mfgiguere/erudit-french-philosophy · Datasets at Hugging Face

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3,700	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	4	4	Si les maladies n’ont pas de signification morale en tant que catégorie — si elles ne sont pas des états nuisibles ou indésirables — alors cette catégorie ne peut jouer le rôle qu’on lui assigne dans les débats moraux.
3,701	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	4	5	L’une des principales critiques du naturalisme est donc que les théories auxquelles il donne lieu perdent tout ancrage avec ce qui fait que nous nous soucions des maladies et accordons de l’importance à l’objectif de déterminer ce qu’elles sont[37].
3,702	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	4	6	Que cette critique s’applique ou non à toutes les théories naturalistes, elle met indéniablement en évidence un coût associé à la définition boorséenne de la pathologie.
3,703	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	4	7	En impliquant qu’un grand nombre de pathologies sont bénignes, la théorie de Boorse semble être en rupture avec l’idée selon laquelle, de manière générale, être en santé est une bonne chose et être dans un état pathologique n’est pas souhaitable.
3,704	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	4	8	La théorie de Boorse semble de ce fait échouer à rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.
3,705	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	6	0	Par contraste, une théorie comme celle de Wakefield semble apte à rendre compte de cette portée pratique.
3,706	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	6	1	En faisant de la dysfonction une condition nécessaire au trouble (pathologie), la théorie de Wakefield, tout comme celle de Boorse, fournit un critère permettant de distinguer les pathologies des autres états préjudiciables et, à cet égard, répond donc, aussi bien que celle de Boorse, à ce rôle des concepts de santé et de pathologie mentionné à la section 3.
3,707	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	6	2	Toutefois, en restreignant la classe des pathologies aux dysfonctions causant un préjudice et en excluant ainsi les dysfonctions bénignes de la classe des troubles, la théorie de Wakefield se trouve à n’inclure dans cette classe que les états dans lesquels il n’est pas souhaitable de se trouver.
3,708	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	6	3	Wakefield évoque d’ailleurs cet enjeu de la portée pratique dans son article de 1992 où figure le premier exposé de sa théorie hybride.
3,709	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	6	4	Il considère comme une force le fait que les théories définissant la santé et la pathologie en relation avec les valeurs peuvent aisément rendre compte de l’idée selon laquelle « les troubles [c.-à-d. les pathologies] sont des conditions négatives qui justifient une attention sociale ».
3,710	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	6	5	[38]
3,711	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	8	0	La prise en compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie semble donc, du moins à première vue, favoriser les théories qui, comme celle de Wakefield, ne considèrent pas la dysfonction comme suffisante pour la pathologie.
3,712	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	8	1	Si Wakefield a raison quant à l’usage médical à propos des dysfonctions bénignes, alors Boorse ne se trouve pas légitimé de répondre stipulativement à ces cas.
3,713	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	8	2	Considérer, à rebours de l’usage, les dysfonctions bénignes comme des pathologies favorise une définition qui ne concorde pas mieux qu’une définition considérant celles-ci comme saines avec les rôles théoriques et pratiques que jouent ces concepts dans nos institutions médicales.
3,714	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	10	0	Et j’ajouterais que la prise en compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie implique que, même si Wakefield avait tort quant à l’usage médical à propos des dysfonctions bénignes, l’exigence de rendre compte de cette portée pratique rendrait tout de même préférable l’adoption d’une théorie considérant les dysfonctions bénignes comme saines.
3,715	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	10	1	Dans la mesure où une telle théorie concorderait mieux avec les rôles théoriques et pratiques que jouent les concepts de santé et de pathologie dans nos institutions médicales, il serait avisé de la favoriser en dépit de l’usage.
3,716	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	4	10	2	En d’autres termes, advenant une contre-attaque de Boorse à Wakefield, démontrant de manière probante que les jugements des professionnel·le·s à propos des dysfonctions bénignes s’accordent davantage avec sa théorie qu’avec celle de Wakefield, un·e défenseur·euse d’une théorie semblable à celle de ce dernier serait légitimé de faire valoir (stipulativement) qu’au regard des dysfonctions bénignes, c’est l’usage qui doit être réformé et non sa théorie qui doit être rejetée.
3,717	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	0	0	4.2 Boorse sur la distinction théorique/clinique
3,718	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	2	0	Bien que cela n’ait pas été explicité comme tel dans les échanges entre Boorse et Wakefield, certaines remarques de Boorse à l’appui de sa réponse stipulative au cas de la cellule morte unique (voir section 2) abordent indirectement la question de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.
3,719	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	2	1	Ces remarques indiquent une nouvelle fois la présence chez Boorse d’une préoccupation pour la concordance entre sa théorie et les rôles théoriques et pratiques joués par les concepts de santé et de pathologie dans nos institutions médicales (en accord avec ce que j’ai relevé à la section 3).
3,720	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	2	2	Elles indiquent aussi une manière par laquelle Boorse pourrait possiblement esquiver la version de l’objection des dysfonctions bénignes que je viens de présenter.
3,721	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	0	Boorse aborde indirectement la question de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie lorsqu’il affirme, à l’appui de sa réponse au cas de la cellule morte unique, l’importance de distinguer deux concepts d’anormalité : l’anormalité théorique et l’anormalité clinique.
3,722	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	1	L’anormalité théorique équivaut selon lui au concept de pathologie à la base de la médecine occidentale dont sa théorie prétend fournir une définition (voir section 3).
3,723	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	2	Elle équivaut aussi au concept de pathologie qu’appliquent les pathologistes aux parties des organismes (voir section 2) et se définit, en accord avec sa théorie, comme la dysfonction de la partie d’un organisme.
