont rassemblés sous l'égide de la holding publique BioCubaFarma, laquelle emploie plus de 21 000 salariés et est le premier exportateur de biens du public (plus de 680 millions de dollars en 2013)[75],[76]. Les produits les plus exportés sont le Heberprot-P, l’érythropoïétine humaine recombinante (iorHuEPO) ou la technologie SUMA[76].
150
+
151
+ L'industrie pharmaceutique cubaine est l'une des six au monde produisant une protéine nommée interféron (INF). Elle produit aussi le facteur de croissance épidermique, utilisé dans des crèmes très efficaces contre les brûlures ; le vaccin contre l'hépatite B ; le vaccin antiméningocique de type B, la streptokinase recombinante utilisée dans l'infarctus du myocarde et l'embolie pulmonaire, des modulateurs immunologiques, antihypertenseur, hypocholestérolémiant et médicaments anticancéreux[réf. nécessaire].
152
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+ Le gouvernement américain a autorisé en 2007 la mise en vente aux États-Unis de deux vaccins élaborés à Cuba, devenu un grand exportateur de médicaments génériques[77]. Sous la présidence de Barack Obama, deux molécules cubaines jugées prometteuses font l’objet d’essais cliniques aux États-Unis : un vaccin contre le cancer du poumon et un médicament contre les gangrènes liées au diabète. En retour, un assouplissement des sanctions devait jetter les bases d’une coopération scientifique entre les deux pays, mais Donald Trump rompit les accords en 2017[78].
154
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155
+ L'industrie pharmaceutique cubaine a pris son essor dans les années 1960 avec la fondation, en 1965, du Centro nacional de investigaciones científicas (CNIC, l’équivalent du Centre national de la recherche scientifique, CNRS). Cuba bénéficia dans les années 1960 et 1970 de l’arrivée de nombreux chercheurs et médecins venus de l'Union soviétique. Afin de limiter les dépenses, les autorités promeuvent des circuits courts dans lesquels recherche fondamentale, recherche appliquée et chaînes de production se concentrent sur un même lieu. Le Centro de Neurociencias de Cuba (CNEURO) regroupe par exemple des biologistes, des mathématiciens, des physiciens, des médecins impliqués dans divers essais cliniques ainsi que plusieurs techniciens spécialisés. Le CNEURO produit notamment « chaque année quelques six mille prothèses et appareils auditifs permettant le diagnostic précoce de la surdité chez les très jeunes enfants », selon son directeur[78].
156
+
157
+ Les États-Unis sont le troisième fournisseur de Cuba avec 11 % des importations en 2004-2006[79],[80]. En 2012, les États-Unis sont le premier fournisseur de biens alimentaires et agricoles à Cuba, ces secteurs n'étant pas concernés par l'embargo[81].
158
+
159
+ Washington possède une Section d'intérêts des États-Unis à La Havane[82]. Enfin, les Cubains exilés en Floride envoient sur l'île des Remesas, c'est-à-dire de l'argent sous forme de mandats. Après avoir été légalisé comme les autres monnaies étrangères en août 1993, le dollar américain ne peut plus être utilisé comme moyen de paiement direct depuis 2004[83].
160
+
161
+ Les États-Unis mettent en place un embargo sur Cuba en 1962. En 1998, le président américain Bill Clinton déclara que Cuba n'était plus une menace pour les États-Unis et assouplit l'embargo[83]. La même année, les vols directs avec Cuba purent reprendre[84]. Depuis 2001, à la suite de l'allègement de l'embargo, les sociétés américaines peuvent vendre certains produits agroalimentaires et des médicaments à Cuba. La plupart des importations agroalimentaires à Cuba viennent des États-Unis[82]. Les agriculteurs américains souhaitent par ailleurs renforcer leurs exportations vers Cuba[85].
162
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163
+ En avril 2004, 77 entreprises ont été condamnées à une amende de 200 millions de dollars américains pour avoir fait du commerce avec Cuba, malgré l'embargo des États-Unis (dont la banque suisse UBS, à hauteur de 100 millions de dollars, pour avoir réalisé du change pour le compte de l'état cubain et d'autres états concernés par les embargos des États-Unis[86],[87],[88]). La Banque suisse UBS a répercuté cette amende à son client cubain. Pour contrer cette mesure, l'état cubain a décidé que les dollars américains doivent être convertis en Peso Convertible Cubain (CUC) dans un bureau de change agréé. Le change des USD en CUC subit une taxe de 10 % correspondant au taux d'amende américain.
164
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+ Lors de sa visite à Cuba, le pape Jean-Paul II avait bien fait comprendre qu'il était contre cet embargo[89]. Le président élu Barack Obama s'est déclaré favorable à un allègement de l'embargo imposé à Cuba, mais cette mesure est soumise à l'autorisation du congrès. L'embargo a été légèrement assoupli sous la présidence d'Obama : en mars 2009, le Congrès autorise les citoyens américains d'origine cubaine à se rendre à Cuba une fois par an[20] ; puis, le 13 avril 2009, le président annonce la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Cubano-Américains vers l'île[20]. Il est toujours interdit d'envoyer de l'argent à des membres de la fonction publique ou de l'armée cubaine[20], et le blocus est, dans sa plus grande partie, maintenu, même s'il a été condamné plusieurs fois par l'ONU. L'embargo est l'une des principales causes des difficultés de l'île (avec la chute du Bloc de l'Est et donc de ses partenaires commerciaux).
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167
+ L'embargo ne concerne pas les médicaments, sous réserve qu'ils obtiennent une licence[90]. Le gouvernement cubain soutient néanmoins devant l'Assemblée générale de l'ONU que les États-Unis font un embargo sur les médicaments, et violeraient donc les Conventions de Genève[91]. L'embargo ne porte pas non plus sur les matériels de télécommunications et les produits agro-alimentaires[92],[20], faisant des États-Unis le premier exportateur pour l'économie cubaine, particulièrement dans le secteur alimentaire : le montant des exportations américaines vers l'île s'élève aujourd'hui à 500 millions de dollars par an[92]. En 2008, entre 35 et 45 % des importations alimentaires à Cuba viennent des États-Unis, qui sont devenus les premiers fournisseurs de nourriture de l'île[29]. Mais, d'après le rapport de Cuba à l'ONU en 2001, les restrictions sur l'importation des aliments et médicaments empêchent l'île de subvenir totalement aux besoins de la population[93]. Selon Ricardo Alarcón, président de l'Assemblée nationale cubaine, le paiement des aliments doit se faire à l'avance, sans crédit et dans une autre monnaie que le dollar, ce qui restreint les possibilités d'achat et augmente les coûts[94].
168
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169
+ L'ONG Centre Europe-Tiers Monde juge que l'embargo américain est « illégitime et immoral en ce qu'il s'attaque aux acquis sociaux réalisés par Cuba depuis des années et met en péril les réussites — reconnues par nombre d'observateurs internationaux indépendants (notamment ceux de l'OMS, de l'UNESCO, de l'UNICEF ou maintes ONG) — que sont ses systèmes publics d'éducation, de recherche, de santé et de culture, participant du plein exercice des droits de l'homme » ; l'ONG estime que cet embargo porte en outre sur des domaines comme l'alimentation, les médicaments ou équipements médicaux et les échanges d'informations scientifiques[95].
170
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171
+ S'étant significativement améliorées sous la présidence d'Hugo Chávez, les relations entre Cuba et le Venezuela s'accentuent notamment grâce à une aide au développement, une coopération entre les entreprises, des transactions financières, l'échange des ressources énergétiques et des technologies de l'information et de la communication dans les domaines des services de renseignement et militaires. Une caractéristique des échanges Cuba-Venezuela est que les biens sont peu coûteux pour le pays d'exportation, mais d'une grande importance pour le pays importateur.
172
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173
+ En avril 2005, Cuba et le Venezuela créent l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), organisation de coopération sociale, politique et économique. Celle-ci a depuis été rejointe par la Bolivie, le Nicaragua, la Dominique et le Honduras. En avril 2009, les pays membres approuvent l'idée de la création d'une monnaie commune, le « SUCRE » (acronyme pour 'Système Unique de Compensation REgional', du nom d'Antonio José de Sucre), visant à réduire leur dépendance au dollar américain[96].
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175
+ Les dépenses publiques de santé s'établissaient en 2004 à 5,5 % du PIB, les dépenses publiques d'enseignement à 9 % du PIB (2002-2005). Cuba se trouve à la quatrième place selon le classement du PNUD en Amérique latine et à la quarante-huitième place dans le monde pour l'indice de développement humain[97].
176
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177
+ Dans le Rapport sur le développement humain 2013 du PNUD, Cuba est passé à la vingt-sixième place pour l'IDH, et ses dépenses de santé et pour l'éducation représentent respectivement 9,7 % et 12,7 % du PIB[98]. L'UNICEF désigne Cuba comme le pays le plus avancé sur les droits des enfants dans la zone Amérique latine/Caraïbes et seulement devancé par le Canada dans tout l'hémisphère occidental[99].
178
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179
+ Cuba est devenu, en 1965, le premier pays latino-américain à légaliser l’avortement, et est resté le seul jusqu'en 2012 et sa légalisation en Uruguay[100].
180
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181
+ Le sociologue Frédéric Martel critique néanmoins en 2015 « l'échec maintenant avéré du système de santé et du modèle éducatif – en dépit de statistiques éhontément falsifiées »[101].
182
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183
+ Fidel Castro a, dès 1961, nationalisé les universités, et autres écoles, et les a rendues gratuites. Il n'y a pas de frais pour les étudiants. Cependant, avec les difficultés de 1990, l'éducation de qualité s'est montrée dure à appliquer.
184
+
185
+ Avant la révolution cubaine, le taux d'alphabétisation à Cuba était déjà d'environ 70 %[78], alors que la moyenne mondiale était de 44 %[102],[103]. Le taux d'alphabétisation grimpe à 96 % en 1962 à la suite de la campagne d'alphabétisation qui a mobilisé près de 270 000 volontaires, en particulier au bénéfice des régions rurales. Selon le PNUD, Cuba se situe actuellement au troisième rang mondial (avec un taux d'alphabétisation de 99,8 %[104]), à égalité avec l'Estonie et devant les États-Unis (93,3 %).
186
+
187
+ Pendant les années 1960-1980, les étudiants furent contraints de participer aux travaux agricoles (récolte de la canne à sucre), d'assister aux réunions syndicales ou de partir en mission en Afrique[105]. Une partie de la matière grise formée dans les universités cubaines émigre pour échapper aux conditions de vie[105]. La moitié des médecins cubains étaient en mission à l'étranger[77].
188
+
189
+ La plus ancienne université du pays est celle de La Havane fondée en 1728. Parmi les autres établissements d'enseignement supérieur, on peut citer, par ordre d'importance, l'université de Santiago de Cuba, l'université de Santa Clara (Universidad Central de Las Villas ayant pour antennes l'université de Cienfuegos et des centres universitaires de Sancti Spiritus), l'université de Camagüey, l'université de Pinar del Río, l'université de Ciego de Ávila, l'université de Granma, l'université de Holguín, l'université de Matanzas et l'université catholique de Santo Tomás de Villanueva.
190
+
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+ Le nombre d'universités est passé de trois en 1959 à plus de soixante actuellement[78].
192
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+ Les classes-musées (ou aulas-museo) sont une initiative pédagogique unique à Cuba. En 1994, suite à des travaux dans le quartier de la Vieille Havane, et sur une initiative d' Eusebio Leal Spengler (historien de la ville), les élèves d'une école environnante sont déplacés dans les musées aux alentours. Après quelques semaines, les enseignants ont remarqué que les élèves réussissaient mieux au musée qu'en classe. Depuis, les élèves du primaire passent la moitié de leur année scolaire au musée[106]. Plus tard, l'initiative a été renouvelée, notamment à Santiago de Cuba.
194
+
195
+ Historiquement, Cuba est bien classé en termes de personnel médical et a contribué de façon significative à la santé depuis le XIXe siècle[107]. Aujourd'hui Cuba dispose d'une sécurité sociale universelle, et bien que les pénuries de fournitures et de matériels médicaux persistent le pays ne connaît pas de pénurie du personnel médical[108]. Les services de soins sont disponibles gratuitement partout sur l'île et le taux de mortalité infantile est comparable à celui des pays développés[108]. De même, le gouvernement cubain a consacré en 2009 près de 12 % de son PIB au système de santé, soit autant que la France ou l'Allemagne, selon la Banque mondiale[109]. L’île dispose du plus important centre de biotechnologie au monde[110].
196
+
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+ D'après l'Organisation des Nations unies, l'espérance de vie à Cuba est de 78,2 ans (76,2 pour les hommes et 80,4 pour les femmes). Cela place Cuba au 37e rang mondial et au 3e dans les Amériques (derrière le Canada et le Chili juste devant les États-Unis). Le taux de mortalité infantile à Cuba est passé de 32 ‰ en 1957 à 10 ‰ dans les années 1990[111].
198
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199
+ Après la Révolution, Cuba a connu une dégradation générale en termes de maladie et de mortalité infantile dans les années 1960 lorsque la moitié de ses 6 000 docteurs ont fui le pays[112]. Le rétablissement s'est produit dans les années 1980[113], après quoi le système de santé cubain a été globalement félicité[114]. Le gouvernement communiste affirme que la couverture santé universelle est devenue une priorité nationale et que des progrès ont été réalisés dans les régions rurales[115]. Comme le reste de l'économie cubaine, le secteur médical connaît de nombreuses pénuries depuis la fin des subventions soviétiques en 1991, suivies par le renforcement de l'embargo américain en 1992[116]. Ainsi en 2011, le Bureau des actifs étrangers du département américain du Trésor avait gelé 4,2 millions de dollars destinés à Cuba par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme[117].
200
+
201
+ Les difficultés rencontrées par Cuba sont en particulier des médecins peu payés (entre 25 et 40 dollars par mois, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne nationale[118], si bien que, d'après certains Cubains, soit les médecins sont de mauvaise qualité soit ils reçoivent des dessous-de-table[119],[120]), le manque d'infrastructure, d'équipement et l'absence chronique des médicaments de base[121],[118]. Néanmoins, Cuba a le taux de médecins par habitant le plus élevé au monde et a envoyé des centaines de docteurs dans plus de quarante pays[122]. Ainsi, les autorités cubaines estiment qu'il y a 40 000 médecins et personnels de santé cubains qui travaillent à l'étranger. Cette pratique rapporte 6 milliards de dollars par an à l'État, soit trois fois plus que le tourisme. C'est pourquoi, en 2013, Raul Castro envisage de faire payer certains pays, comme la Bolivie, le Pérou ou l'Éthiopie, qui bénéficiaient jusqu'ici de médecins cubains gratuitement[118]. En échange de l'envoi de personnel médical au Venezuela, Cuba a aussi obtenu des prix réduits sur le pétrole qu'il importe[109]. De plus, de nombreux étrangers viennent se faire soigner à Cuba où les soins sont 60 à 80 % moins chers qu'aux États-Unis[123]. Ainsi, cent Québécois sont allés se faire soigner à Cuba en 2008[124]. Cependant, le journal britannique The Economist note en 2008 que le pays est « encore une fois au bord de la faillite » et qu'en particulier le secteur médical est entré dans un déclin prononcé[125].
202
+
203
+ En théorie, chaque bloc de maisons se voit désigner un médecin généraliste qui assure les vaccinations des enfants et les contrôles des femmes enceintes. Le médecin peut prescrire des médicaments qui peuvent en théorie être obtenus quasi-gratuitement dans les pharmacies publiques (qui sont les seules autorisées). Or d'après Al Jazeera de nombreux médicaments de base comme l'aspirine ne sont pas disponibles dans les pharmacies[source insuffisante] mais peuvent être facilement achetés au marché noir. De plus, de nombreux patients apportent de l'argent ou des cadeaux à leur médecin pour espérer obtenir un rendez-vous[source insuffisante]. Ainsi le système est décrit comme gratuit mais lent et inefficace[126]. En plus du secteur public, un secteur médical privé est disponible pour les étrangers et les Cubains qui en ont les moyens. Ainsi, d'après The Economist, les deux meilleurs hôpitaux de La Havane, Cira García et CIMEX, sont privés et bien meilleurs que les hôpitaux publics où les patients doivent apporter leurs propres draps et leur nourriture[127].
204
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205
+ Cuba forme aussi des médecins. Ainsi, en 1999, le gouvernement a créé l'École latino-américaine de médecine (Elam), considéré par l'ONU comme l'école de médecine la plus avancée au monde[110], qui a accueilli depuis sa création plus de 30 000 étudiants venus de 70 pays[128]. Cette formation, initialement fournie gratuitement, demande depuis 2012 une contribution de certains pays bénéficiaires[128]. L'école entretient des projets de formation dans 67 pays, où sont inscrits plus de 26 000 étudiants. Cuba envoie de plus de l'aide humanitaire comme après le tremblement de terre du 8 octobre 2005 qui a ébranlé le Pakistan où 73 pour cent des victimes, soit 1 700 000 patients, furent soignés par les 2 600 travailleurs de la santé cubains qui participèrent aux secours internationaux[129]. Ils travaillèrent dans les trente hôpitaux de terrain complètement équipés et mis à disposition par Cuba. La mission Henry Reeve resta ainsi au Pakistan durant sept mois et Cuba accorda également 1 000 bourses à des jeunes pakistanais afin de leur permettre de venir étudier la médecine à Cuba[130].
206
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207
+ Les médias cubains mettent fréquemment en avant la différence entre les enfants cubains et ceux de Bogota, Los Angeles, Buenos Aires, les « pueblos jóvenes » du Pérou, ou les favelas du Brésil[réf. nécessaire]. Tous les enfants cubains ont le droit d'acheter un litre de lait par jour à un prix abordable jusqu'à l'âge de 7 ans[réf. nécessaire]. En 2011 l'ONG « Save the Children » (organisation internationale américaine qui lutte pour les droits des enfants) a publié une étude mesurant la qualité des soins pour les enfants dans 161 pays. Il en ressort que Cuba est la première nation latino-américaine, en 8e position mondiale, devant l'Allemagne (10e), la France (12e), le Royaume-Uni (14e) et les États-Unis (15e)[réf. nécessaire].
208
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209
+ En 1998 Fidel Castro a reçu la Médaille d'or de la Santé pour Tous de l'Organisation mondiale de la santé[131].
210
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211
+ D'après, Joycelyn Elders, ancienne Surgeon General des États-Unis : « le système de santé cubain est plus efficace que celui des États-Unis. »[132]. Un article publié en 2010 par des professeurs de l'École de médecine de l'université Stanford dans la revue Science affirme que « malgré l'impact des restrictions sur l'approvisionnement en médicaments et matériel médical, les résultats sanitaires de Cuba sont comparables à ceux des pays développés »[133],[134].
212
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213
+ Selon l'Organisation mondiale de la santé, le système de santé cubain a valeur d’exemple pour tous les pays du monde. Selon les déclarations faites en juillet 2014 par Margaret Chan, sa directrice générale, « Cuba est le seul pays qui dispose d’un système de santé étroitement lié à la recherche et au développement en cycle fermé. C’est la voie à suivre, car la santé humaine ne peut s’améliorer que grâce à l’innovation »[135],[136],[137]. Selon elle, le monde doit suivre l’exemple de l’île dans ce domaine et remplacer le modèle curatif, inefficace et plus coûteux, par un système basé sur la prévention, « Nous souhaitons ardemment que tous les habitants de la planète puissent avoir accès à des services médicaux de qualité, comme à Cuba ».
214
+
215
+ En 2015, Cuba devient le premier pays au monde à éliminer la transmission du sida de la mère à l'enfant[138].
216
+
217
+ Principaux indicateurs démographiques (2004)[139] :
218
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219
+ La mortalité a fortement diminué entre 1950 et 2010.
220
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221
+ Le taux de mortalité infantile est passé de 80,6 pour mille naissances vivantes en 1950-1955 à 5,3 en 2010[142].
222
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223
+ L'espérance de vie s'est améliorée entre 1950 et 2012. En 2012, elle est de 80 ans à la naissance. Cuba dépasse les États-Unis qui sont à 78 ans.
224
+
225
+ L'émigration cubaine est essentiellement en direction des États-Unis (voir Cubano-Américains). Elle a connu un premier pic dans la décennie suivant la révolution castriste : entre 1959 et 1964, 144 700 personnes émigrent légalement vers les États-Unis, puis 244 700 entre 1965 et 1974. Kennedy fit adopter une disposition en 1963 qui donnait le statut de réfugié à toute personne cubaine en provenance directe de l'île. La loi d'Ajustement cubain, adoptée par le président Johnson le 2 novembre 1966, établit un statut spécial et exclusif : tout étranger né à Cuba ou au bénéfice de la nationalité cubaine pourra bénéficier du statut de résident permanent. Pour le gouvernement cubain, ces deux dispositions ne font que favoriser l'immigration clandestine, ceci dans un contexte où les États-Unis n'accordent que très peu de visas aux Cubains[143].
226
+
227
+ L'exil des Cubains se calme à la fin des années 1970, avant de repartir à la hausse en 1980. Cette année, 94 000 Cubains émigrent officiellement aux États-Unis[144], et dans les faits, près de 125 000 vers la Floride lors de l'exode de Mariel ; parmi eux, de nombreux prisonniers de droit commun sont expulsés par le régime[83]. L'émigration cubaine est plus faible dans les années 1980 et repart à partir de 1990 ; entre 1990 et 1995, 142 000 Cubains sont partis de Cuba, la plupart vers les États-Unis ; entre 1994 et 2000, ce nombre s’est élevé à 210 000 personnes[145].
228
+
229
+ Aujourd'hui, on estime à entre 1,7 million[146] et 2 millions de Cubains, soit entre 11 et 15 % de la population du pays, vivent à l'extérieur de l'île[147]. Selon Ricardo Alarcón, actuel président de l'Assemblée nationale cubaine, le nombre de Cubains ayant quitté l'île, non pas depuis 1959 mais depuis le début de l'histoire de l'émigration cubaine vers les États-Unis, dépasserait depuis 2004 le million de personnes[148]. Toujours est-il que, selon Sylvia Pedreza, professeur de sociologie à l'université du Michigan, les chiffres de l'US Census montrent que l'émigration légale entre 1959 et 2000 représente 828 577 Cubains ayant quitté leur pays pour les États-Unis[144].
230
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231
+ La communauté cubaine de l'agglomération de Miami compte environ 650 000 personnes en 2006 (y compris celles nées aux États-Unis)[149]. Le comté de Miami-Dade est le principal foyer d'exilés[150] cubains dans le monde. En valeur absolue, l'émigration cubaine vers les États-Unis est la deuxième[151] ou la troisième[152] du continent américain derrière le Mexique et le Canada[153] mais la onzième en valeur relative, devant le Mexique en 1998 (taux d'émigration de 1,58 pour mille habitants pour Cuba contre 1,37 pour mille habitants pour le Mexique[154]), mais derrière lui sur la période 1991-1996.
232
+
233
+ En 2016, le flot d'émigration clandestine se maintient. Selon un reportage de Times Magazine, certains Cubains n'hésitent pas à accomplir un périple difficile de plus de 10 000 km consistant en un vol avion jusqu'au Guyana, puis la traversée clandestine de plusieurs frontières pour passer par le Brésil, le Pérou, l'Équateur et tous les pays de la côte pacifique afin d'atteindre la frontière des États-Unis via le Mexique[155].
234
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235
+ Environ 50 000 descendants d'immigrants arabes vivent à Cuba. De nos jours, l'ile accueille des réfugiés fuyant les guerres en Syrie et au Yémen[156].
236
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237
+ La religion reflète la diversité culturelle de l'île. D'après certains chercheurs, 85 % des Cubains croient en quelque chose, alors qu'ils ne sont que 15 % à pratiquer régulièrement une religion[157].
238
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239
+ Après la révolution de 1959, Cuba est devenu un état officiellement athée et a limité la pratique religieuse. Le régime expulsa ou incarcéra plusieurs centaines d'ecclésiastiques[157]. Le nouveau gouvernement persécuta les pratiquants de la Santeria et les tint à l'écart du Parti communiste[158].
240
+
241
+ Fidel Castro a déclaré en 1977 que « le processus révolutionnaire nécessaire en Amérique latine exigeait l'union entre marxistes et chrétiens ». Il s'est lui-même impliqué pour permettre l'adhésion des croyants au parti communiste cubain[159]. L'article 8 de la Constitution cubaine dispose que « l'État reconnaît, respecte et garantit la liberté religieuse[160] ».
242
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243
+ Depuis les années 1990, les religions connaissent un regain de vitalité dans l'île[157]. La crise provoquée par l'effondrement du bloc soviétique poussa de nombreux pauvres à se tourner vers la charité des églises. En 1992, Fidel Castro renonça officiellement à l'athéisme d'État[161]. De 1969 à 1998, le gouvernement avait supprimé Noël des jours fériés[162]. En janvier 1998, le pape Jean-Paul II a effectué une visite historique sur l'île, invité par le gouvernement cubain et l'Église catholique. Le régime a assoupli ses positions contre la religion puisqu'il est désormais possible pour les catholiques de devenir membres du PCC et de montrer publiquement des symboles religieux[163]. Cependant, un Bureau des Affaires religieuses, qui dépend du PCC, surveille toujours les activités des Églises qui doivent obtenir la reconnaissance des autorités[161].
244
+
245
+ Cuba est traditionnellement un pays catholique. Le catholicisme cubain est parfois empreint de syncrétisme. Une croyance syncrétique commune est la Santeria, qui est originaire de Cuba. Soixante-pour-cents de la population a reçu le baptême mais seuls 1,5 % sont des catholiques pratiquants[157]. L'Église catholique romaine est composée de la conférence des évêques catholiques cubains (COCC), menée par Jaime Ortega, cardinal et archevêque de La Havane. Elle est formée de onze diocèses, 56 ordres de nonnes et 24 ordres de prêtres.
246
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247
+ Selon une étude du Centre de Recherches Psychologiques et Sociologiques, Cuba compterait un demi million de protestants sur une population totale de 11,2 millions de personnes. On recenserait par ailleurs 90 000 Témoins de Jéhovah, et cinq synagogues pour environ 1 500 Juifs[157]. Plusieurs centaines de milliers de Cubains pratiquent des cultes afrocubains[157], qui connaissent un succès important. Parmi les rituels venus d'Afrique, la Santeria est la plus répandue. Parmi les autres cultes africains pratiqués à Cuba figure le Palo Monte, pour lequel on utilise des herbes et autres éléments naturels à des fins magiques, ainsi que l'Abakuá, qui est plus qu'une société secrète de secours mutuel réservée aux hommes.
248
+
249
+ Il existe également une communauté musulmane sur l'île. Le premier groupe de convertis à l'Islam se nommait "la douzaine" car on pouvait les compter sur le bout des doigts. Ils ont commencé leur conversion dans les années 1990 et l'île compterait aujourd'hui près de 10 000 musulmans cubains[164],[165],[166].
250
+
251
+ D’après le recensement de 2002, 65 % des Cubains sont blancs, 10 % sont noirs et 25 % métis[11]. Ces statistiques sont toutefois établies à partir des déclarations des personnes elles-mêmes et la proportion réelle de noirs et de métis est vraisemblablement plus élevée. Les préjugés raciaux peuvent pousser vers « l'auto-discrimination » et inciter une partie des métis à se déclarer blancs et une partie des noirs à se déclarer métis[167].
252
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253
+ La société cubaine contemporaine est peu raciste : « il n’y pas de haine du Noir, du Blanc ou du métis. Ni les préjugés raciaux, ni la discrimination raciale ni le racisme ne dominent le climat social », souligne Esteban Morales, chercheur au Centre d'études des États-Unis. Le brassage ethnique et socioculturel y est parmi les plus élevés du continent américain et il n'existe pas de « ghettos ethniques » comparables à ceux des États-Unis et de certains autres pays américains[167].
254
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255
+ Les préjugés ont une origine ancienne. Entre la colonisation espagnole de l'Amérique et l’abolition de l'esclavage, plus de trois siècles ont ancré la logique coloniale et la suprématie raciale dans les esprits. Cuba ne sera que l’avant-dernier pays du continent à interdire l’esclavage, en 1886. Jusqu’à la révolution cubaine de 1959, l’île pratiquait une ségrégation comparable à celle des États du sud des États-Unis. Les noirs étaient notamment privés d’accès à de nombreux lieux publics, dont la plupart des plages et des restaurants, étaient soumis à des discriminations dans l'accès à l'éducation et à des salaires généralement plus faibles. La presque totalité de la bourgeoisie cubaine était composée de blancs[167].
256
+
257
+ Le 22 mars 1959, Fidel Castro qualifie le racisme de « tare sociale à éliminer ». Par l’approbation d’une politique et de lois égalitaires, le racisme institutionnel prend fin. Malgré l’absence de politiques spécifiquement antiracistes, la condition sociale des noirs s'améliore sensiblement. Les discriminations salariales et dans l'accès aux études sont désormais interdites[167].
258
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259
+ Cependant, dans les années 1990, l'apparition des entreprises privées favorisent l'extension des inégalités. Dans le secteur touristique, certains chefs d'entreprises estiment que les visiteurs étrangers préfèrent être servis par du personnel blanc et excluent de ce fait les personnes de couleur de leurs équipes. Si dans le secteur étatique, les postes de direction sont à peine plus nombreux dans la population blanche que noire ou métisse, une forte asymétrie est constatée dans le secteur privé. Selon les recherches réalisées en 2000 par Eduardo San Marful et Sonia Catasus du Centre d’Études démographiques (CEDEM) de l’Université de La Havane en 2000, les dirigeants noirs représentent 5,1% et les métis 19,5%, tandis que 75,4% sont blancs. Ces inégalités sont notamment dues aux remesas (argent que les émigrés envoient à leur famille), 83,5 % des exilés étant blancs[167].
260
+
261
+ Seuls 19 % des parlementaires et cinq membres du Bureau politique sur 24 sont noirs[158]. Les Afro-cubains sont victimes de racisme dans la capitale, en dépit des efforts du pouvoir pour l’éviter[168]. Une enquête de la BBC de 2009 conclut qu'à Cuba « les Noirs occupent des places de travail inférieures, habitent dans les pires logements et sont majorité dans les prisons et minorité dans les universités » et le Comité pour l'élimination raciale de l’ONU s'est préoccupé du fait que 80-90 % des prisonniers cubains sont des afro-descendants. En 2010, le dissident noir Orlando Zapata meurt d'une grève de la faim, protestant contre ses conditions d'incarcération ; le dissident Manuel Cuesta Morúa estime qu'« on s’était acharné contre lui [Zapata Tamayo] parce qu’il était noir »[169].
262
+
263
+ La crise que connaît Cuba depuis les années 1990 a entraîné une augmentation des inégalités sociales[170]. La population la plus pauvre a recours au recyclage et au système D car le salaire ne suffit plus. Le marché noir, lié au rationnement de la nourriture, la prostitution et la criminalité sont des phénomènes qui se développent dans l'île[170]. Le système repose en outre sur une relative corruption, cependant moins élevée que dans la plupart des autres pays américains[171].
264
+
265
+ Le Parlement cubain est paritaire[172] (faisant de Cuba le troisième pays au monde à la plus forte proprtion de femmes élues au Parlement) mais l'instance suprême du pouvoir, le Bureau politique du Parti communiste, ne compte que quatre femmes sur 17 membres depuis son congrès de 2016[173].
266
+ En 2017, le salaire moyen mensuel est de 800 à 1200 pesos, selon les corps de métiers[174].
267
+
268
+ La condition des homosexuels à Cuba pourrait sembler meilleure que dans le reste de l'Amérique latine : l'homosexualité y est dépénalisée depuis 1979, et en 1998, un programme national à la télévision cubaine a initié une série de débats sur l'homosexualité afin de faire changer les mentalités[175], mais Nicolas Balutet estime que ce discours de tolérance à l'égard de l'homosexualité n'est que de façade et relève, en fait, d'un vaste programme de propagande révélé dans le film Fraise et Chocolat, de Tomás Gutiérrez Alea (1993), film produit par l'État Cubain pour améliorer les conditions des homosexuels en témoignant sur les répressions qu'ils ont subies lors de la révolution cubaine[176].
269
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+ Selon Marcel Hatch, militant communiste et des droits des homosexuels, avant la révolution de 1959, « la vie des lesbiennes et des gays était marquée par un isolement extrême et une répression inscrite dans la loi et renforcée par le dogme catholique »[177]. Il décrit le milieu clandestin des homosexuels de l'époque comme « un bouillon de prostitution pour le tourisme des États-Unis ».
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272
+ Il soutient que la révolution lança un processus pour l'amélioration de leur condition en proclamant l'égalité des sexes, mais que « le machisme latin, la bigoterie catholique et l’homophobie stalinienne » empêchèrent un véritable progrès dans ce sens. D'après José Luis Llovio-Menéndez, Fidel Castro a prononcé à cette époque des discours homophobes, assimilant l'homosexualité à une « décadence bourgeoise » et dénonça les « maricones » (« pédés ») comme des « agents de l'impérialisme »[réf. à confirmer][178]. Le journal Lunes de Revolución fut interdit, ses écrivains gays publiquement dénoncés et renvoyés[179]. Le dramaturge Virgilio Piñera a été arrêté pour délit d'homosexualité en 1961 durant la nuit des trois P (pour « proxénètes, prostituées, pédérastes »)[180] ; son œuvre fut censurée par le pouvoir[181],[182].
273
+
274
+ Pendant 18 mois[177], entre 1965 et 1967, des centaines d'homosexuels hommes et femmes (dont Reinaldo Arenas), et de travestis dispensés du port des armes (tout comme les objecteurs de conscience et les analphabètes), furent envoyés dans des unités militaires d'aide à la production (UMAP) à la place du service en caserne. Pour les auteurs de Le Livre noir du communisme, il s'agissait de camps de concentration où ils devaient être « rééduqués »[183] : les prisonniers vivaient des conditions très difficiles, ils étaient astreints au travail forcé, étaient mal nourris et subissaient des mauvais traitements[183]. Selon un témoignage recueilli par Ernesto Cardenal, ce serait Fidel Castro lui-même qui a décidé de la fermeture des camps en 1967, après s'être rendu compte, lors d'une visite à l'improviste, des excès qui y étaient commis[184]. Les homosexuels auraient été ensuite interdits dans l'éducation et dans la représentation artistique de Cuba à l'étranger. Des purges homophobes auraient été organisées, notamment à l'université de La Havane (toujours selon les auteurs du « livre noir du communisme »)[183], ce que conteste fermement Fidel Castro pour qui la Révolution et l'éducation sont venues à bout des préjugés contre les homosexuels[185].
275
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+ Mariela Castro, nièce de Fidel Castro et militante LGBT, donne une autre version des UMAP : « Ce n’était pas des camps, c’étaient des unités militaires d’appui à la production qui s’étaient créés, comme une sorte de service militaire pour faciliter l’obtention d’une qualification aux fils d’ouvriers et de paysans qui à la sortie leur permettrait l’accès à un travail mieux rémunéré. Cela était l’idée qui avait été proposée au nouveau ministère des Forces armées Révolutionnaires. C’était une période avec beaucoup de confusions, une nation révolutionnaire était en train de se créer en même temps que des attaques de terrorisme d’État dont le peuple cubain était l’objet : c’était très difficile. Ce fut une des initiatives et dans certaines de ces unités se trouvaient des gens qui humiliaient les homosexuels, qui considéraient qu’il fallait les faire travailler pour qu’ils deviennent des « hommes ». Il fallait les « transformer », ça c’était l’idée de l’époque, et elle était ancrée dans le monde entier. Même les psychiatres pratiquaient des thérapies pour les faire devenir hétérosexuels »[186]. Elle ajoute cependant que l'enfermement dans ces camps fut une « violation des droits de ces personnes[186] ».
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+ Selon Vincent Bloch, « L’édification de l’homme nouveau » - rêvé par Che Guevara - est le prétexte idéologique du régime tout au long des années 1960 : « Au nom d’une moralité confuse et incertaine, les hippies, les homosexuels, les témoins de Jéhovah, les artistes idéologiquement « diversionnistes », sont envoyés dans des camps de concentration, appelés Unités militaires d’aide à la production (UMAP). En compagnie des hommes « non fiables » âgés de 18 à 27 ans, que le gouvernement juge imprudent d’initier au maniement des armes dans le cadre du Service militaire obligatoire (SMO), ils constituent la catégorie de citoyens dont la conduite est « impropre »[187] ».
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+ Depuis la fin des années 1970, la situation de l'homosexualité a beaucoup évolué à Cuba. La sodomie a été dépénalisée en 1989[188], et les dernières références homophobes ont été supprimées de la loi cubaine en 1997. Cependant, le journal Tétu écrivait encore en 2006 : « Harcèlement policier permanent, interdiction des lieux de rencontre, internement pour les séropositifs, la dictature castriste impose toujours sa loi [aux homosexuels] »[189]. Depuis 1986, la « Commission Nationale sur l’Éducation Sexuelle » présente un programme d'éducation sur l’homosexualité et la bisexualité[177].
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+
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+ En 1992, Vilma Espín, femme de Raúl Castro, a dénoncé publiquement la répression et les discriminations qui ont longtemps visé les homosexuels. Ce combat a été repris par sa fille Mariela Castro, actuellement présidente du Centre national d'éducation sexuelle. La même année, Fidel Castro précise : « Pour ma part, je ne souffre pas de cette sorte de phobie contre les homosexuels. Je n'ai jamais été en faveur ni n'ai fait la promotion ni soutenu de politique contre les homosexuels. C'est un ressentiment qui correspond, je dirais, à une époque issue du machisme. [...] Nous avons vraiment évolué et on peut le constater surtout chez les jeunes, mais on ne peut pas dire que la discrimination sexuelle ait totalement disparu et nous ne devons pas faire semblant qu'elle n'existe plus »[190]. Dans cet entretien, il reconnaît l'importance qu'a prise l'homophobie à Cuba, tout en l'expliquant et en la condamnant.
283
+
284
+ Signe de cette évolution significative, il est à noter que Cuba fit partie des 66 pays de l'ONU à signer une déclaration en faveur de la dépénalisation universelle de l'homosexualité, en décembre 2008[191].
285
+
286
+ La première opération de changement de sexe a été faite à Cuba en 1988, ce qui avait heurté la population et scandalisé l’Église catholique cubaine. Après une interruption de 20 ans et sur l'impulsion de Mariela Castro, une résolution a approuvé, en 2008, la réalisation d’opérations gratuites de changement de sexe. Mariela Castro Espín a participé dans l’île à une parade contre l’homophobie et elle milite pour les droits des LGBT (Lesbiennes, Gays, Trans et Bisexuels).
287
+
288
+ Depuis cette résolution, au moins 28 opérations de changement de sexe ont été pratiquées gratuitement dans l'île.
289
+
290
+ Un colloque international sur la transidentité intitulé « Trans-identités, genre et culture » s'est tenu à La Havane les 9, 10 et 11 juin 2010. Il a été organisé par deux associations cubaines, La Société cubaine multidisciplinaire d’étude de la sexualité, Le Centre national d’éducation sexuelle (Cenesex), et deux associations françaises : le Centre psycho-médical social (CPMS) de l’Élan retrouvé à Paris et une association scientifique, le TRIP (travaux de recherches sur l’inconscient et les pulsions).
291
+
292
+ L'État cubain interdit un certain nombre d'autres pratiques sexuelles comme l'inceste, la polygamie et la pédophilie (loi pénale no 62 du 29 décembre 1987).
293
+
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+ Il interdit par ailleurs toute contrainte sexuelle et toute expression publique à caractère sexuel de toute nature (loi organique 10/1995 du 23 novembre 1995).
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+ En 1961 est créé l’Institut national du sport, de l’éducation physique et des loisirs, afin d'encourager la pratique sportive, y compris pour les handicapés[192]. « Le sport est un droit du peuple », lance Fidel Castro dans une formule restée célèbre, et représente « un intérêt primordial pour la nation ». Réservées avant 1959 à une élite issue des classes aisées, l’éducation physique et les disciplines sportives s’ouvrent désormais à toutes les catégories de la population, dont les pauvres, les Noirs et les femmes. Les rencontres sportives sont gratuitement accessibles pour les spectateurs en 1967[193].
297
+
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+ Le sport professionnel, considéré comme un moyen « d’enrichir juste quelques-uns aux dépens du plus grand nombre » est interdit à Cuba depuis 1962[192]. Les sportifs se voient appliquer un statut d’amateurs, auxquels l’État garantit un emploi en dehors des périodes d’entraînement et de concours. La mesure eut pour effet de provoquer la défection de nombreux sportifs renommés cubains, intéressés par les salaires proposés par les pays occidentaux aux sportifs professionnels. Ces défections n'affectent cependant pas significativement le sport cubain : la démocratisation de la pratique sportive permet à l'ile de compter sur de nombreux talents[193].
299
+
300
+ Cuba obtient cependant des résultats croissants dans le domaine sportif : alors que l'île n'avait obtenu aucune médaille d'or olympique entre 1906 et 1968, elle en remporte 31 entre 1972 et 1992[192]. Proportionnellement à sa population, Cuba est le pays qui compte le plus de distinctions olympiques par habitant (220 médailles au total, bien que les Cubains aient boycotté les JO de Los Angeles, en 1984, et ceux de Séoul en 1988)[193].
301
+
302
+ Le baseball est considéré à Cuba comme le sport national. L'équipe nationale cubaine a obtenu dix-huit couronnes mondiales entre 1961 et 2005 et trois médailles d’or aux Jeux olympiques[193].
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+
304
+ Cuba est réputé notamment pour :
305
+
306
+ Genres par ordre chronologique : Conga | Punto guajiro | Guaracha | Tumba francesa | Contradanza | Rumba | Habanera | Trova | Changüí | Danzón | Boléro | Son | Guajira | Mambo | Jazz afro-cubain | Filin | Cha-cha-cha | Pachanga | Nueva trova | Songo | Timba
307
+
308
+ Après la prise de pouvoir de Fidel Castro, le nombre de titres de presse se réduit considérablement[197] ; en 1965 : il ne reste plus que deux journaux, tous deux dépendants du Parti communiste : Granma et Juventud Rebelde (en)[197].
309
+
310
+ Avant la Révolution cubaine, la capitale possédait 135 salles de cinéma dont la plupart ont été fermées. Il en reste une vingtaine aujourd'hui[198].
311
+
312
+ En 2016, le pays est classé 171e sur 180 par Reporters sans frontières pour le peu de liberté qui y est laissé à la presse (l'organisation déclarant par ailleurs que Cuba est « le pire pays d'Amérique latine en matière de liberté de la presse », avec des arrestations abusives, des menaces, des campagnes de dénigrement, des confiscations de matériel, des fermetures de site web ou encore un arsenal de lois restrictives[52])[199], mais l'objectivité de cette organisation est contestée par certains comme Rony Brauman. Cependant, d'autres organisations font le même constat que RSF : en 2008, Cuba est ainsi le second pays au monde avec le plus de journalistes emprisonnés selon le Comité pour la protection des journalistes (basé à New York, États-Unis), qui fait du pays le quatrième pire pays pour le traitement des blogueurs[200]. Guillermo Fariñas a fait une grève de la faim de quatre mois contre la censure d'Internet. Amnesty International écrit pour sa part que tous les médias sont aux mains du pouvoir et que cela rend impossible toute expression d'une voix dissidente[201] ; l'ONG des droits de l'homme y est par ailleurs interdite depuis 1990[52].
313
+
314
+ Capter les chaînes étrangères de télévision resterait interdit par le gouvernement[202],[203]. La publicité est toujours interdite à Cuba. La vente des ordinateurs aux particuliers était très limitée jusqu'en mai 2008[204], et les cybercafés qui affichaient des tarifs prohibitifs sont maintenant à des tarifs raisonnables. En effet, Cuba n’a pas pu se connecter aux câbles américains passant à quelques dizaines de kilomètres au large de la Havane à cause de l’embargo impliquant des surcoûts prohibitifs de connexion internet par satellite. Un câble de fibre optique reliant Cuba au Venezuela sera opérationnel courant 2011, multipliant la capacité de connexion de l'île par 3 000. Selon RSF, les connexions ne permettent pas d'accéder aux sites étrangers tandis que l'accès à internet serait soumis à autorisation[205],[206]. Ainsi, Freedom House, une ONG américaine, classe Cuba comme pays dernier pour sa liberté d'expression sur internet, en dessous de l'Iran ou de la Chine. L'ONG écrit ainsi : « Le seul accès à Internet disponible pour la plupart des Cubains passe par les courriels, mais ceux-ci sont tous analysés par l'État »[207]. Salim Lamrani conteste les accusations portées contre Cuba sur la censure d'Internet, affirmant que, selon les rapports de Reporters sans frontières, des blogueurs opposés au gouvernement publient régulièrement des articles depuis Cuba, et que ces articles sont lus par beaucoup de Cubains, ce qui serait selon lui impossible s'ils n'avaient réellement pas accès à Internet.
315
+
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+ Cuba détient le taux d'accès à internet le plus bas d'Amérique latine[202] (17 internautes pour mille habitants contre 630 aux États-Unis et 430 en France[140]). Toutefois, le gouvernement explique cette déficience par des raisons pratiques et énergétiques découlant de l'embargo (contraignant Cuba à se connecter par satellite, ce qui multiplie les coûts) plutôt que par des choix politiques[208]. Seulement 5 % des foyers pouvant naviguer sur Internet, Amnesty International déclare que naviguer sur le web dans le pays est « censuré ». Par ailleurs, il était interdit jusqu'en 2008 de posséder un ordinateur personnel ou un lecteur DVD[52]. En 2014, dans le cadre de l'allègement de l’embargo, le gouvernement américain lève partiellement l'interdiction faite à Google de proposer ses programmes à Cuba[209].
317
+
318
+ Cuba a développé sa propre encyclopédie en ligne, EcuRed, dont le but est de présenter le point de vue du décolonisateur. En 2013, Twitter a fermé le compte d'EcuRed ainsi que tous les comptes ayant des adresses IP liées au Joven Club de Computación y Electrónica[210].
319
+
320
+ L'assouplissement de l'embargo des États-Unis contre Cuba en 2015 amène un regain de l'activité touristique à Cuba. Néanmoins, au-delà du charme exotique de la destination et du faible taux d'insécurité, la pauvreté, les coûts élevés, l'état des transports et des télécommunications, la qualité de la nourriture, la saturation de l'aéroport international José-Martí ou encore les relents de la propagande castriste sont critiqués[211].
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+ Cuba a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En géométrie euclidienne, un cube est un prisme dont toutes les faces sont carrées donc égales et superposables. Le cube figure parmi les solides les plus remarquables de l'espace. C'est le seul des cinq solides de Platon, ayant exactement 6 faces, 12 arêtes et 8 sommets. Son autre nom est « hexaèdre régulier ».
4
+
5
+ Comme il a quatre sommets par face et trois faces par sommet, son symbole de Schläfli est {4,3}.
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+ L'étymologie du mot cube est grecque ; cube provient de kubos, le dé.
8
+
9
+ Le terme de cube, appliqué à un nombre, désigne la valeur obtenue en multipliant ce nombre par lui-même et en remultipliant le résultat par le nombre initial. Cette expression s'est imposée durant la période où l'algèbre géométrique était omniprésente, le carré d'un nombre était vu comme la surface d'un carré de côté le nombre initial et le cube d'un nombre comme le volume d'un cube de côté le nombre initial. L'expression « a3 » peut se lire « a au cube » et « a cube ».
10
+
11
+ Le 1-squelette du cube — l'ensemble de ses sommets reliés par ses arêtes — forme un graphe appelé graphe hexaédrique.
12
+
13
+ Le cube est un des cinq solides de Platon. Un cube appartient à la famille des prismes droits. Il possède 8 sommets et 12 arêtes. Pour sommets, on peut prendre par exemple les points de
14
+
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+
16
+
17
+
18
+
19
+ R
20
+
21
+
22
+ 3
23
+
24
+
25
+
26
+
27
+ {\displaystyle \mathbb {R} ^{3}}
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+
29
+ de coordonnées
30
+
31
+
32
+
33
+ (
34
+ ±
35
+ 1
36
+ ,
37
+ ±
38
+ 1
39
+ ,
40
+ ±
41
+ 1
42
+ )
43
+
44
+
45
+ {\displaystyle (\pm 1,\pm 1,\pm 1)}
46
+
47
+ . De plus :
48
+
49
+ Mais par définition ses arêtes sont toutes de longueur égale, disons a. Ses faces sont donc des carrés d'aire a2.
50
+
51
+ C'est l'expression de son volume qui a conduit à l'utilisation du mot cube en algèbre.
52
+
53
+ Il existe d'autres définitions équivalentes du cube :
54
+
55
+ Le groupe des isométries du cube, noté Oh, et le sous-groupe de ses isométries positives (ses rotations), noté O, sont aussi appelés groupes de symétrie octaédrique, parce que ce sont les mêmes que ceux de son polyèdre dual, l'octaèdre régulier.
56
+
57
+ Le cube est l'un des polyèdres offrant le plus de symétries :
58
+
59
+ Une isométrie du cube fixe son centre. Elle est donc entièrement définie par l'image d'un sommet A et de deux (B et C) de ses trois voisins (puisque ces trois points forment, avec le centre, un repère de l'espace). Le sommet A peut avoir pour image l'un quelconque, A', des 8 sommets du cube. Pour le sommet B, il y a alors 3 images possibles, parmi les trois voisins de A' puis, pour l'image de C, 2 images parmi les deux voisins restants. Ceci prouve que les isométries laissant le cube globalement invariant sont au nombre de 8 × 3 × 2 = 48, dont 24 rotations, une seule des deux images de C donnant la même orientation de A'B'C' par rapport à ABC. Les 24 rotations sont :
60
+
61
+ Le groupe O de ces 24 rotations est isomorphe au groupe symétrique S4. Une rotation quelconque permute en effet les quatre diagonales du cube, et inversement, une permutation quelconque des quatre diagonales définit une unique rotation.
62
+
63
+ Les isométries négatives du cube sont les antirotations composées de ces rotations par la symétrie centrale et commutent avec elle. Le groupe Oh est donc le produit direct interne du sous-groupe O par le sous-groupe cyclique d'ordre 2 engendré par la symétrie centrale. C'est le plus gros des 7 groupes orthogonaux de réseaux de dimension 3.
64
+
65
+ Les 24 isométries négatives sont respectivement :
66
+
67
+ Enfin, les huit sommets du cube peuvent se répartir en deux tétraèdres réguliers, symétriques l'un de l'autre par la symétrie centrale. Il en résulte que, sur les 48 isométries du cube, 24 laissent chacun de ces tétraèdres invariant, et 24 échangent les deux tétraèdres. Les 24 isométries du cube laissant les tétraèdres invariants forment le groupe des isométries du tétraèdre : 12 sont des rotations, et 12 des isométries indirectes. Ces 24 isométries permutent les quatre sommets du tétraèdre.
68
+
69
+ Il existe onze patrons du cube ; en voici quatre :
70
+
71
+ Développement en croix, les carrés latéraux peuvent être placés plus bas ou plus haut
72
+
73
+ Développement en zigzag
74
+
75
+ Ce développement tient dans un rectangle de deux sur cinq et minimise l'espace perdu
76
+
77
+ Le carré de gauche peut être placé plus bas ou plus haut
78
+
79
+ Un plan et un cube peuvent se rencontrer ou non. S'ils se rencontrent, leur intersection peut dessiner[1]
80
+
81
+ Le cube n'ayant que six faces, il n'est pas possible d'obtenir de section ayant plus de 6 côtés.
82
+
83
+ Section suivant un triangle
84
+
85
+ Section suivant un trapèze
86
+
87
+ Section suivant un losange
88
+
89
+ Section suivant un rectangle d'aire maximale
90
+
91
+ Section suivant un pentagone possédant deux paires de côtés parallèles
92
+
93
+ Section suivant un hexagone possédant trois paires de côtés parallèles
94
+
95
+ L'intersection d'un plan et d'un cube peut donner trois types de polygones réguliers:
96
+
97
+ Diagonale du cube décomposée en deux parties dans le ratio 2:1 par une section en triangle équilatéral
98
+
99
+ Section du cube selon un carré. Les sommets supérieurs sont à une distance de A égale à la moitié de AC
100
+
101
+ Section hexagonale du cube par le plan médiateur de [AG}
102
+
103
+ Il n'est pas possible d'obtenir un pentagone régulier[1] car, la section ayant 5 côtés, le plan coupe nécessairement deux faces opposées du cube, la figure possède donc deux côtés parallèles, ce qui n'arrive pas dans le pentagone régulier.
104
+ Il n'est pas possible d'obtenir une section sous forme de triangle rectangle[1] car tous les angles du triangle obtenu par section sont aigus.
105
+ Il n'est pas possible d'obtenir de section qui soit un trapèze rectangle sans être un rectangle.
106
+
107
+ L'aire maximale d'une section du cube de côté a est[3]
108
+
109
+
110
+
111
+
112
+ a
113
+
114
+ 2
115
+
116
+
117
+
118
+
119
+ 2
120
+
121
+
122
+
123
+
124
+ {\displaystyle a^{2}{\sqrt {2}}}
125
+
126
+ . Cette aire est obtenue par la section suivant un plan contenant deux arêtes opposées du cube.
127
+
128
+ Le dual du cube est l'octaèdre régulier. Ce qui explique que les deux solides possèdent le même groupe d'isométries.
129
+
130
+ Le cube s'inscrit dans un dodécaèdre régulier : les sommets du cube sont des sommets du dodécaèdre et les arêtes du cube sont formées de segments joignant deux sommets non consécutifs dans une face pentagonale du dodécaèdre. Il y a ainsi cinq façons d'inscrire un cube dans un dodécaèdre régulier.
131
+
132
+ On peut aussi inscrire le cube dans un dodécaèdre rhombique. Les sommets du cube correspondent aux sommets d'ordre 3 du dodécaèdre rhombique et les arêtes du cube correspondent aux diagonales des losanges.
133
+
134
+ Le cube a joué un rôle important dans la géométrie et la cosmologie grecque. Platon le classe comme le quatrième solide, le premier construit à l'aide de triangles isocèles rectangles :
135
+
136
+ « 
137
+ Groupés par quatre avec leurs angles droits se rencontrant au centre, ces triangles isocèles forment un quadrangle. Six de ces quadrangles en s'accollant ont donné naissance à huit angles solides, composés chacun de trois angles plans droits et la figure obtenue est un cube (Timée, 54c - 55 d) »
138
+
139
+ Comme chaque solide de Platon, le cube est associé à un élément. Comme élément le plus stable, il est associé à la Terre.
140
+
141
+ Dans une autre clé symbolique, il symbolise le monde matériel et l'ensemble des quatre éléments. Symbole de stabilité, il se trouve souvent à la base des trônes[4].
142
+
143
+ Le cube a été l'objet d'un problème qui s'est révélé insoluble : la duplication du cube à la règle et au compas.
144
+
145
+ Dans la cosmologie de Kepler, le cube est associé à la planète Saturne.
146
+
147
+ On retrouve aussi le cube dans la symbolique franc-maçonne. Le cube y symbolise les progrès que doit faire le compagnon pour passer de la pierre brute au solide parfait.
148
+
149
+ Cube fait partie d'une séquence de trois films canadiens. Apple a produit l'ordinateur Cube, Nintendo la console GameCube. Le Rubik's Cube est un casse-tête dont la réflexion se base sur des associations de couleur. Comprendre sa solution fait appel à un groupe de permutations.
150
+
151
+ On retrouve un cube tronqué dans le tableau Melencolia d'Albrecht Dürer. L'Atomium de Bruxelles est un cube. En effet, le cube est un des réseaux possibles en cristallographie pour l'argent, l'or, le cuivre, le platine, le diamant, le sel, entre autres.
152
+
153
+ Sur les autres projets Wikimedia :
154
+
155
+ Matthieu Aubry, « Le chemin le plus court sur le cube », sur matthieu.net
fr/1405.html.txt ADDED
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+ En géométrie euclidienne, un cube est un prisme dont toutes les faces sont carrées donc égales et superposables. Le cube figure parmi les solides les plus remarquables de l'espace. C'est le seul des cinq solides de Platon, ayant exactement 6 faces, 12 arêtes et 8 sommets. Son autre nom est « hexaèdre régulier ».
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+
5
+ Comme il a quatre sommets par face et trois faces par sommet, son symbole de Schläfli est {4,3}.
6
+
7
+ L'étymologie du mot cube est grecque ; cube provient de kubos, le dé.
8
+
9
+ Le terme de cube, appliqué à un nombre, désigne la valeur obtenue en multipliant ce nombre par lui-même et en remultipliant le résultat par le nombre initial. Cette expression s'est imposée durant la période où l'algèbre géométrique était omniprésente, le carré d'un nombre était vu comme la surface d'un carré de côté le nombre initial et le cube d'un nombre comme le volume d'un cube de côté le nombre initial. L'expression « a3 » peut se lire « a au cube » et « a cube ».
10
+
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+ Le 1-squelette du cube — l'ensemble de ses sommets reliés par ses arêtes — forme un graphe appelé graphe hexaédrique.
12
+
13
+ Le cube est un des cinq solides de Platon. Un cube appartient à la famille des prismes droits. Il possède 8 sommets et 12 arêtes. Pour sommets, on peut prendre par exemple les points de
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+
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+
16
+
17
+
18
+
19
+ R
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+
21
+
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+ 3
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+
24
+
25
+
26
+
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+ {\displaystyle \mathbb {R} ^{3}}
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+
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+ de coordonnées
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+
31
+
32
+
33
+ (
34
+ ±
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+ 1
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+ ,
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+ ±
38
+ 1
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+ ,
40
+ ±
41
+ 1
42
+ )
43
+
44
+
45
+ {\displaystyle (\pm 1,\pm 1,\pm 1)}
46
+
47
+ . De plus :
48
+
49
+ Mais par définition ses arêtes sont toutes de longueur égale, disons a. Ses faces sont donc des carrés d'aire a2.
