Unnamed: 0
int64 0
263k
| Journal
stringclasses 3
values | Author
stringlengths 9
368
| Year
stringclasses 67
values | Title
stringlengths 3
204
| section_rank
int64 0
59
| par_rank
int64 0
1.37k
| sent_rank
int64 0
1.06k
| text
stringlengths 1
4.97k
|
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
900 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 12 | 0 | L’approche interactionniste offre également un contexte plus fécond pour l’étude empirique
de la cognition animale. |
901 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 12 | 1 | Penser la cognition sociale comme une interaction et tenir compte
de l’expertise développée sur la base de l’interaction permet en effet de produire des
protocoles expérimentaux plus adaptés et plus appropriés pour comprendre les processus
cognitifs des animaux. |
902 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 12 | 2 | Par exemple, on a longtemps cru que seuls les humains avaient
tendance à surimiter, c’est-à-dire à imiter des comportements superflus qui ne sont pas
manifestement dirigés vers un but précis[50]. |
903 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 12 | 3 | Or, on a
découvert récemment que les chiens surimitent parfois leur maître, bien qu’ils ne
surimitent pas des étrangers[51]. |
904 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 12 | 4 | On a tardé à prendre
conscience de cette capacité cognitive des chiens parce qu’il n’apparaissait pas pertinent
de prendre en considération la relation entre le sujet animal et l’expérimentateur. |
905 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 12 | 5 | Dans
ce cas-ci, la prescription méthodologique de la posture observationnelle nous empêchait de
constater la pertinence de la relation affective et l’historique d’interaction
qu’entretient un sujet animal avec certains individus et non d’autres pour l’évaluation de
ses capacités sociocognitives. |
906 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 12 | 6 | Il s’avère d’ailleurs que la surimitation avait auparavant
été documentée chez des chimpanzés[52] dans un laboratoire
japonais adoptant une méthode d’« observation participative » (participant observation)[53]
favorisant l’interaction et l’établissement de relations entre les sujets animaux,
considérés comme des « partenaires de recherche », et les expérimentateurs. |
907 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 14 | 0 | On a également longtemps cru que seuls les humains étaient capables d’attribuer de fausses
croyances à autrui, puisque même les chimpanzés échouaient à répétition aux « tests de
fausse croyance » (false-belief test)[54] réussis par des enfants de 3-4 ans. |
908 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 14 | 1 | Dans une expérience
provenant du laboratoire japonais mentionné plus haut, il a cependant été démontré que les
chimpanzés étaient effectivement sensibles aux fausses croyances d’autrui dans des
contextes mettant en scène des comportements violents envers les expérimentateurs[55]. |
909 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 14 | 2 | Ces nouveaux protocoles expérimentaux, conçus sur la base de
l’expertise interactive établie au fil de l’interaction entre les sujets animaux et les
expérimentateurs, n’auraient probablement pas pu être conçus dans des laboratoires dont la
recherche est guidée par la conception traditionnelle de la cognition sociale. |
910 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 0 |
L’approche interactionniste rend également mieux justice à nos attitudes du sens commun à l’égard des animaux. |
911 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 1 | Peu importe la position philosophique que nous maintenons, nous interagissons naturellement avec les animaux comme s’ils avaient effectivement certains types d’états mentaux. |
912 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 2 | Dans ces interactions, notre comportement à leur égard démontre que nous leur attribuons implicitement un ensemble d’états affectifs, sensoriels et perceptuels ainsi qu’une certaine agentivité[56]. |
913 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 3 | Notre attitude préthéorique naturelle à l’égard des animaux semble donc comprendre l’attribution implicite d’états mentaux. |
914 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 4 | Dans le cadre de l’approche interactionniste, cette attitude s’explique par le fait que notre interaction avec eux nous donne une certaine expertise sensorimotrice nous rendant sensibles, sur le plan perceptuel, aux régularités comportementales dont sont partiellement composés leurs états mentaux. |
915 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 5 | De plus, il faut s’attendre à ce que, plus on interagit avec un animal, plus on acquière une expertise interactive avec cet animal, ce qui nous permet en retour de mieux percevoir une plus grande variété d’états mentaux dans son comportement[57]. |
