mfgiguere/erudit-french-philosophy · Datasets at Hugging Face

Unnamed: 0 int64 0 263k	Journal stringclasses 3 values	Author stringlengths 9 368	Year stringclasses 67 values	Title stringlengths 3 204	section_rank int64 0 59	par_rank int64 0 1.37k	sent_rank int64 0 1.06k	text stringlengths 1 4.97k
3,400	Philosophiques	Anne-Marie Gagné-Julien et Pierre-Olivier Méthot	» ?	Introduction au dossier[1]	1	6	3	Pour terminer, c’est une nouvelle forme d’activisme en psychiatrie qui intéresse Sarah Arnaud, et plus précisément le rôle de l’activisme des personnes autistes dans la caractérisation scientifique de ce phénomène.
3,401	Philosophiques	Anne-Marie Gagné-Julien et Pierre-Olivier Méthot	» ?	Introduction au dossier[1]	1	6	4	Alors que certains auteurs y ont vu une forme de corruption de la psychiatrie par le politique, Arnaud soutient que les perspectives à la première personne peuvent générer des bénéfices épistémiques sur le plan de la validité de l’autisme en tant que catégorie scientifique.
3,402	Philosophiques	Anne-Marie Gagné-Julien et Pierre-Olivier Méthot	» ?	Introduction au dossier[1]	1	6	5	Cette dernière section du dossier illustrera donc le regain d’intérêt pour les questions d’épistémologie sociale en médecine et en psychiatrie, mais aussi les nouvelles questions de recherche qui émergent dans la foulée des avancées et des transformations de la médecine elle-même.
3,403	Philosophiques	Anne-Marie Gagné-Julien et Pierre-Olivier Méthot	» ?	Introduction au dossier[1]	1	8	0	Malgré le fait que la philosophie de la médecine et de la psychiatrie soit désormais sortie de l’ombre et qu’elle soit considérée comme une discipline philosophique à part entière, il s’agira dans ce dossier d’éclairer certains domaines et objets encore méconnus, de mettre en lumière les courants et les problématiques émergents qui l’animent et de faire progresser des débats classiques sous des angles nouveaux.
3,404	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	0	0	Cet article renforce l’objection des dysfonctions bénignes soulevée par Jerome Wakefield contre la théorie biostatistique de Christopher Boorse, en en présentant une version qui prend acte d’une critique importante de l’analyse conceptuelle comme visée pour une théorie de la santé et de la pathologie.
3,405	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	0	1	Cette objection prend pour cible la considération, par la théorie de Boorse, que la dysfonction de la partie d’un organisme est suffisante pour la pathologie de cet organisme.
3,406	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	0	2	Situant sa critique dans le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle, Wakefield soutient que cet aspect de la théorie de Boorse pose problème au regard des dysfonctions qui, parce qu’elles sont bénignes, ne sont pas considérées comme pathologiques par la médecine.
3,407	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	0	3	Je présente une version de l’objection des dysfonctions bénignes intégrant les apports méthodologiques de l’explication philosophique telle que caractérisée par Peter Schwartz.
3,408	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	0	4	Je fais valoir que sa considération des dysfonctions bénignes comme pathologiques fait échouer la théorie de Boorse à rendre compte de la portée pratique qu’ont les concepts de santé et de pathologie dans la médecine occidentale.
3,409	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	0	0	1.
3,410	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	0	1	Introduction
3,411	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	2	0	La théorie naturaliste de la santé et de la pathologie la plus influente en philosophie de la médecine est la théorie biostatistique défendue depuis les années 1970 par Christopher Boorse.
3,412	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	2	1	[2] Selon celle-ci, un organisme est en santé si et seulement si ses parties sont disposées à fonctionner de manière normale, c’est-à-dire, selon la conception qu’adopte Boorse de la normalité biologique, d’une manière qui est statistiquement normale pour la classe de référence à laquelle il appartient.
3,413	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	2	2	À l’opposé, un organisme est dans un état pathologique si et seulement si au moins l’une de ses parties n’est pas disposée à fonctionner de manière statistiquement normale pour la classe de référence à laquelle il appartient.
3,414	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	2	3	Selon Boorse, la classe de référence pertinente lorsqu’on évalue la santé d’un organisme est déterminée par son espèce, son sexe et son groupe d’âge.
3,415	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	4	0	Une critique importante de la théorie biostatistique de Boorse consiste en l’objection des dysfonctions bénignes soulevée contre elle par Jerome Wakefield.
3,416	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	4	1	[3] Cette critique prend pour cible la considération par la théorie de Boorse que toute dysfonction affectant une partie d’un organisme constitue une pathologie de cet organisme ou, en d’autres termes, que la dysfonction de la partie est suffisante pour la pathologie.
3,417	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	4	2	[4] Selon Wakefield, cet aspect de la théorie de Boorse pose problème en ce que plusieurs états pouvant affecter un organisme, par exemple, l’infection asymptomatique par un agent pathogène, impliquent des dysfonctions qui sont bénignes et qui, pour cette raison, ne sont pas considérées comme pathologiques par la médecine contemporaine.
3,418	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	4	3	Wakefield soulève cette objection afin de montrer la supériorité de sa théorie hybride sur la théorie biostatistique.
3,419	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	4	4	La théorie hybride de Wakefield définit la pathologie (le trouble, selon la terminologie qu’il préconise) comme la dysfonction préjudiciable, c’est-à-dire la dysfonction causant un préjudice à son porteur.
3,420	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	4	5	[5] Ce faisant, elle évite de faire de la dysfonction une condition suffisante pour la pathologie et évite donc l’implication selon laquelle toute dysfonction affectant une partie d’un organisme constitue une pathologie de cet organisme.
3,421	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	6	0	La présentation que fait Wakefield de l’objection des dysfonctions bénignes se focalise sur l’enjeu de la conformité ou non de la théorie de Boorse à l’usage.
3,422	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	6	1	Wakefield présente des cas de dysfonctions bénignes et fait valoir qu’à l’encontre de la théorie de Boorse, ceux-ci ne sont pas considérés comme pathologiques par la médecine contemporaine.