50
+
51
+ C'est l'expression de son volume qui a conduit à l'utilisation du mot cube en algèbre.
52
+
53
+ Il existe d'autres définitions équivalentes du cube :
54
+
55
+ Le groupe des isométries du cube, noté Oh, et le sous-groupe de ses isométries positives (ses rotations), noté O, sont aussi appelés groupes de symétrie octaédrique, parce que ce sont les mêmes que ceux de son polyèdre dual, l'octaèdre régulier.
56
+
57
+ Le cube est l'un des polyèdres offrant le plus de symétries :
58
+
59
+ Une isométrie du cube fixe son centre. Elle est donc entièrement définie par l'image d'un sommet A et de deux (B et C) de ses trois voisins (puisque ces trois points forment, avec le centre, un repère de l'espace). Le sommet A peut avoir pour image l'un quelconque, A', des 8 sommets du cube. Pour le sommet B, il y a alors 3 images possibles, parmi les trois voisins de A' puis, pour l'image de C, 2 images parmi les deux voisins restants. Ceci prouve que les isométries laissant le cube globalement invariant sont au nombre de 8 × 3 × 2 = 48, dont 24 rotations, une seule des deux images de C donnant la même orientation de A'B'C' par rapport à ABC. Les 24 rotations sont :
60
+
61
+ Le groupe O de ces 24 rotations est isomorphe au groupe symétrique S4. Une rotation quelconque permute en effet les quatre diagonales du cube, et inversement, une permutation quelconque des quatre diagonales définit une unique rotation.
62
+
63
+ Les isométries négatives du cube sont les antirotations composées de ces rotations par la symétrie centrale et commutent avec elle. Le groupe Oh est donc le produit direct interne du sous-groupe O par le sous-groupe cyclique d'ordre 2 engendré par la symétrie centrale. C'est le plus gros des 7 groupes orthogonaux de réseaux de dimension 3.
64
+
65
+ Les 24 isométries négatives sont respectivement :
66
+
67
+ Enfin, les huit sommets du cube peuvent se répartir en deux tétraèdres réguliers, symétriques l'un de l'autre par la symétrie centrale. Il en résulte que, sur les 48 isométries du cube, 24 laissent chacun de ces tétraèdres invariant, et 24 échangent les deux tétraèdres. Les 24 isométries du cube laissant les tétraèdres invariants forment le groupe des isométries du tétraèdre : 12 sont des rotations, et 12 des isométries indirectes. Ces 24 isométries permutent les quatre sommets du tétraèdre.
68
+
69
+ Il existe onze patrons du cube ; en voici quatre :
70
+
71
+ Développement en croix, les carrés latéraux peuvent être placés plus bas ou plus haut
72
+
73
+ Développement en zigzag
74
+
75
+ Ce développement tient dans un rectangle de deux sur cinq et minimise l'espace perdu
76
+
77
+ Le carré de gauche peut être placé plus bas ou plus haut
78
+
79
+ Un plan et un cube peuvent se rencontrer ou non. S'ils se rencontrent, leur intersection peut dessiner[1]
80
+
81
+ Le cube n'ayant que six faces, il n'est pas possible d'obtenir de section ayant plus de 6 côtés.
82
+
83
+ Section suivant un triangle
84
+
85
+ Section suivant un trapèze
86
+
87
+ Section suivant un losange
88
+
89
+ Section suivant un rectangle d'aire maximale
90
+
91
+ Section suivant un pentagone possédant deux paires de côtés parallèles
92
+
93
+ Section suivant un hexagone possédant trois paires de côtés parallèles
94
+
95
+ L'intersection d'un plan et d'un cube peut donner trois types de polygones réguliers:
96
+
97
+ Diagonale du cube décomposée en deux parties dans le ratio 2:1 par une section en triangle équilatéral
98
+
99
+ Section du cube selon un carré. Les sommets supérieurs sont à une distance de A égale à la moitié de AC
100
+
101
+ Section hexagonale du cube par le plan médiateur de [AG}
102
+
103
+ Il n'est pas possible d'obtenir un pentagone régulier[1] car, la section ayant 5 côtés, le plan coupe nécessairement deux faces opposées du cube, la figure possède donc deux côtés parallèles, ce qui n'arrive pas dans le pentagone régulier.
104
+ Il n'est pas possible d'obtenir une section sous forme de triangle rectangle[1] car tous les angles du triangle obtenu par section sont aigus.
105
+ Il n'est pas possible d'obtenir de section qui soit un trapèze rectangle sans être un rectangle.
106
+
107
+ L'aire maximale d'une section du cube de côté a est[3]
108
+
109
+
110
+
111
+
112
+ a
113
+
114
+ 2
115
+
116
+
117
+
118
+
119
+ 2
120
+
121
+
122
+
123
+
124
+ {\displaystyle a^{2}{\sqrt {2}}}
125
+
126
+ . Cette aire est obtenue par la section suivant un plan contenant deux arêtes opposées du cube.
127
+
128
+ Le dual du cube est l'octaèdre régulier. Ce qui explique que les deux solides possèdent le même groupe d'isométries.
129
+
130
+ Le cube s'inscrit dans un dodécaèdre régulier : les sommets du cube sont des sommets du dodécaèdre et les arêtes du cube sont formées de segments joignant deux sommets non consécutifs dans une face pentagonale du dodécaèdre. Il y a ainsi cinq façons d'inscrire un cube dans un dodécaèdre régulier.
131
+
132
+ On peut aussi inscrire le cube dans un dodécaèdre rhombique. Les sommets du cube correspondent aux sommets d'ordre 3 du dodécaèdre rhombique et les arêtes du cube correspondent aux diagonales des losanges.
133
+
134
+ Le cube a joué un rôle important dans la géométrie et la cosmologie grecque. Platon le classe comme le quatrième solide, le premier construit à l'aide de triangles isocèles rectangles :
135
+
136
+ « 
137
+ Groupés par quatre avec leurs angles droits se rencontrant au centre, ces triangles isocèles forment un quadrangle. Six de ces quadrangles en s'accollant ont donné naissance à huit angles solides, composés chacun de trois angles plans droits et la figure obtenue est un cube (Timée, 54c - 55 d) »
138
+
139
+ Comme chaque solide de Platon, le cube est associé à un élément. Comme élément le plus stable, il est associé à la Terre.
140
+
141
+ Dans une autre clé symbolique, il symbolise le monde matériel et l'ensemble des quatre éléments. Symbole de stabilité, il se trouve souvent à la base des trônes[4].
142
+
143
+ Le cube a été l'objet d'un problème qui s'est révélé insoluble : la duplication du cube à la règle et au compas.
144
+
145
+ Dans la cosmologie de Kepler, le cube est associé à la planète Saturne.
146
+
147
+ On retrouve aussi le cube dans la symbolique franc-maçonne. Le cube y symbolise les progrès que doit faire le compagnon pour passer de la pierre brute au solide parfait.
148
+
149
+ Cube fait partie d'une séquence de trois films canadiens. Apple a produit l'ordinateur Cube, Nintendo la console GameCube. Le Rubik's Cube est un casse-tête dont la réflexion se base sur des associations de couleur. Comprendre sa solution fait appel à un groupe de permutations.
150
+
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+ On retrouve un cube tronqué dans le tableau Melencolia d'Albrecht Dürer. L'Atomium de Bruxelles est un cube. En effet, le cube est un des réseaux possibles en cristallographie pour l'argent, l'or, le cuivre, le platine, le diamant, le sel, entre autres.
152
+
153
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Matthieu Aubry, « Le chemin le plus court sur le cube », sur matthieu.net
fr/1406.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,80 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le cubisme est un mouvement artistique du début du XXe siècle, qui constitue une révolution dans la peinture et la sculpture, et influence également l'architecture, la littérature et la musique. Produites essentiellement dans la région parisienne, les œuvres cubistes représentent des objets analysés, décomposés et réassemblés en une composition abstraite, comme si l'artiste multipliait les différents points de vue. Elles partagent également une récurrence des formes géométriques et du thème de la modernité.
2
+
3
+ Développé à partir de 1907 à l'initiative des peintres Pablo Picasso, Georges Braque et dans une certaine mesure Auguste Herbin (« précubisme »), le cubisme connait son apogée lors de la période dite du cubisme analytique (1910-1912) avec des œuvres d'artistes comme Juan Gris, Jean Metzinger, Albert Gleizes, Robert Delaunay, Sonia Delaunay-Terk, Henri Le Fauconnier, Eugène-Nestor de Kermadec et Fernand Léger. Suivi par le cubisme synthétique et l'orphisme (1912) puis interrompu pendant la Grande Guerre (1914 à 1918), le mouvement demeure actif jusqu'au milieu des années 1920, notamment grâce au soutien des marchands d'art Léonce Rosenberg et Daniel-Henry Kahnweiler. Il cède ensuite la place à de nouveaux courants d'avant-garde : le mouvement dada, l'abstraction géométrique, le surréalisme, De Stijl ou encore l'Art déco.
4
+
5
+ Le cubisme a connu un succès important à travers le monde, donnant parfois lieu à l'élaboration de variantes nationales telles que le cubisme tchécoslovaque. S'il est surtout connu comme mouvement pictural, la sculpture a joué un rôle important dans le développement du mouvement. Après Pablo Picasso, initiateur de la sculpture cubiste dès 1909 (Tête de Fernande), les principaux sculpteurs cubistes sont Alexandre Archipenko, Joseph Csaky, Raymond Duchamp-Villon, Jacques Lipchitz, Henri Laurens, Pablo Gargallo et Ossip Zadkine.
6
+
7
+ D'après le marchand d'art Wilhelm Uhde, le terme « cubisme » est un néologisme inventé par Max Jacob[1], qui participait en juin 1907 avec Pablo Picasso et la compagne de celui-ci Fernande Olivier, Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin, à de joyeuses réunions animées par le haschisch et les discours du mathématicien Maurice Princet. En 1908, au cours d'une réflexion, Henri Matisse, qualifie de « cubiste » le tableau de Georges Braque, Maisons à l'Estaque (1907-1908). L'idée est ensuite relayée par le critique d'art Louis Vauxcelles qui, pour décrire ces demeures géométriques, parle de « petits cubes ». Auparavant, dans un contexte similaire, le critique Louis Chassevent, dans son article de 1906 sur Les Artistes indépendants, définit alors Jean Metzinger comme « un mosaïste comme Signac, mais il est plus précis dans sa découpe des cubes de couleurs, qui semblent avoir été fabriqués par une machine[2] ».
8
+
9
+ L'usage général du terme « cubisme » date de 1911, principalement en référence à Metzinger, Gleizes, Delaunay et Léger[3]. En 1911, le poète et critique Guillaume Apollinaire accepte le terme au nom d'un groupe d'artistes invités à exposer aux Indépendants de Bruxelles. Du “Cubisme”[4], écrit par Albert Gleizes et Jean Metzinger, est publié en 1912 dans un effort pour dissiper la confusion qui fait rage autour du mot, et comme un moyen de défense majeur du cubisme, qui avait causé un scandale public à la suite du Salon des indépendants de 1911 et du Salon d'automne de 1912. Clarifiant leurs objectifs en tant qu'artistes, ce travail est le premier traité théorique sur le cubisme et il reste encore le plus clair et le plus intelligible[5].
10
+
11
+ Le résultat, non seulement une collaboration entre ses deux auteurs, reflète des discussions du cercle d'artistes qui se sont réunis à Puteaux et Courbevoie. Il reflète les attitudes des « artistes de Passy », qui comprenaient Picabia et les frères Duchamp, à qui certains de ces passages ont été lus avant publication[5]. Le concept développé dans Du “Cubisme” d'observer un sujet à partir de différents points dans l'espace en même temps, c'est-à-dire, l'acte de se déplacer autour d'un objet pour le saisir à partir de plusieurs angles successifs fusionnés en une seule image (des points de vue multiples, la perspective mobile, ou simultanéité), est maintenant un phénomène généralement reconnu pour décrire le cubisme[6],[3],[5],[7].
12
+
13
+ Le manifeste Du “Cubisme” par Metzinger et Gleizes a été suivi en 1913 par Les Peintres cubistes. Méditations esthétiques, une collection de réflexions et de commentaires de Guillaume Apollinaire[8]. Apollinaire avait été étroitement associé à Picasso depuis 1905, et à Braque depuis 1907, mais a donné autant d'attention à des artistes tels que Metzinger, Gleizes, Delaunay, Picabia et Duchamp[5].
14
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15
+ La période qui précède l'invention du cubisme est qualifiée par les historiens de l'art de « précubisme » ou « proto-cubisme ». Elle s'étend de 1904 à début 1911, qui voit le cubisme se structurer en un mouvement artistique.
16
+
17
+ Le cubisme prend essentiellement sa source dans les travaux de Paul Cézanne, qui cherche à créer un nouvel espace pictural non basé sur une simple imitation du réel[9]. Inspiré par les arts premiers, alors en vogue et qui remettent en cause la tradition picturale occidentale, Cézanne tente de représenter la réalité d'une manière inédite.
18
+
19
+ Dans une lettre du peintre à Émile Bernard datée du 15 avril 1904, il y expose une conception de l'œuvre picturale qui pose les jalons des théories cubistes[9] :
20
+
21
+ « Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective ; soit que chaque côté d'un objet, d'un plan, se dirige vers un point central. »
22
+
23
+ Dès 1906, Georges Braque étudie méthodiquement les lignes de contour des tableaux de Cézanne et aboutit progressivement à des compositions qui utilisent de légères interruptions dans les lignes, comme dans Nature morte au pichet (1906-1907) et Maisons à l'Estaque (1907)[10]. En 1907, une grande exposition est consacrée à ce dernier, mort en octobre 1906 ; Picasso y assiste et y trouve une source de motivation[9]. Sa correspondance avec Émile Bernard, qui comprend ses théories sur la composition picturale, est alors publiée[9]. L'influence de Cézanne sur les premiers cubistes, dont Picasso, Braque et Metzinger, est telle que certains historiens de l'art parlent d'une période « cézannienne » du cubisme pour désigner les œuvres réalisées avant 1910[11].
24
+
25
+ L'art africain traditionnel (alors appelé « art nègre ») a également nourri l'imagination et l'inspiration des premiers peintres cubistes. Max Jacob, racontant l'invention du cubisme, évoque l'importance qu'aurait eue une statuette africaine pour Picasso : « Aucun mathématicien n'a servi le cubisme et Apollinaire a été aussi surpris que moi de sa naissance. Le cubisme est né un matin, ou plutôt un soir. Apollinaire, Picasso et moi dinions chez Matisse, lequel montra une statuette nègre. Picasso la regarda longuement et le lendemain en arrivant au 13 de la rue Ravignan, je trouvais sur le plancher de grandes feuilles de papier, études au trait du canon nègre. À partir de ce jour, Picasso s'enfonça dans la méditation et le silence... Bien entendu Apollinaire mit de la très belle littérature autour de ce chou nouveau, comme il en avait mis autour des arlequins. Je crois que ceci se passait en 1906. »[12]
26
+
27
+ Ce qui a intéressé les cubistes dans l'art traditionnel africain est la méthode de construction à partir de formes simples et d'éléments limités[13]. Les figures, les visages et les objets sont composés de formes élémentaires pures, des cercles, des traits, etc. Néanmoins, malgré des compositions simples, de ces productions émanent des forces, une magie particulière, un expressionnisme peut-être rudimentaire mais au moins tout aussi puissant.
28
+
29
+ À partir de 1907, Braque et Picasso poursuivent leurs expérimentations et réalisent peu à peu des toiles qui tendent vers l'abstraction et témoignent de l'influence de Cézanne. Elles sont caractérisées par une recherche sur la géométrie et les formes représentées : tous les objets se retrouvent divisés et réduits en formes géométriques simples, souvent des carrés. Cela signifie qu'un objet n'est pas représenté tel qu'il apparaît visiblement, mais par des codes correspondant à sa réalité connue. La perspective traditionnelle[14] est souvent inversée, avec des lignes brisées. Elles consistent aussi à représenter sur une toile en deux dimensions un objet de l'espace. Picasso décompose ainsi l'image en multiples facettes (ou cubes, d'où le nom de cubisme) et détruit les formes du réel pour plonger dans des figures parfois étranges (comme une figure représentée sur une moitié de face, et sur l'autre de côté).
30
+
31
+ Les Demoiselles d'Avignon ou Bordel d'Avignon, œuvre commencée au début de l'année 1907 et réalisée à Montmartre, dans son atelier du Bateau-Lavoir, est habituellement considérée comme le premier tableau cubiste[9]. Toutefois, selon le critique John Golding, le tableau ne serait pas à proprement parler un tableau cubiste dans la mesure où celui-ci tend trop vers l'abstraction, alors que le cubisme est selon lui une forme d'art réaliste[9]. Des études de Marie Laurencin datant du printemps et de l'été 1907 montrent déjà la très grande influence du tableau de Picasso. Réciproquement, Picasso applique à son tableau la ligne entre les aplats que pratique la jeune peintre, admirée par Braque depuis des années.
32
+
33
+ Les Demoiselles d'Avignon a valu à Picasso l'appellation de « père fondateur du cubisme » ; à la fin des années 1950, celui-ci a parfois tenté de s'attribuer l'intégralité de la paternité du cubisme[15].
34
+
35
+ Collaborateur et ami de Picasso, qu'il rencontre dans son atelier à Paris en 1907, Georges Braque conduit également des expérimentations picturales inspirées par Cézanne ainsi que par le fauvisme, fondé en 1905[9]. Impressionné par Les Demoiselles d'Avignon, dont il a pu suivre une partie de la réalisation, il répond au peintre par une toile achevée au printemps 1908, Le Grand Nu[9]. Moins radicale que le tableau de Picasso, la toile fait néanmoins figure de précurseur du cubisme : la figure de la baigneuse est complètement déformée, l’arrière-plan est composé de pans aux découpes angulaires et de nouvelles couleurs font leur apparition (beiges, gris)[9].
36
+
37
+ À l'été 1908, Braque séjourne dans le quartier de l'Estaque à Marseille, où Cézanne s'était réfugié durant la guerre de 1870 et était revenu par la suite[9]. Il y réalise plusieurs tableaux en hommage à son inspirateur, dont les Maisons à l'Estaque (1908) et le Viaduc à l'Estaque (1908). Braque se distancie ici de l'imitation fidèle du réel pour représenter un espace propre à la toile : il élimine ainsi différents détails et simplifie la forme des bâtiments pour les réduire à de simples cubes[9].
38
+
39
+ Les tableaux de Braque sont toutefois refusés au Salon d'automne de 1908. Henri Matisse, qui fait alors partie du jury, qualifie de « cubistes » les Maisons de l'Estaque, bien qu'il désapprouve l'utilisation de formes et de schémas géométriques[9]. Rival de Picasso, il considère que c'est ce tableau qui marque l'acte de naissance du cubisme, et non Les Demoiselles d'Avignon : « Dans mon souvenir, c'est Braque qui a fait la première peinture cubiste. Il avait rapporté du Sud un paysage méditerranéen qui représente un village côtier en vue plongeante. Pour donner plus d'importance aux toits, qui étaient peu nombreux, […] de manière à les rendre lisibles dans le paysage […] il avait continué les signes qui représentent les toits par des lignes qui entraient dans le ciel et les avaient peintes dans le ciel. C'est vraiment la première peinture qui constitue l'origine du cubisme et nous la considérions comme quelque chose de radicalement nouveau pour laquelle nous avions de nombreuses discussions. Au même moment dans l'atelier de Braque, rue d'Orsel, il y avait une grande toile qui avait été commencée dans le même esprit et qui représente une femme assise »[16].
40
+
41
+ En 1908, le jeune peintre espagnol Juan Gris rejoint son ami Picasso au Bateau-Lavoir[9].
42
+
43
+ Quelques-uns des tableaux peints par Braque à l'Estaque sont rassemblés et présentés en 1909 par Daniel-Henry Kahnweiler dans sa galerie parisienne ; il s'agit là de la première exposition personnelle de Braque[9]. La préface du catalogue de l'exposition est réalisée par le poète Guillaume Apollinaire, ami du peintre[9]. L'exposition comprend également des œuvres de Picasso, André Derain et Kees van Dongen.
44
+
45
+ Les techniques employées par les cubistes font de nombreux émules tels que Francis Picabia, Constantin Brancusi, Sonia et Robert Delaunay, Albert Gleizes.
46
+
47
+ De 1910 à 1912, Braque et Picasso resserrent leur collaboration et forment ce que Braque désignera sous le nom de « cordée Braque-Picasso ». Les deux peintres appliquent leurs découvertes simultanément, non seulement aux paysages, mais aussi aux natures mortes et à la figure humaine. Certains de leurs tableaux ne sont volontairement pas signés pour que l'on ne puisse les attribuer ni à l'un ni à l'autre. Braque développe vers 1911 la technique dite des papiers collés.
48
+
49
+ Ces deux peintres affirment une rupture avec la vision classique déjà entamée depuis trois ans, ce que l'on nommera le « cubisme analytique ». Ils abandonnent l'unicité de point de vue du motif pour en introduire de multiples sous des angles divers, juxtaposés ou enchevêtrés dans une même œuvre[7]. Ils s'affranchissent de la perspective pour donner une importance prépondérante aux plans dans l'éclatement des volumes[7].
50
+
51
+ Lors de cette deuxième phase, l'objet est construit selon l'inversion de la perspective et toutes ses facettes sont représentées en fragments. Cette période de recherche se caractérise par un chromatisme très peu saturé (gris, brun, vert, bleu terne). En revanche, la lumière occupe une place très importante et elle se répartit de manière différente sur chaque fragment. Le cubisme analytique concerne essentiellement Georges Braque avec Broc et Violon, 1909-1910, huile sur toile (117 × 75 cm), Kunstmuseum (Bâle), Violon et Palette (92 × 43 cm) et Piano et Mandore (92 × 43 cm), Musée Solomon R. Guggenheim[17], et Pablo Picasso avec Le Joueur de guitare, en 1910.
52
+
53
+ Le Groupe de Puteaux, également connu sous l’appellation Section d’Or, mène alors des recherches parallèles[6],[5].
54
+
55
+ La période du cubisme synthétique est caractérisée par le retour de la couleur et par l'utilisation de la technique des papiers, compositions picturales formées de plusieurs matières. Le premier papier collé est une œuvre de Georges Braque : Compotier et verre, 1912 (60,8 × 45,7 cm[18]). C'est le prototype d'une invention qui apparait comme telle dans le contrat signé avec Kahnweiler le 30 novembre 1912. Braque lui accorde l'exclusivité de cette production décrite comme des « dessins avec papier bois marbre ou tout autre accessoire[19] ». Le peintre sélectionne les facettes les plus pertinentes de l'objet déconstruit (contrairement à la première phase, où il n'y a pas de sélection). Des éléments de la réalité sont réintroduits, notamment par le collage de papiers ou donnant des indications de matière à l'objet représenté. L'utilisation de matériaux imitant le faux bois, le marbre, l'introduction d'éléments de mercerie fait de ces tableaux des compositions que Picasso adopte à son tour, dès l'année suivante : Guitare et Bouteille de Bass, 1913. ou encore La Clarinette de Georges Braque en 1912, qui annonce ainsi l'étape suivante du cubisme synthétique, avec une utilisation du collage, des couleurs et de la matières utilisés afin de construire l'image.
56
+
57
+ Braque va approfondir cette technique avec notamment Juan Gris et Henri Laurens, lorsque la « cordée Braque-Picasso » prendra fin[20],[6],[5]. L’aventure cubiste avec Picasso s’arrête quand, en 1914, Braque est mobilisé pour la guerre.
58
+
59
+ Le cubisme orphique, est le nom donné par Guillaume Apollinaire à propos des deux principaux représentants de cette forme de peinture qu'il est le seul à rattacher au cubisme[21], Robert Delaunay et sa femme Sonia Delaunay. Alors que Robert et Sonia avaient créé le Salon des réalités nouvelles à la galerie Charpentier, en 1939, dans le but de marquer Sonia Delaunay « la fin du rackett [sic] » des surréalistes[22]. Dans leurs œuvres, la couleur se détache de toute forme et permet la création de cercles concentriques colorés, donnant rythme et vitesse au tableau[6],[5]. Mais ce terme n'a aucun rapport avec le cubisme. C'est une des multiples inventions d'Apollinaire, dont Michel Laclotte considère que le poète ne savait pas très bien de quoi il parlait en inventant ce mot, qui ne correspond à aucun courant[23].
60
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+ Si le fruit des recherches cubistes de Picasso concerne d'abord la peinture, dès 1909, La Tête de Fernande, en bronze, représente la version en trois dimensions du cubisme analytique. Pourtant, Picasso, insatisfait, constate que cette tentative n'est qu'une « simple illusion sculptée » de la peinture cubiste[24]. Il cesse donc de sculpter jusqu'en 1912, année où il commence une petite série de Guitares, contemporaine du cubisme synthétique. Il y propose une solution audacieuse et radicalement novatrice reposant sur l'assemblage et l'articulation de matériaux pauvres et hétérogènes (carton, papier, ficelle)[25], appelée à un grand avenir. Après Picasso, Alexandre Archipenko et Joseph Csaky adhèrent au cubisme en 1911[26]. Jacques Lipchitz est, avec son ami Henri Laurens, le sculpteur le plus typique du cubisme auquel il adhère en 1913. Dans sa phase cubiste, il produit des œuvres aux contours nets et rectilignes qui s'adouciront par la suite. D'autres sculpteurs comme Raymond Duchamp-Villon, Pablo Gargallo, et Ossip Zadkine sont typiques de l'évolution de la sculpture cubiste vers de nouvelles tendances : section d'or, orphisme, purisme… Duchamp-Villon, notamment, auteur d'un projet de « Maison cubiste », avec André Mare et d'autres artistes. Il introduit la notion de mouvement dans son Cheval majeur, produisant l'impression d'une machine vivante. Avec Cheval majeur, il rejoint les préoccupations futuristes.
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+ L'influence du cubisme sur la littérature peut notamment se sentir dans le recueil Alcools, d'Apollinaire (paru en 1913). Dans ce dernier, le mélange des temps, l'enchevêtrement des figures de style, et le manque de ponctuation font ressortir une instabilité émotionnelle qui se traduit par l'émergence de différents points de vue au sein même des poèmes : le lecteur ne sait plus qui est le sujet, de quoi on parle, et le sens du texte. Cela accentue ce sentiment de liberté et la pression qu'exerce l'alcools sur le poète.
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+ De plus, Apollinaire était un grand ami de Picasso, figure majeure du cubisme, et dans ce recueil, plusieurs poèmes lui sont dédiés.
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+ Selon John Golding, historien de l’art et spécialiste du cubisme, « le cubisme est un langage pictural absolument original, une façon d’aborder le monde totalement neuve, et une théorie esthétique conceptualisée. On comprend qu’il ait pu imprimer une nouvelle direction à toute la peinture moderne ».
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+ La peinture cubiste vise à explorer le paradoxe même de la peinture. Comment sur une toile à deux dimensions faire apparaître toute la complexité des volumes. Comment faire pour éviter de figer le sujet et par la même occasion construire une image qui soit aussi solide et durable que le sujet lui-même[13]. Les artistes cubistes ont alors développé des techniques et des méthodes dans le but d'atteindre leurs objectifs.
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+ Parmi elles la plus employée est la technique qui consiste à multiplier les points de vue sur un sujet le tout dans la même toile. Cette méthode est mise au point par Pablo Picasso vers 1909[27]. Une autre nouveauté est l'emploi assez fréquent de tableaux de forme ronde ou ovale. Ce choix s'oppose directement au classique et à l'académisme pictural.
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+ Au début de 1910 Georges Braque commence à introduire dans ses toiles des éléments de trompe l’œil et des imprimés. Cette technique a alors un grand succès auprès des artistes cubistes. Dans la recherche intellectuelle et artistique des œuvres, apparaissent des éléments du réel. Néanmoins cette technique souligne bien le paradoxe de la peinture si cher aux cubistes. L'apparence concrète vient se mêler aux concepts qui sont eux immatériels. Dans les années qui suivent Picasso invente la technique du « collage » et Braque celle du « papier collé »[27].
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+ Le cubisme, comme le souligne Apollinaire dans Les Peintres cubistes. Méditations esthétiques (1913), a ouvert la voie de l'abstraction (orphisme, suprématisme, futurisme, rayonnisme, Bauhaus) et de l'art conceptuel (Dada), bien que le cubisme n'ait pas produit d'œuvres totalement dénuées de lien avec la réalité. D'une façon plus générale, presque tous les artistes importants qui réussiront à trouver un style personnel avant la Première Guerre mondiale, seront passés à un moment ou à un autre, par une phase cubiste (Marcel Duchamp, Francis Picabia, František Kupka, Robert Delaunay, Piet Mondrian, Léopold Survage, Kurt Schwitters, Alfréd Réth).[Information douteuse]
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+ Le cubisme, qui décompose les objets, est proche de quatre mouvements :
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+ L'un des pays où le cubisme s'est particulièrement répandu est la Tchécoslovaquie. Les artistes tchécoslovaques, pour des raisons nationalistes, tentent d'échapper au Sezessionsstil viennois et au Jugendstil allemand et regardent obstinément du côté de Paris. Si Alfons Mucha fait encore partie de la « vieille garde » de l'Art nouveau, d'autres comme Josef Čapek, Antonín Procházka, Emil Filla, Toyen, Vincenc Beneš ou Bohumil Kubišta au nom prédestiné adoptent sans attendre et avec enthousiasme les concepts cubistes.[réf. nécessaire]
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+ Une cuillère (ou cuiller) est un ustensile de table ou de cuisine. Elle est constituée par son cuilleron, extrémité creuse et concave prolongée par un manche plus fin.
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5
+ Pendant la préhistoire, des coquillages étaient utilisés comme cuillères. Le terme vient d’ailleurs du latin cochlearium, lui-même tiré de cochlea, « escargot », cuillères qui sont supposées avoir servi à manger les escargots. Georges Gougenheim cite le poète satirique latin Martial (Ier siècle) : la cuiller (cochleare) se terminait par une pointe qui servait à vider les escargots ; la pointe était donc l'élément important de la cuillère latine, et ce sens de pointe se retrouve dans diverses techniques (sabotier, marine)[1].
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+ La période du Paléolithique a livré des cuillères en os et en bois. Au Néolithique, le matériau céramique est également utilisé[2]. Dans la Grèce antique, la cuillère en bois était utilisée pour manger les œufs. La Rome antique a connu une grande et une petite cuillère.
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+ Le mot cuiller provient du latin impérial cochlearium (même sens), dérivé de cochlear (même sens), lui-même dérivé de cochlea (« escargot, coquille d'escargot »). Cochlea provient du grec κοχλίας (kokhlias) (même sens), dérivé de κοχλι (kokhlé) (« coquille »)[3].
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+ Le mot culier est attesté dès la seconde moitié du XIe siècle. L'objet est désigné sous le nom coller au milieu du siècle suivant ; on trouve ensuite cuillere au XIVe siècle. D'après le grammairien Gilles Ménage (1613-1692), « le petit peuple de Paris prononce « cueillé » et les honnêtes bourgeois y disent « cueillère », que l'usage a écarté dans cette prononciation ». Dans la 1re édition du Dictionnaire de l'Académie française, on trouve les formes cuillier et cuiller ; en 1762, cuillier disparait et cuillère apparait en 1798. Les variantes du mot doivent être mises en relation avec celles de la prononciation[4].
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+ Les cuillères existent en différentes matières, tailles et formes :
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+ elles sont généralement en métal mais peuvent aussi se trouver en plastique, en bois ou composées d'un mélange (par exemple le manche en plastique et le haut en métal).
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+ Diverses cuillères de la plus petite à la plus grande :
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+ Outre sa fonction principale de porter à la bouche des aliments, la cuillère peut avoir d'autres fonctions comme mesurer ou peser, verser, doser, transvaser, etc.
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+ Par exemple :
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21
+ La cuillère-pont avec cerise qui enjambe un plan d'eau dans le jardin de sculptures contemporaines du Walker Art Center de Minneapolis est l'un des symboles de cette ville.
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+ Une cuillère est l'accessoire principal du film The Horribly Slow Murderer with the Extremely Inefficient Weapon.
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+ Une cuillère (ou cuiller) est un ustensile de table ou de cuisine. Elle est constituée par son cuilleron, extrémité creuse et concave prolongée par un manche plus fin.
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+ Pendant la préhistoire, des coquillages étaient utilisés comme cuillères. Le terme vient d’ailleurs du latin cochlearium, lui-même tiré de cochlea, « escargot », cuillères qui sont supposées avoir servi à manger les escargots. Georges Gougenheim cite le poète satirique latin Martial (Ier siècle) : la cuiller (cochleare) se terminait par une pointe qui servait à vider les escargots ; la pointe était donc l'élément important de la cuillère latine, et ce sens de pointe se retrouve dans diverses techniques (sabotier, marine)[1].
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+ La période du Paléolithique a livré des cuillères en os et en bois. Au Néolithique, le matériau céramique est également utilisé[2]. Dans la Grèce antique, la cuillère en bois était utilisée pour manger les œufs. La Rome antique a connu une grande et une petite cuillère.
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+ Le mot cuiller provient du latin impérial cochlearium (même sens), dérivé de cochlear (même sens), lui-même dérivé de cochlea (« escargot, coquille d'escargot »). Cochlea provient du grec κοχλίας (kokhlias) (même sens), dérivé de κοχλι (kokhlé) (« coquille »)[3].
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+ Le mot culier est attesté dès la seconde moitié du XIe siècle. L'objet est désigné sous le nom coller au milieu du siècle suivant ; on trouve ensuite cuillere au XIVe siècle. D'après le grammairien Gilles Ménage (1613-1692), « le petit peuple de Paris prononce « cueillé » et les honnêtes bourgeois y disent « cueillère », que l'usage a écarté dans cette prononciation ». Dans la 1re édition du Dictionnaire de l'Académie française, on trouve les formes cuillier et cuiller ; en 1762, cuillier disparait et cuillère apparait en 1798. Les variantes du mot doivent être mises en relation avec celles de la prononciation[4].
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+ Les cuillères existent en différentes matières, tailles et formes :
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+ elles sont généralement en métal mais peuvent aussi se trouver en plastique, en bois ou composées d'un mélange (par exemple le manche en plastique et le haut en métal).
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+ Diverses cuillères de la plus petite à la plus grande :
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+ Outre sa fonction principale de porter à la bouche des aliments, la cuillère peut avoir d'autres fonctions comme mesurer ou peser, verser, doser, transvaser, etc.
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+ Par exemple :
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+ La cuillère-pont avec cerise qui enjambe un plan d'eau dans le jardin de sculptures contemporaines du Walker Art Center de Minneapolis est l'un des symboles de cette ville.
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+ Une cuillère (ou cuiller) est un ustensile de table ou de cuisine. Elle est constituée par son cuilleron, extrémité creuse et concave prolongée par un manche plus fin.
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+ Pendant la préhistoire, des coquillages étaient utilisés comme cuillères. Le terme vient d’ailleurs du latin cochlearium, lui-même tiré de cochlea, « escargot », cuillères qui sont supposées avoir servi à manger les escargots. Georges Gougenheim cite le poète satirique latin Martial (Ier siècle) : la cuiller (cochleare) se terminait par une pointe qui servait à vider les escargots ; la pointe était donc l'élément important de la cuillère latine, et ce sens de pointe se retrouve dans diverses techniques (sabotier, marine)[1].
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+ La période du Paléolithique a livré des cuillères en os et en bois. Au Néolithique, le matériau céramique est également utilisé[2]. Dans la Grèce antique, la cuillère en bois était utilisée pour manger les œufs. La Rome antique a connu une grande et une petite cuillère.
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+ Le mot cuiller provient du latin impérial cochlearium (même sens), dérivé de cochlear (même sens), lui-même dérivé de cochlea (« escargot, coquille d'escargot »). Cochlea provient du grec κοχλίας (kokhlias) (même sens), dérivé de κοχλι (kokhlé) (« coquille »)[3].
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+ Le mot culier est attesté dès la seconde moitié du XIe siècle. L'objet est désigné sous le nom coller au milieu du siècle suivant ; on trouve ensuite cuillere au XIVe siècle. D'après le grammairien Gilles Ménage (1613-1692), « le petit peuple de Paris prononce « cueillé » et les honnêtes bourgeois y disent « cueillère », que l'usage a écarté dans cette prononciation ». Dans la 1re édition du Dictionnaire de l'Académie française, on trouve les formes cuillier et cuiller ; en 1762, cuillier disparait et cuillère apparait en 1798. Les variantes du mot doivent être mises en relation avec celles de la prononciation[4].
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+ Les cuillères existent en différentes matières, tailles et formes :
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+ elles sont généralement en métal mais peuvent aussi se trouver en plastique, en bois ou composées d'un mélange (par exemple le manche en plastique et le haut en métal).
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+ Diverses cuillères de la plus petite à la plus grande :
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+ Outre sa fonction principale de porter à la bouche des aliments, la cuillère peut avoir d'autres fonctions comme mesurer ou peser, verser, doser, transvaser, etc.
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+ Par exemple :
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Genre
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+
7
+ Les alligators (Alligator) forment un genre de crocodiliens de la famille des Alligatoridés. Ce terme constitue à la fois un nom vernaculaire et un nom scientifique.
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+
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+ Selon Reptarium Reptile Database (15 juil. 2011)[1] :
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11
+ Espèces fossiles :
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+ Le terme alligator proviendrait de l'espagnol el lagarto signifiant « le lézard ». C'est ainsi que les Conquistadores auraient désigné ce reptile.
14
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15
+ Le mot lagarto aurait été déformé par les colons britanniques pour enfin aboutir à sa forme actuelle : alligator.
16
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17
+ Les alligators sont caractérisés par un museau plus large que celui des crocodiles. Les deux espèces qui existent ont également tendance à être de couleur plus sombre, souvent presque noire, mais la couleur dépend beaucoup de l'eau. Les eaux chargées en algues produisent des alligators verts ; les alligators venant d'eaux contenant beaucoup d'acide tannique en provenance des arbres qui les surplombent sont souvent plus sombres (mais l'alligator chinois présente un dessin assez clair). De plus, chez les alligators, seules les dents supérieures sont visibles quand ils ferment les mâchoires, au contraire des crocodiles, dont on peut voir les dents supérieures et inférieures. Toutefois, de nombreux individus présentent des difformités dans les mâchoires, ce qui complique ce moyen d'identification.
18
+
19
+ En moyenne, le poids d'un alligator d'Amérique est de 360 kg et sa longueur de 4 mètres.
20
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21
+ Selon le site web du Parc national des Everglades, le plus grand alligator jamais répertorié en Floride mesurait 5,3 m de long, bien que, selon le site web de la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission, le record de longueur pour l'État de Floride revienne à un mâle de 4,39 m (14 pieds 5/8 pouces) du lac Monroe dans le comté de Seminole. En Floride, le record de poids est de 473,05 kg (1.043 livres) dans le Lac Orange du comté d'Alachua. Le plus gros alligator jamais enregistré dans l'Alabama pesait près de 450 kg et mesurait un peu plus de 4,5 m de long[2]. Le record absolu mesuré est de 5,8 m et a été trouvé sur la Grosse-Île-du-Vermillion en Louisiane. Peu de spécimens géants ont été pesés, mais les plus grands pourraient avoir dépassé une tonne. L'alligator chinois, plus petit, dépasse rarement 2 m de longueur.
22
+
23
+ La durée de vie habituelle d'un alligator est estimée à environ 50 ans ou plus. Un spécimen nommé Muja qui vit au zoo de Belgrade en Serbie depuis 1937, a au moins 80 ans[3]. Un autre spécimen, Čabulītis, mort en 2007 au zoo de Riga en Lettonie avait dépassé 72 ans.
24
+
25
+ Un alligator blanc ou albinos est un alligator atteint de leucisme ou d'albinisme en raison d'une mutation génétique. C'est un animal rare (moins d'un sur un million) et incapable de survivre dans le milieu naturel[4].
26
+
27
+ L'animal est albinos uniquement si ses deux parents sont porteurs des gènes responsables de l'albinisme[4]. La conséquence de cette transmission est que leur présence en captivité est due au croisement du premier alligator albinos avec ses parents, puis ses enfants, afin de pérenniser la souche, notamment chez Shawn Heflick[5]. Cette consanguinité, très décriée, affaiblit la résistance des animaux pour un but lucratif.
28
+
29
+ La peau est très pâle en raison de l'absence de mélanine dans les mélanocytes[4]. L'iris est de couleur bleu à gris, le reflet tirant sur le rouge[4].
30
+
31
+ Leur espérance de vie en milieu naturel est limitée à 24 heures[6] : en effet, le soleil provoque de graves brûlures ; de plus, leur mauvaise vue et la dépigmentation de leur peau en font des proies faciles
32
+ [7].
33
+
34
+ Les alligators ne sont indigènes que dans trois pays : les États-Unis, le Mexique et la République populaire de Chine.
35
+
36
+ Les alligators américains se trouvent dans le sud-est subtropical : la totalité de la Floride et de la Louisiane, les parties méridionales de la Géorgie, de l'Alabama et du Mississippi; les régions côtières de la Caroline du Sud et de la Caroline du Nord, le sud-est du Texas et l'extrême Sud-Est de l'Oklahoma et de l'Arkansas. La majorité des alligators américains se situent en Floride et en Louisiane, avec plus d'un million d'individus dans chaque État. Cette espèce est aussi présente dans le nord du Mexique.
37
+
38
+ Les alligators américains vivent dans des environnements d'eau douce, comme les étangs, les marais, les marécages, les rivières et les lacs, ainsi que dans les milieux saumâtres. La Floride du Sud est le seul endroit où coexistent alligators et crocodiles.
39
+
40
+ Actuellement, l'alligator chinois se trouve uniquement dans la vallée du fleuve Yangzi Jiang et il est extrêmement menacé ; on pense qu'il n'y en a plus que quelques douzaines à vivre à l'état sauvage. De fait, on peut trouver bien plus d'alligators chinois dans des zoos à travers le monde que dans la nature. Par exemple, le Rockefeller Wildlife Refuge dans le sud de la Louisiane en a plusieurs en captivité pour essayer de préserver l'espèce.
41
+
42
+ Les grands alligators mâles sont des animaux solitaires et territoriaux. Les alligators plus petits se trouvent souvent en grand nombre tout près les uns des autres. Les plus gros de l'espèce (mâles et femelles), défendent leur territoire proche ; les petits montrent une tolérance plus grande à l'égard des autres alligators d'une taille voisine de la leur.
43
+
44
+ Bien que les alligators aient un corps pesant et des métabolismes lents, ils sont capables de courtes pointes de vitesse, en particulier pour une attaque rapide. Leurs proies favorites sont les petits animaux qu'ils peuvent tuer et avaler d'une seule bouchée ; ils peuvent cependant tuer des proies plus grandes, en les attrapant et en les tirant dans l'eau pour qu'elles se noient. Les alligators consomment de la nourriture qui ne peut être mangée en une seule bouchée en la laissant pourrir ou bien en la mordant et en l'agitant sauvagement jusqu'à en arracher des morceaux.
45
+
46
+ Dans une mâchoire d'alligator, la plupart des muscles sont faits pour mordre les proies et les agripper. Les muscles qui referment les mâchoires sont d'une puissance exceptionnelle, mais ceux qui les ouvrent sont en comparaison relativement faibles. C'est ainsi qu’un homme adulte peut à mains nues tenir un alligator la mâchoire fermée. En général, une bande de ruban adhésif suffit pour empêcher un adulte d'ouvrir ses mâchoires. C'est une des méthodes les plus couramment utilisées quand des alligators doivent être capturés et transportés, ou quand, pour toute autre raison, on doit les empêcher de mordre.
47
+
48
+ Les alligators sont généralement craintifs devant les humains et ont tendance à s'en aller ou à se jeter à l'eau, si l'on s'approche. Cette attitude conduit malheureusement certaines personnes à s'approcher des alligators et de leurs nids d'une façon qui peut inciter ces animaux à attaquer. Dans plusieurs endroits il existe des lois fédérales qui interdisent de nourrir les alligators là où ils se trouvent, ce qui ne veut pas dire que tout le monde respecte l'interdiction. Quand ils sont nourris, en effet, les alligators finissent par perdre leur crainte devant l'homme et ils peuvent donc décider de s'approcher des habitations humaines plutôt que de s'éloigner.
49
+
50
+ Animal amphibie, l'alligator passe de très longs séjours dans l'eau, soit qu'il chasse à l'affut, soit tout simplement qu'il dorme. Il peut rester totalement immergé environ une heure. Puis, tout en chauffant le dessus de son crâne au soleil, il se dissimule habilement dans l'eau. Son immobilité, son aspect, le font passer pour un bois flottant.
51
+
52
+ Jeunes, ils mangent des poissons, des insectes, des escargots, des grenouilles et des crustacés. À mesure qu'ils grandissent, ils prennent des proies de plus en plus importantes, y compris des poissons plus gros comme des lépisostéidés ; ils mangent aussi des tortues, divers mammifères, des oiseaux, des antilopes et d'autres reptiles. Leurs estomacs contiennent souvent des gastrolithes. Poussés par la faim ils consomment jusqu'à des charognes. Les alligators adultes peuvent prendre de grands sangliers et des cerfs et sont bien connus pour tuer et manger des alligators plus petits. Dans certains cas, on a rapporté que de grands alligators s'en sont pris à l'ours et à la panthère de Floride, ce qui fait d'eux des super-prédateurs dans toute la distribution. Comme les humains empiètent sur leur habitat, les attaques contre l'homme, si elles sont rares, ne sont pas impossibles. À la différence des grands crocodiles, les alligators ne considèrent pas automatiquement un humain comme une proie, mais ils peuvent toujours attaquer pour se défendre s'ils se sentent en danger.
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+ Les morts d'hommes dues à des alligators sont peu nombreuses. Il n'y avait eu, aux États-Unis, que neuf attaques meurtrières entre 1970 et 2000, onze personnes ont été tuées par des alligators en cinq ans seulement, entre 2001 et 2006.
55
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+ C'est que, si les alligators ont tendance à se méfier de l'homme, un excès de confiance conduit au contraire certaines personnes à pénétrer dans le territoire des animaux, ce qui provoque l'agression.
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+ De 1948 à 2011, aux États-Unis, 224 personnes ont été mordues par des alligators, ce qui a entraîné 22 décès[8]
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+ Très souvent, la mort n'est pas causée par une attaque effectuée par un alligator, mais à cause des bactéries qui s'accumulent dans leur gueules : lorsqu'un alligator attaque, les plaies effectuées sont immédiatement remplies de bactéries.
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+ À leur maturité les alligators atteignent généralement une longueur de 1,80 m. L'accouplement se fait au printemps. La femelle construit un nid de végétation dont la décomposition fournit la chaleur nécessaire à l'incubation des œufs.
63
+
64
+ Le sexe de la descendance dépend de la température dans le nid et se détermine dans les 7 à 21 jours qui suivent le début de l'incubation. À des températures de 30 °C ou moins celle-ci produit une ponte de femelles ; à 34 °C ou plus il n'y a que des mâles. Les nids établis sur les levées de terre sont plus chauds que ceux qui sont construits dans l'humidité des marais, et donc les premiers ont tendance à produire des mâles et les seconds des femelles. Le ratio sexuel normal à l'éclosion est de cinq femelles pour un mâle, les premières pesant beaucoup plus que les seconds.
65
+
66
+ La mère défend le nid contre les prédateurs et aide les nouveau-nés dans l'eau. Elle assure une protection aux jeunes pendant près d'un an s'ils restent à proximité. La plus grande menace pour les jeunes sont les alligators adultes dont la prédation peut causer un taux de mortalité atteignant jusqu'à cinquante pour cent la première année. Dans le passé, immédiatement après l'autorisation de la chasse aux alligators, le chiffre des populations rebondissait rapidement du fait qu'il y avait moins d'adultes à s'attaquer aux jeunes, ce qui accroissait les chances de survie de ces derniers.
67
+
68
+ L'élevage des alligators est en pleine expansion en Floride, au Texas et en Louisiane. À eux trois ces États produisent annuellement un total de quelque 45 000 peaux d'alligator. Cette peau, utilisée en maroquinerie, atteint des prix élevés et peut pour une longueur de 1,8 à 2 m se vendre à 300 $ pièce, même si les cours peuvent varier considérablement d'une année à l'autre. Le marché de la viande d'alligator est en plein essor et on en produit chaque année environ 140 tonnes. Selon le Département d'Agriculture de Floride, la viande d'alligator crue contient environ 240 calories pour 100 g, dont 32 provenant de matières grasses.
69
+
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+ Quoique les alligators soient souvent confondus avec les crocodiles, ils appartiennent à deux familles taxonomiques bien distinctes.
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+
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+ Les alligators diffèrent des crocodiles surtout par leur tête plus large et plus courte, et leur museau plus obtus, leurs dents ne ressortent pas lorsqu'ils ferment leur gueule ; ils ne possèdent pas la bordure irrégulière que l'on voit sur les pattes et les pieds arrière du crocodile, et les palmes entre les orteils des pattes arrière ne dépassent pas la moitié des intervalles ; supportant mal la salinité ils préfèrent nettement l'eau douce, tandis que les crocodiles peuvent tolérer l'eau salée, possédant des glandes spécialisées dans la filtration du sel.
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+ En général, les crocodiles présentent plus de danger pour les hommes que les alligators. [réf. souhaitée]
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+ Quant à leur aspect, une règle généralement fiable est que les alligators ont une tête en forme de U, tandis que les crocodiles l'ont en forme de V. Les crocodiles ont un museau plus étroit, avec des yeux plus en avant. Les crocodiles ont plutôt des yeux verts et les alligators des yeux bruns.
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+ Une autre distinction peut être faite d'après les mâchoires. Celles des crocodiles, beaucoup plus étroites, servent à déchirer les proies et à bien les tenir. En revanche, celles des alligators sont faites pour broyer les os, et elles peuvent développer une contrainte de morsure jusqu'à 3 000 psi (20 MPa), bien que certaines grandes espèces de crocodiles peuvent en fait mordre avec une contrainte de 5 000 psi[réf. nécessaire].
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+ Les crocodiles sont plus grands que les alligators et les caïmans
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+ Les caïmans (terme qui désigne les genres Caiman, Melanosuchus et Paleosuchus) vivent en Amérique centrale et en Amérique du Sud, et diffèrent par l'absence d'un septum osseux entre les narines.
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+ Le sang des alligators contient des protéines antimicrobiennes[9]. Le système immunitaire de ces reptiles contient des globules blancs « tueurs » qui peuvent combattre sélectivement les microorganismes comme les champignons, virus et bactéries sans avoir auparavant été en contact avec eux.
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+ Les protéines extraites de ces globules blancs se sont révélées efficaces contre une grande variété de bactéries dont le fameux Staphylocoque doré ainsi que contre six souches sur huit de Candida albicans.
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+ Les scientifiques pensent avoir isolé au moins quatre protéines particulièrement prometteuses dont ils espèrent tirer, d’ici une petite dizaine d’années, des médicaments classés dans une nouvelle famille : celle des « alligacines ». Ils envisagent notamment la mise sur le marché de crèmes antibiotiques pouvant être utilisées sur les plaies ulcérantes des diabétiques ou sur le derme des grands brûlés.
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+ Scotland Alba
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+ Alba Gu Bràth
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+ L'Écosse (en anglais et en scots : Scotland ; en gaélique écossais : Alba) est l'une des quatre nations constitutives du Royaume-Uni, occupant le nord de la Grande-Bretagne, et comprenant également un ensemble de petits archipels parmi lesquels les Hébrides, les Orcades ou les Shetland. Le royaume d'Écosse était un État souverain jusqu'au 1er mai 1707, date à laquelle l'Acte d'Union l'unifie au royaume d'Angleterre pour créer le royaume de Grande-Bretagne. L'Écosse est l'une des six nations celtiques[N 2].
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+ Sa capitale, centre financier et administratif, est Édimbourg, mais la métropole est Glasgow, qui est historiquement la ville la plus industrielle du pays. Les autres grandes villes sont Aberdeen et Dundee, suivies par Stirling, Perth et Inverness.
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+ La religion qui y est la plus répandue est le christianisme[1]. Il existe une grande diversité de « dénominations religieuses »[N 3], mais l'Église la plus importante est l'Église d'Écosse, une Église réformée presbytérienne[2], suivie par l'Église catholique ; nombre d'Écossais sont par ailleurs athées. Deux langues régionales sont reconnues : le gaélique écossais et le scots[3].
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+ Politiquement, l'Écosse est marquée par un fort mouvement indépendantiste. Après les élections législatives de 2007, le Parti national écossais (SNP) a formé le premier gouvernement indépendantiste (mais minoritaire) de l'histoire de l'Écosse. Lors des élections du 5 mai 2011, le SNP obtient la majorité absolue des sièges (69 sur 129[4]) et, le 15 octobre 2012, le premier ministre britannique David Cameron signe un accord portant sur l'organisation en 2014 d'un référendum sur l'indépendance de l'Écosse. Celui-ci se déroule le 18 septembre 2014 avec une large participation et aboutit au rejet de l'indépendance par 55,3 % des électeurs[5],[6].
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+ Le nom français Écosse découle du mot latin Scotia, lequel signifie pays des Scots. Il correspond à l'anglais Scotland.
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+ Le mot latin Scotia était utilisé par les Romains pour désigner les Gaels qui peuplaient au Ve siècle le territoire actuel de l'Écosse[7] ainsi que l'Irlande. Le grand philosophe Jean Scot Érigène, par exemple, était d'origine irlandaise et non écossaise, malgré son nom. En latin médiéval, scotti se référait au peuple irlandais et par extension, aux Gaels d'Écosse[8].
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19
+ Bède le Vénérable utilise le terme Scottorum natio (mot-à-mot : nation des Scots) pour désigner le peuple venu d'Irlande qui s'installa sur une partie des terres pictes (« Scottorum nationem in Pictorum parte recipit »). Ceci peut être interprété comme l'arrivée du peuple appelé Gaëls dans le royaume de Dal Riada, sur la côte ouest de l'Écosse.
20
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21
+ Au Xe siècle, le mot Scot est mentionné dans les Chroniques anglo-saxonnes et fait référence au « pays des Gaëls », c'est-à-dire l'Irlande. Le terme Scottorum apparaît de nouveau, utilisé par un roi irlandais en 1005. L'expression Imperator Scottorum est ajoutée au nom de Brian Bóruma par Mael Suthain, dans le Livre d'Armagh[9]. On pense que Brian Bóruma devait alors régner sur les Scots.
22
+
23
+ Cette dénomination fut quelque peu copiée par les rois écossais. On attribue l'expression Basileus Scottorum à Edgar Ier d'Écosse (1074-1107)[10]. Alexandre Ier d'Écosse (vers 1078-1124) utilisa l'expression Rex Scottorum sur son sceau, comme le firent ses successeurs jusqu'à Jacques II[11].
24
+
25
+ Les glaciers couvraient toute la surface de l'Écosse actuelle pendant le Mésolithique. Le Royaume-Uni faisait partie intégrante du Doggerland habité par de nombreux groupes de pêcheurs et de chasseurs-cueilleurs dès -12 800 BP. Les îles Britanniques se forment à la suite de la fonte de la calotte glaciaire à la fin de la dernière glaciation[12],[N 4]. Des groupes de colons ont commencé à bâtir les premières habitations permanentes connues sur le sol écossais vers 9 500 BP, et les premiers villages vers 6 000 BP. Celui fort bien conservé de Skara Brae sur Mainland dans les Orcades est daté de 5100 BP. Des habitations, tombes et lieux de culte du Néolithique existent en nombre important et en bon état de conservation dans les Northern Isles et les Hébrides extérieures, où le peu d'arbres a entraîné la construction d'édifices en pierres du lieu[13].
26
+
27
+ En raison de sa position géographique excentrée, la Calédonie a été moins touchée par les invasions que l'Angleterre et a fortiori que les régions continentales. Après la conquête de l'Angleterre (en l'an 45 env.) par Claude, les Romains n'ont pas réussi à pacifier l'Écosse. Mais d'autres hypothèses mettent aujourd'hui à mal cette idée d'échec. En effet, de récentes découvertes archéologiques ont permis d'établir toute une ligne de fortifications romaines courant de l'Est jusqu'au Nord, jusqu'au-delà même d'Inverness, à Tarradale et à Portmahomack. Des camps ont aussi été reconnus à Cawdor, Balnageith, Normandykes entre Inverness et Aberdeen. Ces fortifications, parfois pérennes (Inchtuthil au nord-ouest de Dundee), indiquent une pénétration importante des Romains jusque dans les Highlands peut-être les prémices d'une invasion durable aux Ier et au IIe siècles. L'inhospitalité des lieux et le manque d'intérêt économique de la région ont pu aussi influer sur la décision des autorités romaines d'abandonner cette région.
28
+ Dès lors, les Romains se sont retranchés derrière le mur que l'empereur Hadrien fit édifier vers 120, et qui réussit à contenir tant bien que mal les Pictes jusqu'en 364. Le mur d'Antonin construit plus au nord ne fut pas efficace longtemps.
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+
30
+ Selon le Grec Claude Ptolémée, les différents peuples qui habitent alors l'Écosse étaient les Brigantes, les Caledonii, les Votadini, les Selgovæ, les Novantæ, les Damnonii, les Verturiones, etc.
31
+
32
+ Au Moyen Âge, l'ensemble humain de ce qui devient l'Écosse est composé de peuples différents : des Celtes (les Picti, les Bretons, les Scots venus d'Irlande), et des Nordiques (à la suite des invasions norvégiennes des Orcades et de l'Écosse).
33
+
34
+ En 563, le moine irlandais Columcille (ou Columkill, ou Colomba — ne pas confondre avec Colomban) fonde un monastère sur l’île d’Iona, dans le royaume scot de Dal Riada. Cette abbaye prestigieuse va lancer des missions non seulement sur le Dal Riada, mais jusque sur les terres des Pictes.