916 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 6 | Comme le remarque Jamieson dans un article anticipant plusieurs des thèses défendues ici :
Most of us are more confident of our judgements
about the mental states of another human than we are about those of most nonhumans. |
917 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 7 | But
if we know the animal well and the human not at all, this may not be the case. |
918 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 16 | 8 | Many
people are better at identifying the mental states of their animal companions than those
of an animal control officer[58]. |
919 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 18 | 0 | Dans le même ordre d’idées, Allen rapporte que, de manière générale, plus les éthologues passent de temps à étudier une espèce animale, plus ils se trouvent disposés à attribuer des états mentaux de haut niveau aux individus appartenant à cette espèce[59][60]. |
920 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 20 | 0 | Les attributions faites sur la base de la perception sociale directe ne sont cependant pas à l’abri d’erreurs ou de biais[61]. |
921 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 20 | 1 | En particulier, l’établissement de protocoles expérimentaux sur une base interactionniste peut parfois poser problème, dans la mesure où il peut être difficile d’isoler précisément certaines variables lorsque le chercheur interagit avec le sujet de l’expérience, influençant ainsi potentiellement de manière indue son comportement[62]. |
922 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 20 | 2 | Il faut ici souligner que l’approche interactionniste est un point de départ théorique, alimentant la réflexion sur la manière d’élaborer des protocoles expérimentaux, mais n’impliquant pas que tout protocole expérimental doive comprendre une interaction d’un animal avec un chercheur. |
923 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 20 | 3 | De plus, l’interaction peut, dans plusieurs cas, être contrôlée dans l’expérience, de manière à voir comment différents types d’interactions influencent le comportement de l’animal. |
924 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 20 | 4 | Par exemple, dans les expériences de Huber et collaborateurs mentionnées plus haut, concernant la surimitation des chiens, la relation entre le chien et l’individu qu’il doit imiter (c’est-à-dire, le fait que l’individu soit ou non le maître du chien) fait justement partie des variables contrôlées par l’expérience. |
925 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 22 | 0 | Il est néanmoins clair que l’approche interactionniste ne répond pas directement aux scénarios sceptiques mentionnés en introduction. |
926 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 22 | 1 | Il semble en effet toujours concevable que tous les animaux avec lesquels nous interagissons soient en fait des robots dépourvus de vie mentale interne. |
927 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 22 | 2 | Comme nous l’avons vu, ce problème était considérablement amplifié par le fait que les animaux n’ont pas de langage pour exprimer leurs états mentaux, ce qui semble nous priver d’un moyen crucial de savoir quels états mentaux ils ont, ou même s’ils ont des états mentaux tout court. |
928 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 22 | 3 | Or, contrairement à la conception traditionnelle de la cognition sociale, l’approche interactionniste ne voit pas la communication linguistique comme un moyen privilégié de connaître les états mentaux d’autrui. |
929 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 22 | 4 | Le fait que les animaux n’aient pas de langage ne nous condamne donc pas nécessairement au doute concernant leur vie mentale, puisque nous disposons d’autres modes d’interaction sur la base desquels fonder nos attributions d’états mentaux. |
930 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 22 | 5 | En effet, l’interaction sensorimotrice mène à l’acquisition d’une expertise interactive qui nous permet de percevoir des états mentaux directement dans le comportement. |
931 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 22 | 6 | Dans ce cadre théorique, le langage est un moyen utile de communiquer des états mentaux de haut niveau et de tracer des distinctions fines dans le contenu de ceux-ci, mais ne constitue pas nécessairement la source principale ou privilégiée pour connaître les états mentaux d’autrui. |
932 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 24 | 0 |
Comme nous apprenons en grande partie à connaître l’esprit des animaux de la même manière que nous apprenons à connaître l’esprit des humains, le problème de l’esprit des animaux n’apparaît plus comme un problème « spécial » devant affecter les recherches sur la cognition animale. |