3,423	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	6	2	Ce faisant, Wakefield situe sa critique dans le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle.
3,424	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	6	3	Comme je le montrerai, une telle situation de la critique de Wakefield dans le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle s’accorde en large part avec la manière dont Boorse conçoit son projet, avec la particularité que ce dernier centre son analyse sur les concepts de santé et de pathologie tels qu’employés par les professionnel·le·s de la médecine plutôt que par les « gens ordinaires ».
3,425	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	6	4	[6]
3,426	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	8	0	Le but du présent article est de revisiter l’objection des dysfonctions bénignes à la théorie de Boorse à la lumière d’une critique importante de l’analyse conceptuelle et de son application en philosophie de la médecine.
3,427	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	8	1	Cette critique, formulée entre autres par Maël Lemoine et Peter Schwartz, concerne la libéralité avec laquelle l’analyse conceptuelle est généralement employée par les philosophes discutant les concepts de santé et de pathologie.
3,428	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	8	2	[7] Comme je le montrerai, cette libéralité pose problème en ce qu’elle semble priver l’analyse conceptuelle de son principal levier permettant de critiquer les diverses théories et, ce faisant, de faire avancer le débat entre elles vers une résolution.
3,429	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	8	3	Ceci s’applique, comme je le soutiendrai, au débat entre Boorse et Wakefield sur le statut à donner aux dysfonctions bénignes, et affaiblit par conséquent la portée de l’objection des dysfonctions bénignes dans la version qu’en donne Wakefield.
3,430	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	10	0	Dans ce qui suit, m’appuyant sur la caractérisation de cette méthode alternative par Schwartz, je revisiterai le débat entre Boorse et Wakefield sur le statut à donner aux dysfonctions bénignes en y intégrant les apports méthodologiques de l’explication philosophique.
3,431	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	10	1	En accord avec la proposition de Schwartz et avec certaines remarques de Boorse lui-même, je considèrerai que le projet de ce dernier doit être compris comme étant en partie celui de formuler une explication philosophique des concepts de santé et de pathologie.
3,432	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	10	2	[8] Il s’ensuit que l’enjeu du débat autour de l’objection des dysfonctions bénignes ne doit pas être conçu exclusivement comme celui de déterminer laquelle, entre les théories de Boorse et de Wakefield, se conforme le mieux à l’usage des professionnel·le·s en ce qui a trait à ces dysfonctions.
3,433	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	10	3	L’enjeu, comme je le préciserai, est aussi de déterminer laquelle de ces deux théories concorde le mieux avec les rôles théoriques et pratiques que jouent les concepts de santé et de pathologie dans nos institutions médicales.
3,434	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	10	4	Je soutiendrai qu’au regard de ce critère, le débat autour de l’objection des dysfonctions bénignes se résout à la faveur de Wakefield, ou du moins à la faveur d’une théorie ne considérant pas les dysfonctions bénignes comme pathologiques.
3,435	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	10	5	L’objection des dysfonctions bénignes, revisitée sous le cadre méthodologique de l’explication philosophique, met en évidence une faiblesse importante de la théorie de Boorse qui dépasse l’enjeu de sa conformité ou non aux jugements des professionnel·le·s.
3,436	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	10	6	Cette faiblesse, comme je le soutiendrai, est qu’elle échoue à rendre adéquatement compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, c’est-à-dire du fait que l’une des raisons principales pour lesquelles nous accordons une pertinence à ces concepts est qu’être en santé est généralement une bonne chose et qu’être malade n’est généralement pas souhaitable.
3,437	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	12	0	Ma discussion sera structurée comme suit.
3,438	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	12	1	À la section 2, je résumerai la présentation que fait Wakefield de l’objection des dysfonctions bénignes.
3,439	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	12	2	En m’appuyant sur les critiques de l’analyse conceptuelle formulées par Lemoine et Schwartz, je montrerai les limites de cette présentation découlant de son accent sur l’enjeu de la conformité ou non de la théorie de Boorse aux jugements des professionnel·le·s.
3,440	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	12	3	À la section 3, je reviendrai sur la proposition de Schwartz de reconcevoir la visée de la théorie de Boorse comme celle de formuler une explication philosophique plutôt qu’une analyse conceptuelle des concepts de santé et de pathologie.
3,441	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	12	4	Je ferai certaines précisions sur la relation entre l’analyse conceptuelle et l’explication philosophique, ainsi que sur la place que chacune occupe dans la défense que fait Boorse de sa théorie.
3,442	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	12	5	À la section 4, je présenterai une nouvelle version de l’objection des dysfonctions bénignes intégrant les apports méthodologiques de l’explication philosophique.
3,443	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	12	6	En accord avec ce qui est suggéré ci-dessus, cette nouvelle version s’appuiera sur l’idée selon laquelle une théorie satisfaisante de la santé et de la pathologie doit pouvoir rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.
3,444	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	0	12	7	Un enjeu central de cette section sera celui de déterminer si la distinction qu’introduit Boorse entre des concepts théorique et clinique d’anormalité lui permet d’échapper à cette critique.
3,445	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	0	0	2.
3,446	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	0	1	L’objection des dysfonctions bénignes et les limites de l’analyse conceptuelle
3,447	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	2	0	L’objection des dysfonctions bénignes soulevée par Wakefield contre la théorie biostatistique de Boorse prend pour cible son implication selon laquelle toute dysfonction affectant une partie d’un organisme constitue une pathologie de cet organisme.