35
+
36
+ Les différents royaumes autochtones vont être absorbés par ce royaume des Scots et former la Scotia, c'est-à-dire l'« Écosse » en français. Ces royaumes étaient :
37
+
38
+ En Écosse, on parle souvent d'une Auld Alliance (« la Vieille Alliance ») entre l'Écosse et la France : l'alliance traditionnelle contre l'Angleterre signée en 1295.
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+ En 1603, le roi Jacques VI d'Écosse devint également Jacques Ier d'Angleterre et d'Irlande.
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+ En 1701, le Parlement de Londres régla la succession au trône d'Angleterre en faveur de la maison de Hanovre, mais le Parlement écossais menaça pour un temps de faire un choix différent, peut-être en faveur du fils du roi déchu Jacques II, « Jacques III et VIII », ami du roi de France, qui pouvait prétendre aux trois trônes. Mais les parlementaires écossais, marchands pour la plupart, avaient des soucis financiers découlant du désastre du projet Darién au Panama. Après de longues négociations, le Traité d'Union fut signé et le « Royaume-Uni de Grande-Bretagne » vit le jour en 1707.
43
+
44
+ En 1727, naît la Royal Bank of Scotland pour dédommager les porteurs du projet Darién. Elle concurrence la Bank of Scotland, rejointe aussi par la British Linen Company qui prête dès 1764[14] aux filatures de lin. Aidée par la Société agronomique écossaise, la production écossaise de lin triple entre 1730 et 1775, entre Dundee et Glasgow, qui double ses exportations, entre 1725 et 1738[15].
45
+
46
+ Ce cocktail de croissance écossaise encore plus rapide qu'en Angleterre et de concurrence bancaire font que l'Écosse est le pays à adopter le plus vite les billets de banque, après la Hollande. En 1772, elle compte déjà 31 banques dont 21 à Édimbourg[16]. L'une d'elles, l'Ayr Bank fait défaut sur ses billets, aggravant la crise de 1772 via une cascade de faillites en Écosse puis en Europe. Les Écossais sont alors violemment critiqués par les Anglais[17].
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+ La bataille de Culloden de 1746 a entre-temps marqué l'échec du quatrième des débarquements royalistes en Écosse, après ceux de 1692, 1708, et 1715. Les espoirs de restauration de la lignée des Stuarts s'éteignent. Le mode de vie traditionnel des Highlanders (les clans, les tartans et même la cornemuse) est interdit.
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+ Walter Scott (1771-1832), auteur prolifique de ballades, poèmes et romans historiques, fait connaître la littérature écossaise et au XIXe siècle, Glasgow et le Clyde deviennent un important centre de construction navale et la « deuxième cité de l’empire » britannique après Londres.
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+ Un parlement écossais a été instauré par le Scotland Act, adopté par le Parlement britannique en 1998. Un référendum avait été organisé auparavant, en septembre 1997 et une large majorité s’était prononcée en faveur de la création d’un parlement. C’est le premier parlement écossais depuis 1707. Il est composé de 128 députés.
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+ Les premières élections du parlement écossais ont été organisées le 6 mai 1999. La première séance du parlement a eu lieu le 12 mai 1999. Des élections ont eu lieu ensuite en 2003. Le Parti travailliste était alors le plus grand parti (29,3 % et 50 sièges[18]) manquant de peu la majorité. Avec l'appui des Libéraux (11,8 % et 17 députés[18]) du Scottish Liberal Democratic Party, les travaillistes formaient le Scottish Executive, c'est-à-dire le gouvernement d'Écosse.
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+ Il y avait une présence non négligeable d'élus indépendantistes du SNP (20,9 % et 27 sièges[18]) (Scottish National Party, centre gauche — en effet, c'était le deuxième parti du parlement), des socialistes indépendantistes (6,9 % et six députés[18]) répartis entre le SSP (Parti socialiste ��cossais) et Solidarité et des écologistes indépendantistes du Parti vert écossais (6,7 % et 7 sièges[18]). Les conservateurs unionistes, dont le Scottish Conservative and Unionist Party, droite, qui s'opposaient à la création du Parlement, n'avaient plus que quelques élus (15,5 % et 18 sièges[18]).
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+ Les élections du 3 mai 2007 ont donné l'avantage au SNP, qui a devancé d'un siège le parti travailliste (47 sièges pour le SNP, 46 pour le parti travailliste[19]). Les conservateurs et les démocrates gardent à peu près le même nombre de sièges, tandis que les verts et autres petits partis sont éliminés[19]. Depuis la création du SNP, c'est la première fois qu'il devient le parti le plus important à l'Assemblée écossaise. Cependant, n'ayant pas la moitié des sièges, il a formé un gouvernement minoritaire dirigé par Alex Salmond.
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+
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+ Enfin, lors des dernières élections du 5 mai 2011, le SNP obtient la majorité absolue des sièges (69 sur 129[20]). Le Premier ministre, Alex Salmond, a d'ores et déjà promis l'organisation d'un référendum sur l'indépendance le 18 septembre 2014, à l'issue des jeux du Commonwealth qui ont lieu à Glasgow. Selon les résultats d'un sondage publié par le Sunday Times le 7 septembre 2014, les partisans de l'indépendance de l'Écosse arrivent en tête (51 % contre 49 %)[21]. L'indépendance est rejetée en définitive par 55,3 % de non.
61
+
62
+ Lors du référendum du 23 juin 2016 sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, les Écossais se sont prononcés pour le maintien au sein de l'UE, avec 62 % des suffrages exprimés, à l'inverse de la majorité du Royaume-Uni[22]. En conséquence, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon n'exclut pas l'organisation d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Écosse[23]. Lors du référendum de 2014, l'un des principaux arguments utilisés par les opposants à l'indépendance était qu'une sortie de l'Écosse au sein du Royaume-Uni aurait automatiquement entraîné une sortie de l’UE[24]. Pour autant, un nouveau référendum nécessiterait l'approbation de Londres[23]. En octobre 2016, la Première ministre britannique Theresa May a déclaré que tant l'idée d'organiser un nouveau référendum sur l'indépendance de l’Écosse que l'idée de donner un éventuel droit de veto à l'Écosse dans les négociations à venir avec l'Union européenne étaient exclues[25].
63
+
64
+ L'Écosse ne possède qu'une seule frontière terrestre, au sud du pays, celle qui est partagée avec l'Angleterre. Ses frontières maritimes la séparent de l'Irlande du Nord et des îles Féroé, territoire danois.
65
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66
+ L'Écosse compte de nombreux archipels, regroupant près de 790 îles[26]. Les trois principales sont les Shetland, au nord, les Orcades, au large de Thurso, et les Hébrides, au nord-ouest. L'île de Skye fait partie des Hébrides Intérieures, au même titre que l'île de Mull. Les côtes, à la manière des fjords, sont très découpées et constituées de falaises ou de rochers, mais on rencontre également des plages de sable.
67
+
68
+ Les montagnes recouvrent une vaste superficie. Les points culminants en sont le Ben Nevis (1 344 m) et le Cairn Gorm (1 245 m), tous deux fortement façonnés par les glaciers. La neige y persiste tout au long de l'année sous forme de névés. Le volcanisme, bien qu'ancien, est visible dans certaines parties du relief (formation du Quiraing et piton de l'Old Man of Storr sur l'île de Skye, orgues basaltiques de Staffa, dykes d'Édimbourg, crag du château de Stirling, cône volcanique de l'île d'Ailsa Craig).
69
+
70
+ Les lochs sont des lacs d'eau douce ou des fjords étroits et profonds débouchant sur la mer. Ces derniers ont été façonnés par l'érosion lors de la dernière glaciation. Ils sont ainsi souvent situés dans des vallées glaciaires, les glens, dont le fond est occupé par un lac ou un bras de mer. Les lochs écossais les plus célèbres sont sans doute le Loch Ness, le Loch Awe, le Loch Lomond et le Loch Tay, mais il en existe des centaines. Les lochs de mer, tout aussi nombreux, comprennent par exemple le Loch Long, le Loch Fyne, le Loch Linnhe et le Loch Eriboll.
71
+
72
+ Le climat de l'Écosse est un climat tempéré océanique, bénéficiant de l'influence du Gulf Stream. Les précipitations sont abondantes, en particulier sur la partie nord-ouest du pays. En hiver, il y neige fréquemment, mais la neige a tendance à fondre rapidement en raison des changements de température et de l'influence du Gulf Stream, particulièrement le long des côtes.
73
+
74
+ Cependant, en raison de sa relative proximité avec le cercle polaire (l'Écosse est en effet située à la même latitude que les parties sud de l'Alaska et de la Norvège), les hivers peuvent parfois être très rigoureux, surtout lorsque l'on s'avance à l'intérieur des Highlands où il peut neiger dès la fin du mois de septembre. Aussi, lorsqu'une masse d'air polaire s'abat sur le pays, les températures peuvent alors chuter de façon draconienne en quelques heures seulement. Un record de froid fut enregistré à Aviemore (Highlands) le 10 janvier 1982 avec −27,2 °C relevés au thermomètre[27] (avec probablement des températures proches de −40 °C dans les proches sommets des Cairngorms).
75
+
76
+ Les températures moyennes des mois d'été oscillent généralement entre 15 et 20 °C[28].
77
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78
+ La flore de l'Écosse est un assemblage d'espèces de plantes dont plus de 1 600 espèces de plantes vasculaires, plus de 1 500 de lichens et près de 1 000 bryophytes[29]. Le nombre total d'espèces vasculaires est faible par comparaison avec d'autres pays, mais les bryophytes et les lichens sont abondants et ces derniers forment en Écosse une population d'importance mondiale. Plusieurs populations d'espèces rares de fougères existent, bien que l'impact des collectionneurs du XIXe siècle ait mis en péril l'existence de plusieurs espèces.
79
+
80
+ Les forêts sont rares, à cause du déboisement excessif dans le passé ou de la pauvreté du sol sur les montagnes. Le vent et le blizzard soufflant sur les pentes en hiver ne facilitent également pas la végétation. Les landes sont couvertes de bruyères ou de fougères et l'herbe est souvent si rare que des centaines de kilomètres carrés sont totalement inutilisables pour l'agriculture. Cependant, depuis plusieurs dizaines d'années, le gouvernement écossais investit en masse pour la « reconstruction » de son patrimoine forestier, et, dans certaines parties du pays, on peut parfois y rencontrer sur de grandes étendues des milliers de jeunes sapins calédoniens garantissant un reboisement pour les vingt prochaines années.
81
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+ La faune de l'Écosse est généralement typique du nord-ouest de la partie européenne de l'écozone paléarctique, bien que plusieurs des gros mammifères du pays aient été chassés jusqu'à l'extinction et que l'activité humaine ait aussi donné lieu à l'arrivée de diverses espèces (cervidés pour la chasse notamment).
83
+
84
+ Les divers environnements tempérés d'Écosse regroupent 62 espèces de mammifères sauvages, y compris une population de chats sauvages, un nombre important de phoques gris et phoques communs et la colonie la plus au nord de grands dauphins.
85
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86
+ Côté insectes, notons la présence des midges. Minuscules insectes ailés, les midges apparaissent dès le début de l'été et se constituent en essaims. Insectes qui piquent (les femelles mordent pour se nourrir de sang), ils représentent une certaine nuisance, lors de bivouacs, pour les campeurs non équipés de moustiquaires spécifiques (à fines mailles).
87
+
88
+ Les mers entourant l'Écosse sont parmi les plus productives sur le plan biologique dans le monde : on estime que le nombre total d'espèces marines écossaises dépasse les 40 000. Les monticules de Darwin sont un domaine important de mer froide et en eau profonde avec des récifs coralliens découvert en 1988. Dans l'intérieur des terres, près de 400 populations génétiquement distinctes de saumons atlantiques vivent dans les rivières écossaises.
89
+
90
+ L'Écosse compte quatre grandes villes et six villes secondaires : Glasgow (580 690 hab. près de 1,7 million dans l'agglomération), Édimbourg (457 020 hab.), Aberdeen (211 910 hab.), Dundee (145 460 hab.), Stirling (86 200 hab.), Inverness (53 920 hab.), Ayr (46 431 hab.), Perth (44 000 hab.), Dumfries (38 000 hab.) et Falkirk (34 071 hab.).
91
+
92
+ Lors du recensement de 2010, l’Écosse comptait 5 168 500 habitants[30]. Selon les estimations de 2004, ce nombre pourrait être de 5 078 400 actuellement. La superficie de l’Écosse étant de 78 772 km2, la densité de population est alors de 64 personnes au km2. Environ 70 % de la population vit dans les Central Lowlands, une large et fertile vallée, s’étirant du nord-est au sud-ouest entre les villes d’Édimbourg et de Glasgow et comprenant des bassins de population importants tels que Stirling, Falkirk, Perth et Dundee. D’autres concentrations de population se trouvent sur la côte nord-est, principalement autour d'Aberdeen et d’Inverness. La ville de Glasgow possède la densité la plus élevée avec 3 292 personnes/km2, alors que la région des Highlands possède la densité la plus faible avec seulement 5 personnes/km2.
93
+
94
+ Près de Glasgow, le fracas des chantiers navals de la Clyde et des mines de charbon s'est tu avec la fin de la dernière guerre. En raison du chômage, de nombreux jeunes diplômés émigrent vers l'Australie. Le journaliste écossais Douglas Lindsay Hill a raconté comment le pétrole de la mer du Nord, qui ressuscitait des rêves d'indépendance, a été « confisqué » par l'Angleterre[réf. nécessaire].
95
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96
+ L'anglais et le gaélique écossais sont les deux langues officielles de l'Écosse. Une autre langue, ayant le statut de langue régionale, le scots, est également reconnue selon les termes de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
97
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98
+ L’anglais est la langue maternelle de 98 % de la population écossaise. Il s’agit généralement d’un anglais fortement teinté d’accent scots et de certaines particularités lexicales et grammaticales. Les Écossais anglophones monolingues vivent, dans une proportion de 75 %, dans les Central Lowlands, c’est-à-dire dans le centre et le sud de l’Écosse.
99
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100
+ Les mêmes statistiques de 2001 indiquaient que 65 674 personnes âgées de trois ans et plus, soit 1,3 % de la population écossaise, étaient encore capables de parler, lire et écrire en gaélique écossais. Les plus grandes concentrations d’Écossais celtophones se trouvent au nord-ouest, c’est-à-dire dans les Western Isles (ou les Hébrides), les Highlands, ainsi que la région de Strathclyde et celle d’Édimbourg, la capitale. Le gaélique écossais n'est pratiquement plus parlé dans le sud de l'Écosse. Jacques IV (1473-1513), fut, semble-t-il, un des derniers rois à parler le gaélique écossais.
101
+
102
+ L'anglais écossais est la variété régionale de l'anglais en usage en Écosse, appelée en anglais Scottish English ou Scottish Standard English. C'est la langue écrite usuelle en Écosse dans les textes non littéraires. Elle ne doit pas être confondue avec le scots, langue germanique très proche mais distincte de l'anglais moderne ; quoique les deux noms aient souvent été employés l'un pour l'autre, l'usage moderne est de séparer clairement les deux[31].
103
+
104
+ L'anglais écossais est le résultat de l'interférence linguistique entre le scots et l'anglais à partir du XVIIe siècle[32]. Le passage de nombreux locuteurs du scots à l'anglais se fit au prix de nombreux compromis phonologiques et transferts sémantiques, ainsi que de phénomènes d'hypercorrection[33]. L'orthographe, la ponctuation et la grammaire de l'anglais écossais suivent généralement l'usage de l'Oxford English Dictionary. L'anglais des Highlands diffère un peu de celui des Lowlands, en ce qu'il reflète une plus grande influence phonologique, grammaticale et lexicale de la langue de substrat, le gaélique écossais.
105
+
106
+ En dépit de variations régionales et sociales, l'anglais écossais possède un certain nombre de traits de prononciation caractéristiques. Il existe peu de différences de grammaire avec les autres variétés d'anglais, bien que la forme progressive s'emploie typiquement avec une plus grande fréquence qu'ailleurs, par exemple avec certains verbes de sens statif (I'm wanting a drink « Je veux un verre »). Au futur, la forme progressive indique souvent une supposition (You'll be coming from Glasgow « Tu dois venir de Glasgow »)[34].
107
+
108
+ L'anglais écossais possède un certain nombre de mots peu usités au sud du Royaume-Uni (ainsi que dans d'autres variétés d'anglais) ; certains font partie du vocabulaire général, tels que outwith « hors de » (plutôt que outside of), wee « petit » (mot du scots, employé aussi en anglais irlandais), pinkie « petit doigt, auriculaire » (plutôt que « little finger »), janitor « concierge, gardien » (plutôt que caretaker) ; d'autres désignent des réalités culturelles spécifiques, comme haggis ou caber.
109
+
110
+ L'écossais ou gaélique écossais (appelé Gàidhlig à comparer avec le Gaeilge parlé en Irlande) est une langue gaélique (celtique) parlée en Écosse, dans les Highlands, dans les îles, ainsi que par quelques communautés de Nouvelle-Écosse, surtout dans l'île du Cap-Breton. L'expulsion forcée de paysans écossais par des grands propriétaires terriens au XIXe siècle explique que la langue se soit répandue jusqu'au Canada, où elle a décliné (gaélique canadien). Il est reconnu par le Royaume-Uni comme langue régionale de l’Écosse selon la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, et depuis une loi du parlement écossais votée le 21 avril 2005 c'est une langue officielle de l'Écosse (avec l'anglais). Il est utilisé dans la signalisation routière bilingue.
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+ En tant que langue traditionnelle des Gaels, ou Scots (les Celtes venus d'Irlande qui peuplèrent le Nord-Ouest des îles Britanniques vers le Ve siècle), le gaélique occupe une place importante dans la culture traditionnelle écossaise. Il constitue en effet la langue historique de la majeure partie de l'Écosse actuelle.
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+ Le gaélique écossais comptait, en 2006, 58 750 locuteurs.
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+ Le scots (appelé en scots the Scots leid, the Scotch tung, etc.) est une langue germanique parlée en Écosse et dans le Nord de l'Irlande (dans l'Ulster). Dérivé du vieux northumbrien[réf. nécessaire][35], un des dialectes septentrionaux du vieil anglais parlé au nord de la rivière Humber, en Grande-Bretagne, avant l'invasion normande (1066), et influencé par le vieux norrois, apporté dans l'île par les Vikings danois au IXe siècle, il demeure très proche de l'anglais. Le scots constitue notamment l'idiome régional propre aux Lowlands, dont l'un des dialectes est le doric.
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118
+ En raison de différences existant entre les dialectes du scots et de la non-existence d'une autorité de régulation, il n'existe pas d'orthographe standard pour le scots et ce, en dépit de plusieurs efforts émanant de locuteurs de cette langue.
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+ Le scots n'a pas connu l'importante modification de la prononciation des voyelles (grand changement vocalique) qu'a connu l'anglais. À titre d'exemple, le mot anglais « town » se prononce avec une diphtongue, mais le mot équivalent en scots, « toun », se prononce /tun/.
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+ Le poète Robert Burns, auteur entre autres de la chanson Auld Lang Syne, est l'un des écrivains de langue scots les plus connus et les plus populaires.
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+ L’économie de l’Écosse est étroitement liée à celle du Royaume-Uni et est essentiellement basée sur un système capitaliste avec très peu d’intervention de la part de l’État. Après la révolution industrielle, l’économie écossaise est dominée par la construction navale, l’industrie minière et la sidérurgie. La participation de l’Écosse à l’Empire britannique lui a permis d’exporter sa production à travers le monde. Mais l’industrie lourde a décliné dans la dernière partie du XXe siècle. L’Écosse subit, à partir du milieu des années 1970, la même crise industrielle que le pays de Galles et le Nord de l’Angleterre. Les industries anciennes, mines, charbon, fer et sidérurgie, sont victimes de leur vieillissement et de la concurrence mondiale, menant à une remarquable mutation de l’économie de l’Écosse, désormais basée sur la technologie et les services. Les années 1980 ont vu le développement de la Silicon Valley écossaise : la Silicon Glen (glen, vallée en écossais), entre Glasgow et Édimbourg, abritant beaucoup de grandes entreprises technologiques venues s’implanter en Écosse. Aujourd’hui, l’industrie technologique emploie 41 000 personnes. Les entreprises basées en Écosse sont spécialisées dans les systèmes d’information, la défense, l’électronique et les semi-conducteurs, dans certaines régions industriellement sinistrées. La croissance économique en Écosse a en moyenne été supérieure à celle de la Grande-Bretagne prise dans son ensemble et elle a été moins affectée par la récession du début des années 1990 que bon nombre d’autres régions. Cela est dû aussi au développement de l’industrie pétrolière dans certaines régions industriellement sinistrées.
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+ Il existe également un secteur de développement et design électronique particulièrement dynamique et en pleine croissance, basé sur ses liens avec les universités et les compagnies locales. À noter la présence de multinationales telles que National Semiconductor, IBM ou Motorola.
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+ Les autres secteurs majeurs de l’économie de l’Écosse sont : la banque et les services financiers, l’éducation, le divertissement, la biotechnologie, les transports, le pétrole, le gaz, le whisky, et le tourisme.
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+ Les ventes de produits écossais — produits traditionnels tels que whisky, cachemire ou saumon — réalisées à Paris ont augmenté de 145 % en 1995[réf. nécessaire]. Les principaux clients de l'Écosse sont les États-Unis, la France et l'Allemagne.
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+ Le produit intérieur brut (PIB) de l’Écosse est légèrement supérieur à 74 milliards de livres sterling (en 2002), donnant un PIB par habitant de £14 651.
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+ Édimbourg est le centre financier de l’Écosse et la 6e place d’Europe avec les grandes compagnies du secteur financier qui y sont basées, incluant la Royal Bank of Scotland (la seconde plus grande banque d’Europe, la cinquième mondiale), HBOS (propriétaire de Bank of Scotland) et Standard Life Insurance.
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+ Glasgow est le principal port d’Écosse et le quatrième plus grand centre industriel du Royaume-Uni, comptant pour plus de 60 % des exportations écossaises. La construction navale, bien qu’en déclin depuis le début du XXe siècle, compte toujours pour une bonne part de l’économie écossaise. La ville possède le quartier commerçant et de distribution le plus grand et le plus important économiquement du Royaume-Uni après le quartier de West End à Londres. Glasgow est également l'un des vingt plus grands centres financiers d’Europe et abrite le siège social de nombreuses entreprises britanniques. Les autres industries importantes présentes à Glasgow sont le textile, la chimie, la pêche, la brasserie et la distillation. En 1909, Charles Gordon, le gendre du créateur de la distillerie Glenfiddich, fut le premier à prendre la mer pour exporter son single malt[36].
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+ La Banque centrale du Royaume-Uni, la Banque d'Angleterre, imprime des billets de banque qui sont les seuls ayant cours légal en Angleterre et au pays de Galles. Cependant, des banques en Écosse et en Irlande du Nord ont le droit d'émettre leurs propres billets. En Écosse, ce sont la Bank of Scotland, la Clydesdale Bank et la Royal Bank of Scotland qui impriment les billets. Un billet de banque écossais peut être accepté (sans toutefois avoir cours légal) dans tout le territoire du Royaume-Uni, ainsi que dans les dépendances de la Couronne (les lois financières étant différentes dans les pays constituants du Royaume-Uni, les Écossais ne sont pas obligés d'accepter les billets anglais, et les Anglais ne sont pas obligés d'accepter les billets écossais, mais tout le monde est obligé d'accepter les pièces de monnaie d'au moins une livre).
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+ L'Écosse est l'une des quatre nations constitutives du Royaume-Uni, qui ne possède pas une constitution écrite unique. Jusqu'à l'Acte d'Union de 1707, l'Écosse était une nation indépendante. Cependant, à la suite de ces Actes d'Union, les parlements anglais et écossais furent dissous et remplacés par un unique parlement pour toute la Grande-Bretagne qui utilisa les bâtiments et le système institutionnel de l'ancien parlement anglais. Les couronnes écossaises et anglaises furent réunies en 1603 par Jacques VI d'Écosse lorsqu'il devint Jacques Ier d'Angleterre. En 1801, l'Irlande fut à son tour intégrée au Royaume-Uni.
141
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+ Jusqu'en 1999, l'Écosse n'a pas eu de législation spécifiquement nationale, malgré diverses tentatives au cours des ans d'implanter durablement une sorte de Home Rule. Le Parlement naquit à la suite du Scotland Act de 1998 du Parlement britannique. Cette loi expose les sujets sur lesquels Westminster reste compétente, appelés « reserved matters » (« sujets réservés »), tels que la Défense, les Affaires étrangères, les politiques fiscales et économiques, ou encore les législations sur les stupéfiants et l'audiovisuel. Tous les quatre ans, un scrutin proportionnel permet d'élire les 129 députés siégeant au Parlement.
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+ L'Écosse possède un système juridique mixte unique en Europe, basé sur la double base du droit civil dans la lignée du Code de Justinien et de la Common law médiévale. Le système écossais est comparable notamment au système sud-africain.
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154
+ Depuis l'Acte d'Union de 1707, la législature est partagée avec le reste du Royaume-Uni. Si le système législatif écossais est fondamentalement différent des systèmes gallois et anglais, il fut néanmoins influencé par ce dernier. Depuis le traité de Rome en 1957, le droit européen a fait son entrée sur la scène écossaise, entre autres avec la Convention européenne des droits de l'homme. Le parlement écossais, créé en 1999, peut légiférer sur certains sujets, définis par le Scotland Act (1998).
155
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+ Les lois écossaises se différencient principalement des lois anglaises et nord-irlandaises dans les domaines du patrimoine, du droit pénal, de la fiducie, de l'héritage, du système de preuves et du droit de la famille. Le droit commercial et le droit fiscal sont en revanche peu différents.
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+ Depuis 1991, une large pré-majorité est accordée à tous les citoyens dès 16 ans ; concrètement, ses effets s'apparentent à celle d'une majorité civile à quelques détails près, comme la possibilité de répudier ultérieurement certains actes juridiques établis entre 16 et 18 ans[37]. Pour les élections concernant l’ensemble de la Grande-Bretagne, le droit de vote demeure à 18 ans pour éviter de déséquilibrer les corps électoraux en faveur de l’Écosse ; en revanche, dans une consultation nationale comme le referendum du 18 septembre 2014, les 16-17 ans votent[38].
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+ Les jurys comptent habituellement 15 membres au lieu de 12.
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+ La culture écossaise se démarque de celles des autres nations du Royaume-Uni par un certain nombre de particularités. Elle a en effet moins subi l'influence latine des envahisseurs romains, les populations pictes étant demeurées isolées jusqu'au Ve siècle. Très marquée par ses relations, souvent conflictuelles, avec l'Angleterre, l'Écosse a été davantage influencée qu'elle par les cultures scandinave et irlandaise du Moyen Âge, en fonction des envahisseurs successifs. Les rébellions jacobites ont marqué un tournant dans l'histoire culturelle écossaise, en inaugurant un rapprochement d'envergure avec l'Angleterre, au sein du Royaume-Uni.
163
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+ L'Écosse, en tant que nation, dispose ainsi de symboles qui lui sont propres, tel son drapeau, le Saltire, ou encore le chardon, mais ne dispose pas d'un hymne national, l'hymne du Royaume-Uni étant le seul reconnu officiellement. Les principales célébrations sont également propres à l'Écosse, qu'elles soient officielles, comme la fête nationale du 30 novembre (le jour de la saint André, Saint Andrew's Day), ou issues de traditions diverses, comme la Burns Night ou encore Hogmanay. Ces dernières, fortement marquées de l'empreinte culturelle écossaise, ont été exportées au Nouveau Monde, où une autre célébration existe, Tartan Day, imprégnée d'héritage écossais, mais ignorée en Écosse.
165
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+ Les Armoiries de l'Écosse consistent en un "blason d'or au lion rampant de gueules armé et lampassé d'azur au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même." (lion rouge aux griffes et langue bleues sur écu jaune encadré d'une orle double fleurée vers l'intérieur et l'extérieur). Ces armoiries de l'Ecosse constituent les quarts 1 & 4 (écartelés 1 et 4) des armes royales de la monarchie Britannique en Ecosse sur lesquelles la licorne (symbole héraldique du pays depuis le XIIe siècle) couronnée occupe dextre tandis que le lion couronn�� britannique occupe senestre. Ces positions sont inversées sur la version Anglaise des armes de la monarchie sur lesquelles le lion couronné britannique est à dextre et la licorne Ecossaise (portant la couronne autour de son coup) occupe senestre.
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+ Les diverses influences ayant baigné l'Écosse se traduisent également dans une pluralité de langues. Deux sont officielles, l'anglais et le gaélique écossais. Cette dernière, langue traditionnelle aujourd'hui minoritaire, a très largement perdu sa place face à l'anglais écossais, variété régionale de l'anglais moderne. Le scots, langue germanique proche de l'anglais, est l'idiome régional des Lowlands, au sud du pays ; l'écrivain Robert Burns l'a largement utilisé dans ses œuvres.
169
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170
+ La littérature écossaise est riche en écrivains, mais deux lui sont particulièrement associés, Robert Burns et Walter Scott. Si Burns s'est illustré par sa poésie, ancrée dans le folklore écossais, Scott a été l'un des fondateurs du roman historique. De nombreux poètes ont également marqué l'histoire littéraire écossaise, depuis le Castalian Band de la Renaissance jusqu'à Edwin Morgan, le poète national actuel. Le mouvement de la Renaissance écossaise, au début du XXe siècle, a marqué un regain d'intérêt des écrivains pour leur héritage culturel propre, dans le pendant du Celtic revival irlandais de la même époque.
171
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+ Au plan de la philosophie, les Lumières écossaises, au XVIIIe siècle, ont développé une science de l'Homme, avec des penseurs comme David Hume, Francis Hutcheson et Adam Smith, qui continuent d'influencer la pensée moderne.
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+ La musique traditionnelle écossaise est rattachée aux musiques celtiques ; elle est en effet restée proche de la musique irlandaise, avec laquelle elle partage certains instruments, comme la clàrsach, ou harpe celtique. La cornemuse est de développement plus récent, et le violon lui est encore postérieur. Les airs joués couvrent un vaste répertoire, allant des complaintes traditionnelles aux musiques militaires ou d'inspiration religieuse, en passant par les airs de danse.
175
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+ Les danses traditionnelles écossaises peuvent se répartir en trois grands groupes. Les country dances et les céilidh dances sont des danses de société pratiquées par des couples disposés en sets. Les danses des Highlands se pratiquent elles en solo ; cette forme de danse a évolué dans le contexte des jeux des Highlands, où il accompagne la musique de la cornemuse.
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+ L'architecture écossaise a été marquée, depuis le classicisme, de l'influence de grandes figures de l'architecture telles que Robert Adam et William Henry Playfair, pour le style néoclassique, ou encore Charles Rennie Mackintosh et la Glasgow School de l'Art nouveau. Certains styles architecturaux ont émergé en Écosse, comme le Scottish baronial style, et lui sont restés propres. L'architecture traditionnelle est centrée sur les modèles de la black house, dans les Highlands, et de la maison-tour, dont sont issus nombre de châteaux écossais.
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+ Si l'art écossais remonte à l'époque picte, avec notamment les pierres pictes sculptées, et si le Moyen Âge a été caractérisé par le développement d'un art chrétien ayant donné naissance à de nombreux manuscrits enluminés, ce n'est pas avant la période des Lumières que l'art s'est véritablement développé en Écosse. Le XVIIIe siècle a ainsi vu l'apparition de peintres de renommée européenne — Allan Ramsay et Henry Raeburn en sont des exemples. La Royal Scottish Academy of the Fine Arts fut fondée au début du XIXe siècle, alors que l'impressionnisme et l'Art nouveau étaient en gestation.
181
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182
+ La mythologie écossaise découle de la plus large mythologie celtique, les légendes du cycle d'Ulster et du cycle fenian ayant été reprises et réadaptées à différentes époques par les bardes et poètes écossais. Certaines figures du folklore populaire sont en revanche particulières au pays, comme les each uisge, chevaux maléfiques hantant les lochs, la banshee, messagère de l'au-delà, et brownies, malicieux génies du foyer.
183
+
184
+ La cuisine écossaise est marquée par l'utilisation de l'avoine, aujourd'hui en partie remplacé par la pomme de terre, et qui se retrouve dans des préparations telles que le porridge et les oatcakes, mais aussi dans le haggis. Considéré comme plat national, ce dernier est une panse de brebis farcie qui a donné naissance à tout un folklore, depuis les dîners de la Burns Night jusqu'aux légendes du haggis sauvage. Le whisky est une autre production culinaire écossaise largement diffusée à l'étranger. Cinq grandes régions se répartissent la production de cet alcool fort d'orge malté.
185
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186
+ Le tartan est une étoffe de laine particulièrement présente dans les costumes traditionnels écossais, dont le kilt est l'un des éléments. Porté exclusivement par les hommes, le tartan dans lequel il est coupé marque l'appartenance du porteur à un clan ou à une région.
187
+
188
+ En juillet 2009, le « Gathering » (rassemblement) réunit, à Édimbourg, dans Holyrood Park, 30 000 Écossais, avec une participation des différents clans des Highlands et de la diaspora écossaise mondiale. Ce rassemblement populaire devrait se produire à nouveau en 2013[39].
189
+
190
+ Dans la série de romans Harry Potter écrite par l'écrivaine britannique J. K. Rowling, le château de Poudlard, école de sorcellerie et principal théâtre des événements, est situé en Écosse.
191
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192
+ État de tradition chrétienne, l'Écosse est à majorité protestante, l'Église d'Écosse en étant le mouvement principal. Le catholicisme, second en nombre de fidèles, est particulièrement implanté dans le centre-ouest et les îles de l'ouest de l'Écosse, où il a survécu à la Réforme. Les mouvements récents d'immigration ont introduit l'islam, aux côtés des religions asiatiques ; en 2001, environ 30 % de la population se déclarait sans religion.
193
+
194
+ Forteresses, manoirs et demeures, souvent situés dans des sites exceptionnels, affichent fièrement leurs revenants, comme le fameux Fernie Castle et les non moins connus Kilconquhar Castle et Dalhousie Castle, au nord d'Édimbourg. La plupart d'entre eux accueillent les touristes en mal de frissons pour des soirées de jeux de rôle. Fantômes et esprits errants sont désormais pistés par les scientifiques du groupe d'étude sur la parapsychologie de l'université d'Édimbourg : apparitions de spectres dans un corridor, anomalies photographiques et contacts physiques sont analysés par des méthodes d'enregistrement de plus en plus sophistiquées.
195
+
196
+ Le sport est une composante importante de la culture écossaise. Sport le plus populaire, le football, pratiqué depuis le XIXe siècle, est sujet à des rivalités communautaires, dont la plus connue est probablement l'antagonisme entre supporters du Celtic FC, catholiques et issu de la communauté irlandaise, et ceux des Glasgow Rangers, protestants. Depuis le début de la création de la Scottish Premier League, seuls deux clubs ne sont jamais descendus en deuxième division écossaise : Celtic FC et Aberdeen FC. Le golf, apparu au XVe siècle, est considéré comme originaire d'Écosse. Alors que ce sport est ailleurs doté d'une image élitiste, il est considéré en Écosse comme populaire, l'ensemble de la société pouvant le pratiquer. Les Highland Games sont des compétitions sportives traditionnelles célébrant l'héritage culturel écossais et la culture celtique. Ils sont le siège d'épreuves de force, dont la plus connue est probablement Toss the caber, un lancer de tronc d'arbre, mais aussi de concours de musique et de danse traditionnelles.
197
+
198
+ Bien que moins populaire que le football, le rugby en Écosse est un sport apprécié par la population. L'équipe d'Écosse de rugby à XV, aussi surnommé le XV du Chardon, dispute tous les ans le tournoi des Six Nations, tournoi se disputant au cours du mois de février et avril. regroupant les meilleurs équipes européennes que sont l'Angleterre, le pays de Galles, la France, l'Irlande et l'Italie. Le rugby écossais est régulièrement classé dans les dix meilleures nations au classement de l'IRB. En club, deux équipes écossaises, les Glasgow Warriors et Édimbourg Rugby, participe à la coupe d'Europe de rugby à XV et au championnat de la Celtic League, championnat regroupant des équipes galloises, irlandaises et italiennes. Le championnat d'Écosse de rugby à XV est donc semi professionnel et se dispute quant à lui sur l'ensemble du pays.
199
+
200
+ Il est généralement admis que le curling a été inventé au XVIe siècle en Écosse, en dépit de l'existence de deux tableaux de Pieter Brueghel l'Ancien qui représentent des paysans hollandais en train de jouer au curling.
201
+
202
+ Les Écossais participent aux Jeux olympiques sous les couleurs du Royaume-Uni, mais envoient leur propre délégation aux Jeux du Commonwealth.
203
+
204
+ Les plus importants stades d'Écosse sont le Celtic Park, le Hampden Park et l'Ibrox Stadium de Glasgow ainsi que le Murrayfield Stadium d'Édimbourg. Le Celtic Park est le stade éponyme du club de football, le Hampden Park est le stade de l'équipe de football d'Écosse (et du Queen's Park FC, un club amateur), l'Ibrox stadium celui des Glasgow Rangers et le Murrayfield Stadium est le stade de rugby du pays, accueillant l'équipe nationale et Édimbourg Rugby.
205
+
206
+ Cette liste ne vise pas l'exhaustivité, mais à regrouper, autant que possible, les personnalités nées en Écosse et ayant influencé de manière significative l'histoire, les arts ou les sciences de leur époque.
207
+
208
+ Personnalités du cinéma :
209
+
210
+ Personnalités du monde de l'écriture :
211
+
212
+ Personnalités de la musique :
213
+
214
+ Personnalités politiques :
215
+
216
+ Scientifiques :
217
+
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+ Sportifs :
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+ Autres :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La cuisine française fait référence à divers styles gastronomiques dérivés de la tradition française. Elle a évolué au cours des siècles, suivant ainsi les changements sociaux et politiques du pays. Le Moyen Âge a vu le développement de somptueux banquets qui ont porté la gastronomie française à un niveau supérieur, avec une nourriture décorée et fortement assaisonnée par des chefs tel Guillaume Tirel. Au XVIIe siècle, les habitudes ont changé, avec une utilisation moins systématique des épices et avec le développement de l'utilisation des herbes aromatiques et de techniques raffinées, initiées par François Pierre de La Varenne et par d'autres dignitaires de Napoléon Bonaparte, comme Marie-Antoine Carême.
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5
+ La cuisine française n'a été codifiée qu'au XXe siècle, par Auguste Escoffier, pour devenir la référence moderne en matière de grande cuisine. Elle est aujourd'hui encore considérée comme une référence dans le monde en raison de son aspect culturel. L'œuvre d'Escoffier a toutefois laissé de côté une grande partie du caractère régional que l'on peut trouver dans les provinces françaises. L'essor du tourisme gastronomique, avec l'aide notamment du Guide Michelin, a contribué à un certain retour aux sources des gens vers la campagne au cours du XXe siècle et au-delà.
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+ La diversité des traditions régionales rend la cuisine française multiple plutôt qu'unifiée. De nombreux plats régionaux se sont développés au point d'être connus et reconnus au niveau national, donnant parfois naissance à des variations d'une région à l'autre.
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+ Les produits agricoles comme le fromage, le vin, la viande, etc., occupent une place d'exception dans la cuisine française, de nombreuses productions régionales arborant, lorsqu'elles sont commercialisées, le label de préservation de l'environnement Agriculture Biologique (AB), des marques de certification collectives liées à l'agriculture durable comme Demeter, Bio Cohérence, etc., ou une préservation d'appellation d'origine comme Appellation d'origine protégée (AOP) ou encore une préservation d'indication géographique comme Indication géographique protégée (IGP).
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+ Le « repas gastronomique des Français », suivant la proposition faite par l'Institut européen d'histoire et des cultures de l'alimentation, a été ajouté à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO le 16 novembre 2010. Avec la cuisine mexicaine et la diète méditerranéenne, inscrites le même jour, c'est la première fois que des traditions culinaires sont enregistrées dans cette liste.
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+ La cuisine française a énormément évolué au cours des siècles. À partir du Moyen Âge, une cuisine nationale unique et créative a commencé à émerger. Cet élan initié par plusieurs grands chefs est la conséquence des différents mouvements sociaux et politiques. Au fil des années, différents noms ont été donnés aux styles de cuisine français qui ont été codifiés par différents maîtres-cuisiniers. Tout au long de leur vie, ces chefs ont été tenus en haute estime pour leurs contributions à la culture du pays. La cuisine française s'est principalement développée dans la ville de Paris avec les chefs de cuisine royaux, mais elle s'est finalement étendue à tout le pays et a même été exportée par delà les mers.
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+ Dans la cuisine médiévale, les banquets étaient chose commune dans la noblesse. Plusieurs plats y sont servis que ce soit « en confusion » ou tous à la fois. Les grosses pièces de viande étaient coupées en tranches et généralement consommées à la main, entre le pouce et deux doigts. Les volailles et volatiles avaient une position élevée dans la chaîne des êtres (considérés comme plus près du ciel), ce qui explique qu'ils étaient tant goûtés par les hautes classes de la société. Les sauces étaient alors épaisses et très assaisonnées, notamment avec de la moutarde très parfumée.
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+ Les tourtes occupaient une bonne place dans les banquets, où la croûte servait alors généralement de contenant davantage que comme nourriture. Ce n'est guère avant la fin du Moyen Âge que les tartes à base de pâte brisée se sont développées, comme le montrent les recettes du Viandier et du Mesnagier de Paris. Une fois le repas terminé, on servait des « issues de table » qui devinrent par la suite le dessert moderne. Ces issues de table se composaient généralement de dragées à base de morceaux de sucre ou de miel durci, de fromage et de vin épicé, comme l'hypocras[1].
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+ À l'époque, les ingrédients des repas variaient considérablement selon les saisons et le calendrier liturgique. Ainsi, alors que les banquets étaient nombreux et opulents de la fin du printemps jusqu'à la fin de l'automne, ils se faisaient plus rares en hiver. Beaucoup d'aliments étaient alors conservés à l'aide de sel, d'épices, de miel ou d'autres conservateurs. Les animaux d'élevage étaient ainsi abattus au début de l'hiver. La viande de bœuf était alors salée, alors que la viande de porc était salée puis fumée. Le bacon et les saucisses étaient fumés à la cheminée, tandis que la langue et les jambons étaient passés à la saumure puis séchés. Les concombres étaient aussi saumurés, alors que les légumes verts étaient conditionnés dans des bocaux avec du sel. Les fruits, les noix et les légumes à racine étaient quant à eux bouillis dans le miel pour la conservation. Comme les baleines, les dauphins, les marsouins étaient considérés comme des poissons, ils étaient consommés au cours du Carême[2].
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21
+ Les étangs artificiels étaient remplis de carpes, de brochets, de tanches, de brèmes, d'anguilles et d'autres poissons. Des cours permettaient de garder la volaille, telle que les pigeons ou les pigeonneaux qui étaient réservés à l'élite. Le gibier était très prisé, mais relativement rare, et incluait le cerf, le sanglier, le lièvre, le lapin et les oiseaux. Les jardins potagers regorgeaient d'herbes aromatiques telles que la tanaisie, la ruta, la menthe pouliot et l'hysope, qui sont rarement utilisées aujourd'hui. Les épices étaient des biens précieux et très coûteux à cette époque. Parmi les plus utilisées, on trouvait le poivre, la cannelle, le clou de girofle, la noix de muscade et le macis. Cependant, certaines des épices utilisées à l'époque dans la cuisine française ne le sont plus aujourd'hui, comme le cubèbe, le poivre long, la maniguette et le galanga. Des saveurs aigres-douces accompagnaient généralement les plats, en combinant du vinaigre et du verjus avec du sucre (pour les riches) ou du miel[3].
22
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23
+ L'effet visuel des plats était très prisé et il était courant de voir des couleurs chatoyantes. Parmi les couleurs employées, le vert pouvait être obtenu par l'addition de jus d'épinards et de la partie verte des poireaux, la couleur jaune provenait du safran ou de jaunes d'œuf, tandis que le pourpre provenait de la maurelle ou de l'héliotrope. Des feuilles d'or ou d'argent pouvaient également être déposées au pinceau avec du blanc d'œuf sur la surface des aliments. C'était le cas, par exemple, de la tourte parmérienne, qui ressemblait à un château dont les tourelles étaient des pilons de poulets recouverts de feuilles d'or.
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+ L'un des plats les plus grandioses de l'époque était le cygne ou le paon, rôti et recousu dans sa peau avec son plumage intact, les pattes et le bec dorés à l'or. Étant donné que ces deux oiseaux sont filandreux et ont un goût désagréable, de la viande hachée et assaisonnée d'oiseaux plus savoureux, comme l'oie ou le poulet, pouvait prendre la place de leur chair à l'intérieur de leur plumage[4].
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+ Le plus connu des chefs français du Moyen Âge était Guillaume Tirel, également connu sous le nom de Taillevent. Il a travaillé dans de nombreuses cuisines royales au cours du XIVe siècle. Après son premier poste en tant que marmiton en 1326, il devint le chef de Philippe VI, puis du fils de Jean le bon. Le dauphin, devenu roi de France sous le nom de Charles V, en 1364, conserve Taillevent au poste de chef cuisinier. Sa carrière dura soixante-six ans et, après sa mort, il fut enterré en grande pompe entre ses deux épouses. Sa pierre tombale le représente en armure, tenant un bouclier où sont représentées trois marmites[5].
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+ Sous l'Ancien Régime, Paris était la plaque tournante de la culture et de l'activité économique françaises. C'est donc naturellement à Paris que se trouvaient les artisans les plus qualifiés. Les marchés de Paris, tels ceux des Halles, de la Mégisserie ou de la rue Mouffetard, occupaient une place prépondérante dans la distribution de nourriture. Quelle que soit la taille de ces marchés, ils étaient régis par un système de corporations développé au Moyen Âge. À Paris, ces corporations étaient contrôlées par l'administration municipale et la Couronne. Une corporation visait à empêcher les artisans d'exercer dans une autre branche de l'industrie culinaire que la leur[6].
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+ Deux types principaux de corporations coexistaient à l'époque : celles qui fournissaient les matières premières (bouchers, poissonniers, marchands de grains, jardiniers) et celles qui fournissaient des aliments préparés (boulangers, pâtissiers, sauciers, traiteurs). Certaines offraient à la fois des matières premières et des aliments préparés, telles que celles des rôtisseurs et des charcutiers. Ils avaient ainsi la possibilité de vendre des tourtes et des plats ainsi que de la viande crue et de la volaille. Cette coexistence causait des tensions avec leurs concurrents directs, les bouchers et les volaillers[7]. Les apprentissages se déroulaient au sein de ces corporations et suivaient différents grades allant d'aide-cuisinier à chef-cuisinier. Les maîtres-queux jouissaient d'un pouvoir important auquel étaient associés des revenus importants et la sécurité de l'emploi. Parfois, le personnel qui travaillait dans les cuisines royales faisait partie de la hiérarchie de la corporation. Il était alors nécessaire pour eux de prévoir leur reconversion. Ceci n'était pas rare dans la mesure où le règlement de la corporation des cuisiniers de Paris le permettait[8].
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+ Au cours des XVe et XVIe siècles, la cuisine française a assimilé de nombreux aliments venus du Nouveau Monde. Bien qu'elles mirent du temps avant d'être adoptées, le registre des banquets de Catherine de Médicis montre un service de soixante-six dindes au cours d'un seul diner. Par ailleurs, le cassoulet prend ses racines avec l'arrivée des haricots du continent américain, ramenés de ses explorations par Christophe Colomb.
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+ La haute cuisine française trouve sa source au XVIIe siècle avec le chef La Varenne. Celui-ci est considéré comme l'auteur du premier véritable livre de cuisine française, Le Cuisinier françois, en 1651[9]. Son livre comprend la plus ancienne référence à l'utilisation de graisse de porc pour réaliser le roux (préparation à base de farine pour lier les sauces). L'ouvrage comporte deux sections : l'une pour les jours avec viande et l'autre pour le jeûne. Ses recettes ont marqué un changement par rapport au style de cuisine du Moyen Âge. Il a ainsi introduit de nouvelles techniques visant à créer des plats plus légers et moins épicés (viandes rôties, poissons bouillis le plus souvent accompagnés de légumes : petits pois, asperges et artichauts sont à la mode sous Louis XIV) et une présentation plus modeste des tartes, des pâtisseries et des chaussons[note 1]. La Varenne a également publié en 1667 un livre sur la pâtisserie, intitulé Le Parfait Confiturier (réédité par la suite sous le nom de Le Confiturier françois) qui, de manière similaire, a mis à jour et codifié les nouvelles normes émergentes de la gastronomie pour les desserts et les pâtisseries[10].
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+ En 1691, sous le règne de Louis XIV, le chef François Massialot écrit Le Cuisinier roïal et bourgeois. Ce livre contient les menus servis à la cour royale en 1690. À l'époque, Massialot travaille principalement comme cuisinier indépendant. Par leur lien avec la royauté, Massialot et beaucoup d'autres cuisiniers royaux reçoivent certains privilèges. Ils ne sont ainsi pas soumis à la réglementation des corporations et peuvent organiser des réceptions de mariage et des banquets, sans aucune restriction. Le livre de Messialot est le premier qui est écrit sous la forme d'une liste alphabétique de recettes, préfigurant ainsi le premier dictionnaire culinaire. Y apparaît également la première illustration d'une marinade, que ce soit pour une marinade de volaille et de gibier à plumes ou de poissons et de crustacés. Le fait que ses recettes n'indiquent pas les quantités des ingrédients suggère que Massialot écrit pour des cuisiniers qualifiés[11].
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+ Les rééditions successives du Cuisinier roïal et bourgeois incluent des améliorations importantes tel que l'ajout d'un verre de vin aux bouillons de poisson. Des définitions sont également ajoutées dans l'édition de 1703. Lors de l'édition de 1712, l'ouvrage est renommé Le Nouveau Cuisinier royal et bourgeois et porté à deux volumes. Cette réédition est également rédigée dans un style plus élaboré avec des explications détaillées sur la technique. D'autres petites préparations y sont incluses et un troisième plat est ajouté au repas. Le ragoût, plat traditionnel français, fait sa première apparition comme plat à part entière dans cette édition, alors qu'il était auparavant considéré comme une garniture[12].
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+ Peu avant la Révolution française, on peut voir des recettes comme la bouchée à la reine prendre de l'importance. Ici, il s'agit essentiellement de cuisine royale, exécutée par les services royaux de Bouche. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une recette à base de poulet, servie dans un vol-au-vent, réalisée sous l'influence de la reine Marie Leszczynska, épouse de Louis XV. Cette recette est encore populaire aujourd'hui[13]. On doit également d'autres recettes à la reine Maria Karolina, dont le consommé à la reine[réf. nécessaire] et le filet d'aloyau braisé à la royale. On lui doit aussi l'apparition des lentilles dans l'alimentation[14].
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+ La Révolution française joue un rôle déterminant dans l'expansion de la cuisine française, dans la mesure où elle abolit les corporations. Ainsi, à partir de 1789, tout chef peut produire et vendre ce qu'il désire comme préparation alimentaire. Né cinq ans avant le début de la Révolution, Marie-Antoine Carême passe ses jeunes années à travailler dans une pâtisserie. Son talent s'épanouissant dans la réalisation de pièces montées, constructions extravagantes de pâte et d'architectures de sucre, attire l'attention de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, futur ministre de l'empereur Napoléon Ier[15].
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+ La carrière de Carême contribue au raffinement de la cuisine française. La base de son style provient de ses sauces, qu'il nomme les sauces « mères » : la sauce espagnole, le velouté, la sauce béchamel. Souvent considérées comme des fonds de sauce, elles sont à la base des autres sauces et sont encore connues aujourd'hui. Chacune de ces sauces est réalisée en grande quantité dans sa cuisine car elles servent de base à de multiples produits dérivés. Carême dispose ainsi de plus d'une centaine de sauces à son répertoire. Les soufflés apparaissent également pour la première fois dans ses écrits. Bien que nombre de ses préparations semblent extravagantes aujourd'hui, il simplifie et codifie une cuisine qui était encore plus complexe de son temps. Cette codification s'exprime à travers trois ouvrages majeurs[16] : Le Maître d'hôtel français (1822)[17], Le Cuisinier parisien (1828)[18] et L'Art de la cuisine française au dix-neuvième siècle (1833-1835)[19].
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+ La modernisation et l'organisation de la haute cuisine française sont le plus souvent attribuées à Auguste Escoffier. Son influence commence avec l'apparition des grands hôtels en Europe et en Amérique durant les années 1880-1890. L’hôtel Savoy de César Ritz est l'un des premiers hôtels dans lequel Escoffier travaille, mais son influence se développe surtout lorsqu'il est responsable des cuisines du Carlton, à Cannes, de 1898 à 1921.
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+ Afin d'optimiser le service des plats, il met au point le système de brigade de cuisine, qui rationalise la répartition des tâches de l'équipe de cuisiniers suivant cinq pôles spécialisés, chacun responsable d'une partie du repas. Ces cinq pôles comprennent le garde-manger qui prépare les plats froids, l'entremétier qui prépare les légumes et les féculents, le rôtisseur qui prépare les rôtis et les grillades, le saucier qui prépare les sauces et les soupes, et le pâtissier qui prépare les pâtisseries et les desserts. Ainsi, plutôt qu'une seule personne prépare un plat, plusieurs cuisiniers préparent les différentes composantes du plat. Par exemple, dans le cas des œufs au plat Meyerbeer[20], le système précédent requérait jusqu'à quinze minutes de préparation, alors qu'avec le système de brigade, les œufs sont préparés par l'entremétier, les rognons sont grillés par le rôtisseur, la sauce aux truffes par le saucier. Le plat peut ainsi être préparé dans un laps de temps beaucoup plus court et servi rapidement en salle[21].
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+ Escoffier simplifie également le menu moderne et la structure des repas. Il publie une série d'articles traitant de cet ordre qui sont finalement publiés dans son Livre des menus, en 1912. Ce type de service adopte le service dit « service à la russe » — remplaçant le « service à la française », qui était en usage depuis le Moyen Âge —, dans lequel le repas est divisé en plusieurs plats, chacun servi séparément dans son assiette. Cette façon de faire avait été rendue populaire par Félix Urbain Dubois, dans les années 1860. La contribution la plus importante d'Escoffier reste la publication du Guide culinaire[22], en 1903, qui établit les bases de la cuisine française. Il s'agit d'un ouvrage collaboratif dans lequel plusieurs chefs de haut rang illustrent l'acceptation universelle de ce nouveau style de cuisine[23].
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+ Le Guide culinaire rend désuet l'utilisation de sauces lourdes et promeut les fumets qui sont l'essence de la saveur de poissons, de viandes et de légumes. Ce style de cuisine cherche à créer des accompagnements, sauces dont la fonction est d'ajouter de la saveur au plat, plutôt que de la masquer comme par le passé. En plus de ses propres recettes, Escoffier s'inspire des recettes de Carême, Dubois et Taillevent. Une autre source de recettes provenait des paysans, dont les plats sont traduits dans les standards raffinés de la haute cuisine. Les ingrédients communs sont ainsi remplacés par des ingrédients coûteux, rendant les plats moins humbles. Escoffier inventa lui-même de nombreux plats, comme la pêche Melba ou les crêpes Suzette[24]. Escoffier réédita Le Guide culinaire quatre fois au cours de sa vie, en indiquant dans la préface de la première édition du livre que, même avec 5 000 recettes, son livre ne devrait pas être considéré comme un texte « exhaustif » et que, même s'il l'était au moment de son écriture, « il ne sera plus demain, parce que le progrès est en marche chaque jour[25] ».
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+ Dès la fin de la Première Guerre mondiale, l'automobile va permettre de développer une nouvelle forme de « gastronomie du voyageur ». La RN7, qui permet de descendre sur la Côte d'Azur ou remonter vers le nord de l'Europe, va drainer un tourisme de luxe à partir des trois plus grandes métropoles françaises Paris, Lyon, Marseille.
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+ Les guides routiers se multiplient et donnent des renseignements précis sur les haltes gastronomiques. Le Guide Michelin propose même une classification par étoiles. La mascotte de la marque Michelin, le Bibendum, est d'ailleurs né d'une idée de Curnonsky, le prince des gastronomes. [26]
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+ L'axe routier de la vallée Saône-Rhône se distingua rapidement par ses nombreux restaurants étoilés. À titre d'exemple, Jean-Robert Pitte indique que dans l'édition 1956 du Guide rouge, la moitié des trois étoiles de province se retrouvait à proximité de l'« axe royal », avec sept restaurants, Paris n'en ayant que quatre. Dans les deux décennies qui suivent, de nouveaux plats et de nouvelles techniques font leur apparition. Cette période est aussi marquée par l'apparition de la « nouvelle cuisine ».
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+ Le terme de « nouvelle cuisine » a été utilisé à plusieurs reprises dans l'histoire de la cuisine française. Cette description est ainsi observée dans les années 1740, avec la cuisine de Vincent la Chapelle, François Marin et Menon. Elle est réutilisée également dans les années 1880 et 1890 pour décrire la cuisine d'Escoffier. Les journalistes culinaires Henri Gault et Christian Millau font cependant revivre ce terme dans les années 1960 pour décrire la cuisine de Paul Bocuse, Jean et Pierre Troisgros, Michel Guérard, Roger Vergé et Raymond Oliver. Le travail de ces chefs s'inscrit dans une certaine révolte par rapport à l'« orthodoxie » de la cuisine d'Escoffier. Certains de ces chefs étaient des élèves de Fernand Point à la Pyramide, de Vienne, qu'ils quittèrent pour ouvrir leurs propres restaurants. Gault et Millau « découvrent la formule » de ce nouveau style de cuisine à travers dix caractéristiques représentatives[27].