933 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 24 | 1 | Il est ainsi relégué au statut de discussion philosophique secondaire, en compagnie du problème général des autres esprits, qui n’est aujourd’hui pas vu comme un obstacle à l’étude de la cognition humaine et à nos attributions ordinaires d’états mentaux. |
934 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 24 | 2 | Comme le dit Clement :
Although we cannot prove that a dog is a sentient
creature, it does not follow that we should retreat to skepticism about whether dogs are
sentient creatures, any more than we should retreat to skepticism about whether other
humans have minds, another certainty that we cannot definitively prove but cannot
seriously doubt[63]. |
935 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 26 | 0 | Certains philosophes pourraient toujours voir un intérêt à chercher comment justifier rationnellement aux yeux d’un sceptique radical nos attributions d’états mentaux aux animaux, mais de telles recherches n’auront que peu à voir avec l’étude de la cognition animale et ne menaceront certainement pas nos attributions ordinaires d’états mentaux aux animaux. |
936 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 28 | 0 | Si l’approche interactionniste fournit un point de départ théorique approprié pour encadrer
la recherche sur la cognition animale, il faut néanmoins reconnaître que l’expertise
interactive et la perception sociale directe ne nous informent pas au sujet du détail ou
de l’étendue des états mentaux des animaux ni des mécanismes cognitifs particuliers
sous-tendant leur comportement[64]. |
937 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 28 | 1 | En ce sens, l’approche
interactionniste n’a certainement pas l’ambition de remplacer l’étude empirique de la
cognition animale. |
938 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 28 | 2 | Il ne s’agit pas de dire que nous savons tout ce que nous avons besoin
de savoir sur la cognition animale simplement à partir de notre interaction avec les
animaux. |
939 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 28 | 3 | Plutôt, l’approche interactionniste offre un point de départ théorique alternatif
à la conception traditionnelle de la cognition sociale à partir duquel étudier le
phénomène empirique de la cognition animale. |
940 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 28 | 4 | Paraphrasant Andrews, on pourrait dire que
l’expertise interactive est le point de départ, mais pas le point d’aboutissement de la
recherche (« folk psychology is the starting point, but not
the end point, of research[65] »). |
941 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 28 | 5 | J’ai montré plus haut que ce cadre théorique est plus
fructueux pour la recherche tout en rendant mieux justice à nos attitudes du sens commun
envers les animaux. |
942 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 30 | 0 | Le fait que l’approche interactionniste ne peut remplacer l’étude empirique de la cognition animale apparaît encore plus clairement dès lors que l’on constate que nous ne sommes pas en position d’interagir de manière appropriée avec de nombreuses espèces animales, qui disposent néanmoins possiblement de capacités cognitives tout à fait développées. |
943 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 30 | 1 | Que ce soit parce qu’elles vivent dans des milieux inaccessibles (par exemple dans les fonds marins ou sous terre), ou ont des propriétés ou structures phénotypiques inappropriées pour l’interaction avec des humains (il est difficile pour un humain d’interagir de manière appropriée avec un acarien, une étoile de mer ou une baleine bleue), nous ne développons pas, avec de nombreuses espèces, le type d’interaction qui nous permettrait de percevoir des états mentaux dans leur comportement. |
944 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 30 | 2 | De plus, même les états mentaux des animaux dont nous sommes le plus près, par exemple les chiens ou les chimpanzés, garderont une certaine dose de mystère pour nous, puisque nous ne pouvons interagir avec eux de manière à rendre manifeste pour nous toute la gamme des capacités sensorimotrices dont ils disposent. |
945 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 30 | 3 | Par exemple, nous ne pouvons expérimenter nous-mêmes l’état perceptuel d’un chien capable d’entendre un écureuil à 500 mètres de distance, tout comme nous ne pouvons savoir l’« effet que cela fait » (what it’s like) de se déplacer par écholocation comme une chauve-souris[66]. |
946 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 30 | 4 | Von Uexkull remarquait à ce titre que chaque espèce dispose de son propre « Umwelt », ou monde vécu, à la mesure de ses capacités sensorimotrices et cognitives[67]. |
947 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 30 | 5 | L’Umwelt des humains croise celui des animaux avec lesquels il interagit, mais ils ne se recoupent jamais complètement, puisque différentes espèces ne partagent pas exactement les mêmes capacités sensorimotrices[68]. |