3,724	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	3	L’anormalité clinique désigne, pour sa part, le sous-ensemble de ces états théoriquement anormaux qui sont assez graves pour nécessiter un traitement.
3,725	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	4	[39] Selon Boorse, la prise en compte de cette distinction théorique/clinique permet de dissoudre l’impression (de certain·e·s) qu’il est contraire à l’usage de considérer, en accord avec sa théorie, un individu n’ayant qu’une seule cellule défaillante ou morte comme se trouvant dans un état pathologique.
3,726	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	5	Selon lui, cette impression émane d’une confusion entre les concepts théorique et clinique d’anormalité et d’une perte de vue que le concept de pathologie sous-jacent à la médecine occidentale, et dont sa théorie prétend fournir une définition, est le concept théorique et non le concept clinique.
3,727	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	6	Cette confusion induit en erreur en faisant penser que l’usage considérant la cellule morte unique comme saine relève de l’anormalité théorique, alors qu’on doit plutôt l’interpréter comme relevant de l’anormalité clinique.
3,728	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	7	Boorse pourrait répondre de manière semblable aux cas de dysfonctions bénignes présentés par Wakefield.
3,729	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	4	8	Il pourrait faire valoir que l’usage rapporté par Wakefield considérant les dysfonctions bénignes comme non pathologiques doit être interprété comme relevant du concept clinique et non du concept théorique d’anormalité.
3,730	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	0	La formulation que donne Boorse de sa réponse au cas de la cellule morte unique ne se concentre toutefois pas exclusivement sur la question de la manière d’interpréter l’usage.
3,731	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	1	Boorse y aborde aussi la question de la relation entre le caractère sain ou pathologique d’un état et sa gravité.
3,732	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	2	Ce faisant, il se trouve, semble-t-il, indirectement à aborder l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.
3,733	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	3	Comme le plaide Boorse : Pourquoi un neurone mort ne serait-il pas pathologique ?
3,734	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	4	[…] Étant donné que le neurone est une partie du corps, située dans un tissu dont le fonctionnement physiologique ne suppose pas une régénération régulière, il n’est pas plus mystérieux de dire que sa mort est pathologique que de dire que la mort de l’organisme tout entier est pathologique.
3,735	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	5	[…] Bien sûr, un neurone mort est une pathologie triviale.
3,736	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	6	Mais le fait de qualifier un état de pathologique n’implique rien quant à sa gravité.
3,737	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	7	Penser autrement, c’est confondre normalité théorique et normalité clinique.
3,738	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	8	Les jugements quant à la gravité appartiennent à la pratique clinique et non à la théorie fondamentale de la normalité.
3,739	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	9	[40] Boorse reconnaît donc l’enjeu que pose potentiellement pour sa théorie la portée pratique (apparente) des concepts de santé et de pathologie.
3,740	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	10	Sa stratégie consiste toutefois, comme on le voit dans le passage ci-dessus, à tenter de soustraire sa théorie à l’exigence de rendre compte de celle-ci.
3,741	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	11	Selon Boorse, si on distingue bien anormalité théorique et anormalité clinique, alors on reconnaît aisément que la première peut se définir comme la dysfonction de la partie, sans égard à la gravité de cette dysfonction, et que la question de la gravité d’un état ne concerne que la seconde.
3,742	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	12	Comme le concept de pathologie dont il prétend fournir une définition correspond à l’anormalité théorique et non à l’anormalité clinique, et comme la portée pratique concerne seulement la seconde, distinguer adéquatement anormalités théorique et clinique soustrait sa théorie à l’exigence de rendre compte de la portée pratique (apparente) des concepts de santé et de pathologie.
3,743	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	13	Boorse pourrait éventuellement appliquer le même type de réponse aux cas de dysfonctions bénignes présentés par Wakefield.
3,744	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	6	14	Il pourrait faire valoir que la considération des dysfonctions bénignes comme pathologiques par sa théorie ne la fait pas échouer au regard de l’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, puisque cette exigence ne s’applique pas à celle-ci.
3,745	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	8	0	En déployant ainsi une stratégie pour traiter l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie (ou dans les termes de Boorse, de l’enjeu de la relation entre le caractère sain ou pathologique d’un état et sa gravité), Boorse reconnaît tacitement son importance.
3,746	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	8	1	Il se trouve en fait à faire reposer la plausibilité de sa théorie sur la légitimité de sa distinction théorique/clinique.
3,747	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	8	2	Et étant donné qu’on pourrait éventuellement lui concéder la légitimité de cette distinction sans pour autant concéder la manière particulière selon laquelle il la caractérise, Boorse se trouve aussi à faire reposer la plausibilité de sa théorie sur la supposition qu’il est adéquat de caractériser la distinction théorique/clinique comme il le fait, c’est-à-dire d’une manière qui définit l’anormalité théorique sans égard à la gravité et restreint la portée pratique à l’anormalité clinique.
3,748	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	8	3	Si la distinction théorique/clinique est légitime et si la manière selon laquelle il la caractérise est adéquate, alors sa théorie échappera aux objections concernant la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.
3,749	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	5	8	4	Si, en revanche, cette distinction n’est pas légitime ou si la manière selon laquelle il la caractérise est inadéquate, alors sa théorie sera vulnérable à ces objections.
3,750	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	0	0	4.3 Anormalité théorique et portée pratique
3,751	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	2	0	Afin de déterminer si la distinction théorique/clinique qu’introduit Boorse permet à sa théorie d’esquiver la version de l’objection des dysfonctions bénignes fondée sur la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, il nous faut donc maintenant déterminer si : Cette distinction est légitime, et si La manière dont Boorse la caractérise, c’est-à-dire en définissant l’anormalité théorique sans égard à la gravité et en réservant les considérations à propos de la gravité à l’anormalité clinique, est adéquate.