3,448	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	2	1	[9] Elle vise donc à critiquer l’idée selon laquelle la dysfonction d’une partie d’un organisme est non seulement nécessaire, mais aussi suffisante pour la pathologie de cet organisme.
3,449	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	4	0	La première étape de la critique de Wakefield consiste à mettre en doute un présupposé sous-jacent à la justification que donne Boorse de l’équivalence que fait sa théorie entre la pathologie d’un organisme et la dysfonction de l’une de ses parties.
3,450	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	4	1	[10] Ce présupposé est que la notion théorique de pathologie dont Boorse prétend fournir une définition équivaut à la notion de pathologie qu’appliquent les pathologistes aux parties des organismes.
3,451	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	4	2	Boorse est explicite quant à l’appui à sa théorie qu’il pense trouver chez les pathologistes : « mon analyse de base se centre sur le concept de maladie […] des pathologistes » ; et « [j]e suis prêt à faire reposer le sort de la [théorie biostatistique] sur le jugement réfléchi des pathologistes ».
3,452	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	4	3	[11] Selon Wakefield, le recours par Boorse à la notion de pathologie appliquée par les pathologistes aux parties des organismes repose sur une inférence implicite, laquelle peut être schématisée comme suit : Les pathologistes considèrent qu’une partie d’un organisme présentant une dysfonction est pathologique ; La pathologie ainsi conçue par les pathologistes est équivalente à la pathologie de l’organisme au sens théorique visé par la définition de Boorse, c’est-à-dire au sens du concept théorique de pathologie à la base de la médecine occidentale ; Par conséquent, la pathologie d’un organisme (au sens visé par la définition de Boorse) équivaut à la dysfonction d’une partie de cet organisme.
3,453	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	4	4	[12] Selon Wakefield, la prémisse (2) de cette inférence n’est jamais explicitement justifiée par Boorse.
3,454	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	4	5	Boorse la tient pour vraie alors que rien ne nous oblige à le faire.
3,455	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	4	6	La justification donnée par Boorse à son équivalence entre la dysfonction d’une partie d’un organisme et la pathologie de cet organisme est donc selon Wakefield peu convaincante.
3,456	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	6	0	Comme le remarque Wakefield, l’importance de cette faiblesse caractérisant l’argumentation de Boorse transparaît dans son traitement de l’objection de la « cellule morte unique » (one dead cell) que lui adresse Nordenfelt, une objection qui anticipe l’objection plus générale des dysfonctions bénignes que formule Wakefield.
3,457	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	6	1	[13] Nordenfelt adresse à Boorse une critique de type reductio ad absurdum, en soulignant l’implication en apparence contre-intuitive de sa théorie qu’une seule cellule morte ou défaillante au sein d’un organisme suffirait à conférer une pathologie à cet organisme.
3,458	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	6	2	Cet organisme aurait alors une pathologie, et ce, même si cet état ne lui cause aucun autre problème.
3,459	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	6	3	Or, puisque tout le monde est porteur·euse d’un grand nombre de cellules mortes ou défaillantes, la théorie de Boorse impliquerait, à l’encontre de ce qui semble être l’usage courant et médical des concepts de santé et de pathologie, que tout le monde est dans un état pathologique.
3,460	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	6	4	Même des dysfonctions aussi bénignes et répandues que celle que présente la cellule morte ou défaillante suffiraient à placer un organisme dans un état pathologique.
3,461	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	0	La réponse de Boorse à cette objection consiste essentiellement à avaler la couleuvre et à affirmer que cette implication doit être acceptée puisqu’elle découle logiquement de l’emploi que font les pathologistes du terme « pathologie ».
3,462	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	1	Selon Boorse, « pour la ou le pathologiste, personne n’est normal.
3,463	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	2	[…] tout le monde a au moins quelques cicatrices externes ou internes, et presque tout le monde a une ou plusieurs blessures courantes, ne serait-ce qu’un petit hématome, une déchirure musculaire ou une coupure de rasage ».
3,464	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	3	[14] Il s’ensuit que : Sous la perspective de la ou du pathologiste, il n’y a rien de paradoxal à désigner une cellule morte unique comme pathologique, sauf, bien sûr, dans le cas de tissus comme la peau et les muqueuses, dont le fonctionnement normal implique la mort et la régénération constantes des cellules qui les composent.
3,465	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	4	La cellule morte unique est simplement le cas limite de la nécrose focale, un cas de pathologie des plus courants.
3,466	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	5	[15] Selon Wakefield, la réponse de Boorse rate toutefois le coeur de la critique de Nordenfelt.
3,467	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	6	[16] L’objection de Nordenfelt ne consiste pas à mettre en doute le fait que la cellule morte ou défaillante est, en tant que partie d’un organisme, pathologique (ce qui remettrait en question la prémisse 1 ci-dessus).
3,468	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	7	L’objection soulevée par Nordenfelt concerne l’équivalence que fait Boorse entre la pathologie d’une seule cellule — ou, de manière plus large, la dysfonction de la partie — et la pathologie de l’organisme qui la porte (ce qui remet en question la prémisse 2 ci-dessus).
3,469	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	8	Même les pathologistes, selon Wakefield, ne souscrivent pas à cette équivalence.
3,470	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	8	9	[17] En l’absence d’une défense adéquate de la prémisse (2) ci-dessus, la réponse donnée par Boorse à l’objection de la cellule morte unique semble donc insatisfaisante.
3,471	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	10	0	La deuxième étape de la critique que soulève Wakefield contre l’idée boorséenne selon laquelle la dysfonction d’une partie d’un organisme est suffisante pour la pathologie de cet organisme consiste à semer le doute sur la conclusion (3) de l’inférence ci-dessus.
3,472	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	10	1	Wakefield le fait en présentant d’autres cas de dysfonctions bénignes que les professionnel·le·s de la médecine ne considèrent apparemment pas comme pathologiques.