948 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 32 | 0 | Il faut donc se garder de déterminer nos attributions scientifiques définitives sur la simple base de l’interaction et de la perception sociale directe, auquel cas on risquerait de négliger injustement la vie mentale de toute une variété d’espèces dont les capacités sensorimotrices ne recoupent pas ou peu les nôtres, ou avec lesquelles nous ne pouvons entretenir le type d’interaction à travers lequel nous attribuons ordinairement des états mentaux aux animaux. |
949 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 3 | 32 | 1 | Il demeure néanmoins que l’approche interactionniste esquissée ici fournit un meilleur point de départ théorique pour les études empiriques concernant le détail et l’étendue des processus cognitifs de ces animaux que la conception traditionnelle de la cognition sociale. |
950 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 0 | 0 | Conclusion |
951 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 2 | 0 | Dans cet article, j’ai présenté la conception traditionnelle de la cognition sociale, selon laquelle les états mentaux d’autrui sont des états internes cachés derrière le comportement (principe de non-observabilité), qu’il faut inférer à partir d’une posture épistémique analogue à celle d’un scientifique cherchant à comprendre objectivement un phénomène indépendant de lui-même (posture observationnelle). |
952 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 2 | 1 | J’ai également montré que cette conception exerçait une influence considérable dans la recherche sur la cognition animale, par ailleurs affectée par la difficulté supplémentaire que les animaux ne disposent pas du langage, qui constitue la source fondamentale de notre connaissance de l’esprit d’autrui dans la conception traditionnelle. |
953 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 4 | 0 | J’ai ensuite introduit la théorie interactionniste de la cognition sociale, opposée à la conception traditionnelle et selon laquelle nous comprenons et interprétons les états mentaux d’autrui d’abord et avant tout dans une interaction sensorimotrice dynamique. |
954 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 4 | 1 | À travers cette interaction, nous faisons l’acquisition d’une expertise interactive nous permettant à terme de percevoir une variété d’états mentaux (p. ex. |
955 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 4 | 2 | : perceptuels, affectifs, etc.) |
956 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 4 | 3 | directement dans le comportement d’autrui. |
957 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 4 | 4 | Comme je l’ai indiqué, bien que la théorie interactionniste soit relativement nouvelle dans le champ de recherche de la cognition sociale, ses idées principales ont été anticipées au courant du xxe siècle par plusieurs philosophes de traditions variées. |
958 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 6 | 0 | J’ai finalement soutenu que la théorie interactionniste s’applique également à notre relation cognitive avec les états mentaux des animaux. |
959 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 6 | 1 | En interagissant couramment avec des animaux, nous faisons l’acquisition d’une forme d’expertise interactive analogue à celle que nous développons concernant les humains qui nous entourent. |
960 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 6 | 2 | Cette expertise nous permet de percevoir certains états mentaux des animaux directement dans leur comportement. |
961 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 6 | 3 | L’approche interactionniste de notre relation avec la cognition animale, comme la conception traditionnelle, ne constitue pas en soi une théorie de la cognition animale en bonne et due forme, mais plutôt un point de départ théorique permettant d’encadrer la recherche devant mener à l’établissement d’une telle théorie. |
962 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 6 | 4 | J’ai défendu l’idée que le point de départ interactionniste est plus fructueux pour la recherche que la conception traditionnelle, qui semble glisser presque inévitablement vers un scepticisme stérile. |
963 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 8 | 0 | La théorie interactionniste semble également mieux rendre compte des attitudes préthéoriques du sens commun à l’égard des animaux. |
964 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 8 | 1 | Dans nos interactions de tous les jours avec les animaux, nous agissons dans les faits comme si ceux-ci avaient effectivement des états mentaux et nous percevons dans leur comportement toute une variété d’attitudes affectives, perceptuelles et intentionnelles. |
965 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 8 | 2 | Ces attributions implicites ne sont pas que des lubies anthropocentriques, mais plutôt très souvent le résultat d’une expertise perceptuelle développée sur la base d’interactions répétées. |