3,752	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	2	1	Abordons d’abord la première question.
3,753	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	2	2	Wakefield soulève cette question lorsqu’il discute l’appel de Boorse à la distinction théorique/clinique en réponse au cas de la cellule morte unique : Il est bien sûr concevable qu’il y ait une division conceptuelle du travail dans la communauté médicale, de sorte que seule une élite de pathologistes, qui ne se laissent pas distraire par des considérations cliniques, connaît réellement ou applique correctement le concept fondamental du domaine.
3,754	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	2	3	Cependant, Boorse n’offre aucune preuve formelle de l’existence et de la nature de cette division conceptuelle.
3,755	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	2	4	La multiplication par Boorse des entités conceptuelles a donc toute l’apparence d’une hypothèse ad hoc visant à éviter la falsification de la [théorie biostatistique] par les jugements des clinicien·ne·s […].
3,756	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	2	5	[41] Wakefield se montre donc sceptique à l’égard de la distinction théorique/clinique.
3,757	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	2	6	Selon lui, elle met « la théorie de Boorse […] à risque de devenir une théorie ad hoc et infalsifiable ».
3,758	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	2	7	[42]
3,759	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	4	0	Aux fins de la présente argumentation, il me semble néanmoins acceptable de concéder à Boorse la légitimité de la distinction théorique/clinique.
3,760	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	4	1	Telle qu’il l’envisage, celle-ci vise pour l’essentiel à laisser ouverte la possibilité que tous les états pathologiques ne soient pas considérés assez graves pour nécessiter un traitement.
3,761	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	4	2	[43] Les tumeurs bénignes, les petites lésions de la peau et les calculs biliaires chez les personnes âgées sont selon lui des exemples de pathologies ne nécessitant habituellement aucun traitement.
3,762	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	4	3	Laisser une telle possibilité ouverte semble avisé.
3,763	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	4	4	Wakefield semble d’ailleurs lui-même reconnaître la pertinence de cette distinction lorsqu’il affirme, dans un article antérieur à celui où il aborde l’enjeu des dysfonctions bénignes, que « le fait qu’un état soit considéré ou non comme un trouble [c’est-à-dire comme pathologique] du point de vue de la théorie HD [c’est-à-dire sa théorie du trouble comme la dysfonction préjudiciable] ou de tout autre point de vue n’a aucune implication nécessaire quant à la priorité que cet état doit se voir accorder en ce qui concerne le traitement, la prévention ou les politiques ».
3,764	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	4	5	[44] En reconnaissant, dans ce passage, la possibilité que certains troubles (pathologies) n’aient pas besoin d’être traités, Wakefield se trouve semble-t-il à reconnaître implicitement une distinction entre l’anormalité théorique (qui serait, dans l’esprit de sa théorie, définie comme la dysfonction préjudiciable) et l’anormalité clinique (qui serait alors conçue comme la dysfonction préjudiciable qui nécessite un traitement).
3,765	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	4	6	[45]
3,766	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	6	0	Quoi qu’il en soit, il suffira, pour montrer que Boorse ne peut soustraire sa théorie à l’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, de mettre en doute la manière dont Boorse formule cette distinction lorsqu’il définit l’anormalité théorique sans égard à la gravité (c’est-à-dire de montrer que la réponse à la seconde question énoncée ci-dessus est négative).
3,767	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	8	0	L’enjeu crucial, afin de déterminer si Boorse peut soustraire sa théorie à l’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, est donc de déterminer s’il est adéquat ou non de définir, comme le fait Boorse, l’anormalité théorique sans égard à la gravité des états.
3,768	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	8	1	Est-il plausible d’affirmer, comme le fait Boorse, que « le fait de qualifier un état de pathologique n’implique rien quant à sa gravité » et que « [l]es jugements quant à la gravité appartiennent à la pratique clinique et non à la théorie fondamentale de la normalité ».
3,769	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	8	2	[46] Un certain appui à cette affirmation peut être trouvé dans l’observation selon laquelle un concept adéquat de pathologie semble devoir admettre que certains états non pathologiques sont plus graves que certains états pathologiques.
3,770	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	8	3	Par exemple, il est la plupart du temps pire de faire faillite que d’avoir le rhume.
3,771	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	8	4	Admettre une telle possibilité, toutefois, n’implique pas nécessairement d’admettre que l’anormalité théorique peut, comme le soutient Boorse, plausiblement être définie sans aucun égard à la gravité.
3,772	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	10	0	Le principal problème posé par une définition de l’anormalité théorique sans aucun égard à la gravité réside selon moi dans la dissociation trop forte qu’elle établit entre la théorie et la pratique médicale.
3,773	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	10	1	Une telle dissociation me semble incompatible avec la prétention de Boorse que sa théorie fournit une analyse du concept (théorique) de pathologie à la base de la médecine occidentale.
3,774	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	10	2	Sous une définition de la pathologie sans aucun égard à la gravité, la théorie médicale, sur la base de laquelle certains états sont classifiés comme sains et d’autres comme pathologiques (c’est-à-dire théoriquement anormaux), se trouverait à n’avoir qu’une pertinence faible, sinon nulle, pour la clinique.
3,775	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	10	3	Il n’y aurait alors qu’un lien ténu (si tant est qu’il y en ait un) entre le jugement diagnostique, c’est-à-dire le jugement à propos du caractère sain ou théoriquement anormal d’un état, et le jugement clinique, c’est-à-dire le jugement à propos de la nécessité ou non de le traiter.
3,776	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	10	4	Ce lien serait si faible que le premier perdrait toute pertinence au regard du second.