3,473	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	10	2	Ces dysfonctions bénignes ont pour point commun de constituer des cas de dysfonctions de parties d’un organisme ne causant pas de problème sérieux à cet organisme.
3,474	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	10	3	Plus le nombre d’états de ce type sera grand, moins l’équivalence que fait Boorse entre la notion de pathologie appliquée par les pathologistes aux parties des organismes et la pathologie de l’organisme pourra prétendre se conformer à l’usage.
3,475	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	10	4	Sous le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle, une telle divergence par rapport à l’usage constituera une sérieuse faiblesse de la théorie de Boorse.
3,476	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	12	0	Wakefield présente les cas suivants de dysfonctions bénignes de parties d’organismes n’étant selon lui pas considérées comme pathologiques par la médecine : L’absence d’un rein après transplantation.
3,477	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	12	1	Le situs inversus totalis (l’inversion de la position des organes thoraciques et abdominaux).
3,478	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	12	2	L’infection asymptomatique par des agents pathogènes (p. ex.
3,479	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	12	3	: « Typhoid » Mary, une porteuse asymptomatique de la fièvre typhoïde ayant contaminé un grand nombre de personnes, dont plusieurs sont mortes).
3,480	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	12	4	L’infection asymptomatique par le VIH.
3,481	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	12	5	Le port de mutations bénignes, neutres ou même risquées.
3,482	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	12	6	[18] Selon Wakefield, mis ensemble, ces cas constituent un argument fort contre l’idée de Boorse selon laquelle la dysfonction d’une partie d’un organisme serait, non seulement nécessaire, mais aussi suffisante, pour la pathologie de cet organisme.
3,483	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	12	7	Ils mettent en doute l’idée de Boorse selon laquelle toute dysfonction d’une partie d’un organisme constitue une pathologie de cet organisme.
3,484	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	14	0	La motivation de Wakefield lorsqu’il formule l’objection des dysfonctions bénignes est de faire valoir la supériorité de sa propre théorie sur celle de Boorse.
3,485	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	14	1	Wakefield défend une théorie hybride de la santé et de la pathologie définissant la pathologie (le trouble, selon sa terminologie), comme la dysfonction préjudiciable, c’est-à-dire la dysfonction causant un préjudice à son porteur.
3,486	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	14	2	[19] La théorie de Wakefield est hybride en ce qu’elle inclut deux composantes (qu’il conçoit comme des conditions nécessaires et conjointement suffisantes au trouble).
3,487	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	14	3	La première est une composante naturaliste énonçant qu’un trouble est un état impliquant une dysfonction et la seconde, une composante normativiste énonçant qu’un trouble est un état causant un préjudice à sa ou son porteur·euse.
3,488	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	14	4	Wakefield adopte donc une théorie qui, comme celle de Boorse, considère la dysfonction comme nécessaire à la pathologie, mais qui, contrairement à celle-ci, ne la considère pas comme suffisante à la pathologie.
3,489	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	14	5	Selon Wakefield, sa théorie est supérieure à celle de Boorse en ce qu’elle n’est pas sujette à l’objection des dysfonctions bénignes.
3,490	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	14	6	Comme ces dysfonctions ont pour caractéristique commune de ne pas causer de préjudice à leur porteur·euse, la théorie hybride ne les considère pas comme des troubles (pathologies).
3,491	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	14	7	[20]
3,492	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	16	0	Comme cela transparaît dans les éléments présentés ci-dessus, la présentation que fait Wakefield de l’objection des dysfonctions bénignes s’inscrit largement dans le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle.
3,493	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	16	1	Wakefield centre sa discussion sur la question de savoir si la théorie de Boorse, et plus spécifiquement l’équivalence qu’elle fait entre la dysfonction d’une partie d’un organisme et la pathologie de cet organisme, concorde avec l’usage médical.
3,494	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	16	2	Wakefield semble à première vue justifié de considérer qu’étant nombreux, ses exemples de dysfonctions bénignes n’étant pas considérées comme pathologiques par les professionnel·le·s de la médecine permettent au minimum de renverser le fardeau de la preuve.
3,495	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	18	0	Toutefois, une critique importante de l’analyse conceptuelle, comme visée pour une théorie de la santé et de la pathologie, limite selon moi de manière assez significative la portée que peut avoir l’objection des dysfonctions bénignes telle que formulée par Wakefield.
3,496	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	18	1	Comme je l’ai mentionné en introduction, cette critique, formulée par Maël Lemoine et Peter Schwartz, concerne la libéralité avec laquelle l’analyse conceptuelle est généralement employée en philosophie de la médecine.
3,497	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	18	2	[21] Un problème de base avec la visée de formuler une analyse conceptuelle des concepts de santé et de pathologie est qu’il semble en réalité impossible de produire une définition de ces concepts qui s’accorde parfaitement avec l’usage médical.
3,498	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	18	3	Il s’ensuit qu’en pratique, la plupart des philosophes de la médecine décrivant leur projet comme celui de formuler une analyse conceptuelle se permettent tou·te·s, à un moment ou à un autre, lorsque confronté·e·s à des cas où l’usage diverge de leur définition, de soutenir qu’au regard de ces cas, c’est l’usage qui doit être réformé et non leur définition qui doit être modifiée ou remplacée.
3,499	Philosophiques	Antoine C. Dussault	2022	La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]	1	18	4	Boorse le fait par exemple à propos d’anomalies structurelles du nez et de l’oreille, qui n’impliquent pas de dysfonctions, mais que certains ouvrages de référence de médecine classent tout de même comme pathologiques.