966 | Philosophiques | Rémi
Tison | 2023 | Interaction sociale et cognition animale | 4 | 8 | 3 | Concevoir ainsi notre relation avec les états mentaux des animaux ouvre de nouvelles portes pour la recherche sur la cognition animale et rend mieux compte que la conception traditionnelle de la cognition sociale de nos attributions ordinaires d’états mentaux aux animaux. |
967 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 0 | Cet article applique à une étude en histoire de la pensée au Québec certains principes que j’ai proposés ailleurs pour l’histoire de la philosophie en général. |
968 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 1 | L’exemple choisi est un texte de Louise Marcil-Lacoste paru en 1976 à propos de l’appel au sens commun dans certains écrits du xixe siècle. |
969 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 2 | Je recours pour l’examen de ce cas particulier à deux thèses générales : l’historien, d’abord, doit pouvoir se référer à certains êtres réels dont parlaient aussi les auteurs du passé ; et les phénomènes qui font problème pour la philosophie, d’autre part, sont souvent d’ordre logico-linguistique. |
970 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 3 | Clarifier le sens de ces principes permet de faire voir à quelles conditions les doctrines apparemment obsolètes dont s’occupent bien souvent les historiens de la philosophie au Québec peuvent encore présenter un intérêt philosophique, et comment cet intérêt peut être mis en évidence. |
971 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 0 | La philosophie produite au Québec avant 1950 peut-elle présenter aujourd’hui un intérêt proprement philosophique ? |
972 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 1 | Il y a, bien entendu, un intérêt historique à l’étude de ces écrits. |
973 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 2 | Elle nous éclaire quant à la vie intellectuelle des xixe et xxe siècles sur un certain territoire et quant aux rapports que la philosophie y entretenait avec l’institution religieuse, avec les idéologies politiques ou avec ce qui se passait au même moment en France et ailleurs en Amérique. |
974 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 3 | Et cet aspect historique est spécialement intéressant, il va sans dire, pour nous qui habitons le territoire en question. |
975 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 4 | Mais il y a peut-être aussi, dans bien des cas, un gain philosophique à accompagner ces textes dans leurs discussions, à s’efforcer de bien comprendre leurs arguments et à les évaluer sur le terrain même de la philosophie. |
976 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 5 | Peu importe à cet égard que leurs thèses ou leurs argumentations aient été novatrices ou non. |
977 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 6 | On peut sans doute trouver mieux et plus original sur des sujets analogues chez des Français, des Britanniques, des Allemands ou des Américains de la même époque. |
978 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 0 | 7 | Mais puisque ces textes québécois ont un intérêt historique — particulièrement pour nous —, rien n’empêche de faire d’une pierre deux coups et de philosopher avec eux en les lisant. |
979 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 2 | 0 | La question se pose, cependant, de savoir comment cela est même possible. |
980 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 2 | 1 | Ne peut-on présumer, dans une optique discontinuiste, que le contexte québécois d’avant la Révolution tranquille, catholique, rural et colonisé, était si éloigné du nôtre sur le plan social comme sur celui des idées que les débats qui s’y déroulaient n’ont plus qu’un rapport ténu avec ceux des philosophes actuels ? |
981 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 2 | 2 | Ils n’y pourraient dès lors rien contribuer, même pour un lecteur de bonne volonté. |
982 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 2 | 3 | Pour réfléchir à cette question, je m’arrêterai à titre de cas exemplaire à une étude en particulier, celle de Louise Marcil-Lacoste parue en 1976 sous le titre « Sens commun et philosophie québécoise : trois exemples ». |
983 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 2 | 4 | Il s’agit d’un article d’une quarantaine de pages publié dans les actes d’un colloque que nous avions organisé à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Claude Savary, Paul-André Quintin et moi, les 1er et 2 mars 1975, sur le thème « Histoire de la philosophie au Québec 1800-1950 »[2]. |
984 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 2 | 5 | L’activité se présentait comme le premier colloque interdisciplinaire de la Société de Philosophie du Québec qui venait tout juste d’être fondée (en 1974). |