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+ La première d'entre elles est le rejet de la complication excessive en la cuisine. Le temps de cuisson de la plupart des poissons, des fruits de mer, du gibier, du veau, des légumes verts et des pâtés est par ailleurs fortement réduit, dans le but de préserver leurs saveurs naturelles. Le recours à la cuisson à la vapeur se développe ainsi largement dans ce nouveau style. L'utilisation des ingrédients les plus frais possibles constitue la troisième caractéristique. En outre, les grands menus sont abandonnés en faveur de menus courts. Cinquièmement, les marinades de viandes et de gibiers cessent d'être utilisées. Sixièmement, les sauces épaisses, telles que les sauces espagnole et béchamel sont abandonnées en faveur de l'assaisonnement des plats avec des herbes fraîches, du beurre de qualité, du jus de citron et du vinaigre. Par ailleurs, les chefs de la nouvelle cuisine s'inspirent plutôt des plats régionaux que de plats de haute cuisine. De nouvelles techniques et des équipements modernes sont également adoptés, comme l'utilisation du four à micro-ondes, chez Bocuse. Neuvièmement, les chefs veillent à la satisfaction des besoins alimentaires de leurs clients par l'intermédiaire de leurs plats. Enfin, les chefs sont très inventifs et créent de nouvelles combinaisons[27].
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+ Certains spécialistes spéculent sur le rôle de la Seconde Guerre mondiale dans l'avènement de ce nouveau courant. En effet, l'approvisionnement en viande animale était difficile sous l'occupation allemande[28].
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+ Au milieu des années 1980, les journalistes culinaires indiquent que le style de la nouvelle cuisine commence à s'essouffler, et d'autres se plaignent de la petitesse des portions, tandis que de nombreux chefs reviennent vers la haute cuisine, même si les présentations plus légères et les nouvelles techniques persistent[27].
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+ La cuisine française est généralement perçue, en dehors de la France, à travers sa grande cuisine servie dans des restaurants aux prix élevés. Cette cuisine très raffinée a, la plupart du temps, reçu l'influence des cuisines régionales. Celles-ci sont caractérisées par une extrême diversité de styles et d'aliments mis en œuvre. Il y a encore peu de temps, chaque pays français voyait sa cuisine dirigée presque exclusivement par ce que son terroir permettait de produire. C'est cet état de fait qui a façonné ou façonne toujours la diversité des recettes et savoir-faire constatés aujourd'hui. De nos jours, du fait des mouvements de populations, ces différences régionales ont eu tendance à s'estomper, mais elles restent clairement marquées, et une personne voyageant à travers la France remarquera des changements significatifs dans la manière de cuisiner et dans les plats servis. D'ailleurs, la récente attention du consommateur français sur les produits de terroir signifie que la cuisine régionale témoigne d'un fort renouveau en ce XXIe siècle.
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+ Les vins français et les fromages français font partie intégrante de l'agriculture et de la cuisine française dans son ensemble dans laquelle ils sont utilisés comme ingrédients et comme accompagnements. La France est d'ailleurs reconnue pour sa gamme étendue de vins et de fromages[29].
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+ Le nord-ouest de la France se caractérise par une influence significative de son littoral dans la gastronomie locale. La mer fournit en effet la matière première des plateaux de fruits de mer et des poissons (bar, lotte, hareng), servis dans les restaurants ou sur les tables familiales. Alors que la Bretagne a développé une offre de qualité en homards, en écrevisses et en moules, la Normandie s'est spécialisée dans les pétoncles et les soles.
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+ La cuisine du nord-ouest utilise le beurre, la pomme et la crème, comme dans les moules farcies aux amandes. L'agriculture de cette région s'est beaucoup développée en raison de son climat doux. La Normandie abrite ainsi un grand nombre de pommiers, dont les fruits sont aussi bien utilisés dans des plats que dans des boissons alcoolisées comme le cidre ou le calvados.
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+ En ce qui concerne la Bretagne, certains produits agricoles comme les choux-fleurs et les artichauts ont acquis une réputation nationale. Le sarrasin était une culture traditionnelle en Bretagne[30] et est ainsi largement utilisé pour la réalisation des fameuses galettes. Les rillettes du Mans sont aussi reconnues nationalement, tandis qu'en Maine-et-Loire, le rosé cabernet-d'anjou, ainsi que la liqueur d'orange Cointreau, ont une renommée internationale.
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+ La cuisine du val de Loire est fameuse pour ses poissons au beurre blanc. En plus des produits de la mer, la cuisine ligérienne fait la part belle au gibier sauvage, au veau, à l'agneau, à la viande charolaise, à la poule géline et à des fromages de chèvre de qualité.
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+ La vallée de la Loire et le centre de la France produisent également des fruits de haute qualité, comme les cerises utilisées pour la préparation de la liqueur Guignolet, ou les poires Belle Angevine. Les fraises et les melons sont aussi de grande qualité. Les jeunes légumes sont souvent utilisés dans la cuisine, comme la spécialité de la région, les champignons de Paris. Le vinaigre d'Orléans est également une spécialité largement utilisée pour la préparation et l'assaisonnement des plats[31].
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+ Les départements de la Charente-Maritime et de la Vendée sont réputées pour leur production ostréicole et mytilicole, avec notamment les huîtres du bassin de Marennes-Oléron et les moules de la baie de l'Aiguillon. L'arrière-pays côtier, dont les pâturages regorgent de chèvres, produit également des fromages renommés. Les pâturages de la Vendée et du Poitou sont également occupés par des troupeaux de Parthenaises et des volailles de Challans, alors que le Limousin abrite de nombreux bétails de limousines et de moutons. Le cognac est également originaire de cette région, avec la ville de Cognac, le long de la Charente. Les nombreuses forêts qui s'y étendent offrent une large variétés de gibiers et de champignons de qualité[32].
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+ La gastronomie de cette région se caractérise progressivement durant l'époque moderne sur les bases, des particularités des terroirs de la région et des produits agricoles et habitudes nés des échanges internationaux qui se développent à la suite de l'exploration du Monde par les européens profitant notamment de la vocation maritime de Bordeaux[33].
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+ Cette dernière est connue pour son vin, tout comme l'ensemble du sud-ouest de la France. La cuisine de cette région accommode bon nombre de produits issus de la pêche, qu'elle soit maritime, dans le golfe de Gascogne, fluviale, dans les Pyrénées ou à l'aide de pièges, dans la Garonne. Les Pyrénées et le Massif central soutiennent également l'élevage d'agneaux de qualité, tels que l'« agneau de Barèges-Gavarnie » ou de l'Aveyron, ainsi que des fromages de brebis.
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+ La cuisine du sud-ouest est également riche en viande bovine (aubrac, salers, blonde d'Aquitaine, bœuf de Chalosse, bazadaise et garonnaise), ainsi qu'en volaille fermière (poulet, dindon, pigeon, chapon, oie et canard). La cuisine de Gascogne et du Périgord, quant à elle, s'est fait une spécialité des pâtés, terrines, confits et magrets d'oie et de canard gras. Cette région est ainsi très réputée pour sa production de foie gras de ces volailles. Les pruneaux d'Agen et l'eau-de-vie d'Armagnac sont également originaires de cette région[34].
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+ La cuisine basque est connue pour son utilisation de la tomate et de piment d'Espelette.
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+ Le pays gersois est réputé pour ses élevages de volailles, tandis que les producteurs fermiers et transformateurs artisanaux et industriels de la région de la montagne Noire et de Lacaune fabriquent du jambon et du saucisson. Le maïs blanc est massivement cultivé dans la région, tant pour l'engraissement des canards et des oies pour le foie gras, que pour l'élaboration de la cruchade, une bouillie de maïs. Les agriculteurs y cultivent également les haricots qui sont au cœur de la recette du cassoulet. La région toulousaine est reconnue pour sa fabrication de saucisse de Toulouse, qui peut également accompagner une variante locale du cassoulet, le cassoulet de Castelnaudary. La région de Cahors produit du vin noir, ainsi que des truffes et des champignons. Les agriculteurs élèvent également des agneaux de bergerie.
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+ L'Aveyron, pays d'éleveurs et de pelouses naturelles, est le berceau de nombreux fromages, tels que le roquefort de lait cru de brebis, élaboré et affiné au pied du plateau du Larzac, le pérail qui n'a quitté les cuisines des fermes que depuis une trentaine d'années, et le laguiole de lait cru de vache, spécialité de l'Aubrac aveyronnais. Le cantal, lui, est produit à partir de lait de vache dans le Cantal. Les troupeaux de vaches salers produisent le lait cru utilisé pour la réalisation du fromage du même nom, le salers. Ces vaches sont également élevées pour leur viande[35].
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+ Du foie gras servi avec une bouteille de sauternes.
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+ Haricots tarbais dans un cassoulet gascon.
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+ Morceau de roquefort.
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+ Dans le Languedoc-Roussillon, se consomme tout autant des huîtres de l'étang de Thau que des moules, en plus des spécialités de poissons de Sète : la bourride, la tielle ou la rouille de seiche. Les éleveurs producteurs fermiers de la région du Haut-Languedoc transforment également les cuisses des cochons de leurs élevage en jambon sec (commercialisés accompagnés des signes distinctifs « jambon fermier » et « jambon de montagne », car censés être produits et transformés dans les fermes des hauts plateaux et vallées de la Lozère). La nature cévenole offre une grande variété de champignons, châtaignes, baies, gibiers de toutes espèces, etc, et les agriculteurs qui y vivent pourvoient le commerce en miels, viande d'agneau, saucisses sèches, pâtés et fromages fermiers. L'influence catalane peut être observée dans la cuisine avec des plats comme la brandade, faite à partir d'une purée de morue séchée et enveloppée dans des feuilles de poirée. Les escargots sont nombreux et sont préparés dans un style catalan connu sous le nom de cargolade[36].
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+ En Corse, d'innombrables troupes de chèvres et de moutons sont élevées modestement par les paysans; les chevreaux et agneaux servant à préparer des plats tels que le stufato, des ragoûts et des rôtis. Parmi les fromages produits en Corse, le brocciu (un des fromages de lactosérum produit en France) est aujourd'hui le plus connu des Français de par son appellation préservée au niveau de l'Union européenne. Les châtaignes cultivées et récoltées dans la forêt de Castagniccia sont utilisées pour être transformées en farine; aliment utilisé, entre autres, pour faire du pain, des gâteaux ou de la polenta. La forêt fournit également des glands pour nourrir les cochons et les sangliers qui constituent la plus grande source de protéines de la cuisine de l'île avec les fromages. Ces bêtes sont transformées en saucisses, jambon sec, ou d'autres spécialités de salaison corse, tels que la coppa (échine de cochon séche), le lonzu (filet séché), le figatellu (saucisse de foie), le salamu (saucisse fumée), la salsiccia (saucisse épicée), la panzetta, le figarettu (foie fumé et séché) et le prisuttu (jambon sec). Les agriculteurs corses produisent quantité de clémentines (dont l'appellation d'origine est préservée via le système AOP), de citrons, de nectarines et de figues (ces dernières seront séchées). Le citron confit est utilisé dans les nougats et les gâteaux, tout comme le brocciu et les châtaignes qui sont également utilisés dans les desserts. La Corse offre une grande variété de vins et de liqueurs de fruits comme le patrimonio, la cédratine, la liqueur de myrte, le rappu et l'eau-de-vie de châtaigne[37].
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+ La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est la plus grande région productrice d'agrumes, de légumes, de fruits et de fines herbes en France. Elle réalise également la plus importante production d'olives et d'huile d'olive. Outre la lavande qui est utilisée dans de nombreux plats de Haute-Provence, la cuisine régionale emploie d'autres herbes aromatiques telles que le thym, la sauge, le romarin, le basilic, la sarriette, le fenouil, la marjolaine, l'estragon, l'origan et la feuille de laurier. Le miel, les fromages de chèvre, les saucissons séchés à l'air, les fruits de mer (en zone côtière), l'agneau et la viande de bœuf sont des ingrédients très populaires dans cette région. Les sauces régionales font une large place à l'ail et aux anchois.
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+ La cuisine méditerranéenne utilise une grande quantité de légumes pour des préparations plus légères. La Camargue possède des rizières et cultive notamment une spécialité locale, le riz rouge de Camargue. L'alcool le plus emblématique de la région provençale est sans nul doute le célèbre Pastis, au goût anisé[38]. Pendant la fin de l'automne et l'hiver, des truffes sont récoltées en Provence, alors que le dessert traditionnel de Noël servi en Provence, les treize desserts, se compose de pâte de coing, de biscuits, d'amandes, de nougat, de pommes et de fougasses[39].
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+ Les fruits et les légumes (dont, parmi ces derniers, le cardon) sont très populaires dans la cuisine lyonnaise et des terroirs proches de Lyon. On y retrouve également de la volaille de Bresse, des pintades de la Drôme et des poissons en provenance des étangs de la Dombes et des montagnes de Rhône-Alpes. Lyon et la Savoie fournissent des saucisses de grande qualité, alors que les régions alpines produisent de nombreux fromages comme l'abondance, le reblochon, la tomme et le vacherin des Bauges. La cuisine des Alpes est ainsi connue comme la cuisine où le fromage fondu, les pommes de terre et les charcuteries sont rois. La célèbre chartreuse est une liqueur originaire du monastère de la Grande Chartreuse, dans le massif de la Chartreuse. Parmi les grands chefs des contrées environnant Lyon, on peut notamment citer Fernand Point, Georges Blanc, Paul Bocuse, les frères Troisgros et Alain Chapel[40]. N'oublions pas la cuisine de l'Auvergne, avec sa côte de bœuf à l'os à moelle, ses belles charcuteries, ses produits des bois et des jardins et ses fromages affinés[41].
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+ Tielle à la sétoise.
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+ Cargolade du Roussillon.
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+ Jambon sec de Corse (prisuttu) et figues.
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+ Herbes de Provence.
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+ La Bourgogne est réputée pour ses vins. Le brochet, la perche, le crabe de rivière, les escargots, la volaille de Bresse, le bœuf charolais, les groseilles, le cassis, le gâteau de miel constituent les principaux ingrédients des spécialités de la gastronomie locale à la fois de la Bourgogne et de la Franche-Comté. La région de Dijon est également renommée pour sa moutarde de Dijon. La cuisine de Bourgogne utilise beaucoup l'huile et notamment celle de noix et de colza. Le Chaource et l'Époisses sont des fromages produits dans des terroirs du nord de la Bourgogne et du sud de la Champagne. La région jurassienne produit quant à elle des spécialités à base de viande fumée[42].
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+ On y trouve ainsi beaucoup de plats à base de porc (lard et saucisse) et de bière[43]. Le gibier occupe également une place de choix dans la région en raison d'une réglementation de la chasse particulièrement favorable.
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128
+ Le gibier et le porc sont aussi très populaires en Champagne, même si cette région tire surtout sa renommée de son vin blanc effervescent, appelé champagne. La région Champagne-Ardenne est également connue pour sa spécialité à base de tripes de porc, l'andouillette, avec notamment l'andouillette de Troyes.
129
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+ Quant à la Lorraine, elle est à la fois réputée pour sa tradition charcutière (notamment fumées dans les Vosges) ainsi que les fameux plats en pâtes ou en croutes (quiche, tourtes et pâtés de porc et veau marinés...), fromages (Brie et Munster-Gérômé...) mais aussi pour ses confitures de fruits délicats, ses pâtisseries et confiseries, comme la tarte à la mirabelle, les macarons de Nancy, les madeleines, les dragées, ou la glace Plombières..
131
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+ La choucroute est emblématique de la cuisine alsacienne, mais aussi une spécialité de Brienne-le-Château, dans l'Aube.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Fumé vosgien
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+ Une flammekueche alsacienne, à base de lardons et d'oignon.
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140
+ Andouillette avec ses accompagnements.
141
+
142
+ Tarte aux mirabelles de Lorraine
143
+
144
+ Bergamottes de Nancy
145
+
146
+ La cuisine du nord, marquée tant par des influences picardes que flamandes, est caractérisée par l'utilisation du beurre et de la crème mais aussi des endives, de la pomme de terre, du porc et de la bière. Dans cette partie septentrionale de la France, agricole mais aussi très industrielle, une tradition de culture du blé, de la betterave sucrière et de la chicorée s'est développée au cours des siècles. Parmi les plats traditionnels, on trouve souvent des plats longuement mijotés comme la carbonade flamande, le potjevleesch ou le waterzooï.
147
+
148
+ L'art culinaire reflète la manière d'être et de vivre d'un peuple, mais aussi son histoire. C'est ainsi que la cuisine antillaise simple, sans artifice est la résultante d'une savoureuse osmose de tous les peuples qui y ont fait escale. Des grillades épicées des indiens caraïbes, en passant par le calalou africain, la brandade de morue française, ou le colombo indien, c'est toute une large palette gastronomique qui compose cette cuisine.
149
+
150
+ Principalement à base de produits de la mer, les plats antillais ont pour point commun de faire souvent macérer la viande et le poisson dans un assaisonnement (souvent à base de piments antillais) pour en améliorer le goût. On peut également noter l'utilisation abondante de la farine de manioc.
151
+
152
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
153
+
154
+ Rhum planteur.
155
+
156
+ Fin 2006, un groupe de gastronomes et de chefs, dont Paul Bocuse, Alain Ducasse, Pierre Troisgros, Marc Veyrat et Michel Guérard, militent pour que la cuisine française entre au patrimoine culturel immatériel défini par l'UNESCO. À l'occasion de l'inauguration du Salon international de l'agriculture de 2008, le président Nicolas Sarkozy appuie cette demande [45], estimant que la France possède « la meilleure gastronomie du monde »[46]. La gastronomie française serait perçue comme un symbole de l'hédonisme français[47].
157
+
158
+ Ainsi le « repas gastronomique des Français »[48] rejoint-il le patrimoine culturel immatériel de l'humanité le 16 novembre 2010, grâce au comité intergouvernemental de l'UNESCO, réuni à Nairobi, au Kenya[49].
159
+
160
+ Cette distinction concerne une « pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes, tels que naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles »[48]. Le descriptif du repas de fête, qui doit comporter au moins quatre services pour célébrer l’art du « bien manger » et du « bien boire », est précis : apéritif, entrée, mets de poisson et/ou de viande accompagnés de légumes, fromage, dessert, digestif et présentés sur une table décorée ; les produits doivent être de qualité, les recettes choisies avec soin en accord avec les vins, et les mets dégustés avec « une gestuelle spécifique pendant la dégustation (humer et goûter ce qui est servi à table) ».
161
+
162
+ Selon un sondage conduit par Zoover (nl) sur 16 sites internationaux (Europe et États-Unis) auprès de 10 501 répondants, la cuisine française se classe troisième parmi les cuisines les plus appréciées en Europe[50].
163
+
164
+ Dans cette page les différentes recettes de la cuisine française sont regroupées par catégories. Cette classification respecte l'ordre d'un menu mais il est aussi possible de lister les plats par leur région d'origine (cf. la page sur les spécialités régionales).
165
+
166
+ Principalement, on sert en France la dinde aux marrons pour Noël. On sert aussi à cette occasion du saumon fumé, des huitres, du caviar et du foie gras. À cela, il faut ajouter des escargots et du boudin blanc. Aussi, la bûche de Noël est une habitude bien française au moment de la période des fêtes. Le chocolat et les gâteaux occupent aussi une place de choix pour cette fête en France[51],[52]. Le tout est normalement accompagné de champagne, boisson typiquement française[53]. .
167
+
168
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
169
+
170
+ Bûche de Noël chocolat framboise maison.
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+ Table du gros souper avec ses trois nappes et les treize desserts.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+
2
+
3
+
4
+
5
+ équation[4] :
6
+
7
+
8
+
9
+
10
+ C
11
+
12
+ P
13
+
14
+
15
+ =
16
+ (
17
+ 17.72891
18
+ )
19
+ +
20
+ (
21
+ 28.09870
22
+ )
23
+ ×
24
+
25
+ 10
26
+
27
+
28
+ 3
29
+
30
+
31
+ T
32
+ +
33
+ (
34
+
35
+ 31.25289
36
+ )
37
+ ×
38
+
39
+ 10
40
+
41
+
42
+ 6
43
+
44
+
45
+
46
+ T
47
+
48
+ 2
49
+
50
+
51
+ +
52
+ (
53
+ 13.97243
54
+ )
55
+ ×
56
+
57
+ 10
58
+
59
+
60
+ 9
61
+
62
+
63
+
64
+ T
65
+
66
+ 3
67
+
68
+
69
+ +
70
+
71
+
72
+
73
+ (
74
+ 0.068611
75
+ )
76
+ ×
77
+
78
+ 10
79
+
80
+ 6
81
+
82
+
83
+
84
+
85
+ T
86
+
87
+ 2
88
+
89
+
90
+
91
+
92
+
93
+
94
+ {\displaystyle C_{P}=(17.72891)+(28.09870)\times 10^{-3}T+(-31.25289)\times 10^{-6}T^{2}+(13.97243)\times 10^{-9}T^{3}+{\frac {(0.068611)\times 10^{6}}{T^{2}}}}
95
+
96
+
97
+ Capacité thermique du solide en J·mol-1·K-1 et température en kelvins, de 298 à 1 358 K.
98
+ Valeurs calculées :
99
+ 24,47 J·mol-1·K-1 à 25 °C.
100
+
101
+
102
+
103
+ 32,84450 J·mol-1·K-1 (liquide, 1 084,9 à 2 569,9 °C)[4]
104
+
105
+ équation[4] :
106
+
107
+
108
+
109
+
110
+ C
111
+
112
+ P
113
+
114
+
115
+ =
116
+ (
117
+
118
+ 80.48635
119
+ )
120
+ +
121
+ (
122
+ 49.35865
123
+ )
124
+ ×
125
+
126
+ 10
127
+
128
+
129
+ 3
130
+
131
+
132
+ T
133
+ +
134
+ (
135
+
136
+ 7.578061
137
+ )
138
+ ×
139
+
140
+ 10
141
+
142
+
143
+ 6
144
+
145
+
146
+
147
+ T
148
+
149
+ 2
150
+
151
+
152
+ +
153
+ (
154
+ 0.404960
155
+ )
156
+ ×
157
+
158
+ 10
159
+
160
+
161
+ 9
162
+
163
+
164
+
165
+ T
166
+
167
+ 3
168
+
169
+
170
+ +
171
+
172
+
173
+
174
+ (
175
+ 133.3382
176
+ )
177
+ ×
178
+
179
+ 10
180
+
181
+ 6
182
+
183
+
184
+
185
+
186
+ T
187
+
188
+ 2
189
+
190
+
191
+
192
+
193
+
194
+
195
+ {\displaystyle C_{P}=(-80.48635)+(49.35865)\times 10^{-3}T+(-7.578061)\times 10^{-6}T^{2}+(0.404960)\times 10^{-9}T^{3}+{\frac {(133.3382)\times 10^{6}}{T^{2}}}}
196
+
197
+
198
+ Capacité thermique du gaz en J·mol-1·K-1 et température en kelvins, de 2 843,261 à 6 000 K.
199
+ Valeurs calculées :
200
+
201
+ HCl + H2O2,
202
+ H2SO4 dilué + ions Hg (II)[5],
203
+ NH4OH + H2O2[6]
204
+
205
+ Le cuivre est l'élément chimique de numéro atomique 29, de symbole Cu. Le corps simple cuivre est un métal.
206
+
207
+ Le cuivre est un élément du groupe 11, de la période 4, un élément du bloc d métal de transition chalcophile.
208
+
209
+ Dans le tableau périodique des éléments, le cuivre est de la même famille que l'argent et l'or, parce que chacun possède une orbitale s occupée par un seul électron sur des sous-couches p et d totalement remplies, ce qui permet la formation de liaisons métalliques (configuration électronique Ar 3d10 4s1). Les trois métaux de ce « groupe du cuivre » ont un caractère de noblesse et de rareté accru, du cuivre semi-noble à l'or véritablement noble, le premier caractère s'expliquant par leurs rayons atomiques faibles et leurs compacités d'empilement atomique, leurs potentiels d'ionisation plus importants à cause des sous-couches d, leurs points de fusion relativement élevés et leurs faibles réactivités ou relatives inerties chimiques[8].
210
+
211
+ Naturellement présent dans la croûte terrestre, le cuivre à faible dose est essentiel au développement de toute forme de vie. Il est majoritairement utilisé par l'homme sous forme de métal. Le cuivre pur est un des seuls métaux colorés avec l'or et l'osmium[9]. Il présente sur ses surfaces fraîches une teinte ou un éclat métallique rose saumon : ce « métal rouge » apprécié en orfèvrerie et en bijouterie, par exemple comme support de pièces émaillés ou émaux rares, était dédié à la déesse de la beauté Aphrodite et aux artistes. On le désigne parfois sous le nom de cuivre rouge par opposition aux laitons (alliages de cuivre et de zinc) improprement nommés « cuivre jaune ». Métal ductile, il possède des conductivités électrique et thermique particulièrement élevées qui lui confèrent des usages variés. Il intervient également comme matériau de construction et entre dans la composition de nombreux alliages, les cupro-alliages.
212
+
213
+ Le cuivre, aujourd'hui métal usuel, est le plus ancien métal utilisé par l’homme[10]. Le point de fusion n'est pas trop élevé, la facilité de réduction de l'oxyde de cuivre, souvent par un simple feu de bois, est remarquable.
214
+
215
+ Les plus anciennes traces de fusion du cuivre dans des fours à vent ayant été découvertes dans le plateau iranien sur le site archéologique de Sialk III daté de la première moitié du Ve millénaire av. J.-C. — il y a donc près de sept mille ans. Il y a 6000 ans l'extraction de minerai pour en tirer du cuivre est commune en quelques endroits de l'Eurasie et de l'Afrique, à l'instar de la malachite du Sinai pour l'Égypte antique dont les mines sont exploitées vers -4500 av. J.-C..
216
+
217
+ L'histoire méditerranéenne antique du cuivre est intimement liée à l'île de Chypre qui se nomme tardivement en grec ancien Κύπρος : c'est en effet sur cette île que furent exploitées les mines de cuivre et cuivre natif, qui permirent à des civilisations humaines méconnues de prospérer, bien avant les civilisations minoenne, mycénienne et phénicienne[11]. Ces diverses civilisations issues de Méditerranée orientale organisèrent le commerce antique du métal rouge en Méditerranée, si bien que les Romains l’appelèrent d'une manière générique le cuivre et divers alliages aes cyprium (littéralement « métal de Chypre »), cyprium (grec ancien Κύπρος) désignant l'île. Le terme s'est transformé au fil du temps pour devenir « cuprum » en latin pour donner le mot « cuivre » en français.
218
+
219
+ Allié principalement à l’étain et parfois à d'autres métaux, il donne lieu à une révolution technologique, « l'âge du bronze », aux alentours de 2 300 ans avant notre ère. Les bronzes sont plus durs, plus aisément fusibles et aptes à être coulés dans un moule, plus résistants à la corrosion atmosphérique que le cuivre natif ou purifié. La fabrication d'ustensiles et d'armes, d'objets d'art et de statues massives, de cloches ou clochettes, de timbres ou cymbales, de chandeliers ou de grands vases éventuellement sacrés ou d'offrandes, de médailles et de monnaie peut se développer. La maîtrise de cette matière métallique alliée est telle qu'elle permet l'érection du colosse de Rhodes, une statue-phare de Helios-Apollon de 32 m de haut au IIIe siècle av. J.-C..
220
+
221
+ Une série d'articles de la revue Science en avril 1996, de nature transdisciplinaire, regroupant des équipes d'historiens, d'archéologues, de physico-chimistes et de glaciologues, a permis de replacer globalement en rapport avec les variations de production artisanale et proto-industrielle, des mesures par analyse spectrométrique de particules et poussières de cuivre métal et ses dérivés, piégées dans les échantillons de glaces extraits de la calotte glaciaire du Groenland[12]. Les pics historiques de production de cuivre, par exemple l'introduction de la monnaie, les guerres de la République et de l'Empire Romain, l'ouverture de mine suédoise de Falun ont pu être grossièrement retrouvés, en prenant une base à -5000 av. J.-C. et en considérant des pertes atmosphériques de l'ordre de 15 % au début de la métallurgie généralisée dans l'œkoumène vers -2500 av. J.-C., réduite seulement à 0,25 % vers 1750 par le progrès des procédés chimiques[13]. La production annuelle mondiale de cuivre, stimulé par le monnayage, aurait atteint un sommet longtemps inégalé de 15 000 tonnes au début du Ier siècle de l'ère chrétienne. Le chiffre moyen de la production annuelle de cuivre estimée bon an mal an en Europe occidentale et centrale de la fin de l'Empire Romain à l'aube du XVIIIe siècle est de l'ordre de 2 000 tonnes par ce biais. L'essor de la métallurgie chinoise permettrait de justifier une production de 13 000 tonnes par an au XIIe siècle et XIIIe siècle.
222
+
223
+ Les adjectifs « cuivreux » et « cuprifère » qualifient de manière générique les matériaux à base de cuivre ou la matière contenant du cuivre. Le premier adjectif reste ambigu dans un emploi étendu, puisqu'il désigne précisément pour les chimistes le cuivre au degré d'oxydation (I), alors que le second est employé de manière courante, en particulier en géosciences.
224
+
225
+ L'adjectif « cuivrique », outre un sens étendu analogue à « cuivreux », désignait surtout l'état d'oxydation II du cuivre le plus commun, surtout en solution aqueuse. Les adjectifs « cuprique » et « cupreux » sont les équivalents savants de cuivrique et cuivreux. Le radical latin cupro- ou cupr- désignant le cuivre se retrouve dans de nombreuses appellations techniques ou chimiques.
226
+
227
+ Le cuivre possède 29 isotopes connus, de nombre de masse variant de 52 à 80, ainsi que sept isomères nucléaires. Parmi ces isotopes, deux sont stables, 63Cu et 65Cu, et constituent l'ensemble du cuivre naturel dans une proportion d'environ 70/30. Ils possèdent tous les deux un spin nucléaire de 3/2[14]. La masse atomique standard du cuivre est de 63,546(3) u.
228
+
229
+ Les 27 autres isotopes sont radioactifs et ne sont produits qu’artificiellement. Le plus stable des radioisotopes d'entre eux est 67Cu avec une demi-vie de 61,83 heures. Le moins stable est 54Cu avec une demi-vie d'environ 75 ns. La plupart des autres ont une demi-vie inférieure à une minute.
230
+
231
+ Le cuivre est un élément parfois abondant en certains sites miniers.
232
+ Le clarke s'élève à 55 à 70 g par tonne[15].
233
+
234
+ Le cuivre est un des rares métaux qui existent à l'état natif sous des cristaux de maille cubique. Les cristaux bien formés sont rares, mais souvent des fils dentritiques, des assemblages de feuilles ou des recouvrements d'imprégnation plus ou moins massifs peuvent être communs dans les rares sites, où il peut être observé. Là les hommes du Néolithique avait accès à ce matériau facile à mettre en forme, en le martelant légèrement, le cuivre natif figure parmi le premier métal utilisé par les hommes. L'occurrence du cuivre natif est cependant assez faible.
235
+
236
+ L'élément cuivre, du fait de son caractère chalcophile ou son attirance pour l'élément soufre S, apparaît le plus fréquemment sous forme de sulfure ou de sulfo-sel. On le trouvait en quantités importantes dans l'île de Chypre surnommée l'île aux mille mines[16]. Les minéraux sulfures comme la chalcopyrite (CuFeS2), bornite (Cu5FeS4), cubanite (CuFe2S3) et surtout la covelline (CuS) et la chalcosine (Cu2S) sont des sources intéressantes de cuivre, de même que ses carbonates : azurite (Cu3(CO3)2(OH)2) et malachite (Cu2CO3(OH)2) et un de ses oxydes : cuprite (Cu2O)[17].
237
+
238
+ Les minéraux contenant l'élément cuivre ont souvent un bel aspect coloré, à l'instar de la pierre d'Eilat.
239
+
240
+ Les gisements de cuivre natif attestent le plus souvent d'un hydrothermalisme très actif et à des roches magmatiques basiques.
241
+ On trouve le cuivre natif sous forme minérale polycristalline, les plus grands monocristaux mesurant 4,4 × 3,2 × 3,2 cm[18].
242
+
243
+ On trouve le cuivre natif :
244
+
245
+ Quelques gisements remarquables pour le cuivre natif sont :
246
+
247
+ Les cuivres gris sont des sulfures complexes où le cuivre accompagne l'arsenic et/ou l'antimoine… Ainsi la tennantite, la tétraédrite, la freibergite
248
+
249
+ Le cuivre s'oxyde :
250
+
251
+ Les potentiels standards des principales demi-réactions sont :
252
+
253
+ La reichenbachite, la cornétite et la libéthénite sont des hydroxy-phosphates de cuivre de formules respectives Cu5(PO4)2(OH)4, Cu3(PO4)(OH)3 et Cu2PO4(OH).
254
+
255
+ La torbernite est un phosphate d'uranium et de cuivre Cu(UO2)2(PO4)2 · 12 H2O.
256
+
257
+ La rickardite est un tellurure de cuivre. La berzélianite ou berzéline est un séléniure de cuivre Cu2Se. La quetzalcoatlite est un minéral complexe, association intime d'une hydroxy-tellurite de cuivre et de zinc, et d'un chlorure de plomb et d'argent
258
+ Zn6Cu3(TeO6)2 (OH)6·AgxPbyClx+2y
259
+
260
+ La szenicsite est un hydroxy-molybdate de cuivre de formule Cu3(MoO4)(OH)4.
261
+
262
+ La stranskiite est un arséniate de cuivre et de zinc de formule Zn2CuII(AsO4)2.
263
+ L'olivénite, l'euchroïte et la cornubite sont des hydroxy-arséniate de cuivre, soient respectivement Cu2AsO4(OH), Cu2(AsO4)(OH) ·3H2O et Cu5(AsO4)2(OH)4·H2O.
264
+
265
+ La bayldonite est un hydroxy-arséniate de plomb et de cuivre hydraté PbCu3(AsO4)2(OH)2H2O
266
+
267
+ La mixite est un hydroxy-arséniate de cuivre et de bismuth trihydraté BiCu6(AsO4)3(OH)6•3(H2O).
268
+
269
+ Durant l'Antiquité et parfois localement jusqu'au Moyen Âge, les gisements de cuivres gris ont été exploités.
270
+
271
+ L’essentiel du minerai de cuivre est extrait sous forme de sulfures ou de roches à base de chalcopyrite, dans de grandes mines à ciel ouvert, des filons de porphyre cuprifère qui ont une teneur en cuivre de 0,4 à 1,0 %. En surface, les minerais qui comporte de grandes quantités de stériles sont plus oxygénés, mais restent soufrés en couches profondes. Dans les années 1990, un minerai exploitable devait ne jamais descendre en dessous de 0,5 % en masse, et assurer une teneur de l'ordre de 1 % et plus. Les mines de Kennecott (Alaska), exploitées jusqu'aux années 1940, étaient les plus pures de la planète.
272
+
273
+ Exemples : Chuquicamata, au Chili ; Bingham Canyon Mine, dans l’Utah et El Chino Mine au Nouveau-Mexique (États-Unis). La teneur moyenne en cuivre des roches de la croûte terrestre est d’environ 68 ppm en masse, et 22 ppm en termes d’atomes. En 2005, le Chili était le premier producteur mondial de cuivre avec au moins un tiers de la production mondiale, suivi par les États-Unis, l’Indonésie et le Pérou, d’après le British Geological Survey[17].
274
+
275
+ L'exploitation des nodules polymétalliques, à base de Cu, Mn, Co, Ni, etc., des fonds sous-marins, autre source potentiel de cuivre, reste confidentielle.
276
+
277
+ Métal de couleur rougeâtre, rouge ou rouge orangée, le cuivre possède une exceptionnelle conductivité thermique et électrique. Le métal très pur est résistant à la corrosion atmosphérique et marine, mais aussi très malléable, tenace et ductile, relativement mou.
278
+
279
+ Le cuivre figure parmi les métaux les plus ductiles et les plus malléables. Relativement mou, le métal peut aisément être étiré, laminé et tréfilé.
280
+
281
+ Frotté, ses surfaces dégagent une odeur particulière et désagréable, effet indirect de la densité d'électrons libres au sein du réseau cristallin métallique.
282
+
283
+ Le métal peut s'altérer superficiellement après une longue exposition à l'air en une fine couche de carbonates de cuivre basique d'un beau vert ou vert-de-gris, qui forme la « patine » de certains toits recouverts de cuivre. Cette couche peut parfois comporter de la malachite et de l'azurite.
284
+
285
+ Comme l’argent et l’or, le cuivre se travaille facilement, étant ductile et malléable. La facilité avec laquelle on peut lui donner la forme de fils, ainsi que son excellente conductivité électrique le rendent très utile en électricité.
286
+ On trouve usuellement le cuivre, comme la plupart des métaux à usage industriel ou commercial, sous une forme polycristalline à grains fins. Les métaux polycristallins présentent une meilleure solidité que ceux sous forme monocristalline, et plus les grains sont petits, et plus cette différence est importante[26].
287
+
288
+ La résistance à la traction est faible et l'allongement avant la rupture est important. Après le fer, le cuivre est le métal usuel le plus tenace. Les propriétés mécaniques du cuivre confirment les techniques anciennes de mise en forme de ce métal, à froid communes et à chaud plus rares. Sa malléabilité explique en partie la fabrication de vase ou forme par martelage au repoussé.
289
+
290
+ La densité pratique du cuivre fondu est de l'ordre de 8,8 à 8,9. Elle augmente sensiblement avec le laminage jusqu'à 8,95. L'écrouissage permet de rendre le cuivre à la fois dur et élastique.
291
+
292
+ Le cuivre présente une couleur rougeâtre, orangée ou brune due à une couche mince en surface (incluant les oxydes). Le cuivre pur est de couleur rose saumon. Le cuivre, l’osmium (bleu), le césium et l’or (jaune) sont les quatre seuls métaux purs présentant une couleur autre que le gris ou l’argent.
293
+ La couleur caractéristique du cuivre résulte de sa structure électronique : le cuivre constitue une exception à la loi de Madelung, n’ayant qu’un électron dans la sous-couche 4s au lieu de deux. L’énergie d’un photon de lumière bleue ou violette est suffisante pour qu’un électron de la couche d l’absorbe et effectue une transition vers la couche s qui n’est qu’à-demi occupée. Ainsi, la lumière réfléchie par le cuivre ne comporte pas certaines longueurs d’onde bleues / violettes et apparaît rouge. Ce phénomène est également présent pour l’or, qui présente une structure correspondante 5s/4d[27]. Le cuivre liquide apparaît verdâtre, une caractéristique qu’il partage avec l’or lorsque la luminosité est faible.
294
+
295
+ La similitude de leur structure électronique fait que le cuivre, l’argent et l’or sont analogues sur de nombreux points : tous les trois ont une conductivité thermique et électrique élevée, et tous trois sont malléables. Parmi les métaux purs et à température ambiante, le cuivre présente la seconde conductivité la plus élevée (59,6×106 S/m), juste après l’argent. Cette valeur élevée s’explique par le fait que, virtuellement, tous les électrons de valence (un par atome) prennent part à la conduction. Les électrons libres en résultant donnent au cuivre une densité de charges énorme de 13,6×109 C/m3. Cette forte densité de charges est responsable de la faible vitesse de glissement des courants dans un câble de cuivre (la vitesse de glissement se calcule comme étant le rapport de la densité de courant à la densité de charges). Par exemple, pour une densité de courant de 5×106 A·m-2 (qui est normalement la densité de courant maximum présente dans les circuits domestiques et les réseaux de transport), la vitesse de glissement est juste un peu supérieure à 1⁄3 mm/s[28].
296
+
297
+ Toutefois, la résistivité du cuivre est sensible aux traces d'impuretés, elle augmente fortement avec de faibles teneurs étrangères, contrairement à celle du fer. Aussi le cuivre pur a été et est utilisé abondamment comme fil électrique, pour confectionner les câbles sous-marins et les lignes aériennes.
298
+
299
+ La conductivité électrique ou son inverse la résistivité, celle d'un fil de cuivre pur à l'état recuit témoin nommé IACS ou International Annealed Copper Standard (en), qui, mesurée à 20 °C, s'établit à 1,724×10-8 Ω·m sert d'étalon de mesure en physique. La conductivité est exprimée en pourcentage IACS[29].
300
+
301
+ Ce métal est un très bon conducteur de la chaleur, moins toutefois que l'argent. C'est en partie pourquoi le cuivre est utilisé comme ustensile de cuisinier, réfrigérant de brasserie, dans les chaudières d'évaporation, des alambics aux sucreries. Il existait une autre raison au choix de ce métal, les capacités catalytiques du cuivre dans un grand nombre de réactions thermiques.
302
+
303
+ Le cuivre fond vers 1 085 °C. Il se vaporise à une température plus élevée, son point d'ébullition étant situé vers 2 562 °C. Sa vapeur brûle avec une flamme verte intense, ce qui permet sa détection quantitative en spectrométrie de flamme ou qualitative par simple test de flamme.
304
+
305
+ Le cuivre n'est pas altéré dans l'air sec, ni dans l'oxygène gazeux. Seules des traces d'eau et surtout la présence indispensable de dioxyde de carbone ou anhydride carbonique initie une réaction. Le cuivre ne réagit pas avec l’eau, mais réagit lentement avec le dioxygène de l’air en formant une couche d’oxyde de cuivre brun-noir, de nature passivante. Contrairement à l’oxydation du fer par une atmosphère humide, cette couche d’oxyde empêche toute corrosion en masse.
306
+
307
+ En absence de dioxyde de carbone, l'oxydation du cuivre à l'air ne commence qu'à 120 °C. Il est facile de comprendre que l'action de l'eau n'est observable surtout qu'à l'état de vapeur d'eau et à haute température.
308
+
309
+ Le cuivre est au contraire altéré au contact de l'air et de l'eau acidulée, l'air accélérant l'oxydation initiée. Le vinaigre forme ainsi des oxydes de cuivre solubles. De même des traces de corps gras par leur fonction acide ou oxydante. La toxicité alimentaire des oxydes formés a justifié l'étamage (ajout d'une couche protectrice d'étain) traditionnel des instruments et récipients culinaire en cuivre. Les anciens éleveurs ou fromagers, distillateurs, cuisiniers ou confituriers veillaient à une propreté rigoureuse des surface de cuivre après utilisation lors d'un chauffage.
310
+
311
+ L'air humide joue un rôle toutefois limité. Une couche verte de carbonate de cuivre ou hydroxycarbonate de cuivre basique Cu2CO3·Cu(OH)2, appelée vert-de-gris, se remarque souvent sur les constructions anciennes en cuivre ou sur les structures en bronze en milieu urbain (présence de dioxyde de carbone et d'humidité), telles que les toitures en cuivre ou la statue de la Liberté[30]. Cette couche joue en partie le rôle de patine protectrice. Mais en milieu marin ou salin (présence de chlorures apporté par des bruines) ou en milieu industriel (présence de sulfates), ils se forment d'autres composés, respectivement l'hydroxychlorure Cu2Cl2·Cu(OH)2 et l'hydroxysulfate Cu2SO4·Cu(OH)2.
312
+
313
+ Le cuivre réagit avec le sulfure d’hydrogène — et toutes les solutions contenant des sulfures, formant divers sulfures de cuivre à sa surface. Dans des solutions contenant des sulfures, le cuivre, présentant un avilissement de potentiel par rapport à l’hydrogène, se corrodera. On peut observer ceci dans la vie de tous les jours, où les surfaces des objets en cuivre se ternissent après exposition à l’air contenant des sulfures.
314
+
315
+ La réaction-type pour obtenir les sulfures de cuivre en précipités noirs peut être utilisé pour détecter le cuivre, elle est très lente à 20 °C, plus efficace à 100 °C et surtout très rapide à 550 °C, où elle s'écrit simplement :
316
+
317
+ La réaction avec l'acide chlorhydrique est très lente.
318
+
319
+ Ainsi le cuivre n'est pas véritablement attaqué à température ambiante par l'acide chlorhydrique concentré en milieu aqueux. Il y est très peu soluble. Le cuivre se dissout par contre dans les autres acides halogénohydriques, tel que HBr ou HI.
320
+
321
+ D'une manière générale, ce sont les acides oxydants ou les autres acides en présence de gaz oxygène dissous qui peuvent attaquer le cuivre. Pourtant le cuivre n'est pas attaqué par l'acide sulfurique concentré à froid, mais uniquement par cet acide fort concentré et à chaud. Il se forme des sulfates d'oxyde de cuivre et de l'acide sulfureux en phase gazeuse.
322
+
323
+ L'acide nitrique est le dissolvant par excellence du cuivre. La réaction chimique est active même avec l'acide dilué[31]. Elle explique les possibilités graphique des gravures sur cuivre à l'eau forte. Voici les deux réactions de base, la première en milieu concentré, la seconde en milieu dilué.
324
+
325
+ Le cuivre réagit en présence d’une association d’oxygène et d’acide chlorhydrique pour former toute une série de chlorures de cuivre. Le chlorure de cuivre(II) bleu/vert, lorsqu’il est porté à ébullition en présence de cuivre métallique, subit une réaction de rétrodismutation produisant un chlorure de cuivre(I) blanc.
326
+
327
+ Le cuivre réagit avec une solution acide de peroxyde d'hydrogène qui produit le sel correspondant :
328
+
329
+ L'ammoniaque oxyde le cuivre métal au contact de l'air. Il se forme de l'oxyde de cuivre soluble et du nitrate d'ammonium, avec excès d'ammoniac.
330
+ Le cuivre se dissout lentement dans les solutions aqueuses d’ammoniaque contenant de l’oxygène, parce que l’ammoniac forme avec le cuivre des composés hydrosolubles. L'ammoniaque concentré le dissout facilement en donnant une solution bleue, dénommée traditionnellement « liqueur de Schweitzer », à base du cation complexé Cu(NH3)42+ ou mieux en milieu basique Cu(NH3)4(H20))2+. Cette liqueur est susceptible de dissoudre la cellulose et les fibres cellulosiques, comme le coton ou les charpies textiles des chiffonniers. Ainsi se fabrique la rayonne au cuivre ammoniacal[32].
331
+
332
+ Le cuivre surtout en poudre a des propriétés catalytiques diverses. Par exemple, c'est un catalyseur permettant la synthèse du cyclopropène[33].
333
+
334
+ Lorsque le cuivre est en contact avec des métaux présentant un potentiel électrochimique différent (par exemple le fer), en particulier en présence d’humidité, la fermeture d’un circuit électrique fera que la jonction se comportera comme une pile électrochimique. Dans le cas par exemple d'une canalisation en cuivre raccordée à une canalisation en fer, la réaction électrochimique entraîne la transformation du fer en d’autres composés et peut éventuellement endommager le raccord.
335
+
336
+ Au cours du XXe siècle aux États-Unis, la popularité temporaire de l’aluminium pour les câblages électriques domestiques a fait que les circuits de nombre d’habitations se composaient en partie de fils de cuivre et en partie de fils d’aluminium. Le contact entre les deux métaux a occasionné des problèmes pour les usagers et les constructeurs (cf. article consacré aux câbles d’aluminium).
337
+
338
+ Les fondeurs ne placent jamais à proximité les stocks d'aluminium et de cuivre. Même s'il existe des alliages cupro-aluminium spécifiques, les traces d'aluminium dans un alliage cuivreux provoquent de graves inconvénients techniques. Connaissant par contre les propriétés du cuivre pur, les hommes de l'art ont développé des cuivres alliés, par exemple des cuivres à environ 1 % de chrome, celui-ci permettant de durcir le métal obtenu.
339
+
340
+ Les minerais soufrés primaires, déjà décrits, permettent plus de 80 % de la production, il s'agit de la pyrométallurgie du cuivre.
341
+ Le cuivre est accompagné des autres éléments métalliques Fe, Co, Ni, Zn, Mo, Pb, etc., et parfois des précieux Ag, Au, Pt et platinoïdes qu'il est intéressant de récupérer dans les boues anodiques, mais aussi de Ge, Se, Te, As, etc.
342
+
343
+ Le minerai cuprifère de l'ordre de 2 % de cuivre, est concentré en cuivre après des étapes techniques mécanisées de tamisage, concassage, broyage et triage, notamment une séparation par flottation par des agents tensio-actifs sélectifs et hydrophobes tel que l'amylxanthate de potassium. Ce « minerai concentré » contenant de 20 % à 40 % de cuivre est grillé en présence de silice, pour obtenir un laitier surnageant à base de minéraux stériles et des mattes à base de sulfures de fer et cuivre contenant de l'ordre de 40 à 75 % de cuivre selon les procédés.
344
+
345
+ La matte liquide est oxydée en présence de silice dans un convertisseur. Voici la réaction globale, ne nécessitant quasiment pas de chauffage car rassemblant deux réactions fortement exothermiques, qui ne prend en compte que le cuivre et délaissant les phases technique concernant la matte, le laitier et le slag (scories ou crasses).
346
+
347
+ Tout se passe comme si la matte est convertie en cuivre impur, qui est coulé en blisters (matière de cuivre coulé avec des cloques de surface caractéristiques, appelées blisters en anglais technique, à moins de 2 % d'impuretés) de 140 à 150 kg.
348
+
349
+ Les minerais oxygénés secondaires (malachite, azurite, cuprite) ouvre la voie vers une hydrométallurgie du cuivre. L'étape du triage est associé à une lixiviation par l'acide sulfurique ou une extraction liquide-liquide. L'ion cuprique se dissout en solvant organique, type kérosène, grâce à des agents extractants du type hydroxyoxime ou hydroxyquinoléine, une étape de stripping permet d'obtenir des solutions concentrées en ions cupriques, qu'il est possible de séparer par électrodéposition ou par cémentation à l'aide de déchets d'acier. Le premier procédé électrolytique permet de recueillir du « cuivre rouge », parfois quasi-pur de l'ordre de 99,9 % de cuivre. Le second procédé donne un cuivre pollué par le fer, il nécessite un affinage électrolytique.
350
+
351
+ L'affinage peut être en principe thermique ou électrolytique.
352
+ Le cuivre impur peut être purifié en partie par fusion. Mais ce procédé thermique ancien impliquant une oxydation, puis un « perchage » dans le bain de métal liquide pour éliminer la charge d'oxygène restante, sous forme de molécules d'oxydes volatiles, reste coûteux. Par exemple, la fusion du blister permet d'oxyder les impuretés As, Sb, S sous forme d'oxydes volatiles. Le perchage emploie des troncs ou perches de bois vert ou, de plus en plus, des hydrocarbures gazeux ou liquides, il permet par brassage d'éliminer l'oxygène présent dans le métal sous forme de monoxyde de carbone et de vapeur d'eau.
353
+
354
+ L'affinage industriel du cuivre s'effectue aujourd'hui surtout par électrolyse d'anodes de cuivre brut ou de blister (contenant du fer, parfois de l'argent, etc.) dans une solution de sulfate de cuivre et d'acide sulfurique[34].
355
+
356
+ Les ions cuivre migrent vers la cathode, les métaux nobles comme l'argent sont piégés dans les boues anodiques, au fond du compartiment de l'anode et les impuretés, par exemple le fer oxydé en ions ferreux, restent dans le bain d'électrolyse[36]. Ce procédé permet d'obtenir du métal pur de 99,9 % à 99,95 %. Mais ce cuivre cathodique ou technique est parfois poreux ou comporte des inclusions ou poches d'électrolytes. Il faut le refondre au four sous diverses atmosphères contrôlées (par exemple avec du phosphore P de désoxydation) ou à l'air pour obtenir des coulées de billettes, des plaques ou fils de cuivre. Ces matériaux sont alors transformés en demi-produits.
357
+
358
+ Il n'en reste pas moins que pour les spécialistes, il existe différentes nuances de cuivre selon les normes nationales (par exemple norme NF A50-050), en particulier diverses catégories : sans oxygène, avec oxygène, désoxygéné avec reliquat désoxygénant, désoxygéné sans traces de désoxygénants[37].
359
+
360
+ Le cuivre peut être distribué, outre les cylindres, les tubes ou les fils d'usages spécifiques, par tôles (pleines ou perforées) ou plaques, barres pleines qui peuvent être méplates, carrées, rondes, par barres perforées, par barrettes taraudées, par barres souples isolées, par fils trolley, par feuillards, par bandes paratonnerre, par bandes spécifiques pour câbles ou transformateurs, par disques (emboutissage), etc.
361
+
362
+ Le cuivre recyclé peut être revendu sous forme de grenailles de diverses qualités (pureté) et granulométries.
363
+
364
+ Le cuivre présente un aspect nettement plus mou vers 830 °C et fond vers 1 085 °C.
365
+
366
+ Le cuivre se prête mal au moulage de fonderie. Si la température de la coulée est trop faible, donc proche du point de fusion, le refroidissement trop rapide n'est pas maîtrisé, le métal coulé ne prend pas l'empreinte des moules. Si la coulée est trop chaude, le cuivre après refroidissement présente des soufflures. Aussi dans les arts et industries, il existe depuis des temps forts lointains différents alliages pratiques.
367
+
368
+ Très tôt, des alliages plus fusibles, plus durs que le cuivre purifié et surtout aptes à un moulage de qualité, ont été mis au point par essai et erreur, sans qu'on sache leur véritable nature chimique. Parfois, ils étaient réalisés directement à partir de minerais, et considérés comme des métaux singuliers à part, ainsi les bronzes antiques obtenus avec des minerais d'étain et les laitons anciens avec ceux de zinc…
369
+
370
+ Il existe un grand nombre d'alliage de alliages de cuivre anciens et modernes. Voici les principaux :
371
+
372
+ Airain, AlNiCo (parfois un peu de cuivre), alfénide ou métal blanc (cuivre avec Zn, Ni, Fe), Alliage d'aluminium pour corroyage série 2000, Alliage de Devarda (Al avec un peu de Zn), amalgame de cuivre (mercure), argenton (Ni,Sn), avional (aluminium, Mg, Si), billon (alliage) (cuivre allié à l'argent), britannium (Sn,Sb), bronze (étain), bronze arsénié (étain et arsenic), bronze au béryllium (béryllium), bronze phosphoreux (idem avec un petit peu de P), constantan (nickel), cuproaluminium (aluminium), cunife (Ni, Fe), cuprochrome, cupronickel (nickel), Dural ou duralium, laiton (zinc), Laiton rouge (un peu Zn), maillechort (nickel et zinc), moldamax (béryllium), Orichalque, Mu-métal type (NiFe15Cu5Mo3, or nordique (un peu de Zn, Al et Sn), potin (étain et plomb), ruolz (Ni,Ag), shakudō (avec un peu d'or), tumbaga (or), tombac (un peu de Zn), virenium (un peu de Zn, Ni), zamak (zinc, aluminium et magnésium)
373
+
374
+ Le cuivre entre dans la composition d'alliages à mémoire de forme.
375
+
376
+ L'airain des Romains est une variété de bronze, employée pour fabriquer des armes et des ustensiles et objets très divers. Les bronzes modernes, conçus comme des alliages à composition déterminée de cuivre et d'étain, couvrent un champ d'application encore plus étendu, des monnaies et médailles au vannes et robinets, des socles pesants à des composants d'objets d'arts variés, statuettes ou statues, supports pour pièces émaillées ou émaux de bijouterie, etc. Les bronzes incluant jusqu'à 3 % de phosphore (P) augmentent fortement leur dureté. Le bronze phosphoreux à 7 % Sn et 0,5 % P présente une oxydation réduite, un meilleur comportement pendant la fusion.
377
+
378
+ Les laitons, malléables et ductiles à froid, présentent une couleur d'autant plus dorée que la teneur en cuivre est élevée. Cette belle couleur justifie son emploi comme garniture de lampes et de meubles flambeaux, mais inspire aussi la création de faux-bijoux, autrefois à base de « chrysocolle » ou d'« or de Mannheim ». Les laitons laissent pourtant une mauvaise odeur aux bouts des doigts qui les manipulent. Ils ont été et sont parfois encore utilisés en tuyauterie, robinetterie et visserie, comme ustensiles de ménages, instrument de physique (désuet), boutons, épingles et fils, garniture de couteaux, pistolets, ressorts, engrenages et pignons, échangeurs de chaleur, radiateurs. Les supports d'instrument de marine étaient en laiton jaune à 20-40 % Zn, alors que les sextants l'étaient en laiton blanc à 80 % Zn.
379
+
380
+ L'addition de zinc et de nickel permet d'obtenir des maillechorts, par exemple à 20-28 % Zn et 9-26 % Ni. Ils sont idoines à la fabrication de couverts, de vaisselles et de gobelets, de théières, de pièces de sellerie et des éperons du fait de leur grande dureté, d'instruments d'optique et de mécanique de précision, par exemple des pièces pour les mouvements d'horlogerie, du fait de leur faible inaltérabilité à l'air. Ce sont aussi des alliages monétaires.
381
+
382
+ Les alliages de cuivre et de nickel sont dénommés cupronickels. Le métal Monel à 65-70 % de Ni servir comme monnaie. À moindre teneur, les cupronickels sont utilisés pour le matériel de laboratoire et de chimie, d'une manière générale, ainsi que les résistances de précision. Le constantan à 40 % de Ni se caractérise par une valeur de la résistance électrique, indépendante de la température.
383
+
384
+ Outre le Zn, le Ni et le Sn, les alliages de cuivre peuvent être à base de plomb Pb, d'argent Ag ou d'or Au, ou à faibles teneur d'Al ou de Si.
385
+
386
+ L'addition de plomb permet de concevoir des alliages anti-friction, par exemple à 10-30 % Pb et 7 % Sn.
387
+ Le cuivre, l'or et l'argent sont miscibles en toutes proportions, ces alliages relativement chers donnent naissance à l'or anglais. Mentionnons les alliages pour brasure, à base de d'argent, du type Ag 20 % Zn 30 % Cu 45 % Cd 5 % en masse qui fond vers 615 °C ou encore Ag 35 % Zn 21 % Cu 26 % Cd 18 % en masse qui fond encore plus bas vers 607 °C.