3,777	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	10	5	D’un point de vue clinique, le jugement à propos du caractère sain ou pathologique d’un état ne semble pouvoir être pertinent que s’il informe dans une certaine mesure celui à propos de la nécessité ou non de traiter cet état.
3,778	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	10	6	C’est le cas, semble-t-il, même si d’autres considérations doivent évidemment entrer en ligne de compte lorsqu’on formule le second type de jugement.
3,779	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	10	7	Or, si un grand nombre d’états théoriquement anormaux sont bénins et ne nécessitent, par conséquent, aucun traitement, alors le jugement à propos du caractère sain ou pathologique (théoriquement normal ou anormal) d’un état n’informera que très peu celui à propos de la nécessité ou non de le traiter.
3,780	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	12	0	La dissociation quasi complète entre le jugement théorique et le jugement clinique découlant d’une définition de l’anormalité théorique sans égard à la gravité est à mon avis incompatible avec la prétention de Boorse de formuler une définition du concept théorique d’anormalité à la base de la médecine occidentale.
3,781	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	12	1	Même si on concède à Boorse, en accord avec sa distinction théorique/clinique, que le concept de pathologie à la base de la médecine occidentale ne fait pas l’équivalence entre la classe des états pathologiques (théoriquement anormaux) et la classe des états nécessitant un traitement (cliniquement anormaux), il semblerait faux d’affirmer que ce concept n’a, dans la médecine occidentale, qu’une pertinence faible ou nulle pour la clinique.
3,782	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	12	2	Avant de se demander, en concertation avec un·e patient·e, si un état l’affectant nécessite un traitement, les médecins formulent d’abord, en règle générale, un jugement diagnostique visant à déterminer si celui-ci appartient à une classe de pathologie ou s’il est sain.
3,783	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	12	3	Cette première étape est généralement considérée comme informative de la seconde, autant par les médecins que par leurs patient·e·s (et ce, encore une fois, même si d’autres considérations doivent évidemment entrer en ligne de compte à la seconde étape).
3,784	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	12	4	La première étape ne peut toutefois être pertinente pour la seconde que si l’anormalité théorique n’est pas entièrement dissociée de toute considération à propos de la gravité.
3,785	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	12	5	En contradiction avec la dissociation que fait Boorse du jugement théorique et du jugement clinique, le concept de pathologie à la base de la médecine occidentale ne semble donc pas pouvoir être entièrement dissocié des considérations à propos de la gravité des états.
3,786	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	12	6	Ce concept semble avoir une portée pratique, et ce, même si, avec Boorse, on le considère comme distinct d’un concept clinique désignant les états ayant besoin d’être traités.
3,787	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	12	7	Soustraire la théorie de Boorse à l’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie compromettrait donc sa prétention à fournir une définition du concept de pathologie à la base de la médecine occidentale.
3,788	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	14	0	La distinction théorique/clinique ne permet donc pas à la théorie de Boorse d’esquiver la version de l’objection des dysfonctions bénignes présentée ci-dessus.
3,789	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	14	1	Même si on concède la distinction théorique/clinique, on demeure néanmoins contraint de retenir une portée pratique pour le concept théorique d’anormalité.
3,790	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	14	2	L’implication de la théorie de Boorse selon laquelle un grand nombre de pathologies (c’est-à-dire d’états théoriquement anormaux) sont bénignes pose donc encore problème.
3,791	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	14	3	Boorse ne peut éviter que cette implication fasse échouer sa théorie à traiter adéquatement l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie qu’au prix de l’abandon de sa prétention à fournir une définition du concept de pathologie à la base de la médecine occidentale.
3,792	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	14	4	Plutôt que de trivialiser la pathologie en impliquant qu’un grand nombre de pathologies sont bénignes, une définition prétendant se coller à ce concept devrait circonscrire une classe d’états dans lesquels il n’est généralement pas souhaitable de se trouver et qui, pour cette raison, méritent une attention médicale.
3,793	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	16	0	Il s’ensuit que la réponse stipulative de Boorse au cas de la cellule morte unique et son éventuelle réponse stipulative aux cas de dysfonctions bénignes présentées par Wakefield sont illégitimes.
3,794	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	16	1	Ces réponses ne favorisent pas une définition de la santé et de la pathologie qui s’accorde, mieux qu’une définition alternative se collant davantage à l’usage, avec les rôles théoriques et pratiques que jouent ces concepts dans nos institutions médicales.
3,795	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	16	2	En accord avec ce que j’ai suggéré ci-dessus, il s’ensuit de surcroît que, même si Wakefield avait tort quant à l’usage médical à propos des dysfonctions bénignes, il demeurerait avisé de favoriser une définition qui, comme la sienne, ne considère pas les dysfonctions bénignes comme pathologiques.
3,796	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	16	3	L’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie motiverait l’affirmation qu’au regard de ces dysfonctions, c’est l’usage qui doit être réformé de sorte à les considérer comme saines.
3,797	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	18	0	Intégrer les apports méthodologiques de l’explication philosophique à l’évaluation de la théorie de Boorse et prendre acte de l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie conduit donc à renforcer l’objection des dysfonctions bénignes soulevée par Wakefield contre celle-ci.
3,798	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	18	1	Ceci permet de voir qu’au-delà de la question de la conformité de la théorie de Boorse à l’usage des professionnel·le·s, cette objection soulève l’enjeu de son aptitude à rendre compte de la portée pratique du concept de pathologie à la base de la médecine occidentale.
3,799	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	6	18	2	Un rôle important joué par ce concept dans nos institutions médicales consiste à circonscrire une classe d’états dans lesquels il n’est généralement pas souhaitable de se trouver et qui, pour cette raison, méritent une attention particulière d’un point de vue médical.