985 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 2 | 6 | Y participaient aussi, entre autres, Fernand Dumont, Jean-Paul Brodeur, Roland Houde et Yvan Lamonde[3]. |
986 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 0 | Professeure à l’Université de Montréal de 1977 jusqu’à son décès prématuré en 1995, Louise Marcil-Lacoste (ou Louise Marcil, comme je le dirai plus volontiers) a surtout travaillé pendant cette période les théories de l’égalité aux xviiie et xxe siècles, ainsi que les questions philosophiques liées à la condition féminine[4]. |
987 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 1 | Son doctorat, cependant, soutenu à l’Université McGill, portait sur la philosophie du sens commun de Claude Buffier et de Thomas Reid[5]. |
988 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 2 | Dans le texte qui nous occupera ici, produit deux ans avant son embauche à l’Université de Montréal, elle examinait trois exemples d’usage philosophique de la notion de sens commun dans le Québec d’avant 1950. |
989 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 3 | Je m’intéresserai au premier d’entre eux, auquel Marcil elle-même, d’ailleurs, consacre plus d’espace qu’aux autres[6] : un débat qui a occupé en 1833 et 1834 une longue série d’articles dans deux journaux de l’époque, L’Ami du peuple, publié à Montréal, et L’Écho du pays, publié à Saint-Charles-sur-Richelieu. |
990 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 4 | Plusieurs de ces textes sont signés de pseudonymes, mais Marcil identifie de façon convaincante les deux principaux belligérants comme étant Joseph-Sabin Raymond, d’une part, qui se réclame de Lamennais surtout et qui signe, justement, « Un défenseur du sens commun », et l’abbé Jacques Odelin, d’autre part, alors curé de Saint-Hilaire et ex-professeur de philosophie au Collège de Nicolet, que Marcil présente comme un cartésien[7]. |
991 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 5 | Mon sentiment en relisant cet article de Louise Marcil est qu’il y a effectivement un intérêt philosophique à suivre les arguments en présence, même si on ne les trouve pas concluants au bout du compte, et même si leur dimension idéologique est frappante. |
992 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 6 | Mon approche ici consistera à reprendre deux principes que j’ai défendus ailleurs au sujet de la pratique de l’histoire de la philosophie et à montrer à partir d’eux comment et pourquoi les textes ainsi étudiés par Marcil, ceux de Joseph-Sabin Raymond en particulier, parlent bien de ce qui fait encore problème en philosophie et soumettent là-dessus des propositions qui ne sont pas sans pertinence. |
993 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 7 | Le premier de ces principes est la « thèse de la coréférence », selon laquelle l’historien philosophe doit pouvoir se référer lui-même au moins à certains des référents du texte étudié : il doit y avoir des objets réels auxquels le philosophe d’aujourd’hui et celui du passé se réfèrent tous les deux[8]. |
994 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 8 | Et le deuxième principe, plus litigieux sans doute, est ce que l’on a appelé la « thèse logico-linguistique », selon laquelle les phénomènes réels qui font typiquement problème pour la philosophie — c’est-à-dire ceux qu’elle se doit d’élucider — sont très souvent d’ordre logico-linguistique. |
995 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 4 | 9 | Ce sont des phénomènes linguistiques ou discursifs qui ont une incidence sur la validité logique de certaines inférences, de certains raisonnements ou de certains arguments[9]. |
996 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 6 | 0 | Mon objectif, en reprenant ici ces deux principes, est double. |
997 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 6 | 1 | Je veux, d’une part, en clarifier la portée par le moyen d’une illustration précise et les mettre à profit, d’autre part, pour mieux faire voir à quoi peut tenir l’intérêt philosophique de doctrines apparemment un peu vieillottes comme celles dont s’occupent bien souvent les historiens de la philosophie au Québec, et comment cet intérêt peut être mis en évidence. |
998 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 6 | 2 | Il ne s’agit pas, j’y insiste, de convaincre le lecteur que la production philosophique québécoise d’avant la Révolution tranquille a dans tous les cas une pertinence significative pour la réflexion actuelle, mais d’expliciter certaines des conditions qui devraient être remplies pour que cette pertinence existe, à quelque degré que ce soit, et de suggérer quelques éléments de méthode pour la rendre manifeste, le cas échéant. |
999 | Philosophiques | Claude
Panaccio | 2022 | Sens commun et philosophie québécoise : quelques réflexions méthodologiques[1] | 0 | 6 | 3 | Je n’entends d’ailleurs pas, dans cette optique, réexaminer à nouveaux frais le corpus retenu par Louise Marcil. |