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Introduction au dossier[1]

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Pour terminer, c’est une nouvelle forme d’activisme en psychiatrie qui intéresse Sarah Arnaud, et plus précisément le rôle de l’activisme des personnes autistes dans la caractérisation scientifique de ce phénomène.

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Alors que certains auteurs y ont vu une forme de corruption de la psychiatrie par le politique, Arnaud soutient que les perspectives à la première personne peuvent générer des bénéfices épistémiques sur le plan de la validité de l’autisme en tant que catégorie scientifique.

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Introduction au dossier[1]

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Cette dernière section du dossier illustrera donc le regain d’intérêt pour les questions d’épistémologie sociale en médecine et en psychiatrie, mais aussi les nouvelles questions de recherche qui émergent dans la foulée des avancées et des transformations de la médecine elle-même.

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Introduction au dossier[1]

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Malgré le fait que la philosophie de la médecine et de la psychiatrie soit désormais sortie de l’ombre et qu’elle soit considérée comme une discipline philosophique à part entière, il s’agira dans ce dossier d’éclairer certains domaines et objets encore méconnus, de mettre en lumière les courants et les problématiques émergents qui l’animent et de faire progresser des débats classiques sous des angles nouveaux.

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Cet article renforce l’objection des dysfonctions bénignes soulevée par Jerome Wakefield contre la théorie biostatistique de Christopher Boorse, en en présentant une version qui prend acte d’une critique importante de l’analyse conceptuelle comme visée pour une théorie de la santé et de la pathologie.

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Cette objection prend pour cible la considération, par la théorie de Boorse, que la dysfonction de la partie d’un organisme est suffisante pour la pathologie de cet organisme.

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Situant sa critique dans le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle, Wakefield soutient que cet aspect de la théorie de Boorse pose problème au regard des dysfonctions qui, parce qu’elles sont bénignes, ne sont pas considérées comme pathologiques par la médecine.

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Je présente une version de l’objection des dysfonctions bénignes intégrant les apports méthodologiques de l’explication philosophique telle que caractérisée par Peter Schwartz.

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Je fais valoir que sa considération des dysfonctions bénignes comme pathologiques fait échouer la théorie de Boorse à rendre compte de la portée pratique qu’ont les concepts de santé et de pathologie dans la médecine occidentale.

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Introduction

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La théorie naturaliste de la santé et de la pathologie la plus influente en philosophie de la médecine est la théorie biostatistique défendue depuis les années 1970 par Christopher Boorse.

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[2] Selon celle-ci, un organisme est en santé si et seulement si ses parties sont disposées à fonctionner de manière normale, c’est-à-dire, selon la conception qu’adopte Boorse de la normalité biologique, d’une manière qui est statistiquement normale pour la classe de référence à laquelle il appartient.

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À l’opposé, un organisme est dans un état pathologique si et seulement si au moins l’une de ses parties n’est pas disposée à fonctionner de manière statistiquement normale pour la classe de référence à laquelle il appartient.

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Selon Boorse, la classe de référence pertinente lorsqu’on évalue la santé d’un organisme est déterminée par son espèce, son sexe et son groupe d’âge.

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Une critique importante de la théorie biostatistique de Boorse consiste en l’objection des dysfonctions bénignes soulevée contre elle par Jerome Wakefield.

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[3] Cette critique prend pour cible la considération par la théorie de Boorse que toute dysfonction affectant une partie d’un organisme constitue une pathologie de cet organisme ou, en d’autres termes, que la dysfonction de la partie est suffisante pour la pathologie.

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[4] Selon Wakefield, cet aspect de la théorie de Boorse pose problème en ce que plusieurs états pouvant affecter un organisme, par exemple, l’infection asymptomatique par un agent pathogène, impliquent des dysfonctions qui sont bénignes et qui, pour cette raison, ne sont pas considérées comme pathologiques par la médecine contemporaine.

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Wakefield soulève cette objection afin de montrer la supériorité de sa théorie hybride sur la théorie biostatistique.

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La théorie hybride de Wakefield définit la pathologie (le trouble, selon la terminologie qu’il préconise) comme la dysfonction préjudiciable, c’est-à-dire la dysfonction causant un préjudice à son porteur.

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[5] Ce faisant, elle évite de faire de la dysfonction une condition suffisante pour la pathologie et évite donc l’implication selon laquelle toute dysfonction affectant une partie d’un organisme constitue une pathologie de cet organisme.

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La présentation que fait Wakefield de l’objection des dysfonctions bénignes se focalise sur l’enjeu de la conformité ou non de la théorie de Boorse à l’usage.