3,700

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4

Si les maladies n’ont pas de signification morale en tant que catégorie — si elles ne sont pas des états nuisibles ou indésirables — alors cette catégorie ne peut jouer le rôle qu’on lui assigne dans les débats moraux.

3,701

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4

5

L’une des principales critiques du naturalisme est donc que les théories auxquelles il donne lieu perdent tout ancrage avec ce qui fait que nous nous soucions des maladies et accordons de l’importance à l’objectif de déterminer ce qu’elles sont[37].

3,702

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4

6

Que cette critique s’applique ou non à toutes les théories naturalistes, elle met indéniablement en évidence un coût associé à la définition boorséenne de la pathologie.

3,703

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4

7

En impliquant qu’un grand nombre de pathologies sont bénignes, la théorie de Boorse semble être en rupture avec l’idée selon laquelle, de manière générale, être en santé est une bonne chose et être dans un état pathologique n’est pas souhaitable.

3,704

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4

8

La théorie de Boorse semble de ce fait échouer à rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.

3,705

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4

6

0

Par contraste, une théorie comme celle de Wakefield semble apte à rendre compte de cette portée pratique.

3,706

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4

6

1

En faisant de la dysfonction une condition nécessaire au trouble (pathologie), la théorie de Wakefield, tout comme celle de Boorse, fournit un critère permettant de distinguer les pathologies des autres états préjudiciables et, à cet égard, répond donc, aussi bien que celle de Boorse, à ce rôle des concepts de santé et de pathologie mentionné à la section 3.

3,707

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4

6

2

Toutefois, en restreignant la classe des pathologies aux dysfonctions causant un préjudice et en excluant ainsi les dysfonctions bénignes de la classe des troubles, la théorie de Wakefield se trouve à n’inclure dans cette classe que les états dans lesquels il n’est pas souhaitable de se trouver.

3,708

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4

6

3

Wakefield évoque d’ailleurs cet enjeu de la portée pratique dans son article de 1992 où figure le premier exposé de sa théorie hybride.

3,709

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4

6

4

Il considère comme une force le fait que les théories définissant la santé et la pathologie en relation avec les valeurs peuvent aisément rendre compte de l’idée selon laquelle « les troubles [c.-à-d. les pathologies] sont des conditions négatives qui justifient une attention sociale ».

3,710

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4

6

5

[38]

3,711

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4

8

0

La prise en compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie semble donc, du moins à première vue, favoriser les théories qui, comme celle de Wakefield, ne considèrent pas la dysfonction comme suffisante pour la pathologie.

3,712

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4

8

1

Si Wakefield a raison quant à l’usage médical à propos des dysfonctions bénignes, alors Boorse ne se trouve pas légitimé de répondre stipulativement à ces cas.

3,713

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4

8

2

Considérer, à rebours de l’usage, les dysfonctions bénignes comme des pathologies favorise une définition qui ne concorde pas mieux qu’une définition considérant celles-ci comme saines avec les rôles théoriques et pratiques que jouent ces concepts dans nos institutions médicales.

3,714

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4

10

0

Et j’ajouterais que la prise en compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie implique que, même si Wakefield avait tort quant à l’usage médical à propos des dysfonctions bénignes, l’exigence de rendre compte de cette portée pratique rendrait tout de même préférable l’adoption d’une théorie considérant les dysfonctions bénignes comme saines.

3,715

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4

10

1

Dans la mesure où une telle théorie concorderait mieux avec les rôles théoriques et pratiques que jouent les concepts de santé et de pathologie dans nos institutions médicales, il serait avisé de la favoriser en dépit de l’usage.

3,716

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4

10

2

En d’autres termes, advenant une contre-attaque de Boorse à Wakefield, démontrant de manière probante que les jugements des professionnel·le·s à propos des dysfonctions bénignes s’accordent davantage avec sa théorie qu’avec celle de Wakefield, un·e défenseur·euse d’une théorie semblable à celle de ce dernier serait légitimé de faire valoir (stipulativement) qu’au regard des dysfonctions bénignes, c’est l’usage qui doit être réformé et non sa théorie qui doit être rejetée.

3,717

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5

0

4.2 Boorse sur la distinction théorique/clinique

3,718

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5

2

0

Bien que cela n’ait pas été explicité comme tel dans les échanges entre Boorse et Wakefield, certaines remarques de Boorse à l’appui de sa réponse stipulative au cas de la cellule morte unique (voir section 2) abordent indirectement la question de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.

3,719

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5

2

1

Ces remarques indiquent une nouvelle fois la présence chez Boorse d’une préoccupation pour la concordance entre sa théorie et les rôles théoriques et pratiques joués par les concepts de santé et de pathologie dans nos institutions médicales (en accord avec ce que j’ai relevé à la section 3).

3,720

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5

2

Elles indiquent aussi une manière par laquelle Boorse pourrait possiblement esquiver la version de l’objection des dysfonctions bénignes que je viens de présenter.

3,721

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5

4

0

Boorse aborde indirectement la question de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie lorsqu’il affirme, à l’appui de sa réponse au cas de la cellule morte unique, l’importance de distinguer deux concepts d’anormalité : l’anormalité théorique et l’anormalité clinique.

3,722

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5

4

1

L’anormalité théorique équivaut selon lui au concept de pathologie à la base de la médecine occidentale dont sa théorie prétend fournir une définition (voir section 3).

3,723

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5

4

2

Elle équivaut aussi au concept de pathologie qu’appliquent les pathologistes aux parties des organismes (voir section 2) et se définit, en accord avec sa théorie, comme la dysfonction de la partie d’un organisme.

3,724

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5

4

3

L’anormalité clinique désigne, pour sa part, le sous-ensemble de ces états théoriquement anormaux qui sont assez graves pour nécessiter un traitement.