388
+
389
+ Le bronze d'aluminium est un alliage à 5-10 % Al, utilisé comme monnaie ou matériau pour instruments résistants à la corrosion marine, valves et pompes.
390
+
391
+ Il existe aussi des alliages au silicium, à des teneurs de 1-2 % Si.
392
+
393
+ Le cuivre au tellure, ainsi que le cuivre au soufre à moindre mesure, est un matériau métallique idéal pour le décolletage ou la fabrication rapide et précise de pièces par usinage, voire le matriçage à chaud. Le cuivre au tellure peut être employé également en soudage par buse plasma, pour les connexions électriques des batteries et la boulonnerie.
394
+
395
+ Les composés du cuivre se présentent sous plusieurs états d'oxydation, généralement +2, par lesquels ils confèrent une couleur bleue ou verte due aux minéraux qu'ils constituent, comme la turquoise. Cette propriété des sels de cuivre Cu2+ fait qu'ils ont été largement utilisés à travers l'histoire dans la fabrication des pigments. Les éléments architecturaux et les statues en cuivre se corrodent et acquièrent une patine verte caractéristique. Le cuivre se retrouve de manière significative dans les arts décoratifs, à la fois sous forme métallique et sous forme de sels colorés.
396
+
397
+ Les composés de cuivre présentent quatre états d’oxydation :
398
+
399
+ Les deux premiers et surtout le second en solution aqueuse sont les plus fréquents.
400
+
401
+ Avant de présenter les différents états du cuivre, notons l'existence d'une gamme d'ions complexes caractérisées par la géométrie des trois séries de composés de coordination du cuivre. Ainsi selon le nombre de coordination n :
402
+
403
+ Le cuivre(I) est la principale forme que l’on rencontre dans ses gîtes.
404
+
405
+ L'oxyde de cuivre Cu2O, insoluble dans l'eau, est rouge. Les sels cuivreux anhydres sont blancs.
406
+
407
+ L'ion Cu+ est incolore et diamagnétique. Il se caractérise par un rayon ionique assez important 0,91 Å, il ne donne pas d'hydrates stables, il est surtout présent sous forme de complexes qui ne sont pas tous stables.
408
+
409
+ Pourtant il est rare ou n'existe pratiquement pas en solution aqueuse, car ce cation est soumis à dismutation ou oxydé facilement en solution.
410
+
411
+ Donnons un exemple concret de cette réaction globale en équilibre, d'abord en solution aqueuse portée à ébullition en milieu chlorure concentré :
412
+
413
+ Ensuite, par effet de dilution des ions chlorures, s'opère la précipitation du chlorure cupreux de formule simplifiée CuCl.
414
+
415
+ Ses composés, à l'exception d'un certain nombre de complexes, sont très souvent non stœchiométriques, instables et peu solubles, voire quasiment insolubles dans l'eau. L'ion cuivreux s'apparente par certaines propriétés aux cations Ag+ Tl+ Hg22+.
416
+
417
+ Cu2O est un oxyde basique rouge, qui réagit avec les acides halogénés HX, avec X = Cl, Br, I. Les halogénures cuivreux, insolubles ou peu solubles dans l'eau, précipitent.
418
+
419
+ Les halogénures cuivreux, sels anhydres blancs à structure cristalline affichant un nombre de coordination 4, typique du cristal de la blende, très peu solubles ou dissociable dans l'eau, facilement fusibles et semi-conducteurs CuCl, CuBr, CuI sont bien connus, sauf le fluorure[40]. En réalité, le chlorure est autant à l'état solide un dimère Cu2Cl2 qu'un monomère, en solution HCl sous forme (néo)précipité CuCl ou sous forme d'ion complexe CuCl2-, à l'état vapeur un mélange de monomère, de dimère et de trimère[41]. L'ion complexe CuCl2- explique l'association au gaz monoxyde de carbone CO et l'absorption de ce gaz.
420
+
421
+ On détecte souvent les sucres grâce à la capacité de ces derniers à convertir les composés de cuivre(II) bleus en composés d’oxyde de cuivre(I) (Cu2O), tel que le réactif de Benedict. Le principe est le même pour la liqueur de Fehling, dont les ions cupreux sont réduits par les sucres en Cu2O oxyde rouge brique.
422
+
423
+ La recherche qualitative et quantitative du cuivre dans les urines (cuprémie) s'effectue en milieu basique concentré en provoquant le dépôt caractéristique d'oxyde cupreux, par exemple :
424
+
425
+ Le sulfure cupreux Cu2S tout comme l'oxyde Cu2O, peuvent être obtenus par réaction chimique à hautes températures du cuivre et des corps simples respectifs, le soufre et le gaz oxygène.
426
+
427
+ Il existe l'acétylure de cuivre, le thiophène-2-carboxylate de cuivre(I), l'acétylacétonate de cuivre(I), le cyanure de cuivre blanc, l'hydroxyde cuivreux jaune orange, le thiocyanate de cuivre, etc.
428
+
429
+ Le précipité de thiocyanate cuivreux, insoluble dans l'eau, sert au dosage gravimétrique des ions cuivriques en solution aqueuse.
430
+
431
+ Le cation cuivre divalent ou cuprique Cu2+, de configuration d9, est coloré et paramagnétique à cause de son électron non apparié. Il présente un grand nombre d'analogie avec les cations divalents des métaux de transition. Avec les corps donneurs d'électrons, il forme de nombreux complexes stables.
432
+
433
+ Il est caractérisé en chimie analytique fondamentale par sa précipitation par H2S à pH 0,5 en milieu aqueux. Le groupe des cations Hg2+ Cd2+ Bi3+, etc., auquel il appartient ont des chlorures solubles et ses sulfures insolubles dans le sulfure d'ammonium[42].
434
+
435
+ Le cuivre(II) se rencontre très couramment dans notre vie de tous les jours. Un grand nombre de ses sels n'ont pas les mêmes aspects de coloration à la lumière s'ils sont anhydres ou hydratés, en solutions concentrées ou diluées. Toutefois les solutions diluées de sels cuivriques dans l'eau sont généralement bleues ou parfois bleu-vertes.
436
+
437
+ Le carbonate de cuivre(II) constitue le dépôt vert qui donne leur aspect spécifique aux toits ou coupoles recouverts de cuivre des bâtiments anciens.
438
+
439
+ Le sulfate de cuivre(II) est constitué d’un pentahydrate bleu cristallin qui est peut-être le composé de cuivre le plus commun au laboratoire. Le sulfate cuivrique anhydre est blanc, le sulfate de cuivre hydraté (notamment pentahydrate) est bleu, le sulfate de cuivre aqueux est bleu en solution concentrée. Ce sulfate peut ainsi servir de test à la présence d'eau. On s’en sert aussi de fongicide, sous le nom de bouillie bordelaise[43].
440
+ En lui ajoutant une solution aqueuse basique d’hydroxyde de sodium, on obtient la précipitation d’hydroxyde de cuivre(II), bleu, solide. L’équation simplifiée de la réaction est :
441
+
442
+ Une équation plus fine montre que la réaction fait intervenir deux ions hydroxyde avec déprotonation du composé de cuivre(II) 6-hydraté :
443
+
444
+ L'hydroxyde de cuivre est soluble dans les acides, et également dans un excès de base à un certain point, à cause de l'espèce complexe Cu(OH)42–.
445
+
446
+ Une solution aqueuse d’hydroxyde d'ammonium (NH4+ + HO–) provoque la formation du même précipité. Lorsqu’on ajoute un excès de cette solution, le précipité se redissout, formant un composé d’ammoniaque bleu foncé, le cuivre(II) tétraamine :
447
+
448
+ Ce composé était jadis important dans le traitement de la cellulose. Il l'est encore dans les procédés de la rayonne au cuivre ammoniacal[44].
449
+
450
+ D’autres composés bien connus de cuivre(II), souvent anhydres ou hydratés, comprennent l’acétate de cuivre(II), le formiate, l'oxalate, le tartrate de cuivre(II), le carbonate de cuivre(II), le chlorure de cuivre(II), le nitrate de cuivre(II), le phosphate, le chromate, l'arséniate, le sulfure et l’oxyde de cuivre(II). Mentionnons la couleur brune du chlorure de cuivre anhydre, la couleur verte des chlorures de cuivre hydratées, la couleur jaune-vert de leurs solutions concentrées, ainsi que la couleur verte de l'acétate de cuivre anhydre, la couleur bleu-vert des acétates de cuivre hydratés, la couleur vert-bleu des solutions concentrées.
451
+
452
+ La méthode du biuret est un dosage colorimétrique des protéines.
453
+
454
+ Les ions cuivriques sont oxydants, ils oxydent les aldéhydes selon la réaction de Fehling en milieu basique, détectent les oses réducteurs, les coumarines ou les flavonoïdes selon la réaction-test de Benedict. La méthode de Bertrand permet de doser les sucres du lait. La réaction de Barfoed est un test de détection des oses avec l'acétate cuivrique en milieu acide , alors que la liqueur de Fehling n'opère dans ce cas qu'en milieu basique.
455
+
456
+ L'action des aldéhydes ou des sucres sur la liqueur de Fehling permet de réduit Cu2+ à terme en l'oxyde de cuivre Cu2O, laissant un précipité rouge brique. Rappelons que cette liqueur de détection à base de complexe de cuivre cuprique s'utilise fraîche (fraîchement préparée) et avec un léger chauffage thermique[45].
457
+
458
+ Le fluorure cuivrique CuF2 anhydre et incolore se caractérise par un réseau ionique cristallin, analogue à la fluorine.
459
+
460
+ Le chlorure cuivrique ou le bromure cuivrique anhydres forment quant à eux des chaînes en principe illimitées (CuCl2)n ou (CuBr2)n où les deux atomes de chlore donneurs potentiels d'électron semblent chélater ou pincer l'atome de cuivre accepteur[46]. Ces polymères linéaires sont hydrolysés par dissolution dans l'eau.
461
+
462
+ Le cuivre métal peut être extrait de ses solutions salines par des métaux, nécessairement moins nobles ou non nobles, comme le fer et le magnésium. Cette réaction de cémentation s'écrit par exemple avec le fer Fe.
463
+
464
+ Il existe de nombreuses méthodes de détection des ions cuivre, l’une faisant intervenir le ferrocyanure de potassium, qui donne un précipité brun et des sels de cuivre. La mise en milieu soude NaOHaq des sels cuivriques, par exemple l'ion cuivrique de sulfate, du chlorure ou de l'acétate de cuivre, préalablement décrits, laisse un précipité bleu. De même, le milieu ammoniaque NH4OHaq engendre une liqueur bleue, l'addition de ferrocyanure de potassium un précipité brun, la réaction par bullage d'hydrogène sulfuré H2Sgaz un précipité noir caractéristique.
465
+
466
+ Les solutions ammoniacales des sels cuivriques sont souvent bleu foncé, cette coloration profonde est apportée par les ions complexes Cu(NH3)n2+ impliquant n molécules d'ammoniac. Ces ions complexes expliquent l'absorption du monoxyde de carbone CO.
467
+
468
+ Les complexes cuivriques sont en général très stables. Ils sont également paramagnétiques lorsqu'ils disposent d'un électron célibataire et d'une structure coordonnée en dsp3.
469
+
470
+ Le tartrate de cuivre dilué dans une solution alcaline à base de soude NaOHaq et potasse caustique KOHaq donne une liqueur bleu intense.
471
+
472
+ Le tartrate de cuivre est facilement transformé par H2S en sulfure de cuivre CuS, formant un précipité noir.
473
+
474
+ La formule du sulfure cuivrique est trompeuse, car il existe dans le réseau cristallin des concaténations de soufre, un cuivre CuI à coordination tétraédrique et un cuivre CuII au centre de triangle équilatère de S, d'où la formule des cristallographes CuI4CuII2(S2)2S2
475
+
476
+ Le cyanure double de cuivre et de potassium en milieu aqueux ne présente aucune transformation ni altération, car il s'agit d'une structure de complexe.
477
+
478
+ Les cyanures sont à la fois des réducteurs de l'ion cuprique et surtout des complexants en fortes quantités ou en excès.
479
+
480
+ La réduction de l'ion cuprique par les ions iodure I- permet le dosage volumétrique du cuivre, car l'iode est titré en retour par le thiosulfate de sodium. La réaction de base en milieu aqueux s'écrit :
481
+
482
+ L'acétylacétonate de cuivre(II) catalyse des réactions de couplage et de transfert de carbènes. Le triflate ou trifluorométhylsulfonate de cuivre(II) est également un catalyseur.
483
+
484
+ L'oxyde mixte de baryum de cuivre et d'yttrium figure parmi les premiers matériaux céramiques supra-conducteur à température de l'azote liquide.
485
+
486
+ Le cation Cu3+ est peu stable et n'existe que par stabilisation sous forme de complexes. Il existe Cu2O3
487
+
488
+ Un composé représentatif du cuivre(III) est le CuF63-. Il existe aussi K3CuF6, KCuO2, etc.
489
+
490
+ Les composés de cuivre(III) sont peu courants mais sont impliqués dans une grande variété de réactions en biochimie non organique et en catalyse homogène. Les cuprates supraconducteurs contiennent du cuivre(III), tels que YBa2Cu3O7-δ.
491
+
492
+ Les composés de cuivre(IV), tels que les sels de CuF62-, sont très rares.
493
+
494
+ La quantité de cuivre dans différents milieux est quantifiable par différentes méthodes analytiques. Pour dissocier le cuivre de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion à l’aide d’un acide (en général l’acide nitrique et/ou l’acide chlorhydrique). Le centre d’expertise en analyse environnementale du Québec[47] utilise des techniques couplées, soient l’ICP-MS pour les analyses dans la chair de poissons et des petits invertébrés, et l’ICP-OES pour les analyses dans l’eau qui doit préalablement être acidifiée.
495
+
496
+ Environ 98 % de l'élément cuivre est utilisé sous forme du corps simple métallique ou de ses alliages, profitant de ses propriétés physiques spécifiques - malléabilité et ductilité, bonne conductivité thermique et électrique et du fait qu’il est résistant à la corrosion. Le cuivre s’avère souvent trop mou pour certaines applications, aussi est-il intégré à de nombreux alliages. On compte parmi ceux-ci le laiton, alliage de cuivre et de zinc ou le bronze, alliage de cuivre et d'étain.
497
+ On peut usiner le cuivre, bien qu’il soit souvent nécessaire de faire appel à un alliage pour les pièces de forme complexe, comme les pièces filetées, afin de conserver des caractéristiques d’usinabilité satisfaisantes. Sa bonne conductivité thermique permet de l’utiliser pour les radiateurs et les échangeurs de chaleur, comme autrefois les chaudières et les alambics.
498
+
499
+ Les propriétés du cuivre (haute conductivité électrique et thermique, résistance à la corrosion, recyclabilité) font de ce métal une ressource naturelle très utilisée. Il permet de confectionner du matériel de conduction électrique (barre, câbles, fils électriques fils téléphoniques, gaines hertziennes), des plaques et tôles de cuivre pour couverture, des ustensiles de cuisine, des objets décoratifs, des plaques pour galvanoplastie et clichage sur cuivre.
500
+
501
+ Il sert ainsi dans le secteur de l'électricité, l'électronique, les télécommunications (réseaux câblés, microprocesseurs, batteries), dans la construction (tuyauterie d'eau, couverture de toit), dans l'architecture, les transports (composants électro-mécaniques, refroidisseurs d'huile, réservoirs, hélices), les machines-outils, des produits d'équipement (plateformes pétrolières) et de consommation (ustensiles de cuisine, parfois par doublage des vaisseaux en feuilles minces, autrefois ustensiles de boulangerie) mais aussi des pièces de monnaie comme l'euro[48]. Le cuivre sert fréquemment en galvanoplastie, en général comme substrat pour le dépôt d’autres métaux, comme le nickel.
502
+
503
+ La pièce de 1 euro (l'Arbre étoilé dessiné par Joaquin Jimenez pour les euros frappés en France) est constituée d'un centre « blanc » en cupronickel (75 % Cu 25 % Ni) sur âme de nickel et d'une couronne « jaune » en maillechort (75 % Cu 20 % Zn 5 % Ni). Les alliages (centre et couronne) sont inversés pour la pièce de 2 euros[49].
504
+
505
+ On retrouve du cuivre dans un grand nombre d’applications contemporaines et dans de nombreuses industries différentes : télécommunications, bâtiment, transports, énergie et énergies renouvelables. Du fait de sa très bonne conductivité électrique et thermique, le cuivre est utilisé dans de nombreuses applications. Il est le meilleur conducteur électrique parmi l’ensemble des métaux non précieux. À titre d’exemple, la conductivité électrique du cuivre (59,6×106 S·m-1) est supérieure de 58 % à celle de l’aluminium (37,7×106 S·m-1).
506
+
507
+ Les équipements électriques et électroniques contiennent jusqu'à 20 % de leur poids en cuivre. Du fait de sa grande densité (8,94 g/cm3) il ne peut cependant pas être utilisé dans les lignes haute tension aériennes où l’aluminium s’impose en raison de sa légèreté. Ses propriétés électriques sont largement exploitées, et son utilisation en tant que conducteur, dans les électroaimants, les relais, les barres de distribution et les commutateurs. Les circuits intégrés utilisent de plus en plus le cuivre au lieu de l’aluminium du fait de sa conductivité électrique plus élevée, tout comme les circuits imprimés. Il est également utilisé comme matériau pour la fabrication des radiateurs pour ordinateurs, du fait de sa meilleure conductivité thermique que celle de l’aluminium. Les tubes à vide, les tubes à rayons cathodiques et les magnétrons présents dans les fours à micro-onde font appel au cuivre, comme les guides d’ondes pour l’émission de micro-ondes.
508
+
509
+ Dans certaines applications thermiques (les radiateurs d’automobile par exemple), pour des raisons économiques, il est parfois remplacé par des matériaux moins performants en termes de rendement (aluminium, matériaux de synthèse). Le cuivre est rarement utilisé pur, sauf pour les conducteurs électriques et dans le cas où l'on souhaite une grande conductivité thermique, car le cuivre pur est très ductile (capacité élevée d'allongement sans rupture).
510
+ Il est montré que les conductivités thermique et électrique du cuivre sont très fortement liées. Cela résulte du mode de transmission de la chaleur et de l'électricité dans les métaux, qui se fait majoritairement par déplacement d'électrons. À noter à ce titre que le cuivre servant dans ce domaine doit être extrêmement pur (minimum 99,90 % selon les normes internationales). Les impuretés solubles dans la matrice de cuivre telles que le phosphore (même en très faible proportion) diminuent très fortement la conductivité.
511
+ Le cuivre est couramment utilisé en laboratoire comme cible dans les tubes à rayons X pour la diffraction sur poudres. La raie K
512
+
513
+
514
+
515
+ α
516
+
517
+
518
+ {\displaystyle \alpha }
519
+
520
+ du cuivre a pour longueur d'onde moyenne 1,54182 Å.
521
+
522
+ Alors que, pour les applications électriques, on utilise du cuivre non oxydé, le cuivre utilisé en architecture est du cuivre phosphoreux désoxydé (également nommé Cu-DHP).
523
+ Depuis l’antiquité, on utilise le cuivre comme matériau de couverture étanche, ce qui donne à nombre de bâtiments anciens l’aspect vert de leurs toitures et coupoles. Au début se forme de l’oxyde de cuivre, bientôt remplacé par du sulfure cuivreux et cuivrique, et enfin par du carbonate de cuivre. La patine finale de sulfate de cuivre (dénommée « vert-de-gris ») est très résistante à la corrosion[50].
524
+
525
+ Le cuivre présente une bonne résistance à la corrosion, cependant inférieure à celle de l’or. Il a d’excellentes propriétés en soudage et brasage et peut également être soudé à l’arc, bien que les résultats obtenus soient meilleurs avec la technique de soudage à l’arc sous gaz neutre, avec apport de métal.
526
+
527
+ Les alliages de cuivre sont très largement utilisés dans de nombreux domaines. Les alliages les plus célèbres sont certainement le laiton (cuivre-zinc) et le bronze (cuivre-étain) qui ont été élaborés bien avant qu'on ne fasse les premières coulées de cuivre pur. Les fonts baptismaux de la collégiale Saint-Barthélemy de Liège ont fasciné les chercheurs à ce niveau. Il a fallu se rendre à l'évidence que le laiton est nettement plus facile à mettre en œuvre que le cuivre pur et le zinc pur séparés.
528
+
529
+ Environ 2 % de la production de cuivre sert à la production de composés chimiques. Les applications principales sont les compléments alimentaires et les fongicides pour l’agriculture[51].
530
+
531
+ Le sulfate de cuivre, à l'instar d'autres sels de cuivre, peut être utilisé comme pigment vert pour peintures, comme fongicides et algicides. On le retrouve dans la bouillie bordelaise.
532
+
533
+ Les carboxylates de cuivre servent comme fongicides et comme catalyseurs.
534
+
535
+ Les usages des sels de cuivre sont également divers :
536
+
537
+ En pyrotechnie, les composés du cuivre ou autrefois la poudre fine de cuivre colorent une gerbe de feux d'artifices en bleu.
538
+
539
+ L'oxyde cuprique CuO associé à l'oxyde d'yttrium Y2O3, l'oxyde de baryum BaO, l'oxyde de strontium SrO, l'oxyde de bismuth Bi2O3 peur former des céramiques ou nano-assemblages supraconducteurs vers −140 °C.
540
+
541
+ De même, mais à plus basses températures, CuS. CuS2 et CuSe2 se remarquent par leur supraconductivité.
542
+
543
+ L'intérêt pour les cuprates dans ce domaine a été lancé par les travaux de deux spécialistes des pérovskites Georg Bednorz et Alex Müller publiés en 1986 qui supposaient initialement une supraconductivité à −238 °C pour BaLaCuO[53].
544
+
545
+ Les alliages de cuivre ont pris une place importante en tant que matériaux utilisés dans les filets dans l’industrie de l’aquaculture. Ce qui place les alliages de cuivre à part des autres matériaux est qu’ils sont antimicrobiens. Dans un environnement marin, les propriétés antimicrobiennes et algicides des alliages de cuivre empêchent l’encrassement biologique. En plus de leurs propriétés antifouling, les alliages de cuivre présentent des propriétés de résistance structurale et à la corrosion en milieu marin. C’est la combinaison de toutes ces propriétés – antifouling, haute résistance mécanique et à la corrosion – qui font des alliages de cuivre des matériaux de choix pour les filets et comme matériaux de structure dans les exploitations de pisciculture commerciales à grande échelle.
546
+
547
+ Le cuivre et surtout ses sels solubles sont reconnus toxiques et vénéneux à doses conséquentes ou fortes. À très faible dose, il s'agit d'un oligo-élément bien connu. Le corps humain contient environ 150 mg de cuivre sous diverses formes, et les besoins quotidiens sont de l'ordre de 2 mg pour une personne de 75 kg.
548
+
549
+ Il ne faut pas conserver des aliments dans des vases ou récipients en cuivre. La sagesse antique réservait ce métal à surface propre aux opérations de chauffage ou de transferts thermiques avec parfois des effets catalytiques recherchés, car les opérateurs connaissaient la dangerosité des sels solubles et vénéneux. Une solution technique possible a été l'étamage, c'est-à-dire l'application d'une fine couche d'étain à chaud, par exemple à certains ustensiles de cuisine. Mais dans ce cas, les surfaces protégées perdent leurs propriétés catalytiques.
550
+
551
+ L'ion cuivrique Cu2+ est soluble dans l'eau, ses solutions aqueuses sont un poison violent pour les micro-organismes et même à faible concentration, il a un effet bactériostatique et fongicide, assez éphémère, rarement pluriannuel. Dans certaines applications, cette propriété sert à prévenir le développement des germes et champignons (canalisations d'eau sanitaire, culture de la vigne, coques de bateaux et boiseries, etc.).
552
+
553
+ Il est par ailleurs un oligo-élément vital pour toutes les plantes supérieures et les animaux[54]. Il est naturellement présent dans le corps humain et indispensable au bon fonctionnement de nombreuses fonctions physiologiques : système nerveux et cardiovasculaire, absorption du fer, croissance osseuse, bonne marche des fonctions immunitaires et régulation du cholestérol.
554
+
555
+ Le cuivre, quand il est présent sous forme d'ions ou de certains composés biodisponibles peut être écotoxique même à faible dose notamment pour certains organismes aquatiques, et sur terre pour les mousses et lichens, ce pourquoi il est employé dans de nombreux antifoolings et agent de traitement des bois utilisés à l'extérieur[55].
556
+
557
+ Du fait de ses propriétés algicides, bactéricides et antifongiques, le cuivre est également utilisé comme pesticide pour l’agriculture. Conformément à la Directive européenne 2092/91[56], il peut être utilisé en agriculture biologique sous forme d’hydroxyde de cuivre, d’oxychlorure de cuivre, de sulfate de cuivre et d’oxyde de cuivre. Il est en particulier utilisé en viticulture biologique sous forme de bouillie bordelaise pour lutter contre le mildiou. Cette technique ancestrale est efficace, mais doit être raisonnée : un épandage trop intensif peut entraîner une accumulation de cuivre dans le sol et - à long terme - en détériorer la qualité. Des effets toxiques ont par exemple été observé chez le mouton pâturant près de vignes. Ce mammifère est l'un des plus sensibles au cuivre - parmi ceux dont les réactions au cuivre ont été étudiées : 15 mg de Cu par kg d'aliment est le seuil létal[57]. L’Union européenne a donc fixé à 150 mg·kg-1 la teneur maximale des sols en cuivre en agriculture biologique[58].
558
+
559
+ Les moûts de raisin issus de la viticulture biologique peuvent renfermer du cuivre. Celui-ci est soustrait des vins par traitement au ferrocyanure de potassium ou par le monosulfure de sodium qui le précipite à l’état de sulfures éliminées avec les levures et les lies.
560
+
561
+ D'autres problématiques liées à une utilisation du cuivre en trop grande quantité existent, par exemple dans l’élevage porcin, où le cuivre est parfois utilisé comme complément alimentaire. Facteur de croissance pour le porcelet en post-sevrage, il est parfois incorporé à des niveaux jusqu'à trente fois supérieurs aux besoins de l’animal. De telles pratiques conduisent à une trop forte concentration de cuivre dans les lisiers, qui après épandage, peuvent alors poser des problèmes environnementaux (des phénomènes de phytotoxicité pourraient apparaître à moyen terme dans certaines régions d'élevage intensif)[59]. Une réduction des apports de cuivre dans l'alimentation du porc serait un moyen de diminuer ces risques environnementaux.
562
+
563
+ Pour l’homme, le cuivre ingéré à très haute dose, en particulier sous ses formes oxydées (vert-de-gris, oxyde cuivreux, oxyde cuivrique) ou sous des formes souvent chroniques de poussières de composés de cuivre peut se révéler nocif. Quelques cas d’exposition prolongée au cuivre ayant entraîné des désordres sur la santé ont été observés. La Fiche de données toxicologiques et environnementales des substances chimiques de l’INERIS consacrée au cuivre et à ses dérivés peut être consultée librement[60].
564
+
565
+ L'empoisonnement aigu est rare, car l'ingestion de grande quantité provoque des réactions violentes de l'organisme, notamment des vomissements[61]. Les anciens chimistes de laboratoire, qui pouvaient être confrontés à quelques accidents, proposaient des contre-poisons peu ou prou efficaces, comme l'ingestion régulée d'albumine (blanc d'œuf délayé dans l'eau), de la limaille de zinc [sic] ou de la poudre de fer réduite par de l'hydrogène comme réducteur, car le cuivre métallique n'était pas considéré comme vénéneux.
566
+
567
+ La contamination à la poussière de cuivre et à ses composés peut provoquer un état de malaise fiévreux proche d'une maladie virale ou petite grippe, autrefois dénommée la « fièvre du fondeur ». Avec le repos, le malaise disparaît en deux jours.
568
+
569
+ L'exposition quotidienne au cuivre, à long terme peut provoquer une irritation des zones affectées pour les particules ou poussières, les muqueuses, les fosses nasales et la bouche, sans oublier les yeux. Elle entraîne maux de tête, maux d'estomac, vertiges, ainsi que vomissements et diarrhées. Les prises volontaires de fortes doses de cuivre peuvent provoquer des dommages irréversibles aux reins et au foie et conduire à la mort[62].
570
+
571
+ C'est un oligo-élément indispensable à la spermatogenèse (un taux anormalement bas de cuivre dans le plasma séminal est associé à l'oligospermie et à l'azoospermie[63]), mais il peut, comme d'autres métaux, avoir un effet inhibiteur sur la motilité des spermatozoïdes. C'est ce que révèle une étude menée dans les années 1970 sur les métaux suivants : cuivre, laiton, nickel, palladium, platine, argent, or, zinc et cadmium)[64].
572
+
573
+ D'autres travaux menés in vitro sur des rats ont montré dans les années 1980 que l’inhalation prolongée de chlorure de cuivre pouvait entraîner une immobilisation non réversible du sperme chez le rat[65],[66],[67],[68]. Les auteurs, du Département d'études vétérinaires de l'université de Sydney, remarquent que cet effet pourrait expliquer l'efficacité contraceptive des stérilets en cuivre, en plus de l'effet mécanique du stérilet qui inhibe le processus contraceptif en milieu utérin humain[67] ,[69]. Une autre étude montre que c'est une phagocytose activée par les leucocytes de la cavité utérine qui expliquerait l'efficacité des stérilets de cuivre[70].
574
+
575
+ Le cuivre est un oligo-élément indispensable à la vie (hommes, plantes, animaux, et micro-organismes). Le corps humain contient normalement du cuivre à une concentration d’environ 1,4 à 2,1 mg par kg. On trouve du cuivre dans le foie, les muscles et les os. Le cuivre est transporté par la circulation sanguine au moyen d’une protéine nommée céruléoplasmine[71]. Après absorption du cuivre au niveau de l’intestin, il est acheminé vers le foie, lié à l’albumine. Le métabolisme et l’excrétion du cuivre sont contrôlés par la fourniture au foie de céruléoplasmine, et le cuivre est excrété dans la bile.
576
+ Au niveau cellulaire, le cuivre est présent dans nombre d’enzymes et de protéines, y compris le cytochrome c oxydase et certaines superoxydes dismutases (SOD). Le cuivre sert au transport biologique d’électrons, e.g. les protéines « bleu cuivre », azurine et plastocyanine. La dénomination « bleu cuivre » vient de leur intense couleur bleue due à une bande d’absorption (autour de 600 nm) par transfert de charge coordinat / métal (LMCT). Nombre de mollusques et certains arthropodes, tels quel la limule font appel, pour le transport de l’oxygène, à un pigment à base de cuivre, l’hémocyanine, plutôt qu’à l’hémoglobine, possédant un noyau fer, et leur sang est donc bleu, et non rouge, lorsqu’il est oxygéné[72].
577
+
578
+ Diverses agences de santé dans le monde ont défini des normes nutritionnelles journalières. Les chercheurs spécialisés en microbiologie, toxicologie, nutrition et évaluation des risques sanitaires travaillent ensemble à définir avec précision les quantités de cuivre requises par l'organisme, en évitant les déficits ou les surdosages en cuivre[73]. En France les Apports nutritionnels conseillés (ANC) par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments[74] sont de 1 mg/jour chez l’enfant jusqu’à 9 ans, 1,5 mg/jour chez l’adolescent jusqu’à 19 ans, et 2 mg/jour chez l’adulte.
579
+
580
+ Chez l'homme et les mammifères, le cuivre est notamment nécessaire à la formation de l'hémoglobine, il intervient dans la fonction immunitaire et contre le stress oxydant. Comme il facilite l’assimilation du fer, un déficit en cuivre peut souvent donner lieu à des symptômes analogues à une anémie. Chez certaines espèces, il remplace même le fer pour le transport de l'oxygène. C’est le cas de la limule (arthropode) dont le sang est bleu[75], ou de certains chironomes qui sont verts.
581
+
582
+ Un déficit en cuivre est également associé à une diminution du nombre de certaines cellules sanguines (cytopénie)[76] et à une myélopathie[77]. Le déficit se voit essentiellement après une chirurgie digestive (dont la chirurgie bariatrique et les surcharges en zinc[78] (le zinc étant absorbé de manière compétitive avec le cuivre par le tube digestif)).
583
+
584
+ Inversement, une accumulation de cuivre dans les tissus peut provoquer chez l’homme la maladie de Wilson.
585
+
586
+ Depuis l’Antiquité, le métal rouge est utilisé par l’homme pour ses vertus sanitaires, notamment pour soigner les infections et prévenir les maladies[79]. Avant même la découverte des micro-organismes, les Égyptiens, les Grecs, les Romains et les aztèques utilisaient des préparations à base de cuivre pour leurs maux de gorge, éruptions cutanées et pour l’hygiène quotidienne. Au XIXe siècle, après la découverte du lien de causalité entre le développement de germes pathogènes et la déclaration des maladies, de nombreux scientifiques se sont intéressés à l’exploitation des propriétés antibactériennes[80] du cuivre. Actuellement, le cuivre est utilisé par l’industrie pharmaceutique, dans des applications allant des antiseptiques et antimycosiques aux produits de soins et d’hygiène (crèmes, ampoules d’oligo-éléments, etc.).
587
+
588
+ S’il est bénéfique à faibles doses, l'ion Cu2+ peut cependant, comme la plupart des éléments chimiques, se révéler toxique pour certains organismes à des concentrations très élevées (des cas de contaminations ont été identifiés à l'âge du bronze sur des squelettes d’hommes ou d’animaux à proximité des anciennes mines de cuivre de l'actuelle Jordanie[81]) ou lorsqu’il est associé à d’autres matériaux comme le plomb (une telle association pourrait aggraver le risque de maladie de Parkinson[82]).
589
+
590
+ En mars 2008, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA)[83] a homologué le cuivre et ses alliages en tant qu’agents antibactériens capables de lutter contre la prolifération de certaines bactéries responsables d’infections potentiellement mortelles. Le cuivre, le bronze et le laiton sont ainsi les premiers matériaux officiellement autorisés à revendiquer des propriétés sanitaires aux États-Unis. Cette reconnaissance est une étape importante pour l’utilisation du cuivre comme agent antibactérien.
591
+
592
+ Dans le domaine de la construction, les vertus bactériostatiques et antifongiques du cuivre, sa résistance à la corrosion et son imperméabilité justifient également son utilisation dans les canalisations d'eau, et dans certains pays, pour les toitures et gouttières (ni mousse ni plantes ne s'y installent). Le cuivre est le matériau le plus utilisé à travers le monde pour la distribution d’eau sanitaire, et celui pour lequel on dispose du retour d’expérience le plus important, portant sur plusieurs décennies d’utilisation. Des canalisations en cuivre contribuent à prévenir et limiter le risque de contamination des réseaux d’eau par certaines bactéries comme les légionelles[84], responsables de la légionellose, maladie pulmonaire mortelle dans 10 % des cas[85]. Selon le Pr Yves Lévi, directeur du Laboratoire Santé Publique et Environnement, université Paris-Sud 11 : « Si aucun matériau ne peut garantir l’absence totale de bactéries dans les réseaux, le cuivre permet néanmoins de limiter les risques[86] ».
593
+
594
+ Les propriétés antibactériennes sont à l’origine d’une autre application : les peintures dites antifouling, ou anti-salissures, dont sont recouvertes les coques des bateaux. Celle-ci empêche la prolifération et la fixation d'algues et de micro-organismes marins qui ralentissent les embarcations et augmentent les risques de corrosion. Le cuivre pur est le principal composant actif de ces peintures (jusqu’à 2 kg de poudre de cuivre par litre). Aujourd’hui utilisées pour la plupart des bateaux, elles ont remplacé les feuilles de cuivre qui étaient autrefois clouées sur les parties immergées de la coque des navires et qui avaient le même effet. Inventée par les phéniciens, cette technique avait été généralisée à la fin du XVIIIe siècle par tous les chantiers navals. Dans la marine, le cuivre et ses alliages (bronze ou laiton) sont également utilisés pour leur résistance à la corrosion (clous, hublots, accastillage, hélice).
595
+ Le même principe est parfois appliqué pour protéger les toitures : un simple fil de cuivre tendu sur le faîte d'un toit empêche l’apparition de mousses ou d’algues qui pourraient y pousser.
596
+
597
+ Depuis 2007, une nouvelle application d’avenir a vu le jour dans plusieurs pays à travers le monde : l’utilisation de surfaces de contact en cuivre (poignées de porte, tirettes de chasse d'eau, barres de lits) en milieu hospitalier pour réduire les risques d’infections nosocomiales.
598
+
599
+ En janvier 2010, l’hôpital privé St Francis en Irlande a été équipé de poignées de porte en cuivre dans le but de limiter les risques d’infections nosocomiales[87]. C’est la première fois qu’un établissement de santé va exploiter les propriétés antibactériennes du cuivre dans le but de se prémunir contre ce type d’infection et d’accroître la sécurité de ses patients. Les résultats très prometteurs des études de laboratoire et de terrain menées en Grande-Bretagne depuis 2007 sur le potentiel antibactérien du métal rouge sont à l’origine de la décision des dirigeants de l’hôpital[88]. Les résultats de l’expérimentation de l’hôpital de Birmingham montrent en effet que les surfaces en cuivre permettent d’éradiquer 90 à 100 % des micro-organismes tels que le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM) en milieu hospitalier.
600
+
601
+ En France, c'est le service de réanimation et de pédiatrie de l'hôpital public de Rambouillet qui a testé le premier ce métal pour lutter contre les maladies nosocomiales (sur les poignées de porte, barres de lits, mains courantes, plaques de propreté)[89],[90].
602
+
603
+ Lors du 25ème congrès de la Société Française d'Hygiène Hospitalière, le Centre Hospitalier d’Amiens a révélé publiquement les résultats d'une expérimentations confirmant l’efficacité du cuivre contre les bactéries en milieu hospitalier. Selon les résultats de cette expérience, le cuivre a permis de faire baisser de façon significative la présence de bactéries au sein du service de néo-natalité du CHU d’Amiens[91].
604
+
605
+ La clinique Arago, établissement sanitaire parisien spécialisé dans des soins orthopédiques, situé dans l'enceinte de l'hôpital Saint Joseph à Paris a fait installer des poignées de porte et des mains courantes en cuivre afin de prévenir les maladies nosocomiales[92]
606
+
607
+ Mais le coût élevé de la matière première devient vite un frein pour les établissements de santé. L'entreprise française MétalSkin développe alors un procédé de revêtement constitué de cuivre recyclé en poudre mélangé à de la résine[93],[94]. Un test, réalisé en 2013 à la clinique Saint-Roch de Montpellier, s'est avéré probant[95]. Ce revêtement peut diviser par 3000 le nombre de bactéries en une heure[96]. La forme soluble de ce revêtement permet d'élargir les supports sur lesquels il peut être appliqué. Ainsi, les claviers ou souris d'ordinateur, les coques de portable et toutes les surfaces potentiellement propagatrices de bactéries peuvent être traitées pour devenir auto-décontaminantes[96].
608
+
609
+ Initialement, la norme ISO 22196 (version internationale de la norme japonaise JIS Z 2801) définissait la mesure de l'action antibactérienne sur les surfaces en plastique et autres surfaces non poreuses. Mais très vite, le protocole de mesure s'est trouvé trop éloigné des conditions réelles du terrain[97].
610
+
611
+ A partir de 2016, une étude sur le référentiel normatif est menée et l'Afnor crée une commission de normalisation, regroupant différents experts, tels que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, des microbiologistes ou des spécialistes de la réglementation et des matériaux. En mai 2019,la norme NF S90-700 est créée[98]. La norme S90-700 sur la mesure de l’activité de base des surfaces non poreuses demande que, sur quatre souches distinctes, une mortalité de 99% soit observée en 1 heure (division par 100 ou 2 log) avec chacune d’entre elles.
612
+
613
+ Le cuivre est le troisième métal le plus utilisé au monde après le fer et l'aluminium. Il s'agit du second des métaux non ferreux en importance, loin devant le zinc, le plomb, le nickel ou l'étain.
614
+
615
+ En 2008, la production minière de cuivre a dépassé les 15 millions de tonnes (contre 500 000 tonnes en 1900 et 11 millions de tonnes en 1990). La production mondiale de cuivre raffiné dépasse quant à elle les 18 millions de tonnes. La consommation mondiale totale de cuivre (cuivre primaire raffiné plus cuivre recyclé) a plus que doublé entre le début des années 1970 et 2008 pour atteindre 23,5 millions de tonnes[99]. En 1990, pour une consommation mondiale annuelle répertoriée de 8,5 millions de tonnes, 470 milliers de tonnes l'étaient en France. Environ 70 % du cuivre métal commercialisé se présentait à cette époque à l'état pur sous forme de fils électriques, de tubes, de laminés, et le reste sous forme d'alliages.
616
+
617
+ La forte corrélation du cuivre à la conjoncture industrielle fait de l'étude du marché du cuivre un excellent indicateur avancé de l'état de l'économie[48].
618
+
619
+ Les principaux pays producteurs sont le Chili, avec quatre des cinq plus importantes mines du cuivre du monde, la Chine, les États-Unis, le Pérou, l'Australie, la Russie, l'Indonésie, le Canada, RD Congo, la Zambie et la Pologne[48]. Le Zaïre, L'Espagne, l'ex-Yougoslavie et quelques pays de l'ex-URSS étaient encore de grands producteurs en 1990. En 2004, les principaux producteurs étaient le Chili (37,3 %), les États-Unis (8 %, dont 62 % en Arizona), le Pérou (7,1 %) et l'Indonésie (5,7 %). En Europe, le principal producteur était la Pologne avec 585 000 tonnes par an. Le Chili, qui exporte le tiers de sa production, est le premier pays exportateur de cuivre, suivi par le Pérou et l'Australie. Les plus gros importateurs sont la Chine (28 %), le Japon (23 %), l'Inde (10 %) et la Corée du Sud (8 %).
620
+
621
+ On a utilisé le cuivre depuis au moins 10 000 ans, mais plus de 95 % de tout le cuivre jamais extrait et fondu l’a été depuis 1900. Comme pour nombre de ressources naturelles, la quantité totale de cuivre sur terre est importante (environ 1014 tonnes dans le premier kilomètre de la croûte terrestre, correspondant à environ 5 millions d’années de réserves au taux d’extraction actuel)[réf. nécessaire]. Toutefois, seule une petite partie de ces réserves est économiquement viable, étant donnés les prix et les technologies actuelles. Diverses estimations des réserves de cuivre disponibles pour l’extraction vont de 25 à 60 ans, en fonction des hypothèses de départ, telles que la demande en cuivre[101].
622
+
623
+ Le cours du cuivre, une des mesures de la disponibilité en approvisionnement en cuivre par rapport à la demande mondiale, a quintuplé au cours des 60 dernières années ; faible en 1999, passant de 0,60 US$ par livre (US$ 1,32/kg) en juin 1999 à US$ 3,75 par livre (US$ 8,27/kg) en mai 2006, et chutant à partir de cette date à US$ 2,40 par livre (US$ 5,29/kg) en février 2007 ; il est ensuite remonté à US$ 3,50 par livre (US$ 7,71/kg = 3,89 £ = 5 €) en avril 2007[102].
624
+ Au début de février 2009, cependant, l’affaiblissement de la demande mondiale et une chute brutale du cours des matières premières depuis les valeurs élevées de l’année précédente ramenèrent le cours du cuivre à US$ 1,51 par livre[103].
625
+
626
+ Le Conseil intergouvernemental des pays exportateurs de cuivre (CIPEC), disparu depuis 1992, a tenté jadis de jouer le même rôle que celui de l’OPEP pour le pétrole, mais il n’a jamais exercé la même influence, en particulier parce que le second plus gros producteur, les États-Unis, n’en ont jamais fait partie. Créé en 1967, ses principaux membres étaient le Chili, le Pérou, le Zaïre et la Zambie.
627
+
628
+ Les réserves mondiales estimées de cuivre s'élevaient à 630 millions de tonnes en 2010[104], dont près du quart au Chili. La production mondiale était de 16,2 millions de tonnes en 2010, assurée essentiellement par le Chili (34,1 %), le Pérou (7,9 %), la Chine (7,1 %) et les États-Unis (6,9 %).
629
+
630
+ Dans le monde moderne, le recyclage est une des principales sources de cuivre[105]. De ce fait, ainsi que du fait d’autres facteurs, l’avenir de la production et de la fourniture en cuivre est l’objet de nombreux débats, incluant le concept de pic du cuivre, analogue à celui de pic pétrolier.
631
+
632
+ Le cuivre, du fait de sa stabilité chimique, se prête particulièrement bien au recyclage, car contrairement à de nombreuses autres matières premières, il est recyclable à l'infini, sans altération ni perte de performances[106]. Le processus de recyclage permet une économie d’énergie jusqu’à 85 % par rapport à la production de cuivre via ses déchets[107]. D'autre part le recyclage émet moins de gaz à effet de serre. « La seule production de cathodes à partir de cuivre recyclé permet d’économiser près de 700 000 tonnes de CO2 chaque année[108] ».
633
+
634
+ En 2008, 2,5 millions de tonnes de cuivre recyclé ont été utilisées en Europe, soit 43 % de l’utilisation totale sur la période selon l’ICSG[109]. Au début des années 1990, un tiers du cuivre consommé en Europe occidentale provenait déjà du cuivre recyclé, soit par l'étape du raffinage soit par fabrication directe de demi-produits (laminés ou tubes en cuivre, barre de laiton, etc.).
635
+
636
+ Le recyclage provient de deux sources :
637
+
638
+ Parmi les applications contenant les plus fortes proportions de cuivre et présentant le potentiel de recyclage le plus élevé, on peut citer les câbles, les canalisations, valves et raccords, les toitures et bardages cuivre, les moteurs industriels, l’équipement ménager, ainsi que l’équipement informatique et électronique.
639
+
640
+ L’augmentation constante de la demande, en hausse de 134 % depuis 1970[réf. nécessaire], associée aux importantes fluctuations du prix de la matière première, font du recyclage du cuivre un complément indispensable à la production primaire. Outre l’argument environnemental, la disponibilité du cuivre recyclé à des prix compétitifs constitue aujourd’hui une nécessité économique et une partie essentielle de la chaîne de valeur du cuivre.
641
+
642
+ Le cuivre est, avec l'or, le premier métal à avoir été utilisé par l'Homme, dès le Ve millénaire av. J.-C., parce qu'il fait partie des rares métaux qui se trouvent naturellement en tant que minéral pur, sous une forme native. Il est probable que l’or et le fer météorique étaient les seuls métaux utilisés par l’homme avant la découverte du cuivre[115]. Il est a ce titre très étudié en archéométallurgie.
643
+
644
+ Sur le site de Tell Qaramel en Syrie, une pépite de cuivre polie transformée en perle ornementale datant du Xe millénaire av. J.-C., a été trouvée et est la plus ancienne pièce en cuivre connue des archéologues[116].
645
+
646
+ Dans les Balkans, les archéologues retrouvent communément des pingen ou fosses minières de 20 à 25 m de profondeur pour extraire le cuivre dont le creusement à partir de la surface peut être daté avant le IVe millénaire av. J.-C.. Le grain d'un collier en cuivre, mis au jour en Grèce, remonte à 4 700 av. J.-C.. Mais des objets des environs de l'ancienne Mésopotamie ou actuelle Irak datant du IXe millénaire av. J.-C. ont été aussi mis au jour.
647
+
648
+ On a retrouvé des traces de fusion du cuivre, dues au raffinage de celui-ci à partir de composés simples comme l’azurite et la malachite, datant d'environ 5 000 avant notre ère. Parmi les sites archéologiques d’Anatolie, Çatal Höyük (~6 000 av. J.-C.) recèle des artefacts en cuivre et des couches de plomb fondu, mais pas de cuivre fondu. Le plus ancien artefact en cuivre fondu découvert (un ciseau en cuivre du site chalcolithique de Prokuplje, en Serbie) date de 5 500 av. J.-C.. Un peu plus tard, le peuple de Can Hasan (~5 000 av. J.-C.) a laissé des traces de l'utilisation de cuivre fondu.
649
+
650
+ Les sites métallurgiques des Balkans semblent avoir été plus avancés que ceux d’Anatolie. Il est donc assez probable que la technique de fusion du cuivre prenne son origine dans les Balkans.
651
+
652
+ On utilisait par ailleurs le moulage à la cire perdue vers 4 500 à 4 000 av. J.-C. en Asie du Sud-Est[117].
653
+
654
+ Quant aux débuts de l'exploitation minière, des sites miniers d'Alderley Edge dans le Cheshire, Royaume-Uni, ont été datés par le carbone 14 et remonteraient à 2 280 et 1 890 av. J.-C.[118].
655
+
656
+ La métallurgie du cuivre semble s’être développée indépendamment dans plusieurs parties du monde. En plus de son développement dans les Balkans vers 5 500 av. J.-C., elle s’était développée en Chine avant 2 800 av. J.-C., dans la Andes autour de 2 000 av. J.-C., en Amérique centrale vers l’an 600 et en Afrique occidentale vers l’an 900 avant notre ère[119]. On le trouve de manière systématique dans la civilisation de la vallée de l’Indus pendant le IIIe millénaire avant notre ère. En Europe, Ötzi, une momie masculine bien conservée datant de la période du Chalcolithique (4 546 ± 15 ans BP avant calibration) été retrouvée accompagnée d’un fer de hache en cuivre pur à 99,7 %. Des concentrations élevées d’arsenic trouvées dans sa chevelure font penser qu’il travaillait à la fusion du cuivre. Au fil des siècles, l’expérience acquise en métallurgie du cuivre a aidé au développement de celle des autres métaux ; par exemple, la connaissance des techniques de fusion du cuivre a conduit à la découverte des techniques de fusion du fer.
657
+
658
+ .
659
+
660
+ Sur le continent américain, la production dans le Old Copper Complex, situé dans le Michigan et le Wisconsin actuels, date d’environ 6 000 à 3 000 av. J.-C.[120],.
661
+ Certains ouvrages affirment que les anciennes civilisations américaines, telles que les Mound Builders connaissaient une méthode de trempe du cuivre qui n’a toujours pas été redécouverte. Selon l’historien Gerard Fowke, il n’existe aucune preuve d’un tel « savoir-faire perdu » et la meilleure technique connue pour durcir le cuivre à cette époque était le battage[121].
662
+
663
+ Les environs lointains de l'île de Chypre attestent avant cette période d'un commerce important du cuivre extrait de l'île.
664
+
665
+ En Europe occidentale, on situe l'âge du cuivre ou Chalcolithique, entre 3 200 et 2 000 environ av. J.-C.[122], suivant les régions (Italie, Suisse, Alpes, Cévennes, Espagne et Portugal). Cette période technologique est bien plus ancienne à l'est de la Méditerranée. Des objets en cuivre datant de 8 700 av. J.-C. ont été retrouvés au Moyen-Orient[123]. C'est le cas d'un pendentif en cuivre retrouvé au nord de l’actuel Irak[124].
666
+
667
+ La période de transition, dans certaines régions, entre la période précédente (Néolithique) et l’âge du bronze a été nommée « chalcolithique » (« pierre-cuivre »), certains outils en cuivre très pur étant utilisés en même temps que les outils de pierre.
668
+
669
+ Le fait d’allier artificiellement du cuivre avec de l’étain ou du zinc, d'abord par traitement de leurs minerais intimement associés, puis par traitement de mélange raffiné de minerais choisis, puis par fusion de métaux déjà préalablement obtenus et pesés, pour obtenir, selon notre conception moderne, du bronze ou du laiton se pratique 2 300 ans après la découverte du cuivre lui-même. Ce qui a amené précocement les peuples de l'Europe centrale à un art maîtrisé du martelage de grande feuille de bronze.
670
+
671
+ Les artefacts de cuivre et de bronze provenant des cités sumériennes datent de 3000 av. J.-C.[125], et les objets égyptiens en cuivre et en alliage cuivre-étain sont à peu près aussi anciens. L’utilisation du bronze s’est tellement propagée en Europe autour de 2 500 à 600 av. J.-C. que cette période a été nommée âge du bronze. Les lingots de bronze servent vraisemblablement d'unités monétaires dans le monde méditerranéen. Comme le minerai de cuivre, sans être abondant, mais parfois concentré en certains sites, n'est pas rare, le contrôle des ressources d'étain, nettement plus rares et aux lieux d'exploitation restrictifs, est devenu crucial. D'où la recherche par les marchands et marins-négociateurs des terres ou îles légendaires qualifiées de Cassitérides[126].
672
+
673
+ Au XIIIe, les navires de commerce, non dépourvus de ponts étanches, transportent souvent plus de 200 lingots de bronze en Méditerranée orientale[127].
674
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675
+ En Grèce, le nom donné à ce métal était chalkos (χαλκός) ; selon Pline l'Ancien d’après Théophraste[128], couler le cuivre et le tremper sont des inventions d'un Phrygien nommé Délas. Le cuivre constituait, pour les Romains, les Grecs et d’autres peuples de l’Antiquité une ressource importante. À l’époque romaine, il était connu sous le nom d’aes Cyprium (aes étant le terme latin générique désignant les alliages de cuivre tels que le bronze et les autres métaux, et cyprium parce que, puisque la plus grande partie venait de Chypre, le monde hellénique désignait ainsi ce métal rougeâtre et ses composés notables. Ensuite, on simplifia ce terme en cuprum, d’où le nom anglais copper. Dans la mythologie et l’alchimie, le cuivre était associé avec la déesse Aphrodite (Vénus), du fait de son éclat brillant, de son utilisation ancienne pour la production de miroirs, et de son association avec Chypre, île consacrée à la déesse. En astrologie et en alchimie, les sept corps célestes connus des anciens étaient associés à sept métaux également connus dans l’Antiquité, et Vénus était associée au cuivre[129].
676
+
677
+ Le laiton (alliage cuivre-zinc) était aussi connu nominalement des Grecs, mais ne vint compléter le bronze de manière significative que sous l’Empire romain. Le premier usage connu du laiton, en Grande-Bretagne, date du IIIe au IIe siècle av. J.-C.. En Amérique du Nord, l’extraction du cuivre commença avec une métallurgie marginale pratiquée chez les Amérindiens. On sait que le cuivre natif était extrait de sites sur l’Isle Royale à l’aide d’outils primitifs en pierre entre 800 et 1 600[130]. L’industrie du cuivre était florissante en Amérique du Sud, en particulier au Pérou, vers le début du premier millénaire de notre ère. La technologie du cuivre a progressé plus lentement sur d’autres continents. Les réserves de cuivre les plus importantes en Afrique sont situées en Zambie. Des ornements funéraires en cuivre datant du XVe siècle ont été découverts, mais la production commerciale de ce métal n’a pas commencé avant le début du XXe siècle. Il existe des artefacts australiens en cuivre, mais ils n’apparaissent qu’après l’arrivée des Européens ; la culture aborigène ne semble pas avoir développé sa métallurgie. Vital pour le monde métallurgique et technologique, le cuivre a également joué un rôle culturel important, en particulier dans la monnaie. Les Romains, entre le VIe et le IIIe siècle av. J.-C. se servaient de morceaux de cuivre comme monnaie. Au début, on ne prenait en compte que la valeur du cuivre lui-même, mais progressivement, la forme et l’apparence de la monnaie de cuivre devinrent prépondérants. Jules César avait sa propre monnaie, faite d’un alliage cuivre - zinc, alors que les monnaies d’Octave étaient réalisées en alliage Cu-Pb-Sn. Avec une production annuelle estimée d’environ 15 000 tonnes, les activités romaines en termes d’extraction et de métallurgie du cuivre avaient atteint une échelle qui n’a été dépassée qu’à l’époque de la révolution industrielle ; les provinces dans lesquelles l’activité minière était la plus importante étaient l’Hispanie, Chypre et l’Europe centrale[131],[132].
678
+
679
+ Les portes du Temple de Jérusalem étaient en bronze corinthien, obtenu par dorure par appauvrissement. Le bronze corinthien était prisé à Alexandrie, où certains pensent que l’alchimie a pris naissance[133]. Dans l’Inde ancienne (avant 1 000 av. J.-C.), le cuivre était utilisé en médecine holistique ayurvédique pour la fabrication d’instruments chirurgicaux et autres équipements médicaux. Les anciens Égyptiens (~2 400 av. J.-C.) se servaient du cuivre pour stériliser les blessures et l’eau de boisson, puis plus tard, (~1 500 av. J.-C.) pour soigner les maux de tête, les brûlures, et le prurit. Hippocrate (~400 av. J.-C.) se servait du cuivre pour soigner les ulcères variqueux des jambes. Les anciens Aztèques combattaient les atteintes à la gorge par gargarisme composé de divers mélanges à base de cuivre.
680
+
681
+ Le cuivre est également présent dans certaines légendes et histoires, telle que celle de la « pile de Bagdad ». Des cylindres de cuivre, soudés au plomb, datant de 248 av. J.-C. à 226 apr. J.-C., ressemblent à des éléments de pile, conduisant certaines personnes à penser qu’il s’agissait peut-être de la première pile. Cette affirmation n’a, à l’heure actuelle, pas été confirmée.
682
+
683
+ La Bible fait également allusion à l’importance du cuivre : « Il existe, pour l’argent, des mines, pour l’or, des lieux où on l’épure. Le fer est tiré du sol, la pierre fondue livre du cuivre. » (Job 28:1–2) [NdT : traduction de la Bible de Jérusalem].
684
+
685
+ Une statue en bronze d'un temple de Nara au Japon, représentant un grand bouddha, représenterait une fabrication par coulée, en 749, de presque 16 mètres de haut et impliquant 400 tonnes de matière[134].
686
+
687
+ En 922, les mines cuprifères de Saxe, en particulier le secteur de Frankenberg, font la prospérité de la lignée d'Henri, souverain saxon du royaume de Francie orientale.