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Wakefield présente des cas de dysfonctions bénignes et fait valoir qu’à l’encontre de la théorie de Boorse, ceux-ci ne sont pas considérés comme pathologiques par la médecine contemporaine.

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Ce faisant, Wakefield situe sa critique dans le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle.

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Comme je le montrerai, une telle situation de la critique de Wakefield dans le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle s’accorde en large part avec la manière dont Boorse conçoit son projet, avec la particularité que ce dernier centre son analyse sur les concepts de santé et de pathologie tels qu’employés par les professionnel·le·s de la médecine plutôt que par les « gens ordinaires ».

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Le but du présent article est de revisiter l’objection des dysfonctions bénignes à la théorie de Boorse à la lumière d’une critique importante de l’analyse conceptuelle et de son application en philosophie de la médecine.

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Cette critique, formulée entre autres par Maël Lemoine et Peter Schwartz, concerne la libéralité avec laquelle l’analyse conceptuelle est généralement employée par les philosophes discutant les concepts de santé et de pathologie.

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[7] Comme je le montrerai, cette libéralité pose problème en ce qu’elle semble priver l’analyse conceptuelle de son principal levier permettant de critiquer les diverses théories et, ce faisant, de faire avancer le débat entre elles vers une résolution.

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Ceci s’applique, comme je le soutiendrai, au débat entre Boorse et Wakefield sur le statut à donner aux dysfonctions bénignes, et affaiblit par conséquent la portée de l’objection des dysfonctions bénignes dans la version qu’en donne Wakefield.

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Dans ce qui suit, m’appuyant sur la caractérisation de cette méthode alternative par Schwartz, je revisiterai le débat entre Boorse et Wakefield sur le statut à donner aux dysfonctions bénignes en y intégrant les apports méthodologiques de l’explication philosophique.

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En accord avec la proposition de Schwartz et avec certaines remarques de Boorse lui-même, je considèrerai que le projet de ce dernier doit être compris comme étant en partie celui de formuler une explication philosophique des concepts de santé et de pathologie.

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[8] Il s’ensuit que l’enjeu du débat autour de l’objection des dysfonctions bénignes ne doit pas être conçu exclusivement comme celui de déterminer laquelle, entre les théories de Boorse et de Wakefield, se conforme le mieux à l’usage des professionnel·le·s en ce qui a trait à ces dysfonctions.

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L’enjeu, comme je le préciserai, est aussi de déterminer laquelle de ces deux théories concorde le mieux avec les rôles théoriques et pratiques que jouent les concepts de santé et de pathologie dans nos institutions médicales.

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Je soutiendrai qu’au regard de ce critère, le débat autour de l’objection des dysfonctions bénignes se résout à la faveur de Wakefield, ou du moins à la faveur d’une théorie ne considérant pas les dysfonctions bénignes comme pathologiques.

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L’objection des dysfonctions bénignes, revisitée sous le cadre méthodologique de l’explication philosophique, met en évidence une faiblesse importante de la théorie de Boorse qui dépasse l’enjeu de sa conformité ou non aux jugements des professionnel·le·s.

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Cette faiblesse, comme je le soutiendrai, est qu’elle échoue à rendre adéquatement compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie, c’est-à-dire du fait que l’une des raisons principales pour lesquelles nous accordons une pertinence à ces concepts est qu’être en santé est généralement une bonne chose et qu’être malade n’est généralement pas souhaitable.

3,437

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Antoine C. Dussault

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La théorie biostatistique, l’objection des dysfonctions bénignes et l’enjeu de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie[1]

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0

Ma discussion sera structurée comme suit.

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1

À la section 2, je résumerai la présentation que fait Wakefield de l’objection des dysfonctions bénignes.

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2

En m’appuyant sur les critiques de l’analyse conceptuelle formulées par Lemoine et Schwartz, je montrerai les limites de cette présentation découlant de son accent sur l’enjeu de la conformité ou non de la théorie de Boorse aux jugements des professionnel·le·s.

3,440

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3

À la section 3, je reviendrai sur la proposition de Schwartz de reconcevoir la visée de la théorie de Boorse comme celle de formuler une explication philosophique plutôt qu’une analyse conceptuelle des concepts de santé et de pathologie.

3,441

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4

Je ferai certaines précisions sur la relation entre l’analyse conceptuelle et l’explication philosophique, ainsi que sur la place que chacune occupe dans la défense que fait Boorse de sa théorie.

3,442

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5

À la section 4, je présenterai une nouvelle version de l’objection des dysfonctions bénignes intégrant les apports méthodologiques de l’explication philosophique.

3,443

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6

En accord avec ce qui est suggéré ci-dessus, cette nouvelle version s’appuiera sur l’idée selon laquelle une théorie satisfaisante de la santé et de la pathologie doit pouvoir rendre compte de la portée pratique des concepts de santé et de pathologie.

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7

Un enjeu central de cette section sera celui de déterminer si la distinction qu’introduit Boorse entre des concepts théorique et clinique d’anormalité lui permet d’échapper à cette critique.

3,445

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2.

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1

L’objection des dysfonctions bénignes et les limites de l’analyse conceptuelle

3,447

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2

0

L’objection des dysfonctions bénignes soulevée par Wakefield contre la théorie biostatistique de Boorse prend pour cible son implication selon laquelle toute dysfonction affectant une partie d’un organisme constitue une pathologie de cet organisme.

3,448

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2

1

[9] Elle vise donc à critiquer l’idée selon laquelle la dysfonction d’une partie d’un organisme est non seulement nécessaire, mais aussi suffisante pour la pathologie de cet organisme.