3,725

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5

4

[39] Selon Boorse, la prise en compte de cette distinction théorique/clinique permet de dissoudre l’impression (de certain·e·s) qu’il est contraire à l’usage de considérer, en accord avec sa théorie, un individu n’ayant qu’une seule cellule défaillante ou morte comme se trouvant dans un état pathologique.

3,726

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5

4

5

Selon lui, cette impression émane d’une confusion entre les concepts théorique et clinique d’anormalité et d’une perte de vue que le concept de pathologie sous-jacent à la médecine occidentale, et dont sa théorie prétend fournir une définition, est le concept théorique et non le concept clinique.

3,727

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5

4

6

Cette confusion induit en erreur en faisant penser que l’usage considérant la cellule morte unique comme saine relève de l’anormalité théorique, alors qu’on doit plutôt l’interpréter comme relevant de l’anormalité clinique.

3,728

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5

4

7

Boorse pourrait répondre de manière semblable aux cas de dysfonctions bénignes présentés par Wakefield.

3,729

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5

4

8

Il pourrait faire valoir que l’usage rapporté par Wakefield considérant les dysfonctions bénignes comme non pathologiques doit être interprété comme relevant du concept clinique et non du concept théorique d’anormalité.

3,730

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5

6

0

La formulation que donne Boorse de sa réponse au cas de la cellule morte unique ne se concentre toutefois pas exclusivement sur la question de la manière d’interpréter l’usage.

3,731

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5

6

1

Boorse y aborde aussi la question de la relation entre le caractère sain ou pathologique d’un état et sa gravité.

3,732

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5

6

2

Ce faisant, il se trouve, semble-t-il, indirectement à aborder l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.

3,733

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5

6

3

Comme le plaide Boorse : Pourquoi un neurone mort ne serait-il pas pathologique ?

3,734

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4

[…] Étant donné que le neurone est une partie du corps, située dans un tissu dont le fonctionnement physiologique ne suppose pas une régénération régulière, il n’est pas plus mystérieux de dire que sa mort est pathologique que de dire que la mort de l’organisme tout entier est pathologique.

3,735

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5

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5

[…] Bien sûr, un neurone mort est une pathologie triviale.

3,736

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6

Mais le fait de qualifier un état de pathologique n’implique rien quant à sa gravité.

3,737

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7

Penser autrement, c’est confondre normalité théorique et normalité clinique.

3,738

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6

8

Les jugements quant à la gravité appartiennent à la pratique clinique et non à la théorie fondamentale de la normalité.

3,739

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5

6

9

[40] Boorse reconnaît donc l’enjeu que pose potentiellement pour sa théorie la portée pratique (apparente) des concepts de santé et de pathologie.

3,740

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5

6

10

Sa stratégie consiste toutefois, comme on le voit dans le passage ci-dessus, à tenter de soustraire sa théorie à l’exigence de rendre compte de celle-ci.

3,741

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5

6

11

Selon Boorse, si on distingue bien anormalité théorique et anormalité clinique, alors on reconnaît aisément que la première peut se définir comme la dysfonction de la partie, sans égard à la gravité de cette dysfonction, et que la question de la gravité d’un état ne concerne que la seconde.

3,742

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5

6

12

Comme le concept de pathologie dont il prétend fournir une définition correspond à l’anormalité théorique et non à l’anormalité clinique, et comme la portée pratique concerne seulement la seconde, distinguer adéquatement anormalités théorique et clinique soustrait sa théorie à l’exigence de rendre compte de la portée pratique (apparente) des concepts de santé et de pathologie.

3,743

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5

6

13

Boorse pourrait éventuellement appliquer le même type de réponse aux cas de dysfonctions bénignes présentés par Wakefield.

3,744

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5

6

14

Il pourrait faire valoir que la considération des dysfonctions bénignes comme pathologiques par sa théorie ne la fait pas échouer au regard de l’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, puisque cette exigence ne s’applique pas à celle-ci.

3,745

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5

8

0

En déployant ainsi une stratégie pour traiter l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie (ou dans les termes de Boorse, de l’enjeu de la relation entre le caractère sain ou pathologique d’un état et sa gravité), Boorse reconnaît tacitement son importance.

3,746

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5

8

1

Il se trouve en fait à faire reposer la plausibilité de sa théorie sur la légitimité de sa distinction théorique/clinique.

3,747

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5

8

2

Et étant donné qu’on pourrait éventuellement lui concéder la légitimité de cette distinction sans pour autant concéder la manière particulière selon laquelle il la caractérise, Boorse se trouve aussi à faire reposer la plausibilité de sa théorie sur la supposition qu’il est adéquat de caractériser la distinction théorique/clinique comme il le fait, c’est-à-dire d’une manière qui définit l’anormalité théorique sans égard à la gravité et restreint la portée pratique à l’anormalité clinique.

3,748

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5

8

3

Si la distinction théorique/clinique est légitime et si la manière selon laquelle il la caractérise est adéquate, alors sa théorie échappera aux objections concernant la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.

3,749

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5

8

4

Si, en revanche, cette distinction n’est pas légitime ou si la manière selon laquelle il la caractérise est inadéquate, alors sa théorie sera vulnérable à ces objections.

3,750

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6

0

4.3 Anormalité théorique et portée pratique

3,751

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6

2

0

Afin de déterminer si la distinction théorique/clinique qu’introduit Boorse permet à sa théorie d’esquiver la version de l’objection des dysfonctions bénignes fondée sur la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, il nous faut donc maintenant déterminer si : Cette distinction est légitime, et si La manière dont Boorse la caractérise, c’est-à-dire en définissant l’anormalité théorique sans égard à la gravité et en réservant les considérations à propos de la gravité à l’anormalité clinique, est adéquate.