688
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689
+ La fabrication par cémentation connue dès l'Antiquité s'est maintenue au Moyen Âge[135].
690
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691
+ La grande montagne de cuivre de Falun était une mine située en Suède, qui a fonctionné pendant un millénaire, du Xe siècle à 1992. Au XVIIe siècle, elle produisait environ les deux tiers des besoins européens et permit, à cette époque, de financer une partie des guerres menées par la Suède. Le cuivre était considéré comme trésor national ; la Suède possédait une monnaie (papier) garantie par du cuivre[136].
692
+
693
+ Tout au long de l’histoire, l’utilisation du cuivre dans le domaine de l’art s’étendit bien au-delà de la monnaie. Il a été utilisé par les sculpteurs de la Renaissance, dans la technique pré-photographique connue sous le nom de daguerréotype, et pour la statue de la Liberté. Le placage et le doublage en cuivre des coques de navires étaient largement répandus. Les navires de Christophe Colomb furent parmi les premiers à bénéficier de cette protection[137]. La Norddeutsche Affinerie de Hambourg fut la première usine galvanoplastique, dont la production a commencé en 1876[138]. Le scientifique allemand Gottfried Osann inventa la métallurgie des poudres et l’appliqua au cuivre en 1830 en déterminant le poids atomique de ce métal. Par ailleurs, on découvrit également que le type et la quantité de métal d’alliage (e.g. étain) affectait la sonorité des cloches, ce qui a entraîné la fonderie de cloches. La fusion éclair a été développée par Outokumpu en Finlande et fut appliquée pour la première fois à l’usine de Harjavalta en 1949. Ce processus économe en énergie fournit 50 % de la production mondiale de cuivre brut[139].
694
+
695
+ Une fraction de communautés rurales, souvent à l'origine des fundi gallo-romains, se sont spécialisées dans le travail des métaux, en particulier pour les chaudrons et ustensiles en cuivre vendus au foire de printemps et d'automne. Ainsi le musée de Durfort dans la montagne Noire rappelle cette activité[140].
696
+
697
+ Les banquiers et financiers Fugger ont construit un monopole marchand sur la ressource en cuivre autour des années 1500. À cette époque les canons sont essentiellement coulés en bronze.
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+ À la fin du XIXe siècle, le sous-oxyde Cu2O et le carbonate CuCO3 sont des minerais massivement exportés en Europe par le Pérou, le Chili et l'Oural russe. La France dans la mouvance de l'économie maritime anglo-saxonne préfère importer d'Amérique latine, Pérou et Chili. Ces minerais sont traités au voisinage des ports de réception, par fusion avec du charbon dans des fours à cuve. La réaction pour l'obtention de cuivre métal plus ou moins impur, parfois appelé « cuivre de rosette », implique un dégagement de dioxyde de carbone.
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+ Il s'agit d'une voie de facilité, car l'autre catégorie de minerais très abondants et encore moins coûteux, du type chalcosine Cu2S ou chalcopyrite ou pyrite cuivreuse à base de sulfure double de cuivre et de fer, Cu2S.Fe2S3 nécessite un long traitement du fait de la rémanence du S et du Fe (parfois Ag). Il
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+ Une oxydation partielle du stock de minerai chalcosine est nécessaire.
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+ Une fusion à haute température du mélange est ensuite nécessaire, nécessitant un fort chauffage.
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+ Les pays exportateurs de ces minerais cuprifères soufrés sont l'Angleterre, l'Allemagne, le Mexique, le Chili, la Chine et le Japon. Les mines de Chessy et de Saint-Bel, près de Lyon, dans le département du Rhône, extraient ce type de minerais.
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+ Le sou de 1900, pièce de 20 centimes de la République Française, est une pièce de cuivre trouée. Encore en 1990, le cent US ou la pièce de 1 ou 2 pfennig est à base de cuivre.
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+ Dans le monde sociologique et économique, le cuivre s’est avéré un élément crucial, du fait essentiellement des conflits impliquant des mines de cuivre. La grève de Cananea de 1906 à Mexico porta sur les problèmes d’une organisation mondiale. La mine de cuivre de Teniente (1904–1951) mit en lumière les problèmes politiques liés au capitalisme et à la structure de classes. La plus grosse mine de cuivre du Japon, la mine d’Ashio, fut le théâtre d’une émeute en 1907[141]. La grève des mineurs de l’Arizona en 1938 fut déclenchée par les problèmes liés au travail des Américains, notamment le droit de grève.
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+ L'industriel Eugène Secrétan est un acteur-inventeur et témoin de l'évolution des techniques industriels du cuivre.
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+ Le terme français pour désigner une fabrique de cuivre et d'alliages communs de cuivre, tels le maillechort, est « cuivrerie ». Ainsi par exemple la cuivrerie de Cerdon dans l'Ain.
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+ Au XXIe siècle, le cuivre est utilisé dans différentes industries, entre autres pour le câble électrique, les tuyaux de plomberie et les supraconducteurs.
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+ Traditionnellement, le cuivre est associé à la planète Vénus. Les alchimistes utilisaient le symbole ♀ pour le représenter. C'est donc un métal associé à la féminité, la jeunesse et l'amour. Des miroirs anciens, symbole de narcissisme, étaient faits de cuivre.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Les liens externes doivent être des sites de référence dans le domaine du sujet. Il est souhaitable — si cela présente un intérêt — de citer ces liens comme source et de les enlever du corps de l'article ou de la section « Liens externes ».
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+ Famille
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+ Les Culicidés, appelés moustiques[1], ou encore maringouins[2], forment une famille d'insectes appelée Culicidae. Classés dans l'ordre des Diptères et le sous-ordre des Nématocères, ils sont caractérisés par des antennes longues et fines à multiples articles, des ailes pourvues d’écailles, et des femelles possédant de longues pièces buccales en forme de trompe rigide de type piqueur-suceur. À ce jour, 3 546 espèces de moustiques réparties en 111 genres sont inventoriées au niveau mondial[3] mais un bien moins grand nombre pique l'humain.
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+
5
+ Les moustiques ont un rôle dans les écosystèmes mais avant tout en épidémiologie humaine et animale, car outre le fait qu'ils sont source de nuisance par les piqûres qu’ils infligent, ils sont le plus important groupe de vecteurs d’agents pathogènes transmissibles à l’être humain, dont des zoonoses[4]. Ils sont vecteurs de trois groupes d'agents pathogènes pour l'humain : Plasmodium, filaires ainsi que de nombreux arbovirus.
6
+
7
+ Ils sont présents sur l'ensemble des terres émergées de la planète (à l'exception de l'Antarctique et de l'Islande[5]), tant dans les milieux forestiers, de savanes ou urbains, dès qu'une surface d'eau douce ou saumâtre, même réduite ou temporaire, est disponible.
8
+
9
+ Le nom scientifique (voir Nom binominal) de la famille des Culicidés vient de son genre type Culex donné par Linné en 1758. Culex vient du latin aculeus (« aiguillon »), lui-même issu du proto-indoeuropéen *ḱuH-ló- de même sens, et fait référence à l'appareil piqueur-suceur de ces insectes avec lequel les femelles se nourrissent de sang[6].
10
+
11
+ Le nom vernaculaire de moustique est emprunté à l’espagnol mosquito (littéralement « petite mouche »), dérivé du latin mŭsca, « mouche »[7].
12
+
13
+ Les moustiques sont des insectes holométaboles passant par 4 phases de développement ; œuf, larve (4 stades larvaires), nymphe et adultes. Les trois premiers sont aquatiques, le dernier aérien. La durée totale de ce développement, fortement influencé par la température, est de 10 à 15 jours pour les zones tropicales du monde qui rassemblent les plus fortes densités d'espèces.
14
+
15
+ Ce stade est aquatique. Issue de l'œuf, une larve de premier stade (L1) de taille réduite va, par une succession de trois mues, accroître sa taille, donnant en quelques jours une larve de stade IV (L4), d'une taille, variable selon l'espèce et les conditions de développement, entre 4 et 10 mm. C'est sur ce stade IV que les identifications taxonomiques sont réalisées.
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+
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+ Les larves sont constituées de trois parties :
18
+
19
+ Aquatique, la nymphe présente un céphalothorax fortement sclérifié et renflé avec deux trompettes respiratoires, assez proches l'une de l'autre. Les yeux composés du futur adulte sont visibles latéralement à travers le tégument. Au niveau du céphalothorax se distinguent les ébauches de divers organes du futur adulte : proboscis, pattes, ailes.
20
+
21
+ L'abdomen se compose de neuf segments, le dernier plus petit que les autres, porte à sa partie apicale une paire de palettes natatoires (nageoires), chacune maintenue rigide par une nervure médiane. À l'extrémité de la nervure, la palette porte une soie terminale accompagnée sur la face ventrale d’une soie accessoire. Le bord externe des nageoires porte des dents, variables en grandeur et extension, qui constituent un bon caractère de diagnose. Les caractères des soies de l'angle postéro-latéral du huitième segment, ainsi que la soie accessoire sont des caractères particulièrement utilisés.
22
+ Chacun des huit segments abdominaux porte dorsalement plusieurs paires de soies diverses. Le premier segment porte, en outre, une paire de soies palmées qui contribue à assurer l’équilibre de la nymphe en adhérant par capillarité à la surface de l’eau.
23
+ La nymphe, également aquatique, ne se nourrit pas mais, durant ce stade (soit 1 à 5 jours), le moustique subit de profondes transformations morphologiques et physiologiques préparant le stade adulte.
24
+ Au moment de l'exuviation de l'adulte, la pression interne provoque la rupture des téguments du céphalothorax suivant une ligne médio-dorsale. Les bords de la fente s’écartent pour permettre la sortie de l'adulte à la surface de l'eau.
25
+
26
+ Au stade adulte, leur taille varie selon les genres et espèces de 3 à 40 mm mais elle ne dépasse que très rarement les 10 mm, à l'exception des moustiques de la tribu des Toxorhynchitini.
27
+
28
+ Au stade adulte, les moustiques possèdent, comme tous les Diptères, une seule paire d'ailes membraneuses, longues et étroites, repliées horizontalement au repos. Les Culicidae possèdent un corps mince et des pattes longues et fines. Ils se reconnaissent facilement par la présence d'écailles sur la majeure partie de leur corps. Les femelles possèdent de plus de longues pièces buccales, caractéristiques de la famille, de type piqueur-suceur : la trompe, appelée rostre ou proboscis, qui inflige la piqûre si redoutée. Leur tête est pourvue de deux yeux à facettes (œil composé) mais les Culicidae ne possèdent pas d’ocelles (oeil simple).
29
+
30
+ Chez les mâles, l'appareil buccal est de type suceur, ils se nourrissent de nectar de fleurs, de sève, de jus sucrés... alors que les femelles (appareil de type piqueur-suceur) se nourrissent comme les mâles, mais elles sont en plus hématophages pour permettre la ponte[8].
31
+
32
+ Chaque segment est pourvu d'une paire de pattes longues et fines formé de 5 parties (coxa, trochanter, fémur, tibia et tarse formé de 5 tarsomères) pourvu souvent d'écailles dont l'ornementation (anneau, bande, moucheture) constitue un caractère d'identification. La répartition des soies et des écailles sur le thorax revêt une grande importance dans la détermination des différents genres et espèces de Culicidae. Citons : les soies acrosticales (sur le « dos » du thorax), les soies pré ou postspiraculaires (avant ou après le spiracle), les soies mésépimérales inférieures et supérieures.
33
+
34
+ Chez les mâles, les 9e et 10e segments qui forment les génitalia ont une structure d'une assez grande variété. Leurs caractères morphologiques sont très utilisés pour la détermination de l'espèce, par exemple chez les Culex, les Eretmapodites et les Aedes du sous genre Aedimorphus.
35
+
36
+ Le moustique joue donc un rôle au sein de nombreuses chaînes alimentaires. Les adultes mâles et femelles se nourrissant de nectar de fleurs, ils participent à la pollinisation des plantes, au même titre que les autres diptères, que les papillons ou les hyménoptères[10].
37
+
38
+ Bien que source de graves problèmes de santé publique, les moustiques (parfois favorisés par les aménagements ou comportements humains) font partie de la diversité biologique et fonctionnelle des zones humides, où ils ont une importance pour le cycle du carbone, de l'azote notamment et même une valeur de bioindicateur selon des biologistes tels que Martina Schäfer (2004)[11] et Willott (2004)[12]. Ils font partie des espèces qu'on trouve dans les points chauds de biodiversité, y compris en Europe[13].
39
+
40
+ Les chercheurs s'intéressent à leurs caractéristiques écologiques et à leurs traits d'histoire de vie[11],[14], afin de notamment préciser leur rôle dans les niches écologiques qu'ils occupent, voire mettre en évidence des services écosystémiques ou de rétrospectivement comprendre comment des pratiques humaines ont pu involontairement favoriser les moustiques et des pathogènes qu'ils véhiculent (telle que le plasmodium, autrefois cause du paludisme dans les vallées alpines et (plus largement) le sud-est de la France[15],[16]).
41
+
42
+ Leurs larves font naturellement partie des assemblages de zooplancton de nombreuses zones humides « non-tidales »[17], mais avec des caractéristiques différentes de celles des autres Diptera (une partie importante de leur cycle de vie est fixe[18]).
43
+ Les moustiques (larves et adultes) sont une source de nourriture pour de nombreux prédateurs (insectes, lézards, batraciens, oiseaux…), transférant de l'eau à la terre une importante quantité d'énergie et de biomasse[10],[19], service assuré seulement par quelques groupes d'insectes et les oiseaux marins ou aquatiques. Certaines larves, représentant parfois une part importante de la biomasse des écosystèmes aquatiques, filtrent jusqu'à deux litres par jour en se nourrissant de micro-organismes et déchets organiques[9]. Elles participent donc à la bioépuration des eaux marécageuses[10] et, par leur cadavre ou leurs déjections, rendent des éléments indispensables à la croissance des plantes, tel l'azote[10].
44
+
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+ En zone équatoriale, ils sont présents toute l'année à l'état de larve ou d'adulte et plus on se rapproche des pôles, plus les moustiques se développent saisonnièrement et avec un décalage marqué entre la ponte, l'émergence des larves et des adultes (qui nourrissent respectivement des groupes d'insectivores différents ; aquatiques ou terrestres et aériens). En zone froide et tempérée, les prédateurs des moustiques sont surtout des espèces qui hibernent et qui mangent les moustiques aux époques où ils se développent.
46
+
47
+ Plusieurs espèces vecteurs se développent facilement en milieu urbain où la lumière peut aussi les attirer (phototactisme[20]).
48
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+ Certains animaux ont développé des comportements d'évitement : en Arctique, les caribous semblent tenir compte du vent pour échapper aux essaims de moustiques[10].
50
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51
+ Les moustiques ont une activité rythmée, saisonnière et nycthémérale.
52
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53
+ En vue de l'accouplement, mâles et femelles forment un essaim, peu après le coucher du soleil, à quelques mètres du sol. Ce phénomène est observable pour An. gambiae et An. funestus et il est probable qu'il existe également chez d'autres espèces et d'autres genres. L'accouplement a lieu peu de temps après l’émergence des adultes, chaque femelle étant fécondée une seule fois pour toute sa vie. Le bourdonnement caractéristique des moustiques n'est émis que par les femelles. Il permet aux mâles de les repérer, chaque espèce ayant sa propre fréquence caractéristique[19].
54
+
55
+ La plupart des moustiques ont des femelles hématophages[21], le repas de sang étant indispensable à la ponte. Elles sont qualifiées d'« endophages » lorsqu'elles piquent à l'intérieur des maisons, d'« exophages » à l'extérieur (alors que l'entophilie et l'exophilie désignent respectivement les moustiques adultes dont les femelles passent le temps de leur digestion de repas de sang respectivement à l'intérieur et à l'extérieur des maisons ; l'endophagie n'implique pas l'entophilie et vice-versa. Il est plus difficile de mettre en contact les espèces exophiles avec des pesticides, à moins d'en utiliser de très grandes quantités) et une parade de certains moustiques (ex : Anopheles gambiae) aux traitements pesticides pourrait être de devenir exophiles[22],[23]. Toutefois, les femelles se nourrissent aussi — comme les mâles — en se gorgeant d'eau sucrée et de sucs végétaux (nectar, sève), et peuvent vivre plusieurs mois (des espèces anthropophiles passent l'hiver en diapause dans des caves, grottes, étables ; d'autres dans des abris en sous-bois), mais alors elles constituent des réserves adipeuses au lieu de pondre.
56
+
57
+ Les moustiques disposent souvent de bonnes stratégies de dispersion, à prendre en compte dans les études épidémiologique et écoépidémiologique[24],[25], car elles expliquent en partie la dispersion des arboviroses humaines (dengue, chikungunya, fièvre jaune...).
58
+
59
+ Quarante-huit heures après la prise du repas de sang, les femelles fécondées déposent leurs œufs, selon les espèces : à la surface d'eaux permanentes ou temporaires, stagnantes ou courantes, dans des réceptacles naturels ou artificiels ou sur des terres inondables (marécage, rizière[26]…). Certaines espèces pondent des œufs capables de résister à une sécheresse de plusieurs mois[27], et les œufs peuvent être laissés ainsi pendant des mois avant de connaître une remise en eau. Ces œufs sont pondus soit isolément (Toxorhynchites, Aedes, Anopheles), soit en amas (Culex, Culiseta, Coquillettidia, Uranotaenia) ou bien fixés à un support végétal immergé (Mansonia, Coquillettidia). La fécondité totale d’une femelle varie selon les espèces de 500 à 2 000 œufs (20 à 200 par ponte selon la quantité de sang disponible), plusieurs pontes possibles, généralement une à quatre)[9].
60
+ Ces œufs se développent en un à deux jours (selon les conditions météorologiques)[9] et éclosent, donnant naissance à des larves aquatiques de premier stade qui possèdent (à l’exception des Anophelinae) au bout de l'abdomen un siphon respiratoire en contact avec l'air. Les gîtes larvaires sont très diversifiés selon les genres et les espèces et comprennent tous les points d'eau possible excepté mers et océans : les eaux courantes (bords de torrents de montagne, de rivières ou fleuves) ou stagnantes (étang, mare, rizière, marécage, bord de rivière, fossé, flaque), ensoleillées (chemin) ou ombragées (en forêt), de grande dimension (bordure de lac, fleuve) ou de petite taille (feuille morte), à forte teneur en sels minéraux (eau saumâtre : mangroves, salines) ou chargées de matières organiques (trou d'arbre), les gîtes naturels formés par les végétaux (phytotelmes) : aisselle de feuille (bananier, Bromeliacae...), bambou fendu, trou d’arbre, urne de plante carnivore (Nepenthes), champignon creux, feuille à terre, fruit creux), minéraux : flaques, ornières, carrière de briques, empreinte de pas de bétail, trou de crabe, coquille d’escargot, trou de rocher, ou artificiels : citerne, latrine, rejet d’égout, abreuvoir, gouttière, pneu, carcasse de voiture, bidon, bâche, boîte de conserve, pot de fleurs... Chez certains genres (Aedes, Haemagogus, Psorophora), les œufs sont résistants à la dessiccation, dans l'attente de la remise en eau de leur gîte de ponte.
61
+
62
+ Les larves s'alimentent et se maintiennent au repos sous la surface de l’eau, respirant par leurs spiracles qui affleurent à la surface et se situent soit directement au niveau du 8e segment abdominal pour les Anopheles (qui doivent donc pour respirer se maintenir parallèles à la surface de l’eau, aidé en cela par des soies spécifiques à cette sous-famille, les soies palmées), soit à l’extrémité du siphon respiratoire du 8e segment pour les Culicinae (qui doivent donc maintenir leur corps oblique par rapport à la surface pour respirer). Enfin, certains genres de Culicinae ont leurs larves immergées, respirant par l'intermédiaire de la tige d'un végétal dans lequel elles insèrent leur siphon (Coquillettidia, Mansonia, quelques espèces du genre Mymomyia). Les larves passent par quatre stades larvaires se traduisant par une augmentation de leur taille, et se métamorphosent en une nymphe.
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+ La nymphe est aquatique et respire l'air atmosphérique au moyen de ses deux trompettes respiratoires. L'extrémité abdominale de la nymphe est aplatie en palettes ou nageoires. La nymphe ne se nourrit pas. Il s'agit d'un stade de transition vers l'adulte durant lequel l'insecte subit de profonds remaniements physiologiques et morphologiques.
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+ De la nymphe émergera au bout de deux à cinq jours l'adulte volant.
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+ La plupart des espèces ont une activité nocturne (genre Culex, Anopheles, Mansonia ) ou bien essentiellement diurne (Toxorhynchites, Tripteroides) à crépusculaire (genre Aedes). En région afrotropicale, la majorité des moustiques se nourrissent la nuit ou au crépuscule, au moins en zone de savanes et à basse altitude ; en montagne, où il fait très froid la nuit, et en forêt dense, où règne en permanence une mi-obscurité, un certain nombre d'espèces ailleurs nocturnes ou crépusculaires attaquent couramment de jour. Chaque espèce de moustique semble posséder, dans des conditions climatologiques déterminées, un cycle d'activité qui lui est propre. Chez le genre Anopheles, la durée du stade larvaire est d'environ sept jours (si les conditions extérieures sont favorables : qualité de l'eau, température et nourriture essentiellement). Les adultes vivent selon les conditions et les espèces de 15 à 40 jours, excepté pour certaines espèces dont les femelles peuvent hiverner.
69
+
70
+ Les mâles se déplacent assez peu du gîte dont ils sont issus, et leur longévité est relativement faible. La femelle peut migrer jusqu’à 100 km de son lieu de naissance (transport passif par le vent). Dans les zones tempérées, à l'arrivée de l'hiver, certaines espèces peuvent hiverner au stade adulte, d'autres laissent leurs larves perpétuer seules l'espèce à l'arrivée du printemps[28]. L'espérance de vie peut varier de deux à trois semaines pour certaines espèces, à plusieurs mois pour d'autres[29]. En état de diapause, l'espérance de vie de certains moustiques peut atteindre plusieurs mois (selon l'espèce).
71
+
72
+ Pour les espèces hématophages, l'alimentation en sang est nécessaire à la ponte. La séquence (repas sanguin, maturation des œufs et ponte) est répétée plusieurs fois au cours de la vie du moustique, et s'appelle le cycle gonotrophique. La durée de ce cycle dépend de l'espèce, mais surtout de la température externe (par exemple, chez A. gambiae, le cycle dure 48 heures lorsque la moyenne de température jour/nuit est de 23° C). La piqûre, le plus souvent nocturne (et plus particulièrement à l'aube ou au crépuscule), dure deux à trois secondes si le moustique n'est pas dérangé.
73
+
74
+ La femelle adulte, pour sa reproduction, pique les animaux pour prélever leur sang, qui contient les protéines nécessaires à la maturation des œufs (notamment le vitellus destiné à nourrir le germe de l'œuf[30]). On la qualifie de femelle anautogène, en opposition aux femelles autogènes (qui peuvent se passer de sang pour la maturation de leurs œufs).
75
+
76
+ Pendant la piqûre, la femelle injecte de la salive anticoagulante (voir photo ci-contre) qui, chez l'humain, provoque une réaction allergique inflammatoire plus ou moins importante selon les individus : c'est la formation d'un « bouton » qui démange. Lorsque le moustique a terminé le prélèvement, il utilise principalement ses ailes pour décoller, et non ses pattes comme la plupart des autres insectes : ainsi, le décollage est quasiment imperceptible pour l'individu piqué[31].
77
+
78
+ Tous les moustiques (larves et adultes) sont dotés d'une paire de gros yeux composés formés d'ommatidies[8], et peuvent s'orienter selon la lumière et sous une faible lumière. Tous les moustiques à jeun présentent un phototactisme à une faible lumière.
79
+
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+ La femelle à la recherche de sang perd provisoirement cette sensibilité à la lumière pour devenir principalement sensible aux odeurs émises par sa cible. Une fois gorgée de sang elle retrouve sa compétence de phototactisme, qui lui permet notamment de quitter la chambre, l'étable ou la grotte où elle a piqué son hôte.
81
+
82
+ Certaines espèces ont une rétine très photosensible et peuvent immédiatement après leur repas s'orienter vers la lumière ambiante extérieure d'un ciel étoilé ou illuminé par la lune (cas fréquent en zone tropicale selon Muirhead-Thomson, 1951 cité par Beklemišev[32]). Les femelles d'autres espèces (ex : A hyrcanus, A. bifurcatus et beaucoup d'autres) ne seront dans les mêmes circonstances (après le repas de sang) attirées que par la lumière du soleil levant pour gagner un refuge diurne (fissure de roches, anfractuosité du sol, végétation touffue…), ce qui explique qu'on ne retrouve que très rarement le matin les femelles qui se sont gorgées de sang. Les espèces présentant ce comportement sont typiquement exophiles (dans ce cas les femelles n'hibernent jamais dans les maisons), par exemple A. hyrcanus)[32]. Les femelles de quelques espèces ne retrouvent que lentement leur phototactisme et finissent leur digestion dans la maison, tant qu'on ne les fait pas fuir (A. maculipennis, A. superpictus, A. gambiae) ou d'autres espèces très endophiles[32].
83
+
84
+ Le jour, certaines espèces de moustiques sont également attirées par l'obscurité[32]. Les femelles sont immédiatement attirées par ces sources alors qu'elles sont répulsives pour les mâles. Il peut aussi arriver que des femelles venant de se gorger de sang à l'extérieur d'une maison l'utilisent pour se protéger de la lumière le jour suivant (jusqu'à la fin de la digestion du sang, avant qu'elle ne s'apprête à chercher un lieu de ponte) ; c'est assez fréquent chez A. M. sacharovi, A. pulcherrimus et A. superpictus[32].
85
+
86
+ Tout comme la tique, le moustique repère sa cible grâce à son odorat : celui-ci, au cours d'un déplacement d'au plus 2 km, leur révèle d'abord des traces de dioxyde de carbone (émis par la respiration et la transpiration) jusqu'à 30 m[33], puis d'acides gras comme l'acide butyrique ou l'acide lactique, de 4 méthyl phénol et de substances aux relents ammoniaqués, émis par la sudation de la peau et sa dégradation par la microflore de la peau[34]. Des thermorécepteurs permettront ensuite à la femelle de trouver la veinule où piquer[21]. Le système visuel est sensible à la lumière, aux mouvements et aux couleurs mais il est peu performant, et n'interviendrait qu'à moins de 1,5 m[35]). Ce n'est pas la lumière mais l'odeur qui attire les femelles piqueuses.
87
+
88
+ Les espèces anthropophiles sont spécialement sensibles aux kairomones comme l'acide lactique ou le sébum, ou aux nombreuses odeurs émises par la sueur ou l'haleine (comme l'ammoniac, l'acide lactique, l'aminobutane)[36], l'odeur propre de la peau, l'urine[37], les vapeurs d'alcool ou de parfum et bien d'autres encore (par exemple l'odeur d'une personne ayant consommé de la bière ou du fromage[38]). Les moustiques sont également sensibles à la chaleur (15 à 30° C) et l'humidité (en pratique plutôt l'été et par temps orageux, donc), et seront plus attirés par une personne avec une température élevée[39],[21]. Les substances attractives ou répulsives peuvent varier d'une espèce à l'autre. Les moustiques sont encore sensibles à de nombreux autres paramètres (par exemple, la hauteur à laquelle l'odeur est perçue, dans le cas d'An. gambiae, qui vole au ras du sol et pique de préférence les pieds et les chevilles[40]). Les croyances que les moustiques sont sensibles à la quantité de sucre dans le sang[21] et qu'il faut éteindre la lumière pour ne pas attirer les moustiques femelles[41] ne sont pas fondées.
89
+
90
+ Alimentation des adultes :
91
+ Les adultes, tant mâles que femelles, sont avant tout nectarivores, s'alimentant de nectar et du jus sucré des fruits mûrs pour couvrir leurs besoins énergétiques. En élevage (dans les laboratoires d'entomologie médicale), il leur est ainsi fourni des tampons de coton imbibés d'eau sucrée, qui suffisent à leur survie, sans avoir recours à une alimentation sanguine[42].
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+
93
+ En outre, les femelles (à l'exception des espèces du genre Toxorhynchites), à seule fin d'assurer le développement de leurs œufs, ont recours à des repas de sang sur des vertébrés divers à sang chaud (oiseaux, mammifères dont l'Homme) ou à sang froid comme les batraciens (grenouille, crapaud), les reptiles (serpent, tortue) ou même d'autres insectes (larves de Lépidoptères, nymphes de cicadelle, mantes).
94
+ Traversant la peau jusqu'à un vaisseau, elles effectuent une prise de sang. Chaque espèce a sa propre spécificité plus ou moins affirmée dans le choix de l'hôte pour ce repas de sang. Ainsi, Culex hortensis et Culex impudicus piquent de préférence les batraciens, Cusileta longiareolata et le genre Aedeomyia les oiseaux, alors que Anopheles gambiae, Aedes albopictus, Aedes caspius, Aedes vexans, Culex pipiens et Culex quinquefasciatus préfèrent l’Homme. On parle de moustique anthropophile s'il pique préférentiellement l'Homme ou zoophile s'il pique préférentiellement d'autres vertébrés.
95
+
96
+ Alimentation des larves :
97
+ Les larves de moustiques ont pour la plupart une alimentation constituée de phytoplancton, de bactérioplancton et de particules de matière organique en suspension dans l'eau du gîte.
98
+ La larve s'alimente grâce aux battements de ses soies buccales qui créent un courant suffisant pour aspirer les aliments.
99
+
100
+ D'autres espèces sont prédatrices au stade larvaire, se nourrissant essentiellement de larves de Culicidae divers. Ce type de comportement alimentaire est assez rare parmi les Culicidae, ne se rencontrant que pour l'ensemble des espèces des genres Toxorhynchites et Lutzia, les espèces Psorophora du sous-genre Psorophora, chez les Aedes du sous-genre Mucidus, les Tripteroides du sous-genre Rachisoura et chez des espèces des genres Sabethes, Eretmapodites (Er. dracaenae, prédateur des larves d'Aedes simpsoni [Pajot 1975]) et Culiseta (Cs. longiareolata).
101
+ Elles sont pour la plupart reconnaissables à leur brosse buccale souvent modifiée en épines préhensiles fortes et recourbées vers le bas.
102
+
103
+ Les larves et les nymphes de moustiques sont consommées par des oiseaux aquatiques, batraciens (tritons, grenouilles, crapauds, salamandres), poissons (tels, par exemple, la gambusie), insectes (Chaoboridae, Notonectes, coléoptères, libellules…)[43], des crustacés (Copepoda Cyclopoida tel que Mesocyclops aspericornis) ou encore le nématode Romanomermis culicivorax[44], etc.
104
+
105
+ D'autres espèces se nourrissent de moustiques adultes : les araignées[45], certaines espèces de poissons comme l'épinoche, de libellules, de chauves-souris ou d'oiseaux[46], comme l'hirondelle ou l'engoulevent[44],[47].
106
+
107
+ La trompe (proboscis) de la femelle est composée par des pièces buccales vulnérantes ou stylets (maxilles, labre, hypopharynx) qui sont enveloppées par le labium souple (i) qui se replie au moment de la piqûre.
108
+
109
+ Le moustique enfonce les stylets dans l’épiderme jusqu’à un capillaire sanguin grâce aux maxilles qui perforent la peau et qui permettent à la trompe de se maintenir en place lors du prélèvement sanguin.
110
+
111
+ Les stylets délimitent deux canaux : l’un (canal salivaire), formé par l’hypopharynx, par lequel est injectée une salive anticoagulante, l’autre (canal alimentaire), au niveau du labre, par lequel est aspiré le sang qui, s’il est infecté, contamine le moustique.
112
+
113
+ La quantité de sang prélevée varie de 4 à 10 mm3 en 1 à 2 minutes[48]. D’après le site de l'Association américaine de contrôle du moustique, le prélèvement moyen est de 5 millionièmes de litres; L’insecte ingurgite 5 mg de sang, soit deux fois sa propre masse car il pèse en moyenne 2,5 mg[49].
114
+
115
+ Les piqûres peuvent être totalement indolores ou provoquer un prurit très désagréable ou des allergies plus graves, allant exceptionnellement jusqu'au choc anaphylactique. L’hypersensibilité a une origine immunitaire, qui traduit une réaction extrême de nos anticorps à des antigènes présents dans la salive du moustique.
116
+
117
+ Certains de ces antigènes sensibilisants existent chez tous les moustiques, tandis que d'autres sont spécifiques à certaines espèces. La réaction d'hypersensibilité peut être immédiate (types I et III) ou retardée (type IV)[50].
118
+
119
+ Divers remèdes sont plus ou moins efficaces selon les personnes et les délais d'application. Outre le vinaigre au peroxyde de zinc, dont l'effet calmant n'est pas médicalement prouvé, et des produits interdits en raison de leur toxicité, quelques médicaments existent ; antihistaminiques oraux ou topiques appliqués et diphénhydramine (Benadryl en onguent), qui soulagerait les démangeaisons. Les corticostéroïdes topiques tels que l'hydrocortisone et la triamcinolone peuvent soulager, dans le cas de piqûres inopportunément placées. Le savon de Marseille a un effet calmant (frotter à l'endroit de la piqûre). On peut aussi poser un objet chaud (tasse de thé brûlant, par exemple) quelques secondes sur la piqûre, ou la tamponner avec un glaçon, ou le déo rollon et la crème antihémorroïdes[51].
120
+
121
+ L'application directe d'un tissu imbibé d'eau très chaude mais non bouillante peut bloquer quelques heures le dégagement d'histamine autour de la piqûre. Finalement, toute crème à base de cortisone est efficace étant donné leur effet anti-inflammatoire.[réf. nécessaire]
122
+
123
+ Les Culicidae constituent le tout premier groupe d'insectes d'intérêt médical et vétérinaire quant à la transmission de maladies.
124
+
125
+ Les moustiques sont avec les tiques les premiers vecteurs de maladies transmissibles entre animaux (ex : Myxomatose[52]) ou zoonotiques également transmissibles à l'Homme.
126
+
127
+ Le moustique est l'animal qui cause le plus de morts chez l'être humain[53] (en moyenne 725 000 décès par an[54]).
128
+
129
+ Selon les sources, les moustiques qui prélèvent du sang humain sont seulement les femelles d'environ 80 espèces de moustiques sur environ 2 600 décrites en 2010, soit 3 %[53], ou d'une centaine sur 3 500 espèces, soit 6 %[55]. Elles agissent ainsi pour assurer le développement de leurs œufs[55].
130
+
131
+ Les moustiques sont vecteurs de trois groupes d'agents pathogènes pour l'être humain : Plasmodium, filaires des genres Wuchereria et Brugia, ainsi que de nombreux arbovirus.
132
+
133
+ Plus de 150 espèces de Culicidae relevant de 14 genres ont été observées porteuses de virus impliqués dans des maladies humaines (Mattingly, 1971). C'est par sa trompe qui lui sert à piquer que le moustique transmet les pathogènes à l'être humain ou aux animaux.
134
+
135
+ Les moustiques sont responsables de la transmission du paludisme (malaria), une des toutes premières causes de mortalité humaine (chaque année, entre 250 et 600 millions de personnes touchées dans le monde, et plus d'un million de morts[56],[57],[58]), de nombreuses maladies à virus (arboviroses) telles que la dengue, la fièvre jaune, la fièvre de la vallée du Rift, la fièvre du Nil occidental (West Nile Virus), le chikungunya, d’encéphalites virales diverses ainsi que de filarioses et constituent à ce titre l’un des sujets majeurs d’études en entomologie médicale.
136
+
137
+ Lors de la piqûre d'un hôte porteur d'un parasite, le moustique aspire, en même temps que le sang, le parasite pathogène (excepté les filaires, virus de la dengue, de la fièvre jaune, le virus du Nil occidental ou le virus du chikungunya…), qui parvient ensuite dans l'estomac du moustique, puis franchit la paroi stomacale. Une fois multiplié, il se retrouve dans les glandes salivaires du moustique qui l'inocule à son hôte lors de la piqûre, par la salive infectée, via l’hypopharynx.
138
+
139
+ Les genres Anopheles (paludisme), Aedes (dengue et fièvre jaune, chikungunya), Culex (fièvre du Nil occidental et diverses encéphalites) ainsi que des Eretmapodites (fièvre de la vallée du Rift) et Mansonia (filarioses) contiennent la majorité des espèces vectrices qui contaminent l'homme[59].
140
+
141
+ Les moustiques vecteurs de maladies graves sont surtout présents dans les pays du Sud (notamment Afrique, Sud de l'Asie, Amérique latine). Mais les déplacements de personnes et de marchandises, combinés au changement climatique, permettent aux espèces incriminées (par exemple le moustique tigre et l'Aedes japonicus) d'étendre leur territoire toujours plus au Nord, amenant avec elles des maladies jusqu'alors absentes ou disparues (le paludisme ayant été éradiqué de l'Europe au XXe siècle)[59]. Ainsi, de nombreux cas de chikungunya, virus véhiculé par certains Aedes, et notamment le moustique tigre, sont apparus en 2007 en Vénétie. Le moustique tigre, déjà présent en Italie ou dans le sud de la France en 2010, pourrait avoir colonisé l'ensemble de l'Europe d'ici 2030[60].
142
+
143
+ Il est important de noter que le sida ne fait pas partie de ces maladies transmissibles par le moustique, pour plusieurs raisons[57], notamment que le virus du sida n'est pas capable de se reproduire dans le moustique et de parvenir dans ses glandes salivaires. Le virus du sida, digéré avec le sang en moins de 24 heures et détruit, ne survit pas sur le moustique[61],[57].
144
+
145
+ Plus de 40 espèces de Culicidae, relevant de 4 genres, sont impliquées dans la transmission des filarioses lymphatiques. Ce sont des infections parasitaires engendrées par trois espèces de filaires : Wuchereria bancrofti, la plus fréquente et sa variété pacifica, Brugia malayi et Brugia timori.
146
+
147
+ La filariose de Bancroft à Wuchereria bancrofti sévit dans toute la zone intertropicale (Caraïbes, Amérique latine, Afrique, Inde, Asie du Sud-Est et les îles du Pacifique). La variété pacifica sévit en Océanie.
148
+
149
+ La filariose de Malaisie (ou filariose lymphatique orientale) due à Brugia malayi, est exclusivement asiatique (Asie du Sud-Est, Inde, Sri Lanka, Corée et Chine). Brugia timori ou filaire de Timor sévit dans les îles du Sud-Est de l'Indonésie (Timor).
150
+
151
+ Des moustiques des genres Culex (en particulier Culex quinquefasciatus), Anopheles (Anopheles gambiae, An. funestus) et Aedes (Aedes polynesiensis) sont vecteurs des 2 types de filarioses.
152
+
153
+ En Afrique, W. bancrofti est transmis par Cx. quinquefasciatus et, en Afrique centrale et occidentale, uniquement par des Anopheles : An. funestus, An. Complexe gambiae.
154
+
155
+ De plus, des espèces du genre Mansonia transmettent la filariose de Malaisie (Brugia malayi). Des espèces vivant dans des marécages ouverts (Mansonia uniformis, Ma. annulifera, Ma. indiana) sont vectrices de l’Inde jusqu’en Asie de l’est. Des espèces zoophiles et rurales, Ma. bonneae, Ma. dives et Ma. uniformis sont vectrices en Thaïlande, Malaisie et aux Philippines.
156
+ Des espèces du genre Coquillettidia sont signalées vectrices en Indonésie.
157
+
158
+ Wuchereria bancrofti pacifica présente dans les îles du Pacifique sud est transmise majoritairement par Aedes (Stegomyia) polynesiensis, Ae. (Stegomyia) pseudoscutellaris, Ae. (Stegomyia) tongae, Ae. (Stegomyia) hebridea ainsi que par Ae. (Ochlerotatus) vigilax, espèce de Mangrove très agressive envers l’être humain.
159
+ Brugia timori est transmise par Anopheles barbirostris.
160
+
161
+ Le cycle est indirect et fait intervenir l'être humain comme hôte définitif et un moustique comme hôte intermédiaire. Les microfilaires (larve de 1er stade) sont absorbées par le moustique lors d'un repas de sang chez un hôte infesté. Dans les 12 heures, elles traversent la paroi stomacale et gagnent la musculature thoracique du moustique. Là, après deux mues, elles se transforment en une dizaine de jours en formes infectantes. Enfin, les larves de troisième stade migrent vers le labium et sont inoculées à l’hôte lors d’un nouveau repas de sang du moustique, pénétrant activement par la blessure créée par la piqure. Le parasite ne subit aucune multiplication chez le vecteur.
162
+
163
+ La forte présence de microfilaires au niveau des muscles thoraciques du Culicidae entraîne chez ce dernier une diminution de sa capacité de vol.
164
+
165
+ Les filarioses lymphatiques touchent 120 millions de personnes dans 83 pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie et 40 millions d’entre elles souffrent de difformités et d'invalidités graves. Près d’un tiers des porteurs de la maladie vivent en Inde, un autre tiers en Afrique, tandis que le dernier tiers se répartit entre l’Asie du Sud-Est, le Pacifique occidental et l’Amérique latine.
166
+
167
+ Une transmission verticale des virus (transovarienne) des encéphalites japonaise et de St. Louis par Aedes albopictus est possible (Rosen, 1988).
168
+ Cette maladie virale (Flavivirus) est endémique dans le Sud-Est de l'Inde et au Sud-Est asiatique (Malaisie, Thaïlande, Viêt Nam, Philippines, Indonésie). Elle est épidémique en Chine (partie), en Corée ainsi que dans certaines régions d'Océanie, au nord de l'Australie et au Japon. L'encéphalite japonaise est une cause majeure d'encéphalite virale avec 30 000 à 50 000 cas cliniques signalés chaque année, provoquant 15 000 décès.
169
+
170
+ Les zones touchées sont surtout rurales car les moustiques pullulent dans les rizières et zones inondées, avec une forte activité crépusculaire et nocturne, infligeant alors à l'être humain et aux animaux domestiques des piqûres douloureuses. L'être humain n'est qu'un hôte accidentel du virus, favorisé en cela par la création de rizières et de porcheries près d'habitations humaines. Le réservoir épidémiologique de base du virus est constitué par les oiseaux Ardeidae (hérons et aigrettes) et des canards vivant dans les zones humides, et pour réservoir relais les animaux domestiques (porcs principalement). Les chevaux, les chauves-souris et les reptiles sont également cités comme hôtes.
171
+ Il n’y a pas de transmission inter-humaine et il existe un vaccin efficace contre cette maladie.
172
+
173
+ L'être humain cherche depuis longtemps à lutter contre les moustiques, vecteurs de maladies (et surtout de boutons qui démangent).
174
+ Les méthodes sont passives ou actives, biologiques ou chimiques et parfois adaptées au stade de développement de ces insectes.
175
+
176
+ En France, la loi no 64-1246 du 16 décembre 1964 est « relative à la lutte contre les moustiques » et visait à l'origine à favoriser le développement touristique sur le littoral, puis a été élargie à d'autres champs comme la santé publique[62].
177
+
178
+ Aux stades œuf, larve et nymphe, les moustiques se développent dans l'eau stagnante (et parfois lentement courante), temporaire ou permanente. L'eau est vitale au moins à l'un des stades de développement du moustique (de la boue, du sable ou de la terre humide ne conviendront pas).
179
+
180
+ Depuis les années 1950, dans les régions habitées ou proches de zones habitées et fortement infestées, comme les régions marécageuses, des larvicides sont utilisés à grande échelle pour limiter la prolifération des moustiques.
181
+
182
+ Après quelques générations, les larves devenant fréquemment résistantes à un produit, les chercheurs doivent sans cesse mettre au point de nouvelles formules de pesticides ou biopesticides[63],[64].
183
+
184
+ Certains modes d'aménagement du territoire et des zones humides permettent (notamment et y compris dans les plans d'eau et zones humides artificielles[65],[66]) de :
185
+
186
+ Dans leur aire de répartition, on pratique une lutte biologique en relâchant dans la nature des larves de Toxorhynchites, des grands moustiques qui ne piquent pas les vertébrés mais dont les larves se nourrissent, entre-autres de larves de Culicidés. Cette méthode obtient un succès variable selon les pays ou les espèces visées[69],[70].
187
+
188
+ Au Canada, aux États-Unis[71] ou encore en France[72], le Bacillus thuringiensis est notamment utilisé comme larvicide biologique à faible impact direct sur l'environnement, même si certaines études pointent des effets indirects non négligeables[73].
189
+
190
+ Protéger ou restaurer les populations de prédateurs des larves de moustiques, tels que tritons, grenouilles, crapaud, salamandres, hirondelles, martinets, chauve-souris… permet aussi de contrôler leur prolifération.
191
+
192
+ Éliminer au maximum tout réservoir potentiel d'eau stagnante où des moustiques pourraient pondre et des larves se développer, même de faible volume, réduit le risque de présence de moustiques en zone urbaine. Ainsi les autorités sanitaires recommandent une surveillance de l'environnement proche des habitations et la suppression des récipients où de l'eau peut durablement stagner (soucoupes de pot de fleur, vases, bidons, bâches, gouttières, poubelles à ciel ouvert, brouettes…). Les soucoupes de pots de fleur peuvent être remplies de sable ou gravier.
193
+
194
+ Une technique complémentaire consiste, après avoir supprimé tous les autres points d'eau proches, à offrir des gîtes « pièges » (récipients d'eau de pluie stagnante) où la ponte des femelles pourra être contrôlée : dès que les larves sont assez grosses et visibles, bien avant qu'elles ne se nymphosent (soit environ tous les cinq jours), l'eau est filtrée ou vidée dans la terre (en veillant à ce qu'elle soit complètement absorbée). Les larves, privées d'eau, meurent.
195
+
196
+ Les récipients impossibles à vider (puisards, puits, latrines, collecteurs d'eau de pluie ouverts…), peuvent être hermétiquement couverts de toile-moustiquaire ou, à défaut, d'une fine couche d'huile : les larves de culex ne peuvent plus respirer et meurent, mais celles des Culicidae survivent car elles prennent leur oxygène dans les vaisseaux d'hélophytes.
197
+
198
+ De nombreuses méthodes sont réputées éviter d'être piqué par les moustiques. Beaucoup sont inefficaces, peu efficaces ou sans efficacité prouvée[74]. Certaines méthodes efficaces ont des effets négatifs à long terme. Pour se prémunir des piqûres dans les régions fortement infestées, il faut combiner les moyens de protection et parfois de lutte.
199
+
200
+ La femelle est attirée par le CO2 émis par l'hôte[75] et dans une moindre mesure par une température entre 18° et 30° ainsi que la transpiration : l'humidité ainsi que l'odeur de celle-ci, accentuée par certains aliments (bière, fromages…)[33]. Certains médicaments comme les stéroïdes ou les médicaments anti-cholestérol attirent aussi les moustiques[51], ainsi que les parfums[75].
201
+
202
+ Il convient de tenir compte des horaires d'activité des moustiques afin de ne pas s'y exposer. il est recommandé avant tout de porter des vêtements longs et couvrant tout le corps ; amples car les moustiques peuvent piquer à travers des vêtements serrés. Les vêtements fluides permettront aussi de laisser la peau respirer. Attention toutefois à bien faire attention aux poignets, chevilles et cou qui sont des zones à risques. Les couleurs sont importantes : évitez les couleurs foncées tout simplement car cela accroît la chaleur et donc le CO2[76],[75],[77].
203
+
204
+ La toile moustiquaire peut équiper les portes et les fenêtres, entourer les lits, berceaux ou poussettes d'enfant et même protéger le visage dans les zones fortement infestées. Elle sert aussi à empêcher les femelles de pondre dans les réserves d'eau.
205
+
206
+ La méthode de lutte donnant le meilleur résultat, notamment contre le paludisme, est l'utilisation de toile moustiquaire imprégnée d'insecticide.
207
+ En 1983, au Burkina Faso, une première association insecticide-moustiquaire fut mise en place par imprégnation de moustiquaires dans la ville de Bobo-Dioulasso. Ces moustiquaires se sont avérées particulièrement efficaces contre les anophèles en termes de mortalité des moustiques et de réduction du taux de piqûres. Globalement, la moustiquaire imprégnée réduit de 36 % le taux de piqûres des moustiques par rapport à une moustiquaire non traitée et tue de l’ordre de 37 % des moustiques présents. La généralisation de leur emploi pourrait réduire de moitié environ l'impact du paludisme et de 20 % la mortalité infantile[78].
208
+
209
+ Dans les zones infestées, la peau, mais aussi les vêtements, peuvent être imprégnés d'un répulsif à insectes. En fonction du type de peau, le pharmacien peut recommander un répulsif particulier. Lors de voyages, mieux vaut acheter sur place, les produits seront plus adaptés aux moustiques locaux[79].
210
+
211
+ L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande principalement ceux qui renferment du DEET (N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide, auparavant appelé N, N-diéthyl-m-toluamide), de l'IR3535 (éthyl butylacétylaminopropionate) ou de l'icaridine (1-piperidinecarboxylic acid, 2-(2-hydroxyethyl)- 1-méthylpropylester)[80].
212
+ Le répulsif le plus efficace est le DEET, mais de récentes études montrent une possible toxicité chez l'Homme, en particulier pour les femmes enceintes et les enfants[81]. On a recensé dans le monde douze cas de convulsions chez l'enfant depuis la mise en œuvre de ce produit, sans que l'origine de ces convulsions puisse être imputée au produit ; il s'agit donc là d'un principe de précaution que certains jugent abusif[réf. nécessaire].
213
+
214
+ Les répulsifs à base d'huile de haricot de soja et d'IR3535 présentent une protection de plus courte durée[réf. nécessaire].
215
+
216
+ Les autres répulsifs d'origine végétale, dont l'essence de citronnelle, ont une durée d'effet très courte et sont donc considérés comme inefficaces à l'extérieur. Selon l’OMS, les vaporisateurs, à la citronnelle par exemple, « peuvent aussi réduire les piqûres à l’intérieur des bâtiments[80] ».
217
+
218
+ La culture, par exemple au rebord des fenêtres, de certaines plantes (citronnelle, lamiacées (labiées) tels que la mélisse, le thym, le thym citron, le romarin, la lavande, le basilic, le basilic à petites feuilles, les géraniacées tels que les geranium, en particulier le geranium citron, et pelargonium, pyrèthre, les plants de tomates, les capucines), aurait un effet répulsif[76].
219
+
220
+ Selon certains récits de vie à l'écart de la civilisation, la salive mélangée à du tabac pourrait être efficace. La nicotine est effectivement un excellent insecticide naturel. Le feu et la fumée éloigneraient aussi les moustiques, mais non sans conséquences pour la santé des humains qui respirent cette fumée[réf. nécessaire].
221
+
222
+ Les bracelets anti-moustiques sont quasiment inopérants[79],[82]. De même, les appareils anti-moustiques électroniques, censés éloigner les moustiques par émission d'ultrasons, sont en réalité inefficaces, la femelle étant insensible à ces vibrations[75],[83],[84],[79],[85].
223
+
224
+ Des aérosols et diffuseurs d'insecticide sont commercialisés mais ils ne présentent d'intérêt que dans une pièce fermée.
225
+ Ils présentent alors d'autres risques avérés ou potentiels pour la santé des occupants qui les respirent, notamment les enfants[86]. De plus, on observe (au moins depuis les années 1960[87]) que les insecticides induisent rapidement des résistances à leur efficacité chez la plupart des espèces de moustiques visées.
226
+ Selon l’OMS, les spirales anti-moustiques et autres vaporisateurs « peuvent aussi réduire les piqûres à l’intérieur des bâtiments[80] ».
227
+
228
+ La résistance de nombreuses souches de moustiques à certains pesticides a rapidement et fortement augmenté (beaucoup plus vite que pour les résistances des plantes aux désherbants)[88]. À titre d'exemple, une résistance (génétiquement héritable pour la descendance) au DDT a été constatée chez les moustiques
229
+ dès 1947 en Floride, un an seulement après les premières utilisations du DDT (Hemingway et Ranson 2000)[89],[90],[91].
230
+
231
+ Des indices laissent penser que la présence d'insecticides dans le milieu aquatique où se développent les larves s'accumulent dans les tissus larvaires et donc de l'adulte, entraînant peut-être « le maintien de l‟induction de certaines enzymes de détoxication et par conséquent le maintien de l‟augmentation de tolérance à l‟insecticide »[88]. On constate en tout cas que « les moustiques issus de zones agricoles ou plus généralement polluées par des composés organiques tolèrent mieux les insecticides »[88],[92],[93],[94],[95]), ce qui n'exclut pas des phénomènes de résistance croisée avec divers pesticides utilisés en agriculture, en médecine vétérinaire, ou ayant été utilisés, mais persistants et donc encore présent dans l’environnement des larves.
232
+ Ces adaptations posent des problèmes de lutte contre les maladies véhiculées par les moustiques (malaria…), et pourraient continuer à augmenter, alors que les populations de moustiques indésirables pourraient s'étendre à la faveur du réchauffement climatique et de la mondialisation des échanges.
233
+
234
+ Pour répondre à ces adaptations, outre l'utilisation de cocktails d'insecticides et le changement régulier de molécules, une autre stratégie consiste à ne pas encourager les milieux favorables aux moustiques piqueurs (eaux stagnantes) et à favoriser le développement de prédateurs naturels des moustiques, par exemple en protégeant les poissons et insectes aquatiques mangeurs de larves de moustiques et en offrant des nichoirs aux chauves-souris et aux hirondelles pour lutter contre le moustique commun. En Polynésie l'arbre à pain sert de répulsif naturel contre les moustiques et autres insectes en brûlant la fleur mâle de l’arbre . Cependant ces stratégies sont insuffisamment efficaces[44].
235
+
236
+ La lumière nocturne attire les moustiques en général hormis les femelles à la recherche de sang (la lumière est utilisée pour attirer les moustiques dans les pièges qui servent à les compter[96], en combinaison avec un morceau de glace carbonique[97] qui émettra du CO2 destiné à aussi y attirer les femelles prêtes à piquer car quand la femelle cherche son repas de sang, c'est uniquement par l'odeur de sa cible et avant cela par le CO2 qu'émet cette cible qu'elle est attirée).
237
+ C'est pourquoi les électrocuteurs d'insectes utilisant une lumière blanche ou ultraviolette pour les attirer ont une très faible efficacité sur les moustiques femelles (elles constituent 0,2 % des insectes piégés)[98]. Ces dernières — avant la ponte — semblent essentiellement attirées par le dioxyde de carbone émis par la respiration puis par certaines molécules émises par la peau humaine (ou d'autres mammifères), la température pouvant aussi jouer un rôle[75],[99],[79],[79]. Selon l'American Mosquito Control Association les UV sont inefficaces contre les moustiques femelles, mais une combinaison de LED à forte luminosité dans les tons bleus, verts, rouges et infrarouges dans certaines fourchettes de longueurs d'onde seraient à même d'attirer dans des pièges un large spectre d'espèces de moustiques, bien mieux que les pièges à dioxyde de carbone onéreux, encombrants et peu efficaces[100]. Toutefois, à l'échelle d'une collectivité, les pièges à moustiques à CO2 et « odeurs » permettent de constituer autour des habitations une barrière anti-moustiques efficace[101].
238
+
239
+ Porteurs de nombreuses maladies tels que la dengue, les chercheurs développent des solutions pour irradier l'espèce. Le but sera de stériliser les femelles et infecter les mâles[102].
240
+
241
+ Alors que les populations humaines s'étendent et gagnent du terrain sur les forêts et zones humides, que certains insectivores naturels des moustiques (reptiles insectivores, amphibiens, chauve souris...) sont en forte régression dans tout ou partie de leur aire de répartition, et que certaines espèces de moustiques se sont adaptés à la plupart des insecticides, la gestion des populations de moustiques et des milieux naturels et les moyens chimiques et techniques utilisés pour la gestion des risques écoépidémiologiques posés par certaines espèces de moustiques (comme pour les tiques ou d'autres espèces vectrices de maladies ou gênantes pour l'agriculture) posent des questions bioéthiques et d'éthique environnementale complexes[103] telles que l'équilibre entre protection de la santé humaine et préservation de l'environnement[104] ou encore l'extinction programmée d'espèces.
242
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243
+ La Fondation Rockefeller en 1916[105] puis l'Organisation panaméricaine de la santé au milieu du XXe siècle[105],[55] ont tenté en vain d'éradiquer Aedes aegypti.
244
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245
+ En 2003, dans une tribune publiée dans le New York Times, la biologiste Olivia Judson se prononce en faveur du « specicide » (extinction planifiée) de 30 types de moustiques, ce qui permettrait selon elle de sauver un million de vies tout en limitant la diminution de la diversité génétique des moustiques de seulement 1 %[55].
246
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247
+ L'idée d'une extinction planifiée totale ou partielle des moustiques est sujette à caution, notamment compte tenu de son impact potentiel sur la chaîne alimentaire et les écosystèmes[55]. L'entomologiste Frédéric Simard estime cependant qu'« aucune de ces espèces n’est irremplaçable. Leur disparition pourrait être compensée par l’arrivée d’autres insectes, tels les chironomes, qui profiteraient de l’espace ainsi libéré car la nature a horreur du vide. On ne connaît pas de prédateur qui dépende spécifiquement des moustiques »[55]. D'après la journaliste Audrey Garric, « aucun scientifique n’a vraiment pu estimer les retombées écologiques d’une disparition massive et forcée des moustiques » et « une éradication totale du fléau des moustiques relève de l’utopie »[55]. Pour l'universitaire Eric Marois, « il faut considérer qu’on ne pense éradiquer qu’une ou quelques espèces de moustiques sur les milliers existantes. Une espèce éradiquée sera probablement rapidement remplacée par d’autres au niveau de la niche écologique. Il se peut qu’on ne voie pas la différence »[55].