3,449

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0

La première étape de la critique de Wakefield consiste à mettre en doute un présupposé sous-jacent à la justification que donne Boorse de l’équivalence que fait sa théorie entre la pathologie d’un organisme et la dysfonction de l’une de ses parties.

3,450

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4

1

[10] Ce présupposé est que la notion théorique de pathologie dont Boorse prétend fournir une définition équivaut à la notion de pathologie qu’appliquent les pathologistes aux parties des organismes.

3,451

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4

2

Boorse est explicite quant à l’appui à sa théorie qu’il pense trouver chez les pathologistes : « mon analyse de base se centre sur le concept de maladie […] des pathologistes » ; et « [j]e suis prêt à faire reposer le sort de la [théorie biostatistique] sur le jugement réfléchi des pathologistes ».

3,452

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4

3

[11] Selon Wakefield, le recours par Boorse à la notion de pathologie appliquée par les pathologistes aux parties des organismes repose sur une inférence implicite, laquelle peut être schématisée comme suit : Les pathologistes considèrent qu’une partie d’un organisme présentant une dysfonction est pathologique ; La pathologie ainsi conçue par les pathologistes est équivalente à la pathologie de l’organisme au sens théorique visé par la définition de Boorse, c’est-à-dire au sens du concept théorique de pathologie à la base de la médecine occidentale ; Par conséquent, la pathologie d’un organisme (au sens visé par la définition de Boorse) équivaut à la dysfonction d’une partie de cet organisme.

3,453

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4

[12] Selon Wakefield, la prémisse (2) de cette inférence n’est jamais explicitement justifiée par Boorse.

3,454

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4

5

Boorse la tient pour vraie alors que rien ne nous oblige à le faire.

3,455

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4

6

La justification donnée par Boorse à son équivalence entre la dysfonction d’une partie d’un organisme et la pathologie de cet organisme est donc selon Wakefield peu convaincante.

3,456

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6

0

Comme le remarque Wakefield, l’importance de cette faiblesse caractérisant l’argumentation de Boorse transparaît dans son traitement de l’objection de la « cellule morte unique » (one dead cell) que lui adresse Nordenfelt, une objection qui anticipe l’objection plus générale des dysfonctions bénignes que formule Wakefield.

3,457

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6

1

[13] Nordenfelt adresse à Boorse une critique de type reductio ad absurdum, en soulignant l’implication en apparence contre-intuitive de sa théorie qu’une seule cellule morte ou défaillante au sein d’un organisme suffirait à conférer une pathologie à cet organisme.

3,458

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6

2

Cet organisme aurait alors une pathologie, et ce, même si cet état ne lui cause aucun autre problème.

3,459

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6

3

Or, puisque tout le monde est porteur·euse d’un grand nombre de cellules mortes ou défaillantes, la théorie de Boorse impliquerait, à l’encontre de ce qui semble être l’usage courant et médical des concepts de santé et de pathologie, que tout le monde est dans un état pathologique.

3,460

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6

4

Même des dysfonctions aussi bénignes et répandues que celle que présente la cellule morte ou défaillante suffiraient à placer un organisme dans un état pathologique.

3,461

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8

0

La réponse de Boorse à cette objection consiste essentiellement à avaler la couleuvre et à affirmer que cette implication doit être acceptée puisqu’elle découle logiquement de l’emploi que font les pathologistes du terme « pathologie ».

3,462

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1

Selon Boorse, « pour la ou le pathologiste, personne n’est normal.

3,463

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2

[…] tout le monde a au moins quelques cicatrices externes ou internes, et presque tout le monde a une ou plusieurs blessures courantes, ne serait-ce qu’un petit hématome, une déchirure musculaire ou une coupure de rasage ».

3,464

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3

[14] Il s’ensuit que : Sous la perspective de la ou du pathologiste, il n’y a rien de paradoxal à désigner une cellule morte unique comme pathologique, sauf, bien sûr, dans le cas de tissus comme la peau et les muqueuses, dont le fonctionnement normal implique la mort et la régénération constantes des cellules qui les composent.

3,465

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8

4

La cellule morte unique est simplement le cas limite de la nécrose focale, un cas de pathologie des plus courants.

3,466

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5

[15] Selon Wakefield, la réponse de Boorse rate toutefois le coeur de la critique de Nordenfelt.

3,467

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8

6

[16] L’objection de Nordenfelt ne consiste pas à mettre en doute le fait que la cellule morte ou défaillante est, en tant que partie d’un organisme, pathologique (ce qui remettrait en question la prémisse 1 ci-dessus).

3,468

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8

7

L’objection soulevée par Nordenfelt concerne l’équivalence que fait Boorse entre la pathologie d’une seule cellule — ou, de manière plus large, la dysfonction de la partie — et la pathologie de l’organisme qui la porte (ce qui remet en question la prémisse 2 ci-dessus).

3,469

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8

Même les pathologistes, selon Wakefield, ne souscrivent pas à cette équivalence.

3,470

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8

9

[17] En l’absence d’une défense adéquate de la prémisse (2) ci-dessus, la réponse donnée par Boorse à l’objection de la cellule morte unique semble donc insatisfaisante.

3,471

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0

La deuxième étape de la critique que soulève Wakefield contre l’idée boorséenne selon laquelle la dysfonction d’une partie d’un organisme est suffisante pour la pathologie de cet organisme consiste à semer le doute sur la conclusion (3) de l’inférence ci-dessus.

3,472

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1

Wakefield le fait en présentant d’autres cas de dysfonctions bénignes que les professionnel·le·s de la médecine ne considèrent apparemment pas comme pathologiques.