3,752

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6

2

1

Abordons d’abord la première question.

3,753

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6

2

Wakefield soulève cette question lorsqu’il discute l’appel de Boorse à la distinction théorique/clinique en réponse au cas de la cellule morte unique : Il est bien sûr concevable qu’il y ait une division conceptuelle du travail dans la communauté médicale, de sorte que seule une élite de pathologistes, qui ne se laissent pas distraire par des considérations cliniques, connaît réellement ou applique correctement le concept fondamental du domaine.

3,754

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6

2

3

Cependant, Boorse n’offre aucune preuve formelle de l’existence et de la nature de cette division conceptuelle.

3,755

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6

2

4

La multiplication par Boorse des entités conceptuelles a donc toute l’apparence d’une hypothèse ad hoc visant à éviter la falsification de la [théorie biostatistique] par les jugements des clinicien·ne·s […].

3,756

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6

2

5

[41] Wakefield se montre donc sceptique à l’égard de la distinction théorique/clinique.

3,757

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6

2

6

Selon lui, elle met « la théorie de Boorse […] à risque de devenir une théorie ad hoc et infalsifiable ».

3,758

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6

2

7

[42]

3,759

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6

4

0

Aux fins de la présente argumentation, il me semble néanmoins acceptable de concéder à Boorse la légitimité de la distinction théorique/clinique.

3,760

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6

4

1

Telle qu’il l’envisage, celle-ci vise pour l’essentiel à laisser ouverte la possibilité que tous les états pathologiques ne soient pas considérés assez graves pour nécessiter un traitement.

3,761

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6

4

2

[43] Les tumeurs bénignes, les petites lésions de la peau et les calculs biliaires chez les personnes âgées sont selon lui des exemples de pathologies ne nécessitant habituellement aucun traitement.

3,762

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6

4

3

Laisser une telle possibilité ouverte semble avisé.

3,763

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6

4

Wakefield semble d’ailleurs lui-même reconnaître la pertinence de cette distinction lorsqu’il affirme, dans un article antérieur à celui où il aborde l’enjeu des dysfonctions bénignes, que « le fait qu’un état soit considéré ou non comme un trouble [c’est-à-dire comme pathologique] du point de vue de la théorie HD [c’est-à-dire sa théorie du trouble comme la dysfonction préjudiciable] ou de tout autre point de vue n’a aucune implication nécessaire quant à la priorité que cet état doit se voir accorder en ce qui concerne le traitement, la prévention ou les politiques ».

3,764

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6

4

5

[44] En reconnaissant, dans ce passage, la possibilité que certains troubles (pathologies) n’aient pas besoin d’être traités, Wakefield se trouve semble-t-il à reconnaître implicitement une distinction entre l’anormalité théorique (qui serait, dans l’esprit de sa théorie, définie comme la dysfonction préjudiciable) et l’anormalité clinique (qui serait alors conçue comme la dysfonction préjudiciable qui nécessite un traitement).

3,765

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6

4

6

[45]

3,766

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6

0

Quoi qu’il en soit, il suffira, pour montrer que Boorse ne peut soustraire sa théorie à l’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, de mettre en doute la manière dont Boorse formule cette distinction lorsqu’il définit l’anormalité théorique sans égard à la gravité (c’est-à-dire de montrer que la réponse à la seconde question énoncée ci-dessus est négative).

3,767

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6

8

0

L’enjeu crucial, afin de déterminer si Boorse peut soustraire sa théorie à l’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, est donc de déterminer s’il est adéquat ou non de définir, comme le fait Boorse, l’anormalité théorique sans égard à la gravité des états.

3,768

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6

8

1

Est-il plausible d’affirmer, comme le fait Boorse, que « le fait de qualifier un état de pathologique n’implique rien quant à sa gravité » et que « [l]es jugements quant à la gravité appartiennent à la pratique clinique et non à la théorie fondamentale de la normalité ».

3,769

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6

8

2

[46] Un certain appui à cette affirmation peut être trouvé dans l’observation selon laquelle un concept adéquat de pathologie semble devoir admettre que certains états non pathologiques sont plus graves que certains états pathologiques.

3,770

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6

8

3

Par exemple, il est la plupart du temps pire de faire faillite que d’avoir le rhume.

3,771

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6

8

4

Admettre une telle possibilité, toutefois, n’implique pas nécessairement d’admettre que l’anormalité théorique peut, comme le soutient Boorse, plausiblement être définie sans aucun égard à la gravité.

3,772

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6

10

0

Le principal problème posé par une définition de l’anormalité théorique sans aucun égard à la gravité réside selon moi dans la dissociation trop forte qu’elle établit entre la théorie et la pratique médicale.

3,773

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6

10

1

Une telle dissociation me semble incompatible avec la prétention de Boorse que sa théorie fournit une analyse du concept (théorique) de pathologie à la base de la médecine occidentale.

3,774

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6

10

2

Sous une définition de la pathologie sans aucun égard à la gravité, la théorie médicale, sur la base de laquelle certains états sont classifiés comme sains et d’autres comme pathologiques (c’est-à-dire théoriquement anormaux), se trouverait à n’avoir qu’une pertinence faible, sinon nulle, pour la clinique.

3,775

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6

10

3

Il n’y aurait alors qu’un lien ténu (si tant est qu’il y en ait un) entre le jugement diagnostique, c’est-à-dire le jugement à propos du caractère sain ou théoriquement anormal d’un état, et le jugement clinique, c’est-à-dire le jugement à propos de la nécessité ou non de le traiter.

3,776

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6

10

4

Ce lien serait si faible que le premier perdrait toute pertinence au regard du second.