248
+
249
+ En 1759, Carl von Linné désigne sous le genre Culex les quelques moustiques – et assimilés – connus de l'époque. Meigen, en 1818, redistribue ce genre en trois genres selon le critère morphologique de la longueur des palpes : genre Anopheles pour les moustiques à palpes longs pour les deux sexes, Culex avec les palpes longs pour les mâles et courts pour les femelles et Aedes aux palpes courts pour les deux sexes.
250
+ Entre 1828 et 1896, au fil des nouvelles découvertes, les entomologistes Robineau-Desvoidy, Macquart, Lynch-Arribalzaga puis Williston apportent leur remaniement à la classification de ce qui deviendra la famille des Culicidae, créant les genres Megharinus (actuel Toxorhynchites), Psorophora, Sabethes, Ochlerotatus, Taeniorhynchus (actuel Mansonia), Ianthinosoma, Heteronycha, Uranotaenia et Hodgesia.
251
+
252
+ Dans le dernier quart du XIXe siècle, le monde scientifique découvrit que les moustiques transmettaient de graves maladies telles que les filarioses (1878), le paludisme (1880) et la fièvre jaune (1900). Cette découverte provoqua la prospection intense de moustiques dans le monde entier, enrichissant les musées et permettant une étude plus poussée de la taxonomie de ce groupe. Travaillant au British Museum de Londres, Frederick Vincent Theobald, dans son ouvrage en six volumes, A Monograph of the Culicidae of the World, paru de 1901 à 1910, créa de nombreux genres pour déboucher sur une classification de la famille comprenant six sous-familles.
253
+ Frederick Wallace Edwards, en 1932, inclut au rang de sous-famille les dixines et chaoborines dans la famille des Culicidae, les moustiques formant la sous-famille des Culicinae divisée en 3 tribus : Anophelini, Toxorhynchitini et Culicini, ces derniers divisés en 5 groupes : Sabethes, Uranotaenia, Theobaldia (actuel Culiseta), Aedes et Culex.
254
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255
+ Stone, en 1957, supprima les Dixinae et Chaoborinae des Culicidae et en 1959, Kenneth Lee Knight, Alan Stone et Helle Starke, dans leur ouvrage A synoptic Catalog of the Mosquitoes of the World (Diptera, Culicidae) reconnaissent 3 sous-familles : Anophelinae, Toxorhynchitinae et Culicinae, ces derniers divisés en 2 tribus : les Culicini et les Sabethini. Belkin en 1962 réintègre Chaoborinae et Dixinae mais subdivise les Culicinae en 10 tribus. Knight et Stone, pour la réédition de leur catalogue en 1977, adoptent dans son ensemble la classification de Belkin en excluant toutefois Chaoboridae et Dixidae.
256
+
257
+ Durant ces dernières décennies, le nombre d’espèces et de sous-genres a considérablement augmenté, avec des remaniements taxonomiques à divers niveaux. Ainsi, Harbach & Kitching (1998), inclurent la sous-famille des Toxorhynchitinae dans la sous-famille des Culicinae, la ramenant au rang de tribu (Toxorhynchitinii).
258
+ Reinert et al, (2000) divisèrent, sur la base des génitalia mâles et femelles, le prolifique genre Aedes en deux genres : Aedes, conservant 23 sous-genres et le genre Ochlerotatus (anciennement sous-genre du genre Aedes) captant 21 sous-genres. Dernièrement, Reinert et al (2004, 2009) proposèrent de diviser la tribu des Aedini en 63 genres au lieu de 12, portant des sous-genres au niveau de genres et créant de nouveaux genres.
259
+
260
+ En 1959, 2 462 espèces de moustiques étaient décrites et validées de par le monde, 3 209 espèces en 1992 pour un total actuel atteignant 3 523 espèces réparties en 44 genres et 145 sous-genres. La classification phylogénétique n'est toujours pas totalement définie. Si certaines tribus sont monophylétiques (Aedini, Culicini et Sabethini), la phylogénie de la plupart des tribus reste incertaine (Harbach & Kitching, 1998 ; Harbach, 2007). Toutefois, l'apport, cette dernière décennie, de nouvelles techniques d'analyse génétique, couplée aux techniques d'analyse morphotaxonomique classiques, permettent de progresser rapidement dans ce domaine.
261
+
262
+ À ce jour (Harbach, 2010), 3 523 espèces de moustiques sont décrites au niveau mondial, réparties (Harbach & Kitching, 1998) en deux sous-familles : Anophelinae (478 espèces), Culicinae (3 046 espèces) et 44 genres. Pour être complet, il faut rajouter à cette liste 156 sous espèces.
263
+
264
+ D'après Arim https://arim.ird.fr/arim, (2014).
265
+
266
+ Du fait de leur abondance, les sous-genres ne sont pas cités pour cette sous-famille. Se reporter pour cela à la page de chaque genre.
267
+
268
+ Une distinction essentielle concerne la manière dont pondent les différentes espèces. Certaines (genre Aedes) pondent leurs œufs sur des zones humides temporaires, donc dans des secteurs susceptibles de se mettre en eau et de s'assécher au gré des conditions climatiques. Leurs œufs peuvent survivre à la dessiccation.
269
+ D'autres espèces (genres Culex, une partie des Anopheles) pondent leurs œufs à la surface des eaux stagnantes.
270
+
271
+ Pour les Aedes, la prolifération en très grand nombre est due à des événements climatiques importants (fortes précipitations après une longue période de sécheresse). Il y a alors apparition concomitante d'une très grande quantité de larves aquatiques, due à la submersion d'une grande quantité d'œufs. Quelques jours plus tard, les adultes (imago) vont apparaître.
272
+
273
+ Ceci est un phénomène naturel qui n'a rien à voir avec une action anthropique. Dans ce cas, le moustique ne peut être considéré que comme un bio-indicateur.
274
+ De même, pour les autres espèces appartenant aux genres précités, même si parfois leur nombre augmente avec la teneur en matière organique, il est toujours délicat de les utiliser comme bio-indicateurs. C'est pour cela qu'ils ne figurent jamais dans les différents indices biotiques existants (IBGN par exemple) établis pour les rivières, peu colonisées par les moustiques.
275
+
276
+ Les moustiques sont apparus probablement au Jurassique, il y a environ 170 millions d'années. Le fossile le plus ancien date du Crétacé.
277
+ Les moustiques étaient alors environ trois fois plus gros que les espèces actuelles et étaient un groupe voisin des Chaoboridae (moucherons piquants).
278
+
279
+ Le moustique du métro de Londres, Culex pipiens f. molestus, est souvent cité au titre de nouvelle espèce apparue au XXe siècle[106].
280
+
281
+ Les moustiques sont dénommés maringouins au Canada[107], aux Antilles françaises et en Louisiane[108], mais ce terme peut également désigner d'autres insectes apparentés.
282
+
283
+ Le nom de la famille Culicidae, créé en 1818 par l'entomologiste Johann Wilhelm Meigen, est formé d'après le genre Culex décrit par Linné en 1758, lui-même issu du radical indo-européen commun k̂ū (« coin, dard »)[109].
284
+
285
+ Le terme Moustique est attesté en français à partir de 1654, il fait suite à une forme mousquitte mentionnée antérieurement. Il est issu de l'espagnol mosquito, diminutif de mosca « mouche » qui procède du latin musca, tout comme le français mouche. La métathèse mousquitte > moustique est probablement due à l'analogie avec le mot tique. Le mot se rencontre aussi bien au masculin qu'au féminin au XVIIe siècle, l'étymon espagnol étant du genre masculin, tique étant du genre féminin[110].
286
+
287
+ Quant au mot Maringouin, il a pour origine un mot indigène provenant de marui, maruim ou mbarigui en langage tupi et guarani. Ce mot fut emprunté aux amérindiens par les marins français et répandu lors de l’expansion coloniale, ce qui explique qu'il soit en usage ailleurs qu'au Québec[111]. En 1566, ce mot indigène est devenu maringon, puis marigoin en 1609 et enfin maringouin en 1614, dans les livres d'histoire locale. Il est adopté par le vocabulaire du français depuis 1718[112].
288
+
289
+ Moustique : Dans le Dictionnaire de l'Académie française, le moustique est d'abord défini, dans la 4e édition de 1762, comme un insecte caractérisé par sa petite taille et sa piqûre douloureuse qui « laisse sur la peau une tache semblable à celles du pourpre ». Il est alors localisé seulement en Afrique et en Amérique. Cette définition persiste dans les éditions suivantes bien que le genre change de féminin (édition de 1762) à masculin (édition de 1832). Il faut attendre la 8e édition (1932-5) pour que le moustique soit défini plus précisément comme un diptère mais sans plus de localisation géographique. Sa piqûre n'est plus seulement douloureuse mais également dangereuse et « peut véhiculer les germes de certaines maladies[113] ».
290
+ Plus récemment, le Trésor de la Langue Française (1971-1994) précise encore qu'il s'agit d'un diptère nématocère, que seule la femelle pique et qu'elle pique l'Homme et les animaux « pour se nourrir de leur sang[114] ».
291
+ Par analogie on qualifie de « moustique » un individu de petite taille et toujours en mouvement, généralement un enfant[114].
292
+
293
+ Cousin : Le Dictionaire critique de la langue française (1787-1788) de Jean-François Féraud, précise qu'en France on nomme le moustique « cousin[113] », mot qui, d'après le Trésor de la Langue Française (1971-1994), tend à ne désigner à présent que les moustiques non dangereux et surtout les espèces françaises de très grande taille (Tipula spp., qui relèvent en fait non pas de la famille des Culicidae mais de celle des Tipulidae)[114].
294
+
295
+ Maringouin : Dans le Dictionnaire de l'Académie française, le maringouin est d'abord défini, dans la 4e édition de 1762, comme un moucheron d'Amérique « qui ressemble au cousin », nom donné couramment en France à cette époque au moustique. Ce n'est que dans la 6e édition (1832-5) qu'apparait l'idée d'un éventuel lien plus précis entre le maringouin des « voyageurs » avec le « genre des cousins ». Ce lien est avéré dans la 8e édition (1932-5) puisqu'il y est indiqué qu'il ne s'agit en fait que d'un « nom vulgaire » donné à certaines espèces de cousins aux Antilles et « autres pays chauds[115]».
296
+
297
+ Les larves de moustique sont utilisées comme nourriture en aquariophilie, et sont commercialisées sous trois formes : lyophilisées, congelées ou vivantes.
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+ Vivantes, elles sont appréciées par les poissons prédateurs : cichlidés, combattants, gouramis…
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+ Il est facile de se procurer des larves de moustique en laissant croupir de l'eau dans un récipient (l'ajout d'herbe coupée ou d'une branche peut accélérer le processus). Après quelques semaines, vous pourrez récolter avec une épuisette pour aquarium une multitude de larves.
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+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Ils sont étudiés dans le cadre de la sociologie, l'anthropologie, l'ethnologie ou la psychologie sociale:
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+ En philosophie, le mot culture désigne ce qui est différent de la nature.
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+ En sociologie, comme en éthologie, la culture est définie de façon plus étroite comme « ce qui est commun à un groupe d'individus » et comme « ce qui le soude », c'est-à-dire ce qui est appris, transmis, produit et inventé. Ainsi, pour une institution internationale comme l'UNESCO : « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances »[1]. Ce « réservoir commun » évolue dans le temps par et dans les formes des échanges. Il se constitue en de multiples manières distinctes d'être, de penser, d'agir et de communiquer en société[2].
4
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+ Par abus de langage, on utilise souvent le mot « culture » pour désigner presque exclusivement l'offre de pratiques et de services culturels dans les sociétés modernes, et en particulier dans le domaine des arts et des lettres.
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+ La culture est, selon le sociologue québécois Guy Rocher, « un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte » (Guy Rocher, 1969, 88).
8
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9
+ L’étymologie du mot « culture », du mot latin cultura (« habiter », « cultiver », ou « honorer ») lui-même issu de colere (cultiver ET célébrer), suggère que la culture se réfère, en général, à l’activité humaine. Ce mot prend des significations notablement différentes, voire contradictoires, selon ses utilisations[3].
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11
+ Le terme latin cultura définit l’action de cultiver la terre au sens premier puis celle de cultiver l'esprit, l'âme au sens figuré (Dictionnaire Gaffiot). Cicéron fut le premier à appliquer le mot cultura à l'être humain : « Un champ si fertile soit-il ne peut être productif sans culture, et c'est la même chose pour l'humain sans enseignement. » (Tusculanes, II, 13).
12
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13
+ Dans l’Histoire, l’emploi du mot s’est progressivement élargi aux êtres humains. Le terme culte, d'étymologie voisine (latin cultus), est employé pour désigner l’hommage rendu à une divinité mais réfère également à l'action de cultiver, de soigner, de pratiquer un art.
14
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+ Voir les mots avec le suffixe -culture sur Wiktionnaire.
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17
+ Différentes définitions du mot « culture » reflètent les théories diverses pour comprendre ou évaluer l’activité humaine. En 1952, les anthropologues Alfred Kroeber et Clyde Kluckhohn ont rédigé une liste de plus de 150 définitions différentes du mot culture dans leur livre Culture: a critical review of concepts and definitions[4].
18
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+ La définition que peuvent en faire les gouvernements lorsqu’ils fixent sa mission au Ministère de la Culture diffère de celle que l’on en donne dans les sciences humaines ou de celle qui correspond à la « culture générale » de chacun.
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+ Il existe de puissants enjeux politiques et économiques pour définir et encadrer la culture. Lorsque les entrepreneurs tentent de faire valider la notion de « culture d'entreprise » ou les ingénieurs celle de « culture technique », ils contribuent à étendre l'amplitude des significations mais au prix d'en diluer certaines caractéristiques spécifiques, comme l'opposition plus traditionnelle entre des styles plus spontanés, artistiques, religieux, fondés, comme le disait Georg Wilhelm Friedrich Hegel, sur le « sentiment » et des types d'actions davantage fondés sur le calcul, la cognition, la règle. Bien que fréquemment les deux mondes s'entrecroisent, doit-on pour autant les confondre, contribuant alors à privilégier une conception totalisante de la culture ?
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23
+ Le mot « culture » est parfois employé dans un sens restreint pour désigner l'industrie des « biens culturels », c'est-à-dire les entreprises et activités de production, de distribution et de gestion de droits d'exploitation de spectacles et de contenus audio-visuels reproductibles (voir Économie de la culture). Ce secteur, sous l'effet du développement des technologies de l'information et de la communication, est en pleine transformation et son avenir fait l'objet de controverses politiques tendues.
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+ Selon Geert Hofstede, la culture est une programmation mentale collective propre à un groupe d’individus.
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+ De manière plus générale, en éthologie, la culture animale désigne tout comportement, habitude, savoir, système de sens (en anthropologie) appris par un individu biologique, transmis socialement et non par héritage génétique de l’espèce à laquelle appartient cet individu. La culture se définit en ce sens comme un ensemble de connaissances transmis par des systèmes de croyance, par le raisonnement ou l’expérimentation, qui la développent au sein du comportement humain en relation avec la nature et le monde environnant. Elle comprend ainsi tout ce qui est considéré comme « acquisition de l’espèce », indépendamment de son héritage instinctif, considéré comme naturel et inné. Ce mot reçoit alors des définitions différentes selon le contexte auquel on se réfère.
28
+
29
+ Mais la culture n'est pas réductible à son acception scientifique, car, comme l'indique la définition de l'UNESCO, elle concerne les valeurs à travers lesquelles nous choisissons aussi notre rapport à la science. En ce sens, elle relève davantage de la communauté politique des êtres humains que de l'espèce comme objet de science.
30
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31
+ Plus récemment, le concept de culture a largement été critiqué, notamment par des chercheurs comme Ingrid Piller[5], Joanna Breidenbach[6], Unni Wikan[7] ou Adam Kuper[8]. Pour ces chercheurs non francophones, principalement issus de l'anthropologie ou des sciences politiques, le concept de culture serait avant tout un outil qui aurait remplacé le concept de race, reproduisant un certain nombre de stéréotypes essentialistes. Dans le monde francophone, Albin Wagener s'inscrit dans cette mouvance en 2015, avec un ouvrage intitulé L'échec culturel[9] qui introduit un approfondissement critique et pluridisciplinaire du concept de culture, allant même jusqu'à proposer un abandon pur et simple de concept pour le remplacer par des notions moins vagues et moins risquées du point de vue intellectuel, politique et pragmatique.
32
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33
+ En langue française, le mot « culture » désigne tout d’abord l’ensemble des connaissances générales d’un individu. C’est la seule définition qu’en donne en 1862 le Dictionnaire national de Bescherelle. Les connaissances scientifiques y sont présentées comme élément de premier plan. C’est ce que nous appelons aujourd’hui la « culture générale ».
34
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35
+ Après le milieu du XXe siècle, le terme prend une seconde signification. Par exemple, le Petit Larousse de 1980 donne, en plus de la conception individuelle, une conception collective : ensemble des structures sociales, religieuses, etc., des manifestations intellectuelles, artistiques, etc., qui caractérisent une société. Le terme peut alors revêtir l’un ou l’autre sens, mais la proximité des domaines d’utilisation de chacun en fait une source d’ambiguïté.
36
+
37
+ En langue allemande, la définition de la culture individuelle ou culture générale correspond au mot Bildung[10]. Il existe un autre mot, Kultur[11], qui correspond à un patrimoine social, artistique, éthique appartenant à un ensemble d’individus disposant d’une identité. Ainsi, ce terme homophone, qui correspond plutôt en français à l’une des acceptions de civilisation, et par les échanges d’idées entre la France et l’Allemagne, s’est petit à petit amalgamé avec le sens initial du mot culture en français. Cette seconde définition est en train de supplanter l’ancienne, correspondant à la culture individuelle. Néanmoins, les dictionnaires actuels citent les deux définitions, en plaçant le plus souvent la « culture individuelle » en premier.
38
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39
+ Il y a actuellement en français deux acceptions différentes pour le mot culture :
40
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+ Ces deux acceptions diffèrent en premier lieu par leur composante dynamique :
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+ C’est dans cette dichotomie que ces deux significations peuvent s’opposer :
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+
45
+ La culture collective comporte une composante de rigidité pouvant s’opposer au développement des cultures individuelles, ou pouvant conduire à des contrecultures, concept qui est inimaginable avec le sens individuel, la connaissance ne pouvant être que positive.
46
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47
+ La science, toujours en évolution, n’est de ce fait pas raccrochée au concept de culture individuelle, dans les acceptions populaires, alors qu’elle en est une des composantes principales dans la teneur initiale du terme.
48
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49
+ Mais c’est par l’art et l’histoire que les deux concepts se rejoignent. La culture individuelle inclut la connaissance des arts et des cultures, celle des différentes cultures humaines, mais bien évidemment celle affiliée à la culture (collective) à laquelle l’individu s'apparente.
50
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51
+ C’est là le point d’amalgame entre les deux acceptions : la culture (individuelle) est comprise comme connaissance de la culture (collective) dont on dépend. Fusionnant ainsi deux acceptions différentes, le terme « culture » tend actuellement, en France, vers un compromis dans son acception courante, où il désignerait essentiellement des connaissances liées aux arts et à l’Histoire, plus ou moins liées à une identité ethnique.
52
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53
+ Les deux sens doivent cependant être analysés distinctement : la culture collective et la culture individuelle se recoupent en réalité, non seulement par leur homonymie, mais aussi par la filiation de l'espèce et de l’individu à une entité culturelle.
54
+
55
+ L’utilisation populaire du mot « culture » dans beaucoup de sociétés occidentales, permet de réaliser un classement de son caractère en fonction de croyance, de la consommation de biens ou de l’exercice d’activités considérées comme élitistes : la cuisine, l’art, et la musique par exemple.
56
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57
+ En ethno-archéologie et en anthropologie sociale et culturelle, par sa « culture » on entend distinguer chaque groupe humain occupant un certain espace géographique pendant une période donnée[12]. On s'appuie, pour ce faire, sur la répartition homogène dans cet espace géographique d'un certain nombre de types d'objets (formes de poteries, outils de silex, art mobilier, architecture, pratiques funéraires, etc.) et ainsi définir la « culture matérielle » de chaque « culture » entendue de ce point de vue ethno-archéologique. Le Chasséen tire son nom du site de Chassey-le-Camp en Saône-et-Loire, la culture de Yangshao tire le sien d'un site près du village de Yangshao, au Nord du Henan, etc. ce sont autant de « cultures » sur une aire géographique bien plus étendue que ces sites mais en constante redéfinition en fonction de l'état des recherches.
58
+
59
+ Outre le fait qu'on ait tendance à ne distinguer qu'une culture unique à l'échelle — la Culture — et qu'il est d'usage de la définir par rapport à la Nature, la sociologie propose d'étudier les phénomènes culturels au pluriel. Lorsqu'on s'intéresse à la culture d'un point de vue sociologique, il s'agit de voir dans les faits qu'il existe des pratiques culturelles qui diffèrent selon l'espace et le temps, selon la position sociale occupés par les individus au sein de la société, selon le genre, le travail que l'on exerce, etc. De manière plus précise, chaque pratique culturelle est étroitement liée aux représentations ; Pierre Bourdieu appelle ces représentations habitus, un concept qui s'apparente à des « lunettes ». Ainsi, chaque individu, étant donné qu'il est un produit socio-historique, un homme vivant parmi d'autres hommes, éduqué d'une certaine façon et habitué à des pratiques sociales qu'il juge « normales », chaque individu donc, se fait ses propres représentations de ce qui est légitime et non-légitime, beau et laid, bien ou mal. L'individu n'est pas un atome isolé qui ferait ce qu'il fait naturellement, mais répond à des exigences dont il ne se rend pas compte. Quand on s'interroge sur la Culture — qu'est-ce qu'une culture et qu'est-ce qui n'en est pas une ? — il faut dépasser un certain ethnocentrisme, il faut étudier la Culture comme étant un objet scientifique comme un autre, comme le physicien par exemple étudie les astres. Car définir la Culture, doit différer et se débarrasser des jugements de valeurs et des jugements moraux.
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+ On a tendance à penser la Culture comme un noyau dur inaltérable qui ne changerait que par « périodes » ou « stades » de l'évolution humaine. Mais la Culture est une affaire de tous les jours ! La Culture est ce que les hommes en font ; elle n'est pas par ailleurs chose tombée du ciel, par une sorte d'ésotérisme réservée à des génies qui seraient génies innés. Norbert Elias, dans son opus du Processus de civilisation, invite à penser la Culture comme une dynamique de transformations successives dans l'histoire de l'Homme en liaison aux changements sociaux (centralisation de l'État, principe de différenciation et de logique concurrentielle entre les individus, pacification des mœurs) et aux évolutions techniques. Derrière le mot Culture donc, des forces coexistent, se repoussent et fusionnent entre elles. Dans son ouvrage Mozart : sociologie d'un génie, N. Elias montre que le compositeur autrichien est lui-aussi déterminé sociologiquement ; dans une optique de démystification de l'histoire et non de destruction de croyance, Elias explique que bien que Mozart soit un génie célébré, il est situé dans un espace social propice qui lui a permis d'être ce qu'il est devenu (entre autres, père compositeur et violoniste pour la cour d'Autriche de son époque).
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+ Pour Pierre Bourdieu, la Culture ne fait référence qu'à l'existence d'une culture dominante et légitimée, antagonique à une culture dominée dont les valeurs ne sont pas reconnues. Chaque individu, doté d'un capital économique, d'un capital social et d'un capital culturel déterminé par son champ social, est forcé d'intérioriser les normes reconnues par le champ dominant pour pouvoir à son tour être reconnu. Par exemple, la musique symphonique/classique est dite légitime, alors que la musique métal ou le rap ne le sont pas. Dans les pratiques culturelles des individus positionnés en haut de l'échelle sociale, on observera qu'aller à l'opéra est plus fréquent que pour un ouvrier ; pour saisir cette domination, il faut non pas simplement s'intéresser aux œuvres-mêmes, mais les catégories sociales dont les individus sont issus, car selon la position sociale que l'on occupe, les représentations changent : il y a l'influence de règles sociales sur les pratiques individuelles.
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+ La Culture demeure du sens, des schèmes culturels individualisés, c'est-à-dire façonnés par l'individu en rapport avec son héritage, la manière dont il en hérite, et en rapport aux autres : la Culture n'est viable qu'au pluriel.
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+ Une représentation de la culture consiste à la regarder comme formée de quatre éléments qui sont « transmis de génération en génération en apprenant »[13] :
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+ Julian Huxley donne une division légèrement différente, en mentifacts, socifacts et artifacts, pour des sous-systèmes idéologiques, sociologiques, et technologiques respectivement. La socialisation, du point de Huxley, dépend du sous-système de croyance. Le sous-système sociologique oriente l’interaction entre les gens. Les objets matériels et leur utilisation forment le sous-système technologique[14].
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+ En général, les archéologues se focalisent sur la culture matérielle, alors que l’anthropologie culturelle se focalise sur la culture symbolique, encore qu'in fine les deux groupes s’intéressent aux relations entre ces deux dimensions. De plus, les anthropologues conçoivent le mot « culture » pour se référer non seulement à la consommation de biens, mais au processus général qui produit de tels biens et leur donne une signification, et aux relations et pratiques sociales dans lesquelles de tels objets et processus sont imbriqués.
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+ Les systèmes de valeurs comprennent des idées et des matériaux qui semblent importants dans la vie. Elles guident les croyances qui composent la culture en partie.
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+ Il est possible de reconnaître des systèmes de valeur associés de préférence à des civilisations. Ainsi, dans ce qu'on appelle encore l'Occident, il semble que la conversation culturelle se préoccupe beaucoup de la question de la règle, de la mesure, de la loi physique ou sociale, alors qu'en Extrême-Orient, l'affaire la plus importante concerne l'identité dans le monde. Les valeurs des sociétés villageoises (comme en Afrique ou en Amérique latine) portent davantage sur l'équilibre entre l'homme et la nature, garanti par l'intercession des hommes-médecine. Les valeurs des sociétés nomades sont plutôt attachées à résoudre les problèmes des antagonismes inévitables entre groupes sur le territoire commun. À l'intérieur de la sphère occidentale, le point de vue anglo-saxon insiste encore davantage sur la loi (culture de la common law, et de la rule of law). Ceci correspond à une religiosité inspirée des protestantismes préoccupés de l'usage rationnel du temps personnel (comme le montrait Max Weber), ce qui permet l'autodiscipline, libère un certain libéralisme et fait l'économie d'un contrôle par l'autorité collective.
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+ En France, le plus laïc des pays occidentaux - tradition que l’on pourrait faire remonter au gallicanisme de Philippe le Bel, à la Pragmatique Sanction de Bourges, ou aux positions de Bossuet - on a plutôt affaire à une reprise administrative nationale de l'ancienne autorité catholique, où se trouve préservé un principe d'arbitrage divin et royal, désormais déposé dans l'État laïque. La Révolution française introduit un statut civil équivalent pour tous les citoyens, indépendamment des croyances ou appartenances religieuses, mais ne renie pas longtemps - avec Napoléon - le principe du pouvoir transcendant et paternaliste. Celui-ci subsiste aujourd’hui dans la trame culturelle de ce pays qui demeure de ce point de vue de tradition catholique. Néanmoins, comme partout ailleurs en Europe, on y rencontre le débat avec les deux religions et cultures du « Livre » (la Bible), qui forment les deux autres variantes de la culture occidentale au sens large : la tradition judaïque, qui insiste sur l'alliance entre Dieu et son peuple, au travers d'une loi interprétable ; et la tradition musulmane, qui veut rétablir le principe de la liberté absolue de Dieu. On constate ici combien le monde des valeurs ne se développe pas au hasard, mais bien comme système logique de différences assumées. On observe aussi que ce caractère de conversation entre les valeurs demeure le plus souvent inconscient, caché par l'intransigeance de leurs partisans respectifs.
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+ Les normes sont constituées par les attentes sur la façon dont les personnes doivent se comporter dans diverses situations. Chaque culture a des méthodes, appelées sanctions, pour imposer ses normes. Les sanctions varient avec l’importance de la norme ; les normes qu’une société impose formellement ont le statut de lois.
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+ On notera qu’en France, la langue française a le statut de langue officielle, et qu’à ce titre, elle est la langue de l’administration et du droit civil.
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+ Aux États-Unis, il existe une tradition normative très importante en matière industrielle et financière. Les normes comptables en Europe sont actuellement assez largement inspirées des normes américaines.
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+ Les institutions sont les structures de la société dans et par lesquelles les valeurs et les normes sont transmises.
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+ On a vu que, dans le cas de la France, la défense de la langue fut prise très tôt en charge par le souverain, François Ier pour le statut de langue officielle du français par l'Ordonnance de Villers-Cotterêts (1539)[15], Richelieu pour l’Académie française. De là est née, en France et dans la plus grande partie de l’Europe, une tradition qui lie la culture avec les institutions publiques.
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+ Aux États-Unis, il n’existe pas une emprise aussi importante de la puissance publique sur la culture proprement dite. Ainsi, de nombreuses grandes entreprises ont des collections d’œuvres d'art telles qu’elles ouvrent des musées privés. Des hommes d'affaires et milliardaires n'hésitent pas à réaliser du mécénat et par leur philanthropie alimentent de grandes fondations (qui portent d'ailleurs souvent leur nom) et qui ont développé des actions dans le secteur de la culture, des arts et de l'enseignement artistique (des grands musées comme le Metropolitan ou Guggenheim à New-York, les Fondations comme Ford, Carnegie, etc.). Les industries culturelles, mettant en œuvre les bases d'un véritable management culturel, se sont dès le départ développées sur un modèle d'entreprises privées avec au fil des décennies un mouvement de forte concentration financière faisant des grands groupes américains du secteur les principaux protagonistes d'un oligopole mondial des industries de l'entertainment et des médias (Time Warner, Disney, Fox, etc.). Ainsi, depuis les années 1950, l’industrie américaine du cinéma, concentrée à Hollywood, domine non seulement économiquement mais aussi symboliquement, la distribution des films à grand succès et la consécration des grandes vedettes.
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+ En France, la majorité des institutions culturelles sont des organisations en gestion publique ou des organisations de type associatif mais avec une forte dépendance à des collectivités publiques : académies, musées, bibliothèques, médiathèques, conservatoires, salles de concert et de théâtre, orchestres, opéras, Maisons des jeunes et de la culture. La France a été l'une des premières démocraties modernes à se doter d'un ministère de la Culture en 1959[16]. Elle fut suivie par de nombreux autres pays en Europe mais selon des formules adaptées à leur contextes respectifs. Les « petits pays » (petits par leur taille) comme les Pays-Bas, la Finlande, l'Autriche ou le Portugal, ont dans leurs organisations gouvernementales respectives un ministère plus large (Éducation par exemple) auquel est rattaché un secrétariat d'État chargé de la Culture. Les pays à structure fédérale ont des équivalents dans leurs régions (en réalité des États fédérés) qui exercent la compétence culturelle. Ainsi, en Allemagne, on trouve dans le gouvernement de chaque Land une direction de la Culture et des Arts, le plus souvent rattachée à l´Enseignement, la Recherche et la Formation professionnelle (ce qui s'explique notamment par l'importance des institutions d’enseignement artistique). L’Espagne s'est quant à elle dotée d’un ministère de la Culture en 1978, dès que la page du franquisme fut tournée. Le Royaume-Uni constitue un exemple des plus intéressants dans la prise en compte de l’action étatique en faveur de la culture. Car il s’agissait d’abord pour le gouvernement d’intervenir et de soutenir les institutions artistiques et en particulier celles du spectacle vivant (théâtre, danse, musique) telles que la Royal Shakespeare Company, le Royal Opera House Covent Garden, les grands orchestres londoniens, etc.
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+ On trouve donc un schéma assez voisin dans les pays européens. Dans le cas de la musique classique par exemple, on observe que toutes les institutions musicales (hormis quelques notables exceptions) bénéficient du soutien de collectivités publiques (État, régions, villes). Le Royaume-Uni toutefois se distingue du reste de l'Europe car les institutions musicales y sont plus autonomes, assez rarement des établissements publics. En revanche dans le domaine des musées, une forte proportion des institutions sont publiques. De ce point de vue, le Royaume-Uni se distingue des États-Unis, les traditions culturelles des deux pays étant assez distinctes.
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+ Que ce soit en France ou en Europe, certains lieux privés peuvent être considérées comme des institutions : des châteaux privés comme Chenonceau, des abbayes comme Fontfroide à Narbonne, l'écomusée d'Alsace ou encore de grandes manifestations d'animation existant depuis longtemps comme le Puy du Fou issus d’une initiative locale, même si le rayonnement est national. Depuis une trentaine d’années les collectivités locales (communes, départements et régions) se sont dotées de leur propre politique culturelle et jouent un rôle essentiel dans l’animation et la régulation de la vie culturelle locale. Ces politiques, souvent menées en partenariat avec les services de l’État, participent de plusieurs logiques : faciliter l’accès à la culture du plus grand nombre, soutenir la création et les artistes, contribuer au développement économique et renforcer l’image des collectivités locales.
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+ Depuis le Traité de Maastricht, certains aspects de la culture font maintenant partie des responsabilités de l’Union européenne, dans le cadre des principes de subsidiarité. En particulier, l’Union européenne doit veiller à l’application de la politique linguistique européenne, qui pose certaines difficultés de mise en œuvre.
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+
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+ On a ainsi deux modèles assez distincts : le modèle américain, caractérisé par une alliance forte entre public et privé (où le privé joue un rôle prépondérant en matière purement culturelle), et le modèle européen, essentiellement public.
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101
+ Les artefacts — choses ou aspects de la culture matérielle — décrivent des valeurs et des normes d’une culture.
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103
+ La culture est aussi indissociable du patrimoine artistique, au sens où elle est un rattachement à des valeurs traditionnelles. Cet aspect de la culture est beaucoup plus marqué en Europe et en Asie, qu’en Amérique et surtout aux États-Unis, pour des raisons historiques évidentes.
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+ Néanmoins, les États-Unis admirent le patrimoine culturel européen, car il s’agit de leurs racines culturelles : on le constate dans les acquisitions des œuvres d'art, dans leur présence dans les lieux artistiques (Paris, Bruges, Venise, Égypte, etc.), dans les mécénats américains pour la restauration de quelques éléments symboliques du patrimoine européen (château de Versailles, etc.), dans les échanges musicaux (chefs d'orchestre, etc.), etc. Le respect des Américains pour l’histoire monarchique de la France paraît surprenant au premier abord, mais il révèle cet attachement à un patrimoine historique qu’ils n’ont pas, et une reconnaissance au rôle joué par la France dans l’Histoire et dans la défense des libertés aux États-Unis.
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107
+ Lorsqu’on parle de patrimoine, on pense le plus souvent au patrimoine bâti et à l’architecture, mais c’est aussi la sculpture, la peinture, le vitrail, la musique, la littérature, le folklore, la langue. Depuis plusieurs années, l'UNESCO a développé un programme en direction du patrimoine immatériel (convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel avec 3 actions clés :
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109
+ En Asie et en Afrique du Nord, on trouve un patrimoine extraordinairement riche, dans les civilisations chinoise, indienne, arabe et berbère par exemple. Le patrimoine de l’Afrique noire est aussi redécouvert (arts premiers).
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+ Voir aussi : Catégorie langue et culture
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+ La langue est probablement, dans les sociétés humaines, ce qui permet le mieux de véhiculer une culture, tant orale qu’écrite. C’est ainsi que la culture française s’est développée dans l’Europe des Lumières, en fait essentiellement parce qu’elle était parlée dans plusieurs cours princières. Cette prééminence du français était due au rayonnement culturel de la France au XVIIIe siècle, et à l’admiration que des souverains étrangers (en Prusse, en Russie, etc.) portaient, à tort ou à raison, aux souverains français.
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+ Cette prééminence avait en réalité été préparée par l’édit de Villers-Cotterêts, signé par François Ier en 1539, qui établissait le français comme langue officielle, c’est-à-dire comme langue de l’administration et du droit (écrit). Puis, au XVIIe siècle, de grands écrivains donnèrent au français classique ses lettres de noblesse. La France est probablement[réf. souhaitée] l’un des seuls pays au monde où la langue parlée (et officielle) est soutenue par un système d’académies, qui en contrôlent le bon usage. L’Académie française fut fondée dans ce sens par Richelieu en 1635.
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+
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+ Aujourd’hui, la langue anglaise est devenue une langue véhiculaire, porteuse d’un grand nombre d’informations dans des domaines comme le militaire, la finance, la science, et aussi et surtout l’informatique, la plupart des langages informatiques étant historiquement formés sur des mots de la langue anglaise. Les normes, en particulier comptables (l’informatique étant issue à l’origine de la comptabilité générale), tendent à imposer un certain modèle culturel.
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+
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+ En France, après la Seconde Guerre mondiale, on tendit à réagir contre cette forme d’impérialisme linguistique en établissant des liens culturels avec les pays de langue française dans le monde : la francophonie. La protection de la langue française est aujourd’hui intégrée dans le droit français : article 2 de la Constitution de 1958, loi Toubon, etc.
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+
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+ On voit également s’établir des liens culturels autour de l’espagnol, entre l’Espagne et l’Amérique du Sud par exemple.
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+
123
+ L’arabe est également un bon exemple des liens culturels établis autour de cette langue parlée le plus souvent dans le monde musulman, et qui véhicula une brillante civilisation entre le VIIIe et le XVe siècle.
124
+
125
+ Le multilinguisme est, au moins officiellement, reconnu dans la politique linguistique de l'Union européenne, comme portant une valeur de diversité culturelle[17].
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+
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+ Le langage étant l’un des modes de communication les plus importants (mais pas le seul), on voit apparaître des modèles linguistiques de communication fondés sur les fonctions du langage. Dans le schéma de Jakobson, par exemple, on voit ces concepts culturels liés au message lui-même, contenus notamment dans le code de communication.
128
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129
+ Sciences et techniques sont en interaction permanente, puisque les techniques sont les applications des sciences dans la société. Parler des manifestations techniques de la culture revient donc à aborder ses relations avec les sciences.
130
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131
+ On constate, depuis plus de trois siècles, une incompréhension entre les sciences (plus précisément les sciences « exactes ») et la culture, voire à des conflits.
132
+
133
+ Jacques Ellul a notamment développé la thèse selon laquelle la technique s'auto-accroît, imposant ses valeurs d'efficacité et de progrès technique, niant l'homme, ses besoins, et notamment sa culture.
134
+
135
+ Claude Allègre note, dans Un peu de science pour tout le monde :
136
+
137
+ Le philosophe Hans Jonas montre en effet, dans le Principe responsabilité (1979), que l’homme tend à adopter, vis-à-vis de la science et surtout de ses applications technologiques, un comportement prométhéen. Il prône le principe de précaution et se trouve à l’origine des principes philosophiques du développement durable.
138
+
139
+ L’astrophysicien Jean Audouze, ancien directeur de l’Institut d’astrophysique de Paris, dresse le même constat, et appelle de ses vœux une réconciliation entre la science et la culture.
140
+
141
+ On distingue à travers le monde, les cultures écrites et les cultures orales.
142
+
143
+ La langue, écrite ou orale, joue ainsi un rôle essentiel dans l’élaboration d’une forme de connaissance sociale, qui est la pensée du sens commun, socialement élaborée et partagée par les membres d’un même ensemble social ou culturel. On appelle quelquefois cette connaissance commune une représentation sociale.
144
+
145
+ Dans le domaine de l’archéologie et de l’anthropologie, la culture se définit comme étant l’ensemble des connaissances et des comportements qui caractérisent une société humaine, ou plus généralement un groupe humain à l’intérieur d’une société.
146
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147
+ Seulement quelques cultures sont parvenues à l’état de civilisation dans l’Histoire de l’humanité.
148
+
149
+ Même s’il existe une culture dominante dans une société, généralement formée autour de la culture de l’élite, il se forme toujours des groupes sociaux dont les intérêts, les pratiques, sont particuliers par rapport à la culture dominante. On trouve ainsi diverses formes de cultures, comme la culture populaire, la culture de masse, la culture de jeunesse, ou ce que l’on appelle la subculture (ou culture intime).
150
+
151
+ Dans la définition que donne l'UNESCO du patrimoine culturel immatériel, la diversité culturelle apparaît comme un élément déterminant :
152
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153
+ La culture enfantine se distingue de celle des adultes, car les systèmes de représentation d’un enfant et d’un adulte sont nécessairement différents.
154
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155
+ Faire dialoguer des personnes de cultures différentes peut nécessiter une médiation interculturelle. Des personnes se sont spécialisées dans la médiation culturelle.
156
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157
+ Selon Christian Puren, il existerait plusieurs composantes à la compétence culturelle : transculturelle, métaculturelle, interculturelle, pluriculturelle, co-culturelle. Cette distinction permet d'analyser les situations où elles s'articulent, se combinent ou se superposent[19].
158
+
159
+ Beaucoup de personnes aujourd’hui identifient souvent la culture ou la « civilisation » à un état évolué de l’humanité, qui s’opposerait, selon eux, à l’état sauvage, la « nature » étant un état sauvage selon eux. Beaucoup de projets réalisés du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, qui eurent lieu dans le cadre de la révolution industrielle, s'orientèrent dans le sens précédent.
160
+
161
+ Tel n’était pourtant pas le cas de beaucoup de philosophes des Lumières, comme John Locke qui fonda la philosophie politique sur la loi de la nature (law of nature), Robert Boyle, auteur d’ouvrages sur la méthode expérimentale (voir philosophie de la nature), Jean-Jacques Rousseau (rêveries d’un promeneur solitaire), Samuel von Pufendorf (qui inspira la constitution des États-Unis), ou de nombreux courants de peinture au XIXe siècle (école de Barbizon, impressionnisme, etc.).
162
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163
+ Dans les dernières décennies, de nombreux philosophes se sont inquiétés des rapports avec la nature (René Dubos, Hans Jonas, etc.).
164
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165
+ Selon la philosophie moderne, et en particulier dans le sillage de Claude Lévi-Strauss, on considère que la culture est naturelle à l'homme, en tant que tous les hommes en ont une et qu'un quelconque « état de nature » (état pré-culturel) ne serait que pure fiction. Pour ce thème, voir l'article Jean-Jacques Rousseau.
166
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167
+ Des découvertes récentes tendent à démontrer que la nature, le biologique, influence la culture. Par leurs recherches, Robert Stoller et ses collaborateurs ont montré que, dans des cas d'erreur sur la détermination du sexe à la naissance résultant d'une anomalie biologique non apparente, des forces de la nature agissent « sur les attitudes et comportements d'un enfant à travers ses jeux, son habillement, ses choix de partenaires de jeu, etc., autrement dit, que l'inné peut influencer l'acquis »[20].
168
+
169
+ Voir aussi : état de nature, Philosophie de la nature, développement durable, Droits de la nature.
170
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171
+ Même si la culture physique était à l’origine cantonnée aux gymnases, le développement des activités sportives modernes tend à se rapprocher de la nature : alpinisme, ski (notamment le ski de fond), cyclisme, kayak, canyoning, etc.
172
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173
+ Sans doute la mondialisation fait intervenir des enjeux culturels considérables. Après la fin de la guerre froide, on assiste ainsi parfois à ce que l’on appelle un choc des civilisations.
174
+
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+ Depuis la chute du mur de Berlin (1989), on tend ainsi à voir apparaître un modèle prédominant, le modèle anglo-saxon réputé « libéral », mais où, en fait, on trouve un engagement très fort de la puissance publique américaine dans l’industrie de l’armement et l’industrie informatique. L’emprise américaine est particulièrement forte sur les aspects culturels, et joue sur les interactions multiples (entreprises, partenariats avec des ONG) à partir des composants fondamentaux de la culture (valeurs, normes, institutions, artefacts). L'influence socioculturelle s'exerce par l'intermédiaire du social learning, et de ses composantes que sont l'enseignement, la langue, et le cinéma[21].
176
+
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+ Ce modèle anglo-saxon, appuyé sur l’anglais comme langue véhiculaire, tend à imposer certains modes de fonctionnement dans les institutions mondiales, notamment commerciales, qui, selon certains observateurs, peuvent traduire une forme d’impérialisme culturel et linguistique.
178
+
179
+ Le développement de la culture de masse depuis les années 1930, dans le sillage de l’américanisation, a favorisé des modes de consommation et de production qui ne sont plus forcément aujourd’hui compatibles avec les contraintes sociétales contemporaines.
180
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181
+ Face à cette forme de domination, certains pays réagissent en prônant la diversité culturelle, et s’organisent en conséquence.
182
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+ En France, l’expression exception culturelle recouvre l'ensemble des solutions adoptées pour défendre la diversité culturelle. Elles passent par des formes d’action concentrées autour de l’État (aides publiques et subventions aux différentes formes de médias) mais aussi par la démarche privée grandissante et l'effort de qualité sur le matériel artistique.
184
+
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+ Spontanément, l'expression patrimoine culturel fait penser à un patrimoine matériel (sites, monuments historiques, œuvres d'art, etc.). L'UNESCO a établi en 1972 une liste du patrimoine mondial, composée de plusieurs centaines de sites dans le monde[22].
186
+
187
+ Cette conception du patrimoine a évolué depuis une quinzaine d'années. On lui a d'abord adjoint une liste Mémoire du monde (1992), qui recense les collections documentaires d'intérêt universel (déclaration des droits de l'homme et du citoyen, instauration du système métrique, mémoire du canal de Suez, etc.).
188
+
189
+ En 1997, la notion de patrimoine oral et immatériel de l'humanité a été définie par l'UNESCO.
190
+
191
+ On s'oriente donc progressivement vers une conception du patrimoine qui inclut à la fois un patrimoine matériel, mais aussi un patrimoine culturel immatériel (PCI).
192
+
193
+ Ce changement de conception du patrimoine n'est pas sans avoir de conséquence sur les représentations sociales et la psychologie sociale des communautés, puisque les traditions vivantes (carnaval de Binche par exemple) et documentaires sont reconnues au même titre que les monuments et œuvres d'art du passé.
194
+
195
+ Lorsque des effets similaires se produisent sur un ensemble d’individus appartenant à une même communauté, on parlera plutôt de biais culturel.
196
+
197
+ L’objectif des entreprises n’est pas le plus souvent de produire de la culture. Néanmoins, et même dans les secteurs autres que la culture, d’une part, on trouve de plus en plus de liens avec les activités culturelles, et d’autre part la notion de culture d'entreprise se développe, avec l’apparition de chartes définissant les valeurs partagées des personnes travaillant dans une même entreprise.
198
+
199
+ Historiquement, ce fut la création des comités d'entreprise qui permit d’abord aux employés de bénéficier d’activités culturelles proches de leur lieu de travail (prêt de livres, de disques, etc.).
200
+
201
+ Plus récemment, les activités de mécénat se sont multipliées, afin de renforcer l’image des entreprises : par exemple le sport (voile, tennis, football, cyclisme, etc.), pour donner une image d’esprit d'équipe.
202
+
203
+ Le mécénat tend à s’ouvrir aujourd’hui à des activités plus artistiques. On peut voir par exemple des entreprises privées participer à l’organisation d’expositions. Ainsi une entreprise du secteur pétrolier peut trouver des intérêts à participer à des expositions en relation avec la culture arabo-musulmane par exemple.
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+
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+ Dans le cadre de stratégies de développement durable et de responsabilité sociétale, on trouve aujourd’hui une multiplication des messages des entreprises autour de chartes d’entreprise, et de mécénats culturels ou sociaux. Ces différents aspects ont pour objectif de renforcer l’image de l’entreprise.
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+
207
+ Ce type d’activité est très naturel aux États-Unis, où les relations entre entreprises et ONG s’établissent facilement. Ce mode de fonctionnement décentralisé et privé n’est pas encore totalement passé dans les mœurs dans beaucoup de pays européens, particulièrement en France, où la puissance publique, on l’a vu, joue traditionnellement un rôle important. Les ONG culturelles peuvent pourtant favoriser l’éducation dans les pays en développement (en Afrique par exemple), et renforcer les liens.
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+
209
+ Néanmoins, si l’entreprise considère le mécénat comme de la communication pure dans ses rapports d’activité annuels (voir responsabilité sociétale), cela peut cacher dans certains cas des insuffisances dans les stratégies.
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211
+ La culture d'entreprise, impulsée par les décideurs, et expliquée aux employés et aux parties prenantes de l’entreprise, devrait ainsi participer, d’une manière générale, à la construction d’une culture stratégique d’entreprise.
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+ Les cultures concernant la seule espèce humaine, et que l'on peut repérer dans le vivant au lien étroit qu'elles entretiennent avec le langage symbolique et avec les formes spécifiques d'organisation, les techniques et technologies qui en découlent, se modifient sans cesse depuis leur émergence, il y a plusieurs centaines de milliers d'années. Elles se situent dans le prolongement des cultures des primates qui furent nos ancêtres, et qui ressemblaient plausiblement en partie à celles qui sont encore celles de « nos cousins » les grands singes. Toutefois, entre l'utilisation de la voix (dans l'aria des gibbons) ou le recours à l'instrumentation simple, voire l'existence de relations sociales très complexes (chez les chimpanzés), et le fonctionnement découlant d'une interposition d'une grille de signifiants commune entre les individus d'une même société et le monde, il existe une rupture. Celle-ci est difficilement niable, quels que soient les efforts - méritoires et fort utiles - pour abolir la notion de « propre de l'homme », qui reste à expliquer, notamment pour ce qu'il a entraîné une divergence assez extraordinaire entre le destin de notre espèce et ceux des autres, les plus proches.
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+
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+ Il se manifeste deux lignes d'analyse antagoniques sur ce problème : l'une met en avant légitimement l'appartenance de l'humanité à la nature, et se défie des préjugés religieux (préférant situer l'origine de l'homme dans une décision divine), ou de la réticence largement partagée à accepter que nous sommes aussi une espèce animale. La seconde, fondant les sciences humaines et sociales, tente de résister à un « naturalisme » réducteur en défendant leur domaine propre, irréductible à d'autres niveaux de réalité : le domaine d'une anthropologie qui trouve précisément son territoire dans l'étude de ce que l'homme ne partage pas avec les autres animaux. Il faut sans doute dépasser les formes dogmatiques de cet antagonisme inévitable pour définir plus finement le rapport entre « continuité naturelle » entre cultures des primates et cultures humaines, et l'apparition d'une divergence spécifique. Pour ce faire, on peut recourir jusqu'à un certain point à l'analogie entre la « longue évolution » (du vivant) et la « très courte » (de la culture humaine) : des biologistes (comme Jean Claude Ameisen) ont étudié l'histoire des bactéries, afin de comprendre l'incroyable complexité des mécanismes assurant vie et mort des cellules dans les organismes multicellulaires. Ils concluent à la nécessité de reconstituer des « époques disparues », pour interpréter la situation présente, et comprendre des phénomènes comme le cancer. D'autres biologistes se sont intéressés davantage à l'histoire des espèces elles-mêmes : dans tous les cas, l'analogie avec les histoires humaines se révèle heuristique, quitte à payer le prix de l'anthropomorphisme en dotant les gènes ou les cellules de traits
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+ humains intentionnels comme des « intérêts », ou des « stratégies ». En revanche, les spécialistes des sciences humaines utilisent peu le recours aux savoirs biologiques. Ils ont sans doute tort en partie, mais leurs arguments n'ont rien à voir avec une variante du Créationnisme : ils tentent seulement de mettre au point des outils d'analyse qui ne soient pas d'abord importés d'autres disciplines, alors que dans leur propre domaine (notamment pour la période de moins de 30 000 ans pour laquelle ils disposent de traces incontestables de la culture symbolique : rites funéraires, représentations, systèmes de signes), la diversité et la confluence, bref le mouvement des cultures, semble obéir en priorité à des lois spéciales.
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+ Tout comme il y a une évolution biologique, certains éthologues, ainsi que plusieurs généticiens, estiment qu’il y a une évolution culturelle, et que cette évolution se fait par mutation, puis est transmise par des « gènes » de la culture, appelés mèmes, qui subissent une pression sociale et environnementale, aboutissant à leur disparition ou au contraire à leur expansion (propagation).
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+ La spécificité durable des cultures humaines est qu’elles fonctionnent comme des « conversations politiques » entre positions différentes, des processus de propositions-objections, réorganisant constamment les collectifs sociaux. La disparition d’une culture n’est donc pas nécessairement la « mort » d’un organisme, mais le passage à une autre configuration conversationnelle ; l’abandon de certaines métaphores collectives pour d’autres. L'analogie avec l'évolution des formes vivantes demeure intéressante et fructueuse car, comme les cultures langagières humaines, les espèces biologiques sont les produits d'une histoire : elles ne « meurent » pas comme les organismes, mais se transforment. Comme l’a montré l'anthropologue britannique Mary Douglas, aucune culture humaine n’est « homogène » : elle résulte toujours d’une différenciation interne entre partisans (ou adeptes) de valeurs plus individualistes, de valeurs plus collectives, de solutions organisationnelles hiérarchiques et enfin de formes de résistance passive ou active à toutes les valeurs en vigueur. Même dans les sociétés dites — à tort — « primitives » et supposées « sans histoire », il n’existe pas de stabilité culturelle, de consensus sans résistance, d’unicité sans variations individuelles ou collectives. De la même façon, il n'existe pas d'espèces « homogènes » constituées d'individus tous identiques, toute espèce se caractérise en effet par un répertoire de gènes communs mais aussi une diversité génétique entre les individus qui la composent. Dans une espèce donnée, l'apparition et la diffusion de nouveaux allèles résultera d'une compétition au sein du pool génétique, elle aussi marquée par une « résistance » au changement quantifiable en termes de dérive génétique.
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+ L'analogie entre évolution biologique et évolution culturelle doit toutefois être mesurée : il ne s'agit pas des mêmes espaces de temps, l'évolution du vivant courant sur des centaines de millions d'années, alors que les cultures humaines se distinguent des cultures des autres primates par le fait qu'elles se développent probablement seulement depuis quelques centaines de milliers d'années, certains linguistes datant même l'émergence du langage symbolique à moins de 60 000 ans.
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+ D'autres liens plus directs ont été proposés entre l'évolution des cultures humaines et l'évolution biologique de l'espèce humaine sous le concept de coévolution gène-culture. Selon cette théorie développée par les sociobiologistes Charles J. Lumsden et Edward O. Wilson au début des années 1980, les traditions culturelles peuvent être décomposées en culturgènes c'est-à-dire en petites « unités » de culture. La transmission culturelle est donc fortement influencée par la nature de l'esprit humain qui est le produit d'une évolution biologique. Mais réciproquement, un comportement culturel peut aussi favoriser évolution génétique via la stabilisation de certains gènes qui donnent un avantage adaptatif dans le groupe où ce comportement culturel est observé.
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+ Depuis que les primates humains ont adopté le langage symbolique pour représenter leurs relations, celui-ci les a entraînés dans un mouvement rapide qui les distingue des cultures des autres primates (telles que les décrit par exemple l’éthologue Frans de Waal, lorsqu’il parle de « politique du Chimpanzé ») : les mots fixés par les systèmes de signifiants ne sont en effet jamais assez précis et englobants pour empêcher la controverse. Ainsi l’histoire des cultures (à commencer par celle des mythes étudiés par Claude Lévi-Strauss) est-elle celle d’une sorte de « course-poursuite » entre différentes façons de « prendre la vie ».
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+ Il est possible que la culture mondiale en formation réduise la richesse des possibilités des milliers de cultures encore existantes, mais elle pourra difficilement absorber dans un modèle unique les différentes « passions fondamentales » dont elle est le lieu d’expression, non seulement dans l’art ou la religion, mais aussi dans l’activité pratique et dans le débat politique.
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+ Conscients de l’importance des médias (journaux, radio, téléphone, télévision, etc.), dans la diffusion de la culture, les gouvernements ont souvent eu la tentation de contrôler la diffusion des informations par la prise de contrôle des médias. Cela prit parfois des formes de propagande, soit via l’art, ou la nationalisation des moyens de diffusion par l’État.
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+
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+ À l’époque du web, l’approche moderne pour appréhender la diffusion de la culture par les médias, mais aussi par la langue, est sans doute celle de la médiologie. Ce qui caractérise aujourd’hui la diffusion par les médias, spécifiquement internet, c’est que l’individu n’est plus seulement destinataire de l’information (radio, télévision) ou émetteur dans une relation un à un (téléphone). Il peut aussi émettre à un grand nombre d’individus, par le biais de forums, messageries, blogs, etc.
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+
234
+ Cette forme de communication fait penser à l’apparition de l’imprimerie au XVe siècle. On sait comment cette forme de diffusion bouleversa la société européenne, pour finalement assurer un fort développement lors de la Renaissance, à travers les grandes découvertes.
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+ À notre époque, nous vivons un passage de la culture de l’écrit à une culture de l’information codée numériquement sur support électronique : disque, CD-ROM, diffusion par internet, etc. Cette transformation radicale n’est pas sans poser des problèmes de propriété intellectuelle pour les artistes. Par exemple, l’industrie du disque peut être gravement menacée par la multiplication des actes de piratage.
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+
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+ Un autre aspect significatif de cette mutation est le fait que les bibliothèques sont maintenant amenées à s’ouvrir aux médias numériques. On appelle de plus en plus les bibliothèques des médiathèques, puisque le support du média n’est plus seulement le papier, mais un support numérique. Il s’agit alors de bibliothèques numériques. La sélection sur critères des ouvrages sur des écrans informatiques permet de trouver plus facilement l’ouvrage dans les rayonnages, et l’information recherchée[23].
239
+
240
+ Lorsque la médiathèque renferme des jeux, il s’agit alors d’une ludothèque.
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+
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+ Le nombre de sites web dans chaque pays, et notamment le nombre de sites web par habitant, est un indicateur de la diffusion contemporaine de la culture, autour de la langue.
243
+
244
+ Régis Debray pense que la transmission de la culture comporte une forte composante de croyance et de sacré. Selon lui, après deux premières révolutions, celle du codex (la Bible), et celle de l'imprimerie, l'humanité vit aujourd’hui une nouvelle révolution qui s'appuie sur les technologies de l'information et notamment sur la Toile[24].