3,473

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2

Ces dysfonctions bénignes ont pour point commun de constituer des cas de dysfonctions de parties d’un organisme ne causant pas de problème sérieux à cet organisme.

3,474

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3

Plus le nombre d’états de ce type sera grand, moins l’équivalence que fait Boorse entre la notion de pathologie appliquée par les pathologistes aux parties des organismes et la pathologie de l’organisme pourra prétendre se conformer à l’usage.

3,475

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4

Sous le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle, une telle divergence par rapport à l’usage constituera une sérieuse faiblesse de la théorie de Boorse.

3,476

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12

0

Wakefield présente les cas suivants de dysfonctions bénignes de parties d’organismes n’étant selon lui pas considérées comme pathologiques par la médecine : L’absence d’un rein après transplantation.

3,477

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12

1

Le situs inversus totalis (l’inversion de la position des organes thoraciques et abdominaux).

3,478

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2

L’infection asymptomatique par des agents pathogènes (p. ex.

3,479

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3

: « Typhoid » Mary, une porteuse asymptomatique de la fièvre typhoïde ayant contaminé un grand nombre de personnes, dont plusieurs sont mortes).

3,480

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4

L’infection asymptomatique par le VIH.

3,481

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5

Le port de mutations bénignes, neutres ou même risquées.

3,482

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6

[18] Selon Wakefield, mis ensemble, ces cas constituent un argument fort contre l’idée de Boorse selon laquelle la dysfonction d’une partie d’un organisme serait, non seulement nécessaire, mais aussi suffisante, pour la pathologie de cet organisme.

3,483

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7

Ils mettent en doute l’idée de Boorse selon laquelle toute dysfonction d’une partie d’un organisme constitue une pathologie de cet organisme.

3,484

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1

14

0

La motivation de Wakefield lorsqu’il formule l’objection des dysfonctions bénignes est de faire valoir la supériorité de sa propre théorie sur celle de Boorse.

3,485

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1

14

1

Wakefield défend une théorie hybride de la santé et de la pathologie définissant la pathologie (le trouble, selon sa terminologie), comme la dysfonction préjudiciable, c’est-à-dire la dysfonction causant un préjudice à son porteur.

3,486

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1

14

2

[19] La théorie de Wakefield est hybride en ce qu’elle inclut deux composantes (qu’il conçoit comme des conditions nécessaires et conjointement suffisantes au trouble).

3,487

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1

14

3

La première est une composante naturaliste énonçant qu’un trouble est un état impliquant une dysfonction et la seconde, une composante normativiste énonçant qu’un trouble est un état causant un préjudice à sa ou son porteur·euse.

3,488

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1

14

4

Wakefield adopte donc une théorie qui, comme celle de Boorse, considère la dysfonction comme nécessaire à la pathologie, mais qui, contrairement à celle-ci, ne la considère pas comme suffisante à la pathologie.

3,489

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1

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5

Selon Wakefield, sa théorie est supérieure à celle de Boorse en ce qu’elle n’est pas sujette à l’objection des dysfonctions bénignes.

3,490

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1

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6

Comme ces dysfonctions ont pour caractéristique commune de ne pas causer de préjudice à leur porteur·euse, la théorie hybride ne les considère pas comme des troubles (pathologies).

3,491

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7

[20]

3,492

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16

0

Comme cela transparaît dans les éléments présentés ci-dessus, la présentation que fait Wakefield de l’objection des dysfonctions bénignes s’inscrit largement dans le cadre méthodologique de l’analyse conceptuelle.

3,493

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1

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1

Wakefield centre sa discussion sur la question de savoir si la théorie de Boorse, et plus spécifiquement l’équivalence qu’elle fait entre la dysfonction d’une partie d’un organisme et la pathologie de cet organisme, concorde avec l’usage médical.

3,494

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1

16

2

Wakefield semble à première vue justifié de considérer qu’étant nombreux, ses exemples de dysfonctions bénignes n’étant pas considérées comme pathologiques par les professionnel·le·s de la médecine permettent au minimum de renverser le fardeau de la preuve.

3,495

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1

18

0

Toutefois, une critique importante de l’analyse conceptuelle, comme visée pour une théorie de la santé et de la pathologie, limite selon moi de manière assez significative la portée que peut avoir l’objection des dysfonctions bénignes telle que formulée par Wakefield.

3,496

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1

18

1

Comme je l’ai mentionné en introduction, cette critique, formulée par Maël Lemoine et Peter Schwartz, concerne la libéralité avec laquelle l’analyse conceptuelle est généralement employée en philosophie de la médecine.

3,497

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1

18

2

[21] Un problème de base avec la visée de formuler une analyse conceptuelle des concepts de santé et de pathologie est qu’il semble en réalité impossible de produire une définition de ces concepts qui s’accorde parfaitement avec l’usage médical.

3,498

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3

Il s’ensuit qu’en pratique, la plupart des philosophes de la médecine décrivant leur projet comme celui de formuler une analyse conceptuelle se permettent tou·te·s, à un moment ou à un autre, lorsque confronté·e·s à des cas où l’usage diverge de leur définition, de soutenir qu’au regard de ces cas, c’est l’usage qui doit être réformé et non leur définition qui doit être modifiée ou remplacée.

3,499

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4

Boorse le fait par exemple à propos d’anomalies structurelles du nez et de l’oreille, qui n’impliquent pas de dysfonctions, mais que certains ouvrages de référence de médecine classent tout de même comme pathologiques.