3,777

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6

10

5

D’un point de vue clinique, le jugement à propos du caractère sain ou pathologique d’un état ne semble pouvoir être pertinent que s’il informe dans une certaine mesure celui à propos de la nécessité ou non de traiter cet état.

3,778

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6

10

6

C’est le cas, semble-t-il, même si d’autres considérations doivent évidemment entrer en ligne de compte lorsqu’on formule le second type de jugement.

3,779

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6

10

7

Or, si un grand nombre d’états théoriquement anormaux sont bénins et ne nécessitent, par conséquent, aucun traitement, alors le jugement à propos du caractère sain ou pathologique (théoriquement normal ou anormal) d’un état n’informera que très peu celui à propos de la nécessité ou non de le traiter.

3,780

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6

12

0

La dissociation quasi complète entre le jugement théorique et le jugement clinique découlant d’une définition de l’anormalité théorique sans égard à la gravité est à mon avis incompatible avec la prétention de Boorse de formuler une définition du concept théorique d’anormalité à la base de la médecine occidentale.

3,781

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6

12

1

Même si on concède à Boorse, en accord avec sa distinction théorique/clinique, que le concept de pathologie à la base de la médecine occidentale ne fait pas l’équivalence entre la classe des états pathologiques (théoriquement anormaux) et la classe des états nécessitant un traitement (cliniquement anormaux), il semblerait faux d’affirmer que ce concept n’a, dans la médecine occidentale, qu’une pertinence faible ou nulle pour la clinique.

3,782

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6

12

2

Avant de se demander, en concertation avec un·e patient·e, si un état l’affectant nécessite un traitement, les médecins formulent d’abord, en règle générale, un jugement diagnostique visant à déterminer si celui-ci appartient à une classe de pathologie ou s’il est sain.

3,783

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6

12

3

Cette première étape est généralement considérée comme informative de la seconde, autant par les médecins que par leurs patient·e·s (et ce, encore une fois, même si d’autres considérations doivent évidemment entrer en ligne de compte à la seconde étape).

3,784

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6

12

4

La première étape ne peut toutefois être pertinente pour la seconde que si l’anormalité théorique n’est pas entièrement dissociée de toute considération à propos de la gravité.

3,785

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6

12

5

En contradiction avec la dissociation que fait Boorse du jugement théorique et du jugement clinique, le concept de pathologie à la base de la médecine occidentale ne semble donc pas pouvoir être entièrement dissocié des considérations à propos de la gravité des états.

3,786

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6

12

6

Ce concept semble avoir une portée pratique, et ce, même si, avec Boorse, on le considère comme distinct d’un concept clinique désignant les états ayant besoin d’être traités.

3,787

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6

12

7

Soustraire la théorie de Boorse à l’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie compromettrait donc sa prétention à fournir une définition du concept de pathologie à la base de la médecine occidentale.

3,788

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6

14

0

La distinction théorique/clinique ne permet donc pas à la théorie de Boorse d’esquiver la version de l’objection des dysfonctions bénignes présentée ci-dessus.

3,789

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6

14

1

Même si on concède la distinction théorique/clinique, on demeure néanmoins contraint de retenir une portée pratique pour le concept théorique d’anormalité.

3,790

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6

14

2

L’implication de la théorie de Boorse selon laquelle un grand nombre de pathologies (c’est-à-dire d’états théoriquement anormaux) sont bénignes pose donc encore problème.

3,791

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6

14

3

Boorse ne peut éviter que cette implication fasse échouer sa théorie à traiter adéquatement l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie qu’au prix de l’abandon de sa prétention à fournir une définition du concept de pathologie à la base de la médecine occidentale.

3,792

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6

14

4

Plutôt que de trivialiser la pathologie en impliquant qu’un grand nombre de pathologies sont bénignes, une définition prétendant se coller à ce concept devrait circonscrire une classe d’états dans lesquels il n’est généralement pas souhaitable de se trouver et qui, pour cette raison, méritent une attention médicale.

3,793

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6

16

0

Il s’ensuit que la réponse stipulative de Boorse au cas de la cellule morte unique et son éventuelle réponse stipulative aux cas de dysfonctions bénignes présentées par Wakefield sont illégitimes.

3,794

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6

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Ces réponses ne favorisent pas une définition de la santé et de la pathologie qui s’accorde, mieux qu’une définition alternative se collant davantage à l’usage, avec les rôles théoriques et pratiques que jouent ces concepts dans nos institutions médicales.

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Philosophiques

Antoine C. Dussault

2022

La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]

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En accord avec ce que j’ai suggéré ci-dessus, il s’ensuit de surcroît que, même si Wakefield avait tort quant à l’usage médical à propos des dysfonctions bénignes, il demeurerait avisé de favoriser une définition qui, comme la sienne, ne considère pas les dysfonctions bénignes comme pathologiques.

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Antoine C. Dussault

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L’exigence de rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie motiverait l’affirmation qu’au regard de ces dysfonctions, c’est l’usage qui doit être réformé de sorte à les considérer comme saines.

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Intégrer les apports méthodologiques de l’explication philosophique à l’évaluation de la théorie de Boorse et prendre acte de l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie conduit donc à renforcer l’objection des dysfonctions bénignes soulevée par Wakefield contre celle-ci.

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Antoine C. Dussault

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La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]

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Ceci permet de voir qu’au-delà de la question de la conformité de la théorie de Boorse à l’usage des professionnel·le·s, cette objection soulève l’enjeu de son aptitude à rendre compte de la portée pratique du concept de pathologie à la base de la médecine occidentale.

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Antoine C. Dussault

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Un rôle important joué par ce concept dans nos institutions médicales consiste à circonscrire une classe d’états dans lesquels il n’est généralement pas souhaitable de se trouver et qui, pour cette raison, méritent une attention particulière d’un point de vue médical.