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+
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+ L’Histoire montre que les zones de contact entre civilisations peuvent être sources de conflits, ou extrêmement fructueuses sur le plan des échanges culturels.
247
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+ On peut citer par exemple les échanges maritimes dans la Grèce antique entre les cités et leurs colonies (Élée, Phocée, etc.), dans la Rome antique, Venise, les zones de contact en Espagne entre musulmans et chrétiens (Califat de Cordoue), la Syrie après les conflits des Croisades, la route de la soie, le royaume de Roger II de Sicile (qui apporta une connaissance cartographique précieuse à l’Occident à partir du savoir arabo-musulman, à Palerme ; les contributions de Al Idrissi en sont emblématiques.), les voyages de missionnaires et d’explorateurs, le commerce à partir de Bruges (villes hanséatiques et relations maritimes avec le sud de l’Europe), le protectorat français au Maroc, etc.
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+
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+ C’est par ce type d’échanges que de nombreux traités scientifiques et philosophiques sont parvenus en occident, depuis la Grèce antique, l’Asie, la Mésopotamie, l’Inde, ainsi que des techniques très utiles : boussole, sextant, informations cartographiques, papier, imprimerie, chiffres arabes, etc.
251
+
252
+ La culture d’un individu, aussi appelée culture générale, correspond à l’ensemble des connaissances qu’il a sur le monde.
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+
254
+ Elle est en partie construite par l’éducation et l’enseignement, mais comprend de surcroît une part de construction active de la part de l’individu. Elle comprend aussi une dimension de structuration de l’esprit, vis-à-vis de l’ensemble des connaissances : La culture est ce qui reste lorsque l’on a tout oublié (attribué en général à Édouard Herriot). Cette structuration donne au sujet cultivé la capacité de rattacher facilement un quelconque domaine d’étude à ses connaissances. C’est la culture générale.
255
+
256
+ Ainsi, la culture générale peut inclure des connaissances aussi diverses que l’histoire, la musique, l’art, la littérature, les sciences, l’astronomie, la géographie, la philosophie, le cinéma, le sport, etc.
257
+
258
+ On voit cependant que cette conception de la culture, qui peut paraître élitiste, correspond en fait à la définition de la culture individuelle. Les cultures de différents groupes sociaux (culture populaire par exemple) peuvent comporter des formes de connaissances plus variées ou plus particulières.
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260
+ Par rapport à ces formes de culture, la culture générale est le fond de culture minimal que devrait posséder un individu pour pouvoir s’intégrer dans la société.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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264
+ Sur les institutions culturelles :
265
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266
+ Sur les politiques culturelles :
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268
+ Sur l'économie de la culture
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+ Revues :
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+ Organisations intergouvernementales chargées notamment de la culture :
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+ Administrations ou agences chargées de la culture :
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+ En météorologie, un nuage est une masse visible constituée initialement d'une grande quantité de gouttelettes d’eau (parfois de cristaux de glace associés à des aérosols chimiques ou des minéraux) en suspension dans l’atmosphère au-dessus de la surface d'une planète. L’aspect d'un nuage dépend de sa nature, de sa dimension, de la lumière qu’il reçoit, ainsi que du nombre et de la répartition des particules qui le constituent. Les gouttelettes d’eau d’un nuage proviennent de la condensation de la vapeur d'eau contenue dans l’air. La quantité maximale de vapeur d’eau (gaz invisible) qui peut être contenue dans une masse d'air est fonction de la température : plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau.(Voir les articles Pression de vapeur saturante et Formule de Clapeyron)
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+ L'histoire des représentations des nuages présente les différentes perceptions des nuages au cours des siècles.
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+ La majorité des philosophes de l'Antiquité considèrent que les nuages sont issus des exhalaisons humides que dégagent la mer et les cours d'eau[1]. Ainsi Aristote dans son traité des Météorologiques utilise sa théorie des quatre éléments pour classer les nuages dans les météores aqueux (les hydrométéores). L'explication aristotélicienne repose sur la double exhalaison tellurique provoquée par l'aspiration du soleil : des vapeurs naissent des lieux humides et se concentrent dans l'air pour former les météores humides, des exhalaisons sèches naissent de la terre pour former les météores secs (vents, foudre, tonnerre, météores ignés tels que comètes, étoiles filantes et voie lactée)[2].
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+ Au XIIe siècle, appelé nue[3], le nuage est perçu dans une perspective théologique comme la « nuée mystique », c'est-à-dire le voile de Dieu (allant jusqu'à dévoiler le paradis lors d'un éclair)[4] ou selon une perspective plus naturelle (classification selon les couleurs[a] en nuages noirs apportant la pluie selon la métaphore des nimborum naves, « navires de pluie », nuages lumineux et blancs s'étant vidé de leur eau, éventuellement en nuages rouges de l'aurore et du crépuscule) mais sa nature fait débat[5]. La renaissance du XIIe siècle voit la diffusion des ouvrages d'Aristote, notamment les Météorologiques dans lesquels il décrit les nuages sans parvenir à expliquer pourquoi ces particules restent en suspension dans l'atmosphère[6] : à partir du XIIIe siècle, les scolastiques et les encyclopédistes envisagent alors le nuage non plus simplement comme un objet dans le ciel mais comme une matière faite d'air, d'eau, voire de feu selon la théorie aristotélicienne des Quatre éléments, tel Barthélemy l'Anglais dans son Livre des propriétés des choses[7].
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+ À la fin du Moyen Âge, la littérature qui a jusque-là du mal à saisir le caractère éphémère et mobile du nuage, développe ce thème qui correspond encore plus aux inspirations des siècles suivants (période baroque et romantisme, notamment le Sturm und Drang allemand)[8]. Néanmoins, le nuage représenté dans les arts reste essentiellement du domaine du sacré jusqu'au XIXe siècle (hiérophanie de l'ascension du Christ, visions mystiques)[9]. À partir du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, les artistes comme Claude Monet, John Constable ou Olafur Eliasson utilisent les observations scientifiques des nuages (notamment à partir de montées en ballons) dans leurs œuvres[10]. Quant à Charles Baudelaire, il représente les nuages comme la quintessence de la vie d'un étranger dans son poème L'Étranger : « - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages ! ».
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+ Avant le XIXe siècle, les nuages sont donc avant tout des objets esthétiques. Les savants tentent de les décrire subjectivement mais leur nature trop diverse, complexe et leur fugacité est un obstacle à leur catégorisation bien qu'il y ait eu quelques tentatives pour les utiliser dans les prévisions météorologiques. Jean-Baptiste de Lamarck propose en 1802 la première classification scientifique des nuages[11] par une liste de termes descriptifs[12] en français, mais c'est le système de Luke Howard, utilisant le latin universel de la classification binomiale de Carl von Linné, qui connaît le succès dès sa parution en 1803 et dont la terminologie est toujours utilisée aujourd'hui[13]. En 1855, Émilien Renou[14] proposa l’ajout des genres Altocumulus et Altostratus. En septembre 1896, cette version élargie de la classification originelle de Howard fut officiellement adoptée et publiée dans le premier Atlas international des nuages de 1896. L’édition actuelle publiée par l’Organisation météorologique mondiale date de 1956 pour le volume I et de 1987 pour le volume II. C’est elle qui fait foi dans les différents services météorologiques nationaux.
12
+
13
+ La formation de nuages résulte du refroidissement d’un volume d’air jusqu’à la condensation d’une partie de sa vapeur d’eau. Si le processus de refroidissement se produit au sol (par contact avec une surface froide, par exemple), on assiste à la formation de brouillard. Dans l’atmosphère libre, le refroidissement se produit généralement par soulèvement, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, selon lequel un gaz se refroidit spontanément lorsque la pression baisse. Les nuages peuvent aussi perdre une partie de leur masse sous forme de précipitations, par exemple sous forme de pluie, grêle ou neige.
14
+
15
+ La condensation de la vapeur d'eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de microparticules de matière solide (aérosols), qu'on appelle des noyaux de condensation ou de congélation. La formation de ces aérosols a été spécifiquement étudiée par l’expérience CLOUD du CERN, qui a mis principalement en évidence l'importance des vapeurs organiques. L'expérience souligna également le rôle potentiellement important des rayons cosmiques galactiques dans le processus complexe de création des nuages[15]. La congélation spontanée de l'eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de −40 °C. Entre 0 et −40 °C, les gouttes d'eau restent dans un état métastable (surfusion), qui cesse dès qu'elles entrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants.
16
+
17
+ Juste après la condensation ou la congélation, les particules sont encore très petites. Pour des particules de cette taille, les collisions et l’agrégation ne peuvent pas être les facteurs principaux de croissance. Il se produit plutôt un phénomène connu sous le nom de « effet Bergeron ». Ce mécanisme repose sur le fait que la pression partielle de saturation de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ceci signifie que, dans un milieu où coexistent des cristaux de glace et des gouttelettes d’eau surfondue, la vapeur d’eau ambiante se condensera en glace sur les cristaux de glace déjà existants, et que les gouttelettes d’eau s’évaporeront d’autant. On voit ainsi que le soulèvement est doublement important dans la formation de nuages et de précipitations : en premier lieu comme mécanisme de refroidissement, et ensuite comme porteur de gouttelettes d’eau liquide jusqu’au niveau où elles deviennent surfondues.
18
+
19
+ Le soulèvement peut être dû à la convection atmosphérique, à la présence de terrains montagneux faisant obstacle à l’écoulement de l’air ou à des facteurs de la dynamique atmosphérique, comme les ondes baroclines (aussi appelées « ondes frontales »).
20
+
21
+ La dissipation des nuages à l'inverse de leur formation se produit lorsque l'air environnant subit un réchauffement et donc un assèchement relatif de son contenu en vapeur d'eau puisqu'un air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau qu'un air froid. Ce processus est favorable à l'évaporation, ce qui dissipe les nuages. Le réchauffement de l'air environnant est souvent causé par une subsidence de l'air qui entraîne une compression adiabatique de celui-ci.
22
+
23
+ À l'échelle mondiale, il y a plus de nuages le long de la zone de convergence intertropicale qui entoure la Terre près de l'équateur, ainsi qu'à proximité des 50e parallèles de latitude dans les hémisphères nord et sud car l'air y suit un mouvement vertical ascendant dans des zones dépressionnaires[16]. La convergence horizontale de l'air près du sol dans ces zones mène à une accumulation qui doit être compensée par sa montée en altitude pour donner plus de nuages par le processus de refroidissement adiabatique[17]. Ceci est particulièrement vrai dans les zones océaniques où l'humidité est plus importante.
24
+
25
+ À l'opposé, autour des 20e parallèles nord et sud se trouvent la région des crêtes subtropicales et à haute latitudes celles des anticyclones arctiques et antarctiques. L'air y suit un mouvement vertical descendant par subsidence qui l'assèche et dissipe les nuages[17]. Se retrouvent dans ces zones des déserts comme le Sahara et celui du plateau Antarctique qui sont essentiellement sans nuages.
26
+
27
+ La distribution des nuages va également varier selon certains effets topographiques. Par exemple, le flux d'air le long d'une pente montante va augmenter la production de nuages et de précipitations à cet endroit car l'air est forcé en altitude. À l'inverse, l'air descendant des montagnes par effet de foehn va s'assécher et dissiper les nuages. Ceci donne des régions plus nuageuses que d'autres avec un même système météorologique à grande échelle : les régions côtières sont plus nuageuses que celles en aval des montagnes.
28
+
29
+ Finalement, selon la stabilité de l'air, des nuages convectifs se formeront à certaines saisons et pas à d'autres sur une région.
30
+
31
+ Les nuages se forment selon deux processus : la convection et le soulèvement progressif de la masse d'air.
32
+
33
+ Le soulèvement convectif est dû à l'instabilité de l'air. Il est souvent vigoureux et au déclenchement abrupt. Il produit des nuages caractérisés par une extension verticale élevée, mais une extension horizontale limitée. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « cumulus ». Ils peuvent se développer à différents niveaux de la troposphère, là où l'instabilité existe.
34
+
35
+ Le soulèvement dit synoptique est le résultat des processus de la dynamique en atmosphère stable, dans un écoulement stratifié. Ce soulèvement est graduel, produisant des systèmes nuageux d'une texture uniforme, pouvant couvrir des milliers de kilomètres carrés. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « stratus ». Il arrive parfois que ce soulèvement graduel déstabilise la couche atmosphérique, donnant lieu à des nuages convectifs imbriqués dans le nuage stratiforme.
36
+
37
+ Pour les types de nuages sans développement vertical important, cette nomenclature a été organisée selon la hauteur de leur base au-dessus du sol en trois niveaux appelées « étages », et non l'altitude de leur sommet, ainsi qu'en quatre familles qui sont décrites ci-dessous. Chaque nuage d'une famille est rattaché à un genre et une espèce. Il peut également être associé à un descriptif supplémentaire appelé variété.
38
+
39
+ Un étage de nuage est une couche ou région de l'atmosphère dans laquelle les nuages de certains familles apparaissent normalement. La troposphère a été divisée verticalement en trois étages dont les limites se chevauchent quelque peu et varient selon la latitude des régions : polaires, tempérées et tropicales. Les hauteurs approximatives de ces limites sont[18] :
40
+
41
+ Les nuages dans l'Atlas international des nuages sont classés en dix genres illustrés dans l'image ci-contre[19] :
42
+
43
+ Pour chaque genre de nuages, on note des subdivisions appelées espèces qui s'excluent mutuellement. Elles sont déterminées selon au moins une des caractéristiques suivantes[21] :
44
+
45
+ Chaque espèce et genre peuvent encore être divisés. Ces divisions sont nommées variétés et ne s'excluent pas mutuellement, sauf les variétés translucidus (translucide) et opacus (opaque). Elles sont déterminées selon l'une des deux caractéristiques suivantes[22] :
46
+
47
+ En plus de cette classification formelle, il existe des nuages accompagnant un autre nuage, généralement plus petits que ce dernier, et séparés de sa partie principale ou parfois partiellement soudés à elle. Un nuage donné peut être accompagné d'un ou de plusieurs de ces nuages annexes dont les principaux sont [23] : l'arcus, l'entonnoir nuageux, le mur de foehn, le mamma, le nuage-mur (Wall cloud), le pannus, le pileus, le sommet protubérant et le velum. La traînée de condensation produite par le passage d'un avion en haute altitude n'est pas un nuage en elle-même mais peut se transformer en nuage du genre cirrus.
48
+
49
+ Genitus et mutatus sont des suffixes utilisés dans le nom d'un nuage pour indiquer son origine ou sa transformation :
50
+
51
+ Ils se forment au-dessus de 5 000 mètres dans la région froide de la troposphère. Ils sont classés en utilisant le préfixe cirro- ou cirrus. À cette altitude, l'eau gèle quasiment toujours : les nuages sont donc composés de cristaux de glace.
52
+
53
+ Ils se développent entre 2 000 et 7 000 mètres (dans les régions tempérées) et sont classés en utilisant le préfixe alto-. Ils sont formés de gouttelettes d'eau.
54
+
55
+ Ce sont des nuages de basses altitudes (jusqu'à 2 000 mètres). Lorsque ces derniers rencontrent la terre, on les appelle brouillard.
56
+
57
+ Ce sont des nuages de basses à moyennes altitudes (base jusqu'à 3 000 mètres, sommet jusqu'à 6 000 mètres)[30]. Les cumulus mediocris et congestus se forment généralement à basse altitude sauf lorsque l'air est très sec et ils peuvent alors se retrouver à l'étage moyen. Ils sont formés de gouttelettes surfondues et présentent des protubérances ou des bourgeonnements[30]. Ceux-ci sont peu ou modérément développés dans le cas des mediocris et fortement développés dans celui du congestus. Les dimensions de ces protubérances peuvent varier notablement d'un nuage à l'autre.
58
+
59
+ Le nimbostratus se forme à partir d'altostratus d'altitude moyenne qui s'épaississent et dont la base s'approche du sol avec les précipitations. Son sommet va atteindre 4 kilomètres dans les régions arctiques et plus de 7 kilomètres dans les régions tempérées et tropicales[31]. La constitution physique de ce nuage est analogue à celle de l'altostratus, mais ses particules constitutives sont généralement plus grosses et leur concentration plus forte. Par suite de l'extension verticale généralement grande du nimbostratus, ce dernier est assez sombre dans sa région inférieure. Bien qu'il soit essentiellement un nuage stratiforme avec faible mouvement vertical interne, des masses nuageuses d'origine convective, à grande extension verticale, peuvent se former dans son sein[31].
60
+
61
+ Les cumulonimbus peuvent avoir de forts courants verticaux et s'élèvent bien au-dessus de leur base (généralement de basse à moyenne altitude jusqu'à 3 000 mètres). Leur sommet est de plus de 7 000 mètres et peut même atteindre les 15 kilomètres[32]. Ils sont constitués par des gouttelettes d'eau et, dans leurs régions supérieures, par des cristaux de glace. L'eau des gouttelettes et des gouttes de pluie peut être fortement surfondue et mener à la formation d'un rapide dépôt de glace sur les aéronefs. Les cumulonimbus donnent de grosses gouttes de pluie, du grésil ou de la grêle.
62
+
63
+ La classification des nuages date du XIXe siècle et était à l'origine purement visuelle. À cette époque il n'y avait ni radiosondage, satellite ou planeur. Depuis, de grands progrès ont été faits et à titre d'exemple les sondages atmosphériques (définissant la physique des nuages) sont de nos jours monnaie courante et aisément accessibles sur Internet, affichés sous forme de SkewTs, téphigrammes ou émagrammes.
64
+
65
+ La dernière version de l'Atlas international des nuages date de 1975 pour le premier volume et de 1982 pour le second mais contient le même classement[33],[34]. Ainsi, l'Atlas définit les cumulus comme étant des nuages de l'étage inférieur (i.e. leur base est généralement à moins de 2 km de hauteur) tandis que les altocumulus castellanus sont des nuages de l'étage moyen (i.e. leur base est entre 2 et 5 km). Cette définition fait fi de leur mode de formation et peut provoquer des confusions. Par exemple, en Arizona les cumulus formés par le réchauffement diurne peuvent avoir leur base à 4 km de hauteur à cause de l'air très sec en surface tandis que certains altocumulus castellanus peuvent avoir leur base à 2 km, voire moins (dans ce cas, ce sont des stratocumulus castellanus). C'est pourquoi des auteurs comme Scorer[35]
66
+ ou Corfidi[36]
67
+ plaident pour une définition physique des nuages. Ceci est aussi le cas pour les pilotes de planeur. Le même problème apparaît pour les cumulonimbus.
68
+
69
+ En 1976, la National Aeronautics and Space Administration américaine a d'ailleurs publié son propre classement qui place la structure physique devant la plage d'altitude pour les critères de définition des classes. Cinq familles ou catégories ont été identifiées : Cirriforme, cumuliforme, stratiforme, stratocumuliforme, et cumulonimbiforme[37].
70
+
71
+ Depuis le début de la Révolution industrielle, l'utilisation de combustible fossile ajoute humidité et particules dans l'atmosphère ce qui va servir à la formation de nuages. Ces nuages peuvent se développer seuls ou augmenter la production de la nébulosité naturelle[38]. Les nuages anthropogéniques, ou homogenitus selon l'Atlas international des nuages de 2017[28], sont ainsi des nuages artificiellement produits par l'activité humaine.
72
+
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+ Le type de nuages anthropogéniques le plus courant est la traînée de condensation qui se forme à haute altitude dans le sillage des avions. La formation des traînées change l'albédo de l'atmosphère et l’augmentation du trafic aérien mondial produit ainsi un effet sur les échanges énergétiques de l'atmosphère, d'autant plus que le transport aérien tend à augmenter[39],[40],[41]. Ces traînées, par leurs impacts en termes d'effet de serre[42],[43],[44], doubleraient la responsabilité du trafic aérien en termes de contribution au réchauffement[45] (sachant qu'en 2010, les émissions provenant de l'aviation représentaient environ 3 % du total annuel des émissions de CO2 provenant des carburants fossiles)[45], augmentant ainsi une part qu'on estimait autrefois faible par rapport à d'autres modes de transport[46].
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+
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+ Plus bas dans l'atmosphère, les usines, les centrales électriques au charbon et au pétrole, ainsi que les transports produisent localement beaucoup d'humidité et de particules. Même les centrales nucléaires et géothermiques produisent de l'humidité pour leur refroidissement. Dans des conditions d'air très stable, la production de stratus, de brouillard et de smog sera augmenté. Un exemple est celui des traînées de condensation de navires qui augmente l'albédo le long des couloirs maritimes.
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+
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+ Des nuages convectifs se forment aussi lors de feux de forêts (pyrocumulus) ou d'explosions (nuage en champignon). Finalement, les nuages artificiels peuvent aussi être produits volontairement. Les nombreuses expériences de modification du temps impliquent l'augmentation de la nébulosité ou sa diminution par divers moyens.
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+ Enfin les grandes villes créent aussi leurs propres nuages, comme le montrent l'imagerie satellitaire de conurbations comme celles de Londres et de Paris. Au printemps et en été ces zones sont toujours plus nuageuses l'après-midi et le soir (de plusieurs points de pourcentage) que ne le sont les zones rurales périphériques. Alors que l'évaporation est moindre en ville, l'empoussièrement et la chaleur y sont plus élevés et augmentent au cours de la journée. La chaleur forme des turbulences au dessus des villes, qui peuvent attirer l'air plus humide périphérique alors que les particules peuvent faciliter la nucléation de microgouttelettes dans l'air. On a aussi constaté que les Week-end présentent une météorologie différente[47].
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+ Les nuages nacrés sont des nuages qui se forment dans la stratosphère à une altitude située entre 15 000 et 25 000 mètres. Les nuages nacrés sont rares et se forment surtout l'hiver à proximité des pôles. Ils ont été décrits par l'astronome Robert Leslie dès 1885. Ils sont impliqués dans la formation de trous dans la couche d'ozone car ils supportent les réactions chimiques qui produisent des molécules de composés chlorés. Ces molécules servent de catalyseur à la réaction détruisant les molécules d'ozone.
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+
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+ Les nuages noctulescents, aussi connus sous le nom de nuages polaires mésosphériques[48], nuages nocturnes lumineux[49] ou de nuages noctiluques[48], sont des formations atmosphériques de très haute altitude. Pour un observateur terrestre, ils se présentent comme de brillants nuages en forme de filaments ou de nappes, visibles durant le crépuscule profond c'est-à-dire le crépuscule astronomique. La plupart du temps, ces nuages sont observés durant les mois d'été entre les latitudes 50° et 70° au nord et au sud de l'équateur. Ils se trouvent entre 75 et 90 kilomètres d'altitude[49].
84
+
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+ Dans les rapports météorologiques, les METAR, la nébulosité et l'opacité des nuages sont signalés. La nébulosité, ou couverture nuageuse, est la fraction du ciel couverte par les nuages d'un certain genre, d'une certaine espèce, d'une certaine variété, d'une certaine couche, ou d'une certaine combinaison de nuages. La nébulosité totale est la fraction du ciel cachée par l'ensemble des nuages visibles[50]. Les deux se mesurent en octas, soit le un huitième de la voûte céleste, ou en dixièmes.
86
+
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+ L’opacité est la visibilité verticale à travers les nuages. Les nuages peuvent être minces et transparents comme les cirrus ou bloquer complètement la lumière.
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+
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+ La nébulosité et l'opacité sont estimées en général par un observateur, utilisant parfois des lunettes d'obscurité pour éviter les reflets. Cependant, la nébulosité peut être calculée par la fraction de l'heure où un célomètre enregistre des nuages. De façon alternative, la nébulosité totale peut être estimée par un instrument qui mesure E, l'éclairement sur une surface horizontale, par des estimations de la forme[51] :
90
+
91
+ L'état du ciel est la description de la nébulosité, de l'opacité, de la hauteur et du type de nuages, ainsi que les obstructions à la visibilité comme le brouillard, les précipitations ou la fumée, à un moment déterminé aux différents étages nuageux[52].
92
+
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+ La nébulosité est cumulative, c'est-à-dire qu'elle est la fraction, en octats ou dixièmes de la voûte céleste, couverte par des couches situées à ce niveau et au-dessous. Par exemple, si une couche de nuages de l'étage bas couvre 3 octats, la couche rapporté au niveau moyen sera de 3 octats ou plus. L'opacité est rapportée de la même façon[53].
94
+
95
+ L'état du ciel total peut être décrit comme la somme des caractéristiques de la somme des couches de nuages et d'obstruction à visibilité où[54] :
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+
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+ Une couche doit être décrite comme « mince » lorsque les deux conditions suivantes s’y retrouvent[54] :
98
+
99
+ Les obstructions à la visibilité, les précipitations, la hauteur des couches, etc. seront ajoutées dans un rapport METAR de l'état du ciel.
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+
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+ La diffusion de la lumière par les gouttelettes des nuages selon la théorie de Mie se fait surtout vers la direction d'où vient la lumière et dans la direction où elle va, c'est la luminance du nuage[55]. Cette lumière provient, pour la plus grande part, directement de l'astre éclairant ou du ciel, mais une part appréciable peut provenir également de la surface terrestre. Ainsi, la blancheur des nuages est maximale lorsque l'observateur dirige son regard dans un axe aligné avec le soleil, soit dans le dos ou devant lui. À tout autre angle, il reçoit seulement une fraction de la luminosité. Naturellement, l'épaisseur et la densité du nuage (notion d'opacité précédemment évoquée) intervient également, d'où la base parfois extrêmement sombre des cumulonimbus.
102
+
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+ La dispersion de la lumière à travers les cristaux de glace des cirrostratus, obéit quant à elle à la diffusion de Rayleigh qui est isotrope selon l'angle mais dépend de la longueur d'onde. C'est pourquoi on voit souvent des halos circulaires autour du soleil ou des parhélies (ou faux soleils) lorsque ce type de nuage s'interpose.
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+ La Terre n'est pas le seul corps céleste à avoir une atmosphère où se forment des nuages. De façon générale, la plupart des planètes et lunes du Système solaire possédant une atmosphère importante ont des nuages, mais leur composition est souvent fort différente puisque leur atmosphère est formée de gaz variés. Ainsi par exemple, les nuages épais qui recouvrent Vénus sont formés de dioxyde de soufre, de vapeur d'eau et de gouttelettes d'acide sulfurique, alors que ceux de Jupiter et de Saturne sont faits d'ammoniaque à l'extérieur, de hydrosulfure d'ammonium au milieu et d'eau à l'intérieur[56],[57]. Des nuages semblent également avoir été détectés autour de planètes extrasolaires, et il est très probable que la plupart des planètes des autres systèmes planétaires en possèdent si elles ont une atmosphère, même si des planètes à l'atmosphère « transparente » (sans nuage) semblent également avoir été détectées, y compris des géantes gazeuses.
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+ La formation et la classification de ces nuages extraterrestres varient également avec la composition de l'atmosphère considérée.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Un cupcake (anglicisme), petit gâteau[1] ou gâtelet (ou fairy cake, « gâteau de fée » comme il est connu en Angleterre) est un petit gâteau d'origine américaine souvent très coloré en portion individuelle, ayant la forme du muffin, cuit dans un moule en papier et généralement recouvert de glaçage et parfois décoré.
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+ Le terme cupcake est mentionné pour la première fois dans le livre « E. Leslie’s Receipts » publié en 1828. Le cupcake est un gâteau ensuite devenu très populaire dans les années 1950. C'était à l'origine le gâteau des ménagères. Pour certains, son nom viendrait de l’unité de mesure cup (tasse en anglais), dans les systèmes de mesures impérial et américain, basé sur le volume et non le poids. Plus tard, ils furent aussi connus sous le nom de « number cake » ou « 1234 cake », en raison de la recette de la pâte traditionnelle facile à mémoriser, à savoir : une tasse de beurre, deux tasses de sucre, trois tasses de farine et quatre œufs.
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+ Une autre explication viendrait plus du contenant que du contenu. En effet, quand les moules n’existaient pas, les gâteaux étaient cuits dans des pots individuels en terre cuite, des sortes de ramequins. Le nom « fairy cake » vient de l’explication pleine d’imagination de sa taille : il correspondrait à la portion d’une fée.
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+ Très en vogue dans les années 1950, le cupcake était réalisé pour toutes sortes d’occasions, goûters d’anniversaire, Halloween, l'Action de Grâce ou même Noël. Puis il a perdu tout son attrait jusqu’au début des années 2000 et son apparition dans la série télévisée Sex and the City. Le gâteau revient a la mode dans les années 2010.
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+ La base du cupcake reste toujours la même, à savoir : beurre, sucre, farine et œuf. Presque toutes les recettes de génoise peuvent convenir pour la réalisation de cupcakes. En raison de leurs petites tailles, les cupcakes cuisent beaucoup plus vite que des gâteaux traditionnels.[2]
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+ Ensuite les cupcakes peuvent être agrémentés de vanille ou de zeste de citron par exemple, en fonction des goûts du pâtissier.
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+ Pour finir, les cupcakes se déclinent aujourd'hui à l'infini : sucrés avec des goûts comme à la Tarte au citron meringuée, ou même salés souvent proposés en Apéritif dînatoire.
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+ Il s’agit de l’élément marquant du cupcake au visuel : son glaçage. À l'origine, le glaçage est salé (cream cheese) mais il s'est peu à peu transformé en un glaçage sucré. En fonction des goûts, le glaçage peut être à la crème au beurre, crème au sucre, mascarpone ou crème chantilly. Ensuite, il peut même être coloré et saupoudré de vermicelles colorés.
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21
+ À l’origine, les cupcakes étaient cuits dans des contenants individuels comme des tasses à thé en terre cuite qui supportaient la chaleur.
22
+
23
+ Aujourd’hui, il existe des moules faits spécialement pour les cupcakes, similaires aux moules à muffin. Ils sont le plus souvent en métal, avec ou sans revêtement antiadhésif, et de plus en plus en silicone. Ils peuvent comporter six empreintes pour les cupcakes de grandes tailles, douze empreintes pour les cupcakes standards ou encore vingt-quatre empreintes pour les mini cupcakes. La taille standard est de 76 mm de diamètre pour 33 mm de hauteur.
24
+
25
+ Il est possible d’utiliser des caissettes qui sont le plus souvent en papier. Il en existe de toutes tailles et couleurs, et il suffit de les placer dans le moule directement. Cela facilite le démoulage du petit gâteau et le nettoyage du moule. De plus cette option présente divers atouts que ça soit d’un point de vue hygiénique (s’ils passent de main en main) ou alors pour une meilleure présentation du cupcake.
26
+
27
+ Enfin, on trouve aussi des caissettes en aluminium ou en silicone mais ces dernières ne sont pas jetables. L’avantage de ces caissettes est qu’elles peuvent tenir toutes seules et donc être placées directement sur la plaque du four, un plus pour les personnes ne possédant pas de moule à cupcakes ou muffins. Certaines caissettes sont faites dans un papier plus épais offrant les mêmes avantages. Pour ceux qui n’en ont pas, ils peuvent superposer deux ou trois caissettes normales pour obtenir le même effet.
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+ L’alimentation désigne, par définition, l'action de s'alimenter. Elle relève donc de la nourriture et par conséquent des aliments qui permettent à un organisme de fonctionner, de survivre. Chez l'Homme, elle caractérise aussi la manière de récolter, stocker et préparer les aliments, de le cuisiner et de s'alimenter, qui s'intéresse davantage au domaine culturel, social et éthique voire du religieux (tabous alimentaires, carême, rituels de préparation, etc.).
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+ Les réactions chimiques exothermiques nécessaires à la vie sont dépendantes d'apports en nutriments. Chez les organismes supérieurs ceux-ci sont soit synthétisés par photosynthèse (végétaux), soit puisés dans des composés organiques (animaux et champignons). Il existe d'autres sources énergétiques pour les micro-organismes : par exemple, certaines archées puisent leur énergie en produisant du méthane ou en oxydant des composés sulfurés.
4
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+ Les végétaux sont des organismes autotrophes. Ils sont capables de synthétiser les composants organiques à partir d'eau, de composés azotés et de sels minéraux trouvés dans le sol, du CO2 atmosphérique et d'énergie solaire grâce à la fonction chlorophyllienne.
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+ Les animaux sont des organismes hétérotrophes. Ils sont dépendants d'une ou plusieurs autres espèces pour leur nourriture. Les aliments sont transformés en nutriments par la digestion. Le régime alimentaire, qu'il soit zoophage ou herbivore, a une influence prépondérante sur le comportement des animaux. Il détermine notamment leur statut de prédateur ou de proie dans le réseau trophique. Ils peuvent avoir une pratique alimentaire omnivore ou plus spécifique insectivore, piscivore, charognard, détritivore, herbivore…
8
+
9
+ Comme les autres animaux, l'homme est dépendant de son environnement pour assurer ses besoins primaires en nourriture. L'étude des besoins humains en nourriture, que ce soit en quantité (obésité ou sous-alimentation) ou en qualité (malnutrition) est la nutrition.
10
+
11
+ Les nutriments sont des molécules produites lors de la digestion des aliments consommés[1],[2]. Les protéines, les lipides et les glucides sont les trois grands groupes de nutriments qui permettent à l’organisme de se construire, de se renouveler, et d'apporter l'énergie nécessaire au métabolisme. Néanmoins, on peut les scinder en deux groupes : les nutriments essentiels et ceux qui ne le sont pas. En effet, les protéines et les lipides sont dits essentiels car notre corps est incapable de les fabriquer et il faut donc les acheminer par l'alimentation, contrairement aux glucides qui peuvent être synthétisés à partir d'autres nutriments.
12
+
13
+ Les protéines sont composées d'acides aminés qui, une fois libérés pendant la digestion, vont être utilisés par l'organisme pour produire ses propres protéines. Ces dernières entrent dans la composition du corps humain, notamment les muscles, les os, la peau, les cheveux ou encore les ongles.
14
+
15
+ De plus, elles sont indispensables à certains processus physiologiques comme la réponse immunitaire (les anticorps) ou encore la production d'hormones. Elles sont aussi l’unique source d'azote de l'organisme.
16
+
17
+ Les lipides sont les nutriments les plus énergétiques. Ils sont les constituants de la membrane de nos cellules (bicouche de phospholipides)[3] et assurent donc leur bon fonctionnement, et celui des organes. On peut ajouter à cela que les lipides ont un rôle essentiel dans le transport de certaines protéines et hormones dans le sang, ainsi que d'un bon nombre de vitamines. Pour les hormones, ils ne font pas que les transporter, mais ils participent aussi à l'élaboration de certaines d'entre elles[4].
18
+
19
+ Les glucides, contrairement aux protéines et aux lipides, ne sont pas essentiels, et peuvent être produits à partir d'autres nutriments. Les glucides sont utilisés sous la forme de glucose. Ce glucose va être utilisé par toutes les cellules, qu'elles soient musculaires ou nerveuses, notamment les cellules du cerveau. Il peut aussi être dans une moindre mesure, transformé en glycogène pour servir de réserve d’énergie instantané pour les muscles par exemple[5].
20
+
21
+ L'eau est un solvant polaire de référence qui dissout de nombreux composés comme le sel et le sucre[6]. La plupart des aliments contiennent de l'eau de manière naturelle[7]. C'est un nutriment essentiel qui permet à de nombreuses réactions d'avoir lieu, de sorte qu'il est indispensable au fonctionnement des organismes vivants. Il permet également le transport des nutriments et l'hydratation des tissus de l'organisme[7]. L'organisme humain contient en moyenne 60 % d'eau[8]. Les humains sont capables de vivre sans manger pendant plusieurs semaines mais ne peuvent vivre sans apport d'eau pendant plus que quelques jours[9].
22
+
23
+ Les apports nutritionnels conseillés sont les quantités que l'on doit ingérer en une journée. Ils diffèrent selon l'âge, le sexe et le mode de vie.
24
+
25
+ Les troubles du comportement ou des conduites alimentaires (TCA) se définissent par une relation « anormale » à l'alimentation. Ces troubles sont variés et peuvent altérer plus ou moins fortement la santé physique et mentale d'un individu touché. Ils touchent en moyenne plus de femmes que d'hommes à travers le monde et apparaissent souvent à l'adolescence. Les exemples les plus courants de TCA sont la boulimie, l'anorexie, ou encore l'hyperphagie. D'autres troubles comme l'orthorexie sont encore peu connus à l'heure actuelle.[réf. souhaitée]
26
+
27
+ Le rapport à l'alimentation comprend une part de plaisir (gourmandise...) et une part d'inquiétude ou de précaution (crainte de manquer de nourriture, peur de l'intoxication ou d'un goût déplaisant)[10],[11] qui combinées sont à l'origine de nombreuses formes de répertoires du mangeable/non mangeable, de recettes de cuisines, de principes diététiques[12].
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+ Curcuma longa
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+ Espèce
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+
5
+ Classification phylogénétique
6
+
7
+ Le curcuma (Curcuma longa) est une plante herbacée rhizomateuse vivace du genre Curcuma de la famille des Zingibéracées originaire du sud ou sud-est asiatique. De ses rhizomes réduits en poudre est extraite l'épice homonyme.
8
+
9
+ Le curcuma, ingrédient principal des carry ou curry, est particulièrement présent dans la vie socioculturelle du sous-continent indien, où il est considéré comme une plante exceptionnelle en regard de ses nombreuses propriétés (épice, conservateur de nourriture, agent colorant, cosmétique et médicinal)[1]. Répandu dans le sud-est de l'Asie depuis l'antiquité, le curcuma fait l'objet de nombreuses études scientifiques dans le monde entier, afin de mieux cerner ses propriétés alimentaires et médicales[1].
10
+
11
+ Le curcuma est également un enjeu économique pour l'Inde, son premier producteur mondial, ainsi que pour de nombreux autres pays producteurs.
12
+
13
+ Le curcuma est une plante vivace, herbacée, à courtes tiges qui peut atteindre une taille de 1 mètre. Elle possède de nombreux rhizomes aromatiques, ellipsoïdes ou cylindriques, de couleur jaune à orange à l'intérieur.
14
+
15
+ Ses larges feuilles, oblongues ou elliptiques, lancéolées, sont alternées et réparties en deux rangées. Elles sont uniformément vertes, jusqu'à 50 cm de long et large de 7 à 25 cm[2].
16
+
17
+ Ses épis peuvent mesurer jusqu'à 20 cm[3]. Ses fleurs sont stériles, mais le bouturage spontané des rhizomes permet la propagation.
18
+
19
+ Le Curcuma longa ne supporte pas les sols gorgés d'eau, requiert un grand ensoleillement et un sol très fertile. Il est particulièrement adapté aux régions soumises à la mousson et aux forêts de feuillus comme les forêts de teck[4].
20
+
21
+ Les cultivateurs distinguent la partie centrale du rhizome, appelée curcuma-mère, des "doigts" qui partent de cette racine centrale. Le curcuma-mère est davantage utilisé pour ses vertus médicinales, alors que les "doigts" sont plutôt consacrés aux usages alimentaires.
22
+
23
+ Le nom binomial du curcuma est Curcuma longa (Linné 1753). Selon Kew Garden World Checklist (26 sept 2011)[5], les synonymes sont :
24
+
25
+ Il existe différents cultivars de curcuma, dont les compositions en curcumine, oléorésine et huiles essentielles varient[6] :
26
+
27
+ La récolte des rhizomes de curcuma peut commencer quand la tige commence à sécher. Cela se produit environ 7 à 8 mois après la plantation. Les rhizomes sont retirés du sol et laissés au repos quelques heures pour stabiliser le taux d'humidité. Ils sont ensuite triés et nettoyés à l'eau (par immersion, agitation ou aspersion)[7].
28
+
29
+ Le curcuma (Curcuma longa) est originaire du sud ou du sud-est de l'Asie. Il est le résultat de nombreuses sélections successives au point que l'existence même d'une espèce sauvage de curcuma est remise en question, notamment sur la base de données génétiques.
30
+
31
+ De très nombreuses espèces sauvages ou cultivées ont évoluées - et divergées - génétiquement : dans la majorité des taxons indiens du sous-genre Curcuma, le nombre de chromosomes d'un lot haploïde (voir la notion de Ploïdie), longtemps estimé à 21, serait en fait de 7 (21 serait donc une triploïdie: 3 lots de 7); les chiffres publiés dans la littérature correspondent à des niveaux de ploïdie de 6x, 9x, 11x, 12x et 15x. La plupart des Curcuma possèdent 42 ou 63 chromosomes (42 chez C. rubescens et C. mangga; C. aromatica est un groupe complexe composé de plusieurs espèces qui possèdent soit 42 soit 63 chromosomes). Dans le sous-genre Hitcheniopsis, qui diffère nettement morphologiquement et qui comprend principalement des espèces thaïlandaises, le nombre de chromosomes est un multiple de 11 (x=11). Curcuma et Hitcheniopsis représentent donc des unités évolutives indépendantes. X=7 peut être considéré comme un marqueur cytogénétique spécifique du sous-genre Curcuma[8].
32
+
33
+ Le curcuma est cultivé depuis l'Antiquité en Inde[9]. Il est fréquemment mentionné dans la littérature en sanskrit à partir du IVe siècle de notre ère, notamment dans l'Atharva-Véda, où il est indiqué qu'un massage à la poudre de curcuma aide à soigner les malaises cardiaques[1].
34
+
35
+ Le Curcuma longa semble avoir été connu en Chine avant le VIIe siècle de notre ère : il apparait dans le Bencao gangmu de Li Shizhen[10] et le Xin Xiu Ben cao (659 EC)[11].
36
+
37
+ Il est connu en Occident depuis l'Antiquité et décrit par Dioscoride[12] dans ses Materia Medica.
38
+
39
+ Au XVIIIe siècle, le curcuma, sous son nom Terra merita ou safran des Indes, est importé en Europe par les grandes puissances navales (Hollande, Royaume-Uni, Portugal et France). Il est utilisé aussi bien pour ses propriétés tinctoriales que médicinales[13],[14],[15].
40
+
41
+ En Polynésie française, à Mangareva dans l'archipel des Gambiers, le dieu Rao était invoqué au moment de la plantation du Curcuma longa[16].
42
+
43
+ Sur l'île de la Réunion, le curcuma a été introduit par Joseph Hubert, au XIXe siècle.
44
+
45
+ Le nom curcuma procède du Sanskrit : kunkuma, ranjani (ce qui donne la couleur). Le nom anglais turmeric est hérité du français terre mérite, lui-même issu du latin terra merita, qui désignait la racine, à cause de la substance terreuse de la racine et parce qu'elle était connue pour avoir de grandes vertus[17]. Curcuma serait issu, selon certaines sources, du terme arabe kourkoum[18]. Le terme terra merita a également donné talmerital[19], utilisé au Moyen Âge.
46
+
47
+ Épice sacrée en Inde, il est donc normal que le curcuma hérite d'un grand nombre d'appellations en sanskrit, avec des connotations souvent religieuses[1],[20]. Depuis l'Inde, le curcuma fut commercialisé sur la route des épices entre l'Orient et l'Occident. Il a ainsi traversé les pays, qui lui conférèrent de nouveaux noms, souvent donnés en regard de sa couleur jaune ou de ses propriétés.
48
+
49
+ Voici quelques exemples d'appellations vernaculaires dans différentes langues :
50
+
51
+ Le principe actif du curcuma est la curcumine.
52
+
53
+ Les composants principaux du rhizome de Curcuma longa sont[3] :
54
+
55
+ La médecine traditionnelle indienne (médecine ayurvédique) utilise le rhizome de Curcuma longa depuis l'antiquité, notamment pour ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires [28].
56
+
57
+ En médecine chinoise, le rhizome de Curcuma longa est traditionnellement utilisée pour traiter les douleurs et les tumeurs supposément induites par le Qi[précision nécessaire] et la congestion sanguine[11].
58
+
59
+ La médecine occidentale connaît, depuis au moins le XVIIe siècle, des usages au rhizome de curcuma : flatulence[13], néphrétique[13],[23], inertie de la bile[13], accouchement difficile[13], aménorrhée[13],[22],[23], scorbut[13],[22],[23], ou encore hydropisie[22],[23], jaunisse[22],[23].
60
+ Ainsi, au niveau mondial, l'OMS identifie certains usages traditionnels pour le Curcuma longa : traitement d'un ulcère gastro-duodénal, douleurs et inflammations dues à une arthrite rhumatoïde, aménorrhée, dysménorrhée, diarrhée, épilepsie, douleur et maladies de la peau[2].
61
+
62
+ Le curcuma est reconnu dans les médecines traditionnelles indiennes et chinoises[29] et en Occident pour ses propriétés antioxydantes[réf. nécessaire]. Il aide l’organisme à lutter contre le stress et à maintenir l’efficacité des défenses naturelles. Il est également utilisé depuis très longtemps comme anti-inflammatoire par la médecine ayurvédique indienne.[réf. nécessaire]
63
+
64
+ Le potentiel des propriétés du Curcuma longa dans la prévention du cancer a été étudié depuis 1985 avec Kuttan[11],[30] : les résultats de ces expériences in vitro et in vivo sur des souris ont montré une réduction du développement des tumeurs avec les extraits de curcuma et son composant actif, la curcumine[28].
65
+
66
+ De très nombreuses études ont été menées par la suite sur les effets inhibiteurs du curcuma et de son principe actif la curcumine sur le développement de nombreux cancers[11],[31],[32] : côlon[33], foie[34], poumon[35], ovaire, sein[36], leucémie, prostate[37],[38], estomac[39], pancréas[40]. Toutes ces études tendent également à montrer que la curcumine a un fort potentiel en tant qu'agent adjuvant en chimiothérapie[11],[41].
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+
68
+ Le curcuma est identifié comme agent de chimioprévention efficace des cancers colorectaux chez les rongeurs (essais cliniques chez des volontaires en cours[42]).
69
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70
+ Les premières conclusions de ces études ont conduit certains organismes (comme l'American Cancer Society) à préconiser l'utilisation du curcuma de manière préventive contre le cancer[43],[44],[45].
71
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72
+ À âge égal, les Indiens ont huit fois moins de cancers du poumon que les Occidentaux, neuf fois moins de cancers du côlon, 5 fois moins de cancers du sein et jusqu'à dix fois moins de cancers du rein : la différence pourrait être attribuable à leur consommation élevée de curcuma, laquelle est en moyenne de 1,5 à 2 g de curcuma par jour (l'équivalent d'un quart à une demi-cuillère à café)[46][source insuffisante].
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+
74
+ Le documentaire "Notre poison quotidien" de Marie-Monique Robin se termine sur une conférence sur le cancer à Bhubaneswar dans la région indienne d'Odisha, où selon Marie-Monique Robin personne n'aurait contracté de cancer hormis ceux liés au tabagisme.
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76
+ Le cancer du côlon est statistiquement moins présent dans les aires où on le consomme régulièrement[47][source insuffisante] .
77
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78
+ La turmérine, autre composant de l'épice, semble également avoir des propriétés antioxydantes[48].
79
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+ Le curcuma est utilisé en phytothérapie (dans le traitement de l'hypercholestérolémie par exemple[49], ou encore en traitement alternatif pour la spondylarthrite ankylosante).
81
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82
+ L'European Medicines Agency a identifié le Curcuma longa comme une plante pouvant être utilisé en tisane pour soulager les digestions difficiles[50].
83
+
84
+ Le jus de curcuma obtenu à partir des rhizomes frais, conserve les phytonutriments fixes (curcumine, turmérine) et volatils (l'huile essentielle présente dans le jus de curcuma frais semble favoriser la biodisponibilité des curcumines dans l’organisme). Depuis des siècles, l'utilisation traditionnelle du curcuma frais en Asie du Sud-Est, lieu à l'origine de la découverte des bienfaits du curcuma, n'a jamais fait l'objet de la consommation d’une seule molécule isolée (curcumine), mais de tout le rhizome.[réf. nécessaire]
85
+
86
+ Le curcuma, à la suite d'une étude de criblage à haut débit (avril 2020)[51], a été retenue comme candidate potentielle pour produire un possible médicament contre le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de COVID-19.
87
+
88
+ Le curcuma est considéré comme un alicament naturel[réf. nécessaire]. Son activité thérapeutique est décuplée en présence de poivre (pipérine), sa biodisponibilité étant ainsi augmentée[52].
89
+
90
+ Les effets du curcuma sont étudiés dans son rôle protecteur contre la maladie d'Alzheimer[1],[53], contre le Diabète de type 2[54],[55] et d'autres troubles cliniques[56],[57]. En effet, la curcumine pourrait également aider à stimuler les cellules du système immunitaire qui engloutissent les protéines du cerveau qui marquent la maladie d’Alzheimer[58].
91
+
92
+ Le curcuma pourrait améliorer la mémoire des personnes présentant un risque de déficience cognitive lié au diabète[59].
93
+
94
+ Consommé avec du thé vert et du poivre noir, le curcuma serait utilisé contre l'obésité[60].
95
+
96
+ Son efficacité dans les syndromes dépressifs majeurs n'est pas démontrée[61].
97
+
98
+ Le curcuma est utilisé comme médicament traditionnel pour le traitement des maladies de peaux, en particulier en Inde et à l'île Maurice dans le traitement de la gale.[réf. nécessaire]
99
+
100
+ Les effets positifs attribués au curcuma sont à relativiser car les nombreuses études en cours cherchent à comprendre les effets de la curcumine, de la turmérine, et les capacités d'absorption du curcuma par le corps humain.
101
+
102
+ En 2017, une méta-analyse approfondie sur la chimie de la curcumine montre que c'est un composé instable, réactif et non biodisponible, par conséquent elle a très peu de chance d'avoir une efficacité concrète avant d'être dégradée[62]. Selon les auteurs, la curcumine a tendance à se lier à toutes les molécules lors de tests in vitro lorsqu'il s'agit de repérer si une substance interagit avec les protéines impliquées dans les maladies, cela explique les nombreux résultats prometteurs dans des phases de test préliminaires sans qu'il y ait pour autant d'action thérapeutique spécifique dans le corps humain. De plus, les auteurs expliquent que parmi les nombreuses études disponibles, environ 15 000 au moment de l'analyse, seulement une faible proportion, environ 120, sont conformes à la démarche scientifique. Or parmi ces 120 études, aucune ne montre que le curcuma a un effet supérieur à l'effet placébo.
103
+
104
+ Le rhizome de curcuma est une tige souterraine vivace, généralement à peu près horizontale, émettant chaque année des racines et des tiges aériennes. Séché et réduit en poudre, le rhizome est utilisé comme épice. Sa saveur est poivrée et très aromatique.
105
+
106
+ La préparation de la poudre consiste à faire blanchir les rhizomes pendant 1 à 3 minutes (pour retirer les éventuels champignons et moisissures ; éliminer les mauvaises odeurs et mauvais goûts ; pour éliminer l'air des rhizomes afin d'éviter l'oxydation pendant le stockage), les faire sécher au soleil pendant 10 à 15 jours (ou dans un séchoir à 65 °C), puis les moudre[63].
107
+
108
+ Il entre dans la composition de mélanges d'épices de la cuisine indienne :
109
+
110
+ Le curcuma entre également dans la composition de mélanges d'épices dans :
111
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112
+ Le curcuma est aussi largement utilisé dans les cuisines du monde :
113
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114
+ L'oléorésine de curcuma est extraite par solvant des tumérols (rhizomes de Curcuma Longa L. concassés en poudre) et purifiée par cristallisation. Elle donne deux colorants alimentaires : E100(i) (curcumine) et E100(ii) (curcuma)[67].
115
+
116
+ L'usage du curcuma comme colorant alimentaire remonte au moins au XVIIIe siècle, où il était utilisé par les droguistes pour falsifier certaines substances (huile de palme, huile d'œufs, sirop de chicorée)[68].
117
+
118
+ Le curcuma a longtemps été utilisé comme conservateur alimentaire par les Indiens. Le pigment jaune du rhizome de curcuma possède notamment les propriétés de réduire le nombre de bactéries et de supprimer l'oxydation des graisses[69].
119
+
120
+ Étant une plante tinctoriale notoire, le curcuma est utilisé dans l'industrie textile comme teinture jaune orangé. Il teint le coton, la laine et la soie[1], sans mordant, même si son pigment est très sensible à la lumière et se décolore facilement[70].
121
+ La teinture de curcuma est traditionnellement utilisée pour le costume safran des sâdhus ou des moines bouddhistes.[réf. nécessaire]
122
+
123
+ En Grèce antique, les péplos portés pendant les Panathénées étaient teints avec du curcuma.
124
+
125
+ En France, l'usage du curcuma pour les teintures[15] se répand au XVIIIe siècle, principalement pour sa très belle couleur jaune, bien qu'elle ne tienne pas longtemps[14].
126
+
127
+ En Polynésie Française (archipel des Gambiers), le Curcuma longa servait à la teinture des costumes traditionnels de cérémonies, les tapa[16].
128
+
129
+ En Inde, pendant les fêtes de Divali :
130
+
131
+ Le curcuma est utilisé dans les cérémonies de mariage :
132
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133
+ Le curcuma est également utilisé comme peinture corporelle sur les femmes enceintes et sur les enfants :
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+ Le curcuma fut utilisé dans des rites funéraires :
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137
+ Le jaune végétal curcuma est identifié avec le code NY3 dans le Colour Index.
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139
+ Au Moyen Âge, le curcuma était utilisé :
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141
+ Le curcuma est utilisé comme indicateur de pH naturel (couleur jaune en milieu acide, couleur brun-orangé en milieu basique).
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143
+ En cosmétique, les shampooings indiens contenaient du curcuma, parmi d'autres épices.
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145
+ En Europe, le curcuma était utilisé pour la teinture des savons (mélangé à de l'indigo pour obtenir des savons de couleur verte)[71].
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147
+ Il existe des huiles essentielles de curcuma.
148
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149
+ En Inde, alors que les feuilles de palmier de Palmyre servaient de support pour l'écriture, elles étaient enduites de poudre de curcuma pour prévenir les attaques des insectes.
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151
+ En Italie, des cas d'atteintes hépatiques pourraient être imputables à des préparations à base de Curcuma. 10 cas avaient déjà été signalés en Suède et 5 en Norvège en 2009[72],[73],[74]. Le danger semble survenir lors de l'association du curcuma et du nimésulide que l'on trouve dans certaines préparations[75].
152
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153
+ L'Inde est le premier producteur, consommateur et exportateur mondial de curcuma[6]. En effet, c'est une des principales épices du curry, qui lui-même entre dans la composition de nombreux plats de la cuisine indienne. Le curcuma est également utilisé par considérations religieuses, comme cosmétique ou teinture, et entre dans la composition de nombreux remèdes traditionnels. Les autres producteurs asiatiques sont le Bangladesh, le Pakistan, le Sri Lanka, Taïwan, la Chine, le Myanmar et l'Indonésie[76].
154
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155
+ Dans une moindre mesure, le curcuma est également produit dans quelques pays d'Amérique Latine et des Caraïbes : la Jamaïque[77], Haïti, le Costa Rica, le Pérou et le Brésil[76]. Certains pays d'Afrique ont une production et sont exportateurs : l'Éthiopie[78].
156
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157
+ L'île de la Réunion est également productrice de curcuma ; elle en a produit 5 tonnes en agriculture biologique en 2016. Le principal lieu de production est la Plaine des Grègues, quartier de la ville de Saint-Joseph.
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159
+ Les plus gros importateurs de curcuma indien sont les UAE, les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, l'Iran, Singapour, Sri Lanka et l'Afrique du Sud[1].
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+ L'Inde produit entre 2,5 et 3 millions de tonnes d'épices par an, et le curcuma compte pour environ 57 % de la production d'épices. Environ 90 % de la production de curcuma indien est destiné à la consommation interne[6].
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163
+ À la lumière des nombreuses études sur les propriétés médicales du curcuma, la plante bénéficie d'une augmentation de sa demande dans le monde entier dans le cadre des thérapies naturelles. Ainsi, l'International Trade Center a estimé une augmentation de la demande mondiale annuelle en curcuma à 10 %[1], en 2007. Selon l'American Botanical Council, le curcuma est en tête de classement des plantes qui se vendent le mieux aux États-Unis dans les compléments alimentaires à base de plantes, avec notamment une augmentation de 26 % des ventes en 2013[79].
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165
+ Cette augmentation de la demande mondiale (et des achats spéculatifs), combinée à des phénomènes météorologiques défavorables sur les récoltes, entraînent une hausse du cours des prix du curcuma, comme ce fut le cas en 2009[80].
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+ Les épices et particulièrement le curcuma sont perçus comme des occasions de développement de l'économie locale. C'est particulièrement le cas d'un pays comme l'Afrique du Sud qui exporte la totalité des épices produites sur son territoire, alors qu'une partie de la population consomme de grandes quantités de curcuma[81].
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+ L'Inde, via son Institut agronomique national, souhaite monopoliser la production du curcuma. Par conséquent, l'Institut agronomique national a décrété l'interdiction d'exporter les cultivars de Curcuma longa et protège ainsi leurs patrimoines génétiques[82].
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+ Le 28 mars 1995, l'University of Mississippi Medical Center obtient un brevet (174363) sur le curcuma pour le soin des blessures[83]. Ce brevet est contesté en 1997 par l'India's Council of Scientific and Industrial Research au motif que ces propriétés sont connues de temps immémorial en Inde, notamment dans l'Ayurveda. L'Office américain des brevets annule ce brevet en 1997[84]. Cette affaire illustre un des problèmes posés par la brevetabilité du vivant : la biopiraterie.
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+ L'analyse d'échantillons de curcuma du commerce ayant montré la présence de Sudan I, Sudan IV et de jaune de méthyle[85], substances potentiellement cancérigènes, la Commission Européenne décide en 2005 d'étendre ses contrôles visant à détecter la présence de colorant Sudan dans les poudres de curcuma [86]. Ce procédé d'adultération du curcuma est identifié depuis la fin des années 1980 grâce à l'amélioration des techniques d'analyse aux rayons X (colorant Sudan rouge isolé dans un échantillon de curcuma en provenance de Tanzanie en 1987[87]).
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